\f '?. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Deuxieme Serie. TOME XI. BLREAU Dl- LA SOCIFlTl ( Ki.ECTiON Di- 30 MAns 18;?8.) Priiidrnt. yice-Pii-iidtiitf. Scnttutt'tirs. SecrJttiiif. M. lie. SALVAIVDY , miuiMio df I iiisliin tioii [)iil)li(|iie. \ M. le general ilc KIJMIGINY, aiJf Jr ci.Mp du Roi. ^ M. DALiSSY, iiigenifiir-liydrogra|>lie on clit-l de la mai inc. \ -M. !•■ baron RO'ISCHILD. i M. CA.STELl,A\ . nitmbre dt- rins'iliil. M. PEVTIER , rnpllalne au cdrps loval d i''tal-niajor. Liste ties Presidents honnrnires de la Societe depui's son ongme. MM. Le marquis dc Iinba^iie. Le |irutt'sseur Scuu.macher, a Alloiia. 1)». Na\arr£te, a Madrid. F AnL GoMZAi.F.s, a Madiid. Le doclenr Beinoancm. a Berlin. i.e capil. sir J. Franklin, a Londres. Le dorteiir RiCiiARiisoN, a londres. Le prolVsseiir Rakn, a Copenhagne. Le eapitaine Oraau, a Copcnhd^ue. AiN5\\or.TH, a Ediinbonrg. Lecou'eilk-i' AnatEN l'>Ai.Bi,aVieniie. MM. Lc ronile Graberct de Hemso. a Flo- rence. Le colonel I.oni;, aiix Elals-Unis. Sir J. Ini Barrow, a Londres. Le rapitdine Maconociiie , a Silney (NomelU; Galles . Lc ( apilaine sir John R()^s. Le ciinseillei' de MAChoo, a Lisbonne. Le jirofessciir Kari. Ritter, ;\ Bi-rlin. P.-S. DU PoKCEAU, a Pbiladelpbie. Le lolnnel Juan Galindo, a San Sjlva- dor (Anieiiipie ccntiale;. Le rapiianie G. Back. F. Dubois DE MoNrpER£ux,a NenfiJialel. Le ca|)itaine Jolin "Washington, a Lon- dres. PAUis. _ uipiiiMKiiiK nii iioi;ii(iO(;nE lix mauiinet ni» J.,ci.L, 30. BULLETIN BE LA f f SOCIETE DE GEOGRAPHIE. Deuxieme Serie. (tLHiuf (JDiijicmc. X:.'''«,i. ir- PARIS, CHEZ ARTHUSRERTRAND, I.IBRAIRE DE F. A SOCliTi DE GEOGRAPHIE, RUE HAUTEFEUILLE, n" 23. 1839. COMMISSION CENTRALE. COMPOSITION Dl BUREAU. (Election dii 21 decembre 18 38.) President. M. Jomard. fice-Piesidents. MM. L*RENAUDrF.BF. , Koux de Rochei.i.e. Secretaire-general. M. Calmer. Section tie Correspondance. MM. Bajot. MM. Cesar-Moreaii. Berard. Noel Desvergers. Daiissy. D'Orbigny. r)ul)iic. Peylier. Tsainhert. Tardieu. Jauhert. Warden. Liifoud. Sfction (Ic Publication. MM. Allicrt Monlemout. MM. F.yries. Aiisarr. Le baron Ladoucette. yi;nl)ie dii Bncage De Potnniense. Bianchi. Poiil.iiu. Le colonel CoralxEnt Piiilloii-Bubl.ivc. Le baron Coslaz. Vicomti? do Sanlarem. D'Avezac. Walckeiiaer. Section de Comptabilite. MM. Bencher. MM. De Moniro!. Berliielot. Le baron Ruger. Le colontl Denaix. Tenianx-Conipans. Coi/iite charge de ia publication du Bulletin. MM. Albcrt-MonteDioDt. MM. Montrnl. Ansarl. Nocl-Desvergcrs. Bjrbie du Bocage. Ponhiin. Danssy. Puillon-Boblaye. D'Avczac. Roux do Rocbelle. Jomard. Warden. M. Chapellier, notaire liunoraire, tresorier de la Societe, rue de Seine, C. M. Woirol, ^geut-gene^al et bibiiotiiecaire de la Societe, rue de I'Univer- iite, n" 2?. BULl.ETIN D£ LA. f 1 SOCIETE DE GEOGliAPHlE. JANVIER 1839. PREMIERE SECTION. MEMOIUES, EXTllAITS, ANALYSES ET ItAPl'ORTS. M^MOiRE sur la partie de la Guyane qui s'ctend entre rOyapok et V A ma zone , et sur la communication de r yiinazone an lac Mapa par la riviere Scdnt-Hilairc. L*int6rieur de la Guyane, et surlout de la parlie dont il s'agit ici , est si peu connu, qu'il semble du de- voir de lous ceux qui ont eu roccasion d'y p6n(itrer dans des directions non encore explor^es, de faire connaitre leurs observations, si peu importantes qu'clles puissent elre. C'est ce qui m'enhardit k pre- senter a la Soci^te quelques remarques que m'ont sugg^rees diverses courses , soil de navigation , soit a travers les lerres, entreprises dans le courant de 1857 et i838. J'y joins une carte surlaquelle sont figur^es, d'apr^s mes observations de routes , les cours des ri- ( '' ) vieres H'Ouessa, Cachipour el Conani, dans des par- ties ou on no les avail pas encore visilecs. J'oxprime le regret de ii'avoir pu les suivre plus avanl dans les terres; j'aurais voulu aiissi pouvoir donner au sujot de la rivi(ire Saint- llilairc cjuelquc chose de plus posilif que ce que Ton possedc jusqu'a pvt^scnt. Mais si le Iri- but que j'offre en ce moment a la Socicleine sorli d(i I'empire de la mer, se Irouvant couvert en moyenne parlie a chaque grande mart^e. A partir de la riviere de Ihncaoud , le pays tout cutier est si peu elevi , que dans le temps des pluies il sc Iransforme en un lac immense sur lequcl les canots des Indiens circulent sans dilliculte dans toutes les directions; c'est ce (ju on nomme los sai'anes iiojces, Les parties qui as- ( •> ) sc'chcnt en et6 soiit en effel couverles d'unc vegetation herbacee tr6s pulssanle, et lorsque I'inondation s'y 6lablit, les sommiles de ces herbes, montant a plu- sicurs picds au-dessus dunlveau de I'eau, leur donnent I'aspect d'unc savane entieremenl plate , dont Ic sol serait partout revetu de plusieurs pleds d'eau. Dans les endroils plus creux , et qui ne se meltent jamais a sec, meine pendant I'ele, celte vegetation ne prend pas, ol alors la surface de I'eau demeurant adecouvert, pro- (luit des lacs plus ou uioins etendus. J'ai eu, dans mon voyage d'Ouessa, roccasion d'observer surlarlvc dioile de cette riviere et dans I'Est des bauteurs de Tipoca un de ces lacs assez remarquable par lui-memc, et dans lequel les Indiens font une p6che dirigee principale- ment sur le lamanlin. Les lies cbarg^es d'arbres dont j'ai deja parlf!; , et qui, du sein de ces prairies noyees, s'elevent au milieu des cours d'eau, loujours neltement dessincs parmi les berbes paf la nudile do leur surface, donnent a ces deserts une pbysionomic qui n'appartient qu'a eux. 11 est evident que la bauteur de tons ces terrains s'accroit conlinuellemcnt. S'agit-il de ceux que la ma- vie recouvre? la mer toujours troublee par Ic limoii sur celte cote, s'engageant au milieu de la vegetation de paleluviers qui recouvre le sol, y abandonnc neces- sairemenl au moment oil le mouvemenl des eaux so ralontit, une parlie de cc limon , et n'en cnleve en so retirant du milieu des arbres qu'une proportion bien moindre que celle dont elJe (!;tait cbargee en arrivant. S'agit-il des lacs et des savanes noyces ? les eaux troubles, amenees par les rivieres dans ces creux, y font egalement des depots qui vonl tous les ans en uugmenlanl; et cola be voil dans le lac de flJa/ni , (jul ( '2 ) tlepuis qu'on y est etabli a ddju subi dcs cliangcmcnls sensibles.En elleljil est en train de se comblcr, surlout dans la partie qui avoisine sa bouche de d^charge dans la grande riviere. Sa prol'ondeur moyenne n'est que de o™,5o en et6 et de i'",5o dans les grandcs eaux ; et il est aisii de prevoir qu'avant peu d'annees I'ile de Choisy, ou se trouve plac6 Ic posle , sera agrdgee a la lerre ferme. Ainsi , les terres apparlcnant a I'ancien continent tendentnaturellement, encore de nos jours, a s'dlcver a un niveau superieur, et a devenir par consequent nioins niarecageuses qu'elles ne le sont. Je pense que rien ne s'opposc a ce qu'on puisse croire que la terre ferme conliiuie egalenient a gagncr sur la mer par I'adjouction de nouvelles alluvions. C'est un point qui ne pourra elre absolumcnt decide que par la coai- paraison de releves exacts, executes a des dpoques separ^es par un intervalle suflisant. Aussine saurait-il en elre des a present question, puisque nous ne pos- sedons pas une seule carle, meme d'une rigueur racidiocre et d'une 6poque quelconque, pour celte parlie de I'embouchure de I'Amazone , et que nous sommes reduils a des croquis imparlails qui ne s'ac- cordent point enlrc eux. Mais en passant devant les lies a paletuviers du cap Nord, qui ne sont marquees sur aucune carle, devant le groupede celles de /Jn'i^nes, devant celles de Ccwianc et Misc/tiane , j'ai ^li!; con- slamment frappe d'un fait qui me semblerait avoir son explication nalurelle dans les considerations que je viens d'exposerj c'est que toules cos lies soul bcaucoup plus grandes qu'aucune des anciennes carles sur lesquelles on les a reprt'senloes ne I'indique. Ainsi, les lies de Ungues, separees les unes des aulres par des- canaux de 3 a 4oo metres de largeur, torment { '3 ) clans Icur ensemble un groupe qui se prolonge de Test a I'ouest, clans une etendue cjiie j'eslime superieure, de Sag mllles , a ce qui est porld sur les carles. Je regrette infiniment de n'avoir pu profiler de mon s^jour dans celle localild, si digne d'allcntion et si peu connue , pour y rassembler les 6l6menls d'une carte bastie sur des operations plus reguli^res cjuc celles qui ont 6le dressees jusqu'a present. Je ne puis que signaler une difference , si fraj)pante qu'elle ne saurait ^cbapper aux observations nauliques les plus rapidcs, et dont la Constance m'a paru digne de cpicl- que inl^ret au point de vue dela geograpbie pbysique. Ce que Ton i^apporte des changements qui se font incessnmment dans les iles situees a remboucliure des grands fleuvcs a eaux boueuses, et nolamment du Gange , rend assez probable la production de pbeno- menes analogues aux bouches de I'Amazone. Le peu de profondeur de la mcr sur toute celle cote contribue encore a auginenUr celle piobabilile. II suffil en effel d'une accumulation d'alluvions tres peu considerable par rapport a la masse enorme des eaux qui sont ici en jeu , pour produire, soil des iles nou- velles , comme devant le cap Nord , soil de simples accroissemenls aux iles pr^existantes. 11 est Evident que les couches de sable et d'argile appuyees sur le granit qui constituent la longue bande de terrain dc transport qui va du cap d'Orange au cap Nord , s'e- tendcnt jusqu'a une grande distance de la cote sur le fond de la mer. Je crois pouvoir conclure d'un assoz grand nombre de sondes, que la profondeur moycnne de la mer le long de celle partie de la Guyane n'est pas superieure a deux ou Irois bi'asses jusqu'A deux lieues de distance do la cole. A cincj ou six lieues au ( «4 ) large, on n'on Iroiivc encore que neuf;i ilix, olonfin trente-cinq u quarante a vingt lieues dc dislanco. Lo continent aniericain ne plongc done dans I'Oc^an, sur toute celtclignc, qucsuivant un ani:,lc d'inclinaison ex- cessivcment t'aible,et il soffit des plus leg^res variations dans sa courbure pour metlre au jour de nouvelles terres. niSTRIBDTION DES niVlkRES. Le cours ordinaire des rivieres qui decoulent de la partie sup^ricure de cette region est a peu pres per- pendiculaire a la cote ; ce qui n'csl qu'une conse- quence de la regularite de I'inclinaison generale du continent. Telle est la direclion de la riviere Baii- drand et de celles do Mapa, de Carsev^ne ot de Conani. Les rivieres de Cachipour et d'Ouessa semblenl I'aire exception a cette loi ; et en eflet la premiere, sur douze lieues A partirde son embouchure, coule dans le A.-A'.-^.; la seconds, sur une longueur un pou plus grande, dans le nord quelques degr^s ouesl. Mais les deux points ou je suis venu couper ces rivieres dans mon voyage a travers les forets , montrent qu'clles tourncnt subitcmenl a I'ouest a leur arrivee dans les terres haules , et qu'elles restent ainsi dans la regie generale. 11 me paralt meme extremement facile d'ex- pliquer la direction singuli^re qu'elles nous presentent dans la partie inferieure de leur coui's. Ellcs ont etc evidcnimenl rabatlues le long du rebord granitique par les alluvions amenecs du sud par les courants, ct elles se sont menag(!! leur lit dans la seule direclion qiii nc leur ait point etc bouchec par les allerisse- nients. (le mode dc barrage s'aporcoit Iros dislinclement ( iS ) au bas de la riviere Mayacnre , oil unc ilc, en so rap- procliant de la cole , oblige Ics eaux a rcmonler a quelquc distance vcis le nord avant de pouvoir se verser dans la mer. Imaginons nieme que le canal de Maraca, dans lequel s'ecoulent acluellemenl les eaux du lac de Ca- rapaponri , vienne un jour a s'obslruer en parlie par le pi'ogrt;s desalterissemenls ; ces eaux douces conlinuanl cependanl a y prendre passage, leur cours s'infleclii- rait necessairement a partir du point ou se liouve rembouchure acluelle , pour remonler dans le nord, exaclenient comnie la riviere Ouessa a parlir du point ou elle sort desforets. L'Araouari et la riviere Sainl-Hilairc sont encore une autre exception a cctlc loi generale. II est essenliel que j'en disc unmot.LariviereSaint-Ililairc,quiestassez forte, traversant un pays plat, ou elle determine une suite de lacs plus ou moins considt^rables analogues a celui de Mapa, vient se perdre dans ce dernier, d'oii seseaux, se conlondant avcc celles des rivieres Bau- draud et Mapa, se rendent a la nicr. Sa direction, a I'endroit ou elle aboulit au lac Macary , est le S.-O. Celte direction est importantc : un garde du genie attache au service de la colonic , M. Dor, a 9 ) variations qu'il pit^iscnte le long tic la region que je coDsidere clans celte notice : Irijs violent a I'enibou- chure tie I'Araouari, sur les tcrres clu cap Nord, clans la parlic siul du canal de Maraca, il ne se fait scnlir ni dans le nord dc ce canal ni dans la riviere de Mapa; il reparail dans celle de Mayacar(i, disparait de nouvcau dans celles de Carsevene et de Conani; re- parait en fin dans celle de Cacliipour. 11 semble que la nature nous ait olfert la un lieu d'observations tout special pour I'elude dcs causes de ce curieux plitsno- mene. II sulfirait peut-elre, pour les determiner, de rechercher en f]uoilcsrivieressujeltesau Mascaret diffe- rent de celiesouilnesc produit pas. Je suppose que ces causes doiventse trouverliees a la disposition dufond, soil a remboucliure de la rivicire , soil meme a quel- que distance de la cote; car ces rivieres cJtant placees superficiellement dans des circonstances a peu pres semblables , la difference qui influc sur le phenoraene en question doit necessairemcnt se trouver cach^e sous les eaux. DISTRIBUTION DE LA. V^ciTATION. Les mouveiuents de la mcr dans une region cjui est a peine sortie de son empire, doivent necessairement exercer sur la distribution de la vegetation une in- fluence sensible. C'esl en effet ce qui a lieu d'une ma- niere fort remarquable dans cette partie de la Guyane. Tant par I'effet des differences qui existent dans la force et la nature des inondations, c|ue par I'eHet des ro- clies granitiques , qui paraissent s'etre pretdses plus facilement a la decomposition dans les points oii elles se rapprochent des terrains d'alluvions, c'esl-a-dire ( 20 ) dans la partie qui dans les ancions ages (ilait la plus voisine do la mcr, la plus exposee pcut-etre aux in- temperies ; par I'eflet, dis-je, de ces deux causes, qui ioulos deux se rapporlont comme a un fail primor- dial, a la direction genc^rale de la cole, la vegelalion se Irouve ])arlngee, par uncloi Ires simple el Ires digne d'allonlion , en bandcs qui se succedent suivanl celte memo direclion. Siir tous les points assez peu clevis pour que la maree y amene une couche d'eau capable de noycr Ja \6g6talion quo Ton y supposerait ^lablio , il n'y a point d'arbres, et la cole se reduit a une plage, soil de vase plus ou moins consislanle , soil plus rarcmont de sable. La plage siluee enlre Conani cl Mayacart^ est la seule plage sableuso que j'ai renconUee sur celte cole. Les plages de celte especene se relrouvent cnsuile que beaucoup plus lard au nord de Cayenne. Au reste, cetle distinction de plages de sable et de vase n'a probablement qu'nne valeur accidentelle , car j'ai eu occasion de remarquor, dans dcs criques ou les cou- ranls avaienl forme une coupee verticale d'une cerlaine bauteur, une allernative de couches, tanlol sableuses, tantot argileuscs, qui montre que la nature dcs plages dans la mime locality est exposec a varler selon les temps. Si la jienle do la cote est parfaitcmenl uni- fornie , il sorait aisc de ddduire du principe que je viens d'cxposcr, que la largcur des plages devrail elre exactemenl proporlionnelle a la bauteur de la maree en chaque point, celte largeur se Irouvant riiypolhe- nuse d'un triangle dont cetle bauteur scrait un dcs coles. Mais les couranls, d'autant plus violenls que la bauleur de la maree est plus grande , enlaillanl la cole suivanl cetle memo proportion, et augmenlanl ( 21 ) i'inclinaison de la plage, tliniinuenl d'aulant son 6len- due. Ainsi, par exemple, dans le canal de Marnca , ou la hauteur de la mai^e est si considerable , les couranls sont si violents, que les plages sont toutes enlevees, etquele rivage est accore. La seule loi que Ton puisse poser a cet egard, c'est done que les plages sont liees a la hauteur de la mar^e en raison compos^e de lear lai'gcur et de leur inclinaison. D^s que les bancs de vase sont assez 6lev6s pour que la niar^e , au lieu de submerger entierement les vegetaux qui y nallraient, ne fasse plus que les bai- gner sur une faible hauteur, une puissante vegetation - ) de rivi6ros qui so rondcnt sur loule cclte ligno a la mer, joinle a raplatissemeiil unifornie du terrain, est cause que celle Iroisi^me zone a presque autant de regularity el de Constance que les deux aulres. Elle constituc CO qu'on nomme dans la Guyane les ])ino- tieres. Les vdg^laux qui y croissenl sont de forts ro- seaux armes d'epines, des lianes, rl une especo de palmisles appeles pinois. On pout evaluer a deux licues la lar-gonr moyonne. Cos pinotieres sont sans contredit la barricie la plus difficile a traverser. Lorsque le terrain qui so trouve a la suite des pino- tieres est asscz peu inclin6 pour so Irouvor convert a la saison des pluios par une masse d'cau considerable et permanente, il n'y vient que de grandes herbos, qui font dela conlree, pendant une partie de I'ann^e, une sorte de marecage. C'est ce que Ton nomme les Savanes noyiJes. J'en • ai deja parle a I'occasion des ilots graniliques qui y sont diss^mincs. Dans mon ex- ploration de la riviere d'Ouessa , j'ai mis Irois fortes journecs de canotage pour traverser cotte immense flaque d'eau. 11 parait, d'apres ce que j'ai vu, et d'a- pr^s ce qui m'a (^te dit par les Indiens, quo sa forme est a peu pr6s triangulaire, sa plus grande largeur 6tant dans la direction de la cote. Comme la bande de terre donl il est ici question est ])eaucoup plus plato dans le nord que dans le sud , puisque les pal^tuviers qui sont une excellente mesure pour les niveaux s'y fetendcnt, bien quo la marde y soil plus faible, a une distance de la cote deux et trois fois plus grande, il est tout naturel que le ddveloppement des Savanes noyees aille en diminuant graduellement jusqu'a ces- ser enti6remont a mesure que Ton avancc vers le sud ; et c'est en effct ce qui a lieu , cctte formation af- ( 23 ) fcclant. conime je viens dc le dire, la forme gdsnerale d'un triangle. Ou commencent les Icrrcs haules, commencenl les grands bois. Les observations que j'ai faites, en les traversant , sur la nature du sol qui les supporle, m'ont apprisqu'ils existent indiileremment sur deux terrains : 1° sur les terrains d'alluvions quand leur niveau est assez 6leve; 2° sur les terrains de granit quand leur sur- face est assez profondement decomposee pour offrir auxracines des arbres la profondeur qu'il leur faut. Entre les sauts d'Ouessa , point auquel j'ai cesse dc remonler cette rivifere , et cclle de Cachipour, a la- quelle je suis parvenu apr^s deux jours et demi de marclic, sans avoir apercu aucune eclaircie dans les bois, le terrain est compose par un granit ondul^ , profondement decompose. Au-dela de la riviere de Cachipour jusqu'a celle de Conani , les forets sont lan- tol sur im sol d'alluvion , comme dans les environs du lac que j'ai decouvert danscclte partie , tanlot sur des granils dont la surface est Ires accidentee et recou- verte d'une multitude de blocs. Je me borne a dire, pour faire juger de la dilTiculte de marcher dans res bois, qu'aid6 de vingt Indiens, j'ai mis sept jours et demi d'un travail contlnuel pour aller de la riviere de Cacbipour jusqu'a cclle de Conani. 11 resulte de ce que j'ai enonce sur la profondeur du sol, que les fo- rets doivent n(!!cessaircment paraitre beaucoup plus considerables a ceux qui visitcnt le pays en suivant simplementle cours des rivieres, qu'a ceux qui le tra- versent perpendiculairement a celte direction. En effct, les forets ne manquent presque jamais de remplir les vallees, dont le sol profond leur convient. C'est una circonslance que j'ai tres claircraentobsei'vee au-dessus ( -A ) du lac Mapa, Ic long de la riviere dc co noin, cle la riviere Baudrand, et de celle dc Saint-Ililaire. Mais je I'ai ol)serv6e sur une echelle bien plus grande encore sur celle de Conani, lorsque, gene dans lua course par les inondalions, je la rcmonlai , pour gagner les lerres haules, jusqu'au lac d'eau douce que j'ai indi- que sur ma carte. On croirait etre dans une immense foret, tandis qu'en realile les arbres ne formenl qu'une bande de peu de largeur, placee sur cliaque rive. Malgr6 loules ces irregularites, celle grande vegelalion affecte ccpendant dans son ensemble une direction genei'ale assez constante. Sa limile occidenlale com- mence a rOyapok a peu pres vis-a-vis le mont Caiari, arrive sur la riviere d'Ouessa au point d'inflexion, se dirigc sur la riviere de Conani selon ma route, el re- joint, en suivanl la cote a cinq ou six lieues de dis- tance, les environs du lac Mapa. Partout oil les rocbers de granit ne se sonl point assez profondement decomposes pour pouvoir ali- menter des forets, le sol est occu[)e par des savanes. Ces savanes sont le trail le plus important et Ic plus caracterislique de celle partie de la Cuyane. Eiles y occupent, a la suite des diverses zones que je vlens de passer brievement en revue, une etendue conside- rable. Mon voyage avail en partie pour but dc les re- connaiti'e; et partout ou je les ai rencontrees, les ber- bages qu'ellesm'ontofferts m'ont paru (comme il etait naturel de s'y altendre ) de memc nature. Je les ai vues d'abovd sur la rive droite de I'Oyapok se j)rolon- geanl dans le sud en remontant I'Ouessa; peu apres mon entree dans les terres liautes , j'en ai rencontre deux formations d'une cerlaine etendue , qui n'etaienl peul-elre qu'un avant-posle de savanes plus consid6- ( -io ) rabies situees dans I'ouest au-dcla ties bois; au vol- sinage de Conani, je les ai Irouvees commencanl a six oil sept licues de la mer, coupees par des bouquels de bois; plus haul sur celte riviere, et pres du lac, elles sont a perte de vue sur chaque rive; leur ligne se di- rige au-dessus de Mapa, el les Indiens savent qu'elles lonl corps avec celles qui existent dans celte localite , et que j'ai visitees aussi on i SSy , avec M. Guiilet , or- donnateur de la colonie. On les y Irouve a une tres petite distance du lac, enlre la riviere Saint-Iiilaire el la riviere Baudrand, enlre cetle derniere et la riviere Mapa, et enfin au-delii dans I'espace qui s'etend vers le nord. Ainsi les savanes, formant une cinquieme et derniere zone a la suite de celles que j'ai precedem- ment decriles, sont un des traits essentiels de la geo- graphie physique de celte conlree. Elles en sonl aussi un des traits caracleristiques; car liees, scion loute ajjparence, comme je I'ai dit, a la facilile de decom- position du granit, elles n'existent que la ou celte circonstance se rencontre, ot disparaissent a parlir de la rive gauche de I'Oyapok, oil les foretscouvrenl indis- tinctement loute la surface de la formation granilique. Les forets et les savanes, les savanes surlout, voila, si je ne me Irompe j relemenl londamenlal de la richesse de la conlree dont je viens de donner un apercu. Que Ton compare cetle conlree, aujourd'hui deserte et infeconde, avec celte meme contrive couverte des Iroupeaux et de la population que ses immenses savanes lui permetlraient d'entretenir ! Ces hcrbes, qui pourraienl elre la source de lant de biens, lom- bent chaque annee sur la terrc sans avoir donnc au- can profit; landis qu'un peu plus au sud, sur ks memes terrains, sur le prolongement du meme sys- ( '^(i ) feme g(^ographiquc , elles sonl pour les BiTsiliens le sujel fl'iin rcvenu considerable. A I'ilode Miscliiane, jc me relrouvais au milieu dc la meme vegelaliou que j'avais incendice quclque temps auparavanl au-dessus du lac de Maj>a pour m'y fraycr un passage ; je fou- lais aux pieds le memo sol; mais au lieu de la tristc solitude du desert, j'elais entoure de vasles Iroupeaux, errant en liberie dans ces paturages, sous la surveil- lance de quelques cavaliers charges dc les garder. L'ile de Miscliiane, qui n'a guere que quinze lieues carrees, poss^de aujourd'hui i4,ooo teles dc bilail; il y a quel- ques annecs, avant les devastations causees par les Tapouis dans les possessions des Bresiliens , ellc en nourissait 28,000 , a ce que m'a dil le direcleur de relablissement. Combien de millicrs, je veux dire de millions , ne pourrail-on pas en etablir dans les sava- nes qui s'elcndent sur toute la longueur de cette re- gion naturelle, depuis la riviere de Saint-IIilairc jus- qu'a celle de I'Oyiipokl Voila unc immense fermc de ])6lail que la France est mallresse de so crecr lors- qu'elle le voudra, et sur laquelle, jusqu'a present, il n'exisle pas une scule bele a corne. Je ne crains pas de me basarder en disanl qu'il est dans i'ordre des possibililes que celle partie dc la Guyanc, aujourd'hui si negligee , grace a ccs savancs dont I'exploilation s'accorde si bien avec le naturel parliculier des v^ri- tables indigenes, domine un jour, ou tout au moins conlre-balance par son interet tout special, la Guyane l)urement agricole, la soule dont on ait jusqu'a pre- sent tenu compte. II exislait, au dernier siiclc, une petite batterie dans les premieres savanes que Ton rencontre sur la rire droite d'Ouossa. Ccs savanes, que j'ai retrouvees ( 2^ ) dans mon voyage, el oii j'ai menie rciissi <^ dicouvrir quelques debris de maconnerie, rcstes de relablisse- ment mine , sont beaucoup moins ^tendues quo cellcs qui existent au-dela, Ellcs me paraissent siirlout pla- cees d'une maniere bien moins favorable que cellos dc Mapa ; et je pense que c'est dans celles-ci que I'educalion du betail aurait le plus de chances de r^ussite des son commencement. Les Indicns , beaucoup jdus disposes a venir s'eta- blir a Mapa qu'en tout autre lieu , corroborent encore cetle manitjre de voir. On salt que, mecontentsdu gou- vernement de Rio-Janeiro, les Tapouis de I'Amazone ont, depuis quelques annees, tendance a quitter, mal- gr6 la surveillance dont ils sont I'objet, les bords de CO fleuve , pour venir s'olabllr sur nos terres. Les en- virons du lac Mapa, autrefois deserts, so sont ainsi enrichis d'une population d'environ 4oo individus , qui y sont maintenant etablis, et qui y vivent principa- lement du produit de la pecbe. C'est la la seule po- pulation , outre le poste que nous avons sur le lac, et une centalne d'Indiens etablis sur la Roncaona, qu'il y ait dans la region que je d^cris. Bien que plusieurs cartes renferment I'indication de villages places sur les bords dcs I'iviercs de Conani et de Carsevene, en realite ils n'existcnt pas, sauf pourtant deux carbels nouvellement etablis par les Indiens bresiliens, sur la seconde de ces deux rivi(^res. Ainsi, c'est autour du lac Mapa qu'est des aujour- d'hui group^, comme d'instinct, le noyau principal de la population. Comment augmenter ce noyau si ce n'est en offrant aux Indiens qui seraient disposes a venir s'y rallier, des moyens d'existence que la pecbe, activement exploilee et presque epuisee par les liabi- ( '-^S ) lanls acluels, ne saurait lour lournir. C^osl precisu- nient la que so docoiure ravaiilage de reducalion des besliaux : cost une induslric donl les Tapouis de I'A- mazonc out des long-temps I'liabitude, qui convient a Icurs mcours, qu'eux seuls soiit pcut-elre en etat d'cxcrcer avec I'liconomie et la siinplicite n^cessaires. Deja ces Indiens sont de quelque interet pour nous ; ils ont attire Tallontion des colons, qui s'en servent pour rexploilalion de la peclie dans les lacs ct dans les rivieres; mais ce cbamp de speculation est neces> sairement trcs borne, el ses chances d'avcnir vont na- lurellement en diininuant cliaque jour, en uieme temps que le poisson. Or il est possible de lour on ouvi'ir un autre, celui dont il est ici question, un autre, non seulcment plus fecond, plus inepuisable , mais encore incomparablement moins limits, et sulll- sant pour fournir do I'occupation a une population incomparablement plus nombreuse. Au reste, quel- ques colons tournent deja leurs regards vers ce cote; le gouverncment parait disposd a les y encourager; et places en Anidrique dans des conditions au moins aussi favorables pour I'^ducalion du betail que les autros conlrees du memo continent, qui on tircnt un revcnu si notable, il somble naluiel qu'avant peu nous nous irouvions i cet ogard sur le mcme pied. J'ai cliorch^ a demontror dans ce memoirc que nous avions sous mire main , dans une region jus- qu'ici delaisscc ot presque inconnue do noire terri- loire de ia Guyane, region appartenant au meme sys- leme que les bords de I'Amazone, le premier element de la ricliossc , qui est la terre fertile ; je le termine en exprinianl Tosperancc que I'autre element, qui est la population, ne lui iera pas long-temps del'aul, et InillcUn de Ju Sijcieic ,!>.■ i;enji:iiiliic (.A,n„,f,- iS'y) CROQL^IS de la Partw Sud (le laGuvane Fraucaise ])epuis In Baie d Oy-apok jusqii 'an he et paste de Mapu. /,. /i/taral est d,-term,ne tl „pi'es le.s- antes m.iriiia. Leanirs i/'Owss,/ , ,-i /'i'iff''-/^:'ur ,/m /envs cii'isi aiie /n rieu-re tiuuril s.iiit riiari/tjrs d ,t/}ri'.t Ic t-uIlcUn »!c l;» Soucle lU' Ccnei-n^Oiic r^M.^v,-»- ^^.Ty) CHOOliS I^iii'ttc Siiil (Ic In (lUN'anr rriiiniiisL' Dt'puis I:i Bixio (I Oynnok I jusqu nil luc ('t posft' (fr Alapij . Ic /ifforal t\vt i/i'fertiiim' t/ a/it'ey ii'i^ mrfe^- tiim-itifis. If £i>urs t/tfuessit , e£ / t/itei'uuir //rtf ferrfjf tints/ tfiifi /a. riffit-rt? {jitiant soiif ntui'i/tJi-Jt d trurrs /// Doiiatft' i/e Af. Hftjnitiii/ r// itnf iw cf s'iof// /II.H8. ' /ja^- C/tSc/f»yAt^': '-u^ C'/tifd4'/niff A"/ ( 29 ) que nos belles savanes deviendront pour nous, dans un prochain avenir, comme ellcs le mei'ltent, lo sujet d'une exploitalion loute nouvelle dans nos colonies. PiEyNAUD, eiiseiifiie de vaissenu. Apercus sur In latigue nialgaclte (i), par EuGiiNE DE FrOKERVILLE. L'Uo Madagascar, peu connue quanta sa geogra- phic et a son histoire nalurelle , ne Test pas davantage quanl a la langue de ses habitants. Aucun travail spe- cial n'a paru de nos jours sur cette matiere ; elle semble etre tombee dans I'oubli le plus profond de- puis la niort de Chapelier le naturaliste , et la perte de ses manuscrits. La philologie, qui a 6claire tant de questions curieuses sur les migrations des peuples, n'a point encore port6 son flambeau dans I'obscurite des origines malgaches, et les ing^nieuses conjectures deplusieurs auteurs moderncs ne peuvent point tenir la place du chapitre qui manque au livre de cette science. En inserant ici desaperrus sur la langue mal- gache, nous esperons qu'ils ne seront pas inutiles aux personnes qui s'occupent de linguislique et de grammaire generale, et qu'ils pourront , sinon jeter (i) Lorsquc nous eciivioiis rfci, le livre de M. Ellis ( History of Mada- gascar.... compiled from original dotumcnls, 2 vol. in-8 ) n'avait point encore paru. Nous venous de le parcuurir ; il reuferme, eulre autres renseiguemenls iuteressant«, un memoire sur la langue malgache , par M. Freeman. Kn nous occupant de la grammaire, nous reviendrons sur ce travail. ( 5o ) quelque lumioro , du moins allirer rallenlion sur ce SLijet intercssant. Nos recherchcs porleronl : 1° Sur le g(ini(,' et les rcssources de la languc inal- gachc ; •2° Sur son universalilo dans I'ile entiere, et parnii des peuplcs de races physiques fori differentes; 0" Sur la ressemblance avec la lan^nic malaise, cl sur I'inlluencc qu'y ont exercee les rclalions des nalu- rels avec les Arabes et les Europ6ons; 4° Sur sa gramniaire et sa syntaxe. g p.. Dn aciiie et des ressources de la latimie maliiache. Les opinions les plus contradicloires divisent les deux sculs auleurs qui aient donne des vocabulaires do la langue parlee par les peuples de I'lle Madagas- car. Flacourt, dont le dictionnaire poile la dale de i658 (i), la presente comme un idiome Ires riche , tres abondant en denominations ainsi qu'en lour- nures. Le missionnaire Challan, qui publia son voca- bulaire en 1773 (2), en parle an conlraire comme d'un jargon grossier et confus. ( 1 ) "Did ioiiiiaire de la langue de Madagascar avrc un pctii rerueil des noius et dictions piopres des rhoscs qui sunt d'unc nusme espece. Plus, quelques mots du languge des sauvages de la Kaye de Saldagne au cap de Bonue- Ksperaiice. Un jjctit catechisme et les pricres du matin et du soir <|ue les Missiouaaires fi.nt el enseigneut aux ni'opliytes et raliiecunienes de cette Isle ; le tout en fiaiieois et en eelle iaui^ue par le sieur Flacourt , direc- teur general de la Compagnie francoise de TOrient, et commandant |)()nr Sa Majesle en risle Madagascar et isles aJjacentes. Paris , George Jo>se, i658. .. In-i2. (2) <■ Vocahulaire malgache , par M. Challan , pretre de h Mission , el ( 3' ) Les voyageurs plus modernes dont nous possddons les meinoires inedits sur Madacascar, sont enlres dans peu de details sur la languc de ce pays, el la meme divei'slte r^gne dans leurs jugements. lis se rangent ainsi , les uns du c6t(^ de Fiacourt, les aulres du cole de Challan. II nous suffira done d'eludier ici les asser- tions de ces deux auleurs. Comme nomenclatures de mots, leurs deux ouvra- ges sont encore dignes de notre estime, et nous nous plaisons a reconnaitre les secours qu'ils nous ont souvenlofferts pour la composition duvocabulaire dont nous preparons en ce moment la publication (i). lis ont, du reste , servi jusqu'a present de manuels aux Eui'opeens que le commerce ou la science a conduits dans la grande ile , ce qui est a nos yeux un temoi- gnage confirmatif de leur merite. Mais ne cherchons pas a y decouvrir les finesses de cette langue dont ils traduisent assez exactement les termes. Fiacourt et Challan semblent avoir pns a tache d'etre obscurs , pour nc pas dire inintelligibles , d^s qu'ils ont voulu cure de la paroisse Saint-Louis a I'lsle de France ; Isle de Frante (Port- Louis). » Imprimerie royale, 1773, In-8» de 92 pages. Challan senible avoir ignore I'existence du vocabulane de Fiacourt , qui est beaucoup plus elendu que le sien. (i) Ce Vdfabulaire avail ete romnicncedes 1807 par noire aicul M. P>. de Froheiville, babllant de I'ile de Fiance. Eu iS34, il niourut , lais- sant son travail inacheve. Nons a\ons entrepris de le completer en le refondant enlierenieut , afui de le rendre anssi utile au phiiologue et au geographe qu'au conimercant. M. Dumont d'UrviUe , pendnut son sejour a Tile de Fiance, a extrait de cet ouvrage , du consentement de I'auteur, le vocabulaire nialgache qui forme la premiere partie de la |)hilologie du voyage de I'Jstroltibe. ( Voyez llntroduction , p. i et 2. — Histoire du voyage , tome V, page 528. ) ( 32 ) faire cDnnailro la nature du malgache (i). A cello obs- curild de Icurs pensics, ils ont ajoulo la barbaric du slyle : B Colle langue est Ires copieuse, dilFlacoui"t(2)... »la conjugaison s'observe , Ic verbe passif el laclir, ot Dchaque chose se dit el so nomine par racllon et par » la maniere qu'clle se fait, comme un arbro rompn » ou (In hois rompu : /kizoh /'nnla/c; un veslenionl » rompu : sicliinrntd ; un pot rompu : vilaiiglia Tmujui; nun fil rompu : foule Diaitou-^ et ainsi de plusieurs »aulrcs cUoses, qui font reconnoislre que celte langue »esl tr^s copieuse , et que ce n'est point un jargon. » Nous citons textuellement ce passage, nos efforts pour en saisir le sens avant complelement ecboue. C'est vainement que nous avons essaye de comprendre cetle regie de nonnner clinqnc chose par V action et hi maniere (lout elle se fait, el d'y rallaclicr les exempjes qui la suivenl. Tirer comme cons6qucnce de cet amas d'i- (i) I'lacoiiit foiilait Its imperfections do son DictioTinairi'. « (.'e soia , » (lit il, ii renx (jiii (IciueuniGiit dans ri>le, (|iii aJjoiislerniil a ce Die-, » tioiiiiaiiu CO que je n'ai pas encore seen Ils ponrronl avec le temps » composer les ruJirnens » (Avei tisseinent.^ Personne , depnis if)5.S, lie sVst encore ocrnpe de reinplir celte mission. Uni! granimaire malga- rlie , coniposee an milieu des natinels, est enrore a faire. Chapelier avail riiitentioii d"eu entrepreudre le lra\ai! lorsque la inorl I'a cnlcvo aiix sciences. L'Essni de i^rammaire , public en 1827 par M. Lesson dans les Annales marilimes , et reproduit par le Capitaiue D. d'lJr\ille dans la philologie du voyage de VAstrolube, n'est point de Chapelier, ainsi (pie I'annonce son ti'rc , niais des abbes Duroclier et Flageolet , Ions deux missioniiaires. Ce petit traile, qui dans I'original manusrril est par demaudes et par reponses, aura sans doute etc Irouve dans les papiers de Chapelier, et comme il etait copie de sa main, on le lui aura attri- bne. L'abbe Duroclier s'ctdit anssi occu|)e de completer le vocabulaire de Flaeourt pendant son sejour an Fort Dauj)hin. Nous possedons Tcxcm- plaire <|u"il a rnu\ert de ses notes manuscritts. (2} Averlisscment du Dictiounaire. ( 3'^ ) dees sans liaisons la ricliesse de la langue nous a paru une aberration sans explication possible , el a laquelle il est inutile de s'arreter plus long-temps. Ainsi que nous le developperons dans la grammaire , la conjtigaison qui s'observe dans le malgaclie n'est point scmblable a celle du francais, et encoi'e moins h celle du latin. L'infinitif n'y recoit que trois modi- fications : unc pour un temps qui correspond a nos temps imparfait, parfait, preterit indefini, etplus-que- parfait, une pour le futur, et une pour I'imperatif , qui souvent n'est que l'infinitif lui-meme. Le pronom in- dique seul les nombres , le mot ne variant jamais, Le signe du passif est tr^s souvent et arbitrairement ap- plique au verbe actif, ce qui jette une confusion ex- treme dans la theorie dc cette espece de mots. Voila, certcs, qui est loin de I'abondance qu'annonce notre auteur . et qui suffirait deja pour placer le malgache parmi les langues les plus pauvres; mais , comme nous le vcrrons tout a I'lieure, Flacourt a ete trompe par rcffet general de cetle langue; il a pris le brillant, I'eclat qu'elle possede , pour de I'abondance et de la ricbesse. Dans un autre ouvrage (i), Flacourt s'exprime ainsi : « La langue de Madagascar a en beaucoup de » choses quelques rapports avec la langue grecque , »soit en sa facon de parler, soil dans la composition » des mots et des verbes... ■> Nous venons de voir com- bien le verbe malgache differait des verbes a conj u- gaisons, et par consequent des verbes grecs. La for- mation du verbe par le substantif telle que le prali- (r) « Histoirc de la grande Isle Madagascar.... Paris, i658. ln-4''. » Avant-propos. XI. JANVIER. 0. 3 ( 34 ) que Ic malgachc sans aucunc exception , esl encore un point de dissemblance enlrc ce langage et le grec, ou il est fort difficile, sinon impossible, de discerner si le substantifa forme le verbe, ou s'il en derive lui-meme; enlin le raalgache confond dans un meme mot inva- riable le nom, radjeclif, I'adverbe , et meme quelqiic- fois le verbe , landis que le grer, fait subir a la racine d'un mot des modifications m<^tbodiques qui le clas- sent dans Ics diflercnlos parlies du discours avec une simplicile , une precision admirables. L'ingenieux me- canisme des desinences grecques qui pcrmet de fairc sentir avec concision et nettele les distinctions les plus subtiles, manque aussi au malgache; ces families de lermes, semblables a des chainons par lesquels une idee se trouve li^e h loutes celles qui y ont de I'a- nalogie , et sc presente a la pensee levetue el embellio d'ornements nouveaux , ces families de tcrmes , di- sons-nous , y sonl inconnues. Lorsqu'ily a modilicalion dans I'idee , une periphrasc Tcxprime , et si I'eniploi de cette periphrase devienl frequent , elle forme bicii- lot , malgro sa longueur, un terme usuel de la languo comme nos mots chef-d'oeuvre , arc en-cicl, boute-cn- hain,visa-vis,orfevre,quiporlcnlpour ainsidireen eux_ memes leur propre d(^rinition. La comparaison mise en avantparFlacourtentrelegrec etle malgache n'est done pas soulenablc. 11 est probable que le ehangcment des letlros , I'introduclion d'euphoniquos dans I'airange- ment el la composition des mols lui en onl seuls donne ridec. Mais ccl usage, qui apparlient, il est vrai, au malgache commc au grec, est d'ailleurs commun a la pluparl des langucs ou I'accenl est observe, ou Thar- monie jouc un role. ^ Nous nous sommcs allacli<5 a rdfuler celtc assertion ,' '". ..'I ;; '/./;. .1/ ( 36 ) touchant le rapport enlre le grec et le malgaclic , parce que sans cesse reproduile depuis environ deux siecles par les compilateurs de geographies elemenlaires dans leurs descriptions de I'ilc Madagascar, elle estdevenue en quelque sorte populaire. II est bon de remarquer que Flacourt, qui en est le premier auteur, i^crivait a une (^poque oil le grec, le latin et I'hebreu exer- caienl seuls I'erudilion des savants ; ne pas rapporter a I'une de ces trois langucs ccUe d'un peuple nouvelle- ment connu , aurait ete consid6r6 comme une hdresie scientifique, comme une preuve meme d'ineptie et d'ignorance qui devait ruiner a jamais la reputation d'un ecrivain. L'Histoire de la grande Isle Madagascar, par Flacourt, est I'ouvrage le plus complet que Ton possede sur celte contree, et, malgre sa date, fournit encore de precieux renseignements sur les provinces du Sud (i). il faut neanmoins ne consulter ce livre qu'avec beaucoup de menagements, et ne lui accorder qu'une confiance limitee; car Ton peut signaler dans un meme chapitre de pueriles et naives absurdites a c6t6 d'observations et d'aper^us pleins de bon sens , de finesse, et de sagacite. Examinons maintenant le tableau que Challan donne de la langue malgaclie en tete de son vocabu- laire. Ici encore nous sommes forcd de placer sous les yeux du lecteur le texte peu clair de I'auteur : a La » langue de Madagascar, dit Challan , ne consiste pour » ainsi dire qu'en adverbes : n'ayant ni genres, ni onombres, ni cas , et presque point de conjugaison. •> Cette pauvrete d'expression la rend facile A appren- »dre, et qui sait un mot, le sail en tous sens, » (c'est- (i) La description des provinces du Nord v esl Ires fautive. 3. ( 36) a-dire comme noni adjeclif, v^rbe et adverbc). »La nm^moire est aussi dispensee de so charger de con- DJonclions, prepositions, parlicules, cl de ce qui serl »dans les aulres langues a lier les lermes pour en sfaire des phrases. nSinous prenons a la letlro la pre- miere phrase du passage precedent, elle est toul-a-fail ininlelligible ; comment, en edet, une langue se com- posorait-clle seulement d'adverbes, puisque le verbe et radjoclif sont sans ccsse unis a celle partie du dis- cours qui n'a pour objet que d'ajouter a Taction et a la quahte qu'ils expriment quelque circonstance deter- minative? Mais Challan a voulu dire quelque chose, et nous croyons qu'il fau t traduire sa pensee de la ma- niere suivante : « La langue de Madagascar, n'ayant ni genres, ni nombres, ni declinaisons, et presque point de conjugaisons , n'est composee pour ainsi dire que de mots iiwaridbles, » Celte explication, outre qu'elle est la seule possible , est conforme aux autres assertions de I'autour. II exagere en general la pauvrele de la langue malgache. Ainsi, quoique son vocabulairc le contredise formellement, il vicnt etourdiment avan- cer qu'elle ne possede ni prepositions ni conjonclions. Cos particules n'\ sont pas nombreuses, il est vrai, mais leur absence s'y fail peu remarquer, parce que des tournures consacrees les rcraplacenl parfaitement , et que d'ailleurs les rapports entre les idees sont moins minutieux et moins varies dans le malgache que dans nos langues perfectionnccs Quant a la remarque que fait Challan sur la facilite d'appreudre cet idiomc , elle est juste jusqu'a uncer- tain point. On parviont en peu de temps a se faire entendre des naturels (i); mais on s'abuserait etran- (i) Le jargon Creole Jrs ilcs de Fi'ance cl Je Itourljon , Joiit le mcca- (37 ) gement do croire que c'est la le malgache veritable, le malgache litteralre, si Ton peut donner ce nom a une^ langue qui ne s'ecrit point. II y a loin du langage que parle la population qui trafique sur les cotes avec les Europeensa celuiqu'eniploient les chefs dans les haran- gues d'un grand-kabar , assemblee ou Ton discute les- importantes questions de guerre, de paix ou d'al- liance. Dans les ports ou se rendent les vaisseaux euro- p6ens pour traiter , la grammaire et la syntaxe se sont simplifu^es afin de faciliter les relations (i). G'esl ainsi que sur les rives africaines et asiatiques de la ]VI6diterranee,Ja langue franque melange, d'arabe etde lambeaux de la langue romane, est devenue le moyen de communication entre I'Europeen et I'Arabe. Le jargon ordinaire de Tamatave , Toulepointe , F^nerivo , n'estque la langue franque de Madagascar. On a vu combien le jugement de C.hallan etait op- pose a celui de Flacourt. Le premier, qui ne savail que le malgache tr^s borne de la cole orienlale , a sans raisonattribue a la langue, dans toutesapurele, lesimr perfections de cet idiome; le second, dont los rapports avec les chefs 6taient frequents comme gouverneur de retabllssement francais, s'en faisail au contraire une opinion avantageuse parce qu'il avail souvent occa- iiisme se rapproche siugiiliL'reiiieiit do celui du malyaihe de la rote de I'est , devient Uicntot familier aux cll•an^(■l■s qui ne savenl |ias le francais. (i) M. Lt'l)el,(iui a reside furl loiiy-Ieiiips ;'i Madagascar, vieut conlir- Hier ce fait de la corruptiou de la langue dans quelques provinces : •■ Le /. laiujage des habitants de la rote de I'.st, ecrivait-il a M. de Froljcrviile, » est des plus sales; c'esl un jargon presqiie harbare.A partir du 17" de- » gre jus; conserve I'ideutite de ses Icruies. Au fori Dauphin, a peine la recon- X uait-on ( 58 ) sion dc i'entendro dans les discours dos oralturs, Cielle observation s'appliquc aussi aux voyagours dont les niemoires sonl inedits. Ceux qui onl assislc aux grandes assemblies politiques des pcuples malgacbes iont seuls mention de la beauts de la langue ; ics au- tres s'arretont a peine sur ce sujet, qui ne semble les avoir pas meme frappds. Tout en rcconnaissanl avec CUallan que le malgaclie est dans son eiat aciuel une langue gramraatlcalenicnt pauvre, nous sommes loin de la considerer comme un patois indigne de I'attenlion du grammairien. L'effet qu'elle produil dans une harangue prononcde devant les chefs reunis est une preuve de beaut^s puissantes, et dont I'analysc doit olTrir un grand int^ret. Voici en quels termes Piochon rapporte les r6cits de Poivre , I'adrainistrateur eclaire des lies de France ct de Bour- bon , qui , pour aviser aux moyens d'approvisionner ces iles, avait fail en 1788 un voyage a Madagascar. « M. Poivre, qui avait assists, dil Rochon , a plu- isieurs de ces palabres, m'a souvent repute que I'e- »loquence naturelle des Malgacbes I'avait vraiment B etonne. II se plaisait a raconter jusqu'aux moindres »particularitt^s d'un grand palahre , oil tous les chefs 1) circonvoisins se trouvaient entoures d'un peuple in- »nombrable,pour arreter un traite de commerce avec »les commissaires de noti'e compagie des Indes(i).... nRabefin (chef influent par sa parole) avait le talent I) d'alterer a volonl6 les traits de son visage ; ses dis- Dcours, toujours d'accord avec ses gestes , portaient B toutes les apparences de la conviction; I'arl d'emou- » voir les esprits les moins susceptibles d'enlhousiasme;i (i) Voyages a Madagascar , cic. Paris, an x , lonie 1 , p. 173; ( 39 ) »el d'enflammer les moins irasciblcs, ne lui d;tait pas B stranger (i). » Ecoutons aussi M. Lebel. « Rienn'est plus solennel, » dit-il dans sa correspondance avec M. de Frobervllle, ))ri6n n'est plus solennel que le grand-kabnr des Mal- B gaches. C'est la que la langue est dans touts sa »pompe; I'Europ^en qui assiste a ces assemblees est » captive par I'bai'monie des sons, les mouvements ct I) la grace de I'orateur. Le charnie redouble pour celui » qui comprend son discours » Ces temoignages, qui nous ont ett^ confirm^s par plusieurspersonnes , conslituent un fait remarquable , et duquel doit jaillir quelquc lumiere sur le genie et les ressources de la langue malgache. D'oii provient, en elTet, cet enthousiasme qui saisit lout un audiloiro au discours d'un chef , si cetle langue est pauvre , si ses ternies Irop generaux manquent de precision ? D'ou vient qu'un Europeen lui-meme se laisse enchai- ner par la parole d'un homme qu'il considere a peu pres comme un sauvagc ? Quelle est la cause de ce charme auquel il cede , lui dont I'intelligence cultivee n'a trouve jusqu'alors de jouissances que dans line litterature clialiee ? line seule reponse a ces ques- tions : I'oraleur malgache a la libcrte de composer ses mots; a tout moment, suivant I'impulsion de son g^nie et les mouvements de son amo , il pent cr^er ceux qui lui manquent. De cetle mine inepuisa- ble de signes verbaux, naisscnt pour lui des designa- tions si prt^cises, tellemcnt appropriees aux choses , qu'on pent dire qu'elles sonl les seules qui leur con- vicnnenl. Cetle inappreciable facull(!! est encore une des {v)lbi,l., J). 1 85. ( 4o ) causes dc la diversity d'opinions que nous avons rap- porteo plus haul sur la richcssc de la langue ; elle elounc ceux qui ne sont point familiers au malgache. In espx'it IVoid ct melhodique la decrira conime un penible mecanisnic qui euibarrassc le discours do fali- ganlcs periphrases. Pour une imagination vive , pour celui qui sent fortoment, elle revet au conlraire la langue dos plus brillantcs couleurs ; elle la rend riche, leconde, piltortsque. Donnons quelques exemples; ils feront rcssortir lo genie qui preside a la formation dos mots : Soldi se dira inassou-niulrou, litleralemcnt : loeil du jour; un inyoii de .sold I : liah'inassou-androu, la trace, la racine de TceII du jour, ou encore tanghchank' massou-androu , lo bras du soleil. y^cll/ sersi inaJwtnanompou , qui pcut, qui a lo pou- voir de servir, ou ampiassa , qui Iravaille, travailleur; et pour designer ractivile de mouvement, jointc a la preoccupation d'idec , mivitsiki , lill^ralement : etre fourmi. On concoit que les expressions se multiplientcomme les maniores de voir ct de sentir. Enticr so dira par les uns tsi-vnki, non rompu; par les autrcs : tsP m' poC id tdpahanli , non encore coupe. Dans ce dernier sens, on suppose que la destination de I'objet dont il s'agit est d'etre divisee. Ceri>elle se dim /s()un\/o/ia , moelle de la tote. ^der se dira vih'a/fou , fer pass6 au feu. ^ifortei- se dira mnngha/'a/c'zaza , defairo , cffacer un enfant. Le bassinet dune arme h fen sera nomme souffinani- y;/^>-«;-a^cA', Torcille du fusil, et aussi falunluinipign'- ratck\ le foyer, I'atro du fusil. ( 4 ' ) Lc bciirre se dit quelquel'ois menak' roiioniiou : lo gras dulait; quelquefois mazcuih' (loha-roiiounou, lill^rale- ment, parlie dure sur le liaut du lait. Ce mot ronoiuiou, lait, est lui-meme compose de ru , bouillon, liquide ; noniion^ sein , mamelles. Un caiiifesl I'enfant d'un couteau : anak-autsi. Flatteur se dira soalela , laiigue douce. ;.• ;: Admirable, mahalalanzoa , qui a la Taculle d'eraer- veiller , ou qui a une merveille. Les denominations geographiquesetlesnoms d'liom- mos la sont plupart signHicallfs. Une rivi^ie a-t-elle les eaux claires, transparentcs, elleprend le nom de ra- nou-inadiou, eau claix'e ; roule-t-ellc sur unfondvaseux, on I'appelle /•rt/;o;/-/o/r(/i , cau-boue ; cst-elle profonde, on la deslgne sous le nom de ranou-uiaiathi, eau noire ; coule-t-elle sur du sable blanc , elle s'appelle pas- sim'bola , rivage ou sable d'argenl. Nons vojons plu- sieurspeupladesde la cole de Test prendre, versle com- mencement du siecle dernier, lenom do Betsiinissaraks, litleralement : multitude qui ne se separe pas, les inseparables, de I'acte d'union forme enti'e elles pour se soustraire au joug d'un ennemi commun. Leur chef Batsitni/a/io recoil le surnom de Ramaioiiinanoiiipoa , etre qu'un grand nombre sert, auquel obeit la multi- tude, parce qu'il avail recu le droit de commander en mailre. L'n oiseau dontle cri est semblable a I'aboie- ment du cliicn, est nnmmt^ I'ouroiuih' amboa, oiseau- cbien. Le ble est appele var' bnzaha , riz des blancs, soil que les Europeens I'aient introduit dans File , soil qu'il leur y serve de principale nourriture. Ln grand nombre de designations de lieux , d'animaux el de plantes ont des etymologies fort curieuses; on raconte .sur I'origine de leurs noms de verilables legendes. Ainsi un petit lac situe pres de la riviere d'Irangho sur la cole orientalc de I'ile , porle le noin de Fnmou- noiiinh JMenaranh , le Massacre dii Serpent; non loin de la eslle village d'^/ndat'a Menaranh, ou de la Grande (iOuleuvre , et un autre endrolt appel(^ Lniuick' Mena- rcirih , la Caverne du Serpent. La tradition a conserve au sujet de ces denominations bizarres une fable qui date d'une epoque fort reculdje : II existait dans ce lieu, dlsent les Malgaclies, un serpent nionstrueux , un f'aiigane [\) terrible qui d(5- vorait les bommes el les boeufs. Ses dimensions t>taient lelles, qu'il pouvait enlourer dans ses replisjusqu'a des villages de 3oo families ; les habitants investis de celte facon elaient inevilablemenl ollcinls par les sept dards dont sa langue ctait armde , et perissaient d'une morl affreuse. La desolation elait a son comble , quand pa- rut dans le canton un geant nomine Darafifc qui ve- nait de la province seplentrionale du cap d'Ambrc. Darnfijb a\a[\ entendu alvondrou leslamenlables r^cits de ceux qui avaient cu le bonheur d'(!;cbappcr a la dent Aw fangane ; il avail resolu de ddlivrer la conliee de ce fleau deslructeur. A cot effet, il ordonne qu'on kii fabriquo une serpe proportionn^e a la laille du monstre : muni de I'arme gigantesque que son bras scul pouvait brandir , II epic I'inslant ou le fangane repu de carnage se livre au sommeil ; il I'atlaque , crt est vainqucur, ot divise son corps en troncons qu'il disperse dans loule la conlree. La caverne ou se reti- rait le fangane, Telang ou il se baignait, se voient en- core a Tanifoulsi, langue de tcrre qui n'a prls, disenl Ics naturcJs , cet aspect argileux etblanchatre d'ou lui (i) Dans II! norJ Ji; I'ile on l';i|>pelle/ii Iroiivcr la raciiie , ear clle ii'y est poiut , euiiiuic colic de uos desiueiiccs , cacliec sous les mojifica- lious (jiie de loii^s ]ieifeclionneiTifnts font iiievilaljlemeiil siibir. ( 45 ) phrase malgachepouretrefrappedolafacilile de sa pro- noncialion. On y remarqueral'absence de touches ru- des et de sons gultui'aux;rusage frequenl de syllabcs sonoros. Les elisions , les liaisons euphoniqiies , les voyclles a sonspleins abondcnt dans Iclangage dc celui qui parlebien; dans laboiiche d'unoratcur, la passion module et varie les inflexions a I'infuii. L'idionic du nord posscde surtout cetle douceur, cette faciSile do prononciation qui I'ontsouvenl fait comparer al'italien ct an poitugais. .? Conclusion, La langue malgache possede done en elle-memc les instruments qui doivent servir a son perfectionnemcnt ; ainsi dfes que I'^crilure aura fait quelques progris chez les insulaires, des que les sons fugitifs de leur parole seront fix^s et pourront devenir de leur pait le sujet de cette observation attentive qu'ils deploicnt dans plusieurs branches de connaissanccs , rile pren- dra une allure melliodique quila developpera dans un cercle dont son genie a trace les limitcs, et dont on pout deja apprecier I'etendue. Dans son etat actuel , elle generalise trop , le nombre de ses mots etant fort res- treint; mais elle a le privilege de particulariser avec infinimentdedelicatesse, encrtlsantdenouveauxtermes, en employant des images, des alliances de mots qui servent a exprimer la manierc dont une chose vous affecte, les raj^ports dos objcls cntre eux. Le langage devient ainsi ingenieux , pittoresque et precis , mais non bref ni concis. Aussi les Malgaches ont-ils aux lies de France et de Bourbon la reputation d'etre le peuple du globe le plus long etle plus anime dans ses discours : ( 46 ) les geslesliii sont en cffet necessaircs pour rechauffor ces inlerminables locutions qui enlravent la marchede ses idecs ol arretcnl son clan. Tels sont les traits gene- raux dc la langue malgache. Elle ne m^rile done ni les elogcs pompeux qu'on lui a donnas, ni le m6pris qui I'a fail considerer commc barbare : c'est un enfant doud dcs plus beureuses dispositions , ronipli d'csprit et d'inlcUigencc, mais sans education , ct qui nallond qu'unc main amic pour aider au dciveloppcment de ses qualiles naturellcs. EucliMi DE FrOBERVILLE, i 47 ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societea ':i PROCES-VERBAUX DES STANCES. Seance dn 21 decemhre i838. ii Le proces-verbal de la derni^re seance est In et adople. II est ensuite donne communicalion du pro- ces-verbal de la seance g^nerale, don I I'adoplion sera soumise a la procbaine assemblee. M. Ai'lbur Conolly , auquel il a ete decerne en j835 une medaille pour son voyage au nord de I'lnde, s'cm- presse,a sonretour aLondrcs, d'i^crire alaSocietepour la remcrcier de la flalleuse reconijjense qu'elle a bien voulu accorder h ses travaux. M. Clav6 , admis recemmenl au nomhre des mem- bres de la Societe, lui adresse ses remerciements, ct annonce qu'il fera ses efforts pour remplir les obliga- tions que ce litre lui impose. M. Ternaux remercie la Societe, au nom de son fi'ere , M. II. Ternaux , qui vient d'etre nomme a I'uno des places vacantes dans la Commission cenlralo. La Societe accueille avec interet I'offre qui lui est faite par madame la baronne Ilaxo, du portrait du ( 48') gf^neral , pt tl'iine carte indiqnanl la circonscription (les divtrses Etals de I'Europi^ , en i838, avec T^len- duc ol les epoques do lours accroissemcnls successifs depuis cent ans. Celte carle, dross^c par le general Ilaxo, d'apres Ics Irailes , devait 6ire acconipagnee d'un tcxte explicalif, et il s'occupalt, an moment de sa mort , de terminer cet important travail. M. le baron d'lIombres-Firmas envoie a la Socidle pour son musde gc^ograpliiquc une copie en plalro colorie d'unc vari^le do P\erine(i i^ii^cmtca qu'il a Irouv^e dans une montague du deparlement du (lard. La des- cription dc cellc coquille a ete publiee dans le rap- port de rinslitut du mois de Janvier dernier, et bicntot il I'adressera a la Society dans le recueil de sos obser- vations. IM. ?ilassas adresse a la Socieli^, en echange de son Bulletin , la (oJleclion des Arcbives du Havre, publiees sous sa direction. M. de La Roquetle annonce a la Sociele que M. Koilbau, prol'esseur de mineralogie a I'Lniversile de Cluisliania, a dresse, pendant le voyage qu'il a fait par ordre dc sun gouvernement dans les parlies Sep- tentrionales de laNorvege, des carles duFinmark etdu Nord-Land encore inedites. M. dc LaFioquellc pr^senle les caiques de ces carles que M. Keilbau lui a permis de prendre, el ajoute qu'il en a fail faire au mois de de juin )858 des copies pour servir a M. Gaymard, et aux membrcs dc I'oxpedilion francaise envoy 6eau Spitz- berg. 11 se propose d'accompagner cellc carte d'une notice , si la Commission cenlrale la jugc digne d'etre publiee dans son Eullelin. L'offre de M. de LaRoquette est accueillie avec empressement. M. Gabriel Lafond presenle commo membrc de la ( 49 ) Sociel6 avec M. Roux do llochelle , M. Peynaud, capi- tainc au long cours, qui va fairc un voyage aulour du raonde , et il demande pour lui des instruclions a la Commission cenlrale. MM. Daussy , Lafond et Roux de Rochelle sent pries de pr<^parer ccs instruclions. La Commission centrale, aux termcs de son nigle- ment, procede au renouvellement des membres de son bureau pour I'annee 1809 , et elle nomme : President, M. Jomard; vice-presidents MM. dt La- renaudiere et Roux de Rochelle; secretaire general, M. le capilaine Callier. M. le baron ^\'alckenaer recoit les remerciemenls de la Societe pour le z^le recommandable avec lequel il a rempli les functions de president, et pour Ics lumieres qu'il a su habituellenient repandre sur les principales questions gt!!Ographiques qui ont cle Iraitecs dans les seances de la Commission centrale. Composition des Irois sections. Section de correspondance. MM. Bajot, Berard , Daussy, Dubuc, Isambert, Jaubert, Lafond , Cesar Moreau, Noel Desvergers , d'Orbigny , Peytier, Tardieu , Warden. Section de publication. MM. Albert Montemont , Ansart , Barbie du Bocage, Bianclii , Coraboeuf, baron Costaz, d'Avezac , Eyries, baron de Ladoucette, de Pommeusc, Poulain, Puillon- Boblaye, vicomte de Santarem, baron Walckenaer. Section de coniptabiUte. MM. Berthelot, Boucher, Denaix, de Montrol, baron Roger, Ternaux. XI. JANVIIiR, 4' 4 ( ^o ) Le comilo clii JJnllelin est compos6 de MM. Albert- Monlemont, Ansarl , Barbie du Bocage, Bohlayc , Daussy, d'Avezac, Jomard , de Monliol, Aoel Des- vcrgers, Poulaiii , Roiix de Roclielle et Warden. Seance (lit 4 jain>ier i Sog. Lc proces-VGibal de la derniere seance esl lu et adople. M. Jomard , nomine a cetie seance president de la Commission cenlralc , reraercie ses coUtgucs de la nouvelle marque de confiance qu'ils vienncnl de lui donner , et il aj^pelle raltenlion de I'assemblee sur les diverses mesurcs a prendre pour activcr les Iravaux de la Societe, et i.lteindre plus silremenl le but qu'elle s est propose. i\l. de Froberville , admis dans la derniere seance, adresse scs remerciements a la (Commission cenlrale, et annonce qu'il s'associera avec zele aux efforts gene- leiix qu'elle fait pour le progres des sciences geogra- pbiques. M. le capilaine Jobn AVasliington ecrit a la Socicile pour la remcrcicr du litre de correspondanl elranger qu'elle a bien voulu lui conferer, et il annonce quil i'era tous ses ellorts pour repondre a cette honorable marque de confiance. M. lc conseiiler de Macedo, membre correspondanl dc la Societe, lui ecrit pour luiollrir unexcmplaire du discours qu'il a prononce dans la derniere seance j)u- blique de I'Academie royale des sciences de Lisbonne. M. Loslie 6crit de Hambourg pour odrir a la Societe son CiOurs de gi^ographie descriptive et d'liistoire , ainsi que les cartes qui raccom|)agnent. M. Orcstc Brizi , auteur dun nouvcau guide de la ( 5i ) vilte d'Aiezzo et de scs environs, ecril a la Soci^lo poiii' lui odVir un exemplaire de cct ouvrago. M. Jomard donne communication de plusicurs lellrcs qu'il a re^uos d'Egypte, et qui contiennent entre au- tres details sur ce pays, des nouvelles du voyage de M. Lefdsvre au Fazoql. Le meme membre offre a la Societ(^ un portrait lithographic de Pien6 Caillie, pour etre joint a la Notice iiistorique qu'il a lue sur ce voyageur dans la derni^re seance gCnerale. M. Bcrlou, par uncleltre datee dcBeyrout, le 26 no- vembre i Ic commission scientifique do Mor^edanslePeloponesc, les Cyclades etl'Attique, par M. Bory de St.-Mncont, i'" ^i" et V livraisons in-8, avec alias in-folio. — Voyage dans rAmerique mi^jridionale, par M. Alcidc d'Orbignv. 33 a 56'' livraisons. — Voyage en Abyssinie, dans lopays des Galla, de Choa ct d'lfat, par MM. Ed. Combes et M. Tamisier, 4 vol. in-8. — Geographie generale corapar^e , ou btude do la terro dans ses rapports a\ec la nature et avoc I'histoire de rhomme.elc. , par Karl Rittor.lraduil de Tallemandpar MM. Buret el Dcsor, 3 vol. iu-8. — ParM, la ministrede lamarinc : Journal de la navigation autour du globe de la Iregate la Thetis et de la corvette VKspcrance pen- dant les ann6es i8'24. 182 5 et 1826, puijlie par ordro du roi, sous les auspices du departomentde la marine, par M. le baron de Bougainville , chef de I'expedition ; ■a vol. in-4 avec atlas in (olio. — Voyage en Islandc et auGrocnland.ext^cut^ pendant les ann6es i835et i85() sur la corvette la Recherche conunandc^e par i\I. Tre- houart, lieutenant de vaisseau, public par ordre du roi, sous la direction de M. Paul Gaimard; bisloire (\yi voyage, tomel, r° ct 2' partie. Physique, 1" partie; geologic et mineralogie, 1" liv. Alias, i" a jn'liv. — ( 55 ) Carles hydrograpliiques publiees au tlepot general de la marine en i838. Inslructions naudques sur les mers de rindc, Iradiiites de I'anglais par M. le ca- ])ilaine le Predour, loiue III, in-3.— Par M. le ininis- tre ties affaires etrangeres : Voyages piltoresqiies ct ro- mantiques dans I'ancienne France, par MM. Ch. Nodler, Taylor et A. de Cailleux: Languedoc, 76 a 97'^ livrai- son ; Picardie i"a 20'' livraison. — Par M, le colonel Poinselt, secretaire du departement de la guerre des Elals-lnis : Pensacola harbor and Bar. Florida, sur- veyed in 1822 by major J. Kearney, assisted by lieuls. Thompson, TurnbuU and Butler, /, feuilles. — Charles- ton harbour and the adjacent coast and country South Carolina surveyedat intervals in 1823, 1824 and 1826, by captain Hartman Bache, assisted by lieutenants J. D. Graham, C. M. Eakin, and W. M. Boyce , 4 feuil- les. — Map of the seal of war in Florida, compiled by order of the lion. Joel B. Poinsett, secretary of war, under the direction of col. J. -h Abort, from Ihe re- connaissances of the oPTicers of the U.S army, by W. Hood. I fcuille. — Par T Jcacleinie rojale des sciences <-/s7'/i/vVi;Memoires de cette Academic, tome XL, in [\. — Par M. ^V/•//^ " f"'e , au lieu de : a son enthoiisiasnie ? lisez : a son piitiioiisiasnie ! — 34n, — 18, an lieu de : Xinfortnne du major Laing , lisez : linforluiie major Laing. — 359, — au lieu de ; notes^i), lisez: (9 . — Ibid. — au lieu de : — (9) , lisez : (8). BULLETIN DE LA I t SOCIETE DE GEOGRAPHIE. FivniER 1809. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXXaAlTS, ANALYSES ET HAPPORTS. Rappout sur les provinces (le Canelos etduNapo^ adresse an consul de France dans I'Etat de I' Equateur , par M. Levrault. Quito, le 4 fcvrier iS3fi Monsieur Ic consul, Aussilot la reception de la lettre que vous me i'ites riionneur de m'adresser le 18 juin 1807, et par la- quelle vous me chargiez specialement d'aller recon- naltre Ics etablissements francais formes dans la pro- vince de Canelos pour lexploitation de ses terrains auriferes, je m'occupai activcment de faire raes pre- paratifs de voyage, XI. FiVRIER. 1. a ( 58 ) Apr^s quelques jours passes a me procurer les objels iK^ccssaires a coUe cxp^dilion , lels que loilcs , sabres, couteaux, hamecons, niiroirs, haclies, verro- leries, etc. , destines a rcmplacer la monnaie qui n'a pas cours clans ces pa}s, el a rae servir d'ccliange a\cc les nalurels conlre les vivres et les objels que je devais me procurer; conforinemenl a mes instructions, je m'enlendis pour le depart avec M. Bcllon , directeur de relablisscmentde Snni-Ciin, el le sS juin , nous nous mimes en route pour Pelil(5o. A noire arrlvee, nous y trouvames deja reunies les personnes deslinees a se fixer a Siiru'-Citr/ , en qualile de surveillants ou d'ou- vriers. Le docteur Avilez , nomme par le gouverne- menl aumonier de la compngnie, vinl dgcilcraenl so joindre a nous. Apres les retards inevitables qu'enlrainent lesprc^pa- rallfs d'un voyage de ce genre, nous nous dirigeamcs sur lianos, distant de sept lieues de P^liieo. Ses habitants s'occupent exclusivcment du transport des marcbandises du petit nombrc de connnorcants qui s'avenlurenl parmi les Indiens de la ])rovince de Ca- nelos, d'oii ils reviennent avec des charges d'ecorcc et de fleurs de cannelle [expitii'o) dent ils pourvoienl le pays. Baiios est celebrc par ses sources d'eaux tbermalcs, qui sont dans une ebullition perpt^tuelle. Situ6 au pied du Tunguragua , il offre les traces des bouleversoinenls causes par les Eruptions du volcan qui le doniine. Son terriloire est ondul6 el riant, et forme un contrasle remarquable avec le pays sauvage que Ton traverse pour y arriver. Ce village possijde aussi une source d'eau ti^de, qui depose un sel que ses habitants portent a Quito, ( 59 ) ot vendent aux pharmaciens qui Ic donnent pour sel d'Angleterre , dont il a les propriel^s. Les Ban^niens sont 6videnimcnt de race indienno : leur peau brune, leurs longs chcveux noirs, leur force ot leur agllilti ne peuvent laisser aucun doule sur leur origine. Banos est Ic dernier point ou Ton puisse arriver a cheval, et le dernier village que nous devions rencon- Irer. Les propri^tes de San-Vicente et d'Agoyan se trouvaienl bicn sur notre route ; mais ce sont des in- termediaires entre un pays civilise et les forets vier- gcs dans lesquelles nous allions nous enfoncer. Deux jours encore, et nous ne pouvions plus esp6- rer de ressources que de nous-nieines , d'autre pro- tection que cclle de nos armcs , d'autres lois que la loi nalurelle. Je quitlai Banos le 20 jiiillet, et aprfes avoir traverse le Pastasa sur un faible pont de roseaux, nous arriva- mes a Agoyan. Deux jours apres, nous ^tions sur les bords du Piio- Verde. Les chargeurs jelerent un pont de trois bamboLis a I'endroil le moins large, mais le plus rapide Tousavaienl passe sans accident, lorsque, etant arrive moi-meme sur I'autre bord, je glissai au mo- ment de quitter la roclicsur laquclle s'appuyait I'extre- mitc du pont, et je fus prdcipite dans la riviere. Mes pieds rencontrerent sous I'eau une petite plate-forme ou je m'arretai ; mais la violence de la chute m'avait renverse , ct mon fusd que je portals sur I'^paule dis- parut dans le gouffre. Le 27, apres avoir d^passe les gorges du Castra- Urcu et de Guadua-Yacu, nous alteignimes I'Abitagua, montagne inrindee cbaque jour par les orages qui la 5. ( ^o ) rcndenl soiivcnl inlransllable, Les Indiens du Pindo et dc Caiielos la rogardenl comme une barriore qui les soparc dos hlancs, cl prulendciil que le lonneiTc qui gronde sur I'Abilagua les averlil df raniv^c dc ctux- ci dans Icur j)ays. Aprc's avoir Iraversd les rivieres de Tdschnpi el de Man ga-} a en , nous renconlrons les debris d'un eta- blissenienl iurm6 par le p^rc Ficrro, moine doiiiinicain et inissionnaire. 11 fut detruit par les Jivaros du Pindo : cinq per- sonnes furcnt luces; quclques aulres, au nonibre desquellcs se Irouvait le pt;re Fierro , parvinrcnl a ga- goer Bauos. Cclte expedilion ful faile paries Indiens a litre de reprcsaiiles; car ce moine, irrild dc ce que ceux-ci n'avaicnt pas \oulu lui envojcr gratuilement des poules el des coclions, se mil a la tele de ses gens, alia saccager leurs proprieles, el se porta a dts execs dc lout genre envcrs leurs femnies cl leurs cn- fanls. Nous son.mos dcja sur le Icrriloire habile par les Jivaros, divises en plusleurs pcuplades, et qui occupeut differenls points des rives dc I'Alpa-Yacu , du Bobo- naza, du Pindo. Aprcs avoir traverse cclle dcrnierc, riviere; nous apcrcevons les habitations dcsRamones,, famille de Jivaros qui vit sculc en cet endroit. INous ap- primes la, par des journaliers dc I'clablissemenl fran- caisde Chulli-Yacu, que ccs Indiens, qui s'elaient falls Chretiens, vivaient dans une plantation retirde, dc peur dc I'agression des Jivaros infideles qui les rcgardent comme enncmis. Le jeudi, 5 aoul , une marche rapidc nous conduisil sur les bords du Bobonaza, cl aprcs dix-scpl jours de voyage, nous attcignhiics eulin Ic village dc Canclos, ( 6. ) hcirasses do fatigue , briil^s par le soleil , et d^vor^s de moustiques. Canelos est la peuplade principale de cette nation convertie a la religion chi^etienne sous la domination espagnole. Ce village compte environ cent trente guerriers. Situe sur la rive gauche du Bobonaza , il a SOS habitations dispers6es ca et la , au milieu de plan- tations de bananiers et d'ignames. Sur la place se Irouvent I'eglise dont la porte est couverte de peintures bizarres faites par les Indiens . et le presbytere, ou nous nous installons. Les principales productions de celle province sont la cannelle , la vanille , le copal, le cedre dont ils font leurs canots, le quinquina, la canne a sucre, le mais , I'ananas, I'annone, le pagaya ( espece de melon ), et enfin la palate douce. La peche leur fournit en abon- dance du poisson excellent, et la chasse de la viande de sanglier, de chevreuil el de danta , dont la chair ressemble a celle du boeuf. Les ai'mes offensives sont, la lance de chonta (petit palmier dont le bois est fort dur) et la tucuna saiba- carie de 7 a 10 pieds de long, avec laquelle ilslancent de petites fleches empoisonn^es , et dont ils se servent principalement pour la chasse. L'ai'me defensive est le bouclier de bois de balsa, dont la grandeur varie de 3o a 4o pouces de dia- metre. Les Can(^los furent converlis a la religion chr6tienne p;:r les jesuites , et ont un curd qui exerce sur eux une autorit6 despotique a laquelle ils se souslraient quel- quefoispar la fuilo. Bien qu'ils affectenl le plus grand mepris, et meme de la haine pour les infideles, on ne peul I'attribuer ( 6'2 ) qu'a la dissimulation qui leur est nalurcllo , car leurs froquenles alliances, lo commerce ci' fetes, el une ou deux pelltes chambres ou ils dorment. Les Sarayacos sont de tallle moyenne, ont les mcni- bres robusles et proporllonnes, ct se font rcmarquer ( 7" ) par leur force et Iciir bravoure. Do freqiientes allianccb avec les Jivams ontconlribu6 sans doute a leur dormer un caraclore de pliysionomie qui leur est propre : plusieurs d'enlre eux ont des trails grecs parfaitement caracterises, et presquc lous les jeunes gens sontd'un corps elt^ganl et d'une jolie figure. Ayanl plus de relations avec les blancs que les Sa- paros, parlant la Jangue quilchoa, ils regardent ceux- ci comme des barbares. lis portent des calccons de toile qu'ils teignent de diverses couleurs, et de petiles blouses collantes qui descendent jusqu'a la ceinture. Ils se couvrent de peinturcs rouges et noires, attacbcnt leurs cheveux pres de la tete , et se percent les oreilles pour y passer de pelils morceaux de roscaux. Les femmes sent vetucs a peu pres comme les Indiennes de Quito; sculement It^lolTe est la nieme que celle de leurs maris. Dans leurs voyages ou leurs travaux jour- naliers, elles portent la blouse collante. Les productions de Sara-Viicii sont les memcs que celles de Canelos, mais peut-etre y sont-ellcs de qua- lity sup6rieure ; la peche et la cliasse y sont aussi plus abondantes. , Son climat, quoique cbaud et bumide , est sain. La vegetation y est vigoureuse, mais son terriloire est infests de betes feroces , de reptiles et de mousti- ques. De mcme que loutes les Iribus indiennes, ccUc-ci a son curaga , qui est bien loin de jouir de I'influencc dn cbcf niiliiaire. Celui ci est toujours d'une famille •dislinguee {>ar sa br.noure ou par ses ancetres , tandis que les eccl6siaslif|ucs ont souvent donn6 le baton de curaga a des individus d'une famille obscure. Du resle, les cures exercent unc aulorile arbitraire , et nc se ( 7' ) conlenlent pas des provisions que Icur portent les In- diens ni du produit de I'excrcice de leur minislere. Le prcsbylere n'cst aulrc chose qu'un magasin de marchandises que I'lndien vient aclieter a son paslcur au prix que celui-ci lui impose. Quelquefois ils sont victimes de leur cupidite, Un vieiJIard de Sara-Yacu me racontait un jour, avec un sang-froid admira- ble, qu'ils avaient tue un de leurs cures, et qu'ils en eussent faitautant au pere Fieri'o, s'il n'avait pas pris la fuile, Les Sarayacos sont d'un caractere doux el affa])le , moins paresseux, et plus ditficiles pour leursalimenls que les Saparos. Ils vont souvent a la cliasse et a la pe- che, et sont toujours abondammcnt pourvusde viande et de poisson. Ils sont naturellement porles a se diverlir , ct sc reu- nissent trois ou qualre fois par semaine cliez I'un d'eux ou ils dansent et boivent. Lorsqu'un Indien a fait ample provision do cliicha et de vcnillo ( boisson que Ton extrailde I'igname cuite a la vapeur, ct moi- sie ) , il va inviter ses amis jiour le jour suivanl. Ceux ci se rendent cliez lui au point du jour avec la haclie ou le coulelas , et travaillent a ses plantations jusque vci'S les dix lieurcs; puis ils rentrent, sc parent de leurs orncments de jilumes d'oiseaux, de leurs colliers de dents de tigre , passent dans leurs oreillcs de peltls bouts de roseaux, et se rendent a la fete, la (iguro.les bras et les jaml:)es couverts de peintures rouges et noires, une couronne de teles d'oiseaux ou un bonnet de plumes de pi rroquct sur la leto. Pen de jours apres mon arrivee, le general m'cnvo} a ses fds pour m'inviter a une fete qu'il donnait le len- demain. Vers les onze heurcs, je vis passer une parlio ( 7'^ ) (Ics convicts, los nns faisant rcsonnor nn lanihour i\r peau de sinQ;o , los aulros iin flageolet do roseau ; ccux qui n'avaient pas d'inslrumenl 6taient arrays d'une lance ou d'un sabre sans lesquels les Indiens ne sor- tenl jamais , pas nieme dans le village. Je m'elais deja fait peindre la figure, n'ignorant pas qu'ils tenaiont sp^cialement a ce que les blancs adop- tassent parmi eux cet usage , et je m'achominai vers la maison du gt^.neral, suivi de mon interprete. Des que I'amphitryon m'apercut, il vint a moi en s'ecriant : Fhaiuni hiracoclui , fhmnui ami^n. Viens Stranger, vicns ami. J'ctais a jieinc assis quo la gene- rale et sa fdle m'aborderent avecd'Snormes calehasses de chicha dont ellcs me firent les honneurs. Dans ces reunions, les hommes sont assis sur des bancs places a la porlc d 'entree ; les femmes se trou" vent a droile, assises par terra ; les enfants des deux sexes sont dans le fond et separes. Les premiers, tout on causant, font do poliles flecbcs qui servent pour lenrs sarbacanes. Quel- ques uns se promenent dans le milieu de la chorus avec lours tambours et leurs fifres , marchant a pas lenls ; puis ils s'arretent, font une espece do tulti , et pousscnt uii houra auqucl les assistants r6pondent par des cris de joic et d' encouragement. Cependant la chicha circule avec activite , los estomacs se char- gent, et quelques tetes s'affaiblissent, J'etais occupede tout voir et de tout entendre, quand le general vint a moi , et me pria de baptiser un enfant et de lui donner im nom de mon pays. Je procedai aussitot a la c6remonie, ct la f6te continua. Au moment de m'asseoir, je fus I'objct dune curio- sity fatiganle , mais a laquolle je dus me soumettrc. ( 75 ) Un de mes voisins ayant pris ma main, et relev6 Ic poignet de ma vcsle, me demanda si j'avais la peau aussi blanche sux" lout le corps ; je lui repondis affirma- livement, et h I'inslantles Indiens releverent mes man- ches de chemise, examinerenl mes bras, les laleicnt, en faisant entendre une sorle de claquement de langue par lequel lis expriment, soil radmiralion ou Tetonne- ment, soit la joie ou la douleur.Bientot on ouvrit ma che- mise pour voir ma poitrine ; les femmes vinrent aussi satisfaire leur curiosity , et j'eus I'occasion de recon- naitre que la jalousie des Indiens n'etait pas aussi forte qu'on le dit; car plusieurs d'entre ellcs ayant temoi- gn6 hautement leur desir de metlre au monde dos enfants de celte couleur, je mepermisquelquesplaisan- lei'ies qui furent accueillics par les honimes avec uno gaietefranche. Celte inspeclion qui dura pros d'un quart d'heure, me valut de bonnes piqiires de moustiques ; mais je gagnai beaucoup dans I'espritdes Indiens par cet acte de complaisance. Dans celte fete, ainsi que dans plusieurs aulres aux- quelles j'assislai, je remarquai que leur danse ressem- ble a celle des Indiens de Quito, en y ajoulanl diver- ses oscillations du haul du corps. En outre de la chicha qu'il y avail en abondance , le mailre dt; la maison faisait en personne les honneurs du venillo, donl Ic gout aigre n'esl pasdesagreablo el (jui enivre prouiplemenl. On suspendil un inslanl la fete pour diner. On a])- porta une grande marmite pleine de viande boulllie , de sanglier et de singe , des bananes et des ignames. Les hommes s'assirent a I'entour, et cliacun y porta la main. La plupart d'entre eux me firent la politesse de me presenter un morceau de viande dont \h avaienl XI. FEVRIEB. i. G ( 74 ) mange la rooitie , ce qui est entre eux une marque non Equivoque de bonne amili6. Lne abondanle provision de pimenl, el une pierre de sel sur hiquelle on froltait les morcciiux quel'on allait manger, elaienl les stimu- lants donl ils seservaienl pour s'exciter a Loire. Biontot cettcmarmile ill place a une autre, j)leine de poisson, ot le rcpas termini , les fcmmes nous presenlerent une calebasse d'eau pour nous rincer la bouche et nous laver les mains , usage que je n'ai remarqud que cliez les Can6los. Les Indiens vivent entre eux dans la plus parfaile in- telligence. Les menages sont un mod6le d'amour fdial el de fidelite conjugale, et jamais la moindre querelle nc vient alteror leur bonne liarmonie. Lesfemmes, quoique destinces aux Iravaux les plus rudes , ne murmurent jamais, et remplissent leurs devoirs sans cliercher a s"en faire un mcrile aux yeux de leurs maris. L'epoque de leur grossesse et de leur accouchement est celle ou ellcs monlrent le plus de courage elde soumission. Des que la I'omme ressent les premieres douleurs de I'enfantemenl, elle se retire dans la loret a Irois ou qualre lieues de la maison conjugale dans une cabanc de i'euilles deja pr^paree. Cet exil est le fruit de la su- perstition des Indiens qui sont persuades que le g^nlo tlu mal s'atlaeherait a leur maison si los rcmmes V laisaient leurs couches. Lorsque le terme est arriv6, celle-ci est assistee par une de ses amies. Pendant ce temps, le mari reste chez lui, buvant de la chicha, ct recevant les compliments de ses amis. Le huitieme jour de ses couches , cette femme est d^ja rentr^e chez son mari, et travaille dans ses plantations, ( 75 ) son enfant snr le dos , cnveloppt^ clans un nianlcau de loile qu'clle allache par-dcvanl. Avant leurmarlage, qui ne consisle le plus souvent qu'a se lier loule la vie par une promesse solennellc , los Indiens vivcnl quelquefois plusieurs ann^cs avec lour fiancee, pour essayer si leurs caracteres se con- vicnnent, el s'ils pourront remplir leurs engagements reciproques. S'il y a antipathie, ils se sepaienl; si au contraire ils se Uouvent d'accord , la demande en manage est adressee aux parents de la femme. Des qu'elle lui est accordee , le mari se trouve dans I'o- ])Hgalion de nourrlr ccux-ci , et de les aider dans leurs travaux, De meme que les Saparos, les Indiens canelos croient a la metcmpsycose. C'est surtout sous la forme du tigrc qu'ils pensent renallre ; aussi ne I'attaquent- ils jamais sans de justes motifs de vengeance, 11 y a environ deux ans , la mort d'un Canelos de Sara-Yacu nomme Guallinga, qui fut devord par un ligre, devint la cause d'une guerre sanglante entre ceux- ci et les Jivaros. Toule la famille du defunt s'c^tait misc en campagne et avait venge son parent par la mort du tigre ; mais bienlot elle se figura que ce tigre etait un guerrier jivaros ; la guerre fut declaree , et ne oessa qu'apres plusieurs morls de partet d'autre. Bicn que les indiens soiont familiarises avec les dangers de toute esp^ce qu'offre une vie pass^c dans les forets , ils ont rarement le courage d'altaquer leurs adversaires en face. Les chefs seuls se mesurent quel- quefois corps a corps , et la mort de I'un d'eux decide souvent de Taction. Leur taclique consiste alors a surprendre leurs advei'saires au moycn d'une marche forcdie faite pendant la nuit. Ils s'^clairent avec des 2. ( 76 ) torches do copal ou avec dcs vers luisants; ils s'arre- tent a quelque distance du village ennerai. Leurs es- pions, qui sont g^nc^raicment des jeunes gens renom- mes par leiir agilite , sont envoyes a I'avance, et viennent rcndre compte de leur mission. S'ils sont ddcouvcrts, ils se retirent sans rien cnlrcprendre ; raais si, au conlrairc ,rennerai n'est pas sur ses gardes, ils raltaquonl un peu avant I'auroi'e. Quelquefois ils incendient Ics maisons cl en gardenl les issues ,et lors- que les habitants en sortent pour echapper aux flam- mes, ils les font cxpirer sous leurs coups. Cos guerres se renouvellent frequemmcnt , car les vaincus elevent leurs enfanls dans des sentiments de haine ct de ven- geance. Je m'occupais pendant mon s6jour dans ce pays de recueillir les plantes el lianes auxqucUes les Indicns altribuent dts vertus m^dicalcs , les rdsincs et les baumes que ces parages j)roduisent en plus grando abondance; je mc procurai ligaleinent les amies dcs Indiens, ct j'envoyai le tout a Suni-Curi. Ddsirant connaitre les Jivaros, Iribu de sauvaeres infideles, je r^solus de m'embarquer sur le Babona/.a, et d'aller visiter les peuplades qui habitent ces rives. Je savais que Icur chef, Piti-Singa (bout du nez ) , inslruil de ma prochaine arrivee , 6tait dans des dis- positions peu favorablcs a mon egard. II craignait quo je ne fusse envoye par le gouvcrncment de I'lllqualeui- pour leur imposer un tribut, ou pour les soumellre a la domination des cur6s, qu'iis ont toujours refuse d'admottro sur lour torriloire. Je crus ccpendant devoir pcrsister dans mon projet, et je louai une pirogue pour ce voyage. Je me procu- rai avec peine quclques Indiens pour me conduire , ol ( 77 ) je ne pus les y ddcider qu'en leur offrant ce que j'avais de mieux en couteaux el miroirs , dont ils font le plus grand cas. AprtJS deux jours de navigation, les Canelos nous debarquerent en nous indiquant la route qu'il fallait suivre par terre. Les premiers Jivanos que nous ren- coutrames s'offrirent volontairement a nous conduire pres de leur chef. L'accueil que je regus du cacique Piti-Singa fut d'abord empreint de defiance. Je ra'empressai de dis- tribuer les presents que j'avais pr^par^s, etlesfcmmes vinrent alors m'apporter de la chicha. Mon bote m'of- frit de sa main un lit de roseaux, et ses premieres questions furent les suivantes : a Portes-tu des armes? Es tu envoys par I'Apo (chef B supreme) de Quito? » Jc compris que le moment elait venu de d^truire les preventions qu'il avait conti^e moi ; je lui fis d'a- bord expliquer que je n'6tais point de ces pays; que ma patrie 6tait la France, situee de I'autre cole de la mcr; que je ne pouvais avoir aucun interet qui fut oppose aux siens , et que pour preuve de ma confiance et de mes bonnes intentions, j'elais venu aupi-es de kii, seul et sans armes, malgre les rapports de ses enne- mls qui m'avaient represente sa tribu comme barbare. II me demanda alors comment s'appelait mon chef, et si de relour dans mon pays je lui parlerais des Jiva- ros du Bobonaza. Je lui repondis que mon chef etait un roi ; qu'il se nommait Louis-Philippe, et qu'il seiait informe du bon accueil qu'il me faisait. Dt!S ce moment, les prevenances remplac5rent la froideur que j'avais d'abord renconlree, et je pus observer les usages et les moeurs de ce peuple, sans crainte d'eveiller ses soupgons. (78 ) Lc londcmain, jc fus rovcillmenl inonde par Ics oragcs Lnc ficvre violente, joinlc a un gonflement de janibcs, mc forca do. gardcr le lit pendant pris d'un mois. Le Napo elait autrefois compris dans la province do Qiii.ros, qui s'etendait jusqu'au Maranon. Aujourd'hui on donne specialement le nom de province de Napo a relendue de terrains bornee au sud par le Filldiio. Elle est coiipcie par de nombrcuses rivieres, dont les principales sont le Napo , le Cnrnrny , ct la Coca. Les principales productions de ce pays sont : le mais, les banancs, les batatcs, I'igname, la canne a Sucre , I'ananas, I'annonc, et I'avocatier. Les dlfTeronts villages de celte province paicnt tin Iribut dcpuis la conquotc , soit en or, soil en pits d'a- loes. Un gouverneur, qui a generalement le grade de colonel , coramande la province. Les cures 6taient autrefois les seuls maitres de loutes ces missions , et y exer^aicnt I'aulorit^ IcmporcUe et spiriluellc; plus lard, lorsqu'un gouverneur laique fut nomine , la guerre eclala entre ces deux auloriles i-ivales, dont I'une regretlant son anciennc indepcndance et son autorite desj)olique sur les indigenes , ne manqiia pas d'enlraver par tous les moyens possibles les mesures que prenait le gouverneur pour exerccr une suprdma- lie i laquclie il avail droit; mais en oulrc de Tin- flnence que donnaicnt aux cur6s la superstition et Tignorance de leurs adminislres, ils elaient puissam- ment soutenus ])ar le clerg6 de Quito, qui triomphait souvent de I'autorili^ cllc-memo. l-ln I'annj^e i8'2(S, le as sepleinbre, eclala une r(i- volulion qui fut falale, lant au gouverneur qu'au cure, el auxblancs (|ui se laisserent surprendre. ( 83 ) Depuis long-temps les Indiens tilaienl fatigues da joug sous lequel ils g^missaient. Forces de salisfaire la cupidite de Icurs maitres , accables de mauvais Iraite- ments, plusieurs d'entre eux s'etaient derobds a ces violences en se retirant dans rinterieur. Le gouverneur don Jose Torres , dans une de ses tourn^es , renconlra une embarcation de ces individus fugitifs; il s'en empara , fitlier les captifs, et revinl a Napo. Ce fut le signal de la revolte que les Indiens m^ditaient depuis long-temps. Les premieres victimes furent le gouverneur lui- mcme, qu'ils tuercnl a coups de lance au moment ou il s'embarquail, et le docteur Pasmino, cure de la Conception. Lps Indiens attaquercnt ce village, ou s'e- laient refugies les blancs qui avaicnt pu s'echapper; mais ils furent repousses. A la noiivelle do ces evenements le gouvernement f^nvoya M. le colonel Don Ramon Aguirre prendre le commandement de celte province. Ce nouveau gou- verneur snt apaiser les Indiens , en leur promeltant de ne pas faire usage des moyens de rigueur s'ils se soumeltaientd'eiix-memesetrenlraient dans le devoir. M. Aguirre occupe encore cct emploi, et j'ai en- tendu vanler par les Indiens sa douceur et sa justice, qui ne permet pas les abus d'aulorile ou les exactions des employes inferieurs. Le principal commerce de Napo se fait avec Quito ct le Marafion. De Quito on echange pour de Tor, de la toile de coton, des baches , des sabres, couteaux, ai- guilles, bamecons et verroteries; on exporte du 1\iara- Mon , soit de laguna , lamas , jevevos ^ moyo hninba , orun et ucayuli . du lienzo (toile de coton) qui s'y fa- brique, du sel , du tabac ct du poisson, en echange de (84 ) baches, sabres, bameoons, rouenncrics et calicols. Le commerce nc s'6lcnd pas jusqu'aux Elals porlugais ; cependanl il en vienl, mais rarement, quelques poli- cbes de \in. Le commerce avec les Indiens dc Napo serait des plus avantageux ( car ils paient en bon or ) , si depuis la conquele on n'avait pas eu I'liabilude de lout leur donner a credit. Jamais ils n'acbetent au complant, lors meme qu'ils ont entre leurs mains de quoi s'ac- quiller ; ct ce n'est souvent qu'au bout de deux ou trois ans qu'ils paienl leurs creanciers. Jo crois devoir atlribuer cette tacliquc a leur ex- treme mefiance, el a la crainte que la lacilite avec la- quellc ils rempliraienl leurs engagements nc I'lit un molif j)ouraugmenler le Iribut auquel ilssont soumis. Le Napo possedo de riches mines de lavage de terres auriferes. Les dlverses entreprises formees pour les exploiter n'ontproduit aucun resultat avantageux, par le peu d'ensemble et les mauvaises combinaisons des personnes qui les dirigeaient. J'en cus un exemple a mon passage dans cette province. Unc soci^le s'etail formee a Quito , et plusieurs membres etaient venusfaire a I'avancc des plantations pour subvenir aux besoins des ouvriers qu'ils comp- taient employer. Ceux-ci allaient commcncer a ouvrir une Iranchee, lorsque, regrctlant sans doule la sonnne qu'ils nvaient deja avancce , les socielaires de Quito n'auloriserent ce travail qu'aulant qu'on en retii'erait au moins lesfrais. L'enlrcprisefut abandonnee; mais je ne doute pas qu'une compagnie bien organisec n'ob- tint de brlllanls rtisullals de I'exploitalion d'un terrain aussi riche. Les Indiens do Napo different des Can(ilos par leur ( 85 ) taille, qui est plus 6lev6e , par leurs trails curopeens , et par la coupe roncle de leurs cheveux, Leur cai'acl6re est gai , mais clisslmul(§. Cherchant plutot a passer pour braves etredoulables, qu'a en don- ner des pi'euves , ils se font un malin plaisir d'cflVayer celles de leurs autorites qui cedent a unc crainle pue- rile. Souvent ils donnent de fausses alertes en disant que les infideles s'appretent a attaquer le village ; quelqucfois meme ils font entendre dans la nuit les sifflements ou les oris d'oiseaux , qui sont les signes de ralliement de ceux-ci , et vont ensuite se diverllr aux depens de ceux qu'ils ont effrayes. Avant men depart de Napo , j'eus I'occasion de voir un mariage. L'epousee n'avait pas dix ans : je temoi- gnai mon etonncment d'une pai-eille union , et Ton m'apprit que les houmios se mariaient souvent ainsi pour elever leur femme a leur fanlaisie. Ils la reinct- lenl cnlre les mains de leur mere, et n'usent de leurs droits que plusieurs annees apres. Le 17 decembre , je laissai Napo pour aller a yh- chidona. Ce village , qui est le plus grand et le plus peuple de la pi'ovince, est silu6 sur le Misfiaiiali , qui n'est pas navigable a cause des roclies qui forment son lit. Son climat est temper^, et il n'est pas , commt; INapo, infcsle de mousliqucs. Les Indiens d'Arcliidona sont plus civilises, mais plus vicicux que les Napos; ils font avec les banancs mures une eau-de-vie forte et d'un goiit agreable donl ils s'enivrcnt journellcmont. Ce sont cux qui vont a Quito avec les charges des vojageurs, ct ils portent sur leur dos ceux qui ne peuvent pas fairc la route a pied , tantot sur des chaises sur lesquelles on s'asseoit dos a dos, tanlot sur des planches qui s'appuiont sur ( 86 ) leurs reins. Les pieds clu vojagour sonl alors soulenus par ties elrlors d'6corcc, cl places de chaque c6l»^ du corps de I'lndien. Le 22 decembre 1837, je me mis en route pour Quito. Etant encore boitcux el incaj)ablc de fairc la route a piod , je pris qiialre Indiens d'etrier (Estrive- ros) pour me porter. Le 28 , j'arrivai a Bniza , qui (^talt autrefois unc pe- tite ville bicn peuplee , et qui n'offre plus aujourd'hui aucun vestige de son ancienne existence. Dne seule maison habilee par des Indiens de la Sierra offre un abri aux voyageurs. Trois jours apr^s, nous sortions de la forfit, ct j'etais comme ^bloui de la lumi^re et de r^tcndue de I'horizon qui s'ouvrait devant moi : nous arrivions a Papallacta, village d'Indiens do la Sierra. La, je pus me procurer un cheval pour me rendi-e a Quito, ou je suis arrive le 2 Janvier 1808, apres plus de six mois d'absence. N'ayant pas recu , pendant mon sejour a Napo, les charges con tenant mes collections d'objels d'histoire naturelle, j.'ai pris les mesures convenablus pour qu'elles me parviennent a Quito. Aussilot qu'elles seront arrivees , j'aurai I'honneur de les meltre a votre disposition. 1'. ; .'. >.:fii' b ( 87 ) Analisk (Vune Notice biographique et Utteraire siirle cos- inographe Alonzo de Santa-Crnz , par M. de Navar- RETK. Lue a la Societe de geoi^iraphie , par M, S. BicR ^ ' TiuaoT , meinbre de la Coirunissioii centralc. Parini les divers memoires que M. de Navarrete a of- ferls \\ la Society, celui dont je viens d'enoncer le tilrc ])eul sorvlr a illustrer I'hisloire dc la cosmogropliie an commencement du xvr" siecle, et a faire connaitre I'e- tat de cette science en Espagne et en Portugal dans les premiei^es ann^es de la d^couverte du Nouvcau- Monde. Les premiers ouvrages de geograpbie qui parurent a cette 6poque furent le Suma Geografia de Martin Fernandez Enciso (i), qui date de i5ig; le traite dc Cosmographie et de pilotage du Portugais Francois Fa- lero (2) , public a Seville en i53G et dont on ne trouvc plus de cople ; les regies de son frere Piui pour obser- ver la longitude; VArte de Nas'Cf^ar de Pedro Medina, qu'on imprima a Valladolid en i545, et le Petit abr^ge dc la spbere et de I'art de la navigation de Martin Cor- (ij Voviz laiiittico que j'ai douiice sur les lia^aiix d'liuciso Jaiis VlJist. phys. , poUt. ti uatur. de Vile de Ciiba^ de M. Ramon de la SagiM, edition IVancaise, pailie {;eoijra|)liique, p. 3i cl 32. (2} Francois Falero et son ficre Rui vinrcnt en Espa-ne avoc Maijellan. Rui Falero rcdigea divcrscs in triictions pour les iia\!i;al.iiirs et iin Regi- iniciito contenant la nielhode pour observer les longiiinle?. Voy. Navarrete. iVoticia hisloiicn sohre los progresos que ha teiiido en F.spnita el arte de navegar, p. 5. ( 8S ) tes (i), dont on achcva rimprossion u Cadix on i55i. Ces divers ouvrages furent adoples par la pluparl des (icoles eui"op(^ennos qui en niullipii^i'ent Ics tiaduc- lions ; les Anglais firenl choix du livre de Martin Cor- t6s ; celui de Medina, au conlraire, sorvil de guide aux pilules francais el memo au coniuienccxncntdu xvn' si^- cle, les Italians en reimprimaienl une nouvelle Edi- tion. Aux Merits des auteurs que je viens de citer, il faul ajoulcr encore ceux du celebrc g^omelre portugais Pe- dro Nufies, donl M. le vicomte deSanlareni a prissoin de vous signaler I'importance dans son beau Meinoire surles connaissances scieidijh^aes de I). Jean de Castro (2) , ccl illuslre navigaleur non nioins recomrnandable par ses vertus guerrieres quo par sa profonde erudilion. Caslro m^rite aussi de prendre rang parnii les g(^ogra- phes et les pliilosophes les plus dislingues de ce leinps- la : il s'inslruisit a I'ecole de INunez , et sa carriere litl6raire commenca dans los premieres annees du XVI* siecle. (i) Corlcs dedia son ouvragc a rcnipeiciir ; il ronslriiisil drs instru- ments astionniiii(|iies ct di;s montns marines, ohserva If pl.ciiomcne des marci'S ct lus varialioiis di- la hnussole ; il omil le [ireinicr I'oxis- teuce d'un pole magni'tique, reconnul les defaiits des cartes planes, et pro- posadiversis luclhudi'.s pour Ics eorriger. Son ouvrage. tradiiit par Riihard l';dL'n , lilt imjirmie a I.oiidrcs en i56t et oblint piu^ienrs edilious. On adopla iclle de iSy^J pour les eeoles lit ua\iyalion elahlies en Anyleteno. Vov. Navarrete, ineiu. cite, p. 7. , ,(,..,1, .: 1, . ,- -r.-i\. ■'. J • 11''.-.". . « (2) Vovez lUilhiiit de la Societe Je gcogr/ipkie , dciixirmc scrie, t. X, li" 53, Oct., p. iiCNnnezlul le premier aslronome (jui Iraila de la loxo- dronile oil di s pi o|)iiil(S des coiirlies; il dctermiiia la lalllude par di n\ liaiitt urs du solvil el par razimul iulermiidiaire. II fit couiiaitre lejuur de laiiiieu doiil le crepuseule e?! le plus coiiit. Ce savant poitugais, auijuel Tii'ho Bralie rendil honitirage, moiirut a Coimbre en iS;;. ( 89) Citons encore parmi les savants de celle grande epo- que qu'on vit briller dos son aurore de loule la gloire de Colomb, le fameux pilote Andres de San Martin, compagnon de voyage de Magellan , et qui le premier rectifia les longitudes par I'observation plus exacte dcs distances et du cours de la lune (i). Puis, don Fer- nando Colomb, le digne fils de I'amiral, qui r(^unit par ordre de I'empereur Charles-Quint une biblioth^- que de plus de 20,000 volumes et fonda a Seville, sous les auspices du monarque, une academic pour I'ensei- gnement des mathematiques appliqu^es a la naviga- tion. Fernando Colomb avait accompagn^ I'empereur dans son voyage en Italic , en Flandre et en Allema- gne ; il travailla a la correction des cartes marines, el fit parlie de la junte chargtie d'^claii'cir les affaires re- latives a la possession des Moluques. A sa mort, 1*6- cole de navigation de Seville se vit priv^e de son plus illuslre soutien (2). Nommons aussi le savant Porlugais Diego de Saa (3) , Jean de Piojaz , auteur d'un com- mentairesurl'astrolabe, public a Paris en i55i ; Juan Escalante de Mendoza, surtout , qui r^unit a une pra- tique consommee de I'art de la navigation toute la theo- rie de la science (4) ; Pedro Sarmiento de Gamboa , cet infatigable marin que de longs voyages dans lamer du Sud et sur I'ocean Allantique avaient form(!! a la (i) Andre de San Marlin fit usage, pendant son voyage avec Magel- lan, de la melbode qui lui avait ele conimuniquee par le bachelier Rui Falero. (2) Voyez Navarrete , mem. cite, p. 6. (3) Aulmr de I'ouviage latin De navigations Ubri tres, publie a Paris en 1549. (4) Son Itinerario de iiavegacion, dit M. Navarrete, pent elre considere xr. FtVBIEB. 3. 7 ( 9" ) pratique rios observations (i) ; cnfin, Geronimo Mu- nos, qui aprcs avoir elonn6 I'ltalie par son rare sa- voir, vint illuslrer les unlversites de \ alence et de Sa- lamanque. Ces etablissemenls scienlifiquescomplaienl alors , parmi Icurs profosseurs, les hoinmes les plus erudils; I'astronomie naulique formail une des prin- cipales brandies de I'enseignement, et les Aleves d'tu- diaient d'apres Copernic, A])ianus et les restaurateurs de la science moderne (2). Munos , un dcs mcmbres les plus ^m^riles de lunivcrsit^ de Salaraanque, eut pour disciple D. Diego de Aluva, qui publia le Perfecto Cnpitan , el un traite d'artillerie fond6 sur une th^oric nouvelle. En i5;5, le papeLc^onX, voulant rdformer le calendrier, avail demande I'avis des docteurs de Sa- lamanquc , et lorsquc Gri^goire XIII realisa plus lard cette beureuse r^forme , les savants dc I'universite furont consult^s de nouveau , et Pierre Cbacon , sur I'ordre du saint pere, se chargea du travail, de con- cert avec le jcsuitc Clavio. A pen pr^s a la meme 6po- que, rastronome Andres Garcia de Cespedcs corrigait les tables de declinaison par des observations rigou- reuses(5), tandisque Pedro Esquiveldressait une carte roninic Ic I'-nicil le plus cuniplcl dcs rouiiais-aiiccs iiaiitiqucs ducillc. r|ioqiie. (j) II en>|)I()^a Us nuilloiires melh id»s pjiir doli riniuii- les 1 'i)L;iliKl. s (•nmer,ct fit un y: and nomhie d'oljserval.ons surli's \arialioiis Jt la limis- solr. (2) VAstronomiion e€Esareuin d'Appianns olail Ires rrpandu dans les nnivrrsilcs du royaudK' : En 1 S-i'S sa Cosmographii , augnionlcc par Gemma Frisius, ful Iradsiile en esjiagiiol par oidre de I'empcrciir. (3) Cespedes fut tliarge, par le coiiscil des Indes, de la virHiralion dcs carles marines ; il s'ap[)liqua a la conslriiclion dcs honssoles, astrolabes, ar- halcstrillcs ct aulres inslriinunts d'ustionoinie Son Itc^iwii nto tie lu.vc' g6ographiquc de loiile la Pc^ninsulo , d'apr^s la mo- lliode Irigonomelriquc do Rogioniontanus. Le roi paja lous les frais de ccUe grande entrcprise et voulul que le plan original restat expose sous ses yeux dans son proprc cabinet. Malheureusemcnl la carte d'Esquivcl , cilee par lesautcurs contemporains, n'cst pas parvenue jusqu'a nous : les operations de mesure qui servirent d'elements a sa construction doivent nous rendre sa perte encore plus sensible (i). Dans ce temps-la, les monarques espagnols, jaloux de proteger la science a laquelle ils devaienl I'agrandissement de leurs domai- ncs, avaient reuni dans la magnifique biblioth^que de I'Escurial les spheres et les globes les plus precieux, les carles les plus accreditees et les instruments de matlie- matique ot d'astronomie de meiileure construction. Philippe n , qui affectionnait les sciences exactes , nc negligea rien pour en repandre Tetude : tout ce que Arislote, Euclyde et les anciens avaient ecrit sur I'as- tronomie'et la physique fut Iraduit et commente. Ce monarque fonda une academic demalhematiques dans son paJais et en donna la direction a Jean Baptiste Labafia, qui y enseigna la nautique (2). Toutcs los ecoles du royaumc rivaliserent d'ardeur et de zele : I'universite d'Alcala ne fut pas moins florissante que celle de Salamnnquc , do Si^villc , dc Valence et de Ma- gacion et son Uidrogrnfia ^ oiivrai;es {]ui surpasserciil tout re (in'oii avail t'crit jusqiralors, nc tiinnt iininiinos ) ridien de la ligne de repartition enti*e les domaines » des rois de Castille et du Portugal, eloignes de six a cents lieues de la cote d'Espagne (2). II a dessin6 aussi >■■ deuxauti"es globes : surl'un, on voit toutl'hdmisphere » septentrional, et afin de pouvoir montrer I'hc^mi- » sphere oppose , il I'a coup6 en quatre parties par » I'equateur, en forme de croix ; I'autre globe diflere (ij Diferencius de libros que hay en el iiiiit'erso , ouviaye public en 1 540. Voycz chap. xvi. (2) Voyc/ la uotL' relative a la ligiie de reparlilion dans VHisf. polie/ij., pliys. cC nat. de Vile de Cuba , edit, franc. , partie i^cog , p. 12. ( 96 ) » du premier en ce qu'il n'est ouvert qu'en deux en- » droits par I'li^misphi^re meridional. II en a trac6 » de plus deux autres avec un dessin de I'astrolabe. B II a represents aussi une figure de la terre tres Siar- n gie sur le meme plan ; idem encore une autre fort I ingenieuse avec le zodiaque plac6 de mani6re a » indiquer I'heure d'un lieu quelconque lorsqu'il est >> midi autre part. Enfm , Santa-Cruz a corrigt!; etper- » fectionne les cceurs (i) ou segments sphSriques de » Vernerius el d'Orontius. J'ai rappelS tons ces tra- il vaux, ajoute Vanegas, afin de faire observer que nous « ne devrions pas nous contenter d'avoir imprime en » Espagne le Sumo geog?-afia , mais qu'il faudrait aussi » multiplier les copies des dcssins oiiginaux de Santa- » Cruz, pour que la science ne peril pas avec celui » qui en a recule les limites. » On voit par ce passage , que je traduis ici littSrale- ment, qu'il s'agit des differenles projections sphSri- ques qu'on commenca a placer, au xvi* siecle , en tete des atlas de geographic, et dont I'ingenieux cosmo- graplie de Charles-Quint se servit le premier pour ses demonstrations. L'atlas manuscrit de Guillaume-le- Testu (i555), qui fait partie de la bibliotheque du Depot de la guerre (2), offre de beaux exemples de ces sortes de projections. En parcourant ces divers traces , (1) Les Gspagnols avaient doone le noni de cceurs {corazones) aiL\ pro- jections splieriques dont la base elait formee par un arc de I'equateur com- pris entre deux meridiens determines , qui , se rapprochant a mesure que kurs angles se resserraient davantage, croissaient en latitude jusqu'a leur reunion au pole. {■>.) Voyez Ins rcnseignements que j'ai donnes sur cet atlas dans VUist. polil,, phy s, it luit. tie rile tie Ctihii , p. 37. Note 1^2), geogr. ( 97 ) on pourrait croire que le pilole du Havre s'altacha a rc- produire toutes les figures indiqu6cs par Vanegas, d'a- prcs les dessins de Sanla-Cruz, Le cosmographc espagnol aurait done eu I'id^e des projections stereo- graphiques avant Werner de Nuremberg et G<§rard Mercator; car la premiere mappemonde que Wei^ner, el^ve de I'aslronome Stabius, tra^a, d'apres le principe des courbes, se trouve dansun ouvrage du commence- ment du xvi^ siecle. Un autre passage de Vanegas , oix il traite ( cha- pitre XXIX ) des variations de I'aiguille aimanttje , vient encore accr6diter la priority qu'on doit accorder aux inventions de Santa-Cruz, dl est bien reconnu, dit- 1) il , que les cartes marines sont en g^n^ral faussement sconstruites , non pas par ignorance, mais parce qu'il » a fallu les tracer ainsi pour I'intelligence des pilotes , » qui n'auraient pu naviguer sans se guider par les slignes des rumbs de vent representees sur le plan, » et ces rumbs ne pouvaient bien s'indiquer que sur les » cartes plates. Ainsi, lorsque nous disons que chaquc » degre vaut dix-sept lieues et demie , nous entendons •> mesurer cette graduation sur I'^quateur ou sur un de »ses parall^les, bien que ceux-ci aillenten diminuant » comme les tranches d'un melon. La methode propos^e ))par Ptolem^e, pour determiner la progression de- wcroissante de ces differents cercles, pr^sentait trop »de difficultes dans ses calculs, et I'empereur noire »maitre a charge Santa-Cruz de chercher la solution » du probleme par une autre vole. Ce cosmographe a » done trace un globe ouvert par les meridiens depuis » Tcquateur jusqu'aux poles , et prenant avec le compas »la distance entre chaque meridien , il en a deduil la »mcsure ou la valeur relative de chaquc degre, qu'il »a reduite ensuiteen grandes lieues custillunes. » ( 9^ ) Voila done lo princijic cl les elements do la con- slrudion dcs cai'les reduites, dticouvorle altrihu6e a Moicalor, ct qii'on rappoiie al'an i555. Or, rouvrage dans loqiiel \ ancgas donne les explications que Ton vient de lite ayant deja ^le approuv6 pour Timprcs- sion en loSg (i), il en resulte que la inelhode do Santa-Cruz pr6ceda de plus de seize ann^es celle de Mcrcalor. II est probable que les premieres donn^es d'Enciso (2) determin6rent les cssais de Santa-Cruz sur la construction des cartes reduites, dont la th^oric nialhenKilique ne fut trouvee que plus tard par Ed. ^\ right et le docteur Halley. H ne pouvait ignorcr non plus les recherches de son conternporain Pedro Nunez, qui s'etait occupe de. celte question. Quoi qu'il en soil . I'invention du cosmographe de Charles-Quint n'attei- gnit pas tout d'abord le degre de pcrfectionnement qu'elle acquit par la suite. Santa-Cruz, qui avaitouverl le chemin a ses successeurs en jetant les premiers fon- dements de la theorie , ne determina pas le rapport proporlionnel entre les dcgres de latitude et les divers paralleles , ou pour raieux dire , il ignora que cette proportion 6tait celle du rayon au cosinus de la lati- tude, corame on lo reconnut cnsuite. Mais poursuivons notre analyse pour mieux iaire apprcicier encore le g^nie inventif du cosmographe, dont les travaux seraient restes ignores sans I'ardent patriotisme qui n'a cess6 de guider M. do Navarrele dans scs laborieuses investigations. ^"(i) Voyez Navarrete , mem. orig., |i. 10, note i. (2) Euciso avait rt;iiiaii|ue les Jcfaiits Jes ca les plali'i sans tonldois po'.ivoir V ronicJiiT. in ( 99 ) L'ouvrage do Sanla_Criiz qui a le [)lus conlribuc aux pi'ogiM^s lie la navigation est celui qu'il (icriTit sur les longitudes, et dont le manuscrit cxlsle a la Bibliolhe- qiie royale de Madrid (i). Le roi d'Espagne venait de former une junte, pr^sidee par le marquis de Mon- dejar, et composce de cosmographes, d'aslronomes et de savants pour faire examiner les livres d'Apianus et certains iiistrnmeuls de metal quil ai'ait constfiiits pnur ohseiver la longitnJe. Santa-Cruz, charge d'un rapport sur les methodes jusqu'alors en usage, devait aussi exposer celles qu'il avait proposees lui-meme. II 6crivit a cetle occasion son Traile des longitudes, qu'il d^dia a Philippe II. Santa-Cruz fait remarquer dans cet ouvrage que Plolemee, dont il common le le premier livre de gdographie , fixa les degrees de latitude et de longitude d'api-6s les dimensions des paralleles a parlir de I'equateur, et qu'on ne peut mesurer ces degri^s avec exactitude , comme on le pratique sur les cartes plates, que pour la M^diterran^e ou Ton navigue par cinglage en ayant 6gard au rumb de vent parcouru dans les vingl-quatre heures et au relevement de la c6te;maisil fait observer en meme temps que cetle estime n'est qu'approximative , et pour obvier a cet inconve- nient, il propose, comme second raoyen, la m^tode des angles de position, et parail ignorer complelcment la loxodromie des angles obliques, dont Pedro Nunez avait pourtant deja donne 1 explication (2). (1) « hibro de las longitudes j maiicra que h.ista agora se ha tcnUlo en el arte de navegar^ con sus deinonstracioiies y ejemplos. Dirii;ido al iiniy alto y paJeroso Sr. D. I'dipe II de tsle nombre, icy de E^paiiii, por Alunjo de Saiila-Criiz, su coniogialo mayor. ■■ Iiicdil. liibliolheque royale de Ma- drid. (2) Vi)yfz la ni)le 4 de la p. US. )•,,.' .;.J ..i ' ■ ■ i^ ( »'>«> ) Lo Iroisi^mc moyen qu'il indique est cclui des eclipses de soleil ct de lunc; loulefois, vu le peu dc irequencc de ces ph^nomtbnes et la dil'licullc^ d'en bien dt'terminer le comniencemcnl et la fin , il pense qu'on ne pent guere employer ce moyen pour connailre la vraie position d'un lieu, et pouvoir la rapporter sur la carte, que dans les iles ou sur les continents.