BULLETIN . DE LA “SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS SIXIÈME SÉRIE — TOME ONZIÈME 1874 es PARIS * AU SIÉGE DE LA SOCIÉTÉ Rue des Grands-Augustins, 7 1877 BULLETIN SOCIÉTÉ PHILONATNIQEE LIBRAIRIE F. SAVY 24, RUE HAUTEFEUILLE 1874 Penn ol) PUBLICATIONS DE LA SOCIETE PHILOMATHIQUE Jr Gbure e de 1701 A U808 22 cd De 3 vol. inter. (Planches incomplètes : 36 au lieu de 59). | De SERIE : de 18074 1813. 2.0 1e EURE 3 vol. in-4°. (Epuisée; sauf le volume III, sans les planches). 3e SÉRIE : de 1814 à 1826. . . . . . . . 13 Fascicules in-4. (Planches incomplètes : 6 au lieu de 16). Le! SERIE =: de 1832 à 1833, 2, 4.00 2 ‘2 vol. in-40. ( Épuisée). 5e SÉRIE : de 1836 à 1863. . . . . . . . 28 Fascicules in-8°. (Les 6 premiers fascicules sont épuisés). Restent les Suites : « PAINAD 4 1069.00. ee een 22 Fascicules. RAIDE AS 0e im SU Co MA ne EAN EE 19 Fascicules. (GARE ÉTR PRS RRE Mise e a en 7 18 Fascicules. DAS 0 a 186800 A TU EN ARS CICURESe AR ASC RSR Sterne s . . 43 Fascicules. 6° et nouyelle SÉRIE : de 1864 à 1873. . . 10 Fascicules in-80. (En cours de publication). Ila été décidé, dans la séance du 10 janvier 1874, que ces séries seraient offertes aux conditions suivantes : for: Det 2 M 50 fr. » 5° SÉRIE À n très-petit nombre d'exemplaires.) 1re SÉRIE _ ) nd SÉRIE RE JA ALT A PO NP PE RS A ER Ds it Ra CC 5e SÉRIE B 1re SÉRIE os un} 5e SÉRIE APN En A CO IN T5 DIE LORS 23 fr. » 5e SÉRIE C TN HIDE NS A RE AR Sn RO eo GA UE 5 fr. » NS SÉRIE RC 2e SU ice een en fs nee 10 fr. » NI. 5e SÉRIE D. e etes Lettre leliter nel celipetife CT e 7 fr. » NME PSBRIE ME N RON eEEn eere PAR REARE 6 fr. » VIII. Nouvelle Série. Chaque année pour les membres de la Société.. 2fr. » — pour He MpUbIIC ACER 5 fr, » Les demandes devront être adressées à M. LÉON VAILLANT, Trésorier de la Société, place St-André-des-Arts, 22. “SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS FONDÉE EN 1788 SES État de la Société en 1874 PREMIÈRE SECTION — SCIENCES MATHÉMATIQUES MEMBRES HONORAIRES DATE NOMS DES MEMBRES DE L'ÉLECTION MM. Liouville (Joseph). . Re ONE OT A0 Rte 1882 Séguier (Armand-Pierre). RARE LS DURE MATOS 36 Dauese (Benjamin) ne NN TER 25 févr. 1837 Bienaymé (Irénée-Jules) . . . . . . . . . 17 janv. 1838 ranson (Abel): 156 UE Li 11 juil. 1840 Bertrand (Joseph) 40470 U RE 16 janv. 1843 Erésnebiilouis) ANSE RUN An A 4 fevr. 1843 Barré de Saint-Venant (M.). . . . . . . .| 2 déc. 1843 Le Verrier (Urbain- Jean-Jacques). PRE PES 24 juil. 1844 Dordet de Tessan (Urbain). . : . . . : : 7 juin 1845 Sérret (Joseph-Alfred). . . . . . . . . . 14 févr. 1816 VON IT AREA) TA EE eee 30 mai 1846 Henmiie(Chanles) ER NUE Er en UE 24 juil. 1847 Bonnet (Pierre-OSsian). 24e 4000) fe 20 juil. 1848 Faye (Hervé-Aug.-Etienne-Albans) . .| 4 mai 1848 Briot (Gh.-Auguste-Albert). . . . . . . . 21 févr. 1852 DATE NOMS DES MEMBRES je DE L'ÉLECTION ER | ER MM. Puiseux (MeSVICtOn PRO ne 027 2 avril 1853 Paboulayer(Charles) 2er 10 janv. 1852 Bresse (Charles) . . . . . Ro RS A A tn ASS S Phillips (Edouard). . .| 49 mai 1860 Haton de la Goupillière (I. Napoléon). 2 juin 1860 Mannheim(Amedée) CR ee 2 juin 1860 Daussedat (Aime) ne NCAA NUE 24 nov. 1860 Tissot (Nicolas-Auguste). . . . . . D Atari Rouché(Busène) NL NC RCE 28 mars 1863 Maillard de la Gournerie (Jules) . . . . .| 13 juin 1863 MEMBRES TITULAIRES 1 BOUQUE LR RE Rennes 14 mars 1857 DDR TN TON He 6 Re een PQ AE CCR SA ve 29 avril 1865 D NÉACAT A Ne Nr ae ERA 24 juin 1865 RÉNRDE CZ EN ET PAU ORNE EUR AAA 10 févr. 1866 5. Laguerre À OA 7 te EME EN ee 9 févr. 1867 CS TESC ANS EURE RON PS RENNES EU 93 mars 1807 AV AT SN MU PA LA Ne As RAR 20 mars 1870 SADOLTENONS AE DA SE Ne NAN Meter 293 déc. 1871 QË Darboux e Cr Mell'ertdletellveiterelLtie/th'e e e e id. 10 Dev (Maurice) UE D ARE id. AA AT O AN EN Aus Aus LUE EN Sans 27 janv. 1872 OO AT TA LE OA DA ee Re Le eee 14 déc. 1872 18 APuCaSt(RÉLX) NAN ENRNSRS AR ee 11 janv. 1873 MED EN 0400 RNUCarS Near .| 9 mai 1874 DEUXIÈME SECTION — SCIENCES PHYSIQUES MEMBRES HONORAIRES DATE DE L'ÉLECTION NOMS DES MEMBRES MM. Chevreul (Michel-Eugène) . . . . . . . . 14 mai 1808 BecquerelN(Antoine-CÉSar) MAN TON ENT 27 avril 1823 Dumas (Jean-Baptiste). 4 AO 26 févr. 1525 Bussy (Antoine- Alexandre- Brutus) PARA outMIsor Elie de Beaumont (J.-B.-A.-[.- Ro HMoNdéc 204820 Gaultier de Claubry (H.-F.-G.). À 25 août 1832 Belisot(Busène) rh 00000 OU MOSEmars 1835 Deso es (US) ee arte Rens 18 avril 1835 Erenaye (do nd) en EAN ARR 6 févr. 1836 Boussingault (Jean-Baptiste). RO TIMÉVTMISE GC Dalsitese (Cas MEN en 17 déc. 1836 Répnaula(loutsMiCton) eee NE 28 févr. 1838 Cabeav(Anatolelde) AE SE RENE 6 avril 1839 CANON ATEUSLE) NN ORNE AN TI EN 26 juin 1839 Balard (Antoine-Jérôme). . . . . . . . . 24 juil. 1841 Become (édmond) rene 21 août 1841 Sainte-Claire Deville (Henri-Etienne). _ 9 avril 1842 UBALDI dE) EE TN EE ENAQ 11 avril 1846 Desoe (RATE ho EE EMEA EN 31 mai 41845 Peblancitéle) Sen n « + .| 17 janv. 1846 Phenardatbaron Paul) ASE ANR 13 juin 1846 Sainte-Claire Deville (éharies-Josenh). 24 avril 1847 Wurtz (Adolphe) . RE .| 8 janv. 1848 Fizeau (Hippolyte-Louis) SR RE EE 20 janv. 1849 TN (ULE SES SR Cane ee 24 fevr. 1849 Jacquelain (Victor-Auguste) . . . , . . . 29 juill. 1849 DÉESSEN NC Ile) ER EEE ete 22 nov. 1851 Barral (Jean-Augustin). . . . . . . . . .| 13 déc. 1851 Dés Cloizeauxe Ar) UE NE AA ne 1 mai 1852 Cloez (François-Stanislas) . . . . . . . . 29 mai 41852 Damour (Auguste-Alexis) . . . . . . .. 12 mars 1853 Salvetat (Louis-Alphonse) . . . . . . . . 23 avril 1853 Berthelot (Pierre-Eugène-Marcellin) . 9 mars 1855 Resnandi(ules) eee RASE 27 févr. 1858 Du Moncel (vicomte Théodose). . . . . . & mai 1860 DATE NOMS DES MEMBRES 1 DE L ÉLECTION MM. Riche (Alfred). . nov. 1860 Pasteur (Louis) mars 1861 Gaudry (Albert) mai 1861 juill. 1862 déc. 1862 Girard (Aïmé) DANS mai 41863 Grandeau (Louis) AIT juill. 1863 MEMBRES TITULAIRES . Almeïda (Joseph-Charles d’) . . . .. août 1860 . Debray avril 1862 . Buignet janv. 1863 . Luynes (Victor de). . . . févr. 1863 31 janv. 1864 déc. 1864 . 1865 1870 ST ASE ot À 3 4 ù. 6. 7e 8. 9: 10, = CORRE "1872 | 1873 1873 SUCRE OAI IUE juin 1873 i 1874 NN D = D N N OT He CO TROISIÈME SECTION -— SCIENCES NATURELLES MEMBRES HONORAIRES DATE NOMS DES MEMBRES DE L'ÉLECTION MM. Cloquet (Jules-Germain). . . . . . . . . 22 janv. 1820 Brongniart (Adolphe-Théodore). . . . . .| 10 févr. 4895 Huzard(ean-Baptiste). LME 26 févr. 1826 Milne-Edwards (Henri). . . . . . . . ...| 31 févr. 1835 Decaisnel Joseph) MEME EMEA 21 mars 1835 DÉShANES EG) AC NUL LE er Lt 4 avril 1835 PONS NE MOMENT ANNEES 9 mai 1835 Quatrefages (Jean-Louis-Armand de) . . .| 4 déc. 1841 Duchantee (MD) MN NIET RETENU 12 juill. 4845 Blanchandi(Bnnnle) ep ee CNE CES 10 janv. 1846 oo (Cases) NE MEME ER 5 déc. 1848 Lulasne (Louis-Réné) . . : 0. . | 26 déc. 1846 Ducas|(Bierre-Hippolyte): 20200) 0000 3 avril 1847 MMeddel{Eugues AS AU Er ne 14 juill. 1849 Giraldès (Joachim-Albin). . . . . . . . . 17 nov. 1849 Béenardi(Glaude) At enr ESA EE 16 janv. 1847 Pemaoub(bmmanuel) ETES 31 janv. 1852 Germain de Saint-Pierre (Ernest). . . . . 5 janv. 1850 Pucheranfacques) #00. ne 7 juill. 1856 Brett dotard) AMEN NE ONE 20 déc. 1856 Moreau (Armand-François\. . . . . . . . 28 avril 1860 Marequiespüenne) M ASH ACC EUNE 19 mai 4860 GEO EE ZÉDhNNIN) A PEER CNE 16 juin 1860 BAlars EN" DEEE At TRE Le 28 juill. 1860 M'éreonMlenye) ae MEME LEE NAME 13 avril 1861 Milne Edwards (Alphonse). . . . . . . . 20 juill. 1861 1e (EEE OS En EN En EL 22 nov. 1862 NN OS EE a DEEE NT es A RER 2 NOIRS ASS 23 avril 1864 MEMBRES TITULAIRES 4. Cosson (Ernest Saint-Charles). . . . .| 8 déc. 1860 PAROLE CT eee te ae SE NE ANNEE 25 janv. 1862 DDC PEACE PT en CR er 28 mars 1862 DATE DE L'ÉLECTION NOMS DES MEMBRES MM. ANBureau (Edouard) EEE RER IN ll uin A862 5 Nalant i(EON) AIN NENN CSS 31 janv. 1863 6. Alix (Pierre-Henri-Edmond) . . . . . 23 juill. 1864 1 MATeSNPaUl) PAU . .| 22 août 1865 SAND TOEA SN NPC ARR ICE .| 23 mars 1867 ROZ AE PAR 2 févr. 1868 10 PIANO ANNE tele Da 0 Mars MIO) M De SEVRES MEME BR Se da A 9 déc. 1871 12 Gran dense Re ent 123 déc MSA 13:; Van Hephem ae NAT Se ar Dode 12 Chatin {loannes) ete NAPeNn CNE Un id, 15 Ber Era UMENE LEA URL Hole avrilAs72 16 Oustalet si NAN ANR anne id. 17Brocciti(baul) AP ARR RRQ 25 juill. 1874 18. 19. LISTE DES CORRESPONDANTS PAR ORDRE D'ADMISSION Pour faire suite à la Liste publiée le 1°" janvier 4865. NOMS DES MEMBRES MM. Fontan . . re (Alex. Resal. . . Secchi (le P. sa HERAr ee Am EP ve Gilbert es Barrande ALT Weitenweber ,. . Warren de la Rue. Murs (OEillet ne Luigi Cremona. De Mercey. . Volpicelli Ribeaucourt, Sophus Lie . Beltrami , . nes (Gh.). DEUTRENA ENT NET Blecker DATE DE L'ÉLECTION D 1865 1865 . 1865 . 1865 . 1865 1866 . 1866 1866 1866 1866 1566 1866 . 1866 1870 1870 1871 1871 ONE 1873 1873 1873 . 1874 1874 1874 RÉSIDENCE Bagnères de Luchon Turin. Cherbourg. Cambridge (E. U.). Besançon. Rome. Moscou. Louvain. Prague. Londres. Nice. Draguignan. Toulouse. Dijon. Genève. Toulouse. Prague. Copenhague. Dorpat. La Haye. Londres. MEMBRES DÉCÉDÉS DEPUIS LE 1* JANVIER 1865 DATE DE L'ÉLECTION NOMS DES MEMBRES MM. Froment . en site le rdel lee elle le tele ee 14 févr. 1863 Grabolet (biere) eue scene 20 avril 1863 Valenciennes Ace) anse ee 2e 20 févr. 1836 Silbermann (Jean-Thiébault). . . . . .. 20 déc. 1845 DesainstEdouard). ti) PORN 42 juin 1852 SORTE LE AU) Re ee 0 a Di NE IN RARE 12 févr. 1859 BOUT CE don der EE SERA AUS 7 avril 1860 CHaACOLNAC A RAS RUE RS ON En EMA ÉvR 0 1S 02 Lamé Cp) RENAN PONS OS TON tn ee UT 25 août 1832 Combes (Charles) RSI entree 9 avrit 1836 Poulet (Claude) te R PME RCNARanREnR re 6 avril 1822 Babine (Jacques) Pie Rene 1 mai 1828 Payen (AnSelme) eo US ne RAR 18 janv. 1832 Pelouze (Théophile-Jules) . . . . . . . . 7 mars 1835 Be Can (es) 7e PNR nent 30 juin 1838 Archiac (Étienne-Jules-Adolphe d’). . . .| 43 juin 1843 Verneuil (Philippe-Edouard de). . . . . . 28 juin 1845 Roucaulcléon) terne Per tee 15 déc. 1849 Persoz (Jules=ME) 00e nt teen 9 févr. 1850 Merder /(MarceL=Emie)e rene 29 nov. 1851 Viquenel/(As)i 0 Lan Ann ess 91 mai 1853 Bouis (lules)/2%270 pe PEN eRe ESS 28 juin 1860 Eivot (Bots Ddouard)A ANNEE A SE 2 mars 1861 18 mai 1861 5 juill. 1861 Guulemins stress Friedel (Charles) Delanoue/(Oules) he ere ner 2 août 1863 Laurent (Charles-Auguste). . . . . . . . 30 juill. 1864 Serres (Etienne-Renaud-Augustin) . . . .| 3 mars 1821 Montagne (Jean-François-Camille) . . . .| 18 avril 1835 Velpeau (Alfred-Armand-Louis-Marie). . .| 25 avril 1835 Leveillé (Joseph) 16 déc. 1837 GuiHlor (Natais) ERA PR ENEERREnt 97 févr. 1845 Longet (François-Achille) . . . . . . . . 14 juin 1845 Duménl Mupuste) MoN ense 6 déc. 1851 Hupé (LouisHippolyte) 1 MINES 16 juill. 1860 Guérard (Jac.-Alphonse) 6 juill. 1839 Houlin/(Hrançois) 1 21/iUe er Snrent 14 mars 1835 DOassiz (LOUIS) UPS NAN AREA 21 avril 4838 SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES PENDANT LE 4° SEMESTRE DE L'ANNÉE 1874 Séance du 40 janvier 1874. Présidence de M. Roze. M. Aux fait une communication sur les Muscles des membres antérieurs des Oiseaux et des Reptiles. (Voy. p. 1). M. LaçuerRE est élu président de la Société pour le premier semestre de l’année 1874. M. J. Cxarin est réélu secrétaire pour une période de deux années, MM. DarBoux et GERNEZ sont élus vice-secrétaires, M. L. Varzranr est réélu trésorier. M. Aux est réélu archiviste. MM. Ousrarer, Coruenon et MouTiEr sont élus membres de la commission des fonds. MM. Laçuerre ei VaiLaNT sont chargés d'organiser le banquet annuel fixé au 31 janvier. — [| — Séance du 24 janvier 1874. Présidence de M. LAGUERRE. M. MourTier communique les résultats de ses recherches sur la Conductibilité magnétique considirée au point de vue mécanique. (Voy. p. 4). M. Aux décrit la Constitution des vertèbres des Poissons. (Voy. p. 6). MM. VaiLLanT, OUSTALET et SAUVAGE présentent comme membre correspondant M. Lunwic Sriena, professeur à l’Université de Dorpat. L'ordre du jeur appelle la discussion sur les modifications à apporter à l’article 50 du Kèglement ; à la suite d’une discussion à laquelle prennent part MM. BERTHELOT, VAiLLanT et VALLÉS, il est procédé au scrutin : sur 17 votanis, 9 suffrages se prononcent en faveur du maintien de l’article. Sur la proposition de MM. Vaizcanr et LAGUERRE, commissaires du Banquet, celui-ci est reporté au 5 février. Séancé du 14 février 1874. Présidence de M. Roze. M. Roux est admis, sur sa demande, au nombre des Membres honoraires. L. Aix fait une communication sur les rémiges des aïles. M. VAILLANT communique une Note rectificative sur l'Hémidactyle de l’ambre, et des Recherches sur le genre Pogonoperca. (Voy. p. 8 et 9). M. Gernez décrit la Transformation du borax octaédrique en borax prismatique. (Voy. p. 7). M. Vucpian fait les deux communications suivantes : 4° De l'emploi du chloral hydraté en physiologre ; 2° De l’action du grand sympa- thique sur la peau de la grenouille. M. ZEUTBEN, professeur à l'Université de Copenhague, est élu membre correspondant. TITI — Séance du 28 février 1874. Présidence de M. Cazin. M. H. Fimo lit une note sur les Vértébrés fossiles du Quercy; (Voy. p. 16) à ce propos, MM. Sauvace et OusrTaLer font remarquer que toutes les analogies des faunes ichthyologique et entomologique de la période oligocène sont avec les régions tempérées de l'Amérique. {Voy. p. 20 et 21) M. Aux décrit l'organisation des osselets de l’ouïe chez les Ophidiens et en particulier dans le genre Eunectes. M. Darsoux donne des indications détaillées sur divers points relatifs aux formes quadratiques, sur leur décomposition en carrés la plus générale, et sur les questions de même nature relatives à deux formes quadratiques. M. Darsoux termine en indiquant l'application de cette théorie à la démonstration du théorème fondamental de l'algèbre. Communication de M. Mannueim sur la Démonstration géométrique de quelques théorèmes au moyen de la considération d’une rotation infiniment petite. M. Broccat communique les résultats de recherches anatomiques relatives aux Crustacés. (Voy. p. 21). M. OusraLer fait connaître une nouvelle espèce fossile du gisement d'Aix. (Voy. p. 14). M. Mourier décrit le mode de distribution de l'électricité à la surface des corps conducteurs, étudiée au point de vue de la théorie mécanique de l'électricité. (Voy. p. 11). È Séance du 14 mars 4874, Présidence de M. Cazin. M. Darsoux complète sa précédente communication sur la décom- position en carrés des formes quadratiques. M. Cazin décrit les expériences qu'il a faites sur les effets thermiques du magnétisme dans le noyau d’un électro-aimant rectiligne dont le mn [UV — fl est enroulé alternativement dans des sens opposés, de manière qu’il y ait plusieurs pôles ou points conséquents. (Voy. p. 25). M. Aux résume ses recherches anatomiques sur le larynx inférieur de la Cigogne. (Voy. p. 27). Séance du 28 mars 1874. Présidence de M. LAGUERRE. M. PueL offre à la Société le 497 numéro de la Revue de Psycnologie expérimentale. Communication de M. Cozcrenox sur le Pendule conique. M. Aix résume ses Recherches myologiques sur les Oiseaux. (Voy. p. 28). M. Vauzcanr fait un rapport sur les travaux de M. Lupwie STiEDaA. Séance du 41 avril 1874. Présidence de M. LAGuERRrE. M. Cozrenon lit un rapport sur les travaux de M. HaLPxen, candidat pour une place de membre titulaire dans la 1°° section. M. pe Cauçny décrit un nouveau système d’écluse, (Voy. p. 30 et 31), M. Sriepa est élu membre correspondant, Séance du 25 avril 1874. Présidence de M. VAILLANT. M. Vucrian est admis, sur sa demande, au nombre des membres honoraires. M. Vuzpran fait les communications suivantes : 1° Hématuries chez des Chiens chloralisés ; (Voy. p. 34). 2 Action du chloral sur les nerfs vaso-dilatateurs ; (Voy. p. 34). 3° Régénération autogénique du nerf hypoglosse chez le Chien ; (Voy. p. 36). \ — VV — 40 Influence de l'air vicié par des émanations organiques sur le développement des œufs de Grenouille. (Voy. p. 35). M. Aux décrit diverses Particularités anatomiques du Nandou. (Voy. p. 38) M. Mourir résume ses recherches sur les Aftractions et répulsions produites par les corps sonores. (Voy. p. 32) M. Gernez fait un rapport sur les titres de M. BranLy, candidat pour une placede membre titulaire dans la 2me section. Séance du 9 mai 1874. Présidence de M. Aux M. Cazin met sous les yeux de la Société des images reproduites par la photographie en vue du passage de Vénus sur le Soleil. M. Hazrxen est élu membre titulaire dans la 1° Section. Communication de M. Y. CnarTin sur le Liquide cavitaire du Syn- game. (Voy. p. 39). Séance du 23 mai 1874. Présidence de M. LAGUERRE. M. Aimé Girarp est admis, sur sa demande, au nombre des membres honoraires. M. Broccat résume ses nouvelles recherches anatomiques sur les organes génitaux des Crustacés. (Voy. p. 42). M. Braxzy est élu membre titulaire dans la 27° section. MM. Bzeexer et GUNTHER sont proposés comme membres corres- pondants. Communication de M. VazranT sur le genre Lutjanus. (Voy. p. 43). Séance du 13 juin 1874. Présidence de M. VaLrës M. GroLous expose ses recherches sur les Ramifications dans les végétaux. (Voy. p. 49). Communication de F. Lucas sur le travail mécanique dans le systéme matériel. M. Mounier communique les notes suivantes : 4° sur le principe d'Archiméde ; 2° sur les phénomènes capillaires. (Voy. p. #7 et 48). Séance du 27 juin 1874. Présidence de M. VAILLANT. M. Mannge indique la solution de plusieurs problémes relatifs à la théorie des surfaces. (Voy. p. 57). M. GERNEz communique ses recherches sur l’évaporation des .iquides à une température supérieure au point d’ébullition. (Voy p- 02). M. Bourczr est élu président pour la durée du 2° semestre de l'année 1874. M. Oustazer fait un rapport sur les titres de M. Broccur, candidat pour une place de membre titulaire de la 3° section. M. SauvaGe fait un rapport sur les titres de MM. BLEEKER et GUNTHER proposés comme membres correspondants. M. Vaizcanr fait connaître la situation financière de la Société. 337 — Paris, BLor et Fils aîné, imprimeurs, rue Bleue’ 7. di us : BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS Séance du 10 janvier 1874. Sur la détermination du muscle long supinateur chez les Oiseaux, par M, Alix. Existe-t-il chez les Oiseaux un muscle long supinateur ? Nous allons chercher à résoudre cette question en exami- nant ce qui a lieu chez les Mammifères et chez les Rep- les. Chez l’'Homme, les Primates, les Lémuriens, les Carnas- siers carnivores, les Rongeurs, 7les Édentés et les Didelphes, ilyaun muscle auquel on donne le nom de long supinateur, et qui s’insère en haut sur la diaphyse de l’humérus au-des- sus de l’épicondyle, en bas sur l’extrémité inférieure du ra- dius. Parfois (comme chez le Phascolome) son insertion su- périeure peut remonter jusque sous la tête de l’humérus; parfois aussi, comme je l’ai vu sur le tarsier (Bull. de la Soc. philom., 1866), le muscle peut se prolonger sur la face dor- sale du carpe et atteindre le métacarpe; je l’ai vu égale- ment s’insérer sur le scaphoïde chez la Sarigue et le Kan- gurco. Chez les Pachydermes et les Ruminants, au contraire, le muscle ne descend pas jusqu’au bas du radius, mais il s’at- tache à l’extrémité supérieure de cet os; cela se voit, par Extrait de l'Institut, 1874. 4 Sa ag Em exemple, chez l’Hippopotame où d’ailleurs le? musele s’en- roule autour de la face externe de l’humérus, dont il atteint presque la tête. On a le plus généralement désigné ce mus- cle comme un court fléchisseur de l’avant-bras, ou, en d’au- tres termes, comme un brachial antérieur; mais Gratiolet n’a pas partagé cette opinion (Anat. de l’Hippop.), et il me semble aussi qu’on ne peut pas le confondre avec le brachial antérieur, puisque ce dernier muscle se fixe au cubitns et passe en dedans du tendon du biceps, landis que celui qu’on voudrait lui comparer, et que Gratiolet désignait comme un long supinateur, se fixe au radius et passe en dehors du ten- don du biceps. Chez les Chéiroptères, ainsi que je l’ai décrit chez la Rous- sette (Bull. de la Soc. philom., 1867), il y a un véritable brachial antérieur très-grêle inséré à la face interne de l’hu- mérus et au cubitus, et il y a en même temps un muscle qui reproduit le long supinateur des Pachydermes et des Ruminants, et qui consiste en une petite lame charnue fixée à la partie inférieure de l'humérus et à la partie supérieure du radius. Chez l'Échidné il y a un brachial antérieur, fixé à l’humé- rus et au cubitus, et un long supinateur qui s’attache à l’hu- mérus dans la plus grande partie du bord externe à partir de la tête, et au radius dans les trois quarts supérieurs de cet os. Chez l’Ornithorynque, les deux muscles semblent d’abord confondus en une seule masse charnue qui se fixe à la face externe et à la face antérieure de l’humérus; les fibres les plus profondes, constituant le brachial antérieur, vont s’insérer sur le cubitus; les fibres les plus superficielles (long supinateur) vont s’insérer en haut du radius, en dehors du tendon du biceps (Bull. de la Soc. philom., 1867). En résumé, le muscle long supinateur peut être réalisé chez les Mammifères de trois manières difiérentes, suivant qu'il se fixe : 4° à la partie supérieure du radius; 2° à la partie inférieure de cet os; 3° au carpe et au métacarpe. Le Crocodile présente à la fois les deux premiers modes de réalisation. Il y a, en effet, chez ce reptile : 1° Un muscle inséré à la face externe de l’humérus et re- montant jusque sous la tête humérale, se fixant inférieure- ment par an tendon à la partie supérieure du radius en dehors du biceps. C’est exactement le muscle de l'Hippopo- tame; on l’appelle généralement brachial antérieur, mais cette détermination n’est pas acceptable, puisque le muscle ne s'attache pas au cubitus. Si l’on donnait aux deux mus- AR PA cles du Crocodile le nom de supinateurs externes, celui-ci serait le supinateur externe supérieur. 2° Un muscle qui s’attache à l’épicondyle et à la face an- térieure de l’humérus et qui va se terminer sur l'extrémité inférieure du radius. Nous l’appellerons supinateur externe inférieur. Il reproduit à peu de chose près le long supina- teur de l'Homme, mais il en diffère en ce qu’il se fixe à l’é- picondyle et non à la diaphyse humérale au-dessus de cette saillie. L'insertion humérale de ce muscle présente une particu- larité sur laquelle nous devons insister. Elle forme autour du tendon du supinateur externe supérieur un demi-anneau qui bride ce tendon, une des extrémités de l’anneau s’at- tachant à l'épicondyle et l’autre un peu plus en dedans sur la face antérieure de l’humérus au-dessus de la facette arti- culaire. Si l’on conçoit bien la manière dont est formé ce demi-anneau, on regardera le long supinateur du Crocodile comme un muscle à deux têtes. C’est ce qui a lieu chez les Lézards, où le muscle se com- pose de deux faisceaux attachés l’un à l’épicondyle, l’autre à la diaphyse humérale et s’insère d’ailleurs sur presque toute la longueur du radius jusqu’à son extrémité infé- rieure. Il n’y a chez eux ni brachial antérieur, ni supinateur ex- terne supérieur. Que voyons-nous maintenant chez les Oiseaux? Un muscle qui serait semblable au long supinateur, ou supinateur ex- terne inférieur du Crocodile ou du Lézard, s’il s’attachait à l’extrémité inférieure du radius. Il en diffère parce qu’il se prolonge jusque sur l’apophyse du bord radial du méta- carpe. Son insertion humérale se fait par deux têtes comme chez le Crocodile et le Lézard, et ces deux têtes se fixent, l’une sur l’épicondyle, l’autre sur la face antérieure de l’hu- mérus au-dessus de l’articulation. Les deux faisceaux peu- vent rester séparés dans une plus ou moins grande étendue. Les Oiseaux ont toujours un brachial antérieur inséré sur le cubitus, mais le supinateur supérieur externe du Croco- dile manque chez eux le plus généralement. Cependant, chez l’Émeu, ce dernier muscle est représenté par un faisceau charnu qui va de la diaphyse humérale à l’extrémité supé- rieure du radius, et qui envoie une petite expansion sur le long supinateur proprement dit, réduit au faisceau épicon- dylien. Le muscle des Oiseaux que nous comparons au supinateur A externe inférieur du Crocodile est par sa fonction le releveur de la main; on l’a nommé muscle radial, et on a cherché à y retrouver l’un des muscles radiaux externes des Mammi- fères. Son homologie devient évidente quand on compare les Oiseaux aux Crocodiles et aux Lézards; car il n’y a pas plus de différence sous ce rapport entre un Oiseau et un Crocodile qu'entre un Singe et un Tarsier, et, si l’on ac- corde au muscle du Crocodile ou du Lézard le nom de long supinateur, il faut donner le même nom à celui de l’Oiseau. Mais d’autre part le muscle de l’Oiseau, de même que celui du Crocodile ou du Lézard, diffère de celui des Mammifères par son extrémité supérieure bifurquée. C’est en faisant ces réserves que nous admettons chez les Oiseaux l’existence du muscle long supinateur. Séance du 24 janvier 1874. Sur la conductibilité magnétique au point de vue mécanique, par M. J. Moutier. - Dans la théorie d'Ampère on regarde les aimants comme formés par un système de courants circulaires égaux, paral- lèles et orientés dans le même sens. Chacun de ces courants peut être considéré comme étant dû à un mouvement de l’éther qui s’effectue avec une vitesse v proportionnelle à l'intensité du courant. Le magnétisme libre en un point du barreau dépend alors de la différence des intensités des deux courants voisins, ou, par suite, de la différence des vi- tesses de l’éther. M. Jamin a fait connaître récemment des expériences in- téressantes relatives à la conductibilité magnétique, qui me paraissent pouvoir être interprétées au point de vue méca- nique. ‘ Aux extrémités d’une longue barre de fer doux sont dis- posées deux bobines qui entourent la barre. Lorsque les courants des deux bobines marchent dans le même sens, on observe du magnétisme boréal dans l’une des moitiés de la barre, du magnétisme austral dans l’autre moitié et un point neutre au milieu. Considérons d’abord le mouvement qui se propage dans RER QURE la barre à partir de l’une des bobines. La vitesse de l’éther dans chacun des courants particulaires peut être considérée comme une fraction constante de la vitesse dans le courant particulaire qui précède, de sorte qu’à la distance x de l’une des extrémités de la barre, l’intensité du courant particu- Jaire qui correspond à la bobine placée à cette extrémité, peut être représentée par a”, en désignant par a une con- stante. L’intensité du courant particulaire qui correspond à la seconde bobine est a-(-*), en appelant / la longueur de la barre. Les vitesses dirigées dans le même sens s’ajoutent et l’in- tensité du courant particulaire produit par les deux bobines est, à la distance x de la première extrémité, v = at + at), L'intensité du magnétisme libre en ce point est dv DIE —2 —(l—x) ru loga [a a |. Les intensités magnétiques se retranchent : résultat con- forme aux expériences de M. Jamin. Lorsque les courants des deux bobines sont dirigés en sens contraire, alors les vitesses des courants particulaires se re- tranchent en chaque point, — AT — nine), dv me —Z —U-2)], 7. loga[a-*+ a ] Les intensités magnétiques s’ajoutent : résultat également conforme à l’expérience. 1 Dans le cas d’une seule bobine placée à l’une des extré- mités d’une barre de fer doux assez courte, M. Jamin a ob- servé une réflexion du magnétisme à l’extrémité opposée de la barre. Les intensités magnétiques qui correspondent à l'onde incidente et à l’onde réfléchie s'ajoutent : 1l faut en conclure, d’après ce qui précède, que la réflexion de l’onde magnétique à l’extrémité de la barre a pour effet de changer la direction des courants particulaires. Dans ces expériences, l'intensité magnétique est mesurée par la racine carrée de la force d’arrachement d'une petite masse constante de fer doux : on peut rendre compte de bte cette propriété. L'intensité magnétique en un point du bar- reau est mesurée par _ ; le magnétisme se propage dans l’armature soumise à l’arrachement et au point de contact de l’aimant avec l’armature, l’accroissement de force vive, 2 qui résulte de la présence du magnétisme, est (7) Or, d'après le théorème de M. Clausius, sur le mouvement sta- tionnaire d’un système de points, à cet accroissement de force vive correspond un accroissement du viriel intérieur et, par suite, une force analogue à la cohésion, proportion- nelle au carré de l'intensité magnétique : c’est cette force qu'il faut vaincre pour produire l’arrachement. Sur l'absence des véritables apophyses articulaires aux vertèbres des Poissons osseux, par M. Alix. On décrit généralement chez les Poissons osseux des sail- lies auxquelles on donne le nom d’apophyses articulaires, ou, pour employer le langage de M. R. Owen, le nom de zygapaphyses. Ces saillies se détachent, non pas de la lame vertébrale, mais du corps de la vertèbre, et de plus elles sont situées au-dessous des trous de conjugaison (ou plutôt de l’espace qui répond aux trous de conjugaison). Cette re- marque qui, je crois, n'a pas encore été faite, démonire que ces saillies ne répondent pas aux apophyses articulaires, soit des Vertébrés allantoïdiens, soit des Amphibiens, qui s'étendent au-dessus de la branche nerveuse correspon- dante et ferment par en haut le trou de conjugaison. Il y a là un rapport remarquable entre la totalité des ver- tèbres d’un Poisson osseux et l’atlas d’un Mammifère. En effet, comme Gratiolet l’a fait voir dans son anatomie de l’'Hippopotane, et comme M. Harting l’a démontré depuis dans un mémoire spécial inséré dans les Archives néerlan- daises, les surfaces articulaires de latlas des Mammifères, situées au-dessous des trous de conjugaison, ne peuvent pas être considérées comme de véritables apophyses articulaires et il en est de même des facettes articulaires antérieures de l’axis. Cela n’a pas lieu chez les Oiseaux et les Reptiles, où l’on rencontre de véritables apophyses articulaires, en arrière seulement pour l’atlas, en avant et en arrière pour Paxis. A À ce point de vue, les Mammifères diffèrent moins des Pois- sons que les Oiseaux et les Reptiles. Sur la transformation du borax octaédrique en borax prismatiqur, par M. D. Gernez. J'ai récemment fait connaître (1) des expériences qui établissent que le borax octaédrique Na02Bo 0 +5HO peut séjourner indéfiniment dans une atmosphère saturée d'humidité sans se transformer en borax prismatique Na O 2Bo Of + 10H0. La seule condition à remplir pour qu'il n’y ait pas transformation est d'empêcher absolument que des parcelles de borax prismatique ne viennent au con- tact des cristaux octaédriques. C’est pour n'avoir pas pris garde à cette circonstance que l’on a longtemps admis que la transformation des cristaux octaédriques en prismatiques avait lieu par simple fixation de la vapeur d’eau. En réalité, ce phénomène ne se produit que dans les conditions que je viens d'indiquer, et il est assez complexe. Je vais en signa- ler les particularités. Considérons une solution de borax octaédrique ou pris- matique, peu importe, faite dans un excès d’eau, et aban- donnée à l’évaporation spontanée dans le vide sec à une température supérieure à zéro, mais préparée avec assez de soin pour qu’elle ne soit pas rencontrée par des parcelles de borax prismatique que l’on aurait disséminées acciden- tellement. Peu à peu la solution se concentre et devient sursaturée, c’est-à-dire qu’elle peut donner du borax pris- matique si l’on y introduit un cristal de cette forme, sinon elle reste liquide; à un degré de concentration plus avancé, elle abandonne spontanément des cristaux octaédriques jus- qu’à évaporation de la dernière goutte de liquide. Ges cris- taux transparents, exposés dans l’air saturé d'humidité, ne changent jamais de forme, tout au plus se produit-il après plusieurs semaines une dissolution partielle, Il n’en est plus de même si, pendant qu’ils sont dans l’air humide, on les touche par ua cristal prismatique : la solu- tion qui s'était faite aux dépens des cristaux octaédriques était sursaturée, elle cristallise à partir du point touché, en (1) Comptes rendus, t. LXXVIIT, p. 68. D PE prenant la forme prismatique; ce phénomène continue tant qu'il reste des cristaux octaédriques non dissous, s'étend de proche en proche dans toute la masse, et met plusieurs se- maines à se terminer. On peut en suivre facilement les pro- grès, car Chaque cristal octaédrique transparent commence par devenir opaque par suite de la cristallisation de l’eau mère interposée entre les couches cristallines, et qui est assez riche en sel pour constituer une solution sursaturée. Cette transformation, qui n’est autre chose, comme on le voit, que la dissolution du sel moins hydraté, et la cristalli- sation de la solution sursaturée produite au contact d’une parcelle cristalline plus hydratée, ne présente, comme on voit, rien d’extraordinaire et on peut laccélérer beaucoup en mouillant les cristaux qui sont plus rapidement dissous. Séance du 414 février 14874. Note rectificatire sur l’'Hemidactylus viscatus , par M. Léon Vaillant. Dans deux séances antérieures (1), j’ai présenté à la So- ciété des échantillons d’ambre renfermant un Geckotien, que j'avais regardé comme devant former une ncuvelle es- pèce. Depuis cette époque, ayant pu examiner beaucoup plus en détail cet animal et le comparer à des Sauriens récemment arrivés dans les collections du Muséum, mes conclusions ont dû être modifiées. La présence d'ongles à tous les doigts m’avait fait placer cet animal dans la section des HÉMIDACTYLES DACTYLOTÈLES, malgré la brièveté du pouce, et je n’avais pas songé à le rapprocher de l’Hemidactylus capensis, Smith, mis dans la section des DACTYLOPÈRES par Auguste Duméril (2), qui d’ail- leurs ne connaissait que la description et la figure données par Smith, cette espèce n'étant pas représentée dans les collec- tions du Muséum à cette époque. Notre collègue, M. Gran- didier, en ayant rapporté de Zanzibar plusieurs individus, une étude comparative montre que l’Hemidactylus capensis offre avec l’Hemidactylus viscatus de si grands rapports, qu’on devra sans doute considérer ce dernier comme une (1) Séances du 26 juillet et du 13 décembre 1873. (2) Archives du Muséum, t VII, p. 460; 1855-1856. ES simple variété, les seuls caractères différentiels étant une brièveté du museau un peu plus grande et une plaque sous- mentonnière antérieure, médiane, complétement distincte de la plaque mentonnière. Ce rapprochement pourrait porter à penser que la subs- tance enveloppante est peut-être du copal demi-dur, dit parfois ambre d’Afrique, matière fossile, mais relativement récente et datant au plus de l’époque quaternaire; c’est une question que je laisse à décider aux personnes compétentes. Remarques sur le genre Pogonoperca, Günither, par M. Léon Vaillant, M. Günther, dans son catalogue des Poissons du Musée Britannique, a établi le genre Pogonoperca pour un individu empaillé, de localité inconnue, le Pogonoperca ocellata. Ge genre se distinguerait de celui des Grammistes par la pré- sence de trois épines à l’anale, tandis que ceux-ci n’en au- raient point d’appréciables, ‘et surtout, comme le nom l’in- dique, par un barbillon à la mâchoire inférieure. Pour ce qui est du premier caractère, il faut remarquer que les Grammistes ne sont point en réalité privés d’épines à l’anale, seulement ces dernières sont d’ordinaire grêles et recouvertes par une peau épaisse, qu'il est souvent néces- saire d’inciser pour les mettre à découvert ; le Grammistes orientalis, BI., m'a toujours présenté deux épines, Cuvier et Valenciennes en indiquent trois dans les deux espèces, qui composent le genre. Quant au barbillon, on en voit un ru- dimentaire chez ce même Grammistes, orientalis, B1., et la seconde espèce, le Grammistes punctatus, CG. V., est pourvue d’un barbillon d’une longueur remarquable, disent les au- teurs de l’AÆistoire des Poissons, qui ont fait connaître cette espèce. Il ne me paraît donc pas que le genre Pogonoperca doive être conservé. En lisant la description très-complète donnée du Pogono- perca ocellata, Gunth., parle savant icthyologiste de Londres, et la comparant à celle du Gramamistes punctatus, G.V.,et aux exemplaires authentiques de cette dernière espèce que pos- sède le Muséum d'Histoire naturelle, il m'est même difficile de constater aucune différence sensible, et je crois qu'il conviendrait de regarder ces espèces comme identiques. EU Sur les plumes ou rémiges des ailes des Oiseaux, par M. Alix. M. Alix a fait dans cette séance une communication sur la nomenclature des pennes ou rémiges des ailes des Oiseaux. 11 pense que la division généralement adoptée des rémiges en primaires, secondaires et tertiaires est insuffi- sante. Il distingue des rémiges axillaires répondant aux ré- miges tertiaires, des rémiges cubitales ou antibrachiales répondant aux rémiges secondaires, et il divise les rémiges primaires en métacarpiennes et digitales. Les rémiges mé- tacarpiennes sont mobiles comme les rémiges cubitales, et sont comme celles-ci maintenues par un grand ligament commun. Lorsque l'aile se replie, les rémiges cubitales se rabattent vers le coude et les rémiges métacarpiennes vers le bout des doigts; les unes et les autres peuvent légèrement tourner sur leur axe. Les rémiges digitales sont, au contraire, invariablement fixées aux phalanges. Elles sont immobiles par elles-mêmes, mais elles sont entraînées dans les mouvements des pha- langes et subissent principalement les effets de la rotation de ces os. Les rémiges insérées sur la première phalange sont toujours dans une position invariable l’une par rapport à l’autre; mais la rémige insérée sur la seconde phalange peut, ou s’écarter, ou se rapprocher des deux autres, ou encore varier son inclinaison, en raison des mouvements de la phalange à laquelle elle est fixée. Il y a aussi lieu de faire une observation intéressante sur le regard des alvéoles où sont logées les rémiges de la pre- mière phalange. Ces alvéoles regardent un peu en dehors, c’est-à-dire vers le bout des doigts, et l’inclinaison est plus prononcée pour le second que pour le premier; il résulte de là que les pennes digitales sont mieux disposées pour frapper d’avant en arrière. Il résulte aussi des faits qui viennent d’être exposés que, tandis que les pennes axillaires, cubitales et métacarpiennes sont soumises dans leurs mouvements à une nécessité mé- canique, les mouvements des pennes digitales peuvent varier suivant la volonté ou l'instinct de l’oiseau. De 4 Séance du 28 février 1874. Sur la distribution de l'électricité à la surface des corps conduc- leurs au point de vue de la théorie mécanique de l'électricité, par M. J. Moutier. L'accord qui existe entre l’expérience et les résultats de la théorie mathématique de la distribution de l'électricité sur les corps conducteurs ne permet pas de mettre en doute le principe même de la théorie de Poisson. Une difficulté toutefois se présente : on admet dans la théorie mathéma- tique que deux molécules électriques, appartenant soit au même conducteur, soit à des conducteurs différents, sont sollicitées par des forces qui suivent les lois de Coulomb et cependant ces lois ont été établies uniquement pour des corps électrisés placés dans l’air. Il y a lieu de se poser cette question : Les lois de Coulomb, établies dans le cas de deux corps électrisés de dimensions très-petites et placés dans l'air, sont elles également applicables aux éléments d'un même corps conducteur ? La solution de cette question semble oïiseuse, si l’on ad- met à priori l'existence des forces qui agissent à distance sans l’intermédiaire du milieu; il n’en est plus de même si l’on regarde les forces électriques comme le résultat d’un mouvement transmis par le milieu qui sépare les molécules électrisées. J'ai essayé, en suivant cet ordre d'idées, de rendre compte dans un autre travail des lois de Coulomb; plus récemment j'ai exposé quelques considérations sur la nature du courant électrique. On peut résumer ainsi le point de départ de cette nouvelle recherche. Lorsqu'un corps est électrisé, chaque particule d’éther de masse m, aux points où réside l'électricité, est animée d’un mouvement vibratoire; si l’on désigne par v une vi- tesse comprise entre zéro et la vitesse maximum, la quan- tité d'électricité que possède la particule d’éther est mo. Si l’on considère cette particule comme un centre d’é- branlement et si l’on admet que la propagation ait lieu dans un milieu parfaitement élastique, d’après la thécrie ondu- latoire, la vitesse de l’éther en un point situé à la distance r du centre d’ébranlement est — Si l’on suppose une couche électrique en équilibre à la hors surface d’un conducteur, si l’on désigne par m la masse d’éther d’un élément de volume de cette couche, par v la vitesse dont l’éther est animé, par r la distance da point de la couche considéré à un point quelconque M pris à l’inté- rieur du conducteur, la vitesse au point M est alors v=i—. Pour que l’équilibre ait lieu à l’intérieur du conducteur, il faut que cette vitesse soit la même pour tous les points pris à l'extérieur du conducteur. Dans cette manière de voir, la vitesse V n’est autre chose que la fonction poten- tielle : la condition d’équilibre précédente revient donc à exprimer que la fonction potentielle doit être constante à l’intérieur du conducteur. On retrouve ainsi, dans le cas d’un conducteur unique, la condition d'équilibre donnée par la théorie mathématique. En est-il de même dans le cas d’un système de conduc- teurs? Ici le mouvement n’est plus limité au seul conducteur électrique; il se propage dans l’air environnant. Pour s’en rendre compte, il suffit de revenir un instant au phéno- mène du choc des corps. Considérons le choc de deux sphères de masses m et m’, animées de vitesses v et v dirigées en sens contraire. Si l’on compte les vitesses positivement dans le sens mm’, si l’on désigne, avec Newton, par a un coefficient particulier, variable avec la nature des sphères et compris entre zéro et l'unité, les vitesses v, et v, des deux sphères après le choc ont pour valeurs respectives 5 = (1 a)u— a, v, = (1 + a)u+ av; en désignant par w la vitesse que posséderaient après le choc les deux sphères supposées molles : MD — MT ren Aprés le choc la masse d’éther m appartenant au conduc- teur et la masse d’éther m' appartenant à l’air reviennent sur elles-mêmes avec les vitesses —v, et v,; puis un nou- veau choc succède au premier et ainsi de suite. Lorsque l'équilibre électrique est établi entre le conducteur et lair environnant, en négligeant toute déperditiou de l’électri- Ce ESS cité, il faut que le rapport des vitesses de l’éther du con- ducteur et du milieu environnant reste le même, de sorte qu'après le choc En remplaçant v, et v, par leurs valeurs, on déduit de là u — 0, mo—m. Le rapport des masses m et m qui parti- cipent au choc est une quantité invariable, qui dépend de la nature des corps; si l’on désigne par 4 le rapport ni on déduit de la condition précédente , v' D —}kv, gere Ainsi lorsque le mouvement se propage d’un corps con- ducteur dans l’air ou réciproquement, la vitesse du mouve- ment auquel on rapporte l'électricité est modifiée dans le rapport 4 ou L° Considérons un point À pris sur la surface d’un conduc- teur électrisé, et un point M pris à l’intérieur d’un second conducteur : supposons que la droite AM rencontre la sur- face du premier conducteur en B et la surface du second conducteur en C. Le point À est un centre d’ébranlement ; soit v la vitesse de l’éther en ce point. Le mouvement se propage du point À au point B; en ce dernier point du conducteur, la vitesse de l’éther est <5- Au point voisin du milieu isolant de l’air, la vitesse est k. Le mouvement se propage alors dans l'air comme si le point À était un centre d’ébranlement où l’éther aurait pour vitesse kv; la vitesse de l’éther au point kv INGS conducteur, la vitesse de l’éther, d’après la dernière équa- v AC! même manière que dans un conducteur unique, Par suite, la vitesse de l’éther au point M a la valeur V donnée par ja première équation, de sorte que la condition d'équilibre est du milieu isolant qui touche C est alors Au point GC du tion, est de sorte que le mouvement se propage de la JEU VA ja même dans le cas d’un nombre quelconque de conduc- teurs que dans le cas d’un conducteur unique. Ainsi l'hypothèse qui attribue les phénomènes électriques à un mouvement vibratoire de l’éther, conduit, au sujet de l'électricité sur un ou plusieurs conducteurs, au même ré- sultat que la théorie mathématique fondée sur les lois de Coulomb: de sorte que la théorie de l'électricité, envisagée au point de vue mécanique, conduit à admettre, comme on le suppose dans la théorie mathématique, que les lois de Coulomb sont également applicables à deux éléments élec- trisés appartenant au même conducteur ou à des conduc- teurs différents. Les considérations précédentes s’appliquent à la propaga- tion de l’électricité dans les corps conducteurs et dans l’air qui les environne. Les corps conducteurs et l’air peuvent être envisagés comme des corps parfaitement élastiques au point de vue de la propagation du mouvement éleciri- que; sil’on suppose, en effet, la constante a voisine de l'unité, les vitesses v, et v, sont très-peu différentes des vi- tesses v et v’, la déperdition de l'électricité s’effectue d’une manière lente. La propagation de l'électricité dans les corps mauvais conducteurs cbéit à des lois différentes; il semble permis, d’après ce qui précède, d’atiribuer le défaut de conductibilité à l'élasticité imparfaite des corps mauvais conducteurs. Par l’effet de ce manque d’élasticité, la vitesse de l’éther ne varie plus en raison inverse de la distance au centre d’ébranlement, et le mode de propagatiou de l’élec- tricité dans les corps mauvais conducteurs est beaucoup plus difficile à suivre que dans les corps bons conducteurs. Sur un Hémiptère de la famille des Pentatomides, par M. Oustalet. A plusieurs reprises déjà j’ai eu l'honneur d'entretenir la Société de recherches que j'ai entregrises sur les Insectes fossiles des terrains tertiaires de la France ; je désirerais au- jourd’hui dire quelques mots d’un Hémiptère, de la famille des Pentatomides, dont j’ai rencontré trois spécimens, l’un au Musée de Marseille, l’autre dans la collection du Musée de Lyon, le troisième parmi les échantillons que M. le profes- seur Heer de Zurich a eu l'extrême obligeance de me com- — D muniquer. Ce dernier individu était étiqueté Cydnopsis, sp. et me paraît en effet se rapporter, de même que les deux autres spécimens auxquels je viens de faire allusion, au genre Cydnopsis, qui a été établi par M. Heer en faveur de quelques espèces d’Hémiptères largement répandues dans les gisements d’OEningen et de Radobo)j (1), et qui présente, comme son nom l'indique, de grandes affinités avec le genre Cydnus de l’époque actuelle. Les C'ydnopsis ont, en ef- fet, comme les Cydnus, la tête recouverte par une sorte de bouclier rappelant celui de certains Scarabées, le thorax ar- rondi latéralement, et criblé de ponctuations, de même que l’abdomen qui est de forme globuleuse. Mais, caractère es- sentiellement distinctif, les Cydnopsis ont les jambes absolu- ment dépourvues d’épines, et présentent à peine, sur ces parties, quelques vestiges de poils, tandis que les Cydnus ont les jambes hérissées de pointes distinctes, ou même de véritables dents le long du bord externe; c’est cette parti- cularité qui leur a valu ie nom de Spinipèdes de la part de MM. Amyot et Audinet-Serviile. M. Heer fait ressortir également certaines différences dans la nervation des ailes, l’aire externo-médiaire étant par- tagée dans les Cydnopsis en deux cellules par une nervule transverse, tandis qu’elle est indivise dans les Cydnus de la faune contemporaine, efc. Le genre Cynopsis, dit M. Heer, est essentiellement ca- ractéristique pour la période tertiaire; c’est celui qui com- prend, dans l’ordre des Hémiptères, le plus grand nombre de spécimens fossiles. Deux espèces entre autres, Cydnopsis Haidingeri, H. et Cydnopsis tertiaria, H. avaient probable- ment, au commencement de la période tertiaire, une exien- sion géographique considérable. Le Cydnopsis d’Aiïx, en Provence, présente à peu près les mêmes dimensions que l’espèce nommée Cydnopsis tertiaria par M. Heer,; il mesure en effet 6 à 7 mill. de long sur 3 à & mill. de large; mais il se distingue des spécimens de Ra- doboj et d'OEningen par la forme de l’écusson,; cette partie esi, en effet, convexe radialement et ressemble à un cœur, au lieu d’être excavée sur les côtés, comme dans le Cydnopsis tertiaria et dans les Cydnus de l’époque actuelle (en particu- lier dans le Cydnus flavicornis , Fab.). Ce caractère me sembie assez important pour motiver l'établissement d’une (1) Insektenfauna der Tertiärgebilde von ŒEningen and Rado- boÿ, LL. Eyes espèce nouvelle, pour laquelle je proposerai le nom de Cyd- nopsis Heerii, nob. Les antennes ont d’ailleurs une structure légèrement différente : dans le C'ydnopsis tertiaria le dernier article est un peu plus grêle et plus allongé que les précé- dents; dans le Cydnopsis Heerir au contraire ce même article est ovalaire et un peu plus massif que l’article placé immé- diatement avant. L'espèce fossile que je signale est sensiblement plus pe- tite que le Cydnus trishs, Fab., et a le thorax plus court re- lativement et plus fortement arrondi sur les côtés, mais il devait avoir à peu près la même coloration brune foncée, et les mêmes ponctuations sur le corps et sur la portion cornée des élytres. Par les dimensions, le Cydnopsis Heerir se rapproche davantage du Cydnus (Cyrtomenus) castaneus, Aud. et Serv. de l'Amérique septentrionale. Les Cydnus de l’époque actuelle et, entre autres, le Cyd- nus (Pentatoma) tristis, Fab., qui se trouve communément en Europe, vivent, non pas sur les plantes, mais sous les pierres, dans les taillis, et abondent particulièrement, au printemps et en été, dans les contrées sablonneuses. Les Cydnopsis de la période tertiaire, si voisins des Cydnus par leur forme générale, devaient avoir des mœurs analogues. Sur les Vertébrés fossiles des dépôts de phosphate de chaux du Quercy, par M. H. Filhol. Dans une précédente communication, j'ai eu l’honneur de présenter à la Société le résultat de recherches que j'avais entreprises touchant l’étude des Vertébrés, dont on rencontre les débris au niveau des gisements de phosphate de chaux du Quercy. Depuis cette époque, j'ai pu recueillir de nou- veaux échantillons, et j’ai pu, d’autre part, grâce à la bien- veillance de divers propriétaires, examiner les belles collec- tions qu’ils avaient formées en exploitant leurs dépôts. Je dois citer en particulier la collection de M. Javal, qui ren- ferme de magnifiques pièces paléontologiques, dont plu- sieurs appartiennent à des espèces nouvelles, Tous ces échantillons se rapportent à la même faune que ceux dont font partie les animaux précédemment cités, faune qui me paraît avoir été contemporaine de la formation du calcaire de Brie (miocène inférieur). AR ee Parmi les Pachydermes non encore décrits, je signalerai un animal du groupe des Anoplotherium, présentant comme eux les dents en série continue, et se rapprochant beaucoup de l’Adapis de Cuvier et de l’Aphelotherium de M. Gervais. Quelques différences existant dans la forme des molaires, la taille, qui est de beaucoup supérieure, me font considérer cette espèce comme nouvelle. Je proposerai de la désigner sous le nom d’Adapis magnus. Cette espèce était accompagnée dans les mêmes gise- ments par un Anopiotherium signalé par M. Gervais comme étant l’Anoplotherium secundarium, et que l’on sera probable- ment plus tard obligé de séparer sous un nom différent. Les dépôts de Raynal ont fourni une mâchoire inférieure qui doit être rapportée au Tapyrulus Hyracinius de M. Ger- vais. Cette pièce existe dans la collection de M. Javal. Elle présente en place les trois dernières molaires. Les dents étaient en série continue, comme dans les Anoplotherium et les molaires, au nombre de sept. C’est dans les mêmes gisements qu'ont été rencontrés divers Paloplotherium, dont l’un, d’une très-grande taille, est remarquable par l'allongement de sa barre et par la dis- position de l’émail de ses troisième et quatrième molaires. La troisième surtout est différente de la dent correspon- dante des espèces connues. Elle présente sur son bord in- terne un 1lot d’émail très-détaché, qui devait plus tard se confondre avec eux par l’usure. Cette espèce, que je dési- gnerai sous le nom de Paloplotherium Javali, était accom- pagnée dans les mêmes gisements par le Paloplotherium anneclens d'Owen, le Paloplotherium medium, le Palæothe- rium medium et le Chalicotherium. A Caylux, j'ai rencontré encore une nouvelle espèce de Paloplotherium, caractérisée par la présence en arrière du second lobe des troisième, quatrième et cinquième molaires d’un petit talon en forme de tubercule, qui n’existe dans les espèces connues qu’au niveau des deux dernières dents que je viens de citer. D’autre part, un ilot d’émail existe sur le bord interne des troisième et quatrième molaires et sé- pare leurs croissants. Je proposerai de nommer cette es- pèce, dont la taille égale celle du Paloploiherium annectens d’Owen, par le nom de Paloplotherium Cayluxi. Parmi les Kquidés, je signalerai la présence dans la faune des phosphorites des Anchilophus, qui n’y avaient point été encore mentionnés, et qui y constituent une espèce nouvelle voisine de celle signalée par Pictet dans le Sidérolitique du Extrait de l’Institut, 1874, 2 — Bt canton de Vaud, que je désignerai sous le’nom d’Anchilo- phus Cadurcensis. Dans les gisements de Mouillac, on a rencontré un grand nombre d’ossements de Cervidés. Plusieurs mâchoires que j'ai obtenues doivent être rapportées aux Zophiomeryx, qui probablement étaient représentés par deux espèces diffé- rentes. Les Caïnotherium, qui étaient si abondants durant cette époque, présentent dans la disposition de leurs prémolaires des faits remarquables. M, Gervais a signalé, sous le nom de Plesyomerix Cadurcensis, un Cainotherium dont la pre- mière prémolaire, accolée au bord postérieur de la canine, était séparée de la deuxième prémolaire par une barre assez étendue. Cette disposition seulement indiquée par le savant professeur du Museum mérite de fixer l’attention, car elle rappelle un agencement semblable que l’on rencontre parmi les Pachydermes fossiles du Dakota et du Nebraska. Leidy, à propos de l’Oreodon, fait remarquer que la canine chez ces animaux ressemble à une incisive, et que c’est la pre- mière prémolaire déplacée qui joue le rôle de canine. Elle s’est accrue et a pris un aspect caniniforme. Chez les Ple- syomeris c’est la même chose qui a lieu, et ce point de res- semblance entre la faune fossile des phosphorites et celle de l’Amérique du Nord n’a point été signalée encore, de même que celle qui résulte de la présence de mêmes genres de Carnassiers, Mais, avant d’aborder l’étude de ces der- niers, je dois dire que pour les Cainotherium ce n'était seu- lement pas la première prémoiaire qui se portait en avant, mais également la deuxième, de telle sorte qu’il ne restait que cinq molaires en série. Je désignerai cette espèce nou- velle par le nom de Plesiomeryx C'ayluxi. Divers débris de Félins trouvés à Caylux m’avaient con- duit à annoncer l’existence des Machayrodus, et en particu- lier d’une espèce remarquable par sa symphyse et le nombre de ses molaires, que je désignai sous le nom de Machay- rodus bideniatus. Leidy avait rencontré dans le Dakota et le Nebraska des ossements de Félins appartenant au même genre que Celui trouvé à Caylux, et les avait tout d’abord placés parmi les Wachayrodus ; puis, plus tard, il en fit un genre à part sous le nom de Drepanodon. De nouvelles pièces me permettent d’affirmer la présence de Drepanodon très-voisins de ceux du Dakota et du Ne- braska, se différenciant seulement par le nombre des mo- laires qui était de deux au lieu de trois. Le Machayrodus —"UUR bidentatus doit donc porter le nom de Drepanodon bidenta- us, et doit être considéré comme établissant un nouveau lien entre la faune du miocène inférieur du Quercy et celle de l'Amérique du Nord, qui renferme également des Hyæ- nodon, des Canidés et des Rhinocéros. Les Hyænodon étaient représentés par des espèces fort nombreuses. M. Gervais en a signalé de nouvelles, et trois, parfaitement distinctes, doivent être ajoutées à cette liste. L'une, d’une très-grande taille, inférieure pourtant à celle du Hyænodon horridus de Leidy, et s’en différenciant par la disposition de toute la portion postérieure du maxillaire in- férieur, provient de.Saint-Antonin. Je la désignerai par le nom de Hyænodon Heberti. Deux autres proviennent de Cay- lux: l’une, à dents irès-petites, portées sur un maxillaire très-élevé et fortement comprimé par ses faces latérales, est nettement distincte de toutes celles que nous connaissons. Je proposerai de la nommer Hyænodon compressus. Une troi- sième espèce, supérieure par sa taille au Hyænodon vulpi- nus de M. Gervais et différente également du Æyænodon crucians, provient, comme la précédente, des dépôts de Caylux. Je la désignerai sous le nom de Hyænodon Cayluxi. Les Cynodictis, fort nombreux au milieu de cette faune, offrent diverses espèces nouvelles se distinguant par la taille, par la forme de leur maxillaire et par les caractères plus ou moins viverriens de leur carnassière. Plusieurs bases de crâne m'ont montré des affinités remarquables d’une part avec les Canidés, d’autre part avec les Viverridés. Quant au squelette, les divers os rappellent les caractères pro- pres à ce dernier groupe, et je n'ai pu encore trouver d’ossement rappelant ceux des Chiens. Je signalerai comme espèces nouvelles deux Cynodichs de petite taille: l’un à mâchoire très-grêle dans sa partie anté- rieure et forte dans sa partie postérieure, que je désignerai sous le nom de Cynodictis gracihs; l’autre à maxillaire infé- rieur très-allongé, à dents petites, que j’appellerai au nom de Cynodictis leptorhyncus. Une autre espèce est remarquable par le peu d’élévation du corps de la mâchoire et-par la puissance des dents qui sont plus fortes, plus épaisses que dans tout autre Cynodictis. Je la désignerai par le nom de Cynodictis crassidens. Ges trois espèces proviennent des gisements de Caylux. Une a été trouvée à Saint-Antonin. Elle est caractérisée par un maxillaire inférieur court, dont la branche montante est très-élevée, et dont les dents sont si serrées les unes contre open les autres que la deuxième prémolaire est constamment dé- placée et occupe sur le maxillaire inférieur une position presque transversale. Je proposerai d'appeler cette espèce du nom de Cynodictis brevirostris. Les gisements de Raynal renferment également des dé- bris de Cynodictis fort intéressants, dont la carnassière rap- pelle celle des Cynodictis du sidérolihtique du canton de Vaud signalés par Pictet; je désignerai ces Carnassiers sous le nom de Cynodictis ferox. En terminant ces considérations sur la faune des phos- phorites, je dois ajouter que des mâchoires, tant supé- rieures qu'inférieures, de //yænodon jeunes, m'ont permis de me rendre compte du mode si singulier de dentition de ces carnassiers. À la mâchoire inférieure, la première et la deuxième carnassière n'étaient pas remplacées. et, à la mà- choire supérieure, la première ne l'était pas non plus. Dans le jeune âge, les quatrièmes prémolaires de lait avaient la forme de carnassières, de telle manière qu'il existait à cette époque, comme dans l’âge adulte, trois carnassières à la mâchoire inférieure, deux à la supérieure. Le nombre des prémolaires variait seul. - Remarques sur la note précédente, par M. Sauvage. M. Sauvage fait remarquer, à propos de la communica- tion de M. Filhol, que toutes les analogies de la faune ichthyologique de l’époque miocène sont avec les régions tempérées de l'Amérique, comme si l’Ancien et le Nouveau continent avaient communiqué à cette époque. Il note à Armissan, à Sansan, à OEningen, la présence du genre Cy- clurus, si voisin du genre Amia, qui habite actuellement la vallée du Mississipi, des Pæcilia d'OEningen du même groupe que l’Hydrargyra swampina qui vit dans Les marais tourbeux de la Caroline. Le genre Lebras est représenté en Europe par une espèce d'Espagne, les autres espèces étant de l’Amé- rique tempérée; la présence de ce genre, très-abondamment répandu pendant l’époque tertiaire, vient encore à l’appui de celte opinion que l’Europe et l'Amérique ont été réunies à l’époque miocène. M. Sauvage ‘pense, par conire, qu’à la même époque, la mer des Indes communiquait largement avec la Méditerranée; ce fait lui paraît démontré par l’exa- oie men de la faune ichthyologique marine, tant de l’époque tertiaire que de l’époque actuelle. Réponse aux remarques précédentes, par M. Oustalet. M. Oustalet fait remarquer qu’il y a également à l’époque oligocène des analogies incontestables entre la faune ento- mologique du midi de la France et celle de la partie méri- dionale de l'Amérique du Nord. On trouve, non seulement parmi les espèces fossiles d’Aïx en Provence, des types voi- sins de ceux qui vivent encore au Texas, dans la Floride, etc.; mais on constate encore des analogies frappantes entre les Insectes enfouis dans les mains gypsifères de la Provence et ceux qui sont contenus dans les mains oligocènes des Mon- tagnes Rocheuses, et dont M. J. Sendder, de Boston, pos- sède une collection assez nombreuse. Résultats de quelques recherches sur l’anatomie des Crustacés décapodes, par M. Paul Brocchi. Les premières de ces recherches ont trait à la structure des organes génitaux mâles de la Langouste (Palinurus vul- garis). Je rappellerai d’abord, aussi brièvement que possible, les parties qui composent cet appareil. De chaque côté de la partie thoracique se voient les tes- ticules placés symétriquement. Chacun d’eux se divise net- tement en deux lobes : l’un antérieur, qui gagne les côtés de l’estomac ; l’autre postérieur, qui s'étend jusque sous le premier anneau abdominal. Ces deux testicules sont d’ail- leurs réunis entre eux par une commissure transversale placée en arrière de l’estomac. Chacun de ces organes secréteurs donne naissance à un canal déférent enroulé plusieurs fois sur lui-même. Ce ca- nal se continue directement et insensiblement avec la troi- sième partie de l'appareil reproducteur, partie désignée ha- bituellement sous le nom de verge. Celte verge, contournant les flancs de l’animal, gagne la — 29 — partie basilaire de la paîte de la cinquième paire, où elle se termine en s’attachant sur les bords d’un gros tubercule que présente cette portion de la patte. Ce tubercule est d'ailleurs percé d’une ouverture munie d’une espèce de soupape. La couleur de cette verge est blanchâtre. Cet organe pré- sente une dilatation assez considérable dans sa portion sub- terminale, puis il va en s’amincissant jusqu’à son exirémité inférieure. C’est sur la structure de cette verge que je désire appeier l'attention. En examinant cet organe, on voit qu’il se compose essen- tiellement : 1° d’une enveloppe; 2° d’un cylindre intérieur. Si on examine l'enveloppe au microscope, en s’aidant de coupes successives, on voit qu’elle est formée, à sa partie supérieure, par des fibres lamineuses entrecroisées mêlées à de rares fibres musculaires. Sous cette couche, on rencontre un tissu particulier connu sous le nom d’hypoderme, et enfin tout à fait à lPin- térieur un épithélium pavimenteux. Cette portion supérieure de l’enveloppe est d’ailleurs très- mince. Mais en s’avançant vers l’extrémité inférieure on la voit s'épaissir considérablement. Cet épaississement est dû à ce que les fibres musculaires, que j'ai déjà signalées, deviennent de plus en plus nom- breuses. Elles forment comme une seconde enveloppe dou- blant, pour ainsi dire, la première. Ces muscles sont striés (comme d’ailleurs presque tous ceux des Crustacés), et ils sont disposés annulairement. Si maintenant on vient à fendre cette enveloppe, on voit à l’intérieur le cylindre dont j'ai déjà parlé. Ce cylindre forme là comme une espèce de manchon in- HÉAUE Il est en connexion intime avec la paroi de l’enve- oppe. : Il commence à l’extrémité inférieure de la verge et gagne la partie supérieure, en diminuant peu à peu de calibre, et disparaît insensiblement. . À sa portion inférieure, il est comme divisé en deux por- tions par un sillon très-net, et de plus sa partie terminale est notablement élargie. L'examen microscopique de ce cylindre le montre formé essentiellement de fibres musculaires striées, entrecroisées et disposées longitudinalement. 