■ . ' . - • ■ • iiÉiteiüiiiSii m wSg^HB^psHSMateaaîK 10 £ ' lût SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE a>ts ®iûüa®'i2» Soc, géolt Tome XIV. i Hôtr. PAIUS. — IMPRIMERIE DE BOURGOGNE ET MARTINET, UulWttn DE LA SOCIÉTÉ DE FRANCE. \bome w/a/orzicme. r i 1342 a 1343, ï? AilitfSa AU LIEU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ, RDB DD VIEDX-COLOMDIKR , 26. 1843. <7% g (D (©31^^12 (B32®IL©(Ba^3riB BE FRANCE» Séance du 1 novembre 1842, PRÉSIDENCE DE M. CORDIER. M. le président proclame membres de la Société : MM. Barthélemy, directeur du Muséum d’histoire naturelle de Marseille, correspondant de celui de Paris, présenté par MM. Deshayes et Aie. d’Orbigny ; Mary, ingénieur en chef des ponts et chaussées, rue de la Chaise, 24, à Paris, présenté par MM. Leblanc et Mi- chelin. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part deM. le ministre de la Justice , les n°* de juin- octobre 1 842 , du Journal des Savants . De la part de M. Porphyre Jacquemont : Voyage dans U Inde , par Victor Jacquemont, pendant les années 1828 à 1 832 , 42p et 43® livraisons. De la part de M. Ch. d’Orbigny , les livraisons 24-28 du Dictionnaire universel d'histoire naturelle , dont il dirige la publication. De la part de M. E. Le Guillou , la fin du tome lër et le tome 2e de son Voyage autour du monde . In-8°, avec planches ; Paris, 1842. De la part de M. E. de Beaumont: 1° ses Remarques sur deux points de la théorie des glaciers , etc. In-8° , 16 pages (Extrait des Annales des sciences géologiques de M. Rivière, 1842.) 2° Le Rapport fait à V Académie des sciences par MM. Cordier , <) SÉANCE DU 7. NOVEMBRE 1842, Dufrénoy , Élie de Beaumont , sur un Mémoire de M. hier , intitulé Notice géologique sur la formation néocomienne , dans le département de V Ain et sur son étendue en Europe. ( Extrait des Comptes-rendus de V Académie des sciences , séance du 22 août 1842.) De la part de M. A. Leymerie, son Mémoire sur le terrain crétacé de V Aube. (Extrait des Mémoires de la Société géolo- gique de France , t. IV et V. ) De la part de M. II. Hogard , ses Observations sur les moraines et sur les dépôts de transport ou de comblement des Vosges . In-8«, 81 pages, avec atlas in- 4° de 13 pi. Epinal, 1842. De la part de M. L. Agassiz, le Discours prononcé par lui le 18 novembre 1841, à l’inauguration de l’Académie de Neuchâtel , sur la succession et le développement des êtres or- ganisés à la surface du globe dans les différents âges de la nature. In-8°, 19 pages; Neuchâtel 1841. Delà part de M. Ch. Des Moulins, son travail intitulé Révision de quelques espèces de Pleurotomes. In-8°, 79 pages, ( Extrait des Actes de la Société linnéenne de Bordeaux , t. XII, 3e livraison, 1" mai 1842.) De la part de M. C. Mermet, son travail sur des ossements fossiles de Mastodonte , de Rhinocéros et de Dinothérium trou- vés à Moncaup. In-8°, 8 pages, 1 planche. (Extrait du Bulle- tin de la Société des sciences , lettres et arts de Pau. 3e livrai- son , juillet 1841.) De la part de M. Valade-Gabeî , son Rapport sur V institua tion agricole des jeunes orphelins établie a Gradignan , fait à i’Académie des sciences de Bordeaux. In-8°, 15 pages; Bor- deaux, 1840. Delà part dé M. Salomon, son Arithmétique philosophale, etc. In-4®, 31 pages; Belleville près Paris, 1842. De la part de M. E. Robert: 1° une Notice surlà Nouvelle- Zélande , suivie de remarques sur la hauteur des. lames près du cap Horn , insérée dans le 103° numéro du Bulletin de la Société de géographie , 2e série , tome XVII. 2° Notice sur le Groenland , suivie de réflexions sur la pê- che de la baleine et les jets d’eau que l’on voit au milieu des SÉANCE DU î NOVEMBRE 1812. 1 champs de glace flottante , insérée dans le même Bulletin , i.0 101. De la part de M. Ch. Darwin , son ouvrage intitulé: the Structure and distribution of coral reejs , etc. (Structure et distribution des récifs de corail), formant la première partie de la géologie du voyage du ^ag/e.In-8% 214 pages, 3 cartes; Londres, 1842. De la part de M. Fischer de Waldheim: 1° Catalogus çoleopterorum in Siberia orientalia Cell. Gregorio silide K are- lincoilectorum , auctore Fischer de Waldheim. In-8°, 28 pages. 2° Index anima lium annis 1840 et 1841, a Cell. Karelin in regionibus altaicis et confinibus collectorum , quœ societas cœ- sarea naturœ sorutatorum mosquensis pro mutua commuta - tione offert. ln-8°, 1 feuille. 3° Index plant arum anno 1840 a Cell. Karelin et Kirilow in regionibus altaicis et confinibus collectarum quas societas imperialis naturœ curiosorum mosquensis pro mutua commuta- tione offert . 1 n-4° , 8 pages ; Moscou , 1812. De la part de M. Warden , Reports , etc. (Rapport de la Société d’histoire naturelle des comtés de Northumberland, Durham et Newcastle upon Tyne, pour les années 1831, 1832, 1833, 1834, 1835, 4836, 1838 et 1811, avec une liste des membres de cette Société pour chacune de ces années), huit brochures in-8°, de 24 pages environ; Newcastle. De la part de M. Hausmann : Ueber das Gebirgssystem (sur les systèmes de montagnes de la Sierra Nevada et sur la mon- tagne de Jaen dans le sud de l’Espagne), par I. F. L. Haus- mann. In-4°, 46 pages, 1 planche; Gœltingue, 1842. 2° Studien des Gœttingischen, etc. (Travaux de l’union le Gœttingue), 5e vol. 1er cahier. La Société reçoit en outre les publications suivantes : Comptes-rendus de V Académie des sciences , 1842, 1er se- mestre, t. XIV, noS 25, 26 et table de ce semestre; 2e se- mestre, t. XV, nos 1-18. Annales des mines , 6e livraison de 1841, et lre et 2e de 1842. Bulletin de la Société de géographie , nos 102-105 de 1812. 8 SÉASiCli DL 7 KOVEMBRE 1842. Mémoires de la Société de physique et d’histoire naturelle de Généré, lu 4°, t. IX, 2e partie; Genève, 1841-1842. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse , n° 75, et Programme des prix proposés par cette Société pour être dé- cernés en 1843. Bulletin de la Société industrielle d’ Angers et du départe- ment de Maine-et-Loire , 12e année, n08 1-6, et 13e année, nos 3 et 4. Mémoires de la Société d' agriculture t sciences et arts d’An- gers , 4e vol., livraisons 1, 2, 5 et 6. Société d’ Agriculture , sciences et arts d’Angers ( Travaux du comice horticole de Maine-et-Loire), Ier vol., nos 3t 4, 6, 7 et 8 de 1839, 1840, et 2e vol. , n08 14, 15 et 16 de 1841. Annales de la Société d’émulation du département des V os- ges, t. IV, ler cahier, 184Q. Mémoires de la Société d’ Agriculture , Sciences , Ai'ts et Belles-lettres du département de l’Aube , nos 77-80. Actes de l’ Académie royale des Sciences , Belles-lettres et Arts de Bordeaux , 2e année, 3e et 4e triinestrç. Actes de la Société linnéenne de Bordeaux , t. XI, 6e livrai- son , et r. XII, lre et 2e livraisons. Annuaire de V Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles pour l’année 1842. Bulletin de V Académie royale de Bruxelles, t. VIII, nos 9, 10, 11, 12, et t. IX, n° 1. Insti'uction pour V observation des phénomènes périodiques . ( Extrait du t. IX, n° 1 , des Bulletins de l’ Académie royale de Bruxelles. ) Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou , année 1841, n08 2, 3 et 4 , et année 1842, n08 1 et 2 , avec une liste des membres de cette Société. Uebersicht der Arbeiten , etc. (Résumé des travaux de la Société silé^ienne pour J 84 1 . ) In-4°, 188 pages; Rreslau , 1842* Correspondenzblatt , etc. (Feuilles de correspondance de la Société royale d’agriculture du Wurtemberg. ) Nouvelle série, 1 842 , nos 2 et 3. Beriçht liber, etc. ( Analyse des Mémoires présentas à SEANCE DU 7 NOVEMBRE 1812. 9 l'Academie royale des sciences de Berlin.) In-8°, de juil- let 1841 a janvier 1842. Abhandlungen , etc. ( Mémoires de l’Académie royale des sciences de Berlin), pour l’année 1840. In-4°, 396 pages , 4 planches; Berlin 1842. The American Journal , etc. , n08 85 et 86, année 1842. Proceedings , etc. ( Comptes-rendus de l’Académie des sciences naturelles de Philadelphie), pour juin et juillet 1842. Bulletin , etc. (1er et 2e comptes-rendus de l’institution nationafe pour l’avancement de la science.) In-8°; Washing- ton , 1841 et 1842, 4 planches. Il Progresso , etc. (Le progrès des sciences, lettres et arts). JSouvelle série, 10e année, n° 59; Naples, 1841. Mémorial encyclopédique , n°- de mai à septembre 1842. V Institut , nos 443-451, 453-462. L'Echo du monde savant , nos 740-742 avec une Revue in- dustrielle pour le 1er vol. de 1842, et une table du lec se- mestre 1842; nos 1-14, 16-27, 29-32, 34, 35, du 2e se- mestre 1 842. The Mining Journal , nos 357-369, 371, 372, 374. The Athenœum , nos 765-784. De la part de M. E. Robert, vue générale des montagnes et du glacier, situés au fond de la rade de Bell-Sund. M. de Pinteville offre ensuite à la Société, de la part de M. Arnoud, juge à Châlons-sur-Marne, un moule de Phola- domie , une Psammohia , une Chaîna , deux Lymnées et six échantillons d 'Ostrea. M- Warden offre pour la collection une suite de minéraux des État Unis. Le secrétaire communique des lettres de MM. Salomon et Mermet, qui adressent les ouvrages mentionnés ci-dessus. 11 lit ensuite une lettre de M. de Wegmann , chargé parM. Boue d’offrir à la Société les exemplaires encore disponibles du 1er volume de ses Mémoires géologiques et palœontologiqaes ainsi que de son Essai sur l'Ecosse. D’après les intentions de M. Boue, les exemplaires seront distribués moitié aux inem- 10 SÉANCE DU 1 NOVEMBRE 1842. bi’es actuels qui en feraient la demande et moitié aux mem- bres nouveaux au fur et à mesure de leur admission. M. le président , au nom de la Société, prie M. de Weg- mann de transmettre à M. Boué le témoignage de sa recon- naissance. Le secrétaire lit la lettre suivante, adressée parM. Ch. Des Moulins. J’ai l’honneur de vous adresser quelques exemplaires d’un mé- moire que je viens de publier : ils sont destinés à ceux de mes- sieurs les membres de la Société géologique qui veulent bien me permettre de leur offrir de temps en temps les résultats de mes recherches. Ce mémoire est entièrement conchyliologique par sa rédaction ; mais il en ressort un certain nombre de résultats qui se ratta- chent directement à la géologie. Ce sont ces résultats dont je vous prie de me permettre de vous présenter ici le résumé , en vous faisant observer qu’ils ne peuvent prétendre qu’à une im- portante partielle et relative , puisque le cadre de mon travail n’embrasse pas le genre Pleurotome en entier. Sur les 63 espèces dont j’ai parlé dans mon Mémoire , il en est 15 au sujet desquelles je n’ai rien eu à dire de relatif à la géolo- gie. Restent donc 48 espèces qui, jointes à 6 autres que j’ai sim- plement mentionnées (p, 76) dans mes additions aux listes pu- bliées en 1834 par M. Dufrénoy, portent à 54 le nombre de celles qui fournissent les relevés suivants : 1° Sur ces 54 espèces, il y en a cinq vivantes qui, à ma connais- sance ou d’après des auteurs dont l’autorité me paraît irréfraga- ble, ont leurs analogues fossiles dans les terrains miocène et plio * cène de France et d’Italie. Pleurotoma Comarmondi , Michaud ; Pleurotoma oblonga , Renier ; — vulpecula, Renier; — costulata? Risso. — purpurea , Montagu ; 2° Neuf espèces fossiles sont communes dans ces terrains , à l’Italie et au S. -O. de la France, en y comprenant Perpignan. Pleurotoma ramosa Bast. ; — intorta , Brocch. ; — cataphracta , ici. ; ■?— turris , Lain. ; »- monde , Brocch ; Pleurotoma turricula , Brocch . ; — glabella ? Bonell. ; — terebra , Bast. ; — reticulata , Renier. SEANCE DU T NOVEMBRE I8i2. Il 3° Quatre seulement, dont deux me laissent encore des doutes, sont communes au terrain cocène de Paris et au bassin du S. -O. de la France. Pleurotoma filasa? Lam.; Pieuroloma undata? Lam.; — uniserialis , Desh.; — multinoda? id, 4° Sia: espèces du terrain éocène de Paris ont été indiquées à tort dans le miocène de Bordeaux et de Dax. Pleurotoma clavicularis , Lam. ; Pleurotoma turella , Lam. ; — transversaria , id. ; — plicata , id. ; — bicaiena , id. — crenulata ? id. Je me crois autorisé par plus de 20 ans de recherches à por- ter cette dernière espèce dans cette catégorie , quoique je n’aie pas la connaissance précise du PI, crenulata de M. de^Basterot ; je présume qu’il doit rentrer dans une des trois espèces de M. Grateloup, glaberrima , concatenataf vulgatissima , ou dans une des variétés du multinoda. 5° Huit espèces sont particulières à l’Italie. Pleurotoma squamulata , Brocch. ; Pleurotoma eburnea , Bonell. ; — Comarmondi (fossil.), Michaud ; — oblonga (fossil.), Renier; — vulpecula (fossil.), Renier; — Bellardii , nob. ; — harpula , Brocch.; — Geslini , nob. 6° Enfin, trente^une espèces sont particulières au bassin du S.- O. de la France, ou du moins je n’ai pas sous les yeux d’exemple authentique de leur présence dans les terrains correspondants de l’Italie ; quelques unes d’entre elles se retrouvent dans la Tou- raine et dans l’Anjou. Pleurotoma Gratelupiij nob. ; - — asperulata , Lam. ; — Javana , de Roissy; — striât ulata , Lam. ; — longirostris t G rat. ; — détecta , nob. ; — pseudofusus , nob.; — car in i fera , Grat. ; — Jouannetii , nob. ; — scmi-marginata , Lam. ; — calcarata, Grat. ; — glaberrima , id, ; Pleurotoma concatenata , Grat. ; — spinosa , Défi*. : — denticula, Bast. ; — pannus , id, ; — Basteroti , nob. ; — Dujardinii ? nob.; — cerithioides , nob. ; — variabilis , Millet ; — purpurea (fossil.), Montagu ; — Millctii, Soc. Linn., Paris; — suturalis , Millet ; — obeliscus , nob. ; SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1812. 12 Pteurotoma Dufourii , nob. ; — cheilotoma , Bast. ; — vulgatissima , Grat. ; — fallax , ici. ; Pleurotoma subulata , Grat. ; — ornât a , Defr. ; — crassinoda , nob. (î). M. Viquesnel communique ce qui suit : Extrait d'une lettre de M. Ami Boue adressée à M . Auguste V iquesnel. La Société des naturalistes allemands se réunira le 15 septem- bre de l’année prochaine à Gratz en Styrie. Les membres de la Société géologique de France qui désireraient prendre part à ses travaux , seraient certains de recevoir un excellent accueil. La ville de Gratz possède un Musée complet et une université ; le (1) M. Dufrénoy a inséré dans son important Mémoire sur les terrains tertiaires du bassin du Midi de la France (i834, Annales des mines , 3e série , T. 3), des tableaux de fossiles de nos faluns bordelais, qui lui ont été fournis par moi. Je suivais alors , et sans plus d’examen , pour les Pleu- rotomes , la nomenclature adoptée parM. de Basterot. On vient devoir que beaucoup de rectifications sont devenues indispensables; et beau- coup d’espèces, alors non débrouillées. Je sont maintenant. Je crois donc devoir profiter de celte occasion pour publier ces rectifications et ces additions à la p. 122 du tirage à part de M. Dufrénoy. i° Rectifications. NOMS ADOPTÉS EN 1 834* NOMS ADOPTÉS EN l842, Pleurotoma Borsoni , Bast. — tuberculosa , Id. — ramosa , id. ; — catapliracta , id. ; — costellata, Lam ; — pannuSj Bast. ; — denticula , id. ; — terebra, id. ; — cheilotoma, id. ; • — plicata, Lam. ; - — undata , id.; turris , id. ; . — multinoda , Bast. ; — crenulata , id. ; =— purpurea , id. ; Pleurotomçi. semimarginata , Lam. ; — asperulala, id. ; — ramosa , Bast.; — catapliracta , Brocch. ; — Milletii , Soc. Linn., Paris ; — pannus , Bast. ; — denticula , id, ; — terebra , id. ; — cheilotoma , id. ; - — variabilis , Millet. ; — uniserialis , Desh. — turris , Lam. ; — multinoda , Lam. ; (ex Basterot ; à me non vis.) — purpurea , Montagu, SÉANCE DU 7 NOVEMBRE l8'i2. 13 pays offre des sujets d’observation très intéressants. Outre les fossiles de Gosau, on y trouve des Orthocères et des Ammonites La réunion sera probablement très nombreuse. Veuillez communiquer cette invitation à la Société géologique, et lui annoncer la nouvelle d’une trouvaille très importante qu’on vient de faire dans le calcaire secondaire des Alpes, si pau- vres en fossiles. Le docteur Unger, professeur à Gratz, botaniste et géologue, â fait insérer, le 7 octobre dernier, dans la Gazette de Vienne, une lettre de M. Engelbert Pranger du cloître d’Admont, qui an- nonce la découverte de restes d’Ichthyosaure dans le calcaire des Alpes de l’Autriche. Ces ossements se trouvent dans une carrière de Reifling, sur la route de cette bourgade à Palfau, près du confluent de l’Enns et du Salza. Depuis plus de cent ans la tête du reptile faisait saillie sur la roche , sans attirer l’attention des voyageurs. Elle fut ré- cemment découverte pair un maître carrier qui eut l’idée de re- prendre les travaux de cette carrière depuis long-temps aban-> donnée. D’après M. Haidenger (et non Staidinger, comme on a écrit , quelquefois par erreur , dans le Bulletin ) , le calcaire secondaire gris de la carrière est très bien stratifié. On voit qu’il s’est formé par dépôts successifs dans une eau probable- ment profonde. A l’époque du soulèvement des Alpes, les couches ont pris une inclinaison de 55°. La position des restes de l’ani- mal , la séparation de ses os , la disparition de bon nombre d’en- 2° Additions. Au lieu de 24 espèces non déterminées , nous en aurons 2i à ajouter, savoir : Pleurotoma Javana , de Roissy ; — striatulata , Lam.; — pseudofusus , Nob.; — carinifera , Grat. ; — Jouannetii , Nob.; — calcarata j Grat.; — spinosa , Defrance • — - intorta, Brocch.: — Basteroti , Nob,; — undata? Lam. ; — glabella? Bonelli.; Pleurotoma Dujardinii , Nob.; ■ — fallax , Grat.; — suturalis , Mill. ; — subulata , Grat,; — ornata , Defr. ; — concatenata , Grat. ; — Dufourii , Nob.* — [dosa , Lam. (ex Grat. , à me non vis); — reticulata , Ren. (ex Grat. à me non vis). vulgatissima. Grat. RR. (M. Pédroni.J 14 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1812. tre eux, la dispersion des autres dans plus d’un lit, semblent prouver que le cadavre de rénorme reptile , après avoir long- temps surnagé, a fini par se corrompre et se séparer. Les diverses parties du corps sont tombées l’une après l’autre au fond de l’a- bîme où s’opérait le dépôt des calcaires. Peut-on admettre que l’animal ait vécu dans des parages très éloignés de l’endroit où ses dépouilles se trouvent ensevelies? Cette opinion paraît peu probable. Les ossements d’Ichtbyosaure sont disséminés dans une étendue de 18 pieds de longueur. Jusqu’à présent on y a découvert la partie antérieure de la tête, des os du crâne plus ou moins bien conservés et des vertèbres cervicales ; quoique la tête soit écrasée, elle est reconnaissable pour appartenir à un reptile à museau obtus. La plupart des dents sont brisées ou aplaties par le poids des dépôts sédimentaires qui les recouvrent. Celles qui sont dans un bon état de conservation rappellent assez la forme des dents de Vlchthyosaurus Platyodon. Les vertèbres cervicales, au nombre de 6, ont un pouce 3 1/2 lignes de largeur et 2 pouces 9 lignes de hauteur. Aucune d’elles ne présente les apophyses antérieures et latérales des vertèbres des Ichthyosaures. Outre ces ossements, on a trouvé : 1° quelques débris de côtes ; 2° des os de 9 pouces de longueur, sur 4 pouces 1/2 de largeur qui paraissent être des os d’omoplate ,* 3° des os branchiaux supérieurs et antérieurs. Jusqu’à présent on n’a découvert aucune partie des extrémités postérieures. M. Pranger continue ses recherches d’après l’ordre du prélat du couvent d’Admont. 11 rappelle qu’on a déjà trouvé des restes de sauriens dans le calcaire secondaire des montagnes de Wildalp (Autriche), et qu’on n’a pas donné à cette importante découverte l’attention qu’elle méritait. Ainsi va se vérifier peut-être l’existence ( que j’ai rêvée depuis long-temps) d’une grande île en Styrie et Carinthie. C’est autour de cette île , maintenant composée en grande partie de schistes cristallins, que devaient nager les Ichthyosaures à l’époque du dé- pôt calcaire. Les Alpes actuelles, bien que récemment soulevées , renferment des parties très anciennes , liées ensemble par des événements successifs qui sont arrivés long-temps après l’appa- rition de ces îles au-dessus du niveau des mers. D’une autre part, les nouveaux fossile^ vont ajouter quelque poids aux estais en- trepris pour établir le piveau que le calcaire des Alpes, unifor- mément gris ou blanc, occupe dans l’échelle géologique. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1 842. 15 Le secrétaire lit une lettre écrite de Vienne parM. Boue à M. Michelin, Note sur la Société de géologie et des mines du Tyrol et du Vorarlberg ( Geognostisch-Montanistische Verein fur Ty- rol und Vorarlberg), son organisation , son but et ses tra- vaux pendant les années 1839, 1840 et 1841. Au commencement de 1839 fat constituée la Société géologique du Tyrol et du Vorarlberg, qui est, comme la Société géologique de France, une réunion en nombre illimité de personnes de tou- tes les classes. Cette Société était composée, à la fin de 1 840, de 4 J 8 membres, et à la lin de 1 841 de 357 membres payants, et de 36 membres hono- raires ; son président était le Chevalier Jean de Jenull, président de la cour d’appel du Tyrol ; le directeur pour la partie techniqne était M. l’ingénieur des mines Stadler ; celui pour l’administration M. le Dr de Widmann; les secrétaires, M. le Dr Jean Friese et M. Alois Miller, l’un professeur d’histoire naturelle et le second ingénieur des mines. La Société a pour protecteur le comte Clé- ment de Brandis, gouverneur du Tyrol, et est sous la haute pro- tection de Son Altesse impériale l’archiduc Jean, ce grand con- naisseur des Alpes de son pays. La Société a des mandataires dans 37 villes ou bourgades du Tyrol, et son revenu annuel, les dons extraordinaires compris, dépasse 17,500 francs d’après les comptes publiés. Le but de cette association est une connaissance approfondie de la géologie, de la minéralogie et des mines du Tyrol et du Vorarlberg, afin de pouvoir utiliser toutes les richesses miné- rales de ces contrées, et d’amener à l’ouverture de nouvelles mines ou à la reprise d’anciennes exploitations. La Société ne veut point faire collectivement son profit des découvertes à venir; elle les abandonnera à ceux de ses membres ou aux personnes qui sont disposées à essayer ces chances de fortune. Le Tyrol ayant peu d’in- dustries et peu de surfaces cultivables , les ressources des mines y sont à rechercher plusqu’ailleurs. Du reste, il y a 2 à 300 ans^ les exploitations minières y occupaient jusqu’à 30,000 bras. Les mines de Rattenberg ont donné, en 1483,48,000 marcs d’argent; celles de Schwatz ont produit, de 1525 à 1564, plus de 2 millions de marcs d’argent , et près d’un million de quintaux de cuivre; celles de Kitzbuhel ont donné 18,000 marcs d’argent en 1540; celles de Rahrerbiiliel , de l’année 1550 à 1606, près de Î6 SÉAiNCfc DU 7 NOVEMBRE 184 2. 600,000 marcs d’argent, et, de 1563 à 1607, 3 initiions de quin- taux de cuivre. L’historique des mines du Tyrol est un des points de recherche de la Société. Les mines existant encore en Tyrol sont celles de plomb et de calamine près de Nassereut et de Biberwier dans la chaîne cal- caire septentrionale ; tandis que , dans le versant N. de la chaîne centrale de schistes cristallins, on peut citer la mine d’or près de Zeli-am-Ziller , les mines de cuivre et d’argent de Kitz- bühel , de Mauknerœtz, de Am-kogel , du Thierberg et de Rin- genwechsel , les mines de fer de Gebra , sur le Schwader et au mont de Schwatz. Les mines de jayet de Hæring sont à ajouter à cette liste des exploitations du revers N. des Alpes. Sur le versant opposé, on trouvé la mine de cuivre d’Ahren et duPfun- derër-Berg près de Klausen , la mine de fer du Sulzberg et de Primœr, et des mines peu considérables de charbon de terre dans le Valsugana et près de Mori. JDans la même chaîne cen- trale , on connaît dans le Salzbourg les mines de fer de Filzmoos et de Bischofshofen , les mines de cuivre, d’or et d’argent de Ramingstein , de Scliellgden , de Grossarl , de Pœckstein , de Rauris et de Mühlbach. La Styrie offre des mines considéra- bles de fer à Neuberg, Mariazell, Eisenerz, Vordernberg et Tur- rach , et des mines de cuivre et d’argent à Kalwang , Oblarh et Schladnling. Enfin, en Carinthie on exploite le 1er à Wolfs- berg , Hüttenberg et Gmiind ; le cuivre, l’argent ët l’or près dë Kliming, de Meiselding , de Steinfelch, ainsi qu’à Fragant et Grosskirchlieim ; le plomb à Miss, Rappel, Bleiberg et sur le Jaucke. D’après le catalogue et la position géologique de tant de dépôts exploitables, n’est-il pas raisonnable de croire qu’il y en a encore d’autres à découvrir, et que , pour arriver à ce but, il suffirait de faire un relevé géologique exact du pays, en suivant en même temps les lignes de prolongement des gîtes riches déjà connus ? D’ailleurs, on découvre chaque année de nouveaux minéraux en Tyrol, et des accidents dans les montagnes mettent souvent au jour des ri- chesses inattendues. Enfin, pour donner les moyens d’utiliser les minerais exploi- tables, la Société s’efforcera autant que possible d’acquérir une juste idée de la quantité de combustible fossile caché dans les montagnes du Tyrol, vu que là pénurie du bois s’y fait déjà sen- tir, surtout dans le Vorarlberg. Le rapport sur les travaux de la Société en 1839 est intitulé : Bericht über die Leistungen des geognost. mont. Ver e ins fur Tyrol SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. 17 and Vorarlberg , et est rédigé parle professeur J. Friese. C’est une brochure de 29 pages avec une carte géologique ( Innsbruck 1840). Ce rapport est précédé d’un compte rendu de la séance géné- rale, présidée en personne par S. A. I. l’Archiduc Jean , et occu- pée par les discours du président, du vice-directeur, du trésorier et de M. Hirsch, sur la manière de reprendre les travaux de mines à Rottenstein. Les recherches ont été exécutées dans le "Vorarlberg , la partie orientale du Fusterthal, et quelques parties de la vallée supé- rieure de l’Inn et du Vintschgau. Le Vorarlberg intéressait sur- tout à cause de ses grands dépôts de grès et de marne avec des indices de charbon. Les environs de Lienz promettaient des ré- sultats; d’ailleuis il fallait commencer sur plusieurs points à la fois pour arriver par ces essais au plan de campagne le plus profi- table pour la suite. M. A. R. Schmidt nous apprend que les roches anciennes du Vorarlberg sont les gneiss des montagnes deMontafons, des bords occidentaux de l’ill jusqu’à Tschagguns, et sur la droite de cette rivière jusqu’entre Schruns et Saint-Antoni, ainsi que dans la partie inférieure de la chaîne septentrionale du Silberthal. — Ce gneiss passe au micaschiste, et est recouvert par un grès rouge avec des agglomérats et des grès schisteux. Ce dernier dépôt affleure entre Saint-Antoni et Schruns, dans les parties élevées de la pente septentrionale du Silberthal. On y observe de petits fdons de fer spathique. — - Près de Heraussern-Rœden , entre Schruns et Saint-Antoni , il y a des schistes arénacés assez puissants et sem- blables à ceux qui forment la zone minière de Kitzbiihel au Kai- sergebirge. C’est sur ce dépôt que repose le calcaire secondaire des Alpes du Tyrol septentrional. Près de Bludenz , le calcaire est gris foncé , et alterne avec des marnes en partie bitumineuses et lustrées. Près de Besau , il y a un banc de calcaire eoquillier. — Sur ce dépôt , repose un calcaire gris , bleuâtre et marneux , qui s’étend en largeur de Büliel à Egg, et contient des restes de végé- taux dans la Dornbirner-Ache. Après ces roches crétacées H.) vient au-dessus la grande formation arénacée qui forme la par- tie postérieure du Bregenzerwald, et couvre le district de Bregenz jusqu’à la Bavière. Ce grès viennois ou carpathiquc contient beau- coup d’argiles schisteuses et de lits minces de charbon de terre , rarement de 6 pieds de puissance. Le plus grand nombre de ces derniers sont dans les couches supérieures sous le Nagelfluh ter- tiaire, comme à Wirtaclitobel à 1 1/2 h. de Bregenz et à Backe- Soc . gèol Tom , X I V 2 18 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. reute , où on les exploite. Le charbon de terre est accompagné d’impressions de plantes et quelquefois de coquillages bivalves et univalves calcinés, comme près d’Egg, de Krumbach, de Stam- bach , au Sulzberg. Il y a aussi du bois pétrifié à Lingenau. — Le Nagelfluh tertiaire recouvre ce grès entre le lac de Constance et la route de Bregenz à Weiler, et a de 20 à 30 pieds de puissance. A Wirtachtobel la superposition est évidente, et les grès du Na- gelfïuh y renferment une' couche de calcaire grossier très coquil- lier. Il y a çà et là de la tourbe. — - Une carte annexée à ce rap- port représente la région du grès viennois et carpathique et du Nagelfluli avec les montagnes calcaires voisines et les localités de charbon de terre. (Voyez lé post-scriptum.) M. de Helmreichen a visité le Pusterthal oriental , et a récolté 608 échantillons. Ses découvertes portent sur 52 dépôts métalli- fères connus ou nouvellement découverts ; huit lui paraissent dignes de fixer ultérieurement l’attention. Les roches fonda- mentales du Pusterthal sont le gneiss et le micaschiste ; depuis le haut de la vallée jusqu’à Lienz et Sillian, le gneiss domine et passe souvent au micaschiste en contenant des couches d’amphi- bole, de talcschiste , de chlorite schisloïde et même de calcaire. Du Felber Tauernkopf, vers le mont Ganzer Tauern, les amphi- bolites sont fréquentes ; de Ganzer Tauern à Schilderalpe , le gneiss prédomine; du Schilderalpe au Mussingkopf jusqu’à Bausnitz , le gneiss contient beaucoup de micaschiste et de talc- schiste. De Matrei àHintereik, etc., on y observe aussi de la ser- pentine ainsi que du fer micacé et oxidulé, del’épidote, du quarz cristallisé, etc., du cuivre pyriteux et de la galène au Mussing- kopf.— De Hintereik jusqu’à Matrei et dans le Kals, le mica- schiste passe quelquefois au schiste argileux, et contient un calcaire micacé , de la dolomie mêlée de chlorite, et de la serpentine mêlée de calcaire. De Rettenbach à Alte - Schmœlz , le gneiss est très feldspathique , le micaschiste y est grenatifère, et il y a des minerais pauvres d’or et d’argent. De Alte-Schmœlz au lac de Tristach, dans la vallée de Dewan et à l’E. du Pusterthal jus- qu’à Krisanten, domine le micaschiste à bancs d’amphibolite éclo- gitique. Il y a aussi du granité surtout près de Lienz , où il ren- ferme des filons de quarz avec pyrites magnétiques et cuivreuses. — A côté du lac de Tristach et près d’Ehrenberg, on rencontre des grès en partie schisteux, qu’on pourrait appeler minéralogi- quement des grauwackes, roches qui bordent le calcaire secon- daire des Alpes dans le Windischbach, près de Krisanten , tandis qu’ils sont liés au gneiss près de Saint-Oswald et de Panzendorf. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. 19 Au S. du micaschiste du Pusterthal oriental il y a vers Nœr- schach une zone calcaire , dont la roche est blanche oji grise et souvent dolomitique , ou à parties siliceuses ou marneuses. Sur sa limite méridionale , ce dépôt est accompagné d’une étroite bande de grès rouge, et y passe en devenant sablonneux; mais vers Wildenbach et Abfaltersbach , il vient en contact avec un micaschiste contenant beaucoup de bancs calcaires. A Abfalters- dorf et Nikolsdorf, il renferme des marnes bitumineuses. Ses fossiles sont des Térébratules , des Ammonites et des Encrines. Près d’Abfaltersdorf il contient un banc de gypse. Près d’Au , on rencontre des grès grauwackiformes. Le calcaire contient de la galène , de la calamine et du fer en nids et amas. — Au S. de cette zone calcaire, depuis la partie orientale du Pusterthal jus- qu’à Wildenbach, elle est bordée de grès rouge ou blanc ou grauwackiforme , qui se prolonge vers Saint-Oswald dans une région de micaschiste. Plus au S., le micaschiste et le gneiss s’é- tendent depuis Saint-Leonhai d à la frontière orientale. Les roches renferment des pyrites cuivreuses et magnétiques , du fer spa— thique , de l’antimoine sulfuré. H y a du graphite au Lapach- graben, et les pyrites magnétiques de Kartitsch sont aurifères. — Sur le côté S. du Kartitschthal vers 10. , jusqu’à Junichen vers le S. , et jusqu’au Sextenthal, le schiste argileux et un schiste arénacé dominent; ces roches grises et rouges contien- nent du quarz carié, du fer spathique, du feldspath et de la chaux carbonatée. Elles courent d’E. à ü. et sont fort puissan- tes. — Sur le terrain schisteux reposent d’étroites bandes de cal- caire courant de l’E. à l’O. dans les vallées de Winkler et de Schuster. — Au S. -O. , les schistes arénacés viennent en contact avec un dépôt de grès rouge , gris ou verdâtre, fin ou gros- sier , micacé ou argileux et à séparations rliomboédriques. Ce grès s’étend de Sexten, Junichen et le mont Kreutzberg dans les vallons latéraux de Lien , de Goiss , de Yillgraten et de Salza. A côté de ce grès, s’élève une crête calcaire fort dolomitique dans les régions supérieures, et çà et là à fossiles On le trouve dans la vallée de Sexten, dans celles de Innerfeld, etc., etc. M. W. de Senger a fait des observations sur soixante-onze points importants pour les mines. Il a colorié di s cartes et envoyé 223 échantillons. Dans le bassin de l’Inn supérieur, le gneiss do- mine dans les vallées de Paznau et de Zeines ; il y a beaucoup d’amphibolites dans la vallée de Yermont, Dans les vallées du Fimber, le gneiss est couvert de calcaire secondaire jusqu’à Blœcking e t Ala. Sur ce calcaire, il y a du 20 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. gypse grenu près de Sablis sur la frontière du Tyrol et de l’En- gadin (au Samnaunerjoch). Vers Ischgl, il y a des amphibolites et jusqu’à Landeck du gneiss ; mais dans ce lieu le micaschiste passe au schiste argileux çà et là arénacé et s’étendant à l’Evers Zams, où il est couvert par le calcaire secondaire jusqu’à Pantlatz. De Prutz à Oberladis, il y a du schiste argileux. Dans le Raunerthal il y a du schiste argileux micacé, mais au fond de la vallée re- vient le gneiss. En-deçà de Prutz, se montrent des micaschistes avec du calcaire , et vers Tscliingel domine un calcaire micacé. Près de Nauders, il y a du schiste argileux arénacé et de la ser- pentine, àFinstermiinz du diorite , dans le Matscherthal, près de Schulderns, du calcaire grenu blanc dans le gneiss, à Stilf dans le Drofuybach une mine ancienne de pyrite cuivreuse. — Près de Stilf un grand banc de gypse. — Dans les vallées de Laas et de Gœfflau il y a des bancs de marbre blanc dans le gneiss , et dans la première une source chaude sort du gneiss. Dans la vallée du Martellertlial du cipolin , à mica brun dans le gneiss. — Le mont Sonnenberg près de Schlanderns est composé de gneiss, et offre sur sa pente des stries parallèles et horizontales de couleur jaune-brun pendant l’espace de 2 lieues. — On dit qu’on y a exploité jadis de l’or. Les mêmes stries se voient dans les gneiss du Weissen Wand , sur la rive gauche de l’Adige. Dans rUltenthal, en-deçà du pont de Mai ling, il y a du granité à grains fins à filons de diorite; au Ralimslahn affleurent des schistes aré- nacés, et plus loin des syénites, et près de Pancratz du gneiss. — Dans la vallée du Valserbach il y a du quarzite scliistoïde à py- rites dans le gneiss. Cette roche contient du graphite dans le Seefeld, où il y a aussi des cailloux d’eupliotide et d’olivine (?). A Mitterbad , commence le grès rouge et le porphyre du Tyrol méridional. Le second rapport porte le titre de : Rapport sur la troisième as- semblée générale de la Société géologique du Tyrol , le 12 mai 1841. Innsbruch , 1841 . In-8°de 66 pag., avec une carte géologique colo- riée. Dans l’extrait des mémoires lus, on remarque que la So- ciété a obtenu de l’Administration Impériale des Mines tous les documents nécessaires pour ses recherches. On a tenu des confé- rences et fait des leçons sur la géologie du Tyrol dans le local de la Société pendant l’année 1840. A la demande de la Société, la direction impériale des mines du Tyrol a procuré des séries de roches de diverses exploitations. On a cherché à obtenir aussi des envois de pétrifications de différents endroits du Tyrol. Pour leur détermination exacte, les doubles ont été soumis à des juges SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. 21 compétents liors du pays. Afin d’avoir pour les recherches, des personnes entendues, on s’est encore adressé avec succès au Président du corps des mines à Vienne. Enfin, par l’intercession des Etats du Tyrol, Sa Majesté impériale a accordé à la Société une somme annuelle de 750 francs. — En 1840, M. Schmidt a continué son étude du Vorarlberg , et celle du cercle voisin de l’Inn supérieur a été exécutée par MM. Ch. Sander et Klingler. Ces messieurs ont mis hors de doute qu’entre la chaîne centrale primitive et la chaîne calcaire secondaire (lias et calcaire juras- sique ) il y avait une zone arénacée, qui offre des filons cuivreux s’étendant dans les schistes avoisinants. De plus, ils ont décou- vert une grande abondance de roches bitumineuses. — Tous les indices de mines et les exploitations ont été portés sur une carte. — M. le vice-directeur de Scheuchenstuel expose ses recherches de mineur sur l’ancienne mine d’argent et de cuivre à Rotlien- steiti , près de Serfaus , et conclut à y essayer de nouveaux tra- vaux, sans reprendre les anciens. Le minerai y gîte dans un cal- caire riche en quarz , fer spatliique et pyrite cuivreuse. — M. A. -R. Schmidt expose l’état et les espérances de V exploitation aurifère cle Ro/ir près de Zill dans le Zillerthal. Le président de la Société fait sentir toute l’importance d’achever le relevé géo- logique général avant de commencer des recherches spéciales pour les mines. Dans l’exposé des travaux en 1840 , rédigé par le docteur Friese , on trouve d’abord les résultats du voyage de M. Ch. Sander dans le cercle supérieur de l’Inn, avec un profil et une carte géologique du pays compris entre l’Inn , Zirl , Scharnitz , Lermoos , Boden , Kaisers et Saint-Antoni. Cette grande zone de montagnes calcaires a une hauteur moyenne de 1000 à 1100 toi- ses de Vienne, et atteint même 1450 toises. A la frontière du Vo- rarlberg, au montTrost et sur le Pflugbach domine le gneiss, qui est remplacé depuis là jusqu’à Saint-Antoni par le micaschiste, roche dominant aussi le long de l’Inn entre Flirsch et Stanz et Landeck. 11 y a des grenats et des tourmalines. Sur le micaschiste, vient une bande de roches arénacées ronges, composées de frag- ments de quarz et de schistes talqueux ou chloriteux. Ces roches passent au quarzite, comme au micaschiste et à la chlorite schis- toïde, et contiennent du fer spatliique et du cuivre gris. Cette zone étroite borde l’inn de Saint-Antoni à Schnau , et s’étendant de l’0. à l’E., de Flirsch à Letz. — Sur ce dépôt est placé toute la masse du calcaire secondaire , que l’auteur a essayé de distin- 22 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. guet , l‘> en calcaire foncé du lias comme autour de Seefeld ; 2° en calcaire schisteux foncé du lias comme à Kaisers, à Schnau, à l’E. de Seefeld, etc, ; 3° en marnes schisteuses à silex corné, au N. de Letz et de Nassereit , et à Rothmoos ; 4°-en marnes schis- teuses à silex ; 5° en calcaire jurassique formant la plupart des montagnes ; 6° en marnes jurassiques au S. de Boden ; 7° en do- lomie, surtout dans la vallée de Kochenthal et à Mils; 7° en roches de nature crétacée marneuse ou compacte , à l’O. de See- feld et à Scharnitz ; et 8° en gypse dans ces calcaires jurassiques dans la vallée de Geis , à Mils et à Fernstein ( N. de Nassereit). De plus, les roches bitumineuses se trouvent indiquées dans les endroits où elles dominent, comme entre Zirl et Seefeld, à Tel- fes et Brand. Les dernières roches contiennent des poissons du genre microps , et fo omissent du pétrole. Le calcaire jurassique comprend quelques roches arénacées, comme par exemple dans la vallée de Fondoas, près de Boden. Les roches donnent des meules et des pierres à aiguiser. Les marnes calcaires jurassi- ques offrent rarement dans le Geissthal la Plicatala nodulosa ; les roches crétacées ne sont que des parties subordonnées au calcaire jurassique. Dans le calcaire jurassique , il y a partout des nids et amas de calamine et de galène avec de la blende et de la baryte. Le calcaire compacte de couleurs claires, qui forme les plus hautes cimes, renferme des masses de dolomie. Un accident digne de remarque , ce sont les amas de blocs erratiques de gneiss, de micaschiste ou d’amphibolite qui se trouvent dans cer- taines vallées ou gorges des montagnes calcaires ; ces blocs ont quelquefois 6 pieds de diamètre, comme entre les monts Wan- neck et le Miemingerberg La chaîne calcaire, au N. de Miemin- gen et de Telfs, offre des couches inclinées au S. du côté méri- dional , au N. du côté septentrional , et à l’E. sur le versant oriental, soulèvements d’autant plus remarquables que ces cal- caires sont pleins de nids de galène. La seconde campagne de M. A-.R. Schmidt en Vorarlberg a donné les résultats suivants : Le terrain du grès rouge a été ob- servé dans toute sa puissance sur la rive gauche du Rellthal. Il est composé aussi bien de grès rouge et gris ou micacé que de roches arénacées grauwaekiformes, de schistes argilo-calcaires et de grès quarzeux molaires. On y a exploité, près Villefau, du cuivre gris argentifère , et à Marktobel de la pyrite cuivreuse, minerais qui y sont en amas. — Le calcaire secondaire au-dessus de ce terrain peut se diviser en calcaire compacte, assez cristallin, gris; en calcaire gris à lits de calcaire schisteux plus foncé; eu SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. 23 calcaire coquillier et en calcaire de nature crétacée. U y a aussi du gypse et des cargneules, ainsi que des marnes et du grès. — Le calcaire compacte gris renferme quelquefois des silex cornés, et rarement des nids de galène, de calamine et du fer spatliique. Les seuls fossiles déterminés paraissent le Cardium clongaturn et le Megalodon cuciillütus. — Le calcaire alternant avec des marnes est le dépôt le plus répandu. A St.-Roch, dans la vallée deGamperton, ces dernières roches forment distinctement un amas lenticulaire au milieu des autres calcaires Dans le? montagnes au S. de la vallée de Virgloria, la décomposition inégale du calcaire et des marnes leur a donné la configuration extérieure d’un escalier. Près de Stuben ce dépôt contient des calcaires arénacés. Les couches de calcaire compacte contiennent des Ammonites , des Bélenmites et d’autres coquillages , et les marnes schisteuses des impressions végétales ( Saminathal , etc.). Il y a très peu de mi- nerais ; des pyrites y existent au Hohen-Eifer. — Jusqu’ici les faits semblent prouver que les alternats schisteux et compactes forment les parties inférieures du dépôt, et que les calcaires compactes les recouvrent en masses considérables ; mais les rap- ports avec le calcaire cristallin dont nous avons parlé ne sont pas encore connus. De grands dépôts de gypse se trouvent dans ces calcaires. Le plus grand est celui sur le côté nord du Relltlial supérieur, où le gypse recouvre le grès rouge. Cette traînée de gypse s’étend de Sacktobel à la rive orientale du lac de Lunersee, sur 2000 toises de longueur , et a une puissance de 500 toises. La surface du terrain gypseux est couverte d’entonnoirs. Ce gypse est gris, rougeâtre, ou bleuâtre, ou blanc. AuKrinajoch il est séparé du calcaire par des portions de cargneule, comme c’est aussi le cas dans la vallée cl’Allvierthal. U y a encore du gypse à Lorans dans leMontafon, sur les deux rives del’Inn, et à Dalaasdansle Klosterthal. Un amas gypseux fort intéressant est à 1 l/2 toise de Lech, sur le Bergeralp, dans le calcaire schisteux; il s’étend de RE. à l’O. pendant une demi-lieue , et a 250 pas de puissance. Les couches sont horizontales, et le terrain est couvert de cavités. Le calcaire coquillier , composé surtout de coquillages brisés, borde la vallée du Rhin , et a au moins 2000 toises de puissance. Ses couches sont quelquefois arquées (Dornbirn). U y a des res- tes de poissons et des minerais de fer pisiforme mélangé de co- quilles. On exploite ce dernier au mont Rœthelstein , près de Dornbirn. Au calcaire coquillier s’associe un calcaire compacte, gris, très feuilleté, et en apparence sans fossiles. 24 SÉ4NCE DU 7 NOVEMBRE 1842. Près de Feldkirch l’auteur cite la Terebratula ornithocephcila , et entre Saint-Antoni et Tisis l’ Ammonites planicostci , dans un cal- caire compacte foncé qu’il ne sait à laquelle de ses divisions rap- porter. Dans la formation arénacée, que l’auteur classe toute dans la molasse (à tort ou à raison ?), il a observé un axe anticlinial s’é- tendant entre Schwarzach et Ruckebach , entre Bildstein et Buch, au village d’Alberschwende, de là dans le Bregenzeraclie , entre Bi endeln et Doren , et par la crête du Salzberg jusqu’en Bavière. L’inclinaison des couches est S., au S. de cette ligne , et N., au N. de la ligne. Près de Ruckebach ces grès, alternant avec des agglomérats, donnent des pierres pour l’encadrement des fe- nêtres et des portes. Les sept lits de lignite à Wirtatobel , à une heure et demie de Bregenz vers Langen , ont 5 p. de puissance. Les couches y courent 5 et 6 heures, et inclinent au N. sous 10 degrés. Le grès recouvre immédiatement le lignite alternant avec des argiles schisteuses. A 10 toises au-dessus du lignite, il y a une marne d’un pied d’épaisseur , qui renferme desTurritelles , les Peclen œquivalvis , plebeius et scabrellus, Nucula Hameri , Cy- therea chione et lincta , Corbulci complanata , etc. ; et au-dessus de ce dépôt tertiaire moyen vient le nagelfluh. Sous le dépôt de lignite il n’y a que des grès. — On trouve encore des amas de Kagelfluli , en partie proba- blement d 'époques plus récentes , dans la vallée du Gamperton, au confluent du Gampbach etMengbach et du Kuhbriicke, ainsi que près de Biirs, sur la droite de PAllvierbach et la rive gauche, entre Biirs et Bïirsberg. — Du tuf calcaire existe dans les environs de Ludesch, de Latsch, de Nuziders, dans le Rothenbrunerthal, à Lech, dans la vallée de Samina , entre Lingenau et Egg, etc. Le Rapport de la quatrième assemblée générale contient les résul- tats des recherches exécutées en 1841 dans les mêmes contrées que l’année précédente. M. A -R. Schmidt a étudjé de nouveau en détail des portions du ter rain de gneiss de la vallée de Montafon et aux sources de l’Ill. La direction des couches est h. 5, 9 ou 6, et l’in- clinaison au N. sous différents angles. Le mont Tafamont contient du mercure natif près de Gaschurn, qui se trouve sur la ligne de direction de deux amas de serpentine, l’un dans le même mont et l’autre à GurtepoL De plus il y a du fer apathique entre Gant- schir et le mont Christberg , non loin de la superposition du ter- rain de grès rouge. L’auteur signale encore le Cardium elongatum et le Megalodon cucullatus dans le calcaire sur le dernier grès près de Slalleer et de Loruns. Il a observé des dolomies dans les alternats SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. 25 du calcaire compacte et du calcaire schisteux entre Stuben et Flech- sen , au Streubach , dans le Gauentlial , à Ganteck , etc. Il y a aussi vu une espèce de schiste charboneux alunifère. Parmi des détails locaux que nous ne pouvons pas reproduire et qui seront fort utiles pour colorier une carte , nous trouvons à noter l’existence de calcaires marneux rouges à silex , ainsi que des portions de calcaires grenus , grès , etc. Dans le calcaire entre le mont Kainin et le Bietka-AIpe , il y a un amas de serpentine qui est placé sur le prolongement des deux autres amas dans le gneiss, dont nous avons parlé, et qui sont alignés de l’O. à TE. — En consi- dérant toute la masse des montagnes de calcaire secondaire en grand , on trouve les mêmes membres de ce dépôt aussi bien à la limite du terrain de grès rouge ou du micaschiste qu’à celle des grès gris qui régnent au N., savoir, des alternats de calcaires compactes et schisteux avec des dolomies. L’auteur pense que ces calcaires secondaires ne forment qu’une seule grande formation , dont les roches varient par suite de leurs divers éléments et des altérations ignées subies postérieurement à leur formation. Parmi ces dernières il énumère le réchauffement , la fritte , ou le ramol- lissement et la fusion , les changements par suite de gaz , la cé- mentation et la dolomitisation. Il en déduit la coloration diverse des roches. Dans les environs d’Ebnit, l’auteur a tracé les limites de son calcaire coquillier avec les alternats du calcaire schisteux. On a fait des sondages pour tiouver «lu lignite près de Saint-Wendelin , non loin du Wirtatobel , dont nous avons parlé. 11 y a du lignite près de Ruckburg, entre Wolfurth et Ruckebach , dans le Kes- selrhal près de Frœgen, et à Juggen, à une demi lieue de Brc- genz. Dans le Resselthal le lignite est accompagné d’univalves et repose sur du nagelfiuh. Entre Zirl-Seefeld, Scharnitz et le Gleyerstlial, il y a une éten- due de montagnes dolomitiquès de 4 milles carrés où les roches sont très souvent fort bitumineuses et propres à fournir du pé- trole par la distillation. Le calcaire bitumineux fétide de Seefeld est composé de 18,5 parties volatiles , de,26,5de charbon, et de 55,0 de cendres. L’auteur y croit reconnaître l’effet d’une action ignée qui a dolomitisé et imprégné ces roches de bitume. M. K. Sander a donné une carte , une coupe et une descrip- tion du pays bordant une partie du cours de VInn. Cette carte géo- logique comprend les contrées circonscrites au S. par l’Adige à Brad et Stilfs, à l’E. par une ligne droite tirée de Brad à Pruz sur l’Inn , plus au N. ; la limite occidentale de la carte est le 26 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. cours de l’Inn jusqu’à Azzel , îmst, Nassereit, Lermoos et le Lirsach . Au N, la carte arrive jusqu’à Yils , et à l’O. elle figure et offre coloriés les bords du Lecb , de Yils à Stœg; puis elle s’étend jus- qu’au-delà de Saint-Antoni , de Leng et de Nauders. Cette carte se joint donc à celle du troisième Rapport , et y offre les mêmes distinctions de dépôts. — Le gneiss domine dans la vallée supé- rieure de Matsch autour de Heide, de Graun, de Nauders , de Jeng et de Kapp. Le micaschiste se trouve à l’O. de Glurns, au- tour de Plenail , de Milgaden et sur la Rosana. Les Amphibolites existent surtout près de Jeng, ou de Kapp et de Schleis ainsi qu’à LO. de Burgeis , où ils sont dans le micaschiste , tandis qu’ailleurs ils sont dans le gneiss. Le schiste argileux forme une bande sur les bords de l’Inn auprès de Ried et de Laclis, bande surtout étendue à l’O. de la rivière. La serpentine se trouve avec du mi- caschiste au S. -O. de Nauders. Le terrain cle grès rouge , en partie grauwackiforme , constitue les hautes montagnes autour de Stilfs, de Lichtenberg etdeBradau S. -O. del’Adige, les environs de Laats sur cette rivière, ceux de Stuben et cle Pfunds, une bande E. et O. de Stanz à Saint Antoni. Le lias comprendrait toutes les montagnes entre Kenti au N. et Jarenz et Stœg au S. , et il se- rait bordé au N. par une bande de calcaire jurassique , tandis qu’au S. une autre bande semblable le séparerait du terrain de grès rouge. De plus, il y aurait des lambeaux de calcaire jurassique sur le micaschiste entre Pian et Kapp, et sur le gneiss au N.-E. de Heide et sur le terrain de grès rouge au S.-E. de Pfunds et au S. —O . de Nauders. Cette dernière découverte serait très impor- tante pour l’histoire des Alpes, comme l’auteur l’entrevoit lui- même , et en déduit une preuve en faveur de la sortie de la crête schisteuse centrale à travers une fente du terrain secondaire. Dans le lias l’auteur distingue: 1° les masses calcaires; 2° les masses calcaires schisteuses ( environs de Kaisers et au N.-E. de Saint-Antoni) ; 3° les marnes schisteuses à silex corné formant une bande septentrionale depuis le Lech autour de Hofen dans les montagnes situées à l’O., et une bande méridionale environ E.-N.-E. à O. -S. -O. de Nassereit à Stœg ; 4° les marnes sans silex constituant une large zone de Leermoos et Lalin à Bschlaps , à Unterhoffen sur le Lech et à Holzgau ; 5° les dolomies à i’O de Hofen, au N. -O. de Nassereit, à Mils sur l’Inn et sur le Nam- leser-Bach. Le gypse forme des amas dans le lias au N. -O. de Nassereit, près des dolomies, et dans le calcaire jurassique au S. de Graun à Mils , près de Reuti et près de Weissenbach au S de SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1812. 27 Vils sur le Lech. La molasse n’existe qu’en lambeaux dépendant du grand bassin tertiaire bavarois à Am-Lech sur la rive gauche de Lecli près de Reuti , et dans les vallons latéraux du Lech. La mo- lasse y offre du lignite semblable à celui de Peiselsberg en Bavière où il forme trois lits. La coupe géologique annexée à la carte pré- sente la suite des terrains sur une ligne JN.-S. depuis Vils à Zams et Glurns. Dans la description annexée à la carte, on trouve d’in- téressantes observations sur la direction des roches schisteuses cris- tallines. Si la direction dominante est celle d’E. à l’O. , on trouve que celle N. -S. est celle de la vallée de Patznau et de ses vallons latéraux ; or il paraîtrait que , dans ces derniers lieux , le méta- morphisme a été le plus considérable , et a détruit même la strati- fication originaire, cas analogue à celui arrivé dans des masses voisines des filons, où les fentes sont perpendiculaires à celles du filon. Ce petit pays est composé de gneiss , tandis que le reste de la chaîne centrale n’offre que du schiste argileux et même uns t histe à caractères minéralogiques des schistes intermédiaires. L’incli- naison des schistes argileux est plus souvent au N. qu’au S. ; la première domine sur la rive gauche de l’Inn de Ried à l’Engadin, et la seconde sur la rive droite. Dans la chaîne secondaire la di- rection des couches est E. et O. et l’inclinaison toujours au S. , de manière qu’on a la preuve que les forces soulevantes ont agi du N. au S. Des calcaires plus récents inclinant au N. recouvrent les couches inclinant au S. depuis Stœg jusqu’à Boden. Les val- lées principales ont aussi cette direction E. et O. ; mais leur sortie s’effectue par des défilés S. -N. Sur le versant méridional de la chaîne centrale, les couches calcaires courent aussi E. et O. , mais leur inclinaison est au N. , ce qui donne une idée de l’espèce de soulèvement général éprouvé par les Alpes de cette contrée; un porphyre perce le gneiss à Graun. Dans les schistes argileux, l’auteur distingue les schistes qui ont les caractères minéralogiques du schiste primitif de Werner ou qui sont le plus altérés, et les schistes à caractères de roches intermé- diaires qui sont associés à du calcaire compacte gris, du quarzite et du grès grauwaekiforme Ce système paraîtrait être le système aré- nacé gris ou rouge séparant, dans le Tyrol, les schistes cristallins des calcaires , évidemment des étages moyens secondaires. La formation basique offre des alternats de calcaire compacte esquil- leux gris et veiné de spath calcaire , avec un calcaire à cassure plus conchoïde et à Scaphites , et ensuite viennent les marnes du lias. Le calcaire esquilleux a offert X lsocardici striata et le cal- caire à Scaphites, X Ammonites commuais Brown, A . costatus (espèce 28 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. du lias), A.jimbriatus (espèce du lias), A. radians (espèce du lias et du cale, jurassique), A. maltheus (espèce du lias et du cale, jurassique), Perna mytiloïdes , Modiola gibbosa . Ainsi donc on prévoit être en droit de le classer dans le lias ou au moins de le mettre en paral- lèle avec les dépôts semblables du pays bernois décrits par Studer. La formation jurassique se partage surtout en calcaire inférieur et calcaire supérieur, entre lesquels il y a des assises marneuses ; ainsi près de Vils on observe les couches suivantes superposées: 1° un calcaire gris-jaune divisé en couches de 6 t. d’épaisseur ; 2° des argiles schisteuses avec des bancs de calcaire-marbre et de marne calcaire; 3° un calcaire rouge ammonitifère ; 4° un calcaire jaune-brun à Térébratules ( T. concinna et lacunosa )V L’ Ostrea gregaria et le Pecten œquivalvis existent dans les roches numéro deux. Or les Térébratules citées appartiennent à l’argile ox- fordienne, le Pecten cité à la formation jurassique , l’Huître citée aux oolites moyennes. L’auteur a trouvé beaucoup de ressemblance dans la position géologique , les caractères minéralogiques et pa- læontologiques des dépôts de Wils et du Streitberg sur le Danube. Les couches inférieures ne se voient que près de Wils, tandis que les couches supérieures s’étendent de Kren jusqu’au-delà du Plan- see. Près de Weissenbach, ils contiennent à la partie supérieure une couche sableuse à Equisetites columnaris et Pterophyllum Jaegeri. Entre Grabachei thaï et Boden un calcaire jurassique recouvre souvent le calcaire et les schistes du lias d’une manière non concordante. Sur le côté S. des Alpes centrales il n’y a de calcaire du lias que dans la vallée de Trafui. Enfin l’auteur s’occupe des recherches faites sur l’ancienne mine de Rothenstein ; il a fait travailler à la poudre , et a décou- vert , outre des nids de cuivre gris argentifère , de petits filets con- tinus de ce minerai. Depuis Fiss jusqu’au mont Masmer, sur une étendue de 3 lieues, on a trouvé un filon çà et là métallifère au milieu de schistes et de calcaires. Nous voici arrivé à la fin de notre long extrait des tra- vaux de la Société géologique du Tyrol jusqu’ici publiés; l’an prochain nous apportera ceux de cette année. La Société com- prendra que ce ne sont là que des extraits de relevés prépara- toires; plus tard viendront des aperçus appuyés alors sur un nombre suffisant de recherches locales. Mais telles qu’elles sont , ces observations nous semblent offrir un haut intérêt , parce que personne jusqu’ici ne s’éiait occupé des détails complets de la géo- logie du Tyrol septentrional et du Vorarlberg, et aucun Journal étranger, pas même celui de M. de Léonhard, n’a parlé de la So- SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 184 2. 29 ci été du Tyrol et de ses travaux. D’une autre part, le moment ne pourrait être mieux choisi pour faire la carte de ces Alpes, puis- que les géologues suisses avancent toujours dans leurs essais de débrouiller le chaos de leurs Alpes et surtout du pays bouleversé de Glaris et des Grisons. Enfin la Société géologique du Tyrol paraissant avoir pris en bonne partie pour guides les sages prin- cipes qui ont fait fleurif jusqu’ici la Société géologique de France , cette association semblait d’autant plus devoir nous intéresser. Veuillez y trouver l’excuse de mon exactitude à vous rendre compte de tous les détails de cette entreprise. P. S. La Carte géologique du Vorarlberg , avec un profil par M. Schmidt, annexée au Rapport pour 1839 delà Société géolo- gique du Tyrol, représente le pays entre Bregenz, Gmund, Wei- ler, le Bolgenach, Rizlern , Scliopernau et Dornbirn. Le calcaire secondaire des Alpes s’étend au N. jusqu’à une ligne tirée de Beckenman ( S.-E. Dornbirn ) à Buchel ( N. de Bezau et Kre- benberg) Plus au nord vient un calcaire particulier secondaire, puis le grès viennois. Le nagelfluh tertiaire existe le long du Saiibersbach, du Bolgenach, de Bregenz à Gmund, à Scheidegg et Pfenderberg. Après cette lecture, M. d’Archiac fait remarquer qu’il y a sans doute quelques erreurs dans la détermination des fos- siles cités par M. Schmidt , au-dessus du lignite de Wirtato- bel. Parmi ces espèces , le Pecten œcjuivalvis est une coquille du lias et de l’oolite inférieure ; le P . plebeius est des terrains tertiaires des environs de Paris , de Valognes et de Bruxelles ; le P. sccibrellus , du terrain tertiaire moyen de Bordeaux , et du terrain tertiaire supérieur de Perpignan et d’Italie; la Nùcula Hammeri est du lias ; la Cytherea chione est une espèce vivante des mers d’Europe; la C. lincta se trouve dans les faluns de Sancate, et vit dans l’Océan d’Europe; enfin, la Corbida complanata appartient aux terrains tertiaires infé- rieurs moyens , et peut-être aux supérieurs. M. Pomel communique les observations ci-après : Notice sur les carnassiers à canines comprimées ettt'ancliantes , trouvées dans les alluvions du val d’Arno et de V Auvergne, Les canines longues , aplaties et tranchantes, déterrées des allu- vions du val d’Arno, furent attribuées par les naturalistes toscans 30 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. à des carnassiers du genre Ours , dont ils avaient trouvé plusieurs débris dans les mêmes gisements. La découverte de ces dents fut annoncée à M. Cuvier pendant la publication de ses Recherches sur les ossements fossiles , et publiée par lui dans une addition à l'article des Ours fossiles. D’après les renseignements que lui avait donnés M. Pentland , une tète d'Ours aurait été trouvée avec des dents semblables implantées dans ses alvéoles. M. Cu- vier n’bésita donc pas à les attribuer à l’espèce d’Ours fossile qu’il avait appelée Etruseus , et dès lors il changea ce nom en celui de Cultridens . M. Buckland , qui en découvrit de semblables dans les cavernes de Kirckdale, adopta la détermination de M. Cuvier. Quelques années après, MM. Bravard et Croizet recueillirent quelques unes de ces canines dans les riches dépôts ossifères des environs d’îssoire ; elles caractérisèrent , pour ces naturalistes , deux espèces du genre Ours et d’un sous-genre nouveau, auquel ils appliquèrent le nom de Cultridens . Mais M. Bravard eut bientôt des doutes sur l’exactitude de cette détermination ; tous les ossements d’Ours fossiles qui avaient été recueillis avec ces dents se rapportaient à une seule espèce dont la tête était armée de canines semblables à celles des espèces vi- vantes. Cependant, le nombre de ces dents découvertes sur un seul point semblait annoncer que l’espèce à laquelle elles avaient ap- partenu était assez commune. Tout occupé de cette idée, il remarqua, parmi les nombreux échantillons de sa collection , un fragment très mutilé de maxil- laire supérieur de Felis , dont l’alvéole de la canine était conservée à sa partie postérieure. La profondeur de cette alvéole lui parut offrir un caractère frappant d’analogie avec ses dents comprimées. Il y appliqua la racine d’une de ces canines , et fut convaincu , par leur coïncidence parfaite , qu’elle avait appartenu à un individu de la même espèce (1). Mais quel ne fut pas son étonnement, lorsqu’il reconnut que ce maxillaire s’articulait parfaitement avec la mâchoire inférieure de son Felis meganthereon ! dès lors il ne conserva plus de doute sur l’origine de ces dents singulières ; leur longueur expliquait les modifications qu’avait subies la mâchoire inférieure : l’apophyse (i) Celte alvéole a été prise par M. Croizet pour celle de la première fausse molaire dans un morceau à peu près semblable , dessiné dans scs planches tles Felis. Recherches sur les ossements fossiles du Puy de-Dôme , par MM. Croizet et Joberl. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. 31 descendante de la symphyse servait , sans aucun doute , à protéger leurs pointes acérées, au-dessous desquelles elle s’étendait encore. Cette découverte fut publiée par lui dans sa Monographie de la montagne de Perrier et de deux espèces nouvelles du genre Felis ( 1828, Paris, Dufour et Docagne ). M. Croizet, qui publiait en même temps le premier volume de ses Recherches sur les ossements fossiles du département du Puy-de-Dôme ( Clermont - Ferrand , 1828 , Thibaut ), ne voulut pas adopter l’opinion de M. Bravard, qu’il accusa d’avoir fait une monstruosité, en « plaçant une canine à’ Ours dans une mâchoire de Felis . « Cependant, la collection de M. Bravard étant devenue sa propriété , il reconnut son erreur par une étude plus approfondie ; et lorsque M. Geoffroy-Saint- îiilaire vint en Auvergne , en 1835 , il présenta à ce savant natura- liste les débris qu’il possédait de ce type remarquable, dont il faisait alors un genre nouveau sous le nom de Sténéodon (1). Les motifs qui avaient déterminé M. Bravard à attribuer les canines aplaties à des espèces du genre Felis , n’ont pu convaincre les naturalistes toscans ; car nous lisons dans un compte-rendu des séances du congrès de Florence, que M. Nesti avait ajouté quel- ques arguments à l’appui de l’opinion , par lui publiée , que les dents canines de carnivore du val d’Arno appartenaient au genre Ursus plutôt qu’au genre Felis , et précisément à YUrsus cultri- dens. » ( Voy. tome XIII , page 315, Bulletin de la Société géolo- gique de France , 1842. ) Mais dans des fouilles récentes , que M. Bravard et moi avons pratiquées dans les terrains ossifères de la montagne de Perrier , nous avons découvert une tête qui doit lever tous les doutes à cet égard ; sa belle conservation nous permettra, de plus, de donner quelques détails sur ses principaux caractères ostéologiques. De la mâchoire inférieure . — Nous répéterons ici ce qu’en ont déjà dit MM. Bravard, Croizet et Jobert. Ses caractères les plus saillants sont : 1° l’élargissement vertical du bord antérieur, qui donne deux apophyses , l’une descendante , qui s'e termine en pointe aiguë sous la symphyse , et l’autre montante , qui constitue le bord alvéolaire incisif ; ce bord est armé de dents , dont les couronnes sont semblables à celles des mêmes dents des Felis en général ; mais leurs racines sont plus fortes, plus droites et plus longues ; leur partie émaillée est aussi plus développée en hauteur, et leur couronne plus saillante hors de l’alvéole. Ce dernier ca- (i) Nouvelles considérations palœontographiques sur le bassin de l’Au- vergne. 32 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. ractère est surtout plus frappant pour l’incisive externe , qui , à l’exception de son tubercule externe , ressemblerait à une petite canine émoussée ; la vraie canine est, au contraire, moins déve- loppée et moins saillante : elle est légèrement aplatie , et ne pré- sente aucun des sillons qui caractérisent les dents des Felis ; l’in- tervalle qui la sépare de la première fausse molaire est plus con- sidérable que dans ces derniers. Cette fausse molaire est beaucoup plus petite que dans les au- tres espèces ; la seconde et la carnassière n’ont de remarquable que l’obliquité de leur couronne, dont le sommet se porte en arrière. Sur toutes les mâchoires que nous avons pu observer , les deux fausses molaires avaient une partie de leurs racines hors de leurs alvéoles ( pag. 40 , pl. Ire, fig. 3). Nous verrons bientôt quelle est la cause de cette disposition. Nous n’avons pu étudier les formes de la branche montante ; elle se trouve fracturée sur tous les échantillons. De la tête.— Les incisives de la mâchoire supérieure ont les formes normales du genre Felis ( pag. 40, pl. Ire, fig. 2 ) ; leur bord alvéo- laire se trouve sur la même ligne que celui des molaires ; mais, comme à la mâchoire inférieure ce bord s’élevait beaucoup au- dessus, il en résultait entre les fausses molaires des deux mâchoires un espace vide, où ces dents ne pouvaient s’enchevêtrer comme dans les espèces vivantes; dès lors, la force d’accroissement du maxillaire, qui tend sans cesse à chasser les racines de leurs alvéoles, n’étant pas contrebalancée par la pression exercée sur les dents dans l’o- pération de la mastication , ces dents devaient persister moins long-temps : aussi avons-nous déjà dit que celles de la mâchoire inférieure ont leurs racines saillantes au-dessus du bord alvéo- laire ; les premières de la mâchoire supérieure manquent sur tous les individus, quel que soit leur âge, et les secondes même se trouvent quelqut fois dans cette position . Notre tête nous en montre un exemple; il n’existe plus que la deuxième fausse molaire gauche. Les trois autres ont disparu , et leurs alvéoles sont même com- plètement oblitérées; cependant, l’individu auquel elle a appar- tenu était encore jeune , quoique adulte. Les canines (pag. 40, pl. Ire, fig. 3) ont dans leur longueur une courbure régulière et assez prononcée , dont la convexité se trouve en avant. Elles sont comprimées latéralement, et présentent aux faces antérieure et postérieure des arêtes tranchantes. Leurs deux diamètres , à la naissance de l’émail , sont dans les proportions de 18 à 10 et de 35 à 14. Leur racine , également aplatie , mais non tranchante , monte obliquement en arrière dans le maxillaire , et leur partie émaillée, abstraction faite de sa courbure, se dirige SÉANCE DU ? NOVEMBRE 1842. 33 vertbalement en bas, de manière que, lorsque la bouche est fermée , leur pointe se trouve placée un peu en arrière et au- dessus de l’extrémité de l’apophyse descendante du menton ; elles convergent légèrement vers leur pointe et s’appliquent contre la face externe des canines inférieures , sur lesquelles elles pro- duisent, par l’usure , une facette plane. Les molaires sont semblables à celles des Felis ; mais nous de- vons faire observer que la première devait être tout-à-fait rudi- mentaire , car l’espace vide entre la deuxième et la canine n’est que de 0,œ009. La tête osseuse {pag. 40, pl. Ire, fig. 1 et 2) rappelle aussi dans ses proportions le type des Chats. C’est au Felis pardalis (Panthère) qu’elle ressemble le plus par ses dimensions et l’ensemble de ses formes; son profil présente à la partie supérieure une courbe assez régulière, moins considérable que dans la plupart des Felis vivants; vue par-dessus, elle décrit dans son contour un ellipsoïde allongé , dont les axes sont dans les proportions de 2 à 3; mais on doit s’at- tendre à trouver des modifications dans les détails anatomiques ; en effet , pour que l’ànimal ait pu se servir de ses énormes canines, et saisir sa proie avec facilité, il fallait, dans l’articulation de sa mâ- choire inférieure , une étendue de mouvements plus considérable : aussi la charnière , ou cavité glénoïde , dans laquelle se meut le con- dyle de cette mâchoire , était plus ouverte , et son apophyse posté- rieure moins saillante ; la proéminence du temporal qui la forme ( apophyse zygomatique ) était aussi plus saillante en dessous. L’apophyse mastoïde , offrant par son développement une plus grande surface à l’insertion du muscle stylo-mastoïdien , celui-ci devait être aussi plus développé et agir avec plus de puissance ; mais la bouche étant plus ouverte , il fallait que les muscles mas- séter et crotaphite fussent doués d’une plus grande force pour ra- mener la mâchoire inférieure dans sa première position , et lui faire broyer et dépecer la chair. La profondeur des cavités qui les reçoivent , et la saillie des crêtes qui les limitent ( cavité massetérine et crêtes sagittale et occipitale ), nous indiquent combien ils étaient plus développés que dans les espèces à canines normales. Le développement des canines a produit des résultats sembla- bles pour les os de la face. Les maxillaires qui les reçoivent se sont prolongés en arrière à leur partie supérieure : les apophyses post-orbitaires du frontal sont par conséquent placées plus en ar- rière, ainsi que Y orbite qu’elles limitent avec les apophyses du même nom de Vos malaire. Les intermaxillaires sont très allongés, et montent en pointe presque filiforme entre les maxillaires et les Soc . Gcol. Toin, XIV. 3 34 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. nasaux . ^Ceux-ci ont suivi le développement des maxillaires, et ont pris une forme parallélogrammique. Leur extrémité anté- rieure se trouve placée plus en arrière par rapport aux incisives , de manière que l’ouverture des narines était plus grande et plus oblique que dans les F (dis à canines coniques. Nous ne pouvons donner aucun renseignement exact sur l’é- cartement des arcades zygomatiques , ni sur les dimensions de l’es- pace qu’elles limitent et qui sert de passage au muscle crotapliite. Les temporaux et la partie postérieure du crâne ont subi une com- pression qui les a déformés. Le rapprochement actuel des cavités glènoïdes et des palatins rendrait impossible l’articulation des mâ- choires inférieures , dont les apophyses coronoïdes ne pourraient se mouvoir dans un aussi étroit espace. Le basilaire est aussi fracturé entre les caisses, et le fragment postérieur séparé de la cassure se porte en avant et au-dessus du fragment antérieur. Il en résulte que la longueur totale delà tête, depuis le bord incisif jusqu’aux condyles occipitaux, se trouve moindre qu’elle ne l’est en réalité ; que la ligne supérieure du profil est un peu trop convexe , et que l’obliquité de l’occipital est trop grande. Ce dernier cependant devait être plus oblique que dans les espèces vivantes , à cause du développement en ar- rière delà crête sagittale. Les rugosités dont l’occipital est couvert, et la saillie de ses crêtes indiquent une grande puissance dans les muscles chargés d’opérer les mouvements de la tête. Les trous et les ouvertures des canaux , destinés aux passages des nerfs , offrent peu de différence avec leurs analogues dans les es- pèces vivantes. Nous dirons seulement que le canal sous-orbitaire est plus ouvert , que le trou de X occipital nous a semblé plus petit , et que le conduit auditif s’ouvre à la partie antérieure des caisses dans une cavité étroite , produite par les apophyses zygomatique et mastoïde. Cette dernière recouvre la plus grande partie laté- rale de la caisse, où s’ouvre ce conduit dans les F élis ordinaires. Nous n’entrerons pas dans de plus grands détails sur les formes de la tête ; nous allons donner maintenant quelques notions sur les caractères fournis par les diverses autres parties du squelette , dont 'on a trouvé des débris plus ou moins bien conservés. Les os longs des membres antérieurs se font remarquer par leurs formes grêles et allongées : ils présentent la même con- formation que dans les F élis en général. L’ humérus semblerait déjà, par sa longueur, avoir appartenu à une espèce bien plus grande que notre fossile ; mais son épais- seur présente le caractère opposé. Cet os établit entre les Felis SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. 35 cultridens et le tigre chasseur, Felis jubata, une grande analogie. Le radius et le cubitus sont encore plus grêles et plus allongés, et les métacarpiens ont avec les os de l’avant-bras les mêmes rap- ports qui existent entre ceux-ci et X humérus. Nous ne connaissons aucun débris des extrémités postérieures, à l’exception, peut- être , d’un métatarsien externe , qui a appartenu à une espèce beaucoup plus grande , puisqu’il surpasse en longueur le même os d’un squelette de lion. On doit croire cependant qu’il en était de même pour ces membres que pour les antérieurs, et que les os devaient être d’autant plus grêles et allongés , qu’ils étaient plus éloignés du tronc. On peut consulter pour la plupart de ces os les dessins qu’en ont donnés M. Bravard , et MM. Croizet et Jobert dans leurs ouvrages sur les fossiles d’Auvergne. L’agilité de ces animaux devait donc être supérieure à tout ce que la faune vivante nous présente de plus remarquable en ce genre. Les nombreux ruminants qui peuplaient alors l’Auvergne ( Bœufs , Cerfs et Antilopes ) , tous caractérisés par la légèreté de leurs formes, devaient trouver dans ces carnassiers des ennemis d’autant plus redoutables, qu’ils joignaient à l’extrême prompti- tude de leurs mouvements des armes aussi terribles que leurs canines acérées. Il semblerait cependant, lorsqu’on considère la longueur de ces dents et leur convergence vers la pointe , qu’elles devaient être plus gênantes qu’utiles à l’animal qui les portait; toujours est-il que leur tête était munie de muscles très puissants, capables de donner à la mâchoire inférieure une grande force de compression , et que son système d’organisation permettait une ouverture de bouche considérable. Il est facile maintenant de se faire une idée de l’aspect que présentait cette tête, lorsqu’elle était recouverte par ses muscles et son poil. Le nez gros et ouvert devait être peu proéminent , comme dans la race de chiens qu’on appelle bouledogue. Les yeux devaient être reculés; la lèvre inférieure très peu développée , pour que la canine ne puisse la déchirer ; la supérieure, au con- traire , devait descendre très bas et cacher une partie de la ca- nine. Le bord antérieur de la tête, au lieu de former une pointe, comme dans la plupart des carnassiers vivants , se terminait en coin. Yue de profil , elle présentait dans sa longueur une gros- seur uniforme , terminée brusquement par une ligne verticale ; et enfin le menton devait donner au-dessous une proéminence longue et aiguë. La faune de l’Auvergne, à l’époque où son sol était bouleversé par les convulsions volcaniques , renfermait deux espèces de ce 36 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. type; la mieux connue, celle que M. Bravard à décrite sous le nom spécifique de Méganthéréon , était un peu plus forte que le Felis pardalis (panthère); mais sa taille surpassait de beaucoup celle de cette dernière espèce, elle était seulement d’un cinquième inférieure à celle du tigre royal. La seconde espèce dont on possède peu de débris avait des di- mensions plus grandes ; avec un corps de la grosseur de celui du lion , elle devait avoir une hauteur beaucoup plus considérable. Elle différait surtout de la première par les dentelures de l’arête postérieure de la canine. C’est le Felis cultridens de M. Bravard. M. Croizet avait attribué les ossements de cette espèce au Felis an tiqua de Cuvier. En résumé, il est maintenant établi par les descriptions précé- dentes, que les dents canines, comprimées et tranchantes trou- vées dans les dépôts diluviens de certaines contrées de l’Europe (Italie, France, Angleterre), ont appartenu à des carnassiers, qui avaient dans leur ostéologie les plus grands rapports avec le genre Felis. Les principales différences se trouvent dans l’organi- sation de la tête, et elles semblent toutes résulter de la modifica- tion des canines. Elles consistent en quelques variations dans les proportions des divers os de la tête et plus particulièrement de la face. Cependant les rapports généraux de ces os entre eux , et l’en- semble de leurs formes rappellent tout-à-fait les caractères géné- riques des Felis ; nous pensons donc qu’on peut tout au plus con- sidérer nos fossiles cultridens comme le type d’un sous-genre au- quel on pourra conserver le nom de sténéodon , antérieurement appliqué par M. Croizet au genre nouveau qu’il en avait formé. 37 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1812. Tableau des dimensions des deux espèces fossiles de Felis sténéodontes. NOMS DES PARTIES DU SQUELETTE. K O _ -sa m ta hh ta h3 -w -g S FELIS CULTRIDENS. Plus grande longueur de la tête du bord incisif au in. in. sommet de l’occiput 0,222 Distance du bord incisif à l’intervalle des apophyses post-orbitaires du frontal 0,123 Distance du bord incisif au bord antérieur de l’orbite. 0,080 Distance du bord incisif à l’ouverture antérieure du trou sous orbitaire 0,074 Hauteur du trou sous-orbitaire au-dessus de l’alvéole de la carnassière 0,0l8 Hauteur de l’orbite au-dessus de l’alvéole de la car- o,o3i Longueur de la tête, du bord incisif aux condyles occipitaux T T 0,198 0,028 Diamètre transversal de l’ouverture du nez Diamètre transversal de la tête vers l’ouverture du trou sous-orbitaire 0,067 Distance de l’intervalle des apophyses post-orbitaires du frontal au bord antérieur des nasaux 0,074 Id. au sommet de l’occiput 0,112 Intervalle qui sépare le bord interne des cavités glé- noïdes des apophyses zygomatiques 0,059 Distance de l’apophyse postérieure des cavités glé- noïdes aux condyles de l’occiput 0,074 Plus grand diamètre transversal de l’occiput Distance d’un condyle à l’autre , mesurée extérieure- 0,074 ment ir,.lttfT.,TtTtttT, o,o5o 0,023 Diamètre transversal du trou de l’occiput Diamètre vertical du trou de l'occiput 0,018 Diamètre vertical de l’occipital 0,060 Espace qui sépare les deux apophyses post-orbilaircs du frontal 00 0 d Longueur de la crête occipitale , depuis la crête sagit- tale à l’extrémité de l’apophyse mastoïde 0,091 Distance du bord antérieur de celte apophyse au bord antérieur de la cavité glënoïde 0,028 Diamètre transversal de cette cavité 0,032 Distance de la pointe de l’apophyse post-orbitaire du frontal au bord antérieur de l’orbite 0,039 Longueur de la canine en suivant la courbure de l’arête antérieure. 0 , 1Ô2 0,220 Id. d’une extrémité à l’autre . 0, io3 0,172 38 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842, V 1 - NOMS DES PARTIES DU SQUELETTE. (C O CD £ i— i >tS J 5 r-j H fT K l—l «5 <3 -w E Vj CD § §1 5 » U tu. m. Sa largeur au commencement de l’émail o O oo o,o35 Son épaisseur au même point 0,010 o,oi4 Longueur du bord alvéolaire incisif. 0,029 Longueur du bord antérieur de la 3e incisive au bord postérieur de la carnassière à la mâchoire supérieure. 0,086 Id. de la canine , id. , etc 0,072 Diamètre antéro-postérieur de la 2e fausse molaire. 0,0l4 Td. de la carnassière 0,029 Espace occupé par ces deux molaires 0,042 Longueur depuis le bord alvéolaire au bord posté- rieur de la carnassière à la mâchoire inférieure. . 0,088 Espace occupé par les molaires o,o47 Longueur de la carnassière.. 0,019 o,o3o Id. de la iro fausse molaire 0,017 Id. de la 2e 0,010 1 Espace compris entre la canine et la ire molaire.. . . 0,o32 Hauteur de l’apophyse' descendante du menton au bas incisif. o,o65 Longueur de la partie émaillée de la canine o,oi5 Id. de la ir* incisive 0,010 ! Épaisseur de la branche entre les molaires et la canine. 0,025 Id. derrière la canine o,o3o Humérus, longueur de la tête articulaire au bas du condyle cubital 0,270 Diamètre transversal vers les condyles 0,044 0,070 Id. au milieu du corps de l’os 0,024 o,o35 Au-dessus de l’apophyse deltoïde 0,039 Cubitus, longueur j o,3io Diamètre antéro-postérieur de l’olécrâne j o,o3i o,o4 1 Id. au dessous de la facette radiale 0,024 0 , 0 4 2 Radius. Longueur 0,268 Plus grand diamètre en haut o,oq5 Id. en bas o,o38 Nouvelle espèce de Chien fossile découverte dans les alluvions volcaniques de V Auvergne , par Auguste Pomel. CANIS MÉGAMASTOÏDES. Tous les jours de nouveaux débris fossiles, recueillis dans les terrains du bassin de la Limagne , viennent enrichir la zoologie 39 SEANCE DU 7 NOVEMBRE 1812. antédiluvienne d’espèces nouvelles, remarquables par quelques formes anomales. Dans les mêmes fouilles qui nous ont procuré la belle tête de Felis mégcinthéréon dont nous avons donné com- munication à la Société , nous avons découvert plusieurs frag- ments d’une espèce de Canis qui diffère beaucoup de ses congé- nères connus , vivants ou fossiles. Le morceau le plus caractéristique est le fragment de mâchoire inférieure que nous avons dessiné (pag. 40, pl. Ire, fig. 4). Les fausses molaires, la canine et les incisives ont disparu avec la partie du maxillaire qui les supportait. Il ne reste plus que la carnassière , les alvéoles des tuberculeuses , et toute la partie posté- rieure de la branche, moins l’extrémité de son apophyse coronoïde. Mais tout mutilé que soit ce morceau , il n’en indique pas moins des modifications remarquables dans les formes de notre espèce. Dans les chiens en général , le bord inférieur du maxillaire présente , de l’extrémité antérieure à l’angle postérieur , une li- gue légèrement convexe et régulière , à l’exception d’une légère concavité qui se trouve placée en arrière, vis-à-vis le milieu de la branche montante , et détermine à sa naissance une petite tu- bérosité sur laquelle vient s’insérer le muscle stylo-mastoïdien. L’extrémité de l’angle postéro-inférieur est peu élevé au-dessus de la ligne inférieure, et le condyle est situé au niveau des molaires. Dans notre fossile, au contraire, la branche du maxillaire s’élargit sous la première tuberculeuse , et donne une large pro- tubérance semi-circulaire, sur laquelle vient s’insérer le stylo- mastoïdien. La ligne qui la limite à la partie postérieure se re- lève plus haut , et se courbe de manière à donner une concavité qui se termine près de l’angle postérieur. Celui-ci est beaucoup plus élevé que dans les chiens que nous connaissons; le condyle est aussi placé bien au-dessus de la ligne des molaires, et se trouve plus éloigné de ces dernières par l’élargissement antéro-postérieur de la branche montante. Le bord inférieur de cette dernière monte moins obliquement en arrière ; disposition qui élargit l’apophyse coronoïde et donne à la cavité massétérine une plus grande étendue. Le muscle stylo mastoïdien devait avoir pris un développe- ment en rapport avec celui de la tubérosité sur laquelle il s’at- tache ; il en résultait nécessairement aussi un accroissement des apophyses mastoïdes ; c’est en effet ce que nous a montré un oc- cipital de la même espèce , provenant du même gisement ; on y 40 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1812. voit que ces apophyses avaient des dimensions doubles de celles qu’elles atteignent dans les renards de France. Cette seule observation suffirait pour démontrer que les mo- difications du maxillaire ne sont pas accidentelles , si d’autres fragments , très mutilés il est vrai, ne venaient aussi, par l’iden- tité de leurs formes , prouver qu’elles sont normales et propres à l’espèce que nous décrivons. Les dimensions de tous ces morceaux sont à peu près les mê- mes que celles du morceau dont nous donnons une esquisse. Les légères différences qui existent peuvent s’expliquer par les diversités d’âge et de sexe. Les molaires ont les formes générales du genre Canis ; leur disposition en ligne peu serrée établit de l’analogie entre notre fossile et le sous-genre des Renards ; leurs dimensions sont peu supérieures à celles de l’espèce commune. L 'occipital dont nous avons parlé a ses crêtes plus saillantes que dans les renards et les chiens , ce qui change un peu ses for- mes et augmente ses proportions. Nous avons aussi recueilli un cubitus qui a perdu son extré- mité inférieure. Il est plus grand que celui du renard ; son olécrane est surtout plus développé ; mais il semble se rapprocher plutôt de ce sous-genre que de celui des loups par l’ensemble de ses formes. Nous ne pouvons actuellement donner les dimensions d’un fémur qui a été recueilli dans la même localité ; il nous a paru un peu plus trapu que celui du renard. En résumé , tous les débris osseux dont nous venons de par- ler caractérisent une espèce très remarquable du genre chien ; ses proportions et la disposition de ses molaires portent à la ranger dans le sous-genre des Renards ; mais la tête , seule partie qui fournisse des caractères positifs , ne nous est pas encore connue. 11 doit être évident pour les naturalistes, qui savent combien les formes sont constantes dans les diverses espèces du genre chien , que notre fossile constituait une espèce particulière , parfaitement caractérisée par les modifications que nous avons signalées. Le développement des muscles stylo-mastoïdiens , et par suite des masséters et des crotaphites , devait donner à la partie posté- rieure de la tête des proportions peu en rapport avec celles du corps ; tandis que sa partie antérieure se terminait par un nez ef- filé , qui devait contraster avec la grosseur de sa région postérieure. Nous donnerons à cette espèce le nom de Canis megamastoïdes , qui rappellera son caractère le plus saillant. I Gravi o />aj' ( '/i. . h>ri/ , Pue petites vacuoles. » SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1812. t ait acquis une épaisseur suffisante pour que la colonne d’eau des- cendante puisse par sa hauteur produire une pression capable de détruire la force élastique de sa vapeur , développée au contact des matières ignées. Or, cette épaisseur de l’écorce du globe n’a pu être atteinte qu’ après une longue suite de siècles , ou plutôt d’â- ges géologiques ; et c’est peut-être de ce moment que datent de nouveaux phénomènes : les éruptions volcaniques et la pro- duction de scories. Puis, l’écorce du globe s’accroissant graduel- lement en épaisseur, la pression produite par la colonne cl’eau est devenue de plus en plus considérable, et par suite a pu faire en- trer en dissolution dans les matières minérales liquides une plus grande quantité de vapeur d’eau, ce qui a produit l’abondance et la grandeur croissante des vacuoles dans les produits volcaniques. C’est là, ce me semble, une manière rationnelle d’expliquer cette différence entre les anciens et les nouveaux phénomènes plu- toniens , et une confirmation indirecte de l’hypothèse qui l’ex- plique. Cependant, dans la supposition d’une dissolution primi- tive de vapeurs d’eau dans le bain de matières minérales , la quantité de vapeurs dissoutes devant croître avec la pression , et cette dernière croissant avec la profondeur, on pourrait peut-être voir là une raison suffisante des différences indiquées. J’ajouterai que l’introduction actuelle des eaux de la mer dans l’intérieur du globe est compatible même avec l’hypothèse de M. le marquis de Roys. Ces phénomènes, ainsi que je viens de le dire, paraissent assez récents. M. de Roys concède que, vu l’état de la température de la surface du globe , qu’il considère comme étant maintenant stationnaire, il peut n’y avoir plus ac- tuellement contraction plus grande de l’enveloppe solide que de la masse liquide. Par conséquent , si des fissures existent au tra- vers de cette écorce dans le sol sous-marin , la matière liquide minérale n’y est pas poussée de bas en haut par la pression de l’enveloppe , de manière à la remplir, et l’eau peut s’y précipiter librement, ou du moins y produire une pression suffisante pour refouler les matières minérales liquides qui pourraient s’élever dans la partie inférieure. L’hypothèse de la contraction plus grande et continue encore de l’écorce du globe, telle que la professe un géologue éminent, M. Cordier, ne serait pas elle-même inconciliable avec le fait de l’intervention des eaux superficielles dans les phénomènes volca- niques. Il suffirait pour cela d’admettre que le canal d’introduc- tion de l’eau, au lieu d’aller déboucher dans le réservoir général des matières minérales liquides, allât déboucher dans la cheminée 48 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. volcanique. Ce déversement aurait lieu dans cette cheminée à une profondeur suffisante pour que la force élastique de la vapeur d’eau fût comprimée par sa pression dans ce canal, et à une hau- teur telle cependant qu’elle dépassât le niveaü général ordinaire où se tiennent les matières minérales liquides dans les cheminées volcaniques par suite de la pression supposée continue de l’écorce. Tant que la colonne de matières minérales liquides n » dépasserait pas le point d’arrivée de l’eau , il n’y aurait alors qu’une simple émission de vapeurs par l’orifice volcanique , sans projection de matières ; mais quand , au contraire , cette colonne ascendante dé- passerait ce point, elle se trouverait ainsi comme coupée en deux. Sa partie supérieure produisant une pression inférieure à celle développée par la vapeur d’eau au contact des matières incan- descentes , serait chassée et propulsée au-deliors par cette expan- sion de vapeurs. Le point d’arrivée de l’eau dans les cheminées volcaniques pourrait d’ailleurs et devrait être naturellement à des hauteurs différentes dans les différents volcans. Cela même lèverait peut-être une des difficultés de l’hypothèse de M. Cor- dier, laquelle ne rend pas un compte parfaitement satisfaisant, du moins à notre avis, d’éruptions résultant d’une pression com- mune à toute la masse liquide intérieure , et cependant se pro- duisant quelquefois par des orifices volcaniques très élevés , tan- dis que d’autres , qui le sont beaucoup moins , restent en repos. Ces circonstances, qu’on est réduit à expliquer par les oscillations résultant dans la masse liquide de la détente et du ressort des gaz comprimés dans les cavités internes de l’écorce du globe, sont peu conformes aux lois des siphons. L’intervention des eaux su- perficielles viendrait les expliquer en partie. Ainsi, par exemple, si on supposait le point d’arrivée de l’eau plus haut d’une quan- tité suffisante dans la cheminée volcanique du Yésuve que dans celle du pic de Ténériffe , on pourrait comprendre pourquoi le pic de Ténériffe, quoique trois ou quatre fois plus élevé que le Vésuve, peut faire éruption, tandis que ce dernier volcan reste en repos ou ne jette que des vapeurs. La différence de ni- veau des points d’arrivée de l’eau dans les cheminées volcaniques donnerait même la clef de la plus grande fréquence des éruptions dans certains volcans que dans d’autres. Ceux dans lesquels l’is- sue du canal d’introduction de l’eau serait placée plus bas, et par conséquent déboucherait plus près du niveau ordinaire des ma- tières minérales liquides, devant naturellement provoquer plus souvent des éruptions , produiraient de plus fréquentes déjections, et par suite une accumulation plus grande de matières et une SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. 43 plus grande élévation du cratère. Les circonstances particulières au Stromboli tiendraient à ce que dans sa cheminée le point d’ar- rivée de l’eau est placé un peu au-dessous du niveau général ordinaire des matières minérales liquides. Du reste , cette dernière manière d’expliquer la présence de l’eau dans les volcans, dans un système que nous n’adoptons pas, n’est qu’une réduction, et peut même être un des cas particuliers du mode de production du phénomène tel que nous l’avons in- diqué précédemment. Mais comme nous ne considérons pas la contraction superficielle de l’écorce du globe comme étant , au- jourd’hui du moins, plus grande que celle de sa masse intérieure, nous croyons devoir nous en tenir, comme plus probable, à l’idée du mode plus général de génération des phénomènes telle que nous l’avons développée. De quelques conséquences de la contraction des roches pluto- niennes , et du granité en particulier , dans leur changement d'état ; par M. Angelot. Le recueil de MM. Léonhard et Bronn contient (1) le résultat d’expériences curieuses faites par M. Gustave Bischof sur la con- traction des roches plutoniennes dans leur passage de l’état de fluidité ignée à l’état solide et cristallin. Ce savant a trouvé que cette contraction était pour le granité de 1/4 de son volume ; pour le trachyte d’un peu moins de 1 /5, et pour le basalte d’un peu plus de 1/10. Yoici du reste exactement les chiffres par lui donnés : . Volume à l’état Volume à l’état de fluidité ignée. solide et cristallin. Granité ...... 1,0000 . 0,7481 Trachyte 1,0000 0,8187 Basalte. ...... 1,0000 ........ 0,8960 Malheureusement, dans sa trop courte lettre à M. de Léonhard , M. G. Bischof n’indique guère que les résultats de ses expériences et donne très peu de détails. Il ne dit pas notamment la tempé- rature à laquelle il a mesuré le volume des roches après leur so- lidification ; mais il y a tout lieu de croire que c’est à la tempéra- (i) Neues Ialirbuch fur minéralogie , geognosie , géologie, etc., von Léonhard und Bronn. 1 84 i . N° 5, pages 565 566. Stuttgart. Soc. géol. Tome XIV'. 4 50 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. ture ordinaire, ou tout au moins quand il a été possible de toucher le corps solidifié. Quoi qu’il en soit , ces résultats me pa- raissent fort intéressants pour la géologie ; et je crois devoir vous présenter quelques considérations sur les conséquences qui en dé- coulent. J’ai admis ( Bulletin, tom. XIÎI , pag. 380 ) que , dans ce que fai appelé la première période du refroidissement, l’enveloppe solide du globe terrestre avait pu se contracter plus que la masse liquide intérieure. Mais je considérais cette période comme ayant dû être assez courte. La prodigieuse contraction du granité dans son passage de l’état fluide à l’état liquide, telle que viennent de nous la révéler les expériences de M. G. Bischof , me porte à pen- ser maintenant que cette période , pendant laquelle il n’a pu y avoir tendance à la formation de chambres dans l’intérieur du globe, a pu avoir une très longue durée. Elle a pu se continuer pendant une partie notable du temps pendant lequel les granités se sont solidifiés. Or nous savons que la liquidité du granité, du moins dans quelques points du globe, a continué jusque assez avant dans l’époque tertiaire , c’est-à-dire jusqu’à une époque où la température moyenne superficielle du globe ne devait pas dif- férer très considérablement de ce qu’elle est aujourd’hui. Des filons de granité injectés dans des serpentines de l’île d’Elbe pen- dant l’époque tertiaire ne peuvent laisser de doute à cet égard. Je regarde donc comme extrêmement probable , sinon comme complètement certain , que le premier effet du refroidissement a dû être une contraction plus grande de l’enveloppe qui se soli- difiait que de la masse intérieure restée liquide. En effet, malgré mon penchant à croire à une certaine con- traction thermométrique du liquide intérieur, j’avouerai sans dé- tour combien me paraît invraisemblable l’énorme contraction qu’il faudrait attribuer à cette masse liquide encore incandescente aujourd’hui , pour admettre qu’elle n’ait jamais brisé son enve- loppe contractée par le refroidissement. Cette contraction aurait dû pour cela être au moins égale à celle du granité. Or celle du granité en passant de l’état liquide à la température moyenne actuelle , à laquelle je présume qu’a été mesuré par M. G. Bis- chof son volume après solidification est , ainsi que nous venons de le voir, de 1/4 de son volume à l’état liquide. Il en résulte nécessairement par contre que sa dilatation cubique entre lès mêmes limites de température est de 1/3 de son volume à la température moyenne actuelle. De la dilatation cubique du gra- nité on peut par le calcul déduire sa dilatation linéaire dans les* SEANCE DU 7 NOVEMBRE 1 842. 5Î mêmes limites. C’est ce que j’ai fait, et j’ai trouvé que cette di- latation linéaire est de 1/10 (1). Tous les géologues paraissent d’accord pour considérer les gra- nités comme les fondements de l’écorce du globe. Ils forment une couche concentrique qui enferme la masse liquide de toutes parts. Or, puisqu’ils se sont contractés par la solidification de 1/4 de leur volume , depuis l’instant où la première couche du globe a commencé à se former, il faudrait admettre , dans l’hypothèse d’une contraction plus grande de la masse liquide à partir de cet instant, que cette masse liquide a, depuis lors et presque subite- ment, perdu assez de calorique pour se contracter de plus d'un quart de son volume à ce moment initial ; autrement elle a du briser son enveloppe. Nous venons de voir pour le granité que cette contraction cubique du quart correspond à une dilatation linéaire de 1/10. Le globe terrestre se serait donc contracté linéai- rement d’une quantité au moins égale à 1/10 de son diamètre actuel, c’est-à-dire que son diamètre aurait été alors d’au moins 1/10 plus grand qu’il n'est aujourd’hui. L’hypothèse de la contraction de l’enveloppe plus grande à l’o- rigine ne donne pas lieu à la même invraisemblance; et, dans ce cas, le diamètre du globe n’a pu diminuer d’une bien grande quantité. En effet, si la masse liquide ne s’est pas ou s’est peu con- tractée alors, à chaque fois que l’enveloppe solide devenue trop étroite par suite de son refroidissement s’est déchirée, l’épanche- ment de la matière liquide dans les déchirures est venu en quel- que sorte mettre des pièces a cette enveloppe insuffisante et lui restituer la capacité nécessaire à son contenu. Ce n’est que plus tard, lorsque la température superficielle a eu subi un abaisse- ment considérable, que la contraction de l’écorce superficielle a dû devenir excessivement faible et inférieure à la contraction de la masse liquide intérieure. Les soulèvements , dus d’abord à la v contraction de l’écorce , ont pu seulement alors résulter des plis- sements successifs de cette écorce. C’est une seconde période du (ï) Le volume étant i avant la dilatation , sera , après la dilatation , ( 1 4- as)3, x étant la dilatation linéaire. Or, nous savons que ( î -f-#)3 = i i/3. En décomposant ce cube on a : ( î -|- x ) 3 — î -j- o x -f- 3 x2 -f- a?3 = î i/3, et l’on trouve que les valeurs x — o,i , x2 — o,oi , x 3 = o,ooi satisfont presque exactement aux conditions de cette équation. En effet on a : î -f o.3 -f- o,o5 -f- o,ooi = i,53i ou î i/o presque exactement. 52 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. phénomène , qui a pu amener un mode différent de production des mêmes effets. Peut-être doit-on considérer comme limite entre ces deux modes d’action et comme époque du commencement du second, celle où pour la première fois les eaux superficielles ont pu pénétrer dans le grand foyer général avec une pression suffi- sante pour jouer dans les éruptions volcaniques le rôle que nous leur avons attribué ailleurs. J’ai cherché , mais en vain , si la configuration actuelle du globe ne nous offrirait pas quelques grands traits propres à servir de pierre de touche à ces divers systèmes. Comme, du reste, on dé- duit également le soulèvement des chaînes de montagnes suivant la direction de grands cercles de la sphère , et même la perpendi- cularité deux à deux de ces soulèvements signalée par M. Le- blanc , de l’hypothèse de la contraction et de celle de la non-con- traction de la masse liquide intérieure du globe , il est peut-être d’une réserve prudente de maintenir encore dans la science ces deux hypothèses en présence, jusqu’à ce qu’on ait découvert quel- que fait nouveau qui trancherait plus nettement la question. C’est ainsi que , pour la théorie de la lumière, ont été long-temps et sont même encore en présence dans l’optique le système de l’émission et celui des ondulations. Dans la séance du 6 juin dernier ( Bulletin , tome XIII, page 380 — 381), j’ai signalé à l’attention de la Société l’existence de veines saillantes de granité , d’espèces de nervures formant à la surface même des masses granitiques, aux environs de Caute- rets dans les Pyrénées, des rhombes et des losanges. J’ai émis l’idée que ces surfaces pourraient bien appartenir aux plus an- ciennes assises du globe terrestre. De nouvelles réflexions m’ont conduit à une seconde explication qui donnerait à ces veines une origine beaucoup plus récente ; mais toutefois je crois devoir ne la présenter qu’avec une extrême réserve. Ces veines saillantes formant des rhombes et des losanges ne se sont présentées à moi que sur des surfaces horizontales ou qui m’ont paru à peu près telles. Si elles eussent préexisté au soulè- vement, il est très peu probable que les masses granitiques sou- levées l’eussent été d’une manière assez régulière pour leur faire conserver cette horizontalité générale. Ce serait donc, à ce qu’il me semblerait, un phénomène contemporain du soulèvement, ou qui l’aurait immédiatement suivi. Ces veines n’auraient pas plus préexisté au soulèvement qui a fait apparaître au jour ces grani- tés, que les formes prismatiques n’ont préexisté dans les basaltes à leur épanchement à la surface du sol. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1812. 53 Les colonnades basaltiques, du moins celles que j’ai vues, n’ont de hauteur qu’un certain nombre de mètres. Au contraire, l’é- paisseur des masses granitiques en général , et de celles de Caute- rets en particulier , nous est complètement inconnue, et doit se compter probablement par myriamètres. Il en résulte que les masses basaltiques , relativement assez minces , s’étant étendues sur le soi, ont été saisies par le refroidissement simultanément par la face supérieure, par la face inférieure, puisqu’elles ont coulé sur un sol déjà refroidi, et même par les côtés. De la sorte, quand de faibles fendillements ont commencé par les retraits à la partie supérieure , qui était la surface de plus grand refroidisse- ment, l’intérieur n’était déjà plus liquide, ou plus assez liquide pour remplir les fissures et relier ainsi les prismes entre eux; ce dont, je crois, on ne trouve en effet aucune trace. Mais il n’en aurait pas été de même pour les granités. La contraction cubique du granité dans son changement d’état est deux fois et demie, et sa dilatation linéaire près de trois fois aussi considérable que celle du basalte. En outre, les masses granitiques lors de leur ap- parition au jour n’étant saisies par le froid que par la partie su- périeure et restant en communication avec le foyer intérieur, les retraits auraient dû être nécessairement plus considérables , les fentes plus grandes dans la surface, qui se serait gercée après la solidification. Le granité, encore liquide à peu de profondeur, aurait pu surgir par ces fentes, et relier ainsi par un nouveau ci- ment granitique les parties disjointes, les prismes granitiques ; puis ce ciment lui-même, assez promptement refroidi et solidifié, aurait présenté un peu plus de résistance à l’action du temps que les prismes qu’il avait réunis. Il a produit alors en relief à la sur- face, les veines dessinant les rhombes dont la vue m’a frappé , et qui sont en quelque sorte la contre-empreinte de prismes à base de parallélogrammes obliquangles. Mais notre confrère , M. Yiquesnel , qui , comme nous, croit avoir remarqué l’horizontalité de ces veines saillantes dans les points que nous avons vus l’un et l’autre , pense que des systèmes de veines semblables qu’il a observés en montant au pic de Néouviel étaient placés sur des surfaces assez inclinées. La section oblique à la base d’un prisme droit à base rhombe peut encore présenter une surface rhombe , quoique avec des angles diffé- rents de ceux de la base. Aucune observation ne nous permet quant à présent de prononcer si ces prismes de granité, empâtés dans un ciment granitique, sont là perpendiculaires ou obliques à la surface générale de ces granités. Mais l inclinaison de cette 51 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. surface , si elle est considérable , ce que n’a pas du reste mesuré M. Viquesnel, ne semblerait guère pouvoir faire supposer là la position prise par un liquide, même pâteux, avant de se solidifier. C’est ce qui m’a engagé à n’émettre qu’avec une extrême réserve cette seconde explication , qui a quelque chose de plausible pour celles de ces veines que j’avais observées auprès du pont d’Espagne vers le lac de Gaube. Toujours est-il que ces veines horizontales ou inclinées ne peuvent laisser aucun doute sur l’origine ignée des granités ; qu’il est peu probable que les en- virons de Cauterets et de Barèges soient le seul point du globe où ce phénomène se soit produit , quoiqu’il n’ait été signalé en- core nulle part ailleurs. Il me semble en conséquence qu’il peut devenir pour les géologues voyageurs le sujet d’intéressantes ob- servations. Une autre considération qui n’est pas sans intérêt peut encore se déduire des expériences de M. G. Bischof. On a admis , assez généralement du moins, par suite d’une conception à priori, que, dans l’intérieur de la masse minérale liquide , les roches liquides avaient dû se ranger tout naturellement, dans l’ordre de leur pe- santeur spécifique. A l’appui de cette conception, on a fait la com- paraison de la pesanteur spécifique des roches dans l’ordre de leur apparition à la surface du globe. C’est ainsi que l’on a fait remar- quer que la pesanteur spécifique du granité est plus faible que celle du basalte et des laves. Les divers degrés de contraction des roches dans leur passage de l’état liquide à l’état solide observés par M. Bischof viennent donner à ce fait une plus complète dé- monstration et expliquer même des anomalies apparentes. Ainsi , en cherchant la pesanteur spécifique du granité et celle du tra- chyte, d’après la nature et les proportions des éléments minéra- logiques qui les composent et la pesanteur moyenne de chacun de ces éléments, on trouve en les rapprochant de celle du basalte : Pesanteur spécifique Pesanteur moyenne. spécifique Ç feldspath. . . 3/5 . . . 2,6\ ***'• Granité composé de < quarz, plus de 1/5 . . .- 2,7 > 2,66 (mica, moins de 1/5 . . . 2,8; Trachyte composé de feldspath vitreux ou de ryaco- lithe et quelque peu de mica, etc 2;65 Basalte - 3,00 On voit dans cette comparaison le granité avoir un poids spé- cifique égal ou même un peu supérieur à celui du trachyte, SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. 55 ce qui semble contraire à l’ordre des pesanteurs spécifiques , puisque le trachyte est bien postérieur , c’est-à-dire d’une couche bien plus profonde que le granité. Mais l’anomalie disparaît, si l’on fait attention qu’il ne s’agit ici que des pesanteurs spécifi- ques à l’état solide, et si l’on a recours à la comparaison des pesanteurs spécifiques de ces roches à l’état liquide. La mesure donnée par M. Bischof de leur volume après la contraction, rap- porté à leur volume respectif avant la contraction, nous permet d’y remonter facilement. Ainsi l’on trouve : Pesanteur spécifique i Volume après contraction Pesanteur spécifique à p.ar le passage à l’état solide. de l’état liquide à l’état solide. l’état liquide. Granité. . . . . 2,66 X 0,7481 = 1,99 Trachyte. . . . 2,65 X 0,8107 = 2,17 Basalte. . . . . 3,00 X 0,8960 = 2,69 Yoilà donc l’anomalie apparente disparue, et le fait des roches liquides placées dans l’ordre des pesanteurs spécifiques recevant une nouvelle et plus puissante confirmation. On a déjà fait la remarque que , dans les roches , la quantité d’oxigène paraît aller en diminuant à mesure que l’on s’enfonce. La même diminution graduelle paraît s’appliquer à la silice , d’a- près les exemples ci-dessus, et la contractilité des roches paraît aussi diminuer avec la proportion de la silice. D’un autre côté , il semblerait y avoir jusqu’à certain point dans les roches, avec une diminution de la proportion de l’oxigène , de la silice et de la contractilité , une augmentation à peu près corrélative de la quantité du fer comme élément chimique. Il est remarquable que précisément, suivant M. Biot , ce métal augmente de volume en se solidifiant. Cependant l’assertion de cet illustre physicien pa- raît contredite par l’existence de chambres, qui ne sont pas rares dans les boulets de fer , au dire de Buffon. Si l’on admettait la continuation progressive des mêmes faits , on arriverait comme dernier terme de cette progression pour le centre de la terre à quelque chose d’analogue aux masses de fer météorique , dont le fer forme les neuf dixièmes , tandis que le silicium n’y offre plus que des traces presque insensibles aux plus délicates analyses, et que l’oxigène a complètement disparu. H y a déjà long-temps que dans un travail sur les aérolitlies, des considérations du même genre m’avaient porté à voir dans les masses de fer météo- rique des noyaux de petits astres dépouillés de leur croûte oxi- génée. 56 SEANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. Après cette communication , M. de Wegmann fait remar- quer que les eaux qui sourdent en mer à une grande dis- tance des côtes proviennent nécessairement du continent, comme Davy l’avait, déjà dit. M. Angelot répond que dans son hypothèse il n’est pas seulement question de l’introduc- tion de l’eau dans les cavités souterraines , mais encore de la combinaison de cette eau avec les matières incandescentes intérieures à l’état liquide. M. Michelin rappelle à ce sujet la proximité de la plupart des volcans des bords de la mer. M. dePinteville communique la lettre suivante de M. deli Zigno. Note sur les terrains tertiaires des environs de T révise et de Padoue. En prenant la liberté d’adresser à la Société un petit essai sur les terrains de sédiment qui reposent inclinés sur les pentes des montagnes situées entre la Brenta et la Piave , lesquels ont élé le sujet d’un Mémoire sur les terrains des environs de Trévise , dont je fis hommage l’année dernière à eette illustre réunion , qu’il me soit permis de revenir sur les matières déjà traitéës dans ce Mé- moire, pour y ajouter quelques corrections et quelques dévelop- pements que je soumets au jugement des membres qui composent ce corps scientifique. D’après ce Mémoire , les conclusions déduites de mes observa- tions tendaient à établir que le soulèvement de nos Alpes était ar- rivé après le dépôt de la craie, parce que l inclinaison et les con- tournements de ce terrain, faciles à vérifier partout où les fleuves et les torrents ont coupé à angle droit la direction de la chaîne^ dénotent le dérangement subi lorsque les formations sous-ja- centes furent soulevées. L’horizontalité de la dolomie n’est point générale sur nos Alpes , et quand elle léserait , cela ne serait point une raison suf- fisante pour faire repousser l’idée de leur soulèvement. Il ne me semble pas à propos de souscrire à l’opinion que le soulèvement d’une chaîne de montagnes doive être exclusivement indiqué par la présence des roches ignées qui la traversent , parce que souvent ces roches peuvent avoir poussé à une grande hauteur les couches supérieures sans les déchirer, et de manière à paraître aux yeux de l’observateur. Et c’est précisément dans les soulève- ments produits de cette façon , que les strates, courant sur la ligne SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. A7 centrale d’une chaîne soulevée , présenteront le moins d’indices de commotion, et se montreront plus ou moins horizontaux, ou seulement arqués, tandis que ceux des pentes seront déchiquetés par de nombreuses fentes , fortement inclinés vers les plaines cir- convoisines, et pliés et contournés en sens divers. Pour cette raison , sur les cimes des Muschiè, au nord de Pas- sagno , il sera facile de distinguer les couches de calcaire magné- sifère inclinées au sud , et parallèles à celles de la craie, qui , pré- cisément au point où l’on arrive à la plaine , est fracturée , repliée et rendue verticale, ou, pour mieux dire , relevée sur toute la ligne où agit la force qui fit surgir cette chaîne. La localité indiquée est très avantageuse pour distinguer les rapports de gisement des roches de sédiment ; car , entre la Brenta et la Piave , on ne voit point ces roches ignées qui , à l’ouest de la Brenta , dans le Vicentin , dans le Véronais , et dans les environs de Padoue , bouleversèrent particulièrement les terrains crétacés et tertiaires , et s’intercalèrent au milieu de leurs couches. Ces derniers terrains forment une ligne de collines qui s’éten- dent en forme de dunes en avant des Alpes , depuis Bassano jus- qu’à Frioul, et se composent de deux groupes , l’un supérieur , l’autre inférieur. Le premier appartient au terrain subapennin, et se compose de ces conglomérats à fragments de diverses grosseurs , dont les bancs puissants forment les hauteurs sur lesquelles est situé Bassano , celles de Promano , et le versant méridional des collines d’Asolo, de Crespignana , de Coste et de Masèr. Sous ces couches s’étendent des poudingues à fragments plus minces , des grès, des sables jaunes plus ou moins cohérents, qui alternent à plusieurs reprises avec des marnes grises. Plus bas , les sables contiennent des nodules aplatis de calcaire sablonneux , et des bancs d’huîtres , sous lesquels paraît le lignite , dont les couches de 3 à 4 pieds de puissance occupent une ligne d’envi- ron 7 milles , à partir de S. Zenone jusqu’à la Piave. Le groupe inférieur présente sous un calcaire sablonneux, avec empreintes de Carclium , le calcaire grossier avec Pennes, Peignes, et JNummulites, lequel alterne avec les couches minces d’un grès gris , qui s’élève sur des marnes avgileuses , avec Dentales , Tur- ritelles , Mactres , Turbinolites, Solen , etc. Vient ensuite un cal- caire très nummulitique , avec Echinus , lequel alternant avec des grès peu cohérents, forme le complément des couches ter- tiaires qui reposent sur les bancs très puissants de marnes, qui s’adossent au pied des Alpes, et qui contiennent en abondance les 58 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1842. fossiles ci-dessus , plus des Cariopliyllées , des Fuseaux, et des Strombes. Ces deux groupes sont inclinés vers le sud , et suivent la direc- tion et l’inclinaison des couches supérieures de la craie. Une série de recherches attentives , répétées l’automne dernier, dans les localités ci-dessus indiquées, m’autorisent à embrasser l’opinion que le dernier mouvement général qui éleva les monta- gnes voisines à la hauteur où nous les voyons actuellement , a eu lieu après le dépôt du terrain tertiaire le plus récent. D’après ce que j’ai l’honneur d’exposer ici , on s’apercevra que mes observations sur le Trévisan ne sont que la confirmation de ce qu’avança en 1829 M. Murchison , lequel trouva un adversaire fortement opposé à ses idées dans la personne de M. Pasini. Néan- moins, ce dernier géologue reconnut plus tard la justesse de l’or pinion du naturaliste anglais, comme le démontrent clairement les conclusions du discours sur les Alpes vénitiennes, qu’il prononça au congrès des savants italiens à Pise , conclusions par lesquelles il établit que cette chaîne a acquis la forme et l’élévation qu’elle présente actuellement par le moyen d’une longue série de soulè- vements partiels , commencée à une époque géologique des plus anciennes, et continuée probablement jusqu’après le dépôt du terrain alluvial. J’espère que M. Pasini voudra bien m’accorder que le soulève- ment qui dérangea tous ces terrains , en leur donnant dans tout cet espace une inclinaison générale , uniforme , formant un angle droit avec la direction de la chaîne, doit avoir été étendu, général, et peut-être le plus grand et le plus violent de tous ceux qui en remuèrent les diverses formations , et bien différent de ce qu’o- pérèrent les éruptions partielles du Yicentin et du Paduan , mais plus en rapport avec les phénomènes du Tyrol. Le terrain subapennin ne s’étend pas avec une égale uniformité à l’ouest de la Brenta. De ce côté , il manque la plupart du temps; il ne reste alors que le groupe inférieur ci-dessus décrit, avec in- tercalation de roches basaltiques. Aux monts Euganéens, ces roches intercalées sont trachytiques. L’existence du terrain tertiaire dans ce dernier groupe de mon- tagnes si intéressant, était niée par le chevalier da Rio, auteur de Y Oryctologie eugcinéenne , quoique le professeur Catullo , dès l’an- née 1828, eût fait connaître les fossiles tertiaires de la pépérite de Teolo , et que j’eusse annoncé moi-même dès 1833 que les marnes grises et le calcaire grossier, quelquefois très nummulitique, occu- SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1812. 59 paient les bassins circonscrits par les collines de Teolo, Pendise , Forchè et Castelnuovo Postérieurement, le professeur Doderlein etM. Pasini confirmèrent l’existence des terrains tertiaires sur les monts Euganéens. Ils se composent de marnes et de grès, de calcaire sablonneux nummulitique , contenant des grains de silicate de fer et quelques Peignes, de calcaire grossier , à couches d’une médiocre épaisseur, le tout coupé par des filons basaltiques et trachytiques. Ces nouveaux faits , qu’il est facile de vérifier sur les lieux , tendent à fixer l’époque de l’émersion des monts Euganéens , et à établir qu’elle est postérieure au dépôt du terrain tertiaire moyen. Ils tendent également à empêcher pour l’avenir toute divergence d’opinion sur le mode d’émersion du trachyte qui les souleva et les sillonna en tous sens de filons , de fi Ions-couches et de coulées. Séance du^X novembre 1842. PRÉSIDENCE DE M. L. CORDIER. Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la der- nière séance dont la rédaction est adoptée. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part de M. Aie. d’Orbigny, sa Paléontologie fran- çaise , livraisons 4-8 des Terrains jurassiques , et 45-51 des Terrains crétacés. De la part de M. Léopold de Buch , son ouvrage intitulé : Ueber productus oder let'tœna ( du productus ou leptæna ). In-4°, 42 pag. , 2 pl., Berlin, 1842. De la part de M. Ph. Matheron , son Catalogue méthodique et descriptif des corps organisés fossiles du département des Bouches-du-Rhône , etc., lre livraison, 95 pag. 13 pl. , Mar- seille, 1842. De la part de M. L. Agassiz , son ouvrage intitulé: La theorie des glaces et ses progrès les plus récents (Extrait de la Bibliothèque universelle de Genève ) , in -8°, 24 pag. , 1 842. De la part de M. Murchison , son ouvrage intitulé : On 60 SÉANCE. DU 2! NOVEMBRE 1842. the tchornoi zem , etc. (Sur la terre noire des régions cen- trales de Russie). In-8°, 15 pag.; Londres, 1842. Delà part de M. W. Hopkins, ses Recherches sur le mou- vement des glaciers. In-80, 28 pag.: Cambridge, 1842. La Société reçoit en outre les publications suivantes : Comptes-rendus de V Académie des sciences , t. XV, nos 1 9 et 20. Mémorial encyclopédique , n° d’octobre 1812. L'Écho du Monde savant , nos 36-39. U Institut y n04 4 6 3, 464. Bulletin delà Société impériale des naturalistes de Moscou , année 1840 , nos 1 et 2 , avec planches. The Athenœum \ nos 785 , 786. The Mining Journal , n° 378. Enfin M. Aie. d’Orbigny offre à la Société la carte géné- rale de la république de Bolivia , dressée par lui, d’après ses itinéraires relevés dans le cours des années 1830-1833 , double in-folio; Paris, 1839. M. Michelin offre au nom de M. Mauduyt, de Poitiers, le moule en plâtre d’un poisson trouvé dans la formation oolitique du département de la Vienne. M. de Wegmann lit la lettre suivante qui lui est adressée par M. Boué. Il faut aussi vous donner quelques nouvelles scientifiques. M. le professeur Haidinger a découvert des traces de pas de tortues (?) ou au moins d’amphibies sur le grès viennois , près de Waidhofen, en Autriche inférieure, ainsi que sur les roches arénacées du même dépota Laposbanya, en Transylvanie. — - Il a continué ses observations sur la position des houilles du grès viennois et de Gosnu ; ce précieux combustible se trouve très fréquemment près du contact des grès et des grandes masses calcaires des Alpes autri- chiennes. Quelquefois ces couches arénacéo-charbonneuses , incli- nées toujours assez fortement, plongent sous les montagnes cal- caires ou même sont recouvertes de fait par les calcaires, comme entre Meierling et Alland, à 1*0. de Baden , en Basse-Autriche, etc. Ailleurs elles se trouvent même enchâssées , pour ainsi dire , entre le commencement ou le rebord d’un énorme dépôt calcaire, comme , près de Mahrersdorf , au pied du mont Wand ( au SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 61 S. deYienne) ; tandis que dans d’autres localités les grès charbon- neux du grès viennois sont à une certaine distance des massifs du calcaire secondaire où les rapports des deux dépôts restent obscurs. — Depuis mes mémoires sur les Alpes autrichiennes , et même depuis ceux de MM. Murchison et Sedgwick , les localités d’exploitation de houille dans les grès viennois se sont beaucoup multipliées, à cause de l’emploi de ce combustible pour les fa- briques , les locomotives et les bateaux à vapeur. Comme la qualité du charbon varie, et surtout comme ses lits n’ont pas toujours cette persistance et cette régularité des couches houil- lères anciennes , ces mines sont des entrepr ises plus ou moins bonnes. D’une autre part, la géologie profite de ces déboursés d’argent, et elle apprend des choses qu’elle ne pouvait déduire des observations sur la surface du sol , en même temps que la botanique fossile s’enrichit de nouvelles conquêtes. — Quant à la position du grès viennois , relativement à tout le rebord septentrional des calcaires secondaires des Alpes autrichiennes et bavaroises, quoique M. Keferstein se soit prononcé, depuis nombre d’années , pour placer les calcaires sur les grès , je ne re- garde pas encore cette question comme suffisamment éclaircie , car bien que je connaisse des superpositions très inclinées comme au S. de Stayer , etc. , je me demande toujours si ce ne serait pas un renversement. D’une autre part, si M. Keferstein avait raison, devrait-on placer toute la bande calcaire des Alpes sur le grès viennois, ou quelle partie de cette bande serait seule plus récente que le grès viennois ? Ensuite , entre les schistes cristal- lins et les montagnes calcaires secondaires règne une zone aréna- cée rougeâtre de grès, de schistes arénacés, etc., depuis le Vor- arlberg jusqu’en Styrie ; or ce dernier système n’a aucun rapport ni minéralogique ni palæontologique avec le grès viennois, ses fucoides , ses Ammonites, ses Bélemnites, etc. Ces assises rouges, établissant des passages du grès au quarzite et du schiste arénacéà un schiste argileux micacé , sont des roches en partie métamor- phosées, et leurs seuls fossiles sont surtout de petites bivalves du genre des Pholadomyes ou voisines.de ce genre. Nous ne se- rions point surpris que des voyageurs géologues , ayant récem- ment visité Saint-Cassian et Passa , n’aient raison en voulant re- trouver ces Pholadomyes dans les couches argilo-arénacées rouges sous les calcaires et les dolomies du Tyrol méiidional. Serait-il permis de rapprocher le système rouge du keuper, ou du grès du lias , vu qu’il est recouvert , en Tyrol , de roches à fossiles (pois- sons, etc.), si ce n’est basiques au moins des ooîites inférieurs ?ou 62 SÉA.NCE DU 21 NOVEMBRE 184 2. bien ce système rouge serait-il déjà une dépendance du domaine considérable du grès vert, ou de la formation crétacée , dont le grès viennois serait une autre énorme assise? Le grès viennois , et surtout carpathique , ne renferme-t-il pas des masses , les unes parallèles à l’époque crétacée , et les autres parallèles au moins à une certaine portion des calcaires jurassiques, comme je l’ai avancé depuis long temps ? Telles sont les questions non résolues encore. Les Alpes , terrain bouleversé et gigantesque, ne sont pas les falai- ses duYorkshire ou du Devonshire; il faut donc avoir patience et continuer à recueillir des faits. Un jour la vérité ne pourra man- quer de jaillir, lorsque les observateurs d’Autriche et du Tyrol seront parvenus à donner la main, en Suisse, aux Studer et aux Escher. Comme opinion personnelle , je ne voudrais m’aventurer à présent qu’à prétendre qu’on aurait tort de réunir en un seul dé- pôt les grès des Alpes secondaires ; je pense toujours , comme déjà le faisait M. Riepl, en 1820, qu’il y a dans les Alpes plusieurs dé- pôts secondaires de grès à fossiles ou végétaux, et que les calcaires secondaires en renferment dans leurs énormes assises des couches plus ou moins épaisses. Ainsi, sans parler des grès de Gosau, je puis citer les grès coquilliers , près du dépôt salifère de Hall , en Tyrol et dans le Lavatscherthal , au J\. de Hall , ainsi que vers le Vorarlberg Enfin au contact du grès viennois et des calcaires secondaires des Alpes, il y a des alternances des deux dépôts, mais elles sont en très petit nombre. — Les masses de grès distribuées dans les Alpes calcaires de l’Allemagne ne sont donc point des lam- beaux d’un seul et unique dépôt placé dessous ou dessus les cal- caires , et déchiré par les soulèvements des Alpes ; opinion qui pourrait séduire au premier abord une imagination trop ardente, et qui n’est pas étayée d’observations suffisantes. Sur le bord septentrional des Alpes allemandes , règne le grès yiennois; sur le bord S., vers la chaîne de schistes cristallins, le système bien différent des roches rouges ; en même temps , dans la zone calcaire il y a des bandes et des oasis de grès. La Théorie glaciale de M. Agassiz fait tant de fracas, les gazettes mêmes ont la bonté de nous tenir si au courant , soit de la dispute ridicule de priorité élevée par Schiinper , soit des événements de l’hôtel des INeuchâtelois , sur le glacier de l’Aar, que le commun des mortels doit , ou sourire , ou penser qu’il s’agit de quelque découverte de premier ordre. Je ne sais si vous savez ce que Goethe a dit sur ce chapitre des hypothèses dans son Meister Wilhem. A propos d’une discussion sur l’origine des blocs erratiques il dit : «Enfin, deux ou trois as- SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 63 » sistants voulaient appeler à leur secours une époque de froid » extrême , et des glaciers s’étendant depuis les plus hautes mon- » tagnes, dans les plaines comme dans les plans inclinés , pour le j » charriage des blocs primitifs pesants: ainsi ils voyaient ces der- » niers poussés toujours plus loin sur ces surfaces polies. A l’épo- » que du dégel, ces blocs se seraient déposés sur les terres et y » seraient restés éternellement sur un sol étranger. » Dans le vol. LI, p. 1 29 de ses œuvres , Gœthe rejette l’idée d’un transport violent des blocs en Suisse et en Savoie , et ajoute : « Nous disons qu’il y a eu une époque de grand froid , environ » dans le temps que les eaux couvraient encore le continent à la I » hauteur de mille pieds , et que le lac de Genève communiquait « encore avec la mer du Nord lors du dégel. Les glaciers de Savoie ! » descendaient beaucoup plus bas jusqu’à la mer, et les longues | » traînées de pierres, les moraines descendant aujourd’hui des » glaciers ont bien pu s’étendre le long des vallées de l’Arve et » de la Dranse, et apporter jusqu’au lac, dansleur état naturel et » sans angles émoussés , les roches qui se détachèrent dans leurs >» parties supérieures, etc. » Quant aux blocs Scandinaves , Gœthe n’est pas éloigné d’adop- ter l’idée de leur transport par des glaçons flottants ; « car , dit— >» il, il passe encore beaucoup déglacés par le détroit du Sund , » qui charrient avec elles des masses primitives arrachées à ses bords » rocailleux. Si nous reconnaissons dans l’Allemagne septentrio- nale des roches primitives de Scandinavie , il ne s’ensuit pas » qu’elles en proviennent , car les mêmes roches peuvent avoir » affleuré au dessus du sol , des deux côtés de la Baltique. » Sup- posant des rochers et des récifs pareils sur ce sol peu ondulé et large, Gœthe dit: «Si un grand froid couvrait de glace la plus grande i » partie de l’Allemagne septentrionale, pendant que les eaux au- » raient un niveau de 1000 pieds, on peut penser qu’au dégel les » glaçons poussés l’un contre l’autre ont pu occasionner de gran- » des destructions , et par des ouragans venant du N. -O. et de l’E. » les blocs de granité tombés sur les glaçons flottants ont dû être » portés plus au S. » Aussi M. Agassiz n’a pas eu de peine à tran- quilliser son ex-ami Schimper, et à lui ôter, avec cette citation de Gœthe , toutes les douceurs de porter une couronne immortelle. Si les divers observatoires établis cet été sur le sol glacé des Alpes fixent définitivement bien des questions sur les glaciers , et mettent au néant certaines objections contre ce qui était connu souvent de tout le monde ; d’une autre part, on ne doit pas être surpris de voir tous les géologues en émoi, parcourant leurs en- I f> 4 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. virons comme leurs cahiers de notes, quand M. Agassiz avance « qu’avant l’apparition des Alpes , la surface de l’Europe était „ couverte de glace, au moins depuis le pôle N. jusque vers les » bords de la Méditerranée et de la mer Caspienne. N’ajoute-t-il » pas de plus , que l’idée d’une diminution uniforme et constante ,, de la température de la terre , telle quelle est admise , est tel- >, lement contraire à toute notion physiologique , qu’il faut la re- » pousser hautement pour faire place à celle d’une diminution de » température accidentée , en rapport avec le développement des » êtres organisés qui ont paru et disparu les uns à la suite des » autres , à des époques déterminées , semaintenantà une moyenne » particulière pendant une époque donnée et diminuant à des ,, époques fixes? » (Biblith. de Genève , déc. 1837, v. XII p. 385.) Si cette manière devoir était vraie (Bibliotli., p. 386), nous qui sommes au pied de montagnes s’élevant encore actuellement en- tre 6 et 7000 pieds, nous devrions trouver des traces de moraines, ne fût-ce pas dans les plaines , au moins dans les vallées ; or , nos géologues ici n’ont rien vu de semblable. M. de Charpentier lui- même a été cet été ici , et m’a dit aussi n’avoir rien vu de sembla- ble en Autriche ; cependant où les glaciers auraient-ils pu se pro- mener plus librement que dans notre bassin , dans le fond du bateau hongrois ou dans les steppes de la Russie méridionale ? Dans ces fonds d’anciennes mers ou de lacs , on ne trouve que des dépôts horizontaux de cailloux, ou même en Hongrie que du Loess , sans cailloux un peu volumineux. Si des blocs ont pu se noyer dans le lac Léman , si Agassiz avait découvert la vérité , nous devrions trouver au moins quelque malheureux petit bloc resté également dans ces plaines ; or, ce n’est pas le cas ! Dans les vallées des Alpes nous voyons çà et là des traces de vallées à plu- sieurs étages, ou même de grands dépôts (Talluvions aveç les di- gues plus ou moins méconnaissables d’anciens lacs. M. Agassiz ne nous donne pas les moyens de distinguer toujours les moraines de ces terrasses de débris, qui indiquent la présence ancienne de lacs et l’abaissement par secousses de leurs eaux ; il n’en parle point au long comme il le devrait ; ou classerait-il par hasard dans ses moraines des cas aussi évidents que ceux des bords du Léman ou de la vallée Glen-Roy , en Ecosse ? Je sais bien que j’ai déjà touché cette objection l’an passé; mais comme je vois qu’on ne s’en occupe pas, j’v reviens pour arrê- ter autant qu’il est en moi le cours qu’a pris déjà ce torrent théo- rique. Peut-on résoudre l’objection? à la bonne heure; les fleg- matiques de mon bord y applaudiront avec autant déplaisir qu’ils SEANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 65 ont reconnu la justesse des vues de MM. Yenetz, de Charpentier et Agassiz sur l’extension que certains glaciers suisses ont eue jadis, et sur les moraines qu’ils ont laissées; par exemple, dans la vallée entre le lac de Br ienz et le Grimsel , dans le Valais , etc. Quant aux stries sur les parois des rochers, leur direction nous paraît également explicable par le mouvement et la direction que les eaux devaient avoir ; bien entendu que je parle ici des grands sillons dans les très grandes vallées. Les petits sillons particuliers sont un effet des glaciers dans les vallées des Alpes suisses et de Savoie. Enfin, le système deM. Agassiz n’est complété que par son hy- pothèse sur une succession de différentes créations totalement dé- truites et totalement reproduites alternativement au moyen de changements subits du chaud au froid et du froid au chaud. Mais si cette théorie était la véritable , chaque époque géologique au- rait eu sa faune et sa flore, et il paraîtrait à priori bien peu pro- bable qu’une seule espèce de plantes ou d’animaux eût existé dans deux époques différentes. Mais nous avons des exemples sembla- bles , même parmi les mammifères, dont certains sont en même temps de l’époque alluviale et de l’époque tertiaire ; avons-nous donc besoin de parler des mollusques et des plantes? Qu’on veuille bien nous éclairer à cet égard , et nous apprendre comment de tels faits sont conciliables avec la théorie de ces alternatives de vie et de mort totale. Comment même des animaux microscopiques de V époque crayeuse etdu monde actuel aufaient-ilspu échapper à ce manteau completde glace, dont la malheureuse Europe aurait été enveloppée pendant si long temps, sans parler des chutes diverses de température qui auraient dû avoir lieu, d’après M. Agassiz, depuis l’époque de la craie jusqu’à son froid polaire ! — Si M. Agassiz avait raison , et que la température eût baissé si subitement , je deman- derais aussi si on ne serait pas en droit de retrouver dans les par- ties les plus anciennes des glaciers des ossements de quadrupèdes éteints , comme on en a découvert dans les glaces de Sibérie; or, ce cas ne s’est pas encore présenté; donc on a déjà une circon- stance négative pour ne pas identifier les glaciers des Alpes avec les glaces polaires. Les ossements de grands mammifères sont répandus en Europe, dans le Loess ou dans des dépôts de gravier ou de cail- loux, qui portent toutes les preuves d’un chaînage, d’une accu- mulation par l’eau, et non par des glaciers et des glaçons flottants. Lesalluvions modernes ne sont sur une autre échelle que la contre- partie entière des alluvions anciennes, et jusqu’ici aucune partie de la géologie ne pouvait être appelée à plus juste titre un dogme Soc • géol. Tom. XIV. 5 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 6(> fondamental de la science; leur étude a été faite sur tout le globe* c’est-à-dire sur toutes ses parties connues, tandis que la théo- rie des glaciers couvrant l’Europe n’est fondée réellement que sur des observations faites en Suisse, ou si on veut faites sur ce pays et son entourage. Parcourez d’abord toute l’Europe, pesez, comparez les effets de chaque cause , et ensuite bâtissez-nous un édifice théorique solide; déjà trop souvent notre science a souffert de vues trop restreintes ou trop locales. Un M. Plagge a donné, en 1837 , un mémoire intitulé Impres- sions de pas d’animaux de divers genres et même d’homme, sur la surface du grès secondaire d’Istberg, près de Bentheim (Westpha- lie). (V oy. Hannov ers die Magazin , pour 1837, p. 476.) Comme je ne vois citer nulle part cette notice, elle est au moins à prendre ad referendum , dans un moment comme celui-ci , où on trouve des pas d’animaux dans tant de pays et de différents dépôts. Vous connaissez probablement le mémoire de MM. Charles Koch et Ernest Schmidt, sur les pas d’animaux, dans le grès bigarré de lena ( Die Faelirten Abdracke im bunten Sandstein bei lena , Iena, 1841, in-4° avec 4 pi.)* En fait de cartes géologiques, M. P. Partsch espère enfin livrer cet hiver sa grande carte géologique de l’arclii- duclié d’Autriche et de certaines parties adjacentes de la Bohême , de la Moravie, de la Hongrie et de la Styrie; la gravure de la carte est finie , reste le coloriage. Espérons une description avec cela. M. de Holger a publié cette année une carte géologique de la partie de l’archiduché d’Autriche, au-dessus du Mannhartsbei g ( Géog . Charte. Unter-Oesterreiehes oberlialb des Mardi artsbergs , avec une explication , 1842, 1 fr. chez Hubner, à Vienne). C’est la partie N. -O. de l’Autriche inférieure, vers la Bohême, pays très peu connu et visité , parce qu’il est hors des routes de commu- nication habituelles ; il n’y entrera que par le chemin de fer de Vienne à Linz , sur la rive gauche du Danube. Une société patriotique , ou d’hommes éclairés de la Transyl- vanie , a constitué un prix pour une carte géologique de ce pays; cette association réside à Hermannstadt. L’archiduc Jean a posé , au mois d’octobre , les fondements d’un nouveau bâtiment , à la place de l’ancien musée archéologique et d’histoire naturelle (le Ferdinandeum) d’Innsbruck , en T yrol ; sa Majesté Impériale a fait don de plus de 50,000 fr. pour cet édifice, et les Etats du Tyrol ne sont pas restés en arrière de leur prince. Cet été , ayant creusé un puits de 70 pieds à ma campagne de Voeselau , j’ai été amené à faire les remarques suivantes. Il faut que je rappelle que le terrain à percer est l’alternat de poudin- SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 67 gués , de grès sableux et de sables qui recouvre l’argile bleue , ou Tegcl du bassin viennois. Les couches de nos masses tertiaires, su- périeures , sont horizontales , et à Yoeselau , elles viennent s’adosser ou butter (?) contre le calcaire fendillé , plus ou moins dolomitique , des Alpes secondaires du pays. Le puits de ma campagne est en li- gne directe , environ à mille pas , des falaises ou rochers du cal- caire secondaire. Gomme nos dépôts tertiaires horizontaux sont dominés par des cimes calcaires, et que le Tegel , à Vienne, au pied des montages degrés viennois, fournit un nombre immense de puits artésiens , on aurait pu croire à priori qu’il en devait être de même à Voeselau. Or , ce n’est point le cas. Après avoir traversé dessables et des graviers, pendant environ 9 pieds, nous avons percé à la poudre près de 2 toises d’un poudingue calcaire, et nous sommes arrivés à des sables nuancés, suivis d’une espèce de mo- lasse gris-bleu , très argileuse et presque sans mica. Des fossiles calcinés s’y sont trouvés, comme dans le Tegel'. c’étaient des bi- valves et univalves d’espèces connues dans le bassin ; une énorme P inné , de 9 pouces de long, d’espèce non déterminée, a été le coquillage le plus intéressant. Nous ne sommes arrivés aux sour- ces que vers la onzième toise , et dans le voisinage d’un banc d’ag- glomérat gris, à cailloux calcaires blancs. Cette couche est connue, dans la localité, sous le nom de pierre ci eau (Wasserstein), parce que les sources en jaillissent ou sortent surtout de dessous cette masse. Dans tous les puits de Voeselau , l’eau n’est que très faiblement ascendante; c’est-à-dire, que de 3 à 6 pieds d’eau dans un puits alimenté , en partie, par des sources sur son fond, en partie par des eaux coulant latéralement, est la quantité d’eau ordinaire. — Maintenant, je me suis de- mandé pourquoi à Vienne les eaux souterraines avaient une force ascendante si grande, que des puits ayant plusieurs toises d’eau , ou même à eau montante à la surface , y sont fréquents. Voici l’explication que je proposerai en attendant mieux. Les eaux souterraines du sol de Vienne sont alimentées par des eaux courantes s’engouffrant ou s’infiltrant dans la terre, ou par des eaux provenant des couches des montagnes du grès viennois , qui sont à l’O. et au S. -O. de la ville. Dans ces deux cas, les eaux infiltrées dans la terre et arrivées au milieu des argiles tertiaires dans des lits sableux paraissent former exactement, dans leur par- cours, le tuyau courbé d’un siphon. L’eau, ne rencontrant donc pas de roches fissurées, coule entre des masses de grès et d’argile, puis entre des couches d’argile, et peut remonter avec force envi- ron à la hauteur d’où elle est partie. D’une autre part, s’il paraît 68 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1 8 \ 2. probable que certains courants souterrains viennent des monta- gnes , il n’est pas hors des probabilités de supposer que bon nom- bre ne peuvent pas remonter à la hauteur d’où ils sont partis, parce que sur leurs cours ilsauront dû rencontrer quelques fentes, surtout sur la pente inclinée des grès viennois, ou au contact de ce dépôt secondaire avec le sol tertiaire. A Yoeselau , à Gainfahrn, à Baden , etc , la position des eaux souterraines est tout autre •, toutes les montagnes voisines étant composées de calcaire plus ou moins fendillé, les eaux pluviales y sont tout de suite absorbées , la formation des petits torrents y devient impossible, et des cours d’eau ne s’y observent qu’au plus fort d une pluie. Ainsi les eaux pluviales se trouvent distribuées en masse , comme dans une éponge, dans mille petit s fentes. Essaie- t-on de percer le calcaire et atteint-on un côté de ces sin- guliers réservoirs , on a une eau toujours abondante , mais qui ne forme quelquefois qu’un puits d’un pied et demi de profondeur , sans qu’on puisse jamais l’épuiser. Nous avons à Gainfahrn , à côté de Yoeselau, des puits de ce genre. — Les eaux qui filtrentde ces réservoirs en fentes , situés dans l’intérieur des montagnes , s’introduisent dans les couches tertiaires, entre leurs plans de stratification ; or , ceux-ci étant horizontaux , il n’en peut pas résulter de véritables puits artésiens. — Cette proposition pa- raît si vraie, que même l’argile bleue, en avant de Yoeselau, dans la plaine , ne fournit pas non plus d’eaux ascendantes : témoin le puits foré sur le chemin de fer à 40 t. de profondeur. 11 faut donc supposer que le réservoir d'eau , ou les fentes aquifères de la montagne, sont à plus de 600 à 800 p. de profondeur, en partant de leurs cimes, et qu’elles sont toujours remplies jusqu’à 2 ou 300 p. des cimes, sans qu'il y ait des filtrations continuelles considérables entre la surface des montagnes et ces réservoirs. Leur alimenta- tion principale n’aurait lieu que par moments, et non continuel- lement , comme dans les conduits en siphon au-dessous de Yienne. Habituellement tlles ne seraient alimentées que goutte par goutte. En autre accident géologique qui m’a frappé , c’est V action con- tinuelle que les filtratioîis aqueuses exercent sur les roches tertiaires . D’après les échantillons recueillis et les petites expériences faites, il devient évident que les eaux pluviales ou atmosphéri- ques s’infiltrant dans les agglomérats y agissent mécaniquement et chimiquement: d’un autre côté , elles en lavent les particules sableuses, les déplacent ou les déposent dans des cavités; et de l’autre, imprégnées d’air, l’acide carbonique de l’air leur sert à SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. m attaquer les petits fragments calcaires, ou à désagréger des cail- loux de grès calcaires en sables. En conséquence , on voit des cailloux calcaires tout-à-fait dispa rus dans la pâte des agglomérats, tandis que d’autres ne le sont qu’à demi , ou sont cariés , c’est- à- dire que l’infiltration a pris un autre cours, avant la fin de l’opération, ou a rencontré une partie plus compacte , un peu mé- langée d’argile ou de silice. On observe aussi des conduits de ces infiltrations qui sont couverts de cet enduit particulier, jaunâ- tre , qui est le type des dépôts d’eau acidulée. Cà et là , les cavi- tés produites sont remplies de poussière calcaire ou couvertes de petites incrustations calcaires qui , sous le microscope , offrent la miniature des cavernes à stalactites. Certains trous , où les cail- loux ont tout-à-fait disparu , sont tapissés de tuf calcaire; il est donc évident que ces eaux extrêmement peu acidulés se char- gent de molécules calcaires pour les déposer un peu plus loin dans la roche même où elles les ont prises , ou dans une roche voisine. Ainsi se forment aussi de petits filons de spath calcaire , ainsi sont détruits plus rarement certains tests de coquillages ; ceux des huîtres résistent davantage. Ces effets destructeurs et reconstructeurs des filtrations aqueuses ont été bien plus consi- dérables dans les temps géologiques anciens, vu que l’atmos- phère était probablement plus chargée d’acide carbonique, qu’il y avait un plus grand nombre de sources acidulées , et que les masses individuelles d’eau de ces dernières étaient plus considé- rables qu’à présent. Les calcaires anciens , si veinés ou si pleins de petits filons de chaux carbonatée , en sont la preuve. Néanmoins, cet acte caché de l’active nature se continue toujours sous nos yeux sans que nous nous en doutions. Ce serait une grave er- reur de vouloir limiter cette opération à l’époque géologique qui a précédé la nôtre. Les effets mécaniques et chimiques de l’eau et de l’air doivent durer aussi long-temps que le globe sera pourvu de ces deux substances essentielles à la vie organique. Après cette lettre , M. Martins , à propos du passage relatif aux anciens glaciers , rappelle que c’est à IVÏ.Venetz d’abord, et à M. de Charpentier ensuite, qu’appartient l’idée première qui leur attribue le transport des blocs erratiques. Cette idée a été reproduite et étendue par d’autres personnes; mais elle avait été suffisamment développée par ces deux ob- servateurs, pour que le mérite qu elle peut avoir ne leur soit pas enlevé. 70 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. M. de Wegmann met sous les yeux de la Société quelques beaux échantillons d’empreintes végétales fossiles, provenant de la colline dite Montagne de la Grotte , dans le voisinage de Sézanne ( Marne ) . Immédiatement au-dessous de la terre végétale qui recou- vre cette butte, on voit une couche de craie remaniée d’en- viron deux mètres et demi d’épaisseur , empâtant pêle-mêle, et sans aucun indice de stratification, une masse considérable de silex. Sous c< tte couche est un lit de sable gris , veiné çà et là de marne limoneuse, et d’une épaisseur de plus de 3 mètres. A. ce sable succède un banc d’une roche calcaire d’épaisseur inconnue , entièrement formée par de la chaux carbonatée incrustante , légèrement siliceuse. En quelque en- droit qu’on brise cette roche ( que les carriers débitent pour la bâtisse commune), on y trouve des empreintes de tiges et de feuilles d’une conservation parfaite et d’une délicatesse admirable; les moindres fibres, les moindres nervures de ces feuilles y sont reproduites avec la plus minutieuse fidé- lité. M. de Wegmann n’ose se prononcer sur le rapport de cette flore avec la flore actuelle : il dit seulement que ces vé- gétaux ont appartenu à des genres assez nombreux; qu’il y a remarqué des fougères, et, s’il ne se trompe, une tige de palmier, reconnaissable à la forme et à la disposition des cellules, et dont un fragment fait partie des échantillons qu’il soumet à la Société. L'affleurement de la craie blanche sur plusieurs points du voisinage fait présumer que ce banc re- marquable repose immédiatement sur elle; s’il en étaitainsi, et que l'existence de palmiers dans le banc à empreintes fût réellement constatée, on serait naturellement conduit à don- ner à ce banc un âge géologique assez ancien , et peut-être même à le placer à la base des terrains tertiaires sur la limite desquels nous sommes placés. Mais, d’un autre côté, l’état de remaniement de la craie superposée aux sables d’alluvion qui le recouvrent immédiatement, les particularités minéra- logiques du magma incrusté, la conservation étonnante des empreintes , tendraient à faire regarder ce banc comme étant d’une origine relativement récente. Cette localité, qui paraît être assez circonscrite, aura fait partie de l’estuaire d’un SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 71 cours d'eau où se seront accumules des amas d’arbres arra- chés successivement ou subitement à ses rives , et dont cette eau , abondamment chargée de molécules calcaires, aura en- veloppé et incrusté les tiges et les feuilles , lorsqu’elle n’aura pu les rouler plus loin. Ainsi donc, dit M. de Wegmann en terminant, jusqu’à ce que, dans le voisinage , on ait retrouvé ce banc , si toutefois on le retrouve , intercalé dans une formation régulière , il semble prudent de laisser sa place, et par conséquent son âge indécis. L’essentiel , c’est de ne pas perdre de vue que la craie superposée aux sables qui le recouvrent, est évidemment une craie remaniée par les eaux, qui l’auraient arrachée aux anciennes falaises de la mer crétacée, pour en jeter les ma- tériaux , dans un complet désordre, sur le banc qui nous oc- cupe, ou plutôt sur les sables qui l’en séparent. M. Tassy offre à la Société un fragment de dépôt stalacti- lorme produit dans des tuyaux où circulent les eaux minérales de Chaudes-Aigues (Cantal). Ces eaux sont thermales et ren- ferment, suivant l’analyse de M. Berthier, du chlorure, et du sous-carbonate de soude en grande proportion, indépendam- ment de la silice et d’au» res substances. La forme de cette concrétion peut être comparée à un fragment d’écorce d’arbre ; la surface externe en est rugueuse et a pris l’empreinte du tuyau où elle s’est déposée. La surface interne, ou supérieure, paraît lisse; l’on y voit, en regardant de près , une multitude de stries dirigées tou- tes dans le même sens. Une cassure transversale montre que cette matière est composée de quatre couches distinctes, d’où l’on peut inférer que le dépôt de particules salines ne s’est pas fait d’une manière continue, mais dans autant de périodes successives et séparées probablement l’une de l’autre par un certain laps de temps. Une de ces couches est remarquable par une multitude de cristallisations ayant la forme d’éventails soyeux, dont la pointe est tournée vers la face supérieure de la concrétion. Les autres couches pa- raissent formées de substances plus terreuses. Dans sa tota- lité , cette concrétion est beaucoup plus épaisse à son milieu que vers les bords; cela se comprend parfaitement, puisque SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 72 la plus grande profondeur des eaux est à la partie médiane du conduit. L’échantillon mis sous les yeux de la Société a été donné à M. Tassy par M. Grassal , médecin inspecteur des eaux de Chaudes-Aigues. M, d Hombres-Firmas adresse la note ci-après: Description du Cycîoconus Catulli. Bans l’uiie des séances de la section de géologie au congrès de Padoue , M. le comte dal Rio , directeur de la faculté philo- sophieo -mathématique à l’université I. et R. de cette ville, présenta un fossile décrit dans les Mémoires de V Académie de Padoue. Il en avait fait mention , et en avait donné une figure dans son Orittologia euganea ; mais ces ouvrages sont trop peu répandus, et l’on me saura quelque gré, j’espère, d’eu faire une nouvelle description en français. M. Corniani avait trouvé ce singulier corps, il y a six ans, dans les couches calcaires des vignobles voisins de Teole , dans les collines euganéennes, vers le S. -O. de Padoue. Il en fit cadeau à M. dal Rio , considéré généralement comme le Nestor des géolo- gues , avec lequel il était lié , et qui s’occupait à cette époque de l’oryclitologie de cette contrée. C’est un tronc de cône droit dont la base a 49 mi’l. de diamètre, le cercle parallèle 32,5, et la hau- teur un peu moins de 2 centimètres ; mais rien n’indique qu’il n’était pas plus large et plus haut : il semble se partager en tranches parallèles; il y en a une détachée et fracturée de 4 mill. d’épaisseyr, et sur les deux bases , des traces concentriques in- diquent l’accroissement ou l’organisation de ce fossile. M. le comte dal Rio observa qu’il n’avait ni valves ni cellules, et ne pouvait appartenir qu’à la seconde classe des animaux inverté- brésde Lamarck, et à la sect. IV, ordre III, des polypiers solides , compactes, non lamellaires. Mais il différait essentiellement des huit genres compris dans cette section , et se rapprochait davan- tage des Cicloïtcs et de la Turbinolia de Lamarck et du Cyathophil- lutn heliantoïdes deGoldfuss, sans qu’on pût cependant les con- fondre ensemble. Le célèbre géologue de Padoue en fit par conséquent un genre nouveau , auquel il donna le nom généri- que de Cyclocône , d’après sa forme, en le dédiant au professeur Calullo, comme un témoignage de sincère amitié. Il le caractérisa : « Polyparium lapideum , liberum , conicuni , sectionibus transversa - » h bu s orbiculatis , superficie plana , gyris conceri tricis distinct a . » « Species unicay Cycîoconus Catulli . Nobis. » SÉANCE DU 21 NOVEiMBRE 1842. 73 M. Melleville communique les observations suivantes Sur la manière d'être et la disposition relative de quelques uns des terrains tertiaires du bassin de Paris. Il est généralement admis que les terrains dont l’ensemble constitue ce que l’on nomme la formation tertiaire parisienne, sont sans exception placés les uns au dessus des autres , dans l’or- dre de leur ancienneté , et tous les jours on voit paraître des cou- pes sur lesquelles ces terrains sont invariablement distribués ainsi par étage. Si cette disposition est celle de plusieurs des couches du bassin deParis , il n’est pas moins certain aussi qu’elle n’est pas générale, et que plusieurs autres couches sont en réalité placées bout à bout, et se trouvent par conséquent dans une position parallèle, quoique leur nature et leur origine soient très différentes, et qu’on ne puisse certainement les regarder comme contemporaines. Dans le N. du bassin de Paris, six des terrains tertiaires se trouvent particulièrement dans le cas que j’énonce ici; savoir: les sables inférieurs avec les argiles à lignites , le calcaire grossier et les argiles qui le supportent avec une bande de sable et grès verdâtres et jaunâtres, dont j’ai déjà entretenu la Société (1); enfin les sables moyens avec le terrain lacustre moyen et ses gyp- ses intercalés. Dès 1838 (2) , en faisant connaître l’existence d’un système de couchesargilo-sableuses placé à la base du calcaire grossier, dans le Laonnais, le Soissonnais et le Noyonnais, j’ai indiqué sa manière d’être avec une bande de sable qui le masque ordinairement sur le flanc des collines et l’empêclie d’affleurer. La coupe jointe à cette communication fait voir cette disposition. En 1839, j’ai produit une coupe (3) qui montre la disposition relative des sables moyens et du terrain lacustre moyen. Plus tard (4) , j’ai signalé la singulière manière d’être des dé- pôts d’argiles plastiques de ces mêmes contrées; et sur ma carte géognostique du N. du bassin de Paris, publiée dans la même an- née , j’ai reproduit ces coupes et cherché à représenter cette dis- position des couches. Mais ces différentes communications n’ayant été présentées (î) Bulletin de la Société géologique , tome IX, page 21/1. (2) Loco ciiato. (3) Bulletin, tome X . page 16. (4) Bulletin , tome X. page 253. 74 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. pour ainsi dire qu’en passant et d’une manière sommaire , et les coupes de ma carte n’étant point accompagnées du texte ex- plicatif que je devais y joindre, j’ai cru qu’il serait intéressant de revenir sur des faits aussi curieux que peu connus , et de joindre à des explications plus complètes des coupes faites avec soin, de manière à montrer la vraie disposition de ces terrains, et à dissiper entièrement les derniers doutes que l’on pourrait avoir conservés. En publiant ce petit travail, qui sera d’ailleurs complété par des communications ultérieures, j’ai un double but : d’abord , celui d’établir l’isolement , c’est-à-dire la complète indépendance de chacun des terrains connus sous les noms d’argile plastique, sa- bles inférieurs, calcaires grossiers et sables moyens ; ensuite celui d’apporter, par l’exposé des faits nouveaux et inattendus que mes recherches m’ont mis à même de découvrir, des modifications dans les idées reçues en ce qui concerne la manière dont ces ter- rains ont dû se déposer au sein du bassin de Paris. Sables inférieurs et argiles plastiques. — Je commencerai par rappeler que dans des communications précédentes j’ai montré que les argiles plastiques ne forment pas des bancs réguliers et continus, placés à la base des sables inférieurs , mais qu’elles se présentent partout dans le N. du bassin, sous forme d’amas lenti- culaires isolés entre eux et de peu d’étendue. J’ai fait connaître aussi la constitution des buttes répandues en grand nombre dans les vallées et sur les immenses plaines crétacées qui s’étendent au JN . des collines tertiaires du Laon- nais ; j’ai montré qu’elles ne sont point uniquement constituées par les sables inférieurs, mais que ceux-ci en forment pour ainsi dire la croûte extérieure ou superficielle , sous laquelle on trouve toujours un noyau composé d’argiles plus ou moins com- pactes (argiles plastiques). Je vais maintenant passer à la description de plusieurs de ces buttes, ce qui mettra ces faits hors de doute. Le petit village de Châlons-sur-Vesle , près de Reims , est con- struit sur la craie, au pied de plusieurs buttes sablonneuses cou- vertes de vignes et de bois , et dont l’élévation ne dépasse pas une trentaine de mètres. Lorsqu’on aborde par le N. , l’E. ou l’O. celle qui domine le village , elle paraît entièrement com- posée de sable blanc ; mais au S., une immense tranchée dans laquelle on extrait du sable de temps immémorial , laissait voir il y a trois ans (aujourd’hui , des éboulements ne permettent plus l’observation d’une manière aussi complète) l’intérieur de la 75 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. butte. Le centre n’en est pas , ainsi qu’on aurait dû le penser d’abord , composé des mêmes sables blancs que les flancs exté- rieurs , mais de bancs horizontaux d’argiles , et de sables d'une autre couleur. Le sommet de cette butte (■ voy . pi. IJ , page 84 , fig. 1) est formé par un grès peu cohérent, de 2 à 3 mètres d’épaisseur, et qu’on pourrait nommer scliistoïde , car il est comme composé de feuillets disposés confusément. Sous ce grès on trouve un premier banc de sable blanc , sans fossiles ; puis un second banc de sable vert , aussi sans fossiles ; un troisième banc de sable blanc ; enfin des argiles de différentes couleurs, qu’on doit par analogie supposer des- cendre jusqu’à la craie ; mais la tranchée n’est pas assez profonde pour qu’on puisse s’en assurer. Ces argiles n’affleurent nulle part autour de la butte ; mais elles sont cependant accusées à l’O. par quelques petites sources. Ces différents bancs sont entièrement entourés et cachés, comme le montre la coupe, par les sables inférieurs (1er étage) , dont les fossiles très nombreux ne pénètrent pas dans le noyau de la butte. Je dois ajouter que le village de Chenay , situé à 900 mètres de Châlons , est construit sur une butte sableuse toute sembla- ble. On s’est assuré par des fouilles que le centre de cette butte , comme à Châlons , est formé par des argiles , sur lesquelles repo- sent en outre des lignites. Je prendrai comme second exemple une localité très connue , celle d'Urcel, près de Laon {voy. pl. II, page 84, fig. 2). Lorsqu’on gravit cette butte par le S. ou par l’O. , on marche depuis la base jusqu’au sommet sur les sables inférieurs , dont les bancs correspondent parfaitement à ceux qui composent le flanc des collines voisines ; mais au N. une vaste tranchée prati quéé pour l’extraction des cendres noires , permet d’en étudier la constitution intérieure. Le sommet, sur une hauteur de 18 à 20 mètres , est composé d’une masse de sable blanc , dans l’intérieur duquel il n’existe aucun banc d’argile, comme le creusement des puits d’extraction l’a suffisamment prouvé. A la base de cette masse sableuse , on trouve des blocs volumineux de grès, évidemment dans la même position et au même niveau que celui de Châlons. Mais ici ce grès est recouvert ; il ne forme point un banc continu ; il est dur , fin et recherché pour le pavage. En dessous se trouvent un autre banc de sable blanc et diffé- rents lits de sable noir et charbonneux , un sable jaune ocre , 76 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. enfin une alternance de sable charbonneux et des bancs de co- quilles. Le tout repose sur des argiles' compactes de diverses cou- leurs, et , pas plus qu’elles, ne se montrent au jour sur les flancs de la butte. Dans la tranchée N. , on voit pourquoi les argiles, les lignites et les bancs coquilliers qui leur sont associés, ne se montrent point à l’extérieur: c’est que chacun de ces bancs s’amincit en biseau en approchant du bord de la butte, de telle manière que chaque banc d’argile est en saillie sur celui qui le supporte, et la ligne de contact de ces bancs avec les sables est inclinée, non dans le sens de la déclivité des flancs de cette butte , mais dans le sens inverse. L’ensemble de cette disposition représente donc parfai- tement un cône renversé et tronqué, c’est-à-dire , la forme que prendraient des matières qui se déposeraient dans un bassin en forme de bol. Je prendrai mon troisième exemple à Soissons. Une partie des maisons de cette ville, notamment le séminaire et la belle église de Saint-Jean-des-Vignes, est bâtie sur une butte circulaire qui se prolonge en dehors des murs , dans la direction du S. Les travaux de fortification ont profondément coupé cette butte sur une grande étendue , et permettent d’en étudier la structure intérieure. Là se représente d’une manière très claire cette disposition des sables inférieurs et des argiles. Les flancs de la butte sont con- stitués par des sables blancs ou jaunâtres, enveloppant des argi- les placées au centre , comme le montre la fig. 3 , pl. II , page 84. Ces argiles sont brunes, grises ou jaunes, et supportent des lignites et un banc de coquilles; l’un de ces bancs s’avance plus que les autres vers le flanc de la colline , comme je l’ai figuré dans la même coupe n° 3, autant qu’il est possible de le faire sur une aussi petite échelle. Je pourrais multiplier ces exemples à l’infini et décrire des faits semblables dans une foule de localités, comme à Montaigu, Coucy-îès-Eppes , Athies, le Mont-Fendu , Bucy-lès-Cerny , Mailly, etc., etc. Mais je crois que ces trois exemples, choisis à dessein dans des localités fort éloignées les unes des autres, peu- vent suffire. Cependant les argiles n'occupent pas toujours précisément le centre de la butte, mais se trouvent aussi parfois placées sur un de ses côtés, comme le représente la fig. 4. Un hasard heureux m’a mis à même de faire cette observation curieuse. Dans la large vallée qui sépare le bourg de Bruyères SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 77 du faubourg d’Ardon-sous-Laon , on voit à la surface de la craie plusieurs buttes qui 11e montrent à l’extérieur que des sables, de la base au sommet ; mais quelques petites sources qui s’en échap- pent ne me permettaient pas de douter que le centre n’en fût aussi occupé par un noyau argileux. Ces soupçons se sont parfai- tement confirmés. La première , nommée butte de Laon-Perdu , a été fouillée il y a deux ans* Les travaux ont fait voir, en effet , que le centre en est occupé par des argiles sableuses , qui descendent jusqu’à la craie, sur laquelle elles reposent parallèlement aux sables infé- rieurs qui les entourent et les masquent. Ces argiles alimentent aujourd’hui une tuilerie construite à proximité. Une autre butte, celle de la Mqncelle , a été dernièrement coupée en deux et jusqu’à une profondeur de 5 à 6 mètres , par les travaux d’établissement de la nouvelle ligne de communica- tion de Laon à Fisnes. Le sommet de la butte, sur une épaisseur de 3 à 4 mètres , est composé de sable blanc et mouvant, parfaite- ment semblable à celui qui en constitue les flancs ; il renfermait aussi quelques blocs de grès peu volumineux, comme à Urcel. Au- dessous viennent plusieurs bancs d’argiles sableuses, qui sans aucun doute se prolongent jusqu’à la craie. Ce que ces bancs d’ar- gile , aussi en saillie les uns sur les autres , présentent ici de par- ticulier , c’est qu’au lieu d’occuper le centre de la butte, ils sont placés vers son extrémité S. {Foy. la fig. 4). La fig. 5 est une coupe des collines situées au S. de Lafère , entre Follembray et Condren. Cette coupe est surtout remarquable par deux petits pitons en forme de mamelles, lesquels dominent au N.-E. le village de Sinceny. La base de la première colline paraît entièrement con- stituée par des argiles (argiles plastiques), qui se prolongent dans la direction de Cbauny ; c’est le plus vaste dépôt de ce genre que je connaisse. Ces argiles affleurent sur le flanc delà colline dans la vallée de l’Oise, et se montrent à peine dans le petit vallon qui sépare les deux massifs. Elles constituent également la base du second massif, mais ne le percent pas jusqu’à la vallée de l’Ailette, puisqu’on n’en voit pas de trace autour de Follembray. Calcaire grossier et argiles qui le supportent. — Ainsi qu’on peut le voir sur ma carte géognostique , le calcaire grossier constitue tous les plateaux compris au N. -O. d’une ligne que l’on tirerait de Crépy-en- Valois , à Craotme en Laonnais. Dans tout cet espace, le calcaire grossier, partout déchaussé, 78 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. affleure à la lisière des collines et recouvre un système de couches argilo-sableuses dont les affleurements sont beaucoup plus rares, parce qu’il existe ordinairement , au même niveau, une bande de sable vert et jaunâtre qui masque ces couches en les entou- rant comme d’une ceinture. Ces sables, toujours infossilifères , forment le 3e étage des sables inférieurs (1); ils reposent sur le dernier banc du second étage, qui est , lui , très coquillier. La cause qui a déchaussé le calcaire grossier (2) a aussi , selon les localités, plus ou moins enlevé ces sables. J’ai donc pu m’assurer que ce système argilo-sableux se divise en deux étages: l’inférieur, toujours sableux , est parfaite- ment caractérisé par un certain nombre d’espèces marines et d’eau douce qu’on ne trouve ni au-dessous ni au dessus; le supérieur, constamment argileux , supporte parfois deslignites associés à des coquilles d’eau douce. Ainsi que je viens de le dire , ce système argilo-sableux se mon- tre au jour dans les endroits où les sables du 3e étage ont disparu. Ses affleurements, comme on le conçoit, sont d’autant plus grands que ces sables ont été aussi plus complètement enlevés (voy, pl.Il, page 84 , fig. 6 et 7). Ainsi , près et à FO. des dernières maisons de Retheuil, on voit ces sables, reposant sur le dernier banc très coquillier du 2e étage, s’élever jusqu’au calcaire grossier sans lais- ser affleurer aucune des couches de ce système. En descendant la vallée , au contraire , les sables inférieurs du 3e étage manquent totalement, et ce système affleure dans toute son épaisseur ( à Roilay , Cuise-Lamothe , etc.). Le plus ordinairement , ces sables ne laissent affleurer que la partie la plus supérieure du système, qui est ainsi visible dans beaucoup de localités sur une hauteur variant de quelques centimètres jusqu’à 7 et 8 mètres. Cependant on peut supposer encore que dans l’origine les sables inférieurs du 3e étage s’élevaient beaucoup plus haut que le ni- veau extrême où on les voit aujourd’hui, niveau qui est généra- lement celui du calcaire grossier. En effet , à la descente de la maison Rouge , sur la route de Laon à Reims , ces sables s’élè- vent assez haut pour masquer non seulement tout le système argilo-sableux en question , mais encore les premiers bancs du calcaire grossier lui-même (fig. 8) . (î) Voyez mon Mémoire sur les sables tertiaires inférieurs qui va paraître. (2) Voyez mon mémoire intitulé : Du diluvium; Recherches sur les dépôts auxquels on doit donner ce nom et sur la cause qui les a pro- duits . § VI. SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1812. 79 Ainsi s’-'tablit une analogie remarquable dans la disposition du calcaire grossier , des argiles qui le supportent et des sables infé- rieurs du 3*’ étage, avec celle que j’ai signalée plus haut, entre les argiles plastiques et les sables inférieurs du 1er étage. Mais nous allons voir ce parallélisme de couches, de nature, d’origine et d’âge si différents, se reproduire entre les sables marins moyens et le terrain lacustre moyen, et cela d’une manière plus nette en- core s’il est possible , parce qu’il s’y présente sur une plus grande échelle. Sables marins moyens et terrain lacustre moyen. — Le petit vil- lage de Vaucienne est construit au fond d’une vallée étroite sur le 2e étage des sables inférieurs. Lorsqu’on monte la rampe qui conduit à Gondreville, on voit le calcaire grossier affleurer sur la lisière de la vallée et constituer le bord du plateau qui la domine au S -O. Après avoir marché sur ce terrain pendant plus d’une demi-heure [voy. pi. ïï, page 84, fig. 9), on rencontre des blocs volumineux de grès et des sables jaunes (sables et grès marins moyens). La route s’élève doucement sur ces sables jusqu’à la hauteur de Gondre ville , où le terrain change brusquement de nature. On se trouve tout-à- coup alors sur des marnes et des calcaires d’eau douce (terrain lacustre moyen). En redescendant vers Levignen , le terrain rede- vient sablonneux. Plus loin, dans les fonds et sur les pentes, ce sont encore les sables moyens , et on les suit jusque sur le pla- teau de Péroy-lès-Gombries , où le sol se trouve de nouveau composé de calcaires et de marnes d’eau douce. Cependant vers Nanteuil, les différents bancs du terrain lacustre moyen af- fleurent seuls jusqu’aux deux tiers au moins de la descente, et les sables moyens que l’on rencontre autour de ce village, dans le fond de la vallée, n’y présentent qu’une épaisseur de 12 mètres au plus, tandis qu’elle est de 35 à 40 mètres auprès de Gondre- ville et de Levignen. On remarquera encore (fig. 9) que le terrain lacustre pré- sente une plus grande épaisseur du côté de Nanteuil que du côté de Levignen. Ce fait me paraît très naturel; car lorsque des matières arénacées se déposent horizontalement dans un bassin dont le fond est incliné, elles s’accumulent nécessairement sur une plus grande hauteur là où le bassin était plus profond. Or , le fond du petit lac qui s’étendait des environs de Levignen à Nanteuil est formé par le calcaire grossier, dont la légère incli- naison du N.-E. au S. -O. est depuis longtemps connue (voy. fig, 9). Ce fait explique parfaitement la différence d’épaisseur que 80 SEANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. je viens de signaler dans les couches du terrain lacustre moyen. La route de Levignen à Crépy-en-Valois laisse voir des faits tout semblables et même d’une manière encore plus frappante. En quittant le village de Levignen, on traverse d’abord un pe- tit vallon sablonneux , et la côte que l’on gravit ensuite est for- mée jusqu'en haut par les sables moyens. Une partie de ce pla- teau paraît même composée de ces sables ; mais on les voit néanmoins bientôt disparaître pour faire place à des marnes la- custres; et à la descente de Crépy , ces mêmes marnes affleurent seules sur toute la hauteur de la colline , et descendent jusqu’au calcaire grossier ( même planche , fig. 10). Les sables moyens ne se retrouvent que plus à LO. , sur la route deNanteuil. La route de Yillers-Cotterets à la Ferté-Milon présente encore des faits identiques (même planche, fig. 11). Lorsqu’on monte la colline placée au S.-E. de la première de ces deux villes, on suit les sables moyens jusque sur le plateau. Mais en s’avançant on leur voit bientôt succéder des marnes lacustres dont les différents bancs affleurent successivement , et en donnant naissance à quelques sources, jusqu'à près des trois quarts de la descent de la Ferté- Milon. De ce côté , les sables moyens ne présentent qu’une fai- ble épaisseur, c’est-à-dire qu’ils ont à peine 8 à 10 mètres, tan- dis qu’auprès de Yillers-Cotterets , leur puissance est d’au moins 60 mètres. Le calcaire grossier, dont les affleurements se mon- trent au fond et de chaque côté de la vallée , paraît supporter les uns et les autres. Les deux coupes nos 10 et 11 offrent d’autres exemples du fait que j’ai signalé plus haut , à savoir : la plus grande épaisseur des marnes lacustres d’un côté que de l’autre , différence détermi- née par l’inclinaison du fond sur lequel elles se sont déposées (1). La colline élevée qui s’étend entre la vallée de l’Ourcq et celle de la Marne , de Fère-en-Tardenois à Jaulgonne , offre un des (i) J’ai cherché à montrer sur les coupes 9 a i3 l’inclinaison du N.-N.-O. au S. -S.- O. signalée depuis long-temps dans les assises du calcaire gros- sier. Dans ces coupes, dressées avec soin sur les cartes du Dépôt de la guerre, j’ai été obligé de resserrer l’échelle des longueurs, et la pente du calcaire grossier est, avec les distances, dans la proportion de 10 à 1, de même que la hauteur. Entre Vauciennes et Nanteuil l'inclinaison de ce terrain est de 20 mètres sur une distance de 18^000 mètres, soit en- viron im,io pour 1000 mètres, cequi équivaut à peineà un degré et demi. Toutefois une ligne tirée plus au centre du bassin donnerait une incli- naison un peu plus forte et qui pourrait aller à 2 degrés. Or, je le demande, est-il nécessaire de supposer un soulèvement pour expliquer SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 81 plus beaux et des plus frappants exemples de la disposition pa- rallèle des sables moyens et des marnes lacustres qui fait le sujet de cette notice. Lorsque l’on quitte Fère-en-Tardenois pour se diriger sur Jaulgonne par la grande route , on gravit d’abord , avant d’ar- river au massif principal qui compose le haut plateau , un ma- melon qui s’en trouve séparé par un petit vallon Les sables moyens s’élèvent jusqu’au sommet de ce mamelon ; mais à peine y a-t-on fait quelques pas , qu’on se trouve tout à-coup sur un terrain d’une tout autre nature, sur des marnes d’eau douce (fig. 12). Ces mêmes marnes constituent l’autre versant du mamelon depuis le haut jusqu’en bas , ainsi que le flanc de la colline principale jusqu’au sommet. La fig. 13 représente une coupe générale de cette colline, de Trugny et Bruyères à Jaulgonne. Le hameau de Trugny est construit dans la vallée de l’Ourcq , dont le fond est constitué par- tout aux environs par le système argilo-sableux dont j’ai parlé plus haut. Le calcaire grossier forme de chaque côté les flancs de la vallée ; à Bruyère, on rencontre les sables moyens qui y reposent directement sur le calcaire grossier. Ces sables forment au S.-E. de ce village une butte qui n’a pas moins de 50 mètres d’élévation. Après avoir traversé un petit vallon sablonneux , on gravit la colline par une pente abrupte , composée de ces mêmes sables moyens. On s’élève ainsi jusqu’à 60 mètres environ au- dessus du calcaire grossier et en marchant toujours sur les sables moyens. Arrivé à cette hauteur, on se trouve sur une espèce de petit plateau. A peine y a-t-on fait quelques pas que la nature du ter- rain change , et qu’on se trouve sur des marnes brunes et vertes. Ensuite des marnes brunes , vertes et blanches se succèdent sans interruption jusqu’au sommet du plateau principal , où l’on ren- contre quelques plaques de silex carié. Ce plateau est élevé de 100 mètres au dessus du calcaire gros- une aussi faible inclinaison? est-il une matière qui ne se dépose sous un angle beaucoup plus fort? Mais ces coupes nous révèlent un autre fait qui, je crois, n’a pas encore été signalé ; e’est qu’il existe une seconde pente dans le sens transversal, en sorte que le calcaire grossier incline partout de la circon- férence au centre du bassin; et, comme on pouvait s’y attendre, cette inclinaison transversale est plus forte que celle longitudinale, sans doute parce que les distances sont plus courtes dans ce sens que dans l’autre. Il me semble qu’on ne peut voir dans ces faits que le résultat d’un dépôt tranquille sur un fond qui avait la forme d’un vaste bol. Soc. géol. Tome XIV. 6 82 SEANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. sier à Bruyères, et de 206 mètres au-dessus de la mer. Plusieurs plâtrières y sont pratiquées. Le gypse se trouve à 50 mètres au-des- sous du point le plus culminant. Un seul banc est exploité, et a 9 à 10 pieds d’épaisseur. Au dire des ouvriers, il existerait un second banc de gypse au-dessous du celui-ci, dont il serait sé- paré par un banc de marne ; mais le gypse de ce second banc se- rait de qualité inférieure , et l’abondance des eaux ne permet- trait pas de l’exploiter. Ces bancs gypseux sont placés évidemment à un niveau inférieur à celui qu’atteignent les sables moyens dans les environs. En continuant à s’avancer vers le S.-.E., on marche sans inter ruption sur le terrain lacustre moyen, dont les différents bancs affleurent successivement à la descente de Jaulgonne. Cependant, aux deux tiers environ de cette descente , on rencontre un tout petit lambeau de sable jaune , associé à des grès. Ce lambeau, qui appartient sans nul doute aux sables moyens , se trouve dans une position tout à-fait identique à ceux d’Essommes , Pavant , etc. Eu dessous, les marnes continuent d’affleurer jusqu’au calcaire grossier sur lequel elles reposent sans aucun intermédiaire ; les sables moyens ont totalement disparu. Enfin, la base de la col- line est formée par les sables inférieurs, que l’on suit jusqu’au fond de la vallée. Avant de terminer, je ferai encore remarquer que, dans le mas- sif qui sépare la vallée de l’Aisne de celle de la Yesle , et cette dernière de celle de l’Ardres , le terrain lacustre moyen repose partout immédiatement sur le calcaire grossier , sans que les sa- bles moyens se montrent nulle part. Il en est encore de même tout le long de la vallée de la Muze. Enfin , l’on observe les me- mes faits dans une foule de points delà vallée de la Marne, au- tour deChâtillon, de Dormans, de Jaulgonne, de Château- Thierry , à Pavant , etc. Néanmoins dans plusieurs de ces der- nières localités , un lambeau de sable moyen , associé à des grès ou à un banc de calcaire marin, se trouve intercalé et comme sus- pendu à une certaine hauteur au milieu des marnes d’eau douce {Voy. fig. 13), au lieu d’étre interposé entre elles et le calcaire grossier. D’après les observations qui précèdent , et les différentes com- munications que j’ai déjà faites à la Société (1), je n’hésite pas à regarder comme établies les propositions suivantes : (0 Voyez aussi mon mémoire intitulé : Du diluvium , etc. , chez Lan- glois et Roret, 1842. SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 83 1° Que les argiles à lignites du Laonnois , du Soissonnais, du Noyonnais et des environs de Reims , ne présentent point à la base de la formation tertiaire des bancs continus, mais sont dï visées en un grand nombre d’amas isolés les uns des autres , pré- sentant une forme circulaire et amygdaloïde ; 2° Que ces argiles sont toujours intercalées dans le 1er étage des sables inférieurs , et reposent aussi sur la craie parallèlement avec eux ; 3° Que le système argilo-sableux , placé à la base du calcaire grossier dans le N. du bassin parisien (1), est disposé , comme les argiles plastiques, en amas irréguliers et isolés, mais générale- ment plus étendus ; 4° Que le calcaire grossier, comme les précédents , meurt en biseau vers l'escarpement des collines ; qu’il n’a jamais couvert les espaces où il manque , espaces en général occupés aujourd’hui par des vallées, et qu’il s’est déposé dans des bassins d’une éten- due variable, d’une forme irrégulière et souvent bizarre (2), bas- sins dont les limites sont accusées par la forme des vallées ac- tuelles (3) ; 5° Que les sables moyens et le terrain lacustre moyen reposent parallèlement et au même niveau sur le calcaire grossier , sauf peut-être quelques exceptions; que les sables moyens flanquent, (1) Pour la connaissance plus complète des couches qui composent ce système, je renvoie aux notes que je publierai incessamment. (2) Voyez à cet égard ma carte géognostique du N. du bassin tertiaire parisien. (3) Des faits d’un autre ordre conduisent encore à des déductions identiques. Dans le N. du bassin, la masse du calcaire grossier est partout divisée par des fentes verticales parallèles ( voyez fîg. 7). Ces fentes en forme de coin , ont jusqu'à 2 mètres d’ouverture au sommet ; elles sont quelque- fois entièrement remplies par des débris calcaires arrachés aux environs; 1 e plus souvent ces débris ne les comblent qu’en partie , le surplus élaut occupé par des argiles jaunes compactes (argiles diluviennes). Leurs pa- rois sont parfois aussi recouvertes d’une couche de carbonate de chaux luisante analogue aux stalagmites. Ce qui prouve que ces lentes sont le résultat du déchaussement de la masse, c'est-à-dire de l’enlèvement des sables inférieurs (3e étage ) qui* après avoir formé Jes parois des bassins où s’est déposé le calcaire gros- sier, en soutenait ensuite le flanc ou l’extrémité , c est que ces feutes sont toutes parallèles à la direction des vallées principales ou des gorges laté- rales ; aucune n’est transversale; elles sont d autant plus ouvertes par le 84 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. pour ainsi dire , le terrain lacustre et l’entourent de toutes parts , et qu’ils peuvent être regardés comme ayant formé dans l’origine les bords du bassin où se sont déposées les coucbes lacustres ; 6° Enfin , que le terrain lacustre moyen forme lui-même des amas irréguliers , isolés et en amande ; qu’il ne s’est pas déposé dans un seul et unique lac qui aurait autrefois occupé le bassin de Paris , mais dans un certain nombre de lacs d’une forme et d’une étendue variable?. M. Alcide d’Orbigny , après avoir cédé le fauteuil à M, d’Archiac, présente la carte géologique de la province de Bolivia, et développe quelques considérations sur la dis- position générale des terrains qui y sont indiqués. M. Melleville demande à M. d’Orbigny si le dépôt d’aliu- vion du plateau bolivien qu’il regarde comme analogue à celui des pampas , se retrouve également sur les pentes des montagnes , et jusqu’à quelle hauteur on l’y observe. Il fait remarquer ensuite, relativement au même sujet, que dans le procès-verbal delà séance du 21 mars (Bull. t. XIII p. 254), ce n’était point, comme on l’a écrit, dans les couches ter- tiaires qu’il avait demandé s’il existait des fossiles marins, mais bien dans les argiles pampéennes qui les recouvrent. M. d’Orbigny répond que les argiles des plateaux lui ont paru semblables à celles des plaines. haut , qu’elles se Irouvent plus près de la lisière des collines; elles dimi- nuent de largeur à mesure qu’on s'en éloigne, et l'on n’en trouve plus aucune à une certaine distance. Le porte-à-faux de l’extrémité des bancs du calcaire grossier, résultant du déchaussement de la masse , a produit aussi l’éboulemenl de ces blocs calcaires volumineux qu’on rencontre partout sur le flanc des collines dans le Laonnois, le Noyonnais et le Soissounais. Je connais encore plu- sieurs exemples de masses considérables qui se sont ainsi détachées de leur place originaire, et qui ont glissé plus ou moins loin sur Je flanc des collines. L’une des plus remarquables est la roche d’Ostel , près de Vailly : c’est une pyramide quadrangulaire , ayant de 12 à i3 mètres de hauteur, sur 5 à 6 à la base et 3 au sommet. Cette masse , célèbre dans le pays, est descendue de la lisière du plateau jusqu’aux deux tiers de la col- line , en conservant une position verticale , et elle est restée isolée sur le flanc de la vallée comme un témoin irrécusable de la catastrophe qui a si profondément changé la configuration du sol de nos contrées. SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 85 Après quelques observations de M. Pissis, M. Leblanc communique la note suivante. Observations sur le maximum cT inclinaison des talus dans les montagnes. Ayant eu occasion de faire dans les Vosges et dans le Jura un grand nombre de levers par courbes horizontales, pour lesquels nous nous servions d’instruments à mesurer les pentes , nous avons été frappé d’un fait qui nous a paru devoir intéresser les ingénieurs, les topographes et les géologues. Nulle part nous n’avons trouvé dans ces montagnes de talus plus roides que 70 de hauteur , pour 100 de base , ou 35 degrés. Nous avons vu des rochers verticaux , surplombants , mais pas de talus plus roides ; et ces talus approchant de la limite 35 degrés, sont presque tous des talus d’éboulement. Ceux que nous avons mesurés sont en grand nombre; il s’en est trouvé qui avaient jusqu’à 400 mètres de hauteur ; plusieurs étaient encore naturellement en construction , terminés dans le haut par des rochers à pic, dont la gelée détachait de nombreuses portions chaque hiver .Ces pentes paraissaient extrêmement roides; un homme n’aurait pu les gravir que très difficilement ; il est peu d’ingénieurs qui ne les auraient estimées , non seulement à 45 degrés , mais à 50 ou 60 degrés. Cependant quand on venait à les mesurer, on ne trouvait jamais plus de 100 de base sur 70 de hauteur, ou 35 degrés. La pente des éboulements du Jura formés de débris d’un cal- caire compacte (calcaire corallien) qui constitue aussi les escarpe- ments qui les surmontent , dépasse rarement 33 degrés. Ce cal- caire repose sur des marnes (marnes oxfordiennes et terrain à chailles) qui forment la base de l’éboulement et se tiennent sur un talus encore plus doux, 2 à 4 de base sur 1 de hauteur, 14 à 27 degrés. La pente de ce dernier talus paraît provenir de ce que l’eau faisant avec les marnes une espèce de mortier, elles ont coulé, et ne se sont arrêtées que sous une pente assez faible, 17 degrés environ. Quand l’éboulement est entièrement formé de débris de roches solides et qu’il est fort élevé , il arrive souvent qu’à la partie in- férieure , les gros blocs qui ont roulé au loin forment sur une petite hauteur une espèce de raccordement avec le fond de la val- lée, mais le reste du talus est parfaitement rectiligne. On voit un 86 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. bel exemple de ce raccordement, à gauche du chemin, en allant de Munster (Vosges) au col de la Schluh. Il peut paraître curieux de remarquer que l’inclinaison maxi- mum dont noos venons de parler, soit presque rigoureusement celle de la diagonale d’un cube. Telles étaient les conclusions auxquelles nous étions arrivés en 1837 ; depuis nous avons continué cette étude dans des ter- rains nouveaux, nous avons recueilli les avis et les observations d’un grand nombre d’ingénieurs et de géologues, nous avons fait des expériences sur des corps réguliers , tels que du petit plomb de chasse , différentes espèces de graines ; enfin , nous avons réuni tous ces documents dans le tableau ci-joint: quoique quel- ques cas s’écartent un peu de nos premières conclusions, elles subsistent néanmoins en général, surtout pour les talus naturels dans les montagnes : ainsi, on vérifie promptement que le talus d’éboulement de la plupart des roches ne dépasse pas 35 degrés. La comparaison des numéros 3 , 4, 51, 65, montre qu’il est in- dépendant de la densité des corps , puisque delà cendrée de plomb et de la graine de millet prennent des pentes presques égales, 22 à 23 degrés , et que les avalanches de neige et les éboulements d’une foule de rochers se forment sous le talus de 35 degrés. Les expériences sur des corps polis et réguliers montrent que la roideur du talus dépend du poli des surfaces, puisqu’il suffit d’un peu de poussière pour faire passer le talus du blé , par exemple, de 26 à 34 degrés ( voir numéro 11 et 58). Les talus qu’on a trouvés pour les sables, les débris de grès, et surtout de trachites, qui vont à 37, 38 et 39 degrés, s’accordent avec cette ex- plication, puisque ce sont des corps à surfaces rudes (voir numé- ros 110 et 111). Enfin, on doit remarquer que tandis qu’un peu d’eau roidit, les talus du sable et des terres , surtout quand ils sont peu élevés (voir numéros 109, 116, 120 et 123), une quan- tité d’eau plus considérable les amène à une pente très faible (voir numéros 18, 64 et 91). Les talus roidesde 38 à 42, et même 45 degrés, que présentent quelquefois les terres, ne sont que des talus d’équilibre instable : aussi on ne les trouve jamais ainsi dans les montagnes , mais sous des pentes faibles. Les conséquences à tirer de ces lois sont pour les constructeurs, 1° que dans les questions relatives à la poussée des terres , l’angle de 35 degrés pourra en général être adopté ; 2° que dans la con- struction des talus roides et un peu élevés, il sera dangeureux de dépasser beaucoup cette même pente, quelque soin que l’on prenne d’ailleurs pour faire pousser sur les faces de ces talus une herbe SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. .87 protectrice. Les talus de Vauban , montés à 33 degrés , n’ont pas dû éprouver lesaccilents que nous voyons fréquemment arriver à ceux que nous faisons à 45 degrés. Les topographes en concluront qu’ils doivent supprimer de leur diapason de teinte , celles relatives aux talus supérieurs à 35 de- grés, ou du moins qu’ils doivent n’en faire que bien rarement usage [voir numéros 80 et 81). Les lois que nous venons d’énoncer montrent comment la des- truction des roches par la gelée combinée avec la loi des talus d’éboulement, a agi sur les escarpements des vallées de monta- gne , pour leur donner le profil que nous leur voyons aujourd’hui. On le remarquera , sur la coupe de Pont de Roide [Bulletin de la réunion à Porentruy en 1837) , en particulier, la pente plus douce, que les marnes ont prise , dont nous avons donné l’explication plus haut. De pareils profils se suivent quelquefois pendant plu- sieurs lieues , et l’intelligence des lois qui ont présidé à leur for- mation aide souvent beaucoup à saisir et à retenir les formes des montagnes, à conclure la position des sources, des habita- tions , etc. 88 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. Tableau comparatif T un grand nombre de mesures de talus naturels . W es Q ec DÉSIGNATION DES LIEUX. PENTE "q O K par mètre de base. en degrés sexagésimaux. 1 Débris de dolomie entraîné par l’eau ( voir u® 64, vallée d’Ennebry) 0,287 16 2 Marnes supérieures au gypse que l’eau a ré- duit en mortier et fait coulera Bellevilte, i 7° et moins o,3o5 l7 3 Talus naturel de la cendrée de plomb o,4io 22,3 4 Talus naturel de la graine de millet 0,4^5 23 5 B. Pente de talus de Lapilli, sur lequel j’ai commencé à descendre de la Casa Inglese dans le Val-del-Bove, et sur lequel une coulée de lave n’a laissé qu’unecouverture de scories en lopins détachés o,45o 24 6 Expériences de Metz sur les brèches (voir n° 1 2 1 ) o,45o 24 7 Cendrée de gros grains d’un diamètre triple du n° 3 o,465 25 8 Graines de moutarde blanche (densité o,8o). o,465 25 7 Laves ( voir au n° 66) 0,488 26 10 Butte de terre dans laquelle frappent conti- nuellement les boulets au polygone de Metz 0,495 26,40 il Blé (densité o,8o), talus de 26 à 28° 0,490 26 12 Terres savonneuses de Bergues d’après Vau- ban ( Mémorial de l’officier du génie y n° i3; page 181, mémoire de M. Poncelet) .... o,5oo 26,2/3 i3 Débris de dolomie entraînés par l’eau ( 'voir n° 64) o,5 10 27 a B . Pointe orientale parfaitement régulière de la partie la plus élevée du cône volca- nique du Mozemberg (dans l’Eifel) o,55o 29 i5 Laves ( voir au n° 66) 0,576 3o \6 Vallées de la Tées ( voir au n° t\o) 0,576 3o 17 Sable (voir au n° 91) 0,576 3o 18 Talus naturel des terres savonneuses d’après Coulomb ( Mémorial , n° i3, page 196). . . o,58 à 0,84 3o à 4o *9 Haricots (densité 0,79). o,6i5 3i,5 Nota. Nous avons marqué du signe B les observations tirées du tome IV, page 2o4 des Mémoires pour servir à une description géologique de la France, par M. Élie de Beaumont. SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 89 à a DÉSIGNATION DES LIEUX. PENTE 3 5 par en degrés j5 mètre de base. sexagésimaux. *0 Vesces (densité 0,82) 0,61 5 3i ,5 11 12 Chènevis (densité o,43). .... B. Pente des talus de menas débris couverts d'herbes fines au pied des escarpements du flanc méridional du vallon de Verne, au fond de la vallée du Vauvier dans le Bas- Valais (cette pente se reproduit très fré- quemment dans les circonstances analo- 0,6 l5 3 j ,5 i3 gues) * * ; • • B . Pente extérieure du cône supérieur de l'Etna, dans la direction du N. 35° (Cette pente approche déjà de la limite du possi- ble ; car une seule pierre mise en mouve- ment en ébranle un grand nombre d’au très qui finissent par former un véritable 0,63 32 >4 éboulement) . . B. Pente intérieure du cratère du Puy-de-Pa- o,63 32 i5 riou (Puy-de-Dôme) Chemin de fer de Versailles, rive gauche , talus en remblais non réglés, sur 12 mè- tres de hauteur avant la tranchée de Cla- o,63 32 >6 mart Dépôt s provisoires avant la tranchée de Cla- 0,625 52 mart faits en 1839, mesurés en 1840. , . . 0,625 à 0,676 32 à 54 '1 Tranchée de Clamart [voir 110 56) . 0,625 32 18 ;9 Terre jetée à la brouette à Péronue Talus naturel des terres de la place de Ber gués, évaluéïpar d’anciens ingénieurs (Mé- morial, n° i3, page 196, article deM. Pon- 0,625 32 à 33 celet) 0,625 â o.65 32 à 33 ÎO Allée de l’Observatoire ( voir n° 44) 0.65' 32 » 1 )2 Avoine Voir aux nos 59 et 56, chemin de fer de Ver- 0,64 32,6 >3 sailles, rive gauche B. Pente de bois de s ipins de Montanvert, près de Chamouny. La plupart des voya- geurs ne regardent cette pente qu'avec crainte dans les parties où la forêt est dé- o,63 52 54 garnie B. Pente formée par des débris calcaires qui se renouvellent sans cesse et qui font re- culer le chemin dans la descente de la o,65 33 55 vallée d’Anivert, vers le fond du Valais. . . B. Pente des grands talus de débris inclinée uniformément sur de grandes longueurs, o,65 1 | 33 90 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842 1 tf Q « DÉSIGNATION DES LIEUX, PENTE O 'a « O « par mètre de base. en degrés sexagésimaux. en descendant de Bonder-Grat, vers Adel- boden (canton de Berne) 0,65 33 36 B. Pente d’un éboulenient remarquable- ment rapide au pied des escarpements de calcaire jurassique, dans le flanc droit de la vallée du Rhône, un peu au midi de Vienuaz, au N. de Saint-Maurice (en Va- lais) 0,65 ! 33 3 7 B. Pente d’un talus de fragments calcai- res, dans la gorge à droite de la roule qui monte de Morey aux Rousses (Jura). .... 0,65 33 38 Talus d’ébouleinent autour de la hauteur des roches à Pont-Roide , sur le Doubs , vis- à-vis de la hauteur dite de Ghâtcau-Babon et dans les environs. Ces talus sont formés de calcaire corallien et dans la partie infé- rieure du terrain à chailies et des marnes oxfordiennes o,65 33 39 Talus réglés du chemin de fer de Cologne à Liège : déblais et remblais o,65 33 4o Dans les coupes et vues pour servir à l’expli- cation des phénomènes géologiques , par M. de la Bêche, on trouve les figures î et 5, planches i3. L’une est une coupe de la vallée de la Tées au-dessus de Midleton , l’autre est faite sur la rive droite de la Lune, près Santon 0,578 à o,65 | 3o à 33 4i Talus extérieurs prescrits par Vauban, 3 de base sur 2 de hauteur 0,66 33, 1 /‘2 4*3 Chemin de fer de Versailles, rive gauche, talus en remblais réglés sur 12 mètres de "hauteur, avant la tranchée de Glamart. .. o,65 33 43 Talus de grès bigarré ( voir au n° 79) o,65 33 - 44 Talus des décombres de la ville avec lesquels se fait l élargissement de l’allée de l’Obser- vatoire au Luxembourg 0,625 tà o,65 32 à 33 45 Talus naturel d’un sable de rivière très fin et sec, mis en dépôt pour remblayer la surface du chemin de fer de Versailles, rive gauche o,65 33 46 Sur le même chemin , au grand viaduc , on trouve les talus de remblais réglés à o,65 33 47 ! Près du grand viaduc les talus non réglés sur 24 mètres de hauteur avaient une pente de. o,65 33 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 91 M 93 Cl * DESIGNATION DES LIEUX. TENTE o "q par en d grés K mètre de base. sexagésimaux. 48 Marnes (voir n° 89) . . 0,65 . 33 49 50 Sable (voir n° 91 B. Pente intérieure du cratère de Monte- Nuovo près de Pouzolles, entaillée dans le tuf ponceux du côté du N. 10® 0. Cette pente maximum ne s'observe qu’en quel- » 33 5 1 ques points de la partie supérieure B. En montant de la Lentz au Rawyl, le 23 août i855, j’ai remarqué, vers, le haut du talus couvert de mélèzes rabougris qui s’a dosse contre le pied des escarpements, un tas de neige formé par une avalanche dont 0,68 53 la surface supérieure était inclinée de. . . 0,675 34 5*2 Rires de la Somme (voir n<> 112) 0,675 54 ! 53 54 55 0,676 0,675 54 Sable ( voir n° 86). Dépôts provisoires avant la tranchée de Cla- mart, faits en i859 mesurés en 1840 (che- 34 56 min de fer de Versailles rive gauche). . . . Talus naturel près du grand viaduc sur 24 mètres de hauteur, formé de marnes et 0,626 à 0,675 32 à 34 pierres (même chemin) 0,6*25 à 0,675 32 à 34 5 7 Décombres (voir n° 83;. . » 34 58 59 Criblurc de blé (densité 0,67). . En suivant le cherniu de fer de Versailles, rive gauche, de Paris au grand viaduc, ou trouve la pente des remblais non réglés 0,675 r 34 6o de Expériences de Rondelet sur du sable fin sec 0,025 à 0,676 32 à 34 6i et du grès bien pulvérisé B. Plan très incliné , couvert d’un bois de hêtres, sur lequel est tracée la route en zig- zags et taillée en escaliers qui conduit de Hallstadt à la mine de sel du même noin 0,689 54, 3o (Haute- Autriche) 0,57 à 0,70 3o à 55 6a B. Pentes gazonnées les plus inclinées sur 1 les flancs des vallées de lielle-Ile. Elles sont 1 63 très difficiles à gravir B. Pente maximum de la ligne qu’on suit en | montant du Salvatore, sur le cône supé- 0,70 35 64 j rieur du Vésuve Dans la vallée d’Enneberg , en Tyrol, ou trouve des chables de dolomie diversement inclinés , suivant qu’une quantité d’eau plus ou moins grande concourt à leur pro- 0,70 1 55 ! 92 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1812. H 03 Q P5 DÉSIGNATION DES LIEUX. ~1 PENTF. ~Q o K par mètre de base. en degrés sexagésimaux. duction, ou qu'ils se produisent tout-à- fait à sec. Les pentes varient de 16 à 27 et 55° 0,29 à 0,5 1 à 0,70 16 à 27 à 35 ! 65 B. Pour monter au Mont-Blanc, on a à tra- verser en y taillant des escaliers, des pen- tes de neiges inclinées de 0,70 55 66 B. Pente des laves qui ont ruisselé sur le cône du Vésuve en i852 et i834, et qui n’y ont laissé que des couches de scories incohérentes flanquées de diguesdescories. o,58 à 0,70 26 à 3o à 55 67 | | En passant la vallée de la Thur, dans la val- lée de la Moselle , on trouve au col d'Orbé à droite et à gauche des talus d’éboule- rnents ; ces talus sont formés de schistes. Les talus de droite, surmontés par des crets ou escarpements verticaux , sont encore en construction ; ils se recouvrent tous les ans de nouveaux débris que l’effet de la gelée détache, et ne présentent que des traces de végétation. Les talus de gauche sont dans un état stable et couverts d’une belle forêt 0,70 35 68 I j En allant de Plainfaing au Valtin (départe- ment des Vosges) on trouve à gauche, à une demi-lieue avant d’arriver au Valtin, un talus debouiement de 35°. Ce talus est dans le terrain granitique ; il a 4 à 5oo mètres de. haut et est très remarquable. . . 0,70 35 69 Dans la vallée de Wildenstein (Haut-Rhin), les montagnes de la rive dfoite de la Thur se tiennent presque toujours à 35°. Ce sont des granités et syénites c 0 35 70 De superbes talus d’éboulement se voient au N., en traversant le col de Ventron (Vos- 8es) ; ; 0,70 35 71 Le cours du Rhin de Bingen à Boppart pa- rait formé par une grande fente qui a sé- paré le Ilundsruck du Taunus et donné lieu au< éboulements qui bordent le fleuve ; sans sortir du bateau à vapeur sur lequel on descend le Rhin , on peut en mesurer les pentes , quand on se trouve dans une position convenable ; le talus de 55° se représente sans cesse. 0 i>» 0 35 72 Talus qui limitent Ehreinbreistein du côté i 1) Or.Dl’.E, SEANCE BU 21 NOVEMBRE 1 8 i 2 . 