* Lcs Dpilotes, dit-il, et les marins en g^n^ral manquent » dc connaissancos pour bien fairc ces sortes d'ob- > servalions , et il faudrail admeltre qu'il se irouvat » a bord des navircs dos gens capables , exerces aux BCalculs, secondos par de bons instrum*;nts , el Bqu'ils cussent acquis prealablement des donnees » positives sur le calcul des ticlipses fait par de sa- ))vants astrologues, afin de savoir exactemenl le jour, al'licurc el le point ou elles doivent commencer et » finir. Alors el sculeraent dans ce cas , on pourrait » determiner avec assez de precision la longitude du »lieu ou Ton se trouverait par rapport a celui d'ou MTon serait parti. » Le qualriiiine moyen propose par Santa-Cruz est celui de la variation de la boussole , dont la premiere observation est due a Chrislophe Colomb, lorsqu'il re- marqua qu'a parlir du meridien des iles du cap Vert etdes Azores, la variation etail N.-E. vers I'Orienl ct IN.-0. vers I'Occident, et qu'il eut I'idee de se servir dc la regularilede celte alU'iration, dans la direction de Taiguillo, pour en deduire la distance au meridien , c'cst-a-dire la longitude. Sanla-Cruz nous apprend que le premier qui chercha a determiner la longilude par celle methode ful un certain Pbilippe Guillen, apotlii- caire de Seville, liomme inslruit, fort ingenieux el grand jouour d'ichecs. Get apolUicaire ayant ^te in- ( '0' ) form6 dos variations dc la boussole observocs par les pilolcs qui faisaicnt les voyages de Seville a la Nou- velle-Espagne , r^solut de passer en Portugal vers Tan I 525, pensant relirer dans ce royaume une plus forte recompense pour son invention. Bien accueilli en effet par le I'oi D. Juan III , ce prince Ic prit a son service. Guillen construisit un instrument en forme dc cercle gradu6, auquel il adapta une petite aiguille avec trois fds , et I'employa pour observer le soleil a des hauteurs egales avant et apr6s midi.Il reconnut que la ligne mc- ridienne donnait la variation de I'aiguille , el il en deduisit la longitude du lieu en la ramenant a sa po- sition reguliere. Get instrument, qui devint dun usage general, fut lr6s approuvo en Portugal par les savants d'alors , et les pilotes s'en servirent quelquc temps a bord des vaisseaux. Ilparalt qu'apeupi^^sila racme dspoque, Santa-Gruz renecliissant sur le ph6nom^ne des variations de I'ai- guille s'imagina aussi de I'employer comme un nioyen pour trouver la longitude. Ce fut lorsque le licencie Suarez de Garvajal, conseiller des Indes , et promu plus lard a I'eveche de Lugo, vint a Seville pour orga- niser une junle de pilotes et de cosmographes charges dc dresser une carle module qui put servir de guide aux navigaleurs. Les opinions ^mises par la pluparl des pilotes demonlrerent que la variation elail de 22° 5o' N.-O. a Saint-Domingue , de 27° 67' 3o'' a la Havane , et de 33° 45' sur la cote de la Nouvelle-Espagne j mais lis ne purenl s'accorder sur la variation des autres points, et il y eul a ce sujet de grands debats sur les differences observ6es avec les instruments imparfails dont on s'iitait servi jusqu'alors. Santa-Gruz en con- struisit un, pareil a un compas azimulal , avec lequel , { lOi ) prcnanl Ic midi par deux hautours do solcil , il calciilail la varialion. Ccl inslrunient fut pr6scnte a romporour avec une carte marine indiquant les variations dc la boussole, pour qu'on en drcssat de semblables a I'usage des piloles. Ainsi , Ics observations du cosmograplio de Seville devancerent de plus de cent cinquante ans celle du docteur Ilalley , auquel on attribue generalc- mentla construction de la premiere carte de variation pour I'annee 1700. En i55g, lorsque Charles-Quint quilla TEspagnc; pour se rcndre en Flandrc (1) , Santa-Cruz conlinua ses I'echcrches, et conslruisit doux nouveaux instruments pour d(^terminer la longitude. Ce Cut dans ces enlrc- faites que sa carle des variations ayant ete examinee par Fray Rodrigo Concuera , abbe de Saint-Zoil en Carrion , cc moine b^nedictin , tr6s vers6 dans les sciences math^matiqucs, crut aussi pouvoir appliqucr les differences observees dans les deviations de I'aiguille a la connaissance des longitudes. Fray Rodrigo, igno- rant que la solution du probl^rae avail et6 le but prin- cipal de I'auteur de la carte , conslruisit un instrument a peu pres semblable a celui de Guillen, et Ic fit offrir a Tempereur par Lopez de Vivero , alcade de la Corogne , qui partait alors pour la Flandre. Charles- Quint ayant demande I'avis de Santa-Cruz sur celtc nouvclle melhode, celui-ci I'inslruisil de I'origine de I'invention du moine, et le prevint de n'cn pas espe- rer plus de succes que de cclles de Guillen. Ce peu de confiance de Santa-Cruz en un syslerae (i) l/cmpcreur pailil in jioito [i.nir liavcisor la I'iMiicc et so ronilrt: en Fl.iiiilre dans Ic iiiuls ile imveiiibic i IkSq. (Saiiiov.il , Hist, drl imp. Jil). XXIV, § iG.) ( " f^^ } adopte d'abord avcc tanl do chalour , (It'pcndait en gx'ande parlie des avis contradicloircs qu'il rcccvail dcS piloles, et ce fut pour fixer ses opinions a cct egard qu'il 6crivit au vice-roi de la Nouvelle-Espagne, D. An- ionic de Mendoza , afin qu'il fit verifier sur Ics lieux la variation de raiguillc. Mendoza lui ayant r^pondu qne Tobservation portait , a Mexico , la variation a environ 22" 3o' N.-E. , Santa-Cruz, etonne de ce resultat, ct desirant acqut^rir d'aulres donnees, parlit pour Lis- bonnc on i545 pour prendre des informations auprts des piloles qui suivaient la navigation des Indes orien- talcs. II parvinl a se procurer leur routier, else mit en relation avcc Ic celebre D. Juan de Castro qui, diiranl plusieurs voyages dans I'lnde avail dresse una carte de cesmers, illustr^e d'une description historique fort curieuse. Ce navigateur en avail aussi conslruit unc autre de la mcr Rouge qu'il avail exploree jusqu'a Suez (i), et las lui remit loutes les deux, avec ses au tics manuscrits, sous la condition de ne les montrer a personne pendant son sejour en Portugal. II la pre- vint en mema temps qu'il ne s'etait servi de I'instru- menl de Guillen que pour observer la variation a lerrc, altondu qu'on ne pouvail I'employer a bord a cause du mouvementdu vaisseau, etl'informa enoulro des differences qu'il avail observecs sur les deviations de I'aiguille dans des parages Ires eloignes les uns des autres,mais presque tous sous un meme meridien. Ces donnees, qui renversaient lout lo systemode Sanla- Cruz, furent confirmees par les piloles portugai». Ces praticicns , micux inslruits par Icur pr-prc oxpc- (i) Voypz \' Iliiiirarliivi marls Riibii de cf s.ivaiil ii.iV);;.ilt iir il lo iiu- moirc de M. Ic vicomic de Saiitnreni drja tile, i>. S,S. tc ii : ( io4 ) riencc , avaient ccssd de faire usage dc rinstrumcnt dc Guillen. Cepcndant, malgre ces d(isapiK)inlomenls , Sanla-Cruz n'on pei'sev(5ra pas moins dans sa croyancc siir I'ulile application que Ton pouvail faire de sa md- Ihode pour la navigation de Seville a la Nouvelle-Es- pagne, surtout si les variations de I'aiguillc etaient observees en divers parages, sousles memesparallt^les, par des liomracs intelligents et avec des instruments bien conslruits. Sanla-Cruz joignait a un esprit ingenieux une grande Constance dans ses rechorchcs , et savait tirer de ses nioindres observations des consequences Ir^s impor- lantes. A son relour du llio de la Plata, il avait remar- qu<^ que les boussoles des Portugais portaient les lames de fer aimantesous la fleur de lis, tandisque les pilotes espagnols lesplagaient 5''37' 3o'' ou 1/2 quart de cora- pas plus a I'E. , d'apres la variation obsei'vee alors a Seville. « Les opinions des philosoplies sur les causes » qui produisent le phenomijne des variations, dil-il, » sont aussi contradictoircs que les renseignements » des pilotes sur les effets qui en emanent. Il est done » fort difficile de chercher a connallre la longitude d'un » lieu avec ces elements, et Ton dcvrait naviguer avec » plus de circonspeclion et ne pas lenir compte de » toutes les fausses corrections qui ont 6le faites sur » les cartes marines par des gens qui, se fiant aux va- » nations observees, ont porle 5° plus au N. toutes les )) iles et les teri'es fermes des Indes. » Santa-Cruz presenle comme cinquicmemoyen pour Irouver la longitude, I'observalion de la deciinaison du soleil , que S^baslien Cabot avail deja prop JS(i en An- glclerrc. Le sixiomc raoycn qu'il indique est cclui des monlres marines pour la niesure du temps vrai qu'on ( io5 ) avail comrncnc6 aussi a metlre on pratique on em- ployant lour a tour les horloges a rouagcs d'acier avec leurs cordes etieurs poids, puis colics a cordes do gui- lare et de metal, les ampoulotles a sable, colles qu'on remplissail d'eau ou de mercurc, el d'autres instru- ments analogues, donl le mouvemenl setrouvait regie pour vingt-quatre heures avoc I'aide du vent ou le secours de meches allumeos. Mais les oscillalions du vaisseau et les variations furent des obstacles invin- cibles pour arriver, par les moyens restreints d'uno m^canique naissante , a celte exactitude rigoureuse que reclamaient des observations aussi delicates et qu'il etail du au xvin* siecle de pouvoir atteindre. Enfin, le cosmographe de Charles-Quint propose, commc septiome moyen pour obtenir la longitude , celui des distances de la lune aux eloiles fixes ou aux plan^les, m6lhode donl J. Vornerius s'elait servi avant lui. II est a remarquer que Sanla-Cruz construisit , pour ses observations , un instrument analogue au cercle astionoinique invents par Apianus , donl il n'a- vait pas eu connaissance, ot qu'il s'abslinl de le rendre ]niblic des qu'il reconnul la priorite de celle inven- tion. Toulefois, ilcontinua sos recherches, et ilremar- qua que, lorsque la lune se Irouvaildans I'ecliplique, les observations (!(laionl justes ol d'aulant plus exaclos quosa lalilude otail plusgrande. Mais convaincu cnfin de rinsuflisancedesamelhode , il abandonna le corcle astronomique pour d'aulres instruments plus compli- ques qu'il modifia cnsuile sans pouvoir copcndanl arriver a la solution du probl6me qu'il cberchait avec lant de perseverance et de zfele. Telles furent les investigations de Sanla-Cruz sur celte importanle question : persuade qu'il ne pourrail IX. FiiVRn:R /.. 8 r lofi ) parvenir a la r^soudre sans le sccours de hons instru- ments astronomiques , il rait lout en oeuvi'c pour y parvenir, soil en construisant lui-mOmo ceux qui lui parurenl devoir conduire au but dc scs rccberches, soil en corrigeanl les anciennes tables astronomiques, en en calculant de nouvelles pour un meridien deter- mine ou bicn en reclifiant la position des eloiles fixes. « C,e celobre cosmograpbe etaitdans la bonne voic, dil » M. de Navarrele, mais ni la mc^canique ni I'optique » ne pouvaienl, a cetle epoque, preler des secours as- it sez puissants a I'aslronomie pratique; les observa- t lions et les theories marchaient dans le vague el man- » quaient de certitude necessaire au perfectionnement » des tables des mouvemenls celestes. » Ajoutons aussi qu'il fallait encore trois siecles d'oxperienccs , qu'il fallait le concours de plusieurs liommes de g^nie el leurs constantes veilles pour arriver a ce complement de la science. M. de Navarrele termine son interessante notice par desrenseignemonts precieux sur les travaux chorogra- pliiques de Sanla-Cruz. En 1 56o , Philippe II chargea son premier cosmo- grapbe de dresser un Isolario general de toutes les lies decouvertes jusqu'alors, accompagne de renseigne- ments historiques, avec des indications sur les distan- ces et les grandeurs relatives des difldrenls pays, Le monarque desirait que eel ouvrage fill suivi d'une des- cription complete de toule la lerre. Sauta-Cruz enlrepril cctimmensc travail et eut la gloire de le terminer. Son manuscrit existe a la Bibliolheque royale de Madrid sous le litre d'Isolario general del mundo : les archives des Indes, de Seville, en possedenl quelqucs premiers brouillons ai^ec Pexfjlication des huit tables qui font paiiic do roiivragc. ( .07 ) En 1067, Santa Cruz fut nommd- membre de la commission charg»ie de donner son avis sur la recla- mation adress^e au roi de Portugal, en iSag, par I'em- pereur Charles-Quint et relative au droit de possession del'archipeldes Philippines. II s'agissaitde savoirsi les fvloluquesetplusieursautres lerresvoisinesdevaientetre comprises ou non dans les limites de la fameuse ligne de repartition concernant les domaines adjuges par le pape a la couronne de Castiile, Dans le rapport que Santa-Cruz redigea sur cette affaire, il fit sentir les prejudices que ces differends en raatiere de demarca- tions maritimes portaient a la geographic, car il en r^sultait que la plupart des cartes hydrographiques etaient dress^es d'apres des indications arbitraires et trompeuses. II demontra en effet qu'on diminsait les degr^s de longitude et qu'on r6trecissait les golfes sur un grand nombre de cartes ; il en appelait, pour preuve de son assertion, au routier de Jean de Lisbonne [Juan de Lisbon), celfebre pilote porlugais, qui avait 616 dans rindc avec Vasco de Gama , c'est-a-dire a une 6poque ou les pretentions et les rivalit6s des souverains sur la possession de certaines terres n'existant pas encore , ne pouvaient , par consequent, avoir motive aucune alteration sur la position geographique des pays en lilige. II resultaitde cette observation importante qu'on devait accordcr peu de confiance aux carles porlu- gaises dressees depuis Tan i53o, car Santa-Cruz assu- rait que, pendant sa residence a Lisbonne en 1 545, Pedro Nunez, cosmographe du roi, avait mande aux hydrographes porlugais de comprendre dans les li- mites des domaines de la couronne certains golfes qui sc trouvaiont sur la route de I'lndc. On repandait dans le royaume et a I'eiranger un grand nombre de ces 8. ( i()8 1 fausses cartes; los bonnes, au conlrairo, c'est-a-diro cellos clress(^cs sur des donn^es exactcs, n'litaicnl con- fines qu'aux piloles qui devaienl les deposer, a leur rc- tour en Europe, a radniinislralion des Indes ^lablic h Lisbonne. Sanla-Cruz ajoulait qu'il avail achcl6 dans celle capilale plusieurs carles de la seconde calegorie, el qu'en Ics comparanl cnsuile en Espagne avcc une carte porlngaise que le roi fit venir lout cxpril'S de Se- ville , il Irouva 8" 3o' de souslraclion pour la parlic comprise depnis le lac Comori jusqu'a Malaca et tout autanl pour les Moluques. Colle dupcric geographique, en influant sur la construdion des cartes du xvi' etdu xvu' siticle, occasionna de graves crreurs. Santa-Cruz niourul vers I'an i 572, et tous ses livres et ses J^apiers furcnl rcmis a Lopez de Velasco, qui lui succ6da dans I'emploi de cosraographe en chef. Outre les divers inanuscrils qu'il avail rediges, il est fait men- tion , dans rinvcritaire drcsse ajires sa mort, d'un noiweau traite des longitudes el de rntt de In nai'igalion, different decelui dont M. de Navarrcle a rendu comple dans sa notice. ApPi.iCATio.N du procede Dacueiuik h Ui topngrapldc. D'apros la ddlinition du nouveau mode d'empreinle imagine jiar M. Daguerre , et porlii par lui a un si haul point de perfection, je suis porte k croirc qu'on pourrail faire une application imporlantc de cc pro- cede aux reconnaissances lopographiques des voya- geurs et des militaires, el surlout a Vexpression da ( «'>9 ) rehe/dii terrain, tout aussi Ijien qu'aux dossins des paysagistes et des anliquaircs. Pour ne parler que des premiers , il me parait Evi- dent que I'exploraleur, 6labli sur un point culminant et embrassant un horizon coniplet , pounait aise- mcnt, en six ou huit operations faites a la meme sta- tion, c'est-a-dire en cinquante ou soixantc minutes, oblenir le releve assez exact d'une locality de deux a Irois lieues de rayon. .' line fois ce premier plan perspec/ if ohleuu (i), il le complelerait de la maniere suivante. Ay ant choisi entre les points figures sur ce premier dessin un autre point culminant, il y transporterait I'instcument, et embrasscroit un nouvel horizon. Si ce nouveau point «^tait plus elev1. JoMAno , .s7//' son T'jyagc en Abyssinie. Malte , i6 Janvier i33(). Monsieur, De relour tie mon voyage en Abyssinie , et n'ayant pas encore eu le loisir niiccssaire pour coordonner mes nonabreuses observations , jc m'empresse dc vous en envoyer un sommaire , que je vous prie de vouloir bien communiqucr a I'Acadiimic dcs sciences el a la Sociele de geogra]>lue. , , ,< ■ \s a: Massawwa' fut le premier Ihcialre de naes etudes ; on y parle une langue seniitique, dislincle de I'arabe et du dialecle du Tigray; j'en ai forinii un vocabu- laire. D'aprcs mes notes sur les mceurs et coulumcs des Ilhabab, qui demeui'ent aux environs, jc crois pouvoir prouver leur origine arabe. Quclqucs pheno- menes meteorologiques observes par moi a Massawwa' paraissent se licr d'une maniere curieuse d'apr6s la theorie geologique de M. filie de Beaumont, a la con- figuration du continent voisin. Aprcs un sejour dc deux mois dans cette ile comraer^ante , j'ai aborde le continent alricain par la route ordinaire qui con- duit do Hharckickvu a llalay. Le pays intermediaire est habite par les Shaho, dont une seulc tribu, celle des Hasaorta, etait connuc des Europ6ons. J'ai ro- cueilli quclques traditions curieusos sur Toriginc dc CCS tribus errantes , et , d'aprcs un vocabulairc ralsonnc de leur langue, j'ai pu etablir b-ur alllnile loiutainc avec la soucbe seniitique. Apr^s un long ( "3 ) s^jour clans lo Tigray , oi'i je commoncai I'iilutlu ile la hmgue amhargua, je mc rendis h Gondar peu de temps avanl la saison des plulos. Lh , par le secours de celte derniere languc, je coramengai I'etude de la bonche ilmorma ( afan ilm'orma), ou dialecte commun aux norabreuses peuplades gallas qui habilent I'Afrique conlrale. Mon {xhxe. , qui m'avait accompagn^jusque la, sans s'eflVayer de la />> ■' ( m5 ) DEUXIEME SECTION. Actes de la Societe* PROCfeS-VERBAUX DES STANCES. Seance till \^^ fcvrier iSSg. Le procfes-verbal de la derniere seance est lu et adopts. M. le ministre de I'lnstruction Publique transrael a la Commission centrale les Memoires de diverses So- cietes savantes de departements, quiluiont6te adresses comme president de la Societe. MM. les secretaires du Gongr^s scientifique de France adressent a la Societe une circulaire de convocation a ce congr^s , qui tiendra sa septi^me stance au Mans , dans la premiere quinzaine de septerabre. M. le g6n6ral de Rumigny, vice-pr6sident de la So- ci6t6 , lui fait don pour sa bibliotheque d'une carte des contrees ancienneraent connues sous les noms de Taxila et de Peucelaotis, dressee par le general Court, au service du roi de Lahore. M. Ramon de la Sagra fait hommage a la Society d'un exemplaire de son Voyage en HoUande et en Belgique. >■■ M. le President appelle I'attention de I'assembiee sur la n^cessite de hater I'impression du tome IV du re- ( lit) ) cuoil ilesMomoircs. Apr5s les explications donn^os par M. d'Avczac, M. le secretaire general 6crira a M. Fran- cisqiie Michel pourle prier de livrer le plus tot possible le Iravail.dont 11 a bien voulu se charger, decollalion- ncr Ic lexte sur les manuscrits de Londrcs. La section dc complabilil6 est invitee a se rdunir pour fixer Ic prix de ce volume, et pour faire un rap- jiorl sur I'opporlunite du tiragc dcs diverscs planches (jui doivent elre joinlos a la Notice de M. le colonel Culindo , sur les antiquit^s de Palenque. M. d'Avezac lit une Notice de M. Petit, compagnon de voyage de M. Lefebvre, sur I'ilc de S) ra et sur I'e- ducalion en Gr^ce , sur I'etal de la m(idecine et los maladies des Cycladcs. Celtc Notice est renvoyee au comil6 du Bulletin. M. Jomard depose sur le bureau les Questions quM a redigees sur la Nubie et TAbyssinie pour M. Lo- iebvre, et il annonce le depart de M. Dillon, son com- pagnon de voyage. M. Bcrlhelot lit un Mt^raoire sur une ancieiine cos- mographie d'Alonzo de Santa-Cruz , d'a|)res M. de NaTarrete. Renvoi de ce document au comity du Bul- letin. Se mice (la ih fevrier i85g. Le proc^s-verbal de la derniere s6ance est lu et adople. M. le comte de Piambuteau ecril a la Societc que W. le ministre de I'lnstruclion Publique lui a exprime le desir de recevoir des renseigueinenls circonslancies sur les Societ^s savantes et litteraires qui existent dans le departement de la Seine, et il la prie de vouloir bien lui racililer les moyens tie repondre aux diverses ( '•; ) questions qui lui ont el6 adrcssies par M. de Salvancly. Le but de M. le ministrc dc I'lnstruclion PuLlique est de procurer a ces Societes des inoyens nouveaux d'e- lendre leurs ti'avaux, et de servir ainsi plus utilement Ics interets des sciences et des lettres. M. Jomard communique une leltrc que vient de lui ecrirc, de Malle , M. d'Abhadie, au retour de son voyage en Abyssinie. Cette lettre, qui conlienl un somxnaire de ses observations sur relhnograplilc de I'AlVique orientale , est renvoy^e au comite du Bul- letin. M. Jomard , en qualite de conservaleur du depot de Touvrage sur I'Lgypte, annoncc a la Commission ccn- Irale , qu'en vertu d'une ordonnancc du Roi el d'une decision de M. le ministrc dc I'lnslruction Publlquc , il tient a la disposition de la Society un exemplairo de cet ouvrage public par ordre du gouvernemcnt. M. d'Avezac depose sur le bureau un evangile el une giammairc mandingues , oiTerls a la Sooiele par M. le capilaine John Washington. M. Jomard lit une Note sur I'application du procede Daguene a la topographic, el surtout a I'exprcssion du relief du terrain. Celte Note, accompagnec d'uu dessin explicatif , esl rcnvoy^e au comite du Bulletin. Le meme mcmbre donne lecture d'une Notice geo- graphique sur un pays peu connu de I'Arabie , ou Menioire a I'appui de la carle de I'Asyr. A cellc Notice est joiute uue carte speciale de I'Asyr avec partie dc I'Hcdjaz, du Nedjd et de rVcmcn , ainsi qu'une carle generale de I'Arabie. M. Gabriel Lafond lit la suite de sa Notice sur una excursion dans la riviere dc Chinquiquira, Renvoi au comile du Bulletin. ( >'8 ) MEMBRES ADMIS DA.>S LA SOClfvTb. Seance du \h Jei'iier iSog. M. Ic doclcur Giraudeau. M. Glais-Bizoin , mcmbrc de la Chambre dcs d6- put^s. 0TJVB4GES OFFERTS A LA SOCI^Tfe. Seance du 21 decembre i858. Par Madame la baronne Haxo: Carle indiquanl la circonscription de divers Etats de I'Europc en 1 838, avec Tctendue el les ^poquos de leurs accroisscmcnts succcssifs dopuis cenl ans, drcssce d'apres les Iraites par le general Haxo, une feuillc — Par M. le directeur du Spectaieur mditaire : Carte des royaumes d'Espagncet de Portugal , pour scrvir a Vintclligencc des sirgcs fails et soutenus par les Fangais dans la Peninsnle , de 1808 a i8i5, dress^e au depot des fortifications. (Re- port sur pierce. ) i feuille. — Par la Soclete royale asia- tiquede Londres : n" IX de son journal. — Catalogue des livres cbinois de la bibliotbeque de la Sociele royale asiatique. — Par 31. C/i. Massas : Archives du Havre. Picvue generale du commerce , des sciences , de I'indus- trie el de la litterature , T" a 20' livraisons. — Paries auteurs et cditeurs : Plusieurs numdros des Nouvellcs an- nales dcs voyages; des annalesmarilimes el colonialcs ; — du Journal de la marine ; — du Journal des missions evangeliques; — du Memorial encyclopodiquc ; — de rinslilul cl de i'Echo du monde savant. ( ''9 ) Seances dcs 4 ct iS jrnn'i'er iSSq. Par M. Loshc : Cours de g6op;raphie descriplive et d'hisloire, in-8 , avec atlas in-fol. — Par M. Oreste Brizi : Nouvcau guide de la ville d'Arrezo et des envi- rons, 1 vol. in- 12. — Par M. Houze : Geographic iiniverselie, troisiome edition in-8. — Cartes pour servir a I'liistoire de Franco , plusieurs livraisons. — Par M. Haffeisperger : Carte typogra|)luque de I'em- pire d'Aulrichc avec dcs supplements pour diverses contr^es de I'Europe , feuilles 5 et 4- — Pff Ics an- tcurs et editenrs : Plus leurs numeros du Journal asiali- que ; — du Recueil de la Soc6l6 poly technique; — des Annales de la propagation de la foi; — du Jour- nal de la litteraturc de France ; — de I'lnstitut el de L'ficho du monde savant. Seances des i^' et \h fevrier 1809. Par M. le general de Rumigny : Carte des contr6es anciennement connues sous les noms de Taxi/a et de Peucelaolis , dress^e par le gdndral A. Court, 1 feuille. — Par M. Ramon de la Sagra : Voyage en IloUande et en Belgique sous le rapport de I'instruc- lion primaire , des etahlissements de bienfaisance et des prisons dans les deux pays, 2 vol. in-8. — Par M. Desjardins : Huitieme rapport annuel sur les tra- vaux de la Societe d'hitsoire naturelle de I'lle de France , broch. in- 8. — Par M. le capitaine Jolin JFa- shington : Grammaire et fivangile mandingues , in-8 et in- 18. — Par les auteurs et editeurs : Memoires do la Societe royale des sciences de Lille pour i838, 1 vol. in-8. — Memoires de la Societe d'agriculture ( ''■^" ) de Seinc-el-Oise , 58* vol. — Ti'avaux dc la Socitlo d'dniulalion du Jura pour 1857, 1 vol. in-8. — Rc- cueil de la Sociele d'agriculluro dc I'Eure , n 55 el 34. — Mdmoires de la Sociele d'agiicullure de Troycs, n" 65 el 66. — Exlrait des Iravaux de la So- ciel6 d'agricullurc de Rouen, n° 69. — Bullelin de la Sociele induslriellc d'Angers , n° 5 , 1 858. — Annales dc la Sociele d'agricullurc de lu Charenle, juillel cl aout iS38. — Bullelin de la Sociele de gciologic , lomc IX, rcuillcs 25 a 27. ■ — Nouvclles annalos des voyages, decembre. — Archives du Havre, decembre et Janvier. — Journal des missions d'vangeliques . fevrier. — Rccueil de la Soci6l6 polyleclinique , de- cembre. — Journal de I'inslilul hislorique, n" 5o. — L'Echo du monde savant el I'inslilul. .,1 / BULLETIN D£ LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. MARS 1809. PREMIERE SECTION. M^MOinES, EXTRAITS, ANALYSES ET HAPPORTS. . V . vn- r. J i - I 1 n> I Excursion dans la riviere de Chinquiquira , qui a son embouchure dans la baie de Cascajal ( San Buena Ventura ), province du Choco dans la Colombie (1). ' Par le capitaine GABRIEL LAFOND. *^ ot M<»;URS, POPULATION, PRODUITS , CULTURE, MINES d'oR ET DE PLATINE , CHASSE AU TIGRE ET A LA SARHA- CANE , ETC. , ETC. ^li __ , jj 3ijj itq. Je partis de Cascajal a la fin de juillet avec un do- meslique noir des Etats-Lnis; nous emporlionschacun un fusil, un couteau de cliasse , des munitions, et (i) Cette baie est siluee sur la cote O. de I'Amerique par 3° 5o' de latitude N. el par 79" i5' de lungiluJe O. de Pans. XI. MARS. I. g ( 122 ) rjiK^lqiics provisions in biscuit el eau-dc-vic. 'Suns nous embaiquames clans une pirogue guid^e par un vieun noir et ses deux fils, surmontee d'un abri appele cayan, fait de branches d'arbres courbees en arc , et recouverte de feuilles de vijao. Cecayan, tr^sbas, pa- raissait construit pUitol centre la pluie que centre le soleil , precaution indispensable dans un pavs oil il pleut une grande partie de I'annde. Nous en fimes la triste expt^rience. A j)oine avions-nous laiss^ la rade , qu'une pluio ballanlc nous prit a noire depart, et con- tinua sans interruption jusqu'a notre arriv^e dans Li premiere case. Partis vers deux heures de I'apr^s-midi avec le ju- sant, nous arrivames a I'emboucbure de la riviere Sa- l6e ou Etier ( Eslere ), prolongement de la riviere de Chinquiquiia, au moment du (lot qui nous peussait en avant. Get Elier, dent les berds etaient enti^rement converts de mangles, offrail parfois tres peu de lar- geur , el presentait un canal souvent obstrue par des arbres tombes et couches en Iravers. II est difficile de se faire une idee de I'humidile qui y r^gne , le soleil n'y dardant que rarement, et tant les arbres y sent touffus et lui opposent une barri6re impenetrable. Les moustiques, et aulres insectes s'y comptent par rayriades, el Ton concoit tout cc qu'ils ajoulent de d6s- agremenls a des nuits passees couchds dans une pirogue prosque toujours a dcmi-pleine d'eau. Pour completer nos ennuis, il ne nous manquait que des crocodiles, qui d'ordinaire peuplent ces parages, mais qui heureusement ne s'y montrent qu'en petit nembre. S'il en eiail aulroment , il faudrait re- noncer a toule navigation dans la riviere, tant il se- rail difficile de leur disputer le passage avec des em- V t •iti/.H .IX ( 125 ) harcalions aussi I'reles, cl environnes d'ohslaclcs aiissi mullipli^s. Tanlot ce sonl des brandies qu'il faut cou- per pour se fraycr un passage; tantot des arbres en Iravcrs vous obligent h vider votie pirogue pour la faire gllsser dans les joncs qui les entourent, quelquefois a les soulever sur leurs Irenes pour pouvoir passer outre. Dans ces derniers cas, J'embarras le plus grand est de savoir ou placer son bagagc , suspendu comme on est sur 12 h i5 pieds d'eau au milieu de la riviere, ou bien riiarcbant au bortl sur une \ase molle, dans laquelle on enfonce jusqu'a la ceinlure. La ressource estde I'attacher avec des ecorces ou des lianesaux bran- ches, qui, quelquefois Irop faibles et ployant sous lo faix, rimmergent au moment ou vous le croyez en surete. Si la pirogue est un peu forte, la difficulle est bien plus grande, car, pour la faire franchir ces troncs d'arbres, Ton est sans force dans I'eau . faute de point d'appui. II n'est done pas rare de mellre quelquefois un jour entier a vaincre un seul de ces obstacles, Celte premiere nuit fut heureusement exempte de ces grandes difficultes , et nous en fumes quiltes pour quelques branches couples, et I'obligation maintes fois rep^tee d'enlever le cajan pour passer sous des arbres trop inclines. Au jour, nous etions dans I'eau douce , par consequent sur des bords ou du moins une vegeta- tion plus variee rejouissait nos yeux. Nous debarqua- mes a la premiere case qui s'offrit^ a nous, tant pour appreler notre dejeuner que pour reposer un peu nos conducteurs, harasses de fatigue. Elle appartenait h un metis, qui, I'annee precedenle , etait alcade de la riviere. Celte maison, comme presque toutes celles de celte riviere, est balie en bois elbambous, et recou- verle de feuilles de vijao ; le plancher est lail de pclites 9- ( ■•^4 ) pri ches rounii'S , ou de coles cle bambous durs on cle palmiers, porlani sur des chevrons , el lies de dislance en distance par des cordes de cocos ou de lianes. L'al- cade, qui clait maladc, me dit qu'il n'avail pas beau- coup de choses a rn'olTiir ; niais que cependant un peu de poisson sec, quelques ceuIs et unevolaille elaienl a ma disposition. Le dejeuner se composad'une cassuela ou ragout fait avcc un poulet, et accommode avee des ognons, des bananes, des pomnies de terre donees et de la graisse de pore ranee ; des (Eufs et des bananos mUres frites; un ptu de poisson sur le gril, et des bananes vertes que Ion mange en guise de pain , comme dans la province de Guayaquil Ce repas ter- mini, nous quittames ce lieu, et continuant noire voyage dans la riviere, nous arrivaraes cliez I'alcade vers le milieu du jour. La riviere de Cascajal peut porter bateau pendant quatre ou cinq jours de marche de son embouchure ; quelquefois le courant est tres fort, et traversant de hauls I'onds entre des rochers, il se precipile en chute ou cascade. On entcnd les pierres rouler au fond de Tabime. Malheur alors a I'embarcalion qui chavire ! D'autres lois Feau coule paisiblement et forme desbas- sins; quelquefois les bords sont escarpds et coupes verticalenient;desquartiersde rocheet desarbresd'une dimension extraordinaire restent suspendusen I'air, cf- Irayant le voyageur par I'aspect d'une chute immi- nente. II est impossible de trouver des sites plus pitto- resques; de jolies plantations de uiais, de Cannes a sucre, des cacaos et des bananiers ornent ces vallons ; ses rives sont couvertes d'arbres de diverses espiices , au fcuillage varie , formanl un paysage des plus agrea- bles. La vanille rampe sur los roches qu'elle lapiss.e. ( .25 ) et ses belles lleuis en coupes blanches et roses en d^corent la crete , el se jellenl en guirlaniles sur les rameaux des arbustes et des arbres voisins. Des casca • des se precipilent du haul de la montagne, et, frappees des rayons du soleil, scintillent des vives nuances de Tare en ciel. Des perroquels et autres oiseaux aux cou- leurs brillanles font retentir les bois de leurs cris. II en est un surtout quiegaie ces vallons, et annonce le voisi- nage del'liomme; c'estle Toucan, qui, aimantde predi- lection la banane, se tient a peu de distance des cases. Son cri, qui, en espagnol, esi Dws te de te de, etveut dire Dieu te donne te donne , fait que les habitants de ces rives I'appellent ainsi, par onomatopee , en disant que cet oiseau les avertit que dans la banane Dieu 2G ) Je ne dois pas oublior quo dans les monl;ignes j'ai Iroiivc' deux especos d'aheilles; I'une qui suspend son nid aux brandies des arbres , et I'aiilre qui se cache dans la terre; toules deux produiseni une aire Ir^s reclierch^e. En serpents, je n'ai vu que I'espece appelee Dor- millone ou dorineuse, dont la piqiire est morlelle, elle boa constrictor, suinomm6 par les naturels Sobrecaina, couverture , parce que presque toujours on le ren- contre roule sur I'berbe , oil il couvre un espace assez large pour lui faire donner ce nom. Quoi- que en grand nonibre, il est rare qu'il cause des acci- dents , si ce n'cst aux jeunes besliaux dont il se monlre assez friand. La flore y est tres vari^e, etun botaniste y enrichirail la science de nombreuses decouvertes. Je ne parlerai que des arbres les plus connus. J'ai trouve dans les forfits de ces pays des acacias d'une inlinile d'espe- ces, dont quelques uns donnent ces bois de teinture connus dans le commerce sous le nom de bois de Campcche, et le quina , qui croSt en petite quantity dans les montagnes, uiais dont la qualile n'est pas en- core bien connue; les Indiens seuls I'employant dans leurs maladies , il n'est point encore devenu un objet de speculation. Le bois de fer, le gayac, le mancenil- lier aussi dangereuxdanscescontr^esquesur les autres points de I'Amerique, et dont le bois tr(^s beau s'em- ploie avec succes dans I'ebenistcrie ; son fruit , de la forme d'un petite pomme, est un poison si aclif, que le corps enlle aussitot que Ton en a mange , el que la mort s'ensuil presque immediatemcnt. Lne simple halte sous son ombrago sulTit pour causer reiillure, et malheur a I'impriidenl qui s'y endonuirait l_Les ( ,.7 ) naliirels qui ne peuvent se procurer de inainas j)our empoisonner leurs Heches, se servenl de la s6ve du mancenillier ; mais son usage est tres dange- reux, et I'air du lube de la sarbacane se viciant tr^s prompleinent , leur cause souvent de tres grandes maladies.^En outre , le glbier frappe n'eprouve pus toujours une niort inslanlanee , el est loujours mal- sain. L'arbre a llmons ou citrons sauvages s'y trouve en abondance; mais, souvent voisin du mancenillier, il convient de prendre les plus grandes precautions pour cueillir son fruit. J'y ai vu le chene americain qui sert ii la construction des pirogues; le mangle, dont le bois dur, pesant et incorruptible sert a la con- struction des maisons et des pilolis, I'ecorce a tanner quelques peaux; le caoba ou acajou, qui acquiert une grosseur 6norme; le cascol ou 6b6nier, bois dur, d'un noir superbe et assez gros; le pusilde , qui a la blancheur de I'ivoire , et dont le grain a la raeme finesse ; une esp^ce de bois de sandal d'un Ires beau rouge et tres odorant, de son ecorce decoule une r6- sine aromatique ; le guayacan, de couleur verte, arbre vertical qui parvient a une grande hauteur , est triis dur, et se petrifie dans I'eau api-us quelque temps de sejour. Toutes ces especes peuvent servir a I'eb^nis- terie. .rywv^i, s Commebois de construction, je citeraileguachapeli, le cedre, le roble ou chfine, le palo-maria et le laurel ou laurier, le balsamo ou baume, et quantit(§ d'auti^es, servant aux usages des Indiens pour radeaux ou canots, tels que le seibo , le palo-balsa, le matapalos ou tueur d'arbres, ainsi surnomm6, parce que s'entrela- ?ant a ceux qui I'environnenl, il finil par les etouffer; ( '»8 ) il en est d'enormos; le caoulchnuc, tr6s comrnun dans cos forots, mais dont le bois n'cst d'aiicune utilite. Sa gonime s'ohlient par incision , et primilivempnl d'line couleur blanchatre; on la re^oit dans des calebasses , et on lui fait prendre la forme que Ton veut. J'ai en- core vu un autre arbre appel6 geb6 ou coutchou , dis- tillant une gomnie a peu pr6s semblable a celle da caoutcbouc, qui se brille, et dont on s'6claire en la rou- lant en fuseaux semblables a nos bougies, el I'envelop- pant dans des feuilles de vijao ; faoonni^e ainsi , elle brule d'une mani^re egale. L'arl)re a calebasses oa courges, d'une si grande utilile aux peuplades sauvages, que I'on peut dire que la Providence s'est plu|a four- nir h rborame abandonn^ dans ces forets les moyens de se procurer des vases tout faits, destines a contenir el a conserver ses aliments et sa boisson. Son tronc , un peu plus eleve que nos pommiers de Normandie , peut gen^ralement avoir de 9312 pouces de diom^- tre; sas plus bautes brandies sont a 12 ou i5 pieds du sol. Le fruit ne part jioint de leur extr^mil^ ainsi qu'aux autres arbres ; il pousse stir lo tronc ou sur les brancbesmaltresses, lanature ayanlvouTu que la partie oil il croil fut assez forte pour supporter son poids. On lui donne toules sortes de formes en I'entourant de ligaments quand il est encore tendre , et avant qu'Jl ait pris sa croissance. Une fois mur, r<^corce en devient dure, el susceptible d'un beau poli. La calebasse esl plus cassante que la noix de coco , mais d'une plus grande dimension; elle est d'un usage frequent dansle mt^nage des naturels, qui la nomment tiitiirnn. L'arbre radeau, aux larges fetiilles comnie la platane el aux brandies en parasol, orne souvent les bonis des rivie- res; il sertpcii,si ce n'est ;\ la conslruclion des ra- ( »29 ) deaux ou lavoirs dans les mines dor; car ces rivieres ont tant de courants, et parfois sont lellement difficiles, qu'on ne pent y naviguer qu'avec des embarcations legeres et d'un transport peu embarrassant. J'ai compte nombre d'especes de palmiers; depuis le pal- mlste ou palmier a chou , dent la tete qu'on fait bouil- lir fournit un aliment delicat d'une blancheur parfaite. et qui se mange assaisonne de diverses manieres, jusqu'au palmier brava ou sauvage qui, dans sa partie cxterieure , donne ces jolies baguettes veinees dont on fait en France des Cannes et des parapluies, et que dans le pays on utilise pour le plancher des habi- tations et pour flfeches de sarbacanes, barres a porter; enfin tout ce qui exige dans le bois de la force et de r^lasticil^. Le cocotier, si souvent decrit el si connu; le cacaotierqui n'estcultiv^ que pour usage particulier; quelques pieds de cafe entretenus autour des maisons pour amuser les enfants qui aiment a sucer la pulpe de son fruit avant qu'elle ne se desseche; I'oranger doux et aigre , les citronniers et les limons sauvages , le caroubier, les grenadiers; enfin, I'arbuste qui donne les sapotilles. La culture consiste en mais, canne a sucre , pommes de terre douces , quelques fruits et legumes, tels que ognons ou echalotes , to- mates, salades, pois du pays et piments cultives ou sauvages, sans lesquels on ne saurait assaisonner le moindre mets. Le mais sert de nourriture, et Ton en engraisse les pores et la volaille ; avec la canne a sucre on fait du guarapo, espece de boisson fermentee qu'on distille (i) dans de petits chaudrons de cuivre (i) Cette eau de-vie (ui rhi:m b,'ol>tiinl par la distillation et par des moyens encore dans I'enfauie. A cct elfel, on se sert de pots de cuivre ( »3o ) fournis par le Chili. A I'aide d'un peu d'anis lir6 de Guayaquil, iiiais donl la veritable provenance est de la province de Lambaycque sur la coto du Perou , on ohtiont de celte distillation de I'eau-de-vie anis^e (aguardiente anisado ) , hoisson favorite de ces peii- ples, avec laquelle iis font du punch les jours de r6- jouissance. En voyage, ils en ont toujours une cale- basse pleine , et cet alcool leur sert a braver la pliiie et I'humidite ; enfin de la melasse ils tirent une es- p^ce de sucro i\o\v ,panocha, donllaconsommation est grande. La canne est broyee a I'aide de nioulins A bras, et les petits proprietaires qui n'en ont pas paient une redevance en nature a ceux assez riches pour en pos- s^der. Le tabac, monopolise sousle gouvernementespagnol, n'en 6taitpasmoins cultive encachetle, mais plus pour la consommation que pour troc; cependant lorsque la liberie du commerce fut decr^tee, cespeuples s'en r6- jouirent, car ce sont tous ces monopoles et toutes ces restrictions qui ont chasse les Espagnols de ces contrees. Parmi les divers moyens connus par ses habitants doiit j'ai paile ; on y adaple iin tronc d'arbre creiisc eii forme de rondelle pourfairc la partie siipcrieure de I'alanibic. Dans le haul est iin trou oi'i Ton place un petit barahoii comine tiiyaii , pour porter le produit de la distil- lation dans le vase au dehors ; uu second hanibou plus large et fcndu par la moitie, est suspendu a rexlreniite siiperieure de la loudeile , qui est recouverle par un plat de cnivre ou de terre. Tous les interstices du plat sur la rondelle, et de la rondelle sur la chaudiere, sonl liittes avec de la terre glaise. Le guarapo se place dans la chaudiere ; on met le feu , et des femmes emplissent d'eau fraiche le plat superieur; la vapeur s'alla- che a la convexite du vase, et s'egoutte sur le bambou suspendu, qui, applique au tuyau exterieur, fait que le liquide passe par celte issue , el vieni aboutir dans les vases ou bouleiilesqui y soul adaples. ( >3i ) pour se procurer du poisson, celui le plus usild con- sisle a tendre des nasses dans la i-ivi6re. Les poissons les plus communs et les meilleurs sont le sabalo, tr^s abondanl et gros jusqu'a peser de douze a quinze livres; le sabalele, presque de la meme espfece , mais un peu plus pelil; le vagre d'eau douce, qui, bien que meilleur que celui de mer, n'esl cependant pas d'une bonne qualile ; le damas et la lissa ou mulel d'eau douce; enfin une petite torlue de rivifere, appelee clia- rapa, de quatre a sixpouces de diametre, et qui fouinit un mels succulent tr^s appreci^ par les naturcls. Ses ceufs, fort d^licals, sefontcuire, ainsi que la clialr, dans la coquille, qui sert en meme temps de plat. Quelque- fois on leur presente un appat, ce sont des bananes mures mises a la superficie de I'eau , au-dessus de la nasse, dont Texlremil^ est ouverte dans une esp^ce de reservoir fait de dales appelees coral. Le poisson, sur- lout les lissas, les sabalos et les sabaletes, atlir6, par ces fruits, entrc dans cette enceinte, et une fols de- dans ne peut plus en sortir. On en prend ainsi en grande quantite. La peche de nuil est tres amusante. Un homme place une torcbe de resine sur I'avant de sa pirogue qu'il fait glisser sur la riviere; le poisson, attire par la lumi6re, vient se jouer autour de I'em- barcation ; alors il le perce au moyen d'un pelit liar- pon lance avec tant d'adresse que rarement il mauque son coup. Cette peche est ordinalremont faite par deux ou trois pirogues a la fois et est d'un effet tres gracieux. Les flots argent^s et l^gerement agites qui entourent la barque, et, dans cette atmosphere de lumiere, I'ombre du pecheur arm6 de son trident tranche mer- veilleusement avec I'obscurite des objets qui I'envi- ronnent. ( ><^2 ) Pour conservcr le poisson on le sale et on le fume. Ainsi que tons los peoples dans rcnlanci', les movens qu'emploiont ceux-ci pour apprdler leur nourrilure sont des plus simples : ccux du (".hoco, apr^s avoir vid6 le poisson et I'avoir assaisonn^ de piments verls ou rouges, I'enveloppent dans une feuille de banane ou de Vijao, puis I'enlerrant sous sa cendre chaude, lere- couvrenl de braise. Ainsi prepare el cuit, il conserve son sue et sa saveur, et nos gastronomes europeens le Irou- veraient peut-etre encore digne de figurer sur leur table. Comme il n'existe pas dc cbeniin pralicable dans la montagne, h peine connalt-on les chevaux el les mu- lets; tout s'y Iransporte sur les torrents ou a dos d'homme; aussi, bien peu d'Aziendas ont-elles des betesa cornes, Irop difliciles a garder dans la montagne, ou elles deviendraienlla proie des tigres, et autour des liabilationsdont elles detruiraient les cultures Lanour- riture des habitants consiste done en poisson , gibier et quejques volailles, telles que poules, canards, din- dons et des pores. Du lard de ces derniers qu'onlaisse engraisser on fait du saindoux. La chair est couple en lani^res, puis on la sale et elle seche au soleil, el elle se conserve long-lemps pendue a la maison. La chasse alimente de gibier, qui serait infiniment plus abondant, si les singes et les serpents ne faisaienl pas une guerre acharn^e aux oeufs des oiseaux. Les singes, dont les especes sont variees, servenl parfoisde nourrilure, el de leurs peaux on fait des sacs pour ser- rer I'argenl, la poudre d'or et les bijoux. Le singe gris a une robe charmante ressemblant a celle du petlt-gris de Russie. Dans les commencements de la guerre de I'independance, une casquelle de peau de singe gris, ( 'SS ) garnie d'un galon d'or ou d'argent, et une rnechanle veste bleue avec des attentes, elait souvent la marque distinctive d'un of/icier superieur. Les holes de ces bois sont, outre les singes, I'agou- lis, petit animal de couleur gris fonce, ayanl les pattes de derrierebeaucoupplus longuesquecelles de devant; c'est la sarigue de cette parlie de I'Amerique, cl le petit cochon d'inde, appelecoui coui. Ces deux especes s'apprivoisent, et on les engraisse pour les manger; ce sont meme deux morceaux trfes ddilicals. Le saino, es- pece de cochon sauvage; il a le museau plus court que celui du pore , et pr^s de deux pieds de haul sur Irois de longueur; son corps est sem6 d'un poil noir et rude, et sur le dos il porle une protuberance d'ou s'exliale une odeur de muse tellemenl prononc^e que lui-meme en est souvent infecte : lorsquelle est ouverte, il se roule sur la terre ety enfonce son museau pour ne pas la senlir. Ces anirnaux marnhent gen^ralement en troupes. Leur chasse se fait avecla sarbacane et la lance, de meme que celle du tigre. A cet effet les horames se reunissent en nombre; car, ainsi que le tigre, les sainos sonlde redoutablesantagonistes.maisseulementquand ils sont en nombre. Cependant ils n'attaquent jamais s'ils ne sont provoqu^s, ou s'ils ne rencontrent un en- nemi sur leur passage. Lorsque des chasseurs se voient cernes par des sainos, ils se forment en bataillon carre, et se servent de longues lances; ainsi groupes ils en font un grand carnage, puis, lorsqu'ils sont fatigues, il usent de stralag^me pour les disperser : ils percent la protuberance d'un des animaux morts, I'odeur suffit pour eloigner les autres. Cette chair est succulente et a le gout de celle du sanglier; fumee, elle se conserve admirablement ; mais avant de d^pecer I'animal, il ( i54 ) esl prudent do lui enlever son reservoir de muse. La sarbacane, faite de bois de fer et qui porte cinq pieds de long, e^t pour cesnalurels un objel dos plus dilFiciles a conl'eclionner, dans leur penurie d'inslru- menls pour perlorer un bois aussi dur; car ils n'onl a cet effel que des clous ou brocbes de fer qu'ils font rougir et enfoncenl dans le cceur da bois (i). La fl^clic, pua, esl de bois do palmier sauvagc, longue de six a luiit pouces; son exlremil6 poslerieure esl garnie de colon, celle anlerieure Ireinp^e dans un poison assez subtil pour faire mourir sur le coup un oiseau ou un singe. Ce poison esl compost par quelques vieillardsdu pays. Le Sucre mange en assez grande quanlile en est I'anti- dote ; aussi les chasseurs porlent-ils toujours sur eux de la panocba, qu'ils mangent pendant lours courses. Le chasseur applique I'arnie a son ceil, il vise I'objet, et la rabaissant brusquement vers la bouche, il im- prime a la flfeche un mouvemenl tellement rapide que raremcnt il manque le but, a cinquante ou soixante pas. A peine louche, I'animal lombe; on retire la lloche, et Ton coupe toute la partie meuiirie, qui d^ja est deve- nue noire. Les piqures d'un certain nombre de ces niches peuvent donner la mort a un tigre. Pour le prouver, je vais raconter une cliasse faite a cc terrible animal. Depuis long-temps un de ces animaux d^vorail des volailles et des pores appartenant a deux propri6l6s \oisines. L'alcade de la rivioro me d^pecha un exprfes f)Our mo demander si je voulais apporter quelques fu- sils et des munitions pour I'aider a delivrer la conlree (i) Quelcjuefois elle est faite de deux morceaux; mais Us plus belles sout d'unc seule piece. ( '35 ) r que les iondaleurs de Car- thage furenl dirig<^s |)ar les souvenirs de leur patrie , soil dans le choix qu'ils (irenlde reniplacemeiit de lu C '59 ) nouvelle ville, soil dans les Iravaux qu'ils y executi''- rent... T\r etait balie sur la prosqu'ile que lormait d^ja le continent avant la jonction de Tile par la chaiiss(!!e d'Alexandre , et celte heureuse situation pro- curait a la ville des ports vastes et siirs. ( Rollin, VI , p. 90.) Carthage fut de m6me balie sur une presqu'lle, et les mots suivants, emprunl^s a Appien, convien- nent aussi bien a I'assiette de Tyr qu'a celle de Car- thage ! « Carthage etait situt^e au fond d'un golle, el rcs- semblait beaucoup a une presqu'ile. » ( Bell. pun. , tome XCV. ) Tyr avaitdeux ports; s"ils ^laient formes par les deux grands moles dont j'ai parl6, ils devaient communiquer par le detroit que combla Alexandre; si ces deux ports n'etaient autres que les deux bas- sins figures sur mon plan, je crois qu'on devait passer de celui du nord dans celui du sud par le canal qui s^parait les deux iles, Ces deux ports alors n'auraient eu qu'une entree commune et assez ^troite , laquelle , nous le Savons, se fermait avec une chaine de fer. Ap- pien, en parlant des deux ports de Cartbage , dit : « Les ports 6laient lellement places, qu'il fallait passer xde I'nn dans I'autre, et qu'il n'y avail pour tous les » deux qu'une seule entree du cote de la mer , large de » 70 pieds, qui se fermait avec des chaines de fer, etc.» Par une coincidence assez singuliere , Alexandre comma Scipion conslruisirent de grandes jetees, I'un pour s'emparer de la mfere , I'autre pour reduiie la fdle , et les habitants des deux villes meprisant d'abord ces Ira- vaux, les crurent inexecutabies, et ne commencerent a s'y opposer qu'apr^s en avoir reconnu le succ^s... Ce parall^le pourrait etre pouss6 beaucoup plus loin; raais j'ai cru devoir me borner a indiquer les circon- slances qui m'ont paru les plus frap|iunles. ( '6o ) Avant (le terminer cello letlre , jo hasarclerai unc rcmarque sur I'exageralion dont M. de La Malle pre- tend que Slrabon sest rendu coupabic en porlant la poi)ulalion de Carthage a sept cent mlllchabilants... Le savant critique croit devoir reduire a deux centcinquanle mille individus de tout age et de tout sexe les habitants de la rivale de Rome, et il appuie cette Evaluation sur le fait, qu'al'epoquedela prise de Carlliage par Scipion, il ne sorlit que cinquante mille ames de la ciladelle de Byrsa, aprt-s qu'elle se fut rendue par cajiilulalion, <'t que pour admeltre que ces cinquante mille indivi- dus fussenl tout ce qui resta de la population , il lau- drait aussi admettre que les rr des habitants avaient peri avant la reddilion de la ciladelle. Sans doute avant de venir a cetti. conclusion, M. de La Malle n'aura pas manque de s'assurer que s'il n'y avail que cinquante mille individus dans la ciladelle, ce n'etait pas parce qu'elle n'en pouvait contenir un plus grand nombre ( une ciladelle doit Sire deja forlgrande pour contenir cinquante mille individus), M. deLaMiiUe explique I'erreur de Slrabon par une erreur analogue du docteur Shaw, qui porta la population d'Algeracent dix-sepl mille ames, tandis qu'au moment ou cette ville fulconquisepar leraarechal deBourmont, on n'y Irouva (jue Irente a trente-cinq mille habitants. Jenesaisjusqu 'a quel point cette explication peul s'appliqucr a la prodi- gieuse erreur allribuE,e a Strabon. Tousles voyageurs qui ont visile les pays musulmans doivent savoir que rien n'esl plus difficile que d'y obtcnir des renseignemenls stalistiqucs a peu pros exacts, parce que ladminislra- lion n'y tientaucun registre de I'etat civil ; maisdevons- nous penser que le n)time d^sordro regnait dans une ville aussi florissanle que I'^tait Carthago? Kniiii, sans ( 'fi' ) avoir la pretention de rien conclure de ce qui pr^c^de, je me borncrai a metlre en regard la population de Carthage et celle de Tyr. Soit qu'on conserve a cette premiere le nombre d'habitants que lui donne Stra- bon, soit qu'on le r(^duise acelui que lui assigne M. de La MalJe, elle presenle une enorme disproportion avec celle qui aurait pu exister sur I'emplacement de la se- conde,reduiteaux]imilesderilequ'assiegea Alexandre... En supposant que I'ile se soit etendue jusqu'a Tangle de mur ruine indique sur le plan par le n" 69, sa su- perficie n'aurait pas exc6d6 5 1,000 metres carres, et sa population, basee sur la population specifique de Paris (]), serait reduite a onze mille quatre cent qua- rante-six habitants de tout age et de tout sexe... Or, nous savons qu'au moment du si6ge par Alexandre, les Tyriens avaientenvoye leur femmeset leurs enfants a Carthage, et qu'apres la prise de la ville , les Sido- niens sauv^rent dans leurs vaisseaux plus de quinze mille individus du massacre general... Ne ressort-il pas evidemment de ces ditTerents faits la preuve mate- rielle que le banc de rocher indiqu^ sur mon plan par la teinte grise faisait partie de I'ile, avant que Vt- ternel ne fit tomber I'abime sur elle et que les grosses eaux ne la couvrissenl... Quoique je craigne d'avoir d(^ja d6pass6 les Hmites d'une lettre, je ne puis terminer mes observations sur Tyr, Monsieur, sans vous parler des travaux hydrau- hques que les anciens avaienl executes a Raz-el-Ain, (i) M. le baron do Prony, dans sa lable dcs populations sperifi(|ues des deparleiiieiits francais inseire dans VAinuiaiie dii bureau des lon^'iliides pour rannee i835, evalue la popiilalitm de Paris a 2-2,445 iiidividiis par kdoinetie caire. ( ifis ) et appeler voire attention siir la prodigieuse quantile d'eau foLirnie par les dilleronlos sources ou conduits souteiiains, donl le produil enlerme dans des res<;r- voirs acquierl un niveau assez 6leve pour coulercontre Ja penle naturelle du terrain, au moyen des aque- ducs qui existent encore jusqu'a Mahrsliouk. II y a aujourd'luii a R;iz-el-Ain sept reservoirs qui tournissent cubes d'eau; j'indiquerai dans unc note separde les dimensions de chaque jet... L'eau du bassin principal a 6te et est encore employ (^ecomme lorce molrice, ainsi que cela est indique par les dis- positions du bassin lui-meme; mais on voit quelle a aussi ete conduite par un aqueduc aux bassins qui alimenlent encore I'acqueduc qui allait a Tyr, el qui s'arrete aujourd'bui ti INIabrshouk, apres avoir lravers03 ) lil6, et pr6cis(^ment a I'endroit on I'aquediic s'inter- rompt, on avail creuse un caveaii dans lequel 6tail le in^canisme qui faisait moiivoir le moulin... Ce caveau aurail dil rencontrer le conduit souleri'ain , s'il avail ^te pratiqu^ dans les fondations de I'aqueduc, et s'il en 6lait ainsi, I'eau n'orriverait plus a Tsour. J'ai pris doux bouteilles d'eau, I'une a Raz-el-Ain, I'autre dans le reservoir de Tsour; j'en ferai faire I'a- nalyse chimique.. . Quant a la temperature, elle 6tait la meme a un degr^ pr^s dans les deux localit^s, c'est-a- dire a Raz-el-Ain, deux lieur^s P. M,, la tenipc^jrature de I'air etant 82° Far , cclle de I'eau 6tait 68.. . Dans le reservoir n° 55, a la meme temperature de I'air, I'eau a fait descendre le thermom^tre de Farenheit a 67... La temperature de I'air etant plus 6levee que celle de I'eau des reservoirs de Tsour et de Raz-el Ain , il ne me parait pas probable que cette eau soil le produit de Fontaines jaillissantes, ainsi que plusieurs voyageurs I'ont suppose ; grand nombre de fails prouvenl que la temperature des eaux jaillissantes est toujours plus elevee que celle de la surface de la terre. M. Moore, consul britanniqueaBeyrout, qui m'avait accompagne a Tyr, et moi-nieme avons achete des Arabes plusieurs pierres gravdes d'un assez bean Ira- vail ; mon compagnon de voyage poss^de un Ilercule d'un fort beau travail, mais dont malheureusement la l^le est un peu endommagee, el aussi un scarabee en agate blanobe , portanl i:ne inscription en caracteres pheniciens, lermineepar une date. Quanta moi, outre qnelques medailles, j'ai rapporte de T\r une Minerve Medicae d'un travail fin et d'une conservation par- faite, une tele qu'a sa laidour et an bonnet pbrygien qui la couvre j'ai cru rec(»nnailre pour un Lsope , et ( 'H ) enfin un Ciipidon dont je ne puis comprendre Ics at- tribiits. Ln fellalh de Tsoiir a Irouve le torse d'une sta- tue en marbn; ropiesenlanl un jeune homrao. Quoi- que le lra\ail n'en soil pas grossier, il ne m'a pas paiu assez bien pour prendre place parmi les collections d'un musee europ^en... J'^prouve un vif plaisir a vous annoncer la decou- verte d'un monument qui \ienl encore confirmer la verite bislorique du recil d'Herodote, quant a I'expe- dition de S^soslris... II y a peu de jours qu'en relisant ce savant bislorien, j'arrivai au passage suivanl, aprcs plusieurs paragraphes sur le menie sujet : « La plupart » des colonnes (i) quo Sesoslris fit clever dans le pays '»qu'il subjugua ne subsislenl plus aujourd'bui. Jen • ai pourtant vu dans la Palestine de Svrle, el j'v ai • remarque les parties naturclies de la femme el les "inscriptions dont j'ai parle plus haul. » Celte representation obscene qui indiquait le peu de valeur que les peuples avaienl montre dans la de- fense de leui' territoiro, me rappela qu'on m'avait au- trefois parl6 de I'existence de representations de ce genre, qu'on altribuait alors au culte des Ans6riens... Je crus me ressouvenir que c'elail sur les rocbers dela n^cropole d'Adeloun qu'on les avail vues, et le lende- main, a trois heures du matin, je montai a cbeval aved'esperance de relrouver ctces emblemes» et quel- ques fragments de tableau egyptien qui put constater ' leur origine... A quatre heures apres midi j'6tais en facedu monument d^critpar ilerodote. Je vous en en- voie une copie, qui formera un appendice a la collec- (i) Le mot colonne est, je crois, une faule du Iradiirleur, il raudrait stilt. ( 'fis ) tion des tableaux dii Nahr-el-Kelb... Je visitai avec le plus grand soin la n^cropole tout entiere, sansy rencou- trerd'aulre sculpture que celle que j'aicoplee. Comma vous pourrez le remarquer sur mon dpssin, le cadre de ce monument differe absolument de ceux du Nalir- el-Kelb, el ne porte pas comme ceux-cirem blfeme du monde aiie. Quoique je n'ai pu rien copier de rinscription qui couvrail ce tableau, je puis aflirmer qu'elle fut ecrite en caracleres hi^roglyphiques.,. Le rocher d'Adeloun est dur etd'une couleur grise, en un mot pareil a celui du defde du Nahr-elKelb ; et si ce tableau est plus ef- face que ceux qui sont le mieux conserves dans celte derniere localite, il faut I'altribuer a ce qu'il est nioins abrit(^ et expose au vent de I'ouest . qui souffle sur celte cote plus frequemmenl et plus violemment que lous les autres... La n^cropole d'Adeloun est situ^e a Irois heures au nord de Tyr ; enlre elle et cette ville, on rencontre le Kasmi^h ou Leontes. .. Entre le rocher dans lequel sont ci'euses les hypogees et la mer, il y a uneplained'environ huit cents moires de largeur, cou- verte de ruines qui attestenl I'exislence dune ville... Plusieurs noms (§crits sur le rocher en caracleres grecs tr^s grossiers, des croix latines et grecques sculp- t(^es aussi tr^s grossieremenl sur plusieurs tombeaux, me font supposer qu'elle fut babilee par les chretiens... Le tableau egyptien est situ6 a cinquante pas au nord d'une caverne que le voyageurne pcut manquer d'a- percevoir en suivant la route de Sidon h Tyr. La n6- cropole d'Adeloun contient plus de deux mille exca- vations ; toutes celles dans lesquelles je suis entre etaient disposees pour recevoir trois corps; la place du fond, clant sans doule reserv^e au chef de la famille, est ( '66 ) in\ariablemenl plus graude que celle des coles... Pour conservcr un souvenir de la forme oxterieure de ces hypog^cs, j'on ai fail a la hale un croquis donl je vous envoie une copie... J';ii vaineuient chi rche sur les ro- cbers el dans les lombeaux les images allegoriques que vil llerodole; mais je viens d'apprcndre que celles dont on m'avait paile existent a peu de distance el un pen au-dela vers le sud de I'endroit ou j'ai decouvcrl le ta- bleau ^gvptien, el qu'elles couvrenl les parois dun petit temple laill6 dans le rocher, el dans lequel on voit encore un aiilel et une inscription en caract^res grecs, sans doule la d^dicace du temple a Venus... Je ne manquerai pas de visiter avec soin ce monument; ne seraitil pas bien curieux d'y retrouver quelque vestige de sculpture egyplienne, quidonnerait aux alle- gories dont j'ai parl«^ plus haul une origine qui 6tait sans doute inconnue a ceux qui ecrivirent I'inscrip- tion grecque ? A quelle ville appartenait la necropolc d'Adeloun? Ce ne peut elre a Sareplila, dont le nom est conserve dans celui de Sarfand, petit village arabe donl la po- sition est bien connue... La ville de L^ontopolis devait 6lre sur les bords du Leontes, ou Ton voit encore des ruines... La Necropolc devail done dependred'Ornitho- polis, que Strabon place enlreSidon ct le Loonies (i)... J. DE Bebtou. ExTRAiT cCune autre lettre de M. Bertoo, fintee de Beyrvnf, le 25 novemhre, i858. Si , en parlant du point de partage des eaux cntre (i) Le plan de Tyr auquel rcnvoie souvent M. de Bi-rtoti n'esi pas en- core arrive ;i la Soriele. ( >67 ) les deux mers , je n'ai pas assez insiste sur la nolion parfaile que les Arabes ont de la naissance des deux pentes qui de re point vont, I'une vers le nord, I'aulro vers le sud, c'est que j'avais cru qu'elle se rev^lail a^sez par le sens du nom qu'ils ont donne a cettc locaiilo ; niais j'auiais du ajouter qu'ils m'indiquferent d'eux- menties la dt^finition de ce nom d'El-Sathe, en me fai- sant observer qu'il elait une parl'aite description du lieu, qu'ils comparerent au toil d'une de leurs tentes. De meme, quand , en venant a Akaba, nous eumes alteint la latitude du Wady Tcilha , les Arabes arrele- rent la caravane et me dirent : Ici finit le Wady-Araba. Je leur observai que je croyais que ce nom apporte- nait a toute la vallee , jusqu'a la mer Rouge; mais ils insist^rent, en alleguant qu'a partir de ce point, Teau coulant vers la mer Rouge , le Wady cbangeait son pre- mier nom conlre celui d'Akaba, par lequel ils desi- gnent aussi les montagnes de I'Ouest (Djebel-el-Akab). Ma derniere observation tbermom^lrique fut prise a Jerusalem au couvent Latin, et le resullat fut le meme que celui que j'avais obtenu a Hebron , c'est-a-dire que I'eau y entra en ebullition a 96° cent. Priv6 des tables de Dalton, je ne pus comparer ce resujtat a celui que m'avait donne le barom^tre dans la meme locaiite ; cependanl, je crus des lors qu'il elait exagere, comme me i'a prouve depuis le calcul fait par M. Callier. Les circonstances ne m'ont pas permis de verifier I'exacti- tude du thermometre qui m'a servi; mais I'exp^rience faite a Jerusalem fournit un point de comparaison, et peut servir a rectifier les autres mesures. Cette rectifi- cation deviendra plus facile , quand j'aurai d^termin^ la depression de la incr Morle par une seric d'obser- { i68 ) vations baromelriques qui cunlieiuira Ics niveaux , dt- puis la Mecliterranee jusqu'aux sources du Jourdain, el de la, en sui\;inl le cours du fleuvo, jusqu'a son embouchure dans le lac Aspliallite. .J 'avals esp^r^ ac- coinplir ce voyage avanl I'luver , el je n'allendais pour me niellre en route que le relour de mon baiomelre, que j'avais envoy6 h Alexandrie pour qu'il y soil rac- commode ; malheureusemonl il m'esl revenu en plus mauvais elat qu'il n'elail parti, el j'ai du Texp^dier en France pour une reparation complete. J'attends tou- jours; mais nous louchons a la saison des grandes pluies, el je crains qu'elles ne causenl dans le Jourdain des d^bordements qui m'emp6cberaienl d'en suivre le cours. Celte raison me decide a altendre le mois de mars pour entreprendre celle reconnaissance, qui fournira , j'espere, quelques renseignemenls utiles a la geographic. J. DE BeBTOU. Beyrout , le aS iiovenibre i838. Dans ma leltre du mois dernier, j'annon^ais I'envoi de deux dessins repr»!!senlanl, I'un le lal)leau (^gvplien que j'ai decouvert entre Sidon et Tyr, I'autre quelques tombeaux de la necropole sur laquelle S^soslris fit ox^culer celte sculpture, analogue a celle du INahr- el-Kelb. L'impossibiliie de joindre ces dessins a une letlre m'en a fail dilFerer I'envoi a Paris; niais j'ai pu en faire parvenir des copies a I'lnslilul arch^olo- gique de Rome, qui a deja anterieuremeiil public la S(^rie des monuments egyptiens et persans que j'ai co- pies au Nahr-el-Kelb. Probablemenl, il fera aussi graver celui que je viens de lui envoyer, el comme je crois que eel Inslilul est en corrcspondance avec voire SuiU* ih'K Rfiivois . 58 I'o/onne cfi i/ra/uf t/rur 3t) /£V ptffri\>' li- ia 6a,t't' itit mut- portent tA's friiivs J altuvAe^ en /iv . 4o for( cturc 6tUi^iit' fuir fti rfwr . 4i JJftU'jifK'r t/f//u/ii'///H'r/i',i:i/rt'f?u'/i\r pri\rii/fii',u- ,/// //,'6ti/\'.t,h'r<' ? 4'J /ill r/u-/ :< ii^ //,■///■ f/i' /iv/i' . H^t Beaiuoitf i/t- /h'/A-.v co/i>n/u',t' vn^ifranif o'ur Ai p/,^.fi- <•/ t/tm.r &z mi'f peut ctfi- Ti-mptc .f'ffercuh^ 1^ !^ i'Aiwip i/i:, morf.i pour f,\t f/ujiiAntuur . 45 i*mwu-fU'fmi'/U iitt.>\i/>/L' numvatil , (■otwr-i- ,/uv/i;uLW nu'O- Co- tfu riuir /i/u',r mi//tT/iU^t/r/l>\ ,/,' A'l a ianu-f\ iiii/i/i' fniiun.ui/ . 4/ 2ou/.,i\'/fi/'/iiAA',ai>cc/i/if /onAtme ou tme Ci'itvnv i/m /rroAi.\-o A\r ^/an/m.r^iS\i\ipfe<\f AvrnoiUHinai- . 48 Jardiiw <«><■<■ iirfin'y /rnifu'f\i- encai,\\i't\,' Je ,'t mL'tnw . 4() MufA' o Porf Ku Bti,i\fm tfiu/ion . iSi Ma-f (fuicaivi&nt tm pcu /a mer , /ar^f///-t'{"'^,\A\i-riW/c/7h-/t.>\i\>nt e/tfrt\>\ ifrur/ufo.i-pierroj- rf/r nuhcu on lAi'comArc.i- (wcv Aeaiwoitp (fc mori'vaiLV /.>- . 54 Siui/w ,/cttu .i-iot/niitre . j5 Touf ctwrc'e ance im r-e^cerporr demi douce piHtr Ao.i' AaAdim,c de '/If our . 06 Tra/ivAei\i\ <\iii ^i-u/ef apriw en/evemon/ de :.' ".'de A-rre noire, o-^ Ati-.s-Uiiw m/urienre.f de,c niui\i\ con.i-trttetiontmiupic . 58 Porh- de Ai f'l/Ae . Oc) /tumcy',' dune e^t^hoe Aut/ie />iir /ej- eroijuw " on fapp,-//,' et/&^i'e ^i/reetpifc ■ 60 C/ianip deo' morf.c . 6ii'/"Gi Semhlen/ A\f ? p,Hn/.i- A-.'- /dti,r e/eve.r de /apre.i't^u Y/e , 65 Pirfp divuurnf da/ur A- .verat/ ■ 6 4 Seaueoup de eoAwmw .fou.r /<•o on i* ".' JO JSaufon .(■('«.'■ A^ueA/e Ae*r (me/eiw dn pm/.r prt'fe/uA'fi/^apoo' on un AaAuni, Aor.r dt/ ^wtdA de., /i>n,/afyms. yh Sane dc ree/ier,v .Ciut.c Aemt . ■J k Sane de roeAerja /Aeta- dean . /ej- J'onde.f .,-,1/1/ eapnmee.r PL 1 fort Q .Wur cofLi-// utt .i-ttr un fitt/u- 3 PoUtf roc/ifi\i lit- i^re.i- trc^ _ finaSic- 4 Sane i-„r,,ir j^ '-.'«^/rv.A.//'.ic,,.i. Noj-d . ^/in 16 /fovfiors e^'Ctuyej' t/e ,»' tfu 6' mftr&r tui-t/vj:nw de /a ffu'r. i~ Poi/icrj' it^/ipur li'eau , 18 fo/onnt\i' tuu'e^' uu fvc/w/' II) RocAerx escarpe^e tic u> d /? meircj' aa-tiea\rti,r t/e /a mer- . 20 /{ocAerd- pro/ciiimt Jo mi'tre^s en /ne^' 3i Jit.'eher>s- dc ij a iS metre^r 1/ ' etCcarpi'fncrU . :?3 7errtan- ifc ti melre^- moifuv c'/tw t/ii 'en 2/ . 20 ffiu/o t/c j-aAic . •ii^Fn /}tvcafti une coucAe «5? de'ttmiArcr tie J"'/o, trouve /a I'ffcAe. mt»e ■ 2i> Jfi'hte ffeeouvertv a i "\ifo ^^Al'"jo'trotaie' tai rruxr i/f i"" (f'epa/lt\vei//\ a J?' So fyvu/ie iin liiffu^e en trej\^'^'^pu'm\ 2" t/ii.iyu ti ^'" o'o tA' prt'^/ufeur rte/i ipue tA'.r tA'tv/nAre^r . 2S feUb^.p ct>/inej- fA; 3 a 4"^ au- de.rjuo' tAi /iwetux yertera/ , i/ut C'f't i&ya J'!*- au- tA\i\i'u^- de /a /Iter . 29 /feita- eti/imvettwnf^^ lAr/uf Avy«<'/<' on a ^/ai't i/e,f' troTU'Ae^,}' tie J^ j'afii i(i/pUi/L-v f^"\\-ur cS^ / ."1 .' SareopAtufe . 'cyo PocAkT uiK'v li/t^A'f'i /'Ut/W . r> 4 /*(!//*■ lA' roeAer ti ^/itnw ti eati . j.^ J'ort riti/w ,(-«.•• tai rocAer I'.retwpc' tie ,?'" .')(» /^(ijic lit' rot-in-f u //i-f//' ei t'Utt . 7>7 f'e4iu//.r i/Ui o- ' ete/u/f/U a joo"' en ttwr ■ 08 (ofoiutv ffi ^^raiut i/ru- ;ia>atkt , coiwrc ,/ueiifiii:e itwOfj- Ju miir •f ttt^ for matt le Ativt/i .'o . 4G Tour t^irrec tviKftruth- par dv nt eJitre.i\tfriif/iA\rpiivn;i- i-fi-aaXftt tvt tietvmfirf.i- at'ee Attitivitp tie mo/\V'iit.r i/i- poA'rie . 6'j /'ar/te,e i/f tv.f/tutrs rivtPt'r.re.' dtm^ f'cait . J)5 Petit,p //.•f.<- . 54 liottrce t/t'tnt tdm/natrt' , 55 Tour eitrre'e anec tin iv.H'rvoir i/iiw tiotice poiir Am- Aafiitn/i.r Je noitr . 5G /rancAe'cr, rtta ,ra/tv ii/tre.i- ejUevemen/de 2 "*de (erre noav. 57 ./,rj-ue,r r/i/pr{eitre,f de,r murs , aynstriiction antttpif ■ ..8 Porle de ,'a fdie - 5n JUiuii's d'tt/tc e^iffi^'e fiaAe pur Icii- eroLi'ej- " on Tttppeile ptffLi-e ^^ree^tic . 60 C/tanip rti'.i- morts . Gic^li'i Seuihlcnt le^ 7 pcinLt' feo' plus c'A'tHKr di' iaprtvqii tif ■ Qih ii'rtp dunjiimt da/ur A' .•vrat/ ■ 64 Beaueoitp dc et*A>nnt\'- ^ftut^f t'etiu. 65 lAito- . 6G Eiut frvtiiH'e a J metre . G? /'ffatt-raiee th'Uthfit J'^'^o ■ 68 ffet/,i- ^am'Ae*\i\ aJ'^/r rtvAer lyre.f tine eoiteAe de deifm^re^' . 6c) ficaireiyiip de tvAmntv en i/nirut en/re A\f mitrj-af eiu, it^iwu' t'etut. "O fioqtuf tAi port, oltj-fy-iiee par dt'ij- cotimm'^' ■ 71 £n cretij'ant f/itre tw dfttar /. - ^e,t~ en tnntrr i'etut .ra/et- ,s , ou ^^.'ii, I'n deAor.f on trx'tn'. Ay rot-At'f ii /"' Jo fit i" T" 73 MaL'vn .'tit.-' ItttfUi'lA' te^ ancifti. lAt pin/j- prfAvttitvt/tB'rtr vti ur; AaA^tu, torj^ tAt d^titat i&vfivbA:. ':. t5 Bitne de rt\iierjr .rtut^- ttMit . ji Banc tArrocAer^r li/Awrdi^tti ies Jondi\f c/i /•raj-sc.ir iwif etxprtmA'..- tmhroLre Tiirdieu, J'cuipu'it . Echellc dc Metres . ■300 J&o ( 1^9 ) Soci^le , vous aurez par lui ces dessins que je me pro- posais de vous adresser. L'anaJyse chimique de I'eau de Razel-Ain , faite par M. Crolla, pharmaclen a Beyrout, prouve clairement qu'elle contient des muriates et des sulfates a bases de potasse, de soude, de chaux et de magnesie , mais au- cune trace de nitrates ni de sels ferrugineux. La partie insoluble est compos^e de sous carbonates de magnesie et de chaux , de sulfate de chaux et d'argile. L'eau prise dans le reservoir qui alimente la ville de Tsour , traitde comme I'avait et6 celle de Raz-el-Ain , donna les memes resultats, a cette seule difference pres, que la meme quantity de liquide produisit envi- ron un grain de plus de matiere fixe. ExTRAiT (Vime Jettre adressee a M. d'Avezac /jarM. C. T. Leff.bvre , ofjicier de marine en mission. S)ra , Ic i"' Janvier 1839. Syra est lo chef-lieu du d^partement des Cycladei et la residence d'un eveqne calholique. D'aprfes un recensemenl que Ton vient d'achever, la population de I'ile se monte a dix-sept mille ames(i). Le gouverneur pense que Ton doit augmenter cc chiffre, a cause de I'ancienne habitude contractee sous la domination des Turcs de ne jamais avouer le nombre des membres d'une famille. Cette population est repartie en deux villes; I'une [ij Lc doctdii- Pelit I'eviiluc a vini;t niiile. XI. MAKS. 4- 1 '^ ( ' 7" ) siir le bold do la mer, professe la religion grecque; I'aulre , qui est la plus ancicnne dans I'ile, est catholi- que. Celle ancienne population, qui a toujours con- serve les memos niteurs, et bas^ son existence sur les m^mes elements qui consisfont a lirer d'un sol aride el sec ie peu de produits qu'il peut fournir, et a envoyer chaque annee quelques uns de ses enfants pour rem- plir les fonctions de douitsliquos dans les villcs lur- qucs, a toujours mainlonu son chiffre de quatre mille araes, et continue a vivre paisibleinent sur un mamelon elev6 et 6loign6 d'une demi-lieue de la mer, ou elle a groupe ses maisons. Lne source d'eau qui jaillit pr6s de la, et la position qui permel de se defen- dre conlre les atlaques dos pirates ont sans doute de- termine le clioix de cet emplacement. La ville basse n'existait pas avant la guerre de I'in- dependance ; Ton voyait alors seulement deux ou trois magasins sans importance places au bord de la mer. Mais au moment ou la Grece fut en proie a la devasta- tion el au meurlre , le calme qui regnait dans I'lle de Syra rest^e neutre et sous la protection de la France , invila un grand nombre de families de tous les points du littoral de la (irece a venir s'y ^tablir et a y transporter leurs fortunes. Ces families appartenaienl a la classe dcs morins et a celle des n^gociants ; elles se batirent des maisons sur le bord de la mer, et bientot, profitant de la position avanlagcusc du port pour en faire I'enlrepot du commerce du Levant et celui des subsistances qui etaient chaque jour n6ces- saires aux pays i avages par la guerre , ils surent don- ner de I'imporlance a I'ilc de Syra , et lui fairc une reputation qui attire encore une foule de capitalisles grocs. .,,1,, .,„,,. ..;.,, i . ( lyi ) A celle epoque , la population nionla a lienle mille ames. Des fortunes rapides s'eleverent , et Syra devint a la paix la premiere place de commerce du royaumc grec. Cependant, a mesure que le calme vlnt r^tablir les relations interrompues des autres ports de la Grece et du Levant, plusieurs families retournerent dans leurpatrie; d'un autre c6t6, les relations directes des n^gociants eurojieens avec le Levant furent plus fr6- quentes; et la richesse ainsi que la population de Syra, apres avoir diminue de moiti^, auraient du tom- ber encore davantage sans I'habilele des negociants chiotes, et I'activit^ des raarins Psariotes et Hydrioles qui se sont fix^s a Syra. Au nombre des choses qu'un stranger remarque a Syra, je dois citer au premier rang la promptitude avec laquelle les baliments y sont constt uits , la grace et la legerete de leurs formes, lorsque ces travaux sont uniquemenl dus a des hommes qui ne savent nl lire ni (^crire , a des ouvriers qui n'ont pas la moilie des outils dont se servent ceux d'Europe. Un ouvrior grec ne travaille pas, il est vrai, avec per- fection , mais il fait en un jour la besogne de deux ou- vrier allemands. A parlir du jour ou Ton pose la quille d'un batiment de deux cents tonneaux jusqu'a celui oil on le lance , il ne s'^coule jamais trois mois. Les batiments ont de plus le merite de couter la moitie du prix d'Europe. On remarque encore dans le port les fondations du quai et dun magasin de douanes conslruit sur le bord de la mer. Ces fondations sont formees avec une espece de pouzzolane piise dans I'ile de Sanlorin, et ( '72 ) une chaux grasse que Ton melange avec de la poii/.- z.olane dans une proporlioii suivante : 7 parties pouzzolane , ■X parties chaux quand ce n^^lanj^e est fait sous Taction de I'cau dc la nior. La proportion est de 5 p. pouzzolane. 2 p. chaux sous raclion de I'eau douce. La corniclie du magasin est aussi formic d'uno pierre de ce beton; mais la proportion est alors de moiti6 par moiti6 a cause de I'exposition a I'air. II serait a desirer que la France envoyat des bati- menls Ji Sanlorin pour y chcrcher cette terre qui pourrait elre precieuse a cause du peu de frais qu'elle exigerait pour nos travaux hydrauliques. L'ing^nieur de Svra m'a assure que 5 metres cubes de fondations pour le quai coutaient au gouvernement 38 fr. La ville, toule de construction moderne, et batie a la hate dans un style melang6 de turc et d'ilalien , ne doit offrir aucun interet d'architecture, memo pour ses 6glises; elle ne peut non plus en offrir sous le rap- port de I'antiquite , el I'lle elle-mfime n'a gufere oc- cup(^ los historiens. Toute I'attenlion doit done se fixer sur Ics institutions existantes, et il en est plusicurs dignes d'eloges , au nombre dcsquelles on peut citer un hopital dont le baliincnt est r^gulier, et bicn cn- tretenu aux frais de la ville. On peut aussi citer six ecoles dans lesquclles se Irouvent reparlis i,8oo 6l6ves qui rivalisent de zoic et d'intelligence, sans qu'il soit jamais besoin d'infliger des punitions. 11 existe chez les Grecs une defiance a laquclle i!s onl etc conduits par Ics Turcs , et qui parai\se lenrs niDVcns. En cff<'l, cette (UWianco rrliro do la circula- ( '73 ) lion une foule de capilaux parmi les populations agri- coles, qui apres avoir retire du produit des terres que le gouvernement leur adjuge en ne prelevant qu'un petit interet, enfouissent leur argent au lieu de le pla- cer. D'un autre cote des sommes (^normes existent en Grece sous la forme de diamants qui passent de fa- mille en famille , sans que la pauvrete puisse engager a les vendre. Get usage , venu du besoin qu'avaient sou- vent les Grecs sous la domination turque de s'expa- trier subitement pour se souslraire a la mort ou au pillage, s'est transform^ enprdjuge, et ne passera qu'avec le temps. Enfin , il est une autre habitude nuisible a la prosperile de la nation et a la regularity du tr^sor public, c'esl I'eloignement des Grecs pour I'agriculture , et cet eloignement se con(;oit, puisque la population agricole etait plus facilemenl soumise aux exactions des Turcs, que I'agriculleur etait me- prise,tandis que le marchand 6tait lionore, s'enricliis- sait facilernent, et avait mille moyens d'^cbapper aux exactions. Le gout du commerce a done du entrer dans les moeurs, et Ion pent se faire une idee de son d^veloppement en sachant qu'ici un domeslique sert rarement plus de deux ou trois ans, qu'il economise pendant ce temps un petit capital , se prepare des cha- lands , et lorsqu'il a realist une somme de loo fr. , il trouve facilement unfonds de Goo fr. qu'il trouve bien- tot le moyen de payer en travaillant avec intelligence et ^conomie; aussi la profession de domestique est-elle moins meprisee que partout ailleurs. Je terminerai cette lettre en vous presentanl quel- ques idees sur le service des paquebots de la Mediter- ran^e. On n'a pas assez la connaissance de ce service et de son utility; il serait cependarit avaiitageux , a { 17^ ) cause des grands r('!saltals (lu'ildonoe, ct de ceux plus grands encore qu'il promet, de le popuralisir aulant que possible on Franco. (Vcsl une entrp[)rise gran- diose qui fail honneur a noire nation, cl excite I'en- vie des grandes puissances que nous avons prevenues en cela. Aujourd'hui noire pavilion floltc continuellement sur tous los points de la Mt'diterranee, Notre corres- pondance diplomatique est assur^e. Nos negociarils , qui autrefois n'agissaient qu'a talons et avcc timidity , qui ^taient obliges d'avoir des inaisons tlontrepot, parce qu'ils n'osaienl jamais exp6dier directeinenl, peuvent 6lre informt^s aussi bien que ceux du Levant des mouvements et des besoins des dilferents peoples de rOrient, et cefle banque de rOmniuni , forniee par des banquiers de Paris, qui doit avoir des agents conimerciaux partout, etqui se d^veloppera necessai- rcment avec le secours de cette correspondance sui- vie, promet a noire commerce un avenir brillanl. II d6truira meme toute rivalile s'il agit sur des bases larges et avec bonne foi. Ce service a aussi I'avantage de donner a nos consuls unt' importance qu'ils n'a- vaienl pas auparavant, parce que le grand nombre de passagers de distinction qui frt^quenlenl nos bail- ments se nieltent souvenl en rapport avec ces consuls, dont les aulorit^s d'une ville desirent obtenir pour cela la bonne opinion. Les avanlages que je viens de citer, outre celui d'a- voir en cas de guerre des officiers exerc^s, des me- caniciens habiles, et des bSlimens tout prets, sont asse/ importants pour nit^riter que le pays fn?se quelques sacrifices en faveur de cette enlroprise, qui ii'esl point encore arrivee au developpenient (pri-llr ( '75 ) peul attelndro , malgre I'adivil^ de radminislra- tion qui s'en est cliargee. In baiinient pari tous les dix jours de Marseille, le i*"^, le ii et le 21 de cliaque mois ; ce batiment passe a Livourne, a Civita-Vecchia (avant les dilT^rends avec la c«ur de Naples, il s'arrdtait aussi devant celte ville ) , puis il s'arrete aMalte, ou les passagers qui vont dans le Levant trouvent un autre batiment qui les mene a Syra. Arrives a ce point, ceux qui vont a Smyrne et a Constantinople continuent la route dans le meme pa- quebot; ceux qui vont a Alh^nes ou a Alexandria sont obliges d'en changer. Le service du retour se fait de la nieme manierc ; les points de jonction sont les memes. II resulte de la que tous les dix jours nos paquebots jettent deux fois I'ancre devant les principaux ports de I'ltalie et du Levant. L'ann^e derniere, les dispenses de ce service avaient excc^e d'un million environ les recettes que lui donne le transport des leltres et des passagers ; cette ann6e on presume que I'excfes des depenses sur cclui des recettes ne depassera pas 100,000 fr. L'iiabilel<^ de I 'administration a done su obtenir un progres immense dans ce service. L'on peut esperer encore mieux pour les ann^es suivantes. Le service tel qu'il est, et avec le nombre de bati- ments qu'on y emploie, marcherait parfailement sans I'inconv^nient des quarantaines. Mais il trouve la des difficult^s qu'on ne saui'ait vaincre , quel que soit le systeme que Ton adopte, a moins d'augmenter au moins d'un le nombre des baliments. En elTet, dans le systeme acluel, il resulte : 1" Que sur deux voyages de Syra a Athenes , un ( '76 ) scul se fait en libre pratique; les pnssagors venant de France, d'ltalie ou de Malte el so rendant a Athe- neSjSe trouvent ainsi frequemment dans la faclieuse alternalive de se souuietlre a une quarantaine de neuf jours au Piree en faisaot la traversee sur un de nos batiments , ou de se rendre a Alhenes a Lord d'un batiment a voiles, a moins qu'il ne ren- contre uu bailment a vapcur grcc ou autricbien en libre pratique, et partant pour Albenes. Nous avpns constanunent un grand nombre de passagers de Syra a Athfenes quand nous ne sommes pas on qua- rantaine; nous n'en avons pas un dans le cas con- traire. Les personnes qui veulent sc rendre d'Albenes en France sonl obligees de prendre le batiment de Con- stantinople, et par la forcees de faire une quarantaine de vingt-un jours a Malte. Ln balimenl de plus per- mcl trait une combinaison plus avantageuse, parce qu'il permettrait d'avoir constamment un batiment en libre pratique entre Alhenes et Syra; que Ton pourrait faire faire la quarantaine sur celte lie , ou Ton con- slruit maintenant un lazaret qui sera commode , et la ligne d'Albenes a Marseille scrail on libre pratique. C. T. Lefebvre. Note sur Syra et sur r education en Grece. — Etat de la nicdecine ; maladies des Cjclades ; par M. le D'. Petit, naturaliste attache a la mission de M Lefebvre. L'ile de Syra est la plus importante des vingt-deux iles lounies sous le iioui de Cyclades. C^omme loules ( '77 ) les aulres, elle offre I'aspect le plus aride; la v^g^ta- lion y est a peu pr^s nulle; c'est a peine si Ton y trouve quelques arbres. L'ile pr^sente la forme d'un croissant expose an S.-E, , el est di^fendue contre les vents da N. par des rochers et des ilots qui del'endent I'entree de la rade (i). C'est apr^s AtWnes la ville la plus importante de la Gr^ce, el memeelle lui est sup6- rieure par son commerce. Son importance s'est ac- crue de beaucoup depuis qu'elle est devenue le point de station des paqiiebols frangais et autrichiens qui en font le centre des communications de I'Europe avec rfigypte , la Syrie , la Turquie , I'Adriatique et la Grece par Alexandrie , Smyrne , Constantinople , Trieste et Athenes, et cette importance ne peut que s'accroitre rapidemcnt par suite de cette lieureuse cii'constance. •"' 11 est malheureux que I'absence d'eau douce y soit aussi grande; car les sources, a peine suffisantes pour la consommation des habitants, sont situ^es a demi- lieue et plus de la ville, et Ton peut evaluer a une somme assez forte la depense a laquelle cliaque fa- mille est assujettie pour se procurer une chose aussi essentielie. La sterility de l'ile qui la I'^duit a recevoir de dehors tous les objets de consommation, y rend la vie assez chere. Les pluies sont rares , de courte duree ; la temp6 ' rature y est tr^s 6lev6e (17° le 29 et 3o de ce mois). 11 y neige rarement , et ce n'est qu'a de irhs rares exceptions que le thermom^tre descend au-dessous de zero, meme pour quelques instants. jnBJiUfiU Le commerce a fond6 il y a quelques annees un (tj Le i).orl, tres Viisjit;, esl aluile coiilie les veiU>. ( '78 ) hupilal quicontienlunecentaine de lits, ct dans lequel plasieurs chambros isolees sont desliiKics aux alldn^s. II est rare que toules les places soient occupees, e lors de ma visite il v avail a peine vingl-cinq malades, ct line sculo leuime dans le service des fous. Ln ini^- decin-cliirurgien est altuchc a eel etablissomenl phi- lanlliropique, ou I'onlrouve une pharmacie assez com- plete, quoique , par suite de la modicile des fonds affectes aux depenses il n'y ail pas de pharmacieii r^sidant , et que Ton soil force de faire preparer en ville les prescriptions compos^es. On compte dans la ville sept a huit medecins ou chirurgiens, quelques sages-femmes et trois piiarraa- cies, dont une , tenue par un Franrais, sert pour une partie du Levant avcc lequel elle Tail un commerce d'exportation tr^s etendu. L'^ducation primaire est Tobjet d'une attention tr^s suivie de la part du gouvernement, et cette sollicitude trouve heureusement les resullats les plus lavorables dans le zele et I'emulation de la population. Comme une des preuves irr^cusables de ce fait, on peul citer non seulement le nombre des ecoles et des el^ves qui les frequentent, mais aussi I'absencede toute punilion pour entretenir la subordination et I'amourdu travail parmi les eleves; la seule menace de les renvoyer a leurs parents sulTit toujours pour les maintenir. Le nombre des Ecoles a Syra est de cinq dans les- quelles I'instruction est distribuee a 1,800 Aleves, nombre assez 6lev6 pour une population de 20,000 habitants. Voici comment sont classes ces divers 6ta- blissements : 1° Ln gymnase ou college contenant 55o 6l6ves. L'inslruction esl la mSme que dans nos colleges. ( '79 J Ainsi I'on y comple, oulre les professeurs de langues laline et grecque litteralc, des maitres de langues vi- vantes , parmi lesquelles le frangais tient la premiere ligne, car son t^tiide est presque g^nerale. On y ensei- gne aussi les malh^niatiques, la physique , etc. La gyranaslique fait aussi partie de I'educalion. Tous les eleves sonl externes. 2° Trois ecoles d'enseignement mutuel pour les deux sexes enlretenues par la commune. 3° Una 6cole americaine qui compte 600 eleves , 35o garcons et 25o fiUes. Elle est entretenue aux frais de la Societ*^ biblique de la propagation de I'instruc- tion des litats-Unis. La difference dans les deux rites religleux est cause que la Soci^t^ ne pouvant precher son culte , s'abstient de touto Education religieuse. Toutes les ecoles sont aux frais des communes, le gouvernement leur venant en aide au moyen de cre- dits alloues sur un fomls ecclesiastiqtte. On appelle ainsi le produit de la vente des biens meubles et im- meubles des couvents supprimes depuis la revolution, Les maitres, nomm^s apr^s examen par le gouverne- ment, sont payds paries communes. lis sont rangds en trois classes : 1° Ceux de troisieme classe, pour I'instruction 6l6- mentaire, regoivent un traitement de 5o drachmes (45 f.) par mois. lis sont de plusloges, et ont droit a un jardin ou a une indemnity. Chaque 6leve doit aussi leur payer une somme variable, selon les fortunes , entre 10 et 5o leptas ( 9 a 45 centimes ) par mois. lis sont soumis tous les deux ans a un nouvel examen. 2" Ceux de deuxieme classe , outre ces avantages , regoivenl 90 drachmes par mois. 5° (leux de la premiere classe , ou pour I'^duca- ( i8o ) tion supcrieuie, qui n'exislent pas encore, recevront 120 drachmcs. II n'y a pas en Cr^ce d'^lablissements analogues a nos colleges ou pensions, c'est-a-dire dans lesquels , au nioyen d'une r6lriljulion pa\6e chaque ann6e par les parents, les 6l6ves sonl logds, nourris, habilles el in- slruils. 11 n'y a qu'une seule cxcoplion, c'esl colic pr(i- sentee par une maison d'educalion fondee a Andres, par un pretre qui apres la revolution grecque parcou- rut I'Europe pour rccuoillir des dons avtc lesquels il a londe dans cctte lie une maison, ou , au moyen d'une d^pense annueile de 5oo draclimes (45o fr.), les 6l6ves sont loges, nourris el habilles d'une maniere uniforme. Le fondateur est le seul professeur de I'eta- blissement, dont il est aussi lo seul adminislaleur , et dans lequel il comple acluellement v5o a 3oo ^I6ves. Athenes poss6de maintenanl une Academic qui , comme I'lniversil^ de Naples, re^unit les facultes de sciences, de leltres, de droit, de m^decine , de lh6o- logie , etc. Ces diverses facultes ne sont pas dislinctes comme a Paris; mais, comme on le voit, I'aualogue de cet etablisseraent so Irouve dans la Sorbonne. Son exis- tence ne dale que de deux ann6es. Pour le droit, c'est le droit tran^ais que Ton y pro- fesse, I'administration etant lout-a-fait calqude sur la noire, el le pays etant divisd en provinces sous la direction de prefets et souspr^fets, et en communes qui se choisissent elles-memes leurs maires ou d^mar- ques par la voie de I'^lcction. Pour la m^decine , on y fait tous les cours princi- paux. U y a une chaire d 'accouchement. Le nombrc des 6lfeves n'esl encore que de 2 a 3oo ( iSi ) 11 y a aussi dans la capitale trois Soci6t6s savantes : 1° une Soci^t*^ de m^decine; 2° line Soci6t6 d'histoire nalurelle; 3° une ^"001616 d'archeologie. L'agrlcultiire elant peu cullivee dans lout le pa\s, il n'y a aucune Soci^te ou Ton s'occupe de son deve- loppement et de ses int^rels. Sous le rapport medical, la Gr^ce pr^sente quelque chose de particulier, d'ou je pense qu'il pent resulter de grands avantages pour le pays, et sur laquellc je vais, par cette raison , insister d'une maniere plus particuli^re , avant d'indiquer les maladies propres aux Cyclades, et les documents que j'ai recueillis sur leur ordre de Irequence , leur gravite et quelqnes points de la th^rapeutique que I'experience a demon- Irt!; leur etre le plus convenable. Sous le rapport administratif , tout le territoire de la Grece se divise en trente provinces ou departements, et les 22 Cyclades composent cinq de ces grandes di- visions du pays. Sous le rapport sanitaire , il se divise en dix inten- dances a chacune desquelles est attache un m^decin nomm6 et pay6 par le gouvernement, ayant le pouvoir et le rang de sous gouverneur. 11 y a en outre un ou deux medecins adjoints qui ne regoivent aucun traite- raent, dont les attributions sont d'aider le medecin en chef dans ses operations. Celles-ci consistent : 1" A faire a des epoques determinees, el plusieurs fois par an, des visiles dans les diverses communes de la province, et dans cetle circonstance, de voir et de soigner tous les malades. Cela est tres important, sur- toul dans certains cas , quand , par exemple , comme cela arrive dans quelques unes des Cyclades, il n'y ( >82 ) reside aucun' medocin ou pliannacien, cc qui Tail ijiie ks liobilauls n'onl, excepl6 a I'epoque de ces visiles, aucLins secours niedicaiix. 2" A s'occiipcr du sol ct de ses produils ; des lialii- tanls sous le rapporl de la population, de la conslitu- tion physique , etc. ; des sources d'eau potable et minerale et des mines, etc. ; du nombre et de la ca- pacity des medecins, cbirurgiens , sages-femmes ; de I'inspection des pharmacies, des intendances sanitai- res ct des lazarets, des cimetieres, des ^coleset aulres etablissements publics, comme les boucheries et autres lieux ou Ton vend des substances alimenlaircs, etc. Des tableaux imprimes doivent etre remplis par eux a la suite de ces tourn^es el envoy^s au gouverne- mcnt. 3° Dans ces tableaux, un des principaux objels d'e- tudes, ce sont les epidemies etles maladies r^gnantes, dont ils doivent indiquer les causes etles traitements. En outre, des observations particulitres pour en eclai- rer I'histoire doivent etre jointes h un expose g^n^ral fait a la fin de chaque annee. Comme on le voit, ce moyen permet d'obtenir des rcnseignoments pr^cieux sur une foule de questions qui int^ressent non seulement la sante publique, mais aussi r^conomie politique , et celte voie d'investigation pent avoir les resultats les plus importanls pour un pays qui, comme la Grece, a tout acr^er, et par cela meme lout a ^tudier. .. .. Quant aux maladies les plus communes dans les provinces dont je m'occupe le plus specialement , ct dont rinspeclioD sanilairc est confine a un de nos cora- patriotcs,M. le docleiu' Ardouin, ex-m^decin de la marine francaisc , fixe dans le pays depuis la revolu- ( i83 ) lion; voici les details que j'ai obtenus a ce sujet. el le r^siiltal des observations de ce medecin sur le d('2;re de frequence et d'inlensil6, et les moyens curatifs. Ji; me bornerai a de courtes g4n6ralites, le temps de mon sejour ne m'ayant pas permis de plus amples in- formations. Dans les deux sexes, les maladies v6n(^riennes sent tres communes , et elles sont reniarquables par leur tenacile, malgr^ I'emploi des moyens les plus ralion- nels, et par les rechutes Ir^quentes apres que la gueri- son semblait 6tre radicale. La blennorrahgie chronique est une des affections les plus frdquentes : dans le traitement de celle maladie , le poivre cubebe et le copahu echouent tres souvent, el de plus le premier de ces medicaments est en general mal supports. Les fievresintermittentes sous tous les types tiennent ensuite le premier rang; le type tierce est cependant le plus souvent observe. L'aulopsieoffre constamment des alterations du foie et de la rate , le dernier de ces organes ayant subi une exageralion de volume consi- derable et meme enorme dans beaucoup de cas, comme je I'ai d^ja observe I'ann^e derniere dans le royaume des Deux-Siciles, et surtout dans la Pouille a I'epoque du cholera. La complication vermineuse est tr^s commune, et cette diath^se vermineuse s'observe du reste dans un grand nombre d'autres etals paiholo- giques. Le sulfate de quinine est comme parlout le me- dicament heroique contre ces fievres , mais il doit elre employe a des doses beaucoup plus elevees qu'en France. II reussit aussi fort bien par la metbode ender- mique. Auprintemps, les maladies exanthemaliques sont tr6s communes chcz les enfanls ainsi quo la diarrhoe; ( i84 ) la variole est rare , et la vaccine est d'un usage general et formellement recommande par les lois. Chez les femines , la chlorose est une maladie tres frequenle. Dans quelques iles conimo Tliermia, Ser- pho , Svj)lKinle , prosque loutes les femmos en sont alteinlos. Celle alTeclion s'accompagne conslamment de suppression on d'irrdgularit^ dans la menstruation. Les hemorrhagies exl^rieures et les cancers s'observent en grand nombre. Les accouchements sont generale- ment laborieux , et suivis dans beaucoup de cas de peritonites puerp^rales , dont Tissue est funesle. Ainsi dans une des ann^es prec^dentes, et a Syra seule- ment, on a compt6 six d^c^s par celte cause sur vingt-cinq accouchements dans la classe ais6e. Enfm, pourlorminer, j'indiqueraicomme assez com- munes les affections de la peau, surtout I'elephantiasis des jambes etles ulcferes ; les affections rhumatismales par suite de I'humidit^ des habitations et des variations assez brusques de la temperature. Nota. Cette annee a 6t6 remarquable par un assez grand nombre d'^pid^mies a Syra , telles que la scar- laline, larougeole, la diarrh^e dysenterique, la mi- liaire chez lesenfants; une ophthalmie purulente qui a s^vi sur 3,ooo personnes, dont 5oo dans la classe ai- s6e , i,ioo dans la classe moyenne, et le reste chez les enfants et les pauvres. Actuellement il r^gne une esp^ce de bronchite (grippe) qui est presque g^nerale. Syra, le3i decttiihre i838. Jill' ( >85 ) Rapport fait a la Societe de geogvapliie , da/is sa seance du i5 mars i8o() , par une commission , composee de MM. DaUSSV, de LARENAtDliiKE, LaFOND, el RoUX DE RocHELLE, rapporteur. Messieurs, line carte des I^tats-Unis mexicains, dressee en i834 par don Jos6 Maria Narvaez, capitaine de fregate dans la marine de cette r^publique. vous a ete commu- niquee de la part de I'auteur; il a d6sir6 avoir voire opinion sur son travail, et vous nous avez char- ges de vous en rcndre compte ; j'ai I'honneur de vous soumetlre le r6sultat de I'examen de vos com- missaires. La carle de M. Narvaez s'^tend depuis le iC^ degre de latitude jusqu'au 38', el depuis le So" degrti de lon- gitude a I'ouesl de Cadix jusqu'au 1 1 S*". L'auleur in- dique , dans le litre de son travail, que les positions assignees aux differenls lieux ont ete determinees d'a- pr^s les nombreux documents qu'il a pu recueillir, soil dans les archives de son pays, soil dans les rela- tions des voyageurs; il a indique dans cette carte, pu- bliee sur une grande echelle, les directions des routes tracees enlre la capitaie cl les principaux lieux des Ltats confed^res; il y a trace d'aulres lignes de communi- cation ; il y a fait entrer un grand nombre de lieux qui ne se trouvenl point dans les cartes plus reduiles; et afin que ces diverses indications ne soienl pas confon- dues, il a cherche a distinguer par differenls signes, places a c6l6 de cliaque nom, les villes, les villages et aulres lieux habiles, les mines d'argent ou d'autres XI. MARS. 5. i5 ( i86 ) nietaux, les missions, les mtilairies, ou les posies nii- litaires, ou les hameaux indiens. Les noms de lieux sont beaucoiip plus nombreiix dans les parlies cen- trales el m^ridionales que dans celles du nord ; cette derni^re frontiire est en effel moins peupl^e : elle esl encore occup^e en grande parlie par des Irlbus er- ranles et sauvages; il faudrail, pour en tracer la carte avec precision , des documents plus complels, el Ton n'a pas 616 jusqu'a ce momenl a porlee de les re- cueillir. Nous n'avons pu, pour la configuration des coles, pour la direction des montagnes, le cours des fleuves, la forme des lacs, el pour tous les aulres accidents du terrain, que comparer la carle de don Jose de Narvaez aux aulres cartes du Mexique qui sont a notre connais- sance ; el ce rapprochement ne pourrait sufTire pour fixer noire opinion sur Ic degre d'exactitude de son travail ; mais du moins nous avons examind si diff^- renles positions remarquables que eel auteur indique dans sa carte se trouvaienl conformes k celles qui ont 616 delerminees par les observations astronomiques de MM. de Hurnboldl el Beechey , el nous avons dil re- connailre qu'elles s'en 6cartaient souvenl de quelques minutes. Pour expliqucr la cause de ces difr6rences, il faudrail connaitre sur quelles donnees M. de Narvaez a 6labli ses determinations ; aucun lexte explicatif ne nous donne eel eclaircissemenl. Peul-etre les observations sur lesquelles il s'esl appuye sont d'une date anterieure a celles que nous Irouvons consign6es dans nos dcr- niers annuaires dc longitude ; et nous serions portes h croire qu'elles ont pu etre moins exactes, non point parce qu'elles auront 6le failes plus n6gligemmenl, mais ( '87 ) parce qu'on n'avait alors a sa disposition que des in- struments moins precis. Quelques unes des differences que nous avons re- marqu^es portent sur la determination des latitudes, telles que celle du Guadalaxara ; d'autres s'appliquent aux longitudes. II en resulte necessairement d'autres transpositions de lieux; car les triangulations faites entre lesprincipaux points d'une carte aident loujours a determiner ensuite les positions des points inter- raediaires. L'auteur a suivi dans la projection de sa carte le sysl^me des lignes droites, et il en resulte quelques mexactiludes pour les distances en longitude a mesure qu'on s'eloigne de I'equateur, puisque rinlervalle de ces degres tend sans cesse ase rt^trecir. En elTet, la diminu- tion de leur distance est sensible depuis le i6*parallfele jusqu'au 38"=; ils ont deja perdu sous celte derniere latitude quelques lieues de leur etendue; etlalargeur du pays parait exogeree suivant la meme proportion dans les cartes oil les degres de longitude coupent tou- jours a angle droit les parallfeles, et se prolongent eux- mSmes en ligne droite. Si nous ne faisons aucune re- marque conlre I'adoption de ce sjsteme de rectangles, qui se trcuve d'ailleurs consacie'par un grand nombre d'autres exemples, nous crojons neanmoins pouvoir faire observer que cet emploi de carres parfaits con- vient moins aux cartes geographiques qui embrassent un grand pays, qu'a des plans topographiques, ou Ton n'a c^ tracer que des surfaces de terrain, assez bornees pour que la difference d'espace entre les lignes de longitude ne soit pas sensible et appreciable. Nous aurions desir6, messieurs, que I'aspect de la carle de don Jos6 Narvaoz nous fit niioiix veconnaUre ( i88 ) ]o relief du terrain ; la position et la direction des mon- tagnes v sont indiquees par des teintcs g^neralement si faihles, que la hauteur, la inajesle des Cordili^res ne se devinent point. Celte partie du trac6 des cartes ne doit copondant pas 6trc negligee en giographie; non seulemenl elle nous fait mieux connailre I'aspect phy- sique d'une contree ; olle nous aide aussi a expliquer le developpcment ou los bornes de sa ferlilile et do sa population , la difference de ses produits, les facilites ou les obstacles de ses communications interieures. En parcourant la chalne principale et les embran- chemenls des montagnes du Mexique. il est plusieurs points remarquables que Ton y cherche loujours; de cc nombie est le volcan du Popocatepetl, dont la cime est la plus elevee de cette region. Celte position nous a paru omise dans la carte, ou du moins elle n'v a pas dte nommee. Vous jugerez, messieurs, par nos differentes re- marques, qu'il y aurait sans doute quelques rectifica- tions a faire dans la carte que vous nous avez charges d'examiner; mais comme elle est tr^s d^taill^e, et qu'elle nous fait connaitre beaucoup mieux que nous ne Tavions fail jusqu'ici le nombre des Heux habitus, et I'indicalion des differents points qui peuvenl inl6- resser la stalislique, I'histoire, la geologic, les richesses minerales du pays, et la distribution de ses popula- tions, soil indionnes, soil europ6ennes, la publication du travail de I'auteur aurait sous ce rapport beaucoup d'importance. Son travail pourrait aisement se com- biner avec cclui d'une carle dont les positions princi- palis seraienl fix^es par les meilleures observations aslronomiques : et lorsque les bases de cette carte au raient eld fix6es par une triangulalion , il aidorait ;'i en remplir lous los inlervalles. ( i«9 ) L'ouvrage de M. Narvaez est tr^s utile a consulter, mais il peul le devenir encore plus. Tel est I'avan- tage des observations scientifiques : elles tendent sans cesse a devenir plus precises. C'est avoir beaucoup fait que d'avoir accru et perfeclionn(^ un premier travail; et les hommes, meme les plus habiles, n'ont pas la pretention de ne laisser rien a faire a leurs succes- seurs. Don Jos6 de Narvaez pourrait d'ailleurs revoir lui- meme son ouvrage, puisqu'on ne I'a pas encore grave. II pourrait tracer une nouvelle carte, dont quelques positions importantes seraient reclifiees; ces premiers calculs lui aideraient i modifier d'aulres distances de lieux ; et I'auteur qui a recueilli des details si nora- breux et si px-ecieux sur la g^ographie du IMexique , serait plus a port^e que tout autre de les faire entrer dans sa carte, et de les y distribuer convenablement. Nous croyons lui donner une preuve de notre estime pour ses travaux en I'invitant a prendre lui-raeme le soin de les completer, et de les assujeltir a une rigou- reuse precision que I'^tat actuel de la geographic rend indispensable. ■yaii cmhy9fi ) Nous nc vous prtiscntei'ons pas le detail du voyage de MM. Combes et Taniisier en Abjssinle. Bornons- nous a vous rappeler que, parlis le i5 avril i835 de Massaouah , principal port de ce pays , ils Iraverstifent succssivemcnt Ic Tigrci et I'Ainhara , et apr^s beaucoup de malencontres arriverent dans le Choa , oil ilsfurent accueillis amicalement par Salle-Scblassi, son souve- rain : ce prince el ses sujels sent clire^liens. Ankober, sa capitale, fut le point extreme du voyage de nos jeunes compatriotes. Aucun des Europ^ens dont nous avons des relations n'^tait avant eux entre dans cette province de I'ancien empire d'Abyssinie. MM. Combes et Tamisier souhailaient de gagnor un port de la mer Rouge autre que cclui oii ils avaient debarque, et de marcher vers I'E. Des circonslances imp^rieuses les contraignirent de dirigerleurs pas vers un cote oppose; ils s'avancc^rent done a I'O. , puis au N. , vers le pays des Galla-Borena. Leur scjour chez ce peuple partage en tribus isolecs et abandonnees a clles-memes les convainquit qu'elles sont avides d'une religion raisonnable, el que des missionnaires «^clair6s et z^les qui oseraicnt s'aventurer chez ces hommes grossiers , mais bons et hospitaliers, parviendraient facilement a les rtkmir sous une meme loi. Cette opi- nion estpartagee , et a deja 6te enonc6e par M. Gobat, auquel nous devons un livre instruclif sur I'Abyssinie, oil il a s6)ourne plusieurs anndies , et oii il est retourn6 pour faire bicn comprendre aiix habitants le vtl-rilable esprit de Ttvangilc. Nos jeunes compatriotes enlrerent ensuite dans le Gojam , virent Gondar, ancienne capitale de I'empire abvssin , et revinrenl a Adoua ou ils avaient pass6 pr6- c^dcmmenl, et oii ils furent re^us a:vec une joie siucere ( '97 ) par MM. Gobat el Iseiiibeig son compagnon. Le 29 juin i836, ils etaient de nouveau h Massaouah , ct le 12 mars iSSy ils etaient a Marseille d'ou ils avaient fait voile. Ils ont publid la relation de leur voyage avenlureux : elle a oblenu unlieureux succ^s qu'ellem^ritait; nous n'avons a I'apprecier que sous le rapport des progr^s gen^i'aux de la g^ographie. MM. Combes et Tamisier ont vu et decrit les premiers une province considera- ble d'Abyssinie; ils ont ajoute aux notions que nous poss^dions sur les Galla , et les ont rectifi6es; ils ont rendu de v^ritables services a relbnographie. Nous ap- plaudissons sincereraent a leui^s efforts, a leur ecu- rage, a leur devouement , a leur perseverance. Seuls , sans appui, sans secours, ils ont entrepris un voyage long et perilleux ; ils ont brav6 les dangeis de tous les genres , endur^ des trailements affreux , resiste a des tentations seduisantes. Ils se sont comportes de maniere a conquerir I'estime meme des gens pervers qui leur nuisaient; ils ont lalss6 dans la contree lointaine qu'ils ont parcourue au prix de sacrifices p^nibles une repu- tation honorable; elle ne pourra etre qu'avantageuse aux Francais qui, apres eux, voudront visiter I'Abys- sinie. Les circonstances n'ont pas permis a MM. Combes et Tamisier de I'alre des observations aslronomiques ; ils sont les premiers a ri^grettcr que des obstacles in- surmontables les aientempeches de se livrer a des ope- rations qui auraient agrandi le domaine do la geo- graphic. Votre Commission pense qu'ils dolvent avoir pnrt a vos encouragements, et vous propose de leur decer- ner une medaille d'argent. ( '98 ) Avant do terminer notre rapport, nous dcTons ap- peler voire attention surdififerenls voyages fails en i856, mais qui.n'ayant ele terminc^s que Tannic suivante ou plus lard, ne peutent pas fitre I'oljjet d'un examen approfondi. II convient cependant de vous Ics faire connaitre par un simple apergu. M. W. J. Hamilton a parcouru en i836 une grande partie de I'Asie-Mineure , el s'est avance jusqu'en Ar- menie. En 1837, '^ ^ porle de nouveau ses pas dans la premiere de ces contr^es. Au raois dc septcmbre i856, M. J.