09 Si bien que sur une coupe transversale comprenant le cylindre el l’enveloppe, on voit nettement la direction an- nulaire des fibres musculaires de cette dernière, tranchant sur la disposition longitudinale des fibres du cylindre. J’ai recherché en vain ce cylindre chez l’Ecrevisse, mais je l’ai trouvé chez le Scyllare ours. Seulement, n’ayant eu jusqu'ici à ma disposition qu’un seul exemplaire de ce der- nier cruslacé, je ne saurais affirmer que la disposition soit ici tout à fait la même. Avant de terminer ce qui a rapport aux organes génitaux de la Langouste, je dois signaler un corps singulier indiqué déjà par M. Milne Edwards dans son Anatomie comparée (1). C’est un tube contourné un grand nombre de fois sur lui- même, et qui se rencontre, mais non ce semble d’une façon constante, dans la portion subterminale de la verge. Bien que les recherches auxquelles je me suis livré à ce sujet aienteulieu toutes dans la même saison, j’ai pu remar- quer des différences sensibles suivant les sujets. . En effet, chez certaines Langoustes, ce tube se voyait très- nettement, et pouvait s’isoler avec la plus grande facilité. Chez d’autres, au contraire, il était comme perdu au milieu d’une matière blanchâtre et on le distinguait avec peine. A l’examen microscopique ce tube m'a présenté dans son intérieur : 1° de grandes cellules dont le noyau est pariétal ; 2° des vésicules dont quelques-unes semblent présenter des prolongements, Doit-on voir dans ces vésicules des spermatozoïdes en voie de formation, le tube lui-même doit-il être considéré comme un spermatophore ? De nouvelles recherches pour- ront seules me permettre de me prononcer à cet égard. Je rappelerai seulement que l’on connaît déjà certains Crus- tacés présentant des spermatophores. Je désire maintenant appeler l’attention de la Société sur le résultat de recherches auxquelles je me suis livré sur le péricarde des Crustacés décapodes. On sait que chez ces animaux il existe un sinus dit péri- cardique, dans lequel viennent déboucher les canaux bran- chio-cardiaques. En enlevant avec certaines précautions la carapace d’une Langouste, par exemple, on peut facilement voir la mem- brane qui forme ce sinus, autrement dit le péricarde. (1) M. Edwards, Anal. el Phys. comp., t. IX, p. 255, note 1. ee, C'est une membrane très-fine, transparente qui recouvre les organes génitaux et une partie de l’appareil digestif. Sur elle repose le cœur, qui même y prend plusieurs at- taches à l’aide d'espèces d’amarres musculaires. Cette mem- brane, ce péricarde, a toujours été jusqu'ici, je le crois du moins, considérée comme une membrane séreuse. C'est ainsi que Leydig, dans son ÂÆistologie comparée , l'indique comme étant simplement formée de tissu conjonctif. Strauss-Durckeim avait considéré le sinus péricardique comme étant une oreillette. M. Milne-Edwards déclare dans son Anatomie comparée (1) ne pouvoir accepter cette manière de voir. « On ne donne pas, dit-il, le nom d’oreillette à un » simple sinus ou réservoir sanguin servant de vestibule au » veutricule du cœur, mais à une poche contractile, une sorte » de cœur accessoire... » De plus, M. Edwards repousse aussi l’opinion de Strauss- Dureckeim, en se plaçant au point de vue anatomique, car, dit-il, «l'oreillette, quand elle existe, précède le ventricule, » et ne loge jamais celui-c1 dans son intérieur. » Or, en examinant au microscope la membrane péricar- dique, j'ai trouvé qu’elle était formée, non pas seulement par du tissu conjonctif, mais qu’aussi elle renfermait une quantité considérable de fibres musculaires striées. Ge fait m'a semblé intéressant parce qu’il me semble ren- dre plus plausible l’opinion de Strauss-Durckeim que je citais tout à l'heure. En effet, on peut considérer cette membrane comme étant contractile, il se peut donc ou bien qu’elle serve, soit, sui- vant l’expression de M. Milne-Edwards, comme pompe fou- lante pour injecter le sang dans le ventricule, soit à aspirer le sang de l'intérieur des vaisseaux branchio-cardiaques. J’ajouterai que j'ai pu observer à la surface externe de cette membrane un épithélium pavimenteux très-net. J'avais d’abord observé ces fibres musculaires chez la Langouste. Depuis, je les ai retrouvées dans le péricarde de l’Ecrevisse, et enfin dans celui d’un Crustacé décapode bra- chyure, ie Maia squinado. (1) M. Edwards, Anat. et Phys. comp., t. III, p. 183, note 1. — 23 — Sur les connexions de l'étrier avec l'os carré chez les Ophidiens, par M. Alix. Chez le Boa constrictor, l’étrier est réuni à l’os carré par un lJigament fibro-cartilagineux. Chez l’£nnectes murinus (Boa mangeur de rats), l’appareil est plus compliqué. L’étrier s’unit par son extrémité distale à un cartilage en forme de massue, et celui-ci est séparé de l’os carré par un disque fibro-cartilagineux biconcave et perforé au centre. L’os carré, à son tour, présente à sa face interne, et près de son bord antérieur, une facetle convexe et assez sail- lante. Une capsule fibreuse, insérée d’une part sur l’extré- mité de l’étrier, et d’autre part autour de la facette de l’os carré, enveloppe le cartilage en forme de mousse et le dis- que biconcave à la circonférence duquel il adhère, Chez le Trigonocéphale fer de lance, on retrouve une disposition qui rappelle ce qu’on voit chez l’Ænnectes, mais il n’y a pas de disque biconcave. Il suit de là que, chez les Ophidiens, l’é- trier est en connexion avec l’os carré, tandis que, chez les Chéloniens, les Crocodiliens et les Lacertiens, il est en con- nexion avec les membranes des tympans, différence qui peut être exprimée en disant que les Ophidiens sont qua- drato-stapédiens, et que les autres Reptiles sont fympano- stapédiens. Séance du 14 mars 1874. Sur la chaleur produite par le magnétisme, par M. À. Cazin. J'ai observé les effets thermiques du magnétisme dans le noyau d’un électro-aimant rectiligne, dont le fil est enroulé alternativement en sens opposés, de manière qu’il y ait plu- sieurs pôles, ou points conséquents. Lorsque les sptrales alternatives constituées par le fil ont les mêmes dimensions, et qu’elles partagent l'électro-aimant en con- camérations égales, les quantités de chaleur créées dans le noyau de fer à l'ouverture du circuit voltaique sont inversement pro- portionnelles aux carrés des nombres de concamérations, les au- tres circonstances ne changeant pas. — 96 — Par exemple, quatre bobines semblables sont disposées autour d’un tube de fer cylindrique, à des distances égales les unes des autres, et le tube dépasse de quelques centi- mètres les bobines extrêmes. En établissant convenablement les communications, on obtient, avec la même longueur to- tale de fil et le même nombre total de spires, une, deux ou quatre concamérations : les quantités de chaleur décroissent comme les nombres 1, À, Pour mesurer ces quanütés de chaleur, j’ai construit une sorte de thermomètre différentiel à air, dont les réservoirs sont formés par deux cylindres de fer identiques. L’un d’eux sert de noyau, et est placé dans l’axe des bobines. Celles-ci sont en bois, et d’une épaisseur au fond de la gorge assez grande pour que la chaleur du fil n’agisse pas sensiblement sur le noyau. En oulre, ce noyau est entouré d’une couche d’ouate et d’un cylindre de carton qui ne touche pas le bois des bobines. La transmission de la chaleur voltaïque du fil au noyau est ainsi rendue inappréciable. Le second cylindre de fer est disposé de la même manière daus l’axe de bobines de bois semblables aux précédentes, de facon que les deux noyaux sont dans les mêmes condi- tions relativement aux influences calorifiques extérieures. Si l’on veut une compensation parfaite à l’aide de ce se- cond cylindre, il suffit d’enrouler autour de lui un fil de cuivre semblable à celui des bobines magnétisantes, de même longueur, faisant le même nombre de tours, mais disposé par couches qui soient alternativement de sens op- posés. Le courant vollaïque passe dans ce fil, comme dans l’autre; de cette façon, son action calorifique est la même sur les deux cylindres de fer; mais le premier est seul ai- manté, et l’autre ne l’est pas. L’effet différentiel est dû ex- clusivement au magnétisme du premier cylindre. Le tube de verre capillaire qui réunit les deux réservoirs à air est recourbé en forme de manomètre, et contient une colonne d’eau, servant à mesurer la différence de pression que la chaleur magnétique établit entre les deux cylindres. Deux ou trois mille interruptions du courant produisent, avec une pile ordinaire, un échauffement très-exactement mesurable. Eu divisant la différence de pression observée par le nombre des interruptions, et faisant une petite correction analogue À celle qui est usitée en calorimétrie, pour tenir compte de l’action refroidissante des corps environnants, on à l'effet thermique du magnétisme. 07e La loi précédente est conforme à celle que j’ai précédem- ment énoncée, sur l'énergie magnétique d’un aimant bipo- laire (1). Soient » la quantité de magnétisme et / la distance interpolaire du noyau, lorsque celui-ci est à deux pôles: la chaleur créée par la disparition d’un magnétisme est mesu- rée par m?l. Disposons les bobines de façon qu'il y ait trois pôles; nous aurons l’effet de deux noyaux réunis par les pôles de même nom. Dans chacun d’eux la quantité de ma- gnétisme est 5 la distance interpolaire està, et là quantité totale d’énergie du système est mr mal PAC P ET ce qui est conforme à la loi expérimentale. On démontre de même les autres cas. L'appareil thermomagnétique différentiel que je viens de décrire permet de mesurer la quantité absolue de chaleur engendrée par le magnétisme, et de déterminer l’éguivalent magnétique de la chaleur, comme je le montrerai dans une prochaine communication. Sur le larynx inférieur de la Cigogne, par M. Alix. Tandis que chez les autres Oiseaux le larynx inférieur offre les cordes vocales en nombre pair placées sur les côtés, chez la Cigogne il n’y a qu'une seule corde vocale placée en avant et dirigée transversalement d’un côté à l’autre. Le larynx inférieur se compose de douze anneaux complets formant une région élargie à la partie inférieure de la tran: hée, et offrant de chaque côté unearêie anguleuse presque tranchante. La face extérieure est convexe, la face antérieure plus ou moins concave. Les anneaux, qui sont complets, se composent de même d’une partie postérieure convexe, unie sur les côtés sous des angles aigus à la partie antérieure qui est concave. Dans la partie postérieure du larynx, la muqueuse ne peut pas se plisser pour former une corde vocale; loin de là, il existe dans celte partie, à l’in- (1) Comptes rendus de l’Académie des sciences, 18 nov. 1872. — 98 — térieur du tube, une petite crête longitudinale. En avant, au contraire, le plissement peut se faire principalement entre le troisième et le quatrième anneau au-dessus de la bifurcation des bronches. Le pessulus, c’est-à-dire la petite pièce qui se place d’a- vant en arrière à la partie inférieure du larynx, n’est osseux que tout en avant; dans ses irois quarts postérieurs, il est flexible et cartilagineux. Il s'attache en avant et en arrière à l’anneau inférieur du larynx. Au-dessous de lui, le premier anneau de chaque bronche s’unit sur la ligne médiane à celui du côté opposé. Les bronches cnt des anneaux com- plets et offrent une certaine résistance. Les seuls muscles qui agissent sur le larynx inférieur sont les sterno-trachéaux ; lorsqu'ils se contractent, le larynx inférieur est pressé entre les bronches et la trachée, ce qui amène le plissement de la muqueuse et fait saillir la corde vocale. Séance du 28 mars 4874. Sur les muscles fléchisseurs des orteils chez les Oiseaux considérés au point de vue de la classification, par M. Alix. Les fléchisseurs superficiels sont, comme l'a dit Cuvier, composés de deux couches, l’une plus superficielle, com- prenant le fléchisseur de la deuxième phalange du deuxième doigt et le fléchisseur de la troisième phalange du troisième doigt; l’autre, plus profonde, comprenant le fléchisseur de la première phalange du deuxième doigt, le fléchisseur de la deuxième phalange du troisième doigt, et le muscle qui donne des ‘digitations aux quatre premières phalanges du quatrième doigt. Cette seconde couche mérite surtout d’attirer l’attention. Elle forme une masse charnue qui, dans le type idéal, a deux origines ou deux têtes, l’une interne, insérée sur le fémur en arrière du condyle externe; l’autre externe, insérée sur le péroné ainsi que sur la face externe du condyle externe du fémur. Les proportions relatives de ces deux têtes varient chez les Oiseaux. Pour éviter les circonlocutions, on peut appeler ectomyens les Oiseaux où la têle externe domine, entomyens ceux où la tête interne l’emporte, et homæomyens ceux où les deux têtes sont à peu près égales. Les Palmi- SC (LE pèdes, les Échassiers longirostres et pressirostres, les Fla- mans, les Cigognes, les Tinamons, les Struthidés, les Per- roquets sont entomyens; les Hérons, les Rallidés, les Gallinacés, les Pigeons, les Passereaux chanteurs sont homæomyens; les Rapaces diurnes et nocturnes sont ecto- myens. Ainsi, chez les Rapaces, le faisceau interne est excessive- ment grêle, et presque toute la masse charnue vient du faisceau externe. Chez les Palmipèdes, au contraire, la masse interne est considérable, tandis que la masse externe peut être nulle, comme chez les Lamellirostres, où aucune fibre charnue ne s’attache au péroné. Chez les Râles et les Galli- nacés, les deux têtes sont à peu près égales. Les Grèbes, où le faisceau interne est énorme, tandis que le faisceau externe est presque nul, diffèrent des Rallidés où les deux faisceaux sont également développés. La même différence existe entre les Gigognes et les Hérons, les Perroquets et les Passereaux chanteurs. Les Flamans, sous ce rapport, s’é- loignent des Hérons et se rapprochent des Palmipèdes. Il ne paraît pas y avoir de relation nécessaire entre ces diverses dispositions et la présence de l'accessoire iliaque du fléchiseeur perforé qui, lorsqu'il éxiste, vient se joindre à la tête externe, et parfois, comme chez les Palmipèdes lamellirostres, la forme à lui seul. Ce muscle existe chez les Cygnes qui sont entomyens, chez les Gallinacés qui sont homæomyens, chez les Aigles et les Faucons qui sont ecto- myens; il manque chez les Grèbes qui sont entomyens comme les Cygnes, chez les Hérons qui sont homæomyens comme les Gallinacés, chez les Rapaces nocturnes qui sont ectomyens comme les Aigles. Au point de vue de la mécanique, on trouve difficilement une raison pour expliquer la prédominance du faisceau externe chez les Rapaces. On peut dire cependant qu’en arrivant obliquement sur la gouttière du talon, les tendons subissent une réflexion d’où 1l résulte que les phalanges sont tirées avec plus de force. En se plaçant à ua autre point de vue, on peut observer que chez les Rapaces le fléchisseur commun des orteils et le long fléchisseur du pouce, ayant un énorme volume, semblent empêcher le développement de la tête externe du fléchisseur superficiel. Les fléchisseurs profonds r’offrent pas des différences aussi caractéristiques, Il y en a toujours deux, l’un qui vient du tibia, l’autre qui vient du fémur; leurs tendons s'unissent a 30 — vers le milieu du métatarse, le muscle fémoral fournit le tendon du pouce. Il y a des Oiseaux pourvus d’un pouce, comme le Flaman, le Cygne, le Grèbe, où il ne fournit rien à ce doigt, qui est alors dépourvu de fléchisseur profond. Séance du 11 avril 1874. Sur un nouveau système d’écluses et un appareil automatique à tube oscillant, par M. A. de Caligny. Le système d’écluses dont il s’agit n’a pas seulement pour but d’épargner l’eau au passage‘des bateaux, mais d’accé- lérer le service, en faisant ouvrir les portes d’elles-mêmes aux époques où l’on ne manque pas d’eau, en permettant d’ailleurs de faire plus facilement entrer et sortir les bateaux d’un sas, à cause de la manière dont le liquide peut passer par un grand tuyau de conduite, soit en avant du bateau, soit derrière lui. M. de Caligny rappelle que, dans la séance de l'Académie des sciences du 24 février 4873, il a signalé les avantages qu’il pourrait y avoir à faire déboucher le grand tuyau de conduite de l’appareil dont il s’agit immédiatement en aval du mur de chute, au lieu de le faire déboucher dans l’enclave des portes d’aval, comme on l’a fait à l’écluse de lJ’Auboïis, pour ce système qui vient d’être honoré d’une médaille de progrès à l'Exposition universelle de Vienne. Il fait remarquer aujourd’hui que, dans les circonstances où ce tuyau de conduite débouchera ainsi immédiatement en aval du mur de chute, il pourra servir, étant toujours plongé au-dessous du niveau du bief d’aval, à diminuer la résistance que les bateaux éprouvent, dans le service ordi- paire, en entrant ou en sortant de l’écluse, soit quand les bateaux montent, soit quand ils descendent; tandis qu’à l’écluse de l’Auboïs, quand les grands bateaux entrent du bief d’aval dans l’écluse, ou sortent de l’écluse dans le bief d’aval, ils étrangleraient, en partie du moins, l’embouchure de ce luyau, quand même elle ne serait pas bouchée par les portes d’aval, qui sont a'ors ouvertes. Quant à la propriété de ce système, soit de faire entrer de lui-même un bateau montant dans le bief d’amont, soit de faire entrer de lui-même un bateau montant du bief MAS d’aval dans l’écluse, quand le tuyau de conduite débouche dans l’enclave des portes d’aval comme à l’Aubois, l’eau qui arrive derrière lui est dirigée comme il faut pour le pousser en avant avec beaucoup d'avantage. Mais s’il débouche im- médiatement en aval du mur de chute, l’eau arrivant sous le bateau, le tuyau qui Pamène ne sera pas étranglé à l’e- poque où le bateau devra sortir de l’écluse dans le bief _d’amont. On peut d’ailleurs empêcher les portes d’amont de s'ouvrir immédiatement au moyes d’un crochet à ressort, de sorte qu’au moment où elles s’ouvriront brusquement, le bateau, se penchant un peu en avant, tendra à sortir de l’écluse, poussé d’ailleurs par l’eau accumulée derrière lui. Quant à l'entrée du bateau du bief d’aval dans l’écluse, il pourra être utile aussi de disposer un crochet à ressort aux portes d’aval, pour qu’elles s'ouvrent aussi brusque- ment et donnent lieu à un courant d’où résulterait l'entrée de ce bateau dans l’écluse, si du moins il en était déjà assez près. Ces dispositions seront d’ailleurs à étudier par l’expé- rience. Sur un appareil à élever l’eau au moyen d'une chute d'eau, par M. A. de Caligny. M. de Caligny a fait ensuite une communication sur son appareil à élever de l’eau au moyen d’une chute d’eau, pour lequel des médailles d’argent lui ont été décernées aux deux expositions universelles de Paris. A celle de 4867 on trouva un effetutile beaucoup plus grand qu’à celle de 1855, la théorie ayant mieux appris comment on devait régler la quantité d’eau motrice dépensée pour un appareil de dimen- sions données. Depuis celte époque, dans le jardin de l’Oran- gerie de Versailles, M. de Caligny à fait de nouvelles expériences sur ce système à tube oscillant, fonctionnant indéfiniment abandonné à lui-même, et il a varié 1 s quan- tités d’eau motrices. Or a pu vérifier ainsi les principaux résultats obtenus en 1867, c’est-à-dire s’assurer que l’effet utile dépassait un peu soixante pour cent en eau élevée, même avec un appareil d'essai très-grossièrement construit. On sait qu’une pompe conduite par une roue hydraulique ne donnerait qu’une fraction de fraction pour l'effet utile définitif, et que par conséquent une roue hydraulique qui donnerait plus de Sen es soixante pour cent pourrait donner bien moins en eau élevée par une pompe. Mais comme ces expériences doivent être prochainement multipliées au moyen d'appareils mieux con- sitruits, il s’agit ici bien moins du chiffre de l'effet utile que . de signaler une particularité intéressante du jeu de cet appareil. Dans quelques expériences, on avait essayé de supprimer autour de l'extrémité inférieure du tuyau mobile un rebord extérieur dont l'utilité s’est manifestée de telle sorte qu’on a jugé utile de le remeltre, quoiqu’on eût conservé autour de cette extrémité inférieure un flotteur assez large. Ge rebord, plongé dans l’eau du bief d’aval, produisant un effet ana- logue à celui de la quille des bateaux qui empêche le roulis, a permis, quand on l’a rétabli, d'obtenir un mouvement de va-et-vient vertical beaucoup plus régulier que lorsqu'on l'avait supprimé; de sorie qu'on a retrouvé toute la régula- rité qui avait été remarquée aux expositions universelles de Paris. Séance du 25 avril 1874. Sur les attractions et les répulsions produites par les corps sonores, par M. J. Moutier. Le docteur J. Guyot a fait voir, en 1834, que les corps vibrants attirent les corps légers placés dans le voisinage. Ce résultat a été confirmé par les recherches récentes de M. Guthrie et de M. Schellbach : ce dernier physicien a montré que les corps vibrants attirent les corps plus lourds que le milieu sonore et repoussent les corps plus légers. M. W. Thomson considère ces phénomènes comme une conséquence de sa théorie des tourbillons; M. Challis les interprète d’après les équations de l’hydrodynamique. J’ai cherché une explication de ces phénomènes fondée sur le mode de propagation du son. Lorsque le son se propage dans un gaz homogène ren- fermé dans un tuyau cylindrique, on peut décomposer la masse gazeuse en tranches d’égale épaisseur, perpendicu- laires à la longueur du tuyau; aussitôt que le mouvement s’est transmis d’une tranche à la tranche voisine, la pre- mière tranche revient immédiatement au repos. Il n’en est = at plus de même lorsque les deux tranches voisines sont for- mées par des gaz différents. Considérons une colonne gazeuse renfermée dans un cy- lindre horizontal et supposons, pour fixer les idées, le corps sonore placé à la gauche du tuyau. Le corps sonore est en contact avec l’air par exemple, mais à partir d’une certaine distance, nous supposerons la section du tuyau divisée en deux parties égales, de sorte que dans tout le reste du tuyau l’air occupe l’une des moitiés de la section, tandis que l’autre moitié est remplie par un gaz différent de l’air, La vitesse de propagation du son dans un gaz est, pour une même pression, inversement proportionnelle à la ra- cine carrée de la densité du gaz; on peut, d’après cela, considérer dans la propagation du son les masses gazeuses de même section qui pariicipent au choc comme ayant des longueurs inversement proportionnelles aux racines carrées de leurs densités, de scrte que ces masses elles-mêmes sont proportionnelles aux racines carrées de leurs densités. Désignons par % la masse d’air qui communique son mouvement à la masse gazeuse m', par p la masse d’air si- tuée au-dessous ou au-dessus de »m qui communique le mouvement à la masse d’air égale s” en contact avec elle. Il y a deux cas à distinguer, suivant que le gaz en contact avec l’air est plus léger ou plus lourd que l'air. 1° Le gaz est plus léger que l'air, m'< m. Supposons que le mouvement se propage de gauche à droite; désignons par v la vitesse commune aux deux masses d’air = et s. Considérons le choc de m sur m!’ et le choc de sur s. D’après les lois du choc des corps élasti- ques, après le choc, #’ possède une vitesse v’ supérieure à v, L' possède la vitesse v; par conséquent, m'avance sur et tend à s’écarter du corps sonore. Si le mouvement se propage au contraire de gauche à droite, p’ après avoir choqué 4 revient au repos; #”#° après avoir choqué » a une vitesse dirigée de gauche à droite, de sorte que »”' s'écarte de p' de la gauche vers la droite et s’é- loigne du corps sonore par rapport à pe. 20 Le gaz est plus dense que l’air, m' > m. Lorsque le mouvement se propage de gauche à droite, après le choc de m sur »' et de p sur p', p' possède la vitesse v qui lui a été communiquée par p,m' a une vitesse v' in- férieure à v, de sorte que #”' est en retard sur y et tend à se rapprocher du corps sonore. Si, au contraire, le mouvement se propage de droite à Extrait de l’Institut, 1874. 3 at gauche, après le choc de »’ sur & et de m' sur m, p revient au repos et m possède une vitesse dirigée de droite à gau- che, de sorte que m' se rapproche du corps sonore par rap- port à p. Des considérations analogues s’appliquent au mouvement des corps solides placés dans l’air; la vitesse du son est en général plus grande dans les solides que dans les gaz et comme d’ailleurs les solides sont plus denses que les gaz, pour ces deux raisons m' est supérieur à m et le phénomène résultant est, comme on vient de le voir, une attraction di- rigée vers le corps sonore. Les considérations précédentes peuvent s'appliquer aux expériences récentes par lesquelles M. Tyndall a montré que le son ne se propage pas dans un milieu hétérogène formé par la superposition de deux gaz différents. Hématurie observée chez des chiens soumis à la chloralisation, par injection tntra-veineuse de chloral, par M. Vulpian. M. Vulpian a constaté sur plusieurs chiens chloralisés pour diverses expériences, la production d’une hématurie des mieux caractérisées. Lors de l’examen nécroscopique, on ne trouvait aucune lésion de la membrane muqueuse de la vessie. Il n’y avait ni corgestion vive, ni ecchymose de cette membrane. Les reins au contraire étaient fortement congestionnés. On avait injecté, chez ces animaux, par une des veines crurales, 5, 6 et jusqu’à 9 et 10 grammes de chloral. Il est probable que cette substance ou les produits de sa dé- composition ont agi sur les reins comme de violents irri- tants et ont déterminé l’hématurie observée. C’est un fait utile à connaître, à un moment où de nou- velles tentatives de traitement du tétanos ou d’autres mala- dies convulsives, au moyen du chloral, peuvent être faites. Action du chloral sur les nerfs vaso-dilatateurs, par M. Vulpian. N M. Vulpian a observé plusieurs fois que chez les chiens pro- fondément chloralisés, la faradisation du bout périphérique REE du nerf lingual coupé ne produit plus son effet ordinaire, c’est-à-dire ne fait plus dilater les vaisseaux de la moitié correspondante de la langue, tandis qu’elle provoque, au contraire, une sécrétion abondante de la glande sous- maxillaire. La faradisation du cordon cervical du sympathique du même côté fait, d’ailleurs, resserrer ces vaisseaux, comme dans l’état normal. . L’excitation faradique de la peau, dans l'intervalle des orteils d’un des membres postérieurs, ne détermine pas, lorsque la chloralisation est profonde, l'élévation de tempé- ralure qui a lieu, sous l'influence de ce genre d’excitation, chez des chiens non chloralisés. s Le chloral, lorsque son action anesthésique est poussée assez loin, paraît donc paralyser jusqu’à un certain point les ganglions vaso-moteurs par l'intermédiaire desquels s'exerce vraisemblablement l'influence des nerfs vaso-dilatateurs. L'état d’asphyxie, lorsqu'il est très-prononcé, met aussi dans l'impuissance les nerfs vaso-dilatateurs : or, on sait que, dans cet état, on peut constater une anesthésie et une abolition de la réflectivité des centres nerveux, tout à fait comparables aux effets du chloral, du chloroforme, etc. Influence de l'air vicié par des émanations de nature organique sur le développement des œufs de grenouille, par M. Vulpian. M. Vulpian a constaté déjà depuis plusieurs années que les œufs de grenouille conservés dans son laboratoire, à l’École de médecine, n’arrivent presque jamais à éclore. Il y a par- fois un commencement de développement, accusé par les premières phases de la segmentation; puis tout s'arrête; les œufs se ramollissent et se putréfient. Ce n’est que très- exceptionnellement que quelques œufs se développent com- plétement. Cette année, pour que le fait füt plus significatif, on a séparé une certaine quantité d'œufs d’une même ponte en deux groupes à peu près égaux comme nombre. Un de ces grou- pes a été laissé au laboratoire, et l’autre a été porté dans un appartement, loin de toute émanation du genre de celles qui peuvent exister dans un laboratoire de physiologie ex- A LE périmentale et d'anatomie pathologique. Or, les œufs laissés au laboratoire n’ont pas fourni un seul embryon, tandis que ceux qui avaient été emportés se sont presque tous dévelop- pés et ont formé des tétards, lesquels vivent encore aujour- d’hui. Cette expérience a été faite deux fois de suite, et deux fois on a observé les mêmes résultats : putréfaction des œufs dans le laboratoire, bien que l’eau fût changée avec soin, et développement très-régulier et complet, hors du laboratoire. Expérience relative à la régénération autogénique du nerf hypoglosse sur le chien, par M. Vulpian. Sur un jeune chien on avait arraché la partie centrale du nerf hypoglosse droit, le 14 octobre 1873. Vers le 6 avril 1874, on chloralise l'animal; puis, lorsqu'il est de- venu insensible, on met la partie périphérique du nerf hypoglosse droit à découvert. On passe un tube de verre sous ce nerf, puis, après avoir ouvert la gueule de lani- mal, on excite ce nerf, d’abord avec des courants fara- diques assez légers, puis à l’aide de frottements faits en travers du nerf avec l’extrémité mousse d’une sonde canne- lée. Les excitations faradiques et mécaniques déterminent des contractions très-nettes, assez énergiques même, de la moitié correspondante de la langue, avec flexion de la pointe sur la base, de gauche à droite. Un constate que, dans linter- valle des excitations, 1l y à encore des paipitations muscu- laires spontanées dans la moitié droite de la langue. Cette partie de la langue paraît moins atrophiée qu'elle ne l’est deux ou trois mois après une expérience du même genre. On cherche à trouver le point où le bout périphérique du nerf hypoglosse s'arrête en remontant vers le centre, c’est- à- dire le point où il a été coupé, avant qu’on ait fait l’arra- chement de sa partie centrale. On trouve qu'en ce point le nerf s’effile en une pointe conique assez courte, au delà de laquelle on ne voit aucun prolongement. On dissèque le tissu qui environne cette pointe terminale, de façon à cou- per tous les filets et tubes nerveux qui, provenant d’autres nerfs, pourraient s'être anastomosés avec le bout périphé- rique de l’hypoglosse, et le remettre ainsi en communication avec le centre cérébro-spinal. On laisse vivre l’animal. 2 an Le 19 avril, on met de nouveau ce nerf à nu, un peu en avant du point où il a été excité Le 5 ou le 6 avril. On le sou- lève sur un tube de verre et l’on constate encore que, soit par les excitations mécaniques, soit par les excitations fa- radiques, il provoque des contractions très-fortes de la moi- tié correspondante de la langue. On dirait même que ces contractions sont plus fortes, plus faciles à provoquer que lors de l’examen précédent. On voit, en effet, des mouve- ments se produire lorsqu’on a écarté les deux bobines d’un appareil à chariot, de telle sorte que le courant ne soit presque plus appréciable lorsque les électrodes sont mis en contact avec les lèvres ou la langue de l’expérimenta- teur. L'examen microscopique du nerf montre qu’il ne contient qu’un très-petit nombre de fibres nerveuses altérées. La plu- part des fibres régénérées sont restées saines. Ces fibres ré- générées sont très-nombreuses; cependant, il est évident qu'il y a encore des fibres réduites à leur gaîne de Schwann, et n'ayant subi aucune restauration. Des coupes transversales de la langue, dans toute son épaisseur, font voir que la moitié droite est plus pâle, plus blanchâtre que la moitié gauche. Cependant on y voit plus de faisceaux musculaires rougeâtres que lorsque l’examen de l’organe est fait à une époque plus rapprochée (deux ou trois mois) du jour de l’arrachement de l’hypoglosse. On s’est assuré, par l’examen du bulbe rachidien, que le nerf hypoglosse droit avait été bien arraché complétement. On voit, à l’endroit où ce nerf naissait, un épaississement considérable des membranes bulbaires, s'étendant en tra- vers jusqu'aux origines du nerf spinal. Cette expérience montre que la régénération du nerf hypoglosse, observée dans les conditions dont il s’agit, a bien lieu sur place, sans intervention de l'influence du centre nerveux cérébro-spinal, et qu’elle n’est pas due à des fibres anastomotiques, qui mettraient de nouveau, quoique bien imparfaitement, le bout périphérique du uerf hypo- glosse en relation avec ce centre. Elle paraît prouver, en outre, que le tissu musculaire de la langue peut se régénérer aussi, mais tirès-partiellement, dans ces conditions, sans être soumis à l’influence du centre cérébro-spinal, lorsque le nerf hypoglosse se régénère lui- même. Dhiqgn Sur quelques points de l'anatomie du Nandou (Rhea americana), par M. Alix. Il y a chez le Nandou un larynx inférieur. Les cordes vo- cales sont placées à l’origine des bronches, dont les pre- miers anneaux sont incomplets, en sorte que la partie de la paroi interne qui leur correspond a l’aspect d’une mem- brane tympaniforme. Le reste des bronches est formé par des anneaux complets. Les corps des vertèbres cervicales entrent immédiatement en contact par leurs surfaces arti- culaires, et ne sont pas séparés, comme cela se voit Le plus habituellement chez les Oiseaux, par des disques interarti- culaires en forme de ménisques. Le sternum est très-intéressant à étudier. Les apophyses latérales antérieures sont saillantes, massives, et ne se re- courbent pas en crochets. Son quart antérieur, presque ver- tical, regarde en avant et fait un angle presque droit avec les trois quarts postérieurs. Le sommet de l’angle qui sé- pare ces deux régions forme une grosse tubérosité en avant de laquelle on voit, sur la ligne médiane, une arête très- émoussée que M. Parker considère comme un rudiment de crête sternale. L'insertion des côtes ne se fait que dans le quart antérieur du bord externe. Le tiers postérieur du bou- clier sternal reste longtemps cartilagineux. De même que chez l’Autruche, il n’y a aucune trace de clavicule. L'apo- physe supérieure interne du coracoïdien s’unit à un prolon- gement de l’acromion pour former une apophyse dont la pointe est rattachée au sternum par un ligament. L'espace compris entre ce ligament et le coracoïdien est rempli par une membrane. Le muscle releveur de l’aile (moyen pecto- ral de Vicq d’Azyr) s’insère sur l’apophyse acromiale, sur la membrane, sur le coracoïdien, et en outre sur une petite partie de la surface du sternum. Chez l’Autruche et l’'Émeu ce muscle n’aiteint pas le sternum, en sorte que, sous ce rapport, le Nandou réalise un état intermédiaire entre l’Au- truche et les autres Oiseaux. Le coracoïdien, soudé à l’omoplate, se trouve placé pres- que verticalement, et ne fait qu’un angle très-obtus avec la partie la plus voisine de l’omoplate; mais l’omoplate se courbe ensuite en arrière pour devenir parallèle à l’épine dorsale. Le Nandou montre là une disposition intermédiaire entre l’Autruche et les Oiseaux où l’omoplate fait un angle aigu avec le coracoïdien. Les muscles de la cuisse donnent lieu à quelques remarques. Le grand fessier est énorme. Le demi-tendineux prolonge ses insertions jusque sur les ver- tèbres caudales. L'insertion du droit interne sur l’ischion se fait très-près de la cavité cotyloïde. Le carré de la cuisse est d’une force médiocre. Le fémoro-coccygien n’atteint pas les vertèbres caudales. Il se compose de deux faisceaux insérés Vuo sur l’ilion, l’autre sur l’ischion. Ce muscle offre une autre particularité intéressante, qui consiste en ce qu’au voisinage de son insertion fémorale son bord externe se confond avec le bord de l'accessoire fémoral du demi-tendineux ; les-deux faisceaux charnus sont réunis par un cordon fibreux qui se prolonge jusque sur le jumeau interne, et, par l’intermé- diaire de celui-ci, agit sur le talon : cette disposition rap- pelle ce qu’on voit chez les Crocodiles. Une autre particularité à noter, c’est que le muscle acces- soire iliaque du fléchisseur perforé n'offre pas le même degré de développement que chez l’Autruche, et ressemble plutôt à ce qu’on voit chez les Gallinacés. Séance du 9 mai 1874. Sur le liquide cavitaire du Syngame, par M. Joannes Chatin. On sait que chez un certain nombre d’Invertébrés, les. fonctions dévolues à l’appareil circulatoire se trouvent rem- plies par des organes d'emprunt d’une grande simplicité, puisque ce sont généralement les espaces lacunaires existant entre les diverses parties de l’économie qui tiennent ainsi lieu de vaisseaux sanguins; dans ces interstices se trouve, en effet, un liquide mis en mouvement par les contractions générales du corps ou par celles des organes intérieurs, liquide dont les fonctions sont multiples, mais que l’on doit considérer surtout comme un fluide essentiellement nour- ricier et dans lequel on a souvent signalé des éléments figurés et spéciaux. Des travaux considérables, au premier rang desquels il convient de citer plusieurs mémoires de MM, Milne Edwards et de Quatrefages, ont, desuis long- temps déjà, démontré l'existence de cette circulation cavi- taire dont j'ai cru utile de rappeler les conditions générales ARNO de en raison de certaines théories qui ont pris naissance en Allemagne, et dont les singulières conclusions m'ont décidé à publier la présente observation. Les éminents zoologistes dont je viens de rappeler les noms ont établi que chez les Vers à circulation lacunaire (Annélides sétigères, Hirudinées, Nématoïdes, etc.), celle-ci ne s’établissait pas constamment au moyen d’une cavité géné- rale largement ouverte d’un bout à l’autre du corps, mais se résumait parfois au contraire en un grand nombre de petits méats limités par les mailles d’un lacis plus ou moins com- pliqué, et formé de brides musculeuses ou fibreuses venant ainsi masquer le tracé typique de la circulation lacunaire, sans le faire pourtant disparaître d’une façon absolue. S’exa- gérant l'importance de ces dispositions spéciales, quelques observateurs crurent pouvoir admettre que chez ces Vers, chez la Sangsue médicinale, par exemple, il n’y avait nul vestige de circulation lacunaire, 6pinion qui dûtêire bientôt abandonnée, lorsque des observations plus minutieusement instituées eurent permis de retrouver ces méats et d’y cons- tater la présence d’un liquide à globules spéciaux. Abanéonnan alors les exemples tirés des Hirudinées, les adversaires de la circulation lacunaïre crurent trouver des arguments plus sérieux dans l’étude des Néma- toïles, et l’un d’eux, qui a consacré à l’histoire de ces Vers de nombreux mémoires, a cru pouvoir nier complé- tement chez eux l’existence d’une cavité générale et leur contester, par conséquent, toute circulation lacunaire. Pour Schneider, en effet, les prolongements des fibres mus- culaires (appendices vésiculeux, etc.), ainsi que les organes sexuels et les diverses parties de l’appareil digestif, rem- plissent exaciement et totalement l’espace de lenveloppe dermo-musculaire. Des observations nombreuses et anté- rieures à ses propres recherches eussent dû mettre Schnei- der en garde contre une semblable conclusion ; depuis lors, plusieurs faits ont élé encore relevés contre cette théorie; en Allemagne même, Leuckart a établi chez les Ascarides existence d’une cavité générale, et chez les Oxyures il a signalé des éléments propres au liquide qui y circule. Sur les Nématoïdes non parasites, M. Marion a également pu constater l’existence d’un liquide hyalin baignant tous les organes et agilé par un véritable courant se dirigeant tantôt dans un sens, tantôt dans un autre. En dépit de ces preuves, la théorie dont je viens de rappeler l’auteur n’a pas cessé d'être enseignée en Allemagne, et je me proposais depuis EAU longtemps d’en vérifier une fois encore l’exactitude sur un Nématoïde à liquide cavitaire coloré, lorsque l’occasion m'en a été récemment offerte. En faisant l’autopsie d’un Pélican, qui était mort depuis quelques heures, je découvris dans sa trachée des Syngames de très-grande taille, Chacun connaît, au moins de noni, ce Nématoïde, caractérisé par son état d’accouplement perma- nent et par sa belle couleur rouge. Or, en examinant ces animaux par transparence et en les comprimant et les décomprimant successivement, je n’eus pas de peine à me convaincre de l'existence d’un liquide baignant les organes intérieurs et répandu dans une cavité assez vaste. J’en eus d’ailleurs bientôt une évidente confirmation : des Syngames disséqués sous la loupe me montrèrent cons- tamment l’existence d’une cavité irrégulière limitée par la couche musculeuse et subdivisée très-imparfaitement par des brides musculaires allant de la face profonde de l’en- veloppe générale à la face externe du tube digestif; ces processus élaient surtout développés au niveau de la région æsophagienne. Une dernière constatation me restait à faire et vint confirmer les précédentes : au lieu d’inciser le corps, je me bornai à le ponctionner en un point avec une aiguille à cataracte, ayant soin de pratiquer cette opération sous la loupe et avec toutes les précautions nécessaires pour ne pas intéresser les organes intérieurs, Je vis alors sortir par cette ouverture une quantité relativement considérable du liquide rouge que j’avais précédemment trouvé dans la ca- vité générale. Examinée sous une très-faible épaisseur et à la lumière transmise, cette humeur prenait une teinte jaune citrin, enfin l'examen microscopique my fit découvrir des granulations arrondies, réfringentes et larges de 0,02 en diamètre, Ces corpuscules sont-ils les éléments propres du liquide nourricier? on peut le supposer, car ils sont très-dif- férents des granulations intestinales, des œufs, eic., et présentent la plus grande analogie avec ceux que Leuckart a figurés chez les Oxyures; mais lorsqu'on incise la cavité générale des Invertébrés, on est exposé à y trouver des éléments provenant des différentes parties de l’organisme; aussi, sans caractériser actuellement d’une façon absolue ces globules, me bornerai-je à insister sur l’existence, chez le Syngame, d’une cavité générale renfermant un liquide prepre et coloré. Pooes Séance du 23 mal 1874, Observations sur la verge des Crustacés brachyures, par M. Paul Brocchi. On sait que les organes externes de la génération chez les Crustacés brachyures se composent de deux parties dis- tinctes. 1° Une paire de verges proprement dites. 2° Deux paires d’organes cornés, styliformes, de formes variées, qui ne sont autre chose que des fausses pattes mo- difiées, et auxquels on donne parfois le nom de verges cor- nées. Ces derniers organes servent directement à la copulation. On a pu les observer introduits dans l’orifice des organes génitaux de la femelle. On peut les comparer à des sondes cannelées destinées à recevoir la verge proprement dite et à conduire les corpuscules spermatiques à l’intérieur des poches copulatrices de la femelle. À cet effet, les organes cornés sont creusés (du moins la première paire) d’une rainure où vient se loger la verge. Cette dernière est relativement courte, et de plus son peu de consistance rendrait l’intromission difficile sinon im- possible. Toutefois, j’ai pu m’assurer que les verges ont une lon- gueur plus considérable qu’il ne semble au premier abord. Sans entrer dans les détails de la structure de ces organes, je dirai seulement qu’ils sont formés d’une enveloppe mus- culaire, et qu’ils laissent voir nettement à leur intérieur le canal destiné à porter au dehors le produit de la sécrétion testiculaire. En examinant sous le microscope une verge de Carcinus maænas, j'ai aperçu à l’intérieur du canal excréteur un corps allongé semblant faire suite avec l'extrémité de l’organe qui me semblait replié en dedans. En exerçant une légère pression sur le verre qui recou- vrait la préparation, je vis saillir au dehors ce petit corps allongé, et je pus m’assurer que ce n'était autre chose que l'extrémité vraie de la verge que j'avais vu invaginée dans l’intérieur du canal excréteur. J'ai pu répéter cette observation sur un assez grand nom- bre de Brachyures (Grapsus marmoratus, Portunus corruga- ZA Eqs us, P. Holsatus, etc.), et j'ai toujours observé le même fait. Je me crois donc autorisé à conclure que, chez les Crus- tacés brachyures, l’extrémité de la verge est ordinairement invaginée à l’intérieur du canal dont cet organe est creusé. Très-probablement, au moment de la copulation, cette por- tion de la verge se déroule au dehors, et la longueur de la verge se trouve ainsi augmentée. Organes sécréteurs mâles des Crustacés décapodes. Chez les Crustacés décapodes, à l’époque de la copula- tion, les tubes testiculaires sont tapissés d’utricules, de vé- sicules, renfermant des corpuscules spermatiques. Ces faits ont été depuis longtemps signalés par MM. Goodsir, Kôl- liker, etc. Je désire faire observer que ces vésicules se rencontrent non seulement dans le testicule proprement dit, mais aussi dans ce que l’on est convenu d’appeler canal déférent. Si l’on examine par exemple les organes génitaux du Pa- gurus striatus mâle, on voit que l'appareil génital interne se compose, comme toujours, de la masse testiculaire et des canaux déférents. Dans le testicale, on voit les vésicules signalées en grand nombre et brièvement pédonculées. Ces vésicules se re- trouvent dans le canal déférent, seulement les pédoncules sont beaucoup plus longs, et ont l’aspect de longs rubans. De même chez un Macroure cuirassé, le Scyllarus arctus, les vésicules se retrouvent dans toute l’étendue du canal déférent. Je me suis assuré qu’elles sont fixées sur tout le pourtour des parois internes. Donc, à l’époque de la copulation, non seulement le tes- ticule proprement dit, mais aussi les canaux déférents, de- viennent des organes sécréteurs. Sur quelques espèces critiques du genre Lutjanus, par M. Léon Vaillant. Le genre ZLutjanus (Mesoprion, C. V.) renferme un grand nombre d'espèces très - voisines les unes des autres et souvent fort difficiles à distinguer, car elles ont été d'ordinaire très-sommairement décrites par les auteurs qui les ont établies. De ce nombre soni les Lutjanus unimacula- — Ll — tus, Q. et G., L. caudalis, C. V. et L. Johnir, BI. L'étude des types conservés dans les galeries du Muséum montre cer- tains caractères, qui pourraient peut-être fixer les idées sur la valeur de ces espèces. Les ichthyologistes systématiques les plus autorisés ont diversement compris ces trois Lutjans. M. Gunther (1) ad- met le Mesoprion caudalis d’après la description donnée dans l'Histoire des Poissons et réunit à l’espèce de Bloch le He- soprion unimaculatus, Q. et G., M. Bleeker (2) pense qu'il n’y a qu’une espèce et y ajoute même le Mesoprion Yapilli de Russel. Je crois, d’après la considération des dents lin- guales et de la nageoire caudale, qu’on devrait admettre la distinction établie par Cuvier et Valenciennes. Le premier de ces caractères a déjà fixé l’attention des zoologistes et M. Bleeker, dans son mémoire sur les Lut- jans, cité plus haut, dit en parlant du Zutjanus John, BI. : lingua adolescentibus et œtate provectis, medio dentibus in thurmam oblongam dispositis, juvenihbus frequenter edentula ; observation fort intéressante et qui, en fixant mon atten- tion sur ce point anatomique m'a conduit aux remarques suivantes. Le Lutjanus unimaculatus est représenté dans les collec- tions du Muséum par d'assez nombreux individus, l'examen a porté sur plus de vingt. Cinq exemplaires d’un même envoi, pris aux Seychelles par M. Dussumier, sont particulière- ment intéressants vu les différences de taille qu’ils présen- tent, le plus petit mesurant 07,120 de long, de l’extrémité du museau au bout de la queue, le plus grand, 0,217. Tous ont sur la langue deux plaques dentaires, si intimement rapprochées qu’elles semblent n’en faire qu’une, de forme ovale, plus allongée suivant le sens aniéro-postérieur dans les petits individus que dans les adultes, ces deux plaques sont situées sur les pièces médianes antérieures de l'os hyoïde. Les autres individus de cette même espèce peuvent, d’après la considération de ce caractère, se partager en trois groupes : ceux de petite taille, c’est-à-dire ayant moins de 0%,100 à 0®,110 de long (le plus petit de la collection me- sure 0",060), ne présentent jamais de plaques linguales den- ticulées ; ceux dont la taille s’élève jusqu’à 0",150 et0®,160, en sont habituellement pourvus, mais en manquent parfois, (1) Gunrer. Cat. Brit. Mus. Fishes, t. 1, p. 191 et 200, 1859. (2) Bceexer. Révision des espèces Indo-archipélagiques des genres Lutjanus ef Aprion, p. 20, 1873. CT c’est ainsi que sur un exemplaire de 0,158, rapporté par Quoy et Gaimard de la Nouvelle-Guinée, la langue est absolument lisse; au delà de cette taille, on trouve tou- jours deux plaques linguales denticulées, du type décrit plus haut, le fait a été vérifié sur cinq individus de différentes provenances, non compris trois de l’envoi de M. Dussumier, ce qui porte à huit le nombre total des exemplaires de grande taille. Le Lutjanus caudalis, CG. V. n’est encore connu que par l'unique individu rapporté de Vanicolo par les compagnons de Dumont d’Urville, aussi doit-on être réservé sur le ca- ractère tiré des dents linguales, caractère variable comme on vient de le voir, la taille de ce poisson étant médiocre, il mesure 0*,166; on voit sur la langue une petite plaque denticulée fort allongée. Sous ce rapport, ce Lutjan se rapproche donc du Lutjanus unimaculatus, G.V., toutefois la forme arrondie de la queue, particularité assez exception- nelle dans ce genre, peut, je crois, jusqu’à plus ample in- formé, engager à conserver celte espèce. Le Lutjanus Johnii, BI. n’est pas très-bien représenté dans les collections du Muséum, il n’en existe que cinq individus, dont trois sont des types vus par Cuvier ou au moins par Valenciennes, les deux derniers ont été envoyés plus ré- cemment par M. Bleeker. Les types anciens sont par mal- heur de petite taille, le plus grand mesurant a peine 0",140, tous sont privés de plaques denticulées lisguales médianes, mais avec une aiguille on sent sur les parties latérales de la langue de petites aspérités, ce sont des denticulations qu’on parvient à reconnaître à la loupe. Les autres exemplaires . sont plus grands, l’un d’eux ne mesure pas moins de 0,245, ni l’un ni l’autre n’offrent rien de comparable aux deux plaques du Lutjanus unimaculatus, mais toute la surface de la langue est couverte d’une sorte de pavage formé de pe- tites plaques, sur lesquelles on constate des denticulalions si fines qu’elles sont à peine perceptibles. Comme on peut le voir, la distinction des espèces d’après les dents linguales chez l’aaulie serait bien neite à s’en te- nir aux individus examinés. Chez les jeunes animaux il n’en serait lus de même, il n’y a rien là qui doive nous étonner, ce fait étant en rapport avec l’un des principes les mieux établis aujourd’hui en zoologie, à savoir que les différences entre les êtres d’un même type s’accentuent avec les progrès du développement, et que pour reconnaître les caractères spécifiques, c’est-à-dire ceux de l’ordre le moins élevé, il — 46 — importe de comparer des individus dans leur état le plus parfait. Pour le dire en passant, c’est là souvent en Ichthyo- logie une véritable difficulté; la gêne qu’on éprouve à rap- porter dans les liqueurs conservatrices les poissons de gros volume engage trop souvent les voyageurs à se contenter de petits exemplaires, d’autant plus que c’est une idée très- généralement répandue que les Poissons acquièrent rapi- dement tous leurs caractères défiaitifs; aussi ne rencontre- t-on habituellement dans les Musées que des individus de petite taille. Les exemples cités dans cette noie peuvent servir à montrer ce qu'il y a là de fâcheux. On est, en résumé, conduit, comme je le formulais plus haut, à revenir à l’idée de Cuvier et Valenciennes pour admettre comme réelles ces trois espèces de Lutjans qui, très voisines, identiques si l’on veut, par tous leurs grands caractères, proportions du corps, nombre des rayons et des écailles, colorations, etc., se distingueraient cependant er ce que deux d’entre elles, les Lutjanus unimaculatus, Q. et G et Z. caudalis, G. V., ont sur la partie médiane de la langue une plaque dentaire ovale plus ou moins allongée, tandis que le Lutjanus John, Bl. a la face supérieure de la langue couverte, surtout sur les parties latérales, de plaques den- ticulées nombreuses. Le Lutjanus Fappilli, Russel se rap- proche de ce dernier sous ce rapport. Quelle est la valeur réelle de ce caractère et est-il de na- ture à justifier absolument la division en espèces ? C’est ce que je n’ai nullement la prétention d'établir ici, les élé- ments manquant pour résoudre cette question difficile, et je me borne à appiiquer les principes admis généralement en Ichthyologie. Avant de terminer, il est impossible de ne , pas faire remarquer combien est grande et fâcheuse l’ab- sence de méthode réellement naturelle dans cette partie de la science, ce caractère des dents linguales, qui dans ce genre Lutjanus est contesié pour l’établissement d’espèces, le plus grand nombre des zoologistes l’admetient cependant pour justifier la constitution de groupes plus élevés, puisque c’est l’une des principales différences qui distingue les La- brax des Perca, des Lates et genres voisins. Séance du 13 juin 1874. Sur le principe d’Archimède et les phénomènes capillaires, par M. J. Moutier. Athanase Dupré a montré que les forces capillaires ont pour effet de modifier le principe d’Archimède, et il a fondé sur cette considération un procédé de mesure très-remar- quable des forces capillaires. M. Duclaux a publié récem- ment des expériences intéressantes au sujet de l'influence exercée par la tension superficielle des liquides sur les me- sures aréométriques. Il est aisé de retrouver ces résultats au moyen de la théorie de Gauss. Considérons un corps solide en partie plongé dans un li- quide et terminé par un cylindre de révolution dont l’axe soit vertical ; soient F la force nécessaire pour maintenir le corps en équilibre, P le poids du corps, P’ le poids du li- quide déplacé, 7 le rayon du cylindre terminal. Supposons que l’on déplace le corps verticalement de bas en haut de la quantité e. Le travail élémentaire de la force F est Fe, le travail de la pesanteur appliquée au corps est — Pe, le travail de la pesanteur appliquée au liquide est P'e. La surface terminale du liquide ne change pas, la portion de paroi mouillée par le liquide diminue de la quantité 2rre; d’après la théorie de Gauss, la somme des travaux virtuels des forces qui sollicitent le liquide est — Fcosi2rre, en appelant F une force qui dépend uniquement de l’action du liquide sur lui-même, et 2 l'angle de raccordement du liquide avec la paroi solide. La somme des travaux virtuels de toutes les forces devant être nulle, F—P+P'—Fcost27r — 0. Le dernier terme pris en signe contraire représente le poids du liquide soulevé autour du cylindre terminal au- dessus de la surface libre du liquide dans le vase, de sorte que le poids du corps solide dans le liquide est égal au poids du corps, diminué de la poussée du liquide et aug- menté du poids du liquide soulevé autour du corps au-des- sus de la surface libre du liquide. "— 48 — Sur la pression hydrostatique, par M. J. Moutier, On admet généralement que la pression hydrostatique s’exerce normalement à la paroi du vase qui renferme le liquide : cette propriété fondamentale peut s'établir direc- tement lorsque le liquide est supposé soumis uniquement aux forces de la pesanteur. Considérons en effet un liquide en équilibre contenu dans un vase ; soient s et s’ deux parois planes. Si chacune de ces parois était supposée mobile, il faudrait, pour main- tenir le liquide en équilibre, leur appliquer des forces p et p’ égales et directement opposées aux pressions exercées par le liquide sur les deux parois; soient » et +’ les angles que font les forces p et p' avec les normales aux deux pa- rois. Supposons que la paroi s par exemple éprouve un dépla- cement virtuel e, faisant avec la normale à la paroi un angle e, compté par rapport à la normale du même côté que l’angle #. La paroi s’ éprouvera nécessairement un déplace- ment virtuel dans une direction d ailleurs arbitraire; soient e’ la valeur de ce déplacement, s l'angle de ce déplacement avec la normale à la paroi s compté par rapport à la nor- male du même côté que l’angle 9’. Le travail élémentaire de la force p est pe cos (e — 9); le travail élémentaire de la force p’ est — p'e’ cos (:—#). Si l’on appelle v le volume élémentaire du liquide déplacé, z la différence de niveau des centres de gravité des deux surfaces, d le poids spécifique du liquide, le travail de la pesanteur appliqué au liquide est vd.z. La somme des travaux virtuels est nulle, pour l’équilibre, pe cos (e — p) — p'e cos (s—9) + vd.z = 0. D'ailleurs v est le volume d’un cylindre ayant pour base s et pour hauteur e Cose, U —= se C0Se. De même v'—=s'e cose. Si l’on reporte dans l’équation les valeurs de e et dee déduites de ces dernières relations, et si l’on remarque que - les directions des déplacements virtuels e et e’ sont arbi- 0 traires, la condilion d'équilibre doit être indépendante de € et de &’; on en déduit ve 0 oi —=I0; PAP TP AUTE d S Ainsi les pressions exercées par le liquide sont normales aux parois planes, et, de plus, la différence des pressions moyennes sur les deux parois est égale au poids d’une co- lonne liquide, ayant pour base l'unité de surface et pour hauteur la différence de niveau des centres de gravité des deux parois : on retrouve ainsi le principe de Pascal. Il est aisé de reconnaître, au moyen de la théorie de Gauss, que ce résultat est encore applicable lorsqu'on tient compte des actions intérieures du liquide, et même des ac- tions du liquide sur les parois, lorsque les surfaces de ces parois sont suffisamment larges. Sur les ramifications dans les végétaux, par M. Jules Grolous. Supposons qu'un ingénieur ait à bifurquer une conduite d’eau. S'il tient à ce que le liquide circule dans les con- dluites secondaires avec la même vitesse que dans la con duite principale, et si d’ailleurs il fait abstraction des résis- tances passives, il déterminera les sections dans-œuvre de manière que (1) SHS’=S, S désignant la section de la conduite principale, S’et S” celles des conduites secondaires. Si l’on suppose les conduites circulaires, la formule (4) revient à 0] 1) "2 a = a+ a", a, a’, a" désignant indifféremment les diamètres ou les cir- conférences des conduites, loutes mesures prises dans- œuvre. Si notre ingénieur tient compte de ce que les résistances passives soni relativement plus considérables dans une pe- tite conduite que dans une grande, il sera porté à faire Extrait de l'Institut, 1374. 4 Es0 S'+ S" un peu supérieur à S ou a? + a’? un peu supérieur GLS Assimilant Jusqu'à un certain point à des conduites d’eau les branches qui conduisent la sève des arbres, je me suis demandé si, là où les branches se ramitient, la nature réa- lisait un dispositif analogue par ses dimensions à celui de notre ingénieur. Lorsque j'ai entrepris cette étude, j'ai tout d’abord éliminé les ramifications que la taille avait récem- ment affectées. J’ai aussi rejeté celles où je voyais poindre des bourgeons : lorsqu'il va naître des branches nouvelles, la nature y pourvoit par l’accroissement anormal de cer- taines branches ou plutôt, à le bien prendre, l'apparition des nouvelles branches est dûe à cette exubérance. J'ai tenu compte aussi de ce que les ramifications ne se pré- sentent pas avec une forme aussi mette que celle des bifur- cations des conduites d’eau; il y a des raccords curvilignes er j'ai pris mes mesures en dehors des renflements. El est bien entendu que les branches ont été préalablement dé- pouillées de leurs écorces. Presque toujours je me suis adressé à des fourches où les sections étaient sensiblement circulaires et, dans la plupart des cas, j'ai recouru à des mesures linéaires. Mes observa- tions ont porté sur des bois d’essences diverses. Voici com- ment j’opérais : Je mesurais les circonférences a’ et a”, et je calculais V/ a? a que je comparais à a. J'appréciais jusqu’au demi-millimètre. Sur 73 cas, j'ai trouvé }//a2E a”? 67 fois un peu supérieur à a, 5 fois égal à a et 1 seule fois inférieur à a. Ce dernier cas doit être mentionné. Un échantillon de lilas m’a donné Q— 1560, LES AE d’où VAR a — gum, tandis que l’observation directe donnait DORE J'ai aussi mesuré la surface de quelques sections. J'ai Loujours trouvé S'ÆS’ un peu supérieur à S, sauf une fois qu'un échantillon d’orme m'a donné — 51 — S'=—= "1,88, S— 19 00 d’où S'ÆS"=— 17,38, tandis que l’observation directe donnait S = 18,00. Je me suis occupé aussi de quelques trifurcations, et j'ai toujours trouvé La? + a"? a”? un peu supérieur à a. Malgré les deux exemples contraires que j'ai cités, je crois pouvoir formuler la loi suivante : Quand une branche se ramifie, la sechon principale est uN PEU INFÉRIEURE @ (a somme des sections secondaires. Dans mes recherches j’ai été aidé par le concours intelli- gent et dévoué de M. Anatole Roujou, docteur ès-sciences naturelles, demeurant à Choisy-le-Roi. Après avoir étudié les ramifications des branches d’arbres, M. Roujou et moi nous avons porté nos observations sur les racines. M. Roujou pensait à priori que, si dans les racines S'+ S" différait de S, l'écart devait être en sens contraire de celui qui a lieu pour les branches. L'expérience lui a donné raison. Voici la comparaison que j’ai imaginée après coup pour rendre compte de cette divergence : Supposons que les deux conduites secondaires envoient l’eau dans la conduite principale, au lieu de la recevoir d’elle. Les deux colonnes liquides, à leur arrivée dans la conduite maîtresse, se choquent l’une contre l’autre. La circulation en est plus ou moins entravée, et l'ingénieur combat cette influence en augmentant le débouché. Quoi qu’il en soit, M. Roujou et moi croyons pouvoir for- muler la loi suivante, qui fait contraste avec la loi des branches : Quand une racine se ramifie, la section principale est UN PEU SUPÉRIEURE @ la somme des sections secondatres. Le travail de méditation auquel je me suis livré m’a con- duit à envisager les végétaux sous un autre aspect. Consi- dérant que dans les feuilles s’élabore la sève fournie par le tronc et les branches, désignant par $S la section d’un ra- meau et par F la surface du feuillage porté par ce rameau, je suis porté à croire que : 4° Pour tous les rameaux de la méme essence le rap- port = est le même; po rer F À 3 varie d’une essence à l’autre et est en quelque sorte caractéristique de chaque essence ; 2 Le rapport 3° Le rapport . est d'autant plus grand que la croissance de l’arbre est plus rapide, que le feuillage dure une moindre parlie de l’année et qu'il se prête moins aux fonctions res- piratoires ; 4° Si l’on porte une essence d’un climat sous un autre, le rapport 3 est sujet à variation. Maïs je ne suis qu’au début de cette étude, et ces lois, que j'entrevois par intuition, je ne les énonce que sous toutes réserves, Séance du 27 juin 1874. Sur l’évaporation des liquides à des températures supérieures au point d'ébullition, par M. D. Gernez. Les expériences de M. Donny, de M. Dufour et d’autres physiciens, ont fait connaître plusieurs circonstances dans lesquelles certaines substances peuvent être maintenues li- quides à des températures supérieures à celle où la force élastique maxima de la vapeur est supérieure à la pression exercée sur le liquide. Elles ont conduit à attribuer ce re- tard de l’ébullilion, soit à l’absence de gaz dissous par le liquide, soit à l’absence de parois solides sur lesquelles se dégagent les bulles du gaz dissous qui forment une atmos- phère dans laquelle se produit la vapeur. J'ai démontré (1) que les gaz dissous dans les liquides qui en sont sursatu- rés, ne se dégagent, entre certaines limites de tempéra- ture et de pression, contre les parois solides des vases qui les contiennent, que grâce à la présence d’une couche ga- zeuse condensée à leur surface ou retenue dans les anfrac- tuosités capillaires qui s’y trouvent naturellement ou qui s’y produisent par suite du contact de corps qui y ont laissé (1) Comptes rendus, t. LXIII, p. 883 (1866). A un dépôt adhérent quelconque. J’ai du reste établi par des expériences directes (1) qu'il suffit d’une quantité infini- ment petite de gaz retenue au sein du liquide pour en amor- cer l’ébullition et la continuer indéfiniment s’il n’y a pas d’intermittence dans l’opération; j’ai compté en effet plus d’un million de bulles de vapeur produites d’une manière continue au moyen d’une seule bulle d'air dont le diamètre ne dépassait pas un millimètre. Si les parois du vase sont très-lisses, ou si le liquide qu’il contient a dissous la couche gazeuse condensée sur ces pa- rois, le retard de l’ébullition se produit sans qu’il soit né- cessaire de prendre de disposition particulière, c’est ainsi que M. Berthelot (2) a signalé un retard de 12°,5 dans la température d’ébullition de l’éther bromhydrique contenu dans un vase de verre et distillé dans l’air raréfié. On ob- tient des effets bien plus marqués en évitant la présence d'une atmosphère gazeuse au sein du liquide. Les disposi- tions qui m'ont paru les plus efficaces consistent à se servir de vases de verre, à les laver à la potasse caustique chaude, puis à les passer une dizaine de fois à l’eau bouillante pour enlever les dernières traces de potasse, enfin à rincer plu- sieurs fois avec de l’alcoo! absolu et à sécher en chauffant dans la flamme du gaz. Une autre précaution, qui convient surtout lorsqu'on à en vue de pcrter le liquide à une tem- péraiure de beaucoup supérieure au point d’ébullition, con- siste à le faire traverser par un courant de bulles de vapeur qui enlève les gaz dissous : il suffit pour cela de chauffer le liquide après y avoir introduit une petite quantité d’air re- tenue dans un étranglement ménagé au bout d’un tube de verre; après une longue ébullition, on laisse refroidir et, si quelque bulle gazeuse très-petite ne s’est pas dégagée, elle se dissout pendant le refroidissement, et à l’état de dissolu- tion est insuffisante dans des limites très-élendues de tem- pérature à provoquer l’ébullition. Enfin il est indispensable de chauffer au bain-marie, pour éviter les différences con- sidérables de température qui peuvent se produire aux di- vers poin(s de la paroi plus ou moins hétérogène d’un vase chauffé à feu nu. Dans ces conditions, tous Les liquides essayés ont présenté des retards considérables à l’ébullition : tels sont par exem- \t) Journal de Physique de D'Almeida, t. 11, p, 81 (1873). (2) Bulletin de la Société chimique [2], t. XI, p. 315 (1870). — 54 — ple l'alcool, la benzine, le chloroforme, le chlorure de car- bone, l’eau, l’esprit de bois, le sulfure de carbone. Les deux derniers liquides supportent très-facilement sans bouillir la température de 100° sous la pression atmosphé- rique, et pourtant la force élastique de la vapeur d'esprit de bois à cette température est 3*%:,46, et celle du sulfure de carbone 4%%:,37; j'ai aussi à diverses reprises chauffé l’éther ordinaire à cette même température sans en pro- voquer l’ébullition, bien que sa force élastique soit de G°2:,64. Il est à peine besoin de faire remarquer que si dans le li- quide surchauffé on introduit à une certaine profondeur une bulle &’air, elle se gonfle immédiatement d’une grande quantité de vapeur qui projette violemment le liquide su- perposé, tandis que le liquide sous-jacent ne se vaporise que par sa surface. La facilité avec laquelle on peut réaliser ces expériences m'a permis d'étudier le phénomène de l’évaporation qui se produit très-activement à la surface des liquides surchaulfés. Je me suis servi pour cette étude de tubes cylindriques de verre mince, qui contenaient des hauteurs du liquide va- riant de 6 à 12 centimètres, chauffés dans un bain d’eau s’élevant au-dessus du liquide jusqu’à un ou deux centi- mètres de l’orifice de chaque tube; on empéchait ainsi le retour de la vapeur qui ne se condensait pas sur les parois du tube, et qui se dégageait librement, soit dans l’atmos- phère, soit dans un tube latéral qui permettait de le re- cueillir. 