93 DESIGNATION DES LIEUX. PENTE du Rhin et du côté opposé 76 Dans une carrière à l’aval d'Ehreinbreistein on tirait des petits cailloux pour macada- miser les routes, on les jetait du bord de la route dans le Rhin ; le talus qu’ils prenaient sur une hauteur de 6 mètres élait exactement de 35° 74 Dans une des carrières de Grauwake, si- tuées sur la rive droite du Rhin, à une lieue et demie à l’amont de Bonn, on trouve des talus de i5 à 20 mètres de hauteur formés de menus débris pour dé- barrasser la carrière 75 Dans des talus de débris provenant des car- rières de grès de la vallée de Lonjumeau près Paris, on a plusieurs fois trouvé l’an- gle de 57° pour des déblais faits par les hommes; mais les talus déboulements anciens qu’on trouve sur les flancs de la vallée sont à 35° le plus souvent Sur les bords fie la Somme, rive gauche à trois quarts de lieue à l’aval de Péronne, uue ancienne carrière exploitée il j a 25 ans, dans la craie , s’est presque entière ment mise en éboulement 4 un escarpe- ment de 2 à 3 mètres la surmonte encore Son (voir n° io5). . . . Quand on regarde de loin les sommets nei genx des Alpes, du midi des Vosges par exemple, on observe un grand nombre de pentes qui sont à 35°. La même observa- vation peut se faire en examinant de bel les vues des Alpes, faites à Neufchâtel, du Weissenstein , etc. Ces vues sont très précises , parce qu’elles sont faites avec des machines ; on l’a fait encore sur des tableaux bien faits et un peu grands; on en voyait plusieurs exemples à l’exposition de 1840 79 Quand on traverse la partie N. delà chaîne des Vosges , de Strasbourg à Metz pai exemple, on voit un grand nombre de talus d’éboulement formés dans le grès bi- garré ; ils sont généralement de 33 à 55o. 80 A la carte de France. M. Desmadryl, chargé 76 par mètre de base. 0,70 0,75 à 0,70 0,70 0,70 0,70 en aegres sexagésimaux 35 35 35 37 à 35 55 35 35 o,65 à 0,70 33 à 35 D ORDRE. 94 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. DESIGNATION DES LIEUX. de la minute des caries gravées , a remar - que que, lorsqu'il a calculé les pentes d’a- près les coles de hauteur observées , il ne lui est jamais arrivé de trouver un ta- lus plus roide que 35°. 81 M. Hossard, capitaine d’état major, attaché à la grande triangulation des Pyrénées, s’est aperçu aussi qu'il n’avait pas rencon- tré dans ces montagnes de talus plus roi- des que 35°. Enfin M. de Saint-Laurent, capitaine du génie, qui a bien voulu véri- fier nos idées en Afrique , n’en a pas nou plus trouvé de plus raides et ses ca- marades dans leurs reconnaissances ont été forcés de convenir de ce fait contraire à leurs idées. Nous venons de le vérifier dans le massif d’Alger . . 82 Un talus en sable sec fin, de om,io de hau teur, se lient à 35°. Ce talus est le même quand la hauteur est grande., 85 Sur le plan levé par courbes horizontales pour la défense de la route du Mont-Cé- nis, on trouve pour les pentes les plus roides 84 Anciennes carrières éboulées à Belleville dans l’hiver de 1840 85 Remblai de marnes vertes de 6 mètres de hauteur, fait avant l’hiver dans une an- cienne carrière des buttes Chaumont et observé au printemps de 1840 86 Au chemin de fer de Versailles, rive gauche, le sable mis en dépôt pour couvrir la par- tie supérieure de la route s’éboule sous les angles de 87 Au-delà de Vanves, même chemin , la tran- chée taillée à 45° en i83g s’éboule déjà au printemps de i84o; les débris prennent la pente de 88 Même chemin, à la gare dans Paris, talus de décombres de la ville déchargés au tom- bereau sur 4 mètres de haut 89 Même talus non encore réglé entre les deux premiers points , remblais provenant de sables et marnes qui recouvrent les carriè - res du calcaire grossier des deux côtés du PENTE par mètre de base. 0,70 0,7° 0,70 0,70 0,70 0,7° 0,675 à 0,70 0,675 à 0,70 en degrés sexagésimaux 35 35 55 35 35 35 54 à 35 35 54 à 35 SÉANCE DU .21 NOVEMBRE 18 12. 95 ! PENTE | _ ' ! par mètre de hase. en degrés sexagésimaux. 0,65 à 70 33 à 35 0,70 35 0,676 à 0,78 3o à 35 0,7c 55 0,70 35 0,70 35 0 0 35 0,70 35 0,70 35 0,70 35 o,65 à 0,70 33 à 35 0 «v] 0 35 33 à 35 )) 36 0,725 36 0,725 36 0,70 à 725 35 à 36 0,75 3? DÉSIGNATION DES LIEUX. chemin )o A Pont-Sainte-Maxence , remblais de débris d’une carrière dans le calcaire grossier.. )i M. Hubert Bernard a trouvé pour le sable 3o° à 55o, rarement 35° Plaire sortant des trémies à Belleville. . . U11 tas de charbon de bois Farine à la manutention militaire à Paris.. . En examinant les levers par courbes horizon- tales de la brigade topographique, on ren- contre souvent le talus de 35°, par exem pie le lever de Coblenz, Au delà de Vanves, chemin de fer de Ver- seilles, rive gauche , un éboulement, de sable destiné à couvrir la surface supé- rieure du chemin était à une pente de. . . f) La poudretle de Montfaucon )8 Houille line (voir n° 117) A la butte Chaumont, cône fait dans l’année, de marnes supérieures au gypse >o Anciennes carrières éboulées à 11 Pendant la course faite dans le Jura Bernois par la Société géologique de France, en septembre 1837, nous avons mesuré un' grand nombre de talus d’éboulement dont) plusieurs se sont trouvés de 33®, et aucun supérieur à 35° 2 Trachyles (voir n° 110) 3 Chemin de fer de Versailles , rive gauche, remblais de marne très gélives ( entre les deux premiers ponts) Expériences faites à Soissons , sur des terres grasses, parle commandant Lesbros (Mé- morial, n® i3, page 196) Son (la surface n’en est pas bien réglée). ... B . Pente méridionale du Hohen Staufen, près Goppingen , en Vurlemberg , talus gazonnés extrêmement rapides, qu’on ne peut descendre sans glisser que parce que les moutons, à force d’y marcher, les ont façonnés en gradins ; B. Pentes presque inaccessibles à pied si le ' sol est un roc ou un gazon trop serré pour qu’on puisse y former des gradins avec, le pied (Humboldt, Relation historique , D OBDRK. 96 SEANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 08 109 DÉSIGNATION DES LIEUX. PENTE par mètre de base. tome Ier) 0,75 B. Pentes de chables de calcaire grenu le long du flanc N. du vallon Delle Selle (vallée de Fassa, Tyrol) ; elles paraissent très rapides j 0,75 Un mélange de pierre et de terre forte , mouillé, jeté au bord du Rhin d’une hau- teur de 6 mètres, prenait un talus de 37° qui se serait affaissé en peu de temps .... 0,76 lojLes carrières de trachytes de Volkemburg, aux Sept Montagnes, à l’amont de Bonn, sont exploitées depuis un temps très long, et fournissent des pierres aux villes du Rhin à l'aval et jusqu’en Hollande. Les pier- res étant ébauchées sur place, une grande quantité de débris est jetée en bas de la montagne et forme des éboulemcnts de plus de 100 mètres de hauteur. Nous les avons trouvés varier de 36 à 38°, les plus anciens ayant généralement 56°, mais au- cun n’a présenté l’angle de 35°. Les carriè res de trachytes des monts Euganéens nous ont offert les mêmes pentes.. 0.72 a 0,78 111 Boueg gelées 'voir n° 124)- 1 12 A une lieue à l'aval de Péronue , sur la rive gauche de la Somme, on voit des talus de 34 à 37® qui paraissent correspondre à d’anciens escarpement» éboulés, dont la rivière enlevait les débris pendant que la! gelée en démolissait la surface j 0,67660,75 Les mêmes circonstances se présentent un grand nombre de fois sur les bords de la Somme; nous avons trouvé à Sormont 35, 34, 36 et 37°; à Buscourt 35, 36, 37 et 38° | 0,67560,782 i4 Sur 66 talus d’ouvrages de fortifications an- J ciens dont les profils bien levés existent ! à Péronne et sont formés de bonne terre; i argilo-sableuse; 29 sont au-dessous de 35°: 37 sont au-dessus, et leur pente offre jus- qu’à 4o°. Si on les divise en deux classes, ceux au-dessous de 3 mètres de hauteur et ceux au-dessus jusqu’à 6 à 8 mètres, la moyenne des premiers sera 32°, celle des j seconds 36°, 38° ; la moyenne totale est en degrés sexagésimaux. 07 37 37 56 à 38 37 34 à 37 34 à 38 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. 97 PENTE DESIGNATION DES LIEUX. de 34°, 20. Tous ces talus ont été arran- gés eu les montant , beaucoup ont été éle- vés plus rondes ; cependant autrefois on les montait à 33°, c’est la pente prescrite par Vauban; aujourd’hui on les monte à 45°. On a eu souvent des éboulements quand les hauteurs des talus sont grandes i5 Dans l’histoire de l'Académie des sciences année 1755, page 107, M. Bouguer dit : Toutes les montagnes commencent à de venir inaccessibles aussitôt « que leurs cô- » tés font avec l'horizon des angles de 35 » à 37°. On ne peut alors y monter que » lorsque l’on trouve des pierres qui ser- )> vent comme de degrés, ou bien qu’on » peut s’attacher aux arbustes et aux her- i> Les. J’ai consulté dans les occasions les » personnes avec lesquelles je me suis 3) trouvé, et nous nous sommes toujours » accordés à estimer de 60 à 70° les incli- » naisons que je n’ai jamais observées que » de 35 à 37° , lorsque je me suis donné » la peine de les mesurer exactement. » Un cône de marnes supérieures au gypse éboulé aux carrières de Belleville dans l’hiver de 1840 7 Charbon de terre fin. . 8 A la butte Chaumout, cône nouveau fait dans l’année de marnes supérieures au gypse 9 Trachyte ( voir n° 110, carrière de Volkem kurgj Quand le sable est humide, il se tient sur des pentes plusroides que lorsqu’il est sec, sur- tout quand la hauteur est faible- on obtient alors jusqu’à Des expériences faites au Mont-Valérien sur le sable de Fontainebleau ont donné aussi ce résultat. On a fait à Metz , en i834, avec beaucoup de soin, une série d’expériences sur le tir en brèche; les talus des brèches, mesurés im- médiatement après la chute du revête- ment, ont offert les angles de 24, 26,26, 29, 33, 34 et 35°, et un seul cas 39°. . . . La terre était en grande partie de sable , mê- par mètre de base. en degrés sexagésimaux 0,676 à 0,y4 34 à 4o 0.70 à 0,75 35 à 37 0,768 0,70 à 0,725 07,5 35 à 37 0,725 37 GO O 38 0,78 38 0,70 à 0,81 24 à 39 Soc. géol. Tome XIV. D ORDRE. - 98 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1842. U ta a CS O 'q O K DÉSIGNATION DES LIEUX. PENTE par ci être de base. î en degrés sexagésimaux. 122 lée de cailloux; cependant la partie supé rieure , sur 2 ou 3 mètres , s’était mainte- nue presque verticale dans plusieurs cas . ce qui prouve que cette terre n’était pas sans cohésion. Jne expérience très en petit sur de la terre sèche non cohérente a donné au colonel Paisley Y 1 ? ;i> • • > ■ • r j j 0,8. 59 i H 123 Talus des terrasses désignées par M. de 1 j Charpentier sous le nom de diluvium gla- ciaire (page 67 de YEssai sur les glaciers , i84i), observés par M. Martius dans la haute vallée du llhin. Au Tinckenberg 35°, 3o. A Andar 35°, 3o. A Realla 35°. A Disscnlis 4l°. ParM. Leblanc à l’amont de Brixen dans la vallée de l’Eissack , vis-à-vis la vallée de Schalders. Cette terrasse est surmontée de blocs erratiques de 1 à 2 mètres de côté; son talus vers l’Eissack est de 35° * 0.70 à 0,87 35 à 41 124 Petit tas de 0,60 de haut, de poudre humide de gypse non cuit trouvé à Montmartre. . 1,00 45 |i 125 Glaçons, neige et boues gelés , mêlés de paille provenant des rues de Paris , jetés dans la Seine vis-à-vis les Champs-Ely- sées. Les pentes les plus ordinaires étaient 38°. mais on trouvait des parties à 45°. . 0,75 à 0,78 à 1 ,00 37 à 38 à 45 12( > Dernière cime de la Jungfrau, glace com- pacte dans la partie la plus roide, à une altitude de4>ooo mètres (Bibliothèque uni- verselle de Genève , novembre 184 t, pages 28,32, 47s 53, ascension de la Jungfrau, par MM. Agassiz, Forbes, Duchatelier et Desor) °,84 à 1,00 à 1 ,07 1 4° à 45 à 47 SÉANCE DU 5 décembre 1842. 99 Séance du 5 décembre 1842. PRÉSIDENCE DE M. ALC. DORBIGNY , vice-président. Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la der- nière séance, dont la rédaction est adoptée. M. le Président proclame membres de la Société : MM. Le comte da Rio ( Nicolo), membre de l’Institut impérial et royal lombardo-vénitien , à Padoue, présenté par MM. de Zigno et Michelin ; Maire ( Ernest), avocat à Paris, présenté par MM. Perrin et Michelin; De Coynart (Arsène), capitaine d’état-major à Paris, présenté par MM. de Yaldan et Boblaye ; Bianconi (Joseph), professeur d’histoire naturelle à l’Université de Bologne, présenté par MM. L. Gordier et Aie. d’Orbigny. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. De la part de MM. le vicomte d’Archiac et Ed. de Ver- neuil , leur travail intitulé : Memoir on the Jossils , etc. (Mémoire sur les fossiles des anciens terrains des provinces rhénanes , précédé d’un Coup d'œil général sur la faune des roches palæozoïques, et suivi du Tableau des débris organi ques du système devonien en Europe) (Extrait des Mé- moires de la Société géologique de Londres , 2e série , vol. VI, part. 2). ln-4°, 107 pages avec une traduction française de la 1 re partie ( 40 pages) , et un atlas in-4° de 38 planches. Bourgogne et Martinet, Paris 1842, et Richard et John Taylor, Londres, 1842. De la part de M. Fournet , son ouvrage intitulé : Sur le lit du Rhône à Lyon. In-8°, 3 1 pages , Lyon , 1 842. De la part de M. Ch. d’Orbigny, la 29e livraison du tome III du Dictionnaire universel d’histoire naturelle , dont il dirige la publication. De la part de M. Ch. Moxon , the Geologist , etc. , nos de février à novembre 1842. 100 SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1842. La Société reçoit en outre les publications suivantes : Comptes -rendus des séances de V Académie des sciences y pour 1842 , 2* semestre, tome XV, nos 21 et 22. Bulletin de la Société de géographie , n° d’octobre 1842. L'Institut , nos 465, 466. L'Écho du Monde savant , nos 41-43. Nouveaux Mémoires de V Académie royale des sciences et helles-lettres de Bruxelles , tome XV, avec planches. Bulletin de ï Académie royale de Bruxelles , tome IX, nos 2-8. The Athenœum , n08 787 , 788. The Mining Journal , nos 379, 380. Censura, etc. (Rapport sur les mémoires présentés à la Société royale des sciences de Danemarck pour le prix de 1841 , et nouvelles questions mises au concours par la So- ciété pour l’année 1843.) In-8°, 4 pages. Oversigt , etc. (Coup d’œil sur les travaux de la Société royale des sciences de Danemarck, pour l’année 1841). In-4°, 55 pages. Section XIX de la carte géognostique du royaume de Saxe , avec une description de cette section. Enfin la Société reçoit de M. Viquesnel 12 échantillons de roches du département de la Marne, qui complètent la série des terrains dont il a déjà donné la description ; deM.War- den , 54 échantillons dérochés et minéraux d’Amérique; de M. de Zigno , 38 échantillons de roches du Trévisan , à l’appui d’une note insérée précédemment, et d’un mémoire offert à la Société. M. Raulin lit la note suivante de M. Duval. Coupe des terrains des environs de Sézanne s par MM. Duval et Meillet. Sézanne est placée, comme on sait, au bord de la plaine crayeuse de la Champagne , et au pied du plateau tertiaire de la Brie. Nous nous proposons de décrire plus spécialement ici le terrain tertiaire, que nous avons étudié aux montagnes de la Justice et des Crottes, et à la carrière dite de Larigaut, à l’E. et au N. de cette ville. Il présente une série de couches fort intéressantes que SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1842. 101 nous allons passer en revue successivement , en commençant par la partie inférieure. 1. Craie blanche. — Elle est quelquefois jaunâtre et endurcie vers la partie supérieure. 2. Amas de silex. — Ils sont roulés, sans apparence de stratifi- cation , et à peine cimentés par une matière étrangère aux silex ; beaucoup sont géodiques et tapissés à l’intérieur par des cristaux de quarz , sur lesquels très souvent sont venus s’implanter d’au- tres cristaux de chaux carbonatée jaunâtre. 3. Calcaire lacustre inférieur. — Cette roche offre les diver- ses structures compacte, spatliique et tufacée des terrains d’eau douce que l’on connaît sous la dénomination de travertin propre- ment dit; elle est disséminée en rognons tuberculeux souvent d’un très grand volume, au milieu d’une marne jaunâtre sableuse; elle est très remarquable par la beauté des impressions de tiges, et surtout de feuilles et de semences de végétaux qu’elle renferme ; nous y avons même trouvé des fleurs. Ces végétaux très variés y sont en profusion; beaucoup d’entre eux appartiennent à la grande classe des dicotylédones, et quelques uns aux cryptogames vascu- laires; alors ce sont des fougères. Les coquilles qu’elle renferme sont terrestres ou d’eau douce , et semblables pour les genres et espèces à celles du calcaire de Rilly-la-Montagne; nous y avons aussi rencontré des moules d’Unios ou d’Anodontes. Lorsque l’on vient à frapper ce calcaire avec le marteau , il a , comme certaines roches secondaires de la Normandie , la propriété de répandre une odeur de truffe très prononcée. Quant aux végétaux , nous avons soumis ceux que nous pos- sédons à M. Ad. Brongniart, qui s’occupe avec tant de succès de cette partie de la paléontologie. Ce savant n’y a reconnu au- cune des espèces vivant actuellement sur le sol de la France. Les empreintes de feuilles, au nombre d’une dizaine d’espèces, ont presque toutes appartenu à des végétaux ligneux dicotylé- dones , et lui ont semblé avoir plus de rapports avec les végétaux fossiles du terrain gypseux de la Stradella , près de Pavie , qu’avec toute autre flore fossile. Sur les deux espèces de fougères , l’une lui a paru, d’après sa nervation particulière, se rapporter à une section de cette famille , qui ne se retrouve plus aujourd’hui qu’entre les tropiques. 4. Calcaire pisolitique tertiaire. — Cette roche est composée de petits grains pisolitiques calcaires; sa couleur jaunâtre rappelle celle des calcaires grossiers des environs de Paris; elle est divisée en deux bancs d’égale épaisseur, par quelques centimètres d’une 102 SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1842. marne d’un blanc jaunâtre. Le banc supérieur est peu agrégé, sans aucun mélange de corps étrangers accidentels ; il peut être considéré comme un sable calcaire. L’inférieur se distingue du supérieur par sa dureté , aussi est-il seul exploité pour la bâtisse. Des silex pyromaques roulés , mélangés à des fragments de craie et à des galets de calcaire compacte répandus dans la masse cal- caire par veines ou amas irréguliers, donnent souvent à cette roche un aspect poudingiforme. Beaucoup de ces silex sont en partie ou tout-à-fait désagrégés, alors ils sont pulvérulents et donnent une silice d’un beau blanc de neige. Quelquefois ces ga- lets sont remplacés par de très petits fragments anguleux de silex noirs; ces fragments sont souvent mélangés aux grains du calcaire, en assez grande quantité pour lui donner une teinte grisâtre très prononcée. A notre connaissance , il ne renferme pas de fossiles ; cepen- dant les ouvriers qui exploitent cette pierre affirment avoir ren- contré, mais rarement, des moules de coquilles univalves qu’ils nomment vaguement colimaçons. On peut observer ce calcaire aux montagnes des Crottes et de la Justice, à quelques portées de fusil au levant de Sézanne ; mais pour bien étudier sa position , il faut aller à la carrière de Lari- gaut , située au nord de cette ville , à la distance de deux kilomè- tres environ , où il repose sur le calcaire précédent , et se trouve recouvert par tout le dépôt de l’argile plastique et les terrains qui lui sont supérieurs. Pour nous , malgré l’absence de fossiles (1), cette roche occupe dans cette localité la place du calcaire pisolitique tertiaire; car, d’après l’ordre de superposition des terrains indiqués dans cette coupe , il doit évidemment appartenir à ce dépôt. Nous avons eu encore occasion de l’observer au Mont Sarrans , près Cramant, au S. d’Epernay. Dans cette localité, il nous a paru reposer directement sur la craie. Nous ignorons si le calcaire la- custre , qui lui est inférieur à Sézanne , existe sur ce point ; mais il est incontestablement recouvert, comme à la carrière deLarigaut, (1) Si l’on se souvient que les fossiles ne sont que des accidents dans les roches , il ne paraîtra pas étonnant de rencontrer du calcaire pisoli- lique dépourvu de corps organisés ; tous les jours ne voit-on pas ( nous prenons nos exemples dans les terrains tertiaires ) les grès marins supé- rieurs et les grès marins moyens sans aucune trace de débris organi- ques? Ce qui s’est fait pour ces roches a pu se faire également pour le calcaire pisolitique. SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1842. 103 par tout le dépôt de l’argile plastique . etc. Sa plus grande puis- sance est de 17 mètres. 5. Étage de V argile plastique . — Ce terrain est assez développé aux environs de Sézanne; il se divise en deux groupes : 1° l’argile plastique proprement dite, 2° les sables et les grès de l’argile plastique. L’argile plastique , tantôt blanche , tantôt grisâtre ou bleuâtre et salie par des traces charbonneuses , est généralement très pure vers la partie inférieure, et sableuse à la partie supérieure. Les sables qui lui sont supérieurs sont mélangés d’une quantité assez notable d’argile et de paillettes de mica. » Les grès qui forment la partie supérieure renferment , comme les sables , du mica. Ils sont plus ou moins durs, et alors plus ou moins exploitables , et renferment, sur certains points, de nom- breuses tiges végétales , des empreintes de feuilles dicotylédones, et quelques rares coquilles d’eau douce à l’état de moules. Gé- néralement ces fossiles sont peu déterminables , parce qu’on ne peut les observer que dans les parties peu agrégées et facilement détériorées par les actions atmosphériques ou le choc du marteau. On rencontre encore dans ces grès des cavités géodiques remplies d’une substance ocreuse , jaunâtre , souvent réunie en rognons compactes et libres , dans la cavité, à la manière des pierres d’ai- gle. Cette substance paraît être de l’oxide de fer presque sans mé- lange. On trouve aussi de petits points argileux très blancs , qui contrastent singulièrement avec la couleur de rouille très foncée de cette roche , et se mêlent quelquefois aux grains quarzeux, de manière à laisser croire que ce pourrait être le résultat de la dé- composition de petits grains feldspatliiques transformés en kaolin. Nous y avons aussi remarqué quelques silex roulés. 6. Marnes vertes du gypse. — Elles sont intéressantes en ce qu’elles renferment un calcaire fibreux , disposé au milieu de ces marnes sous forme de plaques horizontales dont l’épaisseur varie de 15 à 20 centimètres. Ce calcaire, qui se présente ici en cou- ches très étendues sur un grand espace de terrain , a déjà été signalé dans les marnes vertes aux environs de Provins. 7. Calcaire siliceux. — Nous le rapportons au travertin moyen. 8. Terre végétale. — Formée d’un limon argileux et ferrugi- neux coloré en rouge très foncé , renfermant du fer hydroxidé compacte avec hématite , et des concrétions du même minéral à structure caverneuse meuliériforme avec grains oolitiques adhé- rents à la masse. Nous rapportons cette couche au terrain di- luvien. 104 SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1842. Nous terminerons cette description en faisant mention d’un fait assez curieux en géologie pour mériter d’être signalé. Au mont Sarrans, près de Cramant, au S. d’Epernay, dans le ter- rain d’argile plastique lignitifère, vers la légion moyenne, nous avons trouvé du fer liydroxidé (limonite oolitique) empâté dans une argile bigarrée souvent tachée de rouge vif. Ces grains, de 5 à 6 millimètres de diamètre, sont quelquefois recouverts d’une pellicule jaune d’or natif mêlé de pyrite d’un jaune verdâtre : l’argile qui les renferme est parsemée de petites lamelles brillantes de la même couleur; la masse séchée , pulvérisée et traitée par du mercure pur, nous a donné de l’or en parcelles bien reconnais- sable. 500 grammes de cette substance nous en ont fourni environ 5 centigrammes. L’opération ayant été faite à la hâte, on peut espérer qu’une analyse plus exacte en donnerait de plus fortes quantités. C’est , nous le croyons, la première fois qu’on a signalé l’or dans les terrains tertiaires dans une position définie et bien connue, non à l’état de grains roulés, arrachés aux terrains primitifs, mais bien en lamelles qui sont évidemment le résultat d’une précipi- tation chimique opérée pendant le dépôt de l’argile plastique. Quant au dissolvant, il serait possible que c’eut été un des sul- fures alcalins auxquels, commeon le sait, on a reconnu récemment la propriété de dissoudre l’or, même lorsqu’ils sont très étendus d’eau. A la suite de cette lecture, M. Raulin énonce quelques doutes sur la contemporanéité des roches présentées par M. Duval et du terrain à coquilles d’eau douce et terrestres de Rilly-la-Montagne. Les premières , à raison de leur struc- ture tufacée et concrétionnée, sembleraient appartenir à une époque assez récente , tandis que les autres ont une position bien établie entre la craie et les argiles à lignite. M. Raulin ajoute qu’il a vu à la montagne de Berru , près Reims , une roche pareille à celle que M. Duval nomme calcaire pisoîi- tique , placée entre la craie et l’argile plastique, M. Charles d’Orbigny , d’après des renseignements qui lui ont été communiqués par M. Wyld , d’Epernay, qui a lui-même visité la localité citée, regarde le terrain signalé comme l’équivalent de celui de Rilly , dont il a le premier fait connaître la localité et la véritable position géologique. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 105 Cette circonstance accroît l’importance de ce dépôt , que l’on ne doit plus considérer comme un accident local, puisqu’on le retrouve dans les mêmes conditions à une distance éloignée. Le travertin ou calcaire lacustre de Sézanne, ajoute M. d’Orbigny, est si évidemment contemporain de celui de Rilly, qu’on y trouve les mêmes fossiles, mêlés quelquefois avec les 'végétaux en question. En effet, M. Wyld y a recueilli et parfaitement reconnu les coquilles suivantes , qui déter- minent suffisamment l’âge de ce dépôt : Physa gi g ante a , Paludina aspersa , Pupa sinuata , Pupa bulimoidea , Hélix he- misphœrica , Hélix lima , Clausilia exarata , Cyclas . Comme à Rilly , les calcaires et marnes lacustres de Sé- zanne reposent sur la craie blanche, et forment la partie inférieure du terrain d’argile plastique. M. d’Orbigny ter- mine en disant que les roches non coquillières présentées par M. Duval comme du calcaire pîsolitique, ne lui parais- sent pas présenter les caractères de cet étage. M. de Wegmann persiste dans l’opinion qu’il a émise, à la dernière séance , dans sa communication relative au même objet. Il n’a point vu dans l’endroit signalé, à la montagne des Crottes, une superposition assez évidente pour lui donner la certitude que la roche en question passât sous les couches tertiaires. A la suite de cette discussion , M. Melleville établit en thèse générale que, dans l’ordre normal, les argiles àlignites succèdent immédiatement à la craie. C’est seulement aux environs d’Epernay, dans quelques endroits, quelles en sont, séparées par un intermédiaire quelconque. Séance du 19 décembre 1842. PRESIDENCE DE M. ALC. D ORBIGNY, VlCC-président. M. de Pinteville , vice - secrétaire , donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. 106 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842» DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : Delà part du ministère de la justice, le Journal des sa- ocintS) novembre 1842. De la part de M. Aie. d’Orbigny , les livraisons 55e et 56e de sa Paléontologie française (terrains crétacés), et 9e (terrains jurassiques). De la part de la Société libre d’émulation du Doubs , le tome Iï de ses Mémoires et Comptes-rendus . In-8°, 60 pages, 4 planches Besançon , 1842. La Société reçoit en outre les Comptes-rendus des séances de V Académie des sciences , 1842 , 2e semestre, tome XY, nos 23, 24. Les Annales des Mines , 8e livraison de 1842. Le Bulletin de la Société industrielle d! Angers , n° 5 , 1 3e année. JJ Institut , nos 466, 467 , 468. U Echo du Monde savant , nos 44-47. The Atlienœum , nos 789, 790. The Mining Journal , nos 381 , 382. Enfin la Société reçoit de M. Mulot une coupe des terrains traversés par le puits artésien de rabbattoir de Grenelle, in-folio , 1 842. M. Dufrénoy offre à la Société un plan en relief du Vésuve et des environs de Naples qu’il a colorié géologiquement. Ce plan , qu’il a construit en adoptant pour les hauteurs la même échelle que pour les longueurs, représente exacte- ment l’orographie du pays, indépendamment de toute idée théorique. M. Dufrénoy communique ensuite à la Société , de la part de M. Ruelle , le Mémoire suivant. Description géognostique du souterrain de la montagne du Lioran, et Réflexions sur le groupe du Cantal, par M. Ruelle. Chargé depuis trois ans , sous les ordres de l’ingénieur en chef du Cantal, des travaux d’une galerie souterraine pratiquée à la SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 107 base et dans le plus grand diamètre de la montagne tracliytique du Lioran , nous avons profité d’une circonstance qui ne se re- nouvellera peut-être point pour recueillir quelques faits d’autant plus susceptibles d’attirer l’attention des géologues, que leurs re- cherches n’ont pu encore avoir lieu qu’à la surface ou sur les lignes d’érosion d’un terrain dans lequel nous avons pénétré à une assez grande profondeur (1). On donne à la fois le nom de Lioran à une portion de la haute vallée de l’Alagnon , longée par la route d’Aurillac à Murat , et à la montagne que traverse la galerie. Cette montagne , située entre le Puy-de-Griou et le Plomb-du-Cantal qui la dominent de 2 à 400 mètres 2), terminent la vallée de la Gère; elle a la forme d’un cône très évasé se rattachant par le prolongement de sa base aux pentes ou aux contre-forts de ces deux sommités et du Puy-Bataillouse. Sur les versants N. et O. coulent les rivières de l’Alagnon et de la Cère , dont les eaux , se dirigeant en sens op- posé vers les bassins de l’Ailier et de la Dordogne , se sont creusé un lit à travers les tracliytes et les conglomérats qui, pendant plu- sieurs lieues, s’élèvent en escarpements sur leurs rives. La galerie , dont la section est une demi-ellipse de 7 mètres de hauteur sur 7 mètres de largeur, a été ouverte au N.-E. sur les bords de l’Alagnon et au S. -O. dans la gorge du Viaguin , ruisseau qui , à peu de distance de là , se réunit à la Cère. Les travaux d’excavation ont atteint en ce moment-ci une longueur de plus de 950 mètres sur 1,386 que doit avoir le percement. Il serait impossible de reconnaître à la surface de la montagne du Lioran , recouverte de bois ou de terre végétale, la nature des roches qui la composent , et ce 11’est que par analogie qu’on les supposerait identiques avec celles des masses environnantes si le souterrain n’avait mis ce fait hors de doute. On observe néan- moins de légers affleurements de conglomérats sur certaines par- ties dénudées par les eaux pluviales, et quelques filons de trachyte se dirigeant de l’E. à l’O.; deux ou trois entre autres se montrent et disparaissent presque aussitôt dans le sentier qui descend du col de Font-de-Cère au pont du Lioran ; mais le plus bel exemple de l’existence et du grand développement de ces filons (1) Le sol de la galerie est de 260 mètres au-dessous du sommet du Lioran, et de plus de 700 mètres au-dessous du point culminant du ter- rain trachytique en France. (2) Le Lioran a 1420 mètres de hauteur absolue , le Puy de Griou environ 1600 mètres, et le Plomb du Cantal 1867. 108 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. se voit, dans le ruisseau du Viaguin , tout près de l’entrée de la percée. Là , un mur presque vertical de plionolite à structure prismatique, d’environ 5 mètres d’épaisseur, coupe oblique- ment le ruisseau, et courant droit à l’O. s’enfonce et se relève plusieurs fois avant d’aller se perdre à plus de 2 kilomètres de distance, dans les pentes du Puy-de-Griou, derrière le village de Chazes. On aperçoit , un peu plus au N. , un autre gros filon de trachyte porphyroïde , ayant la même direction que celui-là et parcourant une distance égale. Comme la description spéciale de chacune des deux sections de la galerie donnerait lieu à d’inévitables répétitions , nous nous bornerons à présenter les faits observés dans toute leur étendue, en revenant plus tard, s’il est nécessaire, sur les observations par- ticulières qui ne seraient pas suffisamment indiquées dans les deux coupes qui accompagnent cette notice. La portion déjà excavée, sur une longueur de plus de 950 mètres, traverse des conglomérats très variés par la couleur , la dureté et la composition, coupés par une multitude de filons de trachyte ou de plionolite, et par de petits filons d’obsidienne et même de ba- salte. Il semble que ces roches, gisant à une aussi grande profondeur, devraient avoir conservé leur intégrité; mais le temps a imprimé sa trace sur ces produits souterrains comme sur ceux qui se mon- trent à la surface du sol, et l’on y remarque avec surprise les ef- fets d’une décomposition que l’accès de l’air extérieur accélère singulièrement aujourd’hui. Toutes ces roches exigent cependant l’emploi de la mine ; mais leur cohérence , qui n’est très souvent que le résultat d’une énorme pression , et leur dureté, sont telle- ment différentes, que la quantité de matières extraites en un jour avec le même nombre d’ouvriers peut varier de 10 à 30 mètres cubes dans chaque galerie. Les roches agglomérées se représentent ici avec toutes les va- riétés de brèches et de tufs que l’on voit au fond des vallées comme sur les points culminants ou dans les parties intermédiaires de la formation tracliy tique du Cantal, mais les tufs proprement dits y sont beaucoup plus rares. Ces variétés , si difficiles à décrire avec précision , et tellement nombreuses que nous avons pu recueil- lir quinze échantillons bien distincts dans une étendue de moins de 40 mètres , peuvent être ramenées à quatre espèces princi- pales en faisant abstraction de la couleur et de la dureté, qui ne sont point des caractères permanents dans les conglomérats, tout- à-fait semblables d’ailleurs. Nous distinguerons donc seulement SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 109 comme types auxquels peuvent se rattacher la plupart des variétés existant dans le souterrain et à l’extérieur : 1° la Brèche à ciment de lave, composée de fragments anguleux et quelquefois arrondis de trachytes compactes ou légèrement scorifiés, réunis par un ci- ment ferrugineux plus ou moins dur qu’on ne distingue souvent qu’à sa couleur des parties enveloppées (1) ; 2° le Conglomérat fin, contenant de petits fragments de tracliyte dont la grosseur n’ex- cède pas pas celle d’une noix, réunis par une pâte de cendres vol- caniques agglutinées; 3° le Conglomérat grossier , dont le ciment , formé de tufs peu cohérents ou de cendres reprises par la lave , enveloppe de très gros fragments de tracliyte et de phonolite , et quelquefois des débris de micaschiste; 4° les Tufs ou cendres volcaniques , qui , à l’état pulvérulent , ont cimenté les deux der- nières variétés de conglomérats, mais qui, existant en masse et ne contenant plus que de très petits fragments de scories ponceuses, forment une roche distincte assez rare d’ailleurs au Lioran. La dénomination de conglomérats fins , donnée à l’une des principales variétés des roches d’agrégation , n’exclut point la présence des blocs de tracliyte et de phonolite qui abondent dans les conglomérats grossiers ; mais ces blocs s’y trouvent en bien pe- tit nombre ou tout-à-fait isolés. Nous avons cru devoir écarter de cette classification, très impar- j faite sans doute , une dénomination qui eût rappelé les poudin- i gués ; car l’examen le plus attentif ne nous a jamais fait recon- naître dans la montagne du Lioran un seul fragment de roche |qui parût devoir sa forme au mouvement imprimé par les eaux. Il est vrai que beaucoup de blocs faisant partie des conglomérats ont leurs angles émoussés ; mais on aurait lieu d’être surpris d’en trouver à vives arêtes après avoir été amenés violemment et en û grand nombre à la fois des profondeurs de la terre , et malgré es chocs et frottements éprouvés dans cet immense trajet. Les terrains volcaniques offrent, du reste, une foule d’exemples le fragments de basalte solidifié arrivant au jour avec des formes ensiblement arrondies. Toutes les variétés de conglomérats que l’on rencontre dans la ;alerie passent continuellement de l’une à l’autre par des transi- tons lentes et difficiles à reconnaître ; elles se mêlent , se brouil- (i) On trouve les analogues de cetle brèche au pas de Cornpain , au col e Cabre , près du pont de Pierre-Taillade , etc. ; mais elle subit souvent e telles modifications , qu’on serait tenté d’en faire encore plusieurs va- étés; elle y est généralement plus dure et plus torréfiée. 110 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. lent, s’enchevêtrent vers les points de contact, si l’on peut appeler ainsi l’espace assez étendu où il devient impossible de distinguer les caractères particuliers de chacune d’elles. Aussi on voit les roches les plus incohérentes succéder aux roches fortement ci- mentées, les conglomérats empâtant les plus gros blocs aux con- glomérats presque pisolitiques, la brèche à ciment de lave d’une extrême dureté à celle dont le moindre choc désunit toutes les parties. La même irrégularité se fait remarquer dans le mode de superposition , car souvent les aggrégats qui renferment des blocs énormes se trouvent placés au-dessus du conglomérat à petits fragments. Il ne se manifeste d’ailleurs aucun indice de stratifi- cation dans toute l’étendue de la galerie, et le mélange des varié- tés de roches s’opère indifféremment suivant un plan vertical , horizontal ou incliné, en laissant l’observateur dans la même in- certitude sur les points de rencontre. Des contrastes assez tran- chés se font remarquer quelquefois entre deux masses de conglo- mérats séparées par un gros filon ; mais ce n’est ici qu’une circon- stance exceptionnelle , car il arrive bien plus fréquemment que des roches agrégées absolument semblables sont coupées par des dykes de trachyte et de plionolite 1). Certaines variétés se montrent en plus grandes masses que d’autres et restent sans mélange sur une longueur considérable, tandis qu’il y en a qui changent rapidement. Quelques conglo- mérats se lient d’une manière si intime aux filons et les rapports entre les deux roches deviennent si nombreux , qu’on ne saurait shmpêcher d’admettre le passage des uns aux autres, de même que celui de certains dykes aux tracliytes en masses. Cela n’a pas lieu pour les filons très durs caractérisés par leur structure pris- matique, ni pour ceux qu’accompagne latéralement dans leur as- cension un petit filet d’argile qui en fait ressortir les formes rec- tangulaires. Des fissures ayant de 5 à 15 centimètres de largeur existent en assez grand nombre dans la galerie : les plus larges sont sans interruption d’une paroi à l’autre ; d’autres , en général très petites, suivent verticalement les filons; mais la plupart n’affectent aucune direction et se croisent dans tous les sens. Celles qui se (i) Nous appellerons indifféremment, pour éviter la répétition trop fréquente du même mot, dykes ou filons, ces murs plus ou moins épais de trachyte et de phonolite qui traversent les conglomérais. Peut-être l’expression de dyke devrait-elle être exclusivement employée, les filons étant plutôt d’une autre nature que la roche traversée. SÉANCE DU f 9 DÉCEMBRE 184 2. 1 1 I trouvent accolées aux filons donnent souvent lieu à des infiltra- tions assez considérables , et sont remplies d’une argile blanchâtre ou verdâtre extrêmement fine, amenée sans doute par les eaux, et résultant de la décomposition des parties latérales des roches qu’elles séparent. Celles qui n’accompagnent pas les filons con- tiennent ordinairement du conglomérat décomposé, de l’argile verte ou rouge , et quelquefois des cristallisations de quarz , de chaux carbonatée, et une jolie aragonite bacillaire rosée. La faible cimentation de la plupart des roches agglomérées dé- termine de fréquents éboulements dans la galerie, principale- ment dans les parties humides; ii s’en manifeste aussi dans les conglomérats plus durs , mais découpés par des fissures qui lais- sent sans point d’appui, à la partie supérieure de la route, des masses en forme de coin. Les trachytes et plionolites en filons dont la décomposition est très avancée se réduisent presque sou- dainement à l’air libre en une boue argileuse; il en est de même de plusieurs variétés d’agrégats non cimentées par la lave , qui offrent peu de cohérence (1). Les fragments enveloppés dans les divers conglomérats diffèrent beaucoup entre eux par le nombre, la forme et la grosseur; mais leur adhérence est presque toujours en raison de la dureté du ciment. Les uns se détachent au moindre . (1) Le désir de suppléer la pouzzolaue dans la construction des voûtes de revêtement que nécessitera le souterrain , nous a fait entreprendre quelques essais dont les résultats, confirmés par M. Vicat , ont prouvé que certains conglomérats fins pouvaient, après une cuisson artificielle, être convertis en pouzzolane dont le mélange avec les chaux grasses de La- veissière forme un bon ciment hydraulique. Ce fait semblerait étayer la théorie qui porte à considérer la plupart des produits trachytiques comme n’ayant pas subi une fusion aussi complète que la lave basaltique. Nous devons encore à la bienveillance de M. Vicat une analyse comparée de la pouzzolane d’Italie et du conglomérat soumis à l’expérience. Pouzzolane d’Italie. Conglomérat. Silice 52,66 Alumine et fer 24,66 Chaux 7,66 Carbonate de chaux.. 2,96 Potasse pt sonde 0.17 Magnésie ’/ •••••• 3,86 Eau et perte. ....... 8,o3 100,00 100,00 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 1 12 clioc ou par l’effet des commotions produites par la mine , tandis que les autres sont si fortement unis à la pâte, qu’ils semblent ne faire qu’un corps avec elle et ne s’en distinguent que par la diffé- rence des couleurs. Ces fragments, souvent énormes (on en a trouvé ayant jusqu’à 6 mètres cubes) , se composent de trachyte, de pbonolite et de conglomérats fins. Le trachyte paraît exister seul dans les conglomérats avellanaires, tandis qu’il est associé au pbonolite dans les conglomérats grossiers et dans les brèches. Quoique en général la nature de ces deux roches diffère un peu , dans les fragments enveloppés, de celle des filons, on en trouve parfois d’absolument identiques. Les conglomérats du Lioran ne nous ont encore offert aucun fragment de calcaire, ni brèches alunifères, ni sublimation de fer oligiste, et nous n’y avons trouvé en substances étrangères aux trachytes qu’un gros rognon de silicate d’alumine à grain très fin , rayant le verre et ressemblant singulièrement au calcaire jurassique qu’on emploie pour la lithographie, ainsi qu’un mor- ceau de graphite siliceux séparé sans doute du granité qui le ren- fermait. La masse entière des conglomérats est traversée par un grand nombre de dykes, filons ou murs qui, se dirigeant généralement de l’E. à 1*0. ou du S,-E. au N. -O. , coupent la galerie sous un angle de 45 à 90 degrés, et y forment comme une longue suite d’arcades placées à des distances très inégales. Quelques uns de ces filons courent un peu plus au N. ou au S. , mais on n’en a point trouvé de parallèles à l’axe du souterrain. Leur puissance varie entre 1 mètre et 10 mètres ; il en est même qui n’ont pas 50 centimètres d’épaisseur. La plupart suivent, en s’élevant, un plan vertical ou oblique, d’autres se recourbent et présentent des faces curvilignes. Les uns vont se perdre dans la partie supérieure de la cou- ronne en conservant la même grosseur, tandis qu’il y en a, quoi- qu’en petit nombre, qui se terminent en pointe ou en biseau à quelque distance du sol. On en voit même qui ne se montrent qu’en affleurement sur une des parois de la galerie , ou s’avancent en partie d’un côté sans se prolonger jusqu’à l’autre. Quelquefois deux filons , s’inclinant en sens contraire , finissent par s’unir et ne forment plus qu’un seul jet; d’autres se bifurquent à une certaine hauteur et continuent de s’élever en divergeant. Certains sont déprimés dans une de leurs par lies, ou acquièrent une plus grande épaisseur qu’à leur apparition à la surface du sol. Enfin il en est SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 113 qui semblent se pénétrer sans changer d’allure, et ont alors l’as- pect de croix de saint André (1). Ces filons présentent la structure prismatique plus ou moins régulière ; mais ce caractère n'est bien distinct que dans ceux qui se trouvent séparés des conglomérats par un petit filet d’argile, ou qui s’élèvent presque verticalement , et dont les faces rectan- gulaires sont nettes et bien prononcées. Quelle que soit d’ailleurs la forme qu’affectent les filons , leurs prismes se trouvent toujours perpendiculaires aux salbandes , même dans ceux qui , offrant des surfaces courbes , semblent avoir fléchi sous une pression ou par l’effet d’une résistance quelconque. Quant aux filons dont la struc- ture présente quelque incertitude ou qui ne sont pas isolés des conglomérats , il devient très difficile , sinon impossible , de les dis- tinguer, et souvent alors ils prennent ensemble tous les caractères du trachyte massif. Les variétés de trachyte , soit en filons, en masses ou en frag- ments et blocs enveloppés, sont exactement les mêmes que celles de la formation trachytique en général, et paraissent exister dans des proportions relatives. Elles consistent en trachytes porphy- roïdes , granitoïdes ou homogènes plus ou moins compactes. La couleur de ces divers trachytes varie, comme celle des conglomé- rats, du blanchâtre au gris-rougeâtre et verdâtre, et même au brun et au noir. L’amphibole s’y montre plus souvent en mou- chetures que sous la forme aciculaire ; il est fréquemment associé avec du mica noir, dont on le distingue quelquefois assez difficile- ment. Quelques trachytes et certains conglomérats qui s’en rap- prochent beaucoup contiennent des veinules de quarz rougeâtre. La décomposition de ces roches commence par les cristaux de feld- spath, et paraît d’autant plus avancée qu’ils s’y trouvaient en plus grande abondance. Ces cristaux se transforment en argile blan- châtre ou verte, analogue à celle des grains et nodules que renfer- ment si souvent les conglomérats. Les filons ou dykes de phonolite , beaucoup moins nombreux que ceux de trachyte, existent dans les mêmes conditions, sauf la distinction mieux prononcée qui a toujours lieu entre eux et les roches agrégées qui les avoisinent , dont ils se trouvent ordinai- (1) Il est souvent très difficile de discerner sur les parois humides et boueuses du souterrain la marche des filons et leur séparation d’avec les roches voisines. Noire travail a été grandement simplifié sous ce rapport par le concours zélé de MM. Lamouroux et Hougier, conducteurs des pouls et chaussées. Soc. géoL Tom XIV 8 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. i 14 renient séparés par une fissure remplie d’argile , ou contre les- quelles ils s’appliquent par des surfaces bien polies. Leur allure est en général plus régulière, et la division prismatique s’y trouve plus souvent. On n’en a point encore rencontré avec une structure schistoïde. Ils contiennent quelques petites aiguilles d’amphibole, et rare- ment des cristaux de feldspath visibles à l’œil nu ; leur couleur est gris-verdâtre ou noirâtre. Quelques uns présentent des fissures transversales donnant issue à des filtrations. On remarque une analogie parfaite entre certains dykes de phonolite et des fragments de cette roche contenus dans le con- glomérat ; mais quoique les rapports existants entre les filons de trachyte et de phonolite soient moins nombreux, il devient quel- quefois assez difficile de distinguer les uns des autres, et cette cir- constance , que Ton retrouve dans les terrains où ces deux roches n’ont eu évidemment qu’une même période d’émission , porte à croire qu’il peut y avoir également ici des transitions de l’une à l’autre. Il est certain du moins que quelques dykes que nous avons cru devoir considérer comme des trachytes , pourraient bien ap- partenir aux phonoliles, et réciproquement. On voit encore dans la galerie plusieurs zones plus ou moins inclinées , mais suivant la même direction que les filons composés d’une substance argileuse , qui rappellent les bandes étroites de roches décomposées dont les terrains granitiques offrent de si nom- breux exemples , et que nous croyons provenir de l’altération de dykes de phonolite ou de trachyte. Cette opinion est fondée sur l’analogie qui existe entre cette argile et les produits de la décom- position de ces mêmes filons, comme sur la présence de quelques parties granuleuses qu’on y reconnaît encore. Indépendamment des diverses roches que nous venons de dé- crire, on remarque contre les dykes et dans les conglomérats de petits filons d’obsidienne noire parsemée de petits cristaux blan- châtres de feldspath, dont l’épaisseur n’excède guère 8 centimètres. Ces filons disparaissent parfois avant d’atteindre le haut de la voûte, et leur grosseur semble diminuer à mesure qu’ils s’éloignent du sol. Ils adhèrent souvent aux dykes, qu’ils suivent dans leur ascen- sion de manière â se confondre avec eux , et s’unissent tellement aux conglomérats en les pénétrant, qu’il est impossible de recon- naître le point où cesse le mélange, et que le choc du marteau ne les sépare qu’imparfaitement. La présence de l’obsidienne dans les conglomérats du Lioran n’offre rien d’extraordinaire, puisqu’on la rencontre en filons as- SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 115 sez nombreux et plus puissants, quoique d’une autre couleur, aux abords du Plomb-du-Cantal ; mais nous avons reconnu au milieu d’un dyke de tracliyte un étroit filon , ou plutôt une veine d’une substance noirâtre que nous avions prise d’abord pour de l’argile endurcie et pénétrée d’obsidienne, et qui, examinée avec plus de soin, nous a paru être du basalte, car elle fait mouvoir l’aiguille aimantée, fond au chalumeau en verre noir terne, et contient de très petits cristaux de pyroxène bien reconnaissables à la loupe. Gela nous a donné à penser que certains filons de trachyte très foncé pouvaient peut-être aussi être du basalte, quoique n’en pré- sentant pas tous les caractères , ce qui indiquerait un passage de l’une de et s roebes à l’autre. Il existe deux autres faits assez remarquables observés dans le souterrain : un filon de phonolite présente une rupture sur l’une des parois ; la section inférieure , s’écartant de la section supérieure d’une distance égale à la puissance du filon, s’est d’abord affaissée, et se relevant ensuite est venue se souder à la première. Le vide opéré par ce double mouvement se trouve rempli de conglomérat décomposé semblable à celui que traverse le dyke, et le filet d’ar- gile qui l’accompagnait dans son ascension est resté interposé en- tre les deux roches. C’est d’ailleurs le seul fait de dislocation qui nous soit connu au Lioran. Un second filon de trachyte, en pris- | mes informes , présente dans l’intérieur des vacuoles, qui, primi- tivement arrondies , ont pris une forme ovoïde en s’allongeant dans le sens horizontal parallèlement aux salbandes. Nous terminerons cette description en indiquant sommaire- ment les circonstances particulières , peu importantes du reste , | qui se font remarquer dans l’une ou l’autre galerie. L’obsidienne et le basalte ne se sont pas encore montrés dans celle du Viaguin. On y trouve en bien plus grande abondance les blocs ou gros fragments de trachyte et de phonolite empâtés dans le conglomérat. Ces fragments tranchent davantage par leur forme et leur couleur avec le ciment argileux qui les enveloppe, et se détachent avec fracas du haut de la couronne et sur les parois lors que le conglomérat s’est peu à peu décomposé alentour. Les dy- kes y sont moins nombreux; et malgré une décomposition très avancée, leur forme, en général régulière, les fait bien ressortir du reste de la masse. Dans la galerie qui s’ouvre sur l’Alagnon , les filons sont très multipliés et ont des formes plus accidentées. On les confond aisé- ment avec les conglomérats de structure homogène , soit par la difficulté de saisir les caractères différentiels, soit par la transition î 16 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. fréquente des uns aux autres. Les éboulements qui ont lieu de ce côté paraissent résulter, dans certains cas, d’une moindre cohé- sion dans les roches agglomérées, mais surtout de la situation sous la partie la plus boisée de la montagne, où les eaux retenues long- temps à la surface du sol donnent lieu à d’abondantes infiltrations. En résumant les principaux faits observés au Lioran , nous fe- rons remarquer les rapports de composition existant entre les ro- ches qui forment cette montagne et celles que présente la formation trachytique en général ; le mélange sans aucun indice de stratifi- cation des nombreuses variétés de conglomérats, la fréquente ana- logie de texture entre les dykes de trachyte ou de phonolite et les fragments enveloppés de ces mêmes roches ; la tendance des filons à s’élever dans un plan vertical, leur nombre, leur direction pres- que constante et leur passage aux trachytes en masse comme celui des trachytes aux conglomérats ; l’altération se manifestant au même degré sur la plupart de ces roches ; et enfin l’union intime des filons d’obsidienne avec les conglomérats comme avec les dykes de trachyte. Si l’on considère ensuite que tous ces produits souterrains com- posés d’éléments semblables, mais si variés dans leur aspect, sont arrivés pèle mêle ou se sont succédé tour à tour par des transitions plus ou moins sensibles, avec une action continue, et présentent tout le désordre d’une association brusque et tumultueuse , on ne pourra méconnaître ici les effets d’une éruption qui, reprenant par une nouvelle lave des matières en partie solidifiées , les a violem- ment entraînées et déposées autour de l’orifice, qu’un dernier jet, produit d’une force expirante, a comblé et dérobé à nos regards. Le phénomène de l’apparition simultanée de roches compactes, de matières agglomérées ou incohérentes et de laves encore fluides, s’est reproduit dans les terrains basaltiques avec des circonstances qui retrouvent au Lioran une bien singulière analogie. A une de- mi-lieue du Puy , sur la route qui conduit à Brioude , près du Collet , une longue coupe verticale a mis à découvert le foyer d’é- ruption du volcan d’où sont sorties les laves qui forment au- jourd’hui le plateau de Sainte-Anne. M. Bertrand de Doue y a vu le basalte pyroxénique, à grains nombreux de fer titané, arrivant pêle-mêle avec des scories libres ou cimentées , des lapilli et des cendres volcaniques. Une multitude de dykes de basalte compacte, affectant toutes les directions, se montrent au milieu de ces déjec- tions, qu’ils ont traversées avant leur refroidissement, ou avec lesquelles ils se sont élevés des profondeurs de la terre. D’après cela , sans attribuer au Lioran l’une des plus humbles SÉANCE DU 19 DECEMBRE 1842. 117 sommités du groupe central, une grande coopération dans la for- mation des nombreuses couches qui composent la gibbosité tra- ch y tique, on doit y voir, selon nous, une véritable cheminée érup- tive, c’est-à-dire une section des longues crevasses qui donnèrent issue aux déjections de toute espèce. Et, comme il ne paraît pas possible de supposer que cette montagne soit une création isolée , n’offrant que des phénomènes exceptionnels et devant rester en de- hors des considérations qui s’attachent à l’ensemble de la forma- tion trachytique, les faits inattendus qu’a révélés le percement de la galerie peuvent donner lieu à des conjectures bien fondées sur la composition des niasses environnantes. .Nous allons donc chercher à faire envisager sous un nouveau point de vue lagéognosie de la partie centrale du groupe où l’ac- tion volcanique s’est le plus manifestée, et dont les grandes lignes d’éruption ont produit les roches agglomérées et les tracliytes en coulées ou en masses qui , dans les zones inférieures , auraient été remplacées par une émission exclusive de conglomérats. La plupart des géologues qui ont observé et décrit le Cantal in- diquent les localités où les filons se montrent à découvert en plus grand nombre, et ils les supposent postérieurs aux conglomérats et aux tracliytes en masse, parce que ces fdons traversent les stra- tes de ces roches et arrivent à la surface extérieure, où ils for- ment des massifs continus. Mais ils ne paraissent point y attacher une grande importance, et les considèrent comme étant le produit d’une émission subsidiaire et tardive, qui n’a pu qu’occasionner des perturbations dans les masses préexistantes sans en augmenter la puissance d’une manière notable. Or, la rencontre dans le sou- terrain de ces nombreux filons, qu’on n’aurait pas soupçonnés à l’inspection extérieure de la montagne , et qui équivalent au sixième de la masse totale, prouve qu’ils doivent exister en très grand nombre sur différents points du groupe. Comment croire , dès lors, qu’ils n’aient joué qu’un rôle aussi secondaire dans sa formation, et qu’ils soient venus seulement remplir après coup une multitude d’étroites fissures, dont certaines se trouvent brus- quement interrompues ! Sans doute, il y a des filons postérieurs aux trachytes et aux conglomérats , fait qui s’explique par l’alter- nance des émissions dans un temps assez court et avant la conso- lidation complète des assises; mais il nous paraîtrait d’autant moins rationnel d’admettre l’antériorité générale des uns sur les autres, qu’on voit dans les galeries des dykes se modifier successi- vement et finir par se confondre avec eux , tandis qu’ils se repro- duisent ailleurs à la surface du sol , en coulées ou en masses , tan- 118 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE (812. tôt intercalées dans les assises et tantôt superposées aux conglomé- rats, devenant ainsi les générateurs d’une partie des trachytes massifs au lieu déformer la dernière série des produits de l'érup- tion. Nous ferons remarquer du reste que si les dykes se montrent plus particulièrement dans la partie centrale du groupe, c'est éga- lement là que gisent les trachytes en masses ou en coulées, et qu’on voit aussi les plionolites, en sorte que ces deux roches sem- blent être inséparables de leurs congénères. Beaucoup de filons présentent , il est vrai , une texture cristal - line et des formes prismatiques que l’on retrouve assez rarement dans les trachytes massifs; mais il suffit que leur continuité ait été reconnue dans certains cas pour ne point s’arrêter à une ob- jection qu’il serait d’ailleurs facile de détruire , en rappelant com- bien diffèrent les résultats du refroidissement dans les laves res- tées souterraines et dans celles qui se sont épanchées à la surface du sol. Il n’est guère possible d’attribuer aux dykes de plionolite une origine plus récente qu’à ceux de trachyte, quand on voit ces deux roches se trouver réunies, soit en fragments dans les con- glomérats , soit en filons qui , à peine séparés par une mince couche d’argile , s’élèvent parallèlement et offrent toutes les appa- rences d’une constante association. En admettant qu’après un long repos , après la solidification des roches agglomérées et des trachytes, de nouvelles convulsions en eussent ébranlé les masses pour livrer passage aux laves euritiques , les conglomérats comme les dykes préexistants de trachyte ne présenteraient-ils pas aujourd’hui des lignes de fracture ou de dislocation qu’on n’y remarque cependant nulle part? On ne peut trouver aucune objection contre la contempora- néité des dykes de trachyte et de plionolite dans les différences observées entre ces roches à l’état de filons ou en fragments em- pâtés dans les conglomérats , car ces différences ne constituent pas des variétés qu’on retrouve partout où existent à la fois des pho- nolites et des trachytes, ou l’une de ces deux roches exclusive- ment. Ainsi , au Puy-de-Griou , deux massifs euritiques dont per- sonne ne contestera rémission simultanée offrent plus de ’ con- traste dans la texture et la couleur que n’en présentent les dykes que renferme la galerie et les fragments enveloppés de la même roche. Il y a également plus de différence entre certains dykes de trachyte qu’entre l’un de ces mêmes dykes et les fragments con- tenus dans les conglomérats ; et ce que nous avons déjà dit sur la difficulté de distinguer les caractères différentiels entre certains SEANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 119 traehytes et phonolites vient encore démontrer ici qu5il n’existe réellement que des variétés dans toutes ces roches Les conséquences qui résulteraient de l’émission simultanée des conglomérats, des traehytes et des phonolites, tendent à for- tifier les doutes que nous avions conçus sur l’origine du relief ac- tuel du Cantal, et que légitime un conflit d’opinions entre des hommes de la plus haute supériorité. Mais avant de hasarder quelques conjectures sur la formation de ce massif trachytique et sur la cause des énormes dégradations qu’il présente , nous rap- pellerons sommairement en quoi consistent les systèmes qui sem- blent prévaloir aujourd’hui entre la plupart des géologues fran- çais» Dans l’un de ces systèmes, on attribue le relief primitif du groupe à l’accumulation de laves plus ou moins fluides et de dé- jections incohérentes qui , formant autrefois un grand cône très surbaissé, auraient été successivement traversées par des filons de toute espèce , et qu’enfm l’érosion diluvienne serait venue dé- manteler et sillonner à de grandes profondeurs. On voit au contraire dans l’autre un soulèvement central opéré par une masse de phonolites dans un vaste plateau de basalte re- posant sur des roches trachytiques accumulées sous forme lenti- culaire dans une dépression préexistante du sol. La masse soule- vante qui aurait relevé les hautes cimes du Cantal est représentée par le Puy-de-Griou et ses annexes, et les vallées qui rayonnent tout alentour du groupe seraient dues aux crevasses de déchi- rement. Il nous semble que la théorie des cratères de soulèvement, dans l’application qui en a été faite au Cantal , reçoit une pre- mière atteinte de la nécessité d’admettre l’antériorité des basaltes sur les phonolites, quandT on a reconnu partout ailleurs, et même ici , que les basaltes traversent les phonolites et ne les précèdent jamais ; et si , parvenus à nous affranchir de l’influence qu’exer- cent sur l’esprit de l’observateur deux noms justement célèbres, nous examinons avec attention les différentes parties de ce sys- tème trachytique, nous serons portés à reconnaître combien la cause donnée au soulèvement est inférieure aux immenses effets qu’elle aurait produits. Placé sur l’un des points culminants du cirque , on voit le Puy- de-Griou occupant à peu près le centre du diamètre d’un demi- cercle formé de l’O. à l’E. , vers le N. , par les montagnes de Chavaroche, le Puy-Mary, Peyrarche, Bataillouse et le Plomb, qui toutes le dominent; et entre ces sommités, plusieurs vallées 120 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1812. qui y ont leur origine atteignent presque subitement une grande profondeur et s’éloignent en divergeant sans changer de direc- tion. Le pic phonolitique , offrant par sa structure et par l’homo- généité et la dureté de sa roche une bien plus grande résistance aux causes extérieures de dégradation , est cependant resté infé- rieur en élévation et en masse à la plupart des montagnes géné- ralement composées, sauflePlomb-du-Cantal, de roches agglomé- rées, plus ou moins cohérentes, et de trachyte. Il repose comme une pyramide sur une base peu étendue , à la distance de A à 5 kilomètres des sommités qu’il aurait relevées d’une semblable hauteur, ce qui semble excéder les bornes de l’imagination. Mais comment expliquer ensuite que l’action expansive ne se soit exer- cée que du Puy-Chavaroche au Plomb-du-Cantal par le N., tandis qu’elle ne rencontrait aucune résistance du côté du S. , où les masses à soulever et à écarter sur une ligne semi-circulaire analogue n’étaient pas à beaucoup près aussi considérables ? On ne peut croire, en effet, que les témoins qui en restent aujourd’hui, les puys de la Poche, de Bellecombe , etc., aient été beaucoup plus dégradés que les cimes escarpées qui se montrent sur l’autre arête. La masse phonolitique , arrivée probablement à l’état de lave plus ou moins pâteuse, n’aurait-elle pas fait irruption sur les pentes si abruptes au bord desquelles elle a surgi , et n’en retrou- verait-on pas des traces? ou faut-il supposer que, poussée du sein de la terre en colosse rocheux telle que nous la voyons mainte- nant, elle a agi à la manière d’un cric, en empruntant au point d’appui toute sa force soulevante? Les géologues qui voient au Cantal un cratère de soulèvement supposent sans doute que les phonolites forment intérieurement une masse puissante proportionnelle à l’étendue des terrains sou- levés, ou bien ils limitent l’action de la force expansive au volume actuel du Puy-de-Griou et des autres protubérances phonolitiques, en leur attribuant l’étoilement des couches centrales et le redres- sement des secteurs que représentent aujourd’hui les sommités du groupe. Chacune de ces circonstances fournit de nouvelles ob- jections contre l’hypothèse d’un soulèvement. Dans le premier cas , en supposant au Puy-de-Griou une base plus étendue que celle qui se trouve à découvert , comment l’excavation des vallées environnantes , surtout de celles de la Jordanne et de la Cère , qui acquièrent dès leur origine une si grande profondeur, n’a-t- elle mis nulle part au jour quelques parties de la masse phono- litique? D’où s’élèvent ces nombreuses murailles de trachyte qui le cernent de tous côtés , et vont souvent se perdre au pied du SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 121 Puy-de-Griou? Serait-il possible d’admettre que les filons de tra- chyte ont traversé les phonolites , et qu’il y a eu alternativement et à plusieurs reprises production de ces deux roches après l’appa- rition des basaltes ? Si l’on pense au contraire que la base de tous les pics phonolitiques ne prend pas plus de développement au- dessous du sol actuel , pourra-t-on y voir autre chose que des filons renflés, d’énormes dykes, ou de nouvelles roches rouges dé- gagées de leur enveloppe et mises à nu par les agents extérieurs de destruction , ne différant d’ailleurs que par leur grosseur des autres filons de phonolite que les travaux de la percée du Lioran ont fait découvrir? En reportant nos observations sur le revers extérieur du cirque , nous reconnaîtrons peut-être d’autres faits en opposition avec le relèvement d’une partie du sol primitivement horizontal. Ainsi , comme on l'a déjà objecté , les vallées qui partent en di- vergeant des sommités du groupe s’élargissent et se multiplient à mesure qu’elles s’en éloignent , et les principales d’entre elles , à l’exception de celles de Yic et de Mandailles, au lieu de s’ou- vrir vers une cavité centrale , aboutissent à la crête saillante. Ne semble-t-il pas encore que le mouvement de charnière qui se serait opéré à l’intersection de la surface soulevée et de la surface restée plane aurait du déterminer des lignes de fracture et occa- sionner quelque déviation dans le cours des rivières, tandis qu’on les voit toutes se prolonger bien au-delà des limites que l’on as- signe au soulèvement comme ayant suivi une pente régulière , et sans rencontrer d’obstacle de la nature de celui qu’aurait produit une dislocation transversale. Nous ferons même remarquer que les deux vallées de Cère et de Jordanne, qui sont les plus consi- dérables et qui mériteraient le mieux d’être regardées comme crevasses de déchirement, loin de diverger comme elles devraient le faire si elles résultaient d’un soulèvement central , tendent à se réunir, et se rejoignent , en effet , au-dessous d’Aur illac. Du reste , il existe un tel contraste entre les versants situés à l’E. du Plomb-du-Cantal et ceux qui se trouvent au N. de Pey- rarche et du Puy-Mary (contraste qui n’a été expliqué que par une complication du phénomène de soulèvement) , que l’on con- çoit difficilement , en se transportant sur chacune de ces sommités , quelles puissent avoir appartenu aux divers secteurs redressés autour du cratère. D’un côté , l’œil plonge dans des cirques pro- fonds, escarpés, adossés les uns aux autres et séparés par d’étroits contre-forts formés par les roches les plus résistantes. De l’autre il 122 SÉANCE DU 1 9 DÉCEMBRE 1842. n’y a qu’une longue chaîne p, u accidentée , s’abaissant graduelle- ment vers VE. et n’offrant aucune solution de continuité. La grande étendue des nappes basaltiques qui forment en quel- que sorte le revêtement du massif, l’inclinaison qu’elles présen- tent , de même que la distribution relative des roches de fusion et des matières incohérentes vers la partie centrale , sont les princi- paux arguments qui aient été invoqués en faveur de l’hypothèse que nous combattons. Mais outre que èette continuité de basaltes peut n’être qu’apparente, et il paraîtrait même qu’il existe entre les vallées de Mandailles et Fontanges une lacune considérable de ces dépôts, on n’a pas démontré qu’elle ne pouvait provenir de l’accolement d’un grand nombre de coulées ; car de ce que la plupart des laves modernes conservent les traces des phéno- mènes dynamiques qui ont accompagné leur refroidissement, est-on en droit de conclure que le caractère d’une texture com- pacte qu’offre exceptionnellement une coulée de l’Etna, n’a pu se produire d’une manière plus générale sur les flancs du Cantal par suite des différences dans le mode d’émission et de la plus grande irrégularité du sol? Quant à la nature des couches de la partie centrale , le percement du souterrain et l’examen des parties basses des vallées prouvent évidemment que les conglomérats , c’est-à-dire les matières les moins fluides dues aux déjections in- cohérentes , y sont beaucoup plus abondants que les assises de trachyte ; qu’ils sont traversés par une multitude de filons de toute espèce , et qu’il y a par conséquent lieu de croire que la masse actuellement proéminente ne s’est pas accumulée primiti- vement dans un bassin en coulant des divers points de la circon- férence vers le centre, mais s’est élevée peu à peu au-dessus du plan de son pourtour. Sans contester qu’un soulèvement puisse avoir lieu dans les terrains trachytiques, et même dans des formations bien plus ré- centes , la difficulté que nous éprouvons à reconnaître ici des in- dices non équivoques d’un semblable phénomène nous porterait à considérer comme étant plus applicable au Cantal l’hypothèse des cratères démantelés, si les géologues qui l’adoptent n’avaient admis la postériorité des filons et eu recours à la puissance des torrents diluviens, en paraissant répudier celle du temps et des agents atmosphériques pour expliquer les dégradations que pré- sente ce groupe. Quoique les couches de conglomérats et de tra- chytes qui le forment paraissent se relever avec des pentes d’ail- leurs très inégales vers l’arête curviligne delà partie déprimée du SEANCE DU 19 DÉCEMBRE 1812. 123 cône (ce qui indiquerait autant le centre de l’action volcanique que le relèvement des masses), ia disposition de leurs assises offre tant d’irrégularités , les alternances et les interruptions y sont tel- lement fréquentes, et la composition en est si variée, qu’il est dif- ficile de penser qu’elles sont le résultat des émissions produites par un seul et immense cratère. Il est donc plus probable que les laves et les déjections de toute nature se sont épanchées par d’é- normes crevasses dont les dykes semblent indiquer la place et la direction , au moins dans la zone supérieure , où l’action volca- nique a dû être plus puissante sinon plus développée. Ces cou- rants de laves pâteuses, fluides ou incohérentes, sortant à diffé- rentes hauteurs avec des forces inégales, ont formé des couches diversement inclinées, et laissé entre elles, en s’amoncelant, bien des dépressions auxquelles les vallées actuelles doivent une partie de leur origine. Si la portion du cône surbaissé où se trouve le Plomb du Cantal est celle où les assises de laves tra- chytiques comme les nappes de basaltes présentent une plus forte inclinaison , c’est sans doute parce que leur sortie a eu lieu au point le plus élevé de la gibbosité. L’accolement de plusieurs coulées, étalées par gradins, a bien pu également y maintenir les couches dans un état de déclivité dont on ne croit pouvoir ren- dre compte que par le soulèvement de la masse centrale. La disparition des minces nappes de basalte qui ont pu recou- vrir d’autres parties du terrain trachytique supérieur n’a été que le résultat de leur altération successive et de l’action continue des agents extérieurs qui en ont dispersé ou anéanti les débris, pen- dant que , favorisés par la facile désagrégation des roches infé- rieures, par la fréquence des éboulements, ils creusaient ces vallées profondes et découpaient ces crêtes escarpées qui nous étonnent aujourd’hui. On peut voir des preuves de ces immenses bouleversements amenés par le temps dans la Haute-Loire , où tant de laves basal- tiques, dont il ne reste plus que quelques lambeaux, ont existé aux alentours comme au-dessus de la formation trachytique éga- lement morcelée. Nous citerons encore les environs de Saignes (arrondissement de Mauriac), où existent, dans un rayon de quel- ques kilomètres , un grand nombre de blocs isolés de trachyte compacte avec amphibole aciculaire et mica reposant sur le gneiss et ne tenant nullement au sol. Ces blocs , tous anguleux, sont d’une grosseur très variable , mais il s’en trouve un d’environ 2 mètres cubes placé entre deux cours d’eau, sur un point qui do- mine les hauteurs environnantes. La roche trachytique en place 124 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. la plus voisine est à près de 8 kilomètres de distance, et s’en trouve séparée par des ruisseaux et par des collines assez élevées. M. Deribier de Cheissac, auteur de plusieurs ouvrages scienti- fiques , à qui nous devons la connaissance de ce fait , croit pou- voir admettre que ces blocs disséminés indiquent la préexistence d’une formation trachytique qui a couvert autrefois la vallée de Saignes , et que le basalte , s’y faisant jour sur une infinité de points , a brisé ou disloqué les trachytes, dont les eaux ont , à la longue, charrié les débris, ainsi que ceux des laves basaltiques, dans la Dordogne , et laissé à nu le terrain de gneiss. Cette vallée est d’ailleurs entourée de masses plionolitiques qui s’élèvent à une hauteur absolue de 7 à 800 mètres ; et on reconnaît ici , comme dans le Velay et le Yivarais , la constante association des phonolites et des trachytes, sans qu’on puisse en inférer l’anté- riorité des uns sur les autres, ni contester que les basaltes les ont immédiatement suivis. Les nombreux exemples que l’on trouve partout des dégrada- tions opérées , pendant un temps plus ou moins long , par la seule puissance des agents atmosphériques ordinaires, nous conduisent donc à conclure que, rétablissant par la pensée le massif du Can- tal dans sa hauteur primitive avec les saillies et les dépressions formées par les diverses accumulations de laves , et laissant agir sur les faces inégales de ce cône isolé les agents extérieurs si actifs dans cet âpre climat , avec le temps qu’emploie la nature à dé- truire comme à édifier la plupart de ses œuvres, les effets produits sur ces masses incohérentes ou si promptement décomposées se- raient tels qu’ils s’offrent à nos yeux sans qu’il fût nécessaire de les attribuer à des causes plus subites, mais non plus puissantes, de dégradation , ou de supposer que d’étroites crevasses de déchire- ment ont pu seules être l’origine de ces vallées dont les eaux au- raient cependant depuis centuplé les dimensions. S’il est des faits qu’on n’ait pu encore expliquer d’une manière satisfaisante par l’action érosive des cours d’eau , doit-on recourir à celle des torrents diluviens , dont l’origine entièrement énigma- tique a donné lieu à tant d’hypothèses inadmissibles, et les effets qui se produisent sans cesse sur la surface du globe n’indiquent- ils pas une cause constante , universelle , qu’on ne peut attribuer aux cataclysmes ni aux soulèvements? Disons, en terminant, que la plus grande mesure du temps, qui est infini, étant pour nous celle de la vie humaine, l’imagi- nation, impuissante à concevoir une action qui exige l’accumu- lation des siècles, invoque à son aide les moyens brusques et vio- SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 125 lents, bien plus en rapport avec l’impatience naturelle à l’homme, toujours forcé de se hâter dans ses œuvres pour ne pas les laisser inachevées. M. Dufrénoy fait observer en terminant que, malgré les différences qui existent entre les opinions de M. Ruelle et celles qu’il a lui-même adoptées dans son Mémoire sur le Cantal , opinions dans lesquelles il croit devoir jusqu’à présent per- sister, il n’a pas cependant hésité à se rendre l’interprète de M. Ruelle auprès de la Société. Il pense, en effet, qu’il est toujours utile d’appeler l’attention sur les points de la science qui peuvent donner lieu à des discussions intéressantes. M. C. Prévost fait remarquer que l’opinion de M. Ruelle, qui regarde le Cantal comme un cône d’éruption , est parfai- tement d’accord avec celle qu’il a lui- même émise depuis longtemps. Le phonolite du Puy-Griou , continue- t-il , qui a été signalé comme la cause efficiente du prétendu soulèvement des ba- saltes , existait cependant avant l’épanchement de ceux-ci : on trouve des galets de ce phonolite sous les nappes basal- tiques , aux environs de Thiezao ; le Puy-Griou n’est qu’une partie d’un ancien culot, resté dans la principale cheminée du volcan trachytique. Rappelant ensuite les observations qu’il a consignées dans le Bulletin , à plusieurs reprises, ainsi que dans son Mémoire sur Vile Julia , M. C. Prévost déclare qu’il ne peut considérer le Cantal comme un centre de soulèvement dans le sens que donnent à ce mot les partisans de la théorie des cratères de soulèvement. M. Dufrénoy répond qu’il est nécessaire de distinguer le soulèvement de sa cause. Pour lui, le soulèvement est certain, quand même la cause resterait encore douteuse. La présence de galets de phonolite signalée n’est pas un fait nouveau; déjà il l’avait indiqué dans le Mémoire publié en commun avec M. Élie de Beaumont sur le Cantal. Mais de même qu’il y a pour l’émission des basaltes deux âges très distincts dans les environs de Clermont, il est naturel de supposer qu’il y a eu également deux époques d’épanchement pour 1 26 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. ce phonolite, et le Puy-Griou appartiendrait dans ce cas a la seconde époque. Le Mémoire de M. Ruelle fournit a M. Dufrénoy deux motifs à l’appui de son opinion : le premier, c’est qu’il y a des vides considérables dans la masse, circonstance qui est un résultat immédiat du soulè- vement; le second, c’est que la masse du Cantal se com- pose d’un certain nombre de nappes trachytiques ou de con- glomérat superposées les unes aux autres. Après avoir décrit rapidement ce qui doit se passer dans l’hypothèse d’un épanchement et dans celle d’un soulèvement, M. Dufrénoy fait voir qu’il existe au Cantal quatre nappes ou assises dis- tinctes, régulières, continues, chacune de plusieurs mètres de puissance, et dont une seule paraît avoir été tra- versée par le tunnel sur 900 mètres, étendue actuelle de ce percement. Les cavités signalées par M. Ruelle ne peuvent être assimilées à ces espèces de rigoles qui séparent les coulées. M. C. Prévost répond à M. Dufrénoy que , comme lui, il dis- tingue les nappes et les coulées volcaniques; mais il attribue la différence que présentent ces dépôts moins au degré d’in- clinaison du sol sur lequel les laves coulent qu’à d’autres cir- constances, comme la forme et la dimension des ouvertures par lesquelles la matière est sortie, au plus ou moins de fluidité de celle-ci et à son abondance relativement aux dimensions des bouches d’émission. Lorsque, par exemple, la matière fondue contenue dans un cratère déborde par uneéchancrure étroite, par une sorte de goulot; lorsqu’elle sort des flancs et du pied d’un cône par une petite ouverture circulaire, par un trou ; alors elle ruisselle d’autant plus rapidement que la source fournit plus abondamment ; dans ces cas il se forme des cou- lées, des lanières boursouflées, couvertes de scories : mais lorsqu’au contraire la matière fondue s’épanche par les bords de longues fissures horizontales ; lorsqu’elle arrive lente- ment, qu’un premier épanchement étalé sur le sol qu’il en- duit d’une lame mince est recouvert d’une seconde, d’une troisième lame qui se superposent et se soudent successive- ment; alors, quelle que soit la pente du sol, celui-ci fût-il vertical , la lave peut former des nappes d’une grande étendue SÉANCE DU ï 9 DÉCEMBRE 1842. 127 et d’une grande épaisseur ; ces nappes sont comme des espèces de stalagmites composées d’enduits successifs. Si , par hypothèse, on supposait un cratère dont le limbe parfaitement horizontal ne présenterait aucune échancrure, et que ce cratère fût rempli de matière fluide, celle-ci déver- serait lentement d’une manière continue ou intermittente , mais uniformément par tous les points du bord ; un glacis ou nappe d’une ou de plusieurs couches distinctes de lave ne couvrirait-il pas bientôt toute la surface du cône, tout comme, lorsqu’il gèle , on peut voir un cône de glace se former à l’entour d’un tuyau vertical par l’extrémité duquel s’épanche une gerbe d’eau P Faites une échancrure en un point du bord du cratère ou du tuyau, et vous n’aurez plus.de nappes , mais des coulées. M. C. Prévost ne veut pas indiquer par ces exemples qu’il regarde les basaltes du Cantal comme appartenant à une même nappe, ainsi qu’on l’a supposé; il croit au contraire que ces basaltes, sortis par des bouches différentes, à diverses époques, sont le résultat d’épanchements distincts. En parcourant les hautes pelouses du Cantal, on peut se convaincre que, malgré l’apparence unie de leur surface, il existe un grand nombre de points saillants et de fondrières qui accusent 1 inégalité du sol ; on peut suivre une mul- titude de lignes sinueuses, plus ou moins profondes , qui ne sont pas le produit de ruptures, mais qui sont les intervalles que les diverses nappes ont laissés entre leurs bords : ce sont ces lignes que les eaux superficielles suivent. Le Plomb-du-Cantal, le Puy-Griou, et un grand nombre d’autres points, sont des centres démission basaltique; au- tour de ces centres et dans les ravins qui sillonnent les pe- louses qui en descendent, on voit, avec et sous les basaltes compactes, des cendres , des lapilli , des scories , qui indiquent tous les phénomènes des éruptions ordinaires, et dont la disposition est analogue à celle des matières qui composent les cônes des volcans actuellement en activité. M. C. Prévost ajoute qu’après un nouvel et mûr examen de tout ce qui a été dit et écrit sur la question présente- ment controversée, il persiste à regarder le Cantal, le 128 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. Monl-Dore et le Mezenc comme trois grands massifs prin- cipaux d’épanchement et d’éruption formés par l’entasse- ment de matières pulvérulentes, fragmentaires et fluides, sorties par plusieurs bouches volcaniques placées au centre de chacun de ces massifs ; il ne doute pas que, pendant l’éta- blissement de ces grands cônes et depuis leur formation , le sol qui les supporte, et eux-mêmes par conséquent, n’aient été un grand nombre de fois agités par des tremblements de terre qui ont précédé et accompagné l’apparition des volcans plus modernes, et que par suite le relief du sol n’ait été modifié dans cette partie de la terre plus que dans beaucoup d’autres. Mais si les causes générales de dislocation peuvent expliquer les dérangements, les affaissements, les élévations relatifs de couches que l'on observe en Auvergne, ces effets ne pa- raissent en aucune manière être en rapport avec la suppo- sition qu’une puissance quelconque, agissant verticalement du dedans au-dehors, sous la partie centrale de chacun des massifs de matières volcaniques , a soulevé ceux-ci pour en former autant de cônes. M. G. Prévost persiste à soutenir, et il appelle l’attention des observateurs sur ce point, que les calcaires d’eau douce de Thiesac et du bassin d’Aurillac , qui sont évidem- ment plus anciens que tous les produits volcaniques, ne suivent pas l’allure des couches inclinées des matières vol- caniques qui les recouvrent, comme cela devrait être si ces dernières, d’abord disposées horizontalement, avaient été redressées après coup. Un fait de même genre se voit bien clairement auprès du Puy, où les strates inclinés de scories , de cendres , de conglomérats et de laves , qui com- posent le beau cône de Denise , reposent immédiatement en superposition contrastante sur les couches horizontales de marne et d’argile d’eau douce tertiaires. M. Dufrénoy remarque avec plaisir que , malgré son im- mobilité apparente , M. G. Prévost commence à graviter vers la belle théorie de M. de Buch : en effet , il vient de poser un fait fondamental , c’est la distinction entre les coulées et les nappes , distinction qui admet implicitement une différence entre la formation des volcans analogues au Vésuve et à SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 129 ceux de l’ordre du Cantal; tandis qu’il y a peu de temps, M. C. Prévost identifiait complètement Jes caractères et ïa formation de ces volcans : seulement pour les premiers, le cratère était intact, tandis qu’il le supposait démantelé pour les volcans présentant des nappes. L’existence de coulées ou de nappes suffit, en effet, pour distinguer les deux ordres de volcans, et c’est là un des carac- tères distinctifs entre les cratères d’éruption et les cratères de soulèvement. Dans les premiers, une assise d’une certaine épaisseur, de 4 mètres par exemple, est formée de coulées étroites d’espèces de lanières , placées les unes à côté des autres, mais distinctes et différentes dans leur texture , quoique leur composition générale soit la même. Dans les cratères de sou- lèvement , au contraire, une assise de même épaisseur serait formée sur toute la surface du cratère d’une seule nappe , identique à elle-même, et sans les séparations qui marquent des coulées contiguës. Une coupe cylindrique de cette assise serait donc terminée par deux lignes parallèles horizontales. Dans les cratères d’éruption, cette même coupe accuserait chaque coulée, et montrerait , par conséquent , une série de lignes courbes entre les deux lignes extrêmes de l’assise. C’est précisément par cetle circonstance que M. Ruelle an- nonce que la percée du Lioran, faite suivant une ligne hori- zontale, est constamment dans la même nappe. 11 est vrai, ajoute M. C. Dufrénoy, que M. Prévost croit que la différence entre une nappe et une coulée tient à la manière dont l’épenchement a lieu; suivant lui, quand la lave sort par une échancrure du sommet d’un cône ou par une espèce de trou , il se fait une coulée; quand , au con- traire, la lave s’épanche par une longue fente, il se forme une nappe. Cette distinction paraît à M. Dufrénoy contraire aux lois de mécanique qui ont présidé à l’écoulement des laves. Les coulées, dit-il, sont données par des masses liquides, mais pâteuses , peu abondantes, qui s’écoulent lentement, et comme dans un sac qui s’allonge sur le sol ayant une cer- taine inclinaison ; les nappes, au contraire , sont le résultat de l’épanchement abondant d’une matière fondue, très fluide , et qui s’étend sur une surface à peu près horizontale ; Soc. Géol. Tom. XIV. 9 130 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. c’est là la véritable cause de la formation des nappes , et c’est précisément parce qu’il est indispensable que la lave s’étende sous un soi sensiblement de niveau, que lorsqu’on voit des nappes sur un angle, même de quelques degrés, il paraît certain qu’elies ont été dérangées de leur place , quelles ont été soulevées , et par suite que les cratères formés de nappes sont des cratères de soulèvement. M. Rozet pense que le soulèvement du Cantal ne peut être contesté ; mais il admet qu’il y a eu plusieurs époques de soulèvement marquées par l’apparition des trachytes , des phonolytes et des basaltes. M. C. Prévost répond à M. Rozet que lorsqu’il s’agit de rechercher les causes qui ont produit le relief actuel de l’Au- vergne , il faut avant tout distinguer deux choses qui n’ont pour ainsi dire aucun rapport entre elles : 1° l’origine et la forme du sol fondamental delà contrée, et 2° l’origine et le mode de dépôt des amas de matières volcaniques qui recou- vrent ce sol fondamental et constituent les massifs coniques du Mont-Dore , du Cantal et du Mézenc ; c’est en confondant ces deux choses que l’on a pu dire et que l’on répète encore qu’il est physiquement , géodésiquement , et enfin mathéma- tiquement démontré, que le cône du Cantal est un cône de soulèvement , et que la cavité que l’on observe au centre de ce cône est un cratère de soulèvement , et que l’on ajoute, qu’après cette démonstration mathématique, toute discus- sion à ce sujet est plus qu’inutile. Il en est tout autrement lorsque l’on analyse la ques- tion comme elle doit l’être sérieusement; ainsi : 1° quant au sol fondamental , non seulement de l’Auvergne , mais du plateau primitif central dont l’Auvergne fait partie , je crois, dit M. C. Prévost , que les observations de la marche du pendule, les opérations géodésiques et ieur discussion savante faites par MM. les ingénieurs chargés du relevé pour la carte de France, ont démontré aussi rigoureusement que possible, qu’à l’endroit où est placée l’Auvergne, le sol pré- sente une gibbosité relative, une bosselure qui est telle que la mesure d’un arc du méridien passant par cette bosselure , conduirait , comme l’a reconnu M. Puissant , à attribuer SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 131 au sphéroïde terrestre un aplatissement de 1/88 au lieu de 1309. Ce ne sont pas seulement les observations des phy- siciens et des géomètres qui ont établi cette vérité ; elle l’était par les observations géologiques, qui avaient appris de plus que cette saillie du sol de l’Auvergne existait déjà avant le dépôt des terrains secondaires. On peut citer à l’appui de celte assertion le beau travail de M. Dufrénoy, sur le pla- teau central de la France, et les remarques plus anciennes encore de MM. Al. Brongniart et d’Omalius -d’Halloy , qui ont fait voir que pendant toute la période secondaire et ter- tiaire , les mers qui couvraient la plus grande partie de la France et de l’Europe , étaient dominées par le plateau gra- nitique de l’Auvergne, sur lequel, depuis les terrains houil- iers , il ne s’est déposé que des sédiments lacustres. Par conséquent, la cause qui a produit le relief du sol fon- damental de l’Auvergne avant l’époque des terraius secon- daires est bien distincte de celle qui a amoncelé les matières volcaniques, dont les plus anciennement sorties sur cette partie de la terre sont encore plus récentes que les terrains tertiaires. Aucune discussion ne s’est élevée ni sur le fait ni sur la cause à laquelle il est dû; on peut même dire que presque tous les géologues sont aujourd’hui d’accord pour regarder théoriquement la saillie que présente le sol de l’Auvergne, comme le sommet d’un ou de plusieurs de ces plis qui se sont marqués, à diverses reprises, sur l’enveloppe terrestre, à mesure que, prenant du retrait pour suivre le mouvement centripète de la masse centrale refroidie et con- tractée, elle se fronce pour occuper moins d’étendue. Le relief de l’Auvergne est dû à la cause générale incessante qui, en même temps , a produit toutes les grandes lignes sail- lantes de la surface de la terre et les profondes dépressions qui les séparent : seulement le sol de l’Auvergne formait déjà, avant le dépôt des terrains secondaires, un massif qui dominait une grande partie de ce qui est aujourd’hui l’Eu- rope. Il n’y a rien dans tout ceci qui puisse se rapporter à la théorie de la formation des cônes et des cratères de soulè- vement, et qui puisse expliquer en particulier la forme du Cantal ou du Mont-Dore. 132 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. On peut seulement dire que, comme conséquence del’exis tenue de plusieurs plis saillants à l’endroit du sol fonda- mental de l’Auvergne, ce sol a dû, en se plissant, se briser, se fissurer dans plusieurs sens , plus que dans d’autres points environnants; que, par cette raison, les phé- nomènes volcaniques ont pu se manifester de préférence à travers le sol anciennement et souvent disloqué. Aussi est- ce sur le trajet des longues et anciennes fissures du sol gra- nitique, et surtout au point où plusieurs de ces fissures se croisent, que se sont établies les principales cheminées vol- caniques par lesquelles les matières ignées sont sorties , non pas tout-à-coup, mais pendant une longue série d’années et de siècles sans doute. Maintenant comment ces matières volcaniques ( cendres , lapilli , scories , laves trachytiques ; cendres , lapilli , scories, laves basaltiques), se sont-elles déposées sur le sol fonda- mental après leur sortie? Ont-elles formé trois amas discoï- des de strates horizontaux, qu’une puissance sous-jacente représentée, par exemple, au Cantal par les phonoiites du Puy Griou , aurait poussés, étoilés, formant ainsi des cônes de soulèvement avec les lambreux redressés et laissant au centre de chacun de ces cônes un cratère de soulèvement? Ou bien ces matières, en sortant, se sont-elles disposées autour des bouches d’émission , suivant des plans inclinés, en formant une suite d’enveloppes coniques concentriques, et élevant ainsi successivement les cônes actuels, dont les cou- ches inclinées du sommet à la circonférence seraient dans leur position naturelle et normale , sauf les dérangements dus à des causes générales et locales qui ont depuis agité et modifié le sol? Telle est la seule question pendante, et je crois que per- sonne ne pourra dire qu elle est résolue définitivement par les observations du pendule et la mesure d’un arc de méri- dien; tous nos confrères penseront peut-être avec moi qu’il sera plus facile de la résoudre par de nouvelles observations que par le calcul le plus élevé. M. Viquesnel fait remarquer qu’entre Mandaille et Vie les arêtes des chaînes subissent une dépression indiquée par SEANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 133 des escarpements et au-delà desquelles la crête se relève , mais sans atteindre le niveau qu elle avait avant l’échancrure. Des vallées cratériformes prennent naissance sur ces deux j revers, à la partie déprimée de la chaîne, et le ravin de Thiezac, qui remonte à une dépression de la crête pour dé- boucher dans la vallée de Vie, paraît être dans ce cas; et c’est probablement à cette circonstance que l’on doit de voir le calcaire tertiaire à Thiezac même. M. Raulin ne pense pas que les différences de niveau entre I les diverses couches tertiaires lacustres du Cantal soient aussi | grandes qu’on l’a dit, et il se propose de préciser cette question en réunissant les observations qu’il a faites à ce sujet. M. Martins résume de la manière suivante les observations qu’il a faites , l’été dernier , sur la fonte et la transformation ; des glaciers. j Remarques et expériences sur les glaciers sans névé de la chaîne du Faulliorn , par Ch. Martins. Au pied du cône terminal qui couronne la montagne du Faul- liorn , dans le canton de Berne , le voyageur, pressé d’atteindre le sommet désiré, rernarque rarement un petit glacier situé sur sa droite; car de loin il ressemble à une de ces flaques de neige qui, dans les hautes Alpes, résistent aux chaleurs de l’été. Ayant habité l’auberge du Faulliorn avec mon ami M. A. Bravais, depuis le 16 juillet jusqu’au 8 août 1841, j’ai pu étudier à loisir ce glacier en miniature, que j’ai revu dans les premiers jours du mois de septembre de la même année. M. Bravais seul l’a observé de nouveau en juillet et août 1842. Comme tous les autres glaciers de ce groupe de montagnes , celui-ci se distingue par sa petitesse et par l’absence de névé. Il se compose en entier de glace spongieuse à la surface, mais compacte à quelques centimètres de profondeur. Les grands glaciers des Alpes, au contraire, sont formés déglacé compacte dans leur partie la plus déclive ; mais à une certaine hauteur, au-dessus du niveau de la mer, leur surface se compose d’une neige grenue, pulvérulente , que l’on a désignée sous le nom de névé {Fini). M. Hugi avait fixé à 2470 mètres la limite inférieure du névé (1) ; (i) Naturliistorische Alpenreisen , p. 354. m SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1812. mais plus tard il a reconnu que ce chiffre était à la fois trop fai- ble et trop absolu. Cette limite oscille et varie comme celle des neiges éternelles : ainsi MM. Agassiz et Desor (1) l’ont trouvée à 2600 mètres sur le glacier du Finster-Aar et du Lauter-Aar, mais ils ont observé du névé à la hauteur indiquée par M. Hugi, et même à 500 mètres au-dessous. Les plus hautes sommités du groupe dont le Faulliorn occupe le centre ne s’élevant que de 100 à 200 mètres tout au plus au-dessus de la ligne ( 2708 mètres ) des neiges éternelles , il en résulte qu’on ne trouve dans les intervalles qui les séparent que de petits glaciers sans névé , dont le plus grand , le Blaugletscher , n’a pas plus de 2 kilomètres de longueur. Le sommet du petit glacier du Faulhorn est situé à 2603 mè- tres au-dessus de la mer , ou à 80 mètres au-dessous du som- met (2). Sa forme est celle d’un triangle isocèle. La base du triangle est formée par l’extrémité libre du glacier ; l’angle com- pris entre les deux côtés égaux en est le sommet. La perpendicu- laire abaissée du sommet de ce triangle sur sa base coïncide par conséquent avec l’axe du glacier. Elle est dirigée du S. -S. -O. au N.-N.-E.La rive du N. -O. est dominée par le cône terminal; celle du S.-E. par l’extrémité du plateau de Gassen, où le glacier se termine supérieurement en diminuant successivement d’épaisseur. Il oc- cupe donc une dépression triangulaire qui n’est que le commen- cement d’un couloir à pente très rapide plongeant vers le Tschin- gelfeld. Les eaux qui s’écoulent du glacier vont se rendre dans le Giessbach, et avec lui dans le lac de Brienz. Quoique d’un aspect fort variable , la surface du glacier était en général assez unie et seulement légèrement bosselée. Sa pente faisait avec l’horizon un angle de 5° 45'. Celle de son escarpement terminal était de 42° 30' à 50 °0'. Au N. -O., au S.-E. et au S. -O. il se confondait avec des flaques de neiges ; l’une s’élevait le long des flancs du cône terminal, l’autre couvrait un escarpement limité supérieurement par le plateau de Gassen, ainsi qu’une partie de ce plateau lui- même. 1 . Climat du glacier. Depuis son origine, qui remonte à 1832, l’auberge du Faul- horn a été un véritable observatoire météorologique. M. Kaemtz (1) Bibliothèque universelle , avril 1841. (2) Voy. Ergebnisse der trigonometrischen Vcrmessungen in der Schweii, p. 227. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 135 y a séjourné du H septembre au 5 octobre 1832 , et du 1 1 août au !9 septembre 1833. En 1841 , nous y avons fait , M. Bravais et moi , avec l’aide de M. Wachsmuth, qui dirige l’établissement , une série barométrique et thermométi ique, du 16 juillet au 4 sep- tembre. Enfin MM. Peltier et Bravais y ont observé , du 26 juillet au 18 août 1842. Je puis donc donner des renseignements exacts sur le climat de ce petit glacier. Au niveau du glacier, la tempé- rature moyenne de l’année est de - — 2°, 26. Celle de l’été 3", 42. En hiver, la moyenne doit être peu différente : de — 9°, ce qui suppose des froids accidentels, de — 20 à — 25°; mais elle a moins d’influence sur le glacier ; car à partir du commencement d’octobre, il est enseveli sous une couche profonde de neige qui ne disparaît quelquefois qu’au commencement d’août. En été, il neige encore quatre ou cinq fois par mois , mais l’épaisseur de la couche dépasse rarement quelques décimètres. Sous cette couche, le glacier est à l’abri des influences météorologiques. Mais si des vents violents de S. -O. ou de N. -O. viennent balayer la neige qui le couvre, alors, en hiver comme en été, il n’est plus protégé contre les grands froids, ni contre les chaleurs. Celles-ci agissent avec d’autant plus d’efficacité que, dans cette saison, les rayons du soleil tombent sur le glacier depuis le moment de son lever jusqu’à 5 heures après midi. Les températures extrêmes observées pendant les étés de 1841 et 1842 ont été — 4°, 88 et -f- 13*, 72 à l’ombre ; au soleil -f- 15°, 80. 5, a glace, comme on le sait, émet des vapeurs d’autant plus abon- dantes que l’air est plus sec et plus chaud : aussi les indications hygrométiques ont-elles une grande importance. L’humidité rela- tive des étés de 1832, 1833, 1841 , a été en moyenne de 75°, 9, ou en d’autres termes, l’air contenait en moyenne 76 pour cent de la quantité de vapeur d’eau nécessaire pour le saturer. L’air est rarement calme au sommet du Faulhorn , et on sait que l’agita- tion de l’air favorise aussi l’évaporation. II. De la fusion superficielle du glacier. Tout le monde connaît une opinion très accréditée parmi les montagnards suisses, et suivant laquelle le glacier rejette tous les corps qui pénètrent dans son intérieur. Cette opinion avait été ac- ceptée par les savants, car le fait était incontestable. En effet, d'un côté on voyait des pierres, des morceaux de bois, des cadavres, en un mot, tous les corps d’une certaine dimension qui tombaient ou qu’on ensevelissait dans le glacier, remonter en apparence à la sur- 136 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842» face, et de l’autre la glace des glaciers était toujours à l’intérieur d’une pureté proverbiale. Plusieurs hypothèses ingénieuses avaient été émises pour expliquer cette prétendue ascension des pierres : on avait été jusqu’à douer les glaciers de véritables propriétés vi- tales , et on assimilait l’expulsion des pierres à celle des corps étrangers introduits dans l’économie vivante. MM. Toussaint, de Charpentier (1) et Kaemtz (2) furent les premiers qui soupçon- nèrent que la fusion superficielle du glacier jouait un rôle impor- tant dans ce phénomène. Pour arriver à un résultat positif, je cherchai à résoudre le problème par l’expérience directe , et je constatai qu’en été la surface supérieure du glacier s’abaissait considérablement par suite d’une fusion et d’une évaporation su- perficielles. Voici les expériences qui m’ont conduit à ce résultat. Le 26 juillet, je choisis sur les rochers voisins deux points fixes et bien visibles d’un côté du glacier à l’autre ; cela fait , je creusai dans la direction de la droite qui joignait ces deux points un puits dans le glacier. Il avait 26 centimètres de profondeur ; une pierre fut logée au fond du trou; la surface supérieure de cette pierre était à 20 centimètres au-dessous de celle du glacier; puis une perche, surmontée d’un voyant et glissant sur un jalon, fut placée sur la pierre. Pendant que M. Bravais visait, j’abaissais et j’éle- vais successivement le voyant jusqu’à ce que son bord supérieur coïncidât avec la ligne droite qui joignait les deux repères choisis sur les rives du glacier. Pendant l’opération je m’assurai de la verticalité de la perche au moyen du fil à plomb. Le bord supé- rieur du voyant était à 2ro,80 au-dessus de la pierre. Le trou , dans lequel il s’était amassé 5 centimètres d’eau provenant de l’inté- rieur du glacier, fut rempli avec la glace concassée qui en avait été extraite. Le 1er août suivant, la surface supérieure de la pierre était à découvert et à 4 centimètres au-dessous de la surface du glacier; mais pour que le bord supérieur du voyant coïncidât avec la ligne qui joignait les deux repères, il fallut l’élever au-dessus de la pierre de 2 centimètres de plus que dans la première expérience. Ainsi donc, quoique la pierre se trouvât à 4 centimètres au lieu de 20 au-dessous de la surface du glacier, son niveau absolu avait baissé, puisque, loin de raccourcir la perche pour abaisser le (1) Einige Bemerckungen ueber die Gletscher (Schweiger’s Journal fuer Clxemïe und Physik), l. LXVI1 , p. 2/19. i838. (2) Gilbert-s Annalen der Physik , t. XLIIÏ , p. 388. 1819. SEANCE DU 19 DÉCEMBRE 184 2. 137 voyant de 16 centimètres, comme il aurait fallu le faire si la pierre était réellement remontée , il fallut l’allonger de 2 centi- mètres. Ainsi donc, c’est le niveau du glacier qui avait baissé de 18 centimètres en cinq jours (l). Le 7 août, la pierre était à la surface du glacier; mais pour que le bord supérieur du voyant coïncidât de nouveau avec la ligne droite qui joignait les deux repères, il fallut l’élever de 0m,255 plus que la première foi? . Ainsi , depuis le 26 juillet, le niveau absolu de la pierre avait baissé de 0m,255 et la surface du glacier de 495 millimètres; abaissement qui suppose une fusion moyenne de ; 38mœ,l de glace par jour. Durant cet intervalle de treize jours, nous avions noté jour et | nuit, de deux heures en deux heures, les indications du thermo- mètre : je puis donc savoir quelle quantité de chaleur le glacier a reçue. La somme des degrés thermométriques supérieurs à zéro, j diminuée de la somme des degrés inférieurs à zéro, a été de I 540°. Pendant vingt-cinq heures sur deux cent soixante-huit, le glacier a été soumis à des températures inférieures à zéro. La moyenne thermométrique a été de 3°, 48 ; les extrêmes ont été , à l’ombre, 11°, 3 et — 2°, 8; au soleil, le thermomètre ne s’est ja- mais élevé au-dessus de 15°. L’expérience suivante est encore plus frappante, parce que sa durée embrasse un intervalle de temps plus considérable. Le 8 août 1841, je creusai dans la glace un puits de 70 centimètres I de profondeur; il s’était rempli d’eau aux deux tiers par infiltra- tion. La face supérieure de la pierre placée au fond du trou était à 66 centimètres au-dessous de la surface du glacier, et à 3m,81 au-dessous du voyant, dont le bord supérieur coïncidait avec la ligne qui joignait les deux repères. Ayant mesuré directement la hauteur du voyant au-dessus de la surface du glacier, je trouvai 3m, 14, mesure qui s’accordait à un centimètre près avec les pré- cédentes: le trou fut ensuite rempli de glace comme à l’ordinaire. Le 5 septembre au matin , savoir, vingt-huit jours après, la pierre était à la surface du glacier et à 4m,l 1 au-dessous du voyant : son niveau absolu avait donc baissé de 29 centimètres. Celui de la sur- ace du glacier s’était abaissé de 99 centimètres , ou en moyenne de 35mm,4 par jour. On voit que la fusion diurne a été moins considérable dans I cette période que dans la précédente, et cependant la température (î) Le niveau absolu de la pierre n’avait probablement baissé de deux centimètres que par suite de son affaissement dans le trou. 138 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1812. moyenne du 8 août au 4 septembre a été de 5°, 17; mais par compensation il était tombé beaucoup plus de neige, les brumes avaient été plus communes et l’air plus calme que dans la première période. Ces circonstances suffisent pour expliquer cette anomalie apparente et faire ressortir l’influence immense de l’évaporation sur la diminution des glaciers dans le sens vertical , ou sur leur ablation , pour employer l’expression proposée par M. Agassiz (1). En résumé, pendant l’été de 1841, savoir, du 26 juillet au 4 septembre, avec une température moyenne de 4°, 61 et une hu- midité relative de 76 pour cent , la fusion diurne a été de 37 mil- limètres, et la surface du glacier s’est abaissée pendant la même période, de lm,540, en estimant à 55 millimètres la fusion des demi-journées très chaudes du 7 et du 8 août. III. Conséquence de V ablation des glaciers. Tous les géologues qui ont parcouru les hautes Alpes savent qu’il n’y a point de moraines à la surface du névé, ou du moins que les blocs enfouis dans son épaisseur ne vien- nent pas se montrer à la surface. Mais à la limite qui le sé- pare du glacier proprement dit, ces blocs semblent surgir de la glace, poussés par une force inconnue. Au Spitzberg, dans Mag- dalena-Bay, par 79° 34’ lat. N., j’ai vu des blocs erratiques en- châssés dans les parois latérales des deux glaciers principaux de la baie (2). Ces deux faits s’expliquent très bien par les expérien- ces que nous venons de rapporter. En effet, le névé ne doit son apparence grenue qu’à la continuité du froid qui s’opposera la fu- sion totale de la neige , dont la surface seule se couvre quelquefois d’une légère couche déglacé (3). Comment les blocs pourraient-ils apparaître si la surface du glacier ne fond pas et ne descend pas jusqu’à leur niveau? A Magdalena-Bay , où j^e séjournai du 1er au 12 août 1839, le thermomètre se tint en moyenne à 2»,97, et ne s’éleva qu’une seule fois à 5°, 7. Déplus, l’air était toujours chargé de brumes , saturé d’humidité et à deux reprises il tomba plusieurs centimètres de neige. Comment, avec de pareilles cir- constances météorologiques , la surface des glaciers pourrait-elle (1) Comptes-rendus de L’Académie des sciences, du 29 août 1842. (2) Voy. Observations sur les glaciers du Spitzberg. { Bibliothèque uni- verselle, juillet 1840, et Bulletin de la Société géologique de France , mai i84o. ) (3) Voyez à ce sujet l’asceusion de la Jungfrau par MM. Agassiz. For- bes et Desor. ( Biblioth . universelle , novembre 1 84 1 * ) SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 139 fondre ou s’évaporer et laisser à découvert les blocs enfouis dans leur épaisseur? À mesure que le glacier se démolissait, les blocs tombaient à la mer avec les masses de glace dans lesquelles ils sont enchâssés ; mais en vertu de son poids spécifique, la pierre oc- cupe ordinairement la partie submergée du glaçon flottant, et se dérobe ainsi aux regards du navigateur. ÏY. Parallèle entre la fusion de la glace et celle de la neige. Pour obtenir quelques données exactes sur la fusion relative de la glace et de la neige, j’avais planté , le 26 juillet 1841 , un piquet dans une masse de neige compacte, adossée à l’escarpement ter- minal du glacier. La longueur de la partie enfoncée était de 40 cen- timètres; chaque jour la partie saillante devenait plus longue , et l’on aurait pu penser que la neige avait aussi la propriété d’expul- ser le corps qu’on y enfouit. Le 6 août, le piquet était incliné et soutenu seulement par les bords d’un petit trou conique de 2 à 3 centimètres de profondeur. Le 7 août, le piquet était couché sur la neige , et la petite cavité n’existait plus. Ainsi donc , pendant cette période de treize jours, une température moyenne de 3°, 48 avait fait disparaître une couche de glace de 495 millimètres (1), et seulement 400 millimètres de neige. La fusion moyenne diurne de la neige était donc de 30min,8, tandis que celle delà glace était de 38mm,l. L’année suivante , M. A. Bravais a varié cette expérience. Au commencement d’août 1842, le glacier était encore couvert d’une épaisse couche de vieille neige datant de l’hiver précédent. Lel laoût au soir, il enterra deux pierres dans cette neige, l’une à 98, l’autre à 74 centimètres de profondeur, de façon à ce qu’elles reposassent sur la surface du glacier. Leur position fut déterminée au moyen de deux repères et d’un jalon surmonté d’un voyant , comme dans les expériences de 1841. En six jours, le niveau de la neige baissa de 42 centimètres au-dessus de la première pierre, et de 34 centi- mètres au-dessus de la seconde. Ainsi, en moyenne, la chaleur atmosphérique avait fondu 38 centimètres de neige en six jours, ce qui suppose une fusion moyenne de 63mm,3 par jour. La posi- tion absolue des pierres n’avait changé ni dans le sens horizontal ni dans le sens vertical. Cette expérience prouve d’abord un fait important , c’est que le niveau absolu du glacier ne change point lorsqu’il est recouvert d’une couche de neige. Ensuite, si l’on (î) Voyet ci-dessus, p. 107. SÉA.NCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 140 tient compte des températures , elle indique aussi que la vieille neige fond moins rapidement que la glace. En effet, il résulte des observations météorologiques de M. Bravais, qui lisait le thermo- mètre dix à douze fois dans les vingt-quatre heures, que la moyenne température de l’espace compris entre le 11 et le 16 août a été de 70,18. Cette température moyenne est plus que double de celle que nous avons observée du 26 juillet au 7 août 1841 (1). Aussi la quantité de neige fondue en un jour est-elle du double environ. Si l’on admet la même proportionnalité pour la glace , il est proba- ble qu’en mesurant comparativement on eût observé une fusion diurne de glace de 80 millimètres environ. Cette fusion n’aurait rien d’extraordinaire, car cette même année 1842 , et sur un gla- cier aussi élevé que celui du Faulhorn , M. Agassiz a observé une ablation moyenne de 77mm,3 par jour (2 . Toutefois ces expé- riences sont encore trop peu nombreuses pour pouvoir en déduire le rapport de la fusibilité de la glace comparée à celle de la neige; cependant elles sembleraient indiquer que la glace (celle des gla- ciers au moins) disparaît plus rapidement que la vieille neige. Cette supposition n’est point contraire aux lois de la physique. En effet, 1° la neige est un corps plus mauvais conducteur de la chaleur que la glace, en raison de l’énorme quantité d’air qu’elle contient dans ses interstices ; par conséquent la chaleur pénètre plus diffi- cilement dans son épaisseur. 2° La neige rayonne davantage par les pointes dont elle est hérissée: or, dans les nuits sereines, et tant que le soleil ne la frappe pas directement, le refroidissement par rayonnement est considérable dans les hautes Alpes Nous nous en sommés assurés par expérience : aussi voit-on que les fla- ques de neige fondent, surtout à leur périphérie et en dessous , par l’effet de la chaleur que leur communique le sol environnant, échauffé par les rayons solaires; il se forme ainsi une voûte de neige au-dessus du sol échauffé de proche en proche. Cette voûte s’opposant au rayonnement nocturne de ce sol, lui conserve sa chaleur acquise , qui s’ajoute à celle qu’il recevra, pendant le jour, du soleil et de l’atmosphère. C’est au contraire la partie supé- rieure des glaciers qui fond sous l’influence des agents météorolo giques. L’échauffement du sol à la surface est très notable dans les hautes Alpes. Quoique la température descende au-dessous de celle de l’air pendant la nuit , cependant sa moyenne est bien plus (1) Voyez ci-dessus , p. 1Ô9. (2) Voyez les Comptes-rendus de l’ Académie des sciences , octobre i84a , p. 767. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 14! élevée que celle de l’air. Ainsi, en calculant quatre-vingts obser- vations comparatives inédites , faites de deux heures en deux heures au sommet du Faulhorn , du 11 au 17 août 1842, par M. À. Bravais, je trouve 6°, 67 pour la moyenne de l’air, et 9°, 51 pour celle du sol. La moyenne température du sol depuis six heures du matin à six heures du soiraété de 13°, 31. Le ciel, pen- dant cette période, était tantôt serein , tantôt couvert et brumeux ; il y a eu un orage et de la pluie. 3° Les glaciers occupant les par- ties les plus déclives sont de véritables bassins de réception où affluent sans cesse les eaux pluviales et toutes celles qui pro- viennent de la fusion des neiges environnantes. Ces eaux péné- j trant toute leur masse , et coulant à leur surface , doivent hâter j singulièrement leur fusion. Au contraire, les flaques de neige, qui persistent pendant l’été étendues sur les pentes ou logées dans des couloirs étroits , ne reçoivent pas les eaux des parties en- vironnantes. Quand elles sont placées de manière à en être pro- fondément pénétrées , elles se convertissent en glaciers , comme ! nous le verrons plus bas. Un autre fait que tout le monde peut vérifier dans les Alpes, prouve que l’ablation superficielle de la glace est plus rapide que celle de la neige. Dans toutes les montagnes schisteuses, de petits fragments de schistes noirs salissent la surface des glaciers. Celui du Faulhorn se distinguait ainsi à première vue de la neige envi- ronnante. Le Blau-Gletscher (glacier bleu), situé entre le Sehwar- zhorn et le Wildgerst , dans le groupe du Faulhorn, doit son nom à cette particularité et non à la couleur azurée de ses crevas- ses, comme je le croyais avant de l’avoir vu. Si on examine de près la surface des neiges environnantes , on voit qu’elle est cou- verte d’un nombre tout aussi grand de petits fragments de schiste que la surface du glacier. Mais ceux-ci sont enfoncés plus ou moins profondément dans la neige et ne peuvent être aperçus de loin. Ces différences s’expliquent facilement par l’ablation inégale de la neige et de la glace. Placés sur la neige , ces corps absorbent la chaleur en vertu de leur couleur foncée et de leur conductibi- lité plus grande; ils fondent la neige sous-jacente et s’enfoncent au-dessous du niveau général de la flaque de neige, dont l’ablation superficielle n’est pas assez rapide pour qu’ils se trouvent toujours ramenés à la surface. Il n’en est pas de même du glacier : son ablation superficielle est tellement prompte, que les fragments sont ramenés incessamment à la surface. A l’extrémité orientale du Blau-Gletscher, j’observais le 27 juillet, avec MM. L. Bra- vais etE. Canson, une flaque de neige très blanche. Le 3 septem- 142 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. bre , la moitié de cette flaque de neige était convertie en glace et se distinguait de loin par un aspect bleuâtre comme celui du gla- cier lui-même. Cet aspect était dû à l’innombrable quantité de fragments de schiste qui couvraient sa surface. Souvent on voit dans les Alpes de gros blocs sur la neige , mais ils ne sont pas élevés sur des piédestaux ; je n’en ai vu qu’un seul ainsi placé : c’était à la surface d’une avalanche énorme, gisant non loin du glacier de Hinterrhein. Les piédestaux des glaciers (tables des glaciers) étant un des effets les plus immédiats de l’ablation superficielle , leur rareté sur la neige est un argument de plus à ajouter à tous ceux qui démontrent que cette ablation est peu sensible. Si elle était rapide, on ne comprendrait pas comment la neige rouge ( Hœmatococcus nivalis ) pourrait végéter sur une surface qui fond et se renouvelle incessamment. Or, cette végétation inconnue sur les glaciers est très commune à la surface des vieilles neiges des hautes Alpes et du Spitzberg. Tout ce que je viens de dire sur l’ablation superficielle relative de la neige et de la glace ne préjuge rien pour leur fusion et leur évaporation absolue. Je ne prétends point dire qu’à volume égal la glace disparaîtra plus vite que la neige; je crois seulement que le niveau de la surface d’un glacier baisse plus rapidement que celui d’une flaque de vieille neige datant de l’hiver ou du printemps. Ainsi je pense que les glaciers dimi- nuent surtout en vertu d’une ablation superficielle ; les neiges , sous l’influence d’un sol échauffé qui, en les fondant à la circonfé- rence et au-dessous, rétrécit sans cesse leur étendue. A la surface des glaciers , c’est la fusion ; à la surface des neiges , c’est l’évapora- tion qui jouent le plus grand rôle. Je restreins même cette propo- sition aux hautes Alpes et à des élévations égales ou supérieures à 2500 mètres ; car plus bas et dans les plaines, les conditions cli- matériques ne sont plus les mêmes, et les phénomènes peuvent être singulièrement modifiés. Quanta la part exacte que l’on doit faire à la fusion et à l’évapoiation , il faudrait , pour les déterminer, re- courir à des expériences longues et délicates. Y. De la formation des glaciers sans névé. De Saussure (1) le premier, et depuis lui presque tous les au- teurs se sont accordés à dire que les glaciers se formaient par la congélation répétée de la neige pénétrée d’eau. Pendant mon séjour (1) Voyages dans les Alpes , § 5a 6. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1812. 143 sur le Faulhorn , j’ai assisté pour ainsi dire à la formation de plu- sieurs petits glaciers. Nous avons vu que celui qui se trouve au pied du cône terminal était placé de manière à recevoir toutes les eaux provenant de la fonte des flaques de neige environnantes. Ces eaux l’alimentaient pour ainsi dire, comme les affluents d’une ri- vière contribuent à maintenir son niveau dans certaines limites. Le 30 juillet, MM. Bravais et Canson découvrirent, à l’E. du gla- cier triangulaire, un autre petit glacier en voie de formation. Il occupait la partie supérieure d’un couloir qui allait , en se rétrécis- sant , aboutir auTscbingelfeld, à plus de 600 mètres au-dessous de son point d’origine. A l’O., ce glacier était dominé par un plateau chargé d’une masse de neige de 3 à 4 mètres d’épaisseur , dont les eaux s’écoulaient vers lui. La forme du glacier était celle d’un pa- ralellogramme dont la base avait 17m,6 de long. En haut , en bas et au S.-E., il se confinait sans interruption avec la couche de neige qui remplissait le couloir. Au N. -O. il s’appuyait contre des rochers. Son inclinaison était de 35° 30', celle de la neige au-des- sous de lui était de 50 degrés. Le glacier ou plutôt toute la partie de cette masse de neige convertie en glace , occupait la dépression la plus profonde du couloir, la portion où les eaux provenant de la fonte des masses de neige supérieure devaient nécessairement se réu~ niret séjourner le plus longtemps. Dans cette partie, l’inclinaison de la pente était moindre que dans le reste de la flaque de neige , qui reposait partout sur un terrain à surface bombée. La glace était dure, compacte et sale à sa superficie. Ayant sondé au-dessus et à côté du glacier, je rencontrai partout la roche au-dessous de la neige, à 1 mètre et lm,5 de profondeur. Mais au-dessous du glacier, dans le point où la pente avait 50°, je trouvai de la glace à 4 décimètres sous la neige. Ainsi, à cause de la forte inclinaison de la pente , l’eau n’avait point encore pénétré toute l’épaisseur de la neige. Le 8 août, cette neige était pénétrée d’eau jusqu’à la sur- face et convertie en glace encore peu solide. S’il m’était resté le moindre doute sur le mode de formation des glaciers , un amas de neige que le hasard semblait avoir placé tout exprès auprès de ce glacier naissant, m’aurait convaincu que la neige ne peut se convertir en glace qu'après avoir été pénétrée par les eaux provenant de la fusion des flaques situées au-dessus d’elle. En effet , il y avait dans une échancrure de la montagne ouverte vers le N. -N. -O. , mais formée et dominée par un plateau, dans tous les autres azimuths, une masse de neige de 2 mètres d’é- paisseur. La disposition du terrain était telle, que les eaux pro- venant des flaques de neige situées au-dessus s’écoulaient toutes 14 4 SÉANCE DU 19 DECEMBRE 1 8 4 2 . vers le sud ; elle n’en recevait pas le plus mince filet , et de tous les côtés elle était abritée des rayons du soleil : aussi celte neige n’était-elle point convertie en glace. Partout j’enfonçai sans peine mon bâton à 2 mètres de profondeur , et de plus elle ne fondait pas par la base. Après les chaudes journées qui précédèrent le 8 août, elle était dans le même état que neuf jours auparavant;; pas une goutte d’eau ne s’échappait de sa base. Celle-ci était appli- quée immédiatement sur le sol , sans en être séparée par un inter- valle , comme on l’observe ordinairement. Ainsi , en résumé , les glaciers sans névé se forment par l’im- bibition de la neige qui se pénètre de l’eau provenant des par- ties supérieures, et se congèle ensuite, lorsque la température s’a- baisse au-dessous de zéro pendant le jour et plus souvent pendant la nuit (1). En remontant au Faulborn, dans les premiers jours de septembre, j’en ai recueilli des preuves nombreuses et convain- cantes. Ainsi, la moitié de la flaque de neige couchée au pied oriental du Blau (xletscher du côté de la vallée de Rosenlaui était convertie en glace, parce qu’elle recevait l’eau provenant de la fusion des neiges supérieures. L’autre moitié , qui n’était pas dans le même cas, était restée à l’état de neige. Sur le flanc du Simelihorn, tourné vers le N.-E. , il y avait une flaque de neige d’une inclinaison très forte, que nous avions gravie plusieurs fois; à mon retour, sa portion la plus déclive était transformée en glace. Peu à peu, la neige avait été pénétrée jusqu’à sa surface par les eaux résultant delà fusion des parties supérieures, et s’é- tait convertie en glace. La même transformation avait eu lieu sur une flaque de neige , située au-dessous du signal élevé sur le plateau de Gassen pour guider les voyageurs. On voit donc que les glaciers se forment et augmentent par la congélation de l’eau qui pénètre dans leur masse. Ils croissent donc par intus-suscep- tion , suivant l’heureuse expression de M. Elie de Beaumont (2), et non par la simple addition de couches de neiges nouvelles qui se transforment en glace, lorsqu’elles sont pénétrées par les eaux résultant de la fusion des neiges environnantes. Si les glaciers ne (1) Sur les quarante-six jours compris dans notre série météorologi- que , il y en a quatorze où le thermomètre est descendu au-dessous de zéro. Ce nombre est au-dessous de la vérité , puisque pendant vingt jours on ne l’a observé que pendant le jour. (2) Remarques relatives à l’influence du froid extérieur sur la forma- tion des glaciers. ( Annales des sciences géologiques , t. 1, p. 555. Juillet i84a.) SÉANCE DE 19 DÉCEMBRE 1842. 145 réparaient pas chaque année les pertes que leur fait éprouver la fonte et l’évaporation superficielles, ils ne tarderaient pas à dis- paraître complètement jusqu’à la limite du névé; mais leur pro- gression d’un côté et leur nutrition par intus-susceptionde l’autre , remplacent toutes ces pertes, et maintiennent un certain équilibre entre leur diminution et leur accroissement annuels. M. Viquesnel lit la note ci-jointe. Note sur les environs de Vichy , département de V Allier. Terrain de transition (1). Le terrain de transition forme le plateau accidenté qui accom- pagne le cours de l’Ailier à l’E. de Vichy et de Cusset. Entre cette dernière ville et Lapalisse, il s’appuie sur le granité. Les couches de schiste argileux , de grauwacke, de conglomérat et de pétrosi- lex qui le composent, suivent la direction de l’O. , 25° N. , au S. 25° E. Ce terrain est traversé par des roches plutonniennes de di- verse nature. Les plus communes sont des porphyres pétrosi- liceux pinitifères. Dans la vallée du Sichon , entre le moulin des Couteliers et le moulin Ribière , le porphyre constitue des masses considérables. Sa pâte grisâtre renferme de gros cristaux de feld- spath blanc, du quarz hyalin et de la pinite vert-noirâtre. Une autre variété de porphyre forme des escarpements à pic au ha- meau des Grivats ; elle se compose d’une pâte pétrosiliceuse rose contenant les mêmes éléments que la variété précédente. Les cristaux de feldspath y sont légèrement colorés en vert par la pinite. La coupe suivante , prise de bas en haut à la colline des Jus- tices,, à l’E. , 22° S. de Cusset, donnera une idée de la manière dont les roches ignées se comportent au contact du terrain de transition : 1° Gros dike d’une roche que M. Cordier nomme fraidronite. Elle se compose d’une pâte pétrosiliceuse très rare , colorée par du mica en lamés presque microscopiques et contenant une très grande quantité de petits cristaux blancs de feldspath et de grains de quarz ; 2<> Pétrosilex compacte , blanc jaunâtre , à grains de quarz (î) M. Cordier a bien voulu déterminer les échantillons provenant du terrain de transition , et les roches d origine ignée qui le traversent. Soc. géol. Tome XIV. îo 146 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. (eurite de M. Al. Brongniart), disposé en couches verticales. Elle se subdivise , par le moindre choc , en fragments de 2 à 4 centi- mètres; 3° Porphyre pétrosiliceux pinitifè-re et quai zifère. Les cris- taux sont clair-semés dans une pâte pétrosiliceuse grisâtre ou gris- verdâtre. Cette variété établit un passage entre les deux roches précédentes; 4° Variété du même porphyre à gros cristaux de feldspath; 5° Variété du mêrne porphyre, couleur rougeâtre, altérée à la surface ; 6° Porphyre pétrosiliceux à petits cristaux blancs de feldspath, (mélaphyre de certains auteurs). La pâte gris- noirâtre est fusible au chalumeau en émail blanc; 7° Grauwacke à grain très fin , jaunâtre, à cassure mate et in- égale , se divisant en petits fragments au contact de la roche pré- cédente ; 8° Hornfels micacé à grain grossier, noirâtre, à cassure in- égale , très pesante. Des lames de mica colorent sa pâte pétrosi- liceuse et lui donnent une grande ténacité. Cette roche alterne avec la variété précédente et constitue le sommet de la côte des Justices, près des fermes Thibaut et Depierre. On retrouve les porphyres sur le revers opposé de la colline , dans la vallée du Jolan , près la Croix de pierre (route de Cusset à Molle). Le passage du feldspath compacte (eurite) au porphyre s’ob- serve dans plusieurs points de la vallée du Sichon. Près du moulin des Couteliers, le porphyre à gros cristaux (n° 4) s’appuie sur une fraidronite semblable au n° 1 de la coupe précédente. Les deux roches sont séparées par une bande de pé- trosilex quarzifère qui , peu à peu, se charge de cristaux de feld- spath en approchant du porphyre {voir pl. III, page 155, fig. 1) . Le pétrosilex forme des rochers flanqués de porphyre entre le moulin des Couteliers et le hameau desGrivats [voir même planche, fig. 2). Les traits les plus remarquables du terrain de transition s’ob- servent entre le moulin Ribière et l’ardoisière de Mont-Pevroux. Les couches , composées de schiste argileux , de grauwacke et de pétrosilex disposé en lits plus ou moins épais, alternent, sur quelques points, avec des conglomérats, et sur d’autres points sont coupées par cette roche fragmentaire. Le conglomérat est formé de cailloux de silex noirs ou blanchâtres, mélaDgés avec les fragments provenant du terrain de transition. Les éléments de la roche , d’une grosseur variable , sont inégalement répartis SÉANCE DU 19 DÉCEMB11E 1842. 147 dans la pâte; ils sont ordinairement réunis par un ciment pétro- siliceux, quelquefois par du schiste argileux ou par les détritus pulvérisés des roches de transition. La position anomale du conglomérat dans les couches se dessine nettement à la descente de Bodechet, vers le moulin Ribière. On voit la roche fragmentaire intercalée dans le schiste argileux, et la grauwake à grain fin passer d’une couche à l’autre et se ramifier à la manière des filons injectés. Les accidents que je signale me pa- raissent différents de ceux qui accompagnent souvent le dépôt d’un terrain. Ainsi, des couches horizontales sont formées quel- quefois de strates inclinés , dont la composition varie de l’un à l’autre, ou bien elles ont été profondément ravinées par l’irrup- tion des eaux, et pendant le cours de la même période géologique les cavités se sont remplies de matériaux fins ou grossiers. Les coupes bizarres, qui peuvent résulter de ces deux causes de per- turbation, ne sauraient s’appliquer aux enchevêtrements observés dans la vallée du Sichon. Elles doivent avoir une autre origine et se trouver en rapport avec les dislocations qui ont ouvert un pas- sage aux épanchements des roches plutoniermes. Les frottements éprouvés par les parois des fissures ont dîi produire une quantité prodigieuse de débris. Les fragments ont formé des masses de conglomérats qui , poussées par le porphyre , se sont introduites comme des filons à travers les fissures. En 1840, j’ai observé des faits absolument semblables dans les schistes argileux cré- tacés aux approches des ophites, non loin de Bagnères de Bigarre. Ils rappellent l’injection des pépérites et des conglomérats basal- tiques dans les terrains tertiaires de l’Auvergne. Tout le monde connaît l’alternance apparente, mais non réelle, de ces roches avec les couches tertiaires de Gergovia , de Montaudon , de Montro- gnon, etc., près Clermont-Ferrand. Longtemps avant moi , plusieurs géologues ont cité des exem- ples de conglomérats introduits de bas en haut dans des terrains antérieurs à la période tertiaire. En 1828, M. Elie de Beaumont a publié une note sur un gisement de végétaux fossiles et de graphite , situé au col du Chardonnet , département des Hautes- Alpes (Yoir Annales des sciences naturelles , tome XY, pages 353 et suivantes). Dans cette note, l’auteur fait observer que les trois aiguillons d’Arve , situés sous le col des pics , entre Bonne- nuit et Entraigues, se composent de conglomérats et percent les couches du terrain jurassique. Plus récemment , M. Rozet a dé- crit , dans son mémoire sur la Bourgogne , certains conglomérats qu’il regarde comme étant formés aux dépens des roches préexis- 148 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. tantes et se trouvant en rapport avec des roches d’épancliement. Ainsi, le fait que je signale n’est pas nouveau dans la science : seulement , il s’est développé aux environs de Cusset , sur une plus petite échelle que dans les localités précédemment citées. Terrain tertiaire. Le terrain tertiaire forme au S. et au N. de Cusset une ter- rasse qui borde le plateau de transition dont je viens de parler. Ses limites, au S., sont assez bien tracées par le cours du Sichon , du moulin Ribière à Cusset, et par le petit affluent qui vient dé- boucher près du moulin précédemment nommé. Plus loin, vers le S., ce terrain se réduit à une bande fort étroite. La colline ter- tiaire du Vernet, comprise dans les limites que je viens de tracer, présente une série de couches très nombreuses et dont la puissance totale varie suivant l’inégalité de profondeur des bords du bassin. Cette colline peut se subdiviser en deux masses principales. La partie inférieure, visible , se compose de marnes blanches, sépa- rées en assises plus ou moins épaisses. Elle renferme des lits subordonnés d’argile et de calcaire marneux. A Cusset, le lit du Sichon est creusé dans un banc de marne grise feuilletée, légère- ment verdâtre. J’ai trouvé dans cette roche , sous le pont de Mes- dames, un poisson fossile, des traces de plantes réduites à l’état de charbon pulvérulent et des Cypris de la grosseur d’un grain de millet. MM. Valenciennes etLaurillard classent le poisson dans la fa- mille des Percoïdes et le rapportent au genre Myripristis. La Cypris déterminée par M. A. d’Orbigny est voisine de la Cypris conchacea, Lamarck. Elle est caractérisée par sa forme plus large et offrant l’indice d’étranglements. M. A. d’Orbigny pense qu’on pourrait la nommer Cypris legumen , de sa ressemblance avec une gousse. La partie supérieure de la colline du Vernet se compose de calcaire et de lits subordonnés de marne et d’argile. Les couches calcaires prennent une épaisseur de 15 à 25 centimètres Un seul banc , plus puissant que les autres , acquiert environ 80 centimètres d’épaisseur, et s’emploie comme pierre de taille. Le calcaire est or- dinairement grossier ou criblé de cellules presque microscopiques. Il contient souvent une immense quantité d’oolites et de fragments granulaires revêtus d’un enduit de chaux carbonatée. Quelque- fois des lits composés principalement d’oolites sont séparés par des lits de calcaire compacte ou grossier. Ces feuillets , de texture diffé- rente , se confondent à une petite distance et forment par leur réu- SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. 149 nion une couche de l’épaisseur ordinaire. On remarque aussi, dans l’intérieur du calcaire , des vides qui , tantôt prennent la forme irrégulière d’une poche , tantôt suivent le sens de la stratification. Ces cavités , ordinairement remplies d’argile ocreuse , sont revê- tues de cristaux de chaux carbonatée. Quelquefois les parois des interstices , parallèles à la direction des couches, sont réunies par de très petites colonnes rondes, semblables aux fils du vermicelle, collées les unes contre les autres , et perpendiculaires à la strati- fication. Le calcaire prend, à la partie supérieure de la colline, la structure concrétionnée. Les concrétions atteignent souvent un diamètre de 40 à 50 centimètres. Elles ressemblent à des oolites gigantesques accolées l’une à l’autre , et forment un ou plusieurs bancs dont l’épaisseur dépasse souvent 2 mètres. Lorsqu’elles ont été exposées quelque temps aux injures de l’air, elles se délitent en couches concentriques qui s’emboîtent les unes dans les au- tres. Elles exhalent une forte odeur bitumineuse; il est à remar- quer que la structure concrétionnée se développe sur des couches composées presque entièrement de loges à phryganes. Ces deux roches associées forment par place de petits escarpements , et se montrent à découvert devant l’église du Vernet.' Le calcaire est ordinairement blanchâtre. Il prend quelquefois une teinte jaunâtre ou grise plus ou moins foncée. Dans le pre- mier cas , il contient une plus forte proportion d’argile ocreuse ; dans le second, il est coloré par du bitume. Les couches tertiaires sont horizontales; cependant elles pré- sentent parfois des traces légères de dérangement. J’ai remarqué dans une des carrières de la colline un plongement de 9 à 10° qui ne s’étendait pas à la carrière voisine. Une dépression , au fond de laquelle se trouve le hameau de la Courie, sépare la colline du "V ernet de la proéminence qui sup- porte la ferme de Bodecliet. Cette dernière hauteur, composée de terrain de transition , présente à la vallée du Sichon des escarpe- ments très rapides. Son revers opposé s’abaisse en une croupe dont la pente est encroûtée par les couches horizontales d’un dé- pôt arénacé. En montant de la Courie à la ferme de Bodecliet, on observe la coupe suivante : 1° Sables quarzeux grossiers mélangés d’argile; leur acumula- tion au fond du vallon de la Courie paraît être un attérissement formé aux dépens des roches suivantes ; 2° Argile grise et jaune en lits alternatifs : la dernière renferme 150 SÉANCE Dü 19 DÉCEMBRE 1842. des cristaux de feldspath et des grains de quarz ; elle a une ten- dance à passer à l’arkose ; 3° Arkose à grain fin et à gros grain (métaxite). Les cristaux de feldspath, généralement altérés, et les fragments de quarz sont cimentés par une pâte argileuse altérée (kaolin). Cette roche couvre le plateau qui supporte la ferme de Bode- chet. Elle couronne de ses bancs épais le sommet de la montagne. Mais dans cette localité , son ciment est ordinairement remplacé par du calcaire argileux. Ce grès à cristaux de feldspath et à gros grains de quarz renferme des géodes de chaux carbonatée. Les fragments, en proportions variables, sont souvent disséminés dans uue pâte très abondante. On exploite cette roche comme pierre de construction , dans les bois au-dessus de la ferme. Malgré mes recherches, je n’ai pas pu déterminer les rapports clel’arkose avec les couches calcaires delà colline du Yernet; elle paraît former un accident isolé dans un point du bassin. Cepen- dant , les caractères minéralogiques des lits d’argile à cristaux de feldspath et grains de quarz, identiques à ceux que présentent les couches de même nature qui alternent avec le calcaire de la Limagne, près- de Clermont-Ferrand, m’engagent à considérer le dépôt de Bodechet comme appartenant à l’époque tertiaire et probablement contemporain du calcaire du Yernet (1). Un autre petit dépôt à grains de quarz et à cristaux de feld- spath s’observe en descendant du Yernet à Abret , par la vallée des Dolaux et des Maunousses. Les éléments du granité sont enve- loppés d’une couche concentrique de chaux carbonatée qui les tient accolés. On voit que les fragments , avant de s’agglomérer, ont été roulés dans des eaux saturées de bicarbonate de chaux. Ce dépôt recouvre les couches ravinées du terrain tertiaire. (1) En montant la colline désignée sous le nom de côte de Clermont , on voit , vers le milieu de cette hauteur, le calcaire à phryganes et le calcaire concrélionné intercalés entre deux bancs d’argile verte. L’argile à l’état meuble renferme des grains de quarz et de feldspath. La même roche se trouve au sommet de la colline de Chanturger et de Notre-Dame- de-Néra et , par conséquent . à un niveau bien supérieur au calcaire concrélionné précédemment cité. Dans ces deux localités, elle passe à l’arkose par l’interposition d'un ciment qui réunit les éléments désagré- gés de l’argile verte , et détermine la formation de petits lits d’arkose subordonnés à la roche meuble. Les arkoses et les argiles à grains quar- zeux et feldspatiques de Bodechet me paraissent représenter les couches de même nature qui se montrent à la partie supérieure et médiane du terrain tertiaire des environs de Clermont-Ferrand. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1812. 151 A l’O. de Yichy, sur la rive gauche de F Allier, ou trouve près de Yaisse des couches argileuses et sableuses. Des roches de même nature, dans la vallée du Sermon , sont recouvertes de cal- caire eoncrétionné. Le haut du plateau est revêtu d’une couche mince de cailloux roulés que MM. Élie de Beaumont et Dufrénoy rapportent à l’étage supérieur du terrain tertiaire. Au N. de Yichy, la colline de Creuzier-Yieux présente une forme allongée dont le plus grand diamètre est parallèle au cours de l’Ailier ; sa base est baignée à l’O. par cette rivière , au N. par le Mourgon , au S. par le Siclion. A l’E. , la colline se lie au plateau de Chassignolle. Sur le chemin de Creuzier-Vieux , entre la ferme Champ de- Grelet et les Arloings , les fossés de la route mettent à découvert des sables de diverse nature, contenant des lits subordonnés de marne et d’argile. Les sables se composent généralement d’oolites quelquefois souillées d’argile ou accompagnées de grains de quarz. Les roches prennent rarement une faible adhérence par l’inter- position d’un ciment très rare , calcaire ou argileux. Elles ren- ferment un lit de gravier semblable à celui qui garnit le fond des rivières. Ce gravier se compose de petits cailloux aplatis, prove- nant de roches de diverse nature. Les couches de marne blanche présentent souvent des interruptions, et l’intervalle qui sépare ses tronçons est rempli de sable oolitique ou quarzeux ( voir pl. III, page 155, fig. 4 ). Cette disposition se dessiue très nettement aux Arloings , dans une carrière où l’on exploite du sable destiné aux constructions ( voir même planche, fig. 5). Une couche de marne d’un mètre ou lm,3Q d’épaisseur, se termine brusquement et vient butter contre des sables absolument semblables à ceux qui la sup- portent. L’extrémité de la couche en contact avec la roche meuble perd sa disposition stratiforme et prend une structure mame- lonnée. Les alternances de roches meubles, de marnes en couches bri- sées et de lits argileux représentent le dépôt de marne blanche qui constitue la partie inférieure de la colline du Yernet. La dif- férence décomposition, observée dans des points si rapprochés du même bassin , doit tenir à la direction des affluents qui s’y déver- saient. Le dépôt s’opérait tranquillement sur le bord, au pied de la falaise ; mais vers le centre ou sur les points exposés aux courants, il subissait de fréquentes perturbations. Les sables et le lit de gravier, observés à la base de la colline de Creuzier-Yieux , indiquent que les couches inférieures de cette localité se sont formées au fond d’une rivière doht le lit n’était pas contenu dans 152 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. des limites bien déterminées. Un changement de direction dans le cours de cet affluent amenait un dépôt de marne blanche que venait interrompre et raviner une nouvelle irruption des eaux. Les produits meubles , charriés par le courant , comblaient les lacunes et recouvraient les lambeaux isolés de la marne , dont la présence à différents niveaux nous annonce le retour plusieurs fois répété des mêmes phénomènes. En avançant vers Creuzier-Vieux, on trouve une grande quan- tité de gros blocs de calcaire concrétionné et de calcaire à phry- gane. Ces deux variétés de roches paraissent, autant que j’ai pu l’observer dans une course rapide , se montrer à différentes hau- teurs dans les couches de calcaire marneux qui constituent la partie supérieure de la colline à l’E. du village. Les concrétions aussi volumineuses qu’aux environs du Yernet fournissent au maire de Creuzier-\ ieux des vases naturels dont il orne son jar- din. Evidées à l’intérieur par l’action des agents atmosphériques, elles servent à encaisser des plantes et des arbustes. J’ai vu dans la même propriété des troncs d’arbres silicifiés et des ossements trouvés dans le voisinage. Travertin de Vichy. Les eaux thermales de Yichy ont produit des dépôts considéra- bles qui se continuent encore de nos jours. On exploite, à cent pas à 10. 22° N. de la source des Célestins, sur le bord de l’Ai- lier, un rocher de travertin de 18 à 20 mètres de puissance. Les feuillets superposés qui composent ce rocher offrent une épais- seur de l à 10 centimètres , et une variété infinie de composition. Les uns sont des espèces de grès grossier à ciment calcaire, ren- fermant de petits fragments anguleux de calcaire plus ou moins argileux, des grains de quarz, etc. ; les autres sont formés de plusieurs strates minces et soudés ensemble , de chaux carbona- tée fibreuse , dont les fibres sont perpendiculaires à la direction des couches; quelques feuillets prennent la texture carriée et renferment des pisolites. Le même feuillet ne conserve pas dans toute son étendue ses caractères minéralogiques , ni la même épaisseur. Il passe au calcaire compacte ou grenu , à petites ou grandes lamelles ; cette dernière variété renferme de la chaux carbonatée et de l’arragonite. Les plus beaux cristaux de ces deux substances se développent dans des poches. La chaux carbonatée affecte plusieurs formes de cristallisation ; l’arragonite se pré- sente en prismes allongés, groupés en faisceaux. La coupe trans- SÉA.NCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. î Ô 3 versale des prismes prend ordinairement un diamètre de 2 à 5 millimètres. Les feuillets présentent souvent une surface bosselée dont les accidents se reproduisent en creux à la surface opposée Les strates qui les composent suivent les ondulations extérieures. Les dépres- sions résultant de l’inégalité des surfaces sont remplies d’une sub- stance terreuse et argileuse. Les feuillets n’adhèrent pas entre eux et sont séparés par des filets d’argile ou plus ordinairement de calcaire pulvérulent, tantôt pur , tantôt souillé d’argile. Ils sont quelquefois séparés par un calcaire argileux carrié dont les cel- lules sont tapissées de calcaire pulvérulent (farine fossile'. La tex- ture de cette variété rappelle la texture des meulières. Le calcaire ! argileux carrié contient des pisolites libres ou empâtées. Le travertin renferme accidentellement des plantes, des co- quilles d’eau douce et des ossements d’animaux. M.. Feignant , ingénieur à Cusset, a recueilli un grand nombre de ces fossiles trouvés par les carriers. J’ai remarqué dans sa riche collection quinze à vingt pisolites , provenant de cette localité , qui présen- tent un phénomène fort singulier. Leur surface est revêtue de dendrites disposées d’une manière régulière et symétrique. Ces figures, au nombre de huit, pren- ment la forme d’un petit arbre et sont placées, moitié sur une partie de la sphère, moitié sur l’autre partie. Les troncs des den- drites partent de deux pôles opposés. A une certaine hauteur, ils produisent des branches qui forment une touffe arrondie. Les sommets s’arrêtent à l’équateur du sphéroïde, sans se confondre avec les sommets des dendrites qui leur sont opposées. Cette symétrie de dessin sur les deux moitiés de la pisolite est aussi ré- gulière que si un courant électro-magnétique avait présidé à la formation des dendrites (1). Les eaux thermales de Vichy produisent encore des dépôts qui encroûtent leurs canaux, mais elles ne forment plus de pisolites , du moins je n’en ai pas observé. Le travertin a subi des bouleversements remarquables qui n’ont pas échappé aux investigations de MM. Lyell et Murchison 'Voir Principles of geology, tom. IV, page 101). Les strates des feuillets conservent une épaisseur régulière sur une certaine (î) L’expression de courant électro-magnétique me paraît très conve- nable pour peindre le phénomène; je l’emploie comme image. Je n'ai pas la prétention de donner l’explication d’un fait qui peut devenir le sujet de recherches intéressantes. 154 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1842. étendue. Cette régularité de structure indique que leur dépôt s’est opéré dans une position horizontale. Le changement de po- sition des couches me paraît le résultat d’une érosion prolongée. Le courant destructeur de l’Ailier a sapé la base de terrain ter- tiaire qui supporte le travertin. Privée d’appui , cette roche a fait la bascule et s’est fracturée en plaques de dimension très inégale. A l’O. de la source des Célestins , le rocher vertical exploité con- | stitne le plus grand débris du dépôt thermal, et forme, sur le bord de l’Ailier, une muraille de 5 à 6 mètres de hauteur; à l’Ë. de la même source, les plaques, beaucoup plus petites, plongent sous v des angles très différents, et conservent même quelquefois leur première position horizontale. Ces changements d’inclinaison, qui s’observent le long de l’Ailier et dans le vieux Vichy, semblent annoncer que, de ce côté, les couches présentaient moins de soli- dité. L’hypothèse de l’horizontalité primitive et générale du dépôt 1 se trouve confirmée par l’horizontalité partielle des plaques; l’hy- | pothèse du mouvement de bascule, qui a fracturé le travertin, 1 devient presque une certitude, en présence de l’action érosive de 1* Allier sur les bords de son bassin , aux environs de Vichy. Cette | rivière se porte tantôt d’un côté , tantôt de l’autre , ronge le ri- f vage , et accumule dans son lit une immense quantité d’alluvions, ; dont la forme change tous les ans. L’ancienne route de Vichy à K Gannat , par Charmeille , a été emportée et remplacée par une! route neuve qu’on a tracée à 800 mètres plus loin. Depuis quelques années l’Ailier se rapproche de jour en jour, et menace de détruire* dans un temps plus ou moins court la nouvelle voie de commu- f nication. Basalte. Les ruines du château de Mont-Peyroux, consacrées aujour-f d’hui à l’exploitation d’une ferme , s’élèvent à l’extrémité d’un éperon qui se détache de la crête séparant les vallées du Jolan et| du Sichon. Des pentes escarpées défendent de trois côtés l’ap-' proche de l’ancienne forteresse. Sur la pente méridionale , quel-J ques mètres au-dessous du château, se trouve un amoncellement de gros prismes basaltiques renversés pêle-mêle les uns sur les autres. Une végétation vigoureuse empêche de voir le basalte en place sur la colline; cependant M. Lecoq affirme que les étables à demi souterraines du château sont creusées dans cette roche (V. Vichy et ses environs , 1 vol. in-8°, 1836, page 175). Du reste,,] l’emplacement très circonscrit couvert parles prismes indique que de la Soc. 6èoloy. dr Fronce Tonu -jm ’.PUIl.PayjX, V.°l jst°z JV°S jvr.r |” ; J. ihrp/iyrv . F ^ Afartie blet ii dus . ;| Sraidroiule . Calcaire oolitùjuc. desayreyc fis. fpM | .'} | Peti •asiles- . etr+.fu/dej' artpilo ÿa/jrlxeux . Colline sêpaiiuit PiSo ni A%s. 4-05 1er ixdlees du, folan et du f/ chou . huideiu 1 H24- mètres. Coupe JV?3. les durcis / 1 Joui a me / Allier Jl . Porphyre Eli T&'rain de transition sir baye, yi vît calai ur et tiiHjile contenant des grains tlejtlarpatti et «5e- tfuxu'li^ . Terraui Terliaii*e _ JHat'/ies blanches ane lits subordonnes île caZcuire marneuse et d'argiles. Calcaire avec hts snbordo/utes de nuvrne. et d 'argile Traiter tin ther uiaL de Vichy . au à par CJi. Avril rue îles J\T. 181 SEANCE DU 23 JANVIER 1813. pour montrer l'inclinaison' à peu près générale d’environ 22 degrés qu’y ont prise naturellement ces strates formés dans l’eau. Il en tire induction pour expliquer la possibilité de la formation de couches sédimentaires sous cette incli- naison ( I ) . M. Pissis commence sur l’Auvergne une communication qu’il continuera dans i’une des séances suivantes. M. Rozet dit que M. Pissis n’arrive à des résultats diffé- rents des siens que parce qu’au lieu de considérer l’ensemble des phénomènes volcaniques de l’Auvergne, il n’en consi- dère qu’une partie, et que la même faute, commise par le plus grand nombre des auteurs qui ont écrit sur cette con- trée, a causé les discussions interminables soulevées jusqu’à présent. Mon travail, qui sera bientôt publié dans les Mémoires de la Société, ajoute M. Rozet, contiendra la description de tous les faits que j’ai observés , et ils sont nombreux. Ensuite je montrerai comment leur ensemble se lie aux grandes lignes de dislocation du globe , établies par M. Elie de Beaumont dans son beau travail sur le soulèvement des chaînes de mon- tagnes. M. J. Bianconi présente des roches de la formation sulfu- rique des Apennins, sur laquelle il se propose de publier un mémoire. Le Président annonce que le nouveau trésorier, M. Vi- quesnel, vient de déposer sur le bureau le budget, qui est renvoyé à la discussion du conseil. Il annonce également que la commission d’impression du Bulletin, composée de MM. Leblanc, Angelot et Aie. d’Orbi- gny, et précédemment maintenue pour cette année, s’étant trouvée incomplète par l’élection de M. Angelot aux fonctions de secrétaire , il a nommé en conseil M. d’Archiac pour le remplacer. Celte nomination est approuvée par la Société. (r) V oir le n° /|7 4 du journal l’Institut, année 1 843. 182 SÉANCE DU 23 JANVIER 1843. M. Melleville lit le mémoire suivant : De la théorie des puits naturels. 11 y a près de cinq ans (1) , à l’occasion d’un petit Mémoire où je montrai que , dans le N. du bassin parisien, le calcaire grossier, comme les argiles plastiques et le gypse , se présente partout sous la forme de grands amas lenticulaires , fait soupçonné, il y a plu- sieurs années , par l’un de nos meilleurs observateurs (2), et pres- senti depuis plus longtemps encore , par deux géologues non moins habiles (3), je hasardais poiir la première fois quelques nouvelles conjectures sur l’origine des terrains tertiaires parisiens et sur la manière probable dont ils sont formés. Dans cette com- munication , j’avais principalement en vue d’expliquer cette dis- position si remarquable, disposition à laquelle participe également le terrain lacustre moyen , ainsi que je viens dernièrement d’en donner quelques exemples incontestables. Néanmoins, mes idées touchant le mode de formation des ter- rains tertiaires parisiens s’éloignaient trop de celles dans lesquelles les géologues sont en quelque sorte nourris, pour que j’eusse l’espoir qu’elles seraient d’abord accueillies sans répugnance: aussi ne fus-je pas surpris de voir ma communication réduite dans le Bulletin aux simples proportions d une courte analyse. Mais par cela seul que ma pensée était ainsi reproduite d’une manière incomplète , elle devenait inintelligible; c’était dès lors pour moi une nécessité impérieuse de revenir un jour sur cette communication, et de soumettre mes idées à l’examen des géolo- gues en leur donnant les développements nécessaires pour qu’elles pussent être bien comprises. D’ailleurs , dans la supposition même où l’application que je cherche à faire de la théorie des puits naturels porterait à faux , il ne me paraît pas sans utilité de la faire connaître ; car, en con- sidérant les faits sous un point de vue nouveau , elle peut aider au moins à en expliquer plusieurs qui sont restés insolubles jusqu’ici. Cependant, en 1838 , ma conviction résultait déjà de plusieurs années de recherches sur ce sujet, et elle était dès lors assez (1) Séance du 19 mars i858. Bulletin , t. IX , p. 216. (2) Elie de Beaumont . Du système tertiaire inférieur dans le fiord de la France. (5 G. Cuvier et Al . Brongniarl , Description géologique des environs de Paris. SÉANCE DU 23 .JANVIER 1843. 183 grande pour me permettre d’espérer que les observations ulté- rieures , loin de détruire la théorie des puits naturels , la confir- meraient tôt ou tard. Ces espérances n’ont point été déçues; cinq autres années de re- cherches m’ont entièrement confirmé dans les déductions que j’ai autrefois tirées des faits alors à ma connaissance, et tous les jours les travaux de bons observateurs viennent les corroborer. C’est ainsi que M. Leblanc , dans la séance du 16 mai 1842 , a fait con- naîtra à la Société géologique des observations intéressantes qu’il a eu l’occasion défaire sur des puits naturels mis au jour par les i! travaux de fortification de Paris. Les découvertes de ce genre, >;j dont le nombre s’accroît incessamment , me font espérer que i la théorie des puits naturels sera plus généralement admise , 1 lorsqu’elle aura été développée d’une manière plus étendue , et assez complète pour permettre à chacun de la bien saisir dans toutes ses parties. Au surplus, cette théorie n’a véritablement au fond rien de ! nouveau; et c’est un devoir pour moi de reconnaître ici qu’un excellent observateur, M. Alexandre Brongniart, l’a en quelque I sorte indiquée il y a plus de vingt ans. L’étude du mode de for- proposer d’expliquer l’origine des terrains d’eau douce parisiens | par le moyen 'de sources calcarifères (2) semblables à celles qui forment encore aujourd’hui des couches puissantes dans ce pays et ailleurs. L’on ne saurait nier que ses raisons ne soient parfaite- | ment solides , et que l’analogie de formation qu’il établit entre les travertins modernes de l’Italie et ces terrains d’eau douce , ne soit aussi d’une grande vraisemblance. Or, ce sont précisément ces idées que l’observation m’a conduit à étendre à tous les ter- rains du bassin parisien , à l’exception toutefois des sables marins il (inférieurs, moyens et supérieurs) dont l’origine doit évidemment être cherchée ailleurs. Sans vouloir encore entrer dans des développements étendus sur la théorie des puits naturels, j’en dirai cependant assez pour éviter tout malentendu ; je ferai connaître leur origine et la manière dont ils ont du fonctionner. Je veux aussi prévenir un danger, celui de la trop grande extension de cette théorie : (1) Description géologique des environs de Paris, p. 3i4 et suiv. (2) MM. l’abbé Croizet et Jobert aîné ( Recherches sur les ossements fos- siles du Puy-de-Dôme , p. 37) expriment la même opinion à l’égard des courbes calcaires tertiaires de l’Auvergne. 184 SÉANCE DU 23 JANVIER 1843. car, dans ma pensée, la meilleure hypothèse devient fausse, lors- qu’on ne sait pas la renfermer dans de sages limites , et que, la produisant d’une manière trop absolue , on veut l’appliquer à tous les cas et dans toutes les circonstances. Dès mes premières études sur le bassin de Paris, je fus frappé de l’existence de ces nombreuses cavités qui percent toutes les couches tertiaires , et que MM. Cuvier et Brongniart ont désignées sous le nom de puits verticaux naturels . Ces deux auteurs ne les ont néanmoins signalées que dans le calcaire grossier ; mais depuis , j'ai pu constater leur présence dans les sables inférieurs, les argiles plastiques, le terrain lacustre moyen et les gypses. J’eus ensuite plusieurs fois l’occasion de voir que, quel que soit le niveau du terrain à la surface duquel ils débouchent, ils le traversent non seulement de part en part, mais percent encore chacun de ceux placés en dessous, et descendent ainsi jusqu’à la craie, où ils s’enfoncent à une profondeur in- connue. Il y a de ces puits qui débouchent de la craie pour s’arrêter au niveau supérieur des argiles plastiques. Ils sont alors ordinaire- ment remplis par des argiles très pyriteuses. D’autres traversent toute la masse des sables inférieurs pour se terminer à la surface du calcaire giossier. Ceux-ci sont généralement occupés par des argiles jaunes, auxquelles sont associés des filets verticaux de sable et des cailloux de quarz , dont le grand axe est aussi dans une position verticale. Enfin, d’autres puits naturels traversent tout ensemble les sables inférieurs , le calcaire grossier, le terrain lacustre moyen, ainsi que les gypses. Ces derniers sont souvent remplis par des marnes blanches. J’ai depuis longtemps signalé la présence de fragment-s de craie, non seulement à plusieurs niveaux dans les sables inférieurs, mais même dans le calcaire grossier. Ces morceaux , toujours couchés à plat, sont ordinairement percés de trous dans tous les sens, comme s’ils s’étaient pendant quelque temps trouvés plongés dans un li- quide corrosif. Leur gisement dans les sables du Laonnais à 80 mè- tres au-dessus de la craie des enviions, et dans le calcaire gros- sier, à Harty et Damerv, à 120 mètres au-dessus de la craie dans le fond de la vallée de la Marne r me paraît bien difficile à expli- quer par les anciennes théories. Je rappellerai qu’à Fleuryrla- Rivière j’ai trouvé dans ce même calcaire grossier deux bélem- nites ( Belemnites mucrouatus ) encore enduites d’une couche crayeuse. L calcaire grossier présente souvent au N. du bassin une mo- SÉANCE 1>U 23 JANVIER I 8 1 3 . 185 dification profonde dans sa texture. Au lieu d’y être en bancs réguliers, solides et exploitables, il n’ofïre plus qu'une masse friable et incohérente , remplie de rognons durs, siliceux , à cas- sure parfois miroitante , et que les ouvriers désignent dans le Laonnais sous le nom de tctes de chat. Cette modification, tantôt n affecte que les bancs inférieurs du calcaire grossier, tantôt sa masse entière, ou simplement sa partie supérieure. Elle ne s’étend le plus souvent que sur des espaces assez resserrés, et ie calcaire grossier reprend bientôt son allure et sa régularité ordinaires ; de telle sorte qu’exploité ici comme pierre de taille , à vingt pas plus loin il l’est comme moellons pour ferrer les routes. Mais des cir- constances heureuses m’ont permis de constater qu’un ou plu- sieurs puits naturels occupent ordinairement le centre de la masse calcaire ainsi modifiée ; eu sorte que si , dans certains cas , ces puits ont purifié la masse, comme disent les ouvriers des environs de Paris, selon M. Leblanc , c’est-à-dire, si ces canaux ont influé sur la bonne qualité de la pierre et la régularité des bancs au moyen des matériaux qu’ils ont amenés de l’intérieur, dans d’autres circonstances ils ont donné lieu à une modification inverse , c’est- à-dire qu’ils n’ont produit qu’une masse sableuse et incohérente. ( V oy. la Coupe du Bulletin , tome IX , page 212.) Les puits naturels ne sont pas disposés au hasard. Si parfois ils sont isolés, le plus ordinairement ils se montrent réunis par groupe. Cette disposition m’a rappelé de suite celle des souices qui donnent naissance à plusieurs des rivières dont les eaux arro- sent le bassin de Paris. Les sources de la Somme, de l’Aisne, de la Marne, celles de la plupart de leurs affluents, comme le Noirieu , laSouche, la Miette , l’Ardon , etc. , se présentent ainsi disposées par groupes au fond de petits bassins en forme de bateau , dont les parois sont constituées par le terrain crayeux. Lorsqu’on examine ces sources, on ne tarde pas à se convaincre qu’elles ne sont autre chose que l’une des extrémités de siphons naturels, par où s’écoule une partie des eaux courantes ou stagnantes de contrées plus élevées. Plusieurs de ces siphons se sont aussi fait jour isolément dans les vastes plaines crétacées de la Champagne et de la Picardie , où leur exis- tence est un bienfait pour les populations de ces pays secs et élevés. D’autres fois, ils s’ouvrent dans le lit des rivières, et alors mal- heur à l’imprudent qui va se baigner auprès d’eux : les eaux en sortent avec tant de force qu’il est saisi, entraîné par le tourbillon et asphyxié en un instant. Des centaines de sources pareilles ’se rencontrent sur le sol de 186 SÉANCE DU 23 JANVIER 1843. la France, et les eaux qui en jaillissent sont quelquefois assez abondantes pour former une rivière considérable à leur sortie de terre. Telle est en particulier la célèbre fontaine de Vaucluse. Enfin , on en connaît même un certain nombre qui s’élèvent du fond de la mer, et la force d’ascension des eaux qui s’en échap- pent est quelquefois telle, malgré la résistance que leur opposent les eaux marines, que les petits bateaux qui passent au-dessus sont en danger de chavirer. Si le produit de ces sources est naturellement augmenté de la somme des eaux pluviales, il est incontestable aussi que ces der- nières n’en sont pas la seule cause. Ainsi la haute plaine crétacée qui s'étend entre Saint-Quentin, Péronne, Cambrai, le Cateau et Guise , donne naissance à plus de trente rivières ou ruisseaux, parmi lesquels on remarque la Somme, l’Escaut, la Selle, la Sam- bre, le JNoirieu, etc. Leurs eaux réunies seraient bien, terme moyen, trois fois aussi considérables que celles de la Seine à Paris. Or, cette plaine n’a pas une surface de cent lieues carrées , elle n’est dominée par aucune chaîne de montagnes ou même de collines, et, réduite aux seules ressources des eaux atmosphériques, elle fournirait certainement à peine le tiers de ce qui s’écoule de toute part sur ses flancs. Je ne veux point entrer dans la discussion des preuves qui établissent que la plupart des sources sont l’extrémité de si- phons naturels par où s’écoule une partie des eaux des contrées élevées. Je ne rappellerai point qu’il existe dans ces contrées un assez grand nombre de lacs sans écoulement apparent , mais dont les eaux se perdent au moyen d issues souterraines. Je pourrais même citer des faits irrécusables qui prouvent que certaines riviè- res doivent leur existence à ces réservoirs, quoique leurs sources en soient fort éloignées; mais pour ne pas trop m éloigner du bassin de Paris, je dirai seulement que la plupart des rivières qui arrosent les Ardennes, comme la Meuse, la Semoy, la Brune, etc., coulent à des niveaux supérieurs aux plus hauts plateaux ter- tiaires du bassin, et que sur tout leur cours il existe des cavités nombreuses dont la profondeur est inconnue, et où leurs eaux s’engouffrent et se perdent en partie. Ces courtes explications étaient nécessaires pour faire compren- dre l’analogie que je veux établir entre les puits naturels des ter- rains tertiaires et les canaux des sources actuelles , considérés comme des branches de siphon. Les puits naturels ne sont donc que d’anciens canaux semblables d’une plus grande dimension, par lesquels les eaux des contrées élevées, en jaillissant autrefois SÉANCE DU 23 JANVIER 1843. 87 sous les lacs du bassin parisien , y apportaient non seulement les matières terreuses entraînées au fond des hautes vallées d’où elles venaient, mais encore une partie des roches qu’elles corro- daient dans leur course souterraine. Car on ne doit pas oublier que dans les temps géologiques les eaux de ces sources devaient avoir une température très élevée, être thermales pour la plu- part , et contenir peut-être une certaine proportion d’acide car- bonique , toutes causes qui leur donnaient sur les roches qu’elles traversaient une action corrosive et dissolvante très puissante. Ces sources avaient un point de départ plus ou moins éloigné de celui où elles sortaient de terre ; la profondeur d’où elles s’éle- vaient était aussi plus ou moins grande , selon qu’elles avaient pénétré dans des formations plus ou moins anciennes ; elles tra- versaient donc des couches de nature très variée, et elles devaient par conséquent entraîner et étendre sous les eaux des lacs des matières très diverses carbonates et sulfates de chaux, marnes, argiles, silice et sables. Ainsi les argiles tertiaires ne seraient que des argiles plus an- ciennes remaniées , ou celles entraînées par les eaux pluviales au fond des hautes vallées et transportées dans le bassin de Paris à travers les canaux souterrains des puits naturels; les calcaires et les marnes tertiaires seraient des calcaires secondaires dissous et rapportés à la surface; les gypses, formation inexplicable par les anciennes théories, ne seraient autre chose que des gypses anciens remaniés , etc. S’il répugnait à quelques personnes d’admettre que les terrains tertiaires soient des parties de terrains plus anciens remaniés , et qu’elles me demandent à connaître la place qu’occupait dans l’origine une quantité aussi considérable de matières , je leur répondrai que les terrains anciens, et particulièrement les forma- tions calcaires, sont percés de cavités immenses dont les puits naturels ne sont qu’un des embranchements : or, si le creusement de ces cavités , car je ne supposé" pas que personne veuille admet- tre qu’elles se sont trouvées toutes formées en même temps que les terrains où on les voit ; si leur creusement, comme on le pense d’ailleurs généralement , est dû à l’action de courants souterrains , il faut admettre, comme conséquence de ce creusement, l’enlève- ment des matières qui les remplissaient : or, le nombre et les dimensions de ces cavités sont tels, que les matériaux qui en sont sortis ont certainement pu suffire, et au-delà , à combler les bas- sins dans lesquels ils étaient transportés. D’un autre côté, il me paraît aujourd’hui démontré que les 1 S8 SÉANCE DU 23 JANVIER 1 8 1 3 . trois puissants terrains sableux du bassin parisien ( sables inférieurs, moyens et supérieurs ) n’ont point formé à l'époque de leur dépôt des couches régulières et d’égale épaisseur (] j, mais se sont accu- mulés à la manière des dunes en collines longues et bizarrement disposées, séparées par des dépressions ou vallées plus ou moins étendues. Ces encaissements , dont le nombre , la disposition et la forme ont changé plusieurs fois et particulièrement à chaque épo- que de l’invasion des sables, ont été transformés en lacs aussitôt que les puits naturels, en s’ouvrant dans leur fond, y ont apporté avec des eaux abondantes des matières terreuses qui les Ont rem- plis peu à peu. Maintenant, qu’on me permette une supposition pour rendre ma théorie plus sensible encore. J’ai dit précédemment que l’on con- naît beaucoup d’endroits où il s’élève des sources d’eau douce du fond de la mer. Le golfe de la Spezia, sur les côtes d’Italie, est dans ce cas. On y a signalé depuis longtemps une source puissante dont les eaux s’élèvent avec tant de force qu’elles viennent bouil- lonner à la surface de la mer. Au lieu d’une seule source, suppo- sons-en plusieurs, ce qui n’est pas impossible, car de plus petites peuvent avoir échappé à l’observation : or, dans l’état actuel des choses, il doit déjà se former journellement sous les eaux du golfe et par le moyen de ces sources des dépôts terreux, avec un mé- lange de coquilles terrestres , fluviatiles et marines. Mais suppo- sons que l’entrée du golfe se ferme par le moyen d’une digue, et que les eaux douces qui s’élèvent du fond tiennent en suspension, comme ces sources incrustantes si communes sur le soi de l’Italie , du carbonate de chaux qu’elles ramènent de l’intérieur. Le lac se comble peu à peu par l’action des sources sous-marines; peu à peu aussi > et par suite de l’afflux incessant des eaux douces, sa salure diminue, et il devient un lac d’eau douce, insensiblement les mol- lusques marins ont également disparu pour laisser la place aux espèces d’eau douce entraînées par les sources. On conçoit encore que par suite de causes physiques quelconques le golfe changé en lac peut se dessécher et se remplir plusieurs f. is, et l’opération de son comblement être suspendue et reprise autant de fois ; que par d’autres causes le lac, unique jusque là, se subdivise en plusieurs petits lacs d’une moindre étendue, mais où continueront de se déposer des matières soit homogènes, soit hé- térogènes. Telle -est en définitive selon moi, et bien entendu à certaines (i) Voyez le Bulletin, t. XIV, p. 70 et suiv. SEANCE DU 23 JANVIER Î8l3. î 8.9 nodifications près, l’histoire abrégée de la formation des terrains ertiaires du bassin parisien. Je ne me dissimule pas que l’on ne misse me faire beaucoup d’objections ; mais si je ne m’étais pro- >osé, pour ne pas abuser des moments de la Société, de me ren- èrmer dans les limites les plus étroites possibles, je pourrais tréveuir la plupart d’entre elles, et y répondre dès à présent. J’ai évité d’aborder, dans cet aperçu , l’examen des causes qui >nt donné naissance aux puits naturels; il me faudrait pour cela mtrer dans des développements que ces notes ne comportent )oint. Je dirai seulement que ces puits ne me paraissent nullement lus à des failles résultant du mouvement du sol de l’intérieur du iassin, quoique bien certainement ils se lient au redressement des xmehes dans les contrées montueuses qui limitent ce bassin pres- que de toutes parts. Quant aux collines gypseuses des environs de Paris, collines si remarquables par leur disposition parallèle et leur isolement , on peut comprendre par ce que j’ai dit précédemment que les matières qui les composent, après s’être déposées et durcies dans des lacs peu étendus, formaient comme des espèces de noyaux solides au milieu des matières meubles (sables moyens) qui les encaissaient, lesquelles ayant été enlevées par une cause encore récente (1), les a laissées dans cet isolement où nous les voyons aujourd’hui. La régularité et l’horizontalité de leurs couches ne me permettent pas de croire qu’elles aient été poussées hors de terre à la manière des éruptions boueuses des salses; tandis que je suis très disposé à admettre que les buttes crayeuses répandues à la surface du terrain crétacé aux environs de Paris, dans la Cham- pagne et ailleurs, sont dues à ce que les matières qui les composent sont sorties de terre dans un état pâteux ; en sorte qu’elles ont pu s’accumuler en amas coniques plus ou moins élevés. L’application de la théorie des puits naturels doit certainement un jour s’étendre bien au-delà des terrains tertiaires. Il m’est im- possible de croire que ces innombrables et immenses cavités qui percent de toutes parts les terrains secondaires et même de plus anciens encore , ne soient autant de canaux semblables d’une plus grande dimension, qui ont dû jouer à l’époque de la formation de ces terrains un rôle important méconnu jusqu’ici ; car je trouve parfaitement logique et conforme à la marche de la nature l’opi- nion de ceux qui font sortir de l’intérieur du globe la majeure partie des matières sédimentaires accumulées à sa surface. Enfin la marche la plus sûre lorsqu’il s’agit de retrouver l’hi (î) Voyez mon mémoire sur le Diluvium. 190 SÉANCE DU 23 JANVIER 1843. ton e de temps qui ne sont plus et qu’il n'a étédonné à aucun homme de voir s’accomplir, la marche la plus sûre n’est-elle pas de pro- céder par voie d’analogie? Certes, c’est par celle-ci seule que nous pouvons espérer de planter avec quelque assurance des ja- lons au sein des ténèbres épaisses qui dérobent encore à l’insatiable curiosité humaine cette histoire des premiers temps de la nature. Celui-là serait-il donc si téméraire qui considérerait la terre comme un grand corps organisé? Ainsi que tous les corps semblables, n’a- t-elle pas une chaleur qui lui soit propre? Ses différentes parties ne se sont-elles pas développées successivement comme les mem- bres des animaux? Les chaînes de montagnes ne sont-elles pas en quelque sorte la charpente osseuse des continents? etc Je pour- rais pousser ces rapprochements beaucoup plus loin, mais je dois ici me borner à dire : si les eaux courantes superficielles et celles qui traversent les différentes couches du globe , tout en y entre- tenant la vie, contribuent encore à étendre quelques unes de ses parties au moyen des matières sédimentaires qu’elles déposent, peut-on douter que ces innombrables et vastes cavités qui percent de toutes parts la croûte extérieure de la terre , ne soient comme les anciennes artères par où sont sorties toutes les matières arénacées qui forment en quelque sorte aujourd’hui l’épiderme de notre planète? Explication cle la planche . Coupe n° î. Je commence par déclarer que je ne partage nullement l’opi- nion de ceux qui croient que, pendant la période tertiaire, le bassin de Paris était un estuaire, un golfe communiquant avec la mer. Le niveau au dessus de l’Océan des matériaux qui le remplis- sent est déjà sans doute une grande difficulté ; mais lorsque l’on considère la nature de ces matériaux, leur position, leur arrange- ment, leur puissance, lorsque l’on examine les fossiles qu’ils ren- ferment, ce n’est plus une simple difficulté, c’est presque une im- possibilité matérielle. D’abord, par leur nature, rien ne ressemble moins, en général, que les terrains tertiaires aux attérissements que nous voyons se former sous nos yeux à l’embouchure des fleuves : partout ces attérissements montrent une composition et une dis- position particulières très différentes. C’est en vain que l’on y chercherait cette succession régulière, cette puissance, cette homo- généité des couches sur d’immenses espaces que l’on remarque dans les terrains tertiaires. Leurs coquilles, appartenant presque sans ex- ception à des espèces littorales du voisinage, sont le plus ordinaire- Coupe iV?l montrant le bassin parisien entièrement rempli par les differentes couches tertiaires . SÉANCE DE 23 JANVIER 1843. 191 ment roulées, brisées, mêlées à des graviers et à des cailloux, et annoncent des dépôts tumultueux. Dans les couches tertiaires, les fossiles sont presque toujours bien conservés , les individus brisés se trouvant à peine avec ceux entiers dans la proportion de 1 à 50. On voit qu’ils n'ont en général subi aucun charriage : ils sont dans leur lieu naturel, souvent groupés en famille, et ont leurs valves réunies. En outre, les espèces marines, par leur petite taille, leur nombre prodigieux, leurs caractères génériques, leur distribution égale et régulière, semblent annoncer qu’elles habitaient un bassin isolé, peu étendit et tranquille, comme les caractères spécifiques des coquilles d’eau douce annoncent qu’elles ont vécu plutôt dans des flaques d’eau et des lacs que dans des rivières et des fleuves. Enfin, c’est vainement que je cherche dans le pourtour du bassin ces amas considérables de blocs et de cailloux roulés qui bordent nos rivages, et ces falaises qui les terminent ; c’est vainement que je demande à voir la trace des grands cours d’eau qui auraient charrié tant de matières sédimentaires, à connaître le trajet qu’ils auraient dû faire pour acquérir un fort volume, et à retrouver ces hautes chaînes dont les immenses glaciers les auraient sans cesse alimentés; c’est en vain que je cherche dans les couches tertiaires des amas de galets, de cailloux et de graviers de roches anciennes charriées par les eaux , comme on en trouve tout le long du lit des grands cours d’eau, et dans toutes les assises des dépôts d’attéris- sement qu’ils déposent à leur embouchure ; où sont , enfin , les mol- lusques qui vivaient dans leurs eaux, les coquilles, les animaux terrestres et les plantes de toute espèce qu’ils devaient entraîner; je ne vois rien de tout cela. Il reste donc démontré pour moi que, pendant toute la période tertiaire, le ba sin de Paris était une petite mer intérieure, une Caspienne, sans communication permanente avec la mer, et où n’affluait aucun cours d’eau un peu considérable. Cette Caspienne, qui fut alternativement remplie par des eaux marines qui y ont transporté les sables inférieurs, moyens et supérieurs, et par des eaux douces, qui y ont charrié toutes les matières argileuses, cal- caires, marneuses, gypseuses et siliceuses, paraît s’être plusieurs fois subdivisée en un certain nombre de petits bassins, comme je vais l’expliquer. La coupe n° 1 représente le bassin de Paris entièrement rempli par les différentes matières sédimentaires tertiaires que l’on con- naît sous les noms d’argile plastique, sables inférieurs, fausses glaises, calcaire grossier, sables moyens, terrain lacustre moyen, sables supérieurs et terrain lacustre supérieur. 192 SÉANCE DU 23 JANVIER 1843. J’y ai figuré quelques canaux gu puits verticaux naturels: on voit que ce sont d’anciennes branches de siphons, dont l’ouver- ture était dans les vallées des montagnes, siphons par où les eaux de ces contrées élevées arrivaient dans 1 intérieur du bassin à travers les couches des terrains anciens. Cette coupe fait voir la disposition des diverses couches tertiaires entre elles, et leur forme générale en amande; elle montre le rôle que les sables inférieurs , moyens et supérieurs ont joué dans cet arrangement. Chacun de ces derniers, au moment de son arrivée dans le bassin, paraît s’être accumulé à la manière des dunes ac- tuelles, en collines longues et élevées. Os collines sableuses se sont généralement rangées dans une direction parallèle, de l’E. à l’O., comme les dunes de nos côtes s’alignent aujourd’hui sous l’influence du vent régnant et la direction du rivage. Cette dispo- sition, surtout très sensible dans le nord du bassin ( voy . ma carte géognostique ) , explique très bien la direction générale des ter- rains en amandes allongées dans ce sens, et particulièrement des collines gypseuses toutes rangées sur des lignes parallèles du S. -E. au N. -U. Les dunes tertiaires laissaient entre elles, comme celles d’au- jourd’hui, des espaces creux ou vallées irrégulières et fermées que les eaux souterraines, en y affluant par le moyen des siphons ou puits naturels, transformaient bientôt en flaques d’eau, en étangs ou < n lacs, selon les époques. Ainsi, pour l’époque des argiles plastiques et des fausses glaises, c’étaient des flaques d’eau douce ou saumâtre dans lesquelles se formaient des tourbes (lj quand ces eaux n’avaient qu’une petite profondeur. Pour l’époque du calcaire grossier, c’étaient des lacs étendus, salés cette fois, mais où sourdaient également des taux douces, qui les transformaient à la longue en lacs d’eau douce où se déposèrent à leur tour les terrains lacustres moyen et supérieur. C’est ainsi que l’on peut expliquer la liaison et le passage que l’on remarque entre les dif- férentes couches du bassin parisien : de même que les fausses glaises sont la continuation à un autre niveau des argiles plasti- ques, de même les couches lacustres moyennes et supérieures peuvent être considérées comme la continuation du calcaire gros- sier ; car si le phénomène du dépôt de ces couches a plusieurs fois été troublé, il ne paraît pas pour cela avoir été jamais entièrement interrompu : seulement, la nature du liquide changeait , de salées (1) Il me paraît indubitable que les lignites tertiaires ne sont en géné- ral autre chose que des tourbes pyrileuses anciennes. SEANCE r>Ü 23 JANVIER t 84 3 . 193 les eaux devenaient douces par suite de l’action incessante des sources , et vice versâ. Je dois d’ailleurs faire ici une remarque qui n’est pas sans importance : en général , le passage des couches d’eau douce aux couches marines est assez brusque et tranché, tandis que celui des couches marines aux couches d’eau douce est ordinairement insensible et progressif. A toutesjes époques, et cela a encore lieu de nos jours, mais avec moins d’énergie , les sources ont apporté dans ces flaques d’eau ou ces lacs des matières sédimentaires qu’elles ramenaient de l’intérieur. Ces matières se sont déposées et tassées horizon- talement, parce qu’elles sortaient de tous les points du fond des lacs (ce qui n’a pas lieu dans les dépôts d’attérissement, ceux-ci s’accumulant en couches inclinées principalement à l’embou- chure des fleuves), et elles remplirent ainsi plus ou moins com- plètement les bassins où elles étaient entraînées, et selon la quan- tité qui en était charriée: mais elles ne sont en définitive que des portions de terrains plus anciens redissoutes par les eaux et transportées par elles. Les sables verts glauconieux qu’on trouve enveloppant souvent les argiles plastiques, ainsi qu’en dessous et en dessus du calcaire grossier, ne présentent-ils pas la plus grande analogie avec les sables verts de la craie? Ces argiles et les fausses glaises pourraient n’être autre chose que le gault, ou même des argiles plus anciennes remaniées. Le calcaire grossier a peut-être I son origine dans les terrains secondaires inférieurs ; les marnes lacustres moyennes offrent tous les caractères de la craie , tantôt pure, tantôt mêlée d’argile. Le gypse tertiaire peut être considéré comme du gypse ancien rapporté à la surface. Enfin, parle moyen des sources ou siphons naturels, on peut expliquer sans effort et sansavoir recours à aucun autre moyen que ceux employés encore aujourd'hui par la nature, l'abondance dans les terrains tertiaires de certaines matières, comme le fer sulfuré, la silice, etc. Le fer sulfuré peut provenir des sables verts de la craie, ou même des ichistes de transition ; la silice (silex noir ou blond, calcaire sili- ceux, silex carié) a été dissoute par les eaux des sources, qui, dans es temps géologiques, devaient être toutes plus ou moins ther- nales. Coupe n° 2. Cette coupe est la reproduction de la précédente 5 mais elle re- résente le bassin parisien après le creusement des vallées, c’est- | -dire dans son état actuel. I Elle fait comprendre la forme générale en amande des argiles | Suc. giol. Tome XIV. 10 SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1843. 194 plastiques, du calcaire grossier, du gypse, etc. , et explique par- faitement la disposition en forme de coin des sables inférieurs, moyens et supérieurs, placés par lambeaux à la base et à l’extrémité de ces couches amygdaloïdes. Cette disposition singulière, sur la- quelle j’ai appelé plusieurs fois l’attention des observateurs , no- tamment dans ma communication du 21 novembre 1842, prouve que ces lambeaux de sable sont les restes de la partie inférieure des dunes tertiaires dont la masse centrale a été enlevée par une dénudation récente. On voit en effet que chaque vallée correspond à remplacement de ces dunes , car la cause dénudante trouvant dans les sables in- cohérents qui les composaient une résistance moindre que dans les couches pierreuses ou argileuses, les a emportés et dispersés avec une grande facilité, et à leur place a creusé des encaissements plus ou moins larges et profonds, plus ou moins irréguliers, selon la forme et l’étendue des couches solides intercalées entre ces dunes. Voilà ce qui m’a fait dire, dans un mémoire ou je recher- chais la cause et les effets de cette dénudation, que le tracé des val- lées tertiaires paraissait avoir été déterminé par des causes locales. Et en effet, là où les matières meubles et incohérentes comme les sables, n’étaient pas recouvertes de couches solides et épaisses, elles ont été enlevées sans difficulté, et à leur place se sont établis des encaissements, ainsi que je viens de le dire; là, au contraire, où ces sables étaient recouverts par des couches solides, celles-ci ont été pour eux comme une espèce de toit qui les a garantis de l'enlèvement. Ainsi s’expliquent naturellement l’isolement de certaines col- lines composées de bancs solides , comme les collines gypseuses des environs de Paris, et la position du calcaire grossier formant le couronnement de collines entièrement composées de matières friables et incohérentes; ainsi s’expliquent la disposition, i’éten- due, la profondeur et la direction des vallées, leur forme générale en gouttière, et l’on remarquera que, comme les dunes tertiaires dont elles occupent aujourd’hui la place, elles ont toutes une di- rection à peu près de l’E. à l’O. Séance du (> février 1843. PRESIDENCE 1)E M. AEC. DORBIGNY. Le procès-verbal de la dernière séance est lu etadopté. SÉANCE DU G FÉVRIER 1843. 195 Le Président proclame membres de la Société : MM.- De Raevsky, lieutenant des mines au service de la Russie, rue de Verneuil, 31, à Paris, présenté par MM. de Verneuil et Aie. d’Orbigny. Luce, propriétaire, rue du Faubourg-Poissonnière, 62, présenté par MM. Yiquesnel et Rozet. Hommaire de Helu, ingénieur civil des mines, rue Louis- le-Grand, n° 4, à Paris, présenté par MM. Millet et Aie. d’Orbigny. Doazan (Paulin-Jules), chancelier du consulat de France àPalina, îles Baléares, présenté par MM. G. Prévost et Hu- gard. DONS FAITS A LA SOCIETE. La Société reçoit: De la part de M. Aie. d’Orbigny, sa Paléontologie fran- çaise. 10e livraison des Terrains jm'assiques , et les 57e et 58e livraisons des Terrains crétacés . Delà part de M. Ch. d’Orbigny, Dictionnaire universel dé histoire naturelle , dont il dirige la publication, tome III, 31e livraison. De la part de M. J. Balsamo Crivelli , son Memoria per service allé illustrazione dei grandi mammiferi fossili esistenti nellT R. Gahinetto di Santa Teresa in Milano , etc., in-8°, 23 pages. Milan, 1842. De la part de M. A. Catullo, son ouvrage intitulé : Sulle caverne di Costoza nel Vicentino (extrait des Nouvelles annales des sciences naturelles de Bologne. ln-8°, 16 pages. De la part de M. Yalérius Catullo : 1° Ses Nota , etc. (Notes sur quelques faits relatifs à la géognosie des Alpes Yenètes), in-8°, 8 pages (extrait des tomes II et IV du Journal des Sciences , lettres et arts de la ! Bibliothèque italienne.) Milan, 1842. 2° Reclami ed osservazioni , etc. (Réclamations et observa- I dons sur la géognosie des Alpes Venètes.) In-8°, 31 pages. I Padoue, 1842. De la part de M. À. Sismonda* ses Osservazioni , etc. (Ob« 196 SÉANCE DU 6 FÉVRILR 1843. servations géologiques sur les terrains tertiaires et crétacés du Piémont.) In-4°, 55 pages, une planche (extrait du vo- lume V, série 2e des Mémoires de V Académie des sciences de T unit) . La Société reçoit en outre les publications suivantes : Comptes-rendus de V Académie des sciences , 1843, 1er se- mestre, tome XVI, nos 4 et 5. Mémoi'ial encyclopédique, n° de décembre 1842. L’Institut , nos 474 et 475. L’Écho du Monde savant , nos 7 — 10. Le Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, année 1842, n° 3, 2 planches. The Athenœum , n#s 796, 797. The Mining Journal, nos 388, 389. Enfin la Société reçoit de M. Eugène Robert, une Tue générale du cap Nord (Norwége); demi-feuille. Le Secrétaire donne lecture de la lettre suivante de M. E. Robert : Dans le remarquable discours que M. Murchison vient de faire à la Société géologique de Londres, sur les progrès de la géologie pendant l’année 1841, ce savant, à l’occasion de la théorie des glaciers, des rochers polis et striés, des blocs erratiques, etc., a cherché à faire la juste part des personnes qui, dans ces derniers temps, se sont le plus occupées de ces objets, et pour la sienne, il s’exprime ainsi : « Nous avons déjà présenté, M. de Verneuil et moi, quelques » résultats nouveaux, fruits de notre premier voyage en Russie. » Nous cherchâmes à montrer que la théorie des glaciers alpins » est entièrement inapplicable aux vastes régions du nord de la » Russie, quoiqu’il y ait des surfaces polies et rayées, et quoique » des blocs erratiques se trouvent répandus sur un immense es- » pace en groupes isolés. » M. Murchison ajoute : « Nous cherchions à ramener la théorie » des glacialistes à la considération de ce seul fait capital, que » durant l’époque de la dispersion des blocs , une grande partie de » notre continent était sous la mer. » N’ayant pas eu l’honneur d’être mentionné dans le mémoire de M. Murchison, il ne faut rien moins que la grande ré- putation du géologue anglais, et l’importance qu’a prise la ques- SÉANCE DU 6 FEVRIER 1843. 197 tion dont il s’agit, pour me déterminer à prier la Société de vouloir bien me permettre de lui faire connaître quelques pas- sages de mes recherches sur le même sujet ; j’espère par là lui prouver que je n’y suis pas tout-à-fait étranger (1) et que depuis long-temps j’ai avancé des choses qui ont beaucoup d’analogie avec ce que je lis dans les publications récentes de quelques uns de mes confrères (2). Dans la séance du 1er juin 1840 (3), précisément à l’époque où MM. Murchison et de Yerneuil se rendaient en Russie pour la première fois, et allaient, comme moi, de Saint-Pétersbourg à Arkangel, et de cette ville à INfijnij -Novgorod, je soumettais à la Société, dont j’ai l’honneur de faire partie, les réflexions suivantes : « D’après la position delà plupart de ces grands blocs erratiques, » à peine roulés , je ne puis m’empêcher de renouvelerune opinion » que j’ai déjà émise à l’égard de ceux delà Scandinavie (4) : c’est » qu’ils me paraissent tous avoir été transportés par des glaces, les- » quelles, après les avoir arrachés aux dernières ramifications des » Alpes Scandinaves dans les gouvernements d’Olonetz etd’Arkan- » gel, les auraient déposés ou laissés échouer sur les pentes et les (t) On peut en avoir la preuve : i° dans les instructions géologiques qui ont été données par M. Élie de Beaumont , lues à l’Académie des sciences, le 2 5 avril i833; 2° Dans le rapport de M. Gordier sur mes observations géologiques faites dans le Nord , lu à la même Académie, le 26 avril 1 84 x ; Et même dans ceux de M. Élie de Beaumont sur M. Durocher, lu le 17 janvier 1842 , et sur M Bravais, lu le 3i octobre de la même année. (2) Ainsi, par exemple M. Durocher, (rapport précité) dit à l’occa- sion des stries en Finlande : « Qu’il est extrêmement remarquable de » voir que leur direction est d peu près celle des principales vallées et des ( » principaux lacs. » Bien avant ce géologue , et dans une lettre adressée à l’Académie des iseiences en j83q, imprimée peu de temps après, j’ai dit : « Que les » sillons sont parallèles entre eux , quels que soient les contournements » polis et usés des rochers, et qu ils courent précisément dans le sens de la » direction générale des montagnes et des cours d’eau ( lacs et rivières) de la > Scandinavie . » Je pourrais encore établir d’autres rapprochements entre les idées de h Durocher et leshniennes , mais je me tiens à celui ci. Si ce géologue , |ui m'a succédé dans le Nord , n'a pas eu connaissance de mes recher- hes , cela prouvera au moins que j’ai eu le bonheur de voir ou de pen - erdela même manière. (3) Bulletin de la Société géologique de France, t. XI . p. 5 14. I (4) Ibid, t. IX, p, 118, année 183-7. 198 SÉANCE DU 6 FÉVRIER ! 843. » crêtes sablonneuses ou calcaires des collines qui nous les pré- » sentent aujourd’hui, et cela à une époque où la mer occupait une » grande partie de la Russie , et laissait flotter des champs de glace , »> comme on le voit encore autour du Spitzberg, de la Nouvelle- » Zemble, etc. » Plus tard, en réponse au mémoire de M. Renoir, dans la séance du 3 mai 1841 (l), je demandais: « Où placera-t-on le point de » départ de tant de glaciers si larges , si étendus? où les adosser a-t - » on pour qu’ils aient pu s'épancher sur les plaines immenses de la » Russie? Car il n’y a pas moins de 100 à 200 lieues de distance » entre la crête des Alpes Scandinaves susceptibles d’amonceler » des neiges, et les collines de sable et de cailloux roulés (préten- » dues moraines des glacialistes) et les blocs erratiques que l’on » rencontre bien avant dans l’intérieur de la Russie. » J’avais même adressé de Hambourg, en 1839, à l’Académie des Sciences, une lettre qui résumait les nombreuses observations que j’avais faites sur ce sujet depuis 1835, époque de mon premier voyage dans le Nord, et que je continue de publier à l’heure qu’il est. J’écrivais entre autres choses que je ne veux pas rapporter ici, dans la crainte d’abuser des moments de la Société : « Que la mer » Glaciale avait recouvert, à n’en pas douter, la plus grande partie » du nord de l’Europe, de l’Asie, et même de l’Amérique du Nord, » alors que toute la Scandinavie n’était qu’un archipel (les mille » îles, suivant une ancienne tradition). Les glaces flottantes, forcées » aujourd’hui d’échouer sur les plages sablonneuses et septentrion » nales du continent que nous habitons , indépendamment de » la cause physique qui tend à pousser les eaux glacées du pôle » vers les mers tièdes des tropiques ; ces glaces, disais-je, ont du » parcourir déplus grands espaces qu’aujourd’ hui; elles ont pu, » suivant le caprice des vents et des courants, pénétrer assez avant » vers le S., comme cela se voit encore de nos jours, en jonchant » le sol , jusque dans le cœur de la Russie et en Allemagne, de blocs » primitifs arrachés par elles aux Alpes Scandinaves et aux monts » Ouraliens. » Or donc, si l’on veut avoir égard aux documents publiés, les seuls qui, suivant M. Arago, aient une valeur irrécusable dans les ques- tions de priorité (M. Murchison avoue lui-même qu’il ne cherche que depuis trois ans la vcra causa des phénomènes dont il a tant parlé dans son travail), je crois avoir été un des premiers, non pas à appeler l’attention sur les rochers polis et striés, sur les ases (i) Bulletin de la Société géologique dé France , t. XII , p. 271. SÉ/VNCE DU 6 FÉVRIER 1813. 199 (osais), et sur les blocs erratiques connus et décrits depuis long- temps, mais bien à envisager la cause qui a produit, toutes ces choses, d’une façon qui commence assez à être goûtée aujour- d’hui, et tend définitivement à s’appeler phénomène erratique (1). Ainsi j’ai avancé depuis sept ou huit ans : 1° que les collines de sable du N., ou ôsars, comme on les appelle vulgairement, ont été formées au sein des eaux de la mer par l’effet des courants, phéno- mène encore en action ; 2° Que les blocs erratiques avaient eu pour radeaux des glaces flottantes, et étaient tombés là où ils gisent, phénomène encore en action ; 3° Que la mer me semblait polir, canneler, creuser, rayer des rochers, de manière à leur faire prendre la physionomie de ceux qui s’offrent aujourd’hui, un peu au-dessus de son niveau, sur toutes les côtes de la Scandinavie. Ne pouvant admettre l’explication qu’on a cherché à donner jusqu’à présent de la cause des stries ou rayures, la plus difficile de toutes à expliquer, je l’avoue , j’ai cru devoir encore l’attri- buer à l’ordre de choses actuel, en me fondant principalement sur ce que les rochers polis et rayés forment comme une ceinture tout autour de la Scandinavie, de l’Islande même, tandis qu’on ne voit pas, que je sache, de traces semblables dans l’intérieur proprement dit des terres, bien que les plateaux soient quelquefois à un ni- veau inférieur à celui que des eaux puissantes ont évidemment atteint sur des côtes, traces qui, ce me semble, auraient dû secon- server aussi bien là qu’ailleurs, s’il y en avait eu réellement ; 4° Enfin je n’ai pas craint de m’élever contre la supposition d’une immense catastrophe ou d’un cataclysme invoqué pour ex- pliquer tous ces faits, et je l’ai traitée de fiction caressée par des esprits amis de tout ce qui a un cachet merveilleux, tels que le magnétisme à grande distance, le phalanstère, l’hamœopathie, le métamorphisme, etc. Le tribunal de l’inquisition n’est plus là, pour nous forcer à ava- ler de l’eau jusqu’à ce que nous ne doutions plus du déluge. Je ne suis, quant à moi, grâce à Dieu, ni glacialiste ni diluvialiste, mais bien pour le repos passé, présent et futur de notre bonne planète, ou, en d’autres termes, pour les phénomènes naturels et accessibles aux sens. (î) M. Elie de Beaumont, à qui nous devons celte heureuse désigna - lion de phénomène erratique, substituée à celle de phénomène diluvien, a aussi ! donné au sol qui en porte des traces le nom de terrain erratique . 200 SÉANCE DU 6 FEVRIER 1843. Compte des recettes et dépenses faites pendant V annee 1842. pour la Société géologique de France , présenté par Hardouin Michelin, trésorier. RECETTE. DÉSIGNATION DES RECETTES. Reliquat du compte précédent. / Année courante r, . - * Arriérées Cotisations. . De ^ * Une fois payées Droits d’entrée. Vente de Bulletins et abonnement — de Mémoires . Rentes sur l’Etat Recettes diverses — extraordinaires Mémoires . . . Totaux. BUDGET. 815 9,000 1,500 100 600 500 200 600 890 50 2,600 COMPTE. S15 7.905 2.891 405 1.800 1.000 502 1.376 912 600 1,391 30-5 1,200 500 302 776 22 50, 1.095 50 2.000 16,855 . | 19.207 45 4,497 45 3,145 COMPARAISON. La Recette présumée était de i6,855 * Celle faite ayant été de 18.207 45 Il y a excédant de. 1,55a 45 DÉPENSE. j £ : - Z s ' || 27 ME DÉSIGNATION DES DÉPENSES. | BUDGET, j COMPTE. ; § \ êc < 11 1 Agent 1 1,800 1.800 B B , ; 9 » i 2 Garçon de bureau. 800 • SOO 20 B B B 20 !■ 3 Travaux extraordinaires ' 200 » ! 20-5 1 j B 9 j 5 * 4 200 131 05 68 95 B » i '[ 5 Dépenses diverses •250 • 310 05 B V 60 05 6 Ports de lettres 200 * 190 70 9 30 ■ * Il 1 " 1 Bibliothèque ■ 350 » | 308 60 41 40 1 » • 1 8 Impressions et lithographies diverses. . . 150 1 84 95 65 05 » > Il ; 9 !! 10 100 > 125 25 23 25 Chauffage, éclairage. 400 B 429 05 t * B 29 05 j 11 : Bulletin 3,800 V 1 3.516 70 283 30 * • : 12 Port dudit 600 » 653 50 1 53 50 j 13 Achat de Mémoires 1.500 B ! 2.336 50 9 836 50 j 14 Dépenses supplémentaires desdils. . . , . Loyer, contributions, assurances j 3.850 B ! 2,031 30 1.819 70 1 1 ! 15 1,100 9 1.111 15 B 9 U 15 16 300 B 566 70 1 9 266 70 ' 17 ; Session extraordinaire ! frais de voyage de | l’Agent ) ■ • ■ 150 B 150 1 V 9 1.305 ; j' l| ,S Placement des capitaux. .600 1,905 * B 9 |! Totaux 16,350 » 16.635 70 2,286 70 2,592 40 i SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1843. 201 COMPARAISON. La Dépense présumée était de i6,35o » Celle faite montant à i6,655 70 Il y a un excédant de 3o5 70 RÉSULTAT GÉNÉRAL ET SITUATION AU 3i DÉCEMBRE 184-2. La Recette totale étant de 18,207 4^ Et la Dépense de 16, 655 70 Le reste en caisse audit jour est de .... i,55i 75 T COTISATIONS REMBOURSÉES ET PLACEMENTS DE CAPITAUX. 1 Antérieurement à 1842. • . . Pendant ladite année Totaux Legs Roberton NOMBRE DE COTISATIONS. VALEUR. 26 6 7.800 fr. » c. 1.800 » 32 9,600 » 12,600 » 2 2,200 » 22,373 20 Total des capitaux reçus. . . PLACEMENTS EN ACHATS DE RENTES. 890 fr. — Antérieurement à 1842. . . . 80 — Pendant l’année 20,468 fr. 20 c. 1,905 » 970 fr. En avance de. .. . 