-E. Alexander, capitaine du 4^' ri^giment dcshighlanders royaux, par- tit du cap de Bonnc-Espcrance , et fit route au N. II parvint ainsi a la cote de la baie Walfis, ou des balei- niers am^ricains ^taient mouilles ; aucun Europd!on n'y 6lait avant lul arrive par lerre. M. Alexander avail ainsi attelnt au-dela du 25" degrd de latitude auslrale , et sous le \i' meridien a I'E. de Paris, le pays des Damaras que Ton ne connaissait que de nom. II fut de retour au Cap en septembre iSSj. Dans la meme annee i83G, ct dans la meme con- tree, un autre Anglais, M. \V.-C. Harris, capitaine au corps des ingenieurs de la compagnie des Indes , ost egalement parli du cap de Bonne-Esperance,et est aussi parvenu dans des cantons situes sous le Iropique du Ca- pricorne; mais il a dirige sa route d'un c6t6 oppose; il est all6 au N.-E. , et a pcnelre jasqu'a 26° 23' a I'E. de Paris, en Iraversant un pays duquel on n'avait d'aulre notion que celles que Ton tenait de la bouche des indigenes, el qui paraissait rompoitor de beaucoup par la fertility du sol sur les terres de la colonic et sur ccllcs de la Caffrerie. M. Harris revint au Cap en 1857, ( '99 ) La cote N.-E. de FAuslralie a 6le explor^e en i836 par MM. Grey et Lushington, lieutenants, et par M. Wickam, capitaine de vaisseau de la marine royale de la Grande-Bretagne ; ils y ont fait des d^couvertes importanles. Les premiers se sont ensuite dirig^s vers une parlie plus m^ridionale du meme continent pour y conlinuer leurs recherches I'annee suivante. Dans une region opposee du globe, une expedition conduite par M. W. Dease et M. G. Simpson, em- ployes de la compagnie de la baie d'lludson , a com- mence ses operations pour parcourir la cote de la mer polaire, dont une partie avait ete visit^e prece- demment par le capitaine Beechey d'un cole , par le capitaine Franklin de I'autre. Un intervalle entre les decouverles de ces deux voyageurs etait inconnu ; MM. Dease et Simpson ont rempli la lacune qui exis- tait encore dans la geographic de cette contr^e boreale. lis ont lermine leurs travaux en iSSy; ils devaient au prinlcraps de I'annee suivante marcher a I'E. du fleuve Mackonsie , afin de lier de ce cote les decouvertes du capitaine Franklin a celles du capitaine Back, et dc constater I'etendue de celles de sir John Ross. Tels sont les voyages dont vos Commissions auront un jour a s'occuper; celle qui a I'honneur de vous presenter aujourd'hui son rapport le finit par les con- clusions qu'elle a deja enoncees, et qui tendent a decerner deux medailles d'argent, I'une a M. Charles Texier, et I'aulre a MM. Combes et Tamisier. Signe DaUSSY , JoMARD , DB LARENAUDlkRt , Walckenaer, J.-B. EvRilis, rapporteur. 5 avril i83(j. ( 200 ) VOYAGE EN ABYSSIME. Cummunication faite a la Societe de geographic par M. ANTOINE D'ABBADIE. Messieurs, Un voyageur qui s'avcnture dans une terro lolnlaine pent etre compart a un conquerant qui envahil i la tete d'une arm6e un pays inconnu. L'un et I'autre mar- chent a tatons dans une enlreprise qui demande pour r^ussir presque autant de bonheur que de prudence]; l'un et I'aulre doivcnt bien juger un pays sur des rensei- gnements fournis par I'ignorance ou la mauvaise foi, choisir une base d'op^rations d'oii ils puissent ou rayon- ner ou s'avancer pour 6tendre leurs conquetes, as- surer les communications sar leurs derriores , et savoir en lout temps propor lionncr lours moy ens auxdillicullcs qu'il faut devincr avant m(>me de les pressentir. Mais le g^n^ral pcut toujours compter sur des amis qui lui sont unis par les liens du devoir et du patriotisme ; ses resultats sont grands et immedials, et il peut a tout instant retremper son g^nie dans I'enthousiasme et la conliance de ses fr^res d'armes. Le voyageur, au con- traire, marcUe dans I'isolement; un ou deux compa- gnons composent son 6tat-major, et loin de comman- der, sa parole a perdu toute influence devant les cent volont^s do la caravane. J'ai un moment arr6l6 votre attention sur cctle science de la guerre , qui a ete de tout temps familiore aux Fran^ais , pour vous faire entrevoir par quel genre d'education pbysiquc et intcUectuelle nous avons dii , ( 20 1 ) pendant des annees d'6tudes, nous preparer a un voyage dans I'inWrieur de TAfricjue. Une lecture atten- tive des travaux de nos devanciers nous avail fait choisir I'Abyssinie pour le lh(!:alre de nos recherches. La, en effet, un peuple cliretien nous recoit avec moins de defiance que les tribus fanatiques des mii- sulmans ou les populations divis^es et sauvages de la race negre. La un plateau 6lev6 , sans cesse baigne par les vents des liautes regions de Tatinosphere, per- met a un Europ^en de se faconner aux influences do- Jdtferes des contr^es ^quinoxiales. Avant de partir, nous eumes I'avantage de nous en- tretenir avec M. Combes, qui s'empressa de nous donner toute esp^ce de renseignements sur le voyage qu'il venait de finir et que nous allions entreprendre. 11 fallait encore se pourvoir de quelques presents pro- pres a nous concilier la bienveillance des peuples que nous allions visiter. De tous les produits de nos ma- nufactures, il n'en est pas de plus agr^ables que les armes et les munitions de guerre, et M. le comte Ber- nard , alors minislre de ce departement, voulut bien nous permettre de nous approvisionner dans I'arsenal de Toulon. Je suis heureux de lui en rendre le temoi- gnage public de notre reconnaissance. Le 1" oclobre 1807 je dis adieu a la France; et par- venu bienlot a Alexandrie , j'y rencontrai mon jcune frere, qui voulut s'associer a mes dangers. Au Caire, ou pendant deux mois nous nous livrames a I'c^tude de la langue arabe , nous eumes le bonlieur de rencontrer un jeune missionnan'e de la congregation francaise de Saint-Vincent de Paule. II venait d'etre autorise a partir pour I'Elhiopie, el il s'empressa de nous accom- pagner. Nous vcmonlames Ic Nil jusqu'a Ckhene , pres ( 202 ) do I'ancien site de Thebes. De la nous parvlnmes a Ckossayr. Apres qualre journees de voyage a travers un desert nu , aiide, parsem6 de rochers et de sable. C'etail au mois de Janvier, et nous eumes a soiiffrir beaucoup du froid. Ckossayr (i) est una rade ouverlc, prol^g^e d'un c6t6 seulemenl par un ressaut de fond dans la Mer Iiouge. II doit son existence a I'exporlation du bl6 d'Egypte, dont s'approvisionne I'Arabie. 11 s'y trou- vait alors environ cinquanle batimens, dcpuis la grande bccghlcvh de' 4oo lonneaux jusqu'au modeste djelba, qui n'en jauge pas lo. Tous altendaient leur lour de role pour cmbarquer les nombreux pfelerins , car le Ramadan 6tait presque achev6. Nous primes passage dans une ckandjah, ou s'etaient deja entass^s plus de cinquante iMarocains des environs de Fez. Cos fiers pelerins voulurent envahir I'espace elroit qu'on nous avait reserve : un combat s'onsuivit, oii fort licu- reuscment il y eut peu de sang repandu , et nous reus- simes a faire arreter et punir le coupable qui avait ose nous frapper. II etait impossible de voyager avec ces turbulenls Mceghaiebceh. INousnousembarquames sur unbalimenl (1) L'orthogrnphe des mots souligncs aseule pii ctie vcrifite par des habitants de chaquc pays mentionne. Dans I'oitho- i;ra|)he soiilit^nix' , tontcs Us lettres doivcnt «tre prononcees comriie en espai;nol : on doit etie pi-oiionrc conime l'« espa- {;nol, mais ties brievement ; a est un ce ties href, le fatlia des Arabes; k', h', t', fo, ck soul des lettres particuiiercs aiix ian- gues d'Abyssinie et d'Arabie;^ est le son fran^ais ru , mais tres bief ; unc voyelle suivie d'line apostro|)lie indiqiic Ic son de Va'yn. ( 2o5 ) charge de bl6, ct bien qu'on passAt la nuil a I'ancro, nouspumes en dix jours atteindre le port de Djoddceh. La tout est nouveau pour le voyageur qui arrive d'En- rope , et I'aspect physique des hommes , et les chanls cadences des portefaix , et cos bazars chauds et som- bres ou s'entasse une population ^phemere de pele- rins, toujours graves, curieux, et demi-nus, afin de temoigner leur v6n(^ration pour le territoire sacr6 de I'islamisme. Nous trouvaines a Djoddceh un savant orientaliste frangais, M. Fresnel, qui etudiait un an- tique idiome de I'Arabie, la langue ehhakily, dont plusieurs letlres ne peuvent s'articuler que dans un cote de la bouche. La France pourrait un jour tiror d'heureux resultats du concours d'un savant qui s'est initio aux coutumes ct a la langue usuelle des Arabcs. Aprfes Mokha, Djoddceh est le port le plus impor- tant de la mer Rouge. 11 commerce directement avec rinde; mais ses armaleurs se livrent surlout au cabo- tage avec riigypte et I'l^lhiopie. Mouhammed A'ly y cmploie dix-huit baliments, qui jaugent ensemble plus de 5 ooo tonneaux, et les autres armateurs en posse- dent trente-quatre, la plupart construits dans le gout arabe, et dont le tonnage d^passe le chiffre de 6000. Malheureusement les esclaves forment une partie no- table du fret de ces batiments, surtout a I'epoque du pelerinage. De Djoddah huit jours de voyage nous ramen^rent en Afrique, et nous d^barquamos dans I'lle de MoussjEWWou', qui s'6tend du N.-E. au S.-O. sur une longueur de pr^s de 900 metres. La portion occiden- tale de I'ile est couverte de maisons en rez-de-chaussee, baties de branchages et de chaume, rarement de pierres , et renfermant une population de 5 5oo ( 2 0/, ) habitans, commo jo m'cn suis assure par la quan- lilti d'eau que les gens de la lerre-ferrae y por- tent tons les jours, car I'ilo ne renferme pas une source , et les cilernes ne sulTisent jamais aux besoins des habitants (i). Les revenus de Moussa^vnvou', tirt^s surtout des droits de douanc, varicnt cntre i oo ooo el 200 ooo francs. Son port, siir ct d'un acc6s facile, peul rocevoir une grande frigate, avantage rare et prtljcioux dans la Mer-Rouge, ou les vaisseaux de haut bord s'approchent rareinent des cotes. La ville est defend ue par dix pieces de canon , assez bien servies, et par un choty, ou petit batiment arme de quatre pl(^ces de douze. Les Arnaoutes ou soldats irreguliers qui for- ment la garnison ne depassent jamais le nombre de cinquante. Bien que la situation de Moussawwou' soit fort ex- centriquc par rapport a I'Abj ssinie , il doit a son iso- lement et a la bonte de son port d'etre le rendez-vous de tons les commercans depuis Tadjourrah jusqu'a (1) Mon \\Ci\c Ae Moussccwwou , Haesscin Effendi annefainillc de trente-dcux personnes,y compiis les doniestiqiics : elle consomme douzu oiilros d'eaii par joiii'. D'aiitre part la pro- vision journalicre d'cau cnvoyi'e des piiits de Hhcerckickou a MousscEwwou' est de deux niille outrcs an moiiis, coiiiiiic jc lai cntendu declarer dans luie contestation an divan. Li- (|ua- trieme lenne de cettc pro|)()rtion donnc 5 333 pour la popu- lation de la ville : il faut y ajouter ceux (|ui sabreuvont a la citeine du gouverneur et a deux citcrnes paiticuliercs. Le contenu uioycn des outres de Jlhcerchichoa est rpiinze litres, C(! qui donnc plus do eiiu] litres et demi par jour a chaque lia- bitant de Moitssanvwou . Du rcste celte can est saiuuatre ct presque insupportable pour un Europeeu. ,.j . ( '20b ) Scciviekiii. Les habitants du SccTuhaT ou des terres basses de la cole y apporlent lour gomme etleiir beiirre fondu, dont on exports d'iminenses quantites dans tons les comptoirs de I'Arabie. Les marcbands musulmans de Gondcer, apres elre alles s'approvisionner dans I'A- frique centrale , a Kafa et Enaria (i), par 7° et 8" de latitude nord, forment de grandes caravanes qui s'a- vancent lenlement jusqu'a Mousscewwoii' , cbargees de civelte, d'ivoire, de cire, de peaux tannics, de mulets, d'esclaves, et de caft. Ce dernier article va jusqu'en Arabia, ou il acquiert le nom magique de cafe Mokba; les mulets sont envoyes jusque dans I'ile de France, et les esclaves , au nombre de 10000 en- viron par ann^e, vont se disperser dans toules les con- trees de I'Asie et de la Turquie d'Europe. La majoritedes habitants de Moussceh'ivou' est issue des Hhcebdb , Iribu nombreuse qui s'etend sur une longueur de 200 milles, pres de la mer Rouge, depuis A'ckyck jusqu'a Zoula, Leur langue n'est ni arabe ni abyssine , blen qu'elle s'approche un peu de I'idiome du Tcegray, et leurs moeurs sont, k peu d'exceplions pres, celles que Burckliardt a si bien etudl^es sous les tentes bedouines d'Arabie et t!e Syrie. Ainsl on retrouve dans le Sfprnhcer I'autorite herdiditaire des chefs de famille , I'hospilalite sacr^e des temps anti- ques, et la coutume de demander le dakheil on pro- tection , qu'on ne saurait refuser sans honte. Malgre la vie artificielle de la cite, les insulaires n'ont pas perdu les gouts de leui'S peres , et le change varie a DJoi/s- scewn'on' en raison de la quantite de lait qu'on apporte (i) Les Gallas de la tribu d'Oromo appollent rctte ville OEndra . ( 206 ) au march6. Bien que le climat soil d'une extreme chaleui", ces mceurs pastorales prolongent la vie au- dela du lermc ordinaire; il n'y a pas long temps qu'un habitant de 1 ile ariile de MousswiSHvou' mouvut a cent cinquante ans , et parmi les nonibreux cenle- uaires Ilivabab, des t(imoins existanls encore airaaient a me rappeler le souvenir de ce Kintebay Edris, qui alia jusqu'a cent trente annies , apres avoir vu parmi les sept generations dont il 6tait le p6re soixante-dix enfants qui portaient rep(!!e. En me melant aux Hhtvbab de terre ferme , j'ai lrouv6 dans leurs coutumes et leurs rdcits cette simplicity des usages ei cette fraicheur des traditions qu'on adniirera toujours chez les pre- miers patriarches. Nous etions restes prfes de deux moisa Mousshwivou ; nous en partimes a la fin de mars pour gagner les hautes terres de I'ttbiopie. Des le d^but il fallut trailer avec le nayb de Hhcerckickou, qui garde en vrai Cerb^re la porte de I'Abyssinie. Apres de longues negociations, nous pumes nous meltre a la lete d'une petite cara- vane de ti'ente chameaux, guides par des Chohou maigres, noirs, ^lanc^s, infaligables ^ la course, ayant un drap de colon blanc pour tout velement, et portant les cheveux en boucles ^paisses comme les perruques de nos aieux. lis onl pour armes un sabre courbe, une lance, et un bouclier pareil a celui des Nubiens. La route s'^lend a Iravers le territoire de 06 peuple , d'abord sur une nappe de terrain d' al- luvion presque aussi basse que la mer; puis a une journee de la cote on s'engage dans un defile nu et lorlueux , ou Ion commence a voir quclques sources d'eau vivc, qui se perdent dans des ablmes, comme si ell(\s avaient honlo d'arroserune tcrrcingrato. C'estla { 207 ) qu'ayant bivouaque une nuit, nous cilmes le malheur lie perdre un de nos guides , qui fut dtouffii dans Son premier sommeil et devore par une bete feroce. Mais nous oubliames bientot la soif el les dangers du de- sert en voyant se dresser dcvant nous Its grands con- ti^e-forls du plateau abyssin. Nous passames deux jours a gravir ces pentes roides, dont I'apparilion subite a tant elTray^ des voyageurs accoutumes aux basses plaines d'ligypte et de Syrie , mais qui sont assur6- ment moins faligantes que plusieurs senliers de nos Pyrenees. Enfin, le 3o mars i838, nousallames camper dans la plaine d'CHirar, pr^s H'celay.' Du haut d'une sommite voisine nous pumes jeter un regard sur la province de Tcegray. Bruce avail rai- son de I'appeler le plus singulier paysage qu'il eut ja- mais contemple. Quiconque a vu la peinture du feslin de Balthazar, par Martinn , pouri'a se repr^senler eel strange assemblage de coUines qui s'el^venl abrupte- ment sur une multiplicity de plans. Leurs sommets sont plats el souvenl culliv4s; leurs flancs, ou perpen- diculaires ou creus^s en surplomb ; etleur galberoide et carr6 ne gagne aucune suavity de forme par la dis- tance. Dans le lolntain, el comme pour rappeler cora- bien ces contours sont exceptionnels, s'el^ve le petit systfeme de montagnes coniques qui formenl la bar- riere orienlale du vallon d'yEdtA'ci. Par dela loutes ces cimes, les tfites cubiques des montagnes du Samen ap- paraissent sur les confins de I'horizon. II fallail nous engager dans ce dedale de hautes coUi- nes. Comme dans lous les pays oii Ton crainl d'etre sur- pris par un ennemi, les Abyssins pref^rent voyager de faite h faite, eteviter lechemin, plus facile mais moins sur, que presente le fond des vallees. La meme ap- ( 208 ) prehension les porto u ncgliger la facililo des conimu- nicalions, ellagrande roulc de la capilale elhiopicnne s'appellerait en Europe un niiichant senlier de conlre- bandier.Trois jours de voyage nous menerenlde tVcclay aumarched'6'A'^tt-/- Zftio, oii le chef dulieu, nouspro- nant pour des marchands, nous imposa une somme considerable h litre de present, et sur notre refus de payer, nous entoura de sentinelles qui nous gardirent captil's pendant plus d'unniois. C'esldans celle longue d6tenlion que nous fumes exposes plus d'unefois aux horreurs de la faim. Enfin nous parvinmes ci /£'r/it'a,oule Dccdj cczmatch Oubi nous rcQut avec une politesse froide et 6tudi6e. Apres avoir accepts quelques unes de nos armes de guerre, il nousdonna unsoldatpour nous prol(^gerdans noire route jusqu'a Gondccr. Les soldats abyssins n'ont aucun insigne qui les fasse toujours reconnailre, car tout homme peut comme eux prendre des armes et tresser ses cheveux. Notre guide 6tait porteur d'un message verbal, suivant I'usage immemorial de I'Elhio- pie. Dans cbaque village, il avail ainsi le droit de pre- lever une contrlbulion en moutons, pain et sauce, pour noire usage et celui de nos gens- Mais en Abys- sinie comme ailleurs, il y a loin de la th^orie a la px'aliquc. Souvcnl, apres une journ^e peniblement consum(ie a gravir a pied des pentes escarpdes, il fal- lait s'asseoir liors d'un village, et enlamer une ndsgo- ciation pour obtenir notre ration de pain ct de pois chiches ; car il etait rare qu'on ^gorgcat le mouton , qui est en Abyssinic, comme chez les Arabes, la parlie essenlielle de I'liospilalile. Nous parcourumes au march^ de Cha'kha le champ de balaiile oii, le i4fevrier i83i, I'armee de Scebagadis ( 209 ) fut compl6tement ballue par la ca\alerie dcs Galla. Fait prisonnier, Sa'bagndis fut ensuite lu6 dans la lente d'Oubi ; c'etail un chef adroit, intelligent et brave, et samortest encore aujourd'hui une calamite pour I'A- byssinie. Le village d'Adenkalo, que ses habitants venaient d'abandonner pour echapper aux requisitions des sol- dats, fut notre dernier lieu de halte dans la province de Toegray. De la on descend pr^s de 700 metres par des pentes extremement abruples, partoul vetues de fulaies. Au fond de cette immense fissure du plateau abyssin serpente le Tcekceze (i),qui, loin de fertiliser les campagnes , ne sert qu'a dessecher les contrives voisines. Sur les collines de la rive gauche, dans le pays d'/Emara, nous rencontrames a demi-heure de la riviere deux voyageurs qui mouraienl de soif. Le meme soir, apres de longues et inutiles negociations , nous dilmes nous endormir sans avoir soupe. Apr6s avoir passii a gu^ I'yEnguea , VOEnzo el le Zceremo , nous nous engageames dans les montagnes qui servant comme de poipt d'appui au deuxi6me grand plateau abyssin, et quittant le village de Daehbce Bahr, nous eumes a escalader les flancs trappeens du Lcemalmo. Comme on I'observe a I'egard de tant de montagnes de la meme^formation, sa cime 6tait cou- ronn^e d'un beau pare naturel, ou de grands bou- quets d'arbres embellissaient un immense tapis de verdure. En debouchant de cette riante solitude , nous (i) Cette riviere est nommee Teehcezi dans les nianuscrits ethiopiens: les gcnsde I'^Vwara I'appellent TceAfezie en iisant de la licence de faiie sonncr un / tres bief qui est toujoiirs sous-entendu dans la cinqniemc voyelle de iciir alphabet. XI. AVRJL. -2. l5 ( 2IO ) avlons devanl nous d'aljoid lo village i\o Divbarcr'ky Lien connu par son march^ hebdomarlaire , el plus loin, ce qui nous paraissait uno immense plaine , s'elendant jusqu'aux mor.lapnes d'lsaeak, qui bornenfe vers I'orienl les alenlours tie Goiuhvr. Le 27 mai, nous allames chercher uh asile au village d'Amadjaegi , a 5 000 metres au - dessus du niveau de la nier; el le lendemain, au moment ou I'orage du soir se formait, nous vimes une longue colline cou- ronnee d'anliques manoirs, dont les tourelles el les ogives elaient demi-voilees par des arbres Si^culaires. Tout ce beau tableau se dessinait sur le fond d'un nuage noir dechire par un eclair. D6ja nous r6vions a quelque chateau feodal de la vieille France , quand noire guide proclama la royale cit6 de Gowlar. Elle etait belle a distance ; mais des que nous eiimes fran- cUi la petite riviere Aingcvrccb , nous vimes combicn la guerre peut desoler une capitale. Les debris de ses maisons et de ses palais jonchent ses .vastes rues' ou resleiit caches sous des herbes immondes ; on a pro- mene la charrue sur sa grande place, et chaque soir tous les lieux publics 8t>nl abandoiin^s aux hyehes ct aux chacals. •,<;.]Nous fumes recus a bras ouverts par le bon jugb Mt'k-ou, lui-meme un debris vivant au miheu de tant de ruines. Mais bien qu'il craignit de ceindre comme Jadis ie beau collier de sole bleue qui est le signe de samagislralure her6ditaire,il s'cmpressa de faire cou- vrir sa table de nombrcux pains, de pois chiches, de froment et de i'e/'j un esclave negre, nu jusqu'ala cein- ture, viut deguster les mets, suivant I'usage des ance- tres, el puis trempa les morceaux dans le plat pour les offrir a chaque convive. Quand la faim fut ( ^^^ ) appaisee, on porta les coupes dc corns pleines d'hv- dromel et de biere , et pendant qu'une lampe solitaire brulait dans un coin , le vieux Li/(' tira son precicux flacon d'eau- de-vie, versa a la ronde, puis se mit a de- viser des temps antiques. II parlait des empereurs d'Elhiopie, et de leur puissance tombee aujourd'bui dans I'oubli. II nous demandait des nouvelles du con- sciencieux voyageur allemand , le docleur Riippel; il nous questionnait sur deux jeunes voyageurs de France^ MM, Combes et Tamisier; enfin il renvoyait les Musulmans , et prenant a part notre drogman Chretien, il nous demandait oti elait Bonaparte, le conquerant de I'l^gypte, et si la France avail oubli6 aussi I'Abyssinie. Je ne puis m'empecher de rappeler avec quel soin il etudiait, par la convseralion, la g6o- graphie et les sciences de I'Europe. Son hospitality envers les Fi*ancais 6tait toujours g^nereuse et tou- chante, et j'emettrai ici le vosu que la France envoie quelquetemoignage de sa reconnaissance au bon LiT Mt'k^ou. En me voyant partir, ce dignehote me donna deux manuscrits prd'cieux pour I'histoire et les lan- gues de I'Abyssinie ; il me facilita aussi les moyens d'en acheter d'autres dont les miniatures et la reiiure soi- gn^es doivent int^resser ceux qui aiment a appren- dre que rEthiopie est loin d'etre une contree bar- bare. ' slnu/fi-n! "1 (Hfilffai'nib v\ An<.{\ •.■:"■ Nous trouvames un autre ami a G on deer ; c'etait Mdh'oitscentce Mi'kael , cetcha'ge ox\ chef eccl6siastique de I'Abyssinie. Get homme, parvenu de I'etat de simple moine k la direction des affaires de son pays, 6tait le seul qui conserval une haute autorite demeuree encore intacto, car le chef ou maire du palais avait depuis long-temps usurpe la puissance royale. L'empereur i5. ( •■^''-' ) rt/V{v)5'rtA/otf n'oslplus qud'ouibrede cosfiersmonar- qiu's, ses ancelres , qui s'cmparaient du Sennaar , domplaient I'Arabie, envoyaienl des ainbassadeurs a Rome et a Constcinliuople, et mciiacaienl d'cloulTer dans son bcrccau le fondaleur de I'islamisnic. Aujour- d'liui, lAbjssinie est desor^anisee. ot Ion cherclicrail peul-elre en vain quelque garanlie d'avenir dans le chaos de ses inslitulions avilies, si les pretres n'avaient conserve I'arme ptiissanle de rexcommiinicalion. \!a'tck(pge usait rarement de celte meBure extreme, maisc'esl parce que tout pliait devant sa volont^ intel- ligente elforte. C'estlui qui engagea les cbefs de I'Abys- sinie a s'adresser a LL. MM. le roi des Fran^ais et la reine d'Anglelerre, pour implorer leur intervention eonlre les envahissements du bacha d'Egyple. i\hih\v- tsu'itiw Mikael s'occupait aussi des destinies futures de I'Abyssinie, et des rapports commerciaux quelle devrait lier avec d'autres peuples pour sortir de i'isolement ou elle est plong6e. Nous ne pumes que joindrcnos voiux u ceui de MietciuBge, et lui promellre d'int^resser la France alacausedel'Ktbiopie. ;; A Goiuloii'^ nousavions appris 5 converser daas celte langue /Emarha qui sert de lien comniun k lous les peuples de I'Abyssinie. Nous m^diiions un long voyage dans les pays inconnusdont les fronti^res nous^taient d(^ja apparues ; raais la diminution effrayante de nos ressources, ct la diflicult^ des communicationsavec I'Eu- rope, no us taisaientun devoir derevenirsur nos pas etde gagner I'^tgypte. Mon fr^re, plus conAant et de plus en plus ovide de voir descontrees nouvelles, rtisisUi a mes instances, et ■i'unv'tJ Ji (0 Le ! mot nt'e corifspoiid a pen ores au titie d'cmpc- r«ur. ( 2'5 ) voulut passer la saison des pluies a Gomloer ponr aller ensuite visiter des pays inconnus. Je jretournai done tout seul vers les liautes montagnes du Soemeii.. Mais deja la raaiivaise saison etait commencee , la pluic tombait par torrents, et les habitants des vallees accor- daient rarement I'hospitalit^ a des voyageurs devenus pauvres. Cinq jours de route nous firent parvenir au village de Lori, a 3 5oo metres au-dessus du niveau de la mer. Pr^s de ce lieu est le point de partage entre les affluents del'y^S^ajet ceuxdu Tcekcvze. Nous etions dans le mois de juillet, et cependant, a huit heures du matin, la temperature du vent du nord 6tait de six grades seulement ; la gr^ie tomb^e pendant la nuit jonchait le terrain sans se fondre, et les montagnes dont elle blanchissait les cimesfaisaientpresque croii'c a un liiver d'Europe. Tout le syst^me orographique de cette parlle de I'Abyssinie parait appartenir a la for- mation trappeenne , et I'on.trouve en plusieure lieux des colonnes prismaliques de basalle. 11 ne restait plus qar la les convenances qui sonl.necessaires pour se concilicr la bienveillance des peoples nouveaux. Apres quelques jours de repos aupres du mission- naire que nous avions laisse a ^Tldsva, je m'acheminai vers le camp du Dcedj-aezmalck Kah'say, I'un des ills du bon Sccbagadis. Cesouverain, qui commande toule la partie orientale du '/\jpgraj, m'accueillit avec eni- pressement, me pria de presenter ses salutations a nion roi, et me demanda si les souverains d'Europe, ou, corame il les appelait, les rois blancs, ne foraient rien pour empecher I'enlevement des chreliens d'A- l)yssinie qu'on va vendre comme esclaves dans tous les lilals de Moulihanimed A^Iy. J'accompagnai pendant Irois jours I'arm^e de Kah'say, qui me recommanda vivemont ci son vassal le//(7)/Mle llhairckickou. Ce rus6 musulman proniil loul; uiais dcs (jue nous eilmes ( «»5 ) qultte l'arm<^e clir(^tienne , il m'ordonna do le siiivre, et comme je lul repondais avec la fieile d'un chi^lien de France, il me refusa un guide pour traverser le Saeinhaer et alteindre la cole. J'etais ainsi emprisonn^ dans I'Abyssinie, si je n'etais parvenu a lier amitid avec les Chohou. Soulaeyman, chccykh des Hassa Orla, vint confirmer I'alliance en biivant un bol de lait avec moi, puis me donna son fils airi6, qui, malgrd \a nayb, me conduisit jusqu'a Mousscewwou' . Au moment de (\\x\\\.q.v JEdwa , j'avais engage un jeune Abjssin a m'accompagner au pays des Blancs. Gcehra OEgziabhcr, aujourd'bui present a cettc seance, est age de dix-huitans, et fils d'un bommefort instruit qui gouverna long-temps une grande partie du Chnpre. 11 parle trois langues d'Abyssinic , %cv\\.\\vmaiZa et I'etbiopien avec une egalefacilit<5 , et, durant un court sejour en Egypte, il est parvenu a converser en langue arabe. Sa douceur, son intelligence, et son ardeur a itpprendre la langue francaise, sont d'beureux augures ■des bons rapports qu'il pourra aider a ^tablir entre la France et I'Abyssinie, quand, de retour dans sa palrie, il sera parvenu au baut rang oil I'appellent sa nais- ^ance et ses liens de famille. Des que j'avais pu converser avec les habitants d'A- byssinic, j'avais cbercbt^ a leur fairegoiiter les principos de civilisation qui ont agrandi la moralite et la puis- sance del'Europe : j'avais surtoutprecbdcontrc le com- merce de chair bumaine; et neanmoins je me Irouvai plus tard dans la necessile d'avoir un jeune esclave Galla, afin de connaitre sa langue, dans laquelle j'ai fait assez de progr^s pour recueiUir des details sur des moeurs inconnues jusqu'a ce jour. Comme les Abyssins, les Galla sont fort doux dans ( "6 ) leurs relations sociales, et cruels, je dirai m6mc inliu- mains, quand ils font la guerre. L'iiospitalit^ est telle- ment en honneur chez eux, que le maltro de maison reste debout sur une seule jambe dcvant son convive. Les Gallacraignent aussi le mauvais-oeil, et, par cetto raison, ils se couvrent avec soin pendant leurs repas, usage qui est aussi celui de I'Abyssinie. Au lieu d'ac- lions de graces, ils jeltent un peu do leur nourriture aux esprlts dos quatre coins du monde, Leur dieu est un etre invisible et qui salt tout; ils le prient matin et soir, comme aussi dans leurs maladies et leurs voyages, et lui offrent les pierres de leur champ pour obtenir d'lieureuses recolles. Leur enfer est une terre sans eau que les mechanls doivent scmer sans cesse. Les clus vont se reposer sur un siege de fer dans un ciel inferieur k celui de Dieu. Vous avez d(^ja compiis que les Galla croient k rimmortalit^ de I'ame; mais par une exception assez singuliere a ces id^es saines de religion nalurelle, ils placent le siege de I'ame dans le creux de la gorge, et leurs philosophes disputent en- core pour etablir si elle reside au-dedans ou au dehors. Comme dans toules les civilisations naissantes, leur litleralure consiste en chansons ; ils ont aussi des fa- bles ou ils font parler les bfetes avec une naivete char- mante. J'ai rassembl^ ces notions, et beaucoup d'autres, dans un long voyage de Irois mois sur les rivages de oettc mer Rouge qui est la route de I'lnde et I'un dos grands chemins de la terre. Je ne puis m'empecher d'exprimer ici le voeu que notre pavilion Iricolore, non moinscivilisaleur que celui de I'Anglelerre, aille quel- quefois promener de Mokha a Souoeys la gloire el la protection do la France. ( «»7 ) Le besoin de raconter tout ce que nous avons vu n'estpas ce qui m'a fail retourner, mais bien le desir de faire connaltre un pays qui offre tanl de facilites pour 6tre raraen6 dans la grande famille de la socielo moderne; car sa morale a 6te fondle sur les mdmes principes que la notre, tandis que sa religion, sa poli- tique , et son commerce, ont assez d'identite pourelie associes i notre merveilleuse civilisation. Antoiwe d'Abbadie. Fragment dun voyage dans la Russie meridionale et la Crimee , lu par M. Anatolb de Demidoff, dans la seance generate du 5 avril i SSg. BtKHAREST-VALACHIE. La vaste plaine qui s'etend entre Giourj^vo et Bu- kharest est traversee de temps a autre par quelques ravins assez profonds qui deviennent, avec les pluies, autant de fondri^res dangereuses pour les voyageurs. Plus d'une fois, avec nos lourdes voitures, nous avons failli deraeurer embourbes dans les marecages fan- geux, ou la route n'a d'autre appui que des branches d'arbre jelees en travers. Malheur done a I'^quipago que ses chevaux laisseraient enfonce dans cette vase noire et moUe! celui-la y resterait bien long-temps avant qu'on lui put venir en aide. Au reste, sur ces Irisles chemins les voyageurs sont aussi rares que les villages memes, sil'onpeutappeler ainsi laplus pauvre reunion de huttes de bi'anchages et de bauge qui re- couvrent une sorle de terrier ou toute une famille vit enfouie. ( ^'8 ) Le jour do noire passage, ct'piMidant, des bruils jojeux animajenl luulcs ces misdrablos bourgades : la solonnile du jour avail reveille' tousles viiilons dos Tsiganes; la liqueur aigrement doucereiise iquc le paysan valaque est habitue a nommer du vin donnait du cpeur pour la danse a lous ces rabusles villageois, a toutcs ces fdles brunes ; elle ranimait la voix nasil- larde des vieiUes temmes pour psahnodior des eliants Iradilionnels que des oix-'illes daces ou romaines onl peut - etre entendus aux lemps dc D^c6bale et do Trajan. Les vingt lieues que nous avions a fairc furcnt par- courues avec assez de vitesso. Tant que Ion court sur le terrain uni de la prairie le voyage est aussi rapide que facile. Ces chevaux maigres el alTames qui no tien- nent a rlon qu'a de vieilles cordes , eraportcnt Ics voyageurs avec une extreme velocitt^. Les postilions , juclids sur leurs bautes selles de bpis, portent en sau- ioir la corde qui sert de bride , et Ics voila burlanl ot geslicuUml comme des lorcenes, qui poussent au ga- lop et sans relacbe la horde de coursiers dLinl-sauva- ges atteles a une seule voiture. Parloi^ le grotesque equipage se pr^cipite 4 traversles bailies' hcrbes de la prairie, et les chevaux profilcnt de I'aubaine pour saisir au galop quelques tiges dess»!!checs qu'ils devo- rent tout en couranl. Arrive au rohu , I'atfcclage est bienlot delivre de ses harnais, qtti se coniposent , nous I'avons dil, dc deux Iraits, ot d'un cojiier do sanglo dans loquel i'animal passe la tele do lui-niomo , et dont il se d^barrasse de la memo lacon ; coci fait , K'S conducleurs, en signe de salisfaclion , et |)ourdo- lasser, disent-ils, lours montures, tiront lorloinent les oreilles el les crins du front a chaquc chc\.d , puis ( 219 ) ils les laissenltout haletanls reparer leurs forces sur Ic gazon brul6 de la plaine. A notre arrivee a Bukharest, la soii'6e ^tait tl(''ja avancee , et nous eprouvames tout I'enibarras quo peut occasionner la recherche d'un glte dans une villo immense, a travers des rues tortueuses et obscures, et avec des guides dont il n'est pas possible de se faire comprendrje. : . , . . . .,.,.,.,, f . ,,;..hj,itu •; . • • i ' '■ ■"_ ... A peine ^tions-nous installes, qu'un officier depu- che par S. A. le prince regnant vint se mettre a noire disposition. A I'instant merae une garde perraanente fut placdie prt;s de nos equipages, exposes, au milieu d'une vaste cour, a la rapacite des Tsiganes. Ces men- diants vagabonds , toujours a la piste des etrangers , avaient d6ja Irouve moyen, dans le tumulle de I'ani- v6e, de s'approprier a nos depens quelques objels de peu de yaleur. Nous conseillerons au voyageurfatigu6 qui arrive a Pukharest d'adresser sa premiere visite aux excellents bains turcs dont nous allions faire I'essai. Oes etablis- sements, situes en g^ndral dans le quarlier qu'arrose la Dombovitza, reunissent aux elTets salutaires de la va- peur et du massage lous les raffmements dont les Orientaux ont su entourer les besoins physiques de la vie. Si le proph^te a 6te assez sage pour elever une prescription d'hygiene jusqu'a la sainlete d'un devoir religieux , les vrais croyanls, de leur cote, ont ete assez sensuelspour en faire un de ces plaisirs comme ils les airaent , et dans lesquels tout leur etre s'aban- donne avec tant de delices. Rien ri'est comparable a la molle langueur qui s'empare de lous vos membres fati- gues quand, au sorlir de oelte tiede vapeur, apr6s avoir ( 9 20 ) passe par un vigoureux massage et des Iriclions aro- raatiques , vous vous troiivez doucement 6lendu entrc des tissus moelleux, pendant que la pipe exhale aulour de vous les parfums odoranls dont elle est charg^e, que de temps a autre I'eau glac^e , que colore la confi ture de rose, vous pr^te ses fraJches saveurs; pI pourlant, cette complete beatitude de tous lessens s'achtte a Biikharest pour le prix le plus modique ; aussi est-il bien a d^sirer que les usages de Vienne et de Paris , qui tendent k s'impalroniser de plus en plus danscette capitale, y laissent snbsister les deux seules choses peut-elre dont le Turc puisse se faire honneur , les seules que I'Europe puisse encore aujourd'hui en- vier a la civilisation de I'Orient , a savoir : le bain et le caf6. Durant cette premiere journ^e, quelques visites re- vues et rendues ont comraenc«i a nous donner une id^c generale de Bukharest et de ses habitants. Du reste , nous Aliens Tobjet d'une politesse si exquise, que des les premieres heures tout noire temps se trouva engage meme pour un s^jour beaucoup plus long que celui qu'il nous 6tait permis de consacrer k celte pre- venante hospitality. Le prince regnant avait bien voulu nous d(5signer une heure pour nous recevoir dans la soir6e.... Nous nous rendimes au palais du ghospodar. Quelques offi- ciers attendaient quo le prince rentrat de la prome- nade, et nous avons retrouv^ parmi eux un Fran^ais , M. le vicomte de Grammont-Louvigny , dont nons avions eu occasion dejh d'eprouvcr la parfaite poli- tesse. Le salon ou nous fumes introduits ii'offrait pas d'autre ornement que le portrait du general Kisselcff, portrait populaire s'il en fut, homme do bien et de ( 221 ) coeur, dont I'image v6neree se rencontre sur les plus humbles coname sur les plus nobles murailles tie ce pays. Bienlot le ghospodar fut annonc6 , et I'accueil plein de grace et de cordialite dont nous fumeBl'objet nous permit d'apprdcier les connaissances varices de ce prince. Une contersalion aisee et spirituelle sur lous les sujets qui occupaient alors les salons de I'Oc- cident nous prouva que , dans cette capitale, ou Ton n'arrive qu'en traversant des deserts , I'esprit le plus delicat el le progres du sifecle trouvent un digne et logique interprete. S'il nous etait permis d'esquisser en quelques traits la personne du ghospodar de la Valachie , nous dirions comment le prince Ghika , qui rfegne sous le nom d'Alexandre II , a tous les de- hors d'un gentilhomme r6unit une physionomie douce et grave qui inspire tout d'abord la confiance; sa pa- role est nette et facile et decele un esprit ^lev6. Le prince, qui parait avoir atteint la moilid de la vie, est rest6 jusqu'h ce jour c6libataire; il donne I'exemple des vertus privies comme de I'amour 6claire du bien public. Les princes r^gnants de Valachie ont adopte le costume civil de I'Occident, et les uniforraes de I'em- pire de Russie. Ce ne fut que plus tard que nous eumes I'honneur d'etre presenl^s aux deux fr^res du ghospodar. Le prince Michel Ghika, I'aine de la famille, est investi des fonclions de ministre de I'int^rieur, sous le titre de grand vornik, et il venait d'etre dlev6 r^cemment a la dignity de bano , qui est la premiere de I'fitat apr^s celle de ghospodar. Le prince Constantin Ghika, le plus jeuae des trois freres, est a la tele des affaires militaires, et commande en qualite de grand spathar la petite armee valaque. Selon I'tisage turc, on nous ( 222 ) oflVit des pipes et du cafo. Nous ne primos conge da prince qu'apres iin enlretien oii nous euuies plus d'une fois I'occasion de remarquer combien de con- naissances solides ct variees, de vues elevees, dislin- guenl ce souverain d'un pays oil lout est a consli- luer. ''i're , et une biulure qui pouvalt devenir grave, furent pansees sur-le-cbanip par noire compagnon le docleur Leveille; ceci fait, le spatbar remonla a cbeval pour acbever I'exercice et asslsler au defile. Un diner, auquel legbospo 'ar avail bien voulunous invller, nous mil en presence de I'eUte de la society de Bukiiaresl; la rt!!union eut lieu sous les beaux arbres deScouffa, dans un grand espace impenetrable aux rayons du soleil. Duranl le repas, qui fut precede do la scliale , legere collation qu'on fail aussi en Fuissie avant de se mellre a table, deux Iroupesde musiciens r -258 ) caches par les charmillos so succedercnl allornalivo- inent pour ex^culer los airs nalionaux des \ alaques el les singulieres melodies dcs Tsigancs Telle 6tait notrc cxislcncc a Bukharesl plaisirs, visiles, reunions toujouis hoGpilalieres, courses in- leressantes, obsorvalions belles et vivos sur loul ce qui frappail noire esprit ou nos regards. Do loules parts, c'etait a qui nous rcndrait les mcillcurs sor\i- cos; les plus illustrcs el les plus lionorables de celle bonne villc se mettaienl a noire disposition pour aug. menler noire bulin de vovageur , et il n'cst guere pos- sible d employer plusulilement que nous neravonsfait cinq jours trop rapidement ecoules. Lorqu'enfin nous Climes mis en ordro nos notes personnolles, et rccueilli precieuscmcnt loules colics que dcs personnos eclai- rccs, a la Iclcdesquelles avaient bicn voulu sc placer le gliospodar cl Al. le ministre Sliibey, nous avaient obligeammenl fournii s, nous jetames un dernier coup d'ocil , un regard d'adieu cl de reconnaissance sur colic ville digne dejh qu'on la place au nombre des plus inleressantcs capitales. !\ous parcourQmes done unc dcrnic;re fois ses rues lortueuses ; nous nous ar- relamcs encore au seuil de ses eglises aux colonncs torsos, dont les friscs elegantes brillenl de tanl de medaillons et de sainles figures coloriees Kn fail de renseigncmenls statisliques sur Bukha- resl, nous pouvons consigner ici le chiffre tic la [jopu- Inlion de la \ille, Icl qu'il resulte des dcrniers recen- scmcnls ; ( 23() ) Habitants des deux sexes. Pioyard"! 2,598 Gens composaut leurs maisons. ... 5,7^7 Habitants de differentes classes 46,604 Pretres seciiliers 256 Leiirs families et gens composant leurs maisons i,o58 Moines 187 Juifs , leurs families et gens composant leurs maisons. . . 2,58fi ( Ce dernier nombre preseiite a pen de rliose presle total des juifs elablis en Valarbie ; on n'en trouve que tres peu dans les districts, atlenJii qu'ils ne se livrent nullement a I'agriculture. ) Snjets clrangers ... . . i>795 60,78s Et encore dans ce nombre ne sont point compris dix a douze niille individus qui n'ont point leur domi- cile permanent dans la ville , ct qui y viennenl do temps a autre pourleurs aflaires ou pour leurs plaisirs. On compte dans la ville de Bukharest : Maisons 10,074 Monasleres 26 t^lises (i.'j Im|.r;meries 3 Hopilanx 2 Journaux , !e Miisie national e\\e Courrier valnqiie ... 2 Sociele pour les piib!ications littcraires. . .... i Eoole d'aits et metiers pour les soUlals i La nourriture habituello du peuple consisle en bouillie de farinc do raais ou de millet . S(>r[c de po- lenta; il no connait presque pas I'usage des viandcs ou du poisson sal(^. La principale boisson fermenleo est ['eau-de-vie de prunes. { 24o ) La villc de Bukh.ii'.^sl osl diviseo en cinq quarllers oil arrondisscmcnls qui prcnncnt chacun le nom d'lino lies cinq couloiirs, jaunc, rouge, verte , bleuc on noiro. L'aga est le chef dc la police ; il a sous ses ordrcs cinq commissaires , un commissaire pour cha- quc quartier; ceux-ci comniandent a plus oii moins de sous-conimissaires, selon rolenduc do lour arron- dissement. Aprt's avoir loinoigne noire reconnaissance a ce bon el aimable prince que nous quitlions d6ja avec un regrel bien reel, npres avoir pris conge dc sa fainille ct do loulcs les personnes qui nous avaienl el6 si bicn- vcillanles, nous sorlimos dc Bukharcsl le 17 juillol. I'jXTRAiT triiiH' Ivtlrc de M. U> coinlc nv. Castelnau (t !\I. Ic bdion \\'ALCKKi\.\i;n, /iic/iibiv de Clnstilut. New- York , CO 2 I sepliTiilin' iS'J.S. ....Dopuis que j'ai quillc la France, j'al parcouru une portion considerable do rAmerique du ^ord. L'au- lonnio et Ihiver dcrniers ont etc employes a parcou- rir la Pensylvanie, la Virginie, les deux Carolines, la Gcorgie, la Florido el rAlabama ; j'ai fait une etude particuli(!'re de I'avanl derniere de ccs contrecs. Piovenu a New-York au printemps, j'en suis reparli an mois do juin, pour une excursion au N.-O. sur los grands lacs; j'ai fail le lour des lacs i\licliigan ot Huron; j'ai explore le pelit arcbipol do i\Ianitonlines , ( 24. ) me suis rendu au lac sup6rieur ; puis revcnant au Canada, j'ai remonte le Sainl-Laurent juscju'a Que- bec, et suis revenu a New- York par le lac Cham- plain. Je me prepare actuellement a un grand voyage a travers le continent. Je prends la liberie de \ous adresser une Note sur une excursion aux sources de la Wakulla (Floride), en vous priant de vouloir bien la communiquer h la So- ciete de geographic; vous connaissez ma passion pour cette science qui m'a fait quitter mon pays et ma fa- mille , et si je pouvais, par votre enlremise , devenir membre de cetle Societe, je vous en aurais la plus vive reconnaissance. Dans le cas ou le gouvernement me fournirait les moyens d'executer mon grand projet, je serais heu- reux de recevoir des instructions de ce corps savant, Mon projet consiste a me rendre par I'Ohio a Saint- Louis ( Missouri ) , a remontcr le Mississipi jusqu'a sa source, puis de descendre la riviere Rouge jusqu'au lac Winnepec; remontant ensuite la riviere de Sas* chaschawan, je traverserais les montagnes Rocheuses, et par la riviere de Colombia, je gagnerais I'Ocean Pacifique, que je suivrais jusqu'a la Californie ; puis je traverserais Finl^rieur du Texas et du Mexique, et reviendrais par la Vera-Cruz. Ce voyage , dont le plan a ele longuement ^tudie, serait, je crois, utile a la gdo- graphie et aux sciences naturelles; cependant je desire m'entourer de toutes les lumieres possibles; et qui mi«^ux que vous est h meme de m'en donner ? Recevez , etc. Conitc uj; C\sTIa^Al'. IX, AVRIL. 4- 1 7 Note snr Li source ilc hi rWiere de H tikulla ihms la VIoi i(h\ Le petit \illage de Saint-Marck est silu6 dans la Flo- ride du milir'u, a sept lieues S. de Tallahassee, doiit , il est en quelque sorte le port de mer; un chemin de fer, quijbien qiied'uue conslruclion rnistirable, reunil cesdcux points, sevtau transit de I'immense quantity dc colon qui d'une distance considerable estapporl6 dans cc grand marche de I'inttirieur. Bati par les Espagnols, il va plusieurs siecles.le chateau deSaint-Marck, aujour- d'hul en ruines, est admirablement sitae an confluent de la riviere du memt nom avec celle de \Vaknlia, qui, ainsi reunics , vont quol([ues milies plus loin se jctor danslegolfeduMexi(|ue. La source de cette dcrniere est c6lt;bre dans le pays, et les divers rapports qui m'en etalent fails, bien que portant un caractere evident d'exageratlon, excilerent vivemenl ma curiosity, el je me ddcidai a la visiter; maisJes bandes de S^minoles qui infestent lout I'inl^rieur du pays ra'obligeaient a ni'enlourer d'une force assez eonsid^'rable. Le iSf^vricr i838^ a six heures du malin, ma petite expctlilion, compos^e de Irois chaloupcs monlees de \ingt hommes bien arm^s , sortit du port, el apros- avoir dojble la polnle du fort, entra dans la riviere, qui est Ires large en cet endroil el donl les bords has et mrirecageux n'offrcnt d'aulre vegetation que quel- ques ci'dres et pins peliis ct clair-sem^s. La ma- lin6e ctait rcniarquablemenl fioide pour ce pays, car le thermometre ne niarquait a lair (jue 7", lanchs quo deux jours avant, la temperature etail de 20 ; I 24.T ) mais un violent orage avail occasionnc ce cliangement, Ires frequent, du resle , en Am^rique; plong^ dans I'eau , il monle a 12° 1/2. A peine eumes-nous fait une demi-lieue que la scene cliangca entitlement, et d'epaisses forets couvrirent les sinuosiles des deux rives. La nature prenait un caractere de grandeur sau- vage qui impressionnait fortement I'ame ; des chfenes, des cadres, des catalpas , des gommiers , se pressaient les uns sur les autres et ^taient etroitement enlre- laces par des lianes et des vignes sauvages; d'enormes magnolias et de gigantesqucs chenes de vie ( qiiercus virens ) se faisaient partout remarquer par I't^jclat de leur feuillage, landis que, semblables a de sveltes co- lonnes, les chamoerops et les palmiers se courbaient avec grace sous le poids de leurs pesanles feuilles di- gitees ; des cactus et des yuccas couvraient le sol, et, par leurs longues Opines, rendaient ces hois completement impdnetrables. De toutes les branches des arbres pen- daientdes lillandsias, qui, apparaissantcomme de longs voiles de 20 a 00 pieds de long, repandaient sur tout I'ensemble quelque chose de singulierement lugubre, et I'opinion universelle qui les considere comme I'em- blerae de Tinsalubrit^, ne laissait pas que d'ajoutfr encore a celte melancolique impression; du reste , loule cette vegetation d;lait aussi fraiche qu'au ccEur de I'et^, et les diverses nuances de ces aibres formaient un conlraste de la plus grande richesse. A mesure que la matinee s'avan^ait, des myriades d'animaux venaienl peupler ces solitudes. Parmi les oiseaux Ton dislinguait les pelicans a la gorge si remarquablement enflee en forme de poche, de belles aigrettes d'une blancheur ^clatante , de jolies perruches ( P. caroli- niensis)^ de norabreuses especes de grues, de canards, '7- [ '.^44 ) des anliingas, des geais, dcs troiipiales , etc. Le pra^cl aiglo a tele blanche planail niajeslueusemenl ail-iles- sus do nos teles, el auloiir de uos embarcalions se raonlraienl dc nombieux alligators do 12 a i5 pieds de long, qui, lanlul ininiobiles, ne lalssaient aperce- voir au-dessiis de I'cau quo I'orbile de 1 coil el I'cxlre- mile du museau , tantol nageaient avec une extreme rapidilt!!, ou encore Irainalenl lourdenient dans la vase leur corps si hideusenient Irapu. Nous observames plu- sieurs fois le nid de la gu6pe cartonniei'e solidemenl cimcnle aux rarncaux los plus Aleves. Nous avions a lultorconlre un courantd'env iron une lieue al'lieure, mais des obstacles plus serieux ve- naient a chaque instant eprouvcr noire jiationce ; la rivifere devenail assoz elroile et tres torluense ; dans quelqucs endroils clle n'avait que 2 ou 5 pieds de profondeur, landis quo sa moyenne 4tail de 12 a i5; de longues herbcs.'des roseaux et des Cannes ren- doient nos progres Ires lents, el d'immcnses Ironcs venverses nous opposaient a chaque inslanl des obsta- cles presque insurmonlables ; ce n'elait que la hache a la main que nous pouvions nous ouvrir un passage, chaque embarcallon prenanl a tour de role la penible lache d'ouvrir le canal. De nombreuses lies, magnifi- quemcnl boisees, rondaient le paysage encore plus pillorcsque. Bicntot nous penclrames dans d'immenses cyprieres, et c'^tail un travail qui cxigeait autant d'iiabilet^ que de force que cclui de diriger nos canots au milieu de ces cypres gigantesques, donl la base est si remarqua- blement renflee. I no lieue avant que d'arriver au but de noire excursion , le Ihermomeire marquail 10° 1/2 ; trcmpe dans I'eau , il rnqnta rapidemenl a 1 7 ; ( ^45 ) eiiliii nous upci^iiuies une eclaircie , cl 1 cspoir dun j)ron)pt ropos nous ayant donne une nouvelle vi- gucur, nous surmonlumes les obslacles qui se ptes- saient en I'oule devanl nous, cl nous nous liouvamcs bienlot dans le vasle bassin ovalaire que forme la source. Sa largeur, que nous niesuranies , est de Coo pieds , sa prolondeur est de 76 , mais I'on ni'as- sura que dans un endrolt elle depasse 100; la tem- perature de la surface 6tail de 17° 1/2. Le tliermome- tre altaclime dil cnfiii I'lin d'entre eux; el rappelt!; ainsid'unmonde ideal a celui des tristes v6ril6s, j'ordonnai d'accosler dans I'endroit le plus d^couvert; un f^rand feu ful al- lataii , et un repas , prompteinent pr6par6 , vinl re- parer nos forces. L'eau de la source esl fort bonne a boire , bicn que celle de la riviere soit d6sagr6able et saumalre ; dans quelques endroils elle me parut meme avoir un leger gotkt sulfureux ; I'aiguille aimantde n'^prouva aucune deviation sensible. Nous campumes sur les bordsde la rivi6re; mais nos gens a\ant d^couvert sur le tronc d'un aibre Timagc recente et grossi^rementsculplecd'un tigre.nous coni- prlincs que le chef Indien Tiger-Tail (Queue de Tigre) etait dans les environs; car c'est par des signes de ce genre que les partis de guerre des sauvages indiqucnt les uns aux aulres la route qu'ils ont suivie ; nous fl- mes done bonne garde toute la nuit, qui ne fut du reste interroinpue que par les oris i^loign^s de la pan- there (conguar). Le lendemain matin, I'un de mes compagnons de voyage trouva sous sa couverture un tnorme siM-penl a sonnotles , et nous observames un assez grand nom- bre de serpents aquatiques connus dans le pays sous le nom de mocassins ; nous primes aussi une tortue male ( trionyx \ Notre retour s'execula avec rapidite, bien que ju lib aborder pUisiours fois pour cu»'iltir des plantes, et parliculien.menl diverses especes de la fa- mille des palniiers. Le fait que j'avais eu de la peine a adnvlho, d dont jc venais cependant dc me convaincre , ttail qu'unc ( 54; ) riviere qui a plusieiirs fois la laigeur cle la Seine sortail subiteinent de terre a six ou sept lieues ;n; j\'ot(i. La lisle di's cuvrages offerls a la Soriilesira iiiseree dans le procliaiu XuiiKio. BULLETIN DF, L\ SOCIETE DE GEOGRAPHIE MAI ET JUIN iSSg. PREMIERE SECTION. M^MOIRES, EXTUAITS, ANALYSES ET HAPPOMTS. RECHEBCHES5?/r la race qui hnbitait Tile Maria gascnr avant Varrivee des Malais ; Par EUTrENE DE FROBERVILLE. Parmi les branches de connaissances qu'embrasse aujourd'hui la geographie, celle qui traite de la filialion et des migrations des peuples jouit particulierement du don de piquer notre curiosity, de capliver vive- ment notre int^ret. U y a cependant dans ce sentiment autre chose qu'une vaine curiosite scientifique. En assistant par la pens^e aux revolutions qui renou- vellent la population d'une contr^e, et qui jetlent dans des terres 6lrangeres des colonies fugitives, nous es- perons decouvrir la loi qui preside a ces grands chan- XI. MAI ET JUlN. I. 18 ( 2.^H ) l^einenls, alin dVn faire application aux evtlsnemenls de r^poque ou nous vivons; en dcoutant le recit des vicis- situdes sous lesqucllos une nation s'est vue accablee, nous cherchons a retrouver I'hisloire de nos propres revers. Oelte disposition a la comparaison , qui dans Ics temps de troubles politiques d^genere en allusions el en rapprochements forces, est moderne; lesluttes so- ciales qui ont bouleverse I'Europe depuis quatorze siecles et dent nous senlons encore I'agitation I'ont d^veloppee en nous. 11 ne faut en chcrclier les traces ni dans I'anliquilt' ni dans lo mo}cn age. Le mot humanite, auquel nous altachons une vasle accep- tion , n'^tail alors entendu que dans un sens tres res- traint; il est done naturel que I'etude des races humai- nes ait 6te negligee par nos p^res. Aujourd'liui, les infortunes d'un peuple, quelque sauvage qu'il soil, eveillent dans noire cceur une genereuse sympathie; car au sein meme de la prosp^rite que procure une civilisation florissante, nous eprouvons une secrete inquietude qui nous averlit que des infortunes pa- reilles peuvent nous envolopper nous-memes. La possession du sol do Tile de Madagascar, comme celui des autres contrees du globe, a 616 I'objet de violentes querelles enlre des races d'origines di- verses. Elles ont eu pour rosultat une organisation politique (si je puis me servir de ce lerme),dans laquelle le parti le plus fort s'est constitue lo mattre des biens comme des personnes du parti qui avait suc- comb<^. Les vainqueurs sont devenus des chefs, onl forme ces families nobles jouissant soit de privileges particuliers, soit d'un respect populaire maissans pou- voir ejffectif ; les vaincus sont devenus des esrlavos ou des vassaiix. ( ^'^9 ) line elude atlenlive de la populalion de Madagascav d^voile le fait que je viens d'exposer, el laisee distin- guer les etTets de plusieurs invasions successives dans cette Sle, parmi lesqnelles devix sont surtout remarqua- bles. La premiere que nous connaissions, ct la plus importanle , puisqu'elle rallache le peuple nialga- che a la giande famille polyn^sienne, est celle qu'y firent les Malais; la seconde est celle des Arabes mu- sulmans venus de Mangalor dans le Guzeiate. Je vais en dire quelques mots avant de parler de I'immigra- tion plus antique des Malais. Ce ne fut point par la force que ces Arabes s'elabli- rent dans le S. et dans I'E. de Madagascar, et fonde- rent la famiile puissante des Zafferamini qui se dit isue d'Imina, fiile de Mahomet; ce fut en s'unissanl par mariages aux races souveraines de la cole orien- tale qu'ils parvinrent en peu de temps a s'emparer partout de I'autorite Leur adresso, que secondaient les nombreuses superstitions qu'ils importferent dans I'ile, servit principalement a leur faire cons'rver sur I'esprit des insulaires un empire dont ils savent encore tirer un grand parti. Au reste, leur influence ne s'^lendit point sur les coutumes ni sur la langue des 3fal- gaches ; ils semblent les avoir immediatement adop- tees comme les autres etrangers qui, dans des temps modernes , ont emigre dans le meme pays. Remarquons ici que cette facilite avec laquelle les peuples etrangers abandonnent leurs distinctions na- tionales en s'^tablissant dans la grande ile est une des principales causes de I'obscurite impenetrable que rencontrent les recherches ethnographiques qui ont pour objel sa population. Le voyagcur qui arrive dans un des ports de Mada- 18. ( aGo ) giisccu, oil le commerce a r^uni des Labiluiilsde loutes les parlies de Tile , ne j)eul manquer d'observer enlre eux une variele frappante. Les cheveux, la couleur de la poau , les trails du visage, les formes du corps, la taille, toul lui fournit les moyens de reconnailre sans peine a quelle province apparlicnl lei ou lei individu ; les dispositions morales inlollecluelles propres a cha- cune de ces races, les guerres heredilaires cntre elles deviennent pour lui un nouvcau Ic^moignage de la diversity de leur origine. La deduction lui parait logi- que ; il ne doule pas que des observations subsequen- tes ne vienncnt confirmer son opinion. Mais quel est son etonnement loi'squ'en parcourant les diffirentes provinces do I'lie il entend partout les naturels se donner, dans la memc langue, le nom commun de Malgacbe, lorsqu'il assisle aux memes ceremonies, qu'il romarque partout les memes gouts, les memes usages, les memes superstitions ! (i'est en vain qu'il chercbe a concilier des fails aussi conlradicloires, car d'un c6l6 , il y a identity de langage, de moeurs et de coutumes,il de Taulre, dissemblances pbysiqueset tmoralcs. Aussi n'ose-t-ilemettre que des doutes sur cetle question; et afin de faire sentir combien la solu- tion en est difficile , il appule sur celte parlicularite unique pen l-etre cbez des peuples non civilises, savoir : « qu'il sufGt de connaitre la langue et les moeurs d'une province de Madagascar, pour se former une idee de celles de toutes les autres provinces. » La mis- sion du voyageur est rcraplic, il a enrogislre des fails; mais les fails n'expliquent rien, il faut leur encbaine- ment sans lequel ou n'est point saUsfait. On se demande done vainemenl comment cette dentil*^ a pu s'^lablir, comment le compose liel^ro- ( 26i ) g^nc qui forme 6videminent la population nmlgache a pu, sans ddtruirele type physique particulier a chaque race , se plier a un 6tat social uniforme. En admettant meme I'existence d'une population homog^ne, uno difficull(^ nouvelle s'^leve : que Ton considers le gise- mont topographique de I'ile ; a peine large de cin- quante lieues de I'E. 5 I'O. , elle s'etend du N. au S. sur line longueur d'environ trois cents lieues; les ri- vieres la partagent en zones qui courenl de I'E. a I'O. , en sorte que, pour se rendre du N. au S. , il taut traver- ser sans cesse ces cours d'eau souvent foit dangereux, aussi bien par ieur largeur et leur profondeur que par la presence des crocodiles ^normes. Cette confor- mation a du n^cessalrement etre un obstacle a la com- munication des provinces entre elles. Comment done des peuplades isolees ont-elles conserve si fidelement a travers dos siecles et dans des climats si diflerents ■ des coutumes dont la ressemblance d^monti-e I'immu- tabilite? Ce sont aujourd'hui des secrets qu'il ne nous est malheureusement plus permis de penetrer. Les inves- tigations de I'antbropologie deviennent de plus en plus difficiles a Madagascar. L'autorite souveraine qui de- puis environ vingt ans a reunl au royaume d'Ankove des provinces jadis ind^pendanles aura pour ellet d'ef- facer entre les races les legeros distinctions qui auraient pu nous guider dans la recherche de leurs origines. C'est cette consideration qui m'a porte a fairc part a la Societe de geographie de quelques essais sur le peuple malgache. Je n'ai point eu la pretention de soulever le voile 6pais qui couvre le berceau d'une nation. Mon but, raoins ambitieux, sera atteint si je parviens a diriger ( 262 ) siir un sujet jusqu'u present tt'op n6glig6 poul-6tre, I'altenlioii des savants qui forment cette Socit^lu et tlont Ics efforls comtnuns tendenl genereusement h iigiandir le cercle de la science. § I. L n des points les plus curieux qu'ofiVe letude dcs Malgaches, est raflinile de leur langue avec colle desMalais; alfinitesigrandeque Ton ne pculdoulerque la population de Madagascar ne soil venue de I'Archipel asiatiquo, qui parait etre le foyer des peuples malais. La dale de celle expedition , non nioins aveclureuse que celles que le meme peuple a enlreprises dans I'o- c»^an Pacifjque , le lieu d'oii elle partit, sont encore du doinaine de la discussion, et ne pourraient etre trailes dans le cadre resscrre que je me suis trace. J'ai d'ailleurs plulol I'intention de parler des peuples qui habitaiont Madagascar avant raccomplissenienl de ce grand Tail que des envahisseurs eux-memes. lis n'ap- parliennenl a nion sujet qu'a I'instant ou ils penelrenl dans I'ile. Reportons-nous par I'imagination a cette epoque recul6e ou \espmhos malais (i), pousses par la mous- son du N.-E., laissercnl voir a leurs Equipages la terre lointaine qui allait devenirleur nouvelle palrie. C'6lait une grande Emigration. Le hardi navigateur amenait avec lui femn^e et enlanls ; les animaux domestiques memos avaient trouv6 place dans la grande pirogue. Ilabilue aux tempetes qui tourmentent ses detroils dangercux , le Malais sail Eviter les Ecueils qui bordent la cole orienlale de Madagascar, et en habile raarin choisil dans le S.. K. de cette ile un port ou sa barque vient Jeter en silrete son ancre de bois. l^a , le d^bar- (i) Le {.{.Tiuv praho est ei^HU^nieiit mal^aclie rl malais. ( 263 } quement s'op^re; les premiers arrives occupent le territoire voisin , les aulres s'6tendent peu a peu dans la contr^e et s'y ^tablissent ; mais I'envahissement ne se fait pas sans opposition. Des races indigenes et guer- riores r^sistent aux strangers, et defendant la terre qu'elles habitent. La lutle est longue; mais la victoire reste aux Malais qu'^claire une intelligence sup6rieure. Lne partie des sauvages aborigenes courbent la tete sous leur joug et subissent une organisation feodale qu'ils fondent a I'inslar de celle qui existait dans leur mfere-patrie; d'autres, defaits, mais non vaincus, se r6- fugient dans les montagnes , asile ordinaire des races pers^cutees, et mfenent la cetle vie d'independance dont ils n'ont pu faire le sacrifice comme leurs freres asser- vis. Plus lard, lorsque les vainqueurs ont assis leur autorile, et que, grace a un gouvernement paternel , les baines nationales se sont dissipees , les monta- gnards soiitde nouveau poursuivis, et finalement sou- mis. Leurs collines et leurs vallees deviennent la proie de leurs cnnemis , qui, en s'elendant graduellement danstoutes les parties de I'ile, finissent par lui imposer leur nom de Malakass' comme d'autres emigrants malais appelerent Malaka la p6ninsule d'Asie ou ils fondferent leurs colonies. Telle a ete la marche de la conqu6le malaise a Ma- dagascar, ainsi que nous avons pu I'inferer des tradi- tions, des legendes les plus anciennes du pays, et des renseignemenlsfournis paries voyageurs mod ernes. La derniere phase de cette invasion, quioflVe des rapports frappanls avec celles dont nos contrees eur p^ennes ont ete le Iht^atre, estl'expedition enlreprise contre les families independantes habitant les montagnes du centre de I'Ue. Ces montagnes forment actuellement le ( 264 ) royauiue puissant dosOvas, la plus inlelligente des ra- ces malgachcs , et celledont la physionoinie a le plus . conserve le type de la nation malaise. Le souvenir de laconquete qui leuradonne la province la pluscenlrale de Madagascar, s'est conserte parmi eux. oNous sommes une race etrangfere , disent-ils ; nos peres sent venus du S.-E. sous la conduite d'un chef vaillant ct sage , I'ancetre de notre roi dieu Radama. Le peuplc qui poss^dait ces lerres fut en parlie subjugu6 , en parlie mis en fuite ; on ne sail ce que sont devenus ceux-ci.» § II. Les documents surlesquels j'ai travaille m'ont presents des renseignements inl6ressants sur cette race d6poss6d6e dont les descendants, que Ton peut a peine dislinguer maintenant des aulres insulaires , devront bientot eire effaces de la lisle des peuples qui occupent Madagascar. 11 n'y a pas de doute que les races differentes habi- taient I'ile avant la conquete dont je viens de parler , ct que des moeurs plus ou moins sauvages les carac- I6risaient. L'on ne devra done point etre surpris de voir figurer dans les details qui vont suivre,des peupla- des dont la confoi-mation physique est totalomenldispa- rate. Ce serait une tentative inutile de consid^rer a part cliacune de ces pcuplades; les mat^riaux man- quant pour Tetablissement d'un travail complet , II faudrait se livrer sans cesse a des hypotheses presque toujours sans r^sullats satisfaisants pour la science. Je ne ferai done aucune remarque sur la difference des races qui foimaient la population vaincuc par les Emi- grants malais;la communaut^de leurs malheurs et de leurs int^rets autorise en quelque sorte alesreunir sous une seule appellation d'aborigcnes. ( 265 ) Le nom de I'azimha qu'on donne chez les Hovas et les Saklaves aux premiers habitants du sol n'est point connu h la cote de I'E., ou les mots d'ompizees, d'onte- satrnua semblent les designer. Leur existence , a me- sure que Ton s'eloigne de I'O. oii la conquele les a naturellemenl refoules , se trouve de plus en plus me- lee a des legendes superstitieuses, parmi lesquelles la fable des Kimos ou peuple nain, qui a tant occupe les naturalistes du siecle dernier, tient le premier rang. Flacourt , auquel il faudra toujours recourir lors- que Ton voudra s'eclairer sur les Malgaches , fait le premier mention de sauvages qui habitaient les mon- tagnes de I'inlerieur, et etaient toujours en guerre avec leurs voisins. lis etaient tres mal faits ; ils avaient les yeux petits , la face large mais sans barbe , les dents aigues et les cheveux crepus. Leur peau 6tait rougea- Ire , leur ventre grand et leurs jambes greles; ce qui, suivant notre auteur , les rendait tr6s agiles a la course. Ils se servaient de Tare et de la fleche, et man- geaient leurs ennemis ainsi que les voyageursqui pas- saient par ieur pays. lis devoraient aussi les malades lorsqu'ils les croyaient sans cspoir de guerison ; les mains de la victime etaient r^servees a leur chef, qui en faisait son repas. Les parents, s'ecrie Flacourt, n'avaient ainsi pour sepulcre que I'eslomac de leurs en- fants. Ces barbares, ajoute-t-il, s'^taient si bien man- ges les uns les aulres, que, r^duits a un petit nom- bre, ils furent lous extermin(^s par leurs voisins et ennemis. La destruction totale de ces indigenes, telle qu'elle est ici rapport^e d'apr^s des naturels des pro- vinces meridionales ne doit s'appliquer qu'a I'une de ces bandes, qui, sans liens communs, vivaient dans lous les lieux oii ils pouvaient echapper a la servitude ( 2fiG ) des Malais. Flacourt lui-meme nous ;ip|)rend qu'il exis- tail de son temps, c'esl-a-dire vers 1G48 , des hommes vraiment sauvages qui habilaicnt avec leurs femmes el leurs enfanls les bois les plus «^pais et les moins friquenl(§s. lis luyaient la conversation des autres in- sulaires , ne se couvraient que d'une feuille de pal- mier, et se nourrissaient des produits de leur peche ou de leur chasse , de racines sauvages et de locustes ou sautorelles. — Ce fait est confirm^ par Drury qui v6- culpanni eux.etqui nous a fouriii des rensoignements pr^cieux sur leurs moeurs et leurs habitudes. En fa- veur de I'inter^t dont ces details sonl pleins , on nous pardonnera de les ciler en enlier. Drury, age de quinze ans, lit en 1702 naufrage a la pointe meridionale de Madagascar. Douzo annees pas- s6es dans I'esclavage le plus cruel chez une des nations les moins civilis^es de I'ile, et trois autres parmi les Saklaves du S. , I'avaient mis a raeme de connaitre aussi bien qu'un valias ; et j'ai tout lieu d'espe rer qu'uii plus long travail rcudra certain ce qui n'est encure (pie pro- bable. ( 970 ) »T.es Vazimhas nccoinmodcnt leurs mols plus d6Vi- catemcnt que Ics aulrcs insulaires; ils font bouilliv avec leur vlande des racines on des bananes, el font de bonnes soupcs bien t^paisses conime cellos d'Eu- rope. Ce sont des ouvriers inlcHigonts et soignoux ; leur polerle est snrlout rcmarqiiable ; les pots, les tasscs et les plats, qu'ils savenl vornir a rinl6iieur comme a I'exl^rieur, sont arlislement fabriques. Ouoi- qu'ils soient dou^s d'une intelligence lr6s d^velopp^e, ils ne sont jamais reunis en confederation, ni sous I'autorite d'un cbef unique. Chaque village forme une petite r^publique indc^pendante, rivale et ennemic de sa \oisine, ce qui autrefois occasionnait fr(iqiiemment entre elles des gueires sanglantes... J'ai appris qu'il y avail encore d'aulics Vazimbas repandus dans tout le pays , et menant une vie erranle comme jadis ceux-ci. » Drury, avant d'avoir habits cliez les Saklavcs, avail eu en effet des relations avec des families nomades aux- quclles pourlanl i! ne donne pourlant pas le nom de Vazimbas. « Ces gens, dit-il, vivent dans les forels les plus epaisses; ils m^nent une vie indolcnte et oisive , n'approcbenl jamais des villoi;es, el ne s'occupent au- cunemenl des affaires du pays , la gucne , soil civde , soil elrangore , los embarrassanl aussipeu que la paix ou les alliances. Ils n'onl point de lroupeaux,de crainte que les mugissemenls des bestiaux ne trabissont leur pr6sence,etnedonnenladeshommesmal inlentionn^s I'id^e de Iroublcr la tranquiililc donl ils jouissenl, et qui est pour euxun veritable tresor. Les produits de la nature et ceux de peliles plantations suffisent a leurs besoins; ils savent se conl enter de peu; ilsne s'inquie- tent jamais qui est le souverain de la conlr6e ou le seigneur du canlon ou ils babitenl. « ( 27> ) 11 n'est pas difficile de reconnaltre dans la descrip- tion que je viens de ciler !es trails qui , quoique affai- blis par lo temps, caracterisenl las anciens possesseurs du sol. Moins nombreux que les Vazimbas, qui for- maient encore une nation alors que loute I'ile avait subi le joug des Malais , ces descendants de la race in- digene echappaient par la ruse a la domination de I'ennemi plus puissant que ses peres leur avaient ap- pris a redouler. lis cachent leurs habitations dans les profondeurs des forets, et n't^l^vent point de besliaux. Ce dernier fait est surlout remarquable ,• car, a I'exception de rinde , oil le boeuf est un objet d'adoration , il n'est pas de contree ou cet animal soit plus en honneur qu'a Madagascar : tuer un boeuf est gen^ralement un privilege reserve a la classe noble seulement ; la pos- session d'un grand troupeau est un sujet d'orgueil pour un Malgache, et lui assure la consideration do tout le canton ; enfm , un des amusements favoris des enfanls est de modeler en terre glaise des boeufs et des vaches qu'ils font sechcr au soleil , et qu'ils conservent soigneusement. Tout attoste a Madagascar que le soin des bestiaux est I'occupation favorite de la population. L'amour du Malgache pour sa vache n'est pas moins fort que celui de I'Arabe pour sa cavale. Cette disposi- tion n'a point el6 imporlee par la race malaise ; elle est, ainsi que le terme ahombeqm designe le boeuf en gene- ral , propre aux aborigines. II a done fallu une haine et une crainte de la servitude bien grandes pour leur faire abandonner une coutume que leur vie nomade devait encore favoriser Mais un fait que me fournissent les notes in^dites d'un intcrpr^te et voyageur fameux a Madagascar, vient d'ailleurs nous montrer jusqu'a ( >72 ) quel point ranioiir de rimlc^pendancp avail do ponvoir sur cux. Mayeur, I'interprclite du baron do Bcniowsky, se rendait en 1777 avec le roi d'Ankove a Tanan' arive, lacapilale, lorsqu'ils traverserent un village abandonn^ depuis pcu. " Vous voyez ces cabanes, lui dit le roi; elles sont deserlees, je ne sais pourquoi; elles appar- tienncnt a des gens qui vivent dans les bois dont la montagne est couverte , et ne fr^quentcnt les autres habitants de la contr6e que pour leur vendre du miel el du bois oquarri. lis dcmeurent dans cette solitude depuis un temps immemorial, et n'ont jamais clier- che a en sortir. Mais ce qui vous surprendra, continua le roi, c'est que leur nombre n'a jamais pu depasser celui de cent. Aussilot que leur population a atleint ce chiffre, une calamity les frappe ; ils p^rissent presque tous. In laps de temps s'ecoule; le nombre des ha- bitants s'accroil , et la calamilo reparait. 11 en a tou- jours ete ainsi. dA peu de distance du village aban- donn6 , les voyageurs rencontrent deux de ces hommes occup^s a travailler la terre. Le roi s'avance vers eux et lour parle ; il les presse de venir vivre dans sa ville , promct de les corabler de biens , de leur accorder a chacun quatre esclaves. L'offre, qui aurait et6 avide- ment acceptdo par d'autres , ne les s6duisil mdme point, n Nous vous remercions, repondirentils au roi, si pour posseder ces biens il faul que nous quitlions les tombeaux de nos pferes. .. Nous n'avons point d'es- claves il est vrai, mais nous ne sommes les esclaves de personne... » Mayeur, frappe de cette reponse, ou respire toute la dignity, toute la grandeur de I'antiquit^, la mil sur-le- champ par 6crit. C'est le dernier trait qui me soil ( 273) parvenu sur la race proscrite qui fait le sujet de ce m6- moire. Depuis le commencement de ce siecle , il s'est opere une grande revolution a Madagascar; un conquerant et un politique habile, Radama, a r^uni sous son au- torile des provinces jadis independantes ; I'etablisse- ment de taxes reguli(ires parmi les nations diverses que ses armes ont soumises, a necessite I'organisa. lion de percepleurs et d'agents dont la charge a ete de rcclamer dans chaque district les droits dus au gouver- nement. Les descendants des aborigenes n'ont pu echapper comme autrefois a ces redevances; leurs profondes retrailes n'ont pu les d^rober a la vue des avides collecleurs d'impots. De ce jour date leur me- lange avec les aulres insulaires , et la destruction de leurs prejuges nalionaux que, du reste , le temps avait deja en partie effaces. Mais en abandonnant les forets et les lieux inaccessibles , ils acquirent un pouvoir dont les avanlages peuvent balancer ceux de la liberte et de I'inddpendance. Le Malgache , ami du merveil- leux, les considere comme de savants et habiles medecins , mot sjnonyme dans leur langue a celui d'enchanleur et de sorcier. Ils doivent ce respect aux superstitions dont les Saklaves et les Hovas enlourent les tombeaux des anciens \azimbas. Ces monuments antiques sont I'objet d'une veneration exlraordinaii'e; Ton y pratique les sacrifices les plus solennels; et aux yeux des Hovas , leur profanation , meme involontaire/. doit avoir les consequences les plus terribles, les manes d'un Vazimba etant implacables. Les superstitions existaient avant la conquete ma- laise; elles ne perdirent point leur force apres I'ac- complissement de cet evonement memorable, parce XI. MAI ET JVIN. 2. 19 ( 274 ) que des croyances analogues exer^aient ddja un em- pire sur I'esprit des vainqueurs. Ainsl que d'aulres peuples conqudrants, les Malais n'en voulaient qu'aux proprlel6s des indigenes. Toutcs les coutumes, toules les opinions qui avaient quelque ressomblance avec les lours subsisterent coinme auparavanl, et les nou- veaux maitros de la conlree s'agenouillerent devole- mcnt pres des sepultures de ces Vazimbas, dont les descendants venaient d'etre ddpouilles par eux. Le fanatisme religieux n'eut done aucune part dans celte conqufite, et peut-fitre fut-ce une des causes de son succ^s IxiNiBAiHE de la mer Morte h Akaba par les IVadys-el- Ghor , el-Araba et el-Akaha, et retour a Hebron par Petra (i). ( Extrait du Journal du Voyage de M. J. dk Bertoo ). i"avril )838. — Nous partimes h 7"" 1/2 sur Tangle 200°. La route, qui est rocailleuse, traverse des plan- tations d'oliviers; a 10" de Rhalil, nous arretons parce que les chameaux 6laient mal chargj^s.... Direction en avant jGo°, en arriere sur Hebron 5Go». ISous perdons 10™. Le chemin que nous suivons est h mi-c6te d'une (i) Get itineraire sert d'explication et de preuve au trace de la carte jointe a ce Numero. ( 275 ) colline de loo m^lrcs , dont le sommet me parail for- mer le point culminant des montagnes qui se prolon- gent dans la direction du sud. A droite et a gauclin il y a des oliviers et des vignes. Mais la culture disparait bientol tout-a-fait, et le pays pr^sente I'aspect de la plus complete sterilile. A 8'' iG' nous arrclons encore pour arranger le cliargement, et nous perdons 20"'; a 9'' )/4 la direction est de 11 5"; a 9'' 'jo clle est de 170°; noustrouvons la un peu de culture. A 9'' 1/2 nous ren- conlrons quelques vcsliges d'une ancienne route et les puilsde Hatib. Ces puils sont au pied d'une coUme que les Arabes nomment Daarat-el-Zif, c'est b-dire la col- line de Zif. iM. Brue a marque sur sa carte Zipli au N.-E. d'Hebron; il n'y a cepcndant aucun doute que ce nom de Zif conserve pr.r los Arabes a une petite montagne et au pays qui rcnvironnc, ne soit pricise- ment I'emplacementdu desert, de la \illeetdela mon- tagne de Zif. A 10'' j'apercois dans reloipncment un chateau ruine : ce sont les ruines de Cai mella, qui con- servent encore leur nom dans celui de Karmel que leur donnent les Arabes. La direction sur le chateau de Karmel est 190°. M. Brue a place ce point beaucoup Irop vers I'E, Nous conlinuons a marcher sur 190"; a 1 1'' 1/4 nous atteignonsle chateau ruine de Karmel. Cetle construc- tion conserve quelqurs fragments de voutes en ogives qui disenl assezqu'elle n'cst point des temps antiques; mais les pierres de la base des murs sont grandes et bien taillees, et apparliennent a une epoque plus an- cienne que le haut de la construction. Une grande quanlite de materiaux grossi^rement tallies alteste qu'il y eut la une ville, sans doute Car- rnelia, qui, comme je I'ai deja observe, se trouve trop 19- ( 276 ) 4 I'E. stir la carte de M. Brue ; ])res du chateau il y a unc birkot dont I'cau me parail siagnanlc, cependant les Bedouins m'ont dit qu'elle etait bonne. ApresCar- melia nous marchonssur un angle de aoo°. Je chemine d pied pendant une demi-heure pour mesurer notre marche : je fais 52o pas par 5', a peu pres 4>8oo me- tres par houre ; a 1 1'' 1/2 nous niarchons sur 220°. Mous pcrdons 1 0', et a i ' nous nous trouvons avoir de- vant nous une descenle rapidc qui continue pendant 20' et nous conduit au puils de Karilaine; de la nous voyons les camperaents do nos Bedouins : leurs tentes Doires sym^lriqucment rangees s'etendent dans la plaine; a I'E. nousd^couvronslesmontagnes quibordent la iner Merle ;les Arabes les nomment Djebel-Zoara et Djebel Esdouni. Esdoum est le nom que les Bedouins donnent au sel, c'esl Ic svnonvme de mellih. Toutes ces raontagnes, me disenl les Bedouins, sont cou- vertes de sel, et c'est la qu'ils en font provision. Dans ce nom de Zoara il me semble retrouvcr cclui de Zoar. A Bir el Karitaine il y a des restes de constructions , peut-clre un village arabe? De la nous avons gagnd eu 3/4 d'lieure le campement de nos amis les Bedouins, apres avoir parcouru une distance d'environ 29700 me- tres. Nous y avons et6 rc^us par le grand cbeikh qui commande toulo la tribu; son nom est clieikU IMoussa Abou Daouk, cheikli de tous les Bedouins des monta- gncs d'Abrabam, le bien-aim^; et son peuple divis6 en trois camps, vit heureux sous ses lois. Cependont cha- que camp est sous un clioikh parliculier qui depend dcMoussa, maisil s'ent^loignc pendant reld,parcequ'a- lors I'herbe devicnt rare, et qu'il faul occupcr un grand cspace pour y Irouvcr sullisamment de nourrilure .ot { 277 ) pour lous les besliaux. Une partie do la Iribu pave line redevance an Moutselim d'Hebron, ctl'aulre a ce- lul de Gaza, pour avoir le droit de faire manger I'berbe des prairies par leurs troupeaux. Quand les Bedouins me disaient qu'ils doivent se diviser pendant \'eti a cause de la rarete de I'herbe, je pensais qu'Esaii et Jacolj firent la menie chose, et pour la m6me raison. A cliaque pas on retrouve de3 resscmblances frappantes entre les recils de la Bible et les habitudes de ces peuplcs : rien n'a chang^. Comxiie moussairs, nous sornmes condamnes a man- ger de la cuisine bd'douine. On a servi i/4 d'heure apres notre arrivee une grande ^cuelle en bois, rem- plie de riz cuit dans le lait et nageant dans le bourre. Nous avons mang6 avec le Cheikb-el-Kebir, et cnsuite les courlisans, qui avaient ete admis sous notro tenle, ont vide le plat. Ce soir on turra nn mouton pour nous , et domain nous nous dirigerons vers la mer Morte. '2 avril. — Les Arabes me montrent la direction de El-Rhalil vers Tangle i5°, ce qui est d'accord avec la route que j'ai tracf^e hier. A mldi etio'", nous montons nos cbameaux et nous partons sur i i5''.Trois minutes apr^s a 1 2' i5' 1 70", a i i, iG'igo". Les collines quion- dulent le terrain sont couvertes d'heibe qui seclie a cause du manque d'eau a 12'' 2o'i4o"'. Nouscbeminons dans le Ouadi-El-Cobar; a 12'' 1/9, nous sortons du Ouadi et nous marchons sur 190". Nous traversons de gnmdes plaines ondulees par de petites collines , mais sans aucune v(^gelalion. A 1'' nous perdons 10' pour recharger les cbameaux; nous passons le Ouadi-Rl- Hadebi; nous avons laisse a noire droili' une monfagne que los Arabes nommenl Tel-El-Hard. A 1'' i5' nous ( 278 ) Iraversons nn petit ouadi , nomnie Sayal, du nom dc la montagne au pied de laqiielle il so Irouve ; nous mar- clionssiinSo", nous perdonsi 5'.A 2''io'nous marclions sur 180", a 2i'i5' sun 40°, a 2^ 5° sun 10°, a 2,, 35 sur i4o" ; a 5'', nous lenconlions une ruinc nomm6c Mask Essdid ; il y a quelques fragments de colonnes [ids gros- siercnionl Iravaillees; a S"" 1 5' sur 1 15", a 5''2o' sur 170°; a 5 25' sur i4o°, a 5'' 35' sur i 10". J'apercois les mon- lagnes de la mer Merle. A 5'' 4"' sur i^o". je vols un grand nombre de pelites pierres volcaniqucs qui sem- Llenl a\oir(^telancees par unc (Eruption, carles pierres du sol ont une apparence loule dilTirenle; pcul-6tre ces pelites pierres sonl-elles de Tasplialle. A 5'' do- nous traversons le ouadi Em-el-Bdoun qui se dirige vers la mcr Morle a 3" 55' sur 1 1 5". Je vois voler plusieurs goelands; sans doutc ils viennent de la mcr Morte. A 4'' 5' nous decouvrons la mer Morle au fond de la pro- fonde vallee qui est a noire gauche ; a 4'' 1 5' nous mar- chons sur 80", el nous avons un profond ouadi a noire droile qui va dans la direction de I'E. ; nousconlour- nons le ouadi a 4" sS', nousapcrccvons une prcsqu'ile ; j'espere pouvoir la dessincr, si je ne puis la mesurer. Sex'ait-ce cf tie prcsqu'ile que Seelzen nommc Insula Magna P je suis prcsque tenld de le croire. II y a, en effct, m'ont dil les Arabcs , une ile qu'ils nommcnt I)jeziral-el-Heuschera; mais clle est, assurent-ils , pres du Lord oriental des monlagnes d'Arabie , et non pas du cole del'O. , comme elle est indiquec, d'apres See- lzen, sur la carle de lirue. Alors il aurait commis une erreur impardonnablo a un homme qui dil avoir fait deux lois le tour du lac. Nous descendons par un che- min Ires rapide ; le terrain parail conteulr bcaucoup de ( 279 ) sel; les pierressontsiliceuses; ily ameme beaucoup de morceauxdesilex noir.Nousdecouvronslescimes d'une innombrablequantilede cones d'unjaunegrisqui, sui- vant I'expression de M. de Laborde , ressemblent aux vagues d'une nier agitc^e. Je nicsure la marche des cba- meaux; nous ne faisons que 450" par 5'. Nous passons la grotte de Megarat-el-Hazirat; nous marcbons tou- jours sur iSo" et 140° a 5'' 45', nous campons au milieu de ce paysempreint du cacbet de la plus profonde de- solation. Peut-6tre aucun Europeen n'a-t-il encore foul6 celte terre aride qui nous enloure. J'espere que demain je pourrai voir assez la presqu'ile pour en dessiner le contour. Nous avons parcouru environ 26,405™. 3 avril. — Nous sommes partis a 7'> sun So"; a 7'' 10' suri3o :broussaillos de tamarisk, terrain blanc calcaire avecquelques silexcaolla. 7''! 5' 1 70"; 7'' 20' i2o<>; 7'' 22 100°; 7'' 27' 120. Nous traversons le lit d'un ruisseau sans eau; c'cst le ouadi el-Zoarat. Nous marcbons, en suivant son cours sur 120" 7'' 5o'; nous passons dans un endroit ou les Arabes tcnaient autrefois on bazar; cet endroit est nomme Soulk Tabime. Nos cbameaux font 80 pas par minute ; le pas peut etre lvalue a i". A 7'' 5o' sur i4o° nous suivons le lit du ruisseau ; il a 5"' (!e large , son fond est de gravier tres fin. A 7'' 55' il y a une petile cataracle , le ruisseau fait un coude a droile ; a 7i'58' nous le traversons et nous le laissons a gaucbe, nous en suivons le bord. 1 oo" S"" 5', le ruisseau s'^loigne a 60'" a gaucbe ; 8h 9' nous le retraversons et le laissons a droite; i 4o' 8i'i 2' sur no, no us le traversons et le laissons a gaucbe. Terrain tourment^ sur lequel s'a- baissent a droite eth gaucbe les montagnes grisati-es qui formentladroite et la gaucbe du tableau dontles monta- ( 280 ) gnes cVAi'abic formenllefond, A8'' 22'laiss6 le ruisseau traverse et a droite; a 8'' Sa'sur i5o''.8^ 4o'sur i4o°; S*" 45' je decouvrc la mer Morte siir lOo". Lc ruisseau a 5oo>» a droilo dans la montagne et dans un endroit tresescarpe.A 8'' 55'. Je vols un liypoge^e dontl'ouver- ture est carree et parfaitemenl rcguliore ; Ics Arabes disent que c'esl un ouvrage des Francs Mrharat-el Da- Loura. Le lit dii lorrenl s'elargil boaucoup el so d6- tourne a gaucbe dans une gorge Ires decbircc , dans laquclle il fornio dcs cataracles de 5o a 4;^"'. La terre est tri'S salee. Magnifique vue dcs montagncs. A 9''45', nous arrivons au cbatcau do Zoara , au pied duquel passp le lorrenl (!u menu; nom. Nous restons a Zoara jusqu'a lo'' 20'; nous Iraversons le torrent et nous le laissons h droite; tamarisks et acacias a gomme, A 10'' 40' je remarque que les coucbes inlerioures des mon- lagnes sontd'un calcaire blanc et jiar rayons borizon- taux, tandis que les sup^rieures sont noii'eset perpen- diculaires; on a marcbe sur 100° et 110°. A 11,, nous atteignons lebas de la montagne; la les eaux du Zoara se r^'pandent sur une plainc que les Arabes nommenl el-Nafde (i), quiestcouverlod'arbustos. Aousmarcbons sur I 4o", etaSoo'" de la perdu 10'. A 11'' 3o' la vegeta- tion cesse et nous marcbons sur un terrain couvert do sel. Les montagnes de sel se rapprocbent de la mer; les Arabes lesnommentDjebelEsdoum. Nous marcbons sur 170°; il n'y n plus que 200'" en Ire les montagnes et lamer. Nous sommes obliges d'accelerer la marcbe, parce que les Arabes craignenl une allaque. A 11'' 4^' les montagnes viennent jusqu'au bord dela mer a peine k 8o"\ Nous marcbons sur i5o". A 12'' i5' direction sur (i) C'est le nom dun nrhre qui y croiten grande quantite. ( 281 ) un pellt cap 170". Le cap a le, 4^'. Presdu cap ily a une grollo nommee Megarat-Esdoun , de laquelle sort un ruisseau sale. Les Arabes dlsent qu'on peut suivre celte groUe pendant un jour. La montagne est formee de blocs de sel dont plusieurs ont de 2 a 3m sur t ou 2"". A 1 ' 33' nous dopassons I'exlremite de la mer Morte et nous enlrons dans le ouadl el-Glior, qui a en\iron zh. 3 miiies de largeur. Nous marchons sur 180° sur une plaine de sel et au pied dc la roonlagne de sel. A 2,, 5', quanlile dc morceaux de bois , branches seclics depo- s^es par los eaux, le long dune petite digue qui va pa- rallelenient h notre route. Un petit ruisseau traverse une partie du ouadi et va a la mer Morle. Je vois parmi les branches apportecs paries eaux des djerids de palmiers. A 2 ' 1 5' nous marchons sur 220° ; a 2'' 3o' sur 200° ; a 2 37' quelques arbiistes ; a 2'' 5o' sur 1 go" la vegetation a cesse. Perdu 5'; a 3'' i5' un petit ruisseau et des ar- bustes dans loute la largeur du ouadi. Les montagnes salees vont toujours en s'abaissanl a mesure qu'on avance versle S. ; ellesforment un premier plan h d'au- ti'es montagnes beaucoup plus hautes, quisont derriere elles. Les montagnes salees sont toutes tailladees par les torrents qui viennent, pendant I'hiver, les traverser et se r^unir ensuite dans cette plaine que sans douto ils inondent.Tousces torrents sales doiventetrela cause de I'abondance de sel qui se trouve dans la mer Morte. A3' 25' je remarque des toulTes de roseaux, de la ve- getation la phis encrgique, environnes d'un terrain sale, sur lequel il n'y a pas une trace de vegetation. Jt> vols des hirondellcs, des acacias hgomme, direction 200°. A 31' 76' sur 140" lits de torrents allant vers la mer Morte; nous traversons le Ghor, nous eloignanl des montagnes salees etmarchant vers celles d'Arabie. ( 982 ) Nous traversons le ouadi el Fukret qui vient des mon- tagnesdel'O. ct va a la mer; 4''. d'u-eclion sui' 200". A 4'' 20' nous trouvons dcs niarais donl I'cau n'ost plus aussi sal(!!e, parce qu'cllc vient dos monlagncs dc gres qui sont au S. A 4'' 26' nous alleignons la chalne de collines qui , depuis ce malin, m'ont paru tire la limile du Ghor el le I'ermer en reunissanl les nionlagnes sa- lves a celles d'Arabie. Nous les coloyons sur 160°. Ces collines , qui ont de 60 h 70 pieds de hauteur, sont de gr^s blanc et tres friable ; ellcs sont toutes taillad^es par une quanlile depetlts torrents quivienncnt tomber dans le Ghor. A 5'' nous arrivons h une fonlaine Ain Arousse, L'eau, en sortant de la source, a fallmonter le thermom^tre a 2 8'> h I'air, et h Tombre il marquait 25" 1 / 1 . Le gout de cette eau est un peu sulfureux. Di- rection en arrifcre, prolongement du Ghor i.5°. Les montagnesd'Arabie vont en s'abaissant vers le S. Perdu i5'. A 5'' i5', en route, nous voyons des palmiersnains. 6h 10' i4o"; 6'' 20' iGo". A 6'' 25' quand nous n'elions plus qu'h une petite distance dcs montagnes d'Arabie, nous trouvons Touverture du ouadi Araba. C'esl I'ap- parencc du lit d'un grand fleuve, si sa pente n'6tait vers la mer iMorle, el si je n'avais acquis des prcuves contraires h mon opinion favorite, je me serais ^cri6 en le voyant : C'est bien le lit du Jourdain.C'est bicn; en eCfet, le lit d'un ton'ent, mais qui coule dans le Ghor. Maintenant il n'y a plusd'eau; toute sa largeur, qui est de 260 h 3oo'", est remplie de tamarisks, sur lesquols les chameaux se jet^rent avec un appelit d6- vorant. Les berges qui sont d'un aspect siliceux et gris ont 5o'"d'6l6vation environ, et sont parfailemenl per- pendiculaires ; direction 25oo. Le sol est sillonne par la trace des eaux. Depuis le retrait des caux, il s'esl .1 1 j: ■■&{■> (283 ) form6 une croute que I'ardeur du soleil a divisee en petits morceaux qui se recoutbent comme des copeaux de menuisier. A G'' 35' 20o„; a 6'' 4o' 220"; a 7'' 2 10". Aireld h 7'' 6'. Nous cachons notre camp aussi bien que pos- sible pour ^chapper aux yeux de lynx des Arabes de Kerek, qui habilentlesmonlagnes d'Arabie qui domi- nenl le ouadi. La marche de la journ6e a el6 de 1 1 heures environ, ou 52,280"". J'avais parcouru beaucoup de monlagnes, les Alpes, les Pyrenees, et tanl dautres; j'avais visile!; des pays frappes de la malediclion de Dieu , lesplaines de Moab et le pays d'Ammon; mais je n'avais encore rien vu de comparable aux montngnes de Zoara et d'Esdoun. C'est la desolation sur la plus grande dchelle et au-dela de ce que I'imagination de I'homme pent concevoir. II faut voir; d^crire est impossible. En voyant sur la plaine du Ghor parfaitement ste- rile , el a une aussi grande distance de la mer, une quantile de brandies d'arbres et quelques troncs de palmiers, ma premiere idee fut que ce terrain etait autrefois convert par les eaux du lac,et que ce bois avait ele depos6 la par la vague, api'5s avoir 6le en- train6 par les eaux du Jourdain. Mais un plus scrupu- leux examen du terrain m'amena a penser que pen- dant I'biver presque lout le Ghor est convert par les eaux qui tombent des monlagnes qui I'enferment. Et pour appuyer cette opinion je dirai que la fertility du sol suit la nature de la formation des monlagnes : ou il y ades monlagnes de sel, la stcrililela plus complete; ou les monlagnes sont d'une autre nature, les eaux qui en d^coulent, loin de porter la mort , ara^nent au contraire la ferlilild; la plus grande , c'est ce qui fait ( 284 ) que lo Ghor csl nne vasle plaine slt'iilc, avec dcs bou- quols do vegetalion. Jercmaiquai avec elonnemenldes massifs de I'oseaux, grands, vigoureux et loulTus, envi- ronnes de cetle lorre grisatre sur laquclle il n'y a pas un biin d'herbe. Les monlagncs de sel s'abaissont en avancant vers le S. ct finissenl par n'elre plus que des lortros bas ot allong(^s, alignes et places parallele- ment les uns aux autres. On volt que c'etait aulrefois line seule colline que les T>aux onl lalUee pour so frayer iin passage. La chaine de collines tros basses qui reunlt les monlagncs de sel a celles d'Aralne el ("ormo ainsi le Glior, se presenlc counne si c'etait un inur Fait expies. 4 avril. En lra\orsanl le canal de (Juadi-Araba, sur un angle de i47% jo compto ()/|0 de mes pas, a o*" 80 I'un, ce qui fait 702 metres. Du milieu du ouadi je vois I'entree par -53° et le prolongement sur '^05°. Nous partons a 7'' 10'. Si je I'egarde le prolongement du canal, il me scmble que les rues de Thebes devaient avoir quelque chose de la meme apparence; ces ber- ges dont la ligne finit a I'hori/on , et est coupce J» distances a peu px-es 6gales, forment comme un aligne- menlde monuments en forme de pyramidcs tronqui^es. A 7'' 5()' la direction en arrit;re est 5?.°, en avant 205°. Les monlagnes qui forment la digue du cole droit sont beaucoup plus ddchirees que celles du cot^ de gauche; ce doit done etre de droite qu'il vient le plus d'eau. A S^ 2.5', sur I 90°; 8'' 3o, en arri^re 20", en avant 1800; 8'' 5o', 195°. Nous decouvrons au-dessus de la bcrge gauche une li^iu! de monlagnes dans I'c^loignement; e'est, disenl les Arabes, le Nabi-Aroun, le mont Hor ou : 285 ) hiourul Aaron. A niesure que nous avangons, nous de* couvrons mieuxcesmontagnes,quisont ccllesd'Arabie, el dont relTct el les lignes sont admirables. Que de belles clioses se sont oiTeites h nos yeux depuis deux jours, el cepcndant nous n'emportei'ons que des cro- quis bien imparfaits. Mais que faire dans ce ouadi, sans eau et sans cesse sur le qui-vlve,regai'danl cliaque poinl dans reloigncment, pour s'assurer que ce n'est point une sentinelle de I'ennemi? Le ouadi devient plus large el prend Faspect du desert , les berges sont beaucoup naoins elevees. A 9'' 16' il y a un coude 210°. Le long de la chaine de droile , grands et beaux lama- risks. La berge droite lournc i> angle aigu , lanJis que cclle de gauche fail un coude. Les nionlagnes de droite sont plus decliirees que celles de gauche, qui sont ab- solumenl perpendiculaires. Les berges voiil en s'a- baissant et le terrain en monlant. 210° a y'' 45. Le fond du ouadi devient sablonncux dans la partie a gauche, mais je vois qu'a droite il est toujours blanc et argileux. Nous rencontrons a chaque instant des lits creuses par les eauxqui tombenl des monlagnes; dans le temps des pluies il doit elre ditlicile de passer, sinon impossible. Cependantil paroitqu'alorsil y ades Arabes quiy viennent; ce sonlceuxdes Iribus de el-A'amerin et Haweytal; ceux deTarabein que Burkhardt nientionne commele frequentant,n'y viennent point. Nous voyons parfaitement la chaine dont depend lemont Hor el dans laquelle estle ouadi Moussa. L'Araba devient beaucoup plus large, et les berges, surtoul celles de gauche , s'abaissent beaucoup; le ouadi presente I'aspect du desert. A lo,^ 10' il n'y a plus de berges a gauche; a 10' 3o' on apercoit un fond de nioniagnes au-dessus de la berge droile qui est dcvenue Ires basse ; a lu'' 4o' nous ( 286 ) passons devanl I'ouverlure du ouadi Afdel qui vicnt du S.-E. ; hi i'' labcrgc de drolle n'a plus que 02'" o a 2'" Go; les nionlagncs d'une Icinle violelle qui sont derri^re s'eloignenl a notre droile. iNous trouvons I'ouverture du ouadi Keseb; il sc prolongo sur aSo", I'Araba sur 195"; ilest alors 1 ii' .5', Nous marchons jusqu'a 12'' 20' sur celle direction. Nous pcrdons4o'; je mosure 1,000 pas en travers sur Tangle 290°. A 1'' nous reparlons , sun 950 ayant 22° en arriere ; a ii'i5'25o"; a i'' 35' nous nous arretdns h Ain El Hafire , ou nous avons eu une alerte et la crainte d'une altaque des Duchcmans (enneniis). Ain Ilafire est une petite source d'eau po- table , pour le desert, qui se trouve a I'cndroit oil la route d'Hebron a Poetra travei'se I'Araba. Quand Moise dit « Alors nous retournames en arriere, et nous al- » lames //ar le ckeiniii de lamer Rouge, etc. etc. (1) > " i^ paile certainement du ouadi Araba. Il ne pcut y avoir d'eplthete mieux appliquee que celle-la; d'ailleurs , il paralt, quand on regardc la configuration du terrain, que Moise n'avait pas d'autre cliemin a prendre pour aller du mont Ilor dans le desert du Sinai ; car il devait craindre de retravei'ser les monlagnes babilees par ses ennemis; et d'ailleurs le peuple menant avec lui ses trou- pcaux , il ne pouvait clioisir un aieilleur chemin; c'est une immense route sur laquelle on pourrait courir meme envoiture. A 4'' 26' nous reparlons sur 25o", a 4'' l\o' sur i85". Maintenant nous avons un beau fond de monlagnes a droile; cepenoant ellcssont loin d'6tre aussi magnifiquesque celles de gauche qui unissent la beaule des lignes b la richessc des tons et des plans. II y a de veritables bois dc tamarisks ; ils sont hauls et (i) Deut, chap. XI, v. i. ( 287 ) fourres. A 4h ^o' sur 220"; k 5h i5' sur 210"; le ouadi devient fort large ; nous marchons pres de la berge gauche qui estformee par de pelils monlicules.AS'' 20' 22o°nous campons Ji6''5o', apices une marchede 8'' 3o', faisant environ 40,29.0"'. A minult nos pauvres Djahe- lin, qui ontmarche tout le jour, font des patrouilles pour 6viter une surprise. En lisant les exlrails du voyage de M. de Laborde, qui sontrapportt^sdans The Quarterly Revieiv, July i^d-j , j'y remarquai la phrase suivanle : Levoyageur apr^s avoir exprimeropinionquel'Araba est I'ancienlit par lequel le Jourdain coulait h la mer Rouge dit : « Amino doubt T> cannow remain, I imagine that at a remote period the Jor- » dan/lowed trough it to the sea, »etc. et un peu plus loin : CI Wadj Araha sinse it has been deserted by the river. » Sans doute M. de Laborde n'aura vu I'Araba qu'au S. du point di; partage , et il aura conclu que la pente 6tait de la mer Morte a la mer Rouge. Jepense que demain nous alteindions ce point de partage ; jusqu'a present nous sommes encore dans le bassin de la mer Morle. Le colonel Leake, dans la preface de Burc- khardt , parle de la formation du lac asphallite et de I'interruption du cours du Jourdain, en citanlle xix'' chapili'e de la Genese. Mais dans ce chapilre, non plus que dans aucun autre des saintes ecritures , il n'est dit que le cours du fleuve fiit inlerrompu, ni que I'em- placement dcs villcs fiil submerge : et si cela out ele , on n'aurait pas manque de le dire. Le passage sui- vant de la Genese parait difficile a concilier avec I'etat actuel des localitt^s. II est dit ( Gen. xiir, 10) « Et Lot, el^vanl ses yeux , vit toule la plaine du Jour- » dain , qui avant que I'Eternel eiU detruit Sodome et ( 288 ) «Gomorrhe elail arrusce pctrtoiit iusqu'ace qu'on vlnt » a Tsohar, conimc le Jardin de rEtcrnel , et comme le »pays d'ligyple ( i). » Avant de parler de ma mani^rc de concilicr I't^lat actiicl des choses avec ce passage , je ne pulsm'empechei' d'exprlmcr ina surprise que ce mot " jusqu'aTsohar, • n'ail pas arrfile les speculations de ceux qui out voulu conduire le Jourdain a la mer Rouge , el qui ont cile ce meme verset a I'appui de leur opinion. Maintenant voici ce que je jionse , mais je dis bien que ce n'est qu'une supposition. Avant la maledic- tion deDieu, le Jourdain s'arrelait comme aujourd'hui dansla mcr Morte, mais son eau etait douce el servail a arroser toule la plaine, landis qu'apr6s la ruine des villes, ou les monlagnes (par roHct d'un miracle) sont chang^es en masses de sel, ou simplemenl Icseauxplu- viales qui lombent sur ces montagnes, a} ant change de direction pendant un Ircmblement de terra, ont creus6 toules les fissures que Ton voit aujourd'hui (et quicer- lainement n'ont pas et6 ainsi de lout temps), et ont amene sur la plaine et dans la mer cetle quanlile de (i) Tradiiction de David Martin. Daus ccllc de L. de Sai\, le versi'test traduit aiilrcmcnt; mais la version de Marlin me parait plus correde. <■ Lot leviint done les yeux cousidere Jout le pavs silue le long »du Jourdain, qiii s'elendail de ce lien-la jusqu'ii ce (ju'on vieuue a '< Soger, » Martin dit Tsoliar ; je pense que les deux noms ont le meme sens ( c'esl-a-dirc petit) , et qn'ils s'appliqueut tons denx a la nitine loea- lite <■ el (pii a\ani qnc Diui dttrnisil Sodonie et Coniorrhe paraissait uu » pays ties agreable, tout arrosc dVau comme jardin de dclices et » comme 1 1'.ijypte qui est arrosee des i;iux dn Nd. >> — liala, qui est Segor(Gen., tlinp. XIV , v. -i), Lomaislre de Sacy. — Bclah, qui est Tsoliar, David Marlm. — G.n., chap. \IV , v. 3. Tons ceux-ci s"y joiguircnl dans la valiee de Siddim , qui est la mer sa'.ee. D. Martin. — Thus tes rois s'assfmblticiil dans la val!ee des llois , (pil est niaiiilenuut le mer salce. L. de Sacy. Le mot mninu'iiaric me parait ajouti'. ( 289 ) sel, qui rend I'une stei'ile et I'autre si remarquable par ses proprleles chimiqucs. Ainsi la Bible a encore rai- son dans celte phrase « jusqu'a Zoar ; » car c'est la que s'arrete la mer Morte. 5 avril. — Depart a 7''! 5' sur ... Nous marchonspres de la berge; a noire gauche, largeur i5 a 1,600". Dans les endroits ou I'eau ne passe pas, sable convert de turfa; dans le lit des torrents, glaise blanche melee de silex tres t^nus; dans la berge , on voit des couches de gravier alternees avec des couches de sable. A 8'' en avant 200", en arriere 20". Lc Ouadi se retrecitun peu. En cheminant, il me venait h la pensee que les Israe- lites n'ont pas du suivre I'Araba dans toute sa largeur, car quand ils y descendirent par I'oixlre de Dieu , ce fut pour retourner a la montagne et au d(!!sert de Sehir, ou ils reslerent encore bien long-temps, jusqu'a ce que la generation qui avait desobei a I'Eternel fiit etointe; et quand Dieu dil a Moise : « Tu as assez tourne autour de celte montagne, tourne-toi vers le seplentrion, etc.,D rien n'autorise a penser qu'ils prirent I'Araba pour ve- nir a Nebo, ou mourul Moise. Perdu 10' en route ; a 81. i5' je vois al'ost, a 1/2 mille. Doublet-Bogla, petite colline qui a la forme d'une pyramide tronquee. Le Ouadi se retrecit a 8'' 60'; on me monlre iNabi-3Ioussa sur i45"(i). Les berges du Ouadi sontmaintenant des chainesde pelilescollines,s'abaissant a mesure qu'elles avancent vers lc sud; a droite,-elles sontplus dechirees paries eaux; a gauche, il y a un espace d'un mille pen- dant lequcl le Ouadi n'est plus ferine, et tient a une plaine couverte depelits monticules qui s'etendent jus- qu'au pied de la chaine arabique ; h 9' 25' le Ouadi n'a (i) Le croquisde M.Bertou poilg no"". XI. MAI ET JUIN. 3. 20 ( =90 ) pas plus 'cfe"4ooi48om^t. de large ; agauclie, monticu- les intcrrompus; h droile,la meme chose, mais Ics lertres sont plus rap|iroclit^s. La vegetation est plus rare ; nous marchons toujours pr^s de la berge gauche. 9'' 00' les couchessup^rieuresdelamontagnede gauche sontd'al- luvion A9''35' nousarrfitons a Ain et Rhamar, Fontaine dontreaua i5° centig. Son goilt et son odeur sont d6- testables, et se rapprochent un peu de I'eau ( e Vichy. Cependant commenousn'en devonspastrouverd'autre avant demain soir, nous remplissons nos outres. Le ro- cher qui est pres de cette source est d'un gris rougea- tre ; en m'approchant je vis qu'il est couvert de carac- teres ou plulot de marques informes ; ce sont les noms ou plutot des signes qui remplacent les noms des Ara- bes qui passent en cet endroit; c'est una esj.fece deMe- kaleb. M. Montfort inscrivit nos deux noms au milieu de tousces signes informesfaitspar les Arabesde ce desert. Ce sont cerles les premiers noms europ^ens qui y ont ii& Merits, et cette consideration a triomphe de ma re- pugnance pour le genre de celebrile auquel on semble viser en inscrivant son nom sur les monuments; ici c'etait une prise de possession. Le rocher ecrit a en- viron 23" de haut. Remis en route a 10'' 3o' sur igS", 200° et 202", a 1 1*" iS'i lit de torrent encaiss^de 1", 60 a 10', 90, ii""; 25' 210" 1 i''3o' perdu 5'; en route ;ai u5 5', 2000. Une gazelle traverse le chcmin, les Arabes la font arreter en imitant le cri du male. Le Ouadi a toujours environ 1000 a 1200"". A 12' 3o' les berges se rapprochent, il n'a plus que SGo" ; nous laissons a droile dans I'eloignement le Djebel-hashiche. \i^5b', nous marchons prts de la berge gauche sur 190°; lar- geur 200 : les coHines de la berge sont formecs de petils cailloux de silex. 1'' 5' 190", i"* i5' 170°, i"" 20' ( 291 ) changeraent d'angle sur 1 1 5» ; remis en route i ii, ^o' SuriiS"; a i'' 45', Nabi Moussa sur i25'. A gauche il n'y a presque pas de berge , une plaine onclul^e cun->- tinuejusqu'auxmonlagnes d'Arabie. 2'', 20'la berge qui ferine le Ouadi a gauche peut a peine etre tracee, elle s'^lolgne beaucoup vers la cliaine arabique; Je terrain est couvcrt de pelils silex, et il n'y a presque plus de vegetation, le peu qu'il y en a est brule par le soleil. A 5'' 5' sur 200° J a 5'' i5' sur 220". Le canal est difficile a suivre; il se confond avec la plaine et les colllnes de silex. Graviers enormes, sans doute la place que Bur- ckhardt indique par le mot rocky; on luien auraparli^, car il n'a pasdii passer encet endroit. A 3'' 25', rGo" j le Ouadi passe entre deux coUincs qui sont a i4o" I'une de Tautre; 3i> 3o', 2000; perdu 10' en route. A3''45' sur 240", collines a droite et a gauche, plaine de gravier ; a gauche elle s'^tend jusqu'a lachaine arabique. Le fond du torrent est de sable leger et fin. A 3'' 55' sur 220°; a 4'' 5', rocky, monticule de silex; le lit du torrent est d'un gravier grisatre et il est horde de tamarisks ; c'est comme le chemin d'un pare. A 4'' 5o' banc de gres; le rocher parail comme un melange de calcaire el de gres Ires blanc en Iravers du Ouadi. A 4*" 5o' nous laissons a droite Ouadi-el-Malha ; nous perdons 10', parce que les Arabes avaient voulu me tromper, en coupant en ligne droite vers Akaba ; mais ma boussole m'a bientot r6vel6leur mauvaise intention, etj'ai ramene la cara- vane dans la bonne route. Nous reprenons sur 220% et a S"" nous campons aprfes une marche de 6'' 5o' ou de 32,390". 6 avril. — A 7'' 5' nous parlonssur i6o°;je mesure la marche deschameaux : 955 demespaspar lo'.Lelitdes eauxest sur un fondde gravier gris, les bords sont cou- 30. ( 202 ) verts de tamarisks. A 7'' 3o sur 220" ; perdu 1 0', a 7'' 00' sur 19°; la berge de gauche est de grcs blanc avoc des veines horizonlalos en silex. Roclier dejoo" delargeur et de 3o de hauteur. A 8'' sur 220; a S"" 10', 22o:c'est toujours le htde graviergris au travers duquel percent qa etla des couches horizontales de gr^s bhinc; a gau- che, plaine couverte de silex; a droite, les collines mar- quent mieux le cours du Ouadi. 