1° Température du liquide. — La température du liquide surchauffé qui s’évapore est généralement inférieure à celle du bain qui sert à le chauffer. Si l’on introduit, en effet, dans un tube de 45 millimèires de diamètre, contenant du sui- fure de carbone, le réservoir d’un thermomètre préalable- ment nettoyé, on reconnaît que la température extérieure étant maintenue constante ei égale à 60°, celle du suliure de carbone se fixe à 55°,5 tant que la hauteur de la couche liquide est supérieure à 20 millimètres. La raison de cette différence de température est assez évidente : quand on in- iroduit le tube dans le bain-marie à température constante, les couches liquides s’échauffent le long des parois, devien- nent plus légères, s'élèvent et viennent à la surface du li- quide où l’évaporation leur enlève une grande quantité de chaleur; devenues plus denses par le refroidissement, elles redescendent au fond du tube, et par cette circulation con- Ro — tribuent à rendre la température du liquide uniforme et constante. On peut du reste observer ce mouvement continu et très-rapide des couches liquides en y laissant flotter des parcelles solides de densité convenable, qui n’en provoquent pas l’ébullition si elles ont été débarrassées au préalable d’air adhérent. La différence entre les températures à l’intérieur et à l'extérieur du tube augmente sensiblement quand on élève la température extérieure. Elle dépend aussi du diamètre du tube et devient très- faible quand le tube est étroit; ainsi, dans un tube de mil- limètres de diamètre contenant du sulfure de carbone chauffé extérieurement à 60°, la température indiquée par le thermomètre intérieur est 592,5. Cette différence est tout à fait inappréciable dans les tubes plus étroits. 2 Vitesse de l’évaporation. — La constance de la tempéra- ture du liquide qui s’évapore est un indice de la régularité du phénomène. L'expérience prouve que la vitesse de l’éva- poration est constante : si l’on mesure la hauteur h dont on a baissé le niveau du liquide pendant un temps f{ dans un tube cylindrique maintenu à une température constante, h on trouve que le rapport Ta la même valeur, quelle que soit la hauteur initiale, Ce rapport peut être pris pour me- sure de la vitesse de l’évaporation du liquide. J'ai reconnu l’existence d’une vitesse d’évaporation con- stante pour tous les liquides purs que j'ai étudiés, quelle que fût la température ambiante, par exemple pour le sul- fure de carbone aux températures de 60°, 70°, 80°, 90°, 4002. Cette vitesse d’évaporation est indépendante de la lon- gueur de la partie vide du tube, qui est chauffée par le bain ambiant pourvu que cette longueur dépasse 30 à 35m»; dans ces conditions, ou bien la vapeur se dégage sans se c.ndenser, ou bien, s’il y a condensation sur les parois du tube, les gouttes, en redescendant, se volatilisent en pas- sant sur la région chauffée et n'arrivent pas jusqu’au niveau du liquide. Enfin cette vitesse est sensiblement indépendante de la nature du milieu dans lequel se dégage ia vapeur. En opé- rant, par exemple, avec l’esprit de bois et le sulfure de car- bone, on irouve la même vitesse d’évaporation lorsqu'on laisse la vapeur se dégager librement dans l’atmosphère et lorsqu'on l’enflamme à l’orifice du tube, 3° Influence de la surface. — Dans le cas de l’évaporation à basses températures on admet que, toutes choses égales d’ailleurs, la quantité de liquide vaporisé est proportionnelle à la surface d’évaporation, ou, ce qui revient au même, que la vitesse d’évaporation est constante. Il n’en est pas ainsi dans le cas des liquides surchauffés : on trouve une vitesse d’évaporation rapidement croissante à mesure que l’on em- ploie des tubes d’un plus petit diamètre. Cet effet s’observe non-seulement dans les tubes d’un diamètre plus grand que 5 millimètres, dans lesquels il y a une différence notable de température entre le liquide intérieur et l’extérieur, mais il est aussi très-prononcé avec les tubes capil- laires, dans lesquels le liquide est à la température am- biante. Voici, par exemple, le résultat d'expériences faites avec de l'esprit de bois rectifié, dont la température d’é- bullition sous la pression atmosphérique était 66°,5, et qui fut chauffé à 100° dans des tubes cylindriques de diamètres différents : mm mm mm mm mm mm mm Diarmetres 2e AS NS 3 2 100 0,35 7022 Vitesses d’évaporation. 41 2,2 2,7 3,6 10 21,9 30 On voit que la vitesse d’évaporation devient extrêmement grande dans les tubes capillaires. Ainsi, dans le tube de 0"m,2 de diamètre, la durée observée d’un abaissement de niveau de dix centimètres n'était que de 40 secondes, il suffirait donc de 6 minutes 40 secondes pour que le niveau baissät d’une hauteur d’un mètre. 4° Influence de la température. — On admet généralement, sur la foi des expériences de Dalton, que la vitesse d’évapo- ration est proportionnelle à l’excès de la force élastique maxima de la vapeur à la température du liquide, sur la force élastique de la même vapeur disséminée dans le milieu am- biant. Dans mes expériences le liquide se trouve en contact avec une colonne d’au moins 10 centimètres de hauteur de sa propre vapeur sous la pression atmosphérique; si, done, la loi de Dalton est exacte, la vitesse de l’évaporation devra être proportionnelle à l’excès de la tension maxima de la vapeur à la température du liquide sur la pression atmos- phérique. Pour le sulfure de carbone, par exemple, que l’on peut obtenir dans un état de pureté parfaite, si l'on prend les nombres dornés par M. Regnault pour les forces élastiques de cette vapeur, et si l’on désigne par 4 l'excès de la tension maxima de la vapeur à 60° sur la pression atmos- Tr phérique, les excès correspondant aux températures de 70°, 80°, 90°, 100° sont représentés par les nombres 1,96, 3,15, 4,60, 6,35. D'un autre côté, si l’on détermine par expérience les vi- tesses d’évaporation à ces diverses températures, et si l'on divise les valeurs obtenues par la vitesse d’évaporation ob- servée à 60°, on trouve des nombres très-différents des rap- ports auxquels conduirait la loi de Dalton, lorsque l’expé- rience est faite dans des tubes larges, mais ces différences sont moins prononcées lorsqu’on étudie l’évaporation dans des tubes étroits; voici, par exemple, les résultats obtenus avec un tube cylindrique de 2 millimètres de diamètre et corrigés de la dilatation du liquide déterminée directement, 1,94, 3,02, 4,27, 6,00. Or avec un tube éiroit nous avons vu qu'il n’y avait pas de différence appréciable entre les températures intérieure et extérieure. On voit donc que la loi de Dalton ne s'applique pas rigoureusement à l’évapo- ration des liquides surchauffés ; on doit cependant la regar- der comme conduisant à des résultats voisins de ceux don- nés par l'expérience, mais d’une valeur absolue plus grande, Sur quelques problèmes relatifs à la théorie des surfaces, par M. Mannheim. Dans une communication faite aussi dans cette séance, M. Mannheim a donné la solution de quelques problèmes re- latifs à la théorie des surfaces et dépendant des éléments infiniment petits du 3° ordre. Par exemple : construire le rayon de courbure de la développée de la section faite dans une surface par un plan normal; construire le plan oscula- teur de la courbe de contact d’une surface et d’un cylindre qui lui est circonscrit, etc. PARIS, — ‘MP. PLOT ET FILS AINÉ, RUE BLEUE, 1. TABLE DES MATIÈRES Séance du 40 janvier 1874... FLN PR Ne es RE Sur la détermination du muscle long don chez les Oiseaux, par MAIRE RS ER One EME eee ep note Séance du 24 janvier ASTON D an Te ee rte Ee MAUR Sur la conductibilité DASTREUARE au point de vue ane par ME MOutien ARRETE ON PP PREMIER sos see eee Sur l'absence de véritables apophyses articulaires aux vertèbres des Poissons osseux, par M. Alix. detre lee A a aller lee ETS NE Sur la transformation du borax octaédrique en borax prismatique, Dar MAGeLnez NS LR RRERERE crosses esrtenrereieiee Séance du 14 février 1874.... .. 10608000 Boadobe sen Note rectificative sur l’Hemidactylus viscatus, par M. L. Vaillant... Remarques sur le genre Pogonoperca, Gunther, parM. L. Vaillant. Sur les plumes ou rémiges des ailes des on par M. Alix. .... Séance du 28 évrier 1874-00 nee RE ES EE Sur la distribution de l'électricité à Ja surface des. corps ne au point de vue de la théorie mécanique de l'électricité, par Mo Moutier Lan en MR Den doter biere Sur un Hémiptère de la famille des Pentatomides, par M. Oustalet. . Sur les Vertébrés fossiles des dépôts de phosphate de chaux du Quercy, par M. Filhol. e.00e-e....e er ee0060%00e609 6000.60 «eee : Remarques sur la note précédente, par M. Sauvage. ............. Réponse aux remarques précédentes, par M. Oustalet......... Recherches sur l'anatomie des Crustacés décapodes, par M. P. Brocchi. Sur les connexions dé l'étrier avec los carré chez les Ophidiens, par. M. Ja CRE NS RES ES OPEN EE Re sn ee » elolels ete eitenieee es Séance du {4 mars 1874........ Hot lnba dou ot dudbe ns GES Sur. la chaleur produite par le magnétisme, par M. À. Cazin...... Sur le larynx inférieur de la Cicogne, par M. Alix....:.:......... Séance du 28 mais 1874........... te ie clan ele es Sur les muscles fléchisseurs des orteils chez les Oiseaux de au point de vue de la classification, par M. Alix..... BAT c'e Séance du 11 avril 1874........, vesnconsosssosmosonsense Sur un nouveau système d'écluses et un appareil automatique à tube oscillant, par M. A. de Caligny...... TC ee QD 9 0 Sur “ appareil à élever l'eau au moyen d’une chute d'eau, par AS debalenv Her eReN ere Éd ME ler Hobae oo M du 25 avril MASTER PR RE RER re Bo Sur les attractions et répulsions DUO Dr les corps sonores, par MA AMOutien ee ie eee Ml aa arele see Site CE Hématurie observée chez des Chiens soumis à la chloralisation par in- ; jection intra-veineuse du chloral, par M. Vulpian..-...... be Action du chloral sur les nerfs vaso-dilatateurs, par M. Vulpian:... Influence de l’air vicié par des émanations de nature organique sur le développement des œufs de Grenouille, par M. Vulpian..... Expérience relative à la régénération autogénique du nerf hypoglosse sur le Chien, par M. Vulpian NRA Se Nee PA DE DC) 2e Sur l'anatomie du Nandou, par M. Alix........ AB Gauss « ne Séance dima BTS EP PEN RNCS à AIO av Sur le liquide cavitaire du Syngame, par M:J..Uhatin} 22e Dur Séance du 23 mai 1874......24........4 22000. .0. tetes Observations sur la verge des Crustacés brachyures, par M P.Brocchi. Sur quelques espèces critiques du genre Lutjanus, par M. L. Vaillant. Séance du 43 juin ASTA NS ARS RNAREr ete atlas Dale isa meet Sur le principe d'Archimède et les phénomènes capillaires, par ME MOUDene LEARN CET SCT PER CERE At cu À Sur la pression hydrostatique, par M. J. Moutier.............. Sur les ramifications dans les végétaux, par M. J. Grolous Mao He Séance du 27 juin 1874.............. nn leleieie cles ee IE Sur l'évaporation des liquides à des températures supérieures au point d’ébullition, par M. Gernez. ........…. State latte eee let eNe DIES Sur quelques problémes relatifs à la théorie des surfaces, par MMannheime eee Pere A TO OS EN EOE Doc 331 — Paris. Blot et Fils ainé, imprimeurs, rue Bleue. % BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS Tome onzième. — Juillet-Décembre 1874. PARIS AU SIÉGE DE LA SOCIÉTE Rue des Grands-Augustins, 7 1877 è PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE are SÉRIE : de 1794 à 4805. . . . . RSR ES À 3 vol. in-40. DESÉRIE code 4807 1813 0 me RER Re 3 vol. in-40. SÉASERIES COM IE 2 182600 PEN Sr 43 Fascicules in-40." ke SÉRIE: "der 88 326 LAS de De 3 vol. in-40. SESÉRIE 2 AMD 0 11800 2 ue do Ne 28 Fascicules in-Æ0. 66 SÉRIE : de 4864 à 1876 . . . . . . . 43 Fascicules in-80. 7e SÉRIE en cours de publication. Chaque année pour les membres de la Société. . 2fr. — DOUTE) publie: PERS CESSE 5 fr. SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS 060 EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES PENDANT LE 2° SEMESTRE DE L'ANNÉE 1874. Séance du 11 juillet 1874. Présidence de M. BoURGET. M. Dargoux fait une communication sur un problème proposé par Lambert dans son ouvrage sur les mathématiques appliquées. M. VarzLanT expose le résultat de ses recherches sur les écailles de la ligne latérale chez la Perche. Le canal de ces écailles, est non- seulement pourvu d’un orifice antérieur et d’un orifice postérieur, comme on l’admet généralement, mais encore est en rapport avec la face interne par une large perforation de la région focale. Séance du 25 juiilet 1874. Présidence de M. BouRGErT. M. Azix demande à passer membre honoraire. M. G£rnez fait une communication sur la possibilité d'obtenir à volonté des cristaux de soufre octaédrique ou prismatique dans une solution sursaturée de ce métalloïde. M. BERTRAND fait les communications suivantes : 19 Sur la structure et la morphologie des faisceaux foliaires des Gradus ; 20 Sur les faisceaux prismatiques de la tige ; 30 Sur les caractères des cellules grillagées. M. Broccui est nommé membre titulaire dans la 3€ section. MM. Gunruer et BLEEKER sont nommés membres correspondants. Séance du 8 août 1874. Présidence de M. BourGEx. M. OusrTaLET décrit une nouvelle espèce de Brève provenant de Cochinchine {voy. p. 59). M. GroLous fait une communication sur les feuilles alternées et les feuilles opposées (voy. p. 59). Séance du 24 octobre 1874. Présidence de M. BourGEr. M. VAILLANT communique les remarques faites par lui sur le déve- loppement des spinules dans les écailles des poissons cténoïdes (voy. p. 61). me UINeS Séance du 14 novembre 1874. Présidence de M. BouRGET. M. PaINvix fait une communication sur la Détermination des élé- ments d'une courbe gauche définie par son équalion tangentielle. M. Dargoux entretient la Société de l’historique des compositions des forces considérées comme résultat des compositions des mouve- ments. MM. BourGer, PAINvIN, Lucas et COLLIGNON prennent part à la discussion. Séance du 28 novembre 1874. Présidence de M. BourGEr. M. Mourier communique le résultat de ses recherches sur la cha- leur dégagée par la combinaison de l'hydrogène avec les métaux (voy. p. 62). Le même auteur fait une communication sur la densité des vapeurs et la cohésion (voy. p. 65). M. Azix fait deux communications : 19 Sur le muscle quadrato-cutané des Ophidiens ; (Voy. p. 64.) 20 Sur les mouvements des os de l'épaule chez les Chéloniens et sur le rôle qu'ils peuvent jouer dans le mécanisme de la respiration (voy. p. 64). M. Dausse entretient la Société des inondations causées par les débordements de l’Adige et du Pô et fait ressortir l'efficacité des digues dites insubmersibles construites dans le pays. — IV Séance du 12 décembre 1874. Présidence de M. BourGET. M. DaussE expose à la Société le résultat de ses recherches sur les anciennes terrasses du lac de Genève. M. GERNEZ a observé qu’une solution verte d’alun de chrome peut se conserver inaltérée dans un tube fermé, mais que si l’on ouvre le tube ou si l’on y fait tomber un cristal d’alun, toute la masse ne tarde pas à cristalliser. Un cristal d’alun ordinaire donne toujours naissance à de l’alun violet, les deux cristaux, le cristal violet et le cristal vert étant isomorphes (voy. p. 70). M. Mourier donne l'explication mathématique de la diminution de la densité des vapeurs quand la température s’élève ; il entre aussi dans quelques considérations sur les mélanges des gaz (voy. p. 68). M. Aux traite des rapports qui existe entre l’aile des oiseaux et la navigation aérienne. Séance du 26 décembre 1874. Présidence de M. BouRrGET. M. GERNEZ présente le résultat de ses observations sur les analogies que présentent le dégagement des gaz de leurs solutions sursaturées et les décompositions de certains gaz explosifs. M. MouTier résume ses recherches sur l’expression du travail re- latif à une transformation élémentaire. M. CoziGnon fait connaître un procédé géométrique de transfor- mation des intégrales doubles de la forme x" y? dx dy. M. GUIGNET est, sur sa demande, considéré comme membre cor- respondant. Séance du 8 août 1874. Sur une Brève d'espèce nouvelle, par M. Ousrarer. Parmi quelques Oiseaux qui ont été rapportés de Cochin- chine par feu M. le capitaine Boussigon , et dont le Muséum d'histoire naturelle vient de faire l'acquisition, se trouve une Brève (Pitta) qui, au premier coup d'œil, me parut nou- velle. Toutefois, pour plus de sûreté, je m'adressai à M. D. G. Elliot, le savant ornithologiste américain qui a publié récemment sur les Pittidées une monographie remarquable, ornée d’un grand nombre de planches, et je lui envoyai une description succincte et un croquis colorié de ce spécimen, qui me semblait bien distinet de toutes les Brèves connues, tout en ayant certaines affinités avec la Pitta Schwaneri, Tem. M. Elliot me répond aujourd'hui même queje ne m'étais pas trompé, et que cette belle espèce est compléte- ment nouvelle. Je propose donc de donner à cet oiseau le nom de Pitta Ellioti, nob., en le caractérisant de la manière suivante : Pitta Ellioti, nov. sp. « De Cochinchine. » Tête d’un bleu d’aigue-marine, beaucoup plus vif sur les côlés que sur le vertex ; lori et moustaches d’un noir foncé ; gorge et poitrine d'un bleu pâle, cendré. Dos d'un bleu terne, mélangé de brun et nuancé sur certains points de verdâtre. Rémiges d’un brun rouge. Dessous de l'aile brunâtre. Couvertures inférieures de la queue d'un bleu d'outre-mer éclatant. Rectrices bleues en dessus, noires en dessous. Ventre rayé de noir sur fond jaune, avec une tache médiane longitudinale d’un bleu violet très-intense. Bec brun foncé ; pieds d’un brun van-dyck clair. » Longueur 17 centimètres environ. » Sur les feuilles alternées et les feuilles opposées, par M. Jules GroLous. Dans la présente note, nous nous occupons des feuilles alternées et des feuilles opposées ; nous envisageons le cas où chacune d’elles, considérée isolément, est asymétrique, le 5 — (6) — cas en outre où ces feuilles constituent sensiblement par leurs faces supérieures un plan unique comprenant l'axe de la branche. Les feuilles du Tilleul sont asymétriques ; elles sont alter- nées. Mais si l’on rapproche deux feuilles prises l’une à droite l’autre à gauche de la branche, on voit sans peine que par leur forme générale elles constituent un ensemble symé- trique. L'une d'elles présente à sa base une protubérance sur la droite, l’autre une protubérance sur la gauche. En présence de ce fait je me suis demandé si je n'étais pas sur la trace d’une loi générale concernant la disposition du feuillage dans les végétaux. M. Roujou et moi nous avons considéré un certain nombre d'espèces, et nous avons reconnu que : Si l’on considère une branche à feuilles alternées ou à feuilles opposées, deux feuilles prises l'une à droite, l’autre à gauche, constituent entre elles par leur forme générale un ensemble symétrique. Quand il y a une feuille terminale, elle est symétrique par rapport à elle-même. Les folioles faisant partie d’une feuille opposée sont assujet- ties à la même loi. Il est bien entendu que cette loi comporte de nombreuses exceptions dûes aux accidents divers auxquels les végétaux sont soumis. Mais là même où il y a altération du type, on trouve trace de la loi qui régit les formes régulières ; en sorte que les exceptions finissent par confirmer la règle qu'elles semblaient démentir au premier abord. Nos observations ont porté sur le Bégonia, le Tilleul, l’Orme, le Dahlia, la Pivoine, le Haricot, la Pomme de terre, l’Anserine, le Fraisier, le Mahonia, l’Ailante, le Sureau, le Frêne, le Noyer, etc. Dans le Sureau j'ai observé que les folioles insérées per- pendiculairement au pétiole sont symétriques comme la fo- liole terminale. C'est donc à une direction oblique que cor- respond le maximum d'asymétrie des folioles. M. Roujou et moi nous pensons que, si de deux feuilles opposées ou alternées, l’une subit une altération patholo- gique résultant d’une cause interne, l’autre est généralement vouée à la même altération. Nous l’avons observé sur la Douce-Amère. Cette remarque, si l’on vient à la vérifier sur un grand nombre d'exemples, peut avoir des conséquences intéressant la physiologie et la pathologie. On sait que, chez les animaux, beaucoup de maladies se manifestent et agissent — 61 — symétriquement, qu'alors la partie droite n’est jamais affec- tée sans que la partie gauche soit presqu'en même temps affectée de la même manière. On à pu l’attribuer à la dispo- sition symétrique du système nerveux et à la correspondance des points d'attache sur la moëlle épinière. À l'égard des plantes cette explication tombe d'elle-même, puisque les plan- tes sont dépourvues de tout système nerveux. Nous aimons mieux recourir à cette simple considération que : Un ensemble symétrique de force prenant naissance et agis- sant à l’intérieur d’un système symétrique doit produire des efiets symétriques. Et c’est souvent, croyons-nous, le cas des maladies qui affectent l'organisme dans son ensemble. Séance du 24 octobre 1874. Sur le développement des spinules dans les écailles des Poissons cténoïdes, par M. Léon VaïLLanr. Au mois de septembre dernier, j'ai pu, pendant un séjour sur les côtes de Bretagne, examiner,d'après le frai, les écailles d'un petit poisson, le Gobius niger, qui paraît se prêter mieux que beaucoup d’autres à l’étude du développement des Spi- nules. L’écaille est assez simple, le bord postérieur de la lamelle ne présentant qu'un seul rang de spinules, vingt à vingt-quatre sur les écailles les plus développées ; sur celles qui sont moins avancées, elles peuvent manquer compléte- ment. Ces spinules ne sont pas libres sur le bord, mais plon- gées dans un amas de cellules épithéliales formant une sorte de bordure ; la pointe seule fait saillie. Aux deux extrémités de la série se trouvent presque toujours des spinules en voie de formation qu'il est très-facile d'observer. Ces parties se dessinent à peine tout d’abord au milieu de l’amas épithélial comme un cône très-surbaissé, granuleux, entouré de cel- lules identiques à celles de l’épithélium lui-même ; c’est une sorte de follicule dans lequel le cône joue le rôle de papille ou de bulbe. Un peu plus tard, ce bulbe se montre coifté d’une gaîne transparente, calcaire, dentineuse, dont l’ac- croissement successif donne naissance à la spinule, qui finit par se dégager de l'enveloppe épithéliale et faire saillie. M IEOUES On voit que chez ce Poisson, caril ne faudrait pas généra- liser le fait d’une manière absolue, les spinules se dévelop- pent comme de véritables dents au milieu de l’épiderme et au dépens d’un bulbe. C'est une confirmation des vues de M. Maudl, qui, dès 1839, avait indiqué ce mode de dévelop= pement pour les parties homologues observées chez différents poissons ; cetteopinion, combattue par Agassiz, qui ne voit dans les spinules que des prolongements directs de la lamelle de l’écaille, avait été, on peut dire, universellement aban- donnée. Séance du 28 Novembre 1874. Sur la chaleur dégagée par la combinaison de l'hydrogène avec les métaux, par M. J. Mourier. M. H. Sainte-Claire Deville, en comparant le phénomène de la dissociation à celui de l'évaporation, a indiqué la marche à suivre dans l’application des formules de la thermodyna- mique à l'étude de la dissociation. J'ai fait voir, dans un pré- cédent travail, que la formule déduite par M. Clausius du théorème de Carnot pour les changements d'état s'applique à la dissociation. Cette formule permet de déterminer directe- ment la chaleur de combinaison de deux corps lorsqu'on possède une table des tensions de dissociation du composé aux différentes températures. MM. Troost et Hautefeuille ont publié récemment des re- cherches importantes sur les alliages d'hydrogène, et ont fait connaître les tensions de dissociation de ces alliages à di- verses températures ; je me suis proposé de déterminer, au moyen de la formule précitée, la chaleur dégagée par la com- binaison de l'hydrogène avec les métaux, palladium, potas- sium, sodium, étudiés par MM. Troost et Hautefeuille. La chaleur de combinaison de l'hydrogène avec ces divers métaux, rapportée à À kilogramme d'hydrogène, est donnée par la formule _0.99139 © > p aT en désignant par p la tension de dissociation de l’alliage à la température absolue T. | ACER. Les tensions de dissociation sont données de dix en dix de- grés par les expériences de MM. Troost et Hautefeuille ; il n'est pas possible d'en déduire directement, avec exactitude, GARE la valeur du rapport I m'a paru préférable de procé- der d'une manière indirecte, et j'ai été conduit à l'emploi d'une méthode qui me paraît susceptible de recevoir des ap- plications dans les cas analogues. J'ai cherché d’abord si la chaleur de combinaison varie avec la température. Dans le cas où cette chaleur serait in- dépendante de la température, en désignant par a une constante, on doit avoir T2 dp — 0 DCE L'intégration immédiate donne, en désignant par p, la ten- sion de dissociation à la température To, a—= Tr Vos nép. ou Palladium hydrogéné. — Si l'on calcule la vaieur de a à diverses températures, on reconnait, à part quelques irrégu- larités, que la chaleur de combinaison de l'hydrogène avec le palladium croît avec la température entre 20° et 1700, limites des expériences de MM. Troost et Hautefeuille. A la température de 20° le caleul donne 147% M. Favre a mesuré la chaleur dégagée par la combinaison du pailadium avec l'hydrogène en faisant fonctionner successi- vement dans son calorimètre deux couples zinc-platine et zinc-palladium, et il a obtenu le nombre 4154. Potassium hydrogéné et sodium hydrogéné. — À part quel- ques irrégularités, entre 330° et 4300, limites des expériences de MM. Troost et Hautefeuille, la chaleur de combinaison de l'hydrogène avec l’un de ces métaux croît d’abord avec la température et diminue ensuite, de sorte que la chaleur de combinaison passe par un maximum. A la température de 330°, le calcul donne pour les chaleurs de combinaison de l'hydrogène avec le potassium et le so- dium 93090 et 13000 calories. RU Sur le muscle quadrato-cutané des Ophidiens, par M. Aurx. Il existe chez les Ophidiens un muscle qui se rend de l'os carré à la peau et qui, pour cette raison, peut recevoir le nom de quadrato-cutané. Je l'ai trouvé sur la Vipère, le Trigono- céphale, la Couleuvre, le Boa, ie Python, c’est-à-dire chez les Serpents venimeux aussi bien que chez les Serpents non-ve- nimeux. Il s'attache à la partie supérieure ou proximale de l'os carré un peu au-dessous de son articulation avec le squamosal, le plus souvent par un tendon, quelquefois par des fibres charnues (Python de Séba). Il se dirige d'avant en arrière et de dehors en dedans et va s'attacher à la peau sur la ligne médio-dorsale à quelque distance de la tête (sous la 6° écaille chez le Trigonocéphale). Ce muscle agit sur l’extré- mité supérieure de l’os carré comme sur un olécrâne et con- court à porter l'extrémité inférieure de l’os en haut, en dehors et en arrière. Sur les mouvements des os de l'épaule chez les Chéloniens et le rôle qu'ils peuvent jouer dans le mécanisme de la respira- tion, par M. Aix. La plupart des Chéloniens peuvent mouvoir leurs épaules et leur bassin, mais les mouvements de ces deux régions ne se font pas de la même manière. Le bassin, attaché au sacrum par l'extrémité supérieure de l’iléon, peut s'incliner tantôt en avant, tantôt en arrière. Il y a sous Ce rapport une exception pour le Matamata dont le bassin articulé en haut avec la carapace, en bas avec le plas- tron, est complétement immobile. Les mouvements de l’épaule sont très-différents. Au pre- mier abord, on pourrait croire que l'omoplaie des Chéloniens est immobile, puisqu'elle est articulée par ses extrémités en haut avec la carapace, en bas avec le plastron. Le mouvement qu'elle exécute consiste dans une rotation qui se fait autour d'un axe vertical passant par ses extrémités et elle tourne au- tour de cet axe comme une demi-circonférence tourne autour de son diamètre pour engendrer une sphère. Un des effets de ce mouvement est de porter la cavité glénoïde tantôt en avant, tantôt en arrière et de contribuer tantôt à faire sortir de la carapace le membre thoracique et tantôt de l'y ramener. Outre ce mouvement général de l'épaule, qui a lieu chez tous les Chéloniens, on observe chez quelques-uns de ces animaux (Tortue terrestre et Tortue d'eau douce) une cer- taine mobilité du coracoïdien sur l’omoplate, mobilité qui lui permet tantôt de se relever en décrivant un are de 250 à 300, et tantôt de s’abaisser. Depuis les observations et les expériences de Mitchell et Merehouse, confirmées en France par celles de Paul Bert, il faut admettre que la contraction du diaphragme et du trans- verse peut suflire pour produire l'expiration et celle du grand oblique pour produire l'inspiration. Mais il est également incontestable que les mouvements de l'épaule et du bassin doivent augmenter beaucoup l'énergie de l'inspiration et de lPexpiration, tantôt en diminuant et tantôt en augmentant la capacité de la eavité thoracique. Les mouvements particuliers du coracoïdien chez les Tortues et les Emides doivent d’au- tant plus être remarqués à ce point de vue qu'ils peuvent en- core s'exercer quand l'omoplate est immobile. Sur la densité des vapeurs et la cohésion, par M. J. Mourir. Les recherches de M. Cahours, de MM. H. Sainte-Claire De- ville et Troost ont montré que la densité d’un grand nombre de vapeurs diminue progressivement à mesure que la tempé- rature s'élève et ne devient constante qu’à partir d’une tem- pérature suffisamment élevée. Si l’on adopte les idées de M. Clausius sur la nature du mouvement qui constitue la chaleur, il est aisé de reconnaître que la diminution progres- sive de la densité de vapeurs est liée d'une manière intime à la diminution qu'éprouve la cohésion de la vapeur. Si l’on désigne par À la force vive du mouvement qui con- stitue la chaleur, par V le viriel intérieur ou la demi-somme des produits que l’on obtient en multipliant la distance de deux points par la force qui agit entre ces deux points, par p la pression extérieure, par v le volume d'un corps, M. Clau- sius à établi, pour le mouvement stationnaire d'un système quelconque de points matériels, la relation 3 = +- T5 PV. DORE La force vive À peut s’écrire sous une autre forme ; en ap- pelant m le poids du corps, % sa chaleur spécifique absolue, T la température absolue, E l'équivalent mécanique de la chaleur, k = m À TE. D'ailleurs le volume v peut s'exprimer au moyen d’une for- mule bien connue ; en désignant par d la densité du corps par rapport à l'air, 10333 T 1,2932 X 273 pd La relation précédente peut se mettre sous la forme V 3 10333 RTE ae à Le premier membre est constant ; on voit que si d diminue à mesure que la température s'élève, le rapport du viriel in- térieur à la force vive totale diminue à mesure que la tempé- rature s'élève. M. Clausius a montré depuis longtemps que le terme D = M A 3 ze . o 12 5 pv, dans le cas des gaz permanents, est environ égal à 0,615 », de sorte que le viriel intérieur est environ égal à L Q A] 4 Q 0,315 2. Cette valeur est supérieure à SP? ; dans un travail Le récédent, j'ai représenté le viriel inférieur par P > J il (ep) (0 — y). en désignant par 4 le volume invariable occupé par les atomes, par ? la cohésion, et j'ai fait voir que la cohésion, dans le cas des corps solides, est égale à la moitié du coefficient d’é- lasticité. Si l’on introduit la cohésion dans le cas des gaz ou des va- peurs, le volume des atomes est alors négligeable devant v et la relation de M. Clausius se présente sous la forme LR 1 ( P , ) 10333 25 À ‘/12932x 2734 Sous cette forme on voit que si la densité de la vapeur par rapport à l'air diminue progressivement à mesure que la température s'élève, la cohésion devient une fraction de plus en plus petite de la pression extérieure. Si la pression exté- rieure demeure constante, comme cela a lieu dans la déter- mination des densités de vapeurs d’après la méthode de roue M. Dumas, la diminution de la densité de la vapeur coïncide avec la diminution qu'éprouve la cohésion de la vapeur par suite de l'élévation de la température. L'inverse a lieu pour les vapeurs saturées. La densité de la vapeur d'eau saturée, par exemple, augmente avec la tempé- rature, de sorte que la cohésion de la vapeur d’eau saturée est une’fraction de la tension de la vapeur d'autant plus grande que la température est plus élevée. Comme la tension de la vapeur saturée augmente avec la température, il suit que la cohésion de la vapeur saturée croît également avec la température. M. Hirn a signalé le premier le rôle important de la cohé- sion dans l'étude de la chaleur. Les forces moléculaires sont loin d'être nulles dans les gaz permanents ; il est aiséde s’en convaincre, si l’on accepte la théorie de M. Clausius. Supposons, en effet, que les forces moléculaires soient nulles, alors le gaz doit suivre nécessairement la loi de Ma- riotte, et cependant les recherches de M. Regnault ont fait voir que l'air, l'azote, l'hydrogène s’écartent de la loi de Ma- riotte. Ce résultat est d’abord confirmé par les expériences de M. Regnault sur la dilatation des gaz : Le coefficient de dilata- tion n'est pas le même, soit qu'on opère sous pression con- stante ou sous volume constant. En admettant même qu'un gaz suive la loi de Mariotte, il ne faudrait pas en conclure que les forces moléculaires soient nulles dans ce gaz, mais simple- ment que ces forces sont inversement proportionnelles aux distances pendant la compression du gaz ; ce résultat a été indiqué, je crois, pour la première fois par Ampère. C'est pour avoir négligé précisément les forces moléculaires dans la théorie de M. Clausius que l’on est arrivé dans ces derniers temps à accepter pour le rapport des deux chaleurs spécifiques des gaz permanents le nombre 7 qui est en dés- accord formel, non-seulement avec le nombre déduit de la vitesse du son, mais encore avec le nombre déduit de l'appli- cation du théorème de Carnot aux expériences de M. Regnault sur la chaleur spécifique des gaz sous pression constante. BOT en AU Séance du 12 décembre 1874. Sur le mélange des gaz et les actions moléculaires, par M. J. Mourier. \ On admet généralement, à propos du mélange des gaz, une loi due à Dalton, sans qu'on puisse citer d'expériences précises et concluantes : cette loi est suffisante au point de vue des applications de la loi de Mariotte, mais il y a bien des raisons de douter qu'elle soit parfaitement exacte. Je me suis proposé de l’examiner au point de vue des idées nouvel- lement émises par M. Clausius sur la nature de la chaleur. Considérons une masse gazeuse sous le volume v, à la tem- pérature T, sous la pression p; on a, d’après le théorème précédent, ; mRTE= V + ro PIC: Considérons de même une seconde masse gazeuse sous le même volume, à la pression p' et à la même température, on aura la relation analogue m'k'TE = V! + = v. Si l'on mélange ces deux masses gazeuses sous le volume v à la température T, la pression du mélange, d’après la loi de Dalton, doit être p + p'; voyons s'il en est ainsi dans la théorie. En appelant m" le poids du mélange, k'! sa chaleur spéci- fique absolue, V!’ son viriel intérieur, p' la pression, m'R'TE = V! + 2 DM. D'après la loi de Dulong et Petit relative aux chaleurs spé- cifiques absolues, m'k'= mRk + k. Le mélange est homogène, d’après une expérience bien connue de Berthollet ; on peut donc regarder les atomes de chaque gaz comme ayant conservé les mêmes positions avant et après le mélange. Le viriel intérieur du mélange V'' se compose donc de trois parties ; la première relative aux ac- tions mutuelles des atomes du premier gaz, V; la seconde re- lative aux actions mutuelles des atomes du second gaz, V': la troisième relative aux actions mutuelles des deux gaz l’un sur l’autre et que nous désignerons par W. ET LES La dernière relation donne, après des réductions évidentes, 3 ntte ! ’ >: Me rt ns DIE de sorte que la pression du mélange est inférieure à la somme des pressions des deux gaz : la grandeur de l'écart est liée à la valeur de W. A défaut d'expériences directes et précises snr le mélange des gaz, on peut citer à l'appui de ce résultat un fait rela- tif à la composition de l'air atmosphérique. La compo- sition est donnée d’une manière très-exacte par les expé- riences de MM. Dumas et Boussingault ; les expériences de M. Regnault font connaître avec précision les densités de l’a- zote et de l'oxygène par rapport à l’air. Si l’on calcule, d’après ces données, les pressions de l’oxygène et de l'azote, en rap- portant ces deux gaz au volume de l’air, on trouve que la pression de l’air est inférieure d’environ un centième à la somme des pressions des deux gaz. On admet généralement, d’après Dalton et Gay-Lussac, que la pression d’un mélange de gaz et de vapeur est égale à la somme des pressions du gaz et de la vapeur. Or, M. Regnault a constaté que la loi de Dalton n’est pas rigoureusement exacte et que la pression du mélange est toujours un peu moindre que la somme des pressions du gaz et de la vapeur saturée dans le vide. Il résulte de ce qui précède une conséquence relative à la compressibilité des gaz. Supposons deux masses de gaz égales, à la même température, à la même pression, sous le même volume, et refoulons ces gaz sous le même volume, à la même température ; la pression nouvelle sera inférieure, d’'a- près ce qui précède, au double de la pression primitive, de sorte que le gaz sera plus compressible que ne l'indique la loi de Mariotte. On sait, d’après les recherches de M. Regnault, qu'il en est ainsi pour l’azote, l’air, l'acide carbonique ; tou- tefois l'hydrogène se comporte autrement. Il faut conclure de là que la conclusion précédente manque de généralité, que la valeur du viriel intérieur change avec la nature du milieu in- terposé, la distance des molécules £azeuses restant d’ailleurs la même ; de sorte que, à une même température, sous le même volume, les actions moléculaires dépendent, non-seu- lement de la distance des molécules, mais de la nature du - milieu interposé. Les actions moléculaires ne sont done pas des actions à distance ; elles dépendent essentiellement de la constitution du milieu qui sépare les molécules. TE Sur les solutions d’alun de chrome, par M. D. GerNez. Les solutions d’alun de chrome ont été depuis longtemps étudiées par un certain nombre de chimistes, mais les résul- tats qu'ils ont fait connaître sont pour la plupart contradic- toires. Ainsi, on admet communément que les solutions d’alun de chrome devenues vertes par la chaleur repassent peu à peu à la modification violette en abandonnant sponta- nément, au bout de quelques semaines, sous la forme d'oc- taèdres réguliers, l’alun dissous. D'un autre côté, on a sou- vent observé que ces solutions restent vertes pendant des mois entiers sans déposer de cristaux d’alun. Ces particula- rités sont susceptibles d’une explication simple si l’on tient compte de l'influence qu'exercent iles germes cristallins sur les solutions sursaturées. En réalité, voici ce qui se passe : Si l’on fait à chaud une solution aqueuse d’alun de chrome dans des vases que l'on scelle à la lampe pendant l’ébullition du liquide, on observe que, si concentrée que soit cette dis- solution verte, elle n'abandonne pas spontanément, à la température ordinaire, des cristaux d'alun violet. De plus, elle ne prend pas, contrairement aux assertions réitérées de M. Lecoq de Boisbaudran, la teinte des solutions faites à froid, même après un temps très-long. J'ai cité récemment une ex- périence qui avait duré trois mois, j indiquerai une autre expérience prolongée depuis le 6 juin 1873 jusqu'au 43 fé- vrier 1874, époque à laquelle j'ai ouvert le tube qui conte- nait la solution, et dont la teinte n'était pas après six mois celle des solutions faites à froid. Ces solutions vertes, conservées à l'abri du contact d’un cristal d’alun et soumises à une évaporation lente effectuée soit à chaud soit à froid dans le vide sec de la pompe à mer- cure, donnent comme résidu une matière solide, transpa- rente, d'un vert émeraude, qui finit par se fendiller. Ce ré- sidu est le même quel que soit l’état de dilution de la solution primitive et il conserve la même couleur et le même aspect après plus d’un an. Si, au lieu de concentrer par évaporation la solution verte, on l’expose à un refroidissement intense, il ne s’y produit pas de cristaux d'alun de chrome. Ainsi une solution saturée à 42, chauffée pendant quelques minutes à 100° dans un tube ferme, puis soumise dans un bain d'alcool entouré d’un mélange réfrigérant à une température de — 20°, entretenue pendant plusieurs heures, ne donnent pas de cristaux d’alun:; il s’y développe seulement vers — 139 des cristaux qui enva- hissent rapidement toute la masse liquide, comme il arrive dans les solutions sursaturées ou les liquides surfondus, et qui paraissent être de la glace séparée de la dissolution : ces cristaux disparaissent quand la fempérature remonte vers zéro. Au contraire, la même solution saturée à 42 non mo- difiée par l’action de la chaleur et refroidie dans le même mélange réfrigérant, après avoir abandonné, vers la tempé- rature de — 13° les mêmes cristaux, produit, en un point ac- cidentellement plus froid, un cristal d’alun qui grossit de manière à envahir toute la masse liquide et qu'il est facile de reconnaître même à l'œil nu comme étant de l’alun violet octaédrique. Quant aux solutions beaucoup plus concentrées, formées par exemple d’alun dissous dans un cinquième de son poids d’eau, et devenues vertes pour avoir été soumises pendant quelques minutes à la température de 100, elles ne donnent lieu à aucun dépôt cristallin même à — 20°, bien qu'elles soient sursaturées et conservées depuis huit jours, au bout desquels la même solution additionnée d’un cristal, comme je vais l'indiquer, a déposé plus de sel qu’elle n’en peut dissoudre même à 50. Vient-on à ouvrir les vases qui contiennent la solution verte sursaturée, restée entièrement liquide pendant un temps quelconque, et à la toucher avec un cristal d’alun de chrome. il se dépose immédiatement une certaine quantité de cristaux d’alun violet qui grossissent peu à peu. Si la so- lution est alors soumise à une évaporation très-lente sans élévation de température, les cristaux d’alun croissent régu- lièrement et si l’on n'a introduit qu'un seul cristal, on peut voir se développer des octaèdres alignées avec la plus grande régularité qui envahissent graduellement tout le liquide transformé ainsi avec le temps en alun violet. L'effet produit par un cristal d’alun de chrome sur la solu- tion sursaturée de cette substance peut être également déter- minée par une parcelle aussi petite qu'on voudra d'un autre alun quelconque tel que les aluns de potasse, d'ammoniaque, de fer et de thallium, qui donnent des cristaux octaédriques violets comme l’alun de chrome lui-même, résultat contraire À une assertion de M. Lecoq de Boisbaudran, qui a affirmé (i) que l’alun de potasse ne donnait pas, dans la solution sursaturée d’alun de chrome, les mêmes cristaux que ceux qu'on obtient en y semant l’alun de chrome lui-même. De plus, lorsqu'on opère sur l’alun de chrome pur, le contact de substances autres que les aluns est impuissant à provoquer la cristallisation des solutions sursaturées : ainsi, le sulfate de potasse pur ne fait pas cristalliser une solution sursaturée verte d'alun de chrome et n'y sépare pas même, après dix jours de contact, les cristaux aiguillés dont parle M. Lecoq de Boisbaudran, ni des cristaux de sulfate de potasse, comme l’a affirmé Fischer, dont Lœwel a depuis longtemps contredit les expériences (2). La production immédiate d'une certaine quantité d’alun vio- let au contact d'un eristal d’alun dans une solution très-con- centrée rendue verte par l’action de la chaleur, s’observe, du reste,non seulement dans les solutions anciennement chauf- fées, mais même aussitôt après l'application de la chaleur. J'ai pu obtenir de cette manière des cristaux d’alun violet, dans une solution verte refroidie, deux minutes au plus après l'avoir soumise pendant deux heures à la température de 100°, c'est-à-dire après le temps strictement nécessaire pour soumettre une goutte de la solution refroidie à l'examen mi- croscopique. D'après cela, si l’on admet que le germe cristallin d’alun violet détermine la formation graduelle de cristaux octaé- driques par transformation de l’alun vert, le dépôt d’alun violet n'ayant lieu, même dans les solutions très-anciennes, qu'au contact d'un cristal, on ne pourrait conclure de là que cet alun préexiste dans la dissolution, comme l'affirme M. Lecoq de Boisbaudran. Si, au contraire, on admet que l'introduction d’un genre cristallin ne fait que déposer l’alun de même nature préexistant, il faut absolument rejeter la proposition suivante soulignée par M. Lecoq de Boisbaudran « que l'alun violet n'existe pas dans la solution verte récem- « ment chauffée » (3) puisque l’on observe la formation de cet alun dès que cesse l’action de la chaleur. On voit par ce qui précède ce qu'il reste des assertions de M. Lecoq de Boisbaudrau relatives à l’alun de chrome, et lequel de nous « s’est trompé. » Pour ce qui est du reproche qu'il m'a fait d’avoir donné comme nouveaux certains faits (1) Ann. de Chimie et de Phys., [4], t. IX, p. 178. (@) Journal de Pharm. et de Chimie, [3;, t. VII, p. 332. (3) Comptes-rendus, t. LXXIX, p. 1077. — T3 — qui auraient été découverts, soit par lui, soit par Lœwel, je crois avoir établi précédemment (1) que mes expériences étaient différentes de celles qu’il rappelait et que, de plus, les faits qu'il revendiquait pour luiet pour Lœwel, avaient été signalés longtemps auparavant, les uns par Talbot et Frankenheim, et les autres par Schweigger, Zez et Faraday. Je me contenterai, en terminant, de me disculper d’un nou- veau reproche, celui de n'avoir pas fait remarquer à certains contradieteurs que les sels anhydres peuvent donner des solutions sursaturées. Je pourrais expliquer mon silence par la raison que je ne me suis pas donné la mission de redres- ser des erreurs qui ne mettent pas directement en question mes expériences ; je joindrai toutefois à cette observation un renseignement historique que je n'avais pas jugé nécessaire d’opposer à M. Lecoq de Boisbaudran et qui enlève à ses expériences sur les sels anhytdres le mérite de la nouveauté, c'est que parmi les sels anhydres connus depuis longtemps comme donnant des solutions sursaturées, se trouvent, outre le salpêtre. le nitrate d'argent signalé par Thenard, en 1814 (Traité de chimie, T. IT, p. 316), et le bichromate de potasse, indiqué en 1832 par Ogden (New-Edimb. Phil. Journ., T. XIIL, p. 309), avec un certain nombre d’autres sels, dans un mémoire que j ai rappelé ailleurs. (1) Comptes-rendus, t. LXXIX, p. 912. TABLE DES MATIÈRES. ALix. Sur la détermination du muscle long supinateur chez les DISCUTER RER AE ETS — Sur les plumes ou rémiges des ailes des Oiseaux RTE Un Pa € — Sur les connexions de l'étrier avec l'os carréchez les DE — Sur le larynx inferieur de la Cigogne. . . . . . . . . — Sur les muscles fléchisseurs des orteils chez les Oiseaux con- sidérés au point de vue de la classification. — Sur quelques points de l'anatomie du Nandou — Sur le muscle quadrato-cutané des Ophidiens. — Sur les mouvements des os de l'épaule chez les Chéloniens et le rôle qu'ils peuvent jouer dans le mécanisme et la respi- P. Broccui. Résultats de quelques recherches sur l'anatomie des Crustacés décapodes. à © — Observations sur la verge des Crustacés brachyures. A. DE COLIGNY. Sur un nouveau système d'écluses et un appareil automatique à tube oscillant. . . . . . . . . . — Sur un appareil à élever l'eau au moyen d'une chute d'eau. . - . . ane Cazin. Sur la chaleur produite par le magnétisme. J. CHATIN. Sur le liquide cavitaire du Syngame. H. Fizmor. Sur les Vertèbres fossiles des dépôts de phosphate ‘de CROUTITUMOUETCU EC CE NICE ONCE D. GERNEZ. Sur l’évaporation des liquides à des températures ne rieures au point d'ébullition. SN LIVRE — Sur les solutions d'alun de chrome. . . . J. GRoLOUS. Sur les ramifications dans les végétaux. . DE = Sur les feuilles alternées et les feuilles opposées. ManNueim. Sur quelques problèmes relatifs à la théorie des surfaces. J. Mourier. Sur la conductibilité magnétique au point de vue mé- CONNUE Ie Te de lle La ete — Sur la distr ibution de l'électricité à la surface des corps conducteurs au point de vue de la théorie mécanique de l'électricité. . . PRE ane 6 1l NE J. Moutier. Sur les attractions et les répulsions DÉCHETS pro- duites par les corps sonores. > — Sur le principe d'Archimèdeet les phénomènes capillaires. — Sur la pression hydrostatique. — Sur la chaleur dégagée par la combinaison de P hydr 0- gène avec les métaux. — Sur la densité des vapeurs et la cohésion. — Sur le mélange des gaz et les actions moléculaires. OusraLeT. Sur un Hémiptère de la famille des Pentatomides. — Observation sur la communication de M. Filhol. — Sur une Brève d'espèce nouvelle. : H.-E. SAUVAGE. Observations sur la communication de A. Filhol. L. VarrLAnT. Note reclificative sur l'Hemidactylus viscatus. . . — Remarques sur le genre Pogonoperca. ÿ — Sur quelques espèces critiques du genre Lutjanus . — Sur le développement des spinules dans les écailles de poissons cténoides. à VuLpiaAN. Sur l'hématurie observée chez des chiens soumis à la chlo- | ralisation, avec injection intra-veineuse de chloral. — Sur l’action du chloral sur les nerfs vaso-dilatateurs. — Sur l'influence de l'air vicié par des émanations de nature organique sur le développement des œufs de grenouille. Meulan, imprimerie de A. Masson 34 39 | | ! PAL RAR A ee RC: A Pa fe A TABLE DES MATIÈRES Oustalet. — Sur une Brève d'espèce nouvelle. ......,.... J. Grolous. — Sur les feuilles alternées et les feuilles opposées. L. Vaillant. — Sur le développement des spinules dans les écail- les des Poissons ciénoïdes. . . ......... SR J. Moutier. — Sur la chaleur dégagée par la combinaison de l'hydrogène avec les métaux. ............. Alix. — Sur le imuscie quadro-cutané des Ophidiens.. .. — — Sur les mouvements des os de l'épaule chez les Chéloniens et le rôle qu'ils peuvent jouer dans le mécanisme de la respiration. .... ARE J. Moutier. — Sur la densité des vapeurs ei la cohésion... ... — — Sur le mélange des gaz et les actions moléculai - PES A LS CNE ben en EAU ne D. Gernez. — Sur les solutions d’alun de chrome . ...... ne a ae me mn Meulan, imp. de À. Masson, 59 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS SIXIÈME SÉRIE — TOME DOUZIÈME N°E PARIS AU SIÉGE DE LA SOCIÉTÉ Rue des Grands-Augustins, 7 un 1877 PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE HISÉRIE de 170174 18050’ 3 vol. ni PeSERIE NUE AO AUS TRES UP AE GIE 3 vol. in-40. 3e SERIE: de 1S1TAMS26. OPEN NAS; Fascicules in 20) MC SbRIE de ASS AU 853 Rene 2 vol. in-40. DOSERIE de 1830641868 1 4000 28 Fascicules in-40. 0e SERIES de 1B6E 441876 One 13 Fascicules in-80. 7e SÉRIE en cours de publication. Chaque année pour les membres de la Société. . ae — pour Je publient ere NUE) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS BULLETIN DE LA SOCIÈTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS SIXIÈME SÉRIE — TOME ONZIÈME 1875 PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ Rue des Grands-Augustins, 7 1877 T ee N Ÿ ss BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES Séance du 9 janvier 1875. Présidence de M. BourGer. M. Dausse fait une communication sur l'Exhaussement et l'abais- sement des lacs (voir p. 1). M. Aux fait une communication sur les Organes locomoteurs des oiseaux au point de vue de la classification (v. p. 4). M. D. GERNEZ fait une communication sur les Analogies que pré- sentent le dégagement des qaz de leurs solutions sursaturées et la dé- composition de certains corps explosifs (v. p. 5). M. Mourier fait une communication sur l'expression du travail relatif à une transformation élémentaire (v. p. 9). M. PLANGHoN est nommé Président pour l’année 4875 ; MM. PAIN- vi, Broccxi et SAUVAGE sont élus membres de la Commission des comptes. Séance du 23 janvier 1875. Présidence de M. PLANcHON. Le Président annonce la mort de M. d'Omalius d'Halloy, membre correspondant de la Société. —— }i — M. J. CHaTIN fait une communication sur les Appendices wéberiens du Castor (v. p. 12). M. PÉRARD fait une communication sur le Système nerveux du Calmar (v. p. 13). M. Aux fait une communication Sur la soi-disante fenêtre ronde des Chéloniens (v. p. 14). M. JoBerT présente une note sur les Poils considérés chez l’homme comme organes lactiles. M. GERNEZ fait un rapport sur les travaux de M. Arnoult Thénard, candidat dans la seconde section. Séance du 13 février 1875. Présidence de M. PLANCHON. M. MorEAu résume ses dernières recherches sur la vessie natatoire des poissons. MAl. VAILLANT, GERNEZ et DARBoux présentent quelques obser- vations. Séance du 27 février 1875. Présidence de M. PLANCHON. M. J. Mourir fait une communication Sur la chaleur spécifique absolue (v. p. 48). M. OusTALET décrit, au nom de M. l’abbé A. Davip, trois oiseaux de Chine d'espèces nouvelles (v. p. 18). M. J. CuaTiN décrit au point de vue anatomique et histologique la Glande commissurale de la Taupe {v. p. 20). M. Moreau complète la communication faite dans la dernière séance sur le Rôle physiologique de la vessie natlatoire des poissons. MM. Arrx et GERNEZ présentent quelques observations à ce sujet. M. ARNouLT THÉNaRD est élu membre dans la deuxième section. ne — II — Séance du 13 mars 1875. Présidence de M. ALix. M. GERNEZ fait un rapport sur les titres de M. CAILLETET, Can- didat à la place de membre titulaire. Séance du 27 mars 1875. Présidence de M. PLANCHON. La correspondance comprend une lettre de M. Vaillant qui, empé- ché d’assister à la séance, fait connaître à la Société les différentes questions financières relatives au changement de local. Séance du 10 avril 1875. Présidence de M. PLANCHON. M. VAILLANT communique le résultat de ses recherches sur la constitution de la queue chez les Lézards et sur le mécanisme de sa rupture. M. HALPHEN entretient la Société de ses travaux sur le genre des courbes, Séance du 24 avril 1875. Présidence de M. VALLEs. M. Cazin fait connaitre les procédés suivis pour obtenir des épreuves photographiques relatifs au passage de Vénus observé à lile Saint-Paul. — IV — Séance du 8 mai 1875. Présidence de M. VALLÈS. M. MourTier fait une communication Sur l'expression de lu force condensante (v. p. 24). M. G. Moquin-Tanpon fait une communication Sur les feuilleis du blastoderme chez les Poissons osseux (v. p. 23). M. E. OusraLer décrit un Accipitre d'espèce nouvelle {v. p. 25). La Société se forme en comité secret pour entendre le rapport de M. le Trésorier. Séance du 22 mai 1875. Présidence de M. G. PLANCHON. M. L. VarsLanr décrit un Cheilodactyle d'espèce nouvelle {v. p. 27). M. J. Caarin décrit un Spirura d'espèce nouvelle (v. p. 30). M. Harpy fait connaître l’alcaloïde du Jaborandi (v. p. 21 bis). MM. Cain et DarBoux font un rapport sur les titres de MM. G. Maquin-Tandon et Fouré. Séance du 12 jnin 1875. Présidence de M. PLANCHON. M. BourGer fait une communication sur les vibrations des liquides et établit les équations qui traduisent les mouvements des molécules dans les vases de forme déterminée. ë M. Mourir fait une communication Sur la loi de Hirn (v. p. 23 bis). M. Darpoux fait une communication sur la forme limite à laquelle arrivent les polygones plans ou gauches inscrits les uns dans les autres. 5 M. DarBoux lit un rapport sur les titres de M. LEMONNIER, Can- didat dans la première section. — VV — M. Darsoux est nommé Président pour le second semestre. Séance du 26 juin 1875. Présidence de M. DARBoUx. MM. G. Moquix-Tanpox et FouRNET sont nommés membres de la Société. Séance du 16 juillet 1875. Présidence de M. DarBoux. M. Azrx fait une communication Sur le mécanisme des mouvements respiratoires chez les Tortues. M. Mourier fait une communication sur la Théorie des Solénoïdes (v. p. 29 bis). L'ordre du jour appelle l’élection d’un membre titulaire dans la première section ; M. LEMONNIER est élu. Séance du 24 juillet 1875. Présidence de M. DaArBoux. M. Mourier fait les deux communications suivantes : Sur les ten- sions de la vapeur d’eau à 09 (v. p. 38); Sur le refroidissement pro- duit par la détente des gaz (v. p. 31). M. Gernez fait une communication sur les solutions sursaturées (v. p. 38). M. L. VAILLANT résume ses recherches sur les Ambassis et décrit une nouvelle espèce sous le nom d’Ambassis Valenciennei (v. p. 32). Séance du 14 août 1875. Présidence de M. L. VAILLANT. M. Harpy fait une communication sur le Principe actif du Jabo- randi (v. p. 24 bis). M. Aix fait une communication sur la classification myologique des mammifères (v. p. 44). Séance du 23 octobre 1875. Présidence de M. Roze. M. Broccur décrit un Dromien de genre nouveau (v. p. 83). M. OuSrTALET fait connaître sous le nom de Tetraogallus Challeyi une espèce nouvelle de Gallinacé (v. p. 54). M. Gnorous expose le résultat de ses recherches sur la Pondéra- bilité de l’éther (v. p. 56). M. GERNEZ rappelle à ce sujet les recherches de M. CouLrer. M. Vuzpran fait les deux comüunications suivantes : Sw:* les le- sions de la moelle observées chez les animaux soumis à une intoxi- cation prolongée par le plomb ou par l’arsenic (v. p. 46); De l’in- fluence qu'exerce la faradisation de la peau dans certains cas d’anesthésie cutanée (v. p. 50). 2 Séance du 13 novembre 1875. Présidence de M. DarBoux. M. GroLous fait une communication Sur la thermostatique des corps (vV. p. 62). M. CHATIX fuit les deux communications suivantes : Sur les fosses nasales du fourmilier Tamandua (v. p. 60); Sur les mouvements des feuilles de l'Abies Normanniana (v. p. 62). — NII — Séance du 27 novembre 1875. Présidence de M. Danrgoux. M. GroLous fait une communication sur Trois théorèmes relatifs aux opérations (v. p. 84). M. Ousrazer fait une communication sur la Faune ornithologique de l'Ile Saint-Paul (v. p. 73). M. CaziN communique les Observations magnétiques faites à l'île Saint-Paul en novembre et décembre 1874. Séance du 11 décembre 1875. Présidence de M. DarBoux. M. Mourier fait une communication Sur la théorie des tuyaux sonores (v. p. 85). M. OusrTacer fait une communication Sur le genre Pachycephala (va p.94). M. GroLous expose un nouveau Théorème sur les fonctions (v. p. 95) et présente quelques observations sur la Vitesse de la lumière. ; MM. Dargoux, CaziN et GERNEZ font à ce sujet quelques obser- vations. M. BEAuREGARD décrit les résultats auxquels il est arrivé par l'Examen ophthalmoscopique de l'œil des Poissons (v. p. 79). Séance du 18 décembre 1875. Présidence de M. DArBoux. M. Broccar décrit quelques Crustacés isopodes provenant de l'ile Saint-Paul (v. p. 97). M. DarBoux communique un théorème Sur la comparaison des axes décrits par les différents points d’une figure plane mobile dans son plan. Ce théorème s’étend aux figures sphériques et au déplace- ment d’un corps solide; il comprend, comme cas particuliers, les théorèmes de Hoddistch et de Steiner. