BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. feouie^ (jc)ioc-beche\uej. ^■^3^-A. 2 (j /f 1 G 3 7 5 1 i 20 I - it", 20 .8 i5 20 ■7 21 '9 if) 1 1 Lcs seances s'ouvrenl ;'i - lieiircs 1/2 , rue el passage Daupliiue , u" 36. La BibUollii'(|iie est iMivei'te Ums les jours , tie 11 lieures & 4- Lcs vol. I, U cl 111 (111 Recucil (lcs Memoires se distribticnt an t IVIcill Ijrcs a inoiliu prix. La Sociele adaicl (lcs Mcmbrcs dunalciirs , cu vertu d'uii nouvcl article rifglc- incntaire. Pur ordoiinaiuc loyale , du 1 j dcrcmbre 182-, Us slaliils dc la SocieU- ont ulc approiivr'N. , DE EAN (oCEANIE), lu/f^Ju, J, At Jatfi* , O-ayn^A,, 7" j, - J* J . CAIVIK. I>IU 11 i: INI'KI.I.IGKNrK Dl 31E.MOIRE DE ML?: C.UMTAINE IVl lU II.LE Sill l-KS I I.KS IH GU\M> IHK.W ( (H'K AN \ K.) , '^^tv.i,lfe /■/- l^ir ^^^V^^^^VVW^^^'V^^ ^'V^^' »,V%^^^W^»fc%»»W^^VW»V%%^>%^'%^V^^V%-^ BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. N" 105. — JANVIER l832. PRE3IIERE SECTION. MeMOIRES , EXTRAITS , ANALYSES ET RaPPORTS. SUR LES ILES DU GRAND OCEAN. Comnie je I'ai A&jh aiinonc^ dans la relation du Voyage de I' Astrolabe , j'avais rc^serv^ pour Ic dernier volume de cet ouvrage le Memoirc ou je complals presenter nies id;arder, cl voiis exposcr h montourle riisullalde mes medilalions. On fora bicn allonlioii que je ne pretends point iuipnser mes idees h pcrsonnc; elles sonl le fruit de dix anniios d'(^tudes, de rechcrches cl d'obscrvations , dont la pliipart onl ^t6 faites surles lieux memes : toulefois , je conviens qu'elles ne consliluenl encore qu'un sysl«imc. L'cxpericnce, et sui'toul les fails recueillis par les voyageurs qui nic sui- vrout , decideronl s'il merile d'etre pr6f6r6 aux aulres. D'abord, ^ rexemple dn c6lfebre Malle-Brun, et sans autre niodidcation qu'un ledger changement dc^jt^ adopts par M. Bru(i dan.s la Icriuinaison du mot , nous dcsignerons par Oceanic ren.seu)ble des iles, grandes on peliles , ^parses sur la surface du grand Ocean , nomnie par difKreus navi- galeurs Oc6an Pacifique . A I'ouest, les limiles de I'OctSauie seronl le dt^troil de Malacca , la mer de la Chine , el les coles orientales des iles Formose , Liou-Riou , et du Japon; au nord, ellc sera Icrniinee par Ic quaraiilituie degre de latitude sep- lenlrionale; h Test par les coles de i'Anierique, el au siid par le cinquanle-cinquitme degr6 de latitude nieridionale. II esl Evident que ces trois dernitjres limiles sonlpurement systemaliques , allendu qu'on ne Irouve plus d'habitans dans loutecetle surface, au-dclh du vingl Iroisieme degr6 dc latitude nord , du cent dixitme degre de longitude ouest, enfin du quaranlivscpticme degre de latitude sud. Pnrmi les nouibreuses variel6s de I'esp^ce humainc qui occupenl les diverscs ilcsde I'Oceanie, tousles voyageurs, sans exception , en onl signale deux Ires-difl'erenles I'une »'e Taulre, el les Irails aussi nombreux qu'esscnliels qui les caracl<^n'iseul , taut au moral (pi'au pliysique, exigent ( 3 ) sans doute qii'on les regarde comme s Polyn6- siens et les Microni^siens , on ne Irouve chcz eux ni forme de gouvernement, ni lois, ni ceremonies rcligieuses regu- lieremenl 6tablies. Toutes leurs institutions paraissent etre encore dans Ten fa nee; leurs dispositions etleur intelligence sont aussi g^n^ralement bien inf^rieures ^celles de la race cuivr6e. II esl vrai que plusieurs de ces peuples sont encore tr^s- imparfaitement coimus. Ennemis naturels des blancs, ils ont toujours moulrc une deliaace opinialrcel un,- ;inlij>alhic ( 12 ) prononciie conlre les Eiiropdcns; cciix-ci ont presque lou- joiirs eu lieu dc sc repenlir de Icurs coimunnicalions avec CCS holes perfides. Aussi ni Cook, iii Bougainville , ni au- cun desnavigaleurs qui lour onl succcde n'onl cu avec les Melanesiens ces relations do bonne aujitioqu'ilsse plaisaient h enlrelenirct h multiplier avec Icspcuples plus hospilaliers do la Polyn6sie. Jnsqu'aujourd'hui nous devons nous en lenir aux docu- mcns que nous ont transmis Mendana sur les iles Santa- Crnz el Salomon; Carteret sur Sanla-Cruz; Cook sur Mal- licolo, Erromangoet Tanna; Labillardicre sur la Nouvelle- Caledonle et les Papous do A\aigiou; MM. Freycinct ct Dupeney sur ces monies Papous et sur ceux de Dorei; M. Dillon sur les hnbitans do \ ili , de Vanikoro el de Sanla- Cruz; enfin les navigalcurs de C Astrolabe sur les noirs de Vili , Vanikoro, dc la Nouvelle-Irlandc el de Dorei. Les insulaires de I'Auslralic el de la Tasmanie onl 6l6 decrits d'une maniere asscz exacle , el il esl r6sult6 de ces des- criptions que ces bouimes sonl probablemenl les elres les ])lu.s bornes, les plus stupides et les pins essentiellemeiit rapproclies de la brute sans raisonnemcnt. Nous pensons que, parmi les nombreuses vari(Hes dc la race mdlan^sicnne , celle qui doil occuper Ic premier rang est celle qui habile les iles Vili. En ciret, malgr6 leur f(6rocit6 et leur penchant au cannibalisme , ces nalurels onl des lois, des arts, et formenl quelquefols un corps dc nation. On Irouvc parmi eux dc Iri^s-beaux honunes ; leur langiic est pins richt; , plus sonore el plus rcgulierc que dans les iles de Touest , et leur habilele dans la luivigalion ne cfcde pas h celle des hommcs de I'autre race. Dans ce nombre, nous avons Irouvd des individus doues d'une dose d'intclligcncc el dc jugemenl lort remar(piabl«> pour des sauvnges. Muis il est evident (pi'ils devaicnl ces avantages ( i3 ) hleur voislnagc du pesiiple Tonga, ct aux frt^quenles com miinicalions qti'ils avaient eues avec la race polyn^sienne. On tloit en dire aiitant des penples de Santa-Cruz, des lies Hebrides el des lies Salomon , qui ont eu aussi des rap- ports plus ou moins intiiues et freqiiens avec les Polyne- siens, car on voit ces derniers s'elcndre j usque sur les lies Piotouma , Anouda, Tikopia, et meme Taumako , situ6es tout prfes des iles occupees par les ]\I(ilanesieas. A Vanl- koro , nous avons pu nous-memes nous convaincre des relations frequenles qui existaient entre les deux races, comme des ufiions plus Intimes qui en etaient souvent les suites. De Ih ces nonihrcuses nuances oLservties par divers navigatcurs dans toutes ces iles, et qu'ils ont reunies or- dinairement sous les trois designations de negres , mula- tres et Llancs. Les premiers Etaient les Melan6siens , les derniers des Polynesiens , ct les mulatres des Hybrides, issus du croisement des deux races noire et cuivr^e. Ce m61angc a et6 observe sur la Nouvclle-Irlande et les iles voislnes; il est probable qu'il existc encore plus loin vers Toccident sur les coles de la Nouvelle-Guinee. II est bon de remarquer que les Melanesiens paraissent etre d'aulant plus bornes dans leurs institutions qu'ils ont eu moins de communications avec les Polynesiens. Ainsi les habitans do la Nouvelle-Irlaude , de la Nouvelle- Brctagnc , de la Lonisiade et des cotes meridionales de la Nouvelle-Guinee , sont bien intcriours aux peuplades qui habitent les ilcs situ6cs plus Ji Test. Gependant tons les Mdlanesiens (les Australiens et les Caledoniens exceptes) connaissaient I'usage de Tare et des fitches; plusieurssa- Viient meme fabriquer des vases en tcrre. lis devaient probablement ces notions h leurs voisins de I'occident. Enfin ceux qui occupcnt le dernier dcgre de celte race sont ('ividemmc nt les habitans de I'Australic et dc la Tas- i '4 ) manic, felres ch6lifs ut misiiraLlcs, reunis cii faibles Iri- bus, 6lraugcment disgracies par la nature, et rdduits par la pauvret6 de Icur sol comme par Icur indolence el leur stupidili^ h une existence Ir6s-pr6caire , ils parlent dcs languos exlremcnient bornies qui varient presque de tribu h tribu , et n'oiirent d'analogie avec aucune de celles dontlns r^iiiles sont mieux etablies. Toute Icur iiiduslrie se r^duit II fabriquer des filels, dcs lances , de mis6rables pi- rogues d'(5corce, et des mantcaux en peaux d' opossum ou de kangarou. Quelques-uns savent conslruire des liulles enccorces d'arbres assez bicn closes, d'aulrcs de simples abris nvcc des branches couvertes de broussailles; mais U en est qui , toujours errans et vivanl en plein air , se con- tcntenl, duranl ieur sommeil, d'abriler leurs I'anln- I'autrc , par deux rigoles perches de Irous innombrables dans toute leur longueur : I'eau qui s'echappe partoules ces issues lombe sur les fascines, y depose, en couhint de branche en branchc , les substances calcaircs et s61eniteuses dont elle est p<^netree , s'civapore en partie , parFellel de la temperature de fair, et tombe plus chargee de sel dans un long bassin , qui occupe toute la partie inf6- rieure de chacun de ces edifices. La mcme eau est ^lev^e par d'autres pompes sur les fascines d'un second batiment de graduation : elle subit trois fois la meme epreuve; on la porle ainsi jus<|u'h i4 dcgres; etc'estdans cet elal qu'clle est amenee par un canal jusqu'aiix cbaudieres des salines , oil Taction du feu en complette I'^vaporation. L'exp^rience a fait modifier les anciens proc^'des de fa- brication : aulieu d'avoir des cuitessdpar^es et succcssivcs , dans chacune desquelles I'eau s'civaporait compl^tcment avant que le sel lut retire des chaudleres, o travail n'cst plus inlerrompu; et Ton n'atlend pas la llii de I'dvapora- lion avaul de recueillir le sel deja forme dans ces grands recipiens, el d'y iulroduire d'autres eaux salees qui vont ( -^i ) (['"•alcuient y laisser leur depot. Ce sel , encore hiiniide , sc poile dans les s^,choirs , oii il so d«^gage de I'eau qui lul restait. On a ^galemeut verifie qu'il elail plus utile «!e ue pas porter h chaleur de I'eau jusqu'au degre de ('ebullition , el qu'une temperature plus douce devait lavoriser davanlage la formation d'un sel bien homogeue , etle depart des autres substances que I'eau sal6e leiiail encore «'n dissolution. II se fabrique annuelleniont dans les salines de Lons-le- Sanlnier qualorze a quinze niillequintaux melriques de sel, et le residn de cclte formation fournil encore cinq h six cents quintaux miitriques de sulfate de sonde. Cetle fabrication enlrainait unesi grande consommation de bois tpie Ton reconnul enfin lavantage d'y supplecr par d'nulres combustibles. Depuis quarantc; aus on fait usage de cliarbon de lerre, tire des mines de Rives-de- Gier, qui sont ^loignt^cs de quarante-six lieues, el sitii^es dans le departement de la Loire : le transport en est faci- lity par une navigation de quarante-ct-une lieues : on avait meme eu le dessein de la prolonger jusqu'aux salines memespar l'«^tablissement d'un nouveau canal, et h I'aide des prises d'eau que la riviere de la Seille aurait pu fournir, lorsque I'administration des salines a concu le projet de changer el de simpiiiior le mode de leur exploitation , en cherchant a d6couvrir les mines de sel qui en elaienl le principe el la base. Des operations de sondage furenl tentc^es en i 829 , pres deiMontmorot, parM. Bouchet , direcleur des salines; el, qiioiqu'il eul fail rreuseria lerre jusqu'h trois cent soixante- seizepieds, elles ne donnerenl anciui resultal. Ge travail (iil repris en i85o; mais des eboulemens de lerre avaicul ob- strue la premiere ouverlure : la sonde neputensiiivre. In di- reclion; et Ton fit pendant qiiebpies mois nw nouveai; creii- ( .?; ) siigequi fut encore abandonnc. Eufin une Iroisiemelontalive fut coiiiu)enc6e au mois de jiiin de la useme aniiee : on la suivit pendant six mois jour el nuil cl sans ancune inter- ruplion ; il avail 6[i rcconnn que celte conlinuile do travail t^tait le plus sur moyen de prtivenir les ^boulemens, el que, pour ne pas etre expose h perdrc la Iracc du sondage, il fallail couslanimenl le diriger en ligne perpendicuiaire. M. Boucliet, adniinislraleur aussi (^clairo que zele pour le bieu public , elail resolu a ne plus abandonner celte cn- treprise , el a iultcr centre tous !es obstacles. La sonde u'avancailquelquelois que do Irois poucesen uu jour; que!- quelbis elle s'engageait de plusieurs pieds , selon que les couches qu'clle avail ii traverser etaient plus (ui moins conipacles. Quelques inlillrations d'eau se presenlerent par intervalle : elles n'avaient aucun degr^ de salure , et nul indice ns faisait encore presumcr le voisinage imniediat d'une mine de sel , lorsqu'enfin on en ddcouvrit la couche superieure. La sonde 6ta!t alors arriv^e h une profondeur de Irois cent quatre-vingt-dix-sepl pieds. Le probl^uie etait resolu, el le succ^s avail juslifid I'ea- treprise; mais il reslait ci verifier le degr(^ d'imporlance de la d^couverte. L'op^ralion du sondage I'ut conlinuee jusqu'h io8 pieds, sans depasser le banc do sel que Ton avail ren- contr6; il parul alors inutile de penelrer au-dela. L'(5pais- seur que Ton venail de reconnaitre garanlissail I'existence d'une mine assez rich Sa- lins. Onya commence en 1801 les operations du sondage; ct, quoiqu'on soil arrive h iui(! plus grandii j)ror(»ndeur sans rencontrer ce mineral, on esperc encore Ic d^cou- vrir; car on presume que les bancs de sel de I'une el de ( -^o ) Tnulre vall6e nes si importans ; el il faudrail , pour r(l'SOudre de telUv^ questions , s'appuyer sur un plus grand nombre d'expe- riences. Mais il esl du moins quelques fails qui nous paraissenl constates, el <[ui sont la consequence immediate des ob- servations rassemblees dans ce m^moirc. Le niveau des mines de sel , celui meme du fond des piiits quo Ton a ouverls pour parvenir nux sources sal6es , sont parlout in- f<6ricurs au niveau des eaux donees , et I'nn el I'aulre plan appartienneul h deux coiich<>s , ;i deux n^gions dinV-reules. Les eaux donees eoidenl a la surface de In lerre, qu'elles sont dostiuees a rafraichir , h fertiliser, h couvrir de toule sa parure. lilies n'out el(!ve vers le ciel que leurs vapours les plus pures ; c'est dans cet «^'tnl qu'elles se condensenl en nuages,se rdsolvcnt eii pluie et relombenl sur nos uioulagncs et nos plaines. La penle des ruisseaux et des fleuves les entrainc jusqu'nux mers; niais le sein de la lerre en absorbe une partie , el les eaux qui Irouvenl ;\ s'inlillrer dans les veines fin sol el dans les fentes des rorliers voni (. 3I ) rormnr sons nos pioils d«!s reservoirs , des coiira?is soiiler- rains (jiii so (lislnl)uenl pnr inillc issues duns l(^s difi'crenles couches dc uolie •^lobe. Lme volume du rocueil des memoires. II sera donne communication de celte lettrc h M. Bruguiere , aiiteur du memoire. M. Adricn Latache ccrit h la Society pour lui exprimer le d^sir d'etre adjoint au voyngeur IVancais qui se propose d'entreprendre un voyage dans Tinterieur de I'Afrique. ( 34 ) M. Jomard annoncc qu'il a rccu dc IM. Mimanl, consul general do Franco on Egyptc , je premier Lnllotin onicii-l dc Tarnidc 6gypliennc on JSyrie ct la relation anlhenliquo dcs ravages dn choI6ra-morbnsen Lgypte , compronant los divorses periodcsde la ninlndic, c'cst-h-diro sa naissanco, ses progrfes et son d(^clin , depuis Ic 5i jnillot i85i jus- qii'aii i5 oclobre dornier. Cos notices seront commnni- qiiees a la Sociele. M. Douvillo annoncjot : yinnales maritimcs et coloniales ; cahiers de d6ccuibre el Janvier. Pflr Ic dirccteiir : Revue Encyclopedujuc', cahiers d'oc- lobre ct novenihrc. Par M. de Moleon: Hccucil industriel et manufacturier ; cahiers de sc|)lenibre el orloltrc. ParI\I. Aiihus-Berlrand : Uibtiolltajue pliysico economi- (pie; cahier de dc^cembre. (^9) Par M. Spencer Smith ; Coup d'ccit histori^ue sur CAn- gleterre deputs \l^^b juscjiien iSog; une brochure ia- 8°. Par le directeur : Plusicurs num^ros du Courrier de la Grecc. Seance du 9-0 Janvier. Par M. le luinistre des affaires 6lrangferes: Foyagcs pit torcsques et romantitjues dans Cancienne France (Auvergiie, hvraisons i k 4o ). Par MM. Lapie pfere et fils : i y* livraison de leur Atlas universel. Par M. Warden: Memoires de M. de JVitt Clinton, par M. de Hosack; i volume iu 1^°. Par M. Coraboeuf : Memoires sur les operations geodesi qites des Pyrenees et la comparaison du niveau des mers ; une brochure in 4°- Par M. Blaque : Plusieurs numdros du Monileur ottoman. ( ^o ) TROISIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEO- GRAPHIQTTES , ETC. VowGE de MM. Michaud, CalLier ct Stamaty en Orient. (Lcllro (le M. Michaud , dc rAcadt'mie franraisp. ) Depuis mon rolour en France , j'ai appris la moil de plu- sieurs de ines compagnons de voyage cpie j'avais laiss6s en Asie; ils (5taient dans la lleur de la jounesse , plcins d'ar- deur et de force. Qui aurait pu croire , en nous voyant parlir, que je devals leur sui-vivre; et que le soin d'liono- rerleur memoire dtait r6serv6 h mes cheveux blancs ! Jc dois surloul d^plorer la perle rdcente d'un jeune martyr de la science, M. Stamaty, mort a Alepdansle mois de ^(•plemhrc dernier. En attendant de plus amples reiisei gnemens sur son voy"?ge h travers I'Asie-Mineure , je ne peux mienx recommander son nom au souvenir et aux re- grets du public qu'en rappelnnt ce que je connais d(jjh des courses et des travaux qui lui ont cout6 la vie. MM. Stamaty et Callier, officiers ing(5nieurs, avaient dte nonnmis par ^l. le marechal liourmont , alors ministre de la guerre, pour fain; avcc moi le voyage d'Orient; outre la mission generale qu'ils avaient recuc dc parcourir des pays pen connus jusqu'ici des gtiographes, ces jcunes ofii- ciers devaient m'aider h suivre les traces des crois6s sur les chemins d'Anliochc et de Jerusaleni. Au mois d'octo- hre i85o, nous parllmcs presque en meme lemps de Conslanlinople , et prenant des routes dirTeicntos , nous nous promimcs de nous retrouver a Smyrne. MM. Callier ct Slamaly allaient visiter les contrees qui formaient an- ( -;l ) Irefois la Phiygie-Epiclctus , la Lydie , la Mysie et la By- ihinie. Lcur excursion ne poiivait manquer d'avoir d'utiles lesullats pour la gt^ographic des croisades et pour la geo- graphic en g(5neral. On en jiigera par la lettre qu'ils m'^- crivirent trois seuiaines aprfes leur depart dc C4onstanti- nople. « De Scutari a Nicee , nous avons visile les montagnes et les defdes qui ontdA servir de passage a ces populations, dont I'Europe, au moyen age, inoiidal'Orient. Eloignes de Cons- tantinople par Alexis, les croises ne purent gagner la ville Iiyndacus el cellcs du Maceslus, nous sommes cntres dans ic bassin de ( 43 ) la iiicr Egee , qui sc tennine a Test par de iioiivelles chafiies , dans lesquelles Ic Caicus , ITIyllus ct I'Hermus preiineni leur source. Le premier de ces Heuves verse ses eaux dans le golfe d'EIa'a , non loin de Pergame , et les deux autres , reunis dans la plaino de Magnesie , voni se jeler dans le golfe de Smyrne. Le irionl Tcmnus , qui eleve ses sonimets arron- dis au-dessus de Kirk-Agach, forme la separation des deux vallees. >» MM. Stamaty el Callier avaient alnsi fait uue excursion de plus de Irois cenis lieues. Pour uioi , je faisais dans le memc lemps une course moins 6lendue et moins p^nible. Je m'enibarquai sur la Propontide avec M. Poujoulat , jeune 6crivain, plein de talent et dezMe , et nous visitames les points les plus importans de la cote d'Asie , depuis Cyzique jusqu'h la Troade. Nous reconnumcs I'embou- chure de I'/Esepns et dii Granique, remplaccuient et les mines de Priapus, de Parium , de Percote, d'Abydos. Les villes de Gallipoli el de Lampsaque altirerent aussi notre attention. En saluant los tombeaux d'Achille et de Patrocle , nous nous rappelames que nous avions visits, quelques mois auparavant, remplacement de I'ancienne Troie. Circonstance digne de reniarque! nousy avions pass»5 les journees des 27, 28 et 99 juillel i8.5o, relisanl riliade el le second livre de I'Eneidc, sur les lieux nienie (|ui virent la chute el les infortunes de Priam et de sa fa- niille. Nous ne d^plorions alors que des malheurs imagi- naires!... Je reviendrai ailleurs sur noire s6jour dans la Troade. Tcn6dos est en face de la cole de Troie, in conspcctu 'I cnedos ; nous ddbarqisanies dans celle ile, qui n'a con- serve de I'anliquile lionierique que son nom ; nous des- cendimes ensuile au cap Baba, Tancien Leclos, dans I'ile de M(^lelin , si remplie de souvenirs poeliques, et sur la ( U) cote d'Adramil oil nous viines les ruiues d'Assos , trop pcu connucs des voyageurs europdens. Poussds par la teinp(Me dans le port Olivier, dont le bassin presente Taspccl j)il- loresquc d'un lac de la Suisse, nous rcniimcs rn nirr Ic 5 novdiibre, el nous arrivamcs le meuie jour a Suiyrne. Quoicpi'on approchat de I'hiver, le soleil de I'lonie Lrillail encore de tout son ^clat; nous profilamcs des beaux jours pour faire quelques courses sur le mont Pagus, aux rives du Merles, et pour suivre vers le M(i3ndre la niarclie do I'aruiee francaise de Louis VII, se dirigeanl vers Salalie. l)n jour que nous revenions du nionl Sipyle, oii nous avions et6 voir le lonibcau de Tanlale et les restes d'un temple de Cybele, je retrouvai, en rentrant dans mon lo- genient, MM. Callier et Stamaly qui venaient d'arriver Ji Smyrne. Ce lut pour nous une grande joie de nous re- l roil \ or ainsi apres une longue separation. Que de ques- tions nous avions r^ciproquement a nous fairc ! que de choses curieuses nous avions h nous raconterl Je n'6par- gnais pas les details sur les pays que j'avais parcourus; de leur cole , nies couipaguons de voyage ajoulaieut beaucoup de notions imporlantes h la letlre qu'ils m'avaient 6crite. Nous passames ainsi plusieurs jours, tout occup^s de nos souvenirs et de ce qui nous leslail a faire pour achever inie enlreprise si heureusemenl commencee. II fullut de nouvea.i nous s^parer; je m'embarquni sur hi gabarre la Traitc , dans les premiers jours de deceHibre, etje laissai h Smyrne mes deux compagnons de voyage , avec le projet de traverser la Caramanic , et de venir me joindre a Jerusalem. Pour([uoi faul-il que de si cheres es- ])erances n'aieut pu s'accomplir, et que nous soyons restes separ(is pom- toujours ? Notre voyage par mer fut souvent contrarie paries vents du midi; nous restames long-leuips eii presence de (-hio, oil nous apercevions sur la rive los ( /p ) ravages de la guerre civile; devant Samos, ou nous pii- mes voir encore les ruines du temple de Junon. Le monl Myscale , les iles de INicarie, de Naxos , do Patmos, de Paros , de JNio, paraissaient loiu" h tour devant nous, et nous presentaiont les spectacles les plus piltoresques de la nature , ou les souvenirs animt^s de la inythologie et de I'histolre. Nous descendimes h I'ile de Cos , qui montre en- core sa fonlaine d'Hippocrate et son vieux platane, qui a vu deux cents generations d'liommes sous son onibrage. Nous passames quelqiics jours sur la cole d'Asie^ oil les voyageurs vont visiter les belles ruines d'Halicarnasse et le chateau de Boudronm , oil se monlrent , confondus sur les murailles, les croix et les armoiries des chevaliers de Saint-Jean, quelques versels du Coran , et des bas-reliels du lombeau de Mauzole. Nous nous arretaines a I'ile de Rhodes, pour voir la r^e des Chevaliers, le palais de I'ile Adam, les bastions de France, d'ltalie et d'Auvergne, el dans I'ile de Chypre, si c6lebre dans I'anliquite par le culte des Graces, et devenue dans le moyen age un royaume florissant, fond6 par les croisadcs. Si je public jamais la relation de mon voyage , je parlerai avec details de la villc et de la plaine de Saiut-Jean-d'Acre , oii se li- vrerent tant de combats, de la monlagne du Carmel, des ruines de Cestir^c , des pbsines de Jaffa et de Ramla , et surtout de Jerusalem, la vilh; de David el de Godefrny de Bouillon. Nous parlerons aussi d" Damas el d'Antioche , des monlagnes du Liban, visitees par M. Poujoulat, el des rives du Nil, des champs de Mansourah , que j'ai parcou- rus , Joinvillc ti la main. Toutes ces courses monl retenu plus de cinq uiols, el pendant tout ce temps, je n'ai reru aiicune nouvelle de MM. Slamaly et Callier; je suis parti d' Alexandria au mois de mai, el je suis rcsle prfes do deux mois h Malle, ( /^6 ) sans savoir si mes deux compagnons do voyage avaient pris In route de laSyrie, ou s'ils avaienl dirige leur course vers Jkigdad et les rives de I'Euphrale , qu'ils avaient aussi Ic projet de visiter. Ce n'est i[i\'li mon arrivtie en France , au mois d'aoul, que j'aienfiu recu une lettre ^crite h la flu de juin ct dat^e de Kara-IIissar, sur la route de Smyrne a Angora. M. Stamaty m'^crivait que lui et son couq)aguou sc portaient bien , et qu'ils allaient traverser les chaines du Taurus , pour se rendre en Syrie. Au niois d'octobre , on reQul une autre lettre, datee d'Angora , 25 aoul, dans laquelle nos deux voyageurs donnnient un apercu general de leur itineraire. Voici quelle avail couvertes utiles, leur avail fait suivre des directions nouvelles. Des inscriptions qu'ils ont copi6es soigneuseinent aidcront les savans a replacer plusieurs villes qu'on avail onbiites, telles qn'Ipsus^ a laquelle so rattache le nom d'Alexandrc, etSidana, Tune des cites les plus florissanles de I'ancienne Phrygie. Au nord de la Lycaonie et du Casfopalus, ils ont pn suivre, avec Tite- Livc , la marche et les combats du consul JManlius centre la cavalerie galafe. Ils onl souvent rcncontri^ sur leur route les dix mille , et plus d'uno fois ils ont cii quelque peine a concilier les distances cities par Xenophon avec le l^moi- gnage des plus grands g^ographes. La direction qu'Arien fait suivre an vainqiieiu' dcDarins, ([uoique lrt!S-sinneuse , leur a oflcrt en general moins d'incertitudes et de contra- dictions. En recherchant ainsi les restes de I'antiquite, MM. Sla- maty el Callier ne negligcaient point de suivre les armies des crois(5s : la route qu'ils avaicnt suivie pour arriver a Ancyrr . el qu'ils dovaient suivre pour so rendre a Cesaree, ( 48 ) 6lnil colic (jii'avait prise cello nninitiido d'Aqiiilains, do Franrais ot dv I.oinhartls , qui , sons la ooiidiiilo du comlo do Poiliors, du couilo do Blois , ofc. , ctaienl parlis d'Eu- ropo dans I'ann^e qui suivil la conquelo do Jerusalem. Celle mulliiude , aprfcs avoir d6pass6 Ancyre el les d6fdes de la Paphlagonie , ful allnqut^e et d«5truile par les Turcs aii-delh de Gans,i'as, dans une, plaine situ6e enlre le mont Adoieus el le Heiive II alls, ii deux ou Irois journ^es dc Sinope. Deux aulres troupes de pelerins qui suivaionl la prcuiiorc, aii lieu do so diriger vers Ganv;ras , renionlo rent le Ilalis, et pcrirenl mis^rablcment enlre Stancon el Erclry ou II crac lee , dans des lieux loul-h-lail ignores au jourd'hui de la geographie et dc I'liisloire. En r^suuiant la marcbe des croises , on trouve qu'ils travers^rcnl I'Asie-Mineure dans toulos les directions, el que cello vaslc region n'a pas une plaine, une vallee , un cheinin qui n'ait ele niarqut'; par quelquos rovers ou quel- ques vicloires des soldals de la croix. Dans la prcuufjre croisadcj la grande armee des pdlerins conduite par Go- defroy de Bouillon , Kaimond de Salnl-Gilles , les deux Robert , elc. , aprc^s avou- vaincu les Turcs h. Doryl6e , s'a- vanca dans la Pisidie et la Lycaonie : quol([uos corps , de- taclit's dc ceUe arniec , niarcliorent vers la Cappador.c, et s'emparoront do plusicurs viilos; d'aulres, conuiiaudes par Tancrode ot Baudouin ,parcoururonl la Cllicio , ot se ron- diront mailres de Mamislra , d'Adana , d(! 