8'' 3o' sur 200° : les collines de droite rinterrompent ou sont fort ^loignecs, mais n(^anmoins ellcs indiquont encore les limites du canal. A 8'' 4o' 220"; 8'' 5o' , collines sur notre droite; elles cessent a g*"; etnous raarchons sur 220", a 9'' 7' sur 2 10°; a 9 1 5' nouslaissonsa droite leOuadi-Talha, quise dirige vers I'ouest, et que les Arabes nous designent comnie ^tant le chemin de I'Egypte; c'cst en efTet la route quesuivit BurckhardtquiserendaitduOuadi-lMoussa au Caire. Ilentra duOuadi-GharendeldansleOuadi-Araba, lesuivituneheure 1/2 environ, et ensorlilparle Ouadi- Talha. Depuis la jonction duTalhaavocl'Araba, les Ara- bes donnent a cc dernier le noni de Ouadi-Akaba; le Ouadi-Talha marque done le point de partage des eaux. II est impossible de meconnaitre les deux pontes, I'une vers le N- , I'autre vers le S. La pente vers la mer Rouge doit etre rapide, car notre horizon est tres borne, et coupe le cap aupied duquel les Arabes nous disent que se Irouve Akaba. De ce point Tangle sur la pointe la plus declinc^e du cap Akaba etait 190". A 9'' 55' nous nousremetlons en route. Jusqu'a present, nous n'a- vions point vu d'insectes, et depuis un moment nous renconlrons des mvriades do scaraboes. Suleiman, le petit Arabe sauvage, conduit mon chameau ; son oeil do chat apcrcoit un serpent replie sous une touflc d'herbe, sur laquelle il allait poser son pied nu j il fait un pas en ( 99^ ) arrifere, ramasse une pierre et d'un coup 6crase la tete du reptile; c'estle seul serpent que nous ay ons rencon- tre,aussije m'empressede lemellre dansrespril-de-vin; on sera curieux de savoir a quelle espece il apparlient; son dos est couvert de petltes ecailles, sa tete plate est effilee. Le Ouadi serpente au milieu de plaines couver- tesdepetits silexnoirs. Nous marchons sur 155" pour approcher des montagnes d'Arabie dans lesquelles on ira chercher de I'eau. Le sol est couvert d'une quantity de ces roses de Jericho ; il y en a d'enormes, mais toutes sonl seches; le nom arabe est Neukde. A midi sur la pointe d'Akaba 190°; la ligne d'horizon coupe les mon- tagnes ct nous cache la base de celles qui sont au-deli, preuve que le terrain va toujours en descendant vers Akaba. A la"" 3o' nous nous arretons a I'endroit ou le Ouadi-Gharendel se reunit au Ouadi-Akaba. Les Be- douins vontchercherde I'eau aux sources do Gharendel, qui sont a i'' i/4 de distance. L'eau, ainsi que I'observe Burckhardt, a ungout sulfiireux, mais qui estbeaucoup moins prononce que danscellede la source deR^hamar ou nous emplimes nos outres hier. Pour celle-ci, I'o- deur d'aramoniaqueet de soufre etait si forte que nous ne pumeslaisser dans la tente un terre qui en conte- nait une petite quantite. An'' 45', avant d'arriver au Ouadi-Gliarendel, nous avions laiss^ a 2 milles a gau- che uncamperaent des Bedouins Hassen-Ebu, Judmen- Arab, el Haouensat, dans un lieu nomme El-Khaa, en meme temps nous avions a quelques pas a droite le tom- beau d'un cheikh : c'est un carre de pierre rangees les unes a cot^ des autres; le nom est Bejim-Abondaihe; pr^s de la il y a aussi un endroit creux nomme Kateb- el-Dhahiah, danslequel il reste de l'eau apres qu'elle ft'est retiree du Ouadi. A la"" 20' nous passons le Ouadi- ( 294 ) Shadem; a S*" nous nous remeltons en route sur !5o' pour rojoindrc la dirpction sur Akaba, de laquellenous nous Aliens un peu eloignes. Lo vt^nt de Scnioun nous apporte une quantite de sable fin dans les yeux. A 5'' 5o' sur 190" nous decouvrons en avanoant de plus en plus la base des monlngnes cach^e par la ligne dc I'hori- zon. ^ous marclions sur un sable fin el mouvanl qui peut-etre est amene des bords de la mer Rouge par les vents du S. Nous suivons loujours le cbeniin des eaux, nous sommesprt^sdescollines de droite a G"" 45' : nous campons h 7'' aprdjs une marche dc Si.aoS"". 7 avi'il. — A 6'' 45' en route sur 21 5", peu de minu- tes apr^s sur igS". Les montagnes de I'E. ont de bien belles lignes, les dernieres suitout, celles qui s'abaissent jusqu'a I'horizon sont d'une sua%il6 remar- quable; a cctte distance elles gllsscnl sur I'borizon, et il senible qu'elles vont se reunlr a celles de la chaJne d'HoiTua que les Arabes nomment El Hackab, et qui ferment le Ouadi du c616 de I'E. A 7'' 10' sur 180"; nous marcbons pres des montagnes de silex qui sont a notre droite j le chemin des eaux est borde ^e tamarisks. Le lever du soleil est splendide ; les inasses graniliques des montagnes de I'E. coupont en dechirures lantasliques le ciel argcnte du levant, et se d6lacbent comme des masses noires, tandis que les pQontagnes de Horma sonlresplondissantes de lumifere, et que les coUines desilexquisont a leurs pieds restent •encore dans' I'ombrp. Le soleil en s'6levanl rcipand sur -ies montagnes de I'E. une lumiere vaporeuse qui s'in- terpose enlre les plans les plus (iloignes et ceux qui sont plus rapprocb^s; ces dernicrs sont eclaires, mais I'om- 'bredosc'imeslespluseleveesy csl piojelec. A 8'' 1 5', nous traversona ou plulot nous lournons des coUines de sa- ( 295 ) ble qui sont en travers du Ouadi. Les acacias dont lea troncs sont caches paries ensablements ont la forme de parasols; encore one prevoyancede celui quia loutor- donn6. A 8*" So' autres collines de sable; a io''45' sur 180" : nous nous arretons pour prendre de I'eau aux sources de Rdian; I'odeur et la saveur sulfureuse de leur eau est insupportable. En route a 1 1*" 45'; ^ 12'' 1 5 le Ouadi s'encline des montagnes de I'O. vers celles de I'Est; h i2''45' avant 19^°, en arri^re 22°; h 2'' nous renconlrons Rejem el-Hadid, nom qui signifie qu'un cheval en cet endroit a saut6 un tas de pierre. 2,, 4o' le sol est couvert de gravier de granit eVde porphyre, amene par les eaux qui descendent des montagnes au- dela de la pointe qui s'abaisse vers Akaba. Sans doufe ce sont celles qui sont de I'autre c6t6 de I'istbrne d'Aila ou Akaba, et qui joignent, je crois, la chaine du Sinai. A 3'' 20' nous campons; la pluie tombe en abondance. Distance parcourue SSjSyS". 8 avril. — En route a 7'' 10' sur 180°; nos chameaux marchent 382 pas par 5', le pas de milieu en milieu i" 10. La vallee est toujours une grande plaine, et le sol est recouvert d'un gravier tres fin , et compost de petits morceaux de granit et de porphyre. Outre la pente longiludinale du Ouadi, qui est N. et S. , ily en a une Iransversale qui est d'O. a E. A gh 35' , nous d6- couvrons la iner Rouge. Le prolongement des montagnes d'E. et d'O. enfer- mant le goli'e Llanitique pr^sente un aspect 'admira- ble.Nous inclinons un peu vers I'E. (i 75°) pour arriver a Akaba. A 10', le terrain est tr^s sillonn^ par le pas- sage des eaux, et il est couvert de tamarisks. A lOi, 35', nous apercevons les palmiers de I'oasis d'Akaba ; la vue decesarbres, et surlout celle de lanaer, pae font grand ( 296 ) Lien. Je nc sens plus cetle atonie, cette torpeiir que cause le pas lent et r^gulier ducharaeau. II me semble que mon sang a repris une nouvelle aclivite. Nous comparions I'etat dans lequel nous nous trouvions au malaise qui succfede a un violent accos do fi6vre ; une depression morale et physique , une somno- lence conlinuelle, et des douleurs dans les os. A ii'' i5' nous sommes arrives a Akaba , et nous avons dresse nos tontes dans la cour du chateau. L'officier qui commando lagarnison ^gyptiennc nous a recus de son mieux. « Trois Anglais , nous a-t-il dit, sont partis avant-hier pour se rendre a Gaza. » Ces voyageurs , qui sont peut-etre M. Smith el le docteur Robinson , n'ont pas pu se rendre a Poetra comme ils en avaient le projel , parce que les Arabes qui fr^quentent le Ouadi-Moussa ne sont pas a Akaba en ce moment. A S*" la temperature sous la tente 6tait de sG". Akaba est notre Capoue. Avoir do bonne eau etaulant qu'on on desire, faire sa toilette quand dcpuis luiit jours on est reduit a une eau sulfurouse qui exhale une odeur d'oeufs gates h faire soulevcr le cceur, et qu'on a manqu6 memo de cette di^testablo eau toute jaune et puanle comme cela nous est an'iv6 depuis trois jours; puis se trouver tout-a-coup dans un pays ou Ton repand I'eau sous vos pieds pour faire tomber la poussi^re et rafraichir I'air, c'est vraiment un luxe de Sybarite. Aussi, quand nous avons vu un sa^a ve- nir arroser le sol sur lequel on venait do dresser notre tente, nous sommes-nous Scries que c'otait une pro- digalit«3 de jeter de si belle eau. Distance parcourue , 2o,58o™. 9 avril. — Un marchand arabe qui trafique avec les Bedouins qui liabitent le pays au S. d'Akaba , jna'a I 297 ) parl6 de mines qui sont, dit-il , A quatre jours d'ici, et qu'il nomme Halakan. Le premier jour, la route qui y conduit suit le Lord de la mer, el au-dela de Ilagol ,on marche Irois autres jours vers le soleil levant dans les montagnes. II pretend qu'il y a la plusieurs portes avec dos inscriptions en caract^res francs , et aussi une colonne. Maigre I'interet d'une d^couverte aussi interessante , je recule devant une si longue course, dont les resultats reposent sur le r^cit d'un Arabc. Nos Bedouins ne veulent plus aller au Sinai ; ils pr^lendent qu'ils n'en connaissent pas la route. J'ai remarqu^ que tous les poissons, pelits ou grands, qui ont et6 pech^s depuis que nous sommes ici , ainsi que le plus grand nombre des coquillages qui sont sur la plage, sont rouges ; le gravier du bord de la mer a la meme couleur, car il est compost de petits morceaux de granit et de porphyre; peut-etre cette circonstance n'est-elle pas ^trangere a la denomination de mer Rouge ? 10 avril. — II fait un vent irap6tueux , le ciel est gris et il pleut. Nous allons a Kaser-el-Bedaoui ; nous prenons le boixl de la mer, en suivant le chemin dela Mecque ; nous rencontrons a 2 5' de marche le Ouadi- Dishya, dont les eaux en hiver tombent a la mer. A i5' plus loin, nous trouvons la petite construction de- signee par le nom pompeux de chateau de la Bedouine : c'est une masure de 6 pieds carres ; de la la direction du prolongement de la cote de I'E. etait 212°, celle du chateau d'Akaba 28", et le fond du golfe au pied des montagnes de I'O. 55o°. En revenant, nous ramassa- mes une quanlile de jolies coquilles d^pos^es sur le rivage par la haute mar^e. Nous fhnes de nouveau la remarque que le plus grand nombre des productions ( 298) dc cetle mer affecle la couleur rouge. Les Arabos qui viennenl habituelloraent ici sontde la tribu de El-Ka- lahi^h. Us habilent dans upe quinzaine de masures qui encoTJobrenl la facade N. du chateau, lis sont d'une plus haute taille que les autres Arabcs; Icur figure est laide , leur bai^be rare, et leurs janibos fines ct s^ches comme des morceaux de bois a moili^ bruits; leurs yeux ont quelque chose de i'aux et de farouche. 11 avril. — Toujours le bamsin; atmosphere bru- meuse, air sufToquant, poussi^re briilante. Nos Be- douins ne veulent pas aller au Sinai. C'est a Akaba ou pr6s de la, a Hetsjon-Gueber, oil Salomon equipa une flotte qu'il envoya en Opbir. (Liv. des Rois III, chap. IX, v. 26.) Akaba 6tait alors nomme Eloth; sous la domination romaine , il prit le nom de Aila. 12 avril. — Nos Bedouins avaient demands une augmentation de salaire considerable pour nous con- duire au Sinai : 3o gagis par cbameau , tandis que nous sommes convenus d'en payer 26, et c|e plus^ils veulent que nous payions la nourriture pour eux et leurs betes, et que nous prenions un guide. Je tiens ferme, et lefaisdire al'aga qui nous donnera un t^moi- gnage ^crit de la mauyaise foi de nos gens. lis ont peur el sc soumettent; je consens a prendre un guide ; alors naissent de nouvelles dlfficull aiiv i 1(0 'Il.>y a sur la montagne ua petit pays qui porle le meme fiom. ( 5oa ) du mont Hor, et nous apercovons le Koubb^ qui re- couvre Ic tombeau d'Aaron ; c'est ce que les Arabes nomment iNebi-Aroun. Nous marcbonssur 90° dans le ouadi Aroun ; je remarque des traces de ces pelits murs que les monlagnards font pour retenir les lerres qu'ils cullivent, et qui, sans cctle precaution, seraicnt en- trainees par les eaux pendant I'liivcr. Cette preuve que la terrey fut cullivee dit assez combienles bommcs de- ■viennenl industrieux par la necessile; car aujourd'bui on ne se douterait pas que ce terrain rocailleux ait ja- mais produit de quoi indemniser celui qui I'ensemen- ^ait. jNous marcbons au N.-E. A 2'" 3o' nous rencon- trons les premiers bypogees, eta 3*' i5' nouscarapons -au milieu des ruines de Poetra , apr^s une marche de aS.Sgo-". i5 avril. — Nous etions debout a Gi>, et la tempera- ture etait froide, 12". La pluie est tombee en abondance pendant la nuit; mais ce matin le ciel est clair, et lout nous promet une belle journee. Noire camp est assis au pied desgrandsmonumentsquiregardentle N.-O.Nous partons de Ih sous la conduite d'Abdalia pour explorer les ruines. En nous dirigeant vers I'O. 5o° au S., nous arrivons au tbeatre dont les degrfes sont entierement creuses dans le rocher (gr^s rougeatre) ; il est assez grand, et je pense que 2,5oo h 3, 000 personnes pou- \aient s'y asseoir. Les speclaleurs tournaienl le dos a rO. (ceux qui etaientau fond, dans I'axe du tbeatre) ; derri6re eux, devant, au-dessuset au-dessous, partout des tombcs. Les bommes qui vivaienl ici de\aient avoir une mani^re bien differente de la notre d'envisager la morl, car combien nos sentiments ne seraient-ils pas . eboqu^s si de nos jours nousvoyions elever un tbeatre au milieu d'un cimetifere I Parmi loules ces tombes, il ( 3o3 ) y a descaract^res d'architecture tres difr^rents;lesunes ont des ornemenls qui appartiennent h rarchileclure grecque , et doivent avoir el6 ex^cul^s par les Remains, apres que Trajan eul fait la conquete de la capitale de I'Arabie; d'autres, par leur foi-mepyramidale, feraient penserqu'ils sont I'ouvrage des Arabes INabal^ens, qui auraient copie les monuments de I'figypte. La frise de ■plusieurs de ces monuments est aussi celle qui couronne tous les pylones egyptiens. Mais je pense qu'en co- piant les figyptiens, les Nabal^ensont cependant eu quelque chose d'original dans leur architecture; ce sont ces ornements en forme de creneaux stages, et ceux-ci comme des escaliers, qui se regardent; les uns et les autres sont conserves dans I'architecture arabe, et ceux qui surmontent un grand nombre de tombeaux de Poetra en sont peut-etre les types. Dans les moimmenis ou Ton voit ces ornements , il y a quel- quefois aussi des pilastres surmonles de chapiteaux semi-corinthiens. En quittant le theatre et.appuy ant vers I'E., et ensuite vers le S. , nous enlrames dans un defile 6troit forme par des escarpements perpendicu- laires de i5o a 200 pieds de hauteur. La couleur rou- geatre du gr^s et les dechirements formes par les^cou- lements d'eau et les vents donnent a ces rochers I'aspect le plus extraordinaire. En suivant ce defile dans la direction S.-E. nous arrivames devant le grand tem- ple que les Arabes nomment le Kasnfe-Faraoun. Quoi- que nous eussions vu les dessins de M. de Laborde , nous ne nous attendions pas h. trouver un monument aussi beau et aussi bien conserve ; cependant je dois dire que le dessin que nous avions sous les yeux et que nous avons pu comparer au module , est d'une grande exactitude ; seulement, dansle dessin, les statues sont ( 5oa ) du mont Hor, ct nous apercovons le Koubb^ qui re- couvre Ic tombeau d'Aaron ; c'est ce que les Arahes nomment INebi-Aroun. Nousmarchonssur 90° dans le ouadi Aroun ; je remarque des traces de ces pelitsmurs que les monlagnards font pour retenir les lerres qu'ils cultlvent, et qui, sans cille pr(^caulion, seraicnt en- trainees par les eaux pendant I'liivcr. Celle preuve que la lerrey fut cullivee dit assez combienles bommcs de- ■viennenl induslrieux par la necessile; car aujourd'hui on ne se douterait pas que ce terrain rocailleux ait ja- mais produit de quoi indemniser celui qui I'ensemen- ^ait. Nous marcbons au N.-E. A 2'' 3o' nous rencon- trons les premiers liypog^es, et a S"" i5' nous campons -au milieu des ruines de Poetra , apr^s une marcbe de 28,890". 1 5 avril. — Nous elions debout a Gi-, et la tempera- ture etait froide, 1 2". La pluie est tombee en abondancc pendant la nuit; mais ce matin le ciel est clair, et lout nous promet une belle journee. Notre camp est assis au pied des grandsmonuments qui regardent le N. -0. Nous parlons de Ih sous la conduite d'Abdalia pour explorer les ruines. En nous dirigeant vers I'O. 5o° au S., nous arrivons au tbdatre dont les degr^s sont enlierement creuses dans le rocber (gres rougeatre) ; il est assez grand, et je pcnse que 2,5oo h 3,ooo personnes pou- vaient s'y asseoir. Les spectaleurs tournaienl le dos a rO. (ceux qui etaiont au fond, dans I'axe du Ibeatrej ; derri^re eux, devant, au-dessus et au-dessous, parlout des tombes. Les bommes qui vivaient ici devaient avoir une mani^re bien difl'erente de la notre d'envisager la mort, car combien nos sentiments ne seraicnt-ils pas choqu^s si de nos jours nousvoyions elever un tbealre au milieu d'un cimeli^re 1 Parmi toules ces tombes, il ( 3o3 ) y a descaractferes d'architecture tres diff^rents;lesunes out des ornemenls qui appartiennent h I'archileclure grecque , et doivent avoir el6 ex^cul^s par les Romains, apres que Trajan eul fait la conquete de la capitale de I'Arabie; d'autres, par leur forme pyramidale, feraient penserqu'ils sont I'ouvrage des Arabes Nabal^ens, qui auraient copi6 les monuments de I'Egypte. La frise de plusieurs de ces monumentsestaussi celle quicouronne tous les p^ilones egyptiens. Mais je pense qu'en co- piant les figyptiens, les Nabal^ensont cependant eu quelque chose d'original dans leur architeclure; ce sont ces ornements en forme de creneaux stages , et ceux-ci comme des escaliers, qui se regardent; les uns et les autres sont conserves dans rarchitecture arabe, et ceux qui surmontent un grand nombre de tombeaux de Poetra en sont peut-etre les types. Dans les monumenis ou Ton voit ces ornements , il y a quel- quefois aussi des pilastres surmonles de chapiteaux semi-corinthiens. En quiltant le theatre et.appuy ant vers I'E., et ensuite vers le S. , nous entrames dans un d6fil6 6troit forme par des escarpements perpendicu- laires de i5o a 200 pieds de hauteur. La couleur rou- geatre du gr^s et les dechirements formes parles^cou- lements d'eau et les vents donnent a ces rochers I'aspect le plus extraordinaire. En suivant ce defile dans la direction S.-E. nous arrivames devant le grand tem- ple que les Arabes nomment le Kasnfe-Faraoun. Quoi- que nous eussions vu les dessins de M. de Laborde , nous ne nous attendions pas h trouver un monument aussi beau et aussi bien conserve j cependant je dois dire que le dessin que nous avions sous les yeux et que nous avons pu comparer au module , est d'une grande exactitude ; seulement, dansle dessin, les statues sont ( 3o4 ) un peu restaur^es, surlout celles qui sont 6questres. II y a des porlions de ce monument qui sont parfaile- mcut conscrvees; ccpendant, le temps y a mis son cachet destructeur , certaines portions sont enla- mees , et ce qui m'etonnc , vu la qualite extreme- ment friable du gres, c'est que les degradations ne soient pas plus considerables. C'est sans doule a I'ex- posilion a I'E. de la fa(^ade du monument et au peu de largeur de la valine en cet endroit , que nous devons de pouvoir encore admirer dans son ensemble ce mo- nument de la civilisation romaine. Ce temple, entiere- ment creuse dans le roclier, est divls6 en cinq chambres, dont deux lateralos ouvrent sous leporlique, et deux autresdans les parois gauche etdroite dc la piece prin- cipale, dans laquelle nous liimes des noms europ^ens en grandes letlres, moyen de C(^l6bril6 bien use. Des qualre colonnes du portique, trois seulement sont de- bout; leurs chapileaux ne sont pas d'un gout bien pur, mais cependant d'un bel effet; on peut leur repro- cher de n'avoir pas assez de hauteur et d'etre trop evases. Les colonnes p^chent par le d^I'aut contraire a celles deGerash : elies sont trop d'une venue, et I'ceil n'est pas satisfait comme en voyant celles d'Athencs , qui ont une courbe si heureuse. Mais il est superilu de faire une critique tielaillee de I'archileclure de ce mo- nument ; les planches de M. de Laborde rendent par- faitement justice aux beaut^s comme aux d(ifauts. Je me bornerai done a consigner quelques observations SUP les ornements ailegoricjues du fronton. La statue sculpt^e sur le milieu de rornement cylindrique qui coupe le fronton n'est pas , comme le ropresentc le dessin que j'ai sous les ycux , un hommc nu appuye sur une massue ( j'avais cru, en voyant la planche, re- T 3o5 ) connallre Hercule) ; c'esl au contraire une deesse dra- pee portant dans la main gauche une corne d'abon- dance; au-dessoiis de celle corne il y a une ligne per- pendiculaire ( dont on a fail (i) une massue ) , mais qui resscnible beaucoup a une tige dc palmier. Le pal- mier est souvenl employe comme une allegorie de la richesse et dc I'abondance. A chaque angle du fronlon, coupe par le monument cyllndriquc , il resle les paltes et le commencement de cuisses d'aigles, ainsi que I'extremite de leurs ailes. .. On serail porte a croire en voyanl le dessin que les colonnes n'ontpoint dc bases; ce serait une erreur:., elles en ont, mais elles sont presquc en tieremen t cachees par le sable. En quittant le temple, nous entrames dans un defile qui n'a pas plus de 4 ''i •^°' de large , et dont les escarpements perpendiculairesn'ontpas moins de oo ct jusqu'a loo"'; c'est dans celle fente du ruclicr que coule le ruisseau qui aiimentalt Poetra et arrosait ce lieu. Apres avoir suivi ce defile, dont la direction est E. etO., pendant ;,85o de mes pas, qui equivalent ^environ 1,464"* nous arrivamcs sous une arclie qui enjambe sur ce defile; elle est construite en pierres bien taillees et es-t appuyee de chaque cote au rocher ; , sa naissance est a une elevation de 16 a iS" au-dessus du fond du torrent; son cintre un peu aplati m'a paru avoir une corde de lo"" et une fleclie dc 4'" ; sous I'ar- cade et de chaque cote du defile, on a sculple sur le rocher une niche entre deux piliers. En continuant a marcher vers I'E. un peu S. (lo"), nous arrivames a la fin du defile (90"' apres I'arcade). C'est le point designe dans le plan par la lettro C. Dans la longueur du defile (ij Je u'avais pas avec moi le grand ouvrage de M. de LaLordc, mais seis- U'lneut uue copicanylauif; in-12, pour laiiuellc les planches onlete reduites. XI. MAI I.Y .aj>. /|. 2 1 ( 5o6 ) nous lonconlrauies plusieurs fragments dudallagean- cien ; car cc dcifile elait une des avenues, el peul-6tre mcme la principale avenue de la villo. A droile et a gauche on avail laille dans le rocher de pelils canaux, deslines sans doule a conduire les eaux, soil pour en elever le niveau , soil pt)ur pouvoir reparer le conduit qui passait sons la route, sans inlerronipre I'alimcn- talion de la ville. Arrives au point indiquc en C sur le plan, nous nous delournamcs a gauche vers le IN., et nous ne lardanics pas a renconlrer unc autre avenue qui, apres avoir traverse un soulorrain creuse dans le rocher pendant SS", sort dans unauire defdequi con- duit hors des roclicrssur les monlagnes ou il croitun peu d'herbe. La largfur de la grolle est de 5G a 70"*. Cctte avenue conduit aujourd'hui aux villages de El- Shonback el Dbedboli.Bujckhardl.en parlanl de ce der- nier pavs, qu'il ecrit Badcbdeh, dil que ses habilanls, de religion chretiennc grecque, se sont retires a Kerck ; mais dopuis des Arabos ont colonise et occnpent ce petit village. Ces Grecs elaienl peul-elre les derniers rcslcs des peiiplos quioccupaientcespays avanlquo les Arabes les rcconqulssenl, et les descendants des fonda- teurs des monuments que nous venons etudier aujour- d'hui. Apres avoir suivi pendant quelques instants I'a- venue dont jc viens de parler, nous tevinmes sur nos paselnous montamcsau-dessus de cctte grolle. Nousy virnes plusieurs sepulcres creuses dans les rochers , et un de forme cubique , plus haul que large, sans ornc- nionl; de la nous arrivamcs au-dessus de I'arche qui marque Tenlreedi: d^fde parlequel nous (itions v(>nus. Le chcnain par Icquel noiis elions arrives la est foil dif- ficile ; nous avions du matcher en nous glissanlel nous aidant des mains. Cependanlnous vlmes quelques Ira- (3o7) ces de 1 art sur ces plates-formes clovces; on petit re-J connailre que le roclier a elc laille en differenls cnflioits. Ayant I'arcade sous nos pieds, nousapercumesa quel- que distance verj I'E. une lonibe ornee dc quatre pelils obelisques lailles dansle rocher. Le ruisseau qui prend le nom deNahcelSjkpasse aupied de cemausolee el vienl ensuile couler sous I'arcade, el continue dans le defilt^ conune je I'ai dit. Au-dela du monument aux obelis- ques, noire vue se Irouvait bornee par de grands ma- meions verdalres, auxquels s'appuionl encore (piolques rocliers de gres perces d'bypcgces. II elail midi , la cbaleur 6tait devenuo excessive, nous n'avions point dejeune , nous revinmes done au camp. Sur noire route je Irouvai une pierre ecrile , mais les caracteres en sont si effaces qu'ils sonl, je crois, ininlelligibles ; je les ai ccpendant copies, ainsi qu'une inscription en caracteres arabesdans un autre monument. A 3'' nous avons dc nouveau quillcla tcnio, el, mar- chant vers rO , nous avons renconlre le canal qui Ira- verse la ville, ct lournanl au N. va porter les eaux du fleuve du ouadi Moussa dans une vallee escarpee ; la il arrose des plantations d'arbres. Apris avoir marcbe un quart d'bcure, nous vimes les ruii'.esd'un pont sur cc canal, cl un peu plus loin un jiilieret d'-iulies decora- bres appartenant a un monument que M. de Laborde nomme un arc de triompbe. Dans le dessin, on a res- laur6 des figures sculpleis dans des ecussons qui sont superposes, dans la baulcur du pilier. A quelques pas de la nous vimes dans des decombres une petite statue de lemmo; quoique trcs mutileo, on peut re- connailre que le travail n'en est pas fin. A 8o"> de I'arc de triompbe , el toujours vers 10., s'elfeve un tem- ple dont la facade, lournee vers le N., 6tait orn^e d'un SI, ( 5o8 ) porliquc de qualro colonnes et deux pilastres axix an- gles. Toutle temple, qui est u peu presaussi large que long, elaitcouvert d'un ie\6temenl en slue; ilcn resle encore des fragments, et oii il est lombe, on veconnait les piqiires I'ailes a la pierre pour I'y fixer. C'est pres de ce monument qu'il y a , dans I'escarpement du roclier qui regarde I'E. , un tombeau inaclie\e. II a et6 dessine el donne une fort bonne id6e de la ma- ni^re de proceder des artistes qui dirigeaient ces Ira- vaux. Tout autour do nous , nous decouvrions des lom- beaux plusouraoinsimportanls.mais tous creusesdans le roclier. Certes, touies ces lombesont etefaitespour des gens puissants , et leur nombre «^tant si consi- derable , on doit penser que celte ville fut florissante pendant une longue succession de siecles. L'arc de Iriompbe et le temple dont je viens de parler sont de construction romaine. Je n'ai pu m'expliquer la desti- nation de poulres en bois qui se trouvaient incrustees dans les murs dece temple et formaient un cordon re- gnant tout autour du mopumenla une elevation des 5/6 de sabauteur; dtait-ce pour recevoir, des ornements? Le solcll ayantdisparu derriere les montagnes, nous rcgagnons notre camp , et nous y trouvons le cbcikh Abou Zeitoun qui regne en maltre absolu sur le puadi Moussa. 11 vient nousfaire une visite intdressee, le bak- shis de rigucur. 10 avril. — Ce matin, avantde quitter le campement, nous avons fait des cadeauxauclieikb; iia eudel'argent, de la poudro , des couteaux, du tabac el du savon.Avec moins d'experiencc du caractferc arabe , nous auripns i)u espprer que tout cela aurait contents notre hole ; mais point. 11 demande encore un peu de poudrc, un peu dc ccci, puis de cela, puis pour son uis cl pour ( 3oo ) son hbre. Avec ces gens on n'a jamais fini : donncz- leur g^nereusement , ils se figurenl aussitot que vous avez des tresors, et ils veulenl ies partager. C'est hien la race la plus ennuyeuse, la plus fatigante qu'il y ait sur la terre. Sous la conduile d'Abdallah, nous nous sominesmis en marcho pour aller visiter ce que Ies Arabes nom- ment El-Deir; c'est la ruinc que ne purent explorer ies voyageurs anglais qui precederent M. de Laborde. Aprfes avoir traverse la plaine des decombres, qui est enfermee enlre Ies hauls rocbers, dans la direction du N. io° a rO., nous entrames dans la gorge qui recoit le rulsscau, ct prenant un pen sur la droite, c'est a- dire tout-a-fait au N., nous commencames a gravir une route quiserpente dans Ies rochers, pendant prfes d'un mille. Cette route taillee en escalier est un ouvrage prodigieux, beaucoup plus imj^ortant nieme que le monument auquel elle conduit ct pour lequel elle pa- rait avoir ete ouverte. Que de temps et de peines pour achever un ouvrage aussi giganlesque! ! Cerles , ce n'csl pas un petit peuple qui i'ait de telles choses. Pai'venus sur une plate-forme, nousy trouvamesle Deir; c'est un monument inacbeve, mais dans le meme gout que le Khasne Faraoun, ct qui parait cerlainement avoir et6 destine au culte de la divinite; car dans la grande niche qui occupe le milieu de I'unique cham- bre de ce monument, enlierement taille dansle rocher, on reconnait la forme d'un autel qui a sans doute m detruit par Ies Arabes pour y cheixher des tresors. La facade du Deir, cjuoique ayant des points de ressem- blance avec celle du Kasne, est loin d ctre aussi ele- gante: d'abord elle n'a point de portiquo, et ensuite Ies ornements n'citantqu'ebauches, donnentl'air beaucoup ( 5io ) plus lourd h son arcbileclure. Apn'-s avoir prisles prin- cipalosdimi iisionsdumonumcnlet long-lemps admird I'aspect sauvagc el graiuliuse dos procipices qui I'en- louient, nous rcdesccndiuus j)ar la route que nous avions suivie en monlanl. iNous ddcouvrions les dilTe- renls plansderochers s'l^chclonnanl losunsdciriore les aulres, el nous admirlons la suhlime Irislesse de ces lieux. Veis la niollie de la desconle, dans un endroit ou le passage parait avoir cle onlieremenl lail!6 dans le roclier, j'apcrcus dos caraclercs lellenienl effaces, qu'il me tut inipossihle de rcconiuiitre a quelle langue ils apparllenueiil; niais je vis dislinclpmcnl aux deux extrtiniles de riuscriplion dcs croix ainsi fonnees. Les cioises scraicnl-iis venus ici? Peutetie Tinliepide llenaud de Cliuliilon, tpii occupa Reiek vers 1 182 , et qui fil j)lusieurs incursions surlebord dela mcr Rouge, passa-l-il a Pcelra. I! n'y a done pas un petit coin qui n'ait ^le visile ])ar des soldals francais I Revenu dans la plaine couverlo dos ruines de la villo ( ot surlout d'in- nonibrables pelils niorceaux de polerie d'unedelicalessc extreme), je voulus explorer a ma guise collo immense necropole. A pros avoir visile tons les bypogdesdonl sont criblosles escarpemenls du c6t6 de rO.,je viens explo- rer ccux du cole du S.Tous ces tombeaux, places dans les rocbers comme dcs nidsd'aiglc, ont bicn un type commun, mais copendunl il n'y en a pas deux abso- lument pareils. J'ai remarqud avec interfit de grandes ouverturcs carrees qui correspondent a de vasles puils dans lesquels on ensevelissait peul-elre coux qui u'e- taient pas assez ricbos ou puissanls pour prdtendre aux Lonneurs d'un monument. Les puils sont semblables h ceux que j'avais observes en Kgyple , surtoul aux en- virons des pyramides de Sakara. Parvenu dans les ro- (3i» ) chers du c6t6 du S., j'y trouval plusieurs tombes fort belles dans deux vallees ou phitol dans dt parallc'lement auS. i5°arE. L'un de ces lombeaux avail trois statues sur sa facade, et I'aulrc en face elait ami , dans I'inlerieur, de co- lonnes cannelees a cbapileaux d'ordre ionique ou a peu pr6s (la vlgnelle dans I'ouvrage du docteur Keith donne une fausse idee de Icurfonno). En continuant dans cclte gorge, on Irouve un autre petit monument ayant un porlique, et on a dcvant soi un fort beau ta- bleau forme par le fond de la gorge ; il n'y manque qu'un arriere-plan. En redcscendant , j'ai i-emarqu6 qu'on avait conslruit de distance en distance dans le fond de la ravine des massifs de maconnerie pour romprerimpetuosiledeseauxquilombaientencascade, jusqu'a ce qu'elles eussent rencontre le ruisseau prin- cipal dontelles etaient Iribataires. Los cascadesdevaient etie d'un elTet magnifique au milieu de cetle nature sauvnge. Jejjencbea croire que les monuments de cette vallee etaient plulotdesliabitations que des tombeaux; peut-etre les maisons d'ete des puissanls du temps , qui y Irouvaient un abricontre les grandes chaleurs. Dans la soconde gorge il y avail des monuments moins ornes; lesoauxy tombaient de meme en cascade. Epuis6defa. tigue, je renlrai sous la tcnte ; apios un frugal dejeuner, nous nous remimeseni'oute pour acbever i'exploration des monuments; il nous rostait a voir ceux du N.-E. Nous les trouvames toujours dans le style de ceux que j'ai deja decrils. Avant de renlrer, je copiairinscription laline sculptee sur le fronton d'un monument qui se rencontre a peu de distance de I'endroit ou nous cam- pons. Dans aucun pays je n'avais vu une quantite de perdrix comparable a celle qui habite ces ruines. { 5iO 17 avril. - - Pendant la journoe, un Biilouin, quiso donnecommc legardien du tombcau d'Aroun, est venu mo Irouver, me disant que si jc voiilais visiter le mont Ilor. je devaislui donncr ^o gazis. J'ai trouv^ a part nioi la somme un peu forte ; mais ne voulant pas mc niet- tre en colore, j'ai pris sa dcmande comme un plaisan- terie et j'ai repondu dc memo , I'assurant que je Irou- vais quo 4" g^'-'s elaient une niisere, que je n'oserais olTrir a un homrac de son nierite; je ne sais s'il a com- pris que je me moquais de lui, mais il s'en estalle sans roparler du bakshis. Les historicns anciens parlcnl peu de PcEtra, mais los proplieties centre le pays d'Edom nous font assez bien coonailre quels furent ses pre- miers liabilants... Les descendants d'Esaii, les Edomi- tes, furent sans doute les- fondateurs de cette cite qui n'a pas de copie dans le monde entier. Sa position au milieu de rochers inaccessibles en IVrait une place de guerre inexpugnable, s'il n'etait facile dc la rendre inbabitable eu dolournant le ruisseau qui la traverse et en fertilise le sol. Ee iiom de Poetra, qu'clle a toujours porte dans diCferentes langues, est une parfaite descrip- tion dc sa nature particulierc. Ptol6niee cite le nom de Poetra, ct determine sa position geograpliiquc. D'apr^s lui, le majorRennel est tombe dans une grave erreur en laplacant a 5o milles geograpliiques au S. de rcxlromit^ delamerMorte;il fautpres{[ue doubler cecblffre. Pline constate aussi quo los Arabos nabateens babitaient une vllle du nom de Poetra. C'est Diodore qui nousapprend que colte ville fut succossivomont assiegee d'abord j)ar Atbenoe, gdjn^ral d'Antlgonus, 5 10 avant J.-C, et en- suilepar Demetrius, fils d'Antigonus. Le premiers'etail empare de celte ville pendant I'absonce des babitants, qui t^taient alles a un marcbe dos environs ; mais quand ( 3'3 ) ila revinrcnt, ilsbatlirent I'ennemiet laill^rent rarmee en pii^ccs. II est douleiix que celte action se soit passee a Poetra. Je penche a crolre qu'elle eut plulot Ilcu a Kerek, dont le nom ayant la meme signification, j)eut avoir cause une erreur. On tlit que Pomp(^e raarcha sur Pcelra, et Strabon fait mention d'une expedition qn'Au- gusle ordonna cnnlie celte ville et dont le commande- inent fut confie a Elius-Gallus ; enfin Trajan souniit cette ville a I'autorile romaine. Un fait rapporle par Slrabon m'explique ce qu'liior j'avais de la peine u coinprendre, ce mt^lange d'archilecture nabateenne et romaine : Anlenodore le pliilosopbe, dit-il, raconte qu'il trouva a Pcelra, un grand nonibre de Roinains qui s'e- taient expalries. Sans douto cesPiomainsavaient intro- duiten Arabie I'archilcclure grecque, dont lesnaturels se servirent en la melant a la leur. C'est, je le crois, le secret de ce melange qui m'avait lant etonn^ d'abord parmi les nombreuses excavations qui ont ete prati- queos dans les rockers qui enferment Poetra. Un grand nombre, je le crois, sont des sepultures, mais il en est cependant qui nie paraissont avoir servi d'habitallons et meme de temples. Au nombre de ces derniers est le monument El-Deir dans lequel on reconnait encore I'autel des sacrifices. Quoique j'aie dit plus haul que le melange d'archi- tecture dans les monuments de Poelra devait etre attri- buee a la presence des Romains expalries, il me vient cependant quelquefois a la pensee que les Edomites, loin de I'avoir emprunledes Grecs etdes Romains, leur ont peut-elre fourni les types d'arcbilecture qui, per- fectionnes a Atbenes , ont fait I'admiralion de tous les ages, de meme qu'ils ont enseigne aux I'lgypliens a ob- server le cours des astres; cependant ces derniers ont ( 3iA ) joui pendant long-lomps dc Thonneur de I'lnvcnlion. ]\Ials 161 oil lard ce qui apparlionl a Cesar doilrcvcirir a Ciisur, ct peul-elre approchons-nous du leinps ou I'on rcconnailra que Poclra ful lout a la fols Ic hcrcoau dcs sciences i.'t dcs arts. Ce que Slrabon dlt de I'irre- verence dcs Nabaleens pour les raorls fait un conlrasle frappant avec I'opinion admisc, que Ic plusgiand nora- bre des excavations de Pcelra ont el6 executdes pour leurservir de sepulture. Ne sorail-il j)as possible que celle innombrable quanlilode monuments aient 6le Ics habitations des Nabal^ens, el que IcsRomains, habitues a vivre dans des maisunsplus spacieuses et plus com- modes, en batirent a leur guise dans la vallee, aban- donnant aux morts les demeurcs dcs vaincus? Le seul lonibeau qui porte une inscri|ilion latlne est d'archilecture toulc romainc. Jc mcniionne ce fait, parce qu'il me parait venir a I'nppui de la supposition que les Nabaleens connurcnt romploi des colonnes a phapiteaux, etc., avant la conqueleromalne. J'ai copi6 ce que j'aipu lirederinscription latine ; j'y aichercli^, mais en vain, le nom de QuintusPra^textus Morentinus, qui sc Irouve dans la copie de M. de Laborde. J'avais cru un moment, en revojant ma copie, avoir mal lu le mot Sexto, qui se Irouve a la premiere ligne, precedti de leltres pea dlslinclcs; je suisretourne a I'inscriplion, et en m'aidant de ma longue vuc, je me suis assure qu'il doit etre conserve (i). 18 avril. — Le vent de Hamsin a recommence a souf- fler ce matin. Le thermometre est a 29° a 1 1'' sous la lente. Vers deux hcures nous sommes alles faire une (i) Celte inscription est imprimce avec ma lettre du 29 avril i838., daus le Bulletin du uois de juillet , page 3t. (3.5 ) seconde visile au petit monument , le Kasn6 Faraoun ; sur notre route nous avons renconlre Ic theatre; j'en ai mesure les dimensions, parce qu'a I'oeil il m'a paiai que Burkhardten avail cxngero beaucoup la grandeur en disanl qu'il pouvait contenlr trois mille spectateurs. Je calculerai posilivcmenl plus tard, mais je serais ^tonnid'y trouverdo la place pour asseoir plus de 1,200 personnes. II forme un arc dont la corde a /|i"' Go , la fleche 20" 20; il a o4degres, lous tallies dans le rochcr. La scc>ne , qui est tournee vers I'O., elait orn(^e de co- lonnes dont quelques IViigmenls sonl encore vlslbles. En nous rendant au Kasnfe, nous avons remarqud un tombeau qui m'avait frappe par la singularity de ses orncments. J'ai voulu le visiter, et je me suis bien re- joui de celte bonne idee, car en redescendant nous avons trouve une inscription grecque. Je reconnus aus- sitot que la plcrre sur la quelle elle est sculplee avail du servir de sofiltc a un des monuments qui nous en- vironnaient. Apres quelques minutes de recberches , je trouvai le commencement et la fin de rinscriplion encore a leur place, le milieu de la sofitte s'etant seul d6lacb6. C'est avec la plus grande peine que je suis parvenu a copier celte inscription et non sans courir le risque de me casscr le cou. ^''^ '' ■' ' ''*^* * " Des Arabes de la Irlbu des Haoueytatsontvenus cam- per avec nos Djalielins, et ont fait un vacarme abo- minable, parce que les llaoueylat, qui sont des Du- chemans(ennemls), voulaient se faire donner des cha- meaux, ce qui ne ferait pas mieux notre affaire que celle de nos chamelicrs; mais j'espere que les visiteurs n6 me forceront pasde leur apprendre qu'iln'y arien que des coups a gagncr quand on est impertinent au point de vouloir mettre a pied des gens qui ne savent pas marcher. ( 3i6 ) 19 avril. — Quand j'ccrivais liier que des Ilaoueytat elaiont arrives, j'ignorais qu'ilselaienl une avant-garde de la trilju loutcntiere, qui est campcc a 5 heuresd'ici, el (jiK! nous c'tions lonl simplcmcnt prisonniers de guerre. II nous a ele declare cc matin que nous ne quitleions pas Pcetra, si nous nc conscntons a pa\Qr millc piastres. La chose eiit ele diificile , vu que nous ne les avons pas; resistor (itait folie, pulsque la Iribu est dans les environs; la position elait dillicilG. Nous ne voulions pas perdre le iVuit de nos travaux inachev^s, laisser ecliapper celle occasion de visiter la tombe d'Aaron , ni risquer noire vie pour si pen : nous transi- geames. La fermele que nous montramos fit sansdoute penser aux HaoucUat qu'il etailuiieux pour cux de se contenter de la petite somme que nous leur olTrions , et qui etait a peu pres tout ce qui nous restait en ar- gent, que de courir les chances d'une rixedans laquelle ils auraient eu beaucoup do coups a gagner. J'ai peine a croire tout ce que Strabon xaconte des moeurs des ISabatcens; descendants d'Esaii, ilsdevaienl connaitre et adorer le Dieu d'Abraham. Quand Moise leur de- mandc a passer sur leurs lerres , il fait dire au roi : "Tonfrere Israel. »L'eut-il ainsi adresse s'il eiit su qu'il itait idolatre ? Mais je n'ai pas assez de temps pour exa- miner cette question ; ce sera pour le retour. Nous avons quitte les ruines de Pcetra a 2'' 00' aprcs midi ; nous avons perdu 20' en Iraversant le ruisseau pour remplir les oulres, et, nous dirigeantversleS.-O., nous retracamcs les pas de noire arrivee. A 3'' 20', dans un endi'oil oii la route passe entre des rochers de 5 a 6'" de hauteur, nous avons remarque une quanlltt!! de peliles pyramides ou plutot obelisques de 4<>aO'n Code hauteur, sculpt6es sur les rochers. Commele temps a { 5i7 ) mangi le gres , elles ne sont plus dislinctcs , et Ton pourrait, en passant rapidcmenl , les prendre pourde grandes letlres. Ne serail-ce pas la que M. Banks a vu une inscription « en caracteres semblables a ceux de Gebel Mokateb» ?A 4'' lo'nous arretonsen vue du mont Upr, nouslaissonsla caravane et nous nous meltons en route pour aller visiter le tonibcau d'Aaron. Le mont Hor est une masse de gres rougealre qui s'el^ve de 490"' environ au-dessus de la plate-loi'me sur laquelle il se trouve assis. II ny a rien qu'on puisse nommer une route pour en atleindre le sommet; c'est en grim- pant de roclie en roclie qu'aprfcs 5/4 d'heure de fati- ques inouies nous arrivames au Tourbet d'Aroun ou tombeau d'Aaron. Nous enlrames par une porte qui regardel'O. dansle koubbe qui recouvre cet antique et venerable tombeau, et nous nous trouvames dans une cliambre dun carre long de 6'" sur 7 environ, dont le plafond est porte par des arcades qui se reunissent au milieu sur des piliers qui les soutiennent. Le premier objet qui frappe la vue en entrant est un sarcopbage couvert d'une draperie en toile imprimee, sous laquelle il y a quelques lambeaux verts. Nous pensames d'abord que c'elalt le tombeau d Aaron, mais les Arabes (deux Bedouins du pays etaient venus nous joindre ) nous dirent que c'(!;lait celui de son clieval. Lne inscription en beaux caracteres arabes koufiques doit appren- dre en I'bonneur de qui fut, en eflfet , 6leve ce monu- meiit. J'en ai copie a la hate une partie , mais la nuit ne m'a Y)as permis de fmir; j ai du laisser trois lignes ,fin bas. Malheureusement le nom de celui qui a eleve le monument se trouve dans les lignes que je n'ai pu copier, mais la forme du caracli-re indique assez que ce monument c§t fort anc'ien, Le docteur Loeve pense { 5i8 ) qu'il est du Icmps cl'Omar. Lcs Bedouins allumerenl line laiupc qui est laissccli'i pour los ^isileurs, elllsnous conduisirent vers un pelil cscalicr qui esl dans Tangle N.-O. de la cliambre. Nous descendimes qualorze mar- ches, et nous nous Irouvames dans un corridor (^Iroil et obscur qui a environ i^de large sur s"" 20 do long. C'eslau fond dc cela que nous pumes contempler le lombcau du frere du grand Idgislaleur II L'impression que fit sur moi la vue de ce modesle monument ne s'effacera pas de ma memoire. Je nie bornerai aujour- d'hui a decrire los details qui pourraionl m'echapper. Le mausol^e a la forme d'un quart de sphere pose sur un pitidestal appuy6 au fond du soulerrain. Des frag- ments d'ornemcnts en bois , une colonnelle en pierre a huils pans, et deux grilles en lames de cuivre , qui enferm^renl jadis le tombeau et sont aujourd'hui sus- pendues.a la voute avec des bouts de cordes : tels sont les objets qui se Irouvcnt dans le caveau. Les Arabes , qui esp^renl loujours Irouver des Iresors , onl fouilld dans la maoonncrio, et les picrros arrachoes ctbris^es altestcnt la cupidile dc ce peuple de sauvages. Nous I'cmarquames avec elonnemenl que lcs Bedouins mon- traicnl bcaucoup plus de v^ncralion pour le tombeau du cheval que pour celui de Nabi lui-meme. Nous rc- monlames dans la chambre superleurc, ou gisent ca et la plusieurs chapitfaux et bases de petiles colonnelles qorintliiennes ; un fut dc grande colonne est debout clerriere le sarcophage du clieval, et d'aulres sembla- bles sont visiblcs dans Ic mur cxlerieiu*. Quel est le peuple qui cleva la un monument oine do colonnes^ Les Julfs sous la protcdion dos Romains, ou les Na- bateons? Deux grandcs marmilcs sont laiss(5es dans le koubbe pour I'usage des vrais crojanls qui viennent ( 3.9 ) sacrifier au Nabi; I'une est deslin^e aux ofirandes de chevrcs et moulons, I'autre a celle des chameaux. Plu- sieurs ex-volo sont suspendus a la voute ou aux piliers de la chambre sup^rieure ; ce sont des lamabeux ou des oeufs d'autruche atlaches par des cordons en laine, avec des glands et des ornemenls en verrolerie. II y a aussi un poilrail a la mode arabe avec force glands de diflferenles couleurs et de petils morceaux de verro- terie. Nous quiltames le sommet dumont Ilor 1/2 lieure apr6s le coucher du soleil, et co ne fut pas sans peine que nous regagnames noire tente. Nos Bedouins ont une frayeur liorrible des Haoueytal; ils ne sont plus en bonne liumeur. 20 avril. — AG' 35' nous nous sornmes mis en mar- che, suivant le cbemin parlequel noussommes arrives. La cimo du mont Hor nous otait cacliee par des nuages qui s'olevaient. A 8' 26' nous alleignimes rendroit ou les routes de Gaza et Hebron d'line part, ct d'Akaba de I'aulre, font leur jonclion. Les Arabes avaienl eleve un petit forlin SLir ce point pour allaquer, plus com- modement leS caravanes et pour defendre I'enlrde du ouadi Moussa ; il ne resle plus qu'un las de pierres qui conserve le nom de Nakeb-el-Robaa : de ce point le prolongement de la route d'Akaba 220^, de la route d'H(^bron 325°, etde Poelra 90°. Nous croisames surla route une pelile caravane conduile par des mai'cliands! de El-Kbalil , qui porlent des masbalaks au bazar, de Maan. La dcscenle est rapide et le cbemin tres mauvais. A 9' 4^' nous suivons pendant 5' le ouadi Robaa qui va porter ses eaux dans I'Araba; cesberges sonten porpbyre, ainsi qu'une parlie des coucliospro- fondes de la cliaine ax'abique , qui sont, je crois, lou- ( 320 ) les de formalion primilivo, porphyreougranit. Ato'' 20' nous marchons dans le ouadi El-Ahiad, qui est aussi un tribulaii'e de I'Araba el coule dans un lit de luf blanc, ruele de gres et de marne. A 11'' 5' nous perdons 10' pour prendre de I'eau a la source de Ain-Em-el- Turfa (i). A 12'' 20' nous marchons loujours sur le che'; mjn des eaux du ouadi El-Abiadi , et je vois le tombeau d' Aaron sur i35°. A 12'' 45' nous quittons la direction du ouadi, qui continue a notre droite , et nous mar- chons sur une grande plaine couverte de petits silex noirs. C'est d^ja le ouadi Araba , qui en eel endroit est fort large ; nous marchons sur 55o'\ Nous rcmar- quons unc suite de tas de picrres dans la direction de notre route ; nos chameliers nous apprenncnt que ce sont des sepultures arabes ; ils scrvont de jalons pour indiquer la route. C'est encore une speciaJilii de cctte contree , que de voir des morls indiquer la route aux vivants. JNous rencontrons plusieurs caravanes qui se rendenl a Maan; elles portent des etolTos, des oranges, de la farine et des fruits sees. Mous eussions bien voulu faire quelqucs emjiletlcs de comestibles; mais, faule d'argcnt, il faudra nous contentcr de ce qui nous resle et mellre noire mondr a la ration, commc dans une place assiegt^e. Nous continuons a marcher sur 53o' , puis sur 210°, et a 4' sur 545°. Nous suivons la route qui va a Gaza el Hebron. Celte route de Gaza esthpou pres celle quedurent suivrelesllc^brenxquand ils quil- tferenl Kades Barnea pour venir au mont Ilor ct de- mander passage a leurs freres d'Edom. A G'' 45' nous anivons aux sources de El-Loubie; les jVrabcs pro- (t) Source de la mer du Ttiifa. Le Turia cs( iiii ail)rQ Ires ;ibj)^id^u,( a, cette latitude. ( ^21 ) noncent El-\\hebe (source des haricots) qui formenl un petit oasis de palmiers et de roseaux ; nous y rem- plirons nos outres, carles Djahelinesn'osenty camper; ils craignent d'y etre rencontres par des Arabes qui sont dans ces environs et avec lesqpels ils ont una fort mauvaise affaire. 2 1 avril. — Nous partons a C' 5o' sur Tangle 3*. TNons trouvons le ouadi Rbcl) a 7'' 10' ; nous traversons le ouadi El-Mlireghat , affluent de I'Araba ( il se divise en deux branches qui se reunissent pres de I'endroit ou elles tombent dans I'Araba. ) A 7,^ 35' nous passons un autre ouadi. A7''45'sur 54o". Le terrain, airx^i que les coUines qui vont toujours en s'abaissant vers I'A- raba , sont formes de tuf blanc mele de silex. Le ter- rain est couvert de petits silex noirs. A 7'' 5o' sur 30°; a S"" 5' autre affluent de I'Araba. Le ouadi Araba, qui coupe a angle droit tous ces torrents sans eau que nous traversons , est a un demi-mille a notre droite. Les montagnes d'Arabie sont enveloppees de vapeur ; on croirait que le ciel doit ioujours etre pur en Arabie, tandis qu'au contraire nouslevoyons presque Ioujours nuageux. A 8'' 8" ouadi Atraba , direct. i5"; a 8'' iS'', ouadi dont les Arabes ne peuvenl nie dire le nom ; il a environ 64o,„ de largeur. 8'' 55'aulre ouadi. Tous ces lils dc torrents sont vemplis de mimosa epineux. A 9, ouadi moins large que le precedent. 9'' 20' ouadi tr^s large, grande qnanlitc de mimosas; une Fontaine d'eau salee Ain-el-Mlirerat. A 10'' sur 3qo% ouadi aio''2o'Dje- bel-el-Rfeire;aio'' 00' sur 3 1 o";io''55'54o"; 1 1^ 8' ouadi, n"" 35' ouadi du meme nom que le Djebel-el-Kfekfe. Des angles sur 56o"; mais nous rcvenons toujours a tiljO\ A 12'' 25' nous avons mis entre nous (I le ouadi Araba les coUines qui nous en cachent la vue. x^'ousrcncou- XI. MAI KT JUI^. 5. . 22 ( 02'^ ) Irons 5 mis6rablcs voyngours, o hnrnmes et 2 femmes. Quelle existence csl la leur ! m.uehcr par im soleil brii- lant, porlanl lour cau ct leurs baj;agcs sur Ic dos, n'avanl peul-olrc pas d'aulrc domicile au inonde que la tenle hosplUiUcrc qui leur csl ouvcrle quand ils rcn- conlrenl une liibu , ou une groUe, on un arbre, loules Glioses fort rarcs dansle dt^scrll A i-i'' 4">' nous entrons dansle ouadl Klcikf; nous y marchonssur 20". A 1'' i5' 540"; nous lalssons a i"" a 10., un monticule isole et blanchalre; les Arabes nous le designcnl sous Ic nom de Kadessa ou El-Madrea. Cenom, dans cette localiLc^, a quelque cbose de bien rcmarquable : serail-il un restc de colui de Kades? Je le crois probable. Les Is- radliles ontmisu jours pour vcnir du Sinai a Ivados; sans doute lis csperaient cnlrcr dans la Icrre promise par Gaza. AUaqu^s par les Philislins, les Amalekiles , et les Cananeens, ils furcnt forces de chercher une autre route. Ils avaient mvoye dos ambassadeurs aux enfants d'Esaii ; csperant uno reponsc favorable , ils se dirig^renl vers ses fronliercs, traversorcnt I'Araba, et vinrcnt camper au pied du mont Uor, oil Aniou/nt re- cucilU vers ses peres. Mais Edoin etant scn-li en amies contre cux, Dion leur dil de prendre le cbeniin de la mer Rouge; ils desccndireiil done dans I'Araba etviii- rent errer dans le desert a I'E. d'Akaba, jusqu'a cc que Dieu ait dit a Moise : «Tu as assez compassd coUe moa- tagne, tourne la face vers le N.» C'est ainsi que jecora- prends la marclie des Israelites; pcut-elrc suis-je dans I'erreur, etdeplus savants me corrigeront. Dans tous les cas, je ne pense pas qu'onpuissc passer oulre sans exa- men sur ce lieu qui porte lo nom de Kadessa. Kadessa est rendroitoulcsroutesd'llehroii ct de Gaza se sepa- rent. A i'' 45', Ouadi-Fukre sur 290"; a 2'' 20', le Ouadi- ( 320 ) Fiikre sort dcs montagncs que nous voyons rlcpuis ce malin a notrc horizon; k-s Ai.iIh's Ics iioinim dI Djc- bcl-Yiimen : cc soul Its jMoin'u rs conlio-loiis des inon- lagncs (le Jutloe. L'onUcc dii dcfilo, duquil soil le Ouadi-Fukrc, pr6senlc la forme d'linV; nous y en- trons a 2'' 5o'. Les cscarpcmcnls pci'pendiculaircs dij defde ont do 5o a 80" d'clevalion ; a mosurc (jue nous avangons, ils dovicnncnl plus haul. Nous niarchon? sur 001"; nous airivons a la fin dc la vallcc ou plul6|; de la gorge, ct nous gravissons par un ohiinin Ir^^ raauvais el lrc'srapid<> la monUignc, qui a environ 55o" d'elevalion; nous arrelonsa 4'' 55', pour laissersoufflei;' les chameaiix. La uionlagnc prcsonle des crevasses de o™ 80 a i"" d'ouvcrlure, sur une profondeur perpcn- diculaire de plusdc 40™. 11 esl cvidenl que ce soul des effels de Ireinblement do Icrrc. Le delilti dans lequel nous inarchons csl d'un aspocl horrible : pas un brin d'licrbe, rien que d'enormcs biocs de ce calcaire sili- ceux que les lorrenls delachcnl dans leur course. A 4'' 55' , nous nous remeltons en marchc; a 5'' 7' nous alteignons le hnut de la montagne et nous relrouvons encore le deserl. J'avais cspere un autre pajs, niais au loin nous decouvrons quclque vt^gelalion. Les Ara- bes sont alles chcrcber de I'eau a unc source voisine Ain-Yamen. On cainpe dans le voisinagc a >"' 45' apres unemarclie de io''55', mesurant unespace de 4^,375™ environ. Le grand nombre de lorrenls que nous avons traver- ses aujourdliui dolvenl pendant les pluies d'hiver por- ter unc masse d'eau ellVayanle d.uis le Ouadi Araha, qui recoil aussi cellesde la cliaiue arabiquc, ct lout cela coule dans le Ghor , et par suite dans la mcr Morte. Quels soul doQC les goufl'res qui engloutisseat ceseau;^ ts. ( 5^4 ) qui se joignent a celles tlu Jourdain, et a toutes celles qui arrivcnt encore des lorrenls qui lombent direcle- ment dansle Ghor? 22 avril. — En roule h C' 5o' sur 34o«. La route traverse (le grandcs plaines sablonneuses sur lesquelles sont qh et la de pelits buissons. Les chameaux font parminule 72 pas de i"" 10' ; pendant Icmenie temps j'en fais 99 de 0™ 80. A 7'' sur 20" ; a S"" i5', Ouadi-El- Mezolka sur 280°, et nous traversons a 8'' 25' des col- lines qui portent le mome nom qucle Oiiadi ; elles onl 10 h 16"' de hauteur et s'c^tendent de lE.-N.-E. , h I'O.- S.-O. A 8'' 45', nous laissons a 1 5' a gauche les rulncs d'une villc que les Arabes nomment Rournout. II y a une Fontaine et deux fragments de fabriques assez bien construiles : les Arabes disent que c'est I'ouvragc des chrdtiens. Sur 010% a 91, 7', Ouadi-Abou-Tarfa ; il va de rO.-S.-O. h I'E.-N.-E. ; route sur 020° ; a 9'' 5o', Rcubbil-el-Baul; les Arabes donncnt ce nom a un pe- tit terlre. Sur 3 1 5% perdu en roule. 10', a 10''; a 101, 1 5', vestiges d'une ville entiercment ruin^e. 10'' 55' sur 3io'; nous suivons le Ouadi-Chahabi; aio'oo', ruines d'une polite iorloresse. La roule que nous suivons est celle par laquolle les pelcrins se rendaient d'Hebroii a Maan, pour se diri- ger de Ih vers la Mecque, a I'epoque oii Mehemed-Ali leur ferma la route par Akaba, Les petits forls etaient des depots de provisions; niainlenant que les pelcrins nc passent plus ici, tout cela est tombe en ruine. A 10'' ^5' sur 40"; > 1'' 2 5' sur 70" ; 1 1''55' sur lOo; 1 1''55' sur 20°; 12'' 5' sur 5Go"; 1 o'' lo'sur 550"; a 1'' 5o', pelit chaloau ruine ;^ 1'' 45' sur 54o ; Biaral-el-Melehpuils; a 2'' 5o' sur 60"; a 2 4'">S gi'olles de El-Sakfa, sur 10"; h Z^ SUV 2 5"; Ji o"- 00' sur 540"; h 5'', emplacement d'un ( 525 ; village rulnd sur 4oo; .^ o'' 5o' siir 3o„; h 5" 45', nous arrivons h Rarilaine oii il y a des puits; c'etail pr6s de Ih qu'd'taient campes les Djahelines, quand nous parti- mes. Depuis, lis ont leve le camp et sont alles sur la montagne ou nous aliens les cberclier pour passer la nuit. A 7 ' 5o' nous arrivons dans la Iribu. Le rclour des Arahes qui nous accouipagnent paralt causer une grande joie; liommes et femmes accourent au-devant d'eux ctleur donnentle baiser d'anivi^e; ils se cognent les OS des joues (les pomini^les) pendant six ou sept ibis et en meme temps murmurent quelques paroles, que je n'ai pu entendre, mais parmi lesquelles le mot Allab est mele ; ils se tiennenten meme temps la main droite et font avec la boucbe le bruit du baiser. Les femmes (seulement les matrones) qui ^taient venues recevoir les arrivants, les embrassaient aussi, mais en leur prcnanl la tete dans les deux mains. Je fus forlsurpris devoir les femmes embrasser aussi en pu- blic, je ne savais pas que celase fit, mais cenesont que les vieilles. J'en vis une qui venait h moi se frappant la poitfine, murmurant de tendres noms ; j'eus une peur borrible et je me refugial derriere un cbameau ; frt^missant h I'id^e d'une pareille accolade , mais j'en fus quilte pour la peur. Enfin la tente se dressa au mi- lieu de la tribu des Djahelines, et ce n'est pas sans un vif plaisir que je revis sa toile blanchatre dominer de nouveau la multitude de ^;oh? (tentes)que nous quit- tames il y a quatre semaines avec toutes les anxietes d'un voyage difficile h accomplir; nous disions alors que nous nous trouverions bien bcuroux quand le Ouadi-Araba serait derri^i'e nous. Nous avons h rcgret- ter le mont Sinai, maispeut-etre y arriverons-nouspar une autre route. Le cheikh Moussa, vient nous don- ( SaC ) ner la bienvcnue cl faire toules Ics protostalions en usiigc clicz ccpmi pic. Privd pnr pluslonrs accidents des inslrumenls que j'avais ajiporU's d'Eiiropc.je dtis , qiiand j'enlrepris inon deniior \o\; go, in'cn procurer dc no'.Meaux;mal- heurciiseineiil ceux qu'tin nic pieta (iLiieiil inexacls ou maiujuaii-nl dc suliditc. Depuis inon doparl dc ]ie\roul jiisqu'a mnn arrivc^c & Jerusalem, nion excursion au ^, do la nur Morle ct mon relour a Jerusaleni , je pus nie servir de inon ha- ronielrc; mais, apres cello i''poque, la chalcur fil fondre la cire qui joijinail lo robinel en acier au lube de cris- lal; I'air y cnlra , ct jo fus prlve de Tinslrument siir lequel j'avais comple pour oliiblir les niveaux depuis le S. de la nier Morle jusqu'au N. du golfe Elanitique. Le Ihermomelre qui de\ail nie servir a verifier les ex- periences barometriqucs conlenaildc I'air. troiaisdans un grand cmbarras , cl prel a rcnoncer 6 mon cnlrc- prise, quand un \oyngciir frangais eul la complaisance dc me cedor un tbcrmomelrc do Lerebours; co Tut avec cet inslrumont quo jc lis les experiences surl'^- bullilion de I'eau depuis Hebron jusqua Akaba. OBSERVATIOXS BAROUiTniQUES ET THERMOMETUIQUES CNTRE BEVROUT ET AKABA (l). P.mcM f 1 anc;, nun. Tbrrm. cent. Ilrurei. Mars 3. Bryroul 2S. » 757 96 at 3 p.m. — 4. S.Joii 28. « — G. Aire (roiivfiil lai ill). . 27.03 7.37.66 i6 Ca. m, — 7. Na/.arelli sfi.io 72^. 33 12 1/2 « (1) Ces olisc rvalioiK ne soiit iiisricis iri (|ii'ii litre de rpii-elgnomrnls, Fofcz a cc si>J< t la iH-cii'oiuii tie <°i-s oli>irvaliuii'< par INI. le capitaiue Callisr , tujeiet: dauit k ioiuit X du Cuilcliu f |)a^u S4, ( 327 ) Polices fi;, iri;. (uo. Term, ceni ', nourquoi celle cause n'a pas in- flux dans la nieme proporlion sur rclevalion du mer- cure et sur r<^hullition de I'eau. II csl vrai que je n'ai pu prendre une observation Iherinomelrique salisfai- sanle au .\. de la mer Morle; inaisM. G. Moore, qiiel- ques mois avanl moi, avail ohicnu au .\. a peu pres le resultal que je viens d'oblenir au S. , el qui place la mer Morte environ Goo pieds au-dessous de la Medi- terranee, tandis que, d'apres le barometre , celle dil- fercnce de niveau serail doublee. Avanl de passer ouhe, jedirigerai TaUenlion du lec- teur vers un autre phenomcne almosphiirique; jo veux parler de I'enorme difference de 9 lignes dans les niveaux baronielriques oblenus a Acre et dans les au- tres villes de la cole a un jour de distance, et sans que I'etat almosphc^rique eul eprouv6 aucun change- mcnt visible. OBSEBVATIONS TnEBMOMiTRIQUES ENTRE HEBRON ET AKABA. Drgre d'ebullltioo. Temp. Ac I'air. Ilciirei. XherulOQ]etrf^ cenl. . 96 i5 5 1/2 p.m. » ifi 10 id. Mars 39. A. Hebron. — 3[. >. Avril. i''. Camp des Arabes Djahelines pres des puits de El-Kari- taine , a i5 niilles geogra- phiques ail S. de Hebron. 9(> i/io 19 4 id. — a, A 14 1/2 milles geograplii- ques de Karitaine , pres ii.U'ii - J de la groltc de Haziraf. 98 - • 16 10 id. ' 3$9 '; Vrgri d ebulliilnn. Ti-mp. de I'jli. HcuCM. Tlienuomelre cent. Avril 3. ExtremiteS. dela merMorle pies de la grolle d Es- doum , a i6 milles geogia- [ihiqiies de celle de Hd- '''■'•'' ioo6/to 3a I i/ap.m. — 3. A i3 j/i milles gpograplii- ques de rextiemile S. df la iner Moite , a ij-i milles au-dela de lemlioucliure dii Ouadi-cl-Araha. . . loo 34 n a. m. — 4. 24 1/4 milles geograi)hifjues de remboiichure dii Oiiadi oil 25 i/', dc IVxIremite S. de la mcr Moile. . . 98 9/10 • » — 5. A 39 milles gpographiqucs de rembouiluiie Ju Oiiadi, ou 5o de IVxIremite S. de la mer Morte. ..... 98 2/10 » » — 6. A 43 1/2 milles geographi- ques de I'emboudiuie du Ouadiou 54 i/ade I'extie- mile S. de la mer Morte (point de parlagedes eanxj. 98 aS » — 7- A. 12 1/4 milles geographi- qiies du point de partage. 984/10 ta 6 p. m. — 7. Sources de Rdian, a 22 milles geographiques du point de partage 989/10 aS n id. — 8. A Akaba 999/10 29 a id. — x3. Elant venu camper a 25 1/2 milles des sources 'de Rdian { daus la direction de Tan- gle 122°), je me trouvais a line petite distance de I'en- dioit nomine El-Saib , qui est le point de partage. . . 9 19/ao aa 7 id. ■ — i6, APoetra gS 8/io aa t id. Mai I". Retour a Jerusalem ( couvent latin )....;.,. 98 ao it id. (33o ) De tout ce qui pr6c6de, il rt^sulte : 1° Que la mer Morle est le centre d'un bassin qui est born6 au N. par les sources du Jourdain, a IE. par la chaine arabiquc ou les monlagnes qui s'inlerpo- sent enlre elle el Ic Jourdain, a I'O. , par le somniet des njontagnos dc Juddc , qui forme la plaine 6levde sur laquolle sont silues Jtirusalem, lieljron, etc., et se lermine au S. par les contre-forls noiiini(5s Dje-bel-Yaraen, ct cufin par les coliincs de El- SalLe; 2° Que I'existcnce de ce bassin remonte au-dela des temps historiqucs, ct ne peul clre atUibucie a aucun des plienomcnos qui changcntquelquefois lesniveaux; 5" Quo diflciontes experiences barom6lriques et llicrmom6!riqiios out parfailemcnt dciuionlre que le niveau do la mor Morle cslbcaucoup plus bas quo cc- lui de la mer Rouge; 4" Quo les valleesdc ElAraba el El Akaba ne sont pas des defiles resserrc'js cntio dos monlagnes (re qui pourrail rendre probable que lour niveau a ele cliang6 par unc convulsion volcanique ou Iremblemenl de terre) , mais forment au conlraire un grand desert, qui n'a pas moins de 90 milles geograpbiques de longueur sur 20 environ de largeur ; 5° Que les experiences sur I'dbullilion de I'eau , qui ont 6li failos depuis lo S. de la mer Morle jusqu'a Akaba, sonl parfailcmont confirmees par la dircclion de rinnomb-rablo quanlile de lorrenls qui lombenl de droile el de gauclie dans le canal principal quo j'ai suivi , soil en-dcya, soil au-delu du point de par- tage ; 6° Que les noms de Ouadl-Araba et Ouadi-Akaba que j'ai donnes dans mon Journal aux cauaux qui i'e- . . .( niJs! ( 33i ) goivent les eaux, apparticnnent non seulement i ces canaiix, mais a la valloe deserlc qu'lls Iraversont ; 7° Qu'il est plus que probable que la grande abon- dance d'eau qui se reunil dans la vall(4e de Siddim ou El Gbor, a du y former dc lout tcinps un lac qui aura sans doute ele agrandi par la ruine des villes de la Pen- tapolc, qui etaient pcut olre balies sur ses bords; Ji 8° Que la vallee de El-Ghor, au IN. comuie au S. de la mcr Morlo, csl d'uno grande ferliille , partout oil ne passent pas les ecmx qui tomhent des luniitagnes salees , ct qu'elle produit une grande quanlilc de pre- cieuses denrecs paimi lesqucllos je citcrai I'indigo, la cochenllle, la gomme arabique, etc.; 9° Que la d^couverle des ruines qui conservent en- core le nom de Zoara determine I'cmplacement de la pelile ville de Tsohar; Et enfin, que tout ce qui precede coincide parfaite- tement avec los renseignemonls hlslorlqucs ct geogra- phiqucs conlenus dans les Saintes-Ecritures. LiSTE des novis de Ueux situes sur la partie de la cote ajricaine , habitee principalement par les tribus des Somali. La lache du voyageur ne serait pas remplie s'il se bornail a noler lout ce qu'il a vu ou 6ludie par lui- meme ; dans los conlrees nouvclles, il est une auire source a laquclle il fera bion de puiser, je veux dire le lemoignage oral des nalurels sur les pays que le plan du voyage n'a pas pcrmis de visiter. Bion que ces rcn- seignemenls soienl quelquefois faulifs ct incomplets, et ( 35a } qu'on eprouve Ic dcisir de Ics riiserver pour leur don- nerplus d'extension et d"auloril6, nous seiilons n6an- uioins qu'il ne depend pas de nous de rt^glor nos esj)6rances pour I'avonir, ct que c'est un devoir de publicr dos fails 6pars , dont un geographe niieux in- form^ pourra tirer parti. Celtc idee d'une obligalion a reniplir m'encourage a communiquer a la Society de geograpliie une liste des noms de lieux siir cello parlle do la cote africaine, qui est habitue principale- ment par les Uibus des Som'ili. Elant relenu a Mokha dans le mois de septembre dernier par le lon;^ retard du bateau a vapour qui fait le service de corrcspon- dancecntre Bomba\ elSoua\s,j'ai profilddela presence d'un pilole som."ili pour recucillir un petit vocabulaire de sa languc, comnie aussi quelques details sur les Iri- bus de ses compalriolcs , et sur les lieux qu'ils habi- tenl en suivant les rivages orlenlaux de I'Afrique , de- puis le cap Baylou jusqu'a I'ile de Zindjebar. En reclamant Tindulgence des geograpbes pour les iniper- feclions de cc travail, je dois ajouler que, vu le pcu de temps que raon pilole m'a accorde, j'aidii ccrirelous lesnonisproprescn caraclores europeens, ce qui laisse quelquc lucerlitude sur les voyelles breves et sur le vrai son de quelques consonnes qui n'exislent pas dans noire alpbabet. Mon peu d'habitude de la langue so- maliad ne m'a pas permis de decider positivement si elle possede, comme les langues ethiopiennes, la voyelle eu lr6s breve, ou si- elle y supplee dans tous les cas par le fntha des Arabes, du Hedjaz. J'exprimerai Veu ( sixieme voyelle des filhiopienb) par I'oe ou « des Allemands. , ■. ( 335 ) Sanahbour (i) He. A'sab (2) Montague et puits ; eau legerementsau- matre. Fathoum He. Tharkhach He Sountia'd Ecueil. Ghalihiittali Bandar (coinptoir oil lieu de marche) • on y trouve un chef local , des Iroii- peaux et appi'ovisionnements : I'eauy est bonne. Djablali Montagne et lieu d'ancrage. Saba'h Sawabe'. . . . Endja'r Cap; beaucoup de bois; eau loin du rivage. Djein Port et montagne. Obokh Cap. Tadjounah Bandar; port commercant avec Aousa pays chretien Hliabhchah; il ex- porte des esciaves, du ble, du beurre I'oikI'i ; on imporle des toiles de Sou- rat, du colon blaiir, des tiilari d'Au- triche. Le portde Zeyiah est a quatre lieures de distance. Bon ancragepar les vents dii sud. Eybad.. Trois lies boisees. Zeyiah Bandar; En Soir.aliad, Aoudal. ]Mar- chi^ et nios((uee. Pour entrer dans le port, il faut coto>er la cote au nord. Il y a cini| brasses d'eau aux iles Eybad. On porte a Aoudal de la bonne eau a dosde chameau. On exporte de Zey- iah du cafe , des peaux , des esciaves, (i) a exprime \e.Jutha ;iiabe. (2 a' — Wi'in — ( 334 ) du bcurre fonclii, de la myrrhe et de la gomme. Kwanckai yt Tiois roclieis a I'E.-S.-E. de Zevlali. Kliweilah Cap el Icrrc ; cole plale. Doiikal. ....... Cap; bonne eau. Bjulliar Ancragej on y atliete des mulcts. Gayli Doboselis Terres basses, bieii boisees. Borborah sa'hliel en Somaliad. Lieu Ires commer- canl de noveiiibre a mars. Le rcste de I'annee, il ne s'y Irouve pas une ame. Ellati Cap eleve. El Gordi Grande inonlagne a toie de la nier. Siara Petite ville de dix inaisotis balies en pierre. Cc port est niauvais, nials les biilinients ( uropeens vont s'y appro— \iaionner d'eau, qui est bonne et abondanlc. Akatyb Cap long et i)l:inc. Kebiddah Port blen ferine, mais sans eau. Aydrad Ville balie en pierre ^ plus grande que Siara. Soudah Bon port par les vents du S. Ahiiiar ]\Ionl. Gobou Ecueil. Korm Ville plus grande qn'Aydrad. ]\[aison5 de pierre blanc bies a la cliaux. Khasyrah Cap et port. .Sept brasses, fund de roc. Bon motiillage par les vents du N. Ongor Village bati en pierre , pas de mouillage. Mousa Cap; piiits donnanl de la bonne eau. Mogoul ou Mogour.. . -"Montague liaule. Cbdaou ' t '■ Port; bois , niyiibe, bonne can, nmis pas une niaison. Ghokouda Hhays Excellent port. Ville plus grande qua C 535 ) Siara. Le monillaj^e est en dedans d'liii long ecueil deeouvrant a maiee bas^e. Madjlein He niie et pres de la tL-ri-e. Meyd Poll. Villcaus^i granile riiie Koi m; port iiiauvais par les venls dii nord. Khabch He el mont. Couveite dc fienle blanche, a environ 3 niilles du rivage. Sorah, ., , Cap. Lassoghey. . . ,,, .j . . Tiois inaisons de piene, Mouillage bon par les venls du S. Can Cap 5 qiiatre on cinq maisons dc pierre. Loftoule Cap; fiei|uenle par les Eiiropeens , el nonime en consequence Gharta Frandji. Dourdouri Ville en pierre, aussi grande queKorm. El A'do. . . . .- . . . Cap. . Gha'siin Bandar ; en Soinaliad, Bosaso. Quatre puils d'eau mediocre; /\o canons de bronze; port en dedans du recif. Ba'd Sopl ii huit maisons. Mouillage, Hantara. . ..".... Mont. Bonne cau de puils. Point de mouillage. Khor. . . ...... Bandar: en Somaliad, Oulialo. Lon- gue riviere qii il faiit remonler pour parvenir a la ville, qui esl aussi j^rande el aussi commercnnle que Bosaso. De la cole a la ville il y a one journee de voyage rus one liviere d'eau douce, enire deux monlagnes nues. Ou'rbo Dpux maisons. Bonne eau de puils. Mou'ra'io Poinle. Son pnits so nomme T?yak. Gorsa Village gros comme Meyd ; bonne eau, maisons tie picrre. Gescri Hnllcs ; bonne eau. HhSbo Village gros comme Gha'sim ; une seul ( 356 ) maisonenpieiTc. EntreHhaboelGeseri est line petite riviere. Boulimouk Mont it cap. Allolo Village gros commcHhabo, maisn'ayant que dc3 huttcs. II y a beaucoup de bois dans le voisinage. Asseyr Cap; bonne eau de piiits. Hhafouu Cap a sept pointes ; le mouillage est apres la septieme. Point de village, iiiais provisions, Ijonne eau , lail et bestiaux qu'on amene au rivage. Kheyl Cap. Arroi" Cap a trois pointes. Hhor Cap. Moroti Moiiillnge. Hamor Changahi. . . . V illage et port. Maisons en pierre. On porle jusqu'aux baliinents de iVau et dc's provisions de toute especc. Morka Village gros conime le precedent et bati de meine. Borawa He et port ; gros comine Glia'sim. II en part deux baliments par an avec des peaux, du beurre et beaucoup de ble. On iniporte de llnde des talari el des cofotmades. Lain4 Villcsawaliliiiy plus grande que Mokha. I>e port est parfailciricnt cuvironne par la terre et trcs profond. II y va beaucoup d'Anglais et d'A.rabes. Les importations consistent principale- ment en esdaves et ble : il n'y a pas de peaux. Kliatra lie oii Ton <'uluvc le rizel oil il y a (O :i .5o villages. Bonibasa ....... Fort arme de 60 canons. \"ille plus grande que Lama , ct siluee sur uiie nioulagnc. .( 337 ) Sindjehar Ville tleiix fois plus graride que Mokha, toujours dans le pays sawahhilj. Cetle comparaison dc la grandeur do Slndjebar avec celle de Mokha peut donner une idee de I'exactitude du pilote Somali dans des analogies de ce genre. Le ineme pilote nie donna la lisle suivante des tribus Somali rangees selon leur degre d'iraportance. lo Magiarlayn. 2° Warsangeli.. 3" Loulbala. . . . 4" Habarawal. . . 5° Habargahays, . 6° Habar thoidjalo 7° Ougabeyn , 8' Morrenan. 9" Borthele,. , 10° Eysa .... 1 1° Godoboursi 12° Djibhilaboukhoi i3» Essa Mousa. . 1/1° Sad Mousa. . iS^Mok-hail,. . . 1 6° Theabdole. . . I •^o Hosayn Abou Kor 1 8° Mok-haeil Abou Kor 19° Bawgaibo. . 20" Gera'to. . . 2i°^0urga"s. . . 22° Nou'e. . . . 23" A'delmodoba. 24° Yesif. . . . 25° Ghrordod. . 26° Adhramin. . 2j° Mousa A'rra. XI. MAI ET JUIN Les deux premieres ont une mere com- mune J leur pere eut une fille qui donna naissance a la tribu Loulbala. > Une mere commune. \ Dans les montagnes ; cetle Iribu fait ^Un )eaucoup de I jeurre. le mere commune. Brigands qui demeurent pres de Zeylah. 1^ escendants de deux freres. Descendants de deux freres. Dans le pays d'Aydrad. Dans Korm. Dans Ankor. Dans Hhays. Dans Meyd. ( 338 ) aS" Ejalbnoo Dans Borborah. 29 Ahmed noo'. . . . So" Youmis moo'. . . Dans Borborah. 3io Mikhayt DanaSiaia Les Warsangeli pos.sedenl Larsoghey, Gan ct Dourdouri; Ics Magiartayn on .Madjarlayii out Ghi'sim, IJa'ad , Khor, Ou'ibo, Mou'ra'io, Gdrsa, Gcseley (T), Hhabo, .'Vllolo, Asseyr, Hhafoun, Kheyl, Hhor , Arrtir, Gbra'd el quclques anires (loinls. (^clte liibn est la plus puissante parnii les Somali. Sl.R I.F.S SOURCKS tes plus int ere us antes a consiilter par lex voyageurs. Parmi les sources quo doil consulter lout vovageur consclencieux, il n'on est pas de plus intcressanles que les ouvragce de geographie locale. Car lo voisinage ajoute a I'importance des objels , et d'allleurs toule lilldralure originale, quelque pauvre qu'elle soil, a un certain point de vue qui, lorsqu'il ne donne pas des idees nou- velles, en suscile toujours. Celle nianiere d'envisager les devoirs d'un voyageur m'avait porle a consulter quelques ouvrages originaux des savants abyssins. Mal- heureusemont I'otude des langues ainarfia et ilmorma me laissa peu de loisirs jiour celle du Gtib'z, qui est pour I'hthiopie ce qu'esl le latin pour I'Europi". Je pus neanmoins Faire traduirc quelques passages des livres du juge Alkou, mon hole de Gondar. Je remarquai , enlre autres, une nomenclature des lieux donnes h litre de fief a divers ofTic'ers de la couronno. J'en com- munique iciuno, lisle parlielle afin d'appeler rattenlion de nos Orienlalistes sur une mine precieuse pour la g«^ographie si peu connue de lAfriquo. Parmi les cu.- ( : ) Ge.scii . - ( ^59 ) rieux manusciils 6lhiopiens qui existent a la Biblio- th^que diiRoi, ceux du Vatican, et surtout dans la belle collection de I'infatigable voyageur lliippel , il est probable qu'on trouverait assez de details pour expli- quer et completer ma petite liste de noms de lieux sou- mis a Kalib roi d'Elliiopie. Je dois prevenir que la plupart d'entre eux sont connus de pkisieurs marchands abyssins qui assistaient a mes conferences avec le dik' Atkou. Enaria, Damot, Godoloula, Bizamo, ICwondj, Combo, Gaffat, Gondar. Fatagar, Hasga, Mekana Salasse, Dabra Moslir, Goim- dje, Kristos Falar, Kagiiballatch , Halelo, Bizan, Djarihazena, Wifal, Wareb, Ratchaino, Zoe, Dahia Brelian, Dabra Mosswao', liigra Wazazir, Lika Maymaian , Tsarag Mab'sre, Baol Giiiiot Giworgis. Mora Beyti , Bizamo [2'" cTi'i meme noiii), Cbai, Badol, Watsat Badol, Gouini, Atnonosa Maryain, Gocbe, Zatkakoiiotch, Makana Tzion, Baga MoL!or,Wngera, Daml)ya, Awfay, Mazaga, Gora Ijigiiba, Gora Beta Goboi-, GoiaKwani, Saiikwa, Tsagadi, Walkk'ayt, Belo MakwanonBa'l Harafa, Soulala, Zegor Zakvvani , Wagarat, Wagzabatsorowadjal, Bacha, Goumar Badol, Nohob , Zondjoro, Zaia, Watchara, Anchonkora Morgay M. F. Hal, Es- radjin, Molat, Dab Motat, Maskal A'z, Badal,Wadzal, Abajgay, Gouragi, Wag, Zabaa'l,Taygoiizagoiiza, Bagamaldi, Tagip, Ma- kouiion, Agamaya,Wag, Tandjin, Djaii Ariiora, Balou,Tsalaniat, Boia, Abargali, Manz, Sanafi, Zadil Barakot, Hadia, Aiogn , Ayfarl, Garad, Chogon, Bololj, Sare,Makihi, Zakoibit, Sakala, Walaka, Akamba, Kaika, Agoraro, Dob Anosa, Zabaa'l Dabana, Bit Ardiasa, Doiimay, Dabra Mahadzo, Azaj Kana , Djan Of, Zabaa'lta, Chawa, Wagoda, Dimbi, Anda Kablan, Wadj, Gomo, Balzar, Amora, Gouragi, (ie 2'-), Wacbiilo, Dahaba May,Tagou- lel, Akwosbm (Axum des carles) Damo,Tsahafotch, Dabra Mar- yam. Wafola, Dbgwat, Djantakal, Badol Tsahai, G6nz,Wayamo, Adal , Hadari , Ifal , Daiikali , Kan Data, Bagotina , Djohono , Soltan Baa'l Diho, Baadal, Avvfari, Get Siinawi, Arganon, Bodil Esal, Sart, Zondjbrat, Aibamba, Aiiiraraj, Gonz (le 2'-l, Taok'aa 20. ( 54o ) .Maryani , Kalavat , Dok'Gon/a , Aro, IMakana Samo'l, Kowcl , vSarawi, Ank'aclii, Sahart, BJIi, Kal (le 2"), Gotloni, Ciodjam , Balao, Tsalaloch, Mougor, Kalabiis. 11 est pen de ces lieux dont la geographie actuelle de rEthiophie permelto de rcconnailre los positions, Zal^ est, suivaiil le Lik' Atkon , la Zeylah de nos carles. Moussawvvou est ici noinm^ Dabr?i ; mot qui vcut dire rnontaf^ne. Le n^gociant Kidana Maryam, le guide de M. Riippell, me dit qu'en logrogna on oppolle nniba , c'esl-orti de la mer. 11 a paru dans les journaux (voir le MoniUur d\i i5 join ) des exlraits d'une leltre du capitaine Escof- lier, comn)andantie brick du conunercc chilifn/c CliiU ( 345 ) de Valparaiso, au sujel de la formation subite d'un gi'oupe d'lles sorli de In mer a 5° environ dans I'O. de Valparaiso. Le ministre de la marine a requ a ce sujet les renseignements suivants. Le capitaine Escoffier i^declare a M. le capilaine de vaisseau de Villeneuve , commandant la station navale des mers du S. , que le i 9 f^vrier dernier il a 6le temoin k y^ i5' du soir de j'apparition au dessus du niveau de la mer de plusieurs iles qu'il releva a la distance de 6^9 milles , et dont une s'dleva en peu de temps a une hauteur egale a celle de File Juan-Fernandez ; il dit aussi avoir ressenti le matin des secousses de trem- blement de terre, et avoir apercu, la nuit suivante, dans la direction des lies nouvelles , des clartes successives qui paraissaient produites par I'^ruption d'un volcan. Suivant les relevcments du capitaine Escoffier, la position de ces lies serail : La plus septenlrionalc qui est aussi la plus elevee : Lat. 33" 34' S. , long. 70" 3i' O. de Cadix on 79" 9' O. de Paris. La phis mtridioiiale : Lai. 33° 40' S , long, 70" 34' O de Cadix, ou 790 1 1' O. de Paris. Tout I'equipage du brick ayantparlage la conviction du capitaine. a sign6 la declaration qu'il afaite le 24 fe- vrier. Empresse de verifier un fait qui serait d'une si grande importance pour les navigateurs , M. de Ville- neuve est convenu avec M. le capitaine de vaisseau C^cille , commandant la corvette V Heroine , sortie de Valparaiso le 18 f^vrier pour visiter les cotes S. du Chili, que cet officier s'assurera si ce fait est reel, ou si la declaration du capitaine Escoffier n'a pas 6t6 le rcsultat de quclque illusion; dans le premier cas,le ( 346 ) capitaine Cecille , apros avoir fait la reconnaissance de ces lies, reviendrait a \ alparaiso , avanl de continuer son voyage. On ue peut done pas larder a avoir a ce sujeldes renseignemenls cerlains. DiCLARATlON du Capitaine da brick c/iilien le Chili , ita~ Hon) qui lui aurait 6te donnt^e, dit-il, en Angleterre par Shunglii et d'aulrcs chefs; aucun d'eux cependant n'avait de droit personnel a la souverainete de ce pays, et par consequent ne pouvait conferer cette souve- rainete a personne. II allt^gue aussi I'acquisition qui aurait ete faite pour son compte en 1822, par M. Ken- dall, de trois districts sur la riviere Hokianga; mais les trois chefs qui avaient fait cette vente n'avaient droit qu el une propriety partielle de ces districts , ou des sujets anglais sont aujoiird'hui 6tal)lis en vertu de marches passes avec les legitimes proprietaires, Le resident a eu aussi connaissance d'un expose de- taill6 des vues de cette personne qui I'a adress6 aux missionnaires de la Soci^te des missions. Dans cet ex- pose , il fait les plusToelles promcssesi tous les indivi- dus soit blancs, soil natifs, qui voudront accepter I'in- vitation qu'il leur fait de vivre sous son gouvernement; il ofFre aussi un certain salaire a tout missionnaire qui voudra s'engager a agir comme magistrat sous ses ordres. II est a croire qu'il a fait de semblables com- munications h des personnes d'autres classes parmi les sujets de S. M. B. On invite ces personnes a en donner connaissance au rt^sidonl ou h son adjoint a Hokianga , ( 552 ) alnsi que cle loulesles informations qu'ils peuvent avoir a ce sujet. Le rdsidenl a trop de coaliance dans la loyaut6 et dans lo bon sens de ses compalrioles pour croire qu'il soil n^cessaire de les d^lourner de prfiter une oi'eille favorable a des promesses si insidieuses. II est ferme- nient persuade que la protection paternellc du gouver- nement anglais, qui n'a jamais manqu^ h un sujet de S. M., quelque eloign^ qu'il fiU, ne sera pas oubli6e lorsqu'il sera n^cessaire d'empecher que leur \ie, leur liberty el leurs propriet^s ne soient somnises aux ca- prices d'un avenUirier qui a choisi pour lo theatre de ses ambllieux projets un pays oii les Anglais ont acquis par les moyens les plus legitimes une position Ires imporlante, Le resident ne pense pas que S. M., aprfes avoir reconnu la souverainete des chefs r^unis de la Nouvelle-Zelande en reconnaissanl leur pavilion, per- melte que ses faibles raais confianls allies soient privd's de leur ind^pendance par de pareilles prt-tentions. Mais quoique le resident pense qu'une entreprise telle que celie qui est annoncee aujourd'hui n'aurait en r6sultat aucun succfes, cependant il con^oit que si la personne dont il a ^li fait mention ci-dessus pouvait obtenir un etablissement dans ce pay^, elle pourrait acqu6rir sur I'esprit simple des naturels une influence contre les effets de laquelle on ne saurait trop se mettre en garde. 11 regarde done coramo un devoir d'engager fortement les Anglais de loutes les classes qui sont ctablis ici, d'user de I'influence qu'ils peuvent avoir sur les naturels de tout rang, afin decontre-balancer les efforts desemissaires qui peuvent etre d^jaouqui pour- raient arriver parmi cux, et pour inspirer egalement aux chefs et au peuple la volenti d'opposer la r«^sislance ( 355 ) la plus vive au d^barquement sur leurs cotes d'une personne qui y vienl avec I'intention avouoe d'usurper la souveraine autorite. Le resident anglais va faire sur-le-champ des de- marches pour reunir les chefs, afin de les informer de ce qu'on se propose contre leur ind^pendance, et pour leur apprendre quels sont les devoirs qu'ils ont a rem- plir envers eux-memes, envers leur pays, et pour la protection que les sujets anglais ont droit d'attendre d'eux. 11 ne doute pas que la demonstration de courage et d'esprit d'inddpendancequeles Nouveaux-Z^landais manifesteront dans cette circonstance, n'arrete a son debut cette attaque contre leur liberty, en prouvant qu'elle serait sans espoir de succ^s. Signe, James Busby , resident anglais. A la residence anglaise a la Nouvelle-Zelande , bale des lies, le lo octobre i835. !(;• XI. MAI ET JUIN. 7. a4 554 ) DELXIEME SECTION, Actes de la Societea PROCftS-VEHBAUX DES STANCES. Seance du 3 mai iSSg. Le proces-verbal de la derniere stance est lu el adopte. M. le colonel Galindo, par ses letlres des8, 29 et Sooctobre i838, rappelle I'cnvoi qu'ila faitpr^cedem- ment a la Soci6t^ de divers documents destines a con- courir au prix propose pour los antiquitd's de I'A- m^rique centrale. A ces lettrcs sonl joints plusieurs dessins qui doivent servir a completer la carte generale de cette contr^e. M. Jomard donne lecture d'une lettre de M. le capi- taine John \Vashington, en reponse a renvoi du por- trait de R6n6 Cailli6 k la Soci6t6 g6ographique de Londros d'aprfes le d^sir qu'elle avail t6moign6 de pos- seder ce portrait. M. le president offre, de la part de M. Josia Forster, vingt-qualre exemplairos d'une brochure intilulec : ( 35., ; Appel aux haliitanls de I'Eiirope sur I'esclavage ; et six exemplaires dune aulre brochure sur les Aborigenes des colonies anglaises. Ces deux brochures sont dis- Iribuees aux membrcs presents. M. Jomard communique I'extrait d'une Notice de M. de La Fonlenelle de Vaudori^ sur deux voyageurs poitevins a Teuiboctou ; le premier 6tait Paul Imbert, marin, des Sables-d'Oionne, et le second, Ren6 Cailli^, de Mauze. Ce rapprochement avait deja 6te fail par M. Eyries dans les Annales des voyages (i). M. Jomard ajoute que sans connaltre la Note de M. Eyries , il avait cite aussi dans ses remarques sur le voyage de Cailli^ , celui de Paul Imbert a Temboclou en 1670. M. le capilaine Callier donne communication d'une lettre de M. fidouard Brunot, dat^e de Calcutta, le 10 decembre i838. Ce voyageur corapte faire un assez long sejour dans I'lnde , et promet a la Societe de lui envoyer le r^sultat de ses observations. Renvoi de la lettre au comity du Bulletin. M. Roux de Rochelle rend coniipte de I'ouvrage offert a la Society par M. le capitaine Jardot, et in- titule : Revolutions des peuples de I'Asie moyenne ; influence de leurs Emigrations sur I'Etat social de I'Europe. M. de Froberville lit une Notice sur la race qui ha- bitait rile de Madagascar avantrarriv^e des Malais. Ces deux communications sont renvoy^es au comit6 du Bulletin. M. le baron d'Hombres Firmas assiste a la stance ; (ij Tome X , 2<' serie, Auuee , 1828, pages 272 et 296. ( 556 ) M. le prtisidenl lui adresse, au nom de la Ciommission centrale, des remercienicnts pour les dons qn'il a bien voulu faire au mus^e de la Society, Seance da i y ni(ti i 809. Le proces-verbal de la derniere stance est lu el adopte. M. Lebrun, direoteur de I'lmprimerie Royale, 6crit a M. le President pour lui rappeler les conditions aux- quellcs eel ^tablissemenl peul se charger de I'imprcs- sion du second volume de la Geographie d'l^idrisi. MM. Miller et Duvotenay (icrivent a la Socidle pour lui offrir, le premier, son ouvrage sur le Periple de Marcien d'lleraclde, et le second , sa carte de la pro- vince de San Pedro (Bresil). M. Daussy est prie d'exa- miner cette carte , el d'en rendre comple a la So- ciete. M. Eyries offre, de la part de M. le colonel de la Marmora, une Notice sur les operations geodesiques faites en Sardaigne pour la construction de la carle de cette ile. Renvoi de cette Notice a M. le colonel Co- rabocuf. M. Albert Montcmonl communique, de la part de M. ANalferdin, dos recberches sur la temperature de la terre a de grandes profondeurs dans le bassin de Paris. Renvoi au comil6 du Bulletin. MM. Joraard , Lafond el Ronx do Rocholle donnent lecture des questions qu'ils ont prepar^es pour le voyage de M. le corate de Castelnau dans plusieurs contr^es de I'Am^rique. M. Berthelol annonce qu'il prepare aussi quelques questions pour le meme v()\a- geur. ( 357 ) M. I'abb^ llossat annonce a la Sociele son procliain depart pour le Thibet et le Lahore , ou il se rend avec Irois de ses collogues pour y remplir une mission apostolique. Ces niissionnaires offrenl leurs services a la Societe, et lui dernandent des instructions pour les guider dans les rcclierches et les observations geographiques qu'ils se proposent de faire pendant leur sejour dans ces contrees. M. Jomard annonce a la Commission centrale que M. Delessert nevcu vient d'arriver de I'Inde avec une riche collection d'histoire naturelle, recueillie pen- dant pres de six annees, plusieurs cartes du tht^atrc actuel des operations de I'armee britannique, lithogra- phi^es a Bombay, et une s^rie d'observations quoti- diennes meteorologiques faites dans les Neelgherrees. 11 communique le cahier renfermant ces observations, ainsi qu'un plan d'Aden, qui est renvoye au comite du Bulletin. Le meme membre entretient I'assemblee de Tissue du proems intente par le gouvernement anglais a M. Alexander, se disant descendant d'AIexandre, comte de Sterling ( auquel ont ete faites plusieurs conces- sions du Canada dans le xviT siecle.) , a I'occasion d'une carte du Canada de Guiliaume de Lisle, sur le dos de laquellc auraient ^te ecrits, en 1706 et 1707, les litres ou documents relatanl la concession d'un terri- toire de quarante lieues sur chaque rive de la ni^iere du Canada , depiils sun embouchure justiu'nussi haut qii on poiirra renionter. Ces documents ont et^ juges faux aux derni^res assises d'bdimbourg pour divers motifs, et notammenta cause du titre de premier geo- grapke du Boi donne a de Lisle sur la carle , tandis qu'il ne I'a oblcnu qu'en aoiit 1718. Renvoye au co- mitd du Bulletin. ( 588 ) Eiilin , M. Joinard lait connallre I'arrivee d'un jeune (rulla, natif du pays de Limn)ou , et qui a mis qualrn uiois a se rendre h kliartoum. II entre a ce sujet dans dfs details p;eograpliiques et etiinograpliiques qui trouvoront jilace dans le Bulletin. Seance du 7 ////// 1 859. Le proc^s-verbal de la derni^re s(iance est lu el adopte. M. le capitaineCallier ecrit a M. le President qu'unc mission , dont il ignore la duree, le tiendra sans doute 6loign6 trop de temps pour qu'il conserve sesfonclions de secr6taireg6n6ral de la Commission centrale sans nuire a lamarche deses Iravaux , et il le prie de vouloir bien lui faire agr^er sa demission. La Commission cen- trale accepte la demission de M. le capitaine Callier, et decide qu'il sera pourvu a son remplacement dans la prochaine seance. M. le conseiller de Macedo, secretaire perp^tuel de I'Academie des sciences de Lisbonne , remercic la So- cietti de I'envoi du dernier volume de son Bulletin. M. Anatole de D^midolT, vice-president de la Society, ecrit a la Commission centrale pour lui annoncer son prochain voyage en Russie , et lui olTrir ses services. M. de Demidofl' prie surtout la Soci6l6 de lui signaler les documents , m^moires ou cartes dont Tacquisition paraitrait utile au but int^ressant qu'elle poursuit. M. Dullot, attache a I'ambassadede France a Madrid, et M. le professeur Pirlot , d'Alli en Belgique , adniis r6cemmont dans la Soci^te, adressent leurs remercie- menls a la Commission centrale, et promettent de cou- courir a sis utiles tiavaux. ( 559 ) M. Duflol , qui assiste a la seance, aiinonco son pro- cliain depart pour I'Espagne , et demande des instijc- tions. II entretient I'assembl^e des travaux hydrogva- phiques de M. deNavarrele, el donne quelques details sur la traduction qu'il prepare de I'ouvrage de ce sa- vant sur les navigations des Espagnols. M. Clave, mernbre dela Soci6l6, ecrit d' Alger pour remercier la Commission centrale du rapport qu'elle a bien voulu sefaire presenter sur la carte du Mexique, dresseepar le capitaine de frt^gate don Jos<^-M-S LA SOClili. Seances de mai et jitin. M. E. DuFLOT , attache a Tambassade de France a Madrid. M. A. D'fipiNAY , avocat, de I'lle de France. M. Ph. DE LA GuicuE , oflicier au corps royal d'^tat- major. M. le marquis de IIarenc. M. C PiRLOT , professeur d'histoire et de geographic au colldge d'Ath. M. Ramon de la Sagra , correspondant de I'lnstitul, depute anx (>ortt'S. OUVRAGES OFFERTS A LA SOClferi. Seance generate du 5 avril iSSg. Le Roi, par une ordonnance du G f^vrier 1808, ren- due sur la proposition de M. dc Salvandy , miuistre de I'iristruction pubhque, a bien voulu arcorder a la bi- blif)lheque de la Societe, la Description del'Egypte, ou Recueil des observations et des recherches qui ont 6t6 faites en figypte pendant I'exp^dition de I'armee fran- Qaise, publiee par ordre du gouvernement. Par M. le miniUre de I'instruction piibli(jue : Vovage dans I'Am^rique m^ridionale, par M. d'Orbigny , 07, 38 el 39" hvraisons; — \ oyage en Orient, par M. Leon de Laborde, 9' livraison ; — Relation de I'expedilion scientilique de Morde, 4° livraison. ■ — Pctr M. le mi- uistre tie la marine : Voyage autour du inonde de la cor- I ( 363 ) velte In Coqnille , Zoologie , 28= et derni^re livraison; — Le Pilote francais , 4' parlie ; — Voyage en Islande et au Gi-oenland , par M. P. Gaimard, i4'' livraison; — Carles el instructions nauliques publi^es au d^pot g^n^ral de la marine, de decembre i838 a avril iBSg. — Par M. Ch Texier : Description de I'Asie-Mineure , 1" livraison. — Par M . de Amielis : Coleccion de obras y documentos I'clativos a la hisloriaantigua ymoderna de las provincias del Piio de la Plata, illuslrados con notas y disertationes, por Pedro de Angelis, 5 vol. in-f". — Par M. A. Demidoff : Voyage dans la Russie m^ridionale et la Crim^e , par la Hongrie , la Valachie et la Moldavie , i" et 3* livraisons. — Par M. le direc- teur du Spectateur militaire: Carte des environs d'Alise- Sainte-Reine pour servir a I'intelligence des operations du siege d'Alesia par Jules-G^sar, levee par les offi- ciers d'^tat-major pour la nouvelle carte de France j 1 feuilie. — Par M. Rey : Fragment d'une histoire de I'hospice du grand Saint-Bernard, brochure in-8°. — Par M. de LarenaudicT-e : L'Univers pittoresque ; Mexique, i" a 6' livraisons. — Par M. Jomard : Notice sur la vie el les voyages de R6n6 Cailli6,i broch. in-S". Seances de mai et jiiin. Par M. de Demidoff: Voyage dans la Russie m6ri- dionale/jA" a J o« livraisons de teste et 2' liv. de I'atlas. •— ;, Par M. Mdler: Periple de Marcien d'Heracl^e , I^lpi- tome d'Artemidore, Isidore de Charax, etc., ou Sup- plement aux dernieres editions des petits g^ographes d'aprfes un manuscrit de la Bibliotheque Royale, avec une carte , i vol. in- 8. — Par M. le colonel Fisconti : Del syslema melrico della cilia di Napoli, e della uni- formita de pesi e delle misure che meglio si conviene ; 5^4 ) a' reali domini, etc., in-8.- Uela/.ione delle opera/.ioni geodeliche eseguile nelle provincie sctlentrlonali del regno di Napoll, riguardanli la congiunzione della specola roale di Capodimonte alia cupola di S. Pietro, in Roma el la rete de' Iriangoli clio si lega alia Iriangu- lazione proveniente dall' alia Italia ; di Fr. Fergola, primo tenente del genio, etc., in-/,.— Par M.Jnmard : llappoil fait h I'Acaddinie royale dos inscriptions el belles-lellies an sujot du pied romain. In-4. — Re- marques sur le nombre de jours de pluio observes au Caire. In-4. — Deux mots sur los affaires d'Orionl, in-8. — Par M. le directeurtlii Spectateiir inilitnire : Carte du theatre de la guerre entre les armies turque et egvp- tienne, i feuille. — /^«/- A/. £)«wte«rtr ; Mappa da pro- vincia de San Pedro redusido segundo uma carta ma- nuscripta levantada debaxo da direcao da S.Visconde de S. Leopoldo, por Joze Pedro C6sar Coronel de l\lili- cias,porTh. Duvotenay, i feuille. — P^r .)/. IVondbine Parish : Buenos Ayres and the provinces of the Rio de la Plata , i vol. in-8. — Par M. Lrcitllii : Tratado ele- mentar de geographia, etc., tome III, in-8.— Par M. H. Dupujr : Voyages et decouvertes dans I'Afrique centrale et seplenlrionaie, i vol. in- 12. — Aventures et con- quetes de Fernand Cortfez au Mexique , 1 vol. in-12. — I'ar M. Conlier : Description g^n^rale des phares , 4' edition in- 18. — Par M. le baron d'Hombres J'lr/nas : Reciieil de m^raoires et d'observations de physique, de metdorologic , d'agriculture et d'histoire naturelle (4' part. hist, nal.) 1 vol. in-8. ( Lit iiitte au Nnntcio prochaitt, ) ( 565 ) MONUMENT a clever a Pont-Labbe , arrorulisseinent de Saintcs , a la ineinoire de PiiiNE CIaillie, iio)ai{eiir fhincais a Temboctoii. SOUSCBIPTION. Le voeii exprime dans 1r BulU'lin de la Societe de geographic et dans le Journal des Debats , pour elever un monument sur la tombe de Rene Caillie, a 616 en- tendu. La soinme necessaire n'^tant pas encore entie- rement complel^e, les Souscripteurs font un nouvel appel aux amis des decouvertes geographiques, afin que ce legitime hommage a I'intrepide voyageur ne soit pas retarde trop long-temps. 3^ liste des Souscripteurs. MM. Aim^i-Martin , BARBife Du BocAGE, Beaulieu , capitaine Callier, Chasseloup-Laubat, Francois De- LESSERT, due DE DoUDE AUVILLE , DuCHATEL , baron DE GiRANDo, I'amii'al Halgan, Haumont , Ch. Humblot , baron Hyde de Neuville , Lamothe , u'Orbigny , P. Paris, de Salvandy, baron Taylor. TABLE DES MATIERES CONTBAUES DANS T.E Xr VOLUME DE L\ 2'SERIE, N»' 61 a 66. ( Jjinviir a Juin iJ^Sg. ) PREMlfeRE SECTION. MfeMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Pages. Memoire siir la p.irlie de la Giijane qui s'etend entre I'Ovapok et i'Amazone , et sur la communication de I'Arnazuue au lac Mapa par la riviere Saint-Hilaire , par M. Reynaud, enscigiie de vaisseau 5 Aperciis sur la laiigue malgaclie, par M. Ecgenkdk Froberviu.e. . 29 Rapport sur une e.xcuision dans les provinces du Canelos et du Napo. adresse a M. le consul de France dans \'t,lal de I'^qiiateur , parM. Levraclt 57 Analyse d'une Notice biographique el lilleraite sur le cosmographe AInnzo de Santa-Cruz, par M. de Navairete ; par M. S. Rer- THELOT 87 Application du procede i) DL' 30 MAPS 1838. ) P/esiJfitt. t'ite-Piisidciit'. Scnilt.lciiis, Secretaire. yi. W- bdion I'L'l'lMl-.R. ii.iiiiLu' df la cliaiiil)iedt;sdi''pulcs. M. HUERNE DE POMMEUSE. M. Atiaiol.' do DE.MIDOFF. (m. le general rornle de MONTESQUIOU. I M. DESASES, dirt'cli'iir an miuisleri" des affairi's clrangercs. M. BERTHELOT. Lisle des Presidents honornires de la Socicte dcpuis son origiite. MM. Le man|iiis d« Lait.ace. Le niar(|iiis de Pastoret Le \itonitede Cuatkaiisriand. Le comtc Chabrol de Vor.vic. Becquey. Le barou Alex, de Hdmboi.dt. Le comteCHAUROL de Crousol. Ce baron Clvier. I.e baron Hyue de Neuville. Le due de Doudeauvii.le. MM. .T.-R. Eyries. Le comfc de Rigny. DuMoNT d'Urvh.le. Le due Deca7.es. Le comte de Mo.ntalivet. Le baron du Rarante. Le iientcuant-geueial rEi.Er. Gui/.OT. De Saltakdy. Correspondants etrangcrs dans rordrc dc lew nomination. MM. Le docteur J. Mease, a Philadelpbie. H. S. Tanker, a PhllaJ. Iphie. W. AVoOURRIDGE, a I'lOSldD. Le major Edward Sabine, a Liinerik. Le colonel 1'oinsett, an\ Etals-Uiiis. Le rol. d'Abrahamson, a Copenliagiie. Le professeur Schujiacher, a Alfoua. D« IVavarrete, a Madrid. F Ant. Gonzales, a Madrid. Le dorteiir RhiNCANnM, ii rierlln. Le capit. .'^ir J. Franklin, a I.oiulrcs. Le docteur RicHARD.soN, a ! oiubcs. I.e professeur Rafn, a ("opi ni)a^iie. Le capitaine Graah, a Copenhaj;ne. AiNswoRTH, a Edimboiir^. Lecoii?eiller .^dbien BALBi,aVieniie. M.M. Le comte Graberg de Hemso, a Flo- rence. Le colonel Long, an.\ Elats-Unis. Sir John Rarrow, a I,onJres. Le capitaine Macowocuie, a Sidney (Nouvelle-Galles). Le capilaine sir John Ro.ss. Le conseiller de Macedo, ,i Lisbonne. Le professeur Karl RrnER, a Berlin. P.-S. DU PoNCEAL, a Pliiladelpliie. Le colonel Juan Galindo, a San Salva- dor (Anieri(|ne centrale;. Le capilaine (i. Rack. F. Dubois OE MoNTrEREUX.aNeufrliatel, Le capitaine John Wasuingtow, a Lon- dres. I'aBIS i.MPiiiMi;nn: w. Boi;ini()i;NE et MiUiiNET. Ml. j.irr.i, so BULLETIN or T.A ' r SOCIETE DE GEOGRAPHIE, Deuxieme Serie. f ontf ^oujihn*". PARIS, CHEZ ARTHUSBERTRAND, H B B A I U E D E LA S O C 1 i: T jfe D E G E O G II AV II I E RL'K HAUrEFEUlLLE, n" 23. 1839. COMMISSIOIN CI-NTRALE. COMPOSITION n U B U R E A r (Election dii 21 ilicembro i838. President. M. Jomard. I' ice- Preside lit i. MM. Lakenaudikre , RIddx de Rocueixh. Sccretaire-gencrn/. M. Bertbei.ot. Section de Corrcspondance. MM. Bajot. Berard. Daiissv. Dubiic, Isanihert. Jaubcrt. Lafoud. MM. Cesar-Moreau. Noel Dcsveigcrs D'Orbigii} . Peytior. Tanlini. Warden. Section de Publication. MM. Albert Monlemonl. Ansart. Barbie du Bocage Bianclii. Le colouci Coraba'iif. Le baroii Costa/. D'Avezac. MM. Kjries. Lc baron Ladoiioclle. De Pommeuse. Poulaiii. Puilioii-Bobhive. Virotntt! de Saularem. Waickenaer. Section de Comptabilitc MM. Boucher. Bertbeiot. Le colonel Denaix. MM. De Montrol. Le baron Roger. Ternaux-Compans. Comite charge de la publication du Bulletin. MM. Albert-Monteniont. Ansarl. Barbie du Bocagc. Daussy. D'Avezac. Jomard. MM. Montrol. Noel-Desvergers. Poulain. Piiillon-Boblaye. Knux de Rochelle. \\ arden. M. Chapellier, notaire honora-re, tresorier de la Socictc, rue de Seine. M. Woirot, agent-general et bibliotbecaire de la Societe. rue de I'Univer- site , n" I'i. BULLETIN DE LA f f SOCIETE DE GEOGRAPHIE. JUILLET ET AOUT l85g. PREMIERE SECTION. MEMOIRFS, EXTIIAITS, ANALYSES ET liAPPOIiTS. NOTICE SUR LES GALLAS DE LIMMOU. L'^lat ties connaissances dans le N.-E. de I'Afiique, au midi du 9" degr6 de latitude, est si pen avanc^ , qu'on ignore encore aujourd'liui s'il cxiste, ounon, enlreles ii" et Sq* m^ridicns, une ouplusieurs cliaincs de moniagnes se raltachant au Djebel Qomri, vulgai- renientlesmontagnes de laLune(i), et si.de ces mon- tagnes, des cours d'eau s'ecoulent en sens opposes, les (i) On sail que les mots Djehal el Qaniar, ou el-Qomri, selon rortho- graphe des points voyelles, out des sens Ires iliffeieiils; le premier est les inoiits lie la/ii/ic;\e second, les monts Jc I'lblvuissfmcnt, pent eire a cause de I'eelat de la neige. 1 6 ) uns au S.-E. (vors la mer des Indes ) , los autres diri- gt^ vers Ic nordol se confondanl avcc Ic iMI. Du c6l6 de TK. , Ankol)er a la latitude de 9° 40' { 38" m^ridion) esllo point oii se sonl le plus avances les vojagcurs modemes. Du c6t6 de I'O. , c'est Singu6, vers 10° 3o' et le 32' indridicn. Un arc joignantces deux points est la limite des connaissances ; je ne parle pas d'une ligne suivie par A. Fernandez en 161 5. Tout ce qui est au midi est inconnu, et les noms traces sur les Carlos, les cours des rivieres, les nionlagnes, en un mot, toute la geographic est, ou pui'ement conjeclu- rale, ou bien compos^e d'aprfes d'obscurs passages des auteurs arabcs, ou encore d'apres quelqucs donn^es assez vagues qu'ont recueillies les j^suiles portugais. S'il en est ainsi, tout (/ocKinent aiithenliqiie nouveau, bien qu'imparfait et incomplct, est une acquisition pour la science. Or je pense que la source a laquelle est puis6 le trac6 joint a ce memoire merile une pa- reille qualification. Le pays qui s'y trouve figure est compris entre leg' etle 6' degrd de latitude. J'en dirai autant des renseignements sur les mceurs el les usages des habitants, cnfin des mots de la langue usileedansce pays. Celte source consiste dans les informations rogues d'un jeune Galla, natif du pays de Lirnmou. L'iilhio- pien dont je veux parler, appcl6 Ouarfe, sortit de son paysi un age ou ilavaitdejaacquislaconnaissance assez precise de la situation des lieux et celle debeaucoup de fails interessants. Plein d'aplitude et d'intelligence , autant que du desir de s'inslruirc , il vient d'arriver en France, anaen^ par un concours de circonstances heureu- ses qu'il est inutile de rapporter. Je donncrai toutefois le detail de celJcsqui I'onl conduit jusqu'ael-Kharloum au confluent du Bahr d Abiad avec le Bahr d-A/rati. ( 7 ) Sobitch6, dans ie Limmou , est le lieu de naissance du jeune Ouarfe : son pere , appold Kill-ho, est d'un pays encore plus eloign^, le Dangab , pres du paysdes noirs , lequel est niontagneux et couvert de forets , et borde une grande riviLTe, appelee Uabdhia; nous re- viendrons sur la description de celte contree recul6e. Kill-ho , gucrricr redould et riche en troupeaux, est venu s'^tablir, il y a peut-etre une vingtaine d'ann^es, dans le pays de Limmou. Cel liomme actif et energique sefaisaitaccompagner a la chasse parses enfanls, quoi- que encore de jeune age, Ouar^, I'aln^, s'etait fait re- marquer des I'age de dix ans : la chasse dont je parle est un exercice des plus violents et des plus perilleux ; c'est la chasse au lion el a I'elephant. Ouai'^ avait deja m6- rite par son adresse et son intrepidity une distinction lionorifique : I'usage estdedonner un pendant d'oreille a celui qui montre le plus de courage et d'intelligence. Ouai'6 suivait aussi son pere au combat. Un jourqu'il etait 6loign^desesfrires, etque son p^re elait relenuaulogisparune blessure,il fut saisi par des marcbands d'esclaves pour etre conduit au marche. Ce marcheelaitel-Rbartoum: onmitqualre moispourfaire le Irajet, a cause des longs detours et des frequentes stations qu'il fallut faire. Une trentaine de jeunesgens ou enfanis des deux sexes composaient la caravane; \ingt moururcnt en route. Un Anglais, frappe de la no- blesse des traits du jeune Etliiopien, le recueillitgene- reusenient pour lerendrea la liberty, etluidonnaquel- que temps des soins paternels. Je passe sur d'autres details qui scront cxpos(^s plus tard. Ouare dut quitter son patron , force a legret de s'en sepai-er; le consul de France au Caire le recom- ' manda a un oflicior de I'armee egyplienne, qui, apres (8 ) I'avoir gard^ pr6s de denx ans, et avoir rcniarqu(^ de plus en plus en lui d'lieureusL's qualities morales ol inlellec- tuellos , vient de raniener en France , el de nie le con- iiei' pour elre inslruil a reurop(^enne (i). § I. Geographie. Je me hate de passer aux renseignemenls g^ogra- phiques recueiliis de la Louche du jeune Elhiopien. Sobilche, corame je I'ai dit, esl son pays natal; il n'y a point dans le pays de villes ou de bourgades, loules les maisons sont isolees. En parlant de Sobilche , il avait a sa gauche una grande ri\iei'e du nom de Ha- bahia, coidniit 7>ers le sud , entre deux montagnes 6le- vees qu'habilent des peuplades noires; le pied de ces montagnes est couvert d'immenses forels de simalas , e'est a-dire de bambous de vingt a vingl-cinq pieds. Pr6s des montagnes de la rive droite sont les [)ays~ de ^Vambar et de Dungab ; ce dernier est le lieu natal du ])eredeOuare; degrandcs plantations de colonniers hauls dodixaquinzepieds sont au-dola delamonlagne; en decade la chalne de la rive gauche sont les lieux de TouUou , Djcroum , Arimo , Dinigas et Dembal : les ha- bitants s'appellent G am mod j is. Les Shaiikalas ou San- kalas, peuplades noires ,sont ])lus au midi et al'ouest. Versle S.-E. sont les pays de Sibou, Leka, Baia, a I'E. du desert appele Andak, etdes forels inhabilees; sur la liuille du desert, la peuplade des Moggas. Lepays de Limmou. ou est ne Ouai^, esl uii des plus (i) Plusiiurs Eihiopiiiis ni'oiil etc rccomtuaudtjs aiusi, i! y a quelques auiiees; parmi ceii.x (jui oiii siir\ucu, il en est deux ou trois ijul out as-cz bieii reussi. On doit atlendre de celte race des progres enrore plus grands (lue cetix qiioiit faits les uoirs Wolofs m Afrique occid.nlale , qui dq-i sont aiSiz leMiarqiiuLlt.s. (9) ^tendusjil est lravors6 par plusieurs affluents de I'Ha- bahia. En partant de Sobilche , il Iraversa la rivl^iv de Tchandi et le lieu de Dembi, cnsuite la riviere de Bowou et le pays de Badessa. Les habitants de la plaine se nomment Baddas , par opposition au nora de Gam- modjis. Ouare laissait a sa droile Kousad et Harro. Plusloiniltravcrsalnesanoetla riviere de Woueimasur unpont.Au-dela commence un assez grand detourdans I'E. II parait que les marchands d'esclaves s'ecartent de ce cote pour 6viter plusieurs genres d'obstacles. II passa successivementpar de grands j>ays appelesDjedda, Amourou, Horro, Djima, et enlin Gouderou. Entre Amoui'ou et Horro est un lieu du nom de Daga , et A droile la montagne de Ganibela. Entre Djima et Gou- derou il traversa Kobbo. Enfin , en avancant vers le N. , Ouar^ laissa a sa gauche les pays de Ebantou , Tchallia, Sidamas et Amara. Tel est le resum*^ de la route lenue par Ouar6 de- puis Sobitche jusqu'au pays de Gouderou , la ou la ca- ravane traversa une grande riviere sur desoutres. II ne mentionne pas de montagnes tres ^levees dans lout ce trajet. Le lieu de Gouderou, situ6 par 9" 1/2 de latitude environ, est ia limlte des connaissances actuelles ; il est le dernier inscrit sur les cartes dans celte direction, a molns qu'on ne veuille identifier le Djima de Ouare avec le Gouma, qui est au S, de Gouderou. Toutefois les cartes donnent, de ce cole , un lac de Soumma, source d'un des affluents du Nil blanc ; mais son exi- stence auraitbesoin d'etre confirmee par I'observalion directe : il en est de meme du lac Zouaja ou Zaouadja, <{ui est plus dans I'E. , el en general de tout ce qui csl au midi du 9' 1/2 parallele nord. ( '0 ) Oii;ire a iiiissl connaissance du Ojemljiio qu'oii sup- pose sous le 7^parallele et sous le 34" nK^ndicn , peul- elre trop a I'O. • Djcndjiro reslait a sa ilroite. II est rc- greltable que Ouaro n'ail pas de plus amplcs notions de cc pays inleressanl, appel6 lanlot Djendjiro (ou Gcngiro) , el lanlol Zendcro. II passe pour rcnfcrmor des mines; il y a lieu de cioire d'ailleurs qu'ii appar- lient au versant S.-E. , dirige vers la mer des Indes. Plusieurs des fleuves qui s'^coulent dans celte mer doivenl avoir, de ce cole , quelques nnes de leurs pre- mieres sources. Le capitaine Erni st de Beaufort, dans son projet un peu giganlesque , esperait s'y transpor- ter en venant du Lac Central, trouver la I'origine , ou du fleiive de Quilimance, ou du Loffih , et les redes- cendre jusqu'a la mer des Indes a Magadoxo (i). Ce qu'il y a de certain, c'est que Ouare connait , a la gauche de sa route, unc Ires grande riviere coulaitt iiu Slid. Son nom de Habahia ne doit pas la faire con- Ibndi-e avec V Abcuvi ( ou le Nil bleu") , puisque son cours est oppose. Les noms semblables abondent, et celui-ci est sans doute un nom commun; lemoin celui de Gonderou m6me, qui apparlient aussi a un jiays sur la rive droite du (leuve, ayant des montagnes cou- vertes de forfits el habilees par des noirs; il est bien eloigne du Goudcrou des cartes, lequcl est voisin du Bahr-el-Azraq, et donl j'ai parle plus haul. Les noms g(^.n(!!riques, on le sail, sont une des didiculles de la geograpbie de rAlriquc : c'est une des sources d'errenr, que j'ai le plus souvent signal(ie. On commence a 6lablir sur les cartes unc continuile complete entre les monts de la Lune et les montagnes (i) Voyez, nolifi'sur feu M. de lU^aufort, voviytureu Afriij';o, liulleliii Jc la Soc. de peoijr., 1. V. p (Ion. I'r,|i,.l,,r ,1.. 1., Si.ru't.'- .Ir (;,Mi-,M,,lnr •>> Ai-lv. j.y \^ ■>k>li>r " "* ^'t;.. .. ••'".., "*M,4 ^»m»mt» I'M or ARK KI I.I. -no. >..!