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS Séance du 9 janvier 1875. Sur l'abaissement et l’exhaussement naturels des lacs, par M. Dausse. Lorsque la pente et la nature du sol, à l'issue d’un lac, comportent la formation d’une gorge, d’un couloir, le lim- pide émissaire du lac, vint-il même à recevoir un affluent torrentiel, cas fréquent, creuse en effet ce couloir et le lac s'abaisse. C'est ainsi que le lac de Genève a baissé, depuis les Romains, d'environ deux mètres. Des fouilles récentes faites à Genève, dans les dépôts de l’Arve renfermant quelques débris de poteries romaines, ont permis à M. Colladon de constater ce fait, en même temps que le déplacement vers l’ouest du lit de la rivière. Elle a beau apporter des cailloux . en abondance, le cours resserré de l’émissaire triomphe de l'obstacle que lui opposent ces apports et le sol lui-même. Mais, bien avant les Romains, le lac s'était énormément abaissé. J'en ai trouvé et produit la preuve en 1865, devant la Société helvétique des sciences naturelles réunie à Genève (1). Le lac a été bien plus haut que la terrasse de Thonon, et il a affleuré longtemps cette terrasse; car elle est colossale et sa (1) Voir le Compte-rendu de la 49e session, p. 78, et ma Théorie des terrains lacustres (Bulletin de la Société géologique de France; séance du 8 juin 1868, 2 série, t. XXV, p. 752). A CL formation est dûe à la hauteur qu'il avait alors. Elle pré- sente, en effet, dans les entailles qu'on lui a faites, ces cou- ches inclinées de cailloux qui m'ont fourni une démonstration absolument décisive. Toutefois, cette immense terrasse de Thonon présentant un plan incliné de quelques degrés, il est à croire que le niveau du lac s’est déprimé dans le cours de sa formation et parfois brusquement, sans doute lorsque des obstacles nota- bles dans l’émissaire, après avoir été plus ou moins longtemps minés par le courant, étaient enfin violemment emportés ; et ces débâcles ont dû être plus fréquentes et plus considérables dans les derniers temps de l’existence du lac que plus tard. C’est tout cela qui explique, je pense, et les acccidents prin- cipaux de la terrasse de Thonon, et la grandeur du couloir actuel du lac, qui n’a pas moins d’une quarantaine de mètres de profondeur, sous le bois de la Bâtie, en aval du confluent de l’Arve. Un phénomène inverse se produit quand le sol et la pente à l'issue d’un lac ne permettent pas la formation d’un cou- loir, c'est-à-dire qu’alors le lac s’exhausse sans cesse, d’une manière bornée cependant, à proportion qu'il y a à l'issue du lac un déversoir plus ample et plus plat. Ce cas s’est réalisé pour les lacs de Walen, de Thoune et de Bienne, trois lacs à l'issue desquels il y a plaine et affluence d’un cours d’eau charriant du caillou. De là exhaussement lent, mais continuel des émissaires et des lacs ; de là, transformation de vallées d’abord saines, en vallées de plus en plus maréca- geuses et infectes. Par bonheur, toutefois, qu’il y a un remède efficace à un si grand mal. Le premier exemple de l'emploi de ce remède est dû aux moines augustins d'Interlaken et date du xure siècle. En jetant dans le lac de Brienne la Lütschinen, la plaine inter- médiaire aux deux lacs de Brienne et de Thoune, que le torrent désolait, fut et est demeurée préservée. En 1714, du vivant d'Haller, les échevins de Thoune ont fait creuser un petit tunnel à travers la colline de Strætligen et jeter par là la Bander dans le lac de Thoune. La ville qui était venue mal- saine et goîtreuse a été assainie. Mais les vallées de la Bander et de la Simmen, son affluent, sont devenues méconnaissa- bles. Les deux cours d’eau, en s’abaissant de 20 à 25 mètres dans leurs derniers troncs, ont formé d’autres vallées infé- rieures aux anciennes et porté dans le lac un immense vo- lume de matières solides. L’illustre de Saussure s’est arrêté là et n’a pas remarqué qu’un déblai si colossal et si compa- SEE ln rable à ceux qu on n'attribue qu'à d'immenses courants d’eau diluviens, provient d’un fait de main d'homme, presque récent, et d’un cours d’eau médiocre. Je me permets cette observation pour faire sentir combien l’hydraulique importe à la géologie orographique. Au commencement de ce siècle-ci, un ingénieur a jeté dans le lac de Walen la Linth, qui obstruait de ses apports l’émis- saire de ce lac et avait rendu marécageuse et infecte toute une grande vallée. En même temps il a creusé et aidé l’émis- saire à creuser un couloir appelé le Linth-canal. L’abaisse- ment de ce cours d’eau limpide est de 4 mètres au lieu où la Suisse reconnaissante à érigé un buste à l’illustre ingénieur, Escher de la Linth, et la vallée s'est couverte d'habitations, de fabriques, de bourgs florissants. J'ai donné des détails techniques sur les trois opérations si utiles et si remarquables dont je viens de dire quelques mots, dans mes Etudes relatives aux inondations et à l'endiguement des rivières. Il me reste à parler d’une autre opération pareille, mais bien plus considérable. Tout le Sécland, en février, est fié- vreux, parce que l’Aar obstrue et exhausse l’émissaire du lac de Bienne. C’est pourquoi la Suisse a entrepris le grand ou- vrage de jeter l’Aar dans ce lac. On travaille à force à ouvrir à ce grand cours d’eau un lit à travers la chaîne de collines qui borde le lac à lorient, et déjà un nouvel émissaire est creusé sur la droite de Nidau, et le lac s’est abaissé d'environ deux mètres, découvrant une chaussée romaine, submergée d'autant. D'où il résulte que, depuis les Romains, le lac de Bienne s’est exhaussé d'à peu près autant que le lac de Genève s'est abaissé au contraire, par suite de la différence signalée en commençant. Il va sans dire, que si l’Aar n'était pas en effet jeté dans le lac, le nouvel émissaire, creusé artificiellement, se relèverait peu à peu. Mais la Suisse achèvera son œuvre grandiose et coûteuse, la plus grande que je connaisse en ce genre, et elle s’acquerra une nouvelle gloire. Ce qui a donné lieu à cette note, c'est une communica- tion récemment faite à l’Académie des sciences par M. de Candolle (1), et relative aux études très-variées et très-inté- ressantes dont le lac de Genève est l’objet depuis quelque temps. Peut-être la preuve fournie par la terrasse de Thonon a-t- (1) Comptes-rendus, t. LXXIX, p. 1033. Re pet elle un peu contribué à donner l'élan à ces belles études, du moins, M. de Candolle, en attribuant l’abaissement du Léman à la diminution des eaux affluentes dans son bassin, n’a-t-il pas pris garde que cette explication implique un abaissement analogue dans Îles lacs de Walen et de Thoune, qui sont dans les mêmes conditions climatériques que le Léman, et qui, au contraire, se sont exhaussés. Sur les organes locomoteurs des oîseaux, au point de vue de la classification, par M. Aux. M. Aux fait une communication sur le parti que l’on peut tirer de la connaissance des organes locomoteurs des Oiseaux pour la construction des appareils destinés à la navigation aérienne. Ses études anatomiques lui ont démontré qu'il est inutile de chercher à construire un oiseau artificiel. Lors même qu'on imiterait avec l'exactitude la plus rigoureuse le détail des leviers et de leurs articulations et qu’on inventerait pour les faire mouvoir les dispositions les plus ingénieuses, on n’en arriverait pas davantage à quelque chose de pratique. Cet objet de curiosité ne ferait pas comme chez l'Oiseau partie intégrante d’un être animé, sensible et doué du mouvement volontaire ; des ailes artificielles ne seraient pas, comme celles de l’Oiseau, rattachées par des filets nerveux à un cer- veau et à une moelle épinière ; elles ne pourraient ni trans- mettre les impressions, ni recevoir les ordres qui doivent au besoin moditier leurs mouvements, et seraient aussi incapa- bles de remédier instantanément aux dérangements d’équi- libre qui peuvent se produire par différentes causes et sur- tout par la violence du vent. L’'Oiseau est obligé de veiller sans cesse au maintien de son équilibre et il y réussit par les mouvements de ses ailes, de sa queue et même de quelques autres parties, comme le cou et les pattes, mouvements qui doivent toujours être en harmonie les uns avec les autres. Il y a là un certain degré d’instabilité qui peut être considéré comme une circonstance défavorable, mais ce désavantage est compensé par une adaptation à des fins d’un ordre plus élevé, en favorisant l’aisance, la liberté, la variété et la rapi- dité des mouvements. At EE S'il est impossible de réaliser un Oiseau artificiel, il n'exr faut pas conclure que l'étude de la structure des Oiseaux ne puisse fournir aucune lumière pour les recherches relatives à la navigation aérienne. Il est loin d'en être ainsi, mais ce n’est pas dans une imitation servile qu'il faut chercher un résultat. Parmi les conditions remplies par l'appareil locomoteur des Oiseaux (1), il en est que l’on peut imiter, soit en les at- ténuant, soit en les amplifiant; il en est d’autres, au con- traire, qu'il ne faut pas chercher à reproduire, et dont il faut prendre pour ainsi dire le contre-pied en renversant les rap- ports, en sorte que l’on pourrait ici suivre les prescriptions d'une loi que l’on appellerait la Loi du rapport inverse. Cette dernière proposition est particulièrement applicable aux ailes des Oiseaux qui sont caractérisées par leur position latérale et par leur grande étendue. Ici l'étendue est attribuée aux ailes et refusée au corps de l’Oiseau qui tombe comme une masse quand les ailes se replient. C'est le contraire qu'il faut chercher dans un appareil de navigation aérienne. Ici l'étendue ne peut être donnée qu'à la masse à mouvoir qui doit être placée dans les meilleures conditions de stabilité, tandis que les organes moteurs doivent faire, sur les côtés le moins de saillie possible et que leur puissance ne peut être accrue qu'en multipliant leur nombre, ou en augmentant la rapidité et en assurant la continuité de leurs mouvements (ce qui ne peut être obtenu qu'avec des hélices). Si on leur done plus de volume et plus de poids, il faut les ramener sur la ligne médiane au voisinage du centre de gravité. On doit aussi remarquer qu’un appareil de navigation aé- rienne est nécessairement très-lourd comparativement au poids d’un oiseau et que ce grand poids ne peut être compensé que par l'adjonction d'un aérostat. Sur les analogies que présentent le dégagement des gaz de leurs solutions sursaturées et la décomposition de certains corps explosifs, par M. D. GERNEZ. J'ai établi depuis longtemps (2) que, dans les solutions ga- (1) V. E. Alix. Essai sur l'appar. locom. des Oiseaux, Masson, 1874, . 540. (2) Pogg. Ann., t. XI, p. 382. ve ea zeuses sursaturées, l'excès de la quantité du gaz dissous sur la quantité normale, c’est-à-dire sur celle que le liquide dis- soudrait dans les mêmes conditions de température et de pression, ne se dégage, dans le cas où l’on ne fait pas inter- venir d'action mécanique, qu’autant qu'on introduit au sein du liquide une atmosphère gazeuse quelconque retenue, par exemple, à la surface d’un corps solide ou dans les cavités capillaires d’un corps poreux. C'est dans cette atmosphère, qui joue le rôle de vide par rapport au gaz différent dissous, que ce dernier gaz se dégage par la surface libre du liquide. r, les parois des vases retiennent souvent, même lorsqu'elles paraissent mouillées, une couche gazeuse localisée surtout dans les anfractuosités qui se trouvent presque toujours à la surface des corps solides ; il en résulte que, dans des vases qui n’ont pas subi de préparation spéciale, les solutions sur- saturées produisent, sur les parois, des bulles de gaz plus ou moins abondantes ; mais si l’on a soin de dissoudre, par des lavages successifs à la potasse, à l’eau distillée et à l'alcool, la couche superficielle des vases de verre en certains points de laquelle se trouverait retenue une petite quantité d’air, on constate qu’il ne se forme plus une seule bulle gazeuse sur la paroi baignée par le liquide pas plus qu'à l’intérieur de la solution sursaturée entre des limites de température et de pression très-étendues. L'émission du gaz ne se fait plus alors que par la surface ; des échanges ont lieu de couche en couche avec une lenteur telle que, par exemple, une solution d'acide carbonique saturée sous une pression supérieure à deux at- mosphères et demie est mise dans un tube ouvert, est encore sursaturée dans la couche située à 10 centimètres de la sur- face, même après quarante jours. À des températures voisines de &, lorsqu'on diminue la pression, l'émission du gaz n’a encore lieu que par la surface, si le vase a été convenablement préparé. Ainsi, de l’eau saturée d’acide carbonique sous une pression supérieure à deux atmosphères et demie, a été main- tenue assez facilement dans le vide fait avec la pompe à mer- cure, sans quil se dégageât une seule bulle de gaz à l’inté- rieur de la solution, et pourtant le manomètre du récipient de la machine indiquait une pression égale seulement à la tension maxima de la vapeur d’eau à la température de l’ex- périence. Le gaz ne se dégageait que par la surface, sans bulle apparente, et avec une vitesse relativement faible. Vient-on à introduire une atmosphère gazeuse dans cette solution à la surface de laquelle on maintient le vide, ils'y produit une vive effervescence qui ressemble à une ébullition LA AU violente. J'ai réalisé l'expérience en enfonçant dans l’eau de seltz un fragment d'éponge de platine ou de bioxyde de man- ._ ganèse retenu à l'extrémité d’un fil de platine : tout le liquide qui se trouvait au-dessus du corps poreux fut violemment projeté, tandis qu’au dessous, il ne se dégageait pas une bulle de gaz. Lorsque les gaz sont très-solubles dans les liquides, on peut, en opérant dans des tubes préparés comme je l’ai in- diqué, porter les solutions à une pression assez faible ou à une température assez élevée pour que l’excès de la quantité de gaz, retenue par le liquide sur la quantité normale, soit très-considérable. Alors, si l’on introduit une atmosphère ga- zeuse au sein du liquide, on détermine une sorte d'ébullition. L'expérience peut être réalisée très-facilement avec la solu- tion d'ammoniaque: on met dans un tube préparé la solution ordinaire d’ammoniaque, on l'entoure d’un mélange réfrigé- rant et on la sature par un courant longtemps prolongé de gaz ammoniac. On retire ensuite la solution et on la laisse revenir à la température ambiante de 20° par exemple : ilne se dégage pas de gaz à l'intérieur du liquide, mais si l’on y amène une petite cloche à air que l’on à ménagée à l’extré- mité d’un tube de verre étranglé à la lampe, il se dégage dans celte atmosphère du gaz ammoniac, qui semble sortir de la petite cloche en bulles d'autant plus fréquentes que la sursa- turation est plus prononcée. L'expérience ressemble, dans ce cas, à l’ébullition d’un liquide provoquée par le même pro- cédé. Du reste, lorsqu’au bout de quelque temps elle se ra- lentit, on active le dégagement en élevant un peu la tempé- rature. J'avais déjà rapproché, dans la note que j'ai rappelée plus haut, le phénomène du dégagement des gaz de leurs solutions sursaturées sous l'influence de corps qui y amènent une at- mosphère gazeuse, de la décomposition que subissent cer- taines substances, telle que l’eau oxygénée sous la même in- fluence. Les expériences sur l’eau oxygénée concentrée étant d’une exécution assez délicate, je vais indiquer comment on peut se servir pour la même démonstration d'une réaction connue qui a éte étudiée autrefois par Schœnbein (1). Dans un tube de verre de 6mm à 20mm de diamètre récem- ment préparé comme je l’ai dit plus haut, on introduit une couche de 5 à 40 centimètres d’eau distillée que l’on a filtrée pour la débarrasser des poussières solides retenues en sus- (1) Comptes-rendus, t. LXIIT, p. 883, 19 nov., 1866. eg ee pension, On refroidit le tube à 0°, puis on y fait tomber de l’acide hypoazotique préalablement refroidi. Ce liquide, glis- sant le long des parois du vase, traverse l’eau sans dégager de gaz et se rassemble au fond du tube sous forme d'un li- quide bleu que l’on regarde comme étant de l'acide azoteux, en même temps que l'acide azotique reste en dissolution dans l’eau. Au bout de quelques minutes, on peut retirer le tube du mélange réfrigérant et le laisser revenir à la température ambiante de 150 par exemple, sans qu'il se dégage de l’inté- rieur du liquide une seule bulle de gaz. J'ai conservé des tubes préparés ainsi pendant huit jours dans un milieu dont la température a varié de 7° à 160, le liquide bleu s'était un peu diffusé sans dégagement gazeux dans la couche d’eau super- posée, laquelle est restée incolore sur une grande partie de son épaisseur. Vient-on à introduire à la surface de la couche liquide in- férieure un corps sans action chimique sur l'acide azotique et désaéré, tel qu un fil de platine qui a servi pendant quelques minutes à entretenir l’ébullition de l’eau, il n’y produit au- cun effet ; au contraire, l’autre bout du même fil qui n’a pas été débarrassé de la couche d’air adhérente, à peine amené au contact de l'acide azoteux, y provoque un abondant déga- gement de bioxyde d’azote qui cesse brusquement si l’on re- tire immédiatement le fil sans laisser de bulle gazeuse, et qui recommence dès qu’on immerge de nouveau le fil. En même temps, l’eau se charge d’une nouvelle quantité d'acide azoti- que. Cette décomposition peut être déterminée avec plus d'activité par l'introduction d’une petite cloche à air dont la surface a été récemment désaérée dans la flamme d’un bec de gaz. Les bulles de bioxyde d'azote semblent alors sortir de la cloche comme dans le cas de la solution d’ammoniaque. Cet effet d’une atmosphère gazeuse qui décompose l'acide azoteux peut être observé même à la température de 0; dans ce cas, le dégagement de bioxyde d’azote est moins rapide. Il y a donc la plus grande analogie entre l'émission d’un gaz dissous, effectuée par la surface de la solution dans un milieu gazeux, où le gaz se rend comme dans une sphère ra- réfiée, et cette décomposition de corps explosibles qu'il n’y a as lieu d'attribuer, comme je l’ai déjà indiqué pour le cas de ‘eau oxygénée, à une force particulière catalytique. Du reste, le dégagement de chaleur qui accompagne la décomposition de ces corps, bien que faible lorsqu'il s’agit de l'acide azo- teux, explique la rapidité avec laquelle le phénomène con- tinue dès qu'on l’a déterminé en un des points du corps, à — (9) — moins qu’on n'arrête la réaction au début comme je l’ai indi- qué plus haut. Sur l'expression du travail relatif à une transformation élé- mentaire, par M. J. Mourier. M. Clausius a donné récemment une démonstration du théorème de Carnot fondée sur l'expression du travail relatif à une transformation élémentaire dans l'hypothèse, généra- lement admise aujourd'hui, où la chaleur est considérée comme un mode de mouvement. M. Ledieu est arrivé au même résultat par une voie différente. Ces solutions laissent indéterminée la nature même du mouvement et présentent la plus grande généralité. Je me suis proposé de traiter la même question en admettant que la chaleur consiste en un mouvement vibratoire : l’analogie qui existe entre la chaleur et la lumière permet de supposer qu'il en soit ainsi et, comme la théorie vibratoire suffit à l'explication de tous les phénomènes de l'optique, il y a lieu de rechercher si elle eut rendre compte également des phénomènes de la cha- eur. Cette hypothèse n’est pas nouvelle dans la science ; elle restreint, il est vrai, la généralité de la solution, mais d'un autre côté elle permet de préciser la nature de certains phénomènes. Le mouvement vibratoire, dont chaque point est animé, peut se décomposer suivant trois directions rectangulaires : chaque mouvement composant est un mouvement oscilla- toire rectiligne, de même période, produit par une force proportionnelle à la distance variable du point mobile à un centre fixe. Si l’on désigne par f la valeur moyenne de la force qui agit sur un point de masse », par a l’amplitude de l’oscilla- tion, la demi-force vive maximum que possède le point ma- tériel est égale au produit de la force f par l'amplitude a. La demi-force vive moyenne, proportionnelle à la tempéra- ture absolue T, est égale à la moitié de la demi-force vive maximum. Si l’on représente cette demi-force vive moyenne par nu? , 1 1x Le travail élémentaire qui correspond à une élévation de température dT se compose de deux parties : 1° l’un est l’accroissement de la demi-force vive moyenne qui résulte de l'élévation de la température ; 20 l’autre provient des mo- difications apportées dans le mouvement vibratoire en sup- posant la température constante. La température restant constante, c’est-à-dire la force vive moyenne gardant la même valeur, l'amplitude de l’oscil- lation peut changer, pourvu que la durée d’oscillation varie dans le même rapport. Si l'amplitude de l'oscillation aug- mente de la quantité da, il en résulte un travail qui a pour expression le produit de la valeur moyenne de la force par l'accroissement d'amplitude fda. Or, en désignant par 2 la durée de l’oscillation, le rapport MD 1 v = t = demeure constant, a Ë da = — di, î : di di et par suite fda = fa — = mo? —. t t Le travail élémentaire dL, relatif au mouvement projeté sur l’une des trois directions rectangulaires, a donc pour ex- pression 1 di dl = d(— mr? ME? —. Le même raisonnement s'applique aux mouvements pro- jetés sur les deux autres directions rectangulaires, de sorte que le travail élémentaire relatif au mouvement d'un point matériel sera représenté par une expression de même forme, dans laquelle v désignera alors, non plus la vitesse du mou- vement projeté, mais la vitesse du mouvement que possède le point matériel lui-même. En faisant la somme de toutes les quantités analogues pour tous les points qui constituent le système matériel, on retrouve l'expression donnée par M. Clausius pour le travail relatif à une transformation élé- mentaire. Si l’on représente par M le poids du corps, par À sa cha- leur spécifique absolue, par E l'équivalent mécanique de la chaleur, ; RU 5 (me )= MATE et alors le travail élémentaire peut se mettre sous la forme dL = MAE (at +97 ; Si l’on admet que la chaleur consiste en un mouvement vibratoire, on peut alors préciser la nature de certains phé- nomènes. 4° Pour qu'il n’y ait pas de travail intérieur lorsqu'on échauffe un corps sous volume constant, comme cela a lieu sensiblement pour les gaz permanents, l'amplitude de l'os- cillation doit rester la même ; il y a, au contraire, de la chaleur consommée en travail intérieur sous volume constant lorsque l'amplitude des oscillations augmente avec la tempé- rature. 2 J'ai montré dans un précédent travail que l’on peut rendre compte de la loi de Dulong et Petit dans le cas des corps solides, en supposant que dans les corps solides, aux basses températures, les forces moléculaires n’éprouvent que des variations insensibles : alors la chaleur spécifique vulgaire du corps solide est égale au triple de la chaleur spécifique absolue. Si l’on exprime cette dernière condition, dL—92MAEAT, on retrouve aisément que la force moyenne f doit conserver une valeur constante, indépendante de la tem- pérature. 3° Lorsqu'une transformation s'opère à température cons- tante, comme dans les changements d'état, on arrive aisé- ment à l’expression suivante de la quantité de chaleur Q né- cessaire pour effectuer la transformation. En désignant par fo et f les forces moyennes avant et après la transformation, Q — 2MAT log. nép. (2) Lorsque les forces moléculaires diminuent d'intensité pen- dant la transformation, le corps doit nécessairement recevoir de la chaleur ; c’est le cas de la fusion ou de la vaporisation. Au contraire, si les forces moléculaires diminuent pendant la transformation, il ya dégagement de chaleur. La quantité de chaleur nécessaire pour effectuer une transformation quel- conque à une même température se trouve ainsi liée d'une moe intime aux variations qu'éprouvent les forces molé- culaires. Séance du 23 janvier 1875. Sur les appendices wébériens du Castor, par M. J. Caarmin. Le petit sac membraneux (utricule prostatique) qui existe chez l’homme à la partie supérieure de l’urèthre où il s'ouvre au sommet du verumontanum, n’est, comme on le sait, que le témoin rudimentaire d'organes beaucoup plus développés chez un certain nombre de Mammifères où ils constituent deux longs appendices pairs et symétriques désignés sous les noms de vésicules wébériennes, d’appendices wébériens ou d’utérus mâles, depuis que E. H. Weber les a considérés comme les analogues de l'utérus (1). Parmi les types qui présentent de semblables vésicules il convient de citer le Castor chez lequel elles offrent des dimen- sions réellement considérables, aussi en a-t-on depuis long- temps déjà, indiqué la présence dans ce genre. Mais les ana- tomistes qui les ont mentionnées se sont attachés à en décrire l’ensemble plutôt qu'ils ne se sont appliqués à étudier les détails de leur constitution, et c'est ainsi que l'extrémité infé- férieure ou uréthrale de ces tubes a été indiquée de la ma- nière la plus précise par tous les auteurs, tandis qu'ils ont généralement négligé la partie supérieure des appendices ; souvent même, ils se sont abstenus de la représenter ou n'ont pas cru devoir la séparer du canal déférent correspondant auquel elle se trouve accolée pendant la majeure partie de son parcours. MM. H. et À. Milne-Edwards ayant bien voulu mettre ré- cemment à ma disposition un Castor du Rhône (C. gallicus), jai pu constater que les appendices wébériens se prolon- geaient bien au-delà du point où l'on a généralement admis qu'ils se terminaient par une large crosse recourbée et mesu- rant de 4 à 5 centimètres de diamètre (2). À cette portion (1) Je ne puis citer ici tous les auteurs qui, directement ou indirecte- ment, ont étudié les appendices wébériens, et je me borne à rappeler les noms d’Albinus, de Morgagni, Kretzschmar, Brandt et Ratteburg, E. H. Weber, Leuckart, Kobelt, J. Van Deen, Betz, Leydig, Wahlgren, Owen, etc. (2) J'ai partagé cette manière de voir dans un précédent travail pour lequel je n'avais pu examiner les organes n situ. 24,40 Rs dilatée succède en réalité un canal fort étroit (4) qui après un trajet rectiligne de 40"" environ, se recourbe presque à angle droit et vient se terminer dans le voisinage immédiat du testicule en se pelotonnant sur lui-même. Cette disposition modifie donc très-notablemient les carac- tères assignés jusqu'à présent aux appendices wébériens du Castor et eût mérité, à ce seul point de vue, d’être signalée. Une autre considération m’a déterminé à la faire connaître : j'ai rappelé, au début de cette note, les vues ingénieuses de Weber tendant à faire considérer ces vésicules comme les analogues de l'utérus; j’ajouterai que, selon des zoologistes éminents, il faudrait également y voir les représentants des oviductes ou des trompes de Fallope (2). Or, en jetant les yeux sur le dessin que je présente à la Société, on ne peut s'empêcher de reconnaître, dans ce mode de terminaison des appendices venant se mettre en contiguité avec la glande sexuelle, un nouvel et sérieux argument en faveur de la doc- trine wébérienne et de ses partisans. Sur le système nerveux du Calmar, par M. A. Pérarp. Je viens entretenir la Société d’une particularité assez im- portante dans la disposition du système nerveux du Calmar commun. Je veux parler de la présence de deux ganglions étoilés supplémentaires, situés à la partie supérieure des na- geoires, entre les deux lames de ces organes, et qui n'ont pas encore été signalés. Si nous parlons de l’un des deux grands nerfs palléaux, à l'endroit, où il traverse le manteau, nous le voyons se bifurquer ; une des branches aboutit au ganglion étoilé qui se trouve à la partie supérieure du manteau, l’autre branche (interne) constitue le nerf de la nageoire. Cette der- nière est réunie, par deux anastomoses distantes l’une de autre, au nerf postérieur principal qui part du ganglion étoilé. Ce dernier nerf accompagne le nerf de la nageoire qui constitue le point important de cette communication. Il suit d’abord le manteau, puis arrivé à l’endroit qui correspond intérieurement à l'insertion supérieure externe des nageoires, (1) Le diamètre de ce canal mesure 1 millimètre. (2) De penitiori auris in Amphibiis structurd. Lipsiæ, 1831. il traverse le manteau, arrive à la face interne de la nageoire qu'il suit sur un espace de quelques centimètres, pour abou- tir à un ganglion étoilé plus gros que le ganglion étoilé supé- rieur du manteau. De ce ganglion étoilé de la nageoire partent, en rayonnant, 12 ou 14 nerfs qui se rendent à la lame natatoire ; l'un d'eux, ne j'ai suivi, se prolonge jusqu'à la partie inférieure de cette ame. Sur la soi-disant fenétre ronde des Chéloniens, par M. ALrx. Les auteurs les plus récents admettent sans discussion l'existence de la fenêtre ronde chez les Chéloniens. Ils suivent en cela l’opinion soutenue par Windischmann contraire- ment à celle des anatomistes qui l'ont précédé. Cependant il est impossible de nier que l'orifice auquel Windischmann donne le nom de fenêtre ronde est réellement, comme l'ont pensé Bojanus et Huschke, l’ouverture externe du trou dé- chiré postérieur par où passe le nerf pneumogastrique. Le nerf glosso-pharyngien, comme l’a très-bien vu Bojanus, pénètre dans la cavité du rocher et s’en échappe par un canal creusé dans le pilier postérieur de la fenêtre ovale. Windisch- mann désigne à tort le pneumo-gastrique sous le nom de facial et se trompe également en cherchant à voir dans le nerf glosso-pharyngien l’aualogue de la corde du tympan. Le trou déchiré postérieur est pour lui la loge du limaçon. Bojanus avait décrit dans cette région une production mem- braniforme traversant un pertuis osseux pour aller se relier au sac du vestibule : membranosa productio vestibuli sacco per foramellum cranii foramen lacerum versus excurrens, vasa vehens venosa. Windischmann à trouvé que c'était un sac membraneux dont la cavité communique par un col étroit avec celle du vestibule, et a cru pouvoir affirmer que ce sac était le limaçon. Même en admettant cette opinion, d’où il résulterait que le limaçon ferait en quelque sorte hernie hors de la cavité du rocher, ce ne serait pas une raison pour assimiler à la fenêtre ronde l’oritice du trou déchiré postérieur. PA (oies D'autre part on peut se demander si ce nom peut être ap- pliqué au pertuis par où passe le pédicule du sac membra- neux. On peut répondre que ce pertuis donne passage non- seulement au collet du sac, mais à des vaisseaux, et aussi, comme je lai constaté, à un filet nerveux anastomotique reliant le pneumo-gastrique au glosso-pharyngien. On peut conclure de cette discussion que l'existence d’une fenêtre ronde chez les Chéloniens n’est pas encore démontrée et que ce sujet a besoin d’être éclairé par de nouvelles re- cherches. Séance du 27 février 1875. Sur la chaleur spécifique absolue, par M. J. Mourier. M. Clausius a introduit dans la thermo-dynamique la no- tion de la chaleur spécifique absolue, c’est-à-dire indépen- dante de l’état physique des corps. Cet élément joue un rôle important dans la théorie de la chaleur; plusieurs physi- ciens, MM. Clausius et Hirn, en particulier, pensent en effet, que la loi de Dulong et Petit doit être appliquée, non pas à la chaleur spécifique vulgaire, mais bien à la chaleur spéci- fique absolue. Comme l'usage de la chaleur spécifique abso- lue n’est pas encore très-répandu, il ne semblera peut-être pas inutile de présenter quelques considérations à ce sujet. Lorsqu'on chauffe un corps en général, on observe une élévation de température et un changement de volume. A ce changement de volume correspondent un travail extérieur et un travail intérieur qui consomment une partie de la chaleur fournie au corps ; à l'élévation de température correspond un accroissement de la chaleur réellement existante à l’intérieur du corps ou un accroissement de la force vive du mouvement qui constitue la chaleur. Si l’on désigne par dg l’accroisse- ment de la chaleur réellement existante à l'intérieur du corps pour une élévation de température dé, et si l'on pe dg=kdt, k, est la chaleur spécifique absolue du corps à la tempéra- ture é, Lorsqu'un corps éprouve une transformation telle que la température reste constante, on supposera, d'après ce que Fe j'a l’on vient de dire, que la chaleur réellement existante à l'in- térieur du corps demeure invariable ; en d’autres termes, on supposera que la chaleur réellement existante dépende uni- quement de la température. En général, il n’est pas possible de vérifier l'exactitude de cette proposition, parce qu'on ne peut évaluer à priori la chaleur consommée en travail inté- rieur ; il est toutefois un cas, celui d’un gaz parfait, où, par par suite de l’absence du travail intérieur, il est possible de reconnaître que la proposition est bien d'accord avec l'expé- rienice. Lorsqu'un corps éprouve une transformation sans varia- tion de chaleur, une portion de la chaleur réellement exis- tante à l’intérieur du corps étant, en général, consommée en travail externe et interne, la température varie. Mais dans le cas particulier d’un gaz parfait qui se détend sans variation de chaleur et sans effectuer de travail extérieur, le travail intérieur est nul, la quantité de chaleur réellement existante dans le corps doit demeurer constante et, par suite, la tem- pérature doit rester invariable. Ce résultat est confirmé par l’expérience. M. Clausius avait déjà formulé la proposition précédente à la suite d’autres considérations ; en partant de ce point, on peut connaître que la chaleur spécifique absolue est indépen- dante de l’état physique des corps, de leur densité et de la température. 4° Considérons un corps qui puisse se présenter à la même température # sous deux états distincts À et B. Supposons la série suivante d'opérations : on porte le corps À à la tem- pérature é + dé, on opère le changement d'état à cette tempé- rature, on refroidit le corps sous le nouvel état B de manière à le ramener à la température initiale, on opère ce change- ment d'état à cette température. Dans la seconde et dans la quatrième opération, la chaleur réellement existante ne change pas, dans la première elle s’accroit de dt, dans la troisième elle diminue de k'dt. Le cycle est fermé, la chaleur existante est restée la même, k— k!; la chaleur spécifique absolue à la température é est donc indépendante de l’état physique du corps. î 2 Considérons un corps à la température £ : on élève la température sous pression constante de # à £ + dé, on lecom- prime à la nouvelle température, on le refroidit sous la nou- velle pression de manière à ramener le corps à la tempéra- ture initiale é, on ramène la pression à la valeur primitive à la température t. Dans la première opération, la chaleur “7 re réellement existante s'accroît de kdé, dans la troisième opé- ration elle diminue de k’dt; dans les deux autres opérations elle ne varie pas. Le cyele est fermé, la chaleur existante est restée la même, k—%/; la chaleur spécifique absolue à la température £ est donc indépendante de la pression supportée par le corps ou de sa densité. Considérons un corps à la température # : on diminue la pression de manière à amener le corps à l’état de gaz parfait, on enlève la température du gaz parfait de # à é + dé, on com- prime le gaz parfait à la température é+4-dé de manière à ra- mener le corps à l’état physique primitif, puis on le refroidit sous ce nouvel état de manière à le ramener à la tempéra- ture initiale. Dans la seconde opération, la chaleur réelle- ment existante s'accroît de Adé, dans la quatrième elle diminue de k'dt ; elle ne change pas dans les deux autres opérations. Le cycle est fermé, la chaleur existante est restée la même, k — k/. Ainsi la chaleur spécifique absolue Z’ d'un corps à la température £ est égale à la chaleur spécifique absolue Z de ce même corps à l'état de gaz parfait à la même température; mais alors k est la chaleur spécifique sous volume constant du gaz parfait, elle est indépendante de la température, par suite Z' ne dépend pas de la température. La loi de Dulong et Petit s'applique aux chaleurs spéci- fiques sous volume constant des gaz parfaits ; elle s'applique donc aux chaleurs spécifiques absolues. Cette loi embrasse à la fois les corps simples au point de vue chimique et les corps composés. Considérons un corps composé à une certaine température sous un état quelconque : l'accroissement de la chaleur réel- lement existante à l'intérieur du corps pour une élévation de température d’un degré est mk, en appelant » le poids du corps composé, À sa chaleur spécifique absolue. Supposons que le corps se dissocie à la température considérée sous une pression convenable et se résolve en ses éléments chimiques à l’état de simple mélange : appelons »#/, m!',... les poids de ces éléments ; 4’, k',... leurs chaleurs spécifiques absolues. L’accroissement de la chaleur réellement existante dans le mélange, pour une élévation de température d’un degré, est m'k! + m'k! +... Mais, d'après les raisonnements qui pré- cèdent, la chaleur réellement existante s'accroît de la même quantité dans les deux cas, mk= nk! + m'Rk!! +... On retrouve ainsi les diverses propositions énoncées pour la première fois par M. Clausius. 9 OA Poe En général, si l'on représente par g et go les quantités de chaleur réellement existante dans l’unité de poids d’un corps à deux températures é et &, par k la chaleur spécifique abso- lue du corps, 4 — Go =RA(E— to): Si l’on regarde la chaleur comme un mouvement intérieur, et si l’on suppose que # soit la température à laquelle la force vive de ce mouvement devient nulle, qg=R (t— to). I y a lieu de rechercher à quelle température de notre échelle centigrade correspond la température &. Or, si l’on désigne par p la pression exercée par un gaz parfait à la tem- pérature € sous le volume v, on sait que pv 273 +t À la température # la pression devient nulle en même temps que le mouvement calorifique s'éteint, par conséquent to = — 273. La température comptée à partir de 273 degrés centigrades au-dessous de la glace fondante est la tempéra- ture absolue. == constante. Sur quelques oiseaux de Chine, par M. l'abbé Davin. M. Oustalet lit la note suivante : M. l’abbé A. David, qui est de retour en France depuis quelques mois et qui a rapporté de nouvelles richesses orni- thologiques pour nos collections, me charge de présenter le diagnose de trois espèces nouvelles qu'il a découvertes dans son dernier voyage : 1° MiCROHIERAX CHINENSIS, À. Dav. Æieraci melanoleuco si- millimus ; differt ab illo maculä albà dorsis superioris atque lateribus nigris. Dimensions : longueur totale 0%,149 ; longueur de l'aile étendue 0,45 ; longueur de la queue 0,07. Couleurs : iris chatain-roux. Bec noir. bleuâtre à la base, paltes et ongles noirs. Plumage : Tout le dessus du corps est d’un noir à reflets verts avec une tache blanche au haut du dos; la région pa- rotique et celle des veux est noire aussi, ainsi que les plumes 1} 00e des flancs. Le front, les sourcils, joues, cuisses, sous-cau- dales et tout le dessous d’un blanc soyeux, avec une légère teinte jaunâtre à l'abdomen. Queue noire, traversée de sept raies blanches visibles en dessous ; ailes avec neuf raies blau- ches, visibles également sur la face interne. Trois sujets mâles tués au Kiangi en décembre 1873, ne diffèrent l’un de l’autre qu’en ce que l’on a 18 centimètres de longueur totale, au lieu de 49. 20 PnogpyGa ? HaLsuert, À. Dav. — Afinis Pn. troglody- toïde, capite, collo, dorso, uropygio, pectore, abdomine, late- ribusque olivaceis, cum omnibus plumis albo et nigro termi- natis, gulà albà, ab utrâque parte ad aures rufescente. Dimensions : longueur totale 0%,195 ; longueur de l'aile étendue 0,065 ; longueur de la queue 0,05. Couleurs : Bec brunâtre, avec la base couleur de chair. lris rouge. Pattes et ongles blanchâtres. Piumage : Toutes les parties supérieures et inférieures olive, chaque plume étant terminé de blanc et de noir; les taches blanches et noires sont plus larges en bas qu’en haut. Gorge blanche avec du roux sur les côtés. Lores et plumes auriculaires d’un olive gris sans taches. Rectrices et rémiges d’un olive plus roux avec des bandes noires transversales ; les pennes et les grandes couvertures alaires sont aussi ter- minées de blanc et de noir. Mâle tué au Chensi, en décembre 1873. Nota : Cette espèce qui a 10 rectrices, n'appartient peut- être pas au genre Pnoëpiga qui est caractérisé par 6 pennes à la queue, et pourra devenir le type d'un genre nouveau. 30 POMATORHINUS SWINHOEL, À. Dav. — Affinis Pom. ery- throcnemidi et Pom. gravivoci. Differt ab utroque plumis pec- toris laterumque omnino cinereis, fasci& mystacali vix notatà, colore dorsi rufo vividiosti. Dimensions : Longueur totale 0,25 ; longueur de l'aile ouverte 0",13 ; longueur de la queue 0,10. Couleurs : Bec noirâtre, avec la mandibule inférieure cor- née. Pattes brunes, ongles grisâtres terminés de brun. Iris jaune-pâle. - Plumage : Front, haut du dos, oreilles et sous-caudales d'un roux-rouge. Plumes de l’uropygium, des côtés du cou et de la tête olivâtres, ainsi que les extrémités de celles des flancs ; haut de la tête un peu marqué d'olive-brunâtre. Les plumes latérales d'un cendré pur, avec le milieu du ventre Su (le plus pâle. Gorge blanche, avec des taches noires allongées. Pas de moustaches bien marquées, comme il y en a dans les deux autres espèces. Fokien occidental. Sur la glande commissurale de la Taupe, par M. J. CHarin. On constate chez la Taupe (Talpa europea), au point où les lèvres se réunissent pour former leur commissure, la pré- sence d'une petite masse glanduleuse, sous-cutanée, occupant une étendue de quelques millimètres et présentant les carac- tères histologiques suivants : elle est formée de culs de sac larges de 0%",04 en moyenne ; ces culs de sac, limités par une fine membrane propre, sont tapissés par des cellules épithé- liales mesurant 0,006, se rapportant au type polyédrique et dans lesquelles on observe fréquemment des gouttelettes graisseuses. La trame de la glande est constituée par des fibres lamineuses et des fibres élastiques. Cet amas glanduleux s'ouvre généralement au dehors par un seul canal secréteur, cependant je lui ai parfois trouvé deux orifices ; il suffit de presser, même légèrement, sur la région commissurale pour voir sortir par ces ouvertures, une matière pultrée, blanchâtre et composée de graisse, de débris épithéliaux et de granulations diverses ainsi qu'on peut le constater aisément par l'examen microscopique. Les caractères fournis par l'étude de cet organe et de son produit obligent donc à le rapprocher des glandes sébacées, en même temps qu'ils permettent de se rendre aisément compte de sa formation. Lorsqu'on étudie la structure de la région labiale chez la Taupe, on est effectivement frappé du grand nombre de glandes sébacées qu'on y rencontre : non- seulement les follicules pileux possèdent d'énormes culs-de- sac secréteurs, mais on trouve également en ce point plu- sieurs glandes sébacées s’ouvrant à la surface de la peau, sans livrer passage à aucun poil et composées de nombreux lobules ; qu'une d’entre elles vienne à acquérir des propor- tions encore plus considérables et la glande commissurale se trouvera constituée. Sous le rapport de l'anatomie comparée, cet organe me semble présenter aussi un certain intérêt. On sait, en effet, MoN qu'il existe chez plusieurs Cheiroptères des glandes faciales situées au voisinage des lèvres et se rapportant, par la struc- ture, au type des glandes sébacées ; ces organes, dont j'ai autrefois entretenu la Société, se retrouvent donc, avec les mêmes caractères et presque exactement dans la même situation chez la Taupe ; ainsi se trouve établi un nouveau point de rapprochement entre les deux ordres de Cheirop- tères et des Insectivores, groupes d’ailleurs si voisins l’un de l’autre, lorsque l’on compare leurs principaux caractères et particulièrement ceux que fournit l'étude de leur dentition. Séance du 8 mai 1875. Sur l'expression de la force condensante, par M. J. Mourier. On trouve dans les Traités de Physique une expression de la force condensante que l’on a considérée comme exacte jusqu'à l’époque où M. Riess a publié des recherches dont les résultats ont paru incompatibles avec la formule généra- lement admise. Les expériences de M. Gaugain sont au con- traire favorables à la formule. M. Gaugain a d’ailleurs très-nettement posé la question de la manière suivante : 10 Un corps conducteur A, placé en regard d'un autre conducteur isolé B, est mis en communication avec une source, positive, par exemple, au niveau potentiel V; le corps À se charge d’une quantité d'électricité positive q, le corps B, possède des quantités égales des deux fluides. 90 Le conducteur À reste en communication avec la source ; le conducteur B est mis d’abord en communication avec le sol, puis isolé ; le corps A se charge d’une quantité d’électri- cité positive Q, le corps B se charge d’une quantité d’élec- tricité négative que l’on peut représenter par mQ. 30 Le conducteur B reste isolé avec la charge mQ, on met d’abord le conducteur À en communication avec le sol, puis on l’isole ; le corps À possède une charge positive Q1, que l’on peut représenter par #%/mQ, le niveau potentiel sur A est. ZÉrO. ro Si l’on admet que la charge Q soit la somme des charges 1 q et Q1 , la force condensante est alors o = ———— : g A1—mm Toute la question se réduit donc à savoir, comme le re- marque M. Gaugain, si la relation Q — q + Qi est exacte. « Cette relation, dit M. Gaugain, ne me paraît pas avoir le caractère d’évidence qui lui est généralement attribué ; il me semble même assez difficile de reconnaître par le seul raison- nement si elle est ou non rigoureusement exacte, et j'ai pris en conséquence le parti de la vérifier par des expériences directes. » Dans ces expériences, exécutées sur des carreaux fulminants de forme et de dimensions très-variées, la relation a d’ailleuzs été toujours satisfaite. Pour démontrer la relation précédente, il suffit d'établir le dilemme suivant : Soient deux corps électrisés A et B en présence, a et b les charges en équilibre sur les deux conducteurs, V Ia fonction potentielle sur le premier. Supposons que la charge D reste constante, que la fonction potentielle V reste constante sur À, la charge électrique de ce conducteur A doit rester égale- ment constante. Admettons, en effet, qu'il existe un second état d'équilibre, tel que le corps À puisse posséder une charge a/ différente de la première a. Concevons le premier état d'équilibre ; chan- geons les signes des électricités de À et de B en conservant la même distribution électrique, nous aurons un troisième état d'équilibre auquel correspond sur A une valeur — V de la fonction potentielle. Superposons le troisième état d'équi- libre au second, nous aurons alors un nouvel état d'équilibre ainsi caractérisé : le corps À possède une charge a/—a, la fonction potentielle est nulle sur ce corps, le corps B possède des quantités égales des deux fluides. La fonction potentielle étant nulle sur À, l'équilibre subsistera en mettant ce con- ducteur en communication avec le sol; alors B se trouve dans le cas d’un conducteur soumis à l'influence exercée par le corps À en communication avec le sol; alors B se trouve dans le cas d’un conducteur soumis à l'influence exercée par le corps À en communication avec le sol, l'équilibre n’est possible qu’autant que le corps À est à l'état neutre, c'est-à- dire que les quantités d'électricité a! et a sont égales. Pour faire l'application de cette proposition, revenons aux expériences indiquées précédemment, Superposons les deux états d'équilibre qui correspondent à la première et à la troi- — 23 — sième expérience, nous aurons un corps À possédant une charge q + Q 1, au niveau potentiel Vet un corps B possédant la charge mQ. Mais dans la seconde expérience, la charge du corps B est mQ, le niveau potentiel sur A est V, la charge de ce conducteur est Q ; d’après la proposition précédente, cette charge Q est égale à 9 + Q1. L'ancienne expression de la force condensante est donc exacte ; on peut d'ailleurs la vérifier aisément dans le cas simple d’un condensateur sphérique. Si l’on conserve les notations précédentes, si l’on prend pour conducteur À la sphère intérieure, le coefficient m a pour valeur l'unité, le coefficient m/ est égal au rapport du rayon de la sphère intérieure au rayon intérieur de l’enve- loppe sphérique et la formule de la force condensante a pour expression le rapport de ce dernier rayon au premier ; on retrouve ainsi une expression connue. Au contraire, si l’on prend pour conducteur À l'enveloppe sphérique extérieure, le coefficient m/ devient égal à l'unité, le coefficient » est égal au rapport du rayon de la sphère intérieure au rayon inté- rieur de l’enveloppe sphérique, l'expression de la force con- densante conserve la même valeur, comme il est aisé de le vérifier directement. Comme le remarque fort justement M. Gaugain, l'égalité des deux coefficients m etm” suppose implicitement une con- dition de symétrie relative aux deux conducteurs ; cette con- dition peut être réalisée dans le cas des condensateurs plans, mais ne l’est certainement pas en général, et, en particulier, dans le cas du condensateur formé par deux sphères concen- triques. Sur les feuillets du blastoderme chez les Poissons osseux, par M. G. Moouin-Tanpon. M. G. Moquin-Tandon, à l’occasion de publications récen- tes qui tendent à remettre en honneur l’ancienne théorie de Lereboullet sur le développement des feuillets du blastoderme chez les Poissons osseux, a communiqué les résulats des re- cherches qu’il a entreprises, il y a deux ans, sur la Truite commune, résultats qui confirment, d’une manière générale, ceux auxquels sont arrivés de leur côté, MM. Stricker, Rie- neck, Rosenberg, Oellacher. Ïl constate d’abord que le germe ne se divise pas en deux par la production dans son milieu d’une cavité qui le parta- gerait en deux couches, l’une supérieure, la seule qui se segmenterait, l’autre inférieure où se produiraient plus tard des cellules uniquement par voie endogène. Quand la cicatricule a atteint le dernier terme de la segmen- tation proprement dite, en ce sens que les cellules ont cessé de diminuer de taille, et que celles qui continuent à se pro- duire conservent la même grosseur que celles déjà préexis- tantes, on voit se former excentriquement la cavité de segmentation. En même temps, les éléments de la masse ger- minale, jusque-là plus ou moins sphériques ou polyédriques par pression se différencient à la périphérie et constituent une couche parfaitement régulière de cellules cubiques dis- posées sur un rang qui, plus tard, en s’applatissant, présen- tent sur la coupe un aspect fusiforme. Cette couche est celle que l’on appelle la couche cornée, d’où dériveront l’épiderme et ses dépendances. C’est ici la première différenciation que l’on aperçoive. Plus tard, dans la partie caudale de l’em- bryon, vers le 48% jour après la ponte, on voit, sur une coupe faite perpendiculairement à l'axe, les cellules du mi- lieu se ranger concentriquement autour d’une ou deux cel- luies centrales et constituer ainsi l’ébauche de la corde dor- sale. À mesure que le développement avance, les éléments situés au-dessus et de chaque côté de la corde prennent une forme cylindrique de plus en plus accusée, et se distinguent nettement de la couche inférieure des cellules encore non modifiées. Cette individualisation s’accentue de plus en plus en s'étendant en avant et en arrière, et il se forme de la sorte une couche d'épaisseur variable, suivant le point où on l'examine ; c’est la couche nerveuse qui, réunie à la couche cornée, constitue le feuillet externe ou sensoriel de Remak. Plus tard enfin, vers le 24me jour, le germe s'enfonce sur Ja ligne médiane dans la masse du vitellus nutritif et y forme comme une sorte de carène correspondant à la dépression de la gouttière dorsale ; en même temps les cellules les plus inférieures, situées au-dessous de la corde dorsale, se différen- cient à leur tour, s'organisent en une couche bien mette, plus épaisse vers le centre, et qui, sur les bords, s’amineit et devient unicellulaire ; c’est là le feuillet interne ou trophique. Quant à la masse de cellules située entre ce dernier feuillet et le feuillet sensoriel, et dont les éléments ont conservé en- core l'aspect qu'ils avaient à la fin de la segmentation, ex- cepté au centre où ils constituent la corde dorsale, elle n’est TONDS. me autre que le feuillet moyen ou germino-locomoteur aux dépens duquel se développeront les tissus vasculaire, osseux, mus- culaire, etc. En résumé, et en procédant chronologiquement, la couche cornée s’individualise la première en couche distincte ; quand la corde dorsale est déjà dessinée, la couche nerveuse qui, avec la couche précédente forme le feuillet sensoriel, se con- stitue à son tour. Le reste de la masse germinale représente les deux feuillets germino-lacomoteur et trophique qui ne se différencient que vers le vingt-quatrième jour environ, au moment où l'embryon se courbe sur la ligne médiane pour former une carène qui s'enfonce dans le vitellus nutritif. Sur un Accipitre d'espèce nouvelle, par M. E. OusrTaLeT. En faisant un rangement nouveau des Accipitres du Musée de Paris, j’ai trouvé, confondu avec des Accipiter Francesii de Madagascar, un oiseau qui n'appartient évidemment pas à la même espèce et qui provient d’une localité toute différente, puisqu'il a été rapporté des îles Mariannes par l'expédition de l'Asérolabe, en 1829. J’essayai vainement de rapprocher ee spécimen des autres types que j'avais sous les yeux, et de le rapporter aux descriptions publiées dans ces derniers temps en France et en Angleterre, mais comme notre collec- tion d'Oiseaux de proie, quelque riche qu'elle soit, ne pos- sède pas encore de spécimens des deux ou trois espèces qui ont été découvertes récemment dans l'Océanie par M. R. Wal- lace et par M. Brenchley, j'hésitais encore à considérer l'oi- seau dont je parle comme entièrement nouveau pour la science. Mais M. Sharpe, qui est chargé du département ornithologique au Musée britannique et qui a eu l’occasion d'étudier les types décrits par M. Gray ou par M. Wallace, a levé mes doutes à cet égard, dans un voyage qu'il vient de faire à Paris, aussi je me permets de lui dédier cette nouvelle espèce d'Oiseaux de proie que je proposerai d'appeler Aséur Sharpei et que je vais essayer de caractériser en quelques lignes. L Toutes les parties supérieures, la tête, le dos, les ailes et le dessus de la queue sont d’un brun-noirâtre très-foncé, à re- flets lustrés ; mais on remarque sur la nuque un collier mal D yet dessiné d’un brun rougeâtre, et quelques plumes de la région scapulaire, ainsi que les pennes secondaires, sont frangées d'une couleur terre-de-Sienne brülée ; les couvertures infé- rieures des ailes et de la queue sont d'un blanc pur; le dessous des rectrices et des rémiges est d’un gris nuancé de jaunâtre, et quelques-unes de ces pennes, les extérieures surtout, sont marquées, sur leurs barbes internes, de raies transversales brunes. I est probable que dans le jeune oiseau ces raies transversales sont beaucoup plus nombreuses et plus mar- quées, et que le fond de la plume est d’une teinte plus claire, puisque dans le spécimen que je décris, on voit encore deux rectrices d’un brun pâle ornées de plusieurs bandes trans- versales très-nettes. La gorge, la poitrine et l'abdomen sont d’un blanc légèrement jaunâtre, et on aperçoit çà et là sur les côtés du cou des vestiges de vermiculations grises et sur le milieu de l'abdomen et les cuisses quelques chevrons rous- sâtres. La couleur de la cire a disparu, et celle du bec et des pattes doit être sensiblement altérée : la mandibule supé- rieure est maintenant complétement noire et la mandibule inférieure moitié noire et moitié d’un brun corné, les tarses sont d'un jaune d’ocre terne et les ongles noirs. La longueur totale de l'oiseau, d’un bout du bec à l'extrémité de la queue, est de 0,35, celle du bec en dessus, le long de la carène su- périeure de 0%,023 ; et à partir du bord antérieur de la cire, de 0,02 ; le tarse mesure 0,058, le doigt médian, 0,"032, et le doigt postérieur 0%,017. En comparant les dimensions du tarse et de la carène su- périeure du bec, il est évident que l'oiseau que je décris doit être rangé dans le genre Astur et non dans le genre Accipi- ter (1). L'espèce qui s’en rapproche le plus est l’Aséur albo- gularis (Accipiter albogularis, Gray), espèce découverte par le Commodore Brenchley à l’île San-Cristoval, dans le groupe des îles Salomon, et décrite et figurée par M. Gray dans les Annals of natural History (2) et dans la partie ornitholo- gique du voyage de Curaçoa (3) ; mais on peut lui comparer aussi l’Épervier océanien d'Hombron et Jacquinot (4) ou Accipiter rufitorques, Peale (5), qui se rencontre aux îles Vité; enfin, il faut peut-être rattacher au même groupe l’Aséur (1) Voyez à ce sujet les observations de M. Sharpe dans le Catalogue des Accipites du Musée britannique, 1874. (2) T. V. p. 327 (1870). (3) Cruise of the Curacoa, p. 354, pl. 1. (4) Voyage au pôle Sud, Atlas, pl. 2, fig. 2. (5) Un St. Expl., p. 68 et pl. 19. QT EE haplochrous de la Nouvelle-Calédonie, quoique ce dernier ait, à l’âge adulte, la gorge complétement grise. Séance du 22 mai 1875. Sur une espèce nouvelle du genre GHEILODIPTERUS, par M. Léon VAiLLanr. Le genre Cheilodipterus, Lacép. (char. ref.), est, on le sait, très-voisin des Apogons dont il diffère par la présence de dents canines, bien visibles au milieu des dents en velours, et d'un opercule sans épine ; ce dernier caractère n’a pas, toute- fois, une valeur absolue, plusieurs espèces d'Apogons, comme j'ai pu m'en assurer sur les exemplaires de la collection du Muséum, présentant un operculaire obtus ou très-peu sinueux. _ Un petit nombre d'espèces composent jusqu'ici ce groupe. Cuvier et Valenciennes en comptent trois; deux d’entre elles les Ch. lineatus, Forsk et Ch. octovittatus, G. V. ne sont même peut-être que,des âges différents d'un type unique. Les Ch. apogonoïdes, Blkr et Ch. amblyuropterus, Blkr, cités dans le grand catalogue de M. Günther, doivent, suivant les rectifications faites par M. Bleeker dans sa révision des Apogonini (4), être placés l’un dans le genre Apogon, l'autre avec les Pseudamia; par contre, ce même ichthyologiste décrit, dans ce même travail, d’après M. de Castelnau, une nouvelle espèce, le Ch. singapurensis, ce qui porterait à trois ou quatre le nombre des types compris actuellement dans ce genre. La collection du Muséum renferme un exemplaire donné par M. Malavois en 1866 et venant de l'Ile de la Réunion. Ce poisson offre des particularités qui le distingue nettement des espèces connues, tout en présentant les caractères du genre : deux dorsales distinctes, un double rebord préoperculaire, des dents canines, des écailles cténoïdes médiocrement adhé- rentes. La hauteur est, à proportion, un peu plus grande que dans (1) Blecker. — Révision des Apogonini, p. 58 et 81, 1874. go les autres types, mais se trouve surtout exagérée à la vue par l'épaisseur moindre du corps; cette dernière dimension, généralement égale au moins à la moitié de la hauteur, n’est ici que des deux cinquièmes. L'espace interorbitaire est su- périeur au cinquième de la longueur de la tête au lieu d’être inférieur à cette même dimension. La disposition de la bou- che et des dents donne aussi à cet animal un aspect particu- lier. La première se trouve fortement relevée et la mâchoire inférieure dépasse visiblement la supérieure ; cela ne se voit chez aucun autre Cheïlodiptère et rappelle le faciès des véri- tables Apogons. Les canines inférieures sont au nombre de quatre ou cinq de chaque côté, assez régulièrement espacées suivant l’arrangement habituel ; à la mâchoire supérieure, au contraire, on ne trouve que deux paires de dents plus dé- veloppées, et, au lieu d'offrir une disposition correspondant à celle de la mandibule opposée, elles sont réunies en un groupe à l'extrémité antérieure de l’intermaxillaire; en arrière sont des dents en velours, fortement inclinées, rappelant ainsi ce que l’on trouve chez les Serrans du groupe des Epinephelus, toutefois, elles ne paraissent pas mobiles. Le rebord préoper- eulaire intérieur est lisse, le bord proprement dit, légèrement denticulé. L’anus, beaucoup plus reculé que dans les autres Cheilodiptères, touche presque la nageoire anale. Quant aux écailles, elles sont exactement construites sur le type le plus habituel des Apogons. Celles de la ligne latérale ont une perforation simple protégée par une lamelle étroite à bords parallèles, paraissant former en arrière vers l'aire spinigère des canaux ramifiés ; elles ne mesurent pas moins de 0,012 de haut sur 0,007 de long. Le nombre des épines de la première nageoire dorsale est de sept, ce qui obligera de changer un peu la diagnose géné- ralement donnée du genre ; toutes les espèces citées jusqu'ici ne présentaient que six épines. Ce caractère assez important en lui-même, d’après ce que nous savons de l’ensemble des Percoïdes, est intéressant en ce qu’il complète pour ainsi dire le parallélisme entre les Apogons et les Cheilodiptères, ceux- là présentant, suivant les espèces, six ou sept épines à la première dorsale. [ci également cette épine supplémentaire est, on peut dire, surajoutée en avant formant un aiguillon robuste et remarquablement court, l’épine la plus développée étant la troisième, tandis que c’est la seconde dans la com- binaison ordinaire. L'état de conservation de l'individu unique d’après lequel est faite cette description ne permet pas d'indiquer exacte- x 99e ment les couleurs, on distingue vaguement une ligne obscure longitudinale médiane ; la présence d’une bande verticale à l'extrémité du pédoncule caudal ne laisse-t-elle aucun doute. Enfin la première nageoire dorsale était sans doute noire, les autres nageoires impaires sont nuagées de grisâtre, les pec- torales et les ventrales unicolores et pâles. Les dimensions principales de ce poisson, les formules des nageoires et des écailles, sont les suivantes : Poneueuttotales ns ee 0,174 ÉALEUDAS RE ENRANREE MR EN rE te 0,049 ÉDAISS CURE Re dan ra ee à 0,020 Pongueuride labtéte eme 0,050 — de la nageoire caudale.. ... 0,036 — UMUSCAU A RER ET 0,016 Diamètre del œil mr In nn 0,015 ESpaceminterorbitairen tt TRUE 0,011 B. VII+D. VIII, 10; A. II, 8; C. 17<+P. 14; V. I, 5. CAMES PARENTS ROC ARE 3/26/7. La disposition des dents canines et la formule de la pre- mière nageoire dorsale distinguent trop nettement cette es- pèce des autres Cheilodiptères actuellement connus pour qu'il ne soit pas inutile d'établir une comparaison différen- tielle, je proposerai de désigner ce Poisson sous le nom de Cheilodipterus polyacanthus. . Remarquons en passant que la modification indiquée ré- cemment par M. Bleeker (1), quant au nom du genre, n’est guère admissible. Ce savant ichthyologiste a cru devoir chan- ger le nom emprunté par Cuvier à Lacépède en celui de Paramia, se fondant sur ce que, dans l’assemblage hétéro- gène de poissons, dont le dernier de ces auteurs avait formé son genre, Cheilodipterus, le Cheilodipterus heptacanthus, Lacép. (Temnodon saltator, des auteurs modernes), est placé en tête de la série et devrait par conséquent être regardé comme le véritable type. Sans parler des raisons à faire va- loir contre l’idée même de cette modification, et dont la plus importante est que, dans un arrangement réellement naturel d'espèce d'un même genre, les types les plus parfaits doivent normalement se trouver au centre de la série et non aux extrémités, lesquelles, en principe, indiquent les liaisons avec les genres voisins, dès l'instant qu'un auteur a, dans un groupe mal composé, fait le départ des espèces de manière à (1) Bleeker, 1874. Loc. cit., p. 74. D ONE ne laisser place à aucun doute sur la valeur de sa détermina- tion et choisit une d'elles comme devant conserver le nom primitif, celle-ci devient par ce seul fait le type original, qu'il n’est plus permis de ne pas admettre sous peine de voir la nomenclature perdre toute fixité. Sur une espèce du genre Spirura, par M. J. CHari. M. H.