173 20 ■ Paris, ce 2 janvier i843. H. MICHELIN, trésorier. M. Walferdin fait, au nom de la commission de comptabi ité, le rapport suivant: Rapport sur la vérification des comptes de 1842. Après trois années d’exercice, votre trésorier a, dans rune des séances précédentes, présenté le compte des recettes et dépenses faites pendant la dernière année de sa gestion. 202 SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1813. Nous avons été chargés, M. de Roissy, M. Delafosse et moi, de le vérifier, et de vous rendre compte du résultat de notre examen. RECETTE® La recette présumée pour l’année 1842 était de 16,855 f. Elle s’est élevée à 18,207 fr. 45 c. Quoique la recette réalisée présente un excédant sur celle qui avait été prévue, il y a cependant eu deux diminutions qui méritent de vous être signalées. La première porte sur les cotisations de l’année courante qui n’ont point été entièrement recouvrées ; elle est de 1,095 fr., à reprendre en charge dans les prévisions de recette pour 1813; et la seconde est relative à la recette extraordinaire à laquelle devait donner lieu la publication du Mémoire sur le département de l'Aisne. Les exemplaires de ce mémoire, dont le ministère des travaux publics doit rembourser intégralement le prix, n’ayant pu lui être livrés dans les délais prévus, il ne sera fait recette de ce prix qu’en 1843. D’un autre côté, les cotisations arriérées ont présenté un accroissement de recette de 1,391 fr. 70 cent. Cela tient surtout à ce que, pour en faciliter le remboursement, les mandats sur l’étranger ne sont tirés que tous les deux ou trois ans, et à ce qu’ils l’ont été pendant l’année 1842. Les cotisations capitalisées , qui dispensent de la cotisation annuelle de 30 fr., au moyen du versement fait en une seule fois de la somme de 300 fr., se sont élevées à 6 au lieu de 2 ; il en est résulté une augmentation dans les recettes de la somme de 1,200 fr. Les droits d’entrée pour l’admission des nouveaux mem- bres avaient été évalués à 500 fr. ; 45 membres ont été admis en 1842, et le surcroît de recettes effectuées pour cet objet a été de 500 fr. Enfin la vente du Bulletin et celle des Mémoires ont dé- passé de 1 ,078 fr. 25 cent, la somme qui avait été prévue. Eu définitive, l’excédant des recettes sur les prévisions a été de 1,352 fr. 45 cent. SÉANCE DU 6 FEVRIER 1813. 203 DÉPENSE. A de légères différences près, soit en plus, soit en moins, la plupart des chiffres de la dépense sont conformes à ceux qui avaient été proposés pour 1812. Nous nous arrête- rons seulement aux différences les plus notables. Art. 13. Le surcroît de dépense de 836 fr. 50 cent, pro- vient de la vente d’un plus grand nombre qu’il n’avait été prévu d’exemplaires des mémoires, dont chaque volume est livré, comme on sait, aux membres de la Société à un prix de beaucoup inférieur au prix de revient. Art. 14. Il y a eu au contraire une diminution considé- rable sur les dépenses supplémentaires qui avaient été votées pour la publication des Mémoires; et cela lient en partie h ce qu’il reste à acquitter en 1 843 une somme de 600 fr. environ. Art. 16. Les frais de change, évalués à la somme de 300 fr., se sont élevés à celle de 566 fr. 70 cent., par suite de la dépense à laquelle a donné lieu le retour d’un grand nombre de mandats qui ont été tirés sur l’étranger , et qui n’ont pu être acquittés. Les difficultés qu’occasionne le mode de recouvrement des sommes dues par quelques membres étrangers ont déjà été signalées plusieurs fois à l’attention de la Société, et le mo- ment paraît être venu de prendre à cet égard un parti défi- nitif, afin d’éviter des dépenses qui se renouvellent inces- samment et sans utilité. Votre commission vous propose d’examiner si, tout en respectant le principe d’égalité qui fait la base de notre rè- glement, il n’y a pas lieu d’inviter formellement les membres étrangers dont les mandats ont été retournés, à user de la faculté accordée par le règlement, dans la vue , surtout, de faciliter les recouvrements qui présentent des difficultés réelles, et à capitaliser leur cotisation en acquittant, une fois pour toutes, la somme de 300 fr. Ces membres y trouveraient l’avantage de payer en dé- finitive une cotisation moindre que la cotisation annuelle, et, de son côté, la Société ne serait plus exposée à acquitter des frais qui tombent ainsi en pure perte pour elle. 204 SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1813. Art. 18. Les placements de capitaux, évalués à 000 fr., ont été portés à 1,905 fr. par suite de l’entrée en caisse et du placement en rentes sur l’Etat des quatre cotisations ca- pitalisées dont il a déjà été parlé. En résultat, la dépense présumée était de 16,350 fr. 00 Celle qui a été faite s’est élevée à 16,655 70 11 y a donc un excédant de 305 70 Mais il ne faut pas perdre de vue que cet excédant de dé- pense n'est que fictif, et qu’il y a eu au contraire économie sur les prévisions du budget de 1842, puisque les 1,905 fr. placés en rentes sur l’Etat doivent figurer ici en dépense , bien qu’ils aient été employés à accroître le capital dont la Société est propriétaire et dont le montant s’élève aujourd’hui à 22,373 fr. 20 cent., et produit près de 1,000 fr. de rente. En résultat définitif, la recette totale pour 1842 a été constatée à la somme de 18,207 fr. 45 La dépense à celle de 16,655 70 Et le reste en caisse au 3 1 décembre, à reprendre au budget de 1843, est de. . . . 1,551 75 qui ont été remis à M. Viquesnel , nouveau trésorier. Si l’on compare les recettes opérées en 1842 à celles qui ont été faites pendant les années antérieures, on voit qu’il y a augmentation sur toutes, à l’exception de celle où le legs généreux du docteur Roberton est venu en accroître sensi- blement le chiffre, et contribuer ainsi à assurer l’avenir de la Société, qui compte aujourd’hui plus de 500 membres. Il nous reste à vous proposer de voter des remerciements à votre ancien trésorier pour les soins qu’il a donnés pen- dant trois années à la surveillance des intérêts de la Société, et de déclarer M. Michelin quitte et déchargé de sa gestion pendant l’année 1842. H. Walferdin , rapporteur. Les conclusions de ce rapport sont mises aux voix et adop- tées, et la proposition que fait M. Walferdin d’inviter les membres étrangers dont les mandats ont été retournés, à capitaliser leurs cotisations en payant une fois pour toutes la somme de 300 fr., est renvoyée à l’examen du conseil. SÉANCE DU G FÉVRIER 1843 205 M. Viquesnel, nouveau trésorier, donne connaissance à la Société du budget, tel qu’il a été discuté et arrêté en con- seil. Budget présenté par Auguste Viquesnel, trésorier, pour les Recettes et Dépenses a faire pendant l'année 1843. RECETTE. W i j BUDGET SOMMES •X H s « NATURE DES RECETTES. DE ADMISBS K en M ■ Q I . 1842. pour 18'i3. tl j Reliquat du compte précédent 815 1,551 55 ( Année courante 9,000 B 8,000 » 2 . ) Années arriérées Cotisations. • • j De 1844 1 ,500 100 1 ,500 . 120 » ' Une fois payées 600 U 600 » 3 500 • 500 » 4 200 » 200 » 5 — de Mémoires 600 > 1 .000 . 6 Rentes sur l’Etal 890 » 970 • 7 Recettes diverses 50 • 50 » 8 — extraordinaires 2,600 * 1,650 » Totaux. . 16,855 • 16,141 55 DÉPENSE. si' es Z a ie en a 1 1 NATURE DES DÉPENSES. BUDGET DP 1842. SOMMES allouées pour 1843. 1 1 1 Agent 1,800 » 1,800 2 ! Garçon de bureau 800 » SOO B 3 1 Travaux extraordinaires 200 B 300 B 4 1 M obi lier 200 » 200 „ 5 1 250 1 250 „ 6 i Ports de lettres 200 n 200 Bibliothèque 350 » 400 » 8 1 Impressions et lithographies diverses 150 B 150 9 9 | Collections. 100 9 100 10 400 B 400 B 11 1 Bullelir 3.800 B 4,300 M 12 Port du Bulletin 000 B 700 B 13 Dépenses extraordinaires pour résumé des progrès de la géologie , 1.000 1 14 Achats de Mémoires 1,500 » 1,800 B 15 Dépenses supplémentaires relatives aux Mémoires.. . . 3,850 u 1,500 B 16 Royer,- contributions, assurance 1,100 B 1,150 . 17 Change et retour de mandats 300 • 300 B 18 Session extraordinaire. 150 B „ B 19 ! Placements de capitaux 600 * 600 » Totaux 16,350 - 16,950 * 206 SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1843. La Recette présumée étant de i6,i4i 55 Et la Dépense présumée élant de îô.pôo » Il resterait un excédant de 19; 55 Lavis, Je »3 janvier iS/|5. Auguste VIQUESNEL. Le budget est mis aux voix et adopte. M. A. Pomel lit ia note suivante. Nouvelles observations sur la paléontologie des terrains meubles de la Limagne d* Auvergne 9 par A. Pomel. Le bassin de la Limagne d’Auvergne est une des mines paléon- lologiques les plus fécondes de la France* cependant, malgré les recherches de MM. Bravard, Croizet, Jobert, Bouillet et de Laizer, et les nombreuses espèces recueillies par ces naturalistes, les écrits publiés jusqu’à ce jour donnent des idées très incom- plètes et souvent fausses sur la paléontologie de cette contrée. Depuis quelques années j’ai visité avec attention tous les dépôts d’ossements fossiles déjà décrits , et dans des courses nombreuses, souvent faites avec M. Bravard, j’ai reconnu de nouveaux gise- ments qui m’ont fourni des espèces encore inconnues et des ren- seignements précieux sur la géologie de cette contrée. Je 11e vous parlerai aujourd’hui que des populations dont les débris sont enfouis dans les couches meubles, et je rappellerai d’abord les principaux caractères des formations qui leur sont contemporaines. Les géologues savent qu’immédiatement après les dépôts de sédiments tertiaires de l’Auvergne, cette contrée devint le théâtre d’une suite de paroxysmes volcaniques qui préparèrent l’appari- tion successive de roches ignées différentes. D’abord les crevasses du sol donnèrent issue aux roches trachy tiques, dont les débris triturés formèrent des tufs et des conglomérats ; puis sortirent les basaltes et leurs tufs ( wacke, pépérite ) , qui virent se former en même temps des conglomérats trachytiques ; enfin vinrent les laves et les cônes scorifiés, d’où elles coulèrent en longues traî- nées dans le fond des vallées. Suivant M. Rozet, chacune de ces roches aurait fait son érup- tion suivant une direction particulière et à des époques qui coïn- cideraient avec le soulèvement des montagnes : ainsi lestrachytes, dont la direction est à peu près celle des Alpes occidentales , se- SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1843. 207 raient contemporains de leur soulèvement; la sortie des basaltes sur une ligne E.-O. serait le résultat de la même force qui a soulevé la chaîne des Alpes autrichiennes; et les laves, dont la direction est perpendiculaire à celle des basaltes, seraient en Au- vergne les anciens produits d’une action qui se continue dans l’Italie méridionale par des phénomènes semblables, mais avec une intensité bien moindre. Les vallées les plus remarquables de la Limagne, celles qui descendent dans le fond du bassin perpendiculairement à la chaîne volcanique , semblent avoir été ouvertes pendant la longue période des épanchements basaltiques. M. Rozet attribue leur formation aux dislocations de la même époque. On ne peut aussi y méconnaître l’action de grands courants d’eau , dont l’origine se rattache essentiellement aux phénomènes volcaniques, et qui auront profité des fissures de dislocation pour creuser ces canaux rectilignes, en entraînant avec eux les débris désagrégés par les ruptures. La violence de ces courants et la fréquence de leur apparition sont attestées par les puissants dépôts d’alluvions à débris de tra- cliyte et basalte, qui encombrent le fond des vallées, et recouvrent les flancs ou le sommet d’un grand nombre de collines. L’étude de ces alluvions est devenue des plus importantes, depuis que, dans leurs parties les plus meubles , ont été découverts de grands dépôts d’ossements fossiles de mammifères terrestres. On y observe le plus souvent: 1° un grand dépôt de cailloux roulés, fortement agglutinés par de l’oxide de fer hydraté , et présentant tous les ca- ractères des poudingues; 2° des couches sableuses formées de ponces, de débris de tracliyte et de basalte, et très rarement de calcaires marneux et de roches primitives. L’oxide de fer les ci- mente sur un grand nombre de points , et s’y montre aussi sous la forme de pierres d’aigle. Toutes ces alluvions offrent par leurs variations de puissance, de nombre et d’étendue, et par leur dis- position souvent ondulée , tous les caractères d’inondations suc- cessives, passagères et violentes. Toujours composées des mêmes éléments ( tracliyte , basalte) , elles supportent et recouvrent les nappes basaltiques de la Limagne, et aux environs d’Issoire elles s’étendent sous les conglomérats, et les divisent en plusieurs étages en s’y intercalant. C’est par ce dernier gisement qu’on a reconnu que les tufs ponceux avaient été formés pendant la pé- riode basaltique. Les débris fossiles recueillis dans ces sables volcaniques s’élèvent aujourd’hui à un nombre prodigieux. On pourrait dans diverses 208 SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1843. collections en compter 9 à 10,000, ayant appartenu à 55 espèces au moins de pachydermes, ruminants , carnassiers et rongeurs. On les trouve dans quelques parties de la couche entassés pêle- mêle , sans distinction de genre et d’espèce , et quelquefois avec une profusion telle qu’on ne peut y remuer le sol sans en décou- vrir. Réunis alors en petits amas, très rapprochés les uns des au- tres , ils constituent de grands dépôts , caractérisés par la présence constante de coprolithes, et d’un grand nombre d’esquilles rou- gcs (1). Ces grandes ailuvions, qui n’ont aucun rapport avec le dilu- vium de M. Buckland, et qui ne peuvent avoir été produitesque par des inondations locales et successives pendant la période ba- saltique, ne sont pas les seules qui se montrent en relation avec les roches volcaniques. Parmi ces dernières, les unes semblent être de 1 âge des tracliytes et antérieures aux premières dislo- cations de ces roches, puisqu’elles ne contiennent aucun débris volcanique ; les autres, plus modernes que celles des basaltes, sont plus récentes que les laves ; cependant elles se distinguent encore assez facilement des produits semblables de l’époque actuelle. Les caractères de ces deux formations ne sont pas moins remar- quables que ceux des ailuvions que nous venons de décrire. Des lambeaux plus ou moins considérables de couches de galets quarzeuxdontla surface est rougie par l’oxide de fer, se montrent souvent sous les basaltes les plus anciens (plateau du Broc , de Par- dines). Sur les versants de quelques collines, où on les observe aussi, ces ailuvions ne constituent pas de couches proprement dites ; mais leurs éléments, étrangers au sol de la Limagne , y sont disséminés en très grande abondance. Dans les environs de Brioude, sur quelques points du terrain houilier, et dans la partie nord du bassin , à la base des montagnes granitiques , elles reprennent toute leur puissance , et n’admettent avec elles aucun galet de trachyte ou de basalte. M. Lecoq a cru les reconnaître sur les tracliytes en place du Mont-Dore. Malgré toutes les recherches , il n’a pas encore été découvert dans ces ailuvions, du moins à ma connaissance, de débris fossiles de mammifères terrestres; mais , chose plus remarquable, on y a recueilli des oursins, une bivalve marine, et des bois fossiles de (î) Nous renvoyons pour les autres caractères de ces gisements à la Monographie de la montagne de Perrier, par M. Bravard ; et aux Recherches sur les ossements fossiles du département du Puy-de-Dôme , par MM. Croizet et Jobert. Clermont-Ferrand , 1829. SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1843. 209 mono et dicotylédones. Le mollusque était dans un galet de silex, et les autres fossiles , silicifiés aussi, paraissaient avoir été roulés long-temps avant d’être déposés sur le sol de l’Auvergne. La présence de pareils débris dans cette contrée et sur des points assez éloignés les uns des autres, est d’autant plus extraordinaire que les terrains marins gisent à de grandes distances. On ignore encore l’origine des galets quarzeux; leur gisement n’a pas été observé dans les montagnes voisines (1). Après les éruptions basaltiques se sont formés des terrains meubles, plus circonscrits , plus variés dans leur composition, et présentant encore plus que ceux de cette époque les ca- ractères de formations locales; ce sont : 1° des alluvions limo- neuses formées aux dépens de toutes les roches plus anciennes, et caractérisées par la présence de scories, pouzzolanes et fragments de lave. Leurs éléments ne sont plus cimentés par l’oxide de fer, dont ils ne renferment que de faibles traces. Au village de Nes- chers, ces alluvions, presque entièrement privées de galets, re- posent au pied d’un escarpement de la lave du tartaret et sur des blocs qui en ont été détachés. Dans la plaine du Marais, au nord de Clermont, le - sol le plus superficiel est presque entière- ment composé, et quelquefois sur une grande épaisseur, d’une terre noirâtre à débris volcaniques, mélangés avec des marnes calcaires. Lorsqu’on se rapproche de la base des montagnes, les pouzzo- lanes s’y montrent en plus grande abondance, et finissent quel- quefois par dominer entièrement. D’après ces caractères, il est fa- cile de reconnaître que ce terreau si fertile a été formé après les éruptions des Volcans à cratères. 2° C’est à la même époque que la base et la croupe de plusieurs collines calcaires de laLimagneontété successivement recouvertes, après les dégels et les orages , des attérissements calcaires et ar- gileux qui nous empêchent maintenant d’en étudier les anciennes formations. On y voit un mélange sans ordre , bien rarement stratifié, de débris incohérents des terrains qui les dominent. Sur quelques points la présence de sables limoneux semblerait indi- | quer un phénomène d’alluvion ; mais une grande quantité de I fragments anguleux de basalte , de grès et de calcaire rappelle le caractère principal des attérissements. Les débris meubles renfer- ment souvent des concrétions silicéo-calcaires, assez volumineuses, qui présentent la forme de nodules tuberculeux , ou de cylindroï- (î) Voyez une note de M. Leeoq Sur la découverte de débris organiques narins en Auvergne. Clermond-Ferrand , Thibaud , 1857. Soc. Géol. Tom. XIV. *4 210 SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1843. des tortueux , traversant verticalement des couches entières. Leur intérieur est le plus souvent fendillé en étoilement, et renferme des fragments d’os ou de petits cailloux qui semblent avoir servi de centre d’attraction. Il nous aurait été quelquefois très difficile d’établir l’âge de ces dépôts, si nous n’avions eu recours aux caractères zoologiques. C’est ainsi que nous avons pu reconnaître qu’ils étaient tous con- temporains des alluvions précédentes , et par conséquent posté- rieurs à l’époque balsatique. Cependant il existait à cette dernière époque des escarpements considérables , aux pieds desquels de semblables dépôts auraient pu se former avec d’autant plus de facilité, que les talus devaient présenter une grande quantité de matériaux désagrégés par les dislocations récentes ; mais il est probable que les inondations si fréquentes de cette époque ont entraîné sans peine des débris si peu adhérents, tandis que les attérissements plus récents n’ont pu être détruits par des causes d’une intensité bien moindre. 3° Il nous reste encore à parler d’un phénomène que de nom- breuses et récentes observations ont démontré être plus général qu’on ne l’avait cru d’abord. Les brèches osseuses existent aussi en Auvergne , mais dans des terrains tout-à-fait récents , des tra- vertins et des laves de volcans à cratères. C’est au village de Coudes sur l’Ailier , à 8 ou 9 kilomètres d’Issoire, que gisent les pre- mières. Quelques fentes du rocher calcaire ont été remplies de fragments plus ou moins volumineux d’aragonite, de travertin , de quarz résinite et de carbonate de chaux pulvérulent, qui ren- ferme de nombreux ossements et remplit les intervalles des morceaux anguleux. Tous ces débris proviennent du terrain même dans lequel est ouverte la brèche. Nous avons observé dans quelques parties du travertin des fossiles tout-à-fait sembla- bles à ceux enfouis dans les fentes, ce qui prouve qu’il ne s’est pas écoulé un long espace de temps entre le dépôt de la roche et celui des débris qui ont rempli ses cavités. Des fissures de la lave vomie par le cône scorifié de Graves- noire ont été aussi remplies par des sables volcaniques mélangés de calcaire pulvérulent*, et dans lesquels on a découvert des fos- siles en exploitant une carrière. Ce gisement nouveau est situé près du village d’Gbières, au sud de Clermont. La plupart dès ossements y sont encroûtés par une légère concrétion de carbonate calcaire ; les espèces sont les mêmes qu’à Coudes et que dans les divers gîtes d’alluvions limoneuses et d’attérissement. En général , les ossements des animaux de cétte époque ont SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1843. 211 présenté divers degrés d’altération suivant la nature des dé- tritus qui les enveloppent. Dans certains attérissements, ils sont pénétrés d’infiltrations calcaires, qui leur ont donné une grande solidité, tandis qu’âilleurs ils sont tellement friables qu’on ne peut les recueillir, et qu’ils tombent en poussière au moindre choc ; partout ils happent à la langue et conservent encore beau- coup de matière animale, car ils noircissent promptement lors- qu’on les expose à l’action d’un feu un peu intense. Plusiems fragments présentent la trace des dents de carnassiers; les têtes articulaires sont souvent rongées, et ont parfois totalement dis- paru. Mais on ne rencontre avec ces débris aucune trace de coprolitli s, fossiles si abondants dans les alluvions ponceuses et basaltiques. Cependant la disposition en très petits amas splié- roïdaux des ossements de petits animaux dans les gîtes de Coudes et Neschers, porterait à considérer leur accumulation comme le résultat des déjections d’oiseaux de proie nocturnes. Les derniers terrains que nous venons de décrire avaient d’a- bord été considérés comme appartenant à l’époque historique. Leur formation paraît en effet si récente que nous les avons dans le principe considérés comme tels ; les fossiles seuls nous ont ensuite démontré qu’ils appartenaient à la dernière époque géologique: époque dont la faune présentait des caractères différents de celle de nos jours. Ces faits seront rendus évidents par le tableau que nous donnons de la liste des espèces recueillies dans les terrains basaltiques et dans ceux des attérissements. ( SÉANCE DU G FÉVRIER 1843. 5 1 ? Tableau comparé des espèces fossiles des terrains basaltiques et des attérissements , brèches, etc,, de la Li magne. A Cil YDERMF.S. . Ei-pécps des alluvions basaltiques. i Eléphant. î Mastodonte î Anlhracolhérium. } Hippopotame î Sanglier, î Tapir, î Rhinocéros, î Cheval. Ruminants. . Carnivores. Insectivores f 2 Bœufs. i 2 .Antilopes . tJl . . , . I 8 Cerfs calogloehis ( io Cerfs anoglochis t 2 Slénéodonles ( Félis). I 5 Félis proprement dits. . . j 3 Hyènes ( î Marte J î Loutre. [ 2 Chiens. \ î Ours. ( i Hérisson f 1 Castor, î î Porc-épie Rongeurs v î Marmotte I î Lièvre t 3 Campagnols Oiseaux a Oiseaux Reptiles, Poissons i i Espèces des attéi'isseinents. 2 Éléphants, i Sanglier. 1 Rhinocéros. 2 Chevaux. 2 Bœufs, i Antilope. 1 Renne. 2 Cerfs calogloehis. i Félis. 3 Putois, o Chiens. 1 Taupe. 2 Musaraignes. 1 Spermophile. 2 Lièvres. 3 Campagnols, i Rat. i Hamster. 8 Oiseaux, i Lézard, i Serpent, i Raine. i Poisson. Total. . . 55 4 2 Toutes les espèces des alluvions basaltiques, à l’exception de quelques unes dont la rareté des débris n’a pas permis d’étudier les formes , ont offert dans leur ostélogie des différences plus ou moins grandes avec les espèces vivantes. On voit par le tableau précédent que la population de cette époque présente dans son ensemble de grands rapports avec celles des alluvions anciennes du val d’Arno, des alluvions volcaniques du Puy , et enfin de beaucoup de couches stratifiées qui constituent le dernier étage des terrains tertiaires , étage que M. Desnoyers a depuis quel- SEANCE DU 6 FÉVRIER 1813. ? 13 ques années rangé dans une époque particulière, sous le nom de quaternaire. Cependant les différences spécifiques qui existent entre la plupart de nos animaux et ceux des localités ci-dessus désignées, empêchent que l’analogie soit complète. Le rapproche- ment des deux bassins de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme , et l’identité d’âge et d’origine des terrains qui y renferment les fos- siles , rendent ce caractère très remarquable (1 ). La génération dont les débris sont enfouis dans les attéris- sements, les brèches et autres dépôts contemporains, nous a présenté des caractères tout-à-fait différents, et établissant un passage curieux de la faune des mastodontes à celle de nos jours. Cette génération , étant bien moins connue que celle qui l’a pré- cédée , et sa découverte en Auvergne étant toute récente, nous croyons devoir donner une courte description des espèces qui la composent. Éléphant. — Nous ne possédons pas de débris caractéristiques de cette espèce; mais il existe plusieurs beaux morceaux dans la collection de M. de Laizer;on y reconnaît deux espèces, l’une voisine de l’ Éléphant africain par la forme de ses mâclielières, et l’autre de X Elephas primigenius ; mais nous les plaçons avec doute dans ces terrains, ne connaissant pas positivement leur gîte. Nous engageons M. de Laizer à nous tirer de ce doute, et surtout pour la première espèce, qui est très remarquable. Rhinocéros. — Les ossements de notre espèce se rapportent au Thicorhinus , trouvé aussi à Brengues et autres dépôts semblables aux nôtres. Cheval. — Une espèce de grande taille et de formes trapues ; une seconde plus svelte , plus petite , caractérisée par le raccour- cissement du maxillaire entre les molaires et les incisives. Sanglier. — Un individu de taille ordinaire, connu par un astragale et une moitié inférieure de tibia, différant peu de l’espèce vivante. Boeuf. — Espèce voisine du Bœuf domestique par ses formes trapues, mais d’une taille bien supérieure à celle des mêmes ani- maux de notre époque , trouvée aussi à Luriel-vieil ; une seconde plus petite et très élancée, qui présente avec le Bison une grande ! analogie. (i)M. Aug. Aymard a reconnu comme nous ces différences, et il s'en étonne, clans une lettre écrite à M. Bravard. Tous nos. animaux, dit- il , Mastodontes, Rhinocéros, Hippopotames, Tapirs, Bœufs, etc., sont differents de ceux d'Issoire. SEANCE DU 6 FEVRIER 1843. 3 14 Antilope. — Connue seulement par un métatarsien; elle est d’une taille supérieure à celle de la Chèvre . Cerf. — Un Renne tout-à fait semblable à celui d’Etempes et de Brengues : c’est le même que le Cervus coronatus de M. Marcel de Serres (Lunel-vieil , trouvé aussi dans les terrains de transport du bassin de Paris et d’un grand nombre de cavernes. Un Daim peu différent de l’espèce vivante. Un élaphe se rapprochant beau- coup de l’espèce commune et de celle du Canada : c’est le Cervus intermcdius deM. Marcel de Serres (Lunel-vieil). Felis. — Espèce voisine du Felis issiodorensis de M. Croizet , plus grande que le Lynx , plus petite que la Panthère. Putois. — Trois espèces, dont l’une plus grande que le Putois commun ; l’autre , plus grande que la Belette , et une troisième as- sez voisine de cette dernière espèce ; il n’y a pas de différences ostéologiques bien frappantes entre ces animaux. (Montmorency.) Chien. — Un Loup remarquable par l’étendue de ses arrière- nasaux , et qui surpassait en hauteur l’espèce commune ; un Cliien de taille moyenne ; enfin , une troisième espèce semblable au Re- nard. Ces trois espèces ont été aussi découvertes dans les cavernes de Montpellier, et dans beaucoup de dépôts analogues à ceux de l’Auvergne. Taupe. — Identique à l’espèce vivante , qu’elle surpasse quel- quefois par sa taille (Montmorency ; . Musaraigne. — Les Sorex tetragonerus et arancus (Bassin de Pa- ris et cavernes de Liège). Lièvre. — Première espèce à crâne large et aplati (Montmo- rency). Seconde espèce voisine par la taille du Lapin de France (Brèches et cavernes nombreuses). Spermophile — Le C. Superciliosus de M. Kaup . trouvé à Montmorency et dans les cavernes de Liège. Campagnol. — Trois ou quatre espèces, dont une seule présente des caractères remarquables qui rappellent l’espèce des brèches, décrite par Cuvier , et qui, par l’arête de son frontal, ressemble un peu au Campagnol de la baie d’Hudson. Les autres sont de la taille du Rot d’eau et du Campagnol des prés. Hamst: r. --Connu par plusieurs humérus percés d’un trou au-dessus du condyle interne. Trouvé aussi à Montmorency. Rat. — Semblable à une des espèces vivantes. Oiseaux. — Huit espèces voisines des Hirondelles , des Tétras , Bergeronnettes et Râles. Lézard — Analogue au Lacerta velox. Raine. — Petite espèce du sous-genre Crapaud (Rana bufo). SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1843. 215 Serpents** 'j n [ Connus seulement par des vertèbres nombreuses. Poissons. ) 1 Hélices , Cydostomes , B ali mes et Papas, semblables aux espèces vivantes. Cette faune fossile , la plus récente de celles qui ont successive- ment vécu sur le sol de l’Auvergne , se trouve parfaitement carac- térisée par le mélange d’espèces perdues et d’animaux encore vivants, dont quelques uns habitent les régions glacées du Nord , tandis c|ue d’autres trouvent leurs analogues dans la zone inter- tropicale. Nous voyons aussi que les mêmes espèces ont été découvertes dans des contrées assez éloignées de l'Auvergne , aux environs de Paris , dans les fissures des couches tertiaires et les dépôts de transport superficiels; dans le Midi, avec les animaux des brèches osseuses , et d’un grand nombre de cavernes (Lunel-viei I, B ren- gues, etc. ). Les différences entre les populations de ces divers dé- pôts doivent sans doute être attribuées au climat, et par suite à l’altitude des lieux habités par ces animaux : aussi nos terrains présentent-ils plus d’analogie avec ceux du nord de la France qu’a- vec leurs contemporains du midi. On connaît les nombreuses discussions soulevées par la question de la contemporanéité de l’homme et des espèces ^fossiles , que M. Marcel de Serres appelle humatiles. Ce fait nous semble main- tenant assez démontré par le nombre toujours croissant des gîtes où les ossements d'espèces perdues sont mélangés avec ceux de l’homme. Les terrains d’attérissement de l’Auvergne nous ont aussi présenté le même phénomène à Coudes et à Neschers. De nombreux fragments de bois du Cervus tarandus , évidemment travaillés par l’homme , gisaient avec les os de rongeurs , carnas- siers , etc. lis avaient été coupés au milieu du merrain et percés au-dessus avec des instruments ti ès grossiers, et peut-être par un long frottement sur l’arête çt l’angle saillant d’une pierre. A la tour de Boulade , j’ai moi-même déterré plusieurs morceaux de silex en forme de couteau, et que j’ai négligés, parce que j’ignorais alors que ce dépôt fut contemporain des précédents. Cependant il est à remarquer qu’il n’a été observé aucun fragment de poterie ou d’ossement humain dont on puisse assurer que l'enfouisse- ment a eu lieu en même temps que celui des fossiles. Ainsi , à Gresiu et Montdoury , près d’Issoire, et à Gcrgovia (F, quoique (t) M. Vassou avait le premier observé ce gîte , qu il avait fait con- ! naître à M. Croizet ; il nous a assuré que les os humains recueillis par ce 216 SÉANCE DU 6 FEVRIER 1843- les ossements humains fussent encroûtés de concrétions, on ne pouvait douter qu’ils n’eussent appartenu à l’époque historique, puisque le sol dans lequel ils se trouvaient semblait avoir été remué postérieurement à sa formation. Il nous reste encore à parler de la distribution des espèces dans les divers gîtes de même époque. En général , chaque localité nous a présenté sa population particulière, quelquefois même à des distances très rapprochées ( 1 ou 2 kilomètres seulement) ; ce n’est qu’après de nombreuses fouilles que nous avons pu reconnaître quelques rares espèces , qui , se trouvant communes à plusieurs gîtes , établissaient ainsi entre eux des rapports certains de con- temporanéité. Cette centralisation remarquable avait fait croire à MM. Bravard et Croizet qu’à chaque gîte correspondaient des centres de créations différentes et contemporaines. Des observa- tions récentes nous ont seules permis de reconnaître l’erreur de ces naturalistes , et de séparer en deux faunes les animaux de tous nos terrains meubles. Nous pensons que ce phénomène pourrait être attribué : 1° à la non-simultanéité de formation de tous les terrains qui renferment nos fossiles et aux modifications gra- duelles qu’a éprouvées la vie pendant les périodes géologiques ; 2° à la préférence que plusieurs espèces ont encore de nos jours pour certains cantons, dont l’altitude et la végétation sont en rapport avec leurs besoins et leur tempérament. Nous résumerons ainsi nos observations: les animaux fossiles dont les os sont renfermés dans les terrains meubles de la Lima- gne d’Auvergne ont appartenu à deux générations, dont la plus ancienne, celle des alluvions ponceuses et basaltiques, a beaucoup d’analogie avec la faune des terrains quaternaires, et dont la se- conde est contemporaine des espèces nommées humatiles par M. Marcel de Serres, parce qu’elles semblent lier l’époque précé- dente aux temps historiques. Les calcaires de la Limagne appar- tiennent à l’étage moyen des terrains tertiaires ; les trachytes et les basaltes représentent l’étage supérieur de ces mêmes terrains, ou, suivant la division de M. Desnoyers, l’époque quaternaire. Enfin, nos attérissements, nos brèches et alluvions post-volcani- ques se rapportent au diluvium , qui n’a laissé aucune trace dans la contrée . M. G. Prévost, à la suite de cette communication, observe naturaliste étaient à la surface du sol, et qu’ils provenaient sans doute d’une tombe très ancienne , découverte au même endrod. SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1^43. 217 qu’il connaît aux environs de Paris au moins six cavernes contenant des ossements d’animaux entièrement differents d’une caverne à l’autre, mais qu’il lui semble bien que ce serait à tort qu’on voudrait s’aviser d’en faire six créations différentes. M. Rozet lit une note rectificative de son Mémoire sur la géologie de la France. Résumé de la discussion relative à la formation des cônes ' volcaniques du Cantal et du Mont-Dore , par M. Constant Prévost. Les observations aussi précises que concluantes qui viennent d’ètre communiquées à la Société par M. Raulin sur la disposition actuelle des calcaires d’eau douce du Cantal , nous font voir, d’une part, combien sont utiles les discussions libres auxquelles nous soumettons les questions scientifiques, et d’un autre côté, que le moyen de terminer ces discussions est de recourir à des recher- ches nouvelles qui puissent faire prévaloir enfin la vérité. Dans ces luttes honorables, que l’intérêt de la science nous en- gage à entreprendre les uns contre les autres , il est malheureuse- ment rare que les parties adverses parviennent à abandonner leurs convictions. Celles-ci , basées sur l’observation de faits souvent distincts, que des idées préconçues portent à interpréter dans des sens différents, nous conduisent à soutenir avec une égale ardeur et une égale bonne foi des thèses tout-à-fait opposées. ]\os préven- tions pour la cause que nous avons une fois embrassée, en faisant de nous de chaleureux avocats , nous prive en même temps du sang-froid et de l’impartialité qui sont indispensables pour porter un jugement définitif. C’est donc dans l’auditoire qui assiste aux débats , parmi nos confrères qui sont mis au courant des discus- sions par des procès-verbaux de nos séances , que des arbitres peuvent se rencontrer : désintéressés et impartiaux, ils écoutent avec une égale attention les raisons données pour et contre; ils pèsent, comparent, apprécient les faits et les arguments qui leur sont soumis ; le côté faible de la discussion ne tarde pas à leur apparaître, et alors ils sont en position de comprendre l’impor- tance de nouvelles observations, et de déterminer la direction dans laquelle celles-ci doivent être tentées. Déjà, on se le rappelle, notre confrère M. Raulin a pu, en 218 SEANCE DU 6 FEVRIER 1843. vérifiant un fait dont les conséquences étaient rigoureuses, déci- der définitivement quelle est la position relative du calcaire de Château-Landon par rapport au grès de Fontainebleau. Depuis vingt ans cette relation entre les deux dépôts était le sujet de longs et consciencieux débats qui n’ont pas été sans utilité par les observations et les travaux de détail qu’ils ont produits. Le nouveau travail de al . Raulin me paraît devoir donner lieu à un résultat aussi décisif en établissant que le cône du Cantal ne saurait plus être considéré comme l’effet du soulèvement d’un sol précédemment horizontal, et en démontrant, par conséquent, que la forme et la structure de ce massif volcanique ne peuvent être données comme un exemple à l’appui de la théorie des cra- tères de soulèvement. Les discussions à ce sujet dans le sein de la Société pourront donc désormais être considérées comme sans but réel; car on peut, dire que les faits et 1 s explications favorables ou contraires aux opinions précédemment controversées, relativement au mode de formation du Cantal, sont tellement multipliées, que chaque géo- logue peut facilement se faire juge ou voir à quelle nature de re- cherches nouvelles il pourra se livrer pour s’éclairer. Ayant, depuis plusieurs années, pris une part active aux dis- cussions qui se sont engagées , non seulement sur le mode de formation des cônes volcaniques de l’Auvergne , mais sur la théo- rie générale des cratères de soulèvement , je crois utile de résu- mer en quelques propositions les opinions que j’ai énoncées et soutenues , et qui se trouvent éparses dans les diverses parties des Mémoires du Bulletin de la Société. Je distinguerai dans cette analyse les propositions relatives au mode de formation des cônes volcaniques en général de celles qui s'appliquent particulièrement à la formation des cônes du Cantal, du Mont-Dore et du Mézenc. Sur la formation des cônes volcaniques en général. 1° Quels que soient la nature et l’état des matières qui sortent de l’intérieur du sol , pourvu que ces matières aient une consis- tance supérieure à celle de l’eau, elles s’accumulent nécessaire- ment en plus grande quantité près des bords de l’ouverture qui leur a donné issue, et par conséquent la couche dont elles cou- vrent le sol va en diminuant d’épaisseur de cette ouverture jusqu’à la ligne circulaire où eljes s’arrêtent ; chaque couche a la forme SÉANCE 13 U 6 FEVRIER 1843. 219 d’un cône, et par suite la forme conique que présentent les vol- cans est le résultat nécessaire de leur mode de formation par des épanchements et des éruptions successifs. *2° Chaque éruption du Vésuve et de l’Etna donne lieu, soit au sein du cratère , soit sur les flancs ou au pied de ces volcans , à un nouveau cône dont on peut suivre la formation par couches co- niques concentriques. 3° La coupe de tous ces cônes volcaniques présente, en effet, une série de strates à surfaces plus ou moins parallèles entre elles, et descendant circulairement depuis le sommet jusqu’à la base. 4° Les matières rejetées pendant les éruptions ne viennent pas toujours et toutes d’une grande profondeur. Souvent ce sont les débris du sol traversé qui sont emportés par les matières ignées proprement dites. 5° Certains de ces débris peuvent être lancés même avec des matières volcaniques sans porter des marques d’altération (co- quilles ) . 6° Les laves qui sortent par dessus les bords d’un cratère rem- pli ou par le sommet des conduits d’ascension , se déversent in- sensiblement ; elles s’écoulent lentement sur des pentes très incli- nées, et elles peuvent acquérir une grande solidité, une grande homogénéité, en se figeant et s’arrêtant, non seulement sur des plans de plusieurs degrés d’inclinaison , mais même sur des sur- faces verticales *, ce sont de véritables stalagmites ignées. 7° Souvent, au contraire, les laves, accumulées dans le cratère comme dans un réservoir, s’échappent par une ouverture qui s’établit vers la base du cratère, et alors elles s’écoulent avec toute la force d’impulsion que leur donne le poids de la masse liquide contenue dans le cratère. 8° La cause qui force les laves à s’élever et à s’épancher est en elles et non sous elles , et elle vient de l'augmentation de volume ; que ies laves acquièrent à chaque instant. 9° Les matières ignées sortent de l’intérieur de la terre, parce | qu’il y a tuméfaction , changement d’état , dans les substances qui ! constituent la lave , et non parce qu’elles sont poussées par une I force sous-jacente. | 10. Si , au heu d’être fluides , les matières ignées sont à l’état | pâteux , elles pourront s'accumuler au-dessous et autour des bou- ■ clics qui leur donnent issue, en cloches, dômes, montagnes de plusieurs centaines de mètres et plus , comme la coulée de l’Arso, à Ischia ; le puy de Sarcouy , le Puy-de-Dôme, en Auvergne; la 220 SÉANCE DU (j FÉVRIER 1843. montagne de Méthana, en Grèce : les Cordillières de l’Amérique en offrent des exemples. 11° Si , dans leur boursouflement et leur élévation < les ma- tières ignées rencontrent des pierres, des blocs qui encombrent les cheminées volcaniques , et même des lambeaux détachés du sol disloqué , de 10, 20 , 30, 100 mètres d’épaisseur ; si elles eue ; portent et soulèvent réellement alors ces fragments du sol , il îv y a rien de commun entre de pareils exhaussements et la théorie des soulèvements. Personne ne donne la présence d’une masse du ter- rain primitif au sommet du puy trachytique de Chopine ( Au- vergne) comme un argument en faveur de cette théorie. 12° La cause des éruptions n’est pas au fond du foyer volca- i nique, mais dans les obstacles que la surface des laves, en se figeant, et l’obstruction des cheminées, opposent à la sortie des gaz et à la libre tuméfaction de la matière. 13° L’écoulement rapide des laves, qui est très ordinaire dans les volcans atmospliériens , ne se fait pas dans les volcans sous- marins, parce que les orifices de ceux-ci ne s’entourent pas de cônes d’éruption dans lesquels les laves puissent s’accumuler. 14° Rien daus le sol même qui supporte les volcans , et au tra- vers duquel les matières ignées sont sorties; rien dans les phéno- mènes qui précèdent et accompagnent les éruptions de gaz, la projection de cendres et de fragments; rien dans l’ascension , l’ar- rivée , le déversement et l’écoulement des laves , ne peut faire présumer dans le foyer des volcans le développement d’une force capable de soulever , non pas la portion consolidée de l’épidenne terrestre , mais même des strates de plusieurs dizaines de mètres ! d’épaisseur et d’étendue. 15° Autour du Vésuve et de l’Etna , les terrains sont disloqués suivant un système propre à toute la contrée, et qui n’a aucun rapport avec ces centres volcaniques. En Auvergne , au Cantal et au Puy, les couches tertiaires sous-jacentes aux volcans sont sou- vent encore dans une position presque horizontale. 16° La question relative au mode de formation des montagnes volcaniques est étroitement liée à celle de la formation des chaînes de montagnes; car si, dans les volcans, on avait démontré que, pour se faire jour et se verser au-dehors, les laves brisent et sou- lèvent les couches sus-jacentes , on serait en droit de conclure , par une suite d’analogies , que les basaltes, les trachytes, les por- phyres, les granités et toutes les roches d’origine ignée , ont éga- lement brisé et soulevé les couches plus ou moins inclinées avec SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1843- 22 J lesque lles elles sont en contact. Si , au contraire , tout démontre que, pour s’échapper, les laves volcaniques et les matériaux con- génères ne font que profiter de fissures antérieurement produites dans le sol , alors , par analogie aussi , on pourra croire que tel a été le rôle passif des basaltes , des trachytes , des porphyres et des roches granitoïdes dans ces entassements de débris qui consti- tuent les montagnes. Les faits de contact, d’introduction, de superposition que les basaltes , les porphyres et les granités présentent par rapport aux terrains stratifiés , viennent à l’appui de cette assertion. Sur la formation des cônes dit Cantal , du Mont-Dore et du Mézcnc. 1° Vu à distance, chacun des groupes du Cantal, du Mont-Dore et du Mézenc, rappelle parfaitement la forme générale de l’Etna ; et du Vésuve ; les pentes de ces dernières montagnes sont même plus rapides, et leurs sommets sont plus aigus. 2» Ces différences s’expliquent par les dégradations qu’ont éprouvées les anciens volcans, depuis qu’ils sont éteints, et que les éruptions périodiques n’entretiennent plus le petit cône éphé- mère de cendres et de scories légères qui couronne les volcans brillants. 3° La disposition relative des roches compactes ( trachytes , ba- saltes) en amas prismatiques plus puissants , en filons plus nom- breux vers la partie centrale de chaque massif, en nappes pro- | gressivement plus étendues sur leurs flancs , à mesure que ceux-ci j s’abaissent; l’accumulation de scories et de cendres régulièrement ! stratifiées sur différents points , d’où semblent descendre des cou- lées divergentes ; la nature et la stratification des tufs et des con- j glomérats centraux , comparées à celles des roches du même genre i qui entourent le pied de chaque cône ; l’alternance fréquente et I irrégulière des premiers avec les roches compactes; l’abondance ! plus grande de fragments brisés et roulés dans les dépôts de la circonférence , sont des circonstances et des caractères qui se voient aussi bien dans les volcans éteints du centre de la France que dans les volcans brûlants de la Sicile et de l'Italie. 4° La forme générale des vallées qui sillonnent les flancs du Cantal et du Mont-Dore, comparable en tous points à celles de l’Etna et du Vésuve, ne peut se concilier avec la supposition que | ces vallées auraient été formées par écartement; car elles ne con- i vergent pas en s’élargissant vers les cavités centrales, comme le I demanderait la théorie des cratères de soulèvement ; mais elles 222 SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1843. aboutissent à des cols ou des crêtes élevés qui les séparent les unes des autres à leur origine. 5° La nature, souvent différente , des matières qui composent les rives opposées de ces vallées et la pente des strates vers la val- lée ( vallée des bains du Mont-Dore , vallée de Fie , au Cantal) , sont des faits que tout le monde peut constater et qui sont encore contraires à la théorie proposée. 6° Il est constant que l’épaisseur des matières volcaniques est de beaucoup plus considérable au centre de chacun des trois mas- sifs qu’elle ne l’est à leur circonférence, puisque, par exemple, sous le plomb du Cantal ou au pied du pic Sancy (Mont-Dore) le sol granitique fondamental d' la contrée est recouvert par plusieurs centaines de mètres de roches volcaniques , tandis qu’il est à découvert à quelque distance autour de ces points cen- traux. 7° Si l’on admet que l’élévation du Cantal et du Mont-Dore soit le résultat du soulèvement violent de matières volcaniques déposées d’abord horizontalement, il faut supposer que ces ma- tières remplissaient des bassins à peu près circulaires aussi pro- fonds que les cônes sont élevés aujourd’hui au-dessus du sol fon- damental, et ensuite que l’effort qui aurait soulevé de préférence les matières volcaniques aurait été appliqué précisément sous le point où ces matières avaient la plus grande épaisseur; il fau- drait encore expliquer comment les bancs de calcaires stratifiés, placés sous les dépôts volcaniques , n’ont pas participé au soulè- vement des derniers; car les calcaires d’eau douce de Thiésac et d’Aurillac, bien que disloqués irrégulièrement, ont conservé en grande partie leur position horizontale sous les roches volcani- ques inclinées. 8° Les liaisons minéralogiques et géologiques qui existent entre les trachytes et les phonolites ne permettent pas d’assigner un âge différent à ces roches qui, au Cantal comme au Mont-Dore et au Mézenc, sont évidemment plus anciennes que les basaltes. 9° Par conséquent les phonolites n’ont pas soulevé les ba- saltes, et le puy Griou du Cantal existait avant, l’épanchement de ceux-ci. 10° Les basaltes se sont bien étendus en larges nappes, mais non pas en plateaux continus que les vallées actuelles auraient coupés ; ces vallées occupent dans beaucoup de cas la ligne d’in- tersection d’une ou plusieurs coulées qui, descendant de points culminants différents , ont quelquefois laissé entre elles des in- terstices dans lesquels les eaux se sont introduites. SÉANCE DU G FÉVRIER 1843. 223 11° Beaucoup d’autres vallées aboutissent à d’anciens cratères, et celles-là commencent par un évasement circulaire qui â contri- bué à les faire regarder comme des vallées de déchirement ( Vallée des Bains, le val d’Enfer, celui de la Cour, le val du roc Cuzeau , au Mont-Dore; les vallées d’Allaguon , de Brezons, du Cère , de la Jourdanne au Cantal, la Croix des Boutières au Mézenc ); 12° Ce serait beaucoup exagérer l’action des eaux que de leur attribuer la coupure de massifs solides et l’oüVerture des vallées dans des nappes continues de basalte et de trachyte; la plupart des découpures actuelles du sol étaient indiquées par la distribu- tion première et par la nature des matériaux dont ce sol était composé. 13° Les flancs de l’Etna, de Stromboli , et principalement le sol des îles Lipari et d’ischia, sont découpés par des vallées diver- gentes non moins profondes que celles qui descendent des som- mets du Cantal et du Mont-Dore. 14° Rien ne rappelle mieux le val cli Bove de l’Etna que le val (VEnjer du Mont-Dore, de même que X Epomeo de l’ile d’ischia semble être représenté par la crête trachytique , qui du Puy Ciiergue se prolonge au roc Cuzeau au Mont-Dore , séparant ainsi les vallées des Bains , de la Trentaine , et de Chaudefour , tout comme au Cantal les vallées de Marat , de Dienne , du Falgoux , de Fontanges , sont séparées les unes des autres et de celles de Fie et de Mandai lies , par la longue arête dentelée, qui du plomb du Cantal va joindre le Puy de . Cha\>eroche par le col de Cabre et le Puy Marie. 15° En définitive, l’examen le plus attentif, la discussion des faits et l’analogie, conduisent à ne voir dans les trois groupes du Cantal , du Mont-Dore et du Mézenc , que trois grands volcans formés exactement comme l’Etna et le Vésuve par l’accumulation successive de matières volcaniques épanchées sous forme de cou- lées ou projetées à l’état pulvérulent et fragmentaire par des ou- vertures nombreuses plus ou moins rapprochées. 16° L’étude des volcans éteints de 1* Auvergne , comme celle des volcans brûlants de l’Italie et de la Sicile, démontre que pour se montrer au-deliors, les matières Volcaniques n’ont que loca- lement et rarement même dérangé le sol à travers lequel elles sont sorties; les terrains tertiaires de la Limagne, ceux des en- virons d’Aurillac , ceux du Puy, de même que la disposition re- lative des parties du sol qui entourent l’Etna et le Vésuve four- nissent la preuve que les éruptions les plus violentes de cendres et de scories , que les épanchements les plus abondants de tra- SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1843. 224 chytes, de basaltes et de laves, ont pu avoir lieu sans produire de notables bouleversements dans le sol. 17° Les faits tendent même à établir que non seulement la sortie , mais encore ia production des matières volcaniques sont la conséquence des dislocations précédentes du sol qui sont elles- mêmes presque toujours des effets de retrait de tassement. Le Secrétaire analyse de la manière suivante une notice adressée à la Société par M. J. -J. Sauvage, sur un sondage par lui exécuté à Decize aux frais de l’administration des mines. L’administration des mines, en faisant faire ce sondage, n’a eu d’autre but que de reconnaître le terrain liouiiler qu’elle présu- mait devoir exister dans cette localité. Il a été rencontré à 142 mètres, et l’administration a fait arrêter les travaux à 200 mètres. Le sondage de Decize a 0m,l4 de diamètre à l'orifice du trou de sonde, et 0m,10 à sa base. Deux corps de tubes, dont le plus large a 33 mètres de longueur, et le plus étroit 142 mètres, ont été pas- sés dans cet intervalle. Le reste du trou, de 142 à 200 mètres, n’est pas tube. La superficie du sol incline de 5 degrés de l’ouest à l’est. La coupe géologique du sondage présente : l°Terre végétale argileuse parsemée de minerai pourri. 4m,50 2° Calcairé cristallisé , avec petites veines de crasse ( lias à Gryphées ) 25m,00 3° Argile grise, schisteuse et sablonneuse à la partie inférieure 3m,50 4° Calcaire marneux tournant en grès 2m,75 5° Terrains rouges , très souvent durs et schisteux , alternant avec des marnes irisées, parfois micacées, tantôt compactes et tantôt coulantes 106m,25 6° Grès houiller, parfois feldspathique, traversé de temps à autre par de petites veinules de schistes argilo- bitumineux 58“,00 Ce sondage a été fait en 310 journées de travail, et terminé à la fin de novembre 1842. Le curage chinois à la corde, qui a été employé dans ce sondage , a parfaitement réussi. Le Secrétaire donne lecture des renseignements suivants, publiés par un journal russe , la Gazette du Commerce , sur les sables aurifères de l’Oural. SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1843. 225 a Les lavages d’or de iVliask, situés dans l’arrondissement des mines de la couronne de Zlatooust (1), sont connus depuis long- temps dans l’Oural et dans toute la Russie par l’abondance et la richesse de leurs gisements de sables aurifères. Parmi ces éta- blissements on distingue particulièrement les lavages cleTsarévo- Nicolaïewsky et de Tsarévo-Alexandrowsky, qui, jusqu’à ce jour, ont produit à eux seuls 400 pouds d’or plus de 6548 kilog.), et qui se sont en outre fait remarquer par la grosseur des morceaux d’or natif que l’on y a trouvés. Ce fut dans ces lavages que, le 25 octobre 1826, fut découvert le morceau d’or natil pesant 24 li- vres 68 ou 69 zolotnicks (10 kil. 1 12 ou 113 grain.) qui, par ses dimensions extraordinaires, offrait jusqu’à ce jour une rareté uni- que peut-être dans le monde entier. Mais la réputation de ces mines a encore acquis un nouveau lustre dans le courant de l’an* née 1842; car, le 26 octobre dernier , on y a trouvé un bloc d’or natif du poids de 2 pouds 7 livres 92 zolotnicks (2) (36 kil. 1 gram.), qui se trouve déjà déposé au musée de l’institut du corps des mines. » Voici quelques détails sur cette découverte, qui est venue donner une nouvelle preuve de la richesse de l’Oural en métaux précieux. En 1837, les gisements de Tsar é vo - Nicolaï e wsk y et de Tsarévo-Alexandrowsky paraissaient déjà près d’être épuisés, et offraient peu d’espoir de produits ultérieurs. Cette circonstance détermina l’administration à faire explorer les localités voisines, et l’on ne tarda pas à découvrir, le long de la petite rivière Tas- chkou- Targanka, qui traverse scs gisements, et non loin du canal de rétablissement, de nouvelles couches aurifères d’une grande I richesse en métal. Après les avoirexploitées, on s’occupa d’explorer le canal lui-même, que l’on mit à sec. Cette entreprise fut couronnée d’un spccès complet : d’abord on découvrit, à 40 sagènes au-dessus de la digue, un gisement assez etendu, dont la richesse en or i n’était pas moindre de 8 zolotniks par 100 pouds de sable (envi- I ron 1/500,000) et plus tard des gisements nombreux et encore | plus riches furent reconnus à une moins grande distance de la ! digue, de sorte qu’il ne resta pas un seul point de la Taschkou- j Targanka qui n’eût pas été exploré. i (i, Voir sur ces mines quelques renseignements donnés par M. de | Gourieff, en i838, tome IX, p. /joo elàoi du bulletin. i (2) Le pond vaut 16 kilogrammes 072 grammes; la livre russe, ok,4<>95-, | le zolotnik , ok,oo4 263. Ces valeurs sont empruntées au Journal des voies \de communication publié à Saint-Pétersbourg. Soc. GéoL Tome XIV. i5 ! 226 SÉANCE Dü 6 FÉVRIER J 843. » Cette année (1842), l’exploration a été continuée sur le sol même où est établi l’édifice du lavage. D’abord ces recherches n’eurent aucun succès; enfin, sous les fondations mêmes de l’é- difice , on découvrit un gisement, peu étendu à la vérité, mais d’une richesse si extraordinaire, que l’on retira 59 à 70 soiotniks d’un seul poud de sable (de i9i;0B- à -~Y— : ce gisement n’avait que 3 quarts d’archine (0m,50 environ) de largeur, 2 verschoks et demi (0m, l environ) d’épaisseur, et fort peu d’étendue; c’est là que, le 26 octobre, on a trouvé un morceau d’or natif d’une dimension inouïe, et qui ne pèse pas moins de 2 pouds 7 livres 92 zolotniks (36 kilog. 1 gram.). Il reposait sur le sol même, composé de diorite, à 4 archines et demie (3m,2) au-dessous de la superficie, sous l’angle même du bâtiment de lavage, et à 17 sa- gènes (36 mètres environ) de la digue du canal. Déplus, on a fait sur la rive gauche de la Taschkou-Targanka , au-dessus de la di- gue , la découverte d’un gisement remarquable par la grande quantité de morceaux d’or natif qu’il renferme , et il en a été trouvé jusqu’ici 52 du poids de 1 à 7 livres (0 kilog. 409 grain, à 2 kiiogr. 865 grain ). » Dans une note de M. Kokcharoff , transmise à ce sujet par M. de Humbolclt à l’Académie des sciences de Paris dans sa séanc" du 9 janvier dernier, ajoute M. Angelot, cette pépite d'or a été évaluée à 16 grammes de plus, très probablement parce qu’en faisant la conversion des poids russes en poids français, on aura pris pour valeur du poud =16 kilog. 380 gramm. au lieu de = 16 kilog. 372 gram. On y mentionne aussi d’autres pépites d’or du poids de 4 et 6 1/2 kilog. trouvées antérieurement dans ces alluvions. « Selon les notions données par M. de Humboldt dans le 3e vo- lume de son Examen critique cle la géographie du nouveau conti- nent , pag. 330,1a masse d’or trouvée dans l’Oural en 1826 était inférieure en poids à la pépite trouvée en 1502 dans les allu- vionsd’or de l’île d’Haïti, inférieure surtout à la pépite décou- verte en 1821 aux Etats-Unis, dans le comté d’Anson (monts Alleghanys, dans la Caroline du Nord) , décrite par M. Kôliler, élève de l’école des mines deEreyberg. » La pépite de Miask, trouvée il y a quinze ans , pèse 10k,l 13; celle du comté d’Anson, 1 1 k ,70 ; celle trouvée à Haïti, en 1502, dans les lavages d’or du Rio-Hayna, pépite si célèbre de la Con- quista , et tombée au fond de la mer dans le même naufrage où périrent Bobadilla , Roldan et le cacique belliqueux Guarionex , 14 à 15 kilogrammes. SK ANC K DU 20 FEVRIER 1843. 227 » Or, la masse d’or natif trouvée en novembre 1842 dans des couches d’alluvion reposant sur la diorite, surpasse plus de deux fois le poids du grano de oro d’Haïti ; elle pèse 36 kilogrammes. » Tel est lejnodigieux accroissement du produit d’or de la- vage en Russie , surtout en Sibérie , àl’E. de la chaîne méridienne de l’Oural , que , d’après des renseignements très précis, le pro- duit total de l’or se sera élevé , pendant tout le courant de l’an- née 1842, à 16,000 kilogrammes (970 poucls — 15,988 kilogr. ), dont la Sibérie seule , à l’E. de l’Oural , a fourni plus de 7,800 ki- logrammes (4?9pouds = 7,846 kilogrammes). » Séance du 20 février 1843. PRÉSIDENCE DE M. ALC. d’oRBIGNY. Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la der- nière séance , dont la rédaction est adoptée. Le Président proclame membre de la Société : M. le comte de Choulot, résidant à Mimont près Pougues (Nièvre), présenté par MM. Aie. d Orbigny et de Ver- neuil. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part des professeurs administrateurs du Muséum d’histoire naturelle, la 3e livraison du tome 2 des Archives du muséum d’ histoire naturelle. De la part du ministre de la justice, le Journal des savants , janvier 1843. Delà part de M. Aie. d’Orbigny : 1° L’ouvrage intitulé, Coquilles et Echinodermes fossiles de Colombie (Nouvelle-Grenade), recueillis de 1821 a 1833 par M. Boussingault , et décrits par M. Aie. d' Orbigny. In-folio, 61 pag., 6 pl. Paris; P. Bertrand éditeur; 1842. 2° Sa Paléontologie française , 59e liv., des Terrains cré- tacés. De la part de M. H. Michelin, son Iconographie zoophy- tologique, description des Polypiers fossiles de France ; 6e liv. (feuille 10, et planches 16 à 18). SÉANCE nu 20 FÉVRIER 1843. 228 De la part de M. E. Robert, son Mémoire sur le dommage que certains insectes , notamment le scolytus pygmaeus , font aux ormes et aux chênes , et sur des moyens proposés pour les en éloigner. (Extrait des Annales des sciences naturelles, jan- vier l843.)In-8°, 8 pages. De la part de M. L. Hausmann , son ouvrage intitulé : U cher die Bildung des Harzge bi.rges. ( De la structure des Montagnes du Harz. )In-4°, 156 pag., 1 pl. Gotlingen ; 1842. De la part de M. Ci t. Darwin, son Mémoire intitulé : On the distribution of the erratic houlders and on the cou tempo ra- nçons, unstratified deposits of South America. In~4°, 1 5 pages, 1 carte. De la part de M. Buvignier : 1° Sa ÉV oie sur les chances de succès que présentent les re- cherches d'eau jaillissante ou ascendante dans plusieurs parties du département de la Meuse , in-8°, 8 pag. 1 pl. (Extrait des Mémoires de la Société philomatique de Verdun , tome II, année 1843.) 2° Son Mémoire sur quelques fossiles nouveaux des départe- ments de la Meuse et des Ardennes. (Ext? ait des mêmes mé- moires.) In-8°, 28 pag. 4 pl. Verdun, 1813. De la part de M. Sauvage, sa JSotice sur le sondage quil a fait à Decize pour reconnaître le terrain houiller . In-4% 2 pag. Paris, 1842. La Société reçoit en outre les publications suivantes : Comptes-rendus des séances de l' Académie des sciences , en 1843, 1er semestre ( t. XVI : nos 6 et 7). Mémoires de la Société du Muséum d'histoire naturelle de Strasbourg , t. III, 2e liv., 1842. Mérn oria l en cycl op édiq ue, janvier 1843. L'Institut , n°s 476, 47 7. L écho du Monde savant , n°s II, 12, 13, 14. The Geologist, nos de janvier et février. The Athenœum , n° 798. The Mining Journal , nos 390. M. Vor Raulin offre ensuite à la Société sa carte géo- gnostique du plateau tertiaire parisien. SÉANCE DU 20 FEVRIER 1843. 229 Enfin, la Société reçoit du nouvel éditeur de ses Mémoires, M. P. Bertrand, un exemplaire de la carte d’Algérie, par M. Enfantin. Cette carte est jointe à l’ouvrage sur la coloni- sation d’Alger par le même. M. Angelot, secrétaire, donne lecture de la notice sui- vante, transmise par M. Leblanc de la part de M. Itier. Aotice sur la constitution géologique des environs du fort V Ecluse ; par M. Jules Itier. Les fortifications du fort l’Écluse sont assises sur le corallien (partie supérieure de l’étage moyen jurassique ). Le calcaire en est cristallin , subsaccharoïde, blanc-jaunâtre, fendillé dans tous les sens, et dès lors fragmentaire ; les couclies sont à peu près ver- ticales dans la direction N. 10° O. environ; les couches supé- rieures, c’est-à-dire celles qui sont à i’E., contiennent des poly- piers du genre A Street , le Disceras arietina , plusieurs Nérinées, entre autres la Nerinea mosœ , qui caractérisent parfaitement cette for- mation , dont la puissance sur ce point peut être de 180 mètres. A l’O. et à 120 mètres environ de la porte de France, on trouve les premières couches de l’oxfordien supérieur qui se pro- longe vers le N. -O. jusqu’au-delà de la carrière du Sanglot, et qui plus bas à l’O. disparaît sous le terrain erratique et le diluvium. Ce calcaire est jaune-grisâtre passant au bleuâtre, à cassure con- clioïde, sublithographique. Les couches se chargent d’autant plus d’argiles qu’elles s’éloignent davantage du corallien, et dans la carrière du Sanglot , il en est qui en contiennent 12 p. 100, et qui peuvent dès lors fournir une assez bonne chaux hydraulique ana- logue à celle de Poivins , que, sur nos indications , on a employée avec succès dans la fondation de la pile du pont de Seyssel. Ce calcaire contient des Bélemniles et X Ammonites biplex de l’oxfor- dien. Ses couches, inclinées de 75° à l’E. , participent de la direc- tion N. 10° O. du corallien. La dépression du sol qui sépare la porte de France du village de Longeray est due, très vraisemblablement , à une dénudation des marnes oxfordiennes, dont les tranches sont aujourd’hui re- couvertes par le dépôt des terrains erratique et diluvien , ainsi que par les éboulis de la montagne. En s’avançant toujours à 10. , on ne tarde pas à rencontrer, à 200 mètres au N. des dernières maisons de Longeray , le calcaire à Entroques de l’étage inférieur jurassique qui forme la base de tout le soulèvement. Ce calcaire, 230 SÉANCE Dü 20 FÉVRIER 1843. qui est jaune sale , suboolitique , miroitant , en bancs peu épais , n’est plus incliné que de 25 à 30° ; ce qui devait être, puisque, plus rapproché du centre de l’elfôrt , il a éprouvé l’effet d'un bras de levier plus court. Les couches de ce calcaire présentent sur ce point le fait remarquable du croisement de deux directions bien tranchées: l’une est celle du N. 10° O. qu’affecte, ainsi que nous l’avons dit plus haut, l’étage moyen au fort même; l’autre est la direction E. 18° N. qui parait avoir déterminé celle du Cret situé au N. -O. /et qui s’est propagée jusqu’à l’oxfordien supérieur de la carrière du Sanglot, de manière à donner, à la ligne de contact de ces deux soulèvements, naissance à une espèce de chevron , dont le faîte est brisé selon une ligne résultante dirigée au JN. 25° E. On peut , sans forcer les inductions , rapporter la direction N. 10° O. environ au système de soulèvement de la Corse et de la Sardaigne , et la direction E. 18° N. à celle du soulèvement de la chaîne prin- cipale des Alpes, auquel d’autres considérations géologiques trop longues à exposer ici rattachent d’ailleurs l’ouverture de la gorge du fort l’Ecluse. À l’E. du corallien qui forme la base du foit l’Ecluse , on ob- serve, jusqu’à la carrière de la porte de Genève, un calcaire blanc, jaune clair, compacte, en bancs réguliers assez épais, presque ver- ticaux, séparés par quelques couches minces marno-schisteuses d’un jaune sale. Il appartient à l’étage supérieur jurassique, et présente une puissance d’environ 160 mètres ; plus à l’E. , l’étage infé- rieur néocomien lui succède, et participe delà direction N. -S. de ces couches et de leur inclinaison de 80° à l’E. On peut parfaite- ment observer dans cette localité le contact des formations juras- sique et néocomienne ; cette dernière est constituée par des mar- nes et des calcaires marneux bleus tachés de jaune rougeâtre , très ferrugineux, suboolitiques, qui alternent ensemble. L’homo- généité apparente de ce calcaire, au moment où on l’extrait de la carrière, avait déterminé le génie militaire à l’employer comme pierre de taille dans la construction des deux tours qui flanquent la porte du fort du côté de Genève ; mais peu d’années ont suffi pour produire la décomposition de la plupart de ces matériaux, qui aujourd’hui tombent en poussière. En en recherchant attentive- ment la cause , nous n’avons pas hésité à l’attribuer à la suroxi- dation qui, faisant passer le fer à l’état de tritoxide, et sans doute aussi le sulfure de fer à l’état de sulfate, occasionne une augmen- tation de volume dans tous les sens, et*par suite une désagréga- tion complète des parties constituantes de la pierre. Cette aug- mentation de volume explique parfaitement l’espèce de poussée SÉANCE DU 20 FEVRIER 1843. 331 qu’a éprouvée la tour ronde qui s’appuie au rocher, poussée qui a occasionné de fortes lézardes et un dérangement notable dans sa verticalité. JNous ferons remarquer en passant que le procédé de M. Brard, pour l’essai des matériaux, a été ; te ut- à-fait en défaut à l’égard de ceux de ce genre. En effet , nous avons soumis à la solution de sulfate de soude un petit cube de la pierre dont il s’agit, et après le temps exigé par l’expérience, qui a d’ailleurs été faite avec toutes les précautions voulues, ce calcaire n’avait subi aucune altération, et pourtant il fuse à l’air: l’emploi qu’on en a fait au fort l’a trop bien prouvé. G’ est que le procédé de M. Brard n’indique que la gélivité d’une pierre, effet de capillarité et de la force expansive de la glace, tandis qu’il s’agit ici d’une action chimique, d’une combinaison moléculaire, dans laquelle la ca- pillarité ne joue aucun rôle. I Au calcaire et aux marnes bleues du néocomien se superpose un calcaire jaune miroitant , parsemé de grains verts de fer silicaté , qui appartient évidemment à l’étage moyen néocomien. Comme il s’élève verticalement sur le flanc de la montagne , on peut en ob- : server les tranches sur le sentier qui tend du fortin à l’ancienne redoute ; un calcaire blanc, subcrayeux, noduleux, lui succède ; il abonde en Spcitcingus retasus , et s’appuie sous un angle de 60° en- viron sur le flanc de la montagne qui borde au N. -O. le territoire de la commune de Collonge : c’est le néocomien supérieur. L’en- semble de cette formation présente une épaisseur d’environ 200 mètres. La montagne du Wauche située en Savoie, de l’autre côté du Rhône , en face du fort l’Ecluse , est constituée d’une manière identique sous le rapport de la nature géologique , de l’inclinaison et delà direction de chaque couche. Le terrain erratique composé d’argile, de sable et de blocs an- guleux , couvre une grande partie du sol et s’élève, aux environs du fort, à près de 700 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il y a entre la plupart des blocs qui sont à l’E. du fort l’Ecluse , c’est-à-dire qui n’ont pas franchi la gorge, et ceux qui sont au- delà , sous le rapport des dimensions et de l’état de conservation des angles, des différences telles qu’on ne saurait les expliquer | qu’en admettant deux modes de transports distincts. Les premiers, I qui nous paraissent avoir été amenés par un glacier, atteignent des dimensions considérables, et leurs angles sont bien conservés. On peut en observer plusieurs au tournant de la route qui tend du fort l’Ecluse à Collonge. Ces blocs faisaient évidemment suite, avant l’ouverture de la gorge , à la rangée de blocs, longue de 282 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843, 8,000 mètres et large de 1,200 environ, qui règne depuis Chevrier jusqu’à Sauvagny, sur le flanc N. -O. de la montagne du Wauche, et qui offre la réunion de la plupart des roches du Valais, telles que le granité porphyroïde, laprotogine, le gneiss, le micaschiste, le grunstein , le lias , l’euphotide , la saussurite, etc. Nous avons ren- contré de cette dernière roche si remarquable, deux blocs angu- leux de 2 pieds cubes; elle est identique à celle de la vallée de Saas, d’où elle provient très vraisemblablement ; l’un de ces blocs est traversé par un filon de zinc sulfuré. Les blocs qui ont dépassé la gorge du fort l’Écluse sont beaucoup moins volumineux et présentent des angles émoussés qui accusent un transport par les eaux. Nous ne nous étendrons pas davantage sur ce sujet, sur lequel nous préparons un travail. Le Secrétaire donne ensuite lecture, par extrait, de trois lettres de M. Boue, adressées de Vienne, l une à M. de Wegmann, et les deux autres à M. Michelin, et datées de janvier et février 1843. Nous avons actuellement à Vienne, dit M. Boué, M. Hocheter, qui a été longtemps au Brésil à la tète des mines. 11 avait fait beau- coup d’observations géologiques , et rapporté des échantillons , en particulier plusieurs morceaux de quarzite ou d’itacolumite avec diamants implantés comme l’est le grenat dans le micaschiste; mais en traversant le canal delà Manche par une bourrasque , son coffre contenant toutes ses richesses en notes et échantillons, a été enlevé par le vent et jeté dans les flots. M. Hocheter m’a dit qu’en conséquence de ce gisement découvert dans la province de Minas-Geraes au Brésil (1) , on avait çà et là exploité à ciel ouvert ces quarzites pour en retirer les diamants. Les exploita- tions ont été profitables tant que la roche était un peu décom- posée ; mais depuis que les surfaces à agrégation moins forte ont été exploitées , on a trouvé qu’il n’y aurait plus profit à atta- quer le roc vif intact. D’ailleurs, dans ce travail de mineur, on fi) Dans la séance du 2 janvier i843 ( Comptes-rendus hebdomadaires , t. XVI , p. 38) , il a été présenté à l’Académie des scieuces , par M. Élie de Beaumont, une note de M. Lomonosoff sur ce gisement de diamants. D’après celte note, les roches où les diamants gisent dans des massifs d'ilaeolumile se trouvent situées sur la rive gauche du Corrego dosRios, sur la Serra da Grammagoa , qui est à 43 lieues portugaises au IN. de la 5 KAN CK JJ L 20 FEVRIER 1843. 233 cassait nécessairement bien des diamants. Telles sont les dernières nouvelles données par M. Helmreich , ingénieur autrichien , qui, après avoir été employé au Brésil, va retourner en Europe par le Pérou. M. Helmreich se propose de faire une coupe générale à travers toute l’Amérique méridionale, en partant environ de Bahia, traversant les Andes et s’embarquant à Lima pour l’Europe. M. Hoclieter m’a dit encore avoir visité le docteur Lund, Danois établi pour sa santé dans la province de Bahia, etque ce docteur lui avait montré, non seulement des os humains trouvés dans les cavernes , mais aussi des os d’éléphants. M. Lund doit avoir fait paraître à Copenhague une relation sur les cavernes calcaires dans les appendices du bassin de San-Francisco. Si les os d’élé- phants y existent réellement , ce serait bien curieux , et le pendant de ceux de la Nouvelle-Hollande trouvés dans des brèches. Parmi les nouveaux ouvrages, celui de M Charles Fromherz sur les alluvions et les glaciers , mérite d’être cité. Il porte le titre : Obs. géognostiques sur les terrains d’alluvion du Schwarzwald ou sur les dépôts de cailloux de cette chaîne, qui appartiennent à l’épo- que anté-historique la plus récente ( Geognostische Beobachtiuig , uber die diluvial Gebilde, etc.), Fribourg en Biisgau, 1842, in-8°, de 443 p. avec une carte offrant la place de 12 lacs anciens et de leurs barrages , savoir : ceux sur le cours du Gutacli et du Hol- lenthal , du Haslach ou de Lenzkircli , du lac de Schluch , ceux sur le cours de l’Alb on de Saint-Blasien , de Schlugeten, ceux de Neuenzell , de Lindau , Todtmoos, du Prügbach , du Wiesen su- périeur et de Hordersellag. Supposant un instant la théorie des nappes de glaces de M. Agas- siz erronée, elle serait un exemple que les systèmes même les plus bizarres amènent à grossir les annales scientifiques d’obser- vations importantes. En effet, M. Fromherz nous a donné une monographie presque complète des alluvions anciennes du Schwarzwald, parce qu’épris des vues d’ Agassiz, il a voulu les vé- rifier. Combien de livres pourra-t-on écrire et composera-t-on encore sur les alluvions? De combien de manières différentes est- ville de Tijuco ou Diamantina , etc. A cette note étaient joints deux échantillons de ce gisement de diamants , deux échantillons de diamants dans la Canga, de Riberao das Datas, à 6 lieues de Tijuco , et plusieurs échantillons d'or natif de la province de Minas Geraes , notamment de Goneo-Socco et de Santa-Anna dltabira de Matlo-Grosso dans le jacu- tinga (fer oligiste), et de Gandongo , avec facettes cristallines, dans le jacutinga friable, etc. (Note du Secrétaire, ) n SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. il évident que ces dépôts ont été formés? Infiltrations et érosions aqueuses, débâcles, décompositions, écroulements, fendillements, éjaculations aqueuses, déjections volcaniques, glaciers et glaçons, tout est mis à contribution. Or , avant d’entamer la géogénie des roches arénacées antérieures aux alluvions , ne devrait-on pas connaître à fond ces derniers dépôts, puisque les masses arénacées antérieures ne sont que leur pendant dans des temps plus re- culés ? M. Fromherz divise son ouvrage en deux parties : partie géné- rale et partie topographique. La partie générale comprend la des- cription des dépôts d’allnvion de la Forêt-Noire, dans les vallées et sur les hauteurs; 2° la théorie de leur formation , savoir , par des débâcles de lacs aujourd’hui disparus, par des ébranlements du sol et par les glaciers , ce qui conduit à parler des blocs erra- tiques n’existant pas dans la Forêt-Noire. La partie topographique contient la description des 12 ou 13 lacs de la Forêt Noire, et des courants qui partaient de leurs barrages ou en sont partis lors de leur dernière débâcle, occasionnée par érosion , comme le résultat d’un ébranlement du sol. Enfin vient l’histoire des dépôts d’alluvions produits par des barrages et des causes atmosphériques dans 36 vallées. Le résultat final est ce raisonnement fait à M. Agassiz : Vous avez raison de voir dans les Alpes des traces de glaciers plus étendus qu’à présent, et je les ai vues comme vous ; mais dans la Forêt-Noire , vous n’avez rien vu de semblable et n’avez fait que rêver. Laissons un moment l’auteur aux prises avec M. Agassiz. Pi es de Geroldsau, non loin de Baden , M. Agassiz s’est écrié : L'existence (les glaciers clans la Forêt-Noire est prouvée par la seule belle moraine de ce lieu ( N. Jahrb. de Léonhard , 1841 , p. 566); elle s’étend de Wonnacher à Geroldsau, et a une position telle, qu’elle doit être une moraine ou qu’elle est tombée du ciel î Mais, répond M. Fromherz , si on oublie la théorie d’Agassiz et qu’on étudie bien toutes les alluvions de la vallée de l’Oo , on arrive à apercevoir tout bonnement que l’accumulation locale de blocs granitiques près de Geroldsau n’est qu’une alluvion des plus or- dinaires. Ce que M. Agassiz qualifie de digue de blocs ne serait qu’une proéminence à roches arkosiques et granitiques en place et recou- verte de débris! Tous les rochers près de cette prétendue mo- raine et au-dessus d’elle n’offrent aucune trace de poli et de stries! il est vrai que l’accumulation de ces débris n’est pas à expliquer avec le petit torrent actuel, mais parce que, la vallée SE AM CIi DU 20 FEVRIER 1843. 235 présentant des étranglements , des chutes de rochers ont pu jadis produire momentanément des lacs, puis ceux-ci des débâ- cles. Le Hoclithal , partie supérieure delà vallée, offre toutes les traces d’un lac. Or, les gros blocs doivent se déposer à la sortie du barrage, ce qui est la position de ceux de Geroldsau. A la bi- furcation du Grobbach et du Harzbach , M. Agassiz voit une moraine médiane, et M. Fromherz une alluvion entre deux j cours d’eau, il y a, il est vrai, des roches feldspathiques , offrant, près de Lichtenthal , des surfaces arrondies, mais elles ne sont i pas polies , et on en découvre aussi bien dans ces roches exposées à l’air que dans celles sous terre dans le roc vif, et inconnues j usqu’ici à tout être vivant, à moins qu’on n’y déterre quelque jour de ces fameux crapauds en vie , qui s’immortalisent à moins de frais que les rois d’Egypte. Il faut lire ce que dit M. Fromherz sur les distinctions à faire entre les polis produits par l’eau et ceux faits par les glaciers en- j tre ces derniers et les surfaces striées des failles ou des lieux où les rochers se sont entrechoqués lors des éruptions ; puis il faut le lire encore, pour ce qu’il dit touchant les différences entre les moraines | et les falaises, murs ou éminences desalluvions. — La seule chose | qui manque au procès , ce serait un atlas de dessins au daguerréo- type simple microscopique. Loin de moi de vouloir parier pertinemment sur la question i des glaciers, qui donne aujourd’hui tant à courir et à imprimer; néanmoins, chacun devant, pour le bien commun, sortir de sa j besace le peu qu’il pense pouvoir s’y appliquer , je crois devoir i dire qu’en Ecosse je crois avoir observé sur le côté N. ou N.-E. ; de ben Lomorid quelque chose d’analogue à des stries. Je recom- S manderai aussi à cet effet les petites gorges de Craig-Caiileach , | non loin de Kilin sur le lac Tay , où la roche est aussi quarzeuse, puis le Glencoe. — Vouloir prétendre vraiment que ces lieux ont des stries , serait après 30 ans assez risible ; ce ne sont que des ré- miniscences très obscures. — D’une autre part , M. Viquesnel pourra vous dire mieux que moi si nous avons trouvé des mo- raines et des blocs des deux côtes du mont Prokletia, en Haute- | Albanie, où la neige est casernée toute l’année, et où dix ans d’étés j froids produiraient bien du névé et de la glace, peut-être même I des alternats de diverses teintesainsi que des filons et des fentes(l). Tout ce que je me rappelle, c’est qu’il était tombé, des hauteurs, fi) M. Viquesnel y a vu des stries et des cannelures qu'il a attribuées à l’action des eaux . provenant , soit de la débâcle d’un bassin tertiaire 286 SEANCE DU 20 FEVK1LR 1843. de terribles rocs, surtout à l’extérieur IN . du petit lac; du reste la gaine est si étroite , les parois si absolument verticales que s’il y avait eu moraines , nos yeux n’auraient pas pu ne pas les voir. — Si ceci était exact , cela donnerait à M. Agassiz à réfléchir com- ment une montagne si élevée et à présent encore si froide, a pu échapper à la malheureuse calotte de glace qui a tué hommes et bêtes dans le reste de l’Europe. Entre Gousini et le lac de Plava, la vallée unie n’offrait pas non plus de moraines; mais à lasoitie du lac de Plava, pour le coup , il y en a une peut-être ; mais au moins pour nous cela nous a semblé un bourrelet de débris à surface supérieure plate et accumulé à la sortie du lac , lorsque ses eaux avaient un niveau plus élevé (1). D’autre part, sur le ver- sant opposé, la vallée de Boga, malgré les neiges de Scbalia-Mala, ne nous a pas présenté le moindre monticule comparable à une moraine. — Mais en Tyrol nous avons vu , et d’autres ont comme nous vu, des traces évidentes d’anciennes moraines avec leurs rocs polis et striés. — A côté de ces traces, dans la chaîne dite cen- trale y nous recommanderions à M. Agassiz et à son école d’exa- miner les énormes dépôts d’alluvions existant çà et là le long des rivières , ou même dans des cantons entiers de la chaîne calcaire secondaire des Alpes bavaroises et autrichiennes. — Comme guide, voyez notre mémoire dans le Journal de géologie, vol. 3. Je répète que nous n’y avons pu voir naturellement que des tra- ces d’anciens lacs. Les éjaculations de matières meubles ou triturées lors des épo- ques anciennes , sont une chose assez naturelle , car jamais la terre ne fut plus fendillée. Ces éjaculations ont du et pu avoir lieu lors des diverses époques de dislocations et de soulèvements de la croûte du globe. Autrefois les eaux minérales paraissent avoir été bien plus abondantes qu’à présent , soit à cause de l’activité plus grande ou plus voisine du laboratoire souterrain, soit à cause des masses plus grandes peut-être des eaux pluviales s’infiltrant dans le globe. Mais outre les dépôts ainsi formés , il a pu se former des roches arénacées et argileuses stratifiées et non stratifiées dans les plaines comme au haut des montagnes par la voie des éjacula- tions des masses aqueuses considérables. Les éjaculations sous supérieur, soit même de la fonte annuelle des neiges. Voir son mémoire sur l'Albanie, tome IV des Mémoires delà Société, p. 112 et 1 i3.{iY. duSecrèt.) (i)M. Viquesnelavu leschoses dans celte localité delà même manière. Voir p. 107 et 108 de son mémoire précité sur l’Albanie. (JS. du Secret. SÉANCE DE 20 FÉVRIER 1843. 237 l’eau ou atteignant ce fluide ont pu produire des couches stratifiées par remaniement. En effet , supposant une portion de la voûte terrestre fendillée et soulevée, les lacs et rivières existant sur cette portion auront été vidées sous forme de débâcles formidables , tandis que les eaux pluviales et fluviatiles auront eu de la tendance à remplir les fentes nouvelles. Si les fentes étaient très profondes et jouissaient d’une température éle- vée, l’eau s’en sera élevée en vapeurs, comme la lave change en- core aujourd’hui la neige en vapeurs. Mais si la température n’était pas si élevée , ou si le fond des fentes était déjà comblé par des débris, l’eau a dû s’accumuler en lacs ou s’infiltrer dans les couches , ou y remplir même des cavités. Maintenant supposons un second dérangement violent dans le sol, ces amas d’eau, comme ces lacs , ont pu être forcés de changer de place , et ont dû entraîner avec eux beaucoup de matières arénacées et boueuses ; comme on voit encore çàet là des éruptions boueuses dans les vol- cans, faire des irruptions après des ébranlements du sol. Ces eaux souterraines, soumises à une certaine température et pression, ont dû avoir des pouvoirs dissolvants particuliers. Sous ces rapports , M. d’Omalius nous paraît employer fort à propos le système des léjaculations d’eaux boueuses comme celles d’eaux et de vapeurs d’eau chargées de différentes substances minérales pour expliquer certains dépôts arénacés, quelquefois métallifères , comme beau- coup de filons métalliques (voy. les idées de Herder N. Jahrbuch Vie Leon harcl , 1842). On sait qu'on a voulu expliquer aussi de bette manière certains dépôts de minerais de fer en grains situés »ur des sommets de montagnes. D’une autre part, l’hypothèse de VI. d’Omalius sur la production des polders nous semble pouvoir i’itre remplacée avec plus de probabilité par celle- ci : entre les Pays- ilas etle bassin de Londres règne surtout le terrain tertiaire; lamer :st occupée sans cesse à le détruire par ses mouvements et ses coll- ants. D’abord eile a détruitdes matières surtout arénacées, delàla carnation de grands dépôts de sable sur les rivages desPays Bas; après ela est venue la destruction des argiles de Londres, ce qui a fait ejeter sur la côte des argiles, les polders ; et enfin la mer a trouvé à onger de nouveau des roches plutôt arénacées, et la formation es dunes a pu avoir lieu. — L’hypothèse qui considère certains rès comme des dépôts chimiques de matières siliceuses n’est J as neuve ; Daubuisson l’a émise dans son Traité de géologie, et îrtorius a publié ad hoc en 1807 une brochure intitulée : Obs. lut la connaissance plus approfondie du grès secondaire ( Beitrœge c., Lisenach. 1809, in-8° , 7! p ). 238 SÉANCE Dü 20 FÉVRIER 1843. La Société géologique du Tyrol fait graver en ce moment la carte géologique du Vorarlberg. Le Muséum Francisco - Cnroji/m/// , fondé à Linz, en fé- vrier 1833, par une association de la Haute-Autriche , a publié en 1842 son sixième rapport ( Sechter bericht fur das Muséum Fran- cisco- Carolinum , Linz, 1842 , in-8° de 218 pag.). 11 contient la 3e livraison de mémoires divers concernant la Haute-Autriche. Parmi ces derniers, est un article de M.Fitzinger sur le Hali tho- rium Christoli , reste d’un mammifère trouvé dans les couches sa- bleuses des environs immédiats de Linz. M. Weisliaiipl , conser- vateur du Musée , en a trouvé des côtes , des vertèbres , des molaires et une mâchoire. Cette dernière mâchoire est assez com- plète , puisqu’on a pu la restaurer. L’animal avait dans sa jeu- nesse de chaque côté dix molaires , dont les deux antérieures tombaient par l’âge, de manière que l’animal adulte n’en avait plus que huit, et que leur nombre se réduisait à trois de chaque côté dans leur âge avancé. Ces ossements ont été trouvés dans des sables appartenant aux parties supérieures de la molasse. Ce terrain forme au S.-O. et à l’O. de Linz un demi-cercle de collines qui recouvre des dépôts granitiques dans la vallée de Margarethen et au Buchberg. Ces couches subordonnées de sables offrent, outre des os, des dents de poissons ; elles ont six à vingt pieds de puissance, et sont cou- vertes de couches de gravier grossier , tandis que le Loess et la terre végétale forment leur tégument le plus extérieur. Ces ossements appartiennent évidemment à l’ordre des sitenia ou cétacés herbivores , et très probablement à la petite espèce du rnetaxithcrium de M. de Christol , qui existe dans des dépôts ana- logues près de Montpellier; mais comme le metaxytherium est le même genre que Raup a décrit en même temps que Christol dans le bassin du Bhin , M. Fitzinger propose d’abandonner le nom générique de metaxytherium pour adopter celui de halitherium , afin de pouvoir attacher le nom de Christol à un genre d’animaux dont cet ingénieux naturaliste a su si habilement débrouiller l’ histoire. Le Halitherium Christoli devait probablement être plus grand que le Manatus americanus de Desmarest , qui atteint souvent quinze pieds en longueur. Une planche lithographiée figure les restes de cet animal cu- rieux , que nous devons nous représenter habitant les bords de la mer tertiaire supérieure de rEurope centrale , à la manière des chiens marins de nos côtes actuelles ; mais le halitherium SÉANCE DIJ 20 FÉVRIER 1813. 239 n’avait que deux extrémités antérieures et une espèce de nageoire postérieure ronde ou en croissant. Vous aurez lu dans le .Tournai de Leonhard le Mémoire du professeur Unger , sur dix-sept bois fossiles du terrain tertiaire supérieur de la Haute -Autriche , bois conservés dans le Musée de Linz. (V. Jahrb. fur. Min. , 1842, p. 747.) Il y reconnaît les genres de bois principaux des forêts du pays. ; M. Boué ajoute dans ces lettres qu’il s’occupe d’une bi- bliographie générale des sciences physiques, chimiques, géo- graphiques, naturelles et géologiques, ainsi que de leurs applications; et que, pour que ce vaste travail ne reste pas inutile, si la mort venait aie frapper avant son achèvement, il en a construit une esquisse qui suffira pour en donner la clef. Si, à l’étranger, quelque travailleur avait envie de faire quelque chose de semblable, il est tout disposé à lui fournir ce qu’il possède dans son répertoire, qu’on consulte quelquefois avec ! fruit. 11 termine en disant: « Sait-on à Paris que beaucoup d’échantillons de quarzite élastique du Brésil ne doivent cette propriété qu’à la chaleur à laquelle ils ont été soumis, j cardans leur état naturel ils n’ont pas cette propriété si for- tement qu’on puisse en trouver des morceaux assez grands? M. Hocheter prétend que M. d’Eschwege a fait préparer ainsi beaucoup de grands échantillons, et qu’il n’a pu trouver de l’élasticité que dans de petits morceaux. Est -il vrai encore que certains nodules de fer argileux ou carbonaté des houil- lères duPalatinat, du Rhin, contenant des poissons, parais- sent avoir été roulés avant d’être empâtés dans le schiste bitumineux? Car il yen a, dit-on, qui ne présentent dans leur intérieur qu’une portion du poisson, le reste (la queue ou la tête) n’y étant plus, et ayant du avoir existé dans la partie de la roche détruite.» M. Pissis , répondant à la demande de M. Boué sur la flexi- j bilité de l’itacolumite (quarzite avec de petites lames de talc blanc), dit qu'il a vu au Brésil des couches d’itacolumite i flexibles auprès des masses qui ne le sont pas, mais qu’elles n’ont que quelques pieds d’épaisseur. Elles ne deviennent flexibles, dit-il, qu’à la surface du sol, où les agents atmo- 240 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. sphériques ont produit le même effet que celui obtenu par M. d’Eschwege, en chauffant 1 itacolumite non flexible. M. Rivière dit avoir constaté sur certains échantillons d’i- tacolumite que ce qu’on prenait pour du talc blanc n’était que des lamelles de quarz. M. Pissis répond que pour discuter sur les échantillons dont parle M. Rivière, il faudrait les avoir sous les yeux; mais qu’il est parfaitement certain qu’en général le talc est un des éléments de l itacolmnite. Il termine ensuite la communica- tion suivante , qu’il avait commencée dans la séance du 23 jan- vier 1843. ISotice sur T âge relatif et la position des terrains volcaniques du centre de la France; par M. Pissis. L’attention de la Société ayant été de nouveau appelée sur les terrains volcaniques de l’Auvergne, je me suis hâté de mettre la dernière main à un travail commencé depuis longtemps sur ces mêmes terrains, et qu’une absence de plusieurs années m’avait forcé d’interrompre. Je m’estimerai heureux si les faits qu’il ren- ferme, ou les conséquences qui en ressortent directement, peu- vent jeter quelque jour sur les intéressantes questions qu’ils ont fait surgir. La géographie géologique de l’Auvergne et du Yelay est aujourd’hui connue avec assez de détails pour qu’un certain nombre de ces questions puissent être traitées directement sans s’appuyer à priori sur aucun point de vue théorique ; telles sont entre autres celles qui se rattachent à la position relative des bouches volcaniques, questions qui peuvent, ainsi que j’espère pouvoir le démontrer un peu plus loin, se ramener à un simple problème de géométrie. Age relatif des produits volcaniques . Depuis longtemps les géologues ont divis' les produits volca- niques en trois grandes formations. La plus ancienne, presque exclusivement formée de roches feldspathiques, a reçu le nom de formation tracliytique ; les deux autres , essentiellement for- mées de roches où le pyroxène et le fer titane dominent, ont été séparées plutôt d’après leur âge relatif que d’après leur com- position en formation basaltique et en volcans modernes. Ces divisions s’appliquent exactement aux produits volcaniques SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. 241 du centre de la France ; la formation trachytique se distingue surtout avec la plus grande facilité , par la nature même des roches dont elle se compose; il n’en est pas de même malheureu- sement des deux dernières formations. La composition minéralo- gique des roches ne peut plus être invoquée , non plus que leur texture plus ou moins compacte, ou leur division prismatique, car l’on voit d’une part des produits appartenant à des volcans modernes, à des coulées qui se rattachent à des cratères parfaite- ment conservés , offrir des roches aussi compactes et aussi denses que les basaltes les plus anciens; telles sont, par exemple, les laves péridotiques de la montagne de Chirac , près Saint-Paulien , du bois de Bar, etc. ; et d’une autre part, ces mêmes coulées affecter sur quelques points une division prismatique très régu- lière , ainsi qu’on peut l’observer sur les coulées de Gravenoire, un peu au-dessus de Royat, desCrèzes, de Cliiliac , de Saint- Arcon , etc. Les caractères des roches étant insuffisants, les diffé- rences entre les époques de leur épanchement peuvent seules servir à établir une division. L’on entrevoit d’avance qu’une di- vision reposant sur de telles bases ne peut plus être aussi pré- cise , aussi facile à constater dans toutes les circonstances que celle qui se fonderait sur des différences dans la composition des roches ; car il faudra à des caractères précis , faciles à reconnaître partout, substituer des considérations purement locales , des rap- ports de position , qui souvent ne pourront s’établir. 11 existe toutefois une circonstance qui permettra de distinguer d’une ma- nière précise , partout où elle se rencontrera , des produits de deux époques différentes. On observe fréquemment , dans les grandes vallées du Velay ou de l’Auvergne, des coulées basal- tiques, reposant sur une couche de cailloux roulés qui sont eux- mêmes presque entièrement formés de basaltes. Les basaltes avaient donc été détachés de leur place, charriés et arrondis par les eaux , qui les avaient souvent transportés à de très grandes dis- tances ; des couches de sable ou de matière argileuse étaient venues les recouvrir avant que les laves qu’ils supportent se fussent épanchées. Mais ici une question se présente : les divers lambeaux de galets basaltiques que l’on observe au-dessous des coulées sont-ils des parties d’une même nappe ; leur transport se rattache- t-il à une cause générale , ou bien leur accumulation est elle due à des circonstances tout-à-fait locales, à des phénomènes qui se seraient répétés à des époques différentes ? Tout repose sur la solution de cette question ; car, dans le dernier cas, les divisions Soc- géol. Tom. XIV. 16 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. 242 que l’on établirait seraient tout à-fait arbitraires , et loin de sim- plifier l’étude de ces terrains, elle ne ferait que l’embarrasser, en confondant des produits d’époques différentes ou en établissant des différences d’âge pour des coulées sorties à la même époque. Or la solution de cette question ne peut se trouver que dans une étude attentive et détaillée de la position de ces divers lam- beaux. Position des galets basaltiques. Ces couches , qu’il ne faut pas confondre avec d’autres couches de galets quarzeux, d’un volume généralement beaucoup moin- dre, et qui appartiennent à la fin de la période tertiaire (l) , se montrent , ainsi qu’on a pu le voir précédemment , dans toutes les grandes vallées du Yelay et de l’Auvergne. Leur position , que j’ai figurée il y a plusieurs années sur une carte insérée dans les Mé- moires de la Société, est très régulière. Lorsque les vallées sont resserrées et dominées par de hautes montagnes , elles forment une série de lambeaux plus ou moins étendus qui suivent très exactement la direction de la vallée , se montrant surtout dans les points d’inflexion où les vallées offrent une largeur un peu plus considérable. Quand ces vallées débouchent dans la Limagne, ces lambeaux prennent plus d’extension ; ils recouvrent de vastes plateaux dont la longueur suit sensiblement le cours des rivières. C’est ainsi qu’ils se montrent d’abord aux environs de Coudes, où ils sont adossés aux arkoses et s’étendent de là dans la vallée de la Couse, à une hauteur de 30 à 40 mètres au-dessus de la rivière. Ils re- paraissent plus au sud dans la vallée de l’Allagnon , au-dessous des basaltes de la Peinide , puis sous ceux de Saint-Yictor, près Massiac. Ici ils atteignent un niveau plus élevé, leur hauteur au-dessus de l’Allagnon étant à la Peinide d’une cinquantaine de mètres; elle est un peu moindre à Saint-Yictor. A une lieue environ au sud du confluent de l’Allagnon , ils recouvrent le ter- (i) Celle dernière couche passe souvent à des marnes sableuses et à des grès calcarifères ; elle est alors recouverte par le calcaire tubercu- laire; on peut la suivre sans interruption dans tousses changements dans le S. de la Limagne , depuis Lempdes jusqu a Beaumont, où elle est recouverte par le calcaire, et de là jusqu’aux environs de Brioude. Quelquefois elle supporte des basalles, ainsi qu’on peut le voir à Chan- targue, près Clermont ; et c’est probablement la même que M. Rozet a signalée au dessous des basaltes du pic d’Esteiî. SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. 243 rai il houiller et le grand plateau qui s’étend entre Lempdes et Brioude ; ils se montrent aussi sur l’autre rive de l’Àllier, à Yeze- zou , à Azerat ; enfin , dans les environs de Brioude , ils forment à l’ouest de l’Ailier les plateaux de Chomaget, de Gravenaux , de Saint-Pierre et la plaine de l’étang à l'est de cette rivière , les pla- teaux de Lamotte et de Fotanes. Dans tous ces points, qui com- prennent une distance de 2 myriamètres, leur niveau est très sensiblement le même; sur les plateaux de Rilhac l’élévation est de 42 mètres au-dessus de l’Ailier; à Yieille-Brioude, ei est de 38 , et à Lamotte de 40. A partir de Yieille-Brioude , les galets basaltiques cessent de se montrer sur une distance d’environ une lieue ; ils reparaissent ensuite sur les bords de l’Ailier à Tapou , où ils sont recouverts parle basalte, puis à Saint-ïlpise , à Blassac, et suivant toujours le cours de cette rivière , à Chiliac , au Blot , à Rillac , Langeac , Saint -Arcon, Cbanteuge, Sainte-Marie,, Saint-Privat dans le Yelay, etc. - enfin , ils se montrent dans cette vallée, partout où des coulées basaltiques les ayant recouverts, les ont protégés contre les dégradations. Dans tous ces points, leur élévation au-dessus du niveau de l’Ailier varie entre 30 et 50 mètres. Ainsi, à partir de Coudes jusqu’au delà de Saint Privât, c’est-à-dire sur une distance de plus de 10 myriamètres , on voit ces lambeaux suivre le cours des principales vallées qui se rattachent à celles de 1 A 1- lier , se montrer à un même niveau sur les rives opposées des ri- vières et à une élévation au-dessus des cours d’eau actuels qui ne varie pas de plus de 20 mètres dans un espace de 10 myriamètres, ce qui ne donne qu’une différence d’un mètre par lieue. Il est impossible, en présence de tous ces faits, de ne pas admettre que ces divers lambeaux ne sont que les restes d’une couche continue, qui occupait à une époque le fond de vallées fort peu différentes de celles où coulent aujourd’hui les principales rivières du bassin de l’Ailier. Si quelque chose doit surprendre, c’est la parfaite ré- gularité de cette position pour des matières qui , charriées dans un même temps , auraient pu s’arrêter à des niveaux très diffé- rents ou sous de grandes inclinaisons. Admettre que ces divers lambeaux appartiennent à des époques différentes , ce serait ad- mettre que les divers lambeaux d’alluvions modernes que l’on rencontre en suivant le cours des fleuves, appartiennent aussi à plusieurs époques. On peut donc considérer la couche de galets basaltiques comme un horizon bien déterminé , propre à établir une séparation entre les produits volcaniques des deux dernières formations, réserver à ceux qui l’ont précédé le nom de forma- 2ïï SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. tion basaltique , et à ceux qui lui sont postérieurs, celui de for- mation volcanique moderne. Ce n’est pas que cette séparation indique une interruption dans les actions volcaniques, il est pos- sible que des épanchements aient eu lieu pendant que des eaux charriaient ainsi les débris des coulées préexistantes ; toutefois , ils ont dû être très rares , puisqu’on n’en retrouve aucun vestige , et la totalité des produits volcaniques connus est antérieure ou postérieure à cette couche ; ce qui est même bien remarquable , on ne la voit jamais reposer sur des nappes basaltiques. Cette der- nière circonstance, en ne permettant pas d’observer de contact im- médiat , s’oppose à ce que l’on détermine directement la position des produits de la formation basaltique , et l’on est dès lors forcé de recourir à d’autres considérations , basées sur la position rela- tive des galets basaltiques et des dernières couches du terrain lacustre. Or, clans tous les lieux où ces galets se trouvent en con- tact avec le terrain lacustre , on voit qu’ils sont adossés et non superposés à ce terrain ; ils se montrent sur les flancs de plateaux élevés, suivant les vallées parallèles aux vallées actuelles, mais beaucoup plus larges. C’est ainsi qu’ils se montrent à Coudes, à un-niveau bien inférieur à celui des arkoses; dans la plaine si- tuée entre Lempdes et Brioude, à un niveau bien inférieur à celui du calcaire concrétionné et des marnes qui forment les pla- teaux de Laroche et de Molzou. Leur dépôt est donc postérieur non seulement à l’exhaussement du bassin lacustre, mais aux phénomènes qui en ont si puissamment raviné la surface. D’une autre part , l’on voit dans tout le bassin de la Limagne et dans celui de la Haute-Loire , de vastes lambeaux de masses basalti- ques recouvrir le sommet de ces plateaux, qui dominent souvent de plusieurs centaines de mètres le niveau de la couche des galets basaltiques , et signalent ainsi de grands changements dans le relief du sol , entre l’épanchement de ces coulées et le transport de leurs débris dans les vallées qui ont précédé les éruptions des volcans modernes. Il résulte donc de ce qui précède que toutes les coulées qui recouvrent les plateaux du terrain lacustre, et ne s’étendent pas sur leurs flancs, appartiennent à la formation ba- saltique , tandis que celles qui recouvrent la couche de galets doi- vent être rapportées aux volcans modernes. Enfin, pour terminer cette classification des produits volcaniques, il reste à étudier un très grand nombre de centres volcaniques ou de coulées, qui, se trouvant sur le sommet des montagnes ou dans les vallées où la couche qui nous a servi d’horizon n’existe point, semblent échap- per à la règle établie. Pour quelques uns , pour ceux dont les SEANCE DU 20 FÉVIUEK 18 13. 245 coulées se seront étendues dans les vallées , à un niveau inférieur à celui du terrain lacustre , niveau qui varie en allant du S. au N. de 800 à 600 mètres , la position peut se déterminer immé- diatement : ils appartiendront à la dernière période ; quant à ceux pour lesquels on ne peut invoquer ce caractère , l’analogie qui existe entre leurs produits et ceux de position bien déterminée , devient le seul guide que l’on puisse suivre. Si l’on examine at- tentivement , d’une part , les coulées de la formation basaltique , et de l’autre celles des volcans modernes , on voit que les premières se rattachent càdes dykes ou à des cônes de basalte, qui ne pré- sentent jamais de ces scories entassées qui caractérisent les vol- cans modernes; tandis que les autres se rattachent toujours à des cratères plus ou moins bien conservés , ou à des cônes de scories , d’où elles se sont échappées , soit par le cratère, soit à traversées fentes produites à la base ou sur le flanc de ces cônes. Tout porte donc à considérer ce dernier caractère (celui de former des cônes de scories) comme appartenant exclusivement aux produits vol- caniques de la dernière période ; et en introduisant cette dernière considération dans les données établies précédemment, on sera conduit à classer dans les produits volcaniques modernes tous les cônes de scories et les coulées qui s’y rattachent ; et dans les pro- duits de la formation basaltique, les coulées qui recouvrent les plateaux lacustres , les cônes et les dykes de basalte qui ne sont point accompagnés de scories. Je me suis étendu un peu lon- guement sur ces distinctions, parce qu’elles étaient indispensables pour aborder la question qui fait l’objet principal de ce mémoire, celle de la position relative des centres volcaniques. Il fallait avant tout démontrer que cette division des produits volcaniques en deux groupes n’avait rien de fictif, qu’elle était motivée par de grands changements opérés dans l’intervalle à la surface du sol , changements dont l’accomplissement a du exiger un temps consi- dérable, et par des modifications non moins grandes dans le mode d’émission de ces divers produits. Enfin , il fallait établir d’une manière positive , du moins autant que l’état des choses le per- mettait , la limite de ces deux groupes. Position relative des centres volcaniques. Après avoir déterminé, d’après les données précédentes, la place que doit occuper chaque centre volcanique, l’étude de leur position relative se trouve ramenée à une simple question de géométrie; il suffit, en effet, de déterminer la position géographique de chacun de SÉANCE DU 20 FÉVRIER î 84 3. 24G ces points ; et après avoir reconnu ainsi la surface sur laquelle ils se trouvent distribués , de rechercher les lois qui ont pu présider à cette répartition. Toute considération géologique se trouve ainsi éliminée , les centres volcaniques ne sont plus que des points épars sur une surface connue ayant les uns par rapport aux autres une position déterminée . Il me reste maintenant à faire connaître les sources où j’ai puisé les documents nécessaires , et la méthode suivie pour recon- naître le mode de répartition de ces différents points. Dans les nombreuses courses que j’ai eu occasion de faire en Au vergue et dans le Velay, j’avais commencé, dès l’aimée 1828 , à indiquer sur la carte de Cassini la position des produits volcaniques , d’abord d’a- près leur nature minéralogique , puis , lorsque des données suffi- santes m’avaient permis d’établir cette séparation , d’après leur âge relatif, en employant des teintes différentes pour les cônes de scories, et pour les produits de la période basaltique. Ce sont ces cartes qui m’ont servi à déterminer la distance de tous ces points à deux axes rectangulaires , dont l’origine était choisie de manière à embrasser dans un seul angle l’ensemble de ces points. Une fois ces coordonnées connues , il ne restait plus à considérer que des nombres , et c’était dans les valeurs de ces nombres qu’il fallait aller rechercher les lois de répartition. La première question qui se présentait d’abord était de savoir si cette répartition était ou non uniforme ; or, la condition nécessaire pour que les points soient uniformément répartis sur une surface , c’est que leurs co- ordonnées croissent par des différences égales. Si cette condition n’existe pas . les points se trouvent accumulés dans certaines ré- gions , où ils forment des groupes entièrement isolés ou liés entre eux par des points plus espacés, et le problème se trouve ramené à rechercher la position de ces groupes. Ce sont encore des diffé- rences de coordonnées qui vont nous y conduire. En considérant d’abord les différences des/, on aura des valeurs qui pourront être fort différentes ; les plus grandes appartiendront aux intervalles qui séparent les groupes, et les plus petites à ces groupes eux- mêmes. Cette première indication n’est d’ailleurs qu’approxima- tive , parce que des points dont les abscisses sont très différentes peuvent avoir des ordonnées sensiblement égales ; mais la consi- dération des différences prises par rapport aux x lèvera cette in- certitude. Il se présentera alors deux cas : si les petites diffé- rences des /correspondent à des différences analogues pour lesx, il y aura un nombre de groupes égal à celui indiqué parles y; dans le cas contraire , ce nombre sera plus grand , ef plusieurs de SEANCE DU 20 FÉVRIER 1845. 247 ces groupes se trouveront compris dans des zones parallèles aux x. Une fois l’existence et le nombre de ces groupes reconnus , il s’a- gira de déterminer les limites de chacun de ces groupes. Pour cela il faudra déterminer d’abord les plus grandes distances de deux points dans le cas d’une répartition uniforme, puis considérer les différences d’x qui correspondent à des valeurs semblablement égales d’j. Celles de ces différences qui surpasseront la distance précédente indiqueront l'intervalle de deux groupes , et par con- séquent leur limite dans le sens des x. La limite dans le sens des y s’obtiendra lorsque les ordonnées successives correspondant à l’abscisse limite différeront d’une quantité plus grande que cette distance. Tous les points appartenant à un même groupe se trou- veront ainsi renfermés dans des rectangles dont la forme donnera une première approximation sur la position de ce groupe par rapport aux axes. En prenant ensuite des moyennes successives des coordonnées qui correspondent à la plus grande dimension de ce rectangle pour un nombre déterminé de points , et les moyennes des autres coordonnées de ces mêmes points , on aura une série de centres de position qu’il suffira de joindre par des lignes pour avoir la direction du plus grand axe de ce groupe. Enfin la posi- tion relative des divers groupes s’obtiendra en déterminant pour chacun d eux le centre de position de tous les points qui en font partie, ou les coordonnées moyennes de ces points. L’on recon- naîtra que ces groupes sont sur une même ligne , lorsqu’en trans- portant l’origine à l’un des centres de position, les nouvelles co- ordonnées des autres centres off riront un rapport constant. Telle est la méthode que j’ai suivie dans ces recherches; j’ai pensé qu’il pourrait être utile de l’exposer ici , parce que les questions qu’elle peut servir à résoudre se présentent souvent en géologie , et que , lorsqu’on en cherche la solution par voie de tâtonnements, en faisant passer des lignes par un plus ou moins grand nombre de points , on s’expose à tomber dans de graves erreurs , surtout lorsque ces points sont nombreux et rapprochés. D’une autre part, cet exposé abrégera les détails dans lesquels j’aurais été obligé d’entrer en appliquant cette méthode aux bouches volcaniques du centre delà France. Le tableau suivant contient les coordonnées de 202 cônes de scories, rapportés à un parallèle et à un méridien passant par le Suc de Bauzon, à la fois le plus oriental et le plus méridional de ces cônes ; il se trouve situé dans le département de l’Ardèche , à 4,000 mètres au N. -O. deMontpezat. La valeur de ces coordon- nées se trouve évaluée à 500 mètres près; elle est exprimée en SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1813. 2 i 8 kilomètres. Je n’ai pas cru devoir pousser plus loin cette approxi- mation , parce que le diamètre moyen de ces cônes est lui-même d’environ 1,000 mètres, et que ces distances devant servir princi- palement à des moyennes , la faible erreur que l’on commet s’é- vanouit entièrement pour celles-ci. SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. 249 Coordonnées des cènes de scories du centre de la France rapportés au Suc de Bauzon. LOCALITÉS. Nord. Ouest. LOCALITÉS. Nord. Ouest. I k. k. k. ! k. i Suc de Bauzon 0 0 49 Le Thiolet 33,5 37 2 Pradelles 3 20 30 Sainte-Marie les Chases. 35,5 43 3 Id . . . . . ...... 7 20 51 Id 34 43 4 Barges 10 22 52 Vernet 54 41 10 28 53 Roissièi-p*. 54,3 42,5 6 Saint-Aon 12 31,3 54 M. de Denise. ..... 35 25 7 Soils 14 28,5 55 Lespasseires 35 39 a ld 13 50 56 Vergonges 36 38 9 Id..... . 15,5 31 57 Chapuzal 56,5 35,5 lo Mazemblard. ...... 13,5 52,5 58 Saint-Arcon 36,5 49,3 il Pairebille . . 16 31 59 La Peire 36,5 42 12 Id, „ . . ...... 16,5 29 60 Monplot 56,5 45 13 Bouchet 18 29 61 Id 57 47 14 Id, ......... . 19 34 62 Rapines 37,5 40 13 Id.. ... 19 34 65 Bois de Saint-Romain. 38 42 16 Lac du Bouchet. .... 19 30,3 64 Baune 38 49,3 17 Maison Seule 20,5 33,5 65 Lacussol 29 19 Trespeu 20,5 33,5 66 Loude 38,5 36 19 Jd 22 32 67 Greniac 38,5 46 20 Viallette 22 31 63 Lamssnl. . 38,5 28 21 Rossignols. 22,5 53 69 Barat 39 49 22 Vabreüe „ . . 23 56 70 Lacussol 39,5 49 25 La Clouterie 23,5 32,5 71 Marminiac 59,5 29 24 Seneujol. . 24,5 33 72 Langeac.. 40 52 23 Talobre . . . 23 26 73 Durande 40,5 40 26 Seneiol. . . 26 33 74 Durandelle 40,5 41 27 ld, 26 34 75 Saint- Romain 41 45,5 23 Eycenac 27 25 76 Russie. , . , . . 41 43 29 Freissenet 27 30,5 77 Lentenas 42 55 30 Montbonnet 27 33 78 Limandre 42 56 5 1 Liac 28 50 79 ld, 42,5 37 52 Saint-Didier 28 56 80 Lavial. 42,3 47 oo Sainf-Prirat 28 39 81 Coupladour 45 35 34 | Me de Croustet. . . . . 29 23 82 Lac de Saint-Paulien. . 43.5 30 33 ' Pieeire 29 34 85 OurmiHae, ..... . 44 46 56 Le Vialard 29 38 84 Mazeirat . . 44 52 57 La Baraque 29 36,5 85 Saint-Eble 44,3 50 38 Fait 29,5 35,3 86 Rillac. 44,3 56 39 Id 29 3 57 87 Noveebases. . ... . . 44,5 76 40 Id 30,3 33 88 Aupilac. . . 45 38 4 1 Farigoule. . 3 1 34 89 Villeneuve . 45,5 43,5 42 Beux. .... 52 35 90 Jozan 46,5 58 43 Vergezac j 32 57 91 Saint-Genest 47,5 30 44 Saiol-Berem . 1 52,5 40 92 Chiliac 48 59 43 LLissart 35 50 93 Cerzat. ........ 48 56,5 46 , Saint- Berem. . • . . . 33 12 ! 94 Jax 43 . 14 4 7 ! Id 33 4 3 93 Loubaresse. ... . . . 48 77.3 1 48jPtbrac. 1 33,5 j 96 Aurouse . . 1 49 48,5 j 250 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. LOCALITÉS. Nord Ouest. k. k. ! 97 Montredon 50.3 50,5 i 98 Bois de Bar 50,3 56,3 ! 99 La Prudelle 51 60,5 100 Alleret 31 57 101 La Chapelle Berlin. . . 53 42 102 Puy de la Yergueure. . 55 38 105 La ChomeUe. ..... o 6 1 o 56 3 104 Collât 56,3 46.3 103 Lubillac. 57 7 3 106 Château de Vernières. . 38 75 107 Bruneaux 59,3 4 5 108 Berbezy. 61,3 47,5 ,108 Cistrières 62,3 45,3 HO La Peiuide 62,3 73 111 M. des Grèzes .... 63 59,3 i 1 2 IM. d’Autrac 67,3 85 113 M. deChamoroux. . . . 67,3 100 m M. de Mazoire 72 91 113 Puy de Charnant. . . . 78 88 116 Lac Chauvet 78,5 108 117 Croix de la Garde. . . . 79 88,3 118 Puy de Coendou. . . . 81 103 119 M. de Renou 82.5 • 90 120 Puy de Montchal. . . , 85,5 102 121 ïd 83,5 105 ,122 B esse 85,5 102 125 Id 85 103 124 Puy de la Velle. . . . . 91 84,5 123 Puy de Tartaret. . . . 92 97 126 Puy de Peiroux 94,3 91 127 Creux de Palabus. . . . 97 105 128 Puy de Monteynard. . . 99 97 129 Puy d’ A gère loi 105 130 Moleide 'loi 104 j 13 1 Puy de l’Enfer loi 98 152 Puy de Prechonnet. . . 101,5 96 153 Puy de Combegrasse. . ! 102 104 154 Puy de la Rode 102 93 155 Puy de Chalard 102,3 96 156 Puy de Brousson, . . . 1:02,3 96,5 157 Puy de Charmont. . . . 103 95 138 Puy de la Taupe . . . 104 96 ; 159 Puy d’Aubert il03 106 140 Puy de Chaumont. . . . 103 105 141 Puy de Vichatel 103 94,5 142 Puy Je Montgy 106 96 145 Puy de Montchal. . . . 106 92,5 144 Puy de Faleton 106.5 97 145 Puy de Sabresson. . . . 106,5 95,5 146 Puy de Pourcharet. . . 107 97 147 Puy de la Vache. . . . 107 96 148 Puy Noir 107 94 149 Puy de Lassola 107,3 94 LOCALITÉS. Nord. - | Ouest.' | 130 131 132 i 55 154 1 35 i56 ! 37 158 139 160 161 162 163 164 163 166 167 168 169 170 17! 172 175 174 175 176 177 Î73 179 180 181 182 185 184 183 186 187 188 189 190 191 192 193 194 193 198 197 198 199 200 20! 202 Puy de Mercœur. . . . Puy de Montillet. . . . Puy de Cocuzet Puy de Pelât Puy de Barme. . . . . Puy de Laschamp. . . . Puy de Montchié. . . . Puy de Banson Puy Brûlé Puy de Salomon Puy de Besace Puy de Gromanaux. . . Grand Sault Chuquet-Geneston. . . Puy Filhoux Puy de Balmet Petit Puy de Dôme. . . Puy de la Vialle Puy de Tîeufont Grand Suchet Puy de Côme Puy de Pariou Puy de Fraisse Puy des Goules Creux de Morel Puy des Gouttes. . . . Puy de Lanlegy Puy de Porcherolle. . » Puy de Chaumont. . . Petit Puy de Sarcouy. . Puy de Chanat Puy de la Coquille. . . Puy de Louchadière. . . Puy de Manzat Puy de Jumes Puy de Blemas Puy de Tannisage. . . . ! Puy de Tresson Puy de La Motte. . . Puy de la Nugère. . . - Puy l’Espinasse Hameau de Chalusset. . Puy de la Goulie. . . . Puy de la Chevanedeix. Les Banières Puy de Pauniat. . . . . Puy de la Banière. . . . Puy de Verrieu Puy de la Vedrine. . . Puy de Montuclier. . . Puy de Chalard Gour de Tozana. . . . . k. i 07,5 108 109 109.3 110 i 10,5 111.3 112 112 113 115.5 1Î5, 3 114 1 14 115 113.5 115.5 116 1 16.5 117.5 117.5 117.3 118 118.3 119 119.5 120 120.3 120.5 121 121 121 121 121.3 121 .5 122 122.5 125.3 124 124.3 124,3 123 126.5 127 128 130 134 158 k. 94.3 93 96 95 93.3 ! 96 98 97 no ; 108 ! 97.5 88 | 97.3 96 98 ; 95 98 98.3 93 1 10 110 96 f 09 98.5 93 93.5 93,5 93 93.5 96 97 94 94 95 91.5 98 97 96 93 94 96 97 103 92.3 96.5 106 96 90 96 92 90 98 92,3 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 18'i3. 26 î En jetant un coup d’oeil sur ce tableau , on voit que la plus- grande distance comptée sur le méridien est de 138 kilomètres}, et celle comptée sur le parallèle de 110; ainsi tous ces cônes se trouvent renfermés dans un rectangle dont la surface est de 151 myriamètres 80 kilomètres. Chaque myriamètre carré contien- drait donc , dans le cas d’une répartition uniforme , un nombre de cônes exprimé par 1 ,3 , ou bien un cône pour chaque surface de 75 kilomètres carrés. On peut déduire de là la distance qui dans l’hypothèse d’une distribution uniforme séparerait deux de ces points. On trouve que cette distance est de 8k,6 pour le côté du carré ou de 7,5 pour la moitié de la diagonale , qui est la plus petite distance possible. La plupart des coordonnées offrant des différences beaucoup moindres , on peut en conclure dès à pré- sent que leur répartition n’est point uniforme , et qu’ils sont ac- cumulés dans certaines régions que nous allons essayer de déter- miner ; et pour éviter les périphrases, nous conviendrons de prendre le méridien pour axe des y. En prenant d’abord les va- leurs dey depuis zéro jusqu’à 8 , on trouve trois points dont les abscisses sont 0, 20, 20. La différence entre les deux premières abscisses surpassant 7,5, le premier point ne peut faire partie du même groupe que les deux autres. Considérant ensuite les ordon- nées depuis 8 jusqu’à 16 , les abscisses correspondantes se trou- vent comprises entre 22 et 32; la plus grande différence entre deux abscisses consécutives étant de 6 , tous ces points appartien- nent au même groupe que les deux précédents. Pour les valeurs d’y de 16 à 24 , les abscisses varient de 29 à 36 , et la plus grande différence entre deux de ces abscisses consécutives est de 4 ; on a donc une troisième série appartenant au même groupe. Les va- leurs de y depuis 24 jusqu’à 32 conduisent à un résultat sem- blable ; il en est de même de celles de 32 à 40 : seulement il se présente ici un point dont l’abscisse 53 indique qu’il est hors du groupe. Les valeurs de 40 à 48 appartiennent aussi au même groupe , hors deux points, dont les abscisses sont 76 et 77. De 56 à 64, les abscisses se partagent en deux séries : les unes, comprises de 30 à 60, se rattachent au groupe précédent, les autres varient de 75 à 78; enfin de 64 à 72 , on ne rencontre plus qu’un seul point dont l’abscisse se rattache au premier groupe ; les autres varient de 85 à 100. Dans l’intervalle de 72 à 80 , on ne rencon- tre que trois points dont les abscisses varient de 88 à 108. L’inter- valle de 80 à 88 en offre six , variant de 90 à 105 ; il n’y a encore que trois points de 88 à 96, et leurs abscisses varient de 84 à 97. Les valeurs entre 96 et 104 signalent l’existence d’un second 252 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. groupe , dont les abscisses sont comprises entre 95 et 104, la plus grande différence entre deux abscisses consécutives étant de 7,5; enfin les trois dernières séries de 104 à 128 se rattachent à ce dernier groupe. Il résulte de cet examen que les cônes de Scories du centre de la France forment deux groupes principaux , lais- sant en dehors quelques points dont le nombre ne dépasse pas 25. L’existence de ces groupes une fois reconnue, il reste à déterminer leur position et leur étendue. Pour plus de clarté , nous avons réuni dans les deux tableaux suivants tous les éléments qui servent à fixer cette position , le mode de distribution des points et l’étendue de la surface qu’ils occupent. Ces tableaux se trouvent divisés en huit colonnes : la première indique le numéro des séries; la seconde, marquée ny le nombre des points compris dans chaque série ; la troisième , por- tant l’indice 5, la différence entre les abscisses extrêmes d’une même série, ou la base du rectangle qui contient tous les points ; la qua- trième le nombre de points réunis dans un carré dont le côté serait de 8 kilomètres ; la cinquième , la moyenne de y pour cha- que série; la sixième, les différences de ces moyennes; enfin la septième et la huitième , les moyennes des abscisses et leurs dif- férences. Coordonnées moyennes de chaque série des deux groupes. PREMIER GROUPE. NUMÉROS 8 11 DES SUBIES. ri h T J AJ X àx . 3 8 3 4 9 13 16 2 9 10 7.2 13 7 29 3 5 12 8 12 20 8 32 1 4 20 13 10,7 28 8 33 7 3 29 27 8,6 36 8 40 4 6 19 29 S, 2 44 8 44 4 7 9 50 2,4 32 8 48 5 8 3 8 3 60 43 SÉANCE DU 20 FEVRIER 1813. 253 DEUXIÈME GROUPE. Nombre de points du ier groupe io4- Différence rnaxima des abscisses 5g. Différence maxima des ordonnées 64- Coordonnées du centre de position Y' = 3 .3 ? *7 ; X' — 37,6. Nombre de points du 2e groupe 76. Différence maxima des abscisses 22. Différence maxima des ordonnées 32. Coordonnées du centre de position Y,; = il3; X" = 97. Coordonnées du centre de position de tous les points Y ™ 79,5 ; X = 70. Le nombre des points du premier groupe est de 104; si L’on cherche les limites dans lesquelles ils sont renfermés , on trouve que la plus grande différence des abscisses est de 59; mais en ob- servant que le Suc de Bauzon diffère seul de tous les autres points de 20, on peut le laisser à part , et il reste alors une dif- férence de 39, celle des ordonnées est de 64 ; ainsi , les 103 points se trouvent compris dans un rectangle dont la base est de 39 et la hauteur de 64. La hauteur de ce rectangle , dont la valeur est presque double de celle de la base , indique déjà que le groupe est allongé dans le sens du méridien. Pour achever de déterminer sa forme et sa position , il suffit de jeter un coup d’œil sur la colonne des abscis- ses et celles de leurs différences. On voit qu’en laissant de coté la première moyenne , dont le rapport avec les autres est altéré par la position excentrique du Suc de Bauzon , les autres croissent en même temps que les ordonnées, à l’exception de la dernière, qui offre une différence de signe contraire. La différence totale des abscisses, depuis la seconde jusqu’à la dernière , est de 16 , ce qui donne pour l’accroissement moyen de l’abscisse du centre de posi- 254 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. tion de chaque série ~ ou 2,3- Ces valeurs appartiennent à une droite qui occupe une position moyenne , par rapport aux divers centres de position, et que nous appellerons le grand axe du groupe. Pour en connaître la position , il suflit de prendre son équation qui est y—3x — 74, et de déterminer l’angle qu’elle fait avec l’axe des / ou le méridien : on trouve que cet angle est d’environ 19°. Pour avoir la longueur du grand axe du groupe , il suflit de prendre la longueur de cette droite comprise entre/ — o et/— 64 : on trouve pour cette longueur 67,5. En prenant la moyenne de toutes les ordonnées et de toutes les abscisses du premier groupe , on aura le centre de position de tous les points; on trouve pour les coordonnées de ce centre Y' = 33,7 ; X' = 37,6. Pour savoir à quelle distance ce point se trouve du grand axe , il suffit de faire dans l’équation / = 33, 7 ou plus simplement/ = 34; on trouve x =36: ainsi ce centre se trouve à environ 1,000 mètres à l’ouest du grand axe ; il se trouve presque dans la même position qu’une bouche volcanique située près du hameau du Thiollet. Enfin , si l’on voulait connaître le mode de répartition de ces points dans la surface qui les renferme , il suffirait de jeter un coup d’œil sur les différences A/; la valeur sensiblement égale de ces différences montre que cette répartition est à peu près uniforme. Les points du deuxième groupe sont au nombre de 73 ; la plus grande différence des abscisses est de 22, celle des ordonnées de 32 ; ils sont donc encore compris dans un rectangle allongé dans le sens du méridien. Les abscisses des centres de position de chaque série dé- croissent quand les ordonnées augmentent; leur différence moyenne est de — ■ 1 , et l’équation du grand axe que l’on en déduit / = — 7 x -h 787. En cherchant l’angle de ce grand axe , on voit d’abord qu’il se trouve à l’est du méridien, et sa valeur est d’environ 8°. Quant à la longueur de cet axe, elle diffère très peu de la hau- teur du rectangle ; elle est de 32,3. Les coordonnées du centre de position du groupe sont Y == 113; X — 97. Si l’on fait dans l’é- quation précédente/— 113, on trouve x = 96,2 ; ainsi ce pointue se trouve éloigné du grand axe que d’une distance moindre de 1,000 mètres. Il correspond exactement à la position du Puy de Gromanaux , qui se trouve dans le voisinage du Puy de Dôme. En- fin, les différences A /et A x montrent que ces points sont répar- tis d’une manière sensiblement uniforme dans la surface qui les renferme , soit du sud au nord , soit de l’est à l’ouest. La position particulière de chacun de ces groupes ainsi déter- minée, il reste à établir leur position relative. Pour cela prenons l’équation de la droite qui joint leurs deux centres de position . SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. 263 cette équation sera jk ~ 1,3 > — - 15. L’angle de cette droite à l’ouest du méridien est de 36°. Les moyennes entre les coordon- nées de tous les points sont jq ; et si l’on fait dans l’équa- tion précédente y =z 79, on ax™ 72,3. Ainsi , le centre de posi- tion de tous les points ne se trouve qu’à 2 kilomètres de cette ligne. En faisant d’une part y z=z 13 , et de l’autre y zrr 123 , on aura successivement x =21 ; .r — 106. Les abscisses des centres de position correspondants sont.r — 29; x zzz 95. La première diffé- rence se trouve à l’ouest de la ligne 9 elle est de 8 ; la seconde à l’E. , sa valeur est de 11 . Si par ces deux points on mène des li- gnes parallèles à la première , on aura une zone dont la largeur sera de 15 kilomètres, et qui comprendra non seulement le centre déposition de tous les points , celui des deux groupes, mais en- core celui de chaque série appartenant à ces groupes. En comparant entre elles les coordonnées des points qui se trou- vent en dehors des groupes précédents , on reconnaîtra facilement qu’ils font partie d’une seconde zone parallèle à la première. En résumé, l’on voit que tous les cônes de scories forment deux groupes principaux, dont la plus grande longueur se trouve du S. au N., que le grand axe du premier se dirige N. 19° O. ; tandis que celui du second incline vers l’E. de 8°; enfin, que tous les points qui en font partie se trouvent également répartis à l’E. et à l’O. d’une ligne qui fait avec le méridien un angle de 36° O. Position relative des points de sortie des roches basaltiques. D’après les divisions établies précédemment , nous aurons à considérer ici la position de tous les cônes ou dykes de basalte dont Sa formation est antérieure aux vallées de l’Ailier ou de ses af- fluents, et par conséquent, à la couche de galets basaltiques qui occupe le fond de ces vallées. Ne possédant pas des données assez précises sur ceux de ces points qui existent dans le Velay ou le Cantal , nous nous occuperons seulement ici de ceux du bassin de la Limagne qui se trouvent compris entre les prolongements des deux chaînes du Forêt et de la Margeride. Ces points , au nombre de 61, comprennent tous les pics basaltiques, et tous les dykes, qui, par leur puissance ou leur isolement , paraissent avoir été des centres particuliers d’éruption. Leur position se trouve rapportée à un méridien passant par le pic de Saint-Didier, le plus oriental de ces points, et à un parallèle passant par le Mont-Gibrou , près Paulhaguet; de telle sorte qu’ils sont tous situés au N. et à l’O. 256 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. des axes. Le tableau suivant renferme leurs coordonnées évaluées en kilomètres. Coordonnées des pics basaltiques de la Limagne. LOCALITÉS. f X LOCALITÉS. y X 0 6 j 3 i P. Saint-Hippolyte 48 25 2 Pic de Saint-Didier. 10 o 52 P. d’Ecouyai 48 29 - 14 19 55 P. de Gordelou. ......... 49 15 4 Autrac 14 53 ■ 54 P. de Cornador. . 49 46 y 42 j 53 P. dp Malappirp 49 68 6 17 45 1 56 A ul re point. 30 24 i o i ! P. dp Gorent 30 51ï 8 9 ÎO 1 1 OQ 56 ! 58 [ ,p C ret 31 25 jtf nfüpplpf , . ............. 23 26 S 59 Anfrp point 32 24 Pir* - - 27 14 j 40 P. dp Maman 32 55 IVonettp 50 22 i 4 1 P. Saint-Romain oo 26 i 2 Saint-Etienne. il ! 42 A u| rp point. .T . 35 37 lô Vodable OD 54 ! 45 Anfrp point. ... . T . , - - o 3 65 U i 3 is 1 7 Pny d’T«on oo 52 44 Château de Moznn 36 1 5 Roncière. .............. 5 5 24 ! 43 P. dp Rpi’7Pt. 06 42 Usson. 56 17 46 P. de Giron 36 56 r. al nnr 36 66 47 P. de Di vpt 56 43 18 i9 Tnur de Roulade 38 25 48 P. de 36 65 Dyke de Sain:-Yvoine. . . . 59 50 ' 49 Turluron 38 22 -0 Puv du Treuil 40 26 50 31 Mont rognon T . . 58 59 21 Rorhp Vendeix 41 63 P. d’Hpiime. rf>lisp 38 70 22 Pip dp IVîtiral 45 68 : 32 P. dp Charadp 60 42 iô Pny de Saint- Babel . 54 28 P. de Dallet 65 23 24 Rannp d’Ordanehe 44 65 34 P. dp IVÏ onteandon 65 42 23 Puy de la Corde 43 50 53 P. de Montrodeix 65 47 28 Pny de Muratese 43 68 36 Prudelles 6 3 42 27 Puy de Buron 4b 27 37 Antrp point. 63 62 2 { Puv de Barneirolle 46 58 ! 38 Pny de Voradon 63 66 29 P. d’ Atizel 47 52 ! 39 Plateau de Raudinp 68 58 50 P. de Rarnpirp. ......... 48 56 ! 60 A litre point 68 63 Le nombre de ces points étant de 61 , et la surface sur laquelle ils se trouvent repartis, de 4,624 kilomètres carrés, la plus petite distance qui les séparerait , dans l'hypothèse d’une répartition uniforme , serait de 7k,5. Si , en partant de cette base, on divise la surface en zones paraîèlles à l’axe des x , ayant chacune une lar- geur de 7 kilomètres , et que l’on prenne les centres de position des points renfermés dans chaque zone, on arrive aux résultats suivants : SEANCE DU 20 FÉVRIER 1843. 257 Coordonnées des centres de position de chaque zone. y AJ X S.X Première zone 0 6 — 13 4*1 s Deuxième zone 13 21 2 4-21 Troisième zone, 17 42 7 — i7 Quatrième zone 24 g 23 , 1 « Cinquième zone 30 8 26 T-1 4-12 Sixième zone. . 38 58 8 4-3 Septième zone 46 41 7 — 4 Huitième zone 33 37 7 4-5 Neuvième zone. 60 40 6 4-18 Dixième zone 66 38 En considérant les différences des abscisses , on voit qu’elles of- frent une grande irrégularité , soit dans leur valeur, soit dans leur signe ; ce fait seul signale déjà l’existence de plusieurs groupes. Pour les déterminer, faisons passer une droite par le second et le quatrième points. En réunissant d’une part, tous ceux qui se rapprochent de cette droite, et de l’autre, ceux qui s’en éloignent, nous serons conduits à former les trois séries suivantes, apparte- nant chacune à des groupes particuliers. PREMIER GROUPE. DEUXIÈME GROUPE. TROISIÈME GROUPE. 1 y X y X y X 13 21 30 26 17 42 24 23 35 57 66 38 38 38 60 40 46 41- La droite passant par les deux points extrêmes du premier groupe a pour équation y ~ x — 16; en faisant successivement dans cette équation y — 24, j • z=z 38 , on obtientx 27, jr:rr36. Soc. géol . Tome XIV. 17 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1 8 i 3. 25b Les abscisses correspondantes sont 25 et 38 , et par conséquent les différences — 2 et -f- 2. Si l’on mène, par chacun de ces points, une ligne parallèle à la première , on aura une zone renfermant les quatre centres de position , et dont la largeur sera au-dessous de quatre kilomètres. Pour avoir sa direction , on la déduira de la valeur de la tangente , qui est f ; on trouve ainsi que l’angle qu’elle forme avec le méridien est de 34°. La droite , qui joint les points extrêmes du second groupe, a pour équation y=z x — 25. En cherchant par le même moyen la distance au point in- termédiaire, on trouve qu’elle est moindre d’un kilomètre; ainsi l’on a encore une zone très étroite , renfermant ces trois centres de position ; elle est située à l’E. de la première , et fait avec le méridien un angle d’environ 25°. Enfin l’axe du troisième groupe a pour équation y 3 x — 109, et l’angle qu’il forme avec le méridien est de 19°. Le centre de position de tous les points a pour coordonnées Y 44, X — 37. Si l’on fait dans la première équation y— 44 , on obtient x = 40 , la différence est de — 3 ; ainsi le point se trouve placé à un kilomètre à l’E. de la première zone. Si l’on sub- stitue la même valeur de Y dans la seconde équation, on obtient x 32. Le centre de position se trouve donc compris entre les deux premières zones , à 1 kilomètre à l’E. de la première , et à 4 kilomètres à l’O. de la seconde. En prenant les lignes extrê- mes de ces deux zones , on en forme une troisième , ayant un my- riamètre de large, et qui contient les centres de position de huit séries , et le centre de tout le système. Si l’on compare mainte- nant la direction de cette zone avec celle qui contient les centres de position des volcans modernes, on voit que les angles qu’elles forment à l’O. du méridien ne diffèrent que de deux degrés. Pour connaître la position du centre des volcans modernes par rapport à cette zone, il suffit de prendre ses coordonnées par rapport aux nouveaux axes; les coordonnées de la nouvelle origine rapportées au Suc de Bauzon étant y zzz 53 , x~ 50 et celle du centre de position des volcans modernes y “ 79, a- zz: 70 , on aura pour les coordonnées de ce point, rapportées aux nouveaux axes, i - zz: 26 , x zz: 20. Faisons maintenant dans l’équation y~ f x — 16, y zz: 26 , la valeur de x sera 28; ainsi le point se trouve situé à 8 kilomètres à l’E de cette ligne, et se trouve par consé- quent compris dans la zone qui renferme les centres de position des pics basaltiques. En résumé , tous les points volcaniques du centre de la France, Appartenant à la période basaltique ou aux volcans modernes , ont SÉA.NCE DU 2G FEVRIER S 843. 259 leurs centres de position compris dans une zone dont la direction moyenne est N. 35° O. Cette direction va rencontrer les lignes de faîte de la Margeride et du Forêt , précisément dans les lieux où existent les deux groupes des volcans modernes, de telle sorte que ces groupes occupent une position symétrique , l’un à l’extrémité N., l’autre à l’extrémité S. de ces chaînes. On pourra saisir facilement l’ensemble de ces relations en jetant uncoupd’œil sur la carte où se trouvent reproduits la plupart des résultats précédents. Tous les points de la période basaltique y ont été figurés, ainsi que leur centre de position ; les volcans mo- dernes , se trouvant trop rapprochés , n’ont pu être reproduits sé- parément ; la carte indique seulement les surfaces qui compren- nent chaque groupe; les grands axes de cesgroupes, leurs centres de position , et enfin la direction de la zone qui renferme tous ces centres. Les points qui se trouvent en dehors de ces groupes ont seuls été indiqués. Conclusions . L’ensemble des faits qui viennent d’être exposés conduit di- rectement aux conséquences suivantes : 1° Les produits volcaniques du centre de la France, postérieurs à l’émission des roches trachytiques , doivent être rapportés à deux périodes différentes. Les plus récents , ou les volcans mo- dernes, comprenant les cratères plus ou moins bien conservés, les cônes de scories et les coulées qui s’y rattachent n’ont paru qu’à la suite des phénomènes qui ont si puissamment démantelé les bassins lacustres de la Limagne et du Velay ; tandis que ceux de la période basaltique , comprenant les dykes , les cônes de ba- salte, et les nappes qui recouvrent la plupart des plateaux de ces bassins , sont , d’après leur position , antérieurs à ces mêmes ac- tions. L’intervalle de temps qui sépare ces deux périodes a dû être fort considérable, si l’on en juge du moins par les effets qui ont été produits. Il a fallu un temps bien long ou des causes bien puis- santes pour sillonner ainsi jusqu’à la base toutes les couches qui composent le terrain lacustre , excaver le sol jusqu’à une profon- deur de 400 à 500 mètres, et ne laisser, d’une plaine horizontale de 5 à 6 lieues de large , que de rares lambeaux , dont la plus grande largeur n’atteint jamais une demi-lieue. 2° Que toutes les bouches volcaniques modernes, dont le nom- bre dépasse deux cents, se trouvent réparties sur une surface de 151 myriamètres carrés, limitée à l’E. et à l’O. par les chaînes du Forêt et delà Margeride, et s’étendant du S. au JN. sur une 2 60 SEAiNCE DU 20 FÉVRIER 1843. distance de 164 kilomètres , depuis le Suc de Bauzon , dans le dé- partement de l’Ardèclie, jusqu’au Gour de Tazana,dans celui du Puy-de-Dôme. 3° Que ces bouches ne s’y trouvent point uniformément distri- buées , mais qu’elles sont agglomérées dans certaines régions , de manière à former deux groupes placés , l’un à l’extrémité S.-E. de cette surface, l’autre à l’extrémité N. -O., sur le prolongement des deux chaînes précédentes, et dans les parties où les lignes de faite s’abaissent, l’une au S., l’autre au N., l’intervalle laissé par ces deux groupes offrant encore plusieurs bouches volcaniques , beaucoup plus espacées, et établissant une sorte de communica- tion entre ces deux centres d’éruptions. 4° Que les centres de position de chacun de ces groupes et le centre de position de toutes les bouches volcaniques se trouvent sensiblement sur une même ligne, courant à très peu près du S. E. au N. -O. 5U Enfin , que tous les cônes ou dykes de la période basaltique compris dans le bassin de la Limagne , ou sur les chaînes qui le dominent à l’E- et àl’O., se trouvent disposés sur une surface el- liptique , dont le grand axe est dirigé du S.-E. au N .-O-, formant trois zones parallèles à cet axe , et leur centre de position corres- pondant très sensiblement au plateau de Barneire. Si , partant de ces données , l’on cherche à rattacher ces diverses circonstances à une cause commune, on voit qu’il suffit, pour établir entre tous ces faits une dépendance directe, d’admettre que les matières volcaniques se sont fait jour à travers les par- ties de l’écorce du globe qui, déjà fracturées , offraient le moins de résistance. En effet, la direction des pics basaltiques nous si- gnale un système de fractures courant du S.-E. au N. -O.; celles- ci , se prolongeant du centre de la Limagne vers les extrémités mé- ridionales et septentrionales des chaînes du Forêt et de la Marge- ride , ont dû rencontrer un second système de fractures courant du S. au N. C’était donc à l’entrecroisement de ces diverses failles que le sol devait opposer le moins de résistance , que les produits vol- caniques devaient s’épancher plus abondamment , et dès lors , la position si remarquable de ces deux groupes que forment les vol- cans modernes, et celle des bouches volcaniques qui se rencontrent dans l’intervalle , ne sont plus que la conséquence immédiate de la direction de ces failles. M. Rozet dit que la manière de M. Pissis de distinguer les volcans anciens des volcans modernes, en considérant comme 7 07 H. X/l /V. I J j/fZf/fl 267 Grcwé peu ' C'A sJl>}'t/J\ue c/ès jYoi/c/'sj V.° 33 L/ffi. f/e. Si/iuj/i. Tùte f/e la. Tta'c/ie/ru/ierie JY? 2- SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. 26 1 modernes tous les cônes de scories basaltiques, est tout à-fait fausse; que ces cônes de scories sont traversés par des filons de basalte, ce qui n’a lieu dans aucun cône de volcan mo- derne où il n’y a pas de filon de lave ; et il cite des exemples à l’appui de ce qu’il avance ; il ajoute que la méthode mathé- matique de M. Pissis n’a aucun rapport avec la nature, et que les cônes de la Limagne ne sont pas des côneç de dénuda- tion , comme l’a écrit autrefois M. de Montlosier, mais des cônes de soulèvement produits par le basalte, qui est V agent de soulèvement placé dessous , où on le rencontre la plupart du temps en donnant seulement quelques coups de pioche. M. Pissis répond que tel volcan, notamment le Puy de Corent, dont vient de parler M. Rozet, a un cône de scories, et que la plupart des géologues qui l’ont visité, et notam- ment M. Cordier, le regardent comme un volcan moderne; qu’il y a donc une distinction à faire en Auvergne, entre les volcans anciens et les volcans modernes; que, quant à sa méthode mathématique, appliquée aux faits, il faudrait l’at- taquer géométriquement, parce qu’on ne peut la renverser par une simple dénégation. M. Hommaire de Hell lit le mémoire suivant : Notice sur l’origine des lacs salés de la mer Caspienne ; par M. Hommaire de Hell. Les salines constituent un des grands éléments de richesse de la Russie méridionale. Le gouvernemen t d’ Astrakan se fait remarquer en première ligne par l’abondance de ses lacs salés et l’immense quantité de sel qu’on y exploite chaque année Nous allons exclu- sivement nous occuper de ces derniers ; ils présentent sans contre- dit le plus d’intérêt, et parleur situation et par les relations in- times qui existent entre leur formation et l’ancienne étendue de la mer Caspienne. Les lacs que j’ai observés depuis Astrakan jusqu’au Térek, en suivant le littoral de la mer Caspienne, ont rarement plus de 3 à 4,000 mètres de circonférence. Ils affectent tous la forme circu- laire ou elliptique, et on les reconnaît facilement à leurs eaux dormantes. Leur exploitation se fait après les pluies du printemps et celles de l’été. A chaque pluie, l’eau douce que reçoit le lac dissout le sel contenu dans la vase , et celui-ci , à la suite de l’évapo- SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843- 26 2 ration , finit par se déposer sur le fond en plaques cristallisées que les ouvriers enlèvent à la pelle. Les lacs exploités dans le gouverne- ment d’Astrakan s’élèvent à 32, leur produit annuel à 214,910,360 kilogrammes; et si les circonstances le rendaient nécessaire, il se- rait facile de donner une bien plus grande extension à cette branche d’industrie; car, outre les 32 lacs cités ci-dessus, on en connaît encore 97 autres entièrement vierges. Dans les environs de Kisliar, gouvernement du Caucase, sur 21 lacs, 18 sont ex- ploités et produisent annuellement 15,230,000 kil. Sur toute cette étendue de pays qui longe la mer Caspienne , entre le Yolga et l’embouchure du Terek, le sol, fortement imprégné de sel, est totalement impropre à l’agriculture , bien que les plantes salines, les seules qu'il puisse produire, y renaissent chaque année, depuis une suite incalculable de siècles. Le mouvement de cette végé- tation monotone n’a pas encore suffi pour former une couche d’humus. Aucun buisson , aucun arbrisseau ne peut y prendre ra- cine , et tous les efforts des employés russes qui habitent ces tristes contrées ont échoué devant l’inertie et la stérilité du terrain. L’absinthe seule montre çà et là un vigoureux développement, et partout ailleurs l’herbe est si rare, si courte, que les Kalmouks y trouvent à peine pour quelques jours la nourriture nécessaire à leurs troupeaux. Un sol limoneux, salé, des argiles sablonneuses , des lacs salés et des marais d’eau saumâtre , voilà les seules for- mations que rencontre l’observateur sur plus de 150 lieues de distance. Andréossy et d’autres savants encore, frappés de l’immense pro- duction des lacs salés de la mer Caspienne, prétendent que les parties salines que l'on suppose y avoir été abandonnées par suite du retrait de la mer, n’auraient jamais pu suffire à une exploi- tion aussi active et aussi prolongée , et ils pensent que le sel doit s’y renouveler par des sources artésiennes ou par d’autres causes inconnues. De lâchez eux une grande objection contre l’ancienne étendue de la mer Caspienne , et rejet complet des preuves de Pallas en faveur de son système. Sans doute il existe beaucoup de lacs qui tirent leur origine de dépôts salifères ou de sources salées. Le lac d’ El ton et plusieurs autres du gouvernement de Satarov sont dans ce cas ; mais dans le voisinage de la mer Caspienne , il m’a été impossible, malgré toutes mes recherches, de trouver dans la formation du sol les éléments nécessaires pour former des lacs salants. Aucun ruisseau , aucun ravin ne vient alimenter ces lacs ; ils sont tous entièrement isolés. Ils ne renferment aucune source intérieure, et le niveau et la quantité de leurs eaux dé- 563. SÉANCE DE 30 FÉVRIER l 8. 4 3- pendent entièrement des variations atmosphériques. Nous sommes donc déjà endroit d’admettre que toutes ces contrées de la mer Caspienne ont été autrefois couvertes par des eaux salées. Exami- nons maintenant ces lacs sous le rapport de leurs productions; prenons par exemple le lac de Dapminskoï dans le gouvernement d’Astrakan, à 15 ou 20 lieues de cette ville. Ce lac produit au- jourd’hui près de 20,000,000 de kil. de sel par an. ; il a 3,000 mètres de long sur environ 1,800 mètres de large, avec une pro- fondeur de 1 mètre à lm,50 à l’époque des eaux moyennes. Il se trouve situé au fond d’une large dépression d’environ 10a 11,000 mètres de rayon, et dont, d’après mes nivellements, la profon- deur moyenne est de 2m,00 à 2m,30. La surface totale de la dépres- sion est donc 10,0002 X 3,14 — 314,000,000 mètres carrés; mais si la mer Caspienne a recouvert autrefois ces contrées, en se retirant elle aura nécessairement laissé dans cette dépression toute l’eau que celle-ci pouvait contenir, et puis cette eau , en s’évapo- rant peu à peu , aura fini par former dans la partie la plus basse le lac chargé de sel , tel qu’il existe aujourd’hui. Les eaux remplis- sant entièrement la dépression, présentent un cube de 628,000,000 mètres cubes, et leur poids sera de 628,000,000,000 kilogrammes. Les eaux de l’Océan sur les côtes d’Afrique contiennent de 4,18 à 4,40 p. 100 de matières salines. D’après tous les renseignements que j’ai pu me procurer à Astrakan, et les indications de diffé- rents ouvrages russes, il paraît réellement que la mer Caspienne est bien plus salée que l’Océan ; c’est du reste un résultat qu’il eût été facile de prévoir. Toutes les observations démontrent que la mer Caspienne avait autrefois une bien plus grande étendue, et comme elle a ensuite à la fois perdu de sa surface et diminué de niveau, il est évident qu’il y a eu concentration et que les eaux ont par suite augmenté de salure. Maintenant, la mer Caspienne était-elle aussi salée après cette concentration qu’aujourd’hui ? C’est là une question qui n’est peut-être pas difficile à résoudre, surtout si nous nous bornons simplement à ce dont nous avons besoin pour confirmer nos opinions sur l’origine des lacs salés. La révolution qui a fait diminuer la mer Caspienne a eu lieu dans de temps assez modernes pour que , depuis cette époque , la sa- lure de cette mer n’ait pas subi une modification bien importante. D’un autre côté , nous ferons remarquer que la mer Caspienne ayant perdu de sa surface et de la hauteur de son niveau par une évaporation lente , le mouvement rétrograde des eaux a été na- turellement oscillatoire , et pendant de longs espaces de temps , des irruptions de la mer ont dû se faire dans les dépressions dont nous 264 SEANCE DU 20 FÉVRIER 1843. avons parlé , et leur fournir de nouveaux éléments pour leurs ri- chesses salines à venir. En nous bornant donc à un chiffre de 5 p. 100 pour les eaux qui ont rempli la dépression de Dapmenskoï , nous nous tiendrons probablement bien au-dessous de la vérité. Ces eaux devaient ainsi contenir 31 ,400,000,000 kilog. de sel, qui pourraient déjà suffire pendant 1800 années, à une exploitation telle qu’elle existe aujourd’hui. Maintenant, y a-t-il la moindre chance possible pour que le lac de Dapminsko'i ait toujours été de tout temps exploité avec la même activité que de nos jours? Evi- demment non : toutes ces contrées si stériles de la mer Caspienne, ou tous les efforts de la civilisation viendront toujours échouer, ont dû nécessairement , de toutes les parties du globe , être habitées les dernières. Elles ont ensuite, pendant plusieurs siècles, formé la route de passage de toutes les hordes qui, du fond de l’Asie, sont venues envahir l’Europe. Toutes les causes réunies devaient alors singulièrement, sinon totalement , entraver l’exploitation de tous les lacs salés; et puis les besoins étant bornés, l’agriculture entièrement négligée, dans quel but aurait-on exploité ces salines? Il n’y a pas cent ans que les Kliirguises, les Kalmouks et les Tar- tares nomadisaient indépendants dans toute cette partie de la Russie. Les transports y étaient presque impossibles , toutes les peuplades se livraient à un brigandage continuel , et les routes n’offraient aucune sûreté aux caravanes. Mais aujourd’hui que l’agriculture a pris un immense développement dans les gouver- nements riverains du Volga, que les colonies allemandes pos~ sèdent plus de 120 villages dans le gouvernement de Saratof, que de nombreux villages russes se sont établis le long de la Rouma jusqu’au Caucase, que les pêcl eurs du Volga ex- pédient du caviar et des poissons salés dans toutes les con- trées de la Russie et même de l’étranger, que de grands con- vois de sel se rendent au-delà du Terek jusqu’en Géorgie, l’exploitation des salines est organisée sur un grand pied, car les besoins sont devenus immenses en comparaison de ce qu’ils pouvaient être autrefois. Nous pouvons d’ailleurs juger par la petite consommation de sel que font les Kalmouks et les Tartares de ce qui pouvait se consommer à une époque plus éloignée de nous , lorsque tous les steppes jusqu’au pied du Caucase n’étaient habités que par de turbulentes hordes nomades ; car, sauf les restes de Madjar, qui ne remontent pas au-delà du xixe siècle, on ne trouve dans ces contrées aucun vestige d’un établissement fixe. En nous bornant aux limites les plus défavorables à nos opinions, nous pouvons admettre hardiment que, si le lac de Dapmin- SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. 265 skoï est exploité depuis 3000 ans, ce que du reste je regarde comme impossible, son produit annuel moyen r/a pas dépassé le cinquième de ce que l’on en extrait aujourd’hui , c’est-à-dire 4,680,000 kilog. pendant ces 3000 ans , ce qui déjà nous fait remonter à une époque de 800 ans antérieure à Hérodote. Ce lac , dans cette supposition, a donc dû perdre 14,040,000,000 kilog., et il lui en reste encore 17,360,000,000 kilog. qui suffiront pendant plus de 1,000 années à une exploitation telle qu’elle existe aujour- d’hui. Il n’est donc pas étonnant que les Russes, depuis qu’ils connaissent ce lac , ne se soient aperçus d’aucune diminution sen- sible dans sa richesse. D’ailleurs , sur toutes ces salines , personne n’a jamais fait des observations scientifiques sérieuses et assez prolongées pour que l’on puisse en tirer quelques conclusions pour ou contre une diminution. Ce que nous venons de dire du lac Dapminskoï peut s’appliquer à tous les autres lacs salés que j’ai visités sur les bords de la mer Caspienne; et ce qui prouve encore d’une manière évidente l’origine que nous leur donnons , c’est que la richesse d’un lac ne dépend pas de ses propres dimensions , mais bien de la surface de la dépression au fond de laquelle il est situé ; c’est une remarque générale et dont j’ai constaté la vérité pour tous les lacs. La richesse des salines de la mer Caspienne ne pré- sente donc rien d’extraordinaire, et s’explique parfaitement par la supposition d’une plus grande étendue de la mer Caspienne. Je démontrerai plus tard que cette ancienne étendue de la mer Caspienne est un fait positif, et que cette mer n’a diminué de sur- face qu’à la suite de sa séparation avec la mer Noire, qui a détruit l’équilibre entre les eaux enlevées par l’évaporation et celles amenées par les fleuves : aussi le bassin de la mer Caspienne ne saurait-il être considéré comme une dépression ; c’est tout simple- ment le fond d’une mer dont les eaux , baissant de niveau, ont abandonné une partie de la surface. M. Angelot, à la suite de cette lecture, fait observer qu’au lieu de trouver une augmentation de salure aux eaux de la mer Caspienne, dont la dépression de niveau au-dessous de celui de la mer Baltique est d’environ 30 ou 32 mè- tres, du moins d’après les documents les plus récents, il semblerait résulter d’une analyse de M. H. Rose ( Annal en der physik and cheinie von Poggendorf , 1835, tome XXXV, p. 185 et suiv. ) que son degré de salure est de beaucoup inférieur à celui des mers en général. Cependant, ajoute-t-il, SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. 266 peut-être, il est vrai, peut-on supposer que les échantillons d’eau analysés n ont pas été puisés assez loin de l'embou- chure du Volga. M. Rozetcite, à propos de la diminution des eaux de cer- taines rivières, le passage suivant des commentaires de César : «XXXV. Les deux armées étaient en présence, les camps » presque en face l’un de l’autre; et les éclaireurs disposés » par l’ennemi empêchaient les Romains de construire un » pont et de faire passer les troupes. Cette position devenait » très embarrassante pour César, qui craignait d’être arrêté » une partie de l’été par la rivière ; l’Ailier n’étant presque » jamais guéable avant l’automne. Pour y obvier, etc, »(1) Maintenant, dit M. Rozet, l’Ailier est guéable en tout temps et sur une infinité de poinls, ce qui prouve la diminu- tion de l’eau des rivières, quelle qu’en soit la cause, le dé- boisement ou autre. M. Aie. d’Orbigny dit qu’il a trouvé dans l’Amérique méridionale des preuves de la diminution des eaux des ri- vières. Ainsi, il a rencontré des coquilles à 40 ou 50 pieds au-dessus des plus hautes crues actuelles du Parana, qui, sans doute , a dû autrefois couvrir une grande partie des Pampas ; mais les rives du Parana étant couvertes de forêts vierges, on ne peut à coup sûr attribuer cette décroissance au déboise- ment. Il ajoute que les lacs salés dont parle M. Hommaire sont analogues à ceux qu’il a trouvés' lui-même sur les côtes de Patagonie, et dont il a expliqué la salure de la même ma- nière. " M. de Verneuil dit qu’il croit se rappeler que M. de Hum- boldt n’admet que 72 pieds pour différence de niveau entre la mer Caspienne et la mer Noire; que pour lui, en parcou- rant la Russie, il a vu dans les environs d’Orembourg des lacs salés, à ce point que les baigneurs étaient supportés par l’eau (i) « XXXV. Qiiiirn uterque utrique esset exercitus in conspecfu fereque » è regione castris castra poneret ; disposais explorcitoribus , necubi efj'ecto » ponte Romani copias transducerent : erat in magnis Ccesari di/ficultctfibus » rcs , ne majorem cestatis partem flumine impediretur : quôd non fere ante r> autumnum Elaver vado fransiri soient. Itaqne , ne id accideret . etc » Ceesaris commentarii de belio gallico , tib. 7. SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1 843. 267 sans faire aucun mouvement; mais il ne pense pas que l’on doive généraliser l’explication que M. Hommaire donne de la salure des lacs des environs de la mer Caspienne, parce que, dit M. de Yernenil , nous avons trouvé les lacs salés sans source des environs d’Orembourg situés sur le Zechstein. M. Hommaire répond qu’il ne prétend nullement généra- liser son explication, et qu’il applique exclusivement son mode de formation aux lacs salés du littoral de la mer Cas- pienne; il ajoute que tous ces lacs sont situés dans des allu- vions modernes, des sables et des argiles, qu’il lui a été im- possible d’y découvrir une source quelconque, et que ses recherches ont surtout été concluantes pour des lacs très riches et qu’il a trouvés complètement desséchés à la suite des chaleurs extraordinaires. Quant à la différence de niveau en- tre la mer Caspienne et la mer Noire , M. Hommaire annonce que, d’après ses travaux de nivellement, elle n’est que de 1 8m,304. M. de Roissy observe que si ces dépressions étaient un ancien fond de mer, on devrait y rencontrer des coquilles fossiles marines. M. Hommaire répond qu’on y trouve en effet une seule espèce, le cardium de la mer Caspienne, que M. de Verneuil désigne sous le nom de Cardium triangulum. M. Aie. d’Orbigny donne les renseignements suivants sur l’ouvrage qu’il vient d’offrir à la Société, intitulé : Coquilles et échinodermes fossiles de Colombie (Nouvelle-Grenade) , re- cueillis de 1 82 1 a 1833 par M. Boussingault et décrits par M, Aie. d' Orbigny , avec planches de fossiles. Ces fossiles furent remis, dit -il, en 1833 et 1837 par M. Boussingault à M. Alex. Brongniart. Les nombreuses occupations de ce dernier ne lui ayant pas permis de s’en occuper, il m’a prié d’en faire l’objet d’un travail spé- cial. Je me suis en conséquence livré à une étude approfondie de ces fossiles, et à de longues recherches sur les indications, que peuvent offrir les voyageurs et historiens espagnols , de la découverte d’autres fossiles dans l’Amérique méridionale. En résumant l'état actuel de la paléontologie des mammi- fères de ces contrées, on voit clairement que la découverte 268 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. d’ossements fossiles de grands mammifères, la plupart très probablement de mastodontes, a donné naissance à tant d'histoires de géants dans le nouveau monde. Ces fables, qui paraissent avoir eu cours parmi les Indiens longtemps même avant l’arrivée des Espagnols, ont pris place dans les publi- cations de ceux-ci dès 1554; ce qui fait remonter à cette époque tout au moins les premières notions paléonlolo- giques de cette partie du monde. Quant à l’observation de fossiles marins sur le continent méridional de l’Amérique, le voyageur anglais Narborough paraît être le premier qui en ait fait mention. Il vit en 1670 au fort San-Julian en Patagonie (49° latitude sud environ) un grand nombre d’huîtres fossiles. Parmi les premiers qui en ont parlé après lui, il faut citer don Antonio d’Ulloa, pour des observations faites en 1748 et en 1761. A cette dernière époque, en parcourant les mines de mercure de Guanca- Velica au Pérou, il recueillit des coquilles pétrifiées du genre Peigne, à lahauteur de 2,222 1/2 toises au-dessus du niveau de la mer. Les réflexions d’Ulloa relatives à ces coquilles sont des plus remarquables pour l’époque. Il dit : 1° que les deux valves se trouvant réunies, on peut en conclure que ranimai était vivant lorsque la matière qui les enveloppait s’est durcie. 2° Que les masses n’étaient point à l’état de pierre lorsque les eaux y déposaient les coquilles, et qu’elles ont durci postérieurement. 3° Qu’il devait exister un climat plus doux, plus favorable que le climat actuel de Guanca- Velica. 4° Qu’il fallait que ce pays n’eut pas alors l’élévation qu’il a aujourd’hui au-dessus de la plaine. 5° Qu’il a fallu des révolutions différentes de celles qui existent pour faire arri- ver les fossiles sur les hautes montagnes. U finit par conclure que le nouveau monde est le plus ancien. N’est-il pas réelle- ment bien étonnant de trouver ces raisonnements chez Ulloa ? Dirait-on mieux aujourd'hui pour prouver jusqu’à l’évidence le brusque soulèvement des montagnes après le dépôt des coquilles, qui, à l’état vivant, auraient été enveloppées de matières, puis exhaussées où elles se trouvent maintenant? Plus tard M. de Humboldt a rapporté de l’Amérique méridionale un certain nombre de coquilles fossiles, notam- SÉANCE DU 20 FÉVKIER 1843. 269 ment de Colombie ; jusqu’en 1839 aucun fossile de l’Amé- rique du Sud n’avait été figuré, lorsque M. Léopold de Buch publia à Berlin un ouvrage intitulé : Pétrifications re- cueillies en Amérique par M . Alexandre de Humboldt et M. Charles Dengenhard , accompagné de deux planches de fossiles; pendant le temps que je publiais moi-même à Paris, dit M. Aie. d’Orbigny, les premières planches de la paléon- tologie de mon voyage dans l’Amérique méridionale. Les espèces décrites et figurées par M. de Buch sont au nombre de 16 dont 9 appartiennent au plateau de Quito et 8 au pla- teau de Bogota, une seule étant commune à ces deux groupes. Il conclut des fossiles les plus caractéristiques et des relations de M. de Humboldt que toutes les formations secondaires des Gordillières, depuis le golfe du Mexique jusqu’au Cuzco , doivent être rangées dans la formation de la craie. M. Aie. d’Orbigny se félicite d’être arrivé aux mêmes conclusions que cet illustre géologue, par suite de l’examen de la belle col- lection de fossiles rapportés par M. Boussingault , dans la- quelle deux espèces seulement sont évidemment, les mêmes que celles figurées par M. de Buch, et d’avoir pu même arri- ver à un plus grand degré de précision. Il dit que le docteur Gibbon ayant rapporté des fossiles de la Colombie à Philadelphie, M. Isaac Lea en a fait l’objet d’une notice : Notice of the oolitic formation in America , with descriptions of someofits organic remains. Trans. Am. phil. Soc., 2e série, vol. 7 (1841) , pl. 8 — 9. Il a figuré, mais d’un seul côté seulement, 11 espèces que M. Aie. d’Orbigny, par suite de rectifications de synonymie, considère comme de- vant être réduites à 8 ou 9. M. Lea ayant cru devoir les rap- porter aux terrains jurassiques, M. Aie. d’Orbigny signale, Ipar la discussion de ces espèces, l’erreur dans laquelle il est tombé, et montre que cette faune appartient aux terrains crétacés. Les fossiles nombreux recueillis parM. Boussingault l’ont été sur une large bande du 4e au 7e degré de lat. N. Ils ont été conservés avec un grand soin, et pourvus tous d’étiquettes indiquant la localité où ils ont été trouvés. J’y ai reconnu , continue M- d’Orbignv, 4 3 espèces bien déterminées. Cette 270 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. faune colombienne se compose de 8 espèces d’ammonites; de 6 de gastéropodes des genres Natica, Acteon et Rostellaria ; de 20 lamellibranches des genres Gardium , Venus, Astarte, Lucina, Tellina, Anatina, Nueula, Trigonia, Gucullæa , Mo- diola, Lithodomus, Inoceramus, Ostrea et Exogyra ; et de 3 échinodermes des genres Echinus, Discoidea. Sur ces 43 espèces, 29 présentent quelques rapports avec les coquilles des terrains crétacés de France. De ces 29 , une seule a de l’analogie avec le Gault, 6 en ont avec les espèces de la Craie chlorltée, et 23 avec les espèces de l’étage néoco- mien. Non seulement les formes zoologiques sont analogues , mais encore la comparaison scrupuleuse des espèces m’a donné la certitude que 5 de ces 23 espèces sont tout-à-fait identiques à des espèces des terrains crétacés de France, savoir : le Natica prœlonga , qui se rencontre au Rio-Suarez et dans le département de l’Aube; Y Acteon affinis , à Santa Fé de Bogota et aux environs d’Ervy (Aube); le Gardium peregrinorsuni , dans les mêmes lieux; la Trigonia Lajoyei , à Tocaima et en France (Haute-Marne) ; Y Exogyra Couloni , en France et en Colombie. Ces 5 espèces , identiques à celles des terrains néocomiens de France , appartiennent toutes au calcaire jaune à spatangues du bassin parisien (des départe- ments de l’Aube, de l’Yonne et de la Haute-Marne), tandis que ces espèces, à l’exception de l’Exogyra Couloni (qu’on trouve partout), ne se sont pas jusqu’à présent rencontrées dans le bassin méditerranéen. Le terrain néocomien existe donc d’une manière certaine dans la Colombie, et y occupe un grand espace, et la forma- tion crétacée est connue sur 40 ou 50 degrés de lat. du Mexique jusqu’à Cuzco au Pérou, et même dans les Andes, du Chili jusqu’au détroit de Magellan. La présence simulta- née des mêmes espèces dans les mers néocomiennes de Co- lombie et du bassin parisien conduit à l’idée de l’uniformité de la température, comme s’étant continuée jusqu’à cette époque entre les 4e et 49e degrés de lat. Or, cette uniformité de température ne pouvait provenir que de la chaleur pro- pre au globe terrestre. La répartition rigoureuse, par for- mation et par étage, de formes spéciales distinctes annonce SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. 271 dans la nature des changements brusques, et pour ainsi dire instantanés, en rapport parfait avec les savantes observations géologiques de M. Elie de Beaumont. S’il s’est opéré à la surface du globe des ruptures, des déplacements brusques dans les matières, il devait y avoir aussi chaque fois, par suite du charriage des molécules ou d’autres causes, des- truction complète des faunes vivantes. L’un était la consé- quence inévitable de l’autre. Sans ces déplacements subits, les faunes auraient peu à peu changé de forme, à mesure que baissait la température du globe, et l’on trouverait par- tout des passages, sans aucune ligne de démarcation entre elles, ni entre les genres qui les composent. L’étude prouve qu’il n’en est pas ainsi. M. Aie. d’Orbigny termine en disant qu’il y a lieu de sup- poser qu’à l’instant où la mer néocomienne remplissait le grand bassin méditerranéen et le bassin parisien, elle s’éten- dait jusqu’au nouveau monde, et présentait une vaste surface à l’extrémité septentrionale de l’Amérique méridionale. Il fait ce rapprochement curieux que, tandis que les fossiles de la Colombie présentent des espèces identiques avec celles du bassin parisien à l’époque néocomiehne , les fossiles du cap Horn, ainsi qu’il l’a indiqué dans la géologie de la Pata- gonie, comptent des espèces identiques à celles du bassin méditerranéen. M. Bozet, à la suite de cette communication, dit qu’il existe à Bourg-en-Bresse une église où l’on conserve des os de grands mammifères qui passent pour ceux du géant Go- liath. M. Melleville lit la note suivante : Note sur deux depots de lignites modernes dans les bas un s de Paris. Dans l’une de mes dernières communications à la Société, j’ai dit que les lignites tertiaires du bassin de Paris pouvaient être re- gardés , en général , comme des tourbes anciennes enfouies sous le sol. A l’appui de cette manière de voir, je vais rapporter des observations que j’ai eu l’occasion de faire dans mes dernières courses géologiques à travers le département de l’Aisne. Ces obser- 272 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1813. vations sont relatives à des lignites véritablement modernes , puisqu’ils continuent tous les jours à se former, et sur l’origine desquels on ne saurait avoir des doutes , puisqu’ils font partie intégrante de dépôts où la tourbe se présente dans tous les états, depuis celui où les végétaux ont à peine subi une légère altéra- tion jusqu’à celui où ils sont le plus consommés. Le premier dépôt de ce genre est placé auprès du village de Naumoise , entre Villers-Cotterets et Crespy-en-Valois. Le village de Naumoise est situé à l’extrémité supérieure d’un vallon étroit , au point de jonction des sables inférieurs avec le calcaire grossier dont les bancs affleurent de toutes parts aux envi- rons. A quelques centaines de pas sous le village , derrière le der- nier moulin à eau établi dans le fond de la vallée , on extrait de- puis quelques années , au milieu d’un petit marais tourbeux , une sorte de lignite que l’on débite dans les environs sous le nom de cendres noires. La position de ces lignites sur le deuxième étage des sables in- férieurs me surprit d’abord , car c’était pour moi un fait tout nou- veau. Mais une observation attentive ne tarda pas à me faire reconnaître qu’ils sont tout-à-fait modernes, et qu’ils continuent chaque jour à se former. La partie supérieure du dépôt est une tourbe très poreuse , où les végétaux herbacés aquatiques sont à peine décomposés. Peu à peu cette tourbe devient plus compacte ; les végétaux dont elle est formée sont plus altérés , et elle se mélange d’un peu de fer sulfuré. A 7 ou 8 pieds de profondeur, le fer sulfuré devient très abondant et se mêle intimement à la tourbe, alors entièrement décomposée. Dans cette partie , la tourbe noire et pyriteuse est tellement semblable au lignite tertiaire, qu’il est véritablement très difficile de les distinguer l’un de l’autre. Cependant les ou- vriers ne s'y trompent pas, et quoiqu’ils la vendent sous le nom de cendres noires , dont elle a du reste presque toutes les qualités végétatives, ils reconnurent avec moi son origine et sa nature. L’existence de ce dépôt a un niveau différent de celui que les lignites occupent dans les environs, et sa position dans le liant d’une vallée qui n’est dominée que parle calcaire grossier , les sables et le terrain lacustre moyens , éloignent toute idée de trans- port. D’un autre côté , j’ai pu constater qu’il repose sur un banc d’argiles jaunes ou brunâtres (argiles diluviennes, en tout identiques à celles qui recouvrent les flancs comme les plateaux des collines voisines, sous lesquelles on trouve un assez grand nom- bre de galetscalcaii es évidemment arrachés au calcaire grossier des SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1843. 273 environs. Enfin je n’ai pu y découvrir aucune des coquilles si abondantes dans' les lignites tertiaires ; mais en revanche j’ai trouvé , enfouie dans toute l’épaisseur du dépôt, une petite palu- dine ( la P . impur a ) , qui vit assez abondamment sur le lieu. Cette coquille y offre ceci de particulier, qu’elle a conservé son lustre et sa couleur bistre dans la partie supérieure du dépôt , tandis que, comme les fossiles de l’argile plastique, elle est d’un blanc mat dans la partie inférieure, surtout dans la tourbe pyriteuse. J’ajouterai que j’ai également trouvé dans ces lignites modernes plusieurs végétaux aquatiques , semblables à ceux qui peuplent nos marais, lesquels étaient changés en pyrites; on m’a dit aussi y avoir déterré il y a un an des bois de cerf. Le second dépôt de ce genre , que je connais, est placé dans la vallée étroite à l’extrémité de laquelle s’élève le village de Jaul- gonne , près de Château-Thierry. Ce dépôt se présente absolument comme celui de Naumoise : ce sont d’abord, dans le haut, des tourbes poreuses , puis des tourbes plus compactes , enfin , dans le bas, des tourbes pyri- teuses. Le tout repose sur des argiles jaunes, entremêlées ou su- perposées à des galets de calcaire grossier et de marne dure. Ces derniers proviennent du terrain lacustre moyen dont les différents bancs forment une grande partie des flancs de la vallée. Enfin le dépôt est recouvert par un banc de 50 centim. environ d’épais- seur, d’argile marneuse brune, c’est-à-dire d’une véritable vase tassée et durcie , lout-à-fait identique à celle qui se dépose jour- nellement dans l’étang du moulin voisin. Cette vase est le produit du lavage, par les grandes eaux pluviales, du terrain lacustre moyen qui constitue tous les plateaux des environs. Dans les années plu- vieuses, cette vase s’accumule très rapidement : j’ai vu curer l’étang dont je viens de parler: en un an de temps il s’en était déposé une épaisseur de 25 centimètres. J’ajouterai qu’à Jaulgonne la tourbe est moins consommée et moins pyriteuse qu’à Naumoise, et que le lignite moderne y présente avec le lignite tertiaire une analogie moins parfaite ; la Paludina impur a y est aussi plus rare. Enfin , je ferai remarquer que ces dépôts étant placés dans des vallées étroites, leurs extrémités se terminent en biseau sur le flanc des collines qui leur servent d’appui , en sorte que dans leur ensemble ils présentent la forme d’un amas lenticulaire , disposi- tion tout-à-fait analogue à celle qu’on observe dans les dépôts d’argiles plastiques et de lignites tertiaires (1). (î) Voyez à cet égard mon mémoire intitulé : sur la manière d’être et Soc fféol. Tome XIV. 18 274 SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1 843. A la lecture cle cette note, M. d’Archiac fait remarquer que l’opinion anciennement émise par Deluc, Maculloch et Jamson , qui consiste à regarder la houille comme formée par l'accumulation de végétaux sur le lieu même où ils crois- saient, semble avoir été confirmée et rendue extrêmement probable par les observations de MM. Ad. Brongniart, Lin- clley, Howkshaw, Bowman, Logan et Buckland, et plus ré- cemment encore parles calculs ingénieux de M. Elie de Beau- mont : aussi M. d’Archiac est-il très porté à admettre, pour la formation des lignites tertiaires du N. de la France, et contrairement à ce qu’il avait déjà écrit ailleurs, une origine analogue à celle de la houille, c’est-à-dire l’existence de tourbières dans le voisinage des côtes , et à une très faible hauteur au-dessus du niveau de la mer. Le passage d’une tourbe moderne à un état extrêmement voisin du lignite proprement dit, dans une période relative- ment très courte, comme le montrent les exemples cités par M. Melleville,est un fait, continue M. d’Archiac, qui s’accorde parfaitement avec les expériences directes de M. Beudant, et l’on sait d’ailleurs que l’on trouve vers la partie supérieure du terrain houiller ou Pencint gril de Swansea et de la forêt de Dean des cailloux roulés de houille identique à celle qui s’exploite au-dessous. Ainsi la transformation , même com- plète, des substances végétales dans certaines circonstances de pression et de température, peut s’effectuer dans un laps de temps assez court. Enfin, quant à la cendre noire de la ferme de Launay au- dessus de Jaulgonne, M. d’Archiac, dans sa description géo- logique du département de l’Aisne, avait émis des doutes sur son âge véritable, à cause de son niveau par rapport au calcaire grossier, de l’absence des coquilles qui caractérisent le niveau des vrais lignites et de la présence, au contraire, au milieu de la couche exploitée, d’ossements de bœuf, de che- val et de cerf qui ne se trouvent jamais dans ceux-ci. la disposition relative de quelques uns des terrains tertiaires du bassin de Paris, p. -j 3 cle ce tome du Bulletin. SÉANCE DU 6 MARS 1843. 275 Séance du 6 mars 1843. PRÉSIDENCE DE M. ALC. d’oRBIGNY. M. Angelot, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté. Le Président proclame membre de la Société M. Réguis, chef d’escadron, commandant l’artillerie à Marseille , pré- senté par MM. de Collégno et Rivière. La Société reçoit en don : & De la part de M. Alcide d’Orbigny, sa Paléontologie fran- çaise, 60e livraison des Terrains crétacés et 1 Ie livraison des Terrains jurassiques . De la part de M. Ch. d’Orbigny , Dictionnaire universel (T histoire naturelle , tome IIIe, 32* livraison. De la part de M. E. Robert, analyse de l’ouvrage intitulé : Voyages de la commission scientifique du Nord , pendant les années 1835, 1836, 1838, 1839 et 1840; in-8, 38 pages. Paris, Arthus Bertrand , éditeur. De la part du même, Rapport annuel de la Société d’histoire naturelle de Hambourg , in-4°, 16 p. Hambourg. De la part de M. Giovanni Michelotti , Saggio storico , etc. (Essai historique sur les Rhizopodes des terrains super- crétacés), in-4°, 50 pages, 1 pl. Modène, 1841. De la part de M. l’avv. Giovanni Michelotti, Brevi cenni, etc. (Quelques notions sur la condition actuelle de la Sardaigne), in-8, S 3 p. Turin, 1842. La Société reçoit en outre les publications suivantes : Comptes-rendus hebdomadaires des séances de /’ Académie des sciences , Ier semestre, n° 8, in-4°, 1843. Mémoires de la Société linnéenne de Normandie , années 1839, 40, 41 , 42; 7e vol in-4°, 282 p., 12 pl. Derache, li- braire. Paris , 1842. Annales des mines , 4e série, tome II, 4e livraison de 1842. Continuazione degli atti , etc. (Continuation des Actes de SÉANCE DU 6 MARS 1843. 276 l’Académie I. R. économico-agraire des géorgophiles de Florence). Vol. XIX et XX. L'Institut , nos 478, 479. L'Echo du Monde savant , nos 14, 15, - I 6 et 1 7. The Athenœum , nos 799, 800, 80!. 77*e Mining Journal , nos 391, 392, 393. M. le lieutenant-général Felet, directeur du Dépôt de la guerre, écrit à M. le Président de la Société qu’il donne son autorisation à ce qu’une autographie de la carte de France, par Capitaine , soit jointe au prochain volume des Mémoires, conformément à la demande qui lui en a été faite. Il ajoute que ce sera toujours avec un nouvel empressement qu’il saisira l’occasion de seconder les importants travaux de la Société. M. Rozet fait à la Société la cômmunication suivante : Sur les inégalités des hauteurs de la colonne barométrique et de la longueur du pendule à la surface des eaux tranquilles , par M. Rozet. Dans mon Mémoire sur quelques unes des inégalités de la structure du globe terrestre, lu à l’Académie des sciences, j’ai démontré, par la comparaison entre les observations géodésiques et astronomiques : 1° que la surface de niveau du sphéroïde ter- restre en Europe présente une série d’élévations et de dépressions correspondant exactement aux variations que l’on observe dans la direction de la verticale en passant d’un lieu à un autre ; 2° que les flèches des ménisques de déformation de la surface ellipsoï- dale excèdent à peine la millionième partie du moyen rayon ter- restre, en sorte qu’elles ne peuvent avoir par elles-mêmes aucune influence sensible sur la variation de la pesanteur à la surface de la terre (1) ; 3° que, dans les bombements, la densité de la matière, et par conséquent l’intensité de la pesanteur, était deux fois plus forte que dans les dépressions ; et cela , en comparant la déviation (î) Voyez la pl. VII, p. 287, qui représente le méridien de Paris croisé par le parallèle au 45e degré de latitude, sur lesquels sont écrites eu mètres les amplitudes des arcs compris entre les points d’observation, les diffé- rences en secondes entre les amplitudes géodésiques et astronomiques, et les flèches, en mètres, de ménisques correspondants. SEANCE DU 6 MARS 1843. 277 observée dans la direction de la verticale avec ce qu’elle devrait être , si tout l'effet était produit par la partie extérieure des chaînes de montagnes; 4° que les chaînes de montagnes sont placées sur les bombements de la surface de niveau, et que les intervalles qui les séparent correspondent aux dépressions de cette même surface ; 5° enfin, que les mers paraissent occuper de grandes dé- pressions delà surface de notre planète. La principale cause des variations dans la direction de la verti- cale est donc la présence de masses très denses logées dans les bombements. Les anomalies observées dans la direction de la verticale, changeant de valeur et même de signe dans de très petits espaces, entre Marennes et Saint-Preuil, entre Saint-Preuil et Ysson, entre Ysson et le Mont-Colombier, etc. (Voy. pl. VH, p. 287), prouvent évidemment que les masses perturbatrices sont très voisines de la surface; car, si elles étaient à une certaine profondeur dans l’intérieur du globe, leur influence se ferait sentir sur une grande étendue , et on n’observerait de variation sensible dans la direction de la verticale qu’après avoir parcouru un grand espace, plusieurs degrés. Les observations barométriques faites sur toute la surface du globe, particulièrement celles rassemblées par M. Schouw , et celles communiquées dernièrement à l’Académie par M. Herman, prouvent qu’à la surface des eaux tranquilles, la hauteur de la colonnede mercure estloin d’être constante, comme cela devraitêtre d’après la théorie. Les différences entre les moyennes de plusieurs années dépeints peu éloignés l’un de l’autre, Paris et La Rochelle, Marseille et Nice, dépassent 2 millimètres et même quelquefois 6 millimètres. En discutant les observations rapportées dans le Mé- moire de M. Schouw, j’ai remarqué que dans plusieurs points, où la comparaison entre les résultats géodésiques et astronomiques annonçait un bombement, la hauteur de la colonne barométrique était notablement plus courte que dans ceux où la même compa- raison annonce une dépression, Paris et La Rochelle, Marseille et Nice, etc. Voici comment on peut rendre compte de ce fait. L’atmosphère, supposée en repos autour de la surface de niveau bosselé de la terre , vers le centre de laquelle elle est attirée , se disposera par couches de niveau infiniment minces, bombées sua les bombements, et déprimée sur les dépressions (pl. VII, fig. 2), et cet effet se continuera en s’élevant, jusqu’à ce que, par l’éloi- gnement, l’influence des masses perturbatrices devenant insensi- ble, les couches de niveau deviennent assez exactement ellipsoï- dal es. La pression qu’éprouve une surface de niveau étant la 278 SÉANCE DU 6 MARS 184 3. même dans tous ses points, une molécule matérielle éprouvera de la part de l’atmosphère, supposée en équilibre autour de la terre, la même pression, en quelque point qu’elle se trouve placée de la surface des eaux tranquilles, bien que la hauteur de l’at- mosphère ne soit pas rigoureusement la même au-dessus des bom- bements qu’au-dessus des dépressions. Mais les masses très denses, logées dans les premiers, exercent une forte action sur les corps placés à la surface ; au-dessus d’eux , le mercure pèse davantage qu’au-dessus des dépressions, et cette augmentation de pesanteur doit déterminer un abaissement dans la colonne de mercure, qui fait toujours équilibre à la pression de l’atmosphère. Soumettons cet effet au calcul. Nous avons déjà dit que l’augmentation ou la diminution de la longueur du rayon terrestre dans les bombements et les dépres- sions n’avait aucune influence sensible sur les variations de la pesanteur à la surface de la terre; celle-ci ne peut donc être no- tablement affectée que par les masses plus denses logées dans les bombements. Soit m une de ces masses, r la distance de son centre d’action à la surface bosselée de la terre, M la masse de la terre, R son rayon moyen, et P la hauteur delà colonne baromé- trique, sous la double influence de la pression de l’atmosphère et de l’attraction vers le centre de la terre. Au-dessus de la masse m > cette hauteur deviendra I!' P. M r 2 ’ et pour que l’abaissement soit de 0m,001 , il faudrait avoir m Ra mT» faisant P=0m,760R = 6,000,000mètres, et? =2,000 mètres, en prenant la densité moyenne de la terre pour unité , nous aurons alors M = 904,760,000,000 kilomètres cubes, et, en substituant dans l’équation précédente m 904760000000 (6000000) 2 (2000) 2 (760) = 1 , d’où l’on tire en effectuant le calcul m 90476 ~684 = 132 kilomètres cubes. Si l’on suppose à la masse m une densité double de celle de la SÉANCE DU 6 MARS 1843. 279 terre, 10 environ, on aura m — 76 ki!. cubes; et si cette masse occupe un myriamètre carré , son épaisseur sera exactement de 760 mètres. Par exemple, si l’on suppose qu’une masse métallique placée sous le Cantal, dont la base peut s’inscrire dans un carré de 5 my- riamètres de côté, ait produit le bombement de cette montagne, il suffirait que cette masse eût 31 mètres d’épaisseur pour déterminer dans la colonne de mercure un abaissement de 0m,001, en la sup- posant concentrée à son centre de gravité, il est vrai. Mais l’augmentation de poids se fait en même temps sur le mer- cure et sur l’air • il faut donc démontrer que l’effet total produit sur ce dernier n’est qu'une fraction de celui produit sur le pre- mier, en sorte qu’il y a réellement un abaissement sensible dans la hauteur du mercure. Si nous concevons l’atmosphère divisée en couches de 500 mètres d’épaisseur, terminées par des surfaces de niveau, depuis la surface de la terre jusqu’au point où cesse l’influence des masses perturbatrices, on obtiendra les trois séries suivantes, en prenant 0m,760 pour la hauteur moyenne du mer- cure à la surface de la terre. Pression». 1 Pressions Hauteurs par chaque couche. au-dessus du sol. mm. mm. m. 3i î 2 1 22 • * 23 * * * * 24 333 . 356 . 58o . 4o5 . 25 2 6 43 1 . ' • 28 • • • • 3o . . * . . , 459 . 489 . 52 1 ' ' 34 ' # ’ ’ 36 . . 38 • • • * 555 . 59i . 629 . . . 41 . . . . ’ * 44 * ’ ’ ’ ’ * 46 * ’ ' * 670 714 . 760 . Dans celle de droite se présentent les hauteurs des surfaces supé- rieures des couches au-dessus du sol; celle de gauche, les hauteurs correspondantes de la colonne barométrique , et celle du milieu , les pressions en millimètres de mercure de chaque couche com- prise entre deux surfaces de niveau successives. L’elfet produit par la masse w, dont nous supposons le centre d’ac- tion à 2000 mètres au-dessous de la surface de la terre, à une liau- 280 SÉANCE DU 8 MARS 1843. teur h dans l’atmosphère, sera (2000) 3 hT* — • En effectuant le cal- 760 cul pour chaque couche de ôOOmètres, dont lespressions diminuent à mesure que l’on s’élève, et sont représentées par les nombres de la colonne du milieu , en millimètres de mercure , et supposant que la pression est prise au milieu de la couche, où la densité est moyenne, on obtient la série suivante pour TefFet produit sur la colonne d’air jusqu’au point où cesse l’influence de la masse per- turbatrice. Hau leurs au-dessus du soi. ru. 5oo . lOOO i5oo 2000 2ÔOO 3ooo . 35oo . 4ooo . 45oo . 5ooo 55oo . 6ooo . 65oo . 7000 7Ôoo . 8000 . 85oo 9000 g5oo . 20000 io5oo . 11000 . n5oo . 12000 i25oo • i3ooo Effet total. Complément. Dépressions de l’air. mm. 0,0478 . . o3o6 0204 0142 . . oio5 . . 0079 0061 . . oo48 . . oo38 . . oo3o 0025 0021 00 1 8 001 5 . . 001 5 0011 . . 0009 . . 0008 . . 0007 . . 0006 . . ooo5 . . 0004 . . ooo3 0002 . . 0001 . . 0,0000 0,1639 . . o,856i Différence. 172 102 62 57 26 l8 10 ÎO 8 5 4 5 3 2 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1 Il résulte donc de là : 1° Que l’influence de la masse perturbatrice qui produirait 1’abaissement de 0m,001 dans la hauteur de la colonne de mer- cure à la surface de la terre , cesse d’être sensible à une hauteur de 13,000 mètres dans l’atmosphère, puisque là elle se trouve réduite à des cent millièmes de millimètre. En supposant que l’action con- SÉANCE DTJ 6 MARS 1843. 281 tinuâtà être de 0m,G001 jusqu’à 60,000 mètres, limite supérieure de l’atmosphère, ce qui est très exagéré, puisqu’elle va toujours en décroissant à mesure que l’on s’élève, la somme des 94 couches res- tantes ne produit pas 0mm,001 ; 2° Que l’effet total produit sur la colonne d’air n’est que de . . . 0mm,1639 d’où il reste pour l’abaissement du mercure . . 0, 8361 lmm,Q000 Ainsi donc , en promenant le baromètre sur une surface de ni- veau entre Omètres et 13,000mètres de hauteur dans l’atmosphère, quand cette masse fluide serait parfaitement en équilibre autour de la terre, on observerait des variations sensibles dans la hauteur de la colonne de mercure : elle s’allongerait dans les dépressions de la surface, et se raccourcirait sur les bombements ; ce qui est d’ac- cord avec les observations. Maintenant, que la totalité de l’effet produit soit due à l’influence des masses métalliques logées dans les bombements, cela n’est pas probable : nous avons supposé i’at- mosplière en équilibre et en repos autour de la terre , et elle est au contraire mise en mouvement par une infinité de causes qui déterminent des courants constants, comme entre les tropiques, les crêtes des montagnes et les vallées, etc, ; de là résultent des ren- flements et des abaissements dans la partie supérieure de l’atmo- sphère qui influent notablement sur la moyenne barométrique en chaque lieu, comme M. Herman l’a constaté pour les régions des vents alizés (1). il ne reste pas moins complètement démontré que les masses métalliques logées près de la surface des eaux tranquilles, qui produisent les inégalités de cette surface, et les aberrations dans la direction de la verticale, influent notablement sur les moyennes barométriques. Mathématiquement parlant, deux baromètres placés à une certaine distance l’un de l’autre, à Paris et à La Rochelle, à Lyon et au Mont-Cenis, etc. , quelque identiques qu’ils puissent être, ne sont donc pas des instruments comparables : le même baromètre, transporté d’un lieu à un autre, donne des ré- sultats qui ne sont pas rigoureusement comparables entre eux. En examinant avec soin les bbservations du pendule faites sur toute la surface de la terre par les physiciens et les navigateurs , j’ai reconnu que sa longueur augmente généralement dans les îles éloignées des continents et dans les grandes plaines, et qu’elle (î) Comptes-rendus des séances de C Académie des sciences, novembre 1842. 282 SÉANCE DI) 6 ftlAKS 1843. diminue au contraire sur les côtes plates et dans le voisinage des chaînes de montagnes. Le relief de ces chaînes aurait-il donc une influence marquée sur la longueur du pendule mesurée â leur pied ? Poisson a dit dans son Traité de mécanique (1) : « A la » surface de la terre, la variation de la pesanteur provenant de » celle de l’attraction et de la force centrifuge, suit la même loi » qu’à une distance quelconque du centre. Mais pour vérifier cette » loi par les mesures du pendule à secondes, il faut que les oscii- ' » lations ne soient pas observées près d’une montagne ; car, en » même temps que la composante horizontale de l’attraction » écarte le pendule de la verticale, dans sa position d’équilibre, la » composante verticale de cette force diminue la pesanteur, et » conséquemment la longueur du pendule simple. En évitant » cette cause d’anomalie, on trouve encore qu’en certains lieux , » la longueur du pendule à secondes s’écarte de la loi de varia- » tion donnée par la théorie ; ce que l’on doit attribuer à ce que, » en ces lieux , la densité du terrain , dans une étendue et une » profondeur considérables, est plus grande ou plus petite que la « densité générale de la couche superficielle , d’où il résulte une » augmentation ou une diminution de la pesanteur totale, et par » conséquent de la longueur du pendule simple, qui est propor- » tionnelle à son intensité. Le pendule est donc aussi un instru- » ment de géologie, qui annonce par ses anomalies des variations » d’une grande étendue dans la nature du sol. » Cherchons donc si la partie extérieure des chaînes de monta- gnes, dont nous connaissons l’action sur la direction de la verti- cale, exerce une influence appréciable sur la marche ou , ce qui revient au même, sur la longueur du pendule à secondes. Il est démontré en mécanique que si n et n' désignent les nom- bres d’oscillations d’un même pendule dans un temps donné en deux localités différentes , g et g' les intensités de la pesanteur en ces mêmes lieux, on a la relation — ~ — •; d’où il résulte en gé- n'* g1 b néral, n^zzimg {a), m étant un coefficient constant déterminé par r n 2 r t l’équation m — — , en différentiant l’équation [ci] , on aura pour la variation de n correspondante à celle de g\ dn = dg et mettant 2 n 11 ub pour m sa valeur dn z=:- — (b).- (i) Traité de mécanique , 2 e édition , t. I , page 491* SEANCE DU G MARS 1843. 283 Soit o , fig. 3, le centre d’action d’une montagne qui, par son influence horizontale, amène la verticale AB, dans la position AB', et soit l’angle de déviation BAB' ™ S , r la distance du point d’observation au centre d’action de la montagne, h la hau- teur de ce centre au-dessus du plan horizontal passant par le point CB de station B'. En représentant g par AB on aura = tang.$, S dg sera alors évidemment représenté par CB, et on aura dg h CB^ — r c^01'1 en multipliant ces deux équations l’une par l’au- tre — = ~ tang. <5 , et en substituant dans l’équation (b) dn = — tang. § (c) , formule qui donnera la variation dans le nombre d’os- cillations du pendule, quand on connaîtra la position du centre d’action de la montagne par rapport au point de station et l’angle de déviation de la verticale. Appliquons cette formule à la chaîne du Puy-de Dôme, au pied de laquelle MM. Biot et Mathieu ont constaté un retard de 2", 09 pour un jour moyen solaire dans la marche du pendule , obser- vée sur le pavé d’une des salles de la préfecture de Clermont- Ferrand. La crête de la chaîne du Puy-de-Dôme, située à l’ouest du point d’observation, est à 600 mètres au-dessus du plan hori- zontal passant par ce point, et à 9 kil. de distale horizontale; cette chaîne dévie la verticale de 9". Supposons qüe cette dévia- tion soit toute produite par la partie extérieure de la montagne , ce qui est loin d’être vrai , comme il a été démontré dans le mé- moire cité plus haut , nous aurons <5 = 9" r 9000 mètres et A = 300 mètres, en supposant le centre d’action de la chaîne à la moitié de sa hauteur, ce qui est beaucoup exagéré. Pour un jour moyen solaire n rr 86400 , substituant dans l’équation (c), il viendra : 43200(300) ^ = 9000“ tang* 9" = 43200 30 tang. 9" = 0",062. Pour la grande chaîne des Alpes qui domine Andrate , en sup- posant encore tout l’effet produit par la partie extérieure , on a <5 = 28". Si l’on fait h = 500 mètres et r= 10,000 mètres, le même calcul donne dn: = 0",29. La partie extérieure des chaînes de montagnes ne peut donc avoir aucune influence sensible pour retarder la marche du pen- dule , ce qui est contraire à l’opinion de Poisson. Mais il est par- 284 SÉANCE Ï)U 6 MARS 18 43. faitement constaté que le pendule retarde au pied de plusieurs chaînes de montagnes, et aussi sur un grand nombre de points où le sol est plat ou peu accidenté: Paris, Dunkerque, Londres., Bordeaux , etc. Cet effet doit donc tenir à une cause intérieure, à une diminution de la densité du sol sur lequel on opère , com- parativement à la densité générale de la croûte du globe. En 1824 , M. Carlini a observé le pendule au sommet du \lont- Cenis, à 1900 mètres au-dessus du niveau delà mer, et la longueur du pendule à secondes , réduite à ce niveau , s’est trouvée de 993““, 708. Celle observée à Bordeaux par M. Biot , ramenée à la latitude du Mont-Cenis, est de, 993 ,498. La différence en plus de 0mm,210 a été attribuée, par M. Carlini , à l’action de la montagne , dont il supposait la densiïé moyenne de 2,66 seulement (l), d’après la 2 nature des roches qui la constituent. Cette différence est les - — - H 9935 de la longueur du pendule à Bordeaux. En prenant 3 pour la .3 densité moyenne du Mont-Cenis , ou environ les— de celle du globe , et supposant que le pendule a été observé à 2000 mètres 2 au-dessus de la mer, ou à peu près du moven rayon ter- r F 6000 J J restre , on aura pour le maximum d’action de la montagne 23 2 f ^ t . - = — — ~~ • L eilet observe ne peut donc pas etre umque- 6000 5 10,000 1 1 1 ment attribué à la partie extérieure de la montagne ; il faut qu’au- dessous la densité soit plus forte que la densité moyenne de la croûte du globe : résultat auquel nous avait déjà conduit la con- sidération de la déviation des verticales. il paraît que M. Carlini est , jusqu’à présent , le seul physicien qui ait observé le pendule sur le sommet d’une montagne ; il se- rait important de faire de même sur un grand nombre de points du globe , afm de confirmer complètement le résultat donné par les déviations de la verticale : qu au-dessous des chaînes de mon- tagnes, la densité de la croûte du globe est notablement plus considé- rable qu’ ailleurs . Nous avons déjà dit que , sur les îles éloignées des continents , le nombre d'oscillations du pendule dans un jour moyen solaire (î) Éléments de physique , par Pouillet , l. I, page 116, 2P édition. SÉANCE DU 6 MARS 1843. 285 augmente notablement : or, ces îles sont des plateaux ou des crêtes de montagnes sous-marines au-dessous desquelles doivent se trouver des matières très denses, comme sur les continents, qui augmentent l’action de sa pesanteur, et accélèrent , par consé- quent , la marche du pendule. Il est bon de remarquer aussi que la plupart de ces îles sont couvertes de déjections volcaniques ; ce qui annonce qu’au-dessous d’elles des matières sont montées de l’intérieur de la terre vers la surface; elles sont posées sur des bombements. Nous avons dit au commencement de cette note que la densité de la croûte du globe était deux fois plus forte sur les bombe- ments que dans les dépressions. Il résulte évidemment de là que sur les premiers le pendule doit avancer ou s’allonger; ce qui re- vient au même , tandis que dans les secondes , il doit retarder ou se raccourcir. Dans tous les points voisins de la trace du méridien de Paris , où le pendule a été observé, à Londres, Dunkerque, Paris, Clermont, Bordeaux , Figeac , Fermentera , sa longueur diminue ; ce qui annonce que cette ligne est moins bombée que ne le veut la théorie, et s’accorde bien avec les calculs de Puissant, qui donnent un aplatissement presque nul pour la partie occidentale de la France (1). Si des observations géodésiques et astronomiques qui n’ont été faites ensemble qu’à Dunkerque, Evaux , Carcas- sonne et Montjouy, avaient été exécutées sur un plus grand nom- bre de points du méridien de Paris, leur ensemble conduirait probablement au même résultat , tandis que , en calculant d’après celles que nous possédons, on trouve le méridien un peu plus courbé que l’arc de l’ellipsoïde à d’aplatissement ; la somme des flèches positives et négatives de la pi. II est -h 0m,7. Dans un mémoire lu à l’Académie des sciences en décembre 1 827, où M. Biot a combiné ensemble un grand nombre d’observations du pendule , il a donné celles faites par lui dans le voisinage du parallèle au 45° degré de latitude nord , qui , ramenées à cette latitude , donnent les longueurs contenues dans le tableau sui- vant pour le pendule à secondes, dans le vide et au niveau de la mer; celle du Mont-Cenis , qui s’y trouve comprise , a été mesu- rée par M. Carlini en 1824. (i) Description géométrique de la France, t. Il, p. 65o. 28e SÉANCE DU 6 MARS 1843. Points de stations. Bordeaux. . Figeac Clermont-Ferrand. Mont-Cenis. Milan Padoue . . . . Fiume Longueurs du pendule. 993m-,465 4878 5ai8 7080 M. Carlini. 5 1 14 5762 55g5 11 résulte encore de là que la longueur du pendule est plus courte à l’occident de Clermont ou du méridien de Paris qu’à l’o- rient; ce qui annonce une dépression de ce côté, comme nous l’ont déjà indiqué les mesures faites le long du méridien. A l’orient, dans la partie montueuse de la France et de l’Italie, pour laquelle l’aplatissement du globe peut aller jusqu’à la longueur du pendule est notablement plus grande , et ses va- riations , extrêmement sensibles , méritent d’être discutées. Le grand bombement de la chaîne des Alpes se trouve entre Cler- mont et Milan; et au Mont-Cenis, sur le sommet de ce bombe- ment, la longueur du pendule dépasse de 0mm,19 celles des deux points situés à droite et à gauche dans les dépressions (pl. VII, fig. 1 ). Il existe un bombement entre Milan et Padoue ; dans cet intervalle, la longueur du pendule augmente de 0mul,Q64 ; de Padoue à Fiume , il y a une dépression , et la longueur du pen- dule diminue de Grarn,0l6. Il est donc extrêmement probable, d’a- près le petit nombre d’observations que nous venons de rappor- ter, que les anomalies observées dans les variations de la longueur du pendule à la surface de la terre sont principalement dues aux inégalités de sa structure intérieure , constatées par la comparai- son entre les résultats géodésiques et astronomiques .: sur les bom- bements, le pendule s’allonge, et il se raccourcit dans les dépres- sions; ou il avance sur les uns et retarde sur les autres; ce qui estprécisément le contraire de la colonne barométrique. De tout ce que nous venons d’exposer relativement à la marche du pendule et à celle du baromètre ramenées à la surface des eaux tranquilles , on peut conclure : 1° Que les anomalies que présente la première sont presque uniquement dues à l’influence des masses intérieures, 2° Que , quant à celles de la seconde , une partie seulement de l’effet observé, mais partie notable, doit être attribuée à cette même influence. Sor.Cm/.de limier Tarn. J 71 : PI Y//. %rf; Padoue Ani/itilude.r tiw K‘ 7 Tiieiu»' du prjuljt/r llffl. de. Simon. Han de la Parduanùiene SÉANCE DU 6 MAE S 1843. 