// « D J I ?V D J I > O r V- 1 m- ; / ti/r'^ »( t >o rt , ( «' ) siUi(5cs sous le 35' nu^ridien et \c -j<= parallele. Cette continuity est an nioinstris jirobldniatique. N^anmoins dans celle region Ton connait lesnoms des montagnes de Gonea, de CaCTa , et de Narea (ou E/iarea). Ouare ne dit pas avoir gravi de hautes montagnes entre So- bilche et Gouderou; c'est peut-etre parce que les pentes suiviesparlacaravane 6taient tres allongees, et les cols tr^s abaisses; mais on ne pourrait pas conclure de son r6cit que le relief du terrain n'est pas dessind forte- ment vers le 9' degr^ de latitude. En effet I'Yabous, I'affluentdu Nil courant au N., en sort (^videmment, el nous apprenons par Ouar6 que I'ilabahia coule cer- taincment vers le S. Les lacs situds a la hauteur de I'Ya- bous, etl'exislence des montagnes do Chakhacondiiisent a la mfime conclusion. La riviere de Zobe (suivant les Porlugais ) ou de Ribbu (suivant Bruce ) coule dans le memo sens que riLibabia du jeune Ouar6. La source de ce renseignement (1) est dansle voyage fait en 161 5 par A. Fernandez, cite par le P. Tellcz, voyage qui s'est prolonge jusquV.ssez pres des mines d'or de Bos- ham dans le Djendjiro, sous le 8'^ parallele N. II a du par consequent franchir aussi les hauteurs qui sepa- raient les deux versanls (2). La route suivie par Ouare semble au premier abord assez voisine de I'itineraire de Fernandez, etl'on pourrait esp^rer de Irouvcr dans celui-ci de quoi verifier I'autre; mais il s'en faut qu'on possede assez de details pour faire cetle comparaison. II n'est guerc douleux, d'apres tout ce qui precede, que le pays natal du jeune Ouari est sur le versant meridional de cetle partie de I'Afrique; je vais main- tenant cliercher a quelle distance dans le S. (i; Voyiv LiiJull, /J,sr. Ethiop. ( 12 ) Le r6cit d'0uar6 cxpriino les longues fatigues ol les souffrances qii'essuya la caravane donl ilfaisait parlie, et par consequent il donne une id<^e juste des dilFi- cultes du chemin. II faut done bien se garder de croire que les quatre mois qu'a dure le voyage aient et6 rein- plis par des marches continues j les deux tiers des jeunes esclaves sont rest^s en route, morts de fatigue et de misere. Les stations ont ete frdquentes ; il y a eu environ un jour de repos sur quatre. On marchait cinq a six heures, quelquefois beaucoup plus; il faut encore songcr qu'il y avait dans la troupe des enfants de 9 a 10 ans. Les 90 jours de marche efTective se re- duisent done a 5^0 heures, qui ne representent guere que 325 lieues pour ce genre de voyageurs. Or la posi- tion de Khartoum est connue, et Ton sait assez bien la situation du pays de Gouderou, par 34° i/a longitude el 9° 1/2 latitude. La route est assujetlie a passer aupr6s de Gondar, mais non pas a Gondar meme , parce que les mar- chands y auraicnt Irouve des obstacles. En tracantce dernier itinerairc, et en en prenant la mesure, on trouve 210 lieues, ee qui laisse n5 lieues pour la premiere 'partie du chemin, entre Gouderou et Sobitche. Et comme Ouar6 fit aussi un dolour a I'O. , on suivant cette ligne , le point de depart ne doit pas s'eloigner beaucoup du 6*^ parallele. Entre Gouderou et Sobitch6, Ouare traversa quatre grands pays, savoir : Djedda, Amourou, Horro, Djima, formant aulant dc stations, ou bien cinq intervalies : un repos, lous les quatre jours I'un dans I'autre, s'ac- eorde bien avec cette donnee. J'avoue sans peine que la position de Sobitche en longitude c&l Ires conjecturale , cependant j'ai lieu de ( '5 ) penscr qu'on no pout ia porter beaucoup plus a J'O. 11 y a aussi une limile a I'E. par la riviere dc Zebe on Kibbu qui est Iracde sur plusicurs cartes sous le o5* meridien , d'apres le P. Tellez. La situation approxi- mative de Sobitche serait ainsi etablio non loin du G" parallele et du 55 meridien. Toutefois, on pourrait re- culer ce point beaucoup plus dans le S. , en supposant les rcpos moins I'requenls', ou un progres de plus de quatre lioues par chaque jour de marche elToctive. Ouare ne pretend pas que la riviere qu'il a passee apres Gouderou soil la meme que celle qui coule non loin de son pavs ; une cerlaine analogic du nom de Habahia avee celui de Abawi peut y faire croire d'a- bord; mais comme la I'iviere voisine de Gouderou n'est autre que le Heuve Bleu, qui, a partir de la, court certainenient au N., il n'est pas possible de la con- fondre avec celle qui s'ecoule enlre Daugali et Limmou, laquelle court vers le S. , et parait bien encaissee. II me semble qu'il rc^sulte de tout ce qu'on vient de dire plusieurs consequences assez interessanles pour la geographie de cette partie de I'Afrique : la premiere, que nous avons une donnee de plus pour connaltre la situation de la ligne qui separe les deux versants N. el S., puisque nous savons I'existcnce d'une riviere im- portante, et jusqu'ici ignoree, ayant cette derniere di- rection; la secoude , que nous possedons la nomencla- ture d'un assez grand nombre de pays entre le S" et le I o<^ degr6 de latitude ; la troisieme, que nous connaissons h peu pres la limitc de la race noire ou des Sankalas du cote de I'O. et du c6t6 du midi. De temps immemorial la race noire est en guerre avec les Gallas: la couleur y est pour quelque chose. Comme tous les autres Gallas, coux de Limmou so ( 'i ) croiont ct so discnt blaitcs, quoiquo d'un toint assoz t'once , et tfansparenl loiiterois (i); inais la dilVcrcnco est grande pour la conformation, hes noirs sont aussi de moeurs plus sauvages et passent pour leroces. La se- paration des deux races parait encore marquee, ici commo ailleurs, par la configuration du sol. En cffct les Gallasoccupentlos hauteurs qui bornent I'Abyssinie au S. , depuis Enarca, jusque vers le pays de Bali; ce qui comprend Djendjiro, Cambate, Alaba et les terres au midi. Plus loin, tout autour, sont les Sankalas ou les noirs. Shankala , dit Ludoif, nomen /Etkinpitni nomndiun sire ferorum qui in desertis passim I'a^atitiir (bistoria aalhio pica, I. i,c. i5). Le P. Lobo dit aussi qu'en Abyssinio on appelle Shankalas ceux qui n'ont pas de demeuro fixe. Je ferai observer en terminant cet examcn g6ogra- pliique que d'apres Ouar^ le nom de Limmou est. conmiun a un autre pays tres ^loigne, babite aussi par des Gallas; c'est encore un exeinple de la multiplicile des memos noms en Afrique, ct un averlisscmeni do ne pas identifier les lieux de meme denomination (2). Je retrouvele nom de Leca, dans la nomenclature des lieux d'Etbiopic, dounee par Ludoif (0-leca, avec Par- ticle ). La carte ci-jointe presenle le resultat des recherchos qui precedent. § II. Lartgue de Limmou. Je passe a ce qui regarde la languc de Limmou. (ij C'est presqiie la leiiite du cafe au lail I'once. [i'\ Voir ci-dessus. Le P. Telle/, dit aussi ((lie les liabilanis de re \g. Riche. DouiTca Dher.k Chovrc. Rphp. Ri. Portp. P.albala. Ebab {aral>e\ Ilyeiie. Oiiarabeca Omaha. — Oiseaii. .Simbira. Chi'inber. Deniain. Rornm. B.-iri. Bcurrc. Hier. Cala^sa. Chalai. Bois. Corann. Glioii. Moi. Aiii. Aulga. Fleurs. Darara. Day [Dar.) Beiirre. Dada. Dor. ^(V.) Ludolf rapporte une douzalne de mols gallas , jc Ics aicomparesavecle vocabulairedeLimmou (i). Lesraots sceur, frcTG , pain, foudre, singe, etc., sont presque les mfimes, ou Ires approchant; aba/ctiel oboleti (ma soeur) ; oholeca (mon fri;re) ; boudenou et houddena (pain) ; teldcch , et djicde.ssa (singe) ; Innali et annan (lait); dekae et kekaoue (foudre). Cette analogie ex- pliquc poiirquoi des individus do pays Irfes eloign^s parviennent a s'entendre.; c'est ce dont j'ai 6t6 moi- meme le lemoin en meltant en presence deux jeunes Gallas dont I'un avait les cheveux plats, et I'autrc les cheveux crepus. Gelui-ci est le jeune Ouar6 de Lim- mou, I'aulre est le jeune Gabao, amen^ depuis peu par un voyageur recent en Abyssinie, M. d'Abbadie, (i) Voyez tome iv dcs IVIrmoirps de la Societe de geograpliie, p. * r7() (vocabiilaires de rAfriqiie septeutrionale, rrciu-illis par M Koenig). ( '7 ) et dont la patric est aussi du nom de Limmoa , mais a une grande distance du premier. Je Iroave dans \ Histoire d'Ethiopie un lieu appeld Lanioii. Au reste , je laisse au savant voyageur a donner d'autres ren- seignemenls sur les divers dialectes desGallas, et je me borne a jolndre a la fin de ce memoire le vo- cabulaire dont j'ai parle , quoique encore bien im- parfait. § III. Remarques sur le cliniat du pays de Liininou , sur les productions du sol , ai/isi que sur les moeurs ct les usages des Gallas. "LesGallas, dil le F. Tellez , d'apr^s Almeyda , » sont le fleau dont Dicu a frappi^ les Abyssins pour les B punir. » Ceshommessonl, eneflet, desguerriersinlre- pides, auxquelsles Abyssins n'onljamais su resisler ; ils sont d'excellents cavaliers et montent de tres bons chevaux. Tel est le portrait qu'en fait Tellez, et qui est confirme par le rapport de Ouari;. Mais le premier ajoute qu'ils sont idolatres ,y;///.y hnrharcs et cruels que les lions qu'ils poursuiveut a la c/iasse , et de caracteic plus noir que leur visage. Par les echanlillons que nous uvons sous les yeux il y a lieu de penser , ou que r^crivain porlugais a dte trompe par ses renseigne- mcnts , ou que deux siecles ont bien change les mccurs des Gallas. L'affabilite et la douceur de caraclere des deux Gallas que nous connaissons , Gabao, amend par M. d'Abbadie , el le jeune Ouar6 dont je m'occupe , n'onl lien decommun avecla rudesse des moeurs que leur reproclient les jesuiles portugais; Ton a d'autres preuves encore de cette erreur dans le voyiige de MM. Combes etTamisier; ajoulons que leur pbysiono- XI!. JIILI.M' l.T AOuT. i. 2 ( «8 ) mic est cmpreinte du memo caraclire de douceur que les manieres, la conduile el lo langage. Scion Ouare, on n'est pas consid^re comme uti honimc aecompli ct influent, tantqu'on n'est pas cir- concis. C'est a I'age de vingt-clnq ans que se pratique cette c^remonic qui a un caracti^re solcnnel; on cele- bre des fetes a cette occasion pendant plusieurs mois de suite; c'est comme la prise de la toge virile. Bruce a done raison de dire que les Gallas (itaient circoncis; I'excision est pratiquee chcz les femmes, mais quand elles sont jeunes encore. Le costume des liommes consiste dans une lon|^uc piece de colon, entourant tout le corps, et Ic drapant avee assez d'rl^gance ; au-dessous une large il liaule ceinlure , veritable corset, s'el^ve jusqu'aux seins; le bas du corps est Couvert, jusqu'au-dessous du gcnou , d'une jaqueltc i la romaine. Les guerricrs portent , au-devant du corset, un sabre courbe, toul-a-fait semblable a ccux qui sont repr6scnles suf les monu- ments de la Nubic et de I'Egypte ; un bouclicr rond et en forme de cone est passe au bras gauche , une lance ^normo complete I'arraemenl; c'est un bambou de Sept picds de haul , au boulduquel est un fer Ires large, qui n'a pas moins de deux pieds de hauteur, ou le quart de la lance. Les braves sont dislingu(5s par un pendant ^oreiUe suspendu a I'oreille gauche : j'ai deja dit qu'Ouare avail, par sa vaillance , nierile celte dis- tinction. Les Gallas onl le front elev^ , la figure ovale el d'un tour agrcable , la peau d'une douceur et d'une finesse remarquablc ,» ct les denls rangdcs admirablemenl. (le caractire de physionomie ne poilerait aucun des trails de la race noire, s'ils n'ovai(>nl les chevcux { '9 ) Ires frisks ct !es Icvrcs un pou bordecs ; niais Ic teint n'est pas du loul comparable a celui des Sbankalas et des Negres. Les cbevaux, comme je I'ai dlt, sont d'une belle race; I'ane manque, ainsi que bcaucoup d'aulres ani- maux domestiqucs. En revanche, les lions, les el6- phanls , les panlliercs , les k^o])ards , les serpents abon- denl. II parait qu'il n'y a pas de girafes. Le P. Lobo , dans sa relation bisloriquc d'Abyssinie, parait avoir confondu le pays des Gallas avec celui des Sbankalas, pulsqu'il dit qu'ils ne connaissent rien de i'agriculture, et qu'ils vivent seulement de laitage : ce qui le prouve tout-a-fait, c'est que les Gallas, suivant lui, n'ont pas d'habilation fixe; tout cela est vrai des Sbankalas seuls. Ouare decrit tres bien la cbarrue, et sail parfaitement quels sont les grains qu'on cul live etr6colle.il suffitd'ail- leurs de savoir qu'ils font usage du pain : le pain s'ap- pelle boHildena en limmou. La cbarrue est trainee par des boeufs, on I'appellc niia cotessa , instrument a la- bourer; nit'd veut dire instrument. On laboure pendant la saison de birra , la deuxieme saison. II y a quatre saisons, appulees hirra, bona ^ arfdca, ei gaiina ; celle-ci est I'epoque de la grande pluie. La saison de bir/a , c'est la fin de la grande pluie et le commencement de la cbalcur, bona, c'est I'et^, le beau temps, la grande cbalcur; arjdcd, la fin de la cbalcur et le commencement des pluies. Les noms des mois sont tafi; ils out des legumes communs a I'ligN pie , leis que le bamioh (hibiscus esculcntus) , qu'ils nomment itchiani , cl le founagc de Ireflo, appclc barsiin en tgvpte. On bat le grain au fleau et aussi a I'^gyplicnne. La premiere manierc sc dit oule ; on trouvera les au- tres termes d'ogriculture dans le vocabulaire. Les Gallas ne vivent pas seulemcnt du produit de la chasse el de leurs cerialcs, ils se nourrissent aussi de la chair de leurs bestiaux. Les ceremonies principales sont Ic mariage ct la cir- concision donl j'ai deji parle ; il suffit de connailre ci's usages pour apprecier ce que dit Ludoif, d"api-es los jesuiles porlugais, de la barbarie des Gallas, et }e me confirme de plus en plus dans I'opinion qu'on les a confondus avec les Shankalas , les noirs nomados. SelonOuare, iln'y a pas de roi chez les Gallas, ct co- pendant les auleurs portugais rapportenl que la nation avait un roi d'^lection : tous les huit ans, scion cux , on'elisail le monarque. 11 peut y avoir eu de grands changoments depuis deux siecles, surlout depuis que li'S Gallas ont conquis I'Abyssinie. On a cru , on croit encore qu'ils n'onl auciine id(^c de la divinitd; c'est une erreur (i). Les hommes invo- quent Samhaia , les femmcs Mareinu , les filles ou vier- ges Gorobbe; les dieux , en g^n^ral , s'appellent Oudk. Les jeunes filles ont encore une divinity protectrice , qui est du sexe feminin. f i) Copeudant selou lu P. I.ulio les Gallas i iiiiri-is%eiil I'liiu' !;i)jiiviiir ?0M3 le nom de Out. ( 21 ) Je vais donncr une id^o des pricros que les unset les autrcs adressent aux dieux, ct des pratiques ou c6r6- monies qui les accompagnent. La version est fort peu elegante, mais aussi prt^s que possible du lexte original; c'est un travail qui pourra etre 6tenda et rectifi6 dans la suite. Priere des hommes a Limmou. Celui qui veut entreprendre une guerre , un voyage ou une chasse a I'^lt^phant, s'adr.essc a Sambata. 11 commence par immoler une ch^vre ; avec le fer de sa lance, il lui tranche la tfete, se teinl le front avec le sang, ensuite il T^ventre. II donne le cceur an Marlon^ c'est le devin. Si I'augure est favorable, il attache la peau a son cou , coupe le bout de la langue de la ch6- vre, y fait un trou et se le passe au doigt. Ensuite il remplit un vase do kcu-so (liqueur fermentee), et le pose a terre avec un pain; apres quoi, il met la peau de la tete sur les herds duvase, ainsi qu'une couronne faiteavec qualre tigesd'une herhe rampanle (viormeP); ensuite il prend dans chaque main quatre branches de I'arbre ouloiiinai el touche la terre du bout, lout au- tour de son oflVande. Tous ces preliminaires ^tant Icrmines, il adresse au dieu la priere suivanle ; les assistants r(!;pondent a cha- que verset. <■ Je te presciile une offrande, 6 Sambata, sob liifiiveillant pour mni » ton stTiileiir (4 fois); Les assistants. — So'is bienveillaiit. << Prolonge ma vie; Les assistants iqionilcnl en iqictant les memos mots. " Dtsuue nioi la s.nite; Lesassis'uuls repetent. ( «2 ) n Fais quo lotiJDiirs je roste an milieu df ma fainille. Tons it'pDiicIeut. u QuaiiJ j'irai cii expi'iliiiou, iloiuic-inoi la viitoire; Jii. - Que j'aie le liaut Je la tele graisse (a nioii reloiir). Id. >> A iiiou oreille quele pendant d'honueur >oil atlaclic ! IJ. » Fais que je sois ainie de lou>; dans le pays, /■/. » Que je vieillisse daus les Mens de nion pere ! //. •» Arrele nics i nneniis. W. » Fais que je t'a Iresse Iniis les r.iis line offranJe {.; foi-^). a /./. Voici cetle pri^re engalla : « Kadjellche dabadde sambauui ^oftann auko ana X kadjela (4 fois). w Louboneo derreca. 1) Faya ana kenna. j> Gouioii kcssa ana boullcha. 1) Tonn ala dake mirga snna kenna. » Hantiko djessa. M Goiiiiacoii-li loti rarraca! » Djalala bya aua a kenna, » Carvaabba ko-li ina-ti ana bouticliia ! " Abdjiou anitoii buuccssa, » Adjainadjiko niara-niara. )i Bara baiain guai kami dabaddou (4 foi>). 1 ou> Akadjeloij. JJ. AJdeiri-roii. JJ. A keniiou. Id. Aboultrhiiu. IJ. Akenno. lU. Adjisson. IJ. Ararracon. Id. Aboullcbioii. Id. Aboncessoii. Id. Aboiice^sou. W. Aniaiainarou. ld.Cwai dabadJoti. Aprt'S la prici'c, le guerrier boil quatre lois dans le vase, il mange quatre morceaux de pain, puis se leve et invite ses amis a partager le feslin. Priere des fcinrnes, — La lemme qui a une pricre a faire apporle du lail caille, de la I'arine et du beurre^ allume du leu pies d'un arbre, y pose un vase plein d'eau; quand i'cau bout, elle verse la farine , et mfile avec un baton, jusqu'a ce que la pate ait acquis de la consislance; alors elle la met dans un plat, fail un ti'ou au milieu, et y pose le lait et le beurre. En- suite, elle (ilend des feuilles sous I'arbre, el elle y re- ( 23 ) pand des fiagments de i)ale ainsl tremp6s do beurre el de lait, opres quo'i elle dil : » O Jieux agieez cps preniiccs, la ollakkall^sor^aJo, )> Faites que iiotie pays soil heureux, Byia ko iiaga godi ; » Qiieles oalaiuiles soieut tmijoiirs eloignces Je nos Kilieusa ama gambo » rives, gaina oljtthy, M Que nos mauvais revcs iiese realiseiil p. is. Alnlji.ui amioii bouceci, 0 Relciiez ceux qui nous veuleat du mal. Adjauiadjemara-mari, » Versez raljondancc sur noire pays, Byia koupsi » Dounez-nous la saute. Faya aoa-kenni. La pri^re termin^e, la femme se retire h quelque distance de I'arbre, et mange une part de roffrande, attendant impatiemment que I'envoy^ des dieux, arra- guessa (un oiseau noir de I'espece des corbeaux) vienne becqueter les fragments de pate deposes sous I'arbre. Ensulto les enfants, qui se tenaient caches, paraissent et enleventce qui reste. Les bommes sent exclus de ces pri^res, les femmes seules etles jeunes enlants y sont admis. Piiere desjdles. — La jeune fdle depose uneofTrande sembiable a la premiere, a I'excepliou de la victiine, et invoque en ces termes le dieu Gorobb^ : " Je I'aJresse une ollraude, 6 Gorobbe, protege tou esiljve 4 fois\ « Les assiilauts re|.oudout. " Qiie je vi\e i-u sau'.e au milieu de ma famille. •• Les assislints reponJeul. « Que je vive loug-temps. » » Aai kaldjetche dabade Gorrobenu giftim ko ana kad- " jeity (4 fois). Tous: AkaJjelto. " Ouudouma goutou kessa am boultchely. Id. Abaulttlielo » Loubboii ko dere a'ti. ( M ) § IV. Chants (Ics Gallas dc Limnioii. On Irouvera peut eh-fl clans la naivelc cics clianls de Limmou qut^lques traits qui nc sont pas indigncs d'fitrc cites , les uns pour la douceur, les aulrcs pour Je caractere ct I'energic de I'cxpression. Chants fC amour. I One til es Ijellr! Ta jambe «vst fiiic commi' line rorheillc C'leganlc, AUcnds la Cii de I'orage, Pourqiioi me fuirsilot? 11. Snr le rivage nous somme5 assM, Que nos diit-ns soient rappcles ! Pour que nos parents ne nous sonp^onnent pas , Les noms que nous pnrtoiis, loi et moi, nous les garderons (i). III. Les chevres de I'autre cote da rivage Sont appelees. Kalabo. Les plenrs que mon amante me fait verser, (^ronlent en si grande abondnnce que) L'on peut les puiser sur mes joues (a pleine tasse). Chants de giierre. Onaehako, Sariia ha ire; Adjchamo, Sardam iiiarre. II. Gama, gama, Iri^ne, Sare oiicli occana. Aka oiiarri ma Ixiigne, Ef, maka oualioii arona. III. Rehe ouarra gamma Makauche Kalabo. Imimmam djalala, Maddira ouaral)o. IV. Fantassins, fantassins, precipitez-vous! Fanlassins, an combat precipitez-vous! Aliens, en avant, IV. Lafo lafo hoboukciti Lafo lola. lafo lola hobouketlr; Hi'iann hi yo, (i) L'usage est qu'une femme une fois livrcea son amanl doit lappeler par nn nom noiiveaii. ( 35 ) Mfs faiitassiiis ! Lafo ko. Faisons loiinicrle dosal'enncnii, frapjions. Gaiai^altdii allfli , Le four est to'iriie, Garagallclia ele, Je ne crains pas que vous fuyiez. Caragalla cnn senc. Avant que le soleil soil conche, Olio aildonn indinii, Ma lanee qui reflete ses rayons sera rougie. Ebonn balakiuko di mata. V. V. Parlt z has, A. sa se Dans le ravin , Houla robe, Soyez atlentifs, 6 liraves, Daggue faddou i^ gala. Attentifs au cri de guerre I Ouare doula. La moisson est mure, allez la coiiper. Accti mosno ami, Venez, si vous I'osez, prendre les trou- peaus de mes freres. Megai lonn abbo semi. VI. VI Ma lance, raa lance, au combat! Ebo ebo lola. Les gens d'Ebanlou se batlent, Eiiaiiloiino lola , Qu'attendent les gens deLimniou ? I.iniuiou mal c-ar. Dans un autre m^moire je pr^senterai quelques ^claircissemenls sur les Gallas de Limmou. Suit le vocabulaire galla-nrabe el francais , en 21 pages (". JoMABD. NOTES SUR ATIIENES ET SUR L'ATTIQUE, PAB M. Noel Desvergers. Parmi los spectacles curieux et varies que I'Orient maintennnt si facilemenl parcouru offre aiix nom- breux tourisles qui le visitent, I'un des plus inleros- sants a (^tudier peut-etre , c'esl Alhenes. Non pas I'A- ( 26 ) th6nc3 de Pericles; millc licrivains on artistes en onl mesur6, (lessine , comments les admirables re. les ; mais TAlhenes aotuelle, villo naissanle dont les rapi- des progrcs promeltent a I'observaleur impartial dcs resullats mcillcurs qu'on ne le pense g6n6ralomenl en Europe. Ces progrcs se r«iv6lent au voyageur d^s qu'il aborde au Pj ree : il n'y aurait vu il y a dix ans qu'unc baraque lurque servant dedouanej aujourd'liui , trois cents maisons , deux (^glises, de vastes magasins, un lazareth connnode, une ecole militaire s'elevent sur les ruines des longs murs et enserrent I'ancien port , ou Ton aper^oil encore distinclement sous les eaux les restes des loges construites par Thdmislocle pour abriter les galferes de la republique, Les trois bassins qui divisaient Tintd-rieur du port existent encore , bien que le pYojet eut d'abord 6te de combler celui qui portait le nom de Zea , pour y clever le quartier du Bazar. L'arc qu'ils ddcrivent ofTre environ un develop- pement de3,ooo metres, etmalgri^ I'opinion des voya- geurs qui ont penst^ que quelques barques en rempli- raient I'enceinte, un vaisseau de 80 canons, le Trident, y mouillait I'annee derniere en m6nie temps que plu- sieurs corvettes , des bricks de commerce, un grand nombre de sacolevcs , caiques ou aulres petits bati- juents. Une route large et facile, qui a toutefois le grand tort de passer sur de respectables ddbris qu'ellea rases jusqu'au sol, part du Pyr6e , traverse une contree ma- recageuse oil le Cephise se perd avant d'avoir pu arri- ver jusqu'a la rade de Phalere , puis au sortir d'ua bosquet d'oliviers 6chapp6s aux soldats d'lbrabim , vient se terminer au temple de Thes^e. La commen- cent les constructions nouvelles : deux palmiers, quel- ( 27 > qucs cyprl^s, trois on qualre chapelles d'archileclure byzariline elaient seuls resl6s ileboul dans une ville pill^e, bral(^e, ravagee tour a tour par Ics Musul- mans et par les Grecs. Mais depuis que le gouverne- ment y a fixe sa residence, I'enceinle de la cite turque se romplil chaque jour d'hahilations grandes ou peli- tes, qui, sans avoir I'air de tcnir a un plan, bien qu'il en exista un , s'6levent ga et la au milieu d'un d^dale de ruines inexhicables. Deux niille maisons ont 6ie baties en six ans, et tel est le laisseraller des arclii- tecles qui ont preside a leur construction , que trois rues seulemont ont un asp( ct regulier; ce sont les rues d'liole , de Mineive et des Hermes. L'antique voie des Ir^pieds dont I'emplaceincnt est si facile a deter- miner par le gracieux monument de Lysicraie, suivra la direction qu'elle avait autrefois. On ne saurait en dire aulant des autres : il elait a esperer que taiil de deblaiemenls de fouilles , de bouleversements neces- siles par les travaux de construction meltiaient au jour bien des resles de I'ancienne Atlienes. L'altente sur ce point a die Irompee en parlie : tout ce qui a pu 6tre decouvert est tellement fruste et informe qu'on ne saurait en aucune maniere s'en scrvir pour une res- lauralion de la ville. L'Atlienes de Spon reste encore , malgr(!! les travaux des modernes anliquaires , la re- priisentation la plus complete de I'Atlienes des ancicns jours; exceptez-en pourtant I'Acropolis. Depuis que les batteries turqucs ont 6t6 delruites , depuis qu'on a j)u faire des fouilles dirigees avec zele et intelligence par M. Pyllakis, on a vu surgir de l'antique pous- siero des monuments perdus depuis bien des sioclos : tels S' nl le pdit temple de la Victoire sans ailes , les Propylees et les nombrcux debris tie I'llecatomi-edon, ( ^8 ) premier tonij)le olovc- par los Alh^nions siir lo sommot do I'Acropoli?, puis d^lruit par Ics soldals do Xcrccs. (iCUi; dernic'ro d6co«ivcrte est des plus inl^ressaules pour I'histoiro de I'iirl. Jusqu'alorson avail pens6 qu'un rang de Iriglyphes d'ordre dorique el qualorze lam- bours de coloiines deini cannel^es employees comme mat(^riaux dans les murailles au N.-O. de la ciladelle ^laicnl les seuls debris qui existaionl du temple de Minerve, brill6 dans la guerre des Medes. On a lrouv6 rc^cemment au pied mfime du Parthenon une grande quantity de fragments de toutes dimensions. Frises , Iriglyphes, metopes, acrottjres sonl en lerre cuile, or- n^es de peintures a la maniore des vases grecs ou 6lrusques , el no laissent aucun doute, soil par leur forme, soil par leurs ornemenls qu'ils n'aienl servi de revelemenl au premier 6diricr> , sur los ruines duquel Iciinus 6leva son temple iuimortel. Quant aux Propy- l6es, si long-temps masqudes paries constructions des Musulmans , elles ont rcpris dopuis quelques mois une parlie de leur magnificence , et annoncent di- gnement encore le sanctuaire ou 1^ Gr^ce avail accu- raule ses chefs-d'oeuvre. « Voici, dit Pausanias, en en » parlant, I'ouvrage le plus admirable qu'on ail enlre- » pris jusqu'a present, lant pour la grandeur des blocs • de marbre que pour la beaute de Pex^culion ; a droile Ds' , en conservant toutefois la premiere division pour I'administration de la jus- lice. Chaque depailemenl ou dioi hcsis conMiewiun cer- tain nombre de deines , de chacun desquels dependent plusieurs villages , monasleres ou hameaux. Ln grand nombre de ces villages ayant ele d^truits dans la der- ni^re guerre, plusieurs d'entie euxne sontplus repre- senl^s que par quelques cabanes habiteos par des pa- tres. Le nombre des dio'ikesis ou departements est de 32, quelques uns contiennent jusqu'a 3o demes. Les demes de I'Allique sont au nombre de dix , dontl'en- semble forme le (Jioixr/^ri; a-mxr/;, elauxquels on a rendu quelques uns des noms les plus connus de la geo- graphic ancienne : ce sonl les deines d'Acharnae, de Raslia, d'Amarousia, de Marathon, de Pirea , de My- rinous, d'Araphin , du Laurium, d'Ath^nes et du Pi- ree. Au N. d'Alhenes , le deme d'Acharnae occupe le ter- riloire pu s'elevait cet ancien bourg qui , d'aprts Thu- cydide (i) , 6lait le plus considerable de tous ceux de I'Altique. Soixante slades le s^paraient de la ville , et non loin de quelques ruines qui en marquent I'empla- cement, on voit le village moderne de Menidi, chef- lieu du deme , et residence du deinarque. Les depen- dancessont: Varimpopi, Liopesi, presduque! on croit avoir retrouv^ a la fonlaine de Tatoi les ruines deD6- celie , Maounia, Talzi, Monopati et Koukouvaounes. A quelques minutes de ce dernier village coule un torrent dont le lit profond donne passage , dans la saison des pluies , a une assez grande masse d'eau , et qui porle , (i) Thiicjdide , liv. ii , 19. XII. JUILLET ET AOUT, 3. 3 ( 54 ) en consdcjuenco , le nom do r/ici^'a/o/.otamos ou la grandc riviere; les ruisscaux qui s'y jeltpnl descoiident du Parnos.Au N.-O. du (/criie d'Acharnse s'elcnd \edcnie de Kaslia, qui a pour chcf-licu I'ancien bourg de ce nom. Les dcpendancos sont : Ralivia-Kaslias, Kamale- ron el Llosi. Dans la plaine qui s6pare Atli6ncs du Penteliquo esl plac6 le dt'ino d'Amarousia. Marousi, qui en est Ic chef-lieu , eslun des plus jolis villages de I'Atlique. Do nombrcux ruisseaux prenant naissance dans la mon- tagne au pied de laquelle 11 est silue, arrosent son ler- ritoire auquel de nombreux oliviers el une culture va- riee donncnl un aspect de ferlilile ct de fraicheur. Sa proximile d'Alhenes, donl il n'est eloigni que dc qualre lieues, el la possibilile d'y trouver de rombrage, y onl appele plusieurs habilanls de la ville. Deja se sont ele- vees quelques habitations agreables, el leui'S posses- scurs viennent y passer les mois d'6l6 qu'unc chaleur lourde rend penibles dans la capitale de la Grece. Des plantations de muiiers multicaules fornixes soulemenl depuistrois ans onlpris deja un d^veloppemenl qui pro- met a cette conlr^e une nouvelle industrie. Les villages quidependentdudeme d'Amarousia sontHeracUe, que Stuart a identifi^ avec I'antique Archilaia( i ) ,mais qu'un voyageur tout recent, d'apres un passage de Diogone LaercCjCroit elre remplacement d'un temple d'llercule quiappaitenait au bourg d'llephac&tia (2), Tourali, Ca- landri, Monaslori-Kalogria, Penleli, monaslere autre- fois important, el dontreglise,d'architecturebyzantine, (1) Stuart , vol. Ill , r- 'o- (2) Voyez Athens and Attica l)y tlie Rev, Ctiiisoplior Wordsworlli , p. 234. ( di) esl encore bienconsei'v^e, Gcrakos, Karilsi, Bcrgami , Kepliisla. Ce dernier village parlage avec Marousi le privilege d'etre pendant I'ele le refuge de la haute so- ciete d'Atlienes. Sllue sur Ics dernieres pentes du Pen- telique, al'endroil ou elles viennent se confondre avec la plaine , il est arrose par les sources qui donnent nais- sance au Cephise. L'une d'ellos, apr^s avoir fait quel- ques chutes ou cascades, forme un bassin dans una coupure profonde ; et I'abondance de la vegetation qui s'eleve surses bords , I'aspect agreste du lieu , la beauts des arbres qui forment une voute de verdure au-des- sus de cet asilechampetre, lui ont valu le nom poetique de grotte des N}iTiphes. Lorsqu'en sovtantde Kepliisla on gravit la penteocci- . dentale du Penlelique, on arrive d'abord aux carrie- res de marbre blanc qui forment un fiion si puissant au milieu des schisles dont se compose la montagne ; puis enfin, parvenu ausommetelevede3,65opiedsau-dessus du niveau de la mer, on volt tout a-coup se deployer sous les yeux au N.-E. cetle plaine de Marathon, dontle nom rappelle un des evenements historiques qui ont eu le plus d'lnfluence sur I'avenlr des peuples de I'Occi- dent. Longue de trois lieues environ , et termin^e h ses deux extremites par des niarais, elle n'offre a I'ceII qu'un sol uni ou surgissent quelques pins , quelques poiriers sauvages et de maigres ollviers. Ce qui frappe d'abord les regards, c'est le tumulus ou furenl ren- fermes, apresle combat , les restes des Alheniens dont la mort venait d'assurer I'independance de leur patrie. De la les yeux se portent sur le champ de balaille ou la Gr^ce entiere aurait pu pei'ir, emportant dans la tombe le secret de cette civilisation qu'elle revcla plustard au monde enlier. 3. ( 3G ) Jusqu'aux fronti6rf'S soptontrionalos do I'Atliquc deux demes occuponl lo lerriloire de I'ancienne Dia- crie el vontrejolndrc rOiopic, qiii.bien qu'ayantfait si long-temps partie des depcndances pollliqiics d'Allife- ncs, apparlenaitg^ograpblqucmenta laBenlie, comme aujoiird'luii encore elle apparl"ientaur//r;Xt'A7.vdeTli6bes. Marathon etPirea, voicilc norndcs deux denies moder- nes. Le premier, dontle villngede Marathon cstle chel- lieu, a quinze con)muncs, quisont : Sel'eri, Yrani, Souli , Anoxelokeratia, Katoxelokeratia, Rapinisa, Dionysos , Varnavas, Grammaliko, Veliaxiki, Sirako , Kalantzi , Stamatais,KapandritielSpatalziki; le second, qui a pour chef-lieu Ralamos .I'anciennePsaphis , a comme depcn- dance principale Marcopoulo , remarquable par une mine de charbon ou Ton vient de trouver, bien qu'on. n'ait encore creuse qu'ala profondourde Iroisou quatre metres, une houille seche qui permet d'cspercr, lors- qu'on parviendra a une profondeur phis grandc , du charbon applicable a tons les usages de I'industric. Marcopoulo n'etant qu'a deux milles de la mer, les frais de transport seront prcsque nnls , et cetto res- source inaltendue promet a la Grece de nouvelles ri- chesses. Les autres villages du deme sont : Tsourka, Boguiati et Keramidi. Bien que la topogrnphle de ces contr6es ait et6 plu- sieurs lois eclairee par d'habiles archcologues, les fa- cilites qu'offre maintenant un voyage dans cette partie de I'Attique piomettcnl chaque jour de combler quel- que lacune. Des quatre bourgs qui lormaient la letra- polc de TAllique, un seul a conserve son ancienne de- nomination, c'est Marathona, ct cette coindicencc de nom est une forte pr6somption pour y reconnaitre le bourg dc Marathon , bien que quclques uns aient cru ( h ) retroLiver ce chef-lieu clans le hameau de Vrana (i). A I'E. de Marathona , non loin du hameau de Souli , se Irouvail Tricorylhos; sa posilion indiqude prt;s de la fonlaine Macaria, qui forme au N. de la plaine le raa- rais Draconei^a , rend sa posilion facile a reconnalire ; et lescollines donlles pointes abiuplessurplombont Souli abrilaientprobablenient I'acropolede Tricorylhos, qui tirait son nom de leur Iriple crete. Plus pres de Mara- Ihona , mais a I'O. , quelques mines marquent e'ncore remplacement d'/Enoe : Probabillnthos , le qualri^me bourg de la l^lrapole, deit elre cherch^ plus au S. ; c'est le premier des quatre denies que cile Strabon, lorsqu'illes nomnie enpartantde Sunium pourremon- ter vers le iN. ; il n'appartenait pas, comme les Irois autres a la Iribu aeantide , mais bien a la tribu pandio- nide, qui conlenail aussi Myrrhinonle , Prasies elSte- ria. En chercliant sa position d'apres ces donnees , on pourrail conclure avec probabilite en faveur de quel- ques mines qui sont situees prfes du marais meridional, appele mainlenant Vallos. Dans la partiede I'AUiquc dont nous nous occuponsse trouvait encore Aphidne, I'un des douzedemes qui for- maient I'empire de Cecrops. C'est la que Th^si^e avail cache Helene, lorsqu'il I'enleva de Sparte et la confia aux soins d'Aphidnus (2). Les Tyndarides s'etant mis a la recherche de leur soeur, vinrent a la tele d'une troupe nombreuse faire une invasion dans I'Altique, et chasserent de leurs demeures les habitants des bourgs. Menaces du meme sort, les Decdleens, aides des habilanls de Marathon, decouvrirent aux Tynda- (i) Voy. Lfake 011 llie Djuii of Allica, y. 55. (a) Herodotc, liv. ix , p. g^. ( 38 ) rides cc qui s'elait passo , et Icur servirent de guides pour so rendn; a AphiduL', qu'un des citojens de co bourg, nomm6 Titacus, lour llvra opres une longuc resistance. Castor et Pollux recouvr^rent leur soeur, raais la lulte avail el& si terrible que les Lac^demoniens conserverent unc longue reconnaissance pour leurs allies. Bien des siecles apr6s, dans les gucrres du Pelo- pon(ise, les lerriloires des bourgs de Maratbon et de Ddcelre furcnt cpargnes en meraoirc du sccours donne par eux auxTyndarides conlre les babitants d'Apbidn6. On pourrait deja conclure de celte longue bistoire , ainsi que I'a fait le colonel Leake, qu'Apbidne etait un bourg place dans une situation favorable a la defense, non loin de Decelie et de Maratbon (i); mais si plus lard Apbidne est rarement nonimee par los bistoriens, si elle n'est plus guere citee par eux que comnie la patiie de Tyrtee , d'Karmodius et d'Arislogilon (9), cependant nous trouverons dans Demostbenes un passage plus concluant. Get autcur, dans sa barangue De Corona (5), cite un decret publie au moment ou, a la fin de la guerre sacree , Philippe de Macedoine se rendlt maitre des villos de la Pbocide. Par ce decret, qui avail pour objet la defense de I'Attique, tous les babitants, a Texceplion de ceux qui formaient la gar- nison des forts, ^taient obliges de venir se ronfermer c» I'abri des remparts d'Atbenes ou du Piree. Tous les biens moubles, dan* une distance de 190 stades, de- vaient etre amends h la ville; ceux qui appartenaicnt a des proprietes plus ddoignecs 6taient conduits a (r) Leake, Demi of Altica, fi. (2) Pliitarclii Symposiaron , liv. i , 9. (3_) Dcmosllien's, do Corona, ed Reiske 228-. (39 ) Eleusis, Phil6, Apbidnd, RhamTius et Suniiim. On voit qu'a part Siinium, deslin6 i servir d'abri aux popula- tions qui babilaient la partie nn^ridionale de TAllique, les autres places de refuge forniaient une ligne de for- teresses le long des fronlicres septentrionales qui s6- paraient TAUique de la Beotie. Eleusis, Pbil6, Pibam- nus , dont nous connaissons I'emplacement , 6tant situes de rnaniere a commander les routes principales qui, des dilferents points de la Hellade , venaient aboutir a la capitale de I'Altique , il est probable qu'A- pliidne , citee dans le decrel entre Phile el Rhamnus , devait probablement commander les points importants de communication qui, d'Oropo et de Tanagra, con- duisent a Atbenes et a Marathon. Ces premisses une fois pos(^es, nous Irouverons non loin du village mo- derne de Kapandriti, pi'^s du point de jonction des routes que nous avons mentionnees, une hauteur isolee, parfaitement placee pour commander le pays qui s'elend entre le mont Parnes et Rhamnus; cette colline, qui porte le nom de Kotroni, conserve encore sur le plateau qui en forme le sommet quelques traces d'antiques constructions, paraissanl depuis avoir servi de bases a des constructions plusmodernes, egalement d^truites (i); ce lieu est eloign^ d'Athenes d'environ seize milles, il est a douze milles de Phil6 et a huit de Rhamnus. En examinant avec soin toute la contrive qui I'environne, on est enlraine a croire que ce site, au milieu d'un pays fertile pour I'Attique , et dont de nombreux villages en ruincs attestentl'ancienne popu- lation, convient au chef-lieu d'un d^me que les docu- (i) Voy. Remarks on the tupot;' apliy of Oropia, by <">i'ori;e I'inl.iy, p. 37. ( 4o ) menls laissi^s pnr I'hisloirc nous ropriscnlent commr important par le nombre de ses ciloyens el la force de sa position. A la faveur d'une faute suppos^e dans le lexle d'un passage de Dic^arquc, M. AVordsworlh est arrive aussi a conclure qu'Aphidne etait placee non loin de D^celie, sur la route d'Atlu'jncs a Oropo (i^. Quelque ing^nieuses que puissenl elre ses conjectures a ce sujet, il n'est peut-etre pas bcsoin d'avoir rccours a une erreur de copisle pour fixer , sinon d'une ma- iii^re absoluc, du moins avec quelque probabilil(i, un point douteux de I'ancienne geographic de I'Attique. Entre la Penlelique et I'llymelte, puis de I'ancien port de Prasiae jusqu'aux pentes raeridionalcs de cette derniere montagne que son nom, corrompu par Ics Vcniliens qui la nommerenl Monte-matto , a fait ap- peler en grec moderne Trelo-Vouni^ la montagne du Fou , deux denies occupenl I'ancienne Mosogaee de I'Attique. Le sol plus fertile, les traces d'anciennes con- structions plus iV^quentesrappellentrmalgrc^ la depo- pulation actuelle , ce que dit Strabon : les denies situcs dans la Mesogwe sont tellement nomhreux quit serait (rop long de les noninier tons (2) . Le premier de ces denies modernes a repris I'ancien nom de Myrinous, c^lebi-e par ses myrtes ; le demarquc reside au village de Liopesi, Kokla, qu'il serait possible d'identifier avec I'ancien bourg nomm6 Kikala, Karela, Kandza, Pa- nagia Papaggelaki qu'on suppose etre Aggile (5), Jalou, peut-etre Aigllia , Rarvati sur le tcrritoire duquel on trouve un lion colossal de marbrc Ijlanc pr6s d'une (i) Voy-iWordsworlh , p. 27. (a) Strabou', liv. vi , p. 399. (3j Iliiierain; de Le Oris jjar ('. ( 4' ) petite chapelle (J6di(ie a saint Nicolas, Daphri, en sonl les dependances. Vient ensuile \e deme d'Araphin, qui a pour chef-lieu Koursala ; les villages qui en depen- dent sonl : Marcopoulo , Bari , Vrouna, Spata, Bala, Vrouva , Velanitidza, Petridz, Rapliina, Daou. Les souvenirs ne manquent point sur le territoire ou nous amene noire rapide examen des bourgs de I'Attique; Vrouna est regarde par Gell, Wordsworth et plusieurs autres ecrivains, comnie I'ancien Brauron, c6lebre par la slalue de Diane qu'y lalssa Iphigenie a son retour de ki Tauride ; son voisinage du portRaphli, I'ancien port de Prasiae, qui niaintenant encore forme une bonne rade ou les batiments peuvent mouiller sur quinze et vingt brasses de fond, rend, aussi bien que la ressem- blance de nom , cette conjecture tres probable. Ce- pendant Stuart etDodwel placent Brauron au hameau de Vrouna, a 3 mllles g^ographiques , au S. de Mara- llion. L'emplacement du bourg d'Araphin estmarqu6 par Raphina. M. Wordsworth a cru voir dans Spata et Bala, Prospalta et Rephala. Le dernier deme qui nous reste a examiner parmi les modernes delimitations, puisque deja nous avons parle du Piree et d'Alhenes , c'est celui qui occupe toulc la partie meridionale de la Peninsule , el auquel on a rendu le nom de Laurium. Ceiebre autrefois par ses mines d'argent, il le deviendra peut-etre bienlot par des mines de fer d'une bonne qualite qui y ont et6 decouvertes recemment, et dont les houilles de Marcopoulo rendront I'exploitation facile. Le Ue- marqiie habile au village de KeVatia , et sans cher- cher a identifier ce lieu avec le Deme Keiriadai, cite par Meursius comlue appartenant a la tribu hippo- iheontide ou avec celui de Kurtiadai de la tribu Aca- ( 42 ) manlido, d'aprc's llcsychiiis , il sullit a sa renommee d'avoir (il(i habile pendant quelqucs jours par M. de Cha- teaubriand, lorsqu'il s'embarqua pour TAsie-IMincuro, riche des souvenirs qui font de son Itineraire le meil- leur guide qu'on puissc avoir en Grece. A unc heurc el dcmie de Reratia , situ6 dans une plaine ondulec qui forme a son extrcimite une baie d'environ une Ueue de longueur ddfenduo centre la haute mer par I'lle Longue ou Makronisi , est I'ancien bourg de Tliorikos, palrie de Ci^phale. La sent les mines d'un tlieatre dont rolondue annonce I'imporlance d'un des douze d^mes de Cocrops, importance toulcfois elVac^e dopuis bien long- temps , puisque Pomponius Mela s'ecrie d^ja : Thorikos et Brauron, villes c^lebres autrefois dont maintenanl il ne reste plus que le nom (i). Des lours et des debris de murailles annoncent une en- ceinte fortifiee que Tocil peut suivre encore, et qui avait pr6s de trois milles en circonference. Quelques hameaux rompent seuls les solitudes du Laurium : ce sont Anaphisis, I'ancien Anaphljstus, Olympos, Kou- vara, Ennea Pyrghi ou Wheler se reposa en revenant du cap Colonne, Tordipza, Alogoinas, Metropitzi, Kali • phisi, puis enfm sur les hauteurs de Sunium , les co- lonnes du temple de Minerve annoncant de loin aux navigalcurs cclte terre sacr^e que I'esprit rempli de ia. grandeur passi'-e contemple maintenant sans amer- tume, en pr6voyant I'^re nouvelle quibientot effacera lous les maux qu'elle a soulTcrts. (i) Pomponius Mel.i , liv. ii , rh. I. { 43 j RAPPORT sur les operations geodesiqiics fnites en Scwdaigne pour la construction (Vane carte de cette He. Dans la seconde edition de son voyage en Sardaigne, publiee au commencement de la presente annee . M. le colonel de la Marmora a insert une notice sur les operations geodesiqiics qu'il a ex^cutees pour la construction de la carte de cette ile ; cette notice , que Tauleur a adressee a la Societe de geographic, est I'objet du rapport que j'ai I'honneur de soumettre a !a Commission centrale. Anterieurement ^ I'ann^e i854, J^'T* de la Marmora s'etait consacre aux travaux de la carte de File de Sar- daigne, sans I'assistance d'aucun collaborateur ; les resultats qu'il obtint ne lui ayant pas ofiert le degre d'exactitude qu'impose I'^tal actuel de la science, il se decida, en i834 , a retourner sur les lieux , muni de lout ce qu'il jugea n^cessaire pour assurer a scs nouvelles operations toutcs les garanties de precision que Ton peut desirer. Avec I'autorisation que son gou- vernement lui accorda de ?e livrer a cet interessant travail, qui ne cessait pas pour cela d'etre I'oeuvre jH'ivee de M. de la Marmora , cc colonel eut encore la facuite de s'adjoindre un collaborateur de son clioix dans la personne de M. le capitaine de Candia. Le r^seau trigonometrique que M. de la Marmora a etendu sur toute la superficie de I'lle de Sardaigne I'e- pose sur deux bases dont la mesure a ^t^ operee avec les memes perches qui furent employees par la Com- mission auslro-sarde dans les operations gdodcsiques ( 44 ) el nslronomiquos cxticul^ps en iS'ji ot 18*29 pour lo prolongemcnldo I'arcdu parallelc ino)cn(i).ll r^sulte de I'expose de la niesiire de ces deux bases, qu'aucune des pi'ecaulions qu'cxige une op6ralion si delicate n'a 6l(i omise par M. de la Marmora, ct qu'il n'a rien n(^- glig6 pour oblenir la longueur de ces lignos fonda- menlales avec une rigoureuse precision. La base principale, r^duile au niveau de la mer el a la teniperalure de zero, a pour longueur defini- tive 435o"',5555 ; son emplacement fut choisi dans une position a peu pres cenlrale de la chaine occidentale des triangles sur la chaussee qui va d' Onstano a la Torre-Grande , laquelle chaussee s'6lend en ligne di'oite sur un plan tout-a-fait horizontal, el a une elevation de 6 a 7 me- tres au-dessus du niveau de la mer. L'aulrcbase, beaucoup plus petite, avail 616 mesu- ree precedemment sur une promenade de la ville de icigliari, dite Buon-Camino ; mesuree deux fois , ct reduite a zero de tcmpdralure, el au niveau de la mer, la longueur dc celle petite base ful trouv^e de 521"*, 4347724. M. de la Marmora aurait bien voulu mesurer une troisierae base au nord de la Sardaigne , pour donner a ses operations trigonoraetriques un second raoyen de verification , mais la saison etait d^ja trop avan- cee; il dul y renoncer , el se contenler, pour points de comparaison, des cotes des triangles offcrts par la (i) La parlic geodesiqiie du travail de celle Commission avail pour objet d'operer la liaison dn I.i cliaiiie Ji- lriaii;;los qui s'eteud en France di'piiis la lour de (^oiclouan jiisf|ii'a la frontiers de la Savoie, avec. le rest lu Iriyoiiomt'liique que les iiigenicurs f;eoi;ra|)iies frau(jais o'll forme dans ritalie siiperieure, depuis Turin jusqu'a Fiunie. ( 45 ) triangulalion de la Corse. Quoiqu'il soil a rogreUer que la mesure d'une Iroisleme base n'aitpii filre mise ^cx6culion, n^anmoins nous pensons que la base d'Oristano ct celle de Cagliari assurent aux resultats trigonomelriques de M. de la Marmora une exactitude suffisanle. L'inslrument employe pour la mesure des angles, dans la triangulalion du premier ordre , fut un theo- dolite de lo pouces de diam^lre sortant des ateliers de Munich, pourvu de quatre verniers donnant lo" sexagesimales. Les observations des angles furent faltes par s(^ries de dix repetitions, et ces series depassercnt presque toujours le nombre de Irois : bien souvenl elles furent repelees sept a liultfois. M. le capltalne de Candia , charge d'executer la triangulatlon secondaire, fit usage d'un petit theodo- lite de Reichembach. Quant aux reductions des angles et au calcul des triangles , M. de la Marmora s'est conforine aux m6- thodes rlgoureuses actuellement en usage. La triangulalion de File de Sardaigne , entreprise en i855, n'a pu etre ochev^e qu'en i858. Les grands changements atmospheriques propres aux iles , les vents souvent furieux et les vapeurs mises en jeu par la chaleur, olTraient aux observations des contrarietes qui doublaient la fatigue attachee a ce genre de tra- vail. M. de la Marmora eprouvait aussi une grande difficulte pour obtenlr des signaux fixes, dans un pays Oil le betail erre en campagne , ce qui le mit dans la nt^cessite de les i^efalre on de les reparer pour ainsi dire chaque annee : il fallait s'y transporter en personne,et en etre le principal conslrucleur ; que Ton ajoutc le V 46 ) pou d'espacc de lenips qu'il est pcrmis de consacrer aux operations de campagne en Sardaigne , ou Ton ne peut compter sur trois mois entiers , y coinpria les journees de pluies et de brouillards , on reconnaitra que M. de la Marmora el son collaborateur ont tiro tout le parli possible du temps qu'ils pouvalonl ulili- ser en faveur des observations pour operer la Iriangu- lalion complete dune superlicie d'environ 2000 lieues carrees, en y comprenant la liaison avec la Corse. La notice est accompagnce dune carte demonstra- tive de la triangulation du premier ordre sur laquellc les triangles sont traces; chaque c6t6 porle I'indica- tion de sa longueur en mfeties. Indi;pendamment de ce canevas trigonometrique , M. de la Marmora aurait dii se conformer a ce qui se pratique acluellemenl dans les publications de ce genre, en donnanl un tableau complet des triangles du premier oi'dre , c'est-a-dire les angles reduits, les angles sphdriques ct les angles corriges pour le calcul, avec la longueur dos cotes opposes k CCS angles ; c'est le seul moycn de faire con- naltre la precision qui doit exister dans Tensemble d'une operation trigonometi-iquefondamentale,comme aussi de faire ressorlir la concordance qui peut r^gner dans les valeurs diverses d'un meme c6t6 de triangles, les- quellessontproduites par les dlfferenles combinaisons que Ton peut etablir dans I'enclialnement du reseau. Quant a la comparaison des deux bases , M. de la Marmora s'esl contente de citer les rdsullals qu'il a obtenus sur le cole Punta Accuzza-Torre di S, Pan- crazio ( de Cagliari ). En partant de la base d'Oris- tano , ct par deux chemincments , la valeur de ce cote a 616 Irouvde, ( 47 ) par uu pro.niii'i' resiillat , Je 4^567"', 21, (I |.ai' nil sccoiul lesiiltal 42070 04 eii sorle que la nioyi^nni". est. . . , 42568™, fia Ce inume cole , oliteiiu iii paitaiit de la base de Ca- gliaii, a ete trome de 42508™, 20, r(^sultat qui s'accorde bion avec la valeur moyenne provenant de la base d'Orlslano, puisqu'il n'y a qu'une difference de o'",49. II est vraisemblable que sur d'autres cotes des triangles la comporaison aurait of- fert une concordance analogue, si M. de la Marmora avail juge a propos de citer d'autres exemples. Maintenant, voici Ics resultats de la liaison Irigono- m^trique de la Sardaigne avec la Corse , optiree sur deux cotes de triangles dent I'identit^ est incontesta- ble , savoir : Cote. — Tour de la Testa. — Tour de SanCa-Manza. (corses 22oC2m,64 selon les bases { ^sardes 2io55 G9 Difference -f 6'". 95 n Cole. — Tour de la Testa. — Tour de Bonifacio , _ «, , , (corses i66q6"',7q ; ^eloIl liS bases] ^ ^^ (sardes iGGgr Sa Difference + 5™,2 7 M. de la Marmoi^a donne une Iroisieme comparaison avec le c6t6. Mont de la Trinite. — Tour de Santa- Manza , (corses. ...;... ii463'",24 selon les bases J (saides. . 11462 78. Difference -f- o™,46. Cette concordance est fortuite, parce que rien ne constate que le signal sarde , sur le mont de la Tri- ( 4« ) nit6. ait 6t(i (^rig6 a la miime place que relui de I'ingo- nieur Tranchot ; tandls que , pour les deux col^s , cilcs prdcedcmmcnt. ridonllle est parfaite : c'est Ic centre dos lours qui en forme chaque cxlrerail6 dans le travail de lingenieur TrancLot , commo dans ccliii de M. de la Marmora. Mais nous n'hesilons pas a at- tribuer a la triangulation de la Corse la plus forte part dans les differences -f- 6"', 96 et -+- 5'", 27, signal^es ci- dessus, sans que cela puisse diminuor en ri(!n le mi- rile du beau travail do I'ingonieur Tranchot , travail qui fut honored de I'approbalion de I'Academie des sciences^ A lepoque de son execution, les instru- ments de precision n'avaient pas encore rccu le degre de perfcclionnement qu'ils ont aujourd'hui (1). M. de la Marmora, avant opire ainsi la liaison de sa triangulation avec celle de la Corse, prit pour point de depart des coordonnees geograpliiques de ses points geodesiques, la posilioH aslronomique de la (i) La triangulation de la Corse, commencee en 1773, n'a ete lerminoe qu'en 178S; les ingenieurs Le Rev et Tranchot fiirent employes a ce travail penJaiit les sept premieres annees; mais a partir de 17S2, riM!;c- Jiieur Tranchot demeura seiil charge de rexecution des operations geo- desiques, Le reseau trigonomelri([ue de la Corse est appuve sur la mesiire de trois ba'ies : les angles ont ele observes avee \in graphomcire dun pied de diametre que Ton plaeait loujonrs de niveau , ponr eviler les reduc- tions a riiorir-on; I'alida le porlail une lunette plongeante. Pendant les annce> 1789 et 1790, I'ingcnieur Tranchot opera la liai- son trigonometrit(ne du raidi de la Corse avec le nord de I'ile de Sardai- gne, ainsi que eclle des coles et lies de la Toscane avec la partie orientate de la Corse : il uhlint celte mission sur la demaude de I\L de Cliabert , inspeclenr general des plans et carles de la marine , qui mit a sa disposi- tion un quart de cercle de 2 pieds de rayon dont cet ingenieur se scrvit pour la niesure des angles. (49) lour de Bonifacio, d^terminde par los observations de I'ing^nieur Tranchot qui en fixent la latitude a , . . . . 4i" 23' 12", 70 et la lougiluJe ( a I'E. de Paris a 6 48 23, 43 de plus, I'azimut 'du signal d'Ovace sur I'horizon de la tour de Bonifacio que le meme observateur Tranchot a trouve etre do iGo" 44' l" > 60 , compte du S. a I'O. Avcc ces donn^es de depart , M. de la Marmora a calcule la latitude et la longitude de chaque sommet des triangles , en supposant I'aplalisseraent du sphe- roide de 3— ri^^. La notice renferme un tableau des po- sitions geographiques de cinquante des principaux points de la triangulalion de la Sardaigne. 11 est facheux qu'un accident survenu d6s le cohi- mencement des travaux de M. de la Marmora , an eerie vertical du theodolithe , ait empeclie cet obser- vateur de prendre des mesures de hauteur par les dis- tances zenithales : il a laciie d'y suppleer par des mesures baromelriques qui ne sont pas aussi nom- breuscs qu'il d^sirait en obtenir. Maisquelque multi- pli^es qu'auraient 6te ces mesures barometriques , elles n'auraient pu valoir en precision les determina- tions des hauteurs absolues par I'observation des dis- tances zenithales reciproques, prises sur tous les points de station : I'avantage inappreciable qu'avait M. de la Marmora de pouvoir ^tablir des points de depart, con- venablement reparlis sur les diverses portions du lit- toral, le mettait a meme de se procui^er des moyens de verification bien propres a constater I'exactitude d'un nivellemcnt si important k obtenir, notamment dans un pays tres accidents. Quoi qu'il en soit, M. de la Marmora a rem6di6, au- XII. JUILLET ET AOUT 4- 4 ( 5o ) lanl que possible , h ce manque de ddlerminations geodosiques des liauleurs absolues, en donnant les re- sultals des mesures baromelriques des hauteurs de plus de 200 points qui sont inscritspar ordre alpLab^- tiquc sur une liste qui termine la notice. II suit de notre examen que les operations geodesi- qucs de la Sardaigne , qui servenl de fondement a la carle de cette ile, nn^ritenl, par les garanlies d'exacli- tudc qu'elles offrcnt, d'etre mentionnees bonorable- ment parmi les travaux remarquables qui concourent a completer la grande triangulalion curopc^ennc; et que Ton doit savoir grd a M. de la Marmora , d'avoir fait connailre les inleressanls r^sultals d'unc enlre- prise dont I'exdcution est due uniquemcnt aux elforts genereux de ce zel<^ observateur, et a sa laborieuse persevcranco. CoRABOElF. RAPPOFxT sur line relation des operations geodcsiqucs qui ont ete eu'ecutees clans les provinces septentrionales du roraume de Naples (i). Des deux ouvrages dont la Soci^t6 de geographic doit la r^cente communication a M. le colonel Visconti, (t) Relatione delle uperazioni geoditiche eseguite nelle provincie set- teutrionali del regno di Napoli, riguardanti la cougiunzione dcUa specola reale di capodimonte alia cupola di S. Pietro di Roma, e la rete de trian- goli clie si lega alia triangolazionc provenienle dell' alta Ilalia : di Fran- cesco Fergoia prinio teneute del genio addelio al rcalc officio topografico, ( 5. ) directeur des Iravaux topographiques de Naples, celui quiconcerne lestravaux g^odesiques danslesprovinces septentrionales du royaume des Deux-Sicilcs a 616 renvoye a mon cxamen. L'auteur do ce memoire est M. Fergola, ofTicier du genieallache ala direction des travaux topographiques, lequel a pris une part importante dans I'excculion des operations dont il donne dans cet 6crit un precis plein d'interet. L'objet special de ces travaux geodesiques etait d'operer la jonclion du reseau trlgonometrique napolltain avec la triangulallon provenant de la haute Italic, et de rattacher en meme temps a ce reseau la coupole de Saint-Pierre de Rome : cette double ope- ration avait pour but de lier les observatoircs de Milan ct de Rome avec I'observatoire royal de Capodimontc, afin d'oblenir une determination exacte de la longi- tude de ce deinler observatoire, longitude qui n'avait 6t6 deduite jusqu'alors que de la seule observation de I'eclipse de soleil du 7 septembre 1820. Pour qu'on puisse mieux juger le degre de confiance que Ton dolt accorder aux resultats des operations geodesiques, M. Fergola entre dans les moindres de- tails touchant la mesure de la base fondamentale de Castelvolturno et des instruments qu'on y a employes. C'est a I'aide de I'appareil de Ramsden que cette base a ete mesuiee avec tout le soin que prescrit une operation si delicate : la longueur a ete trouvee egale a 38227''',87de France, qui font I24i7"?92, etpas g6o- graphiques 67o5p%i9o5 (1' unite de mesure adraise par socio resideiite dell' accademia Ponlaiiiana, e socio corrispondente della reale accademia di Napoli e dell' accadenqia di scienze e belle letlere di Palermo, 4. ( 5* ) MiM. les inginicursnapolilains ost lo pas gdiographique de Goooo au clegr6) ; cc r6sultatesl unemoyennc prise cnlre deux mesures dillorenles qui ne s'6carlcnt que d'environ un dixicme de pas. Quant aux inslrumcnls dont on s'est servi pour la inesure des angles, on fit usage, aux extremiles de la base et sur d'aulres stations voisines, d'un theodolite repcititeur de douze pouces de diametre, dont le no- nius donnait qualre socondos sexagisimales. Les obscr - valions des angles sur los aulres somniets du reseau lrigonomelri([ue furent failes a\ec un cercle repciti- teur de ricicliciubach aussi de douze pouces de dia- naolre, lequcl donnait dix secondcs centesiinales. Les series des angles onl 6t6 obtenues par seize ou vingt repetitions cbacune, et le meine angle a el6 de- termine par plusieurs series. Les distances z^nitbales proviennenl d'une ou plusieurs series de dix repeti- tions chacune. L'auteur du m^moirc decrit la forme des signaux temporaires soil en ma^onncrie, en pierres seches ou en cliarpenlc. Les mumes precautions usit^es dans les travaux geodesiques de la carte de France, pour raar- quer d'une maniere durable le centre de la station sur I'emplacement d'un signal temporaire, a ete pratique par les ing(inieurs napolilains. Us ont (^vite les reduc- tions au centre chaque fois qu'ils ont pu observer sur le milieu de la station, el, lorsque cela ne pouvait avoir lieu, les elements de reduction ont ete mesures avec soin. L'observatoire royal de Capodimonte est un des sommets de la triangulation du royaume que Ton doit considdrer comme le premier de louS; parce qu'il sert d'origine aux coordonnies geographiqucs de la carle dont le premier meridicn passe par eel observa- loire : sa latitude, selon les observations de feu I'aslro- ( 55 ) nome Bnoschi,eslde 40° 5 1' 46", 6.5; aveccelle donnee et un azimul de depart, pris sur I'horizon de ce point avec une exaclilude rigoureuse, on a calcul6 les coor- donnees de tous Ics sommels do la triangulalion. La hauteur absolue de Tobscrvatoire de la direction lopographique , lequel observatoire est un sommet Irigonomelrique du j^remier ordre, a 6ted6termin6e de Irois maniercs dilTerentes afin de servir de point do depart dans le nivellement geodesique do tous les sommets des triangles. Cette operation merite d'etre menlionnee dans tous les details. La colline de Pizzofalcone, sur laquelle est situti I'observatoire de la direction topograpliique, olTre une position tresavantageuse pour executor un nivellement jusqu'a la mer. On fit done usage d'un niveau a lunette bien rectifie, et en six ou huit stations on obtint la hauteur du sommet du loit mobile de I'observatoire au-dessus d'un point de repere dtabli pres du rivage, auquel point fut rapporte le niveau moyen de la mer. On deduisit ainsi la hauteur absolue du toit mobile de I'observatoire par deux mesures qui sont tr6s con- cordantes. Mais une donnde si imporlante et sur laquelle se I'onde en quelquo sorte le nivellement du royaume ful d^lermince encore de deux manieres dilTerentes , par une mesure trigonometriquc et par le barometre. Pour la mesure trigonometrique, on fit choix d'un point situe au bord de la mer qui fut lie, par des trian- gles, avec I'observaloire de Pizzofalcone, et sur lequel on placa une croix qui fut peinte en blanc, afin d'etre vue dislinctement de cc memo observatoire. La hauteur de cette croix au-dessus du niveau moyen de la mer futmesuree avec le plus grand soin; et, enfin, a I'aide d'obscrvations do distances z6nilhalcs r6ciproques el ( 54 ) simullanees, on calcula la difforence de niveau cnlro CCS deux points, et par suite la hauteur absolue do I'observaloirc dePizzofalconc. Quanta la determination baronietrique, elle fut obtenue, un grand nombre de /ois en plusieurs jours ct dans les heures les plus op- portuncs, avec Irois barometres : un a siphon construil a Naples, les deux autres a cuvettes conslruits a Lon- dres. Avant d'operer, ces instruments furent compares entre eux avec soin. Dans les observations correspon- dantts, on nota avec precision les hauteurs barometri- ques aux memes instants marques par des montres bienr6glees; les moyenncs respectives de ces hauteurs barometriques, en ayanl 6gard h Taction capillaire et i la temperature du mercure et de I'air libre, furent inlroduitcs dans la formule de Laplace pour calculer la hauteur dcmandee. De ces diverses mt^thodes eraploy»^cs pour determi- ner la hauteur absolue du loit mobile de I'obscrvatoire de Pizzofalcone, ont obtint les valeurs suivantes : Palmes. ru. i» Par unnivellement direct, 3o5,8o 80,07617 2° Par les distances zenithales reciproques et simullanees, 3o5,84 80,08074 5» Par los observatious barome- triques correspondantes, 002,19 79,98020 MM. les ingenieurs napolitains ont done etabli ddfi- nitivement la hauteur de ce point au-dessus du niveau moyen de la mer, en prenant, avec raison, un milieu entre les deux premi6res determinations, les seulos comparables, el dont la parfaite concordance attcste I'exactitude rigoureuse des observations, savoir : ooo''^'"",82=45''",4o=8o"",o8i45. Avec celte donneedc depart etpar les distances /.(l-nilhales reciproques obte- ( 55 ) nucs, avec ties scries cle dix repdlilions chacunc, enlro tons les sommets de la triangulation, on est parvenu a connaitre les differences de niveau successives et les hauteurs absolues de ces points geodesiques d'unc mani^re independante de la refraction et de I'erreur de I'instruinent. Outre cela, une longue serie d'obser- vatlons r^ciproques et simuUanees de distances au ze- nith prises a Vobseivatoirede Pizzqfalcone et a la station trigonom^trique deMonte Saint-Angelo, a fait connaitre le coefficient de la refraction lerrestre dont on a fait usage dans le calcul des hauteurs deduites par une seule distance z6nithale ; ce coefficient diffire peu de la valeur moyenne 0,08 que Ton admet generalement. Dans le calcul de toutes les determinations, on n'a fait usage que des formules les plus vigoureuses de la geodesic, et on a pousse les approximations au point qu'aucune cause d'erreurs de calcul put y etre intro- duite, en sorte que les r^sultats ne peuvent etre affectes que des erreurs inevitables des observations. Apr^s avoir expose les donnees fondamentales des determinations geodesiques , M. Fergola offre dans trois tableaux I'ensemble des triangles qui font I'objet de son memoire. Le premier tableau conlicnt un reseaude huit trian- gles, qui s'etend de la base de Castelvolturno a I'ob- servatoire de la direction des travaux topographiques , ot a I'observatoire royal de Capodimonte. Le second renferme un reseau de seize triangles , qui sert a lier I'observatoire de Capodimonte avec la coupole de Saint-Pierre de Rome. Le troisiemc tableau donne la chaine de triangles qui s'etend depuis la base de Castelvolturno jusqu'al'cx- treme fronti5re du Nord, oii clle joint le cole Civilella- Mon{cpagano,q[.ii apparlienta la triangulation do lahaute ( 56 ) Italic. (lliacLin do ces tableaux donne Ics angles splicri- ques^ I'crreur trouvde sur lasonirae des Irois angles du triangle, les angles moycns, les logarilbmes des coles ojDposds , enfin ces memes coles donnes en pas geogra- phiqucs : nous i^e devons pas ometlre que chaque an- gle est accompagn^ du nombrc de repetilions par les- quellcs il a 616 oblenu;ce nombre est aumoins 20, el depasse quelquefois Go. Les crreurs des triangles, ex- priui6es en secondes cenlesimales , n'excedenl jamais la limile de celles que Ton trouve dans les opiirations geodi'siques qui peuvent, a juste litre, elre offertes comme des modeles dc precision. Quant a I'accord qui regno enlre plusicurs valours d'un memo cote, M. Fcrgola cile deux excmples; I'un sur un cote de plus de 24000 pas, j-our lequel la dil- ference esl seulemcnt de 1/10 dc pas, I'aulro sur un c6t6 qui depasse 3 1000 pas, et dont les deux valeurs ne dilTerent que de4/io de pas. 11 est a remarquer que , dans la formation du reseau trigonometrique qui sert a lier la base de Caslel- volturuo avec le cotd Civitella-Montepa gano des trian- gles de la haute Italic , les ingonicurs napolilains so sont menages la facilile d'obtonir cc cote par trois v6- sultats qui sont : i5i84' ,11 i5i84, 74 i5i85, 4'-^ lis ont adopte la moyenne i5i83, 76 qu'ils com])arcnl avec le r^sultal pro- venanl dc la triangulation de la haute Italic , h partir de la base du Tesin , le- quel r(5sultat est i5i85, 90 La difference est sculemenl do o, 14 ( 57 ) Toulefois nous observons que, dans I'un des der- niers triangles de la chalne de jonclion des ingdnieurs de la haule Italie, il y a un angle de conclu. C'est sur la station de Monte deW Ascensinne que celte omission des ingenieurs italiens a el6 commise , sans doute, par un empechement qui fut independent deleur volonl6; mais comment se fail-il que MM. les ingenieurs na- j)olitains , en faisant la station de Civitella del Tronto , si voisine de celle de Monte deW Ascensione , n'aient pas cherche a reparei* cetle omission? La chose en va- Jait pourlant bien la peine. Quoi qu'il en soit, si la valeur du c6t6 de Civitella Montepaganu ^ donnee par la triangulation de la haute Italie, laisse quelque chose a desirer sur son exacti- tude, il est presumable neanmoins que la valeur reelle n'auraitpas differe bien sensiblemenl de celle qui entre dans la comparaison des deux reseauxtrigonom^lriques, et que, par consequent, celte liaison, telle qu'elle est op6ree, est tres salisfaisante ; a cat 6gard, notre opinion est conforme a celle de M. Fergola , qui considere une telle concordance comme unepreuvedela precision qui r^gne dans les operations trigonometriquesdorivees de la base du T^sin, comme danscellesqui s'appuientsur la base de Castelvolturno. Apres avoir parle des comparaisons des coles de la triangulation, M. Fergola passe a I'expose des positions g^ographiques, et des hauteurs absolues des princi- paux sommets des deux chaines de jonclion. II donne un tableau de la position geographique de la coupole de Saint-Pierre do Rome, deduite de I'observatoire de Capodimonle, h I'aide des points intcrmediaires pris lant sur la zone orientale que sur la zone occiden- lale du reseau trigonometrique : dans la premiere di- ( 58) rection les points inleriXK^diaires sont an nombre do sept; il y en a sculenienl cinq dans la scconde direc- tion. Co tableau donne les azimuls rcciproques sur I'borizon respcclif dcs points qui sont mis en rapport direct , la latitude de ces points , Icur longitude rapporlee au meridien de Capodimonle, la liauleur absolue des points de mii'e de chaque sommet , enlin Televation de co raeme point de mire audessusdu sol. La position geograpbiquedeRome etant bien deter- minee par rapport a Naples, et la liaison du rescau Irigonom^trique napolilain avcc la triangulalion de la baute Italic, metlanll'observaloire de Capodimonte en rapport direct avec les observaloires de Milan et de Padoue ; M Fergola reunil les donnees qui peuvcnt , en ptirlant de la position de ces observatoires, assurer la longitude de celui de Capodimonte; il y joint en ou- tre un quatri^me point de depart dans robservatoire de Palerme, dont la dillerence de longitude, avec Ca- podimonte , a ete determinee cbronometriquementpar des observations correspondantcs faites a Palerme et a Naples, combin^es avec d'autresdonneesque I'astro- nome de Palerme, M. Nicolas Cacciatorc, a consignees dans un memoire qu'il a public. Cette dillerence de longitude est de o'' 5'34"570 La longitude de Palerme, qui r6- sulte des observations du celebre Piazziet descalculsdciM. Daussy {Conn. des temps de i835 ) , est en temps de Paris o 44 4,oo d'oii Ton a pour la longitude de Capo- dimonle o 47 08,70 La longitude de Sain t-Pierrede Rome, en temps de Paris, est de o''4o'26",45 ( 59 ) La difference de longitude avec Ca-» podimonle , qui resulte des calculs gi^odesiques est de o 7 19,64 On a done pour la longitude de Ca- podimonle en temps de Paris o 4? ^0>^9 Lne recherche analogue , par Milan el Padoue, donne les deux resultalssui- viants o 4? 4'»23 o 47 40,76 M. Fergola, adoptant la moyenne prise entre les quatre determinations que nous venons de rapporter, trouve, pour la longitude de I'ohservatoire royal de Capodimonte , o''47'4o" L'astronome Brioschi , en dcduisant cette longitude de I'observalion de I'eclipse de soleil du 7 septembre 1820, I'avait trouvee de o''47'44". ^ Enfin la longitude de ce meme ob- servaloire a et^ mentionnee jusqu'a pi'cisent dans les annuaires de o 4?' 4^" Ces deux resultats sont evidemment Irop forts. L'accord surprenant que M. Fergola obtient par les differences de latitude entre Pvome et Paris, avec Na- ples, est cite dans le memoire, comme une nouvelle preuve de Fexactitude des operations geodesiques des ingenieurs napolitains, Ainsi, selon les observations des astronomes de Rome, la latitude de Saint-Pierre du Vati- can est de 4i°54'6",2o Celle meme latitude, qui resulte des determinations geodesiques a partirdc Capodimonte, est de 4i 54 6, i5 Difference o,o5 (6o ) La latitude du dome de Milan, deduile g6od(isiqucinent de Paris , est de 45" 27'49",87 Cette m(ime latitude , deduile geodesiquement de cclle de Capodi- monte , est de 4^ 27 4<,). 78 Difference 0,09 L'auleur offre d'autres comparaisons lout aussi con- cordantes que celles-ci, et qui lui font lircr la conse- quence que Ics operations geodesiqites qui s^etendent de Paris a Rome et a Naples , semblent indiquer que cette portion da spheroide terrestre suit sans anomalie la loi de I \ipla lissemcn t genera L M. Fergola etablit cnsuite, par la comparaison dcs azimuls, une autre verification des Iravaux good^siques qui lient Naples avec Rome et Milan. L'aziinut de Saint-Jean-de-Lalran sur I'horizon de Saint-Pierre-du- Vatican, el selon les observations des astronomes de Rome, estde 1 i2''io'36",55 du N. a I'E. Ce meme azimut d(^duit geodesiquement de Naples estde 1 i2"io'48", 16 Difference ii",6i L'azimuth de Pavie sur I'horizon du dome de Milan, selon les observations d'Oriani, estde i85°57' 5"ii duN. Ce meme azimuth, d^duit de a I'E. Naples par la triangulation , est de i85°37'i4"3i Difference 9"2 0 L'auteur passe enlin a la deicrminalion de la liau- ( 6i ) leur de Saint-Pierre de Rome, au-dessus de la mer, obtenue geodeslqueiDent a paitir de I'observaloire de Pizzolalcone, et a I'aide des distances zenithales reci- proques, determination qu'il compare au resultat que les aslronomes de Rome ont mentionne dans los Opus- cules aslronomiques (Opuscoli astronomici ) de I'an- nee 1824. M. Fergola , en procedant sur le reseau trigono- mttrique qui lie Naples avec Rome par les cotds orientaux, les coles occidentaux el par les diagonales, Irouve , pour la hauteur absolue du soinmet de la bonle (le Sai/it-Pieri'e de Home, les trois resultals sui- vants : 76^"% 24 i4i,™i9 145, 38 i4i, 58 ^6pas ,94 78, 5o 7C. 54 _p. ,o5 II adople la moyenne 77 ^",05 i42'",G5 Nous remarquons bien une concordance parfaite entrc le premier et le troisieme resultals, mais le deuxieme ollre, avec ceux-ci, une difference de 4'". dif- ference trop forte, et qui semble indiquer une ano- malie donl M. Fergola aurait dii chercher la cause ; cetle anomalie existe peut-etre dans les determinations inlermediaires, sur lesquelles s'appuient les deux re- sultals qui paraissent si concordants. Les distances zenithales ont-elles etd observees toujours dans les circonstances atmospheriques favorables, c'est-a-dire, hors des instants ou le jeu des refractions est si va- riable ?Ces circonstances, pour un observateur exerce, sont faciles a saisir. Pour chaque distance zenilhale , a-t-on observe plusicurs series, chacune a des jours differents? Soumise a de pareilles conditions , toutes choses etant egalesd'ailleurssur rexactitude du pointe. ( 62 ) la moyenoe des s6ries d'une distance z6nitliale, olanl mise en rapport avec sa reciproque, pour le calciil d'une diirerence de niveau, conduit a un r^sultal Irus salisfaisant, ct loujours oxem[)t de cos anomalies qui apparaissent lorsqu'on proctjde dilToremraonl. Quoi qu'il en soit , la determinalion de la hauteur absoluo du sommct de la boulc do Saint Pierre de Rome, d6- duite g6od6siquoment de I'observaloire de Pizzofalcone (point de depart d'une exacliludc rigoureuse) , dillere notableraont de cellc que MM. les astronomcs de Rome ont mentionnee dans les Opuscules astrononiiques de 1824 , et qu'ils rapportent au sommet de la croix , savoir : iGi^.G; elle provient d'une mesure Irigono- metrique de la hauteur de Saint-Pierre, au-dessus de I'observatoire du college Romain, ajoutee a la hauteur absolue de ce meme college. Pour rendre le r(!!sultat des ing^nieurs Napolitains (i42"'G5) comparable a celui des aslronomes de Rome, il faut y aiouter la hau- teur du sommet de la croix au-dessus de la boule; celle hauteur, selon les mesures du temple du Vatican qui ont ete prises en i8o4, est egale a ir)'"o'"'9'' de France 00 4", 24. La hauteur absolue du sommet de la croix de Saint- Pierre de Rome sera done, selon les ing^nieurs Napo- litains, de ]46"'j89 tandis que, selon les astronomes de Rome, elle est do iGi, fio La dilTt^rence est de i4"', 7 1 La hauteur do I'observatoire du college Romain, au- dessus du niveau de la nier, pout bien olTrir quelquc incertitude sur sa veritable valour; raais pcut-elle Clre ( 03 j afTeclee d'unc erreur de plus de i/f"", s'll est vrai que cetle hauteur provienne d'un nivellement de la vallee du Tibrc qu'on aurait conduit jusqu'a la mer, ainsi que cela nous a 6le dit, il y a une Irenlaine d'ann^es? ccla supposeraitune operation bien ddfectueuse. C'est icilelieu dementionner une determination, approcliee de la hauteur absolue du sommet de la croix de la coupole de Saint-Pierre du Vatican, que nous oblin- mes, feu le colonel Beraud et moi, pendant le sijour que nous fimes a Rome, dans I'hiver de 1809 a 1810(1). Au mois de decembre nous observames , de la pre- miere galerie de la coupole de Saint-Pierre, la distance z^nithale de I'horizon de la mer par une serie de 10 repetitions, qui fut trouvee de loo^Sgoo la hauteur du sommet de la croix au- dessus du centre de Tinstrumcnt etant egale a 25"',545. Une seconde serie de la distance zeni- thale de I'horizon de la mer, prise de la deuxieme galerie, a un jour difl'erent et par huit repetitions , fut trouvde de ioo,4o54 La hauteur du sommet de la ci'oix au- dessus du centre de I'instrument etant egale a 10'", 90 Avec ces donnees, et en faisant usage du coefficient de la refraction 0,08, nous trouvames pour la hauteur absolue du sommet de la croix de Saint-Pierre : selon I'observation faite a la premiere galerie 1 OS'"", 09 et par cellc de la deuxi^me galerie 164, 69 dent la moyenne 164 "",89 (i)Le gouvernemeni fran^ais ordonna, vers la Gn dc I'annee 1809, la recherche des termes de la base que le P. Boscovicli mesura a Rome (sur la ( 04 ) ne dilT^rc que d'un peu plus do 3 " du lesultat donne par les aslronomes dc Rome. Pour reproduire le re- sullat de ces aslronomes ( 161 "',60) par nos observa- tions des distances z^nithales de I'horizon de la mer, il suffiraJt d'admeltre dans notre calcul une valeur moyenne du coenicient de la refraclion de 0,0677; tandis que cette valeur mnyenne devrait elre reduite a 0,0107, pour faire accorder noire determination avcc celle des ingenieurs Napolitains; or a I'epoque dt- rann(^c oii nos observations ont el6 faites, le coclTicient dc la refraction est ordinaii'ement fort, xiu lieu d'etre faible. Au reste , nous ne citons noire dfilermination via Appia', et la determirialion de la latitude de Saint-Pierre du Vatican (extremite meridionale de Tare du tncridien mesiire par Boscovich) a I'effct de completer les verifications entreprises en 1808 a Rimini , ct de prepa- rer les moyens d'executluu pciir une triangulation du premier ordre qui aurait eu le double ol)jtt d'obteuir iiue uouvelle mesure terrestre de Tare du meridiea compris entre Rome et Rimini , et d'offrir des bases a la confection des travaux topograpliiques qu'il se ])roposait alors de faire executer dans la Toscane et dans les ]£tals-Romains. Les ingenieurs geo- graphes francais qui furent charges de remplir cette mission prcparatoire jetablirent les termes de la base de Boscovich, et les triangles qui ratta- client celle base au cote Saint-Pierre-Monte Ocnnaro, et lierent trigono- melriquemeut I'objervatoire du college Uoniain a la coupole de Saint- Pierre du Vatican : de plus, ils fireut une Icngiie serie d'observatious azimutales sur cette meme coupole. Ces travaux preparaloires furent iu- terrompus par les besoins de services plus pressauts qui rappelerent Its ingenieuis geographes dans le royaume d'ltalie ; ils n'ont pu etre con- tinues. Nous ne doutons pas que si la direction des travaux topograpliiques de Naples avait cu cpnnaissance des operations geodesiques qui furent exe- cutees a Rome en 1809, elle se serait empressce de les raltacher a son reseau liigonoini'trique de joncliou afin de verifier la base de Rome par celle de Castclvolluruo, et d'avoir ua azimut decomparaison d'une ma- uiere plus directe que celui qui est mentionnu par M. Fergola. (65 ) approximative qu'avec la reserve que nous impose une question pour la solution de laquelle nous n'avons pas de donnees suflisantes. (i) ^ Nous nous attendions a trouver dans I'int^ressant memoire deM. FergoIa,relativement aux points de Cwi- tella et de Monlepagano, unecomparaison enlre leur hauteur absolueprovenantdel'observatoire dePizzofal- cone et celle que les ingenieurs de la haute llalle ont du deduire des points de Monte Lnro et de Sati Marino que les ingenieurs geographes francais rapporterenl au ni- veau de I'Adriatique d'apres une mesure directe qu'ils effectuerent en 1808 sur le littoral voisin de Rimini : il n'en estpas fait mention. Serait-ceque les ingenieurs de la haute Ilalie auraient omis cette troisieme coordon- n6e? Au moins fallait-il en dire quelque chose. Nous re marquons memo que, sauf un seul point de la chaine de celte jonction, le Monte Sirente, M. Fergola ne donne aucune hauteur absolue. L'auteur termine son memoire en donnant les re- sultats de la hauteur absolue de quatre sommites re- marquables des Abruzzcs, qui ont ele deteruiinees comme poinls du troisieme ordrc, savoir : Sommet le plus eleve du Gran Sasso iV Italia (2) iSGGo'''". 2900". 2 Sommet de la Maiella ( Monte (i) Dans un procbain niimcro nous examinerons la dtlerraination de la hauteur absolue de robservaloire du college roniain , telle qu'clle est mentionnee dans un Memoire que M. Calandrelli a publie en i8o3, ce qui nous couduira a mieux apprecier le resultat que les astronomes de Rome paraissent avoir adoptc pour la hauteur de Sainl-Piene du Vatican, au-dcssus de la nier. (2) Cette sommile , la plus elcvce du rojaurae de Kaples en decs du Phare , est inaccessible. XII. JUILLET ET AOUT. 5. 5 (6G) Amaro) i5o7p»«4> 2791™ 7 Pizzo di Sevo i3o6,o 2418, 7 Monle Brancastello au S.-E. du Gran Sasso 1287,8 2583,5 Au commencement dc I'^crit que nous vcnons d'ana- lyser , on trouve un cxpos6 succinct de I'cnscnible dcs operations gdodesiques qui ont el6 ex^cutecs dans le royaume de INaplcs; elles avaient pour objct imme- diat : 1° La construction d'unc carlo topographique des environs de iNaples, drcssee a I'echelle du iSoooe; 2° Celle de la carte maritime de I'Adrialiquc pour la partie qui concerne le royaume, operation a laquclle coopera le gouverncment autrichien parce qu'elle ser- vait a completer I'excellent travail deja entrepris par ce gouverncment pour la mer entiere dc TAdrialique; 3" L'exacle determination des cotes scptentrionale et occidenlale de la Sicile et de I'apparition du volcan sous-marin au S.-O. de Sciacca ; 4° Enfinle leve et le figure de la fronliere du royaume pour servir i etablir dc nouveaux moyens de defense. a Tous ces travaux, dit M. Fergola, concourent a »la formation de la grande carte topographique du » royaume, dress6c a rcchclle du 80000*^, laquello, »par I'exaclitude des determinations geod(isiqucs et du » figure du terrain, ne sera pas inf6rieui'e acellesquc sl'on execute dans d'autrcs dtats de I'Europe. »La longue interruption dcs travaux, suite des 6v6~ nnements survenus en 1820, et le petit nombre des »ingenieurs propros a cette specialite , ne permi- » rent pas de joindre aux operations gtiodcsiqucs dcs- » tinges aux divers objets que Ton vlcnt d'indiquer. (C7) »cl'aulres operalions qui auraient eu pour but d'etablir jclcs cluiines principales de triangles, lesquelles, en »falsant fonction de coordonnees pour la conslrLiclion »de la grande carte topographique, auraient oflert en ))meine temps des donnees propres a la solution des » questions de la haute geodesie. La Iriangulatlon du » premier ordre elant terminee dans les Abruzzes, si wl'on joignait a la Iriangulation do celle partie du »royaume celle de la Sicile, on pourrait entreprendre »ces nouveaux travaux, et les deux Siciles, quoique »peuetendues, offriraicntneanmoinsle raoyen de me- » surer un arc de meridien d'une amplitude de six de- I) grt!;s environ , des i7es de Tremiti au cap Passero, et de sdeux arcs de paralleles, chacun de plus de cinq de- »gros, I'un del'ile de Ponza a Brindes , et I'autre de y>Vilede Maretirno ixia Poinlede Calahre. Ces operations » devraient elre appuyees sur de nouvelles bases g^o- » desiques a etablir principalemenl dans la Pouille et »dans les plaines de Catane, et accompagnees d'ob- » servations astronomiques. » Ce qui semblc n'etre ici qu"un voeu qu'emettait M. Fergola en ecrivant son memoire , recoil en ce mo- ment un commencement d'execution ; des nouvelles de Naples, qui nous ont (Ah communiquees, annon- cent que dans le cours de la prosente annee la Sicile sera liee Irigonometriquement avec la partie nord du royaume, et, par suite I'observaloire de Palerme avec ceuxde Naples, de Rome, de Bologne, de Milan, de Turin, de Paris et de Greenwich; et que la triangula- tion sera conduite de maniere a pouvoir mesurer avec tout le soin possible un arc de meridien et un arc de parallele. Une telle entreprise r(Jvele suffisanimentla direction 5. (68) ^clair^e que reooivent du colonel Visconti, dans I'in- teret de la science , les operations fondamonlalcs de la carle des Deux-Siciles, comme aussi le talent des ing6- nicurs qui concourent a leur execution. Nous faisons des vauix pour (ju'uno bonne description gt^ometrique de ce royaume nous fasse connaltre bienlot tous los y6- sultals d'un travail geodesique qui semble devoir prendre rang parmi les plus remarquables dc notrc ('■pOqUC. CORABOUUF. RAPPORT fait a In Socfete clegeogrop/n'e,parM. Roux DERocni;i,i.K, le 28 rn^ril 1869 , sin- un oiicrage de M. Jardot , fnti- tiile : Revolutions des pouples de I'Asie moyenne. Les historions qui nous ont entrelenus des grandes Emigrations des peoples barbares leur ont g^n^rale- mcnt assigno pour point de depart les hautes regions de I'Asie. Ce systeme s'accorde avec les traditions bibliques qui placcnt dans ces contrecs les hommes echappes aux dcrnieres catastroplies du globe , et avec les traditions des auteurs profanes qui se sont occupes des obscures anliquites de I'Asie. Si Ton remonle a trois millo ans avant I'erc chrc- licnne, Ic nombrc de ces emigrations , leurs progres, leurs ramifications ont Etd tres considerables; mais dans cctte multitude d'dv6nements et de revolutions, il en est pen dont la cilt^britE ait pu se conscrver a travers les siecles. On cite les noms dc ces farouclies conqudrants qui , places a la lelc de hordes innom- ( Go ) brablcs , ont apparu par Intervalles pour ravager la terre : ceux qui u'en cUvaslerent qu'une faible partie sont rctombiJs assez promptement dans Toubli; et cependant ils eurent aussi quelque influence sur les destinies du monde, et sur les progr6s ou sur la marche retrograde de la civilisation, M. Jardot, capitaine au corps royal d'etat-major, a clierche a comprendre toutes ces emigrations, gend- rales ou partielles , dans Touvrage qu'il vient de pu- blier sous le litre de Revolutions des peuples de V Asie moyenne. Les plus anciennes irruptions dont il rap- pelle le souvenir sont celles des peuples qui envahi- rent la Chine , trois mille ans avant Jesus-Christ. II place a c6t6 de cette race celles des Tongouses, des Sian-pi , des Tubclains, des Mongols; niais sans assi- gner aucune date \\ leurs emigrations. II pense que, vers I'annee 2107, la race hnnoise se repandit au nord de I'Europe et de I'Asie ; c'est en I'annee iGoo qu'il fait partir d'Asie les Pelasges et les Celtes , qui vinrent occuper le centre de I'Europe; et la race tur- que s'etablit vers I'an 1200, le long de la chaine des monts Altais depuis le lac Baikal jusqu'aux sources du Jaxartes. Voila quelles sont, avant I'ere chretienne, les prin- cipales Emigrations connues , d'ou M. Jardot fait pro- cdider successivement toutes les autres. 11 nous serait difficile de les suivx'e , de les analyser, d'entrer dans toutes ces complications hisloriques, d'offrir enfin I'abregE d'une longue suite d'annales, oil les revolu- tions sont si nombreuscs , les lieux si divers, les slides si charges d'6v(^nements, qu'il faut lire cet oiivrage meme, pour bien s'en rendre compte, et afin de re- connailre combien I'auteur a dii faire de recherches (70 ) pour retrouver la serie des tableaux qu U fait passer sous DOS yeux. Ces remarques sur la difficuUe de demeler les fails s'appliquontsurlout aux temps anlerieurs a la plupart de nos traditions hisloriques; mais a mesure que nous pdnelrons dans I'ere chrelienne , et surlout lors- que nous arrivons au moycn age , les recherches dc- vicnnent nioins penibles, les documents se mulli- plient, et les emigrations et la marchc des peuples nous sont mieux devoilees. Ces divers (ivenemenls nous interessent d'ailleurs davantage , puisqu'ils sont plus rapproches de nous, qu'ils selient mieux a I'his- toire des temps modcrnes , et qu'ils nous monlront comment par ce melange de peuples, par leurs irrup- tions mutuelles, par les revolutions qu'ils enlraln6- rent dans nos langues, dans nos inslilulions premi6res, dans les lois , les moeurs, le caraclere do nos ancetrcs, nous sommes arrives a notrc silualion actucllc , au milieu de tant d'oragcs et de vicissitudes. Les expeditions de Tcbingliiz Kan sont le plus grand evenement hislorique du xa° siecle. Ce conqu(^rant fonda la puissance des Mongols au centre de I'Asie, autour de la mer Caspienne et jusque dans la Crimt-e : Koublay Kan b^rita de ce vaste empire; mais ses suc- cesseurs I'affaiblircnt en le parlageant. Ce fut lui qui fit la conquele de la Cbine : elle passa sous la domi- nation des Mongols , et parvint II leur faire adopter ses mcEurs et ses inslilulions. D'aulres nations larlarcs apparaissent ensuile sur la scene. Timour sort egalement de la baule Asie : les Turcs s'elendent vers les regions occidcnlales; ils em- brasscnt la religion de Mabomct; ils font Iriompber I'Alcoran par le glaive , et apr^s avoir conquis une (71 ) partie de I'Asie ils s'etablissent en Europe. M. Jardot suit de siecle en siecle leurs conquetes , les vicissitu- des de leur puissance, les guerres qu'ils ont cues a soutenir contre les peuples voisins, apr^s avoir 6le long-temps les agresseurs. Les differentes invasions faites en Perse par les na- tions plus orientales ou par cclles du nord sont ana- lys^es dans cet ouvrage : il en est de meme de celles qui furent dirigees contre la Moscovie , et dont I'his- toire se mcle a celles des origines de la Russie et do ses agrandissements successifs. Les annales du centre de I'Asie se rattachent ainsi a celles d'une grande partie de I'ancien continent. Cette region fulle berceau de la plupart des peuples qui se rendirent long-temps redoutables par leurs ravages et leurs sanglantes expeditions, avant que leurs descen- dants occupassent enfin des etablissements fixes, ou leui's rnoeurs so sont modifiees. II est sans doute int^ressant de rechercher comment une si longue suite d'emigrations successives et de conquetes, marquees par des devastations, ne parvint pas a detruire chez des peuples plus avances les ger^ mes de la civilisation. Ce probleme trouve sa solution dans la tendance naturelle des bommes vers I'ordre social. Une vie errante peut retenir les peuples dans I'enfance ; mais leur intelligence s'accroit, a mesure qu'ils deviennent plus sedentaires ; des liens mutuels les rapprocbent, les civilisent; les arts commencent a s'introduire dans la societe; les babitations se sont rt^unies; et si un pcuple , presse par de redoutables conquerants, a dte refoul^ jusqu'aux rives des mei^s , s'il est plac6 dans I'alternative de &e dc'fendre ou d'etre exterrain6, puisqu'ilne peut plus cbanger de lerritoire (72 ) el se retirer dans un autre asilc, la n^cessite le rend plus industrieux ot plus fort; il trouve les nioycns de resistor a I'invasion;" il lulle contre la burba- rie avec les ressourcesque lui a deju donnees la civili- sation; et lorsqu'il ne peut plus echapper au joug de la conqucte, il chercbe encore a captiver son vain- queur par I'ascendant de rintclligcnce , a lui imposer sa propre sociabilite , a changer en nation policoe les liordes sauvngcs qui envahircnt son pays. M. Jai'dot nous a monlre dans son ouvrage que cette heureusc reaction des peuples vaincus fut sou- vent Ic resultat de la conquete, et que, malgre tanl de calamites, les progr6s de la raison Immaine sc sont developpt^s d'age en age. Observations meteorologiques et inagnetiqucs faites dans Veteadue de V empire de Riissie , et piiblices par h.. T. KXJPFFER. DKUXliiiME PUBLICATION. Le Bulletin de la Socit^t^, N" 5o, fevrier 1808, ren- ferme un compte-rendu de la premiere publication I de M. Kupffcr sur les observations meteorologiques • et magneliques enlreprises dans I'empire de Russie , et particulicrcraent sur celles faites a Tlnslitut dos mines de Saint-Petcrsbourg dont elle donne les resultats. Les observations contenues dans la premiere publi- cation comraencent au 1" juillet i855 et finissent au !"■' juillct i836. La deuxi(^me publication donne celles des six derniers mois de 1806, ainsi que les observa- tions faites i\ Callicrinenbourg pendant loule I'an- nec i836. ( 73) Ces observations ayant 616 faites absolument tie la meme maniere que celles de la premiere publication dont elles sent la continuation , il devient inutile de parler de nouveau des soins que Ton y a apportes ni des instruments que Ton a employes, ce que Ton trou- vera dans le Bulletin N" 5o, deja cite. On se bornera done a citer quelques uns des principaux resultats de ces observations. Moyenne des teinpemtures des difj'ercnts inois de i856 a Catheriiienbourg. Temperature. Janvier. . Fevrier. . Mars. . Avril. . Mai. . . Jiiin. . Juillet. . Aoiit. . Septembre. Octobre. . Novcuibre. Decenibre. io"J I0.8 I.I 4.1 7.0 12. a + + + i3.6 + 12.5 8.0 2.1 4.9 10.9 + + Moyenne ds {'unnee 1.8 Quautile de neige et de pluie. poucfs. 0.23 . , 0.28 . 0.2 3 . . 0.48 I. 12 . . 3.41 . . 3,56 . . 1. 93 . i.5o . , o.3o 1.06 0.39 14.49 = quan- lile de pinie ou de neige ( fondue ) tombee dans I'annee ( en pouces anglais ou russes). Moyenne des temperatures des differents niois de i83G a Saint-Petershourg. Janvier Fevrier, — 7' 4.G (74) Mars. . . . . + 1.3 Avril. . . . • + 4.8 Mai. . .J,. . + 5.6 Jiiin.. • + X0.6 Juillet. . . • -f 12.3 Aoi'it. . + I 1.2 Spplcmbre.^ . + 7.5 Octobre. . . + 5.8 Noverabre. . . — 1.4 Decembre. . . — 4.3. Moyeune de I'annee. 3.4. (Lamoyenne du i"'" juillet iS35 au i" jiuliet i836 clait de 2.7. ) La quanlUe dc pluie ct dc neigc lombee dansTannee a et6 de 18.9 pouces anglais ou russes. Note de M. Datjssy snr la carte de la province de San Pedro (Bresil). Messieurs , Vous m'avez charge , dans voire seance du 17 mai, d'examiner unc carte de la province de San Pe- dro au Bresil, envoyee par M. Duvotenay. D'apris son litre , cellc carte aurait 6le levee par Joze Pedro Cesar , colonel de niilicc , sous la direction de M. le vicomle de S. Leopoldo ; mais M. Duvotenay ne poss(^- danl rien qui conslatc comment ce travail a ete fait , il devient impossible de juger de la conllance qu'il me- rlte. Cependant corame il peut etre ulile de faire con- naitre aux geographes qui s'occupent de celte parlic les documents qu'ils peuvent consultcr, nous en dirons ici quelques mots , simplemenl comme annonce. - (75) Cette cnrte, sur format grand-aiglc, est intitulee: Mappa da provincla de San Pedro, reduzido se- cinido una carta manuscripta levantada de baxo do direccao do 111'"", e Ex'"". S"'. Visconde de S. Leopoldo, porJoze Pedro Cesar, Cor"', de milicias , porTh. Du- votenay, geog'". , para accompanhar os Annaes da Provincia de S. Pedro. Elle est gravee tres nettement, et contient beau- coup de details; rochelle moyenne est d'environ o'" o65 pour 1 degre de latitude; elle s'etend depuis le 27^ degre de latitude S. jusqu'au 55% et depuis 52 1° de longitude du meridien de I'ile de Fer jus- qu'a 33o". Nous supposons que c'cst ce meridien que Ton a pris pour depart, car il n'est point indique; mais Montevideo se trouve par 221° 5' ou 38° 10' de longitude occidentale, ce qui donne 20° 25' pour la difference entre Paris et le meridien de depart , et le fort Anhatomirim de I'ile Sainte-Callierine est place par 529° 25', ce qui donne 20" 28' pour la meme difference ; il y a done lieu de penser que les merl- diens de celte carte representent des degres de longi- tude comptes du meridien de Tils dc Fer, suppose §tre 20° 00' a I'O. de Paris; c'est cette difference qui avail ete adoptee par la Commission chargee d'etablir Ics limiles des possessions espagnoles et portugaises d'aprcs le trail6 de 1777. C'est dans cette bypolhese que nous avons place sur la carte les positions de la cote, determinee par M. Barral en i83i et i832, et que Ton trouve dans les Annales maritimes pour 1802 et celles des missions des jesuites sur I'UrJguay et le Parama, determinces par la Commission des limites,' et qui sont rapportees dans rouvrage sur les provin- (76) ces de la Plata , rdcemmcnt offert a la Societe par M. Woodbine Parish ; je dois dire que ces positions ne presentent pas un accord bien salisfaisant avec la carle J les differences sont de 2 a 5' sur la latitude , ct sont encore un peu plus fortes sur la longitude ; il nous semble que cette carte pourra 6lre consullee tres ulilcment pour les details, la configuration des monlagnes, Ic cours des rivieres, etc. ; mais ces de- tails auraient besoin d'etre appuyes sur des positions delerminees rigoureusement. EXPEDITION AMtPvICAINE. Lettre dii lieutenant Charles Wilkes, commandant V ex- pedition d'' exploration , an secretaire de la marine des Etats-Unis , a bord da Vincennes. Port Orange, terra del Fuego, le 22 fevrier iSSg. Monsieur, J'ai I'honneur de vous informer de mon arrivee en ce port avec I'escadre sous raes ordres , le 1 9 de cc mois; toutle monde est en bonne sante. Ce point est le rendez-vous que j'avais designed pour metlre a excicu- lion vos ordres rclativement a rexploralion des regions situees au S. du cerclc polaire antarctique, et pour mettre a I'ceuvre la Commission scientilique qui doit les examiner. Depuis mon depart de Piio Janeiro, le 6 Janvier, je n'ai eu aucune occasion de communiquer avec vous. Nous avons eu une traversee longue , mais agreable ( 77 ) a cause des faibles brises que nous avons renconlr^es au Rio-Negro sur la cote de Palagonie, point que vos instructions nous avaient charges de visiter. D'aulres devoirs m'empeclient de vousfaire un rapport complet sur les observations qui ont ete faitcs en ce lieu. Je saisiral la premiere occasion pour vous les envoyer, ct j'espere qu'elles vous satisferont. Nous avons cte relenu quelque temps dans Ic Rio- Negro a cause de la situation de cette rade ouverle ; je suis fach^ d'avoir a vous apprendre que nous avons perdu quatre ancres avec leurs cables; une apparle- nant au Peacock, et les trois autres aux deux conserves; tous les batiments ayant ete obliges de metlre sous voiles subilement, et de courir au large pendant un coup de vent, le Peacock , le Porpoise et les deux con- serves furent obliges de couper leurs cables. A notre relour au mouillage, lelendemain, le Porpoise rccow- vra les siens ; mais les aulres ne purent rien retrouver, malgre les recberches les plus exactes; les bouecs avaient ete enlevees. Apres avoir acbeve tout ce que me prescrivaientvos instructions, je quittaileR.io-Negro, le 2 f(ivrier, pour venir ici. J'ai passe avec I'escadre le de- Iroit de Lemaire et double le cap Hoi^n a 4 milles de distance. J'ai trouve ici/e Relief, qui, suivant les instructions que j'avais donnees a son commandant, disposait ce c[ui pouvait nous §tre necessaire. Nous avons aussiete conlinuellement occupes depuis notre arrivee a disposer le batimentpour une croisiire dans les regions antarctiqucs.Quoique je sois parfaite- menl convaincu que cette tentative est basardeuse et sera sanssucces, cependant les avantages que Ton peut en lirer pour nos operations futures et pour les tcntati- ( 78 ) ves que nous pourrons faire pai' la suite , font que je no puis laisser echapper I'occasion que lu saisun nous procure encore pour cet essai. Je joins ici Ics instructions que j'ai donnees pour la route; cllos vous feront parfaitement connaitre les niouvcments que nous nous proposons de faire. ■>. Je laissei'ai le Fiacennes dans ce port en surety dans unbon mouillage.et j'irai avec le /'o^yjoweet la conserve Sea- Gill I , tacher de reconnaitre I'etendue de la terre de Palmer vers le S. et I'E. , car il doit y avoir moins de glace dans cette parlie, a cette epoque avanc6e de la saison que dans aucun autre temps, la glace nou- velle n'elant point encore formce , ce qui me pcrmcl- tra, j'cspere, d'obtenir des informations utiles pour les tentatives futures. Ayant de quitter Rio-Janeiro, jecraignais, ainsi que je vous I'ai fait savoir, d'arriver ici dans une saison trop avancee ; j'essaie done de tirer le meilleur parti possible du pcu de temps qui nous reste Ainsi que vous le verrez dans les instructions que j'ai donnces, ct dont je vous envoie la copie, Le Vincennes altendra ici nion relour aussi long- temps qu'il le pourra, et dans le cas ou je serais re- lenu dans les glaccs, il so rendra a Valparaiso; de la il rejoindra les autres bulimcnts qui ne peuvent pas etre rctcnus, et transmetlra au capilaine Hud- son des instructions qui lui prescriront de pousser son travail aussi loin que possible, avant de clicr- cher a venir m'aider a sortir des glaces dans une autre saison. Le Peacock ^ le Porpoise et les conserves ont pris a Lord des provisions apportces par le Relief , et sont bien pourvus en velemcnls chauds, en viandos con- (79) servees, et en antiscorbuliques afin de rendre dans tous les cas notre detention supportable si elle arri- \ait. J'emporte avec moi le pendule et les autres instru- ments , afin d'eniployer mon temps si j'etais retenu dans les glaces, ce que je ferai cependant tous mes efforts pour evlter, car je suis pleinement convalnca des retards et des desavantages qu'une telle detention apporterait aux travaux importants de I'expedilion ; toutefois , si un tel evenement arrivalt, j'espere que noire temps ne serait ni mal employe ni perdu. J'ai riionneur d'etre avec respect, monsieur, Charles Wilkes , commandant Vexpedition. A M. James K. Paulding, secretaire de la marine , a Washington. PHYSIQUE DU GLOBE. Recherches siir la temperature de la terre a de grandes profondeurs dans le bassin de Pan's , par M. Wal- FERDIN. Observations sur un puils fore a Saint-Andre, departement de I'Eure , a 263 metres de profondeur, et sur la temperature observee a 2 53 met. La commune de Saint-Andr6, departement de I'Eure, est presque entlerement privee d'eau ; quelques mares qui se forment dans I'argile plastique k la surface du sol, et qui se dessechent pendant I'et^ , et un seul puits ordinaire de 76 metres de profondeur , ne suffi- sent point a ses besoins journaliers. Aussi a-t-elle 6t6 dans ces dcrniers temps une des premieres a faire I'essai d'un forage artdsien. Un trou de sonde a 6te (So) pratlqu6 par Ics soins persdvc^ranls dc M. Mulot, a 263 mfclres de profondeur. On a traverse : Dans I'argile jiliistique. Dans la naie Ijlanolie. Dans la craie niaineuse. . Dans la glauconie. . . £t dans les sables verts. . . Mais alors Ics sables sont devenus mouvanls, et la parlie inf(^rieurc dcs lubes fr(^quemnientdegag6e s'est remplle d'elle-menie de sables sur une hauteur de plusieurs mtjlres. A une telle profondeur, rascension dcs sables est souvent I'indlce de la presence a peu de distance du point ou Ton est parvenu, des nappes d'eau qui ten- dent a remonter, et il est vivenicnt a regretter que les travaux aient ele alors suspendus. Comme on vient de le voir, la craie avait et(i cnticrement tra- vers^e , et la question de la pn^sence dos eaux jaillis- santes dans les sables et argiles inf^rieurs a la craie , que tant de circonslances divei'ses peuvent rendre in- certaine ; question si imporlante pour la tb^orie des puits artdisiens en general, et surlout pour le forage dc Crenelle aujourdhui poussd h plus de 4oo metres, 6tait vraiscmblablement sur le point d'etre rdsoluc dans celui de Saint-Andre au moment ou Ics travaux ont cesse. Avant qu'ils fusscnt arretis, j'ai pu determiner avcc lout le soin possible la temperature a 2 55 metres (778 pieds) , la cuillere dans laqucllc les instruments ont dte places, et une couclie compactc dc sables rem- plissant un espace de plus de 10 m6tres. J'ai fait des- cendre le iSjuin 1857 deux tbermomfetres a d^versoir conslruits d'apris mcs proc6des. lis etaicnt enfermes ( 8> ) cliacun dans tin lube de cristal soude a la lampc a ses deux cxlremites , ou ils se trouvent cotnpletcment a I'abri de la pression qui cliangerait notablement les resultals de cette profondeur , et apr^s dix beurcs d'immersion, I'un d'eux a marque i7"96 et I'autre 17090. Ainsi, en admettant que la temperature est con- stantea la profondeur a laquellc I'expcirience a m faite, on pent conciure de ces deux notations une tempera- lure de 17" 95. Mais pour en deduire I'accroissement proportionnel de la temperature en raison do la profondeur, les donnees auxquelles on a le plus souvcnt recours n'e- taient pas asscz certaincs pour etre admises ; la tempe- rature moyenne du plateau de Saint-Andre n'a point 6te observee, et Ton ne trouve meme dans un rayon de 1 a 2 lieues ancune source qui en puisse donner une indication approximative; mais je me suis arreted h une donnee qui presente moins d'incertitude que le calcul d'aprijs la temperature moyenne; ij'ai pris pour point de depart la temperature du seul puits qui existe dans la commune, et j'ai trouve, a la profondeur de 75 metres la temperature du puits de Saint-Atub-e, situe ci i5 metres de distance du puits Mulot de l3o,2. Ainsi, 17", 95 — 12°,2=5''75 d'augmentation pour 178 metres , ou 39" 98 par degre centigrade. J'avais fait descondre en meme temps dans le trou de sonde deux tbcrmomeirographes enfonces chacun dans un lube destine a les garantir de la pression : et quoique les indications qu'ils ont donnees ne soient pas suscepliblcs d'etre admises, il me parail ulilc JUILLET liT AOUT, G. 6 (82 ) tl'cn signaler le ivsultal aux porsonncs qui sc livrenl i*- cc gonre d'obsorvalions. L'un dos Ihennoinelropraphes a intliquc 190,2, ct Tautrc i5" 8. Ainsi lo Ihcrmomutre n„ 1 a indiqu^ une dilTorcnce en f>/ii\ siir la loiu]ioralurc conslaloe par nies deux thcrinoinclres a dcvcrsoir ile i'\'20,ci Ic n" 2 unodilTe- rcnce en nioins de 2",i5. Voici comment s'oxpliqncnlccs differences. Quoiqiie U' lube qui contonait le lliermomelrographe n" 1 ciU ^lo fcrmo avcc soin , une ccrlainc qiianlilc d'eau y avail p6n6lr(!!, el Ton concoit que la prcssion csercee siir la cuvelle derinslruTiiontailfailmonler la colonnc de mcrcure qui pousse I'index de j°,25 en plus. Le tube qui contenaitle tlierniometrographe n° 2 n'avail poinl pris eau; I'inslrumenl elail parconsequcnl resle i\ I'abri de la pression ; mais son index mobile s'clail deplac^ par suite des sccousses que I'inslrumenl recoil neeessairement pendant qu'on le ramc^nc h la surface du sol, el COS secousses I'onl fait desccndro de 9°, i5. Ainsi el pour deux causes diff^renles , cliaque Iber- mometrographe a donne une indication fausse, I'une en plus el I'aulre en moins. Je cite cet exemple pour faire voir avec quelle cir- conspection doivent elre adraises pour en deduire la loi d'accrolssemenl des temperatures soulcrraines , les notations oblcnucs a de grandes profondeurs au moycn d'inslrumcnts a index, surtout lorsque les observations n'onl pas el6 faites avec plusicurs instruments a la fois , el lorsqu'ils n'ont pas et6 compliitement garanlis des effets de pression. .1 T.i lil II. ( 85 ) RfiSlLTAT cle ilii'erses observations faites u de gi-andes projondeurs dans le bassin de Paris. Dans Fcxperlencefaile le i^mai 1807 par M. Arago, M. Dulonget moi, pour la determination cle la tempe- rature du puits de Crenelle a l\00 metres de profon- fondeur, on a trouv6 23o,5. Si, au lieu de dediiire , comrae on le fait ordinaii"e- ment, de cette indication la temperature inoyenne de la surface du sol, on recherche, comme I'a propose M. Arago , h une certaine profondeur un point de tem- perature constanle (1 i°,7)des caves de rOLservatoire, h la profondeur de 28 metres , on a pour un degre cen- tigrade 3 1'" 5. Dans la seconde experience, que j'ai r^petee le 1" juin 1837 dans le meme forage, j'ai trouv6 h la meme profondeur 26° 76, ou en partant des donnees que fournissent les cAves de TOhservatoire pour cha- que degre 3a'" 87. A la fin du mois de mars i836, j'avais constate a la profondeur de 178 metres dans le puits fore de I'fi- cole militaire , distant du puits de Crenelle de Ooo metres environ, ct pratique comme lui dans la craie, une temperature de 16°, 4. En deduisant de celte observation la temperature constante et la profondeur des caves del'Observatoire, on a pour un degre oo'" 85. Enfin , on vlent de voir que la temperature du puits fore h Saint-Andre elait de aoS metres de 1 7%95, qui, deduction faitc de celle que j'ai conslateo 11 70 metres 6. ( 84) de profonilour, donno pour un dogr*^ cenligradir 3 090. Ainsi , il resulte d'observalions diverses failcs dc 170 t» 4"" metres dc jiiofondeur, que la proportion daprt'S laquello la toiuperalure croit avoc la profon- deur (lansfc terrain de craie, parail etrcregulic'rc dans le bassin dc Paris. II serail imporlant do conslaler mainlenanl pardcs experiences failes avec precision, si, dans la parlie raoyenno etdansla parlie inf«^rieuredes terrains secon- daircs, la temperature croil avec la profondeur dans la meme progression, el c'est sur ce point que jo me propose de dinger mea recherches. ExTRAiT du journal da navirc I'Elisa Scolt allant dc Vili Campbell vers le pole sitd. — Capitaine Balleny. 7 fevrier iSSg. Therm, a midi. 38° farh. = 5" cent. Vents faibles loule la journee , Icmps brumeux, I'eau d'une couleur verl-sale. Latitude 67° 7' S, longitude 166" 45' E. de Greenwich. %fcvrier. Th. 4i" f.===5°.o c. — Le matin, vents lagers , temps brumeux ; a a*" A. M. on entend un bruit de bri- sants ; k V' passst^ lout pres d'une grande montagne de glace. Pas d'observalions aujourd'hui, latitude cslimt^e 66° 44'; Jonpilu^-le E,, i66° 44' 'i'apr6s la marche de Londres; vu un jcune phoque. ^ fevrier. Th. 65° f. = i8° 5 c. — Le matin, brouillard epais; rencontre un grand nombre de nionlagncs dc glace etvu bcaucoup do pingoins; a 8^ temps clair; fait (8-5 ) roiile a TO. du compas ; pris iino bonno sc^rie tl'anglos licivfiires, Inlitiulo CA]° 4 i'- T,ongilude avec la marche do Londres iGG" 5'; avec la marche ct Ics observations lunaircs du port Chalky iG4° 29' i5"; a 11'' du uKitin on aperc^oil unc bandc obscure dans le S.