'Parse et d'A- Icxandrelle. Le gros de I'arm^e poursuivit sa uiarclio par Jconium.par Ildraclee, et, traversant le terriloirede I'an- cienne Tyane, francliil la sccoudc chaine du Taurus au- dessiis do Coxon el do Maiache; elle n'avait de 1^ qii'uno journee de inarclie pour arrivcr sur les rives de 1 Oronle et dans la valine d'Anlioclio. Les armies dc la secondc croisode prirent d'aulres cheniins. L'aruK^e des croises ( 49 ) filleinands, que condiiisait Conrad II, partie des rives du Bosphorc, s'avanca vers la Lydie , et suivant des guides in- fideles, marcha de Laodicce vers les IVonlieres de la Ga- latie , oil, vaincue par la laiin, elle loniba presqiie lout en- tifere sous le fer des barbares; on ne peut savoir avec pre- cision les lieux qu'elle parcourut, les combats qu'elle eul Jisoulenir; seulement les chroniques contemporaines nous disent qii'il nc resta que la dixifeme paitie dune multitude infinic de fantassins et soixante et dix mille cavaliers ar- mes de cuirasses. L'armee i'rancaise de Louis VII se rap- procha , dans sa marchc, des cotes de la Propontide et dc la mer Eg6e, arriva h Pergame sur le Caicus , passa par Sniyrne , campa dans la plaiue d'Ephcse , traversa le Meandre pr6s de Magn^sie, prit des vivres a Laodict^e, fut surprise et battue par les Turcs , dans les montagnes voisines du Lycus , et continua sa route, au milieu d'ob- stacles et dc j)erils sans i*mbre , jusqu';i Satalie, oii die s'embarqua pour Anlioche. Dans la troisifeme croisade, les croises francais et an- glais s'etaieut rendus par mer en Syrie. La seule armee des Allemands , sous la conduite de Fr6d6ric l" , prit la route do terrc , comnie dans les expeditions pr^cedentes. Elle passa rHellespont ^ Gallipoli. Cette armee, laissanth sa droitc le mont Ida et I'ancien pays de Troie , h sa gau- che le mont Olympe . se dirigea vers Pliiladelphie , en Ira- versant plusieurs villes dont nous cherchons vainementsiir ia carte les noms cit^s par les chroniques du temps. Par- venue h Laodicec , elle remonta le cours du M6andre el marcha ensuilc^ par Philonuiiuin, Finimis el le lac clcs Salines, vers Iconiuni, qu'elle prit d'assaul sur les Tifrcs. De Ih , s'avancant vers la pclile Armenie h Iravers des montagnes inaccessibles , elle arriva h Laranda et S<'^leucie, oil Fri'-djiric Barberousse se noya dans le S^lef. iJn chro- ( 5<) ) ni(|iioiir allpmand , qui suivait cetle arin^e , nous dit que \ ii'gile ct Jloniere ne pourraicnt suniic fi d6crire les com- btils qii'ellc eiil a livrcr, les misercs qu'ellc souflVit danssa marclic. Cinq mille hommes, resits d'unc armro lloris- sante,purenta peine arriver devantPlol^maVsoo Saint-Jean- d'Acrc , assi(ig(5e alors par Richard-Cceur-de-Liou ct Phi- lippc-Aiigiislc. On sail combien il est difficile, aiijourd'luii , de suivre la marche de toutes ces armees. La premiere didicidl^ vieiiL de robsciiril6 des chroniqueurs , qui defiguient les noms des villes et qui iie designent que f r6s-vaguement les lieux dont ils parlenl; ajoulez h. cela que les Turcs , h me- sure qu'ils se sont rendus maltres du pays , ont chang6 toutes les denominations, et qu'on ne retrouveplus ni I'Asie- Mineure de I'antiquile , ni celle des derniers temps de I'enipire grec. La scconde difficull6 et la plus grande sans doute est dans les perils el les obstacles de toute espece quedoivcnl renconlrer les voyageurs, h travers des pays si peu connus et si peu fr6quent6s. Les contr^es «|ue devnient parcourir MM. Callier et Slamaty sont au moins aussi barbares qu'clles Telaicnt au temps des croisades; les chaines du Taunts et les rives du flalis n'ont pas moins de dangers pour les voyageurs modernes qu'clles n'en eurent pour les pelerins du moyen age. Kcoulons ici nos deux o(fi- ciers ingenieurs. « Le bul principal ti a la rechorcli(5 de la veritd et aux progrfes dc la science. La perte de M. Stamaty n'est pas la seule qui m'ait 6t6 sensible ; en recevant rallligeantc nouvellc d'Alep , j'ai appris aussi la mort de M. Carcel , qui 6tait venu me re- joindre h Smyrne. ]\I. Carcel s'occupait d'histoire nalu- rcUe , et surtout d'ornilhologie. II avait visite toules Ics niontagncs voisincs dc Smyrne , el rccucilli un grand uonibrc d'objets precioux , lorsque I'etc dernier il forma Ic projet d'allcr visiter les rives du Bosphore. La pestc ra- vagcait alors plusieurs des villes et des villages qu'il avait h traverser ; il ne rencontrait point d'asile sur sa route , et se trouvant oblige d'errer dans des campagnes d('iscrlcs , il a succomb(i h la fatigue ct ti la faim. Tons ceux qui ont connu M. Carcel regrctteront en lui un hommc lrfes-«iclair6 ct un hommc d«^ bicn. Sa liw malhcurcusc doit litucher les plus indilfercns. Ainsi, j'avais laiss(i en Orient ( 55 ) des compagnons tie voyage , dcs amis que je ne devais plus revoir , et je n'ai pas retrouv6 en France tons les amis que j'y avais laisstjs : les uns sont morts , les autres sont en prison ou dans I'exil. Mon relour ne ressemblc que Irop ci celui de ces chevaliers de la croix qui avaient quitte I'Europe avec un grand nomhre de compagnons , et qui , apros une exp(5dilion malheureuse , revenaient pres- que seuls dans un pays qui n'6tait plus le meme , et dans lequc-1 ils n'avaienl plus qu'a pleurcr ceux qu'iis avaient pcrdus. f Supplcm. a la Quotidienne. ) AttAque des i'tubLissemens anglais dc la Gamble par les Mandm^s *° J'ai lait connaitre a la Sociele, dans saprc^ctidente st'^ancc, los dangers qu'avaient courus les etablisseniens anglais de la Gamble, en presence dcs dispositions hostiles des popu- lations mandingues du voisinagc; I'lntervention active du brick francais la Bordelaisc , en station devant notre comp- toir d'Albr(jda , et les nouvelles crainles qui avaient appele de nouveaux secours de la pari de nos etablisseniens du S6n(''gal. Pendant que Saint-Louis preparail les renforts que Ic gouverneur francais allalt condiiire lui-meme h Balburst, un p6ril grave menacait celte ville : une allnque par terre et par eau so preparail, et les Mandiugs de Barra dis- posaient leur pirogues pour sailer joiudrc h ceux de Konbo. Due diversion (itait urgente, car los forces man- dingues elaient decuples de celles de la colonic; sur la seulo cole de Barra, plus de 1800 liommes, arm6s de fusils, t';laient relranches dans le lorl enlev(S aux Anglais. ( .'■.6 ) Cos circonstances provoqutjrent uii noiivcl cngajjemenl le 25 scptembrc, dix jours aprfes le combat donl j'ai en I'honnour d'enlretenir la Soci6tc ; uno canonnadc vigoii- reuse et prolongee , aid^e d'un feu de mousqueterie bien dlrlg^, causerent des pertes 6normes aux Mandings , (|iii ne supportfcrent cependnnt point sans courage ce terrible eboc. Le 10 ocfobro , la flollille de M. dc Saint-Germain entra en Gamble, et sa presence, d^concertaut les projets encore hostilesdes Mandings , les rendit accessibles aux paroles de paix que sir Georges Rendall s'dtait en vain efforce de leiir faire entendre. Plus fort h son lour. In lieutenant-gouvcr- neur voulut d^sormais en dieter les conditions au lieu de les recevoir ; niais un rtile oflcnsif no pouvait convenir h notre expodilion cxclusivemenl protcclrice, et les forces britanniqucs, dcmand^es h Sierra-Leone , t^tant arrivees do- vant Saint-Mary le 22 octobre , rinlervcntiou francaise a cess6,* la Bordelaise est resltie en station devant Albreda , et M. do Saint-Germain a remis en mer le 3 noeembrc , lais- sant le lieutenant gouvorneur Rendall occupy a prendre dos mcsures pour se romcUro on possession du fort dc liar- ra, el inipostsr alors la j)ai\ aux Mandings vaincus. Paris, lo 9.2 deronibro iSoi. *A M. Gharlos-Kdouard Guys, ancien constd , vient d'ar- river a Paris. II coniple environ trente aus de sejour en Barbaric el au Levant. II olail dernierement en Syrie; c'esl lo pays oil il a le plus rt'sid<^ , el oil il s'est pericclionne dans r^tiide dos langues orienlalcs. Aussi nous apporle-t-il des rehseignemens etendus sur cette province, qui va acquerir la meme civilisation quel'ligyplc par Tinvasion des troupes ( 57 ) de JVIeh^mel-Ali. La Syrie offrira de nouveaux d^bouch^s a I'Europe , qu'elle enrichira des fouilles qu'on poiirra faire dor^navant, avec loiite surete, k Palmyre, Balbck , An- tioche, Laodicde, Aradiis , Tyr, Ascalon , ct autres villes classiques de cette contrte c^lfebro dans tons les siecles. Les Anglais veulent, dit-on , r^tablir les relations avec rindepar la Syrie, en se servant dans les mers el sur les riviferes de bateaux h. vapeur. M. Guys a rapportt^ beaucoup d'objets curieux de ses voyages, et entre aiitrcs de belles m^dailles ct pierres gra- vies antiques. II a vu , en revenant en France, I'lle Fer- dinanda , bien reconnaissable a son volcan toujours en action, re qui acciunule les orages dans le canal dc Malthe el le rend plus dangereiix. Notice sur (iuel(jucs decoiivcrtcs faites pur d( la le caj) Ilonr, dons rOccan. parifique. (Extrail d'une letlre dc Boston). La terre connue sous le nom dc Shetland meridional et regard(^e par quelqucs-uns comme la terra ausfrnds, fut d'icouverte, il y a quelques annecs , par un navire aiar- chand anglais , qui s'etant egare dans une lenipete fut chass6 snr cette cote, alors iVequentte par d'innouibrables troupeaux de phoques , de lions de mer, etc. Le capitaine de ce navire, voyanl de grands benefices dans la vente des peaux de ces aniuiaux , s'empressa , aussitot son retour dans son pays , dYquiper im autre hiltimenl avec lequel il revint h Shelland. D'autres speculaleurs qui eurent vent de cette decou- verte et do I'abondancc dc vaux marins qui se trouvaient sur cette cote , envoyfcrent plusieurs exp^dilions qui eurent bienlot detriiit presque tons ces animaux, quoique le pays eut die reconnu avoir plus d'etcndue qu'on ne lui en sup- ( £8 ) posail tl'abord. Au teste, il n'est pas encore bien d(^ci(l6 si le Shcllarrd est un continent ou une ile. D'apres les obser- vations des mailrcs et des officiers des navires qui ont fr6- qucnlc ces parages et les produits g^ologiqiies qui y ont ^[6 recueillis, on est foad^ h croire que celle lerrc est d'nno origine volcanique tres-reccnte. II est prouv6 par le journal du capitaine Frcneaux, mailre d'un des batinicns de d6- couverte dans I'Oc^an pacifique , qn'on a trouve des sque- letles de buleines , au sonimet des rochers les plus (^lev6s de celle terre , ii plus de deux cents pieds au-dessus de la surface de la ni»T. La cole du Shetland , dans le voisinage du cap Horn, a ^16 explorte avec soin , except^ vers le sud , oil des masses de ueige perpeluelles en inlerdisent I'accfes. Les iles Washington furent decouvertes, il y plus de trente ans , par un capitaine d'un navire de Boston , nonim6 Graham. Pour j)lus ample information sur ces matifcres, on pourrait ronsullcr \vf, jomnaux [Log-Boolcs ) tenus pendant les trenle dernicres annees par les r^gens de la compagnie d'assurance maritime pour les Indes (itablie k Salem ( ■Massachusetts ). Plusieurs d'entre eux sent em- ployes comme maltres ou subr^cargues, dans les diflferenles parties du monde. Les r^sultals de leurs d6couverles et leurs observations V NOUVEAO MONDE. Un article sur VAmerique, par M. Maclaren , ins6r6 dans la nouvelle «^di?:on do V Encyclopedic Britannique , et reprodiiit dans le Journal ties sciences naturelles ct geo- grapluqaes d'Edimbourg ( The Edinburgh Journal of na- tural ar,d gcografical sciences , mai i85i ),contient, sur la fertility comparative du noiiveau el do I'ancien continent , plusieurs aperciis fort ingcniciix , dont nous croyons de- voir offrir une traduction resura6e. Tout paradoxal que Ic faitparaisse, le nouveau continent, Lien que d'une 6tenduc 0ioiti6 moindre de I'ancien, renferme beaucoup plus m(5me qii'une egale quantity de terrain pro- 5 ( 62 ) diiclif cl une puissance do protluclioii hion plus (pri-giilc encore. I/Anieriqiie est redevable de cet avantage h sa pe- tite largeur comparative, qui place presque lout son in t^rieur sous I'influencc dcs exhalaisons fertilisantcs de rOc^an. Dans I'ancien continent, eu 6gard a sa grande 6tenduc de I'est h I'ouest , Ics parties centrales, privees d'humidit6, sonl presque partoutdeserles; et une ceinture le long des rivages de I'orient, du niidi et du coiichant , coujprend , potir ainsi dire, presque tout cequi parlicipeii Talimentation de I'lionime. Combien, en effet, exisle-t-il de terresproductives sur le continent asiatiquePSi on tire une ligne depuis le golfe de Culch on Ciilelh, pr^s de {'Indus , jusqii'h In p-Trtie nord-est de la nier Jaune, on separe du reste do I'Asiel'Indeet la Chine , avec I'enipirc birmnn celiii d'Anam et les valli^es mcridionales du Thibet ou Tubet; el cet espace , qui comprend environ 3,5oo, ooo niilles carres, si on en considerc la superficie et la fecondit6 touth lafois, embrasse les cinq sixienies du pouvoir productif de I'Asic, bien que I'Asie conipte 17,000,000 do milles carn'is! L'A- rabie, la Perse, le Thibet ou Tubet central, ITnde occidcn- lale, la Chine libre el la Tartarie indepeudaiite.sont descries, b Texceplionde quelques points dissemines du sol propre h la culture, qui nc s'elevent pas h la vingtieme partic de leur ^tendue. La Siberie ou Asie septentrionale est un pen meilleure, en tenant conipte de son aridili?; nalurelle ct de sa froide temperature. L'Anatolie, rArnienie , le Punjab ( ou pays dos cinq rivieres , dans le Lahore et le Moiiltan , h Test de TAfganislan ), et un cordon etroit le long dcs ri- vages occidentaux de I'ocean Pacifique , au nord juscpi'au soixantieme paraliele , coniposent les seules parlies de ter- ritoire propres h I'agriculture , apres I'lnde el la Chine. L'Europe , qui n'est, ii propremenl parler, que rextr^mild occidenlale de Tancien mondc,esl cnliferement productive . G3 ) an Slid; mais nu iiord sa ferlilitd s'arrete au 60' ou 6*2'= pa- rall^le. L'Afrique n'a qu'une bordurc de sol utile autour des trois quarts deses c6tesmai'ilimcs,avec quelques portions ^parses ou isol»5es d'assez bonnes terres dans son int^rieur, parmi lesquelles figurent les oasis. Des 01,000,000 de niilles carr6s que ces trois rontinens on parties du mondc occupent, on trouve h peine qu'il y en ait un tiers d'afF6- rent au sol productif; el ce tiers encore est assez pauvre. Mainlenant , si, en 6valuant le sol fertile de rAmerique, on rejette, 1" toute la region seplentrionale au-delh du 55°, comprcuant 2,600,000 uiilles carr<5s; 2° une ceinture de terrains arides d'environ 000 niilles de largeur sur i ,000 miflcs de longueur, c'esl-^-dire 3oo, 000 milles carr^s sur le c6t6 oriental des nionlagnes pierreuses; 3° une autre cein- ture de sol aride d'une pareille etendue, situ6e sur le cotii oriental des Andes , enlre les 24° et 4o° de latitude sud; 4° la cote d^serte du P(^rou, 6gale k environ 100,000 milles carr^s; 5° une Etendue de loo^ooo milles carr6s pour la contr^e aride de la Culitornie et de Sofiora ( 6tat mexicain , au nord-est du golie de Californie ); et 6° une Etendue de 5oo,ooo milles carres pour les sommets des Andes et de Textremitt^ sud do la Patagonie : tons ces retranchemens formeront ensemble un agregat de 3,900,000 milles carr^s; et ce total deduit des »3, goo, 000 milles carr^s dont se compose le continent aint^ricain , laisse 10,000,000 de milles carr^s en sol utile dans le nouveau monde. En examinanl le rapport de la fertility du sol avec la la- titude du lieu, on voitque la puissance productive d«5pend de deux circonstances , la chaleur el rhumidit6; et elles augmentcnt ci mesure que Ton approche de I'^quateur. D'abordles regions chaudes du globe produisenl en beau- coup plus grande abondauee de ces pinnies qu'ellcs ont en commun avec les zones lcmper6es; ensuile elles ont des ( 64 ) plantes particiilicres qui oflVeiit iinc porlion considi^rable dc siibslance aliiuentaire sur unememe surface. Tel est le maVs, qui produil [^o ou 5o pour un en France , cl i5o pour un , lerinc nioyen , en Amerique; et M. de Humboldt a calculc qu'uu arpent ou les cinq sixienies d'un acre, qui nourrira t» peine deux hommes , quand on rensemence de ble, en nourrira cinquanle si I'on y planle des bananes. De CO faitctde plusieurs autresnousinferons que la puis- sance productive ou plulot nutritive du sol s'indiquera d une niaui^re assez exacte par la combiuaison des raisons dc chaleur et d'humidile , en exprimant la premiere en de- gres de l'6chelle centigrade. II exisle , nous le savons , des causes accidentelles ou variables dans la distribution de la chaleur, aux diUerentes saisons; mais, comme nous ne prelcndons pas h une exactitude rigoureuse, on pent sans Irop de scrupule admeltre la progression suivante: ililiidc. Pli iiies aniiuelles. Polices. Chaleur annuel imy" le. Productions. RaUoii Go". iG. "-5 1 12. 4- /15". 20- >4. 4oG. 1 i'l. o. 96. aS. 2,G88. 100. Ainsi , en supposant que Tespece de nourrilure fiit une chose entitrement indiflerenle, .la meme etendue de ter- rain qui nourrit qualrc iudividus Ji la lalilude Go", on nourrirait quinzc Ji cclie de 45°, et looh I'tiqualcur. Mais la nourrilure pr^l'erde ne sera pas loujours cclle que la terre produit en plus grande abondance. Une autre circonstance Ires-importante est h considerer : c'est le travail qui rend lesol fertile, etla vigueur physique de I'homnieii supporter le travail, diminue bcauroup dans lesclimalschauds. A la zone torride , dans les contrees basses, nous doulons (|u'il soil possible h I'homme de travailler r^'guliercineut en pleiu ( (i^ ) air j)liis 100,000 milles carrjJs , chacun proprea nourrir dcuxcenis personncs, et5,70o,ooo milles Carres , chacun proprc a nourrir quatre cent quatrc-vingt-dix personnes. II suit de \h que, si les ressources naturelles de I'Ameri- ques etaient pleinement developp^es, elles assureraient la subsistance a trois milliards six cent millions d'habitans, nombre h pen prt-s cinq I'ois (^gal h celui de la population aujourd'hui existante sur le globe ! La nouveaut6 de ce resullat pent (aire nailre quclque ( 60) (lontc .'lu premier ;ipci cii ; iiuiis nous pensons que euii.v ur marche vers la li- berie et la prosp(!'rite. Presque tou les les ameliorations so- xiales r6sullent de I'influence reciproqiu; des masses con- dens6es et des limiieres disscminees. Quel sera done I'etal de la socieleeu Am(ri(|ue dans deux cents ans , lorsqu'un milliard ou deux milliards d'lioinmcs civilises se trouve- roiil reunis sur un espace comparalivement si 6troit, et lorsque cc uombre inmicnsc d'elres liumains ne parlcra ( ^1 ) uliis (jiie deux langiies ? Nous regartlons couime certaiue la fusion (le ridionie poiiugais dans I'espngnol; et il parail denionlr6 que lo russe n'obtiendra jamais un pouce de terrain, ou ue pourra leuir pied dans le nouveau uionde. On peul consid(^rer une telle situation par ses consecpiences Torches conime devant abolir la malediction de Babel et ramener la grandc lamille du genre liamain h sa primitive iacilil6 de communication; car les langues parleeschez les nations de I'Europe ou del'Asie seronl alors aussi peu im- porlanlessur la grande 6chelle du globe, que les dialectes de Hongrie , de Finlande et de Bohenie le sont aujour- d'hiii en Europe. L'hisloire nous monlre que la richesse, !a puissance, la science et la lilleralurc suivenl toutes dans le coin^s progressif des masses, I'intelligence generale et la liberie. Les memes causes qui transfer^rent le sceptre de la civilisation des rives de I'Euphrale et du Nil h I'Europe occidentalc, doivent , dans le cours d'une longue p^riode , le faire passer de I'Europe aux plaines de I'AmazoDe et du Mississipi. Quaud nous refl^chissous sur ces change- mens, qui ne sont pas plus extraordinaires qu'ils soul pro- chains et certains , la conviction nous force Ji reconnaitre que la society, aprfes tous ses progres , est cependant en- core dans son enfance; tjue le monde habitable, lorsque Ton considere toutes les puissances productives, peut eire regarde comme ayant «^l6 jusqu'ici enveloppe d'un niiage , et que nous avons seidcment aujourd'hui uu(^ faible lueur de I'lital de choses sans lequel la veritable destiuee de I'homme et le grand dessein de la providence ici has doit recevoir son d^veloppemenl. Nous sommes persuades que plusicurs souriront de ces vues speculatives; mais si quelqu'un nous suspecte de rever , nous le prions dc se reporter h la condition et aux progres accou)plis d<^ la rcpublique americainc du nord; ( 68 ) qu'il observe les enjamb(ies merveilleiises en richesses in- dustrielles , en intelligence et en progres socialj qu'il en considfere la libert«^ indestructible; et par dessus tout !e prodigieux accroissement de population; qu'enfin il se fasse a lui-meme la rdponse h cetle question : « Quel pouvoir peut arreler le cours de la civilisation s'^chappanl de cette source unique pour se repandre sur un moude inoc- cup6?» Qu'il trace lesloisd'apreslesquelles le progrfes s'ef- feclue, et les applique a I'liistoire future et non ddvoil^ de la soci6t6 dans le nouveau continent ! J'ajouterai , par application de I'une de ces considera- tions, que la population des Etats-Unis d'Amerique, la- quclleest aujourd'hui (1802) de quatorzc millions d'ha- bitans, voyanl, d'apres I'^chelle de ses progres annuels , doublerson nombrecliaquevingt-cinquiemc annee, sera en i85odeplusde vingt-huit millions; en 1875, de cinquante- six millions , et en 1900 , de cent douze millions d'anies. ALBERT-MoNTtMOXT. Notice sur la cote de la mer Noire , appclee Lazistan. Les cotes du sud et de Test do la mer Noire ne sojit encore que bieri imparfiiitement connues, a cause de letat de barbaric dans lequel elles se iron vent. II est difilcilc ^ des voyageurs de se commettre dans des pays ou la naviga- tion est sipeu avonc^e, oii d'uillcurs ils risquaient, jusqu'a ces derniers ten)ps , d'clrc relenus et fails piisonniers par les naturels. Quant aux balimensdeguerreouanxbaliaieus morchands.ilsse sont bornes.suivantl'usagCjh relever quel- ques points avec exactitude; d'ailleurs ils n'ont point ajoute cJ nos connaissances sur ce qui concernele pays proprement dit. Aussi d('-sirais-jc metlrc Ji profit mon s6jour a Trr au desir d'en prendre uu dessin. Le ba/ar el la ville sont sur Ic Lord de la mcr; des maisons ombragees par des bosquets ( 7M pnraissenl do toiiles parts; des collines culliv6esetcoiiron- n6es de beaux arbrcs s'elcvenl en aniphitheiilre. Cette si- luatiou resseinble beaiicoup aux environs de Zante, avec la difference cependant que des minarets remplacent les clochers, el que sur le sommet des montagnes sont de vieilles mines au lieu dependus (i). Le chateau est une an- cienne fortification avec des tours et des ouvrages avanct^s: il a quatre cotes , et ses murs sont tapisses de lierre. Jo n'y entrai pas, parce quele commandant m'assura qu'il n'y avait rien , et qu'il y avail fait rassembler les peslifiSr^s; d'ailleurs il me conduisit sur une Eminence voisine d'oii je pus m'assurer de ce qu'il disait. On I'avail conslruit avec des pierrcs de huit pouces cube*, et Ics hubitans , suivanl I'usaije latlribuaient aux G6nDis. Les habilans de Rizc sent riches el industrieux; ils ontquinze baiimens de commerce, et ils comptenl dans la marine oftomane une ccntaine de rei's ou capitaines. Le pays produit les mcilleures oranges et les meilleurs ci- trons de toiite la cote. Le commandant Izzed-Agha esl de lancienne famille des Turchi-Oglou , qui depuis longues annees cxercail une csp^ce de f6odaIil(i. II esl h peine ag6 de trenlc ans. A seize il avail, pnr ordre du pacha, tu6 son oncle de deux coups de pistolet. Cela n'empechail pa? qu'il ne ful tres-aimd dans le pays ; sa figure (5lait fort ura cicuse et ses manifcres elegantes. Lorsque la peste se de clarail quelquepart , il ne sepiquait pas de la braver comme tant de ses cor^ligionnaires ; il fuyait el faisait fuir la pr- pulation. Aussi ne venail-il h Piize que rarement; il n'y avait pas paru depuis trois mois, et sans mon arrivi^e il se serail, disait- il, abslenu d'cntrer. 