-E. Sauvage, aide naturaliste au Muséum, m'a remis récemment un Helminthe recueilli sur la langue d’un Stellion (Stellio vulgaris) et offrant les caractères suivants : le corps long de 8%, est d'un brun rougeâtre, atténué en avant et terminé postérieurement par une pointe mucronée ; la tête munie latéralement de deux petites papilles proéminentes et à base denticulée. Le canal intestinal débute par un œso- phage assez long, fort étroit, sauf dans sa partie terminale, où il se renfle de manière à constituer une petite dilatation olivaire à laquelle fait suite un intestin assez large, de cou- leur brunâtre, aboutissant à un anus sub-terminal. La vulve s'ouvre vers la région moyenne du corps. D’après ces divers caractères, le parasite du Stellion doit prendre place dans le genre Spérura, créé par M. Blanchard et dont les principales dispositions (corps atténué en avant et acuminé en arrière, orifice vulvaire situé vers le milieu du corps, bouche étroite et circonscrite par un rebord, œso- phage allongé) se retrouvent dans le Nématoïde qui vient d'être décrit. Quant aux caractères spécifiques propres au Spirura stellionis, ils sont naturellement fournis par la pré- sence de papilles céphaliques et d’un renflement dans la portion terminale de l’œsophage, renflement qui représente en quelque sorte le ventricule des Spiroptères et établit ainsi le passage entre ces derniers et les Oxyures dont les Spirures sont très-voisins. = AREA AU TABLE DES MATIÈRES. C2 Pausse. ... -— Sur l'abassement et l'exhaussement naturel des er : (TA MAR ALI EU RS RCE ae AIX. — Sur les organes locomoteurs des oiseaux au point de vue de la classification . ......... D. Gernez. — Sur les analogies que présentent le dégagement des gaz de leurs solutions sursaturées et la décomposition de certains corps explosifs. J. M outier. — Sur l'expression du travail relatif & une trans - formation élémentaire ............. RS J. Chatin. — Sur les appendices wébériens du Castor ...... Pérard. — Sur le système nerveux du Calmar.......... AUX. — Sur la soi-disant fenêtre ronde des Chélontens.. J. Moutier, — Sur la chaleur spécifique absoiue. . . ......... A. David. — Sur quelques oiseaux de Ghine.......... JEU J, Chatin. — Sur la glande commissurale de la Taupe... dJ. Moutier. — Sur l'expression de la force condensante. . .... G. Moquin-Tandon. — Sur les feuillets du blastoderme chez les POISSONS DSSE MITA SU ee DÉC EAOEER E. Oustalet. — Sur un Accipitre d'espèce nouvelle. . ..:..... L. Vaillant. e Cheilodipterus. J. Chatin. — Sur une espèce du genre Spirura ........... Meulan, imp. de À. Masson, “ » "0 PO EEs Sur la composition du jaborandi, par M. E. Hardy. Le nom de 7aborand a été donné à diverses plantes. Un de ces jaborandi introduit récemment en France par M. le D' Coutinho, fut reconnu par M. Baillon, puis par M. Plan- chon, comme une espèce particulière, le Pilocarpus pinnatus. L'infusion des feuilles, des tiges, possède des propriétés physiologiques très-accusées, qui ont provoqué aussitôt de nombreux essais thérapeutiques. Nous pûmes, M. le Dr Bail et moi, reconnaître aussi quelques-uns des effets de cette substance (Soc. de Biologie, 7 nov. 1874) et nous insistâämes particulièrement sur la diminution d’urée qui survient dans l'urine après l’administration d'une infusion de 4 grammes de feuilles de jaborandi, et sur son augmentation dans la sueur, faits qui ont été confirmés par les expérimentateurs qui nous ont suivis. Mais jusqu’à ce jour on s’est peu préoccupé de chercher à quels éléments cette plante doit son action particulière. Grâce à l’obligeance de M. Coutinho, qui m'a remis une cer- taine quantité de feuilles et de tiges, j'ai pu en extraire di- verses substances. Le jaborandi à une composition complexe ; il fournit une essence, ou alcaloïde particulier, qui, d’après la nomenclature ordinaire, doit porter le nom de pilocarpine, et peut être un deuxième alcaloïde différent du premier; mais je n'ai pas suffisamment encore étudié cette der- nière substance pour lui donner un nom. La méthode que j’ai suivie pour extraire la pilocarpine m'a été suggérée par les résultats d’une expérience physiolo- gique. Lorsqu'on injecte une infusion de jaborandi dans les veines d’un Chien, on voit s’écouler une grande quantité de salive qu'on peut recueillir en introduisant une sonde dans les conduits de Warthon. En injectant sous la peau de l’a- nimal mis en expérience une solution d'atropine, M. Carville a montré que la sécrétion salivaire s'arrête immédiate- ment. On sait, d'autre part, par les expériences de Schmiedeberg, que la muscarine, injectée sous la peau d’un animal, arrête EXTRAIT DE L'INSTITUT 3 Lu 0e LU rapidement les mouvements du cœur et que l'injection d'a- tropine sous la peau les fait reparaître de nouveau. Cette analogie des propriétés physiologiques m'a porté à appliquer au jaborandi le procédé qui a servi à Schmiedeberg pour isoler la muscarine. Je n'ai toutefois suivi cette mé- -thode que dans la première partie du traitement. Dans la seconde je me suis servi d’une réaction propre à la pilocar- pine qui m'a permis de l’isoler complétement des substances qui l’accompagnent, et qui est fondée sur la propriété qu’elle possède de s'unir aux sels de mercure en formant avec eux des. combinaisons insolubles. Les différents principes du jaborandi s’obtiennent facile- ment de la manière suivante : on fait une infusion de feuilles ou de tiges, et on évapore à consistance d'extrait; l'extrait ‘aqueux est repris par l'alcool faible, évaporé, et le nouvel extrait alcoolique est dissous dans l’eau, on verse une solu- tion d’acétate de plomb ammoniacal et on filtre; on enlève l'excès de plomb de la solution par un courant d'hydrogène sulfuré, on filtre de nouveau, on évapore le liquide à une basse température, et on obtient une solution d'acétate de pilocarpine mêlé de substances étrangères. On ajoute du bi- chlorure de mercure; il se forme immédiatement un précipité blanc par l'union du sel de mercure et de la pilocarpine, et des eaux mères. On recueille le précipité sur un filtre, après l'avoir lavé, on le met en suspension dans de l’eau, on le décompose par l'hydrogène sulfuré, et on obtient une solu- tion qui donne par évaporation le chlorhydrate de pilo- carpine. Le chlorhydrate de pilocarpine forme avec le chlorure d’or un chlorure double d’or et de pilocarpine cristallisé. Décomposé par l’ammoniaque en présence d’éther alcoo- lisé, il se décompose et donne la pilocarpine libre. En faisant passer un courant d'hydrogène sulfuré dans les eaux mères formées par l'addition du bichlorure de mer- cure, on obtient un liquide, lequel, par évaporation, fournit des cristaux de chlorhydrate d’ammoniaque. Lorsque cette substance est déposée, il reste un résidu sirupeux abon- dant. Celui-ci, maintenu plusieurs jours dans le vide, se prend en une masse cristalline contenant du chlorhy- drate d’ammoniaque, et le chlorure d’un alcaloïde qui paraît RONDE différer du chlorhydrate de pilocarpine par quelques-unes de ses propriétés; il donne la base libre sous l'influence des solutions alcalines. Le chlorhydrate de pilocarpine est la seule de ces deux substances qui ait été jusqu’à présent l’objet de quelques re- cherches physiologiques. Il est toxique. Injecté dans la patte d’une grenouille, dont le cœur a été mis à nu, il arrête les mouvements du cœur, et quand ceux-ci sont compléte- ment abolis, l'injection d’une solution d’atropine dans l’autre patte les fait reparaître presque immédiatement. Ces recherches ont été faites à l'Ecole de Médecine dans le laboratoire de M. Regnauld. Séance du 12 juin 1875. Sur la loi de Hirn, par M. 3. Moutier. M. Hirn a énoncé la loi suivante : Lorsqu'une vapeurse détend sans variation de chaleur et sans effectuer de tra- vail externe, le produit du volume de la vapeur par la pres- sion est constant. M. Hirn considère cette loi comme une approximation; M. Zeuner, qui partage cette opinion, à montré par une discussion approfondie l'importance consi- dérable de la loi de Hirn dans la théorie des machines à va- peur. Je me suis proposé d'appliquer les formules générales de la thermodynamique au cas particulier où un gaz se détend sans variation de chaleur et sans effectuer de travail externe; je vais indiquer dans cette note la marche suivie et les principaux résultats obtenus. La chaleur dQ, nécessaire pour produire en général une transformation élémentaire, se compose de deux parties : l’une, consommée par le travail externe, à pour expression Apdv, si l’on appelle À l'équivalent calorifique du travail, v le volume spécifique du corps à la pression p; l’autre, dU, est la variation de la chaleur interne. Dans le cas particulier considéré ici, la variation de la chaleur interne est nulle. Cette variation est susceptible d’ailleurs de trois expressions différentes, suivant que l’on ND AN prend pour variables indépendantes deux des trois éléments p, V, t, qui caractérisent l’état du corps. 1° On prend pour variables p et v. En appliquant les formules générales de la thermodyna- mique, on arrive aisément à la relation : dans laquelle le coefficient n a pour valeur CA ARE en appelant C la chaleur spécifique du gaz sous pression constante, c la chaleur spécifique sous volume constant, 0 la température { évaluée en degrés centigrades à partir de la glace fondante augmentée de l'inverse du coefficient de dila- tation du gaz sous pression constante, 0" la température # augmentée de l'inverse du coefficient de dilatation du gaz sous volume constant. Cette relation élémentaire à la même forme que la loi élémentaire de détente d’un gaz sans variation de chaleur, lorsque le gaz effectue un travail externe; si l’on supposen constant au moins dans un petit intervalle, la relation entre le volume et la pression d’un gaz qui se détend sans varia- tion de chaleur et sans effectuer de travail externe est alors pv” — constante. Cette relation est l'équation de la courbe appelée par M. Cazin courbe isodynamique. Le coefficient nr peut s'exprimer d’une autre manière. En appelant T la température absolue qui correspond à 6, M. Clausius a établi la relation suivante : Ghoe ApU Re Si l’on remplace dans la valeur de » le produit Apv par sa valeur tirée de cette dernière équation, on à NME C(T — 4) + cp g cT Ù Sous cette dernière forme, on reconnaît aisément que le coefficient n tend à s'approcher de l’unité, à mesure que le . | He EST A gaz se rapproche de plus en plus de l’état parfait; dans ce cas, en effet, les différences qui existent entre 6,9" et T ten- dent à disparaître. Le coefficient n est exprimé au moyen des deux chaleurs spécifiques du gaz ou de la vapeuret de ses deux coefficients de dilatation ; la connaissance de ces éléments permettrait de déterminer complétement l’équation de la courbe isodyna- mique. À défaut de données expérimentales suffisantes, on peut reconnaître, toutefois, que le coefficient n est inférieur au coefficient de détente lorsque le gaz effectue un travail externe sans variation de chaleur et, en outre, on voit que ce coefficient n doit se rapprocher beaucoup de l’unité. Dans le cas où n — 1, c’est-à-dire où le gaz suit la loi de Hirn, la marche suivie précédemment permet de recon- naître aisément la propriété suivante : la variation de la chaleur interne est alors proportionnelle à l’accroissement qu'éprouvele produit pv, quelle que soit la nature de la trans- formation élémentaire éprouvée par le gaz ou la vapeur. Ré- ciproquement, lorsque cette dernière condition est réalisée, la loi de Hirn est nécessairement exacte. De plus, lorsque le gaz suit à la fois la loi de Hirnet la loi de détente ordinaire, la même propriété subsiste pour des transformations finies et arbitraires; la variation qu'éprouve la chaleur interne dans ces transformations est toujours pro- portionnelle à la variation du produit pu. La loi de Hirn est nécessairement applicable aux gaz par- faits, pour lesquels le refroidissement est nul, dans les con- ditions particulières que réalise le genre de détente que nous étudions ici. Il était intéressant de savoir si la loi de Hirn peut s’appliquer aux gaz imparfaits, si cette loi est compatible avec un refroidissement éprouvé par le gaz qui se détend sans variation de chaleur et sans effectuer de tra- vail externe ; cette question se trouve résolue par un autre choix des variables indépendantes. 2° On prend pour variables v et é, En appliquant les formules générales de la thermodyna- mique, on arrive aisément à la relation : Ap dv + cdt = 0, NOÉ Par conséquent le gaz se refroidira dans la détente, si 6° est inférieur à T, c’est-à-dire si le coefficient de dilatation du gaz sous volume constant est supérieur au coefficient de dilatation des gaz parfaits. On retrouve ainsi une condition indiquée dans un autre travail; cette condition est d’ailleurs indépendante de la valeur de n. 3° On prend pour variables p et f. En appliquant les formules générales de la thermodyna- mique et en tenant compte de la première équation, on ar- rive aisément à la relation : Cdt — Av (+ — =) dp=10; (] n Pour que le gaz se refroidisse lorsqu'il se détend sans va- riation de chaleur et sans effectuer de travail externe, il faut 0 que n soit supérieur à T- Or, le coefficient de dilatation des gaz est en général supérieur au coefficient de dilatation des gaz parfaits, 6 est inférieur à T, de sorte que la valeur n —= 1 correspond nécessairement à un refroidissement du gaz. Ainsi, la loi de Hirn est parfaitement conciliable avec le refroidissement éprouvé par un gaz qui se détend sans variation de chaleur et sans effectuer de travail externe. La marche suivie précédemment pour étudier ce genre de détente est applicable à toute espèce de corps; l'importance des recherches de M. Hirn donne un intérêt particulier au cas spécial des gaz et des vapeurs. ARE st NS BULLETIN DE LA SOCIÈTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS Séance du 140 juillet 14875. Sur la théorie des solénoïdes, par M. J. Moutier. L’action d’un solénoïde sur un élément de courant se dé- duit de la formule d'Ampère au moyen de l’analyse; on peut arriver au même résultat par des considérations géo- métriques assez simples. I. On sait qu'un courant fermé peut être remplacé par une infinité de courants élémentaires de même intensité, tracés sur une surface ayant même contour que le circuit fermé. Pour déterminer l’action d’un circuit fermé, d'intensité égale à l'unité, sur un élément de courant ds passant par un point O et d'intensité égale à l'unité, imaginons une surface S limitée au contour du circuit fermé, joignons le point O à un point quelconque P de la surface S. L'élément de courant fait avec la droite OP un angle « et peut se décomposer en deux autres, l’un dirigé suivant OP, l’autre ds sin « perpen- diculaire à OP; désignons sa direction par OX. Menons par OX deux plans infiniment voisins à égale distance de OP, menons en outre deux autres plans infini- ment voisins perpendiculaires à OX et à égale distance de OP; ces plans déterminent sur la surface S un quadri- Extrait de l’Institut. 4 — 30 — latère ABCD, dont le côté AB est supposé dans la direction de OX. Imaginons la sphère décrite du point O comme centre avec le rayon OP, les quatre plans considérés découpent sur cette sphère un quadrilatère infiniment petit A’B'C'D", que l’on peut regarder comme étant tracé sur le plan tangent à la sphère au point P et par suite comme un rectangle. L'élément de courant AB peut être remplacé par le courant sinueux infiniment voisin AA'B'B; en faisant le même rai- sonnement pour les autres côtés du premier quadrilatère, on voit que l’action de ABCD sur ds peut être remplacée par l’action de A'B C'D” sur le même élément de courant. L'action du courant élémentaire A'B'C'D' sur l'élément de courant formé par la projection de ds sur OP est nulle d’après la formule d'Ampère; les actions de BC et de DA sur OX sont nulles pour la même raison. Les deux éléments de courant AB et CD exercent sur l’élément de courant OX, qui leur est parallèle, des actions de sens contraire, qui ont pour valeur commune, d’après la formule d'Ampère, on ds sin «, en appelant r la distance OP. Ces deux forces ont une AB résultante perpendiculaire à OX, ayant pour valeur 2 ne ds sin « sin y, en appelant y l’angle de la droite OP avec la droite OI passant par le milieu I de AB. Or, dans le triangle BI rectangle OPI, sin o — Fe la résultante a donc pour valeur 2 ds sin «, en appelant w l'aire du rectangle A’B'C'D”’. r L'action du courant élémentaire ABCD sur l'élément de courant ds Se réduit donc à une force perpendiculaire au plan mené par OP et par ds, dont on connaît la valeur. L'action d’un courant fermé lente sur ds s’obtiendra, bi consé- quent, en composant des forces analogues. II. L'action du courant élémentaire considéré sur l'élément ds peut être remplacée par les actions de deux surfaces magnétiques infiniment voisines, renfermant des quantités m de magnétismes contraires par unité de surface et agissant d’après la loi des forces magnétiques. LE D 2 Si l’on désigne par e l'épaisseur infiniment petite de la couche magnétique son action sur ds sera : mu Li | dssina—? me — dssina. 7 (r+eÿ 7 Elle sera identique à l’action du courant élémentaire en posant 2me — 1. III. Considérons maintenant un solénoïde dont la directrice part du point P; nous pouvons remplacer chaque courant élémentaire du solénoïde par deux surfaces magnétiques ayant pour épaisseur la distance de deux courants du solé- noïde, orientées de la même manière. La quantité m de magnétisme sera déterminée sur chacune de ces surfaces par la relation précédente dans laquelle e représentera l’inter- valle de deux courants consécutifs du solénoïde. Les surfaces magnétiques contiguës de noms contraires exerceront sur ds des actions égales et directement opposées qui se feront mutuellement équilibre; l’action du solénoïde sur l’élément de courant se réduira donc à deux forces qui correspondent aux surfaces magnétiques extrêmes situées aux pôles du solénoïde. Ces forces sont perpendiculaires au plan mené par l’élément ds et par l’un des pôles du solénoïde; L) ï elles sont de la forme m = ds sin w. 7: IV. On retrouve ainsi des expressions connues; il serait facile d’en obtenir d’autres. On fera seulement une remarque. Le potentiel relatif à l’action du courant élémentaire ABCD sur l'élément de courant ds a pour valeur = ds sin @. u) , . Or est la surface interceptée par la pyramide OABCD sur la sphère décrite du point O comme centre avec un rayon égal à l'unité. Le potentiel, relatif à un courant élémentaire et à un élément de courant, est donc égal à l’angle solide sous lequel un point de l’élément de courant voit le courant élémentaire multiplié par la projection de l'élément de courant sur la droite qui joint l’élément de courant au courant élémentaire. V. On a pris pour point de départ des raisonnements Lao Et précédents la formule d'Ampère; on peut déduire de ce qui précède et de l'expérience de Biot et Savart une conséquence relative à cette formule même. Pour établir la formule d'Ampère, on décompose les élé- ments de courant dont on cherche l’action réciproque, de telle sorte que l’on ait à considérer seulement deux éléments parallèles et deux éléments situés sur le prolongement l’un de l’autre; désignons par v (7) la fonction de la distance, supposée inconnue, qui correspond à l’action des courants parallèles. Si l’on répète les raisonnements qui précèdent, en suppo- sant cette fonction inconnue, on trouve, pour l’action du courant élémentaire sur l'élément de courant, l'expression te ds sin «. r Or, si l’on admet qu’un solénoïde se comporte devant un courant comme un aimant, il résulte des expérienres de Biot et Savart que l’action d'un élément de courant sur le pôle d’un solénoïde est inversement proportionnelle au carré de la distance ; par suite, la formule du numéro II montre que la fonction (r), qui figure dans la formule d'Ampère, doit être de la forme —. e Remarques sur la famille des Bogodini, Bleeker, par M. Léon Vaillant. Dans un récent travail (1), M. Bleeker à proposé la divi- sion en quatre genres des Ambassis, Cuv., que, sous le nom de Bogodini, il élève au rang de famille spéciale. Ces genres sont caractérisés par la dimension des écailles et la force re- lative des dents. (1) Bleeker. Révision des espèces d’Ambassis et de Parambassis de l'Inde archipélagique. Harlem, 1874. — 98. Ces dernières sont en velours ras chez les Ambassis pro- prement dits, qui ont en même temps les écailles grandes; le type du genre serait l’Ambassis Commersont, C. V. Les Pseudambassis, avec de très-petites écailles, ont les dents externes plus développées: ils ont pour représentant l’Ambassis ranga, Buch. (A. alta, C. V.) dont l'Ambassis lala, Buch. doit être regardé comme une simple variété. Les Parambassis ont également des dents canines, mais les écailles médiocres; M. Bleeker en cite deux espèces, les Ambassis apogonides et Ambassis microlepis. Dans le quatrième genre, les Bogoda, les dents sont co- niques et deux d’entre elles, à la mâchoire inférieure, se di- rigent en avant comme de petites défenses; l’Ambassis nama, Buch. est le seul poisson, je crois, qui rentre dans cette di- vision. A ces particularités se joignent quelques différences dans le nombre des rayons mous de la dorsale et de l’anale, mais, vu le nombre d’espèces connues, il est difficile de savoir s’il s’agit là de caractères génériques ou spécifiques. Ces divisions, telles qu’elles viennent d’être exposées, sont assez nettes, les caractères sur lesquels M. Bleeker les a ondées ne paraissent cependant pas avoir une valeur suffi- sante pour justifier des coupes génériques. En effet, pour ce qui est des dents, à en juger par les exemplaires de la col- lection du Muséum, les différences de force et de volume sont réellement peu considérables et on sait que chez les Poissons il ne faut se fier à ce caractère qu'avec une cer- taine réserve. Le nombre des écailles à certainement plus d'importance, toutefois le type étant toujours le même, il est difficile d'admettre que cela puisse permettre autre chose qu’une distinction d'espèce. Il serait donc préférable, pour ne pas multiplier outre mesure les divisions, de conser- ver le genre Ambassis tel qu'il avait été compris par Cuvier en ne considérant les subdivisions proposées par M. Bleeker que comme des coupes subgénériques. A la troisième de celles-ci, c'est-à-dire aux Parambassis doiventêtre rapportés quelques individus pris dans les eaux douces d’Alipay par Dussumier, en 1835, et donnés par ce voyageur au Muséum d'histoire naturelle. Ces animaux se distinguent aisément de l’Ambassis microlepis, Blkr, par le — 34 — nombre des écailles de la ligne latérale, lequel est d'environ 70 dans cette dernière espèce; ilsse rapprochent davantage de l’Ambassis apogonides, Blkr.; cependant l’absence de dents linguales, la hauteur du corps, qui n’est que du quart de la longueur totale au lieu d'en représenter le tiers, la di- mension du museau très-peu plus long que l’œil, tandis que M. Bleeker l'indique comme approchant du double du dia- mètre de cet organe pour son espèce, peu différente d’ailleurs quant à son volume, de celle que nous examinons ici, dis- tinguent suffisamment cet Ambassis. Je le désignerai sous le nom d'Armbassis Valenciennit, le dédiant au savant ichthyo- logiste qui l'avait déjà reconnu comme espèce distincte, sans toutefois le décrire ni lui donner d’épithète. Les dimensions et les formules des écailles et des na- geoires sont les suivantes : Honeueuritoiale. EMMANUEL SERA 162 mm À NUE À OT AAN LR A ES LOL AREA ARS QC A2 PASSE 20 2 RP INAR ARE REA ORNE 15 Poneueur della téte AS OEM ENCORE 44 Longueur de la nageoire caudale............ 39 Lonsueuridu museau ht EPP PAM EREEERERCE 14 Diamètre /deilœili ee pee ee ESS RER 12 Espace interorbitaire 1.022200" MR 0R Ones 8 Ecailles 5/41/13. B.VI + D.I, VII — 1,10; A.III,9; C.17 + P.18; V.I,5. Ce poissonreprésenterait dans les fleuves du continent asia- tique les espèces analogues que M. Bleeker a décrites de Bornéo et de Sumatra. Quant à la famille des Bogodini, on peut se demander si on est réellement fondé à la regarder comme distincte. Les ani- maux qu’ellerenferme présentent, il est vrai, dans leurs écailles cycloïdes un caractère remarquable, sur lequel M. Bleeker a très-justement attiré l'attention, mais l'absence ou la pré- sence des spinules est, on le sait, une particularité dont il ne faut pas exagérer l'importance et les Siniperca, les Enoplo- sus ont déjà fait connaître dans les Percidæ des types d’é- cailles parfaitement cycloïdes. Sas in Séance du 24 juillet 1875. Sur les solutions sursalurées, pat M. Gernez. Dans une série de publications relatives aux propriétés des solutions sursaturées, j'ai établi, pour un certain nombre de substances, que le phénomène de la cristallisation subite de ces solutions ne peut être provoqué au-dessus d’une cer- taine température, par le contact d'un corps solide, qu’à la condition qu’il soit identique aux cristaux que l’on veut ob- tenir, ou qu’il leur soit rigoureusement isomorphe. J'ai fait voir aussi que l’on pouvait diviser les substances susceptibles de donner des solutions sursaturées en deux classes : les unes, telles que le sulfate, l’acétate et l’hyposulfite de soude, les aluns, l’azotate de chaux, l’acétate de plomb, etc., dont les so- lutions ne cristallisent pas sous l'influence d'actionsmécaniques si énergiques qu'elles soient; les autres, telles que l’azotate et le phosphate d’ammoniaque, le biacétate de potasse, le chlorure et le bromure de calcium, le chlorure de magnésium, l’hydrate de chloral, etc., dont les solutions se comportent comme les corps surfondus et cristallisent lorsqu'on frotte l’un contre l’autre deux corps solides que l’on a introduits au sein du liquide. À l’époque où j'ai commencé l'étude de ces solutions, 27 substances avaient été signalées par divers savants comme jouissant de la propriété de donner des solutions aqueuses sursaturées, ce sont : le sulfate de soude, dont les solutions sursaturées étaient connues à la fin du siècle dernier, le car- bonate, le phosphate et le borate de soude (Gay-Lussac), l’azotate d'argent (Thenard), les azotates de chaux et de cuivre, l’acétate de plomb (Fischer), le bisulfate de potasse (Green), le chlorure de calcium, les sulfates de magnésie, de fer et de cuivre, l’alun (Coxe), l'hyposulfite de soude (Hee- ren), l’azotate et l’oxalate d'ammoniaque, le bichromate de potasse, le sulfate d'ammoniaque et de magnésie, le sulfate de zinc, le chlorure de barium, le cyanoferrure de potassium, le tartrate de soude et de potasse, le tartrate d’antimoine et de potasse (Ogden), l'azotate d’alumine (Muider), et de plus le séléniate et le tartrate de soude. Le petit nombre de ces corps pouvait faire regarder le phénomène de la sursatura- no tion comme une particularité curieuse mais exceptionnelle : en réalité, il n’en est pas ainsi, et l’on peut préparer facile- ment des solutions sursaturées d’un grand nombre de sub- stances. Il faut, pour les obtenir, tenir compte de ce qu'un certain nombre d’entre elles cristallisent subitement lorsque leur concentration dépasse une certaine limite ; c’est ainsi que les solutions de bichromate de potasse, de cyanoferrure de potassium, d’azotate d’ammoniaque, de formiate de stron- tiane, etc., saturées à 1000, cristallisent même à des tempé- ratures supérieures à 20°, tandis que des solutions peu con- centrées restent sursaturées à ces températures. Il faut de même, dans le refroidissement des solutions, ne pas descendre au-dessous de la température limite inférieure de la sursatu- ration. Pour un certain nombre de solutions, cette tempéra- ture est inférieure aux températures ordinaires de l’atmo- sphère, pour d’autres, elle est plus élevée ; c’est ainsi que les solutions sursaturées, concentrées d’acétate de plomb et de biacétate de potasse ne se conservent pas au-dessous de 14°, celles d’azotate d’ammoniaque et de phosphate de soude au- dessous de 18°, celles d'azotate de cadmium au-dessous de 20°, etc. En se laissant guider par ces considérations, on réussit sou- vent à observer, dans des conditions convenables de tempé- rature, la sursaturation de solutions peu concentrées, qui, abandonnées au refroidissement dans les circonstances ordi- naires, ne sembleraient pas susceptibles d’être maintenues sursaturées,. Le tableau suivant comprend, outre les noms des 27 substances que j'ai indiquées plus haut, ceux de 76 autres corps, dont j'ai réussi le plus facilement à préparer les solutions sursaturées dans l’eau. Substances dont on obtient facilement des solutions aqueuses sursaturées. ACÉTATES d'ammoniaque, de baryte, de cadmium, de cobalt, de magnésie, de manganèse, de plomb, de soude, de strontiane, de Zinc, biacétate de potasse. AZOTATES d’'ammoniaque, d'argent, de chaux, de Co- balt, de cuivre, de manganèse, de stron- tiane, d’urane, de zinc. AZOTITES ARSÉNIATES BENZOATES BORATES BROMURES CARBONATE CHLORATES CHLORURES CITRATES CHROMATE FORMIATES HYDRATES HYPOSULFITES HYPOSULFATE MOLYBDATE OXALATE PHOSPHATES PHoSPHITE SELEÉNIATE SULFATES SULFITE SULFHYDRATES SULFOANTIMONIATE SULFOVINATES TARTRATES ACIDES MANNITE are de plomb, de potasse. de potasse, de soude. d'ammoniaque, de potasse. d'’ammoniaque, de soude. de cadmium, de calcium. de soude. d'argent, de baryte, de soude, de strontiane. d’antimoine, de barium, de cadmium, de cuivre, de magnésium, de manganèse, sesquichlorure de fer. d’ammoniaque, de potasse, de soude. de soude, bichromate de potasse. de soude, de strontiane. de baryte, de strontiane, de chloral. d’ammoniaque, de chaux, de soude. de soude. d’ammoniaque. d'ammoniaque. d'ammoniaque, d'ammoniaque et soude, de soude, pyrophosphate de soude. de soude. de soude. de cobalt, de cuivre, de fer, de glucine, de magnésie, de nickel, de soude, de zinc, d'ammoniaque et fer, d'ammo- niaque et magnésie, de potasse et nic- kel, de zinc et magnésie, bisulfate de potasse, aluns d’ammoniaque, de po- tasse, de soude, de thallium, de chrome, de fer. de soude, bisulfite d’ammoniaque. de sulfure de potassium, de sodium. de soude. de barite, de soude. d’ammoniaque, de soude, d’antimoine et ammoniaque, d’antimoine et potasse, de soude et ammoniaque, de soude et potasse, de soude et thallium. citrique, paratartrique. sucre de lait, sucre de cannes. he Parmi les applications diverses auxquelles peut donner lieu l'étude de ces solutions, j'indiquerai seulement ici le parti que l’on peut en tirer pour faire cristalliser des liquides siru- peux qui cristallisent difficilement ou qui, jusqu'ici, ont été réputés incristallisables. Si l’on a déjà un spécimen cristallisé du corps que l’on veut produire, il suffit, pour faire cristal- liser le liquide sirupeux, de toucher un de ses points avec une parcelle cristalline. La cristallisation partlentement du point touché pour envahir graduellement toute la masse. On active beaucoup le phénomène en multipliant le nombre des germes et en agitant le liquide au contact de la poussière cristalline que l’on a semée. Le problème est plus difficile à résoudre dans le cas où la substance n’est pas connue à l’état cristallisé. On essaie alors l’action d’un froid intense combiné avec le frottement Je deux corps solides au sein du liquide; on réus- sit de cette manière à produire des cristaux quand on à at- teint la limite inférieure de la sursaturation, ou dans le cas des solutions sursaturées analogues aux corps surfondus. Si ce moyen est inefficace, auquel cas la solution se comporte comme celles sur lesquelles les actions mécaniques sont sans influence, on cherche, parmi les substances analogues, s’il ne s’en trouve pas qui soit isomorphe avec la matière dissoute, et il peut se faire qu’on en rencontre une qui provoque la cristallisation. C’est ainsi que j'ai obtenu, à l’état cristallisé, l’acétate de magnésie, qui donne, par évaporation, une masse sirupeuse réputée incristallisable; il m'a suffi, pour cela, d'y semer des cristaux d’acétate de baryte, qui ont donné des cristaux d'acétate de magnésie d’une grande netteté, Sur les tensions de la vapeur d’eau à zéro, par M. J. Moutier. J’ai essayé d'établir dans un précédent travail que l’eau à zéro émet des vapeurs dont les tensions sont distinctes, sui- * vant que l’eau est prise à l’état liquide ou à l’état solide. Le O0 us Pour démontrer cette propriété, je m'étais appuyé sur les principes ordinaires de la thermodynamique, la notion de l'équivalent mécanique de la chaleur et le théorème de Carnot. Je me propose de montrer dans cette note que l’on arrive au même résultat en partant de l'expression du tra- vail relatif à une transformation élémentaire donnée par M. Clausius. Cette expression à une grande importance dans la science; M. Clausius en a déduit en effet le théo- rème de Carnot et a pu réduire ainsi cette proposition fonda- mentale aux principes généraux de la mécanique. Si l’on désigne par k la chaleur spécifique absolue d’un corps, par T sa température absolue, la quantité de chaleur nécessaire pour effectuer une transformation du corps, sous l’unité de poids, à la température constante T, est, d'après le théorème de M, Clausius, Q = 24T log. nép. C) 0/ ? en appelant z et #, les durées de révolution du mouvement qui constitue la chaleur, considérées à la fin et à l’origine de Ia transformation. Il résulte de là que, si un corps éprouve, à température constante, une série de transformations qui correspondent à un cycle fermé, la somme algébrique desquantités de chaleur nécessaires pour effectuer les diverses transformations est nulle. D'un autre côté, la quantité de chaleur nécessaire pour effectuer une transformation se compose de deux parties : la chaleur consommée par le travail externe etla variation de la chaleur interne. Or, le cycle étant formé, la variation de la chaleur interne est nulle; par suite, lorsqu'un corps éprouve à une même température une série de transformations qui correspondent à un cycle fermé, la somme algébrique des quantités de chaleur consommées par le travail externe est nulle, d’après le théorème de M. Clausius. Considérons 1 kilogramme d’eau liquide à zéro sous la pres- sion de l'atmosphère. Imaginons comme on le fait habituel- lement deux axes rectangulaires; prenons pour abscisses les volumes spécifiques et pour ordonnées les pressions externes supportées par le corps. Soit À la position du point figura- tif pour l’état considéré du corps. 140) — Supposons la série suivante de transformations : 1° L'eau liquide se congèle à zéro sous la pression de l’at- mosphère. Le volume augmente, le point figuratif décrit une droite AB parallèle à l’axe des volumes. 20 On diminue graduellement la pression exercée à la surface de la glace, à la température zéro, de manière à at- teindre la pression p qui correspond à la tension maximum de Ja vapeur émise par la glace à zéro. La variation de volume est très-faible; le point figuratif s’abaisse et décrit une courbe BC qui diffère extrêmement peu d’une parallèle à l’axe des pressions. 3° On réduit la glace en vapeur à zéro sous la pression p. Le point figuratif décrit une droite CD parallèle à l’axe des volumes. 4° On comprime à zéro la vapeur obtenue de manière à atteindre la pression p' qui correspond à la tension maximum de la vapeur émise par l’eau liquide à zéro : nous supposerons pour le moment la pression p” supérieure à p et nous revien- drons tout à l'heure sur cette question qui consiste à savoir si p’ est égal, supérieur ou inférieur à p. Le point figuratif remonte et décrit une courbe DE de petite étendue, car, nous savons, d’après les expériences de M. Regnault, que la différence entre p' et p, si elle existe, doit être fort petite. 5° On condense la vapeur sous la pression p’, de manière à ramener l’eau à l’état liquide, à la température zéro. Le point figuratif décrit une droite EF parallèle à l’axe des volumes, qui coupe BC au point K. 6° Enfin, on augmente la pression supportée par l'eau liquide à zéro, de manière à passer de la pression p°’ à la pression atmosphérique. Le point figuratif décrit une courbe que l’on peut regarder comme étant parallèle à l'axe des pressions, parce que la variation de volume éprouvée par l’eau est fort petite. Le cycle est fermé ; pour que la somme des quantités de chaleur consommées en travail externe soit nulle, il faut que les aires des deux quadrilatères ABKF, KEDC soient égales. Cette somme algébrique ne saurait être “nulle si la pression 2) était égale ou inférieure à la pression p. En égalant les aires des deux quadrilatères considérés, on Ale déduit aisément la valeur de p’ — p. En effet, AB est la dif- férence des volumes spécifiques de la glace et de l’eau à zéro; si l’on prend pour densité de la glace le nombre 0,916 fourni par les expériences de M. Bunsen, cette différence est de Omc,000091. Si l’on prend pour valeur de la pression p’, le nombre 4mm,6 quirésulte des expériences de M. Regnault, pour le volume spécifique de la vapeur d’eau à zéro 210%, on trouve p — p — 0%,0003, nombre de beaucoup inférieur aux erreurs d'observation qui proviennent de la mesure des tensions maxima des vapeurs. Si l’on néglige les quantités de chaleur nécessaires pour _ effectuer les transformations BC, DE, FA, qui correspondent à des variations de volume fort petites, on voit que la cha- leur de fusion de la glace à zéro est sensiblement égale à l'excès de la chaleur d’évaporation de la glace à zéro sur la chaleur d’évaporation de l’eau liquide à la même tempéra- ture ; on retrouve ainsi un résultat indiqué dans une précé- dente communication. On a pris l’eau à zéro comme exemple ; les raisonnements sont les mêmes pour tout corps capable d'émettre des va- peurs à la même température, sous deux états différents. Sur le refroidissement produit par lu détente des gaz, Par M. J. Moutier. Lorsqu'un gaz se détend sans variation de chaleur, il y a deux cas à considérer, suivant que le gaz effectue ou n'’effec- tue pas de travail extérieur. La théorie du premier phéno- mène est faite depuis longtemps ; j'ai montré, dans une pré- cédente communication, que l'application des formules gé- nérales de la Thermodynamique conduit aisément à la théorie du second phénomène. La relation qui lie la pression au vo- lume dans la détente d’un gaz sans variation de chaleur ala même forme dans les deux cas considérés ; les valeurs seules des coefficients de détente sont différentes, de sorte qu’en partant d’un même état initial du gaz, pour une même varia- tion infiniment petite de volume, les variations de pression dans les deux cas sont proportionnelles aux coefficients de détente relatifs à chacun des phénomènes. ee) Dans les deux casla détente du gaz est accompagnée d'un: refroidissement ; il existe des relations très-simpies entre les variations de température qu'éprouve le gaz dans les deux cas. 1° Supposons un état initial déterminé du gaz et désignons par dt l’abaissement de température qu'éprouve le gaz pour un accroissement de volume infiniment petit, lorsque le gaz se détend sans variation de chaleur en effectuant un tra- vail extérieur, par d,t l’abaissement de température qu'é- prouve le gaz pour le même accroissement de volume infini- ment petit, lorsque le gaz se détend sans variation de cha- leur et sans effectuer de travail externe, par T la tempéra- ture absolue relative à l’état initial, par 6° la température relative au même état, évaluée en degrés centigrades à par- tir de la glace fondante et augmentée de l’inverse du coeff- cient de dilatation du gaz sous volume constant, on à la relation dit 9’ D UT 2° Désignons de même par dt et d,t les abaissements de température qu'éprouve le gaz, pour la même diminution infiniment petite de pression, lorsque la détente a lieu sans variation de chaleur, mais de telle sorte que le gaz effectue un travail externe dans le premier cas et n’en effectue pas dans le second ; désignons par 0 la température ordinaire relative à l’état initial, augmentée de l'inverse du coefficient de dilatation du gaz sous pression constante, par n le coef- ficient de détente dans le second cas, on à la relation di ie dE nT. Le refroidissement éprouvé par une masse de gaz qui se détend sans variation de chaleur et sans effectuer de travail externe est lié d’une manière intime à la détermination de l'équivalent mécanique de la chaleur. Lorsqu'on détermine cet équivalent par la méthode de M. R. Mayer, on néglige la chaleur consommée en travail intérieur et on arrive à des valeurs sensiblement concordantes pour les gaz permanents, mais beaucoup trop faibles pour les gaz liquéfiables tels que l'acide carbonique. Er AU Désignons par A la valeur exacte de l'équivalent calori- fique du travail, par A’ la valeur de cet équivalent déduite de l'équation de M. R. Mayer, par c la chaleur spécifique du gaz sous volume constant, par p sa pression, par dé l’abais- sement de température qu'éprouve le gaz lorsqu'il se détend sans variation de chaleur et sans effectuer de travail exté- rieur, par dv l'accroissement infinimentpetit du volume spé- cifique, on obtient aisément la relation dt = — pr On voit d’après cela que si un gaz se refroidit, A’ est su- périeur à À ; ainsi, lorsqu'un gaz se refroidit en se détendant sans variation de chaleur et sans effectuer de travail externe, la valeur de l’équivalent calorifique du travail déduite de l'équation de M. R. Mayer est trop élevée ou bien la va- leur de l'équivalent mécanique de la chaleur déduite de la même équation est trop faible. Un gaz qui se détend sans variation de chaleur et sans ef- fectuer de travail externe se refroidit, comme on l’a vu, lorsque le coefficient de dilatation de gaz sous volume con- _stant est supérieur au coefficient de dilatation des gaz par- faits. Pour les gaz permanents, ce refroidissement est très- faible ; on a déduit de là que les actions moléculaires dans ces gaz sont insensibles. Cette conclusion ne me semble pas fon- dée ; si l’on néglige les forces moléculaires dans les gaz, on arrive à un rapport des chaleurs spécifiques qui s’écarte no- tablement de la valeur fournie par l'expérience. La seule conclusion légitime que l’on puisse déduire de ce mode de dé- tente des gaz permanents, c’est que le travail intérieur est insensible dans la détente. On peut se demander alors quelle est la signification de cette propriété, lorsqu'on adopte les idées de M. Clausius au sujet du mouvement qui constitue la chaleur : dans ce cas on doit regarder la durée de la ré- volution de ce mouvement comme invariable. Si l’on suppose que ce mouvement consiste en vibrations, l'amplitude des oscillations et par suite la valeur moyenne de la force qui produit le mouvement vibratoire conservent des valeurs constantes. = CU Séance du 14 août 1875. Sur une classification myologique des Mammifères, par M. Alix. En étudiant la myologie des Mammifères, il m'a semblé qu’un certain nombre de faisceaux pouvaient fournir des ca- ractères distinctifs pour les principaux groupes naturels de cette classe, comme on peut le voir dans le tableau sui- vant : Muscles des membres postérieurs absents. Anhomalomé- romyens. — Cétacés. Muscles des membres postérieurs présents. ÆMomalomé- romyens. K. K. Couturier inséré sur la crête pectinéale. E'ctinoraphio- myens. Ornithodelphes. Couturier ayant une insertion à l’iléon. Zléoraphiomyens. Pyramidal de l'abdomen très-développé. Æ£upyramoi- domyens. Didelphes. O.Pyramidalpetitou nul.Aneupyramcidomyens. Monodelphes. Pas de brachial antérieur. Abrachiomyens. À. Un brachial antérieur. Brachiomyens. B. A. Un muscle jambier postérieur. Homalocnémiomyens. Eléphants. Pasdemusclejambier postérieur. Anhomalocnémiomyens. L. L. Extenseurs des doigts disposés pour un système digital impair. Périssodactylomyens. Cheval, Tapir, Rhinocéros. B. Extenseurs des doigts disposés pour un système digital pair. Artiodactylomyens. Hippopotumes, Cochon, Ruminants. Muscles offrant des dispositions singulières. 7haumas- tomyens. P° Muscles offrant des dispositions plus normales. Afhau- mastomyens. E. P. Ædentés. Extenseurs du pied rappelant les Sauriens. Saurectinomyens. Ai. — Rappelant les autres Mammifères. Mastophorectinomyens. Tatous, Fourmiliers. PAL UE E. Extenseur des orteils attaché au condyle externe du fémur. Condylectinomyens. AA, — Attaché au tibia C'hémiec- tinomyens. BB. AA. Long supinateur le plus souvent absent. Anhomalana- phoromyens. Rongeurs.— Le plus souvent présent. Homalana- phoromyens. Carnivores. BB. Pas d’adducteur transverse du pouce, Anhkomalodac- tylomyens. C. Un adducteurtransverse du pouce. Homalodactylomyens. D. C. Grand dentelé inséré comme d'habitude au bord spinal de l’omoplate. Anornithoprionomyens. Insectivores. Grand dentelé inséré au bord axillaire de l’omoplate, comme chez les Oiseaux. Ornithoprionomyens. Cheiroptères. (Couturier uni au peaucier, pas d’accessoire du grand dorsal.) BB. Extenseurs des doigts disposés pour un système di- gital pair. Arfiodactylomyens. Lémuriens. Extenseurs des doigts disposés pour un système digital impair. Périssodactylomyens. D. D. Un accessoire du grand dorsal. Homalonotomiens. R. Pas d’accessoire du grand dorsal. Anhomalonotomyens. S. R. Biceps dépourvu de faisceau fémoral. Anhomalodira- phiomiens. Singes proprement dits. Biceps pourvu d’un faisceau fémoral. Æomalodiraphio- miens. T. T. Muscles de la queue bien développés. Æomalococcygo- myens. Alouaites. Muscles de la queue atrophiés. Anhomalococcygomyens. An- thropoïdes. S. Homme. (Muscles de la queue atrophiés. Un faisceau fémoral au biceps.) Le couturier de l’'Hippopotame est formé par deux fais- ceaux ; l’un situé en dehors du psoas vient de l’épine iliaque antérieure et supérieure; l’autre, situé en dedans du psoas, vient de l’intérieur du bassin en franchissant la crête pecti- néale (1). C’est ce second faisceau qui existeseul chez les Or- nithodelphes (2), tandis que le premier se montre chez les Didelphes et les Monodelphes. Le caractère à l’aide duquel (4) Gratiolet. — Recherches sur l'anatomie de l'hippopotame. (2) E. Alix. — Sur l'appareil locomoteur de l’ornithorinque et de l'échidné. — Bullet, de la Soc. philom. et Journ. l'Institut, 1867. 5 Up nous distinguons les Ornithodelphes des autres Mammifères étant tiré du membre abdominal, nous sommes forcé de mettre à part les Cétacés. Nous établissons une division dans les Mammifères en raison de la présence et de l’absence du brachial antérieur. Les animaux auxquels nous refusons ce muscle ont été jus- qu'ici le plus généralement considérés comme le possédant. Mais c'est en réalité leur long supinateur que l’on a pris pour un brachial antérieur et désigné aussi sous le nom de court fléchisseur de l’avant-bras. Le brachial antérieur glisse entre le biceps et l'articulation huméro-cubitale, tan- dis que le muscle des Pachydermes et des ruminants se place, comme un vrai supinateur, en dehors du biceps. Les autres caractéristiques, reposant sur des faits non controversés, ne demandent pas d'explications particulières. Nous ne nous dissimulons pas tout ce qu’il y a d’artificiel dans cette classification, mais il n’en est pas moins intéres- sant de voir que les divisions qu'elle permet d'établir coïn- cident précisément avec les groupes naturels fondés à la fois sur les saractères extérieurs et sur tout l’ensemble de l’orga- nisation. Il est aussi intéressant de voir que, dans la classi- fication myologique, les Eléphants, les Insectivores et les Cheiroptères sont séparés des groupes avec lesquels ils ont été autrefois confondus et dont ils ont été séparés par la clas- sification placentaire. Séance du 23 octobre 4875. Dans cette séance, la première qui ait été tenue depuis les vacances, la Société a recu de M. Vulpian, les deux com- munications dont l’analyse va être donnée. 1. M. Vulpian a fait une première communication sur les lésions de la moelle observées chez des animaux soumis & une tnioæication prolongée par le nlomb ou par l’arsenic. Re PAR On saït qu’il n’est pas rare de constater des symptômes de paralysie chez les animaux empoisonnés par des prépara- tions de plomb ou d’arsenic. M. Vulpian a eu l’occasion de voir plusieurs faits de ce genre, et, pendant son cours de cette année, à la Faculté de Médecine, il a montré un chien qui, après avoir pris chaque jour un gramme de carbonate de plomb, mêlé à ses aliments, pendant cinq semaines, pré- sentait une paraplégie presque absolue. Ce chien avait beau- coup maigri, et lorsqu'il mourut, quatre ou cinq semaines plus tard, il était arrivé à un état d’amaigrissement extrême, bien qu’il eût continué à manger avec appétit jusqu’au der- nier jour. La moelle de cet animal fut enlevée avec soin; sur des coupes faites à diverses hauteurs, cette moelle, examinée à l’état frais, n'avait pas paru très-altérée : on voyait pour- tant cà et là des îlots de congestion presque ecchymatique et le tissu, dans ces points, semblait un peu ramolli. Après durcissement dans une faible solution d'acide chromique, on a pu étudier méthodiquement l’état de la moelle épinière. On a reconnu les traces d’une myélite nettement caractérisée. La lésion s’étendait à la plus grande partie de la longueur de la région dorsale. La région lombaire et la région cervi- cale étaient peu atteintes. On ne veut pas faire ici une des- cription minutieuse des lésions. Il suffira de dire que les faisceaux antérieurs de la moelle épinière étaient surtout altérés à un degré inégal, l’un des deux faisceaux étant plus lésé que celui opposé. Une des cornes antérieures était alté- rée aussi ; c'était celle qui correspondait au faisceau antéro- latéral le plus fortement atteint. La moitié postérieure de ce faisceau était intacte. Dans les points où il était lésé, on trouvait un nombre considérable de corps granuleux de volume varié. Il était facile de les reconnaître dans ‘les coupes traitées par la glycérine et l'acide acétique. On les retrouvait dépouillés de leurs granulations graisseuses, dans les coupes traitées par l'alcool, l'essence de girofle et le baume de Canada, sous forme de vésicules dont l’immense majorité ne contenait plus de noyaux. Dans les points où existaient ces corps granuleux, les tubes nerveux avaient disparu : à peine en apercevait-on cà et là un ou deux, re- présentés seulement par leur cylindre axe. La névralgie AS était hypertrophiée et circonscrivait des aréoles bien plus grandes en général que celles qui contiennent, à l’état normal, les fibres nerveuses. Certains vaisseaux de la sub- stance blanche, dans les points altérés, étaient élargis et étaient entourés d’un épais manchon de corps granuleux. Dans la corne antérieure de substance grise qui participait à l’altération, il y avait aussi hypergénèse de la névroglie, multiplication des noyaux et présence de nombreux corps granuleux; on voit une accumulation de ces corps dans la gaîne lymphatique de plusieurs vaisseaux. Les cellules ner- veuses de cette corne sont : les unes, comme flétries, reve- nues sur elles-mêmes, dépourvues de prolongements; les autres, à peu près saines, quoique cependant le nucléole de leur noyau ne soit plus bien reconnaissable. On ne dira presque rien de l’état des nerfs et des muscles des membres postérieurs. Les nerfs n’offraient pas de lésions très-manifestes, et, quant aux muscles, on y constatait sur- tout une atrophie simple des faisceaux primitifs. L’intoxication par le plomb peut donc donner naiïssance à une myélite intense et produire ainsi la paraplégie ou une paralysie plus étendue encore. Chez l'homme, les études entreprises jusqu'ici dans les cas de paralysie par intoxication saturnine n’ont pas fait re- connaître des lésions manifestes de la moelle épinière. Ce- pendant, M. Vulpian a pu constater, dans un cas de ce genre, quelques modifications de la moelle, consistant surtout en un état comme colloïde du contenu de certaines des cellules des cornes antérieures, et en une atrophie commencçante de quelques autres cellules de ces mêmes cornes. Peut-être un examen plus approfondi permettra-t-il de démêler des alté- rations plus nettes encore. En tout cas, le fait signalé par M. Vulpian doit encourager les recherches dans ce sens. M. Vulpian a examiné aussi la moelle d’autres chiens empoi- sonnés aussi au moyen de la céruse, mais qui n'avaient pas offert de vrais symptômes paralytiques. Il n’a trouvé au- cune lésion du genre de celles qu’il avait constatées chez le chien paraplégique. Au contraire, il a vu des lésions tout à fait analogues dans la moelle épinière d’unlapin empoisonné par l’arsénite de soude. Celapin avait servi aux recherches de M. Scolosuboff, relatives AO à la répartition de l’arsenic dans les divers organes des ani- maux soumis à l’intoxication arsenicale. L'animal avait pris de l’arsénite de soude pendant quinze jours (Voir Archives de physiologie normale et pathologique, 1875, p. 655), et il offrait la veille desa mort, survenue le quinzième jour, un amaigrisse- ment considérable etune paralysie des quatre membres, surtout des membres postérieurs. M. Scolosuboff avait trouvé une quantité d’arsenic relativement plus forte dans le cerveau et dans la cervelle que dans les muscles et dans le foie. Les préparations arsenicales peuvent produire, chez l'hom- me comme chez les animaux, des paralysies plus ou moins étendues. Il faudra désormais, dans des cas de ce genre, ob- servés chez l’homme, si malheureusement l’intoxication se termine par la mort, examiner attentivement la moelle épi- nière, pour voir si l’on trouvera des altérations et si l’on arrivera ainsi à une connaissance plus précise de la physio- logie pathologique de ces paralysies dites toxiques. Ces in- vestigations pourront être, à un certain degré, préférables non-seulement au point de vue de la science pure, mais en- core au point de vue de la pratique médicale. M. Vulpian insiste sur la probabilité de l'existence d’une lésion médullaire dans les casde paralysie saturnine, en se fondant sur la distribution si constante de cette paralysie dans des groupes de muscles déterminés, et dans la disposi- tion bilatérale et symétrique de l'affection. Bien qu'il y ait certainement des modifications périphériques, déjà bien étu- diées et connues en partie, dans les nerfs et les muscles para- lysés, cependant la distribution systématique de ces modifi- cations paraît soumise à une influence régulatrice émanée des centres nerveux et ayant pour cause une atteinte de ces centres eux-mêmes. Il est clair que les lésions de la moelle épinière, si elles existent comme le présume M. Vulpian, doivent être très-différentes de celles qu'il a observées chez le chien paraplégique dont il a étudié la moelle; mais le fait d'une myélite intense, produite par le plomb chez ce chien, autorise à supposer que les préparations saturnines peuvent exercer une action irritante sur le cordon médul- laire. Ce doit être là, on peut le répéter, le point de départ des nouvelles investigations histologiques lorsque l’occasion s'en présentera. HEC AU: 2, M. Vulpian a fait aussi une communication où il traite de l'influence qu'exerce la faradisation de la peau dans certains cas d’anesthésie cutanée. M. Vulpian rappelle qu'il y a des cas d’hémiplégie, dus à des lésions de l’encéphale, dans lesquels il y a paralysie persistante de la motilité et de la sensibilité dans la moitié du corps affecté. Ces cas sont ceux dans lesquels une lésion, telle qu'une hémorrhagie ou un ramollissement d’une cer- taine étendue, a détruit une partie du pédoncule cérébralou la région postérieure de l’expansion pédonculaire qui tra- verse le noyau lenticulaire du corps strié. Ces faits diffèrent des faits ordinaires d'hémiplégie par lésions encéphaliques ; car on sait que, dans ceux-ci, l’anesthésie qui peut exister, immédiatement après l’attaque apoplectique, dans le côté, frappé d'hémiplégie, se dissipe bientôt, de telle sorte qu’au bout de quelques heures ou de quelques jours, la sensibilité redevient intacte ou à peu près dans les parties dont la mo- tilité reste paralysée. Dans des cas d’hémiplégie due à une lésion encéphalique du genre de celles dont il vient d’être question et dans les- quels existait une hémianesthésie complète, occupant toute la moitié paralysée du corps, y compris le côté correspondant de la face et de la tête et les organes des sens du même côté M. Vulpian à constaté un retour de la sensibilité sous l’in- fluence de lafaradisation. On avait électrisé la peau de l’avant- bras à l’aide d’un courant induit saccadé, éponge humide à l'extrémité d'un des électrodes, pinceau métallique à l'ex- trémité de l’autre pendant une dizaine de minutes. Pendant les premières minutes, le malade né paraissait éprouver au- cune sensation, mais bientôt, au niveau du pinceau métallique il ressentait des fourmillements, puis des picotements, puis enfin une douleur de plus en plus vive, devenant bientôt in- tolérable, et forçant à diminuer l'intensité du courant. Ce retour de la sensibilité, dans des régions anesthésiées, sous l'influence d’une faradisation suffisamment prolongée, s’observe dans d’autres cas morbides. Ainsi, on sait depuis longtemps déjà, — et M. Briquet a appelé tout spécialement l'attention sur ce fait, — que la faradisation de la peau, dans des régions frappées d’anesthésie, chez des hystériques, peut DAC Les ramener très-rapidement un très-notable degré de sensibilité dans ces régions. De même, M. Vulpian à constaté, après une faradisation de quelques minutes, un retour très-net de la sensibilité dans la peau des membres inférieurs chez des sujets atteints d’a- taxie locomotrice depuis plusieurs années, et chez lesquels la peau de ces membres offrait une anesthésie paraissant absolue. De même encore, l’anesthésie cutanée a disparu en quel- ques minutes, sous l’influence du même moyen, chez des malades atteints d'intoxication saturnine et présentant une paralysie de la sensibilité dans toute une moitié du corps. Enfin, le même fait s’est produit chez un homme affecté d’atrophie musculaire progressive et chez lequel on obser- vait — ce qui est très-exceptionnel — une paralysie com- plète de la sensibilité dans certaines régions du tégument cutané. C'était au niveau de la face dorsale des avant-bras et surtout des mains que siégeait l’anesthésie. Or, ici encore une seule séance de faradisation de la peau dans les régions anesthésiées avait fait renaître la sensibilité, sous tous ses modes, sauf cependant la thermesthésie ou sensibilité à la douleur, qui n'avait point reparu. La sensibilité réveillée par la faradisation, dans ces diffé- rents cas, ne remontait d’ailleurs pas, en général, au degré normal : le plus souvent, la sensibilité aux simples contacts restait très-faible, parfois presque nulle, et la sensibilité à la douleur était manifestement pervertie. À la sensation de pincement, de piqûre, produite par les excitations de re- cherche, se mêlait une sensation de brûlure qui rendait la douleur sinon plus forte, peut-être plus pénible. La douleur avait les caractères de celle de l’anesthésie douloureuse. Dans les cas où la diminution de la sensibilité s’accompagnait d’un retard de la perception, comme cela avait lieu chez les indi- vidus atteints d’ataxie locomotrice, le retard paraissait moindre à la suite de la faradisation M. Vulpian désire d’ailleurs appeler surtout l’attention sur une particularité qu'il a observée dans un cas d’hémianes- thésie due à des lésions encéphaliques. Dans ce cas, la faradisation avait été opérée d’une facon exclusive sur la peau de l’avant-bras (face dorsale et face nl LE palmaire) du côté anesthésié. Au bout de quelques minutes, la sensibilité avait paru dans cette région, et elle était évi- demment très-vive à la fin de la séance de faradisation (du- rée 10 minutes). On examina alors, immédiatement après que l’on eut cessé d’électriser l’avant-bras, l’état de la sensibilité des autres parties de la même moitié du corps, parties qui, aupa- ravant, offraient une anesthésie complète. Or, on constata que la sensibilité avait reparu dans toutes ces parties : main, bras, cou, face, cuisse, jambe, pied. La sensibilité, purement tactile, était très-faible, mais les sensations, provoquées par le pincement et la piqûre, étaient extrèmement douloureuses. La sensibilité, au fond, était très-obtuse. De plus, le malade ne désignait que d’une facon très-vague et souvent erronée les points qui venaient d’être soumis à une irritation. La réapparition de la sensibilité à la douleur (algesthésie) n’a pas été simplement momentanée. Comme dans les autres cas dont on a parlé, le lendemain et les jours suivants, bien qu’on n’ait pas soumis le malade à de nouvelles faradisa- tions, la sensibilité a persisté. Elle existait encore dans toutes les régions de la moitié du corps, primitivement anes- thésiée, au bout de sept jours; mais il semblait qu’elle ten- dait à disparaître de nouveau. Une nouvelle séance de fara- disation del’avant-bras a ramenéla sensibilité au degré qu’elle avait atteint lors de la première séance. Ce fait rappelle celui qui à été signalé par M. Briquet, à savoir que dans les cas d'hémianesthésie hystérique, on voit parfois la faradisation cutanée, faite sur le membre supé- rieur, faire renaître la sensibilité non-seulement dans ce membre, mais encore dans le membre inférieur. Dans le cas d’hémianesthésie observé par M. Vulpian, on peut supposer que la faradisation de la peau de l’avant-bras a fait sortir de leur torpeur les éléments de l’encéphale, qui jouent un rôle dans le mécanisme de la sensibilité perçue et qui, bien qu'épargnés par la lésion, auraient subi une sorte d’engourdissement profond. Il semble que le retour de la sensibilité dans toutes les régions anesthésiées, dans un cas d’anesthésie très-étendue, sous l'influence de l’électrisation d’un point très-limité de ces régions, ne peut avoir lieu que si la lésion, qui produit = FO 2 l’anesthésie, siége dans l’encéphale. Aussi doit-on penser que l’anesthésie, dans Les cas d'hystérie dont a parlé M. Bri- quet et auxquels on vient de faire allusion, était due à une modification morbide de certaines parties de l’encéphale. IL sera intéressant de poursuivre ces études et de chercher si elles ne pourront pas fournir quelques données au diagnostic du siége des lésions qui produisent l’anesthésie. M. Vulpian ajoute que le malade chez lequel il a observé le fait, dont il a entretenu la Société, présentait aussi (hémi- plégie du côté droit) un notable degré d’aphasie. On a con- staté, de la facon la plus nette, qu’à la suite de la première séance de fadarisation, et pendant plusieurs jours, la parole était devenue beaucoup mieux articulée et la mémoire des mots et des faits plus précise. Sur un Dromien nouveau, genre Platydromia, par M. Brocchi. J'ai pu examiner quelques Crustacés provenant de l’île Saint-Paul. Ces animaux ont été envoyés au Muséum par M. de l'Isle, un des naturalistes attachés à l'expédition envoyée pour ob- server le passage de Vénus. Parmi ces Crustacés se trouvent d'assez nombreux échan- tillons d’un Dromien remarquable. On sait que le genre Dromia a été subdivisé en un assez grand nombre desous-genres (Dromidia, Pseudodromia, Cryp- todromia, etc.). | Sans m'arrêter à discuter ici le plus ou moins de valeurde ces coupes génériques, dues pour la plupart à M. Stimpson, je dirai que le Dromien de l’île Saint-Paul s'éloigne plus des Dromies ordinaires que les Crustacés pour lesquels ont été créés les genres nouveaux dont je parlais tout à l'heure. Il ne peut, d’ailleurs, prendre place dans aucun de ces groupes. Il se distingue, en effet, de tous les Dromiens décrits jus- qu’à ce jour par la forme de la carapace, DUT ae Chez les Dromiens ordinaires, la carapace est convexe, àce point même que beaucoup de ces animaux ont une apparence tout à fait globuleuse. Chez le Crustacé dont je m'occupe ici, cette partie de l’animal est au contraire presque plane. Il m'a semblé que ce caractère était assez saillant, assez important, pour jusüfer la création d'un sous-genre nou- veau, que je propose de désigner sous le nom de Platy- dromia. Si l’on compare ce nouveau genre avec ceux déjà con- nus, on voit que celui dont il se rapproche le plus est le genre Dromidia (Stimpson); mais, je le répète, il s’en dis- tingue fort nettement par la forme de la carapace. Platydromia depressa (nob.). — C’est une espèce de petite taille ; la carapace est légèrement bombée en avant, aplatie en arrière. Toute la surface de ce bouclier est, comme le reste du corps, couverte de poils fins et serrés. Ses bords sont lisses et complétement inermes. Les sillons sternaux de la femelle s'étendent en avant jus- qu'aux segments des pattes antérieures. Les pattes sont semblables, par leur forme et leur disposi- tion, à celles des Dromies. Long. de la carapace 0,013, larg. 07,015. Sur une nouvelle espèce de Tetraogallus, par M. Oustalet. Il yatrois mois environ, un naturaliste russe de grand talent, M. Severtzou, à qui je montrais les oiseaux de la ré- gion paléarctique renfermés dans les collections du Museum d'histoire naturelle, appela mon attention sur un gallinacé qui avait été longtemps confondu avec le T'etraogallus hima- layensis de Gray, mais qui méritait d'en être distingué par un certain nombre de caractères. Ce spécimen (un mâle), rapporté d'Erzéroum par M. de Challaye, consul de France, est à peu près de la même taille que le Z'etraogallus himalayenses de Gray, mais par la coloration de la tête il ressemble au Tetraogallus altaicus (Perdix altaica Gebl.) et plus spéciale- ment à l'individu figuré par Gray sous le nom de Zefrao- Ji Eros gallus caucasicus ; toutefois il a le bec plus long et plus fort, les pattes plus allongées, et la mantille qui recouvre le cou et la poitrine moins nettement délimitée en dessus; sous ce rapport il rappelle un peu le 7°. himalayensis. Le sommet de la tête et les joues sont d’une teinte grise uniforme ; les sourcils et le devant du col d’un blanc pur ; sur les côtés on remarque six bandes blanches et grises alternantes, et un trait rouge, partant de l'œil et se prolongeant à quelque distance en arrière. La poitrine est grise, mais les plumes sont bordées de jaunâtre et tachetées cà et là de brun de sépia ; ces taches forment des mouchetures plus petites que celles qui ornent la poitrine du 7”. kimalayensis. Le dessus de la mantille est d’une teinte café, vermiculée de gris; sur les ailes et sur le dos, ces vermiculations deviennent par- ticulièrement nombreuses, et couvrent en partie la teinte du dos; les plumes offrent, en outre, une bordure roussâtre ; le ventre présente à peu près le même dessin que la région dorsale, avec quelquesflammes noirâtres, enfin, les couvertures inférieures de la queue sont très-allongées et d’un blanc pur, tandis que dans le 7°. alfaicus cette région est entièrement d'un brun noirâtre. Les rectrices sont en dessus d’un gris cen- dré sur leurs barbes internes, d’une teinte café au lait sur leurs barbes externes, avec des vermiculations brunes ; en dessous d’un gris de fer, avec l'extrémité rayée d’un brun roussâtre. Les rémiges sont d’un gris de fer avec l'extrémité rousse, rayée de brun, et les barbes externes et internes d’un blanc pur dans les 2/5 de leur longueur ; les pennes secondaires sont vermiculées de roux et de blanc. Le bec est brun à la base et verdàtre au sommet et sur la mandi- bule inférieure ; les pattes brunes avec deux éperons (un pour chaque patte), situés à 4 centimètres de hauteur envi- ron;les ongles bruns. Cette espèce, à laquelle je donnerai le nom de Zetraogal- lus Challayei, présente les dimensions suivantes: Longueur du bout du bec à l'extrémité de la ie es ae onsuenurdetliaile. 22h41. 1SenTNente HOME Longueur du bec, mesuré le long de l'arête supé- miBure li": CAUSES EE MED NÉE F1 Go A MA TOR AE Re Re PARURT ATOS | Longueur du tarse AS A CU CR No AO HR OR OZ Hot Longueur du doigt median (sans l’ongle). . . . . 0®,06 Longueur du doigt postérieur ( ïd. ). . . . (O0",017 Hauteur maximum du bec . . . . . . . . . . Om,02 L'éther est-1l pondérable ? Remarques, par M. J. Grolous. On sait que la chaleur et la lumière sont impondérables, c'est une locution abrégée, une manière de dire que l’éléva- tion de température et l’éclairement ne donnent lieu à au- cune modification du poids des corps. Mais s’ensuit-il que le fluide éther soit lui-même impondérable ? J’incline vers la négative etune comparaison va faire voir que l'hypothèse d'un éther pondérable n’a rien de contraire aux notions ad- mises. Nul n’a songé à peser le son, car ce n’est qu’un mou- vement et le mouvement ne se pèse pas. Mais il est absurde d’inférer de là que l’air soit impondérable. J'ai conçu deux méthodes propres, selon moi, à élucider la question: 1° Recours au calcul; 2° Recours à l'expérience directe. 