-O. ; a midi observe la laliludc 06° 37' S; le solcil trtjs brillant; on apercoit une appa- i^ence de lerrc dans le S.-O., elle s'«^tend depuis I'O. prcsque jusqu'au S. Porle dessus; a C' nous dislinguons clalrement la lerre; a 8'' du soir nous en somnics a cinq millcs. Nous voyons alors une aulre teri'e d'une grande il^valion qui nous reste i I'E. i;4S.-E. 4*" "^'n matin porle sur la terre. Au coucher du soleil nous re- connaissons distinclement que ce sont trois lies sej^a • rees d'une etendue assez considerable, mais celle de TO. est la plus longue; niisen panne dans la nuit au largo de File du milieu. 10 /i'V/vW. Th. 42" f.=^5" 6c. — A 2'' du malin porhi sur la terre. Nous couronsau milieu d'une quantile con- siderable de glacesflotlantes, nousy penetrons I'espacc d'undeminiille,nousvoyonsquela terre eslcnliirenienl onlouriie de glace et qu'elle proscnle de hautes I'alaises perpendiculaircs. Je voulais passer entre I'ile du milieu et celle dc I'O. , mais je fus force de revenir meme en-de(;u de I'ile de I'E., car dopuisl'ilede I'O. jusqu'a celle de I'E. du cole du S.-O., la merne formait qu'une masse de glace solide sans aucun passage. Le temps, au lever du soleil, elail triismena^anl; a 6''il devinlbrumeux, cldcpuis ct; moment nous fumes obliges de nous eloigner. L'exlrc- mit6 0. de I'ile du milieu serail, d'apres nos observa- tions, par 66° 44' S. et 1 64" 45' dc longilude E. de Gr. d'a- pres la marche dc Londres, el 1 f;5" i »' i5'' E. d'apres. id marche el les observations Innaires du port Chalky. ( 86 ) I i/t't7vVr.Th. 42" f.=.5'' 56". — Le temps continue i t'tie moderd nials trcsbrumoux ju.squ'au lendcmain. Brume: h u. A. M., mis un canot a la hut pour touer le bjitiment afm d'eviler unemonlagne de glace aupres delaqucllenous nous trouvions, mais que nous ne pou- vions pas voir ni douhler. A ii'' le temps s'eclaircit, nous voyons la terre qui nous reste au O-.S.-O. environ et qui est d'une hauteur eHrayanle, Ju suppose qu'ellc a an moins douze mille pieds; elle est couverte de neigo ; nous somraes cntpur^s de tons les cotes de vastes montagnes de glaces. A midl une observation mediocre nous donne GG'^ 3o de latitude S. , et imme- diateraent apres le temps devient brumeux. 1 2 /eVnV-:/-. Ce matin le temps est allernaliveraent bru- meux el clair. A y, A. M. nousvoyons la terre qui nous reste au S. -S.-E. A environ dix milles. La pointe 0. de Tile del'O.gitauO.-N.-O. A8''la terre estcompletement cernee de glace. A midi vire et porte sur la terre pour lacber d'y decouvrir un havre ou une anse. A l\' P. M. 6lant devant la petite lie, I'lle de I'E. , qui est vue sous un autre air de vent, paralt large; latitude estim^e 66" 22' S., longitude 105° 4y'E. A. G'P. M.Nous allons vers la terre avec le canot du cutter vers le seul endroit qui paraissft propre a debarquer, mais iorsque nous sommes pros de la cute on voit que ce qu'on prenait pour une partie basse n'dtait que le rapport de la mer el que la plage n'avait que Irois ou quatre pieds au plus. Lc capitaine Freeman se jeta a I'eau ct rapporla quelqufis pierres , mais il elait dans I'eau jusqu'a la ceinture. 11 n'y a sur cclte torre nigrevc ni aucun point ou Ion puisse debarquer. Quant anx rocliers nus contre lesquels les montagnes de glace venaient se bri- ser, nous aurions eu de la peine a les reconnaitre pour dos terros, mais commenous louvoyions jtour nous q\\ ( 87 ) approclicr, nous vinios dislinclonicnl la lumiie s'lilevci^ du sommct.tle la monlagnc. Cetle terre csl evideraniont volcanique, ainsi que Ic prouvc I'especo de pierrc ou plulot de lave rapporlic. Les falaises sont perpendiculaires, ettout ce qui, scion toute probability, forracrait des vallees et des plages, est couvcrl de masses solides de glace. Je n'ai aporc^u ni une anse ni un bavre, ni rien qui y ressemble. Etani relourne a bord a 7'' , nous avons conduit le naviro it travel's les glaces (lotlantes afin d'etre en silrelc' avant la nuil; couru ensuilelc long de la terre. 8 /H«rj 1809. Tb. 55''f. = i° 7 c— Pendant ccttc)om'n6e nous avons eu dc violenls coups de vent, de la neige ot de la piuie. A 8'' le temps est plus clair, nous prenons des bauteurs du soleil pour des cbronom6tres. A midi latitude observ6e 05° o' S, longitude estim^e 122° 44' E. Le soir grand vent, neige et pluie. A 8'' le temps s'e- claircit, vu une appareuce do terre. Mis en panne au milieu des glaces llollantes. ODinrs.Th. 34" f.^i" i c. — Ceraatin letempscst assez clair; porte vers le S. au milieu des glaces flottantcs. A 8'' nous nous trouvons entoures de montagnes dc glace d'une immense dimension. Dans le S.-O. la glace est compl(!:tcment arrelec et prisente toutcs les apparencos d'une terre qui serait derri6re, mais en cbercbanl a penetrer a travers la glace pour en approcber nous n'avons pas pu faire route a TO. mais sculement au N. 1/4 N.-E. le long dc la limlte de la glace fixe. Une autre preuve que c'est rt^ellement une terre se trouve dans le rapide accroisscment de la variation, qui, ce jour-la, ful trouv(!!e de 44° n' 0. Le soir forto brise, Ic Icmps s'^claircit a la fin. Latitude obscrvec a midi .()6"io'S. , longitude estimec 118^ 5o' E. 4 tnnrs/Yh. 3t " f.=o 6 c. — Nous avons eu un temps ( 88 ) passable inais nuageux ce matin. A midi latitude ob- seiv6o 6")« 6()' S. . longitude cstimee 1 16 1 1.'. Le soirpris quatre series de hauleurspour les cbioiiometrcs. Grand vent, temps nuageux le soir, grosse raer du N.-O., en panne h 9'' etant enlour^ de glace. ExTRAiT (fane Ictlre de M. F. pRESMiL A M. Jomauu , menibre de I'lnstitut. Suez, I 5 aoi'it 18^9. MONSIEUB , J'aifait dans lecours de juin et juilletune excursion aux gi'ottes de Jetliro {Mng/uhr Sc/toiiorb) situ<^es dans une petite montagne de gr^s a TO. de Palmctnni , nomm6 Bed' ou O'youn-el-Qassab. Ce Palmetum est le plus beau bois de dattiers et de tamarins que j'aie en- core \u, c'est un veritable /o«/7f, chose si rare en Arable. Un ruisscaii d'eau excellente coule au milieu et va se pcrdre dans rimraonse plaine siludo au midi; A I'E. du bois est la haute montagne des Amandicrs. Ce point, situ(i a trois journees de caravane au-dela de Qalat-al-A 'qahali , sur la route des pelerins , avait ete visits par M. Riippel en 182C, et j'ai trouve son nom inscrit dans une des plus belles grottes avec la date; j'ignore s'il a publle une relation de son voyage, ot dansledoute, je m'absliendrai de vous transmcltre mon journal, d'aulant plus que la mise au net de ce journal exigerail un travail dont je suis mainlenant loul-a-fait incapable. Je me bornerai a vous dire qu'a partir de /.liohayt-lihovu'ir (le j'etit dos d'ane) ou llhcKjl, c'e^l Ic nom bedouin ( le prcniier est le nom connu des (89 ) p^lerins) , la roulc quilte lo Lord de la incr el cntre dans la montagne granltiquc ; mais que la chaine princlpale resle toujours a gauche du voyageur , par consequent h. I'E. de la route; ce qui ne me paraitpas sufTisainraent indiqu^ sur la carte publiee a Gotlia. M. Riippel aura sans doute parle des momies arahcs qui se trouvent dans la grotte oil il a 6crit son noui; j'en ai rapports un crane et des fragments de vases en marbre et en albatre a veines jaunes. Enlre Illiaql et Bed' est le point culminant de la route nommee yis- scharafah , ou encore Oumm-E'zhdm , ou bien avoc I'article Oumm-el-E' zhdm (la mere auxos), a cause du grand nombre de chameaux qui laissent leurs os en cct endroit, au retour du Hhaddj. Un pou au-dessous do Scharafah est la station des pelerins, indiqu^e par un enorme tas de pierres, et nommee, a cause de cela , Atredjein , ou sans I'article redjein. D'apres la description que j'ai donnee a M. Linant des monuments que j'ai visites, el le mauvais dessin (fait sur les lieux) que j'ai joint a ma description, ii paralt que les grottes de Jelhro sont du meme genre que les plus anciennes grottes observees a Petra; j'en ai vu un specimen sur les dessins originaux de M. Li- nant, mais I'ouvrage de M. Leon de Laborde ne le re- produit pas. La question est de savoir si ces grottes sont nahateenncs ; je suis port6 a croire que ceJles de P^tra sont idimieennes , et celles de BkV madianltes , c'est-a-dire d'une ^poque fort anlerieure a I'etablisse- ment des Nabateens dans I'Arabie Petr^e. J'avais bonne envie de pousser jusqu'a Hhidjr, oii, comme disent les habitants des villes, Maddin Ss'n- lehh; mais jeme suis trouve trop pauvre pour cette bril- lante excursion. D'apris les renseignemcnls quo j"ai ( y ) {H'is a lil-A'qabah, los monumculs des Thainudciu soni plus nombrcux ct plus curieux que ccux dos Naba- leons. Au rcsic, il s'cn faut do boaucoup que I'Arabii' Polree soil connuo ; les Bedouins avoc Icsqucis j'ai fait connaissancc m'ont pailti do qualre villcs on lulno , siluocs enlro Qala'al Nakbl ol Gbaz/.ch ( Gazab ) , donl I'une , A'bdeb , doit elre I'ancienne Oboda. F. Fres.ni-l. Exthait d'une lettre de M. C. T. Lkfi-by'ru , h M. Jo- MARD, incinbvc de rinslitut. DjcJJa,Ie 2 niai iS3(j. MoNSlEUn , La petite expedition d'Abyssinic qui Hera domain la ville deDjeddab pour se dinger sur rarcbipol qui avoi- sine Massouab. Notre intention est de recucillir rapi- donicnt dans ce groupe d'iles quelques colledions d'bisloire naturcUe et do faire bientot notre entree en Abyssinie. D'apres mos renseigncnionls, celte contr6e ne doit presenter aucune diflficulte a des voyageurs prudonts, ct I'Abyssin qui nous accompagne depuis notre depart du Caire, assure qu'il est inutile de craindre pour los bagages , ct que nous aurions tort d'en laisscr on ar- riere. Jc me suis alors d(^cid6 i prendre avcc moi tous mes instrument*!, de memo queM. Dillon cmporte scs vingt-cinq ramos de papier ctM. Petit son materiel pour collections zoologiquos. Cola ne vcut copcndanl pas tlirc que nous ayons I'intcnlion do parcourir toule I'A- ( 9' ) byssinie avcc la charge do vingt chamcaux ; mais en louant a Adoua une maison dont nous confierons la garde a un domeslique europeen, que nous avonspris avec nous dans cette intention, nous pourrons parlir a la leg^re pour faire des excursions et nous faire ex- pedier les choses n^cessaires de noire depot g^n^rol , k mesure que le besoin s'en fera sentir. M. Dufey, aveo lequel nous venons de passer quelques joui'S, nous a affirm^ d'ailleurs que Ton n'avait pas trop a craindn; d'etre d^pouUle en Abyssinie , et que, pour son compte , il ne I'avait jamais 6t6 (i). Jusqu'ici nous avons parcouru des pays que tout le monde doit connallre par les relations toutes recentos de quelques voyageurs francjais; il serait done inutile que je fisse longuement les descriptions de Kosseir et de Djeddab, D'un autre c6t6, M. Dillon craindrait les chances du voyage pour quelques profds curieux qu'il a eu I'occasion de dessiner, et le merae motif me fait garder avec moi les plans que j'ai traces, esperantfitre aussi heureux que M. Dufey , qui a pu traverser les pays les plus sauvages et les moins hospilaliers, sans que Ton ait jamais songe a lui enlever son gi'os regis- Ire de notes. II sera ccpendant curieux de vous adresser une re- marque qui n*a peut-etre pas et6 faite encore par les pei'sonnes europ^ennes qui ont 6crit sur les ports do la mer Rouge : c'estque le droit de douane a diminn6 de G p, o/o dcpuis que Mohammed Ali commando en Arable, ctquetouttsles chosos sontr^glees de mani^rc a favoriser le commerce partout ou il n'y a pas mono- pole. (i) Malheurcusement, une noiivelle recente annonce la nioii ile M, Dufey. N. D li. ( 92 ) Lc droit do douano olait auliotois, du leiups doschc- rifs, do 16 p. o;o; aiijourd'hui il est de 10 p. 0/0 pourlos Aiabes, ot dc <) ^|'i pour los Kinopeens. La dovianode Djedilali rappoile un peu plus de deux millions. CcUt* tlouane en rapportait autrefois trois, niais il i'aulcoii- siderer que les nombreuses expeditions de calii (jui partcnt continucUement de ce port pour aller en l^gypte font plus quecompenser pour le pacha la perle qu'a fail la douane, aussitot que le monopole du caft^ a lait piendre une autre direction au commerce et a diniinu6 de plus de moitie I'arriv^^c cles batimeuts de rinde. 11 ne sera pcut-elro pas inutile non plusdedonncr le cbillVe des populations de Rosseir et de Djeddab. Dans les villes turques il est tr6s dillicile d'avoir a ce sujct cles renseignemenls exacts, et il est bon que les uns se verifient par les autres. L'on m'a dit que la population de Kosseir etait de 2,000 ames. II serait difiiclle de se tronipor beaucoup sur ce chilfre ; mais il est plus difficile d'evaluer la po- pulation de Djeddab, laquclle doit cbanger souvent par I'arrivee d'un grand nombre de pelerins qui \iennenl des colonies anglaiscs, etqui, n'ayant plus lesmoyons de se rapatrier , deviennent forcement habitants de Djeddab. L'on compte aujourd'hui 12,000 ames dans I'interieur des murailles. Je suis au milieu des embarras d'un depart et au milieu d'un pays souvent decrit. Jc suis laconlquc , mais je m'cfforcerai dc no rien passer sous slbnce aussitot que j'aurai mis lc pied a Massouah. C. T. LliFEBVRli ( 93 ) Lettre (la rcfrrend Rcnouiinl, mcinhrc de la Socictc tic ideographic de l.ondres, a 1\1. JonKud^jircsidciil dc lex vommisslon cenfrale de la Snciete de Paris. Londres. le 3 juin iS'ii), MoNSIliUn, Je regretle de n'avolr pas ou plus tol I'occasion de vous oll'iir i'expression do ma reconnaissance pour votre inloressant memoire sur lUni Caillic doiit j'ai depuis long-temps appr(!!cie le m^rite ct les services. PermeUez-nioi de vous assurer que ropinion qui a 6te emise dans Ic Quarterly /xet'iew sur son voyage, ef qui fait pen d'honneur a la bonne foi et a la gcnerosil(5 du critique de qui elle est eraanee , n'a nullement elo approuvee dans ce pays. Quant a moi, ayant examine avec soin les rcsultats de Caillie, je mc suis plu a ven- ger son honneur toutes les fois qu'une occasion de le faire s'est pr6sent(!!e a moi; et si ma memoire ne mo trompe pas, j'ai constate ncttoment men opinion sur sa veracite dans les notes que j'ai ajoulees au recit d'A.bou-bekr de Tomboctou, imprime dans le journal de la Socii^te geographique il y a quelques annees. La plupart des pays mentionn^s par Caillie, sinon tous, etaient connus d'Abou-bekr, dontla memoire extraor- dinaire avait gard6 un vif souvenir de son pays natal, quoiqu'il en fiit sorti detrfes bonne houre. Par ces motifs, monsieur, vous concevrez facilement le tr(>s grand plaisir que j'ai eu h lire la notice sur la vie et los voyages de Rene Caillie. Signe : Ri.nouahd. ( 94 ) FxTi.AiT d'uric Icttrc de M. Ic colonel Ferdinand Viscond, a M. Jojnard, mcndn-e de Vlnstitnt. Naples, le 20 avril i83ince de S. Pedro. M. R. Carr Wood , membre de la Soci^te , a Lon- dres , est pr(!;sent a la seance : il offre a la Commission centrale un Tableau smoptique des phnwmenes ineteo- rologiques observes dans Ics huit principales stations ( 102 ) cic la Grande-Brctagnc pendant lanneo 1807, ainsi <|iic divers opuscules sur la ni6lt'orologio. II met ensuite sous les yeux de rAssembl(ie le specimen sur platre d'une carte geographique qui doit bientot paral- tre a Londrcs. Cettc carle, exd'Culee d'apres un noiivoau procede , pourra elrc livree au quart environ du prix de la "ravure ordinaire. M. Wood annonce qu'il se propose d'cnlripreiKlre un voyage de plusieurs annees dans I'lnde hrilanni- que et la Haute-Asie , pour compkner ses etudes et ses travaux sur la physique du globe , et il prie la Sociele de vouloir bien lui remettre des instructions. M. de La Roquette communique un caique tie la carte du Nordlandetdu Finmarck, dont il a enlretenu jir^cederamcnt la Society. M. d'Abbadie lit une Note sur I'importance (jue doi- vent mettre les voyageurs h consuller Ics ouvrages originaux de geograpbie locale , et il y joint unc no- menclature de noms de lieux de I'Abvssinie. Cette communication est renvoyee au comile du Bulletin. IM. Eyrii'S fail a M. d'Abbadie quolqucs observations sur ccrlains mots de la languc d'Abvssinie qu'il ecrit avec une nouvelle orthographe. M. d'Abbadie donne a ce sujct plusieurs explica- tions satisfaisantes, el fait articuler au jeune Abyssin, present a la s^anci? , certains mots qui , en raison de leur prononciation, ne sauraient etre bien reproduils par la simple ecriture. M. Warden pr^sente a I'Assembl^e M. Van Derlyn . peinlre celebre des hlats-Unis, qui s'occupe dans cc momeiit d'un tableau reprdsontanl le debarqucment (!e Chrislophc Colomb en Amcri juillpl i85() , an- non^ant que la corvelte francaise /a Recherche est ar- riv6e dans ce port, apros elre rest6e cinq ou six jours auxilesFeroe.Elle devait quitter Hammerfcstle 1 6 pour se rendi'e au Spitzberg, et etre de retour vers la fin du mois d'aoutc II parait que les membres de I'expedi- lion ont le projet de revenir en France par Tromsoe , Tromdheim, Bergen et Cbristiania. M. Daussy lit une lettre du lieutenant Ch. Wilkes, commandant I'exp^dition americaine cbarg^c de Tcx- ploralion des rt^gions situdes au sud du cercle polaire antarclique. Cetle lettre, qui est datee du port d'O- range (Terre de Feu), le 2*? fevrier )859, est renvoyec au comitti du Bulletin. M. le major Jervis, cbaige par le gouvernement an- glais de la triangulation do I'lndc , est pr(^scnte a I'as- sembl^e par le President, et il offre a Ja Society un re- sume de I'etat ou se Irouve cette grandc operation. M. le major Jervis donnvi aussi quclques details sur les pre- paratifs de rexpcklition anglaise au pole antarclique, et il annonce le depart tr5s prochain de cette expedition. M. le President exprime a M. le major Jervis , au nom de la Society, le desir d'entrer en relation nvec lui, et de recevoir des communications sur les r6- sultats des travaux importants qu'il va diriger dans I'Inde. M. d'Abbadie lit une Note sur les renseignements do diverses natures qu'il a recueiliis en Abyssinie , pen- dant son premier voyage, et il annonce a la Society son prochain retour dans cette conlr^e. — Renvoi do ces renseignements au comite du Bulletin. M. de Bertou \\l la seconde partie de son Memoire ( MO) sur la (U^prcssion dc la valine dii Jourdain ol ilii lac As- pUallile. — Renvoi au comilo du Ikdlelln. MEMnni;s admis dans i.\ soci/:tk. M. J. DK Bf.I\TOU. M. le D' Caporal , dircclenr du service medical en Candie. OUVnAGES OFFKRTS A LA SOCI^^Tf•:. Suite des Seances tie mat ct jiiiii i 8.^9. Par M. J. Forster: Information respecting the abori- gines in llic British colonies, in- 8. — Appel aux liabilants de I'EuropesurresclaTage el la Irailedesn^gres, in-8. — ParMt fie Pomrncuse : Piapporl fait a la Soci(ite agricole de laBasse-Camargue, in-8. — Par M. (PAvczac: Rara ma- Ihcmalica ; or a collection of treatises on the malhema- lica and subjects connected %vith them , from ancient inedited manuscript, N"' let II, in 8. — Par M. P. Gaimard : Chants islandais, in-4- — Pcivations de M. H. Moore cl du [iiol'csscur Schuljirt cor- resjiondciit a une elt'vatioii i ))ar le dt^sort, probablomcnt cckii qui s'elond a 10. da Wady-Araba. En 1812, Biirckhardt, comme je I'ai d6ja dit, s'e- tait rendu a Potra par les monlagnes de Karak , mais il n'etait pas descendu dans la parlie meridionale du Ghor, MM. Mangles et Irby, en 1818, avaient suivi a peu pr6s la meme route, ainsi que beaucoup d'aulres voj ageurs apriis eux. En 1828, M. deLaboide n'ayant pu passer diroclementde Syrie en Aiabie, ful oblige dc prendre la. route de TEgypte. En compagnie de M. Li- nant, il gngna le cbaleau d'Akaba, ct de la, pour se rcndre a Pelra, ces messieurs suivircnt pendant envi- ron ^omillcs geogropbiquosla valleequi seprolongeau N. jusqu'a lanierMorte, Enfin.cn i855, M. le capilaine Callier etait parli d'Hebrou avei; I'intention de des- ccndi-e dans AVady-el-Ghor, afin de siiivrc loul le cours do la vallee dopuis rextromite S. dc la mer Mortc, jusqu'a la pointc elanilique; cottc reconnais- sance allait decider de la question , et faire cesser loutes les incertitudes; mais dcs Irlbus liosliles s'opposerent au plan du voyageur, qui dul se borner a alier d He- bron a Akaba par le desert de I'O. Dans ce voyage, M. Callier rencontra des vallees, enlre autres cellos de Djarafii, qui, a une distance de sept journecs de lamer Morte, se dirigcnt au N.-N.-E. vers cettc mer. Le voya- geur en conclut que le bassin de celle mer devait avoir, de toute antiquite , recu les eaux des monla- gnes du S., et il en con(;:ut des doules fort legiti- mes sur I'ancien ^coulemenl du Jourdain dans la mer Rouge (1), Mais pour arriver a une certitude il fallait completer I'exploralion de la vallee d'A- • (i) Journal Jes Siivanls JauviiT iS3G , i'. iC et suiv. (121 ) raba dans sa partie septentrionalc , el conslater I'cxis- tence d'un point de partage enlre les deux mors, roconnallre roriginc des penles qui devaient s'abaisscr, Tune versle N., I'aulre vers le S. Celte taclie etait ceile qui me restait h. remplir; elle offrait des dangers ac- crus encore en ce moment par reffet moral de I'insur- reclion des Druzes, qui reagissait sur I'esprit turbu- lent des Arabes, et les enhardissait d'autant plus a reprendre leurs habitudes de brigandage qu'elle avait neccssite le depart dc loutcs les troupes qui occu- paient les garnisons du Sud; ellcs venaient d'etre diri- gees vers le theatre de la guerre. En outre , je savais que les environs du Ghor elaicnt dcvenus le rendezvous de tous les conscrits r^fractaires , dont j'avais deja es- suy6 le feu au N. de la mer Morte. Je devais aussi lutler contre la volont6 des gouverncurs musulmans, qui employaient tous les moyens directs ou indirects pour me persuader de renonccr a une cntreprise qu'ils con- sideraient comme extremement p(!!rillcuse, voulant ainsi se meltre a I'abri de rcsp^ce dc responsabilile dont les chai'geaient les firmans qui me rccomman- daient h cux... Pour faire cesser ce genre d'obstacle, je dus preve- nir que je renongais au projet de 2)enetrer dans le Ghor meridional, et de suivre le Wady-Araba 5 que je me conlonlerais de me rendre a Wady-l\Iousa par la route ordinaire, et de la au mont Sinai par Akaba... Celle petite ruse me reussit parfaitcment ; le montseL liin d'Hebron ne fitplusaucune objection, etjepusquit- ter laville d'yVbraham pour me rendre dans la tribu des Arabes Djahelins, dont le schcik ra'avait promis de me fournir des guides et des chameaux. Je ne puis rcsistcr au plaisir dc temoigner ici a ( 122 ) M. Monfort, peinlre francais (qui avail cl6ja et6 sou- vent le compagnonde nies courses en Sjric),ma vivo re- connaissance pour la preuvecramitie et dcddvoucment qu'il me donna en consentant h m'accompagncr dans ce voyage avenlureux, qui paraissait devoir offrir si pcu d'inttiret a un arlisle. Nous ignorions alors que du haul des montagnes arides do Zoara, nous verrions se dcrouler dcvant nos yeux une des plus belles scc^nes qu'il ai't jamais et6 donne a I'homme d'admircr. Sc^ne de desolation et de majestd , empreinte au plus haul degr6 du cachet de la vengeance divine qui frappa il y a plus de qualre miilc anscette contree voudc aun dcuil etornel... J'ai toujours conserve I'esperance que la vive impression qu'elle produisit sur nous ne s'eflacera pas du souvenir de mon compagnon do voyage, et que, rcproduite par ses pinceaux, celte belle sc^ne ira cn- ricliir notre Musee. Si le vccu que j'exprime ici sc realise jamais, il m'obtiendra i'indulgencc du lecteur pour la petite digression danslaquelle je jne suis laissii entainer. L'appat d'un grand gain avail pu scul d(icider Ics Arabes h nous conduire dans le Ghor meridional. Enfin , tout 6tant r6gl6 , nous nous mimes en route ; dirigeant noire marche vers I'E. , nous eumes bientot depasse Ics dcrnieres tontes de la tribu. Ma petite caravane elait forte de dix liommes par- failement arm^s. Mon compagnon de voyage, moi- meme et mcs gens nionlions des dromadaires; deux Bedouins conduisaient les chamcaux de charge, tandis quelesquatre autres eclairaient la marche pour evilcr une surprise... Apres avoir marchti 3'" 45' sur une plaine ondul^e , nous apcrgumes tout-u-coup la mor Mortc h nos pieds, ( 125 ) mais a une prolondour exlrememcnt considerable, et nous commencames h descendre par une pontc lr5s rapidc, dont 7ious nc devions rcncontrerla fin qu'a- pres 5|, 55' de marclie. — Los cliameaux faisalcnt en descendant 80 pas d'un nielro par minute, ce qui donne pour Ics 5'' 55', 26,800 metres; si Ton lvalue ceite pente si rapide seulement a 5'^ par metre (1), on trouvera un r^sultat do i,54o metres. Ainsi , en ad- mettant que le point Ic plus 6lev6 de cette pente soit de iGo rafetres plus liaut que Jerusalem, on arriverait encore par ce calcul a trouver pour la mer Mortc la depression indiquce par la lecture baromelriquc faitc au N. du lac. On s'etonnerait avec raison que j'eusse cesse de me servir du baromelre pour determiner les nivcaux , si je n'apprenais, qu'a mon grand regret, un accident venait de me priver de cet instrument. Une heure avant d'arriver dans la plaine, je trouvai une source d'eau douce, des mines et de belles citcr- nes creusees dans le rocher qui marquent I'emplace- ment de Tsoliar , dont le nom s'est conserve chez les Arabes dans celui de Zoara. Quand, dans la suite de ce Memoire , j'examinerai comment la question qui nous occupe pourrait etre resolue par les deductions tirees des textes bibliques, j'aurai I'occasion de fairc remarquer Vimportancc de la decouverte de I'empla- cement de Tsoliar. Quant a present, je dois me boi'- ner aux arguments fournis par I'inspcction des lieux. La valine de Siddim ( le Giior meridional ) dans la- L' (i) Cctle pente serait un pen forte pour une route artificielle ; mais celle dont il s'.igit ici u'a cte tracce que par les torrents qui , pendant riiiver, descendent de la monlagne. ( »24 ) quelle je venais d'entrcr me parut absolumcTil ferm^e dc Irois c6l(^s; u I'E. par los mdntagnes d'Arabie, h rO. par colics de Zoara ot d'Esdoun (i), et enfin au S. par line ligne de coUines qui rdunit les deux chalnes princqjales. .. L'cndioit oil j'avais gagn6 la plaine est nomm6 El- Nafd6 parce que les eaux du Nahar Zoara qui I'arrose y font croltre une grande quantity d'arbres dc ce nom. De ce point, je marchai sur une plage resserrde entrc les monlagnes el le rivagc, et apn'-s I'avoir suivie pen- dant I'espace de 9,600 metres, je me Irouvai a I'extre- mite S. de la mer. A parlir do ce point , a mcsure que j'avancais dans leGhor, j'y irouvai un assoz grand nom- bre de troncs et de branches de palmiers qui nc pou- vaient y avoir et6 amends que par les torrents qui vicn- nent duS. pendant riilver, puisqueieGlior meridional neproduit aucun arbre de cetteespece. Jene tardaipas a renconlrer une quantite de pelits ruisscaux qui, ve- nant des monls Sales, se rcndent tous a la mer dans laquclle ils portent une quantite prodigieusc de sel. A 1 5,000 m6t. environ del'extremite S. i/40.du lac, je traversal le Wady Fukrt^ , I'un des principaux cours d'eau qui tombcnt dans celte vallee. On me pardonnera de m'arretcr un moment ici et d'anticiper un peu sur I'ordre de mon recit, maiscela est neccssairc a la clarle de I'argument que peul fournir a la discussion I'etude de ce cours d'eau donlje ne pus completer la reconnais- sance que plus tard, quand je revinsdePetra a Hebron. Les encaissements du Ghor du c6t6 de I'O. et du S. (i) Les monlagnes d'Esdoun , formccs d'enornies blocs de scl fossilc, (luivent correspoiidre aux.iiiouls Sales des Romaias et a ceux dccrits par Foulcher de Cbartres (recit de I'expedilion de Baudouin I'^cu Arabic). ( ^5*5 ) ne devraient prendre les noms ni de montagnes ni de collines , car ils ne sont, a propremenl parler, que Ics conlre-forls de deuxplaines dont celle de I'O., qui fait partie de la lerre de Chanaan.est la plus 6lev^e , et s'appuie par des contre-forls (connus des Arabes sous le nom de Djebel Y6men) sur celle qui s'^tend vers le S., entre le Wady Araba et la Medilen-an^e. Le Wady Fukre , alimente durant I'et^ par de petitcs sources , est considerablement grossi pendant I'hiver par les eaux pluviales qui tombent sur la plaine do Chanaan, et se reunissent dans une des dechirures du Djebel Y^men. La premiere direction du Wady Fukr6 doit n^cessairement etre dans le sens de Tinclinaison du Djebel Yemen, c'est-a-dire du N. au S. ; mais des qu'il en a atleint le pied et commence a couler sur la plaine inf^rieure , il appuie aussitot vers I'E. , et va tomber dans la vallee de Siddim qu'il traverse du S. 0. au N. E. pour se rendre a la mer de Sodome. Ne pa- railra-t-il pas Evident que le torrent de Fukre, dont le cours est fort rapide, eut continue a couler vers le S., au lieu de se replier vers IE. et ensuite au N. E., s'il n'avait ele contrarie par la contre-pente de la plaine qui vientmourir au pied du Djebel Y6men? D'apr6s ces indications , on sera dispose a croire avet; moi que le Wady Fukre marque la limlte de la pente qui du S. s'inclinc vers la mer Morte; il restera maintenant a examiner si I'origine de cette pente est h une grande distance, ou si, au contrairc fort rapprochee, elle pent etre altribuee h un soulevcment volcanique. C'est ce que la suite de I'exploration doit opprcndre. 2,000 metres apres avoir traverse Ic Wady Fukre, j'alleignis enfin le barrage ou plulot Tescarpement que j'apercevais do- ( '26 ) puis le matin; c'esl alors que je rcconnus qu'il «ilait fonrni, non par unc chaiue dc collines, niais par Ics conlre-forls de la plaine qui s'^lcnd vers le S. Celle esp6ce de muraille , do calcaire Ires IViablo ct siliceux, est toute decbiree pardc nombreux torrents, qui vont un peu plus loin former de grancte marais dont les ver- doyanlcs vegetations annoncent assez que I'cau qui s'y arrele n'est plus salee comme celle qwi a travcrsti les monts Sales. Aprcs avoir suivi le pied de I'escarpement pendant 7,5oo metres, je reconnus une source d'eau tbcrraale flulfureuse ( Ain Arousse) , el enfin looo metres plus loin, rouverlure d'un large et beau canal de ii5o a ooo metres de largeur encaiss6 par des escarpements de 5o a 60 metres d'el6vation. lei fmitle Gbor, et commence le Wady el-Araba, me dirent les Arabes. Ccrtes si la pente n'«^tait bien visiblement , meme a I'oeil , dans le sens du N. 0. au S. E., onne doutcrait pas un instant, en voyant ce canal, qu'il estle lit abandonne par lequel le Joui'dain s'ecoulait autrefois a la mer llouge. El c'est CO qui me lit dire , dans le commencement de ce me- moire, que la cbalne de collines, indiqu^es par MM. Mangles et Irby, n'eut pas et6 un obstacle h V6- coulement du fleuve; ainsiquand on a pcnse dernlorc- ment en Angleterre (1), que le voyage de ces Messie*us, en revelant I'existence dc ccttc cbaine de collines, avail fourni un argument conlre I'opinion alors gdnerale- mentadmise, on 6tail arriv6 a la virile par Terrcur. En effel, en eloignant la question des nivcaux dont on ne s'etait pas alors occup6 , la coupurc , dc^signce ici par le nom de AVady el Araba, aurail aussi bien jiu (i) Quarterly Review x838. ( 127 ) servir a emmenei" les eaux du Jourdain qu'a amenor dans le Ghoi' celles qui, venant du S. , arrosent el fer- tilisent une partie de la vall(^e, et lombent ensuile a la mer Morte. A mesure qu'on avance dans le Wady el Araba, il devient plus large; h 4,5oo metres do son embouchure il a deja 762 metres. Sa pente estrapidc; ses escarpements , coupes par les torrents qui tombent de droite et de gauche, ressemblent a des pyramides tronquees, et dhiiinuent d'el^vation a mesure qu'on avance vers le S. A 1 myriamelre 85oo de son embou- chure, apres avoir deja recu plusieurs Wadys d'une moindre importance, le Wady Afdcl, qui vientdel'E. i/4 S. , y depose ses eaux. 5,3oo moires plus loin, c'est le Wady Caseib qui vient du S. 0. Au S. de celte latitude, le canal cesse d'etre encaisse, ou si en certains endroils les eaux se sont encore creus6 un lit , ces berges n'ont plus que 2 ou 5 pieds d'dlevation, et des lors le Wady Araba, au lieu d'etre simplementun canal, se pr6sente comme une immense valine, born^e a I'E. parlachaine arabique , et a I'O. par des montagnes siliceuses se rattachant au grand desert qui s'^tend jusqu'a la Me- diterrani^e. C'est surtout alors qu'il n'est plus permis au voyageur de douter que I'existence du bassin, dont la mer Morte est le centre , remonte au-delh des temps historiques, et ne peut etre altribuee h une convulsion partielle , comme celles qui changent quelquefois le cours d'un ruisseau ou d'une petite riviere. Ici il s'agit d'une valine qui n'a pas moins de 1 7 a 1 8 milles g^ogra- phiques de largeur, partout sillonnee par une quantity de torrents qui se reunissent dans le canal principal pour couler avcc impetuosite vers la mer Morte ou ils vont s'engloulir. Jwsqu'aus approcUes de la naissancc de la pente, la ( »28 ) vall<^e conlinue a presenter le m^me aspect ; le voyageur a loujours dovanl liii un grand desert dont rhori/.on s'clend a niesure qu'il avance. Lcs monlagncs de droite et de gauche vcrsent leurs eraux par dos ravines, qui se dirigcnt invariablement dans le sens de la vallee principaIe(le'\Vady-cl-Araba) quilesr^unil, et les portc alamer Morte. C'cst i myriametre 6200 environ avant la naissancede lapente , que le voyageur rencontre ce terrain, couvert de larges galels, dont Burckliardt a parl6, et qu'il a d(!'sign villes et toute la plainc ; ct Abraham, regardant vers » Sodome etGomorrhe et vers tout le pays de la plaino, > ifit s'elever de terre une fum6e semblable a une four- » naise. » Si la vallee de Siddim cut ele recouvcrte par les eaux, cc n'eQt pas clt^ de terre qu'Abraliam eut vu s'elever cette fumoe semblable a une fournaise. II n'cxiste done dans la Bible aucunc expression qui puisse faire supposer que I'emplacemont des villes ait jamais h\.k submerge, et il me parait fort probable que la valine de Siddim n'est autre que le Gbor mdridional. Les partisans de I'ecoulcment du Jourdain vers la mer Rouge appuy6rontleurhypothese d'un autre verset de la Gencse , mais qui ne fut jamais cite que partiel- lement, bien que ccpendant il contienne a lui scul la solution de la question. 11 est ainsi concu : « EtLot, » elevant scs yeux, vit loutc la plaine du Jourdain qui, ( iSt ) j» avantque rElernel eut dctruilSodome elGomorrhe, > ^tait arrosee parlouty>/.y^M'rt ce qnoji vienne a Tsohnr, » comme le jardin de I'Eternel et comme le pays d'6- « gypte » (Gen., ch. xiii, § lo, traduction de David Marlin.) Puisque la valine de Siddira etait arrosee par- tout jusqa'a ce qu'on vienne a Tso/iar, il esl Evident qu'elle ne I'l^tait point au-dela, et comme il est bien admis que Tsohar etait a une lrt!s petite distance des autres villes, il r^sulte du sens de ce verset que le Jour- dain n'allait pas plus loin avant que depuis la convulsion qui an^antll les villes coupables. Comment done a-t-on pu s'appuyer sur ce temoignage de la Genese, pour prouver que le Jourdain coulaitplusde gomilles geog. au-dela de la limile que le verset meme lui assigne. J'ai deja parl6 dans le commencement de ce m6- moire, de la d^couverte de I'emplacement de Tsohar, ct il est trop important de bien dt^terminer sa position ( puisqu'elle est indiquee comme la limite du cours du fleiive ), pour que je ne m'atlache pas a prouver que la source d'eau douce , le petit fort arabe , et surtout les citernes creusees dans le vocber, qui portent au- jourd'hui le nom de Zoara (i), marquent bien I'em- placement de la ville de Tsohar, dans laqnelle Lot ob- tint la permission de se retirer avec ses deux fdles pour ecbapper a la vengeance c(^leste. Je n'ignore pas que d'AnvlUe, et d'apres lui d'autres g6ographes ont place Tsohar a I'extremite S. E. du lac Asphaltite , tandis que c'cst bien aussi vers la m§me latitude que j'ai trouve la Zoara des Arabes , mais au bas de la penle des montagnes de I'O. Je ne crains ce- (i) Et non pas Zoht;'™/;, lorrertion toiil-a-fait inexacle, et que I'on fit je ne sais poiirquoi, en publiant des extraits de mon voyage dans le Journal de la Sociele rojale de geographie de Londres ( volume 9, 2* parlie , page 177. ) 9» ( i30 pendant pas do dire que cette dernifcre posU'ion est beaucoup plus conforme que la preraiore aUx ren- scignemenlshisloriqucsquenousposs6donssur cesujet. On est d'abord poi te a faire un rapprochement entre la transformation miraculeuse de la femme de Lot en une atatue de sel (i) , et I'existence des masses de cette substance sur la rive occidenlale. Josephe dit positive- ment que de son temps on voyait encore la colonne de sel, ct TertuUien, qui vivait au iii' siecle, sera- ble insinuer que du sien la statue ou colonne exis- tait encore sur un proraontoire de la rive occidcntale ; et c'est aussi sur cette rive que la placcnt par tradition les Chretiens du pays. Je dois aussi appeler I'atlen- tion sur une autre circonslance : il existe dans la montagne, a 8 ou 9 kilometi-'es de I'emplacemcnt de Zoara , une grolte qui porle le nom de Mgha- rat-el-Daboura, ce qui signifie, en Arabo vulgaire , la grotte de la deception. La position, comme le nom de cette grolte, ne convienncnt-ils pas parfaitement h celle dans laquclle Lot, s'ctant refugie apres avoir quitt^ Tsohar, fut enivr6 et trompe par ses fiUes. Si Ton objectait que le mot hebreu Tsohar, en passant dans la langue arabe , n'eut pas du ctre change en celui de Zoara, je renverrai al'exlrait d'une letlre qui me fut adress(ie sur ce sujet par le docteur Loeve, et que j'ai place h la fin de ce memoire comme pi^cc justificative. Les noms de Sodome , Gomorrhe, Adama, Se- bolne ne reparurent jamais que pour rappeler le ter- rible (!!vencmcnt qui aneanlit ccs villes; landis que (i) Le tcxte hebreu cl Josei)he avcc lui disent une colonne, et non pas une statue dc sel. •c ( i55 ) nous Savons qu'il y eut long-temps encore apres la catastrophe une ville du nom de Zoara, sltuee sur les confins de la Jud^e et de I'ldumee , et Joseplie nous apprcnd qu'elle avail et6 enlevee aux Arabes par Alexan- dre, pore d'Hircan [Histoire des Jiiifs, liv. XIV, cli. ii), et ailleurs il indique Zoara comma etant la limite du lac AsphaltUe du c6l(§ du S. (Guerre des juifs, 1. IV» ch. xxvn.) Ainsi done, il ne peut y avoir aucune dllfi- culle a admeltre que le nom liebreu de Tsohar soil devenu Zoara en passant dans la langue arabe, et si Ton trouve encore aujourd'liui des traces certaines d'habitalion (comme une source d'eau douce et d'an- tiques et belles citernes ) dans une localite qui non seulement a conserve le nom de Zoara, mais encore en a dote les montagnes environnantes et le princi- pal torienl qui les traverse, il me parait hors de doulc qu'il prt^cise bien Templaccment de la ville dans la- quelle Lot se rdfugia, et par consequent la limite du cours du Jourdain. • II me semble que I'inspection topographique des lieux aussi bien que les renseigneraenls histori- ques s'accoi-dent paifaitemenl pour prouver que le Jourdain n'a jamais coule au-dela des limitcs actuelles de la mer Morte, et que cetle derniere a toujours dii exister, dans des limites plus ou moins etendues, puis- qu'il serail impossible d'admeltre que la prodigieuse quantile d'eau qui arrive dans la vallee de Siddim , aussi bien du N. , du S. , de I'E. que de I'O., ail pu s'y arreler sans y former un grand lac. Une autre question, non moins interessante que celle du cours du Jourdain, rcsle encore \x examiner; e'est celle du niveau de la mer Morle par rapport aux deux autres, la mer Rouge et la Mcdilerran^e... Celte ( iB4 ) queslion, j'avais cspt-r^ la r^soudre par une sdrie d'ob- servalions baromelriques. Mallicurciiscment un ac- cident me priva de mon baromctre, et ma cbaine d'observations fut inlerrompue a rexlri^inil*^ N. da lac Asphallile. Au S. de celte latitude, je fus r^duit a chercher les niveaux en determinant le dogr6 d'6- bullilion de I'eau. On sait corabien celte methode d'observation n<^ccssile de precautions, surtout quand on est, comme je Ic fus, prive des instruments conslruits ad hoc, et quand on voyage au milieu de peuplades sauvages et conduit par des guides aux- quels I'amour des d6couverles ne fait pas oublicr le danger qui les menace. Aussi, sans demander qu'on admetle les chiffres de mos observations, je ferai ob- server qu'ils indiquent claireraent le mouvement des terrains par leur progression dcpuis la mer Morte jusqu'a El-Sale , qui en est a 5i milles g^og. , et par leur decroissance depuis ce point jusqu'a Akaba, c*est-a-dire pendant 4i milles g^og. Arrive a Akaba (i), aprts avoir explore dans toutc sa longueur celte vallec jusque la inconnue, du moins dans sa parlie septenlrionale, cette vallee si redou- tee des Arabes eux-memes, j'^prouvai un bien vif regret , en pensant qu'un incident comnic la rupture d'un instrument venait de me priver d'un des princi- paux rdsullats que je m'etais promis en entreprenant 06 p^nible et p^rilleux voyage; mais je ne voulus pas (i) Le cliateau d'Akaba , silue au milieu d'uu prtit Oasis a la poinle nord du fjolfe Elaniti(|ui', fut roii'itniit dans le xvi"" siecle par El-Glioury, sultan d'Fpypic: anjnurd'hui c'cst nne des stations de la caravane qui part de l'K;;yple (jour la Mfcqiie. Autrefois, sur le incme emplacement, s'ele- vait la ville qui I'ut iionimce Klolli par les Hil)rfU\ , Elaua par les Grccs et les Remains, Ailah par les Arabes. Ce fut du port dElotb el de celui d'KsioB-Gaber que partircnt les ilottes que Salomon envoya eu OpUir. ( 1 35 ) m'avouer \aincu , et je pris avec moi-menie la resolu- tion de compleler par une seconde exploration ce que les ciroonstances ne m'avaicnt pas permls d'accomplir dans cctte premiere. Je resolus dus lors de determiner la valeur de la depression du lac Asphaltile par une serie d'observations barometriques, prises sur toute la longueur du Jourdain depuis sa source jusqu'a son emboucliure. Ce plan une fois ari'el^, j'allai visiter la capilale des Nabateens, puis jc repassai a Hebron , a Jerusalem, et je revins a Beyrout pour y relablir roa sant6 et y attendre de nouveaux instruments que je devais faire venir d'Europe. BEDXiiiME PARTIE. Ce ne fut qu'apres avoir accompli la premit^rc re- connaissance dpnt je viens de rendre compte , et pendant que j'altendais a Boyrout les instruments neccssaires pour entreprendic celle qui me reste a docrire, que je pus lire dans les numeros du Journal des savants, du mois d'octobre i855, I'articleouM. Le- Ironne discuta et resolut negativement la question de I'ecoulement du Jourdain vers la mer Rouge. Le savant critique que je viens de nommer est place si liaut sur I'echelle intellectuelle, qu'il y aurait de la presomp- tion de ma part a oser louer la merveilleuse sagacite qui lui fit d^couvrir la v6rite au milieu d'argumenls qui tous concluaient h I'erreur, Cependant je ne puis r^sister h ajouter encore queje fus tellemenl frappe du merite de cct article, qu'en lo lisant il m'elail impossible de me persuader que celui qui I'avail 6crit n'avait point ( i36) visile Ics localiltJs, ct que c'^tait par prevision qu'il ri^v^lait si minulicusement lous Ics trails que je vcnais de d^couvrir. J'altendis long-temps Ics inslrumcnts que j'avais de- mandes en Europe ; les longueurs qu'entrainent les comraunicalions a d'aussi giandes distances ne me permirent d'enlreprcndrc I'exploration de la vallee du Jourdain qu'au mois d'avril do colte annee ; il v a six mois a peine, j'etais encore sur les herds du fleuve sacrc!; que je viens de suivre depuis sa source jusqu'a son embouchure. Au moycn de deux haromelres , j'ai pris une serie d'observations dans toule la longueur dc son cours; quand j'ai rcnconlrc Ic lac de Tiherlade, j'en ai rcconnu les hords; j'y ai naviguo , el j'en ai fait une figure, tant en en relevant les contours a la boussole ct au pas, qu'on en liant les points princi- paux par des triangles. Mais sans anliciper davanlage sur I'ordre dc mon itineraire, je le reprendrai a mon depart de Beyrout, que je quitlai pour Beit-el-Din, residence de Temir Beschir. Des lellres qui m'avaient ele donn^cs par le g(5ncral Solvman-Pacha, notre compatriote, me valurent de la part du prince I'accueil le plus aimahle; il s'em- pressa de m'offrir une escorte pour traverser le Lihan et gagner Hashcya. La helle residence de Beit-el- Din, voisine du village de Deir-el-Ramar, est a 2 myriametres dans la direction E. , 55° au S. de Beyrout, la lecture haromdlrique lui donne une c\6- vation de 707 metres 5 au-dessus de cettc ville si- tuee, comme vous le savez, sur le hord de la Mediter- ranee, 011 a cetle 6poquo de Tannic le harometre n'6- prouve presqucaucune variation , ct se mainlient a 28 ou 757""",96.C4ette circonslance du niveau constant de la colonne dc mcrcurc pendant neuf mois de rannee est ( '57 ) urie garanlie de I'exaclitude des nlvellemcntsLarom(5- Iriquos que j'ai obtenus, et elle rend moins regret- table I'absence d'observations simultanees sur le bord de la mer , et dans Ics localites dont on cherclie les niveaux. En quiltant le palais de I'emir Bescbir , la route que je suivis continue dans la direction du S.-E. sur un grand plateau qui va aboulir a Tescarpement profond, et presque perpendiculaire au pied duquel coule le fleuve El-Barouk, qui, avant de tomber a la mer, a environ 3 kilometres au N, de Sidon, prend le nom de Nahr-el-Eweli, le Sabatticus des Ht^breux, men- tionne par Josephe; on traverse le Bnrouk sur le Djessr- Djaideh, a environ G 1/2 kilometres de Beit-el-Din... De ce point, dans une direction presque S. , on suit la rive gaucbe du Barouk, traversant plusieurs do ses affluents jusqu'h une distance d'un myriamelre 3 kilo- metres au-dela. Le fleuve, en appuyant a I'O. , s'eloi- gne de la route qui continue pendant un pcu plus de 9 kilometres, toujours dans la meme direction jus- qu'au village clirelien de Djesin , ou la lecture baro- melrique fut de 683""", Ss , egale h une elevation de 877 metres 4- De Djesin, on suit une direction S. 10° a VO. sur un plateau ondul(^ par de petites collincs ferrugineuses , et a la distance d'un myriamelre , on rencontre le miserable village de Kefarliouni (i) , dont les habitants, pour la plupart Mutuwalis, extraient le fer au benefice de I'emir Beschir, Le peu de terrains cultives par les habitants de Kefarliouni sont arroses par le ruisseau de ce nom qui va ensuite tomber a la mer ( sous la d^nomina- (i) Kefarliouni est le point Ic plus elevc de la route que je suivis pour me rendre a Hazbeya ; la lecture barometrique fijt de 676""" 7 5, et corres- pond a une elevation de 957"" 07, ( 1^8 ) tion de Nahr-ol-Zhrani ) enlre Sidon et Tyr. Au- delh de Kefarhouni, marchanl loujours a peu pros au S.-E. et sur la cime des monlogncs nominees Djcbel- el-Piihan, ou croissent sur un sol sablonncux, rou- ge&tre et contenant beaucoup de fer, quelques buis- sons de chenes verls et des pins , on arrive, apr^s avoir parcouru un pou plus d'un dcmi-myriam^lre dans le Wady-Medoun , que Ton suit pendant 6,000 metres, et qui conduit par unc pcnte tr^s rapide sur les bords du Nahr-el-Lcilanch , qui plus bas, cbangeant son nom contre celui de Rasmieh , va porter ses eaux a la picr a 6,700 metres au ^. deTsour (Tyr). Ce fleuve, le Leonles des anciens, se presenle a celle latitude sous un aspect riant et pittoresquej les platanes et les pcupliers s'clanccnt au-dessus de I'l^pais ombrage des figuiers et des saules qui garantissent de I'ardeur du soleil, les brillantes fleurs des daphnes qui croissent h leurs pieds; un pcu plus baut, ces riches vegetations sont remplacees par un double escarpe- ment perpendiculaire forme par des blocs d'un tres beau calcaire, qui me parut parfaitement semblable a cclui que les anciens employerent dans la construc- tion des temples du Soleil ii Baalbek (lleliopolis). On traverse le Leitaneh ou Leontes sur le Djessr- Borghoz, porte sur trois arches en ogive; a cettc lati- tude, le niveau du fleuve est encore de 56i"jo5 au-dessus de celui de la Mediterrande. Apres avoir passe sur la rive gauche du fleuve , on suit environ 1,260 metres une pente qui s'cil^vc jus- qu'a une plaine susceptible de la plus grande forlillle, mais prcsque absolumcnt d^serle ; on la traverse en suivant pendant i,4oo mt'tres une direction S. lo"' a I'E, , et Ton descend alors pendant 888 mclyes direc- ( i39) tion S.-E. pour arriver dans le Wady-Hasbani, oii Ton renconlre Souk-el-Khan, grand caravaserail ruine pr^s duquel il se tient un marche hebdomadaire. De la, apr^s avoir suivi pendant i;35s! metres une direc- tion E. 20" au S. , on arrive au village chr^tien de Kaoukaba , situ6 sur le jienchant de la valine , et au milieu des plus riches vegetations , sans cesse arros^es par les eaux d'une magnifique Fontaine; a lo minutes au N. de ce village , il y a sur une penle crayeuse des puits de bitume, Biar-el-Hommar, exploilds au profit du gouvernement ^gyplien par les habitants de lias- beya, et c'est enfin a 10 minutes au N. de ces puits que Ton Irouve la premiere source du NahrHarbani, que la lecture baroraetrique place iSo™ au-dessus du niveau de la mer. Ici se pr^sente une question qui me parait d'un haut int^ret g^ographique , car il s'agit de depla- cer les sources du Jourdain, indiqu^es h. El-Cadih par les uns et au rocher de Banias ou Panium par les autres (1) , pour les remonter d'environ 2 myria- m^tres vers le N. h la source de Ilasbani. Cette source marque la tete de la vallee, qui ouvre ces deux longs bras de montagnes entre lesquels le fleuve sacre coule jusqu'a son embouchure dans la mer Morte. Puis- qu'aucun obstacle n'interrompt cette longue vallee, qui commence a la source de Hasbani , a I'endroit ou I'Anti-Liban et le Liban se separent de nouveau apres s'elre rapproch^s pour enfermor (2) la Ca^le-Syrie, ne parallra-t-il pas plus convenable de la designer, (i) Jciephe , Histoire des Juifs , liv, XV, chap, xill , § 673, p. 68. (2) Ces deux chaines, en se rapprochant, laissenl cependaut tonjours eutre ellcs uae etroite vallee qui sert de lit au Leontes. ( j4o ) dans loute sa longueur , par un soul et meme nom, cclui de vallee du Jourdain; car s'il en est un qui merite la pi^fdrence sur lous les autres , ce ne pcut elre que le plus celfebre. Ceci une Ibis adopts, les peliles rivieres qui prennent leur source a Banias ct a Tel el Cadih ne seront plus considerdes que coramc des af- fluents du Jourdain, et cela sera, je crois, plus ralionnel, puisqu'il n'est pas ordinaire que les tributaires impo- $ent leur nom k leur suzei'ain. Je Irouve ici roccasion dc faire remarquer que tout le pays qui s'^tend depuis le Taurus jusqu'a la mer Fvouge, estcoup6 par une scrie de valloes qui forment une ligneduiN. au S., et qui communiquent toutes en- tre elles, a I'exception ccpendant du barrage form(^ par le changement de direction du Liban et de I'Anti-Liban; mais meme en cet endroit il serait facile d'ouvrir une communication sans de Irop grands travaux, en pi'ofilant de la vallee par laquelle coule le Lcitaneh. Quels im- menses avantagcs une nation civilisee ne pourrait-elle tirer d'une telle configuration, qui se prolcrait si mer- veilleusement a retablissemcnt d'une na\igation a va- peur sur les principauxlacs, liesentre eux par des clie- mins de for qui suivraicnllcsbords desfleuves! Maisces considerations sont tout-a-fait etrangercs au titre de ce m^moire, et je dois, quant a present, m'y renfermer, I'^servant pour un autre travail ce qui ne se rattaclierait pas a la question de la depression du Jourdain. La lecture baromelrique faite a la source dc Ilas- bani, que je n'ose encore nommcr celle du Jourdain, me fit dt^ja supposer que les nivellements barometri- ques, fournis par mon premier voyage, ne s'eloi- gnaicnt pas autant de la verity que le pensa M. le capitaine Callier. ( i4i ) Apres avoir reconnu la source dont je viens de parler, j'allai visiter la petite ville de Hasbeya, sltuee a pcu de distance sur un mamelon qui se rattache i Djebel el Scheik, et au pied duquel passe le fleuve que Ton traverse sur un petit pont(i). De la j'eusse desire suivre ses Lords pour en indiquer exactement les de- tours, mais j'en fus einpecb6 par le syst6me d'irri- gation employ^ par les Arabes qui, a cette epoque de I'annee, ouvrent des canaux pour amener I'eau sur leurs terres. Je dus done me contenter de suivre la pente des montagnesdel'E. (Djebel-Refarscbouba ou Sebeba), - me tenant aussi pros que possible des rives du fleuve. Les montagnes qui sont sur la live droite, c'est-a-dire a rO. , sont connucs par les differents noms de Djebel Hounin, Djebel-Safat et Djebel -Caddes, c'est done entre ces deux cbaines que s'etend la riche et belle vallee, nomm^e par les Arabes Wady-Hasbani. Le fleuve qui la traverse va toujours s'enricliissant des toi'rents et des ruisseaux, qui y tombent de droite et de gaucbe; j'ai indique sur un ilinei'aire separ6 les noms des principaux. Apres avoir depasse le village de Ras- clieiat El-Foughar, situ6 a environ G,5oo mt;tres au S. : de Hasbeya, la route que je suivis descend dans la val- lee ; a 1,110 metres de Ici , on voit sur le penchant de la cbalne de I'E. les villages de Koufer-Schoba et de Koufer-IIamam ; 2,g4o metres plus loin, c'est celui de El-Rhraibeb. Apres avoir parcouru encore 2,100 metres on se trouve sur un terrain qui parait fortement imi- pregn*^ de minerai de fer, les pierrcs y brillent comme des diamants; puis on traverse le Nalir-Srin, affluent du fleuve principal, eton rencontre de grandes prairies (i) Djcssr Moy et Hasbeya. ( '4^ ) mar^cageuses sur lesquellcs croisscnt des choncs do resp{;cc du qucrcus Circe; 5,ooo metres plus loin, on laisse h droite dans la valk^c un miserable petit village El-Ghadjar-el-Arbein; on continue a traverser desmarais, mais en inclinant un peu vers I'E. pen- dant 1,260 m»!'tres; apr6s quoi on marche a I'E. 55° au S. pendant 2,56o metres, jusqu'a ce qu'on ren- contre le tracti d'une ancienne route qui conduit encore aux ruines de Banias (1 ), on le suit pendant 2,940 mo- ires et on arrive a la ville , apres avoir traverse sur un pont antique le Nahr Banias qui y prend sa source, ct ad^jareru les eaux duNalir-El-Schaarehqui vient de ArdhEl-Medjel ; ces cours d'eau r6unis coulenlensuite dansle lac Samachonite (Bahr-El-IIoule). Le ruisseau de Banias sort d'une grotte que la nature a creusee dans un vaste rocber, sur lequel on peut encore lire plusieurs inscriptions grecques que je publierai plus lard. Plac6 sur la terrasse de la maison du Sbeick El Beled {2) h Banias, je pus prendre a I'aise des angles sur les points principaux qui m'cnvironnaient, et rectifier ainsi plusieurs ])ositions qui ne sonl pas bien indiquees sur la carte de Bergbaus. On les trouvera sur mon iti- n^raire, et je me contenterai de signaler ici la princi- pale rectification qui concerne la position de Tel El Cadih. Ces sources, indiquees sur la carte donl je fiens de parler k G.ooo metres sur un angle de 20°, se trou- vent au conlraire situ6es Jj environ 5, 000 mMres et sur un angle de 285". En quittant Banias ct marchant (i) Banias 011 Paneas fut nomrriee Cwsarea Philippi par les Romains, et Dan par les juifs. (2) Les fouctions du Slieick el Bdcd ou cliuf du jiays sont les memcs que celles dun maire de village. ( i43 ) d'abord h I'O. 35" au N. et ensuite a I'O 40" au S. on atleinl, aprfes avoir parcouru 4.1C0"', Tel-El-Cadih (1); c'est un petit tertre oblong, convert de beaux chenes, au milieu desquels on rencontre une source abondante, connue des Arabes sous le nonide Neba-El-Leddan, et consideree par les geographes modernes comme la source du Jourdain. La lecture barometrique place Tel-El-Cadih a loo"* au-dessus du niveau de la mer. La temperature de I'eau a la source 6tait d'un degre au- dessous de celle de I'air. En continuant a marcher pen- dant 2,100 metres sur un terrain, couvert de pierres noires melees de fer et de sable, on rencontre le Wady-El-Dfda, qui prend son nom de I'abondance deg lauriers-roses qui y croissent; ce lieu, tant par sa si- tuation que par son nom , me parait correspondre a I'emplacement de la ville de Daphn6 (2). On suit le Wady pendant 1,260 metres dans la direction de I'O. 20° au S., et on arrive enfin sur le bordd'une ravine, profonde de 20 metres environ , au fond de laquelle coule le fleuve que je vous ai propose de nommer le Jourdain, et que Ton traverse sur le Djessr-El-Ghadjar, port6 sur trois arches en ogive(3). L'escarpement cesse bient6t,etle fleuve sedivise en deuxbras qui coulent dans la plainc. Le plus elroit, qui n'est qu'un canal creuse pourl'irrigation, se dirige vcrsles montagnesdeTO., cl forme avec labranche principale une esp^ce de Delta , vers la pointe N. duquel il y a un miserable village Ard-El-Zouk. Cette plaine est inculte, mais suscepti- (i) On voif a Tel el Cadlh des ruines qui sont peut-etre les restes du bcEuf doi e (Josephe, Guerre des juifs, liv. IV, chap, i .). (2) Josephe, Gueire des Juifs, liv. IV, chap. i. (3) A. celle lalilude le fltuve a environ lo metres de largeur. ( IH) Lie de la plusgrande ferlilil6. Apr^s avoir plusieurs fois traversed le bras occidental , on rencontre des marais tourbeux, jonches de pierres qui paraissent lout ;i la fois siliceuses et ferrugincuses. Enfin ayant march6 pendant a peu pres 5,ooo metres dans une direction O. 20° au S. , on arrive au pied des montagnes connues sous le nom de Djebcl-Sat'at ; la on rencontre des pierres volcaniqiies. Alors on traverse le Nahr-Bragliil qui sort des montagnes, au pied desquelles passe la route; bienlot ce cours d'eau se diviso aussi en deux bras qui coulent vers le lac de lloule ; a 2,120 metres au S., il y a un miserable village dont les cabanes sont con- slruites en joncs. Pendant 2,000 metres la route in- cline 55° vers I'O., et traverse des marais dans lesqucls croissent beaucoup de joncs et d'iris blanches; Ics pierres qu'on voit sur le sol sont d'un gr6s blancbatre. La route reprend la direction du S. , pendant 2,000"', apres quoi elle continue a I'E., puis reprend la direc- tion du S, , et on rencontre encore quelqucs luiltes , nommees Basimoun; a gauche de ce hamcau il y a de grandes mares, form^es par la reunion des cours d'eau quiviennenlduN.,derE. et de I'O. Au pied de lamon- tagne, on voit une quantite de decombres qui doivent marquer I'emplacemcnt d'une ville. A i,4Go metres au S. de ce point, on rencontre Ain-el-Blala; la lecture baromelrique indiqua le niveau de ce point a 56 me- tres 1 centimetre au-dessus de la mer. De la j'allai vi- siter les ruines de Caddes, I'une des villes de refuge pour les Israelites qui avaienlinvolontairementcommis un crime (1). Les habitants me dircnt qu'excople El- Bent-el-Meleck, nom par lequel ils desiguent lady Esther (i) Jojui , chip. XX , § 7. '"" ( iA5 ) Slanliopc, aucun Europ^cn n'avalt jamais visited leur village; j'en ai copic; Ics monuraenls, ct jo les ddcri- rai dans ua aulre lieu. La lee lure baromctrique place Caddes a 409", 8 au-dessus de la mer. Rcdes- cendu sur le Lord du lac Samaclionite (1) , j'aurais desire en faire le tour, mais ses rives sont renducs im- pralicablcs par Ics marais que forment ses deborde- mcnts siuloul du cote du N. , de I'E. el du S.; je dus me borner a mosurer le rivage du cote dc I'O. Sur le bord du lac le barom^lrc indiqua unc lugerc depres- sion de G"\io/j. La lemperalurc de I'cau sc Irouva clre la mcme que ccllc de I'air. La memo cause qui s'op- posait a cc que je fisse le lour du lac m'empecliait aussi de suivre le bord du fleuve depuis El-Bahr-IIoule jusqu'a El-Bahr-Tabarieli; je dus done me rapprocher des monUignes qui sont vers I'O. pour Irouver une route pralicable, J'avais rencontre sur les bords du lac deux campemenls d'Arabes, I'un sous les ordrcs du scheik Ali, I'aulre sous ceux du sclieik Malimoud; ce sont les seuls babilanls de ce terrain si ferlile qu'ils nommenlArdh-el-Klieit. Aa.giljomelres deleurslenles, on traverse le Nabr-Hindadj(!;h afiluent du Scli(!;riaa ; 9,8Go melres plus loin, on trouve le Wady Faram qui se dirige aussi vers le Ordan (2); 5,58o'" plus loin, c'cst le Wady el-Tawala ; de la on apergoit la ville de Tibe- riade. Apres 2,000 moires, on Irouve Djoub-Yousef ou (i) Doiit le iiom aiabe est Kahr 011 Buhiat-il-lloulo. Balir siijiiifio Mer, el Bailial petite nii r on Lac. (2) Lis Arabi s llL■.si^n(■;ll par Ics iiuiiis de Oidan el JeSdieriaa la parlic du lleuve (litre li^ilir e!-lluii!e el Balir Tai)aiiiii. An suJ de cc dernier lac, lejdiirdaiii conserve le nom de .Sooo metres apres El-Medjdcl , le lac recoit le Nalu-Rabadieh : 4.5oo metres plus loin, le Wady- Amoudy debouche; i,o5o metres au-delA, on trouve Khan-el-Minia , ou N.-S. J.-C. delivra le Gadar(5en du malin esprit et le fit passer dans un Iroupeau de pour- ceaux qui sc precipilerent du haut de la collinc dans ( i47 ) le lac. D'anciens aqueducs passenl sous cello colline et conduisent I'eau qui fait tourner les moulins de El-Tabagha, pres desqucls il y a une source d'eau Ihermale, Tannour-Ayoub. A 2, loo m6tres dela source thermale, on voit des ruines qui conservent encore le nom de Kafarnaboum. 2,100 metres plus loin, d'au- tres ruines couvrent une grande etendue de terrain ; leurnom estEl-Ascheh-el-Kebir. Enfin, a 1,000 metres de ce dernier point on trouve rembouchurc du Jour- dain, le Scberiaa des Arabes qui forme de vastes ma- .rais a droite et a gaucbe et une petite ile dans le milieu de sa largeur. Jc inis pled a lerie sur un sol tout vol- canique qui ressemble a de la lave r^duite en pous- siere , comme ces ricbcs terrains qui sont sur les ver- sants du Vt^suve et dans File d'Iscbia. Sur la rive gaucbe du fleuve je reconnus les ruines d'unc ville, probablement Julias ? Les Arabes les nomment El-Aara- dj6. A peu de distance sur les raonlagnes vers I'E. on ra'indiqua d'aulres debris de conslruclions nom- nioes El-Mascbadieb , et Koufer-HareJj; puis ensuite Euklyah, qui est sur la rive droite du fleuve et pres de son emboucbure. Lelong des montagnes qui bordent le lac vers I'E. ,je vis d'abordEl-Kliodra5,5oomelresE.35°auS. dd'cmbou- chure duJourdain,puisa3,ooometresau S. duRbodr; El Briscba et un myriamfetre vers le S., 2 5 al'O. de ce dernier point, on rencontre I'ouverture du Wady El- Semak, longue vallee qui traverse tout le systeme des monlagnes craycuses qui separent la Judee desplalnes de la GaulanitidcetdcrHauranilide. Aussi les Arabes la nommenl-ils le cbcmin du Ilaouran. Si jamais ce beau pays so civilisait, et que le systeme de navigation el de cheiBin de fer dent j'ai pailti plus Uaut se rialisAt, 10. ( »48 ) le Wady cl-Scmak deviendrait comme le vorailoiie qui, apres avoir reuni tous les embianchemenls de I'E., les meltrait en communicalion avec le nord et Ic sud. A 5, Goo metres au S. dc Wady-el-Scmak , se trouve I'ouverture d'une autre vall(ie qui porte indis- tinctemenl les noms de Wady-Om-Keb et de Wady-el- Naquib; unvieux fori construit au sommet de I'escar- penicnt gauche de ce Wady en commande le passage; les Arabes le nomment Calaat-el-IIossn. A 5,5oo jniilres S. ,55' a I'E., on me monlra sur la monta- gne un caravanscrail en ruine, Rhan-el-Kouair, et a 2,760 mclrosS.-O. de cc premier, unaulroconnu sous le nom de Klian-el-Okboh; en suivant la meme dircc- ton, on trouve 1, 5oo me Ires plus loinle petit village de Douarban,et 1,700 metres au-delade ce dernier, Rboui- bet et Tamarali. Dela, pour continuera contourner le lac, on s'eloigne du pied des montagnes, el suivant une direclionO. So" au S., on traverse une plaine partielle- menlcullivee. Apres 2,75omelreson arrive au miserable hameau de Semak, et continuant a marcher vers I'O. pendant 2,000 metres, on vient passer le Jourdain, quand il est gueable, pres du pont ruine connu sous le nom de Djessr-Om-El-Canater; alors on change tout-a-fait de direction pour suivre la rive occidentale du lac, et apres avoir passe le pauvre hameau de Ka- rak , situe sur un petit promontoire a 1,260 metres du pont ruine, et avoir rencontre les ruines de Kedisch appuyt^es a la montagnc, on s'ari'ete aux sources d'eau Ihermale sulfureuse pres dcsqucllcs Ibrahim- Pacha a fait construire d'assez jolis bains qui sont a G,5oo metres N. 25<» k I'O. de Karak et a 3,5oo metres S. de la Tour du Nord de Tiberiade, d'ou j'etais parti pour contourner le lac. Au S. de la \ille de Tibc- ( ^49 ) riade, depuis le bord du lac jusqu'au pied do la mon- tagne, le terrain est jonche dc ruines antiques parmi lesquelles il y a un grand nombre de futs de colonnes en granit gris qui doivent appartenir h I'ancienne Ti- berias. Josephe, qui donne une description si seduisante de la position deTib6riade,cite, enlre autres avantages, que les eaux dulac restent toujours froides, quelle que soil d'ailleurs la chaleur de la temperature. Je dois dire que le thermomelre n'est pas d'accord avec I'liistorien. Jusqii'a Tiberiade j'avais voyage sans trouvcr d'obs- tacles dilTiciles a surmonter; mais quand j'annoncai ma resolution de suivre le Giior jusqu'a la mcr Morte, ce fut a qui me delournerait de ce projet. Les Arabcs qui le IVequentent, me disait-on , ctaient tous en ar- mes et guerroyant les uns contre les autres : de bons et devoues amis arabes que j'avais connus autrefois a Nazareth ayant appris mon arrivee a Tiberiade m'ecri- vaient pour me supplier de ne pas esposer ma vie en chercliant a avancer vers le sud. Resolu a nemelaisser arreter par aucune difTiculte , je me mis en route, ayant pour guide un cavalier irregulier, charge par le Mout- sellim de Tiberiade de me conduire chez celui dc Bi- san (ancienne Scythopolis) afin que jepussc concerter avec ce dernier le meilleur plan de voyage. Apres avoir depass(^ le village de Karak, situ^ a I'extremit^ S.-E. du lac, on suit une ligne S. 20° a I'O. Apres 2 ,000 metres on I'encontre le Djessr-Om-el-Canater; 2,000 metres plus loin , on traverse le petit ruisseau de Mansoura , 270 metres au-dela ce sont les ruines d'un second pont Djessr-Dalkieh; a 180 metres du pont le Jourdain fait tourner des moulins, a 270 metres desquels on passe le Wady-el-Fadath; puis, apres avoir parcouru encore 1,170 metres, on arrive au pavivre hamcau de El-IIaba- ( »5o) dieh, dans lequel cinquante a soixantc families musul- manes vivent sous des hultes construites avec des joncs et de la boue ; d'aulres ne sont abrildcs que par des natles. Le Jourdain s'avance en se I'epliant sans cesse sur lui-meme comme un immense serpent. Quelque- fois il coule au niveau de la plaine, quelquefois dans un lit qu'il s'est creuse a tiavers les collines qui se Irouvaiont sur son passage. Ses bords, quand il coule sur la plaine , sont toujours garnis de riches et bril- lantes vegetations. Parmi les aibuslcs on remarque un grand nombre d'indigotiers et de lauricrs-roses, de la- vandes et de tamaris. A 1,980 en suivant toujours la meme direction, on passe le ])clit ruisseau de Anin, qui prend son nom d'un village silue sur les monla- gnes de I'Ouest. 4^0 mclres plus loin , on traverse un autre ruisseau Mzagbit; alors en marchant pendant i,55o metres au S. , i5° a I'E. , on arrive au village de El-Bacaa, silue sur la rive droile du fleuve, qui est large , rapide et encaissc , et de Delamieh conslruit en face du premier sur la rive gauche. Les habitants cul- tivent le bid; , I'orge et le tabac. 84o metres plus loin , on laisse a gauche le Djessr El-Adschieh unissant les deux rives du Nahr-el-Amm«i, nomme aussi Schcriaa- el Mandahour et correspondant a I'Hi^romax des an- ciens. 420 metres au-dela les deux flcuvcs I'llieromax et le Jourdain, en se r^unissant , forment deux petiles lies. On traverse le'SVady el-B^lamieh qui vient de I'O. , puis apres i,G8o metres on arrive au Wadyel-Med- )am6; de la, en allant droit au S. pendant 840 metres, on traverse le "SVady Thirin , el 712 metres plus loin, ondepasse le Djessr-el-^ledjame, oil viennent nboutir, du cole de I'O. , la route d'Eurbad, et du cote de I'E. , celle de Bisan. AprOis Ic ponl de El-Mcdjame deux rou- ( i5i ) tes se presentent : I'une va a Bisan , I'autre suit le fleuve a une petite distance. Je fus oblige, celte fois, de me decider pour la premiere, me promettant do revenir par la seconde. A 5,5oo metres du pont, ayant marclie vers le S. , 25° a I'O. , on traverse Wady-el-Bi- reh , qui porte ses eaux au Jourdain et fertilise le ter- rain sur lequel il coule. A peu prfes au mSme endroit, on voit descendre le Wady-el-Ai'ab des montagnes de I'Est , qui, a cette latitude, commencent a etre boi- sees. EllosportentlenomdeDjebel-Beled-Eurbaddepuis le Schcriaa-el-Mandahour jusqu'au Wady-el-Taib^h, au S. duquel elles prennent celui de DjebelAdeloun. Celles de I'Ouest sont nommees Djebel-Beled-Harta. A environ 5, coo metres du Wady-el-Bireh on rencontre celui de Ascbeh qui coule vers le Jourdain; on incline vers rO. , et, apres 5,ooo metres, on traverse le Wady- Bysan dont on remonte le coui's dans la direction du S. , 1 5° a rO. , pendant i ,G8o metres , jusqu'a ce qu'ou arrive aux ruines de Bisan , la ScylUopolis des Grecs. Tout en gravissant la pente assez rapide qui y conduit, j'avais remarque, a une petite distance vers notre gau- che, un enorme buisson au-dessus duquel s'elevaient plusieurs pointes qui me paraissaient trop regulieres pour etre des branches. Je vis que mon guide avail toujours les yeux tournes vers le nieme objet, et, en m'aidant de ma longue vue, je reconnus des lances arabes, J'enjoignis a chacun de preparer ses armes, et je continual, pensant que s'il y avait quelque danger, il cesserait bienlot, puisque j'allais arriver a Bisan oil je serais sous la protection du moutsellim. Pendant que j'avais depasse les premieres maisons du village, les Arabes, par une rapide manoeuvre, avaient pris posi- tion lout autour de la place, sur laquclle en arretant (l52) je me trouvai piisonnicr. Les habitants ulaienl lous sur les tcrrasscs de leuis malsons, cl la phis vivo .igitation regnail parmi eux : les homines avaienl huss6 cloindre leurs chibouks, et les femmes oubliaienl de so couvrir le visage. Des tables renversees ct des marchandises jonchanl le terrain annonraient qu'un bazar avail et6 brusqucmcnt inlerrompu. J'^tais arrote avec ma petite troupe au milieu de la place, et je contemplais cettc scene si caracteristique de la \ie arabe. Pendant ce temps, men guide demandait ou etait le moulscllim; tout le monde criait, mais personnc no lui r^pondait. Enfin, un vieillard lui montranlla direction do Djenin , lui dit : Tu ne le vois done pas la-bas, se sauvant avec tout son monde? Les Arabes qui sonl ici so batlcnt depuis le matin avec ccux d'une autre tribu , ct le gou- vcrncur ne se croyant plus en surele, est p;u'ti pour aller chercher du renfovt a Djonin ou a Naplous. » Au moment ou j'entendais cette mauvaise nouvellc , deux Arabes nus jusqu'a la ceinture , ayant I'un le sabre en main, I'aulrc le pistolet au poing, ve- naient droit sur nous au triple galop do leurs cho- vaux. Je me rccommandai a rEterncl , ct je me disposal a ne pas leur laisser une conquctc trop facile; mais en arrivant pres de nous, les deux cava- liers se d^tournerent et passerent ; jo compris alors qu'ils n'avaient voulu que nous effrayer, ct qu'ils se contenteraient probablement de nous depouillor. Je voulus tenter de sauver mes instruments et mes notes, d(5cid6 a leur abandonner le reste. Qucpouvais je faire contrc soixanto cavaliers? Je demandai ou etait le scheik ; on m'indiqua une ruine a lo minutes dans la plaine ; je laissai mon bngage sous la garde de mes gens et jo me i^endis au lieu iudique; mais quand j'y ( i53 ) arrival le schcik en 6tait parli; je revins au village , Ics Bedouins I'avaient quitle , et mes domestiques , un peu rcmis de leurfrayeur, commencaienta faire les braves, et a d^fier ceux qui ne pouvaient plus les entendre. Le danger du moment etait passe, mais mon voyage de- vcnait plus difficile que jamais. Je demandais un guide, et I'on me r^pondait a peine, tant on trouvait mon projet ridicule ; on me disait qu'un chameau charge d'or ne d^ciderait pas un liomme dans son bon sens a descendre dans le Ghor, ou tous les Arabes s'entrc- tuaient... Decide a tout tenter, et sachant bien du reste que les Arabes exagerent toujours, surtout le danger, je proposal a mes domestiques d'aller m'al- tendre a Tib^riade ou a Djenin , ou jo les rcprendrais a mon retour, tandis que moi , je continuerais mon voyage vers la mcr Morte ; mais lis ne voulurcnt pas me quitter... Ayant d6cid6 un Arabe h venir jus- que bors du village pour me montrer la route par la- quelle je pouvais descendre dans le Gbor, afin d'y cbercher le campement du scheik Bescbir qui m'avalt conduit I'ann^e pr6c6dente a Djerascb (i), je me remis en route, et apres avoir sulvi pendant 3, 600 metres une direction S. ^o" a I'E. , j'arrlval au coucher du so- ldi au camp de mon ancien ami, le sheik Beschir-el- Ksaweb... A peine assis sous la tente hospilalitre, je contais mon avcnture de Bisan , et vovant chacun sou- I'ire a monrecil,j'en demandal la cause; ce futalorsque j'appris que mes amis etaient precisement les auteurs de la scene du matin... Tout s'eclaircit, et Bescbir re- grelta de ne m'avoir pas reconnu plus tot; 11 aurait voulu, disait-il, me faire les honneurs de la guerre... (i) Geraza. [ i54 ) La nouvcUc dc la marchc de Tarmec du sultan vers los fronticTOS do la Syric avail reveille I'humcur belli- queusc des Arabes d'au-dcla du Jourdain, ou plulotlcs avail cnhardis a rcprendrc leurs habitudes vagabon- des. Bescliir, qui a Iraile avec Ibrahim -Pacha, avail voulu prendre des conscrils dans la Iribu des Arabes de Sukkolh : ceux-ci s'etaient refuses a les livrer, el avaienl repoussd Beschir el fait feu sur lui. Alors une affaire s'^tait entamee entre les deux tribus qui avaienl lour a tour occupy le village de Bisan... J'avais 616 fort heureux d'y arriver pendant qu'il etait au pouvoir de ceux de Beschir. Apres tous ces eclaircissements , j'enlamai la ques- tion la plus inleressante pour moi, celle de men voyage; on me d^clara positivement qu'il n'y fallait pas songer; mais je tins bon; la discussion dura une partie de la nuit, el ce ne ful qu'apr^s plusieurs heures el de longs discours entremeles de pipes et de cafe , que je parvins k persuader Beschir , en Jui fai- sanl entendre que cetle exploration , si perilleuse , me vaudrait I'approbalion dc mes compalrioles. D6s que j'annoncai un but que les Arabes purenlcomprendre , les difiicultes s'aplanircnt, et il ful convenu que quand le jour serait venu , on irail chercher deux de ces Arabes qui n'appartiennent a aucune Iribu, el qu'on noramerail chez nous des vagabonds ou des voleurs degrande route; qu'on me recommanderail bien a eux, el qu'il y avail lieu a esperer que sous leur conduite j'ac- cnmplirais mon voyage... Les deux Shaitanes ( i) arrivi renl , promirenl de me conduire ot de me dc^fendrc au besoin ; raaisje dus laisser tentcs et bagagos dans (i) Les deux Diables. ( i55 ) la tribu de Beschir, et marcher equip(^ a I'arabe, por- tant plus tie provisions de guerre que de bouclie. Le camp de Beschir ^tant assis au tiers de la pentc qui s'abaisse depuis Bisan jusqu'au bord du Jour- dain,]a leclure baromelrique n'y iadiqua qu'une de- pression de 255"', 5 tandis qu'ala m6me latitude , mais au bas de cette pente et sur le bord du fleuve , la de- pression estde 334'"5 7. Le Ghor, a la latitude de Bisan, a pr^s d'un my- riam^tre de iargeur, ct le Jourdain coule beaucoup plus prfes des montagnes de I'E. que de celles de I'O. ,. Le terrain, qui s'abaisse depuis Bisan et Sukkolh jusqu'au cours du fleuve, n'est cultive que partiellc- ment; mais la beaule des recoltes aussi bien que la vigueur extraordinaire des vegetations naturelles mon- trent assez quel parti on pourrait tlrer de ce sol... Deux grandes tribus rivales, celles de I'^mir Beschir- el-Ksawheh et de Sukkoth y vivent habituellement... Toutes deuxs ont divisces en plusieurs campements ou douairs etexercent un droit de suzerainet^ sur d'autres pelitcs tribus qui se sont plac6es sous leur protection. De longuescollinesalignees, qui ressemblent beaucoup plus a des retranchements qu'h des accidents du ter- rain , plusieurs tertres coniques et r^guliers dans leur forme qui peuvent etre des tumulus, ainsi que la d6- couvertc de plusieurs colonnes bornes, me firent sup- poser que cette localite servit autrefois d'assiette a un camp considerable; probablement le campus magnns dont parle Josephe. A 4,000 mMres au S. 4o° a I'E. du camp de Beschir, on passe le ruisseau nomme Abou Faradj sur lesbords duquel poussent grand nombre dericins; i,ioo metres au-dela on rencontre le \V.-Schoubasch,et a84om^- ( i5G ) tres auS. lo" al'O. Ain-el-Radgha, source qui sort d'un petit tcrtrc sur Icquel ii y a des ruines, des Tuts de colonnes et un Marabout... i ,G8o metres a TO. 5oo au S.,on trouveleW.-Fatoun ; 840 mitres auS. 10°. al'O. Ain-Caoun; /t'io metres au S. de cette source , on en trouve una autre, Ain-Firoun, et apres S^ometresla vallee se r^lrecit, les montagnes de I'O. empi6tent considerablement sur sa largcur. Marchant alors au S. 20° a I'E. , on arrive sur le bord de la ravine connue sous Ic nom de "VV. -el-Mel6li, qui a plusieurs bran- ches qui vont diboucher sur le bord du Jourdain , pr6cis6ment vis-a-vis le ^Vady-^amar, qui vient des montagnes de I'E. Des qu'on a traverse le AVady el- Meleli, vall6e du Sel , on est frappi du changement subit de vegetation ; des herbes lines el seches , des immortelles blanches , des chardons a nervures jaunes ont remplace les anemones, les ricins , les lavandes et les petits trefles qui croissent au N. do celle lati- tude. Au S. du Wady-Meleh , la terre est blanchalro et sal6c , non pas autant que plus prt'S de la mer Morte, mais deja d'une mani6re bien remarquable... Le fleuve coule toujours entre deux pentes rapidcs qui s'abaissent depuis les montagnes jusqu'a son lit... A 5,780 metres du Wady-3Icleh, on rencontre le Wady-Fyadh, qui a aussi plusieurs bras; 84o metres plus loin , c'est le Wady-Djamel; il est tres profond , et on y trouve des pierrcs noires qui paraissent con- lenir du fer. A la meme latitude , mais dibouchant des montagnes de I'E. , on voit le W.-Djedja sur I'un des escarpemenls duquel est conslruit le Calaat-el-Piho- baa, chateau do Rhobaa, dont I'assictte me parait correspondre a la description du chateau de Mache- ron. ( Joseplic, Guerre des Jui/s , chap. xxi. ) ( i57 ) Le fleuvG circulc au milieu dc Icrtres blanchalres qui ressemblent a une ligne de forlificalions passageres, et s'utendent ainsi jusqu'a la mer Morte... Ces terrains sales ne produisent rien , mais les bords immedials du fleuve sont toujours couvcrts de verdure; les tama- ris y sont surtout fort abondants. Quand j'interrogeai les Arabes sur le flux des eaux du Jourdain , ils m'apprirent que le fleuve que jo voyais reduit a une largeur de 8 h i3 metres s'dlargit considerablement pendant la saison des pluics, et de- vient, suivant leur expression, comme une mer qui inonde une grande partie de la vallee. IN'y aurait-il pas un rapprochement a faire cntre cette inondation et ce passage de la Gen^se ou il est dit : Que la valine de Siddim ^taitarrosee comme le pays d'Egypte, etc. , etc, A 1 ,092 metres au S. du AVady-Djamel, on rencontre la premiere branche du Wady-Bquiah, qui en a neuf, d(^bouchant des montagncs de ce nom qui bordent le Ghor a rO... Ala quatriemc de ces branches (1) , a peu pres sur la meme latitude que le Wady-el-Fed- jarilh qui sort des monlagnes de I'E., la lecture baro- melriquc indique une depression de 3oi™,o3 au haul dc la pente sur laquelle passe la seule route pratica- ble pour les chevaux ; mais en descendant jusqu'a ce qu'on se tiouve a peu pres au meme niveau que le fleuve, la depression est de 537"',o5. La derniere branche du Bquiah est 7,980 metres au S. de la qualrleme, A cetle meme latitude on voit le Wady-cl-Zerka, qui debouchc des montagnes de I'Est. La route traverse alors Ic A\ady-Abou-Sadra , ci (i) Qui est a 5, 000 metres au S. de la premiere. ( i58 ) 8,970 metres plus loin, on trouve le Wady-Farali, dont les eaux , fort douces et fort bonnes , ferlilisenl une assez grande ^lendue de terrains culliv^s par les Arabes de la tribu de cc nom. La temperature du Ghor est si cbaude , raeme comparee a cello du reste de la Syrie , qu'a cctlo epoque de I'annee , au ay avril , on commencait duja la moisson des orges. Celtc circonstance de la temperature est une puissante confirmation des ni- vellomenls baromelriqucs qui indiqucnt une depression considerable de cette vallee... et j(3 dois dire que celle parlicularite topograpbique n'a point ccbappo a I'es- prit observaleur des Arabes, car lous ceux que j'in- terrogeai me repondirent que deja le lac de Tib^riade etait plus bas que la grande mer (la Mediterran^e ). Les vo) ageurs qui m'ont precede, en consultant les ha- bitants du pays, auraientpu depuis long-temps conce- Yoir des doutessur unsysteme dontd'abordM. Lctronne et ensuite M. le capitaine Callior , a\aient deja reconnu ie peu de probabilite. Le barometrc indiqua , pour le Wadi-Farah, a I'endroit ou je le travei'sai , une depression do 5i5"',2, en descendant le cours du AVady , jusqu'a ce qu'on se tiouve a peu pros sur le meme niveau que le fleuve , la depression est de 057M9. 5,85o metres au dela du W.-Farhali, la montagnc de rO. prend le nom de Djcbel-Sariaba. Ici les montagncs de I'O. , qui , depuis Ain-Firoun font une saillic qui empi6te considerablemenl sur la largeur du Glior , s'ouvrcnt de nouveau , et la vallee reprcnd les memes dimensions qu'a la latitude de Bisan , et continue ainsi jusqu'a la mer Morte. 2,520 metres au S. on voit le Wadv-IIammam sorlir ( »59 ) des montagnes de I'E. ; 2, 100 metres plus loin c'cst le Wady-el-Abiad qui sorld'un angle forme brusquement par r^largissement subit de la vallee : le baromelve indiqua une depression de 359™,o5 a I'endroit ou Ton traverse le Wady , et de 384"', o5 ^ la partie la plus declive de ce memeWady, au niveau du fleuve. A 4j20o metres au S. du Wady el-Abiad on traverse celui de Fassael qui sort de Tangle forme brusque- ment par I'elargissement subit de la vallee. II y a dans cet enfoncement un bosquet d'arbres nommis Racka par Ics Arabcs qui les ont en grande veneration. II n'y en a do pareils , mc dirent-ils , qu'a Meddine et a la Mecque ; les Musulmans se serventdu bois quand il est sec , pour s'en frotler les denls qu'il a la propriete de blancliir et de conserver. Les montagnes de I'E. , dcpuis la latitude du "Wady- Zerca , portent le nom de Djebel-el-Salt , ou Djebel- Belga, tandis que celles de I'O. sont nommeos Djebel- Meschariq-Nablous, depuisle Wady-Farabjusqu'a celui de Oudja ; au-dela elles prennent le nom de Djebel- Kods, 7,iAo miitrcs au-dela du AVady- Fassael on traverse celui de Oudja , dont les eaux arrosent des terrains fertiles et cultives par les Arabes de Riba. II y a pres du Wady des ruines assez considerables pour avoir appartcnu a une ville. Sur les murs d'une eglise qui paralt avoir ele convertie en mosquee, je retrouvai ces signcs qui ressemblent a des n grccs, et qui cou- vrent le roclier ecrit du Wady-Akaba, 0,780 metres plus loin on traverse d'abord le Wady-Abou-Obaidali, et , apr^s 4.9^0 metres , celui de Hermel ; 45o metres plus loin le Wady-Diab , et 2,2So metres au-dela, le Wady-el-Nouaameh , ou il reste irois arcades en ogive d'lm aquedue mine; enfin , apres o,i5o metres, on ( '6o ) alleinl le pauvrc village de Puha ou Jericho. Mon pre- mier soin en arrivanl I'ul dc consuller nies baromelres, qui indiquerenl une d«pression dc 5or",o5, resullat qui confirme bicn ceini que j'oblins I'annec dcrniure dans cclle meme localilc. Aprcs avoir laisse un moment dc rcpos aux clievaux , je me remis en roiile pour la mer Merle, qui est a environ i mjriametre de llilia. Parvenu sur son bord , Ics deux baromelres marquerent 29 '' 5 ''*'■ re- sullat qui ne presenlc qu'unc lignc de diirerence avcc cclui oblenu I'anneo dernierc. Jc mellrai ici en regard les observations prises a unc annexe de distance dans ces deux localiles. RinA , i83S. C' p. M. la mars. I'aroniclre 28P. iil. Uieimoni. 22 1/4 R, 1 3 mars C'. A. M. Baroni. 29 Tliciin. 1 i 3/.i R. RiiiA, iS3(j. 29 avril. ih. P. M. I'.jiom. sgP. Tlieriii, 20 3/i R. 3o aM'il lie Rarom. 29P. 11, llifiii). i5 R. 2'' r.aroiii. 29I'. 1 1. Therm. i5 R. :i,«/-^A.M. EXTRKMITK I^ORU »U LAC ASPBALTITE. l838. 8''. A. M. 1 3 mars. P.arom. 29p. fii. Therm. 21 1/4 R. 1839. 29 avril. 4 i/i P. M. i" Barni. 29P. 5'. Therm. 7.\ 1/2 R. 2' Baroiii. 2g|i. 51. Therm. 24 1/2R. Par Ic rapprochement de ces observations, on verra que le baromare a Puha etait plus bas d'unc ligne le matin que dans la journee. Si on admet que la meme variation ail lieu sur le bord de la mer Morle , on sera amen6 a conclure que les r('sullals qui presenlenl unc "ligne de diilerence d'une ann^e a I'aulre eusscnl el(i ( lt3» ) les monies si les observalions avaioni (■[(' prises an meme moment dii jour ; mais , meme en admettant le plus faible de ces deuxr^sultats , on Irouvera encore que la depression du lac Aspliallite est de 419 metres 8' au-dessousdu niveau de dela Mediterranee. Quand M. le capitaine Callier rendit comple des r^sultats de mon premier voyage , il fit remarquer la grande difference de niveau que mes observations indiquaient entre Riba et le bord de la mer Morte... II s'oxprimait ainsi : c Lne lecture barometrique faite a I'extremite septentrionale de la Mer Morte a donne 797 metres Sa"" correspoiidant a une depression de 4o6 mo- ires environ au-dessous du niveau de la Mediterranee , oil nousavons suppose le barometrea 760™™. Lnpareil abaissement des eaux du lac Asplialtite ne nous paralt nullement admissible ; il est conlraire a tout ce que nous connaissons jusqu'aujourd'hui. > Et unpen plus loin il ajoutait : « D'apres notre voyageur, Jericho serait egalement fort au-dessous de la Mediterranee ; la lec- ture barometrique est de 785""" 01 , et correspond a une depression de 273 metres. II exislerait done une ditrerence de i35 metres entre le niveau du lac etcelui de Jericlio , ce qu'on ne peut guere admetlre d apres I'inspection lopograpbique des lieux : I'emplacement de Jericho paraissant devoir etre peu elev6 au-dessus de la mer Morte. Ce resultat seul sullirait pour inspirer des doules sur I'exactitude de ces observations. > C'est par la description topograpbique des lieux que je vais monlrer que la ditference de i53 metres que j'ai indiquee entre les niveaux de Jericho et de la mer Morte n'a ricn qui puisse inspirer des doules sur I'exac- litude de mes observations. On a deja remarque dans ce qui precede , quo I'endroit du Glior oil passe XU. SliPTKMl!, UT OCTOn. 4- 'i [ lG2 ) la rotile que j'lii snnio pour me rendre du camp du sclioik Boscliir a .k'licuo esl loujours do bcaucoup plus (jlev(3 qub le hivoau du fleuvc; car, en eflet, la valloe, dulre sa jiciitc longitudinale, qui est du N. au S. , en a loujouis delix aulres qui s'abaisscnt dc i'K. , et suilout de I'O. , el vont mourir sur les bords du fleuvc. Cctte configuration du terrain est plus sensible i la latitude de Jericlio que partout ailleurs; et le vil- lage de Riba ( ancionno Jiricbo ) , oii j'ai pris racs ob- servations baromelriqucs, se trouvc place presqu'au point culminant de cette inclinaison Iransvclsale , s'abaissant de I'O. jusqu'au Jourdain qui coule pres des montagnes de I'Est a unc distance de 7 a 8 kilo- melres. Le cliilTre de i33 metres n'lndique done pas seulcment la penle du fleuve , mais il est le produit de I'addition des pentes longitudinales et transversales de la vallee... Des lectures baromelriques comparatives montrent que la declivity trahsversale est de 20 metres a la latitude du Wady-el-Abiad, de 42 metres 7 cen- timetres au Wady Abou -Farali, de 36 metres 2 centi- metres auAVady Fedjaritb, ctcnfinde7g metres 4 cen- timetres entre le campemcnt de Bescliir et le bord du Jourdain. Les dirforcnccs entre ces cbilTres doivent surtoul elre atlribuccs a I'eloigneraent plus ou nioins considerable entre les points ou les observations com- paratives furenl prises ; et comme Riha se trouvc en- con; plus eloigni; du''Jourdain que ne I'etait de ce fleuve le campement du scboik Beschir, quand je m'y arrelai pour la premiere fois, qu'en outre, I'in- clinaison liansversale paralt y etrc plus rapide qu'a la latitude de ce camj), jc crois pouvoir jirendi'c le cbillrc de cctte derniere inclinaison pour de- terminer celle qui existe entre Riiia ct le Jourdain a la inemc latitude, el en le relranclianl du resullal ( i63 ) de 1 35 metres qui avail paru d'abord si oxngcre , on ne trouvcra plus que 54 metres pour la pente du Jour- dain depuis la latitude de Jericho jusqu'a son em- bouchure dans la mer Morte , cYst-a-dii-e pour une distance d'environ un myriametic, ce qui donne un peu plus d'un demi-centimelre de penle par metre, resultat qui ne paraitra pas Irop fort , surtout si on se souvient que pres de son embouchure, le cours du fleuve est assez rapide. 11 sera facile aux voya- geurs qui ont visite celte localile de se convaincre de ce fait, en se rappelanl que pour se rendre de Jericho au bord de la mer, ils ont descendu plusiein's fois d'une plaine plus elevee sur une plus basse par des ravines que les eaux pluviales ont creus^es dans lea contreforls qui appuient ces plair>es superposces. II seniblo , en Iraversant ce terrain tant remue par les eaux , qu'on y ait entrepris d'immcnses travaux de deblais afm de meltre loute la plaine au niveau du lac. Les eaux n'ont pas toujours achevi leur oeuvre destructive , elles ont laisse plusicurs tertres qui ont de'fo a i5 metres d'elevation et qui se trouvent isol^s sur ces plaincs, comme pour servir a calculer I'im- portance du deblai et I'existence de cette pente trans- versale qui explique I'erreur apparcnte de mes pre- mieres observations de nivellement. Si comrae je I'espere d'autres observations viennent bientot confirmerles miennes (i), ce voyage n'aura pas ete sansutilite, car en servant a determinerle niveau du (i) J'appreiuls par ladres'se anniveisaire Itic a la Sociele royale do £;ro- graphiod- l.oiidirs par ^ciii pre^idout, M. \\ . H. Il.iiiiillon, (pie M. Riis- se^er iialiiiali^lr auti i liii'ii, \iciil ile dctiriijlneispar une ob-orvalioa l)a- ruiii(ilri(|iii', la dL■i)l■l•s^ulll de la Wir Morto a i,'iO'< pieds anylais au desMnis do la Modllnranoc. ( Juiinial i;ciieral de la Sotietii rojale du jjooyraphie .le Lull, lies, tome IX, pago, 34 ). IX. ( iC4 ) lac Asphallllo, il uiira riivulc un failunl'juc el loula-ruil imprevu... Je no rappcUerai pas ici loules les tlopres- sions observees en (JilTerenles locallles pour monlrer leur inftirioritc, conipar6es a celle qui nous occupe on ce moment ; il me suffira de vous rappelcr que la plus imporlanle do loules, celle de la nier Casplenne, par rapport au niveau de la mer Noire, n'csl que d'environ 3'i metres, tandis que celle de la mer Morle est de /119 metres 8 au-dessous dii niveau de la Medllerranee, Un lei affaissemenl du sol devait s'c^lendre au-dela des limites du lac ou l)ien le Jourdain, avant d'y de- boucher, devait tond)cr do cascade en cascade jusqu'a ce qu'il en ail pris le niveau; mais lo fleuve, quoi- qu'ayanl quclques rapides, ne forme point de cala- racles, excepts cependanl,si j'en crois ce que me dirent les Arabes, enlre les lars cie Samachonilis el de Gene- zareth, dans ce court espace qu'il ne me I'ut pas pormis d'explorcr. Les observations baromelriqucs s'accordent parfaitement avec ce recildes Arabes, car la dilTt^rcnce de niveau enlre les deux lacs est de 9t>4 metres pour une distance de 1 myriamelre 5, 000. II est vrai que le cours du fleuve, au moment de son entree dans le lac de Tiberiade aussi bien qu'au pont de Jacob ou je le tra- versal dans un precedent voyage, me parut cxlreme- menl rapide. Ainsi, la difference de niveau indiquee ne me paraiti alt pas invraisemblable , memo dans riiypotbese ou 11 n'y aurait point do cbule d'cau. Si mes observations barolnetrlrjucs ont fourni des resultats peuelolqnes dola vorlto, le point culminant du cours du Jourdain so trouverait a 1 85 metres au-dcssus du niveau do la .Mediterranee; depuis la source jusqu'au premier lac connu des yVrabes sous le nom de liabr-el- Iloulo , la vallee auriilt descendu de iSy melres, puis de 2'i4 melres euiro celac elcolui de Tiberiade, elcnlin ( •<^'3 ) de 195 metres enlre la mer tie Genezareth el cellc de Sodome... Cette vallee que nous vcnons de voir s'a- baissant depuis sa naissance justju'a la mer Morlc, se relive au-dela de la vallee de Siddim jusqu'au point dt^signc par Ic n^i El Sat6 , qui est la limite du bas- sin de la mer Morle du c6t6 du S. Au-dela de El-Sate, dont le niveau peut etre lvalue a 160 metres au-dessus de la Meditcrranee, une autre vallee, celled'Akaba, s'a- baisseason tourjusqu'alapointeN. du golfcElanitique, , donlles eaux, comme on le salt, ne s'elevent guere que de 10 mfelres au-d^sus dc cclles de la Mediterranee... Tels sont les traits principaux du relief des vall(ies successives qui s'etendent depuis la source du Jour- dain jusqu'a le mer Rouge. Je m'estime heureux d'a- voir et6 le premier a les faire connaltre , et bien que prepare a voir les nivellemenls que j'ai obtenus par des observations barometriques, subir les corrections que devront leur faire eprouver des mesures trigonomelri- ques , plus rigoureuseraent exacles , je n'besite pas a atfirmer que les profds que j'ai traces repi'esentent Iklelement les mouvements des terrains a quclques differences pr^s dans les quantites. Ces profds et les cartes qu'ils accompagnentprouvent clairement que la mer Rouge et la mer Morte sont des centres de bassins s^pares depuis I'^poque de la con- stitution gen^rale de la contree; que par consequent leurs eaux n'ont jamais pu se meler ( surtout en cou- lant du bassin inferieur dans le bassin superieur), et qu'enfin le cours du Jourdain a toujours eu les memes limites, conclusion parfaitemeni d'accord avcc lo sens des lextts bibliques. Jules UK BliRTOU. ( 'ti6 ) La haulcur du baroraolre a Beyrout, sur Ic bord dvalu(^e a 28 pouces ou 757""", g6, a servi de base h ( Toutes les locaiuis mesuries sont comprises enlre SO* el 35° de ladiude.) (.\c la Mcdilorranee, tons Ics calculs. LIEUX 'ihuniio- ll.eim.. ll:iuleiir liiiva- II , ,2^_, J DCS luclre •hi D.ir,.- nielre lihrf. du ISarumel. lions calculics m. 11..1.S. onsEny Alloys. iiit tro. ~~* ~~ n» Tohspr^a- OBSERVATIONS (VnliRr. Ouligr. Milliuic'l. metres. liull. \\n Ainoub 22,5 22,5 724,12 +390,3 10 A. M Li'S tli':valions posiliM >'jnl precrdiLM du m du higiie — . Ijpil-cl-DiM Djosin 15,31 15,25 15,31 15,25 094,80 083,52 --737,3 --877,4 0 r. M. 7 p. M. Kefarhouni 13,75 13,75 070,75 +957,7 3 V. M. I-I-LcmUiirMi 17,5 17,5 720,38 -[-301,5 10 A. M. Sources (lu Jourdain. 21,25 21,25 742,17 -i-183,0 4 P. M. na[iias 15,25 14,375 15,25 14,375 734,27 747,81 +203,2 + 105,0 5 P. M. C A. M. rel-el-Caiiiti Viii-ol-Blaia 27,1875 26,25 755,70 + 30,1 3 P. M. Cacidi'S 15,25 15,025 721, SO +409,8 5 P. M. liahr-el-Houle .... 25 23,76 759,09 — 6,4 S A. M. ' 8 P. M. 7 A. M. 12 i'l avril. Cn I iiibiil. Triniijoi.i. Tibt'riadc Soiniiie. . . 79,025 10,91 19,91 778,20 1 —230,3 < •lb llitO. litem. litctii. II luililirlinipluiciib'ii daiitc cl le cif 1 .••'' . Le 1 . . . 15,025 12 3 mal. i-luircil. Lf»deiix ol - V 5 A.M. ceiKitidiis du Ih a u\ Pies de I'eniboui'hure deux barouiL-lics. du Jourdain , dans 22,5 21,875 780,52 —252,1 J';ii c;ilcule cpUe ob.-'Cr le lac de Tibtriade. > vdiioti a pari . iii.ii- oil pf 111 la I'iiirr rntiri d.in.> |j iiiDVriHi- lb ccllcs priMTS a J ib< ri;ide. CampluPcheikBoschir Mcirie laiilude, bord (In Jiiurdaiii .... 20 20 7S0,52 —255,3 8 A.M. i^Savrll. 15,25 15,25 787,29 —334,7 6 A.M. 2 inai. Wady-KI-ledjarilh. . 1 23,75 23,75 785,03 —301,3 Menie laiilude, plusl^i^ 25 788,41 —337,5 Iri ]p_ nf pii» df^^rrndr*" M.fl.-lM.ni dunruir. Wady i;i-I'arah . . . l22,5 22,5 780,16 —315,2 9 A. M. 1" inai. aussi h) diflirfiire a iMciiie laiilude , bord ) ,., -^ du Jourdain . . . J --*''•> 23,75 790,10 —357,9 10 A.M. » » vet; la sraliitii piecr denle c»lt-lle Ires [ai- ble. \Vady-e!-Abiad . . . . (15,25 15,25 7S9,54 —359 3 5 A.M. ^9 avril. Menic laiilude, bord i ,„ o_r 16,875 791,80 —384,3 5fA.M. » )) P.ilia ;Ji'iielio), ) ,;, ~o, — I sonime. . 17,875 j '' 22,334 78G,16 —315,2 1 P. M. 7 A. M. 11 » :10 .) (>lieob?crT. p.*t fnuinic par deux baruintli(!>. l'.\ir(''niite septotili io- i ,,„ „^-r iialeflrlanierinorler '^ * 30,9375 796,31 — ilO,S 4 P. M. ■1\) avril. ObirrTalionroiirnie par diMix b.uuitiLlic^. ^ 6 ha;- Sir If* I" %. kI -*fi "« I" "/■"Y^ s^ N VEEI^A jyJER MORTE . 1^- JFitvau dc la JXethterranee |.r|. 141 I rll ^tl^?li ^%sp'^f.^^%s*,/\;^< Is ■• ^ ^ i ^ 5, c ^_ 1 « * CI ^ saw 5 W s rorpi:j)i: LA mlllee nr joiUDAm' depvis la sontcE he ce fleuit jusoua sow EMnoucHURE hiks la jwer morte . iiil'lhlvihilill; , •■ . , ''"«,,;; Wf/,» ■• ,1 '■■"'5 •'J! W' wim 1 !^f^. If ^ i'> vm'^',„B''^ 5ml m/%^ W/J!^^ ,*^ MerRoug'g /Vi' W? MOJiTE ET ZA MER liOKiE . hai- A^iilialite ^ SI Char fV^iA- .IVt^mijS'- - — -^tOl¥K 0£S bmyCHKNTS lK4J>ys Of/ /■■(f/iifKXT LES JALLEES nrf iy^n>3 » parce qu'il est petit. J'ap- pellerai voire attention sur celte seule observation , que coux qui vinrent apres Lot prcnoncerent et 6cri- virent ce nom precisement comme ils I'entendirent prononccr par les premiers habitants , sans s'inquieter du sens de ce nom el sans faire aucune recherche sur son origine. Mais les plus grandes objections seront faites par nos profcsseurs qui prononcent le y a'peu pr6s comme la syllabe francaise en , ou comme les habitants de Berlin prononcent la lettre /?, qui a la meme valeur quo le (* arabe. Pour resoudre celte difficullo , jo vous prierai seule- ment de vouloir bien obscrNor que selon la division de I'alphabet en cinq sons, nous savons que ynriK ap[)ai'- tiennent au son du gosier. Aiusi dune , il no pourrait ( 168 ) jnniais avoir eto prononc6 ainsi que le font la plupart des professeurs de nos unlversiles. Si on insistait sur cc que beeucoup d'Israclllos prononcent ainsi , jc re- pondrais qu'il n'y a que ceux qui vienncnt dc France ou d'Espagne qui adoptent une telle prononcialion ; mais non pas Ics autres. Mon opinion so Irouvc confirmdc par plusieurs observations que j'ai eu I'occasion de faire pendant mon s^jour dans cette contr^e (en Syrie), la pro- nonciationd'uneseule voyelle cbange coniplelcnient lo sens. Feu Lemaistre de Sacy nomma, dans sa traduc- tion dc la Bible ce mcme lieu qui nous occupe «Segoro que lout linguiste prendra pour -)'7d enfermcr. On peut meme croire probable que le » qui est place a la fin du mot ecrit en arabc iij^j^^ derive de rnyiy precisement comme il est employe en helireu ([uand le mot doit exprinier« Allant a Zoar » . Les Arabcs I'auront sans doute entendu employer dans ce sens, etils en auront imile le son, tant dans Tortlio- graplie que dans la prononciation. Etant priv6 de tous livres et ayant perdu plusieurs manuscrits precfeux qui m'auraient puissamment aide dans mes recberches, je vous prie de vouloir bien vecevoir le peu que j'ai pu vous dire sur ce sujet. Croyez-moi , etc. , etc. ( 1^9 ) RELATION d'lm Poyage a Chanthaburi , sidvie iVun apercu sni- /a tribu (les Tchoiigs , par Ma'' J. B. Pallegoix, ci'eque de Mallos. Le 20 d^cembre i838,iem'embarquaisurunepetite barque de six toises de long sur iinc et demie de large. Partis de bon matin de la ville de Paknam, a lembou- cliure dii fleiive de Siam, nous louvoyaraes presque lout le jour, parce que le vent n'etait gufere favorable, et le soir nous alteignimes la premiere ile appel^e Si Xnng. Cette ile, qui peut avoir sept a huit milles de contour, est babitee par une cenlaine de families sia- moises et cbinoises. On ne peut y aborder par le cole qui regarde la lerre ferme. On va y jeter I'ancre dans une charmante petite rade a bon fond. Partout ailleurs I'iie est comme flanqu^e d'unc muraille naturclle plus ou moins liaute, formee de rochers cscarp^s, excav^s, raboteux, pr^sentant los aspects les plus bizarres. Ayant en occasion d'ajler a terre, je vis que ces rochers n'e- taient que comme une croute exti^rieure qui recouvre un beau marbre a veines blanches, rouges et bleues, auquel, dans certains endroits, le flux de la raer a donne un poli aussi beau que pourrait le donner la main do I'homine. Le gouvernement siamois n'a pas encore songe a exploiter ces carriferesabondanles. Quant aux rochei's excav^s et inaccessibles dont j'ai parl6, chaque excavation un peu profonde est la re- traite d'une espfece d'hirondoUe de mer qui y elabore tous les trois mois son.nid merveilleux, substance ge- laliueusc tant rechorchee des gourmets de la Chine et deslndcs. Ges nldsj composes do lilamcnls cnlrclacesse M70 ) vendont jusqu'a 80 llcaux (1) le caty (2). Aussi avcc quelle ardeiir les habilaiils ne vonl-ils pas a la recher- che de ces nids precienx! Dii somraet des rochers, ils se font suspcndrc a des cordes ct scrutent toutes los excavations pour examiner ou fairc leur rccolte. Quel- (jLiofois il arrive qu'aprts que les nids sont monies en haut par le moycn d'une ficelle, celiii qui licnt la corde, pouss(i au crime par I'appat de I'argept, abandonne la corde et s'enfuit avec son trt^sor, tandis que soninfor- tune compagnon roule. plonge el disparait dans I'abime des mers. Sur los cotes do Siam , il n'y a que peu d'ilcs productivcs en nids d'hirondelles; on di(. qu'il y en ahcaucoup plus sur les cotes de Cochinchine. In Talapoin que je \is a Si Xang m'indiqua unc petite ile voisine commo abondanle en beaux cristaux de roche, blancs, jaunes et bleus; il me dit aussi que les montagnes de la ten-e ferme proches de la mer re- celaient des eaux Ihermalcs ct des mines donl lis cchantilions me parurent indiquer des niines do cuivre. Partis de Si Xang pendant la nuit, nous longeames la terre ferme, ayant a droite une foule d'iles qui, pour le plus grand nombre, ne sont pas marquees dans les cartes. Ko Rhram est rcnomm6e par la quanlile do tortues de mer qui viennent deposer leurs oeufs dans les sables. Quelqu'un a le monopole de ces ccufs, ct quiconque enirait fouiller, serait mis a I'amendc d'unc livre d'argent (5y ou cSo licau^. (i; L« tical \aiil 1 uvirou 3 I'l ams tic noire iiidiiiiaie. (2) I.e caty 011 livre rliiiii>isf f>l ilu jioiJs dc viiig( piuvtres on ungl onces d'argent. (_'i) La livre siciinoisv pi'.i' Ho licaux on (O (Minvi (j'dri^ciil. ( '7' ) All beau milieu de la nuit, pondant que nous tra- versionslesdelroitsau milieu d'ilots etd'^cueils innom- brables, je fus reveille en sursaut et jeld au fond de ma pelite hulle; le vent du nord fraichissait, et la bar- que inclinee jusqu'a avoir le flanc dansl'eau allait chavi- rcrparla maladresse du limonnier qui , dans I'obscu- rile, ne trouvaitpas moycn dc laclier la corde de la voile. Dureste, cos gens sont admirablcs a conduire leur nacelle h travers tantde dangers, sans perdre lour sang- froid, n'ayant d'autre boussole et d'aulre guide que leur routine. Kg Samct est une ilc assez considerable ou il y a des puils d'eau douce et menie un elang assoz conside- rable ot poissonneux. Keanmoinsil n'y a pas d'aulrcs habitants qu'une famillc de douaniers, lesqucls furcnt obliges de s'enfuir dans les bois I'ann^e passec, a Tap- parllion des pirates malais qui vinrent piller cclle - douane isolee. Cette ile parait tres fertile; elle est re- marquable par la beaule des coquillages qui frequcn- tent ses bords. On y trouve aussi de gros blocs de quartz, dont les fissures sont garnies de cristaux de rochc d'une Ires belle eau. Le troisi^me jour de noire navigation , nous aper- ^umes de loin le lion colossal qui est a I'embouchure de la riviere de Cbanlliaburi. Cost une curiosile nalu- relle Irc^s remarquable : elle priJssente Taspert frappant d'un lion couchesurle ventre; la tele, la criniere , la gueule, les yeux et les oreilles, rien n'y manque. Mais h mesure qu'on approclic, lillusion disparait peu h peu, et Ton ne voit plus qu'un masse de roclier in- fo rme. Apres avoir repass^ la Douane el un petit fort qui est a I'embouchure; nous remonlamcs la riviere, ne ( '7« ) vovant rien do romarqnable, si ce n'est un arbro fori singulier, bordant los deux rives; ses racincsiourchues s'olevent hors do lerre, et forincnl commc uno esp^ce dc Irepicd asscz liaulqui soutienl le tronc. On Tappelle kong-kang. C'etait un samedi au soil-, les barques des chr^ticns annaniites qui revenaient de la poche nous ayant ren- contres, s'arrelerent au nombre d'une vinglaine, ct le diinancbc matin au lever de I'aurore loutes ces l)arques se rangercnt en avant, et tlrerent la nolie en ramant ct criant en cadenlce. Bienlot des musicicns vinrcntse joindre au corl6ge, et nous arrivames ainsi comme en triomphe a (ihanlliaburi, ou Ton nous rcgut au son des clocbes ct des tambours. La cbr^tientd est compos^e de 7 a 800 Ames. Ce sont des Annaniites dont quel- (|ues uns sont ouvriers en fer. Tous les autres n'ont d'autres metiers que la peche, oula recherche du bois (I'aigle. dont je parlerai plus tard. Chanlhaburiest une petite ville d'environ 5, 000 habi- tants Siamois, AnnamitcsetChinois. II y amarch^.fa- briqued'araketplusieurspagodes, sans compter I'l^glise des Chretiens qui se distingue au milieu. On y con- struit des barques de toule grandeur, vu la facility d'a- mener les bois des monlagnes pendant les grandes eaux. Le commerce d'importalion consistc en quatre ou cinq navires chinois, qui viennent y vendre chaque ann^e diverses marchandisos de Chine. Le commerce d'exporlation est bien plus considerable;' les princi- paux articles sont lepoivre, le cardamome,lagomme de Cambogojc bois d'aigle, les peauxd'animaux, I'ivoirc, le Sucre, la ciro , le labac, le poisson sale, etc. Les habitants do la province de Cbanthaburi sont prcsque uniquement occupes dc la culture des terrcs ; ( »75 ) Ics princlpales productions, outre les prdc(!!dentes sonl : la thoua la sung, esp^ce d'amande, excellente a faire des patisseries. Eile nalt sous terro, groupie aux racines d'une esp^ccde tubercuse:les palates, les ignames de plusieurs especes, les cocos, areques, dourien, jacca , maiigues, oranges, et le caf6 plante derniercnient par ordre du roi do Siam ; il y r(!!ussit bieu, et j'en ai bii d'excellent chez le gouverneur. II y a une loule de fruits bons a manger qui naissent nalurellement ^ans les bois. Je n'en citerai qu'une espfece qu'on appellc ka- bok; c'est une amandc sauvago , mais Ires bonne, pro- duite abondamment par un arbre de baute dimension. Lagomme de Gamboge se lire par incision d'unaibre qu'on ne trouve que dans les liautes forets, auquel on suspend un bambou ; quand il est plein on le retire, le sue sc durcit, puis on casse le bambou, et on a la gomme en batons. Le cardamome est le IVuil d'une plante baute d'une coud^e, plus ou moins,- laquelle donne des fleurs groupi^es au sommet de la tige , d'ou proviennent des fruits trilobes d'une saveur tr^s aromatique ct pi- quante. Le bois d'aigle (ainsi appele a cause de sa couleur ) est tachet^ de noir comme le plumage de I'aigle. II a une odeur d^licieuse etparfumee, surtout quand on le brule; il enlre dans prcsque loules les m(^decines sia- moises, et I'experience prouve qu'il est d'une grandc utilite. Or, voici comment on se procure le bois d'aigle : il n'y a qu'une espece d'arbre qui en contionne; ceux qui vont le chercber doivent elre munis de scie , de hachectdeciseauxde diverses formes. Quand, a cerlains intlicos, ils onl reconnu quo lei arbre en a , ils i'abal- tenl, le sciont par morceaux ou Ironrons (pi'iis dcclii- ( 174 ) quettent avec le pins grand soin , rejelant tout Ic Lois hlanc, ct nc gardanl quo lo noir qui est Ic vc'iilable bois d'aigle , qu'on obllcnt sous dos formes ties bizancs; ainsi prepare il sc vend 4 licaux Ic caty. Cbaquc famillc de Chretiens est obligde d'en payer au roi un tribal an- nuel du poids de deux catys. Les habitants des ])ois font la chasse aux tigres, ours, rhinoceros, bullies, vaches sauvagcs ct aux cerfs. La maniere dont ils vienncnt a boul tlu rhinoce- ros est fort curieusc; quatre ou cinqhonimcs tienncul • en main des bamboos solides, et dont la poinle fort aiguc a 6te durcic au feu. lis j)arcourent ainsi armds les licux oil sc Irouve cet animal, en poussant des cris et frappant des mains pour lefaircsortir de sa relraile. Quand ils voient I'animal lurieux vcnir droit a eux, ou- vrant et ferraant allei-nativemcnt sa largo gueulc, ils se tiennent prets a le recevoir en dirigeant droit A sa gueule la pointe de leurs l^ambous, et saisissant le moment favorable, ils lui' cnfoncent larmc dans le gosier et jusque dans les enlrailles avec unc dcxterile surprcnante, puis ils prennent la fuite a droite et h gau- che. Le rhinoceros pousse un mugissenient terrible, lombeelse roule dans la poussicre avec des convulsions allVeuses , tandis que les audacicux chasseurs batlenl des mains ct cnlonnent un chant de victoire, jusqu'h ce que Ic monslre soit epuise par les flots de sangqu'il vomit; alors ils vont I'achever sanscrainte. Pour la chasse dcsautres animaux ils sc servant des armes a feu ; mais quclquefois ils prennent les cerfs ct les chevreuils au filet, cc qui est fori aiiuisanl. Apr^s avoir fcrmd loules les issues avec de for Is (ilcls, ils niet- tcnt le feu aux broussailles, el ceux qui veillenl aux filets resolvent ii coups de inassuc lesbOlos ej)Ouvanlees cl les assoinincnl. ( '75 ) Le poisson abondo sur les cotes niaritimes de Chan- tliaburi. Dans la riviere la pechc csl trc'spcu abondanlc, si ce n'est celle des Cancrcs qui y fourmillent, et sont la nourritLire la plus commune du peuple; ils Ics pe- chenl a la lignc, et un enfant peut en prendre ainsi jusqu'a cent par jour. Quant a la peche en mcr, elle se fait de trois maniferes : i° la peche aux squilles ou petites chevrettes de mer se fait avcc une senne de soie a mailles tres fines; quand on a envelopp6 et serr<^ les squilles, on les puise avec des seaux, on en charge des barques, on les broye avec une certaine quantity de sel, et on les expose quelques jours au solcil. Ces squilles broyees prcnnent une tcinte violetle et cxha- lent une forte odcur; c'est ce qui constltue Ic capi , tessource immense pour les sobres Siamois; 2° la peche avec des sennes qui enveloppent le gros poisson (st qu'on tire par les deux bouts sur le rivage; 5" la peche avec la senne flottante de cent tolses de long plus ou moins; elle ne peut avoir lieu que dans les jiuils obscures. Environ toutes les demi-heui'es on retire la senne sur la barque , on en d(5gage les dauphins, bo- nites et autres poissons qui s'y trouvent pi-is; puis on la remet flotter de nouveau. Le poisson pris de la sorte est sale, encaisse et vendu aux Cliinois, au prix de 4 li- caux Ic picle ou les cent catys. L'aspect de la province de Chanlhaburi est des plus agreables; au nord lavue est bornt^e par unemontagne tres haute , qu'ils appellent la montagne des fitoil(>s , parce que, disent ils, ceux qui parviennent au sommet y voientchaque etoile aussi grosse que le soleil (ce seul I rail vous en apprendra assez sur I'ignorancedes ha])i- laiils.) Cetlo montagne, dit-on, contient bcaucoup de j)ierres precieuses; elle est habilee par les Tchongs don I je parlerai plus has. ( '70 ) A rosts'elond jusqu'a lamer commc un vasic rideau unc autre montisgnc un peu moins haule , qui a envi- ron dix lieucs de long et pros dc trenle de contour, appel^e Subab. Le pied en est arVos(!f par plusiL'urs ruisseaux considerables , le long desquels sont des plantations de poivre. 