11 vivait h deux lieues de Ih dans un chateau de sa famille. II m'apprit que dans (1) Ceci s'expli(jiic prvr los fourciies patibiilailrs qii'on ajiperfoit en effot siu- les points los plus <'lfvt'>i des riiviron^ de ZajiIc; mais iiia avail bc3o,in .riino rxplicniioii. (76) rinlirieur, a six lieues h Test, se Irouvalent les resles d'une villc aiicicnnc, et qu'il avail, vu un monument, existant encore , assoz semblable a un bain turc. A deux heurcs au-delii dc Rub est une riviferc nomm^e Ascoros , et aupres Ic canal de Cava Mahmoud Oglou ; deux lieues plus loin Djevislik oil la peslc avail chass6plu- sieurs habitans de Rize ; a deux lieues JMapavria. Cest h iMapavria que finit le territoirc de Rizti.elque commence le Lazislau. Ici se trouve une difKrcnte popu- lation, une languc a part, et on peul fairc la meme ob- servation (jue pour Off. La langueest deriveedu georgien, et les habitans lui donnent le nom de Miii<^rU-diii ; c'est en effet le niingr6lien lei que le parlent les habitans de la Mi- gr<^lie. Tous sont mahomelans, et comme ceux de Off il< rapportent qu'uu de Icurs princes, nommd Lazarew , em- brassa le mahomctisme , et que leurs peres suivirent son cxemple J ils n'on rien chang6 ij leurs moeurs sur Icsquelles la religion ne parait pas avoir cu une grande influence; comme les Mingr^liens, ils vivent dans les bois, s'cnluient a rapprochc des Strangers , vendent leurs enfans. Les fem- mes se livrent aux travaux de la campagne et eux-memes restent olsifs. Le cap Kemer est h deux lieues de Mapavria; avant de I'atteindrc , des monlagnes immenses paraissent suspen- dues sur la mer ; quelqucs-unes se sont delachees et out form6 des caps, derriere lescpiels les pelils bateaux Irou- vcnt un abri pendant la tempete. C'est au cap Kcraer que commence une grande baie qu'on appelle le port de Soouk-Sou; j'y vis deux batimens qui nvaient lrouv6 refuge contre le vent d'ouest. L'ua deux avait pour capitaine un llr.Iicn ([ui m'assura qus ce port «''tait Iriis-bon. On rcconnail le cap Kemer aux mines d'un ancien chateau sur un rocher au bord de la mer que les liabilans nomment Kcz-Kalr ( forleresse de la ( 7; ) ii\U' ) on trouve avant ce chaleou quelques aulros rnincsde torlificatioii. Derriere le cap est remplacemenl d'Alhftnes (lent il ne reste aucun vestige. Aupr^s iinc petite riviere, V Atklna-dereci ; k denii-lieue dii cap , Bogdale-dcreci , et derrifjre celte riviere BogdaLe-dagh , suite de I'Yuz-d.ngh , montagnequc j'aid^jh nomm^e. he Bogddlc-dere hit lelond du golfe ; un pen an iiord-est se presenle une coHine assez 6lev6e , couple h pic sur trois cot^s , ayant I'appa- rencc d'uiie table couverte d'un bois impenetrable; c'est ce que les habitans preiendenl etre I'ancien Tr^bizonde ( Eski-Tarab6zond ). J'examine celle opinion dans une letlrc h M. de Sacy. Au nord d'Eski-Tarabezond couic one rivit:re assez considerable ,*Ie Fortuna-der^ci. Du cap Kemer h Eski-Tarabezond , on couipte deux lieues , et de Ih cinq jusqu'h Gar^ ; on ne voil quo des bois ail milieu desquels sent de ri^res cabanes plac^es sur quatre poutres elevecs; c'est la residence des naturels , qui par ce moyen echappent aux reptiles , aux loups et aux sangliers fort abondans dans le pays, Le mut^sellime du Lazistan reside ordinairement h Copi. Mais ayanl appris qu'il etait en parlie dans uno niaison de cauipagne que le bey de Batoum possede ii une lieue au-del^ de Gar^ , nous nous y rendimes. J'avais connu Mustapha-Agha pendant qu'il etait Tufenklchi-bacbi on chef de police h Tr6bizonde , el je ne me Ironipais pas en supposant qu'il me ferait une bonne reception. Je le Irouvai fort mecontenl de son nouvel emploi et de I'isole- menl auquel il etait coudamne. Rien de comparable, sui- vant lui , a la barbarie des Lazzes; ils etaient constam- ment en guerre les uns centre les autres , el pen do jours se passaienl sans qu'il cut h connalire de quelquc aicurlre; cependant une expedition faile centre eux pen- dant riiivcr par le seraskier Osnian-Pacha leur ayanl in- r 7« ) . splrti quelque lerreiir, il on avail profile pour rasscmblcr k's chefs du pays qiril gnrdail pres de liii pour coiiser- vcr la tranqnillil^. Plasieurs fois in'enlretonant de la po- silion politique de son gouverneinenl, il me dil : « Foiles bicn connailre an paclia qu il y a de ram^iiorjilion , que Ton est Iranquille , niais qu'il ne s'en fie pas aux apparences : le Lazislun est coiume la mer qu'agite le moindre souffle des venis ; h cliaque instant jc crains que cos agas qui vous onl paru si souniis en ma pre- sence ne se massacrenl des qu'ils sont dans ma cour ; je n'ai r6ussi a I'empeclier jusqu'a ce jour que par la douceur que vous me connaissez; raais serai-je toujours aussi heureux ? D'alllcurs il m'a fallu bien du temps et de la peine pour d^nieler les relations, Ics haines et les intZ-rels du pays. » 11 ne me parul pas que I'opinion du ftlulesellime eut rion de faux ou d'exagere. Entre Cure et f^ize se Irouve une rivifere nommee Ar- dachc7i ; ces deux points sont ij qualre lieures de dis- tance; de Viz6 h Sunileh, il y a une heure et demie et aulant de Sumlcli a Arkame; pres ^Arkanie coule le Cnpistri; (V Arkame on va en une heure k Copi , maison isol^e sur un monticule , el ombrag^e de beaux arbres; c'est la residence du gouverucur ou inulseiiui dont j'ai parle; de Copi a Abousla on coniple deux h(!ures; aulant Jusqu"^ Macria oil est une riviere du mcme nom; jusqu'ii Sari, une heure; trois jusqu'h Gunieh. Tous ces noms apparliennenl h des espaccs reniplis de bois avcc quel- ques cabancs sans villes ni villages. J'eus h souffrir h Gunieh une de ces mystificalions si fr^quentes en Turquie. J'avais enlendu dire a Tr6bi - zonde que sur un rochor situ6 pres de Ik se Irouvaient des ecrituris parliculieres el des dessins que les poissons jillaieul visiter; aussi le rocher s'appelail-il Balouk-Ziaretl ( 79) ( ptilcrinage dcs poissons ). Je cms que je pourrais Irou- ver quelqucs inscriptions , et mes peines ayant ^t^ inu- liles en regardant de la galere, le capitaine, le cawas el nioi monlames sur une petite Larqiie pour faire de nou- velles recherches. Heureusement nous apercumes un homme dans les bois. Notre capitaine de I'appeler , lui criant de nous conduire vers le lien d6sir6. Conime il h^silait ^ venir, le capitaine I'exhorla par les plus poni- peuses promesses, lui disant que le consul de France 6tait le plus g^n^reux des homnies ct lui donnerait cinq cents piastres pour sa peine. Le villageois vint enfin , bien que le n^gociateur rabattit sur ses promesses h cha- que pas qu'il faisait. Get honune nous assura que les mcrveilles que Ton ra|)portait n'avaient rien que de ve- ritable, et il nous conduisit vers une roche calcaire donl une des couches peu inclindes s'^tait d^tachde : Thumi- dit6 avail form6 sur la partie restante une espece de den- drite, et Tinscription n'^tait autre que des trous d'nbeillcs de roches. Nous renvoyames noire guide, que le capitaine voulait Jeter h la mer, et j'eus beaucoup de peine h lui faire donner la moiti6 d'une de ces cinq cents piastres qui lui avaient 6te promises. C'esl h Gunifeh que commence une langue de lerre qui s'avance vers la mer el qui a fH6 formte par les alluvions de Tchunrug-iou, ou plus exactement du Tchuruk-sou. Cette rivifere est la meme que j'ovais vu prendre sa source dans les montagnes d'Agh-Dagh pr^s d'Erzeroum; elle passe Ji Baibout et h Ypsir et se jette dans la mer ^ deux lieues de Gunifeh et ti quatre de Baloum , en suivant le littoral. C'esl de Test ix I'ouest que ce fleuve arrive h la mer, comme il est facile de le reconnailre en examinant la direciion du bassin que Ton voil dans une grunde ^ten- due; mais les vents d'ouesi, qui r^gnent iJi avec plus d'in- ( 8o ) tensile que ies uulrcs, oiil iclbul«! Ics alluvions v(r> Ir.vl , el il on esl resull6 rcxcellent porl de Bnloiini. Lcs bords de Tchuruk et la plaine qu'il a forni6e sonl couverls de forets , et servaienl aulrefois dc rclraile a dcs pirales; c'csl Ih que connnence celle coutunie suivie en Mingielic de naviguer sur des Uoncs de bois creust'-s par le leu ; c'esl le nieme pcuple , la nieme barbarie. Cependanl Ies babilans de Balouui el des pays environ- naus parlenl le georgicn et non le mingrelien. Les Turcs appellent pour celle raison Gurgisli'm-lmc eel cspace compris enlre Baloum el un village nonim6 encore Tclim roug-sou, qui esl Icur fronliere. Balouui a 6l6 eel Jiivcr delruil par le feu , et il ne resit- dans le bazar que peu dc maisons. Le pays est si malsaiu que la population s'enfuil dans les montagncs pcndanl les niois d'aout et dc sepleinbre; des rizi6rcs el des niar6- cages sont cause de lifcvres conlinuclles; un dc nos rn nieurs en ful alleiul aprcs avoir dormi seulcmenl niio heure. Le bazar n'esl d'ailleurs compose que dc queiqucs cabancs dc bois. Quanl au porl, c'esl un des nieilleurs de la mer Noire; il est vaste el les vents de nord cl d'est n'ont pas assez de force pour inqui6ter les balimens; le mouillage est excellcnl. 11 n'esl point expos6 h I'ouesl, qui scul est dangcreux. Lc chef est Hassan- Bey, qui a fail sa soumission et a reconnu I'auloril^ du pacha d(! Trebi zonde. Conime il u'y a ni ville ni porl dc Balouui jusqu'a Tchcnrougsou , qui en est cloigne de six lieues , que le pays esl uuiformdineiil aplali , je nc jiigeai pas utile d'al- ler jusque-lh , cl je rcvins sur ines pas. Ainsi de Trebi- zonde h Batouni on pent compler trois ports , Ilcracltic ou Surm6ne , Soouk-sou el Baloum; il n'y a point d'aulre riviferc considerable que lc Tchuruk-sou; poinl de ville a ( 8i ) cilcr que Rize. Apres la population lurque et ni6lange(! dc Tr(^bizontle ct de Surmen6 se trouvenlles Grecsde Off, puis les Turcs de Rize, enfin les Colchicns divis^s en Laz- zos et en Georgiens. Le pays offre h peu prfes Ic merae as- pect; partoul d'imp6n(^trables forets et des maisons (^par- ses ch cl \h ; maisons assez vastes quand on sort do Tr^bizonde, qui h niesure que I'ons'eloigned^g^^nercnt en chaumi^res et enfin en cabanes plac^es sur les arbres; la mis^re du pcuple augmente graduellemenl; graduellement aussi la forme des veleniens passe du turc au g6orgien. Le terrain, couvert partout d'^paisses forets , d'arbres lids enlre eux par des ronces , ni'a empechd de voir d'autres roches que celles qui sont sin- le rivage; toutes dlaient primitives comn)e I'annonce la forme ardue et accidentde des montagnes : h Trebizonde seulement et h Rizti il y a eu un(! coulee volcanique. Quant aux vdgt^laux, j'en ai ra- massd quelques centaines; ils m'ont paru semblables en- tre eux et h ceux des pays temp6r6s. Lesgrandes divisions terriloriales sont Surmdnd , Magna, OtY, Riz^ , Lazistan. Leur population tolale serait, d'aprfes les registres, de vingt mille maisons environ, ce qui doit compter au moins pour quarante, ou deux cent mille ames sur tout le littoral; en effel la parlie sup6ricure des montagnes n'entre pas dans le calcid; elle a le nom dcllauscheda, est habitue par des Turcs, des Armt^nicns et des catholiqucs au nombre de quinze mille maisons. Les produits principaux du pays sont le majs , le bois de buis, et sur la montagne la circ et le miel; a parlir du cap Kemcr et au-delh on cultive du riz de tres-bonne qualiti; qu'on n'est pas oblige d'ar- roser. J'ai lrouv6 , commo d'habitudc, la carle de M. Lapic fort cxaclc; il s'est trompe sur quelques noms seulemcnl, lei que Mahanc uu lieu de Magna ; il y a deux indica- ( 83 ) lions de Suruien6 , cclle h I'esl est iniilile ; Soiuulak n'existe pas , mais hien Suml^h au delh de Vize. Du restc le trac6 est fort correct. Voila lous les renseigiicinens quo j'ai pu recucillir dans uiie course que j'aurais voulu prolougcr , mais oblige de me hater de peur que mon succcsseur n'arrivat pendant mon absence, je n'ai pu y consacrer que huit jours. J'ai voyagd avec la plus grande lacilile, el je le dois h nia position : beaucoup de d<5tails ni'ont ele donn6s qu'en d'autres temps on m'aurait refuses. Jc suis d'aulanl plus satisfait de les avoir rccueillis que jc ne doute nullcment que ces pays ue renlrenl blentot dans leurtitald'anarchie habituclle, et qu'il sera impossible de les visiter. Tri^bizonde , le 4 seplembre i83i. Ko.NTAMKU. Note sur les experiences de temperature sous-marine cxcrii- tees par M. Berard dans la mcr Mediterranie en 1 85 1 . Par M. d'tlnviLLE. Messiki RS , Une aniiee environ s'est ^coulee di'puis que je vous ai rendu conipte des resullats des experiences ihermomelro- graphiques que j'avais execut^es dans le cours du voyage de i" Astrolabe ; et jc terminais alors mon travail en appe- lant I'attention des capitiines des navires de la marine fran^aise sur des observations que je croyais dignes de tout notre inl6ret. L'un d'cux a dejh r('!ponda a cct appel. Cest M. Ber;;rd, lieutenant dc vaisscau . oflicicr plein de zeic ct dinstruc- ( «3 ) lion, el connu pour avoir honorablenienl cooper^ h deux voyages de circumnavigation. II a iii r6cemment charg^, par le uiinisl^re , de re'ever cxactement et en detail Ics cotes de la regence d'Alger, ct il a proiit^ de cetle oc- casion pour ajouter aux Iravaux dont il est ofTiciellement charge des experiences de leuiperature sous-marine. Ces experiences lie sonl au nombre que de qualre , iiiais olles sonl d'un haul interet pour les grandes profondeurs auxquelles M. Berard apu envoyer son instrument, comiue ]»our les r^sullats auxquels il est parvenu. La premiere eut lieu le 26 juin i85i , entre les iles Ba- leares et la cote d'Alger : le thcrmometrographe descen ditjusqu'k 1,200 brasses , elk cetle immense profondeur le mercure, qui marquail h Pair 24° cenligrades, et h la sur- face des eaux 21° , ne descendil qu'h 15°. Dans la seconde qui eut lieu le jour suivant, h pen pres au ineme endroit, riiislruinent marqua egalement iS" a six cents brasses de profondeur; tandis qu'il indiquail 25°, 5 a I'air, et 20°, 2 ci la surface de la mer. La troisieme experience fut faitele i5 novembre enlre les iles Colombrettes el le cap Saint-Martin d'Espagne. Elle fit connaltre qu'en cet endroit de la masse des eaux mediterraiiees , la temperature se mainlenait aussi Ji i5°, bien qu'ellc nc fut plus que de iG" ii I'air el i(f,b a la sur- face de I'eau. Enfin , le 25 novembre , I'air libre eiant h 1 5° el les eaux superficielles ti i4°. canal de Kccdrepour,qui sort de communication avec les branches orientales du Gange et do I'llougly. lei, pour mieux fairo connaltro Pexploraliou de IM. Lamarc-Picquol , nous aliens donncr un extrait dcs notes qu'il nous a communiqiiees : il conlribuora, nous I'osporons , h augmciilor I'inloret qu'ello inspire par ses rosidtals, ct Ji reconnnaiider la por- ionne et les services de co voyagour, dont on ne saurail louer asscz le devoucment dcsinteress<5. ( ^ ) « Le dernier voyage deM.L.P. n on licii pendant lesmois dedeccmbrc i 8*28 ot Janvier 1899. II avaitavecliii vingt-hiiil personnes, tanl marinsque chasseurs, pr6paralenrs,et deux domesliques. Ces contr^es sont dangereuses par la nature dcs fifevres qiii y regnent loiite I'anuee , et des animanx sauvages qui peuplent ces vastes solitudes, que les Anglais appellent sundncs ou stinder-baiids. Les lies renferment plusieurs petits endroils habitus , portant le noni de bazan, et non designds sur les cartes. I! a visile la ville de Dacou et les grr.nds bazars deC ulna, Sat al is ry. Baker Gauge. Aprcs avoir suivi la rive droile du grand Gauge, il est revenu vers le sud aux branches diverses de ce fleuve, telles que Harengottaeiaulrespeu connues. G'est vers ces lieux et au centre d'immenses forels dt^sertes qu'il a rencontr^ trois petits bazars , ou rt^unions de plusieurs cases appel^es Tchanipaye , Coeiha Campoor, lous au sud de Culna. La position en est didicile h pri^xiser, tant ces lies sont entre couples de canaux. Co sont des lieux de rendez-vous on les biicherons viennent acheler des bamboos et du poisson, ainsi que du riz que les Indieus du nord y apportent. Ou vienty chercher le bois pendant une partie de la moussoii nord-est , du mois de novembre jusqu'en ftHrier. Le sol est fangeux et Tinsalubritt^ de ces iles est funesle; presque loutes ces iles sont submergees dans les grandes mar6es et lors des debordemens du Gauge: cependant quelques-unr.; sont assez 6levees pour servir d'asile aux nialheureiix qui out la t^m^rite d'y passer la mousson sud-ouest, du mois de mars au mois de septembre. » Lesindividus qui y resident sont musulmans, d'un ca- raclere doux; quelques-uns sont adonni^s au vol, el vont attendre , vers le nord, les voyageurs qui se rendent h. Dacca et Ji Chaligan; les caurics sont la scule uionnuic qui soil ;i leur usage et qu'ils acceptent. Devorcs par la fitivre , la mi- ( T ) sfere ou les betes farouches , ils vivent peu. Ces iles sont inl'estees, cotnme les Loucbesdu fleiive , par les crocodiles, les requins et les dauphins. La vc^getalion y est tres riche, el ie sol garni de beaiicoiip d'arbres et arbiistes parlicu- liers , qui se plaisent sur ces rives inondees. Peu d'Euro- peens Gill pdn6tr6 dans ces solitudes. Autrefois la compa- gnie anglaise y envoya quelques pilotes coinme explora- leurs; mais, depuis tres-long-tems , elle a cess<5de le faire, ayant reconnu qu'aucune de ces riviferes n'(itait navigable. Le voyageur raconte qu'il 6tail pour les habilans ,h cause de In coidein- de son tcint , un objct de surprise et nieme d'oil'roi. » A Chandernagor el h C4alcutla, les amis dc M. La- niarc-Picquot avaient voulu le d^lourner de ce voyage, h cause des diflicultcs et des dangers qu'ils croyaient insur- niontables. C'est en usant de uioyens hygicniques pour sa nonibreuse carnvane, et avecdes mesures bien combint^es, qu'il est venu h bout de son entreprise et sans grand acci- dent. En avril 1829, il a quitte le Bcngalc. A la hauteur dn cap de Bonne-Esperance , le tonnerre est lomb6 h bord du navire, a d^truil tout le gr^ement , el il a fallu aller a I'ile de France pour reparer les avaries. Enfin le voyageur est renlr6 dans sa patric an printemps de i83o, rappor- tanl , aprfes quatre annees d'absence , la pr<^cieuse moisson qu'il avail faite, dejxtste dans pres de cent caisses dc toulc grandeur. » C'est dc ces objets qu'il nous reste h pnrler. D6j^ les snvans naturalistes auxquels est confine la riche collection du museum d'hisloiie naturelle out signal«l' , dansdes rap- ports ofliciels, Timporlance et la nouvenute des objets de ce genre que Ton doii nu voyageur. Nous n'avons pas h nous en occuper ici , el nous 1 cnvoyons aux rapports de MM. Cuvier, (ieollroy Saint-Hilairc , Dunieril el Latreille. ( 91 ) L'Academie tics belles-letlros et la Soci(^l6 asiatique out ('•galemenl fait connailre leur opinion sur Ics objets relalifs a Faiclieoloi^ie et aux religions de I'lnde. Sans entrer ici dans de grands details sur les antiquiles indicnnes de la (■(jlleclion, sujet traile h fond par ces deux compognies sa- vanles, nous nous appliquerons plus particulieremenl h ce qui regarde les sciences gc^ographiques et elhnographiques. Les circonslances favorables auxquelles nous avons fait allusion , au commencement de ce rapport , consistent en ce que les soldats anglais revenus de la conquetc du pays des Barmans, faile en 1820, en rapporlt;rent au Bengale une multitude d'objets curieux. M. Lamare-Picquot s'empressa d'en faire I'acquisilion. La plupart sont relalifs au culte de Bouddha. lis sont , selon lui , I'ouvrage des habitans des parlies orientales du Thibet. Depuis trois si^cles que los Europ^ens occupent I'lnde, ils n'y avaient pas encore porl6 la guerre. En 1825. les temples furent pill6s par I'arnK^e anglaisc, et c'est ainsi que ces objets precieux tomberent pour la premiere fois au pouvoir des Europ6ens. Les sta- tues ot staluottes de la collection represeutant le person- nage de Bouddha sont aussi nombreuses qu'elles sont va- rices pour les matiferes , parmi iesquelles nous citerons le bronze, le cuivre , le marbre dor6 , le plomb , I'argent , I'albatre, le bois de tek dore , etc. Un de ces Bouddahs en marbre a plus de treize d^cimi'tres. On remarque des has-rcLiefs en bois oii est figurd I'animal fabuleux des bas- reliefs de Persepolis , et d'autres objels travaill<5s aussi par les Barmans. Le culte de Brahma a fourni au voyageur plus de trois cents statues , statuelles, figurines ou bas-reliels en mar- bre, en lerrecuile, etc. On y distingue le Dicu forestier , diviuile inferieure, protecleur des bucherons et des pe- cheurs contre la fureur des ligres et des crocodiles : celle ( 92 ) figure a ele trcuvee dans I'Sle la plus nK^ridioualc dcs Louchcs du Gauge. On romarque encore dc grands mo- deles ou imilalions des leniples ou pagodes, en platre ct en tcrre cuile, ayaut deux mfelres de haul; d'aulres sont en cuivre. Les nombreux vases recueillis par M. Lamare-Pictjuot sont destines, les uns aux c^r^monies religieuses, el les autres aux usages domestiqucs. lis sont en cuivre, en terrc cuite, en pierre : dans le nombre sont des lanipes et des r^chauds servant aux ollVandes , aux sacrifices ct auxc6r6- monies funebres. Ou Irouvc dans la collection des tableaux sur toile, re- pr6seulanl les sujels divers de la mythologie des Indous; plus quarnnte-cinq figures representant des personnages chinois des deux sexes, lravaill6es en tcrre, en bois ct au- tres niatiercs , et qui se rapportcnt aux diHereules profes- sions civiles , suns parler dc quutre-vingls autres frngmens chinois trcs-di versifies, en marbre et en porcelaiue. Nous cilerons des inslrumens appel6s laipoor, h I'usage des bayaderes ou danseuses; des roullys ou bracelets en cuivre, en laque; des modeles dc palanquins, des pan- kas ( 6vanlails ), h I'usage des dames mongoles , et forni<5s d'une grande feuillc de mica transj)arent, des boites h pfirfums , des inslruuiens de musique et de gymnastique h I'usage des iMongols el desTibetains, des gourgoulis (houka) a I'usage des deux sexes, semblables aux narguili' ou ca- liun (pipes persanes) des inslrumcns h corde rappelant le grand j't'6aZ» des Arabes; les amies diverses a I'usage des soldals mongols et des Tib(5lains , telles que lances , arcs , Heches, le dhall ( bouclier ) , le larouar ( sabre), Ic lore dar ( fusil h mf;clie), Ic katak ( polgnard ); plus des poi- gnards libetains formes dedeux corncs, a I'usage des mon- (agnards, ct des iuslrumens dc jcux jusqu'ici inconnus. r s3 ) Pariui les oLjels d'aiiiusemcnl on distingue des rfegles longues et assez larges , lravaill6es ^ jour el en spirales. Des pieces mobiles y sont ajuslees, et quand la rfegle est deboul , cos pifeces abandonn6cs k la pesanleur des- ccudent le long de I'ii^lico avec bruit. C'est probablement pour recreer ou distraire les cnfans que ce jeu a 6t6 iuia- giuti. Enfui il y a dans la colleclioa diflerens uieubles et us- tensibles domesliques h I'usage des Indiens, des Mongols et des Tibelains. II laul insisler ici sur leduiikara, sorte d'arc trfes-grand, dont la corde est une chaine en fer extrememeut pesante, mais cette chaine est compos^e de grands anueaux et pla- ques sonores: il est k I'usage des Tibelains et des Mongols. C'est un instrument de gymnastiquc, non pour tirer de Tare, mais pour exercer les jeunes gens, et donner de la force et de la souplessc h leurs menibres. En efTet.celui qui s'exercc doit passer la tele et le corps entre Tare el la corde , ce qui exige une trfes-grande force. Mais une des suites les plus curieuses de la collection est une cinquanlaine de figures en terre cuite representant les difKrentes castes des Ilindous des deux sexes. Cetle s6vie de figures , de Irois k qualre decimetres d'^levalion , est precieuse sous tous les rapports. Non-seuleiuent elle est faite dans le pays meme, el par la main des indigiines, ce qui lui donne bien plus d'autoril6 que les dessins des voyageurs, fails plus ou moins rapidement, avec plus ou iiioinsde fidelile, et ensuite toujours un peu alt«5res par la gravure; mais encore elles sont execul^es avec une adresse qu'on n'aurait pas suppos«5e dans les artistes du pays. Les physionomies surloutsont 6tudi6es avec uneddlicatesse toule particuliere; les traits du visage, la couleur du leint, la chcvchirc el tous les trails de la conformation exl6- ( 94 ) rieure soul retraces avec un soin niiniUieiix. Ajoulons-y Ics poses et les allitiidcs dos jiersonnages des deux sexes, les inslriimens el les allribuls des professions diverses et des condillons civiies , domesliqiics, on religiciises: p.