1° Recours au calcul. Désignons par w le poids d’éther qui accompagne un kilo- gramme d’eau; de sorte que, sous le kilogramme d’eau, il 1 1+u poids d’éther qui accompagne un kilogramme réel d’un autre corps et cherchons à exprimer K en fonction de la chaleur spécifique C de ce corps. ? J’admets que la quantité de chaleur à fournir à un corps pour le porter de 0° à 1° est proportionnelle à la masse d’éther comprise dans ce corps. D’après cela il faudra K fois plus de chaleur pour porter de 0° à 1° le poids 1 K v du corps considéré que pour échauffer dans les mêmes conditions le poids 1 + u d’eau. Pour échauffer ce dernier poids il faut (1 y) calories; pour échauffer le poids 1 + K y du corps considéré il faudra donc fournir (1 + x) K calories et pour. n’y a que le poids de matière. Désignons par K u le Eye échauffer le poids 1 de ce corps il faudra un nombre de ca- ; : (1+Kr) lories représenté par =. 1LK U D'où : DANSE nel Kw à D'où l’on tire : C IR 1 + u—uC. Cela posé, si À et A” sont les équivalents de deux corps, la balance, dans une expérience rigoureusement conduite, ne doit pas accuser équivalence entre les poids À et A’, mais entre les poids A (1 LK y) et A' (11 K'’ vu). Et, si P et P’ sont les poids observés, on doit avoir : AE A (1 LKu) DR ATELTUE) ou bien : Cr P alt) P’ ; C'u AI LL es — D'où l’on tire : NRA (1) TE ——— — ———— — ———— Ë ; A'P(1—C)— AP'(1—C") Cette méthode m'a été suggérée en 1861 par M. Jeandel, alors capitaine d’artillerie, professeur de sciences appliquées à l'Ecole d’application de l’Artillerie et du Génie. Pour appliquer la formule (1), j'ai recouru aux résultats des analyses de M. Dumas, résultats consignés dans le Mémoire qu'a publié cet éminent chimiste. (Voir Annales de Chimie et de Physique, troisième série, tome LV.) J'avais MINES UD soin de grouper ensemble les expériences d’une même série, de manière à les corriger les unes par les autres. Pour des raisons que j'ai indiquées dans un mémoire plus étendu, j'ai dû rejeter les résultats desanalyses que M. Dumas a faites pour déterminer les équivalents des corps suivants : molybdène, tungstène, aluminium, fer, cadmium, brome, iode, phosphore, arsenic, antimoine, bismuth, bore, silicium, zirconium, sélénium, tellure, magnésium, calcium et plomb. Dans ces expériences, M. Dumas s’est trouvé en prise avec des difficultés que, de son aveu même, il n’a pas toujours pu surmonter. Voici les valeurs de y que le calcul m’a four- nies : Noms des corps Valeurs de 1 Manganèse.. — 0,0019 Chlore...... — 0,0007 Sodium ..... — 0,0010 Cobalt. ..... — 0,0022 Nickel...... —+ 0,0026 Calcium..... — 0,0033 Strontium... + 0,0047 SOUITE Eee —+ 0,0058 Baryume ere — 0,0073 IDeine Ja ae — 0,0078 Toutes ces valeurs sont positives, excepté celle que fournit le manganèse ; mais elles sont divergentes. C’est à la déter- mination des équivalents du chlore et du soufre, que M. Dumas s’est attaché avec le plus de soin. Mais il est pos- sible que le sulfure d'argent, quoique fortement chauffé, ait encore retenu du soufre en excès et la valeur de y seraitalors trop forte. La même objection existe à l'égard du chlore ; mais l’erreur est ici bien moins à craindre, le chlore étant autrement volatil que le soufre. C’est donc au résultat fourni par le chlore, que j’accorde le plus de confiance. Si ce ré- sultat est exact, il y a environ 7 décigrammes d'éther sous un kilogramme d’eau. Mais nous sommes encore loin de la certitude désirable et il faut absolument recourir à l’expé- rience directe. 2 Recours à l'expérience directe. — On sait que le soufre prismatique, au contact de certains liquides comme le sul- fure de carbone et l'essence de térébenthine, passe brusque- 5) ment à l’état octaédrique et le phénomène est accompagné d’un dégagement de chaleur qui s'explique par ce fait que la chaleur spécifique du soufre octaédrique est plus faible que celle du soufre prismatique, Si ma manière de voir est exacte, il doit y avoir déperdition d’éther de la part du soufre dans cette expérience et par suite diminution de poids. Partant de là, j'ai imaginé à Metz, en 1861, de construire un petit appareil composé de deux boules reliées entre elles par un tube courbe. L'appareil était fermé à la lampe. Dans une boule était du soufre, dans l’autre du sulfure de carbone et dans le tube était un petit bouchon de soufre. On fondait d’abord le soufre et on l’amenait à l’état prismatique. Une fois l'appareil refroidi et pesé, on le faisait basculer : le sul- fure de carbone dissolvait le petit bouchon du soufre, venait au contact de la masse principale de soufre et la transforma- tion s’effectuait. Si donc les parois de l’appareil étaient per- méables à l’éther, on devait observer une perte de poids. Malheureusement, chaque fois que j'ai tenté l'expérience, l’appareil à éclaté. Faut-il l’attribuer à la vaporisation d’une partie du sulfure de carbone ou bien à la tension du fluide éther lui-même ? Je n’en sais rien. Aujourd’hui, je propose un autre mode d’expérimentation où les dangers d’explosion seront, je crois, évités. Dans un matras à long col qu'on mette du soufre octaédrique bien purgé de sulfure de carbone ; que le matras soit fermé à la lampe et qu'on le pèse en s’entourant de toutes les précau- tions usitées en pareil cas; qu’on chauffe ensuite l'ap- pareil et qu’on fonde le soufre de manière à produire la variété prismatique, fait dont il faudra s’assurer soigneuse- ment. L'appareil sera pesé de nouveau après refroidisse- ment et, si mes prévisions sont justes, on devra observer une augmentation de poids. Mais il est à craindre qu’on ne puisse attribuer l’augmen- tation de poids à un dépôt d’eau condensée, voire même de carbone produit par la flamme sur laquelle aura été chauffé le ballon. Pour lever tous les doutes, une contre-épreuve sera nécessaire ; elle consistera à chauffer de même, pendant le même temps, un matras vide de mêmes dimensions que le premier et à voir ce qui en résulte. La chaleur spécifique du soufre prismatique est égale Lines à 0,2026, Celle du soufre octaédrique en est vraisemblable- ment la moitié. Si donc P représente le poids du soufre soumis à l'expérience, si p est l’augmentation du poids (corrigée s’il y a lieu, d’après le résultat de la contre- épreuve), on doit avoir : Py X 0,1013 — p. D'où l’on déduira y. Si la valeur de w — 0,0007. est exacte, cette expérience doit donner lieu à une augmen- tation de 71 miligrammes par kilogramme de soufre employé, soit 50 du poids primitif. Et, à cause, du poids du verre, la fraction sera encore plus petite, si l’on compare l’augmentation au poids total de l'appareil. Enfin, il impor- tera de répéter l'expérience en la variant le plus possible, sans se départir des principes. C’est seulement par une moyenne calculée d’après les résultats d'expériences pré- cises qu’on obtiendra de constater sérieusement le phéno- mène. Séance du 13 novembre 1875. Sur les fosses nasales du fourmilier Tamandra. par M.J. Chatin. En pratiquant des coupes en différents sens, on constate les dispositions suivantes : Cornet supérieur. — Il s’étend sous la forme d’une longue lamelle osseuse médiocrement contournée, fortement échan- crée en arrière, simple en avant. Volutés ethmoïdales. — Aïnsi qu’on vient de le voir, le cor- net supérieur offre, vers le point d'union de son tiers posté- rieur avec les deux tiers antérieurs, une profonde échancrure EN dans laquelle vient se placer l'extrémité antérieure de la grande volute ethmoïdale. Celle-ci ne peut être désignée sous le nom de « cornet moyen » en raison de ses connexions étroites avec les autres volutes, elles-mêmes fort déve- loppées; aussi convient-il de décrire cet ensemble sous le nom qui lui est donné ici. Cornet inférieur. — Dans sa forme générale, il rappelle assez bien la même partie chez les Ruminants ou les Pachy- dermes. La coupe verticale montre qu’il n’est d’ailleurs que médiocrement contourné. Méats. — La bizarre configuration du cornet supérieur rend fort difficile la délimitation des méats, si on cherche à l’'établir d’après les règles ordinaires. En effet, il est d'usage de désigner les méats par le nom des cornets au-dessus desquels ils sont placés; mais ici, on le voit, il y aurait deux méats supérieurs et un méat inférieur. Quant au méat moyen, il ne serait représenté que par un espace extrême- ment réduit et situé au-dessous de la tubérosité antérieure de la grande volute ethmoïdale ou cornet moyen. Aussi vaut-il mieux, pour éviter toute confusion, ne décrire que deux méats : le méat supérieur, représenté par la fente très- sinueuse limitée en haut par le cornet supérieur et en bas par la grande volute ethmoïdale et le cornet inférieur ; le méat inférieur, limité par le cornet inférieur, et le plancher des fosses nasales. Parot supérieure. — Elle est formée par un plan osseux sensiblement rectiligne, oblique de haut en bas et d’arrière en avant. Parot inférieure. — Elle est également rectiligne et sensi- blement horizontale. Cloison.— Formée d'une lame assezmince de tissu compacte. Cette description et les dessins que je mets sous les yeux de la Société moutrent qu'il reste dans les fosses nasales du Tamandua une organisation beaucoup plus compliquée qu'on _ne serait tenté de l’admettre, en se reportant aux principaux traités d'anatomie comparée ou aux diverses monographies, dont les auteurs mentionnent à peine les fosses nasales de cet Edenté ou les représentent comme disposées d’après le type le plus simple, ce qui, on le voit, est loin d'être l’ex- pression de la réalité. Extrait de l’Institut, 1875. 6 C> Ho) | S'ur les mouvements périodiques des feuilles dans l'Abies Normanniana, par M. J. Chatin. On sait que cetarbre, aujourd’hui très-répandu, offreune co- loration très-remarquable des feuilles dont la face supérieure présente une belle coloration verte, tandis que la face infé- rieure est d’un blanc d'argent. Or, sion observe cet Abies peu après le lever du soleil ou vers le déclin du jour, on constate que l’ensemble du feuillage paraît unifor- mément blanc, tandis que, dans le milieu du jour, la teinte verte est générale ou presque générale. En appelant posiéion diurne ce dernier état dans lequel les feuilles sont étalées et présentent la face supérieure, on a donc une position noc- turne caractérisée par la situation dressée de la feuille of- frant sa face inférieure et blanchâtre. Pour réaliser cette po- sition, non-seulement la feuille se redresse sur le rameau qui la porte, mais elle se tord autour de sa base et cette tor- sion peut souvent parcourir un arc de 90 degrés, M. ]J. Chatin se borne d’ailleurs à signaler présentement ces phé- nomènes, se proposant, dans une prochaine communication, de décrire plus complétement ces mouvements et d'en préciser le mécanisme. Étude sur la thermostatique des corps, par M. J. Grolous. Cause de la dilatation et de la contraction. — Quand un corps contient de la chaleur, il ya mouvement vibratoire tant des molécules matérielles que des molécules éthérées qui le constituent. Que la température s'élève, l'amplitude des vi- brations ausmente, chaque molécule exige un plus grand espace pour la liberté de son mouvement. D'où la dilatation. Que la température s’abaisse, le milieu ambiant (qui est un liquide, un gaz ou seulement le fluide Éther) er par ses = 5 = pressions ou sa tension pour serrer les molécules les unes contre les autres. D’où la contraction. On le voit, pour expliquer ces phénomènes il n’est pas besoin de considérer les actions qui s’exercent ou peuvent s'exercer de molécule à molécule. On verra, au surplus, que dans la présente étude il est indifférent d'admettre ou non l’attraction moléculaire. La question que je me pose est celle-ci : Etant donnée la quantité de chaleur contenue dans un corps, quel volume doit-il occuper dans l'espace? C’est purement une question de statique et la rupture de l'équilibre ne sera pas envisagée, pas même virtuellement. Vibration d'une molécule. Cylindre d'évolution. — J'admets que chaque molécule vibre en parcourant sensiblement un segment rectiligne et que la loi des espaces est donnée par la formule : 2 ei NANSIT ÉD) A désignant la demi-amplitude et 0 la durée de la vibra- tion. J'appelle cylindre d'évolution l'espèce de tronc cylindrique dont la molécule occupe successivement les diverses régions par le fait de la vibration. Si s est la section droite du <ÿ- lindre d'évolution, le volume de celui-ci est égal à 2As + v, v désignant le volume propre de la molécule. Nous sup- posons s le même pour toutes les molécules de même na- ture, Volume d'un corps. —- Le volume V d’un corps est donné par la formule : V — Z2kAs + XGv (1). k est un coefficient que j'introduis pour tenir compte : 1° De ce que les cylindres d'évolution peuvent laisser entre eux des interstices ; 2 sn 2 2° De ce que les cylindres d'évolution se pénètrent peut- être les uns les autres. Une molécule étant, à un instant donné, dans telle région de son cylindre d’évolution, une- molécule voisine peut, au même instant, occuper une autre ré- gion de ce cylindre. J’introduis le coefficient $ pour tenir compte des inters- tices qui existeraient entre les molécules lors même qu’elles seraient toutes au repos. Je désigne par V,le volume primordial du corps considéré, c’est-à-dire le volume correspondant au /roëd absolu. Il ne diffère pas de Es. Désormais les lettres accentuées se rap- porteront à la matière et les autres à l’éther. Si m est la masse totale d’éther et u la masse d’une molécule éthérée, la formule (1) revient à la suivante V —" kAsL = MAS LV, (2). p pe Vitesse moyenne. Force vive moyenne. Considérons en va- leur absolue les vitesses des molécules au même instant. La h 4A 44 moyenne des vitesses est a pour les molécules éthérées et f Tan Pour les molécules matérielles. Prenons aussi la moyenne des forces vives. Rapportée à l’unité de masse, elle est, d’après une intégration facile, ne ; ue Ev : RT° Ta pour les molécules éthérées et 27° qe Pour les molé- cules matérielles. Répartition du mouvement vibratoire entre l'éther et la ma- ère. La loi de répartition du mouvement vibratoire entre molécules d'espèce différente ne m'est pas connue. J’admet- trai qu’elle est donnée par la formule : A AU m n = am ra (3), « étant ur coefficient qui dépend de la nature du corps. J'admets en outre qu’il n’est ni très-grand ni très-petit. MG Relation entre la chaleur et la demi-force vive totale. Si C est le nombre de calories contenues dans le corps et si E dé- signe l’équivalent mécanique de la chaleur, on a : A? Ar EC — m (mm 7) ®. Expression du volume en fonction de la chaleur. Si l'on éli- mine À et A’ entre les équations (2, 3 et 4), on arrive à la formule : jl RNA TAN jl ' doit être remplacé par le signe < dans l'inégalité (1) ; 3° Pour toutes valeurs de x on a : l T 2x — El Dr F 4° Pour toutes les valeurs de x on a : 07 —= 1 DHUE ds, | RE — Elz € — 5° x variant de O à x, on a toujours : 1 À MUÈUE ral Sin Z « sin mi Etc., etc. Toutes ces formules résultent de ce double fait : la conti- nuité de la courbe et l'absence de points d’inflexion dans la région considérée. Séance du 18 décembre 1875. Liste des Crustacés isopodes provenant de l'ile Saint-Paul et déposés dans les galeries du Muséum d'historre naturelle, par MM. Vélain et de Lisle, Note de M. Brocchi. I. ISOPODES MARCHEURS. Genre IDOTÉE. | Idotea Nitida (Heller). Voyage de la Novara. — Crustacés p.131 plu2;f 1. Genre PoRCELLIO. Porcellio Paulensis (Heller). Voy. de la Nov.—Cr., p. 136, pl. 12, f. 5. II. ISOPODES NAGEURS. Sphéromiens. Genre SPHÉROME. Spheroma perforata (H. M. Edw.). Hist. nat. des Cr.T. II, p. 211. Spheroma tuberculata (nov. sp.). Tête et corps couverts de petites granulations. Les anneaux #& OR at thoraciques présentent deux ou trois petits tuberculesmousses. On remarque deux de ces tubercules plus prononcés sur la partie médiane du dernier anneau thoracique. Le premier anneau abdominal présente aussi deux tuber- cules assez forts, placés de chaque côté de la ligne médiane. Le dernier segment abdominal est subtriangulaire, et la pointe qui le termine est assez fortement relevée vers le haut. Ce segment présente quatre petites dents blanchâtres, deux de chaque côté de la ligne médiane, et de chaque côté aussi, mais plus en dehors, se voient quatre éminences plus petites, disposées en triangles, dont le sommet est dirigé vers le bas. La lame externe des fausses pattes est régulièrement ovale, granulée. La lame interne est un peu plus grande; son bord externe est courbe, son bord interne presque droit, l'extrémité est arrondie. Les bords des deux lames sont lisses, et ces lames ne dé- passent pas la pointe du dernier segment abdominal. Couleur grise. L — 0",006 Trouvé par M. Vélain à l’île Saint-Paul (cratère). Genre CYMODOcÉE. Cymodocea picta (nov. sp.). Comme toutes les Cymodocées, le crustacé dont il est ici question ressemble beaucoup aux Sphéromes. Il ne s’en dis- tingue, en effet, que par un peu moins de flexibilité dans les anneaux du thorax, et aussi parce que la lame externe des fausses pattes fait ordinairement saillie au dehors. Le front est fortement bombé et présente de fines granulations repro- duites sur les anneaux thoraciques. Les antennes supérieures sont composées de trois articles surmontés d’un filet multiarticulé et assez court. L'article basilaire est le plus grand et le plus fort. (Il est deux fois aussi long que le deuxième article.) Les antennes inférieures plus longues sont formées de cinq petits articles cylindriques surmontés par un filet multiarti- - culé. L’abdomen a sa pièce terminale bombée, mais présentant NOT une légère dépression longitudinale sur la ligne médiane. Cet article présente des granulations plus prononcées que celles qui se remarquent sur le thorax. Il est terminé par une échancrure médiane qui ne présente pas de lamelle médiane (1). La lame externe a ses bords droits et est régulièrement arrondie à son extrémité. La lame interne est plus étroite à son extrémité, son côté externe est légèrement courbe, le côté interne est droit. Ces deux lames, finement granulées, présentent sur leurs bords une zone régulière plus claire. Leur extrémité ne dépasse pas la partie postérieure du der- nier segment abdominal. Ce Crustacé est d’un brun rougeâtre avec des taches blanches et irrégulières sur les anneaux thoraciques L=— 0,015. Trouvé à Saint-Paul, par MM. de l'Isle et Vélain. Cymothoadiens. 1. C. errants Genre CIROLANE. Cirolana rugicauda (Heller). Voy. de la Nov. — Crus., p. 142, pl. 12, f. 15. Cirolana.…….? Le Muséum ne possède qu’un seul échantillon petit et mal conservé de ce Crustacé. Je ne puis doncen donner une description bien complète. Je dirai seulement que la tête est plus large que longue et non enchâssée dans le premier anneau thoracique. Le thorax et l'abdomen sont lisses. Les pattes sont glabres. Le dernier article de l'abdomen est court et arrondi. Les lames des fausses pattes sont petites et à peu près égales, ne dépassant pas l’extrémité posté- rieure du dernier No de l’abdomen. — 00,008. Cette Cirolane est évidemment distincte de l’espèce décrite (1) Cette absence de lamelle rapproche ce Crustacé de l’ancien genre Dynamène (Leach). — 100 — par Heller, mais le mauvais état de l'échantillon ne me permet pas, je le répète, de me prononcer, d’une facon déf- nitive, sur la détermination spécifique. Genre ROCINÈLE. Rocinela major (nov. sp.). L'article basilaire des antennes internes est légèrement aplati; les yeux obliquement placés sont réunis sur la ligne médiane dans toute leur hauteur. Les angles latéraux des arceaux abdominaux sont peu saillants. Le dernier segment abdominal est bombé, triangulaire, à bords lisses. La lame externe des fausses pattes a les bords entiers et ciliés. Le bord externe de cette lame est droit, le bord in- terne fortement courbé. La lame interne est de forme plus irrégulière; elle est plus étroite, et son bord externe présente vers son tiers in- férieur une échancrure triangulaire. Le bord interne pré- sente vers sa portion moyenne une fente assez profonde, li- néaire. Ces lames terminales ne dépassent pas l'extrémité posté- rieure du dernier segment abdominal, sous lequel elles sont complétement cachées. L—0n,04. Trouvé à Saint-Paul par M. Vélain. Cy. parasites Genre CYMOTHOË. Cymothoa Gadorum (nov. sp.) Tête allongée, subtriangulaire, front étroit (environ un tiers de la longueur de la tête), un peu infléchi en bas. Les antennes ne sont pas cachées sous le front. Le premier anneau thoracique est grand et s’avance de chaque côté de la tête jusqu’au niveau des yeux. Il se ter- mine de chaque côté par une partie rétrécie. Les bords in- férieurs des cuisses, des quatrième, cinquième, sixième et septième paires de pattes, sont prolongés en une dent spini- forme. — 101 — Toutes ces dents sont à peu près de la même grandeur. Le premier anneau de l'abdomen est plus petit que le sui- vant. Le bord postérieur du cinquième segment abdominal est sinué. Le dernier segment est très-grand, presque qua- drangulaire. Les appendices caudaux sont petits, leurs articles termi- naux sont à peu près égaux, et n’atteignent pas le niveau du bord postérieur du dernier segment abdominal. L— 07,04 à 0,05. . Ce Crustacé à été trouvé à Saint-Paul par M. Vélain (surles branchies des Gades). En résumé, les Crustacés isopodes appartenant au Muséum et provenant de Saint-Paul se répartissent entre sept genres différents et forment neuf espèces parmi lesquelles cng me paraissent nouvelles. Séance du 10 juillet 1875 (Suite). Sur le mouvement batrachoïide des Tortues, par M. Alix (1). On observe dans la région hyoïdienne des Tortues un mou- vementrhythmique auquel on peut donner le nom de batra- choide, à cause de sa ressemblance avec celuiqui a lieu chez les Grenouilles. Ce mouvement est plus ou moins prononcé ; tantôt on n’aperçcoit qu’une faible pulsation, tantôt la gorge est fortement soulevée. On a pensé qu'il y avait là, comme chez les Batraciens, un mouvement de déglutition qui aurait pour résultat d'envoyer de l’air dans les poumons. Malpighi, Cuvier, R. Owen ont prêté à cette théorie l’appui de leur autorité. Elle à été combattue par Townson, Panizza, et plus récemment par Mitchell et Morehouse en Amérique, par Paul Bert en France. Ces auteurs ont démontré par des expériences que (4) C’est par erreur que cette note n’a pas été insérée à la place qu'elle aurait dû occuper plus haut. — 102 — l'inspiration et l'expiration de l'air chez les Tortues sont dues à des mouvements qui se passent dans l’intérieur de la carapace et que le mouvement batrachoïde ne produit pas la déglutition de l’air. Voulant moi-même me rendre compte de cesfaits. j'ai divisé la trachée et j'ai ensuite attaché au bout céphalique un petit sac de baudruche préalablement mouillé et bien vidé d'air; les mouvements se sont exécutés régulièrement, mais le sac n’a pas été insufñé. La Tortue était encore vivante au bout de 15 jours ; une autre Tortue, à laquelle j'avais faitlamême opération, est morte au cinquième jour par asphyxie, l'ori- fice du segment thoracique s'étant oblitéré. _ Puisque le mouvement batrachoïde dela région hyoïdienne des Tortues ne sert pas à la déglutition de Pair, il faut lui chercher une autre cause. Je la trouve dans les mouvements de l’orifice qui s'ouvre et se ferme suivant un rhythme régu- lier, le soulèvement de la gorge se produisant au moment où l'orifice vient à s'ouvrir et s’effaçant quand il se ferme. Quand tout se borne à un léger écartement des lèvres de la glotte, on n’apercoit qu’une faible pulsation, mais le soulè- vement est beaucoup plus fort quand l'orificetrachéen s'ouvre largement et que tout le système hyoïdien prend part au mouvement. Dans ce dernier cas,les muscles génio-hyoïdiens, agissant sur la grande corne (corne thyroïdienne) de l’hyoïde, tirent cet os en avant et en bas. Dans la théorie de la déglutition, le vide devant se faire dans la cavité bucco-pharyngienne au moment de l’abaisse- ment de l'hyoïde, il faudrait qu’à ce moment l’orifice laryn- gien se trouvàt fermé. Le fait important à constater était donc l'ouverture de la glotte pendant le soulèvement de la gorge. C’est ce que je crois avoir fait, grâce à la persistance du mouvement batra- choïde après la décapitation. Si, en effet, l'an touche le cou d'une Tortue dans sa partie moyenne, on voit aussitôt les paupières se fermer et le globe de l'œil s’affaisser. On peut conclure de là que les fonctions des organes de sensation spéciale et celles du cerveau se trouvent abolies et qu'il n'y a plus ni perception, ni con- science, ni volonté. Cependant le mouvement batrachoïde persiste pendant près — 103 — de deux heures, et comme rien ne vient le troubler, on peut l’observer isolément. Je fais alors une seconde opération. La tête étant ainsi séparée du tronc, je la divise par une section longitudinale un peu en dehors de la ligne médiane. Comme le cerveau ne remplit pas toute la cavité crânienne, il est à peine entamé par cette section et on conserve une moitié de tête avec la plus grande partie de l'appareil hyoïdien. Sur cette moitié de tête,le mouvement batrachoïde se fait encore et l’on voit nettement le larynx s'ouvrir quand la gorge se gonfle, se fermer quand elle s’affaisse. Il y a chaque fois un véritable bäillement du larynx. 88,76. — Boulogne (Seine). — Imprimerie JULES BOYER. NA ei sn cu es A TABLE DES MATIÈRES () ALIX. — Sur les organes locomoteurs des oiseaux, au point de CURE IEC ISSU NCRLON PE RENPRRNET RRETE 4 — Sur la soi-disant fenétre ronde des Chéloniens........ 14 — Sur une classification myologique des Mammifères... 44 — Sur le mouvement batrachoïde des Tortues............ 101 BEAUREGARD. — Examen ophthalmoscopique de l'œil des Poissons. 19 P. Broccai. — Sur un Dromien nouveau, genre Platydromia.. 53 — Liste des Crustacés isopodes provenant de l’île Saint-Paul et déposés dans les galeries du Mu- séum d'histoire naturelle par MM. Vélain et DPI LOS OS ET RER done a LE a 0 97 A. CAziN. — Sur les observations magnétiques fuites à l'ile Saint-Paul, en novembre et en décembre 4874.. "1 J. CHATIN. — Sur les appendices wébériens du Castor.......... 12 — Sur la glande commissurale de la Taupe.......... 20 — Sur une espèce du genre Spirura................ 30 — Sur les fosses nasales du fourmilier Tumanduu.... 60 — Sur les mouvements périodiques des feuilles dans PADIESENOEMANNIANT EEE EPP 62 Dausse. — Sur l'abaissement et l'exhaussement naturel des lacs. il A. Davip. — Sur quelques oiseaux de Chine.................... 18 D. GERNEZ. — Sur les analogies que présentent le dégagement des gaz de leurs solutions sursaturées et la dé- composition de certains corps explosifs......... 5 — Sur les solutions sursaturées.................... 35 GROLOUS. — L'éther est-il pondérable......................... 56 — Etude sur la thermostatique des corps............. 62 — Trois théorèmes sur les opérations................ 81 — Unéheoreme sur les TONC ons eee Ce RCE 95 E. Harpy. — Sur la composition du Jaborandi............ ee D 0 — Sur l'essence de Pilocarpus pinnatus............ 67 (1). La seconde partie de ce volume ayant été imprimée avant la pre- mière, il y a double emploi dans le numérotage des pages 21 à 30 ; les pages faisant partie du second fascicule sont indiquées dans la table des matières par le signe « bis. » — 104 — J. MOUTIER. — Sur l'expression du travail relatif à une transfor- mation élémentaire......... ANS PE etes ve ! — Sur la chaleur spécifique blue 0 — Sur l'expression de la force condensante......... — COPINE or chadoddeon ce sioocane no _— Sur la théorie des solénoïdes................... — Sur les tensions de la vapeur d'eau à zéro...... — Sur le refroidissement produit par la détente des — Sur la théorie des tuyaux sonores............... — Sur les figures d'équilibre sans pesanteur... ..... G. MoquiN-TANDON. — Sur les feuillets du blastoderme chez les Poissons osseux...... NTI EE tte E. OusrALEeT. — Sur un Accipitre d espèce nouvelle. MÉtqUe DRASS 6 — Sur une nouvelle espèce de Tetraogallus........ — Sur différents Oiseaux de l'île Saint-Paul. ..... — Sur le genre PACRUICEPRE IT RS REPARER À. PÉRarD. — Sur le système nerveux du Calmar...... Ke À L. VAILLANT. — Sur une espèce nouvelle du genre Cheilodipteru us. : = Remarques sur la famille des Bogodini........ VuLpian. — Sur les lésions de la moelle observées chez les ani- maux soumis à une intoxication prolongée par le plomb ou par l'arsenic......................... — De l'influence qu'exerce la ne de la peau dans certains cas d'anesthésie cutanée. .......... Meulan, imprimerie de À, Massox 23 13 32 50 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATHIQUE DE PARIS Séance du 22 janvier 4876, Sur une nouvelle espèce de Salanganes, par M. Oustalet. En étudiant des Salanganes (Collocalia) envoyées récem- ment de la Nouvelle-Calédonie par M. Rodolphe Germain, correspondant du Muséum, j'ai été conduit à faire la révision de toutes les espèces du même groupe conservées dans les galeries de notre grand établissement national, et j’ai trouvé, parmi beaucoup d’autres spécimens provenant de Java, des îles Carolines, des îles Mariannes, des îles Tonga, de la Réunion, de l’île Maurice, ete., trois Oiseaux d’âge différent, mais appartenant évidemment à la même espèce, qui m'ont paru mériter une mention toute particulière. Ces trois spé- cimens ont été pris à l’île de Pulo-Condor (située à une trentaine de lieues à l’est du Cambodge), par le voyageur zélé dont je parlais tout à l'heure, M. Germain, qui, avant d'être appelé par son service à la Nouvelle-Calédonie, a fait un séjour dans l'Inde et en Cochinchine ; pendant longtemps ils sont restés confondus sous le nom de Collocalia francica (Gm.) avec divers spécimens de l’île Maurice avec lesquels Extrait de l'Institut, 1876. 1 Ne) ER 1.4 ils offrent, il est vrai, d'assez grandes ressemblances, les parties supérieures étant, dans les uns comme dans les autres, d’une teinte fuligineuse, avec une bande blanche peu distincte à travers la région lombaire, et l'abdomen étant d’une teinte grisâtre, ou enfumée ; mais tandis que dans les Oiseaux de l’île Maurice, qui représentent évidemment le type de la Collocalia francica tel que l’entendait Gmelin, le bec est très-petit, dans les Oiseaux de Pulo-Condor, le bec est large et relativement assez grand. Ce caractère se re- trouve dans les trois individus que j’ai sous les yeux, et dont l’un est à peine revêtu de quelques plumes, tandis qu’un autre est un peu plus âgé, et que le troisième est une femelle parfaitement adulte ; on ne peut donc supposer qu’il s’agit ici de quelque variation individuelle. D'ailleurs, on remarque encore d’autres différences ; dans les Oiseaux de Pulo-Condor le corps est un peu plus massif, la tête plus grosse, la teinte du ventre est un peu plus pâle, plus grise et moins noirâtre, et les dimensions ne sont pas les mêmes que dans les Oiseaux de l’île Maurice, ainsi qu'il est facile d'en juger par le tableau ci-dessous : Collocalia sp. Collocalia francica. Longueur du corps du bout du bec à l'extrémité de la queue. ....... Une 12 millim. 11 millim. Longueur de l’aile.... 12 11 Longueur de la queue. 5 5 Longueur du tarse.... 3,9 4 Longueur du bec à par- , tirlidtifonte. tt 4 3,5 Longueur du bec à par- tir de la commissure.... 11 9 Largeur du bec au ni- veau des narines....... 3 2 Largeur du bec au ni- veau de la commissure (Distance d’une commis- sure à l’autre).......... 12 9 Enfin les nids des Salanganes provenant de ces deux régions n’ont pas le même aspect; celui qui à été recueilli à Pulo- Condor, par M. Germain, esten matière agglutinative, tandis Duel que ceux qui ont été rapportés de l’île de France présentent dans leur texture une assez forte proportion de matière végétale. Je n’insiste pas trop sur ce dernier caractère, car il est probable que la structure du nid dépend beaucoup chez les Salanganes, comme chez d'autres Oiseaux, des conditions extérieures, la même espèce pouvant employer des matériaux dissemblables suivant les circonstances ; mais les caractères tirés de la forme du bec, des dimensions et de la coloration me paraissent assez constants et assez nombreux pour motiver la création d’une espèce nouvelle que j’appellerai Collocalia Germani. En terminant cette note, j’ajouterai qu'à certains égards, et surtout par la force du bec, cette nouvelle espèce de Salangane se rapproche aussi de la Collocalia fuciphaga (Thunb.) de la Malaisie, tout en en différant par l'absence de bande blanche sur les reins. Je dirais même, si ce n’était pas se montrer trop ambitieux pour une espèce de si petite taille, qu’elle contribue à resserrer les liens entre la faune des Indes orientales et celle des îles Mascareignes. Sur un Batracien du genre Pleurodele, par M. Brocchi. Il existe dans les collections du Muséum un Batracien urodèle, appartenant au genre Pleurodeles (Michaelles), et dont l’origine est inconnue. Cet animal à été en effet acquis par voie d'échange de la Faculté de médecine, et on ignore le pays où il a été re- cueilli. Se basant sur quelques caractères extérieurs, M. Du- méril était porté à considérer ce Batracien comme spécifi- quement distinct du Pleurodeles Watli, et il avait même proposé de le nommer Pleurodèle chagriné (2. exaspera- tus). Dans l’£rpétologie européenne qu'a publiée récemment M. Schreiber (1), cet auteur cite encore le P. exasperatus qui, dit-il, n’est connu que par l'échantillon du Muséum. (4) Herpetologia europea, p. 62. LH (Ne Ayant pu, grâce à l’obligeance de M. Vaillant, examiner cet échantillon, j'ai pensé qu'il y aurait quelque utilité à en donner une description suffisante pour que l’on püût être définitivement fixé à son égard. Ce Pleurodèle est de grande taille ; sa longueur, prise du museau à l'extrémité, est de vingt-deux centimètres. La tête est complétement distincte du tronc, grâce à la prolongation du pli gulaire qui est très marqué, et dont les extrémités tendent à se réunir sur la nuque. Il en résulte que deux sillons très-profonds séparent de chaque côté la tête du reste du corps. Les côtes ne font qu'une saillie légère, cependant une d’entre elles a percé les téguments, ce qui est un carasiene des Pleurodèles. La langue est presque ovalaire et non pas arrondie comme chez le Pleurodèle type. Les deux rangées de dents palatines convergent un peu l’une vers l’autre à leurs extrémités supérieures. Les yeux font une saillie assez prononcée, et enfin la peau présente un aspect particulier, décrit de la facon suivante par M. Duméril : « Les téguments ressemblent tout à fait à ceux du Cra- « paud commun. Le dessus du corps est rendu très-rugueux « par les saillies qu'y produisent une énorme quantité de « points saillants noirs disséminés irrégulièrement sur un « fond gris (1). » Ainsi donc, les seuls caractères qui pourraient faire dis- tinguer cet animal du Pleurodeles Watlit sont : 1° Pli gulaire très-prononcé et rendant la tête bien dis- tincte du tronc ; 2° Forme de la langue, ici presque ovalaire ; 3° Saillie prononcée des yeux ; 4° Rangées des dents palatines légèrement rapprochées l’une de l’autre vers le sommet ; 5° Aspect particulier de la peau. Mais en examinant un certain nombre d'échantillons du « Pleurodeles Watlii, on ne tarde pas à se convaincre que les caractères que je viens d’éuumérer sont de faible impor- tance. (1) Duméril. Erp. gen., T. IX, p. 74 Fe * - = 2 nf} A Ainsi le pli gulaire varie beaucoup d'importance, suivant les individus examinés, il en est de même de la forme de la langue et du plus ou moins d'écartement des dents pa- latines. Quant à la saillie plus ou moins prononcée des yeux, aux points noirs que présente la peau, ce sont évidemment là des caractères insuffisants pour justifier une nouvelle divi- sion spécifique. En résumé, je pense donc que l’on ne doit pas hésiter à réunir le Pleurodeles exasperatus à son congénère le Pleu- rodeles Watli. Séance du 12 février 14876. Sur la surfusion, par M. J. Moutier. On sait depuis longtemps que l’eau peut rester liquide sous la pression de l'atmosphère à des températures infé- rieures à zéro; au contact d’un cristal de glace, l'eau se solidifie et dégage de la chaleur. M. Person a remarqué, dès 1847, que la chaleur dégagée par l’eau en se solidifiant n’est pas égale à la chaleur de fusion de la glace à zéro; il a montré que la chaleur de solidification s'exprime d’une manière très - simple en fonction de la chaleur de fusion à zéro, de la température à laquelle se produit la solidifi- cation et des chaleurs spécifiques de l’eau sous les deux états solide et liquide. Les recherches de E. Desains ont depuis confirmé ce résultat. La formule de M. Person se déduit aisément aujourd’ hui des principes dela Thermodvnamique. Considérons, en effet, 1 kilogramme de glace à une température de # degrés au- dessous de zéro et supposons la série suivante d’opérations effectuées sous la pression constante de l’atmosphère : 1° on porte la glace de — # à zéro; 2° on fond la glace à zéro; 3° on refroidit l’eau liquide de zéro à —{; 4° on solidifie l’eau sur- fondue à cette température. cela Vs Le cycle est fermé, la variation de la chaleur interne est nulle ; mais les opérations ont lieu sous pression constante, la chaleur consommée parle travail externe est nulle, par suite la somme algébrique des quantités de chaleur absorbées dans ces diverses transformations est nulle. Si l’on appelle c la cha- leur spécifique de la glace, Q la chaleur de fusion de la glace ” à zéro, c la chaleur spécifique de l’eau, S la chaleur de soli- dification à — é degrés, ct+Q— ct S—o. C’est précisément la formule indiquée par M. Person. On retrouve cette relation en considérant le cycle suivant d'opérations que nous supposerons effectuées à une tempéra- ture un peu inférieure à la température de fusion de la glace sous la pression p ; la pression p', sous laquelle fond la glace à la température du cycle, est supérieure à p, comme M. J. Thomson en a fait le premier la remarque : 1° On prend 1 kilogramme de glace à la pression p et on le comprime de manière à l’amener à la pression p'; 2° On fond la glace à la pression p'; 3° On diminue la pression supportée par l’eau liquide et on la ramène à la valeur primitive p; 4 On solidifie l’eau sous la pression ». Le cycle est fermé, la variation de la chaleur interne est nulle. La Thermodynamique fournit les quantités de chaleur absorbées pendant la première et la troisième opération ; une formule due à M. Clausius permet de déterminer la chaleur absorbée pendant la seconde opération; il est donc facile de calculer la chaleur de solidification qui correspond à la qua- trième transformation. Un calcul fort simple reproduit la va- leur indiquée par M. Person. En dehors de cette vérification, la considération du cycle précédent conduit à une conséquence : ce cycle est fermé et non réversible. La température, en effet, reste constante ; d’après l’exten- sion donnée par M. Clausius au théorème de Carnot, la somme des quantités de chaleur absorbées par les diverses transformations doit être nulle, pour que le cycle soit réver- sible. Cette somme se compose de deux parties : la première u D ALLER est la somme des variations de la chaleur interne, la seconde est la chaleur consommée parle travail externe. La première partie est nulle, puisque le cycle est fermé; la seconde par- tie est négative. Si l’on construit, en effet, le cycle indiqué, on reconnaît sans peine que le travail externe est négatif et représenté en valeur absolue par l’aire d'un rectangle ayant pour hauteur la différence des pressions p’ — p et pour base la différence des volumes de la glace et de l’eau liquide à la même pression. Par suite, la somme des quantités de chaleur absorbées par les transformations qui composent le cycle est négative; ce qui est précisément, comme l’a fait remarquer M. Clausius, la condition pour que le cycle ne soit pas réver- sible. Les trois premières transformations sont réversibles, la dernière ne peut pas l'être. Ainsi, la glace fond à zéro sous une pression p; si l’on refroidit la glace sous cette pression et qu’on l’amène à une température inférieure à zéro, la glace ne peut pas fondre en recevant de la chaleur. A cette tempé- rature, à cette pression, l'eau peut exister à l’état liquide, elle peut se congeler, mais la transformation inverse est im- possible. Cette conclusion n’est pas particulière à l’eau qui augmente de volume en se solidifiant; elle s'applique également aux corps beaucoup plus nombreux qui diminuent de volume en passant de l’état liquide à l’état solide. Un corps de cette dernière catégorie fond à la température fsous la pression p; si l’on refroidit le corps à l’état solide sous la pression p à une température un peu inférieure à f, et que l’on imagine un cycle d'opérations analogue au précédent, on arrive à la même conclusion. À la température du cycle, le corps peut exister sous la pression p à l’état de liquide surfondu; dans ces conditions, le liquide peut se solidifier, mais dans ces mêmes conditions, le solide ne peut prendre l'état liquide. La chaleur fournie au corps solide ne peut avoir d'autre effet que d'élever la température du corps solide sous la pres- sion p et de l’amener au point de fusion, pour lequel le chan- gement d'état physique est alors une transformation réver- sible. Sur quelques Mammufères et Crustacés nouveaux, par M. Alphonse Milne-Edwards. Le Muséum d'histoire naturelle a recu, depuis quelque temps, d'importantes collections zoologiques provenant de la Cochinchine, de la Chine et du Gabon; elles comprennent plusieurs espèces nouvelles de Mammifères sur lesquelles j'appellerai l'attention de la Société. L'une d'elles, que j'ai désignée sous le nom de Semnapt- thecus Germani, paraît abonder dans les forêts de la Cochin- chine et du Cambodge. M. Germain, M. le Dr Jullien et M. le D' Harmand ont pu s’en procurer quelques exemplaires _de sexe etd’âge différents. Ce Singe atteint une assez grande taille et, par ses proportions générales, ressemble à l’Entelle décrit en 1797 sous le nom de Semnopithecus entellus, par Dufrénoy, dans le Bulletin de la Société Philomathique ; il est cependant un peu plus petit et ses membres sont plus ro- bustes. Le corps est couvert de poils d’un gris foncé, à ex- trémité argentée ou quelquefois légèrement jaunâtre. La face est nue et la peau en est noire; elle est encadrée par des poils allongés ; ceux des joues forment de grands favoris d’un gris clair dirigés en arrière et s'étendant chez les mâles jusqu’au niveau des épaules. Sur le front, les poils sont cou- chés en arrière et plus foncés que sur les côtés ; quelques poils noirs bordent l’arcade sourcilière. Les mains antérieures et postérieures sont noires; cette teinte s'étend sur les avant- bras et sur les jambes en se mélangeant de gris. Les poils qui garnissent la face inférieure du corps sont d'un blanc grisâtre tirant un peu sur le jaune; la queue est très-longue et un peu plus foncée que le corps. Longueur du corps, du museau à la naissance de la queue : 0",65; longueur de la queue : 0,89. Un Ecureuil appartenant à une espèce nouvelle à été trouvé par M. Harmand dans la petite île de Phu-cok, dans le golfe de Siam ; je lui ai donné le nom de Sciurus Harmandh: pour rappeler les services rendus aux sciences naturelles par ce voyageur qui en cemoment explore les montagnes du Laos. Le Sciurus Harmandi est à peu près de la taille du Sciurus EN siamensis. Son pelage est roux, tiqueté de blanc sur la tête, les épaules etle dos; les joues sont d’un gris noirâtre; les par- ties inférieures du corps et la face interne des pattes sont d’un roux presque pur. Les poils de la queue sont noirâtres à leur base et d’un blanc quelquefois mélangé de roux à leur extré- mité. Il est intéressant de remarquer que souvent de petites îles peu éloignées du continent asiatique nourrissent des es- pèces particulières d'Ecureuils ; ainsi, j'ai fait connaître à Poulo-Condor un de ces animaux, remarquable par son pe- lage entièrement noir; l'Ecureuil de Phu-cok pourrait être considéré comme une forme insulaire du Seiurus siumensis. Longueur du corps mesurée du museau àla base de la queue, 0n,26 ; longueur de la queue : Om,25. M. l'abbé David à rapporté de son dernier voyage au Fo- kien occidental, un petit Rongeur très-remarquable par son organisation; il ne peut prendre place dans aucun genre connu, et je l’ai désigné sous le nom de 7’yphlomys cinereus. Il est de la taille d’une Souris et est à peu près de la teinte de cet animal, mais sa tête est plus courte, ses oreilles moins développées et ses yeux si réduits qu’on ne peut les aperce- voir à travers les poils qui les couvrent ; ils ressemblent sous ce rapport à ceux des Taupes. La queue est de la longueur du corps; elle est annelée, peu poilue dans sa moitié basi- laire, portant au contraire des poils noirâtres allongés et dis- tiques dans sa moitié terminale; son extrémité est générale- ment blanche. Par sa dentition, ce genre se rapporte à la fa- mille des Murides. Longueur du corps : 0m,07; longueur de la queue : O0m,095. Un autre Rongeur provenant, du Gabon doit former une petite division générique intermédiaire aux Rats et aux Ger- billes; je lui ai donné le nom de Malucomys longipes. Il est remarquable par lalongueur de ses pattes et de sa queue. Le corps et la tête sont couverts en dessus d’un poil roux lavé de noir, extrêmement doux; les parties inférieures du corps sont grises. Le museau est pointu, l'œil bien développé, les oreilles grandes et nues. Les pattes antérieures, revêtues de poils très-courts, sont très-longues dans toute la portion an- tibrachiale, le pied étant très-petit. Les pattes postérieures sont presque nues et terminées par un pied étroit et plus long que chez la plupart des Gerbilles. La queue est très-grêle, glabre et couverte de petites écailles formant des anneaux eq très-rapprochés. Les testicules du mâle sont très-oros et font saillie en arrière, au-Gessous de la base de la queue. La dis- position des pattes permet de distinguer nettement cette es- pèce des représentants du grand genre Mus ; la nudité de la queue la sépare des Gerbilles. Les dents sont au nombre de trois à chaque mâchoire. Longueur du corps mesuré du mu- seau à la base de la queue : 0,17; longueur de la queue : Om,19. M. A. Milne-Hdwards à mis aussi sous les yeux de la Société deux Crustacés fort remarquables, provenant de la - Nouvelle-Zélande. L’un d'eux, qu’il désigne sous le nom de Trichoplatus Huttonii, constitue un genre nouveau intermé- diaire aux Eurypodes et aux Halimes. La carapace ressemble à celle de ces derniers, mais les cornes rostrales sont plus longues et moins divergentes, le contour du bord sourcilier est plus arrondi ; le caractère le plus frappant consiste dans la disposition des pattes ambulatoires, dont l’avant-dernier article est fort élargi et aplati à son extrémité, et constitue avec le doigt, qui est grêle et crochu, une véritable pince, plus parfaite que chez les Acanthonyx. Le mérognathe porte en avant une échancrure étroite et profonde, qui n'existe pas chez les Halimes. Tous les articles de l'abdomen du mâle sont libres, et les doigts des pinces sont aigus. Une figure de cette espèce paraîtra dans les Annales des Sciences naturelles. La seconde espèce appartient au genre Acanthophrys ; l'au- teur l’a nommée A. Fulholi, la dédiant au naturaliste qui l’a découverte, en draguant sur les côtes de l’île Stewart. Le bord postérieur de la carapace se prolonge, et se relève sur la ligne médiane, en formant un large lobe arrondi; une lame souvent bifide surmonte la région cardiaque; des épines et des tubercules arment les régions branchiales ; la région gastrique porte seulement des tubercules arrondis. Les cornes rostrales sont pointues et divergentes. La pre- mière paire de pattes est garnie, chez le mâle, de crêtes à arêtes aiguës, qui existent sur la main, l’avant-bras et le bras. L’extrémité de l’abdomen est enchôssée entre deux crêtes du plastron sternal. Le corps et les pattes sont cou- vertes de poils cerochus. LI Séance du 26 février 1876. Sur le point de fusion, par M. J. Moutier. Dans une précédente communication, j'ai essayé d’éta- blir, au moyen des principes de la Thermodynamique, la proposition suivante : Si un corps solide fond sous la pres- sion p à une température f, ce corps ne peut fondre sous la même pression à une température inférieure à f, tandis que dans les mêmes conditions le corps peut exister àl’état liquide. Je vais examiner maintenant ce qui arrive sous la même pression p à une température # supérieure à {; pour fixer les idées, je supposerai d'abord que le corps dimi- nue de volume en passant de l’état solide à l’état liquide. Imaginons le cycle suivant d'opérations effectuées à la tempé- rature # : l° le liquide, primitivement à la pression p, est amené à la pression p', inférieure à p, sous laquelle le corps à l’état solide fond à la température f’; 2° on solidifie le li- quide sous la pression p'; 3° on comprime le corps solide en ramenant la pression à la valeur p ; 4° on fond le corps solide sous la pression p. Le cycle est fermé et non réversible. La somme des quan- tités de chaleur absorbées dans les diverses transformations se compose, en effet, de deux parties : l’une, la variation de la chaleur interne est nulle, puisque le cycle est fermé, mais l’autre partie, qui représente la chaleur consommée par le travail externe, est égale à l’aire, prise négativement, du quadrilatère ayant pour hauteur p—p' et pour base la diffé- rence des volumes du corps à l’état solide et à l’état liquide sous la pression p”, Par suite, la somme des quantités de cha- leur absorbées dans les diverses transformations est négative : c’est précisément, d’après M. Clausius, la condition pour que le cycle ne soit pas réversible. Or, il est manifeste que le corps solide peut fondre sous la pression p' à la tempéra- . ture ’; la seconde opération du cycle est réversible, la qua- trième opération ne peut donc être réversible. Il faut en conclure que le corps ne peut passer de l’état liquide à l’état uige ne solide sous la pression p à une température supérieure à #. Les mêmes raisonnements s'appliquent au cas où le corps augmente de volume en passant de l’état solide à l’état li- quide. En combinant ce dernier résultat avec celui que j'ai indiqué dans la précédente communication, on peut donc for- muler la propositionsuivante : — Sous une pression détermi- née. il n’existe qu'une seule température pour laquelle le corps puisse passer indifféremment de l’état solide à l’état liquide, ou inversement de l’état liquide à l’état solide; cette température peut être désignée sous le nom de point de fu- sion sous la pression considérée; à la même pression, au- dessous du point de fusion, le corps ne peut passer de l’état solide à l’état liquide; à la même pression, au-dessus du point de fusion, le corps ne peut passer de l’état liquide à l’état solide. On a considéré, dans ce qui précède, la fusion ; les raison- nements restent identiquement les mêmes, lorsqu'un corps peut passer d’un état À à un état B, en absorbant de la cha- leur. En général, sous une pression déterminée, il n'existe qu’une température pour laquelle la transformation soit ré- versible ; on peut appeler cette température le point de transformation sous la pression considérée ; à la même pres- sion, au-dessous du point de transformation, le corps ne peut passer de l’état À à l’état B ; à la même pression, au-dessus du point de transformation,le corps ne peut passer de l'état B à l’état A. ÿ Ces résultats s’appliquent nécessairement aux transforma- tions isomériques et en particulier aux phénomènes de dis- sociation découverts par M. H. Sainte-Claire Deville. Alors il y a deux cas à distinguer, suivant que la combinai- son chimique est accompagnée d'un dégagement ou d’une absorption de chaleur: 1° Dans le premier cas, qui est celui des composés directs, le composé correspond à l’état À, le mélange des éléments à l’état B; la transformation de À en B correspond à la décom- position chimique ou dissociation, la transformation de B en À est la combinaison chimique des éléments. Sous une pression déterminée, il n'existe qu’une tempéra- ture à laquelle le composé puisse se dissocier ou se reformer au moyen de ses éléments; cette température peut être dési- gnée sous le nom de point de dissociation à la pression consi- UP CU dérée ; à la même pression, au-dessous du point de dissocia- tion, le composé ne peut pas se dissocier; à la même pres- sion, au-dessus du point de dissociation, les éléments libres ne peuvent se combiner. 2° Dans le second cas, quiest celui des composés indirects, le mélange des éléments correspond à l’état A, le composé correspond à l’état B; la transformation de A en B corres- pond à la combinaison chimique, la transformation de B en A à la dissociation. Alors, sous une pression déterminée, au-dessous du point de dissociation, les éléments libres ne peuvent se combiner; à la même pression, au-dessus du point de dissociation, la combinaison ne peut se détruire. Dans les raisonnements qui précèdent, on exclut, comme étant impossibles, certaines transformations ; si l’on regarde, au contraire, comme possibles les transformations inverses, on trouve une différence importante de propriétés entre les composés directs et les composés indirects. Dans le cas des composés directs, les éléments libres peu- vent se combiner au-dessous du point de dissociation; le composé peut se dissocier au-dessus de ce point. Au con- traire, dans le cas des composés indirects, le composé peut se dissocier au-dessous du point de dissociation; au-dessus de ce point, les éléments libres peuvent se combiner. Séance du 25 mars 1876. Sur la ponte des Axolotls transformés, par M. Léon Vaillant. Les Mémoires présentés à l’Académie.des sciences par Au- guste Duméril, en 1865 (1), ont fait connaître les remar- quables transformations subies par quelques-uns des Axolotls nés à la ménagerie du Muséum, de parents branchifères (4) Comptes rendus, t. LX, p. 765 (17 avril 1865), et t, LXI, p. 776 (6 novembre 1865). A apportés du Mexique. Ces animaux avaient acquis les carac- tères des Amblystomes, genre de Batraciens se rapportant à une toute autre famille zoologique, les Urodèles; mais, comme ils ne s'étaient pas reproduits depuis cette modifica- tion, on pouvait se demander s’il fallait voir dans ces chan- gements une métamorphose régulière ou un état anormal en quelque sorte pathologique. Les faits que j'ai pu récemment constater viennent résoudre ce problème dans le premier sens, les Amblystomes élevés dans nos aquariums ayant effectué une ponte il y a quelques jours. Ces animaux, dont aucun n'est âgé de moins de trois ou quatre ans (l'existence de plusieurs d’entre eux remonte même aux premières observations de Duméril), avaient déjà, l’année dernière, montré quelques tendances à se reproduire, ce que témoignait le développement de l'abdomen chez les femelles et le gonflement de l’orifice cloacal chez les mâles. Ces symptômes disparurent sans qu'on put constater aucun résultat; aussi, vers le 10 mars dernier, ayant avec le gar- dien chef de la ménagerie, Doudey, reconnu les mêmes mo- difications, c'est sans grand espoir de succès que je recom- mandai la plus grande vigilance. Cependant, le 19, on put constater que des œufs avaient été fixés à des tiges de Zra- descantia, qui baignaient dans l’eau de l’aquarium. La ponte remontait à quelques jours de là, à en juger par les modifi- cations du vitellus, mais les animaux ayant d’abord attaché leurs œufs aux parties des plantes cachées par les pierres, ceux-ci n'avaient pu être découverts dès le début. L’aquarium où ces observations ont été faites ne renferme que des Axolotls transformés, cinq mâles, dont un individu albinos, et trois femelles ; il est donc hors de doute que les œufs proviennent de ces animaux, qui présentent les carac- tères des vrais Amblystomes : absence des branchies et fer- meture des orifices respiratoires correspondants, tête obtuse, œil saïillant, queue sub-arrondie, perte de la nageoire dorsale. Ces œufs, de plus, ont été fécondés, car il estfacile de consta- ter sur la plupart d’entre eux les premiers phénomènes du développement et la formation des embryons; ils ne présen- tent d’ailleurs aucune particularité permettant de les distin- guer des œufs d'Axolotls non transformés. Ce résultat, si longtemps attendu, doit certainement être attribué aux changements apportés dans l'aménagement de la PATES ménagerie et à l’excellente installation des aquariums cons- truits, il y a deux ans, d’après les indications de M. le profes- seur Blanchard. Les dimensions de ces réservoirs ont permis d'établir un terre-plein non-seulement laissant aux animaux la faculté de sortir de l’eau ou d'y rentrer suivant leurs be- soins et de s’y creuser des réduits, mais encore permettant à la végétation de se développer et favorisant la multiplication de certains animaux, les vers de terre par exemple, qui ont pu fournir aux Amblystomes une nourriture plus en rapport avec leurs habitudes semi-terrestres. Si la température, devenant plus douce d’ici l’éclosion, per- met le développement des animalcules dont ces Batraciens, au sortir de l'œuf, doivent faire leur proie, on peut espérer suivre les métamorphoses de cette espèce, dont nous retrou- vons peut-être aujourd’hui seulement le cycle normal. Sur les Mammifères fossiles des phosphorites du Quercy, par M. H. Filhol. Il y a deux ans, j avais présenté à la Société quelques pièces se rapportant à un genre nouveau de Mammifères que j'avais désigné du nom de Cynohyænodon. Depuis lors j’ai eu de nouvelles pièces de ia même espèce, et entre autres deux crânes presque entiers. La dentition supérieure, qui était restée inconnue jusqu'ici, est presque absolument identique à celle des Pterodons etoffre de grandes analogies avec celles du Z'hylacine de Harris. Pourtant il n’existe pas de lacunes d’ossification de la voûte palatine, l'angle de la mâchoire n'est pas rentré en dedans, le nombre des incisives est celui des Mammifères placentés, enfin les os marsupiaux manquent. Dès lors, tout lien avec le dernier genre que j’ai mentionné doit être écarté. J'ai pu, d'autre part, sur un des deux crânes que j'avais trouvé, étudier le cerveau qui offre des particula- rités anatomiques excessivement remarquables. Les lobes olfactifs sont fort développés, les lobes cérébraux très-peu 0 plissés, d’une simplicité extrême, enfin le cervelet est fort volumineux et complétement découvert. Ces divers caractères semblentrapprocher l'animal qui les présente des Marsupiaux. Mais il faut remarquer que les animaux de l’époque éocène supérieure ou miocène inférieure avaient généralement le cervelet très-découvert, le cerveau très-lisse, et que ces ca- ractères ne suffisent pas pour établir un rapprochement. Aussi ai-je recherché si, parmi les animaux actuels placen- tés, il n'en existait aucun qui offrit une disposition rappelant un peu celle des Cynohyænodon, et j'ai remarqué que les Mangoustes et les Genettes offraient une grande simplicité dans la disposition de leurs centres nerveux, et que par ses lobes l’animal fossile dont je m'occupais se rapprochait plus des Viverridées que de tout autre groupe de Carnassiers. Ces remarques sont importantes, car les Cynohyœænodon ont dans leur dentition inférieure des caractères qui les rapprochent beaucoup des Viverra et d'autre partdes Sarigues, ce qui n’a pas lieu pour la dentition supérieure. Nous nous trouvons donc en présence d’un type mixte des plus singuliers, Viver- ridée et Sarigues par sa mâchoire inférieure et son cerveau, Pterodon par ses dents supérieures. Durant ces derniers temps, j'ai eu, des environs de Raynal, un maxillaire supé- rieur de Pferodon présentant en place la dernière tubercu- . leuse supérieure. Cette dent était transversale et offrait une disposition semblable à celle qui avait été soupconnée par M. Gervais. D'autre part, le Pterodon que j'ai trouvé est différent des espèces actuellement connues, et offre la par- ticularité de n'avoir que deux incisives. Je l'ai désigné sous le nom de Péerodon biincisivus. J'ai obtenu également des mêmes gisements une portion antérieure de maxillaire de Gelvcus de très-grande taille, qui appartient à une espèce nouvelle que je nommerai Gelocus insignis. Enfin je signalerai comme Carnassier nouveau provenant des mêmes dépôts.une Pseudelurus offrant par sa carnassière des affinités, d’une part, avec les Félins, d'autre part avec les Mustellidées. A la face interne de la carnassière il existe un petit tubercule, eï elle est munie en arrière d’un fort talon. Les prémolaires sont celles d’un Chat. Je désignerai cette espèce sous le nom de Pseudelurus ambiquus. Une mâchoire supérieure, trouvée à Escamps, m'a permis d'observer la formule dentaire de l'ŒÆlurogale intermedia, 1) 7" — qui était encore inconnue. Elle doit être ainsi établie : 3 4 Inc. FT C. TM. B° La dentition en bas est celle d’une Mus- tellidée; en haut, c’est celle d’un Chat. Sur une nouvelle espèce de Soui-Mangas, par M. Oustalet. Les Soui-Mangas sont, comme chacun sait, des Passe- reaux de petite taille, qui se nourrissent de sucs végétaux et d'insectes microscopiques, et qui sont répandus sur la plus grande partie du continent africain, à Madagascar, dans l'Asie méridionale et dans un grand nombre d'îles de l'Océanie. Ces Oiseaux jouent dans l’ancien monde à peu près le même rôle que les Oiseaux-Mouches dans le nouveau, et peuvent sou- vent rivaliser avec ces derniers par l'éclat de leur plumage. Ils ont été divisés par les ornithologistes en un certain nombre de genres qui ont été démembrés de l’ancien genre Cianyris ou Nectarinin, et qui reposent principalement sur la longueur du bec, sur la distribution des teintes du plumage, sur la présence ou l'absence de touffes maxillaires, de plas- tron thoracique et de calotte cervicale, c’est-à-dire sur des caractères tirés exclusivement de l’aspect extérieur de l’ani- mal. Ces divisions secondaires n’ont donc pas une très- grande valeur scientifique; elles méritent cependant d’être conservées, au moins en partie, parce qu'elles facilitent l'étude et qu’elles correspondent ordinairement à des parti- cularités dans la distribution géographique. Aïnsi, les Soui- Mangas proprement dits au plumage varié de vert métallique, de bleu et de noir, à la poitrine fréquemment traversée par une écharpe aux brillantes couleurs, à la tête ornée d’un chaperon étincelant, à la gorge couverte d’une plaque d’un jaune doré ou d’un rouge feu, habitent pour la plupart l'Afrique tropicale et la grande île de Madagascar. Les Cin- nyrides, dont on à fait le genre Æ{hopyga, et qui se distin- guent par leur livrée verte, rouge et jaune, aux couleurs tranchées, par leur queue généralement allongée et couverte Extrait de l’Institut, 1876, 2 D ge à la base par des plumes métalliques, vivent à Java, à Su- matra, à Bornéo, dans la presqu'île de Malacca, en Cochin- chine, au Bengale et dans le nord de la Chine. Les Hemmot:- mia, qui représentent jusqu’à un certain point les Soui-Man- gas africains, mais qui s’en distinguent par l'absence de col- lier et d’écharpe, se trouvent à la Nouvelle-Guinée, aux Cé- lèbes, aux Moluques. Les Cyrtostomus, dont une espèce a mérité le nom de solaris, et qui ont pour la plupart l’abdo- men d’un jaune soufre ou d’un orangé vif, et la gorge d’un violet ou d’un bleu sombre, se rencontrent à Java, à Timor, aux Célèbes, aux Philippines et jusqu’à la Nouvelle-[rlande. Jusqu'à présent on ne connaissait, aux îles Philippines, que deux Soui-Mangas, savoir : /Nectarophila sperata L. et Ara- chnechthra (Cytrostomus) jugularis L.; mais tout dernière- ment, parmi des Oiseaux recueillis à l’île de Luçon, au lieu dit la Lagune, par un jeune voyageur, M. L. Laglaize, j'ai eu le plaisir de trouver un spécimen qui ne se rapporte à au- cune des deux formes ci-dessus mentionnées, et qui me pa- raît devoir constituer le type d’une espèce nouvelle. Dans ce Soui-Manga on reconnaît facilement quelques-uns des carac- tères du genre Æthopyga, et particulièrement la coloration métallique des couvertures supérieures de la queue et des barbes externes des rectrices; mais on retrouve aussi quel- ques traits des Cyrtostomus, par exemple, la teinte vert-doré du dessus du corps et les plumes orangées de l'abdomen. Le bec est plus long que la tête, légèrement recourbé, de cou- leur brune très-foncée, de même que les pattes; le front et la partie supérieure de la tête jusqu’au niveau du bord posté- rieur de l'œil sont revêtus de plumes métalliques d’un vert brillant, formant une calotte moins étendue que celle des Æthopyga nepalensis, Dabrv, ete. Le dos, les côtés du cou et les bords externes des rémiges sont d’un jaune verdâtre bril- lant, le croupion est de la même teinte que le dos, et n’est pas, comme chez plusieurs -Æthopyga, revêtu de plumes jaunes ou rouges; les couvertures supérieures sont, ainsi que je l'ai dit plus haut, d’un vert métallique plus éclatant que les plumes de la tête; les rectrices qui ne sont point pro- longées comme chez la plupart des -Æthopyga adultes, sont d’un noir profond, avec un liséré bleu-vert métallique le long du bord externe, et les rémiges d’un brun assez foncé, liséré de jaune-verdâtre en dehors.et de blanchâtre en dedans. La li gorge et la poitrine ne présentent pas, comme chez la plu- part des Cyrtostomus, une cuirasse de plumes métalliques : elles sont revêtues de plumes longues et soyeuses, la plu- part d'un noir de velours. Cependant, à un centimètre envi- ron de la base du bec commence sur la ligne médiane une touffe d’un orangé-rouge extrêmement vif, qui tranche nette- ment sur la teinte sombre des parties latérales, et qui est Séparée par quelques plumes noires à la base et jaunes à l’ex- trémité, d'une bande orangée analogue qui orne le milieu de l’abdomen. Les flancs et le bas-ventre sont d’un jaune-ver- dâtre, franchement délimité en dessus par la teinte noire de la poitrine; enfin, les couvertures inférieures des ailes sont d’un blanc soyeux. Les dimensions sont les suivantes : Longueur totale, environ. Om,105 — du bec (mesuré en dessus) . . . . . 