287 M. Viquesnel lit, sur la Macédoine, un Mémoire destiné à l’insertion parmi les Mémoires de la Société, et il en donne l’extrait suivant. Extrait d’un Mémoire sur la Macédoine et V Albanie ; par M. A. Viquesnel. Je vous ai présenté, il y a plus de deux ans, un Mémoire géologique formant la première partie de mon Tournai d’un voyage dans la Turquie d’Europe . Ce Mémoire, relatif à la Ser- vie, la Bosnie, la haute Albanie, la Mœsie supérieure, et une portion de la Macédoine , a paru dans la première partie du cin- quième volume de vos Mémoires. La deuxième partie de mon Journal fait l’objet du nouveau travail que j’ai l’honneur de vous présenter, et complète mes observations sur la Turquie. Elle renferme la relation de mon voyage géologique en Macédoine, dans la moyenne Albanie et dans l’Epire. Ce Mémoire commence par le récit de mes excursions en Macé- doine, et conduit le lecteur d’Uskiup à Saîonik , non en ligne directe, mais en lui faisant couper plusieurs fois les chaînes de montagnes qui séparent ces deux points extrêmes. On y trouve: 1° la route d’Uskiup à Doubnitza par Komanova, Egri Palanka , et Guioustendil ; 2° une excursion dans les hautes montagnes de Rilo , qui font partie du Despotodagh ; 3° la route de Doubnitza à Perlépé par Karatova, Istib et Kafadartzi; 4° celle de Per- lépé à Kastoria par Bitolia , Florina et le mont Néretska ; 5° celle de Kastoria à Salonik par Vlaki-Klisoura, Kaïlari , le lac d’Os- trovo, Vodéna, et les ruines de Pella. Ce même Mémoire donne ensuite la description d’une partie de l’Albanie (1). Il renferme : 1° la route de Skoutari à Elbessan par Lesch , Tirana et le Gabar Balkan ; 2° la route d’Elbessan Klisoura par Bérat; 3° celle de Klisoura à lanina par la vallée de Konitza et par les montagnes qui séparent cette vallée du lac de lanina. Je joins à ce second Mémoire une carte dont je dois la construc- tion à M. le colonel Lapie. Indépendamment de mes notes par- ticulières, j’ai fourni à notre savant géographe des renseigne- ments tirés des publications les plus récentes. Les sources où j’ai (î) J’ai fait le voyage de l’Albanie avec M. Boue , cl celui de la Macé- doine avec MM. Boué et de MonlalemberU 288 SÉANCE DU 6 MARS 1843. puisé ces matériaux sont : 1° l’ouvrage de M. Boué (1) ; 2° celui de M. A. Grisebach , professeur à l’université de Goettingen (2) ; et 3° celui de M. le colonel Leake (3). J’ai soumis à la critique des deux auteurs cités en première ligne , les itinéraires que j’avais dessinés d’après leurs descriptions. Ces savants voyageurs m’ont renvoyé mes croquis corrigés et ac- compagnés d’observations intéressantes. Je me fais un plaisir de les remercier ici de leur utile et obligeant concours. M. le colonel Lapie a coordonné ces divers matériaux avec la sagacité qui distingue ses travaux. De son côté, il n’a rien négligé pour donner à la nouvelle carte la plus grande exactitude pos- sible. Il a tracé le contour des rivages maritimes d’après les rele- vés des navigateurs anglais, et mis en œuvre les nombreux ren- seignements qu’il possède, notamment les itinéraires inédits des généraux Foy, Haxo, Andréossi, Tromlin, et de plusieurs officiers d’état-major de l’armée de Dalmatie. Ain i sa carte résumera les connaissances géographiques et géologiques le plus récemment acquises sur l’Albanie , la Macédoine et !a Thessalie. J’ai suivi dans ce second Mémoire le plan que j’avais adopté dans le premier. Je donne les détails géologiques et géographi- ques qui servent de base à la description générale exposée par M. Boué dans son ouvrage sur la Turquie d’Europe, détails dont je vais vous présenter le résumé. Schistes cristallins et demi-cristallins . Dans le Mémoire précédent nous avons vu un terrain, composé de schistes cristallins et demi-cristallins, commencer à se montrer en Servie, se prolonger du IX. -O. au S.-E. , constituer le plateau de la haute Mœsie , le Karadagh et le Schar au nord d Uskiup. Le même terrain s’étend vers le sud pour former le Schar mé- ridional et les hautes montagnes comprises entre leDiin noir, le Vardar et les lacs de Kastoria et d’Gstrovo. A l’est de ce dernier massif ainsi limité , il compose les montagnes d’Egri Palanka , le Riîodagh , le Péi indagh , et les dépendances du Despotodagh qui bordent, au sud de Bjoumaa, le cours du Karasou (l’ancien Strymon). Il paraît s’étendre sans interruption jusqu’à Salonik , et forme le sol découpé de la Chalcide. Il prend (1) ha Turquie d’Europe , 4 vol. in-8°, Paris, 1840. (2) Beisen dusch Rumelien und nach Brassa, 2 vol. in-8° , Goettingen , 1841. (3) Travels in Northern Greece, l\ vol. in-8°, i835. SÉANCE DU 6 MARS 184 3. 289 v un immense développement dans le haut Baîkan et dans le Depo- todagh. Les schistes cristallins et demi-cristallins couvrent près de la moitié de la surface du sol représenté sur la carte ; leur conti- nuité ne se trouve interrompue que par des dépressions remplies de couches tertiaires. Composition. — Notre terrain comprend des masses qui peu- vent appartenir à des époques différentes ; mais leur liaison nous a paru si intime qu’il nous a été impossible de les subdiviser. Terrain crétacé. Le terrain crétacé forme , à l’ouest du terrain précédent , un immense dépôt qui s'étend jusqu’aux rivages de la mer Adriatique et de la mer Ionienne. Il pénètre sur un seul point au milieu du sol ancien , et se montre entre les montagnes de Florina, de Kastoria et d’Ostrovo d’une part, et de l’autre, la chaîne de l’Olympe. Ainsi, il constitue le sol de l’Albanie supérieure et moyenne, de l’Epire, et de la Thessalie occidentale. Composition. — Nous avons donné dans le précédent Mémoire la description du calcaire à hippurites de la haute Albanie , et nous avons fait remarquer qu’il passe inférieurement à des talc- schistes et à des schistes argileux , tandis que les couches supé- rieures passent quelquefois à la dolomie. Ce terrain conserve les mêmes caractères sur une étendue considérable. Dans l’Albanie moyenne et l’Epire, les nummulites se montrent en abondance. Lorsque les caractères paléontologiques disparais- sent, on éprouve souvent le plus grand embarras pour classer cer- taines parties de la contrée , plutôt dans le sol ancien que dans le sol secondaire. La superposition peut servir de guide dans beau- coup de circonstances, mais elle finit par devenir insuffisante. On arrive, par des passages insensibles, des couches fossilifères aux schistes demi- cristallins et cristallins. Terrain tertiaire moyen. Le terrain tertiaire s’est déposé dans les dépressions du sol an- cien et secondaire. Composition. — IL est généralement d’origine lacustre. Nous n’y avons rencontré de fossiles marins que dans deux localités. Au col du Gabar Balkan, entre Tirana et Elbessan, on trouve à la hauteur de 1,600 pieds une couche de calcaire marneux formé en grande partie de débris de coquilles Nous y avons recueilli le Soc. géol Tome XIV. 19 290 SEANCE DU 6 MARS 1843. Cerithium pietum , Bast, deux espèces de cardium ( C. sirnulans , Partsch, et C . plicatum E.), une Natice, une Huître, une Dentale, uneNéritine, et une Telline que M. Aie. d’Orbigny regarde comme étant une espèce nouvelle. La seconde localité , où se trouvent des fossiles marins , est située à la hauteur de 2,600 pieds, près de Voukhan , sur la pente des montagnes talqueuses qui séparent les vallées de l’Egri- déré et de Karatova , en Macédoine. Nous y avons reconnu des Huîtres et des Baguettes d’oursins dans un agrégat calcaire ren- fermant des fragments de talcscliiste. Cette roche repose sur la molasse , dont la partie inférieure admet des cristaux d’amphi- bole, des fragments de ponce , etc. , et recouvre des conglomérats et des cendres volcaniques. Le terrain tertiaire se compose généralement de conglomérats calcaires, de grès micacé ou talcifère ( molasse) , d’argiles et de marnes. Il s’est déposé dans les vallées du Yardar, de Guious- tendil , de Doubnitza , de Troïak, de l’Indjékarasou , et dans plu- sieurs vallées de l’Albanie et de l’Epire qui débouchent dans la mer. Travertins. Des travertins, produits par les forces expirantes des éruptions volcaniques, forment, au pied des montagnes, des masses con- sidérables à l’E. et TO. d’Uskiup, àYodéna, et dans la plaine de Iénidjé, à l'O. de Salonik. Ordinairement ils sont recouverts d’al- luvions, et reposent sur le terrain tertiaire. A Vodéna, ils en- croûtent les pentes du terrain secondaire. Alluvions. Le dépôt alluvial acquiert souvent une grande épaisseur. On le trouve dans tous les bassins tertiaires et dans plusieurs vallées où l’absence de la molasse se fait remarquer , notamment la grande cavité de Monastir et à la partie supérieure des vallées de l’Alba- nie et de l’Epire. Roches d'origine ignée. Granité. — Le granité à gros grains se montre à la base du gneiss , dans les montagnes à l’O. de Guioustendil , dans le Rilo- dagh et dans les montagnes qui bordent le cours du Karasou. Il forme, d’après M. Grisebach , le sommet du mont Péristèie, à SÉANCE DU 6 MARS 1843. 29 1 l’O. de Monastir. Les filons qui pénètrent dans le gneiss sont pauvres en mica , et passent à la pegmatite. Protoginc. — Cette roche , à gros cristaux de feldspath , d’un blanc rosâtre , existe au N. du lac de Kastoria, et se prolonge vers leN.-E. dans les escarpements qui dominent le monastère Aghia Arghiri (Sainte d'argent). Elle perce le gneiss et le talcschiste. Syénite. — Nous avons rencontré la syénite dans les bassins de Doubnitza et de Guioustendil , dans le Rilodagh, eîc. Elle semble se prolonger sur une ligne dirigée à peu près de l’E. à l’O. Serpentine et euphoticle. - — Les roches diallagiques , si abon- dantes en Servie, en Mœsie, et sur les bords du Drin en Alba- nie , deviennent extrêmement rares au sud de ces contrées. Sur la rive N. -N. -O. du lac de Kastoria, la serpentine se montre auprès de l’euphotide. Le torrent du Vlaka coule dans un défilé bordé d’un côté par la première roche, de l’autre par la seconde. La serpentine perce encore les talcschistes du lac d’Ostrovo. D’après M. Boué , elle se montre accompagnée d’euphotide dans le Pinde et dans plusieurs points de l’Epire et de laThessalie. Diorite , — Dans le Mémoire précédent, nous avons signalé plusieurs dépôts de diorite, ordinairement associés avec la ser- pentine et Feuphotide. Nous n’avons aucun fait analogue à citer dans cette seconde partie de notre journal. Le seul endroit où nous ayons observé la diorite se trouve au village de Rilo, situé à l’entrée de la profonde vallée qui pénètre dans l’intérieur du Rilodagh. Trachyte. — Dans la Servie, la Bosnie et la Mœsie , les roches fournies par les éruptions trachytiques ne couvrent que des espaces très limités , comparativement aux grandes étendues qu’elles occupent en Macédoine. Les principaux foyers se trou- vent : 1° à la base du contrefort de Yignitza (E. cl’IJskiup) ; 2° dans les montagnes de Karatova ; 3° entre Egri Palanka et Guiou- stendil ; 4° dans la chaîne qui sépare les vallées du Tzerna et du KaraiJjia, au S. de Kafadartzi ; 5° enfui au débouché de la der- nière vallée à l’E. de Yodéna. Composition. — Classés d’après la nomenclature de M. Cordier, les produits de ce dépôt igné consistent en porphyre tracliyti- que, trachyte , conglomérat et trass. Le porphyre se présente plus rarement en coulée que le trachyte. Il forme ordinairement des filons ou des dikes. Cette roche est traversée dans les monta- gnes de Karatova par des filons de galène argentifère. Les conglomérats prennent un plus grand développement que les trachytes et les porphyres. On les trouve intercalés entre les 21)2 SÉANCE DU 6 MARS 1843. coulées, et surtout à la base de la formation, ou répandus au pourtour des groupes volcaniques. Des alunites et des porphyres molaires forment des accidents au milieu de cette roche dans le groupe de Karatova. Les trass remaniés par les eaux et accompagnés de conglomérats s’étendent en couches horizontales au pied des montagnes de Karatova , et constituent de basses collines qui recouvrent , jusqu’aux environs d’Istib , une surface d’une lieue et demie d’é- tendue. Age des trachytes. — Les éruptions trachytiques de la Macé- doine ne remontent pas toutes à la même époque. Leurs produits forment à Voukhan la partie inférieure du terrain tertiaire , et entrent dans la composition de ce dépôt. A Vignitza, village situé à près de moitié route de Voukhan et d’Uskiup, nous avons remarqué une couche de calcaire lacustre, enchâssée dans le trachyte. Cette couche tertiaire, redressée pres- que verticalement , renferme des cristaux de feldspath et de très petits fragments de ponce. Sa composition place le moment de son dépôt à l’époque des premières éruptions, et son redresse- ment à l’époque d’éruptions postérieures. Ainsi , la sortie du trachyte en Macédoine a précédé et accom- pagné le dépôt du terrain tertiaire moyen. Péridotite. — A Nagoritsch, village situé à une heure O. de Vignitza, nous avons observé des produits volcaniques beaucoup plus récents que ceux dont nous venons de parler. Iis forment au milieu de la plaine tertiaire une colline d’une lieue de longueur. Les couches lacustres se relèvent en sens inverse en approchant de la colline , et plongent des deux côtés sous un angle de 15 à 20 degrés. Composition. — La roche d’éruption est une péridotite micacée (de M. Cordier). Elle se compose de feldspath, de péridot , de mica, et renferme du fer titane et un peu de pyroxène. Ses ca- ractères minéralogiques la rapprochent de certaines coulées de l’époque trachytique au Cantal et au Mont Dore, coulées dont la composition est intermédiaire entre celle du trachyte et du basalte. Age de la Péridotite. — L’éruption de Nagoritsch nous paraît, par trois motifs, plus récente que les grands foyers trachytiques de Vignitza, de Karatova , etc. 1° Elle soulève en sens inverse les couches du terrain tertiaire; 2° Ses produits n’entrent pas dans la composition des couches tertiaires, comme ceux du trachyte à Voukhan et à Vignitza; SÉANCE DU 6 MARS 1843. 293 3° Elle a fourni une grande quantité de scories qui jonchent encore le sommet et les flancs de la colline. Cette dernière circonstance est particulière à l’éruption de Na- goritsch. Partout ailleurs on ne trouve aucune trace de scories, mais seulement des fragments de ponce, empâtés dans les conglo- mérats et les roches stratifiées qui sont en rapport avec les tra- chytes. Ainsi , la péridotite de Nagoritscli est postérieure au dépôt du terrain tertiaire moyen. Son analogie de composition avec cer- taines coulées du Mont-Pore et du Cantal, et l’époque de sa sortie, pourraient peut-être la faire regarder comme contempo- raine de la période trachytique de l’Auvergne. Dislocations cle l’époque volcanique. — - Les dislocations succes- sives qui ont permis aux roches volcaniques de s’épancher ont produit des changements importants dans le relief de la contrée. Elles expliquent la position du terrain tertiaire à des niveaux sou- vent très élevés , et le redressement des couches de ce dépôt sous des angles très variés et quelquefois voisins de la verticale. Des dérangements aussi multipliés dans les différents bassins ne peuvent provenir de simples accidents de localités. Ils doivent être le produit de phénomènes généraux qui ont violemment agité le sol de la contrée. M. le Président cède le fauteuil à M. d’Archiac, et lit le mémoire suivant : Quelques considérations sur la station normale comparative des coquilles bivalves ; par Alcide dOrbigny, Après tout ce qu’on a écrit sur la position d’une bivalve, on pourrait croire que les savants sont d’accord sur ce point impor- tant de la science ; il n’en est pourtant pas ainsi , et l’examen auquel je vais me livrer des diverses méthodes employées ne le prouvera que trop. Linné, Bruguière, Lamarck et Bosc ont appelé base ( bàsi ) le côté du ligament. Pour eux la partie bâillante de la valve est en haut ; c’est le côté supérieur ; dès lors la longueur est comprise entre les deux extrémités. M. de Blain ville considère une bivalve dans une position dia- métralement opposée à la position adoptée par les auteurs cités. Ainsi , le côté supérieur pour Lamarck devient le côté inférieur pour M. de Blainville; et tout en plaçant la coquille horizontale SÉANCE DU 6 MARS 1843. 2\H dans son grand diamètre, il appelle cette ligne horizontale lon- gueur, et la ligne opposée hauteur. M. Deshayes ne suit ni l’iine ni l’autre de ces méthodes : il ren- verse lout-à-fait une coquille , de manière à placer le côté des tubes en bas et le côté de la bouche en haut. Pour lui , le côté de la bouche est antérieur, le côté des tubes est postérieur; la lon- gueur est , du reste , la même que pour M. de Blainville. Si maintenant je cherche les rapports de ces diverses positions systématiques avec la station normale des bivalves, je les trou- verai plus ou moins fautives. Tous ceux qui ont étudié les co- quilles dans leur position naturelle ont pu reconnaître qu’un Solen , une Mye , une Pholade , et même une Vénus , ont toujours les tubes en haut, saillant à la surface du sable , de la vase ou de la roche qui la renferme. Il en résulte que la position artificielle donnée par Lamarck forme un angle de 90° avec l’état naturel des bivalves , que la position adoptée par M. Deshayes offre un angle de 180°, ou renverse précisément la coquille de manière à placer en bas ce qui, dans la station normale, est en haut, ab- solument comme un homme qu’on mettrait les pieds en l’air. Quant à la position admise par M. de Blainville , elle se rapproche davantage de l’état ordinaire , car il suffit de l’incliner d’un quart de cercle pour rétablir les choses telles qu’elles sont. De toutes ces positions artificielles , j’ai fait remarquer que la plus éloignée de la vérité était celle qu’adopte M. Deshayes. Son auteur s’est appuyé sur ce que la bouche est située à l’extrémité qu’il place en haut , tandis que l’anus se trouve alors en arrière. Si l’on suivait ainsi , dans la position des êtres , une marche purement systématique , sans tenir compte de l’état normal , on arriverait aux conséquences les plus disparates. Faudrait-il donc en effet, parce que , dans la station habituelle , l’homme a la colonne verté- brale suivant une ligne verticale , et parce qu’il porte la tête à l’ex- trémité de cette ligne ; faudrait-il, dis-je, placer les autres mammi- fères quadrupèdes dans une position analogue ? Non , et personne , je crois , n’a songé encore à changer pour eux la station normale, pas plus qu’on n’a cherché à retourner un Echinideen lui mettant la bouche en haut et l’anus en bas, position contraire à la nature. Il faut, à mon avis, donner aux êtres , dans toutes circonstances, dans les figures qui les représentent , une position analogue à celle qu’ils ont l’habitude de prendre dans les diverses phases de leur existence. Les considérations qui précèdent me portent à chercher quels motifs ont pu déterminer, à l’égard des mollusques, ces positions SÉANCE DU 6 MARS 1843. 295 si singulières , et quelles conséquences fâcheuses peuvent en ré- sulter pour les sciences qui s’y rattachent. Ainsi que je l’ai fait remarquer pour les mollusques gastéro- podes, l’étude spéciale des coquilles, la conchyliologie, ayant été regardée depuis longtemps comme une branche séparée de la science qui traite des animaux mollusques, formant les parties les plus essentielles de ces mêmes coquilles, il en est résulté une manière de voir erronée, à laquelle on s’est néanmoins habitué jusqu’à ce jour. On pourrait même dire que le fait est si général, qu’en y comprenant les musées, il y a plus des neuf dixièmes des collections qui ne contiennent pas d’animaux; ce que tend du reste à perpétuer la fausse direction donnée aux publications les plus récentes sur la matière , où l’on ne représente aucun animal , et seulement les dépouilles calcaires. Personne n’a pensé à changer la station normale des oiseaux ni des mammifères, parce qu’on les voit partout et que l’œil le moins exercé est accoutumé à cet état de choses. La position na- turelle d’un mollusque bivalve est loin d’être aussi connue, puis- que les savants mêmes diffèrent autant sur ce point. Possédant de nombreuses coquilles , quelques animaux , on a fixé dans le ca- binet une position , soit d’après la forme de cette même coquille, comme Linné , Lamarck , soit d’après des caractères zoologiques, comme M. Deshayes, sans consulter la nature pour s’assurer si ces positions données arbitrairement concordaient avec elle. J’ai dit qu’il pourrait résulter, pour les sciences d’application, des conséquences fâcheuses d’une représentation des coquilles dans une position contraire à la nature , et voici comment je le prouve ? pour s’assurer si les couches ont subi quelques remaniements, si elles ont dépendu du fond d’un bassin ou d’un ancien rivage, la géologie et la paléontologie , qui en est une dépendance intime , ont constamment besoin de savoir si les corps organisés qu’on y rencontre , et notamment les Acéphales ou mollusques bivalves , moins voyageurs, sont dans leur position normale, s’ils ont été roulés, ou s’ils ont été seulement déplacés. Or, qu’arrivera-t-il lorsque le géologue consultera le traité de conchyliologie de M. Deshayes , par exemple? Les planches de cet ouvrage représen- tent les coquilles bivalves dans une position tout-à-fait inverse de la station normale : il conclura naturellement que toutes les coquilles qu’il rencontre au sein des couches ont été remaniées , puisque aucune ne sera en rapport avec la position donnée dans ces figures, tandis qu’au contraire ces fossiles seront peut-être dans leur état normal , ce qui est très commun dans la nature. 296 SÉANCE DU 6 MARS 1843- On voit dès lors qu’il n’est point indifférent de représenter une coquille d’une manière ou de l’autre , et qu’il devient indispen- sable au zoologiste ou au paléontologue de donner aux géologues des points de comparaison sur lesquels ceux-ci puissent s’appuyer avec certitude pour reconnaître l’état des couches à l’instant où les êtres qui y sont renfermés ont été recouverts de nouveaux dépôts. C’est dans ce but que je vais présenter quelques considérations sur la position normale d’une coquille bivalve, suivant les di- verses séries zooîogiques. J’ai fait remarquer qu’il existait une grande disparité entre la station de l’homme et celle des quadrupèdes ordinaires ; on en trouve encore un exemple dans la station des poissons, formés de parties paires , comparés aux Pleuronectes, parce que les premiers sont dans une position verticale , tandis que les autres sont , rela- tivement aux premiers, couchés sur le côté. J’insiste sur cette dernière comparaison de la station des poissons, attendu que chez les Acéphales bivalves on trouve absolument la même chose, comme le prouvent les observations suivantes. Coquilles symétriques. — Chaque. fois qu’une coquille bivalve est tout à-fait symétrique dans ses parties , qu’elle est éqüivalve, on peut dire à priori que sa position est verticale dans le sens de la longueur. Les genres Solen , Mya , Lutraria , Mf ce top us , Pa- nopœa, etc. , etc. , dont la forme est la plus allongée, en sont des exemples. Ordinairement très enfoncés, soit dans le sable, soit dans la vase, où leurs tubes exécutent sans cesse un mouvement de va-et-vient pour arriver à la surface , leur position est tout-à- fait perpendiculaire. Lorsque la coquille , également allongée , se creuse un trou dans la pierre , ainsi qu’on le voit pour les genres P kolas , Litho- domus , Saxicava , Clavagclla , Teredo , etc. , la coquille est encore perpendiculaire , les tubes en haut, la bouche en bas Lorsqu’une coquille libre symétrique est plus ou moins ovale ou arrondie, comme celle des genres V enus , Cardium , Tellina, Nuculaf Pectunculus , Area , Unio , Anodonta , Mactra , Donax , Cyclas , elle est encore verticale, les tubes en haut et la bouche en bas, mais quelquefois elle s’incline un peu de côté. Les coquilles symétriques pourvues d un byssus qui les fixe au rocher, ont des positions un peu différentes les unes des autres; chez les Bissoarca , les Venericardia , elles se fixent de manière à conserver la même position que les Vénus à l’état libre. Chez les Mytilus, les Modiota , les Pi mm , la position varie, le crochet de SÉANCE DU 6 MARS 1843- 297 la coquille étant alors placé en bas au lieu de se trouver sur le côté, et la partie bâillante des valves en haut. Dans ce cas, néan- moins , l’animal est dans la même position relative , en ce que la bouche est toujours en bas et l’anus en haut Coquilles non symétriques . — Si , à priori , une coquille bivalve, symétrique dans ses parties , annonce une station normale verticale dans le sens du grand diamètre , on est également certain que toutes les coquilles bivalves non symétriques ont une position naturelle tout-à fait distincte, et analogue, parmi les mollusques, à celle des Pleuronectes, par rapport aux autres poissons; c’est- à-dire que l’animal , au lieu de présenter ses parties paires , ou mieux la ligne de séparation des deux lobes du manteau , suivant une ligne verticale , les montre dans une direction horizontale. Ainsi les coquilles non symétriques sont, dans la station normale, relativement aux autres , comme si elles étaient couchées sur le côté, il n’y a plus chez elles de valve droite, de valve gauche, comme on peut le dire de tous les genres de coquilles symétriques , mais il y aura toujours alors une valve supérieure et une vaU'c inférieure. A l’exception de la Corbula , anomale parmi les coquilles libres , vu son irrégularité (quoique sa station soit verticale), toutes les autres bivalves non symétriques sont fixes, soit au moyen d’un byssus, soit par la coquille elle-même. Lorsqu’elles sont fixes par un byssus, elles sont beaucoup moins irrégulières, comme chez les Perna , les Avicula , les Cre- natula , les Mail eus 5 les Vulsella , les Pecten , etc. , etc. , où il faut quelquefois un examen scrupuleux pour découvrir les différences d’une valve à l’autre. Lorsqu’au contraire la coquille'" est fixée au sol ou aux corps sous-marins par la matière calcaire de la coquille elle-même , non seulement les deux valves, supérieure et inférieure, sont très inégales, mais encore ces coquilles étant contraintes de se conformer, pour leur accroissement, à l’espace qui leur est échu, on les voit , soit en se moulant sur les corps où elles sont para- sites , soit en se modifiant suivant les conditions d’existence où elles se trouvent, changer tellement d’aspect chez les divers in- dividus d’une même espèce, qu’il faut oublier tout-à-fait les limites ordinaires de variation, et leur faire une part beaucoup plus large quant aux caractères spécifiques , comme il arrive pour les gemes Chaîna , Spondylus , Plicatula , et surtout Ostrœa et Gryphœa. En résumé, la station normale des coquilles de mollusques acé- SÉANCE DU 6 MARS 1843. 298 phales est verticale, les tubes en haut, la bouche en bas, chez toutes les bivalves symétriques; tandis qu’elle est horizontale, la bouche d’un côté et l’anus de l’autre , chez toutes les coquilles non symétriques. Dans le premier cas, il y aura une valve droite et une valve gauche; dans l’autre, une valve supérieure et une valve inférieure. Cette station normale étant naturelle à conserver, et pouvant être d’une très grande utilité dans les observations géologiques, relativement à l’état des mers aux différentes épo- ques et sur divers points d’un bassin, je la conserverai scrupu- leusement dans les représentations de toutes les coquilles ; et cette station ayant été soumise à des observations nombreuses, faites par toutes les latitudes , les géologues pourront s’y fier entière- ment et y comparer l’état des Faunes au sein des couches ter- restres. M. E. Robert lit ensuite la note suivante : Traces anciennes et concrétions calcaires de la Seine. La base des collines de Meudon paraît avoir été baignée jadis par la Seine , à un niVeau bien supérieur à celui que ce fleuve peut atteindre aujourd’hui dans ses plus fûtes crues : à droite, et à 2 mètres environ de hauteur au-dessus du pavé de la route dé- partementale, il est facile de reconnaître que la partie inférieure du calcaire grossier qui a évidemment glissé Là , sur les argiles plastiques , porte des traces d’érosion qu’on ne peut attribuer qu’au passage d’eaux puissantes. Un conglomérat composé de terre végétale noirâtre , de petits fragments roulés de calcaire crétacé, avec une foule de cyclostômes, d’hélix, et surtout la pré- sence de lymnées , situé au-dessus du calcaire , vient singulière- ment fortifier cette présomption. Il est, du reste, difficile de ne pas trouver dans cette couche meuble, aux fragments de calcaire près, une grande analogie avec la terre dont les berges actuelles de la rivière se trouvent formées. La tranchée qui a été faite au milieu de la plaine de Grenelle, pour recevoir les fortifications de Paris, permettait d’étudier par- faitement, l’an passé, la nature du sol d’alluvion dont elle se compose. C’est principalement dans le voisinage de la Seine que je me suis livré aux observations suivantes : A 100 mètres du fleuve, sur une épaisseur de 6 mètres environ , le sol est formé , en allant de bas en haut , de gravier grossier, de limon gris-noirâtre imprégné d’eau fétide, et de terre végétale. SÉANCE DU 6 MARS 1813. 599 La première de ces couches, dont l’épaisseur ne m’est pas con- nue , est composée de la même manière que les parties moyenne et inférieure de toute la plaine de Grenelle. Elle renferme d’é- normes blocs de grès et de meulière à peine usés sur les angles , et que je regarde comme les dernières traces des couches ter- tiaires qui joignaient autrefois les collines du bassin de Paris entre elles, et que des cours d’eau, tels que la Seine, auraient démantelées complètement ; on y observe aussi des nids assez ri- ches de manganèse hydroxidé incrustant, conjointement avec du calcaire spathique , la partie inférieure des cailloux , et remplis- sant à l’état pulvérulent les intervalles qu’ils laissent entre eux (1). La seconde couche, qui a été bien évidemment déposée par les eaux de la Seine, à une époque historique attestée par les frag- ments de poterie qu’elle renferme , est surtout remarquable par la présence des graines de papavéracées ou de nymphœa lutea. D’après l’ancienneté de ce dépôt argilo-sablonneux qui pourrait bien être plus que séculaire , et la nature des bois que l’on y trouve aussi et passés presque entièrement à l’état de lignite (2) , on pour- rait croire que ces graines sont complètement décomposées; mais il n’en est rien , et la plupart, sous leur péricarpe noirâtre et lisse , offraient encore, aussitôt leur extraction, une amande blan- châtre , assez bien conservée pour qu’un jardinier habile, à qui je les ai montrées, ait été tenté de les soumettre à la germina- tion. Ajouterai-je que l’on rencontre également dans la même couche, de niveau avec celui que la Seine conserve ordinaire- ment dans la belle saison , des ossements de mammifères et toutes les coquilles caractéristiques du fleuve ? Les mulettes sont tapis- sées, dans leur intérieur, de concrétions manganésiermes , et, à l’extérieur , de phosphate de fer , ce dernier colorant souvent aussi en beau bleu des empreintes végétales laissées par des plantes aquatiques dans ce terrain ; le fer sulfuré joue quelquefois le même rôle. (1) U a ouvrier m’a assuré avoir trouvé, à 5 mètres de profondeur, dans le même terraiu , près de Vaugirard , un crâne presque entier d’élé- phant. (2) Je viens de découvrir dans les interstices de ces lignites une sub- stance blanchâtre feuilletée, friable, fondant avec la plus grande faci- lité, etc. , et qui me paraît avoir la plus grande analogie avec une sub- stance que j’avais été un des premiers à observer dans les tourbières de la Séelande en Danemark, et que, depuis, M. Forcbkammer a fait connaître sous le nom de phylloréline. 300 SÉANCE DU 6 MARS î 843. Enfin , la troisième couche est identique aux berges du fleuve , et constitue toute la terre végétale de la grande plaine qu’il tra- verse ; elle atteint sur certains points, comme dans la présente localité, une très grande puissance (4 à 5 mètres). Quoiqu’elle ne renferme guère que des cyclostômes et des hélix , elle ne me paraît pas moins avoir été incontestablement déposée par les mêmes eaux , mais à l’époque des grandes crues. Sa couleur d’un blanc-jaunâtre rappelle tout-à-fait celle des eaux de la Marne à sa décharge dans la Seine, et donnerait presque à supposer qu’elle lui doit en grande partie son origine. Je ne serais même pas éloigné de croire qu’elle s’est déposée à la manière de certains travertins; car bien qu’elle soit d’une nature argilo-sablonneuse , elle offre, comme ces roches, une foule de vacuoles et de tubu- lures qui, d’après un examen attentif, m’ont paru bien distinctes des traces du passage des lombrics , et ne peuvent être que le résultat d’un dégagement de gaz. A présent que la Seine ne remplit plus le bassin circonscrit au sud-ouest par les Moulineaux , les Montalets, etc. , et a cessé de recouvrir, par conséquent , une grande partie de la plaine de Grenelle; à présent qu’elle s’est encaissée à quelques centaines de pas plus loin , cette rivière a donné naissance à un phéno- mène géologique des plus curieux ; les naturalistes de la capitale auront là , presque sous leurs yeux , une puissante formation cal- caire encore en activité , exemple remarquable qu’ils ne croyaient guère exister si près d’eux. Le fait que je vais faire connaître ne pourra aussi, je l’espère, manquer d’intéresser les ingénieurs des ponts et chaussées chargés de la navigation des fleuves et des rivières : On sait que les îlots qui se forment dans le cours de la Seine sont généralement composés de sable et de limon ou de matières d’attérissement que les plantes aquatiques , puis des saules, achè- vent d’émerger au-dessus des plus fortes crues ou empêchent d’être emportées par elles; on sait aussi que les eaux du même fleuve tiennent en dissolution une petite quantité de carbonate calcaire qui, à la longue, incruste les coquilles et autres objets tombés au fond de son lit. Au mois d’août 1842, en me baignant dans la rivière, près de la pointe en amont de l’île Séguin , mon attention se porta sui- des rochers à surface très raboteuse. Les ayant examinés avec soin, je reconnus, non sans étonnement, qu’ils étaient de même nature que les concrétions dont je viens de parler; et dirigeant SÉANCE DU 6 MARS 1813. 301 mes investigations plus loin, je trouvai aussi que !a berge orien- tale de l i même île en était presque entièrement formée. La diminution extraordinaire que la grande et longue sécheresse de l’année 1842 avait fait éprouver au volume des eaux de la Seine permettait donc de voir à cette époque , sur les points que j’ai cités , des rochers à fleur d’eau que je pris , au premier abord , pour un lambeau du calcaire marin grossier, mais qui étaient exclusivement composés de calcaire concrétionné empâtant toutes les coquilles propres à la rivière. On rencontrait aussi dans cette espèce de travertin fluviatile , à zones souvent concentriques , des ossements et des fragments de bois d’une époque tout-à-fait ré- cente, quoique ces derniers fussent déjà convertis en lignites. En plongeant , on retrouve ce même dépôt à 3 mètres envi» on de profondeur, et on peut le suivre ainsi à une assez grande distance des bords de l’île. Sa surface, au-dessous de l’eau , est irrégulière, raboteuse , et présente souvent des chambres où le poisson va se réfugier, et dont l’entrée, comme celle de la plupart des cavernes dans les roches calcaires , est étroite. Il laissait voir, au-dessus du niveau qu’atteignait alors la rivière, une ligne de rochers en ap- parence rongés par elle , mais ne devant ce relief qu’à leur nature. en sorte que , d’après mon estime , cette formation moderne n’a pas moins de 5 à 6 mètres de puissance. Je serais même porté à croire quelle constitue une grande partie de la base de l’île Séguin , dont les rives sont accores, tandis que celles de Sa pointe en aval de l’île Billancourt, qui n’est séparée de la précédente que par un canal plus profond que large , sont en pente douce. Cà et là , on trouve encore , dans les anfractuosités de cette roche parfaitement consolidée, une foule de concrétions de même nature, libres, ovoïdes, depuis le volume d’une noisette jusqu’à celui du poing et même au-delà , et qui , en un mot , rappellent 302 SÉANCE DU 6 MARS 1843. tout -à-fait la structure des grains oolithiques ou pisolithiques. Quoique ces concrétions libres ne paraissent pas avoir été formées sur ce point, où elles auraient été entraînées par le courant, je n’en ferai pas moins remarquer que souvent le calcaire sur lequel elles gisent, prend une structure granulaire qui pourrait peut-être le faire considérer comme un calcaire pisolithique imparfait ; ajou- tons que cette concrétion renferme quelquefois assez de sable pour devenir calcaréo-sablonneuse. Quoi qu’il en soit , ce dépôt de calcaire concrétion né ou pisolithi- forme, comme on voudra l’admettre, est recouvert par une terre bol aire bleuâtre qui ne tarde pas à devenir argilo-sablonneuse. L’épaisseur de ces deux couches, subdivisées elles-mêmes en une foule d’autres, inclinées diversement, plus ou moins abondantes en coquilles fluviatiles , et dont l’ensemble constitue les berges proprement dites de l’île Séguin , va jusqu’à 5 mètres de hauteur au-dessus du niveau ordinaire de la Seine dans ses basses eaux ; mais elle varie là où le calcaire se montré grossièrement mame- lonné. On voyait , pour le dire en passant , dans leur partie supé- rieure, un assez gros bloc de meulière roulé, qui pourrait bien y avoir été abandonné par une glace flottante à l’époque où , dans les débâcles de la rivière , elles viennent se briser sur la pointe que forme l’île , à moins qu’il n’eût été jeté là par quelque pêcheur. Le choc répété des eaux sur ce point, où le courant se porte avec violence et détermine de nombreux remous , surtout pen- dant les grandes eaux , ne pourrait-il pas rendre compte de l’abon- dance de calcaire concrétionné qui se dépose là plutôt qu’ailleurs? On sait que sur les côtes de l’Océan , il se forme souvent des in- crustations calcaires là où la mer brise avec beaucoup de violence. Cette agitation extraordinaire, incessante, des eaux, tandis qu’elles sont calmes dans les autres parties de la rivière , ne hâterait-elle pas la précipitation des sels calcaires qu’elle tient en dissolution? J’irai même plus loin dans cette hypothèse : je suis à me demander si les concrétions qui encroûtent les coquilles ou autres objets tels que des cailloux roulés , au fond de la rivière , ne résulteraient pas plutôt du passage horizontal des eaux, que d’un dépôt opéré lentement ou de haut en bas. Enfin , pour en revenir à l’île Séguin , n’y aurait-il pas lieu aussi à tenir compte de la présence de la Spongille dont les anfractuosités de la roche en question sont fré- quemment tapissées , et qui contribuerait à son développement, non, bien entendu, par les principes solides que ce polypier pourrait renfermer, mais à cause de sa structure celluleuse, susceptible de retenir des particules terreuses ou calcaires? Nu! doute, d’après ces SÉANCE DU 20 MARS 1843. 303 considérations, que toutes les pointes en amont des îlots de la Seine et la partie de leurs rives fortement exposées au choc des eaux , n’offrent plus ou moins le même phénomène géolo- gique(l). M. Melleville dépose sur le bureau une proposition signée de plusieurs membres, pour demander que les membres qui ont des Mémoires insérés aux Bulletins aient le droit d’en faire faire un tirage particulier. Cette proposition est renvoyée au Conseil. » Séance du 20 mars 1843. PRESIDENCE DE M. ALC. DORBIGNY. M. Angelot, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté. Le Président proclame membres de la Société : MM. Le baron de Ferrier du Châtelet, demeurant à Paris, rue de Seine Saint-Germain, n° 10, présenté par MM. C. Prévost et Alcide d’Orbigny ; M. Ruinart de Brimont (Claude-Edouard) , employé au ministère des finances , rue Cassette, 7 , à Paris, présenté par MM. Michelin et Lévêque. La Société reçoit en don : De la part de M. Fournet, professeur a la faculté des sciences de Lyon , son Mémoire sur le diluvium de la France , grand in- 8°, 38 pages. Lyon, 184 3. (ij En effet , depuis celte observation, j'ai constaté exactement la même chose à la pointe en amont de file Billancourt, et sur sa rive septen- trionale , là où les eaux portent tous leurs efforts. On dirait que la con- crétion calcaire agit dans celte circonstance comme un ciment déposé à dessein par la nature, pour empêcher qu’un nouveau caprice du fleuve ne vienne faire disparaître des îlots formés primitivement par lui, et livrés à de florissantes cultures. 304 SÉANCE DU 20 MARS 1843. De la part de M. Philippe Matheron , la 2e livraison de son Catalogue méthodique et descriptif des corps organisés fossiles du département des Bouches-du-Rhône et lieux cirçon- voisins , in- 8° , 192 pages, 2 planches. Marseille, 1842. De la part du Ministre de la justice , le Journal des Savants, février 1843. La Société reçoit en outre les publications suivantes : Les Comptes-rendus hebdomadaires des séances de V 'Acadé- mie des sciences, 1er semestre de 1843 (tome XVI, n°* 10 et 11). Le Mémorial encyclopédique . février 1843, n° 155. Mémoire de la Société royale des sciences , lettres et arts de Nancy , pour 1841 , in-8°, 360 pages, une planche. Nancy, 1842. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse , n° 77. Rapports sur les progrès de la physique et de la chimie , pré- sentés à 1 Académie des sciences de Suède , par Berzélius, au 31 mars 1840, 2 vol. in-8°. Mémoires de V Académie royale des sciences de Suède , pour l’année 1840. Rapport sur les progrès de la technologie , présenté à 1 Aca- démie royale des sciences de Suède au 31 mars 1840, par E. G. Pasch. Discours du Président de V Académie , prononcé le 6 avril 1842. Rapport sur les progrès et les découvertes relatives à la zoologie , pendant les années 1837-1840, présenté à l’Aca- démie de Suède. Stockholm, 1841, in-8°, 382 pages. De la part de MM. A. Bi avais et Ch. Martins , leur Mé- moire intitulé: Recherches sur la croissance du Pin sylvestre dans le nord, de V Europe , in-4 , 64 pages, 1 planche. Bruxelles. U Institut, nos 480 et 481. L'Écho du Monde Savant , nos 18 et 19, 20 et 21. The Athenœum , nos 802 et 803. The Mining Journal, nos 394 et 395. Transactions de la Société philosophique dx Cambridge , fondée le 15 novembre 1819. Table du 7e volume. SÉANCE DU 20 MARS 1843. 305 Enfin la Société reçoit de la part de M. Eugène Robert une Vue de la côte occidentale de Norwége , représentant les traces anciennes de la mer ; in-folio, Paris, A rthus -Bertrand , 1843. De !a part de M. Boue, la Carte géognostique du Taurus et de ses environs, dressée d’après les instructions de M. J. Russegger, in-folio. Année 1842. Le Secrétaire communique à la Société diverses résolutions prises par le Conseil. ^ Dans sa séance du 10 mars 1843 , il vient de ratifier le traité passé entre la Société et M. P. Bertrand, libraire, pour l’impression des trois premiers volumes de la deuxième série de ses Mémoires , in~4° , et signé, le 22 février 1843 , par M. Alcide d’Orbigny comme président, au nom de ladite Société, et par ledit sieur Bertrand (1). Dans la même séance, le Conseil, sur une proposition si- gnée de MM. Melleville, Ch. Martins etdehuit autres mem- bres de la Société, a arrêté les dispositions suivantes : « Les membres dont les mémoires seront insérés dans le (î) Extrait dudit traité. Art. 1er. La seconde série des Mémoires de la Société sera tirée à cinq cents exemplaires sur papier grand raisin , format in-4°, etc. Art. 2. Chaque volume sera composé de cinquante feuilles de texte et du nombre de planches déterminé par le Conseil. Le volume sera publié en deux parties , etc. Art. 4» Il sera fourni trois épreuves de la composition , soit en pla- cards , soit en feuilles , à la convenance de l'auteur, et trois épreuves des planches; mais les frais de remaniement sur la troisième épreuve du texte, ou de changements dans la disposition des planches sur leur troi- sième épreuve, ainsi que de ce qui nécessiterait un plus grand nombre d’épreuves que celles ci-dessus prévues , seront à la charge de l’auteur. Art. 5. On estime que les frais d’un volume seront d’environ 7,000 francs, texte et planches. Le prix d’exécution des planches, tous les travaux compris, pour les deux parties d’un même volume . est arrêté au maximum de 3, 000 francs, et le nombre des planches, à 25. Si les dépenses excédaient cette somme, la Société payerait la différence à l’éditeur. Art. 6. L’éditeur livrera à la Spciété , au prix de 20 francs le volume, ou de 10 francs le demi-volume, tous les exemplaires des Mémoires qui Soc. Géoi. Tome XIV. 20 306 SÉANCli DU 20 MARS 1843. » Bulletin, pourront, à leurs frais , en faire faire un tirage à » part de cinquante exemplaires au plus. » L’exercice de cette faculté est soumis aux conditions » suivantes : » 1° L’auteur qui voudra en profiter devra en faire la dê- t> elaration expresse et par écrit en tête de son manuscrit. > 2° Il devra s’entendre directement avec l’imprimeur pour » le remaniement de la composition et le paiement. a 3° Ce tirage à part ne pourra lui être remis que huit » jours après la publication de la partie du Bulletin qui con- » tient le mémoire. » 4° Le faux titre devra porter : Extrait du Bulletin de la » Société géologique de France, t lui seront demandés, en tant que le nombre n’excédera pas celui des membres de la Société. La Société garantit à l’éditeur une prise de deux cents exemplaires de chaque demi-volume , qui , à 10 francs l’un , feront une somme de 2,000 francs. Art. 7. Le prix du volume pour le public est fixé à 00 francs , et celui du demi-volume à i5 francs. Art. 8. Chaque Mémoire pourra être vendu séparément: mais l’édi- teur est autorisé à n’en pas délivrer plus de cinquante exemplaires isolé- ment, et dans aucun cas ce nombre ne pourra dépasser cent. A cet effet, les Mémoires porteront deux signatures et une double pagi- nation , dont l’une particulière à chaque Mémoire, et l'autre suivie pour le volume entier. Chaque Mémoire commencera en belle page. Art. 9. Les auteurs feront par écrit , à l'éditeur, leur demande avant le tirage à part de leur Mémoire; mais ce tirage ne pourra dépasser cinquante exemplaires sans une décision spéciale du Conseil , et dans aucun cas il ne s'élèverait à plus de cent, indépendamment du nombre fixé par l’art. 8. Les prix du tirage h part demandé par l’auteur seront établis comme il suit : pour 25 exemplaires , la feuille, 8 francs ; et pour 5o exemplaires, la feuille , 10 francs. Les parties de feuilles, quel que soit le nombre de pages , compteront pour une feuille entière. Pour 25 exemplaires d’une planche noire , 4 francs ; et pour 5o , 6 francs seulement. Le prix du coloriage sera fixé par la commission d’impression des Mémoires sur le vu de chaque planche. La dépense occasionnée par le tirage à part sera payée à l'éditeur par l’auteur au moment de la fourniture. Indépendamment de ce qui vient d’être stipulé , l’éditeur sera tenu de fournir à chaque auteur dix exemplaires de son Mémoire sans rétribution. SÉANCE DU 20 MARS (843. 307 Le Secrétaire donne ensuite lecture d’une note adressée à la Société , par M. E. Robert , pour être jointe au Mémoire îu par lui à la dernière séance sur les traces anciennes et les concrétions calcaires de la Seine. ïî présente en même temps à la Société quelques échantillons offerts par M. E. Robert à l’appui de ce Mémoire. Le Secrétaire donne ensuite lecture d’une lettre de M. Mau- duyt, conservateur du cabinet d’histoire naturelle de Poi- tiers, qui propose cette ville pour lieu de la réunion extra- ordinaire de cette année. Cette proposition est renvoyée au Conseil. M. Aie. d’Orbigny lit l’extrait suivant d’une lettre à lui adressée par M. Cornuel : « Vous savez que la dernière fois que j’ai eu le plaisir de vous voir, je vous ai annoncé avoir trouvé au Pont-Varin, près Wassy, la plupart des fossiles néocomiens (du calcaire à Spatangues et de la marne calcaire bleue) dans une marne rougeâtre durcie qui repose immédiatement sur le fer oolitique. Cette marne , qui n’a guère que 15 centimètres de puissance , forme une couche peu ré- gulière, et qui ne s’était présentée jusqu’à présent que sous forme de nombreux rognons fossilifères répandus sur la surface du mi- nerai. Comme cette couche fait la base de Y argile à plicatules ; qu’à 50 centimètres environ au-dessus apparaissent les grandes Exogyres de cette argile dans une position tout-à-fait corrélative à celle qu’occupent les grandes Exogyres du calcaire à Spatangues par rapport aux autres fossiles de celui-ci, et que, d’ailleurs, avant même de connaître ce fait si décisif, vous n’avez pas hésité à placer X argile a Plicatules dans le terrain néocomien , j’ai dû examiner depuis ce nouveau gisement de fossiles , ainsi que vous me l’aviez recommandé. Ces fossiles, de couleur jaune nankin , quoiqu’un peu pulvérulents , présentent néanmoins , dans beau- coup d’individus , des tests passablement conservés. Leurs em- preintes indiquent qu’ils n’ont pas été roulés, et leurs moules internes sont de la même pâte que la roche encaissante. M. Royer, à qui j’avais signalé ces faits comme à vous , vient de visiter les minières du Pont-Varin, et il demeure convaincu comme moi que les fossiles dont il s’agit sont où leurs animaux ont vécu , et n’ont pas été remaniés. J’ai trouvé la même couche avec les mêmes fossiles dans les minières qui sont à l’ouest de Doulevant-le-Petit. 308 SÉANCK DU 20 MARS 1843. M. Royer l’y a également observée. — Ainsi , il demeure maté- riellement prouvé que vous ne vous êtes pas trompé dans la di- vision du terrain crétacé inférieur de l’est de la France. » M. Dufrénoy donne connaissance à la Société d’un tra- vail sur le calcaire jurassique ci VE. de Poitiers , travail qu’il se propose de publier incessamment. Les environs de Poitiers, dit-il, offrent quelques escar- pements, où le géologue trouve des occasions fréquentes d’observer la succession des couches ; mais à l’E. de la Gar- tempe, le sol paraît pour ainsi dire avoir été nivelé par les terrains tertiaires, qui s’approchent jusqu’au plateau grani- tique du centre de la France, et ont entièrement caché le calcaire du Jura sous un manteau sablonneux fort épais. Cependant, ajoute-t-il, plusieurs des vallées, ouvertes par les mouvements généraux que cette contrée a éprouvés, sont profondes , et leurs bords escarpés présentent des cou- oes naturelles, où toutes les couches jurassiques viennent successivement affleurer. Les vallées de la Creuse et de l’Indre sont sous ce rap- port très intéressantes à étudier. Depuis Aigurande, le gra- nité s’abaisse graduellement. Du gneiss associé à du schiste micacé forme la séparation des terrains cristallisés et des terrains secondaires. Le graphite , disséminé en abondance clans les schistes anciens , leur donne une apparence carbo- nifère qui a conduit à faire à plusieurs reprises, près d’E- gusson, des recherches de houille, que l’étude de ce ter- rain aurait suffi pour empêcher. Une bande de grès, analo- gue à l’arkose par ses caractères extérieurs , mais que sa continuité avec le grès du Cher range dans le trias, suc- cède au gneiss. Une couche de calcaire contient de petites Huîtres qui lui donnent l’apparence d’une Lumachelle et sont caractéristiques des couches les plus anciennes du lias. Ensuite viennent des masses schisteuses noires avec veines minces de lignite, sur lesquelles on a fait à plusieurs reprises des recherches infructueuses. Du calcaire argileux en couches de 1 à 2 décimètres de puissance, et caractérisé par une grande quantité de Gryphées arquées, succède à ces SÉANCE DU 20 MARS 1843. 30!) marnes schisteuses. Au-dessus de ce calcaire existent do nouvelles couches de marnes, dans lesquelles les Bélemnites sont fort abondantes. M. Dufrénoy appelle particulièrement l’attention de la Société sur cette première assise du système oolitique. La silice y joue un rôle important : non seulement elle forme des silex tuberculeux abondants aux environs de Thouars et de Poitiers , mais elle constitue de véritables couches de meulières analogues à celles des terrains ter- tiaires. Ces couches , faiblement indiquées dans la vallée de la Creuse, acquièrent une certaine puissance dans celle de l’Indre; mais c’est surtout dans celle du Cher qu elles pré- sentent un grand développement. La partie siliceuse de l’oolite inférieure forme une zone parallèle à la ligne de sé- paration des terrains, sans qu’aucun phénomène apparent vienne en révéler la cause. L’abondance de la silice dans l’arkose est liée d’une manière intime avec les phénomènes qui ont donné naissance aux veines et aux amas métallifères si constants au contact des terrains cristallisés et des ter- rains de sédiment; mais l’oolite inférieure étant, dans les départements de l’Indre et du Cher, séparée du granité par une épaisseur considérable de lias, il est difficile d’admettre que la silice a été introduite postérieurement. Elle a sans doute été en dissolution dans les mêmes eaux qui ont dé- posé les couches d’oolite , de même que cela a eu lieu pour les meulières de la Ferté , où les parties calcaires et siliceu- ses offrent un passage constant. Du reste, la présence de la silice dans les eaux sédimentaires est un fait dont on re- trouve de jour en jour des exemples plus fréquents. M. Sau- vage indique dans sa Géologie des Ardennes que l’argile d’Oxford contient à Omont jusqu’à 56 p. 100 de silice solu- ble dans la potasse caustique , et que le grès vert de Vou- ziers en renferme une égale proportion. La silice , qui est le produit d’une dissolution chimique dans l’eau, rentre dans les conditions qui viennent d’être signalées. Les fossiles, quoique peu nombreux , recueillis par M. Du- frénoy dans les vallées de la Creuse , dans la partie sili- ceuse du premier étage de Poolite, l’assimilent aux couches 310 SÉANCE DU 20 MARS 1843, comprises entre î’oolite inférieure et la grande oolite. Ce sont: des Pecten tectorius , Pecten demissus , Trigonia cos- tata , et des pointes de Cidarites. Ceux qu’il a recueillis dans cette bande siliceuse, dans la vallée de l’Indre, associent d’une manière certaine cette partie siliceuse à l’étage infé- rieur du système oolitique. Les principaux sont : Pecten tec- torius , Pecten lens , Trigonia striata , Lima aciculata (Mun- ster) , Lima indéterminée, Cardium , P leurotomaria elongata , Terebratida concinna , Astrea pentagonalis (Munst.), Astrea cristata (Goldf.), pointes et empreintes de Cidarites. M. Dufrénoy continue rapidement la description des ter- rains. L’argile d’Oxford , qui joue un rôle si important dans la constitution géologique de la Normandie, n’existe pas dans tout l’espace compris entre les montagnes de la Ven- dée et celles du Morvan. Elle est remplacée par des calcaires terreux qui , dans la vallée de la Creuse, contiennent beau- coup d’Ammonites de l’ordre des Planulati , fort aplaties et peu distinctes de la roche. A ces couches marneuses on voit superposé, après le village de Bénavent, un calcaire ooliti- que blanc dont la texture, fort distincte du calcaire oolitique inférieur, caractérise avec Certitude l’étage moyen. Il est d’un très beau blanc, composé d’une pâte compacte, esquilleuse, cristalline quand on le regarde à la loupe, et dans laquelle sont des oolites irrégulières dans la forme des grains et dans leurs dimensions. On y trouve peu de fossiles ; ce sont : des Térèbratules plis s Ses , des Peignes ‘assez larges à côtes forte- ment prononcées, des Baguettes d’oursins et des Encrines. Ces derniers corps organisés se cassent en tronçons cylindri- ques de 0m,0l4 à 0m,0l5 de diamètre, présentant un trou à leur centre, et portant des stries rayonnées sur leur plan de séparation; ils sont analogues à Y Apocrinites Roissyi , mais cependant ils présentent quelques différences essentielles ec ces fossiles. A Fontgombaux, le calcaire d’Oxford contient des cou- ches puissantes de polypiers. On y recueille le polypier à tige rameuse désigné par M. Sauvage sous le nom de Tham- nasteria Lamouroxii , ainsi que de nombreux Astrees à l’état de calcaire cristallin. A Preuilly-la-Ville , il contient des SÉANCE DU 20 MARS 1843. 311 moules nombreux de Nérinées , et il est recouvert à Saint- Martin de Tournon par du calcaire compacte terreux avec Bicérates y qui caractérisent l’assise désignée sous le nom de Corcil-Rag. A Saint-Martin même, ce calcaire à Dicérates est recouvert par un calcaire blanc terreux qui atteint une grande puissance dans les environs de Bourges. La vallée de l’Indre, dit M. Dufrénoy, offre une répéti- tion exacte des couches que l’on trouve dans celle de la Creuse, avec quelques particularités. Ainsi à Clavières, le coral-rag est plus épais qu’à Fontgombaux, et contient des polypiers plus nombreux appartenant à deux ordres dis- tincts. Les uns, tubulaires, dont les dimensions sont quelque- fois considérables; les autres, du genre Astrée , formant des boules irrégulières qui présentent de tous côtés des astéries, varient de la grosseur d’une noisette à .2 décimètres de diamètre. Il n’est pas rare de voir ces derniers pénétrés de pholades. Une assise de calcaire compacte épaisse succède au coral-rag, et forme depuis les forges de Clavières jusqu’à Levroux une bande d’environ huit lieues de large; sur une grande étendue elle est recouverte par un manteau de ter- rain tertiaire. Près de Levroux, on trouve dans la partie su- périeure de l’assise de calcaire compacte du coral-rag, deux couches fort minces présentant une agglomération sans au- cun interstice de moules et d’empreintes de petites bival- ves et de coquilles turriculées. Les bivalves appartiennent pour la plupart à des Astartes ( Ast . minima.) Quelques unes se rapportent à des Nucules. Ces couches à Astartes for- ment un horizon géognostique assez net. Elles se trouvent immédiatement au-dessus des marnes avec Gijphées virgules qui forment la base du premier étage oolitique supérieur. M. Dufrénoy croit devoir regarder le calcaire à Astarte comme appartenant à l’assise oxfordienne. Il fait remarquer que , dans la vallée de la Creuse et dans celle de 1 Indre, le second étage présente une différence très importante avec les caractères qu’il possède dans le Calvados et dans la Sarthe. Dans le premier de ces départements, ces couches d’argile de Dives atteignent une épaisseur énorme qui s’élève quel- quefois à 100 mètres. L’oolite d’Oxford et le coral-rag sont 312 SÉANCE DU 20 MARS 1843. alors réduits à une puissance très faible , de sorte que le se- cond étage dans la Normandie est essentiellement argileux. Dans les environs du Mans, ce sont des sables argileux et des grès calcaires, qui forment la majeure partie de cet étage dans les déparlements de la Vienne , de l’Indre et du Cher ; les calcaires y ont au contraire acquis un grand déve- loppement, et les couches argileuses et sableuses y sont à peine représentées par les couches de calcaire argileux qui en forment la base. La variation dans la nature des roches qui composent cet étage s’explique en partie par la forme des rivages de la mer jurassique ; il est en outre en rapport avec l’épaisseur des étages inférieurs. Ainsi , le lias manque presque complètement dans toute la partie jurassique qui s’appuie sur les terrains de transition du Perche, du Maine et de l’Anjou. L’étage oolitique inférieur est également très mince, fort incomplet, et manque souvent , dans ces contrées, de ses couches inférieures auxquelles la forme du rivage n’a pas permis de se déposer. Dans le Poitou et dans le Berry, au contraire , le Lias acquiert une grande épaisseur, quel- quefois même il s’y divise en deux assises; l’étage inférieur du système oolitique est alors au complet. La vallée du Cher, comme celle de la Creuse et de l’In- dre, traverse toute l’épaisseur du calcaire jurassique. L’é- tude de cette vallée est encore intéressante en ce quelle confirme les faits précédemment énoncés , sur la nature par- ticulière du calcaire jurassique du Berry. Le lias très déve- loppé y présente deux assises distinctes, et la formation siliceuse y acquiert plus de puissance. Les environs de Saint- Amand offrent en outre une occasion bien rare d’observer une différence de stratification entre le Trias et les forma- tions jurassiques; il en résulte que l’association au Trias des grès de la forêt de Tronçais , que ses caractères extérieurs rapprochent du grès infra-jurassique, est certain. C’est le long de la vallée transversale de la Marmande que l’on voit ce fait important pour la constitution géologique de cette contrée. Les tranchées du canal du Berry permettent de voir sur dif- férents points la superposition directe du lias sur le ter- rain des marnes irisées. Les couches en contact ne sont pas SÉANCE DU 20 MARS 1843. 313 toujours les mêmes, et c’est précisément cette différence qui constitue la discordance de stratification entre les deux terrains. A Arnon , les couches supérieures de la formation du Trias manquent; elles ont donc été enlevées avant le dé- pôt du calcaire jurassique , et de plus elles sont recouvertes par des marnes supérieures à l’assise , si remarquable par l’a- bondance des Gryphées arquées ; ce qui établit une sépara- tion tranchée entre les terrains du Trias et le terrain juras- sique. La différence signalée est fondée sur la nature de la formation du lias , qui se compose dans le Berry de deux étages distincts, correspondant au lias blanc et au lias bleu. Le soulèvement partiel qui a donné naissance au tertre de Mont-Rond , qui domine la ville de Saint- Amand , a mis à nu tout à la fois les couches supérieures des marnes iri- sées et toute la série du lias. Ori y trouve la disposition sui- vante , en allant de bas en haut, des couches entre Saint- Amand et le bois de Meillant. Une couche de calcaire compacte est recouverte par un calcaire cristallin jaunâtre doloinitique appartenant déjà à la formation du lias. Une assise de calcaire compacte en couches minces de 10 mètres de puissance, succède à la dolomie. Une assise de calcaire marneux et de marnes gris clair qui vientensuite, contient vers son milieu une couche remarqua- ble par Pabondance de deux petites huîtres particulières, î’une voisine de YOstrea sandalina , et l’autre encore iné- dite, couche qui caractérise l’assise inférieure du Lias. Elle représente assez exactement la lumachelle que M. de Bon- nard a signalée dans la Bourgogne et qui se trouve, comme à Saint-Arnaud , dans des marnes grises un peu inférieures au calcaire avec Gryphées arquées. L’assise marneuse est recou- verte par un calcaire compacte gris-bleuâtre clair, très ré- sistant , que l’on taille pour pavé , ce qui lui en a fait donner le nom. On trouve assez fréquemment des Apticus dans les calcaires marneux de cette assise inférieure du lias; les am- monites ne commencent à paraître que dans le lias propre- ment dit. L’absence complète des ammonites au contact des Apticus semble contraire à l’opinion de M. Voltz, qui tend à les faire considérer connue l’opercule de ces coquilles cloi- 314 SÉANCE DU 20 MARS 1843. sonnées. L'assise supérieure, qui est d’un gris bleuâtre très foncé, fortement argileuse, et même souvent à l’état d’ar- gile, règne exclusivement dans la partie supérieure de la vallée du Cher. Les fossiles y sont nombreux et pour ainsi dire stratifiés. Les Encrines se trouvent d’abord, puis les Gryphées arquées ; les Ammonites forment des couches un peu supérieures. Parmi les Ammonites , il faut distinguer avec soin les Ammonites calcaires qui appartiennent principale- ment à XA, Walcotii, A . Bucklandi et Hervei , des Ammonites pyritisées. Ces dernières, placées beaucoup plus haut dans la série des couches, sont associées aux Bélemnites , et consti- tuent les marnes dites du lias, qui forment les premières couches de l’oolite inférieure. Le puits artésien exécuté près de Sancoins, dans la vallée de l’Aubois , pour alimenter le canal du Berry, a traversé le Lias dans toute son épaisseur. Voici le détail des couches révélées par ce sondage, tel qu’il a été transmis par M. Mu- lot à M. Dufrénoy : Terrain de rapport. 1. Terre végétale et rapportée 1,67 2. Sable rougeâtre contenant des eaux stagnantes i,33 Marnes du lias (oolite inférieure). 3. Argile onctueuse couleur d’ardoise 9,66 Après avoir percé cette couche , on a obtenu un filet d’eau ascendante à la hauteur du canal. 4. Argile analogue , un peu calcaire dans sa partie inférieure. . 36, 5o 5. Calcaire dur, alternant avec des argiles bleues plus ou moins solides, s’efïleurissant à l’air 6,72 6. Argile bleue très dure 1,78 7. Plaquettes calcaires alternant avec des argiles bleu foncé. . . 18,92 8. Argile ardoisée avec Nodules de gypse. — Cette substance est le produit de l’altération des parties calcaires par l’acide sulfurique, dû à la décomposition des pyrites. . . . 6,75 9. Plaquettes calcaires et argiles avec pyrites de fer et coquilles pyritisées 22,00 Calcaire à gryphées arquées. 10. Calcaire argileux gris-bleuâtre et noirâtre, avec rognons plus durs, disséminés dans la masse 8,17 SÉANCE DU 50 MARS 3 843. 3 1 5 ni. 11. Marne argileuse noirâtre . 2,16 12. Marne argileuse grise.. 9,33 13. Calcaire argileux bleuâtre. , 3,33 14. Marne argileuse avec rognons calcaires 22,55 15. Marnes noires argileuses. 22,00 16. Plaquettes calcaires et marnes argileuses d’un gris clair. . . . 10, 43 Assise inférieure du calcaire ci gryphèes . Lias blanc? 17. Calcaire dur (parait être l’analogue du pavé 1,00 18. Calcaire argileux très résistant. . 2,55 19. Marnes argileuses 0,28 20. Couche de calcaire argileux très dur 3,34 21. Marne blanchâtre o,33 22. Calcaire argileux très dur 1,00 23. Marne noirâtre 0,22 24. Calcaire argileux très dur 1,22 2 5. Marne grise argileuse o,33 26. Calcaire argileux gris clair, très dur i,34 27. Marnes grises avec petites Huîtres 0,66 28. Marne argileuse schistoïde i,34 29. Calcaire argileux très dur 10,90 30. Calcaire argileux gris clair o,5o 31. Marnes noires bitumineuses o.33 32. Marne grise 4-33 33. Plaquettes calcaires très dures , séparées par des lits de marnes grises i,3o 34. Grès très dur o,4* 35. Marne grise et blanche 0,19 36. Grès blanc très dur i,33 37. Marne calcaire grise, blanche et jaunâtre . . 0,67 38. Roche calcaire blanchâtre et grisâtre très dure 1,11 3g. Marne grise et blanche o,33 40. Roche calcaire très dure 0,47 41. Marne grise et blanche 0,28 42. Roche calcaire très dure 1,00 43. Marne grise et blanche i,i4 44* Roche calcaire très dure i,o3 45. Marne blanche 0,26 46. Roche calcaire un peu moins dure 0,29 47. Marne grise et blanche o,i5 48. Roche calcaire très dure o,35 49. Marne grise et blanche. 0,23 50. Roche calcaire très dure o,i5 51. Marne grise et blanche. o,25 SÉANCE DU 20 MARS 1843. 316 ni. 52. Argile d’un bleu verdâtre o,44 53. Marne gi'ise et blanche 0.20 54. Roche calcaire .. 0,1 3 55. Argile verdâtre avec veines noirâtres 1.23 56. Roche calcaire très dure 1,00 57. Marne blanche et grise 1,00 58. Marne bleuâtre 1 .33 59. Marne bleue argileuse 2,67 60. Roche très dure de calcaire grisâtre . i,5o 61. Marne bleue argileuse et dure o,33 62. Roche calcaire très dure, blanchâtre 3,5o 63. Roche calcaire noirâtre très dure o,34 64. Roche calcaire blanchâtre 2.16 65. Marne calcaire argileuse verdâtre 2,17 66. Marne calcaire argileuse blanchâtre 0,66 67. Marne calcaire argileuse verdâtre i,o5 68. Roche calcaire blanchâtre o,34 69. Marne calcaire argileuse et verdâtre 2,17 70. Roche très dure de calcaire blanchâtre 0,42 71. Marne dure argileuse, bleue et blanche 0,69 72. Roche calcaire très dure , blanchâtre et grisâtre 1,00 73. Marne calcaire jaunâtre et blanchâtre • 0,67 74. Roche très dure de calcaire blanchâtre. . 0,24 75. Argile noire 0,09 76. Roche très dure de calcaire blanchâtre 2,00 77. Argile noirâtre avec calcaire d’un gris blanchâtre 1,00 Marnes irisées . 78. Argile verdâtre 0,67 79. Argile verdâtre avec un peu de sable blanc o,35 80. Sable blanc avec argile verte o,34 81. Argile verdâtre éboulante i,33 82. Argile rouge i,35 83. Argile rouge et verte. 1,00 84. Argile grise et calcaire blanchâtre o,34 85. Argile grise assez pure 0,66 86. Argile rouge et calcaire blanc 0,00 Il s’est élevé de cette profondeur un filet d’eau qui a donné 30 litres par minute. Les marnes à Bélemnites, placées à la base de l’oolite in- férieure, recouvrent une grande surface. L’étage de l’oolite inférieure qui forme la côte et les bois SEANCE DU 20 MARS 1843. 317 de Meillant , est complètement à l’état siliceux. Il se présente sous la forme de sables et de meulières , que M. Dufrénoy avait pris au premier abord pour le développement du ter- rain tertiaire , qui recouvre une grande partie des collines du Berry et du Nivernais. Les polypiers disséminés avec abondance dans ces parties désagrégées apprennent bien- tôt que le terrain siliceux des bois de Meillant correspond au calcaire de Caen et au calcaire à polypiers qui en forme l’assise supérieure. Ces meulières ne le cèdent en rien aux pierres de la Ferté. M. Puillon-Boblaye, qui a été chargé, comme officier supérieur au corps royal d’état-major, de la direction des travaux topographiques de la nouvelle carte de France dans le département du Cher, et a étudié avec beaucoup de soin la partie siliceuse du terrain de calcaire jurassique, en a communiqué à M. Dufrénoy la coupe sui- vante, qui résulte de l’ensemble des carrières de pierre à meules de Meillant. 1° De grands bancs de silex variant du compacte au silex meulière carié. Ces bancs ne sont pas continus, mais sou- vent interrompus par du sable sans adhérence, et quelque- fois par du grès calcaire. Quand la meulière devient ferrugi- neuse, elle passe à un silex par fragments, et ne fournit pas de meules. Celle exploitée pour cet usage est d’un gris sale, et présente plutôt l'aspect d’un silex que celui de la calcé- doine; on n’y observe pas les petites géodes quarzeuses, fréquentes dans certaines meulières du bassin de Paris. L’en» semble de ces bancs, très variables de texture et de puis- sance, est à peu près de 10 mètres. 2° Ils sont recouverts par des plaquettes de calcaire ferru- gineux, endurci par un suc siliceux quelquefois fort abon- dant, et donnant lieu à des silex tendres et effervescents. La surface inégale de cette roche, fort irrégulière dans ses détails, est couverte de parties saillantes arrondies, dues pour la plupart à des fossiles passés a l’état siliceux. Ce sont presque toujours des moules imparfaits de Térébratules , parmi lesquels on reconnaît, quoiqu’avec peine, la T. pe« rovalis et la T. biplicata , qui appartiennent à l’oolite infé- rieure. Dans leur cassure , ces plaquettes siliceuses présen- 318 SÉANCE DU 20 MARS 1843. tent des coupes assez nombreuses des mêmes Térébratules , dont le test , qui se dessine en blanc , donne à la roche l’appa- rence d’une lumachelle. Ces plaquettes sont quelquefois à l’état oolitique ; il semblerait alors que le calcaire oolitique a été pétrifié par le même procédé que les fossiles. Cette circon- stance intéressante pourrait jeter quelque incertitude sur le rôle que la silice a joué dans cette formation, et la faire re- garder comme ayant été introduite postérieurement dans ce terrain. Cependant l’ensemble des phénomènes conduit M. Dufrénoy à penser que les couches puissantes de meuliè- res de Meillant et de la Ferté , ainsi que les couches de silex que l’on observe dans quelques parties du terrain jurassique, sont des produits neptuniens dus à des causes analogues à celles qui ont donné naissance au calcaire. La transformation des coquilles à l’état siliceux peut avoir eu lieu à la même époque que ce dépôt général de silice, et il est naturel de supposer que les mêmes eaux qui tenaient cette substance en dissolution ont eu la propriété de remplacer le test des co- quilles qui étaient soumises à leur action. L’ossification sili- ceuse est donc probablement de même époque, soit qu elle ait eu lieu directement ou qu’elle ait été le résultat de la pé- trification du calcaire oolitique. 3° Au-dessus de cette couche de lumachelle siliceuse , on trouve une assise de 3 mètres à 3m,5() de silex calcaire carié et comme terreux. Ces espèces de Cherts , tantôt gris clair, tantôt ferrugineux, passent à des grès calcaires plus ou moins solides. Ces cherts et ces grès sont entremêlés de sable, ce qui leur donne l’apparence d’une agglomération de débris plutôt que de couches régulières, quoiqu’il n’y ait aucun doute sur la stratification de ce dépôt. Une circonstance qui augmente encore la disposition fragmentaire de cette partie siliceuse de terrain , c’est la présence d’un nombre considé- rable de fossiles dans lesquels la silice s’est concentrée. Us forment alors des espèces de rognons distincts qui sont em- pâtés au milieu de la masse et s’en séparent facilement. Parmi ces fossiles, les polypiers dominent de beaucoup; ils appar- tiennent aux genres Ceriopora , Scyphia , Sarcinula et Astrèes. Les baguettes de Ciclarites sont disséminées avec une grande SÉANCE DU 2U MANS 1843. 319 abondance dans les parties sablonneuses de cette assise. Les grès calcaires sont également riches en fossiles. Les Encrin.es y sont surtout nombreuses; presque toujours elles n’ont laissé que leur empreinte; de sorte que c’est parla forme seule des cavités que présente la roche qu’on peut juger de leur présence. Mais il est impossible d’en déterminer les espè- ces , quoiqu’il paraisse y en avoir de très différentes : la pre- mière présente une coupe ovale; celle des deux autres est pentagonale , l’une en étoile à cinq pointes distinctes , l’autre en prisme à cinq côtés plans. On recueille dans le même grès, à l’état siliceux: le Pecten tectorius , le Pecten demis sus , la Trigonia striata , les Terebratules perovalis , bip lie a ta , bi- de ri s et obovata. 4° Cette assise est recouverte par une série de couches ar- gileuses de 8 à 10 mètres de puissance, entremêlées de cou- ches siliceuses sous forme de travertin , fort différentes par leur aspect des meulières, et comparable à une écume sili- ceuse. Elles contiennent quelques polypiers feuilletés à la manière des sphérulites. 5° Des sables réfractaires, qui forment le sol du bois de Meillant, terminent cette assise siliceuse de l’oolite infé- rieure. En marchant vers le nord, on rencontre immédiatement, après le système des meulières , un calcaire à Entroques fré- quent dans la partie inférieure de foolite, passant quelque- fois 5 un grès calcaire, et renfermant sur plusieurs points des édiles ferrugineuses. M. Dufrenoy considère ce calcaire à Entroques comme contemporain des couches siliceuses et déposé dans des circonstances différentes. Il pense que ces deux systèmes sont parallèles et se remplacent en partie. 11 a trouvé dans ce calcaire, un peu au N. de Sagonne , les fos- siles suivants , analogues pour la plus grande partie à ceux de Mou tiers : Pecten vimineus , P. lens , Plagiostoma rigida , Lima gibbosa , Terebratula concinna , T. biblica ta , T. pero- valis, Trigonia costata , Cardium , Ammonites annula tus , A. discus , A. Brackenridgii , A. contractas, Belemnites. Au-dessus du calcaire à Entroques, M. Dufrénoy signale une assise épaisse de calcaire compacte, offrant deux va- 320 SÉANCE DU 20 MARS 1843. riétés bien distinctes, dont l’une, un peu terreuse et gros sièrement schisteuse, contient des cherts disséminés. L’autre contient une couche bacillaire de 3 pouces seulement d’épais- seur, qui paraît devoir cette structure à la compression com- binée avec le retrait. Il n’a vu dans ce calcaire, très pauvre en fossiles , qui lui paraît faire incontestablement partie du système inférieur de l’oolite, que quelques Térébratules lisses analogues à la perovalis . Le second étage commence à une petite distance de Bruere ; les calcaires contiennent les Belemnites hastatus , caractéristique de l’argile d’Oxford , et de petites ammonites comprimées, de l’ordre des Planulati. L’argile proprement dite manque généralement à la séparation des deux étages. Cependant, au lieu dit la Chaussée, près Blet* il en existe une couche de 1 m , 5 0 à lm,60 de puissance, contenant les Belemnites hastatus et B. semi hastatus. Au-dessus commence une série de calcaires compactes , dont quelques couches à Châteauroux fournissent du cal- caire lithographique. M. Dufrénoy n’a trouvé dans ces cal caires que des Ammonites assez rares d’environ 3 à 4 pouces de diamètre , transformées elles-mêmes à l’état de calcaire compacte. L’oolite blanche terreuse à oolites irrégulières succède à l’assise de calcaire compacte, et contient des polypiers, comme dans la vallée de la Creuse. A Bourges , cette assise , qui représente exactement l’oolite d’Oxford, dit en termi- nant M. Dufrénoy, atteint une épaisseur considérable. Les oolites y deviennent indistinctes, et forment un calcaire gros- sièrement granulaire , qui a été décrit avec beaucoup de soin par M. Fabre, de Bourges. M. Hommaire de Hell lit le Mémoire suivant : Notice sur la différence du niveau entre la mer Caspienne et la mer d’Azow. (Extrait d’un Mémoire géognostique et géo- graphique sur la Russie méridionale.) La fixation de la différence de niveau entre la mer Caspienne et la mer a’Azow est une des questions qui intéressent au plus liant SÉANCE DU 20 MARS 1843. 321 degré la géographie physique et géognostique de la Russie méri- dionale; plusieurs savants s’en sont occupés, et ont été chargés par le gouvernement russe de faire le nivellement entre les deux mers. En 1812, Parrot et Engelhart exécutèrent aux embouchures du Kouban et du Térek un travail à l’aide du baromètre. Leur résultat a été successivement 54,47 et 55,7 toises. Ce travail, fait à une époque où la méthode barométrique n’avait peut-être pas la précision qu'elle a aujourd’hui, présente peu de garanties d’exactitude. D’un autre côté, la distance entre les deux mers est si grande , surtout au pied du Caucase , où le nivellement a été fait, et la différence de hauteur comparativement si faible, que l’on ne saurait admettre comme rigoureuses des opérations faites rapidement et non fondées sur un grand nombre d’observations simultanées et continuées pendant un long laps de temps. L’on sait d’ailleurs qu’un millimètre d’erreur répond sur le terrain à 10 mètres de hauteur. Les différences énormes qui ont eu lieu dans les observations barométriques pour la détermination de la hauteur de Moscou doivent , du reste , singulièrement nous pré- munir contre les opérations de ce genre. En 1839, MM. Fuss, Sabler et Savitsch , de l’Académie de Saint-Pétersbourg , furent chargés de faire un nouveau travail entre les deux mers. Ces messieurs adoptèrent la méthode des lignes zénithales. Leur premier résultat , annoncé dans tous les journaux russes , constate une différence de niveau de 33m,70. Plus tard ils donnèrent un nouveau chiffre considérablement ré- duit , 25 mètres. Il faut avouer qu’un travail dans lequel s’est glissée une erreur aussi grave mérite bien peu de confiance. Je dois faire remarquer ici que, dans toutes les contrées de la Russie méridionale, les effets du mirage sont tels, que les objets parais- sent généralement mobiles à 200 mètres de distance , et que le brisement du rayon lumineux est souvent assez prononcé pour faire apercevoir distinctement des villages et des forêts éloignés de plus de 2 myriamètres et placés bien au-dessous de l’horizon visuel. Aussi la différence d’un quart dans les deux résultats in- diqués par les trois académiciens de Saint-Pétersbourg me fait croire que ces savants n’ont pas tenu compte de la réfraction tout exceptionnelle des contrées où ils ont opéré, et qu’ils ont négligé de prendre réciproquement et au même instant physique les dis- tances zénithales de leurs points d’observation. Nous avons donc deux résultats bien divergents sur la diffé- rence de niveau entre la mer Caspienne et la mer d’Azow : l’un donne 108 mètres, et l’autre à peine 25. Ces résultats jettent une Soc. géol. Tome XIV. 21 322 SÉANCE DU 20 MARS 1843. nouvelle incertitude dans la question , et obligent presque forcé- ment de rejeter à la fois ces deux solutions. Désireux de résoudre cet important problème , je partis d’Odessa vers la fin de l’été de 1838 pour faire un nivellement par stations entre les deux mers. Après un examen attentif de différentes cartes des steppes qui séparent la mer d’Azow de la mer Caspienne , je reconnus que la meilleure opération serait celle qui , s’appuyant d’un côté sur l’embouchure de la Kouma, dans la mer Caspienne , longerait cette rivière jusqu’à son point le plus rapproché du Manitch , et puis, rejoignant le Manitch, le descendrait jusqu’au Don et à la mer d’Azow. On pouvait ainsi, pour abréger les opérations, profiter des nombreux lacs salés disséminés dans ces contrées, et tirer également parti des crues du Don , dont les eaux , au prin- temps , refluent dans le bassin du Manitch, et inondent toute la plaine jusqu’à une distance de 12 et même 15 myriamètres. Ce premier voyage se borna à arriver à l’embouchure du Manitch. Toutes les personnes auxquelles j’étais adressé pour en recevoir aide et assistance furent tellement effrayées des dangers d’une pa- reille exploration à travers les steppes arides et sauvages des Kal- mouks et des Turcomans , que je dus forcément renoncer à mon voyage. Le printemps suivant, de nouvelles excursions sur les bords du Dnieper et le littoral de la mer Noire rendirent pour moi cette question du nivellement si intéressante, que je me re- mis une seconde fois en route , et avec l’intention de commencer mes opérations sur les rives mêmes de la mer Caspienne. Après mille et mille difficultés suscitées autant par le manque absolu de renseignements sur les steppes des Kalmouks que par la nature d’une contrée privée de toute espèce de ressources , j’arrivai le 12 septembre 1839 sur les bords de la mer Caspienne , à l’embou- chure de la Kouma, et le 15 du même mois je fus à même de commencer mes opérations à l’aide d’un excellent niveau à bulle d’air. Grâce à l’obligeance du gouverneur d’ Astrakan et du cura- teur général des Kalmouks, j’avais douze hommes à ma disposi- tion. Mes stations, suivant l’état de l’atmosphère, variaient entre 150 et 300 mètres. Ma première station eut lieu sur les bords de la Kouma, à 15 lieues de 4000 mètres de la mer Caspienne et à 7 lieues 1/2 de Houidouk , station de poste, sur la route d’ Astrakan à Kisliar. Je me trouvais alors à I5m,355 au-dessus du niveau de la mer Cas- pienne. Cinq lieues plus loin, à Solénaïa Sastava, où se trouvent les riches salines de ce nom , mes opérations m’indiquèrent une élévation totale de 28m,688. Dans cette dernièie localité, je fus SÉANCE DU 20 MARS 1843. 323 au moment d’être forcé d’arrêter mon travail et de revenir sur mes pas. Les chaleurs avaient été si fortes pendant le courant de l’été , que le steppe était entièrement brûlé et les flaques d’eau saumâtre totalement desséchées : aussi le pays était-il désert , et toutes les hordes kalmoukes s’étaient-elles retirées au nord, le long de la Sarpa , et au midi sur les rives de la Iiouma. Le second jour de mon arrivée à Sastavci , des vents d’est amenèrent heu- reusement de fortes pluies , et le surlendemain je repris mon tra- vail. Il ne me restait plus que neuf lieues à franchir pour arri- ver aux sources du Manitch. Ce nivellement , contrarié par des vents, dura cinq jours ; et le résultat de mes opérations indiqua une élévation de 42 mm,66 au-dessus de la mer Caspienne aux sources du Manitch, rivière qui, comme nous l’avons dit, se jette dans le Don , non loin de l’embouchure de ce fleuve dans la mer d’Azow. Je comptais , dans le principe , continuer immédiatement mes travaux et les prolonger jusqu’à la mer d’Azow ; mais toute mon opiniâtreté échoua contre le manque total de pâturages pour nos chameaux de transport, et je fus forcé de remettre à l’année sui- vante l’achèvement de mon nivellement. Ce ne fut qu’au printemps de 1840, au milieu du mois de mai, que je repris mes opérations en partant de l’embouchure du Ma- nitch dans le Don. La crue de ce dernier fleuve était alors à sa plus grande hauteur, et une élévation de 4m,20 avait fait monter les eaux dans la plaine du Manitch , jusqu’à 13 myriamètres de distance. Le point de départ de mon second nivellement fut donc naturellement la limite des inondations du Don. Il me restait environ 35 myriamètres à parcourir pour arriver aux sources du Manitch , où j’avais dû m’arrêter dix-huit mois auparavant. Cette distance fut nivelée dans l’espace d’un mois , et le résultat fut pour les sources du Manitch une élévation de 24m,356 au-dessus du niveau de la mer d’Azow. En retranchant ce chiffre de celui obtenu dans l’opération de la mer Caspienne , on a pour la différence de niveau entre les deux mers 18m,304. Examinons maintenant le bassin de la mer Caspienne , et voyons s’il est réellement une dépression, comme le croient encore la plupart des savants, ou bien si ces contrées, situées au-des- sous du niveau de l’Océan , ne sont que la conséquence nécessaire d’une diminution de hauteur dans les eaux de la mer Caspienne. Nous ferons d’abord remarquer qu’il existe le long de la mer Caspienne, depuis Astrakan jusqu’au Téreh , une lisière de 3 à 4 myriamètres de largeur, à peine élevée de quelques pouces au- 324 SÉANCE DU 20 MARS 1843. dessus du niveau de la mer : aussi par les forts vents d’Est ces eaux de la Caspienne sont-elles portées dans l’intérieur des terres jusqu’à une très grande distance. Toute cette lisière, composée de sables , de marais , de lacs salés , et formée d’un sol limoneux , pa- raît avoir été tout récemment abandonnée parles eaux et prouve une diminution moderne dans l’étendue de la mer Caspienne. Cette diminution est sans aucun doute le résultat de la perte con- sidérable qu’ont faite depuis un siècle les eaux du Yolga , de l'Oural et de l’Emba , les trois seuls grands fleuves qui débou- chent dans la mer Caspienne. Ce fait se comprend parfaitement lorsque l’on songe à l’immense déboisement des monts Ourals causé par l’établissement des usines métallurgiques, ainsi qu’au développement agricole des contrées riveraines du Yolga , déve- loppement qui rend la terre de plus en plus propre à absorber les eaux pluviales , et empêche celles-ci de se déverser dans les bassins des fleuves et rivières. Il est démontré de la manière la plus authentique qu’au commencement du xvme siècle , les barques à sel destinées à la Sibérie pouvaient charger sur le Yolga jusqu’à 3,000,000 kilogrammes ; aujourd’hui elles ne sauraient en pren- dre plus de 1,800,000. À Casan on construisait aussi du temps de Pierre- le-Grand des bâtiments de guerre pour la flotte de la mer Caspienne. De pareils travaux ne sont plus possibles, et les chan- tiers de construction se trouvent maintenant établis à Astrakan même. Il ne faut donc pas s’étonner si l’équilibre a été sensible- ment rompu entre les eaux enlevées par l’évaporation , et celles amenées par les fleuves et les pluies, et s’il en est résulté une diminution de surface pour la mer Caspienne. Nous avons donc déjà ici un abaissement de niveau des eaux qui ne saurait nulle- ment être attribué à une dépression du sol. Maintenant toutes les observations que j’ai faites sur le littoral des trois mers de la Russie méridionale aux embouchures des fleuves et rivières , dans les steppes d’Astrakan et de la mer d’Azow, s’accordent à dé- montrer d’une manière mathématique que la mer Caspienne avait autrefois un niveau bien plus élevé, et qu’elle était réunie à la mer Noire antérieurement à nos temps historiques , suivant une ligne passant par les bassins du Manitch et de la Kouma. Le point culminant entre les deux mers qui se trouve dans le voisi- nage des sources du Manitch , n’a pas plus de 24m,356 de hau- teur au-dessus du niveau de la mer d’Azow. Pour que la réunion des deux mers eût lieu , il n’aurait pas fallu que le Bosphore de Constantinople fût fermé par une digue de montagnes aussi éle- vées que l’ont prétendu Andréossy et Olivier. Si nous voulons SÉANCE DU 20 MARS 1813. 325 supposer un moment le Bosphore fermé, un simple calcul, hase sur les résultats de l’évaporation de la mer Noire et la quantité des eaux excédantes s’écoulant dans la Méditerranée , nous fe- rait voir que la jonction entre les deux mers ne tarderait pas à se former de nouveau. Je n’entrerai pas maintenant dans la discussion des preuves en faveur d’une ancienne étendue de la mer Caspienne. Ces preuves, partout consignées sur le sol , ont déjà été indiquées par Pallas , Gmelin et autres; elles feront d’ailleurs partie d’un autre Mé- moire que j’aurai sous peu l’honneur de soumettre à la Société géologique, et dans lequel je traite tout au long la question de la fermeture du détroit de Constantinople et la réunion de la mer Noire avec la mer Caspienne. Admettons pour le moment la jonction entre les deux mers, et voyons quelle devrait être la conséquence de leur séparation. En jetant un coup d’œil sur la Caspienne, nous voyons que cette mer a très peu d’affluents , et que le Yoîga , l’Oural et l’Emba sont les trois seules grandes ri- vières qui lui portent ses eaux. Nous avons dit plus haut qu’à la suite de la diminution des eaux de ces fleuves , l’équilibre entre les eaux enlevées par l’évaporation et celles amenées par les af- fluents et les pluies avait été rompu , et paraissait même n’être pas encore entièrement rétabli. Cet équilibre devait encore bien moins exister lors de la séparation des deux mers à une époque où la mer Caspienne recouvrait une immense étendue de pays découvert aujourd’hui. La mer Caspienne a donc du évidemment baisser de niveau et perdre de sa surface jusqu’au rétablissement complet de l’équilibre. Dans son mouvement rétrograde et oscil- latoire elle a dû souvent revenir sur ses pas et envahir des parties déjà mises à sec , et il a dû se former naturellement de fortes con- centrations salées. Voilà ce qui nous explique les richesses salines du littoral de la mer Caspienne et ce sol partout imprégné de sel. Ici encore il est impossible de voir une véritable dépression dans ces contrées abandonnées par la mer Caspienne lors de cette pre- mière et grande diminution. Cette prétendue dépression n’est par le fait rien autre chose qu’une partie du fond de la mer Caspienne mise à découvert à la suite d’un abaissement de niveau dans les eaux de cette mer. D’ailleurs, remarquons-le bien , tous les nivellements qui ont été faits jusqu’à présent ne sauraient indiquer une dépression du sol au-dessous de la courbe régulière du sphéroïde terrestre. On ne pourrait , à ce qu’il me semble , obtenir un pareil résultat que 326 SÉANCE DU 20 MARS 1843. par la comparaison d’une série d’observations à la fois géodési- ques et astronomiques faites sur l’arc terrestre qui joindrait les deux points choisis sur la mer Caspienne et la mer Noire , et ja- mais l’on n’a songé à exécuter un pareil travail. Dans toutes les autres opérations on est parti d’un niveau donné en se proposant simplement pour but la recherche de l’élévation ou de l’abaisse- ment de l’une des deux mers comparativement à l’autre , comme on détermine la hauteur d’une montagne par rapport à la plaine située à son pied. Si la Caspienne était réellement dans une dépression , ne se- rait-il pas facile de démontrer que l’influence de cette dépression, par suite de la déviation de la verticale , neutraliserait les ni- vellements ordinaires et réduirait invariablement leur résultat à zéro? Toutes les observations tendent donc à prouver la faus- seté de cette opinion généralement admise, que la mer Caspienne se trouve au centre d’une large dépression unique sur la surface du globe. M. Martins lit l’extrait suivant d’une lettre à lui adressée de Neuchâtel (Suisse), le 20 février 1843 , par M. Desor : M. Wdd a déterminé la position de 24 gros blocs sur le glacier de 1’Unteraar depuis l’issue du glacier jusqu’au pied de la Strah- leck. Nous attendons les premiers beaux jours du printemps pour nous rendre au glacier pendant qu’il est encore dans son sommeil hibernal, et mesurer de nouveau la position de ces mêmes blocs, ce qui nous donnera la somme du mouvement depuis la moitié de septembre 1842. Nous mesurerons en même temps la hauteur de quelques uns de ces blocs relativement au niveau de quelques points fixes situés sur les rives. De cette manière, lorsque nous irons de nouveau nous établir, au mois de juillet, à l’hôtel des Neuchâtelois, nous saurons exactement ce qui en est. M Agassiz a l’intention de ne rien publier sur le mouvement jusqu’à ce qu’il ait réuni toutes ces données. En hiver et jusqu’au printemps, le glacier est bien et dûment gelé au fond, et le rocher, la couche de gravier et la glace, ne forment qu’une seule masse. Se dégèle-t-il complètement en été ? je n’en sais rien. Malheureusement, nous avons acquis l’été der- nier la certitude qu’il est impossible d’atteindre le fond du glacier en forant. La glace a probablement 250 à 350 mètres de puis- sance à l’hôtel des Neuchâtelois; en sorte qu’il faudrait plus d’un SÉANCE DU 20 MARS 1843. 327 été pour percer une masse pareille, à supposer même que le mou- veinent du glacier n’apportât pas continuellement de nouveaux obstacles au forage. Il en est des couches qui composent les glaciers comme des phénomènes erratiques : elles existent sur tous les glaciers , mais il faut savoir les découvrir. D’abord droites et transversales, elles s’arquent à mesure qu’on les examine plus près de l’extré- mité inférieure du glacier, et finissent par former des ogives très allongées; c’est du moins ce qui s’observe sur les glaciers simples. Je n’entrerai pas dans les détails sur les exceptions qu’offrent les glaciers composés, tels que le glacier de l’Aar, lorsque plusieurs affluents , cheminant parallèlement , viennent à se confondre dans leur cours ; vous trouverez tout cela dans la Monographie du Gla- cier de /’ Aar, qui s’imprime dans ce moment, et qui formera le supplément des études de M. Agassiz sur les glaciers. Une foule de considérations du plus grand intérêt se laissent rattacher à ce phénomène. Je crois , en particulier, que la limite de la première couche peut être substituée avec avantage à la ligne des neiges éternelles. Elle oscille sans doute suivant les années; mais je pense que ces oscillations sont générales , et se reproduisent de la même manière dans toute la chaîne des Alpes. Elle est à 2,880 mè- tres sur le glacier de Lauteraar. Le problème des bandes bleues verticales dont on a fait tant de bruit aujourd’hui, est résolu de la manière la plus complète. Ce sont des lames de glace d’eau intercalées dans la glace de neige, avec laquelle elle contraste par sa transparence et sa teinte bleuâ- tre. Yous savez qu’elles sont surtout fréquentes dans les environs des moraines, c’est-à-dire là où la fusion est le plus abondante. Les choses se passent probablement de la manière suivante : l’eau qui pénètre dans l’intérieur de la masse suit habituellement les mêmes voies, se congèle périodiquement dans ces canaux , et agrandit ainsi les veines de glace bleue aux dépens de la glace blanche adjacente qui se comprime. Cette compression de la glace blanche est bien réelle , et se démontre de la manière la plus évi- dente parles bulles d’air, qui s’aplatissent toujours plus à mesure que les bandes bleues augmentent. En résumé , le mécanisme entier des glaciers n’étant que la substitution de la glace d’eau à la glace de névé, l’eau , en pénétrant dans l’intérieur du glacier et en s’y congelant, comprime et fait disparaître les bulles d’air qui se trouvent primitivement en si grande abondance dans la glace du névé. A l’extrémité des glaciers , cette substitution est si 328 SÉANCE DU 20 MARS 1843. complète , qu’on ne distingue plus la glace blanche de la glace bleue. Je ne puis m’empêcher de vous dire, en terminant, que nos ni- veaux de roches polies acquièrent tous les jours plus d’importance ; exemple : La limite du phénomène erratique dans le Jura est à. . 1 I70m. La limite extrême des roches polies sur le Schreckhorn et au Finsteraarhorn est à 2924m. La distance du Schreckhorn au Jura , le long du cours de l’Aar, est de 96,000 mètres. En supposant une pente uniforme du Schreckhorn au Siedelhorn , nous avons pour la distance de ces deux points 16,000 mètres et un abaissement de 292 mètres. D’a- près cela , la limite des roches polies au Siedelhorn devrait être à 2,632 mètres, c’est-à-dire à 138 mètres au-dessous du sommet, et c’est précisément ce qui a lieu. Nous avons fait les mêmes rappro- chements pour d’autres points , et nous avons trouvé des résul- tats non moins satisfaisants. M. Constant Prévost communique à la Société la manière dont il conçoit les formations aux diverses époques géologi- ques. Selon lui, il y a eu à chaque époque synchronisme entre les diverses formations , poudingues, grès, argiles, calcaires, etc. Ce sont des résultats des actions fluvio-ma- rines. Les grands cours d’eau laissant tomber les matériaux qu’ils charrient successivement dans l’ordre de leur plus grand volume, les plus gros forment les poudingues; puis viennent ensuite ceux qui forment les grès à gros grains , puis les grès à petits grains , puis ceux plus ténus , qui forment les argiles, les marnes, etc., tous d’ailleurs se formant et crois- sant ainsi simultanément, sans que l’on puisse dire qu’ils sont plus anciens l’un que l'autre, les poudingues plus que les grès, les grès plus que les argiles, etc. xM. Dufrénoy croit que M. C. Prévost se laisse trop préoc- cuper de ce qui a lieu dans les terrains de Paris; que par suite de la pente naturelle que nous avons tous à tout rap- porter à ce que nous connaissons le mieux , les travaux re- commandables qu’il a faits sur les terrains parisiens, et dans lesquels il a montré l’enchevêtrement qui existe effective- ment de terrains marins et de terrains d’eau douce dans le SEANCE DU 20 MARS 1843. 329 bassin de la Seine, le portent à y tout comparer; mais qu’il est dans Terreur en appliquant ces mêmes idées aux autres terrains. D’abord le mot synchronisme , dont il se sert, veut dire parallélisme complet, et non succession. Or, il y a succession et non parallélisme. Toute formation est séparée de la précé- dente et de celle qui la suit par une révolution du globe. Chaque révolution amène la cessation complète des forma- tions sédimentaires et l’action ignée; puis les actions sédi- mentaires recommencent ensuite par des transports. Ce sont d’abord des amas considérables de poudingues composés de galets, souvent énormes, et soudés ensemble, puis succes- sivement des grès à gros grains , des grès à grains fins , des grès micacés; puis des argiles qui sont des grès à parties imperceptibles; puis des marnes, des calcaires argileux, et enfin des calcaires parfaitement purs, soit que ces calcaires proviennent de sources ou d’animaux. Que Ton fasse des puits artésiens dans toutes les formations, dit M. Dufrénoy, et Ton trouvera toujours les mêmes résultats. Les fossiles dans le? calcaires sont des fossiles déposés tranquillement ayant leurs deux valves, et qui n’ont pas été transportés. Bien mieux, ils sont stratifiés à diverses profondeurs, selon les espèces qui vivent à des profondeurs différentes. On trouve aussi des animaux entiers, des squelettes non dislo- qués. Il n’y a pas une seule formation qui ne soit dans ces con- ditions : poudingues, grès, argiles, calcaires. Les forma- tions d’eau douce se sont succédé, ce sont les poudingues, ce sont les argiles; dans la partie supérieure du calcaire ju- rassique , il existe aussi des coquilles d'eau douce avec quel- qu’abondance. M. Dufrénoy ajoute que d’ailleurs tout ce qu’il dit ici n’est pas nouveau, que ce sont des idées généra- lement adoptées. M. C. Prévost répond qu’il n’a pas étudié seulement les terrains parisiens , mais qu’il a visité presque toute la France ; I que ce n’est donc pas sur l’examen seul d’une localité parti- culière qu’il a formé son opinion sur la contemporanéité de formations d’eau douce et de formations marines , et qu’elles 330 SÉANCE DU 20 MARS 1843. ont ainsi lieu journellement. Il rappelle les formations d'eau douce du terrain houiller, et il cite l’exemple du Mississipi et des effets qu’il doit produire dans le golfe du Mexique. M. Dufrénoy réplique qu’il y a bien réellement, actuelle- ment, des formations contemporaines d’eau douce et mari- nes autour des terres , mais que ces formations, qu'il ne mé- connaît pas, quand on leur supposerait dix et même vingt lieues d’étendue autour des continents, sont des infiniment petits comparés aux anciennes formations géologiques; que l’exemple du terrain houiller est invoqué mal à propos , parce que le terrain houiller n’est pas à proprement parler un terrain , une grande et même formation géologique, mais ne se compose que de dépôts locaux; que les fleuves for- ment à leur embouchure , il est vrai , des dépôts mécaniques, mais que , plus avant , loin des côtes, et au milieu de la mer, il ne sc forme plus que des dépôts chimiques. M. Aie. d’Orbigny dit que les choses ne se passent pas comme le prétend M. C. Prévost. En sondant dans la mer à de grandes profondeurs, on ne rapporte que des coquilles entières , mortes ou vivantes, qui n’ont jamais été triturées. Il répond à M. Prévost, qui lui objecte les nombreux fonds de coquilles brisées , que les fonds de coquilles brisées n’exis- tent qu’aux attérages à des profondeurs de 8 ou 10 mètres, seulement à de petites distances des rivages. Dans une foule de couches jurassiques ou autres, les coquilles se trouvent dans leur position normale , telles qu’elles ont vécu. Pour son compte, il ne trouve bien clairement des coquilles d’eau douce et terrestres que dans les terrains tertiaires. On a cité des Unios dans les terrains houillers ; mais il a acquis la cer- titude, par un examen approfondi de ces coquilles , que ce n’étaient pas des Unios , comme on l’avait cru. Quelques plantes monocotylédonées sont donc à peu près tout ce qu’on peut invoquer de cette époque , pour en conclure qu’il y avait alors des terres et des eaux douces. M. Leblanc demande à M. C. Prévost ce qu’il entend quand il dit que les coquilles sécrètent du calcaire; s’il en- tend par là qu’elles le créent ou non? Et sur la réponse de M. C, Prévost, qu’au fond il n’en sait absolument rien, SEANCE DU 20 MARS 1843. 331 M. Leblanc ajoute que l’idée de la création du calcaire par les coquilles lui paraît n’avoir aucun fondement raison- nable. M. Melleville lit la note suivante : Dans 1^ séance du 20 décembre 1840, j’ai lu à la Société un Mémoire sur les sables tertiaires inférieurs du bassin de Paris. Ce travail , destiné d’abord à être inséré parmi les Mémoires de la Société, vient d’être publié à part(l), et est accompagné de 10 planches de fossiles. Comme je divise les sables inférieurs en trois étages, je vais présenter quelques considérations sur la distribution des mollus- ques fossiles dans ce membre de la formation tertiaire parisienne, distribution sur laquelle je m’appuie particulièrement pour éta- blir cette division. Jusqu’à présent on n’avait signalé dans les sables inférieurs qu’en viron 160 espèces de coquilles fossiles; mes listes en font connaître, savoir : dans le premier étage, 119 espèces , dans le se- cond , 273 (le troisième n’en renferme pas), en tout 392 ; mais comme il y en a 38 que l’on trouve simultanément dans les deux étages, le nombre total des espèces jusqu’ici recueillies dans les sables inférieurs est donc de 354. Dans ce nombre , je ne com- prends pas encore celles des argiles plastiques, parce que je re- garde ces couches comme constituant un terrain à part et distinct des sables inférieurs , dans lesquelles cependant elles se trouvent toujours intercalées. Ces 354 espèces appartiennent à 87 genres, parmi lesquels 6 n’avaient point encore été signalés à l’état fossile dans le bassin de Paris : ce sont les genres Maillot, Panopée , Plioladomie , Pec- ten, Piacune et Ombrelle. Dans ce nombre 283 étaient connues , 71 sont nouvelles, et j’en ai donné la description et la figure. 23 de ces dernières ont été recueillies dans le premier étage d< s sables inférieurs et 48 dans le second. Parmi ces 354 espèces, on en remarque 326 qui appartiennent à des genres vivant au sein des mers, 25 à des genres qui fré- quentent les eaux douces , et 3 seulement à des genres respirant à l’air libre. Sur ces 28 espèces terrestres et d’eau douce, 17 sont du premier étage et 11 seulement du second. Dans le premier (î) In-8<\ chez Fortin , Masson e! Comp% libraires, place de l’École- de-Médeeine. 332 SÉANCE DU 20 MARS 1843. étage les espèces terrestres sont donc , avec les marines , dans la proportion d’un peu plus de 2 pour 100, et celles d’eau douce dans la proportion de 12 pour 100. Dans le second étage, ces der- nières se trouvent, avec les marines, dans la proportion de moins de 5 pour 100. Sur les 119 espèces du premier étage , 1 1 se trouvent dans les argiles plastiques , 38 remontent dans le second étage , 45 dans le calcaire grossier, 21 dans les sables moyens , et une seulement dans les sables supérieurs. 11 reste donc 54 espèces particulières à ce premier étage et le caractérisant très bien. Sur les 273 espèces du second étage il y en a, comme je l’ai dit , 38 qui sont identiques à un pareil nombre du premier étage, 164 se retrouvent en outre dans le calcaire grossier, et 57 remon- tent dans les sables moyens. Enfin 64 espèces ne se sont encore rencontrées que là, et caractérisent le second étage des sables in- férieurs. Enfin , sur les 354 espèces des deux étages réunis , on en signale 59 identiques dans le bassin de la Gironde , 35 aux environs de Londres , et une vingtaine en Italie. M. Melleville cite, en terminant, un certain nombre d’es- pèces de ces terrains tertiaires , qu’il considère comme iden- tiques avec des espèces encore vivantes. M. de Roissy élève les doutes les plus forts contre la plu- part des assimilations faites par M. Melleville , de certaines espèces vivantes avec des espèces fossiles. M. Aie. d’Orbigny étend ces doutes à la totalité même des espèces prétendues identiques. Ainsi, dit-il, 1 ' Auricula rin- gens , notamment, qu’a citée M. Melleville, ne compte pas moins de six espèces qui ont été confondues en une seule. La Lucina dwaricata , citée aussi , et que L’on a indiquée comme se trouvant également dans la Méditerranée, en Améri- rique, etc., m’a présenté pour chacune de ces localités une espèce différente. Il ajoute qu’ayant examiné des espèces fossiles du terrain tertiaire inférieur que l’on avait indiquées comme identiques avec des espèces encore vivantes , il n’en a trouvé jusqu’à présent aucune réellement identique. Il prie M. Melleville de vouloir bien lui communiquer plus tard celles de ces coquilles qu’il a indiquées comme identi- ques , afin de pouvoir les soumettre à un examen approfondi , SÉANCE EU 8 AVRIL 1843. 333 lorsqu’il s'occupera, pour sa Paléontologie , des terrains ter- tiaires. Séance clu 3 avril 1843. PRÉSIDENCE DE M. ALC. d’oRBIGNY. M, Angelot, secrétaire , donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Le Président proclame membres de la Société : MM. De Miranda Castro, rue M. le Prince, 28, à Paris, pré- senté par MM. L. Cordier et Aie. d’Orbigny; Le docteur Edouard Estienne, rue de Varennes , 44, à Paris, présenté par MM. Constant Prévost et Hugard. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit: De la part de M. Jules Beaudouin , sa Notice géologique sur une caverne a ossements , des environs de Châtillon (Côte- d’Or) , in-8°, 1 0 pages , Châtillon-sur-Seine , 1843. (Extrait de sa description géologique et minéralogique de l’arron- dissement de Châtillon.) De la part de M. le capitaine Portlock, son ouvrage inti- tulé Report j etc. (Rapport sur la géologie du comté de Lon- donderry, etc.),in-8°, 784 pages, 48 planches, 1 carte, Dublin et Londres, 1843. La Société reçoit en outre les publications suivantes : Comptes-rendus des séances de V Académie des sciences , 1843, 1er semestre, tome XVI , n08 12 et 13. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse , n° 76. Bulletin de la Société industrielle d’Angers , n° 6 , 13e année ; 1843. Correspondenzhlatt , etc. (Feuilles de correspondance de la Société royale d’agriculture du Wurtemberg) , nouvelle série , 1 842 , n° 5. The Geologist , etc. , numéro de mars 1843. V Institut i nos 482, 483. SÉANCE DL 3 AVRIL 1843. 334 L’Écho du Monde savant, nos 22 — 25. The Athenœum , n0# 804, 805. The Mining Journal , n0s 396, 397. M. Michelin communique à la Société l’extrait d’une lettre de M. l’abbé Chamousset, de Chambéry, qui témoigne le désir de voir la Société géologique de France se réunir dans cette ville en 1844, et ajoute que Sa Majesté Charles-Albert accueillera sans doute avec empressement cette réunion de la Société dans une partie de ses Etats. Cette lettre est renvoyée au conseil. M. de Collègue adresse à la Société une note Sur les ter - rains diluviens des Pyrénées , extraite d’un travail plus volu- mineux, par lui présenté à l’Académie des sciences. C’est le fruit de ses observations pendant les étés de 1839 à 1842. Cette note sera lue dans la plus prochaine séance, à son tour d’inscription. Le Secrétaire donne lec ture par extrait d’une lettre adres sée de Vienne, le 3 mars 1843, à M.Viquesnel, par M.Boué. « Je vous envoie par ce même courrier, écrit M. Boue, comme modèle de coloriage de cartes géologiques par im- pression lithographique , la carte du Taurus , de Russegger, qu’il a eu la bonté de me donner à cet effet. Voyez à tâcher d’employer ce procédé d’impression à l’huile pour vos cartes. A Paris , où l’art de la lithographie est plus avancé qu’ici , ces impressions devront revenir à meilleur marché (1). Les con- tours sont bien nets, et les couleurs à l’huile moins péris- sables que celles à l’eau. La carte géologique du Vorarlberg que publie la Société géologique du Tyrol , sera aussi coloriée par ce procédé; M. Partsch aurait aussi envie de l’employer pour celle de l’Autriche proprement dite, si la multiplicité des teintes n’augmente pas trop les frais. » En fait de nouvelles littéraires, la plus saillante est l’ou- (i) Dans sa séance du îo mars i843 , le conseil a décidé que îoo exem- plaires de la carte géologique du département de l'Aisne, par M. d’Ar- ciiiac , seraient coloriés par un procédé analogue dû à notre industrie nationale , et qu’au besoin on l’emploierait pour le coloriage des planches du Bulletin. ( Note du Secrétaire.) SEANCE DU 3 AVRIL 1843. 335 vrage posthume de Mohs, intitulé : Les P rentiers éléments de la Minéralogie et de la Géognosie , pour de jeunes mineurs en Autriche ( bie ersten B e griffe der Minéralogie and Geognosief Vienne, 1842, 2 gros volumes in-8°, avec 18 planches. Le premier volume est une réimpression revue de ses principes de minéralogie, suivant son système naturel, avec sa carac- téristique si sèche des minéraux, sans la moindre indication de localité ou de gisement, et avec tout son grimoire de noms nouveaux , même souvent difficiles à rendre dans des langues étrangères Naturellement , tout ce qui ne se présente pas ou ne s’est pas encore présenté en cristaux , est soigneu- sement omis , et les analyses chimiques sont comme non avenues. Ce n’est donc , au bout du compte , qu’un fragment de la minéralogie. Le deuxième volume, de 406 pages, est consacré à la Géognosie , traitée sans avoir presque aucun égard à la paléontologie. Que dire de notre cristallographe, lorsqu’on lit, page 218 de ce volume, que les fossiles ter- tiaires ont leurs espèces identiques (original) dans les mers actuelles ! Cependant, il se trouve dans son ouvrage un bon chapitre sur la description des filons et de leurs accidents , et il termine en professant complètement l’inséparabilité des alluvions anciennes et modernes , vérité qui est du goût de si peu de géologues. » M. Haidinger va publier une espèce de catalogue rai- sonné du cabinet minéralogique et géologique des mines, et M. Partsch veut aussi faire quelque chose de semblable pour la collection minéralogique impériale, où se trouvent maintenant une collection systématique des roches, et une collection géologique et paléontologique de l’Autriche. » Dans une autre lettre du 12 mars, M. Boué annonce que M. Ebel, jeune botaniste , a publié un récit d’un petit séjour en 1839 et 1840 dans le Monténégro, mais qu’il n’a pas traversé la Moratscha. il donne 5,000 pieds d’altitude à Cet- tigne; ce qui paraît bien fort, puisqu’il faudrait supposer que cette localité , où prospèrent les arbres fruitiers , est placée très près des sommets (1). (i) Les hautes sommités dépassent 5,ooo pieds. 336 SÉANCE DU 3 AVRIL 1843. M. Viquesnel, trésorier, conformément à l’art. 10 du chap. IV du règlement constitutif, présente l’état des re- cettes et dépenses du premier trimestre de 1843. Il y avait en caisse au 3 1 décembre 1842 1 ,55 1 fr. 75 c. Recette du ier trimestre de 1 84 3 4*928 o5 Total 6,479 60 A déduire : dépense du ier trimestre de i843. . . . 5,296 20 Reste en caisse au 3i mars 1840 i,i83 60 Dans la recette figure une somme de 600 fr. pour deux cotisations de 300 fr. une fois payées. Dans la dépense figure une somme de 606 fr. pour achat de 25 fr. de rente 5 0/0 sur l’État. M. Ch. Martins lit la note suivante : Notice sur la dépression de la mer Morte et du cours du Jour- dain jusqu au N. du lac de Tibériade, et discussion des résultats des observations barométriques de MM. Jules de Bertou et Russegger , qui constatent ces dépressions au-des- sous de la surface générale d’équilibre des mers ; par le com- mandant Delcros. A roccasion de son nouvel ouvrage sur l’Asie centrale , M. le baron de Humboldt 111e pria de discuter et de calculer les obser- vations barométriques faites en 1838 et 1839 par MM. Jules de Bertou et Russegger, afin de constater, autant que possible, la réalité et la valeur la plus probable (le chiffre) de la dépression extraordinaire de la mer Morte et de son bassin au-dessous du niveau général des mers ; fait hypsométrique qui venait de frap- per d’étonnement tous les géologues , et de réveiller toutes les in- crédulités et les critiques qui avaient combattu si longtemps contre l’abaissement de la Caspienne et de l’Aral. La diminution successive de la dépression de la Caspienne, qui de 97 mètres était enfin arrivée à 25 mètres , était un fâcheux antécédent contre l’énorme abaissement de la mer Morte, porté d’abord à plus de 600 mètres , par une fausse interprétation des observations thermométriques de Moore, et réduit ensuite à 376 mètres par les observations barométriques et les calculs de M. Russegger. Ces circonstances m’ont déterminé à soumettre à de nouveaux calculs les observations barométriques de MM. de Bertou et Russegger. SÉANCE DU 3 AVE IL 1813. 337 1° Altitudes barométriques de M. de Bertou M. Jules de Ber tou a exécuté deux nivellements barométriques en Palestine : le premier en mars 1838 , et le second en avril et mai de 1839. Il part de la Méditerranée à Beyrout et Acre, vient à Jérusalem , et descend par Jéricho à la mer Morte , dans le premier de ces voyages. Pendant le second, il remonte au-delà des sources du Jourdain , suit iout le cours de cette rivière, détermine le lac de Tibériade, et aboutit par Jéricho à la mer Morte. Il fournit donc deux mesures indépendantes de la dépression de cette mer. Il paraît que M. de Bertou employait deux baromètres à siphon qui, ayant été cassés, ne lui ont pas permis de continuer son ni- vellement au-delà de la mer Morte, car nous ne pouvons conce- voir l’emploi ultérieur qu’il a fait de l’observalion de la tempéra- ture de l’eau bouillante : aussi je ne tiendrai pas compte de cette partie de son travail. M. de Bertou me paraît avoir observé ses ou son baromètre à siphon avec beaucoup de soin ; car il dit avoir répété ses obser- vations principales dix à douze fois, en ouvrant et refermant le robinet de son siphon. Ce voyageur a calculé une partie de ses points; mais n’ayant pas d’observations barométriques correspondantes aux siennes, il les a forcément comparées à la hauteur moyenne du baromètre au bord de la mer générale, qu’d fait égale à 28 pouces =757mm, 96 , tandis que cette moyenne est d’environ 762mm,00à zéro tempéra- ture. J’ai donc cru utile de refaire ces calculs en partant de ma donnée au niveau de la mer, ce qui m’a conduit à des résultats différant en plus de 75 à 76 mètres de ceux obtenus et publiés par M. de Bertou. Dans mes calculs, j’ai conclu la température du bord de la mer, correspondante à celle de chaque observation , en réduisant ces dernières au niveau de la mer, au moyen de la loi connue du décroissement vertical de cette température. Si ce n’est pas là toute la vérité , je crois que c’est en approcher autant que le permet ce cas peu favorable. Vu les variations du baromètre, observées plusieurs fois pendant quinze jours de suite , soit au bord de la mer, soit à Jérusalem , par MM. de Bertou et Russegger, je ne crois pas que les erreurs probables de ce nivellement puissent dépasser 30 à 40 mètres. Je trouve , par les observations du premier voyage de M. de Bertou en 1838, que Jéricho est abaissé au-dessous de la Médi- terranée : Soc. Créol. Tüin. XIV. 22 338 SÉANCE DU 3 AVRIL 1843- 1° En allant à la mer Morte. . . — 217m54 2° En revenant de cette mer — 224m,0 3° Par celles du deuxième voyage en 1839. — 239m,6 Moyenne altitude négative de Jéricho. . — 227m,0 A la vue de ces trois valeurs pour Jéricho, je crois qu’il est permis de supposer que les erreurs probables ne peuvent aller au- delà de 30 à 40 mètres. Les sources du Jourdain sont au-dessus de la mer Méditerranée de -j- 259m,2 Le point de la vallée du Jourdain où commence la dépression , au-dessous de la Méditerranée , se trouve près de Bahr-el-Houlé, qui n’est qu’à environ. . -j- 68m,7 Les observations du premier voyage de M. de Ber- tou à Jérusalem donnent : 1° en allant à la mer Morte + 772m,5 2° En revenant de cette mer -f- 774m,9 Moyenne altitude positive de Jérusalem. . -|- 773“,>7 Le niveau de la mer Morte donné par les observations du pre- mier voyage de M. de Bertou , en 1838 , se trouve être abaissé au- dessous de la Méditerranée de — 374m,3 Et par celles du deuxième voyage , en 1839 , de. . — 370m,0 Moyenne - — 372m,2 M. de Bertou , en calculant cette même dépression, la trouve, pour son second voyage , de — 4 ! 9m , 8 Si j’en retranche la constante dont nous devons différer 75m,5 il en résulterait — 344m,3 Or, en calculant cette observation du deuxième voyage, j’ai 349m,l Il y a donc quelque cause d’erreur dans cette observation de la mer Morte. Je l’ai recherchée et je l’ai trouvée. A cette époque, 29 avril 1839 , je faisais à Paris des observations barométriques horaires correspondantes à celles de l’expédition du nord. J’ai donc pu comparer l’observation sur la mer Morte avec sa corres- pondante de Paris, et malgré le grand éloignement des lieux et l’é- norme différence des climats, j’ai trouvé le chiffre — 370,2, que j’ai dû préférer à — 349, 1 . Je n’ai malheureusement pas fait à Pa- ris des observations correspondantes à celles du premier voyage de M. de Bertou ; je les aurais fait intervenir, car ce moyen m’a réussi pour les mesures barométriques recueillies sur le plateau ou ter- SÉANCE DU 3 AVRIL 1843. 339 rasse de l’Iran , par MM. de Guiche et Tessier, et pour un nivelle- ment en Palestine exécuté par M. le comte Jaubert. 2° Altitudes barométriques de M. Russegger. M. le conseiller des mines Russegger a observé, en novem- bre 1838 , la marche du baromètre au bord de la Méditerranée à Jaffa, à Jérusalem et au bord de la mer Morte. Toutes ces ob- servations sont comprises entre le 20 et le 28 novembre. Il a ob- servé pendant quinze jours à Jaffa. A ses deux passages par Jéru- salem , à trois jours de distance , le baromètre n’avait varié que delmm,8. Quoique les observations faites à ces divers points ne soient pas correspondantes instantanées , cependant je crois devoir adop- ter les résultats de leur comparaison , comme plus exacts que ceux donnés par la moyenne générale au niveau de la mer, que nous avons été forcé d’adopter pour le nivellement de M. de Bertou. J’ai puisé dans l’ouvrage sur l’Asie centrale de M. de Humboldt les observations de M. Russegger, rapportées par Ritter. Je les ai calculées avec mes grandes tables , et j’ai trouvé : Baromètre Jérusalem sur la mer, à Jaffa. . . 789“, 7 Niveau mer Morte sur la mer, à Jaffa. . — 420m,8 Somme — Baromètre Jérusalem sur mer Morte. 1210™, 5 Cette même hauteur par les observations baro- métriques directes est 1218“, 0 Les trois observations barométriques se vérifient donc à 7m, 5, ce qui me paraît d’une merveilleuse exactitude dans de telles circon- stances et dans de pareilles localités. Il résulte de la combinaison de ces trois différences de niveau à indépendantes que : La mer Morte par Jérusalem est abaissée de. . . — 429m,4 Et par la mer à Jaffa de — 420“, 8 La moyenne serait de „ M de Bertou , par le calcul de ses propres obser- vations barométriques , trouvait Mes calculs de ces mêmes observations de M. de Bertou m’ont donné en moyenne Par un calcul plus rigoureux des mesures deM. le conseiller Russegger, j’ai trouvé Pour l’altitude de Jérusalem au-dessus de la Mé- diterranée, je trouve par les observations de M. de Bertou Et par celles de M. Russegger — 425“, 1 419“,8 — 372“, 2 — 426“ ,3 773“,7 789“, 7 340 SÉANCE DU 3 AVRIL 1843. Le tableau de ces divers résultats, obtenus par des observateurs tout-à-fait indépendants , avec des instruments divers et à des époques différentes de l’année (mars et novembre), suffiront, je le crois, pour convaincre les plus incrédules. En présence de l’ac- cord que je viens de présenter, je ne puis admettre que la somme des erreurs possibles sur ces mesures puisse dépasser la limite de 30 à 40 mètres que je leur ai assignée ; et, après avoir bien pesé toutes les probabilités , j’ai fini par adopter le résultat rigoureux de mon dernier calcul, qui donne à la mer Morte une dépression sous-méditerranéenne de 426m,3. J’engage les voyageurs à venir à établir trois baromètres station- naires pendant au moins dix à quinze jours, l’un à Jaffa, l’autre à Jérusalem , et le troisième au bord de la mer Morte ; et si cela leur était possible , de répéter ce système d’observation à trois époques différentes de l’année. Quant à une vraie et bonne mesure géodésique , nous ne pou- vons l’espérer de sitôt. Son résultat, pour être supérieur à la me- sure barométrique que je viens d’indiquer, exigerait des moyens qui ne sont ni faciles à trouver, ni possibles à employer dans un tel pays, où régnent la méfiance et l’ignorance la plus ombra- geuse. M. Delcros termine cette notice en jetant un coup d’œil général sur l’ensemble de cette dépression de la mer Morte qui n’est point bornée à l’étendue de cette mer. Il regarde comme prouvé, qu un vaste cratère d'affaissement , allongé, règne environ depuis Houlé au N., et se prolonge au S. par la vallée de Safieh , à une certaine distance dans la direction du golfe d 1 Aqabah , et que la mer Morte en remplit la partie la plus déprimée. Il combat enfin 'l'incrédulité qui pourrait exister à l’égard de la réalité de cette dépression. A la suite de cette lecture, M. Angelot fait observer que le fait de la dépression du niveau de la mer Morte, ou lac Asphaltite, au-dessous de celui de la Méditerranée, a été déjà consigné à plusieurs reprises dans le Bulletin de la So- ciété ( t. X, p. 123-125, et ». XI, p. 15 et 16 ), avec les évaluations de MM. de Bertou et Russegger, et dans un grand nombre d’autres publications (1). De plus, dit-il, le (î ; Note sur le voyage de M. le comte J . de Rertou , depuis le lac dsphal- tite, elc. , par M. C. Galber, dans le Bulletin de la Société géographique. SÉANCE DU 3 AVRIL 1843. 34 î lieutenant du génie anglais Symonds a obtenu, par une série de nivellements géociésiques exéculés jusqu’à la plus haute maison de Jaffa ( supposée être à 61 mètres d’élévation au dessus de la Méditerranée ), 4 27 mètres pour mesure de cette dépression (1), ce qui est précisément , à Ûm,7 près, celle que vient de donner M. Delcros , d’après ses « aïeuls d observations barométriques. Ainsi , les calculs de M. Deîcros peuvent sans doute être considérés comme une évaluation de la mesure de la dépression du niveau de la mer Morte , plus précise que celle de MM. de Bertou et Russegger (2) , et confirmative de celle trouvée par les nivellements géodésiques du lieu- tenant Symonds; mais ils ne sont pas la révélation de ce fait, qui n’est plus contesté aujourd’hui par aucun géologue. M. Amgelot émet ensuite sur cette dépression, envisagée comme cause du haut degré de la salure de la mer Morte, quelques considérations qu’il développera dans la prochaine séance. M. Rozet réclame pour le capitaine Cahier la priorité de la découverte de la dépressionAlu niveau de la mer Morte, et rappelle que c’est lui-même qui a communiqué à la Société le résultat des calculs de M. Galber. Il s’élève d’ailleurs avec force contre la comparaison faite par M. Deleros d’observations barométriques simultanées à Paris et en Palestine, comme devant conduire à de grandes erreurs, et croit avoir prouvé, dans une note communiquée à la Société (t. XIV, p. 276) , 1 838 , 2e série, t. X , p. i8-32. — Dépression de la vallée du Jourdain et du lac Asphaltile , par J. de Bertou , même recueil , 2e série , 1809, I. XII, p. n3-i66, avec deux cartes itinéraires où sont figurées des coupes dé- taillées de cette grail le dépression des sources du Jourdain au Wady- el-Akaba. — Mémoire sur le même sujet par M. Gallier, in-8°, 3g pages, Paris, 1839. Extrait des Nouvelles annales des voyages. — Extrait des lettres de M. Russegger dans le Journal de Leonliard , 3e cahier pour 1809, etc., etc. Il en est également question dans le voyage du duc de Raguse. (1) Bulletin de la Société géographique , 2e série, t. XVII , n° 98 , février 1842 , p. i39-i43. (2) D’après le calcul de ses propres observations , M. Russegger avait trouvé pour altitude du niveau de la mer Morte — 434 mètres, ou — 435m,6. 342 SÉANCE DU 3 AVRIL 1843. que deux baromètres placés à une même hauteur , et, dans des lieux même assez voisins l’un de l’autre, peuvent pré- senter, au même moment, de grandes différences dans la hauteur du mercure. M. Martins répond que M. Delcros, en comparant les ob- servations thermométriques faites en Palestine à celles qu’ii faisait à la même époque à Paris , n’a pris cela que comme un moyen de vérification. M. Martins ne pense pas que cette manière de calculer les observations donne une plus grande incertitude que la supposition d’un niveau moyen du baro- mètre à la surface de la mer. Il demande si M. Rozet ne pense pas que si, de deux observateurs placés, l’un à Jaffa, l’autre à la mer Morte , ce dernier trouve une hauteur de la colonne barométrique beaucoup moindre , on devra en con dure qu’il y a dépression? M. Rozet répond qu’il n’a pas prétendu que la différence ne fût pas dans ce sens , mais que ce rapprochement des ob servations barométriques pouvait donner des erreurs d’un quart de la différence trouvée; que, par exemple, en France, à Puits-Berteaux , l aplatissement est un vingtième de Taxe terrestre; qu’on peut juger par là du résultat qu’y donnerait le baromètre. Il ajoute qu’il y a bien dépression du niveau de leau de la mer Morte, mais non affaissement en ce poini de la croûte terrestre, ainsi que l’a- vance M. Delcros. M. Dufrénoy croit que M. Rozet a tort de considérer le baromètre comme un instrument d’un usage aussi mauvais. Il dit qu’on ne peut, malgré les observations de M. Hermann, trouver des différences apparentes et non réelles de 120 mè très à des points très rapprochés , parce que ces variations marchent lentement et d’une manière géométrique. M. Aie. d’Orbigny lit le mémoire suivant : Considérations générales sur la paléontologie de V Amérique méridionale , comparé ' a la paléontologie de V Europe; par M. Aie. d’Orbigny. J’ai déjà fait entrevoir, aux considérations géologiques de mon voyage, la succession des êtres qui se sont remplacés aux diverses SÉANCE DU 3 AVRIL 1843. 343 époques de la dislocation des couches terrestres, et j’ai parlé des différents systèmes qui ont surgi au-dessus des océans. Je ne re- viendrai point sur ce qui appartient à la géologie proprement dite, mais je crois devoir résumer les généralités qui se rappor- tent plus spécialement aux faits qu’on peut déduire de l’étude particulière de la paléontologie américaine. A l’instant où les roches de l’époque gneissique se déposaient au sein des océans brûlants qui devaient couvrir le globe , l’a- nimalisation ne pouvait pas exister : aussi n’a-t-on jamais rencon- tré dans ces couches aucune trace d’animaux. On peut même dire que les premiers dépôts de l’époque silurienne n’en conte- naient pas non plus , au moins dans les mers américaines ; et en effet, les trois quarts de cette immense puissance des roches phyl- ladiennes, représentant au INouveau-Monde le terrain silurien, ne renferment pas de restes organisés , les premiers n’ayant paru que vers la fin de cette période. Alors la mer silurienne offrait dans l’hémisphère sud une immense surface où vivaient, comme en Europe, des espèces de Lingules , d’ Orthis, de Calymene et d’ Asaphus, voisines, pour la forme, de celles de l’ancien monde, et même qui leur sont identiques. La répartition uniforme dt s espèces de ce terrain par toutes les latitudes de la zone torride jusqu’aux régions glacées de la Russie, dénote sur le globe une chaleur cen- trale assez forte pour faire disparaître la différence de température qu’apporte aujourd’hui la latitude. Des causes provenues sans doute de nouvelles dislocations de la croûte terrestre anéantissent tous les êtres de la faune silurienne, et les couches qui les renferment se couvrent désormais de nou- veaux dépôts. Aux sables vaseux des terrains siluriens de l’Amé- rique succèdent des sables quarzeux. Une faune distincte naît au sein des mers dévoniennes, et cette faune, composée de 7ere- bratules, de Spirijères , d’ Orthis , présente un faciès analogue à celui des animaux des mers européennes de la même époque géologique. Mais cette animalisation s’éteint à son tour, et la faune dévonienne s’efface de la surface du globe, après avoir duré un temps considérable , à en juger au moins par les proportions des couches. Au terrain dévonien succède , en Amérique comme en Europe, la grande série des couches carbonifères. Alors paraît une faune marine très variée , où , parmi les genres Solarium , Natica , Pec- ien y Terebratula , Orthis et Spirifer , se montrent les Productus plus nombreux , plus spéciaux à ce terrain que les autres. Com- parées à celles d’Europe, ces espèces américaines offrent non seu- SÉA.NCE DU 3 4VBIL 1843. 344 lement la plus grande analogie, mais encore des espèces identiques qui indiquent la complète contemporanéité d’existence. Dès lors, à l’époque du terrain carbonifère , pas plus qu’au terrain silu- rien , il n’y avait de différence de température due à la latitude , puisque les mêmes êtres vivaient simultanément sous la zone tor- ride et dans les régions froides. La chaleur centrale était immense et continuait à neutraliser toute influence extérieure. Après une longue durée de cette riche faune et de cette flore plus riche encore des terrains carbonifères, où les palmiers , les fougères ornent les continents, tandis que les innombrables pro- duits de la faune maritime peuplent les mers , la nature une autre fois détruit son œuvre. Les animaux et les végétaux sont ensevelis sous les couches terrestres par la sur- élévation du système chiqui- téen , et la période triasiqne existe. Si , en Amérique ainsi qu’en Europe, les couches qui se déposent doivent former sur l’un et l’autre continent des argiles et des grès bigarrés identiques , il est au moins curieux de ne rencontrer au Nouveau-Monde que des couches dénuées des êtres si nombreux sur l’ancien. 11 faudrait dès lors supposer que /durant cette période, les mers triasiques de l’Amérique se seraient trouvées en des conditions moins favora- bles, peut-être au fond d’un bassin maritime , où les animaux ne pouvaient pas exister. En Europe j à la suite des terrains triasiques commence une très longue période , celle des terrains jurassiques* où six étages, souvent d’une grande puissance , se sont succédé en offrant des faunes distinctes (le lias, l’oolite inférieure, la grande oolite, les couches oxfordiennes, kimméridiennes et portlandiennes ). En Amérique, on cherche en vain ces terrains étendus ; à peine en trouve-t-on des traces incertaines sur un petit point isolé. Ne pourrait-on pas se demander naturellement quelle cause a pu empêcher les terrains jurassiques de s’y développer? Cette ques- tion effraie au premier abord; mais si l’on suppose, par exemple, que durant cette longue période les terrains triasiques formant peut-être le prolongement du système bolivien , et devant plus tard supporter les terrains crétacés, étaient émergés et consti- tuaient les continents, on s’expliquera la cause à laquelle on peut attribuer le manque de terrains jurassiques au Nouveau Monde. Il paraîtrait probable que , durant la formation jurassique, l’Amé- rique méridionale représentait un continent bien plus vaste qu’au- jourd’liui. Néanmoins, pour l’explication des faits postérieurs, il est, de plus, indispensable de supposer qu’à la fin des terrains jurassiques, il s’est manifesté en Amérique des dislocations nom- SÉANCE DU 3 AVRIL 1843- 345 breuses par des affaissements et par l’immersion de ces mêmes terrains triasiques, puisqu’ils reçoivent ensuite les couches les plus inférieures de l’époque suivante. Les terrains crétacés se montrent sur le globe. La nature , après l’anéantissement de la faune antérieure , les repeuple d’animaux , et l’animalisation reparaît sur la terre. Tandis qu’en Europe les nombreuses Ammonites et les autres mollusques peuplaient les mers anciennes des bassins parisien et méditerranéen de l’étage néocomien , ces mêmes mers s’étendaient jusqu’au littoral sep- tentrional et occidental de l’Amérique', de la Colombie, au dé- troit de Magellan, en y offrant des espèces voisines de forme, et même des espèces identiques. En effet , non seulement les terrains néocomiens de Colombie montrent cinquante pour cent d’espèces voisines de forme avec celles du bassin parisien de cet étage , mais encore vingt pour cent d’espèces identiques se trouvent simulta- nément en Europe et en Amérique. Le terrain uéocomien du d - troit de Magellan paraît , au contraire , offrir des analogies avec le bassin méditerranéen. Quoi qu’il en soit, les mers néocomiennes, avec des animaux mollusques voisins ou identiques, s’étendent en même temps dans l’hémisphère S. jusqu’au 54e degré , et dans l’hémisphère JN. , du 4e au 48e degré de latitude (plus de 2,500 lieues) sur une longueur de 75 degrés ( plus de 1 ,800 lieues). Les lois qui président à la distribution actue lle des êtres à la sur- face de notre planète dépendent toujours d’une uniformité com- plète de conditions d’existence et de température. On doit en conclure, par comparaison, que la présence simultanée des mêmes espèces au sein des mers néocomiennes de Colombie, du détroit de Magellan et de F rance , dénote sur ces différents points , pour cette époque , une unité de température qui n’existe plus aujourd’hui, puisque la Colombie est sous la zone torride, que la France est, relativement, un pays tempéré, et que le détroit de Magellan est très froid. J’ai déjà signalé , pour les terrains silu- riens et dévoniens, l’action de la chaleur terrestre centrale, con- cevable dans ces premiers temps de l’animalisation du monde. Je l’ai retrouvée plus tard avec les terrains carbonifères. L’étude que j’ai faite des terrains jurassiques d’Europe m’a également prouvé, par la présence de couches oxfordiennes identiques en France et au N. des monts Ourals (1) , que le froid polaire n’existait pas en- core vers la moitié de la période jurassique. Maintenant, je crois (î) Chargé, par MM. Murchison et de Verneuil . rie l'examen et de la publication des richesses paléontologiques qu’ils ont rapportées de leurs 346 SÉANCE DU 3 AVRIL 1843. pouvoir arriver aux mêmes conclusions pour les terrains crétacés inférieurs. Il paraît donc certain qu’à l’étage néocomien, la chaleur terrestre était assez forte pour annuler non seulement l’influence de la latitude au sein des parties tempérées, mais encore pour anéantir complètement l’action glacée des pôles. Les terrains néocomiens sont remplacés en Europe par le gault. Cet étage si morcelé de la formation crétacée paraît manquer en Amérique. Tl n’en est pas ainsi des craies chloritées ou terrains tu- roniens qui offrent un lambeau sur la Cordilière chilienne. Mais alors, comme j’ai pu m’en assurer par des comparaisons, les faunes , loin de couvrir d’immenses surfaces du globle , paraissent se restreindre ; elles se divisent en se morcelant de plus en plus par bassins distincts , jusqu’à la fin des terrains crétacés, marquée en Amérique pàr le premier relief du système chilien des Cordi- llères , et par le dépôt guaranien qui en est le résuiat immédiat. La nature, en effet, cessant quelque temps d’être en repos, le retrait des matières amène encore de vastes affaissements dans l'O. , et une ligne de dislocation longue de 50° fait surgir la Cor- dilière orientale, en amenant, par suite du balancement des eaux sur les continents alors émergés et dai s le fond des bassins maritimes de l’Amérique , des couches ferrugineuses qui ne con- tiennent aucune trace de corps organisés. C’est le commencement de la période tertiaire, époque à laquelle les mammifères étaient inconnus. Le calme renaît ensuite: le Nouveau-Monde présente des bassins maritimes et des continents circonscrits. Alors appa- raissent pour la première fois, au milieu d’une végétation active, de nombreux mammifères , et la mer se peuple d’animaux marins bien plus diversifiés dans leurs formes , mais plus restreints dans leurs faunes. Les mêmes espèces ne se retrouvent plus d’un côté à l’autre du monde • la température uniforme due à la chaleur centrale ayant beaucoup perdu de son intensité, les êtres sont plus circonscrits, et composent, sous la même latitude et à très peu de distance les unes des autres, des faunes locales souvent distinctes. C’est au moins ce que montrent les mers tertiaires de l’Amérique méridionale, limitées par une simple chaîne, celle des Cordillè- res , qui , sous la même zone , sépare la faune du grand Océan de la faune de l’océan Atlantique. Tandis que de chaque côté de la Cordilière se succèdent un grand nombre d’êtres marins , compre- nant des Bulles, des Natices, des Fuseaux , des Rostellaires , des explorations des terrains jurassiques de Russie , la comparaison m’a con- duit à ce résultat curieux. SÉANCE DU 3 AVRIL 1813. 347 Olives, des Vénus, des Cardium , des Arches, des Trigonies et des Peines; des bois de Conifères, des ossements de Megamys et de Toxodon, sont transportés, des continents voisins , dans les deux mers. A en juger par la puissance des dépôts, les choses, en Amérique, durent très longtemps, tandis qu’en Europe les couches tertiaires, également très épaisses , se déposaient dans le bassin parisien , en y enveloppant un très grand nombre d’êtres, formant une faune distincte, quoiqu’elle soit, comme celle d’Amérique, composée d’espèces propres aux régions chaudes. Si les mers restent des siècles entiers sans changer beaucoup de formes , les continents voisins ne sont pas moins favorisés. Avec des végétaux propor- tionnés sans doute aux mammifères qui doivent s’en nourrir, existent au Nouveau-Monde, pendant cette période, des Masto- dontes, des Mégathérium , des Megalonyjc , des Toxodons, et une multitude d’êtres terrestres différents des faunes antérieures et de la faune actuelle. On observe, en Europe, les mêmes faits les Mastodontes, les Tapirs , les Eléphants, les Rhinocéros, et tous ces grands animaux inconnus aujourd’hui habitaient alors nos ré- gions tempérées et froides. Le monde entier, quoiqu’il ne nour- risse plus de formes animales identiques, n’en offrait pas moins et partout des conditions égales pour l’animalisation , et une ré- partition uniforme d’êtres voisins par leurs grandes dimensions et par leurs nécessités d’existence. Au milieu du calme apparent de cette animalisation active des continents et des mers, une nouvelle catastrophe a lieu. Un nou- veau mouvement considérable se manifeste dans le système chi- lien. Les Cordilières prennent un grand relief en exhaussant et émergeant, à l’instant où les roches tracbytiques se font jour, le fond des mers tertiaires des Pampas et le littoral occidental. Non seulement alors la faune marine paraît avoir été anéantie ; mais encore l’impulsion donnée aux eaux de la mer envahit les conti- nents , y entraîne tous les animaux en les déposant avec les parti- cules terreuses à toutes les hauteurs dans les bassins terrestres , et surtout dans cette immense dépression des Pampas , qui va deve- nir le grand ossuaire de cette faune terrestre. Alors aussi , les os ou les mammifères entiers, lorsqu’ils n’étaient pas entraînés, étaient jetés dans les fentes des rochers ou dans les cavernes du Bré- sil. Si l’on cherche ce qui s’est passé en Europe à la même époque, on y pourra peut-être rattacher l’anéantissement des Eléphants , des Tapirs, des Rhinocéros, des Mastodontes et des autres ani- maux terrestres de races éteintes , qui se trouvent dans le limon 348 SÉANCE DU 3 AVRIL 1843. de la Bresse, analogue à celui des Pampas, sous les conglomérats trachytiques de l’Auvergne, et ceux que des causes postérieures ont remaniés à la surface du sol européen. S’il en est ainsi, des faunes composées de grands animaux de races éteintes auraient habité simultanément l’Ancien et le Nouveau-Monde , et leur destruction sur les deux continents tiendrait à la même cause, à l’action d’un des reliefs des Cordillères. Après cette catastrophe le globe est peut être resté inanimé longtemps avant que la puissance créatrice le couvrît de nou- veau des végétaux et des animaux qui le peuplent aujourd’hui, en complétant son œuvre par l’être le plus parfait, l’homme, qu’elle appelle à dominer la nature entière. Au moins paraît-il certain que, s’il s’est manifesté depuis des mouvements partiels à la surface de la terre, aucun n’a été assez puissant pour anéantir la faune actuelle. Les traditions d’un déluge, qui se conservent chez tous les peuples du monde, depuis l’Européen le plus civi- lisé , jusqu’à l’Américain encore demi-sauvage dans les forêts ou sur les plateaux des Cordilières , ne seraient-elles pas le dernier souvenir de causes générales (la naissance des volcans) qui au- raient amené les derniers changements apportés à la surface du monde terrestre? En Amérique, au moins, ces changements sont très marqués , et l’on doit leur attribuer la surélévation , au-dessus du niveau actuel des mers, des coquilles fossiles des côtes orien- tales et occidentales de l'Amérique méridionale , et surtout des Pampas, qui ne présentent que des espèces actuellement vivantes dans les mers voisines. C’est à ce mouvement qu’on peut encore at- tribuer ces émergements modernes d’inégale valeur dont les traces évidentes se montrent partout sur les terrains diluviens du Nou- veau-Monde. Dans l’ancien, elles se manifestent encore sur une foule de points. Les buttes d’Huîtres de Saint-Michel en 1 Herm en sont une preuve , de même que les changements de niveau des couches modernes des terrains quaternaires du N. de l’Eu- rope, Ainsi, en Amésique et en Europe, on rencontre pour les derniers effets , comme pour les premiers, une grande coïncidence de causes et de résultats. Conclusions. De la comparaison des faits paléontologiques observés au Nou- veau-Monde et sur le sol européen , on peut déduire des conclu- sions d’une immense importance pour la solution des hautes ques- tions générales de la géologie et de l’histoire chronologique de l’animalisation à la surface du globe; ces conclusions , les voici : SEANCE DU 3 AVRIL 1843. 3 49 1° Les êtres pris dans leur ensemble ont, suivant l’ordre chro- nologique des launes propres aux formations, marché, en Amé- rique comme en Europe , du simple au composé. Beaucoup des genres (les Trilobites, les Orthocères, les Productifs , etc.) ont, il est vrai , disparu complètement avec les terrains les plus anciens; d’autres, venus plus tard (les Ammonites, les Bélemnites , les Turrilites , etc.) , se sont également éteints avec la fin des couches crétacées, mais les genres de plus en plus multipliés, à mesure qu’on s’éloigne des premiers âges du monde , ont été remplacés, durant la période tertiaire , par des mammifères plus parfaits dans leur organisation et par des formes animales marines et terres- tres jusqu’alors inconnues, dont beaucoup sont représentées au sein de la faune actuelle. 2° Aucune transition ne se montrant dans les formes spécifi- ques , les êtres paraissent se succéder à la surface du globe , non par passage, mais par extinction des races existantes, et par le re- nouvellement des espèces à chaque époque géologique. 3° Les animaux sont répartis par zones, suivant les époques géologiques ; chacune de ces époques représente eu effet à la sur- face du globe une faune distincte, mais identique dans sa compo- sition. Ainsi les formations silurienne, dévonienne, carbonifère, triasique, crétacée, tertiaire et diluvienne, sont, en Amérique, les mêmes qu’en Europe , et y conservent avec le même faciès hs mêmes formes génériques. 4° Non seulement il y a même faciès dans les faunes per- dues de l’Ancien et du Nouveau-Monde, mais encore quelques espèces identiques communes prouvent leur complète contempo- ranéité. 5" Cette contemporanéité d’existence, qu’on remarque à d’im- menses distances au premier temps de l’animalisation, et jusqu’à l’époque où se déposent les terrains crétacés inférieurs, semble dépendre d’une température uniforme et du peu de profondeur des mers, qui permettaient aux êtres, non seulement d’y éprou- ver partout l’influence de la lumière extérieure, condition indis- pensable à leur existence, mais encore de se propager et de se répandre sans obstacle d’un heu à l’autre, ce qui ne pourrait plus avoir lieu dès que, par l’influence de l’inégalité de température, le refroidissement de la terre, d’un côté, les systèmes terrestres de soulèvement, de l’autre, ainsi que les grandes profondeurs des océans , apportaient autant de barrières infranchissables à la zoologie côtière et sédentaire. On doit donc croire que l’uniformité de répartition des premiers êtres sur le globe lient autant à l’éga- 350 SÉANCE DU 3 AVRIL 1843. lité de température déterminée par la chaleur centrale, qu’au peu de profondeur des mers ; tandis que le morcellement des faunes, par bassins déplus en plus restreints, provient, en ap- prochant de l’époque actuelle, du refroidissement de la terie, des barrières terrestres et marines, qui ont mis obstacle à l’ex- tension des faunes riveraines. 6° Si les faunes ont les mêmes points de séparation sur les deux continents , si elles s’arrêtent aux mêmes limites tranchées dans leur composition paléontologique , on devra naturellement en conclure que les divisions des formations ne dépendent pas de causes partielles, mais qu’elles proviennent de causes générales, dont l’influence se serait fait sentir sur le globe entier. 7° Api ès l’examen des faits géologiques du Nouveau-Monde , ces causes générales m’ont paru faciles à saisir : encore visibles dans les derniers reliefs des Cordillères , et dans la destruction des faunes, qui en a été le résultat, on doit en déduire , par analogie, que l’anéantissement partiel ou total des faunes propres à chaque étage ou à chaque formation provient toujours de la valeur des dislocations apportées à la surface du globe par le retrait des ma- tières, dû au refroidissement des parties centrales et aux pertur- bations que ces mêmes dislocations ont produites. Un système de 50° de longueur, par exemple, comme celui des Andes, dont nous ne pouvons juger que le relief, sans être à portée de calculer l’étendue correspondante de son affaissement au sein du grand Océan , aura déterminé un tel mouvement dans les eaux , par suite du déplacement des matières, que l’effet en aura dû être univer- sel , tant sur les continents qu’au sein des mers. Les premiers ont été ravagés par l’enlèvement des êtres terrestres, les seconds par le transport des molécules terreuses, qui ont étouffé, non seu- lement les animaux libres des océans en remplissant leurs bran- chies , mais encore les animaux côtiers et sédentaires , par le dépôt dont elles les ont recouverts. Ainsi s’explique à la fois la sépara- tion des êtres par étages, et leur extinction à chaque grande for- mation géologique. 8° M. Élie de Beaumont a conçu la haute pensée que la fin de chaque période géologique était toujours produite par les reliefs des différents systèmes qui sillonnent le globe. On voit dès lors que les résultats paléontologiques généraux obtenus au Nouveau et sur l’ Ancien-Monde viennent complètement corroborer cette opinion. Mais il y a plus : les résultats de ces dislocations étant aussi généraux sur le globe, et s’étant manifestés à des distances immenses , on y doit rechercher les systèmes anciens ou modernes, 361 SÉA.NCE DU 3 AVRIL 1843. causes de l’anéantissement des nombreuses faunes qui se sont suc- cédé à la surface de notre planète. Lorsque sur des points voisins du lieu où se manifestent aujourd’hui ces faunes distinctes, on n’en trouvera pas l’explication par les systèmes de soulèvements connus, il faudra la chercher au loin sur des points encore inconnus à la science, ou supposer que si les systèmes terrestres en sont réelle- ment la cause, il en est beaucoup qui ont pu être détruits par de nouveaux affaissements. D’ailleurs les systèmes ne sont que la partie visible des dislocations du globe, tandis que la partie affais- sée, peut-être plus considérable , étant le plus souvent recouverte, nous est et nous sera toujours inconnue. En résumé, la séparation par faunes distinctes des étages et des formations n’est que la conséquence visible des reliefs et des affaissements de diverses valeurs, de la croûte terrestre dans toutes ses parties. 9° J’ai fait remarquer, par la répartition uniforme des mêmes êtres, que jusqu’au commencement des terrains crétacés, la cha- leur propre à la terre a détruit toute influence de latitude et de froid. S’il n’existait pas alors d’influence atmosphérique sur la distribution des êtres à la surface du globe , toutes les faunes doivent certainement leur circonscription par formation aux grandes dislocations du globe. Ce ne serait que postérieurement au terrain crétacé que les influences de latitude auraient com- pliqué le morcellement par bassins, multiplié les faunes locales , et détruit cette uniformité de répartition qu’on reniai que dans les formations anciennes. M. Rivière dit que, dans ce mémoire, M. Aie. d’Orbigny s’appuie sur les terrains pour comparer les fossiles, et sur lesfossiles pour rapprocher les terrains des deux continents; qu’il y a là un cercle vicieux. M. Aie. d’Orbigny répond qu’il ne tombe pas dans le cercle vicieux que lui reproche M. Rivière; qu’il a recours tout à la fois , pour rapprocher les terrains, à l’ordre de leur superpo- sition et aux caractères paléontoîogiques , d’autant plus frap- pants, qu’on trouve les mêmes formes et jusqu’à des espèces tout-à-fait identiques. M. Rivière dit qu’on ne peut juger de la superposition , puisqu’on ne peut constater la continuité des couches d’un continent à l’autre, que les géologues américains ne recon- naissent pas l’identité que l’on veut établir entre leurs ter- rains et ceux d’Europe ; que les terrains de la Pensylvanie qui 5 352 SÉANCE DU 3 AVRIL 1813. (î i. p rès les fossiles, sont considérés maintenant comme car- bonifères, ont été pris d’abord pour le terrain dévonien , et qnece terrain étant surmonté immédiatement par des terrains tertiaires, on ne peut le reconnaître d’après cette superpo- sition. M. Aie. d’Orbigny répond que, d’après la manière dont M. Rivière comprend l'appréciation de l’âge des terrains , par la continuité des couches, il serait impossible d’établir leur identité, non seulement d’un continent à l’autre, ruais des deux côtés des Alpes; que si les géologues américains (de l’Amérique du Nord) ne reconnaissent pas l’identité des terrains de l’ancien et du nouveau continent , c’est qu’ils ne les ont pas suffisamment étudiés et observés ; que, pendant huit ans qu’il a observé l’Amérique méridionale, il n’y a pas vu une seule interversion de l’ordre des terrains européens,, et a trouvé le rapprochement résultant bien clairement de toutes les preuves géologiques et paléon- tologiques; qu’il n’a pas d’ailleurs la prétention de changer l’opinion de M. Rivière. M. de Verneuil , répondant aussi à M. Rivière , dit qu’on trouve d’un continent à l’autre la même échelle des terrains silurien, dévonien, carbonifère, ces terrains y étant placés et s’y succédant dans le même ordre ; que ce fait est bien con- stant; que c’est là ce qu’on entend par Sa superposition; que, du reste, M. Rivière pourrait appuyer son opinion de celle émise par M. Fischer, qui avait signalé en Russie, à Miatcli- kova , sur la Moskwa , une interversion des terrains à Trilo- bites. Mais, ajoute M. de Verneuil, lors de mon voyage, nous avons constaté, par l’examen même delà localité si- gnalée par M. Fischer, que le terrain à Trilobites s’y trouvait placé dans sa position ordinaire. De mauvaises observations ont seules pu quelquefois faire mettre en doute des faits gé- néraux de la science parfaitement bien établis. M. Pissis dit qu’il a trouvé dans le Brésil le terrain carbo- nifère reposant sur le terrain silurien dans une grande éten- due. Ce sont deux degrés de l’échelle. Après cette discussion , M. de Wegmann cite comme pouvant servir à apprécier l'épaisseur du terrain de craie, le SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 353 fait du percement d’un puits creusé dans la montagne de la Grotte, dont il a déjà entretenu la Société dans sa séance du 9 janvier dernier [voir p. 163). On est arrivé à 150 pieds de profondeur dans la couche aquifère , qui consiste en sa- bles verts , ce qui lui semble indiquer que telle est l’épaisseur de la craie blanche en cette localité ; que , du reste , celui qui a creusé ce puits et lui a donné ces renseignements est étranger à la géologie. M. Michelin dit qu’il peut y avoir là une couche d’eau , et cependant exister encore de la craie au-dessous; que ce peut être un filet d’eau accidentel. M. Yiquesnel commence la lecture d’un mémoire de M. Boué , intitulé : Pensées géologiques fugitives . Séance du 17 avril 1843. présidence de m. d’archiac, vice-pré s ident. M. Angelot, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. M. le Président proclame membres de la Société : M. le docteur Bally, à Villeneuve-sur-Yonne , présenté par MM. Clément Mullet et Alcide d’Orbigny. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : t> De la part de M. Vandermaelen , le Rapport au roi sur les mines , usines minéralurgiques et machines à vapeur faisant partie de la statistique de la Belgique , petit in-fol., 438 pag. avec un atlas minier de la Belgique, en 9 feuilles. Bruxelles , 1842. De la part de M. James Percival , son Rapport sur la géo- logie de V état de Connecticut, in 8°, 495 pages, une carte. New-Haven, 1842. De la part de M. le comte Savary de Lancosme-Brèves , son ouvrage sur Yéquitation et les haras , petit in-fol. , 248 p. avec planches et vignettes, 1842. Soc. Géot. Tome XIV. 20 354 SÉANCE DU 17 AVRIL 1813. De la part de M. Menuet, son Histoire des mollusques ter- restres et fluviatiles 'vivant dans les Pyrénées-Occidenta- les, in-8°, 96 pages. (Extrait du Bulletin de la Société des Sciences , Lettres et Arts de Pau, ann. 1843.) De la part M. Ch. d’Orbigny , la 33e livraison de son Die - tionnaire universel d’ histoire naturelle . De la part de M. Victor Raulin , sa Note sur la carte géo- gnostique du plateau tertiaire parisien , in-8°, 4 pages. Delà part de M. Matheron, la 3e livraison de son Cata- logue méthodique et descriptif des corps organisés fossiles du département des Bouches-du Rhône, De la part du Ministre de la justice , le Journal des Savants; mars, 1843. La Société reçoit en outre les publications suivantes : Comptes-rendus de U Académie des sciences , année 1843, 1er semestre (t. XVI, n08 14 et 15). L’Institut , ann. 1843, n08 484, 485. L’Écho du Monde savant , année 1843, nos 26, 27, et 28. Précis analytique des travaux de l’ Académie royale de Rouen pour 1842. Bulletin de la Société de géographie , 2e série , tome XVIII, nos 108 et 109, décembre 1842 et janvier 1843. Bulletin de la Société industrielle d’Angers , I 4e année , n° 1 , janvier et février 1843. Mémorial encyclopédique , mars 1843, et tables de 1 84 2. The American Journal, nos 87, 88 et 89. The Athenœum , nos 806 et 807. The Mining Journal , n° 390. Enfin la Société reçoit de M. E. Robert une Vue du ter - rain houiller du Spitzberg. De M. Chevalier, 1° Plan du Callao de Lima et du port de Valparaiso , levé en 1744, par Antoine Ulloa (carte marine avec sondages); 2° le Plan d'attèrage de la baie de Valpa- raiso, levé dans le voyage de la frégate la Vénus en 1837, sous la direction de l’amiral du Petit-Thouars. Le secrétaire donne lecture de la lettre suivante adressée SÉANCE DU 17 AVRIL 1813. 355 de Gérodot, prèsTroyes, le 7 avril 1843, à M. le président de la Société , par M. Clément Mullet : « Je vous prie de vouloir bien fair e connaître à la Société que dans les fouilles pratiquées à Larrivour, près Lusigny, pour l’ex- traction des matières employées dans la fabrication des briques , dans les argiles placées immédiatement au-dessous de la craie tu- fau , étage qui , par suite d’une bonne cuisson , donne des produits blancs, j’ai rencontré un Ammonites Ictutus , Sow. Cette espèce n’avait été jusqu’ ici vue que dans le Boulonnais par MM. d’Ür- bigny et d’Ârchiac , comme on le voit dans la Paléontologie fran- çaise, pag. 232 , t. 1er. La présence de ce fossile dans ce terrain , avec celle de 1 ' Inoceramus sulcatus , que j’y ai trouvé précédem- ment, ainsi que les Ammonites jnstatus , Sow., A mm. Beiulanti , Amm. interruptus , etc. , confirme pleinement mes conjectures sur son identité avec les argiles inférieures à 1a. craie du Boulonnais. Je vois à Boulogne-sur-Mer et dans le département de l’Aube les bords opposés d’un bassin dans lequel se sont déposés la craie et les terrains tertiaires. 11 me semble avoir été formé par un affais- sement d’abord , puis les bords ont été relevés à l’E. , probable- ment par le phénomène géologique auquel se rattache le soulè- vement des Alpes et du Jura. M. Eug. Robert ayant, dans la première séance de mars, en- tretenu la Société de roches formées dans la partie de la Seine la plus voisine de Meudon, par suite de la propriété incrustante des eaux de ce fleuve, je crois devoir citer deux faits qui s’y rattachent. Ce n’est point seulement dans la localité citée par M. Eug. Ro- bert que les eaux de la Seine forment des dépôts calcaires , mais ailleurs encore. A la gare de Saint-Ouen , il n’est point rare de trouver des Uni os , qui souvent sont enveloppés d’une couche cal- caire de plusieurs millimètres. J’ai aussi , dans le département de l’Aube , observé sur les bords de la Seine des coquilles incrustées d’une couche calcaire plus ou moins épaisse. Le tufïa calcaire signalé par M. Robert existe encore à Saint- Seine (Côte-d’Or) , c’est-à-dire tout-à-fait à l’origine du bassin de la Seine , au-dessus même des sources , en un point que les eaux ne baignent plus aujourd’hui. Il y est placé près du bourg, dans un vallon dont le fond est occupé par une marne du lias, remplie de Bélemnites, exploitée pour les tuileries. Au-dessus, reposent des calcaires à Entroques et des calcaires du coral-rag, avec des Po- lypiers , des Gervilies, des Pinna et autres fossiles. J’ajouterai que ce tuffa , très abondant près Yillenoxe , dans 356 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. un petit bassin secondaire de la Seine, s'y forme encore dans un ruisseau qui occupe le fond de la vallée, pies Resson. On voit le chevelu des arbres qui tapissent les bords, et que l’eau baigne, enveloppé d’une croûte calcaire plus ou moins épaisse. M. Raulin a observé aussi ce fait. Il y a deux ans, en faisant creuser dans l'intérieur du village de Gérodot les fondations d’un pont , je trouvai que la terre vé- gétale était, dans toutes ses fissures, teinte d’une couleur bleue par une substance qui n’était rien autre que du phosphate de fer; au-dessus coulaient les eaux d’un dépôt de fumier. J’observai encore , dans deux autres localités de ce même village , que de gros silex et un fer de cheval qu’on avait extraits de mai es à fumier, où ils avaient longtemps séjourné , étaient aussi enveloppés de phosphate de fer également d’un beau bleu : ce qui prouve le rôle que jouent les matières animales dans la production de cette substance. Les dernières fouilles faites dans l’intérieur de la ville de Troyes, pour la confection du canal de la haute Seine, ont mis à découvert une couche de tourbe dans laquelle M. Cottet , un de nos collègues , a recueilli un certain nombre d’échantillons im- prégnés abondamment de phosphate de fer. Cette couche de tourbe, signalée il y a fort longtemps par Grosley, écrivain troyen fort connu, a paru , à M. Cottet, reposer, comme toutes les tourbes exploitées à l’entour de Troyes , sur un gravier d’allu- vion , composé de fragments crayeux. Après la lecture de cette lettre, M. Michelin observe que ce phosphate bleu se trouve aussi , près d’une source, à la Minière près Versailles. M. Angelot lit le Mémoire suivant : Recherches sur V origine du haut degré de salure de divers lacs placés dans le fond de grandes dépressions du sol des conti- nents , et en particulier de la mer Morte , suivies de considé- rations sur V origine du sel gemme en couches; par V. F. Angelot. La révélation de l’existence, au milieu des continents, degrandes dépressions du sol , dont le fond est inférieur au niveau des mers, devait bien naturellement attirer l’attention des géologues. Une infériorité de niveau , restée visible sur plusieurs points du littoral SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 357 en Hollande et dans le N. -O. de l’Alh magne (1), n’avait pu ex- citer au même point leur curiosité. La cause en était si évidente , et la main de l’homme avait pris une telle part à ces conquêtes sur i Océan par la construction de digues , qu’il n’y avait pas place pour le moindre doute. Mais il n’en est pas de même pour d’au- tres parties des continents , où la grandeur même du phénomène a fait douter de la cause. Ce sont celles qui présentent des dépres- sions contenant des lacs d’eau salée. On connaît plusieurs points de l’Europe , de l’Afrique et de l’Asie , où cette dépression du ni- veau de certaines nappes d’eau , relativement à celui de la Médi- terranée, est parfaitement constatée. Ce sont, en France , certains petits lacs ou étangs salés du département des Bouches-du-Rhône ; en Egypte, les Lacs Amers; en Asie , le bassin de la Caspienne et celui de la mer Morte. La dépression de niveau de petits lacs salés ou bassins fermés du département des Bouches-du-Rhône , d’une constatation si facile , à cause de leur très grande proximité de la Méditerranée, paraît n’avoir jamais occupé l’attention. Celle des Lacs Amers, qui paraît avoir été connue dans l’antiquité, n’a été bien constatée que par les travaux géodésiques des ingénieurs français de l’expédition d’Egypte. Celle de la mer Caspienne, entrevue par Halley dès la fin du xvne siècle, connue dans lexvin6, et considérablement exa- gérée d’abord par quelques physiciens , n’a été bien définitivement constatée que par les nivellements géodésiques des astronomes misses, terminés en 1837 et calculés plus tard, et enfin avec plus de précision encore par le travail si intrépidement exécuté en 1839 et 1 840 de la mer Caspienne à la mer d’Azow, par notre confrère , M. Hommaire deHell (2). Enfin, cen’estque récemment, vers 1837, que l’on a commencé à soupçonner la dépression du niveau de la mer Morte , bientôt après démontrée certaine par des nivellements barométriques , qui ne pouvaient plus laisser de doute sur ce fait, constaté enfin de la manière la plus positive par un nivellement géodésique. exécuté en 1841 par le lieutenant Symonds, de la marine royale britannique (3). S’il n’y a pas eu de contestation sur l’origine de la dépression (1) Voir page 320, tome II de l’ouvrage de Mr. A de Humboldt, inti- tulé : Asie centrale. Recherches sur les chaînes de montagnes et ta climato- logie comparée , 3 vol. in-8°, Paris, i845. (2) Bulletin de la Société géologique , t. XIV, p. 020. (3) Bulletin de la Société géologique , l.XIV,p. 078 et 377. Asie centrale , t. IL , p. 32 1 -3a 4* 358 SÉANCE DU 17 AVRIL 1 8 \ 3 . des lacs salés des Bouches-du-Rhône et des Lacs Amers, il n’en a point été de même de celle de la mer Caspienne et de la mer Morte , et beaucoup de personnes, encore aujourd’hui, n’y voient une de grands affaissements de la croûte du globe, survenus après l’élévation des continents. Pour le bassin de la mer Caspienne, j’ai tout lieu de penser que les travaux de M. Hommaire de Ilell, qui l’assimile tout simplement à un ancien fond de mer, entraîneront la conviction du plus grand nombre des géologues. Quant à la mer Morte , je chercherai à établir que la dépression de son niveau doit être attribuée à une semblable cause , et c’est particulièrement par l’examen de l’origine probable de la salure des eaux que contiennent ces grandes dépressions que je tenterai d’y arriver. Je passerai d’abord en revue ce qui concerne les dif- férentes dépressions dont je viens de parler, en commençant par celles qui ont le moins d’importance. § Ier. Bassins fermés du département des Bouches-du-Rhône. Les bassins fermés du département des Bouches-du-Rhône, con- tenant des étangs salés, se trouvent dans le voisinage de l’étang ou golfe de Boire. Ces étangs ou petits lacs, au nombre de trois, l’étang d’Engrenier, l’étang de la Valduc et l’étang de Citis, sont fort rapprochés les uns des autres, et tous les trois, ou tout au moins les deux derniers, qui sont les deux plus grands, étaient encore réunis à la Méditerranée à l’époque où Marius vint poser son camp sur leurs bords (1). Tous les trois ont leur niveau au- dessous de celui de la Méditerranée : celui d’Engrenier, de 8m,76; celui de la Yalduc, de 9m,40 ; et celui de Citis, de 10m,36 (2). (1) Voir p. 2.55 , t. il, de la Statistique du départeinent des Bouches-du- Rhône , par M. le comte de Villeneuve, préfet. 4 1 * * * V°L in-4° et allas. Marseille, année 1821 et suivantes. (2) Ces chiffres de la dépression des étangs d’Engrenier et de la Valduc se trouvent consignés dans la Statistique précitée, t, I , p. 168, publiée en 1821 , et conservés par M. Matheron dans sa Carte topographique du département des Bouches-du-Rhône , publiée à Marseille en 1840. Mais celte même Statistique , à la même page , ne porte qu’à 2 mètres la dépression de l’étang de Citis, tandis que M. Matheron la porte à 7m,4o. Enfin , dans une communication faite à l 'Académie des sciences , dans sa séance du 6 juillet i84o, sur tes bassins fermés des Bouches du- Rhône ( voir les Comptes-rendus hebdomadaires de l’ Jcadémie des sciences , t. H , p. a3), M. Vallès, ingénieur en chef des ponts et chaussées, dit que « l’étang » de Citis est celui dont le niveau est le plus bas par rapport au niveau 359 SÉANCE I)U 17 AVRIL 1843. O n a pratiqué des canaux de communication entre les étangs d’Ëngrenier et de Citis et celui de la Valduc, le plus grand des trois , qui peut avoir environ 400 hectares de superficie. En 1821 , pendant de gros temps, malgré les travaux que Ton fit à la hâte pour empêcher les effets désastreux de cette irruption, les eaux de la Méditerranée se précipitèrent dans l’étang d’Engrenier en coulant à la surface de la langue de terre qui les en séparait; et il y a tout lieu de croire que ce phénomène s’est répété plus d’une fois dans les siècles précédents depuis la séparation de ces étangs d’avec la mer. La salure de ces étangs est fort élevée ; celle de l’étang d’Engre- nier est de 10°, et celle de l’étang de la Valduc est de 23° (1). M. Doublier, l’un de nos confrères, qui pendant dix-sept ans a dirigé la manufacture de produits chimiques de Rassuen, dans le » J u golfe de Berre , dont il n'est séparé que par une langue de terre de » 200 mètres f nous croyons qu’elle est de près de 1.000 mètres). La dif- » lérence de hauteur dans quatre opérations successives de nivellement » a été trouvée de iom,24‘» ïom,3o ; iom,35 et iom,53. Ces petites discor- » dances entre les résultats ne sont pas dues à l’imperfection de l’opérà- » lion, mais à une variation de niveau dans les deux bassins comparés , » variation due à l’action des vents qui, suivant la direction dans la- » quelle ils soufflent, accumulent les eaux vers l'une ou vers l’autre rive. » La moyenne des quatre opérations , iom,36, doit représenter très sen- » sifflement la différence de niveau par un temps calme. » Ces contradictions seraient-elles dues à un abaissement rapide du niveau de l’étang de Citis depuis 1821 ? La même Statistique cite à la même page 168 du t. Ier, l'étang , aujour- d’hui desséché , du Pourra, comme étant de 8 mètres au-dessous de la Méditerranée. M. Matheron , sur sa carte, a conservé ce chiffre, mais M. Vallès 1 indique comme étant au niveau de la mer. Du reste, cet étang a un canal qui permet de le vider dans celui d’Engrenier, lorsqu'il s'y rassemble de l’eau. Enfin, cette Statistique mentionne, toujours à la même p. 1 68 , l’étang de l’Eslotnac comme étant de 1 mètre plus bas que la Méditerranée; M. Matheron ne signale pas cette dépression, et Mr. Vallès ne parle* de cet étang que comme étant de niveau avec la mer. Nous avons tout lieu de croire que la communication entre cet étang et la mer a été rétablie depuis 1821 par suite du passage du canal d'Arles à Bouc. (1) Statistique des Bouches-du-Rhône précitée , t. I, p. 2.42. Chaque degré de salure représente une partie de matières salines pour ioo d’eau : ainsi ces deux étangs contiennent 10 et 23 pour cent de matières salines. Cette Statistique indique aussi fi° pour la salure de l'étang de l’Estomac 360 SEANCE DU 17 AVRIL 184 3. voisinage de ces étangs, a eu l’obligeance de me communiquer les observations suivantes. Il a vu la salure de l’étang de la Valduc varier de 13° à 23° suivant que les années sont plus ou moins chaudes, plus ou moins pluvieuses. Les eaux de cet étang déposent du gypse sur ses bords comme dans les chauffoirs ou tables salantes de tous les salins qu’elles alimentent. Quant à l’étang de Gitis, ses eaux, devenues visqueuses par la concentra- tion pendant les années sèches et chaudes, acquéraient un tel degré de salure que le sel en couvrait le fond et le faisait paraître tout blanc, tandis qu’il se déposait aussi en masses sur ses bords et sur les troncs des arbres (tamarisses) , qui s’y rencontrent. On y trouve aussi du gypse, mais en moins grande quantité que dans celui de la Valduc. Il a été converti en partie en salins depuis quelques années. En ce point, la cause du double phénomène de l’abaissement du niveau au-dessous de la Méditerranée , et du haut degré de salure, le défaut d’équilibre entre l’évaporation et l’arrivée des eaux dans ces petits bassins après séparation d’avec la Méditerra- née, est si évidente, si certaine que personne ne s’aviserait de la contester. L’étendue du sol déprimé est si peu considérable qu’on s’en est fort peu occupé. Ces étangs n’en sont pas moins la reproduction en petit du phé- nomène qui a si vivement frappé les esprits dans les bassins de la mer Caspienne et de la mer Morte. C’en est le premier échelon ; c’est ce que nous essaierons de démontrer par la suite. § IL Bassin des Lacs  mers . C’est à la description que Mr. J.-M. Le Père , ingénieur en chef de l’expédition d’Égypte, nous a donnée de ces lacs (1), que j’emprunterai les renseignements qui suivent. Les Lacs Amers, lacas arnari des Latins, Bahr-el-Temsâh (ou alors (h 821) qu’elle le signalait comme ayant son niveau plus bas que la mer de 1 mètre. Elle donne pour la salure du port de Bouc 4° ? et 5° pour celle du golfe de B erre , ce qui dépasse notablement pour ce dernier la salure générale de la Méditerranée. (1) Mémoire sur la communication de la mer des Indes à la Méditerranée par la mer Rouge et l’isthme de Souejs . par Mr. J.-M. Le Père , ingénieur en chef, etc., dans la Description de l Egypte, ou Recueil des observations et des recherches c/ui ont été faites en Égypte pendant l’expédition de l'armée française, 2e édition, t. XI. État moderne, p. 3y-58i , y compris un SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 361 mer du Crocodile) des Arabes , nommés aujourd’hui Cho’ eyb ou Bahr-ibn-Meneggy (mer de Ben-Meneggy) , ont de longueur, de- puis le Serapeum ( vestiges d’un monument présumé être un temple de Sérapis) jusqu’à la renaissance du canal pratiqué par- les anciens de la mer Rouge à ce bassin , 22,500 toises. Leur plus grande largeur dans leur surface indéterminée est de 5 à 600 toi- ses; leur profondeur, qui varie, est plus considérable dans le centre. Le vaste bassin de ces lacs est actuellement desséché ; il y existe seulement une cunette remplie d’eau extrêmement salée et amère. Elle est d’un accès difficile et dangereux , à cause des boues molles et salines qui s’étendent assez loin sur ses bords. On y re- marque un banc très étendu, courant au S. -O., élevé de 6 à 8 pieds au-dessus du sol sablonneux et humide qui l’environne de toutes parts. Ce banc est un plateau salin plus ou moins épais, recouvrant des cavités de 6, 8 à 12 pieds, au fond desquelles on aperçoit, à travers des crevasses à la surface, une eau limpide et extrêmement salée et amère. Dans des parties supérieures, ce vaste plateau salin , que l’on croit d’espèce gypseuse , est rompu , et les débris dispersés offrent absolument le spectacle de la débâcle d’un fleuve qui, couvert de glaçons brisés, les aurait charriés et déposés sur une plage extrêmement aride et sablonneuse. Des sables mouvants et humides environnent les bancs salins dont le bassin des lacs est rempli. Sur une grande partie du bassin, le sol est couvert de petits monticules coniques et réguliers de cris- jaux dont l’analyse a fourni des sels très variés (1). Ces cristaux, qui se trouvent en relief sur le terrain , présentent l’aspect d’un bois coupé à 2 ou 3 pieds de terre ; on s’y méprend à une demi- liéue de distance. Le point le plus bas des lacs , dans la ligne du nivellement exé- cuté par les ingénieurs fiançais, s’est trouvé être de 8 mètres en- appendice dont fait parlie un Extrait du Journal historique et géologique du nivellement de V isthme de Soueys par le canal des deux mers , par Gratien Le Père, ingénieur; p. 3i8-38i du même volume. fi) Ces sels contiennent peu de sel marin pur, du natron en petite quantité, et du sulfate de chaux en abondance. Cependant, dans quel- ques endroits, le muriate de soude a paru très pur aux ingénieurs. Les Arabes l exploilaient alors pour leur usage et en portaient encore en Égypte. Foir p. 122 et 1 21 3 du mémoire précité dans la Description de l’Egypte. 362 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. vii on plus bas que la Méditerranée, et de 17ta,627 plus bas que la mer Rouge à haute mer (1). Les eaux de la Méditerranée y at- teindraient 24 pieds de hauteur, et celles de la mer Rouge 54 pieds, si on venait à y reporter les eaux de ces mers. On remarque à la surface du désert les traces des anciennes rives du lac, des débris de coquillages. Elles sont aussi sensibles que les laisses ordinaires du rivage de la mer, que l’on reconnaît à des amas de coquillages , de gravier et de cailloux roulés. Les ingénieurs les ont rencontrées à divers points très distants , en quelque sorte sur les bords opposés , et précisément à la hauteur du niveau de la mer Rouge, d’après leurs mesures géodésiques. Ces laisses, retrouvées au pourtour des lacs, dessineraient les li- mites avec une grande précision. Et Mr. J.-M. Le Père estime qu’elles pourraient donner un développement de 14 à 15 lieues et peut-être davantage , à cause des lagunes qui résulteraient, à l’E., des inégalités du terrain (2). D’après une étude approfondie de ce bassin , Mr. J.-M. Le Père regarde comme incontestable que les Lacs Amers ont fait partie du golfe Arabique. Il pense qu’il a été sans doute une époque où l’isthme couvert de lagunes recevait les- eaux à ia fois du Nil , de la mer Rouge et de la Méditerranée; mais que d’une part divers altérissements, et de l’autre les dessèchements produits par l’é- vaporation, auront intercepté la communication des eaux, et trans- formé en terre ferme un sol naturellement bas et marécageux ; que , pour communiquer des Lacs Amers au golfe Arabique, les anciens avaient coupé l’isthme de 5 lieues qui la sépare ; ce qui résulte (î) D’après les nivellements géodésiques ( voir p. io4 et io5 du même mémoire) on trouve que , i° le niveau qu’atteint la marée de vive eau à Soueys (mer bouge) étant pris pour point de repaire, et servant de o pour compter les infériorités de niveau , le niveau de la basse mer, au même point à Soueys , est plus bas de î m , 786 2° Celui de la haute mer à Tyneh (Méditerranée) 9“, 556 3° Celui de la basse mer à Tyneh au même point 9ra,9o8, maximum de la différence de niveau des deux mers. 4° Le point le plus bas du bassin des Lacs Amers sur la ligne de nivellement , à 62,022 mètres de Soueys , est plus bas que la Méditerranée, à basse mer. de 7 m , 7 19 5° que la Méditerranée, à haute mer, de 8m,o7t 6° que la mer llouge, à basse mer, de i5m,84t 70 que la mer bouge, à haute mer, de 17®, 627 (2) Mémoire précité , pages 121, 122, 126, 323, 324, ^26 01027. SÉANCE DU 17 A V fi I L 1843. 363 évidemment de l’existence de ce canal , encore subsistant quoique comblé (1). Enfin , il est persuadé, quoiqu’il n’ait pu le constater d’une ma- nière positive, que la grande inondation du Nil, dont il a été té- moin en 1 800 , a dû se répandre dans le bassin des Lacs Amers (2) ; et il conjecture que ces lacs n’existaient pas du temps des premiers Pharaons, et qu’ils faisaient encore partie du golfe Arabique. 11 trouve que le silence absolu d’Hérodote sur les Lacs Amers, quand cet historien est entré dans quelques détails sur la nais- sance et la direction du canal, vient à l’appui de sa conjecture (3). § III. Bassin de la mer Caspienne , ou bassin Aralo-caspien. M. de liumbolclt désigne sous le nom de bassin Aralo-caspien , et aussi sous celui de bassin du Tauran , toute la grande dépression du sol au-dessous du niveau de la mer Noire qui se trouve dans le centre de l’Asie. Cette dépression , beaucoup plus considérable que la mer Caspienne , qui n’en occupe qu’une partie , présente , d’après ses calculs , une surface de plus de 18,000 lieues marines carrées, en y comprenant la mer Caspienne (4) , mais sans y com- prendre le lac Aral, quicependantenfaittrès probablement partie. La mer Caspienne est en quelque sorte entourée de tous côtés de lacs très salés. Il n’y enapas moins de 129 dans le gouvernement d’Astrakan , dont 32 sont exploités pour la production du sel , et dontles97 autres pourraient l’être(5). 1 1 y en a 21, également salés, dans les environs de Kisliar, gouvernement du Caucase ; 18 de ces lacs sont exploités (6). Au N. , en Sibérie , dans le gouvernement de Saratof et les déserts des Kirghizes , les lacs d’une haute salure abondent. La steppe de Baraba est couverte encore de lacs ou de mares. M. de Humboldt, pendant son voyage en Sibérie , a eu oc- casion de parcourir les basses régions entre Orembourg, Ouralsk sur le fleuve Jaïk et le lac Elton , l’isthme de Doubovka, qui sépare le Woîga du Bon , et le cours du Wolga de Tzaritzyn à Astrakan , à travers des plaines qui toutes portent l’empreinte de (1) Mémoire précité, p. 120, 124 et 12Ô. (2) Mémoire précité , p. 85. (3) Mémoire précité , p 3 16 (4) Asie centrale , t. II, p. 3ioet3u. (5) Mémoire de M Horomaire de Heil , intitulé : Notice sur les lacs salés de la mer Caspienne. Bulletin de la Soc, géol. , t. XIV, p. 261-265, (6) Ibid., p. 262. SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 364 l’ancien séjour des eaux 8£&r tf'J svpp/lrvnjbi //,m/o. /o(/ s-//oi/dû./m'ço mp sypjpisvu svp wi&Znpvpn i uuoc/'ieit/pmof' //p sv.x/no.p svy pl jpo/./p/ip oiy <>/ 'v/./ou/ . Mp r /y '!>//»/ * v vvj/v. /./ri/ipàpr /y r\ /p/r> ,< de la Hongrie , de la Pologne, de la Sibérie, de l’Angleterre, « sont dans de petites plaines ; l’espace plan qui les contient est >' bordé de petites hauteurs , de manière à désigner un bassin ; il » en est en Hongrie où ces bassins laissent à peine couler les eaux. » Assez généralement, entre les couches de pierres et la masse » de sel est un banc de gypse ; ce gypse est de différentes cou- » leurs ; on en trouve de cristallisé , strié , etc., et mêlé de coquil- « lages marins. » Les couches de sel sont horizontales ; on en trouve depuis » 4 pouces jusqu’à 4 et 5 pieds d’épaisseur (2) ; celles de la Hen- » grie, de la Transylvanie, delà Pologne, ont le plus comrnuné- » ment entre 1 et 2 pieds; les couches d’argiles qui les séparent » ont depuis 2 lignes jusqu’à 3 ou 4 pouces. » Le sel blanc et transparent ne contient que de la soude , dë » l’acide muriatique et de i’eau ; le sel gris contient de l’argile, du » sulfate de chaux , du muriate de magnésie , du muriate calcaire » et du muriate de soude. » La situation des plaines salines , les hauteurs qui les bordent , » les couches successives de sel et d’argile , les divers coquillages » marins que l’on trouve dans l’argile et dans la couche de gypse » paraissent expliquer en partie la formation des masses de sels. » Les petites hauteurs qui bordent les plaines dans lesquelles » sont les mines de sel pur en masse solide , prouvent qu’aupara- » vant le dépôt des sels, ces endroits étaient des trous , des espèces » d’entonnoirs qui pouvaient contenir l’eau qui y arrivait, et » former des lacs plus ou moins grands ; celui de Wieliczka devait » être considérable. » Les coquillages marins trouvés dans l’argile et dans le gypse » prouvent d’une manière incontestable que l’eau de la mer a re- » couvert ces endroits. » Cela posé, puisque les eaux de la mer ont recouvert les pays » dans lesquels on trouve des mines de sel pur en masse solide , et (î) Voir un Mémoire sur le °el marin , par Hassenfratz , dans les ( An- ciennes) Annales de chimie, 1791 , t. XI, p 65-89, plus particulièrement aux p. 67-7 1 . (2) Les sondages opérés par M. Woltz dans le département de la Meur- the ont indiqué des couches de 9™, 10 , et même de i4mjio d’épaisseur. 388 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. » que les rivages de la mer en sont actuellement très éloignés, il » est facile d’en conclure que la mer en se retirant a pu se trouver » dans des circonstances différentes pour chaque mine , à une » telle distance d’elles et à une telle différence de niveau , que ses » eaux ne pouvaient y arriver que par de grandes marées , soit n par les grandes marées annuelles, soit par de très grandes ma- » rées plus éloignées. » Les eaux de la mer arrivant à la portée de ces grands léser» » voirs, et ne les remplissant que lors des grandes marées, ces » eaux étaient exposées pendant l’intervalle de chaque marée à » l’augmentation et la diminution occasionnées par la pluie et l’é- » vaporation. Comme toutes les expériences faites jusqu’à présent » sur la comparaison de l’eau tombée à l’eau évaporée , ont con- » stamment fait connaître que si l’on expose un vase plein à l’ac- » tion de l’air, la quantité d’eau évaporée est plus grande chaque » année que celle qui tombe par les pluies, il doit s’ensuivre que, » par l’action seule de l’air, la masse d’eau des réservoirs devait » diminuer entre chaque marée. » La diminution occasionnée par l’évaporation concentrait l’eau » des réservoirs , et pouvait les amener au degré de saturation »» propre à abandonner une partie de sel tenue en dissolution. Ce » sel se précipitait et se rassemblait au fond du lac ou du réser- » voir, et formait une couche plus ou moins épaisse jusqu’à ce » qu’une nouvelle marée amène de l’eau de la mer, et remplisse » de nouveau le réservoir. » L*eau amenée par la marée étant mélangée d’argile et d’autre »> terre , les laissait déposer d’abord après son arrivée ; ce dépôt, » qui se plaçait sur la couche de sel , la couvrait d’une couche » d’argile qui servait de séparation entre la première couche de » sel déjà déposée et celle qui allait se former. » Ainsi , toutes les grandes marées occasionnaient la formation » et la séparation d’une nouvelle couche de sel , de manière que , *> connaissant le nombre des couches de sel contenues dans une »> des mines de plaine , il serait facile de déterminer le nombre » de marées auxquelles elles doivent leur existence (1). » En considérant l’épaisseur des bancs ou couches de sel de ces » masses considérables, en les comparant à la quantité d’eau que » les réservoirs devaient contenir lorsqu’elles ont été déposées , (1) Nous croyons , contrairement à l’opinion d’Hassenfratz , que plu- sieurs marées pourraient bien ne produire qu’une seule et même couche de sel. SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 389 » et à la surface qui était en contact avec l’air; en comparant ces » épaisseurs de couches, ces volumes d’eau et cette surface , » aux quantités de sels, aux volumes d’eau et aux surfaces de ces ■> eaux dans les marais salins, on est déterminé à conclure que les » marées qui ont apporté l’eau qui a donné naissance à ces bancs » dé sel devaient être très éloignées les unes des autres. » Les bancs de sels se sont amoncelés dans chaque mine jusqu’à » ce que les eaux de la mer ne pussent entrer dans ces réservoirs «par les plus grandes marées; à cette époque, ce qui est resté » d’eau salée a déposé sou sel , et le reste du réservoir a été rem- » pii par les substances terreuses ou pierreuses détachées des mon- » tagnes ou charriées par les eaux pluviales. » § 7. Conclusions. De tout ce que nous venons de dire , il résulte que nous avons dans les petits étangs salés et sans écoulement des Bouches-du- Rhône , dans les Lacs Amers , dans les lacs salés du bassin de la Caspienne , enfin , dans la mer Morte et dans la plupart des lacs salés de toutes les parties du globe, des exemples de formations actuelles de sel analogues à celles de la période salino-magné- sienne. Sans doute, il n’y a pas liaison certaine, nécessaire , entre la formation de l’eau douce et celle des couches de sel gemme; mais nous croyons qu’il y a quelqu’apparence de connexité. Nous ne prétendons pas assurément donner un caractère de certitude aux hypothèses que nous venons de développer, mais nous pensons qu’elles portent un caractère de probabilité que n’a pas également celle qui attribue à certaines réactions chimiques dans le sein des mers la formation des lits de sel. L’étude approfondie des terrains à sel du bassin de la mer Morte pourra éclairer la question, et peut-être renverser une partie de notre hypothèse en ce qui la concerne (1) ; mais tout ce (1) Par exemple, si l’on venait à établir que la mer Morte est sur des terrains à sel de l’âge du zechstein , qui est antérieur au terrain juras- sique dont M Russegger paraît avoir constaté le soulèvement sur le côté occidental du lac de Tibériade , tandis que du côté oriental il a observé celui du terrain carbonifère (on sait que c’est entre le terrain carboni- lère et Je terrain jarassique que se trouvent compris précisément ceux de la période salino-magnésienne). Mais ce voyageur pense que la plaine de la Palestine appartient à la craie. Voir Bulletin de la Soc. géol. , t. XI , p. i5 et 16. 390 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. que nous connaissons, quant à présent , des terrains de son bassin yjai ait l’appuyer plutôt que la contredire. Nous croyons qu’on ne rencontrera pas de terrains à sel, dans cette contrée, au-dessus du niveau de la mer Rouge. Lorsque l’étude en sera devenue plus facile et moins périlleuse, on trouvera probablement à la hauteur du niveau de l’une des deux mers voisines, et peut-être graduel- lement de plus en plus bas, des coquilles marines , des polypiers , des traces de rivage , la salure des eaux de ce bassin n’ayant pu devenir exclusive du règne animal , du moins des animaux autres que les madrépores , que par suite d’un abaissement du niveau des eaux , assez grand pour produire une concentration suffisante. Quoi qu’il en soit, il restera toujours un fait générai bien fa- vorable à l'idée que ces grandes dépressions sont d’anciens fonds de mer : c’est que tous ceux des bassins de la surface exondée des continents, reconnus maintenant pour être des dépressions au- dessous du niveau des mers , ceux où se trouvent la mer Caspienne et les lacs salés qui l’environnent, les Lacs Amers de l’Egypte, les petits étangs salés de Citis , la Yalduc et Engrenier dans le départe- ment des Bouches-du-Rhône , et enfin la mer Morte , ont tous leur fond occupé par du sel ou des étendues plus ou moins considé- rables d’eau très salée; en d’autres termes, que le fond d’aucune de ces dépressions n’est rempli par des eaux douces, ou même seulement par des eaux dont la salure soit inferieure à celle des mers. D’où il semblerait résulter qu’on peut, à priori , admettre avec un certain degré de probabilité que les grandes étendues d’eau plus salée que celle des mers et sans écoulement, tels que les lacs Aral , Balkhache, ceux de la Crimée et autres en Asie, ceux de Natroun en Egypte , ont leur niveau au-dessous du niveau général des mers , ou du moins au-dessous des points qu’attei- gnent les plus liantes marées des mers les plus voisines. Il faudrait cependant se garder de donner à cette probabilité un caractère de certitude. On ne peut rejeter entièrement l’effet possible de sources salées, et l’on conçoit très bien que des sels d’origine ignée, ou même des sels de dépôts neptuniens d’une époque plus ou moins ancienne aient été soulevés, et que près d’eux, dans un pli de terrain , les eaux pluviales qui les dissolvent forment des lacs salés. On peut concevoir même qu’un lac salé, formé au niveau ou au-dessous du niveau des mers et à leurs dépens, soit par suite d’un soulèvement porté au-dessus du point où il a été primitivement formé , et nous avons vu que c’est à l’une de ces deux causes, et’peut-être à toutes deux, qu on doit attribuer la SÉANCE EU 17 AVRIL 1843. 391 formation en Arménie des grands lacs salés de Van et d’Ourmiah. Mais l’élévation de lacs très salés au-dessus du niveau des mers paraît être un fait très exceptionnel : aussi y a-t-il toujours une grande probabilité qu’un lac sans écoulement, dont la salure est supérieure à celle des mers, est inférieur à leur niveau, et qu’au contraire un lac sans écoulement, dont la salure est inférieure à celle des mers, est supérieur à leur niveau. L’aréomètre peut donc, jusqu’à un certain point, devenir pour les lacs sans issue un moyen d’bypsométrie , du moins pour connaître si leur niveau est supérieur ou inférieur au niveau des mers , puisque la pesan- teur spécifique de leurs eaux dépend , dans la plupart des cas , de cette circonstance ; à défaut d’aréomètre, le pesage du résidu d’un poids déterminé d’eau de ces lacs évaporé à siccité peut conduire au même résultat , puisque l’on sait que l’eau de la mer ne contient pas en général plus d’un vingt-cinquième de son poids de matières salines. M. de Verneuil, après cette lecture, dit qu’il a déjà fait connaître, lors de la communication de M. Hommaire de Hell sur les lacs salés du gouvernement cl’Astrakan , que les lacs salés des environs d’Oreinbourg, et notamment le lac Elton dont il vient d’être fait mention, se trouvaient sur le zech- stein , où l’ensemble des terrains que M. Murchison et lui ont réunis sous le nom de terrain Permien, et que dans les environs d Orembourg il a trouvé ce terrain en contact avec le lias; que pour les lacs salés des environs de la mer Cas- pienne, il ne conteste pas qu’ils puissent être d’anciens relais de cette mer. En Crimée, il a trouvé des lacs salés et point de zechstein ; ces lacs sont placés sur le terrain tertiaire. M. deWegmann cite ce fait, qu’il a trouvé dans les Annales de Poggendorf (1 835, t. XXXV, p. 182), que la quantité de matières salines contenues dans les eaux de la mer en général est bien de 3 à 4 pour cent seulement; mais que cependant Wolîaston ayant analysé de l’eau de la Méditerranée prise près de Gibraltar à 50 milles anglais à l’E. du détroit, à une profondeur de 670 toises anglaises, n’y a pas trouvé moins de 17,3 pourcent de matières salines après dessiccation à 120° Réaumur, et que cette eau aurait accusé une pesanteur spécifique de 1,1288, tandis que dans deux endroits plus à 392 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. l’est, peu distants de celui où celte eau avait été prise, 3’eau ne contenait plus que la proportion de sel ordinaire. M. Angelot répond que ce fait, unique dans la science, est le principal argument sur lequel on a fondé l’opinion d’un courant sous marin de la Méditerranée dans l Océan ; maisque, si l’on veut déduire comme conséquence de ce fait tout-à- fait exceptionnel que la salure de la mer va en augmentant avec la profondeur, et que cela peut aller jusqu’à ce point que le sel finisse par s’y précipiter , on rencontre comme cir- constance tout-à-fait contraire à cette hypothèse que dans tous les sondages à grande profondeur, soit dans l’Océan, soit dans la Méditerranée, la sonde n’a jamais rapporté fond de sel. M. d’Omalius d’Halloy dit qu’il lui semble reconnu que T eau des lacs sans débouchés n'est jamais douce , lors même qu’ils sont éloignés de tout dépôt de sel gemme et au-des- sus du niveau des mers, et notamment l’eau de ceux de ces lacs sans issues qui se trouvent dans des cratères de volcans. M. Angelot répond qu’en effet le chlorure de sodium étant très répandu dans la nature, et la plupart des forma- tions ayant eu lieu dans l’eau delà mer, le lavage des terres doit en amener et laisser une certaine partie dans les lacs sans issues; que pour les lacs dans les cratères de volcan en particulier, leur salure s’explique parfaitement par cette cir- constance, que le chlorure de sodium et autres chlorures , ainsi que divers acides existent, comme on le sait, dans les laves et scories volcaniques qui forment leur bassin; mais que s’étant occupé de la question sous ce point de vue, il ne lui a pas paru qu’elle puisse être généralisée d’une manière absolue pour tous les lacs sans débouchés situés au-dessus du niveau de la mer, dont peut-être aucun , à l’exception du lac d’Ourmiah et sans doute de celui de Van, n’a un degré de salure supérieur ou même seulement égal à celui des mers en général, et qu'il n’a entendu parler que des lacs qui ont un degré de salure supérieur à ces dernières. M. E. Robert lit un Mémoire intitulé: SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 393 Rapprochement entre les grès isolés de Fontainebleau et les glaces polaires , suivi de remarques sur les grès mamelon- nés d'Orsay , par M. E. Robert. M. Robert expose dans ce Mémoire qu’ayant trouvé une grande ressemblance entre les formes bizarres qu’affectent les grès de Fontainebleau et celles des glaces flottantes dans les mersduNord, au volume près, il s’est demandé si toutes ces masses, malgré leur nature si différente, ne devraient pas leur forme extérieure à la même cause. Bien que les uns reposent sur le sable et les autres baignent dans la mer, il a pensé que faction battante et prolongée des eaux, delà pluie pour les premières, de la mer pour les secondes, en était la cause principale ; il se fonde principalement sur la structure de ces grès et glaces, qui auraient été depuis leur division par fragments soumis pendant longtemps à cet agent dissolvant. Il leur a trouvé une structure amygdalaire ou à gros grains qui leur donne extérieurement l’apparence d’un grossier guillochis. Indépendamment de cette dispo- sition commune aux grès d« Fontainebleau et aux glaces po- laires, M. Robert invoque encore les érosions sous formes de cavités, de trous, de canaux droits, tortueux, fistu- leux , etc. , que les uns et les autres offrent souvent. A l’appui de ces observations, M. Robert cite des modifi- cations survenues dans le ciment calcaréo-sablonneux des vieilles murailles du parc de Meudon et qui rappellent par- faitement une disposition semblable, la surface de certains grès calcarifères bien connus de Fontainebleau; il fait re- marquer, en passant, que cet arrangement des molécules calcaires et siliceuses sous forme d’orbicules est une cause puissante de la dégradation des murailles. L’examen attentif des grès isolés de Fontainebleau a fourni aussi à M. Robert l’occasion de faire un autre rap- prochement entre eux et les men hirs , les cromlec'hs et les dol-mens si communs en Bretagne: il a pensé que les pierres énormes qui entrent dans ces monuments, s’étant naturelle- ment rencontrées sur place, par suite d’une désagrégation des roches primitives semblable à celle des grès de Fontaine- 394 SÉANCE DU S 7 AVRIL 1843. bleau, il fallait être moins surpris que ne le sont générale- ment les archéologues relativement au transport et à l’érec- tion des monolithes par les Celtes. M. Robert a porté ensuite une attention scrupuleuse sur les prétendues traces du passage de blocs erratiques à la sur- face des grès de Fontainebleau; il a fait remarquer, en sou- mettant à la Société des échantillons de ces roches, que ces traces ne sont autre chose que des stries d’écoulement des eaux pluviales à la surface de blocs de grès, comme vernis- sés ou revêtus d’un émail siliceux. Enfin M. Robert n’admet pas non plus que la surface des grès d’Orsav porte des traces de ce que l’on est convenu d’appeler cataclysme ou phénomène erratique ; il n’a vu dans les gibbosités de ces grès et les canaux sous forme de sillons qui les séparent, que des ludus , existant du reste avec les mêmes traits à la surface inférieure des grès ou sous leurs glandes tables qui reposent immédiatement sur le sable. A la suite de cette lecture M. Ch. Martins présente les ob- servations suivantes : Les grès de Fontainebleau affectant les formes les plus bizarres et les plus variées, il en est nécessairement dans le nombre qui doivent ressembler à certaines glaces flottantes des mers du Spitz- berg ou de l’Islande. Cependant les formes de ces glaces sont moins bizarres et moins variées que celles du grès : en effet , elles ont presque toujours la figure de champignons , parce que la vague les creuse au niveau de la ligne de flottaison. Mais la ressemblance éloignée entre les formes du grès et celles des glaces se borne à celles du Spitzberg ; dans d’autres régions , la comparaison devient tout à-fait inexacte ; dans les mers polaires australes , par exemple, ces glaces sont des parallélipipèdes ou des cubes très réguliers , formes que ne présentent jamais les masses de grès. Il y a plus : je ne crois pas qu’on puisse conclure à une similitude de formes, même en se bornant aux glaces du Spitzberg. En effet , 1° le grès se termine par des surfaces courbes concaves et convexes ; les glaces flottantes , au contraire , ne présentent en général que des surfaces courbes concaves , résultat de l’action de la vague qui les creuse. 2° Les formes des glaces sont dues à l’action d’un agent extérieur ; celles du grès tiennent au mode d’agrégation des molécules sili- ceuses. Cela est si vrai que lorsqu’on divise, soit avec des coins , SÉANCE EU (7 A Vil IL 1843. 395 soit à l’aide de la mine, de gros blocs de grès , on reconnaît que les plans suivant lesquels ces masses se séparent sont formés par la réunion de plusieurs surfaces courbes à grands rayons. C’est ce qu’on voit très bien dans les exploitations de grès du rocher de la Salamandre ? dans la forêt de Fontainebleau. Quant aux opinions de M. Probert sur les sillons qu'on re- marque à la surface des grès de Fontainebleau , sillons qu’on a voulu assimiler aux stries des rochers des Alpes et de la Scandinavie, M. Martins les partage complètement, d’autant plus qu’il les a déjà émises lui-même dans une note lue il y a huit mois à la réunion des naturalistes suisses, à Altorf, et publiée dans le numéro de septembre 1842 de la Biblio- thèque universelle de Genève. M. de Proys répond à M. Martins que le grès de Fontai- nebleau a la propriété de se fendre suivant des surfaces très sensiblement planes; c’est à celte propriété qu’est dû son emploi si avantageux pour le pavage. On trouve au surplus dans les mêmes localités, ou du moins à des distances très rapprochées, les grès en masse employés pour le pavage, et des grès offrant une stratification tabulaire très pronon- cée, qui fournissent des pierres dâtre, des tablettes, des marches; ces derniers ne sont jamais mamelonnés. M. Mar- tins a cité les grès lustrés de Montmorency comme ayant la cassure conchoïde. Ces grès sont très probablement calca- rifères. On trouve des grès lustrés dans la forêt de Fontai- / O bleau,à Beîlecroix , au Mail d’Henri IV, au Long Rocher. Ils appartiennent à ce calcaire quarzifère dont les cristaux en rhomboèdres inverses (Haiiy ) sont si connus. On trouve ces cristaux au Mail d’Henri IV et au Long Ptoeher, et probable- ment dans plusieurs autres localités, moins développés qu’à Beîlecroix. Outre les cristaux rhomboédriques , ce calcaire présente des aglomérations en grappe dont la cassure con- choïde offre toutes Ses apparences du grès lustré. Entre Ne- mours et Moulereau on trouve très abondamment des grès lustrés; mais ces grès, certainement irès calcarifères , ap- partiennent à la formation de l’argile plastique. Ce sont eux qui forment la pâte des poudingues de Nemours, et M. Con- 396 SÉANCE DU 17 AVRIL 1813. stant Prévost en a rapporté des cristaux en rhomboèdre in- verse comme ceux de Bellecroix. M. Robert n’a point vu de traces de diluvium dans la forêt de Fontainebleau. 