-ir cxeniplc , les brahoies , les fakirs , les magistrals , les artisans, les militaires, et jusqii'au porleur d^outre a eaii , qu'on preiidrait pour \v saccaiCEgyptc. En outre , les cos- tumes sontde la forme exacte et de I'ciloire ineme du pays. On remarqtiera encore ici , sous le rapport de I'art , le pro- gres (pi'onl fait les artistes indigenes pour rexpressi premiere closse, ot 878 de la secoiide; il y avait 09,765 acres de lerre en culture , 4'o,6o4 en patures; 71,570 teles de gros betail , 261,570 moutons , 0,968 chevaux, '^4.867 pores, i,5oo maisons de ville et 23 comptoirs de commerce. Le capital engage dans le n^goce s'(ilevait h 25o,ooo livres sterling, ou 6, 260,000 francs, et la valeur totaledesproduitsh 1 ,649,736 livres .''lerL , ou 4<.'-i4S,4*o francs. L'auteur consacre plusieurs chapitres h I'histoire de la Nouvcllc-Hollande, et a plac6 J» la fin de son ouvrage one Libliographie de cetle parlie du monde. Get ouvrage m6rite de fixer I'attention de tons ceux qui suivent les progr^s de la civilisation. II contient une foule de di^lails fort int(^ressans sur la colonic de la nouvellc Galles du sud, les difficultcs qu'elle eut h vaincre, ses souf- francps, ses (^meutcs et son accroissement. Sentant d6]h sa force, elle demande h la mere-patrie I'institution du jury, qui est la base de loute society bien organis6e. Aprfes deux siecles d'expj^rience, on est parvenu h un nioyen prompt et sur d'accroitre la population d'unc colonic, en accordant aux habitans la jouissance du prix de leur Ira- vail ou de leur Industrie, et en leur donnant toule laliberto compatible avec une bonne el sage administration. W. Mexico, Ic 30 ilc'ccniF;rp loof . Lettre de M. Adrian Cochelet , consul-general , a M. Jo- ■mard, mcmbre de CInstitat. II y a aujourd'hui un an que j'ai cu Phonneur de vous ecrire relativement h M. Nebel , qui sc proposait alors d'enlreprendre a ses frais Ic voyage de Palcnqiie, puisqu'il ( 'o^ ) ii'elait aide dans son projcL d'cxploialiuu , iii par \v, goii vcincmcnl mcxicaiii , ni par des souscripliuiis du pays. J'.ii lou jours jiUcndii ([uv, cc voyage s'cfiVclual pour voiis cii doniii.-r avis; niais M. Ncbol a fini par y rononccr mo nienlan^mont , el il en a enlrepris un aiilrc plus rapproclu' ct moins dispendieux sur les confins du nord do I'clal dc la Vera-Cruz, oii il a dticouvcrt , au milieu de forets vicr- ges, quelquos anliquiltis ignordes qu'il se propose de fairc connaitrc au public. Pendant son absence , un pclnlre allemand , nomnu' \\ aldeck, qui 6tait son assocle , et qui se livre depuis quel- ipies mois h la rocherche des anliquilcs mexicaiues , est parvenu h inlt^resser le gouvernenienl de ce pays dans un projet qu'il lui a soumis relalivemenl h Palenque , oii il se propose de resler pendant le temps suflisant pour faire des loullles et dessiner l(!s principaux monuuicns, lorsquc cin- quanlc actions, k aSo piastres cbaquc, auroiit et6 sou- scritcs. Le niinistre dc I'interieur , M. Alanian , a accueilli ce projet, et a <5crit une lellre circulaire aux gouverneurs des vingl elats du Mexique , en les prianl de s'interesser a une entreprise qui promet h la science des resullals que le nionde savant desire depuis long-teuips. Quelques gouver- neurs ont (iejh demand(^ aux (ivcqucs I'autonsation dc prendre des actions. Des 6vequcs ont souscrit, et dans un pays oil rinduence de ces prelals decide de beaucoup de choses, ce premier pas est d'un bon augurc;; enfin il est a supposer qu<^ la souscriplion sera couverlc incessamment, el M. Waldeck suivra sans doule son projet. Get artiste a bien le talent et les connaissances neccssaires pour le mellrea execution; il scraith d6sirer qu'il I'ul plus jeune; mais c'cst un de ccs horames hcureusemcnl organises sur Icsquels les annees out pen de prise. On niellra des In- (liens a sa disposition pour faire des loiiilics. II sera aide ( 'o3 ) j)ar los anionics de I'^tal tic ChLipas , cl il I'aul cspuier (|ue cette fois on arrivera h quelques rdsultals. Le J'eunc jNebel a aussi le projet de sc rendre sur les liciix, afin de j)rofilcr des ibuilles. Un autre peintre allemand distingu6 , M. Riigcndas , fera 6galenient une excursion de ce coi6. Je mellrai sous leurs yeux le programme du prix de la so- ciety de geograpliie. Je doule fori qu'on oblienne les re- sullats qu'elle desire; mais enfin on fera quelques pas dans la carrlfere de la science. Je vais hientot quitter Mexico, pour me rapprocher de Palenqu^, el habiter un pays peu counu qui est tr^s-inl6- rcssant. Le roi m'a nomm6 son consul general auprcs du gouvernement de la r^publique de I'Anierique cenlrale, h la residence de Guatemala , oti nous n'avons encore eu aucun agent accrddite. Je crois que ma mission sera beau- coup moins p^nible et surtoul moins laborieuse que cellc que j'ai remplie ici pendant trois ans, au milieu des cir- constances les plus critiques. Je pourrai par consequent donner une grnnde partie de moii temps h des recherches historiques et g6ographiques. Vous devez bien penscr, monsieur , que mon plus grand desir sera d'offrir h la so- ci6t6 dont je suis un des plus anciens membres le tribul de mes derouverles. Les s6rieuses difficultds qui se ren- contrentdans le voyage que je dois entreprendre pour me rendre h mon nouveau poste , avec ma femme ct mon jeune enfant de quatre ans , ainsi que toutes mes investi- gations pour connaltre la route, je ne dis pas la meilleurc , car il n'y en a aucune de bonne , mais la plus courtc et la moins mauvaise, vionnent d6]h de me rev6ler im cbciuin qui n'dtait pas connu, et dont je vais vous donner Fitine- rairc , aprrs I'avoir fait pr(ic6der de quelques details giSogra- ])luques et liistoriqties; c'est celuiqui, de la lagtmc de Terminos, en s'embarqiianta la Vera-Crux, pourse rendre ( io4 ) i> cc point nicridioiwil tic In prcsqn'llc d'YiiCiiliiu , cundiii- rait h la lagunc dc Pclen, im dcs qtiaranlc-six dislricls dc I'dtat de Giialt^inala , ct i» uuc distance de dix-ncul' lieues sciilcinent dc rancicnnc villc de Palonqiu'!. La lagunc de Pclcn a dix licucs de long snr dcnx dc largo. Elle rcnrcrnic onze ilcs, et dans la plus clenduc ct la plus saillante sc trouve la ville de Florcs, dont lu popula- tion est de niille habitans,- les autres iles sont d^sertes. Le district de Peten contient 1 1,21 4 individus, y com- pris environ i,5oo Anglais, avec leurs ouvricrs, qui se livrent h la coupe des bois d'acajou et Icur Ibnl dcsccndrc le Rio-Belize. Dans le district, ainsi que dans la parlic oricntalc de Tabasco et tout le Yucatan, on parlait au- cicnnenient et on parle encore la languc maya. Les Itsacs, tribu dos Mayas, se mirenl en possession des iles et du j)ays voisin de la lagune de Peten, sous une race de princes nomm^sCanec. II y a une vieille tradition qui rap- porte que Fernand Cortez , en se rendant de Mexico h Honduras, par Pclen, niontait un clieval qu'il aiuiait Lcaucoup , el qui clail Ircs-laliguc. II Ic laissa h la garde des Indicns (|ui rallaclicrciit dans une cabaiK; et lui don- nerent a manger, pour toulc nourrilure , de la viande ciiite; le pauvrc animal ne larda pas h mourir, et les In- (liens , craignant le ressentiment de son mailre, fireiit un cheval en pierre h sa ressemblance, auxqucis ils rcndircnl dcs honneurs. Ils voiilurcnt ensuilc Ic conduire de la lerro lerme dans Tile dc Pclcn , mais il lomba dans la lagune oil il est rcslc. Corlcz nc rcvint pas de ce cole. La conquclc de Pelen par Ics Espagnols n'cut lieu qn'ii 1.1 fin du dix-septicme si^cle. Quelqucs missionnaires fircnt cello du district voisin dc Vera-Paz d'apr^s les instruc- tions du vertueux (iveqiie dc Cliiapas-Las-Casa ; mais ils ne Inrcnl pas aussi heureux dans Ic Peten, et il lallut la ten- ( io5 ) ter par la force. Le gouvernement de Giial6niala I'onire ■ prit; il fit deux campagnes en iGgo eL iGcjCJ : mais dcjii les Espagnols avaient perdu dc cclte (^nergie et de celle vigiieur d'ame qui caractdrisaient leurs fails d'ar ines a u com- mencement de la conquete. lis s'cmpar^rent du village de Dolores, tandisqiieleur avant-garde, qui s'l^tait avancee jus- qu'h la lagune , fut laill^e en pifeces par les Itsaes. Ce ne fut qu'en 1697 que I'ile se soumit par la force. Le gi^neral espagnol don Martin de Ursua , gouverneur du Yucatan , ayant commence I'ouverture d'un chcmin de Campeche au Peten, distant dc cent vingt-neuf lieues, arriva au mois de mars h San-Geronimo , sur les confins de la lagune. II y fit construire unc petite flottille, et le i3 du meme mois il s'embarqua pour File Peten , qui etait la residence et la capilale du prince Cancc. Aprfes un combat sur la lagune , Ursua d^barqua dans I'lle qui avait 616 enti^rement aban- donn^e , et en prit possession au nom du roi d'Espagne : mais peu apr^s, Canec et son grand-pretre, nomm6 Qiiin- cancc, pleins de confiance dans les avances des Espagnols , qui les engageaient h revenir, relournferent dans I'lIe et ftu'ent aussilot conduits prisonniers h Guatemala avec lefils de Canec. Aussitot les caciques sesoumirent au g(5n6ral Ur- sua, qui avait 6ttinomm6 gouverneur et capilaine-g^neraldu district. L'ile de Peten se convertit en une place forte, oii on cnvoyait lesmalfaiteurs de Guatemala. Elle estaujourd'hui le seul posle militairesur la fronliere du nord dc la republi- que ccntrale; les restes des Mayas vivent ind6pendans dans la partie occidentale du district , st sont etablis piincipa- lement sur les bords des rivieres Usumasinta , San-Pedro ctPacnitun. On a coulume de les appeler Carai'bcs. C I of, ) Voici I'itim'Taire flo Flores h Guat^-mala : De Flores a Branch Mouth 07 liciics. h Santa -Maria ( hacienda ou i'prmc 27 h Snnto-Toribio (village). . • i3 h Dolores {id.) 5 h San-Liiis {id.) 12 k Campaniac (ranche). . . . ^'/ h Cajabon (village) i5 5 Lanqiiin {id. ) 9 h San-Pedro-Carcha (/(/. ). . . 18 h Cohan (ville). . „ • • • '■* h Santa-Cruz (village). ... a ^ Raclie {id. ) 4 h Silania (ville). ..... 10 h Montagna ( grande riviere). . 8 h Chinanta (village) 12 h Guatemala (capitale de I'Etal et de la Federation. ... 2 228 lieues. Dc quolque cote que j'aille, j'aurai malheurcuscmcnl iin Irajet dos plus pt'-nihles li I'aire, et vieux voyageur dc I'ancien monde pendant vingt ans , je recule toujours dans Ic nouveau devant I'idec de me meitre en route avec los miens. Tout y est peines , privations , dangers et de- penses cnormcs. Si je me rends de Mexico h Gnal^mala, en passant par Puehla , Oajaca , Tchuanlepec, el en co- loyant les herds de la mer, c'est un voyage de pros dc qualre cents lieues. A rcxceplion d'une soixantaine de lieues que Ton pent faire en voiture, il I'aiil Ic restc du chemin aller h dos de mulcts, enlre le i/|''el le 19" degre dc latitude nord , sous un ciel hrulant. Quand on arrive ( i<>7 ) h la fin tl'une journ^c falignnlr , il ne l';uit pas songer a Irouver I'holcilcrie d'Allenuij|;ne cl incmc Ic canape en ciiir de la chambre r6serv«ic au voyageiir dans Ics belles maisons de posle du gouvei-nement sur la route de Riga a Pelersbourg; unbanc debois,sousle toil dc la venla ou de I'haeienda , quand on en trouve; line petate ou natle sur le sol de la cabane en jonc de I'lndien sont le luxe de la couchec ,' la torlillc , le pl-at de fricoles ou de haricots du muletier , si on ne se contente pas de la basse de clioco lal , fornient tout le souper. Sans etre un sybarite de Pa- ris , vous conviendrcz, monsieur, qu'on pent dt^sirer quel- vjue chose de mieux; il faut done emporter avcc soi mate;- las ct provisions , mais alors il faut craindre les devaliscurs des grands chemins qui sont nombrcux et audacieux quand ils voient un train el que Ion se donne quelques commo- dit^s de la vie. Quelques personnes me conseillent d'aller m'embarquer h Acapulco, port sur I'ocdan Pacifique , pour me rendrek Sousonnale , oil I'on d^barque dans la rt^publique cen- trale. D'ici h Acapulco il y a dix on qiiinze jours de route, a dos de mulcts , et dc son sommet 5 Guatemala il y a cin- quante-cinq lieues qu'on pent faire en quatre jours; mais il est tres-rare de tronverdes batimens convenables dans un des plus beaux ports du monde, et il ne serait pas prudent d'etre peut-etre quinze jours sur les pelites barques des caboteurs. 11 est done probable que j'irai h Vera-Cruz , si un bati- ment de guerre qu(! j'attcnds vent me conduire h Belize , petite colonic anglaise , d'oii Ton se rend ensuile au port d'Yzabal , dans le golfe DuLce, et oil Ton se trouve aussi- lol nez h ncz avcc une enorme montagne, nommi^e iVlico, ([ui nVst rien moins que douce, car elle est reCfroi de tons les voyageurs. On dit qu'cn la voyant, un ministre ( io8 ) des Etats-Unis, vcnnnt romplir sa mission h Giinl(5mali) , rcloiirna siir scs pas, en disanl quo, quand on aurail fait dos routes pour des honinies, il rcvicndrail. Jc iVanchirai cerlaineiuent la monlagne , ct j'cspere pouvoir vous donner des nouvelles de mon hcureuse arri- v6e ^ Guatemala , d'oii je vous enverrai I'itindraire de ma route et quelques observations, couime je vous ai donniS pendant ce mois celui de la fronliere septentrionale du Mexique et celui dune route nouvellc au sud de cette re- publiqiie. J'esperc que la soci6l6 ds geograpliie excusera ma precedenlc ntigligenco en I'aveurde ces renseigncnicns. En attendant ie plaisir de vous «^crirc , recevez, mon- sieur, ia nouvellc assurance de ma haute consideration. Ad. CoCHIiLET. P. S. Cette lettre dtait termin^c lorsque j'ai recu une nomination dti roi qui mo confere le litre de son charge d'aflaires au iMexique. I\!on sejour ici est done prolongs indefinimcnt , et j'y suis toujours ^ vos ordres. ExTRAiT d'une Idlre ecrite a Lord du vaisseau anglais la Thetis, en date de Callao le 20 scplembre i85o, pi-.r M. Sa-vJ'R lieutenant (1). Parlis do Valparaiso, nous arrivames le G mars en vue do I'Sle Easier, situec par le 27° de lat. sud ct le 109° de long, ouest ( dc Greenwich ) , ct oii nous no rcstanies qu'un jour h cause des mauvaises dispositions des habitans. A peine avait-on jet6 I'ancrc qu'ils arriverenl par milliers et vinrent nager autoiir du vaisseau, plutot counnc des pois- (1) M. R. Savor prit lo commandcinrnt sfaw :i|)r<> In ninrl fiiiirslo ilii mpilainr, qui «<■ nova dans la riviere (Inavaijiiil. ( loo ) sons que comnie des ctres liuiualns. On en recut environ Irois cents h bord , hommes, femmes et enfans; aussitot qu'ils furcnt months , ils s'assirent et se livrferent ti des 6clats immoderes de gaiet6 qui durerent quelqups minutes , aprt's lesquclles ils se lev5rent et couruicnt lous sur le tillac, probablement bien satisfaits. Un de ces insu- laires fut surpris par une sentinelle, au moment ouil allait sauler par-dessus le pont avec un boulet de 32 livres dont il s'^tait empar6, mais qu'il n'avalt pu cacher, 6tant entife- rement nu; je donnai h un autre une jaquetle et un panta- lon, et, ainsi affuble, il ne ressemblait pas mal h un singe. Lui ayant montre un grand niiroir, il parutd'abordeffray6 , mais , apres I'avoir considt^ri quclque temps, il finit par s'y habituer, et se livra h toules sortes d'extravagances ; tantot il embrassait son ombre, la flattait de la main , tan- tot lui faisait mille grimaces et tachait de la d^shabillcr; enfin il finit par rire aux Eclats , probablement en voyant un autre lui-raeme rt^p6ter tons ses mouvemens. Je voulais descendre h terre (en prenant ce sauvage pour pilote); mais I'aspect pen rassurant de ces Indiens et la nuit qui s'appro- chait engagerent le capitaine h me rappeler. Ces naturels sont vigoureux et agiles , mais ne sont pas trfes-bieu proportionn^s; ils se tatouent la figure et Ics jam- bes. Les femmes sont en g^n(5ral assez jolies et d'une taille petite, mais bien prise; ellcs sont tatouees depuis le bas de la ceinlure jusqu'h la cheville du pied, ^ peu pr6s comme un habit d'arlequin. De cette ilc nous nous rendimes h Pitcarn, situ^e par le 84° de lat. sudetle i5o° long, (de Greenwich). Ce fut dans ce lieuquese retirferenten i 789 Helcher Christian, M. Adams et quelques autres, lorsqu'ils abandonnferent Otahiti , h la suite d'une mutinerie, h bord du navire de decouverte tlie Bounty. L'abord de la cole est trfes- difficile quand le res- 8 ( I'O ) sac est violent, »nais au moindre vent il devient pratical)le. Nous Y fi'nios provision dc pores , de brebis , dc volaillo , d'liydroniel, etc., etc. Le dernier dcs refiij^ids (M. Adams) rlait mort s-enlement nn an avant notro arnv6e. II exisle niainlenantdanscelte ile Irois g<5M»^ralions,composant qua- tre vingt-trois personnes, descendant dc six i'einmesd'Otahili et d'aulant d'Anglais; deux des premieres sont encore vi- vantes , naais trfes-ag(^es. Aprfes avoir s6journ6 trois jours parmi ces intdressans insulaires (je poiirrais presque dire couipalrioles ), je les ({uillai Jj mon grand regret; sous le rapport dc la morale et de la religion, aucun peiiple ne pent Olrc conipareli ces bonnes gens, qui ne connaissent point le p(^cb6 ct aux- quels la Bible sert de code. Noire point de relache le plus rapproch^^tait Nookahee- vab , une des Marquises , habitee par des sauvages h pen prf;s seuiblables h ceux dc Tile Easter. Nous y sejournames pendant une quinzaine, afin de completer nos provisions. J'avais eu soin de me munir dc miroirs, de coutcaux, de ciseaux et aulres menus articles, afin de les dislribucr aux jiaturels en descendant h terre , ce qui m'arrivait une fois par jour. Au moyen de ces petits pr^sens distribues aux l)rincipuux cbefs el aux families, j'en fus pariaitement ac- cueilli. 11 est dlfTicile de trouver des pciiples plus faciles <>t plus inoirensifs, quniqu ilssoicnt cependanl tres-giierriers. Les honunes sonl dune laillc plusqu'ordinaire, cl de forme alhleliqiic; les femmcs sont belles, mais n'ont aucuneid<5e de pudeur. lis nageaient tons autourdu navire,t6moignant un vif dtisir d'etre recus a bord, ce qu'on leur accordait ordinairemenl a leurgrande satisfaction. Nous mimes k la voile pour nous rendre h Otahiti , oil nous reclames Irois semaines. Les missionnaires y sonl <^ta- blis; ils sont parvenus a delruire les anciens iisagesdes lia- ( Javaos accompagn»^s par un des principaux chefs suivi d'un nombreux cort. In numibre de- mande si ccttc prcsidcncc a et6 accepleo par M. Ic comte d'Argout, ministre du connnerce ct des travauv publics. Lecture estdonn^c d'luie letlre de M. le comle d'Argout par Inquellc il rcmercie la Socidl6de I'honneur qu'cllc lui a fait eu ra])pelanli» la prdsidence, et il lui cxprime Ic vif regret que de nonibreux travaux ne lui permeltent pas de remplir ccs bonorables fonctions. La commission cen I rale passe a la discussion du budget pour I'exercicc i85i-)85'2; et apres diverses observations (ii5) sur chacnn des chapilres, die arrele le inonlanl dcs rc- cettcs h la somme de 12,080 fr. 2 i cent., et celiii des de - penses Ji la somuie de i2,'2o5 fr. 5o cent. MEMBRE ADMIS DANS LV SOCIETE. Seance da 17 fevr'ier. M. Andre Cassella, de Naples, gt^ographe. Outrages offerts a la societe. Seances des 3 c/ 17 fevrier. Par le Bureau des longitudes : Connaissance des temps pour I'an i834- L'nvol. in 8°. — Annuaire pour Can 1802. Un vol. in- 12. Par M. Bajot : Annates maritimes ct coloniales; cahier de Janvier. Par leDirecteur: Rei'ue cncycLopcdi(jue ,r,d\\. denovembre. Par M. de Mol^on : Rc.cuelL industricl et manafactiirler, cahiers d'oclobre ct novembrc. Par le Directeur : Bibiiotlmjue iiniverselle; cahier de d^- cembre. Par la soci6l(3de la morale chrelienne: N'l desonjournnl. ParM. C6sar IMoreau : Plusieurs numeros da journal des Iravaux de L' Academic de Industrie. Par le Directeur : N"' 62 c? 53 du Courtier dc la Grecc. Par M. de F6russac : Bullclin dcs sciences gcogi'aphitjucs, cahier d'aoiit. Par la society geologique de France : Bulletin de cette societe, feuilles n° i ti 7. Par M. Hucrnc de Ponimeusc : Rapport fail a la societe royalc d' agriculture sur un onvrage intilnl(^ : Poor colonies at home, etc., in-S". ( i«6 ) BIBLIOGRAPIIIE GEOGRAPHIQUE. § l". LIVRES. OUVRAGES GENERAUX. I 4. Die J'.ntdechuugen der Kartha- i^er und Grieclieii ouj'dem atlari- ischen Ocean. — Dcciuivcrles dcs Carthafjiiiois ct des Grecs dans FO- cdan Allaniiqiie. Par Joachim Le- Ipuel; trad, du polonais, avee un avant-propos du prol. RiUcr. In-H. avcc 2 cartes. Berlin , 1 851 . Sthle- sinf;er. 1 5. Traite eleSmentaire de Gdogra- idiie , par Maltc - Krun , lermine par MM. Ad.Ballti, Larenaudiere ct Iluot. In-8. Chez Ainie Andre. Tonic II cl dernier. H I'r. Les deux voUimcs avec I'atlas in-4. , 2.) I'r. 1G. Diclionnaire ^c'ograf>/u(jue nni- versel, contenanl la description dc tons les iieux du ;i;lobc inlcressans sous le rapport de la geojjraphic physique el politique , dc llns- loirc,dela statistique, etc., par nne Socisgicn , ou JVoiii'tau Dic- tioiinairc unwcr.iel vt portatij' de pdographie inoderne , entiiTcment rcfondii et redi;;c par M. Danville. Paris, 1851. 1 jjros vol. in-18, avec 2 carles. Chez Thieriot, lib. , rue Pavdc-St-Andrc-dcs-Ares , n° 43. Prix, 4 fr. AIHERIQIIE. 18. Tlic hislory and Topoi;riij>liy of die United Slates , etc. — Ilis- toire et topo;;raphie des Elats-Unis de TAinerique du ISord , par Ho- ward Ilinton. Londres , 1831. Liv. I-XXV. |y. The brilish Dominions in North America, etc. — Description to- poj;rapliiquc ct statistique des pos- sessions hi'ilanniques dans lAnK^- ri(|ue du Nord, par J. Bouchctte. 2 vol. in-4. Londres, 1851. Col- burn et Benlley . ArRiQcn. 20. f'oyage an Congo ct dans Pyt- frique e't/uinoxiale , fail dans les annees 1828, 1829, 1850, par M. Douvilh;, incmbrc dc la coin- mission centrale dc la Socicte de f[eo;;raphie , etc. 5 vol. in-8. avec un atlas [;rand in-4. compose de 20 planches eoloriees et d'une };rande carte de IWfrique equi- noxialc. Les trois volumes et Tatlas seront mis en ventc an commence- ment du mois d'avril 1832. Prix jKiur les souseriplcnrs : 3o fr. (^hez Jules Rcnouard , rue de Tournon , n* G , et chez Pauieur, rue du Bac , n" 77. r.TJP.OPZ, j4nglelerre. 21. Tlie fanny Topoi^rapiier , etc. — Description de Tetat ancicn el present des dilTerons comtos de r.\n|;lelerre , par Sam. Tymms. In-8. Londres, 1852. Nichols et Ills. Tome I". Belgique. i'2. Dictionnaire ge'vgraphique de la profincc dc Licgc, prccedi! d'un rra;;inent du memorial de fi'tablis- scnient (jcoeraphique de Bruxclles, fondc par Ph. V'ander Maelen , memhre de I'AcadJmie rojale des sciences deBruxelles, dela Socidlc de Geofjraphie de Paris, etc. 1 vol. in-8. Bruxclles, 1832. Prix, 5 fr. }',.