11 est certain que cette belle monlagne recelc des mines qui n'ont pas encore el6 exploilees. L'irrigation des plantations de poivre se fail au mo) en de roues, coniposees d'une multitude dc bain- bous inclines qui puisent I'eau en montant, ct la vcr- sent dc cole en descendant. A I'oucst s'elevent plusit'urs rangees de collincs dont quelques unes sont boisees; les autres ainsi que les vall(^es sont d'immenses jardins dc manguiers, cocos , arequiers, douriens, jaccas , etc. , ou des plantations de tlioua la song, labac ct canne a sucre. Sur la pre- miere coUine qui est environ a deux lieues de (.ban- tbaburi et a une portee de fusil de la rivi6re, on a bali un fori immense cnloure d'un fossd profond. Cost dans ce fort que le gouverneur et les principales aulo- ril^s resident. La base de ccltc coUine est presque for- mee de concretions ferrugineuses, et le sol superieur est d'un rouge de sang ou purpurin , au point qu'on peut I'employer pour la pcinture. A partir de ce fort, apres avoir lravers6 deux petiles coUmes, on arrive au pied d'une monlagne celt'bre a Siam , nommee la monlagne des Pierres Procieuses; et ce n'cst pas a tort qu'on lui a donne ce nom, car elle' en recede vraimenl en abondance. Les pierres qu'on y trouvc principalemenl sont la cbrysolilhe, les grains de grenat, I'aigue-marine el d'aulres j)ic'rros dont j'ignorele nora , toules (rum.' belle eau el de di- verscs couleui'S.Deux aulrcscollinesvoisinessouliiches ( >77 ) en pierrcs precleuses, et j'enai Irouvti moi-m6me plu- sieurs h fleur de terre. Quant a la plaine de Chanthaburi, dont la largeur St est d'environ cinq a six lieues, plusoumoins, etla lon- gueur de douze lieues, elle est tres basse et inondeo par la raaree dans sa partie meridionale, puis elle s'e- leve peu a peu de dix a vingt pieds au-dessus du niveau raoyen do la rivii;re ; elle est arrosce par plusieurs ca- naux nalurels et ruisseaux qui la fcrtilisent. Chaque ann(ie, au fort des pluies, la riviere deborde et inonde la plaine pendant une ou deux semaines plus ou moins. La culture du riz y est assez n«^glig(!!e; aussi la recolte suffil-elle a peine pour les habitants de la province ; plus des deux tiers de la plaine sent occup^s par des bambous sauvages ou autres bois incultes. 11 me I'cstc a dire quelques mots sur la tribu des Tchongs, qui habitc au nord de Chanthaburi. lis oc- cupenl les hautes montagnes inaccessibles aux Siaraois ; ils ont cela de commun avec les Cariens, dont ils dif- ferent cependant beaucoup sous tous les rapports. A proprement parler les Tchongs sont ind6pendants; toutefois ceux qui avoisinent les Siamois leur paient Iributen poutres, en cire, cardamome, etc. ; maisdans I'inl^rieur aucun mandarin siamois n'oserait s'avlser d'allcr prendre le tribut, parce que les Tchongs gar- dent les gorges et defiles des montagnes, et nc laissent pen^trer chez eux que les petits marchands dont ils n'ont rien a craindi'e. Je ne sais riende bien certain sur leur religion, qui parait etre I'adoration des genics bienfaisants et mal- falsants. Parmi- ceux qui avoisinent les Siamois, plu- sieurs, al'instigation de quelques Talapoins fugitifs,ont embrasse le culte de Sommana RhoJom, et se sont XII, SEPTliMB. liT OCTOB. 5. 12 ( '78 ) iaii de pcliles pagodes cl dcs idoles. Ceux-ci briilent les moils, ceux-la los onlerrenl. Les Tchongs de rinlurieur obeissent a un roi qui jouil d'une aulorite absolue , ot fait observer les lois et cou- lumes, Ces lois sont, dit-on, tres severes et les delits peu frequents. Les Tchongs sont de petite stature, de conforma- tion vicieusc pour la plupart, ont le Icinlcuivre, le nez 6pate , les cheveux noirs et assez courts. L'babillement dcs Lommesconsisle en une simple loile serree aulour des reins; celui des femmes est une espece de jupe d'6lofl'e grossiere de diverses coulcuis. Lcur nourriluro ordinaire est du riz, des logunios, du poisson frais ou said et de la cliair de cerl" ou de bullle sauvage seche an soleil. lis mangent aussi sans repugnance, pour ne pas dire avec delice, des lizards et dcs serpents, et cent autres animaux immondes. Leurs habitations sont des hutles assez ele\6es donl les colonnes sont des arbres non travailles so composent les murailles de roseaux ou latles debambous, ct le toit de feuilles entrelacees. II paraitdillicile d'assigner I'origine des Tchongs ; en languc siamoise leur noni signifie passage , gorge , de- file. L'opinion la plus jnobable est que cetlc tribu est un ramassis d'esclaves fugilifs de diverses nations qui sont venus peu a peu so refugior dans les monlagnes, et chercher la liberte dans leurs forels profondes. La dillcrence qu'on remarque dans la constitution physi- que des Tchongs prouvc le melange des races cambo- gienne, laocienno et siamoise. Prcsque tous parlent ou entendent le siamois; mais ils ont en outre un Ian- gage parliculior qui est assez rude, et a quelques rap- ports avec le cambogien. Isoles, ils sont dans leur solitude prosque inaccessi- ( 179 ) bles ; les Tchongs ne cultivent la terre que pour les be- soins les plus n^cessaires de la vie; ils plantent le riz, le colon, le tabac et des legumes. Chaque famille a un vaste domaine presque inculte; et lualheur a celui qui oserail venir y voler quelque cliose , car il y a , dit-on * un demon propose a la garde de chaque possession , qui puniraitd'une maladie cruelle le voleur audacieux. Mais la verity est que, outre les maleiices efficaces ou non, ils emploient des poisons violenls qu'ils jettent dans certains puils I'aits expres, et I'etranger im- prudent qui en boirait risquerait bien d'y perdre la vie. L'occupation des femmes est de cuire le riz , tisser quelques nattes , faire un peu d'etofle grossiere pour la famille, et parlager les travaux de leurs maris dans la culture des terres. Les liommes vonta lapeclie, a la cbasse, font des paniers, abaltentdes poutres, les font tirer a la riviere par des bulTles, les amarrent en radeau, et attendent les grandes eaux pour venir les vendre a Chantbaburi, ainsi que les recoltes qu'ils ont pu faire, dans le courant de I'annee, de gomme, cire , carda- mome , goudron , resine et aulres productions do leurs forels. Le produit de leur vente est employe k acbeter des clous, des baches, scies et gros couteaux, du sel , du capi, et quelques autres objels de slricte ndcessite. La recolte de la cire est pour eux une ope- ration tres perilleuse. Les abeilles, presque aussi gros- ses que les hannetons en France , 6tablissent leurs rayons enormes sur les branches superieui'es d'un arbre colossal de cent a cent cinquanle pieds de haut. Or voici I'expedient mis en usage par les Tchongs pour arriver au nid d'abeilles; ils pieparent une centaine de lames d'un bois d'une extreme durcli^, ct les en- ( iSo ) foncent dans Tarbrc sur lequel ils vculcnt tnontcr, de maniere apouvoir poser un pied sur une de cos lames et lenir I'autre d'une main. Avant de faire celle ascen- sion perilleuse, ils nemanqucnl jamais de faire un sa- crifice au genie du lieu; puis, munis d'unlongel leger bambou attach6 derri6re Ic dos, ilsapprochenl le plus prfes possible des rayons de cire , et a raido de Icur bambou les detachont peu h pcu et les prdcipilent en bas. Ils n'ont pas a craindre la piqiire des abeilles, parce qu'ils ont eu la precaution de cliasser les essaims plusieurs jours auparavant par une fumee conlinuelle et abondantc. Quant a la r^colle du goudron, elle se fait de la ma- nifere suivante : a coups de hache ils font une entaille tres profonde en forme de petit four au pied du gros arbre r^sineux dont j'ai parl6 a propos de la cire; apr^s quoi on y fait du feu pendant un instant, et bientot I'huile ou goudron se distille et s'accumule au fond du four, d'ou on le puise tous les deux ou trois jours; celte buile, qu'on appelle jang, est d'un triis grand usage. On s'en sert pour goudronner les barques et confectionner les torches ; elle est merae propre pour la peinture quand elle a bien d^posd, et qu'elle est devenuelimpide. Pour calfater les barques avec celte huilc, il faut y meler de la r^sino en poudrc appelle Xiin , afin qu'elle acqui5re de la consistance. Si Ton Teut faire des torches, on creuse un trou en terre, on y jclte des morceaux de bois pourri, qu'on foule pour les rcndre menus; apr^s quoi, versant I'huile dessus, on la mele avcc cc bois pourri, de maniere a en faire une pate epaisse qu'on faconne dans la main, puis on I'enveloppc dans de longues feuillcs qui y adherent. II y a quelqucs medccins puruii les Tchongs ; mais I { »8i ) toute lenr science sereduit a rendre quelcfues hcnneurs supersliticux au genie de lamaison et a donner aboire une dd;coclion de planles dont la vertu est tr6s effi- cace. lis connaissent certaines racinos viaiment mer- veilleuses, avec lesquelles ils giierisscnt tres proinp- tement de la raorsure des serpents ou des tiimeurs quelconques. Peu de personnes se hasardent h aller pai'mi les Tchongs, par crainte des fifevres dont on est ordinaire- ment atlaqui en traversant Icurs sombres forels : ce qui les met dans un isolement coniplet avec les Ca- riens, les Cainbogiens et les Siamojs qui les avoi- sinent. RenSeIGNemeNts sur la geographie ethiopieime ( Lus a la seance dii i6 aout iSSg ). Les motifs exprim^s dans ma derni^re communica- tion a la Societe de geographie m'engagent a faire part de quelques aulres notions que j'ai recueillies oralement sur la geographie de I'Ethiopie. Les premicii'es renfermcnt une liste des villages *Hhabab et *Chohou , qui reconnaissent I'autorit^ du nayb de *IIharckyckou (i). Ce petit catalogue me fut (I) Les noma propres marques d'un astcrisque* ont ^'t^ ecrits par les savants du pays : on peut done regarder leur oitiiograplie comme exacte. Les letlres accompagnees d'aposlrophes designent des sons titrangers aux langues de TEurope occidentale : a desi- gne I'elif ou a long, et a lefathlia ou a bref des Arabes; cette ( i8» ) dict6 par un habilant lr5s inlellipent de *Moii.ss:iavwou', puis rovu et augmenle par I'lin des lUs du nayb. J'ai done lieu de croire qu'il lenferme peu d'inexacliludes. Je dois seulement prevenir que j'ai oubli6 de faire la dis- linclion enlre !les villages Ilhabab, el ceux des tribus diles Cbohoudans lesprincipalcs langues Abyssines. A'ly ElTondi, jeune bomme connu de louslesEuro- p^ens qui abordent a Moussawwou' , m'a d'abord donn6 la liste siiivanle. Ckayackor, Ckoonli, Wi'a, Domas, Mobadarowatay, Mouiru, Goumbout, Asous, Embiromi, Gallala, Omo- kouUou, AVaria , Cboumfintou , Toroa', Godemsnga , Kallara, *ii'alay (dans les iiaules terres d'Abyssinie), Zoulla, Dankal , Ilotomlou , Wedoube' , Wcdekbaro', Adibamali , Alkinlebay , Adbcdad , *llbabab , Siibil, Zaga, Maywouioy (c'est-a-dire can cliande , a cause de ses sources Iherraales ) , Maymelcb, Hnsmat, Mansa, Horto. Le fds du nayb retrancha de la lisle prec(^dente les noms des deux premiers villages, qui ne sont pas sou- mis a I'autorile de son pere. D'un aulre c6l6 il ajoula les noms suivanls : Zc'bkor, Achouma, Ilassaorta (vall(ie etcours d'eau), TokoudiiUe , Hamboukelli, Oulorokli, Ayrouri, Morel, Aloumayram, Al^klil, BoTire, Cbeub, Godgod, Feugrot, Weyn, Gozgijz, Dagri, Aniatcliaram, Ouio'gulou. Ces dernicre voypllc n'existe pas ei) franrais, et se lapproclie beau- coup de I'o, voyclle 6lliiopienne qui est I'analogue de notre e niuet ; ng desigiie Ic /)i;a sniscril, et r/ est uiie consonne il- morma tenant le milieu piilrc lo d tt Ic r ; ck est Ic ckaf arabe; ss est le ss3d de la incme langnc; la voyelle ou doit etre lies breve. ( i83 ) deux derniers sont les ruines do villes tres considerables d'apres la tradition , mais qui atiraient ete detruites par un de ces tremblemenlsde terre si communs dans le *Samhar. Moussawwou' est nomm6 *B"t'e'2iar les Hluibab. Sa pointeorientale est*RiisMouder. *RasDierarestlapoinle de terre ferme qui en est la plus voisine. Harckyckou est nomme *Dokbono par les Abyssins, *Dakbano par les Ilhabab,et *Mondor paries Cboliou. Celte singulitre variele de noms pour un lieu si connu doit engager les voyageurs a s'enquerir soigneusement de toutes les sy- nonymies de ce geni'e. Un cliaykh des Hassaorta me donna Ic liste suivante de villages Cbobou , ou pour mieux dire de leurs Iribus ainsi que des cbefs actucls de ces tribus : Ilassakliari , cbaykh Ibrabim ; Ilassalessen, cbaykh Naser; Lelicb, chaykb Soulcyman; Fogorotary, cbaykh Omar; Eycbe, cliaykh Adam, Parmi les C4hohou Tboroa : Betmous, cbaykh Idrys; Beserah, cliaykh Ibraim; Andagolou, cbiiykii Ibrahim; Berado'tah, cbaykh Mahmoud; Idda, cbaykh Barola; Dosamo, cbaykh Mahmoud; Ga'sa, cbaykh Ahmed; Belossa, cbaykh Ilaramodou; Zoulla, cbaykh A'ly; Gosa'acla et Hadjobkour qui n'ont point de chaykb. Souleyman chef ou *choum des Hassaorta, qui ni'a donne ces de- tails au commencement de 1808, ^tait alors charge de convoyer les caravanes en Abyssinie a travers son ter- riloire, dont le cliemin mene a H'alay. En aovit i858, le nayb donna celte charge lucrative a une aulre tribu qui devait conduire les voyageurs h *D6gsa (Dixan de Salt). Zoulla est peupl6 de pasleurs qui parlent la langue hhababy, mais qui sent neanmoins regardt^s par les ( 184 ) Chohou commc lcui\s Ireros. Pr^^s do la est un \illage tlu memc nom fondo dcrnioremonl a la suite d'unc vive discussion cntro deux candidats a la dignile dc choura. Enlre les deux \illages se trouvcnt les I'uincs d'Azoul, i'Adulis visitt' par Cosmas Indic.opleusles. D'aprcs la tradition des Illiabiib, cette ville c6ltbre fut delruitc par un Iromblcraent de torrc. On en dotcrre encore souvent du for ct du bronze manuraclurcis; ct sur rexlremite du cap Djerar on voil le chapilcau d'une colonne enlevde aux ruines de I'anliquo port d'Ethiopic. Les lignes et cannelures de cc tronron, taille dans unc picrre Irappiquc , rappcllcnt I'j^poque By- zantine. D'api'es le lemoignage'des Choliou , I'anliquc route comracrciale, entre ZouUa ct Jc plateau abyssin, paisc parBoure. Elle est assez douce pour qu'on puissc y {"aire passer de grandes pieces de canon. L'aulre route , suivie par Bruce , par Salt, et par les voyageurs europecns qui sont venus apres eux, lourne au sud a partirdeDo- khono, et s'engage plus tard dans un long delild qui sc Lifurque vers Il'alay parlc mont Cbounifeyto, ct vers Dogsa par le mont Taranta. U cxiste encore une autre route dite du 'lEamasen. Les caravanes qui la suivent s'arretcnt, en partant de *Advva, aux licux suivanls : K.idesa — 1 j. a *Onarya — o j. Total 22 i/2Journees. Quclqucs marchands abyssins m'ont dit qu'un ca- valier va en quinze jours de Gondar a Onarya, mais qu'unc grandecaravane emploie unmois. Le calcul de Fakiet Almiod tient le milieu entre ces deux donnees. Au-delad'Unarya sont les pays suivants : Gouma, *Karfa, Waratta au N. de Raffa, *Sidama, Koutcha, *Nonno, *Lofe et *D}andj6rou. Les gens de ce dernier pays sont rouges, c'esl-h-dire d'un teint approchant du blanc. lis se nomment *Bad6asa, boivent beaucoup de biere, et passentpour etre tr^s forts. Le mot djanjo- rou veut dire aveug/e en ilmorma ; en amharna djond- jarp veut dire singe. :.;ii;ri i A une journee au nord de Goudrou est *Hourrou ; a demi-journee au nord encore est *Amourou, tribu Galla. Liban est un richepays, a une journee au sud de Goudrou : sa ville principale sc nomme Gidiberet. A six journ(!?es au sud de Goudrou est Sibou , ou Ton exploite I'or. Fazoglou est a une journee de Sibou, et les habitants de ces deux pays contractent beaucoup de mariages ensemble. Abba *Bagibo, chef des Galla Oromo, a sous sa do- mination les villages suivants: *Limmou, *Sak'a , *Onga, *Walesouo, *Darrou, *Garoukke, *Sapa, *Ro- ( 188 ) Icbaou, *Gona, V^uzoiuljou, */>>oudjouma et *T'6n6- k'e; pr6s Nonno est Kolba. Enfin les gens d'Onarya connaisscnt de nom le pays de Bonga, situe Ires loin dans Tinterieur de I'Afriquc. D'apr^s le petit ilineraire ci-dessus, Onfirya serait assez bien place sur nos carles, c'est-a-dire cntre le 7' ct le 8° dogr^s dc latitude, du moins en supposant qu'elles donnent bien la distance de G^ndar a Yfag. Dans la communication que j'eus Tbonncur de fairc a la Socicte lors do sa derniere reunion solennclle .j'a- vancai quelcs Gallas Oromonommaicntlcur principale viile Oniira. Cette assertion, basee sur les renseicrne- mcnts de mon joune galla *Am<3chi n'etait pas exacte , ainsi qu'il doit en arriver lorsqu'on se bate de publier one premiere indication. Le Galla que noire lionora- ble et z6l6 collegue M. Jomard fait clever a Paris, nommant sa palrie Liinmou, et s'obslinant a so dire le compatriote d'Aniocbi dont il parle d'ailleurs la lan- gue , j'interrogoai ce dernier, qui me dit que c'elait bien la le nom de sa viile natale , appel(ie Oiiara dans le Gojam, et Unarya par les gens de Gondar. Ce n'(!;lait pas assez de toute cette confusion de noms qui varient suivant la langue dans laquelle on prend sesrcnscignements : jcn'aipresquc jamais pu parvenir a identifier les positions relatives des pays dont on me parlait dans la terre *Hbamedj , (car c'est le nom arabe qui correspond au terme abyssin dc Galla : mon cbfiykh Ahhmed traduisait tons les points cardinaux par les mots /bcA" et t^ahht , qui signifient en baut et en bas. Plutot que de le suivre dans un dedalc d'cxpressions ou I'esprit se perd , jo vais transcrire un passage de la derniere lettre que j'ai regue de mon frerc Arnaud d'Abbadie, dalec de Gondiir, octobre i858 : ( 189 ) uPeude jours apr6s ton depart, cespritonduessour- » CCS du Nil Blanc firent place a I'annonce d'une grande »mcr sal^e pres Raffa, et aplusieursautres choses fort » curieuses si Ton pouvait les croire vraies. Plusicurs »Galla ont scmble d'accord sur un point, c'est que le » fleuve Blanc vient du Darfour, ou au moins passe par » la. D'l^lnarya a Walaga , quatre jours dc route : de » Walaga a Dcnka , trois jours : h Denka le fleuve Blanc » semble se perdre dans une vasle plaine de sable noir smouvantet auriftre. L'un desGalla, vieux raais tres » (!!veille, me dit : Personne ne peut afilrmer ou est la ))fin du Bahr el Abiad. D'un autre cote, apres Ralla, »dit-on, dans les montagnes, est un grand fleuve qui fl coule vers I'interieur dans la direction du lac TcUiid. » Mainlenant je nedemande plus rien jusqu'h Enarya : J sans doute je trouverai la quelques renseignements. »Si Ton fait jamais quelque belle decouverte par ici, » ce ne sera qu'avec beaucoup de patience, et le tact de » demeler un fond toujours vrai des liisloires menleuses B que sans interet meme on vous conle. On n'achevera » rien en hatant : il faut se faire differeur et facile comrae »eux. » Cette annonce d'un lac interieur de I'Afrique m'a ele rep^tee par un Galla, qui dit qu'un vautour met cinq jours a le Iravei'ser, tanl il estgrand. Le marchand de Derita, Warkie,quej'aivu h MossaAVWOu', m'aparld aussi de cette grande mer inlerieure : il aflirma qu'elle est salee , et que les gens de Waralta vont a KalTapour en vendre le sel. La position de ce lac interieur corres- pond vaguemcnt avcc cello du lac Maravi qu'on trouvc sur nos anciennes cartes. Le meme Warkie m'a dit que la riviere Goudjoub coule par Rafl'a et Onirya dans I'Abbay. Lc^ riviere Itesa arrose le pays de Gouraa ; il ( 'go ) en est de mfirne du Wama, qui se r^unit a la prec^dente avant de se jetcr dans I'Abbriy. La grande riviere Gibe arrose lepays de iNonno. LcGoudercoule entre le Gou- drouetle Liban. Soiiro, Tambourou et Ginierisont dos pays au-dolu de Kalla. Enaryfi est situe au confluent de deux rivitres, le Gibe et le D'\h\. Ces renseignements, qui se confirment les uns les autres dans les points essenliels, me ramenentloujours A une conclusion : c'esl que lepaysGalla, au sud de I'Abyssinie, loin d'etre separe de celle-ci par les mon- tagnes figur^es dans la carte de MM. Combes ctTami- sier, forme au conlraire le bassin d'une grande riviere qui se r^unit al'Abbay; etce dernier pourra^tre appele KilBleu, quand il sera prouv6, contrairement aux assertions des marchands de Gondar, que le Gibe est un affluent inferieur arAbbay, au lieu d'etre, comme je le crois, tantpar sa direction que par le volume de ses eaux, la source-mtre du Balirel Azra^k ou iNil Bleu. Je terraine ici mes faibles renseignements : je vais retoumer dans ces pays loin tains d'oii j'esp6re rap- porter quelques notions plus detaillees et plus precises sur des pays qui me semblent reunir tous les problfe- mes les plus interessanlsdela geograpbie de I'Afriquc. Ileureux si, aide en merae temps que dcvance par les courses aventureuses de men frere, je puis un jour rapporter de ces pays des informations plus precises et mieux discutees, et qui, par la, soient moins indignes d'etre ollerles a la Soci^tede g^ographie. Antoine d'Abbadie. ( '9» ) •-S tn O o ft si < -H H a »-i z o p •a! < ^_^ ■3I?J0 "-" ■"• ~ ^ " C* to O - o in 00 fO CO ■•'•BID c-* t^ to t^ c^ >^ c^ r^ to M •saSein^I 00 M c^ « CI 00 o-. (3> to lO •lJ3An03 M M r^ 00 CJ to M Cl n m ■pjB|[|tlO.I3 w fO fO •^ « ys ir> o M o •8!i>ld M ^ "^ M •OuBJ() *o -* ■^ CJ CO c^ „ ^ „ o ' fn lO o r^ Ol .1^ >n CJ >o rl CO ~ o o o o O ;^ a 3 c 3 a o o o o 0 lO oo fO lo CO •UISIUBIC^ •^ M M "^ >H lO to ^ CO O S o c^ to o r^ ^* « IH „ ..- H S M T ^ - -, \^ •O-M « to vi- vd> to IH w M , D ^ o ■■o t^ l^ ■g-M OO *n « ^-t" E CO ■5 CO ■■o o-> t^ v+ •pus m r^ n w -* to o o to „ c^ O o •jsano M M in CO s o m t^ f« ^ to isa m M ct CO CO a n >o lO m «* V* ^ t« •sjjaraoui.isqx « CT o o o o o O •ajiamcieg to tC to to s « -0) a L. a CX) , CO c; -* 2 »o /«ivo^e en Kgypte comnie eii France. (2j Ibidem , E. M. , tome II bis , p. ^fiS et suiv. XII. SliPTKMU. ET OCTOn. G. l3 ( •94 ) En cffet, il resullo cK's ubservalions do cellc espt;cc failcs par le colonel Coulellc, et dcs observalions un peu plus nouibrousos que j'ai I'aites moi-memo pen- dant les annt^es vii, viii el ix , que les jours de pluic ne sonl point absoluinent rares au Caire. J'ai mcme observe une Ires forte pluie dans la haute Egyple , a Girgoli. Pendant six mois do I'an vii (du 18 novembre 1798 au 20 mai 1799), il a plu dix-sept jours, cl pendant quatre mois de I'an via ( du 28 octobre 1799 au 5 fe- vrier 1800) il a plu dix jours : ces nombres sont a peu pres dans la meme proportion. Je suis loin d'affirmer d'ailleurs qu'il n'ait pas pin dans les deux autrcs mois de ces deux annies : c'est seuloment un mi?iiinum que je prescnle ici. De ces vingt-sopt pluies, cinq ont ete tres copicuses; deux ont dure toute la journee , une est tonibee le matin ct le soir, une autre a el6 abondante et prolon- gee ; enfin , trois de ces pluies ont produit dans les rues du Caire une boue intoleral)le pour Ics pietons : on sait que les rues de cette ville ne sont ni parses ni ferries, et Ton concoit la dilTiculto de marcher dans la lerre detremp^o , surtout pour des hommes chaus- s6s de babouches. Le tableau ci-joinl, extraitde mon Journal de voyage, no pout laisser aucune incertitude sur la r6alil6 du ph^nomene , ct i'on pout conclure que vers la fin du xviir siecle , il pleuvait reguliorcment au Caire au moins i5 a iG jours par annde. Les moisplutieux (comptes dans qualro annecs con- si^culivcs) (I'laicnl au nombre de huil : ( 195 ) t'li oflolire il a [ilu i fojs eii iioveiubie (moyeuuede 2 aiiiitcs). . . 3 ul. ea decembre idem i, 5 id. en Janvier idem 3, 5 id. en fevrier j id. en mars i id. cu avril 5 id. ea mai ^ id. II m'est done impossible , malgre I'appel qui m'ost adrosse , comme a tons les mcinbios de 1' expedition, d'apporter mon temoignage en favour de I'asserlion de M. le due de Raguse. II me parait Evident que, preoccupe do ses anciennes lectures, il a jug^ super- tlu d'observer par lul-raeme. II n'en est pas do menie de ses rcmarques sur la culture de la vigne en tgyptc : elles sont parfaitement justes , et jo ne puis qu'y sous- crire, ayant observe moi-memc de grands vignobles dans le Fayoum, ct ayant vu faire du vin passable a Fidimin. Cost un liommage du a I'auteur du Foyage en Hongiie y en Palestine^ en Syrie et en Egypte; livre ou il s'est montre si souvent bon observateur etplein de sagacity. Aujourd'hui, M. le docteur Destouches vient appor- ter dans cetto question climatologique, un rosultat parfailement conlorme aux observations faitos a la fin du siecle dernier, et de plus il donne la mesure de la quantite de la pluie, chose que nous n'avions pu faire; lo nombre des jours de pluie qu'il a observes est de 12 a 1 5 dans une annee. On voit qu'aucun changement sensible n'estsurvenu dans le climat du Cairo, a moins qu'on n'admette plutot qu'il y a eu unc diminution au lieu d'un accroissement. On s'est done bcaucoup trop Imlc d'atlribucr une 10. ( '9^ ) revoluUon almosplieriquc aux jciines plants ronfios a la leire par Ic vico-roi d'Kgyjile. II est reel que tics ' avant 1837 , el soulonient dans Ics dernieis Icmps , il avail fait planter plus de seize millions de pieds d'ar- bres : je lo tiens de teiuoins surs el de source aullien- tique ; mais ces arbrcs sont d'espcccs Ires differcnles , cl quelle que soil la Iccondilij da sol, il faudra encore bien des annees pour qu'ils exercenl une action sur ratmosphferc. En ri^sume , les voyageurs qui nous ont precedes n'avaiontpasobserveavec allcnlion le clinuil d'Hgyiite, puisque leurs relations avaicnt donne lieu do ponser qu'il n'y tonihait pas de j)luic ; il laul on exceptor Po- cocke , iNiebuhr ol quelques aulres. En second lieu , des voyageurs recenls avaienl ac- cepte cette erreur, au lien de verifier le fait par oux- memes. En troisi^mc lieu , les obsorvalions authenliques failes pendant trois annees par la Commission fran- ^aise en Egypte , bien qu'imprimoes el ]>iil)!i(^es de- puis plus de vingl ans , somblenl avoir el6 considc^rees, pour ainsi dire, comme non avenues, pulsqu'on lui allribuait une erreur qu'elle avail, au conlraire , comballue el delriiile. Qualriememenl, il s'cst trouve des personncs judi- cieiises el inslruiles qui sont allies jusqu'a croire a une snrte de miracle , a la creation subite de la |)luie en Egvple , taudis qu'il est certain (jiie la quanlite de pluie annuelle n'a nullement augmcnte. Enfin , Ton s'imaginait quo les monlagnes sterilos ol descries quil)ordoiil la vallec du Ml, elcv6es de 5,4 el 5oo pieds au dessus du flcuve, ont jadis ele couvcr- les de vegetation , qu'ellcs elaiont plantees d'arbres, il y a qualrc-vingts ans sculemenl; landis qu'il est incon- I ( '97 ) testable que jamais les rocliers mis el souvenl a pic, qui conslituent ces deux chaines paralleles , n'ont porle aucun arbre sur Icur soinmet, ni sur leurs flancs; comment done a-t-on pu admellre un fait aussi extraordinaire que la disparilion de ces prelen- dus ai'bres f\moiiibrageaieiit les soinntitcs, et des pdlitra- ges qui les rccoui>raient jadis P Et qui aurail detruit ces forels? Comment aucun voyageur, aucun consul d"Eu- rope, n'aurait-il eu connaissance, ni de leur existence, ni de leur destruction ? II a existe el il existe meme encore des paturages sur la lisiere du desert; il y a aussi ca et la des hiiissons de mimosas, restes des boisd'acanthes qui arretaient jadis I'invasion des sables. J'en ai vu surtout du cole de la chaine libyque; mais les uns et les autres sont eleves Ires peu au-dessus du niveau do I'inondation, de quel- ques pieds seulement , et leur nombre a loujours et6 en diminuant : c'est la sans doute ce que les gens de Gournah et de Kene ont voulu dire au personnage distingue qui les inteiTogeait. Mais qu'y a-t-il de coni- mun cnlre ces pres, qui sont presque au niveau du Nil, et les rocliers arides situes a 4oo pieds plus haul, entre des epincs qui alteignent 2 ou 3 metres de haul, ct des forels d'arbres qui auraienl ete assez elev^es pour exercer sur les nuasjcs une attraction sensible? De lout lenq)s, I'Egypte a ele pauvre en bois; elle les tirait du deliors comme le for ; c'est ce qu'elle fait encore. Ce n'est pas a dire pourccla qu'elle ait 6t6 privee de la pluie dans les temps primilifs, pas plus qu'aujour- d'hui;ily a loujours plu, peiit-elre meme un peu plus jadis qu'aujourd'liui; et,denos jours, bion plusqu'on ne croyait. Ce que jc nie , c'csl ({u'il y ail eu deux clian- ( '98) gemcnls on sens inverse dopuis quatre-vlngts ans. Je no contesto pas I'aclion quo peuvcnt avoir a la longue des plantations considoral)Ics; mais je soulions que celles qu'on a dopuis peu efl'ecluees en Egypto sent loin encore de pouvoirproduire cet effet. Parmi Ics observations que j'ai cru pouvoir citer, j'en rappellerai une seule qui parait avoir echappo aux autrcs voyageurs. Sur un assez grand nombre de points, le Djehel Mokattnin , autremcnt la chaine ara- bique , est coupee par des vallons , descendant vers lo Nil; si Ton voyage sur celte ligne, Ton est arrets par des ravines mulliplices et si nombreuses qu'on est oblige, a tout instant, de reteuir son cheval ; ou bien si Ton chominc a pied , de ("aire grando attention a sa marche. Ces ravines semblent fraiclies; evidcmment elles ont 6t6 sillonnees -^vix les eaux pluviales, et ces pluics ont leurs sources dans les nuagcs que les vents d'est y Iransportent de la mer Rouge. Do pai-eilles ra- vines, mais plus rares , se trouvent sur le penchant de la cliaine libyque, a la lisiere du desert (i). J'ai Hi: a portee de fairc rrequemment cette observation, dans le cours de mes operations topographiques. La conclusion a lirer de ce qui precede est : i" que I'erreur commune sur I'absencc des pluies en I'lgypte n'a pas 6te partagee par les observateurs attentils, et qu'elle ne peut plus etre soutenue ; 2° Qu'il pleut aujourd'liui dans la mCme mesure qu'il y a quarante ans, et probablcment comma de- puis plusieurs siecles; oo Que les nouvolles plantations faites en Kgvpte (l) Voyez la Description dit Cai/c , in-ful. , p. 190, « I Disen'/itiuii de lEgypte^ El. JMoJ. , tome II , j). iliS. ( 199 ) sont encore sans influence sur la quanlile annucUe de la pluie. Je ferai suivre ces observations, d'autres remarqucs sur la temperature du Cairo; on sait que la moycnne annuelle a dte fixee par M. de Humboldt , dans son grand travail sur leslignes isolhermcs, a 22", 4 ccntigra- dos, d'apres les observations de la Commission des sciences d'Lgypte. [Metnoires de la Societe (V Arcueil , tome III. ) Tableau des jams de plui'a obseiyes an Caire et dans la haute Egyptc. ( Exlrait de mon Jounial de voyage et des obseivations da colonel Coutellc. ) AN vir. 2S bruin, II niv. 1?. IIIV. i3 14 i5 22 ■^ 28 12 germ. ' i() * 18 1 1 Ilor, 12 I 3 I" prnir. 1798. 18 IIDV. 3 1 cli'c. 2 3i 4 1 1 '7 5 7 8 3(. 2 3 20 1799 Janvier Plnie ct lonnerre. Pluie line. Pluie fiiii'. Pluie le inatiu. Averse on Ires furle pluie, du nialin an soir ; les rues sou! |)leines de l)oue(i). Petile pluie. Petite pluie le snir. Petite pluie. Pluie le inaiii). I'luie ju-qu'a niiili. Pluie ilaus la unit. Pluie (lijiuquedu Lliauisyuou vent du S.) lilcin. JJtni , Pluie assez furte. II pit lit a i;rosses i;oiittes pendant 8 a lo llllllilll'S. iPdUil A\ hstTvation le resle de laniiee). (i) Cetle averse et les anires (kniiiilrul asse/ lis ante ir^ cpii rrfunei t la |)luie an clinial du t'.alre. * Observations du colonel Coutelle. ( 200 ) 29 vcndem.i 21 ocloliri', 17 hi mil. S iiov. AN XI, 1 germ. 23 14 34 1 5 25 16 26 '7 9 "'*. 3o deccnibrc. lO 3i <800. 8 pliiv. 28 Janvier. 16 5 fevrier. 1801. 2 3 mars. Pluii' toiile la jniiruee (i). I'iiiii: iivaiil lo lever Jii soleil. I'luie abondaiile et prolonj^ee ; les rues soiit pleiiies de buue. Pliik: le matin ( t Ic soir. I'luie le matin. Jiiiiii. Ooultes d'eau le soir. /lie in. Idem. Phiic trcs forte de 3/4 d'henre, a la suite d'nii villi oulaq. t^ Point d'observat. le reste de ranuce.) Ptlile |i!mi' Ji: kliiiriisyn. JOMARD. I)jc LA HAUTEUR clc Sai/it-Pie/TC de Rome au-clessus da nweau de la nier. Dans Ic comptc que nous avons rendu dti mcmoire do M. Fergola rclatif aux operallons geodesiques des provinces seplentrionales du royaume de Naples, noire altcnlioTi s'cst arreteo sur iinc question qu'a fail nailro I'liu dos resullals de la liaison de ces operations avec la coupole do Saint-Picrrc de Rome; nous voulons (r) A GIrgi'li , Ic meme jour, violent orage accompaj,'iii'' de |>]iiie. Nota. On reinartiue soiivciit il;i!iellement de la vallec tlu Tib re : € En lySa, sous la direction des celobrcs Eustachio t Manfredi ei Monseigiwur Giovantii Bottori, on executa » le nivcllement du cours sup^rieur du Tibre. Cetto » operation s'etendit du pont nouveau sous Perouse Bjusqu'au confluent do la Nera; ct de ce point ello fut Bconlinuoe jusqu'a Malpasso, linu situe a quelqucs » niillcs au dcssus de remboucliure du Teverone, dcr- »nicr dos principaux alllucnts du-Tibre. Apr6s i'inon- • dalion survenue en 1742, deux ingenieurs bolognais, ■» Andrea Cliiesa ct Bernardo Gambanni\ furent appelcis » a Rome par le souverain pontife BenoitXIV: ces in- Dgenieurs, avec I'assistance du marquis Gio\'aimi Pie- ttro Lucnielli, lerminerent le nivellemcnt du cours in - »ferieur du Tibre, depuis le point de Malpasso jusqu'a » lamer, aux deux emboucliuros de ce fleuve. Ces »memcs ingenieurs publierent, en 174*^? tous les de- » tails de celte operation. La ligne do depart de ce ni- Dvellcment est pinse au niveau le plus bas de la mer »Medilcrran6e, et Ton s'est assure que, par une con- B stante observation faite aux embouchures du Tibre (la noi, comme sur tout le littoral romain , la plage est »tres basse), que la iMediterran6e, dans son flux ordi- nnaire, ne s'eleve pas de plus d'un palme ct demie (i) Nous ii'avons pu uous procurer li-s o[)iisfiiIfs aslrononiiques ile rannee 1834 , d'apres lesquels M. Kersola doiiiu! le. losuliat de< nsluiid- mes lie Home sm- la liauK'nr ik' Saint- I'liTie , au dcssus du uiveau de la mer. ( 2o3 ) ), (n'", 090), el, dans ses plus fortesbourrasqucs a cinq »palmcs et demie environ (i"',/i4)- I Divers profils du cours da Tibre dans Rome sont arapporles a ccltc ligne de niveau qui part de la sur- wfacc dc la raer (prise au niveau le plusbas). En com- ))parant le profil et la coupe du Tibre faite a Rome, au B port de Ripetta, on trouve que la dernicre marche de Dl'escalier de ce port, c'est-a-dire la surface du scp- wtieme dogre, en descendant de la rue vers le (leuve, »et sous Icquel dogre le fleuve coule commun^ment , .) est elevee au-dessus du niveau dela inerde 54 palmcs »3 onces, qui font 20 picds 6 pouces (7'", 65) a Ires »pou pres. En partant dc ce repere , on a trouve , par )) unc operation dc nivellement, que le pave de rcglisc ))de Saint Pierre est clevc , au dessus du niveau de la »mer, de 92 picds 9 pouces (3o"', i5), et le pave de »reglisede Sainl-Ignace deGrpiedsS [)ouces (i9™,7i) . » En diHcrminant relevation absolue du sol de I'e- Bglise de Saint-Ignace, on a confronts la grande inon- ndation qui eut lieu a Piome le 94 decembre 1598. ))('tttc inondation est marquee au port de Ripetta sur bIu colonne septentrionale (de la fontaine) : elle a at- » leint une t^lcvation de Gi pieds 3 pouces au-dessus du » niveau de la mer. On la trouve marquee aussi sur »une pierrc du vestibule du palais Crescensi (acluelle- « mani Ser/iij)i) avec I'inscription^suivanle : Tempore dementis hisqiiarti /lic mouse decenibiis Ante diem Domi>d Tybris imdci fait. ))La marque de I'inondalion tracee sur la pierre porta » une elevation de Go pieds o poucc, au-dessus du » niveau de la nier. Attendu le voisinage de ces deux Dcndroils, il semble que les hauteurs de nivellement ( -M ) » nc puisscnt pas tliO'ercr de i pied 9 pouccs. Pour- Dlant si on rctlochit que I'eaii, avant d'atloindre son »plein ct libre cours, se r^pand en surmonlant des » resistances et des obslacles, de tels empechemenls Dsont la cause que I'eau, en s'6levant, non seulcment j)sc nivelle clitficilement , mais qu'elle se Irouve plus • basse qu'elle ne devrait elre ; puis, dans les naemes nlioux, lapleinecau.en decroissantjSe licnt plusc^levec. » (i'est ainsi que mainles et mainles fois , dans les »inondalions qui sent survenucs, voulant examiner le 1) niveau de I'oau qui couviait la premiere marclic du n porliquedu Pantheon et la premiere marchedu port, a » la rue dcPiipetta,i'ai observe que, dans la croissance de »la pleine eau.lamarchc du portique du Pantheon etait I) plus elevee d'un pied et demielmeme davantage ; au » contraire , dans la decroissance de la pleine eau , j'ai I) trouv^ que la meme marche etait plus basse de deux »pieds et meme de trois. Si done dans la decroissance » de la pleine eau de iSyS, on marqua les deux points Bau port de Ripetta et au palais de Crescensi, on peut 0 deduire de la que , dans ce dernier point, la ligne de » niveau dut etre plus 6lev6e. Quelle que soit la cause » de cette dillercnce de niveau de la pleine eau (en deux »endroits sivoisins), il est certain que la marque tracee »au vestibule Crescensi etant tres proclie de I'^glise de )>Saint-Ignace, on a ainsi determine avec toute la pre- ocision desirable que le pave de lYglise de Saint- s'Ignacc (rapport6 a ccttc marque) a une di^prcssion » de 1 pied l^ pouces 5 lignos. Mais le sol des 6coles sest 6galcment inferieur au pav6 de I'dglise de Saint- nlgnace de 8 pouces 10 lignos; par consequent le "Sol des 6coles est inferieur a la marque du vesti- »bule Crescensi de 2 pieds i pouce qui equivalent a « ( 205 ) »3 palines, o onces, 2 minules. Or, clans unmanusci'it »que Ton conserve a la bibliolheque du CoUi^ge ro- i>main ct clans lequel sont notees loutes les parlicula- » rites relatives a ce raeme college, on lit, a la date du » 24 decembre 1698: A la premiere heure les elei>es vfiirent congedies; a la dix'Septieme heure Veau^ dujleuve ■St etait hors de notre egout; a la dix-neuvieme heure, elle » etait an seuilde la grande porte, ety dans la cour, elle de- •nbouchait par V egout ; puis , continuant a s'elei>er, Veau vcoucrit ntoutes les salles inferieures des ecoles a la hau- litearde trois palmes.n Quoique I'elevalion absolue du sol de I'eglise de Saint-Ignacc soil deriv^e d'un point de nivellement que Ton peut dire parfaitement exact, neanmoins M. Ca- landrclli vouliit vi^rifier cclte nieme elevation par des observations baromelriqucs correspondanles I'aites au bord de la nicr et a Rome. « En 1789, expose cet aslronome, Ic i4 mai , par un » temps calme et serein je fis les premieres observa- stions barometriques a la To/ir de Fiumicino (1) en un » point 6lev6 de 00 pieds au-dessiis du niveau de la »mer. Dans I'annee suivante, le G mai, par un temps » ^galement calme et serein , ces memos observations jfurent repetees, a Fiumicino, au niveau meme de la »mer. Trois barometres, dont la marcbe et les pctites tt variations ^taient connues , furent observes dans le »meme temps, a I'beure de midi, au bord de la mer, au nsol de Veslise de Saint-Isnacc et a Fohsetvatoire du » College 7vmai/i (altenant a ladite eglise). Lebarometre » de I'observatoire est celui qui me fut donne parl'Aca- (i) Gros Ijoui;,' siuie a remboutliure spptentrionale du Tibre,six lieiies au S.-O. de Rome. ( aoG ) ))d6mie do Manheim ul qui scrt, depuis 1784, aux » observations journalieres: il a sou niveau elcve de 1)101 pieds G pouces 7 lignes au-dessus du sol de • I'eglise. » En soumellant ses observations baromctriquos a la formula de Deluc, M. Calandrelli trouva qu'elles s'ac- cordaient a donner iGi pieds a I'elevalion du baro- metrc de Tobscrvatoirc au-dessus du niveau de la mer : mais ce lueme baromelre est eleve au-dessus du sol de I'eglise de 101 pieds G pouces, et, parle nivcllemcnl de la vallecduTlbrc, le sol del'egUse est eleve do Gi pieds 8 pouces au-dessus du niveau de la nier; il en conclul avec raison que Ic nivellement du Tibre s'accorde au- tanl qu'on pent le desirer avec Ics observations baro- melriques correspondantes du i4 niai 1789 et du G niai de I'annee suivanle (calculecs par la lormule de Deluc). Ayant determine de cette mani6re I'elevation abso- lue du sol de I'eglise de Saint-Ignacc (GiP'S''), M. Ca- landrelli etablit la bauteur du sol de I'observatoire au- dessus du niveau de la mer en ajoutant a Gi pieds 8 pouces I'elevation de ce sol au-dessus de celui de r^glise, elevation que i'on a trouv^e elre de 1 14 pieds 10 pouces, en sorte que la bauteur absolue de ce niemc sol serait de 17G pieds G pouces (57'" 554). ' De ce sol D de I'observatoire dont on peut observer les collines B qui Tenvironnent, on a pu y rapportcr, ajoule M. Ca- »landrelli, I'elevation ou la depression de ces memcs » collines. » On voit que le sol de I'observaloii'e dont il s'agit ici n'est autre cbose que la plato-furme du Col- lege romain , lieu de la station que nous avons faitc en 1809. Voici, d'apres Ic mcmoire dc eel aslronomc, le ta- ( 207 ) bleau dcs observations barom^lriques faites simulla- nement a Fiumicino et a Rome ; nous y joignons la transformation en mesures metriques pour l6 bare- metre, et en divisions centigrades pour ie thcrmo- metre de Reaumur, afm de rendre ces observations susceptibles d'etre soumises a la formule de La- place. Le 14 mai 1789. — Tolr de Fiumicino a 9m,745 (3o pieds) au-dcssuj dii niveau de la uitr. Baioni. uSi'". 4I, 0^= o"\7G6983 TIktiii. du bar. =18°, 2=22'', 75 Thtrui. liljre = iS ,8=23 ,5o EGMSF. DE SAINT-IGNACE RaroiD. 2811". 3'. 5 = o'",7G58J4 Therm, du ljar.= 160,7=200,8 7 5 Therm, libre =16 ,7=20 ,875 OnSERVATOlRE DU COI.LEOE UOMAt:?. Barom. 281"', 21, 3 = 0™, 763149 Therm, du bar.=i8°,o=22c^5j Tlierui. lib. =iS ,0=23 ,5o Le 6 ma'i 1790. — Fiumicino, au niveau de la mer. Barom, 27?". 9',4 =0™, 752094 Tlierm. du bar. =i4'',3=i7<^,875 Therm, libre =14 ,3=17 ,875 EGLISE DE SAINT-IGNACE, Barom. 27P0. 8', 6=0^,, 750291 Therm, du bar.=:i4i>,o= 170^50" Therm, libre, =i5 ,7 = 19 ,625 ODSERVATOIRE DU COLLEGE ROMAIN. Barom. 27P°. 7'. 3==oiu, 747358 Therm, du bar.= i4'',2^i7c,75 Therm, libre =i5 ,7 = 19 ,625 Nous avons calculi ces observations barom»^triqucs selon la formule de Laplace, a I'aide des tables d'Olt- manns; nous avons trouve, pour la hauteur absolue de I'eglisede Saint-lgnace et del'Observatoire du College romain, les resultats suivants: ( 208 ) SOT. Tie F.'kc.T.ISE «£ SAlNT-IGNArE. _ , , . , ( U mai 1789 aom,o54 Par los observations du -^ 6 mai i7yo 20 ,009 Moyenne = 20,,,, o3 Ou a trouve par le nivellenieiit dii Tibn; Oil". 8h<'. .= . .20 ,o3 rOIXT DU NIVEAU DU BAROMETRE , A l/oCSBRVATOIRE DU COLLEGE ROMAIN. _ , ■ .. 1 < 14 niai 1780 .';3"',oj3 Par es observations du ■: ,. ■ c. ««„ ( 6 niai 1790 Si ,300 Moyenne = 53"', 4 5 On a trouve par le nivellcnienl du ril);c, Cil'i. S,,„. -)- ioi>'. 61'". = tG3l''. 2P", r,3 ,00 Los r(^sultals desmcsures barometriqucs concordcnl done parl'iiilerncnt avoc ccux que doiine le iiivelleincnt du cours du Tibre; par consequent la hauteur al)Solue du sol de la plate-foime du College romain que M. Ca- landrelli elablit, d'apr^s ce nivelleinent, a 176 pieds 6 poucesqui font .57'", 33, doit etreconsider^e comme obtenue avec una exactitude satlsfaisante. Selon la luesure tiigonometriquc que nous avons op^ree en 1809 par la liaison de Saint-Pierre avec I'observatoire du College romain, nous avons trouve que le soramet de la croix de Saint-Pierre est elev6 , au-dessus dc la plate-forme du College romain, de io2>", 88 (1) la hauteur absolue de cette plate-forme 6tant de 57"', o-l On a, pour la hauteur du sommol de la croix de Saint-Pierre, au-dessus du niveau dc lamer iGo'", 21 (1) Station faite a Saint-Pierre sur ia ae galciie ( cille dc la Lan- terne ), le 12 novembre 1809. L Distance zenitbale du si-nal du CoIIt'se romain pnr^/i repetitions ( 20() ) •D'une autre part, selon le nivolleinent qui lie le pav6 (le r^glise de Saint-Pierre au repere tlu port de Ri- petta, la hauteur absolue de ce pave serait de c^^^'if, qui font So'", lo et si Ton ajoute la hauteur du sommet de la croix au-dessus du pave de 1'^- glise, en admettant la mesure de Fon- lana citee par M. Callandreli (page 49 de son memoire), raesure qui donne 593 palmes ou 407'', SaS, qui font. . . iSa"', 48 on aura pour la hauteur absolue du sonamet de la croix de Saint-Pierre, au-dessus de la mer 162"", Gi Ce resultat, compart au precedent, offre une diffe- rence de 2"', 4 qu'on pourrait atlribuer au concours des petiles erreurs qui ont pu etre commises dans la mesure de Fontana relative a la hauteur du sommet de la croix de Saint-Pierre au-dessus du j)a\e de I'e- glise, et dans le nivellement qui a rattache ce meme pave au repere du port de Piipetta. Nous sommes done 102*^,34575; hauteur du sommet de la croix de Sainl-Pien-e au-dessus du ceutre de TinstrumeDt iS"", 90. Station faile au College romaiu ( sur la plate- forme), le iS novem- bre 1809. Distance /.enilhaie du sommet de la croix de Saiut-Pierre par 4 repeti- tions 97^1, 2o5o. ; liaulcur de la mire dii signal du College romaiu au-dessus du ceutre de riustrtmiLiit 3[ii u et au-dessus du sol de la plale-forme 4 34 Distance (leJuile a I'hori/.ou) du signal du College remain a la croix de Saint-Pierre = a3o3'",93. XII. SF.PTEMn. liT OCTOll. 7. l4 { 210 ) porlc's a donner ia pvefcrcncc a la delerrainalion que Ton obllent par la niosurc trigononidtriquo qui lie Saint-Pierre avec le College ron:)ain, parce que le calcul des observalions baromelriques correspondanles con- firine pleinemenl I'exaclilude de la hauteur absoluc de ce College , telle qu'elle est donni^e par le nivelleinent du cours du Tib re, ef que Ton jjcut repondre, a quel- ques centimetres pres, dc la precision de la hauteur trigonoinetrique du sqmmet dela croix de Saint-Pierre au-dessus de ce menie College; ainsi, scion nous, la hauteur du sommel de la croix dc Saint-Pierre au- dessus du niveau de la mcr serait do . . iGo"', 2 Les astronomes de Rome ont adopl6 le nombro 161", 6 qui est conformc (ao'", 2 pr6s) a celui que Ton aurait eu prenant ia moycnne cntre les deux dt^tcrrai- nations que nous venonsd'examincr. On ne peut done attribuer au resultat des aslronomes de Rome, dans la discordance de i4"', 7 olTerte par lamcsure g^odesique des ingenieurs napolilains, une part probable qui puisse aller au-dela d'un peu plus de i'". Si M. Fergola avail eu connaissance des documents donl nous venons de faire usage, il aurait vu que sa de- termination est inadmissible :1a lorte anomalie qu'elle presentc dans sa comparaison avecle i'6sultat des astro- nomes de Rome ne peut etre attribuee qu'a des er- reurs dont cet ingenleur trouvera probablemenl la cause. On sait que les resultals d'un bon nivellemenl g^odesique , mis en rap|)ort avec des points com - muns qui ont une exactitude incontestable, n'of- IVenl pas des 6carls qui depassent i ou 2 metres au plus. Les nonibreux rcsultats des nlvellements geode- siques de la uouvlUc carle dc France ne presentcnt, sur tonics les slalimis dc comparaison des chatncs ( ^^^ ) principales des triangles du premier ordre, qu'une dif- ference renfermee presque toiijours dans une limite bien plus etroite que celle que nous venons d'indi- quer(i). CORABOEUF. (i) La seconde parlie de la Nonvelle description geonietrique de In France ( acliiellement sous presse ) , conticnt tous les resiillats de nos nivellemeiits geodesiqiies dii premier ordvc , aoconipai^nes ties elements respeclil's doiil on a fall usage dans le caicul des diflerences de niveati pour qii'oii [Kiisse en verifier Texactilude si cela etait uecessaire. »4. ( ^ * '^ ) DEUXIEME SE(7nOIV, Actes de la Societe* PROCES-VEllBAUX DES STANCES. PnisiDENCE DE M. JOMAHD. Seance (iu G scptcmbre i85f). Le procc'S-verbal do la dcrnierc seance esl In el adopte. M. Caporal , liculonant-coloncl an service d'E- gyple, inspccteur - g6n(^ial du sei'vice de sante en Crele , adi'esse ses remcrclomcnls a la Sociild qui vienl do I'admeUrc au nombre de ses mcmbres. M. le secretaire perpdluel de rAcadonilo francaise remcrcie la Soci6le de I'envoi du lome IV de ses M(J- moircs. M. le directeur des colonies adressc la Iroisieme parlie des Notices statisliqucs sur les colonies fran- 9aiscs, publiees par les soins du minisl6re do la ma- rine. Par une lellrc dalee do Pelcrsbourg leg-21 juillel , M. A. de DemidoTr, vicc-presidenl de la Sociele, an- ( 210 ) nonce a la Commission cenlrale qu'il a rc^u ses in- slructions, et qu'il s'occupe dc reclierclier les docu- ments et les cartes dont il se fera im plaisir d'enricliir sa blbliolheqae et ses archives. M. Jiirine, directeur du seminaire dcs Missions Eirangores, ecrit a la Society pour lui ofTrir de la part do I'auteur, My Taberd , eveque d'Isauropolis ct vi- caire apostoliquc de Cocliinchine , im cxemplaire des deux Dictionnaires cochincliinois quo ce prelat vicnl de publior au Bengale. L'un des deux Dictionnaires avail (5te commence par M. Pigneaux , eveque d'A- dran ; I'autre est accompagn^ d'une carte de I'empire annamite , dress^e par Msr de Taberd. M. Desgraz-Bory ecrit a la Society pour lui faire hommage de son livre intituled : Paroles cVunnigociatd, et de sa brochure : Proinesses da present et de Vavenir. L'auteur, qui assiste a la stance, rappelle h la Soci6t6 I'envoi qu'il lui a fait precc^demment de ses M^moires sur I'agrandisscment et I'assainissement du port de Marseille. La Commission cenlrale s'est d6ja fait ren- dre compte du premier de cos Mcmoires, et M. Huerne de Pommeuse veut bien se charger d'examiner le se- cond projet. M. le secretaire communique la lisle des divers ou- vrages offerts a la Societe. La Commission centrale vote des remerciements aux donateurs, et ordonne le depot de leurs ouvrages a la bibliolheque. M. Jomard communique des renseignements sur le voyage de M. Fresnel en Arabic, et il annonce la mort de M. Dufey, qui venail d';irri\or en Egypte apres un voyage en Abyssinie, ou il avail agcompagpe M. je docleur Aubert. (2l4 ) M. d'Avezac communique une Icltre de M. Ic capi- taine John Ross, conlenant les details suivanls: « Notre expedilion anlarcliquo, sous Ic commandc- ment du capilaine James Clark. Ross , va bicnlot par- tir. Vous Ycrrez les inslruclions de notrc Sociel6 royale dans le dernier numcro de VAthenceum. »Nolre voyageur, I\I. Scomburgck, en Guianc, "a alleint Esmeralda sur rOrc'noquc , ct a li6 ainsi ses operations avec les travaux du baron de Humboldt. »Un navire de I'entreprenanl M. Enderby a encore dticouvcrldes lerres en deux dilTerenls endroits par de hautes latitudes m^i'idionalcs, savoir: I'ile Ballcuy, pur 66° 45' S. et iG3" ii' E. do Gr. , el la terre Sabrina^ par 65' lo' S. et 117" E. de Gr. Ce dernier nom est celui du navire ; le premier, celui du capitaine. » Rl. le President rend comple a I'Assemblee d» la reception bienveillanle que M. le ministre de I'instruo- lion publique a luitc a la deputation chargee de lui olTrir le 4'' volume du Rccueil des Memoires. M. le minislre a tcmoigne a la de[)ulation tout linleret qu'il prenail aux travaux de la Societe, el il a promis de les encourager par une souscription. M. Jomard rappelle a la Commission ccnlrale I'im- porlance qu'il y aurait aujourd'hui de donner suite au projet de publier le Dictioimnire et la Granitnaire bei- heres de f'^entiire; cette offre, dit-il, avail deja el6 faite il y a pr6s (fe quinze anneos ; le dc^faul do fonris I'avait fait ajoui-ner : aujourd'hui, lo credit accorde j)our I'Algdrie permet a la Sociitd d'oflVir scs soins a iVI, le ministre de la guerre pour publier une (idilion corrccte I ( 2'5 ) et complete de ces importanls ouvrages, qui sonl connus dumondesavantdepuisrextraitdonncparLangles, a la suite du voyage de Hornemann, ct qui ont pris un inte- ret lout nouveau depuis Foccupalion de la regence. Get ouvrage, dit-il, devrait elre imprim6 a I'lmprime- rie Pioyale, avec tout le soin que m^rite un travail des- tine a faire honneur a la France , ct a I'aide des se- cours que pcuvenl fournir a la Socidte les lumiires des oricntalisles qui lui apparliennent. Le volume de Ven- ture ferait suite nalurclle aux tomes V"", Vl"'" et Yll'"', consacres a El-I^drisi et a Aboulfeda, et M. Jau- bert, ancien ami el compagnon de voyage de Ven- ture, qui I'un des premiers a fait celte proposition , s'eslimerait lieureux de donner ses soins a la publica- tion ; enfin, le court exlrait du Dictionnairebcrbere de Venture insure au tome IVdes Memolres doit en faire d6- sirer vivementla publication. M. Jomard ajoutequ'una fois I'ouvrage de Venture public elrepandu dansl'Alge- rie.il sera facile aux inlerprelcs de I'armee , et surtout a M. Honore de Laporte (qui a donne dejh un petit voca- bulaire Kabaile), d'y (aire des additions, el de donner des dcvcloppemenls relatifs aux diff(^renls dialectes ct auxmoeurs deces peuplades; xnais que le texle de Ven- ture ctbit^tre respects religieusement, et donne tel qu'il est. II fmit par proposer a la Sociele : i" d'c^crire au ministre de la guerre pour lui offrir de publier dans le Recueil de la Sociele le Diclionnairc et la Gram- maire bcrbferes; 2" de prierM. le ministre f!e I'inslruc- lion publique d'appuyer, pros de son collegue, cetle proposition, M. d'Avozac rappello qu'a uiie (''pn(]uo ou il avail etc question de cetle publication , aux I'rais du minisl^re de la guerre , il avail provoijue la redaction d'un de- f o.(i ) vis; ce devis se monUul a G.ooo fr. pour un volume in-4°, renfermant los deux ouvrages. II ajoute qu'on pourrait reuuir a la fin plusicurs testes en berbure pour completer la publication. La Commission, aj)r6s en avoir delibere, decide i l'unanimil6 qu'il sera 6crit en ce sens au ministre do la guerre et au minislre do I'inslruction publique. La Commission centrale, siir la proposition de sa section de comptabilit6, accorde a M. d'Ave/.ac un tirage do cinquante exemplairos de la relation dcs voyages de Saevulf , publiei^ par ses soins dans le 4'' vo- lume dcs Memoires de la Soci^te. ",' M. Alberl-Montemonl lit la suite de I'analyse qu'il a faite de Touvrage de M. Voodbine Parish, ayant pour litre : Buenos Ayres et les proi'inces de lUo de la I' lata. — Renvoi d'un extrail de cclte analyse au comile du Bulletin, Seance dn 20 scptcmhre iSSg. Lc proces verbal de la derniere seance est lu et adopts. La Soci6t6 asiatique remercie la Commission cen- trale de renvoi du 4* volume de ses Memoires, et lui adresse la collection dos divers ouvrages qu'elle a pu- blics dcpuis sa fondation. M. Jomard presente a I'Assemblde, M. Greenough , I'un des presidents de la Societe royale g(^ographique (1(^ Londros , auleur d'lmo carte mineralogique de la Grande-Brelagne, et il I'invite a vovdoir bien commu- niquer a la Commission centrale une Note siu' ses in- l^ressauls travaux. ( 217 ) Le meme membre offre a la Society , dr. la part du capitaino Sabine, un rapport sur les observations ma- gnetiques faites clans les lies Britanniques. M. Bertelot lit une lellre que liii adresse M. Alph. de Candolle, dans laquelle il lui annonce le prochain envoi d'un M^moire de g^ograpliie physique relatif a la determination des hauteurs orographiques mesurees aux alentours de Geneve dans un rayon de 20 a 25 lioues. Ce travail est accompagn^ d'une nouvelle for- mule pour indiquer comparativcment I't^l^vation des montagnes du globe. L'autenr, developpant lui-meme son systeme dans la leltre cit^e , divise les deux points extremes des hauteurs a la surface delaterre en 100 de- gres d'altitude. Ainsi^ I'llimalaya, suppose lepoint cul- minant, ctanta 100', lemon tLiban atteindraitSy", c'cst- a-direque son elevation eijuivaudrait aux oy/iooe de la plus haute monlagne du globe. M. de Candolle pense que ccttemaniered'exprimerr 11 Ititude relative serait de beaucoup preferable a I'indication consacree jusqu'Ici qui no donne que la mesure absolue. Toutefois , la mcsure reelle du point culminant etant encore incer- tainc , il ne propose rechelle d'allitude indiquee que comme moyen provisoire, et neglige pour le moment loutcs les fractions de dogi-o , dont les erreurs seraient pcu importantes. Le degre provisoire etant la loo*' par- lie de I'espace suppose entre la mcr et le point le plus elev6 du globe, il I'estime a 78", 24=256, 69 pieds an- glais. Celte hauteur serait celle du Pantheon de Paris au-dessus du niveau du sol, ou la loo'^ partie de I'alti- tude del'Ilimalava, dontlahauleurabsolueestde 25,669 pieds anglais, d'apres I'ostimation la plus probable. Celte communication soulevc une discussion a la- quelle plusieurs mombros prennent part. ( 2'8 ) M. Jomard expose succinctoment un mode de nola- t'lons des allitudos qii'il avail con^u a roccasioh de la molhode propoSi^e par M. Costaz : cc mode a cela de parllculior qu'il exprinie la 3" coordonn6c dans Ics memes termcs que ceux qui sont adoptt'S pour cxpii- mer la lalilude ct la longiliide , ct qu'il donne eft mfime temps, par nn calcul cxlremcmcnt simple, la haii- leur absolue en mclrcs ct fractions de thfctres. II a encore cclte prnpriele, que I'unilc^ de mesurcs dos altitudes permct de nnlcr les resullats avec un tres petit nombre de cliiffres. Le meme mcmbre donnc lecture d'une relation du vovage de M. Bolta a I'ost de Zebid en Arabic, avec le recil de son ascension sur le mont Saber. M. Jomaril presonle ensuite un ouvragc qu'il vicnt de publier sous le litre de Ilisloire soniinaire de VE gypte sons Mo/ia/fu/ied-yJ/j, on Recit des evenenieiits (jui out cu lieu depuis iSao jusqu'a i838, par M. Mengin, suivie des Ktndes ctlinogeographi(^HCs snr r Arctbie , ;'i la suite desquelles 11 a donne la relation du voyage recent de Mohanimed-Aly dans le FazoqI. Get ouvrage est accompagne d'unc carle generale dj I'Arabse ct d'une carte specialc de la province A'A'sir, contree peu connuc; les bases de ce travail soul, i" une reconnaissance failc par des ofllciers de I'armee egvp- llenne ; 2" un document geograpbique el bistorique ecrit par un cbeykb arabedc la suite d'Abou Noglali , commandant dans I'A'sir. M. le colonel Corabceul fail un rapport sur une re- lation des operations geodcsiques execulees dans les provinces septentrionales du royaume de Naples, par M. Fei'gola, officier du genie , etadressee a la Socicte ( 219 ) par M. le colonel Visconii. — Renvoi au comllo du Bullelin. Seance du 4 octobre iSSg. Le proces-verbal de la derniere stance est lu et adopts. M. le minislre de I'instruction puljlique annonce a la Sociele qu'il vient de sonscrire a viiigt-cinq exem- plaires du 4e volume de la coilccllon do ses Memoires. M. le President annonce que par une decision, on dale da 2 octobre, et en reponse a la proposition do la Societe,M. le ministrc de la guerre accorde un premier fonds de t,5oo fr. pour coritribuer a !a pul)li- calion du Diclionnaire el do la Grammaire berberes de Venture. M. le minislre lemoigno a la Sociele I'interet qu'il prend a celle publication faite sous ses auspices. L'Academie royale des sciences de Berlin adresse le volume de ses Memoires pour I'annee iS^y. La Sociele royale geographique de Londres remcr- cie la Commission cenlrale de Tenvoi du 4c volume de ses Memoires. Ms-- Pallegoix, eveque de Mallos, ecrit de Siajulbaja , ancienne capilale de Siam , el adresse a la Society une relation de son voyage a Chanthaburi, suivie d'un apercu sur la Iribu des Tchongs. La lecture de celle relation est rcnvoyee a la prochaine seance. M. Daussy communique un Extrail du Journal du navire /'A7/jrt Scott, allanl de rile Campbell vers le polo nord. — Pienvoi au comile du Bulletin. M. Barbie du Bocage annonce qu'il est charg(5 par ( ino ) M. le minislro dos affiiires elrang*!;res d'informor la Soci(^lc (lu prochain depart de Tambassadc franoaise qui se rend en Porse , ot dc lui demander pour les menibres de celte ambassade une serie de questions geographiqucs. Le memc membrc dcmande aussi quel- qucs instructions pour deux voyagcurs qui se rendent sur la cole oricnlalc de I'Afrique et dans I'inleriour de ce continent, en s'attachant surlout aux points de Zcllah, Brava , Zanzibar et aux conlrees adjaccntes. Deja M. Evries s'est entretenu avec I'un tie scs voya- gcurs, et il s'est empresse de lui donner toutcs les in- dications proprcs a le guider dans scs reclierclies. Enfin, M. Barbie du Bocage annonce lo prochain depart de M. le conite dc Rattlmanton, consul de Franco a Damas, et il prie la Sociele de lui adresser quelques questions sur les reclierclies auxquellcs M. de Rattlmanton pourrait se livrer dans I'interet de la geographic. 31. tl'Avezac exprime , au nora de deux aulres voya- gcurs, le voeu de rccevoir les instructions de la Socicte. L'un se rend dans I'lnde avec le projet special d'y re- cueillir des livres , des inscriptions, d'y etudicr les monuments qui peuvent eclairer I'ancienne histoire du Boudhisnio; la direction dc la route suivanl laquelle il se propose de poursuivre ses reclierclies pent 6tre representee par une ligne onduleuse qui partirait de Calcutta en lirant vers le Caboul ; le voyageur sera empresse de faire servir aux progres de la geographic des explorations entreprises dans un autre but. L'autre voyageur se rend dans la Susiane avec des projcts d'invcstigallon , prlncipalement archoologi- qucs; inais b"il pcut etre util(! a la geographic , soit sur sa route entrc la Syrie et le site presume de Ian- { 2-^1 ) cienne Suse, soil a son rotour entre ce point et T6- h(^ran, il I'ecevra avec reconnaissance los direclions de la soci^te, et il se fera un plaisir de multiplier ses ex- cursions chaque fois qu'il pourra en r6sulter quelque lumiere dans I'int^ret de la science. M. le President invite MM. les membres de la Com- mission centrale a s'occuper de la redaction des in- structions demandees par ces divers voyageurs. .,] M. d'Avezac offre a la Society un exemplaire de la Relation de Madagascar^ de Souchu de Rennel'ott , ouvrage peu common, et dont il se trouve heureux de possedcr un double pour le deposer dans la biblio- thfeque. M. Roux de Rochelle offre, de la part de I'auteur, M. Vail, une Notice sur Ics Indiens de I'Amerique du Nord. La Commission centrale vote des remerciements aux donateurs. . -a , M. Noel Desvcrgers lit la suite de ses Notes sur Atlienes et sur I'Attique. — Renvoi au comite du Bul- letin. M. Jomard communique la suite de la Notice sur le voyage de M. Botla, a Test de Zebid en Arable, avec le recit de son ascension sur le mont Siiber. M. Pilian de la Forest lit I'introduclion placee en tete de la Bihliotheque geo^nipJtiquc , lustorique etstatls- tiqiie de la France, qu'il va publier en oo volumes. L'auteur fait connaitre le plan et la division de cet ouvrage, et Ics nombreuses sources ou il puise depuis dix-sept ans que son travail est commence. ( 222 ) Seance da iS ociohie i85g. Le procfcs-verbal do la derniere seance est lu ct adopts. M. de Ddnndoff, de retour de son voyage en Russic, adresse une liste des meilleures cartes publi6cs par ses compatrioles, en priant la Society de luifaire connaitrc celles de ces cartes dont elle ddsirerait enrichir sa bibliolheque. M. le President de I'CSIavrc de la propagation de la foi, a Lyon, soumet a I'examcn de la Socielo unc petite carte de la presqu'ile Indo-Cbinoisc , dressec hi I'aide d'indications fournies par les missionnaires. II la prie de vouloir bicn lui faire connaltre Ics mcilleurs documents a consuller pour complciter cc travail, et rectifier les erreurs qu'il presente. M. le President so charge de transmeltre ces ronseignements. M. le President invite la Commission ccntrale a re- digcr, le plus tot possible, les instructions qui ont 616 demand^es pour divers voyagcurs et pour les membrcs de I'ambassade qui se rend en Perse. M. Jomard communique un tableau dcs observations m6t6orologiques faites au Cairo pendant les annoos i835, i856, 1857, 1808, par M. Destoucbcs, mombrc du conseil general de sante d'Egyptc, d'ou il rdsultc , 1° que la temperature moyenne au Caire est con- stante el ne s'dloigne pas de 22 degr6s; 2° que le nombre moyen des jours de pluie est do 1 2 par ann6e ; 3° que cet 6tat atmospherique est le memo qu'au temps de I'expedition francaise. M. Jomard joint a colte com- munication quelqiies rcmarques relatives au memo sujot , cslrailes d'une Notice qu'il a lue rcccmnicnl ;'i rAcademic des sciences* ( 223 ) Le menie membre annonce le depart de M. Horace Vernet pour I'Egypte. Get habile artisle a le dessein de faire le tableau de la bataille deNezib, et dc visiter les champs de balaille de I'armee francaise en figypte et en Syrie. M. Vernet est muni de deux Daguerri^otypes perfectionnes, et il se propose de rappoi^ter un grand nombre de vues des sites et des monuments de I'O- rient. M. Berlhelot presente a ce sujet quelques observa- tions sur I'usage du Daguerreotype, et sur I'habilete que cet instrument exige de ceux qui s'en servent pour donner des resultats satisfaisanls. Le memo membre offre a la Societe, de la part de M. deCandolle, un ouvragequi a pour titre : Hypsorne- trie des eiwirons de Geneve, ou Recueil complet des hau- teurs mesurir de la viaiide de ccrf , de saiiyliir, el surloiil la diair d'uuc e.specc de siii!;c tres rommuii dans leurs I'orcls. ( 935 ) ble , que d'y inUoduire la civilisation , basee sur lea sages principes du chrisUanisme , qui, en rt^unissant en corps ces peuplades de sauvages dispei'sea el ev- yants , leur fassent senlir les bienfaits et les douceurs de la vie de soci^le bien organisee , et resserre de plus en plus les liens de cetle charil6 fraternelle qui parait innee cliez ce peuple. Les Karians n'ont point encore de lois6crites; ils ae gouvernont simplementd'apr^sdes lois tradilionnelles. La coutume, I'exemple de leursancetres, sont la base de leur jurisprudence, ou plutot forment loute leiir le- gislation. Ils ont des cUefs de district, c'est-a-dire qu'un certain nombre de families, qui se trouvent rapprochees les unes, des autres, reconnaissent pour chef quelqu'un de ceux qui jouissent de plus de con- sideration . et qui savent le mieqx parler la langue des peuples leurs voisins, pour presider leurs petiles as- semblees et pour veiller au mainlien de leur liberie. Le pouvoir de ces chefs est tr^s restreint; on peutdiie qu'ils ne sont reelleinent que les premiers entre leuvs egaux, II n'y a rien qui les distingue a rextoneur dt-s autres particullers, qui. en les metlant a leur letc , n'ont point eu Tintention de se donner des maitres, mais seulement des conseillers et des protecteurs ; aussi est-ce plutot de la deference qu'ils leur rendent qu'une v(!!ritable obeissance. Quant a I'origine de cetle nation, il m'est impossi- ble de la faire connailre. II est difficile de la d^couvrir et de la debrouiller au milieu des traditions tr^s obs- cures d'un peuple qui n'a pas de caracleres d'ecriture , et qui par consequent n'a point d'annales, etne con- serve aucun ecrit qui puisse donner quelque ^claircis- scmenl a ce sujet. Jesais que quclques etnmgers qui. ( 206 ) dans le Pegou ou sur la cote Tennasserim, ont vu par hasard desindividus de cetle nation, ou ont ^tefrappcs des recits singuliers que leur faisaient les Birmans, ont voulu les faire descendre des ligyptiens. Quelques uns ont 6te plus loin, et ont pr^tendu que ce pourraitetre une fraction d'une tribu d'lsraiil qui se serait s6par6e des autres en ccrtaine circonslance ignoree, pendant le temps de leurs differentescaplivites, qui aurait cnsuilo passd dans les Indes , el qu'enfin, presses et pousses de proche en proche par les autres peuples , les des- cendants de ces fils de Jacob seraient succossivement parvenus jusque dans les forSts qu'ils habitent main- tenant. Mais toutes ces assertions sont loin d'etre prouvees; tout ce qu'on peut dire de plus certain et de plus ralsonnable , c'est que ce peuplc parait avoir 6te jadis le possesseur des terres qu'occupent maintc- nant les Birmans et les Pegouans, et qu'il n'aura ^te I'efoule ensuite dans I'int^rieur du pays que par ses vain- queurs qui auront pris sa place; aulrement.il serait bien difficile d'expliquer comment ces tribus se Irouvenl ainsi enferm^es sur une si grande 6tendue de lerre , entre les Pegouans et les Birmans d'un c6l6 , et les Siamois de Tautre , peuples avec lesquels elles ont peu d'analogie et presque pas de relations , tandis qu'elles sembleraient se rapprocher davantage de cer- tains autres sauvages des Indes. Je serai, par exem- ple, assez port^ a croire que les Karians doivent avoir une origine commune avec les pelites nations qui ha- bitent les frontieres des provinces meridionales de la Chine , lels que les Nines el les Karnes , et meme avec les peuples du Htiut-Siam , comme ceux de pure race laotienne. Les traits de ressemblance , d'apres le peu de connaissance qu'on a de ces nations, seraient assez ( 2^7 ) I'rappants ; et il me scmble que la difl'^rence acciden- telle qu'on peut remarquer dans leurs croyances , leurs usages, leurs lois, pourrait bien etre attribute en partie u leur position g^ographique , qui, en les rapprochant des Chinois et des autres peuples leurs voisins, aurait pu par ce contact altei'er la douceur et la simplicity de leurs mcEurs et de leur caractfere , et changer ou du moins modifier la maniere de se gou- verner, en les obligeant a prendre souvent les armes pour defendre leur liberie el empecher I'enlevement de leurs fommes el de leurs enfants. Ces memes traits de ressemblance se font remarquer sous plusieurs rap- ports entre les Karians et les habitants de Pulo-Nias. C-omme ces insulaires , les Karians n'admettent en general que deux etres, I'un bon et I'aulre mauvais ; mais ils ne rendenl aucun culte au bon, sur la connais- sance duquel ils n'ont que des idees confuses et tres vagues, et de la bonte duquel, disent-ils, ils n'ont rien a redouter; la crainte seule les porte a sacrifier au mauvais, dont ils ont uue peur terrible. Tout ce qui leur aiTive de facheux, les maladies, les pertes qu'ils ^prouvent dans leurs recoltes de riz, la mort meme, ils attribuent tout a Finduence et a la malice du mau- vais genie. Ils cherchent a I'apaiser en lui oUrant des poules , du riz, du sanglier, etc. ^ oila en general a quoi se bornent tous leurs dogmes el a quoi se reduit toute leur religion; en sorte qu'on peut dire que c'est plutot un sentiment de terreur et de crainte servile qu'un veritable culte. NuUe pri^re a I'lilternel, a I'esprit cr^ateur ou bon g^nie, aucune formulc d'oraison , point de temples , point de bonzes ou ministres de la religion; seulement dans une maladie , ou dans toute autre circonstance facheuse, ce sera le chef de la t 258 ) famllle qui exercera les fonclions de sacrificateiirj il iminolera un coq au mauvais genie , oului offrira pour I'afiaiser du viz, des fruils, accompagnds de quclques bouqucls do flcius. J'ai remarque qu'ils ont clioisi cerlains licux oil ils penscnt qu'il esl plus cflicace de faire ces pelils sacrillces. Mais dans ces endroils-la on ne voit rion de I'ciuarquable, si cc n'ost une espece de petit autel sur lequel sont presentees les clioses que Ton veut oITrir au genie malfaisant. En g^ncM-al, les Karians paraissent tres peu attaches a ce culte qu'ils rendent au malin esprit, et ajoutent peu de foi a I'u- lilitc des sacrifices qn'i's lui font; ils paraissent plulot en cela suivre la coulumc qu'oLeir h lour conviction propre; ils me I'ont temoign^ Lien souvent , quel- que temps apres mon arrivt^e dans leurs fore Is , sur- tout des que leurs rapports, qui, des les premiers jours avaient ele cmproints de quelque limidite , et peut-etre de quelque defiance, se furent changers en confiance et en une grandc ouverture de cceur. Q..; nd alors je leur parlais sur I'absurdite de leur croyance et rinutilitd de leurs sacrifices, ils ne pouvaienl s'em- pecher d'avouer avec franchise que j'avais raison , et que bien des fois ils avaient fait eux-memes I'expe- rience que leurs sacrifices n'aboutissaienl h rien et ne produisaient aucun effet salutaire. Dans ces etitretiens particuliers, ces bonnes gens ne manquaient pas de me pricr ensuite de continucr a lour enseignerla bonne doctrine et de ne pas les abandonner; qu'ils desiraient dc tout leur coeur connailre la verity et la suivre ; etplu- sieursfois m6me, un certain nombre ne consultant que leur grand d^sir de s'instruire; , me proposerent d'ap- prendre ma langue, afin de mieux comprendre la reli- gion que je leur annon^ais. Les plus timides seule- o \ inehlGtceiixqnijiavaissaionh'edoutorlGpluslemauvaia genie, me faisaiertiobserverlorsqae je les pressais d'a- bahclonnef leiirs superslitions, qu'ilselaienlaiissi bieri determines a embrasser ma religion, mais qu'ils ne pou- vaieht quitter tout de suite les pratiques qu'ils tenaient de leurs ancetres , avant de savoir les prieres qu'il i'allait adrosser au bon g^nie; car autrement, ils se- raiciit livres sans avmes pour se defondre a la fureur ttu niauvais gt^nie , q^ui , irrile de leur defection , se jctterait sur eux pour les tourmenter avec plus de vio- lence. Si quelquefois il m'arrivait de temoigiier a ces pau- vres sauvages mon 6tonnement de leur peu de lumie- ressur la divinite , ils se contentaient de me r^pondre, &Vec la simplicite qui les caracterise, que c'etait vrai; qu'ils 6taient bien ignorants ; mais que ce n'etait pas leur faute ; que leurs ancetres ne leur avaient pas en- Seign6 ni transmis d'autre religion. Quelques uns d'enti'e eux cependant, qui se piquaient de plus de savoir, en donnaient une raison assez singuliere ; la voici : Le bon genie, disaient-ils, voulant donner une religion et des lois atoutesles nations, leurassigna ua jour, et les somma de parailre devant lui , afm de venir recevoir les lois saintes ; mais les Karians se trouvant enfortc6s dans les deserts , et fort occup^s selon leur ordinaire a la culture des terras , a couper et bruler les forets pour semer ensuite leur riz, ne purent se rendre au jour fixe ; en sorte que lorsqu'ils arriv^rent, les autrespeuples avaient deja requ leur religion, et le bon g6nie avait disparu. Les Karians alors au d^ses- pdir de se- voir prives seuls de seslois, se laiss^rent alier a la plus grande tristesse ; ils pleur^rent , ils pousserent des oris plaintifs vers le souverain I^gisla- ( '^o ) laleur, qui se monlra long-lciups sourd a toutes leurs demandes, enpunition de leur negligence a se rendre au jour marqu6; a la fin cependant, il selaissa toucher par leurs prieres et se monlra sensible a leurs larmes; il parut de nouveau, et Ics Karians obtinrent ce qu'ils desiraient avec tant d'ardeur. Le bon g^nie, apres quelques legers reproches sur leur negligence, leur ecrivit sur unepeau de buffle les priceptes qu'ils devaient observer et les lois d'apres lesquelles ils devaient se gouverner, et ensuite il dis- parut a leurs yeux. Les Rarians, au comble de la joie, lui offrirent des sacrifices, et lircnt des fetes de re- jouissance ; mais pendant qu'ils se livraient ainsi a la joie, les poules faisaient du degat et allaient faire changer celte joie en trislesse la plus protondo. En effel, comme la peaudu buffle elait fraicheou un peu mouiilee , ils I'avaient mise au soleil pour la faire se- cher; mais les maudites poules, ignorant que ce fut la la table sacree des lois saintes , gratterent dessus et effac^rent tous les caract6res; en sorle qu'il fat impossible d'en lire un seul mot. Ainsi les Karians, pour avoir commis la grande imprudence de nc pas veiller soigneusement a la garde de la peau de buffle, sc vircnt encore priv^s unescconde fois, par leur faute, de leur religion et de leurs lois, et c'est pour celte rai- son qu'ils sont loujours restes depuis dans leur etat d'ignorance , et que toute leur science et leurs soins sc sont bornes a planter le rizet aux aulres Iravaux cham- pelres; tandis que les autres peuples, surtout lesEuro- pdens, ayant pour guide la v6rit6, et appuyes sur la pro- tection du bon genie, sontdevenus si savanls et ont fait des ouvrages si merveilleux, jusqu'a inventer, dit-on, ( 41 ) des maisons de feu pour traverser les mers (i). Oul , ajoulaient-ilsavec une naivete admirable, il faut que nos ancetres aient commis quelque grand crime pour que le bon g^nie aitabandonno leurs descendants a la puis- sance de I'esprit mallaisant, et les ait laisses jusqu'a cc jour |dans une prolonde ignorance. (J'ai remarque qu'ils cherchcnt toujours a atlribuer la cause de leurs (lesastres et de leur ignorance a quelque crime de leurs ancetres.) Les Karians paraissent en general bien disposes a recevoir la nouvelle du saint et la paix du Seigneyr promise au hommcs de bonne volonte; et sans vou- loir ici sonder les secrets des profondeurs divines, il I'aut esperer que Dieu jettera enfin un regard de mis6- ricorde sur eux , et qu'il les admettra au nombre des enfanls de la grando famille. Leurmoeurs, leurs ha- bitudes , lout denote un peuple plein de droilure qui, quoique dans I'etat sauvage, a une inclination bien prononcee pour la vertu. Je ne crains pas d'avancer que le Karian enfonc6 dans ses forets, prive de toute instruction , sans connaissance des lois , des usages des nations civilisees, pourrait faire rougir par la simplicite de ses raoeurs et de ses autres vertus morales , non seulement les peuples les plus vantes des Indes orientales , raais encore un grand nombre dc catholiques d'Europe, qui,avec tous les elements de la civilisation chretienne et tous les moyens que Ton peut desirer pour s'instruire, connaltre la saine (i) lis voulaient parler des bateaux a vapenr. L'usage que les Anglais tn out fait avec avuutago sur le fleuve du Pegou dans leur derniere guerre avec les Birmans , a ele l.i source des fables merveilleuses qu'ou a debilees sur CCS batiments parmi les peuples de celtc jiai lie de I'Asie. XII. ^OVIilMBRE. 2. 16 ( M2 ) doctrine ct la suivre, sont plus vicieux que ce grossier sauvag*;, qui an milieu clc ses bois n"a pour se concUiirc que les seules lumiijres de la loi nalureUe et Ics tradi- tions bien obscurcies do la loi primitive ri^yelee. Quoi- qu'il soil vrai de soutenir que, gcneralemenl, il ne peut y aroir beaucoup d'aclcs de verlu daqs I'^tal sauvage , parce que c'est un elal ou la verlu ne p.eut etre misc frequemment en exercice , et o\x Ton ne trq^uve pvcsque point de ces grands objets capables d'exciler les pas- sions, on peut dire que la nation des Karians, dans le,petit cerclc Qi\ elle s'agite , presente des traits de vertu a elle particuUers. Celle si grande corruption dc mcuurs qui regne parmi les peuplcs de ces contrecs de I'Inde, et qui neutralise en quelque sorle en beau- coup d'endroits le at^e des ouvricrs evangeliques, n'a point penetr6 avec ^Q^s ses dehors degoulants et ses suites funestes daps les forets qu'ils habitent. La po- lygamic est inconnue cbezle^vrais karians, qui por- tent a un haut degre la fid^Ut^ ct 1' amour conjugal. L'union, la concovde, les egards rautucls qui regnent entre les epoux, sont vraimenl admirables. Je u'ai japiais enlendu ^changer entre eux la moindre parole qui portat I'empreinle die I'aigreurou du mecontente- ment. Ces memos rapports d'amitie, de soumission et de paix existent entre l,e^ parents ct les enfanls , et entre tous les menab.res de la faipiUc. t^orsque la mprt vient a s^pa^'er le§ ^poux* tr^s |5ouvent cclui qui rcste ue forwera pas d?, nau,veaux Uens.j et il n'cst pas rare de le voir succomber a la doulcur et a la melan- coUe qui s'einparent de lui.En, preuve de leurs mocurs candide^, ne pouiyait-on pas citer encore I'horreur et I'aversion qu'ils semblent l^moigncr pour la licence et I'esprit du libertinage qui regnent parmi leurs vol- ( 343 ) sips? aversion qui, peut-fitre aulanl que I'espiit d^ nalionalite , les porte a ne contracter d'alliances qu'ayep les personnes de leur race, et a n'hablter qu'avec les gens de leur nation (i). U faut avouer aussi que la vie dure , laborieuse et IVugale qu'Us menent doit singulierement conlribuer a rendre leurs niceura pures en les eloignant de I'oisivete, mfere de la licence, lis sont cliastcs nalurellement et saps efforts de vertu , quoique cependant ils attacUent evidemmenl de I'hon- Ijepr a la pratique de la chastete, et de la honto %i{X vices qontraireis. Ce penchant au vol que les voyageurs ont remarque chez les pcuplades sauvages , dans les diff^rentes par- lies du globe, ne se nianifeste point parnii les Karians. Rigides observateurs des lois de la justice , ils ne sera- blent pas concevoir la possibility de les violer. Aussi sqpt-ils enlre em en pleine s6curit6 a cet egard ; ils laissept S^ns gardien leurs petites cabanas pour aller ^ravailler au loin dans les fqrets ou pour faire leurs longs voyages dans le desert , sans nulle crainte que leurs coinpatriotes viennent les voler. Monlrer parna^ fiijji la nioindre defiance sur ce point, ce serait les blesser viveraenl. Ces naturels §erablent avoir aussi une horreur par- iiculiere pour le rpensonge ; en sorte qu'on peut se fier en tpute surele sur lewv parole , en tout ce qu'ils vous .dijropt et promeltront. 3i quelqu'un p^r malheur les (i) C'est a tort (lu'oii a cm ((u'lme partie de la population de Tavay et de Merguy etait camposee de Karian?. |l u'y a pa$ un jeitl de ce? sau- v^gi03c'He. ... . , . -. ,-.; , ) .. • <■ ■■ La rivLertide la Plata fiil d'abord , comme on Ic salt , noniiu^e du nom de Solis,, qui.ji cnlra k pruniicr en »5i5i. Quelqucs ann^og, .plu^., Lar.d^.^obasliua. Cabot I'ayanl iiemonitee juwju'ci sa>.jqi)c,Uoi) a\ec Ic Paraxia tcouva des ounemenls d'iirgent parnji, le^ natur,elsj -et en.conclul ou lilciojre.^ jp3,co,mpugii,ons qu,G,ce metal aboadail sur les, rives de.ce flouytj qui.regutalprs.ia lausse appellalion.de f/(t/« qu'iLadpp.uis congeivee. ; , Aipsi , pax- un^ eir^ngei coineidcncy» les. deux, plus grandes rivieres de FAmeriquc du Sud, ; pieJs ati-dessus du iii vcau du lleuve. A. M. ( 264 ) dillerentes. A mesure qu'on avance, on est frapp6 de la regularity des rues et des edifices, de Taspecl des ^glises, de I'apparence riantedcsniaisonsblanchies en slue, et specialemenl de I'air dc conlenlement et de liberte de la population, qui conlrasle d'une manicre si etrange avec la populace miserable, mendiante, es- clave do Rio Janeiro. La fondalion de Buenos Ayrcs renionte a I'an i58o ; mais cette ville ne devlnt le siege d'une vice-royaulu qu'en 1776, epoque 011 ollc fut d^tacliee du gouverne- mentdu Perou. En 17')-, lors du passage de notre ce- I6bre navigateur Bougainville , elle ne comptait gu^rc que 20,000 habitants; en 1778, elle en avait environ 50.000 ; en 1 796 , 60,000 ; en 1800, 71 ,000 ; en i8'24 . 8 1.1 56; et aujourd'hui i83i), la population de la pro- vince parait depasser 200,000 ames, dont 100,000 ap- partiendraient a la capitale. Le nombre des strangers fixes h Buenos Ayres est de i5 a 20,000, dont les 2/5 sont Anglais et Francais, a peu pres en proportions egalcs; le I'cste est compose d'llaliens etd'Alleniands. Une population ainsi melee et en contact journalier avec les etrangers ne saurailollrir un l\pe ou caiaclere bien special. En elFet, les Buenos-A\riens des iiieil- leuras classes se di^tinguenl a peine dans Icur niise dos n6gocianls francais et anglais elablis parnii eux; ettio leur c6t6 , les dames buenos-ayriennes adoptent a I'env i les dernieres modes de nos dames parisionnes. Ce u'cut que hors de la maison qu'on icmarque une dillerence : alors la mantille et le chale jele ntligligcninient sur Ks epaules domlnent sur le bonnet etla pelisse d'Europe. Pariui les hommes , Buenos Ayres comple des poetos dont les productions honoreut la langue espaguulc. ( 265 ) Une collection sous le litre Ae la Lyre nrgenline (la Lira argenlina), a paru en 1820, ot elle est digne, en effet, de remarque. Les Buenos Ayi'iens, dansleurshabitudesordinaires, subissent naturellement I'influence du climat;ils sent done un peu indolents, et aimentpeu I'industrie. Pres- que tous ceux des hautes classes portent le tilro de doctenrs ; inais cela indique seulemenl celui qui a rcru une education liberale , c'est-a-dire a ete aux ecolos. Le droit et la medecine occnpent beaucoup de mar«>cas oumagasins de peaux; 55 clianliers; 1 5 ^curies oil Ton tienL des chevaux de louage;() caf- rossicrs; 874 cliai-iols el voitnres a&sujellis' aux dioils. Quiconqiie aime le travail en trouve a Buenos Ayres, oil les besoins' alimentaires sont d'ailleurs si ai^ls a salislaire, le bceuf ne se vendanl qu'un sou la Iivr«, et les basseS; classes ne vivant que de viande. ■ ■ • Buenos Ayres, i coaimc loutes les aulres villes de I'Amerique espagnole, a ele biitio sur un plan uni- forme, prescrit alors par le conseil des Indes, et con- sislant en rues alignees au cordcau, coupdcs a angles droits a chaque i5o vez'ges, en couvranl, d'apres la construction particuliere des maisons , deux fois plus cle terrain que n'en exigerait une ville europieenne pour le meme nombre d'babitants. Sau£ leg. ^glises, dont I'intericur est dune grande ricbesse , il u'y a rien de rcmarquable dans le style cVes ddifices publics. Les maisons particulieres nianque-nt gen^ralemenl de ee que nous appelons le conforlablc. Les cbambres, en beaucoup d'endroits, n'ont encore en biver qu'un simple brasicr au milieu; les cbemin^es etaient considerces conime donnant de I'bumidite et du froid , et Ion commence a ])eine a imiler en cela les Europeens; naguere encore toutes les murailies etaidnt nues et blancliies; elles sont maintenant cott- vertes detous les plus beaux papiers points dei Paris, ot 1-es iiieubles d'Europe garnissent tousle&apparlcinenls. ( '^G; ) Les grilles anglaises, garhies 'de charbon amene de LivetpooJ, couune lest, eohauirent.Jes,npparteuicnl.s a plus bas ,pi?ix;qu,'a Londres meme , et eU(f9 ont cea-lai.- nement coiitribu^.a ass,ainir les habitations et a lendte Ja san,le jnealieure, dans une vilje dont Le ciel est .ncuf jours sur,dix;airectd par las brouillardsdela rivieroi Les, indigenes .couimencent a .mieux conslruire ,lcui'S Jiabitations, et h Jeur donner plusieurs etages pouroco- noralser le terrain, d'oii. Ton peut concUue qu'avant peu la ville de Buenos Ayres aura iniinimfnt .gagne sousle rapi^ort de son arcbitecture.el deises. embellis- sement&, ainsi que sous celui des comnaodites.de la II lui restera pourtant toujours quelque chose d'in- digfene, comme, par exempiiC, lesbarreaux de feraux fenelres pour mettre a I'abri das voleurs les habitants endorniisdans leurs lits , les crois^es ouvertes, la null, a cause de la chaleur. On croirdit difhcilement qu'a Buenos Ayres I'arlicle le pluscher estl'eau, bien qu'on fie soit qu'acinquante pas du fleuve. Celle qu'on obtient des sources e^t sau- matre et mauvaise, et il n'existe aucune citerne ni au- cun resei'voir public, bien que la ville soit fort p.eu 6levee au-dessusdu niveau de la riviere, et que rien ne serait plus facile que d'en faire arriverpar les niovcns arlLficicls les plus.ordinaires. Quelques propriotaiies ontdes conduits pour recueillir I'eau de pluie tombee sur les lerrasse.s plates de leui'S maisons, et qui suHlt auxbesoins habiluels; mais les basses classes, qui ne peuvent faire de telles depenses, dependent des indi- vidus qui amencnl sur de nionstrueux chariots altcles de bcBufs I'eau puis(^e dans.le fleuve, et qui n'ost po- table qu'au bout de vingt-quatre heures, ou elle a de- pose ses bouevix sediments. ( 268 ) Les principales rues de Buenos Ayres sont aujour- tl'hui passablement pav(^es avec du granit tir6 des ilcs voisines, et nolammenl de I'ile Mailin-Garcia. Aupa- ravant. Ton pouvait a peine marcher dans ccs rues lantot poudreuses et tantol boueuses , et ou les boeufs et les chevaux ne trainenl qu'avec une grande difficulty leurs charges; dans quelqucs rues encore ces animaux succombent sous le faix, et pourrissent dans une sorte de mare qui s'cst formi^c au milieu d'elles. Le climat de Buenos Ayres est sujet a de notables et subites variations. Pendant la plus grande parlie de I'annee regnent les vents du nord , qui sont huuiides, et rendent le feu necessaire. Pourtant la glace est rare ; mais les efFcts de I'humiditd sont dangereux dans les lieux rapprochc^s du fleuve. Plus loin , c'est-a-dire dans les pampas , elle n'exerce aucune influence surla sante des gauchos ou naturels qui y couchent en plein air sur la dure. A Buenos Ayres, contrairement a cequi a lieu dans les autres pays, I'hiver est le temps de la plus grande huraidite, parce que rarement la temperature est assez basse pour falre congeler la vapeur. Le ciel offre ordinairemenl le plus bel aspect, et Fair a une grande transparence. La plus grande chaleur est en Janvier de 24 a 26° Reaumur. Je viens de cileries vents du nord comme nuisibles : celui qu'on nomme le vent chaud du nord excite I'iiTi- tabilitd , et amene des querelles parmi le peuple bien plus frequemment que dans aucun aulre temps de I'ann^e. Ce vent gale la viande, fait cailler le lait, et rend le pain mauvais. Chaquc indigene se plaint, ct lorsqu'on I'inlerroge sur la cause de son mal , sa seule r^'ponse est celle-ci : a Sr/ior, es el mento norte , mon- sieur, c'ost le vent du nord. » ( -^69 ) Eeurensement, \e pampero ou vent d'ouest vient ter- miner brusquement ces soufTrances : c'est une brise rapide qui romptle calme de Fair, et balale dcvant lui lous les miasmes. Ce vent, qui arrive des Andes, tra- verse les pampas, et atteint Buenos Ayres , oil il souffle encore quelquefois comme un ouragan. Pendant la chaleur, le spectacle le plus burlesque et le plus grave a la fois altire les regards de I'c^tranger vers le fleuve, ou , le soir specialement , uno grandc partie de la population, homines, femmes et ent'ants pele-mele, se tiennent par centaines jusqu'au cou dans i'eau. Si, comme cela arrive souvent , le pampero souffle tout-a-coup sur une telle assemblee , la confu- sion qui s'ensuit est plus facile a imaginer qu'a de- peindre; heureux ceux qui ont mis leurs velements sous la garde de quelqu'un, autrement, et avant que les baigneurs soient sortis de I'eau, tout est ba- laye et emporte parcette brise rafraichissante. lis doi- vent encore benir le ciel d'en etre quittes a ce prix, car d'ordinaire le pampero est accompagne d'un nuage de poussiere qui, produisant en plein jour une com- plete obscurite momentariee, enlraine et noie alors les baigneurs dans le courant du fleuve , avant qu'ils aient pu regagncr le rlvage. Enfm, si le tonnerre se joint au pampero, des centaines de victimesperissent quelque- fois sous les coups de ce terrible ouragan alternative- ment sombre et lumineux , auquel lieureusement suc- cede bientot un ciel frais et serein. Les indigenes, naturellement de bonne humeur et sans souci, s'amu- sent des accidents les plus legers , et oublient les plus graves, remplis d'ailleurs de celte croyance, qu'a tout prendre ils sont encore favoris^s , puisqu'ils se trou- vent exempts des maladies ^pidemiques des autres pays. i 270 } ... Apres avoir trace I'histoirc dcs (itablisscnients cspa- gnols surla cote de Palagonie, el rnp))el6 les explora- tions cttledoiivcrtc's opc^iciesdans I'int^riour dcs tcrrcs, OA-ant ot depiiis la'dd'c'laralibh d'indopcndancc dds provinces iiiiios dir Rio-c?f-la-Phta; aprts a\'oir ensilite rndiqae I'hspect geol6gique dcs Pampas , et les restes I'ossiles d'artimaux terrcstres qii'on y a decouverts, Taiitcur da Voyage que nous arialysons passe a la des- cription desditps provinces en donhant' pr^alablomcrit onfe id^e de I'impbrtaVictJ des rivi6res qui sillonnenl le sol'de I'anion fed(5ralive. La J)remr6i^c des rivieres 'est Ic Paraguay , qui, en so mfilant a u Parana, vcnant du nord-est, prond , au-' dcssus de la vilie de Corietites, le nom de Parana, ct le conserve jusqu''asa jo'nctlon avec TUruguay, Ji qiiel- quos lieues au-dessus de Buenos-Ayres , Oli les deux rivieres n'eh forment pliis qu'une seute sous le nomcTe Rio-de-la-Plala (i'^). Le' Paraguay a 'ses sources erilre le i'5'= et 14*^ degr^ de lat. meridionale , dans ces chaines de mohtagnes-qlii , bien que d'urie mcidiocre elevation pAr'ellfe's niemes, paraissent'se lier a celles du Perou et do Br^sil , et cohstituer les reservoirs de quelques dneS des principales rivieres de I'Amiriquedu Sud. De ieur versant septentrional dependent les plus' con- siderables de's affluents de la Madera et de laTapajos, ct autrcs'vastes courants qui se jettent dans I'Amazone; tandifr qrre.'d'un autre c6l6, tous c'eux qui coufent vers le sud trouvent leur issue dans le Paraguay. Une (i) Les 'inaigenes. Vont appeie Parana Gazu , qui veut dire gninJ. lies' "que 'celte jfraii'Je'riisssed'eau s'estreuuTe, elle s'eleud majestueuse- infenVrt trfujWiiS'eii-'d^i^^nt^iitjusqtf'ala'Battlear'cfes'ca^J Saiiilo-Marie el Saint- Autoine , distanis I'un de I'aulre de 40 a 5o lieues. Joule dc coiirants navigables lui arriveiii dc I'esl, a mcsLU-e qu'il trav'ersele riclie tcrritoire l)iesilicn. II lui en arrive auSsi' de rouost,-notamment le Pilcomayo, par 2.5° 2' de latitude S., pres de I'Assomplion, el le VermisjA, par environ 27", un pfeu avanl sa' jonction avec le Parana proprcment dit, lequel plus bas recoil le Rio-Salado, par 01" 5o' lat. S. * Lg Paraguay' h dcs inondations puriodiques-tres ana- logues avec Celles du Nil. Ces deux flcUves coulent a peu pres a la meme distance de requatcut", vers d6s poles opposes, et debouchent par des deltas vers la m&me latitude. - - , " • ■ Le Parana, dans son cours'h' I'Drient du Paraguay y' presqueparallele a celui-ci, arrive des provinces du- Br^sil; il a plusieurs chutes ou cataractes, efdes debor- dements periodiques qui couvrent una immense elen- due de terrain. ' L'Uruguay, qui contribiie hvec' le Parana, a form'ep le grand cEstuaire du Rio-de-la-Plata, lire son nom des nombreuses chutes et rapides qui entravenl son cours d'environ 3oo lieues. 11 prend sa source vers le 27* de- gr6 de latitude sud, dans les montagnes' voisines de la cote de Bresil opposee a I'ile Sainte-Catherine. OfTrons maintenant qUelques details sur les provin- ces unies, en commencant par celles de Santa-Fe,Entre- Rios el Corienles, qui forraenl limiles a I'Est. PROVINCES. Santa-F6 s'etend au nord de la province de Buenos-^ Ayres, le long de la rive droile du Parana el du Rio- Salad£»y sacapitule est par- 5 1" vo' latitude S. Elle de- viendrait un point Ires important de commerce si le ( 272 ) gouvcrnement ^tabllssait dcs bateaux a vapcur sur le Parana et le Rio Salaclo; celle derniorc riviere est na- vigable jusqu'a Matara, dans la province de Santiago; on aurait ainsi de Bu«^nos-Ayres une voie de transport de plus de sSo lieues. Entre-Rios, dont le territoire est born6 a Test par rUruguay, ct a I'ouest par le Parana, a pour capitals Bajada, ou Villa -del -Parana, vis-a-vis de Santa-F6* C'est un pays dont les habitants sont principalement occupes du soin de leurs troupeaux, qui sont leur principale richesse. Coricntes, au nord d'Entre-Rios, sur la gauche du Parana reuni au Paraguay , et au njidi du Parana pro - pre , a sa capitale du meme nom par 27" 27' lalit. S. , pr^s de la jonctiondes deux rivieres. Le coton, le tabac, le riz , le sucre, I'indigo sont les principaux produils de celte contr^e, qui a pour fleaux de grosses fourmis et des jaguars. Le territoire de Corientes est traverse par onze rivieres dont cinq sont navigables jusqu'a une assez grande distance. Une c^l^bre lagune appelee Ipucu ou Ibera > se forme de la plus grande de ces ri- vieres qui toutes se jettent dans le Parana. Les habitants de Corientes sont bons 6cuyers, jdoux, sobres ct patients, mais peu laborieux , parce qu'ils peuvent facilement satisfaire leurs besoins. Lesfetnmes sont plus industrieuses et trfcs atl'ables, surlout envers les (Strangers. A Test de Corientes sont des debris des fameuses missions dcs jesuites expuls^s en 1767; elles comptaient plus de 100,000 ames, dont il ne resle plus guere que 1,000. Au nord de Corientes est le Paraguay , ou rdgnait en vrai tyran le docteur Francia. L'yerba-raate ou herbe ( *-*75 ) du Paraguay est le principal article de commerce de ce pays d'allleurs si riche en productions diverses. Les provinces centrales de la republique Argentine, Cordova, la Rioja, Santiago, Tucuman, Catamarca et Salta , ont des habitudes gent^ralement pastorales, no- tamment Cordova, dont le territoirc ondule est arros6 par un grand nombrc de ruisseaux qui entretienncnt de beaux palurages. Les vallees au nord ont aussi de beaux palmiers. Cordova , capitale , est situee par Oi" 26' lat. S., a 172 lieues dc Buenos-zVyres ; elle est le siege d'une university et a beaucoupd'eglises. La vie est ici a tr^s bon coinpte, les provisions abondent, les besoins du peuple sont peu norabreux, et I'iiospitalil^ y est sans bornes. Cordova forme aujourd'huiun centre de communication entre les provinces supdi'ieures et Buenos-Ayres. Son propre commerce consiste en peaux et en laines, objets en ^change desquels elle recoil des produits manufactures en Europe. A I'ouest de la province de Cordova, a Iravers la Sierra, s'etend La Rioja, qui aboutit a la chaine des Andes. Sa capitale ne renferme que 3,5oo habitants, quoique la province en contienne prcs de 20,000. Elle nourrit des troupeaux , surtout le district des Llanos. Celui de Famatina est vignoble, etadc riches mines qui ^taient ex[>loilecs autrefois, a 3o lieues de La Rioja, ville a ii4 lieues de Cordova, a i5G de Mendoza, et a 287 de Buenos-Ayres. Le peuple de la Rioja est encore dans les langes de I'ignorance et de la superstition. A 110 lieues nord de Cordova, est Santiago-del- Eslero, capitale de la province de Santiago, vaste zone sablonneuse,couverte d'une efflorescence saline, etlors- que le vent du nord y souffle, il y legne une chaleur accablantc. La ville de Santiago, trcs mal batie, ne .\ll. >OVEMBBIi. 4- ii> ( 274 ) cdrilielil t|ue 4>"0o habilants; elle est situ^d par 27" f\Y JSt. S., sUr Ics bords d'une rivi6re considerable qui prefTfl sa feource rfu nord datis la province dc Tu- curiian, et coiile ters le sud pbur allel", sous Ic nom de Kio-Dulce, de pertlre dans (in grand lac de Porongos, a I'ouesl de Sanla-Fe. Le sol de Santiago est tres forlile el pfoduit bcaucoiip de ble et de cochonille. Les ha- bitants font des mantoaux sans manches appoles /^o/<- vhbs , et donl so couvrehl les Iiidicns et les gens du peuplc. Santiago eSt peu eloigne du g^and C/lacd , ter- riloite liabit(^ par leS Indiei.s saurages, et d^i existe unc ttiine impotlante de fer natif. A 40 Heues aU-dela deSantiago-del-Estero, est situec lal Ville de TucUmaii, peuplee de 8,000 atnes , capitalc d6 la province de ce iidtb ; elle repose Sur une 6leva- H6h, dans un paVS cdfisid^ri^ commc lo jardin de la i-^publifjlie Argetitine. Le Mamcliiclio , coronie on ap- pelle le Gaucho de Tucuman, est Ires guerrier; c'esl le cavalier des plaities, lequel, h I'aidc de sa femme qui lui fait sfiS v^teitictil^ , n'abesoin de ricn et trouve out pres de lui ; aussi libre qut I'air qd'il respire , il galope danscf's pUdnds immcnses et s'abandonrte a ses penchants; il ri'a iliill^ envie de les quitter pour des licux plus favdtiSes sdUs d'autres rappdrts. Rien dc plus riclie que la Vegetation de cetlc province et de plus fettile que lefe endi'dits qui produiseftt le ble , le mails , le riz, le taba'c ; dails les basses terros , vieht nalurel- lement la caiihe & sucrc , et Ton trouve ra cl la des groupes d'oraiigers qui etnbaUincnt I'air et r^creentla VUe. line (jhalne de Woritagnes separe de Tui uhiaH la "ptdViiic* de Catamarca, dont la capilale i\n niejhe tioXti k 60 lieiies sud-ouest de Tucliniari, ne cohtienl ( 975 ^ qU'envipem ^,o0b am^s, Kite est (iwns wnfe tt^llee (ju'ar- F0&€ ufte petite Fiviere par 8 8° i&' latit. S. , valine tr^s salubre qui s'etend ties GonfjRs d'Alacama A ceux de la Rioja. La invit-re! pvecitee va se perdre dafis les basses plaines sablonneuses de Santiago^ Le CatamaiGa pro- dwit d'exceHent coton, et fail coijmiefce (|e ses bceuis $1 de ses chevaux avee la Bolivie* An nord , la province fronliere de la republicjue est Sallay borri^e au sv^d et a I'ouest par celles de Tucuman et GataiT»»rc». Le Vefrqe)© el la Tarija forment ses li- tftiies opientales. Elle confine aux Cordilliferes de la Bolivia j qui s'e&t effipar^e d'un de ses districts, celui de Tarija, Lacapitale Salta, peuplee de8 a9,oooamos, est siluee par 24° 3o' latit. S. Elle a un bcl aspect, et Vo» vanle &a cathedral© et ses autres egllses. Elle se iFouve a 4'4 lieues de Buenos- Ayres. Les habitants de eetl^ provinc'ey biefi que) sows le tropique , peuvent )0m^ de tons les climals, depuis I'exlrerae chaleur jus- qtt'au froid le plwS intense jet d^s lors on y pent Irouver toutcs les prodnctiOTis de la nature. Les bords du Ver- une'jQ sont garflis de beaux arbres produisant des fruits qoiliertnent lieu de pain et fie vin aux naturels. Parmi ces arbrcS' os't Valg^voba, espece d'aeacia, dont le fruit , analogue « une feve y eroit en grappes de cosses, quif melees aui:i!ta»», forment des gateaux tres recher- chtedeslndicirs} ferments* ce fruit leur procure leur elricba, liqueur enivrante d'ur^ usage general. Le quin- quina, le palmier, la fameuse plante appel^e mate ou. the, on herbe du Paraguay,, abondent ^galement, ainsi que I'alo^s- cl \& ^aclus' qui porte la cochenille. Des fibres raacerees de )'»lees les Indiens de ChacOj, pays gfto^ au Pi,-E< d'Ot'an et de Tarija, font du lil et des ootdes uttotns &Uj:eWe» k plovk^'i-ii' dans I'eau que le chan- 18. ( 270) vre; on en fait meme des filets de peche cl des eloffos. Dans quclques dislricls le voyageur alt^r^ n'a besoin j pour etancher sa soif , que de presser des feiiilles d'a- loes, d'ou decoule une liqueur abondante. Dans les vallees arros^os par le Jujuy qui va joindrc a Test le Rio-Vermejo , I'indigo croit a relal sauvage , el Ton cultive en grand la canne a sucre , le tabac et Ic colon. Dans Ic district d'Oran , on trouve le celebre cuca ou coca, nomm6 El~Arhol-del-Hambrey de la sed , I'arbre de la faim et de la soif, plus necessaire aux naturels quo Ic pain. L'Indien du haul P6rou, presse par la faim ou epuisd de lassitude , s'il pent trouver quelqucs feuilles de coca, melee avec un peu de cliaux ou d'al- cali de sa preparation, ne desire plus aucune autre subsislance ; il nc Ics avale point, mais les mache , comme les Asiatiques machenl le betel; un petit sac de coca cl un peu de mais sec lui suQiront pour enlre- prendre les plus rudes travaux ou franchir les regions neigeuses et descries de la Cordillicre. Les villes de San-Luis, San-Juan el Mendoza avaient, jusqu'en i8i3, appartenu a Tintendance de Cordova. Elles en furent delachdses pour former , depuis lors , une province qui prit le nom de Ciiyo, mot araucanien qui signifie arene ou sable, caracttTe general du sol. Mendoza devinl la ca[)itale de cetle province qui, en 1 820, a 6le fractionnee en trois, savoir : San-Luis, Mendoza el San-Juan. De tons les pelils gouvernemenls interieurs de la r^- publique, San-Luis est le plus pauvre. Ses habitants sout disperses en eslancias ou formes, a de longuos distances les unes des autres, et dans un continuel elfroi des Indiens, leurs voisins. La ville cWtivc cl raai balic ( '>'ll ) de San-Luis tie laPunta, qui donne son nom a la pro- vince , ne contient que i,5oo habitants. Elle est situ^e par 33o 3o" lat. S., 65° 46' 3o" long. , sur le penchant d'un groupe de coUines qui paraissent etre les derniers anneaux de la Sierra de Cordova. Au coucher du solcil on decouvre a 200 niilles do la un des sommets nei- geux dela Cordilliiire des Andes, que Ton pensefitre le Tupungato , plus eleve, dit-on , de 2,000 pieds que le fameux Chimborazo. Les mines d'or de San Caro- lin sont a Go milles au nord de San Luis, dans les montagnes. Par la route de poste , San Luis est a 226 lieues de Bu(^nos-Ayres et a 84 de Mendoza. Le mode de voyager est a cheval , mais n'est pas sans fatigue. Le voyagour ne trouvera sur la route qu'une viande encore cliaude de vie, de I'orge roti sur le feu du gaucho, de I'eau jaunatre , et devra dormir en plein air, en depit des punaises aussi grosses que des escarbots, qui lui suce- rontle sang comme des vampires, sa selle pour oreil- ler , et le firmament pour dais. En galopant environ 100 milles par jour, il arrivera en dix jours de V>wh- nos-Ayres a Mendoza. II trouvera des stations ou maisons de poste dans le trajet pour changer de che- vaux, mais sera peu tente de s'arreter dans ces gites sales et miserables tenus par des Gauchos, nouvelle esp^ce d'Arabes ou de Cosaques endurcis a tous les besoins, ou plutot n'en ayant aucun. Le voyageur pourrait encore francliir les Pan^pas sur un chariot a deux roues; il mettra dix-huit a vingt jours, et sera cahot^ de la belle mani^re. II traversera cinq regions: 1° celle des chardons , habitee par les hiboux et les bisachas; 2° celle du gazon ou de Therbe, ou Ton trouve Ic daim etl'autruche; 3" celle des marais ( ^/S ) et des fondri^res, propre aux gronouilles; 4" ccHe des pierres et des ravins, oii Ton nsquc k lout moment de se casser le cou ; cl 5° ceUe des cendros et des buissons epineux, refuge de la tarentuje et du Linchuco ou de la grosse punaise. La province de Mendoza occupe un espace d'environ i5o milles du nord au sud, le long du cole oriental do la f-ordillicre des Andes. La riviere Desaguadero coule entre les deux provinces de San Luis cl de 'Mendoza. Gelle riviere est I'egout d'une diaine de lacs connue sous le nom de Guanacane , form^e par le confluent de la riviere de Mendoza quicourl entre eux du sud et par la riviere San Juan qui vient du nord, el qui, aprfes avoir traverse la ville de San Juan, va aussi sc perdre dans ces lacs. Le Desaguadero, apres avoir recu ces deux rivieres, coule d'abord a I'csl, puis au sud, et va se Jeter dans le lac Bevedero , au - dessous de San Luis, lac oil va se perdre aussi uno parlic des caux de la Hviere de Tunayan , qui prend sa source au Tupun- galo. Ge lac est le reservoir des couis d'eau quidescen- dent de la Cordilli^re, enlre le 5i" et le §4'' degr(i de latitude meridionale. Les nombreux cours d'eau qui sillonnent le tcrri- toire de la province de Mendoza, permellcnt des irri- gations arlificielles sur un terrain qui , vu sa nature et la raret^ de la pluie, serait autremcnt improduclif. Les terres arrosees ainsi d^passenl 3o,ooo lieues carries et sont Iti'cs fertiles. Elles produisenl du fromenl , de I'orge et du mais. Les articles de commerce sonl le vin, I'eau do-\ie, le grain, les figues, les cuirs, le savon, le suif, arlicli s dont one parlie cstexporlcie au Chili, a Cordova cl a Budnos Ayres. Les richessos mineralcs de la province de Mendoza sonl aussi prccicvises que va- ( 279 ) t\&e^. JLespjines d'argent cl'Upsalatq on^dc ^put tepip? 6te irhs productives. 