11 en existe d’assez bien caractérisées au Long Rocher et sur le plateau entre la croix de Saint-! lé rem et Bouron. Près de la forêt, à la montagne de Train , le gra- vier diluvien forme une assise de plus d’un mètre de puis- sance , séparé de la formation des grès de Fontainebleau , qui y sont bien en place, par l’assise des marnes improprement désignées sous le nom d’argile à meulières, d’où MM. Ch. d’Orbigny et de Roys ont rapporté ( Bulletin , t. IX, p. 38) les rognons d’oxide de manganèse, signalés depuis par M. Ro- bert dans cette assise sur plusieurs autres points. M. d’Omalius d’Halloy dit que la silice a une grande ten- dance à former des globules, comme le prouvent les agates, les silex, etc.; que l’on explique assez bien , par cette pro- priété de la silice, les formes mamelonnées que tendent à prendre les grès; que les couches de grès ondulées sont probablement le résultat de cette forme globuleuse. M. E. Chevalier lit la note suivante : Note sur la constitution géologique des environs de V alpa- raiso et sur le soulèvement du sol de la côte du Chili (Extrait du chap. 3 de la partie géologique du Voyage autour du monde de la Bonite), par E. Chevalier, lieutenant de vaisseau. Les collines qui se prolongent du N. au 8., à l’O. de la ville , sont celles que j’ai examinées avec le plus de détails. Leurs pentes approchent tellement de la mer que presque partout la roche a dû être creusée pour établir le chemin qui mène au Castel- Yiejo et à la pointe N. sur laquelle s’élève le phare. Les sommets, hauts d’environ 400 mètres , sont terminés par des plateaux , et les flancs sont arrondis. La roche qui les forme est une belle diorite stratiforme , sou- vent porphyrique , dont il est difficile de déterminer la direction et l’inclinaison , qui l’une et l’autre m’ont paru assez variables. Elle est sans délit prononcé , et ce n’est guère que par la situation SÉANC1Ï DU 17 AVRIL 1843. 397 des éléments minéralogiques constituants qu’il est possible de re- connaître la stratification. Sa direction m’a paru être du S. au N., et l’inclinaison près de la verticale. Cette diorite grenue contient des couches peu épaisses de diorite schistoïde subordonnée. Au bord de la mer gisent fréquemment de gros blocs de la même roche coupée par des veines d’une belle épidote grenue, aciculaire et radiée. Dans un des ravins qui viennent aboutir à la mer, une coupée naturelle, dirigée de l’E. à l’O. , m’a permis d’observer un amas transversal de granité à grains moyens , qui , poussé par un effort intérieur , est venu couper obliquement les strates de diorite. Entre ces deux roches se trouve un filon de quarz hyalin brisé et frac- turé perpendiculairement aux faces naturelles du filon, de telle sorte que l’on pourrait penser que sa formation a précédé celle du granité , et qu’il a été refoulé et brisé lors de l’éruption de cette dernière roche. La partie supérieure de ce quarz est imprégnée et colorée par de l’hydrate de fer. En gravissant sur le sommet de ces collines par un chemin en pente douce , mais où le sol est partout recouvert d’une végétation herbacée , on ne peut plus observer leur constitution que par les roches qui s’élèvent au-dessus de la terre végétale, et qui souvent ne sont pas en place. J’ai pu cependant constater la présence dans la diorite de cou- ches subordonnées de leptynite passant au gneiss , et une fraïdro- nite qui ne m’a paru présenter aucune tendance à la stratification, et qui est probablement une roche de filon. Enfin , un porphyre pétro-siliceux y forme des amas transversaux. Au N.-E. de Valparaiso , les collines sont moins élevées , mais leur constitution est à peu près semblable ; les couches de diorite semblent se diriger un peu vers l’E., et contiennent des couches subordonnées d’un pétro-silex grisâtre , dont l’épaisseur varie de 1 à 2 mètres , et des amas de granité dans lequel la décomposition a fait plus de progrès que dans les roches constituées d’une ma- nière plus simple. Des filons de quarz jaunâtre fortement épidotique , et contenant en outre des cristaux de tourmaline noire et des filons de pegma- tite commune, se mon trent de place en place. Les filons de quarz, ayant mieux résisté que les autres aux influences atmosphériques, sont en saillie sur le sol herbacé , et semblent de loin des pans de murailles en ruine. Le sol meuble qui recouvre ces roches est en quelques points d’un rouge brique assez intense; cette couleur est probablement 398 SÉANCE DU 17 AVRIL 1 843. le résultat de la décomposition des pyrites que l’on rencontre dans quelques unes des roches de filons, et principalement dans les fraïdronites. C’est peut-être aussi à la décomposition de ces pyrites proba- blement aurifères qu’il faut attribuer la présence de la petite quantité d’or qui existe dans les alluvions de quelques ravins. A de plus grandes hauteurs, sur la route de Yalparaiso à San- tiago, on trouve des micacites, des porphyres pétro-siliceux et des pétro-silex taîcifères. Ces roches appartiennent probablement aux étages des micacites et des talcites cristallifères , tandis que celles de Valparaiso appartiendraient à la formation de diorite stratiforme dans le grand étage des gneiss. J’arrive maintenant à un point bien contesté, sur lequel la briè- veté de notre séjour à Yalparaiso et la multiplicité de mes devoirs, qui ne m’ont pas permis d’observer les lieux avec tout le détail nécessaire, ne me permettront pas d’apporter de nouvelles lum ières; je veux parler du soulèvement de la côte du Chili, lors des trem- blements de terre du 19 novembre 1822, et du 20 février 1835. Les effets du premier de ces tremblements de terre ont été dé- crits par mistress Graham , qui habitait alors le village de Quin- tero , à dix lieues au N. de Yalparaiso. Cette dame , ayant visité les lieux le lendemain de l’événement , a vu , dit-elle , des preuves irrécusables du soulèvement du sol ou de l’abaissement de FOcéan. La côte aurait été soulevée sur une longueur de 100 milles , et le soulèvement aurait été de 3 pieds à Yalparaiso, et de 4 à Quintero. L’ancien rivage était à sec, des rochers naguère sous les eaux étaient découverts, et les débris d’un navire échoué, dont avant on ne pouvait approcher, étaient facilement abordables, quoique la position relativement à la terre n’eût pas changé. Quant au second , celui de 1835 , M. Alison , dans la lettre qu’il adressa à ce sujet à la Société géologique de Londres, en date du 22 mars 1835 7 dit positivement que le sol s’exhaussa de 2 à 3 pieds. Cette différence put , ajoute- t-il , être exactement appréciée par des sondages faits dans la baie, où des rochers , naguère cachés par les eaux , furent mis à découvert. MM. Gay, Caldeleugh et Darwin partagent cette opinion , et pour l’appuyer avancent différents faits : le premier, que la mer, qui , il y a vingt-cinq ans, baignait le pied des maisons de la rue principale , s’est tellement retirée que l’on a pu construire une nouvelle rangée de maisons, séparées des premières par une rue de 20 pieds de large ; MM. Caldeleugh et Darwin disent que l’on rencontre en divers points, à d’assez grandes hauteurs au-dessus du SÉANCE DU 17 AVRIL 1813. 398 niveau de ia mer, des bancs considérables de coquilles qui vivent actuellement dans ces parages; que ces coquilles appartiennent à l’époque géologique dans laquellenous vivons ; qu’elles fournissent toute la chaux nécessaire à la construction des maisons , et de plus , que des Balanes sont encore attachées aux rochers des falaises à des hauteurs qu’auj oui d’hui la mer n’atteint plus. D’une autre part, M. Cumiog écrivit aussi à la Société géolo- gique de Londres, et affirma n’avoir jamais vu ni Balanes ni Pa- telles au-dessus du niveau de la haute mer. La mer, dit-il, vient baigner les murs de la maison que j’habite , précisément de la même manière qu’avant 1822, et les vaisseaux occupent le même mouillage. Quant aux coquilles trouvées à Quintero, M. Cnrning dit qu’aux points où la côte est basse, la mer pénètre à 1000 à 1200 pieds dans l’intérieur des terres, et y dépose des coquilles actuellement vivantes; qu’au-delà , il existe des coquilles, mais qu’elles sont à l’état fossile, et qu’en fin il n’a jamais vu de co- quilles récentes au-delà du point où arrivent les eaux. Quant à moi, mes observations ont été trop peu étendues pour qu’elles puissent avoir quelque valeur, mais je dois dire que je n’ai vu aucun indice qui puisse me faire croire au soulèvement. Le fait si positif de la construction d’une nouvelle rue, avancé par M. Gay, me paraît radicalement détruit par les assertions de M. Curning, ancien habitant du pays, qui faisait ses observations sur sa propre maison , et par cela même , me semble mériter une grande confiance. Quant aux coquilles trouvées en certains points de la côte, il ne me paraît pas clairement établi que les dépôts qu’elles forment appartiennent à la période actuelle. On sait que dans les derniers étages de la période palæothérienne , les coquilles qui ont leurs semblables ou leurs analogues vont jusqu’à 60 pour cent. Ce n’est donc qu’après un examen bien approfondi que l’on peut décider que les coquilles sont bien réellement récentes; or, cet examen ne me paraît pas avoir été suffisamment fait. En admettant cependant que les dépôts soient récents , il me semble qu’il serait possible d’expliquer leur formation sans avoir recours au soulèvement du sol , et seulement en se basant sur des faits historiques. Dans les tremblements de terre des siècles derniers, la mer s’est plusieurs fois retirée à une assez grande distance, et n’a re- pris son lit qu’après un mouvement de flux si violent, que des em- barcations et même des navires ont été portés à de grandes distances et à de grandes hauteurs dans les terres. 400 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. Le père d’Acosta dit qu’en 1586 la mer s’avança dans les terres d’au moins deux lieues. Frésier, que le tremblement de terre de 1605 eut pour effet de submerger la ville d’Arica. Enfin , il est constant qu’à une époque moins reculée , en 1746, la ville du Callao , près Lima , fut engloutie par les sables ramenés par la mer, qui s’était éloignée d’abord du rivage. Des navires au mouillage furent portés dans les terres. AYalparaiso , dans le tremblement de terre de 1765, des canots furent portés par la mer jusque vers l’église de San-Francisco , située sur une hauteur. Si ces effets ont pu être produits, ne serait-il pas plus naturel d’attribuer aux mêmes causes les accumulations de coquilles sup- posées récentes, plutôt que d’expliquer leur présence par un sou- lèvement du sol ? Si ces dépôts sont si considérables qu’ils peuvent depuis longtemps fournir la chaux nécessaire aux constructions de Valparaiso , n’est-il pas plus probable qu’ils ont été balayés et réunis par un mouvement violent de l’Océan, plutôt que de penser que ces accumulations ont été formées par des mollusques vivants ainsi pressés les uns contre les autres , et soulevés ensuite avec le fond sur lequel ils reposaient. Les mouvements d’oscillation qui ont produit les phénomènes que je viens de citer ont été brusques , et leurs effets malheureu- sement trop perceptibles; mais ne peut-on pas croire que des os- cillations du même genre, mais beaucoup plus lentes et moins sensibles, ont eu lieu fréquemment, et notamment lors du trem- blement de terre observé par mistress Graham? Cette supposition , que je crois admissible, expliquerait les faits qu’elle observa le lendemain de la secousse. Quant aux raisons tirées des sondages, que l’on dit plus faibles aujourd’hui, et des rochers nouveaux apparus depuis les derniers tremblements de terre, je crois, pour les faire apprécier à leur juste valeur, devoir mettre sous les yeux de la Société deux plans du port de Valparaiso. Le premier a été levé en 1744 par don Antonio de Ulloa, le second en 1837 par les officiers de la frégate la Venus , comman- dée par M. l’amiral Dupetit-Thouars Les sondes de ces deux plans, publiés l’un et l’autre par le Dépôt de la marine, sont exprimées en brasses françaises de lm,624. Comparons les profondeurs de l’eau aux mêmes points, et pre- nons pour cela une ligne sur laquelle il ne peut y avoir d’erreurs de détermination , puisque les points extrêmes ne peuvent être SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 401 confondus avec d’autres, celle de Castel- Viejo à celle de la pointe garnie d’îlots sur la côte des Sept-Sœurs. Sur le plan de 1744, nous trouvons sur cette ligne 16, 18, 25, 26, 25, 25,18 brasses. La plus grande profondeur est donc 26 brasses ou 42 mètres. Si nous admettons, avec les partisans de l’idée du soulèvement du fond de la mer, qu’en 1822 il ait été de 1 mètre , autant en 1835, nous ne devrions trouver sur cette ligne , pour profondeur maximum, que 40 mètres, en négligeant toutefois les soulève- ments qui auraient pu avoir lieu de 1744 à 1822, et surtout celui de 1750, qui, d’après certains auteurs, aurait exhaussé la côte de 25 pieds. Or, la carte de 1837 donne pour profondeur maximum 33 bras- ses, soit 53 mètres, ou 13 mètres de plus que celle de 1744 , et 15 de plus qu’elle ne devrait être en admettant le soulèvement. Sur chacune des autres lignes que l’on voudra comparer, la proportion sera la même. Le plan de 1744 indique au S. -O., et près de l’îlot Hava, plu- sieurs roches découvertes; celui de 1837 le désigne comme isolé. Bien plus , le plan de 1744 place, à un demi-mille au N.-N.-O. du même îlot , une roche à fleur d’eau , qu’il désigne par le signe convenu en hydrographie. Cette roche, qui devrait maintenant saillir au moins de 6 pieds au-dessus de la mer, n’est pas indiquée dans le plan de 1837. Pourquoi, de tous ces faits, ne conclurions nous pas que la côte, au lieu de s’être élevée, s’est abaissée? Mais il n’en est rien. Les diffé- rences des deux plans tiennent à l’infériorité des procédés hydro- grahiques en 1744 , et surtout à la disposition qu’avaient les an- ciens auteurs à diminuer la profondeur de l’eau pour rendre moins fréquentes les chances de naufrage; mais je crois qu’au moins on ne pourra plus invoquer les différences de sondage pour en conclure le soulèvement. Quant à moi , je regarde le résultat de cette comparaison comme une preuve positive que le soulève- ment n’a pas eu lieu. A la suite de cette lecture, M. Leblanc objecte à M. Cheva- lier que les chiffres des sondages, ne s’accordant pas, ne prou- vent rien , et surtout ne prouvent pas qu’il n’y a pas eu de soulèvement , puisque la même cause qui aurait soulevé au- rait pu aussi user, abaisser certains points, à supposer d’ail- leurs que les sondages soient réels et aient été bien faits. Soc. Géot. Tome XIV. 26 402 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. M. Chevalier répond que l’on s’est appuyé de sondages pour preuve de soulèvement , que c’est pour cela qu’il a comparé les sondages les plus authentiques, et que cette comparaison l’a amené à une conclusion différente. M. de Roys dit qu’ Antonio dTilloa n’a peut-être pas em- ployé la même brasse que M. du Petit- Thouars. M. Chevalier répond que, pour les cartes françaises qu’il donne aux navigateurs, le ministre de la marine a dû sans doute faire opérer la conversion des mesures; qu’en tout cas la brasse espagnole ne différant de la brasse française que d’environ 1 décimètre, le défaut de conversion ne modifie- rait les résultats que d’une manière insignifiante. M. le capitaine Duperrey, qui a visité ces parages , dit n’avoir rien vu non plus qui démontrât la réalité du soulè- vement de la côte. MM. les secrétaires donnent lecture de l’extrait d’un Mé- moire fort étendu sur le terrain diluvien des Pyrénées , par M. H. de Collegno, Mémoire qui va être publié incessam- ment. Dans ce travail , l’auteur dit avoir visité, dans les étés de 1839 et 1842, la plupart des localités des Pyrénées où l’on avait signalé l’existence du phénomène erratique. Il donne la description de ces localités, et cherche à démontrer que la disposition du terrain de transport des Pyrénées est celle que prendrait , lors de son dépôt, une masse de détritus suspendus momentanément dans l’eau , et que des courants violents et passagers descendant des cimes des Pyrénées auraient pu transporter les blocs erratiques aux positions qu’ils occupent aujourd’hui vers le pied de la chaîne. Il attribue ces courants à la fonte des neiges des Pyrénées par les gaz aux- quels est attribuée l’origine des dolomies et des gypses , qui ac- compagnent constamment les ophites des Pyrénées , apparues dans des fractures transversales à la chaîne , à la fin des périodes tertiaires , lors du soulèvement des Alpes orientales. L’eau prove- nant de la fonte subite de ces neiges , dit l’auteur dans sa note, de- vait avoir nécessairement une densiié beaucoup plus grande que l’eau ordinaire. Lors de la débâcle de Bagnes, en 1818, la den- sité de l’eau était telle, que M. Escher de la Linth estimait la pro- portion des matières terreuses et autres aux sept huitièmes de la masse, au moins dans la première partie du cours du torrent. SÉANCE DU 17 AVRIL 1813. 403 M. de Charpentier parlait de ce même courant comme d’un tor- rent de boue précédé d’une montagne de bois, provenant des fo- rêts, barrières, digues et maisons emportées (1); et cependant le trajet, depuis l’éboulement jusqu’au village de Bagnes , s’opéra avec une vitesse de près de 11 mètres environ ( 33 pieds ) par se- conde (2); ce qui prouve que , dans ces grandes catastrophes, la densité du liquide n’est point un obstacle à la rapidité de sa marche. On est habitué , depuis 1818 , à considérer la débâcle de Bagnes comme ayant atteint le maximum de vitesse , et par conséquent aussi le maximum de force de transport que les grandes masses d’eau peuvent présenter de nos jours : on a presque oublié qu’il s’est passé dans le siècle dernier un fait bien mieux comparable à ce qui dut avoir lieu lors de la fusion des neiges et des glaces qui accompagna nécessairement le soulèvement des Alpes orientales et l’apparition des ophites des Pyrénées. Ce fait a eu pour témoins les académiciens envoyés au Pérou pour mesurer les degrés du méridien dans le voisinage de l’équateur ; et voici dans quels termes en a rendu compte Bouguer : « Le dernier incendie de Cotopaxi , » celui de 1742, qui s’est fait en notre présence , n’a causé de tort » que par la fonte des neiges. 11 y eut deux inondations subites , » celle du 24 juin et celle du 9 décembre; mais la dernière fut » incomparablement plus grande : l’eau tomba au moins de 7 à » 800 toises ; les vagues qu’elle forma dans la campagne étaient » élevées déplus de soixante pieds, et elle monta en certains en- » droits de plus de 120. Toutes ces eaux avaient 17 ou 18 lieues » de chemin à parcourir vers le S. de la Cordilière, avant que » de pouvoir en sortir par le pied du Tunguragua; elles ne mirent » pas plus de trois heures à faire ce trajet : c’est ce qui peut don- » ner quelque idée de leur vitesse moyenne, celle qui tient le mi- » lieu entre la rapidité prodigieuse qu’elles avaient d'abord et » la moindre vitesse qu’elles eurent dans la suite; mais si on » juge par divers effets produits à 3 ou 4 lieues de la montagne , >» elles devaient y parcourir encore 40 ou 50 pieds par seconde. » Il y eut des pierres très pesantes, de plus de 10 ou 12 pieds de » diamètre, qu’elles changèrent de place, et qui furent transport » tées à J 4 ou 15 toises de distance sur un terrain presque hori- (1) Annales de chimie et physique , t. X, p. 25 1. La densité de l’eau des grands courants diluviens a été indiquée dès 1819, par M. de Buch , comme pouvant expliquer le transport des blocs erratiques des Alpes. (2) Annales de chimie et de physique , t. X, p. 2Ô2 404 SKANGB DU 17 AVRIL 1 8 4 3 . » zontal (1). On vit aussi de grosses niasses de neige toutes fumantes » qui étaient entraînées par l’eau , et qui, quoique brisées, avaient » encore plus de 15 ou 20 pieds de diamètre (2). » D’après cette relation de Bouguer, on voit que le courant des- cendant du Cotopaxi avait encore une vitesse de 15 mètres envi- ron par seconde , à une distance de cette montagne égale à celle qui sépare Garen du port d’Oo (3 . On voit aussi que des masses de neige de 6 mètres de diamètre étaient entraînées par ce cou- rant : dès lors on est autorisé à admettre que les blocs descendus du port d’Oo pouvaient être enveloppés en partie de neige et de glace qui auraient diminué la pesanteur spécifique des masses transportées. Si l’on prend en considération ces diverses circon- stances , on trouvera que le transport des blocs de Garen lors de la fusion des neiges, occasionnée par l’apparition des ophites , n’offre réellement aucune impossibilité. On objectera sans doute que l’événement de 1742 ne donna point lieu au transport de blocs semblables ; je crois que , si la fusion des neiges du Cotopaxi n’a point été accompagnée d’une dispersion de blocs comparables à ceux des Pyrénées , cela tient uniquement à ce que les cimes des Andes équatoriales ne sont point couvertes de véritables gla- ciers ; mais que le dégagement de chaleur qui s’est opéré au Coto- paxi , en 1742 et en 1744 , se produise au mont Perdu , à Neon- vielle , au port d’Oo , au pic du midi de Pau , etc. , et l’on conce- vra facilement que les blocs qui accompagnent les glaciers des Pyrénées puissent être transportés à Argelez. à Garen, à Arudy, etc. Il résulte des considérations auxquelles nous nous sommes livrés, continue M. Collegno, que le transport des blocs errati- ques des Pyrénées par de grands courants d’eau n’est pas aussi difficile à concevoir que le pensent les partisans de la théorie gla- ciale : mais on a dit en outre que si des blocs granitiques avaient été lancés contre des roches calcaires avec la vitesse nécessaire (1) Bouguer, Figure de la terre , p. lxviij. (2) Ibul.t p. lxxj. (3) D'après La Condamine ( Voyage à l’ Equateur , p. i56) , un courant descendu de Cotopaxi, en 1744» aurait détruit, six heures après l'érup- tion qui avait fondu les neiges au sommet de la montagne, le village de Napo , situé à trente lieues en ligne droite , et peut-être à soixante en sui- vant les sinuosités du terrain ; celte dernière donnée indiquerait , pour la vitesse moyenne du courant, i8m,5o par seconde , et, par conséquent, pour les parties les plus voisines de la montagne où la pente est néces- sairement le plus rapide , une vitesse bien supérieure à celle de i5 mètres admise par M. Bouguer. SEANCE DU 17 AVRIL 1843. 405 pour leur transport, ils auraient dû être brisés en un million de fragments par la violence du choc fl). Il suffit , je crois, d’avoir vu en place les blocs erratiques des Pyrénées pour être convaincu que cette seconde objection n’est pas aussi sérieuse qu’elle le paraît d’abord. En effet, si les blocs avaient rencontré une surface per- pendiculaire à leur direction; s’ils avaient heurté une telle surface avec toute leur force d’impulsion, ils auraient sans doute été brisés par la violence du choc; mais les pentes des montagnes ne présentent le plus souvent que des inclinaisons de 20 à 30° (2), et l’on comprend qu’un flot arrivant contre une telle pente y glis- serait en la remontant, et pousserait devant lui les blocs qui pourraient atteindre ainsi une hauteur supérieure à celle indi- quée par le calcul. Il devrait se passer là quelque chose d’analogue à ce qui a été observé à Cherbourg et à Plymouth, où l’on a vu dans les grandes tempêtes des blocs de granité de 1 et de 2 mètres cubes remonter les pentes des brise-lames (3) ; on pourrait com- parer encore le choc des blocs erratiques à celui d’un boulet de canon qui ricoche sur un plan qu’il rencontre sous un angle peu considérable, et peut-être que les sillons de certaines pentes cal- caires ont eu une origine analogue à celle des sillons laissés à la surface du sol par les ricochets de ces boulets! J’ai essayé jusqu’ici d’indiquer ce qui aurait dû se passer si une grande masse d’eau bourbeuse chargée de blocs granitiques , des- cendue des hautes cimes des Pyrénées , avait rencontré devant elle un obstacle quelconque qui eût ralenti sa marche pour un instant, et qui en eût changé quelquefois la direction : c’est là, je crois, l’origine la plus probable des dépôts erratiques de Garen d’Afgelez, d’Àrudy, de La Broguère, de Tarascon , etc. Que si une telle masse d’eau , après avoir traversé une gorge étroite , était arrivée dans une vallée plus large ou dans une plaine, elle aurait perdu subitement sa force de transport au débouché de la gorge, là où elle aurait pu s’épancher librement sur un sol peu incliné. Dès lors, les débris charriés par une telle masse d’eau auraient dû s’accumuler sur les côtés du courant, à l’entrée des (1) Annales de chimie et de physique, t. Vf, p. 280 (3e série ). (2) Elie de Beaumont , Tableau des valeurs numériques des inclinaisons de certains talus, etc., dans les Mémoires pour servira une description géologique de la France, t. IV, p. 204. La pente des montagnes de Gareu , d’Argelez , etc. , n’est certes pas aussi roide que les pentes du Mont- an vert. (3) De La Bêche, Manuel géologique , p. 94 de la traduction française. 406 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. plaines; c’est ainsi que doit avoir été déposée probablement cette màsse de terrain de transport que l’on observe au débouché des vallons de Gnp et des Claus; c’est là aussi , jusqu’à un certain point, l’origine des dépôts de même nature que l’on rencontre dans les Pyrénées-Orientales, sur les pentes du Canigou. Mais il se présente ici une circonstance particulière : si l’apparition des ophites et le dégagement des gaz qui l’ont accompagnée ont pu fondre les glaces et les neiges de la partie centrale des Pyrénées , et occasionner ainsi le transport du terrain erratique des vallées d’Ossau , de Lavédan , de la Nesle, de la Garonne, del’Àriége, il n’en a pas été de même au Canigou , puisque la masse entière de cette montagne paraît avoir été soulevée après le dépôt des terrains tertiaires seulement; d’ailleurs, j’ai démontré que la forme de cette montagne ne se prêterait point à une accumulation de neiges et de glaces analogue à celles du Vignemale, du mont Perdu, etc. : aussi je crois qu’il faut regarder les terrains meu- bles qui recouvrent les pieds du Canigou comme résultant des ébouhments énormes qui doivent s’être produits lors du soulève- ment de cette montagne ; ces éboulements ont dû être façonnés par les eaux atmosphériques, de manière à former bientôt des talus d’entraînement, tandis qu’une partie des débris transportés à l’E. jusqu’à la mer, dans laquelle avaient vécu les mollusques de Néfrach et de Banyuls des Aspres, faisait reculer cette mer jusqu’à ses limites actuelles. Peut-être aussi que les terrains meubles de la vallée de l’Adour doivent en partie leur origine à des éboule- ments analogues à ceux du Canigou ; il serait difficile, en effet, de concevoir, dansles environs du pic du Midi de Bigorre, l’existence de réservoirs de neige capables de transporter immédiatement par leur fusion les masses puissantesde terrain meuble qui sont descen- dues par les vallons des Claus , de Grip , de Lesponne. On sait que M. de Charpentier explique l’accumulation des masses énormes de glace qui ont rempli les vallées des Alpes par la quantité de va- peurs qui ont dû se dégager des fissures du sol par suite du soulè- vement de la chaîne, vapeurs qui se seraient ensuite condensées, refroidies, et converties en neige (1). En admettant une partie seulement de ce phénomène, on pourrait expliquer l’entraîne- ment des terrains meubles des bases du Canigou et du pic du Midi de Bigorre par l’action des pluies torrentielles qui auraient accompagné le soulèvement de ces montagnes lors de l’apparition des ophites. (i) Essai sur les glaeiers, p 3i î. SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 407 M. Viquesnel termine la lecture du Mémoire suivant de M. Boué: Pensées théoriques fugitives , par M. À. Boué. Dire du nouveau devient tous les jours plus difficile , mais pré- senter des choses connues sous de nouvelles combinaisons est pos- sible; c’est ce que je vais tenter de faire, en m’excusant tout d’a- bord de répéter mainte proposition déjà présentée bien souvent, et dans l’espoir de provoquer d’intéressantes discussions. Passager sur cette terre , l’hoinnie désire toujours anticiper sur le temps comme sur les connaissances qu’il peut acquérir malgré sa courte exis- tence ; de là est résulté, dans les sciences, ce mélange trop fré- quent des généralisations avec la description des faits particuliers. Croyant avoir assez d’observations , on pense bien faire de les comprendre dans un système* mais on se trompe le plus souvent. Les progrès de la géologie ont été fort retardés par cette faiblesse humaine à laquelle il est peu de personnes qui n’aient payé leur tribut. Née d’une série fort restreinte d’observations , la géologie a débuté proprement par n’être qu’une théorie de la terre, un rêve plus ou moins ingénieux : aussi ne doit-on pas s’é- tonner du peu de crédit dont ont joui les géologues jusque dans ce siècle, et même n’être pas surpris des airs de dédain de certains chimistes, physiciens ou mathématiciens de nos jours, qui croient leur science seule infaillible , seule vraiment digne de ce nom. Si maintenant de pareilles manifestations n’indiquent plus qu’un manque déplorable de connaissances générales, néanmoins, en passant en revue les phases de la géologie comme science , on re- connaît que les savants susdits n’ont pas porté toujours un juge- ment irréfléchi. A peine sortis de l’absurde théorie de Werner , ne devons-nous pas rougir pour nos confrères, la plupart couchés dans la tombe, qu’i!s aient pu se vanter du nom de véritables sa- vants , en s’enrôlant sous une bannière où les notions les plus simples de la chimie et de la physique d’alors étaient foulées aux pieds, et où le maître était loin de montrer les connaissances ab- solument nécessaires dans les détails des sciences naturelles? Wer- ner avait bien observé en mineur une certaine série de superpo- sitions dans un très petit pays, et avait ainsi bien mérité de son temps; mais, faute de savoir suffisant dans plusieurs sciences for- mant les bases de la géologie rationnelle , et par suite de la fai- blesse de vouloir trop vite passer des faits particuliers ou locaux aux généralisations , il s’est fourvoyé de la manière la plus singu- 108 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. ïière. Cependant , sa position, son amabilité et son mode d’ensei- gnement ont su captiver tellement ceux qui s’occupaient de géo- logie et de mines, qu’il a fallu un effort inouï de ses antagonistes, ou plutôt une accumulation énorme de faits contraires à son système , pour faire renoncer à quelque chose qui n’était pourtant qu’une pure fantasmagorie. Aujourd’hui, quelle différence, s’écriera-t-on, depuis que la marche mathématique du connu à l’inconnu a été déclarée la seule boussole du géologue! Cela est vrai, puisqu’on peut presque faire abstraction de quelques vieillards werneriens et formant le pendant de certains chimistes ou physiciens morts dans l’hérésie scientifique. La masse des observations en tous genres est immense ; toute la terre, pour ainsi dire, a été examinée en gros. Nous planons sur le globe, et non plus sur un de ses points ou une de ses parties; et ce que nous ne connaissons pas encore, nous pou- vons plus ou moins le deviner aussi sûrement qu’un os isolé amène le zoologiste à ridée d’un animal d’une espèce et même d’un genre inconnus. Celui qui rejette à l’heure qu’il est la géologie et les géologues se prive d’un sens, non seulement pour comprendre les œuvres de la nature et pouvoir les utiliser entièrement, mais encore pour remplir à priori les lacunes dans nos connaissances sur la planète que nous habitons. Notre science complète chacune des autres ; aucune ne peut se passer au moins de nos généralisations, parce que nous employons les notions de toutes, et que leur pas* sage par notre creuset en fait jaillir des idées qu’il eût été impos- sible de concevoir sans le secours de cette science , naguère encore si voisine elle-même de l’alchimie ou de l’astrologie. La géologie est devenue l’étude à la mode, parce qu’enfin on a entrevu ses utiles applications aussi bien dans les sciences naturelles que dans la géographie , la stratégie, la technologie, l’agriculture, la pra- tique médicale , l’économie publique et l’histoire. Ceux qui la classent encore parmi les sciences purement spéculatives ne sont que de bons et braves ignorants, sans le savoir, ou le voulant bien. La paix soit avec eux ! Mais si la géologie actuelle ressemble , sous ces rapports, à un temple auguste , le style de ce sanctuaire scientifique est-il réelle- ment déjà le type de l’architecture naturelle, et surtout tous ses ornements sont-ils marqués au coin du bon goût et des études par- faites ? Nous ne le pensons pas ; notre admiration ne nous empêche pas d’apercevoir notre propre science entachée d’un manque d’en- semble et de beaucoup de superfétations, par suite de la tendance générale signalée plus liant; or, pour la généralisation, aucune 409 SÉAiNCE du 17 AVRIL 1843. science connue ne demande , comme la géologie , de savoir saisir la coïncidence d’un si grand nombre de résumés de faits de tous les genres, et souvent étrangers les uns aux autres. Malgré leur complication apparente, les plans et les lois de la nature sont de la plus grande simplicité. Plus nous parvenons à en soulever le voile , plus nos idées semblent converger vers quel- que loi souveraine, à peu près comme les rayons d’un cercle vers son centre ; et même les faits les plus singuliers, comparables, en quelque sorte , aux tangentes toujours liées à la circonférence , sont en connexion intime avec ce point central. Autrefois, l’homme, ébloui par la multiplicité des phénomènes, ne savait pas toujours se reconnaître dans les sentiers de ce labyrinthe naturel ; aujour- d’hui, il tient enfin le fil qui le conduira un jour à ce foyer inconnu, d’où il pourra saisir d’un coup d’œil, autant que ses facultés bornées le permettent, la structure d’ensemble, l’idée génératrice de ce merveilleux édifice. Les découvertes astronomiques font entrevoir que , si notre monde planétaire n’est qu’un point de molécules semblables , quoiqu’en partie dissemblableinent arrangées dans un espace sans limites , ce dernier point n’est stationnaire que pour nos sens gros- siers , et que probablement , au contraire , nous sommes en chemin pour des destinées impossibles à l’homme de prévoir, quoique le corollaire de quelques lois fort simples. En physique , depuis qu’on a reconnu l’identité ou la presque identité des propriétés de la lu- mière et de la chaleur d’un côté, de l’électricité et du magnétisme de l’autre , les particularités individuelles et les rapports de ces deux séries de phénomènes tendent également à faire concevoir la possi- bilité d’un principe unique, se manifestant diversement , quoique simple en soi. Sans physique, point de chimie rationnelle : plus l’une avance, plus l’autre fait de progrès. Dans son imperfection actuelle, cette dernière science paraît surchargée de corps élémen- taires beaucoup trop nombreux ; les découvertes faites ne doivent- elles pas faire soupçonner que l’arsenal chimique perdra un jour sa complication? Vu les connexions entre les principes physique et chimique et la vie organique , celle-ci semblerait se relier à ceux-là intimement , si ce n’est dépendre des mêmes lois ; donc on pourrait presque se permettre d’avancer que l’une des modifications les plus extrêmes des lois naturelles est ce que nous nommons l’at- traction des corps planétaires, et que l’autre est l’attraction mo- léculaire au contact. Notre science , le résumé des autres , doit donc aussi conduire à quelques fins simples, et non pas à des généralisations compli- 410 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. quées , telles que celles résultant de certaines séries incomplètes de faits ou de données trop locales , sortes de disparates seulement apparentes dans le grandiose de la charpente de notre globe. Comme dans les autres sciences , la division du travail doit porter ses fruits en géologie : ainsi, il est très profitable de voir s’accumuler isolé- ment des observations sur la forme et la distribution des conti- nents , sur l’origine des péninsules , des isthmes et des îles , sur la direction variée des chaînes et de leurs masses , sur les soulève- ments, sur les affaissements, sur les changements de niveau des mers, sur la répartition zonaire et climatérique des terrains et de leurs dépouilles organiques , sur le métamorphisme igné et les al- térations voltaïques, sur les volcans * sur les alluvions , sur les blocs erratiques, les ôsars et les glaciers, sur la disparition de certains grands animaux , etc., etc. D’une autre part, pour pou- voir déduire des conclusions de chacune de ces séries de faits , il faut les considérer tous ensemble , car sans cela on court risque de commettre les plus grandes erreurs, ou de bâtir au moins de purs châteaux de cartes. Depuis qu’on a réchauffé la théorie des soulè- vements , voyez combien de mémoires n’ont pas paru sur ce sujet ! Au moindre point du globe en apparence soulevé , à la moindre inclinaison d’une couche , à la moindre terrasse d’un rivage , à la moindre coquille marine vivante encore et délaissée au-dessus du niveau actuel des mers, on a vu tout de suite des dislocations, des bouleversements, des rivages exhaussés. Même dans un très petit pays , le vieux Pluton aurait joué , pour ainsi dire , de l’épi— nette , en mettant en mouvement les uns après les autres tels et tels petits points imperceptibles du globe. De bons esprits , des géolo- gues professant la marche du connu à l’inconnu , n’ont pas craint d’adopter cette manière de voir, et ceux qui ont douté se sont tus la plupart. À quelles théories n’a pas conduit l’observation isolée des glaciers et des blocs erratiques ! Quels écarts n’ont pas commis ceux qui ont épousé la dolomisation, sans se défier le moins du monde de la nouvelle fiancée , etc. ! Qu’on veuille faire de la géogénie ou qu’on se restreigne à la géognosie , c’est-à-dire au classement des terrains , il paraît de pre- mière importance, en géologie, de rechercher un principe unique , sous lequel tous les genres d’observations se coordonnent , pour ainsi dire ; cet x du globe une fois connu , on sera sur la voie des grands mystères aussi bien que des petits secrets ; or, de toutes les hypothèses probables proposées, neptunisme, plutonisme, alliance des dieux du feu et de l’eau , aucune ne semble répondre à toutes les exigences comme la théorie de la fluidité ignée du globe. SEANCE DU 17 AVRIL 1843. 411 De toute antiquité , on a reconnu que cette idée pouvait con- duire à concevoir la séparation de notre globe d’avec d’autres corps planétaires , tandis qu’elle expliquerait à elle seule l’origine de ce qui constitue l’enveloppe et la surface terrestre. Dans son état d’incandescence, notre terre nageait dans une atmosphère bien plus étendue qu'au jourd’h ni , car l’oxidation de la croûte n’avait pas encore eu lieu; certaines substances, maintenant solides, y pouvaient exister en vapeurs , et surtout les éléments gazeux qui constituent l’eau du globe y étaient contenus , soit en vapeur aqueuse , soit peut-être aussi ( et surtout à l’origine des choses ) dans leur état primitif, état que ces substances n’auront pu quitter que par suite de phénomènes électriques puissants et répétés. Pendant que la terre roulait dans l’espace comme certaines co- mètes ou nos bolides lumineux , sa croûte se refroidissait et s’oxi- dait graduellement en soutirant de l’oxigèiie de l’air et en dimi- nuant le volume de ce dernier, tandis que certaines roches contenant de l’eau de cristallisation auront tendu plus tard à ab- sorber une partie quelconque des eaux. À mesure que celles-ci se seront formées , elles auront dû occuper les dépressions de la sur- face terrestre et se mettre en équilibre. Ces notions , émises si souvent , ne sont plus de purs rêves , puisqu’elles ne sont pas contredites par nos connaissances physi- ques et chimiques , en même temps que nos observations géolo- giques tendent à faire penser qu’une partie au moins de ces opé- rations se continue encore. D’abord le refroidissement , Voxidation et, leur corollaire, la diminution du volume du globe , ont dû et doivent encore suivre une marche différente à l’air libre que sous les eaux de la mer. Ces dernières étant plus conductrices de la chaleur que les sub- stances dominantes de la croûte terrestre, le refroidissement doit avoir été d’abord plus lent à l’air libre que sous les océans , tandis qu’il a dû venir, mais bien plus tard , un moment où tout le contraire a eu lieu. En effet, si la température moyenne de la mer a dû s’approcher toujours plus de sa constance actuelle , la température de l’air , diminuant toujours, a été d’autant plus sujette à des inégalités pendant les diverses périodes; ce qui a dû accélérer le refroidissement des terres découvertes plus que celui des parties couvertes par les eaux. De plus, moins la première croûte oxidée a été recouverte de dépôts postérieurs, plus nous devons y reconnaître des accidents de retrait causés par le refroi- dissement. Si , dès le principe , le refroidissement de la surface terrestre 412 SÉANCE DU 17 AVRIL 1813. avait été le meme partout , il est évident que , dans la supposition d’un ellipsoïde régulier, et même avec l’attraction des corps pla- nétaires , il y aurait eu probablement assez d’eau pour envelopper entièrement le noyau solide ; mais , vu le refroidissement irrégu- lier des parties , vu les irrégularités assez grandes de la surface de l’ellipsoïde ( d’après les observations géodésiques ) , et vu aussi les divers dépôts distribués çà et là , il en est résulté une masse mo- bile entourant des solides de différentes formes. Plus d’un géologue , et récemment encore M. Prévost , ont dé- montré avec sagacité la connexion intime des rides et des dislo- cations de la croûte du globe avec les affaissements que sa surface a subis par suite des retraits occasionnés par le refroidissement. Comme eux, nous n’avons jamais pu séparer les affaissements de ce qu’on appelle aujourd’hui les soulèvements , sans se rendre toujours compte du sens de ce mot. (Yoy. Bulletin , t. YII, p. 183 , Essai sur V Ecosse. } Néanmoins, si nous arrivons aussi à la conclu- sion que les parties terrestres affaissées, et en grande partie en- glouties sous les mers, dépassent de beaucoup les portions élevées au-dessus des eaux , nous sommes loin de croire qu’il ne puisse v. avoir et qu’il n’y ait pas, ou n’y ait jamais eu sous le sol une cause assez puissante pour soulever des portions limitées de la croûte terrestre, et non simplement quelques roches, comme le voudrait M. Prévost. Si la tuméfaction d’un liquide parvient à faire sortir ce dernier d'un vase, les fluides trop comprimés font sauter les bouteilles , et la poudre , convertie en gaz , soulève , déjette et étoile le sol Ainsi, de même , des gaz comprimés et subitement dégagés par suite d’actions électriques doivent pouvoir produire les mêmes effets sous terre ; et, naturellement, si les parties encore liquéfiées de l’intérieur sont voisines des fentes produites, elles doivent les remplir en tout ou en partie, et déborder même sous certaines circonstances concomitantes. En conséquence, tout en sympathisant avèc la presque totalité des idées de notre confrère sur l’origine et le démantèlement des dépôts volcaniques , nous admettons cependant la possibilité de ce qu’on nomme cratères de soulèvement , et nous croyons surtout avoir la certitude de leur existence dans des contrées non volcani- ques ( Yoy. M cm . de la Soc. géol ., t. II . p. 68). S’ils existent réel- lement dans des pays exclusivement volcanisés, on devrait aussi trouver des indices de soulèvement circulaire dans les couches voisines d’une autre origine. Or, c’est le manque de caractères qui nous paraît une objection assez spécieuse contre plusieurs des cra- tères de soulèvement cités dans des terrains ignés ; le cas de San- SEANCE DU !7 AVRIL 1813. 413 torin y ferait peut-être exception. Du reste, dans le système pur des affaissements, il est tout simple qu’on ne puisse pas admettre des exhaussements circulaires de ce genre, puisque, dans aucun cas , ils ne peuvent résulter par contre-coup des affaissements. Si le premier géologue vivant, M.' de Buch, a bien mis en évi- dence l’existence des volcans en ligne comme celle des volcans cir- culaires , de même , suivant nous , il y aurait dans la nature des dislocations , des redressements ou des exhaussements en ligne droite et en arc de cercle ou circulaires. Les premiers de ces mouvements , les plus communs , seraient surtout le résultat des affaissements, sans exclure pour cela tout-à-fait le pouvoir des gaz , ainsi qu’en par- ticulier l’action puissante des commotions électro magnétiques ; tandis que les autres changements, moins fréquents, seraient pro- duits dans le sol par les gaz et la masse fluide comprimés d’une manière particulière. Poursuis ant notre raisonnement à priori et à posteriori , nous ar- rivons, sur l’intensité des forces modifiantes de la croûte terrestre, à une conclusion diamétralement opposée à celle des géologues qui croient démontrer que tout est éternel et n’a jamais changé. D’abord, si la terre a été originairement un magma gazeux , elle a dû passer par des états très divers pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui; mais laissant cette hypothèse de côté, si nous ne nous attachons qu’au refroidissement et à l’oxidation de sa croûte , nous ne pouvons nier que ses parties intérieures sont très probablement encore fluides, tandis qu’une certaine épaisseur de sa surface est seule solide, et jouit d’une température assez basse proportionnellement à sa chaleur primitive, et variée jus- qu’à une certaine profondeur suivant les climats. Les physiciens et les géologues de nos jours sont d’accord sur ce point. Plus nous remontons par la pensée vers le commencement du refroidis- sement et de l’oxidation de la croûte terrestre, plus ces deux opé- rations ont dû avoir lieu rapidement ; donc aussi leurs consé- quences ont dû se modifier conformément à la célérité ou à la len- teur de ces causes premières. Ainsi, comme on l’a dit souvent, avec une croûte oxidée peu épaisse , peu refroidie, le jeu des so- lides liquéfiés et gazeux de l’intérieur devait se faire sentir à la surface infiniment plus violemment qu’aujourd’hui, où la croûte a gagné en épaisseur et en consistance. Un refroidissement plus rapide devait produire des" affaissements considérables : donc ces causes réunies pouvaient donner lieu à des dislocations , des redresse- ments , des plissements et des exhaussements énormes. On arrive ainsi à la possibilité de la formation de chaînes de montagnes , évé- 414 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. nements qui, dans notre manière de voir, ne peuvent se repro- duire qu’en petit, à moins d’accidents astronomiques que l’homme a peine à prévoir dans son esprit limité. M. Le Play a déjà dé- montré comment ainsi la formation de rides parallèles, ou plutôt de faisceaux de semblables proéminences , peut se concevoir ( An- nales des mines , 1834, t. Vr, p. 512). On a avancé avec probabilité que le relief des rides du globe a crû en hauteur des temps anciens aux temps modernes , et que nos devanciers avaient erré en supposant le contraire; or, la première opinion paraît conforme à la marche irrégulière du re- froidissement de la croûte terrestre , résultant des proportions entre ses parties submergées et émergées aux diverses périodes , comme aussi des phases parcourues par la perte graduelle du ca- lorique. Lorsque le refroidissement était plus lent à l’air libre que sous les eaux , les affaissements ont dû produire moins de refou- lements violents , et par conséquent il a dû se former assez de terres émergées , mais de moins hautes aspérités que plus tard , quand le refroidissement sous les eaux s’est rapproché du terme du refroidissement à l’air libre. En effet, dans ce cas, deux causes étaient pour ainsi dire agissantes, tandis qu’auparavant l’une d'elles n’agissait que faiblement. De tels événements ont dû être accompagnés de mouvements dans la surface de l’intérieur en fusion , ce qui a donné lieu à d’énormes poussées, ou éruptions ignées , qui n’ont guère pu res- sembler à nos actions volcaniques, soit à cause de la différence comparative dans la quantité du refroidissement, delà contraction et des tassements, soit à cause de l’épaisseur comparative de la croûte solidifiée. D’ailleurs , une partie de ces matières a dû sortir sous les eaux ; or, vu la pression de ces dernières, tout le monde admet une différence essentielle entre les produits des volcans sous-marins et de ceux à l’air libre , et surtout entre le mode de leurs dépôts et la nature variée de ces derniers. Plus nous examinons des dépôts ignés récents , plus leurs caractères se rapprochent de ceux des produits de nos volcans, ce qui doit être, en effet , d’après notre raisonnement à priori. D’après les personnes les plus aptes aux observations sur les phénomènes ignés, nos volcans ne sont que les indices impossibles à méconnaître de l’état originaire de notre planète. Que leur activité ait besoin ou n’ait pas besoin du voisi- nage des mers ou des lacs , toujours est-il que la place des volcans modernes est ordinairement voisine de ces masses liquides , où ils ont dû rencontrer souvent une moindre résistance dans la croûte SÉANCE DU 17 AVRIL 1 8 i 3. 415 terrestre. Les relevés géologiques prouvent évidemment que , des temps anciens aux temps modernes , les volcans se sont éloignés petit à petit du centre des continents pour se reléguer sur les ri- vages des mers ou des océans , et surtout dans des îles , où ils con- tribuent comme jadis à augmenter les surfaces émergées. Le petit nombre de ceux qui existent assez loin des mers y sont plutôt à l’état de solfatares, et le voisinage des grandes masses d’eau y est remplacée peut-être par des infiltrations d’eau fluviatile. Ces sortes de volcans établissent le passage entre les volcans à laves et beau- coup de sources minérales qui ne sont que des infiltrations aqueuses modifiées par la chaleur et les émanations volcaniques. Si nos laves actuelles modifient peu les masses minérales qu’elles recouvrent , en vertu de leur mauvais pouvoir conducteur de la chaleur et d’autres raisons bien connues, nos volcans actuels nous fournissent beaucoup d’exemples de métamorphisme ayant lieu dans les cheminées ignées, et sous des pressions convenables; il suffit de citer, à cet égard, le calcaire apennin compacte changé en beau calcaire grenu et à druses de divers minéraux, il ne faut donc pas s’étonner des effets produits par des colonnes bien plus puissantes de matières en fusion : aussi voyons-nous les dépôts neptuniens extrêmement modifiés , comme aussi brisés , altérés et agglutinés sous forme de brèches à côté des roches ignées an- ciennes, ou même sans que ces dernières paraissent à la surface. Comme la chaleur des hauts-fourneaux parvient à fondre en partie leurs parois , à y introduire de nouveaux éléments , et à changer le caractère de telle ou telle portion de leurs matériaux, de même certaines masses , ou même certains dépôts , ont pu et ont dû être soumis, souvent sous une grande pression, à une chaleur continue assez forte pour que les molécules élémentaires , écartées par le principe modérateur des combinaisons, aient pu entrer dans des composés d’autant plus nouveaux que des vapeurs chaudes y avaient associé des molécules étrangères. Si ce terme extrême du métamorphisme a pu conserver aux roches certains de leurs caractères primitifs, comme dans le cas des talcs, des schistes talco-micacés à pétrifications , des calcaires grenus à fossiles et à minéraux , et des schistes cristallins en général, d’un autre côté, il en a défiguré d’autres sur place d’une manière souvent bizarre et irrégulière. Dans ce dernier cas sont certains grès à véritables cristaux, les schaalsteins , certaines dolomies, et même certaines roches ignées. Le désordre apparent de ces altérations, leur éloignement des véritables roches plutoniques, l’état non altéré de certaines roches à 416 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. coté de ces dernières, sont des accidents dont les antagonistes du mé- tamorphisme font grand bruit , sans faire attention qu’on observe les mêmes caprices dans le choix que fait la chaleur d’un haut- fourneau pour l’exercice de son pouvoir modifiant. En effet, on comprend que la moindre fente rendra telle partie d’une roche plus susceptible d’être attaquée par le feu , quoiqu’elle en soit plus éloignée que telle autre qui restera intacte en tout ou en partie, en réalité ou en apparence; car de la variété du mode de refroidis- sement et des degrés de pression dépend le retour d’une masse en fusion à son état normal ou son passage à un état nouveau. De plus, les divers états de température provoquent des phénomènes électriques ou voltaïques qui produisent des changements impor- tants à considérer. S’il est arrivé que des coquillages aient pu échapper au feu des volcans ; si un fossile , empâté dans une grauwacke , a nagé impu- nément dans la pâte chaude d’un granité, ne soyons pas étonnés de voir à côté de roches ignées des couches coquillières , et réservons notre surprise pour ces Bélemnites des schistes grenatifères et au- tres faits semblables, qui sont les seuls jalons de reconnaissance restés debout dans ce monde métamorphosé. Les minéraux des terrains schisteux , cristallins et ignés offrent , dans leur composition et leur genre de gisement , matière à bien des réflexions dont pour le moment nous ne mentionnerons que les suivantes D’abord, dans les minéraux formés immédiatement par la voie ignée , on remarque presque toujours un des deux alcalis communs du règne minéral, et surtout la soude ; dans ce cas sont les divers Feldspaths Albite, Péricline, Saussurite, Labrador, Anorthite , Amphigène , Haiiyne , Sodalite , Gadolinite, Cryo- lite, etc. D’autres minéraux de même genre d’origine contiennent de la potasse et de la soude , tels que la Néphéline , la Tourmaline, la Pinite, le Fahlunite, le Couzeranite, etc. Dans une troisième série, semblable quant à l’origine , les alcalis n’existent pas; mais il y a plus ou moins de magnésie , et souvent de la chaux (Péta- lite), que les autres ne renferment pas. JXousnous contentons de citer le Talc, laChlorite, l’Amphibole, le Pyroxène, la Diallage, le Péridot, l’idocrase, le Spinelle , la Gahnite , l’Epidote, etc. Or, comme la plupart de ces derniers minéraux se trouvent disséminés dans des roches neptuniennes évidemment modifiées, nous trou- vons dans cette observation une nouvelle probabilité pour ad- mettre la possibilité de la volatilisation de la magnésie sous un certain degré de chaleur , et dans un certain assemblage de va- peurs aquo-minérales. On comprend que certains minéraux , SEANCE BU 17 AVRIL 1843. 417 comme le grenat , vu ses variétés et ses gîtes divers , appartiennent , tantôt à notre première série de minéraux , et tantôt à notre troisième. D’autres minéraux des mêmes dépôts , contenant des parties notables de métaux, et étant implantés dans des roches ignées, sont utiles à noter pour montrer la liaison intime de ces produits et de ceux qui remplissent les filons, puisqu’on y remarque aussi ces mêmes minéraux. D’une autre part, il est fort curieux d’ob- server que certains minéraux implantés dans les schistes plus ou moins modifiés ne sont composés que de silice et d’ alumine, ce qui semble indiquer le travail seul de vapeurs chaudes siliceuses. Dans cette catégorie sont la Macle , l’Andalousite , la Staurotide , le Disthène. Enfin , il y a aussi des minéraux fibreux dans les roches ignées immédiates, comme dans les schistes modifiés. Les Amianthes, Actinote fibreuse, Antliophyllite , Fibrolite , ne sont que les analogues de certains Byssolites des filons, et forment, le pendant, soit des ponces filiformes , soit des matières semblables de nos verreries. Lorsqu’elles remplissent des petits filons , leur structure , comme leur formation , rappelle les filons de basalte prismés, et souvent des salbandes d’altération s’y reconnaissent aussi. Si nos éruptions volcaniques sont accompagnées de fumaroles et suivies de phénomènes qu’on a compris sous le nom d’effets de solfatares , dans les temps anciens , des vapeurs acides , comme des vapeurs magnésiennes et ferrifères ou manganifères , ont mo- difié les roches; ce qui est surtout évident dans certains schistes argilo-calcaires et certains calcaires , parce que la nature de ces roches a changé, tandis que d’autres produits ne décèlent ces modifications que par des décolorations ou un mélange bizarre de couleurs. Les vapeurs magnésiennes sont les seules que nos vol- cans ne reproduisent guère , quoique les minéraux des laves con- tiennent d’assez grandes quantités de cette terre ; il faut donc croire que cette formation exige des circonstances géogéniques qui ne se présentent plus aujourd’hui; cependant la chimie commence à entrevoir la possibilité de la volatilisation de cette terre , de ma- nière qu’on ne peut rejeter entièrement la théorie de M. de Buch. En s’en tenant même seulement aux apparences géologiques, elles sont si particulières, qu’on ne voit pas même la possibilité d’une explication satisfaisanteau moyen d’effets électro-chimiques ou voltaïques. Si cette voie peut avoir été le principe du dépôt de certains calcaires magnésiens , de certaines dolomies , surtout compactes , où la magnésie est entrée en combinaison dans un Soc. Géol. Toin. XIV. 27 418 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. élément aqueux , il n’en est pas moins fort probable que le travail des vapeurs magnésiennes, quelquefois accompagnées de silice, est la source de grandes masses de dolomie , qui sont liées le plus souvent à des calcaires fendillés jusqu’au dernier terme de possi- bilité physique. C’est un effet de la chaleur continue et des va- peurs chaudes. Quant à certaines dolomies grenues , assez rares dans les schistes cristallins, si ceux qui parlent d’éruptions de calcaire grenu doivent les classer dans cette même catégorie , nous aimons mieux y voir le pendant des calcaires grenus, c’est-à-dire supposer une dolomitisation sous une forte pression , tandis que cela n’a pas été le cas pour les dolomies ordinaires, qui sont pour cela celluleuses. Comme dans nos volcans actuels , les vapeurs chaudes d’acides hydrosulfurique et hydrochlorique ont été les plus fréquentes jadis ; plus rarement il y a eu des vapeurs d’acides borique , plios- phorique et fluorique ; mais rarement encore , et sous des circon- stances toutes particulières , il s’est élevé de dessous la croûte ter- restre des vapeurs d’acides arsénique, inolybdique, cliromique et hydrosélénique , acides tous solubles dans l’eau, et probable- ment amenés dans cet état à la surface. Comme certains volcans émettent de l’acide sulfurique, tandis que la plupart des autres produisent de la sélénite et de Y alun, au moyen de vapeurs hy- drosulfureuses, de même nous trouvons dans les alunites des trachytes les preuves de modifications semblables , changements accompagnés évidemment çà et là de vapeurs chaudes siliceuses ou d’eaux thermales siliceuses. Du gypse fut produitalors comme aujourd’hui, mais il fut déposé dans des dépôts argilo-tertiaires qui étaient en voie de formation. D’une autre part, l’action de l’acide sulfurique et des vapeurs hydrosulfureuses sur les calcaires en général a donné lieu à Y anhydrite et à beaucoup de gypses , c’est-à-dire que ces acides ont modifié sur place les calcaires qui se sont trouvés sur leur passage : aussi ces sulfates se trouvent-ils au fond des crevasses qui ont donné issue aux vapeurs, ou à côté des buttes ignées. Une semblable métamorphose a les plus grands rapports avec la dolomitisation , car elle ne peut s’opérer qu’en vertu d’un fendillement successif imperceptible , ou par une espèce d’imprégnation gagnant toujours en étendue; or, le dégagement de l’acide carbonique devait être une des causes de fendillement et de boursouflement. Qu’on se garde de croire que nous impro- visons: ces divers modes suivis par la nature peuvent encore s’é- tudier parfaitement. Ainsi , on trouve dans les gypses des mor- ceaux de calcaire à demi sulfatés ou même presque intacts , ou SÉANCE DU 17 AVRIL 1813. 419 bien à filets gypseux , et ordinairement ces fragments augmen- tent vers les surfaces inférieures et supérieures des masses, en étant accompagnés quelquefois de matières en apparence argi- loïdes, résidu de calcaires impurs. Aux limites de l’action des acides, il a du nécessairement se former des espèces de brèches boursouflées calcaréo-gypseuses ; or, c’est exactement ce qu’on re- trouve dans les corgneules , qui enveloppent toujours plus ou moins toutes les masses de gypse ou se trouvent au moins sur un de leurs flancs. Les gypses ignés sont des masses ovoïdes ayant environ la forme d’un Orbitolite bien pointu et entouré d’une zone de crasse boursouflée; or, ces corgneules, impossibles à concevoir sans notre hypothèse , sont en partie magnésiennes , do- lomitiques et siliceuses, et viennent ainsi mettre leur poids dans le plateau de la balance , qui donne raison à la théorie de la dolo- mitisation. D’ailleurs, mainte dolomie est en connexion avec les calcaires fendillés, au moyen de brèches cellulaires, qui ne sont que des variétés de corgneules. Cependant, il faut ajouter que les dépôts purement neptuniens accompagnés d’un dégagement de gaz sont capables de produire des roches au moins tout aussi garnies de cellules polyèdres : telles sont quelques parties des travertins , et surtout certaines portions magnésiennes de quelques roches secon- daires, comme dans le muschelkalk supérieur. Néanmoins, ces cas, hors du domaine des modifications ignées , se distinguent des véritables corgneules par le défaut de cette structure bréchoïde tonte particulière , et paç la différence des rapports de gisement. Les minéraux contenus dans les gypses offrent des particularités dignes de remarque. D’abord si les gypses accompagnent en gé- néral les dépôts salifères , l ' Anhydrite paraît seule être muriatifère , comme aussi quelquefois quarzifère, ce qui indique la présence de vapeurs siliceuses tout autant que celle de deux genres d’acides. Dans les autres gypses ignés, la silice a accompagné en bien moin- dre quantité les vapeurs hydrosulfureuses: aussi, au lieu d’im- prégner les masses , s’y est-elle groupée çà et là en cristaux. Si nos bouches volcaniques offrent des sublimations de fer oligïste , de cuivre et d’arsenic sulfurés , on ne doit pas être surpris d’en re- trouver des mouches dans certains gypses. Quant aux Aragonites cristallisés des gypses, ils ne semblent exister que dans les argiles à Sélénites , près ou en contact des roches ignées ou des Diorites, ce qui pourrait peut-être s’expliquer par la supposition qu’une certaine chaleur est nécessaire pour que la chaux carhonatée puisse prendre cette forme insolite. Mais comment ces cristaux ont ils échappé aux influences du liquide sulfureux? Ne doit-on 420 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. pas y voir un dépôt d’eaux thermales? Elles auraient formé ces houes au milieu desquelles auraient pu s’agglomérer à part , par affinité élective, les éléments de la Sélénite, de l’Aragonite et quelquefois du Quarz. Plus rarement, ce dernier minéral a été coloré en rouge par de l’oxide de fer. Ceci nous amène naturellement à dire quelques mots des gypses en partie calcarifcres , qui ont été déposés aussi par des eaux ayant une température assez élevée, telle, par exemple, que celle de l’eau des lagoni. Sous les tropiques , le principe sulfureux peut y avoir été amené par des sources minérales ou par des vapeurs ignées, ce qui revient au bout du compte à la même chose. Ces gypses , occupant quelquefois de grands espaces , sont les seuls qui soient rarement prismés par suite d’un retrait , et qui contiennent des ossements, des impressions de poissons, et même des insectes protégés par de l’argile; au contraire , les gypses résultant d’une modification ignée sur place n’offrent que très rarement des im- pressions de coquillages caractéristiques du calcaire altéré ; mais leur test est aussi changé en gypse niviforme. Comparativement à ces deux genres bien différents de gypse, disparaissent presque, dans une vue générale , les cristaux de Sélénite produits par dé- composition de pyrites et par l’action de l’acide dégagé sur la chaux carbonatée. Nous sommes beaucoup plus avancés sur la géogénie des sulfates de chaux que sur celle du chlorure de soude , quoiqu’il soit pos- sible qu’il partage la double ou triple origine des gypses. D’abord , il accompagne certains Anliydrites et gypses d’origine ignée secon- daire, en y étant disséminé en particules invisibles ou visibles ; il a , comme les gypses , certaines positions bizarres au milieu d’ar- giles et de grès des époques jurassique supérieure et crétacée infé- rieure. Dans quelques chaînes, il accompagne les gypses si récents des Opliites ; mais ailleurs, il est en couches très régulières, comme les gypses de Montmartre , et contient , d’un côté des restes organi- ques , et de l’autre de l’Anhydrite , quelquefois aussi du sel renfer- mant du gaz hydrogène carboné. Nous serions assez tentés de regarder la première espèce de dépôt salifère comme un produit igné immédiat , puisque les volcans actuels et les laves fournis- sent encore du chlorure de soude ; les seconds dépôts seraient des dépôts d’éjaculation aqueux et argilo- salins: aussi n’y trouve-t-on jamais de fossiles ni même de bois bitumineux. Au contraire, le troisième genre de dépôt serait un dépôt tranquille de lagunes, dont l’eau aurait été imprégnée et troublée par des éjaculations et des dégagements d’acide hydrochlorique. Il est possible que la SEANCE DU 17 AVRIL 1843. 421 nature ait suivi ce mode compliqué , non seulement lors de l’é- poque tertiaire , mais aussi pour certains dépôts de sel secondaires. L’Anhydrite, qui y est associée en petite quantité et sous des formes particulières, pourrait s’expliquer par le mélange de la voie ignée immédiate et de celle qui n’est que secondaire. Cependant, il ne faut pas oublier le sel qui se forme continuel- lement à la surface de certains terrains, comme le salpêtre; or, cette formation est d’autant plus forte que nous approchons de la zone tempérée vers l’équateur , il faut donc que la chaleur y ait une grande part. Dans ce cas, il serait peut-être permis de faire la supposition suivante : jadis la surface de la terre jouissait d’une température au moins tropicale, et une fois cette température dépassait probablement celle sous l’équateur; donc, si la chaleur est favorable à la formation du sel, il a dû s’en former beaucoup plus jadis qu’actueliement ; ce sel aura pu être emporté par les eaux et déposé çà et là , comme cela a lieu encore dans certains lacs. Mais, dira-t on, le sel qui se forme existait dans le sol sous- jacent; les déserts salins 11e sont que des délaissés de la mer. Nous croyons cette manière de raisonner erronée, parce que sans cela combien de dépôts récents de la mer, combien de grès et d’argiles pleins de coquillages devraient être salifères, tandis qu’ils ne le sont pas , et que des surfaces de dépôts lacustres se couvrent quel- quefois d’incrustations de sel. L’influence des vents humides et salins de la mer doit-elle être pour quelque chose dans ce phéno- mène? il ne le paraît guère. Le soufre a, comme le gypse et le sel, une triple origine. L’action plu tonique a déposé aussi bien du soufre dans des fentes de schistes cristallins (Amérique du Sud, Sicile) qu’il en sublime encore dans les volcans et les solfatares; mais le dernier accident est commun et le premier rare. La sublimation du soufre peut être immédiate ou résulter de vapeurs hydrosulfureuses , ce qui est le cas ordinaire. D’autres soufres cristallisés aussi , ou pulvérulents , doivent être l'analogue de nos dépôts d’eaux thermales hydrosulfureuses ; et de petites quantités de soufre pulvérulent dérivent seules de la dé- composition des galènes et pyrites. Si ce dernier genre de soufre est aisé à reconnaître, il est d’autres dépôts dont le classement géogé- nique devient embarrassant. L’association de certains soufres avec de l’Anhydrite et du gypse paraîtrait être en faveur de l’idée d’une origine ignée, et il est possible qu’on en doive dire autant de l’association du soufre et du bitume, au moins dans beaucoup de cas. Si de nos jours certaines contrées , en très petit nombre, offrent 42 2 SÉANCE DU I? AVRIL 1843. des émanations de vapeurs chaudes aqueuses, et imprégnées à' acide borique , il s’en dépose aussi dans quelques volcans , donc il n’est pas étonnant que de pareilles vapeurs aient accompagné la sortie de vapeurs liydrosulfureuses , et aient produit dans cer- tains gypses les Boracites. L’acide borique s’est emparé du peu de magnésie volatilisée, et a cristallisé isolément en sel. Mais de telles émanations ont eu lieu de toute ancienneté , et toujours en petite quantité , témoin la composition des Tourmalines et de l’Axinite , etc. Le Datolite, ou Chaux boratée siliceuse, indi- que clairement tirer son origine de vapeurs chaudes aqueuses, siliceuses. On doit seulement s’étonner qu’au moins le sol tertiaire n’offre pas de borate de soude , puisqu’au Thibet ce sel se forme continuellement sur le fond de certains lacs; mais cela n’a pu avoir lieu pour les causes chimiques analogues à celles qui font que le carbonate de soude se dépose journellement dans certains lieux sans exister en couches dans les terrains tertiaires. Les acides phosphorique et fiuorique sont des acides assez rares dans la nature, quoiqu’ils paraissent avoir joué un rôle impor- tant dans la décoloration de certaines roches ignées et dans le remaniement acido-métallique de certaines masses, comme, par exemple , certains gîtes d’étain. Dans les roches anciennes, on trouve ces acides isolément ou combinés dans certains minéraux, l’acide phosphorique, par exemple, dans la Sordawalite ; l’acide fiuorique dans la Topaze, la Chaux fluatée , le Cérium fluaté , la Chondrodite, la Cryolite. ils sont tous deux ensemble dans l’A- patite , la W avellite , l'Ittria phosphaté et la Magnésie phosphatée. L’acide phosphorique se trouve encore dans les émanations des volcans, témoin la sublimation du Cuivre phosphaté et l’Apatite du Vésuve. D’une autre part , ces deux acides peuvent aussi con- stituer des minéraux par la décomposition de matières animales, parce que ces dernières en contiennent des sels; c’est ainsi que tout le monde s’explique la formation du fer phosphaté des tour- bières et des lieux marécageux, tandis que la Chaux fluatée du calcaire parisien et du calcaire néocomien du Salève, ne peut pas avoir d’autre origine. Probablement le Phospliorite commun et fibreux du sol tertiaire et jurassique inférieur, et celui des houil- lères de Fins, ont la même origine vu le voisinage de beaucoup de matières animales indiquées par de nombreux fossiles. L’Apatite terreuse du Marmarosli rentre probablement dans les accidents secondaires des filons ferrifères. Il est encore curieux de retrou- ver aussi une variété siliceuse d’Apatite. Les autres acides du règne minéral ne se rencontrent que dans SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 423 les filons et certains minéraux rares ; parmi eux , l’acide arsénieux s’exhale encore aujourd’hui des volcans, et il est fort possible que tel autre y soit encore rencontré un jour. En tant que nous n’avons pas affaire à des matières rema- niées, la silice , la chaux , la magnésie , la baryte et la strontiane de nos roches sédimentaires, de leurs minéraux, et d’une bonne partie des minéraux des filons , sont des dépôts d’eaux thermales ou minérales; quelquefois V alumine y est aussi en combinaison avec les trois premières terres, mais le plus souvent elle n’y est que mélangée d’une manière secondaire. Dans les produits ignés et les schistes cristallins, au contraire, les quatre terres susdites sont combinées toujours ensemble, et rarement associées au Zir- cone, à la Glucine, à l’Ittria et à la Thorine. Les alcalis et quel- ques métaux , en particulier le fer, sont les autres parties consti- tuantes de ces matières. L’alumine, la silice et la chaux constituent la masse principale des sédiments produits simplement par le la- vage de la surface terrestre au moyen des eaux , le fer et le man- ganèse y paraissent être les matières colorantes les plus répandues. Le rôle clés eaux minérales et thermales dans la formation de la croûte du globe paraît avoir été un des plus importants, ce qui se conçoit par les raisons suivantes : jadis les effets de la fluidité ignée de l’intérieur se faisaient plus immédiatement sentir à la surface. La masse des infiltrations aqueuses devait être plus grande, ou la quantité des pluies proportionnellement plus con- sidérable, à cause du climat généralement plus chaqd. La croûte terrestre étant sujette alors à bien plus de fendillements précédés de tremblements de terre effroyables , les eaux des mers , comme celles des lacs, des rivières et de l’intérieur, devaient s’y engouf- frer bien plus fréquemment. Le résultat devait être, suivant les circonstances , d’énormes bouffées de vapeurs, dont la chaleur favorisait la dissolution et le transport de matières diverses, ou bien de grandes éjaculations d’eau , en bonne partie chaude , et chargée autant de molécules en suspension que de composés dis- sous. On comprend fort bien que la violente éjection de pareils déluges aqueux devait laver, ronger et détruire le pourtour des trous ou fentes de sortie encore plus efficacement que nos torrents ne modifient leurs lits. Certains grès , certaines argiles , en partie salifères , et surtout certains calcaires argileux quoique stratifiés , pourraient bien avoir une origine pareille; mais ces coulées de boue ont pu être aussi remaniées par les eaux marines ou la- custres. Comme dans nos eaux minérales , le fer sous divers états , et l’acide carbonique ont pu contribuer , l’un aux colorations de 421 SEANCE DU 17 AVRIL 1843. ces roches en rouge, vert ou jaune, et l’autre aux décolorations de certains dépôts. Si nos eaux minérales actuelles parviennent à élever des mon- ticules de travertin et de faux albâtre; si nos geysers forment de puissantes couches de quarz résinite , enveloppant quelquefois des restes organiques, il n’y a pas d’impossibilité physique que des masses d’eau semblables plus considérables aient pu contribuer puissamment à la formation immédiate de nos dépôts calcaires et siliceux , ainsi qu’à celle de nos roches argilo ou calcaréo-sili- ceuses : le reste des matières siliceuses est le travail des infusoires, tandis que celui des matières calcaires n’est que la dépouille de certains animaux des classes inférieures. L’état encore imparfait de la chimie laisse irrésolu le problème du mode suivi par les animaux cités pour produire surtout la silice , tels que le font les infusoires de nos rivages. Comme probablement des actions galvaniques sont en jeu , que ce soit un simple emprunt ou une véritable décomposition et création chimique , notre esprit borné a peine à se faire à quelque chose d’aussi merveilleux. Y a-t-il eu de véritables éruptions de chaux carbonatée comme de quarz? La fréquence des petits liions de ces deux substances pourrait, au premier abord, les faire placer sur la même ligne; mais, chimiquement, ils paraissent bien différents; la formation des petits filons de la première continue pour ainsi dire sous nos yeux par la voie aqueuse , tandis que le quarz n’est en gé- néral qu’un produit immédiat d'actions ignées, ou un produit d’eaux ou de vapeurs ayant un haut degré de chaleur. Le quarz , produit probablement sous une basse température et par suite de réactions électro- chimiques, disparaît presque, comparati- vement aux masses de quarz d’une autre origine, et il ne paraît constituer que quelques druses ou de très petits filons. Cette question est du reste encore à l’étude et non résolue entièrement. D’un autre côté, la chaux carbonatée forme très rarement de grands filons à la manière du quarz, tandis qu’au contraire ce dernier, sous plusieurs états divers de composition et de cristal- lisation, se présente extrêmement souvent sous cette forme dans tous les terrains. De plus, les filons quarzeux les plus cristallins existant surtout, dans les formations anciennes à mines et les schistes cristallins, leur formation semble intimement liée, d’un côté à celle des filons métallifères , et de l’autre au remaniement igné des sédiments terrestres. L’état drusique , la division en sal- bandes de certains filons de quarz, plutôt amorphe que cristallisé , rentre tout-à fait dans les dépôts de vapeurs chaudes siliceuses, SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 425 d’eaux thermales ayant débouché par des fentes, comme dans les filons métallifères. La formation des agathes et calcédoines dans diverses roches porte bien les indices d’infiltration ; mais ce n’était pas une percolation à froid comme celle qui forme des druses de chaux carbonatée ; des vapeurs et des eaux thermales ont produit ces curiosités comme cela a lieu encore en Islande. Ces effets ontpu avoir lieu à l’air libre comme sous des pressions exercées par des masses d’eau ou de roches; certaines laves anciennes d’Auvergne, contenant des amandes siliceuses, quoique placées fort haut, m’ont donné depuis longtemps cette conviction , tandis que les in- crustations siliceuses, les Hyalites des laves récentes sont trop connues pour m’y arrêter. Quant aux quarzites intercalés dans les schistes anciens, la grande quantité du quarz dans les premiers dépôts mécani- ques du globe, tend à faire concevoir que postérieurement à la consolidation des matières métalliques, alors en tout ou en partie sous forme de vapeurs, l’atmosphère de la terre était en- core fortement imprégnée de vapeurs hydrosiliceuses, qui ont dû former plus tard par le refroidissement des dépôts considérables. C’est du démantèlement de cette espèce d’émail de la terre que nous voudrions déduire la plus grande partie du quarz des schistes cristallins , ainsi que celui des quarzites, qui occupent çà et là des surfaces énormes , comme au Brésil et dans l’Indostan. Soumis pendant longtemps à une chaleur continue , traversés même quel- quefois de vapeurs siliceuses , ces sédiments quarzeux auraient pu passer petit à petit au quarzite plus ou moins parfait, et le dia- mant qui y est implanté, au Brésil comme probablement dans l’Indé , ne serait peut-être qu’une matière végétale volatilisée. Au moins la chimie ne commence qu’à peine à nous mettre sur la voie d’un autre mode pour désacidifier et faire cristalliser le carbone. D’ailleurs le graphite, qui n’est qu’un carbone rendu impur par le mélange de matières étrangères , n’est positivement qu’une ma- tière végétale modifiée. Dans la supposition que ces grandes masses de quarzite fussent des laves, on ne pourrait s’expliquer ni leur stratification régulière ni même les fragments de roches qu’elles contiennent. S’il est sorti de la terre des pâtes siliceuses en fusion , il nous semble plus conforme aux observations de ré- server cette possibilité pour les cas semblables à certaines arkoses et certains amas silico-métallifères , où nous touchons aux limites mal définies des dépôts d’eaux thermales , de vapeurs aqueuses et de sublimations ignées véritables. Pour la chaux carbonatée en bancs puissants , son état cristallin 426 SÉANCE DU 1 7 AVRIL 1843. s’explique fort naturellement dans les schistes modifiés, une fois qu’on admet cette théorie , et qu’on suppose le calcaire grenu ou semi-cristallin plutôt un dépôt d’eaux minérales qu’une lave. Il est vrai que la chaux existe même sous forme de carbonate dans plusieurs minéraux volcaniques ou des terrains scliisto-cristallins ; mais les volcans actuels sont loin de nous donner, pour la liaison d’origine des grandes masses calcaires avec le domaine igné, les mêmes preuves que pour les quarzites D’ailleurs, une circonstance qui nous paraît décisive , c’est que si l’on devait admettre comme laves les calcaires grenus des schistes cristallins, il faudrait placer dans la même catégorie certains calcaires semi-cristallins ou même compactes, parce qu’ils sont inséparables des premiers et se trou- vent aussi dans le même terrain ; mais de ceux ci on déduirait iné- vitablement la même conséquence pour certains calcaires au moins des terrains primaires (intermédiaire des auteurs), et on ne saurait vraiment plus où s’arrêter. L’idée défaire intervenir les eaux mi- nérales dans la production des calcaires grenus les plus anciens évite complètement cet embarras, car les éjaculations calcaires peuvent s’adapter à tous les âges. INous croyons donc prudent de ne pas se laisser fasciner trop vite par quelques rares filons de calcaire grenu , par des rapports transgressifs entre cette roche et les schistes cristallins, ou par des pénétrations de ces deux genres de roches , environ comme entre le granité et les schistes. En effet, tous ces accidents sont aisés à expliquer par notre manière de voir; et dût-on même adopter l’idée contraire, au moins les pénétra- tions de calcaire dans les schistes ne pourraient, dans aucun cas, être assimilées aux apparences si étendues, si claires et si décisives des filons granitiques. Lorsqu’une masse métallique en fusion , recouverte d’une scorie plus ou moins chaude, est tourmentée et arrosée d’eau, il s’y forme des ouvertures momentanées, des fentes, et il s’en élève des vapeurs blanches comme des bouffées de fumée foncée; ce qui a lieu ainsi en petit pour un amas de fonte de fer, nous pa- raît être arrivé en grand dans l’intérieur du globe. Les moments où sa croûte a été le plus fendillée ont coïncidé naturellement avec l’agitation de la surface du noyau en fusion ; donc de grandes masses d’eau ont pu arriver au foyer igné ou s’en approcher plus près qu’à l’ordinaire, et des vapeurs aqueuses et métalliques, ainsi que des gaz, se seront dégagés, et seront montés à la surface par les fentes récemment formées. C’est ainsi qu’on peut se re- présenter le remplissage premier des filons , où les eaux thermales et acidulés, et les décompositions et recompositions électro-chi- SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 427 iniques ou galvaniques ont joué un grand rôle, actions qui se continuent même encore en petit. Si les pseudomorphoses mettent les actions chimiques hors de doute, les gangues y portent sur- tout tous les caractères des dépôts aqueux. Si elles n’offraient que de la chaux carbonatée, on pourrait rester dans le doute sur la température du dissolvant; mais l’abondance du quarz et de ses variétés amorphes , des sulfates et carbonates de baryte et de strontiane, le fluate de chaux, certaines pyrites ou le fer sulfuré, l’aragonite coralloïde , certains hydrates, tels que celui de cuivre, le malachite et certains zoolithes , lèvent tous les doutes en indi- quant clairement des eaux très chaudes. Werner avait donc bien raison de retrouver clans les filons les traces du travail des eaux , et les huttoniens avaient tort de n’y voir que des cheminées plu- toniques enduites de minerais sublimés; mais ces structures par salbandes et par couches concentriques , ces surfaces mamelonnées et poreuses en partie , à la manière des travertins, ces minéraux stalacti formes et ces druses étaient l’ouvrage d’un agent plus puissant que l’eau froide de Werner. En comprenant les zéolithes parmi les minéraux par dépôt aqueux thermal , nous ne voulons pas nier que certains zéolithes des roches ignées ont pu se former immédiatement par la voie ignée; il est même possible que quel- ques zéolithes aient une double origine. Nous connaissons la mé- sotype et la stilbite dans des lentes des silex de la craie , non loin des basaltes d’Irlande , et l’apopliyllite sous la variété d’oxavé- rite , a été trouvée dans du bois pétrifié , près d’une source chaude. L’alcali des zéolithes semble toujours indiquer au moins un véhi- cule chaud. Parmi les produits aqueux des filons, il est curieux de comparer les gîtes des variétés du quarz avec ceux qu’ils ont dans les roches; si on trouve des similitudes entre les druses du quarz des filons et d’autres dépôts, c’est surtout dans les terrains schisteux anciens qu’on revoit des gîtes siliceux ressemblant à ceux des filons; s’il y en a dans des dépôts comparativement récents, ces rapprochements ont trait bien plus aux variétés amorphes qu’à celles qui sont cristallisées. D’une autre part, les filons ne présentent jamais les «Vendes terrains secondaires et tertiaires, quoiqu’on 11e voie pas pourquoi la silice 11’aurait pas pu se pelo- tonner de même, enveloppée qu’elle est souvent dans d’autres substances. C’est un cas analogue à nos dépôts siliceux d’eaux thermales, qui ne produisent pas non plus de silex. Sans nier la possibilité que certains filons siliceux dans les terrains anciens puissent contenir des traces de restes organiques, d’infusoires, de conferves , par exemple, nous serions tenté de croire que ceux 428 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. où ce fait est patent sont plutôt récents ou ont été comblés en- tièrement assez récemment. C’est ainsi qu’on peut concevoir que, dans quelques cas rares et des positions particulières, des eaux thermales peuvent produire des agathes renfermant quelques restes deConferves, puisque nos eaux thermales déposant de la silice en contiennent; mais il ne paraît guère admissible d’en at- tendre , même au fond des fentes d’où sont sorties nos grandes éja- culations d’eaux bouillantes. Toutefois une bonne partie des silex des terrains sédimentaires ont été prouvés être le résidu d’infu- soires ou même d’autres zoophytes, tels que les Alcyons, les Epon- ges , etc. Ne serait-il pas permis d’étendre cette conclusion à tous les silex , et de concevoir ainsi parfaitement l’absence de ce genre particulier de quarz dans les filons métallifères? Dans tous les cas , si les meulières ou le réseau siliceux de certaines roches rap- pelle fort bien la distribution du quarz dans certains filons . il a fallu des circonstances particulières pour la production des con- crétions isolées de silex à une époque quelquefois très voisine du dépôt des meulières. Est -ce la présence d’un magma pâteux , ou celle des infusoires, ou l’attraction exercée sur la silice par cer- tains animaux en putréfaction? C’est ce que la chimie nous dira sans doute un jour. L’étude de Y association des divers minéraux des filons est une des meilleures écoles pour la géogénie et digne d’un ouvrage à part; je me contenterai aujourd’hui des remarques suivantes. Tous les métaux des filons se retrouvent dans la formation des schistes cristallins , mais tous les minerais des filons n’existent pas disséminés dans ces derniers ; un assez grand nombre de composés métalliques sont donc propres aux filons, et sont des connaissances éloignées, pour le géologue, des terrains secondaires et tertiaires. En passant en revue les métaux des filons, on en trouve quelques uns qui n’existent pas dans la grande masse des filons métallifères, savoir , dans ceux qui renferment les minerais exploités ; dans ce cas est , par exemple , le Cérium , appartenant à un genre de filons moins importants , qui contient , outre le Molybdène , le Bismuth , l’Urane , etc. , des minéraux renfermant de la Glucine , du Zircone , de rittria , de la Thorine et de la Lithine. Ces filons sont souvent dans des roches granitoïdes ou d’origine ignée immédiate. Il est bien connu que beaucoup de minerais ou de composés en partie rares dans les liions, ne sont que de formation postérieure au remplissage de ces fentes ; certains fers hydratés de filons actuelle- ment encore en voie de formation en sont un exemple frappant. Les volcans actuels sont loin de présenter tous les métaux des SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 429 filons: le fer, le cuivre, l’arsenic, y sont les plus connus; mais en passant en revue les autres dépôts plutoniques, nous retrouvons une bonne partie des métaux des filons 3 quoiqu’il y en ait qui ne paraissent être sortis des entrailles de la terre qu’à des époques très reculées. D’ailleurs , nos observations en ce genre sont encore bornées , témoin le mercure, sublimation très moderne trouvée tout récemment dans les trachytes d’Aden (1 ) , et l’or, contesté si longtemps aux dépôts semblables. Parmi les sublimations de vol- cans actuels, il y a aussi des minerais, tels que le fer sulfuré , qui se déposent de même dans les eaux thermales, tandis que nous avons dans les terrains secondaires des exemples de la formation aqueuse du fer sulfuré blanc, ce qui, au contraire , n’est pas le cas pour le fer sulfuré magnétique. Le cuivre oxidulé opposé au cuivre carbo- naté , si abondant dans certains grès et calcaires secondaires , est un autre exemple du mélange de minerais d’origine diverse dans (ij U me tombe sous la main la question de la vérité ou de l’illusion du gîte du mercure dans Le sol tertiaire de Montpellier , je trouve à ce sujet les ouvrages suivants : De Sauvages , Observations sur une mine de mercure près de Montpellier ( Mém. Acad. sc. , Paris , 1760. Hist. , p. 24). Marcel de Serres , Gisement du mercure natif dans les marnes tertiaires du sol de Montpellier (Bull. Soc. géol. , t. IV, p. 367). Galéotli, G ite de mercure dans le sol tertiaire récent du Gigante, au Mexique (Bull. Ac. des sc. de Bruxelles , 1840). Burr, Gîte de mercure dans le trachyte récent d’Aden (Ausland , 1842). 11 serait donc bien possible que le mercure, un des métaux les plus volatils, ait pu trouver à s’introduire par sublimation dans des terrains ausisi supérieurs que le sol tertiaire et alluvial. D’ailleurs , le mercure des Alpes (près de Flussen en Bavière, à Idria) comme celui de certains schistes crétacés altérés des environs de Zalalhnà, en Transylvanie , n’est qu’un dépôt des terrains crétacés supérieurs, si ce n’est même de la pre- mière époque tertiaire. Donc, dans les temps géologiques les plus reculés le mercure ne paraît guère s’être sublimé, mais bien à des époques récentes, où on peut supposer moins de chaleur dans la croûte , en partie refroidie ; c’est tout le contraire pour le fer, car on peut maintenant conclure presque par la quantité des masses de minerai de fer d'un pays schisto-cristallin que sa formation est d’autant plus ancienne qu’elle en contient : la Suède et le Brésil sont là pour le démontrer. En même temps ces masses énormes de fer sont une autre démonstration que ces parties de la croûte terrestre sont plus voisines du noyau métallique du globe que d’autres ; car, d’après les aérolilhes et la quantité proportionnelle des métaux, il est admis comme très probable que le fer forme une bonne partie du noyau terrestre. 430 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. les filons. Néanmoins , la présence d’eaux thermales acidulés ou de gaz acide carbonique dans ces gîtes est rendue probable par certains carbonates, tels que ceux de strontiane, de baryte, de zinc , etc. ; la calamine et le manganèse carbonaté ont surtout des formes bien favorables pour l’opinion de leur origine par les eaux chaudes acidulés ; mais probablement la plupart de ces carbonates ont été sublimés en sulfates, et modifiés plus tard par les vapeurs ou les eaux acides. Plusieurs autres acides ont produit des chan- gements analogues. N’est-il pas probable qu’au commencement de ces opérations , et même quelquefois assez tard pendant ces exhalaisons terrestres , les métaux ont pu être sublimés en oxides et changés en sulfures par des gaz liydrosulfurés? Aucun métal n’a pour ainsi dire fait irruption à la surface du globe sous la forme de lave, à l’exception du fer oxidulé et oli- giste ; encore ces espèces de minerais, comme le fer oxidé, sont- ils plus ou moins mélangés de roches étrangères, ou bien leurs bancs peuvent-ils être regardés, au moins pour le fer oîigiste, comme de grandes cheminées remplies par sublimation. D’une autre part, un certain nombre de métaux et de minerais sont sortis en même temps que des roches ignées, et y sont implantés. Dans ce cas se trouvent en particulier l’or dé certains porphyres, le platine et le chromate de fer des serpentines , la spliène et le fer titané des siénites , certaines pyrites, l’étain des granités , le mercure des trachytes. Parmi les métaux qu’on ne tiouve pas disséminés ainsi, se dis- tinguent l’argent, l’antimoine , le tellure, le bismuth, le nickel. Il y en a d’autres qui forment des mouches dans les roches ignées , et qu’on revoit dans les sédiments ordinaires et dans des positions telles qu’on ne peut y soupçonner des sublimations ; tout au plus peut- on avoir recours aux eaux thermales ou minérales. Dans cette catégorie sont le zinc sulfuré , la galène, le cobalt oxidé, le manganèse oxidé. Le gisement du fer spathique , sa liaison intime avec le calcaire, sa dissémination dans ce dernier, placent ce produit probable- ment encore parmi ceux des eaux thermales. Une fois qu’on admet que les filons et certaines roches contien- nent des métaux sublimés , il est naturel de supposer que leur dépôt a du être plus favorisé dans les parties supérieures que dans les profondeurs des fentes ou cheminées plutoniques; c’est ce qui nous paraît l’origine première des quantités si considérables d’or et de platine dans les alluvions. Les terrains ont dû éprouver des destructions extrêmement grandes, vu l’échelle qu’onleue les eaux SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 431 pluviales et fluviatiles , ainsi que les mouvements des mers sur leurs bords ; donc les montagnes ont eu une plus grande éléva- tion , hauteur qui seule a du augmenter l’effet érosif des eaux courantes. Ensuite n’est-il pas naturel de penser que nos chaînes ont dû s’abaisser simplement par suite de tassements qui se con- tinuent çà et là? La masse des alluvions est si grande, même en négligeant les parties qui sont submergées, qu’il faut de toute nécessité admettre des destructions énormes. Autrefois, on pou- vait encore y comprendre les portions solides nécessaires pour combler nos vallées; aujourd’hui ce n’est plus possible , au moins pour la plupart des grandes vallées des pays montagneux, puis- qu’il est prouvé que ce ne sont que des fentes élargies. Partant donc de la supposition de grandes destructions , les matières les plus pesantes ont dû être charriées le moins loin , ce qui rendrait raison des pépites d’or, de platine , etc , jadis im- plantées dans les roches , ou remplissant des filons. Les pierres précieuses, les diamants des alluvions ne sont pas non plus autre chose que des restes de lavage. — Si nous avions à écrire un traité à la JBridgewater, nous ne pourrions manquer d’observer la ma- nière providentielle dont la nature a offert les métaux à l’homme , puisqu’elle a arrangé les choses de telle sorte que les métaux les plus précieux, les gemmes, se trouvent dans les gîtes les plus ac- cessibles; car laver des alluvions est bien plus aisé qu’aller cher- cher les minerais au moyen de mines et de galeries. Du reste , on pourrait faire de semblables remarques sur d’autres substances utiles, telles que le sel et le gypse, les argiles et les calcaires, ainsi que sur la concentration des houillères dans les pays froids ou tempérés. Après cette longue digression sur tant de matières composant notre surface terrestre, et provenant cependant de l’intérieur du globe par diverses voies , toutes promues par la chaleur, considé- rons quelques uns des grands phénomènes qui ont eu lieu sur la superficie de notre terre. L’agitation des masses fluides intérieures, et par contrecoup les mouvements dans leurs scories, ou la croûte, ont dû augmenter à certains moments la mobilité habituelle des eaux; il en a dû résulter des courants momentanés, comme des débordements ou inondations. Or, dans le principe, ces triples effets ont dû tous être aidés puissamment par les causes qui ten- daient à tuméfier l’ellipsoïde terrestre entre les tropiques et à l’aplatir au pôle* le degré de refroidissement des diverses parties a dû postérieurement entrer aussi en ligne de compte dans ces phases de configuration parcourues par notre planète. 432 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. Comme on l’a dit souvent, les phénomènes aqueux, savoir, les courants , les déluges et les destructions , ainsi que les charriages , ont été une fois tels , et cela probablement pendant des millions d’années , que ceux de la zone torride actuelle ne peuvent donner qu’une bien faible idée de ce qui s’est alors passé et de ce qui a modifié si fortement la surface terrestre par encroûtement , ex- cavation , lavage et engloutissement. La quantité des eaux terrestres n’est probablement plus la même, quoique quelques personnes persistent à le supposer; l’eau de cristallisation d’un si grand nombre de roches, les hy- drates de tant de minéraux en ont dû absorber une partie , en même temps qu’une autre portion a été décomposée dans les foyers ignés, et est entrée dans de nouvelles combinaisons. Quelque petite qu’ait pu être la portion perdue dans chacune de ces opéra- tions individuelles , réunies ensemble elles ont dû causer une diminution sensible dans le niveau général des eaux des mers. Il en est de cela comme du changement opéré dans notre at- mosphère par l’oxidation graduelle de la croûte terrestre : notre enveloppe aériennes, dû perdre en quantité , en qualité comme en hauteur. Si l’altitude n’a pas diminué, ne serait-il pas permis de supposer que l’air a pu s’atténuer davantage vers l’espace plané- taire? Plusieurs géologues ont déjà donné leurs raisons pour croire à une atmosphère jadis bien plus chargée d’acide carbonique. On arrive donc ainsi, par l’observation de ce qui a dû se passer sur notre terre, à concevoir la possibilité que d’autres astres aient pu absorber presque toute leur atmosphère , de manière qu’une "portion dût-elle même leur rester, il devienne très difficile de s’en assurer à raison de leurs distances. Si notre atmosphère n’a- vait que la moitié de sa hauteur, quel changement notable arri- verait-il sur la molécule planétaire que nous habitons ? Du reste , nous touchons là à une question non entièrement résolue, savoir si les planètes ne possèdent pas en elles-mêmes les moyens de ré- parer d’une manière ou d’une autre les pertes de l’un ou l’autre gaz composant leur atmosphère, ou d’y équilibrer toujours les proportions respectives de ces derniers. Lorsque la terre possédait une température plus élevée que celle actuelle des tropiques, les vapeurs de la mer et des lacs devaient être infiniment plus considérables; les glaces polaires, les glaciers et les neiges des montagnes ne pouvaient guère exis- ter, donc les pluies et les rivières devaient avoir des caractères et des effets bien différents. Si les eaux s’infiltrant dans la terre étaient alors en plus grande masse qu’actuellement , elles devaient SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 433 en ressortir en éjaculations d’eaux minérales bien plus grandes qu’au jourd’hui , en même temps que , vu la plus grande quantité d’acide carbonique de l’air, l’eau pluviale devait en absoi ber da- vantage, et devenir ainsi chimiquement plus érosive. Nous arri- vons donc aussi, par cette voie du raisonnement, à la conclusion déjà énoncée, que la terre n’est pas , il est vrai, dans un état d’i- nertie complet; mais que pour le moment et jusqu’à un événe- ment imprévu , les causes modifiant la superficie de son intérieur fluide comme sa surface sont beaucoup moins fortes que jadis. Elles paraissent bien être restées toujours les mêmes , mais elles ont diminué en activité graduellement, dès le principe de l’oxida- tion et du refroidissement de la croûte terrestre ; donc leurs effets actuels sont bien moins sensibles qu’autrefois. En examinant, d’après ces principes, la grande question du changement dans le niveau des mers ou des rivages exhaussés, nous arrivons à des explications en opposition aux idées du jour, à celles de personnes dont le nom restera gravé sur la table des constantes géologiques. Entre une opinion et une idée fondamentale, la faux du temps sait bien vite couper le nœud. On avait observé depuis longtemps sur les bords de la Médi- terranée des dépôts de coquillages d’espèces identiques à celles qui peuplent encore les rivages de ce berceau de notre Europe ; donc on en avait cru pouvoir conclure que cette mer a baissé. Supposée située à un niveau supérieur à l Océan , on avait lié cet événement à l’ouverture des Colonnes d’Hercule , à une débâcle des mers de l’Europe orientale et de l’Asie, à la séparation de la Méditerranée d’avec la mer Rouge, etc. Dans les mers du Nord et sur la Bal- tique , des dépouilles organiques analogues gisent à sec sur des ri- vages délaissés par les eaux, et ont fait croire, non point à un abaissement de la mer, mais à un soulèvement lent de la Scandi- navie. Néanmoins ce n’est que très récemment qu’on s’est aven- turé à proposer une semblable explication pour des dépôts du même genre sur les rivages de l’Ecosse , de l’Angleterre et de la France , tandis que , jadis , on préférait avoir recours à de grandes destructions et à des mers à divers niveaux. Enfin , dans ces der- niers temps, on s’est aperçu pourtant de ce manque de logique , qui soulève d’un côté les continents, abaisse la mer de l’autre , et partant on a cru ne devoir plus admettre que des soulèvements locaux; de telle sorte qu’on ne cesse d’enregistrer dans les annales des sciences, à côté des faits, quelque chose que nous avouons regarder en âme et conscience comme une erreur. Soc- géol, Tom. XIV. 28 431 SEANCE DU 17 AVRIL 1843. Depuis longues années , nous avions un secret antagonisme contre cette manière de voir ; mais ,. intimidé par le mérite de nos adversaires, et manquant de données, nous nous sommes tu. Aujourd’hui, cependant, la multiplicité des observations per- met de démontrer que , faute de saisir l’ensemble et l'enchaîne- ment des faits, on paraît avoir erré. Le phénomène des anciens rivages délaissés n’est point un acci- dent local ni une particularité de certains attérages, de certaines mers , mais c’est un phénomène général du globe entier , dépen- dant tout simplement d’un abaissement graduel des mers par les causes déjà énumérées , et surtout par suite du refroidissement et de la contraction de la terre. Si quelqu’un a déjà avancé cette proposition, comme il est de fait, jusqu’ici les preuves matérielles, les démonstrations géologiques incontestables avaient manqué; au moins ne croyons-nous pas qu’on eut entrevu que cette dimi- nution de volume dans la partie solide du globe est en rapport intime avec la distribution et la forme des continents , ainsi qu’a- vec d’autres grandes propriétés de notre sphéroïde. En effet, d’après nos connaissances actuelles, nous savons que les délaissés récents des mers ne sont pas restreints au pourtour de la Méditerranée et de la Baltique , ni aux côtes des mers du Nord, ou aux attérages européens et africains ( cap Blanco ) de l’Atlan- tique , car ils existent également sur les rivages américains , de- puis les mers glaciales de l’Islande , du Spitzberg et du Groen- land jusque sur les bords de l’Amérique tout-à-fait méridionale, au Canada , aux États-Unis et aux Antilles, comme dans la Co- lombie et au Brésil. Ils ne manquent pas non plus sur les deux côtés de l’océan Pacifique : témoin les faiîs de ce genre observés dans la presqu’île de Malaeca , à la Chine , à Bornéo , à la Nouvelle- Guinée, à la Nouvelle-Hollande, dans la Polynésie, la Californie , au Pérou et au Chili. On les a signalés même dans les îles des mers australes , aux îles Shetland , et il y en a dans la mer des Indes, aussi bien dans l’Indostan proprement dit qu’au Cap , à Mada- gascar et dans la mer Rouge. Bref, on peut avancer qu’aucune partie côtière considérable n’a été relevée sans qu’on ait signalé de ces intéressantes médailles de l’abaissement des mers actuelles , événement qui , d’après les fossiles , est contemporain des créations vivantes, ainsi que de l’existence de l’homme, mais postérieur à l’extinction des mammouths et autres grands animaux fossiles. Vouloir expliquer un phénomène si universel par des soulève- ments locaux ou de certains pays, c’est ce nous semble vouloir courir après le merveilleux , ou au moins le très compliqué, et né- SÉANCE DU 1 T AVRIL 1843. 435 gliger l’explication la plus simple et la plus conforme à la nature des choses. D’abord , dans la presque totalité des localités décrites, on ne cite aucun exemple des dislocations et renversements de couches qui auraient dû accompagner pour le moins certains soulèvements de ce genre. Quelques unes en offrent-elles? il y aurait encore à discuter les événements locaux d’affaissements , de destructions marines ou de dislocations fort anciennes qui peuvent avoir pro- duit ces apparences. Au contraire, généralement les rivages dé- laissés occupent encore la place qu’ils avaient lorsqu’ils étaient submergés; en outre, la plupart offrent, à côté des lits de coquil- lages ou des rochers perforés , ainsi que couverts de tests marins , des terrasses en étage ou bien des rochers caverneux, c’est-à-dire corrodés à différentes hauteurs, ensemble qui constitue seul l’a- baissement graduel et évident des eaux. D’ailleurs , plusieurs au- teurs très anciens avaient été tellement frappés de cette structure des rivages qu’ils ne les avaient trouvés comparables qu’aux val- lées en étage de nos continents. De plus, notre hypothèse explique très bien pourquoi certains pays semblent plutôt que d’autres sujets à des exhaussements graduels, ou, en d’autres termes, pourquoi de semblables chan- gements sont sensibles sur certains points de nos mers, et non pas sur d’autres rivages. En effet, si on posait la question suivante : une rivière baissant, où ce changement de niveau serait-il le plus facile à suivre, vers l’embouchure des eaux dans la mer, ou bien sur ses grandes îles, ou dans les anses de ses bords? Tout le monde trouverait qu’il y a bien plus de facilité à examiner l’abaissement des eaux sur les falaises des îles et sur les rives ; or , où l’idée des prétendus soulèvements des rivages a-t-elle pris son origine, si ce n’est sur des îles et dans les golfes , véritables appendices de I’At— lantique? Mais justement dans ces points extrêmes du domaine de cet océan , l’abaissement général des eaux a dû être le plus tôt et le plus distinctement visible. De là sont nés les faits particuliers de la Méditerranée et de la Baltique. D’une autre part , la profondeur des grands océans ne peut changer que cà et là au moyen des ma- tières de charriage et des restes organiques , ainsi que par l’effet des volcans, tandis que les golfes , et même les mers intérieures tendent à diminuer en profondeur et en étendue par les alluvions fluviatiles ajoutées aux dépouilles des animaux. Nous pouvons donc conclure : 1° que la mer du Nord, comme celle du golfe du Mexique, n’ont point été des mers particulières séparées de l’Atlantique, au moins depuis l’époque alluviale an- 436 SÉANCE DU 17 AVRIL 18 4 3. cienne ; 2° que la mer Méditerranée a dû suivre, à la même époque, l’abaissement de ce même océan , et se séparer de la mer Rouge , avec laquelle elle était liée encore à l’époque tertiaire ; 3° qu’à cet espace de temps correspond aussi la séparation de la Baltique et de la mer Noire ainsi que celle de la Méditerranée d’avec la grande mer Russo-Asiatique , dont les mers Caspienne et d’Aral , et leur pourtour déprimé sont des restes ; 4° que , dans les mêmes temps, a disparu le bras de mer qui joignait dans l’Amérique sep- tentrionale l’Atlantique à la mer Glaciale par la chaîne des grands lacs , sur la région silurienne et carbonifère ; 5° que ces abaissements avaient été précédés de ceux qui avaient mis à sec la plus grande partie des bassins tertiaires pour n’y laisser que des lacs d’eau douce. Si , auparavant, un isthme liait l’Afrique à l’Espagne, si un bras de mer séparait la France de l’Espagne , si la mer cou- vrait une grande partie de l’Italie et y formait nombre de golfes et de lagunes ; aux Indes, les vallées du Gange et de l’Indus n’é- taient qu*m détroit séparant les montagnes de l’Himalaya de l’In- dostan central , la mer remontait au loin en Arabie , en Assyrie , en Perse et jusqu’au Taurus ; une grande partie de la Sibérie arctique , de la basse Chine , comme du Sahara en Afrique , était sous les eaux, tandis qu’en Amérique, les Alléghanys for- maient une île longue au milieu des mers , s’étendant de la zone arctique au golfe du Mexique, et par dessus ses rivages bas; d’une autre part, la mer des llanos de l’Orénoque, du bassin de l’A- mazone , du Paraguay et des Pampas , divisait l’Amérique méri- dionale en trois grandes îles, savoir : les Andes, le Brésil et les Guianes, En changeant ainsi l’échiquier des explications pour les anciens rivages , nous nous plaisons à reconnaître que tous les renseigne- ments sur le soulèvement de la Scandinavie n’en restent pas moins précieux pour connaître la quantité de la dépression séculaire de l’Océan, ou de l’affaissement séculaire que subit encore la surface du globe, par suite du refroidissement; on en pourra déduire un jour par approximation la quantité totale du retrait, et par con- séquent de la chaleur perdue par le globe. Cependant , pour les continents composés comme l’est la Scandinavie, c’est-à-dire pour des pays de roches placées probablement le plus près possible des parties intérieures encore en fusion, il ne faut pas oublier la consi- dération que tout affaissement de la croûte terrestre doit produire un certain degré de refoulement des matières fluides; or, ce mou- vement devra se faire sentir à l’extérieur , dans les pays de schistes cristallins préférablement à tous les autres. Ainsi , on entrevoit la SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 437 possibilité d’exhaussements et de redressements ; ce qui a pu avoir lieu en Scandinavie , où , dans ce cas , deux causes se réuni- raient pour expliquer que les changements de niveau de la mer y deviennent si sensibles. Mais, dans tous les cas, ceci serait un exemple particulier qu’on ne devrait pas généraliser, tandis que notre explication donnerait l’énigme d’un phénomène général. L’avenir nous éclairera sur ce point lorsque nous aurons des ob- servations analogues sur des contrées constituées environ comme la Scandinavie, par exemple, le Brésil, le Groënland , l’In- dostan , etc. La distribution et la forme des continents , loin d’être fortuites , nous semblent indiquer clairement que le retrait du globe a dû commencer surtout vers le pôle antarctique; les affaissements y auraient été les plus considérables, tandis qu’il n’y en aurait eu que peu au pôle opposé, ce qui serait résulté de la constitution particulière du globe. Ne pourrait-on pas même supposer que les masses incandescentes de ce dernier n’aient pas eu la même tem- pérature au pôle antarctique qu’au pôle arctique, où se seraient peut-être faites les dernières condensations des vapeurs primi- tives? Quoi qu’il en soit, de cette dépression antarctique sont par- ties plus tard les crevasses dirigées du S. au N., et formant une étoile autour du pôle austral. Deux crevasses de retrait ont été surtout énormes , et ont produit petit à petit les cavités de l’Atlan- tique et de l’océan Pacifique ; plus tard , les mouvements des océans ont achevé la configuration des terres qui bordent ces océans , et dont les rivages escarpés sont en bonne partie le résultat du crevassement de retrait, comme du refoulement qui en a du être la suite. L’opposition entre les mers antarctiques et^arctiques a frappé plus d’un géologue ; l’océan Austral , ouvert partout 5 ayant à peine quelques îles, ne vient en contact qu’avec quelques pointes des continents , ayant chacune près de son extrémité des portions détachées sous forme d’îles. Les mers du pôle N , au contraire , sont environnées de terres bien plus en ligne droite qu’en pointes , et renferment une foule dlles , de manière qu’on peut dire que c’est la plus grande mer intérieure du globe. Ainsi, malgré la petite épaisseur de la croûte terrestre, il doit y avoir une différence de pesanteur spécifique entre la pellicule solide et aqueuse qui forme la calotte de l’hémisphère austral et celle de l’hémisphère boréal , et surtout entre celle des régions antarctiques et celle de la zone arctique. Cette différence est probablement contrebalancée par des distributions particulières des matières in- térieures du globe. Doit-on même rattacher à cette différence 438 SÉANCE I>U 17 AVRIL 1813. l’existence de plus de bouches volcaniques dans la zone méridio- nale que dans celle qui avoisine le pôle nord ? On doit ajouter à ces traits caractéristiques de notre planète la ressemblance des formes générales de tous les continents , et même celle clés cavités des mers avec celle des terres. Ainsi , en supposant de nouveau , d’un côté , la mer sur le désert de Sahara et les vastes plaines de la Russie méridionale et de l’Asie occidentale, c’est- à-dire sur les plus grandes dépressions continentales , ainsi que cette mer réunie à la Méditerranée; puis, de l’autre, la presqu’île de Malacca unie à la Nouvelle-Hollande, les terres du globe for- meraient trois touts très voisins de la forme des deux Amériques , avec leurs îles du nord , leur golfe et isthme du milieu, leur pres- qu’île californienne , et leurs îles à l’extrémité australe. Or, cette supposition a dû être une fois une réalité, comme l’a ttestent et l’état géologique et le niveau bas des pays orientaux de l’Europe , tandis que la Méditerranée ne paraît avoir gagné sa profondeur actuelle que par des affaissements successifs , dépres- sions dont on peut encore soupçonner les centres dans le petit nombre de points les plus profonds de cette mer. Le Sahara et la mer Méditerranée formaient une fois le pendant du golfe du Mexique , comme l’Atlas du pays de Maroc celui du Guatemala , et l’Espagne celui du Mexique , deux pays assez semblables, tandis que les autres chaînes des Etats barbaresques représentent la zone maintenant démantelée des grandes Antilles. De plus, M. Kohl nous paraît avoir bien montré que les formes de nos terres comme de nos mers peuvent se réduire au cercle , à l’ovale , au quadrilatère, au parallélogramme, et au triangle; tel serait le résultat en dernière analyse. En même temps, il a comparé les formes des mers à celles des continents : ainsi il oppose le golfe du Bengale à la presqu’île de l’Indostan, la mer Noire à la Nouvelle-Hollande , la mer Caspienne à la Grande-Bretagne , la mer Adriatique à Madagascar , le golfe Arabique à Sumatra , la mer d’Azof à la Sicile, les lacs du nord de l’Amérique à l’îîe de Célèbes, le lac Baikal à Java, l’Atlantique à l’Amérique , la mer Pacifique à l’Asie, etc. ( F oyez les Communications et les migra- tions des hommes dépendant de la configuration du sol , Der Vcr- kehr , etc. Dresde , 1841, in-8°. ) En entrant plus avant dans les détails de configuration , on est surpris de trouver bien d’autres ressemblances. Ainsi , autant les terres de l’hémisphère boréal sont déchiquetées sur leurs contours, aussi peu est-ce le cas pour celles de l’hémisphère opposé ; on di- rait qu’il n’y a eu là que des crevasses et des affaissements énormes , SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 439 taudis que dans le Nord , ces retraits n’ont eu lieu qu’en petit. Nous savons bien que les groupes d’îles entre la presqu’île de Malacca et la Nouvelle-Hollande y font en apparence exception; mais, exa- minés de plus près , on trouve qu’étant en grande partie volcani- ques, ils n’ont point l’ancienneté de tant d’îles de l’hémisphère boréal. Dans la recherche des grandes formes , nous ne devons pas nous laisser dérouter par ce qui n’est que secondaire , que postérieur; dans ce sens, nous poumons dire que ces îles sont le pendant des îles récentes des Antilles, c’est-à-dire des petites An- tilles. Si nous examinons l’intérieur des terres, nous retrouvons cer- tains rapports généraux entre la disposition des chaînes de nos trois grands continents anciens , par exemple entre la chaîne lon- gitudinale des Amériques et celle de l’Asie orientale, ainsi que de la Nouvelle-Hollande, ou entre cette première chaîne et celle de l’Europe et de l’Afrique occidentale. La différence la plus capi- tale paraît être que les chaînes de l’ancien monde affectent bien plus souvent des directions transversales aux continents que celles du Nouveau-Monde , ce qui pourrait rendre raison , jusqu’à un certain point , du morcellement des chaînes longitudinales de l’ancien monde opposé à la conservation des chaînes dirigées dans ce sens en Amérique. Un fait curieux pour l’ossature américaine est que ses parties les plus morcelées sont celles où on observe seuls des volcans en ligne , dirigés de l’E. à l’O., tandis que , dans le reste de ce continent, tous les alignements semblables sont du N. au S. Or , ce dernier genre de lignes ignées paraît aussi très fréquent dans l’ancien monde. Du reste, il est facile de retrouver en Afrique et dans l’indostan un fac si mile des montagnes de la Guiane et du Brésil; mais le travail igné auquel ont été soumises les roches de ces dernières n’a été accompagné que très anciennement d’éruptions, tandis que , dans ces autres continents, les matières plutoniqueS se sont fait jour en masse, même dans des temps comparativement récents. L’Amérique septentrionale nous offre quelque chose de semblable relativement à l’Europe, car cette dernière a été percée d’érup- tions de toute espèce, tandis que l’autre vaste continent serait dépourvu de roches ignées modernes sans les roches pyroxéniques des parages du Groenland , etc., etc. Si la distribution des mers et des terres nous paraît liée à la na ture intérieure du globe ét être originelle, sans se montrer trop dé- figurée par les traits additionnels et postérieurs, nous arrivons alors généralement à des rapports de ressemblance même pour l’inté- 440 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. rieur des continents , ce qui pouvait déjà se déduire de la proposi- tion que les formes des continents dépendent de celles des chaînes ; or , si les premières se ressemblent , il en doit être aussi de même des secondes. Mais M. Necker a cherché à démontrer de plus la liaison entre les directions des chaînes et les lignes d’égale inten- sité magnétique , tandis que d’autres physiciens ont été frappés de la coïncidence des lignes isothermes et isodynamiques. En effet, la dépendance des phénomènes magnétiques, relati- vement à la chaleur , est bien connue ; mais l’étude du magnétisme terrestre, et surtout la marche de ses variations et leurs causes ne sont pas encore assez avancées pour pouvoir conduire au but final probable , savoir : de montrer que si le magnétisme provient d’un état intérieur particulier dans le globe, cet état est en intime coïncidence avec celui de la fluidité ignée de cet intérieur, et par conséquent les changements produits par cette dernière propriété sur la surface de notre planète sont aussi peu étrangers à ce que nous appelons le magnétisme terrestre qu’ils le sont à l’origine ignée primitive de cet astre. La distribution particulière des mers et des terres, unie à la cha- leur primitive du globe et à celle qu’il reçoit du soleil , est la source de la géographie géologique clc sa. surface. Nous avons montré déjà ailleurs ( Bulletin de la Soc. géol., t. III, p. 80, et Guide du géo- logue voyageur , t. II, p. 354-369) que le globe est réellement di- visé en zones comme en bassins géologiques. Le Nord offre la plus grande étendue de schistes cristallins comme de dépôts primaires (intermédiaires des auteurs), point du tout de sédiments secon- daires et tertiaires ; dans les zones tempérées , la série des terrains paraît être seule complète, sans que certaines formations y prédo- minent au préjudice d’autres, tandis qu’entre les tropiques, la surface est occupée surtout par les schistes cristallins et le sol ter- tiaire préférablement aux roches primaires et secondaires Les ro- ches ignées et les volcans sont de toutes les zones. Si nous ne pouvons pas encore entrevoir toutes les causes de cette géographie géologique, nous pouvons cependant présenter les observations suivantes, faute de mieux. Le crevassement ouïe retrait étoilé de la croûte terrestre, ayant marché du S. au N., ce dernier côté a pu offrir les premières terres émergées , vu que les mers ont dû gagner du N. au S. les nouvelles dépressions ; en même temps les pointes australes des continents ont pu aussi émerger par le refoulement, suite des affaissements, tandis que les terres des zones tropicales ont pu rester encore longtemps immergées en grande partie Comme il y avait peu d’iles originairement dans la SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. zone torride , ou qu'elle jouissait d’une température trop élevée, il n’y a pu se former que très peu de dépôts primaires, et surtout de terrains Iiouillers , tandis que toutes les circonstances étant dif- férentes dans la région arctique, et même dans les zones tempé- rées, ces grandes formations y sont pour ainsi dire concentrées. Le terrain houiller est un dépôt de petits golfes et de détroits , et non pas de grandes plages; il indique donc des îles rapprochées, et de pareilles localités. Si nous sommes loin d’exclure les affaissements dans l’origine des houillères , leurs alternats sont trop fréquents , et leurs accidents trop particuliers pour pouvoir s’expliquer par des submersions et émersions marines. Les lits de houille sont probablement des produits de causes diverses : des bois et des végétaux charriés par les rivières , des débâcles de lacs ou d’autre genre ont pu former certains dépôts Iiouillers analogues à des lignites tertiaires formés évidemment de cette manière ; mais dans la généralité des terrains anthraxifères proprement dits , leurs lits de combustibles ne pourraient-ils pas être en quelque rapport avec des inondations analogues à celles du temps des pluies entre les tropiques? En supposant des eaux débordant de temps à autre, et surtout dans certaines saisons, on concevrait la destruc- tion d’une végétation dans certaines localités , la conversion de ces matières végétales en lits de houille , le mélange des parties car- bonatées et même de feuilles délicates avec les sédiments, et la conservation de certains grands arbres ou plantes dans leur posi- tion droite, ou même avec leurs racines, dans les lits de houille. Les inondations de nos rivières ne nous présentent pas autre chose, et les bords du Missouri et du Mississipi sont dits offrir dans leurs énormes alluvions l’image de cette double voie employée par la nature pour conserver, au profit de l’humanité future , au moins une partie des produits de la végétation. Naturellement il a puse former des houillères sur le bord de la mer; ces matières ont pu être même déposées sous l’eau salée ou être submergées par affais- sement ou inondation marine : ainsi se seront formés les alternats de roches charbonneuses et de couches à fossiles marins, tandis que les autres houillères n’offrent que des restes d’êtres des eaux douces. Enfin , des végétaux analogues à ceux des tropiques ont pu vivre dans la région arctique à cause de la température élevée de ces plages , lors du dépôt carbonifère.; et pendant les longues té- nèbres de cette partie du globe, des aurores boréales presque con- tinuelles y ont peut-être suppléé la lumière du soleil. D’ailleurs , l’aplatissement du pôle n’étant pas encore à son maximum actuel , il devait y avoir plus de lueur crépusculaire ; et s’il était prouvé 442 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. que les phénomènes magnétiques du globe sont liés ou coïncident avec sa chaleur originelle , plus celle-ci était considérable et em- brassait encore une si grande partie de la surface , plus ces effets magnétiques ont dû être considérables. Mais l’électricité et le magnétisme ne sont qu’un même principe sous différentes modifi- tions ; donc, quelle que soit l’origine des aurores boréales , il suffit que leur liaison avec une de ces modifications soit reconnue pour amener à la conclusion que ces magnifiques arcs lumineux ont dû être une fois , non pas seulement bien plus fréquents , mais encore plus grands et plus éclatants. Lorsqu’on aura étudié à fond les propriétés de la lumière électrique , probablement en arrivera à y reconnaître une presque identité avec le calorique rayonnant et la lumière solaire , ce qui achèvera de démontrer que la vé- gétation a pu une fois prospérer aussi bien à la lueur électrique qu’au soleil. Dans la zone tropicale , la température a dû rester le plus longtemps la plus élevée; donc tous les phénomènes ignés, aqueux, électriques, y ont dû conserver aussi le plus longtemps leur intensité. Ainsi, on peut concevoir jusqu’à un certain point pourquoi les dépôts secondaires y sont en petite quantité ou n’v existent pas , soit qu’ils n’aient pu s’y former, soit qu’à peine accu- mulés ils aient été détruits. D’une autre part, la grandeur même des phénomènes a dû contribuer à la formation de très grandes vallées , de vastes bassins , tant submergés qu’émergés. Or, na- turellement, ces derniers ont reçu postérieurement les alluvions, les éjaculations et sédiments tertiaires , qui ont pris ainsi une étendue plus considérable que celle qu’ils ont dans les zones tem- pérées. Cependant un des phénomènes les plus curieux de noire planète, ia dispersion des blocs erratiques , paraît étranger à la zone équa- toriale, au moins autant que s’étendent nos renseignements. Il n’existe que dans les deux zones tempérées et surtout dans le N. de la zone tempérée boréale. Doit-^on y joindre les vastes dépôts des alluvions anciennes? cela devient un phénomène général. En sé- pare-t-on les blocs erratiques? ils n’apparaissent plus que comme un accident local : d’un côté autour des Alpes suisses et savoi- siennes et au Chili, et de l’autre dans la grande dépression de l’Europe centrale et boréale , ainsi que dans l’Amérique septen- trionale. On a écrit beaucoup sur les blocs sans épuiser la matière et surtout sans arriver à des conclusions claires, autant sur leurs rapports avec les alluvions que sur leur origine. Leur séparation d’avec les matières alluviales anciennes est si SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 443 peu établie , qu’au contraire dans le N. les Aesars ou collines de débris en sont regardés comme les appendices indispensables. Si on devait généraliser cette réunion et croire surtout que la dis- position des blocs erratiques est due à une seule cause, on pourrait tomber dans de graves erreurs. D’une autre part, la distribution géographique des blocs est encore incomplète : ainsi , par exemple, est-il vrai ou non que des roches Scandinaves existent en blocs dans les allu vions d’Angleterre , ou a-t-on pris des roches d’Ecosse pour des fragments norvégiens? Lorsqu’on médite sur ce qui a été dit sur les glaciers dans ces derniers temps , qu’on a vu en personne eux et leurs moraines, et qu’on place en face les explications offertes pour les blocs erra- tiques des Alpes , on ne peut s’empêcher de reconnaître que la théorie du charriage des blocs par les glaciers est celle qui est la plus voisine des faits et la moins surchargée d’hypothèses. Néanmoins, la possibilité de la formation de si grands glaciers en exige une que noos serions assez tentés de rechercher dans l’idée primitive de M. de Charpentier, savoir, la hauteur ancienne des Alpes. Quand nous voyons sur le globe des chaînes plus de deux fois plus élevées, et que nous avons lieu de présumer que d’énormes affais- sements ont accompagné le soulèvement des Alpes, nous ne voyons pas pourquoi nous ne pourrions pas soupçonner que les Alpes oc- cidentales et leur pourtour ont eu une altitude bien plus considé- rable et se sont postérieurement affaissées petit à petit. Au moins cette hypothèse nous semble moins difficile à concevoir qu’une période de grand froid succédant à une chaleur tropicale ; car il y a encore des montagnes qui s’affaissent. Un tel soulèvement n’a pu avoir lieu sans laisser des vides , c’est-à-dire des causes de tassement , et les débris énormes des Alpes seraient expliqués par ce phénomène, accompagné tout naturellement de destruction. La Suisse ayant eu une fois un climat de glaciers par sa hauteur absolue, l’établissement des glaciers et la formation des moraines jusqu’au Jura s’ensuivent tout naturellement sans que les contrées à l’entour de cette grosse bosse de la terre aient été obligées de changer de climats. D’une autre part , avec de si hautes Alpes , de tels mouvements et de telles pentes , on comprendrait le transport aqueux des débris de ces montagnes bien au-delà des limites de la Savoie et de la Suisse : nous voudrions ainsi expliquer la fausse liaison qu’il y a entre la dispersion des blocs et le dépôt lointain des matières alluviales à très petits blocs, semblables cependant aux véritables blocs erratiques, et nous voudrions y ajouter en- core les effets des fontes brusques de grandes masses de glaciers , SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 4 44 à mesure que le tassement des Alpes s’opérait plutôt par soubre- sauts que graduellement. Nous différons donc essentiellement des personnes qui veulent trouver des traces de glaciers dans toutes les montagnes , mais nous ne pouvons méconnaître qu’en Savoie et en Suisse il y a outre les blocs erratiques des restes de moraines évidentes qui démontrent combien la grandeur des glaciers a di- minué. Cette proposition n’en resterait pas moins vraie quoi- qu’on pût prouver que les blocs erratiques ont été dispersés par d’autres causes que les glaciers ou n’ont pas roulé sur leurs pentes. Dans le Nord , soit en Europe , soit en Amérique , il est possible qu’il y ait près des hautes montagnes aussi des blocs erratiques et des moraines provenant d’anciens glaciers, et que des tassements y aient aussi diminué l’altitude de certaines chaînes ; mais , en général, le transport des blocs y prend une telle étendue que la théorie des glaciers nous paraît hors d’état d’en rendre compte, tandis qu’au contraire des déversements de mer ou des courants marins , charriant pendant longtemps des glaçons provenant des glaces du Nord, semblent plus en proportion avec de si grands phénomènes. En effet, quels glaciers faudrait-il supposer pour la dispersion des blocs qui s’étendent dans la plaine de l’Europe cen- trale depuis le nord de la Russie jusqu’en Belgique, ou pour celle des blocs qu’on trouve depuis la Coppermine River jusque sur l'Hudson en Amérique? Autant vaudrait proposer tout de suite qu’une calotte de glaciers a couvert tout le nord du globe, conti- nents comme mers. Il n’est peut-être pas superflu de remarquer que, supposant un charriage marin de blocs venant des mers gla- ciales, ces courants auraient pris, soit en Europe, soit en Amérique, leur cours par un grand détroit entre des chaînes de schistes cristallins, et que le fond de ce canal était composé surtout de roches primaires en Amérique , et de dépôts semblables associés à des dépôts secondaires et tertiaires en Europe. De grands lacs caractérisent encore dans les deux continents la zone primaire ( intermédiaire des auteurs ) parcourue par les blocs. En Europe, nous demanderions s’il ne serait pas probable que ces courants marins eussent démantelé une partie des glaciers ou des moraines Scandinaves, et aidé ainsi à la dispersion immédiate des blocs ou au moyen de glaçons. Un déversement marin , tel que nous le supposons avec tant de géologues , doit bien moins étonner dans une mer fermée comme la mer Glaciale que si on voulait supposer, au contraire, qu’une partie de l’Atlantique est passée dans les mers arctiques; on conçoit SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. 4 45 même que , vu le niveau bas du continent traversé par les eaux , si une cause forte, un retrait de la voûte terrestre plus violent qu’à l’ordinaire , avait changé notablement l’équilibre de l’Océan Atlantique ou des océans, une partie des eaux arctiques ont bien pu dans leur agitation brusque prendre la route la plus courte pour rétablir l’équilibre conformément aux lois de la rotation et de l’attraction , ainsi que de l’hydrostatique. Sans attacher d’importance à nos explications et ayant voulu seulement en donner de probables , nous croyons que l’étude, soit des glaciers, soit des alluviôns , ne tardera pas à amener une cer- titude sur les causes de la dispersion des blocs, en même temps qu’on arrivera à des observations tout-à-fait incompatibles avec la température basse générale nécessaire pour la théorie des glaces universelles. La disparition dos grands animaux éteints et le gisement parti - culier de leurs restes ont été avancés en faveur de ce refroidisse- ment violent, au moins de l’hémisphère boréal; mais comme ces ossements se trouvent aussi dans l’hémisphère austral , il faudrait donc supposer une calotte générale de glace autour du globe pro- duit par une période inouïe d’un froid universel. Or, comme au- cune cause plausible ne peut être donnée pour la supposition d’un état pareil, il en résulte que les restes des grands animaux ne sont ni pour ni contre la théorie glaciale. Si on ne trouvait ces osse- ments que dans le N. et non loin des mers glaciales, on pourrait être tenté d’y voir un corollaire des mouvements des mers, du déversement double des mers arctiques vers l’Atlantique • car un tel événement n’aurait pas eu lieu sans produire des déluges en Sibérie. D’énormes vagues y seraient remontées, auraient balayé la surface, noyé et charrié au loin les animaux. Mais ces débris de quadrupèdes se trouvant partout et même sur de très hautes plates-formes, nous ne voyons pas d’autre hypothèse plausible que celle maintes fois proposée , savoir, qu iis sont morts par suite du degré de refroidissement que le globe avait atteint alors, et qui n’était pourtant pas tel que celui exigé pour la théorie gla- ciale. Néanmoins, il faut avouer franchement que nous ne voyons pas les raisons pourquoi cette même cause aurait tué les éléphants au B résil, dans l’Indostan, dans la Nouvelle-Hollande , et tant d’autres animaux , dont quelques uns au moins paraissent avoir du supporter assez bien le froid. Dans ces pays chauds, la tempé- rature était encore torride, ce qui amènerait à l’idée que les ani- maux éteints n’ont pu vivre que dans une chaleur ultra-tropicale. 416 SÉANCE DU 17 AVRIL 1843. chose fort probable pour des êtres si voisins de ceux qui existent maintenant. S’il fallait donc supposer sur toute la terre un froid général et assez vif pour tuer beaucoup d’animaux ou même tous les ani- maux, sans couvrir pour cela le globe de glace, nous promenant dans le champ des hypothèses , nous aimerions mieux demander s’il ne serait pas possible que ce froid fût de source étrangère à la terre , au lieu d’avoir sa cause dans l’intérieur du globe, ce qui est si peu probable : ainsi , si le soleil s’était couvert d’un nombre suf- fisant de taches pour envoyer moins de chaleur à la terre , cette dernière se serait refroidie plus vite qu’à l’ordinaire dans un temps donné. Les phénomènes météorologiques auraient été modifiés con- sidérablement, et auraient pu contribuer à augmenter le froid à la surface. Quand on a vu les effets sur la terre d’une éclipse solaire totale, on ne peut s’empêcherde penser dans quel degré de froid la surface et le sol terrestre ses aient dans peu d’années, et dans quel état de marasme et de mort tomberait par contre-coup la vie végétative et animale si l’on admettait l’existence prolongée de très grandes taches solaires. Un tel événement astronomique pourrait donc expliquer aussi bien la dispersion des restes d’animaux éteints que la formation de glaciers, bien plus étendus que ceux d’au- jourd’hui. Mais pour étayer une semblable hypothèse, nous n’a- vons réellement que l’observation des astronomes relativement à l’extinction et la réapparition delà lumière de certains astres bien éloignés de la terre. Dans la suite des siècles , on en saura peut- être davantage , et mon hypothèse (1) pourra être alors plus qu’un rêve. (1) Xommer toutes les personnes auxquelles appartiennent la plupart des idées théoriques groupées dans ce Mémoire serait au-dessus de nos forces, et peut-être l’auteur, M. A. Boué , dont l’érudition scientifique et bibliographique est si peu commune, serait-il le seul en état de le faire; cependant sa mémoire se trouve en défaut. La seule hypothèse qu’il paraisse donner ici comme tout-à-fait nouvelle et comme sienne , celle d’un refroidissement de la terre par suite d’un nombre suffisant de ta- ches solaires , a été émise depuis plusieurs années par MM. Renoir et Le- blanc, et ensuite abandonnée par le premier. Elle a plusieurs fois donné lieu, au sein de la Société , aux publications de laquelle M. A. Boué prend un intérêt si actif, à des controverses auxquelles nous avons nous- même pris pari. Voir les séances des 2 décembre 1839, 1 7 février 1840 , 1 1 janvier et 22 novembre i 84 1 * Bulletin de la Soc. géolog. , t. XI , p. 64 et 149 ; t. XII, p. 195-202 ; et t. XII 1, p. 44 » 52 et 53. ( Note du Secrétaire. ) SÉANCE DU 1er MAI 1843. Nous nous arrêtons ici en nous recommandant à l’indulgence de nos confrères. Tous les jours on n’est pas disposé de même. Aujourd’hui notre esprit, au lieu d’enregistrer les faits, planaitau- dessus d’eux et tâchait clans sa faiblesse de les concevoir dans leur ensemble. Quoique véritable somnambule, nous avons cru devoir raconter ce que nous nous sommes imaginé apercevoir, puisque les romans intéressent aussi quelquefois : heureux si nous n’avons pas trop abusé de la patience de notre auditoire ! Séance du 1er mai 1843. PRÉSIDENCE DE M. ALC. d’oRBIGNY. M. Angelot, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance dont la rédaction est adoptée. Le Président remplace au fauteuil M. d’Archiac, vice- président, qui avait ouvert la séance. Le Président proclame membres de la Société: MM. D’Avout (Léon ), capitaine du génie, à Moulins (Allier ), présenté par MM. Moreau d’Avallon et Aie. d’Orbigny; Holdsworth (Joseph) , esq. , Leicestershire (Angleterre), présenté par MM. de Verneuil et d’Archiac. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part de M. Agassiz, son Rapport sur tes poissons fos- siles , présenté à V Association britannique pour R avancement des sciences en 1842 (tiré de la Bibliothèque universelle de Genève, n° de février 1843), in-8°, 19 pages. De la part de M. Ch. d’Orbigny, la 34e livraison du t. III du Dictionnaire universel d'histoire naturelle dont il dirige la publication. De la part de M. Alphonse Favre., ses Considérations géo- logiques sur lé mont Saleve et sur les terrains des environs de Genève , in-4°, 1 I 3 pages , une pl. et une carte coloriée ; Ge- nève , 1843. SÉANCE DU Ier MAI 1843. 4 48 De la part de M, Joseph Holdsworlh , son Report , etc. (Rapport sur la structure géologique et les productions mi- nérales d’une propriété située dans le comté de Flint) in-8°, 14 pages; Liverpool , 1841. La Société reçoit en outre les publications suivantes: Obiezioni , etc. (Objections de M. Porro à la note du docteur Scortegagna sur les Nummulites) , in-4°, 5 pages; Vicence, 1843. La Société reçoit en outre les publications suivantes : Comptes-rendus des séances de V Académie des sciences pour l’année 1843, 1er semestre (t. XVI, nos 16 et 17). L ’ Institut , nos 4 8 6 , 4 8 7 . U Écho du Monde savant , nos 29 — 32. The Athenœum , nos 808, 809. The Mining Journal , nos 400, 401. Enfin la Société reçoit de M. Agassiz le Panorama de la mer de glace du Lauteraar et du Finsteraar. Sur la demande de M. !\!auduyt et la proposition du Con- seil , la Société décide que sa réunion extraordinaire pour cette année aura lieu à Poitiers le 10 septembre. Sur La demande de M. l’abbé Chainousset et la proposition du Conseil, et dans le but d’obtenir d’ici là l’agrément du gouvernement piémontais , la Société manifeste dès à présent le désir de tenir à Chambéry sa réunion extraordinaire de 1844. M. E. Chevalier fait la communication suivante : Dans la note que j’ai lue à la Société à la dernière séance, j’ai essayé de prouver, non pas que la côte du Chili n’avait pas été soulevée d’une manière notable lors des tremble- ments de terre récents, mais bien que les raisons sur les- quelles on s’est étayé pour arriver à cette conclusion n’a- vaient pas toute la valeur qu’ou leur a attribuée. Aujour- d’hui je crois utile de faire connaître à la Société un fait qui me semble établir d’une -manière péremptoire que les effets de ces tremblements de terre ont été fort exagérés. Plusieurs auteurs des plus estimés ont dit que file de San Lorenzo, de la baie du Callao de Lima, a été séparée du con- SÉANCE DU l" MAI 1813. 449 tinent américain lors du tremblement de terre de 1746. Cette assertion est reproduite dans la plupart des ouvrages qui traitent du Pérou , et n’a pas jusqu’à présent été con- testée. En examinant les lieux , je fus surpris de ne trouver aucune analogie de forme ni de composition entre l’île montueuse de San Lorenzo, qui appartient à un terrain de transition , et la plaine basse du Callao, formée de couches alluviales, et dès lors je pensais qu’il pouvait bien y avoir erreur et que peut-être la rupture dont on parlait n’avait eu pour effet que de séparer les deux îles San Lorenzo et Bodegon , qui sont beaucoup plus voisines et qui, dans un temps plus ou moins éloigné, ont nécessairement fait partie du même tout. A mon retour en France, je voulus m’assurer si mon opinion était fondée, et je trouvai au dépôt des cartes et plans de la ma- rine un plan manuscrit de la baie du Callao, levé par M. de Fronda en 1711, où les lieux sont représentés identique- ment comme ils sont aujourd’hui: non seulement i’île San Lorenzo est séparée du continent par un chenal assez large , mais encore elle est placée de la même manière qu’à présent relativement à l’île Bodegon , dont les sommets sont le pro- longement des siens et dont la composition géologique est la même. Si donc on veut persister à croire que la séparation de l'île et du continent est un fait appartenant à la période géo- logique actuelle, au moins faut-il en reculer la date jusqucs avant les premières années du xvme siècle. Les auteurs qui ont conclu de leurs observations que la côte de l’Amérique méridionale avait été soulevée d'une manière notable dans les tremblements de terre postérieurs à 1746 ne se sont pas, à ma connaissance, expliqués d’une manière précise sur le point de savoir quelle a été la limite nord des effets de ce soulèvement. Quelques uns affirment un fait qui tendrait à établir que ces effets ne se sont pas fait sentir à Lima ; mais ils n’en tirent pas celle conclusion im- portante. Ce fait, c’est que les ruines du vieux Callao, détruit par le flot qui s’avança dans les terres en I 746, sont aujour- d’hui submergées. Cela peut s’expliquer par un effet de tas- Soc. géol. Tome XIV. 29 450 SÉANCE DU fcr MAI 1813. sernent des couches meubles de la plaine du Callao, mais en même temps cela exclut toute idée de soulèvement postérieur à 1746. Dans la courte discussion qui s’est élevée dans la Société à la suite de la lecture que j’ai faite, M. Michelin m’a fait l’hon- neur de me demander s’il n’existait pas à Payta des dépôts coquilliers, et si ces dépôts n’étaient pas analogues à ceux des environs de Valparaiso. Je tiens à rappeler ici ma ré- ponse, parce que j’y ai mentionné un fait que je crois utile à connaître. J’ai répondu à M Michelin qu’il existait en effet à Payta un terrain coquillier qui reposait sur les tranches d’un système phyliadien bien développé; que ce terrain, formé de couches alternantes de calcaire grossier celluleux, de marnes et de grès, renfermait un grand nombre de coquilles fossiles dont les tests sont tantôt détruits entiè- rement , de manière que l’on ne retrouve plus que les moules, tantôt minéralisés en gypse. Les nombreux échan- tillons de ce terrain rapportés par l’expédition commandée par M. le capitaine Duperrey, et ceux que j’ai recueillis pen- dant le voyage de la Bonite , ont été déposés au Muséum , et considérés par M. le professeur Cordier comme apparte- nant aux étages supérieurs de la période palæothérienne. A Payta , la côte est bordée par une falaise , haute de 10 à 20 mètres, qui ne laisse entre elle et la mer qu’un espace étroit à peine élevé de 1 à 2 mètres au-dessus du niveau de la haute mer. La ville, une des plus anciennes du Pérou, con- struite vers 1550, est bâtie sur cette plage , et s’est successi- vement augmentée au dépens de la falaise, que les hommes ont creusée et reculée à mesure que les besoins d’agrandis- sement se faisaient sentir. Admettre un soulèvement de 2 mètres en ce point depuis le milieu du xvie siècle, ce serait supposer que la ville a été construite au-dessous du niveau des eaux. M. Aie. d’Orbigny dit que le tremblement de terre du Callao ne lui a paru avoir modifié en rien le sol du Chili. 11 a observé seulement que des amas considérables de galets ont été transportés sur les marais du Rimac. Dans ces marais, qui s’étendaient avant le tremblement de terre de 1822 au sud SÉANCE DU Ier MAI 1813. 451 du chemin qui mène à Lima, il n’y a plus aujourd’hui que des coquilles d’eau douce passant à l’état fossile; il n’y a plus une seule coquille vivante au sud du chemin. M. Chevalier dit avoir également reconnu ce transport de galets sur les marais du Rimac. Le Secrétaire donne ensuite lecture de la note suivante , adressée de Louvain à la Société, par Mr. H. Nyst: Depuis la’publication de mes recherches su r les coquilles fossiles de la province .d’Anvers , qui ont paru en 1835 , et dont j’ai eu l’honneur d’adresser un exemplaire à la Société , les fossiles des argiles de Boom, dont je fis connaître quelques espèces, furent l’ob- jet de nouvelles fouilles intéressantes faites par divers amateurs; l’un d’eux même , M. deKoninck, actuellement professeur à l’université de Liège, jugeaà propos de les décrire dans un travail spécial qu’il intitule : Description des coquilles fossiles clés argiles de Boom , Basele , Schelle , etc. (1), dans lequel il en fit connaître quelques unes de nouvelles. Parmi ces diverses espèces, plusieurs n’ont encore été que très imparfaitement décrites ou figurées. Nous avons donc cru que ce serait rendre un service de plus à la science que de donner ici , de l’une d’elles, la description plus détaillée, ainsi qu’un dessin nou- veau , qui ont été faits d’après un superbe individu qui nous a été communiqué par M. le professeur Dumont de Liège , déjà si avan- tageusement connu par ses travaux scientifiques. Cassiclaria Nystii , Kickx , M. S. S. Nostr. (2). C. testa ovali , ventricosâ , striis transversalibus numerosissimis ornatâ , cingulis sexcarinatis , tuberculosis ; aperturâ subovatâ ; labro incrassato vix dentato ; caudâ brevi. Cassidaria? Nystii. Nyst, Recherches sur les coquilles fossiles de la province d' Anvers, p. 32, n° 39, pl. V, fig. 39 ( médiocre^. DeKoninck, Description des co- quilles fossiles de l'argile de Basele , Boom , Schelle , etc. , p. 11, n°8. Potiez et Mich. , Galerie des mol- lusques de Douai , 1. 1 , p. 4o4 , n° 4. (1) Mémoire inséré dans le lorne XI des Mémoires de l' Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles. (2) M. Nyst a adressé à la Société avec celle note une planche gravée de ce fossile. SÉANCE DU Ier MA! 1843. 452 Localités : Boom et Basele ; dans le Limbourg à Kleyne-Span- soen, Lethen et Yliermael. Cette belle coquille est de forme globuleuse , un peu ovale; sa spire, formée de 6 à 7 tours, faiblement aplatis supérieurement, est pointue. Les 5 à 6 premiers tours sont garnis dans leur partie médiane d’une rangée de tubercules assez saillants, bien espacés; le dernier en porte 5 à 6 autres semblables, lesquelles diminuent sensiblement de grosseur à mesure qu'elles se rapprochent de la partie inférieure de la coquille : ces rangées de tubercules sont à égale distance. Toute la coquille est couverte de stries trans- verses , fines , qui se continuent même sur les tubercules. Le der- nier tour est si grand qu’il constitue à lui seul presque toute la coquille; il se prolonge à la base en un canal court et recourbé en arrière : l’ouverture est ovale, semi-lunaire; la columelle est un peu excavée vers le tiers inférieur de la longueur, et garnie d’une large callosité lisse qui s’étend et se relève sur le canal; souvent l’on aperçoit vers l’intérieur du bord gauche des rides ou plis réguliers; le bord droit ou opposé est réfléchi et forme un bour- relet assez épais; à l’intérieur, il est garni de tubercules plus ou moins apparents. L’individu que nous décrivons a 52 millimètres de longueur sur 40 de largeur. A la suite de cette notice , nous pensons pouvoir joindre la liste des espèces des argiles dont nous venons de parler, qui ont été recueillies et mentionnées, et donner en outre les résultats des observations qu’elles nous ont suggérées. LISTE DES ESPÈCES. 1. Nautiius zlc-zac , Sowerby. 2. Trochus agglutinons , Lamk. 5. Trochus. * Tornalella simulata , Brander. *5. Natica giuncinold.es , Sowerby, — Achalensis , Recluz ( sec de Koninck ).j 6. Voiuta Lambertii? Sowerby. Cancellaria evulsa , Sowerby. 8. Cassidaria ISystii , Kickx. OKSERVATIONS. Très rare. Peu commune. Cette seconde espèce, mention- née par M. de Koninck, n'a pas été retrouvée depuis. Peu commune. Cette espèce paraît caractériser notre London-Clay, et n’est pas nouvelle, comme l’a cru M. Recluz. M. de Koninck cite cette espèce des argiles de Boom, etc. ; nous pensons qu’il y a erreur. SÉANCE DU 1er MAI 1843. 463 LISTE UES ESPECES. *9. Murex Deshayesii , Duchastelet Nyst. 10. Murex Pauwelsii , de Koninck. 11. Murex cuntculosus , Duchastel et N y st. 13. Triton flrandricum, de Koninck. — argulus? Sowerby. i3. Fusus ]Soé , Latnk. 14. Fusus scalaroides , Lamk. 15. Fusus elongaius, 110b. — porrectus, Nyst (non Bran- der). 16. Fusus Deshayesii , de Koninck. 17. Fusus multisulcatus , 110b. — lineatus , de Koninck. 18. Fusus erraticus , de Koninck. 19. Pleurotoma comma, de Koninck (non Sowerby). 20. Pleurotoma crenata , nob. — colon , Nyst et de K. (non Sowerby). 21. Pleurotoma Morreni, de Ko- ninck. 22. Pleurotoma rostrata » Brander (non Sowerby). — exorta , Nysl et de Koninck. 23. Pleurotoma regularis , Vanbe- neden. 24. Pleurotoma Selysii, de Koninck. 25. Pleurotomarostrata,de Koninck (non Brander). OBSEKV AXIONS. Très rare. Très rare. Nous pensons que celle espèce est le Triton argutus , Sowerby. C’est par erreur que M. de Koninc k mentionne cette espèce des argiles de Basele; la coquille quil possé- dait provient certainement d’une lo- calité de France. Cette espèce, mentionnée par M. de Koninck , nous parait aussi devoir être supprimée. Cette espèce n’étant pas le Murex porrectus de Brander, nous propo- sons de la nommer F. elongatus. La dénomination de Fusus linea- tus donnée par M. de Koninck ayant déjà été employée par MM. Quoy et Gaymard , nous proposons celte de multis ulcatus. Rare. Cette espèce est le jeune âge de la suivante. Commune. Nous rendons à cette espèce le nom de Pl. rostrata de Brander, avec lequel il 11e faut pas confondre celui de Sowerby (commune). Est un individu adulte de la pré- cédente. Ce Pleurotome est le Pl. rostrata Sowerby, mais non celui de Bran- der, et n’est que l’âge adulte du Pl. Selysii, dénomination que nous pro- posons de maintenir. 451 SEANCE DU 1 er mai 1843. LISTE DES ESPÈCES. 26. Pleurotoma acuminaia , de Ko- ninck (non Sowerby}. * 27. Pleurotoma acuminata , Sower- bJ* — multicostata , de Koninck (non Desh.). 28. Pleurotoma Koninckii, nob. — lœvigata , de K. 29. Pleurotoma W aterkeynii , nob. — striatula , de Kon. * 5o. Rostellaria Sowerby 1 , J. Sower- by. — margerini , de Koninck. *5i. Dentalium Kickxii , Nyst. — acuticosta, de Kon. ( non Desh. ). 52. Osirea aviculœ forma , nob. Avicula? paradoxa , Nyst. 35. Pecten Hœninghausii , Defr. 34. Pecten Ryckholtsii , nob. * 55. Area decussata , Nyst. — multistriata, de Koninck. 56. Gueula Archiaciana , nob. — peciinata , Nyst et de Kon. (non Sow. ). 07. Nucula Duchastelii . Nyst. *38. Nucula Deshayesiana , Duch, et Nyst. *09. Venericardia Kickxii, nob. — deltoidea , Nyst { Sow. ?). — orbicularis , de Kon. (non Sow.). * 4o. Axinus angulatus , Sow. 4 1 . Axinus Benedenii , de Koninck. OBSERVATIONS. Est le jeune âge du PL Selysii. Nous rapportons le PL multicos- tata de M. de Koninck au PL acumi- wafa Sowerby. Nous dédions celte espèce à M. de Koninck, qui ne s'est pas aper- çu qu’il y avait déjà un PL lœvigata de Sowerby. Nous dédions cette espèce à M. le professeur Waterkeyn , plusieurs Pleurotoma striatula ayant déjà été introduits par les auteurs dans la nomenclature. M. J Sowerby ayant proposé an- térieurement à M. de Koninck de dédier cette espèce à l’auteur du Minerai conchology, nous nous trou- vons forcé d’adopter cette dénomi- nation de préférence. Cette espèce nous paraît nouvelle. Rare ; n’ayant pu d’abord exami- ner la charnière , nous l avions rap- portée avec doute au genre Avicule. Rare Rare. Rare. Commune. Celte espèce est , d’après nos ob- servations , intermédiaire entre la V. deltoidea et la V. globosa , Sow. ( commune). Celle espèce doit être réunie à la précédente. SK ANGE Dl) 1er MAI 1813. 455 LISTE DES ESPÈCES. OBSERVATIONS. /j2. Axinus depressus , de Koninck. Celte espèce doit être supprimée de l’aveu même de l’auteur. N’a pu être déterminée. N’a pu être déterminée. Commune. Cette espèce n’avait pas encore élé mentionnée dans ces terrains. Rare ; nous le tenons de l'obli- geance de M. de Koninck. N’ayant encore recueilli que des individus très défectueux de cette espèce , nous ne l’avons déterminée qu’avec incertitude. Très rare ; nous la tenons de l'obligeance de M. de Koninck. Très rare ; nous devons la com- munication de cette espèce à l’obli- geance de M. Dewacl , zélé amateur. Observations.-— Les espèces que nous désignons comme étant nouvelles seront incessamment décrites et figurées dans un mé- moire que nous nous proposons de publier sur les coquilles fos- siles des terrains tertiaires de Belgique , lequel comprendra la description de 525 espèces, appartenant aux dépôts parisiens , du London-Clay et du Crag. Déjà tout l’ensemble du travail est terminé, ainsi que les planches, lesquelles représenteront les espèces nouvelles ou peu connues. Résumant les résultats que nous avons obtenus , des espèces que nous avons pu étudier, nous trouvons que sur 50 espèces men- tionnées par M. de Koninck et moi , 25 sont nouvelles, dont 4 douteuses et peut-être identi- ques aveedes espèces du London-Clay de l’Angleterre; 12 sont identiques avec des espèces du London-Clay de l’Angleterre, une seule paraît être douteuse; 3 n’ont pu être déterminées ; 1 la Voluta Lambert i , appartenant au dépôt du Crag , devra, pensons-nous, être supprimée; 9 doivent être supprimées. Total: 50 espèces. En terminant cette notice, je m’empresse de vous informer que je tiens à la disposition de la Société les espèces que j’ai indiquées 43. Lucina , de Koninck. 44* Venus , do Koninck. *43- Astartea Kickxii , Nyst. 46. Corbula pisum , Sowerby. 47. Erj cuia striât ula , nob. 48. Luiraria oblata?? Sowerby. 4q- Buccinum Koninckiatia , nob. 5o. Voluta semiplicata, nob. SÉANCE DU Ier MAI 1813. 456 par un astérisque, si toutefois elles peuvent lui être agréables. Je me propose aussi de lui offrir une suite de nos fossiles du Crag des environs d’Anvers , accompagnée de la liste des espèces que j’y ai observées depuis l’année 1835. L’offre faite par M. Nyst est acceptée, et l’archiviste est chargé de lui faire connaître cette acceptation et de lui trans- mettre les remerciements de la Société. Le secrétaire donne lecture de la note suivante , adressée d’Àlais à la Société, par M. le baron d’Hombres-Firmas : Description (Tune Moule géante fossile. Le sommet de ce fossile est mousse et usé; il n’offre aucune trace de charnière ; mais dans l’endroit où elle devait être , le test est mince et n’aurait pu être taillé en dents linéaires parallèles comme dans les Peines. La forme générale de la coquille, les stries transverses qui marquent son accroissement, et l’entre-bâilh ment des deux valves vers le sommet, pour le passage du bissus qui la fixait aux rochers sous-marins, semblent devoir la classer avec les moules . Les plus grandes coquilles vivantes de cette famille si nombreuse sont, d’après la nouvelle édition de Lamarck, les es- pèces suivantes : Mytilus opalus , de 190 millimètres. Myt. unguia tus , de 170 Myt. cho/fis , de 142 Les moules fossiles des divers cabinets que nous avons visités sont bien loin d’atteindre la taille de la dernière, tandis que celle dont il s’agit ici la dépasse de beaucoup. Elle a 216 millimètres de longueur 110 millimètres de largeur, et sa hauteur au milieu est de 81 millimétrés. L’épaisseur de son test, que les cassures permettent de mesurer, est de 2 millimètres près du sommet et de 6 vers le bord opposé. Nous proposons de lui donner le nom spécifique de géante en la caractérisant ainsi qu’il suit : Mytilus gigas , nobis. Testa trigona , crassa , lœvitcr, transverse s aie ata , inferna rotundato-ovata , margine antico recto. M. Miergue, docteur-médecin d’Anduze, découvrit ce mytulite à Sebene , à dix kil. au sud de cette ville, il y a dix ans , dans un terrain crétacé supérieur qui renferme beaucoup d’autres co- quilles, et dont les principales, qui peuvent le caractériser, sont 457 SÉANCE DU 1er MAI 1843. les exogyres et les s/j a tangues. Le Mytilus gigas est unique jusqu’à présent. M. Michelin fait observer que cette note, sans un dessin ou l’envoi du fossile lui-même , lui paraît sans intérêt; il lui semble même extrêmement douteux, d’après la description de M. d’Hombres-Firmas , que ce soit là un Mytilus, M« Kaulin donne lecture de la lettre suivante, qui lui a été adressée de Nice par M. A. Naudot : Depuis quelques mois que j’habite Niee , j’ai parcouru les Alpes maritimes. En visitant les principales grottes qui , par leur étendue et les belles stalactites dont elles sont ornées, excitent l’admiration des étrangers , je leur ai trouvé une grande analogie avec les ca- vernes à ossements réparties sur plusieurs points du globe. Creu- sées comme elles dans le calcaire jurassique , des concrétions sta- lagmitiformes couvrent le soi formé d’une terre rouge argileuse. Rapprochant ces observations du voisinage des brèches osseuses de Nice, d’Antibes, etc., qui semblent dues à la même cata- strophe, je ne mis pas en doute l’existence d’ossements fossiles dans les nombreuses grottes des environs de Nice. Après un court travail, ma prévision fut pleinement justifiée: le 2 avril 1842, je trouvai à la belle grotte àeFaUcon une dent incisive d’ours , un fragment de première côte d’un petit ruminant, probablement de chevreuil , la portion inférieure d’un humérus de renard. Un mois avant, j’avais trouvé à la grotte du Lazaret, parmi un grand nombre de fragments osseux indéterminables ou trop défectueux pour être reproduits utilement, un scaphoïde, et en outre l’extrémité supérieure d’un tibia, probablement de cerf , plusieurs vertèbres de grands mammifères et le crâne d’un très petit qua- drupède appartenant à la famille des Rongeurs par la forme gé- nérale de la tête et par les dents molaires qui y sont encore atta- chées ; les incisives ont été fracturées en dégageant cette tête mi- croscopique de sa gangue. J’ai essayé de la dessiner de-grandeur naturelle; elle porte 10 millimètres dans son plus grand diamètre et un peu plus de 3 millimètres de haut en bas. On distingue la forme ovale de l’orbite et les fosses nasales , dont la paroi externe est brisée., Elles présentent une disposition anatomique très ex- traordinaire que je ne peux mieux comparer qu’aux alvéoles d’une ruche à miel (1). Alagrottede Château-Neuf, j’ai trouvé une dent ( î ) M . L&urillard, auquel est due la détermination de tous les ossements 458 SEANCE DU Ier MAI 1843. molaire d’ours, la première tnberculaire inférieure droite, une première phalange d’ours, enveloppées dans une terre argileuse vivement colorée par l’oxide de fer et mélangée de cailloux et de fragments de roches détachés de la caverne. La consistance de la gangue dans laquelle les os sont engagés est très variable; à Falicon, elle est très solide et forme une espèce de poudingue calcaire à fond brun , tandis qu’à Château-Neuf et au Lazaret elle est extrêmement molle. Les cavernes de Nice, au nombre de dix à douze, promettent une très riche moisson au naturaliste qui voudra les explorer; plu- sieurs salles s’enfoncent dans les entrailles de la montagne et n’ont point encore été visitées; elles communiquent entre elles par des canaux verticaux fort étroits. Heureux d’avoir signalé un fait du plus grand intérêt pour l’his- toire de la terre , je laisse à de plus habiles que moi à constater et à classer ces habitants d’un ancien monde, ensevelis dans ces espèces de catacombes , travail auquel mes occupations ne me permettent pas de me livrer. Le Secrétaire annonce que M. Matheron vient de lui faire parvenir la première partie des procès-verbaux de la réunion extraordinaire que la Société a tenue à Aix, en septembre dernier, et lui fait espérer l’envoi prochain du reste. MM. Angelot, de Pinteville, Raulin et de Wegmann se succèdent pour donner lecture de ces procès-verbaux, dont le contenu donne lieu à quelques observations de la part de M. Alcide d Orbigny. M. Leblanc montre à la Société la carte murale géognos- O O tique de l’Allemagne , par Wœlter, avec une explication, publiée en 1842 à Eslingen, carte qui lui a été envoyée par les libraires Brockhaus et Avenarius. Il fait observer que ce travail, tout en n’étant qu'une repro- précédents à l’aide d’un bon dessin envoyé par M. INaudot, pense que cette prétendue tête de rongeur est une mâchoire inférieure d’une-lrès petite espèce de Campagnol , dont le eondyle articulaire et l’apophyse coronoïde ont été brisés. La lame externe de l’os , enlevée en deux en- droits , laisse voir antérieurement les alvéoles des dents que M. Naudot a prises pour les fosses nasales , et postérieurement un trou qui a été re- gardé comme l’orbite. Cette mâchoire, par sa petitesse, indique une espèce particulière si elle est d’un individu adulte. SEANCE DU 15 MAI 1813. 450 ducfion à plus grande échelle de celui de Declien , est remar- quable par sa destination aux écoles, en ce qu’il montre par là Tétât d’avancement de la science en Allemagne. Il fait remarquer encore que cette carte est coloriée au moyen de poncis découpés , analogues à ceux qui ont servi pour colorier les coupes géologiques des environs de Paris, publiées en 1840 à Paris pour le service du génie, chez A n - driveau. Il a été rendu compte à cette époque dans le Bul- letin des détails du procédé. Peut-être est-ce cette idée que les Allemands ont suivie, ou peut-être encore la nécessité de diminuer le prix du coloriage des cartes les a-t-elle con- duits au même résultat. Séance du 15 mai 1842. PRESIDENCE DE M. ALC. d’oRBIGNY. M. Angelot, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Le Président proclame membre de la Société : M. Lecaisne Lemaire , propriétaire à Saint-Quentin (Aisne) , présenté par MM. Alcide d’Orbîgny et Angelot. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. La Société reçoit : De la part de M. Aie. d’Orbigny, les nos 61 — 64 de sa Pa- léontologie française , terrains crétacés , et le 2e des terrains jurassiques du même ouvrage. De la part de M. G. Balsamo Crivelli, son Extrait d’un Mé- moire sur le Métamorphisme , etc., avec des réflexions sur l’existence prétendue du terrain houiller en Lombardie, en Italie, 8 p, ; Milan, 1842. De la part de M. l’abbé Dupuy, son Essai sur les mollusques terrestres etfluviatiles , etc. , du département du Gers , 140 p. , 1 pl. ; Paris, 1 843. De la part de M. P. Jacquemont, Voyage dans l’Inde pen- dant les années 1828 à 1832, deV. Jacquemont, 46e et 47e livr. 460 SÉANCE DU 15 MAI 1843- De la partie M. Rocîerik Impey Murchison, son Address de-\ livered , etc. (Discours prononcé à la réunion anniversaire de la Société géologique de Londres), 118 p. ; Londres, 1843. La Société reçoit en outre les publications suivantes: Comptes-rendus des séances de V Académie des sciences pour Vannée 1843, 1er semestre, t. XVI, n° 18. Annales des mines , etc., 4e série, t. II, 5e livraison de 1842. Journal des savants, avril 1843. Bulletin de la Société de géographie 3 2° série, n° 110, fé- vrier. Le Mémorial, revue encyclopédique des sciences, avril 1843. The Mining Journal , nos 402 et 403. The Atlienœum , nos 8 10 et 811. Vue du terrain houiller du Spitzberg , une demi-feuille, par M. Eugène Robert. Nouvelle carte des environs de Paris , dressée par M. Victor Raulin-, d’après les cartes les plus récentes, et notamment d’après la nouvelle carte de France publiée par le Dépôt de la guerre ; Paris, Ch. Picquet , 1843 , une feuille grand-aigle. Enfin la Société reçoit, de la part de M. Desmoulins, cinq échantillons de fossiles, à l’appui d’une lettre sur le genre Globiconcha , de M. Ale. d Orbigny. M. Aie. d Orbigny cède le fauteuil à M. d’Archiac, vice- président, et lit le Mémoire suivant: Considérations géologiques et gèologico- géographiques sur l’ensemble des mollusques Gastéropodes des terrains cré - tacés . Examen critique du nombre des espèees. Les espèces de gastéropodes des terrains crétacés , décrites jus- qu’ici par les auteurs , sont en tout au nombre d’environ quatre- vingts , dont le quart seulement m’est inconnu; et leur examen, sous le rapport de la synonymie, des variétés d’âge, des altéra- tions dues à la fossilisation , les a réduites à une quarantaine. Ma publication ayant donné en Fiance une grande impulsion SÉANCE DU 15 MAI 1843. 461 aux recherches paléontologiques, les géologues se sont empressés d’y concourir. Chacun d’eux a fait, dans un cercle plus ou moins ! étendu , de nombreuses découvertes, dont le produit, augmentant la somme des matériaux que j’avais déjà réunis, présente un en- semble immense. Etudié avec le plus grand soin , cet ensemble m’a donné trois cent vingt-cinq espèces, parmi lesquelles il s’en trouve au moins deux cent cinquante nouvelles pour la science, résultat prouvant, plus que tout ce qu’on pourrait dire, la ri- j cliesse paléontologique jusqu’ici inconnue de notre France , ! qu’avant mes travaux on regardait comme très pauvre sous ce rapport. J’ai déjà dit que je n’attachais qu’un intérêt secondaire (1) au ! nombre des espèces ; car mon principal but est l’application posi- tive de la paléontologie à la classification naturelle des terrains; ■ mais pour atteindre ce but, la multiplicité des matériaux discutés , j quant à leur horizon géologique , n’est plus indifférente, puisqu’il j est certain que leur valeur augmentera en raison progressive de la somme des faits rassemblés, de manière à convertir des don- nées d’abord incertaines en certitudes mathématiques. C’est ainsi qu’en réunissant et en comparant les 593 espèces de céphalopodes et de gastéropodes , suivant leur superposition au sein des couches j terrestres, je suis parvenu à diviser les terrains crétacés en étages distincts, renfermant chacun sa faune spéciale, et représentant une époque géologique plus ou moins tranchée, suivant l’impor- ; tance, la valeur comparative ou l’éloignement des causes pertur- batrices qui les ont produites (2). Les divisions que les faunes m’ont fait conserver et circonscrire sont les suivantes : la craie blanche , la craie chloritce , le gaalt , le terrain aptien et le terrain néocomien. Je dirai ici quelques mots sur la terminologie de ces terrains, sur le vague et l’incertitude que peut laisser dans l’esprit tout nom basé, suivant les localités , sur un seul caractère, que ce caractère soit minéralogique ou dé- terminé par la couleur et la nature des roches. On a donné le nom.de craie blanche h cette immense surface de i craie supérieure, essentiellement blanche, du bassin parisien. Cette détermination lui est très applicable aux lieux où elle lui a ( 1 ) Paléoni. franç. Terr. crét. , t. I, p. 4 17* (2} Voyez, partie paléontologique de mon Voyage dans L’Amérique néridionale , la comparaison et les considération* dans lesquelles je suis miré relativement aux traces des effets généraux sur le globe et aux causes pii ont pu les déterminer. 402 SÉANCE DU 15 MAI 1843. été primitivement donnée, mais elle peut devenir la source de . plus d’une erreur. Les couches de craie chloritée du bassin de la Loire et du bassin pyrénéen sont aussi très blanches et ne diffèrent en rien sous le rapport minéralogique, tandis qu’au contraire 1 dans les Pyrénées (à Soulage, Aude, l’horizon géologique qui j correspond à la craie blanche parisienne est bleuâtre et perd sou identité d’aspect. Il en résulte que d’un côté on peut appeler mi- néralogiquement craie blanche des étages bien différents par leur composition zoologique et leur position relative, tandis qu’en 1 d^autres lieux ce même étage ne saurait plus être appelé craie blanche, attendu qu’il est bleu et marneux. Pour obvier à cet inconvénient, je pense qu’on doit suivre une nomenclature déjà I adoptée , et que personne n’a cru devoir changer précisément 1 parce qu’elle ne veut rien dire de relatif à la couleur ou à la com- position minéralogique. Nos voisins ont formé les noms de ter- rains dévonien, silurien, cambrien , bathonien , oxfordien, kim- I méridien, portlandien , néocomien. Pourquoi ne suivrions-nous pas leur exemple en France? L’adoption de cette méthode aurait le double avantage de donner une nomenclature uniforme , eu- phonique, et de faire disparaître toute trace de la composition minéralogique , si variable suivant les localités. C’est dans le but de rétablir cette uniformité de terminologie que je propose pour l’horizon géologique de la craie blanche le nom de terrain séno- j nien, Sens, l’antique Senones , étant situé précisément au milieu j de la craie blanche. Craie chloritée. Cet étage a reçu beaucoup de noms divers suivant la nature minéralogique : on l’a appelé craie chloritée , \ glauconie crayeuse , parce qu’au Havre , à Honfleur , par exemple, il renferme aux parties inférieures beaucoup de points verts. Mais cette dénomination ne peut être généralisée , puisque le même horizon géologique est entièrement blanc sur beaucoup de points des bassins pyrénéen et de la Loire; qu’il est bleuâtre et marneux ailleurs; qu’il est encore représenté par des grès rouges à Uchaux (Vaucluse), à l’île d’Aix (Charente-Inférieure), par des grès quartzeux rouges , gris ou blancs , dans la Sarthe, par des marnes bleues à l’île Madame (Charente-Inférieure), par des calcaires noi- râtres dans les Pyrénées. On l’a appelé craie tuf au dans le bassin de la Loire ; mais ce nom n’est pas meilleur , comme on le voit par la comparaison qui précède. Il en est ainsi du nom de grès vert ( greensand ), qu’on ne peut conserver à de la craie de couleur blanche ou jaune, à des grès rouges, etc. D’ailleurs, les grès mi- néralogiques des terrains crétacés, de la France, par exemple, SÉANCE DU 15 MAI 1813. 463 appartiennent par leurs faunes à deux étages bien tranchés. Tous les grès rouges , blincs ou verts, situés à l’O. et au S. , tels que ceux de laSarthe , de l’îlede Noirmoutiers, de l’île d’Aix et de la Provence, appartiennent sans exception à l’étage de la craie chlo- ritée, tandis que tous ceux de l’E. dans l’Aube, l’Yonne , lallaute- Marne, les Ardennes et ceux de la perte du Rliône , dépendent du gault. Il en résulte que les noms de craie chloritée , de glauconie crayeuse , de craie tuf au, de grès vert , ne peuvent être appliqués partout sans amener de la confusion et sans induire en erreur le géologue qui ne pourra embrasser toute l’étendne de la France. Pour obvier à cet inconvénient, je propose de désigner à l’avenir l’étage qui m’occupe sous le nom de terrain turonien, de la ville de Tours, Turones , ou de la Touraine, Turonia , situées sur ces terrains. Gault. L’étage ainsi nommé de ses argiles varie on ne peut davantage sous le rapport minéralogique. Il est , en effet, formé d’argiles aux parties moyennes, à Wissant ( Pas-de-Calais), aux Côtes-Noires (Haute-Marne), au Gaty, à Maurepaire, à Dieu vil le ( Aube ) et à Folkstone , Angleterre. Mais à Wissant même , à Ervy ( Aube ) , à Saint-Florentin ( Yonne ), à la perte du Rhône ( Ain ), àMachéroménil (Ardennes), à Varennes (Meuse), il est aussi composé de grès verts, de grès bleuâtres; à Escragnolles ( Yar), il est représenté par une véritable glauconie crayeuse ; à la mon- tagne des Fis (Savoie), par des roches noirâtres compactes. On voit donc que les noms de gault, de glauconie sableuse , de grès vert inférieur, ne peuvent non plus être proprement appliqués dans tous les cas , ce qui me détermine à proposer pour cet étage le nom de terrain albien, l’Aube [Alla] le traversant à Bien ville et sur beaucoup d’autres points. J’ai déjà donné le nom de terrain aptien pour les argiles à plicatules ou terrain néocomien supérieur (1) , et j’ai conservé le nom de terrain néocomien pour l’étage le plus inférieur des ter- rains crétacés. D’après ces nouvelles vues, les étages avec Iteurs dénominations nouvelles et leur synonymie seraient les suivants dans leur ordre de superposition : Terrain néocomien, calcaire à spatangues, etc. Terrain aptien, argile à plicatules, argile ostréenne, argile téguline. Terrain albien, le gault , la glauconie sableuse, le bleu clay, le grès vert. (1) Paléont. franc. Terjf. crét. , t I , p. 63 1. 464 SÉANCE DU 15 MAI 1843. Terrain türonien, la craie chloritée, la craie tufau, la glau- conie crayeuse, le grès vert supérieur, etc. Terrain senonien 7 la craie blanche ou craie supérieure. Il y aurait dès lors cinq divisions naturellement admissibles dans les terrains crétacés. Je les réunis pourtant en trois grands groupes, le terrain sénonien contenant des espèces communes avec le terrain türonien , et le terrain aptien paraissant aussi dé- pendre, pour les formes zoologiques, du terrain néocomien. Division des Gastéropodes par étages. Les trois cent vingt-cinq espèces de gastéropodes sont ainsi dé- terminées : - , . ( Terrain néocomien . 81 ) ° \ terrain aptien. . . 9) Etage aptien ou gault Terrain türonien. . 1 34 ^ Terrain sénonien. . 2 4) 90 espèces. 77 id. 158 id. Sans tenir compte des formes, ces chiffres suffiraient pour dé- montrer que les Gastéropodes vont en augmentant de nombre, des terrains inférieurs aux supérieurs ; précisément l’inverse de ce qui est arrivé pour les Céphalopodes (1). Ainsi, d’un côté, les Céphalopodes diminuent au fur et à mesure du refroidissement du globe , en s’approchant des terrains tertiaires , tandis qu’au con- traire les Gastéropodes croissent en proportion de ce refroidisse- ment. Au sein des mers tertiaires, les gastéropodes fossiles sont à leur maximum de développement numérique, mais en moins grand nombre cependant que sur le littoral des mers actuelles, où les Céphalopodes se trouvent relativement si peu multipliés. Si l’on cherche d’où peut provenir une différence aussi remar- quable de résultats entre ces deux classes de mollusques, on devra naturellement l’attribuer aux conditions d’existence dis- tinctes, nécessaires aux deux séries. Les Céphalopodes sont, en effet, des animaux essentiellement voyageurs et des hautes mers, tandis que les Gastéropodes sont sédentaires et côtiers. Les pre - miers vivaient au sein des mers, les seconds sur le littoral des continents. Les premiers devaient plus particulièrement profiter de la chaleur intérieure de la terre, tandis que la température extérieure du globe suffit aux autres, comme on en peut juger par le grand développement des Gastéropodes à l’époque actuelle. (î) Paléoni . franç. , t. I , Ten\ crét. , p. 6i5. SÉANCE DU 15 MAI 1843. 4 Espèces de Gastéropodes du terrain néocomien. Turitella , Lamarck: — angulata , d’Orb. ; — Dupinana . d’Orb ; — Lœvigata , d’Orb. Scalaria , Lam. ; — albensis . d’Orb ; — canaliculata , d’Orb. Eulima , — albensis, d’Orb. ; — melanoides , Deshayes. Nerinea , Defrance; — archimedi , d’Orb. ; — bifurcata . d’Orb. ; — Carteroni , d’Orb. ; — Chamouseti , d'Orb. ; — Coquandiana , d’Orb. ; — Dupiniana , d’Orb. ; — gigantea , dHombres; — lobata , d’Orb ; — matronensis , d’Orb. ; — Renauxiana , d Orb. : — Royeriana , d’Orb. Acteon , Mon fort ; — affinis , d’Orb. ; — albensis, d’Orb. ; — Àstieriana , d’Orb.; — brevis . d’Orb. ; — Dupiniana , d’Orb. • — marginata . d’Orb. ; — ringens, d Orb.; — scalaris, d’Orb. Avellana , d'Orb.; — ,g lobulosa , d’Orb. Nat ica, Lam.; — bulimoides, d’Orb.;, — Coquandiana , d’Orb.; — Hugardiana . d’Orb.; — lœvigata j d’Orb.; — prœlonga , Desh. Neritopsis. Sow.; — liobiniausiana, d’Orb. Trochus, Lam.; — albensis, d’Orb ; — Aslierianus , d’Orb.; — dentigerus, d’Orb.; — marollinus, d’Orb.; — striât ulus, Desh. Solarium, Lam. ; — Dupinianum, d’Orb.; — neocomiense, d’Orb. Delphinula, Lam.; Soc. géol. Tome XIV. Delphinula Dupiniana, d’Orb. Turbo, Lam. ; — acuminatus. Desh.; — Desvoydii , d’Orb. ; — elegans , d'Orb.; — inconstans, d’Orb. ; — Mantellii, Leym.; — marollinus, d Orb. ; — yonninus, d’Orb. Pliasianella, Lam.; — neocomiensis, d’Orb. Pleurotomaria, Defr. ; — albensis, d’Orb.; — Carteroni , d’Orb.; — Dupiniana, d’Orb.; — elegans, d’Orb.; — neocomiensis, d’Orb.; — Pailleteana, d’Orb.; — provencialis, d’Orb.; — Robinaldi, d’Orb. Rosiellaria, Lam.; — alpina, d’Orb.; — Astieriana, d’Orb.; — Dupiniana, d’Orb. ; — Robinaldina, d’Orb. Pterocera, Lam. : — Reaurnontiana , d’Orb. ; — Dupiniana , d’Orb.; — Emerici , d’Orb.; — Moreausiana , d’Orb.; — pelagi, d’Orb.; - — speciosa, d’Orb. Fusas, Lam.; — infracretaceus, d’Orb.; — neocomiensis, d’Orb ; — ornatus, d’Orb. Colombellina, d'Orb.; — monodactylus, d’Orb. Cerithium, Adanson ; — albense, d’Orb.; — Beaudouini , d’Orb.; — Clementinum d’Orb.; — Dupinianum , d’Orb.; — Caudryi , d’Orb.; — marollin um, d’Orb. ; — nassoides, d’Orb.; — neocomiense, d’Orb.; — Phiilipsii, Leym.; — terebroides, d’Orb. Emarginula, Lam.; — neocomiensis. 3o SÉANCE DU 15 MAI 1843. 488 Aucune des espèces citées ne s’est trouvée simultanément dans le terrain jurassique , et je n’en connais aucune qui passe dans les couches aptiennes. Pour moi, les rognons disséminés au dessous des argiles à plicatules , ainsi que les plus grands amas de ces ro- gnons en petites couches qui couvrent les minerais de fer du pont Varinprèsde Wassy, dans lesquels M. Cornuel et moi nous avon& reconnu des fossiles propres au terrain néocomien, ne sont que des parties enlevées aux couches néocomiennes déjà fossiles et charriées ensuite par des courants lors d’une dislocation partielle du sol. J’ai déjà réuni beaucoup de faits identiques qui feront le sujet d’un mémoire spécial. En attendant je me contenterai de dire que ces rognons , qui renferment des empreintes de coquilles bien intactes, faisaient partie de couches déjà consolidées lors- qu’ils ont été transportés où ils se trouvent actuellement. Eu résumé , aucune des espèces ne passant d’un terrain à l’autre , elles peuvent toutes être considérées comme caractéristiques. Espèces de Gastéropodes de V étage aptien. Nat ica, Lam.; — Cornueliana , d’Orb. Turbo, Linné; — clispar, d'Orb. Cerithium, Adanson ; — aptiense, d’Orb.; — Cornuelianum, d’Orb.; Cerithium Gargasense, d’Orb.; — matronense , d’Orb.; — Rouyanum , d’Orb. Vermetus , Adanson; — albensis. d’Orb. ; — Rouyanus . d’Orb. On a vu le total des gastéropodes des terrains néocomiens s’é- lever à qucitre-vingt-un r celui des espèces aptiennes monter seu- lement à ncuj r au neuvième de l’ensemble, tandis que pour les céphalopodes la proportion était un peu moins de la moitié (40 sur 91 ) (1). Cette énorme différence dans les résultats est très curieuse en ce qu’elle peut tenir encore à la distinction des né- cessités d’existence des deux séries animales. Du reste,, cet ensem- ble est trop peu de chose pour qu’on puisse rien en déduire de général. Espèces de Gastéropodes de Vétage albicn ou du gault. Belterophina , d'Orb. (2) ; Turritella , Lam. ; — Vibrayei, d’Orb. — H ugardiana , d’Orb. ; (1 ) Paléont. franç. , Terr. crét.,1. I, p. 619. (2) Ce genre, très voisin des Bellérophes , appartient probablement à la série des Nueléobranches ; il en diffère seulement par son manque de SÉANCE DU 15 MAI 1843. 467 Turritella Rauiiniana , d’Orb. ; — Vibrayeana , d’Orb. Scalaria , Lam. ; — Clementina , d’Orb. ; ■ — Dupiniana , d'Orb. ; — Gastyna , d’Orb. ; — gaultina , d'Orb. ; — Rauiiniana, d’Orb Rissoa , — ■ Dupiniana , d'Orb. Rissoina , — incerta, d’Orb. Acteon , Mont fort ; — Vibrayeana , d’Orb. Ringinella , d’Orb. ; — Clementina, d'Orb.-, — inflata , d’Orb. ; — lacryma , d’Orb. Avellana , d’Ob. ; — Dupiniana , d’Orb. : — H ugardiana , d’Orb. ; — incrassata , d’Orb. ; — ovula, d’Orb. Nat ica , Lam. ; — Clementina , d’Orb. ; — Dupinii , Leym. ; - — Ewyna, d’Orb, ; — gaultina , d’Orb. ; — Rauiiniana , d’Orb. Solarium , Lam. ; — albense , d’Orb. ; — Astierianum , d’Orb. : — cerroide , d’Orb. ; — conoideum , Filton ; — dentatum , d'Orb.; — dilatatum , d'Orb. ; — granosum , d'Orb. ; — Martinianum , d’Orb. ; — moniliferum , Mich. ; — ornatum , Fitt. Turbo , Linné ; — alpinus , d’Orb. ; — Astierianus , d Orb. ; — Cliassyanus , d’Orb. ; — decussatus , d'Orb. ; — indecisus , d’Orb. ; — Martinianus , d’Orb. ; Turbo pictetianus, d’Orb. ; — plicatilis , Desh. Pliasianella , Lam ; — Ervina, d’Orb. ; — gaultina, d’Orb. Pleurotomaria , Dcfrance; — alpin a , d’Orb ; — dimorpha , d’Orb. ; — gaultina, d’Orb.; — gurgitis . d’Orb.; — lima , d'Orb. ; — Rkodani , d’Orb. Rostellaria , Lam. ; — - calcarata , Sow. : — carinata , Mant. : — carinella , d’Orb ; — Parkinsoni , Sow. ; — tricostata , d’Orb. Pterocera, Lam. ; — bicarinata, d’Orb. Strombus, Linné ; — Dupinianus , d’Orb. Fusas, Linné; — albensis , d’Orb. ; — Clementinus , d’Orb. ; — Dupinianus , d’Orb. ; — elegans, d’Orb. ; — gaultinus , d’Orb. ; — indecisus , d'Orb. ; — Itierianus , d’Orb. ; — Vibrayanus , d’Orb. Buccinum , Lam. ; — gaultinum , d’Orb, Cerithium , Adanson ; — Ervynum , d’Orb.; — excavatum , B ron g. ; — Lallierianum , d’Orb. ; — ornatissimum , Desh. ; — subspinosum , Desh. ; — tectum , d’Orb. ; — trimonile , Michelin ; — Vibrayeanum, d'Orb. Acmœa , Esch. ; — tenuicosta , d’Orb. Dentalium , — decussatum , Sow. symétrie. C’est un Bellérophe sans sinus dont la spire est un peu visible, d’un côté seulement. J’ai dédié l’espèce, voisine du Rellerophon Urii pour la forme et les stries, à M le comle de Vibraye , à qui l’on en doit la découverte. 468 SÉANCE DU 15 MAI 18 4 3. Aucune clés espèces de cette faune ne s’est trouvée dans les ter- rains néocomiens ni dans le terrain aptien. Je pourrais en dire autant des terrains turoniens (craie chloritée). Néanmoins j’ai besoin d’entrer dans quelques détails à cet égard. A propos des céphalopodes (1), j’ai cité quelques espèces qui semblent passer du gault supérieur à la craie chloritée inférieure. Si j’examine la question sous ce point de vue pour les gastéropodes , je trouverai que deux espèces , le solarium ornatum et le ccrithium ornatissimurn propres au gault, se sont rencontrées dans la craie tufau de Va- rennes ( Meuse ) , où j’avais déjà reconnu X ammonites infiatas Je pouvais croirç, alors qu’il y avait passage ; mais j’ai reconnu depuis, dans la riche collection de M. Buvignier, à Verdun, que cette même couche renferme sur quelques points de la Meuse toutes les espèces du gault , les ammonites mamillatus , interruptus , etc. Il en résulte que ces couches ne dépendent plus de l’étage turo- nien , mais bien de l’étage albien ou du gault représenté en ce lieu par une roche blanc-jaunâtre , ayant tout à-fait l’aspect des craies tufau des autres points de la France. Dès lors il n’y aurait jusqu’à présent aucune espèce de gastéropodes passant d’un étage à l’autre , et toutes les espèces seraient caractéristiques. Espèces de Gastéropodes du terrain turonien ou de la craie chloritée. Turritella . f.am. ; — Eauga , d’Orb. ; — Coquandiana , d’Orb, ; — difpcilis , d'Orb. ; — Guerangeri , d’Orb. (2) ; — Goupiliana , d’Orb. (5) : — granulata , Sow. ; — ornata , d’Orb. f4)‘« — Renauxiana , d’Orb ; — Requieniana , d’Orb. ; — uchauxiana , d’Orb. ; — Verneuiliana , d Orb. Scalaria , — Guerangeri d Orb. (5). Eu lima , — amphora, d Orb ; — Requieniana , d’Orb. Chemnitzia , d’Orb. ; — inflata, d'Orb. ; — mosensis , d’Orb. ; — Pailleleana , d Orb. ; Nerinea, Dclrance; — Aunfciana, d Orb. ; — Bauga , d’Orb. ; — brevis , d Orb. ; — Fleuriosiana , d’Orb. ; — monilifera , d’Orb. ; — Pailleteana , d’Orb. ; (1) Paléont. franc. , t. I , p. 6‘i5. (2) Espèce voisine du T. granulata à 6 côtes inégales, de la craie chloritée. (3) Espèce du même lieu , à gros tubercules , caractère rare dans le genre. (4) Espèce du même lieu , à 7 côtes longitudinales obliques et à 6 côtes transversales partout. (5) Jolie espèce voisine du S. canaliculata , d’Orb. SÉANCE DU 15 MAI 1843. A Nerinea paupera, d’Orb. ; • — pulcheUa , d’Orb.; — regularis , d Orb. : — Requieniana , d'Orb. ; ■ — subcequalis , d'Orb. ; — uchauxiana , d’Orb. Pyramidella, Lain. ; — canaliculata , d’Orb. Âcteonelia , d’Orb. ; — crassa , d’Orb. ; — gigantea d’Orb. ; — lœvis , d’Orb. ; — Renauxiana , d’Orb. Acteon, Monfort; — - ovum , d’Orb. Ringinella , d’Orb. ; — Mailieana , d'Orb. Avellana , d'Orb. ; — Archiaciana , d’Orb. ; — cassis , d’Orb.; — Rauliniana , d’Orb. Globiconcha , d’Orb. ; — rotunda , d’Orb. Nat ica , — bulbiforniis , Sow. ; — cassisiana, d Orb. ; — difficilis , d’Orb.; — lyrata, Sow.; — Martinii , d'Orb. ; — Matheroniana , cV Orb.; — Requieniana , d’Orb. Narica , d’Orb. ; — cretacea , d’Orb. Neritopsis , Sow. ; — ornata , d’Orb.; — pulcheUa , d’Orb. ; — Renauxiana , d’Orb. Troc h us , Linné; — Guerangeri , d’Orb. ; — Marçaisi, d’Orb. ; — Requienianus , d’Orb. ; — sarthinus, d’Orb. Solarium f Lam. ; — Guerangeri , d’Orb. ; — scalare , d’Orb. Turbo , Linné ; — bicultratus , d’Orb. ; — cognaccensis , d’Orb. ; — cretaceus , d’Orb. ; — Goupilianus , d’Orb. ; — Guerangeri , d’Orb.; — Mai/leanus , d'Orb. ; — obtusus , d’Orb. ; Turbo Renauxianus , d’Orb. ; — rotliomagensis , d’Orb., — tricostatus , d’Orb. Stomalia , Lara. ; — aspera , d Orb. Pleurotomaria , Defrance ; — Brongniartiana , d’Orb. ; — cassisiana , d’Orb, ; — falcata , d’Orb. ; — Fleuriausa , d’Orb. ; - — formosa , Leym. ; - — Galliennei , d’Orb. ; — Guerangeri , d’Orb. ; — Lahayesi , d’Orb. ; — Mailieana , d’Orb. ; — Matheroniana , d’Orb. ; — Moriausiana , d’Orb.; ’ — perspectiva , Sow. ; — Requieniana , d’Orb. ; — santonesa , d’Orb. ; — secans , d’Orb ; — simplex , d’Orb. ; — uchauxiana , d’Orb. Rostellaria , Lara. ; — inornata , d’Orb. ; — ornata , d'Orb. ; — paupera, d’Orb. ; — pyrenaica , d’Orb. ; — Requieniana , d’Orb. ; — simplex , d’Orb. ; — varicosa , d'Orb. Pterocera , Lara. ; — incerta , d’Orb. ; — inflata , d’Orb. ; — marginata , d’Orb. ; — polycera , d’Orb. Strombus , Lam. ; — inornatus , d’Orb. Pterodonta , d’Orb. ; — elongata , d'Orb, ; — Guerangeri , d’Orb. ; — inflata , d’Orb. ; — intermedia, d’Orb. ; — ovata, d’Orb, ; — pupoides , d’Orb. ; — scalaris , d'Orb. Conus , Lara. ; — tuberculatus , Dujardin. V oluta , Linné ; — elongata , d’Orb. ; — Gasparini , d’Orb. ; — Guerangeri , d'Orb ; — Lahaysii , d’Orb. ; 470 SÉANCE DU 15 MAI 1843. Voluia Renauxiana, d’Orb. ; — Requieniana , d’Orb. Mitra , Lam, ; — cancellata , Sow. Fusus , Linné; — Marrotianus , d’Orb. ; — Renauxianus , d'Orb. ; — Requienianus , d’Orb. ColombeUina , d’Orb. ; — ornata, d’Orb. Cerit hium , Adanson ; — ataxense , d’Orb. ; — cassinianum , d'Orb. ; — cenomanense , d’Orb. ; — gallicum , d’Orb. ; Cerit hium Guerangeri , d’Orb. ; — limœformæ , d’Orb ; — Matheroni , d’Orb. ; — peregrinosum , d’Orb. ; — prosperianum , d’Orb. ; — provinciale, d’Orb. ; — reflexilabrum , d’Orb. ; — Renauxianum , d’Orb. ; — Requienianum , d’Orb.; — vendinense , d’Orb. Emarginula , Lam.; — Guerangeri , d’Orb. ; — Petagica , Passv ; — sanctœ Catharinœ , Passy. Espèces du terrain sénonien ou de la craie blanche „ Nerinea, Defrance ; — Marrotiana , d’Orb. ; — Perigordiana , d’Orb. ; — royana , d’Orb. A) ; — bisulcata , d’Archiaç (2). Avellana , d’Orb. ; — royana , d’Orb. Glubiconcha , d’Orb. ; — Fleuriausa , d’Orb. ; — Marrotiana , d’Orb. ; — ovula , d’Orb. Nat ica , Larn. ; — royana , d’Orb. Neritopsis , Sow. ; — lœvigata, d’Orb. Phorus, Montfort ; — canaliculatus , d’Orb. TrochuSj Linné; — Marrotianus , d’Orb. ; Trochus girondinus , d'Orb. ; difficilis , d’Orb. Turbo , Linné; — royan us , d’Orb. Phasianella , Lam. ; — supracretacea , d’Orb. Pleurotomaria , Defrance ; — Marrotiana , d’Orb. ; — royana , d’Orb. ; — turbinoides , d’Orb. ; — Espailliaceana , d’Orb. Fusus , Larn. ; — Espaillei , d’Orb. ; — turritellatus , d’Orb. ; — Fleuriausus, d’Orb. Trochatella , Lesson ; — cretacea , d’Orb. Pterocera , Lam. ; — supracretacea, d’Orb. Les gastéropodes de la craie paraissent donc se diviser, comme les céphalopodes , en deux faunes séparées, l’une propre au ter- rain turonien ou la craie chloritée , composée de 134 espèces ; l’autre spéciale au terrain sénonien ou craie blanche , renfermant (1) Très grande espèce lisse, à une seule dent à la colurnelle, et ayant des dénis momentanées comme la Nerinea Perigordina du même élage. Son angle spiral est de 20°, sa longueur de 240 millimètres. On la trouve à Royan ( Ghar.-Inf. ). (2) C'est la même espèce que la Nerinœa Espailliaceana , d'Orb. Le nom imposé par M. d’Archiac doit être préféré, comme plus ancien, et l’autre placé à la synonymie. SÉANCE DtJ 15 MAI 1843. 471 24 espèces. La diminution considérable du nombre , ainsi que lès caractères de ces espèces , annonce évidemment des espèces dis- tinetes. Aux couches inférieures , toutes les espèces sont différentes de celles du terrain albien , tandis qu’aux couches supérieures les gastéropodes ne passent pas au terrain tertiaire. Il en résulte que toutes sont spéciales à leur étage. Résumé numérique. En résumé, en n’ayant égard qu’au nombre, après la dispari- tion complète des gastéropodes des couches jurassiques supé- rieures , on voit naître, à la surface du globe , avec les premières couches des terrains néocomiens , quatre-vingt-un gastéropodes entièrement distincts des gastéropodes anéantis dans les terrains jurassiques. Ces espèces s’effacent et sont remplacées , dans les terrains aptiens, par neuf autres tout-à-fait différentes. L’étage albien ou le gault, après l’extinction des espèces des couches néocomiennes supérieures, est de nouveau marqué par la présence de soixante-dix-sept gastéropodes; mais ceux-ci sont distincts des premiers. Ils s’éteignent successivement des couches inférieures aux supérieures, et disparaissent enfin tout d’un coup à la dernière limite de cet étage. Au sein du terrain turonien ou craie chloritée se montrent cent trente-quatre espèces spéciales; elles existent plus ou moins long- temps, et finissent par s’anéantir vers les parties supérieures, où dans le terrain sénonien (craie blanche) on en trouve vingt-quatre espèces différentes des premières. Bientôt ces espèces s'éteignent à leur tour, et aucune ne passe dans les terrains tertiaires qui hs recouvrent. Les Gastéropodes des terrains crétacés seraient dès lors nés à cinq époques distinctes. Après chaque anéantissement complet des es- pèces qui existaient, il s’en présente une nouvelle série bien dif- férente de la première. On peut donc dire que les terrains cré- tacés se divisent en trois étages géologiques bien tranchés, et de plus, que deux de ces étages, le terrain néocomien et la craie , se subdivisent en deux séries découches, les unes inférieures, les autres supérieures, ayant toutes leurs espèces particulières. Ces résultats prouveraient, comme je l’ai dit pour les Céphalo- podes (1), qu’il n’existe pas quelques coquilles isolées caractéris- tiques des terrains , mais que toutes les espèces de gastéropodes sont (i) Paléont. franc. , Terr. crét. , t. I. p. 629. 472 SÉANCE DU 15 MAI 1843. caractéristiques, et pourront, quand on en fera l’application avec une critique sévère , indiquer le terrain auquel elles se rapportent. Rapports des caractères zoologiques des Gastéropodes avec les dif- férentes époques zoologiques où ils ont vécu. Afin de bien faire sentir la succession des formes zoologiques au sein des étages des terrains crétacés, je vais donner pour cha- cun de ces étages les genres et le nombre de leurs espèces , pro- cédé qui démontrera la variation ou l’identité des époques. Je me baserai seulement sur des renseignements discutés avec le plus grand soin. Turritella. . Scalaria . Etage néocomien. Espèces. Espèces. Eulima. . . . Pliasianella ISerinea . . . 1 leur olomaria. . . Acteon . . . . 8 Rostellaria. . . . . s.. 4 Avellana . . . Pterocera 6 JSatica .... 5 Fusus 3 Nentopsis . 1 Colombellina. . . . Troclius. . . 5 Cerilliium. . . . Solarium.. . Emarginula. Comparés aux dernières époques jurassiques des étages kim méridien et portlandien, on voit que dans ces couches les Gasté- ropodes se réduisent à peu de chose, et qu’ils ne montrent, par exemple, aucune espèce des genres Turitella , Scalaria , Acteon , Avellana , Solarium , Fusus , Colombellina , etc. Ainsi, non seule- ment il apparaît tout-à-coup avec les premières couches néo- comiennes une série nombreuse d’espèces nouvelles , mais encore sept genres jusqu’ici inconnus dans les faunes de la formation ju- rassique supérieure. Il y a donc eu évidemment entre la fin de la période jurassique et le commencement des terrains crétacés une grande commotion terrestre qui a détruit la faune existante , et ensuite une création tout-à-fait nouvelle donnant la preuve que les terrains néocomiens appartiennent bien positivement à la for- mation crétacée. Couches aptiennes. Espèces. . 1 2 Espèees. . . 5 Catien. Turbo. Cerithium V ermetus. 2 SÉANCE DU 15 MAI 1843. 173 Ici les faits sont si peu nombreux , soit par suite de la fossilisa- tion , soit en raison du petit nombre de Gastéropodes qui y exis- tent , qu’on n’en peut rien déduire, si ce n’est que la composi- tion zoologique était , tout en se distinguant spécifiquement , à peu près la même qu’à l’époque néocornienne. Étage albien ou gault. Espèces. Betlerophina î Turitella 5 Scalaria. 5 Rissoa. ... i Rissoina i Acteon ... î Ringinella 3 Avellana. 4 Nat ica 6 Solarium io Espèces. Turbo 8 Phasianella 2 Rostellaria 6 Pterocera 5 Strombus î Fusus 8 Buccinum î Ceritliium « 8 Acmœa i Dentalium î Comparée zoologiquement, cette nouvelle faune, entièrement distincte des couches néocomiennes quant aux espèces , offre néanmoins les plus grandes ressemblances quant aux genres et à la proportion des espèces, résultat bien différent de celui que j’ai obtenu aux Céphalopodes (1). il ne faudrait pourtant pas croire que l’identité soit complète , puisque d’un côté les genres Eulima, Nerinea et Neritopsis , repré- sentés au sein du terrain néocomien, manquent au terrain albien, et que de l’autre, les genres Bellerophina , Rissoa et Rissoina , in- connus au terrain néocomien, se montrent dans le terrain albien. On peut dire que si les formes génériques ont changé presque du tout au tout pour les Céphalopodes, les formes spécifiques seules ont été modifiées chez les Gastéropodes , résultat du reste assez puissant pour prouver la distinction bien tranchée des deux étages. Etage turonien Espèces. Turitella 1 1 Scalaria 1 Eulima 2 Chemnitzia ... 3 Nerinea i3 ou craie chloritée Espèces. Pyramidella . i Acteonella 4 Acteon i Ringinella . î Avellana 3 (î) Paléont. franç. ,1.1, Terr. crêt. , p. 632. 474 SÉANCE DU 15 MAI 18 43. Espèces. Espèce?. Globiconcha Natica Narica •• 7 . . 3 Pterocera Strombus . Pterodonta Conus 4 Trochus . . .. 4 Voluta Solarium 2 M itra Turbo Fusus Stomatia Colombellina Pleurotomaria . . . .. 17 Cerithium. . Rostellaria • • 7 Emarginula .... . . 3 J’ai dit que toutes les espèces de cette faune étaient distinctes de celles du terrain albien ; je ne reviendrai pas sur ce point ; mais je ferai ressortir les énormes différences qui existent entre les deux, Non seulement on voit la proportion de nombre changer entièrement parmi les espèces, comme pour les Turritelles, les Pleurotomaires , les Cérithes , dont le chiffre est presque doublé, mais encore il y a de grands changements dans les genres. Cinq , ayant des représentants au sein du gault ( les Belleropliina , Ris- soa , Rissoina, Buccinum et Acmœa) manquent dans le terrain tu- ronien, tandis que seize genres inconnus au terrain albien appa- raissent dans le terrain turonien , où ils composent la moitié des formes zoologiques. En effet . les genres Eulin/a , Chemnitzia , Nerinea , Pyramidella , Actœonella , Globiconcha , Narica, Neri- topsis , Trochus , Stomatia , Pterodonta , Conus , Voluta , Mitra , Colombellina et Emarginula , qui ne se sont pas montrés au sein des couches albiennes , apparaissent avec le terrain turonien. Dans ce nombre , huit genres {Pyramidella, Acteonella , Globi- concha , Narica , Stomatia , Pterodonta , Voluta , Mitra) se voient pour la première fois sur le globe , et constituent des êtres nou- vellement créés. Ainsi d’un côté quelques formes manquent dans le terrain turonien , tandis qu’elles sont remplacées par trois fois plus de formes inconnues au terrain albien et même nouvelles pour la zoologie. Ces différences négatives et positives prouvent assez , ainsi que je le prouverai plus tard , que le terrain turonien se distingue autant du terrain albien par P ensemble de sa faune que par la distribution et la superposition de ses couches. Terrain sénonien ou craie blanche. Espèces. Espèces. Nerinea 4 Globiconcha 5 Avellana i Nat ica x SÉANCE DU 15 MAI 1843. 475 Espèces. Nerilopsis î Phorus i Trochus 3 Turbo 1 Phasianella î Espèces. Pleurotomaria . . 4 Fusus 3 Infundibulum. ......... i Pterocera , i De cette liste comparée à celle des terrains turoniens , il résulte qu’il y aurait les plus grands rapports d’ensemble. Il manque pourtant beaucoup de genres , parmi lesquels les Acteonelles et les Ptérodontes, anéanties pour toujours avec les terrai ns'turo- niens où elles ne font qu’apparaître. Tous les autres ont plus tard des représentants au sein des mers tertiaires. Néanmoins le terrain sénonien renferme deux formes distinctes inconnues au sein des terrains turoniens , les genres Phorus et Infundibulum , formes qui se montrent ensuite en grand nombre au sein des ter- rains tertiaires ainsi que dans les mers actuelles. Les terrains sénoniens ou craie blanche, séparés géologique- ment, constituent bien, d’après les Céphalopodes et les Gastéro- podes, parleurs espèces dictinctes , par leurs genres différents, une série de couches à part des terrains turoniens, et intermé- diaires entre ces terrains et la formation tertiaire. Résumé. De l’ensemble des faits combinés, pour le nombre et les for- mes des Gastéropodes des terrains crétacés , je tire les conclusions suivantes : lô II existe des limites tranchées entre les faunes propres à chaque formation ou terrain , puisque aucune des espèces de Gas- téropodes ne passe jusqu’à présent des terrains jurassiques aux terrains crétacés , ni des terrains crétatés aux tertiaires. 2° Il existe à chaque grande époque géologique , non seule- ment des espèces distinctes , mais des genres et des formes zoolo- giques spéciales.- 3° Ce changement de formes dans la succession des êtres est d’autant plus marqué qu’il a lieu entre des époques plus impor- tantes. H y a plus de différence entre les 'ormes propres aux ter- rains jurassiques et crétacés, entre les terrains crétacés et ter- tiaires qu’il n’y en a, par exemple, entre les différents étages des terrains crétacés. 4° Les affinités qu’on remarque entre les différents genres pro- pres aux étages des terrains crétacés prouvent évidemment , non SÉANCE DU 15 MAI 18i3. 4~6 seulement que ces étages appartiennent à l’une des grandes cou- pes géologiques , mais encore qu’ils se séparent nettement , sous le rapport des affinités des étages, des terrains jurassiques et des terrains tertiaires, qui ont aussi leurs caractères généraux et spé- ciaux par étages : ainsi les terrains crétacés constituent bien une formation , un terrain distinct des terrains jurassiques et ter- tia res. 5° Les différents étages des terrains crétacés , tout en offrant des affinités, des passages, dans quelques formes génériques, ont pourtant leurs genres de Gastéropodes, ou tout au moins des groupes d’espèces spéciaux : indépendamment des espèces dis- tinctes, on troufe les étages ainsi caractérisés: L’étage néocomien par les Nérinées, qui manquent dans le gault. L’étage albien par les Bellerophina , les Rissaa , etc. , inconnus au terrain néocomien. L’étage turonien par seize genres inconnus aux terrains infé- rieurs, parmi lesquels les Acteonella et le Pterodonta y naissent et y meurent sans passer aux autres étages. Les terrains sénoniens par les Phorus et les Trochatella , inconnus aux terrains turoniens. 6° Dans tous les cas , les espèces de Gastéropodes sont distinctes par terrains et suivant les étages de ces terrains, et toutes peu- vent servir à le faire reconnaître, sous quelque forme minéralo- gique que ces étages se présentent (1). 7° Aucune transition ne se montrant dans les formes spécifi- ques, les êtres paraissent se succéder à la surface du globe , non par passage, mais par extinction des races existantes, et par le renouvellement des espèces à chaque époque géologique. 