^ e. BULLETIN DE LA SOGIETE DE GEOGRAPHIE. N° 107. MARS l832. PREMIERE SECTION, MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. NOTICE geographiq;ue STIR l'eMPIRE DE MAROC. Le journal de la Societe royale de geographic de Lon- dres^ de i83o-i83i, a publie sur I'empire de Maroc una Notice redigee par M. Washington, lieutenant de la marine royale britannique , et dont I'importance nous permet d'esperer que la traduction abregee en sera lue avec interet par les hommes qui s'occupent d'etudes geographiques. Les principales cites de I'einpire de Maroc , ainsi que les moeurs et coutumes de ses babitans, ont ete bien sou- ven t decrites; mais, comme robserve le journal de la societe 9 m8 '} precitee, la geogiaphie de cette vaste contree airicaine, ia position de ses differentes villes , la ligne de ses cotes, le cours de s^ riijie^es, I'elevation de ses montagnes et de ses plainea, sa structure geologique et ses traits ge- neraux : tout cela est encore imparf'aitement connu. C'est afin d'essayer de rempiir cette lacune que M.Was- hington, apres une residence de plusieurs mois dans la capitate, et, un voygge aux principales, villes de I'em- pireetaux montagnes de I'Atlas, durant I'hiver de 1829 a i83o , a ecrit la Notice que nous allons reproduire, degagee, en partie, toutefois, de la forme technique et itineraire qu'il lui a donnee, et qui pourrait ainsi pa- raitre monotone a la majorite de nos lecteurs. Les personnes destinees a composer la mission anglaise a Maroc, s^'elaienl reunies, ea novenilwe 1829, au con- sulat britannique a Tanger, ville qui, situee par 35''47 54" iatit. nord, 5° 480" long, ouest du meridien de Greenwich, sur une pente escarpee au bord de la npier, decouvre sa face orientale et pittoresque a une bale d'environ trois milles de large, a Test du cap Spartel et a I'ouest de Ceuta. EUe est ceinte de murailles en mine, de tours rondes etcarrees a chaque 60 pas, et compte trois portes fortifiees. Ses moyens de defense, du cote de la mer, sont deux batteries, I'une au-dessus de I'autre, a la partie sud de la porte de mer. Sur le front de la place, et au- dessus des murailles vers les terres, sont placees 12 pieces de canon; au nord, et en une batterie circulaire commandant la baie, se voient 20 autres pieces de tous les calibres, montees sur de grossiers chariots maures- ques, lesquels ne soutiendraient pas le feu I'espace de di.x minutes; et couronnant le tout, se montre vers le nord un antique et vastc chiiteau, appele la Kasauba ou VKa-^shnh ^ servant de residence au gouverneur ou ba- ( "9 ■) cha,dont le lerritoire s'etend a 25 millesversle midi.Du cote de !a teire,des murailles delabrees et un fosse sont les uniques protections defensives. Les portes se ferment au coucher du solei!,et une garde s'y tient pendant la nuit. La principale mosquee de Tanger est grande et assez belle. Sa tour est haute et travaillee en marqueterie co- loree, de meme que le pave de ce temple, autour duquel regne une colonnade de piliers peu eleves, avec une fontaine au centre. Les rues , a I'exception de la principale qui traverse la ville irregulierement de la porte de mer a la porte de terre, sont etroites et tortueuses; les maisons basses, avec des toils plats, excepte celles des consuls europeens, dont la plupart sont assez convenables. (i) Dans un espace ouvert, a environ moitie de la rue principale, est un marche de fruits et de legumes. Mais c'est le dimanche que se tient le principal marche, au dehors de la ville, pres de la porte orientale; il abonde en volaille, gibier, legumes, dattes, fruits, etc. La viande est bonne et a prix modere. Hors des murailles sont quelques jardins productifs , appartenant a divers consuls , qui suffisent pour com- poser une societe agreable. D'une terrasse dans celui du consul de Suede, on a une vue pittoresque et vaste sur la ville de Tanger et sur sa baie, qui est au pied; on de- couvre les pics lointains du petit Atlas vers le sud, tandis qu'au nord, a travers le bleu d'azur des eaux du detroit, se presentelacote d Espagne, depuis le cap Trafalgar jus- qu'au rocherde Gibraltar. L'ancrage dans la baie deTan- (i) Les murs sont communement blanchis a I'exterieur. Le plan- cher des appartemens est simplement de terre battue. Les maisons n'ont point de second etage ( P'ojage dans I' empire de Maroc, par Lem- pri^ro, en 1790 et 1791). 9- I 9.0 ) ^er est passable , excepte quaiid regnent les forts -vents noitl-ouesl. Si lemole, don t on apercoit les restes sous les Hots, etait reconstruit, I'abord des terres seralt tonjours partaitement sur. Les ruines du vieux Tanger, I'ancienne Ti/igis, et un pont roniain, se voient encore a la panieme- ridionale de la baie.Quatre peti tes batteries, de cbacune six canons, defendent les coUinesde sable pres du rivage. La population de Tanger est de 7 a 8,000 babltans, y compris i,5oo Juifs, entreles mains desqucls se trouve presque tout le commerce, (i) Voici I'itineraire des voyageurs de Tanger a Maroc. ITINERAIRE. L'ambassade britannique, en partie composee d'offi- ciers,avcc Tin terprete, uncertain nombrebigarrede Mau- res,d"Arabes etde Juifs, les muletiers et les domestiques, le tout escorte par un corps de cavalerie niauresque, ac- compagtie du bacha de la province et de tous les consuls europeens,quitlaTanger,parunerouteconduisantenune direction meridionale,sur un sol sablonneux, a travers les jardins productifs qui environnent la villej ensuile dans un pays onduloux , sur des coUines schisteuses et cou- vertes ca et la de siazon. La caravane rcncontrait de loin a loin un village arabe,consistant en quelques cbaumieres defendues par une bale d'aloes ou de figuiers indiens; on decouvrait par intervalles un ou deux champs de ble pour tout signe de vegetation , et la premiere nuit on dressa les tentes dans une vallee entouree de collines qui se prolongeaient axi sud-est vers le cap Negro. C'etait le 9 novembre 1829. Le second jour, on suivit les collines boisees de Dahr (1) Les Juifs et les Maiires vivent mdlos ensemble .i Tanger, ce qui se vcir raienient cn Bnrhiirie [yoya^eJe r.empriin-). ( 121 ) Acclaou ^ depeiidiuiles tie la l>ranclie i^ej)tenLiioiiale dn petit Alias, etd'ou Ion decouvralt le rocher de Gibraltar, le cap Spartel an nord, et au pied de ces niemes collines , dans una plaine. le couis sinueux de deux rivieres qui vont se perdre, a 3 milles a lest, dans I'ocean Atlantitjue. Le troisieme jour, on suivit une chame de liaute« montagnes appelees Djibbel Hahih ( la montagne hien aimee), elevees de 2,5oopiedsanglaisau-dessusdu niveau de la mer, etne presentant que tres peu de parties culti- vees. On traversa quatre villages arabes, on passa pres de trois coubbas, ou tondjeaux de saints, et on canipa a I'entree dune vallee de myrtes; marche dix milles. (i) Le quatrieme jour, direction par une etroite vallee, dite le Cou du Chameau (2), ensuite par une plaine et un bois de liege, formant I'extremite orientale dela foret i}^El Ardish ou El Araiche ou Larache ou Luxos , ville situee par 35°i2'5o"lat. N., et 6^9' o" long. O. du nieri- dien de Greenwich; ville pres de laquelle, dans un combaf; entre les Maures et les Porlugais , en i5^8, don Sebas- tien perdit la vie. Le cinquieme jour, raarche a travers des villages arabes. D'un point eleve, on decouvrit une autre ville, oelle de Kibir ou Al Ksar, situee, par 34" Sy' lo" lat. N., 5°52'o" longit. O., dans une plaine qui,boisee, fertile^ ou coule la riviere de VKos ou Lucos , torrent bas, sinueux el rapide, est bornee au sud-est par de belles montagnes , (1 ) « Les Maures, dit Lempriere, coniptent les distances par heiires, et comme il en faut toiijours une a leurs mulets pour faire trois milles, la longueur d'un voyage est generalenient calculee avec assez d'exac- titude par ce moyen. » (2) La caravane a laisse sur sa droite, vers la mer, la ville A'Arzitla, a dix lieures de cliemin de Tauger, et qui fiit anlrefois une des bar- rieres de I'empire. ( 122 ) dontl'une,a cause desa forme, est appelee lepic deSarsar, au pied de laquelleestlaville deff azen, situeeelle-meme par 34° 42' 29" lat. N., 5° 35' o" long. O. Quant a celle d'^l Ksar ou Al Kasait, assise au bord septentrional de XEl Khos ^ qui debouche dans I'ocean Atlantique a ElAraiche ou Larache^ elle est entouree de vergers et de jardins, d'orangers et de palmiers superbes ; batie, vers la fin dudouziemesiecle,parunfils d^ Almansor^ e'est-a-dire Ic Victorieux^ elle offre encore des restes de fortifications. Elle a qualorze mosquees; sesrues sont pavees, etroites, et iraversees pour la plupart, de distance en distance, par des chemins voiites; les maisons se font reniarquer par leurs toits en tuiles : c'est la seule de ce genre en Barbaric. Le bazar est peu frequente. Population, 8,000 habitans, dont 5oo Juifs. (i) Les sixieme et septieme jours, niarcbe continuee a travers les montagnes, d'ou Ion apercevait I'Atlantique. Le huitieme jour, vue dun lac d'eau douce de trente milles de long du nord au midi, sur un et demi de large, appele Murja Ras ed Doivra, couvert d'oiseaux sauva- gesj sa rive occidentale est a un mille et demi seulement de I'Atlantique, dont ii est separe par une chaine de col- lines sablonneuses d'environ 230 pieds de hauteur, et ou croissent quelques plantes communes. Deux rivieres ou (l) Les circuits agrcables de la riviere d'El Klios ou Lucos, les masses de dattiers et de toutes sortes d'arbres j)lautos irr"guliere- ment, forment, dit Lampri^re, !e coup-d'ceil le plus pittoresque a La- rache, on la nature non defiguree se montre dans toute sa beaut^. Les vaisseaux, ajoute le mo verges de large, peu de profondeur. Sur sa rive meridionale, a un mille de la mer, est assise par S^i^'d' lat. N., 6'^36'o" long. O., la y'xWede Mehedia, qui, du temps des Portli- giais, fut une place importante, comnie I'attesteiVt les mines de quelques belles fontaines, d'arches et d'eglises ; ses fortifications etaient egalement sur un pied respec- table : huit canons monies composent aujourd'hui sa seule defense. Cette ville ne contient plus que de 3 a 400 habitans, la plupartpecheurs, qui subsistent du produit de la vente du shebbel , excellent poisson tres sembla- ble au saumon. Une communication par eau existe entre cette ville et Fez, capitale du royaume de ce nom, dans I'interieur, par34''6'o" lat. N,, 4° 58' i5" lotig. O, vers r Atlas; mais on n'en tire aucun avantage. Le onzieme jour, ditiection par lirie etrdite et pro- fonde vallee; sur la droite, c'eSt^a-dlfe du c6te de la mer, al'ouest de la route, Vue d'nnlacde trois millfes do longueur nord-sud, on plongent des oiseaux (|ui res- ( *24 ) seniblent a ties cygnes ; succession de collines et de val- leesa un mille et demi de la mer; a lest, on apercoit la foret vaste de Mamora., couvrant, dit-on, 80 milles de pays, habitee par des lions et des sangliers. Arrivee a Sla ou Sala ou Salle ou Sale^ par 34° 2' 45" lat. N., 6" 4^' 3o" long. O. j ville jadis la terreur des mers , si I'enonimee par ses pirates, qui menacerent plus dune fois les cotes memes des etats de la chretiente; ville, autrefois le theajre habituel derevoltes,d intriguesetd'ac- tivite, maintenant ruinee, calme et sans vie: tels sont les fruits del ignorance, du despotisme et du nialiometisme. La ville actuelle de Sale, batie sur un point sablonneux s'avancant dans la mer, et formant lerivase nord-est de la riviere de Bumgreh^ ou Bu-Regreb^a un mille et demi . de longueur sur un quart de mille de largeurj elle est entouree de murailles de 3o pieds de haut, et de tours carrees , placees de 5o pas en 5o pas. Ses moyens de defense consistent en une longue batterie de vingt pieces de canon faisant face a la mer^ien un fort rond a I'entree du fleuve, et en une ou deux pieces de petit calibre, sur chaque porte. Les mosquees offrent des traces de belles sculptures d une haute antiquite ; les rues sont etroites et les maisons tres sombres, conime toutes les villes des Mauresj la population se compose d'environ 10,000 hahitans, dontpeut-etre 5oo Juifs. La riviere de Bu-liegreh ^ formee par la jonction du Verou et du Bu-Regreb , a ici environ joo verges de largeur lorsque son lit est plein. La bare, a un huitieme de mille de I'entree, court presque a travers dans une direction ouest-sud-ouest , sous trois ou quatre pieds d'eau dans le temps des eaiix basses, et laissant un canal a chaque extremite : les IMaures suivent celui de lest, offrant neuf a dix pieds d'eau lors de la maree; a I'inte- ( 125 ) rieur le havre est bien abrite, et conlicnt assez d eaii pour une fregate. La ville de Rabatt ou Rabat ^ par 34° 2' 3o" lat. N., 6° 46' o' long. O., situee sur le bord sud-ouest de ladite riviere (i), offre une vue pittoresque avec ses groupes de minarets, ses niurailles delabrees, ses palniiers ct ses vieilles niosquees couronnees par la venerable cita- delle ou Casauha ou Kassbah. Un rldeau de Coo verges , faisant face a la nier, flanque de deux batteries circulaires de cbacune 12 canons, nombre plus consi- derable que n en presente la citadelle , et une petite batterie sur la riviere , a I'extremite sud-ouest de la ville, composent sa defense maritime. Du cote des terres est une forte muraille de 3o pieds de liaut; puis vien- nent a chaque 5o pas des tours carrees. La ville a trois quarts de mille de longueur sur un tiers de mille de largeur, avec des vergers entoures de niurs le long de la riviere, qui menent a une mosquee en ruines et a une tour baute de i5o pieds, designee par les Maures sous le nom de Sma Hassan , I'objet le plus en vue et le premier qui puisse faire reconnaitre la cote en venant de la mer, devant etre apercue du pont dune Iregate a six ou sept lieues de distance. 11 y a ici une dizaine de mosquees, outre le mausolee dun sultan et celui du beros de I'Afrique mauresque, le puissant Al Mansor. La principale rue de la ville, qui court paralle- lement a la riviere, contient d'assez belles boutiques; les marches sont abondamment fournis de legumes et (i) Les deux villes ile Rabat et Sale etaient jiidis reuuies pour exer- cer la piraterie, et on les confondait g^neralement ensemble. Les excellens melons et grenades qu'on trouve sur la route de Ra- bat a Mogadore dedommngent, dit Lempriero, de reiiini) dii cUcmin. ( *=*« ) de fruits excellens; il y a ties vergers peuples doran- gers , des plantations de vignes et de coton. La popu- lation niauresque peut etre evaluee a 18,000 ames, et la juive a 3, 000 : les premiers paraissent liches, et les se- conds, s'ils le sont egalement, n'osent le laisser paraitre. Les femmes juives de Rabat sont certainenient les plus belles de I'enipire. A un mille de la ville se voient les mines de la ville roniaine ou cartliaginoise de Schel/a, ou Sala, qui,selon d'Anville, etait la limite de la station romaine sur cette cote. La riviere, appelee maintenant Bu-Regreb, servait de frontiere a I'ancienne Mauritanie. Les douzieme et treizieme jours , en quittant Ra- bat, la caravane suit une direction ouest-sud-ouest; passe pres du village en ruines et de la tour de Tomara, dis- tans de trois niilles de la cote; voit ensuite deux villages arabes, et campe par 33° 4<^ 10" lat. N. , ^° u8' o" long. O., sous les murs de la ville deserte de El Mnnsonn, dont la mosquee a une tour de quatre-vingts pieds de haul, a un mille de la nier. II a fallu , de Rabat a El Mansoria , franchir sept a huit torrens ou rivieres qui se jettent peu loin de la route dans I'ocean Atlantique. Le quatorzieme jour, marche sud-ouest par ouest; a six milles d'El Mansoria , vue de la ville presque deserte de FidaUah, par 33''44'o" lat. N., f-x^d' long.O., sur les limites d'une belle plaine couverte de ble, a trois quarts de mille de la mer, et qui etait destinee a un magasin de grains avant que Mogadore f'nt balie; on y remarque une assez belle mosquee , les restes de quelques maisons de marchands europeens , et un camp arabe. Popula- tion, 3oo habitans, Maures , Arabes et Juit's. A demi- mille a Test, est un rocher peninsulaire se projetant a un mille est-nord-est, el formant une baie sablonneuse d'un mille et demi de profondeur, qui ofFre un abri con- ( 127 ) venable et siir pour la station des petits naviies niai- chands. (i) Le quinzieme jour, direction le long de la rote ; arri- \ee3iDarelBeieIa,par3yi6'3o"\at. N.,7» 4o'o"long.O., petite ville muree, d'un demi-niiile carre, sur le boi-d de la mer et sur un point qui se projette nord-nord-est a demi-mille pour former une baie de trois quarts de mille de profondeur; station bien abritee contre les vents de I'ouest , et protegee par quelques pieces de canon. Cette ville tut aussi batie pour I'exportation du ble, et resta long-temps au pouvoir des Portugais. Les tours de trois mosquees et quelques batimens europeens se montrent par-dessus les niurailles. Beaucoup de pal- miers et de nombreux jardins environnent la ville, qui, du reste, a de I'eau en abondance. Population, 700 ha- bitans, y compris quelques Juifs. (2) Les seizieme et dix-septieme jours , direction ouest- sud-ouest, a travers un pays ondule, une bonne terre argileuse, beaucoup de jardins, une petite foret d'ar- butus, donnant une graine dont on fait de mauvaise huile a bruler ; signes de culture, grand nonibre de char- rues en activite; vastes plantations de 'hhenna [hnvso- nia incT-niis) ; quelques sources 5 troupeaux de moutons et de chevres; camps arabes; tondjeaux de saints; vue des replis sinueux de la riviere de Oum Erbcgh o\\ Oom- er-Begh (la mere des herbages), qui descend de I'Atlas, separe les provinces de Fez et de Tedla^ forme limite (1) Les habitans Ae Mansoria 011 H/ansoaria et de F'ulalli:h ou Fa- dalah, seloii Lenipriere, vivent dans de miserables cabaues. (2) Bar el Beida , que Leinpriere nomme Darbejda, esl , dit-il , uii petit port de mer de pen d'importance, mais dont la baie pent nean- moins recevoir de grands Vaisseaux sans danger, except^ pendant les gros vents du noid-oiiest. ( '^8 ) entre celles de Tenisena et de Dticailn^ et coule a Ira- vers de profonds bancs de sable et d'argile sablonneuse; largeur de son lit, cent cinqnante pas. Snr sa rive sud- ouest , a un niille et demi de son embouchure dans TAt- lantique, s'etend la ville i^Azamor ou ylzamoie, par 33" 17' 37" lat. N., 8" 1 5' o" long. O. , entouree de mu- raiUes d'un miile et demi de circuit, tombant en ruines, defendue par quelques pieces de canon pointes vers rOcean , mais niieux protegee contre toutes atlaques , excepte en bateaux, par une barre de sable a I'entree de la riviere, presqu'a sec dans le temps djes basses caux. Celte ville est triste et sans vie; ses rues sont etroites et sales; ses provisions consistent en poissons, legumes et fruits en abondance. Sa population est dcw- viron 3, 000 babitans, y compris les Juifs. A Tangle sud- est est un faubourg ou existe une mosquee. La contree environnante est ouverte, priveede bois , bien cullivee et parsemee de jardins. (i) Le dix-huitienie jour, en quittant Azanior, la caravane prend sa direction a travers une contree montagneuse; signesde plus grande culture; aspect dephisieurs sources; dix camps ajabes; deux villages entoures. d'arbres; vue lointaine de la ville de Mazagan, situee par 33'' i4' o" lat. N., 8° 21 o' long. O., sur un point peninsulaire se projetant a un mille au nord, et fnrmant la limite occi- dentale d'une baie sablonneuse dun luille et demi de large, qui offre un bon mouillage jiour les navircs , le point d'Azamor I'abritant au nord-est. La ville fut balie par les Portugais, qui I'abandonnerent en i77o;elleesl defendue par des redoutes du cote de la mer. Kile a un (i) La ville d'Azamore, a cinqiiante-six milles de Darel-F.eitlu, a uii port (Je mer ii leinboucliure dela riviere d'Oiim Eibegh (que Lempriert- jppelie Morbeya). ( 129 ) pelit conimerre, (rexcellente eau et do bonnes provi- sions. Population, 2,000 ames. (i) A trois milles siid-ouest de cette place, et sur la cote^ se voient les luines de Tett (mot qui, en arabe, signifie Titus), ville que I'on croit avoir ete iondee par les Gar- thaginois. Les voyageurs caniperent dans la vallee, au dos de la haute terre forniant le cap B/anc, sitae par 330 8' o" lat. N. , 8" 40' o'' long. O. Le dix-neuvieme jour, direction sud-ouest par sud. La route abandonne la cote, et conduit vers la capitalepar une succession de plaines elevees ou de terrains plats, s etendant au pied de I'Atlas. Entree dans la province de Ducai/a, celebre par sa belle race de clievaux et sa ma- nufacture de laine pour tapis ; province fertile et bien cultivee, offrant ca et la quelques palmiers pour tons arbres. La route nionte a travers le granit pour atteindre une plaine elevee, qui se termine a Ihorizon au sud-est par une colline solitaire appelee Gibhel ' Khaddar (^mon- tagne verte), ressemblant beaucoup au Soracte, qui do- mine la campagne de Rome. Les vingiiume et vingt-et-unieme jours , route sur une plaine ouverle et montueuse; sol gras et leger ou pier- reux; vue de quelques troupeaux de moutons, de dix campemens arabes et de sept tombeaux; premier aspect de XAtUis aux pics neigeux , qui brillent dans toute leur gloire au soleil couchantj plaine etendue dans tous les sens, et arrivant sans doute a leur pied; magniRques (i) En suivant la cote pour se rendre a Mogadore ou Sonera, ville assez grande, a trois cent cinquaiite milles de Tanger, sur I'ocean At- lanlique, avee des rues alignees au cordeau, mais ^troites, on ren- contre la ville de Saffi^ port de mer situe au has d'une montagne escarpee. Cette ville petite, a soixante milles de Mogadore, n'a , dit Lempriere, qu'un pnlais d'une assez belle ordonnance. ( *3o ) masses de neige et de glace detachees a la distance d'une centainede niilles. Les vingt-deuxienie et vingt-troisieme jours, direc- tion sud-est , toujours en plaine aussi loin que I'oeil puisse atteindre; nul arbre ni niaisonj quelques tombes iso- lees pour interronipre ce niveau monotone 5 sol tour-a- tour gras et sablonneux ou pierreux; quelques palmiers nains sur des points marecageux; par intervalles, un beau gazon ; bouquet de ble de Guinee; jardins , tom- beaux de saints (i); campemens arabes avec des tentes qui prennent maintenant la forme de ruches d'abeilles, et d'ordinaire grossierement couvertes de paille; marche en plein air au sein de lagrandeplaine, ou se voient des chameaux, deschevaux, des mules, desaneset des meu- bles de menage, ainsi que des fabriques de laine, des legumes, du ble, des daltes, des amandes , des hhen- nas, etc., exposes en vente; pics neigeux de I'Atlas ma- gniGquement argentes par les feux du soleil a son me- ridien; vue sur une colline des restes dun fort ou dune tour ayant nom Ghemndo^ circulaire, de ciiiquante pieds de hauteur et de vingt de diametre. Les vingt-quatrieme et vingt-cinquieme jours, direc- tion sud-est; route graduellement ascendante, a Iravers un pays de coUines jusqu'a la plaine AeSmira, longue de douze milles; puis, montee vers une seconde plaine de dix-sept milles d'etendue, nommee Peira; base de claie d'ardoise; sol tantot sablonneux, tantot ardoise; (i) - La veneration qu'on porte , dit Ali-Bey, aux sepulcres des saints, a un resultat, lorsque les cliapelles serventd'asile a I'innocence contre les attentats du despotisme. La veneration qu'on a pour les inbecilles protege leur existence mallieureuse ; mais I'asile des rha- pelles conserve aussi un grand nombre de criminels. > ( i;^* ) pierres en abondance; iragmens de quartz et de pierres a fusil ; couches d'agate en quariz cristallise ; palmiers nains et quelquesherbes grossieres; aibres epineux d'en- viron vingt pieds de haut, portant des bales de couleur jaunesombre, etappeles sidra nebah {\erhamnus infecto- rius^. Dans le trajet,au milieu de ces deux plaines, pas una cabane ne s'offre a 1 oeil du voyageur, qui rencontre seu- lement une source d'eau vive , des troupeaux de gazelles et des verrats sauvages. Le vingt-sixienie jour, direction sud par est; montee par des collines de schiste micace ; lit de torrent borde de genets espagnols, de sidra nebah et d'acacias; route pierreuse, fragmens de fer, cailloux, etc. En debou- chant de ce defile rocailleux, on decouvre devant soi la ville imperiale, avec ses palais, ses niosquees aux mina- rets eleves, et sa haute tour, dans une vaste plaine, au milieu dune foret de palmiers, derriere laquelle appa- raissent les neiges eternelles de I'Atlas, lesquelles, a une elevation de ii,ooo pieds au-dessus du niveau de la mer, presentent un superbe relief, resultant du ciel bleu qui les termine. Tandis que les voyageurs europeens contemplent ce magnifique tableau, leur guide maure, a la premiere vue de Maroc , fait halte, adresse au ciel des prieres pour les jours du sultan et sur I'heureuse fin du voyage. On passe la nuit sous des palmiers, qui, rappelant les climats briilans du tropique, etablissaient un constraste frappant avec les niontagnes neigeuses s'unissant plus loin avec I'azur celeste; au coucher du soleil, plusieurs pics solitaires furent long-temps en- core eclaires par les derniers rayons du soleil , tandis qu'une masse d'ombres enveloppaientles pics inferieurs. Enfin,levingt-septieme jour, on traverse a ^ I- K antra y pent de trente arches, la riviere de Tensijt ^ qui va se, ( ^32 ) Jeter clans I'ocean Atlantique par Sa" 8' lal. N. a deux tiers d'un degre au nord de Mogador, et a deiiii-degre au Slid du cap Ganlin; puis, en continuant a sillonner une plaine parfaitenient nivelee, accompagne des gardes du sultan , toutes en uniforme blanc , on arrive a Maroc au milieu des flotsd'une population de plusde4o,oooames, au bruit de la mousqueterie et des petards, dune mu- sique barbare et des cris percans des feninies; en un mot, au milieu de tous les honneurs possibles. MAROC. La plaine de Maroc s'etend de Test a I'ouest , entre line chaine basse de collines schisteuses au nord, et le haul Atlas ausud, dans une largeur d'environvingt-cinq milles, et assez de niveau jusqu'au pied des montagnes. Cette plaine, dont les limites ecbappent a lavue au cou- chant et au levant, s'eleve d'environ quinze cents pieds au-dessus du niveau de la mer. Le sol est d'une marne legere et sablonneuse, melee de nombreux fragmens de quartz cristallise, d'agate, de silex, de porpbyre , de cornaline, de cailloux verts ; il est generalement couvert de plantes epineuses, appelees dans le pays sidra nebach; les bords des ruisseaux sont pares d'oleandres d'une grande beaute , et au nord de la ville est une foret de palmiers et d'oliviers. La riviere de Ten.sift, qui descend des montagnes septentrionales, ou elle prend sa source a environ quarante milles en tirant vers Test, coule le long de leur base a environ quatre milles au nord de Marco, recueille quelques ruisseaux qui sortent de I'At- las, etva a quinze milles au sud de Sajfy ou Saffi^ ville situee par Sa" i8' i5' lat. N. , 9" la' o" long. O., se jeter dans r Atlantique a pres de cent milles de Maroc. Gelte f 1 3,3 ) riviere est peu profonde,niais rapide; sa largeur presde Marocest d'environ trois cents verges; mais dans I'annee elle est gueable presque partout, excepte au printemps. La