0,020 — du tarse. . . . 1 25H OMONE — du doigt médian (sans l'ongle). :h HMOPOIS — de l’ongle de ce ne 5 0 ET HORREUR en) ide l’aïleis 422114 NN 0e n 02065 No deilatquéner sl sv rie) AAC r0%080 Je propose de donner à cette espèce le nom d’Æthopyga flagrans, pour faire allusion à la tache en forme de flamme qui orne le milieu de sa poitrine. Séance du 8 avril 1876. Sur la théorie de la vision, par M. Alix. On a fait jusqu'ici d’inutiles efforts pour expliquer com- ment les objets extérieurs, dont l’image se peint sur la ré- tine dans une position renversée, nous apparaissent pour- tant dans leur position naturelle. . On aurait évité ce travail superflu si l’on avait été bien Aion un persuadé que ce n’est pas l’image rétinienne, mais l’objet lui-même que nous voyons. L'erreur dont je parle se rattache à la théorie de l'émis- sion, et la théorie de l’ondulation devait la faire disparaître en permettant de comparer le phénomène de la vision à celui del’audition. En effet, lorsque nous entendons un bruit ou un son, nous nous rendons très-bien compte : 1° de la direction suivie par le son, et 2° de la distance d'où il vient. C’est principalement l'intensité du son qui nous fait connaître l'éloignement du point où il s’est produit. Il doit en être de même pour la vision; l'œil doit aussi apprécier la direction des ondes qui viennent l’impressionner et la distance qui le sépare du point d’où elles émanent. Pour la vision, la distance est appréciée à lafois par deux moyens, l'intensité des vibrations et l'angle visuel. À l’aide de ces deux données, la distance et la direction, j’œil connaît le point même d’où part le rayon lumineux, c’est-à-dire le lieu où se trouve l’objet qui frappe le regard. C’est donc l’objet lui-même que l’on voit et le renversement de l’image réti- nienne n’a rien à faire avec la sensation que l’on éprouve. Pour ce motif je donnerai à la théorie que je soutiens le nom de théorie de la vision réelle. Cette théorie a quelques points de contact avec celle de la projection, mais elle en diffère essentiellement en ce que la théorie de la projection: 1° ne tient pas compte de la dis- tance ; 20 fait une supposition inutile puisque l’œil ne pro- jète rien; 3° n’est pas affranchie de tous liens avec l’hypothèse de l'émission. La théorie de la vision réelle nous permet de considérer l'œil comme un organe de mesure et nous fait comprendre fa- cilement comment il apprécie la distance, la profondeur, et tout ce qui se rattache à la perspective ; comment, chez les animaux, il guide avec précision desmouvements très-rapides, et comment, chez l’homme, il devient un organe d'analyse excessivement perfectionné ; elle explique aussi les erreurs de la vue en montrant qu’elles sont dues à une fausse appré- ciation soit de la direction, soit de la distance. On a cru trouver un rapport entre la forme allongée des bätonnets de la rétine et la direction des rayons lumineux, mais cela n’est admissible que dans l'hypothèse de l'émission. =) En s'appuyant sur l'hypothèse de l'ondulation et en tenant compte de ce fait que les vibrations lumineuses sont trans- versales, on pourrait admettre que ces vibrations agissent sur les bâtonnets de la rétine à la manière d’un archet, et ce serait une autre manière d'apprécier le rôle de ces élé- ments anatomiques. Sur les bâtonnets des Crustacés et des Vers, par M, Joannes Chatin. On sait que de fous les éléments constitutifs de l'œil des Arthropodes, ceux dont il importe de déterminer le plus exactement les caractères histologiques et les relations ana- tomiques sont évidemment ces corps, de forme variable, désignés sous les noms de béfonnets optiques, bâtonnets cris- tallins, etc., et situés au-dessous de la « cornée». Plusieurs auteurs (Muller, Leydig, Claparède, Landois, Schultze, etc.) les ont successivement examinés, mais la méthode qui gui- dait leurs recherches, les conditions mêmes dans lesquelles ils poursuivaient celles-ci, expliquent aisément les lacunes et les confusions qu’on remarque trop souvent dans leurs mémoires. Ils ont, en effet, constamment cherché à em- _ brasser, dans une même étude, la structure de tous les élé- ments, de tous les milieux de l’œii et, de plus, ils n’ont guère examiné celui-ci que chez les Insectes, rarement chez les Crustacés et presque uniquement chez des types très-élevés dans la série (1). Or, chez ceux-ci, la supériorité organique retentit sur les bätonnets comme sur les autres éléments et permet plus difficilement d’en apprécier les carac- tères fondamentaux et les relations principales ; en outre, les différentes parties de l'œil offrent une égale complexité, (1) « Les bâtonnets cristallins ne sont bien connus que chez les Crus- «tacés supérieurs et les Insectes. » (Gegenbaur, Anafomie comparée, {trad. franç., 1874, p. 373.) — 22 — et certaines d’entre elles, les cellules pigmentaires, par exemple, acquièrent un développement qui n’est pas sans causer de grands embarras à l'observateur, bien que les pro- grès de la technique moderne nous aient permis de remédier, en partie, aux inconvénients résultant de l'abondance et de l’adhérence du pigment. Reprenant à mon tour l'examen de ce sujet, j'ai pu me convaincre bientôt que je tomberais fatalement dans les mêmes écueils que mes devanciers si je me laissais entraîner aux généralisations qui les avaient séduits et si je m’adres- sais aux types qu’ils avaient étudiés trop exclusivement. J’ai doncrésolu tout d’abord de me borner à l'étude des seuls bâton- nets et j'ai cherché à examiner ceux-ci dans les principaux groupes de la série carcinologique afin de comparer succes- sivement des espèces de valeur hiérarchique différente. Tel a été le plan général des recherches que je résume aujourd’hui; quant à leur exécution même, ayant constaté rapidement que les types dont je pouvais disposer à Paris seraient in- suffisants pour remplir le cadre que je m'étais tracé, j'ai dà continuer mes études sur les côtes de la Méditerranée, d’a- bord à Marseille où, grâce au savant et bienveillant concours de M. le professeur Marion, je pus examiner déjà différentes espèces; puis dans un certain nombre de stations réparties entre Marseille et San Remo (Italie). Ne pouvant entrer ici dans les détails relatifs à chacun des types que j'ai étudiés, je me borne à résumer les carac- tères généraux que m'ont présentés leurs bâtonnets. Si l’on fait une coupe de l’œil d’un Squille ou d’un crus- tacé voisin, ontrouve au-dessous de la cornée des cellules analogues à celles que les auteurs allemands ont décrites sous les noms de « cellules ou noyaux de Semper » et que plu- sieurs anatomistes assimilent à des cellules chitingènes ; ensuite viennent les bâtonnets proprement dits, danslesquels on peut aisément distinguer deux parties ; l’une antérieure et hyaline, l’autre postérieure et colorée. La première de ces parties, douée de propriétés réfrin- gentes très-nettes, a donné lieu à de nombreuses discussions entre les observateurs qui l'ont décrite tantôt comme un cristallin, tantôt comme un corps vitré; pour ne rien pré- juger touchant ses analogies, je la désignerai simplement sous le nom de cône, à l'exemple de plusieurs anatomistes, Nan D Quant à la portion postérieure ou bäâtonnet proprement dit, elle présente, outre la gaine de cellules pigmentaires qui lui donnent sa coloration propre, des stries transversales et régulièrement espacées. Quelle est la signification de ces stries ? Se laissant entrainer à une assimilation qu’'excuse l'apparence de ces marques, les anatomistes qui les ontobser- vées les premiers, les ont regardées comme de nature mus- culaire et de là est venue cette idée de « la musculature des bâtonnets » que l'Ecole allemande à trop facilement acceptée, généralisée et défendue. Cependant la régularité même de ces stries, leur aspect particulier eussent dû mettre en garde contre cette assimilation et, de fait, divers micrographes (Claparède, Landois) ont été beaucoup plus réservés sur ce point que ne l’avaient été leurs devanciers. Ils eussent peut- être dù accentuer davantage encore les tendances qu'ils indiquent visiblement. Quant à l'explication à donner de ces stries, on la trou- ‘verait peut-être dans les résultats fournis par les recherches récentes sur les bâtonnets des Batraciens, des Poissons, etc.; chez ces Vertébrés, en effet, divers histologistes (Hannover, Henle, Schultze, Ranvier) ont montré que les bâtonnets of- fraient des stries propres et pouvaient même être décom- posés en disques empilés. Or, il pourrait en être ainsi des corps bacillaires des Arthropodes, et des recherches que je poursuis en ce moment sur ce point spécial me permettront, je l'espère, d’être plus affirmatif dans une prochaine commu- nication. Quoi qu'il en soit, je pense qu’il faut abandonner cette théorie qui a accordé trop facilement aux bâtonnets des tuniques musculeuses. — Au centre du corps bacillaireon voit souvent un filament grêle et plus ou moins flexueux que plu- sieurs micrographes considèrent comme l’analogue du fila- ment de Ritter, lequel, on le sait, a donné lieu à d’assez graves divergences parmi les histologistes qui l’ont étudié ou simplement cherché dans les divers groupes de la série des Vertébrés. Ces parties essentielles du bâtonnet des Squilles, nous les re- trouverions avec les mêmes dispositions générales chez de nombreux types, parmi lesquelsje citerailes diverses espèces du genre Galathea; nous y voyons de même un bâtonnet à stries transversales, à gaîne pigmentaire de teinte variable ; au-dessus deluise trouve un cône hyalin, de forme paralléli- Mie a pipédique ; enfin celui-ci est recouvert antérieurement par les cellules déjà mentionnées, et les réactifs colorants (pi- erocarminate d'ammoniaque, etc.) permettent de distinguer nettement ces diverses parties du filament bacillaire. Iei, comme chez beaucoup d’autres types analogues, on voit le bâtonnet proprement dit se subdiviser en un certain nombre de laciniations (fibres des auteurs allemands) appartenant à celle de ses parties qui confine au cône. Chez les EÆupagurus on trouve encore sensiblement les mêmes dispositions : le bâtonnet offre une partie inférieure et grêle sur laquelle se remarquent des stries régulièrement espacées ; au-dessus vient un cône de forme ovale à la par- tie antérieure duquel se voient les cellules de Semper; le filament central est assez généralement visible; le pigment est d’un brun noirâtre. Les Pagurus ont des bâtonnets encore assez comparables aux précédents, mais les cônes sont en forme de battoirs. Certaines espèces, et particulièrement le P. sériatus, mon- trent nettement une subdivision du bätonnet en fibres ou la- ciniations antérieures, dans le voisinage du cône. — Je men- tionne pour mémoire le genre Paguristes qui ne diffère guère des précédents qu’en ce que les bâtonnets sont longs et grêles, tandis que les dimensions des cônes sont fort ré- duites. Les Cypridina offrent encore desdispositions analogues et montrent nettement la constitution du cône formée de pièces juxtaposées. Chez les Typton, le bâtonnet et le cône possèdent encore leurs mêmes caractères généraux et leurs mêmes relations principales, mais il semble cependant qu'on s’achemine vers une prochaine simplification organique. Celle-ci s’accuse plus nettement chez les ZLysianassa ; le filament est encore visible, la gaîne pigmentaire est peu diffé- rente de ce qu'elle était dans les types précédents, mais les noyaux de Semper ne sont plus représentés que par une tache sombre vers le tiers supérieur du cône ; enfin, et ce caractère est fort important en raison de ce que nous allons constater dans les types suivants, il n’y a plus aucune strie visible sur le bâtonnet. Les Notopterophorus n’en offrent pas davantage ; leur bàton- net à filament encore distinct, à gaîne pigmentaire normale, MAR 1 Vis leur cône, de forme et de dimensions habituelles, ne les dis- tingueraient pas des types étudiés plus haut, mais l'absence de stries les en différencie nettement. Chez les Caprella nous ne les trouvons pas davantage, mais le bâtonnet et le cône offrent une curieuse ressem- blance avec les mêmes éléments chez certains Crustacés su- périeurs (Asfacus). Avec les £'pimeria la dégradation organique s’accentue d'une manière considérable et nous arrivons à des formes extrêmement simples : l'œil ne consiste plus, en effet, que dans une cornée tout à fait rudimentaire (1) recouvrant un certain nombre de bâtonnets extrêmement simples puisqu'ils se résument en une baguette colorée parun pigment rouge ou brun, amincie dans sa portion inférieure et recevant dans son extrémité opposée un cône de forme amygdaloïde ou conique. Chez les Lichomolqus il n’y a souvent que deux de ces bâtonnets (2) au-dessus desquels passe la peau à peine dif- férente de ce qu’elle est dans les points voisins. On voit à quelle dégradation organique nous à amené l'étude des bâtonnets optiques des Crustacés, bien qu’en pro- cédant ainsi il soit possible de passer successivement des for- mes nettement supérieures aux types sur lesquels le para- sitisime ou le commensalisme imprime son cachet indélébile. Or, et sans vouloir entrer ici dans la discussion des théories auxquelles je fais allusion, on sait quel rôle considérable certains zoologistes contemporains accordent aux Vers dont l’ensemble constituerait une sorte de groupe de départ lié par une écroite parenté aux divers embranchements. J’ai donc songé à rechercher si certains Vers ne m'offriraient pas des éléments semblables à ceux que je viens de décrire chez les Crustacés, et j'ai pu les retrouver avec les mêmes carac- tères chez plusieurs de ces animaux. Ainsi, chez les Psygmobranchus, les points oculaires des branchies sont formés par un corps semblable au bâtonnet des Crustacés étudiés en dernier lieu, c’est-à-dire se résu- mant en une gaîne pigmentaire et en un corps réfringent analogue au cône de ces Arthropodes, (1) On ne peut même donner qu'avec réserve un semblable nom à un tégument qui n’est que très-faiblement différencié. (2) Leur pigment est généralement jaune. Lu 96 Le genre Vermilia nous offre de pareilles dispositions ; les bâtonnets, plus effilés dans leur portion postérieure, se rap- prochent même encore davantage de ceux des Crustacés. Souvent l’œil est constitué non plus par un, mais par deux bâtonnets confondus dans leur portion postérieure ou pig- mentaire, Cette dernière forme se retrouve encore plus fréquente dans un certain nombre d’autres genres, et particulièrement chez les Protula. Enfin, chez les Dasychone, tels que le D. Bombyx, qu’on trouve par une profondeur de 40 mètres sur les fonds coral- ligènes de Ratouneau, on remarque dans les yeux branchiaux une constitution remarquable. Chez les Serpuliens, ete., j'ai indiqué l'existence de points oculaires formés par un, deux ou même (Z'upomalus) plusieurs bâtonnets; ici les yeux comprennent généralement quatre de ces pièces auxquelles leur différenciation imprime une marque de réelle supério- rité organique. Leur portion antérieure ou terminale, fortement réfrin- gente, présente une convexité qui ne nous était offerte par le cône d’aucun des types précédents et qui rappelle, avec la plus grande évidence, la même partie chez les Crus- ticés supérieurs. Quant à la portion postérieure du bâtonnet, elle représente une gaîne allongée et pourvue d’un pigment brunâtre. Les divers bâtonnets d'un même œil sont réunis par leurs parties vaginales ou pigmentaires, tandis que leurs extrémités hyalines etréfringentes divergent assez fortement. L'étude des Dasychone m’amène naturellement à dire quelques mots des points oculiformes situés sur les segments du corps. Claparède les avait déjà décrits comme dépourvus de tout corps réfringent, et l'étude de plusieurs espèces m'a conduit à semblable conclusion ; un examen superficiel sem- blerait pourtant favorable à l'opinion contraire, mais une observation plus attentive montre que ce sont les glandules hypodermiques environnées ainsi par la matière pigmen- taire, qui semblent revêtir l'apparence d’un corps réfringent. On voit, par les résultats consignés dans cette note, que les yeux des Arthropodes se rattachent par une série régu- lière de formes intermédiaires aux yeux des Vers ; j'espère d’ailleurs pouvoir compléter prochainement les notions pré- cédentes par celles que pourront me fournir des expériences que je poursuis en ce moment et dans lesquelles j'étudie le D, j ( développement du corps réfringent, envisagé surtout au point de vue de son origine nucléaire, laquelle rattacherait intimement les yeux à bätonnets aux taches pigmentaires que l’on s'accorde généralement à regarder comme la pre- mière ébauche de l'organe oculaire. Sur les Reptiles fossiles des phosphorites du Quercy, par M. H. Filhol. Dans une note parue en 1872, dans le Journal de Zoologte, M. Gervais a signalé pour la première fois la présence de Reptiles fossiles dans les dépôts des phosphorites. Il a rap- porté diverses vertèbres, qu’il avait examinées, au genre Palæophis d'Owen. Plus tard, j'ai décrit, dans une communi- cation à la Société Philomathique, un genre de Saurien nou- veau, le Vecrosaurus Cayluxi, qui me paraissait avoir de grandes affinités, d'après les os des membres que j'avais pu étudier, avec le genre Monitor. J'ai eu, depuis cette époque, une portion de maxillaire inférieur qui doit être rapporté au même genre et qui, par ses caractères, confirme, de la ma- nière la plus absolue, les analogies que j'avais annoncé exis- ter entre le Saurien des phosphorites et les Monitor. En 1873, j'ai décrit, dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, quelques Batraciens absolument transformés en phosphate de chaux et ayant conservé par conséquent tous leurs caractères extérieurs. J'ai, depuis cette époque, déter- miné ces pièces dont je m'étais borné à signaler l'existence, et j'ai reconnu que l’une d’entre elles provenait d’une ana et l’autre d’un Bufo. La ÆRana, que je désignerai par le nom de Rana phcata, présente une disposition très-remarquable de la peau qui forme des plis très-saillants, tous antéro-pos- térieurs. Cette disposition rappelle celle que l’on observe sur la Rana Tigrina de Java. Le Bufo est d'assez grande taille, ses parotides très-saillantes, bien marquées, ne laissent au- cun doute possible au point de vue de la diagnose. D'ailleurs j'ai pu étudier son maxillaire supérieur etconstater l'absence De Es totale de dents. La disposition du tympan est aussi carac- téristique. Je désignerai cette espèce par le nom de PBufo serralus. Parmi les quelques débris de Reptiles fossiles que j'ai trouvés, il en est qui m'ont paru fort importants au point de vue de la dispersion ancienne des espèces. Ainsi j'ai eu, pro- venant de Caylux, une mâchoire supérieure et une mâchoire inférieure qui m'ont paru appartenir à un animal très-voisin des /quana, dont les espèces sont toutes actuellement des es- pèces du nouveau continent. C’est la première fois qu’un ani- mal se rapprochant de ce groupe a été trouvé sur l’ancien continent. Je proposerai de le nommer Proiquana euro- peana. Indépendamment des Ophidiens fossiles trouvés en Angle- terre par Owen, quelques autres espèces avaient été men- tionnées en France, provenant l’une des sables de Cuise, les autres d'Auvergne, les autres enfin de Sansan. Pictet, dans son étude sur les animaux fossiles du sidérolithique du canton de Vaud, qui se rapprochent beaucoup de ceux des phosphorites, a signalé la présence au milieu de ces osse- ments de vertèbres d’Ophidiens qui lui paraissaient très-voi- sines de celles des Pythons. J’ai eu de Caylux et d’autres gisements de phosphorite des vertèbres, différant un peu de celles trouvées par Pictet, mais appartenant à des Py- thons de grande taille. J'ai trouvé également une demi- mâchoire inférieure supportant dix-sept dents qui provient de la même espèce. Ainsi, à l’époque miocène inférieure, il existait dans le centre de la France une faune de Reptiles ayant, par le Necro- saurus Cayluxi et le Python cadurcensis, des affinités fort remarquables avec la faune africaine actuelle. D'autre part, elle se rapprochait de la faune du nouveau continent par des animaux semblables aux /quana. Enfin les Batraciens avaient quelques analogies avec ceux que nous trouvons aujourd'hui dans l'extrême Orient. Tous ces faits sont parfaitement d’ac- cord avec ce que nous avait appris jusqu'ici l'étude des Mam- mifères, des Oiseaux, des Plantes, des Insectes, des Poissons et des Mollusques fossiles trouvés en d’autres loca- lités, mais appartenant sensiblement à la même période géo- logique. NU Sur la force développée par les êtres volants, par M. A. Pénaud. En 1866, M. Wenham a montré que les Oiseaux, venant dans une translation rapide rencontrer à chaque instant de nouvelles masses d'air, dépensaient beaucoup moins de force en plein vol que pendant un vol stationnaire. M, de Louvrié montrait aussi, à la même époque, l'avantage de l'action oblique des surfaces sur l’air, en prenant pour bases les ex- périences de Thibault. J'ai pu établir la loi très-simple à la- quelle est soumise la résistance des plans en translation très- oblique dans un fluide, et j'en ai développé les conséquences en 1872. En introduisant dans mes calculs les données de plu- sieurs observations que j'avais faites sur diverses espèces d'Oiseaux, j'ai déterminé, à peu de choses près, le travail dé- pensé en plein vol par les Oiseaux. Ce travail correspond dans la série et suivant la voilure, à une élévation variant de 0,50 à 22,50 par seconde du poids de l’animal et généra- lement supérieure à 1" pour les grosses espèces. Mes cal- culs, établis sur un ensemble concordant d'expériences et sur une série de faits d'observations et de considérations théori- ques, ont d’ailleurs déjà trouvé, depuis cette époque, de nou- veaux appuis. Je citerai les remarquables expériences faites par M. Froude, au nom de l'Amirauté anglaise, sur des plans glissant à la surface de l’eau, et quelques essais faits par M. Marey avec des schemas en translation circulaire sur un manége eten translation rectiligne sur un fil de fer. Après avoir déterminé le travail des Oiseaux en vol normal par les calculs dont je viens de parler et par d’autres concor- dants, bien que tout à fait indépendants des premiers, j'ai pensé qu'il y avait aussi un grand intérêt à connaître le tra- vail maximum que les Oiseaux sont susceptibles de dévelop- per à un moment donné. Ils ont, en effet, dans diverses cir- constances, besoin d’avoir recours à une surabondance de force, et les appareils volants que l’on pourra construire dans l’avenir auront, eux aussi, bien que d’une facon moindre, à donner des coups de collier énergiques, principalement pour le départ du sol. 20 0 Parmi les circonstances où les Oiseaux développent un tra- vail considérable, l'ascension presque verticale depuis le sol jusqu’à un perchoir élevé m'a paru facile à observer avec précision et donner lieu à des évaluations assez exactes. Les Oiseaux paraissent, dans ces ascensions, développer, à peu de chose près, le maximum du travail dont ils sont suscep- tibles. J’ai souvent vu des Pigeons encore jeunes qui s’é- taient élancés pour remonter directement à leur colombier, renoncer à moitié chemin à leur entreprise, par suite de la fatigue excessive de l’ascension. Ils achevaient alors leur trajet par une ascension en spirale sur un circuit assez étendu, augmentant ainsi la durée de leur trajet, mais diminuant beaucoup, par le fait de la translation, les efforts à produire à chaque instant. Ces faits s’observent principalement lorsque les jeunes Pigeons viennent de se baigner et que leur corps, et surtout leurs ailes, sont chargés d'humidité. Remarquons d’ailleurs que, dans une ascension, le travail total de l'Oiseau est composé de deux parties : l’une fixe, le travail d’élévation; l’autre variable et croissant avec le temps, le travail dépensé à prendre appui sur l’air. Les Oiseaux ont donc intérêt à s'élever le plus vite possible, et c’est ce qu'ils font généralement, même lorsqu'ils ne sont pas sous l’im- pression d’un sentiment de crainte : leur vitesse d’ascension directe est toujours de plusieurs mètres par seconde. J'ai pu mesurer avec un compteur, et dans de bonnes con- ditions, la vitesse d’ascension directe des Pigeons du genre Biset s'élevant de terre à un perchoir élevé de 10",75, hau- teur mesurée par une petite triangulation contrôlée par la mesure d’une base de vérification. La vitesse moyenne d’as- cension sur 8 parcours à été de 22,75, la moyenne dans les deux montées les plus lentes 2°,30, dans les deux plus ra- pides 3°,50. Des Ramiers m'ont donné le chiffre de 3", Pour des Moineaux s’élevantde même du sol sur un murélevé de 82,50, j'ai pu faire 15 observations. J'ai trouvé ainsi une vitesse moyenne générale de montée 3m,40; moyenne des deux minima 832, moyenne des deux maxima 4,50, — Telle est la vitesse moyenne sur le parcours considéré ; mais il faut remarquer que l’Oiseau part sans vitesse et se pose de même, de sorte qu'au milieu du trajet, le mouvement est bien plus rapide. Si l’on assimile le mouvement du Moineau Et ones à celui d’un pendule, ce qui est une hypothèse assez plau- sible, on trouve que la vitesse au milieu de l'ascension doit dépasser 5". Pour des Paons, oiseaux lourds, qui venaient tous les soirs brancher sur le même arbre afin d'y passer la nuit, j'ai trouvé une vitesse d’ascension de 2,50 environ. Ils s'élevaient en 2,6 sur une branche élevée de 6,50, et s’aidaient, au dé- part, d’un fort élan de leurs pattes. Parmi les Oiseaux qui m'ont semblé s'élever le plus rapi- dement, je citerai les Perdrix, les Tourterelles sauvages et les Bécassines. Ce sont des oiseaux de taille médiocre, munis de puissants pectoraux et d’ailes petites ou moyennes. Les petits Bécasseaux, nommés Allouettes de mer, m'ont semblé s'élever plus vite encore. Dans quelques mesures, peu précises il est vrai, par suite du manque de points de repère couvenables, j'ai trouvé une élévation d'environ 6" par seconde, Ainsi donc en dehors de toute théorie, il est certain que les Oiseaux sont capables de développer momentanément une force qui correspond au moins : Pour le Paon, à un cheval pour. 30* — Pigeon (biset et ramier).. 26: — Moineau...... LR POUR 22x Et pour l’Allouette de mer, environ 12% Comme je le disais déjà tout à l’heure, le travail d’élé- vation n’est pas le seul que l’Oiseau ait à produire : il lui faut en:ore trouver un point d'appui sur l’air, milieu extré- mement mobile. Lorsqu'un Oiseau s'élève directement sans translation horizontale et en se maintenant sur une même colonne fluide, il tient l’axe de son corps à peu près vertical, et ses batte- ments sont dirigés dans un sens presque horizontal. Leur amplitude est toujours très-considérable, et ils embrassent parfois la circonférence entière comme chez les Pigeons, dont on entend alors assez souvent les ailes s’entre-choquer à leurs extrémités de course. Les changements de plan de l'aile à chaque oscillation sont extrêmement étendus et dépassent 900. L'’aile, convenablement tordue sur elle-même, agitsur l’air avec puissance pendant l’abaissement, à la façon d’un plan ACT EN incliné ;pendantlerelèvement, ou retour. l’aile agit aussisur l'air, mais beaucoup moins, et par sa face supérieure; elle fait alors plan incliné en sens contraire, et récolte l'impulsion horizontale donnée par l’aile à l'air dans la précédente os- cillation. L’aile agit ainsi à la manière de la godille ou plu- tôt de la queue de certains Poissons, décrivant dans l’air mis en mouvement des sinusoïdes à spires très-serrées. En un mot, l’Oiseau se fait hélice, il fait du vol hélicoptère, son corpstenu droit représentant le moyeu, et ses ailes les branches de l’hélice. Par ces battements horizontaux à grande amplitude, l'Oi- seau arrive à actionner une colonne d’air de la plus grande section possible et ayant pour base le cercle décrit par ses ailes autour de son corps. Des battements verticaux, excel- lents en plein vol parce que la translation apporte alors à chaque instant de nouvelles couches d'air sous les aiïles, seraient très-désavantageux dans les ascensions presque ver- ticales que nous considérons, car ils ne mettraient en action qu’une colonne d’air à section bien plus restreinte. J'ai reconnu que l’Oiseau, dans le vol ascendant direct et dans le vol stationnaire, créait ainsi un courant d'air presque uniforme à cause de la rapide succession des batte- ments inverses et de l'intensité des changements de plan de l’aile, et ce courant a sensiblement pour section la projec- tion horizontale de l’air du parcours décrit par ses ailes. Je m'en suis assuré pour les Pigeons, en les faisant s'élever au milieu de fumée ou au-dessus d’un filet à mailles larges en- duit de corps légers, tels que du duvet. Lorsque les Sphinx stationnent sur une fleur pour en pomper le suc, on voit très- bien le feuillage sous-jacent agité d’une facon continue et régulière par le courant d’air lancé par leurs petites ailes; en lançant, à l’aide d’un fin tube, un peu de fumée dans ce courant, on en rend encore plus visibles, pendant un instant, les dimensions et la continuité. En agitant transversalement, auprès d'une bougie, des ailes fraîchement détachées du corps d’un Oiseau ou des ailes artificielles, on obtient, avec facilité, un courant presque uniforme et dont on peut mesu- rer l'étendue. En présentant à la bougie les hélicoptères et les Oiseaux artificiels à ailes battantes que j'ai imaginés, j'obtiens aussi ce même résultat d'un courant continu, uni- que, régulier, cylindrique, sans aucune dispersion ni mouve- LMNT "pau ment centrifuge. J’ai apporté l’un de mes hélicoptères pour faire devant la Société cette expérience. On voit que, con- trairement à une idée très-répandue, l'air, loin de se disper- ser sur la circonférence de l’hélice, y tendrait plutôt, au contraire, à converger sur l’axe, comme le montre la très- légère attraction de la flamme de la bougie. Derrière l'hélice et jusqu'à une assez grande distance, la bougie n’éprouve qu'une très-faible agitation tant qu'elle est en dehors du cy- lindre ayant pour base le cercle de l’hélice ; tandis qu’elle est violemment soufflée dès qu’elle entre dans ce cylindre. Enfin à l'avant de l'hélice on voit que la colonne ne se continue pas, et qu'il se forme immédiatement sur l’hélice un cône très-évasé d'aspiration, qui prend l’air de tous côtés, Tous ces effets ont lieu même avec des hélices dont les branches sont inclinées vers l’avant, comme celle-ci, et sub- sistent également lorsqu'elles se meuvent en avant ou en ar- rière, le long de la colonne d'air en mouvement. Ces consi- dérations et ces expériences nous montrent que le travail dépensé par l’Oiseau pour prendre appui sur l'air qui cède sous lui avec une vitesse W, diffère peu du travail néces- saire pour entretenir cette vitesse uniforme W dans un tuyau ayant pour section la projection horizontale de l’aire décrite par les ailes de l’Oiseau. En prenant ce dernier travail pour celui de l’Oiseau, on est d’ailleurs certain de prendre un minimum, car l’unifor- mité du mouvement de l'air lancé par l’Oiseau n’est pas ab- solue, et il existe certainement dans cet air des mouvements tourbillonnaires résultant de l'entraînement, par les masses d'air directement heurtées par les ailes, de celles qui sont moins immédiatement actionnées. Or, on sait que lorsqu’une masse fluide m animée d’une vitesse V en entraîne une autre M par communication latérale avec une vitesse U, on a m V — (M m) U,et cette formule, démontrée par les expé- riences de M. Piarron de Mondésir sur la ventilation par l'air comprimé, implique perte de force vive. Mais la perte de force vive est faible lorsque M est médiocre par rapport à m, et nous avons vu, par son uniformité constatée tout près des ailes, que tel est le cas du courant d’air lancé par lOiseau. Si P est le poids de l’Oiseau, / la longueur de son aile, & l'arc battu par l’aile dans le plan moyen de son battement, Extrait de l'Institut, 1876. 3 Ds VtauM a l'angle de ce plan avec l'horizon, la section du courant des- cendant vertical lancé par les deux ailes sera l'arc é cosn. Pour avoir le volume actionné par seconde, il faut multiplier l'expression précédente par la longueur de la colonne d’air attaquée pendant ce temps. S'il s'agissait d’un voi stationnaire, cette longueur serait précisément la vitesse W du courant. Mais dans le cas de vol ascensionnel avec une vitesse X, il faut remarquer que l’ascension amène à chaque instant la création du courant en de nouveaux points, à cause de la forme signalée du cône d'aspiration, et l'appui se trouve ainsi très-fortifié. C'est ainsi que les hélices marines, sous l’action d’une force cons- tante, ne tournent que très-peu plus vite lorsque le navire avance à toute vitesse, que s’il est attaché à un point fixe ; dans le premier cas cependant le recul est inférieur à _ tandis qu'il est égal à l’unité dans le second. D'après cela, je pense que, dans le cas qui nous occupe, on doit prendre pour la longueur de la colonne d’air ac- tionnée par seconde W —k (peut-être vaudrait-il mieux prendre W — jh, f étant une certaine fonction de /, W et k; mais, en l'absence d'expériences précises, nous nous en tiendrons à W +4). Ceci posé, si x est le poids de l’unité du volume d’air et g l'accélération de la pesanteur; la masse d’air lancée pendant une seconde par les ailes sera “== P arc € cos n (WA) et le travail dépensé par seconde à l’entretien du courant pu 'W? T —— IV— P2 2g Parc € cos n (W—L Ah) W=P W; d'où 1 8gP W — eh 2 ENS DIE CA x NN > | arc C COs n. Ja racine positive convenant seule ici. RQ TA On voit que, dans le vol stationnaire pour lequel À= 0, le travail varie proportionnellement à la puissance 5 du poids de l'oiseau et en raison inverse de son envergure {c’est- à-dire de la racine carrée de la surface s’il s’agit de surfaces semblables). Appliquons cette formule au Ramier, dont j'ai mesuré un certain nombre, et pour lequel j'ai trouvé en moyenne P— 4808 1052 G—4160° == 20%! Nous avons de plus x — 1l*, 24 (conditions moyennes) et 130; une méthode de calcul indépen- Il en résultera W — 4",1| dante de celle-ci, m'a donné un chiffre peu différent. Le rapport — 0,42 nous donne le rendement der h WLh ailes comme ascenseurs. L'’élévation W—-h, correspondant au travail total d'appui et d’a-cension, est de 7,1. Et cependant nous n’avons pas encore tout compté. Je me suis apercu, en effet, que l’inertie de l’aile, malgré sx mer- veilleuse légèreté, absorbait dans ses battements un travail ‘ notable. Pour ne pas abuser du temps de la Société, je n’en- trerai pas aujourd’hui dans le détail de ces recherches. Je me contenterai seulement de dire que j’ai pu arriver à des ré- sultats exacts en pesant les différentes tranches d'ailes d'Oiseaux et d'Insectes, en intégrant les moments d'inertie partiels, par rapport à l'articulation scapulo-humérale, ainsi obtenus, et en introduisant ces chiffres dans des formules tenant compte du nombre et des conditions géométriques des battements. Appliqués à notre Ramier, ces calculs nous donneraient encore plus de 2" à ajouter aux 7%,1 déjà trouvés. Ce chiffre, qui tient compte de l'absorption utile de la force vive par la résistance de l’air aux fins de battements, corres- pond d’ailleurs aussi dans son genre à un maximum ; de même que » en étant dans le sien, et W à peu de chose près aussi à cause du manque de translation. En plein vol les battements étant bien moins rapides et moins nombreux, le 1 agi Een travail d'inertie est beaucoup moindre : de plus, l'absorption en temps convenable de la force vive par la résistance de l’air peut y être tout à fait complète. En présence de ce chiffre énorme de plus de 2", j'ai été amené à penser que l’élasticité de l’aile et celle des muscles devaient jouer un rôle considérable aux extrémités des battements, et que l’aile devait aussi faire ressort à la ma- nière d’un diapason en vibration. L’admirable élasticité des penneset des ligaments de l’aile,me semble tout à fait en rap- port avec cette pensée. J’ai trouvé, par des expériences, qu’une plume constituait, à poids égal, un ressort à peu près deux fois plus puissant que l'acier. Quant aux muscles en contraction ils ont probablement la faculté d'emmagasiner et de restituer jusqu’à un certain point la force à la manière des ressorts. Le travail absorbé par l’inertie ne doit pas cependant paraître entièrement, et il est certain qu’il amène le travail total de notre Ramier à correspondre en définitive à une hauteur _d’au moins 8" par seconde, soit 9 kil. par cheval. Je suis arrivé à des chiffres plus étonnants encore dans quelques calculs basés sur des observations que j'ai pu faire sur le vol à toute vitesse des Martinets, et sur celui des Sphinx et des Libellules, Telle est la puissance dynamique maximum dont les êtres volants m'ont paru susceptibles. Elle est, on le voit, très- considérable, et bien supérieure à celle des Mammifères et de l'Homme en particulier; elle n’a cependant, bien heureu- sement, aucun rapport avec les évaluations quelque peu fan- tastiques publiées jadis par Navier. Il avait osé déclarer que PHirondelle faisant 15" par seconde, développait un travail correspondant à une élévation de son poids à 290® par seconde. Comparons rapidement, pour terminer, cette force des Oiseaux à celle de l'Homme et des moteurs de l’industrie. Un Homme peut s'élever pendant plusieurs heures par jour sur un escalier de 15e par seconde : le Ramier qui peut également voler plusieurs heures de suite, dépense en plein vol environ 1,10 de hauteur par seconde. Le rapport des deux chiffres est de 7, 3. Pour ce qui est des coups de collier j'ai trouvé, dans une expérience faite dans d'assez mauvaises conditions, qu'un | Homme pouvait s'élever à un 4° étage avec une vitesse a moyenne de 0",90 par seconde. Un Homme adonné aux exercices de la gymnastique, pourrait très-certainement faire beaucoup mieux. Si nous comparons toutefois ce chiffre au chiffre correspondant 7,1 du travail extérieur dépensé par le Ramier en ascension directe, nous trouvons pour leur rapport le nombre 7, 9 peu different de celui qui convient pour le travail normal. Quant aux moteurs que l'Homme est arrivé à construire, les plus légers sont actuellement des machines à vapeur à haute pression, à moyenne détente et sans condensation, telles que les locomotives à grande vitesse, les pompes à vapeur à incendie, et certaines machines de canots à hélices. Aucun d'eux ne pèse moins de 30k par force de cheval, avec un approvisionnement très-faible en eau et combustible. Les admirables machines Compound à condenseurs par surface des vaisseaux cuirassés et des paquebots pèsent actuellement au moins 125k par cheval. Mais dans un appareil volant le poids du moteur ne pourra jamais être qu’une fraction du poids total. Selon mes calculs, il y a même intérêt à ce que cette fraction ne dépasse pas un tiers, afin de laisser un poids suffisant pour les surfaces supportantes. On voit dès lors que les moteurs actuels sont loin d'égaler la puissance que les Oiseaux déploient dans certaines circonstances. Ils sont même encore incapables de développer le travail beaucoup moindre que les grands Oiseaux dépensent en plein vol, d’une façon continue, en s'appuyant sur de vastes masses d'air toujours nouvelles. Permettez-moi cependant d'exprimer ici ma conviction que dans un avenir plus ou moins éloigné, la science arrivera à créer les moteurs légers que réclame la solution du pro- blème de l’aviation. 6400.76. — BOULOGNE (SEINE). — IMPRIMRRIE JULES BOYER. fl TEL (4 tof KE À My AN EUTA RS ‘ë) RENE pr AA AT AS — 39 — Séance du 43 mai 1876. Sur les spectres de l'étincelle d'induction : par M. A. Cazin. J'ai observé le spectre de l’étincelle d’une bobine de Ruhmkorff au milieu de l'azote, en variant le plus possible les circonstances, dans l’espoir de reconnaître si le spectre cannelé est dû à l’azote lui-même ou à quelque impureté. Je mai pu constater que la généralité de la proposition suivante qui est conforme aux observalions faites antérieure- ment par un grand nombre de physiciens. Le trait de feu produit le spectre linéaire ; l’auréole voisine de l’électrode positive, d’un aspect rougeâtre, produit des cannelures uniformes dans le rouge ef des bandes dégradées vers la partie la plus réfrangil ble, dans le bleu, l’indigo, le violet ; lauréole et la lueur de l’électrode négative, d’ un aspect bleuâtre, ne donnent que les cannelures les plus réfrangibles à partir du jaune, avec trois maximums d'intensité voisins des positions attribuées aux lignes du carbone. On n’observe que l’étincelle d'ouverture. En faisant jaillr l’étincelle entre deux fils parallèles et perpendiculaires à la fente du spectroscope, et projetant son image sur la fente à l’aide d’une lentille on voit les trois spectres juxtaposés ; le spectre linéaire est situé entre les deux spectres cannelés. Les raies du métal se voient sur les fils seulement et se reconnaissent aisément. J'ai obtenu ces-effets à la pression ordinaire, ce qui me donnait des facilités pour l’intraduelion de gaz pur dans les tubes à électrodes. On les observe à d'autres pressions, soit _plus faibles, soit plus fortes, suivant les conditions élec- triques de la bobine. On augmente graduellement l'éclat du spectre lintaire en interposant un petit condensateur, dont on fait croître la surface armée, et on fait disparaîlre peu à peu les cannelures. En même temps le trait de feu augmente, se divise en fi- lets quelquefois très-nombreux et l’auréole décroit, On fait aussi disparaître les cannelures en établissantune Extrait de l'Institut, 1876, 4 Le 0 solution de continuité entre le pôle positif de la bobine et l’électrode qui lui correspond, et augmentant peu à peu la longueur de l’étincelle qui jaillit dans l’air au point d’inter- ruption. L'aspect de cette étincelle est en relation avec celle qui jaillit entre les électrodes ; l’auréole change simultané- ment d'aspect dans l’une et l’autre étincelle. Lorsqu'on augmente la pression, les cannelures dispa- raissent et les lignes spectrales deviennent de plus en plus diffuses. En même temps, le fond continu du spectre devient de plus en plus brillant, ce qui diminue la visibilité des lignes du gaz. Vers 15 atmosphères le spectre paraît continu et l’étincelle est éblouissante; c’est le fait déjà signalé par MM. Frankland et Lockyer et par M. Cailletet. L’aspect de ce spectre est très-différent de celui des fortes étincelles données par une batterie de Leyde à la pression ordinaire. Dans celles-ci, le spectroscope découvre un très-grand nombre de lignes fort brillantes et estompées. Dans l’étin- celle du gaz comprimé, c’est l'accroissement d'éclat du fond continu qui est le caractère principal. Dès la pression de deux atmosphères, on ne voit plus que six lignes de Pazote, de l’orangé au bleu, et cinq bandes très-diffuses au delà. En même temps, on remarque que l’étincelle est composée d’un grand nombre de traits de feu. À dix atmosphères, il ne restait que deux lignes de l'azote (À — 567 et 500 mil- lionièmes de millimètre) et une ligne brillante apparaissait dans le violet, laquelle n'avait commencé qu'à cinq atmos- phères (À — 424). La ligne du sodium était très-nette, tandis qu’au commencement de l'expérience, à la pression ordinaire, elle n’existait pas. Le rôle de la paroi de verre du tube était rendu manifeste. On laissa revenir le gaz à la pression ordinaire ; les spectres reprirent leurs aspecis primitifs, mais la raie du sodium persista et on ne la voyait que sur l’électrode négative. Quand on renversait le sens du courant, cette raie passait instantanément d’une électrode à l'autre, comme si un composé du sodium eût été électrolysé par la décharge. de pense que la continuité du spectre dans un gaz com- primé est due, non pas à l'épanouissement des lignes spec- trales du gaz, mais à la présence de particules solides ou FRE 2 De liquides, incandescentes, arrachées par læ décharge aux s0- lides environnants. Voici la liste des expériences que j'ai faites sur les spectres cannelés à la pression ordinaire; les apparences n’ont pas changé : 1° Azote préparé par l'air et le cuivre chauffé au rouge ; l’air passait sur de la potasse et sur de l'acide phospho- rique anhydre. Le tube à électrodes avait été lavé par un courant d'oxygène, au rouge. 2° Le tube à électrodes contenant de l’air et du sodium, on l’a fermé à la lampe, puis on a chauffé le sodium. Cette expérience, que j’ai faite au mois de janvier, est analogue à celle que M. Salet a publiée, et qui est plus complète. 3° Azote extrait du cyanogène. Ce gaz, produit par le cyanure de mercure, desséché, passait sur des fils de fer chauffés au rouge, puis sur des morceaux de sodium chauffé. Ce dernier a produit une substance d’un aspect noir et bour- soufflé ; c’est, d’après M. Salet, une combinaison d’azote et de sodium. Ces expériences éliminent l'oxygène. 4° Azote extrait de bioxyde d'azote. Ce gaz traversait un flacon laveur à potasse, un flacon à acide sulfurique, une colonne de chlorure de calcium, une colonne de cuivre chauffé au rouge, une boule de Liebig à potasse, une co- lonne de potasse solide, un tube à acide phosphorique an- hydre. Le carbone et l'hydrogène sont éliminés. o° Azote extrait de l’ammoniaque. Le gaz passait dans une solution ammoniacale, sur des fils de fer chauflés au rouge, sur de l’oxyde de cuivre chauffé, pour retenir l’hy- drosène ; l’eau était condensée dans un réfrigérant. Puis le gaz humide traversait une boule de Liebig à potasse, une colonne de potasse solide, et enfin une colonne d’acide phos- phorique anhydre. Le carbone et l'oxygène sont éliminés. MM. Angstrôm et Thalen ont attribué les spectres canne- lés au bioxyde d'azote. Les expériences précédentes sont contraires à cette opinion. J’ai fait encore la suivante : G L’étincelle jaillit dans le bioxyde d'azote, bien dessé- ché. Il ne restait aucune trace d'humidité, car on ne voyait pas les lignes de l'hydrogène. Il n’y a pas eu de cannelures; HR on avait un spectre de lignes pâles, et il se forma de l'acide hypoazotique. 1e L'étincelle a passé pendant trois heures dans un tube à azote, avec addition d’un condensateur. Les cannelures étaient très-nettes au commencement de l'expérience, quand on enlevait le condensateur. A la fin, les électrodes étaient usées ; la paroi du tube était couverte de platine noir eb pulvérulent. Les cannelures se voyaient encore, quand on ôtait le condensateur. Cette observation n’est pas favorable à l'hypothèse d’une action électrolytique, invoquée par MM. Angstrom et Plucker. 8° On a observé les mêmes apparences en changeant la substance des électrodes. Elles étaient en platine dans les expériences précédentes. Des électrodes de sodium. introduites dans un œuf électrique, des fils de platine en- tourés de verre (baguette de Wollaston), des boules, des fils de diverses substances et de diverses dimensions ont donné les mêmes résultats. Ce fait a déjà été signalé par M. Daniel. Il n’y a donc pas intervention des électrodes. 9e On a construit un thermomètre différentiel, dont l’une des boules contenait les électrodes. On y a introduit de l'azote et un index d'acide sulfurique. Le passage de l’étincelle n’a produit aucun changement de volume. Dès qu’on arrè tait l’étincelle, Pindex reprenait immédiatement sa position ordinaire. Ge fait n’est favorable ni à l'hypothèse d’une action électrolytique, ni à celle d’un changement allotro- pique de l'azote. De l’ensemble de tous les faits, il semble qu'on soit en droit de formuler la conclusion suivante : Les trois spectres attribués à l'azote et les trois formes lumineuses qui com= posent l’étincelle ont une cause commune qu’il faut recher= cher dans l’état électrique des fils de décharge; le mode des vibrations lumincuses dépend de cet état, aussi bien que 1 de la nature du gaz. À DEN OT Sur la détermination de la température de solidificalion des liquides et en particulier du soufre, par M. D. Gernez. La détermination de la température à laquelle s'effectue le passage d’un corps solide à l’état liquide, ou le passage inverse, présente, malgré son apparente simplicité, des in- certitudes qui n’ont été dissipées que pour un nombre de substances relativement restreint, même lorsque le change- ment d'état se produit brusquement, c’est-à-dire, lorsque le corps solide devient subitement liquide pour une variation infiniment petite de la température. La lenteur avec laquelle se produit la fusion d’un corps dans un bain à température constante, peu supérieure au point de fusion et l’imparfaite conductibilité des substances qui permet à certaines régions du liquide d'atteindre des températures supérieures à celle de la partie non fondue, ont conduit à substituer, à la déter- mination du point de fusion, celle supposée identique du point de solidification : seulement, il arrive souvent dans ce cas que les mesures se trouvent faussées par suite de phéno- mènes de surfusion. On peut, comme je vais l’indiquer, utiliser ces phénomènes pour déterminer la température de solidification des liquides avec une précision qui n’est limitée que par la patience de l’expérimentateür. Y . À cet effet, on met dans un tube de verre de trois centi- mètres de diamètre, fermé à un bout, une quantité du corps solide telle qu’à l’état liquide il forme une couche de cinq à six centimètres de hauteur; on dispose, suivant l'axe du tube, un thermomètre retenu par un bouchon et dont le réservoir, assez pelit pour n'avoir sur la température du liquide amn- biant qu’une influence négligeable, descende jusqu’à quel- ques millimètres du fond du tube sans le toucher, puis on détermine la fusion du corps en l’introduisant dans un bain d’eau ou de paraffine à une température de quelques degrés supérieure au point de solidilication présumé. Lorsque le corps esf entièrement fondu, on anène le tube dans un bain à température constante inférieure à la température cher- chée, ef on atlend.que les indications de deux thermomelres, 1 NÉE A TT rs RNA UE J'pns F Éd l'un iulériour, l'autre extérieur, no difilèrent qua irés» or cette somme se réduit à la chaleur consommée par le travail externe. Cette dernière quantité de chaleur doit donc être négative; cela exige que p' soit inférieur à p daïs les con- ditions où l’eau se trouve placée, comme il est facile de le reconnaître en suivant la marche du point figuratif dans le mode de représentation ordinaire des cycles. - ‘Ainsi, aux températures inférieures à 0, la tension de la > vapeur émise par l’eau liquide est nécessairement plug F 2, (a —— grande que Ia tension de la vapeur émise par là glace ; un raisonnement, en tout semblable au précéde ent, montre que, pour les températures supérieures à 0, linverse a lieu, la tension de la vapenr émise par l’eau liquide est inférieure à la tension de la vapour émise par la glace. Les deux courbes de tension de la v apeur d'eau se e coupent ce an point de la ligne de fusion qui a pour abscisse 0, c'est-à-dire au (riple point. Pour ce point la chalôur consommée par Je travail externe estnulle, le cycle de est réversible et la chaleur de fusion de la glace est alo's égale aa différence des chatours d'évaporation de aa SOUS les deux états, L'une ma inère sénorale, lorsqu'un a peut émeltre des vaj'eurs à ne mÔms tOmpérd Car e $9 eux états différents, les denx courbes de tension lde eu cont distinctes cb ea Pope sur Ja lieno de transformation; "lorsque lon init cotte dernière Higne cb une des courhes de tension de Sabente, des considéralions ana logues à celles que lon Mient de développer DOME de préciser la posifon rela- tive des deux courbes de tensions de vapeur. On peut faire une remarque sur letcyele précédentes lon pren Fun à une température é inférieure à 60, Ja tens cion de la vapeur d'eau luide p est alors supérieure à 14 tension y’ ue la Nadeau fournie par la glace. Supposons que l'eau soit entièrement réduite en vapeur sous la pression p ct qu'on li enlève de la a à la température 4, la pression le la vapeur descendra à la valeur p!, et sroncons tinue d'en'ever do la et r, la vapeur se condenscra à la pression pl! et jt cute l’état solide. Au contraire, si l’eau est entièrement varorisée à une température supérieure à 0, sous la pression qni correspont à la plus grande des deux tensions de vapeur, en enlevant sncesssivemeont de Ia chalïeur à cette température, l’eau se condense à, Mviaf hqnide. J'ai essayé d'établir, dans un précédent travail, confor- mément à l'opinion émise par M. Hittorf au suiet du phos- phore, lanalosie qui existé entre les phénomènes de vapori- sation et les transformations allotrepiques observées par MM. Troost et Hautefeuille; a se poursuil À Propos de Ja condensation des s vapeurs d’acidercyanique, ER EURE et flauteltuille, dans leurs Se EXMCTIONCÉS SU 1 iale AUDE Cr les transformations de l'acide cyanique en ses isomères, ontétabli que l'acide cyanique se condense, au dessus de 150, en cristaux d'acide cyanique ordinaire transparents cé so- libles dans ‘l’eau, tandis qu'au dessous de 1502 l'acide cyanique se condense en cyamélide ou acide cyanurique . insolnble amorphe. Si l’on considère ces deux états de l'acide cyanurique comme deux états d’un même corps suscept'hies d'émettre des vapeurs d'acide cyanii fre à la même fempée rafure, 1l est clair, d d'après ce qui précède, que Ja te Mpé— jature de 190 cst un point de trahsformation de l'acide eyanurique ;.07 MM. Troost et Hautefeuille ont observé pré- cisément que la eyamélite exposée longtemps à cette tem pérature se transforme en acide cyenurique cristallisé. I] faut donc en conclure que l°s deux courbes de tensions de vapeur, qui correspondent aux deux états de l'acide cyanurique, se coupent à 4509 sur Ia ligne de transforma- lion de l'acide eyanurique ; l'existence de ce triple pot explique aisément pourauoi les deux courbes de tension de Facide évanique cont très-pou différentes dans le’voisinage de 159°; la différence entre Iles deux tensions de l'acide cyanique doit être beaucôup trop faible pour que les expc- riences les plus habilement conduites permettent de la saisir. Une remarque anaisgue At aux vapours émises par l'eau solide où liquide dans le voisinage de zéro ; j'ai déjà eu l’occasion de mgnirer sa à Ja tompéra! ure zéro, la différence des ou tensions de varour c'st beau- coup au-dessous des limites des crreu?s que comportent ! les mesures les plus précises de tensions ‘cs vapeurs. AY 2/ Sfr 11% A1 fre ‘npe PDT re) Avr ‘ SEUL iC 522 eclr : de l'etr: LOMMELCICC LI l(juC ï SALES A AP hautes pes S107$, jar M. À. Cazin. Les faits que j'ai décrits dans la dernière séance, con- ecrnant le specire de l’étincelle dans l'azote comprimé, se reproduiecnt jusqu'à 49 atmosnhôres. Diux. on trois lignes desVaste connect annarmtiirne sur ut 1081 lNbenx du ner. FOUR ETS DATES ER] RRLAYE RIRE ILIRR PAIE) LÉVAES | | ES | \ a dantidur, avec les nrincipries ones qu — fi — En répétant la inèmne expérience sur l’air ordinaire, j'ai remarqué à partir de 80 atmosphères un nouvearn spectre, Il se compose de lignes obscures à bords parfaitement nets, à peu près également espacés, au nombre de vingt, s'élen- dant du jaune au violet. Leur disposition présente nne sorte de rhythme carac- téristiqe Ces lixnes ne se présentent pas dans l'azote. L'air qui les produit est rempli de vapeurs rutilantes intenses, de sorte qu'on pouvait penser qu'il s'agissait dun spectre d'absorption de l'acide hypoazotique. C'est ce que j'ai ve- vilié en produisant ce spectre avec la lumière Drimmond et une couche de vapeurs rutilantes de 10 centimètres d'épaisseur. Sur les coquilles fossiles des dépôts de phosphale de chaux du Quercy, par M. H. Filhol. La rareté des coquilles fossiles dans le dépôt de Quercy avait élé jusque dans ces derniers temps un obstacle à la dét-rmination précise de leur âge. À Lamandine basse j'a recusailli une belle série de Mollusques et, grâce au bienvéit- lant concours qu'a bien voulu m'accorder mon ami, M. Bourguignat, j'ai pu cobte les premières observations, qu'il avait publiées en 1874 dans les bul'etins de la Société d Histote naturelle de Toulouse, relatives à quelques co- quilles provenant de la même localiu 1à es couilles trouvées jusqu'ici dansles dépôts de p hos phate de chaux sont au nombre de vingt-neuf espèces. Nr etune espèces sont terrestres etappartiennent se ne à . famille des Helhicidæ, deux à la famille des Glandinidæ et onze à Ja famille des Cyclosiommidæ. Quant aux fluviatiles elles sont toutes de la famille des Limnæïidées. Les Hellicidæ, comprennent le Leucochræa Milne Edwar- siana (Fih.), l’Helix subnanina (Kilh.), l'Æelix Maninopsis Œih.), l'Aelix Ramondi (Brongn.), l'Helix aziospudasia (Filh), l'Helix Filholi {Bourg.), lVHelix calyptogyra Filh.). 2 ee Les deux espèces de Glandinidæ sont : La Glandina Filholi (Bourg.), la Glandina costellata (Saudb.). . Les Ciclostomidæ sont : L’Olopoma Filholi (Bourg), l’Zscharostoma formosum (Bourg.), l'Ischurostoma Kilholi (Bourg.), le Pomalias Filholi (Bourg.), le Pomalias ci-u- racensis (Noulet), l’Hyhocistis Filholi (Bourg.), l'Hvho- * ei lis Desnoyersiana(Filh.), lAybocistis Milne Elwarsiana, (Eilh.), lÆybocisiis Bourguignatiaua (Filh.), l'Aybocistis Heberli (Fil), l'Ayhocistis Chaliniana (Fuh }. Les. Plarorbes compiennent : Le Planorbis cornu (Brong.), le Planorbis Filhoui Bourg.) le Planorbis solidus {Thomiæ), le Planorbis crassus (M. de Serres). Les ZLimnées sont : La ZLimnæa ore longo iN. Bou- bée), la Limnæa albigensis (Noulet), la Limnæa longiscala (Brougn.), la Limnæa Filholi (Bourg.), la Limnæa Milne Ediwarsiana (Filh.). ot on recherche les horizons auxquels appartiennent les Mollus ques qui figurent dans cette liste et qui avaient été : déjà décrits, on remarque qu'ils apparliennent tous, à l'exception de l’Æelix Ramondi, aux terrains éocènes supé- rieurs du sud-ouest de la France. Ainsi, la Glandina cos- {ellala appartient au cinquième horizon évcène de M. Noulet ei a été signalée dans les couches de la même époyne de l'ile de Wigat et aurait pré‘édé l'horizon à Palcotheriums. Le Pomatias cieuracensis correspond au deuxième hori- zon de M. Noulet ou éocène tout à fait supérieur, la Lym- næa Ore longo se rencontre seulemeut dans les mêmes couches, tandis que la Limneæa albigensis remonte jusqu'au LAS PEROU SRE Ce EAN RARE LA PEN EE LE DAT DURE AE meme élage à pari? OU, CIRQUICIME 1OMZON. LE C; Ci0Si0a = } 10YI110SUH1 SB FELTOUVE avec le meme i085s1/e: al Maz Du Puelles où il reste cantonné. Par conséquent l’on peut con- clure que les coquilles fossiles des phosphorites corres- pondent à la partie de l'époque éocène comprise entre les dépôts du S.