8° Les Gastéropodes , pris dans leur ensemble, ont, suivant l’ordre chronologique des faunes propres aux étages , marché du simple au composé. Beaucoup de genres inconnus aux terrains jurassiques se sont montrés avec les terrains néocomiens , d’autres avec le terrain albien , un plus grand nombre encore avec le ter- rain turonien , comme si la nature se perfectionnait de plus en plus en approchant de nous. Ces résultats démontrent que l’ensemble des Gastéropodes n’a changé en rien les conclusions auxquelles les Céphalopodes seuls (î) La trop grande facilité avec laquelle on détermine les espèces, ainsi que le peu de soin apporté à l’examen local des couches lorsqu’elles soûl réduites à une mince épaisseur, paraît être la cause des prétendus passages ou mélanges indiqués par quelques auteurs. SÉANCE DU 15 MAI 1843. 477 m’avaient ammené (I) : aussi deux séries distinctes d’êtres, les uns des hautes mers et les autres côtiers, se trouvent-elles abso- lument dans les mêmes conditions de répartition au sein des cou- ches terrestres, venant se corroborer l’une l’autre, quant aux considérations géologiques : seulement les conclusions zoologi- ques sont différentes, puisque les Gastéropodes ont augmenté de nombre et de variétés de formes, des étages inférieurs aux supé- rieurs, tandis que les Céphalopodes ont d’un côté diminué de nombre des couches inférieures aux supérieures, tout en multi- pliant leurs formes, suivant cette succession, jusqu’au terrain turonien , pour disparaître presque entièrement ensuite avec les couches supérieures de la formation crétacée. Considérations géo logico -g éogra p h iq u e s . Je ne reviendrai pas ici sur ce que j’entends par bassins géogra- phiques, l’ayant déjà dit depuis longtemps (2). Je vais chercher à reconnaître par des considérations d'un autre ordre et en com- parant les faunes respectives, comment les choses se sont passées suivant les étages au sein de ces bassins , et quelles modifications ont eu lieu dans les conditions comparatives de ces mêmes bassins. Etage néocomien. BASSIN PARISIEN. BASSIN MÉDITERRANÉEN. Total des espèces (3) 70 Total des espèces . 20 Espèces communes avec le bas- Espèces communes 5 sin méditerranéen 5 Espèces spéciales., . i5 Espèces spéciales au bassin. ... 65 La comparaison de ces chiffres paraît prouver un plus grand développement dans les conditions d’existence des Gastéropodes du bassin parisien, et une faune distincte. On voit, en effet, 70 Gastéropodes au bassin parisien , et seulement 20 au bassin méditerranéen , précisément l’opposé du résultat obtenu pour les Céphalopodes (4). Ainsi les Céphalopodes de la faune néocomienne seraient cinq fois plus nombreux dans le bassin parisien, tandis (1) Paléont. franç. , Terr. crét. , t. I , p. 4^9 et 636. (2) Paléont. franç . , Terr. crét. , t. I . p. 4^9 et 636. (3) Ayant donné dans Ip tableau toutes les espèces de chaque étage , je ne reproduirai ici que les nombres. (4) Paléont. franç. , Terr. crét. , t. I , p. 636. 478 SÉANCE DU !5 MAI 1843. que les Gastéropodes seraient trois fois plus multipliés au sein du bassin parisien. Ces énormes différences semblent dénoter des con- ditions d’existence distinctes. J’ai dit que les Céphalopodes étaient des hautes mers. Les Gastéropodes sont côtiers par excellence. Il faudrait donc déduire de ce fait et du nombre élevé des espèces de Gastéropodes spéciales à chaque bassin en particulier, que non seulement ces bassins étaient circonscrits par des limites tranchées, mais encore qu’ils différaient suivant les possibilités vitales des êtres. 11 fallait , d’un côté , au bassin parisien , plus de profondeur, condition indispensable au développement des Céphalopodes et des côtes abruptes où les Gastéropodes ne pouvaient exister qu’en petit nombre, tandis que, de l’autre, le bassin parisien , moins propre aux Céphalopodes , devait avoir un grand développement de côtes peu profondes propres à l'existence des Gastéropodes. En résumé , le nombre des espèces communes aux deux bassins an- nonce une parfaite contemporanéité d’époque, et la composition des séries géologiques , ainsi que le nombre des espèces distinctes, fait croire que les deux bassins étaient bien séparés et sous des influences différentes propres au développement , Tune de la zoo- logie entière . l’autre de la zoologie pélagie nne. Dès mes premières recherches sur la circonscription des bassins aux diverses époques géologiques , j’avais reconnu que les terrains néocomiens manquaient au sein des bassins pyrénéen et de la Loire ou ligérien (l). Depuis , j’ai fait plusieurs courses dans le but de chercher si le fait était général ou exceptionnel ; mes résultats ont tous été négatifs pour ces deux bassins. En effet , les dernières cou- ches du terrain turoniende la Loire, comme j’ai pu m’en assurer , reposent , sans intermédiaire , à Saint-Côme , à la Ferté-Bernard , à Lamnay, à Ecornoy (Sarthe), soit sur le coral-rag , soit sur le terrain oxfordien; àTourtenay , aux environs de Thouars( Deux- Sèvres), sur le lias ou l’oolite inférieure. Les dernières couches crétacées du bassin pyrénéen sont aussi le terrain turonien; elles reposent immédiatement sur les terrains kimméridien et poi tlan- dien , près de l’embouchure de la Charente , aux environs de Co- gnac, de Saint-Jean-d’Angély , et près d’Angouléme. Il paraîtrait donc bien certain que les terrains néocomiens manquent totalement au sein de ces deux bassins , où l’ordre de superposition passe de suite des couches jurassiques moyennes au terrain turonien, sans montrer de-traces des deux grands étages néocomien et albien. (î) Paléont. franc. , Terr. crêt. . t. I . p. 444 et @37. SÉANCE DU 15 MAI 1813. 479' Groupe du terrain aptien. BASSIN PARISIEN. BASSIN MÉDITERRANÉEN. Toi al dos espèces 8 Total des espèces 4 Espèces communes 3 Espèces communes 3 Espèces spéciales 5 Espèces spéciales i Les couches aptiennes, peut-être moins propres à la conserva- tion des espèces, ne m’ont montré en France, indépendamment de beaucoup de restes mal caractérisés, que trop peu de matériaux pour qu’on puisse rien en déduire de positif. Du reste , les rapports de conditions d’existence paraissent être identiques aux rapports obtenus aux terrains néocomiens, quant au plus grand nombre d’espèces du bassin parisien et à la contemporanéité d’époque prouvée par les espèces identiques communes aux deux bassins. Je n’ai pas non plus rencontré, au sein des bassins pyrénéen et de la Loire, de traces de ces terrains si développés aux bassins pari- sien et méditerranéen. Étage du terrain albien ou gault. BASSIN PARISIEN. BASSIN PYRÉNÉEN. Total des espèces 16 Total des espèces 36 Espèces communes 20 Espèces communes 20 Espèces spéciales ... 4i Espèces spéciales 16 Au terrain néocomien, on a vu les espèces de Gastéropodes com- munes aux deux mers s’élever, pour le bassin parisien le mieux exploré , à un quatorzième ; au sein du terrain albien, les espèces communes sont d’un tiers. D’un autre côté, les proportions se rapprochent entre le nombre total comparatif des espèces des deux mers. Il paraîtrait probable , comme je l’ai dit pour les Céphalo- podes (1), que le plus grand nombre des espèces communes ne peut s’expliquer que par des communications plus immédiates entre les deux mers, produites par des commotions géologiques. S’il n’en était pas ainsi, il n’y aurait aucune raison pour que les rapports ne fussent restés les mêmes. Les nouveaux faits apportés par l’étude des 77 espèces de Gastéropodes feraient donc croire que les mers albiennes , tout en conservant les mêmes proportions zoologiques rencontrées au terrain néocomien , se seraient en- (i) Paiéont. franc. , Tcrr. crét. , t. I, p. 63g. 480 -SEANCE DU 15 MAI 1843, ricliies d’un p!us grand nombre d’espèces communes, annonçant des communications plus larges. Les bassins paraissent néanmoins être distincts, à en juger par le grand nombre d’espèces spéciales ( les deux tiers pour le bassin parisien ). Mes nouvelles observations prouvent de plus que les bassins pyrénéen et de la Loire n’ont, en aucun point, participé à la faune des terrains albiens , restreinte jusqu’alors aux bassins pai i- sien et méditerranéen. J’ai encore voulu m’assurer, par des recher- ches sur les lieux, si le terrain albien , des plus morcelés, avait subi de grands remaniements partout , et ici les faits sont venus corroborer et fortifier cette opinion. Lorsqu’on voit, par exemple, les bancs remplis de fossiles , être composés à Macheroménil , à Sauce-aux Bois (Ardennes) , de rognons de matières différentes de la masse qui les recèle , on ne peut plus douter de ces rema- niements et des grandes perturbations des mers , postérieurement au gault ou terrain albien. Etage turonien ou de la craie chloritéc. BASSIN PARISIEN. BASSIN MEDITERRANEEN. Total des espèces 22 Espèces communes avec le bas- sin méditerranéen . . 6 Espèces communes avec le bas- sin pyrénéen 1 Espèces communes avec le bas- sin de la Loire » Espèces spéciales . i5 Total des espèces. 68 Espèces communes avec le bas- sin parisien 6 Espèces communes avec le bas- sin pyrénéen 9 Espèces communes avec le bas- sin de la Loire 6 Espèces spéciales 49 BASSIN PYRÉNÉEN. Total des espèces 37 Espèces Communes avec le bas- sin parisien 1 Espèces communes avec le bas- sin méditerranéen j. 9 Espèces communes avec le bas- sin de la Loire 6 Espèces spéciales 22 BASSIN DE LA LOIRE. Total des espèces 68 Espèces communes avec le bas- sin parisien 6 Espèces communes avec le bas- sin méditerranéen o Espèces communes avec le bas- sin Pyrénéen 6 Espèces spéciales 29 Jusqu’à présent je n’avais eu pour les couches inférieures que deuxbassins à comparer, les bassins parisien et méditerranéen ; mais les mers des terrains crétacés de la France ont évidemment subi de grands changements , puisqu’à l’instant où se déposaient les SÉANCE DU 15 MAI 1843. 481 couches inférieures des terrains turoniens ou de la craie chloritée, elles envahissent à la fois tout le grand bassin de la Loire et le bassin plus vaste des Pyrénées, étrangers jusqu’alors à la forma- tion crétacée. Aussi ai-je à comparer entre eux , lors du troisième étage des terrains crétacés , quatre bassins dont la contempora- néité est démontrée par les espèces communes , tandis que le plus grand nombre d’espèces spéciales prouve qu’ils étaient néanmoins séparés et plus ou moins circonscrits. Si je cherche même sous ce point de vue quels rapports plus immédiats existent entre ces dif- férents bassins, j’arriverai à des conséquences qui ne manquent as d’intérêt. Le bassin parisien offre, sur vingt-deux espèces, six espèces com- munes a vec le bassin méditerranéen , une seule avec le bassin pyré- éen , et aucune avec le bassin de la Loire. Ce résultat inattendu ferait roire que le terrain parisien , tout en étant plus éloigné du bassin méditerranéen que des autres , avait pourtant plus de communi- ations immédiates, tandis que, très voisin et toujours considéré omme une de ses dépendances , le bassin de la Loire lui est plus tranger, puisque jusqu’à présent on n’y rencontre pas une seule spèce de gastéropodes identique. Il fallait donc qu’à l’instant où e déposaient les terrains turoniens, il y eût une saillie qui séparât es deux mers, saillie aujourd’hui inconnue, puisqu’à ses parties L-E. le bassin crétacé de la Loire paraît communiquer et se con- ondre avec le bassin parisien. Si les considérations paléontologi- [ues m’amènent à ce résultat, des comparaisons minéralogiques tiennent les appuyer. Prises dans leur ensemble, les couches du errai n turonien du bassin de la Loire , depuis les grès de la Sarthe usqu’aux craies blanches marneuses supérieures , montrent par- outun grand nombre de paillettes de mica provenant sans doute lu littoral de roche gneissique de l’ancien bassin , tandis que les couches du bassin parisien n’en offrent pas de trace. On obtien- Irait dès lors , en partant de deux séries de faits différents , des conclusions analogues sur la séparation du bassin de la Loire d’a- vec le bassin parisien pendant la période de la craie chloritée ou lu terrain turonien. Le bassin méditerranéen , sur soixante-huit espèces de Gastéro- modes, en contient six communes avec le bassin parisien, neuf ivec le bassin pyrénéen , et six avec le bassin de la Loire. On mourrait en déduire par comparaison des communications immé- liates avec tous les autres bassins de la France , mais plus parti- culièrement avec le bassin pyrénéen, puisque là se trouvent le dus grand nombre d’espèces communes. Soc. géol. Tome XIV. 3i 482 SÉANCE DU 15 MAI 1843, Sur trente-sept espèces de Gastéropodes , le bassin pyrénéen en renferme, d’après les données actuelles, neuf communes avec le bassin méditerranéen , six avec le bassin de la Loire, et une avec le bassin parisien. En conséquence , il y aurait lieu de penser que le bassin pyrénéen avait de grandes communications avec les bassins méditerranéen et de la Loire , tandis qu’il paraît être aussi séparé du bassin parisien que l’est celui de la Loire. Le bassin de la Loire avait , sur quarante et une espèces de Gas- téropodes, six communes aux bassins méditerranéen et pyrénéen , et aucune avec le bassin parisien. 3Ne pourrait-on pas déduire de cet ensemble de faits que les bassins crétacés de l’étage turonien formaient une série de petites mers, ayant eu à différentes époques des communications entre elles, ou séparées les unes des autres seulement par des détroits plus ou moins larges ; que ces mers entouraient le plateau central de la France en représentant presque un cercle irrégulier? En effet, il serait permis de penser que le bassin parisien avait com- muniqué avec le bassin méditerranéen par ses parties orientales, le bassin méditerranéen avec le bassin pyrénéen par son côté sud- ouest , le bassin pyrénéen avec le bassin de la Loire par l’ouest. Terrain sénonien ou craie blanche . Les vingt-cinq espèces de Gastéropodes qui me sont connues de ces couches appartiennent toutes au bassin pyrénéen , et aucune ne dépend des autres bassins. Il en résulterait seulement des com- paraisons négatives, qui prouvent du reste la différence de condi- tions d’existence du bassin pyrénéen pendant la période de la craie blanche. En effet, comme je l’ai déjà dit pour lesforaminifères (1), le bassin parisien paraît constituer le fond d’une mer tranquille, tandis que la région du bassin pyrénéen , où se trouvent les Gas- téropodes, est au contraire un récif, une baie peu profonde, avec des coquilles côtières qui pouvaient vivre , comme elles vivent aujourd’hui , sur les bancs de coraux des Antilles ou de l’Océanie. Je dirai encore en me résumant que le terrain sénonien paraît au moins jusqu’à présent manquer entièrement dans le bassin médi- terranéen. Dès lors la circonscription des bassins, ainsi que leur état relatif, aurait encore changé au commencement de l’époque sénonienne. (i) Mémoires de la Société géologique de France , t. IV, p. îo. SÉANCE DU 15 MAI 1843. 483 Résumé général. La répartition des mollusques gastéropodes par bassins , au sein des anciennes mers crétacées de la France , amène aux ré- sultats suivants : A l’époque de l’étage néocomien, il existait en France deux grands bassins crétacés distincts , le bassin parisien et le bassin méditerranéen, ayant chacun sa faune particulière bien tranchée, tout en possédant assez d’espèces communes pour qu’on ne puisse douter de leur contemporanéité. De ces deux bassins, le premier offrait des conditions d’existence plus propres au développement des animaux côtiers, tandis que le. second l’était davantage aux mollusques céphalopodes des hautes mers. L’un devait donc être profond; l’autre, posséder un littoral plus étendu. Ces mers , à en juger par la puissance des couches, sont restées ainsi un laps de temps considérable, pendant lequel les êtres se sont multipliés et se sont déposés sans remaniement. Elles étaient sans doute cii — consentes au S. -O. par des surélévations des terrains jurassiques qui formaient continent au lieu où se trouvent aujourd’hui les bassins pyrénéen et ligérien, puisque les mers néocomiennes ne s’étendaient pas alors sur ces régions. Pendant le dépôt de cette mer , une commotion géologique a lieu , les êtres sont anéantis fortuitement, et l’époque néocomienne est interrompue. Après cette perturbation momentanée , la tranquillité se réta- blit, l’animalisation renaît à la surface du globe; les bassins aqueux ne changent pas de circonscription , seulement ils renfer- ment une faune différente. Les mers aptiennes semblent avoir duré moins longtemps que les mers néocomiennes, puisque les dépôts sont moins puissants et que les êtres y sont moins nom- breux : une nouvelle dislocation, soit rapprochée , soit lointaine, survient et anéantit de nouveau la faune aptienne. L’étage albien ou du gault commence à se déposer ; les deux mers parisienne et méditerranéenne ont des circonscriptions iden- tiques; elles sont encore bornées à l’O. par les reliefs de la Loire et des Pyrénées. Il est probable pourtant qu’à la fin de la période aptienne il s’est opéré quelques changements dans leurs points de contact , puisque le nombre des espèces communes entre les faunes change entièrement et annonce beaucoup plus de rapports. La mer albienne , très riche en animaux marins et renfermant la faune la plus remarquable , paraît avoir duré plus longtemps que le terrain aptien , du moins l’épaisseur comparative des couches 484 SÉANCE DU 15 MAI 1843. le ferait croire, autant qu’on en peut juger par les lambeaux dissé- minés qui nous restent. A la fin de l’étage albien s’est peut-être manifesté l’un des mouvements les plus visibles et les plus remarquables de la for- mation crétacée. La nature , en effet, sort de son repos; le retrait dû au refroidissement des parties centrales détermine une nou- velle dislocation dans la croûte terrestre , et cette dislocation très voisine des mers albiennes amène à la fois l’anéantissement de la faune et le grand morcellement des couches de cette époque, .l’ai fait remarquer que durant les étages néocomien, aptien et albien , les mers crétacées ne s’étendaient pas sur les bassins pyrénéen et de la Loire , tandis que dès le commencement de l’étage turonien les mers de cette période ont envahi tout— à-coup ces vastes contrées. Pour expliquer d’une manière satisfaisante ces faits aujourd’hui incontestables, il devient indispensable de supposer deux choses : 1° que durant les étages néocomien , aptien et albien, les lieux occupés par les bassins pyrénéen et delà Loire ne durent représenter que des parties jurassiques alors émergées, servant de limites aux mers crétacées , 2° et que , postérieurement à l’étage albien , avant l’étage turonien , ces mêmes parties alors émergées se sont affaissées pour permettre aux mers crétacées de les envahir. Cette explication, d’accord avec tous les faits observés, soit sous le rapport géologique , soit sous le rapport paléontolo- gique , ne donne pas seulement la solution des changements de circonscription des mers crétacées, de l’augmentation des deux bassins pyrénéen et de la Loire , mais encore elle fait connaître la cause du morcellement et des nombreux remaniements des ter- rains albiens. Ainsi , durant l’étage turonien , au lieu de deux , il en existe quatre, peuplés chacun d’une animalisation contemporaine, et pourtant assez distincte pour faire supposer entre eux des commu- nications peu étendues. Les mers crétacées ont alors pris en Eu- rope une extension double au moins de ce qu’elles étaient aux étages précédents, et les choses paraissent s’être maintenues très longtemps en cet état : c’est au moins ce qu’on peut déduire de l’énorme puissance des couches. La fin de la période du terrain turonien paraît être déterminée par le système du mont Viso (1). Alors encore les mers se modi- fient un peu avant que le terrain sénonien recouvre les bassins (î) C’est le résultat des observations de MM, Éiie de Beaumont et Dufrénoy dans leur carte géologique de France. SÉANCE DU 15 MAI 1843. 485 parisien et pyrénéen, où elle se montre peu uniformément, puis- qu’elle acquiert un immense développement dans le bassin pari- sien, tandis qu’on en remarque seulement des lambeaux au bassin pyrénéen, et aucune trace au bassin méditerranéen. En dernière analyse, il résulterait de tous ces faits que cinq fois , pendant la période crétacée , il y aurait eu extinction et re- nouvellement complet des faunes de Gastéropodes , et que trois fois la circonscription des mers crétacées se serait notablement modifiée ou aurait complètement changé sur le sol de la France. En comparant ces conclusions générales à l’ensemble des ré- sultats obtenus pour les Céphalopodes des terrains crétacés, on pourra se convaincre qu’il y a identité parfaite : seulement les faits nouveaux m’ont permis d’arriver à des solutions plus satisfai- santes. M. Raulin dit avoir, depuis huit ou neuf ans, exploré à cinq ou six reprises différentes les localités de Novion , Ma- chéroménil et Sauces, dontM. d’Orbigny vient de parler. Il n’admet pas que les rognons noirs qui se trouvent dans les sables verts de ces localités soient des cailloux roulés for- més auxdépensde roches crétacées plus anciennes, ainsi que l’annonce M. d’Orbigny. D’abord ces rognons ne sont pas le moins du monde roulés, leurs formes n’étant que mame- lonnées, et les fossiles qu’ils renferment faisant souvent des saillies considérables et fragiles à la surface; et en second lieu ils renferment les mêmes fossiles que les sables verts qui les enveloppent. Il croit que ces rognons, qui sont formés d’un grès quarzeux , argilifère et chlorité , contenant de petits cailloux roulés de quarz , arrachés vraisemblablement aux terrains anciens de l’Ardenne, ont été formés postérieure- ment au dépôt des sables verts , où ils lui paraissent jouer le rôle des Cherts dans la craie chloritée et des silex pyroma- ques dans la craie blanche. M. d’ Archiac appuie l’opinion de M. Raulin, en ce sens que dans les sables verts de ces localités certains rognons noirs n’ont pas été roulés et sont intacts ; ce sont les rognons poly- morphes; mais il dit qu’il existe aussi des fragments roulés du calcaire à Astartés qui est au-dessous et qui sont égale- ment noirs. SÉANCE DU 16 MAI 1 843. 486 M. Aie. d’Orbigny répond que le nombre des années em- ployées à visiter une localité n'empêche pas qu’un fait n’é- ehaj pe ; il croit que c’est ce qui arrive à M. Raulin relative- ment au terrain de gault de Machéroménil et de Sauces-aux- Bois ( Ardennes). L’idée que ce géologue s’était formée de la ressemblance des rognons noirs disséminés dans les grès verts avec les silex de la craie, ne lui a sans doute pas permis de les examiner sous le nouveau point de vue des remanie- ments. M. Aie. d’Orbigny annonce qu’il se propose de pré- senter à la Société , dans la prochaine séance, les preuves du fait avancé par lui. Il fera pourtant remarquer qu’il n’a parié nulle part de cailloux roulés , mais bien de remaniements, ce qui est fort différent. Les cailloux roulés sont toujours le pro- duit d’un frottement très longtemps prolongé, soit sur le littoral des mers, soit dans les fleuves, tandis que l’effet d’un remaniement est toujours limité quant au frottement, puisqu’il n’est que le produit, pour ainsi dire instantané, d’une dislocation, des perturbations et des dénudations qui en sont le résultat immédiat. M. Dufrénoy demande ensuite à M. Aie. d’Orbigny quelle est son opinion sur les terrains du Midi qui contiennent les mélanges de coquilles tertiaires et crétacées. M. Aie. d’Orbigny, malgré son désir garder le silence à cet égard, croit devoir répondre à la question que veut bien lui adresser M. Diifrénoy. D’abord il ne connaît aucun ter- rain dans le Midi contenant des mélanges de coquilles ter- tiaires et crétacées. Tous les terrains des Pyrénées qu’il a visités et tous ceux dont on lui a envoyé la faune fossile, dé- pendent, soit de furie , soit de l’autre formation. Si M. Du- frénoy entend parler des terrains de Cuiza et de Montolieux (Aude), M. d’Orbigny n’y ayant reconnu que des fossiles analogues ou identiques à ceux du terrain tertiaire , s’est ab- tenu depuis 1840 de les faire entrer dans la faune crétacée de sa Paléontologie française , attendant pour prendre un parti définitif le moment où il devra s’occuper des terrains tertiaires; il en est de même des terrains de Biarilz. Néan- moins M. d’Orbigny annonce qu’il a reçu de M. Torrent une collection très nombreuse de cette localité , collée- SÉANCE DU 15 MAI 1813. 487 lion dont l’ensemble dénote l’existence de deux terrains distincts; l’un inférieur, celui de Bidar, contenant, entre autres fossiles, son Ammonites P ailletteanus , propre aux craies chloritées de soulage (Aude); l’autre, celui de Saint- Pierre et du Phare, qui paraît être tertiaire. Celui-ci con- tient, avec un très grand nombre de Nummulites , d’Assilines, le Spatangus ornatus , le Belopterci belemnitoidea et beaucoup d’autres coquilles de formes tertiaires. Pour les Nummulites et les Assilines il y a des espèces identiques à celles de Cuiza ; quelques Nummulites sont encore identiques aux espèces des sables inférieurs du Soissonnais , tandis que le Beloptera se trouve dans le calcaire grossier de Paris. Il en résulterait qu’il y aurait à Biaritz , en couches concordantes et dislo- quées, des terrains contenant des fossiles de la formation crétacée et des terrains remplis de fossiles ordinairement spéciaux à la formation tertiaire. Ses recherches personnelles à l’embouchure de la Gironde viendraient peut-être jeter quelque jour sur la question. Il a observé , à l’ouest de Royan (Charente-Inférieure), entre Saint-Palais et la pointe de Terre-Nègre, au -dessous d’un bois de chênes verts , un lambeau de terrain qui avait échappé jus- qu’alors aux recherches des géologues. Les terrains crétacés supérieurs de la zone à Sphœrulites crciteriformis couvrent tout l’intervalle compris entre Talmont, Mescher et la pointe de Terre-Nègre. Us sont en couches presque horizontales. Néanmoins on voit les couches crétacées s’incliner assez for- tement à l’ouest et à l’est du lambeau en question , et dis- paraître tout-à-fait sous les eaux de la mer, pour laisser dans cettè dépression de t kilomètre de largeur un dépôt com- posé en stratification discordante tout différent. Il est for- mé, aux parties inférieures, d’ossements noirs (sans doute de reptiles) répandus dans une couche de calcaire marneux rempli des Nummulites de Biaritz, au-dessus d’un calcaire blanc très grenu, contenant beaucoup d’Echinides, princi paiement le Spatangus ornatus caractéristique de Biaritz re- couvert par des grès quarlzeux compactes avec Huîtres, cachés eux-mêmes par une assise épaisse de grès friable avec les mêmes Huîtres. La comparaison que M. d’Orbigny 488 SÉANCE DU 15 31 AI 1843. a faite des fossiles de ce lambeau avec les espèces du Phare de Biaritz lui a donné la certitude quelles sont de la même époque et bien distinctes des fossiles des calcaires jaunes de Blaye qui représentent, dans le bassin bordelais, le calcaire grossier du bassin de Paris. Comme ces terrains du lambeau, en question reposent immédiatement sur la craie, que dès lors ils paraissent être inférieurs aux calcaires jaunes de Blaye, ne pourrait-on pas se demander, lorsque du reste toutes les comparaisons des fossiles viennent à l’appui , s’il n’y aurait pas dans le bassin pyrénéen des terrains tertiaires de trois âges différents? 1° les couches nummulitiques de Biaritz, de toutes les Pyrénées, de Cuiza, de Montotieux (Aude), de Saint-Palais, ainsi que tous les terrains à Num- mulites connus, ne correspondraient-elles pas aux sables in- férieurs duSoissonnais; 2° les calcaires jaunes à Echinides de Blaye ne seraient-ils pas, comme tout le monde l’admet, les représentants du calcaire grossier parisien? 3° enfin, il y aurait une troisième époque, celle des faluns. Dans tous les cas, les couches nummulitiques, quelles soient placées dans les terrains crétacés ou dans les terrains tertiaires, n’en sont pas moins distinctes, d’un côté de la craie blanche ou terrain senonien, et de l’autre des calcaires grossiers du bassin parisien dont le calcaire jaune de Blaye est le représentant. M. d’Archiac fait remarquer que sur 27 espèces de fossiles recueillies par M. Yène à Coustouges, Albas etRoubia(Aude), et que M. Dufrénoy a bien voulu lui communiquer, 13 ont leurs analogues dans le terrain tertiaire inférieur du N. de la France, où elles sont même très caractéristiques et très répandues; ce sont : Lunulites radiatci , Milliolites , Nwnmii- lina planulata , Venericardia elegans , V, angusticostata , Ne- ritina conoïdea , Turritella imbricataria variété, Cerithium acu- tum , C . involutum , C. exagonum variété , Fusus longœvus , Fusus bulbijormis , Voluta ambigua (1). 9 espèces paraissent propres au département de l’Aude. Il y en a 3 dont le (i) Plusieurs de ces espèces out été trouvées aussi à Couiza par M. Ley- rnerie, qui les a signalées à M. d’Archiac avec beaucoup d’autres espèces non décrites. SÉANCE DU 15 MAI 1813. 489 gisement des analogues laisse des doutes, puis une qui serait du terrain tertiaire moyen, et une autre du terrain tertiaire supérieur. Sur ces 27 espèces une seule petite Térébratule a de l’analogie avec la variété de la T. striatula que l’on trouve à Maestricht, mais elle rappelle également une espèce vi- vante. Les observations géologiques directes , continue M. d’Ar- chiac, sont cependant loin d’offrir des conclusions aussi posi- tives; et jusqu’à ce que des coupes faites avec soin et une étude très détaillée du pays baient constaté, il croit devoir s’abstenir de prononcer sur la postériorité des couches qui renferment ces fossiles aux roches incontestablement créta- cées avec lesquelles elles semblent alterner sur quelques points; car la considération des fossiles, toute précieuse qu’elle est, ne peut pas suppléer d’une manière absolue aux caractères déduits de la stratification. M. Vène, ajoute-t-il, a trouvé à Mauléon, dans le dépar- tement des Hautes-Pyrénées , la même petite Térébratule si abondante dans les marnes de lloubia (Aude); de plus, la Nummülina complanata d Àlbas est très commune aux envi- rons de Bordeaux, de Dax, dans le terrain tertiaire moyen , et paraît se retrouver au faubourg des Chantiers à Bayonne; puis la Nummulina, qui se rencontre avec tous les fossiles pré- sumés tertiaires du département de l’Aude , est une de celles dont l’accumulation est si prodigieuse dans les falaises de Biarritz au-dessous du Phare, où l’on en trouve encore d’autres qu’il paraît bien difficile de séparer des Nummulina planulata et flammulata, si répandues dans les sables infé- rieurs au N. de Paris. Enfin ces mêmes Nummulines seraient associées, aux pieds des Pyrénées occidentales et orientales , à des coquilles microscopiques qui ne différeraient pas non plus des espèces tertiaires du N. de la France, autant du moins que le mauvais état des individus permet d’en juger. Comme considération générale, M. d’Archiac ajoute en- core que si l’on venait à établir le parallélisme des couches à Nummulites des environs de Bayonne et de Dax avec les couches présumées tertiaires du département de l’Aude et de quelques points intermédiaires, on aurait au pied du 190 SÉANCE DU 15 MAI 1843. versant N. des Pyrénées un système de dépôts nummuli- tiques qui rappellerait singulièrement les couches nummuli- tiqnes supérieures de Cassino, du Véronais, de l’Autriche, de la Bavière , etc. , puis celles que M. de Verneuil a décrites en Crimée, que l’on retrouve dans une position analogue au pied du Caucase, de l’Ararat, dans l’Asie-Mineure et en Egypte. Sur plusieurs de ces points , particulièrement en Cri- mée et dans la province du Caucase, elles reposent sur une craie qui paraît parallèle à la craie blanche de l’Europe occi- dentale, et nulle part le système nummulitique en question n’a présenté de coquille évidemment crétacée, tandis qu’on y a trouvé des espèces tertiaires, telles que X Ovula tubercu- losa , des moules de Crithium giganteum , XOstrea latis- sima , etc. Aussi peut-être, dit en terminant M. d’Archiac, de nouvelles observations permettront-elles de classer ce grand ensemble de couches nummulitiques à la base du ter- rain tertiaire , où il représenterait les sables inférieurs du N. de la France et de la Belgique ainsi que le plastic clay d’An- gleterre, qui constituent un groupe bien distinct de celui du calcaire grossier qui les recouvre, et que l'on a quelquefois confondu à tort avec lui. M. Dufrénoy croit que l’on fait un cercle vicieux en com- parant toujours les terrains du Midi entre eux, sans assez prendre garde à la différence qui existe entre ces mêmes ter- rains et le calcaire grossier de Bordeaux qui représente l’é- tage inférieur des formations tertiaires. Il ajoute: Cependant toutes les circonstances se réunissent pour les différencier, 1a. nature des roches, la nature des fossiles, et surtout la différence de stratification. La nature des roches, tout le monde la reconnaît; mais ce qu’on ne remarque pas assez, c’est que partout, même dans les environs de Dax, le calcaire grossier est toujours sem- blable à lui-même, tandis que d’une autre part les couches à Nummulites ont également des caractères qui ne laissent aucun doute sur leur identité. Quant à la nature des fossiles, M. Dufrénoy a recueilli le Pecten quinque costatus au milieu du terrain nummulitique. L’Ecole des mines possède des échantillon de Coustouge, dans SÉANCE DU 15 MAI 1843. 49 J les Corbières, contenant à la fois ces deux fossiles réunis à un échinite qui se retrouve avec abondance à Biaritz. Nulle part, dans le terrain de Bordeaux, on n’a reconnu cette association, et il serait bien singulier que ces Echinites, si abondants à Biaritz et dans toute la bande nummulitique , appartinssent au terrain tertiaire, puisqu’on ne les connaît pas dans ce terrain. Quant à l’identité que M. d’Archiac vient d’établir entre quelques fossiles des couches nu min uli tiques de l’Aude et ceux du bassin de Paris, cette identité est peut-être plutôt apparente que réelle ; car dans la note que M. d’Archiac a eu la complaisance de me donner, ajoute M. Dufrénoy, « ce i conchyliologiste consciencieux a plusieurs fois mis le mot « analogue au lieu de celui identique. » Le caractère tiré des fossiles n’est donc pas aussi absolu qu’il paraît être à quelques personnes; mais ce qui semble concluant à M. Dufrénoy, pour séparer le système nummuü- tique des terrains tertiaires, et pour l’associer aux formations crétacées, c’est la différence prononcée de stratification. A l’est delà chaîne des Pyrénées, les formations tertiaires et crétacées sont en couches inclinées; à l’ouest, les der- nières seules ont été relevées, tandis que les terrains ter- tiaires sont généralement horizontaux; il en résulte que leur séparation est marquée d’une manière absolue. On voit cette disposition le long des rives de la Douze, dans les Landes, et notamment à Saint-Justin , situé un peu au N. -O. de Mont-de-Marsan. Près de cette petite ville, le calcaire gros- sier, caractérisé par les Gérites, les Miliiolites et les Nummu- lites très plates, analogues à celles de Paris , se montre dans la rivière en couches horizontales qui occasionnent même de petites cascades de distance en distance, tandis que le fond de ce ruisseau , complètement vaseux , est formé d’un sable argileux, contenant des grains verdâtres comme la roche de Biaritz, au milieu duquel M. Dufrénoy a recueilli les Echinites si remarquables que nous venons de signaler plus haut. Les différentes circonstances que M. Dufrénoy vient d’é- numérer lui semblent rendre nécessaire, ainsi qu’il l’a fait, 492 SÉANCE DU 15 MAI 1843. l'association des couches à Nummulites au groupe crétacé: seulement il en formerait le membre supérieur, et correspon- drait en partie au calcaire pisolithique de Meudon, pour l’âge duquel il y a eu également une discussion longue, et que la plupart des géologues associent maintenant à ces dernières formations secondaires. MM. Angelot et de Pintevilie, secrétaires, donnent lec- ture du Mémoire suivant , adressé à la Société par M. Gor- dier : Rapport géologique et minéralogique sur la province du Tigré , par M. Vignaud, élève de l’Ecoles des Mines. Massouah , le îo janvier i842- Avant d’entrer dans tous les détails qui concernent la province du Tigré que j’ai [visitée en 1841 , je crois nécessaire à l’intelli- gence de la position géologique de cette partie de l’Abyssinie d’entrer dans des considérations générales et de donner un aperçu des provinces qui bordent la mer Rouge depuis Massouali jusqu’à la chaîne des montagnes d’Adona , les circonstances ne m’ayant permis de visiter en détail que le Tigré proprement dit jusqu’aux limites naturelles qui lui sont données par le Mareb et le Tacazé. J’ai divisé ce rapport en deux parties, afin d’entrer dans cha- cune d’elles dans plus de détails sur les terrains que j’ai parcou- rus ; la première comprend l’espace entre la mer et le Thiré jus- qu’au Mareb ; la seconde partie comprendra l’espace entre Axoum et le Tacazé. PREMIÈRE PARTIE. Les bords de la mer Rouge , situés en face de l’île et du port de Massouali , présentent une série de collines appartenant aux terrains récents produits par les dépôts marins calcaires qui ont recouvert les terrains primitifs et les terrains d’origine ignée qui forment la base du sol de cette partie de l’Abyssinie. Ces collines, composées d’une molasse coquillière, ne présen- tent encore que des roches à demi formées. Leurs premiers élé- ments sont déjà déposés en couches stratifiées, mais les matières d’infiltration qui doivent les durcir et les solidifier n’ont pas en- core produit d’effet sensible. Ces roches ne sont composées que SÉANCE DU 15 MAI 1843. 4 93 de sables plus ou moins mêlés d’argile et de calcaire, et surtout de débris de corps marins qui sont en général des coquilles bi- valves, telles que des Cérites , des Pétoncles , des Peignes, des Arches, etc. Ces couches marines, d’environ 1 mètre à lm,50de puissance , sont séparées par des couches de chaux sulfatée fibreuse et se dirigent vers l’est. En avant , un peu plus dans l’intérieur des terres (demi-mille), ces collines présentent des couches de Gypse cristallisé ( Sélénite ) , se détachant en feuillets très minces ; dans la partie inférieure de ces monticules on voit pointer, à travers le sol , des blocs brisés de roches primitives, tels que des granités verdâtres , des roches feld- spathiques roses, et des porphyres blancs et roses qui sont brisés et bouleversés par un soulèvement volcanique dont on aperçoit les traces sur toute la côte : aussi rencontre-t-on à la surface du sol des roches basaltiques mêlées de péridot. Plusieurs volcans , dont on retrouve les traces dans les îles qui avoisinent cette partie de la mer Rouge, devaient exister avant le temps où les Ptolémées vinrent fonder des établissements sur les côtes d’Abyssinie; mais un mouvement général ayant eu lieu peu de temps après la fondation des villes d’Addulis et autres , tous ces établissements, dont on trouve encore les ruines, furent englou- tis en partie ; les montagnes voisines furent soulevées , et le sol de cette partie fut recouvert de nouveaux terrains; cependant ces volcans existent encore, et les sources d’eau chaude que l’on trouve sur les côtes viennent confirmer mon opinion ; quelques unes d’entre elles, entre autres celle d’Aylat, atteignent jusqu’à 64 à 65°. J’entrerai dans plus de détails sur les terrains où elles se trouvent, dans mon prochain rapport, me disposant en ce mo- ment à les aller visiter. A mesure que l’on s’enfonce dans les terres (à environ 9 milles de la côte) toutes les montagnes qui entourent la vallée de Adda Daliabib appartiennent au terrain primitif, et se composent de gneiss où le mica est en grandes écailles; dans certaines parties il se présente en feuilles de 25 à 30 centimètres de côté et se dé- tache facilement. Ces gneiss sont ordinairement mêlés de roches plus dures , granitiques , au milieu desquelles on rencontre des masses de quarz blanc de 25 à 30 mètres de puissance. Dans toutes les parties inférieures on trouve également des roches vol- caniques, basaltiques à cristaux de péridot qui percent le sol et la base des terrains primitifs. A 12 milles d’Addi Dahabib , à la première eau de la route que suivent les caravanes venant de Gondar, dans une vallée appelée Ouchia, on commence à entrer 494 SÊA.NCE DU 15 AIAÏ 1843. dans les gorges qui coupent la chaîne du Taranta , et que l’on suit jusqu'à cette montagne , qui forme la limite des pays musulmans et chrétiens. Les montagnes qui entourent Ouchia sont un composé de gneiss et de micaschiste, de granité à la base, et de calcaire cris- tallin à la cime, dans lequel on trouve empâtés des cristaux de grenat de la grosseur d’un pois. Plus on s’élève, plus les ter- rains deviennent schisteux. Déjà, en quittant Ouchia , les gorges d’Hammamon se présentent en murailles à pic de 150 à 200 mè- tres de haut , composées de schiste ferrugineux , où l’on aperçoit alternativement des traces de micaschiste. Ces couches ne suivent aucune direction générale : seulement elles présentent des ondu- lations qui contournent toutes les formes de ces montagnes ma- melonnées. On ne trouve pas encore ces crêtes à cimes aiguës qui distinguent les montagnes de l’Abyssinie proprement dite. Ici, le soulèvement ne s’est fait sentir qu’en grande masse et n’a pas mis au jour les roches ignées que nous retrouverons plus tard. L’absence de fossiles dans toutes ces parties rend leur caracté- risation difficile à déterminer ; mes recherches les plus minutieuses dans les grottes, dans les ravins, et dans toutes les parties qui présentent des excavations et des coupes, ne m’ont amené qu’à trouver quelques stalactites empreintes d’efflorescences d’alumine. Presque toutes ces montagnes sont coupées par des filons de baryte sulfatée de 60 à 80 centimètres de puissance ; et en général, la partie supérieure , disposée en couches horizontales , appartient aux terrains secondaires inférieurs. La même formation se retrouve pendant l’espace de 30 à 35 milles jusqu’à la base du Taranta, près de la montagne de Mantatagla, qui en précède l’ascension. Jusque vers le milieu du Taranta , on trouve des couches de granité micacé, de conglomérat porphyrique , qui sont empâtés dans le schiste argileux compacte , qui se décom- pose à mesure que l’on s’élève , et qui forme le plateau de la mon- tagne , qui se trouve élevée de 8,000 et quelques cents pieds au-dessus du niveau de la mer ( voir la hauteur barométrique prise par M. Lefèvre ). La route qui conduit au sommet du Taranta , qui commence par une pente douce dans un ravin , devient plus abrupte et dange- reuse. A mesure que l’on s’élève , des blocs de lm,50 de puissance, et dans lesquels les mules ont fait une place pour mettre leurs pieds , se présentent à chaque pas. Quelques sentiers qui contour- nent les flancs de la montagne ont une pente assez douce et per- mettent de respirer un peu dans cette pénible ascension. Tantôt SÉANCE DU 15 MAI 1843. 495 la route se trouve resserrée entre deux rochers qui laissent à peine le passage de la mule, et serait dangereuse pour le cava- lier , tantôt elle borde des précipices à pic qu’on ne peut regarder sans avoir le vertige. Enfin, après trois heures et demie de peines et de fatigues, on arrive sur le plateau derrière lequel se trouve le village d’Alaye, gouverné par le Choum-Guédey , qui prend le titre de Baharnagas (roi de la mer), ainsi que celui de Dixan , auquel il dispute la prépondérance. Cette route est meilleure que celle de Dixan. En quittant le plateau de Taranta , et en descendant le versant opposé, on trouve des roches quarzeuses mêlées de paillettes de mica qui se continuent à travers le schiste argileux compacte pen- dant l’espace de 9 milles environ, jusqu’au moment où l’on entre dans les gorges de Hento. Ces gorges sont composées de roches de grès rouge et blanc dont les détritus forment le terrain meuble qui compose la plaine de Dé Rahhah , à l’extrémité de laquelle se trouve le village du même nom. En suivant la direction S. -S. -O. , on rencontre des collines qui sont composées de quarz blanc et de schiste argileux compacte. Pendant l’espace de 15 milles environ, le terrain de transition inférieur se retrouve toujours jusqu’à ce qu’on arrive dans un fond appelé Ocoulé Gouray ( ou moitié du pays), où l’ori trouve des granités blancs mêlés de mica noir , friable , et en décomposition. Ces granités sont surmontés d’un conglomérat porphyrique empâté dans le schiste argileux com- pacte. Vers le milieu de cette côte , on retrouve le schiste argileux en décomposition; et enfin, après avoir gravi un plateau par un sentier presque à pic, on arrive au sommet, où est bâti le village de Coutoftoffé, où l’on trouve des quarz roses et blancs mêlés de mica à grosses écailles. C’est de ce village que l’on peut avoir la meilleure idée du pays que l’on vient de traverser et de celui que l’on va parcourir. Un panorama général de tout le pays se déploie avec majesté tout autour de vous. Au S. -O., la chaîne du Tigré borde l’horizon en présentant au voyageur des formes dentelées , ces cimes fantastiques , qui élèvent leurs flèches aiguës vers le ciel comme les ruines gothiques d’une église chrétienne. A rO.-S.--0., Goudet déploie à l’horizon ses longues tables de roches. Au S., la vallée de Guerzeubo, avec ses montagnes d’un seul bloc , disséminées çà et là au milieu d’une plaine sablonneuse, semblables à des figures de géométrie , des cônes, des cubes énor- mes , bornes géantes d’un terrain déblayé par une des grandes secousses du globe. Au milieu de ces élévations , le Tchaalo, qui prend sa source au S.-E. , au-dessous du village de Coutoftoffé , 49G SÉANCE DU 15 MAI 1848. et qui entoure de ses replis toutes ces collines, courant au S. -O., puis à l’O , puis allant se perdre dans le Mareb. Enfin , au N.-O., la chaîne du Séraoni et les plaines de l’Hamacen. Au sommet de cette montagne, un peu au-dessous du village, est une espèce de citerne creusée dans les rochers, et où se réunit l’eau de la pluie; elle a près de 16 pieds de profondeur, sur 20 de diamètre. C’est la seule eau que l’on trouve à deux lieues à la ronde. On descend dans ce village par un sentier escarpé parsemé de blocs énormes , quarzeux , empâtés dans des grès rouges. Après être descendu du village de Coutoftoffé , on retrouve , près de la plaine, le schiste argileux qui contourne tous les flancs de la mon- tagne que Ton suit avant d’arriver dans une plaine encaissée par les chaînes de montagnes d’Alaye et de Guerzeubo. En traversant cette plaine, on trouve le Tchaalo qui court à l’O. Cette plaine est sablonneuse, et le terrain meuble qui la compose est formé des détritus argileux des montagnes que l’on vient de passer , et des grès ferrugineux qui forment le terrain de la chaîne de Guerzeubo. Après avoir traversé cette plaine pendant 12 milles, on se trouve arrêté par une série de collines en amphithéâtre, derrière laquelle est situé le village de Guerzeubo. Les collines qui composent cette chaîne sont formées par des grès recouverts de couches de fer li- monite que l’on pourrait exploiter avec avantage , et qui pourrait être fondu au bois. La végétation , qui est toute composée de mi- mosées, de câpriers et de quelques sycomores, donnerait un char- bon sec qu’on pourrait employer mêlé avec les galets des cours d’eau dont on se servirait comme fondant. En quittant Guerzeubo, on entre dans une plaine qui est bordée du côté de l’E. par une série de collines qui va joindre le point de croisement des mon- tagnes d’Adoner et de celles de l’Aguiné. A l’extrémité de cette plaine , on trouve un cours d’eau appelé Tsérena qui coule vers le N.-O. En suivant la direction du N., on rencontre une montagne à pic qui est composée d’une argile blanchâtre mêlée de silice, et qui augmente de dureté à mesure que l’on gravit un sentier presque à pic. Au sommet de cette montagne, est une série de petites collines qui sont coupées par le ruisseau de Bélessa qui se dirige vers l’O. Après environ 6 milles, on arrive en suivant le penchant d’une montagne , au bord d’un ravin , à un sentier tour- nant autour de cette élévation qui conduit au village de Légot, situé sur un des points les plus élevés de la chaîne qui précède les montagnes du Tigré. Ce point est encore un des plus remarqua- SÉANCE DU 15 MAI 1 843 - 497 blés parla vue de l’immense horizon qui s’y déploie. La roche sur laquelle est bâtie le village est le schiste argileux compacte, que les habitants emploient dans leurs églises pour remplacer les clo- ches. Un morceau de cette roche est suspendu par deux cordes aux deux extrémités, et un homme frappe sur le centre avec une boule de la même pierre ; ces cloches rendent un son clair que l’on entend de très loin. En quittant Légot , on a à traverser la montagne d’Ambade- kena , à gauche de laquelle est une colline où est bâti le village appelé Gégnella. Après avoir franchi une série de collines et plu- sieurs ravins , tous appartenant au terrain de transition inférieur, on arrive au ruisseau d’Angonia qui vient du S.-E. , coule O. -N. -O., et se dirige vers le S. Ce ruisseau est encaissé par les collines du pays de Guella , qui vont rejoindre la montagne de Guendepta, qui est une des premières de la chaîne des montagnes d’Adoner. Alors on commence à entrer dans la vallée de Memsa, où la rivière d’Assam prend sa source; on laisse à sa droite les montagnes d’Iaha, d’Ambuhetcha, d’Herbut, Ensessa, etc. , et à sa gauche le Semaiata, la vallée d’Assave-Nuba, Melchaketi, Kidana-Meret, etc. Ces montagnes sont formées par un soulèvement qui eut lieu à l’époque du terrain de transition inférieur. Comme elles sont toutes de la même formation , il me suffira de donner la descrip- tion des plus hautes de cette chaîne pour que l’on puisse se for- mer une idée exacte de la composition géologique de ces terrains. Je commencerai parle Semaiata, qui est la plus haute de cette chaîne et qui s’élève à 9,257 pieds au-dessus du niveau de la mer. Cette montagne , située à 9 milles d’Adona à l’E., est entourée par Assaye, Rahio, Ambu-Messahélez, Abba-Garinu, Kidana- Meret , etc., toutes de la même formation. Cette montagne est entièrement formée de roches adélogènes pétrosiliceuses , qui appartiennent au Thonschiefer ou terrain de transition inférieur; sa base est un conglomérat porphyrique formé des débris de roches qui constituent la formation des ter- rains plus anciens, qui sont une variété de pétrosilex mêlé de quarz , de diabase et de grès. Les couches disposées horizontale- ment atteignent une puissance de 5 à 6 mètres ; ce conglomérat est surmonté d’un grès à grain fin qui forme la principale com- position de cette montagne , et qui est entrecoupé par une argile schisteuse en décomposition. Vers le milieu de la hauteur, on ren- contre un endroit où ces couches de grès sont dérangées et recou- vertes par une roche amphibolique d’origine ignée. Ces couches présentent une inclinaison de 30° se dirigeant à l’O. ; mais leur Soc. géol. Tome XIV. 3a SÉANCE DU 15 MAI 1843. 4 98 direction générale est au S. Leur stratification a été brisée par ces roches ignées qui se sont fait jour à l’époque du soulèvement. Enfin, en arrivant au sommet, on reconnaît cette même roche arénacée et colorée en rouge par l’oxide de fer qui se présente dans les fissures, et qui donne à la pierre fraîchement détachée un éclat métallique bleuâtre. La route que l’on suit du côté 0., en gravissant la montagne , est praticable pour les bêtes de somme jusqu’au tiers et même à la moitié de. la hauteur, et par une inclinaison de 30°. C’est vers ce point que le Ras Mikacel avait, du temps de Bruce, établi son camp, et en avait, au moyen des pierres schisteuses, fortifié les abords en les dressant en créneaux et en faisant sur une espèce de plate-forme des puits circulaires où se cachaient les fusiliers. Ce camp fut fortifié sur trois lignes, et on n’entrait dans la pre- mière que par une porte formée par le rapprochement naturel de deux blocs de rochers. Arrivé au-dessus de la troisième ligne, qui forme une espèce de plate-forme , on est obligé de tourner du côté du N. et de descendre par une espèce de précipice jusqu’en face d’un rocher nu et à pic, qui domine la tête et s’élève à 600 pieds au-dessus de vous ; on retourne alors vers l’O. et on recommencé à gravir par un chemin non frayé jusqu’à un plateau hérissé de blocs détachés qui se trouve au-dessous de la dernière calotte (environ 9,000 pieds). Cette calotte, qui forme le sommet duSe- maiata , élevée de 300 pieds environ , est très dangereuse à gravir, presque toujours entourée de nuages en hiver ; on ne peut y ar- river qu’en se hissant des pieds et des mains, et en tournant au- tour sous une inclinaison de 50 à 55°. C’est du sommet de cette montagne , d’où l’on domine tout le Tigré , le Teinben et une partie de l’Aguiné , que l’on a un des plus beaux panoramas de tout le pays. A ce point le thermomètre marquait 15°, 05 centig ades , et à la base 22°. 02. En quittant le Semaiata et se dirigeant vers le S. -O., on rencontre la montagne de Kidana-Méret , que l’on laisse à sa gauche, et Ambuhetcha? à sa droite. Ces deux montagnes appartiennent à la même formation que la précédente. Le pied de la montagne de Kidana-Méret est composé d’une espèce de pétrosilex argileux, disposé en couches horizontales bri- sées suivant un angle de 90°. Ce fendillement des strates dans un sens presque vertical est parallèle à une grande rupture qui part du sommet du Kidana-Méret jusqu’à sa base. Prenant ensuite la direction de l’O., on traverse une série de collines appartenant toutes au terrain de transition, et composées de schiste argileux en SÉANCE DU 15 MAI 1843. 499 décomposition ; en arrivant sur les flancs de la montagne appelée Abbia-Garima, le sol de la route est couvert de quarz blanc pro- venant des filons qui traversent le schiste argileux que Ton re- trouve compacte et bleuâtre dans le ravin que l’on a sur sa gauche, appelé Addimutareh. Ces blocs de schistes argileux , durs et com- pactes , sont zones de filons très minces de quarz blanc coupant les strates du système. Enfin , après une descente d’un clemi-mille, où l’on retrouve toujours le schiste argileux , on arrive dans la vallée où est bâtie la ville d’Adona , capitale du Tigré ; on longe pendant un mille et demi le Scheullenda (troisième montagne la plus élevée de cette chaîne), en suivant parallèlement la rivière d’Assam qui arrose les prairies qui précèdent Adona , et enfin qui va baigner le bas de ses murs pour se perdre ensuite vers le S. Le terrain meuble qui est cultivé aux alentours d’Adona est composé des détritus argileux provenant des montagnes qui en- vironnent le bassin où est bâtie la ville (5,842 pieds au-dessus du niveau de la mer). Cette partie du Tigré présente une des meil- leures localités pour étudier le schiste argileux qui compose la plus grande partie des terrains de transition inférieurs , qui sont la base de tout le Tigré. La partie N.-E. de la ville est bâtie sur des rochers à pic et baignée à sa base par la rivière d’Assam, qui coule dans un lit accidenté et au milieu de blocs détachés du schiste argileux ( Thonschiefer) , dans cet endroit dur et compacte , d’un gris bleuâtre , et veiné de quarz blanc disposé irrégulièrement à l’égard des strates du système. Un peu au-dessus du ht (5 mètres ), cette roche devient schisteuse et passe au schiste ardoùier , qui prend alors une coloration un peu plus rougeâtre produite par l’oxidationdu fer en cube que l’on y trouve disséminé (peroxide de fer). Ces schistes, arrivés au niveau des terrains meubles qui sont cultivés devant la ville, sur le côté opposé de la rivière d’As- sam, deviennent argilotalqueux et renferment une assez grande quantité de cristaux cubiques de fer sulfuré. Au N. de la ville , à un demi-mille environ , s’élève le Scheul- lenda , qui est élevé au-dessus de la plaine de 1 ,864 pieds. A environ 200 pieds , les schistes argileux commencent à entrer en décomposition et s’inclinent à droite et à gauche du versant de 35à40°. Vers le sommet, les schistes sont entièrement verticaux et coupés suivant la direction N.-E. par un filon de quarz dont la puissance varie de 2m,50 à 1 mètre, et en suivant le filon on arrive à peu près à une hauteur de 800 pieds au-dessus de la plaine , où l’on rencontre des couches horizontales de pétrosilex chargé d’oxide de fer. En cet endroit , les schistes argileux sont 500 SEANCE DL 15 MAI 1 843- tellement friables et décomposés qu’on les perd dans les pétro- silex. Cette dissolution des schistes me semble provenir de la dé- composition de l’alumine et de l’action de l’oxide de fer. Ces roches sont en partie recouvertes par du fer îimonite en couches, et par du fer en rognons et en grains , dont les débris sont répandus sur le penchant de la montagne du côté du N. -O. Ces couches horizontales sont coupées et fendillées perpendi- culairement aux strates du système, et presque toutes parallèles. Ces ruptures ont été produites par l’ébranlement donné par les masses ignées qui se sont fait jour à l’époque du soulèvement des formations de transition. Cette hauteur correspond à celles de tous les plateaux du Tigré , où se retrouve partout la même formation ( 6,642 pieds au-dessus du niveau de la mer). Le reste de la mon- tagne ke compose d’une roche amphibolique dont la dureté aug- mente à mesure que l’on s’élève. A 1,500 pieds , on trouve cette roche ignée qui recouvre une roche de grès dont les couches ver- ticales sont parallèles aux ruptures des strates que l’on trouve plus bas. Enfin , le sommet qui s’élève en pointe est formé par la même roche amphibolique dans toute sa pureté ; quelques blocs qui s’en sont détachés en rendent les abords plus difficiles. Toutes les montagnes qui composent cette chaîne et qui se diri- gent vers l’E.-N.-E. appartiennent entièrement à la même for- mation , et sont toutes le produit du soulèvement qui dut avoir lieu immédiatement après la formation des terrains de transition inférieurs. Il est à remarquer que les changements à observer dans les différents terrains correspondent presque identiquement aux mêmes hauteurs. Il n’y a que le grès qui, dans les dernières, telles que Iaha et Guendepta , s’élève à une plus grande puissance qu’ailleurs et forme la crête de ces montagnes. Je vais maintenant donner la description des terrains que l’on traverse au N. -O., et que j’ai examinés avec soin dans l’excursion que je fis au Mareb , dans le mois de septembre dernier , en com- pagnie de M. Lefèvre, qui en détermina toutes les positions géo- graphiques. Ayant donc laissé le Scheullenda à notre droite et nous diri- geant vers le JN.-O., nous traversâmes la vallée de Mai-Terra, coupée parle ruisseau du même nom. Je n’y rencontrai que des schistes argileux plus ou moins décomposés, inclinés de 30 à 35°, et traversés par des filons de quarz blanc de lm,50 à 2 mètres de puissance. Arrivés au-dessous du plateau de Débra*Sina (monta- gne de Moïse) , que nous avions au S. -S. -O., nous tournâmes un peu au N., et nous franchîmes pendant environ 3 milles une SÉANCE DU 15 MAI 1<3Î3. 501 série de petites collines composées à leur base de schiste argileux , et au sommet de conglomérat pétrosiliceux qui forme le sol de tous les plateaux du Tigré et la crête de presque tous les ravins. Après être descendus pendant près d’un demi-mille , nous traver- sâmes le ruisseau de Mai-Kkanaho où nous nous arrêtâmes envi- ron une heure. Ce ruisseau coule vers l’O., entre des blocs de rochers de schiste argileux compacte qui forment son lit, et quel- ques blocs de roches amphiboliques provenant des hauteurs et des ravins de Débra-Sina. Nous reprîmes notre course , toujours dans la direction N. -O., et après un demi-mille nous eûmes à gravir et à passer la montagne de Addi l le d mot. Le sentier que nous sui- vîmes , très étroit et resserré entre des schistes, était composé de schiste argilo-fèrrugineux en décomposition , d’une couleur jaune d’ocre et très friable. Les abords de la route étaient hérissés de blocs détachés de roches amphiboliques que l’on trouve, pointant à travers le sol , vers le sommet de cette montagne. La descente était d’une nature analogue, et je n’eus pas à re- marquer de changements dans la formation jusqu’au village de Ûahro-Tecli , qui fut notre premier point de station. M. Lefèvre en détermina la hauteur et la position. Il était trois heures et demie lorsque nous arrivâmes, et le thermomètre marquait 32°, 05 centigrades. Le lendemain , en quittant Dahro-Tecli , nous trouvâmes une descente de 2 milles et demi , toujours dans le même terrain. Toujôurs des schistes décomposés, traversés par des filons de quarz hyalin d’un brun rouge violacé, à cassure vitreuse. L’in- clinaison de ces schistes était de 33°, et leur direction S -S. -O. JNous arrivâmes alors dans une plaine cultivée et couverte de champs de Michalla, de Dourru et deTeff. Pendant un mille, nous suivîmes un sentier à travers champs , qui nous conduisit au bord d’une ri- vière appelée le Korzoliro,qui coulait dans la direction S. 1/2 O.; nous remontâmes son cours pendant quelques minutes , et nous reprîmes notre route sur la berge opposée. Quelques instants après nous retrouvâmes le même cours d’eau qui , dans cet endroit , change de direction d’une manière si brusque , que nous le re- trouvâmes se dirigeant vers l’E. 1/2 N. -O. , direction qu’il perd bientôt pour reprendre son cours vers le N.-E. Son lit est situé entre deux berges couvertes d’arbres, parmi lesquels on trouve le Meder- deus. L’on y rencontre la même roche amphibolique d’origine ignée dont j’ai déjà parlé , seulement les cristaux d’amphibole y sont plus distincts. Les cailloux roulés par ce cours d’eau sont les dé- bris des terrains supérieurs , tels que les pétrosilex des plateaux ar - 502 SEANCE DU !5 MAI I 8 i 3 . rondis ainsi que les fragments de cette même roche amphibolique, du quarz blanc , des morceaux de fer en rognons ,j chargés d’une poussière gris bleuâtre scintillant, qui m’a paru être du fer titane. On en remarque aussi de mêlé au sable , ainsi que des paillettes jaunes ductiles, non cassantes comme le mica, qui paraissent être de l’or. Nous nous arrêtâmes dans un endroit où la rivière forme plusieurs torrents à travers les mêmes roches , et où l’eau en creusant a formé plusieurs petits bassins dans la roche. Cet en- droit , entouré de prairies et ombragé de grands arbres , présente au voyageur un abri agréable , et semble l’inviter à s’y reposer : aussi la rivière prend-elle en cet endroit le nom de Matahahba- labo, qui veut dire « Je lave ma toile , >' et qui vient de ce que les Abyssins en voyage s’y arrêtent pour laver leurs vêtements et s’y baigner. Après nous être reposés environ une heure et demie en cet endroit , nous prîmes notre route à travers une plaine appelée Amado , qui s’étend jusqu’au bord du Mareb et qui n’en est sépa- rée que par les collines d’Additsada et d’Adderbati. Au commence- ment de cette plaine on aperçoit pointer à travers le sol des schistes ardoisiers ayant une inclinaison de 57° et une direction O. ; nous nous dirigions sur le N.-N.-E. , et de là j’aperçus encore une fois le cours d’eau que nous venions de quitter et qui se perdait vers l’E. Cette plaine dont le terrain meuble est formé des détritus des schistes argileux et des sables des divers cours d’eau qui l’entou- rent, est assez fertile surtout en graminées dont on trouve plu- sieurs espèces. Après avoir cheminé environ 5 milles dans la direction N., nous tournâmes au N. -O., et gravîmes la montagne d’Additsada, toujours composée de schistes argilo-ferrugineux , décomposés et traversés par des filons de quarz d’un mètre de puissance, dont les débris étaient épars sur les flancs de la mon- tagne, dont la pente était de 25 à 30°. Nous trouvâmes au som- met quelques maisons que nous laissâmes sur notre droite, et après avoir franchi quelques collines mamelonnées pendant l’es- pace d’un mille et demi, nous arrivâmes au village d’Adderbati , qui est situé sous le 14°29' de latitude et sous le 36° 25' de longi- tude; sahauteur est de 4,288 pieds au-dessus du niveau de la mer. Le sol est toujours le schiste argileux, incliné de 60° et coupé par des filons de quarz. Le lendemain 3 septembre, malgré les craintes qu’on avait cher- ché à nous inspirer sur l’état sanitaire du pays bordant le Mareb , nous nous mîmes en marche vers ce fleuve. Pendant la descente d’Adderbati à la plaine d’Amado, le terrain était toujours schis- teux et quarzeux ; ce n’est qu’à deux milles avant d’entrer tout à- SÉANCE DU 15 MAI 1843. 603 fait dans îa plaine que l’on commence à reconnaître un change- ment dans le terrain. En traversant plusieurs collines on s’aperçoit que le granité du terrain primitif commence à se montrer à la base ; mais vers le milieu de la plaine , au passage d’un lit de torrent dans une gorge assez étroite , on trouve ce granité blanc surmonté par une couche de schiste ardoisier de 50 pieds de puissance , in- cliné de 90° ; ce schiste se diviserait facilement en larges tables parfaitement unies de 2 mètres de côté sur 3 centimètres d’épais- seur. Sur le côté opposé on trouvele granité à grains plus ou moins fins qui entre en décomposition. Ce granité , composé de quarz , de mica noir et de feldspath à gros grains , se brise très facilement sous le doigt par le passage du feldspath à l’état de kaolin. C’est, du reste, le même que j’ai trouve au Mareb, formant le lit du fleuve. Au point où nous le visitâmes , le Mareb coule dans un lit de granité à gros grains où le feldspath domine et présente une cas- sure cubique et lisse; sa texture est entremêlée de grains de quarz et de paillettes de mica noir. Les cailloux que roulent ses eaux sont des débris de roches primitives granitiques, de pétro- silex, de boules d’argile siliceuse mêlée de fer en poudres comme celui que j’ai déjà signalé dans le cours du Korzohro; son sable est un composé de silice, de mica noir , de paillettes d’or qui , à ce qu’il paraît, s’agglomèrent vers le bas de son cours au point que les Changallas le recueillent en grain. La largeur du Mareb avait en cet endroit 20 mètres, et sa pro- fondeur n’excédait pas 1 mètre. On l’apercevait venir de l’E. entre îa montagne d’Additecki , et il coulait ensuite au N. -O. D’après l’observation barométrique , nous eûmes pour sa hau- teur au-dessus du niveau de la mer, 3,906 pieds 6,6, (1264m,9). M Lefèvre ayant reconnu qu’une correction atmosphérique était nécessaire , nous reprîmes l’observation à midi ; elle nous donna 1 ,175 mètres. Le lendemain nous séjournâmes à Adderbati, d’où je dessinai une vue générale des montagnes d’Adona que nous venions de traverser, en relevant au théodolithe tous les points les plus mar- quants de cette chaîne. Enfin le 5 nous retournâmes à Adona par la route d’iaha, qui est composée des mêmes roches dont j’ai déjà parlé , et qui appartient à îa même formation. Dans la seconde partie de ce rapport, je donnerai le détail des environs d’Axoum, du Chiré, et des rives du Tacazé jusqu’à Mai- Tallo, séjour d’Oubie dans le Semen. Cette seconde partie pourra présenter plus d’intérêt sous le rapport minéralogique , comme étant plus riche que ce que je viens de décrire. SlCANCE DU ÎÔ MAI 1843. 504 C’est dans cette partie du Tigré que se trouvent les agates , les mines de cuivre carbonate vert et le terrain à turquoises dont j’envoie avec le présent rapport un échantillon. Considérations générales. D’après l’examen des faits précédents, je crois devoir conclure que la nature géologique du sol du Tigré appartient en grande partie au terrain de transition inférieur. Ce terrain fut soulevé, à l’époque de sa première période, par des roches ignées infé- rieures , lesquelles , poussées par un développement considérable de chaleur dans l’intérieur du globe et trouvant des terrains d’une nature siliceuse qui leur présentaient une résistance très tenace , durentfaire un effort considérable. Cet effort produisit les disloca- tions et les ruptures qui caractérisent les accidents du sol de cette contrée. De plus , les ruptures produites par les masses ignées ayant été soumises ensuite à un refroidissement et à une tempéra- ture moyenne invariable, il dut y avoir contraction à la suite de l’ébranlement général , et par suite une série de mouvements ayant une relation intime avec la situation de la première rupture. C’est par cette relation qu’il me paraît possible d’expliquer le parallélisme vertical des ruptures des roches pétro-siliceuses qui dominent le schiste argileux. De plus , les pluies continuelles qui viennent fondre sur l’Abyssinie régulièrement pendant les mois de mai, juin , juillet et août, formant des torrents et des cours d’eau qui se précipitent du haut des montagnes, ont dû, en entraî- nant avec elles les parties solubles des roches , telles que l’alü- mine et la chaux , creuser des ravins qui entourent les plateaux , et dans lesquels se correspondent , des deux côtés, des roches de même nature ; car il est à remarquer que presque partout la na- ture du terrain se trouve la mème'à la même hauteur. Le Secrétaire donne lecture de la lettre suivante, adressée , le 20 mars 1843, de Lanquais (Dordogne), par M. Charles Desmoulins au Président de la Société. J’ai reçu, le 7 de ce mois, les parties de la Paléontologie fran- çaise des terrains crétacés qui ont été publiées par M. Alcide d’Orbigny|pendant l’année 1842. Au nombre des genres traités dans ces livraisons se trouve le nouveau genre Globiconcha , sur lequel je vous prie de me permettre de présenter quelques ob- servations à la Société géologique. SEANCE DU 15 MAI 1843. 505 Sur les quatre espèces décrites, il en est deux ( G. Fleuriausa et ovula) que je ne possède pas. La troisième (G. rotundata) me laisse des doutes, parce que les deux seuls échantillons, assez mauvais, que j’ai cru pouvoir y rapporter , ont été trouvés dans la craie à Rudistes supérieure (4e zone de M, d’Orbigny) avec l’espèce commune, et non dans les grès verts inférieurs comme celle du Mans que M. d’Orbigny a décrite. Je fais hommage à la Société d’un de ces deux échantillons, en faisant observer que je n’ai pas la certitude qu’ils ne soient pas de jeunes individus du G. Mar- rotiana de M. d’Orbigny ; car il ne serait pas contraire aux prin- cipes généralement reconnus que cette coquille fût un peu moins globuleuse dans son jeune âge que dans un âge plus avancé. Dans le cas où M. d’Orbigny reconnaîtrait cet échantillon pour un Rotundata , cette espèce se trouverait commune à deux zones de Rudistes. C’est sur la quatrième espèce (G. Marrotiana ) que roulent les observations annoncées plus haut; elles ont trait à l’espèce elle- même, et au genre quia été établi principalement pour elle. Et cl’abord, cette coquille fossile, qui , comme l’a dit M. d’Or- bigny , ne se trouve jamais qu’à l’état de moule , m’est connue depuis fort longtemps. Je l’ai découverte, vers 1826 ou 1827, dans la craie qui forme les falaises de la Dordogne, entre Lanquais et Couse, dans les belles carrières du Port de Léna . Depuis lors , je l’ai eue des communes de Couse, Lanquais, Lalinde, Varennes, toutes localités dont les plus distantes ne sont éloignées que de 4 kilomètres environ. J’estime à une quarantaine au moins le nombre d’échantillons ou de fragments bien caractérisés yui m’ont passé par les mains : j’en ai envoyé à plusieurs de mes correspondants ; je n’en ai plus aujourd’hui sous les yeux que 26 ; et je fais observer que cette coquille est du nombre extrêmement petit (10 peut-être) de celles que je n’ai pas trouvées communes à notre craie et à celle de Royan. Je ne vis d’abord que des échantillons semblables à celui que M. d’Orbigny a figuré (pl. 170, fig. 1-2). A cette époque, le Bulla aplustre , Linn. , malgré sa spire visible, passait encore pour une Bulle; à cette époque encore, nous considérions comme une Bulle , eu égard à sa forme générale , le fossile de la craie que M. Dujardin a décrit depuis sous le nom de Volvaria crassa , et que M. d’Orbigny vient , avec toute raison , de retirer de ce genre , en le plaçant dans son genre Actéonelle ( A , crassa ). A cette époque donc , mon fossile fut une Bulle pour moi , et je lui destinai , dans ma collection, le nom très descriptif de Bulla cepa . Mais il advint .506 SÉANCE DU 15 MAI 1843. qu’un échantillon, le plus beau de ceux que j’aie jamais vus, fut trouvé dans la falaise du Port de Lanquais , et me présenta un caractère qui est resté inconnu à M. d’Orbigny et qui me déter- mina tout d’abord à une nouvelle attribution générique. Mon fos- sile devint alors pour moi Dolium cepa. Je n’ai pas noté l’époque à laquelle j’effectuai ce changement ; mais elle est antérieure au 21 février 1832, jour où je fis à M. Isaac Lea , à Philadelphie, un envoi dont le catalogue porte ce nom. Je travaillais depuis quatre ans alors à la description des fossiles de la Gironde et de la Dor- dogne. D’autres travaux et des circonstances étrangères m’ont empêché de mener à fin mon projet, et je vois actuellement pu- blier de tous côtés des nouveautés que mes tiroirs contiennent de- puis vingt ans. Je reviens au caractère générique dont j’ai parlé. Il consiste en un enfoncement longitudinal qui borde le labre de la coquille , et que vous verrez sur deux des échantillons ci-joints, dont j’ai rhoimeur de faire hommage à la Société. Cet enfonce- ment prouve que le bord droit ou labre n’était pas simple et tran- chant comme dans les Bulles, mais qu’il se repliait en dedans, en forme de bourrelet intérieur, comme dans la plupart des Tonnes. L’échantillon sur lequel je fis cetteobservationme montre aussi que ce labre se renversait en dehors sous la forme d’une lame élargie, comme on le voit dans le Dolium latilabre , Kiener ( D. ringens , Wood), J’ajoute en passant que c’est la grande largeur de cette lame renversée en dehors qui donne à mon grand échantillon une largeur de 90 millim. sur 80 de hauteur, tandis que M. d’Or- bigny n’a dans le sien que 57 millim. de large sur 54 de haut, parce qu’il n’a pas connu le labre. En effet , si sa coquille eût été complète , elle aurait dû avoir 60 millim. de large (54 : 6o :: so : eo). Sur les 26 échantillons que j’ai encore sous les yeux, six, dont deux sont ci-joints, nos 1 et II (1) , permettent de voir cet enfon- cement ou sillon du labre. Trois d’entre eux (dont un est ci-joint sous le n° IV) présentent un autre caractère, dont je m’étaie également pour contester la place que M. Aie. d’Orbigny a donnée à cette coquille. Ce carac- tère consiste dans la présence d’un enfoncement pareil à celui du labre , mais situé dans une autre partie de la coquille (au côté op- posé à ce qui reste de l’ouverture dans les trois échantillons dont (î) Ces numéros sont ceux des échantillons adressés à la Société par fauteur à l’appui de sa lettre, pour être déposés dans les collections de la Société. ( Note du Secrétaire .) SEANCE DU 15 MAI 1813. 507 je parle) ; vestige , par conséquent, d’un labre ancien , arrêt d’ac- croissement dont je ne connais pas d’exemple dans la famille où M. d’Orbigny place mon fossile, et qui se présente à chaque instant, au contraire, dans les Casques, les Strombes et genres voisins. Un troisième caractère , également inconnu à M. d’Orbigny, et dont vous verrez un exemple parfait dans l’échantillon ci-joint n° I, m’est offert par cinq des 26 individus que j’examine. Ge ca- ractère, c’est la columelie creuse comme on la voit dans les Tonnes , et dont je ne trouve aucun exemple dans la famille des Actéonidées de M. d’Orbigny. La grandeur du vide que forme l’ombilic du moule [Avellana cassis , par exemple ) prouve que leur énorme columelie est solide. Tels sont, monsieur le président, les trois caractères qui me semblent de nature à empêcher l’admission de mon fossile dans la famille des Actéonidées de M. d’Orbigny. Quels sont ceux main- tenant qui m’ont déterminé à l’attribuer de préférence au genre Dolium? Ils sont au nombre de cinq ; je les trouve, 1° dans la forme générale globuleuse, builoïde ; 2° dans l’évidente et ex- trême minceur du test; 3° dans la brièveté et la largeur très pré- sumables du canal dont quelques restes me font penser, comme M. d’Orbigny l’a entrevu, que la coquille est pourvue; 4° dans Fabsence.de dents, rides ou plis au labre et à la columelie; 5° dans la brièveté de la spire (je reviendrai tout-à-l’heure sur ce caractère). On pourra m’objecter: 1° que les Dolium sont pourvus de côtes transversales. Je répondrai que les Actéonidées sont pourvues de stries transversales ponctuées , et que jamais les contre-empreintes de mon fossile ne m’ont offert de traces d’un relief quelconque. 2° Que les Dolium n’offrent pas d’arrêt d'accroissement . Je ré- pondrai que toute une division des Casques n’en offre pas non plus. Je dirai encore qu’il est une division des Dolium (celle qui contient les Dolium pomum etlatilabre ) où l’on trouve desindividus à labre bordé de toutes les tailles, et qu’il est par conséquent im- possible que si ces coquilles étaient représentées par un moule , ce moule ne portât pas l’empreinte des bourrelets des anciens la- bres. Cette division du genre Dolium est tellement tranchée, qu’en 1841, notre honorable collègue M. Grateloup et moi fûmes sur le point de la publier comme genre distinct , sous le nom très expressif de Cassidolium , lequel aurait fait ressortir les rapports de ces coquilles avec les Casques et les Tonnes. Mais une réserve 608 SÉANCE DU 16 MAI 1843. que je crois bien sage nous lit préférer, au plaisir d’attacher le bien- heureux nobis à un nom générique déplus, la crainte d’établir un genre sans la connaissance de l’animal et sans des caractères d’une valeur irréfragable. J’ai dit que je reviendrais sur la brièveté de la spire dans la co- quille que JVJ. d’Orbigny a nommée Globiconcha Marrotiana. Sur les 26 individus que j’ai sous les yeux , il en est quatre dont la spire est saillante comme dans le G. rotundata. Les tours s’appli- quent l’un sur l’autre par leur bord supérieur, très aminci. Vous en acquerrez la conviction en examinant l’échantillon ci joint n 1 1Y, et vous reconnaîtrez des traces de cette disposition sur l’é- chantillon n° II ; sur le n° I, vous verrez le passage graduel du tour aminci par son bord supérieur au tour très obtus et très ar- rondi : enfin , dans le n° III , vous verrez la spire toute plate , et vous reconnaîtrez que la spire saillante , plate ou enfoncée , est un simple accident de fossilisation , plus fréquemment anomal que normal dans cette espèce , et qui est du à la qualité de la pâte qui s’est introduite, puis moulée dans l’intérieur de la coquille. Ce phénomène de tassement , ou de remplissage incomplet des tours , se reproduit fréquemment dans la craie et dans le calcaire grossier. Plus la pâte est chargée de coquilles microscopiques ou de menus fragments anguleux, plus le dessèchement en a diminué le volume. Donc , ce caractère de l’enfoncement de la spire dans le Globiconcha Marrotiana , caractère qui rompt l’unité du genre, est complètement illusionnel. Un de nos collègues, voyant à Paris, chez M. d’Orbigny, le fossile que ce savant auteur , dans son magnifique et excellent ouvrage, a décrit sous le nom de Globiconcha Marrotiana, lui dit que j’avais depuis longtemps étiqueté la meme coquille du nom de Dolium cepa. M. d’Orbigny l’ignorait, et en effet, je ne la lui avais pas envoyée; maison concevra facilement que je ne puis pas passer ma vie à dépouiller mon cabinet pour des collec- tions que je sais infiniment plus riches que la mienne. Lorsque j’écrivis à ce sujet à M. d’Orbigny, le 22 novembre 1842, il me fit l’honneur de me répondre que son genre Globiconcha était déjà publié, et que tout lui donnait la certitude que ce n’était pas une Tonne , mais un genre voisin des Actéons. Je compris alors qu’il fallait que M. d’Orbigny n’eût vu que des échantillons trop im- parfaits, et, me trouvant enfin en possession des planches et des descriptions qui s’y rapportent, je viens, pièces en main, dé- fendre devant !a Société géologique l’attribution que j’ai faite du SÉANfCE DU 15 MAI 1843. 309 fossile au genre Dolium , et conclure (en ce qui concerne du moins la seule espèce que j’aie certainement sous les yeux) : 1° que le genre Globiconcha n’est pas né viable , parce qu’il est établi sui- des pièces où manquent plusieurs caractères essentiels • 2° qu’à supposer qu’il pût être maintenu , il ne devrait pas être conservé dans la famille des Actéonidées, dont il rompt l’unité par sa forme globuleuse , la minceur de son test , l’absence de plis ou de dents sur les bords de l’ouverture, la présence d’une coluinelle creuse, l’existence d’un labre lamelliforme replié en dehors, et l’existence de bourrelets internes dus à la conservation des labres anciens ; 3° qu’il devrait alors être porté dans la famille des Purpurifères de Lamarck {Entomostomes ampullacés de M. de Blainville) ; 4° enfin, que les caractères exceptionnels attribués à l’espèce Marrotiana ne sont pas réels, mais dus seulement à un accident de fossilisation. M. Aie. d’Orbigny répond en ces termes à la lettre pré- cédente : M. Charles Desmoulins fait allusion, dans sa lettre, à plusieurs questions auxquelles je crois devoir répondre, malgré ma répu- gnance à suspendre momentanément mes études pour défendre la création d’un genre ou d’une espèce qui , quelque place qu’on leur assigne, seront toujours de simples matériaux dans le vaste champ de la science. M. Desmoulins se plaint que l’on publie de tous côtés des nou- veautés que ses tiroirs contiennent depuis vingt ans , en disant pour- tant, lorsqu’il ne communique rien, qu’il ne peut passer sa vie à dépouiller son cabinet pour des collections plus riches que la sienne, 11 y a ici deux choses distinctes. D’abord, nous avons tous, et depuis longtemps, dans nos col- lections des espèces non décrites. J’en possède, pour ma part, au moins un millier , sans que j’aie jamais songé à leur donner de noms de cabinet, ni à me formaliser de les voir décrites et pu- bliées par d’autres zoologistes. Une espèce n’a d’existence scienti- fique que lorsque la description et la figure en sont imprimées, et que tout le monde a pu la connaître. Quand je m’occupe d’un genre, puisque M. Desmoulins ne veut rien communiquer, s’il me fallait aller au château de Lanquais ( Dordogne), afin d’y re- levés- les noms que ce savant a donnés dans sa collection , je passe- rais ma vie en voyage , et l’on conviendra que ce serait rendre toute publication impossible : aussi suis-je bien convaincu qu’à cet égard tous les auteurs s’accordent pour ne tenir compte que olO SEANCE EU 15 MAI 1813. des travaux imprimés, les seuls admissibles comme propriété lit- téraire et scientifique. Quant au second point , M. Charles Desmoulins déclare qu’il ne veut pas dépouiller sa collection pour enrichir celles des au- tres. Ce savant fait allusion à la prière qu’avant de commencer ma Paléontologie française , je lui adressai de vouloir bien , dans l'in- térêt général , me communiquer le produit de ses importantes re- cherches. Je ne demandais rien pour mes collections particulières, mais bien pour une publication nationale , destinée à propager le goût de la paléontologie . et à fixer les idées relativement à son application immédiate à la géologie. Mon appel aux lumières des savants français fut entendu. Je trouvai partout la même bien- veillance, et, je le dis avec peine , M. Charles Desmoulins, dont j’estime les intéressants travaux, et que j’aurais été heureux de citer , fut le seul peut être en France qui ne contribua pas à com- pléter mon ouvrage. Sur le terrain exploité par M. Charles Des- moulins se trouvaient heureusement MM. Marrot, Querrv, etc., à qui je dois la communication des fossiles de la Dordogne, parmi lesquels je reconnus le Globiconcha en question. Si M. Desmou- lins avait eu la bonté de me le communiquer, j’aurais avec plaisir conservé le nom spécifique de Cepa , en plaçant cette coquille dans le genre Globiconcha ; ce que je n’ai pu faire, dans l’ignorance où j’étais que ce naturaliste l’eût déjà nommée dans son cabinet. M. Desmoulins, quoique sa collection renfermât des échantil- lons complets de Globiconcha , s’est refusé à me donner les moyens de m’éclairer : et pourtant il attaque en même temps le genre et l’espèce que j’ai créés; mais les motifs sur lesquels il fonde son opinion me paraissent corroborer la mienne. 11 dit que trois caractères s’opposent au classement du genre dans la famille des Àctéonidées où je l’ai placé: 1® Le sillon clu labre. Or, le bourrelet dont le sillon est l’ em- preinte existe chez les Ringinelles, les Pungicules et les Avellana que j’y range également. C’est donc, au contraire, un caractère commun dans la famille ; 2° La reproduction à divers âges des sillons du bord. J’ai dit qne les Pyramidélidées pouvaient à peine se séparer des Actéonidées , et j’ai mis les deux familles l’une à la suite de l’autre. Ce caractère des points d arrêts dont parle M. Desmoulins se trouve fréquem- ment sur les Pyramidelles , et je l’ai figuré chez la Nerinea peri- gardina. Il n’est donc pas étranger à cette série de "coquilles , et , dans tous les cas , ce n’est qu’un caractère spécifique ; 3° La columelle creuse. Si M. Desmoulins eût jeté les yeux sur SÉANCE DU 15 MAI 1843. 511 les espèces vivantes du genre Actéon (Tomate lia, Lamarck), il au- rait reconnu que la columelle y est creuse , comme chez les Glo- biconcha. Il peut s’en assurer sur une coquille de nos côtes le Tornatella fasciüta , Lamarck. D’ailleurs, les Pyramidelles , les Bonellies, et quelques Nérinées, ont aussi l’ombilic perforé , et ce caractère n’est pas générique , mais bien spécial à quelques espèces dans chaque genre. Les trois caractères donnés par M. Desmoulins comme s'oppo- sant au classement de la coquille en question dans les Actéonidées sont , on le voit, propres à cette famille , et je m’étonne qu’ils aient échappé à son attention. Cinq caractères, suivantM. Desmoulins, rapprochent plus par- ticulièrement le genre Glohiconcha des Tonnes : 1° La forme générale. Il suffit , je pense , à l’œil le moins exercé, de comparer les Glohiconcha aux Avellana, aux Actéon , aux Rin- ginella, etc., pour s’assurer que cette coquille en atout le faciès extérieur, et n’a nullement celui du Dolium. 2° La minceur du test. Ici Fauteur s’est encore évidemment trop avancé. Le peu d’épaisseur du test n’exclurait pas le classement d’une coquille dans la famille des Actéonidées , puisque plusieurs espèces, Y Actéon ovum , par exemple , est au moins aussi mince : ce serait tout au plus un caractère d’espèce ; mais il n’en est rien , puisque tout annonce, au contraire, dans le Globiconcha Marro- tiana dont il est question, une coquille épaisse, surtout vers la columelle et l’extrémité de la spire; caractères incompatibles avec le classement dans le genre Dolium. 3° La brièveté et la longueur du canal. Encore ici M. Desmou- lins n’avait pas présents les caractères assignés par moi à la fa- mille, pas plus que les genres que j’y place ; en effet, il aurait vu que les Volvaires (le type) et les Ringicules ont cette échan- crure souvent indiquée, même chez les Avellana; ce caractère n’exclut donc nullement le classement du Globiconcha dans la famille. 4° L'absence de dents , de rides ou plis au labre et à la columelle . L’absence de rides, de plis au labre, au lieu de militer en faveur du classement cle la coquille en litige clans le genre Dolium , viendrait l’en exclure, attendu que toutes les espèces de ce genre ont le bord couvert de dents ou de plis. M. Desmoulins ne peut donc pas s’en servir. Si le Globiconcha avait des dents à la columelle, il rentrerait dans le genre Avellana; mais ce caractère est précisément différentiel entre les deux genres. 5° La brièveté de la spire. Cette spire , d’après les quatre es» 512 SÉANCE DU 5 JUIN 1843. pèces figurées dans ma Paléontologie , est analogue en tout à celle des autres genres , et en particulier au genre Avellana. Ainsi , d’un côté , les trois caractères qu * M. Desmoulins indi- que comme s’opposant au classement du genre Grlobiconclia dans la famille des Actéonidées sont, au contraire, propres à cette fa- mille , et les cinq caractères qui , suivant lui , rapprochent plus particulièrement ce genre des Dolium , ou manquent dans le genre Dolium , ou sont plus rapprochés encore des Actéonidées. Quant aux objections tirées de la longueur de la spire du Glo- biconcha Marrotiana , elles sont aussi peu fondées. J’ai décrit le moule , et mes caractères sont constants sur cette partie, et non illusionnels , comme le dit M. Desmoulins. 11 n’est pas moins évi- dent que cette différence du moule à la coquille ne tient point a des accidents de fossilisation. J’ai vu trop de fossiles pour m’y laisser prendre. Ils dépendent de la grande épaisseur et de l’o- blitération de l’extrémité de la spire par l’animal qui ne pouvait l’occuper entièrement ; circonstance fréquente chez les INérinées et les Cérites , qui empêche le moule interne d’avoir la même forme que le test externe. En résumé , l’on voit que toutes les objections de M. Desmou- lins sont sans fondement, et que si j’ai créé le genre Globiconcha , qu’il soit viable ou non , ce n’est point par le désir d’y attacher le bienheureux Nobis dont il parle , mais par suite d’un principe gé- néral adopté par tous les zoologistes , de former des coupes nou- velles chaque fois qu’une série de formes ne peut rentrer dans les genres connus. ÎMon genre Globiconcha est , en effet, tout simple- ment une Avellana sans plis à la columelle , et non une coquille voisine des Dolium , genre inconnu même aux terrains tertiaires , tandis que la famille des Actéonidées est si développée au sein des terrains crétacés. Cette considération géologique est d'une grande valeur dans la détermination et le classement des genres, puis- qu’elle tient à leur ordre chronologique d’apparition à la surface du globe. Séance du 5 juin 1843. PRÉSIDENCE DE M. ALC. DORBIGNY. M. Angelot, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance dont la rédaction est adoptée. Ee Président proclame membres de la Société: SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 513 MM. De Boucheporn, ingénieur des mines à Toulouse, pré- senté par MM. Élie de Beaumont et Dufrénoy ; Bosc (Pierre), négociant à Bordeaux, présenté par MM. A. Boué et A. Viquesnel ; Bouffard, à Paris, rue Bagneux, n° 7, présenté par MM. Alcide d’Orbigny et Hommaire de HelL DONS FAITS A LA SOCIETE. La Société reçoit : De la part de M. Alcide d’Orbigny, la 13e livraison des Terrains jurassiques de sa Paléontologie française . De la part de M. Ch. d’Orbigny, la 35e livraison du t. III du Dictionnaire universel d'histoire naturelle dont il dirige la publication. De la part de M. Eugène Robert, V Histoire et description naturelle de la commune de Meudon , in-8°, 520 pages. Paris, 1843. De la part de M. le baron d’Hombres-Firmas , la suite de ses Mémoires et observations de physique et d'histoire natu- relle , in-8°, 15 pages, 2 pl. De la part de M. Adrien Paillette, Rapport des commis- saires de l’Institut sur son Mémoire intitulé : Recherches sur la composition géologique des terrains qui renferment , en Sicile et en Calabre , le soufre et le succin, in-4°, 1 1 pages, 1843. De la part de MM. les administrateurs du Muséum d’his- toire naturelle , les Archives du Muséum d'histoire naturelle , lreet 2e livraison du tome III, in-4°, 150 pages, 23 pl. La Société reçoit en outre les publications suivantes : Comptes-rendus des séances de V Académie des sciences pour l’année 1843, 1er semestre (t. XVI, nos 19, 20 et 21). Bulletin de la Société de géographie , 2e série , tome XIX , n° 111. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse , nos 78 et 79. Revue de l'Orient , 1er cahier, mai 1843. Soc. géol. Tome XIV. 33 SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 514 Mémoires de P Académie royale des sciences de Turin , 2« série , tome IV. Correspondenzblatt , etc. (Journal de la Société royale agricole du Wurtemberg), nouvelle série, tome XXII, année 1842, n° 6. L’Institut, nos 490 — 492. L’Echo du Monde savant , nos 37 — 42. The Geologist , n° XVI, mai 1843. The Athenœum , nos 812 — 814. The Mining Journal , nos 404 — 406. Enfin, M. le général Pelet , directeur général du Dépôt de la guerre, envoie à la Société la 7e livraison de la Carte de France , composée de 8 feuilles M. E. Robert fait don d’une Vue des montagnes voisines d’ Hammerfest. CORRESPONDANCE. Le Secrétaire donne lecture de la lettre par laquelle M. le lieutenant-général Pelet, pair de France, directeur général du Dépôt de la guerre, adresse à M. le marquis de Roys, archiviste, la 7e livraison de la nouvelle Carte de France , qui doit compléter jusqu’à ce jour l’exemplaire de cette col- lection accordé à la Société géologique. Le Secrétaire donne également lecture de la lettre sui- vante, adressée, le 1er juin 1843, de Gérodot au Président de la Société, par M. Clément-Mullet. En faisant la table du 13e vol. du Bulletin , je lis dans la notice fort curieuse de M. Leymerie, sur les terrains diluviens du dé- partement de l’Aube, page 70 : « Il semble que l’assise inférieure » du tuf de Resson doive son origine à des eaux calcarifères qui » seraient venues peu à peu envahir un marais. » Je ne vois point qu’il soit nécessaire de recourir ainsi à l’invasion subite d’une masse d’eau calcarifère dont on ne connaît pas le point de départ. Il paraît au contraire bien plus rationnel de chercher l’origine de ce tuf dans le ruisseau qui coule au fond de la vallée, et dans le- quel se voient encore des incrustations qui se forment tous les jours. Cette source, dans le principe plus abondante, fournissait un volume d’eau plus considérable , qui aussi devait produire SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 515 des dépôts plus puissants que le petit filet d’eau qu’on voit main- tenant. Dans la note 1 , page 76, M. Leymerie fait observer qu’il y a cette différence entre le diluvium parisien et le diluvium troyem, que le premier contient des roches anciennes , et que le second n’en contient pas. Cette différence semble assez facile à expli- quer par la nature des alluvions de quelques uns des affluents de la Seine qui viennent grossir ce fleuve beaucoup au-dessous des limites du département de l’Aube. Aussi , l’Armançon , qui prend sa source à peu de distance d’Arnay-le-Duc, amène avec lui des ga- lets de roches primitives, qu’il charrie dans toute la longueur de son cours jusqu’à l’Yonne, dans laquelle il débouche près de Joigny. J’ai vu beaucoup de ces galets de granité, autant que je puis me le rappeler, àFIogny prèsTonnerre. L’Yonne , à son tour, les amène à la Seine , près de Montereau , et de là , ces galets granitiques roulent dans le lit de ce fleuve mêlés au gravier diluvien. Un fait qui témoigne encore de l’origine des graviers diluviens de la Seine, c’est la découverte faite par M. Choron , professeur de sciences physiques au collège de Troyes, et par moi ensuite, de Nérinées recélées dans ce gravier. Or , on sait que la Seine traverse un calcaire à Nérinées vers Mussy, petite ville située au S.-E. du département de l’Aube, proche des limites de celui delà Côte-d’Or. M. A. Viquesnel, trésorier, conformément à l’art. 10 du chap. IV du règlement, présente l’état suivant des recettes et dépenses de la Société du 1er janvier an 1er juin 1843 : Il y avait en caisse au oi décembre 1842 1 ,55 1 fr. y5 c. La recette depuis le 1er janvier dernier s’élève à. . 8,o45 55 Total 9,597 3o La dépense depuis le ier janvier s’élève à 8,764 55 Reste en caisse au ier juin 852 75 Dans la dépense figure une somme de 1,213 fr. 60 c. pour achat de 50 fr. de rente 5 0/0. Dans la recette figure une somme de 1 ,200 fr. pour quatre cotisations une fois payées. M. Viquesnel donne ensuite lecture de l’extrait suivant d une lettre à lui adressée par M. A. Boue. 516 SÉANCE DU 5 JUIN 1843. Avez- vous trouvé dans les journaux une notice sur la présence et l’exploitation du mercure natif dans les grès et calcaires gros- siers tertiaires de Lisbonne ? Ce fait est le pendant de celui de Montpellier (1). Les observations de M. Marcel de Serres seraient donc fondées, malgré les plaisanteries des personnes qui ont pensé que le mercure de Montpellier provenait de quelque pharmacie ou des dépouilles mortelles de quelque malade traité par un sel mercuriel. Dans les deux localités , il est sorti des culots basal- tiques (Montferrier, etc.). La découverte de l’or à Lisbonne est moins étonnante. Ce métal provient du lavage des terrains anciens opéré pendant l’époque tertiaire. Avez-vous aussi lu le rapport concernant un Mamoutli entier découvert en Sibérie , près de la Léna , et transporté à Moscou ? Les intestins contenaient encore les aliments dont l’ animal se nour- rissait. Cette dernière circonstance nous apprendra peut-être si le froid en Sibérie était jadis aussi rigoureux qu’au jourd’hui. M. Erman va donner une carte géologique de la Sibérie dans (1) L’existence et l’exploitation du mercure clans les sables supérieurs , formant , au S. du Tage , aux environs de Lisbonne , presque tout ce qui appartient aux terrains tertiaires , a été déjà signalée dans le Bulletin de la Société géologique , tome X , p. 108, d’après les Annales de Léonliard , année i838 , 3e cahier. L’existence du mercure dans les marnes tertiaires de Montpellier avait été annoncée dès 1760 par l’abbé de Sauvages, dans une note publiée à cet égard dans V Histoire de l’Académie des sciences pour 1760. Hoir dans le Bulletin de la Société géologique , tome IV, p. 367- 370, une note de M. Toulmouche sur ce gisement de mercure. — M. Alexandre de Humboldt, dans son Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagne 1 2 e édition , tome III, p. 517 , cite des faits qui parais- sent analogues; il dit : « Dans plusieurs endroits , par exemple à Porlo- » Bello et à Santa l'é de Bogota, on a recueilli, et à de petites profon- » deurs, en construisant des maisons, des quantités considérables de » mercure natif. » Et il ajoute : « Ce phénomène a souvent fixé l'attention » du gouvernement. On a oublié que dans un pays où . depuis trois .» siècles, des outres remplies de mercure sont transportées à dos de mu- » lets , de province en province , il a été nécessairement répandu de ce » métal dans les hangars sous lesquels on décharge les bêtes de somme, o et dans les magasins de mercure établis dans les villes. En général les » montagnes ne renferment le mercure à l’état natif qu’en très petites » portions ; et lorsque , dans un endroit habité ou sur un grand chemin , » on en découvre dans la terre plusieurs kilogrammes réunis, il faut » croire que ces masses 9ont dues à des infiltrations accidentelles. * ( Note du Secrétaire. ) SEANCE DU 5 JUIN 1 8 '{ 3. 517 le cahier prochain des Archives pour la connaissance delà Russie à Berlin . M. Russegger voyage dans le Modenais pour le compte du duc , qui a soumis ses mines à son examen. M. Partsch va partir pour la Suisse. M. d’Archiac lit la note suivante : Note sur les formations dites pélagiques , et sur la profondeur a laquelle ont du se déposer les couches de sédiment . On donne ordinairement le nom de formations pélagiques à des couches que l’on suppose avoir été déposées dans la haute mer , très loin des côtes, et à une grande profondeur. Nous allons es- sayer de démontrer que de tels dépôts sont au moins très faibles , que les caractères qu’on leur a attribués ne sont pas exacts, et que s’ils en ont réellement , ces caractères sont négatifs, et ne peuvent par conséquent servir à les faire reconnaître. Cette ques- tion , comme on le voit, se réduit à déterminer, au moyen de cer- taines analogies, sous quelle profondeur d’eau ont pu se former les couches sédimentaires dans les diverses périodes, et pour cela nous commencerons par rappeler brièvement ce qui se passe en- core sous nos yeux. Les roches qui composent l’écorce solide du globe sont d’ori- gine ignée ou d’origine aqueuse. Parmi celles-ci, on distingue les roches qui ont été formées par voie de précipité chimique, et celles qui sont le résultat de sédiment ou de précipité mécanique. Nous ne nous occuperons ici que de ces dernières. Les couches de sédiment proprement dites se forment aux dé- pens des roches préexistantes altérées, décomposées et désagré- gées par l’influence des agents atmosphériques , c’est-à-dire par les alternances de chaud et de froid, de sécheresse et d’humidité, auxquelles se joignent probablement quelques effets d’électricité ; puis par le mouvement des eaux qui entraînent et charrient ces parties désagrégées, ou bien qui les désagrègent elles-mêmes, soit par la percussion , soit par le frottement. Nous plaçons encore dans cette classe de dépôt , les accumulations de débris organi- ques souvent associés ou alternant avec les détritus précédents. Les éléments désagrégés des roches, transportés par les eaux, sont déposés à partir de l’embouchure des rivières, et par rapport aux côtes, en raison de leur volume et de leur pesanteur spécifi- que ; de telle sorte que les éléments les plus gros se trouvent les 518 SÉANCE DU 5 JUIN 1843. plus rapprochés du rivage, et les plus fins, tenus plus longtemps en suspension , ne tombent au fond qu’à une certaine distance , en avant de la côte. Cette distance varie, comme on sait, suivant la profondeur , la largeur et la vitesse du fleuve, suivant la forme de la côte , la force des marées , et peut dépendre aussi de l’exis- tence et de la direction de courants marins dans le voisinage plus ou moins immédiat de cette côte. Dans le plus grand nombre des cas , la vitesse acquise de l’eau des rivières , atténuée de plus en plus par la résistance de l’eau de la mer , résistance qui varie elle- même suivant la hauteur et la force des marées, ne porte jamais très loin les sédiments tenus en suspension. Les mouvements des vagues et des marées viennent ensuite disposer régulièrement ces débris apportés de l’intérieur des terres ou arrachés aux bords de la mer , pour produire ce que nous appelons des couches ou des strates. Telle est la manière dont se forme en général les dépôts par voie mécanique dans les mers actuelles , et tout nous porte à croire qu’il en a été de même dans les diverses périodes géologi- ques , sauf les dimensions du phénomène qui a pu se produire sur une échelle beaucoup plus vaste. Les dépôts résultant de l’accumulation des débris de corps organisés ont également lieu près des côtes , soit parce que les ani- maux auxquels ils ont appartenu vivaient sous une faible épais- seur d’eau , soit parce que le mouvement des vagues tend à repousser vers le rivage les corps susceptibles d’être facilement dé- placés. Ce sont les mollusques testacés, les radiaires , les coquilles microscopiques et les polypiers, qui constituent par leurs dépouilles calcaires des couches d’une certaine importance. Les animaux des autres classes ne laissent, sous ce rapport, que des traces insigni- fiantes, et nous n’avons pas à examiner jusqu’à quelle profondeur peuvent vivre les poissons, les crustacés, les annélides etles insectes. L 7 habitat des mollusques testacés que nous connaissons , ne pa- raît pas avoir été bien constaté au-delà d’une profondeur de 600 pieds. La pression qu’ils auraient à supporter à cette profondeur serait déjà de 200 livres par pouce carré, et s’il en existe réelle- ment , tout porte à croire qu’ils sont moins nombreux , de di- mensions plus petites, et qu’ils ne peuvent pas contribuer à former des couches aussi considérables que ceux qui se trouvent dans des conditions de lumière, de température et de pression plus favo- rables au développement de l’organisme, au moins d’après les lois générales auxquelles nous le voyons soumis; à plus forte raison ne supposerons-nous pas que la vie animale puisse se manifester à une profondeur de 4,000 pieds par exemple , là où la pression SÉANCE EU 5 JUIN 1843. 519 exercée par la masse d’eau jointe à celle de l’atmosphère serait d’environ 1830 livres par pouce carré. Nous savons que les radiaires échinodermes vivent à une faible profondeur, particulièrement sur les plages sableuses. Nos don- nées sur Y habitat des crinoïdes sont assez imparfaites , vu la rareté actuelle de ces animaux, comparée à leur abondance dans les terrains secondaires et de transition. Les coquilles microscopiques, soit celles qui forment la classe des foram inif ères ou des rhizo- podes , soit celles que l’on range encore parmi les infusoires , semblent se multiplier principalement aussi dans les eaux peu profondes et tranquilles. Enfin , les polypiers, qui méritent une attention toute particulière, comme apportant des matériaux con- sidérables pour la formation des couches de sédiment , ne s’écar- tent pas beaucoup non plus des conditions générales précédentes , seulement la manière dont l’accumulation a lieu diffère de celle des autres animaux. Nous ne nous étendrons point sur ce sujet, que M. Darwin a traité récemment , et auquel il a su donner tant d’intérêt , nous nous bornerons à rappeler que pour les polypiers coralligènes et formant des bancs entiers , certaines conditions de lumière , de température et de pression paraissent encore plus né- cessaires que pour les mollusques. Ainsi, M. Darwin pense que ces espèces ne vivent pas au-delà d’une profondeur de 25 à 30 brasses. Les Caryophyllies trouvées à 60 et 80 brasses ne construisent plus de bancs; et quant aux Gorgones, aux Cellaires , aux Rétépores, etc., qui ont été rencontrés à 100, 160 et 190 brasses , l’influence de leurs débris pour constituer des dépôts est probablement très faible. Ces faits , joints à l’épaisseur quelquefois très considérable des bancs de polypiers superposés , et à la grande profondeur des eaux qui entourent immédiatement les atolles, où baignent les barrières de récifs et les récifs frangés, doivent faire regarder comme très probable l’hypothèse de l’abaissement graduel du sol immergé que les coraux ont encroûté et relèvent successivement aussi par leurs travaux. On voit donc qu’au-delà de 600 à 700 pieds, on ne peut guère supposer l’existence d’êtres organisés, dont les dépouilles accu- mulées formeraient des couches d’une certaine épaisseur ; mais nous essaierons de préciser mieux encore les limite de la vie ma- rine, au moins pour les animaux qui nous occupent. Les son- dages ont fait connaître autour des continents une bordure sous- marine , dont la limite extérieure présente des contours très irré- guliers, et qui est plus ou moins éloignée de la côte. Cette bordure constitue en général des plaines très peu inclinées et qui se pro- 520 SEANCE DU 5 JUIN 1813» longent à une profondeur de 600 à 1200 pieds, puis au-delà de laquelle il y a presque toujours un passage assez brusque à une eau beaucoup plus profonde. L’inclinaison de ces plaines serait difficilement appréciable à l’œil, et celle des talus qui les bordent aurait, suivant M. Elie de Beaumont, une moyenne de 34' et un maximum de 2° 50'. C’est au-delà de ce talus que commence réel- lement la haute mer , et c’est par conséquent au-delà que devraient se former les dépôts appelés pélagiques. En suivant, par exemple, la ligne des sondages de cent brasses , à partir des îles de Bergue, sur les côtes de la Norwège, puis, tournant autour des Iles Britanniques , de la pointe de la Bre- tagne , et continuant vers le cap d’Ortégal , on voit qu’elle ne s’écarte pas à plus de trente lieues des côtes , soit des îles, soit du continent, et que la surface comprise entre cette ligne et la terre ferme constitue, comme nous venons de le dire, une plaine sous- marine qui, malgré quelques inégalités, paraîtrait horizontale dans son ensemble si elle venait à être abandonnée par la mer. Or, d’après ce que nous avons vu plus haut, tout nous porte à croire que c’est particulièrement sur cette bande plus ou moins large qui entoure les continents et les îles , et qu’on pourrait ap- peler la zone des cittérissements , que se déposent les sédiments apportés par les cours d’eau actuels , et que vivent la presque to- talité des animaux dont les débris peuvent donner lieu à de véri- tables bancs. En effet, que se passe-t-il au-delà, lorsque la sonde descend à 2000, 3000, 4000 pieds et davantage, dans ces abîmes où la lumière n’arrive plus, où la température ne s’élève pas au- dessus de 2° à 3° et paraît être presque constante (1) , où la pres- sion est de 1500 et 1800 livres par pouce carré, où le mouvement ondulatoire des vagues et des marées ne se faisant plus sentir ne produit par conséquent sur les roches du fond aucune cause de des- truction ni de désagrégation ? Quels seraient donc les dépôts mé- caniques ou de sédiments qui pourraient se foi mer sous de pa- reilles conditions? Quel serait l’organisme animal ou végétal qui pourrait naître et se développer dans un semblable milieu , là où (î) A la profondeur de 38oo mètres dans l’océan Pacifique, près de l’Pquateur, la température de l’eau s’est trouvée de -f- i°,6. (Voyage de la Bonite , Comptes-rendus de B Académie des sciences , i838 , t. VI , p. 616. — Des observations faites par 2i°,i4/ de lat. N. ont fait voir que les chan- gements de température étaient très rapides à des profondeurs moyennes de îoo ou 200 brasses , mais que la température devenait très constante au-delà ; ainsi à 44° brasses elie était de 3°, 17 ; à 709 brasses , de 2°, 89 ; et à 976 brasses , de 2°,5o. SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 5.21 toutes les forces de la nature semblent réduites à une inertie per- manente et complète ? Sans doute nous n’avons à cet égard que des données insuffisantes ou négatives ; mais ne nous autorisent elles pas déjà à repousser l’expression de dépôt pélagique dont on se sert souvent sans s’en rendre bien compte ? Nous devons croire que, considérées d’une manière générale, les choses se passaient dans les diverses périodes géologiques à très peu près comme aujourd’hui. On a donné le nom de formations pélagiques , tantôt à des couches renfermant des coquilles dont les animaux ont dû vivre dans la haute mer , tantôt à des dépôts très puissants, et qui, parce qu’ils ne présentaient aucune trace de débris organiques, ont été regardés comme s’étant formés à des profondeurs telles que la vie n’avait pu s’y développer. On voit d’abord qu’il y a contradiction entre ces deux sens donnés à une même expression; mais ils ont cela de commun que tous deux re- posent sur des observations négatives ou fausses et incomplètes. La pesanteur spécifique des coquilles pélagiennes, telles que celles des Nautiles , des Argonautes, desJantines, etc., est plus faible que celle des coquilles littorales, et à plus forte raison que celle des coquilles terrestres ; en outre , la forme des premières est la plus favorable pour être transportée par les eaux ; ainsi il est pro- bable qu’après la mort de l’animal, les coquilles, poussées par les vagues dans la direction des vents dominants, venaient s’échouer sur les côtes. Nous trouvons en effet, presque toujours, dans les localités les plus riches en Orthocératites, Goniatites, Belléroplies, Ammonites , Nautiles et Bélemnites , une grande quantité de co- quilles de Gastéropodes et d 'Acéphales , que nous sommes porté , par analogie , à regarder comme n’ayant point vécu dans la haute mer. Pour admettre que les sédiments qui les enveloppent sont eux-mêmes pélagiens, il faudrait supposer que ce sont les co- quilles littorales qui ont été entraînées dans les profondeurs de l’Océan après la mort des mollusques, ce qui serait en opposition avec ce que l’on observe aujourd’hui. Il nous semble donc plus naturel de penser que les accumulations de coquilles pélagiennes des terrains secondaires ou plus anciens, mélangées de coquilles littorales ou sublittorales et dans lesquelles on trouve aussi de nombreux ossements de Sauriens et des débris de plantes ter- restres , ont été formées sous des eaux peu profondes , dans le voisinage des côtes, et n’indiquent nullement que ce soit un dépôt de haute mer (!). (î) Quelques personnes, peu familiarisées avec les lois de l’analogie , 522 SÉANCE DU 5 JUIN 1843. On conçoit , d’un autre côté , que l’absence de toute trace de corps organisés n’est qu’un caractère négatif et de peu de valeur pour supposer qu’un système de couches s’est déposé à une grande profondeur j car, si le système est très puissant, la supposition est contraire à ce que nous avons cru pouvoir établir, c’est-à-dire la petite quantité de détritus qui se forme dans les abîmes de l’Océan ; et , s’il est faible , on peut attribuer cette absence à des circonstances locales qui auront empêché les animaux de s’y dé- velopper , ou bien à ce que les traces des animaux qui auraient vécu ne nous ont pas été transmises. Dans ce cas , d’ailleurs , il resterait encore à examiner si l’intervention de quelque substance délétère tenue en dissolution ou d’un précipité chimique ne se serait pas opposée au développement de la vie. Si maintenant on jette un coup d’œil sur une carte géologique de l’Europe ou des autres parties du globe qui sont le mieux connues, en faisant abstraction toutefois des dépôts de transi- tion , lesquels , par suite de dérangements nombreux , ne nous permettent que rarement de retrouver la forme des anciens ri- vages des mers où ils se sont déposés , et en tenant compte égale- ment des dislocations qui ont plus ou moins modifié les contours des terrains secondaires sur certains points, on reconnaîtra que presque partout nous n’avons sous les yeux que des dépôts lit- toraux , coordonnés autour de certains centres d’origine plus an- cienne, et dont les affleurements des couches ne s’écartent pas non plus au-delà de 30 à 35 lieues des anciens rivages de chaque for- mation ou de chaque groupe principal , et enfin que la plus grande partie des roches de sédiment des divers âges ont dû se for- mer , comme aujourd’hui , en dedans de la ligne des sondages de 100 brasses. Quant à l’extension très considérable des terrains anciens de la Russie et de l’Amérique du Nord , par exemple , dont les couches avaient pensé que certains genres que l’on n’a pas encore retrouvés à l’état vivant, tel que les Ammonites par exemple, pouvaient cependant exister dans les grandes profondeurs de l’Océan; mais, de ce que les Céphalopodes sont organisés pour nager dans la haute mer, il ne s’en- suit pas nécessairement qu’ils doivent vivre au-dessous de 600 à 700 pieds d’eau , et quand même ils auraient échappé aux recherches actives des naturalistes, on ne voit pas pourquoi, dans la période actuelle comme pendant toute l’époque tertiaire , les coquilles de ces prétendues Ammo- nites 11’auraient pas été rejetées sur les côtes et mêlées avec les coquilles littorales, ainsi que nous le voyons dans les dépôts secondaires et plus anciens. SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 523 ont conservé à très peu près sur des espaces immenses leur posi- tion première, il suffit d’admettre que ces terrains se sont déposés sous des angles extrêmement faibles , et que la ligne de 100 brasses , que nous avons prise comme limite moyenne des sédiments d’une certaine importance et de la vie animale considérée comme con- courant à la formation des couches, pouvait s’éloigner sur ces points à une beaucoup plus grande distance du rivage que nous ne l’avons admis pour les côtes de l’Europe occidentale. C’est ainsi qu’aujoui d’hui , dans les mers de la Guyane et de la partie du Brésil qui y confine, il faut s’éloigner jusqu’à 40 lieues des côtes pour trouver une profondeur d’eau de 35 brasses seulement. L’explication de dépôts de plusieurs milliers de pieds d’épais- seur , sous une aussi faible profondeur d’eau relative , se trouve dans le fait même de l’émersion actuelle de ces dépôts au-dessus de la mer. On peut concevoir, en effet, que cette émersion a été lente et continue pendant toute une période , ou bien qu’elle a été produite à plusieurs reprises par des mouvements particuliers , qui , chaque fois , auraient donné lieu à ces modifications orga- niques et inorganiques qui nous servent à distinguer et à carac- tériser les divers étages d’une formation. Dans l’une ou l’autre hypothèse, on admettra aussi qu’un mouvement brusque, plus violent que les autres, et se manifestant sur une étendue beau- coup plus considérable, est venu mettre fin à la formation elle même. Or cette mise à sec des anciennes plages, qu’elle ait été continue ou intermittente, contribuait toujours à changer la position et la forme des côtes, et en même temps la ligne de 100 brasses se déplaçait pour s’avancer de plus en plus vers la haute mer. Les terres émergées, continuant à s’élever sur certains points tandis qu’elles s’abaissaient peut-être ou restaient stationnaires sur d’autres , expliquent aussi pourquoi des formations entières man- quent dans quelques localités, et pourquoi on y trouve immédia- tement superposées des couches qui ailleurs sont séparées par une série de dépôts souvent très puissants (1). (i) On voit d’après cela que toute formation peut avoir éprouvé trois sortes de soulèvement. Le premier, lent, graduel et continu , n’occasion- nant pas de différences bien sensibles dans la nature des sédiments ni dans les espèces animales. Le second , plus prononcé, ne se manifestant qu’à certaines époques et sur des espaces peu étendus, mais modifiant cepen- dant assez la disposition relative des terres et des eaux pour faire succéder des sables à des poudingues, des argiles à des calcaires, etc. , et pro- SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 62 ï Sans doute l’hypothèse des affaissements pourrait aussi rendre compte de ces effets du retrait successif apparent des eaux sur divers points ; mais celle des soulèvements nous a paru s’accorder mieux avec les phénomènes du même genre qui ont immédiatement pré- cédé la période actuelle sur plusieurs côtes de l’Europe, comme sur celles de l’Amérique, pour se manifester même encore de nos jours , et qui , plus anciennement , par un surcroît d’énergie , claire en même temps des changements plus ou moins considérables dans les espèces d’animaux qui habitaient ces eaux. Enfin , le troisième soulè- vement a été un mouvement brusque , très violent , qui a modifié le relief du sol sur une grande partie d’un continent, et a mis fin à la formation elle-même en faisant disparaître la presque totalité des êtres qui avaient vécu pendant qu'elle se déposait. C’est à l'émersion des terres, par l'un ou l’autre des deux premiers modes de soulèvement, qu’est due la dis- position générale relative des couches, lesquelles sont d’autant plus éle vées ou plus éloignées des côtes qu’elles sont plus anciennes. Le troi- sième mode de soulèvement a rompu cette régularité en changeant plus Complétëment encore le relief du sol sur certains points. Si ces soulèvements n’avaient agi que sur les parties du globe que nous voyons émergées , et d’après ce qui précède on serait peut-être en droit de le conclure, ne pourrait-on pas également admettre qu’à 3oo lieues des côtes actuelles , par exemple , et à une profondeur de 4>ooo à 5,ooo pieds, le sol sous-marin doit être aujourd’hui très peu différent de ce qu’il était dans l’origine. On aurait encore alors une nouvelle preuve de l’ab- sence d'animaux testacés vivant très loin des côtes et sous une grande épaisseur d’eau; car, s’il en avait été autrement, les soulèvements des plages ou de certaines portions de continent n’auraient [tas atteint ni dé- truit les espèces qui vivaient dans ces grandes profondeurs de l'Océan , et il est probable que beaucoup d’entre elles, des premiers temps de la création , subsisteraient encore aujourd’hui Mais si , comme nous le pensons , ces soulèvements n’ont agi que sur une bordure de quelques centaines de lieues autour des premiers continents, la plupart des ani- maux marins d'une période ou d’une formation ont dû périr, comme on l'admet généralement, puisqu’ils se sont trouvés dans la zone d’action de soulèvement. Mais on doit reconnaître en outre que des circonstances différentes de celles qui résultaient seulement des changements survenus dans la pro- fondeur des eaux , ont aussi plus ou moins influé sur l’organisme , sans quoi les Brachiopodes et les Céphalopodes à coquilles, si répandus et si variés dans les mers anciennes , auraient été moius affectés que. les mollusques littoraux par ces changements de niveau , et l’on ne voit pas pourquoi ils auraient perdu cette suprématie qu'ils avaient pendant une grande partie des périodes secondaires et de transition. SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 525 ont donné lieu au redressement des chaînes et aux grandes dislo- cations du globe. Il est inutile de dire que l’abaissement général des eaux de la mer ne peut être admis dans le cas dont il s’agit ; car cet abaissement se serait manifesté sur toutes les côtes à la fois , partout alors la succession des dépôts aurait été complète et régulière, et il n’y eût pas eu ces hiatus que nous venons de rappeler. Quelques géologues, d’ailleurs d’un grand mérite , ont cherché à jeter du ridicule sur l’hypothèse du soulèvement et de l’abais- sement successif de certaines portions de continent; mais, dans les sciences , la meilleure plaisanterie n’équivaut jamais au plus faible raisonnement, et puisque les continents et les îles sont en partie formés de couches déposées sous la mer et conservant en- core leur position normale relative, il faut nécessairement bien que ces dépôts aient été soulevés, l’abaissement général des mers, comme nous venons de le dire, ne pouvant être admis. En résumé, nous croyons pouvoir conclure : 1° que l’épaisseur des sédiments formés par voie de dépôt mécanique résultant , soit de la désagrégation des roches émergées , soit de l’accumulation des débris organiques, tend à diminuer a mesure qu’on s’éloigne des côtes, de manière à être très faible ou presque nulle à une distance de la terre ferme, qui varie suivant le plus ou moins d’inclinaison du sol sous-marin; 2° qu’il en a été probablement de même à toutes les époques géologiques , et que les formations appelées pélagiques sont , comme les autres, des couches déposées non loin des côtes, et en dedans de la ligne de 100 brasses, ou au plus de celle de 200 qui en est peu éloignée; 3° enfin, que s il existe des dépôts réellement pélagiques , nous ne possédons encore aucun caractère qui puisse servir à les distinguer et à les faire reconnaître. Ces conclusions paraîtront peut-être hasardées et trop exclusives pour un sujet aussi vaste et aussi compliqué. Nous sentons qu’on peut leur reprocher de ne pas s’étayer sur un assez grand nombre de faits et d’observations : aussi ne les présentons-nous qu’avec ré- serve, et plutôt pour appeler l’attention sur ce genre de recher- ches que comme une opinion basée sur des études complètes. A la suite de cette lecture, M. Alcide d’Orbigny dit qu’il partage l’opinion de M. d’Archiac, relativement au manque de coquilles dans les grandes profondeurs des mers , et qu’il a déjà imprimé cette opinion dans la partie paléontologique 526 SÉANCE DU 5 JUIN 1843. de son Voyage clans U Amérique méridionale . Il l'a signalé à propos du manque de fossiles au sein des couches triasiques des Andes, et, plus loin, en établissant que la profondeur des mers était une barrière aussi infranchissable aux faunes marines côtières que les surélévations terrestres. Il a égale- ment imprimé depuis longtemps ( Paléontologie française , terrains crétacés, t. I, p. 428) que toutes les coquilles cloi- sonnées, telles que les Ammonites, etc. , par suite de leurs loges aériennes, devaient nécessairement être jetées sur les côtes, et ne pouvaient rester au sein des océans. Il pense néanmoins que dans l’ordre de choses actuel les Ptéropodes et les Atlantes, que l’on rencontre à 300 et même à 500 lieues des côtes, doivent après la mort de l’animal se remplir et cou- ler au fond de la mer; qu’il doit par conséquent se préparer actuellement au fond des mers des formations contenant des coquilles. Il dit que les foraminifères , les polypiers, les cri- noïdes, vivent à de plus grandes profondeurs que celles qu’a indiquées M. d’Archiac; qu’il a vu , en effet, des polypiers et des foraminifères provenant d’un sondage fait , à 80 brasses de profondeur, en dehors du cap Horn ; des crinoïdes trou- vées à quelque distance de Cuba, par près de 100 brasses de profondeur; et qu’à 4 ou 500 pieds de profondeur le sable n’est presque composé que de foraminifères. M. d’Archiac répond qu’il est possible, en effet, que dans le fond des mers actuelles se trouvent des coquilles de Ptéro- podes, mais que cette circonstance, qui prépare pour l’avenir, au fond des mers, des formations coquillières, si toutefois elles étaient assez abondantes pour cela, ne s’étant pas produite dans les âges géologiques qui ont précédé l’époque actuelle, puisque ces coquilles n’existaient pas, ou n’étaient représentées que parles Conulaires toujours associées à des mollusques littoraux ou à des coquilles de Céphalopodes , ce qu’il a avancé pour le passé subsiste néanmoins ; que M. d’Or- bigny reconnaît d’ailleurs que les foraminifères vivent aussi à des profondeurs peu considérables, dans l’Adriatique no- tamment; qu^enfin, si les Crinoïdes , d’ailleurs assez rares à l’époque actuelle, ont été recueillies à des profondeurs un peu plus grandes que celle de 600 pieds par lui indiquée, SÉANCE DU 5 JUIN 1843. il faudra peut-être augmenter d’une centaine de pieds la limite qu’il a posée, limite à laquelle il n’a pas prétendu donner une rigueur absolue ; mais que cette circonstance pour ainsi dire locale et exceptionnelle ne détruit pas l’ensemble de son ar- gumentation. M. Dufrénoy donne lecture de la lettre suivante , adressée de Toulouse, 'le 16 mai 1843, à M. Élie de Beaumont par M. Leymerie, en faisant observer auparavant que cette lettre, qui a tant d*à-propos après la discussion de la séance du 15 mai, n’a pu évidemment être écrite en vue de cette dis- cussion; et il insiste sur ce point, que l’opinion qu’y émet M. Leymerie doit avoir d’autant plus de poids que son opi- nion , avant d’avoir vu cette localité , paraissait conforme à celle de M. d’Archiac; mais, dit M. Dufrénoy, la vue des lieux change souvent bien des idées préconçues. Lettre de M . Leymerie à M . Élie de Beaumont. Désireux d’avancer la solution de la question importante que présentent les terrains supérieurs des Corbières , et d’avoir surtout quelque chose de plus à vous dire sur un sujet qui paraît vous intéresser, j’ai fait, pendant ces vacances de Pâques, une excur- sion à Carcassonne et à Lagrasse , et je suis revenu à Toulouse par Lavelanet et Foix. J’ai reconnu d’abord que les marnes à fossiles tertiaires , que j’avais étudiées l’année dernière à Couiza, étaient enclavées, ainsi que l’avait dit M. Dufrénoy, dans le terrain de calcaire noirâtre, de grès et de marnes qui forme la partie supérieure des Cor- bières, et dont les Nummulites sont le fossile le plus abondant et lé plus caractéristique : ainsi j’ai dû renoncer à l’idée d’une assise de terrain tertiaire inférieur superposée au système à Num- mulites, et je vois bien maintenant qu’on ne peut considérer ces marnes comme tertiaires, à moins de relever également à ce ni- veau tout le système à Nummulites lui-même. Or , j’avoue que , malgré mon respect pour la paléontologie, je n’oserais prendre un parti semblable. L’allure et le relief de ce terrain, sa grande puissance ( car je crois qu’il est nécessaire d’y rapporter toutes les couches comprises entre Lagrasse et Carcassonne), la nature des roches qui le composent, le grand nombre de fossiles propres qu’il renferme, peut-être aussi la présence de quelques fossiles 538 SÉANCE DU 5 JUIN 1843. crétacés , la différence si grande qui le sépare du terrain ter- tiaire inférieur de Bordeaux , me paraissent s’y opposer absolu- ment. J’ai mentionné avec doute le caractère tiré des fossiles crétacés dans ce système, et, en effet, jusqu’à présent je n’en connais pas encore un seul exemple bien établi. Les indications de M. Dufrénoy à cet égard sont assez vagues. Il cite des Echi- nides qu’il considère comme crétacés. J’ai vu, il est vrai, des Spatangues provenant de ce terrain à Nummulites, qui ressem- blaient beaucoup au Spat. Bafo , on y trouve aussi des Ananchites voisins de l’Ovata et des Diadèmes ou Cidaris , et enfin des Téré- bratules. lisses et d’autres plissées analogues à certaines espèces ju- rassiques; mais ces fossiles n’ont jamais été étudiés avec tout le soin qu’exige la complication de leur structure. On ne peut nier cependant que ces genres ne donnent aux couches qui les offrent une physionomie plutôt crétacée que tertiaire, circonstance qui vient contre balancer jusqu’à un certain point l’aspect tout-à-fait tertiaire des marnes à Turritelles. Tous ces motifs me portent à croire que ce système n’est pas tertiaire ; mais doit-on pour cela le considérer comme crétacé ? Je rappellerai, à cet égard, qu’il renferme un certain nombre d’espèces tertiaires bien caractérisées ( Turritella imbricataria, Nerita conoïdca , Fusus bulbiformis , Fusus longevus , Turbinolia sinuosa...), et que si l’on y admet des fossiles de la craie, on doit reconnaître au moins qu’ils s’y trouvent en très petit nombre. D’un côté, ce terrain n’a pas de représentant dans la série complète des terrains crétacés de la Saintonge, du Périgord... ; il n’offre notamment aucune analogie avec la craie supérieure de Royan. Tl se distingue d’ailleurs des couches véritablement crétacées des Corbières par la présence , à deux niveaux différents au moins, de couches à coquilles d’eau douce. M. Dufrénoy, eu effet, a cité un gisement de Paludines et de Mélanies associées avec des Ostracées au bord du lit de l’Or- bieu, près Lagrasse, et j’ai vérifié cette observation dans ma der- nière course. MM. Yène et Brawn ont indiqué d’autres couches plus élevées dans la série; car elles supportent immédiatement le calcaire à Nunnnulites proprement dit, où M. Brawn a reconnu au moins 14 espèces, probablement inédites, appartenant aux genre Physa , Lymnea , Papa , Bulimus , Planorbis , Cyclostoma 1)... (1) D’après M. Brawn , qui a fait une étude spéciale des fossiles d’eau douce , et particulièrement de ceux qui caractérisent Je lehm , ces espèces seraient toutes différentes de celles que l’on rencontre dans le calcaire d'eau douce miocène aux environs de Caslelnaudary. SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 529 Ces couches se trouvent au nord de Carcassonne à Montolieu , Conques , etc. Elles ne contiennent aucune coquille marine et sont composées de calcaire blanc-grisâtre sub-saccharoïde. Leur puis- sance peut atteindre 10 mètres. (Voyez la coupe ci-jointe que j'ai tracée d’après des documents que j’ai recueillis auprès de M. Brawn, qui réside en ce moment à Conques au centre de ces terrains.) Si l’on joint enfin à tous ces caractères l’absence des Rudistes, on sera porté à reconnaître que ce système , en lui donnant l’exten- sion que j’ai indiquée plus haut, se trouve assez nettement séparé par les fossiles des étages évidemment crétacés des Corbières, et à plus forte raison de ceux que l’on observe au N. d’Agen et de Bordeaux. Maintenant, si ce groupe de couches n’est ni tertiaire ni cré- tacé, il faut bien qu’il forme un nouveau système, qu’on pourrait, par exemple, appeler épi-crétacé. Cette idée, qui m’a d’abord été inspirée par l’étude seule des Corbières , prend quelque consistance dans mon esprit à mesure que je repasse dans les auteurs ce qu’ils ont dit de ce même système à Nummulites, considéré en divers points de l’Europe méridionale. En effet, dans les Alpes françaises, on le voit se développer à part et souvent sur une grande échelle ; vous vous rappelez d’ailleurs qu’en Crimée M. de Verneuil et M. Huot l’ont vu reposer sur la craie à Bclemnites rnucronatus. Dans presque tous ces gisements , en outre , s’est présenté ce mélange de fossiles propres , et quelquefois de fossiles crétacés , avec des espèces connues comme appartenant en général au ter- rain tertiaire inférieur, circonstance qui a été si souvent un sujet de discussion entre les géologues et les paléontologistes. Ce nouveau type de transition , placé entre le terrain crétacé et le terrain tertiaire, et qui comprendrait naturellement les calcaires pisolitiques de Meudon , du mont Aimé , de Laversine ?. . . jouerait ici le rôle que remplit le terrain dévonien entre les systèmes silu- rien.et carbonifère, et rendrait le même service. En général, peut- être ne crée-t-on pas assez de types géognostiques en dehors de l’Angleterre , et il me semble que les descriptions et les détermi- nations de terrains deviendraient plus claires et plus faciles, si l’on suivait sur le continent l’exemple des géologues anglais. Le tableau ci-joint , qu’il faut considérer comme une esquisse bien imparfaite, est destiné à vous faire connaître un projet de classification pour les terrains secondaires des Corbières, en sup- posant adoptée provisoirement l’idée d’isoler le système à Num- mulites. En étudiant les fossiles de nos collections, ceux que j’ai pu voir sur le terrain même, ceux des musées de Narbonne et de Soc. Gëol. Tome XIV. 34 530 SÉANCE DU 5 JUIN 1843. Carcassonne, et enfin les suites rapportées par M. Yène, des courses qu’il a faites pour l’établissement de la carte géologique de l’Aude , j’ai trouvé d’abord qu’on pouvait les diviser en deux groupes distincts. D’un autre côté, l’étude de superposition que j’ai pu faire, et surtout le relevé des coupes données dans l’excel- lent Mémoire de M. Dufrénoy , m’ont fait voir que le premier était constamment superposé au second, et qu’enfin tous les deux reposaient sur le calcaire à Dicérates; dès lors j’ai conçu la pos- sibilité de diviser toutes les couches incontestablement crétacées des Corbières en trois étages, correspondant assez bien à ceux du nord de la France. (Voir ce tableau à la page suivante, ainsi qu’une coupe S. -N. entre Carcassonne et le terrain ancien de la montagne Noire à l’appui de cette note en tête de la planche IX , ci-jointe. ) Equisse d un tableau représentant la disposition et la classification des terrains secondaires des Corbiéres. SEANCE DU JUIN 1843. 531 ô 32 SÉANCE DU 5 JUIN 1843. Ainsi, dit M. Dufrénoy après cette lecture, se confirme ce que j’avais annoncé, qu’à Couiza le terrain à fossiles ter- tiaires était enclavé dans le calcaire à Nummulites. M. Brawn , l’un des plus ardents défenseurs de l’opinion , qui en fait un terrain tertiaire , a communiqué les nombreux fossiles qu’il avait recueillis, et c’est à la vue de ces fossiles en place que M. Leymerie a été obligé d’adopter l’opinion qu’il avait com- battue : ainsi l’examen des lieux a convaincu M. Leymerie que ce terrain ne pouvait être tertiaire. M. Dufrénoy suppose qu’il en sera ainsi pour la plupart des personnes qui au- ront occasion d’étudier ces terrains problématiques, il ajoute que, dans la dernière séance, il avait comparé ce terrain au calcaire le plus supérieur au terrain pisolitique. Les Landes sont le maître -point pour décider la question, il y existe des couches correspondantes aux couches les plus inférieures du terrain tertiaire parisien , au calcaire grossier ou même à des couches plus anciennes; et ces cou- ches existent horizontalement sur des couches inclinées de plus de 45° , analogues à celles de Saint-Jean de Luz et de Biaritz; il y a donc séparation, puisqu’il y a discordance de stratification. M. d’Archiac observe que, dans la dernière séance, il avait déjà dit que les coquilles présumées tertiaires étaient associées avec le calcaire à Nummulites; que M. Leymerie parle bien dans sa lettre de coquilles de ces mêmes terrains, comme ayant des formes crétacées, des apparences crétacées, mais cela d’une manière vague et sans préciser aucune espèce de la craie, tandis que lui et M. d’Orbigny ont déterminé d’une manière positive des espèces tertiaires de ces mêmes ter- rains. Quant au rôle que M. Leymerie voudrait faire jouer aux couches nummulitique du pied N. des Pyrénées, com- parées d’une part à la craie de Maëstricht ou au calcaire pi- solitique, et de l’autre au système dévonien , M. d’Archiac le trouve forcé , 1° parce qu’il n’y a aucune espèce tertiaire dans la craie supérieure de Belgique; 2° parce qu’il n’y a aucune espèce crétacée dans le calcaire pisolitique des envi- rons de Paris ; 3° enfin parce que le système dévonien renferme un certain nombre d’espèces siluriennes et carbonifères , SÉANCE DU 5 JUIN 1 8 'l 3 • 533 tandis que M. Leymerie ne cite pas avec certitude d’espèces crétacées dans les couches controversées. M. Dufrénoy répond que la lettre de M. Leymerie n’avait pas été destinée à l’impression ; qu’elle eût peut-être, sans cela , contenu plus de détails à cet égard ; mais que ce que n’a pas fait M. Leymerie, il va le faire lui-même. Il dit que d’abord c’est la première fois qu’il entend avancer que les Nummulites de ces terrains sont les mêmes que celles du calcaire à Nummu- lites; que jusque là on lui avait dit le contraire; qu’il ne les croit pas analogues , mais qu’il laisse aux paléontologistes à le fixer sur cette question ; que, quelque bornées que soient ses connaissances paléontologiques , il croit cependant savoir bien distinguer des autres fossiles le Pecten quinquecostatus , dont personne ne nie la nature crétacée; qu’il montrera ce Pecten avec des Nummulites dessus, dedans et adhérentes, mais qu’on lui avait dit jusque là que ce n’étaient pas les mêmes Nummulites que celles du calcaire. Ainsi, il est évident pour lui, dit-il, qu’il y a des fossiles de la craie au milieu de ce terrain. Enfin il y a la discordance de stratification. 11 croit que la question commence à s’éclaircir, et regrette que la réunion extraordinaire de cette année n’ait pas été fixée dans ces contrées, qui eussent présenté des sujets d’obser- vations fort intéressants. M. Alcide d’Orbigny dit qu’il ne sépare pas les couches à Nummulites des couches à fossiles de mollusques qui alter- nent avec elles à Gouiza et dans toutes les Pyrénées ; il pense que c’est un seul ensemble, qu’on le fasse tertiaire ou crétacé. M. Lyell dit qu’il y a quelques mois on a présenté à la Société géologique de Londres des échantillons de ces ter- rains, et que M. Pratt, qui a visité les Pyrénées , voulait que ces échantillons de coquilles et de coraux prouvassent que les terrains de Biarritz étaient intermédiaires entre les ter- rains tertiaires et la craie ; qu’il a montré des espèces iden- tiques à celles du bassin de Paris, des espèces inconnues , et d’autres espèces qu’il considérait comme crétacées ; que les espèces considérées comme appartenant à la craie étaient en grande minorité, les tertiaires en grande majorité, et que les espèces inconnues formaient à peu près le tiers de la to- 534 SÉANCE DU 5 JUIN 1843. talité. Ce terrain paraissait donc beaucoup plutôt tertiaire que secondaire , et M. Lyell en avait conclu , avec M. Pratt , que le mouvement qui a produit le relief des Pyrénées se- rait plus moderne qu’on ne l’avait cru. M. Dufrénoy fait observer que les géologues français ad- mettent des différences très tranchées, des hiatus entre chaque formation; mais que les géologues anglais admettent au contraire des passages intermédiaires d’une formation à une autre. Cette idée systématique a dû influer nécessaire- ment , suivant lui , sur le jugement que ces derniers ont porté sur les terrains de Biarritz. M. Lyell réplique que les géologues anglais savent bien qu’il existe un hiatus énorme entre la craie et les terrains tertiaires, et qu’ils cherchent l’intermédiaire qui , suivant eux , doit exister. On lui avait dit qu’il y avait en Amérique un terrain de passage intermédiaire de la craie aux terrains tertiaires ; que c’est pour cela qu’il a été tout exprès en Amérique , dans la Géorgie et les Carolines , et il a trouvé que 6 ou 7 espèces, indiquées par M. Morton comme communes au deux formations, étaient véritablement tertiaires, et qu’il ne reste plus qu’une ou deux espèces de M. Morton qui paraissent communes aux terrains tertiaires et crétacés. Ainsi on voit, dit-il, que, malgré mes préventions, j’ai résisté à l’opinion qui leur était favorable. Mais pour les terrains des Pyrénées, M. Pratt a dit : « Voilà enfin notre intermédiaire. » Si dans les terrains vers les Pyrénées , ajoute-t-il , un grand nombre de coquilles est tertiaire et un certain nombre inconnu au bassin de Paris , on peut attribuer ces différences entre les deux bassins à l’éloisnement, comme la différence des lati- tudes a pu produire des différences d’espèces entre les bas- sins de Londres et de Paris. M. Dufrénoy fait remarquer que cette question, comme toutes les autres, paraît arrivée à une solution. Il avait d’a- bord regardé ce terrain comme de la craie ancienne; depuis quelques années il a été conduit à le regarder comme du calcaire pisolitique formant le dernier étage de la craie. M. Lyell, qui le regardait comme tertiaire, en fait un terrain intermédiaire à deux formations : ainsi il le descend , pendant SEANCE DU 5 JUIN 1843. 635 que lui, M. Dufrénoy, le hausse dans l’échelle géologique. L’hiatus prononcé l’empêche de le hausser davantage, et il est convaincu que bientôt cette opinion prévaudra. L’obser- \ation de M. Pratt, qu’il ignorait, est très importante ; elle prouve qu’il existe des fossiles véritablement crétacés dans ce terrain, et il est très content de l’explication donnée par M. Lyeil. C’est donc là un mélange de fossiles crétacés avec des fossiles tertiaires et des fossiles pour ainsi dire neutres , dont il demandera, lui, la permission de faire des espèces crétacées , tandis que MM. d’Orbigny et d’Archiac en feront sans doute des espèces tertiaires. Ce qui est arrivé à un pa- léontologiste aussi distingué que M. Deshayes, qui avait dé- signé d’abord mal à propos certain Spatangue comme étant le Spatangus bufo , a bien pu arriver à d’autres, entraînés par l’erreur de cette première donnée à considérer comme cré- tacées des espèces qui ne l’étaient pas. Il pense qu’on sera donc obligé, en définitive, d’en revenir à la géologie , à la superposition , pour reconnaître les différentes formations. Il trouve enfin qu’il y a là un hiatus, et associe ce terrain au terrain de craie, parce que la craie est relevée, et le ter- rain tertiaire en couches horizontales. M. d’Ârchiac réplique : Tout eu admettant des réserves pour la différence de stratifica- tion , caractère auquel on doit accorder une haute importance dans le plus grand nombre des cas, je ne vois pas que le parallé- lisme du calcaire grossier de Bordeaux avec celui des bords de l'Àdour, et la contemporanéité de l’un et de l’autre avec celui de Paris , impliquent aucunement que les couches nummulitiques controversées qui sont dessous, dans les Pyrénées occidentales, doivent être rapportées à la craie; il y a plus même, c’est que s’il en était ainsi , il se trouverait un hiatus considérable dans les terrains tertiaires inférieurs du midi de la France en les compa- rant à ceux du nord , et c’est cet hiatus que les couches nummuli- tiques avec fossiles évidemment tertiaires me paraissent combler. Le calcaire grossier de Paris atteint à peine 35 à 40 mètres dans sa plus grande épaisseur, et il repose sur un système de couches, d’abord beaucoup plus étendu géographiquement, et ensuite dont les caractères minéralogiques et zoologiques sont constants et distincts dans tout le nord de la France, dans une grande par- 536 SÉANCE DE 5 JUIN 1843. tie de la Belgique et même en Angleterre, et dont la puissance enfin atteint dans beaucoup de cas une épaisseur de 100 mètres. Or, ce système qui constitue le groupe des sables inférieurs, et qui sépare le calcaire grossier de la craie , ne peut-il pas être placé en parallèle avec les couches à Nummulites et fossiles tertiaires du pied nord des Pyrénées, surtout lorsqu’on remarquera que les Nummulites de ces mêmes sables inférieurs, distinctes de l’espèce propre au calcaire grossier, ont leurs analogues dans les couches de Biarritz et des Corbières? Les fossiles nouveaux restent abso- lument neutres dans la question; mais si l’on veut bien se rappe- ler ce que j’ai écrit plusieurs fois, tant pour les terrains tertiaires et secondaires que pour ceux de transition , sur la distribution des espèces d’une même formation étudiée dans le sens horizontal, on en trouvera ici une nouvelle application, qui , de plus, est tout- à-fait en rapport avec ce que nous voyons dans la nature actuelle. M. Leymerie objecte , dans l’intéressante communication que la Société vient d’entendre , qu’on ne voit point au N. du bassin de la Gascogne de système nummulitique entre le calcaire grossier de la Gironde et la craie de Royan. Cela est vrai; mais ce qui me paraît l’être également, c’est qu’entre le calcaire grossier de Bor- deaux et la craie, il doit y avoir un système de couches qui en est l’équivalent géognostique. Ce système est celui qui a été tra- versé dans le forage du puits de la place Dauphine, et dont j’ai suivi les affleurements sinueux au nord du calcaire grossier et au contact de la craie supérieure du S.-E. au N. -O., depuis le dépar- tement du Lot jusqu’à Montendre , et au-delà. C’est ce système puissant et complexe de minerais de fer, d’argiles sableuses pa- nachées , de grès, de sable et de molasse qui, s’il n’était pas réellement inférieur au calcaire grossier, le recouvrirait donc à stratification tout à-fait discordante , comme dans le nord de la France les lambeaux de grès vert recouvrent les couches ooliti- ques , et les lambeaux de sables inférieurs recouvrent la craie. Relativement au Pecten quinquecostatus et quelques autres co- quilles réellement crétacées trouvées avec des Nummulites , deux raisons peuvent faire admettre le fait sans que les couches soient pour cela de la craie. La première , c’est qu’il n’est pas prouvé qu’une espèce ne puisse passer d’une formation dans une autre , surtout quand c’est une de ces espèces vivaces qui, comme le Pec- ten quinquecostatus , ont régné dans les mers crétacées depuis le commencement jusqu’à la fin ; et, porté comme je le suis à la re- cherche du passage enèore inconnu des géologues anglais, il me semble bien difficile d’admettre que lors de tel ou tel soulèvement, SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 537 toutes les espèces aient disparu de la surface de la terre , et que la création ait ensuite recommencé sur de nouveaux frais. Le se- cond motif pour expliquer la présence de fossiles crétacés dans les couches tertiaires les plus inférieures, c’est qu’ils peuvent y avoir été amenés par suite de la dénudation du sol secondaire sous- jacent , et avoir été mêlés avec les espèces vivantes, comme cela à lieu aujourd’hui sur les côtes. C’est ainsi qu’aux environs de Doué à Ambillon et La Grézille où les faluns reposent sur le grès vert, on trouve des Ostrea biauriculata , Eæogyra ffabellata, etc. , provenant de ce dernier, pêle-mêle avec les coquilles tertiaires, et couverts de serpules et de polypiers également tertiaires. Ainsi, la question de stratification pour les couches des Pyré- nées reste intacte; mais je dirai, comme pour les êtres organisés : est-il nécessaire que tel soulèvement qui caractérise une époque et occasionne une solution de continuité sur un point ait produit des résultats semblables sur un autre point? cela a été avancé, mais est-ce suffisamment démontré? Enfin je rappellerai en ter- minant qu’il y a sept ans, j’ai décrit la couche de Biarritz comme de la formation crétacée , étant en cela parfaitement d’accord avec M. Dufrénoy; aujourd’hui j’en suis venu à plus que des doutes sur cette manière de voir, et mes convictions à ce sujet se sont modifiées presqu’en sens inverse de celles de M. Leymerie. M. Michelin dit que M. Desnioulins lui a écrit que le seul Echinide douîeux comme crétacé ou tertiaire , le Spatangus o niatus , se trouvant à Biarritz , il se pourrait que les fossiles douteux de M. de Pratt eussent appartenu au bassin de Bor- deaux et non au bassin de Paris. M. Rivière dit avoir fait faire la traduction du Mémoire de M. de Pratt; que M. de Pratt conclut , dans ce Mémoire, que ce terrain est un terrain tertiaire inférieur, et qu’il ne s’occupe en aucun façon de la stratification. M. Alcide d’Orbigny cède momentanément le fauteuil à M. d’Archiac, vice-président, et lit la note suivante : Note sur des traces de remaniements au sein des couches de Gault ou terrain albien de France et de Savoie. Voyons d’abord quelles sont les différences de conditions des couches déposées tranquillement, ou de celles qui l’ont été par suite d’un remaniement. SÉANCE DU 5 JUIN 18 43. 5 38 Marchons da connu à l’inconnu. Comment les choses se passent elles sur nos côtes , soit dans les dépôts sablonneux, soit dans les dépôts argileux? Si les coquilles bivalves sont , dans leur position naturelle , recouvertes par des alluvions, elles se remplissent des particules terreuses ou sablon neuses qui les entourent. Il en est de même des coquilles trans- portées par les courants; nous en avons eu des preuves multi- pliées dans le creusement des canaux du golfe de l’Aiguillon (Ven- dée). On pourra naturellement en conclure que, chaque fois qu’une couche se sera durcie tranquillement, les moules des co- quilles qu’elle renferme seront formés, à l’état de fossile, des mêmes matières que la roche qui les recèle : il y aura donc , dans l’ensemble, unité parfaite de composition. Tous les géologues ont pu juger que cet état de choses est général dans la nature, tandis que le cas contraire est une rare exception , résultant d’une cause fortuite qu’il convient de rechercher. Si nous tentons de nous rendre compte de ce qui se passera dans un cas de perturbation, nous obtiendrons nécessairement des résul- tats différents. Nous avons dit, dans le Mémoire paléontologique lu à la Société, que les terrains néocomien etalbien n’avaient pas de représentants dans le bassin pyrénéen et dans celui de la Loire, que les mers crétacées avaient dû être, pendant ces périodes , bor- nées de ce côté par une surélévation des terrains jurassiques, mais qu’entre la fin de la période du Gault et le commencement des dépôts turoniens il s’était opéré une grande dislocation qui avait permis aux mers crétacées d’envahir à la fois les grands bassins pyrénéen et de la Loire , dislocation à laquelle nous avons attri- bué le morcellement et le remaniement des couches albiennes. Que résultera-t-il, par exemple, de cette dislocation de près de 100 lieues de long sur les dernières couches déposées et plus ou moins consolidées? Ce grand déplacement de matière amènera immédiatement un immense mouvement dans les eaux. Des cou- rants violents se succéderont en différents sens, par suite des réac- tions successives en sillonnant et dénudant les couches les plus supérieures. Les matériaux les plus meubles, tels que les sables et les argiles , seront enlevés des continents et des mers , et trans- portés au loin dans des bassins , tandis que les parties dures et pesantes des couches déjà consolidées , lavées et remaniées, seront déposées par lits au milieu des sables et des argiles d’une com- position différente, non loin de leur première place. En résumé, chaque fois qu’une couche se sera tranquillement déposée, les coquilles fossiles seront remplies de matières iden- SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 539 tiques aux couches qui les renferment, tandis que, lorsqu’il y a eu remaniement à l’état fossile , les coquilles gastéropodes ou bi- valves seront remplies de matières différentes et faciles à distin- guer des matériaux où elles sont maintenant renfermées par lits. La question ainsi posée , voyons successivement l’état des fos- siles au sein des lambeaux de terrain albien , afin de nous assurer si les couches sont, dans leurs différentes parties, à l’état normal des dépôts tranquilles, ou si elles ont souffert quelques remanie- ments, suivant le sens que nous venons d’indiquer. Gault ou terrain albien des Ardennes et de la Meuse. L’état singulier et tout-à-fait anomal des nombreux fossiles des Ardennes et de la Meuse que nous avaient communiquésMM. d’Ar- cliiac, Raulin et Puzos, nous a décidé à les étudier par nous-même, etnous avons reconnu les faits suivants : Dans la partie maintenant ouverte des carrières de Machéroménil , on trouve, à la partie in- férieure, une couche épaisse de calcaire corallien exploitée. Cette couche , à son point de contact avec les terrains crétacés , est corro- dée et souvent percée d’anciens trous de pliollades. On remarque au-dessus une assise d’un mètre environ de grès quartzeux ver- dâtres. Quelquefois on y trouve des rognons noirâtres par lits ho- rizontaux ; mais le principal lit de ces rognons se voit dans un banc d’argile verdâtre supérieur aux grès. Ces rognons noirs et durs, de toutes dimensions, souvent réduits à un simple moule de gastéropode ou d’acéphale , sont composés de fossiles, tandis que l’argile qui les renferme n’en contient pas. La carrière de Sauce-aux-Bois, située à l’est d’un petit ruisseau sur la hauteur, et plusieurs points des environs, montrent également le calcaire corallien exploité sur lequel reposent 2 à 3 mètres de grès verts chlorités. On voit, dans le grès, deux lits de rognons, l’un à la partie supérieure moyenne , l’autre à la partie inférieure. Tous les deux sont composés de coquilles de tout genre , toujours remplies de matières noires , déposées pêle-mêle , les unes isolées, les autres agrégées par rognons au sein de grès chlorités , tout différents des rognons par leur nature. M. Raulin admet l’identité de ces rognons avec le silex de la craie blanche; nous y voyons au contraire les signes les plus po- sitifs d’un remaniement à l’état fossile des coquilles noirâtres, trans- portées au sein des grès verts. Nous allons discuter ces deux points de vue. Les silex, comme tout le monde le sait, sont composés de quart?. 540 SÉANCE DU 5 JUIN 1843. pyromaque; ils affectent des formes bizarres, généralement ar- rondies. Etudiés avec soin, ils offrent dans leur contexture sili- ceuse absolument les mêmes espèces fossiles que la craie. Les gros oursins , les bivalves saillent souvent en dehors , et les foramini- fères de la craie se montrent partout dans leur pâte. Les silex ne sont donc que des parties de la masse crayeuse transformées sur place en silice , et les fossiles de l’étage où se montrent les silex sont également distribués dans la craie et dans les silex au sein de la formation entière. A Macbéroménil , à Sauce-aux-Bois, les rognons n’affectent aucunement la forme des silex ordinaires; ils ne sont pas arron- dis; leur forme est irrégulière, quelquefois anguleuse; ils sont toujours pétris 5e fossiles. Ils ne sont point non plus composés de silex pyromaque , mais bien d’un grès noirâtre argilifère tout-à- fait différent des silex proprement dits. Etudiés comparativement avec les roches , où ils sont disposés par lits , ils montrent , sous le rapport de leur couleur et de leur contexture, une disparité complète. Tous les rognons sont noirs ou noirâtres, assez durs, tandis qu’ils sont déposés au sein de grès friables verts, ou d’ar- giles verdâtres non solidifiées. Considérés sous le point de vue paléontologique , les rognons renferment tous sans exception des fossiles, ou sont même des fossiles isolés , toujours remplis de matière noirâtre , disséminés au sein de sables verts ou d'argiles qui n’en contiennent pas. La masse enveloppante n’est donc pas ici, comme dans la craie , identique aux rognons , et tout rappro- chement tombe de lui-même. M. Raulin dit que les rognons renferment les mêmes fossiles que les sables verts qui les enveloppent; cela est vrai dans ce sens qu’il y a des rognons composés de fossiles divers, tandis que de plus petits rognons ne sont que des coquilles isolées. Nous avons eu sous les yeux les Céphalopodes et les Gastéropodes des collec- tions de MM. Raulin, d’Arcliiac et Puzos ; nous possédons encore leurs belles collections de bivalves des Ardennes qui, réunies à ce que nous avons recueilli nous-même , peuvent former un mil- lier d’échantillons... Eh bien ! sur ce nombre, il n’existe pas un fossile qui ne soit formé ou rempli de matière noire, tandis qu’il n’v a pas au contraire un seul échantillon composé de grès vert. D’ailleurs une dernière preuve sans réplique se rencontre très fréquemment à Sauce-aux-Bois. Lorsqu’une valve isolée d’un acéphale se trouve déposée dans un terrain quelconque, elle se remplit évidemment des matières qui l’environnent ; si elle reste ensuite sur le même lieu , elle sera toujours identique au terrain SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 54 I enveloppant; dès lors, les valves isolées dans les couches de grès devraient être remplies de ces mêmes grès, tandis qu’elles sont toutes remplies de matière noire des rognons , et leur surface est souvent usée ou anguleuse , comme dans les nombreux échantil- lons que nous soumettons à l’examen de la Société. On a donc ici la preuve que ces valves isolées se sont d’abord déposées dans une couche noirâtre dont elles se sont remplies ; que leurs moules s’y sont durcis , et qu’une cause fortuite les a postérieurement en- levés des couches noirâtres dont elles dépendaient , pour les re- manier ensuite, remplies de cette matière noire , au sein des grès verdâtres. On y reconnaît même que les fossiles y ont été rema- niés, soit à l’état de moule , soit à l’état de coquille. De tous ces faits, dont la Société peut apprécier la valeur par les échantillons ci-joints , on déduira les conséquences suivantes : 1° Les rognons de Machéroménil et de Sauce-aux-Bois ne sont point analogues au silex de la craie, puisqu’ils renferment des fossiles étrangers à la masse enveloppante et qu’ils ne sont point formés de silex pyromaque. 2° Ils sont composés , ainsi que tous les fossiles isolés, d’une matière distincte des couches qui les renferment , et n’ont pu dès lors se former dans ces mêmes couches. 3° Tous les moules, et surtout les valves isolées, étant remplis d’une matière différente de la couche enveloppante, on peut croire qu’ils ont été arrachés à ces couches noires par suite d’une dislo- cation géologique , remaniés au moment, de cette révolution ter- restre, et déposés ensuite par lits au sein des matériaux divers qu’a mis en mouvement cette perturbation momentanée. Gault , ou terrain albien de la montagne des Fis , de Cluse , etc., en Savoie. Les intéressantes recherches de MM. Hugard , de Wegmann et Mayor nous ont permis d’étudier un grand nombre d’échantil- lons du vaste lambeau de Gault de la Savoie. Nous avons voulu nous assurer si les faits relatifs aux Ardennes y étaient visibles; car, dans la supposition du remaniement du Gault des Ardennes par suite de la dislocation des bassins pyrénéens et de la Loire, à l’instant où les mers crétacées turoniennes les ont envahis , ces re- maniements doivent se retrouver presque dans tous les lieux où le Gault se montre. Le premier coup d’œil jeté sur les échantillons de Savoie nous a démontré jusqu’à la dernière évidence l’existence des mêmes re- ô42 SEANCE DU 5 JUIN 1843. maniements. Comme la Société pourra s’en convaincre par les échantillons que voici, ce sont des fossiles encore remplis delà matière noire du Gault des Ardennes , enveloppés ou déposés pêle-mêle avec des fragments encore anguleux de cette même ro- che noire, dans une craie chloritée plus ou moins modifiée par le métamorphisme , et y représentant une espèce de brèche. Il est certain qu’en Savoie ce ne sont pas des silex , et que la présence des fossiles et des fragments de roches noires au sein des couches chloritées amène absolument aux conclusions énoncées pour les Ardennes. Gault ou terrain a/bien de VFissant [Pas-de-Calais] . Comme tous les géologues ont pu le voir , les terrains albiens du Boulonnais se composent , entre Wissant et Saint-Pot , sur la côte de la mer, de deux couches distinctes , l’une inférieure argileuse, l’autre supérieure , formée d’un grès friable chlorité. La première, qu’avec M. de Wegmann nous avons rencontrée sur la plage dé- couverte à marée basse , nous a montré une vaste surface d’argile bleuâtre dans laquelle, aux parties inférieures, se trouvent des ammonites passées à l’état de fer sulfuré, et qui nous ont paru en place , tandis que plus haut sont disposés, par lignes horizontales , des lits de rognons et de fossiles isolés, le plus souvent composés d’une roche noire compacte. Ces rognons et ces derniers fossiles , qu’il suffit de regarder pour y reconnaître des angles émoussés, des parties usées avant d’être déposées par lits dans l’argile , nous paraissent avoir été soumis aux mêmes conditions que les ro- gnons et les fossiles des Ardennes et de la Savoie. La couche supérieure offre aussi des fossiles et des rognons noi- râtres très durs, déposés pêle-mêle dans un grès fortement chlo- rité d’une nature toute différente des fossiles. La partie supérieure du Gault de Wissant, de la Savoie et des ârdennes, offrirait donc les mêmes conditions paléontologiques et géologiques. Terrain albien de la perte du Rhône {Ain). Les terrains albiens de la perte du Rhône se trouvent dans le même cas que ceux des Ardennes; ce sont des coquilles remplies de matière dure à peine marquée de points verts, remaniées à l’état fossile, au sein d’un grès vert d’une coloration très distincte. Les nombreux échantillons qui nous ont été communiqués par MM. Agassiz , Itier , Millet , Pictet et Mayor , montrent très évb SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 643 denunent cette différence de composition entre les échantillons de fossiles et la masse qui les renferme. Gault ou terrain albien de Chansaye [Drôme). Ici les marques de remaniements sont encore plus claires. Les nombreux fossiles, identiques pour la composition zoologique à ceux des localités déjà mentionnées, sont composés d’une roche chloritée très compacte et très dure. Ils ont été déposés à l’état fossile, après avoir été évidemment usés, dans un grès quarzeux, jaune, d’une nature toute différente. Les échantillons que nous présentons pourront convaincre la Société que ce lambeau de Gault s’est trouvé dans les mêmes circonstances de remaniement. Ce lambeau a surtout été exploré par MM. Requien et Rénaux. Terrain albien de Clar {Basses- Alpes). Les fossiles de Clar, près Escragnolles , sur la route de Grasse à Castellane, sont en partie brisés et olfrent des traces de remanie- ment. Non seulement nous avons visité la localité , mais les fré- quentes communications deM. Asder nous ont fourni une innom brable quantité de matériaux. Nous avons reconnu , par les cas- sures souvent anguleuses des morceaux empâtés , par la nature brisée des fossiles , et surtout par leur contexture souvent com- pacte et grise , tandis que la masse enveloppante est fortement chloritée, que les coquilles étaient a l’état fossile lorsqu’elles ont été enveloppées et remuées au sein des couches où elles se trou- vent aujourd’hui. Terrain albien de V Aube, de t Yonne et de la Haute-Marne. La partie du terrain albien qui offre le moins de traces de re- maniement est , sans contredit, celle de l’Aube, de l’Yonne et de la Haute-Marne. On peut même dire que les seules traces qu’on y puisse remarquer sont ces énormes rognons qui , à Gérodot et à Maurepaire , renferment de grosses Ammonites et des Nautiles, tandis que les couches argileuses qui les entourent contiennent seulement de petits échantillons de jeunes individus des mêmes espèces et des espèces distinctes. D’ailleurs ces rognons sont d’une argile analogue à la masse , tout en ayant plus de dureté. On pourrait croire que des circonstances locales ont préservé cette partie des grands mouvements si marqués ailleurs. SÉANCE DU 5 .JUIN 1843. 514 Conclusions. Sur les sept lambeaux de terrain albien de France et de Savoie connus des géologues, six offrent les mêmes caractères paléonto- logiques et minéralogiques Ils sont composés de rognons, de morceaux anguleux , de roches fossilifères et de fossiles détachés formés de matière différente de la masse, soit chloritée, soit gré- siforme, qui les renferme. On pourrait en déduire avec vraisem- blance qu’ils se sont trouvés absolument dans les mêmes condi- tions géologiques. C’en est assez, nous le pensons , pour détruire d’un côté toute idée de rapprochement avec les silex, et pour don- ner la preuve des remaniements dont nous avons parlé. Ce point de vue des conditions dans lesquelles se sont trouvées les diffé- rentes couches à l’instant de leur dépôt , et postérieurement à ce dépôt même, est pour ainsi dire neuf dans la science. Nous y avons depuis longtemps donné une attention particulière , et nous pourrons successivement entretenir la Société des nombreuses dé- ductions auxquelles elles nous ont amené. En attendant , nos con- clusions pour le Gault ou terrain albien sont les suivantes : 1° Le terrain albien est généralement morcelé en France, et n’offre le plus souvent que des lambeaux restreints. 2° Il a souffert de nombreuses perturbations postérieurement à son dépôt , puisque les coquilles qu’il renferme sont le plus sou- vent remaniées et paraissent dépendre de couches détruites, dont les restes plus durs ont été charriés et déposés par lits au sein de couches formées de matières différentes. 3° Nous avons dit ailleurs que les bassins crétacés pyrénéen et de la Loire n’avaient en rien participé au dépôt des terrains al- biens , mais qu’ils avaient dû s’affaisser par suite d’une disloca- tion au commencement de la craie chloritée ou terrain albien, puis- que les couches les plus inférieures de ce dernier terrain se sont déposées partout dans ces bassins. Nous aurions donc d’un côté , par l’étude des faunes et par les déductions qu’on en peut tirer, la preuve d’une grande dislocation dans les bassins pyrénéen et de la Loire, et l’effet de ces dislocations marqué sur les terrains albiens par les nombreux remaniements des fossiles. Ceci corro- borerait deux grands faits géologiques dont l’un serait la dépen- dance et le complément nécessaire de l’autre. M. Raulin dit qu’il n’a pas prétendu qu’il y eût identité entre les rognons noirs des sables verts des Ardennes et de SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 645 Sa Meuse et le silex de la craie , niais seulement que leur for- mation avait eu lieu d’une manière analogue , postérieure- ment au dépôt des sables verts; qu’ils ne sont pas du tout roulés. M. Alcide d’Orbigny répond qu’il ne dit pas du tout que ces rognons ont été roulés, mais remaniés, et qu’ils sont remplis de matière noire ; il présente à l’appui de son asser- tion des échantillons qui appartiennent à la collection même de M. Raidi n. M. Michelin demande si l’on connaît une couche en place où cette série se trouve; il n’a pu la trouver même à Wis- sant. M. d’Orbigny réplique qu’il l’a rencontrée encore en place dans l’Aube et dans l’Yonne, et il ajoute que c’est le seul point où la matière qui se trouve dans les fossiles est la même que la masse environnante; qu’ailleurs la matière est différente. M. Lyell demande si la matière noire intérieure ne serait pas due à la matière animale. Il dit que M. Mantell a trouvé des coquilles fossiles noires à l’intérieur, et, quand les co- quilles ne sont pas restées, des taches noires qu’il a attri- buées à la matière animale. M. Alcide d’Orbigny répond qu’à la rigueur cette fossili- sation de la matière animale est possible dans les coquilles ayant deux valves, mais qu’il n’en est pas de même quand il n’y en a qu’une. M. Rivière cite divers ouvrages , l’opinion de M. Delong- champs, et notamment celle de M. Brongniart, appuyée sur des échantillons de sa collection, d’après laquelle les parties molles de l’animal , pendant la fossilisation, attireraient la silice et seraient ainsi transformées en silice, tandis que les autres parties attireraient le calcaire. M. Alcide d’Orbigny répond que les parties molles des animaux ne se fossilisent pas, que les parties cornées sont seules susceptibles de se fossiliser, mais non la matière char- nue , comme le croyaient les anciens auteurs ; opinion qui a donné lieu à l’histoire de l’homme et du cheval fossiles de Fontainebleau. Il a l’entière certitude, répète-t-il, que les Soc. géol. Tome XIV. 55 SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 546 parties molles ne se fossilisent pas , par suite de l’étude parti- culière qu’il a faite de cette question , à l’aide du microscope, sur un grand nombre d’échantillons que l’on considérait comme des preuves de celte opinion, M. Michelin dit qu’un fait a pu tromper et donner lieu à cette opinion , c’est celui de l’ Ostrea 'vesiculctris . Lorsqu’on la vide, on trouve que les matières intérieures sont plus fines que celles qui l’entourent; mais cela s’explique tout natu- rellement par cette circonstance, que les matières plus fines pénètrent plus facilement à l’intérieur que celles qui le sont moins. M. Rivière dit qu’il n’y a pas seulement le fait de la fi-- nesse de la matière intérieure, mais celui de la présence d’une grande quantité d’alumine, etc. M. de Pinteville lit le Mémoire suivant : Note sur V âge du terrain gjpseux de la Sicile , par M. de Pinteville. Le terrain qui renferme les dépôts de soufre en Sicile se com- pose de parties très diverses, qui néanmoins sont parfaitement liées entre elles, et forment un ensemble très distinct et tout-à- fait séparé de ce qui l’entoure. Ce sont des marnes crayeuses, des calcaires compactes de diverses sortes, du gypse, des argiles bleu-verdâtre, renfermant quelquefois des grès en blocs et en masses, enfin des dépôts de sel et de soufre, et du succin. La marne crayeuse accompagne toujours le gypse, et alterne souvent avec lui. Le calcaire compacte est aussi en liaison con- stante avec la marne , soit qu’il la recouvre ou alterne avec elle, soit qu’il surgisse au milieu d’elle en masses non stratifiées. Les argiles sont le plus souvent supérieures aux roches précé- dentes; quelquefois aussi elles leur paraissent inférieures. Ces argiles ont la plus grande ressemblance avec celles de la forma- tion subapennine ( creta ) ; elles s’en distinguent par le manque absolu de fossiles. La marne crayeuse est une craie qui se rapproche beaucoup de celle de Meudon, quoiqu’un peu plus dure et généralement moins blanche. Elle se rapproche encore davantage de la craie semi-compacte des tombeaux des rois, dans la vallée de Biban-el- Moluk , près de Tiièbes, dans la Haute-Égypte. Si cette der- SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 547 nière n’était un peu plus dure, il y aurait identité complète. De même que la craie de Meudon et celle d’Egypte , elle est remplie de foraminifères. A part ces animaux, on peut dire que la totalité du groupe se distingue par la rareté des corps organisés. Ce terrain occupe en Sicile un espace considérable; il traverse toute l’île sur une direc- tion à peu près O., 25 à 30° N.-E., 25 à 30° S. A partir de la base du mont Eryx jusqu’à l’extrémité orientale de l’île , entre Pachino et Noto , on peut le suivre sur une longueur de près de 250 kilomètres , sans autre interruption que les montagnes secon- daires contre lesquelles il s’appuie, et les dépôts tertiaires qui le recouvrent. Une stratification irrégulière et tourmentée annonce les grandes convulsions que ce groupe a subies. Le pays qu’il occupe présente une alternative de hautes collines et de vallées larges et pro- fondes , à pentes argileuses et mouvantes , sillonnées par de nom- breux ravins. Ce faciès contraste d’une manière frappante avec l’aspect des contrées secondaires, à montagnes calcaires générale- ment assez élevées, dont la charpente plus dure offre des pentes rocailleuses et des escarpements abruptes. Si le terrain gypseux se distingue ainsi de la formation secon- daire par son apparence extérieure , souvent au contraire il parait se confondre avec la formation subapennine. Cette confusion est occasionnée par les argiles communes à l’un et à l’autre. Le calcaire se montre quelquefois sous les formes les plus extraordinaires. Dans beaucoup d’endroits on le voit pointer dans les marnes, et former sur les hauteurs, tantôt de longues mu- railles dentelées , tantôt des groupes de rochers, qui de loin res- semblent à des villes ruinées ou à des forteresses démantelées. Des opinions très diverses ont été émises sur l’âge de ce terrain. M. Daubeny le rattache au terrain subapennin; M. Lyell , dans ses principes de géologie, le place au-dessous du terrain subapennin, entre celui-ci et la craie; M. Constant Prévost, lui assignant une position analogue, le considère comme une espèce de transition entre la craie et les terrains tertiaires; M. Paillette , dans un Mémoire récemment présenté à l’Académie des sciences , y voit un équivalent du calcaire grossier parisien. Don Barnaba-la-Via, dans une notice sur la géologie des envi- rons de Caltanisetta , où ce terrain est très développé , le place au-dessus des atfgiles et calcaires subapennins. Frédéric Hoffmann , au contraire , le fait descendre dans la for- mation crétacée à la partie supérieure de ce groupe. 5 48 SÉANCE DU 5 JUIN 1843. Cette diversité d’opinions n’étonnera pas, si l’on lait attention que l’observateur est ici presque entièrement privé du secours des fossiles, et qu’en outre ce groupe ne se rattache d’une ma- nière positive et constante à aucun terrain ayant un âge déter- miné. F. Hoffmann ayant appuyé ses conclusions d’un grand nombre de faits, je vais, avant de vous exposer ce que la vue des lieux m’a fait penser à moi-même, vous faire connaître les principaux d’entre ces faits, en mettant sous vos yeux quelques fragments textuellement extraits de l’excellent ouvrage composé d’après les notes de ce savant par son ami M. de Dochen (1). L’auteur, en décrivant dans son itinéraire les environs de Gir- genti , s’exprime ainsi (2) : « Les terrains avec lesquels nous avons toujours trouvé lesdé- » pots de soufre en rapport sont ici (Girgenti) très développés. La » roche la plus dominante est une argile plastique, visqueuse, » riche en calcaire et schisteuse , pourtant presque toujours très « déliée. Sa couleur gris-bleu claire , et les nombreux ravins que » présente sa masse, très exposée aux dérangements à sa sur- » face, rendent l’aspect de cette contrée argileuse au plus haut de- » gré comparable à celui des terrains analogues, qui forment la » pente des Apennins , et que j’avais déjà eu l’occasion de connaître » et de juger dans les environs de Sienne, et entre cette ville et » Radicofani sur la route de Rome » Aussi trouvons-nous, en examinant la carte géognostique de -> cette île, dressée par Daubeny, tousles environs de Girgenti jus- » qu’à Castro-Giovanni etCaltanisetta représentés comme unefor- « mation argileuse tertiair e. » De nombreuses observations nous apprirent que cette ma- » nière de voir n’était point exacte. D’abord nos recherches pour » trouver les fossiles ci-dessus mentionnés (ceux des argiles sub- » apennines) dans cette formation avaient toujours été sans ré- > sultat, et nous étions d’autant mieux fondés à présumer qu’ils » ne s’y trouvent réellement pas, que dans le même moment nous » les rencontrions partout, en abondance, dans les formations .. tertiaires incontestables et clairement distinctes qui lui servent » de couverture. » Ce ne fut pourtant pas le seul motif qui nous détermina à re- (t j Geognostische Beobachtungen , von Fried. Hoffmann , Berlin , 1839. (z) Pages 1 i 4 et suivantes. SÉANCE DU 5 JUIN 1813. 54 9 » gauler les terrains à soufre de Sicile connue plus anciens qu’on » ne le fait généralement, et à les considérer comme une formation » secondaire. Nous observâmes dans l’argile, en même temps que » le manque absolu de fossiles , une très grande quantité de cal » caires subordonnés, précisément de même nature que ceux » que l’on trouve avec une extrême abondance au N. et à l’O. , » dans les parties incontestablement secondaires de l’île. Ces cal- » caires n’étaient pas entièrement dépourvus de restes organiques » propres à confirmer cette vue , restes que nous avons déjà appris » à connaître par comparaison dans d’autres parties du pays. » Les plus remarquables étaient des Nummulites, des Encl ines et » de nombreux coraux, et même nous fûmes assez heureux pour » trouver ici , auprès de Girgenti , les îiippiu ites , jusque là si » énigmatiques , qui n’ont encore été reconnues qu’au cap Pas- » saro , et qui , réunis aux autres faits, prouvent que le terrain à » soufre de Sicile est de l’âge de la craie ou des plus récentes des » formations secondaires. L’éditeur ajoute à ce passage la note suivante : « On ne doit » point passer sous silence que , précisément dans ces environs , » et particulièrement près de Caltanisetta , tout auprès d une sou- »frière,se rencontrent ces couches de calcaire friable ou de » craie dans lesquelles M. Ehrenberg a trouvé les Polythalames » caractéristiques de la craie, lesquels s’identifient non seulement »> avec ceux qui se remarquent dans les autres contrées méditerra- » néennes (Oran, Grèce, Egypte), mais encore avec ceux qui ap- » partiennent essentiellement à la craie du nord de l’Europe. On » y rencontre également les couches blanches et schisteuse de tri— » poli , qui sont uniquement formées de restes d’infusoires. (Voir » le Compte-rendu de V Académie des sciences de Berlin , 6 et 20 » déc. 1838.) » (1) Au N. de Girgenti commencent bientôt les marnes blan- » elles crayeuses, fendillées comme le Keuper, avec petits Peignes , o dents de Poissons , pointes et fragments de test d' Oursins. De ces » marnes surgissent beaucoup de masses de gypse à grains fins, de » couleur gris -clair. Sur la route de la porte du Peuple paraît » une plus grande masse de gypse partagée en plaques épaisses » La direction esthor. 9-10 (environ O. 30° N., E., 30° S.). Entre » ces plaques des bancs d’argile gris-blanc, mêlée de sable fin, >» s’émiettant grossièrement à la manière du Keuper, dépourvue » de fossiles. Eu calcaire rude, compacte, cassant, rempli de (î) Page 465. 550 SEANCE DU O JUIN 1843- » morceaux bréchoïdes et de vacuoles avec druses spalhiques, » forme le toit sur la hauteur. — Vient ensuite de nouveau l’ar- » gile avec plaques minces de grès brun à grains fins , de calcaire » gris-clair, avec plaquettes de spath calcaire et stries de calcaire fibreux , sans fossiles» — De gros blocs de grès très siliceux , à » grains gros et à grains fins , gisent çà et là. Ensuite surgissent des » rochers de calcaire gris-clair, compacte , cassant, avec traces de » Coraux , pointes d’Oursins et Lenticulites , puis viennent des grès » grossièrement schisteux, à grains fins, à ciment calcaire, avec » paillettes de mica, taches de lignites, et des grains verts, comme » auprès de Corleone. Il y a de nombreux passages entre le grès » et le calcaire. Après la Macalubetta, calcaire congloméré compacte avec lenticu- « lites , pointes d1 Eçhinides , tiges de Crinoïdes , Orbitolites , Huî- » très , Peignes , petits Coraux. Dans le même endroit une brèche » de Lenticulites, Lenticulites de la dimension de trois quarts de » pouce, traces d e Crinoïdes, grès calcaire brun à grains fins, cal- » caire compacte blanc avec coraux en blocs. Sur le chemin , en allant vers Girgenti, de semblables blocs dans l’argile, ensuite » rochers de grès bleu à grains fins , sur lesquels est situé le Feudo » di Consola. Direction lior. 9. » (1) A environ un mille et demi de Girgenti, on voit, sur les » pentes qui bordent le fleuve San Biagio, un calcaire sableux » bréchoïde k Nummulites ou Lenticulites, qui contient des tiges de » Crinoïde , des Orbitolites et des grains de quarz gris. Au-des- » sous un calcaire blanc, compacte, qui forme une couche puissante » et de nombreux rochers isolés , sur lesquels on distingue clai- » rement la stratification. Direction hor. 8-9. « Sur la pente on remarque un calcaire bleu , compacte , à grains » fins, qui contient d’une manière très apparente des Hippuriies » ( Hippurites sulcata , Def. , et une autre espèce) dont les plis in- » térieurs ont jusqu’à six pouces de long, et des Nummulites. En- » suite un calcaire brun, compacte, à grains fins, s’étendant en » lits dans l’argile bleue ; puis ensuite un grès calcaire à grains fins, » avec grains verts, couches grossièrements chisteuses, comme à » la Macalubetta. Direction hor. 8-9. Inclinaison, 20° N. -O. » (2) Entre Caltanisetta et Castrogiovanni, le plateau tertiaire se » prolonge environ trois quarts de mille ; vient ensuite l’argile » grise semblable à la Creta , puis la marne blanche crayeuse sans (î) Page 47 4. (?.) Page 48o. SEANCE DU 5 JUIN 184 3. 551 » fossiles, avec calcaire gris. Près du chemin du côté du nord, il » y a une soufrière. Le soufre paraît clairement avoir rempli une » fente dans un calcaire blanc terreux, ou une marne schisteuse, » sableuse et grossière. Immédiatement après, dans la direction » du N.-E., une marne blanche (tripoli), schisteuse , en plaques » minces et très légère , dans laquelle on voit en grande quantité » des écailles brunes de Poissons , ainsi que des empreintes de Pois- » sons et de feuilles. La direction est hor. 7-8 » Ce gisement d’empreintes de poissons est également cité par M. Lyell, dans ses Principes de géologie page 389. L’auteur y indique , d’une manière précise, les deux localités où ces fossiles se sont offerts à ses regards. La première est à un mille au N. -O. de la Radusa, sur le chemin de Castrogiovanni , dans la marne fétide ; l’autre est dans le voisinage de Castrogiovanni , dans la marne du gypse, près de la borne miliaire n° 88, et entre celle- ci et celle du n° 89. Enfin , un autre fait important est encore signalé par Hoff- mann (1): « Dans la vallée à l’ouest de Mineo paraît la marne » crayeuse blanche stratifiée , direction hor., 10. Dans cette marne » Gryphea vesicularis , et grains oolitiques; elle est recouverte en » stratification discordante par les couches tertiaires, et se pro- » longe jusqu’à la chaîne du mont Sta-Croce. La marne crayeuse » sous le couvent de Mineo est recouverte par les couches tertiaires » horizontales en stratification visiblement discordante; direc- » tion hor. 12. Les inilliolites sont très abondantes dans cette » marne. » Ces citations font connaître les faits qui ont motivé l’opinion de F. Hoffmann. Reprenons les en peu de mots. Ce sont : 1° les Peignes, Huîtres, Nummulites, Lenticulites , Orbitolites, pointes d’Échinides, Milliolites, tiges de Crinoïdes, petits coraux , dents de poissons dans les marnes et calcaires , ainsi que les empreintes de poissons dans les schistes marneux ; 2° Les Hippurites dans le calcaire , auprès de Girgenti ; 3° La Gryphea vesicularis dans la marne blanche, à Mineo; 4° Enfin la présence de foraminifères de la craie dans la marne crayeuse. Nous allons examiner successivement la valeur de chacun de ces faits. Un mot seulement sur les empreintes de poissons. Cps restes, (r) Page /t87. 552 SÉANCE DU 5 JUIN 1813. qui ne sont déterminés ni quant au genre ni quant à l’espèce , ne sauraient donner lieu à aucune induction. A l’égard des Nummulites , Lenticulites , Orbitolites, et sur- tout des Hippurites, leur présence est un indice assuré de l’exis- tence de la craie dans les environs de Girgenti. Mais le calcaire qui renferme ces fossiles est il une dépendance du terrain gyp- seux? Là est la question. Hoffmann ne paraît pas douter de l’affir- mative. Quant à moi, je ne puis partager son opinion : d’abord je ne vois dans la description qu’il donne de leur gisement aucune circonstance qui la justifie. Les calcaires qui, dans les environs de Girgenti , appartiennent incontestablement à ce terrain , sont tou- jours en liaison avec les marnes blanches, soit qu’ils les recou- vrent , soit qu’ils alternent avec elles ; or, les passages cités ne font mention d’aucun rapport semblable. Quant à moi, je consi- dère ces calcaires à fossiles crétacés comme des lambeaux de la grande formation secondaire apennine , pointant çà et là au milieu des argiles tertiaires. C’est ainsi que je les ai vus entre Girgenti et le volcan boueux de Macaluba. Le chemin qui conduit à cette dernière localité commence par gravir, au sortir de la ville, une hauteur de terrain gypseux avec marnes blanches et calcaires; bientôt la contrée n’offre plus qu’une suite de collines d’argile verdâtre, parsemées de blocs de grès ; quelques rochers de calcaire surgissent isolés à travers ces argiles. (Voy. pl. IX , p. 531, fig. lre.) Ces rochers, dont la base est entièrement cachée par la cou- verture argileuse qui les entoure, peuvent appartenir à la for- mation crétacée; mais ils n’ont rien de commun avec les calcaires du gypse. Si , comme tout porte à le croire , le calcaire dans lequel l’auteur cité a trouvé des Hippurites occupe une position semblable, la rencontre de ce fossile devient sans signification. En ce qui concerne la Gryphea vesicularis de Mineo, l’extrême ressemblance de cette coquille avec V Ostrea navicularis , qui se trouve en si grande abondance dans les marnes crayeuses de Pa- chino, peut faire croire que les individus de Mineo appartiennent aussi à cette dernière espèce. Quant aux foraminifères , la présence des espèces de la craie dans les marnes du gypse ne nous paraît pas, quant à présent, constatée de manière à écarter tous les doutes. Il faut ici entrer dans quelques détails. Ces marnes ont été examinées par M. Ehrenberg. Les idées intéressantes qu’elles lui ont suggérées ont été consignées dans un mémoire approfondi sur la formation de la craie et des marnes séance du 5 juin 1843. 553 crayeuses par le moyen cC êtres organisés invisibles , publié dans les Annales de /’ Académie des sciences de Berli/i (1). Ce mémoire a pour but principal de démontrer, d’abord que les craies et les marnes crayeuses méditerranéennes sont formées par l’agrégation d’animaux microscopiques à test calcaire, et ensuite que les silex si abondants dans la craie du nord, et man- quant dans les marnes crayeuses du sud, sont remplacés dans celles-ci par les animaux microscopiques à test siliceux (rétusaires , qui sont au contraire extrêmement rares dans la craie du nord). Nous allons en citer les principales conclusions : « 1° Toutes » les roches crétacées, ou au moins un grand nombre, sont le » produit de petits animaux à test calcaire , la plupart tout-à-fait » invisibles à l’œil nu, de la grosseur de 1/24 jusqu’à 1/288 de » ligne, dont plus d’un million peut être contenu dans un pouce » cube. » 2° Les marnes crétacées du bassin méditerranéen sont le pro- » duit d’animaux infusoires microscopiques, à test siliceux , tout- >* à-fait invisibles à l’œil nu, mêlés avec une petite partie d’ani- » maux à test calcaire de la craie, » 3° L’état particulier d’agrégation de la craie blanche n’est )) point la suite du dépôt de la matière calcaire dissoute dans l’eau » de la mer, ni de l’agglomération des petits animaux ; mais c’est » le résultat du brisement de l’organisme microscopique et de sa » réduction en parties calcaires inorganiques plus petites, puis de » l’union itérative de ces dernières en particules grenues, ellipti- » ques , régulières , par le moyen d’un mode particulier de quasi- » cristallisation , différent de la cristallisation normale , plus >» grossier que celle-ci, mais pouvant lui è:re comparé. La ineil- » leure craie à écrire est celle où ce mode s’est le plus développé » aux dépens de l’organisme. » 4° De même, les calcaires compactes et les calcaires blancs et » marquant à la manière delà craie, qui bordent le Nil dans la » Haute-Egypte, et s’étendent au loin jusque dans le Sahara, » ainsi que les calcaires compactes de l’Arabie septentrionale dans »> l’Asie occidentale, sont formés par les animalcules coraliens de » la craie d'Europe , et font envisager l’histoire de la formation » des terrains uniformes de la Libye, de Sienne à l’Atlas, et du » mont Sinaï au Liban, sous un point de vue nouveau, qui ouvre »* un vaste champ aux forces organiques. (i) Abhandlungen des Konig. Acad , des Wissench; zu Berlin, S. 59. i83g. SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 55 i » 5° Beaucoup de contrées de la Méditerranée, en Sicile, en » Barbarie et en Grèce , considérées habituellement comme ter- » tiaires , appartiennent , en raison des formes organiques, à la » période de la craie d’Europe, ou à la formation secondaire. >» Il y a cependant, particulièrement en Sicile, des roches conglo- >» Hiératiques dont la masse appartient en totalité ou en partie à ■» la craie, mais dont l’agrégation est d’une époque postérieure, » et peut être rapportée à la formation tertiaire. » 6° Les couches de craie du S. de l’Europe autour du bassin » de la Méditerranée se distinguent de celles du N. et de l’E. » de l’Europe , par un plus grand nombre d’animalcules à test » calcaire bien conservés , et par un moins grand nombre de » particules inorganiques provenant de la destruction de ceux-ci » dans le nord et dans l’est. » 7° 11 y a d’un côté, entre la présence des marnes à infusoires » siliceux dans la craie du S., coïncidant avec l’absence des silex » pyromaques, et d’un autre côté, la présence des silex pyroma- » ques dans la craie du N. coïncidant avec l'absence des marnes à » infusoires siliceux , une relation qui met sur la voie de l’expli- » cation du phénomène singulier des silex pyromaques de la craie, » et fait présumer qu’ils doivent leur existence à la transformation » de la silice dissoute des infusoires en silex compactes. » 11° Toutes les roches, soit blanches et friables, soit colorées » et compactes , formées d’animalcules calcaires microscopiques , » observées dans ces diverses contrées, présentent un tel accord » de genres et d’espèces de ces animalcules avec ceux de la craie » blanche de Rügen , que leurs formes peuvent être considérées » comme caractéristiques d’une même époque de formation géo- » gnostique. » La craie de Puskary en Pologne, celle de Rügen, celle des îles du Danemark, celle de Gravesand, celle de Brighton , enfin celle de Meudon , pour la craie du N. ; la marne crayeuse de Catolica , les schistes à polir de Caltanisetta , le tripoli d’Oran , le tripoli de Zante , le calcaire àNummulites du Caire et de Gyseli , le calcaire de Benisoulf, le calcaire blanc de Siout, le calcaire blanc de Biban-el-Moluk près Tlièbes , le calcaire de Hawan-Fe- raoun en Arabie, ont été l’objet «de l’examen de M. Ehrenberg, qui , indépendamment des formes visibles à l’œil nu , c’est-à-dire d’une grosseur surpassant ^ de ligne , mais beaucoup plus rares que les suivantes, y a reconnu 25 espèces purement microscopi- ques , lesquelles appartiennent à huit genres. SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 555 Ces genres sont : Flustreila , nov. gen, , î espèce. Giobigerina, d’Orbigny, 2 — Robulina, d’Orb. , î — Planulina , d’Orb., 2 — Rosalina , d’Orb. , Rotalia , Lamarck , Textularia, Défiance , T'urbinolia , d’Orbigny, 4 espèces, 6 — 8 — î — Le tableau suivant présente le rapport numérique des espèces qui se trouvent dans les marnes et schistes marneux ( tripoli ) de Sicile , dans les tripolis d’Oran , de Zante et de Grèce , dans les cal- caires blancs de Thèbes et dans ceux d’Arabie, dans le calcaire à Nummulites des Pyramides , avec celles que renferme la craie de Meudon , de Puskary , de Puigen , de Jutland , de Brighton et de Gravesand. CRAIE DU NORD. MENDON, RUGEN, JUTLAND, PUSKÀRÏ GRAVESAND ET BRIGHTON. CRAIE DU SUD. SICILE. ÉGYPTE ET ARABiE. ORAN, ZANTE ET GRÈCE i 1 Flustreila concentrica concen- | 1 2 R Giobigerina bulloides. helicina. i rica . /i 'Planulina sinnla sicula. rJ — 1 n roi fl a . . . . turgida. . foveolata. turgida. ! foveolata. 1 6 Robulioa crelacea. i n Rnsali na foveolata ! ! / 8 globularis. læviaata . . lævigata. 9 r ....* ! pertusa. globulosa i i Rnlalin trlnlmlosa . _ globulosa globulosa * i3 »4 i5 i.6 — ornata. ocellata. per fora la ......... seabra (caltaniseüa). sligma ( callanisella ). aciml»ta ... Tpvtylaria arirnlata. . . | aciculata. aciculata. ! 1 7 18 — aspera. * brevis brevis. 1 Q on — dilata ta. . . . dilalala. 20 — globulosa.. o Inlinlnsa globulosa 9 T perfora ta. 22 — ~ spinosa , . . . 2 \J 24 25 — striata .... Turbinolia ilalica Brighton. striata 1 striata. ! 556 SÉANCE DU 5 JUIN 1813. Sur ces 25 espèces , 9 sont communes à la craie du nord et à celle du sud, 5 aux marnes crayeuses de Sicile et à la craie du nord , 5 également aux calcaires d'Égypte et d’Arabie et à la craie du nord; 3 aux marnes et schistes d’Oran , de Zante et de Grèce et à la craie du nord. Ce sont ces rapports de nombre qui ont dicté à 31. Ehrenberg les conclusions citées plus haut, par lesquelles il identifie , avec la craie du nord et de l’est , non seulement les marnes crayeuses qui nous occupent , mais encore toutes les marnes analogues qui se développent sur les bords du bassin de la Aléditerranée , et se prolongent au sud jusqu’au-delà de Thèbes et du mont Sinaï. Par là se trouveraient fixés les rapports douteux de la craie du Nord avec la craie à Hippurites du Sud. L’antériorité de la der- nière serait un point désormais incontestable, puisqu’elle serait recouverte sur une étendue immense par l’équivalent et presque l’identique de la première. On voudrait pouvoir admettre sans restriction des conclusions si fécondes en résultats , et l’on regrette que les contradictions qu’elles présentent avec des faits incontes- tables rapportés par d’autres observateurs , ne permettent d’y ajou- ter qu’une foi incomplète. Ainsi, parmi les terrains que 31. Ehrenberg place dans la for- mation crétacée , se trouvent les schistes à poissons d’Oran. 31. Rozet, à qui l’on doit la connaissance de ce dépôt remarqua- ble, le classe dans le terrain tertiaire. En présence des faits qu’il signale, il est impossible de ne point partager son avis. La coupe jointe à son mémoire montre , en effet , ces schistes intercalés de la manière la plus régulière entre des couches remplies de fossiles tertiaires, Ostrea cariosa, Ostrea navicularis , Pecten , Penicusis, Terebratula. .. On sait qu’il n’est pas permis de douter de leur âge en les voyant ainsi associés à des couches portant la marque incontestable de l’époque tertiaire. Que penser en présence d’une pareille contradiction? Assuré- ment personne ne nie l’importance de la paléontologie microsco- pique. LesForaminifères ont même sur les autres fossiles un grand avantage, celui du nombre, qui permet de multiplier les com- paraisons. 3Iais pour que cet avantage existe , il faut que le nom- bre des espèces soit proportionné à celui des individus; car il n’y a aucun motif de supposer moins de variété dans les formes mi- croscopiques de la nature que dans ses formes visibles. Lors donc que sur une quantité considérable d’individus , il n’a été distingué qu’un petit nombre d’espèces, il est à croire que l’observation n’est pas encore complète, et l’on doit ajourner les conclusions SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 557 Or, ici, parmi les myriades d’individus renfermés dans les diffé- rentes roches des divers bassins cités , 25 espèces seulement ont été reconnues. JNon seulement ce nombre paraîtra d’abord bien au-dessous des probabilités; mais on peut affirmer qu’il est de beaucoup inférieur à la réalité, puisque déjà nous savons , par les travaux de M. Alcide d’Orbigny, qu’un seul de ces bassins , celui de Paris et d’Angleterre , contient 54 espèces de ces animaux. Il est donc à supposer qu’un grand nombre de ces espèces est encore caché. Parmi celles-ci, peut-être en existe-t-il qui seraient moins caractéristiques de la formation crétacée, et contrediraient moins ouvertement les indices fournis parles fossiles visibles ; il faut aussi tenir compte ici de la difficulté de l’observation. Les carac- tères spécifiques sont souvent difficiles à saisir dans les corps sen- sibles à la vue, à plus forte raison dans les corps microsco- piques. Les Foraminifères qui remplissent les marnes crayeuses de Si- cile méritent assurément de fixer l’attention des géologues pa- léontologistes. Leur présence est d’autant plus importante , que dans celles de ces marnes que le gypse accompagne, elle coïncide avec le manque presque absolu de tout autre fossile, et qu’elle est par conséquent l’unique ressource pour fixer zoologiquement l’âge de ce terrain pris en lui-même , abstraction faite des cou- ches que l’induction géognostique peut lui assimiler. Mais dans l’état actuel des observations, en présence des faits contradictoires qui viennent d’être signalés, toute conséquence tirée de la présence de quelques espèces crétacées de ces animaux dans ces marnes nous semble prématurée. Après vous avoir exposé les motifs qui nous paraissent invali- der l’opinion qui attribue au terrain dont il s’agit une origine secondaire , nous allons maintenant vous faire connaître quelques faits observés par nous-même, faits qui nous ont porté à lui suppôser une date beaucoup plus récente. Le groupe entier se compose, comme nous l’avons dit, de marne crayeuse et de gypse, de calcaire et d’argile verdâtre. Tou- tes ces roches, quoique formant entre elles un ensemble, ne se trouvent pas toujours réunies. Ainsi , les argiles paraissent quel- quefois sans la marne, la marne et le gypse sans le calcaire, la marne et le calcaire sans le gypse ; mais le gypse est inséparable de la marne, dont il paraît n’être qu’un appendice, en sorte que la marne peut être considérée comme la roche dominante et ca- ractéristique de tout le terrain gypseux. Or, nous croyons avoir 0 5 8 SEANCE DU 5 JUIN 1843. trouvé celle-ci dans une position tertiaire parfaitement déter- minée. Dans le sud de File , le point le plus oriental où paraisse le gypse est Granmichele. Cette ville est bâtie sur un calcaire com- pacte , blanchâtre , auquel les altérations atmosphériques finis- sent par donner une teinte grisâtre. Ce calcaire sans fossiles appar- tient aux calcaires tertiaires de Noto et de Sortino. En arrivant de Caltagirone, on commence à le voir à une petite distance seule- ment de Granmichele , après avoir quitté les sables coquilliers subapennins sur lesquels on a longtemps marché. Le gypse paraît à la sortie de la ville en descendant du côté de Yizzini. Il est intercalé dans les marnes. Celles-ci reposent sur le terrain ü basaltique dont on voit paraître ici l'affleurement le plus ociden- tal. (. Voy . pl. IX , p. 531 , fig. 2.) En avançant vers le sud, le calcaire de Granmichele devient très • puissant; ses couches horizontales sont sillonnées çà et là par des 1 vallées, ou plutôt par des gorges qui, dans beaucoup d’endroits, laissent voir sur leurs escarpements des gradins naturels tracés par les érosions. Les coupures les plus profondes ne laissent aper- cevoir dans cette partie aucune roche autre que le calcaire ; mais | en se dirigeant vers le S.-E., l’épaisseur de celui-ci diminue gra- duellement , et dans les environs de Spacca-Forno et de Pachino, il ne forme plus qu’une croûte peu épaisse, sous laquelle on voit paraître une couche plus tendre qui offre avec les marnes du gypse la plus grande ressemblance. Blanche et crayeuse comme celle-ci , remplie comme elle de foraminifères, il ne lui manque, pour que la parité soit parfaite , que la présence du gypse. Cette couche repose horizontalement sur le calcaire à Hippurites et sur le terrain basaltique. On remarquera que ce calcaire dans beau- coup d’endroits, notamment à Girgenti et à Sciacca, supporte les marnes du terrain gypseux. Elle est recouverte par le calcaire tertiaire supérieur. En allant de Pachino à Noto , on ne la perd pas de vue un seul instant. Elle affleure dans toutes les parties creuses de la plaine ondulée qui s’étend entre ces deux villes. Au- près de Noto, elle disparaît sous la grande formation des calcaires de Noto , de Sortino et de Syracuse. (Voy. pl. IX, p. 53 1 , fig. 3. ) J’ai trouvé à Pachino les fossiles suivants , qui appartiennent tous à l’époque tertiaire, Pecten fiabelliformis , Scalaria crassicostata , Gryphea navicularis (1), Pointes d’oursins, Trrebratula caput (i) Ce fossile peut être en quelque sorte considéré comme caractéris- SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 550 serpentïs , Terebratula vitre a , Terebr. bipartita , Terebr. ampulla. A l’entrée du grand port de Syracuse , du côté du sud , au cap Massa Olivieri (cap Plemyrium) , il existe un dépôt tout- à-fa it analogue au précédent. Sa base étant baignée par la mer, on ne voit point sur quoi il repose. Il est recouvert par le calcaire de Sy- racuse. Il aboutit contre l’argile subapennine ( creta ). {Voy. pl. IX, p. 531, fîg. 4.) Sa masse, quoique à peu près semblable au premier coup d’œil à celle de Pachino , présente néanmoins quelque diffé- rence. La marne crayeuse est ici remplacée par une roche de sable calcaire jaunâtre , agglutinée par un ciment calcaire. Quelques fragments basaltiques sont empâtés dans la gangue. Malgré cette différence , je n’hésite pas, à identifier ces deux dépôts , à cause de la similitude des corps organisés qu’ils renferment. J’ai recueilli dans celui-ci les suivants: Pecten flabelliformis , Pecten flexuosus , Pecten Pusio , P. varius , autre Pecten , en tout cinq espèces, Terebratala ampulla ; T. bipartita , une autre espèce indéterminée , pareille à l’une de celles de Pachino ; enfin, Ostrea navicularis. Les Foraminifères sont en grand nombre , quoique moins abondants qu’à Pachino. Comparons maintenant ces diverses localités, et constatons que la couche à Gryphea navicularis de Pachino et du cap Plemyrium est recouverte , comme la marne du gypse de Granmichele , par le calcaire de Noto et de Syracuse. Constatons aussi qu’elle repose sur le calcaire à Hippurites ; position analogue à celle de ces mêmes marnes dans beaucoup d’endroits, notamment à Girgenti et à Sciacca. Nous avons dit que les marnes du gypse présentaient toujours une stratification irrégulière ; la couche dont il s’agit se montre au contraire dans une position constamment horizontale. Cette diffé- rence s’explique suffisamment par l’absence du gypse et du soufre. En effet, en supposant ces minéraux produits par la voie violente du métamorphisme , dans un dépôt antérieurement formé , le renversement des couches , conséquence de ce mode de produc- tion, devient un phénomène pour ainsi dire connexe avec leur existence. Il doit apparaître seulement dans les parties du dépôt où ils se rencontrent , et jamais dans les autres. Les rapports géognostiques s’unissent donc à la ressemblance des roches pour identifier cette couche avec le terrain gypseux. Ce terrain se trouvant alors caractérisé par les fossiles ci dessus tique de ce dépôt, ainsi que des dépôts analogues d’Alger, d’Oran et de G rècc. 560 SÉANCE DU 5 JUIN 1843* cités , au lieu d’être classé dans la formation crétacée , doit être rapporté à la période tertiaire. Placé à la base de tous les terrains tertiaires de Sicile, cette position le signale comme le plus ancien de ceux ci , quoique la plupart des espèces mentionnées , vivant encore dans les mers actuelles , indiquent une origine comparativement très récente. Déposé, au commencement de l’époque subapennine, sur le cal- caire à Hippurites et sur les éruptions basaltiques déjà existantes , dont quelques unes même avaient précédé le dépôt du calcaire à Hippurites , il a subi un mouvement général de dislocation, coïn- cidant avec la production du gypse et du soufre , antérieurement au dépôt des argiles subapennmes ( creta ), qui le recouvrent fréquemment en stratification discordante. Cette dernière circon- stance introduit une division marquée dans le terrain tertiaire subapennin de Sicile , et le coupe en deux étages, l’un inférieur , l’autre supérieur , les argiles formant la base du dernier et servant d’horizon pour le distinguer. Sans avoir à cet égard aucune certitude, nous sommes porté à croire que cette division est applicable aux terrains tertiaires méditerranéens , notamment à ceux de Grèce, d’Alger et d’Oran , dont nous avons vu les fossiles dans les collections rapportées par MM. Virlet, Rozet et de Verneuil. Nous regrettons de ne pouvoir appuyer ces conclusions d’un examen comparatif des espèces de Foraminifères que renferment les couches dont nous essayons ici de fixer l’âge géologique; mais il eût fallu pour cela des connaissances qui nous manquent com- plètement. Nous ne pouvons, à cet égard, faire autre chose qu’appeler sur cet objet l’attention des géologues paléontologistes, familiarisés depuis longtemps avec l’étude de cette classe d’ani- maux, et émettre le vœu qu’ils veuillent bien diriger de ce côté leurs investigations. A la suite de cette lecture, M. d’Omalius d’Halloy fait ob- server que M. Ehrenberg a écrit qu’il y a, dans les Foramini- fères de la craie, fies espèces vivant encore actuellement. M. de Pinteville, en réponse à cette observation , fait con- naître la note suivante de M. Ehrenberg , page 138 du recueil cité: « Les dénominations semblables appliquées par moi à » quelques uns des animaux microscopiques de la craie , et à » des formes de la mer actuelle , ou des couches fossiles plus » récentes, proviennent de ce que je ne connaissais pas les SÉANCE DU 5 JUIN 1843. 