ville de Maroc (en mogrebin, Marraksch)^ situee dans la partie septentrionale de cette riche plaine, est entouree dune forte muraille a machicoulis en hois de tapia, haute de trente pieds, avec fondations en macon- nerie. Elle offre des tours carrees de cinquanle pas en cinquante pas. Ainsi entouree, la villa a six milles de circuit, et on y entre par onze doubles portes; mais tout cet espace est loin d etre entierement couvert par des niaisons. II comprend de vastes jardins et des terreins ouverts de vingt a trente aci-es d'etendue. (i) Le palais du sultan est en dehors de I'enceinte de la ville, au midi et en face de I'Atlas ; mais il est entoure de murailles dune egale force ; I'espace qu'il occupe est d'environ quinze cents verges de longueur sur six cents de largeur J ce terrein est divise en jardins carres, au- tour desquels sont des pavilions detaches, formant la residence imperiale. Les parquets des appartemens sont en tuiles de differentes couleurs , mais fort simples du restej unenatte, un petit tapis a I'extremite et quelques coussins en composent lout I'ameublement. Dans la cite , on compte dix-neuf mosquees, deuxem- drasas ou colleges , et un hopital. La principale mosquee, appelee El Koutouhia^ s'eleve isolee sur un espace de (i) AH Bey el Abbassi, dans son Voyage en Afrique et en Asie, en i8o3, 1804, i8o5, 1806 et i8p7,estime que la ville de Maroc, autrefois peuplee de plus de 700,000 habitans, et qui, lors de sa grandeur, don- nait le mouvement et la vie a ragricqlture, aux ,arts et au commerce du pays, compte a peine aujourd'hui(i8o3) 3o,ooo ames,le tiers de reva- luation que Ton verra plus loin. Le m^me voyageur porte a trois lieues la conference qu'embrassent les murailles de cette capitale. ' p 10 ( '3^ ) vingt a trenre acres. EUe est remarquable surtout par sa tour carree, haute dc deux cent cinquante pieds, aussi large au sommet qua la base, et produisant ainsl un singulier el'fet, otant divisee en sept parties, et sa hau- teur apparente etant sept fois son diametre.Cettetour, pa- reille a celle de Rabat et a la Giralda de Seville, passe pour avoir ete batie vers la fin du douzieme siecle. Au sommet se trouve urie tourelle en tornie de lanterne, d'ou lui est venu le nom de Snia cl Fanar. Le corps de lamosquee, bien que vaste, est un bailment irregulier et insignifiant , lorsqu'on le compare a la haute tour dont 11 est surmonte. La mosquee de Beni Yusef\ la seconde en hauteur et en anclennete, quoique peinte a la moderne, a un col- lege de ialebs ou etudians qui y sont attaches. El Moazin, qui passe pour la plus anclenne est tres grande , et a sept cours ouvrant les unes sur les autres. Ses arches ou voi'ites en fer a rheval mauresque, sculp- tees avec soln,sont d'un bel effet; les portes de cette mosquee passent pour etre celles de Seville, qui orne- rent le triompbe du puissant Al Mansor. Bel Jhhas , nom d'un saint, patron de la cite, est a-la- fols un mausolee,une mosquee ct un b6pltal,pour quinze cents malades. C'est un pavilion surmonte dune con pole recouverte en t-uiles vernies en vert. VlEmdrasa del Emshia^ college et mosquee pres la muraille, el dans la partie sud de la ville, a plusieurs tombeaux de sultans , autrefois surmontes de statues ou de busies, et que la bigolerle du rlgide empereur Mos- lem a entierement fait dlsparaiire. Les fontaines de la ville offrent plusieurs restes de belles sculptures, notammenl celle qui avolsine la mos- quee ^FJ Moazim , et qui porte le nom de Shnib-n-ShouJ I i35 ) (bois et admire), laquelle a une corniche en marbre blanc. Des sept portes de Maroc, celle qui s'ouvre vers le palais, et qu'on appeWe Beb-eRouin , ce quiferait penser quelle est une construction romaine, est un tres beau morceau d'architecture ; sa -voute est en fer a chevai njauresque, richenient sculptee en travail arabesque. Les rues de Maroc sont etroites et irregulieres , rare- ment plus larges que les ruelles europeennes; en beau- coup d'endroits , traversees par des arches et des portes servant probablement de defense en cas d'attaque. Plu- sieurs ont des espaces ouverts et libres qui servent de lieux de marches. Les maisons, generalement dun seul etage, ont des toits unis en terrasse. Le cote de la rue est propre et blanchi ,• ca et la est une etroite ouverture qui ne merite pas le nom de fenetre , et dont aucune nest vitree ; mais la disposition interieure est presque tout-a-fait espa- gnole. Les chanibres s'ouvrent sur une cour; quelques- unes de ces cours sont entourees d'arcades, et ont une fontaine au milieu. Plusieurs des portes sont en bois de cypres sculpte avec art. Les chambres sont longues et etroites, a cause probablement du manque de bois. Nulle fenetre, nul foyer ou cheminee, aucun meuble, excepte une natte et un ou deux coussins. (i) Le bazar, nomme El Kaisseria, offre un long rang de boutiques oud'echoppes couvertes contre I'injure du temps, et divisees en compartimens. On y vend de la soie, des chalesjdesmouchoirsjvenant de la ville deFez; (r) Plusieurs maisons, dit Ali Bey, sont coustruites en pierre ; mais le plus grand nombre le sont en mortier, compose avec de la terre, du sable et de la cliaux, qu'on bat entre deux planrhes appliquees aux deux surfaces du mur, ce qu'on appelle labbi. lo. ( «36 ) ties tapis de la province de Ducaila,des habits,dulinge, des amies, du the, du sucre de Londres; des raisins, des amandes, des 'hhenna de Sous ou Suze;de beau ble,dii loin de la province de Schragna; des dattes trcs douces de TaHlet; une grande qiiantile debottes, de pantoufles, desellesjde poteiiegrossiere, de naltes, de cordes,et des broderies en or et en argent, fort belles. 11 y a deux ou trois marches^ dont le principal, ap- pele Sok-ElKhamise^ se tient pres de la porte du nord le samedi de chaqiie semaine ; il est abondamment fourni d'objets de fabriques indigenes. Hors de la porte est le marcbe pour les chanieaux, les mules, les chevaux, les betes a cornes, etc. II ne sy fait pas beaucoup de bruit, excepte a la vente des chevaux , qui a lieu par encheres; le crieur fait passer rapidement I'aninial ca et la, en vo- ciferant le dernier prix offert. (i) Le miUah , ou quartier des Juifs, est un enclos mure, d'environ un niille et denii de tour, a Tangle sud-est de la ville; il est populeUx, mais sale; tous les Juifs paient une taxe ou capitation au sultan, et sont traites avec un grand mepris ; le mahonietisme pese sur eux de tout son poids (letrissant. La population de la ville, qui n'excedo pas 100,000 Ames, ou peut-etre menie ne depasse point 80,000 ames, comprend 5,ooo Juifs. Les femmes ne se niontrent que bien rarement dans les riies(2);il est diffi- cile d'en assigner le nombre. Plusieurs quartiers sont de- ' (i) Les places et marches, ainsi que les rues , ne sont ni pav^s ni sables, cc qui les rend extr^memenl incommodes, a cause de la boue dans les temps pluvieux , et de la ponssi6re dans les temps sees C Ai.i Be Y , Voy. en Afr. et en Aiie ). ' K'aV. -.i (a) Ceci paratt en conti-adition , sous quelques rapports, avec le ]>:issage suivantdu Voyage d'Ali Bey, en i8o3 et 1804 : '- '!■ ■ ' ' • I .ei Jeinmes jiii\'es i>e>nt (Inns lei rties ii ie^/i et la M«Avm;lesquelles, d'apres les meilleurs renseigneraens, paraissent nailre aux flancs opposes de la meme montagne ; mais ceci nest qu'une conjecture. La longitude et la latitude de Maroc, trouvees par les moyens astronomiques, dans les jardins au sud-ouest de la ville, sont les suivantes : Longitude , y 36 ouest de Greenwich; Latitude, 3i" 3^' 20' nord ; Variation, 20° 1/2 ouest, constatee par de nondjreu- ses observationsau moyen du compas de Schmalcalder. La tranquillite de lair dans la plaine de Maroc est aussi a noler. Le matin et le soir, on a generaleinent un calme plat; des brises legeres^durant le jour, peu ou point de pluie, et ceci en decembre et Janvier; enfin une atmosphere ordinairement sereine et pure. ( '40 : La moyenne hauteur du barometie a Maroc, obser- vee sur deux barometres reduits a la moyenne tempt-- ralure de 5o" Fahrenheit, en decembre et Janvier, I'ut de 28 pouces 4io,montrant une elevation de i4^o pieds anghtis au-dessus du niveau de la mer. La plus grande hauteur, le 26 decembre 1829, fut de 28 pouces 690, par un beau temps et par un vent nord-est; la moindre hauteur, le 20 decembre, fut de 28 pouces aSo , par un temps pluvieux, vent sud, eclairs au sud-ouest. La moyenne temperature de Fahrenheit, a I'ombre, entre six heures du matin et six heures du soir, fut de 56" et demi; la plus elevee, 21 decembre 1829, de 64 "j vent sud-ouest; la plus basse, ay decembre, de 40" au jour, vent nord-est; la plus haute au soleil , 18 decembre, de 118", a deux heures apres midi, et par un temps calme. UAB1TA.\S. ' Les habitans de cette contree peuvent dtre divises eti six classes, savoir : les Maures, les Arabes, les Schelluhs, les Berbers, les Juifs et les Negres. Les Maures, race degeneree de leurs nobles ancetres, descendent de ceux qui furent chasses d'Espagne lors- que la conquete de Grenade par FVrdinand et Isabelle, et la fuite de Boabdil El Chico, mirent fin a la dynastic niauresque dans ce dernier pays. Les Maures habitent principalement les villes, remplissent leS hauts emplois sous le gouvernement; et f'ormont le corps militaire; Icur langue 6St le mogrch^ ou arabe occidental , mele de mots espagnols. Les Arahesy otnginaires du desert, se repandent dans les plaines , viveftt sous les tentes, comtnunemenl dres- sees en cercle, d'oii on les nomme doiinrs ou camps, et ( i4i ) luenent une vie pastorale. Quand le sol est iniproductif, i herbe rare, ou que les tentes sent tellement remplies de puces et de vermine qu'il nest plus possible d y rester en repos, les Arabes levent le camp et vont cher- clier un autre lieu , qu'ils choisissent de preference pres d'une source ou dun tornbeau de saint, lis sont liospi- taliers, et lorsqu ils ont engage leur parole on peut s'y fierj ce qui n empeche pas qu autrement ce ne soient de grands voleurs. Ils sont hardis, et d'une taille mince, au-dessous dela moyenne; les lilies, dans leurs premieres annees, sont fort joliesj les femmes sont horriblement laides, vu qu'elles demeurent exposees a lair, et chargees des plus durs travaux, surtoutdes travaux domestiques. L'idiome des Arabes est le /coreish^ ou arabe du koran , quoique bien corronipu. Les Berbers et les Schelluhs ^ ou Chelluhs^ babitenl les montagnes de T Atlas : les premiers, la partie nord- est jusqu'a la province de Tedla ; les derniers, depuis cette province jusqu'au sud-ouest. Ils vivent principa- Jement dans des villages dont les maisons sont con- struites en pierres et en argile,avec des toils en ardoises; quelquefois sous des lentes, et nienie dans des caver- nes. Leur principale occupation est la chasse; ils culti- ventla terre et eievent beaucoup d'abeilles. Leur genre devie les rend plus robustes et plus actifsque leursvoi- sins des plaines.Ce sont probablement les aborigenes de cette contree, les descendans directs de Ham, et qui ont ete refoules des plaines vers les montagnes par les incursions des Arabes et des Maures. Leur idiome n'a aucuneressemblanceavecrarabe,quoiqu'un assez grand nombre de mots arabes soient usites parmi les naturels. On a long-temps agite la question de savoir si le schel- luh et le berber ne formenl qu'une meme langue. C'en ( a^) soiit reellement deux, niais pen differenles Tune tie I'autre, ayant un assez bon nombre de mots communs a toutes deux; on pourrait avancerseulementque ce sunt deux (lialectes dc la nieine souche,c'est-a-dire de la langue parlee dans toute la haute chaine de 1 Atlas, ets'etendant depuis Ba/ieerv/i,sur les bords du Nil,jusqu'au cap Noun, sur I'ocean Atlantique, distance de plus de deux mille inilles. H y a d'ailleurs tout lieu de croire que le berber est I'idiome natif de toute I'Afrique septentrionale; c'est la langue des Mozabies, des Wadregans, des Wurgelans, des Touariks , el on parle le berber sur les confins de 1 Egypte et de I'Abyssinie. ' Voici une liste des mots reciieillis par M. Washing- ton, dans ses rapports avec les Schelluhs; nous leur con- servons rorthograplie anglaise qu'il leur a donnee et la comparaison qu'il en a faite avec larabe et le berber. FRANCAIS. VRAUE. BERBER. SCHELLUH. Paiu. El khobs. Aghroum. Aghroom. Chameau. Simniel. Ara :i m . Ai imie. Appeler. T.sata. Kerar (imp.). Ir-kerah. Dates. T.tinur. Teiie itayn. Teene icavn. Diner. El-iflor. Inujuilli. Imkelli. Manger. Akal. En-iiitcli. Ai-iiisli, Yeux. Ayun Allen. Alen. Pieds. Rijiain. Etarran. idarn. Donuez-moi. Ara. Efikie. Fikihic. Miel. Asel. Tament. Tamint. Homme. Rajel. Ergh,./.. Argaz. IMontagne. Jebel. Addrar. Adderar. Matin. Shagh. Zik. Zik. Nez. Anf. lliinzaith. Tinzah. Esclave. El Al,d. Lsimglrini. Issemg'li. Sultan. Sultan. AgliDullid. Aglid. Domain. Elgad. E/.ikkah. Azgali. Eau. Elma. Amaii. Aman. Village. Dsliar. Theddert. Theddert li. Femme. Muirali. Tcnitliuiit. Tamtoot. Annee. Sanat. Esotigas. Acsougaz. ( ^3 ) Les Juifs , dans celte partie de lempire de Ma roc , sont coniine ailleurs une preuve vivante de cetle pro- phelie, prononcee il y a plus de trois mille ans , que ce peuple vivra isole, et iie se melera jamais aux autres nations. Les Maures , sans connaitre cette prophetie, Tont accoinplie en son entier, en obligeant les Juifs a vivre dans un quartier particulier de leurs villes. Les Juifs forment un corps nombreux el serviable; ils sont mecaniciens , inteipreles, etc., et c'est par eux que les affaires commerciales se traitent avet; les Europeens ; on les contraint de se soumettre aux plus bas offices , comme ceux de doniestiques, porte-faix, boueurs , etc. Mepri- ses, insultes par les Maures, qu'ils trompent en toutes occasions, ils n ont d'autre moyen de justice que la sou- mission aux injures, aux coups meme desenfans maures; et si un Juif osait lever centre eux la main, il ne le fe- rait qu'aux depens de sa vie. En passant devant une uiosquee, il doit deposer sa chaussure. S'il rencontre quelqn'un de la maison de I'empereur, fussent-ce raeme les vieilles negressesdu harem imperial, il doit egalement quitter sa chaussure, et se tenir debout pres de la mu- ralUe jusqu'a ce qu'elles aient passe devant lui. Tel est I'etat de degradation de ce peuple, dans le sein duquel nous devons cependanl, observent les voyageurs anglais, choisir nos interpretes, nos agens consulaires. S il fallait reporter au sultan un message concu en termes d'ega- lite on une remontrance un peu vive, un Juif ne I'ose- rait qu'en s'exposant a une mort immediate. Les /legres^ dont le nombre est peu considerable, sont csclaves, et, ici comme dans les contrees plus civilisees, un objet de trafic. 11 en est cependant qui acquierent une certaine importance, et qui alors obtiennent leur liberie. Le negre est renomme pour sa fidelite; aussi le i M4 ) sultan a-t-il priiidpalement compose sa garde de negtes , qui torment sa seule armee permanente, laquelle ne de- passe point cinq niille hommes. Le goiu'eniciiicnt de 1 enipire de IMaroc est entiere- ment despotique. Le sultan est le chef de leglise et de I'etat, deux choses ici .inseparables. Le mahometisme est la seule religion permise, et les Maures sont tres stricts, nieme en voyage, dans raccomplissement minutieux des, devoirs quelle present. lis regardent les chretiens comme n'ayant aucune religion. Les lois ne sont que la volonte dun despote qui , dans sa capitale, adniinistre la justice en peisonne. Dans les provinces, le kalite ou baclia copie fidelenient le despo- tisme de son imperial souverain, Cependant la justice est severe et pronipte; le principe qui lui sert de regie parait etre celui-ci : « Tiens le peuple dans une condi- tion pauvre, et il no se revoltera point. » hes /'ones nii/ilaires consistent en unesorte de niilice qui se leve quand on la requiert. Elle ne recoit aucune paie, niais on fournit a chaque soldat un clieval , et lorsque les niiliciens des provinces visitent la capitale, on leur fait un leger present. La seule force permanente est la garde du sultan, dont nous avons parle , et dont lessoldats portent tons de longs mousquets, qu ils ma- nient avec une grande dexterite, faisant feu au galop. Us sont durs a la fatigue, dorment par terre sans nuUe couverture , meme dans les nulls froides et humides; mais ils ne sont point redoutal)les, n ayant aucune idee de I'avantage desemouvoir par masses. Si leur premiere charge n'est pas decisive , on les met facilement en de- route. La plupart sont bons tireurs; mais aucun ne s'en- teud a la manoeuvre de lartillerie. (i) (i) Les courriers dc I'emperaur sont de simples pietons, taisant ( i4-^ ) \J education des Maures se borne a apprendre le Ko- ran par ctt'ur dans les ecoles, et manier un cheval et des armes a feu. (i) La musique est pour ainsi dire inconnue des Maures; un fifre ou flageolet grossier, et un tambour plus mal fait encore, voila les instrumens usites, niais sans qu'on en tire aucune harmonie, excepte parmi les Schelluhs, montagnards dont les chansons agrestes sont inelanco- liques et interessantes. Les Maures, en general, out une belle apparence pby- sique, une taille moyenne, quoiqu'au premier abord leurs larges vetemens flottans leur donnent I'air de gros hommes. Apres I'age mvir, hommes et femmes devien- nent corpulens, par I'effet de leur vie inactive. lis ont de belles dents, une complexion de toutes nuances, eu egard a leurs rapports avec les negres , et on remarque que plus la couleur se rapproche du noir, plus les hom- mes sont beaux et dun caractere determine. Les femmes, qui sont jolies etant jeunes, se noircissent les oils et les sourcils avec de la mine de plomb, et se teignent le bout des doigts avec de la 'hhenna , plante dont la couleur orange sombre est loin d'ajouter a leurs charmes. Quel- ques hommes, sans doute les petits-maitres de la con- tree, suivent cet usage feminin. Le costume des Maures est pittoresque et gracieux; quatre milles a I'heure, et allant en six jours de Maroc a Tanger, dis- tance de cent dix lieues. (i) Les Juifs, dit Ali Bey, sont les uniques orffevres, les seuls fer- blantiers et les seuls tailleuxs qu'il y ait a Maroc. Les Maures sont seulement cordnnniers, charpentiers, niarons, serruriers et tisserands de haiks, etoffe destinee a faire des manteaux, comme aussi des caf- tans ou robes longues boutonn^es par-devant du haut en has avec des manches tr^s larges. ( Mfi ) il consiste en une chemise a laiges manches et en ca- lecons dune ample dimension, d'un linge blanc, sur lesquels la plupart portent uii caftan , avec des manches courtes boutonnees pres du poignet , dun jaune brillant oil dun bleu leger; beaucoup y ajoiitent une echarpe ou ceinture de diff'erentes couleurs; sur le tout se de- ploie le /lai'c/c, manteau de laine longue, de coton ou de soie, porte comme la toge romaine. Quelquefois on y joint encore une sorte de vetement bleu a capuchon, appele le sulham , generalement en casimir blanc (i). La coiffure est un bonnet rouge, autour duquel est tissue de lamousseline blanche, formant comme un turban (2). La chaussure consiste en panloufles ou bottes de cuir maroquin jaune. Le haick est porte par les femmes aussi bien que par les hommes ; souvent nieme il est le seul vetement, et quelquefois si fin qu'il est transparent. Les femmes portent toujours des pantoufles rouges, et ni les hDmmes ni les femmes ne se servent de bas (3). Le (i) Cette esp^ce tie manteau fort ample qui descend jusqu'aux ta- lons ne sert, dit Lemj)rifere, que pour les temps froids ou pluvieux. (2) Toutefois, le turban, observe Lempri^re, est seul pcrmis pour les Maures qui ont fait le peleiinage de la Mecque. (3) Les deux sexes, dit Lenipri^re, aiment passioniu'ment a avoir une espece de chapelet pendu a leur ceinture. I,cs gens ricbes s'en servent comme d'un joujou qui les amuse et qu'ils out toujours a la main, lis aiment a porter des montres, mais seulement pour parure , car il importe pen, ajouteLemprifere, qu'elles soient bonnes ou mau- vaises. I.esfemmes,dit-il encore, ne peuvent sortir que le visage couvert.et sont instruites a ne connaitre d'autre loi que celle que leui impose leur tyran. II en est cependant qui lui sont infidf-les. Pendant qu'il est sorti, elles donnent des rendez-vous .i un amant babille en femme. Le marien rentraiit qui ne voit que de petites mules croit qu'une voi- sine est venue faire visite a son epouse, et se garde bien de troubler re t^te-a-t^te. 47 ) bas peiiple a pour vetement une cspece de sac en til lie laine grossiere, troue par le haul pour y passer la tete, at de chaque cote vers le cou pour y passer les bras. Ce sac a nom jellabia. Les habits de couleur sont inter- dits aux Juifs; un hornou noir, un bonnet noir et des sou- Jiers noirs sont les indices de leur degradation. La »oMm/»re habituelle est un plat de kttscasu ou cus- cassou ou couscoussoii , mets compose de niouton, de vo- laille cuite avec des legumes, servi dans une assietle de terre grossiere, reniplie au point de deborder, et otfrant un hachis ou pate, qui estun aliment savoureuxet nutritif a-lafois. On placea terre ceniets,autourduquels'asseyent, les jambes croisees , une denii-douzaine de personnes. Chaises, tables, couteaux, tourchettes, cui'.lers, assiettes, sont a Maroc des superlluites entierement ignorees. On n use point de cafe; on prend generalenient du the; a toute heure on en presente aux visiteurs; c'est autre- ment I'unique breuvage employe, (i) Les Maures ne funient point de tabac (2) , mais en pri- sent une grande quantite ; ils fument quelquefois des feuilles de chanvre, qui parait avoir a un haul degre la qualite enivrante de ropium.Ils emploient a ussi les grains dune plante appelee keef, laquelle parait avoir les memes proprietes. Les traits saillans du caractere des Maures sont la pa- resse, I'apathie, I'orgueil, I'ignorance et la sensualite. Quoique vivant dans I'etat d'ignorance le phis deplo- rable, ils meprisent tous les autres peuples, en les trai- tant de barbares. Leur bigoterie est de nieme excessive. (i) Le vin et les liqueurs spiritueuses, on le salt, sont prohibes par lekoran; mais les Maures violent souvent cette cli'-fense. (2) Lemprifere dit que les Maures fument beaucoupde tabac; mais c'est du chanvre sans donte.commel'obscrveensuiteM. Washington. ( '48 : Dans le trajet de Tanger a Maroc, presque tons les voya- i^eurs que rencontra la caravane d'Europeens et de Maures, apres avoir salue le chef de I'escorte, lui disait: « Dieii vous preserve du contact des kafirs » ! La sen- sualite des Maures ne connait point de homes; les lois de la nature ne peuvent menie la restreindre. Quand le physique est use, lis ont recours a des excitans. On en- tend des vieillards decrepits, et un pied dans la tomhe, dire encore qu'ils donneraient la nioitie de leur fortune pour quelques heures dune vigoureuse jeunesse. Les Maures passent le jour a flaner, a promener lentement leur oisivete (i). Si Ion excepte leur exercice niilitaire du /ab el barod., qui consiste a charger au galop, faire feu , s'arreter court, ils sortent rarement de leur etat lethargique d'apathie ou d'insouciance. Neannioins, avec tous ces vices, ils sonl hospitallers, et doues dun cou- rage veritable s'ils toaibent dans I'infortune." Alhili bra., Dieu la voulu ainsi , est leur phrase de consolation dans toutes leurs peines. Le peuple est generalement hien constitue, en hon etat de sante, et vit long-temps. Le climat est incontestahlement favorable ; toutefois la lepre, I'opthalmie, I'elephantiasis, I'hydrocele et la syphilis, ne sent pas inconnucs. Leurs remedes sont des simples, toute leur pharmacie niedicale se bornant a quelques plantes. Mais un terrible fleau , la peste , les visite pres- (i) lis ont, 3?. 18 1 5 () ti. 0 3f i-j 4o 7 36 0 3 1 3() 3o 9 44 0 3r 4 0 9 47 3o Le plan de Maroc presente sur la carte est, comme elle, un document neuf qui ne saurait nianquer de fixer lattention. Nousaurlons desire pouvoir en outre comparer quel- ques passages de cette relation avec celle de M. Jackson , ainsi que nous I'avons fait pour les voyages de Leinpriere ( ^56) et d'Aly Bey; raais ne I'ayant point sous les yeux,nous ne pouvons que la signaler a I'attention de ceux qui souhaiteraient d'y recourir. Albert -MoxTEMONT. LEGENDE 1>U PLAN DE MAROC. (A ; POHTES DE L\ VliLK. 1. Bab el Hhaniise. 7. Uab el Kassbalu 2. Bab. Allan. 8. Bab e' Toboul. 3. Bab Debagh. 9. Bab e' Rrouni. 4. Bab el Hhaniatz. 10. Bab el Hhaddar. 5. Bab el Hhaniar. ir. Bab Ducaila. 6. BabEarle. (B) MOSQUEES. a. Jamaa . El Koutubia ou Sma el Fanarh ( hauteur, deux cent vingt pieds anglais). * Sidi abd'lah Moul el Ksar. c El Moazin. d Beni Yusef. « Elfnah (en ruine). / El'Hennab. S Surfa Saidia. fi Muley All Cherif. i. Dcrt Da Bashie. j De' Bab Debagli. k Bel Abbas ( mosquee et h6pital ). Sidi IVIaimoni. m Muley Abd' lab Rraswani. " De Bab Ducaila. " Emdrasa del em.shia (2. mosquee et college, i. sepulture des sultaus. p- Al Kaisseria. ( ^h ) y. Belle fontairie, Schrob u scliowf (l)oire et regarder}. r. Soke el Khamise ou grand marclie. s. Grenier de ble. t. Palais du sultan. 