-0. de la France du Maz Saint-Puelles, Ville- neuve-la-Comtal, et ceux du grand plateau calcaire depuis Blaye-de-Carmaux jusqu'au delà de Cordes, — 66 — Sur linterprélation des slries du bälonnet oplique chez les Crustacés, par M. Joanncs Chalin. Dans une précédente communication ({), j'ai insisté sur la striation que pré = chtent les bâtonnets optiques chez un srand nombre de Crustacés, cb j'ai rappelé comment cet 23 et ex{érienr corps bacillaire avait conduit la plu- art des histotogistes allemands à lui attribuer une enve- l pe musculaire un. jindiquais certaines dispositions comme peu favorables à cette opimion, et de nouvelles re- cherches sont venues confirmer les premiers résultats dont je m'inspirais alors. ‘Œl convientide re ermarquer tont d'abord que si ces stries sont très-visibles cheéz plusieurs des espèces marmes que lénumérais, elles sont, en revanche, beaucoup moins appa= ‘oates chez divers iypes, où souvent il est très-diffiicile de découvrir. Lé Crus icmment étudié pa anatomistes, l’Rcrevisse, en es£ un fort bon ea es lle: (2), tout en s’attac ant à l'examen des diverses va use de pigment qu'on trouve dans les bâtonnets des 4e a bi (Die (ep] AE | 4 tecé le plus fréquem ee Mens OS) iU L facus, n'y signele aucune trace de striation, et un observ tour, qui s'est occipé récemment du même sujet (3),n'en fait également t nulle mention. Un examen rapide, l'emploi Lrop exclusif el trop précipité de la glycérine, ne permettent ciiectivement pas toujours de reconnaitre la Présence de ces stries, faciles à distinguer lorsqu'on adopte certains procédés de préparation et de dilacération, le pigment, d'un violet noirâtre, qui entoure les bâtonnels, masque leur coloration propre et leur strialion, que l emploi de l’eau cis'illée où de l'ioñsérum fait reconnaîlre nettement, on constate alors qe lies corps bacillaires sont d’un rose pâle, et offrent des stries régulièrement espacées, se comporlant de la manière auivante avec les principaux réaclife : HS nec eat Énstrieut, Aro vril 1876. — NV. aussi Société de Biclogie, séances des 6 et 13 mai 107 6. (2) Zur vergleiohendon Physioloyie der Gesichissinnes. Leipzig, (noce (33 Ljemoin. Thdso à Za Harulli des Sciences de Paris, 1868, come L'acide acétique, si fréquemment ct si utilement employé page faire appa araîlre les stries musculaires, donne ici des résultats tout différents, ct, sous son influence, le bâtonnet se gonfle et prend un aspect finement granulcux. acide azotique, l'acide chlor Ly driqu e, qui permettent de décomposer la fibre musculaire en disques superposés , sont. sans action, tandis que la macération dans le sérum iodé oudans l’eau distillée, amènent la séparation du bâton- net en segments discoïdes L’acide Lyperosmique (1) donne au bâtonnet un aspect remarquable, en y faisant apparaître des bandes noirâtres et ui se succédent à intervalles égaux. La feiniure ammoniacale de carmin, em; piudE avec les précautions convena bles, co:ore d’une manière intense le bitonnet dont j'ai précédemment décrit les. réactions avec le pierocarminale d'ammoniasue. Les résullais fournis per l anylie! ion de ces divers agent iontre combien il est dillicile de partager l'opinion del'Eecle allemande sur la elriniien dn bâilonnetet cou l'obsor- vation se prête pen à l'idée de la musculaïure propre, qu’elle a si facilement cénéralisée dans l’ersemble la série dos Azlhropodes, À la vérilé, les travaux auxquels je fus aiu- sion ont porté sur des Insectes . bien lus 5 que sur des Drnstacés, mais il semble que luurs conclusions ne soient pas mieux justifiées chez les premiers que chez les seconds, À dons se reporte aux résultats que M, Kunckel a récem- ent fait connaître (2). nu. elle valeur convient-il d'accorder à ces stries bacil- 8 el: de uses quelle interprétation £ faut-il leur assigner? Je rap- pelais, dans une note précédente, les beaux travaux dont les histol ogistes modernes çnt enrichi l'histoire du bâten- net des Vertébrés et je mentionnais sa structure si remAr- nr se résumant (au moins pour le segment externe) en disques empilés; strneture aujourd'hui bien connue, orice aux recherches de {Heulie, Hannover, Schultze, Ran- vicr, Rudneff, etc. Nous savons que ce bâfonnet est strié transversalement et que sous l’infiucnee de certains agents (1) J'ai employé l'acide hyperosmique à l'état concentré et dans des condilions analogues à celles où M. £Schulize s'était placé, (2) V. Société de Bioloyie, séance du & mei 1876. LOVE ‘eau distillée, sérum iodé, acide hyperosinique) on peut le décomposer aisément en disques superposés. Or, ce que je viens de dire, touchant l’action de ces réactifs sur le bâton- net des Arthropodes, montre en lui une graude analogie avec le bâtonnet des Vertébrés, et l’on peut ainsi vrai- se nblablement admettre, chez l’un et l’autre, une striation propre dont la présence n'implique nullement l'existence d’une gaine musculaire qui viendrait entourer chaque bâtonnet et se prolongerait jusqu’à la base du cône ré- frinzent qui le surmonte. J'ajoute. ai, en Lerminaut, que si certains zoologistes dou- taient encore, à une date récente, de la nature nerveuse du bâtonnet, ils ne sauraient guère lui refuser ce caractère en présence du mode d'action indiqué plus haut, pour divers réacufs (acile hyperosmique, carmin, etc.); ces résultats, tirés de l'examen histologique du bâtonnet des Arthro- podes, concor lent d'ailleurs nettement avec ceux qui ont été. fourns À plusieurs anatomisles (Claparède, Landois, ete.) par l'observation organogénique de l'œil chez divers In- sectes. Séance du 40 juin 1876. Sur l'intensité de la pesanieur à file Saint-Paul, par M. A. Cazin. Pendant le séjour à l’ile Saint-Paul de la mission en- voyée par l'Académie des sciences po:r observer le passage d> Vénus, j'ai fait osciller un pendule, et rcueili dans dix séres d'expériences les données nécessaires pour déter- miner la durée d'une oscillätion infi iment netite, dans le vide, et à la tempéralure z6:0. J'ai eu recours à la méihode des coïincidences en faisant usage des ressources instru mentales de la mission. La moyenne des dix séries est 0°,997881 avec un écart maximum de 0°,000019, te ET Du Le même pendule a été mis en expérience à Paris, à l'observatoire du Bureau «des longitudes de Montsouris, et la moyenne des dix séries exécutées dans les mêmes condi- tions qu'à Saint-Paul a été 0°,997039 avec un écart maxi- mum de 0°,090207. Si on calcule la durée théorique pour l’ile Saint-Paul, en partant du deruier nombre, on tronve 0°,997447. L’excès sur le nombre observe ne peut être attribue à des causes d’er- reur expérimentale, Je conclus d’une discussion minutieuse de toutes ces causes que l'accélération de la pesanteur observée à Saiut- ; 272 : ee 1 Paul dépasse l’accélé ation théorique de n° de sa valeur environ. Peut-il résulter de l'attraction locale qui produit cet écart, une déviation de la verticale capable d'exercer une influence sur les observatious astronomiques ? L'accéléra- tion ap ;arente, | accéiération théorique et l’accéléralion per- tubatrice due à l'attraction locale, forment un triangle dont les deux preiniers côtés sont fournis par les présentes re- cherches. Si l’on calcule la gran leur et la direction du lroi- sième d’après la forme et la densité de l’ile, on aura quatre dannées du triangle, dont l’une servira de vérification, Ce triangle fournira la déviation de la verticale. Recherches chimiques et physiologiques sur l'écorce de Mancône, par MM. N. Gallois et E. Hardy. L’Erythrophleum quineense, désignée sons le nom de Mancône par les Portnguis, Bourane des Fioups, Tali, ete., apyartient à la famille des Légnmineuses, à la sous-fauiille des Césalpinées. C’est un grand arbre qui croit en *éné- gamie et sur divers points de la côte occidentale d’Afrijne. Son bois, très-dur et incorruplible, est: précieux pour la charpente et pour les usages domestiques. L'écorce est employée pour empoisonner les flèches et pour préparer des liqueurs d'épreuves destinées aux erimi- nols Æile se présente sous la forme de morceaux aplits, De d'un brun rougeâtre, à surface inégale. Un échantillen qui nous a été remis par M. Aubry-l:ecomte, conservateur de l'exposition permanente des colonies, nous a permis d'en extraire un alcaloide particulier par le procédé suivant : On pulvérise l’écorce en ayant soin d'empêcher la poudre de pénétrer dans les voies respiratoires ; on la met en macération pendant à jours dans de l'alcool à 90° froid et légèrement acidulé par l’asie chlorhydrique. On passe avec expression, on filtre, et on repèle deux ou trois fois à même manipulation Jusqu'à complet épuisement de la subs= tance, On réunit les teintures alcooliques, et on en distülle la plus grande partie au bain marie; on évapore le reste à une basse température et on obtient un extrait d'un rouge brun, riche en matière résineuse. On traite à 9 ou 6 ns cet extrait par de l’eau distillée ; on filtre, on concentre at bain marie, puis on laisse nn on sature par de 4 moniaque, on épuise la masse à 2 reprises par 5, ou 6 fois sen v olume d’éther acétique par : ement purifié. Les sol lions éthérées sont fillrées, Éva 9 au be un-marie, et le résidu jaunâtre qu'elles fou s50 . est repris per l'eau. On filtre. cette solution doi on l'évapore dans Ê vide. Si le résidu obtenu n’est pas suffisamment pur, on le dissoub clans l’éther acétique, on filtre, on évapore, on Fey rend par l'eau distillée, et on laisse évaporer sous une cloche en présence d’ acide sullurique. Un second procédé consiste dans l’emploi de la méthode de Stas, en ayant soin de remplacer l’éther sulfurique par l'éther acétique, après la saturation par le bicarbonate de soude. La substance active que nous avons extraite de l'écorce d'Erytarophleum quineense par le premier procédé, s'est présentée sous l'aspect d'une matière a amorphe, d'une couleur ambré ée claire, de consistance ferme ei com raeuse au touchér; obtenue par le second procédé, elle était blanc jaunâtre transparent el présentait un aspect cristallin facile à constater au microscope. Cette substance offre le 1 251 caractères d'un alcaloïde ; nous proposons de lui donner les nom d’éryihr ophiéme, L’érythrophléime est soluble dans l’eau, dans l’alcool or- dinaire, dans l'alcool amylique et dans l’éther acétiquem ES as Elle est peu ou n’est pas soluble dans l’éther sulfurique, le chloroforme, la benzine. Elle se combine avec les acides pour former des sels. Le chlorhydrate d’érythrophléine se présente en lamelles cristallines. On l’obtient en dissolvant la base libre dans l'acide chlorhydrique. Le chlorure de platine donne dans les solutions concen- trées d'érythrophléine un précipité jaune pâle; ce précipité, redissous dans l’eau, et abandonné à l’évaporation, laisse un résidu cristallin de chlorhydrate d’érythrophléine et de pla- tine. Les sels d’érythrophléine produisent avec une solutjon de potasse un précipité blanc cristallin. Si on approche de la même solution concentrée une baguette trempée dans l’ammoniaque, il se forme à distance, et immédiatement, un précipité blanc, opaque, qui offre au microscope l'aspect cristallin et qui se redissout dans l’éther acétique. Les solutions précipitent par l’iodure de potassium ioduré en jaune rougeâtre, par l’iodure double de mercure et de potassium en blanc, par l’acide phosphomolybdique en jaune verdâtre. L’érythrophléine jouit de propriétés toxiques très-énergi- ques, et doit être regardée comme un poison du cœur. In- jectée sous la peau de la patte d’une grenouille à la dose de 2 milligrammes, elle provoque l'arrêt des ventricules du cœur dans l’espace de 5 à 8 minutes. Les ventricules s’arrê- tent en systole. Les oreillettes continuent à battre pendant un temps variable, quoique toujours très-restreint, et s’arrêtent habituellement en diastole. L'effet est plus rapide quand l’é- rythrophléine est appliquée directement sur le cœur. A l’arrêt du muscle cardiaque, succède, au bout d’un temps variable, un engourdissement progressif qui va jusqu’à la complète résolution des muscles, et pendant la durée duquel la mort a lieu. Chez les animaux à sang chaud le poison détermine des secousses convulsives et de la dyspnée con- sécutive aux troubles de l’hématose. A l’autopsie on trouve ordinairement le cœur mou etrempli de sang, et dans ce dernier liquide les réactifs démontrent la présence de l’é- rythrophléine. Les muscles qui ont été imprégnés de la solution toxi- que sont les premiers paralysés, tandis que ceux qu’on a Extrait de l’Institut, 1876. (5 Doro préservés du poison par une ligature conservent beaucoup plus longtemps que les autres le pouvoir de se contracter sous l'influence du courant électrique. Le muscle cardiaque est paralysé avant les muscles lisses, et avant les muscles striés ; il l’est surtout rapidement quand il est baigné direc- tement par la solution d’ érythrophléine. Le cœur de la grenouille empoisonnée ralentit ses mou- vements avant de s'arrêter; au contraire chez le chien on reconnait, à la période ultime de l’intoxication, une accéléra- tion considérable des mouvements des muscles cardiaques. Sur trois chiens mis en expérience, la tension artérielle s’est élevée après l'introduction de l’érythrophléine dans le sang. Le chlorure double d’érythrophléine et de platine a dé- terminé également l'arrêt du cœur chez les grenouilles. L’atropine ne réveille point les mouvements du cœur pa- . ralysé par l'écorce de Mancône. Le curare en retarde les effets. L'Erythrophleum couminga, où Koumingo, espèce VOI- sine de l’Erythrophlœum quineense, est aussi un arbre au port élevé; il est originaire des Seychelles et toutes ses parties sont vénéneuses. Avec un fruit et une feuille que nous avons dus à l’obligeance de M. Baillon, nous avons préparé des extraits qui, injectés à des grenouilles, ont dé- terminé rapidement l'arrêt du cœur avec des symptômes qui mettent hors de doute l'existence d’un alcaloïde voisin de l’érythrophléine, s’il n’est pas identique avec elle. Ces recherches ont été faites à l’Ecole de Médecine dans les laboratoires de MM. J. Regnauld et Vulpian. Sur les transformations de contact des systèmes généraux . courbes planes, délinis par der caractéristiques, par . G. Fouret. I. — On a beaucoup étudié, depuis une dizaine d’années, la question si intéressante des systèmes de courbes planes définis par deux caractéristiques, dont l'introduction dans la science est due à M. Chasles. Au point de vue où s’est SONT NE placé lillustre géomètre, un pareil système est formé de l’ensemble des courbes algébriques d’un même degré qui satisfont à autant de conditions, moins une, qu’il en faut, pour déterminer une courbe de ce degré. L'étude de ces sys- tèmes repose sur la connaissance de deux nombres & et v, appelés caractéristiques, qui sont respectivement le nombre de courbes du système considéré qui passent par un point quelconque, et le nombre de ces courbes qui touchent une droite quelconque. Les systèmes de courbes algébriques ont été, comme on sait, l’objet de recherches importantes de la part d’un assez grand nombre de géomètres. Il nous a paru intéressant d'élargir le champ de ces études (1), en partant d’une base un peu différente. Dans cet ordre d'idées, nous entendons par sysième de courbes, algébriques ou tramscendantes, l'ensemble des courbes définies par une même équation différentielle du premier ordre algébrique. Cette équation peut se mettre sous la forme DE lGr,Gh,1=0 « et 8 étant deux variables liées à x et y par les relations Se te SO fade die dr en u désignant le degré de l'équation par rapport à l’ensemble des variables « et 6, v le degré de la même équation par rapport à l’ensemble des variables x et y. Ces nombres æ et y sont en même temps les caractéristiques du système, dans le sens attribué à ce mot par M. Ghasles. De là résultent deux manières de concevoir un système général de courbes, défini, au point de vue géométrique, par les deux caracté- ristiques { et v, au point de vue analytique, par une équa- tion différentielle algébrique, telle que l'équation (1). IT. — Ces quelques notions préliminaires étant rappelées, nous pouvons aborder l’objet spécial de cette note, qui est la éransformation des systèmes de courbes. Nous envisage- rons exclusivement les transformations algébriques de la (1) Voir, pour plus de détails, Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. LXXVIII, p. 831, et Bulletin de la Société mathématique, GP A AN nature de celles que M. Lie a appelées {ransformations de contact, à cause de la propriété qu’elles possèdent de con- server, dans les figures auxquelles on les applique, tous les contacts au-dessous d’un certain ordre; nous ne nous occu- perons que des transformations qui conservent les contacts du premier ordre. Une pareille transformation étant ap- pliquée aux courbes d’un système général (u, v), dépourvu de singularités, nous chercherons à déterminer les caracté- ristiques du système transformé en fonction des caractéris- tiques du système primitif. Par suite du rapprochement que nous avons établi entre les systèmes de courbes et les équa- tions différentielles, cette question de géométrie se trouve intimement liée au problème du changement des variables dans une équation différentielle. IT. — La solution cherchée est une conséquence du théo- rème suivant, dû à M. Chasles pour le cas des systèmes de courbes algébriques, et étendu par nous au cas des systèmes généraux de courbes quelconques : Théorème. — Le nombre des points de contact des courbes d'un système (y, v) avec une courbe algébrique quelconque du mièwe dexré et de la nième classe, est égal à nu ++ my (1). Ce théorème, dans la théorie des systèmes de courbes, remplit un rôle analogue à celui du théorème de Bezout dans la théorie des courbes algébriques.— Il ne cesse d’être exact, dans les termes où nous venons de l’éuoncer, que dans le cas où toutes les courbes du système passeraient par un ou plusieurs points de la courbe algébrique. Dans ce qui va suivre, ce cas d'exception ne se présentera pas. Considérons une transformation de contact, telle qu'à un point quelconque de la fiqure transformée corresponde dans la fiqure primitive une courbe V . du Mime degré et de la nièe classe, et à une droite quelconque de la nou- velle figure, corresponde dans l’ancienne une courbe Ve du p'ève degré de la give classe. — Les caractéristiques u', v', du système transformé seront données en fonction des 1) Voir la démonstration de ce théorème dans les Comptes rendus du o juin 1876, de l’Académie des sciences. pee caractéristiques b, v, du système primitif, par les relations ! 2 M = nu + my RCE EN Pour établir la première de ces relations, il suffit d’obser- ver qu’à chacune des y’ courbes du système transformé qui passent par un point O arbitrairement choisi, il correspond une courbe du système primitif qui touche la courbe V”, corres- pondante au point O, et inversement. Le nombre u' des cour- bes du nouveau système qui passent en O, est donc égal au . x . ñn nombre des courbes du premier système qui fouchent V,, c’est-à-dire, d’après le théorème énoncé ci-dessus, à 2u-}-mv. De même, pour la seconde relation : les courbes du nou- veau système qui touchent une droite quelconque (D) cor- respondent une à une aux courbes du système primitif qui touchent la courbe je dont (D) est la transformée. Le nombre v des premières est donc égal au nombre qu + pv des se- condes, fourni par Feppheaton du théorème précédemment rappelé. IV. — Donnons quelques applications à certains modes de transformation pris parmi les plus simples. 4° Transformation homographique. — Dans cette trans- formation, comme on le sait, à un point et à une droite de lune des figures correspondent respectivement un point et une droite de l’autre. On a par suite: m—0,n—1,p—=1i, g= 0, et on retrouve un résultat évident à priori, à sa- VOTRE E 2° Transformation par rayons vecteurs réciproques. — A un point et à une droite de la figure transformée, correspon- dent respectivement un point et un cercle dans la figure benmmivenParsuite 01" 0 — 2,19 2/"1D'on =, vY=2 (u+v). 3° Transformation birationnelle. — Dans ce mode de transformation, étudié pour la première fois par M. Cre- mona, et dont les deux précédents ne sont que des cas très-particuliers, à un point et à une droite de l’une quel- * Se est conque des figures, correspondent respectivement dans l’autre un point, et une courbe unicursale du degré r et de laclasse 2 =) Panne mn 0 pre qg=2(r—1). D'où =, v—2(r—l)u+ry. 4° Transformation podaire directe. — Dans ce genre de transformation, à un point de la figure transformée corres- pond une droite dans la figure primitive : c’est la perpen- diculaire élevée, au point considéré, à la droite qui joint ce point au pôle de transformation. En second lieu, à une droite de la figure transformée correspond, dans la figure primitive, une parabole ayant pour foyer le pôle de transformation et pourtangente au sommet la droite considérée. Il suit de là que lon a mn =) n—= 0) p—2 g—=2 DOME v = 2 (u + v) 0° Transformation podaire inverse. — À un point de la figure transformée correspond une circonférence qui a pour diamètre la droite joignant le point considéré au pôle de transformation. D'autre part, à une droite de la figure trans- formée correspond un point de la figure primitive. On a par suite nn, p—0\ ot D'ou PU CPS)E VUE 6° Transformation parallèle. — Nous désignons sous ce nom la transformation bien connue qui consiste à déduire d’une courbe donnée une nouvelle courbe, en portant sur chaque normale, à pariir de son pied, et dans l’un et l’autre sens, une longueur constante Z. — En appliquant ce mode de transformation, on voit qu'à un point de la figure trans- formée correspond un cercle de rayon /, ayant pour centre le point considéré. À une droite de la figure transformée, correspondent deux droites de la figure primitive parallèles à la droite considérée, et à égale distance de part et d'autre de celle-ci. Par suite, on a :m —9, n—2, p—2,g—vÛ0 D'où pm —=2 (u—+v); v —9 v. Nous pourrions multiplier le nombre de ces applications ; mais les exemples qui précèdent suffisent pour montrer avec quelle facilité les formules (2) fournissent dans chaque cas le résultat cherché. 1 Séance du 27 mai 1876 (suite). Modifications de la pression sanguine intra-artérielle, et des sécrétions biliaire et pancréatique déterminées par la faradisalion du cerveau. La communication que j'ai l'honneur de présenter à la Société a pour objet l’action des excitations faradiques du cerveau sur la tension sanguine intra-artérielle et sur les sécrétions biliaire et pancréatique. Mais avant d'indiquer cette action, ge crois devoir rappeler en quelques mots les différents phénomènes auxquels donne lieu la faradisation de la partie antérieure de l'écorce grise du cerveau: MM. Fritsch et Hitzig ont vu, les premiers, que l'excitation de certains points des circonvolutions cérébrales antérieures, par les courants électriques, produit des mouvements dans diverses parties du corps. M. Ferrier, M. Dupuy, MM. Car- ville et Duret et, depuis eux, beaucoup d’expérimentateurs, ont constaté l'exactitude de résultats annoncés par MM. Fritsch et Hitzig. ; Parmi ces résultats, il en est qui ont particulièrement attiré l’attention des médecins. Je veux parler des mouve- ments provoqués dans les membres d’un côté par la faradi- sation du cerveau du côté opposé. Les points du cerveau dont l'excitation faradique cause ces effets sont situés, chez le Chien, sur la circonvolution cérébrale antérieure qui entoure le sillon crucial. Ce sillon n’est autre chose que l’anfractuosité cérébrale qui s’enfonce à droite et à gauche dans chaque lobe cérébral pour former, avec la grande scissure médiane longitudinale du cerveau, une croix plus ou moins bien dessinée. La constance des mouvements causés par l’irritation de ces points a frappé les expérimentateurs. On s’est demandé par quel procédé physiologique la stimulation faradique de la circonvolution cérébrale qui entoure le sillon crucial, du gyrus sigmoïde, comme on l’a appelé, détermine des mouvements dans les membres du côté opposé? On a avancé que la partie d’écorce grise de la circonvolution par laquelle on a fail Lt pan passer le courant constitue un centre de mouvement volontaire, un centre moteur pour les membres. On a fait le même raisonnement pour les mouvements qui se passent dans d’autres parties du corps, sous l'influence de l'irritation faradique de différents points du cerveau, et l’on a créé une sorte de carte géographique distribuant dans l’é- corce grise du cerveau les centres moteurs de la patte anté- rieure, de la patte postérieure, du globe oculaire, des pau- pières, ete. Cependant des physiologistes autorisés n’ont pas accepté cette idée des centres localisés dans la couche grise corti- cale du cerveau. M. Schiff, M. Vulpian, M. Brown-Séquard ont pensé que la stimulation faradique de l'écorce grise du cerveau agit, par voie réflexe, sur les différents a qu’elle met en activité. M. Vulpian a pensé que l'excitation du cerveau, qui fait mouvoir les membres « agit sur tout ce qui est excitable » sur les fonctions de la vie organique, par conséquent, comme sur les fonctions de la vie de relation. C’est cette idée émise par M. Vulpian qui m'a conduit à rechercher les effets de la faradisation de la circonvolution qui limite le sillon crucial sur différentes fonctions de la vie végétative. J'ai exploré (1) ainsi les glandes salivaires, le diaphragme iien, la papille optique, les intestins, la rate, la vessie, la circulation artérielle, et vu que la faradisation des parties ap- pelées centres moteurs des membres entraîne l’hypersécrétion des glandes sous-maxillaires et parotidiennes, la dilatation de l'orifice pupillaire, la contraction des anses intestinales, de la vessie et de la rateet qu’elle trouble la circulation sanguine intra-artérielle. Ces résultats ont été communiqués à la So- ciété de Biologie au fur et à mesure qu'ils ont été obtenus. Les points dont je viens entretenir la Société philomathique sont la continuation des recherches précédentes. | Effets produits par la faradisation du cerveau sur la circulation sanguine intra-carotidienne. — Ces effets con- sistent ordinairement dans une élévation de la pression san- (1) Les premières expériences relatives à l’action su la circulation et sur les glandes sous-maxillaires ont été faites en collaboration avec M- Lépine, dans le laboratoire de M. Vulpian, à la Faculté de médecine. COR guine intra-artérielle considérable, puisqu'elle atteint 45 et 16 centimètres; ils ont été constatés au moyen de l’'hémody- namomètre à mercure mis en communication avec une ar- itère carotide et inscrits avec l’enregistreur Foucault. D’or- dinaire ily a un ralentissement concomitant des pulsations cardiaques. Mais il est arrivé qu’une excitation faradique d’égale in- tensité de la même partie de la circonvolution cérébrale qui entoure l’extrémité externe du sillon crucial a causé un abaissement de la pression sanguine intra-artérielle ; il est survenu aussi, dans des conditions semblables, un vérita- ble désordre, un trouble intermittent, des pulsations cardia- ques. Pendant un instant, le pouls était lent et faible, l’ins- tant d’après, il était rapide et fort. Comment expliquer ces phénomènes différents causés par une seule excitation fa- radique d’un point du cerveau? On sait que, chez le Lapin, il existe au cou un filet ner- veux isolé du sympathique et du pneumo-gastrique, et dont la faradisation détermine le ralentissement du pouls et la diminution de la pression intra-carotidienne. Ce filet nerveux est le nerf dépresseur du cœur ou nerf de Cyon. Le nerf dépresseur n’existe pas chez le Chien, du moins en apparence. Le nerf sympathique et le pneumo-gastrique sont réunis en un seul cordon chez cet animal, à la région cervicale. Il est probable que le filet nerveux de Cyon est uni également au vago-sympathique et qu’il remonte avec le pneumo-gastrique dans le bulbe où il a son origine. Dans cette hypothèse, la faradisation du cerveau pourrait arriver aux noyaux d’origine du nerf pneumo-gastrique et en même temps à ceux du nerf dépresseur; elle influencerait ces dernières origines nerveuses, causerait par leur inter- médiaire la dilatation des petits vaisseaux, et détermine- rait ainsi l’augmentation de la tension sanguine dans les gros vaisseaux qui partent du cœur. Les expériences justifient cette hypothèse. En effet, si l’on coupe, sur un Chien, chaque nerf pneumo-gastrique au ras de la base du crâne, là ou le nerf sympathique cervical n’est plus accolé au nerf pneumo-gastrique, et si l’on fara- dise le gyrus sigmoïde, on voit survenir un abaissement no- table de la pression sanguine intra-carotidienne en même temps qu’une diminution du nombre des pulsations cardia- 0e ques. Or, l'influence du pneumo-gastrique sur le cœur était supprimée par la section de ce nerf. L'influence de la faradi- -sation du cerveau ne pouvait avoir lieu que par l’intermé- diaire du grand sympathique et des nerfs dépresseurs. L’ac- tion ee Hi transmise par les nerfs dépresseurs a été plus considérable que l'effet vaso-constricteur transmis par le grand sympathique, de sorte que l'on a constaté une diminution de la pression intra-artérielle avec ralentissement du pouls. Donc, les effets dépresseurs que l’on peut observer, chez le Chien, à la suite de la faradisation du cerveau, sont dus à des filets nerveux, dont le rôle est le même que celui es nerfs de Cyon chez le Lapin. Il est possible que les phénomènes calorifiques constatés, dans quelques expériences, dans les pattes des Chiens du côté opposé au lobe cérébral faradisé, aient été le résultat de cette action vaso-dilatatrice peu constante, et passagère ordinairement. Effets produits par la faradisation du cerveau sur les sécrétions biliaire el pancréatique. — On sait que, dans certaines conditions expérimentales, on peut observer en même temps l'hypersécrétion des glandes salivaires, du foie et du pancréas; il est donc rationnel de supposer que la faradisation de la circonvolution frontale qui entoure le sillon crucial influence le foie et le pancréas comme elle influence les glandes sous maxillaires et les glandes paroti- des, c’est-à-dire qu’elle doit provoquer l’hypersécrélion de la bile et du fluide pancréatique. Dans le but de vérifier cette hypothèse, j'ai fixé des canu- les dans les canaux sécréteurs de toutes ces glandes, c’est-à- dire dans un conduit du Sténon, dans un canal de Wharton, dans le conduit de Wirsung et dans le canal chlolédoque. L'expérience était faite chez un Chien curarisé, sur lequel on faisait la respiration artificielle au moyen d’un soufflet, et dont la partie antérieure d’un lobe cérébral avait été décou- verte avec soin. Un courant faradique relativement faible venant alorsirriter la circonvolution du gyrus daus les points indiqués comme les centres moteurs des membres, on voit les glandes parotide et sous-maxillaire sécréter abondamment, au lieu de laisser couler deux ou trois gouttes de salive par Er ae minute, comme elles le faisaient avant la faradisation. La bile, qui coulait au contraire par grosses gouttes du canal cholédoque avant la faradisation du cerveau, cesse à peu près complétement de couler après cette excitation. L’effet est le même pour le suc pancréatique qui cesse de couler pendant quelques minutes après la faradisation du cerveau. L'expérience ayant été répétée plusieurs fois sur un même animal, et reproduite sur trois Chiens, je me crois en droit de conclure, contrairement à l'hypothèse qui avait dirigé ces recherches, que la faradisation du cerveau modère et même suspend la sécrétion de la bile et du fluide pancréatique. En résumé, la faradisation de la circonvolution cérébrale antérieure, qui contourne l’anfractuosité ou sillon crucial, agit sur l'appareil nerveux vaso-dilatateur comme sur l’ap- pareil vaso-constricteur. Cette excitation agit sur le foie et sur le pancré:1s, de même qu'elle influence la rate, les in- testins, la vessie, les glandes sous-maxillaires et parotides, l'iris, etc. En un mot, elle retentit sur la plupart des appa- reils de la vie organique, comme sur ceux de la vie de rela- tion. Par conséquent, les points dont l’irritation produit tous ces effets ne peuvent pas être considérés comme des centres d'action motrice volontaire seulement. Si l’on veutles con- sidérer comme des centres, il faut admettre qu'ils sont en même temps des centres de mouvement volontaire et des centres de fonctions indépendantes de la volonté. Tous ces faits qui résultent de l'excitation faradique du cerveau sont-ils des preuves de l’excitabilité de l'écorce grise du cerveau par les courants faradiques ? Non. En effet, les courants faradiques diffusent, à travers les tissus, dans une étendue plus grande que celle que repré- sente l'épaisseur de la substance grise corticale du cerveau. Les expériences de MM. Carville et Duret démontrent ce fait, que la clinique et l’expérimentation mettent d’ailleurs chaque jour, en évidence. Le courant le plus faible que l’on puisse employer pour produire le mouvement d’une patte en faradisant le cerveau, ne suffit-il pas pour exciter un nerf, le radial, par exemple, à travers la peau du bras, soit chez l'Homme, soit chez le Chien, dont la peau est plus épaisse encore que celle de l'Homme, et provoquer la contraction des muscles innervés par ce nerf ? roi Ainsi, que la substance grise corticale soit excitable ou non, les effets de la faradisation du cerveau seront absolu- ment les mêmes ; et ces effets se produiront pourvu que la stimulation faradique rencontre, dans la substance blanche sous-jacente à l'écorce grise, des fibres nerveuses centri- pètes qui la conduiront dans les centres nerveux gris encéphalo-médullaires , d’où elle sera réfléchie dans les différentes parties du corps: muscles des membres ou muscles à fibres lisses de l’iris de la rate, glandes sali- vaires, etc. | Tous les phénomènes que l’on observe à la suite de lexci- tation de la couche grise corticale du cerveau par les cou- rants faradiques ne prouvent donc pas que cette écorce grise est excitable; ils ne peuvent donc pas prouver que cette écorce renferme des. centres localisés qui présideraient aux différentes fonctions de l’économie. eee emmener Paris, fmpr. Paul Dupont. — 2602—7.6 ANT — Séance du 24 juin 1876. Contractions isolées de certains muscles de la face ou des membres, déterminées par l'excitation mécanique de la dure- mère crânienne; par M. Bochefontaine. Les recherches que j'ai faites dans ces derniers temps, sur l’excitabilité expérimentale du cerveau, et dont plusieurs ont été communiquées à la Société, m'ont permis souvent de constater un fait, aujourd’hui bien connu, à savoir que la dure-mère crânienne est sensible. Ces recherches m'ont en même temps donné l’occasion d'observer certains mouve- -ments réflexes localisés dans quelques muscles, et détermi- nés par l'excitation mécanique de la méninge en question : ce sont ces phénomènes que je viens communiquer à la Société. Lorsqu'on découvre la partie antérieure de la dure-mère crâmenne sur des chiens incomplétement anesthésiés par les inhalations d’éther, ou par l’hydrate de chloral en injec- tions intra-veineuses, on voit ces animaux faire des mou- vements généraux plus ou moins étendus, en même temps qu’ils poussent des cris de douleur, presque à chaque fois que l’on introduit une extrémité des pinces sécantes entre la dure-mère et le crâne pour exciser ce dernier. Les mê- mes faits se produisent également chez les chiens qui ne sont pas suffisamment engourdis par le curare. Quand la dure-mère est mise à nu, vient-on à l’inciser avec le scalpel ou les ciseaux, à la comprimer entre les mors d’une pince, et même à l’irriter légèrement en la frottant avec une éponge, on voit encore fréquemment survenir les mêmes mouvements généraux, plus ou moins énergiques, accompagnés ou non de légers cris. Mais, quelquefois, il se produit seulement des mouvements isolés de certaines par- ties du corps, d’une région de la face, par exemple, ou des membres d’un côté. Ces contractions musculaires, limitées à un ou quelques muscles, se montrent quand l'excitation mécanique de la dure-mère est faible, ou lorsque l’anesthé- sie tend à être complète. Extrait de /'Institut, 1876. æ { NS Voici, du resté, quelques expériences à l’aide desquelles j'ai étudié les mouvements partiels qui résultent de lirrita- tion mécanique de la dure-mère crânienne. Ces expériences ont été faites dans le laboratoire de M. Vulpian, à la Fa- culté de médecine. Expérience [". — Chien éthérisé, sur lequel on enlève la partie antérieure de la calotte crânienne du côté gauche. Chaque fois que l’on introduit une des branches de la pince sécante entre la dure-mère et le frontal pour agrandir l’ou- verture du crâne, l’animal pousse des gémissements et fait des mouvements généraux, mais peu énergiques. On interrompt l'opération, et l’on fait respirer à l'animal une nouvelle dose d’éther. On continue ensuite l’agrandis- sement de l’ouverture du crâne : quand on introduit la pince entre la dure-mère et le crâne, la lèvre supérieure se re- lève, le nez est tiré vers la gauche, les paupières se fer- ment. À trois ou quatre reprises, on constate nettement ces mouvements au moment où la pince vient froisser la dure- mère. Il n’y a pas de mouvements dans les autres parties du corps. Incision de la dure-mère, de manière à découvrir la partie antérieure du cerveau. Pendant ce temps, l'animal fait des mouvements peu intenses des membres, des peauciers des épaules et du cou, de la tête, et pousse quelques gémis- sements. Ablation de la couche corticale grise de toute la circon- volution qui entoure le sillon crucial; il n’y a pas de mou- vements ni de manifestation de sensibilité. Pour essayer de reproduire les mouvements observés du côté de la face pendant l’ablation du crâne, on prend le bord d’un lambeau antérieur de la dure-mère , situé im- médiatement en arrière du sinus frontal, entre les mors d'une pince à dissection, et l’on comprime un instant seu- lement : occlusion immédiate des paupières du côté corres- pondant par un mouvement convulsif, Nouveau pincement du même point de la dure-mère , immédiatement suivi de l’occlusion de l’œil gauche, Troisième excitation de la dure- mère, dans les mêmes conditions, sans occlusion des pau- pières ni aucun autre mouvement. (Ces trois irritations ont été faites sans intervalle entre chacune d’elles, autre que le temps nécessaire pour observer les mouvements signalés.) PT On pince un autre point du même lambeau situé un peu en avant du premier. L’orifice palpébral gauche se ferme, la lèvre supérieure gauche se relève à sa partie antérieure, le nez est tiré de ce côté. A deux reprises différentes la même irritation de la dure- mère donne les mêmes résultats. Pas de mouvements dans d’autres parties du corps. On renouvelle encore plusieurs fois l'expérience et l’on observe constamment la contraction de l’orbiculaire des paupières du côté gauche, mais les mouvements de la lèvre supérieure et du nez font quelquefois défaut. Quelques instants plus tard, l'animal commence à se ré- veiller; il fait spontanément quelques mouvements des membres et du front. On excite, en les pinçant, le bord externe de la dure-mère sectionnée, puis le bord interne. Chaque excitation est aussitôt suivie de mouvements des épaules, des membres antérieurs et des membres postérieurs. Quelquefois les membres du côté correspondant seuls exécutent des mou- vements; quelquefois des mouvements ont lieu dans les quatre membres et le tronc, parfois l’animal s’agite comme s’il tentait des efforts pour marcher. Cette expérience démontre que, chez un chien éthérisé, l'excitation mécanique de la dure-mère crânienne d’un côté peut, non-seulement causer de la douleur et donner lieu à des mouvements généraux, mais encore déterminer des contractions de certains muscles isolément, par exemple de l’'orbiculaire des paupières du même côté, ou des mouve- ments des membres limités au côté correspondant. Expérience II. — Chien curarisé et sur lequel on fait la respiration artificielle, mais qui a conservé quelques mou- vements spontanés des peauciers du tronc et du cou. Abla- tion de la partie antérieure de la calotte crânienne du côté gauche. Pendant ce temps on croit remarquer de légers mouve- ments de ce côté de la face. La dure-mère étant mise à découvert on fait une pre- mière incision de cette méninge dans une longueur de 20 à 25 millimètres, parallèlement à la faux du cerveau, à 7 ou 8 millimètres en dehors de la scissure inter-hémisphérique. A l'extrémité antérieure de celle première incision on en EUR Las fait deux autres dirigées en avant, l’une en dedans, l'autre en dehors. On procède de même pour l'extrémité posté- rieure. On obtient ainsi quatre lambeaux de la dure-mère crà- nienne, un antérieur, un postérieur, un interne, un externe. Au moyen d’un scalpel à à large lame, on enlève la subs- tance grise corticale, normalement située au-dessous des quatre lambeaux, avec une partie de la substance blanche correspondante. La couche corticale du gyrus sigmoïde et une partie de celle de la circonvolution qui est immédiate= ment en arrière, se trouvent ainsi abrasées. Le lambeau antérieur est pincé dans trois ou quatre points, et chacune de ces excitations détermine l’ocelusian de la paupière du côté gauche ; une fois, le nez est en même temps dévié de ce côté. Une nouvelle irritation par compression du lambeau anté- rieur, quelque forte qu'on puisse la rendre, reste sans effet. On pince le même lambeau un peu plus en avant : Forilice palpébral gauche se ferme, le sourcil de ce côté s’abaisse. Même expérience et même résultat à trois ou quatre re- prises. Le pincement des bords du lambeau externe et du lambeau postérieur, dans différents endroits, produit des contractions des muscles peauciers des épaules et des contractions fai- bles dans les muscles des membres correspondants seuls; quelquefois il y a des mouvements des quatre muscles simultanément. Quand ces mouvements ont lien ils sont toujours plus forts du côté correspondant que du côté opposé. L’excitation de plusieurs points du bord du lambeau in- terne, par compression avec la pince, ne produit aucun effet. Deux autres expériences du même genre chez des ani- maux, l’un chloralisé, l’autre curarisé, ont penis de cons- tater ces mêmes phénomènes. L'expérience II démontre que, chez un animal dont l’en- gourdissement par le curare n’est pas trop avancé, on peut, eomme chez le chien incomplétement anesthésié, provoquer des contractions d’un ou de plusieurs muscles de la face, ou déterminer des mouvements des membres du côté corres- pondant, par l'excitation mécanique de certains points de la dure-mère crânienne. On voit que le chemin suivi par l'ex- ENG citation mécanique de la dure-mère ne passe pas par le côté droit de cette méninge, puisque le pincement du lambeau interne n’a pas produit d'effet. Cette expérience, comme l'expérience TI, prouve que les phénomènes observés sont bien dus à l’irritation de la dure-mère et non à la stimula- tion de la substance cérébrale sous-jacente, puisque cette substance a été abrasée. On sait, du reste, que la subs- tance corticale du cerveau est insensible aux excitations mécaniques. Ces deux expériences répondent donc d'avance à l’objection que l’on serait tenté de faire à l'expérience IIT, à savoir, que l'excitation, par grattage avec l'extrémité des pinces, de la dure-mère intacte a pu irriter la couche grise corticale du cerveau, et donner lieu aux mouvements constatés. Expérience IH. — Chien éthérisé chez lequel presque toute la calotte cränienne du côté gauche a été enlevée. On a sous les yeux la dure-mère intacte dans toute son étendue correspondante à l'ouverture du crâne. Avec l’extrémité des pinces, on gratte légèrement la face externe de la dure-mère, vers le point qui répond à la partie moyenne de l'hémisphère cérébral gauche, — l'animal est alors à demi réveillé, — il se fait un mouvement d’occlusion des paupières du côté correspondant. Seconde excitation semblable du même point, même mou- vement avec abaissement du sourcil. Autre irritation légère, élévation de la lèvre supérieure et fermeture de l’orifice palpébral, du même côté. Quatrième excitation du même point, en grattant plus fort, mêmes contractions musculaires avec mouvements des mem- bres du côté gauche, pendant lesquels la queue est portée brusquement du côté gauche. Nouvelle irritation faible, occlusion des paupières corres- pondantes. Sixième excitation forte et répétée, rapidement, deux ou trois fois : mouvements de la face, du cou, des quatre mem- bres, accompagnés de gémissements plaintifs. On recommence l'excitation de la dure-mère en arrière, puis en dehors du pointprimitivementirrité par grattage avec les pinces. On n'obtient pas de mouvements du côté de la face, mais on en remarque dans les membres et dans les peauciers du tronc et du cou. Nouvelle série d’excitations par grattage de la partie excitée tout d’abord : mouvements d’occlusion de la paupière et d’é- lévation de l'oreille du côté correspondant. On reproduit à plusieurs reprises ces derniers mouvements des oreilles. Par cette expérience, on voit que l’engourdissement ou l’anesthésie à un degré assez avancé ne sont pas des con- ditions nécessaires pour obtenir des mouvements de quel- ques muscles isolément. Sur ce chien à demi réveillé, et qui, par moments, tenait spontanément sa tête dans l'attitude normale, on a pu, en effet, en grattant légèrement plusieurs points de la moitié antérieure de la dure-mère correspondant à la calotte crânienne, produire des mouvements des pau- pières seulement, ou bien des mouvements des paupières, de la lèvre, des oreilles, etc., ou bien encore des mouve- ments des membres analogues à ceux qui ont été notés dans les expériences précédentes. En résumé, ces recherches me paraissent établir'que l’ex- citation mécanique de certains points de la dure-mère crà- nienne peut déterminer des contractions musculaires d’un ou de quelques muscles de la face, que cette irritation peut causer des mouvements des membres du côté correspondant seulement avec déviation de la queue de ce côté; enfin qu’elle peut occasionner des mouvements des quatre mem- bres simultanément, les mouvements des membres du côté correspondant étant toutefois plus énergiques que ceux du côté opposé. Il faut chercher à présent quel chemin suivent les irrita- tions mécaniques de la dure-mère crânienne pour parvenir jusqu'aux divers muscles qu’elles font entrer en activité. On sait que la dure-mère reçoit, dans sa région antérieure, aussi bien que dans ses régions latérale et postérieure, des fibres nerveuses sensibles provenant du nerf trijumeau. Je ne parle pas des filets nerveux qui peuvent lui venir d’une autre source. Il est facile de donner la raison des Fi limitées à un ou plusieurs muscles de la face seulement du côté cor- respondant. Dans ce cas, l’excitation mécanique porte sur des fibres centripètes de la dure-mère crânienne, les fibres du filet ethmoïdal du rameau nasal de ia branche oph- thalmique de Willis ; elle est conduite par ces fibres jusqu’à la protubérance ; arrivée là, elle suit la partie posté- Se ee rieure de la racine du trijumeau, descend dans le bulbeet arrive jusqu’à l'extrémité postérieure du plancher du quatrième ven- tricule, tout près des extrémités originelles du nerf facial du même côté; elle stimule ces extrémités du nerf facial et celui-ci transmet aux différents muscles qu’il innerve, par exemple à l’orbiculaire des paupières, l’irritation qu'il a reçue et le fait contracter. Les mouvements observés dans les membres du côté cor- respondant ne se comprennent pas aussi facilement, à cause de la décussation des cordons antéro-latéraux. Par où passe l’excitation une fois arrivée à l’entre-croisement des pyramides antérieures? Elle ne suit pas cet entre-croise- ment, puisque les mouvements ont lieu dans les membres du côté où le pincement de la dure-mère a été fait; on doit donc admettre qu’elle suit la partie des pyramides antérieu- res qui ne s’entre-croise pas, et qu’elle arrive ainsi aux ré- gions de la moelle d’où naissent les paires rachidiennes qui innervent les membres antérieurs et postérieurs. Lorsque les quatre membres s’agitent simultanément, l’excitation suit en même temps la partie entre-croisée des pyramides antérieures et la partie non entre-croisée, et elle intéresse alors les nerfs des membres des deux côtés. Ces faits m'ont paru mériter d’être publiés pour deux rai- sons entre autres : la première parce qu’ils pourront proba- blement être pris en considération dans la discussion des faits d’excitation de l’écorce grise du cerveau sur lesquels on s’est fondé pour admettre l’existence des centres psycho- moteurs; la deuxième parce qu’ils serviront sans doute à éclairer la pathogénie des convulsions partielles ou géné- rales qui s’observent dans les affections méningitiques. Omission à réparer La note insérée sans nom d’auteur à la feuille précédente, pages 71-82, est de M. Bochefontaine, dont le nom doit être rétabli à la suite du titre, page 77, ligne 4. a ——— Paris, — Imp. Paul DuponrT, 41, rue J.-J.-Rousseau. (3123.8.76) Séance du 8 juillet 4872. PRÉSIDENCE DE M. DE SEYNES. M. Oustalet fait la communication suivante : Sur une espèce nouvelle de Tanthocincla, par M. OuSTALET. Parmi les Oiseaux donnés au Muséum d'histoire natu- reille par M. l'abbé David se trouve une sorte de Garrulax qu'à première vue on avait cru pouvoir identifier au G. pæcilorhynchus, décrit et figuré par Gould dans ses Oi- seaux d'Asie. Mais en examinant plus attentivement cet individu, qui a été pris dans le Fokien occidental au mois de décembre 1873, et en le comparant à deux spécimens, un mâle et femelle, de G. pæcilorhynchus venant de l’île Formose (1), nous nous sommes convaincus, M. David et moi, que nous avions affaire à une nouvelle espèce. En effet, si la livrée est à peu près la même, on remarque cependant que dans le Garrulax du Fokien, la tête, le cou, le menton et la partie supérieure de la poitrine sont d’une nuance plus claire, plus dorée, que la teinte grise de l’ab- domen commence beaucoup plus haut et est plus pure, plus claire, moins nuancée de verdâtre, que toutes les pennes caudales, à l'exception des quatre médianes, sont marqués à l'extrémité d’une tache blanche, au lieu d’of- frir dans le Garrulax de Formose une tache lavée de roux, peu distincte, que la face inférieure des rectrices externes tourne au grisâtre, enfin que le bas du front et la région comprise entre l’œil et la base du bec sont d’un noir pro- fond, au lieu d’être d’un rouge plus ou moins pourpré, et que cette tache noire se prolonge même un peu au-des- sous et en arrière de l’œil. L'Oiseau du Fokien paraît, du reste, de taille un peu plus faible que les deux spécimens originaires de Formose ; il a le bec moins long, mais un peu plus fort, les tarses plus (1) Ces spécimens, acquis par échange de M. Verreaux, avaient été sans doute captivés par. M. Swinhoe, ea) eu courts et les ailes plus développées, comme le montre le tableau ci-dessous : C. spec. nov. G.pæcilorhynchus. mm. mm. Loncueur lof tee PebÉE RTE" » » Longueur du bec, mesuré en-dessus 23 25 — — de la commissure ANA SDOMITE RE PR A 29) 31 Hauteur du bec /presde labase 020 19 Lonsneuride ane ner terre et 115 110 — de laiqueue 071400. 120 120 — di ares UC Cr ANr x 49 55 — OI PMEdMaAn ETAPE 23 23 — de l’ongle de ce doigt... (e 8 — IADOULEL TA MEME 14 14 — de l’ongle du pouce..... 13 13 Nous sommes donc porté à considérer cette espèce que nous rangeons, avec le G. pæcilorhynchus et quelques au- tres dans le sous-genre Zanthocincla, comme nouvelle pour la science, et nous proposons de la nommer Zantho- cincla Berthemyi, en l'honneur de M. Berthemy, ministre plénipotentiaire de France au Japon. Séance du 22 juillet 1926. PRÉSIDENCE DE M. DE SEYNES. M. P. Brocchi fait les communications suivantes : Sur un Calamarien provenant des îles Fidji, par M. P. Broccxi. è M. le D' Filhol a déposé dans les collections du Muséum quatre exemplaires du serpent dont il s’agit ici. Par leurs caractères, ces Ophidiens viennent se ranger dans la fa- mille des Calamariens, c’est-à-dire parmi les serpents se distinguant par: leur corps grêle, arrondi, et presque de même grosseur depuis la tête jusqu’à la queue. EXC La téte, pointue en avant, est petite, mais bien distincte du corps. Ce dernier est arrondi, à peu près de la même grosseur dans toute son étendue, la queue est courte, ef- filée à son extrémité. Ecaillure. — La rostrale est grande, bombée, son bord inférieur est légèrement échancré. Les internasales n’of- frent rien de particulier, il en est de même des préfron- tales. La frontale est grande, de forme ogivale, la pointe de l’ogive étant dirigée en arrière. Il n’y à qu’un sus-ocu- laire de chaque côté; elle est en forme de parallélogramme allongé, échancré à son bord inférieur pour recevoir la partie supérieure de l'œil. Les pariétales sont bien déve- loppées. Il y a deux temporales de chaque côté, l’une infé- rieure plus grande que la supérieure. La frénale, très-al- longée, touche directement l’œil. Il n'y a pas de préocu- laire. Quant aux plaques nasales, on trouve à la place qu’elles occupent habituellement une petite plaque qui ne me semble pas pouvoir être désignée sous le nom de na- sale. En effet, comme je l’indiquerai tout à l'heure, la na- rine n’est pas percée à ses dépens, mais bien à ceux de la supéro-labiale qui se trouve immédiatement en dessous. Cette fausse nasale prendra donc le nom de supéro-nasale. Les supéro-labiales sont au nombre de six. La première offre ceci de très-particulier que, comme je le disais tout à l'heure, la narine s'ouvre à sa partie supérieure. La deuxième et la troisième supéro-nasale, sont petites, de forme carrée. Les quatrième et cinquième touchent l’or- bite. Enfin, la sixième est grande et très-élargie. La men- tonnière, bien développée, a la forme d’un triangle équila- téral à pointe dirigée en arrière. Il y a six inféro-labiales, de grandeurs différentes. La première est la plus grande, la sixième est très-petite et déborde en arrière la sixième supéro-labiale. Les intermaxillaires sont grandes, à quatre côtés inégaux. Le dos présente dix-sept rangées d’écailles losangiques. L’anale est double. De la description qui précède, il résulte que ces Ophi- diens offrent une ressemblance assez grande avec ceux qui ont formé le genre Rhabdosome de Duméril et Bibron, mais qu'ils en diffèrent cependant par plusieurs carac- ières. En effet, le genre Rhabdosome se caractérise de la façon suivante : Nasale divisée. Deux internasales. Deux préfrontales. La frénale touchant directement l'œil. Pas de préoculaire (sauf chez le R. Tavac). Une ou deux por- toculaires. Temporales 4 à 5. Supéro-labiales 6 à 8. Anale simple. On sait que chez les Rhabdosomes la nasale oc- cupe sa place ordinaire, et que la narine est creusée à ses dépens. Chez le serpent des Fidji nous avons vu que la narine était percée dans la première supéro-labiale. Ce carac- tère me semble avoir une importance suffisante pour ne pas permettre de rapporter au genre Rhabdosome le rep- tile dont je m'occupe ici. J’ajouterai que l’anale, simple chez les Rhabdosomes, est divisée chez l’Ophidien océa- nien. Je me crois donc autorisé à proposer pour cet animal la création d’un nouveau genre, qui se caractériserait de la facon suivante : Genre Labionaris, nobis. Internasales 2. Préfrontales 2 ; la frénale touchant di- rectement l'œil. Pas de préoculaire. Sus-oculaires 2. Tem- porales 4 (deux de chaque côté). Supéro-labiales 6; la quatrième et la cinquième touchant l'orbite. Une su- péro-nasale. La narine creusée aux dépens de la première supéro-labiale. Séries transversales d’écailles sur le corps, 17. Écailles sous-caudales divisées. Anale divisée. Ce genre ne compte jusqu’à présent que l'espèce qui & servi à l’établir et que je dédie à M. le D' Filhol sous le nom de Labionaris Filholit. Aux caractères déjà indiqués, je joindrai les renseigne- ments suivants. Le plus grand des exemplaires que pos- sède le Muséum présente les dimensions suivantes : Lon- gueur de la tête, 02,01; longueur du. ironc, 02,305, longueur de la queue, 0,05 ; longueur totale, 0%,365. L'animal est de couleur uniformément brune en-dessus. En dessous ce brun uniforme est parsemé de taches blan- châtres et irrégulières. Patrie : Iles Fidji (Océanie). ns NT en Sur un Scincoïdien nouveau appartenant au genre Eumèces, par M. Broccxi, Ce Scincoïdien de grande taille a été envoyé au Mu- séum il y à quelque temps déjà, par M. Balanza. I avait été étiqueté provisoirement sous le nom d’'Æwmèces mi- crolepis. M. Bocourt, qui a bien voulu attirer mon atten- tion sur ce reptile, le considérait comme nouveau. On verra, en effet, par la description suivante, que ce Scin- coïdien ne peut être réuni ni aux Æ. microlepis, ni aux autres espèces de ce genre déjà décrites. La Tête est grande, sub-quadrangulaire, très-bombée en-dessus dans la région temporale, fortement déprimée, au contraire, à la partie antérieure. Ecaillure. — La Rostrale est arrondie et affecte la forme d’un demi-cercle. L’Znternasale grande, semi-losangique, a sa pointe dirigée en avant. La Frontale est en forme d'hexagone irrégulier à pointe dirigée en arrière. Il n’y a qu'une Fronto-pariétale qui offre à peu près la même forme que la frontale et qui est surmontée d’une Znterpariétale petite, et dont la surface présente une dépression bien accusée. Les Nasales ont la forme d’un parallélogramme allongé. Les narines occupent le centre de chacune de ces plaques. Il y a une paire de Swpéro-nasales. Chacune de ces plaques, obliquement située, se dirige en dedans, et leurs bords internes ne sont dépassés que par la pointe antérieure de l’'Internasale. Les Fréno-nasales sont au nombre de deux ; elles sont par leur bord inférieur en contact avec la seconde supéro-labiale. Les Fronto-na- sales, grandes, viennent se mettre directement en contact avec la troisième labiale. Il n'y a donc pas de véritable frénale. Les Sus-oculaires sont au nombre de quatre, il y a six Sus- orbitaires. Enfin, en arrière se comptent quatre Temporales de chaque côté. Il y onze Supéro-labiales ; les Znféro-la- biales sont également au nombre de onze. La Mentonnière est grande, bombée, demi-circulaire. En arrière de cette mentonnière se voit une large écaille à 7 pans, triangulaire, à pointe dirigée en arrière. Les écailles du dos sont min- ces, lisses, très serrées, imbriquées. Il en est de même de * eo 6 ee celles qui couvrent la partie sus-caudale, seulement les écailles sont ici un peu plus grandes. Le dessous du corps présente des écailles ayant la même forme et la même disposition que celles qui revêtent la partie supérieure, mais les écailles anales sont plus grandes, trapézoïdales. Les écailles sous-caudales, franchement losangiques, sont plus grandes, moins imbriquées que celles dé la ré- sion sus-caudale . Enfin les écailles qui revêtent les mem- bres sont minces et serrées comme celles du dos. L'Œil est de grandeur moyenne, les paupières infé- rieures sont écailleuses. L'Oreille est grande, à bord an- térieur frangé, à bord postérieur semi-circulaire. Les Na- rines sont, Comme nous l'avons déjà indiqué, creusées au milieu des nasales ; elles sont grandes, circulaires. La Langue est longue, libre à sa partie antérieure, squa- meuse. Les Dents sont coniques, lisses et légèrement di- rigées en arrière. Le Palais est inerme, présentant une échancrure médiocre en arrière. Les Membres antérieurs sont courts, mais robustes ; les doigts au nombre de cinq sont armés d'ongles bien déve- loppés. Ils sont de grandeur inégale. Les Membres posté- rieurs sont très-robustes. Les doigts sont très-longs, le quatrième surtout, dont la longueur est à peu près le double que celle du cinquième. Les ongles sont bien dé- veloppés. L’individu que possède le Muséum est un mâle. Les deux Pénis font une forte saillie au dehors. Ils m'ont paru non pas creusés d’une cpuHÈne, mais véritable- ment tubulaires. Coloration. — La couleur générale de l’animal semble être brun doré. On remarque, çà et là, sur la partie supérieure du corps et de la queue, des écailles plus foncées, noirâtres. Ces écailles sont irrégulièrement disposées, et ne forment ni lignes ni bandes reconnaissables. La queue est ronde, co- nique, forte à sa partie antérieure ; elle est assez déliée à son extrémité, Dimensions : tête, 0m,055; tronc, 02,22: queue, 0,32; longueur totale, 0%,595, soit près de 6 décimètres. M. Bavay a décrit un grand Eumecès provenant aussi de la Nouvelle-Calédonie, et auquel il a donné le nom RE es d’E. Garnieri. Mais ce Scincoïdien ne saurait être con- fondu avec celui qui nous occupe ici. Il en diffère par de nombreux caractères. Je me contenterai de citer celui tiré de la paupière inférieure, qui, transparente chez l'Eu- mecès de M. Bavay, est écailleuse chez notre animal. Je crois donc que l’on est ici en présence d’une espèce nouvelle que je proposerai de nommer Æuwmeces Bocourti, et dont les caractères peuvent se résumer ainsi qu'il suit : Tête sub-quadrangulaire. Paupière inférieure écail- leuse. Pas de frénale proprement dite, la naso-frontale touchant directement la lèvre inférieure. Supéro-nasales, 2. Fronto-pariétale, 1. Doigts, 5-5. Queue grande, conique, arrondie. Écailles minces, lisses, imbriquées. Écailles anales plus grandes, Coloration brun doré avec quelques points noirs. Habite la Nouvelle-Calédonie. Séance du 42 2oû641826. PRÉSIDENCE DE M. DE SEYNES. M. Sauvage fait la communication suivante : Sur quelques poissons des eaux douces du Laos cambodgien, par M. H.-E. SAUVAGE. MM. Jullien et Harmand, voyageurs du Muséum en Co- chinchine et dans le Laos cambodgien ont adressé derniè- rement au laboratoire d’ichthyologie quelques espèces que nous considérons comme nouvelles et sur lesquelles nous nous proposons d'appeler un instant l'attention de la Société. Ces espèces appartiennent aux genres Trichopus, Pseudolaubuca et Botia. Le genre Trichopus, abondamment représenté dans les eaux douces de Cochinchine et de Siam par les Trichopus striatus, microlepis, siamensis et érichopterus et par une es- pèce nouvelle qui, bien que ressemblant à l'espèce décrite NO par M. À. Günther sous le nom de 7richopus siamensis, en diffère par le moindre nombre d’épines à la dorsale et le museau toujours plus allongé. Une autre espèce voisine, le T. trichopterus a, d’une manière constante, le museau plus obtus, la ligne rostrale étant à peine concave. Dans l'espèce que nous désignons sous le nom de Z7Yri- chopus parvipinnis la hauteur maximum du corps est con- tenue deux fois dans la longueur, caudale non comprise ; la longueur de la tête est contenue trois fois et demie dans la même dimension. Le museau a la longueur de l'œil, qui est compris un peu moins de quatre fois dans la longueur de la tête. La ligne rostrale est fortement concave. On compte quatre séries d’écailles entre l’œil et l’angle du préopercule, de trente-cinq à trente-neuf écailles à la li- one latérale, quinze écailles au-dessus de cette ligne, vingt au-dessous. La dorsale commence plus près de la base de la dorsale que du bout du museau, la quatrième épine, plus longue que les autres, a la moitié de la lon- oœueur du museau. On compte trois ou quatre épines à la dorsale antérieure, sept ou huit rayons à la dorsale molle. Les épines de l’anale sont au nombre de dix à douze, les rayons mous de trente-quatre à trente sept. La caudale est à peine échancrée ; les filaments des ventrales dépas- sent l'extrémité du corps, dont la couleur est uniforme. Voisin du genre Chela des Indes, de Siam, de Java, de Borneo et de Sumatra, le genre Pseudolaubuca, établi en 1864 par M. Blecker, en diffère par la position de la dor- sale située entièrement en avance de l’anale. Ce genre n’é- tait connu que par une seule espèce, le P. sinensis de Chine, lorsque M. J. Jullien fit parvenir au Muséum de nombreux individus d’une espèce provenant des rapides de Mé-Kong, espèce que nous avons regardée comme nou- velle et désignée sous le nom de Pseudolaubuca lateralis dans les collections du Muséum de Paris. Cette espèce a le corps allongé, l'abdomen tranchant. La hauteur maximum du corps est contenue quatre fois dans la longueur du corps, caudale non comprise ; la lon- gueur de la tête est contenue quatre fois et demie dans la même dimension. Le museau est plus court que l'œil ; la bouche est obliquement fendue jusque sous le bord an- térieur de l’œil ; la mandibule porte un tubercule sym- physaire. Les écailles sont de grandeur modérée et l’on en compte quarante-huit à la ligne latérale ; celle-ci descend en une courbe régulière jusqu'au niveau des ventrales ; elle est double et parfois même triple dans sa portion des- cendante. La nuque est nue. Les pectorales arrivent à l’origine des ventrales, qui sont reculées, quoique n’at- teignant pas l’anale. On compte neuf rayons à la dorsale. vingt-neuf à l’anale et huit aux ventrales. La couleur est dorée, uniforme. MM. J. Jullien et Harmand ont recueilli dans les rizières de Tma-Kré et de Pnum-Peuh (Laos cambodgien) deux Botia, ce qui porte à trois le nombre des espèces de ce genre vivant dans les eaux douces de Siam ; en 1864, M. P. Bleeker a décrit, en effet, un Botia modesta prove- nant de cette région. L'une de ces espèces est de couleur sombre : de larges bandes sombres, séparées par des espaces plus étroits qu'elles, sont placées en chevron sur le dos, mais ne dé- bordent pas sur les flancs. Une ligne circulaire noirâtre se remarque à la base de la caudale, qui est ornée de trois bandes noires ; l'extrémité des pectorales et des ventrales est noirâtre : la dorsale est coupée de lignes foncées. _ On compte huit barbillons. Le dos est à peine élevé ; la hauteur maximum du corps est comprise quatre fois et un quart dans la longueur, caudale non comprise, la lon- gueur de la tête est trois fois et demie dans la même di- mension. Le museau est pointu ; sa longueur est la moitié de celle de la tête. L’épine sous-orbitaire, faible, arrive au niveau du centre de l'œil. L'espace inter-orbitaire, peu bombé, est un peu plus grand que le diamètre de l'œil, qui est contenu un peu plus de deux fois dans la longueur du museau. L'origine de la dorsale est à peine en arrière du milieu de l’espace compris entre la base de la caudale et la narine. La caudale est très-fourchue. On compte quinze rayons à la dorsale, sept à l’anale, huit aux ven- trales. L’espèce vient de Tma-Kré ; nous la désignons sous le de Botia helodes. L'autre espèce, rapportée de Pnum-Peuh par MM. Jul- — 100 — lien et Harmand, prendra le nom de Botia rubripinnis. Le corps est de couleur uniforme, lilas, la tête étant plus foncée ; des bandes sombres, séparées par des intervalles plus étroits qu’elles, sont en chevronssur le dos, mais ne débordent pas sur les flancs. Une bande circulaire noi- ràtre occupe la base de la caudale : toutes les nageoires sont orangées. Le dos est assez élevé ; la hauteur du corps, qui égale la longueur de la tête, est contenue un peu plus de trois fois dans la longueur, caudale non comprise. On compte six barbillons. Le museau est peu allongé ; il a près de la moitié de la longueur de la tête. L’épine sous-orbitaire est forte et arrive au niveau du bord postérieur de l’œil. L’es- pace inter-orbitaire, fortement bombé, a plus de deux fois la largeur de l'œil, qui est contenu deux fois et demie dans la longueur du museau. La dorsale commence en arrière du milieu de l’espace qui sépare la narine de la base de la caudale ; celle-ci est fourchue. Le nombre des rayons est de douze à la dorsale, de sept à l’anale. , TABLE DES MATIÈRES ALIX. — Sur la théorie de la vision. : BOCHEFONTAINE. — Modifications de la pression sanguine intra-ar- térielle, et des secrétions biliaire et pancréa- tique déterminées par la rose du CETUEUU. 0e Contractions isolées de ‘certains muscles de la face ou des membres, déterminées par l'excita- tion mécanique de la dure-mère crdnienne. . Broccai. — Sur un Batracien du genre Pleurodèle. — Sur un Calamarien provenant des îles Fidji. — Sur un Scincoïdien nouveau appartenant au genre Eu- mèces. : : A. CAZIN. — Sur les spectres de l'étincelle d'induction. — Sur l'intensité de la pesanteur à l'ile Saint-Paul. J. CHATIN. — Sur les bâtonnets des Crustacés et des Vers. — Sur les glandes anales du Sarcophile ursien. = Sur l'interprétation des stries du bâtonnet optique chez les crustacés. H. FILHOL.— Sur les Mammifères fossiles des phosphorites du Quercy. : Sur les Reptiles fossiles des phosphorites du Quer y. — Sur les coquilles fossiles des dépôts de Re de chaux du Quercy. ; G. Fourer.— Sur les transformations de contact des systèmes géné- raux de courbes planes, définis par deux caractéris- tiques. N. GazLois et E. HARDY. — Recher ches chimiques et physiologiques sur l'écorce de Mancône. : D. GERNEZ — Sur la détermination de la température de solidifica- tion des liquides et en particulier du soufre. À. MILNE-Epwarps. — Sur quelques Mammifères et Crustacés nou- veaux. . . me J. Mourier. — Sur la surfusion. RE eos — Sur le point de fusion. . . ; TR — Sur l'évaporation ; sur les cycles reversibles ; sur les mouvements des corps échauffés . 19 — 102 — J. Mourier. — Sur les vapeurs émises à une même ps par l'eau liquide et par la glace. E. OusTALET. — Sur une nouvelle espèce de Salangane. — Sur une nouvelle espèce de Soui-Manga. — Sur deux Rapaces de petite taille paraissant se r'ap- porter à un type commun. . . : . . - - . 0 — Sur une nouvelle espèce de Tantocincla) . A. PENauD. — Sur la force développée par les étres volants. . . . . H.-E. SAUVAGE. — Sur quelques poissons des eaux douces du Laos Cambodgien. . . . . . . . . . ST or et 0 J. DE SEYNES. — Sur quelques espèces d'Aspergillus. . . . . . . . L. VAILLANT. — Sur la ponte des Axolotls transformés. . — Sur une espèce inédite de Tortue terrestre. es Meulan, imp. de A. Masson. M di qe UE JU on a PAU: 0 L au ": | A nl A 0 RE