561 » originaux de ces derniers , et du désir de ne point amener * une complication inutile par l’introduction de nouveaux > noms. Qu’on veuille bien ne point négliger de faire atten- > tion aux points d’interrogation. Ceux de ces animaux que î j’ai pu comparer par moi -même étaient tous differents. » M. Alcide d’Orbigny dit que la manière d’observer de M. Ehrenberg donne lieu à de graves erreurs pour la déter- mination des espèces microscopiques, et même pour celle des genres. En effet, dit-il, M. Ehrenberg, au lieu d’observer au microscope l’opacité des objets par réflexion de la lumière, observe par transparence, en sorte qu’il ne voit qu’une silhouette des objets. Par suite, une infinité de détails de formes doivent lui échapper nécessairement : aussi lui arrive- t-il de se tromper même sur les genres des coquilles mi- croscopiques. C’est ainsi qu’il a pris pour des Planulines des Nautiloïdes , parce que la section ou la silhouette de ces der- nières coquilles est tissez semblable aux formes des pre- mières. La seule manière de bien voir les coquilles micro- scopiques, est de les regarder en faisant réfléchir dessus la lumière dans le microscope. Il faut aussi se procurer les indi- vidus les plus gros et, autant que possible, sans les briser. C’est à quoi je parviens, ajoute-t-il, par un procédé bien simple, en frottant légèrement la craie avec une brosse, lavant et décantant ensuite la poussière pour en séparer les coquilles; je trouve ainsi des foraminifères de 3 à 4 milli- mètres, dont j’observe l’opacitétpar réflexion. M. d’Omalius d’Halloy dit qu’en prenant la parole , il vou- lait appuyer les conclusions de M. de Pinteville, parce que les observations faites sur de petits êtres lui paraissent devoir inspirer beaucoup moins de confiance que celles faites sur les gros. Les explications qui viennent d’avoir lieu , eri levant les objections résultant des travaux de M. Ehrenberg, ne peuvent que confirmer son opinion à cet égard. M. Angelot, secrétaire, continue la lecture des procès- verbaux de la réunion extraordinaire tenue à Aix, en sep- tembre dernier, procès-verbaux dont la seconde partie, qui doit être suivie d’une troisième, vient de lui être transmise par M. Matheron. Soc • géol. Tom. XIV. 36 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 562 Séance du 19 juin 184 £ S PRÉSIDENCE DE M. ALC. d’oRBIGNY. M. Angelot, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. DONS FAITS A LA SOCIETE. La Société reçoit : De la part de M. le ministre de l’Instruction publique , Voyage dans l'Amérique méridionale , par M. Alcide d’Orbi- gny, livraisons 57 — 67. Species général et iconographie des coquilles vivantes , par L. G. Kiéner, livraisons 74 — 88. Traité expérimental de V électricité et du magnétisme , par Becquerel, tome VII et dernier, in-8°, 547 pages, Paris, Didot frères , 1840. Annales des sciences naturelles , tome. XVIe, 2e série, 8e année ; septembre , octobre , novembre et décembre 184!. De la part du ministre de la Justice, Journal des savants , mai 1843. De la part de M. E. Robert, rapport fait à l’Académie des sciences sur deux mémoires de M. Robert, ayant pour titre : 1° Recherches géologiques sur le minerai de fer pisolitique et sur le deutoxide de manganèse hydraté observé a Meudon ; 2° Sur la paléontologie du bassin de Paris , in-4°, 4 pages. De la part de M. Hardouin Michelin, son Iconographie zoophytologique , 7e livraison , in-4°, 96 pages, 2 pi. , P. Ber- trand , Paris, 1843. La Société reçoit en outre les publications suivantes: Comptes-rendus hebdomadaires des séances de V Académie des sciences , année 1843 , 1er semestre (t. XVI, nos 22 et 23). Memoric , etc. (Mémoires de l’Académie royale des sciences de Turin) , 2e série , tome III , in-4°, Turin, 1841. Bulletin de la Société de géographie , 2e série , tome XIX , nos 1 1 2 et 113, avril et. mai 1843. Le Mémorial, revue encyclopédique des sciences , mai 1 84 3. SÉANCE I)U 19 JUIN 1813. 563 Il Progresse*, etc. (Le Progrès des sciences, lettres et arts), n° 60 de la nouvelle série, 184 S . L’Institut , nos 493 — 494. L’Écho du Monde savant , nos 43 — 46. The Athenœum , nos 815, 816. The Mining Journal , nos 407, 408. Vue générale du glacier situé au S.-E. de la Pointe- des- Renards , par M. E. Robert. Carte géognostique du plateau tertiaire parisien , par M. Vic- tor Raulin, Paris, bureau du Dict. d’hist . naturelle , 1843. Par suite de la lecture du procès-verbal de la dernière séance , M. Alcide d’Orbigny dit que l’objection qu’il a faite relativement aux animaux pélagiens des mers actuelles peut également s’appliquer aux mers anciennes, puisque les Com d aires , très voisines des Cléodores, étaient, à n’en pas douter, des animaux ptéropodes, analogues, pour leur mode d’existence , aux Ptéropodes d’aujourd’hui. Il en conclut na- turellement que les mers du terrain de transition avaient déjà leurs animaux pélagiens ptéropodes. Il pense que les Trilobites, à en juger par les nombreux crustacés qu’il a vus dans les hautes mers, pourraient être également pélagiens. Néanmoins il admet que la distinction d’animaux pélagiens et côtiers dans les mers très anciennes doit avoir une valeur beaucoup moins grande qu’aujourd’hui , les mers se trouvant alors si peu profondes que les animaux de ces mers pou- vaient en habiter presque toutes les parties. Il croit que la profondeur des mers n’a servi de véritables limites aux Faunes côtières que vers l’époque des terrains triasiques , et que ces limites sont devenues d’autant plus infranchissables qu’on approche de l’époque actuelle. M. Michelin dit qu’on a trouvé des Conulaires , mais asso- ciés avec des animaux côtiers tels que les Trilobites. Il de- mande si l’on connaît des terrains où l’on ne trouve que des Conulaires. M. Alcide d’Orbigny répond qu’il n’est nullement prouve que les Trilobites, genre d’animaux qui n’existe plus au- jourd’hui, aient été des animaux côtiers; qu’en effet il y a des crustacés dans la haute mer; qu’il en a pêché là des quantités considérables, et qu’ils y sont même en plus grand nombre que sur les côtes. M. Huot dit que les yeux des Trilobites, composés de fa- cettes , indiquent que ces animaux percevaient la lumière, et devaient, par conséquent , pour cela habiter près des bords et non au fond des mers. M. Alcide d’Qrbigny réplique que l’existence d’yeux à facettes chez les Trilobites n’implique nullement ce genre d 'habitat-, que toutes les nuits les crustacés s’élèvent du fond des mers à la surface, et qu’on conçoit très bien qu ils puissent faire usage d’yeux ainsi construits sans habiter les côtes. CORRESPONDANCE. Le Secrétaire donne lecture de l’extrait suivant d’une lettre à lui adressée de Vizille, en date du 7 de ce mois, par M. Rozet. Les observations géologiques que j’ai faites jusqu’à présent dans le pays que je parcours sont assez bien d’accord avec celles de M. E. de Beaumont, Il y a une analogie fort remarquable entre la constitution géognostique des Alpes dauphinoises et celle du petit Atlas. Les gypses et les spilites sont des calcaires métamor- phosés. J’aurai encore des faits nouveaux à communiquer là- dessus cet hiver à la Société. Le Secrétaire donne ensuite lecture d’une autre lettre adressée au Président par M. E. Pvobert. Dans un mémoire lu à la Société géologique, le 4 mai 1840, M. Martins a avancé : 1° (page 287 du Bulletin) « que les glaciers du Spitzberg n’avaient pas cle moraines terminales ; 2° (page 289 ibid.) que si les glaciers descendaient dans le fond de la mer, on devait en rencontrer dont la surface supérieure serait baignée par les flots; cette surface formerait alors un plan incliné qui ferait avec celle de la mer un angle plus ou moins ouvert. Or, c'est ce qui ne se voit jamais ; le glacier se termine toujours par un escar- pement vertical d’une hauteur considérable. » Dans une note lue à la même Société, le 25 janvier de l’année suivante, le même observateur (page 127 du même Bulletin) ajoute : « Toutefois SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 565 on aurait tort de croire que , même au N. du Spitzberg , les glaces puissent s’établir si la configuration du sol ne s’y prête pas. Là , comme en Suisse , on ne les trouve que dans les vallées , jamais dans les plaines proprement dites. » La planche géologique {vue générale du glacier situé au S.-E. de ta Pointe-des-Renards , dans la rade de Bell-Souncl ) que j’ai P honneur d’offrir à la Société démontre au contraire : 1° que les glaciers du Spitzberg peuvent avoir des moraines terminales; 2° qu’ils s’affaissent dans la mer de manière à former un plan incliné; 3° et qu’il peut s’établir des glaciers, non seulement dans les plaines, mais même sur un sol disposé en croupe ou en dos d’âne. Je regarde du reste cette dernière disposition , qui s’accorde assez bien avec les idées de M. Agassiz relativement aux calottes de glace, comme étant exceptionnelle ou déterminée par la pré- sence d'une chaîne de montagnes au pied de laquelle la neige a été forcée de s’accumuler de cette manière; et, je le répète, tous les glaciers du Spitzberg que j’ai eu l’occasion de voir in’ont paru plutôt être des accumulations de couches successives de neige que des coulées de glace comme cela a lieu en Suisse. M. Martins répond aux observations critiques de M. E. Robert. 1° La planche offerte par M. Robert à la Société , et qui fera partie du Voyage en Scandinavie , représente l’escarpement termi- nal vu de la mer du glacier de la Pointe-aux-Renards, dans la baie de Bt ll-Sound au Spitzberg. A l’extrémité septentrionale de cet escarpement se trouve figuré un petit amas de débris qui n’égale pas la dixième partie de la longueur de cet escarpement ; c’est cet amas que M. Robert désigne sous le nom de moraine termi- nale. Mais sa position à l’un des angles de l'escarpement montre que cet amas n’est que la terminaison d’une moraine latérale. M. Robert l’ayant dessinée de la mer l’a prise pour une moraine terminale, parce que , dans la position où il se trouvait, l’amas était placé entre la mer et lui. Une véritable moraine terminale forme une digue concentrique ou parallèle à l’extrémité d’un glacier; mais tous les amas de débris placés sur les côtés ont tou- jours été désignés par les géologues sous le nom de moraines laté- rales. La seconde objection provient de ce que M. Robert n’a pas bien saisi le sens de l’argument qu’il cherche à combattre. J’ai dit: 5 66 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. « Si les glaciers du Spitzberg descendaient dans la mer (sans se fondre), on devrait en rencontrer dont la face supérieure serait baignée par les flots : cette surface formerait alors un plan incliné qui ferait avec celle de la mer un angle plus ou moins ouvert; or, c’est ce qui ne se voit jamais. » La planche de M. Robert prouve que le glacier de la Pointe-aux-Renards ne fait pas excep- tion à cette règle , puisqu’il se termine par un escarpement verti- cal, et que, par conséquent, la face supérieure du glacier n’est point baignée par les flots de la mer. La dépression partielle qu’il présente vers son milieu , et qui est marqué L sur la planche , n’a pas la moindre connexion avec mon raisonnement dans lequel je considérais un profil en long, où la surface supérieure du glacier et celle de la mer se couperaient sous un angle plus ou moins ouvert. Le dessin de M. Robert serait un argument victorieux si j’avais soutenu que la surface d’un glacier du Spitzberg est toujours par- faitement horizontale ou parallèle à celle de la mer; or, c’est ce que je n’ai jamais dit. La dépression , résultat d’un affaissement , est au contraire une nouvelle preuve que les glaciers du Spitzberg s’avancent au-dessus de la mer en dépassant le rivage , parce que leur base est fondue par l’eau, dont la température en été est su- périeure à zéro. Le glacier terminal de Magda'ena-Bay présentait un affaissement analogue dans son milieu. (Vov. Bulletin , t. XI , p. 289 et suiv.) Enfin M. Robert combat, avec son dessin, l’opinion émise par moi , que les glaciers ne se formaient pas dans les plaines , mais seulement dans les vallées. Pour toute réponse , je prierai le lecteur de considérer les montagnes qui hérissent le paysage de M. Robert, et il verra si cette vue représente un pays de plaines. Je n’ai jamais prétendu qu’un glacier ne puisse s’établir sur un terrain à surface plus ou moins convexe; il est clair que le fond des gorges de la Suisse, remplie par des glaciers, doit présenter souvent cette disposition. En terminant, je ne saurais m’empêcher de dire un mot sur l’acception toute nouvelle que M. Robert donne à l’expression calotte de glace , que M. Agassiz a introduite dans la science. M. Agassiz désigne ainsi des nappes de glace immenses couvrant des régions tout entières, s’étendant, par exemple, depuis le pôle jusque dans les latitudes moyennes, et non point, comme M. Robert paraît le croire, un glacier ou une portion de glacier recouvrant un terrain à surface convexe. Quelle que soit la forme du terrain sur lequel le glacier repose, celui-ci conserve toujours son nom. SÉANCE DU 19 JUIN 18 i 3. 667 Le Secrétaire donne ensuite lecture de la lettre suivante, en date du 20 mai dernier, adressée de Mathias-Saint-Marcel , commune d’Espaly près le Puy (Haute-Loire), au Président par M. Pichol-Duhazel. Des recherches géologiques, appliquées à la contrée que j’ha- bite, m’ont fourni un grand nombre de matériaux de paléonto- logie. Parmi ces matériaux se trouvent des parties notables du squelette d’un Mastodonte , dont j’ai cru pouvoir, provisoire- ment, annoncer l’exhumation. Je me fais un devoir de vous envoyer ci- joint le n° 46 du Courrier du Velay , dans lequel j’ai fait insérer cette annonce (1). Nous avons, aux environs du Puy, des terrains de transport fort étendus, renfermant en abondance des ossements fossiles, auxquels on n’a fait une certaine attention que depuis peu de temps. Il n’y a que quelques années qu’un paysan, creusant une fosse, trouva dans son champ une mâchoire de Mastodonte . Cette mâ- choire , extraite de la fosse comme s’il se fut agi d’une simple (i) Extrait du n° 46 du Courrier du Velay du îo mai i843. L’auteur y mentionne la découverte de mâchelières éuormes , de deux longues défenses, d’une portion de mâchoire , de parties notables d'humérus, de tibia , et d’une quantité considérable d’os des pieds, au commencement de janvier 1846, dans une couche d’argile micacée, contenant delà limonite avec des galets basaltiques , à un myriamètre de distance du Puy, et à une élévation d’environ 760 mètres au-dessus du niveau de la mer. « Quant à l’espèce à laquelle appartiennent ces ossements , la denti- tion , au lieu de présenter les losanges qui caractérisent le grand Masto- donte., dit l’auteur de l’article, montre, au contraire, des disques plus ou moins lobés avec ces cônes tronqués intermédiaires qui distinguent prin- cipalement le Mastodonte à dents étroites, espèce dont les ossements sont fort rares. Les deux défenses, dont l’authenticité est celle fois incontestable, puisqu’elles ont été trouvées étendues horizontalement l’une à côté de 1 autre , immédiatement devant les mâchelières, présentent cette singu- larité de structure qui consiste en ce que leur grosseur n’est nullement proportionnée à leur longueur, si l'on prend pour terme de comparaison la plupart des défenses fossiles attribuées soit à des Éléphants , soit à des Mastodontes, et publiées jusqu’à ce jour. Elles sont très effilées, leur coutour est sensiblement elliptique; elles sont, en outre, légèrement courbes et arquées vers la pointe. Leur texture intérieure , du reste, montre ces petits losanges concentriques qui caractérisent l’ivoire. » SÉANCE DU 19 JUIN J 84 3. 5 68 pierre nuisible à la culture, fut portée sur un mur voisin, et là mise en pièces, de telle sorte que tout ce que l’on a pu, par la suite, recueillir de ses dents, se réduit à quelques fragments plus ou moins déterminables. De petites portions de germes de dents, et surtout un cylindre ou tronçon d’ivoire, trouvé vers la superficie d’un autre champ qui est vis-à-vis de celui dont je viens de parler, et de l’autre côté du vallon, m’avaient, depuis un certain temps , fait conce- voir l’espoir d’obtenir des portions notables de Mastodonte. .T’avais excité la sollicitude intéressée du propriétaire, et provo- qué son attention lorsqu’il se livrerait à ses travaux de culture. Le résultat a dépassé mes espérances. Mais il est arrivé que l’indi- vidu dont j’ai obtenu une partie des mâchelières , ainsi que les deux défenses , n’est point le même que celui auquel a appartenu mon premier tronçon d’ivoire , ce tronçon étant beaucoup plus gros que ces défenses. Ainsi il y a eu , bien certainement, plu- sieurs individus du même genre ensevelis dans ce vallon; ce que je possède seulement de débris recueillis en différentes fois en indique au moins trois, et peut-être quatre. L’examen comparatif de ces divers débris m’a fait connaître que ces Mastodontes n’étaient pas tous de même taille, et que, sous ce rapport, il y avait quelquefois des différences énormes; ce qui me l’a prouvé d’abord sans réplique, ce sont deux calca- néums appartenant à deux fouilles séparées : l’un, faisant partie du groupe auquel s’applique une note insérée dans le n° 46 du Courrier du Velay , ne pèse qu’un kilogramme, tandis que l’autre, qui appartient à un groupe distinct, pèse jusqu’à un kilogramme et trois quarts. On ne peut pas dire ici que cette différence de stature provient de ce que l’animal le plus petit était plus jeune que le plus grand. C’est tout le contraire qui a lieu. En effet , il suffit de jeter un coup-d’œil sur les mâchelières de l’individu au calcanéum plus petit , pour se convaincre qu’il était très vieux lorsqu’il fut ense- veli. Sa postérieure inférieure droite, que j’ai en place sur l’os maxillaire, offre, par exemple, des traces d’usure telles que le disque lobé qui est à sa partie antérieure envahit plus du tiers de la couronne; et quant à l’individu au calcanéum plus grand, il n’était pas même tout-à-fait adulte ; c’est ce qui est démontré par ce que j’ai de ses os des pieds : leurs épiphyses étaient si peu consolidées, que plusieurs se sont détachées. Faut-il expliquer cette variation de stature ou de grandeur par des considérations puisées dans le sexe des individus? ou bien faut-il reconnaître SÉANCE DU 10 JUIN 1843. 569 que le même tombeau recèle ici diverses espèces de Mastodontes? C’est sur quoi des études et des explorations plus complètes vien- dront probablement m’éclairer. Ce n’est que dans un espace très circonscrit , sur ,1e penchant de deux collines formant le col d’un vallon ou petit bassin, que j’ai reconnu la présence de dépouilles de Mastodontes. Elles y sont accompagnées de débris nombreux de Tapirs , de restes de très petits cerfs, et de rhinocéros de grande taille. Immédiatement après ce petit bassin ou vallon , il s’en ouvre un autre beaucoup plus étendu ; celui-ci est égal ment fossilifère; mais il y a changement : des dents, des lames de dents, des par- ties de défenses et des os d’éléphants; des bœufs, des chevaux, de grands cerfs, des rhinocéros, dont un petit; tels sont, en abrégé , les animaux auxquels appartiennent les dépouilles que l’on a trouvées dans ce second vallon , où mes explorations réité- rées pendant plusieurs années ne m’ont pas offert la moindre esquille de Mastodonte ou de Tapir. Les carnassiers manquent absolument, à ce qu’il paraît, dans l’un et dans l’autre vallon; je pense néanmoins être sur les traces d'un gisement de ces derniers, car je possède une dent et la moitié d’une autre, avec de petits fragments d’os maxillaires d’un Canis qui ont été trouvés engagés dans un conglomérat argilo- volcanique, mais vers un autre point. Ces couches fossilifères du terrain de transport reposent presque partout ici sur des argiles marneuses sans fossiles. Elles forment d’abord des lits d’argile micacée, avec quelques galets basaltiques et de la limonite ; elles passent ensuite à des conglomérats plus ou moins compactes, composés de produits basaltiques et grani- tiques, liés par de l’argile ferrugineuse. Elles finissent, sur plu- sieurs points, par constituer ce que nous appelons des brèches volcaniques. En quelques endroits des cpulées de basalte sont superposées à ce système. M. Alcide d’Orbigny lait observer que l’usure des dents ne peut servir à démontrer l’âge de l’animal , ainsi que paraît le croire l’auteur de cette lettre , parce que l’usure des dents se fait d’avant en arrière, et qu’il y en a d’usées dès le pre- mier âge. Il faudrait, pour tirer une pareille conclusion de l’usure d’une dent, connaître avec certitude quelle était la place de cette dent dans la mâchoire de l’animal. 570 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. COMMUNICATIONS* M. de Pintevilîe, l’un des secrétaires, donne lecture des notes suivantes de M. A. Daubrée : Extrait (Vun Mémoire sur les dépôts métallifères de la Suède et de la Norvège , par M. À. Daubrée. « La Scandinavie est un pays depuis longtemps célèbre par ses richesses minéralogiques , et c’est particulièrement pour en étudier les dépôts métallifères que j’y ai entrepris un voyage l’an dernier. « Bien que l’excellent ouvrage de M. Haussmann , et la Géogra- phie minéralogique de M. Hisinger renferment de précieux do- cuments sur beaucoup de districts de mines, j’ai eu occasion d’y faire un assez grand nombre d’observations nouvelles : ces ob- servations se rapportent surtout aux mines d’Arendal et de Skut- terud en Norvège, à celles de Sabla, de Fahlun et d’Utœ en Suède, dans lesquelles on exploite le fer, le cuivre, le plomb, l’argent et le cobalt. » Les gîtes métallifères de la Suède et de la Norvège se rangent dans quatre catégories différentes, qui sont : les dépôts des ma- rais et des lacs , les filons proprement dits , les amas subordonnés au terrain de transition ou amas de contact ; enfin, les amas en- clavés dans le gneiss. « L’iiydroxyde de fer, qui continue à se précipiter journelle- ment dans les marais, et surtout dans les eaux des lacs, appar- tient seul au premier genre de dépôts. 11 est très abondamment répandu dans plusieurs régions de la Suède ; mais , excepté en Smolande , l’extraction de ce minerai est peu importante , par suite de l’abondance de l’oxide magnétique, et il est à croire qu’elle prendra de l’extension dans la suite; car quand cet oxide hydraté est très manganésifère, comme il arrive souvent, on peut surcharger les laitiers de chaux, et parvenir, malgré son contenu en acide phosphorique , à en extraire du fer de bonne qualité. «Parmi les filons proprement dits, ceux de Sabla, deKongs- bëï’g, d’Eidsfoss, comparés aux filons classiques de l’Allemagne et de la France, présentent un caractère particulier : c’est la pré sence de différents silicates anhydres ou hydratés , qui se trou- vent habituellement dans les roches cristallines ; de telle sorte que, par leur composition comme par leur âge, ils foi nient une SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 571 transition entre les amas subordonnés au gneiss et les filons de la plupart des autres contrées. » Les amas intercalés dans le terrain de transition sont parti- culièrement nombreux dans la contrée de Christiania ; ils sont constamment situés à la jonction du terrain de transition avec les roches plutoniques qui l’ont traversé. Aux environs de Cimbri- shamn, en Scanie , il existe aussi dans les couches de transition des dépôts très analogues à ceux des arkoses du centre de la France. «Nulle part ailleurs en Europe, les amas enclavés dans le gneiss ne sont si nombreux et si développés qu’en Scandinavie , et surtout en Suède ; ils comprennent plus des ~ des richesses métallifères de cette dernière contrée. C’est particulièrement de l’étude de ces dépôts problématiques qu’il est question dans le Mémoire, et voici quelques unes des observations générales qui résultent de leur examen : « 1° Malgré les grandes différences que présente souvent leur composition, il existe des transitions de toute espèce entre les gîtes exploités pour fer, pour cuivre, pour cobalt ou pour plomb et argent Toute cette multitude d’amas ne forme qu’un groupe unique dans lequel on ne peut établir de démarcations tranchées, comme il arrive dans d’autres districts métallifères, en Saxe , par exemple, où le fer, le cobalt, l’étain, le plomb, sont renfermés dans des systèmes de filons distincts. « 2U La composition normale de ces amas est assez simple: ils contiennent le fer oxidé magnétique , différents sulfures métalli- ques, particulièrement les pyrites de fer ordinaire et magnéti- que, le cuivre pyrheux , le cobalt gris, la galène, associés à la chaux carbonatée , au quartz ou à différents silicates. Mais si l’on tient compte de toutes les substances accidentelles qui s’y trou- vent, on est au contraire frappé de leur complexité : on y a ren- contré plus de quatre-vingts espèces minérales, et au moins quarante-deux des corps simples connus. « 3° Leurs relations avec la roche encaissante font voir qu’ils sont antérieurs à la consolidation du gneiss; ils remontent par conséquent aux plus anciennes époques dont il nous reste des traces. » 4° Différents faits démontrent aussi qu’ils ont été à l’état de fusion : de là les ramifications qu’ils poussent quelquefois dans la roche voisine , et dont l’existence paraît au premier abord in- compatible avec la conclusion qu’ils sont contemporains du gneiss- » 5° Les amas de contact du S. -O. de la Norvège, qui sont SEANCE DU 19 JUIN 1843. 572 habituellement subordonnés au terrain de transition , ont une composition très analogue à celle des amas enclavés dans le gneiss ; ils établissent donc un lien important entre deux types de gîtes très dissemblables en apparence, ces derniers d'une part, de l’autre les dépôts des arkoses du centre de la France , par exemple. La formation de tous les dépôts subordonnés d’une manière concor- dante dans les terrains stratifiés est le résultat d’une série de phé- nomènes analogues, dont les amas qui nous occupent forment le premier terme, suivant l’ordre des temps. » 6° Les mines de ce genre ne sont pas particulières à la Suède et à la Norvège ; la Finlande , la haute Silésie, la Saxe , diffé- rentes régions des Alpes, le Banat , et quelques provinces des Etats-Unis en renferment qui leur sont tout-à-fait analogues. » 7° Nulle part, hors des gîtes enclavés dans le gneiss, même dans les groupes de filons les plus riches en minéraux variés , tels que ceux de Pzibram en Bohême , ou ceux de Beresow en Sibérie , on ne rencontre une réunion aussi complexe de combinaisons. Ainsi les amas de la Suède ne sont pas seulement remarquables par la présence d’un très grand nombre de corps simples , dont quelques uns , tels que le cérium, le lanthane, la zircone , n’ont pas été rencontrés dans d’autres gîtes métallifères, mais ils le sont aussi par ce mélange très intime de composés très variés d’oxides avec des sulfures, sé lémures , tellurures, arséniures (1); des gangues habituelles des gîtes en filons avec des silicates que l’on ne trouve guère que dans les roches plutoniques; enfin , comme pour qu’il y ait dans ces amas des représentants de toutes les familles minérales, ils contiennent des traces de combustibles charbonneux et du bitume. C’est une richesse de composition comparable à celle des roches schisteuses aurifères du Brésil, et qui, à part la présence de différentes raretés , se remarque encore dans les amas subordonnés au gneiss d’autres contrées; elle con- traste surtout avec la simplicité des dépôts les plus modernes , tels, par exemple, que ceux de fer pisolitique, si répandus en France; comme si, pour les gîtes les plus modernes, les diffé- rents composés avaient subi un triage plus net dans les labora- toires souterrains avant d’arriver à la surface. » 8° Au milieu de ce pêle-mêle apparent, la règle générale que j’ai signalée dans un mémoire précédent sur la constance de l’as- sociation des borosilicates et des fluosilicates à l’oxide d’étain fi) La présence de ces trois derniers genres de composés . quoique très l ares , mérite d’être signalée ici. 573 SEANCE' DU 19 JUIN 1813. dans les Stockwercks stannifères (1), reçoit ici une confirmation bien frappante dans les quelques centaines d’amas de la Scandi- navie , et dans ceux de la Saxe. » 9° Enfin , la formation des dépôts métallifères de la Suède se relie certainement aux dislocations du sol de cette contrée , quoi- que la connexion entre les deux genres de phénomènes soit moins évidente que dans beaucoup d’autres pays. En effet, tous ces sou- lèvements ou affaissements du sol qui ont principalement imprimé à la Suède son relief actuel , à part le mouvement lent qui con- tinue encore aujourd’hui , paraissent remonter à une époque géo- logique fort ancienne, et probablement ne dépassent pas l’époque de transition. De même les émanations métallifères, primitive- ment d’une abondance si remarquable en cette partie du globe , ont été totalement arrêtées dès que les brisements du sol ont cessé de leur frayer une voie dans ces régions. a Note sur le phénomène erratique du N. de V Europe et sur les mouvements récents du sol Scandinave , par M. A. Daubrée. M. Sefstrœm a déduit d’observations faites en un grand nombre de points de la Suède , que les directions des stries diluviennes ont pour moyenne une ligne dirigée N.-N.-E. — S. -S. O. Il a toutefois signalé lui -même un assez grand nombre de variations qu’il regarde comme des déviations de la direction normale, produites par des accidents du terrain. D’après les observations de M. Bœhtlingk et de M. Durocher, il existe une uniformité plus grande encore dans la position des stries en Finlande et dans les parties adjacentes de la Russie. Mais, en Norvège, on ne retrouve plus une telle constance de direction. A part des inflexions qui n’existent que sur xine petite échelle, les traces de transport et de frottement , si nombreuses dans cette dernière contrée , divergent, à partir des régions culminantes , suivant les lignes de plus grande pente du massif. C’est ce que j’ai observé dans plu- sieurs des grandes vallées qui prennent naissance dans les cimes neigeuses du Bergenstift , et débouchent dans la mer entre Arendal et Christiania, où la direction générale des stries suit le cours de la vallée , en se conformant à ses principales courbures. Les obser- vations faites par M. le professeur Keilhau et par M. Siljestrœm dans beaucoup d’autres parties des Alpes Scandinaves , jusqu’à une altitude de 4,000 pieds norvégiens (1160 mètres) , conduisent au (i) Comptes-rendus de t* Académie des sciences , tome X page 854. SÉANCE DU 19 JUIN 1813. 57 4 même résultat. Ainsi , l’agent qui a abattu ou arrondi et strié d’une manière si frappante le sol de la Norvège paraît avoir rayonné autour des principales crêtes , en suivant les grandes vallées qui en descendent , de même que dans les Alpes. Ce n’est que loin des montagnes proprement dites , sur les plateaux faiblement ondulés de la Laponie , de la Suède et de la Finlande , que ces accidents prennent une uniformité d’allure qui a d’abord été considérée d’une manière trop exclusive comme caractéristique de tout le phénomène erratique du Nord. On sait que beaucoup de contrées littorales de la Norvège, depuis la partie méridionale jusqu’au cap Nord , sont recouvertes par une formation argileuse qui renferme des coquilles identi- ques avec les espèces qui vivent aujourd’hui dans la mer voisine. Ce dépôt îécent de la mer qui a été signalé en un grand nombre de lieux par M. Keilhau , démontre que la Norvège a subi un soulèvement à une époque très rapprochée de nous. Près de Chris- tiania , sur le chemin d’Aggersbach , on trouve une preuve évi- dente que cette argile a été déposée dans une mer tranquille , postérieurement au polissage du sol et au creusement des stries. Un rocher élevé à environ 70 mètres au-dessus du niveau de la mer a été dégagé , il y a peu de temps , de l’argile qui l’entourait : sur l’une de ses parois qui offre des stries profondes , on observe des serpules au nombre d’à peu près quarante qui sont adhérentes à cette surface , comme celles qui vivent aujourd’hui près du ni- veau de la mer, ou comme les balanes d’Uddewalla ; quelques uns de ces animaux ont aussi pénétré dans une fissure étroite que l’on pourrait croire ouverte depuis quelque temps seulement, tant la cassure en est fraîchement conservée. Ce même rocher est encore très remarquable en ce que les stries y ont été gravées avec la même vigueur sur les faces inclinées, sur les parois verti- cales et au-dessous d’une corniche qui surplombe de 45°. Le dépôt argileux dont il est question a été observé par M. Keilhau dans le S.-E. de cette contrée à une hauteur de 188 mètres au-dessus du niveau de la mer, et dans l’intérieur des terres jusqu’à une distance de 12 myriamètres du littoral. D’un autre côté, les îles et îlots des archipels qui bordent la côte, particulièrement aux environs de Friedrikswærn , ont des surfaces très fortement arrondies, cannelées et striées, qui se prolongent jusqu’à perte de vue dans le sein de la mer. Si, lorsque les sillons et les stries diluviennes ont été creusés, le sol de la Norvège avait occupé un niveau aussi bas qu’à l’épo- que où les argiles bleues ont commencé à se déposer, l’instrument sëance du 19 juin S 843. 575 qui a si énergiquement sculpté beaucoup des îles de la côte S.-E, aurait fonctionné à une distance du rivage de 8 à J 2 myriamètrcs au moins et sous une nappe d’eau de plus de 200 mètres de pro- fondeur. Or, cette dernière supposition paraît inadmissible, quelle que soit l’hypothèse actuellement émise que l’on adopte pour la formation des stries. La vitesse des courants fluides qui se précipi- teraient dans une grande masse d’eau en repos serait bientôt amortie, et l’action des glaces pourrait difficilement s’exercer dans de semblables conditions (1). Dès que l’on admet que les glaciers ne peuvent avoir pro- duit des stries à 20 ou 25 lieues du littoral et sous 200 mètres d’eau, il faut conclure qu’à la première période du phénomène erratique , c’est-à-dire lors du creusement des sillons et des stries, le sol de la Norvège était plus élevé que postérieurement , quand le dépôt argileux s’est déposé , et que par conséquent, depuis lors , et antérieurement à la période du soulèvement actuel , la Norvège a subi un mouvement descendant. L’absence , en Norvège et dans la plus grande partie de la Suède , de terrains compris entre l’époque de transition et les derniers dépôts tertiaires , bien que la Scanie et le Danemark renferment des couches appartenant aux terrains houiiler, triasique , jurassique, crétacé et tertiaire inférieur, confirmerait encore cette idée , qu’à une époque posté- rieus e au commencement des dépôts tertiaires , la presque totalité de la péninsule actuelle était émergée. Ainsi , dans la supposition que le fait fondamental serait prouvé, une partie de la Scandinavie aurait subi , à une époque extrême- ment récente , deux mouvements en sens contraire ; chacun d eux (î) Les glaciers . en raison de la plus faible densité de la glace com parée à celle de l’eau , doivent se démembrer en glaces flottantes bientôt après qu’ils ont débouché dans la mer. On a conclu, il est vrai, d’après des observations faites dans les hautes latitudes des mers australes par M. le capitaine Ross , que les glaciers pouvaient s’avancer de plusieurs milles en mer ; mais les faits sur lesquels s’appuie cette conclusion ne paraissent pas avoir été reconnus comme positifs par le célèbre naviga- teur, et ils méritent confirmation. D’ailleurs l’hypothèse que les glaces qui couvraient alors celte partie de l’Europe auraient été brisées et mises en mouvement par l’exhaussement du sol Scandinave, et qu’en descen- dant , comme sur un plan incliné , elles auraient produit des sillons et des stries sur le sol contre lequel elles frottaient , me paraît encore moins admissible ; de telles masses n’auraient pu , par faction de la pesanteur et sur un plan incliné de 20 à 25 lieues, se mouler dans les moindres dépressions, comme l'indique la disposition des stries. 676 SliANCE DU 19 juin I8i3. aurait eu une amplitude verticale de 150 à 200 mètres. C’est, du reste, un phénomène dont M. Elie de Beaumont a reconnu la possibilité dans son rapport sur le travail de M. Bravais en disant , tome XV, page 844 : « Des contrées voisines ont été et sont encore » travaillées par des mouvements contraires , et peut-être une » même contrée a-t-elle éprouvé successivement des mouvements » en sens inverse, comme semblerait l’indiquer la forêt sous-ma- » rine de Penzance , si voisine des plages soulevées de divers » points de Cornouailles. » J’ajouterai que dans les régions plus rapprochées de la Norvège, en Danemark, M. Forchammer a reconnu en des lieux voisins , des lignes de soulèvement et d’abaissement qui auraient eu lieu à une époque récente. C’est un double mouvement analogue à celui qui a eu lieu , mais sur une échelle incomparablement moindre, dans une partie de la côte des environs de Pouzzoles, et dont les phases sont indiquées par les colonnes du temple de Sérapis. Enfin, la Scanie, qui est aujourd’hui en voie descendante, était vraisemblablement, à en juger par les dépôts modernes qu’on y trouve, couverte par la mer lors du phénomène dilu- vien. Depuis lors, il y a donc eu d’abord soulèvement, au moins jusqu’à la hauteur actuelle de cette province au-dessus de la mer, puis est survenu le mouvement descendant dans lequel elle se trouve actuellement. Seulement, cette région méridionale a subi ces deux mouvements en sens inverse de ceux du reste de la Scandinavie , de même que , selon la comparaison de M. de Beau- mont, dans une planche faisant bascule, chacune de ses extré- mités monte et descend alternativement; ce double mouvement de bascule a eu lieu autour d’un axe situé au N. de la Scanie. M. Raulin rappelle en peu de mots la communication faite à l’Académie des sciences, dans la séance du 12 juin dernier, par M. Leymerie , relativement à du mercure natif qui aurait été recueilli avec quelque abondance, par plu- sieurs habitants, dans la commune de Saint-Pau'-des-Fonts , canton de Saint-Affrique ( Aveyron) , à la surface du talus rapide formé par les marnes noires à Bélemnites du lias, à la base des escarpements abruptes de calcaire jurassique du plateau du Larzac (I). Il donne ensuite lecture du passage suivant d’une lettre de M. Leymerie, qu’il a reçue le matin (i) El sur le plateau même du Larzac; voir les Comptes-rendus hebdoma * SEANCE DU 19 JUIN 1843. 577 même. « M. E. de Beaumont a dû communiquer à l’Acadé- » mie la découverte que j’ai faite, conjointement avec un » habitant de ce pays, d’un gisement mercuriel du coté occi- » dental du Larzac, c’est-à-dire sur le revers du même massif » au pied oriental duquel on avait reconnu à Montpellier » l’existence de ce métal. Il est fort remarquable que les » seuls gîtes mercuriels qu’on ait reconnus sur le sol fran- » çais, Montpellier dans les marnes tertiaires, Saint-Rome- » de-Tarn , à 10. du Larzac, dans les marn s du lias, Peyrat » (Haute-Vienne) dans le granité, le Ménildot près de Mor- » tain (Manche) dans le terrain de transition, se trouvent » tous sur une ligne droite traversant toute la France sui- » vaut une diagonale à peu près parallèle à la direction du » Mont Viso. » M. Raulin ajoute que M. de Quatrefages a annoncé, à la dernière séance de la Société philomatique, qu’on a ren- contré à plusieurs reprises autour de Valleraugues, dans les Cévennes, du mercure coulant à la surface d’un terrain de schiste micacé entrecoupé de filons de quarz. Il fait en outre remarquer que cette localité vient encore s’aligner avec celles précédemment citées par M. Leymerie. M. Raulin donne ensuite lecture du Mémoire suivant : Sur la disposition des terrains tertiaires des plaines de V Allier et de la Loire au-dessus du confluent de ces deux rivières , par M. Victor Raulin. Les géologues, depuis longtemps déjà, sont partagés sur la ques- tion de savoir à quelle cause il faut attribuer la différence si grande qu’on observe entre l’altitude des dernières couches tertiaires des environs de Paris et celle des terrains de même âge de la Limagne, surtout dans les environs de Clermont. En 1812, M. d’Omalius d’Halloy supposa qu’à l’époque tertiaire il y avait, depuis les montagnes de l’Auvergne jusqu’aux collines de la Picardie, une série de lacs échelonnés les uns au-dessus des autres sur un plan continuellement descendant, et dont les eaux se déversaient des daires de l’Académie des sciences , lotne XVI, pages i5i3-i3i9, et les pages 429 et 5 16 du présent tome du Bulletin. Soc. Geol. Tom. XIV. 37 578 séance du 19 juin 18 iS. supérieurs dans les inférieurs. Cette opinion fut adoptée en 1828 par MM. Croizet et Jobert , qui , pour la première fois , essayèrent d’indiquer les limites de ces différents lacs ; ils en admirent trois du fond de la Limagne à la Manche. Le premier, dont la surface était à 800 mètres d’altitude , s’étendait de Lempde à Vichy ; le second, qui s’élevait jusqu’à 500 mètres, allait de Moulins à Cosne ; le troisième enfin, ou bassin de Paris, s’étendait de Gien à Mantes, et avait une altitude d’environ 200 mètres. En 1829, M. Elle de Beaumont émit une théorie toute différente : après avoir fait remarquer qu’aucun des partisans de l’hypothèse pré- cédente n’avait examiné si les points baignés par les eaux des divers lacs sont à la même hauteur absolue , il avança que les ter- rains tertiaires, qu’on supposait déposés dans plusieurs lacs, l’avaient été dans un bassin unique dont l’extrémité méridionale . lors du soulèvement de la chaîne principale des Alpes , avait été portée à une hauteur beaucoup plus considérable que l’extrémité septentrionale. M. de Beaumont avait été conduit à cette hypothèse, non par un nivellement de la surface supérieure du terrain ter- tiaire de la plaine de l’Ailier , mais par l’examen détaillé du ter- rain tertiaire récent de la Bresse, dont les deux extrémités à Dijon et à Voiron sont à des altitudes différentes absolument compara- bles à celles que présente le terrain tertiaire de la vallée de l’Ailier à Bourges et à Aurillac. Depuis treize ans que cette seconde hvpothèse est venue pren- dre place à côté de la première , aucun géologue n’avait encore recherché si les couches tertiaires sont continues ni fait le nivelle- ment indiqué par M. de Beaumont, lequel devait être si concluant pour l’adoption de l’une de ces deux théories , lorsque l’année dernière nous allâmes en Auvergne principalement pour étudier cette question. C’est le résultat de nos observations que nous ve- nons aujourd’hui soumettre à la Société. N’ayant pas eu tout le temps nécessaire pour faire une étude détaillée du terrain tertiaire , nous avons recouru, pour savoir quels sont les points où il atteint les plus grandes altitudes, tant aux travaux publiés par divers géologues qu’à la complaisance de M. Pissis, qui a bien voulu nous indiquer plusieurs points im- portants à visiter, en raison de leur élévation , dans la partie de la plaine tertiaire de l’Ailier comprise entre Aigueperse et Brioude. Nous ne nous flattons pas d’avoir étudié complètement la ques- tion , le temps nous ayant souvent manqué ; mais au moins avons- nous fait un bon nombre d’observations barométriques qui ser- viront à éclairer et , nous osons même l’espérer, à fixer l’opinion SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 679 des géologues. Notre nivellement, fait un peu à la liàte, est loin d’être parfaitement exact, les observations barométriques ne donnant toujours qu’une certaine approximation , surtout lorsque le point Hxe de comparaison est éloigné de plus de 40 myriamè- tres, distance entre Paris et Clermont. Cependant nous croyons avoir atteint le but que nous nous étions proposé ; car, tout en dou- tant de l’exactitude absolue des altitudes que nous allons rappor- ter, nous n’en regardons pas moins comme incontestables les con- clusions par lesquelles nous terminerons cette note Nous n'avons , toutefois, négligé aucun moyen de rendre nos déterminations plus précises , toutes les fois que nous l’avons pu , en rapportant nos observations aux points déterminés par Ramond , avec une exactitude infiniment plus grande que la nôtre , d’abord parce que Clermont, point central de ses observations correspondantes, était beaucoup plus rapproché que le nôtre, et ensuite parce que les hauteurs qu’il a publiées ont été déduites de plusieurs obser- vations , tandis que les nôtres, dans la plupart des cas, ne l’ont été que d’une seule observation sur chaque point. Nous allons d’abord rechercher si les terrains tertiaires sont continus depuis les environs de Decize jusqu’aux points les plus méridionaux où on les retrouve. Lorsqu’on va de la Loire à l’Ai- lier, de Decize à Moulins , et lorsqu’on remonte ensuite cette der- nière rivière, on voit le terrain tertiaire former une plaine en- caissée à l’O. par les plateaux primordiaux élevés du Bourbonnais et de l’Auvergne, et à l’E. par la chaîne primordiale du Forez. Il est facile de suivre constamment le terrain tertiaire à la fois sur le bord de l’Ailier et dans les collines plus ou moins élevées, qui en sont entièrement composées , jusqu’à une distance assez grande à LE. et à l’O. Dans un seul endroit, entre Coudes et Issoire, l’Ailier traverse un défilé primordial, d’un myriamètre environ de longueur, dont les flancs escarpés, quoique s’élevant assez haut, sont cependant dominés à l’O. par les collines tertiaires qui s’élèvent plus haut, et se continuent jusqu’au-delà de Brioude. La continuité des couches tertiaires se trouvant ainsi établie d’une manière positive, nous en concluons qu’elles sont déposées dans un bassin unique très allongé qui s’étendait de Decize à Brioude. Si de Brioude on quitte l’Ailier pour aller à Paulhaguet, en re- montant la Senouire, on traverse un pays primordial un peu élevé , puis on retombe dans un petit bassin tertiaire particulier. En allant de Brioude vers Figeac (Lot), on rencontre encore des terrains tertiaires sur plusieurs points , mais ils sont le plus sou- vent dominés par des éminences primordiales , et il semble assez 580 SÉANCE DU 19 JUIN 1 8 \ 3. probable qu’ils ont été déposés dans autant de bassins particu- liers. D’un autre côté, si de Decize on remonte la vallée de la Loire, on voit de même le terrain tertiaire foi mer une plaine en- caissée à l’O. par la chaîne du Forez, et à l’E par les plateaux primordiaux et jurassiques du Morvan et du Beaujolais. La rive gauche de la rivière est bordée par des collines basses qui s’éten- dent assez loin à 10., et qui présentent des coût lies tertiaires qui se suivent sans aucune interruption jusqu’à Roanne, d’où on peut conclure que le bassin tertiaire qui s’étendait de Decize à Brioude, à l’ouest du Forez, avait une bifurcation à l’est de cette même chaîne. En continuant à remonter la Loire . on traverse un pays élevé, très accidenté, formé par des terrains de transition, au milieu desquels se montrent à chaque instant des porphyres rouges; puis on arrive dans la plaine de Montbrison, qui pré- sente un bassin tertiaire particulier entouré par des montagnes et des plateaux plus élevés , soit primordiaux , soit de transition. En continuant à remonter la Loire on arrive, après avoir traversé une nouvelle contrée primordiale élevée, au Puy-en-Velay, où on rencontre de nouveau des terrains tertiaires qui nous parais- sent , là encore, déposés dans un bassin particulier dominé sur plusieurs points par ce même plateau primordial. Passant maintenant au niveau des terrains tertiaires, il ne nous semble pas sans intérêt de jeter un coup d’œil rapide sur les observations qui peuvent être faites sans instruments. Si en remontant F Al lier et la Loire on examine comment se comportent les couches tertiaires par i apport au niveau de ces deux cours d’eau, on aperçoit bien vite une grande différence. Ceux de la vallée de la Loire (pî. X , p. 588, fig. 2) forment une plaine très peu élevée au-dessus du niveau de cette rivière, découpée à peine par quelques valions, et s’élevant à peu près autant au-dessus <;e son niveau à Decize qu’à Roanne , ainsi que dans la plaine de Mont- brison ; d’où l’on pourrait conclure à priori et sans nivellement que dans cette partie du bassin les terrains tertiaires vont en se relevant uniformément vers le sud par une pente très douce, à peu près celle de la Loire elle-même. La vallée de l’Ailier ( ibicl . , fig. 1) présente un ordre de choses tout différent. De Decize à Va- rennes, au S de Moulins, le terrain tertiaire se présente absolu- ment comme dans la vallée de la Loire : c’est une plaine basse présentant à peine quelques valions; mais à partir de ce point jusqu'aux environs de Saint-Amand-Tallende , entre Clermont et Issoire , le terrain tert aire s’élève graduelh ment au-dessus du niveau de l’Ailier, et les contrées qu’il forme sont entrecoupées SttANCU BU 19 JUIN S 8 4 3 . 68 1 de vallées profondes, on offrent même de- grandes’ plaines basses an milieu desquelles, çà et là, surtout dans les enviions de Cler- mont, s’élèvent de liantes collines isolées qui, semblables à celles de Montmartre , de Montmorency et de Dammartin , dans la plaine de Saint-Denis près Paris, servent comme de témoins pour attester l’ancien niveau des couches tertiaires , avant les dénuda- tions du sol et le creusement de ces grandes vallées. En allant d’Issoire vers Brioude on rencontre un ordre de choses totalement inverse : les collines s’abaissent , le sol devient de moins en moins découpé et les vallées de moins en moins profondes , à tel point , qu’autour de Brioude, les coteaux tertiaires ne sont pas beau- coup plus élevés au-dessus de l’Ailier que ceux des environs de Moulins. Ainsi, déjà l’on pourrait conclure de ces observations, loutes superficielles , d’abord un relèvement général du terrain tertiaire vers le sud, comparable à celui du même terrain dans la plaine delà Loire, et de plus, un fait extrêmement remarquable et auquel nous étions loin de nous attendre , celui d’une gibbosité considérable dans une partie de la longueur de ce relèvement ; fait au reste qui ne serait pas le premier de ce genre dans la science, car M. de Beaumont a annoncé dès 1829 une disposi- tion semblable dans les molasses qui s’étendent le long du Rhône depuis Lyon jusqu’à Arles. Après avoir vu ce qu’un examen tout-à-fait superficiel nous a montré relativement à la configuration actuelle de l’ancienne ligne de niveau des terrains tertiaires des plaines de l’Ailier et de la Loire, nous allons donner le résultat du calcul de nos observa tions barométriques en les répartissant en deux listes, dans les- quelles les localités seront placées en allant du N. au S. ; l’une pour la plaine de l’Ailier, à laquelle nous joindrons le petit bassin tertiaire de Paulbaguet , sur la Senouire , en négligeant tous les terrains tertiaires du Cantal, qui nous paraissent en dehors de la question que nous traitons aujourd’hui; et l’autre pour la plaine de la Loire, y compris les environs du Puy-en-Velay. Pour com- pléter ces listes, nous donnerons les altitudes des barrages qui séparent les différents bassins, et nous y intercalerons aussi comme point de comparaison celles de quelques points du cours de l’Ai- lier et de celui de la Loire. 1° Plaine de P Allier. L’Allier nu confluant de la Loire, un peu au-dessous de JSevers. . . ;6im Oxfordclày, au Signal des ingénieurs-géographes , entre Nevers et M agny . 285 Bassin de Decize à Brioude. 682 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. ! Marnes vertes et calcaire à Lymnées et Planorbcs, à Béard, ' entre Nevers et Decize 2i4m Marnes vertes et calcaire à Hélix et Cypris , à Saint-Ger- main . au S. -O. de Decize, . 198 Arkose friable, jaunâtre, au S. de Toury-en-Séjour, entre Decize et Moulins 242 Plaine de L’Allier à Moulins 210 Marnes blanches et calcaire d’eau douce, à Goulandon , à PO. de Moulins ... 261 Marnes verdâtres et calcaire d’eau douce, à Saint-Loup, entre Moulins et Varennes 262 Calcaire à indusies, au haut de la côte de Bellevue, entre Varennes et Saint Gérand-le-Puy 35 1 1 Calcaire à Cypris et indusies, entre Vichy et le Vernet. . . . 383 I Plaine de l’Ailier, à Vichy 25 1 Calcaire sableux à ossements, Cypris et indusies, du Mont- Libre à Gannat 427 Calcaire oolitique à indusies, à l’O. des carrières de Chap- tuzat, près d’Aigueperse 5o2 Marnes verdâtres au-dessous des basaltes, à la montagne / de Mirabelle, près de Riom 482 \ Marnes verdâtres au-dessous des basaltes, au Chevalet , au | N. de Clermont. ...... 553 Marnes verdâtres au-dessous des basaltes , à la Côte de Clermont 562 V Allier, au P ont -dû- Château 5o5 Marnes vertes et calcaire à indusies, au dessous des ba- saltes, au Puy-de-Mnr, à l'E. de Clermont.. . 480 Marnes et calcaires sableux jaunâtres à indusies, au-dessous des basaltes , à l’O. de la montagne de Gergovia , au S. de Clermont . . . 724 f Marnes et calcaires sableux jaunâtres au-dessous des ba- saltes. au Puy-Saint-Romain, au S.-E. de Clermont. . . . 736 Marnes vertes et jaunes avec lits de calcaire à Hélix au- dessous des basaltes, au Puy-de-Barneyre, près de Saint- Sandoux, au S. de Clermont 810 L’Allier, au confluent de l’Alagnon 383 Argiles et sables rouges granitiques avec lits calcaires au- dessous des basaltes, au Moncelet, au N. de Lempde . . 656 Argiles et sables granitiques rouges et verts avec lits cal- \ caires, à la Roche, au N. -O. de Brioude 534 L’Allier, à la Voûte 4^i Argiles rouges et vertes, à Paulhaguet , sur le chemin de la Voûte 554 La Senouire , à Paulhaguet 4$4 Plateau de gneiss , sur la route à Fix Haut entre Paulhaguet et le Puy-en-V elay 1 1 17 Le terrain tertiaire de la plaine de l’Ailier présente, ainsi qu’on peut le voir (pl. X , p. 588, fig. 1), sa surface supérieure d’abord fai- blement relevée de Decize à Saint-Loup ; puis, lorsque ce terrain s’engage entre le plateau primordial du Bourbonnais et de l’Au- SÉANCE DU U) JUIN I8i3. 583 vergne et la chaîne du Forez, le relèvement devient plus fort et se poursuit avec assez d’uniformité jusque vis-à-vis du Mont- Dore, au Puy-de-Barneyre , à partir duquel il se transforme en un abaissement graduel jusqu’à Brioude, par une pente à peu près semblable à la précédente, mais beaucoup moins longue, Brioude étant à une élévation absolue supérieure de 270 mètres à celle de Saint-Loup. Pour bien faire saisir ce résultat remar- quable, nous donnons dans le tableau suivant les pentes des diverses parties de la surface du terrain tertiaire. LOCALITÉS. ! At- titudes. Dif- férences. Dis- tances. Pentes en degrés. ! Pentes par mètre. Béard , près de Deeize 1 saint- Loup, près de Varennes. . . 214m 1 262 1 | | 48m l ... 56,000m 2’57” Omill ,83 Saint-Loup ......... | Puy-de-Barneyre. près de Clermont 262 810 : f J 548 81,000 23’ 13” 6 ,76 | 'Puy-de-Barneyre La Roche , près de Brioude. . . . 810 552 1 j 278 1 38.000 25 T' 7 ,37 Béard La Roche 214 532 1 J 318 1 175,000 6‘I6" 1 ,82 Les argiles rouges et vertes de Paulhaguet nous paraissent s’être déposées dans un petit bassin isolé placé à un niveau un peu supérieur à celui de la Limagne. 2° Plaine de la Loire. ! i i \ Calcaires jaunes oxfordiens dans les bois à l’O. de Saint- Aubin , au N. de Nevers. Meulières aux carrières de la Fermeté, à l’E. Je Nevers. . . Marnes vertes et calcaire à Lymnées et Planorbes, à Eéard, entre Nevers et Deeize La Loire , à Deeize Sables argileux granitiques , jaunes, à PO. de Chevagnes , sur la route de Moulins à Bourbon-Lancy Sables argileux granitiques jaunes, au N. -O. de Dom- pierre, sur la route de Moulins à Digoin Argiles vertes et sables granitiques , au S. de Dompierre , sur le chemin du Donjon Argiles rouges et vertes avec grains de quarz et de feld- spath, à Lenax, entre le Donjon et la Pacaudière Argiles rouges et vertes avec grains de quarz et de feld- spath, à Sail, entre le Donjon et la Pacaudière Argiles vertes, à Saint-Forgeux , entre Changy et Roanne. Argiles vertes avec lits de calcaire compacte, sur la route, à 7 kilom. au N. -O. de Roanne La Loire , sous le pont de Roanne Argiles vertes tachées de rouge, à 7 kilom. au S. -O. de Roanne , sur la route de Boen 296,» 220 2 14 164 25 t 266 289 35 1 365 302 3o2 23 1 54o 584 SÉANCE DU 19 JUIN 181 \ Terrain de transition et porphyres , sur la route , à Saint-Polgues, entre Roanne et Boeti / Argiles rouges avec grains de quarz, à Arthuu, entre Saint- es / l’olgues et Boen Argiles rouges avec grains de quarz, à Marcilly, entre Boen et Montbrison c , Argiles rouges alternant avec des psammites rouges gros- siers, au N. de Montbrison v 1 Marnes vertes et calcaire lacustre, à Aubigny, près de Sury- c | le-Comtal. . « Argiles rouges tachées de vert alternant avec des psammites pq i rouges grossiers, à Sury-le-Gomlal . . \ Terres brunâtres , à Saiut-Etambert. La Loire , sous le pont de Saint-J ust , près de Saint- Rambert. .... Gneiss sur le plateau entre Saint-Rambert et Saint-Etienne La Loire, à l’embouchure du Lignon, entre Saint-Etienne etYssin- geaux Gneiss sur le plateau à Saint-Maurice de Lignon JT Argiles rouges , au N.-E. d’Yssingeaux £ i Argiles rouges, en montant au Pertuis, entre Yssingeaux et le Puy-en-Velay Argiles vertes , en descendant du Pertuis P : La Loire sous le pont de Brives, près du Puy-en-Velay _s j Marnes vertes et sables grossiers argileux verdâtres , au - j Collet , près du Puy ’z Psammites rouges et verts, à Coubladoux, sur la route du Puy à Brioude Gneiss sur la route, à Fix-Haut, entre le Puy et Brioude 554“ 56o 4o4 554 354 362 557 548 607 46i 7^9 841 972 88q 586 758 863 1117 On voit que le terrain tertiaire de la plaine de la Loire (pl. X, p. 588, fig. 2) présente une allure semblable à celle de ce ter- rain dans la plaine de l’Ailier, jusqu’au point où il se sépare de ce dernier pour venir s’engager entre le plateau du Morvan et du Beaujolais et la chaîne du Forez A partir de là jusqu’à l’extré- mité du bassin au-delà de Roanne, il s’élève un peu plus rapi- dement, mais point du tout d’une manière comparable à celui de la vallée de l’Ailier. Le terrain tertiaire de la plaine de Montbri- son est lui-même assez peu élevé au-dessus de celui de Roanne, et il nous paraît très probable que ces deux bassins ont été en com- munication directe au moyen d’un canal plus ou moins large , permettant aux eaux de s’y maintenir au même niveau. Les ter- rains tertiaires atteignent leur plus grande altitude dans la plaine au JN. de Roanne, à Sail , et dans la plaine de Montbrison , à Mar- cilly. Au S. de chacun de ces deux points il y a un léger abaisse- ment dans les altitudes des terrains tertiaires; nous n’osons cepen- dant pas, vu la trop faible différence qui existe (25 mètres dans le premier cas et 42 mètres dans le second), en conclure que les terrains de ces deux plaines présentent des gibbosités semblables SÉANCE DU 1 9 JUIN 184 3. 585 à celle de la plaine de l’Ailier ; nous préférons, jusqu’à ce que de nouvelles observations aient été faites , supposer que ces appa- rences tiennent à de légères dénudations de la surface de ces ter- rains tertiaires. Dans le tableau suivant nous donnons les pentes des diverses parties de la surface du terrain tertiaire. LOCALITÉS. Al- titudes. Dif- férences. ' Dis- tances. Pentes en degrés, j 1 Pentes par mètre. Séard , près de Decize Chevagnes , à l’E. de Moulins. . . 21 4m 251 37™ I 34,000m 3'46” 1 mil] ,09 Chevagnes Sail , au N. de la Paeaudière. . . 251 i 365 l 1 | 114 I 48,000 8’ 9” 2 ,37 Sail 7 kiiom. au S.-O. de Roanne. . . 365 1 340 ! | 23 | 31,000 1 2’48” f 0 ,81 Sail Marcilly, au N. de Montbrison . . 404 j | 39 ! ‘ 60,000 2*16” 0 ,65 Mârciliy Sury-le-Comtai | 404 | ! 42 22,000 6’35'* 1 ,91 Béard Sury-le-Comtai 214 ! 362 ) ! | 148 164,000 3' 7” 0 ,90 Quant au bassin du Puy-en-Velay, son grand éloignement de celui de Montbrison nous porte à le considérer comme un bassin tout-à-fait séparé, placé , lors du dépôt de ses couches, à un ni- veau assez différent probablement de celui de Montbrison , et qui, en raison de l’altitude considérable qu’il présente aujour- d’hui , a participé fortement à l’élévation qui a affecté les terrains tertiaires de la plaine de l’Ailier et du Cantal. Nous venons de rechercher comment les terrains tertiaires se comportent du N. au S., et de constater que ceux de la plaine de l’Ailier commencent par se relever sous un angle de près de 3' seulement, pour ensuite éprouver une gibbosité considérable dont les pentes atteignent 23' et 25', et que ceux de la plaine de la Loire commencent également par un relèvement d’un peu moins de 4', qui plus au S. ne dépasse guère 8', et redeviennent ensuite presque horizontaux. Nous avons maintenant à voir com- ment ces terrains se comportent de l’O. à l’E., dans chacune de ces deux plaines, et ensuite comment les surfaces de ces deux plaines sont disposées l’une par rapport à l’autre. Dans la plaine de l’Ailier nous n’avons pu faire que deux séries d’observations à la même latitude, l’une à Vichy, et l’autre au Puy-de-Barneyre. Toutes deux montrent que les dépôts tertiaires s’élèvent beaucoup SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 5 8 8 plus haut sur le bord occidental de la plaine que sur le bord oriental. Deux autres séries établies au moyen des hauteurs publiées par MM. Lecoq et Bouillet donnent absolument les mêmes résultats, de sorte qu’on peut également regarder comme un fait incontestable le relèvement du terrain tertiaire de l’E. à l’O. Dans le tableau suivant, nous donnons les pentes de ces diverses inclinaisons en allant du N. au S. LOCALITÉS. Al- titudes. _ Dif- férences. Dis- tances. Pentes en degrés. Pentes par mètre. Gannat (O.) Vichy (E.) 427m 383 44m 1 21,000m 7’ 13” 2mill ,09 Mont, de Mirabelle près de Riom (O.) j 482 i ! ™ 1 23,000 1119" ,5 ,26 Montgacon, près de Mar ing lies (E.). 407 ' ! Puy-de-Barneyre, au S. de Clerm.(0.) Puy-S -Romain, au S.-E. de Clerm.iE.' 810 ! 74 i 13,000 1 9’39” 3 69 736 j jPuy-de-Barneyre TO.) l 'iozun , à l’E. de Ciermmt (E.). . 810 646 1 } 164 1 28,000 20’ 8" 5 ,86 i Dans la plaine de la Loire nous n’avons pas de séries d’obser- vations sur le même parallèle , n’ayant fait que la parcourir du S. au N. dans le sens longitudinal. Nous pensons cependant qu’elle doit avoir une pente vers l’E., comme celle de l’Ailier. Si maintenant nous recherchons les rapports de position des terrains tertiaires des plaines de l’Ailier et de la Loire (pi. X, p. 588 , fig. 3), nous reconnaîtrons également un abaissement de i’O. à l’E. , abaissement d’autant plus rapide qu’on se rapproche davantage du centre de relèvement de la plaine de l’Ailier, le Puy- de-Barneyre. Dans le tableau suivant , nous donnons les résultats auxquels nous sommes parvenus pour la plaine de Roanne d’abord , et ensuite pour celle de Montbrison. LOCALITÉS. Al- titudes. Dif- férences. Dis- tances. Pentes en degrés. Pentes par mètre. Gannat (O.) Sail (E.) 427m ; 363 ; 62m 1 53,000m 3’53” 1 mi 11 , |3 Puy-de-Barneyre (O.) Marcilly (E.) 810 404 1 J 406 1 73,000 19’ 7” 5 ,56 t Si après avoir établi les faits précédents nous jetons un coup d’œil d’ensemble sur la disposition des terrains tertiaires par rap- SÉANCE DU 19 JUIN 1813. 687 port au Puy-de-Barneyre, point où ils atteignent leur plus grande élévation, nous verrons qu’à partir de ce point, la ligne déplus grande pente est celle de Br iôude, au S -S -E. , qui atteint 25' 1" ; que celle qui lui est à peu près opposée, celle de Saint-Loup, au JN. un peu E. , s’abaisse par une inclinaison de 23' 13"; et que celle deMarcilly à l’E. un peu N., ne va qu’à 19' 7" ; ce qui revient à dire que la surface des terrains tertiaires de la partie méridionale des plaines de 1 Allier et de la Loire forme une gib- bosité demi conique, à base demirelliptique , adossée vers l’O. au plateau occidental de l’Auvergne, et dont le Puy-de-Barneyre peut être considéré comme le sommet. Si nous représentons par 10 la longueur de la moitié du plus court diamètre de la base de ce cône, diamètre dirigé à peu près du N. au S-, nous trouvons que la longueur du plus grand rayon placé perpendiculairement au précédent diamètre doit être représentée par 13, rapport entre les distances qui séparent le Puy-de-Barneyre , de Gannat et de Marcilly, deux points qui sont à peu près à la même altitude. En cherchant quelle est la direction du grand axe du demi-cône à base demi-elliptique que nous venons d’indiquer, nous trou- vons que la ligne qui joint le Puy-de-Barneyre à Marcilly, point le plus élevé du terrain tertiaire de la plaine de Montbrison , se dirige à l’E., 12° N., direction à peuplés semblable à celle de la chaîne principale des Alpes, et à peu de chose près aussi dans le prolongement de cette même chaîne. Nous pourrons encore re- marquer (pl.X,p. 588, fig. 3), que c’est sur cette ligne que se trouve Pierre-sur-Haute, le point le plus élevé de la chaîne du Forez, et que si on vient à la prolonger vers l’E. , elle passe par le point le plus élevé du plateau de gneiss qui sépare les bassins houillers de La Brevonne et de Saint-Etiennè. Vers l’O. , elle rencontrerait l’ex- trémité septentrionale delà grande cavité centrale du Mont-Dore. Enfin, nous terminerons en rappelant que le Puy-de-Barneyre, point où le terrain tertiaire atteint sa plus grande altitude , se trouve être précisément le point que M. Pissis , dans sa Notice sur la position des terrains volcaniques du centre de la France , indique comme le centre de position de tous les cônes ou dikes basaltiques compris dans le bassin de la Limagne ou sur les chaînes qui le bornent à l’E. et à l’O. En résumant tout ce que nous venons d’exposer , nous croyons pouvoir poser les conclusions suivantes : 1° Les terrains tertiaires des bassins de l’Ailier et de la Loire, de Decize à Brioude d’une part, et de Decize à Saint-Rambert de l’autre , ont été déposés sous une même nappe d’eau ; SÉANCE DU 19 JUIN 1 8 7J 3 . •)88 2° Postérieurement à leur dépôt, ces terrains ont éprouvé un relèvement général du N. au S., lequel s’est combiné dans le bas- sin de l’Ailier avec une gibbosité conique, allongée, ayant le Puy de-Barneyre pour sommet ; 3° Le grand axe de cette gibbosité conique a une direction à peu près parallèle à celle de la chaîne principale des Alpes, et se trouve à peu près dans le prolongement de cette même chaîne ; 4° Le sommet de cette gibbosité coïncide avec le centre de po- sition des cônes basaltiques de la Limagne et des montagnes en- vironnantes. Pour présenter en quelque sorte un résumé graphique de cette note, nous donnons trois coupes (pl. X, p. 588), dans lesquelles, en raison de l’exiguïté de l’échelle (1/1,500,000), nous avons été forcé d’établir les hauteurs dans un rapport vingt fois plus considérable que les longueurs, ce qui change tout-à-fait le relief du sol et l’al- lure des matériaux qui le composent, surtout dans les parties montagneuses; mais sans cela il aurait été impossible de saisir le fait principal de cette note , la disposition des terrains tertiaires par rapport à l’horizontale. Lafig. lre montre le relèvement et la gibbosité de la vallée de l’Ailier, ainsi que le petit bassin isolé et plus élevé de Paulhaguet. La fig. 2 présente le relèvement de la vallée de la Loire , et montre que le bassin de Montbrison devait se trouver au même niveau que celui de Roanne , malgré la digue qui les séparait : on y voit aussi la position élevée du bassin particulier du Puy- en-Velay. Ces deux coupes dirigées du N. au S. font voir, en outre, que les lacs tertiaires dans leurs parties méridionales étaient forte- ment encaissés par les terrains primordiaux, tandis qu’au nord il n’y avait qu’une digue jurassique peu élevée, les séparant du bassin de Paris, ou ne produisant même qu’un étranglement dans le cas assez probable de la continuité de ce dernier bassin avec celui de l’Ailier et de la Loire. Les terrains tertiaires n’y sont que fort peu prolongés au-dessous des lits de l’Ailier et de la Loire . parce que nous manquons de données pour établir leur épaisseur réelle, aucun sondage fait dans ces terrains ne nous étant connu. La fig. 3 montre la disposition des terrains tertiaires de î’E. à 10., dans la partie supérieure des bassins de l’Ailier et de la Loire, point où ils sont fortement encaissés entre les terrains pri- mordiaux du plateau occidental de l’Auvergne, de la chaîne in- termédiaire du Forez et de la chaîne du Lyonnais qui sépare la Loire du Rhône. Cette coupe se prolonge jusqu’à Lyon, et vient ’STo. t r'tua/Tofc-svp, ^toc/vani*) SÉANCb DU 19 JUIN 1843. 589 y atteindre la molasse marine de la vallée du Rhône qui est consi- dérée par plusieurs géologues comme s’étant formée à peu près en même temps que les derniers dépôts marins et lacustres du bassin de Paris, et les dépôts exclusivement lacustres de l’Auvergne. La nouvelle carte de France donnant l’altitude de la molasse à Saint-Fonds , un peu au sud de Lyon , nous pouvons jusqu’à un certain point poursuivre jusque dans la vallée du Rhône la dis- position actuelle de l’ancienne ligne de niveau des terrains ter- tiaires. La pente vers LE. un peu N. que nous avons reconnue être de 19' 7" du Puy-de-Barneyre à Marcilly, se continue dans la même direction , mais elle est moins considérable. Marcilly se trouvant à 4Q4m, et Saint-Fonds à 18Qm, l’inclinaison n’est que de 11' 51", la distance entre ces deux points s’élevant à 65,000m. Après avoir exposé les faits précédents et posé les conclusions qui nous paraissent en découler naturellement, nous ne nous jet- terons pas dans des aperçus théoriques que des études antérieure s sur les lieux ne justifieraient pas. Nous laisserons à de plus ha- biles géologues que nous , à décider si les basaltes ont été la cause ou une conséquence du relèvement général et delà gibbosité par- ticulière, et si ce relèvement et cette gibbosité surtout-, qui se trouve avoir à peu près la même direction que la chaîne princi- pale des Alpes, et être à peu près aussi dans son prolongement . ont été produits à la même époque que cette chaîne de montagnes. Toutefois nous ferons observer à ceux d’entre eux qui admet- traient que ces deux événements ont été simultanés, que la gib- bosité du Puy-de-Barneyre ne nous paraît pas pouvoir être consi- dérée comme le prolongement immédiat de la chaîne principale des Alpes le peu d’élévation de la plaine tertiaire de la Loire, et plus encore la faible altitude de la molasse de Lyon, placées entre deux, s’opposant d’une manière absolue à cette conclusion. Il nous semble qu’on ne pourrait considérer cette gibbosité que comme un relèvement particulier et isolé, aligné à peu près dans la direction du premier. M. V. F. Angelot donne lecture de la note suivante : Note sur la composition des météorites , par V. F. Angelot. Dans un Mémoire lu il y a plusieurs années à la Société (1), et i) Voir ce Mémoire intitulé : Des conséquences de l’attraction , relative- ment à la température du globe terrestre , des corps célestes et des espaces, et 690 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. dans lequel je cherchais à établir comme probable l’identité de composition de la terre et des corps célestes par suite de la diffu- sion des gaz dans l’univers primitivement à l’état gazeux, je pro- duisais comme un des arguments à l’appui de cette opinion la composition des aérolithesou météorites. Je donnai alors une liste des corps simples que l’analyse y avait fait rencontrer, non réunis tous à la fois dans chaque météorite , mais groupés en nombre plus ou moins grand, soit à l’état natif, soit à l’état de combinaisons chimiques , binaires , ternaires ou plus compliquées. Cette liste, quoique déjà considérable, était loin d’être com- plète. J’ai, depuis cette époque, continué à rassembler des ana lyses de météorites. Mes recherches à cet égard, quand elles seront terminées, seront pour moi l’occasion d’un travail plus étendu que j’aurai l’honneur de soumettre à la Société. Mais connue je n’en aperçois pas encore le terme, je crois devoir, dès à présent , former une liste plus complète que je ne l’avais fait précédemment des corps élémentaires qu’on a trouvés dans les météorites. Je présente séparément celle des corps simples rencon- trés dans les pierres météoriques dont la chute est authentique; celle des corps simples contenus dans des masses de fer considé- rées comme météoriques , mais dont la chute d’une seule, celle tombée à Hradscliina , près d’Agram , dans la Haute-Esela\ onie , le 26 mai 1751, paraît authentiquement constatée; enfin, séparé- ment aussi, celles des corps simples qui se sont trouvés dans deux masses de fer dont l’origine a paru très problématique. Voici ces diverses listes mises en regard : à La composition de ces mêmes corps. Séance du 17 février 1840, Bulletin de la Société géologique de France , t. XI, p. i36-i48. SEA.JNCL du 19 juin 1843. 691 Liste des corps simples trouvés dans les météorites . I. Pierres météoriques. ÏI. Masses de fer météorique. lit. Masse de fer trouvée dans le Hartz , auprès de l’usine à fer de Rolhehütle. IV. ftiasse de fer de Magdebourg. i° Fer Fer Fer Fer. 2° Nickel Nickel Nickel Nickel. 5° Cobalt .... Cobalt Cobalt Cobalt. 4° Chrome. . . . Chrome » 5° Manganèse . M anganèse .... Manganèse M anganèse. 6° Cuivre Cuivre Cuivre Cuivre. 7° Etain )> » 8° Silicium . . . Silicium Silicium. . . . Silicium. 9° Aluminium. Aluminium .... » » io° Magnésium . Magnésium .... » » ii° Calcium . . . Calcium Calcium » 12° Potassium . . )) M » i3° Sodium. . . . » » » 1 4° Carbone . . . Carbone Carbone Carbone. i5° Soufre .... Soufre Soufre . . Soufre. i6° ? Sélénium )) )> 170 Phosphore . Phosphore Phosphore ..... Phosphore. 180 Chlore .... Chlore )) » 190 Oxygène. .. Oxygène Oxygène. 20° Hydrogène , Hydrogène Hydrogène. 2i° Azote » » » 2 2 0 ? ^ A rsenin Arsenic. ■,3> ». . _ )) Molybdène. . . . Molybdène. *240 ? ? Argent. • 0 Le Sélénium a été découvert par M. John dans la masse de fer de Bittburg près Trêves et dans celle de Lenarto (Hongrie). On ne l’a pas encore indiqué dans les pierres météoriques; mais peut- être ne l’y a-t-on jamais cherché , et, s’il s’y trouve , tl peut y être jusqu’à un certain point masqué par le soufre. Le Phosphore a été trouvé par M. Berzélius dans plusieurs masses de fer météorique, et notamment dans celle d’Elbogen , qui paraît être tombée vers la fin du xive siècle, et dans celle de Sibérie , connue sous le nom de fer de Pailas. Cet illustre chimiste l’a aussi rencontré dans la pierre météorique de Blansko , et M. Shepard l’indique dans la pierre météorique de Richmond (Virginie), à l’état de Phosphate de chaux en très petits grains lamellaires jaunâtres. Le Chlore , trouvé par M. Jackson dans la masse de fer météo- 692 SEANCE DU 19 JUIN 1843. rique de Claiborne (Alabama) à l’état de chlorure ou sous-chlo- rure de fer, a été indiqué par 1Y1. Mozer dans la pierre de Stan- nern (Moravie) à l’état de muriate de magnésie et de chaux, dont il a rencontré des traces. Cependant M. Berzélius, qui a fait aussi l’analyse d’une des pierres de Stannern , ne paraît pas y avoir fait la même rencontre. J’avais précédemment, dans le Mémoire pré- cité, conclu l’existence extra-terrestre du chlore de sa présence à l’état de Muriate de Cobalt dans une pluie rouge tombée à Blan- kenberg, le 2 novembre 1819. L’origine extra-terrestre d’une pluie est beaucoup plus contestable que celle d’une pierre ou d’une masse de fer. Le Calcium a été trouvé dans plusieurs pierres météoriques à l'état de chaux; mais quant à son existence dans les masses de fer, elle paraît n’avoir été constatée que dans une masse de fer trouvée à Scriba , près d’Oswego , en Amérique , et analysée par M. Shepard , masse dont l’origine est rendue quelque peu pro- blématique par l’absence du nickel et par son peu de volume (elle pèse environ 8 livres) ; et dans celle trouvée dans le Hartz, près de l’usine à fer de Rotliehiitte , et analysée par M. Stro- meyer , masse très problématique, malgré la présence d’un peu de nickel, par suite du voisinage même de cette usine. Le cal- cium paraît être dans ces deux masses à l’état métallique. Quanta Y Arsenic, au Molybdène , à Y Argent, les deux premiers de ces corps ont été trouvés par M. Stromeyer, seulement dans les deux masses de fer éminemment problématiques de Bothe- hiitte et de Magdebourg, et il a rencontré Y Argent à l’état de sulfure dont il a reconnu des traces dans la masse de Magde- bourg (1) seulement. La présence de 0,01 à 0,02 de nickel et d’une proportion de cobalt un peu plus forte dans chacune de ces deux masses ne peut suffire seule pour les faire considérer comme ti) La niasse de fer désignée ici sous le nom de masse de Magdebourg a été trouvée a la fin de l’été de i83i , aux environs de Magdebourg , par M. Kote , à 4 pieds au-dessous du so! , dans un pays où il n’y a pas d’usine. Cette masse consistait en six morceaux pesant ensemble i3? livres; le plus grand en pesait Les plus petits étaient mêlés de fragments ci de particules de scories. Quelle que soit son origine , il paraît certain , dit-on, quelle a dû être fondue artificiellement. il ne faut pas, du reste, confondre cette masse avec une autre masse métallique observée en 176 2 à Achen , près de Magdebourg , par le Dr Loe- ber , dans la rue de Büchel , près des bains neufs, pendant qu’on pavait cette rue , et qui pesait environ i5 à 17 milliers de livres. Celte seconde masse de fer, d’après une analyse faite par M. Monhcim , contient aussi SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 593 météoriques , parce que le nickel et le cobalt se trouvent dans les produits de fourneaux désignés sous les noms de scories , laitiers , loupes , mattes , etc., notamment des districts de Mansfeldt et de Songerhausen. Cependant il est bon de noter que M. Millet- Daubenton croit avoir aperçu de Y Arsenic et de Y Argent dans une pierre météorique tombée à Bellay (Ain) , le 13 novembre 1835, et qui avait mis le feu à une grange de Samonod. Il en a envoyé deux fois à cette époque des échantillons à l’Académie des sciences. Les premiers paraissent s’être égarés avant d’arriver ; les seconds ont été renvoyés par l’Académie à l’examen de M. Berthier, qui n’a point encore fait son rapport. L’ Oxygène se trouve dans toutes les pierres météoriques, et dans les substances pierreuses assez souvent adhérentes aux masses de fer. Cet oxygène est-il arrivé des espaces avec les métaux aux- quels il est combiné , ou est-il le résultat d’une oxidation à l’ar- rivée de ces corps dans notre atmosphère ? C’est une question qu’il serait très difficile de trancher avec une certitude absolue. Cepen- dant, pour notre compte, nous croyons qu’une partie au moins de cet oxygène n’est pas d’origine atmosphérique, parce que les pierres météoriques sontoxidées aussi bien dans leurs parties les plus centrales qu’à leur surface , et que le péridot olivine, qui se trouve dans certaines masses de fer météorique , nous paraît par sa cristallisation ne pas indiquer le résultat d’une oxidation su-* bite et instantanée. Quant à l’hydrogène, il doit de figurer dans cette liste comme se trouvant dans les pierres météoriques , à la présence de l’eau dans un certain nombre de pierres. Mais cette eau est-elle un de leurs principes constituants, a-t-elle une origine extra-terrestre, ou n’est-elle qu’une eau hygrométrique ou d’imbibition qui a pé- nétré ces pierres depuis leur arrivée dans notre atmosphère? C’est sur quoi il serait encore plus difficile de prononcer d’une manière certaine. La seconde de ces deux circonstances paraîtrait pourtant la plus probable , parce que la grande chaleur qui se développe dans ces corps lors de leur arrivée dans notre atmosphère semble devoir en expulser l’eau qui pourrait y préexister. Cependant, comme la pierre tombée à Alais, en 1806, contient de l’eau, de do Yarsenic, mais point de nickel. Diverses antres circonstances ont con- duit, en 1817, M. Clôre à rejeter tout -à-fait son origine météorique. C’est sans doute le fait d’une chute de pierres , mentionnée par Span- genberg comme ayant eu lieu, en 998 , près de Magdebourg , qui a fixé davantage l’attention sur ces deux masses de fer. Suc. géol. Tome XIV. 38 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 59 i l’ammoniaque et du charbon, cet argument négatif perd une grande partie de sa valeur. En effet, la présence du charbon prouve qu’elle n’a pas été portée à un très haut degré de tempé- rature dans l’atmosphère ^autrement il aurait été consumé. Enfin on croit avoir vu dans quelques pierres météoriques de l’hydrate de fer à l’état de cristaux cubiques bruns , circonstance qui du reste ne m’a pas paru avancée d’une manière certaine ; enfin nous venons de parler de la présence de l’ammoniaque dans la pierre d’Alais , et l’hydrogène entre dans la composition de l’ammo- niaque. Quant aux masses de fer évidemment météoriques et à la masse de fer très problématique de Magdebourg, on ne peut y dé- duire l’existence de l'hydrogène que de celle de l’hydrate de fer. Mais l’hydrate de fer y est dû avec évidence , dans la plupart des cas, à l’humidité atmosphérique, et plus encore à celle du sol sur lequel elles ont été trouvées, car c’est à ce point de contact surtout qu'elles sont quelquefois recouvertes d’une croûte d’hydrate de fer. Cependant, dans la masse problématique de Magdebourg, il paraît se trouver en lamelles cristallines dans la masse ferreuse, ce qui peut laisser quelques doutes; et c’est à cause de cela seul que nous indiquons dans cette masse la présence de l’oxygène et de l’hydrogène. Enfin X azote a été trouvé , par M. Berzéîius , dans la pierre d’Àlais en combinaison avec l’hydrogène, à l’état d’ ammoniaque , ainsi que nous l’avons dit plus haut. Comme l’ammoniaque peut se produire pendant l’oxidation du fer par l’eau en présence de l’air atmosphérique, 11e pom rait-on pas penser que l’ammoniaque est un produit de l’analyse elle-même? L’illustre chimiste paraît avoir commencé cette analyse par le lavage de cette pierre dans l’eau , où elle se délite. Ne peut-il y avoir eu, dans cette opération préa- lable, oxidation d’une partie du fer métallique que contient cette pierre, et simultanément formation du peu d’ammoniaque qu’il a rencontré en solution dans l’eau de lavage ? ou même cette for- mation n’a-t-elle pas eu lieu antérieurement à l’analyse, par suite d’oxidation naturelle depuis l’époque de la chute? Le désir de n’admettre comme certain que ce qui est parfaitement démon- tré nous a seul fait soulever ce doute, sur lequel nous n’insistons pas davantage. L'illustre auteur de celte analyse n’eût probable- ment pas manqué de signaler lui-même cette origine probléma- tique de l’ammoniaque, s’il eût eu du doute sur la cause de sa présence; car, lors de la publication de son analyse , le fait de la formation de l’ammoniaque par l’action de l’eau sur le fer sous l’influence de l’air atmosphérique , était bie^ connu. M. Berzé- SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 595 lius a trouvé également en dissolution , dans l’eau de lavage de la pierre d’Alais, une substance organique. Cette matière organique donne, à la distillation, du charbon et de l’acide carbonique, ou de l’acide carbonique et de l’eau. Dans le premier cas, ce serait un corps analogue à l’acide mellitique ; dans le second , un corps nou- veau. C’est le premier et le seul exemple de matière organique rencontrée dans un météorite. Celles des substances que j’indique dans cette liste, sans citer ceux des météorites dans lesquels elles se trouvent particulière- ment , sont communes dans les pierres météoriques. Le fer est le seul corps qui se soit rencontré jusqu’à présent dans tous les mé- téorites. Le nickel a été rencontré dans presque tous , mais non pas dans tous, ni même dans toutes les pierres météoriques. L’oxygène, le soufre, le silicium , l’aluminium , le cobalt, le chrome , parais- sent ensuite les corps qui s’y trouvent le plus habituellement. Nous n’avons pas d’ailleurs l’intention de nous occuper ici des proportions relatives dans lesquelles ces divers éléments entrent dans la composition des météorites , proportions qui ne paraissent avoir rien de bien fixe. Nous n’avons voulu pour le moment fixer l’attention de la Société que sur l’analyse qualitative et non quan- titative de ces corps singuliers, dont l’origine cosmique n’est point douteuse pour nous. En résumé nous voyons qu’il paraît nous être arrivé des espaces 20 corps simples, au moins, trouvés dans les pierres météoriques, et 21 en y comprenant le sélénium rencontré dans deux masses de fer météoriques; peut-être 23, si l’opinion deM. Millet-Daubenton sur la présence de l’arsenic et de l’argent dans la pierre météorique de Belley est fondée, et même 24 si les masses problématiques de Rotterhütte et de Magdebourg , ou seulement cette dernière , devaient prendre place définitivement parmi les masses de fer météoriques. M. Elie de Beaumont donne dans son cours à l’Ecole des mines une liste des 16 corps simples qui forment presqu’à eux seuls la croûte de notre globe , les autres corps simples ne s’y montrant que comme des raretés plus ou moins grandes. 11 a rangé ces 16 corps en 5 sections dans l’ordre de leur plus grande impor- tance ; ce sont : lre section. 1° Oxygène ; 2° silicium. 2e section. 3° Aluminium; 4° calcium ; 5° magnésium. 3e section. 6° Potassium ; 7° sodium ; 8° carbone. 4e section. 9° Soufre; 10° hydrogène; 11° fer; 12° manganèse. 5® section. 13° Chlore; 14° fluor; 15» azote; 16° phosphore,, 596 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. On voit, d’après la liste que nous avons donnée plus haut, qu’« V exception du fluor , qui n’occupe que la 14e place, quant à l’im- portance , parmi les corps terrestres , tous ces corps paraissent se rencontrer dans les pierres météoriques dont la chute ne peut don- ner lieu à aucun doute. On voit également qu’il ne paraît y avoir dans les météorites aucun corps simple nouveau, aucun élément étranger à notre pla- nète, quoiqu’il y ait un corps composé que M. Berzélius indique comme substance organique , et qui pourrait peut-être différer de toutes les substances organiques d’origine terrestre connues jus- qu à présent , quoique composée d’éléments connus. On voit enfin qu’on rencontre dans les pierres météoriques, et par conséquent qu’il existe hors de notre globe , tous les éléments d’un règne organique, tant végétal qu’animal, semblable au nôtre : l’oxygène , l’hydrogène ?, le carbone , l’azote ?, la chaux , la potasse , la soude , le fer, voir même le phosphore à l’état de phosphate de chaux , comme dans les animaux d’un ordre élevé, c’eat-à-dire toutes les substances principales qui entrent dans la composition des végétaux et des animaux. M. Michelin donne lecture de la notice suivante sur M. de lloissy, décédé le 1 7 mai dernier. Notice sur M . de Roissy , par M. de Blainville. Naguère, au milieu de nous, dans le conseil de la Société géo- logique et à la présidence de la Société philomatique, à laquelle il venait d’être nommé à l’unanimité, siégeait un homme qui avait passé presque toute sa vie dans l’administration politique ou finan- cière, et que cependant aucun des conchyliologistes et des géolo- gues existants n’avait jamais consulté sans en retirer le double avantage d’être toujours écouté avec un véritable et bienveillant intérêt, et de trouver dans son auditeur une sorte de pierre de touche au moyen de laquelle il pouvait juger si le sujet dont il s’occupait était nouveau, si le point sous lequel il était envi- sagé avait réellement la valeur qu’il lui supposait , et enfin s’il l’avait présenté de la manière la plus claire et la plus démon- strative. Sans études approfondies de la science de l’organisation, sans travaux réels et soutenus dans une partie quelconque des sciences, mais doué d’un rare bon sens et d’une bienveillance en- core plus rare pour les petits comme pour les grands , pour les bons comme pour les mauvais, qu’il savait cependant parfaitement SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 597 juger et estimer ce qu’ils valaient au fond; n’éprouvant aucune répugnance à admettre de nouveaux faits , qu’ils fussent ou non dans sa manière de voir acquise, pourvu qu’ils reposassent sur des preuves satisfaisantes , M. de Roissy, à la mémoire duquel nous aimons aujourd’hui à consacrer ces lignes , après avoir bien vive- ment ressenti sa perte , a exercé dans certaines parties des sciences naturelles une sorte de protectorat, que bien des gens plus haut placés, scientifiquement parlant, ont pu envier, et réellement sans l’avoir autant mérité que notre excellent confrère. Lié intimement et de fort bonne heure, presque dès l’enfance , avec un grand ama- teur de conchyliologie , le général Paris , qui portait la passion poul- ies belles coquilles si loin que , faisant la guerre en Espagne, il ne marchait jamais sans avoir dans la profondeur de son gousset , soigneusement renfermée dans une boîte tapissée mollement, une coquille alors unique , connue sous le nom de Faisan, à cause de la beauté de sa coloration, M. de Roissy avait eu le rare avantage de voir et d’admirer les belles et riches collections rassemblées à grands frais par les de Galonné , Gigot-d’Orsy, de Favannes et autres personnes de la haute société , rangées dans des meubles élégants de manière à former des espèces de parterres. Cependant, aussitôt que cette direction un peu futile, il faut en convenir, eut fait place à l’étude réelle des coquilles pour elles-mêmes, et en- suite dans leurs rapports avec l’animal , et surtout avec la géolo- gie, suivant l’impulsion donnée par l’illustre de Lamarck à cette branche de la science des animaux, M. de Roissy fut un des pre- miers à suivre cette nouvelle voie en portant son intérêt sur les moindres fragments fossiles , mais sans jamais cependant aban- donner le goût, je dirai presque le culte, des belles et rares co- quilles : aussi réunissait-il en lui ce que la conchyliologie ancienne avait de brillant et de flatteur, à ce que la malacologie offre de so- lide et de philosophique dans son application à la géologie. Doué d’une mémoire locale véritablement étonnante, M. de Roissy, qui n’a peut-être jamais oublié aucune des particularités qu’une co- quille lui avait offertes de plus digne d’être remarqué, pouvait à volonté se les rappeler, s’il en éprouvait le moindre besoin pour lui ou pour les autres. Mais afin de s’entretenir danscette fraîcheur et cette variété de connaissances usuelles et presque empiriques, rien n’était négligé par lui. Des collections à vendre de coquilles et de livres y ayant trait, celles que rapportaient les moindres voya- geurs des diverses parties du monde, avaient, depuis plus de trente ans, M. de Roissy comme scrutateur empressé et souvent comme acheteur, en général même plutôt hardi que prudent. Je l’ai vu 598 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. maintes fois employer des heures nombreuses ou même des jour- nées entières , quand il en était besoin , à aider de ses conseils éclairés à la disposition des collections, ainsi qu’à la rédaction des catalogues qui devaient leur donner une valeur scientifique ou vénale plus grande. Pour ces sortes de services surtout, sa bien- veillance et sa complaisance étaient véritablement aussi inépui- sables qu’infatigables. Mais c’était principalement pour l’étude des coquilles cloisonnées ou polythalames , comme les Ammo- nites , les Nautiles , les Bélemnites , etc., qu'il avait depuis long- temps une évidente prédilection ; et sa collection , sous ce rapport , doit offrir des pièces du plus haut intérêt. Malheureusement, les changements fréquents de domicile , et souvent le peu d’étendue qu’il pouvait lui sacrifier, ont été cause qu’elle n’a jamais pu être développée et par conséquent classée matériellement, comme elle l’était intellectuellement dans son esprit. Plus fâcheusement encore, cette longue pratique est presque entièrement perdue pour la science : son excellente femme, ses enfants, pas plus que ses meilleurs amis , n’ont jamais pu le déterminer à publier le résul- tat de ses observations, de ses études incessantes. L’idée de pu- blication était pour lui un sujet de trouble et d’inquiétude, et je me rappellerai toujours, comme une preuve de son extrême ré- pugnance à ce sujet , qu’ayant une fois réussi à l’associer à un grand travail qui m’était confié , je reçus le surlendemain une lettre de madame de Roissy pour me supplier de rompre notre engagement, afin de rendre à son mari la tranquillité qu’il avait totalement perdue depuis son consentement. Ce qu’il y a de re- marquable, c’est que cette crainte, cette répugnance que M. de Roissy éprouvait pour toute publication de ce qu’il étudiait de- puis si longtemps, semblait avoir augmenté avec la connaissance de la difficulté du sujet; bien différent sous ce rapport, comme sous tant d’autres , de ces conchyliologistes hardis qui suppléent , par une outrecuidance proportionnellement inverse au défaut d’étude de leur part , des caractères des objets dont ils ont à par- ler. Cette fâcheuse disposition d’esprit de la part de notre hono- rable confrère a été évidemment la raison pour laquelle il n’a jamais rien publié que le Catalogue de la Collection de M. Castelin, l’un de ses amis , et même sans y mettre son nom , quoique fcet opuscule sente complètement une main de maître en ces sortes de matières, depuis les trois volumes qui terminent Y Histoire clés Mollusques dans l’édition de Buffon par Sonnini. Malheureuse- ment encore, la matière y est fort contractée ou abrégée, par suite de la trop grande extension que Denys de Montfort avait donnée SÉANCE DU 19 JUiN 1813. 599 à Y Histoire des Céphalopodes , qui forme la première partie de cet ouvrage. Toutefois on pourra y remarquer, outre une marche en général assurée, reposant sur une véritable connaissance du sujet, l’indication de plusieurs améliorations qui ont été adoptées par les conchyliologistes, et par M. de Lamarck lui-même. Jusque là nous n’avons envisagé notre confrère que sous un seul rapport , celui qui doit en effet intéresser le plus la Société de géologie, dont il fut un des fondateurs , et par suite un de ses soutiens les plus zélés , ne manquant que fort rarement à ses séances, et remplissant avec un plaisir évident tous les devoirs qui étaient attachés aux diverses charges qui lui ont été confiées : ici non seulement c’était par goût , mais bien plus par suite des prin- cipes qui l’ont constamment dirigé dans la vie sociale. C’est ce qu’il nous serait entièrement facile de montrer, s’il nous était permis de pénétrer dans ce qu’on pourrait appeler sa personnalité d’administrateur, d’ami , de parent, et surtout de père de famille. Combien nous éprouverions de satisfaction à te peindre, jouissant de l’estime et de la considération de ses chefs et de ses adminis- trés, par sa capacité, son exactitude et sa rare intégrité ; mais surtout au milieu des jouissances qu’il eut le bonheur d’éprouver et de faire éprouver dans une famille assez nombreuse, puisqu’elle était composée de deux fils et d’une fille, tous trois mariés, et par conséquent d’un gendre, de deux belles-filles et de petits-enfants. Nous le verrions d’abord remplir lui-même la noble fonction d’instituteur de ses enfants , et surtout d’une fille justement chérie, et par suite devenir pour eux un véritable et bien sincère ami, entouré de leurs soins empressés à tous moments et surtout lors de son unique et fatale maladie. Nous aurions pu aisément le inontrer aussi tendrement , aussi affectueusement aimé de ses petits-enfants que de ses enfants eux-mêmes. Mais c’est que lui- même était encore aussi susceptible de sentir leurs joies et leurs chagrins à l’âge auquel il était parvenu , que lorsqu’il n’avait que vingt-cinq ans. Combien de fois ne l’ai-je pas vu , dans notre in- timité, retenant avec peine ses larmes, en me peignant l’état cruel dans lequel se trouve depuis plusieurs années un de ses petits-en- fants, fils de sa chère fille! Mais ici dans cette enceinte, au milieu de nos travaux , un moment interrompus, ce peu de mots suffira sans doute pour montrer à ceux qui n’ont pas connu M. de Roissy combien doivent être sincères et profonds chez ses amis les regrets de l’avoir perdu , et cela au moment où , libre de toute occupa- tion étrangère, il espérait pouvoir se livrer tout entier à la science qu’il avait caressée, pour ainsi dire, toute sa vie, sans jamais 600 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. peut-être la cultiver réellement. Un dernier mot sur les phases extrêmement variées de son existence va nous en donner les raisons. M. Michel de Roissy (Augustin-Félix-Pierre), né à Paris le 6 novembre 1771, d’un père maréchal-de-camp, entra de bonne heure à l’école militaire de Paris, et en sortit sous-lieutenant dans un régiment de dragons ( mestre-de-camp ). Par suite des exi- gences de la révolution de 1789, il crut devoir quitter le service, et c’est alors qu’il voyagea en Angleterre, en Suisse, en Italie, avant de venir rejoindre ses parents, qui s’étaient retirés à Mantes. La première réquisition le fit de nouveau entrer au service, et cette fois comme simple dragon ; mais au moment où il devait quitter le dépôt pour suivre son régiment à la frontière, un décret ayant exclu les anciens nobles du droit et du devoir de défendre la patrie, il revint à Mantes, d’où il fut envoyé, par son district, comme élève de l’Ecole normale , dont les cours avaient lieu au Jardin des Plantes. C’est à cette époque qu’il se maria à l’âge de vingt-trois ans, et que, suivant ses goûts et ses études, il eut un moment l’espoir d’entrer au Muséum d’histoire naturelle comme aide-naturaliste de Dolomieu , professeur de minéralogie. Cette espérance ayant été déçue, M. de Roissy se vit obligé d’entrer dans la carrière administrative. Successivement vérificateur à la caisse d’amortissement , receveur principal des contributions indirectes à Tonnerre, contrôleur principal à Auxerre , puis chef de bureau des lycées à l’Université, sous-préfet à Mantes jus- qu’en 1820, et enfin l’un des quatre chefs des entrepôts des tabacs à Paris, poste qu’il a occupé pendant vingt-trois ans, et dans lequel il venait de prendre sa retraite, au commencement de cette année, M. de Roissy, comme il est aisé de le voir, ne put jamais donner à la science de son goût que les moments trop courts que lui laissaient ses devoirs et ses occupations essentielles, et c’est ce que la Société géologique, plus que toute autre, doit sincèrement re- gretter. M. Leblanc donne lecture du Mémoire suivant : Sur la relation qui existe entre les grandes hauteurs , les ix>- ches polies, les galets glaciaires , les lacs , les moraines , le diluvium , dans les grandes montagnes et dans une large zone autour des pôles de la terre ; par M. Leblanc. Des géologues suisses, en tête desquels sont MM. Agassiz et SEANCE DU 19 JUIN 1813, 601 de Charpentier, ont fait connaître presque tout ce que l’on sait sur les glaciers actuels , sur les glaciers anciens et sur le terrain erratique. Dans un voyage que nous venons de faire dans les Alpes du Tyrol , nous avons eu surtout en vue de vérifier les lois qu’ils ont exposées ou qui résultent des faits qu’ils ont recueillis. Nous les résumons ainsi. Les lacs des hautes montagnes (See en allemand) sont toujours placés de manière à avoir à l’amont un point fort élevé comparé aux points voisins. Les roches à l’amont du lac sont polies, couvertes de Corren - jeAder , si elles sont dures et résistent bien à la décomposition atmosphérique. Ces surfaces polies sont accompagnées d’un galet particulier, usé, mais non roulé , que je propose d’appeler galet glaciaire. M. Agassiz l’a dit ou remarqué en 1842, et l’a appelé cyliolithique (xuXcw, je roule; Xc0oç, pierre). Le lac à l’aval est terminé par plusieurs amas transversaux de débris gros et petits, par de véritables moraines. Ces débris, fort considérables , viennent de la montagne à l’amont, et ont passé par-dessus le lac sans le combler. Le lac, quelquefois, est entouré de cailloux roulés sur un ou plusieurs côtés et n’en contient pas lui-même. L’obstacle qui s’est opposé au comblement est contemporain du diluvium. Les lacs des montagnes sont d’autant plus nombreux que la latitude du pays est plus élevée. Tous ces phénomènes s’expliquent sans difficulté en admettant sur la terre une époque un peu plus froide et beaucoup plus hu- mide que celle où nous vivons : c’est l’hypothèse de M. de Char- pentier, époque pendant laquelle les glaciers se seraient étendus, auraient déposé leurs moraines, et par leur présence dans les vallées, se seraient opposés par place à leur comblement, et au- raient été ainsi la cause des lacs, cause d’autant plus efficace que le pays est sous une latitude plus élevée. Ces lois , pour être admises généralement , ont besoin du con- cours et des vérifications de tous nos confrères; nous n’avons pas d’autre prétention que celle d’ajouter ou d’indiquer quelques vérifications nouvelles prises dans des lieux encore peu explorés sous ce rapport, et de répondre ainsi à un des vœux formés par M. de Charpentier. Nous allons décrire quelques lacs , faire voir que les faits qu’ils présentent s’accordent avec ces lois, et faire remarquer que nous ne leur en avons pas trouvé de contraires. Dans l’état où en est la science , l’étude des lieux qui ont du GO 2 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. avoir des glaciers autrefois n’est pas moins intéressante que celle dès lieux qui en contiennent; les conséquences à en tirer ne sont pas moins nombreuses et moins claires; les observations sont beau- coup plus faciles à faire : ce sont ces raisons qui nous ont dirigé dans nos voyages. Les Alpes du Salzbourg, que nous avons choi- sies, avaient encore à nos yeux d’autres avantages. Ce pays étant au milieu d’une grande ligne de soulèvement , les accidents topo- graphiques y sont plus simples, plus faciles à expliquer, plus normaux en quelque sorte que dans la Suisse , qui se trouve à la rencontre de deux soulèvements; il est également pittoresque et hospitalier, et il est déjà bien connu des géologues par ses richesses minérales. Les phénomènes que nous voulons décrire particulièrement sont presque entièrement compris dans la coupe ci-jointe fig. 1 , pl. XI, p. 608 , qui part de Salzbourg et aboutit au gros Glocknér, en pas- sant par les lacs de Kœnigsee et de Zellersee. Elle est dirigée à peu près du N. au S. , et montre la moitié d’une coupe des Alpes; l’autre moitié se répéterait presque symétriquement du côté de l’Italie. On a consulté, pour la topographie, la carte de l'état- major autrichien au — à— celle de Woerl au —1— la speciclla Reisekarte von baicrischè hochland , nord Tyrol und SalzkamerguC von G. Mayr in 2 blettcr 1841 , au et pour la géologie, la carte de Dechen et celle de MM. Sedgwick et Murchison , donnée dans les Transactions de la Société géologique de Londres, tom. II, pl. XX Y. Parti de Salzbourg, le géologue est obligé de passer par Hallein, où il visitera les belles mines de sel; de là il ira à Berchtesgaden par un chemin de traverse tracé dans une combe jurassique alignée sur la montagne du Watzmann ; les flancs de la combe, formés du terrain à chailles , sont dominés par des crets portlandiens. Au débouché du chemin, dans la vallée de l’Achen, il remarquera une barre stratifiée de débris de chailles et de calcaires apparte- nant à la combe ; les détails lui rappelleront les dépôts d’alluvium glaciaire de M. de Charpentier. De là à Berchtesgaden et au lac de Kœnigsee, il trouvera encore de nombreuses traces du phéno- mène erratique, des blocs énormes ; il s’arrêtera à les considérer- Mais l’objet que nous avons en vue nous force d’arriver au bord du lac. Le lac de Kœnigsee est terminé à l’aval par un amas dont la lig. 2, pl. XI , p. 608 , donne le profd ; ses pentes du côté du lac sont plus abruptes que celles du côté opposé. La fig. 3 (même planche) montre les blocs erratiques qui le surmontent, leur SEANCE DU 19 JUIN 1813. 603 position pittoresque et bizarre rappelle la fable des Titans, qui a dû être inspirée à l'imagination poétique des Grecs par la vue de phénomènes semblables. Pour nous, c’est là une moraine bien caractérisée. Le terrain s’étend d’abord en pente douce dans le lac ; il paraît 'ormédes débris d'une moraine que l’eau du lac a étalée; bientôt li profondeur du lac atteint deux à trois cents mètres. A San-Bartholomé on trouve une petite langue de terre formée parle torrent qui descend de la gorge voisine. C’est un cône de déjection analogue à ceux qu’a si bien décrits M. Surell dans son étude des torrents des Hautes-Alpes. Ce qu’il présente de remar- quable, c’est que les cailloux roulés, arrivés au bord de l’eau, prennent immédiatement une forte pente , forme qui s’explique d'ailleurs très bien en observant que le torrent, arrivé au lac, perd toute sa vitesse et ne peut plus charrier les cailloux. A l’amont du lac, on trouve un autre amas de blocs erratiques. Celui-ci correspond à une station du glacier et est la moraine terminale correspondant à un autre lac, Obersee, qu’on trouve immédiatement après. Si, prenant à droite, on laisse Obersee pour monter à Stei- nernemeer, on trouvera, chemin faisant, deux petits lacs, de 40 à 50 mètres de diamètre, le Grunsee et le Funtensee, terminés tous deux par des moraines bien caractérisées, bien conservées. Ces petits lacs sont plus faciles a étudier, et par là, en quelque sorte, plus curieux que les grands. On peut coucher à Funtensee dans les chalets; au-delà la roche est presque entièrement à nu : c’est un calcaire compacte de l’étage jurassique supérieur; ce ne sont plus que des roches polies , sur trois lieues de largeur et jusque près du sommet de la montagne; c’est là ce qui lui a fait donner le nom de Steinernemeer, mer de pierre. Le passage au milieu de ces roches est fort difficile, toute trace de sentier dispa- raît souvent ; alors on se dirige au moyen de petits tas de pierres que les guides ont faits de distance en distance pour se recon- naître. Il faut remarquer ces pierres; elles ont un caractère particulier qu’on retrouve à toutes celles , grosses ou petites , de 6 lignes à 8 et 10 pouces, qui existent sur les roches polies. Ces pierres sont usées, mais non à la manière des cailloux roulés dont tous les an- gles sont émoussés. Celles-ci présentent souvent un côté presque plat et une arête presque tranchante, fig. 4, pi. XI , p. 608. On peut supposer qu’elles ont été usées , non en roulant, mais en se trouvant comprises entre le sol et le glacier. Ce qui est certain , SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 604 c’est que ces formes n'existent ni parmi les cailloux roulés des rivières ni parmi ceux du diluvium , tandis qu’elles se trouvent toujours accompagnant les roches polies , et qu’on n’y en trouve pas d’autres. C’est , je crois, le terrain cyliolithique de M. Agassiz , que je préférerais appeler galet glaciaire. Arrivé en haut de Steinernemeer , le plus beau coup d’œil se présente aux regards. Aux pieds du spectateur sont les escarpe- ments redressés du calcaire jurassique supérieur ; à l’horizon , la chaîne centrale des Alpes, à droite et à gauche du gros Grockner, se déroule au loin, couverte de neiges éternelles; dans l’intervalle, on voit, plus basse et couverte de sa belle végétation, la chaîne des Alpes schisteuses, coupée par la demi-cluse dans laquelle se trouve le lac de Zellersee. Tout ce qu’on a vu jusqu’alors s’explique par la théorie des glaciers; les lacs de Rœnigsee , d’Obersee, de Grunsee , de Fun- tensee et leurs moraines, marquent autant de stations du glacier de Steinernemeer dans sa marche rétrograde ; mais la vallée de Zellersee , vue de cette grande hauteur, paraît entièrement ou- verte; quelques lignes noires de sapins la coupent pourtant trans- versalement , c’est à peine si on les voit à cette grande distance ; si Zellersee est un lac de glacier, il faut qu’il ait sa moraine. Mal- gré la beauté du spectacle qu’on a devant les yeux, on est tour- menté du désir d’aller vérifier si elle existe réellement, et on des- cend dans la vallée par un sentier difficile. Après avoir dépassé Saalfelden , on aperçoit, dans la rivière Saalach , quelques cailloux roulés de gneiss ; puis on trouve , à l’E., des monticules en grande partie couverts de sapins; ils sont composés principalement de gneiss et de schistes micacés ; les mon- tagnes, à droite et à gauche, sont des schistes; vis-à-vis, à l’a- mont du lac, est la portion de la chaîne centrale, en grande par- tie formée de gneiss et de schistes micacés. Ces monticules sont les véritables moraines du glacier qui a occupé la place du lac ; mais ici les moraines ne suivent pas immédiatement le lac, un inter- valle de près d’une lieue les en sépare , rempli par un terrain de transport. En voyant la pente du sol, à l’O., le Glemthal, vallée schisteuse de 3 lieues de longueur, on reconnaît facilement d’où sont provenus les matériaux qui ont comblé le lac à l’amont des moraines. Arrivé au bord du lac, si on le longe à l’O., on ne trouve plus sur ses bords que des débris schisteux non roulés ; il n’y a d’ex- ception que pour le promontoire , sur lequel est bâti le joli village de Zellamsee ; la petite vallée qui y correspond donne la clef de SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 605 cette anomalie, et montre d’où sont provenus les matériaux qui ont formé le promontoire. La rive S. du lac n’est formée que de cailloux roulés qui consti- tuent tout le terrain de comblement de la vallée de la Salza, entre le lac et cette rivière. Cependant on n’aperçoit de cailloux rou- lés ni dans le lac ni sur ses bords longitudinaux. Le sol de la vallée de la Salza n’est que de 2 mètres au-dessus de cette rivière, et tandis qu’on trouve dans cette vallée des terrasses de cail- loux roulés et statiliés de plus de 100 mètres de hauteur, on ne trouve pas de cailloux roulés dans le lac , et la rivière ne paraît pas avoir déversé ses eaux par là ni par les gorges dans lesquelles coule le Saalach, qui auraient dû lui présenter un débouché plus direct et plus incliné que celui qu’elle a suivi et qu’elle suit encore. Dans la théorie des glaciers , tous ces faits , en apparence si étranges , se coordonnent et s’expliquent avec la plus grande fa- cilité. Un des points les plus élevés de la chaîne étant en face de Zellersee , un glacier plus grand que les voisins a dû en provenir, et remplir la vallée de la Saalacli jusqu’à la moraine que nous avons décrite au S. de Saalfelden. Quand l’époque de la fonte des glaces est arrivée, tous les glaciers des petites vallées, qui dé- versent leurs eaux dans la Salza, à l’amont du lac de Zellersee, vallées qui correspondent à des parties plus basses de la chaîne centrale jusqu’au Yenedigerhorn , ont fondu et ont fourni des eaux abondantes qui ont coupé le glacier principal ; une montagne de glace est restée isolée dans l’emplacement du lac, a empêché les eaux et les cailloux de s’y déverser et de le combler, et les a forcés de passer par la vallée de la Salza. Ce transport de cailloux devait être à peu près terminé, quand enfin la montagne de glace a fondu et a laissé à sa place le lac appuyé à l’amont à des cailloux roulés comme nous le voyons aujourd’hui. J’aurais dû remonter la chaîne centrale pour en vérifier les roches polies, pour reconnaître par moi-même leur nature : on m’a repro- ché de ne l’avoir pas fait. Quant à la nature de la roche , je n’avais pas cru être exposé à me tromper en la voyant bien indiquée sur les cartes de MM. Dechen et Murchison , et cette indication con- forme à ce que me montraient les blocs des moraines. Quant aux roches polies, elles ont déjà été signalées sur la chaîne centrale, particulièrement au col de Gerlos , aux sources de la Salza; et j’avais vu tant de roches polies depuis Salzbourg, où la montagne de Capucinerberg en est déjà couverte, que cela me paraissait surabondant. Sur la specielle Reisekarte von baierischen hoch - land, nord Tyrol Salzburg et Salzkamergut , on trouve une élé- 606 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. vation générale des Alpes depuis la vallée des Grisons jusqu’à Traunsee; sur cette élévation les lacs et les hauteurs sont proje- tés. 11 est facile de voir qu’à chaque lac correspond une hauteur, élevée relativement aux hauteurs voisines. Cela est général : la réciproque n’a pas toujours lieu, car on sent bien que ce ne sont pas les glaces qui ont creusé les lacs, mais seulement qui se sont opposées à leur comblement par le diluvium, les blocs, etc. J’ai ré- sumé ces rapports entre les lacs et les hauteurs dans le tableau A ci-après. Le tableau B offre un travail semblable pour les Vosges. En revenant de Salzbourg, j’écrivis à M. Renoir, à Belfort, pour le prier de vérifier l’existence des moraines à l’amont des lacs des Vosges, lui indiquant à l’avance une partie de leurs emplacements d’après la carte. ïl me répondit que cette vérification était toute faite, que je n’avais qu’à consulter M. Hogard là-dessus ; je reçus en effet de ce savant la belle description qu’il vient d’en publier : ( Observations sur les Moraines et sur les dépôts de transport des Vosges , par Henri Hogard, 1842). Elle confirme de tout point les rapprochements théoriques que j’ai cherché à faire : je ne puis que renvoyer à ses dessins si pleins d’esprit et à ses explications si claires. Hans son ouvrage intitulé : Système des Vosges , publié en 1837, avant qu’il eût eu connaissance de la théorie des gla- ciers, M. Hogard avait donné pour le mot ballon une étymologie celtique, qui voulait dire montagne du lac ( bal, lac; wn , monta- gne), et non pas ballon, forme arrondie, comme on le suppose généralement. 11 résulterait de là que l’esprit observateur de nos pères aurait ici reconnu la liaison qui existe entre les lacs et les grandes hauteurs, et fait ainsi un langage tout théorique, comme cela avait eu lieu pour les combes , les cluses , les zuz et les crets du Jura. J’ai visité un grand nombre de lacs, depuis celui de Constance jusqu’à celui de Neusidel , vis-à-vis Presbourg; toujours j’ai re- trouvé tout ou partie des circonstances qui doivent les accompa- gner dans la théorie des glaciers. Je signale ce dernier qui est près de Vienne; son bord , du côté du Danube, est formé par un talus de cailloux roulés ; et sur son fond , qui était en partie à sec en 1842, on ne voyait que des cailloux non roulés et des blocs erratiques ; la moraine terminale paraissait enlevée par le grand diluvium de la vallée du Danube. Je n’ai pas eu le temps de voir avec tout le détail désirable ce lac, qui a huit lieues de longueur ; mais il pourra être visité par les géologues de Vienne , qui , du reste, feront bien de ne pas commencer par lui leurs études. Des lacs des Alpes, du côté de l’Italie, je n’ai vu que le lac de SÉANCE DU 19 JUIN 1813. 807 Garda, bien rapidement, et il y a plusieurs années; je regar- dai cependant déjà les monticules qui l’entourent à l’aval comme des moraines ; mais ce n’est que depuis que j’ai vu la belle carte au -h_ que vient de publier l’état-major autrichien , que j’ai compris la beauté du phénomène qu’il présente : rien n’est plus conforme à la théorie, plus caractéristique, plus facile à re- connaître sur la carte , que la série de monticules concentriques qui sont comprises entre l’extrémité aval du lac et une ligne tirée par Lonato, Castiglione, Garciana , Yolta, Valeggio, Somma- Campagna. Ce sont les moraines terminales du glacier qui occu- pait le lac. Je ne puis que regretter de n’avoir pas occasion de faire une étude spéciale de ce glacier ancien ; celui qui l’entre- prendra devra trouver les roches polies sur la rive gauche du lac, à l’amont , dans la partie de la montagne qui montre le plan des combes, et n’est pas couverte de végétation; il aura à examiner les deux lacs qu’on trouve sur la route de Riva à la vallée de l’Adige, les amas de blocs erratiques qui les accompagnent, et leur liaison avec le haut de la vallée. La carte du lac de Corne, publiée par M. de Collegno dans sa collection de coupes de géologie, etc., montre aussi une dispo- sition des blocs erratiques à l’aval du lac, tout-à-fait d’accord avec la théorie qui ferait occuper le lac par un glacier. J’ai déjà fait remarquer dans le Bulletin de la Société géologi- que les roches polies de la route du JVJont-Cenis ; je ne crois donc pas qu’il y ait lieu d’hésiter à regarder comme des lacs de fond de glacier tous les lacs des Alpes du côté de l’Italie. Considéré comme harmonie de la nature , l’ensemble du phé- nomène erratique et du diluvium est vraiment digne d’admira- tion , soit quand on l’examine dans les grandes vallées du Danube, du Pô, du Rhône et du Rhin , soit quand on en observe les plus petits détails. Après les soulèvements qui avaient sorti la croûte de la terre du sein des eaux , le sol déchiré des montagnes devait présenter dans tous les sens des gorges profondes et infranchis- sables ; les plaines et les plateaux devaient offrir, dans leurs ondu- lations, de vastes parties marécageuses. L’humidité et la gelée ont abattu les escarpements et les ont remplacés presque partout par des talus d’éboulement; les eaux en ont emporté une partie pour combler et niveler les vallées, qui sont devenues les parties les plus fertiles de la surface de la terre , celles qui offraient les com- munications les plus faciles. Les marais des plateaux ont été ouverts et vidés; quelques points seulement sont restés en lacs dans les montagnes, comme pour embellir le paysage et rappeler 608 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. à l’homme l’état où auraient été la plupart des vallées sans ce grand phénomène, pour l’amener à comprendre que sans lui la terre n’était pas complète et propre à son habitation. Dans une note publiée dans le tome 12 , pag. 132 du Bulletin , nous avons déjà fait voir que l’existence de glaciers sur le ballon d’Alsace, à T altitude 1,200 mètres, n’exigeait qu’un abaissement de 7 degrés dans la température moyenne de cette contrée, qui est de 9 degrés environ ; il est clair qu’un abaissement de tem- pérature pareil amènerait des glaciers sur les sommets des Alpes dont nous venons de faire le relevé, et dont l’élévation est de I, 600 à 2,600 mètres, tandis que la température moyenne de la vallée du Danube est seulement de 10 à 11°, et la limite des neiges perpétuelles à l’altitude 2,400 mètres. Je n’ai pas vu les glaciers du nord de l’Europe et de l’Amérique ; mais ici, comme dans les Alpes, qu’on jette les yeux sur une carte quelconque, qu’on examine particulièrement Hydrographische Karte des Europaischen Ruslands , von Stavenhagen 1842, et surtout Gewœsser and hœhen Karte von Ostpreussen und Lithuanen von J. IVutzhe 1841 , non seulement on sera frappé du nombre pro- digieux de lacs qui entourent les montagnes du INord, mais en- core des dispositions des collines, moraines probables, qui entou- rent toujours les lacs dans les pays presque plats de la Prusse orientale et de la Lithuanie. On sera amené à conclure qu’il y a là aussi un rapport entre les lacs et les montagnes ; et , si on y retrouve tous les phénomènes qui accompagnent les lacs des Alpes, les ro- ches polies, les blocs erratiques, les dépôts de cailloux roulés; s’il y a lieu aussi de s’étonner que ces lacs n’aient pas été comblés par tous ces matériaux de transport, qui ont passé par dessus eux , il ne restera plus qu’à étudier les détails pour les coordonner, quand on sera assez heureux pour visiter ces pays après avoir examiné le phénomène erratique des Alpes. (Voir les tableaux A et B à la page suivante. ) fa// e/c fa .8w Ceâl. r/c /finaux. X/t; /'!. XI. K,,,,- faS. çSooo'"1 ûtw • (J/or/yirj' [Uooe J"/ ' (oupe it/errt : .ries èà/rees' (fl/jucinet Zet ny ,a! Xttf\ bout ■// i ii Ce l/e/ if ' / onr/r r/e ry/aan- Ce rr/tr/nti • net /tri e’/Ze r/s an/ t/e ai" tu à o'."u7 e/ ///rts Jk-4 /rl/r. e/e Suntm //rie Mrmtnrartrr SEANCE DU 19 JUIN 1843. 609 Tableau A. — Chaîne des Alpes autrichiennes et bavaroises. LACS CORRESPONDANTS. Altitude. Désignation. Altitude. Distance de la montagne au lac. m m m 2,o3o Plansee 58o 5,5oo 2,700 Eibsee 600 5,000 f Ammersee 58o 5,5oo 1 ,600 Walchensee 8i5 5,5oo , Kogelsee 58o 4,5oo i,8oo Wurmsee 55o 4,ooo 2,370 Achensee. 900 8,000 2,o3o Tegernsee 670 1 2,000 1 ,600 Schliersee 725 3,ooo 1,890 Chiemsee. 472 8,000 2,620 Kœnigsee 755 5, 5 00 2,o3o Wolfgangsee 52 2 10,000 1,750 Altcrsee. 493 6,000 [ Hintersee . 425 3,ooo J Gossausee l ,200 3,ooo 2,900 < 1 Hallstadlersee 645 10,000 \ Traunsee 1 4y° 6,5oo MONTAGNES. Désignation. Creulzspitz Zugspitz. Haingarlen Wenediclenwand. . . , Son u Soc h Plannberg Brecherspilz Kampen et Hochgern Sleinernemeer Hochzinken Zinilzberg Dachstein Tableau B. Chaîne des Vosges. MONTAGNES. i LACS CORRESPONDANTS. Désignation. Altitude. Désignation. Altitude. Distance de la montagne i au lac. / Ballon d’Alsace m Lac du ballon m j5o m OOO 1,244 Sevcnsee 507 4,000 [,p (ïrpssnn ... 1)12 4 1,100 Sternsee 5oo 971 5oo Col des Charbonniers Neuweilersee 75i Tolhenbach 1,319 Lac de Blanchemer. . 800 ? 5oo Haut de Fornirnont.. 1 1 ,200 Lac de Betournemer. 800 ? 2,000 Forêt de Faehepre- Lac de Longemer . . . 746 4,000 mont et de Saint- Jacques Forêt de la Bruche. . 1 ,000 1,093 ? ( Lac de Lispach Lac de Gérarmer. . . . 85o ? 666 ! 600 |5,ooo f.e T a net 1,296 1 ,3oo Lac de Daren 800 5oo Les Ilautes-Chaumes. Lac Noir g5o 1,200 Id 1.201 Lac Blanc i,o54 1,000 ? 5oo Ballon de Guebwiller. 1 9 y 1 1 ,426 Lac du Ballon 2,000 Soc. géol . Tome XIV. 3$ 610 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. A. la suite de cette lecture, M. J. ltier communique à la So- ciété quelques renseignements sur le tremblement de terre qui, le 8 février dernier, a ruiné de fond en comble la ville de la Pointe-à-Pître et les bourgs du Moule et de Joinville (îles de la Guadeloupe et de Marie-Galante). 11 a , dit-il , ressenti à Cayenne ( Guyane française) , où il se trouvait alors, ces puissantes secousses ; il a visité , peu de temps après, la partie de la chaîne des Petites Antilles que ce phénomène a le plus fortement affectée ; les traces qu’en offraient encore les lieux qu’il a parcourus , et les renseignements exacts qu’il a été en position d’obtenir, l’ont conduit à des inductions qui intéres- sent au plus haut point la physique générale du globe. Les principaux faits qu’il a constatés sont : l’éboulement, sur une foule de points, de masses énormes de roches , qui laissent sub- sister des déchirements considérables et des escarpements abrup- tes sur les flancs des montagnes comme sur les falaises des côtes. Il cite, entre autres, l’écroulement de la dent de la Soufrière de la Guadeloupe, dont la hauteur se trouve ainsi abaissée de plus de 30 mètres; le fendillement du sol, qui, dans plusieurs endroits, s’est crevassé dans une direction constante du N.-E. au S. -O., no- tamment dans la commune du Gosier, dépendant de la grande terre de la Guadeloupe ; le jaillissement des eaux de la mer sur la place de la Victoire , à la Pointe-à-Pître et dans la Savane , située derrière le bourg de Sainte-Anne ; l’exhaussement de quelques parties des côtes de l’îîe anglaise de la Dominique, côtes que M. Itier a suivies avec beaucoup d’attention; enfin , la direction du soulèvement, qui paraît avoir été N. -O. S.-E., c’est-à-dire perpendiculaire aux crevasses du sol et à la direction générale des vallées d’écartement de la chaîne des Petites Antilles. M. Itier trace sur le tableau le segment de sphère affecté par ce terrible phénomène. Il lui donne une largeur de 25 à 30 lieues seulement, dans laquelle se trouve compris, en s’avançant du N. -O. au S.-E.: la ville de Charlestown (Caroline du Sud), les îles de la Barboude , d’Antigoa , de la Guadeloupe , de la Dési- rade, de Marie-Galante , de la Dominique, de la Martinique, de Sainte-Lucie et de la Barbade ; la ville de Cayenne et le quartier de Kaw, dans la Guyane française , enfin l’île de Marajo , dans la rivière des Amazones. Les bâtiments qui se trouvaient [en mer dans cette zone ont ressenti la secousse; il cite la goélette la Fortune, capitaine Joyau, SEANCE DU 19 JUIN 1813. 611 se rendant de ia Martinique à Cayenne, où elle est entrée le 9 mars. Cette goélette se trouvait, le 8 février, vers dix heures et demie du matin , à 20 lieues au S.-E. de la Martinique, lors- qu'une secousse , pareille à celle qu’occasionnerait la rencontre d’une roche sous-marine, s’est fait sentir à bord; le capitaine, croyant avoir touché, s’était précipité dans la cale du navire pour reconnaître ses avaries et y porter remède. M. Itier cherche à tirer des diverses heures auxquelles ce phé- nomène s’est fait sentir dans les lieux qu’il cite, des conséquences sur le mode de propagation de cette commotion à travers le sol; on n’a malheureusement pas l’heure bien exacte de la secousse éprouvée à Charlestovvn, on sait seulement que c’est vers 10 heures et quelques minutes du matin; mais à Antigoa, à la Guadeloupe, à la Dominique et à Marie-Galante , il était 10 heures 35 minutes, et à Cayenne et à Kaw, 11 heures 25 minutes ; différence, 50 mi- nutes. En en retranchant 37 minutes pour les 9° 15' de longitude E. de Cayenne , par rapport à la Guadeloupe , il reste encore 13'; ainsi la commotion, en en supposant le centre principal à la Guadeloupe, aurait mis, en suivant un grand cercle de la sphère terrestre, 1 3 mi- nutes à se propager j usqu’à la côte de la Guyane française , distante d’environ 260 lieues ; ce serait, en supposant un mouvement uni- forme , 3" par lieue marine , ou 1850 mètres environ par seconde , c’est-à-dire cinq fois et demie la vitesse de la transmission du son dans l’air. M. Michelin, à la suite de cette communication, donne lecture de notes qui lui ont été communiquées à ce sujet. Notes communiquées a M . Michelin sur le tremblement de terre de la Guadeloupe , par MM. Du Chassaing et de Lauréal, habitants. La durée du tremblement a été jugée de une et demie à deux minutes, et au moment où il a eu lieu, la terre a semblé couverte d’une espèce de vapeur qui s’élevait à peu de hauteur. Quelques personnes prétendent avoir senti l’odeur du soufre brûlé. Tout le monde est d’accord que les secousses étaient accompa- gnées d’un bruit si violent que l’on n’entendait pas celui des vases et autres objets tombant à terre. ïl en a été de même dans les maisons en bois situées en pleine campagne, et qui n’ont pas subi de dommages. Pendant les secousses , des eaux vives saillirent dans des en- G12 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. droits qui en avaient été dépourvus jusqu’alors. On a remarqué que des puits débordèrent pendant plusieurs jours et qu’ils don- nèrent des eaux douces au lieu d’eaux saumâtres , comme par le passé. Ce dernier fait a eu lieu dans presque toute la Basse-Terre, et a frappé tous les habitants de la Pointe-à-Pître. Une mare située sur un plateau élevé, que l’on avait desséchée peu de temps avant au moyen d’un percement à travers un banc d’argile très puissant , s’est remplie de nouveau , mais momenta- nément et pendant quelques jours seulement. Des phénomènes contraires ont eu lieu presque dans les mêmes localités. Des sources se sont taries, et les eaux n'ont pas encore re- paru, notamment autour de l’habitation Beaumont. Le cours d’une rivière a été détourné en plusieurs endroits , mais par éboulement des rochers voisins, et non par soulève- ! ment. Il paraît que , jusqu’à présent, on n’a reconnu ni soulèvement ni dérangement de couches, et que les anciens volcans n’ont vomi | aucune matière nouvelle. Les bords de la mer ne sont à décou- vert sur aucun point, ce qui aurait été facile à reconnaître , soit à des bancs de coquilles, soit à la mise à sec des rochers couverts de I serpules ou de madrépores. Au contraire, du côté de la ville de i Sainte-Anne, il y a eu un affaissement. L’eau de la mer s’est avan- r cée jusqu’au pied des maisons dont elle était autrefois assez dis- tante, et les habitants ont craint que la ville ne fût submergée. Pendant le tremblement de terre, des fissures profondes se sont faites , et toujours perpendiculairement à la direction suivant la- quelle les mouvements se sont produits. Les secousses' se sont fait sentir à la Guyane anglaise, aux Bar- bades, à la Floride et aux Etats-Unis. Après la Guadeloupe ce sont les îles d’Antigoa, Montserrat , la Martinique et la Dominique qui ont le plus souffert. Depuis la catastrophe du 8 février dernier , on estime à plus de deux cents les secousses que l’on a ressenties, et quelques unes ont été assez fortes pour qu’on se sauvât précipitamment des maisons. M. Alcide d’Orbigny dît que, quand on n’a pas l’habitude des tremblements de terre , on ne s'aperçoit souvent pas des secousses; qu’au Chili il ne s’en apercevait souvent que par la fuite des gens du pays, qui avait lieu à la moindre secousse, tandis qu’il ne quittait pas sa demeure. M. d’Omalius d’Halloy observe qu’il résulte du récit de SÉANCE DU Î9 JUIN 1843. 613 1VI* llier que rien, avant le tremblement de terre, n’en pré- sageait l’approche, que tout était calme et tranquille, et qu’ainsi est démentie l’opinion qui prêtait aux animaux le pressentiment de ce qui allait arriver, et leur faisait donner des marques de frayeur à l’approche de ce phénomène. M. Alcide d’Orbigny dit qu’il en est absolument de même au Pérou et au Chili, où les animaux ne donnent aucun pré- sage des tremblements de terre qui vont arriver, mais en subissent simplement les effets lorsqu’ils se produisent. M. Millet lit la notice suivante : Notice sur divers gisements de matières pyriteuses exploitées pour F amendement des terres , et pour la fabrication de F alun et de la couperose. — Origine du soufre et du phosphore contenus dans ces matières ; par Mr. C. Millet. Dans un grand nombre de localités, l’on exploite, pour l'amen- dement des terres et pour la fabrication de l’alun et de la coupe- rose , des couches ou amas d’argiles , de marnes et de sables qui contiennent , souvent en assez forte proportion , des pyrites de fer (sulfure de fer) et des matières organiques . Les produits d’extraction portent la dénomination générale de cendres, de lignites pyriteux, de tourbes pyriteuses, et plus spé- cialement de cendres noires. Ils présentent : 1° Des matières terreuses ou minérales ; 2° Des débris de végétaux désorganisés et passés à Tétât ter- reux ; 3° Des végétaux altérés ou incomplètement décomposés ; 4° Des détritus de matières animales et surtout des coquilles. Je bornerai aujourd’hui mes observations à quelques uns de ces gisements que j’ai étudiés dans les départements des Ardennes , de l’Aisne et de la Marne. Les cendres noires se rencontrent dans plusieurs formations géologiques. I. Terrain liasique. — On exploite les marnes pyriteuses de ce terrain sur plusieurs points du département des Ardennes : dans le canton de Ruinigny, à Flaignes, Foulgy, l’Echelle , Girondelle, Marby, Rouvray, Servion, etc...,. ; dans le canton de Signy-ie- Petit , à Fligny ; dans le canton de Flize , à Flize , Hannogne , Saint-Marceau, Saint-Pierre-de-Vence , etc — On retrouve ces marnes dans le canton d’Hirson (Aisne). SEANCE DU 19 JUIN 1843. 614 II. Terrain crétacé . — Dans le groupe des grès verts, les exploi- tations sont nombreuses et importantes. 1° Département des Ardennes. — Dans le canton de Rumigny, à Aubigny, Liart, Lognybogny, Marlemont, Yaux-Yilaine; dans l'arrondissement de Rliétbel , aux Yallées, au Faleul, à la Fon- taine-Olive, etc.. . ; dans le canton de Signy-le-Petit , à Tarzy, etc. 2° Département de l’Aisne. — Dans le canton d’Aubenton, à Beaumé, Leuze , la F olie-JN ot, etc. ... — Dans les cantons de Signy- le-Petit et d’Aubenton, le groupe des grès verts renferme une grande quantité de fossiles Exogyres , Spatangues , Inocérames , Ammonites , Nautiles , etc A la partie inférieure des marnières de M. Wattier, à la rue l’Arclier (canton d’Aubenton) , j’ai trouvé un Nautile énorme dont M. d’Orbigny a donné la description dans l’une des belles livrai- sons de sa Paléontologie française , Terrains crétacés , p. 77 et 78. — Ce Nautile (Nautilus Clementinus ) a 0m,180 de diamètre et 0m,l40 d’épaisseur. Dans les cendrières de Tarzy et de Beaumé , j’ai trouvé une nouvelle et jolie espèce d’Ainmonites que M. d’Orbigny a bien voulu me dédier sous la désignation d 'Ammonites Milletianus , et dont il a donné la description dans la livraison des Terrains cré- tacés , p. 163 et 164. III. Terrain supracrétacé . — Groupe inférieur du tertain ter- tiaire du bassin de Paris. Les exploitations sont très nombreuses et très importantes dans le département de l’Aisne , sur plusieurs points des arrondisse- ments de Château-Thierry, Laon , Saint-Quentin et Soissons , au milieu des gisements de lignite pyriteux. Dans le même groupe, plusieurs cendrières sont ouvertes dans l’arrondissement de Reims, à Berru, Trépail, forêt de Yerzy, etc.... Dans tous ces gisements les matières organiques , les pyrites (sul- fures de fer) et quelquefois les sulfates sont très abondants. J’ai fait, à cet égard, un grand nombre d’analyses sur les matières que j’avais recueillies dans les lieux mêmes d’extraction ; en voici les résultats principaux : SÉANCE DU 10 JUIN 1843. 6J 5 Eau • | S et Sables 0 LOCALITES. matières Pyrites. Suivîtes. et C3 orga- argiles. OJ niques. A O Tarzy o,o35 0,l68 0,02 2 0,766 Département ' La Fonlaine- des < 1 Olive. . . . o,4i5 0,245 0,006 00 V' uo © O Ardennes, i ) Faleul 0,082 0,098 0,010 “>794 X « \ k Les Vallées . . I o,o63 0, 1 63 0,002 °»792 | 0,292 IZ2 a> - ç/5 « Département 1 de l’Aisne. 1 ( La Fère. . . . 0,522 o,o85 0,0l6 v - O. ; (r> cr. Bourg (Beaumé. . . . I o,352 0,082 0,066 0,012 0,362 I ( O il! 1_Q O Département de la Marne. f Fisrncs . . . . < Reims 0,543 o,i36 0,066 o,o53 0,Ol5 o,3 1 4 1 o,853 ! ■« r \ Forêt de Verzy. i 0,032 / 1 1° Cendres riches eu matières organiques. — Proportion en poids 0,475 matières organique». 2° li. en sulfates. — Ici. 0,022 sulfates. 3" Id. en Pyrites. — ld. 0,245 Pyrites. Dans plusieurs gisements , Ton trouve des quantités notables de phosphate de chaux et de phosphate de fer ; je n’y ai jamais rencontré la moindre trace de cuivre , quoique la présence de ce métal ait été indiquée dans ces gisements par plusieurs observa- teurs. Il devenait intéressant de rechercher les causes de la présence des sulfures , des sulfates et des phosphates dans ces gisements de terres pyriteuses. Dans une notice, publiée depuis plusieurs an- nées, sur les cendrières de Tarzy (Ardennes) et d’Aubenton (Aisne) , j’avais expliqué la présence des sulfures et des sulfates par la décomposition des matières animales dont on retrouve en- core de nombreux débris dans presque tous les gisements. Cette explication est conforme à celle qui a été exposée par plusieurs naturalistes. Je ferai surtout observer ici que, parmi les éléments des ma- tières animales , le soufre et le phosphore ont une grande tendance à rentrer dans les conditions des combinaisons inorganiques; que cette tendance se manifeste au fur et à mesure de la décomposi- tion des matières animales en présence des substances minérales pour lesquelles le soufre et le phosphore ont une grande affinité ; enfin , que le fer et le soufre agissent l’un sur l’autre, même à la température ordinaire de l’atmosphère, quand ils sont placés SÉANCE DU 19 JUIN 1843. G 1 6 dans un milieu humide. Toutes ces conditions sont précisément celles où les matières animales ainsi que le soufre , le fer et le phosphore se trouvaient dans les gisements pyriteux. Toutefois , la décomposition des matières animales ne me paraît pas être la seule cause de la présence des sulfures , des sulfates et des phosphates dans ces gisements. Les matières végétales qui entrent en forte proportion dans la composition des matières organiques de ces gisements ont subi, en totalité ou en partie, soit une dé- composition , soit une altération très sensible. Il en est donc ré- sulté que leurs éléments ou parties de leurs éléments ont passé dans la composition des couches mêmes où elles étaient enfouies. Quels sont les résultats de ce passage des matières végétales de l’état organique à l’état inorganique? Depuis plusieurs années je m’occupe d’un travail général dont le but principal est de déterminer l’influence des sols sur la végé- tation. Par une série d’analyses très délicates sur la composition chimique des végétaux , dont les espèces sont' analogues ou iden- tiques à celles des gisements pyriteux, j’ai reconnu que, dans plusieurs circonstances , les cendres des végétaux renferment en quantité assez considérable : 1° des sulfates, 2° des phosphates, 3° de l’oxide de fer, etc , etc. ... . SÉANCE DU 19 JUIN 1813. 617 Détermination de la quantité d’ acide sulfurique , d’ acide pliospho- rique, r/’oxide de fer, etc contenues dans les cendres des végétaux. ACIDE SULFURIQUE (Sulfates dépotasse, de soude, de chaux, etc.). ACIDE PHOS- PHOR1QUE ( Phosphates de chaux , de fer, etc.). Oxide de fer. Phosphate de chaux. Phosphate de fer. Aune o,2i5 0,108 0,025 O, l5ï 0,086 Bouleau o,o3o 0,002 0,010 0,070 0,012 Charme 0,078 o,ii5 0,020 0,102 0,039 Châtaignier . . . 0,102 0,082 0,008 0,1 10 0,012 Chêne 0 io5 0,076 o,oi5 0,142 0,0l6 Hêtre 0,072 0,062 0,0l8 0,110 o,o33 Mélèze 0, 1 15 0,002 0,01 5 0,072 o,o5o iMerisier 0,095 o,o53 o,oi5 0,070 o,oi5 Noisetier. . . . , 0,061 0,060 0,045 o,i5i 0,078 Noyer IPeuplier o,it6 0,080 0,025 0,l4o 0,017 0,132 0,086 o,oi5 0,082 0,075 |Pin 0,125 0,002 0,018 0,074 o,o3i Sapin ...... 0, 102 0,046 0,092 0,082 o,o65 Sureau 0,072 0,082 o,oi5 0,l32 0,029 Tilleul 0,078 o,o3 1 0,01 1 o,o55 o,oi4 Feuillesde chêne. 0,2 25 0,1 12 o,o65 » » — de peuplier 0, 162 o,o65 0,012 » » Bruyères o,o3o 0.070 0,016 0,125 » Fougères 0,008 0,007 » 00,11 » Herbes diverses. 0,062 0 0 to Oü 0,012 » » Paille o,oo3 o,oi5 » 0,022 » Prêle o,i35 0,018 » 0,021 d Sarment de vigne 0,092 ! 0,120 0,012 0,198 » On voit , par ces résultats d’analyse, que la désorganisation des végétaux enfouis dans le sol peut produire, en quantité assez con- sidérable, des sulfates, des phosphates et de Y oxide de fer ; les vé- gétaux donnent, d’ailleurs, une quantité considérable de matières combustibles qui , par leur réaction sur les sulfates, produisent des sulfures de fer, c’est-à-dire des pyrites , au contact de l’oxide de fer contenu dans les matières terreuses et dans les détritus des végétaux. Je suis arrivé aux mêmes conséquences en analysant les débris des végétaux peu altérés ou incomplètement décomposés que j’avais recueillis dans les gisements de cendres noires. Enfin, l’état de choses actuel nous permet d’étudier les diverses 618 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. phases de la décomposition et de la désorganisation des matières animales et végétales dans la formation de la tourbe, et le résultat de leur réaction sur les matières inorganiques. L’analyse de plu- sieurs tourbes recueillies dans le bassin de Paris m’a donné des quantités assez considérables de sulfate de chaux et d'oxide de fer, du soufre combiné avec du calcium ( sulfure de calcium pro- venant de la réaction des matières combustibles sur le sulfate de chaux ), du phosphate de chaux et de fer , et des pyrites dans les couches les plus anciennes. Je citerai ici un fait très remarquable dans l’analyse des diverses couches de ces tourbières : 1° à 0m,50 de la surface, les végétaux n’étant que peu ou point altérés, la tourbe n’a présenté aucune trace de sulfure de fer; 2° à lm,20 de profondeur , les végétaux étant sensiblement désorganisés , la tourbe a donné une quantité Jiotable de sulfure de fer; 3° enfin , à 2 mètres de profondeur, les végétaux étant passés à l’état terreux, la tourbe est une cendre noire renfermant du phosphate de chaux et de fer et une forte quantité de sulfure de fer ; la proportion en poids s’est élevée à 0,35 de pyrite, quantité égale à celle de plu- sieurs gisements de lignites pyriteux exploités pour l’amende- ment des terres. Ainsi, dans ces tourbières, la présence des pyrites doit être attribuée à la décomposition des matières végétales. Résumé. Dans les lignites pyriteux et les tourbes pyriteuses des Ardennes, de l’Aisne , de la Marne et d’autres localités où l’on rencontre les mêmes produits , les pyrites , les sulfates et les phosphates pro- viennent : 1° En proportion minime, des matières inorganiques mélangées mécaniquement ; 2° De la décomposition des matières animales ; 3° Et principalement de la décomposition des matières végé- tales qui produit la totalité ou la presque totalité des pyrites. A et ion végéta tive . Les cendres pyriteuses agissent, pour ramendement des terres, mécaniquement et chimiquement : 1° Mécaniquement, par les sables et les argiles, et même par les détritus des végétaux ; 2° Chimiquement, 1° par les matières organiques, et 2° par la décomposition des pyrites sous l’influence de l’air et de l’hu- midité. Il se forme, au contact du carbonate de chaux et de l’ar- SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 619 gile, des sulfates de fer, de chaux et d’alumine ; car les pyrites contiennent une quantité de soufre plus grande que celle néces- saire pour fournir l’acide sulfurique que l’oxide ferreux peut saturer. Cette décomposition s’effectue d’une manière continue , et les sulfates agissent sur les végétaux et sur le sol à l’état naissant. Cette action est d’une nature toute spéciale et présente des effets bien plus efficaces quand on répand les cendres sur les terres à amender, peu de temps après leur extraction, que lorsqu’on ne les emploie qu’après la formation des sulfates , c’est-à-dire quand elles sont restées, après leur extraction , exposées à l’air pendant plusieurs semaines, et même pendant plusieurs mois. 11 suffit, en effet, de quelques jours d’exposition à l’air libre pour que les cendres présentent une proportion notable de sulfates. Je ferai remarquer que les pyrites jaunes et blanchâtres sont un persulfure de fer , qui est généralement mêlé avec le sulfure de protoxide de fer. Or, sous l’influence de l’air humide , le sulfure se transforme en sulfate de protoxide de fer, ce qui élève souvent la température au point de donner lieu à inflammation: aussi, quand les cendres renferment une forte proportion de sulfure de pro- toxide, il est nécessaire de les laisser exposées à l’air pendant plusieurs semaines avant de les employer. Je reviendrai , du reste, sur cet intéressant sujet en le traitant sous le point de vue industriel et agricole. MM. de Wegmann , Ruinart deBrimont, d’Omalius d’Hal- loy, Leblanc et Michelin adressent, à propos de ce Mémoire, diverses questions auxquelles répond M. Millet. M. Adcide d’Orbigny cède le fauteuil à M. de Verneuil, vice-président, et communique à la Société les deux faits suivants , qui lui paraissent pouvoir intéresser les membres disposés à se rendre à la réunion de Poitiers. Le premier consiste en un affaissement considérable que M. Garran a reconnu dans la vallée de Saint-Maixent (Deux- Sèvres). Cette dislocation, de six à sept lieues de largeur, est devenue visible parla tranchée d’une route. En effet , on voit, en couches horizontales, le lias supérieur couvrir toutes les hauteurs sur la route de Saint-Maixent à Poitiers, ou de Limoges , tandis qu’une large faille sépare ces assises horizontales d’une série de couches inclinées tout d’un coup 620 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. à 45° vers la vaste dépression en question. Ces terrains in- clinés montrent successivement : 1° le lias supérieur à l’état de calcaire marneux ; 2« l’Oolite inférieure composée de cal- caires blancs remplis de silex ; 3° la grande Oolite formée de cal- caires compactes très durs; 4° les terrains oxfordiens, repré- sentés aux parties inférieures par des calcaires contenant X Ammonites Coquandianus , et aux parties supérieures par les marnes oxfordiennes, renfermant le Belemnit.es hastatus , et tous les au très fossiles oxfordiens. Ces dernières couches occu- pent tout le fond de la dépression , où elles supportent néanmoins des sables tertiaires. M. d’Orbigny croit que la dépression de Saint-Maixent a préservé les terrains supé- rieurs aux lias des dénudations qui les ont enlevés des hauteurs voisines et que la dépression est évidemment postérieure aux marnes oxfordiennes supérieures. Le second fait communiqué est relatif aux environs de Niort. M. Alcide d’Orbigny a reconnu , en partant de Niort, marchant vers Saint-Jean-d’Angély, et jusqu’à la Charente, une suite complète, sans lacunes, de toutes les couches juras- siques. En effet, près de la ville de Niort, sur les bords de la Charente (vallée de Lambon), on trouve les assises du lias supérieur, contenant : le Belemnites compressus , les Ammo- nites bijrons , serpent inns , jurensis , etc., etc. Au-dessus (à Niort, à Mougon ) , sont les couches de l’oolite inférieure dans lesquelles, avec les coquilles fossiles ordinaires, M. Baugier a découvert de magnifiques Toxoceras et des Helicoceras , genres particuliers jusqu’à présent aux terrains crétacés. Un calcaire compacte, renfermant beaucoup d’ammonites remarquables, représente la grande Oolite ( Riberay, Bas- Sablonier). Un autre calcaire blanc moins dur, plus argileux , contient les coquilles du terrain oxfordien inférieur; on le remarque aux Trois-Coigneaux , à Saint-Florent, etc. A peu de distance de Niort, en allant au sud, on trouve bientôt les marnes bleuâtres du terrain oxfordien moyen, avec X Ammonites perarmatus , 1 e Belemnites hastalus , etc.. SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 621 et tous les autres fossiles ordinaires à ces couches. On suit ces mêmes terrains pendant près d’une lieue , sur la route de Saint-Jean-d’Angély. Ils sont remplaces, à moitié chemin de Beauvoir, par des calcaires blancs marneux du terrain oxfordien supé- rieur, qui se continuent jusqu’auprès de Tout-y-Faut, c’est-à-dire sur six ou sept lieues de longueur. Le même terrain sur la côte de l’Océan se montre depuis Marans sur la Sèvre jusqu’à Angoulin , au-delà de la Rochelle. Dans ce dernier lieu , il offre les fossiles du liane corallien les mieux caractérisés , tandis que , sur la route de Saint-Jean- d’Angély, ces bancs manquent. M. d’Orbigny émet, à cette occasion, l’opinion basée sur beaucoup de faits de même nature , que les bancs coralliens ne sont que des accidents locaux des terrains oxfordiens supérieurs; qu’ils représen- taient , à cette époque, les récifs de coraux actuels des An- tilles et de l’Océanie, et que dès lors ils ne constituent pas un terrain , une époque indispensable dans la formation jurassique. Depuis Tout-y-Faut jusqu’à Saint-Jean-d’Angély, l’on marche sur le terrain kimméridien , représenté aux parties inférieures (à Tout-y-Faut) par des grès jaunes contenant X Isocardia striata , et passant à Loulay, au calcaire blanc mar- neux renfermant beaucoup de coquilles fossiles. En conti- nuant au S. -O. au-delà de Saint-Jean-d’Angély, vers Saint- Savinien, le terrain kimméridien se développe jusqu’à une lieue environ. Il cesse tout à-coup à la montée avant d’arriver à Bignay, et se trouve remplacé par un calcaire très compacte caver- neux, identique pour l’aspect au terrain portlandien de la Haute Marne. La présence de X Ammonites Banksei le fit bientôt reconnaître pour le terrain portlandien le mieux caractérisé. On le suit sans interruption jusqu’à Taillant, où les terrains crétacés commencent, La présence du terrain portlandien dans le S. -O. de la France est un fait nou- veau, puisque les dernières couches jurassiques de la côte de l’Océan sont le terrain kimméridien des Roches; c’est 622 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. une lacune comblée, et une confirmation de plus de l’uni- formité de composition des terrains jurassiques. En résumé, M. Àîcicle d’Orbigny fait remarquer qu’à l’exception du lias inférieur, inconnu jusqu’à présent dans le S. -O. de la France, on trouve , de Niort à Saint-Jean-d’An- gély, en couches concordantes, la série complète des étages du terrain jurassique sans interruption et sans lacune. 11 indique ces localités comme très intéressantes à étudier, pour avoir une idée juste de la série des coquillesfossiles propres à cha- que étage jurassique, et pouvant s’appliquer ensuite, par comparaison, aux pays de montagnes ordinairement dislo- qués. EXTRAIT D OUVRAGES REÇUS DE l’ÉTRANGER. Rapport sur la géologie de V Etat de Connecticut , par Mr. Js.-G. Percival (1). La plus grande partie du sol appartient aux terrains primaires. Ils occupent la partie orientale tout entière et une surface plus grande encore à l’occident, au milieu de laquelle est un petit bas- sin secondaire. Ces deux grandes divisions sont séparées par un grand bassin secondaire, se terminant presque en pointe au midi, vers le havre de INew-Haven , s’élargissant jusqu’à la frontière de l’état de Massachusetts, dans la direction N. un peu E. Ces ter- rains sont coupés par des roches trappéennes formant quatre li- gnes principales de dykes et sommets élevés dans la direction gé- nérale du S. au N. un peu E. Les deux grandes divisions du sol primaire ne paraissent pas en relation directe l’une avec l’autre. Elles offrent l’une et l’au- tre l’aspect d’immenses plateaux terminés d’une manière assez abrupte , soit vers la mer, soit vers les bassins secondaires, dont ils sont séparés assez ordinairement par des vallées de dépression. Les roches qui les composent paraissent appartenir toutes aux roches cristallines stratiformes. La partie occidentale s’étend en- core fort loin à l’occident dans l’état de New-Nork, et au N. dans le Massachusetts , où elle se relie à la partie orientale , enclosant le grand bassin secondaire qui se termine à 80 milles environ de (î) Cet extrait a été fait par M. le marquis de Roys (archiviste). SEANCE DU 19 JUIN 1843. 623 la mer. Les divisions principales de roches se reproduisent assez exactement aux deux côtés d’une masse de gneiss granitique dési- gnée par M. Percival sous la lettre K3, qui paraît être plus éle- vée que le reste du plateau, puisqu’il lui donne le nom de chaîne du gneiss granitique des Highlands. Ce sont : 1° des schistes chlo- ritiques ; 2° des schistes argileux ; 3° des micaschistes ; ensuite des gneiss plus ou moins feldspathiques, quelques uns porphyroïdes ; d’autres syénitiques, quelques uns même talqueux , avec des al- ternances de micaschistes, et même de calcaires ordinairement ma- gnésiens , mais accidentellement très purs , et plus ou moins sac- charoïdes. Dans les schistes chloritiques et argileux (les Talcites phyllcidi' formes et cristallins de M. Cordier) , on trouve quelques accidents de marbres talqueux. M. Percival décrit avec les plus grands détails les espèces et même les variétés de roches qui prennent quelque développement. Ces détails sont figurés dans la carte géologique qui y est jointe. Les strates sont généralement inclinés de l’O. à l’E. M. Percival donne cette indication sans s’y arrêter, et ne dit point si cette inclinaison est considérable, ni si elle ne change pas au-delà des Highlands dans les assises qui s’y reproduisent en ordre inverse. Il est vrai que la majeure partie de ces derniers terrains sont au-delà de la frontière de Connec- ticut. Le sol primaire oriental paraît avoir pour noyau une grande formation de gneiss qu’il désigne par la lettre B, et qui offre de nombreuses variétés, dont l’une est remarquable par la présence de nombreux cristaux d’antopliyllite. Cette formation commence à peu de distance de la mer, et offre une forme générale presque triangulaire, s’allongeant un peu vers le N. Une autre formation, aussi gneissique, sous la lettre A, la sépare de la mer et de la par- tie méridionale du grand bassin secondaire. De l’autre côté, de nombreuses formations, qui ne nous paraissent pas présenter de différences bien notables avec celles de la partie occidentale , s’étendent jusqu’au-delà de la frontière de l’Etat. Malgré l’inflé- chissement produit par cette formation centrale B sur la partie méridionale de ces formations, leur direction générale est, comme dans la partie occidentale, du S. au N. un peu E. Comme il était aisé de le prévoir , les diverses natures de roches décrites par M. Percival dans les deux divisions primaires ne forment pas des assises constantes dans toute leur longueur ; très ordinairement elles passent d’une variété à l’autre , laissant seulement subsister, dans le sens transversal, les grandes divisions que nous avons in- 624 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. diquées , et qui sont parfaitement analogues à ce qui s’observe dans tous les autres terrains cristallins stratiformes. Les trapps des deux systèmes primaires et du grand bassin se- condaire offrent une telle connexité que l’on ne peut guère dou- ter de leur origine commune. M. Percival place cette origine vers la partie méridionale du bassin secondaire, où les dykes et les émissions offrent leur plus grand développement. Il considère donc cette partie méridionale comme le foyer d’une immense éruption volcanique. L’inspection de la carte nous fait présumer que ce foyer a été double, et qu’outre celui du midi, dans le can- ton de East-Haven, il y en a eu un autre encore plus considérable vers la partie moyenne de la formation secondaire, dont le centre était vers le canton de Berlin. Les dykes et chaînes trappéennes pa- raissent en effet rayonner autour de ce point, non seulement dans la direction générale N. 1 /4 1N.-E., mais jusque dans la direction de l’O. à l’E. Le petit bassin secondaire a également été le foyer d’une éruption pareille. Les strates des terrains primaires sont coupés par les trapps partout où il s’en trouve dans ces deux grands systèmes, ce qui prouve une origine plus récente. Dans les terrains secondaires , au contraire, la direction générale des as- sises est la même que celle des trapps, les mouvements du sol sont parallèles, ce qui fait conclure à M. Percival qu’il y a une liaison intime entre eux. Comme cependant il parle plus loin des altéra- tions et des dislocations des couches secondaires au contact des trapps, il nous parait évident que les émissions trappéennes appar- tiennent également à une époque beaucoup plus récente que celle où se déposaient les terrains secondaires. Ainsi , lorsqu’il parle de la liaison entre ces deux formations, il a voulu sans doute dire seulement que le relief du sol secondaire était dd aux éruptions des trapps. Les trapps forment de grandes lignes dont la direction générale est du S. au N. un peu E. Ces lignes ne sont pas continues, mais formées d’une série de grands chaînons courbes dont la partie moyenne, qui est la plus longue, suit la direction générale, et dont les deux extrémités se recourbent à l’E., formant quelquefois même complètement le crochet. Dans les intervalles entre. les chaînons ou grandes courbes, on ne trouve le trapp qu’en dykes , et il disparaît même toujours sous le sol naturel. Ces trapps sont des roches compactes ou amygdaloïdes, compo- sées de feldspath et d’amphibole à grains plus ou moins fins et en proportions très variables. Les variétés compactes sont générale- SÉANCE DU 19 JUIN 1843. 62 ô ment plus cristallines, et, quand les grains sont gros, elles se dé- composent assez facilement. Ces trapps à gros grains présentent quelquefois une division prismatique , mais bien moins fréquem- ment que ceux à grains très fins. Ces prismes ne sont cependant jamais aussi réguliers que ceux des basaltes. Les trapps amygda- laires n’ont été trouvés que dans les terrains secondaires. Les amygdales sont remplies de divers minéraux, et surtout de quai z cristallin et agate , de chaux carbonatée , de Datbolite et de Chlo- rite. Les trapps compactes offrent des géodes quelquefois assez grandes, et même des veines remplies des mêmes minéraux et en outre de sulfate de Baryte , de Préimite , de Zéolites , de Stilbite et d’un bitume très dur. Vers les flancs des dykes, les trapps présen- tent quelquefois des brèches et des conglomérats. Dans les ter- rains primaires, les salbandes des dykes sont presque toujours formées d’une assise mince de wake d’un bleu foncé presque noir. Toutes les veines métallifères des terrains secondaires se trou- vent dans les trapps, et surtout dans les parties latérales de la va- riété amygdalaire , ou au moins dans les parties des grès et des schistes qui leur sont tout-à-fait contigus. Leur gangue est ordi- nairement du quarz, des spaths calcaires et fluor, de la Barytine et du bitume endurci. Les minerais sont des sulfures de cuivre , de plomb, de zinc et de fer. Ceux de cuivre se trouvent surtout dans la grande chaîne orientale , au flanc occidental de la qua- trième grande courbe. On trouve aussi des indications de mine- rais en associations semblables avec les trapps dans les deux grandes divisions primaires. Au contact des irapps, les roches primaires et secondaires ont subi des altérations par endurcissement, décoloration ou colora- tion nouvelle , semi-fusion , tendance à la division prismatique ou pseudo-rhomboëdrique , et par introduction de minéraux. Dans les terrains primaires , ce sont toujours des Zéolites et Stilbi- tes ; dans les secondaires, outre les minerais, de l’Hyalite, Epidote, Chlorite, spaths brun et fluor, du bitume endurci. Les schistes cldoritiques sont devenus vitreux (flinty), durs, noirs ou pourpres. Les diverses roches feldspathiques, les gneiss, les micaschistes, sont devenus durs, jaspoïdes, noirs ou bleus. Les grès feldspathiques se sont aussi durcis ; ils ont pris la structure prismatique, quel- quefois l’aspect de roches primaires altérées; ils se sont colorés de vert , de brun , et ont même quelquefois tout-à-fait passé au blanc. Les argiles schisteuses ont durci au point de prendre Soc. Géol. Tome XIV. /jo 6.26 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. l’aspect d’un jaspe porcelaine très compacte, et quelquefois po- reux et amygdaloïde. Dans les terrains primaires , les éruptions de trapp semblent avoir causé peu de trouble. Rarement les couches ont-elles été relevées ou contournées contrairement à leur direction et à leur inclinaison habituelles. La roche ignée paraît injectée dans des fissures produites par un simple écartement latéral. Dans les ter- rains secondaires, les couches sont au contraire relevées, dislo- quées, et leurs directions et inclinaisons sont complètement mo- difiées par l’émission du trapp. Ainsi l’inclinaison habituelle de ces couches, de l’E. à 10., est augmentée d’un côté, ramenée en sens contraire de l’autre des émissions. Lorsque cependant la di- rection des dykes est perpendiculaire aux strates, le dérangement est bien moins sensible. Dans les cantons de Berlin et de Hartford, au milieu des argiles schisteuses qui y dominent, et dans la même direction que les dykes de trapp, on remarque des sortes de dykes composés d’argile endur- cie de quarz , de Barytine avec des points bitumineux. Desschistes bruns et bitumineux avec des lits de bitume, de spaths brun, cal- caire et fluor les accompagnent. Ces apparences de dykes, qui commencent au point où rémission trappéenne disparaît sous le sol , se comportent , pour les couches adjacentes, comme les dykes de trapp. Ce phénomène, qui n’est autre chose que l’altération ordinaire des roches secondaires au voisinage des trapps, paraît ; évidemment produit par des dykes qui ne sont point parvenus à la surface du sol et qu’on retrouverait à une profondeur plus ou moins considérable. C’est probablement aussi la même cause qui , dans le Cheshire, a produit des lignes très remarquables de filons j verticaux de Barytine, coupant les strates parallèlement à un dyke de trapp , à un demi-mille plus au sud , dans la direction à peu « près de l’O. à l’E. , et tout à-fait en liaison avec le grand chaînon ou grande courbe du mont Carmel. On trouve du enivre dissé- j miné dans la Barytine aussi bien que dans le dyke, avec lequel elle paraît en liaison si intime. Les roches secondaires consistent en grès, ou conglomérats, et en schistes. Ces roches sont généralement rouges , mais acciden- tellement de diverses couleurs. On trouve ces conglomérats de- puis le grain le plus fin jusqu’au grain le plus grossier, au point de contenir des blocs atteignant quelquefois deux à trois pieds de diamètre. Ces conglomérats sont ordinairement en assises puis- santes. On en trouve aussi quelquefois dans les grès à grain fin , SEANCE DU 19 JUIN 1 84 3 . 627 mais rarement. Ils sont presque toujours en assises minces, presque schisteuses. Les schistes sont des argiles plus ou moins micacées. Ils deviennent quelquefois assez chargés de silice pour passer au grès à grain fin. Les grès et les schistes sont très accidentellement calcaires dans le voisinage de la deuxième grande ligne occidentale de trapp. Les terrains secondaires forment deux bassins. Le plus grand , qui sépare les grandes divisions primaires, a environ 80 milles de long, du S. au N., se terminant en pointe aux deux extrémités, et sa plus grande largeur est d’environ 20 milles. Le petit, enclavé dans la grande division primaire occidentale, a environ 7 à 8 milles de long sur deux de large. Les conglomérats sont formés de dé- tritus des roches primordiales qui y sont encore très reconnaissa- bles. On peut suivre la direction suivant laquelle ils se sont dé- posés, et c’est l’identité de cette direction avec celle des chaînes de trapp qui a donné à M. Percival l’idée de leur intime dépen- dance. M. Percival regarde comme une preuve à l’appui de son opinion les différences, dans la nature du sol , que Ton observe très sou- vent d’un côté à l’autre des chaînes de trapp. Ainsi on trouve fréquemment les grès s’adossant à l’un des flancs, tandis que le côté opposé n’offre que des argiles schisteuses. Il donne encore comme preuve le parallélisme des sommités de grès et schistes avec les chaînes de trapp. Mais ce parallélisme est une suite évi- dente de la dislocation opérée dans ces terrains par l’introduction des trapps. Il nous paraît qu’une autre circonstance vient encore à l’appui de l’opinion que nous avons manifestée de l’origine plus récente des trapps : c’est l’existence , à chaque côté des grands chaînons de trapp, d’une ou deux lignes secondaires de dykes. La rupture causée par la pression du trapp sur les couches solides étant dans une direction allongée, il a dû se produire des fissures latérales et parallèles dans lesquelles la roche liquide vint aussi s’injecter. Les caractères minéralogiques des roches secondaires et leurs fossiles rapprochent ces terrains du nouveau grès rouge de l’Eu- rope. Malheureusement M. Percival ne donne aucun détail sur cesfossiles.il pense, au surplus, que l’on aurait tort de faire un rapprochement absolu. Ce terrain est, selon lui , une formation tout-à-fait particulière. Nous regretterons aussi que M. Percival n’ait donné que bien peu d’attention à l’orographie de FÉtat dont il s’occupe. Le relief du sol n’est point indiqué sur la carte annexée 628 SÉANCE DU 19 JUIN 1843. à son beau travail; mais il est impossible d’y jeter un coup d’œil sans être frappé de la constance singulière des directions des cours d’eau qui sillonnent la contrée. Ces directions se réduisent exactement à deux. La principale, qui est aussi celle des assises de toutes les formations, est celle du N. au S., 8 à 10° O. La seconde, du N. -O. au S.-E., formant avec la précédente un angle qui ne s’éloigne guère de 125°. Presque tous les cours d’eau présen- tent successivement ces deux directions , qu’ils suivent constam- ment sur d’assez grandes longueurs. /tuff-de la. Soc Goo7. c/e J rance 7o//ic’M: 77M7hc/c tho S'W - :: Z Gd/canv à, p/af/ueties 2 Ca7c. à /Tucrmes 3 Gz/c. caverneacc/t C7//uL.J L Gzlc. hlcuie Fig. 2 Fig. 3. fovpe imaginaire. r/es /err a mé- fies enmrans c/e S'/ J/arrenl Terrant ha/t/nrc /ne l/pi/s d'CXr/àrd, - • :iflo/nr inot/e. ^Grande flolite 4 . -717_ÆI5: <; ihfa^cnm Zz Z/cl.Y l/s 5 dpe/idg/ter^iF/è) « Dm MI Chape en travers c/e la. la/lee. c/e /a Seure près Si Æactseni pcn- Æn J? Gaira/v K Schiste tahpuauc, a /‘T6 assise ehv / tas i 2 ’.,U! assise du, Sues c «J?*6 assise, du /tas d . du. In e Oolde in/èriaue. P Grande Ool/tc r/ Oolde nu/j/enne. A yi/Ç/de d Osford. i Gj/ccurc detui douce h Pierre uten/iere l 7crrain te/tr/ane mot/cn. ui la. Seo/yi. r/i/ierc. 7i o Imite f/ranc /m'C/csli/rd, /tue dcs/Vtn/e/ir ÆaS3 f dti.de So/io// /tue. Jtoif/iiarl/e/ ■"« REUNION EXTRAORDINAIRE A POITIERS. Séance du 10 septembre 1843. Les membres présents se sont réunis à sept heures du soir dans l’une des salles de l’École de droit. Les membres qui ont assisté aux réunions et ont pris part aux diverses courses géologiques sont : MM. Auzanneau , Bauga , Bkrtrand-Geslin , Bourjot Saint-Hilaire , Brio te y, De la Tourette , Delüomme , Ci ARRAN ( Félix ) , Mauduyt, Michelin ( Hardouin) , Moreau (de Saintes), Fingault, Pinteville (de) , Baquin , Vieilbanc (de T ho uars). Les personnes étrangères qui ont également assisté aux séances sont : MM. Barbedette père , Barbedette fils, Binet, Cardin , Jolly, Carré , Mauduyt fils , Chaboisseau , Doucin , Chauvin (Ferdinand ) , Grange , Nicolas , R edet , FAYE(Léon). M. Michelin, en sa qualité de Vice-Président, représen- tant le Président de la Société, proclame membres : MM. Briotey, agent des mines pour le département de la Vienne, présenté par MM. Mauduyt et Bertrand -Geslin ; Gârran (Félix), ingénieur civil des mines, à Saint-Maixent, Soc . G do C Tome XIV. 4» 630 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A POITIERS , Deux-Sèvres, présenté par MM, Mauduyt et Bertrand-Geslin ; Pingault , docteur-médecin, professeur d’histoire natu- relle à l’École préparatoire de médecine et de pharmacie de Poitiers, présenté par MM. Mauduyt et Bertrand-Geslin; L’abbé Landriot , supérieur du petit séminaire d’Autun , présenté par MM. Michelin et Levêque ; L’abbé Raquin , professeur, à Vaugirard, présenté par MM. Michelin et Levêque. Ensuite M. le Président provisoire invite MM. les membres de la Société à choisir parmi eux un bureau pour toute la durée de la session extraordinaire. On procède par la voie du scrutin , dont le dépouillement donne le résultat suivant : Président % M. Michelin; Vice- P résident , M. Mauduyt; Secrétaire , M. Garran (Félix). M. Briotey donne lecture de la notice suivante : Note sur les différents terrains du département de la Vienne . En suivant l’ordre de mes observations, je commencerai par la ville d’À vailles. Dans cette commune , sur les bords de la Vienne, on rencontre un terrain granitique , tantôt compacte , tantôt gneis- sique et micaschisteux , accompagné de schiste talqueux , de pegmatites et d’amphibolites. A ces terrains s’adosse une formation de jaspe qui les suit jusqu’au bourg de Chatain. A un kilomètre d’A vailles , sur le chemin de cette ville à Pai- roux , ce terrain contient un banc puissant d’environ 5 mètres composé de noyaux de silex pyromaque engagés dans une pâte de jaspe argiloïde jaune compacte. Ce banc peut fournir d’excellentes meules à moudre le seigle. A environ ùne lieue au N. de la même ville, à gauche du chemin qui mène à l’ile Jourdain, le jaspe argiloïde paraît plus décomposé , a l’aspect terreux et diverses teintes jaunâtres et blanchâtres. Il contient beaucoup de fer oxidé, et forme un vrai minerai de fer que l’on exploite pour l’usine de Lucliapt. APressac, le jaspe est solide ; il est disposé en bancs puissants qui sont fissu- rés horizontalement ; il offre des passages, soit au pétrosilex rsoit au granité porphyroïde , et tient dans ses fissures quelques parties de manganèse oxidé. Immédiatement au-dessus du terrain pri- DU 10 AU 16 SEPTEMBRE 1 843. 631 mitif, on remarque (au lieu appelé le Boucharon ) des roches assez puissantes de petunzé et de kaolin, ainsi que des roches dolo- mitiques jaunâtres , parsemées de petits points noirs dus à l’oxide de manganèse , et dans lesquelles on ne remarque que quelques traces de fossiles indéterminables. A l’île Jourdain, la Vienne coule entre d’énormes rochers de granité et de gneiss, jusqu’à une assez grande hauteur sur la rive gauche ; ces roches primitives sont recouvertes de part et d’autre de jaspe argilo-ferrugineux. Elles se rencontrent au Tijean, où elles passent au porphyre feldspathique , et sont dominées par des dolomies alternant avec des veines de roches siliceuses grisâtres , et par un calcaire liasique bleuâtre , avec Ammonites , Bélemnites et lignites. Pi ès de Pairoux , ce calcaire est remplacé par une marne sili- ceuse et bitumineuse dans laquelle on retrouve beaucoup de li- gnite , et qui est recouverte par un calcaire blanc à entroques ou par un calcaire argileux passant à la marne. Dans la commune de Joussé , sur les bords du Gain , dans un terrain de lias, parmi du schiste argileux grossier et du schiste alu- mineux , on trouve quelques blocs de marbre coquillier noir et gris, beaucoup de coquilles, telles que Bélemnites, Trilobites , Gryphées arquées, Huîtres, Ammonites de plusieurs espèces, Plagiostome géant, etc., des lignites et des pyrites martiales. En partant de La Ferrière, on trouve un petit dépôt de grès blanc psammitique et une formation abondante de jaspe argiloïde ferrugineux qui s’étend au delà de Houline , et couvre toutes les hauteurs entre ce village et l’île Jourdain, A Plaisance, sur le chemin de ce bourg à l’île, on retrouve un banc de quarz engagé dans une pâte argilo-jaspoide , analogue à celui d’Availles, et qui paraît appartenir au membre supérieur de la formation liasique. Ce banc paraît supporter les argiles marneuses qui l’envi- ronnent. Ces dernières renferment du lignite et du manganèse peroxidé terreux, disséminé dans la masse, et paraissent éga- lement appartenir à la formation liasique. Ces marnes se rencon- trent au N. de cette commune, près de la ferme du Ridjet, où elles contiennent des rognons de manganèse peroxidé assez abon- dants pour être exploités. Près de Lnssac-les-Châteaux , la formation jaspo'ide est rem- placée par un calcaire marneux , blanc , tenant du manganèse oxidé terreux , lequel passe peu à peu à un calcaire oolitique qui se poursuit jusqu’à Lussac. Si l’on suit le vallon des Sillards, on 632 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A POITIERS, trouve dans le bas un calcaire grisâtre avec petites lamelles spathi- cpies , provenant sans doute de débris d’entroques et contenant des pétrifications depectens et de térébratuîes , puis au-dessus, un calcaire cristallin qui alterne avec une belle dolomie, passant au sable dans ses parties supérieures , et dans laquelle on ne voit que quelques traces de fossiles. Dans la forêt, à une demi-lieue au IN. de Lussac , le calcaire est immédiatement recouvert par un banc de silex molaire, à cavités remplies de cristaux de quarz qui semble devoir être rapporté à l’étage du calcaire siliceux des ter- rains tertiaires, tandis que sur les bords de la Vienne la dolomie forme des bancs puissants avec de nombreuses veines de silex com- pactes. Les dolomies de Lussac reposent sans doute sur les roclies de granité qui, paraissant encore au jour dans les vallées de Moulinié, doivent passer à peu de profondeur sous le lit de la Vienne, près de cette ville. En suivant la route de Lussac à Poitiers, on trouve environ à 5/4 de lieue de la première ville un calcaire oolitique à gros grains appartenant à la formation moyenne. Ce calcaire supporte une formation jaspoïde faisant suite à celle de la forêt. Toutes les hauteurs (jusqu’à environ 6 kilomètres de Poitiers) sont recou- vertes d’une formation tertiaire composée de marnes blanches, dépôts de quarz molaire et de cailloux roulés de quarz laiteux et de jaspe. Cette dernière formation diminue de puissance à mesure qu’on approche de la limite , et finit par disparaître entièrement. A l’Hommaizé apparaît dans le vallon une belle dolomie qui , comme à Lussac, passe au sable dans ses parties supérieures; cette roche contient une caverne renfermant une grande quantité d’ossements de ruminants liés entre eux par un ciment argilo- calcaire. A la Milletiière, les marnes tertiaires sont supportées par l’oo- lite inférieure. Ce calcaire se poursuit jusqu’à Poitiers avec suc- cession de couches , en sorte que près de cette ville on rencontre la partie supérieure de ce membre, avec une inclinaison de 5 à 6 degrés du N. au S. De Lussac-les-Châteaux à Montmorillon et la Trémouille , la formation argilo-jaspôïde avec minerai de fer et grès blanc psam- mitique , vient presque partout s’adosser aux roches anciennes et montre presque partout les mêmes caractères qu’aux environs de Moulime. A Montmorillon , elle recouvre des bancs puissants d’une roche dolomitique, grenue ou sableuse, semblable à celle de Lussac, et semble appartenir aux parties supérieures du lias. DU 10 AU 16 SEPTEMBRE 1843. 633 À la Trémouillle, elle est surmontée d’une argile plutôt sableuse que jaspo’ide , et dans celle-ci sont disséminés des dépôts de fer hydroglobuliformes. A une lieue au N. de ces deux villes, les argiles jaspoïdes sont remplacées par des calcaires composites qui , à la hauteur d’Anti- gny , font place eux -mêmes à l’oolite de l’étage moyen. En se di- rigeant de Montmorillon à Lathes , on rencontre le même terrain ferrugineux qu’aux environs de la Trémouille. A 2 kilomètres en- deçà de Lathes , sur la droite de la route, on trouve des marnes alternant avec un calcaire bleuâtre parsemé de belles géodes spa- thiques. Ces marnes sont de couleurs variées de blanc , de jaune et de bleuâtre. Elles se poursuivent jusqu’à ce bourg ; mais là , elles ne contiennent point de calcaire, du moins à la profon- deur où on les exploite. Au N. de Lathes , on remarque un dépôt d'argile kaoiinique qui paraît être parallèle aux marnes précé- dentes. Ces roches paraissent ici reposer immédiatement sur le terrain primitifque l’on voit partout sur les bords de la Gardempe. Les environs de bigler sont occupés par une formation argilo- ferrugineuse composée de grès à grains quarzeux empâtés dans un ciment argileux. Le grès est grisâtre, en bancs distincts , et s’emploie pour les constructions. L’argile est grisâtre ou bariolée de jaune , de rouge et de blanc. Cette argile passe sur quelques points à une marne effervescente dont on se sert pour l’amende- ment des terres. Le fer hydroxidé y est disséminé, en partie se liant à la masse, comme à Fontaine, dans quelques parties supérieures; il se montre, en outre, en grains globuliformes , juxtaposés, de la grosseur d’un pois à celle d’un grain de millet, et formés de couches concentriques, dont la dureté va en diminuant de l’ex- trémité au centre, comme à bigler. Ces terrains reposent sur un calcaire qui paraît appartenir au dernier membre de la formation oolitique. À Sanxais, le granité se montre dans la vallée de la Yonne, où il est immédiatement recouvert d’une formation horizontale peu abondante de calcaire compacte, gris-jaunâtre , à cassure unie, lequel contient de la galène et de la calamine disséminées en pe- tits nids et veinules , et qui alterne avec des veines d’ocres jaunes et avec des bancs de psam mites quarzeux. A Lusignan, les calcaires sont ou compactes, avec rognons nom- breux de silex et térébratules striées , comme au-dessous de la ville, ou des calcaires compactes à cassure unie et calcaire lamel- laire , comme sur la rive gauche de la Yonne. 634 REUNION EXTRAORDINAIRE A POITIERS , A l’est de Champnier, les hauteurs sont couronnées par une formation argilo-jaspokle ferrugineuse, tandis qu’au-dessous appa- raissent (Jousse, Pairoux) des marnes schisteuses à lignite, qui paraissent représenter la couche supérieure du lias ou celle infé- rieure de l’oolite, et que recouvrent des calcaires suboolitiques ou marneux. En tirant plus au nord , le terrain offre une vaste plaine, com- posée en partie de calcaires de l’oolite inférieure , du milieu des- quels s’élèvent, à Port-Seguin près Poitiers , des roches de gra- nité, de lias et une belle dolomie, qui sont séparées de la formation crayeuse par deux petites zones d’oolite moyenne et de grès vert. L’oolite inférieure s’étend ici jusqu’à la vallée de l’Ausana, à une lieue et demie de Poitiers. Dans l’intervalle de Collé à Chasseneuil, au nord de Poitiers, les calcaires compactes sont remplacés par des calcaires suboolitiques, offrant une légère inclinaison au nord , et se présentant en bancs alternatifs. On observe, près de Collé, des calcaires lamellaires à entroques , dont la texture spathique est due aux entroques qui les composent presque uniquement. Les calcaires suboolitiques sont blanchâtres , à cassure terreuse, à petits grains disséminés confusément dans une pâte terreuse et entremêlés de plus ou moins de lamelles ou débris d’entroques. Ils renferment quelques pétrifications de pectinites, béleinnites et d’empreintes végétales. C’est au milieu des calcaires suboolitiques qu’apparaissent à Port-Seguin un petit dépôt de granité à grains moyens, composé de feldspath rosacé, mica noir et quarz gris, qui s’élève jusqu’à mi-côte de part et d’autre de la vallée du Clain , et sur lequel viennent s’appuyer des bancs puissants de dolomie. Cette der- nière s’observe encore dans les vallées latérales de Rufligny, des Roches près Marie et Croutelle ; là , ses bancs inférieurs con- tiennent beaucoup de silex noirs , tandis que ses bancs supérieurs se lient au calcaire à silex de l’ooliie inférieure. Dans l’étendue occupée par les calcaires suboolitiques , on trouve en outre, aux environs de Ferrières et de Verriers, avec, quelques roches de silex et de jaspe disséminés, une couche étendue d’argile jaunâtre , ferrugineuse, laquelle renferme une grande quantité de grains irréguliers de fer hydroxidé argileux , semblable à celui de Vijean , tandis que près de Poitiers et Crou- telle on observe quelques roches de jaspe diversement colorées et des dépôts d’argile à potier. A ces calcaires suboolitiques suc- cèdent, au nord de Poitiers, des calcaires à colites irrégulières, et, DU 10 AU 16 SEPTEMBRE 1813- 635 au nord do cette ville , des calcaires compactes argileux , qui doivent , comme ceux-ci , appartenir à l’étage inférieur. Tout le pays compris entre Civeaux, Saint-Julien, Cliauvigny et Noailliers au nord de Saint -Sa vin, est formé de calcaires à oolites distinctes , qui sont disposés en couches régulières , plon- geant de 5 à 6 degrés vers le nord-ouest. Ces oolites sont à petits grains juxtaposés , de la grosseur d’un grain de millet : alors la roche a une texture serrée, et est susceptible d’un certain poli et fournit de belles pierres de taille ; ou elles sont à grains de la grosseur d’un pois et plus, disséminés irrégulièrement dans une masse de calcaire cristallin : alors la roche est de texture gros- sière, et contient quelques polypiers et pétrifications des genres turriculés. Dans l’un et l’autre cas, les sphéroïdes sont composés de calcaire compacte. Au-dessus de ces calcaires reposent , dans la vallée de la Gar- dempe , un calcaire saccharoïde ou suboolitique à pâte cristalline , lequel forme, sur environ une lieue d’étendue, des masses sail- lantes à aspect rugueux , qui contiennent une grande quantité de polypiers, et paraît correspondre au coral-rag des Anglais. Vers Bonneuil-Matours, les oolites sont remplacées au contraire par un calcaire suboolitique à pâte cristalline, avec débris d’encrines. Dans l’intervalle de la vallée de l’Auzance à Vaiizailles, Charais et Jau lnais , on observe partout un calcaire argileux compacte, contenant une grande quantité d’ammonites communes et épi- neuses. Ce calcaire est très différent des calcaires subooliliques à entroques, qui le supportent; il se trouve dans la même position que les calcaires à oolites irrégulières de Cliauvigny, avec lesquels il paraît faire suite. Les fossiles qu’il contient sont de ceux généra- lement reconnus pour appartenir à l’oolite moyenne : on ne peut donc le ranger que dans cet étage. Quoi qu’il en soit, le calcaire argileux compacte se rencontre encore au N. de Jaulnais, Charais , et jusqu’à la limite du terrain de la craie qui va de Mirebeau à la Tricherie et Prinçay ; mais il n’y a que les bases des coteaux formées de ce terrain ; toutes les hauteurs sont recouvertes de grès verts et ferrugineux. Les grès verts ferrugineux se voient principalement à Saint- Jean-de-Sauve ; ils sont formés de grains irréguliers de quarz hyalin jaunâtre, juxtaposés, tiennent quelques lamelles de mica argentin , et ne paraissent nulle part recouverts. Les grès verts sont formés de quarz hyalin grisâtre ^ grenu , avec points verts parsemés de silicate de fer. Ils sont à texture grossière, et non coqiullière , comme à Dissais; ou à texture plus 636 REUNION EXTRAORDINAIRE A POITIERS, fine , effervescents, chargés de Gryphœa columba, comme Châtel- lerault et Vandœuvres, ou enfin très serrés et lustrés. A Dissais, on les voit reposer immédiatement sur le calcaire argileux compacte, qui forme la vallée du Clain en ce point, s’étendre sous une partie de la forêt de Moulière, et supporter une formation de quarz molaire, en bancs irréguliers engagés dans une marne argileuse.Ces meulières offrent deux variétés distinctes : l’une est brunâtre et à pâte grossière, et formée principalement de silex pyromaque ; l’autre est à pâte fine , de couleur blanc- bleuâtre, et toute criblée de petites cavités arrondies, contenant de la calcédoine mamelonnée ; l’une et l’autre sont dépourvues de débris organiques, et fournissent d’excellentes pierres pour la mouture du froment. Le terrain de craie qui constitue le pays aux environs de Lou- dun , Mirebeau et Cliâtellerault , offre des plateaux à versants brusques et des monticules arrondis à pentes roides. Il se com- pose de craie cliloritée et de craie tufau. La craie chloritée repose sur les grès et sables verdâtres de la formation des grès verts , et forme la base des sommités de la craie tufau ; elle est à pâte gros- sière, subcristalline, ou à pâte fine ou terreuse; dans l’un et l’autre cas, elle contient une grande quantité de fossiles , parmi lesquels on remarque surtout la Gryphœa columba. La craie tufau , qui surmonte partout la craie chloritée , est jau- nâtre ou blanc-grisâtre, sableuse, micacée et friable; elle est dis- posée en bancs puissants, dans lesquels on a creusé d’immenses cavernes qui fournissent des pierres de taille de facile extraction ; elle contient près de Cliâtellerault une grande quantité de pétrifi- cations du genre pleurotomaire, et des silex blonds disséminés dans un grand nombre de points; et à la hauteur de Mirebeau , des couches suivies d’un jaspe à teintes pâles. Sur la plupart des sommités crayeuses, on remarque des jaspes ferrugineux et silex à teintes foncées, qui gisent épars en gros blocs, et paraissent se rapporter à l’étage des meulières, tandis que l’intervalle entre plusieurs de ces sommités est occupé par des roches de la formation du grès vert. Celles-ci sont des marnes schisteuses, à lignites et à gypses , des sables ferrugineux ou verdâtres , sous lesquels on observe encore en quelques points les calcaires de l’oolite moyenne. Aux environs de Civrac , on trouve des calcaires compactes susceptibles d’un beau poli ; on les observe surtout à La Bonnar- dillière , où , sous une argile jaunâtre , avec fer hydraté globuli- forme disséminé, et un calcaire compacte cà herborisations et pé- DU 10 AU 16 SEPTEMBRE 1843. 637 trifications nombreuses U 10 AU 16 SEPTEMBRE 1843. 641 rouel et Saint-Gildas ; à 10., Sévérac, Dolay, Mizillac; au S. , Pont-Château et Savenay. « Cette surface du bassin de Saint Gildas, limitée, dit M. Des- vaux , par des rochers du terrain de transition varié par des phillades , des quarzites, des diabases, des serpentines et du gneiss de même époque, renferme vers sa partie moyenne un fond cal- caire qui se trouve un peu plus relevé à Cambon qu’à Quilly et Saint Gildas; au sud de ces deux derniers bourgs, le calcaire est recouvert de terrain d’alluvion ou de tourbe renfermant souvent de très gros troncs d’arbres. Ce calcaire est recouvert aussi très ordinairement d’une couche de calcaire délité plus ou moins ter- reux. Dans les parties solides, sa texture est assez variable, et il ne forme jamais des masses d’une grande épaisseur. C’est «à Cambon qu’il est le plus remarquable en ce qu’il se compose en dessus d’un calcaire blanc , tendre, de 3 mètres d’épaisseur, sup- porté par une couche argileuse de 40 centimètres au plus. Cette argile est verdâtre , de la nature du bol par sa finesse, et se rat- tache à l’argile smectique par sa propriété savonneuse; elle repose sur un calcaire jaunâtre qui semblerait par sa texture se rappro- cher de certains calcaires ammonéens , et nous paraît être très positivement un calcaire magnésifère , fournissant en effet une chaux hydraulique. 11 a dû s’écouler un assez long temps entre la formation du calcaire supérieur à l’argile blanche , fine, tendre et tenant un peu de la craie par sa nature et sa facilité à se déliter à l’air, mais ni l’une ni l autre ne nous ont offert d’analogie de structure avec le calcaire du reste de la formation, observé sur d’autres points de ce fond du bassin. Dans la partie qui avoisine Quilly et Saint-Gildas, le calcaire est de nature poreuse et de cou- leur roussâtre , renfermant un très grand nombre de débris de co- quilles où se remarquent beaucoup de turritelles ou cérites. >» Ce port de Saint-Gildas communiquait par le petit détroit ou goulet de Pont-Château à un premier port que nous nommerons le bassin de Sainl-Liphard , bourg qui se trouve au centre. Il est limité à l’ouest, parles hauteurs de Savenay ; au nord, par Crossac, Sainte-Reine, La Bretèche; à l’ouest, par Foret, Herbignac et les hauteurs de Saint-Molf ; enfin, au sud, par le revers des hauteurs de Guérande, Saint-André-des-Eaux et Escoublac. Il est connu sous le nom de bas marais du Brivet , et joint la vaste surface de la Brière , où sont les tourbières en exploitation. Le cal- caire analogue à celui du bassin de Saint-Gildas n’a été observé 6 i 2 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A POITIERS, qu’en petite quantité et sur deux points, à Sainte-Reine et à Saint- Liphard , mais sans beaucoup de probabilité d’existence ou de prolongation sous la tourbe. » Les eaux dans toute cette contrée se sont considérablement abaissées. Savenay, par son nom seul, indique un lieu à marais. Nos données de la retraite de la mer se trouvent justifiées ici par l’histoire; car Guérande, qui se trouve maintenant à presque 1 myriamètre de la mer , avait encore en 1342 son port , puisque Louis d’Espagne, partisan de Charles de Blois, y embarqua l’immense butin qu’il avait fait à Guérande , prise d’assaut par lui. Dans les environs ouest de Saint - Nazaire , des prairies existent maintenant où existaient, il y a à peine encore un siècle, des marais salants. Ces prés ont dû remplacer les marais , parce que les grandes marées ne leur apportaient plus chaque mois de l’eau destinée à alimenter les vasières fournissant l’eau saline. Dans les cas de très grandes marées cependant, quelquefois encore, les eaux pénètrent dans ces prairies , mais sans y pouvoir séjour- ner ; enfin il est de tradition , et l’étude des lieux nous a démontré que le bourg de Batz était autrefois une île. » Le calcaire tertiaire, dans les deux bassins que nous avons signalés, celui de Saint-Gildas et celui de Saint-Liphard , que nous regardons comme deux ports antiques , a été formé isolé- ment, lorsque ces deux bassins étaient remplis des eaux de l’Océan ; il ne se rattache , d’après nous , ni médiatement , ni im- médiatement à la formation dont les départements de la Mayenne et de Maine-et-Loire se trouvent posséder des débris dans leurs parties ouest et des parties continues dans leur partie est. » Le résultat de nos recherches sur la géologie des deux petits bassins que nous venons de décrire a été de constater par un travail spécial que le JBrivates portas de Ptoîémée, placé par les géo- graphes dans des lieux très divers et très éloignés, était à Pont- Château, point de jonction de nos deux bassins.» M. Bertrand-Geslin n’admet pas les assertions de M. Des- vaux, et les réfute en disant que le calcaire de Saint-Gildas n’est évidemment que le calcaire grossier recouvert par un autre calcaire blanc qu’il regarde comme appartenant à une formation d’eau douce. DU 10 AU 16 SEPTEMBRE 1813. 643 Course du VI septembre 1843, ( Compte - rendu par M . F. Garran , secrétaire. ) La Réunion dirige sa course au N. de Poitiers; elle suit la grande route de Limoges h Saumur jusqu’à Migné, et ne ren- contre dans ce trajet que la grande oolite, qui, à ce bourg, commence à être recouverte par l’oolite moyenne. De Mi- gué, elle se dirige vers Vandœuvres en suivant la route dépar- tementale de Poitiers à Richelieu. Les carrières qui sont de chaque côté de cette route sont ouvertes dans l’oolite moyenne, dont toutes les couches présentent un calcaire terreux jaunâtre à strates minces, contenant un grand nom- bre d’Ammonîtes et beaucoup d’empreintes végétales. C’est dans le bourg même de Vandœuvres que le grès vert et ferru- gineux commence à recouvrir ce terrain. Les carrières de sable qui sont dans les abords du bourg contiennent une innombrable quantité de Gryphées-Colombes. Au-dessus du sable, qui est quelquefois à l’état de grès, et alors sert à faire les pavés de la ville de Poitiers, se trouve un calcaire blanc très friable, parsemé de petits grains verts, ressemblant à la craie tufau. Au-dessus, on rencontre un grès lustré à cas- sure esquilleuse et conchoïde. Plus loin, nous avons rencontré de belles carrières de craie tufau qui s’exploitent par larges galeries pour pierres de taille. On y trouve de grandes Am- monites tuberculeuses. Course du 13 septembre 1843. ( Compte-rendu par M. F. Garran, secrétaire.) La Réunion est sortie de Poitiers par le pont Rochereuil , et a visité successivement les carrières qui fournissent le plus abondamment des pierres de taille pour les constructions de la ville. Elle a examiné: 1° la carrière de Sainte-Croix , qui est ouverte dans la grande oolite; vers la partie supé- rieure, il y a des Peignes ; 2° la carrière de Bonillet , dont les bancs sont formés de calcaire composé de débris d’Encrines. Cette roche se nomme pierre grise; on l’exploite jusqu’à un 644 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A POITIERS, banc plus dur que l’on appelle Chail , et que l’on présume être la séparation de la grande oolite et de l’oolite moyenne; les couches plongent de 4 à 5° vers le N. Nous y avons trouvé des écailles de Poissons et des dents de Sauriens. La Réunion, après avoir traversé le Chain , est allée au Grand-Pont, et en revenant s’est arrêtée à la carrière de Chardon-Champs , qui est plus intéressante que les autres. I A la partie supérieure, le calcaire est à plaquettes; au- dessous on trouve le calcaire à Encrines semblable à celui de Bonillet; il a à peine 2 mètres de puissance. Au-dessous est un calcaire caverneux de 70 à 80 centimètres, dont les cavités sont remplies de terre rouge; il est nommé par les ouvriers banc de Chail , ou banc mâle. Plus bas est un cal- caire très blanc, à grains fins, à assises puissantes, se taillant très bien (voir la fîg. I, pl. XII, page 629) ; c’est probable- ment la partie supérieure de la grande oolite. Nous y avons recueilli plusieurs dents de Sauriens. Nous sommes revenus à Poitiers en passant par le Porteau ; c’est là que la Réunion a vu un phénomène géologique bien curieux. Aux carrières de sable situées derrière le Porteau et à l’escarpement qui domine la roule royale de Paris se trouvent un grand nombre de puits en forme d'entonnoirs, creusés dans les bancs puissants de la grande oolite, qui, en cet endroit, est d’un blanc jaunâtre à grains fins, avec rognons de silex. Ces puits conoides sont remplis d’un sable rouge siliceux , qui s’exploite pour faire du mortier, et appartient au terrain tertiaire moyen qui couvre tout le pays. On peut facilement étudier la forme de ces puits , surtout dans l’escarpement où la roche a été exploitée et en présente de belles coupes (voir fïg. 2, même planche). Ils sont ou du moins paraissent entièrement fermés par le bas; les parois sont in- crustées de calcaire qui a agglutiné une portion du sable et de > silex. Ces puits ont été regardés par les antiquaires de Poi- tiers comme étant d’anciens silos; mais cette opinion n’est pas admissible lorsqu’on les examine avec soin : ils n’ont aucune trace de creusement artificiel , et le sable rouge qui les remplit, présentant une espèce de stratification, ne paraît pas avoir jamais été remué par la main des hommes. DU 10 AU 16 SEPTEMBRE 1813. 615 Dans la matinée de cette journée, la réunion avait visité avec intérêt la collection départementale d’histoire naturelle créée en grande partie par M. Mauduyt, et après la course dont il vient d’être rendu compte , elle a assisté à une séance que la Société archéologique de l’Ouest de la France, dont le siège est à Poitiers, a tenue extraordinairement en son hon- neur. Course des 14 et 15 septembre 1843 Aux environs de Saint-Maixent. ( Compte-rendu par M. F. Garran , secrétaire.) La Réunion a consacré deux jours à cette longue course. En allant, elle a suivi la route de Paris à Rochefort. Elle s’est arrêtée un instant h Croutelle pour reconnaître le lias, dont on voit seulement la partie supérieure, consistant en marne et calcaire argileux. En arrivant à Lusignan, elle s’est encore arrêtée pour voir l’oolite inférieure, dont une belle coupe est mise à découvert par le creusement de la route. Dans cet endroit le calcaire est entièrement méconnaissable : il a été altéré profondé- ment; il a en général la couleur brune , et présente souvent l’éclat de la dolomie; il contient des silex; les fossiles y ont été défigurés ; enfin il est souvent très celluleux, et les ca- vités sont remplies de terre rouge. Quelquefois elles sont tapissées de beaux cristaux de chaux carbonatée, de la forme que Haüy nomme dilatée. Arrivons aux terrains des environs de Saint-Maixent, but du voyage (voir fig. 3, pl. Xll , p. 629). Cette ville est située sur le terrain jurassique , non loin du bord du plateau vendéen, qui a été formé, de même que le grand plateau central de la France, par le soulèvement des terrains anciens, occasionné par l’apparition du granité qui se trouve dessous. Granité . — Ce granité plutonique existe au N. de la ville à environ l myriamètre de distance. Il est entièrement semblable au granité du Limousin et de la Bretagne. Le feldspath en est blanc, le quarz gris, et le mica noir; quel- le. géol. Tome XIV. 4 a G46 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A POITIERS, ques paillettes sont blanches, il paraît à la surface en blocs arrondis par le temps. On y voit quelques petits filons de granité à gros grains dont le feldspath est rose, et le mica en très larges paillettes d’un blanc argentin. On y remarque aussi de gros cristaux de tourmalines noires. Les roches soulevées que l’on aperçoit au fond des vallées creusées après leur soulèvement sont le gneiss , le mica- schiste, le schiste talqueux , l’amphibolite et le schiste argi- leux. La direction de ces roches est du S.-E. au N.-O. ; elles sont inclinées d’environ 40°. La Réunion a visité ces terrains anciens dans la vallée du Puits-d’Enfer, dont le torrent se jette dans la Sèvre à Saint-Maixent même. Gneiss. — Les premières couches du gneiss qui reposent sur la roche soulevante sont peu schisteuses; on dirait un granité à grains fins, à feldspath rose et mica noir. La schis- tosité en devient apparente à mesure que le feldspath qui entre dans sa composition se décompose. Cette roche con- tient de petits filons de granité à gros grains. Schiste talqueux . — Au dessus on rencontre le schiste tal- queux,qui est souvent très dur, et alors il n’est pas schisteux; il se divise sous le marteau à cause des fissures préexistantes, en fragments se rapprochant d’un prisme dont les faces sont enduites de fer hydraté provenant de la décomposition de la roche. La pâte est compacte et d’une couleur verdâtre ; elle se compose essentiellement, d’après l’analyse microscopique et les essais chimiques, de talc et de feldspath. Pendant long- temps on était porté à lui donner une origine plutonique ; mais en examinant avec plus d’attention on est parvenu à y voir de petits grains arrondis. Cette observation met hors de doute son origine métamorphique. La partie supérieure de ce grand banc qui est à l’embou- chure de la vallée du Puits-d’Enfer est tout-à-fait décom- posée. Au-dessus, le gneiss reparaît ; mais il est en général moins cristallin. Dans quelques endroits, tels que la Pierre-au- Diable , il est remplacé par un pétro-silex qui passe au schiste amphibolique. Dans cette même localité, on peut voir après un granite-gneiss à feldspath laminaire , quarz gris et mica DU 10 AU 16 SEPTEMBRE 1843. 