11. Jenan el Afia (jardin de Prosperite ). V. Jenan el Nile (jardin du Nil). w. Modar del Meshoar ( cour d' audience ). X Sebt el Mahniounia (residence de I'ainljassade britaii- nique de i83o). J. Maison de Bendris, premier ministre. z. Maison de Muley abd Salam, oncle dn sultan. Rapport de la commission de la Societe de Gcographie , qui « deceme line medaille d'or de mille francs ci M. DouviLLE, pour son -voyage de decoiwertes aii Congo et dans rinterieur de V Afriqne eqiiinoxiale. Les commissaires que vous avcz nommes pour examiner s'il y avail lieu de decerner la medaille annueile destinee a hi decouverte la pl.iis importante faite en i83o, ont passe en revue les voyages effectues ou acheves dansle courantde cette annee. II resuUode nos recherches que si les entieprises dont nous aliens vous entretenir ne sont pas nombreuses, du moins leur resullat est de la plus haute importance pour la science. En effet ie voyage de MM. Richard et John Lander dans laNigritic, pour decouvrir remboucliiu-edu Dialiba ouKnuar- ra; celui de M. Douville au Congo et dans I'interieiu- de I'A- frique equinoxiale; celui du capitaine King aux cotes meri- dionales de TAmerique du sud et a la Terre du Feu, prcsen- tcnt une masse de fails si inleressans que depuis long-temps on n'en avail vu paraftre autant a-Ia-fois. M. Douville est parnii ces voyagcurs celui qui uous a paru avoir reellemenl fait la decouverte la plus importaute. Arrive ( »58) «n i8a8 sur la cote de I'AfVique occidcntale a SaiiU-Philippe- de Benguela, situe par 12" Z'l de latitude sud et 11" 3' dr longitude a Test de Paris, il a visite eu detail loutes les pro- vinces qui composent los royaumcs d'Angoia et de Benguela, soumis ail Portugal. Ensuite il a pi'netre dans les pays habites par les negres indepcndans et ou vraisemblablement aucun Europeen n'avait encore porle ses pas. Le point Ic plus meri- dional aucjuel il ail atteint est par 13° 27' de latitude; il est alle dans la direction oppo.^te jusqu'au-dela du 3° au nord de I'equateur; il s'est avance dans Test jusqu'au 25° 4'. 11a ainsi parcouru une etendue de plus de 16° ou 320 licues geogra- phiques du sud au nord, el de plus de 14" ou 280 iieues de Test a I'onest, sans compter scs courses muitipiiees dans les provinces portugaises; on peut done sans exager.ition porter a trois mille cinq cents Iieues la longueur totale de ses routes dont une grande partie a ete faite dans des contrees entiere- ment inconnues. Pour vous le demontrer, messieurs, nous ne vous e.\pose- rons pas re que les arfciennes cartes presenleht sur ces regions, nous nous borncrons a appeler vos regards surcellesde d'An- ville, qui fnt si long-leinps le seul guide un peu sur pour I'interieur de TAlrique, sur celle de M. Berghaus et sur celle de M. Brut-, qui tons deux ont complete el rectifi^ autanl qu'ils Tout ])u sou travail, en proiitant des nouvcaux male- riaiix parvenus a leiu' connaissance. Mais combien lis sont rarcs et peu solides pour rinterieur de I'Africiue au siid de I'equateur. Des liommes que leur zele pour Ics progres de la science animequelqnclois au point de leur faire accueillir avcc trop de facilile ce (ju'ils lisent ou entcndent raconter qui s'ac- commode i leurs idees, ont parle de voyages importans ef- fectues par les Portugais dans I'interieur du Congo et nieme h travers le continent af'ricain, entro Saint-Paid de Loanda etMosambi<|ue. Mais quand on examine dc pres ces rapports, on reconuait sans peine qu'ils ne sont nullemenl fondcs. Ainsi nous n'avons pas i nous en occuper ; mais nous invitons les ( i'J9 ) personnes qui deslreraient obtenir cles notions sur ce point, a consulter le tome xv de VHistoire dcs Voyages de notre savant collei,'ue M. Walckenaer. Maiutenant pailons des faits connus. Les cartes de M. Ber- ghaus et de M. Briie montrcnt qu'a I'est dii vingtieine me- ridien, il n'y a rien de positif. Tons les noms sont accom- pagnes dii si;^ne du doiite ; presqne pins de jjositions indi- quees; les antenrs sont obliges de citer les anciens voyagour.s dont les recils sont presque lonjours tres vagues. Le cours des rivieres, menie les pins importantos, n'a pn etre trace avec precision. Les reliefs du terrein sont inarqnes avec tout le soin jiossible, mais on pent demander snr quelle base les au- teurs ont opere. Ainsi la partie de I'Afrique sur laquelle por- tent nos considerations, a presento jiisqu'a ce jour un vide immense. Aujourd'hui M. Doiivillc nous doiine la possibiiite d'en remplir une portion considerable. Les contrees soumises anx Portugais etaient celles siu' les- quellcs on p.ossedait le plus de notions qui pouvaient etre re- gardees comme satisfaisantes ; ccpendaiit, a I'exception du lit- toral, combien il y avait d'incertiludes. 11 stifiit pour s'eii convaincre de jeter Icsyeux sur une carle dresscepar M. Pin- heiro, ingenieur jjorlugais; elle est annexee a un ouvrage que M. Feo Cardoso publia, dans la langue de son pays, a Paris, en 1825, sur les royaumes d'Angola et de Be'nguela. BoAvdich en a insere une copie dans un mi'moire, en anglais, sin- les decouvertes des Portugais, qui parut apres sa mort, et qui a ete insere dans les Nouvellcs A/males des Voyages , en 182/1. Il serait fastidieux et peu interessant d'entrer dans une dis- cussion approfondie sur les imperfections de cette carte; cells de M. Douville les fait ressortir, notamment pour la maniere dont le cours des rivieres y est trace, et dont les montagnes y sont representees. Combien les cartes de M. Berghaus et de M. Bruc lui sont superieures. M. Douville a observe autant qu'il I'a pu la direction ct I'enchainement des montagnes; il nous les fait connaitre pat ( i6o ) es noms que leur doniKiit los iiidiijenes; elles commencenl a s'elever a pen ile distance du littoral. An siid dii Couenza les Hionts Inhandagna, Egytci, Coulo, Cutato, Cino, Cabera- beia et d'aiitres pins on moins Hants, offrent des ramifica- tions qni viennent du snd-est, et entre lesqnclles coulent le Catiimbela et plusieurs anlres rivieres, portant directement lours eaux k locean Atlantique. Ces montasnes se raltachent vraisemblablenient a un nceud auquel M. Douville n'est pas arrive, inais on pent se (aire une idee de relevation du pays depuis la cote, en considerant que, pres de.Bilic, vilies'tnee par II" 3' de latitude et a environ cent vingt-cinq lieues (le la iner, la plaine est a lo/lo toises an-des'us du niveau de rOce;in. Tontefois, la contree intermediaire n'est que niontueuse, elle n'of'fre ni sommets baches, ni pentes ties escarpees. An contraire, celle que limitent le Couenza au sud et le Loge an riord , est montagneuse; son aspect est apre et raboteux, les valleesy sont ctroites, tortueiises et piolongees. Pres dela rive scptentrionale ou droite du Couenza, s'eleve le mont Muria, dont la cinie est a 'i,'ioo toises au-dessus de la nicr, dont il n'est eloigiie que de qiiatre-vingt-quinze lieues. Plus a I'estse trouvenl les siuguliers rocbersnommesPedrasdePongo .Andongo. On les connaissait, mais inexactement par lesrecits des missionnaires qui les appellent PierresN;)ires. On les voit ligurer, assez mal , sous le nom de Rocher de Mapongo ou fortoresse des pierres, dans le tome iv dc la Relation dc I'E- tliiopic occidentale, pai' le |jere Labat. Entre le Couenza et le Zaire ouCouango, le pays, en allant vers Test, conserve une grande elevation. Les monts Quia- innssumica, Zala, Go, Loge, Peniba, sont les unscotoyes, les autres coupes par des affluens du Loge, et vont se joindre a un nneiid qui est au noril du septieme parallele et a Test du di.x-hnitiemc mcridien. Une riviere sortant de ce nceud, coule vers le Couango. Les monts Magnuneii sont plus a rcst,et se prolongent ( 1(^1 ) ilaiis cette direction en separant les aflQucns dii Couenza de reux dii Couango. Au nord de ce grand fleuve, vers le cinquieme parallele et le vingt-deuxieme meridien s'elevcnt le Qiiiangiaguile, etplns au nord-est lesMoulundu Ja Caiba Risnmba(montagnes piian- tes). Des rameaux partant de ce noend filcnt de divers cotes : les plus hautes vont au siid-est; d'antres an nord , et se pro- longent aunord-ouest : ce sont les Obuniuciitu et les Ouambe- le plus haut sommet de ceux-ci estle Caiuvi qui a ijg^y toises. Les rivieres quiconlent entre ces hauteurs sorlent toutes des Montagues Puantes et finissent par se joindre au Couanijo. Plus au nord on rencontre les Yanvo, branche des Agattu : ceux-ci sont tres etendus, les monis Riegi s'en detachent. L'un de leurs pics, le Zambi, a 2,/|57 toises; son nom qui signifie mont des E^prits, rappelle lesidees superstitienses des negres, qui tiennent uniqucment a son excessive elevation , car il n'est pas volcanique comme un autre Zambi dont nous parlerons plus has. Le pays voisin est egalement tres haut, puisque les plaines sont a 900 toises au-dessus de la mer. Ici noussommes sousl'equateur. A un degre an nord, on trouve les nionts Ranguz; et, sous le deuxieme degre, des plateaux eleves de tS5o toises. Depiiis les monts Agattu, les rivieres coulent vers Test. Le desert Tandi est sur la ligne du partage des eaux. Au- dela vers le nord-ouest sont les Zamba, dont un des versans appartient encore au bassin de la mer des Indes, puis les Ho- giz, qui se prolongent tr6s loin vers le sud-ouest. Toutes les rivieres que M. Douville a vues ensuite vont se reunir au Couango; des chainons de montagnes les sepnrent. Au con- fluent du Couango et du Bancora la plaine a 3^8 toises de hauteur. A la gauche du Couango , s'etendent les Moulundu Itala, ou les montagnes noires, dont un sommet a i,63i toises, puis les Ho, les Lucango, etles Calandola. On voit par cette enumeration qui offre taut de noms nou- veaux que M. Douville a observe avec nn soin partioulier la ' i6a -) direction dii Goaf's dcs rivieres. Ix-s fails nombrcux qu'il met en evidence foiirniront les nioyens de corrii^cr ce qui con- cerne celles dont remboiichnre est dans I'ocean Atlaiiiique. Ouant a celles (jui coiileiil a Test , elles etaient inconmics. Citons nn fait tres vaguement connu , et doiit IM. Douville a si bieii constate la realite, qu'on pent Ic regarder comme line di-couverte qu'il a faite. Edouard Lopez, voyagenr por- tngais, qui sejourna an Congo de 1578 a i587, a parle tlans son livre de montagnes brulees, qni se trouvent dans ce pays, niais il ne les a pas decrites. Elles sent marquees sur sa carte, etsur la plupart de celles qui ontete publiees depuis; il en est meme question, niais confusement dans les onvrages qui traitent de ces contrees. Maintenant on saura ou placer ces niontagnes. M. Douville a vu au sud , et a peu de distance de la rive gauche duCouenza, une montagne volcaniqiie, eloignce de quatre-vingt-cinq lienes de la mer. Elle est nom- mee par les indigenes MouIiukIu Zambi (mont des Esprits), parce que seion la croyance de ces negres, I'onverturepar la- qnelle elle vomit dcs flammes est I'enlree du chemin que siii- vcnt les ames des defunts, (>our penelrcr dans I'autre nionde. La terreur que ces idces leur inspirait, et aussirincommodile que leur causait la fraicheur de I'air, a mesure quele terrein s'elevait, les empecherent d'accompagner M. Douville dans son ascension, el ce voyageur Cut oblige de s'arrcter a une hau- teur de plus 1,000 toises; il eslime qu'il etait encorea plus de 700 toises du sommet. Ce Mouluridu Zambi ofrrc les caracie- res communs a toutcs les montagnes volcaniques; il est com- pose de roches brulees, entoure de scories el de laves. Tout annonce que depuis long-tenqxs il n'a pas eu d'eruptions. Les monts Ja Caiba Risumba etaienl totalemenl incon- nus; comme le precedent , ils sont volcaniques : mais I'epoquc a laquelle ils vomissaient des flammes doitse rapporter a celle qui coincide avec les derniers cbangeniens survenus a la sur- face du globe terrestre. Ils composent une masse dont le pied est eleve a 700 toises au-dessus de I'Ocean ; leur sommet est ( i63 ) hache, inegal, leur surface laboteuse; ils sont coupes par des ravins cscarpes, et forment I'entourage d'nn lac doiit la lon- gueur dii nord au siid est de vingt-cintj licues, et la largenr de Test a I'ouest de dix. Du bitume suinle de lenrs parois, il s'exhale de lenrs flancs des vapeurs nauseabondes qui genent la respiration, et leur ont valu Ic nom f|ui ics designe. Leseaux du lac fortement impregnecs de substances bilumincuses ne sont habitees par aucun animal; c'est de ce lac , appeie Kouf- foua , que sortcnt les rivieres dont nous avons p.irle prece- demment,comme ayant leur source dans les Montagues Pnan- tes; deux couient a I'ouest; puis se subdivisent en plusieurs autres, une seulc se dirigc a Test. II est probable que jadis cesMontagnesPuantes avaient des sommets plus eleves et garnis de plusieurs crateres; ceux-ci se sont ecroules, et a leur place on voit aujourd'hui le Kouf- foua, qui n'est alimente par aucun ruifseau ; inais des expe- riences de M. Douville permettent de conjecturer q;ie desca- naux souterrains y apportent de I'cau. Ausudet apeu de distance de cette siuguliere nappe d'eau, passe le Couango. M. Douville, place sur le haut des monts qui entourent le lac, a vu ce fleuve, qui venait du sud-cst et coulait vers I'ouest. II marque sous le vingt-cinquieme uieri- dien etle sixieme parallele le point oii il I'apercut ; et un peu a I ouest du dix-septieme nieridien et par le qiiatrieuie paral- lele, celui oil il a cesse d'avoir des notions precises sur son cours. II I'a traverse dans deux endroits, et I'a fait suivre dans I'espace intermediairepar un mulalre intelligent, ce qui lui a fourni les nioyens de completer et de corriger ce que Ton sa- vait sin- ce sujet. II a constate, par les renseignemens qu'il a recueillis et parsa propre experience, que lesnoms de Couango el de Zaire designent le mi'-me fleuve, et que dans quelques lieux I'une de ces denominations est usitee sur une rive, et I'autre sur la rive opposee. Les cartes placent a Test du vingtieme meridien I'immense plateau des Dernbos,car il s'etend entre les cinquieme et (■i64 } dixieme paralleles. II est borde a I'ouest par le Couango. La carte deM. Doll ville fait voirqu'ilya dans toiUcolaune etianj,'e confusion de nonis et de fails. La prf)vince des Dembos est ef- fectivement haute, mais situee beaucoup plus a I'ouest, et assez rapprochee du Couenza. Si, des notions nouvelles fournies par M. Douville sur la geographic physique, nous j)assons a celles qui concerncnt I'ethnographie, on se convaincra qu'elles ne sont ni moins intcressantes ni moins nombreuses. Plusieurs etats des potentats de I'Afrique equinoxiale etaient indiques assez vaguement. Maintenant on pourra les placer d'unc nianiere plus correcle sur les cartes. M. Douville mar- que I'espace qu'ils occupeut, les vilies capitales et memc les lieux de ces territoires ou ii a passe. Parmi les peuples vivant au sud du Couenza. los Bihens tiennentun des premiers rangs. La ville principale a un de ces grands marches d'esclaves que frequentaientles courtiers des negociaus portugais. Les Bihens sont la nation la plus roculee vers le sud que M. Douville ait visitee; a lest habitent les IMoganguelas. Dans les anciennes relations , il est question du roi Ginga et de Matamba, sa capitale; mais le roi Quirua n'etait pas connu. Le pays de ce monarque est borne a Test par les Regas, egalement limilrophes des Cassanges. Ceux-ci, dont la ville principale, Cassanci , est a 610 toises au-dessus du niveau de I'Occan , sont limites au nord par le Couango. Leur capitale est, couime leBihe, le rendez-vous des marchands; lecliofde ce peuple s'est arroge le monopole des captifs qui viennent des contreesaunord du Couango. De ce cote du fleuve, les Hume sont des liommes farouches, sanguinaires et redoutables; les Muchiiigis, Icurs voisins a I'ouest, sont moins puissans. Mu- cangama , au nord dc ceux-ci, craint le moiiala Yanvo, chef des Molouas, (|ni liii-meme appreliende ses altaques, et dont les possessions conliiicur au uoid avec celles de Bomba. Le nom du inouata Yanvo avail deja paru dans des relations as- sez rccentes; M. Douville confirmc ce qu'elles racontent d'unc ( ^&5 ) singulierc coutunie de cet etat : I'epouse du souverain vit k line qiiarantaine delieues de lui ; ces epoux ne se rapprochent qu'a des cpoques determinees. Notre voyageur a vu a Yanvo, des Cazembe qui avaient apportc au nioiiata le tribiit en sel dont ces relations font egalement mention. La jalousie des habitans ne lui permit pas de questionner cesetrangers autant qu'il i'aurait desire. Le nom de Boraba rappelle celui de Gin- girBomba, place sur la carte de Delisle a-peu-pres a la meme place. Ce monarque a des vassaux; M. Douville fat acciieilli chez eux, mais I'affaiblissement extreme de sa sante, cause par la continuite des fatigues, I'empecha d'aller chez leur suzerain , dont la capitale , dit-on , est dans un pays tres eleve. M. Douville fut force de s'arreter au troisieme degre au nord de la ligne. La, il etait a pres de 900 loises au-dessus du ni- veau de la mer. En retournant vers la cote, il traversa les etats de Sala. Les habitans de ce pays ignoraient meme I'existence d'hommes blancs. Missel, sa capitale, est probablement le Mussol de la carte de Berghaus. En allant au sud, on Irouvesuccessivement les etats de Ho , d'Ungeno et de Cancobella , que limite au sud le cours du Couango. Au-dela de ce fleuve, M. Douville passa par les contrees soumises a Holoho, a Bamba et a di- vers petits chefs , et habitees par les Mossosos, les Muchicon- gos et les Mahungos. Puis il s'embarqua au port d'Ainbriz. Ungeno est sans doute le Fungeno, dont Delisle et d'Anville font mention comme d'un tributaire du Micoco. Ce dernier nom ne se retrouve pas chez Mk Douville, non plus que plu- sieurs autres; il n'a pu les marquer sur sa carte, puisqu'il n'en a pas entendu parlcr; il a reconnu que, sans doute, quel- ques-uns doivent leur origine a une meprise. Par example, le mot jaga n'est pas un nom de peuple, c'est un litre equiva- lant a celui de general d'armee. Cependant des monarqnes negres, meme considerables, s'en contentent. Plusieurs despeuples iudependans , chez lesquels I\L Dou- ville a passe, sent anthropophages; mais ils ne mangent pas 12 ■( i-«6* ) habiuiellement leiirs semblables et nont pas des boiicheries tie chair humaine, comme on le lit dans qiielques relations an- ciennes. Ces rcpas affrciix ne se font que dans des occasions ^olennellcs; ct presquc toujours la viclime, |,rise chez «n pciiple etrangcr, est iinmolee a I'iiiiproviste et sans se doiiter ^u triste sort qui I'attend. Les fails que nous venons d'avoir I'honneur de voiisexposer, suifiront pour voiis niettre a meftie d'apprt cier I'importance du voya;,'e de JVI. Donville. U a certainen)ent cfftctue pour I'avancemen'i. de la grograpliie plus que Ion ne pouvait espe- rer d'un houinie aide de ses seules ressources. Soulenu par une perseverance inl'atigable et par un courage que n'ont pu affaiblir ni des maladies cruelles, nr la vne de dangers imnrii- oens et sans cesse rcnouveles, il s'est avance au milieu de peuples barbares, dans des pays iiiconuus et soumis a Taction d'un climat toujours funcsie aux blancs qui ont la hardiesse de le braver. Le voyage de M. Douville a dure trois ans. Com- inence en 1828, il a ete termine en i83o. M. Douville etait muni d'instrumens; il a done pu, a I'aide d'observations aslronomiques, determiner la position des lieux (ju'il a marques sur sa carte; il a trace ses routes, me- sure la hauteur des montagnes, indiquele corns des fleuvesavec precision. Par consequent, les resultats qu'il presepie miiritent la coufiance des hommes instruits. Si par la suite des obser- vations faites dans les memes j)ays revelaient des erreurs roeme considerables dans ses travati.s, on ne les impulerait qu'aux diflicultes de tons genres an milieu desquelles il ope- rail. II n'en auraitpas moinsle merite d'avoir portcle premier U luniierc! -du- de vastes contrees que d'epaisses tenebres voi- laient a nos regards. M. Douville a decrit la nature des terrein= ; il a rapporte des cchantiilons de niincranx, des vegetaux, des d('|ionilles d'aniiT.aux. 11 n'a pas neglige non plus de recueillir divers pro- »4nits de Tindusfrie des peuples qu'il a visites. Il adeninnlreparsan experience, que les contrees dcI'Afri- ( »67 ) que equinoxiale regaidees comme inaccessibles, ne I'etaient pas h riiomme done de zeie , de coiirai^e et de cette resolu- tion inrbranlable, dcvnnt laqiieile Ics olistacles et les danijers s'evanonisseiit. Il a ouvcrt la voie, que d'aiitres la siiivent. Decides par toiitcs les considerations quenousvenonsde vous soiimettr'e, voscoinmissaires onl ete un;inimes dans lenr reso- lution ; en consetinence ils vous proposent de decerner a M. Douviilc, la medaille pour la dccouverte la plus impor- fanle , faite en i83o.' Mais, en meme temps, ils ont pense qu'il devait etre fait line mention honor.ibie des trav;iux des autres voyageurs cites an commencement de ce rapport. On sait que Mnngo-Park avail decoiivert en juillet 1796, dans le Soudan ou la Nigritie, une graude riviere qui coulait vers I'est. II pensa que c'etait le Niger des anciens, et lui'en donna le nom; les indigenes I'appelaient Dialiba. En i8o5, ce hardi voyageur revint en Afrique pour explorer le cours de ce fleuve , s'y embarquer , et le descendre jusqu'a son embouchure. II le suivit jusqu'a Boussa oii il perit. Des expeditions furent essayees depuis, pour parvenir du memec6tedansrinterieurderAfrique,elles ecliouerent;cepen- danteni8a2 le major Gordon Liung,etanf parti de Sierra Leone, rcmonta la Rokeile, fleuve qui baigne cette colonic. Parvenu pres de sa source vers les Sg" 45'de lat. riord, on lui montra au sud- est le mont Loma, en lui disant que le Dialiba sortait du pied de cette montagne. M. Mollienavait indiqiie cettesourcea-peu- pres au meme point. M. Caille descendit une partie du cours dece fleuve, mais son embouchure restait~chcore un mystere. En 18-26 , le capitaine Clapperton constataque Mungo Park, avail termine ses jours a Boussa; et que le fleuve qui passe le long de cette ville y porte le nom de Kouarra; il ne recut d'ailleurs que des indications vagues sur le cours ulterieur de ce fleuve, cependant on pouvait dejadiscerner que c'etait dans le golfe de Benin, qu'il arrivi\ir finalement par une ou plu- sieurs embouchtires. 12. : .68 ' Richard Lander, attache au service do Clappcrton , avail, montre tant d'intelligence ct de sagaclte, par la inaniere dont il etait heureusement revenu en Aiiyleterre, apres le deces du capitaine, que lorsqu'il fut question de tenter de nouveau I'exploration de cours du Niger ou Kouarra, le gouverne- ment Britannique n'hesita pas k le charger de cette mission. Richard prit avcc lui son (rere John , et tons deux parti- rent do Portsmouth, le 9 Janvier i83o. U arriverent au cap Corse, en fevricr, et furcnt transportes ensuite a Badagry, d'ouilscommencerent leur voyage dans I'interieur, le 3i mars, lis traverserent le pays d'Yarriba en suivant une route qui s'ecartait un peu de celle de Clapperton, et passant par des forets de grands arbres, desmarais et un desert qui est coupe par des espaces cultives. Le 17 juin les deux freres atleignirent Boussa. lis rcconnu- rent que le Kouarra y estconsiderablemcnt retreci. Le roi du pays leur montra un des livres de Mungo Park: c'etait lui traite de navigation contenant des tables de logarithmes. Il ne pent entrer dans notre sujet de suivrc la course des freres Lander , dans I'interieur. Nous nous bornerons a remarquci^ qu'ils se sont avances au nord jusqua Yaouri, qui est un peu au-del;\ du onzieme degre de lat. lis allerent sur les bordsdu Coubbic affluent de gauche duKouarra, s'y embarquerent, ct regagnerent ainsi Boussa; le 20 septembre, ils quitterent cette vilie pourdesrendrele Kouarra. La vitesse ducourant ctait de deux ou trois millcs a I'heure. Le lit du fleuve est parfois embarrasso de rochers; a. cette cpoque il etait gonfle par les pluies; sa largeur varie. Les voyageurs traverserent le pays de Nouffy. Depuis Boussa, le Kouarra recoit piusieurs afflucns a droilc et a gauche; les plus considerables sont de ce dernier cote, ce sont le Gouba, le Koudounia ct IcTchadda ou Chary. Ces deux dernicrs viennent le grossir lorsqu'il a change la direction de son cours, qui precedcmment etait i-peu-pres du nord ausud; parvenu :ui ncuvieme parallcle, ct sous le quatrieme meridicn ( '69) a Test tie Paris, il toiirne a Test, puis flechit au sud-est, et ausud; eufm il s'ent,'age dans des montagiies un pea an sud dii huitieme parallele ; c'est la qu'il recoit le Tchadda, vingt minutes a Test du sixicme meridien. En sortant des monlagnes -versleseptieme parallele il commence a se partager en tournant vers le sud-ouest; le bras, par lequel les freres Lander sonl arrives a la mer , suit cette direction. Ce fut le i5 novem- bre qu'ils terminerent leur longue navigation. Dans la partie inferieure du cours du fleuve , les rives etaient tellement sub- mergees, qu'on aurait cru que les arbres poussaient dansl'eau. La bouche du Kouarra par laquelle M. Lander parvient a la mer, est celle que Ton connait sous le nom de Rio Noun; clle forme a son extremite une lie dont le cap Formose est la pointe la plus avancee. MM. Lander ont resolu un probleme tres interessanl dont la solution occupait depuis long-temps les geographes, et ils ont par la rendu un service eminent a la science. lis ont fait connaitre les deux rives du Dialiba ou Kouarra depuis Bou5sa jusqu'a la mer. II est maintenant avere que ce fleuve a s.