11 y a aussi des mines d'or s^/: |p fl qpc qrienlal de la grandQ.Cofdilliprp. La \ ille de Mendoza est situee dansun climat delicieiix et salubre, par 02° 5 1' latitude S., 69" 6' longitude Q., a 4,891 pieds au-dessus du niveau de la mer, et tout- a fait au pied des Andes, mais privee de I'aspect de la grande Cordillifere par une sombre chaine de cpllines plus basses qui ^egne entre les deux. Son apparenceest propre et riante ; les maisons batips, pour la plupart, en briques cuites au soleil, sont enduites ,de platre et blanchies h la chaux; les rues sont tirees au corcjeau et 4 angles droits, suivantl'usage suivi dans cetle partie du ponde. Mendoza se glorifie avec raison de son Al- meda, promenade publique, sans egale dans I'Ame- rique du Sud, et que longe une riviere ou les belles citadines viennent souventjouir des douceurs dubain, pendant que les hommes ['undent ie cigare ou pren- nenl des glaces entre deux rangs de pagnifiques peu- pliers. L'instruction primaire commence a faire quelques progres a Mendoza, qui compte plusieurs ecoles de toutes les classes. Deja cette ville publie un journal a certaines epoques, et d'autres moyens d' instruction se developpent sensiblement. La province de San Juan occupe I'espace comprjs entre la grande Cordilliere etles ippptagnes de Cor- dova, ;et s^etend vers le nord jusqi^'aux Llaijos ou plaines do la Rioja. C'est un pays yignpble e.t agricole, qui oxpprte de I'eaude-vie, du vin et du bl<^. La ville de San Juan, situee par .5i" 4' latjt. S. , 68' §7' 00" lon- gitude 0. , est sou's un ciel favorjse et peupl|e tj'hom- ( 28o ) mes laborieux , mais encore ignornnls el siipersli- lieux. M. Parish terminc le chapilrc ties pi'ovinces par une description des douze passages qu'elles offrenl a Ira- vers les Andes du Chili , et dont le plus irequent^ est celui de Cunibre par I j)salala. Tout Ic Irajet de Mcn- do/.a a Santiago, capitale du Chili, est de 107 lieues, et la pins grande elevation que Ton ail a franchir est de 1 2,550 pieds. L'aspect le plus frappant de la route est I'arche magnifiquc appelee le pont des Incas, de 75 pieds, que la nature a jete sur un ravin de iGo pieds de profondour , oi'i court la riviere de Las Cu^vas. II v a dans les envii'ons des sources chaudes que quelquos personnes supposent avoir contribue a former ce pont naturel, a 8, Goo pieds au-dessus du niveau de la mer. Les deux derniers chapitres de I'ouvrage sont con- sacres au commerce et a la detle puhlique. L'auleur montre combien la republique Argentine est favora- blement placee par son territoire et ses grands cours d'eau pour ouvrir les relations commerciales, soit avec le Bresil, soit avec le Paraguay et lo nouvel (ital de rUruguay, outre que sa capitale, pr^s de I'embouchure d'un grand fleuve sur I'ocean Atlantique, peut enlrc- lenir des rapports maritimes et autres avec I'Europe. Les importations depassent 1 1,267, 000 dollars, dont t-n- viron moiti6 appartiennent a I'Angleterre , 1,000,000 a la France, 1,000,000 auxEtats-Lnis, 1 ,000,000 etdenii au Bresil, etc. L'Angleterro envoie priiicipalcment scs colons, ses lins , ses laines el ses soies manufacturees, ainsi que de la coutellerie et aulres produits de ses fa- briques; la France envoie ses articles de luxe, tels que draps, loiles, cachemires, merinos, batistes, dentelUs, gants, chaussures, bas de soic, miroirs, ^crans, pei- ( 28. ) gnes , joj aux, el toules soites tl'objels de parure on rlo toilette. Lcs exportalions de Buenos Ayrcs consistent prin- cipalement en cuirs , cornes , plumes d'aulruche , peaux, suif, viande sal^e , cereales et metaux. La dette publique est d'environ 5G millions de dol- lars, et le revenu annuel ne ddpasse guere 12 millions, dont un quart sert a payer les inlerets de la delte in- scrite. En 1807 sont arrives a Buenos Aj res les navires doiit le nombre suit, savoir : anglais, Gi ; nord amcri- cains, ^o; br^siliens, 4^; francais, 24; hambour- geois, 7; bollandais, 1 ; bremen , 4) danois, 9; suc- dois, 4; toscans, 1 ; russes, i ; porlugais, 2; espagnols, I 2 . Total 228. Albkrt-Mont/vMont. ( 582 ) DEtXlEME SECTION, Actes de la Societe* PROGF.S-VERBA.UX DE3 SEA NCES. fBliSjpiiKCE p^ .V. •Ift^/^?p. Seance du 8 novembre 1809. Le proces-verbal de la derniere seappe e§t lu et adopts. M. le minislre de rinstruction publiquo ecrit a la Sociele , en reponse a une leltre dans laquelle M. le President lui signalait une errcur commlse par Ics bu- reaux dans la fixation du prix du 4^ volume des Me- moires , qu'il a fait rectifier cette erreur , et qu'en conservant la souscription de 4f>o I'r. accord^e a la So- ci6t6, il avait reduit de 25 a i4 le nombre d'exomplaires que la Soci^t^ devra faire d^poser a son minislere. M. le cbevalier Jaubert annonce que la traduction francaise de la gdsograpbie d'I*ldrisi est enfin termineo, et que Ton est parvenu a la 28'' feuille de I'impres- sion du s*" volume de cette traduction. M. Jaubert sai- sit cette occasion pour expriraer a la Societd toulo sa reconnaissance des bontes et de I'indulgenco avec Ics- quelles la Commission centrale n'a cess6 d'encouragor ses efforts. M. le baron Walckcnaer transmel une leltre do ( m ) gr^s imprimis a la geograpl^js appi^j^i^p p^r 1,q§ tfi^,- vaux recenjts de (juelques voyagejurs ; 2? d'une carl^ flu diiche de Savoie avec des not^s statlstiques et Jijstpri- ques sur ce pays; 3° enfinde r6flexiorj,s sui' I'ensei^ne- ment de la geographie. M. Cliaix annonce qu'il a joint a ce dernier M^moirelepi'emier r^sultat des travaux g^o- d^siques qui s'ex6cutent en Suisse, el dont quelques belles cartes cantonales ne tarderontpas a marquer le progres. II explique I'anomalie indiqu^e dans la tabic des bauteurs pour trois de celles qui ont 6te mesurc^os par les ingenieurs autricbiens sur la frontiere orienlale de Suisse , de naanji^re h justi^er pleinement I'exacti- tude des grands travaux g^od^siques des ing^riieurs frangais suy lesquels cepx des ingenieurs suisses onl ete bas)5s(i). Enfip , M. .Ghaix annonce I'envpi de plu- sieurs bayteurs, mesur^es par lui dans la parlie oc- cidentale des Ajpjcs , et qui n'ont pu ^tre ins^r^es dans le travail bypsometrique qjue vient de publier M. Ic professeur de Candolle. fil. le general Tcbeffkine cbef d'^tat-raajor dii corps des jng^nieur? des mines de Russia , adregse a la ho- ci6i6 , d'apres les ordres de S. Exc. le comte Cancrine, ministre des finances, un exemplaire de I'ouvrage P^fiodiquQ que J'iidfijjpisff^tiQr) ifj>p,^rial.e 4,e§ iflines p,ub|je si^f' les jo|^s,eFyaJ^ioji3 iflagDetiques et jxiei;e,Qrpl.Q- giqj^ps dap^ spi) re^sppt. f: (i) Voir tome XI , page 337 , 'es Remarf|ues di^ M. le colonel Cofa- 1)a>iit sill" le /lifi'l/tinciit giodesiqiie (jiie MM. les ingenionrs suissos out txiciile cu jiarlant dfS doniieis de Ja tiiaiigiilation frajicaise , ef sur la jCoaipaiaispn (Jh fiiyeiiu de |? ijier Adiiutiqii,? #.vcc peJ.iji de l'Q.iC'?ij. ( ■>M ) M. Warden dcrit a la Soci^le pour Ini ofTrir un oxem- plaire d'une Notice biographique sur le docteur Bow- dllch, publi^e rccemment par le fils de ce savant matheniaticien et liydrographe. M. Jomard demande de nouvelles questions pour M. Coste , I'un des membres de I'ambassade francaise qui se rend en Perse. M. d'Avezac communique une lettre deM. Lefebvre, ccrite de Massaouah a la fin de mai dernier , et conle- nant d'interessantes nouvelles sur I'litat politique de I'Abyssinie, ou ranarchie semble avoir cesse au nioins pour quelque temps , grace a la preponderance qu'a su conqu^rir Oubie. M. Daussy annonce que M. le ministre de la marine a reru de M. d'Lrvillc , commandant les corvettes V Astrolabe et la Zelee , un rapport du i"^ juillet, date de Singapour. En quitlant Balavia, le ig juin , I'ex- pedition avail visite les detroits de Banka, Duriou et Singapour ; et apres avoir fix6 avec precision les posi- tions des lies et des dangers epars sur celte route, M. d'Lrville 6tait venu jeter I'ancre , le 27 du meme mois , sur la rade de Singapour. L'Jstrolabe et la Zelee devaient appareiller le 2 juillet , se diriger sur Borneo, et, si le vent 6tait favorable, aller visiter les iles de Sooloo. M. d'Avezac annonce la publication, a Gotha , d'uno edition autograpbiee de la Geograpbie persane du scheykb Abou-Isbbag elFarsy-el Isslbakbry, le memo dont Ouseley avait publie une traduction sous le nom d'Ebn-Ilbaouqal; mais Ebn-Hbaouqal est poslerieur d'une cinquanlaine d'anniies a la dale I'cconnue par M. de Sacy pour cette Geograpbie persane : les deux ( 285 ) auleurs ont et6 exactement distingues pai' le savant M. Cliarmov. M. le colonel Corabcenf communique des observa- tions sur la hauteur de Saint-Pierre de Rome au-des- sus du niveau de la mer; ces observations lui ont 616 sugg6r6es par la lecture du Memoire de M. Fergola , relatif aux operations geodesiques des provinces sep^; tcnlrionales des royaumes de Naples, et dont il a pre- scnte un compte-rendu dans une des stances prec6- dentes. — Renvoi au comite du Bulletin, M. Roux de Rochelle annonce laperte que la Finance vient de faire dans M. le lieutenant-general Bernard, ancien ministre de la guerre. II rappelle les grands Iravaux que eel ingenieur a fait execuler en Amerique pour la defense des cotes et pour la navigation inte- rieure de ce pays. M. Roux dc Rochelle est prie de preparer une Notice sur ces travaux qui ne sont point etrangers aux progres de la geographie. M. Barbie du Bocage continue la lecture des leltres de M. Bijotalsur plusieurs villes de la Florida. M. le secretaire lit la premiere partie du Memoire de M. Chaix, annonce au commencement de la stance. Ce document est renvoye au comity du Bulletin. La Commission centrale fixe le jour de I'Assemblee generale au vendredi 6 decembre prochain. EUe decide qu'elle nommera , dans sa prochaine seance , a deux places de correspondants etrangers. M. de Angelis, propose par M. Eyries, sera port6 sur la lisle des candidats. ( ?^6 ) Seance dit 22 noi'cnibre i85c^. Le proci;»-veibal do la dernicre seance esl lu et adopl6. M. Joinsrd coinmunique plusieurs lellres qu'il a re- 9ues de MM. Dillon, Lefcbvi-e et Frosnel sur leur voyage en Kgyptc ct en Abyssinic, ainsi qu'un Me- moire de M. Linanl siir une foret petriiiee des envi- rons du Caire. Un exlrait tie ccUc correspondanoe est renvoye au coraile du BuUelin. M. le chevalier de Martius, directeur du jardln bo- lanique do Munich , correspondanl de I'lnslilut, ^crlt a la Socl^t(^ pour lui olfrir un exemphure de deux Me- nioires qu'il vient de pubher, I'un sur la distribution geographique des pahniers» I'autre sur I'histoire pri- mitive des Americains. M. le profcsseur De Candolle adresse une Note Stir des degr^s d'altitude exprimant les hauteurs refntives ind^pendaffimcnt dc toulcs Ics mesures Jinertlres, comine les cfegf^s dc latitude el de longitude expri- mefil les positrons. M. )e Secretaire de la Comraission pour le raoniJIncnt a dlevei* h la m^moife du general Alkrd , kcxW a la Soci^t^ pOur prier ses meisiibres de vouloir bien con- CQUfir, par kur s^uscription , a I'ereclion de ce ni,o- l>Mment. M. .loraard lit la preface du Diclionnairc berb^re de Venture, que la Soci(it6 a le projet de publier. M. d'Avezac communique un fraj^ment d'un travail sur la geographic ancienne qu'il a entrepris a I'occa- sion du cosmographe Ethicus, au sujet duquel I'his- toire de la science n'offrait encore que des notions in- ( 887 ) coh^rentes. Le frngment dont il est donne lecture est relatif a certains ouvrages des iv" et v"" slecles de notre ere, a la composition desc[ucls oh aVaif suppOs^ qu'E- thietis poiitfJit avoir feu quelqtie patticipaliofi, savoir : Ifi Nbtifia iitritis que hnpbvii^ la Descriptio urhis lioma; et \^TdbIepeittinngpHeune. L'auteilr fait I'hisloire r^sumee de ce dernier monument, et pl-eod soin de classer et M distingiier les dlverses editions qui ont ete faitee , les disset-trtlions et les noliccs dont elle a et)3 1'objefcj il fait etisaild I'examen critique des opinions emises Sur la date, soU des ^l^fnents prinlitifs, feoit de la derniere f^daction, Soit de la copie existante de ce pr^cieux do- cunietit; et il ^lahlit que si d'une part les elements en j'etnontent au r^gne d'Auguste , et que si d'eutre part la topie parvenue jusqu'Jl nous est de I'an 1265, il n'est pas moins vrai qu'il y a eu une redaction inter- tn^diaife , que Meermann rapportait aU vlli' si^clo et Manfiert ail in" si6cle, sauf des interpolations du xiH*; tandis que des considerations ilouvelles* fondles pur certaJnes particulariles que presente la tabje elle- m6me , doivent fixer la date de sa dernjer^ redaction h la fin de I'an 357 ^^ ^" ^" semestre de I'an 338 de notre ere. Cette lecture est ^coutee avec Jjeaucoup d'attentiort , el divers membres t^raoignent rint^vet qu'ils prennenta la question trail^e par IVl. d'Avezac. La Gommission centrale precede al'election de deux correspondants strangers, et elle pomrae* ap scriitin, M» le colonel Yiaconti a Naples * et M^ d0 Angelis a BuenoS Ayres. Membre admis dans la SOCliTfe. M. Delamarche, ing^nieur hydrographe de la ma- rl De. ( 288 ) OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETY. Suite des seances dc scptcmbrc et octobre i83(j. Par M. Roux de Rochelle : Hlstoire du regiment de Champagne, i vol. in-8. — Par M. Jomard : Hisloirc sommairc dc I'ligyptc sous le gouvernc- ment de Mohammed-Alj , ou Recit des pilncipaux cv6nemenls qui ont eu lieu de I'an 1825 a 1808, par M. Felix Mengln. 1 vol. in-8. — Eludes geogra- phiques ct hisloriques sur I'Arabie, accompagnees d'une carte de I'Asyr et d'une carte generale de I'Ara- bie. 1 vol, in-8. — ParM. P.Jacqnemont : Voyage dans rinde. 22"^ liv. — Par M. Demidoff : Voyage dans la Russie meridionale. 18" a i'b<- liv. Observations scien- tifiques, 1'' liv. — Par M. d'Avezac : Relation du pre- mier voyage de la compagnie des Indes orienlales en I'lle de Madagascar, par M. Souchu de Renefort. Paris, i66S. r vol. in-i8. —Par M. E. /^a//; Notice sur les Indiens de I'Amerique du Nord. i vol. in-8. — Par M. le major Sabine : Report on the magnetic iso- clinal and isodinamic lines in the British Islands. 1 vol. in-8. — Par la Societe asiatique : La Reconnaissance de Saconlala, drame Sanscrit et pracrit de Calidissa, ac- compagnee d'une traduction fran^aise par A. L. Chezy. 1 vol. in-4. — Yadjnadattabada ou la Mort d'Ya- djnadatta , en Sanscrit el en fran^ais , par A. L. Chezy. 1 vol. in-4. — Chrestomalhie chinoise. 1 vol. in-4. — Essai sur le Pali ou langue sacree de la pres- qu'Ue au-dela du Gange , par E. Burnouf et Ch. Las- sen. 1 vol. in-8. — Supplement a la grammaire ja- ponaisc du P. Rodriguez, par le baron G. dc Humboldt, in-8. ( La suite des Oufrages offerts au Nuiniro prochain. ) BULLETIN DE LA r t SOCIETE DE GEOGRAPHIE, DECEMBRE iSoQ. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPFOHTS. 4SSEMBLEE GENERALE DU G DECEMBUE l83g. DISCOURS D'OUVERTL'RE PROUONCE TAR M. HuERNE DE PoMMEUSE, ■Vice-President, ancien Dep.ile et Membre de I'Iu»ti!iit. Messieurs, Vous comptlez snr I'avantage de voir exercer dans cette seance los roncllons de president par M. le ba- ron Tupinier, conseiller d'Elat, directeur general des perls, membre du conseil de I'amiraute et de la XII. DECEMBRE. 1 . I9 ( ago ) Chambre des deputes, auqucl vous en avez si jusle- luent defeie le litre. La haute distinction qui le signale dans ses nora- breuses et iaiiporlanles fc«iclions , Ics services si re- marrjuables que son zele et seslumieres onl rendus et rendent encore chaque jour ^ notre marine, lout vous garanlissait le haut interet qu'il auiait su donner a cette seance , ainsi que la jouissance d'enlendre un administaleur si recommandabic ajouler a la recon- naissance ,pHbKque , en (orliiianl vos csperanccs. Mais il y a peu de jours que M. le bai on Tupinicr a fait prevenir la Commission cenlrale, qu'obligd de quitter Paris pour remplir des devoirs imporlants, il se voyait dans l'impossibilil6 de pr6sider cette stance. Je me trouve, comme vice-pr6sidcnt, appele a lo suppleer. Je sens vivement le regret que vous devez en eprou- ver ; toutefois , j'ai dar iiti canal a valsscaux, ristlime de Pa- nama dans la parlit- oii il est doming par le vaste lac de Nicaragua qui a 25 lieileS delong, i5 liouesde large, et donl la superficie ri'a qUe 58 motros d'^l^vation au- dessus des deux oceans Allanlique ct Pacifique. D(^ja ce grand lac communique aVec I'octan Atlantiqne par la riviere do San-Juan, et il n'est s6pare de Tocdan Pacifique que par un inlervrtlle dc terro d'environ C lieues, oil se trouve une faiblc elevation au-dcla de laquelle il existe Un cours d'cau qui se verse dans cet flC^an. Une telle locality presente un crtsenible d'avantagcs et de facilites pour rexecution dont le simple 6nonc6 que nous en faisons ici peut donrtet lltte id6e , Ct que les bol-nes de ce discours ne nous permellont pas de d6ve]opper» ce qui nous determine a en faire une note speciale que j'aurai I'honneur de vous soumettre ul- terieureraent. On voil par celle note combien uno pareille cnlre- prise est prople a favoHset les vastes concoplions de cctte union americaine qUl presenle eti ce moment, pour les grandes Coramunic&lloriS, lihe espfece de phe- nom^ne des plus remarquableS. En elTet , aprfes ^Irc rest6e jusqu'en 1817 sans pouvoir r^aliser une seule grande entreprise , a ciaUse dc la latitude quo sa constitution donne h la jalousie rdciproque dcs divers fitats, quand il s'agit de faire voter au congres des d(ipensp3 poul- I'lm d'eux, olle a enfin, par suite du bcl exemple que I'litat de !\ew-York a foul'rti a toutc I'Lnion par la construction du canal Eri6 ( '/e i5o lieues, com- inence dans cette metne aiinee et terinine en 1822), VU ( 295 ) naltre dans les principaux Elats qui la composent une L'intilation doiil les resultals sont tels, que dans un laps d'environ vingt-cinq aiis elle a d^passe toute I'Europe pour sesgrandes communications ; car, a la fin de iSog, ses canaux pr^sentent un developpement total d'en- viron 4,000 lieues , et ses chemins de fer i,Goo lieues do traje I (1). C40 peuple, qui a trouv6 dans ses canaux et ses che- mins de fer les raoyens de prosp6rile les plus propres a rallier entre eux les divers Elals de TUnion que leurs interets particuliers seniblaient porter a une division imminonle, donne ainsi a toute I'LInion une solidarite d'interels et un degre de puissance qu'on ne saurait trop calculer. Son gouvernement, domineparle devoir de seconder tant d'interdls d6]k si grands et toujours en progres, ne peut manquer de chercher a acquerir par la coupuro de I'isthme de Panama dans la localite dont M s'agit les chances de preponderance commerciale et ixiililaire dont nous nous occupons ici. J'ai cru devoir insister sur une observation si digne de voire inl^rot, 6lant resle depositaire dcs pieces qu'a- vait apportees en France un depute special de la repu- blique do TAmerique centrale, pour y proposer i notre gouvernement un projet de traite relatif a la conces- sion de ce canal , en en d^montrant la possibility, la facllitc d'ex(^cution, et enfin le nombre et I'etendue des avantages qui devraient en r^suiter. Ce depute n'ayant pu r^ussir dans sa mission, quitta la France en me laissant ces pieces, qui paraissent (i) Voyez le compte que vient de rendre de ces ohetnins de fer, M, de Corslnnr, apies iiii iejour de luiii mois aiix Kiats-liiiis et en avoii' (tar- couru la plus grande parlie. ( ^^96 ) olTrir Ics dociimcnls h's plus drsirahlos, d donl , par cello raison, je vtuis prcsenloi ai incessammonl un ex- pos^ sonimaire. Les consid^ralions les plus puissantes se r^iinissent ainsi poiirprouver loutc I'iuiporlance que doit a\oir le ri'lablissenient du canal de Suez, el linfluonce qu'il pourrait exorcer j)our lorminer les allaires d'Oriont de la maniere la plus honorable et la ])lus ulile pour les puissances contraclantes, puisquil s'agit pour I'Kurope non pas seulement de regler des inlerels parliculiers a quelques puissances, niais encore de resoudre, ainsi que nous I'avons dil, une question de preponderance commercialo et meme niilitaire entre elle el les Etats • I nis d'Amerique. Avant nieme un concouis de circonstanccs aussi iinpirieuses, Bonaparte avail place le projet de retablir ce canal au premier rang des grandes idees qui le gui- d^rent dans sa memorable campagne d'Egyple. On sail qu'aprfes avoir reconnu personnellement I'exislence de I'ancien canal, il ordonna aux ingenieurs francais qui, par leurs talents, avaient merite d'etre choisis par lui pour une telle expedition , de lui pre- senter un projet pour le retablissement d'un canal qui , en profitant des progres qu'avait fails la science hydraulique depuis unsilong temps, opererait la jonc- tion des deux aiers avec tous les avantages dt^sirables, Ln pareil oidre donne par un tel chef a d'aussi habi- Ics ingenieurs ne pouvait nuuiquer d'etre cxt^cule avec toules les recherches de la science et du zele ; aussi n'avons-nous point en France de canal qui ait ete raieux ^'tudi6 et dent le projet et les devis offrent plus d'exactitude que ceuxdc cc canal des deux mcrs, qui, »ur un cneial de la Commission centrale. a^ Messiedrs, La geographic, vous le savez, a eudifferentes phases : d'abord elle s'enloura de fictions, etpeut-ctre serait-elle reslee long-temps encoi'c la science mysterieuse, si le gonlc de Tyr et de Carthago n'avait guide ses premiers pas. Alors la goographie, d^gagee des ei'reurs de la Table, acquit lout-a-coup rautorit6 d'un fait, elle mondc du posilifvint remplacer celui dcs conjectures. Toulefois, la nicr Tenebiviisc oilrayait encore les plus hardis , cl XII. DicjiMBBK 'i. 20 ( 3oG ) seukinciil quelqiios cx|)]oralions sur ks coles occ'alon- tales c\e i'ancien conllncnt, vers Ics it^gions du m'uVi et (III noid, s'inscrlvirenl sur des Periplos donl I'his- loire n'a gardil" que \c souvenir. Lorsque les colonies dc I'ancienne Grece loniberent au pouvoir dcs llomains, et que les aigles O.o la villc imperialeplanercnt viclorieusessur loul cc qu'il y avail alors tie terra connue, k's envahisseincnts dc la con- qufile n'enrichircnt guerc la geographic. Rome ne dut sa puissance ni a la marine ni au commerce; ses tri- remes n'oserent s'engagtu* dans de loinlalnes expedi- tions ; leur mission fut de combattrc et non de decou- vrir el d 'explorer. Pour les maltres du monde , la g(!;ographie ne se traduisil qu'en mcsurcs terreslres, en journeos de routes, en millicrs de pas. D6vor6 d'ambition et insatiable de gloirc , ce peuple domina- teut ne riiarqua sur scs itineraires que sa marcbe Iriompbale Ji travers les nations subjuguces. Mais la tourmcntc dcs revolutions soutlla sur le graml empire, rOccidcnl tout entier doviiit la proie dcs barbai'es , roeuvre de Rome I'ul anoantie , et il no resta dc cctlc geograj)bie acquise par six cents ans de conquetes, que quelques nonis celebrcs cl do grandes ruines. Rejouissons-nous, messieurs, d'apparlenir a une epoque oil le g6nie qui preside; au deslin dcs Etats leur a prepare un meillcur avenir. Aiijourd'hui surlout 5 ) coinpllssemcnt de leur ccuvre sans avoir a redouterles inlri'^iics cl I'lnflucncc inlorcssce tl'une seclc rivale. Nous dcvons nous rejouir surloul de cc qu'un membre de noire Sociele, M. Moarcnhout, ait cte appelu a rcm- plir a Olaill !es fondions de consul de France, pour reclamor an besoin conlrc I'alius do la force et Ics ja- lousies d'un pouvoir dunl il a failli kii-memc etre la vlctime. NoUc colleguc a rcpondu dignemenl a cclle marque de confiance par Ics services qu'il vlcnt de rendfe a la IVegate rJiihcnnsc en I'elacbe forciie dans la baie de Papeili. Ifeureusenient, I'evenement qui a relenu le commandant Laplace sur cctle cote n'a pas eu dc suites faclicuses ; I' Avthanise doit avoir re- pris le cours deses operations, ct bienlot la geograpbie du globe s'enricbira de nouveaux fails. line exploration dont la science doit atlendre aussi sa part ) dc sa bionvt'illanlo prolrclion. A I'ilc de Chalfim, il a vcngo I'eqiiipajrc clii Jean-Barl ^ indignoment massacr^ par les insulaires (i), ct, dans cet acle dc justice, il a ^vit6 reffusion dii sane; el s'cst nionlre severe sans in- humanile. Les capilainesbaleiniers, en lul offranl ime 6p6e d'honneur, au noni dii commerce du Havre, lui onl donne une preuve de leur gratitude et du prix qu'ils allaclient aux gencreux services de la marine royale. M. Guillemin , aide-naluralisle au Mus6um d'histoire nalurcUe, qui avail ele charge par le minislre du com- merce el de I'agriculture d'aller recueillir au Brcsil des renscignements precis sur la culture du the , afin de tenter racclimalalion de celte precieuse planle sur le sol de la France , a pris passage a son relour a bord de la corvclle de M. le capilaine Cecille, et n'a eu qu'a sc louer de ses soins obligcants durant toule la traver- s6e. La conservation de la belle collection de v^gctaux qu'il a ropporlde d'Amerique , et qui a el6 deposec dans les serres du Jardin-du-Roi , est due en grande parlie aux bonnes disposilionsqui onl 616 prises a boid de r Heroine. N'oublions pas dc citer aussi parmi les odiciers aux- qucls le gouvernemenl a confie des missions qui nous inleressent, le commandant de /'^/wrte. Charge de rap- porter en France des arbres et des arbustes du Chili, pour la collodion du parcd'etudes de Boulogne, M- Di'- haut-Cilly a visile Valparaiso, la Conception elTalca- huana dans les derniei's mois dc Fan passe, et a effeclu6 son relour en Europe par le d6lroit de Magellan , ou des caux plus calmcs cl une temperature raoins rigou- \^ (2) Voyez AniMles marit, et colon. Avril iSSg, n" IV, 2<- part. ( 5i7 ) reuse que cello tlu Ciip iiora dovaiciil assurer la coii- scrvalion dcs jcuncs planles qu'il a\ail fail rccueillir clans ses dilTercnles rclaclies. Unc nomfllo reconnais- sance et la description delaillee uu long canal (pil se- pare la Teire de-Fcu du grand promontoire do la Pa- lagonie onl tie les resullals do celle delerminalion. VAriana-A mis 17 jours dans celle Iraversee d'unemer a I'aulre, mouillanl successivement danslesprincipalcs baies comprises entrc les deux coles, depuls le cap Pillar jusqu'a la sorlie du premier goulet. Unc aulro expedition specialement scientiliquc est renlree au port, mais celle-ci ne revient pasdel'liemi- spliere austral ; I'exploration des iles do Feroe, du INord du Spilzberg et des cots de la Laponie , a ete le but du qualrieme voyage de la Recherche. Dans celle nou- velle campagne, M. Gaymard et ses collogues ont pour- suivi le cours de leurs travaux : les pbysiciens et nalu- ralistes danois , norwegicns el sucdois, adjoinls a la commission frangaise par leurs souverains, n'ont pas manqao au rcndez-vous qui lour avail etc assigne a. Hammerfest. M. Lottin et ses collaborateurs , qui s'e' laienloccupes louti'liiver dernier d'observalions astro- nomiques, magnetiques et meleorologiques , les ont conlinuees pendant celle annee h I'observatoire de Bessekop, dans le Finmarck, sous le 70*= degre de la- titude boreale. Dej^i, dans un premier rapport adresse au secretaire perpetuel de I'Academie des sciences (1), ils avaient fait connaitrc I'ordie elabli pour la marche reguliere des observations , et M. Gaymard, avant son second dc^part, vous a communique , dans une de vos (i) Voycz Journal de la inaniie. Lc Naviyatcur, Revue raarilimc, tome r'', i83y , page 12. ( 3i8 ) seances partlculiuios , plusieurs details donl I'inleroi no peut que s'accroilrc lorsqu'il en presenlera I'en- semble. Lcsopcralions dola commission scienlifiqiie duNord nous ramcncnt sur Ic sol de riuiropc, de celle vieillc lerre d'oii Ic fleuvc de science coule sans sc pcrdre , el verse ses bicnfaisanlcs eaux dans loulcs Ics parlies du monde ; flcuve inlarissable que dc nombrcux allkicnls grossissont sans cesse cl enrichissent dc leurs Iribuls. "La geogiaphie dc I'Europe, considerec dans ses gene- raliles, est comme un fail accompli. \ ous parler dc ses progros, c'cst vous dire qi'.o sa lopograpbie se pcr- fectionnc de plus en plus, que I'execulion des grandes cartes publiees sous Ics auspices des divers gouverlie- ments so poursuil loujours avec la momc ardcur. Au Depot dc la guerre, Ics Iravaux de la nouvollo carlo dc France recoivent unc habile impulsion du chef cclairc qui Ics dirige. Les operations gcodesiques dil premier ordre , limitecs desormais aux cspaces que laisscnl enlre ellcs les chainos principales du triangle, onl rcru leur achevemont a Vor/estclu royaunlo, enhc Ics parallclcs dc Paris et dc Bourges, ainsi que dans qucl- ques portions de quadrila teres places au siiil-oiiest, seule direction vers laquclleil resle a elendre cette parlie des opera liens fondamcnlalcs dc la carle. La Iriahgulalion secondairc et la lopograpliic ont augmcnlc lesresultals dc ccllc belle entrcpriso, autanl qu'on pouvait IVspercr du moins du nombre des olficicrs qu'on y a cnip]oj6 dans Ic cours dc celle annee. La cinquicme livraisbn des feuilles de la riouvelle carle sera bienlot rcnduc pu- Lliquc : joinle aux quatre prccedentes livraisons, cllc conq)lete a peu ])res lo quart dc la supcrficie du rovauinc. ( -^'9 ) La pnblicalion de la scconde partie de la JSoin'cIle des- criplioa gcomclrUiue de la France nc doil pas larder a paruilrc; I'impression louclic a son tennc. Les resul- lals dcs travaux geodcsiques exd'cntes dejMiis la puhll- caWonAeXoi premiere pnrtle , un precis dcs obsorvallons aslronomiqucs (i), I'ensemblc de tousles nivL'lemcnts du ])rcniier ordrc, contonaiil les elements qui onl servi au calcul des dilTcrences dc niveau , enfin plusieurs memoires dus au savanl redactcur dc ce rccucil, Tor- ment la maliere de cet important ouvrage. Le Depot general de la marine continue aussi ses uliles travaux ; aux derniercs cartes des coles de la France, precedemmcnt pubiiees, onl ele reunis dc nombreuses vues et des tableaux d'obseryatlons de ma- rees pour former le 4*^ volume du Pilote francais qui a paru cette annee, et qui comprend la description du littoral depuis Bressac jusqu'h Barfleur Le 5'' volume est en cours d'cxeculion; deja qualre cartes des envi- rons de Caen et du Havre onlele pubiiees , et plusieurs autres parailronl incessaniment. Ainsi, dans deux ans au plus se trouvcra enlierenienl acheve ce grand tra- vail de la description des cot-s de France sur rOceaii, li'avail qui aura occupe pendant vingt cinq ann^es le corps presque cntier des ingenieurs hjdrographes sous la direction dc son habile chef, M. Beautemps-Beau- pre et avec la savanle collaboration dc M. Daussy , un des membres dc voire Commission centrale : immense enlreprise , dont vous saurez apprecier I'imporlancc (i) Ces oliseivatioiis out etc fait(?s sur les paialU'les de Paris el ih; Boiirj;es sur Ic parallcle moyeii el la elialne lrii;ounmeliii]ue iKs I'v- reuees. ( 5'2C> ) el f[uise recoimnandc a la reconnaissance do lous nos marlns. M. Begal, ingenieur bydrograplic , a donne dans un expose Ic tableau dc la Iriangulalion qui a servi de base a la levee dcs coles scplculrionales dc France, ct reunissant on oulre tout ce que roxperience lui avail appris , il a forme un Iraile de gcod(isie specialc- meiil destine aux marins pour leur laire connaiire lous les soins que Ton doit niellre a la construclion des carles liydrograpbiques. Lc travail, si babilement terminc sur les coles de rOcean , a el6 continue cetle annee sur le littoral de la Medilerranee par M. Monnicr (i) , dej^bien connu par ses belles cartes de la Martinique. M. Daussy, ingenieur bydrograplic en cbef, poursuivant le plan qu'il s'est propose de donner aux navigatours ties cartes de I'lnde au niveau dcs connaissancesactuclles, en a public Iroisnouvelles, dont Tunc oflre les iles dc Sumatra, Java el Borneo, TaLihe les coles de I'lndous- lan dcpuis Bombay jusqu'a Godavery, el la Iroisieme le golfe de Bengale (2). (i) Cellc levee de cote a tic cxeculee par M. Moniiier avec I'aiJc de iVIM. les ingcnieurs Diiperrc et Begat, ct MM. Lieussou et deLam.irche , sou'-inyeiiieiirs. On a explore les environs de Tonlon ct Ics iles d'H\ercs. M. .'\liimiiei-, avant son depart pour 'I'oiiloii , avait ilcniii' en addiiioti ;iii Menuiire sur les couraiits de la Manclie presenle a I'Acadeinie des sciciice', uue c^irte dej conranis ocrasimines par la maree dans la Manrlie ct dans la parlie mrii.iioiia!e de la mcr dn Nord. De son cote, M. Dujierrc avait jniliiie nn Meraoire interessanl sur rcnsablemeut dii port de CettOj (pfil lilt charge de visiter en 1838. (2^ Toutes ces carles font a nnc eehellc commune dc 3o millimetres pour un degrc dc longitude, ce qui permcl de les rcunir. Trois antres soul prescpie teruiinccs, el Ks deux dcrnieres, deja tn cours d'execulion, paiailionl |)rubaldiniciil I'anucc procliuine. ( 3'ii ) Les carles drcss^es par MM. les ingeniours hydro- giaphes ne sontpas les seules qui ont ele publiees par lo D(^p6t de la marine dans le cours de cette annee ; cette ad:ninistration en a fait graver plusieiirs au- Ires provenant des levees de divers ofliciers. Ainsi , M. Jehenne, lieutenant de vaisseau , a donne un nou- veau plan de I'entrde de Rio-Janeiro; M. Lavaud, capi- taine de corvette , une carte gen^rale des bancs de Terre-Neuve,- M. Chreslien de Poly, un plan de la baie de la Pointe-a-Pitre et un plan du port de Saint-Tho- mas , dapres les Danois , sur lequel il a ajout^ les sondes qu'il a eu occasion de prendre au large de ce port; enfm, M. le Saulnier de Vauhello , auquel on devail d^ja un beau travail sur les cotes de France, a dress(^ une carle d'Alexandrie et de ses environs qui, dans les circonstances actuelles, presenle un inlerel majeur. La grande carte de I'Angleterre avance aussi vers son terme ; il ne reste plus aujourd'hui que les qualre comtes du nord ci relever et cinq seulement en Ir- lande. JNous devons mentionner en menie temps la carte de cette ile a I'eclielle de G lignes pour un mille (825 toiscs) , qui comprend loutes les levees execulees par ordre du gouvernement britannique , et pour la- quelle on a clioisi d'excellents materiaux. Ce beau travail , dirigti par le lieutenant Larcom, reproduit lous les caracteres physiques du pays et fait le plus grand honneur a cet ollicier, Les Iravaiix du deparlcment hydrographique aux- quels preside le capilaine Beaufort rnarchent sur la meme ligne que la levee lerreslio; les cotes orientales d'AngleleiTe el d'tcosse , quelqucs points dc la rive XII. DiCliMBRK, ?. a I ( 522 ) occidenlale, le canal d'lilande el la cole septcnlrionale de celle ile ont ulc recounus avcc soin. Le capitaine Ilewell continue sa grande carte de la mor du nord , qui doit resumer loulcs les reconnais- sances hydrographiques cxecutces dans cos parages. Le gouvorncinenl auiricliien s'est occupy de la t'or- niation d'une soci^te speciale pour les progres de la geographic. Celle inslitulion, qui doil r^unir des allri- butions Ires ^lendues , sera placde sous la direction du general Campana, assisle par le colonel Skiibariech. EUe sera chargee principakment de la publicalion des cartes dressees d'apres lea levies failes dans tout I'eni- pire et des travaux lopographiques de relat-major du quartier-niailre-g^n^ral. Ce corps d'officiers a deja rendu d'iixiporlants services a la science, et nous de- vons mentionner.surloul la carte des provinces de Sty- rie el d'lllyrie , en 3G I'euilles, a I'^chelle de r.,V„ir. La lev^ede la Moravie a ele enlreprisesurlanieme^clielle, et le gouverncment aulricbicn fait acliever aussila carte de la Lond)ai"die et du ducbe de Modene. Il est encore un autre travail, qui merite d'etre cile pourla beaule de I'execulion el les renseignements lopograpbiquea qu'il fournil, c'est la carte du royaume de Wurtembcrg, en 57 feuilles, a recbcllc de-jwj. M. dc la Roquelte vousa comrauniqud un caique de la carle du Nordland et du Fimnarck, dress^e sur les lieux par M. Kcilbau , prol'esseur tie mineralogie a runivcrsile de (ihrisliania. II vous a prc^sente -aussi une ;iiilre rarle ('os coles seplcntrionales de Norvdge, dressL'C par des inginieurs et des officiers de la marine nor\egienne. Ce lrac6, qui s'elcnd de Fleina vi San- born cl Tran') , y comprisla parlic moridioualc du Lo- 1 { 52^ ) foden , jusqu'a Skraaven, est fond^ sur de botlties ob- servations aslronomiques. Parmi les Iravaux qui ont et6 executes en Italie, tious ne devons pas omettre les operations geod^siques faiteS en Sardaigne pour la construction d'une carte de cette ile par M. le colonel de la Marmora. Le travail decetoffi' cier distingue a motive le rapport dont M. le Colonel Coraboeuf vous a fait lecture > et vous avez pu apprecier par cette imporlante analyse corabien les operations de M. de la Marmora m^rilaient de confiance. M. Coraboeuf a donn6 a la Society iliie nOu^elfe preuve de son zfele en lui rendant compte des Iravaux qui concourent, dans les provinces seplenlriotialcs dti royaume de Naples, a completer la grande triangula- lion europ6enne. II a fix^ votre attefttioft sur les belles operations que M. Fergola , officier du g^nie attach^ a la direction topograpliique , a expos^es dans son m6- moire, e t dont I'objet special etaitd'operer la jonctiondu reseautrigonometrique napolilain avecla triangulation provenant de la baute Ilalie, en rattachant a ce r^seau la coupole de Saint-Pierre de F»ome, afin de lief les observatoires de Milan et de Rome avec celui de Capo- dimonte, et obtenir ainsi une determination exacte de la longitude de ce dernier. Voire savant rapporteur a saisi cette circonstance pour toua annoncer que , par suite des tiavanx qui s'execulent en Italie, la Sieile sera liee irigonometriquement avec la partie N. dii royaume et avec Piome, Boulogne, Milan, Turin, Paris etGreen- vicb, de manif-re a pouvoir me&urer d'une maniete ri- goureuse un arc du m^ridien et un arc de parallele. M. le colonel Visconli, diml le talent sera secoiide par desolTiciers de clioix , presidera 6 cette grande entre- prise , une des plus remarquables de notrc 6poque. 21. ( 5.4 ) Le gouverncment espagnol fail graver dans cc mo- ment a Paris la grande carle de Gallice en 12 fciiillcs, a I'l^chelle de ,-ir«'... , par M. Fonlan, directcur de Tob- scrvaloire astronomique de Madrid. C.e beau liavail , fruit do douzo annecs d'operalions geodesiques , elsur lequel lauleur bii-nieme \oiis a domic pkisieurs de- tails, sera bientot rendu public. Tandis que les observations se muUi])lient pour con- solider les ])ases de la science, lout coiicourl a (^tendre ses limiles. Cliaque annee , des etudes plus approfon- dies et de savantes meditations vicnncnt rectifier los premiers resultals et (^claircir quclquos points encore douleux. La geograpbie cborcbe dans les tbdories ma- Ibemaliqucs ses plus belles applications, maiselle puisc aussi a d'autres sources, et metlanl lour a tour a profit les bautes speculations de la politique et les enseigne- ments de Tbistoire, les donnees de la slatistique et tout ce que les sciences naturelles peuvent lui fournir d'uliles renseignements, elle eniprunte ses lumieres aux autres brandies du savoir pour les repandre par- lout. C'est ici le cas dc rendre grace a cette active Emu- lation qui se fait remarquer aujourd'bui dans toutos les parties de I'Europe pour les progres de la geograpbie prise dans sa plus large acccption. Le g^nie , suivanl ses inspirations, enfante cbaque jour des productions nouvellos, ot le desir de lout voir, de tout connailre, de loutdecrire. enlralne incessamment les voyageurs et les ecrivains dans toutes les directions. Parmi les nombreux travaux que produil cetbeureux concours d'intelligences divcrses , il en estplusieurs qui m^rilent unc mention a part. M. le comte de DemidolT, I'un de vos vice-presi- dents, lermine le bcl ouvragc dont il a lu un fragment ( ^20 ) dans la derniere assemblee generale de la Society. A cote do la relalion hislorlquc da vovage qui offre des apergus pleins d'interet siir la Ilongrie, la Valachio , la lliissie meridionale el la Ciiraee, se delaclie une par- lie scienlKique dans laqueilc MM. Iliiot, Gauberl, INord- maiin el Hoiisseau onl resume loul ce qui a ele rccucilli do remarquable sur Thisloire naturelle des conlrees ex- plorees. En publianl VHistoiie y. a ce sijil le I)l■o(•c^-v^■I■l)al dc la sraiire dii a ) sci)leml)re,p. 217. liiil/. dc lu Soc cic i;i-og., N"' 69-70, scptciiibrc tt oclobre iSjy. ( 329 ) binet des cartes et plans dc la Bibliotheque royale. De nombreuses acquioilions sont venues s'ajoiiter aux dons gratuils ; toiijours persevcrant dans sa louable enlreprise , M. Joinard a su profiler de ses nombreu- ses rt'hUions, et grace a son infatigable aclivile , one collection nouvelle et precieuse vient de s'ouvrir aux etudes geographiques. Long-temps paralysee parle de- faut de ressources, elle va enfin prendre I'essor que la Societa de geographie, la premiere, avail souliaile pour elle (i). Ce n'est pas ici le lieu de faire connaitre toutes les richesses que renferme ce Cabinet ; ce soin appartient au conscrvaleur, qui se pi-opose de publier un catalo- gue raisonne de la collection ; nous ne parlerons que d'une seule de ses brandies. M. Jomard a range sous le nom de Monuments de la geographie , i° les cartes les plus anciennes, celles du xV siecle et de la premifere nioilie du xvi^, et les carles orienlules; 'i° les mappemondes, les globes terres- trcs cl celestes ct les divers documents relalifs a I'as- troTiomie et a la geographie des premieres epo- ques (2). Aujotud'hui que la cartographic se fondc sur des observations plus rigoureuses, il est curieux, il est in- slruclil' surtout de comparer ces premieres ebauches avec ce que notre siecle a produit de plus correct. Des collections analoj^ues se forment aussi en An- gleterrc. Le Museum britannique reunil deja dans ses (i) Rapporl sur les travaux de la Societe pour I'aniice 1829 , par M. de Larenaudicre, secretaire-general. (2) Voj-ez pour d'dutres details la uote en renvoi b. ( 000 ) archives Ics cartes de qualorze des plus faineux cos- mographes du moyen age. M. Gri»berg de lleniso a fall don a la Soci^tti geographiquo de Londrcs d'un Portulan fac simile porlant la date do i3i5 , el caKjiie siir celui de la bibliotheque de S. Lorenzo a Flo- rence. Un projct de publication, que les encourngemonfs promis par le minislere pourronl pout-etro realiser, nous fait esp^rer de voir bicnlot reproduire le bel Atlas incdit de Giidlanme Le Testit , conserve dans la bibliotheque du Depot de la guerre, el nous ra])pcl- lerons ici ce qui a ete dit dans le rapport adress^ a M. le niinistre de I'inslruction publique sur celle oeuvre d'^rudition et de patience (i) : « L'Allas de Le Testu forme un dcs premiers jalons dans I'liisloire de la chorographie fran(;;aise, et sa publication scrait une entreprise utile. Ce superbe rccucil fut achcve eri i555 , ct resumo toute la geographic de cctle epoquo. Commence sous Ic rrgne de Fi-ancois I , qui fond a le Havre de Grace oil Le Tcstu re^ut Ic jour, il fut execute sous I'influence prolecti'ice de ce monarque restaurateur des lotlres et des arts, alors qu'il orga- nisait la marine en favorisant la navigation au long cours, et que Jacques Cartier, envoye sous ses aus- pices dans rOcean du nord, dotail la mere-patric d'une nouvclle conquete par la decouverle du Canada. II fut d»!;die a I'amiral Coligni , qui faisait explorer les Flori- des. Ce monument que le pilole du Havre <}leva a la science constate les progrfes que la g^ographie avail (i) Voyez le Journal de I' Instruction publique. Mercredi , a 4 j"il- let 1839. ( 53i ) deja fait en France au milieu clu xvie siecle, et se rat- taclie a une des epoques les plus illustres de nos annales inarilimes. » ]\lais les etudes sur la geographie ancienne ne se bornent pas a Tesamen des documents graphiques qui sont parvenus jusqu'a nous el aux cnseignemenls qu'on peuten lirer ; elles eml)rassent tous les temps ct toutes les annales , elles s'ap[)liquent a tous les pays, el nous voyons les esprils philosophiques inlerroger le passe pour apprecier tour a tour I'etat de civilisa- tion des peoples, les causes de leur prosperile ou de leur decadence. Dans cc vaste champ de recherclies , les uns, a I'cxemple de M. le professeur Rossi (i), con- siderent les systemes do commerce el de colonisation qui prevalurent , les grandes entreprises qui s'execu- terent, les elablissemenls que I'on fonda; los autres, envisagcanl Ics ressources agricoles, les conqueies de la science et de I'induslrie , les piogres de la naviga- tion et la marche des decouvcrles , recommandent a notre admiration les hommes dont les travanx acce- lererent le mouvement civilisateur.et qui, pronant sur leurs conlemporains tout I'ascendant de I'autorite , duminerent leur sitele par la puissance du genie. C'est parmi ces eludes qu'il faut ranger le4'' volume des Meuioires de la Societe (2) si important k tanl de titres. 11 nous sul'fira de citer sa Description des iner-^ (i) Vgye« le Kusunie dii coui's dVconomie puliliqiie au col'eye de Friince |iar cc [nyfesseiir, resume eu pliKieiirs arlidis dans le Journal de C Instruction piibliqiie , et notamnunt le S*" ai title , N° Sg. Mcrcredi, 2 i jiiillit (le celli' ;uiiiep. (2) Recueil (Ic iioynges et de memoires piiblies par ta Soeicte de geo- graphie. Tome IV, iu-4 ( 868 pages de texle ) , chez Arlhiis Bertrand, liLiaire de la tociete , rue Uautel'cuiUe jS. Paris, 18.3.9. ( 332 ) veilles de I' Asie ^ par lo P. Joiirdain de Sevcrac, imprl- niee d'apres un manusciil du xiv'" sioclc judicieuse- ment commcnlc par M. Coqueljcit-Monlbrel; ^ lieln- lion du voyage de don Jose Andin y I'aicia dans Ics lies de la iiier du Sud ; los f ocabuluircs dcs dh'crses tri- biis d' Afriqne, jiar IM. KceniG;, mis en ordre et proc(ides dune inlroduclum par M. Jomard ; los Foyas^es en Orient de liuhrnik , de Uernnrd et de Scnvulf, lllustros par MM. Francisque IMiclu! ct Wright, el siirtoul cclle grande ot belle Helation des Mongols do Joan du Plan- Carpin, a laqucllc M. d'Avc/.ac a ajoute ses savantcs et laborieuses recherchcs. Lc plus bcl eloge que Ion jk)u- vait fairc de voire ouvrage , messieurs, so trouve dans une publicalion que vingl-qualre ans de succes ont justemenl accreditee en Europe. Los Annnles luarititnes et eolouiales ont annonce vofro 4*^ volume dans les termes suivants : « Marco-Polo , Guillaume de Rubruck , Jourdain de Severac, elablissent la liaison entre. Icsancions i^oogra- phes el les voyageurs du xv'' si'^clc ; ils torment los anncaux de cello chaine de progres et d'obscrvalions snccessives qui onl anicne la science au point ou nous la voyons aujourd'liui. Dopouiller les rarcs manuscrils ou so trouvaienl de somblablcs relations, en laire re- cucillir dans loulo 1 Europe les difrerenles lerons, les eclaircir par de savantes notices , pour les publier a grands frais, etait une entreprise digne de la Soclete de geograpbie , qui n'a jamais hesite devant un Ira- vail du moment des qu'cUe a pu lo croire utile (i)-.-» Ea geographic ancienne s'csl encore onrichie cello annec des Iravaux de M. lo baron Walckenacr ct tie (i) Jnnales marit. et colon. "S" Till, 46A, ■x'- pait. ( 555 ) M. le vicomte de Sanlarem. M, Walckenaer, qui s'est toiijours montre rinterprele le plus eclaire de cetle branclie de la science , vous a olTert son interessante Geographie des Gaiiles qu'accompagnent des cartes importanles , et dans laquelle rintroduclion a I'ana- lyse geograpliique des ilinuralres anciens atleste de nouveau celte prolonde erudition dent I'auteur a d^ja donne lant de preuves. Des recherches sur la fabrication de la soie et sur Tepoque de I'introduction de cette industrie dans la peninsule liispanique sous la domination des Arabes; une dissertation sur le veritable emplacement de Miro- bri^a, constate par une medaille punique Irouvee dans les ruines de cette ville ; les cui'ieuses biographies de Vasco de Gama et du prince don Henri le Ts/avigateur, sont autant de productions dues a la plume savante de M. de Sanlarem, qui, traitant a la fois plusieurs questions importanles, prepare en meme temps la pu- blication de ses Commentaires sur JviericPespitce et son exainen critique et geograpliique sur Vitineraire de Jean de Castro, dont il a deja donne un premier apercu. M. Noel Desvergers , dans une communication sur Athenes ct surl'Altique vous a montre ce pays sous un double point de vue : la Grece moderne et la Groco antique; I'une se relevant du sein des decom- bros , I'aulre gardant encore dans ses nobles ruines tous los souvenirs de sa snlcndeur passee. ]\I. Dullot de Mol'ras, attache a I'ambassade de France a Madrid , ct que vous avcz associe ii vos Ira- vaux, vous a fait connaitre , par une bonne traduction, la Notice de M. de Navarrete sur les progrcs de I'art de la navigation en Espagne, a partir de cette glo- rieuse epoque que les Enciso, les Medina et les Mar- tin Corlcz illuslrercnt par Icurs ecrits. Yoqs jivez ( 334) ins(^r6 aussi dans voire Bulletin des ronseignemonls biographiqucs et lilloraires sur Sanla-Cruz, ce cosmo- graphe de CharlesQuint, dont les oeuvres scraiont reslees ignor^es sans I'ardent palriolismc qui no cesse de guider le savant direcleur du Depot liydrograplil- que de IMadrid dans ses laborieuses invesligalions. Enfin , M. d'Avezac vous a annonc6 la publication h Gotba d'une edition autugraplie de la Geographic persane du schejkh Abou-Ishhaq el Farsy-ol-Isslha- kliry. Si, voulaut enregistrer mainlenant les progres de la geographic dans les autres parties du globe, nous por- tons d'abord nos regards vers cetlc Asie c^lebrc, qui appela jadis les investigations des anciens Voyageurs , nous la verrons encore, comme autrefois, ouvrir ses vastescontr^es a tousles devouemenlset a toates les am- bilions. La, peu de choses restaienl a decouvrir , niais beaucoup etaient encore a constater. Bien connue dans son ensemble, la geographic de I'Asie demandaita etre ^tudiee en detail; car un examen plus approfondiet des observations plus directes surplusieurs points conlost6s devaienl amener la solution de questions imporlantos. Les recentes cxploi-ations de M. de Bertou en sont une preuve. Le journal de ce toyageur est ecrit, quant a la parlie positive, avec la rigoureuse exactitude d'une levee de plan, et, pour la partie descriptive, avec cet abandon et colte allrayante naivete qu'on ne retrouve plus guere aujourd'hui que dans les r^cils de nos an- ciens. M. de Berlou, aide des conseils de voire Soci<^l^, s'elait propose de resoudre une question inlerossante de geographic physique : la protondue communication de la nior Morlc avec la mcr Rouge, indiqueo par I'in- trepide Burckhardl,a la suite de son exploration du pays qui s'ctcnd entre ccs deux niedilonan^es. M. Le- ( 355 ) tronne etM. Callier avaientsagemenldout^ de I'asser- tion de Burckhardt, le premier dans un article ins^r^au Journal des savants en i835, le second durant son voyge de i833 dans I'Arabie-Petree. M. de Bertou est venu confimier leurs conjectures par ses propi^es ob- servations. Mais une autre question non moins impor- tante lulrestait a I'^soudre : une mesure therraometri- que prise par des voyageurs anglais semblait demonlrer que la liier Morle se trouvait moins elev^e que la Medi- terran^e, et, dans une seconde exploration , par Naza- reth, Naplous et Jericho , il a reconnu au moyen d'ob- servations barom^riques qu'en effet les eaux du lac Asphaltite sont plus de 1,200 pieds au-dessous de notre mer. Les recherches de ce voyageur, sur I'emplace- ment de I'ancienne Tyr , et les ^claircissements qu'elles fournissent pour I'explication de I'hisloire , ont eu un grand interet aux yeux du monde savant, M. de Bertou a demontr6 Texactitude des descrip- tions de Strabon etdes autres ecrivains de I'antiquite , en confirraant la supposition de Maundrell , que la plus grande partie du sol de Tyr se trouvait aujour- d'liui submergee, et en constalant I'existence des deux digues recouvertespar les eaux, et qui formaient jadis les deux grands ports de I'opulente clt^. L'oxploralion de M. Robinson, entreprise dansle but de completer I'^tude comparee de la geographie sacree , a eu des resultals non moins curieux que ceux du voyage de M. de Bertou. La route qu'il a suivie est parallete a celle qu'a parcourue notre compalriote , mais ello s'cn dloigne vers TO. et traverse une parlie de I'Arabie Petree , qui avail 6t(i peu visitec dcpuis les Romains ; clle suit I'ancienne voie tractJse par ces con- ( 556 ) quoranls de la Medilerranee a la raer Rouge. Les cm- placemenls de plusieuis villes ou slalions ont el (Tauris, 8 deceml)re i858) , il a consigne les r^sultals de ses savantes observations sur I'bistoire politique et religlouse de I'Armenie. M. Bore voyage dans un dou- ble but de civilisation et de science , il 6tudie avec fruit (i) L'OEiivre de la propagation Je la foi a Lyon,^ Xn, NOVKMBRE. 4> SS ( 558 ) les monumenls des arts et les beaux resles de raqli- quil6 dans le$ pajs qu'il parcourl, cl nous alloz juger dans celle seance, par la comniunicalion qui va vous elre faile, de loul linlerel que merilenl ses reelierches. M. Saumaroz Brock , lieutenant de vaisscau de la marine royale d'Anglolerro, a adrcss^aM. le capiluipc Beaufort une grande carlo du golfe de Kos, sur la cote S.-O. de I'Aualolie et Ic releve des povls de ce golfe, dont I'etondue est de pros de Go miUes d'oriei^t en Occident (i). Le plan de la ville et du port de Bou- droiuiy k rechelle de 9 pouces pour 1 mille, a die Ijvi par cet officier. 11 1'a accompagne du dessin des ancieos murs, de quelqucs bas-rcUels et de plusieurs Ueaux fragments d'aidiiteclure dont il decril les formes etle style. M. le lieutenant Brock a conlirme par ses ve- marques la description de Tisthmc qui suparc le golfe de Kos de celui d^Siinj-, faile par Herodole. 11 a de- termine aussi I'emplacement du celobi'e mausolee d'^IalicaTnasse cl celui de I'ancicijne Kcniincs. M'. AinsvvavUi , auquel la g^ograpbie es.t rodevable d'un beau JMemoirc sur les plaines alluvionales d« la Mdsopotamie et sur Fctat actuel du Kurdistan , et M. Rasam, nous, ont lourni de bons documents sur la Bilbynie cl la Paphlagonie, M. Fellowe sur la Lycie, ct le colonel Cohen sur plusieurs points de cette region. M. Frederic Forbes, cbirurgien major a Bombay, dans sa route a travers la Mesopotamie , a visile les inonts Sindjar. Suivant d'abord la rive occidentale du (r) La prof inilmir dc la mer est telle au milieu lieco vasle haasio, (juc la sonde lie pent 611 atteiudre le fond avcc iino ligiie diJ ioo brass'ej. Dans le voi^iuage de la cote , cette prot'ondcur est enoorc de 5o a 70 biases. C 55gf V Tigre, il sVst dirigd vers I'ancienne Til- Ajar , le seul lieu habitt^ du desert; puis, passant par Mosoid , il a atteint a 83 milles plus a I'O. le premier massif des irioTvts Sindjar, dont I'altitude est de i^Sob pied^. D'aprfes ses renseignements, la population de ces mon- tagnes se compose de 6,000 ames, reparties en diX- sept villages. II a indique avec plus d'exaclitudc qu'on ne I'avait fait jusqu'ici , la position du lac Khatsuniyah el le cours du Khabour. Ce fleuve recoil, au-dessus de son confluent avec le Houali , le tribut de trois autres rivieres, le Hassaoui^ le Mygdonius et le Kaukab, M. Forbes a rendu un service Eminent a la nomencla- ture geographique en comrauniquant a la Soci^te de Londres les nonis de tous les lieQx- du territoire de Mosoul Merits en arabe, et xxH itineralre d^taill^ de la route qui conduit a Diai-bekir par Sindjar, Nisibin et Mar din. On doit A M. Whitelock, lieutenant de la marine de la compagnie anglaise de I'lnde, des notions int^res- santes siir les lies et les cotes du golfe Persique , et plus parliculieremeflt sur I'ile d'Ormnz, §i cel^bre dans Tantiquitd!. Suivant une partie du cour^ du Mh- naou ( Minav ) , il a d6crit la ville du meme nom , puis celles de Gomroiim ou BenderAbbas et de Kic/um, ainsi que les iles Anjar, Kichm et Lavek. Les explorations de M. le major Rawlinson ont eu pour objet special Telude des montagnes de Zagros , le cours dos rivieres , la topograpbie de toule la pro- vince de Loiirestan el de la Sm-iane. La region monta- gneuse, si minulieus<'nieijt visilee par co savant offi- cier, domine le bassin iiiferiou^ du Tigre et de I'Eu- pbrale, theatre des travaux de la famcuse expedition des bateaux a vapeur, conduite avec lant de persevd- 22. ( 54o ) ranee park colonel Chesney. Unaulremembredecelle expedition, lelieulonanl Lynch, a rcconnu lecours du Tigre depuis sa source jusqu'a Hnghdad; il a visits les siles d'Opis el de Samara, et les restes dc cette fa- mcusc niuraillc medique qui glsent au milieu du de- sert. De I'ancienne Babylonie passons dans I'lnde. Sur le continent, les fronlieres orientales, le Manipnur , I'Jssam, VJrncan , ont (^16 dectils par M. Pimberlon ; sur les cotes, le golfe de Manaar, entre Ceylan et le continent, a ele releve par les lieutenants Powell et Ethersy. On a lermlnti en Angloterre la gravure des feuilles de Radjamandri et de Cotchin de la grande carte de I'lnde, et Ton a recu le dessin de relle du Concan. Dans I'Ocean indien, le capilaine Moresby, le meme qui a dress6 la carte de la mer Piouge, des Lakedives et des Maldives , a determine hydrographi- quement une partie de I'arcliipel de Chagos et le grand banc de Saja da Malha. Get officier est un de ceux qui ont rendu le plus de services a la geographic orienlale ; on dix ans, il a lev6 plus de 1800 lieues de coles. Nous devons rappeler aussl les excellents rensei- gnemenls qu'un de nos compatrioles, M. Guerard, capilaine de navire, a donne sur le detroit de la Sonde et PArchipel indien (1). M^r Taberd, eveque d'Isauropolis et vicaire aposlo- lique de la Cochlnchine, vous a fail don d'une des plus vaslos publications qui aient 6le redigees sur la langue d'un peuple. Les deux Dictionnaircs annamites, dont' I'un avail «il6 commence par M. Pigneaux, eveque d'A- dran, placent d(l'Sormais leurs auteurs au nombre des (i) Voyez Annahs mar'it, et colon, Aout iSSg, p. 428, 2c part. (34i ) hommes ^minents dans la science. Mais Mgr Taberd n'a pas borne ses travaux a la linguistique , et la geogra- phic positive lui doitune carle de I'eiTipirc cochinchi- nois qui csl d'un Ir^s grand prix dans I'elat acluel de nos connaissances sur celle region. M. Gallery, niissionnairo francais , dans une relation fortcurieiise qu'ila adressee au sup^rieur du s6minaire des Missions 6trangeres^Paris(ocfobre i858), afaitcon- nailre tous les details de son voyage le long des cotes de la Chine. M. Callery 6tait parti de Macao avecla ferme resolution de penetrer dansl'inlerieur del'empire par Niiig-pu, etdese rendre delhdansla Tartaric chinoise par le Tche-kiang, le Kinng-nan, le Chan-toung et le Pc-tchy-li. Des circonstances independanles de sa vo- lonte ne lui ontpas permisde realiser ce projet; il a ete force d'ajourner son courageux dessein; mais, si sa pre- miere tentative n'a pu seconder son devouement, elle n'a pas 6t6 infructueuse pour la science. Notre z6l6 missionnaire a visite le port de Nan-gau^ I'ile de JSarno, la baie de Kinou; il a explore le bel archipe! de Tchu- san , la grande lie de Lo-ouang et celle de Pou-to, dont il a donne une inleressante description, ctil a eftectue son rctour a Macao apres trois mois de pelerinagc. Mgr Pallegoix, eveque de Mallos, qui reunit au de- vouement du missionnaire la science du geographe , vous a adress6 la relation de son voyage a Chantuburi , accompagn6 de renseignemenls sur les Tchongs, cette fiere tribu de montagnards qui a su conserver son independance au milieu d'un pays soumis au plus vil despotisme. On doit aussi a Mgr Courvesy, 6veque de Bidopolis , des notions interessantes sur I'organisation politique et religieuse des con trees oil il exe^ce ses honorables fonctions(i) , et je profiterai 4e celtitni ). - L'Ue de Madagascar est devenue aussi depuis plu- sieurs annees I'objet de travaux importants. Ln Anglais, M. Ellis, a fait paraitre , il y a quelques inois , une hisloire de cette grande terre. M. de Froberville , notre collegue, vous a communique un fragment de I'ouvrage qu'il prepare , et vous avez pu juger par cette lecture de I'erudilion et de la rare sagacity du jeune ^crivain sur tout ce qui concerne la langue malgache. Eniin , un Memoire de M. Leguevel de Lacombc, qui a residd ( 3^9 ) long-temps a Madagascar, vous a fait enlrevoir ce que ce sol encore vlerge peut offrir d'avantages a I'indus- trie et au commei'ce. Si apres cette revue de I'Ancien-Conlinent nous repassons I'Atlantique pour abordcr dans ce nouveau monde , que noire Europe exploile depuis plus de trois siecles, le domaine de la science va s'agrandir encore pour nous offrir d'autres sujels d'observations. Au Nord , une nation puissante et forle, qui n'a plus rien a demander aux institutions poliliques; au Midi , d'autres peuples qui commencent h leur tour le rude apprentissage de la libert*^ et se tourmentent en longs efforts dans leur sterile independance ; mais de toule part des 6l6ments de prosperile qui appellent Tactic n du g^nie, un sol riche de sa fccondile et de ses prc- duits, des populations qui n'altendent que le repos et la protection de bonnes lois pour faire valoir leurs ressources. Cette terre d'Amerique , deja parcourue par tant d'illustres voyageurs, convie sans cesse a des explorations nouvelles. M. le comte de Castelnau , loujours plus devout, en vous adressant une INote sur la source de la Wc- kuUa dans la Floride, vous a demande des instructions pour le nouveau voyage qu'il va entreprendre. M, de Castelnau suivra le Misslssipi jusqu'a sa source etdes- cendra ensuile la riviere Rouge du Canada jusqu'au lac Winnepec ; puis remontant le Saschachawan pour ti-aversor los monlagnes rocheuses et gagncr la ri\iero de Colombia, il operera son retour par le Texas, le Mexique et la Vera-Cruz. Ce plan d'explora- tion, s'il se realise, fournira des donnees importanlcs sur plusieurs points du territoire americain dont la topographie es^ encore peu connne. Lc\ constitution ( 55o ) physique de la haulo Galifornie , I'^tude des grands cours d'eau et de leurs affluents , la situation des <^ta- blissements fondes par les compngnies do pclleleries et leurs relations avec les tribus indionnes, les travaux topographiques dirigesparlesingenicurs attaches h ces 6tablisseuienls; enfin, les progr^s de ces nouvelles co- lonies de la Colombia vers lesquellesso ddpioie la puis- gance expansive des l^lats-Lnis, et ou le gouvernement federal a deja planle son drapeau, tel est le chanip d'observations qui va s'ouvrir devant notre voyageur. L'6lude des tribus indigenes de I'Amerique du Nord faik le sujet principal du naagniiique ouvvage du prince Maximilien de ^Vied-^eu^vied , illustr^ par les teaux dessins de M. Bodnier. Cinq livraisons de I'edi- tion fran^aise ont deja paru et repondent dignement a lout ce que I'edileur avait annonce dans son pro- spectus. M. David , consul de France a la Nouvelle-Orleans et membre de notre Societe, vous a envoye un apergu slatistlque de la Florida ; et vous avez pu juger par les letlres de M. Bijotat, agent consulaire A Saint- Joseph, des rapides progr^s du commerce et de I'in- dustrie dans ce nouvel elablissement j et en g6n6ral de I'avenir reserve a ce pays , nagu^re presque de- sert. La Soci^t^ de gc^ographie de Londres a entendu dans sa seaftce du i5 mai Ja lecture d'un nouveau rapport adresse a la corapagnie de la bale d'lludson , par MM. P.-\\ , Dease etT. Simpson , qui ont parcouru recemment une ^tendue de pays de lao milles sur Jes cotes de )a mer Arctique. Le point le plus oriental atteint par les explorateurs est situd par 68° 45' 09 " N. et 106" 3 n' 0. de Greenwich, rMwits sur la monlie ( 35i ) de T. G. Smith, d'apres d'excellenles observations lu- naires. La variation del'aiguille aimant(^e donnait 60° 38 23 E. ; les mouvemenls de la boussole ^taient lents el, jnQertains h rnesure que ]'on s'avangait vers I'E. , et souvent il fallait ia remuer pour qu'elle oscillut. A 2 milles au S. du dernier campement, I'ex- pedition se (rouva sur les bords d'un fleuve rapide et assez considerable qui se decUarge dans une immense baie remplie d'iles et bordee de coteaux graniliques. Du sommet d'un cap eleve qu'elle alteigiiit apres le 4*^ jour de marcUe, on decouvrit une partie de la mer Arcli- que entierement libra de glaces. Ce cap a regu ie nora d^ Alexandre , de celui du frere de M. Thomas Simp- son, qui, selon son expression (1), aurait donno son laras droit pour avoir pu I'accompagner dans son voyage. Une grande terre septentrionale,quis'etend en face de ce promontoire , de I'autre cole de la mer Arc- ^que , a et6 nommee Terre Victoria en I'honneur de la jeune reine d'Angleterre, et Cap PellyXdi pointe qui la termiiie vers I'Orient. M, J. Arrowsmith, en presenlant a la Societe de Londres une carte de I'A- merique septentrionale sur laquelle se trouvent tra- cees les nouvelles decouvertes de ces intr^pides voya- geurs, a fait observer qu'il ne restait plus que i5o milles a explorer pour joindre les terres qui viennent d'etre reconnues avec les parlies visit^es par les capi- taines Ross et Back, en i832 et i854 , et completer ainsi le ti'ac6 des coles scptentrionales de I'Ame- rique. M. Friedrischlhal, en vous annoncanl (Grenade du (i) Voyez sa relation. Nouvelles a/mules des voja^es , it serie. T. II. Juiii i8?-r), |>. 274. ( 552 ) Gualemala, 20 avril i85g) qu'il va qniltcr Grenade pour \isitor Costa-Rica , et pour suivrc son voyage a Gualemala et Sau-Salvador , vous a donn6 divers renseignemenls sur la province de Choiisalez au N.-O. du lac Nicaragua. Una excursion sur la riviere de Chinquiquira , qui debouche dans la baie de Cascajal sur la cote de la Col(in)I)ic, a ele le sujet d'un autre Mc^moire do noire collc'gue le capilainc Gabriel Lafond, qui bienlot va faire parailre le 1" volume de ses voyages pendant les quinze annees qu'il a employees a parcourir pres- que loutes les mers de rhemisphere austral. J'ai a vous annoncer aussi la publication dc la premifere feuille de la carte generale de la rcpubliquc de Boli- via, dressee par M. Al. d'Orbigny , d'apres ses itin6- raires , et qui ajoutera un nouvel interet a son ouvrage sur I'Amerique merldionale. M. Levrault a donne les resultals de son voyage dans un rapport sur les provinces de Canelos et de Nnpo , qu'il a adresse au consul de France dans I'Elal de I't- quateur (1). Parti de Quito, pour visiter les elablis- semenls aurlferes de Simi-Curi et de Chulli-Ydca , ex- ploites par des compagnies fran^aisos, il a employe six mois d'une longue exploration a <^tudier les moeurs des Indiens Tvaros et ISaperos. M. Lund, qui reside au Brc^sil depuis plusieurs an- nees, a redige plusieurs Memoires sur ses observations g^ologiqucs. LMiisloire naturollede cette vastecontree, des rcmarqiies sur la vegetation du plateau central, des reclierches sur les anlmaux fossilos et sur les der- nieres rOsvoIulions qui se sont operees a la surface du (1) Voyez Bull, d« la Soc, ( 553 ) coBlinenl americaln , IV'num era lien tics cspeccs pcr- ducs et plusicurs considenilions d'une haulc porlee siir Ics rajiporls qui exislcnl cnlre les animaiix des deux creations , coniposenl la masse des importanls travaux adresscs alaSociele royale dc Copenhague par ce zcle naturalisle , et que M. Audouiu, membrc de rinslitut a resumee dans unc communication luc a rAcadcmie des sciences (i). Lcs Iravaux hydrographiques j^our le relevoment des coles occidentales de I'Amerique avaient d6ja lixe voire allcnlion. MM, King el Fil/.-lloy se sont acquis de nouvcauxdroils a la reconnaissance des gtiograplies par riiabilele avec laquelle ils onl conduit cclle belle ope- ration. Menlionnons aussi I'ouvrage de M. Voodbine Parish sur Buenos Jyres el les proi'inces de Rin de la Plata, donl noire collogue, M. Albert-Monl(!!mont, a etOi charge de rcndre complc , ct n'oublions pas on terminant d'annoncer qu'un hislitat /dstoriqne ct ^vo- graj)/i/qiie a clo fonde cello annee dans la capitale du Bresil. Llablie sur de larges bases et dirigee par des hommes d'un mcrilc distingue, celte institution sein- ble appelce a excrcer unc grande influence sur la niarche des sciences dans la parlic nieridionale du Nouveau-Monde. Ma luche est a pcu pros rcmplie , Messieurs ; en parcouranl le globe par 6crlt , je suis bien loin de vous avoir dit tout cc qui s'y fait, lout cc qui s'y passe. Veuillez me pardonner des omissions Involontaircs ct presque inevilabUs dans ces series de redactions. J'au- (i) Voy. Cuinj>!c-!r!iJu tic P.lc.id. des .i.i. "1 1 " ' j Xll. DUCU'DUi; 5. 25 ( y--^ ) riiis pu, sans doule, voiis cilcr encore bicn des noms resprctaljlc'S, dcs liMvaux imporlaiils, des services icn- dus; mais les cilaliops d'ouvragcs et do niemoircs , les simples indicalioris de noms ot dc litres ne pouvaienl vous suHire, et jai muux ainiii me restreindrc (jiie de vous presenter un catalogue loujours faslidieux a en- tendre, lout bien conrdonno qu'll soil. Pour comple- ter , aulant que possible , eel expose des connaissances acquises en geographic pendant le cours de celtc an- uce, il cut fallu resumer lout ce que vous avez insure dans YDS bulletins, et vous rappeler en detail ces com- municalions verbalcs que le recueil de vos actcs ne cite qu'en extrait, mais qui ontsur lesmemoires ecrits le grand nierilc de la discussion. 11 eul fallu depouil- lor toules les savantcs dissertations, tons les prt^cieux renseignements consign^s dans lesmc^moires dc la So- cicte dc g(!'ographic dc Londrcs, loujours si riclie de fails varid's; puis enumerer encore tout ce qui tienl au genre d'eludes et de i*echci'ches que vous embrassez dans les publications des academies dc Berlin , de Saint-Pelersbourg , dc Turin el de Lisbonne, des so- cietes royalcs de Londrcs el d'Edimbourg, des socielOs asialiqucs do Franco, dc la Grande-Brelagne et du Bcngalc, dc la societe pliilosopliiquc amcricaino dc Pliiladeli)hii> , eiifm dc tons les corps savants avec les- quels vous etes en relation, line nouvellc association , sous le lihe dc Sociclc Elhiiolo^ique de Pitris , vicnl aussi dc se conslituer, et celle-la encore se rangera au nonibre de vos afflliecs, car I'etude de lliommc se lie intiniemenl a colic dc la terro. Mais je ne puis surlout lermincr ce rappcjrt, Mes- sieurs, sans rendre bommagc a une des inslilulions qui vous cnvoie lo journal dc ses acies ; je vcux parlor de luuMiiL;'' puldu' sous le [\[\v t\' hi/ia/rs >/c /a propit- ( 555 ) gatioii de lafoi. C'est aussi clans ce reciicil si inslructil", que la science peut s'eclairer de nouveaux I'aits. Des hommes de vertueuse conscience, religieux sans fana- tisme , patients et resignes dans leurs soullrances , humbles ct modesles dans leur savoir, se sont devoues a I'oeuvrc de la charite univcrselJe. Dans leur philan- Iropique mission , ils parcourent la terre pour cnsei- gner Ics peuples a s'aimer. En AiVique , en Asic , en Amerique , nos missionnaires penelrent partout ; les insulaires de I'Ocdanie les recoivent; ils sont aux ilts Gambler, a Wallis, aRolouma,a la?>iouvel!e-Zelande* dans les archipels de laSocietecl de Sandwich, Grace h leur zelc fervent, les tribus sauvagess'initientaux bien- faitsdc la civilisation. Et dans Ic cours de cetle sainte propagande, que de verlus cachees ! Que d'heroiques d^voucmcntsIDansrvVmerique septenlrionale, au boi'd du lac Michigan , un joune prelrc, d'abord avocal au barreau de Rennes, ]s\. Pellt, que les Indions avaient surnommt^ la robe noire, accomjjagnait naguere les hordes devenues chreliennes dans leur longuo emigra- tion, durant un Irajel de cinq cents miiles, pour assis- ter les nialades et consoler les nAliges, fdors que, lorces par le gouverncmeni ledeial d'abandonner le pays de leurs peres, lesPolowalomics etaicnt repousses au loin vers le haul Missouri, sur les bords de la riviere des Osages. Mais les forces du bon missionnaire, epulsees par les fatigues de la route cl one existence nomade, n'ont pu le soutcnlr long-temps... la morl I'a enlcve i la fleur de Vage. Quni de phis louchant que ce raar- tyre volontaire I Et n'cst-ce pas un beau spectacle que cettc puissance de la religion, qui va chorcher un jeune homme eleve au scln dc nos cites, dans nos lia- hiludcs n>ondaini:'5, Ic Iranspojle au-deia des lyers et 25. ( 350 ) Jc donno pour consolrilcur a ton I iin paiivrc pciiplc en- core h demi-sauvngo , ((ui lo vciic're , se resigne a sa voix cl s'humilic dovant lui. Dc p:in ils oxcniplcs, Mos- sioiirs , sudiscnt pour nous fairo conipn-ndre lotil co que la science el I'hunianilo doivcnl cspOrcr dc cello courageusc inslilulioii , lout ce que vous duvcz en al- tendre vous-memcs. S. Bi;i\Tiiiii.oT. ^OT£S EN UE.WOI. (n) llinerairc de la f'rc^ate la ^ onus , comniaiidec par M. Dui'etit-Thouars, capita/nc de vaisseau, pendant les annecs iSoj, i83S el i85q. Parlio do Brest le 99 dcccnibre i85G, la Fenns mouilhiit a Sainlc-Croi.x de TenerilTo le 9 Janvier 1 85-, rcparlait le 10 et clail rendue en radc de Rlo-Janeiro le 4 fevricr, apres avoir passe auprcs du Pencdo de San-Pedro sans le voir, ct a giande distance, niais u vue de Fernando de Noroiiha. Pioprenant sa route le 16 fevrier, elle se trouvaille i5 mars a vue ct Ires pros dela poinlc oricnlale dc la Terre des Elals, doublait le cap Horn le 21 mars, par Go° de latitude auslrale, passait dix jours a chcrcher sans succes I'ile de Christian, et arrivait le 2G avril a Valparaiso on commcncerenl les operations relatives a la levee du plan de cetlc rade. La fregale rcmcttaitsous voile le 10 mai, et mouillail le -lb du memo mois au Callao de Lima. La reconnais- sance des Ilorniigas et la lev(!e du plan des environs du Callao, uliliserenl cetlc station, llepartie le 2 juin, In Fenus arriva le g juillcl a llonorourou dans les ilcs deSandwicl), qu'ellc quilta le yo jiour allcrir Ic ooaoiil a lu cote 'lu Kuinlschalka duns la baie d'Avatcha, aprcs ( '>^7 ) avoir pass(5, sans les voir, aiipivsdes positions assignees a I'ccueil cle Kiusenslcrn, a Palrocinio et a Crespo. Le plan de la baio d'Avalcha, donno par Beechcy, fut verilie pendant cette relaclie, cl ne laissa aucun doiite sur son exactitude. La Veims apparcillait de nouvcau Ic i.5 scplem- brc, ct mouillait le 18 octobre a Monterey ( Hautc- Californie) pour cnrcparlir Ic i4novembi'e, apres avoir leve les plans de la baie de Monterey, de I'enlriie et d'une portie de la baie do San Francisco. Le 25 no- vembre elle eiitrait dans la baie do la Magdeleine (Basse- Californie), aprfes avoir determine en passant la posi- tion de I'ile do Guadalupa et dcsRocbes d'Alijos. Douze jours furent employes a lever le plan de la baie de la Magdeleine. La fr(^gate remit sous voile le 7 dt^cembre , fit route pour Maratlan (cote du Mexiquc), et y arriva le 21 de- ccmbre, ayant pass6 a vuc el a petite distance du cap San-Lucas. Le 18 du meme mois , poursuivant son exploration, ellc longeait la cole a vue, mais h grande distance jusqu'a San-Bias (Mexique), ou ellc mouillait le 20, et d'ou ello repartait le 27 pour prolonger encore la cote jusqu'a Acapulco qu'elle atleignait le 7 Jan- vier i858. Le 24, elle se dirigeait sur Valparaiso, on elle jctait I'ancre le 18 mars, apres avoir fait I'liydrographio desilesdePaques,deMar-a-Fueraetde Juan-Fernandez. Le plan de la rade de Valparaiso, deja commenced Tannee anl(^iieurc , fut tcrmine durant ccltc seconde relache. La Venus appareillait le 28 avril, elfaisait sous voile riiydrograpbie de Saint Felix et Saint-Ambroisf. Leio niai elle ctait de nouveau au Callao do Lima pouren acbevcrlcplan.et fixer definitivemcnl la position duUor- migas. Le G juin elle jetail I'ancre aPayta, et repartait ( 55S ) le 17 pourlesiles Gallnpagos, tlont clle eul connais- saticc le 21 juin, el qa'elle pprrlit dc vuc le ]5 juillet, aprfts avoir fait I'liyclrographie d'une jiarlie du groupe. Le 1" aout, la Fenus ^tait en vue des !les Marquises, et stationnait sur leiirs cotes pour en lever le plau. Le 20, clle cinglait vers Taili, passait, sans la voir, presde la position assignee a I'ile Tuberones(T/^wrortf5.'''), rangeait de pr^s I'ile basse de Krusenslern, et mouillait le 29 aoill dans la baii^ de Papcili. i8 jours furent employes a lever le plan de cc mouillage, qu'cUe quit- tait le 17 spplembre pour determiner on passant Ics positions des ilos Tobouai -Manou , Hul , Maugia , Rarolouga, et aller j^ler I'ancre le 11 oclobre a la Nouvelle-Z^lande, devant Kororareka, dans la baio des lies, Le plan de ccUe baie mit lin aux travaux hydro- grapbiques de la campagne. Partie le i/j novembre de la baie des lies, In Melius est arriveele 20 au Port-Jakson qu'ellea quitte le i8de- cembre pour passer au sud de la lerre de Van-Diemen, et se diriger siu- Tile Bourbon qu'elle a alteinle le 5 mars 1859. Le 9 du mfime mois, elle remettait sous voile, et le 29 clle etail vendue a False-Bav, au cap dc Bonne-Esp^rance. Laissant cclle y^'\c \q 92 avril , elle mouillait le 7 mai a Sainle-ll(il6ne, en repartaitle ii, visitait le iG lile do I'Asconsion, et jctait I'ancre en rade de Brest le ^4 juin 1809, apres 3o mois de navi- gation. [b) NOTICE sur la collection du cabinet des cartes geogra- j>ht([ii('.s dc la Bibliothcqiie royale, Graces h la libiralite des chambres el a I'inl^rdt 6claire que le dernier minislro, alors |M'6sidenl de la Soci^le de geographic, porlail u bout cc qui pouvait I ( ^5o ) agramlir le champ des (^tiules .scienllfiques, un cr ; onfiii , el de I'annee meme do la docouverte de rAmcrique , la c^Iebie niappeinonde de Marlin Behaim de Nuremberg. A I'epoque sui- vante apparlienl le monument curlcux dc Milan ^ connu sous le nom de Cdssettina alt agcmiua , ou Cas- sette Geograpliique ; I'atlas de ia mer Rouge de don J. de Castro, i548; plusieurs portulans du xvi* sie- cle par des cosmographes jusqu'h prt^sent inconnus , telsque VescontedeMarolla, 1547, Villaroel, i^Sg, etc.; la copie d'une niappemonde incrusttie sur ivolre, du temps de Philippe II; un riche et pr^cieux atlas portu- gais en vingt cartes, provenant de la bibliofh^que de la duchesse de Berry: unetr^s grande carle murale enes- pagnol , represenlant les deux Ameriqucs, de la fin du XV'; une mappemonde hollandaise dun magnifique dessinet du meme temps malgre sa date dc iGio. La suite presque entiferemcnt complete des editions dePtolemde,depuis la premiere de toules,[celledo i475, n'est pas une des moindres richesses du cabinet geograpliique : la premiere edition de Plolemoe avec cartes, de 1478. et I'exemplaire qui a apparlenu a Henri II, edition de i533, sont du nombre; de ce nombre aussi est I'^dition tr^s rai'e de i5i4. On sail I'importance d'une telle suite pour I'histoire de la geographic , puisque c'est dans cet ouvrage qn'on introduisait loutes les d^couvertes au fur et a mesure des explorations, soit dans les Indes , soit en Amci- rique , soit en Afriquc , en ajoutanl dc nouvelles cartes a celles qui sont atlribuces a Agathoda^non : ainsi, la mappemonde de J. Ruysch dans le Ptolomcic de i5o8, la premiere oil les cotes do rAmcrique soul d6cvilcs avec quelques details. Par une raison scin- blablc , plusieurs editions de Pomponius Mela font par- : ?>G-^ ) tie du cabinet, pavcxomple, I'edition JeVenise i.lei48a, avoc sa mappomoiulc hislorice , graviic sur hois, clc. Le cabinet possede aussi dilferenles I'dilious dc la Ta- ble th6odosionne, . Nous ne citons pas beaucoup d'aulres atlas ou carles maritinies du xvi'= siocle(i), di\erses cartes manu- scrilos porlugaises du commencement du xvii' ; cclles de Baplisla Agnese, i545 etdc Dic^go Homem, i574;les monunionlsde .Nancy , xvi si6cle , lacosmographie de ChristopUe de Savigny , 1587. Nous ne parlerons pas davantage de la chfoniquc de Schedel, }^()7>, de I'iso- lario dc B. Bordone , 1628, do I'Orhis novus de Gry- noBus, i652, de la Baviere d'Appianus i566, des carles de Sebaslien Munster ir)445 de la Palcsline de Ziegler i5oS, de plusieurs des carles qui onl servi a Ortelius pour son Tlwatviim orbis... de 1570, de Parle de nfn'/^ar, i545. Nous citerons encore line acquisilion preciousc loute recenle; c'est une table cosmograpblque de Ratis- bonne en picrre lilhographique, i0o5, sculplee en relief avec une extreme delicalesse. Ce magnifique monument a ute successivement transporte do Ralis- bonne a Cassel^ a Francfort ct a Paris. Enfin la precieuso (i) Lcs cartes des cosin()c;raplie5 011 edili'tirs ilaliens, veiiitiens, g«- nois, romnins, napolitaiiis , en furmeiit la plus grande partie, telles que cellcs de Giac ; Gaslaldo, de i552 a i56i; Pyriho Lii;orio, i558; A. Salamanca, i535; Paolu I'oi'Iaiii , i362a 1 366 ; caite italiennc de la France ct de I'J'lspagne, 1542, la I'rance eu nllemaiid de Stiimpf, de i5'i8. On remarque aussi des carles franraises curieuses oomnie le Boulonnois de Nic. Nicjlai , r555 a i'jSH ; une caite de France, vcrila- hle miniature, faile pour CliailfS IX , en i56S. par Pierre Ilamon blucsien , rallii;ra[)lic si habile, qiTil ful pendu commc faus ct sa France de 1570; La Fiance de Poslei , nu''mc auncc, etc. ( 5G3 ) edition des cartes jointes au poiime g^ographique de Berlingliieri, cartes d'une cxlrSmerarele et qu'on croit de 148 1, est Line des nouvelles riclicssesde la collection. Pour les cartes oricnlales , lu collection est encore peu avancee ; cependanl on en distingue plusieurs diynes d'etre cities : une mappemonde chinoise, faite par I'empereur Kang-Hi , assujettio i une projection exacte d'apr^s les jesuites, oiicependant I'enipiro celeste em- brasse V Asie entiere et toutes les iles de la mer des Indes; une immense carte muralc r?ut lies Jc la gi ojraplile , "n-S , 1 83 1 . ( 565 ) Leclassement melhodique de la collection a oblige de dislinguer ua assez grand nombre de cartes qu'il serait impossible de fairc cnli-er dans un classemcnt quel- conque par ordre des licux, c'est-ii-dire scion les parlies du mondc on scion les conlrees, et qu'il se- rait par consequent Ires difficile de retrouver dans une grande collection, Toutes ces carles fonnent dans le cabinet une brancbc dislincle , fort elendue , au- lanl qu'importanlc pour I'l^lude des diverses branches de la cosmograp/iie , de la geographic physique, de la geog)-a]>hie civile ou aclniinistrative et de la geogra- phic htsloriqiie. Deja, dans ces diverses branches , on possedc un aspez grand nombre de nouvelles cartes ori- ginales el d'allas publics recemment en Angleterre, en Russie, en Autricbc, en Allemagne, tons recueillis aux lieux memes on ils ontele confectionnes. II n'esl pas necessairc d'ajoulcr quo le cabinet geographique se lientau cotnplot pour les carles francaises. D(^jale pu- blic pcut y consultcr les grandes carles de departe- menlset d'arrondisscmcnls, transporteesdes cuivresde la Nouvelle Carle de France du depot de la guerre , par les nouveaux proced^s lithographiques. I\lais une collection telle quecellc dontnous venons de donner I'esquisse exigeraitpour clre complcHee ou enrichie, et porlee promplcmcnt a son plus haul degre d'ulilite publiquG, de nouvcaux encouragements. II serait ne- cessaire de faire des voyages pour prendre les/«c simile des cartes manuscrlles, monumentales ou rarcs, qu'il sera Impossible d'avoir en original, ou pour rocucillir les exemplaires des carles gravees les plus importanlcs. II faudrait enfin ouvrir a la collection un emplacement vaste et spt^cial , puisque, par les eludes qu'oxigent les cartes geograpliiques, elle ne rentre pas dans les an- cicnncs divisions de laBibliotheque royalc.ct ({uc la na- ( 56G ) lure memo ol la Naiiclodosobjelsdont cllc so compose, aiissi bicn que lo bcsoin cki puJilic, Homtuidont un lo- cal cclnire,vasto, commode ct plus accessible que celui oil ma'mloiKuil clle est comnie coufince. NoriCE siicciiir/c sur /cs jii/b/icatiaiis i:ci;\:iinr, <». a/j ( "'7« ) cvu con\(JULiblo tl'i'iivovor ihins Jo ImiiI iK,' la monla- gne pour tlciu-indcr mix habitanls s'lls >.outlruiciil pcr- luellro a unEuropeen cle visilcr lour pays pour y c'uci- cherdcs plunles mediclnalus, car c'clail Ic prolcxto que j'6lais oljlige <'e donner a nics rcchcrcLca et la rc- ponsc que jo I'aisais a loutes Ics qucslions dont on m'accabluit sur lo but dc mes rccolles. Nous coininengames a monler par des cheuiins as- sez pralicablos jusqu'a llamara, ou nous nous reposa- mes quclques Inslanls, puis conlinuant noire route, nous entrames vers Ic coucher du soleil dans la vallee niar ) escarptS nruis anivames au lioiit (le deiix ou Irois h«i.i- res u Nabi-Shoail) , village aiipres duqiiel est iin boia d'tine osp^ce do genevrier formanl de grands arbres donl I'odeur resineuse me rappclait d'autres lemps et d'aulies lieux. La vtlsgeiation devenait aussi de plus en plus eiiropeonne. Au milieu de ce bois, est une petite niosqu^esousiaqueileies ArabespretondenlqueJcthro, beau-p6re deMoise,qu'ils appellentSboaib,est enterr6. Je ne pus y entrer, elfus meme oblige pour complaire aux Arabes qui m'accompaguaient de suivre leur exemple et d'oter mes souliers en passant aupres de ce lieu sacre pour eux. De Nabi - Sboaib , nous continuames a monter, mais par une pente plus douce, jusqu'a ce qu'aprd^s avoir depass6 les vastes ruiiies d'un ancien clialeau, la fatigue nous obligea a demander I'liospitalile pour la nuitdans un petit hameau dont les babitants etanl en guerre avoc ceux des villages voisins , ne nous re^urent qu'apr^s de longs pourparlers et apres nous avoir bien examines a Iravers les meurti-ieres dont les murs de leurs maisons sont perces.Quoique sedentaires et plus civilises que les autres Arabes, les habitans de I'Yemen n'en ont pas moins consei've le funesle usage des guer- res de I'amille, et elles sont si frequenles, c^u'ayant toujours a craindre de se voir attaques par des enne- mis voulant venger sur eux la mort d'un de leurs pa- rents tu6 peul-elro cent ans auparavanl, ils prennent soin de construire leurs maisons de manicre que pour arriver au premier etage, le scul babite, il Taut passer par des caves ou passages tout a-l'ait ohscurs, dans les- quels on est oblige de marclier a lalons, a moins d'a- voir riiabilude do la locality. En cas d'at aijuo impre- vuo, cola donno a ceux (pii les tjabilcnl ic lemps de ( 576) pivparor leiir dofensc el do tlelruirc les assaillanls pen- dant (jirils clicrchenl leur passage dans robsciiiile. Les hal)ilanLs du village so rassemblerent aulour de luoi, fort etonncs de mon costume (car j'etais ha- bill6 a I'eiiropecnne) ct me dcmanderent qui j'etais , d'ou je venais et oil j'allais. Je r^pondis , selon mon usage, que j'allais sur le sommct de la montagne clier- cher des planles medicinalcs. lis me declarerent alors qu'ils ne me permeltraienl pas d'y aller, parce que le chateau dela mariee etait plein de tresors, et que sans doute je venais les enlcver. La crainte du cheikh Hassan finit par op6rer sur les habitants, et ils m'accorderent le passage, a condition que deux d'entre eux m'accompagneraient pour me surveiller; ce a quoi je consenlis facilemcnt. Je partis done de Ahl-Caf, non sans etre suivi par les regards in- quiels et sauvages des Arabes. De Alil-Caf je montai pendant environ unc heurc et demie asscz rapidemeni a Iravers des bois de gen«^vi"ier et des champs cul lives devcnant de plus en plusrares, jusqu'a ce que j'arrivai enfm a un large escalier con- struit de grandes pierres bien taillees et jointes sans ci- ment, conduisant au portail du chateau de la marine. Passant entre d'immenses citernes encore en tr^s bon 6tat,jeparvinsbienl6tsurlesmuraillesruindesd'ou j'eus le plaisir de voir a la lois la mer Rouge du cote de JIo- dcida et I'oct^an indien du cote d'Adcn. Du point ou jo me trouvais alors, toulcs Icsmonlagnes de I'Vemen paraissaicnl e\idemmenl plus basses, si ce n'est peut- elre le Djiibel Roma el le mont Samara, qui, malgre sa dislance, clail parraitcment visible. Je no chercherai ];asafairc une description tie I'admirable coup d'ceil donljo nopusjouii' (ju(^ quelqucsinslanls, lesmauvaiscs ( -11 ) disposilions des gens de Alil Caf qui nous avaient siii- visnem'ayant pas pcrmis dc rester aussi long temps que jel'aurais vouhi. II me parait evident que le chateau ulait d'une cpo- que anlerieure a I'islamisme, et la tradition du pays en atlribue aussi la construclion aux CoulTar, c'est-a-dire aux Arabes non encore Malionielans. L'etendue de ses murailles est consid(!;rable; ellcs sent construites en grandes pierres sans ciment, quoique son usage fiit connu a I'epoque de sa construction, les citernes en etant encore enduites. Quelle que soil I'origine de ce monument, sa grandeur et sa position le rendenttris remarquable, et je regrette vivement que les circon- stances ne m'aient pas permis de le visiter avec secu- rity. Je vais maintenant donner quelques details sur les principales particularit^s gdographiques et physiques de ce pays. Dans I'Yemen , comme dans presque toute l'eten- due de la cote arabique , il y a entre la mer et la chaine des montagnes une bande de terrain plat , en general tres bas. Sa largeur varie selon les points de la cote, et va quelquefois jusqu'a quatre ou cinq lieues comme cela a lieu dans I'Yemen. Elie est quel- quefois nuUe, mais cela est rare ; et ce n'esl, je crois, que dans quelques points dc la presqu'ile du Sinai et dans une partie de la cole entre Comfouda et Lohoia que les montagnes s'avancent jusqu'a lamer. Le terrain de cette plaine que les Arabes nomment Tehama ou Khabi varie dans sa nature. Gen^ralement il est sa- blonneux ; quelquefois il est forme d'un calcaire ties moderne et contonant souvenl des corps organises semblables a ceux qui vivciit encore acluellement ( •>:« ) tlans In moi Rouge, d- calcairi; lornio (|uclquel()is i\e» collines assozelevdos.Dans lYemon, le Tehama sablon- iieux (ians quelques parlies est cependaDt cullivablo clans d'autres , et le terrain parajt mfiine y elre tres produclif quand il est possible de rarroscr.ce que les habitants font en ddlournanl lecours des ruisseanx qui descendent des inonlagnes , el les faisant arriver successivement dans leurs champs qu'ils cnlourenl de di;j,ues, afin que I'eau se repande ct rcsle plus long- temps a la surface. Le mais, le doura ou sorgho , I'indigo, rarenient le ble sont les planles le plus sou- vent cultiv6es. Les jardins offront quelques uns des fruits tropicaux. Dans I'Yemen les dattiers sont alta- qiies par une esp^co de fourmi qui les delruirail si chaque annee les habitants n'avaient soin d'aller cher- cher dans les montagnes dos morceaux de hois servant de demeure a une autre espece de fourmi qui fait la guerre a celle des pahniers. On allache un morceau de cc Lois au sommet de chaque dallier, et celasuffit pour les purgcr des fourmis qui les rongent. Quant a la vdgelation nalurclle da Tehama, ello m'a paru avoir dans I'Temen une physionomie tout- a fait africaine. Les hois sont enlierement composes de diverses cspeces de mimosas ct un grand nombrc de planfes m'ont paru scmblablcs a ceiles que je me rap- pelle avoir vues pendant mon sejour a Sennar. Les montagnes de I'Y^men forment parall6lement a la cote une chaine dont la hauteur varic. Le sommet le plus 6leve que Ton apcrcoive de la mer est le mont Rcma , pr6s de Beit-el-Fakih. II n'y ncige cependant pas, mais il y gclc fortemMit dans i'hiver. Je n'avais pas d'instrumenls et n'ai pu mesurcr cos montagnes , mais c'.los doivenl Clre certainement plus 6levees que ( ?s:<) ) It? inonl Siiv>» , qui , d'apres iM. Hiippel , a, je ovois , 2,598 met. ( 8,000 pieds ). Los vallecs qui separent les montagnes sont trfes irreguli^res , sans corrcs- pondance dans les angles, Ires profondes g^nerale- ment et a Lords Ires escarp(^s. On ne pent y Irouver aucun systeme general de direction comuie on pent s'y altendre d'apres la nature dii terrain qui jnirlout est plutonique ou trachylique, et par consequent nulla part stratifi^. II est h remarqucr que quoique dans aucun endroit je n'aie vue de cratere evident, il y en a cependant dans les lies a rentr(!ie de la iner Rouge, et celle que Ton appelle Djebel Tar n'esl qu'un volcan qui , il y a peu jd'annees, avait encore un resle d'activit^. On y exploite maintenant du soufre. II est indubitable que dans les environs de Medine un volcan a donn6 dcs signes d'activiteposterieurenientala niort de Mahomet, el s'est dteint apres avoir menace de detruire cetle ville. A Test des montagnes est un vasle plateau, plus bas que la chalne, mais qui cependant doit etre consi- derablement plus 6leve que le niveau de la mer, puis- que, comme me I'ont assure les habitants du pays de Djof, on ne cullive chez eux que le h\6 ou I'orge, le climat elant Irop froid pour la culture du sorgho. Le climat des montagnes est aussi different do celui de la plaine que leur nature menie. Sans parler de la temperature plus froide resultant de I'elevation , la saison des pluies n'est pas la meme sur la cote et dans rinlerieur; en effet, dans les montagnes situees sur celte cote en dedans du tropique, c'est-k-dire depuis Djedda jusqu'a Moka, il pleut depuis mai ou juillet jusqu'en octdbre , selon la regie a laquelle sont sou- mis les pays Iropicaux. Seulcmenl les pluies, quoique ( 58o ) toiijours oragousos, no sont pas a lioaucniip pres aussi al)onclanlcs que dans d'aulros pays crAlVujuc ou d'A- merique silucs h des laliludes correspondanles. La temperature est exlremciwent cilcvoc sur la cole, surlout a Moka, ou pendant los mois Ics plus chauds de I'annee il fait generalcnient calme. La temperature est aussi moins 6lev6e sur la cole du Iledjaz que Ton n'au- rait raison de s'y atlendre d'apres la nature du terrain environnant; mais cela ticnt a la violence du vent du nord qui souffle pendant relo. Les vents dominants dans la mer Rouge suivent presque constamment sa direction , c'est-a dire qu'ils sont S.-E. ou N.-O. Les vents venant direclemcnt de I'Afrique ou de I'Arabie sont au conlraire extremcment rares. Depuis le mois de mai jusqu'en oclobre, le vent de N.-O. souffle avec une violence extreme , surlout dans la parlie resserrde qui s'etcnd depuis Suez jusqu'a Ras-Mohammed. Aupros de ce cap ct dans toute I'e- tendue du golfe de I'Acaba , un vent de N.-E., connu des Arabes sous le nom d'aili, souffle avec bcaucoup de force, mais principalemcnt dc minuit a dix ou onze heures du matin, epoque a laquelle il cesse peu a peu. Je n'ajouterai qu'une seule observation sur la race humaine qui peuple 1' Yemen, parce qu'il me semble qu'elle n'a pas ele faite par Niebuhr. Dans tout lo Tehama, la population seniblc elre exUemement mc- langee par d'autres populations venues dc I'Afrique, Iclles que les Abyssins el les Saumalisou Berbers, j)eu- plesqui, par tradition, se disenl descondus de C.ush. Ce melange est evident, non seulcment d'apres la pby- sionomie, mais encore d'apres le langage, I'aiabe du Tehama elant tellcmenl melaugti de mots elrangcrs a celte langue, qu'il est presque ininlelligiblo pour d'au- I 58i ) Ires Arabes que poor eux. II ii'on est pas de merae danslcs monlagnes, ou la population estpresquc entii- remcnl blanche at remarqiiable par la beaute de ses trails presque europecns. Les fenimes surtout, etil est facile de s'en assurer, parco que contrairement a I'usage de lous les pays musuluians , elles sortent sans voile, sont presque Italionnes par les traits et la couleur. Leurs cheveuxsont longs j leursyeux tr^s grands et tres ouverts, clleur nez tout-a-fait romain. Au total, la phy- sionomie des monlagnards de I'Yemen pr^sente une difference remarquablc quand on la compare a cclle du reste des Arobcs, et elle vient bien a I'appui de la difference d origine quo la Bible et les traditions arabes leur altribuenl, les Arabes y^menites 6lant descendus du patriarcbe loclan, et ceux du reste de I'Arabie etant descendus d'lsmail fils d' Abraham et de son esclave ( noire peut-etrc ) Agar. La physionomie europ^enne des Yemenites est en rapport avec le plus haut degr6 de civilisation qu'ils ont atteint, cepcuple ayant de tout temps vecu en sociele regulierement oi'ganisee, cultivd la terre , habile des demeures fixes, et ayant form^ un empire dont la slabilile ne le cede qu'a celle de I'em- pire chinois, tandis que le reste des Arabes conscrvent encore leurs ma;urs nomades et leur repugnance pour toutce qui, en les fixant et les allachant ausol, pourrait porter alteinte a leur sauvage liberie. ^38. ) miTtui.Nci-: ArpnoxiMAiivE ui.s nuTJ-ins nusPECTirES DES Lii rx srruis sin i.a roxite. — liosii'il-Arous. — Al.l-Cif. — Nabi-Shoail), — AgllL-f. -Rahha. — Bii kel-Esseeb-i. — .'MaaiiHiiara. — (".iliiiii. — Djcuiiat. — J'aa^. — Iiirel-Kuili/, el dcslin(5c chez les grands u recevoir ccux qui les visilcnt ou ^ien- nenl les consulter pour affaire. Le harem ou ils se re- lirent avec leurs fenunes et leur fainille est un bali- ment separe, le plus souvent clospar une muraillc ou des palissades, et renferniant les raeublcs les plus pre- ( 389 ) cleux, les provisions do boucho et tons les uslensiles de menage. C'est de celte rolraile que sortaienl les mels qui nous ^taient prepar(§s par des mains invisi- bles, mais actives et prdivoyantes. Get aian ctait un vicux serviteur de I'Elat. Allacbe au pacbalik de Bagdad, il avail guerroye contre Mobam- med AH, et depuis peu seulement il goiitait dans I'beri- tage deses peresles doaceursdu repos.C'est a mon fds, disait-il, de me remplacer , et quoiqu'il soit unique, qu'il ait tout mon amour, jc vaisneanmoins I'envoyer au sultan. En prononcant ces mots, il appela Ibrabim, ct de la foule desserviteurs qui se tenaient silencieuse- ment debout devanl lui, sorlit lin grand et beau jeune bomme de vingt ans. Si le zele de la loi etoufl'ait dans celte ume les sentiments de I'amour paternel , avec quelle rigucur ne devait-il pas executer envers les au- trcs le reglemenl de la conscription! Durant la luiit, nous fumes ^veilles par un bruit do cbaines agitees dans la cbambre voisine, et commo nous en deman- dions la cause, on nous dit que I'ordre de lever les nouvclles recrues etant venu de Constantinople, les conscrits etaient tenus aux fers de crainte qu'ils ne s'ecbappassent. La necessite de cette mesure humi- lianle provient de ce que la loi ne s'observe point comme cbez nous avec une universalile impartiale. Son application dependant du cbef d'un district, s'il n'est point integre, le ricbc rachete son fds par des presents corrupteurs, et les enfants du pauvre, qui lui sont injuslement sacrifies, fuient lorsqu'ils le peuvent. C'est ainsi qu'en plusieurs autres endroits, nous avons vu encbauies comme des mallaileurs des adolescents debiles et cslropies. Les cbretiens, autrefois exempts de lout service militaire , doivent fournir aujourd'bu ( 390 ) a la marine el A I'arsenal un certain nombro do ma- noeuvres oil de malelots. Ces victimos sont enleveespar ruse ou par violence a leurs paronls, pour un temps illimili"; el que de meres nous onl fait A cesujet de. dou- loureuses conlidences! Ayant appris de la bouche de I'aian que dans les environs ^laient les resles d'un chuteau l)ali par les G^nois, nous allames, vers le nord, a rendroit ddsigne, distant a une lieue dc son habitation. Nous v vimes une colline separee de celles qui I'enlotirent, el qu'un torrent defendait comme un fosse nature!. Dcs pierres roulees dans son lit et taillees comme celles de I'esca- lier encore visible, appartenaient aux tours et aux remparts exterieurs. Lesbriquos dissemint^es sur le sol indiquaient quel peuple en elait raichitecte et le fon- datcur. Le village voisin est bati tout enlier avec les mines du chateau, et les habitants n'ont epargnc^ qu'une lombe dont la facade large de quatorze pieds est tourn^e vers la citadelle, comme pour lui presen- ter Adessein le nom inscrit dans son epitaphegrecquo. Ce monument funebre, dont la poite et la voiite inte- rieure sont construiles avec art , etail erivironne de plusieurs autresdont il ne subsisleque lesfondements. Ce lieu etait un poste militaire et la clef des deliles des montagnes menant a Heraclee, a Tium ou dans I'int^- riour de la Paphlagonic, Sans cherclier aBarlan, petite ville dont nous parlerons, I'emplacement di; (llaudiopo- lis, que Ton sail avoir exislti dans I'ilonoriade, ne pour- rait-on point fixer ici sa position? Le nom de Castro- mcena que les auteurs ajoutent a celui de Claudiopolis conviendrait a ce campement romain. Oette contree est pen connue des geographes; Per- chembe nest point au midi de Tcharchembo , maia ( Sgi ) b'lon a 6 licues au nord; et ce mfimo village, que Ton place sur les cartes a I'ouest dii Falios.est plus de deux Lcuros de I'autre cole vers I'orient. Les noms de Tcharchembo et Perchembe , d'origine persane, desl- gncnt egaleinent chez les Turcs le qiiatri^me et le cin- quieme jour de la semaine, correspondant au mer- credi et jeudi de la notre. Deux autres villages dans les environs portent les noms analogues de Djuma et Bazar, e'est-a-dire vendredi et dimanche Le a5 mai, je quitlais Bartan eloigne deliuit heures de Tiiim, et je gravissais la haute montagne qui s^pare celle ville turque assez moderne de I'ancienne Amas- iris, acluellement Amasserah. Sur le versant septen- trional, je Ironvai un monument assez curieux. Dans le roc vif taille au ciseau, perpendiculaireraent, a une hauteur prodigieuse, j'ai vu une statue representantun homme v6tu de la toge romaine ; les pieds et la tele seulement sont mutiles. Au-dessus de la niche est une inscription que la mousse recouvre malheureuse- ment j et comme il faudrait faire construire un echa- faudage poury alleindre, ce qui demandcrait plusieurs jours de travail et des frais considerables, j'ai du re- noncer a la lire, et me borner a conjeclurer que c'est peut-elre la statue de Pompee qui soiunilces contrees et renversa la puissance de Mithridate dont le royaurae s'elendait justju'i H^raclee. A c6t6 de la statue est une colotme d ordre toscan, surmontee d'un aigle qui tient entre ses serres deux rameaux d'olivier. Sur le piedestal est une inscription latine a peine visible, et ,ou cependant j'ai cru dislinguer les deux mots di'J- mnstrii- sah'aton. La position de ce monument est ad- mirable : il domine majestueusement la mer et la valld'o profondo ou est butie Ammasorah. Lesi'ontaines, (392) les tombeaux etle lomple assez somhlablc a iinc groUo que j'ai renconlrec a quolquo distance px'ouvcnl que ce lieu etait le but cle la promenade, et peul-etre aussi (I'un pelcrinagc dcs habitants de la ville. Apves avoir descendu durant une heure une pente roide el si- nueuse, on arrive h la petite plaine qui etait I'empla- cenient menie d'Amastris , gracicusemont assise au bord de la mer enlre ses deux ports ouverts, I'un a I'ouest et I'autre al'orient. Le vocher qui Iaprot6gcau nord et qui formait sa citadello, est i'ancienne Sisamc, que Strabon ajipclie avee justesse I'Acropole d'Amas- tris, cl que les geographes placont mal apropos a une lieue do distance plus ti Test, Le port qui rogard(! le couchant est seul fr^quente aujourd'hui, depuis que le mole qui defendail I'aulre port des lames de la haute mer a ete detruit. L'epaissc ccinture de murailles qui entoure la presqu'ile de Sisanie, et a laquelle ont ete successivemenl accolees les fortifications mcsquines du Bas Empire, des Genois et des Turcs, donne une haute idee de la force maritime de cette cite, conslruite par une femme, fille d'Oxyatre, fr^re de Darius, contcm- porain d' Alexandre, et Spouse du tyran d'lleraclec, la- quelle donna son nom a Amastris. Mais ces construc- tions admirablcs n'egalcnt point encore celles que j'ai trouvees a I'extr^mile meridionale de la vilic. La, j'ai compl(^ dix-neuf voutes de onze metres d'ouverluro chacune, etform(iesde pierrosmassives, sans le socotns du ciment. D'abord, je ne pouvais conccvoir le bulet I'emploi de ces enormesbatisses, que j'ai cru un instant destinies a la defense de la place; c'esl en examinani la longue terrasse qu'elles supportent, son exposition au vent frais du nord; c'est en comprenant I'inulilile de loute cspece de fortification dans ce lieu silue a mi- ( 39^ ) cote d'unc montagne dont I'autrc cole est ])algn6 par ]a mer, et surtout on mo rappclanlles celebres jardins suspendus de Semiramis a Babylono, et dcs rois do Perse a Pcrsepolis et a Suse, que j'ai pense a donncr la meme destination aux travaux en trepris sans doutc par une femme qui desccndait de ces nieinesrois de Perse, ct qui voulait iniiler la reine celebre dans toutl'Orient. Que ceux qui ont mis en douteFexistencc des terrasscs aeriennes de Babylone viennent a Amastris, et ils en comprendront la possibilile. Je craindraisle reproche d'exageration si j'ajoutais que ces dix-neuf voules, ayant une profondeur de quatorze metres, communi- quent a d'autrcs voutcs, a Taide de porlos tres appa- renles, mais obstruccs aujourd'luii par des decombres, et ces voutes devaient se lier a d'autres qui se prolon- geaient jusqu'a la montagne dans toute la largeur de la terrasse. Nous retrouvons done encore ici ces sortcs de souterrains royaux et immenses que la meme Se- miramis lit executer, dit -on, a son chateau de plaisance que je dois retrouver h Van. Ce jardin devait etre commeun lieu enchante durant les brulantes chaleurs de la canicule, et la vegetation vigoureuse des plaiitcs sauvages qui croissent, fait regrelter qu'unc culture soignee n'embellisse plus ce somptueux parterre. ( '^94 ) CoMPTE-ni'.NDU (Ics RtHflles et ilcs Di'penses de hi. Societe pendant rexercice 1838- 1 83S). Recettes. Reliqual du compte de iSdj-iSSS; inleret des fonds places; souscrlptlon duRoi; renouvcllenient des souscrip- lions annuelles ct produit des diplo- ines d8G' so' Depenses. Frais d'administration, d'agence, de loyer; frais de publicalion du Rocueil des M6nioiies et du Bulletin ; niedailles decernees en iSSg. . . io,355 <).') En caisse le 6 d^ccrhbrc 1859, 9^- ^^ Plus, une inscription de 600 fr. de rente 5 p, 100. Certi/ie par hi Trcsoricr tic hi Socicte ct appronvc par r Assemhli'e gencrale. Sign(^ ClIAPELI.IEK. Paris , le 6 (k'fenibic i85q. (395 ) DEUXIEME SEI.TION. Actes de la Societe« PROCES-VERBAilX DES SEANCES. PRi:SIDENCE DE M. IIUERNE DE POMMEUSE. S'eance genernlr chi. 6 dccemhre iSoQ. La Societe de geographie a tenu sa deuxieme Assom- bl6e generale de 1809, le vendredi G decembre, a rH6lel-de-Ville, sous la presidence de M. llueino do Pommeuse, membre de I'lnslitut, I'un de ses vlce-pici- sidents. Apres le discours d'oiiverture piononc^ par M. .~Par M. Bauerkeller : En- virons de Paris en relief. — Nouveau plan de Paris en relief. — Embossed plan of Ibe city of New- York. — ( 4«4 ) Vues du Rbin en relief, i" sdnc, 6 feuil. — Par Irs nit- teurs et cdtteiirs : Plusieuis n" du Journal asialiquc. — Du Journal des missions ^vangeliques. — Des Annales de la propagation de la foi. — Des nouvelles Annales des voyages. — DuRecueil polylechnique. — Du Bul- letin de la Societe de gcologie. — Des Annales de la Soci(^te d'agricullurc de la Charenle. — Du Journal de la litliirature de Franco. — De I'lnslilut cl do I'E- cho dumonde savant. TABLE DES MATIILRES COHTKMIBJ DANS LE Xir VOLUME DE LA 2' SERIE, N"' 67 a 72. ( Juillet a Deeeinbie iS5g.) PREMIERE SECTION. MtMOlRES, liXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. IMolice sur les Gallas de Limnioii, |>ar INl. JoMARi) 5 Notice siir Atlieocs et sur I'Atlique, par M. Noel Desvehgers. . . 25 Rapport sur les operatioDS geodesiqiies de M. le colonel de la Marmora , faites en Sardaigne pour la conslruclion d'une carle de cette ile , par M le colonel Coradoeuf 45 Rapport sur une relation des operations geodesiques qui ont ete exc- cutees dans les provinces septentrionales du royaume de Naples, par M. Fergola. Par M. le colonel Coradoeuf. ..... 5o Rapport fdita la Societe de geographic sur un ouvrage de M. Jardot intitule : Revolutions des pcuples de I'Asiemoyertne^par M. Roux DE Rochelle 68 Observations meteorologiques et magnetiques faites dans I'eteudiie de Tempirc de Russie et publiees par M. KurFVER (2^ publica- tion). ( Couipte-rendu par M, le capilaiue PEYiitR ) ... -2 Note de M. Daussy sur une carle de la province de Sun Pedro (Brcsii), dressue par M. le colonel J. P. Cesar, et reduite par M. Dl;voTE^A\ ^^ ( 4^'6 ) ExficJition ainericaiiic J.)!!-, les region-; anlnrclii|U)'s. — l.titrciiu liouleiiaiil Cliarlus Wic.kks , cummaiidant r<-\p^ditiun, an secre- tairi' de !a marine di's l.ials Unis -(> rii\si(|uc ilii globe. — Reclurclies sur !a lenijjeraUirc de la terro a (tegrandes profondeurs dans le bassiu de Paris, par M. VVal- VhllDIH -IJ i.Mr,iil du Journal du navire I'E/isa Scott, allanl de I ile Campbell vers le pole sud. — Capilaiae IUllrny 84 F.\lrait dniiK li-tire de M. F. Fresnel a M. JomariJ 88 I'Aliait d'uiie letlre de M. C. T. Lefervre a M. Joirtani. , . , yd LeIIre dn reverend Rexouard, membre de la Sociele geograpliique de I-ondres, a ,}J. JomarJ^ president de la Commission cenlrale de la Sociele de Paris 9^ Extrait d'uneleltie do M. le colonel Ferdinand Visconti a .'/ 7t) inard - . <)i Exlrait d'nne lettre de M. FKiEURisrHsvHAi. a M. Jomaid. . <)<> Dej)ression de la vallee du Juurdain el du lac Asphallilt", par M.J. i>E Rertou I I S Relation d'nn voyage a Clianthaburi , snivie d'lin aperru sur la iribu des Tchongs, par M?^. PALt-Ecois , eve(pie de Mallos. . ificj Renseignements sur la geographie ethiopiennc , par M. Auloine u'Addadie 18 I Recapitulation des ubservaiions meteorologiques faites au Caire peudaut les anuees i835, i83fi, i«37 et i83S, par M. Des- touches, membre dn conseil general d« sante d'Egyple , <>vep des Remarques sur le nombre de jours de pluie observes an Caire par M. JoMARD ','.■'« "Vi ■ . . 191 De la banleur de Sainl-Pierre de Rome au-Jessus du niveau dc la nier, par M. le colonel Coraroeuf 200 Details sur les Karians , recHcillis par M. I'abbe J.-C, Jurine , directeur du seminaire des Missions etrangeres asS Itineraire du voyage de Mohammed-Alya Fasangoro, par M. Jo- MARD i53 Ru.'nos-.\yres ct les provinces de Rio de la Plata; Icur elatacluel. leur commerce et leur delle, aver un abre^e des decouvertes' g('ograpl)i<]iies operecs depiiis soixanle ans dans cellc partie de I'.Vnieriquc dii Sud ; par sir JVoodbine Parish , viic-presideut de la Sociele geograpliique de I.ondres, aiicieii cli.irge d'affaires de S, M. R. a Riienos-Avrcs, (Analyse el Fxirdils par iM. Ai- WEK r-MoNTEMONT ). jij ( 4«»7 • Aoeinl'lee ^i-n^mlf