647 argentin , contenant des grenats dodécaèdres. Lorsque ce gneiss devient très schisteux, son feldspath est ordinaire- ment décomposé , et son mica couleur bronze. On aperçoit aussi le micaschiste dans la vallée de Champ» Brille , près Lamothe-Sainte-Héraye. Schiste argileux . — Enfin les autres roches soulevées sont des schistes argileux plus ou moins durs, plus ou moins schis- teux. Ils sont d’un vert grisâtre, et deviennent jaunâtres en se décomposant. On peut les étudier dans le fond de la vallée de la Sèvre , au-dessous de Saint-Maixent. Toutes ces roches, dans le langage du pays, se nomment indistinctement Unes. Terrain jurassique. — Tels sont les terrains anciens des environs de Saint-Maixent. Sur ces couches inclinées se sont déposés, en couches horizontales , les terrains jurassiques. Lias. — Le premier étage de ces terrains est le lias. La So- ciété aété le visiter sur le chemin de Saint-Maixent à Champ- denier. A partir de la fontaine de Catlarie, près Paunay, en montant vers Saint-Maixent , cette formation peut se diviser en quatre assises bien distinctes. La première assise est un calcaire compacte à structure oo- litique, se divisant facilement en plaques, et contenant peu de fossiles. Mais souvent la partie inférieure de cette assise est complètement métamorphosée; les traces d’oolite et de fossiles ont disparu; le calcaire, de blanc sale est devenu brun roux; il a un aspect qui se rapproche de la dolomie , et devient très celluleux. Celte assise atteint quelquefois une puissance de 10 mètres. La deuxième assise est un calcaire très compacte, gris, probablement siliceux , contenant peu de fossiles. On y re- marque des Térébratules et des Encrines. Sa puissance est de 7 mètres. Ce calcaire se nomme pierre à chaux, parce que dans le pays il sert à fabriquer une excellente chaux grasse, appelée chaux de gâtine. La troisième assise se compose d’un calcaire alternant avec un grès à bancs minces, d’une épaisseur variable. Ce calcaire est lamellaire, d’un blanc sale, 11 a du se former dans une REUNION EXTRAORDINAIRE A POITIERS 048 mer souvent agitée et alors chargée de matières en suspen- sion. Le grès est à ciment calcaire; les grains proviennent de la destruction du granité et des autres roches anciennes. Ils sont plus ou moins gros et toujours bien arrondis ; la première couche pourrait même s’appeler poudingue, à cause de la grosseur de ses grains. Cette assise a 8 mètres de puissance. Elle contient beaucoup de fossiles, surtout à la partie su- périeure, où quelques bancs de grès sont presque entière- ment formés de Rostres , de Bélemnites , et d’autres bancs calcaires, de Térébratules. On y trouve de grands Peignes plats et quelques vertèbres de grands Sauriens. Il n’est pas rare de trouver dans cette assise de la baryte sulfatée, du spath fluor, du quarx-calcédoine et du sulfure de plomb. A mesure que l’on avance vers le versant du plaleau,la proportion du grès augmente; celle du calcaire diminue , et finit même par disparaître tout-à-fait. Les trois premières assises sont remplacées par un vrai grès arkose à ciment ar- gileux ou siliceux , comme la Réunion l’a vu à la Morinière, dans les carrières exploitées pour pavés. Ce grès contient tous les éléments du granité : seulement le mica est très rare , et quelques grains de feldspath sont décomposés en kaolin. Quelques fragments de gneiss et de schiste argileux s’y trou- vent empâtés. Les fossiles sont les mêmes que ceux des trois premières assises du lias. Souvent il est aussi imprégné de sulfate de baryte, de fluate de chaux et de sulfure de plomb. A la Morinière , la puissance de cette couche est de 1 à 2 mè- tres ; elle repose sur le gneiss , et est recouverte par la qua- trième assise du lias. Tout porte à croire que la bande que forme cet arkose est la trace de l’ancien rivage de la mer liassique. La quatrième assise est une marne argileuse d’un gris bleuâtre, flans laquelle se trouvent intercalés des bancs minces de calcaire argileux de même couleur, ou des ro- gnons du même calcaire. A la partie inférieure est un banc de calcaire argileux tout parsemé de petits grains oolitiques de fer hydraté. Cette couche contient plusieurs Ammonites caractéristiques, ainsi que des Nautiles, et surtout des Bé- DU 10 AU 16 SEPTEMBRE 1843. 649 leninites; d autres espèces de ces trois genres se trouvent placées plus haut. La partie moyenne contient en abon- dance des Gryphées gigantesques, et ia partie supérieure se reconnaît à une immense quantité de Gryphées particulières; enfin lesTérébratules et les Bélenmites sont très abondantes. On y trouve du lignite, et plusieurs fossiles sont en tout ou partie pétrifiés en sulfure de fer. Le calcaire argileux de la quatrième assise sert à fabriquer une chaux hydraulique , nommée dans le pays chaux forte. Oolite injèrieure. — Partout, C&epté dans les vallées, le lias est recouvert par l’oolite inférieure, que la dénudation a réduite quelquefois à très peu d’épaisseur. On ne voit toute sa puissance que lorsque la grande oolite existe encore au- dessus, et, dans ce cas, elle atteint de 20 à 25 mètres. La Réunion a visité cette oolite inférieure à la Ceuille-Poitevine , où la tranchée formée par la nouvelle route de Paris la met en évidence. Là les bancs sont de 10 à 30 centimètres d’épais- seur; la pierre est un calcaire à grains fins, presque com- pacte, d’un gris clair, mélangé quelquefois de très petits grains de chlorile. La partie inférieure contient des silex, ensuite des oolites ferrugineuses, et, dans cette dernière couche, il y a une innombrable quantité de fossiles empâtés dans le calcaire, et très difficiles à extraire; souvent le test est détruit et est remplacé par du spath ou de l’ocre couleur de rouille. La partie supérieure est terminée par un petit banc mar- neux , très riche en corps organisés. Les fossiles que l'on trouve dans cette roche sont des Rélemnites, des Nautiles, des Ammonites, des Cardiums, des Pholadomies , des Gry- phées, des Huîtres, des Peignes, desTérébratules , des Spi- rifères, des Limes, des Turbos, des Polypiers, des Enclines, des végétaux en moules ou empreintes. Grande oolite. — La grande oolite est séparée de foolite inférieure , comme nous l’avons déjà dit, par une petite cou- che marneuse. Elle fournit de très belles pierres de taille; mais les bancs sont très fracturés aux environs de la ville; il faut aller à 1 myriamètre vers Niort pour trouver de grandes G 50 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A POITIERS , pierres. Les lianes inférieurs contiennent des silex. A la partie supérieure existe un banc très coquillier, que les carriers appellent banc pourri. Oolite moyenne. — L’oolite moyenne existe à peine aux en- virons de Saint-Maixent, quoiqu’elle ait recouvert tous les environs autrefois ; mais la dénudation l’a enlevée. Il rie reste plus que quelques lambeaux qui ont pu y échapper, comme nous le verrons plus loin. Terrain tertiaire moyen . — Enfin un terrain tertiaire moyen recouvre tout le pays comjne un immense réseau. Ce terrain est meuble, et forme presque partout la terre végétale; il a été formé des débris de l’oolite moyenne et des terrains an- térieurs. C’est une argile contenant des cailloux roulés ou des silex, ainsi que des grains de fer hydraté, qui lui donnent une couleur rouge, et des rognons de fer sulfuré , qui , sans avoir perdu leur forme cristalline , sont transformés en fer hydraté épigène. Les fossiles que l’on y rencontre sont ceux des terrains sous-jacents. Cependant, aux environs de Niort, dans des carrières de sable calcaire appartenant au terrain, on trouve des cornes de Cerfs et des ossements de mammifères. Affaissement du terrain jurassique. — Entre Saint Maixent et Lamothe-Saint-Heraye, la vallée de la Sèvre est plus large, et ressemble a celle d’un grand fleuve : aussi les anciens l’appelaient-ils Vau-Clair. Les couches des terrains jurassi- ques des plaines au milieu desquelles elle est creusée sont toutes brisées, et d’autant plus que l’on approche des bords de la vallée. A partir de ces bords, l’inclinaison, qui était d’abord insensible, devient très forte, et les couches de chaque côté plongent vers l’axe. La rive droite en offre un exemple très remarquable, comme l’a observé la Société. Sur la coupe encore fraîche qui a été faite pour la construc- tion de la nouvelle route de Paris , à la côte dite Ceuille- Poitevine, à la hauteur du fief de Saute-Lièvre, les couches, qui étaient à peu près horizontales, sont brisées par une faille, et plongent vers la rivière d’environ 40°. Cette faille a 1 mètre de puissance, et est remplie de déblais; elle est en DU 10 AU 16 SEPTEMBRE 1813. 65 1 ligne droite, et se prolonge de plusieurs kilomètres; enfin, elle se dirige du S.-E. au N. Q. , comme les couches des ter- rains sous-jacents. Du fond de cette vallée s’élèvent plusieurs huttes; leurs hases, ainsi que le fond de la vallée, sont composées d’argile d Oxford remaniée par les eaux et mélangée de Nodules de calcaire d’eau douce. On y trouve tous les fossiles de IQx- ford-Glay très bien conservés. Au-dessus, en montant sur une des buttes, on rencontre un calcaire d’eau douce avec Limitées, allernanl avec des marnes; après vient la pierre meulière dépourvue de fossiles; enfin, le sommet est recou- vert par une argile ferrugineuse appartenant au terrain ter- tiaire moyen, qui recouvre, comme nous l’avons déjà dit, tous les terrains du pays environnant. En descendant la route, à partir de la faille, on rencontre successivement le lias, dont les deux premières assises man- quent, l’oolite inférieure, la grande oolite, l’oolite moyenne, enfin l’argile d Oxford. Ces roches ne se reconnaissent que par leurs fossiles, car elles ont changé daspect : elles sont plus dures, et ont une cassure esquilleuse. Il est probable que le calcaire et la silice des eaux les ont pénétrées et durcies. La coupe ci-jointe (fig. 4, pl. XII, p. 629) donnera une idée plus complète de ce qui précède. Quand on l’aura exa- minée, ou en tirera, je pense, les conclusions suivantes: Avant que la mer où se déposa le terrain tertiaire moyen du Poitou couvrît cette contrée, le bassin où est bâti Saint- Maixent, et qui se prolonge jusqu’à La Mothe , s’est formé par un grand affaissement du terrain jurassique. Cet affaisse- ment a eu pour première cause la décomposition du schiste talqueux sous-jacent à ce bassin, et pour seconde cause l’entraînement de cette roche , décomposée par un courant souterrain. A mesure que l’eau excavait , les couches juras- siques descendaient dans tome la largeur excavée, et l’af- faissement ne s’est arrêté que lorsque le courant d’eau ne pouvant plus circuler intérieurement à cause de la nouvelle configuration de son lit, s’est alors répandu dans le bassin formé par l’éboulement, l’a rempli, et en a formé un vaste 652 REUNION EXTRAORDINAIRE A POITIERS, lac, dans les eaux duquel se sont déposées les couches de calcaire et celles de pierre meulière. Lorsque l’océan où s'est formé le terrain tertiaire moyen a envahi le continent, il a dénudé tout le pays des environs de Saint-Maixent, a enlevé toute l’oolite moyenne, y compris l’argile d’Oxford, et il n’y a eu de conservé de cette oolite moyenne que la partie qui avait été recouverte par la formation d’eau douce. Lorsque la mer a laissé de nouveau cette contrée à sec, la vallée de la Sèvre s’est tout naturellement creusée dans le terrain qui offrait le moins de résistance, celui d’eau douce, et la rivière, aidée des ruisseaux qui viennent s’y jeter, a taillé en buttes tout ce terrain. Travertin . — Les eaux des sources qui alimentent la Sèvre sont encore chargées de carbonate de chaux, et elles incrus- tent les sables , les coquilles et les morceaux de bois qui sé- journent dans son lit. Au-dessus et au-dessous de Saint- Maixent, un grand nombre de sources , telles que celles de Piosay-Sainte-Néomaye , etc., ont déposé de petites forma- tions de calcaire analogues à celle de la fontaine deSainte- Aiyre, près Clermont. On trouve dans ces calcaires-travertins des coquillages terrestres, des empreintes de feuilles d’arbres existant, et même des morceaux de charbon de bois; mais leur puissance d’incrustation a presque totalement cessé. Course du 16 septembre 1843 A Champagné. (Compte - rendu par M. Âlph. Dtlhomme.) De Poitiers aux Roches prémaries, oolite inférieure. De ce village à la Ville-Dieu , calcaire dolomisé gris avec no- dules de quarz brun, A la Ville-Dieu reparaît le calcaire ooiitique inférieur recouvert d’un terrain d’alluvion. Les couches horizontales de ce calcaire se continuent jusqu’à Oençay. On le suit encore jusqu’à La Vergne (commune de Marnay), perforé, caverneux , et avec des Encrinites. A I lieue N. de Marnay, on exploite dans les landes de Bois- DU 10 AU 16 SEPTEMBRE 1813. 653 Morand une marne calcaire blanche, tertiaire , avec nodules et blocs de silex blanc; on trouve du calcaire fibreux à la par- tie supérieure de ces marnes. Toute la commune de Marnay paraît reposer sur le même terrain. Le terrain de la commune de Champagné-Saint-Hilaire est un terrain clysmien bien caractérisé : d’abord un terrain d’al- luvion tourbeux; au-dessous, des marnes calcaires reposant sur un calcaire d’eau douce déposé au fond d’un grand lac dont on reconnaît facilement la position et les limites : on l’a nommé lac de la Fontenille ; il pouvait avoir 2 à 3 lieues de contour. Ce calcaire est extrêmement varié, jaune, com- pacte; le plus commun est blanc terreux. Celui qui est com- pacte est coloré tantôt par l’oxide de fer, tantôt par l’oxide de manganèse. En montant le coteau sur lequel repose Champagné, on trouve une roche d’aspect euritique, rouge et verte, et décomposée, et, à peu de distance, une autre roche , jaune, lamellaire, à grains fins , traversée par des filons d’une très belle chaux carbonatée, cristallisée en la- melles rhomboédriques, considérée par M. Michelin comme une roche ayant subi une influence ignée , et par M. Mauduyt comme une roche calcaréo-manganésifère. Du reste , on y découvre des filons d’oxide de manganèse. Un temps très pluvieux ayant forcé les membres de la Réunion à revenir au plus vite, ils ont trouvé une généreuse hospitalité chez M. Mauduyt, à La Yergne. Après la clôture de la session , M. Michelin , au nom de la Société, a remis à M. Mauduyt, pour la bibliothèque du musée d histoire naturelle de Poitiers , un exemplaire des Mémoires de la Société géologique de France. TABLEAU INDICATIF DES DONS REÇUS PAR Là SOCIETE GEOLOGIQUE DE FRANGE , depuis le 7 novembre 1842 jusqu'au 16 septembre 1843. donateurs. ©uiîraigc^ cartes, coupce, portraits, rtr. MM. AGASSI2& (L.). • • t-a théorie des places et ses progrès les plus récents. (Extrait de !a Bibliothèque universelle de Genève.) Par M. L. Acas- siz. ln-8% pag. i84‘?. Rapport sur les poissons fossiles , présenté à l’Association Bri- tannique pour l’avancement des sciences en 1842. Par M. Agassiz. (Tiré de la Bibliothèque universelle de Ge- nève, n° de février 184^.) In-8°, 19 pag. Panorama de la mer de glace du Lauteraar cl du Finsleraar. Par M. Agassiz. Une grande feuille. Sur la succession et le développement des êtres organisés à la 1 ARCHIAC jDE St- ta surface du globe dans les différents âges de la nature . SIMOM (le vi- Par M. L. Agassiz. In-8°, 19 pages. Neuchâtel, 1 84 1 • j comte d’ ) Memoir on lhe fossils , etc. (Mémoire sur les fossiles des an- ciens terrains des provinces rhénanes). Par MM. u’Aa- ciiiac et de VKBNEinr,. In-4°* Paris et Londres, 1842. (Extrait des Transactions of lhe geol. Soc. of London , vol. VI, p. 3o3-4io; précédé d’une traduction française de BALSAMO CR.Ï- la première partie, en 4o pages.) VEXiIiE. ...... Extrait d un mémoire sur te métamorphisme, etc. Par M. Ba l- samo CmvKLL'. 8 pag. Milan, 1842. Memoria per service ail’ illustrazione dei grandi mammiferi fossili cssistenli ne II’ I. R. Gabinello di Santa Teresa in Milano, etc. Par M. J. Balsamo Grivelli. In-8°, 25 pag. Milan, 1842. BEAUBOUIN (J.) Notice géologique sur une caverne à ossements des environs de Châtilton (Côte-d’Or). Par M. Jules Bbaudouik. In-8°, Châtillon-sur-Seine , 16 pag. iS43. Soc. Géol. Toin. XIV. 43 656 DONS FAITS A LA SOCIETE É1IE BE BEAU- M ©MT. ..... BEETEANB (P.). RIAMCONI (J.). . BOUE. ....... BB AVAIS (A.) et Cii. MARTIMS. . RUVIGMIER . . . CATULLO (A.). . . CATULLO (ValÉR.). CHEVALIER. . . . DUFRÊNOY. . . . tK jr ; SI Remarques sur deux points de la théorie des glaciers, etc. Par M. E. de Beaumont. In-8°, 16 pag. i84s- (Extrait des Annales des sciences géologiques de M. Rivière, 1842.) Rapport fait à l' Académie des sciences par MM. Cordier , üufrènoy et Elle de Beaumont , sur un mémoire de M . hier , intitulé : ISolicé géologique sur la formation nèoeomienne dans le département de l’Ain et sur son étendue en Europe. (Exlrait des Comptes-rendus de l Académie des sciences , séance du 22 août 1842.) In-4°, 8 pages. Rapport fait à i Académie des sciences sur le Mémoire de M. A. Bravais, re'atif aux lignes d'ancien niveau de lamerdans le Finmark. Par MM. Biot, Liouville el E. de Beaumont (Extrait des Comptes-rendus des séances de l’ Académie des sciences , séance du 3i octobre 1842.) In-4°, 33 pages. Carte d’Algérie. Par M. Enfantin. Demi-grand aigle, 1 84 5 Storia naturale dei terreni ardenti , dei vulcani fangosi , delle 5, sorgenti inflammabili dei pozzi idropirici e di allri fenomeni geologici operali dal gaz hydrogéné , etc. Par M. J. Bian con 1. In-8°, 215 pages, 2 planches. Bologne, 1840. Carte gèognostiqua du Taurus et de ses environs , dressée d’après les instructions de M. Russeggbr. In-folio. Vienne, 1842. Recherches sur la croissance du pin sylvestre dans le nord de Y Europe. Par MM. A. Bravais el Ch. Martins. (Extrait du tome XV des Mémoires couronnés de l’ Académie royale de Bruxelles.) In-4°, 64 pages, 1 planche. i843. Note sur les chances de succès que présentent les recherches d’eau jaillissante ou ascendante dans plusieurs parties du département de la Meuse. Par M. Buvignier. In-8° , 8 p. 1 pl. (Extrait des Mémoires de la Société philomatique de Verdun, tome il, année i843.) Mémoire sur quelques fossiles nouveaux des départements de la Meuse et des Ardennes. Par M. Buvignier. (Extrait des; mêmes mémoires.) In-8°, 28 pages, 4 pl. Verdun, iS43. Suite caverne di Costcza nel Vicenlino. Par M. A. Catdluo. (Extrait du tome VI des Nouvelles annales des sciences na- turelles de Bologne.) In 8°, 16 pages. Nota, etc. (Note sur quelques faits relatifs à la géognosie des Alpes Vénèles.) Par M V. Catullo. In-8°, 8 pages. (Ex- trait des tomes II el IV du Journal des sciences , lettres et arts de la Bibliothèque italienne.) Milan, 1842. Reclami ed osservazioni , etc. (Réclamations et observations sur la géognosie des Alpes Vénèles.) Par M. V. Gatullo. In-8°,3i pages. Padoue, 1842. Plan du Callao , de Lima et du port de Valparaiso , levé en ij44 par Antoine Ulloa. 1 feuille demi-grand-aigle. Plan d’atlèrage de la baie de Valparaiso , levé en 18.37. 1 feuille grand aigle. i84o. Plan en relief du Vésuve et des environs de Naples , colorié géologiquement, i838. -151 in 657 DARWm (CH.). • DES MOULISTS. . DUPÏÏY (l’abbé). . PAVRE (Alphonse). FOURNIT, J PÏSCSaSK. BS VA&BHEIM. . . . 1 h •RAVES. AUSMANN, OGARD (II.). GÉOLOGIQUE UE FRANCE. On tlie distribution of the erralic boulders and on (lie con- temporaneous unslratified dcposits of South America. Par M. Cb. Darwin. In-4*. 17 pages, 1 carte. Londres, x 84 1 * Structure and distribution ofcoral reefs, tic. Par M. Charles Darwin. (.Structure et distribution des récifs de corail, formant ia première partie de la géologie du voyage du Beagte.) Ia-8", 214 pages, 3 cartes, Londres, 18.42. Révision de quelques espèces de Pleurotomùs. Par M. Charles Des Moulins. In-8° 79 pages. (Ext. des Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. XII, 3e livraison, mai 1842.) Essai sur les mollusques terrestres et fluvialiles,elc.,du dépar- tement du Gers. Par M. l'abbé Dupcy. i4op. Paris, 1 843. Considérations géologiques sur le mont Sa lève et sur les ter- rains des environs de Genève. Par Alphonse Favre In-4% n3 pages, une pl. et une carte coloriée. (Extrait desMém. de ta Société de physique de Genève.) Genève , 1 843 - Mémoire sur le diluvium de la France. Par M. Focrnet. Grand in-8°, 38 pages. Lyon, i843. Sur le lit du Rhône à Lyon. Par M. Focrnet. In-8°, 3 1 p. Lyon, 1842. Catalogus coleopierorum in Siheria orientait a Cell. Gre- gorio silide Karelin collectorum. Auctore Fischer de Wald- h ki m In-8°. 28 pag. Index animaïinm annis i84o et 1 84 1 » a Cell. Karelin in régi nibus alluicis et confinibus collectorum , quœ societas cœsarca nalurte scrutatorum mosquensis pro muluâ commu- tatione offert, In-8°, 1 feuille. Index phmtarum anno i84o a Cell. Karelin et Kirilow in regionibus altaicis et confinibus collectarum quas societas imperialis nafurce curiosorurn mosquensis pro muluâ com- muta! ione offert. In-4°, 8 pa^es. Moscou, 1842. Précis statistique sur le canton de Crépy-en-Vulois , arrondis- sement de Sentis (Oise) Par M. Graves. in-8° de 2.5a pag., 1 carte. i843. Pi écis statistique sur le canton de Rreteuil. Par le Même. Ceber die Bildung des Harzgebirges, (De la structure des Montagnes du Harz.) Par M. IIausmann. In-4°> 1 56 pag,. 1 pl. Goeltingue, 1842. Gottingische Gelehrte , etc. (Notices scientifiques delà Société royale de Gœttingue.) Par M. Hausm ann. ln-18, noS 202, 2o3, ao4, 2o5; 19, 22 et 24. décembre 1842. Ceber dus Gebirgssystem. (Sur les systèmes de montagnes de la Sierra Nevada et sur la montagne de Jaen dans le sud de l’Espagne.) Par I. F. L. Hausmann. In-4°, 46 pag., 1 pl. Goeltingue, 1S42. Observations sur les moraines cl sur les dépôts de transport ou de comblement des Vosges. Par M. H. Hogaro. In 8% 81 p. , avec atlas in-4° de i3 pl. Épinal, 1842. 658 DONS FAITS A DA SOCIETE HOLESWOSTH (Joseph) HOMMES - rm- MAS (D*) EOP1IIS (W.). . JACQUEMOMT ( Porphyre )..... IiE GUI1LOÜ. . . IIUCH (Léopold de,. LE7MERIE (A.). . MACEDO (de). . . . MATHEROBT (Pu.) MEEMET mCHELIST (IL). . MXCHEXOTTI. . . Ministre de l’instruc- tion publique. . . . Ministre de la justice. Report, elc. (Rapport sur la structure géologique et les pro- ductions minérales d’une propriété située dans le comté de Fiint.) Par M. Joseph Holdsworth. I11-80, i4pag. Liver- pool, 1 84 1 - Suite des Mémoires et observations de physique et d* histoire « naturelle. Parle baron d’HoMEREs-FiRMAs. In-8°. 16 pages, ; 2 planches. 184^. Thcoretical investigations, etc. (Recherches sur le mouvement des glaciers). Par M. Hopkins. In-8°, 28p. Cambridge, iS4'J. Voyage dans l'Inde, par M. Victor J acquemont. (Pendant les années 1828 à i832.) Livraisons 42-47. Voyage autour du monde. Par M. Le Guillou. In-8° avec pl. ; fin du tome ier et tome 2e. Paris, 1842. Ueber productus oder leptcena (Sur les Productus ou Leptæna ). n Par M. Léopold de Buch. In-4°. 42 pag. , 2 pl* Berlin, 1S4». Mémoire sur le terrain crétacé de l’Aube. Par M. A. Leyjhb- rie. (Extrait des Mémoires de la Société gèotogigue de France, t. 4 et 5.) 1842. Memoria sobre os vasos Murrhinos. (Mémoire sur les vases B Murrhins ) Par M. de Maceuo. Grand in-4°» î52 p. 3 pl.ll Lisbonne, 1842. Catalogue méthodique et descriptif des corps organisés fossiles $1 du département des Bouches-du-Rhône , etc. Par M. Phi- lippe Matheron. ire, 2e et 3e livraisons. In-8°. Marseille, « 1842. Histoire des mollusques terrestres et fluviaiiles , vivant dans les Pyrénées occidentales. Par M. Mermet. In-8°, 96 pages. É Pau, i843. Sur des ossements fossiles de mastodonte , de rhinocéros et de dinothérium trouvés à Moncaup. Par M. C. Mermet. In-8°, 8 pages, 1 planche. (Extrait du Bulletin de ta Société des ) sciences , lettres et arts de Pau. 3e livraison, juillet a 84 * .) 1 Iconographie zoophytologique , description des polypiers fossiles a de France. Par M. Hardou n Michelin. 6e et 7e liv. Paris. J Saggio slorico , etc. (Essai historique sur les r hizopodes des terrains stipercrélacés.) In-4°, 5o pages, 1 pl. Modène i84i. Brevi cenni , etc. (Quelques notions sur la condition actuelle de la Sardaigne.) In-8°, i5 pages. Turin, 1842. Voyage dans l’ Amérique méridionale. Par M. Alcide d’Ohbi- gny. Livraisons 5j 67. Species général et iconographie des coquilles vivantes. Par L. G. Kiénbr. Livraisons 74-88. Traité expérimental de l’clcctricitè et du magnétisme. Par Becquerel. Tome Vil et dernier. In-8° 547 pages. Paris, Didot frères, 1840. Annales des sciences naturelles. Tome XVI, 2e série, 8e an- née; septembre, octobre, novembre et décembre 1 84 1 - Journal des Savants , n08 de juin à décembre 1842, et ier mai 1843. GÉOLOGIQUE DE FRANCE. 659 MULOT. ...... Coupe des terrains traversés par le puits artésien de l’abattoir de Grenelle. Paris, i feuille colombier. 1842. MURCHISOEff. . . Address dclivered, etc. (Discours prononcé à la réunion anni- versaire delà Société géologique de Londres.) Par M. Mur- chison. 118 p. Londres, 184&. On the tchornoi zem , etc. (Sur la terre noire des régions cen- trales de la Russie.) Par M. Murchison. In-8°, i5 pages. Londres, 1842. POIIAO. ...... Obiezioni , etc. (Objections de M. Porro à la note du docteur Scortegagna sur les Nummulites.) In-4°» 5 pages. Vicence, 1843. ORBIGMY (Alc. d’). Coquilles et échinodermes fossiles de Colombie (Nouvelle-Gre- nade), recueillis de 1821 à i833 par M. Boussingault , et décrits par M. Alc. d’Orbigny. In-folio, 64 pag. , 6 plane. Paris, P. Bertrand, 1842. Carte générale de la république de Bolivia, dressée par M. A. d’Orbigny, d’après ses itinéraires relevés dans le cours desannées i83o-i833. 2 feuilles grand-aigle. Paris, 183g. Paléontologie française , terrains jurassiques , livraisons 2-i3 et terrains crétacés, liv. 45-64* Par M. Alc. d’Orbigny. OnBIGNY (Ch. d’). Dictionnaire universel d’histoire naturelle. Publication diri- gée par M. d’Orbigny. Tome III, liv. 24-35, avec atlas. PAILLETTE (Adr.). Rapport des commissaires de l'Institut sur son mémoire intitulé: Recherches sur la composition géologique des terrains qui renferment , en Sicile et en Calabre , le soufre et le succin, PELET (le général), (Extrait des Comptes-rendus de l'Académie des sciences.) directeur DU Dépôt In-4°, 11 pag. 1 843. de la guerre. . . . Carte de la France Publiée au dépôt de la guerre. 7e livrais, composée de 8 feuilles. PEnCIVAL (James). Rapport sur la géologie de l’Etat de Connecticut. Par M. J. Percival. In-8°, 4p5 pages, 1 carte. New-Haven, 1842. POnTLOCK.. . . . Report, etc. (Rapport sur la géologie du comté de London- derry, etc.) Par M, le capitaine Portlock. In-8», 784 p*g. 48 pl. , 1 carte. Dublin, i843. nAULSM (Victor). Carte gèognoslique du plateau tertiaire parisien. Par M. Vic- tor Raulin. 1 feuille grand aigle. Paris, i843. Nouvelle carte des environs de Paris, dressée par M. Victor Raulin. i feuille grand aig!e.i843. Note sur la carte gèognoslique du plateau tertiaire parisien. Par M. Victor Raulin. In-80, 4 pages. niVIEnE Annales des sciences géologiques , etc. (Numéros de janvier à novembre i84?.) Publiées par M. Rivière. In -8°, avec pl., Paris. nOBEnT (Eugène). Notice géographique sur Archangel et ses environs. ( Ex- traitde la France maritime.) Par M. E. Robert. In-8°, 8 p. i plancb. Paris. i843. Observations sur les mœurs des fourmis. Par M. E. Robert. (Extrait des Annales des sciences naturelles.) Iu-8°, 8. 1842 . G GO DONS FAITS A LA SOCIETE ROBERT (Eugène). Mémoire sur le dommage que certains insectes, notamment le Scolytus pygmœus, font aux ormes et aux chênes, et sur des i moyens proposés pour les en éloigner . Par M. E. Robert.! (Extrait des Annales des sciences naturelles , janvier i S ^3 . ) j In-8 , 8 pages. Histoire et description naturelle de la commune de Meudon. par M. E. Robert. In-8°,320 pag. Paris, i843. Rapport fait à F Académie des sciences sur deux mémoires de> M. E. Robert, ayant pour titre : i° Recherches géologiques j sur le minerai de fer pisolitique et sur le deutoxide de manga- nèse hydraté observé à Meudon ; 2° Sur la paléontologie du bassin de Paris. (Extrait des Comptes-rendus de l’Académie des sciences , 1S45.) ln~4°, 4 pages. Analyse de l'ouvrage intitulé: i° Voyages de la commissiondu Nord pendant les années 1 835 , iS36 , i838 , i83g et i8|o Par M. E. Robert. In-8\ 38 p. Paris, Rapport annuel de la Société d’histoire naturelle de Ham- bourg. Par M. E. Robert. In-4°j 16 p. Notice sur la Nouvelle-Zélande , suivie de remarques sur la hauteur des lames près du cap Horn. Pur M. E. Robert. Insérée dans leio3e numéro du Bulletin de la Société de géo- graphie., 2e série, tome XVII. Notice sur le Groenland , suivie de réflexions sur la pêche de ta baleine et les jets d’eau que l’on voit au milieu des champs de glace flottante. Par M. E. Robert. (Extrait du Bulletin de la Société de Géographie, 2e série, tome XVII, n° 104. Sept planches représentant des sites géologiques dessinés par M. E. Robert dans les voyages de la commission du Nord dont il faisait partie, SALOMON Arithmétique philosophale , etc. In-4°>3i pag. Par M. Sa- SAVARY DE LAN - iomon. Belleville, près Paris, 1842. COSME- BRÈVES (le comte) Sur l’équitation et les haras. Par M. le comte Savart de Lak- cosmb-Brèves. Petit in-folio , 248 p., avec.pl. et vignettes. Paris, 1842. Notice sur le sondage fait à Decize pour reconnaître le ter- rain houiller. Par M. Sauvage. In-40, 3 pages, 1 pi. Paris, 1842. gelo) Osservazioni , etc. (Observations géologiques sur les terrains tertiaires et crétacés du Piémont.) In-4°, 55 pages, 1 pL (Extrait du volume V, série 2e, des Mémoires de l’Académie des sciences de Turin.) 1842. VALADE -G ABEL, Rapport sur l'institution agricole des jeunes orphelins établie à Gradignan , fait à l’Académie des sciences de Bordeaux. Par M. VALADB-Gabel. In-8® , i5 pages. Bordeaux . 1840. Rapport au roi sur les mines , usines mînêralurgiques et ma- chines à vapeur faisant partie de la statistique de la Belgi- que. Par M. V andermaelen. Petit in-folio, 438 pag. , avec atlas en 9 feuilles. Bruxelles, 1 84 2 • SAUVAGE. SISBSONDA (àn- VAN DER MAE- LEN. ...... GÉOLOGIQUE DE FRANCE. 661 WAE9ZN Reports , etc. (Rapport de la Société d’histoire naturelle des comtés de Norlhumbeiîand, Durham et Newcastle upon Tyne, pour les années i83i, i83c>, i853, i834. 1 835, i836, i838 et r84 1 , avec une liste des membres de celte Société pour chacune de ces années.) Huit brochures in 8° de pages environ. Newcastle. >©©-0' 662 DONS FAITS A LA SOCIETE OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ EN ÉCHANGE » DE SES PUBLICATIONS. Abhandlungen , etc. ( Mémoires de l’Académie royale des sciences de Berlin) pour l’année i84o). In-4°, 396 pages, 4 pl» Berlin, 1842. Actes de la Société tinnèenne de Bordeaux , t. XI, 6e livraison, et t. XII, ire et 2e livraisons. i Actes de /’ Académie royale des sciences , belles-lettres et arts de Bordeaux , 2e année , 5e et 4e trimestre. The American Journal , etc. ,85-89; année 1842. Annales forestières, t. I", première année. Paris, 1842. Annales des Mines , 6e livraison de 1 84 1 î ire à 5e livraisons de 1842. Annales de la Société d’émulation du département des Vosges , t. IV, ier cah» 1840. Archives du muséum d’histoire naturelle, publiées par les professeurs administra- teurs de cet établissement. Tome 2 , 5e livraison ; tome 3, ire et 2e livraisons. The Alhenœum , n08 765 816. Bericht iïber , etc. (Analyse des Mémoires présentés à l’Académie royale des sciences de Berlin); in-8, de juillet 1841 à janvier 1842. Bulletin de ta Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et-Loire. 12e annép, nos 1-6, et i3e année nos 3, 4, 5, 6; i4 année, n° i Bulletin de l’Académie royale de Bruxelles , t. VIII, n08 9-12; et t. IX, nos 1-8. Annuaire de l’ Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles pour l’année 1842. Bulletin de la Société de géographie. Nos 102- 1 15 (1842-1843). Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou , année i84o, nos 1 et 2 avec pl. ; iS4i , nos 2, 3 et 4 * et année 1842, nos 1, 2 et 3 avec une liste des membres de la Société. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, n08 75-79, et Programma des prix proposés par celle société pour être décernés en iS43. Geognostiche karte , etc. ^Carte géognostique du royaume de Saxe, section XIX avec une description de cette section.) Comptes-rendus de l'Académie des sciences , 1842, Ier semestre, l. XIV nos 25, 26 et table de ce semestre; 2e semestre, t.XV, nos 1-26; 1 843, ier semestre, tome XVI , n03 1- 23* Continuazione degliatti, etc. (Continuation des actes de l’Académie I. R. éco- nomico-agraire des Géorgophiles de Florence). Vol. XIX et XX. GÉOLOGIQUE DE FRANCE. 66 S Correspondenzblalt , e te. (Veuille (le correspondance de la Société royale d’a- griculture du Wurtemberg). Nouvelle série. 1842, no» 2, 3, 4» 5 et 6. Censura , etc. (Rapport sur les mémoires présentés à la Société royale des sciences de Danemarck pour le prix de 1 84 1 * et nouvelles questions mises au concours par la Société pour l’année i843.) In-8o, 4 pages. L'Écho du monde savant , nos de fin 1842 et icr semestre 1 84 3 . The Geologist , etc. (Revue mensuelle des travaux de géologie, de minéralogie et d’autres sciences accessoires, éditée par Ch. Moxon ). Numéros de janvier à décembre 1842, et janvier — mai 1 843 , in-8°, Londres , Baillière. L'Institut , nos 443-494- Instruction pour l'observation des phénomènes périodiques. (Extrait dut. IX, n® 1, des Bulletins de l’Académie royale de Bruxelles.) Kongl. Vetenskaps , etc. (Mémoires de l’Académie royale des sciences de Suède, pour l’année 1840). Arsberattelse , etc. (Rapport sur les progrès de la technologie, présenté à l’Aca- démie royale des sciences de Suède le 3i mars 1840, par E. G. Pasch.) Tal, etc. (Discours du président de l’Académie de Suède , prononcé le 6 avril 1842.) Arsberattelse , etc. (Rapport sur les progrès et les découvertes relatives à la zoologie, pendant les années 1837-1840, présenté à l’Académie de Suède.) Stockholm, 1841, par Sundewall ( C.-J. ), in-80, 582 pages. Arsberattelse , etc. (Rapport sur les progrès delà physique et de la chimie , pré- senté à l’Académie des sciences de Suède, par Berzélius, au 3i mars 1840,) 2 vol. in-8°. Mémoires de la Société d’agriculture , sciences et arts d’Angers , 4e vol., livraisons 1. 2, 3 et 6, Mémoires de la Société d’agriculture , sciences , arts et belles-lettres du départe- ment de l'Aube, n°s 77-80. Mémoires et comptes-rendus de la Société libre d’émulation du Doubs , t, 2. In-8°, 60 pages, 4 pl- Besançon, 1842. Mémoires de la Société de physique et d’histoire naturelle de Genève. ïn-40, t, IX, 2e partie. Genève, 1841-1842. Mémoires de l’Académie royale de Metz , 20e année, 1841-1842, in-8°, 3i8 pag.» 2 planches. Mémoires de la Société royale des sciences , lettres et arts de Nancy , pour i84i» in-8°, 36o pages, 1 pl. Nancy, 1842. Mémoires de la Société tinnéenne de Normandie , années 1839, 4o, 4X> 42 ; 7e v„ In-4°, 282 p. 12 pl. Mémoires de la Société du muséum d'histoire naturelle de Strasbourg, t. III, 2® îiv. 1842. Mémorial encyclopédique , nos de mai à décembre 1842, et janvier à mai 1 843- M emorie. etc. (Mémoires de l’Académie royale des sciences de Turin) , 2* série tome III, in-4°. Turin, 1841 ; t. IV, 1842. The Mining Journal , nos 357-408. Nouveaux mémoires de l’Académie royale des sciences et belles- lettres de Bruxelles. Tome XV avec pl. Neues Jahrbuch, etc. (Nouvelles annales de minéralogie, de géognosie, de géo- logie, de MM. de Léonhard et Bronn), nos 3? 4, 5, et supplément de l’an- née 1841, avec nos 1, 5, 6 de 1842. 664 DONS FAITS A LA SOCIETE Nova acta, etc. (Mémoires des curieux de la nature), vol. XIX, supplément II. Breslau et Bonn, 1S4 * - Oversigt , etc. (Coup d’œil sur les travaux de la Société royale des sciences du Danemark, pour l’année 18 \ i. ) In-4% 55 pages. Précis analytique des travaux de l’ Académie royale de Rouen, pour 1842. Proceedings. etc. (Comptes-rendus de l’Académie des sciences naturelles de Phi- ladelphie. ) Pour juin et juillet 1842. Il Progresso , etc. (Le Progrès des sciences, lettres et arts). Nouvelle série , 10e année, n°s 5g et 60 ; Naples, t84i. Report, etc. (ie,'et 2e comptes-rendus de l’institution nationale pour l’avan- cement delà science.) In-8°, Washington, 184 1 et 1842, 4 pl. Revue de l’Orient, ier cahier. Mai i845. Société d'agriculture , sciences et arts d’ Angers. (Travaux du comice horticole de Maine-et-Loire. ) ier vol. , nos 3, 4 . 6 > 7 et S de i83g-i84o , et 2e vol. , n°s 14, i5 et r6 de 1841. Studien des G œtlingischen , etc. (Travaux de l’Union de Gœttingue) , 5e vol., ier cahier. Transactions de la Société philosophique de Cambridge , fondée le 1 5 novembre 181g. Table du 7e vol. (Jebersicht der Arbeiten , etc. (Résumé des travaux de la Société silésienne pour 1841.) In-4o, 188 pages. Breslau, 1842. GÉOLOGIQUE DE FRANCE. 665 DONATEURS . MM. AB.MOUB, ..... BESMOÜX.INS. . . MÂUDÏÏYT. . . . . VÎQÜESBÏIX. . . . WAR.BEBÏ. .... SIGMO (Ad!. DELL). ROCHES ET CORPS ORGANISÉS FOSSILES. Ün moule de Pholadomie, une Psammobia , une Chôma, deux Lymnévset six échantillons d’Ostrea du département de la Marne.. . Fossiles à l’appui d’une lettre sur le genre Globicon- cha de M. Alcide d’Orbigny Moule en plâtre d’un poisson trouvé dans la forma- tion oolilique du département de la Vienne. . . . Roches du département de la Marne Roches et minéraux des États-Unis d'Amérique. . . Echantillons de roches du Trévisan n 5 i 12 54 38 Total, 121 NOMBRE d’échantillons. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE. TABLE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS POUR LE QUATORZIEME VOLUME y PAR M. CLÉMENT -MULLET. âMMÉE 1842 A 1843. A Acides. Action des divers acides dans la minéralisation, combinaisons qui en résultent, p. 4*8. — Lieux où se trouvent divers acides; l’acide ar- sénieux s’exhale encore des volcans, p. 423. — Action des acides sur les métaux, p. 43o. Acide borique, boracite. Borate de soude ; considérations sur ces sub- stances, leur production, et les mi- néraux où on les trouve, p. 422. Acides phosphorique et fluorique. — Minéraux et substances avec lesquels ils sont combinés, p. 422. Adda Dclxabib. Vallée du Tigré; les montagnes y sont formées de gneiss mêlé de granit avec masses de quarz blanc; roches volcaniques et basal- tiques perçant les terrains primitifs , p. 4g3. Adoua, capitale du Tigré, reposant sur un terrain meuble et les schistes ar- gileux; disposition du terrain dans la plaine et des roches dans les monta- gnes voisines, p. 499- Affaissement considérable dans la val- lée de Saint-Maixant qui a affecté le lias , l’oolite et le terrain oxfor- dien , p. 619. — Rappelé et décrit, p. 65 0. — Abaissement de la Loire prouvé, suivant M. Desvaux, par un fait matériel, p. 640. Agassiz. Observations de M, Boué sur la théorie des glaciers de M. Agassiz; citation de Goethe, p. 62, 66. — Fixation de la limite inférieure du névé, p. i34. — Ses travaux sur les cchinides, cités p. 1 55 et suiv. — Observations contre des faits relatifs aux glaciers , cités par lui , p. 234. — Sa monographie des glaciers de l'Aar, rappelée p, 327. Aisne ; localités de ce département où s’exploitent les cendres noires miné- rales; dans le lias, dans le terrain crétacé; dans le terrain supercrétacé; tableau de celles dont M. Millet a analysé les produits ; résultats obte- nus, p. 6i3, 614, 6 1 5 . Alagnon, vallée du Cantal. Altitude des terrains tertiaires et traehytiques déterminée par M. Raulin ; le ter- rain tertiaire va en s’abaissant à me- sure qu'on s’éloigne du centre du Cantal , p. 174, 175. — Coupe, p. 179. — Altitude de l’Alagnon au confluent de l’Ailier, p. 582. Albanie. Extrait d’un mémoire sur la Macédoine et l’Albanie par M. Vi- quesnel; p. 287.— Schistes cristallins et semicristallins; leur composition , p. 288, 289. — Terrain crétacé, cal- caire à hippurites et à nummulites , p. 289. — Terrain tertiaire moyen, généralement lacustre ; sa position; lieux où on l’observe ; altitude, p. TABLE B ES MATIERES 668 289, 290- — Travertin?, p. 290. Alluvions. Roches d’origine ignée; granit, protogyne, etc. p. 290, 291. — Trachyte , péridolite, p. 291, 292. — Dislocation de l’époque vol- canique, p. 293. Albanie (haute). Stries et cannelures observées par MM. Boré et Viques- nel dans le mont Proklélta et près du lac de Plava dans cette province; cause qu’ils leur assignent, 255, 236, not. — Mémoire deM. Viquesnel sur cette partie de l’Europe , rappelé p. 235 et 236 note. Albâtre en grandes masses renfermé dans des grottes du département de la Vienne, son aspect, 63j. Alcalis. Considération sur l’action des alcalis dans la minéralisation, p. 4i6. Allier. Position des galets basaltiques dans les vallées de l’AUier et docu- ments sur la géologie des rives de celte rivière, p. 2I2. 243. — Pas- sage des commentaires de César qui prouve l’abaissement des eaux de î’AUier, p.266. — Disposition des ter- rains tertiaires dans la vallée de l’Ai- lier, de Brioude à Deeize.p. 579, 58 1 . — Nivellement dis formations dans la plaine de l’Ailier, p. 58 1. — Des lo- calités, p. 583. — Relèvement de ces terrains, p. 583. — Rapport de position des terrains terliairt s de l’Ai- lier et de la Loire, p. 586. — Tous ces terrains , déposés sous une seule nappe d’eau , ont été relevés, en- suite. p. 587, 588. Alluvions. — - Description par M. Po- mel du Canis megamasloides trou- vé dans les alluvions volcaniques de l'Auvergne, p. 58. — Description par le même de la Luira Bravardi , nouvelle espèce trouvée dans les mêmes alluvions, p. 168. — Impor- tance de l’étude des alluvions, leur disposition et leurs éléments, p. 207. — Caractère-, qui distinguent les al- luvions volcaniques du diluvium de M. Buckland, p, 208. — Elles ne contiennent point de mammifères ter- restres; fossiles qu’on y trouve, p. 208 , 209. — Terrains d’alluvion postérieurs aux basaltes, p. 209. — Espèces fossiles de quelques allu- vions basaltiques, p. 212. — Ces al- luvions se rapportent au diluvium p.216 — Etudes deM. Fromherzsur les alluvions anciennes du Sehwartz- xvald ; théorie de leur formation , dé- termination; doute sur leur forma- tion par les glaces, p. 233, 234 — Les lacs salés de la mer Caspienne sont dans des alluvions modernes, p. 267. — Alluvions en Albanie, p. 299. — Couches alluviales recou- vrant les concrétions de la Seine, p. 3o2. — Or cité dans les alluvions à Valparaiso , p. 398. — Considéra- tions sur les alluvions par M. Roué, p. 43o. — L s alluvions tendent à combler les golfes et les mers, p. 435. — Elles ne se séparent point des blocs erratiques, p. 442* — Alluvions diverses observées à la Ville- Dieu et à Champagné-Saint-Hiiaire près Poi- tiers, p. 652, 653. Alpes. Découvert ed’Iehlhyosaures dans le calcaire des Alpes d’Autriche, dis- position des os, conséquences qui en découlent, p. i3, i4- — Conjectures sur la manière dont s’est déposé le calcaire, p. i3. — Epoque du soulè- vement des Alpes italiennes, suivant M. Dell Zigno ; preuves déduites de leur couronnement par les terrains cré'acés et tertiaires; son rapport avec les phénomènes du Tyrol ; opi- nion conforme de M. Murchison , p. 56, 57, 58. — Suivant M. Boué, les Alpes contiennent plusieurs dépôts secondaires degrés à lossileset à vé- gétaux, p. 62. — Transport des blocs des Alpes expliqué par M. de Buch, p. 4o3, not. — Cause assignée par M. de Charpentier aux masses de glace accumulées dans les vallées des Alpes, p. 4o6. — Constiluîion des Alpes dauphinoises analogue à celle du petit Allas, p. 564- — Hau- teurs auxquelles M. Keilhau a ob- servé des stries dans les Alpes Scan- dinaves, p. 573. — Disposition des terrains erratiques dans la partie des Alpes du Salzbourg, entre la ville de ce nom et gros Gloekner, p. 602, 6o5. — ~ A 1 1 1 tude des lacs dans les Alpes autrichiennes et bavaroises , p. 609. Amérique. Considérations sur la pa- léontologie de l’Amérique du Sud par M. A. d’Orbigny, p. 343, — Faune à l’époque des terrains siluriens, dé- voniens, p. 343. — Considérations sur la flore et la faune du terrain carbonifère, p. 343, 34j. — Point d’animaux à l'époque du trias, p. 344- — Les terrains jurassiques sont très peu étendus en Amérique: état du continent de l'Amérique à évité ET DES AUTEURS. 669 époque , dislocation nombreuse à la Gn de celte époque , p. 341 , 3 \5 . — Rapport d’analogie entre. les faunes des terrains néocomiens d’Amérique et de ceux d’Europe, ps 347. — Gaull manque en Amérique , faune de cette époque; devisions et morcel- lements en bassins, p. 34b. — Etat des faunes de l’Amérique et de l’Eu- rope pendant le dépôt tertiaire et à l’epoque delà révolution diluvienne, p. 347, 34^. — Influence du sou- lèvement des Cordilières, p. 347. — Terrain intermédiaire à la craie et au terrain tertiaire, cité en Amé- rique, trouvé douteux par M. Lyell , P- SH. Amérique méridionale. Histoire des dé- couvertes de lots- les dans celle par- tie du monde, p. 267, 268. — For- mation crétacée reconnue par M. de Buch, du golfe du Mexique à Cus- eo, p. 269. — M. A. d’Orhigny con- state, au moyen de fossiles , l’exi- stence de diverses plages du terrain crétacé dans la Colombie, et plu- sieurs autres parties de l’Amérique, p. 270. — Les limites des soulève- ments de la côte de l'Amérique par les tremblements de terre postérieurs à 1746. ne sont point bien précisées, p. 449. Ammonites iautus et A. inflatus trou- vé à Larrivour près Troyes (Aube), p. 355. — Ammonites del’ooliteet de la craie tufau de Yandceuvres (Vienne), p. 643. Amphibole observé dans les conglo- mérais et les filons de phonolile au Lioran , p. 114. — Roche amphibo- lique citée dans les montagnes du Ti- gré, p. 5oo. Amphibolites fréquentes dans le Pus- terlhal, p. 18. — Dans le bassin de l’Inn supérieur, p. 19, 20. — Sur les bords de l’Inn , dans le gneiss et dans le micaschiste, p. 26. Andréossy, Son opinion sur l’origine du sel des lacs salés de la mer Cas- pienne, citée p. 262. — Son mé- moire sur la vallée des lacs Na- troun et du fleuve Sans-Eau, rappe- lé p. 378, not. Angelot. Nouvelles considérations (3e note) sur l’intervention des eaux de la mer dans les phénomènes volca- niques, p. 43. — De quelques con- séquences de la contraction des ro- ches plutoniennes et des granits en particulier dans leur changement d’état, p. 49- — Observation de M. de Wegmann, 56. — Recherches sur l’origine du haut degré de salure de divers lacs placés dans le fond de grandes dépressions du sol des conti- nents et en particulier de la mer Marie, suivies de considération sur l’origine du sel gemme en couches, p. 356. — Observations de M\f. de Verneuil, de Wegmann etd’Omalius- d’Halloy, p. 3gi, 392. — Note sur la composition des météorites, p. 589. Anhydrile. Considérations sur son ori- gine; elle est seule rnuriatifère, p. 4.8,419. Aragonite. Essai d’explication sur son origine par M. Roué, p. 4l9- Aral. Dessèchement progressif sur les bords du lac Aral; ses causes présu- mées; il ne faisait qu’un avec la mer Caspienne et la mer Noire, p. 364. — Son nivellement et son rapport de position avec la mer Ca.sp'n nue , p. 365. — Bassins de l'Aral, de la mer Morte, etc, ne faisaient qu’un ancien- nement , p. 377. A rc tu ac (V,e). Observations sur la dé- termination des fossiles cités par M. Schmidt au-dessus des ligniles de Wirlalobel (T^rol), p. 29. — Son opinion sur l’origine végétale de la houille et du lignite; rectiGcalion d’idées à cet égard, p. 274. — Ob- servations sur des rognons quar- zeux signalés par M. d'Orbigny dans le gault à Maeheroménil (Ardennes) p. 485. — Observations sur divers terrains à nummulites et sur leur classement, p. 487, 491* — Note sur les formations dites pélagiques , et sur la profondeur à laquelle ont dû se déposer les couchps de sédi- ment, p. 517. — Sur les caractères tirés de la différence de slratiücation et le classement drs terrains à num- mulites, p. 53?, 535. Ardennes. Localités de ce départe- ment où s’exploitent des cendres noires minérales ; dans le lias , le ter- rain crétacé , p. 6i3, 614. — Ta- bleau de celles dont M. Millet a ana- lysé les produits; résultats obtenus p. 6i5. Argent exploité dans leTyrol à diver- ses époques, p. i5. — Mines où l’on en exploite aujourd’hui, p. 16. — Recherches sur l’ancienne mine d’ar- gent et de cuivre de Rolhenstein „ indiquée p. 21. — Manière dont 070 TABLE DES MATIERES l’argent se présente dans les météo- rites, p. 592, 593. Argiles diverses , observées dans le terrain tertiaire de Vichy, p. 148, i4g • — Argiles diluviennes rouges ou brunes de l’Aisne citées p. 272, 273. — Argile récente contenant des coquilles analogues à celles qui vi- vent dans la mer voisine, recouvrant les parties littorales de la Norwégc; conséquences, p. 574. — Altitude d’argiles diverses dans les plateaux de Decize, Brioude, Montbrison et du Puy, p. 582, 583, 584. Argiles à lignite du Soissonnais sont à la base du terrain tertiaire en amas isolés amygdaloïdes, suiv. M. Melle- ville, p. 83. — Argile plastique avec fer hydroxidé et lamelles d’or au mont Sarrans, près Epernay, p. 704.— Les argiles à ligniles, suiv. M. Mellevilie , succèdent à la craie ; les environs d’Epernay font exception, p. io5. Argiles de Boom, Basele , Schelle, etc. Description des coquilles de ces argi- les par M. de Koninck, p. 45r. — Cassidaria, espèce nouvelle, ibid. — — Liste des coquilles, p. 452. — Ob- servation et comparaison avec les coquilles de l’argile de Londres et celles du Grag, p. 455. Argile de Londres , comparaison des coquilles fossiles de Boom, etc., avec celles de l'argile de Londres., p. 455. Argile plastique en amas lenticulaires dans le centre de la base du sable inférieur dans le nord du bassin de Paris, comme à Cliâlons-sur-Vesle , Chenay, Urcel, et Soissons, p. 74 et 75. — eu placé sur le côté comme à Laon-Perdu, à la Moncelle et entre Follembray et Condren, p. 76, 77. — Analogie entre le mode de dépôt de l’argile plastique et le système argilo-sablenx, p. 85. — Disposition de l’argile plastique près deSezanne ; il forme deux étages, l’argile et les sables ; ceux-ci sont micacés , p io5. — Grès lustrés ealcarifères de l’ar- gile plastique près de Nemours et Montereau, cités p. 3g5, Argito-sableux (système) supportant le calcaire grossier dans le Laonnais; 3« étage des sables inférieurs divi- sés en deux parties; la première con- tient des lignites, sa manière d’être, lieux où il se montre, p. 78. — Ana- logie entre le mode de dépôt de ce système et celui de l’argile plastique, p. 85. Arkose (métaxite) du terrain tertiaire de Vichy, ses éléments, sa texture; lieux où on la voit, p. i5o. — Alti- tude d’arkose friable entre Decize et Moulins, p. 582. Abhoid. Indication des terrains tertiaires traversés à Ludes ( Mar- ne) dans le percement des puits, p. 4i. — Observations de MM. Rau- lin et de Pinteville. p. 42- Arsenic trouvé dans les masses de fer météorique de Magdebourg et de Rothehütle, p. 592. Atlas {petit). La constitution géognos- tique du Petit-Atlas analogue avec celle des Alpes dauphinoises, p. 564. Atmosphère. Sa disposition autour du globe, p. 277. — Pression que chaque contrée éprouve ; application du cal- cul, p. 279, 280. — Etudes sur les modifications que l’atmosphère a dû éprouver, par M. Boue, p. 432. Atterrissements formés dans la Limagne après les basaltes; leur composition, p. 209. — Animaux fossiles qu’on y trouve, p. 212. — Ils se rapportent au diluvium, p. 216 — Manière dont se forment les atterrissements dans la mer. — Zone et limites des atter- rissements, p. 5 17, 520. Aube. Ce département est un de ceux où, suivant 1V1. d’Orbigny, le gault ou terrain albien a été le moins rema- nié, p. 543. Auvergne. Tête de Felis trouvée dans la montagne de Perricr, ( Auvergne) p. 3i. — Description du Canis me- gamastoides, trouvé par M. A. Po- mel dans les alluvions volcaniques de l’Auvergne, p. 58. — Considération, dont, suivant M. C. Prévost, il faut tenir compte en étudiant le sol de l’Auvergne, p. i3o. — 11 forme une bosselure ; observations géodésiques de M. Puissant à l’appui , p. i3o , i3i. — Etat de ce sol avant et pen- dant le dépôt des terrains tertiaires, causes de sa modification, p. i3i. — Plissements et fractures qui ont formé des cheminées d’éruption, p. i32. — Dépression indiquée par M. Viquesnel dans les crêtes de quelques chaînes, p. ;3o. — Extrait du mémoire de M. Rozet sur les vol- cans de l’Auvergne, p. 167. — Le soulèvement des chaînes qui bordent la Limagne, coïncide avec celui de la Corse et de la Sardaigne , avant le terrain lacustre, p. 167, — Epoque d’éruption et direction des diverses ET DES AUTEURS. roches ; Irachyles, basaltes, p. 167; rappelé p. 206. — Direction des volcans qui ont donné des laves, p. 168. — Influence des éruptions tra- chytiques sur les bombements et les figures du Puy-de-Dôme, p. 168. — Nouvelle espèce de loutre trouvée dans les alluvions volcaniques de l’Au- vergne, p. 168, 171. — Origine des ^terrains calcaires tertiaires de l’Au- vergne, suivant MM. Jobert et Croi- zet, p. 1 83. not. — Ossements de cerf, travaillés par l’homme , trouvés en Bagnes. Application des phénomènes qui ont accompagné la débâcle de cette vallée, au transport des blocs erratiques, 402, 4«3. Baromètre. La cause de sa variation est, suivant M. Ilozet, la présence de masses lies denses dans les mon- tagnes et non les montagnes mêmes, p. 276, 277. Colonne de mercure variable a la suiface des eaux tran- quilles; causes , p. 277, 281. — Ob- servations de MM. Schouw et Her- mann, p. 277. — Application du calcul, p. 278. — Tableau de l’état de la colonne barométrique à diverses hauteurs , p. 279. — Limites de l'in- fluence de la masse perturbatrice, p. 280. — Suivant M. Rozet, les baromètres ne sont pas des instru- ments rigoureusement comparabl s, p. 281. Basalte. Son volume et sa pesanteur spéciGque à divers états; consé- quences déduites par M. Angelot, p. 49 •> 54, 55. — Basalte observé dans les conglomérats du Lioran ; passage possible du basalte au tra- ehyte, p. ii4> » 1 5. — Objections contre les arguments qu’on tire de rétendue des basaltes dans leCantal, en faveur des cratères de soulèvement, p. 128. — Trachyles bouleversés dans la Haute- Loire par les basaltes, 125, 124* — M. Prévost admet que les basaltes du Cantal appartiennent à diverses époques, p. 127. — Le Puy de Griou et le plomb du Cantal sont des centres d'émission du ba- salte, suivant M. Prévost , p. 127. — Lieux où se voient les prismes de basalte dans les environs de Vichy; ils sont en dykes dans le terrain de Soc. géoL Tom. XIV. CPI Auvergne, p, 21 5. — Notice sur l’âge relatif et la position des terrains volcaniques du centre de la France, (Auvergne), par M. Pissis, p. 240. — Coulées ba- al tiques placées sur des galets, p. 242. — Position des cen- tres volcaniques, 247. — Coordi- nation des cônes de scories du centre de la France au Suc de Bauzon , p. 249. — Groupes, p. a52, 253. Azote trouvé à l’e'at d’ammoniaque dans les météorites, p. 59 \. Iran ition, p. 1 54 , 1 55. — Mode d’éruption des basaltes en Auvergne, leur direction , 167. — Loutre con- temporaine de ces éruptions, p. 171. Altitudes des nappes basaltiques au- tour du Cantal , p. 176. — Basaltes eltrachytes delà Limagne répondant aux terrains tertiaires supérieurs, p. 216. — Coulées délavé reposant sur des galets basaltiques , p. 241. — Position des galets basaltiques, dans le Velay, l’Auvergne et surtout la Limagne; rapport avec les autres roches inférieures, p. 242, 244. — Différences entre les coulées basal- tiques et celles des volcans modernes, p. 244- ■ — Conséquences, ibid. — Position relative du point de sortie des roches basaltiques, 255 — Coor- données des pies basaltiques de laL:- magne. 256. — Conclusion, p. 360. — Critique de M. Rozet , réponse de M. Pissis, p. 260, 261. — Basalte citée au pied des collines dans la pro- vince du Tigré , p. 4p3. — Dans la vallée d’Addi Dahabib, p. 4p3. — Supportant en Sicile le terrain gyp- seux, p. 558. — Recouvrant descou- ches à ossements à fispaly (Haute- Loire), p. 56q. Bassins du département des Bouches- du Rhône, contenant lesétangs salés d’Engrenier, de la Yalducel de Ci lis ; leur position réciproque, leur salure; niveau au-dessus de la Méditerranée; travaux de MM. Matheron et Vallès, p. 358, 359. Bassins renfermant des dépôts d’eau salée, comme la Caspienne, la Mer Noire, la Mer Morte , etc., se ratta- chent à une seule grande mer dont ils faisaient autrefois partie, p. 377, 44 672 TABLE DES MATIERES 378. — Leur origine, leur salure ré- sulte delà concentration, p. 38|. — Division des gastéropodes des terrains crétacés de la Fiance par bassins; nombres el rapports des espèces , p. 479 — Etat des bassins à l’époque du dépôt des différents élages des ter- rains crétacés , p. 483. Bassin Aralo - Caspien ou bassin du Touran. Nom donné par M. de llumboldl à la dépression de l’Asie, qui comprend la mer Caspienne el la mer d'Aral, p.363.— Description de ce bassin , p. 563 — Le bassin de l’Aral ne faisait qu’un avec la mer Caspienne, 377. V. aux mots Cas- gÉtpienne et Aral. Beaddouin (J ues). Description d’une nouvelle espèce d’E”bini le, trouvée par lui dans l’Oxford -Clay, p. i55. — Conséquences paléontologiques qu’il en déduit , 159. Belemniles dans des schistes grenati- fères citées parM. Boué, p. Belleropliina, note \ ar I\l. Al. d Orbigny sur une espèce de ce nouveau genre trouvée dans le terrain crétacé. île Dienvilie, (Aube) p. 1 65. Berry. Documents sur la géologie de cetlcparlie de la F rance dans l’extrait du travail de M. Dufrénoy, sur le calcaire jurassique à l’E. de Poitiers, p. 3oH. Bektou (de). Examen par M. Delcros des altitudes obtenues par lui dans ses observations barométriques pour ai river au nivellement de la Mer Morte, p. SS;. — Comparaison avec celles de M. Russegger, p. 339. — Opinion de M.de Bertou sur le salure de la Mer Morte, p. 371. — Alti- tude de divers points voisins de la Mer Bouge, p. 072. Beutuand Geslin. Son opinion sur des ro< lies pornhyroïdes et granitoï les , p. 63g. — Sur le calcaire de St. -G 1- das . 64-2. Ber/.elius. Sjs diverses analyses des masses ou pierres météoriques citées p. 591 , 5p5 passim. Biarritz ( Basses -Pyrénées). Cité pour le mélange des fossiles tertiaires et secondaires; observation de M. d’Or- bigny sur le class* m nt ies calcaires nummulitiques de Biarritz, 487, 4S3. — M. Pratt fais it de ces ter- rains l intermedia're entre les terrains tertiaires ^t la craie; motifs, p. 533. Biot. Son observation de l’augmenta- tion du volume du fer danssa solidi- fication, citée p. 55. — Ses obser- vations sur le pendule, (t son mé- moire sur ce sujet, cités p. 283, 284, 285. Bischof ( Gustave ). Ses expériences sur la contraction des roches plu- toniennes et du granité en parti- culier, citées p. 49. Bitume et pétrole extraits de roches jura>siques de l’Inn supérieur, p. 22. — Composition du calcaire bitu- mineux de Seefeld, p. 27. Blainville. Notice nécrologique sur Michel de Roissy ( Aug. - Pierre- Félix ), p. 5g6, Blau-Gletscher ( glacier bleu), ainsi nommé des petits fragments deschistes parsemés à sa surface; d fférereedans la manière dont se comportent oes fragments de schiste par rapporté la neige et à la glace, p. 1 3 1 , 142. Blocs erratiques cités dans le cercle de l’Inn supérieur, p. 22. — Passage de Goëlbe contenant la théorie du transport des roches par les glaces , p. 62,63. — Observationde M. Mar- tins sur l'iiislorique du transport des blocs par les glaces, 69. — Opinion deM. E. Robert, sur le transport des blocs par les glaces, rappelée par lui, p. 197, 199. — Position et na- ture des blocs erratiques de la mon- tagne du Waucheen Savoie, p. 232. — Blocs erratiques des Pyrénées ont pu, suivant M. de Collegno, être transposés par les glaces londues à l’apparition des ophiles, p. 4c>2* — La densité de l’eau des courantsdilu- viens peut expliquer, suivant M. de Buch, le transport des blocs erra- tiques des Alpes, p. 4o3. — Ce trans- port des blocs erratiques ne se sépare point des alluvions, p. 442- — Ee charriage des blocs par les glaces est le plus probable suivant M. Boué, p. 445 — Pourtant d prend une telle étendue dans le nord que la I héorie des g!aeiers parait hors d’élatd'en rendre compte, p. 444* — Leur manière d’èlre dans la partie des Alpes du Salzbourg, depuis la ville de ce nqm jusqu’à gros Glockner, p. 602, 6o3. — Sur les rives du lac de Côme, p. 607. Boom. Liste des coquilles fossiles des argiles de cette localité des Pays-Bas, p. 45 1 o — Comparaison de ces co- quilles avec celles de l’argile de Londres et du crag, p. 453. B ouches-du-Rhône ( départ, des ). Note sur les étangs et petits lacs de ce dé- ET DES AUTEURS. 673 parlement : d’Engrenier, de la Valduc et de Citis ; leur niveau au-dessous de la mer, leur salure; travaux de MM. Ma* héron et Vallès, p. 358, 359 , 36o. Boue ( A. ) Ses observations sur les roches trappéennes et feldspathiques citées , p. 45 note. — Lettre sur divers sujets ; position du grès Vien- nois , p. 61. — Observa'ion sur la théorie glaciale de M. Agassiz; cita- tion de Goethe . p. 62, 66 — Autres lettres scientifiques; sur les diamants, les nappes de glace , les stries et les éjaculations boueuses, sur la paléon- tologie, p. 232, 238.— -Annonce d’un grand travail sur la bibliographie géologique. 239. — Questions sur la flexibilité de l’itacolumite, p. 263. — Réponse de M. Pissis , p. 23g. — Lettre sur divers sujets scientifiques; critique de la minéralogie de Mohs , p. 334 , ses pensées théoriques fugi- tives sur les principales questions de la géologie, p. 4°7» 447- — Lettre sur le mercure natif des environs de Lisbonne et sur la découverte du mammouth en Sibérie, p. 5 16. Bokgoer. Relation de la catastrophe du Colopaxi en 1742, p. 4o3. Boüssingault. Coquilles et échinoder- mes fossiles de Colombie , recueillis par M. Boussingault , et décrits par M. A,- d’Orbigny, 267. Bravais. Expériences pour déterminer leclimat du petit glacier du Faulhorn, p. i35. — Pour déterminer la fusion de la glace , p. i35, 137. — -Obser- vations météorologiques au sommet du Faulhorn, p. 1 4 x - Br a va an. Rectification d'une classifi- cation faite par Çuvier, p. 3o. — Ses travaux sur la montagne de Périer, cités, 3i, 208. — -Accusé d’erreur sur l’origine des ossements fossiles , p. 216. Braun. Son opinion et ses observations sur le terrain deCouiza (Pyrénées), p. 5 28. Calcaire à Aslarls « Sa position dans la vallée de l’Indre; M. Dufrénoy le range dans 1 assise oxfordienne , p. 3 11. — Fragments roulés de cal- caire à Aslartes signalés dans les sables verts ,485. Brèche à ciment de lave observée dans le souterrain du Lioran ; sa compo- sition , p. 109. Brèches osseuses. Leur composition et lieuxoù on les observe danslaLimagne d’Auvergne, p. 210. — Tableau des espèces fossiles trouvées, p. 212. Brenla (la). Doc uments sur les terrains tertiaires des environs de celte îi- vière d’Italie , et l’époque de leur soulèvement par M, dell Zigno, p. 57, 58. Briotey. Pïote sur les différents ter- rains du département delà Vienne, p. 63o. Brloude . Disposition du terrain ter- tiaire dans les environs de cette ville; de cette ville àPauihaguet, à Figeac ( Lot), p. 579. — Leur comparai- son avec ceux qui avoisinent Moulins, p. 58r. — Altitude des formations dans le bassin de Brioude à Decize p. 582. Brongniart ( Al. ) Son opinion sur l’état du sol de l’Auvergne pendant le dépôt des terrains secondaires, p. i3i. — Explication de l’origine des terrains d’eau douce parisiens par les sources calcarifères ; citée, p. i83. — Son opinion sur la manière dont se fossilisent les parties diverses des animaux, p. 545. Brongniart ( Ad.) Son opinion sur les plantes fossiles du cale, lacustre de Sezanne, p. 10 1 . Bruyères ( Aisne ). Cité pour le calcaire grossier et le sable moyen superposés; leur disposition ; marnes brunes et vertes; gypse, son épai seur, p. 81,82. ^ Boch ( Léopold de ). Cité pour ses tra- vaux sur les pétrifications de l’Amé- rique; il en conclut que les forma- tions secondaires des Cord ibères sont crétacées p. 269. — Sa théorie sur la disposition des volcans en ligne et en cirques ; citée, p. 4 1 5 . — Théorie de la dolomitisation, admisse par M. Roué, p. 417. Calcaire coquillier cité par M. Schmidt , dans le Vorarlberg; sa puissance" fossiles qu’il contient; poissons, fer et coquilles, p. 23, 24. — Cité dans les environs d Ebnit, aux sources de l'inn , p. 25. T AELE DES MATIÈÈES 67 i Calcaire corallien. Sa manière d’êlre au fort l’Ecluse; fossiles qu’on y trouve, 22 j. — Les bancscoralliens ne sont, suivant M. A. d'Orbigny , que des accidents du terrain oxfordien, p. 62 1 . Calcaire à en troques. Manière d'être de celui du fort l’Ecluse, sa puissance; croisement en deux directions, p. 200. — Signalé au bois de Meillant (Cher) ,019; son classement ibid. — ■ Dans les terrains du département de la Vienne, p. 63i, 632 634* Calcaire grossier , cité dans le terrain tertiaire inférieur entre la Brenla et la Piava, p. 5y — Disposition dans le bassin parisien , ibid. — Entouré d’une ceinture de sable vert et jaune; il repose sur le 3e étage des sables inférieurs; relation entre ces deux terrains , p. 78, 79. — Lieux où se voit le calcaire grossier, sa manière d’être, p. 78. — Autres lieux, p. 79, 80, 81 , 82. — Manière dont il est disposé, forme des bassins; ses rap- ports avec le lerr. in lacustre moyen , p. 83. — Fentes observées dans la masse du calcaire grossier dans le N. du bassin de Paris; causes de ces fentes, p. 83, note. — Fragments de craie et de bélemnite observés dans le calcaire grossier, leur manière d’êlre, p. 184. — Modilication observée dans le calcaire au voisinage des puits na- turels, p. 1 85. Calcaire à indusies Altitude des diverses couches de ce calcaire dans le bassin de Decize à Brioude, p. 582. Calcaire jurassique supérieur, formant la basedu fort l’Ecluse ; sa puissance, sa direction, son inclinaison et sa texture; essai chimique de ce cal- caire, p. 23o, 23i. — Extrait d’un travail de M. Dufrénoy sur le cal- caire jurassique à l’E. de Poitiers, dans la première assise duquel le cal- caire joue un rôle fort important, p. 3o8, 309. Calcaire lacustre de l’Auvergne en su- perposition contrastante avec les stra- tes des produits volcaniques, p. 128. — Calcaire de la Limagne apparte- nant à l’étage moyen des terrains tertiaires, p. 210. — Observation de M. Leblanc sur l’origine du calcaire, p. 320. — Origine neplunienne des dépôts calcaires indiquée p. 424- — Les calcaires blancs tachants du Nil sont formés, suivant M. Ehrenberg, d’animalcules coraliens, p. 553. — Calcaires divers ..faisant partie on accompagnant le terrain gvpseux de la Sicile, p. 558, 559. — Calcaire avec ga'ène et calamine cité dans le département de la Vienne, p. 633. Calcaire lacustre inférieur. Un des éta- ges du terrain tertiaire de Sezanne (Marne); diversité de structure; végétaux fossiles sans analogues vi- vants en France; coquilles terrestres ou d'eau douce; odeur de truffe à la percussion , p. 101 . — Doutes élevés par M. Raulin sur l’analog'e de ee calcaire avec celui de Rilly-la-Mon- tagne; réponse de M. d'Orbigny, doutes de M. de Wegmann , p. io4 — Fossiles de ce calcaire , ibid. Calcaires magnésiens ou saccharoïdes signalés danslesterrains primordiaux du Connecticut, p. 623. Calcaire oolitique remplaçant l’argile d’Oxford dans les vallées du Berry ; sa texture, polypiers et fossiles, p. 3io. — Cité dansle département de la Vienne, p. 632 — Calcaire de loolite inférieure supportant des masses tertiaires, ibid. — Oolite moyenne, 633, 633. — Calcaire de 1'oolile inférieure traversé par des masses granitiques du lias et de la dolomie; étendue du calcaire, p. 634. — Aul res calcai res ooli tiques dis- posés régulièrement ; lieux où se voient ces calcaires, p. 634. 635. — Etendue et limite des calcaires ooli- tiques , inférieur et moyen , p. 637. Calcaire à phryganes des terrains ter- tiaires de Vichy, place qu'il occupe, lieux où il se présenté, iig. — Il est quelquefois coloré par du bitume, p. ibid. Calcaire pisolitique tertiaire. Etage du terrain tertiaire de Sezanne suppor- tant l’argile plastique ; sa texture; il ne contient point de fossiles, p. 101, 192. — Observations de M. Ch. d’Orbigny contre le classement de ce calcaire, p. io5. — Son existence contestée par M. deWVgmano, p. 164. Calcaire à nummulites cité par M. Hoff- mann dans sa description des dépôts de soufre de Sicile, à Girgenti, p. 549, 55o — Cité entre Girgenti il Macaluba , par M. de Pinteville, qui ne les rattache point au gypse, p. 552. Calcaire secondaire. Manière dont il a pu se déposer dans les Alpes d’Au- triche ; sauriens qu’on y a découverts; ET DES AUTEURS. effet du soulèvement sur les couches du calcaire, gris, p. i3. — Dans le Vorarlberg, le calcaire secondaire recouvre le grès rouge ; lieux où on l’observe, p. 17, 18, 22, 23, 29 —Il est bordé de grauwacke, p. 18. — Son gisement dans l’inn supérieur \ ses divisions, p. 21, 22,— Sa manière d’être dans le Vorarlberg; coquilles observées, p. 23. — Disposition et accidents présentés par le calcaire secondaire; lieux où on l’observe , effet des altérations ignées, 24, 25. — Alternances entre le calcaire se- condaire et le grès viennois à leur point de contact, 62. Calcaire siliceuse ou travertin moyen, place qu’il occupe à Sezanne, p. io3. — Cité dans le département de la Vienne, p. 632. Calcium trouvé dans diverses pierres météoriques, p. 592. Callier. Observation de la dépression de la Mer Morte citée p. 34-1. — Sur celle du lac de Tibériade , p. 3/4. Canigou. Le terrain meuble qui est au pied de cette montagne a pu être produit , suivant M. de Collegno, par les ëhoulements qui ont suivi son soulèvement, p 406. — lia été sou- levé après les terrains tertiaires, p. 4o6. Canlal. Considération par M. Ruelle sur l’action des filons sur la masse totale, p. 117. — Relation d’âge entre les liions et dykes de trachytes et ceux de phonolite, p. 1 18. — Exa- men des systèmes sur le relief du Can- tal : i° accumulation des laves tra- versées par des ûlons; érosion dilu- vienne; 20 soulèvement du basalte et des roches trachytiques, par les pho- nolites, p. 1 19. — C’est un cône d’é- ruption,p. 1 25. - Argumentscontrela théorie des cratères de soulèvement; disposition du Puy-Griou, p. 1 19,120. — Examen des revers extérieurs du cirque; contrastes entre les versants; p. 1 21. — Objectionscontre l’étendue des nappes basaltiques et leur conti- nuité, p. 122. — Examen de l'hypo- thèse des cratères démantelés, p. 122. — Mode plus probable dont se sont faites les déjections, p. 120. — Exemples, p. 123, 124. — Influence des causes atmosphériques dans la formation du relief du Cantal, p. 124. — Opinion de M. C. Prévost , confotme à celle de M. Ruelle, p. 675 ia5. — Réponse de M. Dufrénoy; deux époques d'épanchements de phonolites, p. 125. — Dispos, des nappes trachjtiques suivant lui. p. 126. — Réplique de M. Prévost; explications nouvelles de ces formes, p. 126, 127.- Calcaires d’eau douce de Thiézac et d’Aurillac, d’un âge différent de celui des produits vol- caniques dont ils ne suivent pas l’al- lure, 128. — Note par M. Raulin sur l’altitude des terrains tertiaire et primordial au Canlal, p. 172.— Historique des expériences; vallée du Cer; élévation des terrains ter- tiaires; points observés, 173. — Vallée du Pieaux , conglomérats trachyti- ques, p. 174. — Vallée de PAlagnon, p. 174,175. — Terrain primitif; points au pourtour du Cantal étudiés, p. 175. — Hauteur du basalte, 176. — Déductions des faits; argument coulre la théorie des cratères de soulève- ment, p. 176. — Confirmation par M. Prévost, p. 180. — Coupe et profil du Canlal , p. 179. — Sur la formation des cônes volcaniques du Cantal et du Mont-Dore, par M. C. Prévost, p. 217. — Disposition des roches compactes et des scories ; formes de vallées comparables à celles du Vésuve et de l’Etna, p. 221. — Epaisseur des matières volcaniques au centre; causes qui éloignent l'ad- mission de la théorie des soulève- ments , p. 222. — Le Puy-Griou du Canlal , antérieur à l’éruption des basait) s, p 222. — Comparaison du Cantal et du Mont-Dore avec le Vésuve et l’Etna, p. 2 23. Carinthic. Mines diverses d’or, d'ar- gent . de cuivre et de fer qu’on y exploite, p. 16. Carlini. Ses obseï valions du pendule au sommet du mont Cenis, citées, p. 284, 285. Cartes géologiques. D’une partie du Vorarlberg, p. 18, 29. — Du Tyrol, p. 20. — Du cercle supérieur de l’ L tin, p. 2i. — D’une partie des pays bordant le cours de l’inn , par M. K. Sender. p. 25.— De i'archi- duebé d’ Autriche par M. Partsch , p. 66. — D’une partie de l’archidu- ché d’Autriche, par M. de Holger , p.66. — Delà République deBolivia, par M. A. d'Orbigny, citée p. 84. — Carte géognoslique du plateau ter- tiaire parisien, par M. Raulin, p. 228. — Du Taurus et de ses envi- TABLE DES MATIERES rons, par M. Russ^gger, 3o5. — Citée pour modèle d’impression à l’huile, p. 334. — Carte géognosli- que de l’Allemagne , par Wœ’ter, citée pour nouveau système de colo- riage, p 4^8 , 4^9* — Carte des en- virons de Paris, par M. Raulin, p. 46o. — Delà Sibérie, parM, Erman, p. 016. — Carte par MM. Dechen, Sedgwicket Murchison, citée p. 602. — Du Connecticut, par M. Percival , citée p. 620. Cassidaria Nystii , nouvelle espèce de coquille des argiles de Boom, décrite p. 1 5i . Caspienne. Note sur l’origine (Rs lacs salés de cette mer, par M. Hom maire de Hell, p. 261. — Forme et étendue ; produit, p. 261, 262. — Sel ramené par des sources suivant An- dréossy, p. 262. — Cette mer était plus étendue autrefois, p. 263. — Lac de Dapminskoi ; sel qu’il-donne an- nuellement comparé à celui laissé par les eaux de la mer à la suite de l’évaporation, p. 263, 264. — Elle est plus salée que l’Océan ; époque de la diminution des eaux , manière dont elle s’est faite, p. 263, 264. — Elle était jointe à la Mer Noire p. 265. — Suivant M. Angelot, d'après M. H. Rose, la salure de la mer Caspienne est inférieure à celle des mers en général , loin d’avoir aug- menté , p. 265. — Son niveau est inférieur à celui de la Baltique, p. 265. — Différence entre le niveau de la Caspienne et celui de la Mer Noire, p. 267. — Observation de M. de Verneuil, p. 267. — Travaux faits pour constater le niveau des deux mers , p. 32 1. — Nivellements exécutés par M. Hommaire de Hell; chiffres, p. 320. — Il en conclut que les eaux de la mer Caspienne ont baissé et laissé une partie de son an- cien lit à découvert, qu'il n’y a point dépression dans cette partie, p. 325. — Lacs salés qui environnent !a mer Caspienne , leur position géographi- que. p. 363, 564- — La mer Cas- pienne a dû comprendre le lac Aral, p. 364- — Dépression du niveau de la mer Caspienne au-dessous de celui la Mer Noire, suivant MM.de Hum- boldl et Hommaire de Hell, p. 365. — Causes de dessèchement du bas- sin, p. 365. — Rapport entre le ni- veau du lac d’Aral et celui delà mer Caspienne, p. 365, 366. — La mer Caspienne, la Méditerranée, la Mer Morte, etc., n’en formèrent qu’une seule, suiv. M. Angelot p. 377. Cavernes a ossements signalées par M. A. Naudot dans les environs de Nice , p. 457. Cendres noires ou minérales . Leur composition; étages géologiques où elles se trouvent; départements où elles sont exploitées, p. 6i3. — Ter- rain da lias, terrain crétacé; groupe inférieur du terrain tertiaire du bas- sin de Paris, p. 6i3, 6i4- — Localités dont les cendres ont été analysées, p. 6i5. — Origine de ces cendres ou tourbe pyriteuse, 6 1 5 , 618. — Mode d’action sur la végétation, p. 618. Cendres végétales. Tableau indicatif des quantités d’acide sulfurique et phosphorique et d’o» ide de fer obte- nues par M. Millet dans l’analyse des cendres de divers végétaux, p. 617. Cer , vallée du Cantal étudiée par M. Raulin; altitude des terrains ter- tiaires, localités explorées, p. 173. Coupe, p. 179. — Le terrain ter- tiaire y est plus élevé au pourtour du massif trachytique qu’au centre, p. 174. Cliilons - sur ■ Ccsle, près de Reims (Marne), cité pour ses buttes de sables inférieurs contenant l’argile plastique en amas, p. 74, 75. Champagnè-Saint-Hilaire ( Vienne ) , cité pour le terrain d’atluvion et les marnes et calcaires d’eau douce ; roche euritique coupée de filons de chaux earbonalée, p. 653. — Opinions diverses de MM. Mauduyt et Mi- chelin sur celte roche, p. ibid. Clansaye ( Drôme ). Traces de remanie- ment dans le terrain aibien de cette localité, p. 543. Charente . Indication de la série com- plète des terrains jurassiques à l’ex- ception du bas, en allant de Niort à cette rivière, p. 620 Chabpentikr (de). Relation de la dé- bâcle de Bagnes en 1 S 1 8 , citée p. 4o5 — Son opinion sur l'origine des glaces des vallées des Alpes, p. 4o6. — Hypothèse d’une période frojde et humide pendant laquelle s’éten- daient les glaciers, citée p. 601. Cdassaiing (de) et LADRÉAL(de). Note sur le tremblement de terre de la Guadeloupe, p. 611. Chaudes- Aigues (Cantal). Fragment stalactiforme produit dans les tuyaux où circulent, les eaux minérales; et des auteurs. G 7 7 analyse chimique, forme et texture, 1>. jj, 72. Chaux carbonatêe, s’est - elle produite par éruption ? — Examen de celte question et considérations sur l’ori- gine decetlesubstance, par M. Boué, p.4.ai, 42.5. Chenay ( Marne), cité pour ses sables inférieurs contenant de l’argile plas- tique, p. 75. Cher. Analogie de la vallée de cette rivière avec celles de la Creuse et de l’Indre; développement du lias et de la formation siliceuse, lias bleu, lias blanc, dfférenee de stra- tification entre le trias et le terrain jurassique visible à Saint-Amand, p. 3 12, 3i5. — Liaison entre le lias et les marnes irisées , p. 3i3. — Cal- caire marneux avec des huîtres, ana- logue à la lumachelle de Bourgogne ; Aptichus et ammonites séparées; conséquences, encl ines, espèce d’am- monites, p. 3 i3, 3x4- Chevallier (E.). Note sur la constitu- tion géologique des environs de Valparaiso et sur le soulè.veun'nt du sol de la côte du Chili , p. 396. — Observations de M. Leblanc sur les sondages, p. 4o 1 • — Autres de MM. de Boys et Dup^rrey , p. 4o >. — Note additionnelle et explicative de la précédente sur l’exagération des effets des soulèvements produits sur les côtes du Chili , p 448, 449- — Sur le dépôt coquillier de Faj ta , p. 45o. Chien. Description, par M. Pomel, du Canis megamas to'u/es découvert dans les alluvions volcaniques de l’Auvergne , p. 38. Chili. Les côtes du Chili n’ont point été soulevées par les tremblements de terre de 1822 et i855 . effets des divers tremblements, 398, 402. — Si ellesont étésoulevées, elles ne l’ont point tlé d’une manière notable, p. 448, 449. — Le tremblement de terre de Callao n’a pas, suivant M d’Orbigny , modifié la côte du Chili, p. 45o. — Preuvtsque la sépa- ration de l’ile de S.-Lorenzo est fort ancienne, p. 449» Chlore trouvé dans du feretdcs pierres météoriques, p. 59 t. Chlorure de sodium , considérations de M. Boué sur ce sel et les roches qu’il accompagne, p. 420, 42 1. V. au mot sel. Citis , abaissement de cet élang salé au-dessous du niveau de la Mé- diterranée, sa salure , p. 358, 35p. Cia in (vallée du) visitée par la Société, quarz-meulière exploité, p. 636. — Oolite inférieure et grande oolile , roches porphyroïdes et granUoïdes , gran le identique avec ceux de la Vendée, disposition de ces te tains et leur pente, p. 658.639. — M. Gar- ran croit ces roches granitoïdes et porphyroïdes simplement métamor- phiques ; opinion contraire de MM. Bertrand Geslin et de Pinte- ville, p. 63g. Clar [Basses Alpes ). Tiacesde rema- niement dans le terrain albien de celte localité, p. 5 ;5. Clément Mullet, indication delà décou- verte à Larri vour desAmmonitcs lau- tus et inflalus ; propriété incrustante des eaux de la Seine ; tuf de R^-sson se formant actuellement, phosphate de fer trouvé à Gérodot (Aube) , p. 355, 356. — Observations sur l’ori- gine que M. Leymerie donne au tuf de Besson et la différence qu’il trouve entre le diluvium troyen et le diluvium parisien ; nérinées trouvées dans le gravier de Troyes , p. 5 1 4» 5 1 5. Collegno ( H. de). Mémoire sur le terrain diluvien des Pyrénées, p. 4oa. — Soc. travail sur le lac Gôme rappelé , p. 67 Colombie , existence du terrain crétacé constatée par M. de Buch dans cette partie de l'Amérique, p. 269 — M. A. d’Orbighy y reconnaît divers étages de ce t» n ain ; fossiles étudiés , localité de la France où l’on rencontre les analogues, p. 270. Coloration des roches des sources de l'Ill expliquée par l’action du feu, p. 25. Concrétions calcaires observées par M. E. Robert sur les bords de la Seine, p. 298. — Nature de ces con- crétions ; elles sont de deux âges ; blocs roulés, coquilles ou fossdes ; pliylloréline, p. 299 et note. — Végé- taux et objet d’art, p. ibid. — lie Séguin, concrétion de divers volumes qu'on y voit, p. 3oi. — Etat delà couche alluviale supérieure, p. 3oa — Conjecture sur la formation de ces concrétions, p. 3o2, 3o3. Condamine (La) Observation de !a ra- pidité d’un courant descendu du Cotopaxi en 17 4, p< 4o4. Condren ( Aisne ). Les collines, situées entre ce village et Folembray, citées pour les sables inférieurs conte- TABLE DES MATIÈRES G ‘8 nanl de l’argile plastique, p. 77. Conglomérats divers observés dans le souterrain du Lioran ; blocs de tra- chytes et de phonoliles qui s’y trou- vent renfermés, p. 109. — Toutes les variétés de conglomérats passent de l’une à l’autre; ils se lient aux filons, p. 110, m. — Conglomé- rats employés comme pouzzolane , leur analyse, p. 111 note. — Les conglomérats du Lioran ne contien- nent ni calcaire-, ni brèches aluni- fères , ni fer oligisle, p. 112. — On y voit de l’obsidienne, p. 114. — Disposition du conglomérat du ter- rain de transition de Vichy, sa posi- tion anormale, p. 1 4-6 , i \y — Exem- ple de conglomérats introduits dans des terrains antérieurs à la période tertiaire , p. i4j* Conglomérats trachy tiques recouvrant le terrain tertiaire dans les vallées du Cantal ; altitude, p. 1J4- — Lieux ou on les voit en Albanie , leur rapport avec les roches volcaniques, p. 291,292 — Conglomérats porphvriques dans la chaîne du Tarenta ( Tigré ) , p. 4p4 > 495. — AuSamaiata, p. 497. — Dis- position dt ceux du terrain à osse- ments fossiles d'Espaly ( IJ ante- Loire) , p 569. — Cité dans le ter rain secondaire du Connecticut et ses éléments , p. 626 627. Connecticut. Le sol primaire de cd état comprend deux divisions; dis- position de la division occidentale , roches qui la composent; division orientale, sa forme, ses roches, p. 622, 623. — Disposition des trapps, leur nature, veines métalliques qu’ils contiennent, ils ont altéré les roches primaires et secondaires, p. 624, 625. — Ihkes d’argiles durcies, p. 626. — Roches composant les ter- rains secondaires : ils forment deux bassins, leur circonscription, identité de leur direction avec celle des chaînes de trapp; directions géné- rales , p. 627 , 628. — Carte géolo- gique, citée p. 624. Continents. Réflexions sur leur distri- bution et leur forme par M. Boué . p. — Ils ne sont point un effet du hasard , p. ibid. — Ressemblance des formes générales de tous les con- tinents, p 108. — Formes géomé- triques auxquelles , suiv. M. Kohl, se peuvent ramener nos terres et nos mers , p. 438 — La distribu- tion des terres et des mers est liée à la nature intérieure du globe, p. 439. * Cotopaxi. Relation de la catastrophe qu’il a causée en 1 j42 J forces im- pulsives de* eaux ; pierres transpor- tées, p. 4o3 ; — force d'un courant observé par La Condamine , p. 4°4 - Cottet, cité pour un phosphate de fer trouvé par lui à Troves ( Aube) , p. 35 6. Conulaires, observation sur l’habita- tion de ces êtres par M. A. d'Orhi- gny et M. Michelin, p. 563. Coquilles. Extrait d’un mémoire de M. Desmoulins sur le genre Pleuro - tome, p. io. — Plicaluta nodulosa vue rarement dans les calcaires ju- rassiques de l’Inn supérieur, p. 22. — Dans le calcaire secondaire du Vorarlberg, p. 23. — De la marné supérieure à la formation arénacée du Vorarlberg, p. 24. — Vers les I sources de 1111 , p. 24. — Du lias et du terrain jurassique des rives de l'Inn. p, 27, 28. — Observation de M. d’Archiac sur quelques erreurs de détermination de M. Schmidt, p. 29. -- Coquilles trouvées à Ludes ( Marne) dans une couche marine intercalée dans un calcaire lacustre, p. 4a. — De l’étage inférieur du terrain tertiaire entre la Brenta et la Piava , p. 5y. — Des terrains su- périeurs au Tcgel à Voeslau , p. 67. — Du T ravertin ou calcaire lacustre de Sezanne, p io5. — Du calcaire corallien du fort l’Ecluse , p. 229. — Des lacs salés de la mer Caspienne, p. 267. — Rapportées de l'Amérique du Sud par M. Boussingault, et étudiées par M. A. d’Oibign>; localités de France où se trouvent les analogues, p. 270. — Coquilles vues dans le lignite moderne de Nauinoi-e et de Jaulgonne ( Aisne ) . p. 273. — Du terrain tertiaire en Albanie et en Macédoine , p. 290. — Sur la station normale des coquilles bivalves par M. fl Orbigny , opinion de MM. La- marck, de Blainville, Deshayes, r te., p. 290 , 294. — Coquilles symétri- ques, p. 296 —Coquilles non sy- métriques, p. 297. — Coquilles de. la formation oolitique siliceuse des vallées de la Creuse.de 1 Indre et du Cher, p. 309, 3io. — Du calcaire à entroques de Meillant (Cher), p, 319. — M. d’Orbigny ne trouve bien clairement des coquilles d’eau douce et terrestres que dans les terrains îsT DES AUTEURS. tertiaires, p. 520. — Note de M. Melleville sur la distribution des mollusques et des coquilles dans les sables inférieurs ; doutes élevés par MM. de Roissy et d’Orbigny sur l’identité entre des espèces fossiles et vivantes, p. 33 1 , 332. — Coquilles communes à la Méditerranée et à la mer Rouge , p. 377. — Liste des coquilles fossiles des argiles de Boom, Basele, Schelle, etc.; description du Cassidaria Nystii , p. 45 1 , 45a. — Comp. avec celles de l'argile de Londres et du crag , p. 455. — Description d’une moule géante , p. 456. — Mém. sur les gastéropodes de la craie par M. d’Orbigny, p. 460. — Coquilles observées dans le département de l’Aude parM. Vène, p. 488. — Coquilles des molasses du Tigré (Abyssinie), !p. 49^. — Cri- tique par M. Desmoulins contre le classement ôuGlobiconeltaMarroliana par M. A. d’Orbigny, p. 5o4- — Réponse , p. 509. — Habitation des mollusques testacés dans la mer , p. 5 18 — Les accumulations de co- quilles pélagiennes , suiv. M. d’Ar- chiac, n’ont pu se former que dans des eaux peu profondes, p. 521. — Possi- bilité , suivant M. d’Orbigny, de la formation actuelle des couches co- quillières, p. 5 26. — Terrain indi- qué en Amérique comme contenant des coquilles communes aux terrains tertiaires et à la craie, exploré par M. Lyell , p. 534- — Sur ces ter- rains en général et les fossiles qui s’y trouvent, p. 532, 5^y. — Coquil- les des calcaires de Noto et Syracuse, p. 538. — Des marnes accompa- gnant les schistes à poissons d’Oran, p. 556. — Des étages jurassiques de Niort à la Charente, p. 620, 621. — Du grès vert et de la craie tufau de Vandrruvres (Vienne), p. 643. Cotal-rag , sa texture , ses polypiers et particularité qu’il présente dans la vallée de l’Indre , p. 3i 1, 3 1 2. — Les bancs coralliens ne sont , suiv. M. d’Orbigny, que des accidents du ti rrain oxfordien, p. 621, Corbièrcs ( montagnes des). Marnes à fossiles tertiaires enclavées, suivant M. Leymerie, dans le terrain a nummuliles, p. 52 7. — 11 nomme ce système èpicrètacè p. 529. — Clas- sification proposée du terrain se- condaire des Corbieres, p. 53 1. — Observations critiquesde MM. d’Ar- 679 chiac et d’Obigny ; réponse de M Dufiénoy , p. 532, 533. Cor ni eb. Observation de M. Angelot sur l’explication des phénomènes volcaniques par la présence de l’eau avec l’hypothèse de la contraction de l’écorce du globe admise par M. Cordier . p. 47- Cornuel. — Extrait d’une lettre sur une marne , reposant sur le fer ooli tique, contenant tous les fossiles néocomiens, p. 307. — Justification du classement de ces terrains par par M. A. d’Orbigny, p. 3o8. Couiza ( Aude ), cité pour le mélange des coquilles tertiaires et crétacées; doutes émis par M. d’Orbigny , p. 486. — Les couches r.umrnnlitiques de Couiza correspondent aux sables inférieurs du Soissonnais , p. 488, 536. — M. d’Orbigny voit dans ce terrain un seul ensemble , p. 533. Coulées volcaniques , différences qu’elles présentent avec les nappes; défini- tion des uns et des autres par M. Du- frénoy , p. 12g. Coutoftofl'é , village du Tigré , cité pour les grès rouges empâtant des blocs quarzeux et pour les schistes argileux, p 496. Crag , comparaison des coquilles fos- siles des argiles de Room, etc., avec celles du Crag, p. 455. Craie remaniée à la montagne des Crottes piès Sezanne ( Marne) em- pâtant du silex , p. 70. — Sa manière d’être près de cette ville, p. 101 . 164. Epaisseur traversée en forant un puits, p. 353. — Fragments de craie signalés dans les sables infé- rieurs et même dansle calcaire gros- sier, par M. Melleville, leur dispo- sition, perforations qu’on y observe , p. 184. — Craie cbloritée constatée en Colombie par M. d’Orbigny, d’a- près l’étude des fossiles, p 270. — Craie blanche et craie cbloritée, nommées par M. d’Orbigny terrain senonien et terrain turonien , v. ces deux mots. Toutes les roches crétacées sont, suivant M. Ehrenberg, le pro- duit d’animaux infusoires microscopi- ques à test calcaire, p. 553, — Mode d’agrégation , ibid. — Données pour l’explication des silex pyromaques de la craie formés par des infusoires à test siliceux, p. 55 j. — Tableau des espèces d’infusoires contenues dans la craie du Sud et dans celle du Nord , p. 555. — Schistes à G80 TABLE DES MATIÈRES poissons d’Oran placés dans la craie par M. Ehrenberg et dans le terrain tertiaire par M. Rozet , p. 556. — Craie tufau citée à Vandœuvres (Vienne), p. 643. Craie- de Royan supérieure, diffère du terrain de Couiza (Pyrénées), p. 528. — Entre cette craie et le cal- caire grossier , le calcaire nummu- litique manque dans le N. du bassin de la Gascogne, p 556. — Observa- tions diverses , p. 332, 537. Cratère de soulèvement. Objections par M. Ruelle contre l'application de la théorie des cratères de soulève- ment au relief du Cantal; disposition du cônephonoütique du Puy-Griou, p. 1x9, 120. — Faits cités par M. Raulin contre la théorie des cra- tères de soulèvement appliquée au Cantal, p. 176, 179. — Objections de M. Prévost, p. 180. — Cratères de soulèvement admis par M. Boué, p. 412. Creuse. Disposition des formations géo- logiques dans la vallée de cette ri- vière; granité, gneiss et schiste micacé séparant les terrains cristallisés des terrains secondaires; graphite abon- dant, grès du triasanalogue àl’ai kose, lias, calcaires à gryphées, marnes à belemnites abondantes en silice; elle y forme des couches de meulière , p. 3o8, 509. — Conjectures sur l’origine de cette silice, p. 309. — Couches intermédiaires à la grande oolite et à l’oolite moyenne, p. 3 10. — Argile d’Oxford, calcaire d’Oxford abondant en polypiers, coral-rag et calcaire à dieérates , p. 3 1 1 . Dapminshoi , lac salé de la mer Cas- pienne; quantité de sel qu’il donne par an ; sa dimension, sa profondeur; il faisait anciennement partie de la mer Caspienne; calculs sur la quan- tité de sel qu’il a pu fournir, p. 263, 264, 265. — Coquilles qu’on y trouve, p. 267. Dapbbée (A). Extrait de son mémoire sur les dépôts métallifères de la Suède et de la Norwége, p. 570. — Note sur le phénomène erratique du N. de l’Europe et sur les mouve- ments récents du sol Scandinave, p. 573. Croizet. Ses travaux sur les osse- ments du Puy-de-Dôme avec M. Jo- bert, cités p. 208. — Erreur sur les générations des animaux fossiles, relevée . p. 216 Crotte. Coupe de la montagne de ce nom près Sezanne (Marne), présentée par M. de Wegmanu , p. x63. — Absence du calcaire pisolitique contre l’opinion de M. Duval; dif- ficulté pour déterminer l’âge du ter- rain à empreintes, p. 164. — Fougère et palmier (?) observée ibid. — Craie iemaniée avec silex, son origine présumée , ibid —Opinion de M. C. Prévost sur l’âge du calcaire à em- preintes, p. 164 — Identité entre ces dépôts et ceux de Rilly, prouvés par la présence des physes , p. 164, 1 65 . — Opinioncouformed^M.À.d’Orbigny, p. 1 65 . — Observation de M. de Ver- neuil sur des terrains tertiaires an- ciens avec empreintes de feuil'es, p. 1 65. — Epaisseur de la craie tra- versée en forant un puits artésien dans cette montagne, p. 353. tare exploité dans le Tyrol à diverses époques , p. 1 5 , 16. — Mines où il l’est aujourd’hui , p. 16. — Recher- ches sur la mine d’argeut et de cuivre de Rothenstein, p. 21. — Cuivre dans une roche supérieure au micaschiste dans l’Inn supérieur , p. 21. Cuvier. Rectification du classement fait par lui d’animaux dans le genre ürsus d’un abîmai du genre Felis , p. 3o. Cycloconus Catulli , nouveau genre de polypier , décrit par M. d’Hombres Firmas, p. 72. Daubüisson, son opinion sur l’origine chimique de certains dépôts de grès, citée p. 237. Decize ( Nièvre ) ; couches traversées dans un sondage exécuté près celte ville; lias, marnes irisées, grès houil- ler, p. 224. ■ — Disposition des ter- rains tertiaires de Decize à Moulins, vers la vallée de l’Ailier et celle de la Loire, p. 579, 58o. — Altitude de la Loire à Decize, p. 583. — Des formations dans le bassin de Decize à Brioude, p. 582. — De Decize à Roanne, p. 583. — Conclusion, p. 587. ET DES AUTEURS. 681 Delcros. Note sur la dépression de la Mer Morte et du cours du Jourdain, jusqu’au N. du lac de Tibériade, et dis- cussion des résultats des observa- tions barométriques de MM. J ides de Bertou et Russegger, etc. , p. 336. — Observations de MM. Angelot, Rozet, etc. , p. 34o, 34r. — Ses tra- vaux sur le nivellement de la Mer Rouge, rappelés, p. 36g, Noie. Dendrites. Disposition symétrique fort curieuse de dendrites dans le traver- tin de Vichy, p. r53. Dents fossiles Note de M. Pomel sur les carnassiers à canines comprimées et tranchantes trouvées dans les al- luvions du val d’ Ai no et de l’Auver- gne, p. 29. — M. Cuvier le croyait du genre Ursus ; doute de M. Bra- vard ; ce sont des Felis , p. 5o et suiv. — Observations de M. A. d’Orhi- gny sur l’induction qu’on prétendait tirer de l’usé des dents pour fixer l’âge d’un animal, p. 56g. Deshayes. Examen par M. A. d'Orbi- gny de son opinion sur la position des coquilles bivalves, p. ag4- Desmoülims (Charles). Extrait de son mémoire sur le genre Pleurotome, p. 10. — Rectification, p 12, not. — Additions, p. i3, not. — Récla- mation sur le fossile décrit par M. A. d’Orbigny sous le nom de Globicon- cha Marrotiana et qu’il nomme Do- lium cepa, p. 5o4- — Réponse de M. A. d’Orbigny, pour maintenir sa dénomination, p. 5og. Desgeptevez; son mémoire sur le Can- tal et le Mont-Dore, cité p. 180. Desoh ; extrait de sa lettre sur les gla- ciers de l’Aar, de l’Unteraar, etc. , p. 326, 3 2.7,' 3.28. üesvàux. Note sur l’abaissement de la Loire prouvé par un fait matériel, p. 64o. — Considérations géologi- ques sur une région de l’arrondisse- ment de Savenay (Loire-lnfér.), p. 64o. — Observations de M. Ber- trand-Geslin, p.642. Diamants. Découverte au Brésil, pro vince de Minas-Geraes, d’un gise- ment de diamants dans le quarzite ou l’itacolumite, p. 232. — lndica- cation de la localité, p. 232, not. Dicnville (Aube). Nouvelle espèce de Bellerophine trouvée dans le terrain crétacé de cette localité , par M. de Vibraye, décrite par M. A. d’Orbi- gny, p. i65. Diluvium. Les alluvions de l’Auvergne différent du diluvium de M. Buck- land ; caractères qui les distinguent; pourtant ci es s’y rapportent , p. 208, 216. — Argiles diluviennes sup- portant des ligniles dans l’Aisne; disposition de cette argile et du gi- sement diluvien, p. 272, 273. — M. E. Robert nie la trace du dilu- vium sur les grès de Fontainebleau et ceux d’Orsay; opinion contraire de M. Martins , p. 3g4, 3g6. — Causes de la différence entre le di- luvium parisien et lediluviumtroyen, et la présence des roches primitives dans ce dernier, p. 5 1 5. — Voy. Ter- rain erratique on de transport. Diorite, ci té dans un village de l’Alba- nie, p. 2gi. — Il forme les col- lines des environs de Valparaiso ; phénomène qu’il présente, p. 396, 397- Dolmen. Analogie de forme avec les grès isolés de Fontainebleau; conjec- ture sur leur origine par M. E. Ro- bert,,p. 3g3, 3g4. Dolomie et calcaires dotomitiques ob- servés dans 1 Inn supérieur, p. 22. — Dans les calcaires des sources de Bill; effet des altérations ignées, p. 25. — Dans le bas des bords de l’J nn, p. 26. — Considération sur les variétés de doiom;e et leur origine, p. 417, 418, 4^9- — Dolomies repo- sant sur le g' amie dans le départe- ment de la Vienne, p. 632. — Se trouvant dans le calcaire oolitique près Poitiers, p. 63d. Doüblier ;.ses observations sur les va- riations de salure de l’étang de la Valduc, p. 35g, 36o. Dubois de montpérecx; ses travaux sur les lacs de. Van et d’Ourmiah, rappe- lés p. SjS, 37g, et note. Dufrénoy présente le plan en relief du Vésuve, colorié géologiquement, p. 106. — Observations sur les théo- ries de M. Ruelle sur l’origine et la formation duCanj^l, p. 125. — - Réponse à M. C. ^Prévost; défini- tion des nappes et des coulées, p. 12g. — Sur le calcaire jurassique à l’E. de Poitiers, p.3o8. — Observa- tions sur le synchronisme admis par M. C. Prévost dans les formations de diverses époques, p. 32g. — Ré- ponse à la critique des observations barométriques par RozeU p. 342. — Question à M. d’Orbigny sur les terrains du Midi contenant des coquilles secondaires et tertiaires, p. 682 TABLE DES MATIERES 486. — Observations sur le terrain à nummulites, et son classement, p. 4go. — Il appuie le classement de ce terrain par M. Leytnerie; obser- vations contraires de M. d’Archiac, p. 53a et suiv. Dupkbrey ( le Capitaine ) doute, du sou- lèvement des côtes du Chili par les tremblements de terre, p. 4°2- Durochkr. Observations sur la direc- E Eau . Nouvelles considérations sur son intervention dans les phénomènes volcaniques, par M. Angelot, p. 43. — Tous les volcans voisins de la mer; les mouvements de la masse liquide font affluer les vapeurs tantôt vers un orifice, tantôt vers un autre, p. 43, 44- — L’obstruction des canaux souterrains doit amener l’extinction des volcans, p. 44- — La nécessité d’une plus grande quantité d\au pour les éruptions modernes explique , suivant M. Angelot , l’existence des scories et des vacuoles dans leurs produits, p. 46, 47- — Présence de l’eau nécessaire pour compléter l’ex- plication des phénomènes volcani- ques par la contraction ie l’écorce du globe, manière de l'expliquer, p. 48. — Eaux qui sourdent en mer viennent des continents , p. 59. — M u che des eaux souterraines à Voes- lau , p. 6S. — Action érosive des eaux pluviales sur les fragments cal- caires renfermés dans la roche ter- tiaire, p. 68, 69. — Diminution des eaux de la mer Caspienne, p. 265. — Fait de la diminution des eaux prouvé par un passage des commen- taires de César , p. 266. — Diminu- tion des volumes d’eau des affluents de la mer Caspienne, causée par le déboisement £t la culture, p. 324- — Analyse de l’eau donnée par M. A. Marcet, p. 367. note. — Eau de la Méditerranée à Gibraltar trouvée par Wollaston moins salée que dans les mers en général, p. 391. — M. Angelot y voit la preuve d’un courant sous-marin, p. 392. — Den- sité des eaux dans la débâcle de Bagnes, en 1818, p. 402. — Foice impulsive de celles qui s’épanchèrent dans la catastrophe du Colopaxi , en ij42> p, 4o3. — Puissance des lion des stries des roches de Fin- lande , citée p. 197, rappelée p. 673. Du val. Coupe des terrains des environs de Sezanne en société avec M. Meil- let, p. 100. — Observations de MM. Raulin et d’Orbigny, p. io4, to5. — M. de Wegmann nie l’exis- tence du calcaire pisolitique indiqué par M. Duval, p. 166. vagues à Plymoulh et à Cherbourg, p. 4o5. — Diminution de la quan- tité des eaux terrestres admise et ex- pliquée par M. Boué, p. 402. — Considération sur l’origine de l’eau qui se trouve dans les météorites, par M. Angelot, p. 593. — Eau jaillis- sant pendant le tremblement de terre de la Guadeloupe, p. 611. Eaux minérales et thermales ont dû, suivant M. Boué, jouer un grand rôle dans la formation de la croûte du globe ; raison qu’il en donne, 423. Ebel ; relation de son séjour au Monté- négro, indiquée p. 335. — Observa- tions de M . Boué sur l'altitude donnée à une localité, ibid. .Ecosse. Stries observées par M. Boué à Ben-Lomond. (Ecosse), p. 235. Ehrenberg. Citation de ses idées sur la formation de la craie et des mar- nes ciayeuses par le moyen d'êtres organisés invisibles (infusoires), p. 553, 554. — Remarque de M. A, d’Orbigny sur la manière d’observer de M. Ehrenberg, erreurs commises par lui, p. 56t. Ejaculations de matières meubles ou triturées; M. Boué les regarde comme possiblesaux époques ancien- nes; sa théorie sur ce sujet, p. 236. — Filons expliqués de cette ma- nière, p. 237. Eléphant. Défense fossile d’éléphant trouvée près du lac de Zurich en Suisse, p. i63. — On trouve dans la Limagne les deux espèces d’éléphants, p. 2i3. — Os d’éléphants trouvés dans les cavernes mêlés à des osse- ments humains, p. 233. — Crâne d’éléphant cité dans les concrétions calcaires de la Seine, p. 299, note . Eue de Beaumont. Son opinion sur la croissance des glaciers par inlussus- ception, citée p. 1 44* — Son Ira- ET DES AUTEURS. 683 vaîl sur un gisement de végétaux fos- siles des Hautes-Alpes, cité pour l’in- dication de conglomérats qui per- cent le terrain jurassique, p. 147. — Son opinion sur le double mouve- menlde la Scandinavie, citée p. 5 76. — - Mode d’explication de la diffé- rence de niveau entre les terrains ter- tiaires de la Limagne et ceux de Pa- ris, p. 5y8. — Liste donnée par lui des substances élémentaires des mé- téorites, p. 5gS. Elton. Dépression de ce lac au-dessous de la mer Noire, p. 366. — Analyse des eaux de ce lac par MM. 11. Rose et Erdmann, p. 56y, 368, note. — Il est situé sur le Zechslein , suivant M. de Verneuil , p. 368, 3gi. Empreintes de pieds de tortue ou d’am- phibies signalées dans legrès viennois en Transylvanie par M. Haidinger, p. 60. — Mémoire de MM. Plagge, Ch Koch et Ernest Schmidt sur des empreintes de pas d’animaux, cité p. 66. Engrenier. Abaissement du niveau de ci t étang salé au-dessous de celui du la Méditerranée; sa salure, p. 358, 359. Epicrétaci. Nom que M. Leymerie pro- pose de donner au Calcaire nurnmu- litique des Corbières, p. 529. — Eta- ges qui le composent ; ses Toss les et sa disposition par rapport au terrain crétacé, o. 53 1. — Observations de MM. d’A rchiac et d’Ôrbigny, p. 532, 533. Epire. Documents sur la géologie de cette pat lie de l'Europe; voy. mé- moire de M. Viquesnel sur t’Alba- Faullwrn. Remarques et expériences de M. Martinssur les glaciers sans né- vé de celle chaîne de montagnes, p. i33. — Hauteur du Faulhorn ; cir- conscription du petit glacier; son climat; observations météorologiques de MM. Martins, Bravais et Pel- tier, p. i34, i35. — Sa fusion su- perficielle ; expériences pour la dé- terminer, p. i35, i36. — Paral- lèle entre la fusion de la neige et celle de la glace, p. 139. Feldspath compacte (Eurite). Position qu’il occupe dans les terrains de tran- nie et la Macédoine, p. 287 et suiv. pas s. Ebdmann, Analyse des eaux du lac El- ton, p. 367. 368, note . — Et du lac Bogdo, ibid. Espaly , près le Puy (Haute-Loire). Os de mastodonte et de tapir trou- vés près de ce lieu; disposition des localités, p. 567, 568, 569 — Dis^ position des couches fossilifères qui quelquefois sont couvertes de coulées de basalte, p. 569. Etna. Ana'ogie entre sa forme et celle des groupes du Gan'al du Mont- Dore et du Mezenc, p. 221. — ils se sont formés de même; comparai- son entre les vallées, p. 223.- Erup- tion sans boub versement notable du sol, p. 224. Eurite (feldspath compacte). Son pas- sage au porphyre, p 1 46. — Roche eurilique citée à Champagné-Sainl- IJilaire (Vienne), p. 653. Europe. Comparaison de la paléonto- logie de l’Amérique méridionale avec celle de l’Europe, par M. d’Orbigny, p 342. —Faune des terrains silurien, devonien, p. 343. — Considération sur la flore et la faunedu terrain car- bonifère, p. 343, 344. — Période du terrain jurassique, p. 344. — Période des terrains crétacés; terrain néoco- mien, p. 207. — Point d’analogie entre la faune des terrains néoco- miens d’Amérique, et ceux de l’Eu- rope , p. 345. — Faune de l’Eu- rope pendant les terrains tertiaires, et à l’époque de la catastrophe dilu- vienne, p. 347. — Note sur le phé- nomène erratique dansle N. dei'Eu- rope, parM. Raubrée, p. 5t3. sition de Vichy ; son passage au por- phyre, p. 145, 46. Felis. Note par M. Pomel sur des ani- maux de ce genre, classés à tort dans le genre Ursus , p. 3o. — Historique de la question ; erreur de M. Cuvier, travaux de M. Bravard ; description des deux espèces de Felis stencodon , p. 3i, tableau. 37. Fer. Indication de mines de fer exploi- tées dans le Tyrol, p. 16. — Fer spathique indiqué dans des roches su- périeures au micaschiste de l’Inn su- périeur, p. 21. — Augmentation dis 68 i TABLE DBS MATIERES fer dans les roches, à mesure qu’on s’enfonce ; conséquence qui conduit aux masses de fer météorique, p. 55. — Frr, suivant M. Biot , augmente de volume en se solidifiant, p. 55. — Fer hydroxidé enveloppé d'une pel- licule d’or , signalé près d’Epcrnay, p. io4- — Fer oligiste de Minas- Geraes (Brésil) avec or natif, p. 252. note. — Fer sulfuré, abondant à la partie inférieure de deux dépôts de lignite moderne dans l’Aisne, p. 272, 2j3. — Phosphate de fer trouvé à Gerodol et à Troyes (Aube), p. 556. — Le fer oxidulé et oligiste est le seul qui vienne à la surface du soi sous forme de lave , p. 43o. — Liai- son du fer spathique avec le calcaire, Ibid. — Fer titané cité dansmne lo- calité du Tigré, p, 502. — Etats di- vers et manière d’être du fer dans les différents dépôts métallifères de la Suède et de la Norvège, p. 5yo, 5ji , 572. — Indication des substances trouvées dans les fers météoriques, p. 5gi et suiv. — Note sur la masse de fer de Magdebourg, p. 592, note . — Fer hydroxidé, cité dans un terrain du dépai tement de la Vienne, p. 635. — Fer hydraté et sulfuré cité dans le terrain tertiaire moyen aux envi- rons de Sainl-Maixant, p. 65o. Filons observés dans le souterrain du Lioran ; leur direction et leur puis- sance, p. 112, 11 3. — Fdons ou dy- kes de phonolite moins nombreux que ceux de trachyte, p. 1 13. — Acci- dents remarquables de rupture obser- vés dans un filon de phonolite, p. x 1 5. - — Autres^accidenls que présentent les filons dans une des galeries , p. n5. — Filons métallifères expli- qués par l’éjaculation des matières, p. 23 7. — Filons de quarz hyalin coupant le diorite à Valparaiso en divers sens, p. 397. — Considéra- tions de M. Boué sur l’origine des fi- lons quarzeux et métallifères, p. 426, 427. — Sur l’association des miné- raux des filons, p. 428. — Filons de baryte sulfaté dans les montagnes du Tarenta (Tigré) ; puissance de ces fiions, p. 49i- — Filon de quarz dans les schistes argileux autour d’A- doua, p. 499» — Disposition des fi- lons ; leur enchevêtrement en Suède ' et en Norvège, p. 0-2 Finlande. Opinion de MM. E Robert et Duroeber sur les stries des roches de Finlande, indiquée p. 197, note. Fxtzinger. Description de i'Hulilhe- rium CUristoti, nouveau mammifère des environs de Linz. p. 238. Follembray [Aisne). Les collines si- tuées entre Follembray et Condren, citées pour leurs sables inférieurs contenant de l’argile plastique, p. 77. Foraminifères ; infusoires. Les infusoi- res à lest calcaire sont , suivant M Ehrenberg, la cause de l’exi- s ence des terrains de craie et cal- caires tachants du Nil , comme ceux à lest siliceux sont la cause des marnes, p. 555. — Ceux-ci peuvent mener à l’explication de l’existence du silex pyromaque dans la craie, p. 544- — Nombre des espèces recon- nues dans diverses espèces de craie, p. 544* — Tableau des espèces d’infu- soires contenus dans la craie du Nord et dans relie du Sud, p. 555. — Ob- servations de M. d’Omalius sur l’as- sertion, par M. Ehrenberg, de l’exi- stence d’infusoires de la craie encore vivants; réponse de M. de Pmte- ville, p. 56o. — Remarque de M. A. d’Orbigny sur la manière dont M. Ehrenberg observe; erreurs com- mises par lui, p. 56 1. Forêt-Noire ( Schivarzwald). Elude sur les alluvions de celle partie de l’Allemagne par M. Fromherz, p. 255. — Description des dépôts; théo- rie de leur formation; détermination; doutes que les glaces les aient pro- duits, p. 204- — Doute sur un amas de blocs que M. Agassiz croit une moraine, p. 254. — Surfaces polies ou striées changeantes, p. 234, 235. Forrn a lion arena cèe ci t ée p ar M . Sc h mid l dans le Vorarlberg; il la rapporte à la molasse; sa disposition ; iignites qui l’accompagnent ; leur puissance, p. 24- Formation argito-ferrugineuse, formée de fer hydroxidé et de grès empâtés dans un ciment argileux, citée dans les terrains du département de la Vienne, texture, forme du fer, lieux où se montre cette formation, p. 635. — A Champoint, reposant sur des marnes à lignite du lias ou de l’oolite, p. 634- Formation pélagique. Définition par M. d’Archiac ; manière dont se font les dépôts dans les eaux; modifica- tions qui se présentent, p. 017. — Zone des atterrissements ; ils n’ont point lieu à de trop grandes pro- fondeurs, p. 5ao. — Contradiction ET DES dans l’application de la dénomination de formations pélagiques, p. 52 1.— Dépôts littoraux, p. 522. — Explica- tion de l’extension de certains terrains de l’Amérique et delà Russie, p. 522, 523, — Effets d’émersion et d’affais seinent, p. 523, 524 — Conclusion , p. 525. — M. A- d’Orbigny pense qu’il peut se former actuellement des cou- ches coquillières; réponse de M. d’ Ar- chive, p. 525, 526. Fossilisation. Fossiles. Les parties molles de l’animal, suivant M. Brongniart, attirent la silice, et les parties solides le calcaire , p. 545. — Suivant M. d'Orbiguy, les parties cornées Galet glaciaire , ‘üivanl M. Leblanc, ou cyliolithique, suivant M. Agas- siz , nom donné au galet qui accom- pagne les surfaces polies dans les gla- ciers, p. 6 1. Garran. Indication d’un affaissement dans la vallée de Saint-Maixanl qui a affecté le lias, l’oolile et le terrain oxfordien, p. 619. — Compte-rendu des courses de la Société, p. 638. — Son opinion sur des roches grani- toïdt s et poi phyroïdes qu’il croit mé- tamorphiques, p. 63g. Gastéropodes. Considération sur ces mollusqnes dans le terrain crétacé, par M. A d’Orbigny , p. 46o. — Examen critique des espèces , ibid. — Division des Gastéropodes par étages; espèces du terrain néocoinien, p. 465. — De l’étage aptien, p. 466. — De l’étage albien ou gaull , p, 466. — Du terrain lironien ou de la craie chlorilée, p. 468. — Du terrain sénonien ou de la craie blan- che, p. 470. ■ — Résumé numérique, considération sur la succession d(S • espèces, p, 47 * - — Nombre des es- pèces ; étage néocomien j comparai- son avec les couches supérieures , p. 472. — Couches aptiennes ; étage turonien ou craie chlorilée. Terrain sénonien ou craie blanche, pr474. 475. — Résumé, considération sur les différences qui louchent les es- pèces propres à chaque terrain, p. 475. — Considération par bassin et par étage, p. 477* — Résumé général, p. 483. — La faune des gastéropodes utëurs. 685 seules se fossilisent, et non les ma- tières charnues, p. 545. Fraidronite , nom donné par M. Cordier à une roche pétrosilieçuse. p. 1 45. — Place qu’elle occupe dans le ter- rain de transition de Vichy-, p. 1 45, 146. — Aux environs de Vaiparaiso, p. 397. Fromhkrs. Extrait de ses observations géognosliques sur les terrains d’allu- vions du Seh'warzwald , etc., p. 233. — D çscriplion des dépôts; théorie de leur formation, p. 234- — Allu- vions citées comme moraines, par M. Agassiz; distinction dans les stries, p. 204, 235. se renouvelle cinq fois pendant l’é- poque crétacée, p. 487. Gault. Son existence constatée au moyen de fossiles dans l’Amérique du Sud, p . 270. — Il manque en Amé- rique suiv. M. A. d’Orbigny ; consi- dération de la faune de celle époque, p. 346. — M. A. d’Orbigny lui donne le nom de terrain albien ; cause de celte dénomination, voy. ce mot; traces de remaniement au sein des couches de gault ou terrain albien de France et de Savoie, p. 537. — Dans les Ardennes et la Meuse, à Machero- ménil, à Sauce aut bois, p. 53g. — En Savoie, montagne des Fis, etc. p. 5/4i. — A Wissant (Pas-de-Calais), p. 542. — Perte du Rhône (Ain), ibid. — Clansaye (Drôme); Clar (Basses- Alpes; dans l’Aube, l'Yonne, la Haute-Marne; Conclusions; ce ter- rain a souffert de nombreuses dislo- cations, p. 544* — La dislocation éprouvée par les terrains crétacés de la Loire et des Pyrénées prouve l'o- pinion de M. d’Orbigny, p. 544- Gay-Lussac. Analyse de eaux de la mer Morte , p. 370. — et du Jour- dain, p. 374. Géographie géologique. Sa définition j distribution des roches primitives et des schistes cristallins , p. 4lo. — Houillères, 5, 44* • Géologie générale. Action dissolvante opérée par l’eau de pluie sur les ro- ches tertiaires; conséquence qu’en lire M. Boué pour l’explication des phénomènes géologiques , p. 69 — 686 TABLE DES MATIERES Influence des agents atmosphériques I sur le Cantal, conséquence déduite ! par M. Ruelle, p. 124. — Considé- i rations déduites par M. Beaudouin | de la présence d’une espèce du genre I Laganum dans l’Oxford clay, p. 159. j — Théorie de M. Boué sur l’éjacula- ! tion des matières boueuses, p. 255.— Sur les polders, p 237 — M. Pré- vost admet pour chaque époque un synchronisme entre les diverses for- mations; observations de MM. Du frénov et A. d’Orbigny, p. 328,529, 33o. -- Considérations de M. A. d’Orbigny sur l'état de la faune et de la ftore en Amérique et en Eu- rope , à l’époque des diverses for- mations, p. 542. etsuiv. — La fin de chaque époque géologique toujours amenee parles reliefsdesdiverssystè- mes qui sillonnent le globe, p. 35o. — Pensées théoriques de M Boué; précipitation dansla construction des théories, p. 407. — Liaison des scien- ces physiques, p 409 — Formation des dépôts calcaires et siliceux par voie neptnnienne, p. 424- — Con- sidération sur les caractères distinc- tifs que l’élude des gastéropodes im- prime à chaque étage géologique, p. /\-5 — N ote sur les formations pélagiques par M. d’Archiae , p. 517. — Observations de M. A. d’Orbigny, p. 525. — Sur les ter- rains servant de passage aux forma- tions admis par M. Leymerie ; ob- servations de MM Lyellet d’Archiac, p. 529, 533, 535 — Influence des phénomènes erràtiqm s sur le relief du globe terrestre, p. 607. Gcrodot ( Aube ). Phosphate de fer b'.eu trouvé dans des mares, p. 355. — Cité pour les rognons à ammo- nites et à nautiles du Gault, p. 543. Girgenti. Disposition du terrain gyp- seux près de celte ville; argile à nummulites, calcaire crétacé; marne blanche crayeuse; grès divers, cal- caires à lenticuli tes ; calcaire à hip- purites et à lenticulites , p 55o, 552. Gironde. Observations sur divers ter- rains de diverses localités de ce dé- parte nent, p. 48^ el suiv. Gitcs métallifères de la Suède et de la Norvège, suivant M. Daubrée, sont de quatre espèces: dépôt; filons; amas dans le gneiss et dans le gra- jflte, p 570,571. — Examen de cha- cun de ces genres de dépôt ; compo- sition des amas; enchevêtrement des filons; a’ o dance des minéraux; la formation de ces dépôts sr rattache, aux dislocations du sol, p. 072, 573. Glace. Rectification par M. Angelot du chiffre donné par lui (Bul.. t. Xfl F, p. 4oo) pour le volume de glace an- nuellement fondu par la chaleur qui s’échappe du globe, p. 4^- — Déter- mination de la fusion diurne du pe- tit glacier de Fauihorn, p. i56, 137. — Comparaison entre la fusion de la neige et celle de la glace, expé- riences faites, p 13g, i4o. — La glace disparaît plus vite que la neige: faits et expériences ; Blaugletscher, p. i4o, i4l — Opinion de M. E. Robert sur le transport des blocs erratiques de Russie par la glace, rappelee p. 197., 199. — La glace d’eau, intercalée dans la glace de neige du glacier , forme les bandes bleues : explication de la fo- malion de la glace bleue p. 327. — Ana’o- gie trouvée par M. E. Robert entre les formes des grès de Fontainebleau et celles des glaces du Nord, p. 393. — Réponse négative de M. Martins, p. 594. — Causes assignées aux glaces accumulées dans les vallées des Alpes, p. 4o6. — Action des glaces dans les courants ; manière dont elles se comportent, p. 5j5. — Effets des glaces en les supposant brisées parle soulèvement du soi Scandinave, p. 575. Glaciers. Théorie des glaciers, des stries et du tiansport des roches par les glaces, professée par Goëthe, p. 62, 65. — Examen par M. Boué de la théorie des glaciers en général , p. 64, 65, 66. — Observations de M. Martins relatives à l’historique du transport des blocs par les glaces , p. 69. — Du même, sur les glaciers sans nevé; rejet des corps étrangers contenus dans les glaciers sans nevé par suite de la fusion, p. î35. — Ex- périences faites par MM. Bravais et Martins, p. i36. — Places occupées paj les glaciers, actions des eaux sur la fusion des neiges, p. 1 4 :. — For- mation des glaciers sans nevé, p, 142 , 1 44- — lps glaciers croissent par inlussusceplion, p. 1 44- — Ob- servations par M. Desor delà posi- tion de blocs sur les glaciers de l’Un- teraar ; il est gelé au fond en hiver, ET DKS AUTEURS. 687 p. 3a6. — Couches diverses com- posant les glaciers ; bandes bleues; ce que c’est; p. 327. — Le charriage des blocs par les glaciers est la théo- rie la plus probable, suivant M. Boue, p. 443. — Exception dans le Nord où ils sont si développés, p. 444* — Note de M. E. Robert sur l’asser- tion de M. Martins que les glaciers du Spitzberg n’ont point de mo- raines terminales, p. 564- — Ré- ponse de M. Martins, p. 565. — — Manière dont les glaciers se com- portent sur les bords de la mer; ob- servations du capitaine Ross mises en doute, p. 5j5, noie. — Epoque de température froide et humide ima- ginée par M. de Charpentier pen- dant laquelle les glaciers se sont étendus, p. 601. — Exposé des phé- nomènes qui se rattachent aux gla- ciers dans les Alpes du Salzbourg, depuis la ville de ce nom jusqu à gros Glockner, p.601 ,60 2. — Les lacs, observés par M. Leblanc , depuis celui de Constance jusqu’à celui voi- sin de Presbourg, présentent des faits qui se rattachent aux glaciers, p. 606. Glissement d’une forêt dans le voisi- nage de Soleure, p. i63. Globe terrestre . Correspondance entre les ondulations de la surface du globe et la variation de la verticale ; les masses très denses, logées dans les bombements, sont cause de ces va- riations et non la longueur des rayons terrestres, p. 27 5, 277, 278. — La mer occupe de grandes dépressions et les montagnes les bombements, p. 377. — Disposition de l’atmosphère autour du globe, p. 277, 278. — Application du calcul, p. 278, 279. Aplatissement donné par l’observa- vation du pendule et les travaux as- tronomiques et géodésiques, p. 285. — Uniformité de température du globe à l’époque du terrain crétacé, Pi nfl ue n ce sol ai re encor e n ull e, p. 346 . - — La fin de chaque période géolo- gique toujours produite par les re- liefs des différents systèmes qui sil- lonnent le globe, p. 35o. — Ce n’est que postérieurement au terrain cré- tacé , suivant M. d’Orbigny , que l’influence de latitude s’est fait sentir, et a détruit l’uniformité qu’on voit dans les formations anciennes , p. 35i. — Considération de M. Boué sur l’état primitif et le refroidisse- Soc. géol. Tom. XIV. ment du globe, p. 410» 411- — Sa diminution de volume, les soulè- vements et les affaissements, p. 412. — L’action des masses fluides in- térieures et surtout des courants d’eau ont concouru à modifier le sphé- roïde terrestre, p. — Les causes de modification du globe sont moins puissantes maintenant, p. 433. — Sur la distribution et la forme des continents; le reirait du globe a dû commencer vers le pôle antarctique, les affaissements y ont été plus con- sidérables, p. 437. — Refroidisse- ment du globe causé , suivant M. Boué, par les taches du soleil , p. 446. — Observations de M. An- gelot, ibid. , note. — Identité proba- ble, suivant M. Angelot, de la com- position de la terre et des corps cé- lestes, p. 5qo. — - Influence des phé- nomènes erratiques sur le relief du sol, p, 607. Globiconcha Marrotiana. Observations de M. Ch. Desmoulins contre le classement du fossile décrit sous ce nom par M A. d’Orbigny, p, 5o4. — Réponse de M. d’Orbigny , p. 509. Gneiss. Une des roches fondam ntales du Pustherthal ; son allure, accidents qu’il présente, p. 18, 19. — Dans le basdn de l’Inn, il supporte le cal- caire secondaire . et contient du marbre, p. 19, 20. — Sa manière d’être dans le cercle de l’Inn supé- rieur, p. 2i. — Obs. aux sources de l'I 11 ; mercure natif, p. 24* — Sur les bords de l’I un , perré par le porphyre, p. 26, 27. — Faisant le fond de la vallée de la Saigne, p. 1 a4- — Gneiss faisant une protubérance près du centre du Cantal , p. 175. — Associé au schiste micacé , il forme la séparation du terrain cris- tallisé et dt-s terrains secondaires dans les vallées de la Creuse et de l’Indre, p. 3oS. — Couche de lep- tynite passant au gneiss dans le diorite à Valparaiso, p. 397. — Gneiss formant les montagnes de la vallée d’ Addi-Dehabib (Tigré); parti- cularité que présente la craie ; gra- nité et quarzen masse inter posée, p. 4gi3 — Importance des gîtes métal- lifères de la Suède enfermés dans le gneiss, abondance de la matière miné- rale, p. 57t. 572. — Allitudedu pla- teau de gneiss entre Paulhoguet et le Puy, p. 583. — Entre lePuy et Briou- 45 088 TABLE DES MATIERES fl (' j à Saint-Maurice de Lignon, entre Saint-Rambert et Saint-Etienne , p. 5S4-. — Cité dans le terrain pri- maire du Connecticut ; accidents qu'il présente, p. 023. — Dans le département de la Vienne, p. 63 1. — Disposition du gneiss autour de Saint-Maixent, soulèvement qu’il a éprouvé, p. 646. Gobthk. Théorie des glaciers, des sur- faces polies et des roches transpor- tées par les glaces, publiée par ce poêle, p. 62, 63. Granité dans le bassin de ITnn, p. 20. — Expériences de M. Biscboff sur la contraction des roches pluto- nienues, et surtout du granité, p. 4g* — Formule de dilatation donnée par M. Angelot, p. 5 1 , note. — Essai d’explication rectificative de ce qui a été avancé Bul. , l. Xill, p. 38o. — Sur des nervures observées à la sur- face du granité dans les Pyrénées, p. 52 , 53. — Observations laites par M. Viquesnel sur ces nervures; con- séquences déduites par M. Angelot, p. 53, 54. — Pesanteur et volume du granité à divers états comparés avec ceux du trachyte et du basalte, p. 54, 55 1 . — Lieux où l’on voit le granité en Albanie et en Macédoine, p 290. — Son allure dans la vallée de la Creuse et de l’Indre , p. 3o8. — Granité coupant les strates de diorite à Val- paraiso, p. 397. — Granité mêlé au gneiss dans le Tigré , p. 49^. — Sa manière d’être dans la chaîne du Tarenta, p. 4g4> 4p5- — Dans di- verses parties du Tigré et de la val- lée du Mareb, p. 5oi, 5oî, 5o3. — Mercure natif cité dans le granité a Peyrat (Haute- Vienne), p. 577. — Sa manière d’être. Ses variétés dans le départ, delà Vienne; ses accidents; lieux où il se présente , p. 63o. — Supportant des dolomies à Lussac, p. 632, — Supportant un calcaire avec galène et calamine, p. 633. — Traversant le calcaire oolitique près Poitiers ; particularités que présente ce granité, p. 634- — Granité et ro- ches granitoïdes observées par la So- ciété dans la vallée du Clain; opi- nions diverses sur ces roches, p. 658, 639. — Disposition du granité aux environs de Saint-Maixenl; soulève- ment qu’il a éprouvé, p. 645. Graviers. Nérinées trouvées dans les graviers de la Seine, prèsTroyes , explication; leurorigine, p. 5i5. Grès divers observés dans le Pusther- thal, p. 18, 19, — Mémoire de M. Plagge sur des impressions de pas d’animaux sur le calcaire secondait e en Westphalie , cité p. 66. — Grès considérés comme dépôts chimiques, . 237. — Grès divers observés au ois de Meillanl (Cher), p. 3i8. — Différence entre les grès lustrés et les grès calcarifères de Fontainebleau et des environs, p. 3g5. — Grès rouges et blancs dans la chaîne du Tarenta (Tigré), p. 49 5- — Ils for- ment la crête des montagnes de la chaîne du Tigré, p. 5oo. — Grès di- vers composant le terrain secondaire du Connecticut; ils paraissent se rap- procher du nouveau grès rouge , p. 626 , 627. Grès du lias des environs de Sainl- Maixant; sa nature; son origine; il contient du sulfure de plomb et des dents de sauriens, p. 648. Grès bigarré. Mémoire sur des em- preintes de pas dans le grès bigarré d’Iéna, par MM. Ch. Koch elErn. Schmidt, p. 66. Grès de Fontainebleau; analogie entre la forme des grès et celle des gla- ces du Nord , signalée par M. E. Robert, p. 393. — Cause qu’il leur assigne ; érosions pareilles sur le ci- ment des murs du parc de Meudon , p. 093. — M. E. Robert nie l’exi- stence des traces de blocs erratiques à la surface des grès de Fontaine- bleau, p. 384» — H en est de même pour les traces du grès d’Orsay , p. 39!. — Réponse négative de M. Mar- tins; les formes des glaces sont dues aux agents extérieurs, et celle des grès à la cristallisation , p. 5g4. — Manière dont se fend le grès de Fon- tainebleau , p. 3g5. — Grès lustré de l’aigile plastique à cassure con- choïde des environs de Nemours et Monlereau, p. 397. Grès houiller , signalé à Decize ; sa puissance , p. 224. Grès rouge recouvrant les roches an- ciennes 1 1 reposant sur le calcaire secondaire dans le Vorarlberg, p. 17. — Sa composition, p. 22. — Sa manière d’être dans le Pusther- thal , p. 19. — Dans le bassin de l’Inn, [). 20. — Sur les rives de l’Inn. montagnes qui en sont formées, p- 26. Grès vert ( Greensand ). Sa disposition dans le déparl. de la Vienne ; été- ET DES AUTEURS. 689 ments qui ie composent, limites de la formation, lieux où elle paraît, p. 635 , 636. — Grès verts repo- sant sur l’ooüte moyenne à Vandœu- vres (Vienne), p. 64 3. Grès viennois ou carpathique Son al- lure ; accidents qu’il présente dans le Vorarlberg, p. 17 — Traces de pas de tortues ou d’amphibies, trou- vées dans le grès viennois, p. 60. — Recherches par M. Haidinger sur la position des houilles des grès vien- nois et de Gosau , p. 60. — Obser- vations de M. Boué sur l’opinion de M. Keferstein sur la position des grès viennois ; confusion qu’on peut en faire avec une zone arénacée qui va depuis le Vorarlberg, jusqu’en Sty- rie.p. 6i. — Grès de diverses époques dans les Alpes, p. 62.— M. Boué admet des alternances entre le cal- caire secondaire et le grès viennois à leur point de contact, p. 6a. Guadeloupe. Note de M. J. Itier sur le tremblement de terre de celte Ile, HAiDiNGKB,son opinion surla formation du calcaire secondaire des Alpes con- tenant des sauriens , p. s3.— Décou- verte de pas de. Tortues dans le grès viennois en Autriche et en Transyl- vanie , p. 60. — Travaux de recher- ches sur la position des houilles du grès viennois et de Gosau et du grès viennois lui-même, p. 60,61. — Catalogue raisonné du cabinet miné- ralogique et géologique des mines, p. 535. Halitherium Christoli. Nom d’un mam- mifère trouvé par M. Fitzinger dans les couches sableuses de la molasse des environs de Liez, p. 239. — Ce nom proposé pour remplacer celui de Metaxytherium donné par M. de Christel , ibid. H assenfr A iz. Son opinion sur l’origine neptunienne du sel, p. 387. Hermann. Ses observations sur les va- riations de la colonne barométrique citées , p. 277, 281 . Hisinger. Sa géographie minéralo- gique citée , p. 670. Hocheter. Indication de la découverte de diamants dans le quartzite ou l’itacolumite , p. aâa. Hoffmann (Fred.). Description des p. 610. -— Autre de MM. de Chas- saing et de Lauréal sur le même su- jet, p. 610. — Observations de MM. Omalius d’Halloy et A. d’Orbi- gny sur le calme des animaux aux ap- proches de la catastrophe, p. 612, 6 » 3. Gypse cité sur la frontière du Tyrol, p, 19, 20 — Dans les calcaires juras- siques de l’Inn supérieur, p. 22. — Dans le calcaire secondaire du Vo- rarlberg; sa disposition; sa couleur; lieux où on l’observe, p. 2 3. — Dans le lias des bords de l’Inn , p. 26. — Gypse exploité à Bruyères (Aisne), p. 82. — Considération sur l’origine du gypse et les divers mi- néraux qu’il contient, p. 4*8, 4*9* — Gypse en partie calcarifère; mode de dépôt, p. 4 20. — Gypse cristal- lisé cité dans les collines au Tigré, p. 4g3. Voy. Terrain gypse ux. — Gyp- ses du Dauphiné: calcaires métamor- phosés suivant M. Rozet, p. 564- terrains gypseux des environs de Girgenti en Sicile, rapportée p. 5/jS. Hogard. Son travail sur le système des Vosges cité p. 606. — Etymologie du mot ballon , ibid. Hoi.ger (de). Carte de la partie de l’archiduché d’Autriche au-dessus du Mannhartsberg, p. 66. Hombrks-Firmas ( d’ ). Description du Cycloconus Catulli • nouveau genre de polypier, p. 72.— Description d’une moule géante du terrain crétacé , p. 456. Hommairb bbHell. Notice surla diffé- rence de niveau entre la mer Cas- pienne et la mer d’Azow , p 320. — Ses travaux rappelés par M. Angelot, p. 365,366. — Son opinion surla mer Caspienne , rappelée p. 38o. Homme. Son apparition sur la terre contemporaine de celle des ani- maux qui sont fossiles en Auvergne, p. 2i5. — Faits qui le prouvent , ibid. — Os humains trouvés par le docteur Lund mêlés à des os d’élé- phants dans les cavernes, p. 233. Houille. Indication des travaux de M. Haidinger pour ûxer la position de la houille du grès viennois et de Go^au , p. 60. — La houille formée TABLE DES MATIERES €30 par les végétaux là même où iis ont ciû; cailioux roulés vers la partie su- périeure d'un gisement de houille, p. 2j4- — Disposition du terrain houil- ler, causes et origine de la houille, p. 44* — Sur la vie des végétaux de cette époque , p. 44' • fïuGi. Ses observations sur la limite inférieure du névé, p. i33. Ichthyosaure découvert dans le calcaire des Alpes de l'Autriche , p. i3. — Disposition des os, p. 14. Ile Séguin de la Seine, citée par M. E. Robert comme entourée de concrétions calcaires ; volume de ces concrétions, puissance de la coucbe, couches alluviales supérieures , p . 3oi , 3oa. III. Observations faites aux sources de cette rivière par M. Schmidt; gneiss, mercure natif, fossiles, calcaire se- condaire , dolomies , calcaire bitu- mineux; effet des altérations ignées, p. 24 , 20. Indre Analogie entre la vallée de cette rivière et celle de la Creuse , p 3u. — Coral-rag, avec deux ordres de polypiers , 'calcaire à Aslarle rap- porté par M. Dufrënoy , à l'assise oxfordienne, marnes à gryphée vir- gules; terrain tertiaire, p. 3n. — Lias, p. 3i2. — Comparaison avec h s mêmes couches dans quelques autres provinces , p. ibid. Humboldt (Alex, de) cité pour K s fossiles recueillies en Amérique , p. 268 , 269. — Ses travaux sur le bassin Aralo-Caspien ou bassin de Touren, cités p. 363 et suiv. — Hauteur du lac de Van, p. 5j8. — Indication de mercure trouvé à Santa Fé de Bogota et à Porto-Beilo ; ex- plication des faits, p. 5î6 noie. I lnn supérieur. Notes sur les observa- tions faites dans ce bassin par M* de Sengtr, p. 19, 20. — Autres obser- vations faites en i84o. — Gneiss et micaschiste. — Calcaire secondaire ; sa division ; grès erratiques, soulève- ments , p. 21 , 22. — Observations faites parM. K. Sander, dans le pays bordant le cours de l’inn , avec carte, p. 25. — Gneiss, grès rouge, calcaire jurassique, dolomies; lias, p. 26, 27 , 28. Itacolumite de la province de Minas- Geraes avec gisement de diamants, p. 232, noie. — Conditions dans les- quelUsHtacolumite devient flexible, suivant M. d’Eschwege et suivant M. Pissis. p. 239. — Observa' ion de M. Rivière sur le talc qu’on croii y voir, réponse de M. Pissis , p. 2io. Itieh ( Jules). Note sur ta constitution géologique du fort i’Ecluse, canton de Genève, p. 229. — Note sur le tremblement de terre de la Guade- loupe , p. 6ro. J Jaspe argiloïde avec silex pyromaque observé dans le département de la Vienne; il fournit de bonnes meules, il contient beaucoup de fer oxidé ; il passe au pélrosilex , p. 63o , 65 1. Adossé aux roches anciennes, p, 632. Jautgonne ( Aisne ) cité pour un dépôt de lignite moderne encore tourbeux à sa partie supérieure , conDu sous le nom de cendres noires , reposant sur l'argile diluvienne , avec fer sul- furé et fossiles, p. 275. — Disposition des couches diluviennes, roches infé- rieures , ibid. Jayet exploité à Hœring en Tvrol, 16. Jéricho. Abaissement au dessous de la Méditerranée observé par M . de Ber- tou. p. 337 , 538. Jourdain. Elévation de ses sources au- dessus de la Méditerranée, lieu où commence la dépression de la vallée au-dessous de la Méditerranée, suiv. M. de Bertou, p. 338. — Analyse de l’eau du Jourdain par M. Mar- cet , p. 3j4. — Par M. Gay-Lussac, p. 374. — Comparaison de ses eaux avec Cflles de la mer Morte , p. 3y5. Julia (île) Conjecl.deM. Angelot, sur la cause de son apparition, p. 44» 4^- Jura. Les talus les plus raides dans !e Jura, n’ont pas, suivant M. Le Blanc, plus de 55°; ceux des ébou- lemenls formés par le calcaire coral- lien ont 53o, [). 85. — Limites des surfaces polies dans le Jura, 32&. ET DES AUTEURS. 691 K Kaolin reposant sur le terrain primitif dans le département de la Vienne, p. 633. Kefrrsïein, Examen par M. Boue de son opinion sur la position du grès Viennois , p 61. Kcilhau. Ses observations de stries dans les Alpes Scandinaves , et de la cou- che d’argile moderne dans divers points et à diverses hauteurs en JNor- wège, 573, 5-4. Koch ( Ch. ). Mémoire de MM. Ch. Lacs ( Sec. al, ). Leur disposition sur les hautes montagnes, roches en amont polies; galets glaciaires , mo- raine ci) aval, cailloux alentour; mode d’explication , le nombre des lacs est en raison de la latitude, p. 601 Description dequelques lacs; lac de Kœnigsee, Grunsée, Frontensée, Zellersee, p. 6u3 , 6o4« — Altitude des lacs de la chaîne des Alpes autri- chiennes et bavaroises et de celles des Vosges, p. 609. —Les lacs obser- vés par M. Le Blanc, depuis le lac de Constance jusqu’à celui qui est vis- à-vis de Presbourg , présentent des faits qui se rattachent aux glaciers, p. 606. — Phénomènes erratiques que présentent les lacs des Alpes d’Italie , p. 606, 607. Lacs atners ( Egypte). Synonymie, eaux très salées ; leur nivellement , rapport de position avec la Méditer- ranée; ils ont fait partie du golfe ara- bique; travaux de M. Le Père sur ces lacs, p. 36o,36i, 36a. — Ana- logie entre le terrain à sel de la mer Morte et ceux des lacs amers , p. 375. • — Leur réunion à la mer rouge et à la Méditerranée, p. 077. — Les eaux du Nil les atteignent dans les grandes inondations, p. 3^9. Lacs de Natron. Leur positionneur nombre , différences dans les élé- ments chimiques, p. 377, 378, note. Lacs salés. Notice sur l’origine des lacs salés de la mer Caspienne par M. Mommairede Hell, p. 261. — Forme de ces lacs , ïbid. — Lac de üapminskoï en particulier, sel qu’il produit; ces lacs viennent de l’abais- Koch et Er. Schmidt sur les pas d’a- nimaux dans le grès bigarréeilép. 66. Kœnigsée ( Salzbourg ). Disposition du terrain erratique qui l’environne . forme du sol, blocs, p, 602 . 6o3, 6o|. — Altitude , p. 609. Kohi,. Observation des formes géomé- triques de» continents, citée p. i38. KoNiNCit(de). Description des coquilles fossiles des argiles de Boom , Basele, Schelîe , etc., citée avec extrait, p. 45 1 . sement des eaux de la mer Cas- pienne, p. 262. — Salure extraor- dinaire des lacs des environs d'O- rembourg , p. 266. — Les lacs de la Caspienne sont dans des aliuvions modernes, et ceux d’Orembourg sur le Zechstein , p. 207. — • Lacs salés observés en Patagonie, analogues à ceux de la mer Caspienne, p. 266. — Les lacs salés de la Caspienne, les lacs amers , etc. . se rattachaient à une mer grande et unique, etc., p. 377, 37S, 389. — Ceux d’Astrakan et d’Orembourg sont dans le Zechstein, p. 391. — 1/eau des lacs salés sans débouchés n’est ja- mais douce, suivant M. Omalius d’Halloy, p. 392. Laganum Marmonlii. Nouvelle espèce d’Echinide trouvée dans l’Oxford- Clay , par M. J . Beaudouin , et dé- crite par lui, p. i55. — Conséquences paléontologiques déduites, p. 1 .*>9 . Larrivottr ( Aube ) cité pour Y Ammoni- tes inflatuset l’ Ammonites la ut us des marnes argileuses de la craie, p. 355. Laves. Manière dont elles s'épanchent du cratère; la cause de leur épan- chement est dans leur tuméfaction, suivant M. Prévost, 219. — Diffé- rence dans la marche de la lave des volcans atmosphériques et celles des volcans sous-marins , p. 220. Lka (Isaac). Ses travaux sur les fossiles de l’Amérique , cités p. 269. — Il en fait par erreur des fossiles jurassiques, ibid. Lk Blanc. Observation;- sur le maximum d'inclinaison des talus dans les mon- tagnes, p. 85. — Tableau compa- 692 TABLE DES MATIERES ratif; p. 88. — Sis observations sur les puits naturels rappeiéis p. i83. — Observations adressées à M. Pré- vost sur l’origine du calcaire, p. 53o , 33 1. — Sur le sondage des côtes du Chili, p. 4oi. • — Mémoire sur la relation qui existe entre les grandes hauteurs , les roches polies, les galets glaciaires, les lacs, les moraines, lediluvium dans les grandes montagnes et dans une large zone autour des pôles de la terre, p. 6oo. Lcctuse (canton de Genève ). Terrains qui composent le sol sur lequel re- pose ce fort, suivant M. J. I Lier ; calcaire à entroques oxfordien, coral- lien, terrains jurassiques supérieurs, marnes bleues et calcaire néocomien; puissance et allure de ces terrains, fossiles qu’on y voit , p. 229 , 2Ôo , 23 1. — Terrain erratique , sa com- position , nature des blocs , p. 23i, 232. Lefebvre. Ses travaux géologiques dans le Tigré cités p. 5oo, 5o3 . Le Père. Ses travaux sur l’isthme de Suez et les lacs amers cités p. 36o, 36i, 362. Lévignen ( Oise ). Disposition des sables marins et des terrains la- custres moyens dans le voisinage de cette localité, p. 79. — Calcaire grossier cité ibid. Leymbrie. Observations de M. Clé- ment- Mullet sur l’origine qu’il donne au tuf de Resson (Aube), et à la différence qu’il a citée entre le dduvium troyen et le diluvium pari- sien, p. 5 14, 5 1 5. — Lettre sur les terrains supérieurs des Corbières , notamment sur le système à num- mulites, p. 327. — Observations diverses par MM. d’Archiac et d’Orbigny , réponse de M. Dufré- noy ; p. 532, 556. ■ — Mercure natif trouvé par lui près Saint-Paul-des- Fonts ( Aveyron ) , p. 5y6. Lias, Calcaires et schistes du lias ob- servés dans l’Inn supérieur , p. 22. Division reconnue dans le lias sur les bords de l’Inn , par M. Sander ; dolomie et gypse, p. 26. — Ses fos- siles , p. 27. — Turrilites différentes de celles des terrains crétacés trouvées dans le lias près Saint- Amand(Cher), p. 166, 167. — Lias signalé à Decize, sa puissance, p. 224. — Il manque dans la partie jurassique qui s’appuie sur les terrains de transition du Perche , du Maine et de l’Anjou , 3r2. — Il est très développé dans le Poitou et le Berry , dans les vallées du Cher.de la Creuse et de l’Indre , p. 5i2. — On y observe deux étages : le lias blanc et le lias bleu , p. 3/5. — Calcaire dolomitique du lias, p. 3i3. — Lumachelle analogue à celle de Bourgogne, p. 3i3. —Couches du lias traversées dans le sondage de Sancoins, p. 5 1 4 • — Marnes à bé- lemnites du lias vues à Saint-Seine (Côte-d’Or), p. 555. — Localités des terrains du lias où on exploite des cendres minérales, p. 6i3. — Affaissement cité dans le lias de la vallée de Saint-Maixent, p. 619, 620. — Marne du lias dans le dépar- tement de la Vienne, p. 63 1 . — Tra- versant le calcaire inférieur près Poitiers, p. 634- — Manière dont il se présente à Croutelle près de Poitiers , p. 645. — Dans les envi- rons de Saint-Maixent. — Calcaire, grès et marne à Bélemnites, p. 647 . 648. Lignite observé dans le grès Viennois du Vorarlberg, p. 18. — Dans une formation arénacée de la même pro- vince, p. 24. — Gisement des argiles à lignites, à Ludes ( Marne ), indiqué p. 42- — Lignite cité à la partie in- férieure du terrain subapennin des environs de Trévise et de Padoue , p. 57. — Dépôts de lignite moderne observés par M. Melleville près Naumoise et Jaulgonne ( Aisne). — Disposition du lignite; il est tourbeux à la partie supérieure et diffère de celui des environs ; il repose sur des argiles diluviennes; fossiles trouvés, p. 272, 270.— Conjectures de M. d’Archiac sur l’origine végétale du lignite et de la tourbe ; recliüca- tions de ses idées à ce suj^t, p. 274. — Doutes qu’il avait émis sur ces lignites, p. 274. — Lignites signalés dans une marne bitumineuse du dé- partement de la Vienne , p. 63r. — Dans des schistes argileux, ibid. Limagncd' Auvergne. Les deux chaînes qui la bordent ont été soulevées avant le terrain lacustre, en même temps que la Corse et la Sardaigne; hau- teur du terrain lacustre, p. 167. — Les vallées ont été formées pendant les épanchements basaltiques; action du grand courant , p. 207. — - Nou- velles observations sur la paléon- tologie des terrains meubles de la Limagne d’Auvergne par M. A. ET DES AUTEURS. 693 Pomel, ao6. — Importance de l’élude des ailuvious; leur disposition , leurs éléments, p. 207. — Les tufs pon- ceux formés pendant la période ba- saltique, ibid. — Sables volcaniques, leurs fossiles, 207, 208. Les allu- yions diffèrent du diluvium de M. Buckland; caractères distinctifs, p. 208 — Ils ne contiennent point de mammifères terrestres; fossiles qu’on y trouve, p. 20S , 209 — Terrains d’ailuviori et d’atterrisse- ment postérieurs aux basaltes ; leurs éléments , lieux où on les voit parti- culièrement, p. 209 — Brèches osseu- ses, lieux où on les observe, p. 2 1 o —= Tableau des ossements des diverses alluvions, p. 212. — Rapport entre les terrains de la Limagne et les forma- tions des autres localités, p. 216. — Distribution des galets volcaniques dans les vallées de; la Limagne , p. 242. — Variations dans les ni- veaux, p. 245. — Coordonnéesdespics basaltiques de la Limagne, p. 256. — Conclusions, p, u5g, 260. — Critique de M. Rozel; les cônes de la Limagne sont des cônes de soulèvement pro- duit par le basalte, p. 260, 261. — Réponse de M. Pis is , p. 261. — Essai d’explication par M. d’Omalius d’Halloy, de la différence qui existe entre l’altitude des couches tertiaires de Paris et celle des lerrainsde même âge de la Limagne, au moyen de lacs de niveaux divers, p. 577. — E'sai de détermination de ces lacs par M. Jobert et Croizet , p. 5^8. — M. de Beaumont y voit un effet de soulèvement , p. 578. — Examen de la disposition de ces terrains par M. Raulin; nivellement: rapports entre la forme des terrains et celle des localités, p. 57 >, 687. - D’où il conclut que tous ees terrains ont été déposés dans un même bassin, puis relevés, p. 587, 588. Lioran [Cantal). Description du souter- rain decette. monlagne , par M Ruelle, p. 106. — Description delà monta- gne; allure de la galerie, sa longueur, p. 107, 108. — Roches observées ; brèches à ciment de lave ; conglomé- rat fin, conglomérat grossier, tufs, p. 109. — Variétés dans les conglo- mérats, p„ 109, 110. — Accidents qu’ils présentent, p. 112. — Filons et dy kes de traehyte et de phonolites, p. 111. — Leur direction et particu- larités p. 112 ii3. — Rapports d’âge entre eux, p. 118. — Variétés dans le traehyte, p. ii3. — Obsi- dienne et basaltes rares dans une des galeries, p. 11 5. — -Accidents que présentent les fdons dans l’autre, p. 112. — Le Lioran est une che- minée d’éruption qui se rattache à lensemble du Cantal, p. 117. — Rapports entre les roches de celte montague et celles de la formation trachylique, p. 116. Coupe du Cantal passant parle Lioran, p. 179. Lisbonne . Indication d’une notice sur la présence et l’exploitation du mer- cure dans le voisinage de Lisbonne ; or trouvé près de cette ville, son origine, p. 5i6. Loire. Les terrains néocomiens man- quent dans le bassin de cette rivière; couches jurassiques qui supportent le terrain turonien dans diverses localités, p. 478. — Espèces de gastéropodes spéciales nu bassin de la Loire; étage turonien, p. 480. — Rapports; numériques des divers bassins, p. 4^1, 482. — Paillettes de mica dans les couches du terrain turonien delà Loire; conséquences qui en dérivent, p. 4&1- — Dispo- sition des terrains tertiaires de laLoire en allant de 1 ecize vers l’Ailier, et en remontant vers le Puy; différences entre le niveau des terrains et ceux du bassin de l’Ailier, p. 58o. — Nivel- lement de la plaine de la Loire; formations, 583. — Rapport des localités, 585. — Rapport de posi- tion des terrains tertiaires du bassin de la Loue et de ceux de l’Ailier, p. 586, — Ces terrains déposés dans un même bassin ont été relevés en- suite, p. 587. — Note sur l'abais- sement de la Loire par M Desvaux, p. 64o. Loire (fia « te). Exemples de dislocations dans la Haute - Loire , trachytes disloqués par le basalte, p. 125, 124. — Fossilestrouvés à Espaly (Haute- Loire), p. 5 67. — Documents sur la géologie de quelques parties du département de la Haute -Loire, notamment du Puy et de Paulha- guet, p. 579 et suiv. Loutre. Description par M. A. Pomel, d’une nouvelle espèce de loutre, trou- vée dans les ossemens recueillis dans les al1 u viens volcaniques de l’Auver- gne sous le nom de Lutra Bravardi , p. 168. Ludes [Marne). Couches traversées en TABLE DES MATIERES 694 creusant des puits dans celte lo- calité ; couches marines à sphola- domyes, intercalées dans un groupe lacustre, p. 41» 42* — Obsécrations de MM. de Piuteville et Ilaulin, p. 4a. Lund ( docteur ) cité pour des os hu- mains mêlés aux os d’éléphants trou- vés par lui dans les cavernes ,p. 233. Lusignan (tienne). La Société y ob- serve l’oolite qui passe à la dolomie avec des silex, et des cavités remplies de terre rouge et de cristaux de chaux carhonatée, p. 645. Lyell, son opinion sur l’époque du soulèvement des Pyrénées et les ter- rains intermédiaires à la craie et au terrain tertiaire, 553, 534. — Il n’en a point vu en Amérique, p. 534- — Questions sur la matière noire des ro- gnons quarzeux des sables verts , p. 545. M Macédoine . Extrait d'un mémoire de M. Viquesnel sur la Macédoine et l'Albanie, p. 2 187. — Schistes cristal- lins, terrain crétacé, terrain tertiaire, travertins , alluvions ; roches d’ori- gine ignée, granité, etc. ; traehyte et péridolite, leur âge. p. 288, 289, 290. — Dislocation de l’époque volcani- que, p. 293, Macheromênil (Ardennes). Cité pour des rognons quarzeux qui se trouvent dans le sable vert, p. 48o. — Obser- vations de M. Ilaulin à ce sujet , p. 4§5. — Coupe de la carrière, po silion et forme des rognonsquarzeux, p. 539. — Observations de MM. Rau- îin et d’Orbigny, explicatives de leurs opinions, p. 545. Magde bourg. Documents sur la masse . — Elle a peu varié, p. 383. — Différence trouvée par Wollaston entre la salure de la Méditerranée à Gibraltar et celle des eaux de la mer en général , p. 391. — Réponse de M. Angelot, p. 392. — Etudes sur l’abaissement du niveau des mers par M. Boué, p. 433. — Ce phénomène est surtout la suite du refroidisse- ment et de la contract ion de la terre, p. 434. • — Indication des localités diverses où se voient des portions de terre délaissées par la mer, p. 434- — Les alluvions tendent à combler les golfes et les mers, p. 435. — Epoque de la disparition de certains isthmes et détroits , p. 436. — Différence entre l’arrangement des mers austra- les et boréales , p. 43j. — La distri- bution des mers et des terres est liée à la nature du globe , p. 439. — Mo- difications diverses des mers pendant la période crétacée, p. 483, 484» 485. — Retraite des eaux de la mer près Savenay , établie par M. Des- vaux, p. 642. Mer Morte. Note sur la dépression de cette mer par M. Delcros d’après les observations barométriques de MM. de Bertou et Russegger, p. 356. — Altitude obtenue par M, de Ber- tou ; différence de chiffres admise par M. Delcros, p. 337, 338. — Alti- tudes barométriques de M. Russeg- ger, p. 339. — M, Delcros admet le chilfre définitif de 426®, 3 ; il regarde la mer Morte comme un grand cra- tère d’affaissement, p. 34o. — Calculs du lieutenant anglais Symonds , très voisins deceux de M. Delcros, p. 54 1. — Rappelés, p. 36g. — Observations critiques de M. Rozet; réponses de MM. Martins et Dufrénoy, p. 34i. — Étendue , position géographique de la mer Morte ; expériences sur son degré de salure, p. 36g — Ana- lyses de MM. Marcet et Tenant et de M. Gay-Lussac, p. 3-o, note. — Mer Morte, fut-elle une dépendance de la Méditerranée ou de la mer Rouge? p. 3yo , 3-1. — Causes de la sa- lure de la mer Morte, suivant M. de Bertou, p. 371.— Examen de celte opinion , et origine du sel qu'elle contient, par M. Angelot, p . 3 7 1 , 372 et suiv. — Sondage, p. 072. — Analogie entre les terrains à sel des lacs amers et ceux de la mer Rouge , p. 375. — Comparaison des eaux de la mer Morte avec celles du Jour- dain, p 3ÿ3, 374 — Polypier trouvé sur les rives de la mer Morte; consé- quences, p. 376. — Réunion de la mer Morte à la Méditerranée, p. 377. — Et de ces deux mers à la Cas- pienne et la mer Noire , p. 377. Mer Noire. Le bassin qui renferme la mer Caspienne et le lac d’Aral a dù être occupé parla mer Noire, p.364* — Dépression du niveau de la mer Caspienne au-dessous de celui de la mer Noire; et du lac d’Aral, par rapport à la mer Noire , p. 365. — Analyse des eaux de la mer Cas- pienne par MM. H. Rose et Marcet, p. 366 , note. — Réunion de la mer Noire à la merCaspienne, etc., p.3j7. Mer Rouge. Niveau de. cette mer com- paré à celui des lacs amers; elle a dû s’étendre jusqu’au bassin couvert par ces lacs , p. 363, et note. — La mer Rouge a-t-elle été séparée de la Méditerranée par la formation de l’isthme de Suez . p. 376. — Raisons de douter et de décider, p. 3;6, — Coquilles communes à la mer Ronge età la Méditerranée, p. 377. — Molasse citée sur les bords de la mer Rouge , dans la province du Ti- gré, p. 492. Mercure natif, cité au mont Tafamont, près des sources de 1*111 . p. 24* — Considérations de M.Boué sur la su- blimation du mercure , p. 429» note. — Mercure natif dans le terrain ter- tiaire de Lisbonne, cité p. 5 16. — Indication pareille faite dans le bul- letin rappelée, ibid.,nole. — Mercure dans les marnes tertiaires de Mont- pellier, annoncé par l’abbé de Sau- vages en 1760 ; observations de M. de Humboldt sur du mercure recueilli à de petites profondeurs à Santa - Fé-de-Bogota , etc. . p. 5 16. — Mercure natif découvert par M. Leymerie à Saint- Paul -des- Fonts ( Aveyron ) , dans les marnes à bélemniles du lias , p. 576. — Indi- cation de divers gisemenis de mer- cure dans des terrains divers, qui établissent qu’ils suivent une diago- nale parallèle au mont Yiso, p. 5-r. — Autre dans le schiste micacé de Valleraugues dans les Cévennes , p. ET DES AUI EU H S. 697 Métamorphisme. Considérations de M. Boué sur le phénomène du méta- morphisme, p. 4>5. Métaux. Examen de la manière dont les métaux ont rempli les filons, et sur leur sublimation; notamment relie du mercure et de l’or, p. 42^* 429. — Actions des acides sur les métaux . p. 4^0. — Le fer oxidulé et oligiste est le seul qui vienne sous forme de lave, p. 4^0. — Extrait d un mémoire de M. Daubrée sur les dépôts métallifères de la Suède, 5jo. M etaxytherium. Nom donné à un ani- mal fossile par M. de Christel , que M. Fitzinger propose de remplacer par celui de Halitherium , p. 238. Météorites. Note sur leur composition par M. Angelot , p. 589. ■ — Liste des corps simples qu’on y a trouvés, p. 591; sélénium, phosphore, chlore, p. 691. — Calcium, arsenic, molybdène et argent, p. 592. — Oxi- gène , hydrogène , eau, p. 5g3. — Azote, p. 5q4. — Liste donnée par M. E. de Beaumont, p. 5g5. Meulières. Conjectures de M. Dufrénoy sur l’origine des couches de meulières de Meiiiant et de La Ferlé, p. 3x8. — Considérations de M. Boué sur les meulières en général et leur ori- gine, p. 428. — Couches de meulières citées dans le département de la Vienne; lieux où on les trouve, leur aspect, p. 632, 636. — Fixation des limites de la formation des meulières, p. 637. Méîcne ( Vèlay ). Sur la formation des cônes du Cantal , du Mont-Dore et du Mézène, par M. C. Prévost, p. 2ai. — Forme générale compa- rable avec celle de l’Etna et du Vé- suve; comparaison des vallées, ibid. — Formé comme l’Etna et le Vé- suve par accumulation de matières , p. 223. Micaschiste. Une des roches fonda- mentales du Pusterthal; son allure, accidents qu’on y observe, p. ;8, 19 — Sa manière d’être dans le bassin de l’Inn ; lieux où on le voit, passage au schiste argileux , p. 19, 20. — Sa disposition dans le cercle supérieur de l’Inn , p. 21. — Sur les bords de l’Inn, p. 26. — Cité dans le terrain primitif du Connecticut, p. 6a3. Michelin ( Hardouin ) , présente le compte des recettes et dépenses pour l’année 1842, p. 200. — Doutes élevé? sur l’exactitude de la description d’une moule par M. d'Hombres-Fir- mas, p. 457 . — Observation sur la fossilisation de YOstrea vesicu taris , et ce qu’on observe en la vidant , p. 546’. — Observation sur l’asso- ciation des trilobites et des conu- laires, p. 563. Millet (C.). Ses travaux analytiques sur les météorites cités p.591, 5y5pas- sim. — Notice sur divers gisements de matières pyriteuses exploitées pour l’amendement des terres et pour la fabrication de l’alun et de la cou perose. — Origine du soufre et du phosphore contenus dans ces ma- tières, p. 61 3. Minas -Geraes [Brésil j. Décou verte dans cette province de gisements de dia- mants dans le quarzite ou l’itacolu- mite , p 232 et note — Echantillons d’or massif dans le fer oligiste, ibid., note. Miask [Oural). Note sur les résultats obtenus dans les lavages d’or de Miask, p. 225. Minéraux divers observés dans le cal- caire jurassique de l’Inn supérieur, p. 22. — Considérations sur les mi- néraux des terrains schisteux, cris- tallins et ignés, par M. Boué, p. 4!6- — Minéraux métallifères et fibreux , p. 4i6, 417- — Sur les minéraux contenus dans le gypse, p. 419- — Considération sur l’association des minéraux des filons, p. 4a8. — Miné- raux divers qui se trouvent dans les amas et les filons métallifères de la Suède et de la Norwége, p. 571, 572 — Minéraux divers trouvés dans les météorites, p. uÿ5. — Dans les trapps du Connecticut , p. 625. Mohs. Annonce de son ouvrage inti- tulé : Les premiers éléments de la minéralogie et de la géognosie à l’usage des jeunes mineurs en Au- triche, p. 335. — Critique de M. Boué, ibid. Molasse c. itée sur les bords de la mer Rouge, province du Tigré ; nature et éléments de celte molasse , ses fossiles , p. 492. 495. Molybdène trouvé dans les masses de fer météorique de Magdebourg et de Rothehutle p. 592. Mont-Dore. Sur la formation des cônes volcaniques du Cantal et du Mont- Dore, par M. C. Prévost, p. 217, 221. — Disposition des roches com- pactes et des scoi ies ; forme des val- lées comparable à celles du Vésuve 698 TABLE DES MATIERES et de l’Etna, p. 221. — Epaisseur des matières volcaniques au centre; causes qui éloignent l’admission de la théorie des soulèvements , p. 222. — Comparaison entre le Mont-Dore, l'Etna et le Vésuve, p. 223. Montagnes . Considérations théoriques de M. Boué sur la formation des montagnes, p. 4*3. — Rapports gé- néraux entre la disposition des chaînes de nos trois grands conti- nents anciens; analogie entre les montagnes de l’Afrique et de l'in- dostan avec celles delà Guyane et du Brésil , p. 43p. Monts Euganéens. Existence du terrain tertiaire constatée dans ce groupe; témoignages cités; il est intercalé de roches basaltiques et trachytiques qui causèrent le soulèvement. — Époque de ce soulèvement; compo- sition du terrain tertiaire, p. 58, 5g. Montbrison ( Loire). Disposition du terrain tertiaire des environs de cette ville entre les terrains primor- N agelfhth tertiaire. Lieux où on l’ob- serve dans le Vorarlberg, son allure, p. 17. 18, 29. — Conjecture sur son âge, p. 24. — Cité vers les sources de l’Ill où il supporte des ligniles, p. 25. N anteuil-le-Haudouin (Oise), cité pour les sables marins moyens , et le ter- rain lacustre moyen, p. 79, 80. Nappe. Différences qu'il y a entre une nappe volcanique et une coulée vol- canique. Définition des unes et des autres par Ai. Dufrénoy , p. 129. Narbdrough est le premier qui en 1670 ail cité des Huîtres fosdles en Pata- gonie, p. 268. Naudot (A.). Lettre annonçant la dé- couverte de cavernes à ossements dans le voisinage de. Nice, p. 4^7. Naumoise( Aisne) cité pour un dépôt de lignite moderne connu sous le nom de cendres noires , reposant sur l’ar- gile düuvionne, p. 272. — Disposi- tion de ce lignite encore tourbeux à sa partie supérieure; fossiles, ibid. — Manière d’être de la courhe dilu- vienne ; roches inférieures, p. 272, 273. Neige. Parallèle entre la (usion de la glace et celle de la neige, p. 139. — diaux et ceux de transition, p. 58o. — Altitude des formations du bassin tertiaire de Montbrison , p. 584- — Comparaison de ce bassin avec celui de Roanne, ibid. Montpellier. Indication de l’existence du mercure natif dans des marnes tertiaires des environs de celte ville, rappelée; l’ahbé de Sauvages l’avait indiquée en 1760, p. 4*6 et note , 577. Moraines. Manière de les reconnaître et leur disposition dans les alentours de diverslaes des Alpes du Salzbourg, p. 602, 6o5. Moule géante, fossile du terrain crétacé, décrite par M. d’Hombres-Firrnas , p. 456. — Doutes élevéspar M. Mi- chelin, p. 457. MimcnisoN. Son opinion sur les ter- rains du Trévisan , citée p. 58. — - Réclamation par M. Robert contre l’omission de l’indication de ses ob- servations sur le transport des blocs, l’étendue des glaces et la structure des roches, 196, 199. N La glace fond plus vite que la neige; expériences de MM. Martinsel Bra- vais, p. i4<>, îji. — Observation des phénomènes du Biau-Gletscher , p. ï 4 1 . — Origine de la neige rouge, |>. \\v. — Action des eaux dans la fusion de la neige, p. i 43. Nèrinèes observées dans les graviers de la Seine, près Troyes, p. 5i5. Ncvè ( Firn ). Note de M. Martins sur les glaciers sans nevé du Faulhorn , p. 1 33. — Définition du nevé ; cause deson aspect gnnu, p. 1 34 * *38. — Ses limites inférieures; observations de MM. Hugi, Agassiz et Desor, p. i34. — Les glaciers sans nevé re- jettent les corps étrangers, parla fu- sion des glaces, p. i35, 1 36. — Le nevé ne les rejette pas, point de mo- raines à sa surface, explication du phénomène, p. 1 38. — Formation des glaciers 9ans nevé ; opinion de Saussure , p. 142. — Expériences confirmatives de MM. Martins et Bravais, p. 142, i43, 1 4 4 • Nice. Cavernes à ossements découvertes par M. A. Naudot dans le voisinage de Nice, p. 467 - Nil. Les calcaires blancs et tachants qui bordent le Nil dans la Haute- ET DIS AUTEURS. 699 Egypte sont , suivant M. Ehrenberg, formés par les animalcules coralliens, p. 553. Niort. Série complète des étages du terrain jurassique de cette ville à la Charente, p. 620, 621. — Fossiles qu’on y voit, ibid. Norwége. Extrait d’un mémoire de M. Daubrée sur les dépôts métalli- fères de la Suède et de la Norwége, quatre formes de dépôt; examen de chacune des formes, importance des dépôts ; enchevêtrement des filons; leur richesse; époque de formation de tous ces dépôts, p. 571 , 572, 573. — Direction des stries dilu- viennes en Norwége, suivant les li- gnes de la plus grande pente ; locali- tés observées ; même fait constaté par MM. Keilhau et Sdjestrœm, p. 5j3. — Format ion argileuse avec coquilles identiques avec celles de la mer voi- sine; mode de dépôt de celte argile, Obsidienne observée dans les conglo- mérats du Lioran , p. ii5. — On ne îa trouve pas dans une des galeries creusées dans cette montagne , p. 1 15. Oolite. Calcaire oolitique dans les val- lées du Berry, remplaçant l’argile d'Osford, p. 3 10. — Etendue de l’oo- lile au bois de Meillaut (Cher), p. 3ao. — Elle est complètement sili- ceuse; disposition des bancs, p. 3i6, 3ij. — Fossiles, p. 317, 3 » S. — Oo!iles grande et inférieure , af- fectées d’un affaissement dans la val- lée de Saint-Maixenl (Deux-Sèvres) p. 620. — Oolites inférieure et moyenne, citées dans le dép. de la Vienne; localités où on les voit tra- versées par le granité, le lias et des dolomies, p. 632, 635. — Etendue et limite des calcaires oolitiques, p. 637. — Oolite inférieure et grande oolite observées dans la vallée du Clain , p. 638. — Oolite moyenne visitée à Vandœuvre (Vienne). Dis- position des strates; empreintes vé- gétales, elle supporte le grès vert, p. 64-5. — Grande ooiite visitée près Poitiers ; inclinaison des couchrs, dents de sauriens, p. 645, 644- — A Lusignan , elle passe à la dolo- mie; cavités qu’on y voit, p- 645. elle prouve un soulèvement récent ; hauteur à laquelle a été observé ce dépôt , p. 5j4- — Point de terrain en Norwége intermédiaire au ter- rain de transition , et aux derniers terrains tertiaires, p. 5j5. — La Norwégea éprouvé deux mouvem nls en sens contraire, p. 5j5. — Opi- nion de M. de Beaumont conforme, P- 5'6: Nummulines associées à diverses co- quilles tertiaires dans le départ. <>’ 0 l’Aude, p. 488, 489. V. Terrains à nummutites. Nyst (H). Liste des coquilles fossiles des argiles de Boom, Basele, Sehel- le, etc. Extraits de la description de ces fossiles par M. deKoninck. Des- cription du Cassidaria Nystii, p. 45i, 455. — Comparaison de ces co- quilles avec celles de l’argile de Lon- dres et du Crag, p. 455. — Offre d’une suite de fossiles du Crag, p. 456. — Les divers étages de l’oolite ob- servés à Saint-Maixent, p. 649, 65o. — Oolite inférieure observée à ia Ville-Dieu, près Poitiers, p 652. Omalius d’halloy (d ). Son opinion sur l’état du sol de l’Auvergne pendant le dépôt du terram secondaire, p. i3i . — Explication de M. Bouc sur l’origine des polders proposée en place de celle de M. d'Omalius, p. ÿ?>j. — Observations sur ia saluie des lacs salés sans débouché, p. 092. — Sur la tendance de la silice à former des globules, p. 396. — Ob- servations sur les infusoires de la craieayantleurs analoguesvivanls, p. 56o. — Essai d’explication de la dif- férence qui existe entre l’altitude des couches tertiaires de Paris et celles du même âge de la Lirnagne, cité, p. 577. — Observations sur la sécu- rité des animaux à l’approche d’un tremblement de terre, p. 612. Ophites Les gaz qui accompagnèrent leur apparition dans les Pyrénées causèrent la fonte des neiges , et p 1 suite la formation du terrain dilu . vien, p. 4oa. Or signalé près d’Epernay dans l’ar- gile plastique à lignites en pellicu- les enveloppant du fer hydroxide , ou bien en paillettes dans l’argile, p. 700 TABLE DES MATIERES 104. — Note sur Se lavage des sables aurifères de l’Oural ; résultats obte- nus, p. 224, 2 25. — Comparaison de diverses pépites d’or natif, p. 226. — Or natif dans le fer oligisle dans la province de Minas-Geraes, p. 232, note. — Or cité dans le& al- luvions de Valparaiso, son origine* p. 398. — Or en paillettes dans une localité du Tigré (Abyssinie), p. 5o2. — Or des environs de Lisbonne; son origine, p. 5 16. Okbignv (Charles à’). Réponse à M. Rau- lin pour établir l’identité entre les terrains de Sezanne et un terrain de Rdly, p. io6. — Fossiles cités : Phy- sa gigantea , etc , p. io5. Obbigny (Alcide d’) présente la carte géologique de la républiquede Bolivia; réponse à M. Mellevilie sur l’identi- té des argiles des plateaux de ce pays avec celle des plaines, p. 8$. — Son opinion sur l’identité du terrain à empreintes végétales de la Crotte près Sezanne , avec celui de Rilly, près Reims, p. i65. — Note sur une nouvelle espèce du genre Bellero- phine trouvée près de Dienville (Au- be), p. i65. — Indication de tur- rilites trouvées dans le lias de St.- Amand (Cher), par MM. Boblaye, de Valdan et deCovnart, p. 166, 167. — Renseignements sur son ou- vrage contenant la description de co- quilles et échinodermes fossiles de la Colombie recueillis par M. Bous- singault, p. 267. — - Quelques consi- dérations sur la station normale com- parative des coquilles bivalves par A.d’Orbigny, p 290. — Extrait d’une lettre que lui adresse M. Cornuel sur le terrain néocomien , observé près Wassy, qui confirme sa classifi- cation , p. 307. — Observation sur le synchronisme admis par M. C. Prévost dans la formation et la dis- position des coquilles dans les roches, p. 33o. — Doutes élevés sur l’iden- tité que M. Melleville trouve dans diverses coquilles, p. 32 2. — Consi- dérations générales sur la paléontolo gie de l’Amérique méridionale com- parée à la paléontologie de l’Europe, p. 342. — Réflexions critiques de M. Rivière; réponse de MM. d'Or- bigny et de Verneuil , p. 35i, 352. - — Considérations géologiques et géo- logico-géographiques sur les mollus- ques gastéropodes des terrains cré- tacés, p. 4^0. 485, — Observations de MM. Raulin et d’Archiac sur des rognons cités dans les sables verts, p. 485 , 486. — Sur les terrains contenant des mélanges coquilliers crétacés et tertiaires , surtout sur les dépôts nummulitiques, p. 486, 487. — Réponse à une critique de M. Desmoulins contre le fossile nommé par lui Globiconcha , p. 509. — Observations sur la note de M. d’Archiac relative aux formes pé- lagiques; possibilité d’un dépôt co- quillier d*ns la profondeur de la mer, p. 5a5. — Sur le classement des couches à nummuliles de Couiza et des Pyrénées, p. 533. — Quelles parties de l’animal se fossilisent , p. 545. — Note sur les traces de rema- niements au sein des couchesdu gault ou terrain albien de France et de Sa- voie, 537. — Obs. de di v . membres, 544 suiv. — Remarques sur la ina- nièred’observerdeM. Ehrenberg; er- reurs commises par lui, p 56 1. — Ob- servations sur l’habitation des oonu- laires et des trilobites, p. 563. — Sur l’usure des dents des animaux pour fixer leur âge, p 579. — Note sur une série complète di s terrains jurassiques entre Niort et la Cha- rente, p. 620. Osars. Opinion de M. E. Robert sur leur origine, p. 199. Ossements fossiles trouvés à Espaly (Haute-Loire) , p. 567. — Cités dans le terrain tertiaire moyen de Saint-Maixent, p. 65o. Ostrea vesicularis. Observation de M. Michelin sur la manière dont elle se fossilise ; ce qu’on observe quand on la vide, p. 546. O u chia. Vallée du Tigré; les monta- gnes y sont formées de roches primi- tives; indication de ces roches; leur disposition, p. 494- Ours. Animaux du genre Fetis rangés par erreur dans le genre Ursus , p. 3o. — Dents d'ours signalées dans une grotte près de Nice, p. 457* Oural. Note sur le lavage des sabies aurifères de l’Oural, p. 224, — Quan- tités d’or obtenues, p. 225, 226. Ourmiali. Conjectures sur son élévaT tion, sur son origine, la salure et la densité de ses eaux , p. 378, 379. — Analyse de ses eaux, p. 377, note. Oxford-clay. Description par M. J. Beaudouin d’une nouvelle espèce d'Echinide ( Laganum Marmontïi)> ET DES AUTEURS. 701 trouvée dans l’Oxford-Clay ; consé- quences paléontologiques qu’il en tire, p. ; 55, 159. — Manière d’être des couches oxfordiennes au fort l’E- cluse ; elles fournissent une chaux hydraulique; inclinaison des couches, j). 229. — Argile d’Oxford manque entre les montagnes de la Vendée et celles du Morvan, p. 3io. — Alti- tude de l'Oxford -clay entre Nevers et Magny , p. 581. — - Des calcaires Paléontologie- Tableau comparé des espèces fossiles basaltiques, et des atterrissements, etc., de la Limagne, p. 2i2. — L’homme a été contem- porain de ces animaux, faits qui le prouvent, p. 21 5. — Distribution des espèces ; deux époques de généra- tion ; la première répond à celle du terrain quaternaire, l’autre avec les espèces humatiles , p. 216. — Erreur de MM. Bravard et Croizel qui ont cru que chaque dépôt d’ossements appartenait à une génération parti- culière, p. 216. — Opinion conforme de M. C. Prévost, p. 217. — Docu- ments pour l’histoire de la décou- verte des fossiles dans l’Amérique du Sud, p. 26S. — Considération sur la paléontologie de l’Amérique méri- dionale comparée à la paléontologie de l’Europe par M. A. d’Orbigny , p. 542. — Faune terrestre à l’épo- que silurienne , à l’époque devo- nienne, p. 343. — Considérations sur la faune et la flore du terrain carbonifère, p. 344, 343. — Ab- sence d’animaux à l’époque du trias , p. 344* — Rapports d’analogie en- tre la faune du terrain néocomien de l’Amérique et celui di- l’Europe, p. 345. — Considération et comparai- son des faunes à l’époque des ter- rains tertiaires et du diluvium, p. 347. — Ii fluence du soulèvement des Corddlières , p 347- — Conclu- sion, répartition des êtres par zone suivant les époques géologiques , p. 349- — Ce n’est que postérieure- ment au terrain crétacé , suivant M. d’Orbigny , que l’influence de latitude s’est fait sentir et qu’elle a détruit l’uniformité qu’on voit dans les formations anciennes, p. 35 1. — Considérations sur la disparition des oxfonliens au nord de Nevers . p. 583. — Ces calcaires affectés d’affais- sement dans la vallée de Saint - Maixent, p. 620. — Les bancs co- ralliens ne sont, suivant M. A. d’Or- bigny, que des accidents locaux ox- fordiens. p. 621.—- Argile d’Oxford, sa manière d’être dans les environs de St. Maixent , p. 65 1. Oxigéne indiqué comme se trouvant dans les pierres météoriques, p. 5q3. grands animaux par M. Boué, p. 445, 446. — Considérations géné- rales paléontologiques de M. d’Or- bigny sur les gastéropodes, p. 475, 476. — Mammouth entier trouvé en Sibérie, p. 5 16. — Os fossile* trouvés à Espaly (flaule-Loire), p. 567. — Considérations sur l’usé des dent* comme moyen de Gxer l’Age des ani- maux, p. 569. Paris. Les terrains tertiaires dans le bassin de Paris ne sont pas toujours superposés , suivant M. Melleville , p. 70. — Modification nécessaire dans les idées théoriques sur R mode de dépôt qui a dû se faire dans plu- sieurs lacs, p. 74, 84. — - Opinion de M. Brongniart sur l’origine du ter- rain d’eau douce parisien , p. i83. — Disposition des trois étages sa- bleux ; manière dont ils se sont dé- posés, p. 188. — Essai d’explica- tion de la formation des terrain* tertiaires du bassin de Paris, p. 18S. — Collines gypseuses, p. 189. — Coupes représentant : i° le bassin parisien rempli entièrement; 20 le même bassin après le creusement des vallées ; développement et explica- tion, p. 190, 193. — M. Melleville pense que ce bassin était une Cas- pienne , p. 191. — Carte des envi- rons de Paris par M. Raulin, p. 46o. — Gastéropodes du bassin pa- risien ; terrain néocomien p 4 77- — aptien; — albi n , p. 479* — Comparaison et rapport des cliver; étages, p. 481- — Disposition du bassin parisien dans le dépôt des di- vers étages du terrain crétacé , p, 483. — Différence entre le diluvium troyen et le diluvium parisien, |>. 5 1 5. — Essai d’explication par M. d'Omalius de la différence qui est TABLE DES MATIERES 702 entre l’altitude des couches tertiai- res de Paris, et celles du même âge de la Limagne. M. de Beaumont y voit un soulèvement , p. 577, 578. Partsch. Carte géologique de Par ch i- duehé d’Autriche et des parties ad- jacentes , etc. , p. 66. Pasiw. Son opinion contraire à celle de MM, Dell Zigno et Murchison sur les terrains tertiaires du Trévisan, citée p. 58 — Celle sur le terrain tertiaire des monts Euganéens, p. 59. Paulhaguet (H. Loire). Disposition des terrains tertiaires entre celte ville et Brioude, p. 579. — Altitude de la Senouire et du plateau de gneiss de Paulhaguet , p. 582. Payta (Chili). Explication par M. Che- valier sur ce dépôt coquillier , p. 45o. Pecten quinquecostatus. Sa présence au milieu du terrain à nummulites , citée par M. Dufrénoy et expliquée par M. d’Archiac, p. 553, 536. Pendule. La variation de la verticale est causée par les masses très denses des bombemenls, p. 277. — Augmenta- tion du pendule dans les îles éloi- gnées des continents et les grandes plaines; sa diminution dans le voisi- nage des chaînes de montagnes ; opi- nion de Poisson, p. 2K1, 282. — Ap- plication du calcul ; observations faites par MM. Biot et Mathieu à Clermont, p. 282, 283. — Effet des montagnes nul. p. 283, 284, — Ob- servations de MM. Biot à Bordeaux, et Carlini sur le mont Cenis , p. 286. — Mouvements du pendule dans les points voisins de la trace du méridien de Paris, p. 280. — S:a tions et longueurs; conclusions, p. a 86. Percival (J.-G.) Rapport sur la géolo gie de l’état de Connecticut par M. J. -G. Percival, p. 622, Pèridotite, roche éruptive , observée par M. Viquesnel en Macédoine; sa composition, relation avec le terrain tertiaire; son âge, p. 292. Période salino - magnésienne , admise par M. Angelot. Elle répond au new- red-sandstone, p. 382, note. Perrier, montagne d'Auvergne citée pour la découverte d’une tête fossile de felis, p. 3 1 . Perte du Rhône. Trace de remanie- ment dans le terrain albien de cette localité, p. 542. Pesanteur. La variation de la pesan- teur à la surface du globe est causée par la densité des masses placées dans les bombements , suivant M Rozet . p. 276. ■ — La longueur du rayon ter- restre n’a aucune influence; preuves par le calcul, p. 298. Pholadomie. Calcaire à pholadomies vu à Ludes (Marne) , au milieu d’un groupe lacustre, p. Phonotite observée en Glons au Lioran , p. 11 3. — Accident remarquable dans la rupture d’un «le ces Glons, p. n5. — Relation d’âge entre les Glons ou dykesde phonolite et ceux de traehyte , p 118. — Leur action dans le soulèvement du Cantal, p. 119. — Association des phonolites et des trachytes dans la Haute-Loire , le Wlay et le Vivarais, p. 124. — M. Dufrénoy admet dans le Cantal deux époques d’éruption de phono- liles, p. 125. — Les pbonolites en Auvergne, suivant M. Prévost, n’ont point soulevé les basaltes, p. 222. PliyUoréline , substance observée par M. Forckhammer dans les tourbières de la Seelande , etsignaléc par M. E. Robert , dans les concrétions cal- caires de la Seine, p. 299 note. Piava. Documents sur les terrains ter- tiaires des environs de celle ri- vière d’Italie , et l’époque de leur soulèvement par M. dell Zigno, p. 57 ei 58. Pinteville (de). Observations sur une couche marine intercalée dans un groupe lacustre signalé à Ludes (Marne) , p. 42* — Ses observa- tions sur le lac de Tiheriade. p. 375 , 3/4- — Noie sur l’âge du terrain gypseux en Sicile , p. 546 — Son opinion sur des roches granifoïdes et porphyroïdes vues près de Poitiers, p. 639. Pissis. Conditions dans lesquelles l’ila- columite devient flexible, p. 239. — Observations de M. Rivière ; ré- ponse, p. 240. — Notice sur l’âge relatif et la position des terrains vol- caniques de la France, p. >4o — Observations de M. Rozet , p. 260. — Réponse, p. 261. — Rappelées p. 587. Plagge, Son mémoire sur les em- preintes de pas d’animaux , cité , p. 66. Pleaux, vallée du Cantal. Altitude des conglomérats trachy tiques calculée par M. Raulin; terrain tertiaire , p. 174. — Il y est plus élevé au ET DES AUTEURS. 703 pourtour du massif Irachytique'qu’au centre, ibid. Pleurotome. Extrait du mémoire de M. Desmoulins sur ce genre , p. 10. — Rectification , 12, vote. — - Addi- tions, p. «3, note. Plomb. Mines du .Tyrol où l’on en ex- trait, p. 16. — Sulfure de plomb cité dans îe grès du lias des environs de Saint-Maixent, p. 648. Poisson , ses études sur les variations du pendule et sur l'influence des montagnes, indiquées, p. 282. Poissons fossiles cités dans un calcaire jurassique de l’Inn supérieur , p. 22. — Poissons fossiles dans des marnes feuilletées du terrain tertiaire de Vichy, p. 148. — Dents de pois- sons citées dans des marnescrayeuses du terrain de gypse près Girgenti en Sicile, p. 549- — Dents et em- preintes de poissons citées dans la même marne près Caltanisetta , p. 55i. Poitiers Note de M. Dufrénoy sur le calcaire jurassique à i’E de cette ville, p. 3o8. — Détail des couches inférieures, p. 008, 3og. — Dis- position des courbes géologiques dans la vallée de la Creuse, abon- dance de la silice dans l’arkose; fos- siles, argile d’Oxford, p. 3 10. — Vallée de l’Indre ; formation , coral- rag, calcaireàastartes, à gryphée vir- gule; comparaison avec les terrains de quelques provinces, p, 3i2. — Vallée du Cher, lias bleu et lias blanc, p. 3i3. — Couches traversées en forant le puits artésien de San- coins, p. 3 14. — Indication de celles observées au bois de Meillant,p. 3 1 7. — - Compte-rendu delà réunion extraordinaire tenue dans cette ville, p. 629. — On y observe les calcaires de î’oolite inférieure, percés par le gra- nité, le lias et une dolomie, ils sont sé- parés de la craie par l’oolite moyenne et le grès vert , p, 634. — Ilot de ro- ches granitoïdes et porphyroïdes; opinions diverses sur ces roches; disposition du terrain jurassique au- dessus de cet îlot, p. 638, 63g. — Les divers étages de l’oolite observés en plusieurs points voisins de Poi- tiers, p. 643, 644 — Puits naturels remplis de sable rouge, p. 644 * Polders. Nouvelle théorie par M. Boué sur la formation des polders en ré ponse à celles de M. d’Omalius d’IIalloy, p 237. Soc. géol. T 0111. XIV P0MRL ( Aug. ). Notice sur les car- nassiers à canines comprimées et tranchantes, trouvés dans les allu- vionsdu val d’Arno et dePAuvergne, p. 29. — Nouvelle espèce de chien fossile découverte dans les alluvions volcaniques de l’Auvergne, p. 38- — Nouvelle espèce de loutre trouvée dans les mêmes alluvions , p. 16. — Nouvelles observations sur la palé- ontologiedes terrains meubles de la Limagne d'Auvergne, p. 206. Polypiers de l’argile d’Oxford dans les vallées de PJndre et dans celles de la Creuse, p. 3ir. — Delà luma- chelle siliceuse de Meillant ( Cher ) , p. 3 18. — Trouvés sur les bords de la mer Morte, p. 376. — A Gmunden (Autriche), cités, p. 382. — Limites où les polypiers cessent d’exister , p. 5i9. Pont-Château est, pour M. Desvaux, le 1 QÜrivates porlus de Ptolémée, 642. Porphyres divers observés dans le ter- rain de transition de Vichy , p. i45, i46. — Passage du feldspath com- pacte ( eurite ) au porphyre , p. i46. — - Porphyre , p. 146. — Por- phyre pétrosiliceux en amas dans le diorite aux environs de Valparaiso , p. 397, 398. — Porphyre feldspath i- que cité dans le département de la Vienne, p. 63 1. — Porphyre et roches porphyroïdes vues dans la vallée du Clain ; opinions diverses sur ees roches, p. 638, 639. Pouzzolane „ peut être remplacée par certains conglomérats du Lioran ; analyse par M. Vicat, p. 111. note. Pbangeh ( Engelbert) , découvre des restes d’ichthyosaure dans le calcaire des Alpes d'Autriche, p. i3. Pratt. Son opinion sur les terrains de Biarritz, p. 533. Prévoit ( Constant ) Observations sur l’origine du Gantai , p. 125. — Ré- ponse de M. Dufrénoy, ibid. — Ré- plique de M. Prévost contenant son opinion sur les basaltes du Cantal, p. 127. — Manière d’être du calcaire d’eau douce par rapport aux pro- duits volcaniques, p 127, 128. — Réponse à M. Rozet sur le relief de l’Auvergne, considérations dont il faut tenir compte dans l’étude de l’Auvergne, p. i3o, 1 3 1 . — Son opi- nion sur lecalcaireà empreintes végé- tales de la montagne de la Crotte près Sezanne (Marne), p. 168. — Opinion conforme à celle de M. Rozet sur 46 704 TABLE DES MATIERES l’Auvergne, p. 168. — Observa- tions adressées à M. Raulin sur l’inclinaison qu’il assigne aux cou- ches calcaires du Cantal, p. 180. — Son opinion sur les ossements des cavernes, p. 217. — Résumé delà discussion relative à la formation des cônes volcaniques du Cantal et du Mont-Dore, p. 217. —11 admet le synchronisme entre les formations dechaque époque, p. 328. — Réponse de MM. Dufrénoy et d’Orbigny , p. 329, 33o. — Sa théorie des affais- sements, rappelée par M. Boue, p. 412. Prologync. Sa texture, lieux où on l’observe dans l’Albanie et la Macé- doine, p. 291. Puillon-Boblaye. Coupe de terrain des bois de Mciliant (Cher), p. 3l7- Puissant. Ses observations géodésiques en Auvergne, citées p. i3o. — Ap- platissement du sphéroïde terrestre, p. 1 3 1 . Puits. Phénomènes observés par M. Pjoué dans le percement d'un puits à Yoeslau au travers des terrains t* rliaires jusqu’au tegel; l'eau n’y est point jaillissante comme à Vienne; essai d’explication , p. 67. — Marche des eaux souterraines à Voeslau, p. 68. — Couches traversées dans le sondage des puits artésiens de 3an- coins , p. 3 14. — Epaisseur de la craie traversée en forant un puits artésien à la montagne, de la Crotte près Sezanne, p 353. Puits naturels. Théorie des puits na- turels par M. Melleviüe, p. 182. — Observations de M. Leblanc, p. i83. — Explication des terrains d’eau douce parisiens par les sources calcarifères , p. i83. — Indication des puits verticaux naturels par MM. Cuvier et Brongniart, p. i84- — Couches traversées par les puits , ibid — Puits naturels ou autres du calcaire grossier modifié, p. r85. — Disposition générale des puits na- turels conforme à celle des sources, p. i85. — Les puits naturels et les canaux des sources naturelles sont de vrais siphons , p. 186. — Leseaux de ces puits devaient être thermales et chargées d’acides, p. 187. — Ap- plication de leurs effets aux terrains tertiaires, ibid. — Ils ne se rattachent point à des saillies , p. 189. — Puits naturels observés près de Poitiers , leurs formes, ils sont remplis de sable rouge, p. 644. Pustertlial oriental. Observations faites par M. de Helmreichen; roches anciennes, calcaires secondaires des Alpes ; grès rouge . grès calcaires et schistes divers ; ^ajlure et gisement de ces roches; accrdents qu’elles pré- sentent, p. 18, 19 Puy-de-Dôme. Le soulèvement du Puy- de-Dôme contemporain de celui de la Corse, p. 168. — Influence de cette chaîne sur la déviation de la verticale, p. 283. Puy-en-Velay. Documents sur la dis- position du terrain tertiaire des en- vironsde cette ville, p. 58o. — • Alti- tude du bassin de cette ville, p. 584- — Considérations sur ce bassin, 585. Puy de-Griou. Ce cône phonoîitique fournit par sa disposition à M. Ruelle une objection contre l’application de la théorie descratères de soulève- ment au massif du Cantal, p. 119. 1 20. — Le Puy de-Griou appartient » suivant M. Dufrénoy. à la seconde époque d’éruption des phonoliles, p. 127. — Suivant M. Prévost il est antérieur à l’épanchement du ba- salte, p. 222. Pyrites, sulfures de fer. Considération sur leur origine ; décomposition des matières animales et végétales , p. 616, 617. — Origine des py- rites, des lignites et tourbes py pi- teuses des Ardennes , de l’Aisne et de la Marne, p. 618. — .Nature des pyrites jaune et blanche, p, 619. Phosphore trouvé par M. Berzéiius et Pallas, etc. , dans des masses de fer et des pierres météoriques , p. 591. — Mode d’action du phos- phore provenant des décompositions animales; causes des phosphates dans les cendres minérales, p. 616, 617. — Phosphates trouvés dans les tourbes du bassin de Paris, p. 618. Pyrénées. Le terrain diluvien a pu, suivant M. de Collegno, être produit par la fusion des eaux qui accompa- gnèrent l’apparition desophitrs, p. 402. — Les blocs erratiques ont pu être transportés de même , ibid. — Les terrains meubles du pied du Ca- nigou sont le résultat d’éboulements produits lors de son soulèvement , p. 4° 6. — Absence des terrains néocomiens dans le bassin pyré- ET DES AUTEURS. 705' ïiëen, p. 4 78. — Nombre des espèces de gastéropodes propres au bassin pyrénéen; gault , p. 4/9* — Etage turonien, p. 48o. — Rappor s nu- mériques des divers bassins . p. 48i, 482. — Les gastéropodes connus de la craie blanche , sont tous du bas- sin pyrénéen, p. 482. — Possibilité de l’existence dans le bassin pyré- néen* de terrain tertiaire de trois Quarz e[\Qtia?z ites en filons; com- ment Jls se sont formés ; l’atmos- phère était pri mitivement fortement imprégnée de vapeurs siliceuses , p. 425. — Voir Silice. — Quarz en masse et à divers états dans le gneiss de le vallée d’Addi-Déhabib , p. 4g3. — A divers états dans le Ta- renia, p. 49^- — En blocs en partie R Ar lin. Observation sur une cou- che marine, intercalée dans un groupe lacustre, signalée à Ludes (Marne), p. 42. — Doutes sur l’analogie du terrain de Hillv et de celui de Sezanne , p. io4-— Réponse de M. d’Orbigny, ibid. — Observa- tions sur les différences de niveau des couches tertiaires au Cantal, p. 1 35. — Mémoire sur l’altitude des terrains tertiaire et primordial au Canta! , p. ,172. — Déduction des faits, ar- guments contre l’application de la théorie des cratères de soulèvement, p. «76. — Coupes, 179, — Obser- vations de M. Prévost sur l’incli- naison des couches indiquées par M. Raulm, p. 180. Sacartedu plateau tertiaire parisien, citée p. 228, 260. — Observations sur des rognons quarzeux signalés par M. A. d'Orbigny , dans des localités de son terrain albien de Macheroménil (Ardennes) , p. 485 — Sur la dis- position des terrains tertiaires des plaines de l’Ailier et de la Loire, p. 577. Refroidissement du globe. Durée delà première période du refroidissement déduite par M Angelot de la contraction des granités en se soli- âgesdifférents, suivant M. d'Orbigny; observation de M. d’Archiac , p. 488. — Disposition des terrains ter- tiaires et crétacés ; leur séparation est visible , p. 49 — Analogie des systèmes de dépôts nummulitiques avec d’autres de diver ses localités, p. 4qo. — Couches nummulitiques et à fossiles tertiaires, analogues aux sa- bles inférieurs tertiaires, p.488, 556, dans un grès ronge près Coutoftoffé ( Tigré ) , p. 496* — En filons dans les schistes argileux près Adoua , p. 499. — Et dans divers points in- terposés entre celte ville et le Mareb, p. 5oi, 5o4. Qoatrefages. Annonce de mercure na- tif trouvé par lui dans les Cévennes près de Valléraugues, p. 5yy. diûant, p 5o. — Evaluation de la contraction linéaire du globe pour sa solidification, p. 5i. — Considéra- tions de M. Roué sur le mode de refroidissement du globe, p. 4 1 * - Ressort ( Aube ), cité pour le tuf cal- caire se formant encore maintenant dans un ruisseau , p. 355. — Rap- pelé , p, 54. Révolutions du globe. Effets des di- verses révolutions qui ont agité le sol de l’Auvergne, p. 168. — Manière dont les présente M. Raulin ; ordre chronologique qu’il leur attribue, p. 179. — Dislocation et affaisse- ments nombreux en Amérique , à la fin des terrains jurassiques , p. 344» 345. — Division et affaissements des bassins à la fin de l’époque cré- tacée , p. 346. — ■ Considérations générales deM. Boue sur les affais- sements et soulèvements, p. 4 <2. — Révolution du globe à la suite du dépôt du terrain albien , p. 484 —■ Bouleversemenlscausésdans le Tigré par les volcans, p. 49^- — Lu for- mation des dépôts métallifères de la Suède se relie aux dislocations du sol de cette contrée , p. 573. — Mouvements causés dans les terrains primaires et secondaires du Con- 706 TABLE DES MATIERES neclicul par l'éruption des tiapps, p. 624, 6a6. Rhin , angles des talus dans diverses parties de son cours, p. 92, 93. Ri lly- la- Montagne (Morne). Analogie établie par MM. Duval et Meillet, entre un calcaire de cette localité et le calcaire lacustre inférieur de Se- xanne, p. 101. — Doute contraire de M. Raulin, réponse de M. Ch. d’Orbigny, doutes de [M. de Weg- mann, p io5. — Identité de ces dépôts établie de nouveau par les fossiles, p. 164» *65. Rio ( Chev. del ). Son ouvrage sur les monts Eoganéens , cité; il nie qu’il y ait des terrains tertiaires , p. 58. — Description du Cycloconus^Ca- tulli, citée, p. 72. Rivibbk. Le talc qu’on croit voir’ dans ritacoluraite n’est, suivant lui , que du quarz ; réponse de M. Pissis , p. 240. — Critique deM. Rivière sur la manière dont M.d’Ürbigny rom- pa e les terrains et groupe ies fossiles, p. 53. Roanne. — Documents sur les terrains tertiaires des environs de cette ville, p. 58o. — Altitu ie des formations dans le bassin de Decize à Roanne, p. 583. — Terrain de transition, 584. — Comparaison et élévation des terrains tertiaires de Roanne avec celui de Monlbri-on, ibid . Robebt ( Eug. ). Réclamation contre l’oubli de son nom dans le cornpt - rendu des progrès de la géologie par M. Murchisoii , p. 196. — Ses observations sur le transport des blocs par les glaces en Russie , et sur les roches striées de la Finlande, p. 197. — Réponse à M. Renoir sur les grands glaciers, p 198 — Citation d’une lettre à l’Institut sur i’t-xten- sion de la mer Glaciale , p. 198. — Résumé., p. 199. — Rapprochement cotre les grès isolés de Fontaine- bleau et les glaces polaires, suivi de remarques sur les grès mamelon- nés d Orsay, p. 3p3. — Objections de M. Martins , p. 394. — Réponse à une assertion faite en 1840 par M. Martins , que les glaciers du Spitzberg n’ont point de moraines terminales, p. 36j, 365. — Réponse de M. Martins, p. 565, 566. Roches anciennes ou primordiales. Leur composition dans le Vorarlberg , p. 17. — Dans le Pusterthal o riental , p. 18 , 19. — Différences entre les produits volcaniques actuels et les roches anciennes, p. 45. — Diminu- tion dans les roches de l’oxigène et de la silice, augmentation du fer à me- sure qu’on s’enfonce , p. 55. — Dis- tribution des roches primaires et des schistes cristallins; causes des phéno- mènes p 44o. — Roches anciennes ou primitives en blocs au bas des col- lines du Tigré, p. 4pV Rognons quarzeux des sables verts cités à Macherornéni! comme preuve de remaniement , p. 48o. — M. Raulin nie qu'ils soient roulés ; son opinion sur ces rognons, p. 485. — Distinc- tion admise par M. d’Archiac, ibid. — Place qu’ils occupent rjans les carrières de Macheroménil et de Sauees-aux-Bois ; formas qu’ils y affectent, p. 539, 54o.— M. d’Orbigny ne les regarde point comme analogues aux silex delà craie, p. 54 c. — Observations de MM. Raulin et d’Orbigny; explication de leur opi- nion. p. 545. — Question de M. Lyell sur l’origine de la matière noire à l’intérieur de ces rognons, p. 545. — Opinion de M. d’Orbigny, p. 565. Roissr. Notice nécrologique sur Michel de Roissy ( Eug.-Pierre- Félix ) par M. de Blainville, p. 596. Rosb (H.) Analyse des eaux de la mer Baltique par lui, citée, p. 265. — Analyse des eaux de la mer Cas- pienne, p 366, note. — Analjsede l’eau du lac Elton , p. 367. Royan ( Charente- Inférieure ). Dispo- sition remarquable d’un terrain près cette ville reposant sur la craie , observée par M. A. d’Orbigny, p. 487. — Différence entre le terrain de Couiza ( Pyrénées) et la craie supérieure de Royan, p. 528. — Système nummulitique manque au N. du bassin delà Gascogne, entre le calcaire grossier de la Gironde et la craie de Royan, p. 536. — Ob- servations diverses, p. 5j2, 537. Roys ( marq. de ). Observation sur les grès de Fontainebleau et la manière dont ils se fendent ; grès lustrés quar- zifères, p. 3g5. — Observations sur les sondage des côtes de Chili par A. d’Ulloa , p. 4' 2. Rozrt, admet plusieurs époques desou- lèvementdans le Cantal, p. i3o. — Son mémoire sur la Bourgogne, cité pour un exemplede conglomérat placé d’une façon anormale, p. i47- ET DES AUTEURS, 707 Extrait de son mémoire sur les volcans de l’Auvergne, p. 167. — Opinion conforme de M. Prévost, p. 168. — Observations sur la notice de M. Pissis relative aux volcans de la Fiance centrale, p. 260. — Pas- sage des Commentaires de César qui prouve l’abaissement des eaux de l’Ailier, p. 266. — Sur l’inégalité des hauteurs de la colonne baromé- trique et delà longueur du pendule à la surface des eaux tranquilles, p. 276 et suiv. — Observations sur la notice de M. Delcros sur l’abaisse- ment du niveau de la mer Morte, p. 34- 1 » — Objections contre l'exac- titude des observations barométri- ques, p. 342. — Indications d'ob- servations faites dans l’Isère concor- dant avec celle de M. de Beaumont, p. 564. Ruelle. Description géognostique du Sables inférieurs contenant l'argile plastique en amas à leur base, au centre, dans le N. du bassin de Paris, comme à C liâlons sur Veste, Chenay, Un el et Soissons, p. 74, 75. — Ou sur le côté comme à Laon-perdu , à la Moncellc et entre Follembray et Condrcn, p. 76, 77. — Manière d’être de ces sables à Suzanne, ils sont micacés, p. io3. — Fragments de craie, signalés par M. Melleville dans les sables inférieurs, p. 184. — Note de M. Melleville sur la distri- bution des mollusques dans ces sables, p. 33 1. — Doutes élevés par MM. de Roissy et d’Orbigny , p. 332 Subies murins moyens , leurs rapports avec le terrain lacustre moyen qu’ils supportent; localités du département del’Aisne où on lesobserve; Gondre- ville, Léyignen, Jaulgonne, Bruyè- res, etc., p. 79, 82. — Les sables moyens et le terrain lacustre moyen reposent parallèlement au même niveau sur le calcaire grossier , p. 83. — Us environnent le terrain lacustre, p. 84. Sables verts du terrain albien de M. d’Orbigny ou gaull, renfermant dans les Ardennes des rognons quar- zeux qui annoncent des dislocations, p. 480. — Suivant MM. Kaolin et d'Archiac ils n’ont point été roulés;. souterrain de la montagne du Lioran et réflexionssur le groupe du Gantai, p. 106, 125. — Observations con- tradictoires de M. Dufrénoy , p. 125. — Opinion de M. C. Pievost conforme à celle de M. Ruelle sur l’origine du Cantal, p. 125. Russeggeb. Examen parM. Delcros des altitudes obtenues par lui dans le nivellement de la mer Morte, p. 339. — Comparaison avec les résul- tats de M. de Bertou et ceux de M. Del cros, p. 339. Russie méridionale. Terrains tertiaires fort anciens avec empreintes de feuilles d’ormes et de saules, cités par Pallas, p. i65. — Indication par M. E. Robert des observations faites en Russie sur le transport des blocs par les glaces, l’extension de la mer Glaciale et le poli des roches, !» »96* *99* origine qu’ils leurallribuent, p. 485. — Calcaire à aslartes roulé, signalé dans les mêmes sables, ibid V. Grès vert. Sable vert et jaune enveloppant le cal- caire grossier d’une ceinture, p. 78. Saignes. Vallée de la Haute-Loire citée pour les blocs de trachyte et les masses phonolitiques ; le gneiss en forme le fond, p. 124. Saint- Amand ( Cher ). Turrilites trou- vées dans le lias de ce pays , p. 166. Saint-Gildas. description par M. Des- vaux du bassin de ce nom, qu’il croit un port antique; il est formé par le terrain de transition, et contient un calcaire supportant une argile ; état des roches, leur texture et leur dis- position , p. 64 1. — M. Desvaux eu conclut l’abaissement de la mer, mode de dépôt du terrain tertiaire , p. 64‘2. — Opinion contraire de M. Bertrand-Geslin sur la nature du calcaire de S.-Gildas , p. 642. Saint-Jean-d’ Angely. Indication de la série complète des terrains jurassi- ques , depuis Niort jusqu’à la Cha- rente , en passant par cette ville , p. 629 Saint -Liphard ( Loire - In férié urc ). Bassin décrit par M. Desvaux .com- muniquant à celui de S. -Gildas ( V. 708 TABLE DES MATIERES ce mot ). Tourbière en exploitation et terrain tertiaire , 64 » 5 642. Saint P au ides Fonts (Aveyron). Mer- cure natif , découvert dans cette lo- calité par M Leymerie dans les marnes noires à Béiemnites du lias, p. 5 76. Saint-Seine ( Côte-d'Or ). Présence du lias à belemnites supportant un tufa calcaire, p. 555. Saint-Maixent (Deux- Sèvres). Affais- sement signalé dans la vallée de cette ville par M. Garian, comme ayant affecté le terrain jurassique, p. 619, 620. — Cet abaissement rapp-. ié avec indication des phéno- mènes qui l’ont accompagné et de son influence sur les dépôts posté- rieurs, p. 65 1 , 65a. — Terrains observés aux environs de cette ville: granité, gneiss, schistes talqueux et argileux ; accidents présentés par ces roches qui ont été soulevées, p. 64ô» 647. — Terrain jurassique ; lias , calcaire, grès et marnes à béiemnites, 647,648. — Oolite inférieure, grande oohte , oolite moyenne, p. 649, 65o. — Terrain tertiaire moyen ; sa nature argileuse avec silex , fer sulfuré et ossements fossiles , p. 65o. — Tra- vertin etsources incrustantes, p.65a. Salza . Forme de la vallée de cette ri- vièie; cailloux roulés, leur élévation, p. 6o5. Salzbourg. Mines qu'on exploite dans la province , p. 16. — Itinéraire géologique allant de la ville de ce nom au gros Glockner en passant par leslacs deKœnig‘éeet Zellersée par M. Le Blanc , p. 602. — On y observe surtout des blocs et les i he- nomènes erratiques, p. 602, 6o3. Sumaiata ( Tigré ). Montagne formée de thonschiefer avec roches amphi- holiques; stratification brisée parles roches volcaniques, p. 497» 498. San Lorenzo ( Chili ). Preuve que la séparation de cette ile d’avec le con- tinent est très ancienne, p. 4^9* Sancoins (Cher). Couches traversées en creusant un puits artésien dans cette localité. — Terrain de transport, marnes du lias, oolite inférieure, calcaire à gryphées arquées; lias blanc; marnes irisées, p. 3i6. Sandcr ( Ch. ). Ses observations dans lecercle supérieur de ITnri , p. 21. Sandek ( K. ), Description du pays bordant une partie du cours del'Inn, avec carte et coupe, p. 25. Sartoeius. Son opinion sur l’origine chimique de certains dépôts de grès, citée, p. 237. Saucesaux-Bois ( Ardennes ), cité pour des rognons quarzeux qui se trouvent dans le sable vert, p. 48o. — Opinion de M. Raulinsur ces rognons ; il nie qu'ils soient roulés, p. 485. — Place qu’ils occupent dans la carrière ; leur forme, p. 539. — Observations de MM. Raulin et d’Orbigny , expli- cation de leur opinion, p.545. Sauriens et ichtyosaures trouvés dans le calcaire des Alpes d’Autriche ; disposition des os, conséquences, p. i3, 14. — Dents de sauriens citées dans la grande oolite près de Poitiers, p. 644. — Vertèbres de sauriens in- diquées dans le grés du lias près Saint-Maixent, p. 648. Saussure ( de). Son opinion sur l’ori- gine des glaciers sans nevé, confirmée par les expériences de MM. Marlins et Bravais, p. 142. Sauvage (J. J. ). Notice sur un son- dage exécuté à Decize pour recon- naître le terrain houiller, p. 224. — - Sauvage. Son observation sur la silice contenue dans l’argile d’Oxford d’O- mont et dans le grès vert de Vou- zièrs ( Ardennes) , citée, p. 3oq. Sauvages (l’abbé de). Annonce en 1760 de mercure natif dans le terrain tertiaire de Montpellier, p. 5 1 6 note. Savoie. Traces de remaniement du gauiten Savoie, à la Montagne-des- Fé , à Cluses, etc., p. 54 * - Scandinavie. Considération par M. Boué sur le soulèvement des côtes de cette partie de l’Europe (Scanie). Il doit correspondre à ries abaissements, p 4^6, 457. — Sur les mouvements récents du sol Scandinave par M. Daubrée , p. 5;3. — Il aurait subi, à une époque récente, deux mouve- ments , p. 5ÿ5, 076. Schistes divers observés dans le terrain secondaire du Connecticut, p. 626, 627. Schiste argileux et alumineux cité parmi les terrains du département de la Vienne; coquilles qu'on y trouve, marbres , lignites et pyrites, p. 65i. Schistes argileux et lahjueux , superpo- ses au gneiss observés dans les alen- tours de Saint-Maixent ; lieux où 011 les voit; soulèvement, 646, 64j. Schistes urgiteux et arénacés observés dans le Pusterthal ; leur allure , ai ci- dents qu’ils présentent, p. 18, 19. ET DES AUTEURS. 700 — Dans l’ïnn supérieur, p. 20. — Lieux où ils se voient sur les rives de rlnn , caractères particuliers, 27. — - Disposition des schistes argileux dans le terrain de transition de Vichy , p. i46. — Avec des conglomérais por- phyriques dans le Tarenta ( Tigré) , p. 494, 49^* — Dans les plaines au pied des montagnes d’Alayc (Tigré) , p. 496- — Dans les montagnes de Samaiala, p. 4/7* — Près d’Adoua , p. 499- — Dans les montagnes du Tigre qui avoisinent le Mareb , p. Soi , 5qa . 5o3. — Cités dan-, la partie occidentale des terrains pri- maires du Connecticut, p. 625. Schistes à poissons d’Oran. M. Ehren- berg le place dans la craie, et M. Ro- zet dans le terrain tertiaire; M. de Pinteville appuie cette opinion , p. 556 Schistes cristallins , leur direction et leur structure sur les bords de l’inn, p. 27. — Lieux où on les observe , leur direction et leur composition dans T Albanie, p. 288, 289. — Schistes grenatifères avecbélemnites cités, p. 4t6. — Leur distribution sur le globe, p. 44°* Schmidt ( A. R ). Extrait des observa- tions qu’il a faites dans le Vorarlberg, p 17, 21. — Aux sources de 1*1 11 , p. 24, 25. — Observations de M. d’Archiac sur quelques détermina- tions de fossiles, par M. Schmidt, p. 29. Schmidt ( Ed. ). Mémoire de MM. E. Schmidt et Ch. Koch sur les pas d’animaux dans le grès bigarré, cité, p. 66. Schocw. Ses observations sur la varia- tion de la colonne barométrique à la surface des eaux, citées, p. 277. Scories et vacuoles manquant dans les produits pluloniens; faits contraires cités par M. Boué, p. 45. note. — Essai d'explication par M. Angelot, par la pression et mieux par une plus grande quantité de vapeur d’eau, p. 46, 4j- Sbfsthqem. Observations sur les stries diluviennes en Suède, citées, p. 573. Seine. Traces anciennes et concrétions cale, qu’on voit dans ce fleuve , près Meudon ; nature de ces concrétions qui sont de deux âges; blocs, végé- taux, graviers, os fossiles et coquilles qu’on y trouve; objets d’art, 298, 299, —Ile Séguin, sa composition, p. 3oi. — Conjectures sur l’origine de ces concrétions, p. 3o2 et3o3. — Pro- priété incrustante de ses eaux , rap- pelée. p. 355. — Nérinées trouvées dans les graviers de la Seine, p. 5i5. Sel arrivant, suivant Andréossy, par des sources dans la mer; lacs salés de la mer Caspienne , p. 262. — Quantité de sel fournie par le lac Dapmin.skoï , p. 263. — Origine présumée des montagnes de sel qui environnent la mer Morte, p. 371. — Quantité de sel fournie par un volume donné d’eau de mer, p. 373. — ■ Considération sur l’origine du sel gemme en couches , par M. An- gelot, p. 38i. — Les formations de Sel en couches y sont elles dues uni- quement aux sources salines? Exa- men decettequestion, p. 384 etsuiv. — Opinion de Hassenfrazt sur l’ori- gine neptunienne du sel , p. 387. — Cause de la coloration du sel en rouge, p. 386. — Epaisseur des couches de sel de divers points; différence entre le sel blanc et le sel gris, p. 387. — Considérations sur l’origine du seJ par M. Roué. 'et sur les roches aux- quelles il est associé , p. 420 , 421. Sengeb ( W. de ) Ses observation? dans le bassin de l’Inn supérieur, p. 19, 20. Sélénium trouvé dans du fer et des pierres météoriques , p. 591. Serpentine eleupholide; lieux où on les trouve en Albanie, roches qu’elles traversent , p. 291. Servie. Documents géologiques sur quelques points de cette partie de l’Europe , p. 288, 392. Sezanne {Marne). Echantillons d’em- preintes végétales de la montagne de la CroUe près celte ville, présentés par M. de Wegmann; conjecture sur l'origine de la roche qui est supé- rieure a la craie ; doutes sur sa posi- tion , p. 70. — Coupe des terrains des environs de Sezanne par MM. Duval et Meillet , p. 100. — Craie blanche; amas de silex, calcaire lacustre inférieur avec impression de plantes; calcaire pisolithique ter- tiaire, argile plastique, marnes vertes du gypse; calcaire siliceux , terre végétale, p. 101 , 104. — Ob- servation de M. Raulin contre l’a- nalogieétablie entre ce calcaire d’eau douce et celui de Rilly-la- Monta- gne ; réponse de M. A. d’Orbigny, qui conlirme celle analogie; fossiles de ce calcaire, p. 104 , io5. — M. de 710 TABLE DES MATIERES We^mann maintient ses doutes, p. io5. — Opinion de M. Ad. Bron- gniart sur les plantes fossiles de Sezanne, p. 101. — Coupe de la montagne de la Crotte présentée par M. de Wr^rrann, p. 164. — Ana- logie entre les dépôts de Rilly et ceux de la montagne de la Crotte prouvée par les fossiles, p. 164, i65. ( V. le mol Crotte. ) Sibérie. Mammoulh entier avec ses in- testins trouvé en Sibérie, près delà Lena,p. 5i6. — Carte géologique de la Sibérie de M. Ermann , an- noncée, p. 5 16. Sicile. Note par M. de Pinteville sur le terrain gypseux de celte île, p. £46. SVex en amas à la base des terrains tertiaires près de Sezanne, p. loi. — Craie remaniée avee silex em- pâtés pêle-mêle, p. 1 64 • — Donnée pour l’explication du silex pyroma- que de la craie par les infusoires à test siliceux , p. 354* Silice , formation siliceuse passant à la meulière , à la séparation du lias dans les vallées de la Creuse et de l’Indre, p.309, et à Meillant (Cher), p. 317. — Conjecture sur l’origine de cette silice et de la couche de meu- lière en général, p. 3og, 5 18. — Fos- siles trouvés; étage auquel i'sse rap- portent, p. 3og. — Silice contenue en abondance dans l'argile d’Oxford d’Omont et dans le grès vert de Vou- ziers, p.309. — Formation siliceuse développée dans la vadée du Cher, p. 3 12. — L’ooiite au bois de Mril- lant est complètement siliceuse , p. 317. — Calcaire ferrugineux en- durci par la silice, p. 317. — Ten- dance de la silice à former des glo- bules, p. 596. — Terrains siliceux déposés par les eaux, p. 424. — Partie des silex rudimentaires sont le pro- duit d’infusoires et de zoophytes, p. 428. Société géologique de France. Compte des recettes et dépenses pendant i8