-» source au mont Loma , passe ensuite a Kabra , port deToni- boucton , puis changeant de direction , tourne vers le sud , bai- gne Boussa, et va porter ses eaux dans le golfe de Benin en formantun delta dont on peut esperer que plus tard les divers bras seront connus. Les travauxducapitaine King embrassent I'extremito uieri- dionale du continent ameiicain. Voici comme en i8a6, cpo que a laquelle ce navigateur connncnca son expedition, les cartes representaient cette partie du globe. Au sud du quarantieme degre de latitude australe, la cote d'Amerique qui jusque-la n'offre qii'une ligne non interrom- pue par des ouvertures,et ou pas un port ferme qui prescntc au marin un abri sur cu tout temps, change tout-a-coup de caractere. Elle est decoupee par des golfes longs, profonds et tortiicux, de sorte que I'eau de I'Ocean serpente en quelqnc sorlc a iravers des cotes rocailleiiscs one Ton peiU regnrdcr ( »70 ) comme formant la base de la cordillere des Andes. Les canaux entre lesquels la mer se partage isoleiit du continent , et les unes des aiitres, de grandes portions de ten e. On connaissait,en allant du nord au sudjl'archipeldeCho- nos et la grande ilc de Chiloe, la presqn'ile Tres-Montes, le golfe de Penas, les iles Guaianeco, I'lle Canipana, le goife de la Trinidad, rarciiipel 3Iadre de Dios, I'ile Roca Parlida, les lies de rOuest, sur I'unc desc]uelles se troiive le cap dc laVictoire qui niarqne Tissue occidentale du grand detroit,etdont le nom rappelic celiu c!u vaisseau que niontait I'ii'.ti-epide Magellan. Quant a la Terre du Feu, les cartes, jusqu'a IVpoque cilce plus haut, la represcntent coupoe par divers canau.\. Celui de Sainte-Barbe, lephis a Touest, s'ouvre vis-a-vis le port Gal- lant sitae sur la cote nord du detroit, le second, celui de Sainte-Madeleine , est plus a Test vis-a-vis le cap Frov5'ar^_ pointe la plus meridionale du continent americain ; un troi- sieme canal, celui de Saint-Seba^tien , est place encore plus a Test a-pcu-pres sous le parallele du cinquantc-quatrieme degre, et a une embouchure, sur la cote orientale de la Terre du Feu, inais son cours estindiqiie confusement ; il en est de meme des autres. Les cotes de Test du sud el de I'oiicst ont des bales, des ports, des canaux, des groupes d'lles marques avec plus ou raoins de precision. Le detroit de Magellan n'offre des. canaux, sur la cote de Patagonie, qu'entre le cap Froward , et lecap de la Victoire, c'est-a-dire dans sa partie occidentale; mais on ne voit pas ou ces bras de mer se terminent. Dejii le grand navigateur qui decouvrit le detroit auquel son nom a ele si justement attache, Magellan avail juge par la direction et le bruit des courans, que la Terre du Feu devait etre un anias d'iles. Parnii ceux qui apres lui visiterent et decrivirent ces parages, M. King nonune dans I'iipercu de son voyage, Sarmicnto de Gamboa. Get Espagnol explora dans le xvi" siecle, la c6te occidentale de I'Amerique, depuis I'archipel de Chiloe jusqu'au detroit de Magellan , avec une - ( ^7* ) exactitude et utie fidelite remarquables; cepcndaiit on ajou- tait pen de foi a ses recks. Le detroit fat examine specialement par Narbor'ough en 1669; sa carte fiit amelioree par Byron , Wallis, Carleret et Bougainville; Cordova perfectiouna letirs trnvaux ; mais sa carte est si pen connue hors de I'Espagne , que M. King eut bcaucoup de peine a s'en procurer un exemplaire avant son depart. La cole sud de ia terre dn Feu avait ete reconnue par le Hollandais I'Hermite, par Cook, et en dernier lieu par le capitaine Weddel. ' La cote orientale de la Patagonie, et la partie nord-est de la tei re du Feu ont etc decrites par Blalcspina qui en dressa de bonnes cartes. Exposons niaintenant le resultatdes travaux de M. King, et coinmencons par la cote occidentale de TAmerique. Apres avoir examine la partie sud de la peninsule Tres-Montes, il a reconnu que le canal Fallo separait I'lie Campana d'une autre plus grande qu'il a nommee Wellington. Entre celle-ci et le continent se prolonge le canal Mesier; ce bras de nier etait connu , mais n'avait pas ele dccrit avec soin. II est, dans le nord, borde de cotcaux bien boises, caractet^e qui le distin- gue de tons les autres; ensuite il est encaisse efitre des mon- tagnes perpendiciilaires, qui s'elevent brusquement dn bord de I'eau; tantot il sYlargit, tantot i! se retrecit; il renferme des lies, plusieurs baies s'onvrcnt sur sa cote orientale, quel- ques-unes penetrcnt tres avant dans les terres, et se termi- nent a de grands glaciers. L'archipel Madre de Dios, sur lequel M. King lui-meme laissc des incertitudes, a an sud est le canal Saint-Andrei*, qui, d'nnc6tc,baigne le pied de la chaine neigense des Andes, et de I'autre, I'lle Chatam. Au sud-ouest de celle-ci est I'iie Hanover, que le detroit de lord Nelson scpare de l'archipel tie la reine Adelaide. L'lle Hanover correspond a Roca Par- tida, et l'archipel dc la reine Adelaide aux lies de I'ouest ; il ( »72 ) est horde an sud-ouest par une chaine d'ilots ; a I'un de ceiix- ci apparfient le cap dela Victoire. Le canal Smith, qui aboutit dans le detroit de Magellan, separe desiles de I'archipel dela reine Adelaide Tune de I'aiitrc et de la terra du Roi Giiillaume IV. Celle-ci est une presqu'ile qui ne tient au continent que par Tisthme Pinto, qui est etroit et resserre a Toucst par une baie tres longiie , tortueuse et ramifiee en plusieiirs bras, et a Test par le lac Skyring, pro- longement du lac Otway qui prend naissance dans le detroit. Ce dernier lac , qui dans le milieu a une grande largeur, retre- cit singulierement la cote occidentale d'une langue de terre, unissant au continent la peninsule de Brunswick. Celle-ci est terminee au sud par le cap Froward, et sur sa cote orientale se trouvent le port Famine, et I'lle Elisabeth connus par les auciennes relations. M. King a reconnu que sur la cote nord-est de la Terre du Feu, d n'y avait pas, comme on I'avait suppose, d'ouverture de canal traversant I'interieur. II a decouvert a la cote sud- est, le canal du Beagle qui se dirige de lest a I'oaest , et de ce dernier cote se partage en plusieurs bras. Vers le milieu de son eteudue, il en envoie au sud un qui se dirige vers la baie Nassau. Toutes ces issues sont bordeea d'lles nombreuses. Les canaux Sainte-Barbe et Sainte-Madeleine , sont main- tenant connus dans toule leur longueur ; celui-ci apres avoir couru au sud, tourne a Test sous le noni de canal Cock- burn; le premier va droit au sud, et aboutit au meme point au milieu d'lles nombreuses. Ainsi la partie septentrionale de la Terre du Feu est partagee en trois grandes iles : le South Desolation a Touestjl'ile Clarence au centre, la terre sud du roi Charles a Test. Entre ces deux d'jrnieres , le canal Sainte- Madeleine envoie au sud-est le canal Gabriel , qui se pro- longe par la baie de I'Amiraute, au nord de laquelle est la baie Useless , I'ile Dawson se trouve entre ces bras de mer. Graces aux travaux de M. King, on connait enfin , en tres grande partie, la singuliere configuration de I'extremite mcri- ( ^7^) dionale de rAmerique. Le continent par son retiecissement considerable, puisrjue, d'une mer a Tautre, il n'a qii'u.ne lar- geur equivalente a 5° de latitude, presente un contraste frap- pant avec son extremite septentrionale, pnisque celle-ci se developpe sur une etendue egale a 35° de latitude; niais d'un autre cote il est tres remarqiKible que la cote occidentale, au sudcomme an nord, soita-peu-pres sous les memes paralieles -coupee par des baies profondes, longues et tortueuses, qui rappellentla structure des cotes de la Norvoge, sous une lati- tude plus septentrionale. L'exploration de la partie sud de I'Amerique, par M. King, peut etre comparee a celle de la cote nord-ouest de ce continent qui (it tant d'honneur a Van- couver. L'attention de M, King s'est fixee egalement sur la nature de la region qu'il a visitee. Dans I'ouest, les roches sont pri- mitives, le pays est raboteux et niontagneux. Les hauteurs sont irregulieremententassees, les baies embarrasseesct sinueu- ses, les cotes profondement echancrees , les canaux remplis de rochers et d'iles qui rendent la navigation perilleuse. Vers le milieu du detroit de Magellan, les roches sont de schiste argileux; I'elevation moyenne des montagnes, fonnant des rangees paralieles entre lesquelles coulent des rivieres assez considerables, est de 3,ooo a 6,ooo pieds au-dessusdu niveau de I'Ocean ; les canaux sont pen obstrues d'llots et d'ecueils. Dans Test, le pays est has, c'est un prolongement des Pampas de Buenos-Ayres. Le sol est un melange d'argile et de schiste decompose ; les iles apparaissent de nouveau. La vegetation de ces trois especes de terrein n'est pasmoins distincte que leur aspect. A I'ouest elle est ligneuse, mais on ny voit que des arbrisseaux dont la grosseur est an plus de dix ponces de diametre. Au centre elle est plus vigoiueuse, les arbres y ont souvent jusqu'a trois pieds de diametre. Enfin dans Test il n'y a plus d'arbres ; on n'aperroit que des arbris- seaux epars; la terre est couverte d'une herbe grossiere et dure, que broutent avec plaisir de nombrcux troupeaux de ( ';4 - •uanacos ou lamas. Dans la region de l'oucst,ilssont remplaces par descerfs; maisils ontpasso dans laTerredu Fen, oa Ton en a lUL' a moins do ciiiciiiante niillosdo dislance dii cap de Horn. La liijne des nei^cs perpetiielles parait etre vers 3,'Joo k 4,o()i) |)i('ds do liaiiUMir alisoltie. I'rcqiicinincnt le tluTiiiome- tre descend aii-dessoiis 'in point de coogelatioii , meine snc le Lord de la mer;et ccpendaiit le Iroid n'est pas insupportable. On voit beaiicoup de ])eiro(piets et d'oiseanx niouches, nieine quand la nelije toaibe ; les Inclisia, les veeoniqiies frutesceiilcs et d'autres arbrisseaux que, dans rEuiopetempi-rt'e, on eleve avec precaution comme des planles deiicatcs , croissent spon- tanemciit, et avec vigiieur dans la rey;ion cenlrale du delroit de Magellan. M. King attribue ces f'aits remarqiiables , a la haute temperature de la mer qui eu hiver, suivant ses obser- vations, est de plusieurs degn'-s au-dessus de celle de I'air et aux nuages de vapeurs qui se degagent de sa surface. L'exploration du capitaine King a dure quatre aus , elle s'est termiuee en iSZj; pendant tout ce temps, il aeu a cora- battre les difiicidtes que lui opposaient les brumes, les coups de vent, les phiies presque continuelles , les rafales de neigc, les lies de glace, les lames d'une grosseur et d'une violence prodigieusesqui menacent debriser les navirescontre des cotes ^ escarpees, raboteuses et a-peu-prcs inliabilees. Dans I'interieur du continent, on aper9ut dans quelques endroits des traces recentes du sejour des indigenes; ou ils etaient absens ou ils se lenaient caches. M. King ne pense pas qu'ils freqiientent beaucoup les bales interieures. On rencon- tra sur les bords du canal Fitzroy qui riunit le lac Olway au Skyring, une famille vetuc, comme les Patagons, de peaux de guanacos. Du reste ces gens ressembiaient par leur figure et leurs moeurs aux tribus du detroit et de la Terrc du Feu, ils avaient des pirogues dont les Patagons ne font pas usage. Ils s'etaient avances aussj loin des coles, sans doute afin de communiquer avec ceux-ci, car ils ont frequemment des rela- tions amicales avec eux. En vous presentant leresultat de leur travail , vos commis- saires ont I'honneur de vous propbser I'adoption de la resolu- tion suivante: Le prix destine a la decoiiverte la plus importante, faite. dans I'ainiee i83o, est decernc a M. Douville j^our son voyage au Congo, et dans I'interiejir de rACiicpie e(]ninoxiaIe. Le voyage r!e MM. Richard elJohn Lander, pour la decou- verte de I'embouchure dn Niger, Et celui de M. le capitaine King, anx cotes de rAmerique meridionale et a la Terre du Feu,sont mentionnes honora- bleinent. Commissaires : MM. Brue, Coraboeuf, Davesac, Warden ; japporlcur, M. Eyries. Paris, g mars i832. Rapport a la societe de geos^rapltie, sur le concoitrs relatif h Corigine des negres asiatiques. Commissaires : MM. Douville, Eyries, Roger, Warden. Rupijorteiir , M. D'Urville. Dans, son assemblee generale du 26 mars i83o, la Societe de geographic annonca par I'organe de son pre- sident cju'un prix, consistant en une nied.iiile dor de mille francs , serait reserve pour un menjoire de recher- ches et de rapprocbemens touchant I'origine des negres asiatiques, et que ce prix serait decerne dans la pre- miere assenib t'e generale de Ian i832. Un seul Memoire est parvenu a la commission cen- traie, portant cette devise : « Languages do not lie, Les langages ne mentont point ». En consecjuence, il n'y a . . ^76 ) point eu lieu a compaiaison , et le role de vos conimis- saires a du se borner a examiner a\ec soin le Memoire en question , afin de decider jusqu'a quel point il avail pu salisfaire aux exigences du programme. Avant de vous exposer le resultat de cetexamen ,il est convenable de reproduire ici textuellement le programme du prix, tel qu'il a eie proclanie par la Societe. « Selon les historiens chinois , des races negres ont hahite les montagnes de Kuen-lun, au nord du Thibet. 11 existe des debris de ces memes races dans les mon- tagnes qui separent I'Annam deKambodje. La nation des Sameng, dans les montagnes de la presqu'ile de Ma- lacca , est aussi le reste d'une peuplade negre; elle parle una langue particuliere , qui est melee de malai. Cette derniere la ngue se retrou ve parnii les negres de I'Oceanie, et en general, on reconnait qu'il a existe des rapports entre ces peuplades et la race nialaie, race qui setend, comme on sait, depuis lile Formose jusqu'a Madagas- car, comme de la Nouvelle-Hollande aux iles Sandwich. « On demande un Memoire de recherches et de rap- procliemens sur la question relative a I'origine de ces peuplades negres. « On souhaite que I'auteur fasse connaitre et compare ensemble les differentes races negres qui ont liabite ou habitent en diverses conlrees de TAsie orientale, ct qu'il expose les relations qui ont pu avoir lieu entre elles et la race malaie. 11 est a desirer que I'auteur appuie ses recherches sur les ecrivains chinois. » L'unique Memoire presente au concours se compose de cent quatre-vingts pages d'ecriture, et nous devons declarer que le but de I'auteur embrasse un plan beau- coup plus vaste que lesujet du programme de la Societe. En effet , il s'est propose de prouver (pic des nations '( ^77 ) noires avaient cte indigenescle loutes les parties du luonde, et quelles avaient des rapports intimes et reciproques dans leurs lungues et lews dialectes. Le premier quart de ce grand travail est presque uni- quement consacre aux negres priniitit's de lAinerique. En s'appuyant sur les passages de divers auteurs, et sur des comparaisons philologiques entre les dialectes de certaines peuplades de I'Amerique et ceux de diverses nations de I'Afrique, lauteur cherche a etablir que le continent americain fut jadis partiellement occupe par la race noire. II va plus loin ; interpretant d'une maniere particuliere les expressions des anciens mythes grecs et romains , relatifs aux faunes, satyres, orobes, chaons cercopes, ere. , il pense queces designations devaient se rapporter a des hommes de la race noire, et il en con- clut que I'Europe, au moins dans sa partie meridionale, fut aussi habitee par diverses tribus de negres. Sans doute ces faits seraient dun puissant interet pour I'archeologie , pour I'ethnographie et pour la geo- graphie elle-meme, s'ils etaient prouves dune maniere incontestable; mais I'existence de la race noire en Anie- rique, avant la decouverte de Colomb, a ete plus d'une tois refutee, et pas un de vos commissaires n'a ete per- suade par les argumens de lauteur. II y a tout lieu de croire que tous les passages de voyageurs et d historiens dont il a voulu etayer son systeme ne doivent s'appli- quer qu'a des peuplades dun teint plus fonce, et non pas a de veritabies negres. C'est ainsi que, dans les lieux oil ils sont etablis, les Europeens designent encore babituellement sous le titre de noirs , ou negros , des bonuues qui ne le sont point, comme les Hindous, les Malais et meme les Polynesiens. Quant a la presence des noirs en F^uropea une epoque ':« ) tres reculee, notre auteur convient lui-nieme quelle nest encore appuyee que sur des traditions fabiileuses, et il laisse aux savans de rEurope,et surtoiit de 1 Alle- magne, le soin de chercher dans I'histoire , ou dans I'elude des langues, des preuves plus positives de ce fait important. Ces asseriions elant par elles-nienies conipletement etiangeres au sujet de prix propose par la Societe, on croira peutetre que nous eussions pu nous dispenser den parler j niais par la maniere dont I'auleur a envisage et traite sa nialiere , elles se trouvaietit si intimenient -iees au reste de son tiavail , que nous nous somnies crus obliges d'en faire mention dans notre rapport. En elfet, comme son epigrapbe I'indiquait deja suf- fisammer.t, le Memoire soumis a noire exnmen n'est gu6re qu'une lougue discussion pbilologique par la- quelle, moyennant une foule de rajiprochemens dans les langues, I'auteur veut elablir que les noirs , dlsscnii- nes sur totites les parties du globe , sortent dhine origine commune. Dans un Memoire prpsque entiercment pbilologique, I'auteur dtvait naiurcllement exposer les regies qui de- vaient le guider dans ses nonibreuses comparaisons, comme dans les consequences qu'il se pioposait (\'en tirer. C'est ce quil a fail dans la sixleme section du pre- mier niiMiioire, sous le litre de Priricipes f'ondnmentaitx de la composilion des langues et dialectes. Vos conimis- saires ont parliculierement fixe leur attention sur le pro- cede indicpie pour apprecier au premier coup-d'oeil les divers degres d'identile et d'aninite que Ton peut eta- blir cntre deux langues, dont >in certain nonibre de mots (oniniuns a lune et a I'autre sonl connus; votre rapporteur en a fait I'application sur quelques-unes des K ^79 ) langues de lOccaiile, et le plus sou vent avec un veri- table succes; seulement nous pensons que I'auieur s'est niontre quelquefois trop facile sur la vaieur qu'il rlonne aux cliverses nuances A'identique ^ pareil, ressemblnnt, analogue et dcuie ; surtout nous voiidnons cju on n em- ployat dans cetteepreuve que des mots vraiment radi- caux, et dont la signification fut toujours bien averee. II nous semble en outre qu'on ne peut etre autorise a deduire une consequence salislaisante par cctte nielhode qu'autant que le nombre des mots comparables s'appro- che au moins de trenle ou quarante, et il serait a. desi- rer. que ces mots fussent toujours les memes. II Taut avouer qu il y a des circonstances ou cette me- ibode serait en defaut, particulierement a I'egard des langues bien connues do notre Europe. Ainsi, comma Va tres bien fait ol)server un de nos collegues, soumis au proccde indique, le mot francaisyortr serait regarde conuue tout-a-iait disparate avec le latin dies ^ dont il derive cependant par les formes intermediaires de I ita- hen diur/io et gi'orno. Mais aussi faut-il touts notre eru- dition europeenne, faut-il etre iuslruit des nuances di- verses que preud la prononciation d un mot en passant d'une langue dans une autre, pour tracer avec succes cette etymologic du moi Joftr. Dans les langues sauvages, ou I'analyse, cette espece de fil d'Aiiane, manque entie- renient, il faut avoir recours a un moyen plus empyri- que; celui qu'a propose et employe I'auteur du Memoire nous parait a-la-fois ingenieux, simple et commode. Passant a lobjet du prix propose, I'auteur compare entre elles les langues des uoirs de I'Asie dans lordre suivant : i- II compare la langue des Sameng de Ma- lacca avec celle des noirs de lOceanie, c'est-a-dire des naturels de Waigiou , de la Nouvelle-Guinee, de I'Aus- ( i8o ^ tralie, tie la ISouvelleCaledonie et des lies Viti; 2° la langue de ces memes Sanieng avec celles des autres peu- ples de rOceanie, de couleur slmplement cuivre'e; 3" il compare entre elles les langues de diverses peuplades de noirs de I'Asie , tels que les Kuki, Garroh^ Tupah et Beda; \^ la langue des Kirnta^ des monts Himalaya, aveccelle des Sameng, Kuki^eic] S^eiifin les langues des noirs de I'Asie avec les langues monosyllabiques do ce continent , savoir, le thibetain , le biinian el le chinois. Puis il met en avant les traditions historiques ou ray- thologiques des Hindous et des bramines, pour etablir que des races noires ont dii occuper I'Hindoustan dans les temps les plus recules. Les traditions relatives a I'an- cien etat de 1 ile Lanca, ou Ceylan, le conduisent a la meme consequence, et celles dc Java paraissent lui offrir Tintroduction des noirs dans cette ile, et par suite dans les lies les plus avancees vers lOrient. Cette partie du Memoire nous a vivement interesse; «lle annonce, de la part de son auteur, une grande erudition et une con- naissance fort etendue des traditions des peuples de I'Asie. Les langues des noirs de I'Asie sont comparees au Sanscrit et aux langues qui en sont derivees, puis a celles duTuran, de I'lran et du Caucase. La langue sin,' gala, ou de Ceylan, est aussi comparee au Sanscrit. L'auteur passe en revue les diveises tribus des mon- tagncs qui separent le Tonkin de I'Aunam; et rejetant parmi les demi-noirs ou basanes les Mays, les Chong et les Kek ou Kayan, il n'admet quo les Sanieng de Siam parmi les veritables negres, et les rapporte aux Sameng de Malacca. Arrivant enfiu aux noirs des montagnes de Ruen-lun, au nord Aw Thibet, noirs dont I'existence, aux termes ( »8^ ) du programme, aurait specialement provoque le prix offert par la Societe, I'auteur, sans nier le fait, se con- tente de dire qu'il lui est parfaitement inconnu , et qu'a- pres tout, jusqu'a ce que les historiens en question aient demontre que les peuplades dont ils veulent parler soient ou etaient de veritables negres, il ne peut les conside- rer que comme des demi-noirs , Kiratas^ comme les Kek^ les Chong^ les Kuki., Garroh, etc. Nous ne suivrons pas I'auteur dans la longue discus- sion qu'il entanie ensuite au sujet des Chiaois, discus- sion totalement etrangere a I'objet qui nous occupe. Nous nous contenterons de dire que le but de I'auteur a ete de prouver que la langue des Chinois avait beau- coup plus de rapports qu'on ne le pensait avec toutes les autres, meme avec celles de i'Europe, d'ou il conclut que les Chinois ne sont point un peuple isole, comme I'ont pretendu quelques auteurs. Mais vos commissaires sont obliges de faire I'aveu que , de meme que I'auteur du Menioire soumis a leur examen , ils n'ont aucune connaissance des passages historiques qui placeraienl des noirs dans les montagnes du Kuen-lun. S'ils existent, ils doivent etre peu connus, et par-la meme le fait qu'ils avancent devient douteux, a. moins qu'il ne se rapporte a une epoque deja fort eloignee. L'auteur passe ensuite au Japon , et demontre que les Aino^ ou //m, de ces iles ne sont pas da vantage de veri- tables negres que les Jin-u de la Chine, et il est probable que les Kiieti du Thibet ne seraient encore probablement que des hommes de cette race 5 mais il convient que les Haya ou Igolotch de Lucon, les Arafora de Mindanao, \es Negrita de Zebu, sont de veritables noirs, sembla- bles aux Sameng et Papua. i3 ( '82 ) Parmi divers passages de I'histoire chinpise cites par iiotre auteur, nous avons remarque celiii qui nous ap- prend que, sous la dynastie de Hoang-ti, plus de 2600 ans avant Jesus-Christ, I'art de la navigation lut decouvert, et que plusieurs iles inhabitees furent peuplees. Ainsi la Coree, le Japon, diverses lies de la Polynesie, et meme lAmeiique, pureiit alors recevoir des hahitans de la race des Aino ou Kuen^ qui occupaient alors la Chine. Au moyen des histoires et des traditions arabes, assy- riennes, scythes, phcniciennes, niosaiques, rabiniques et hindous, I'auteur cherche a nous convaincre que les negres sont antidiluviens, et out nieme passe d'Asie en Afrique avant le deluge , en traversant I'Arabie , et fran- chissant, soit 1 isthme de Suez, soit celui d'Azab, au- jourd'hui detroit de Bab-el-Mandeb. II nous est impos- sible de suivre I'auteur dans ces laborieuses recherches , et par consequent de prononcer sur le degre de con- fiance qu'elles peuvent inspirer. C'est au reste le cas de lui faire observer qu'il aurait ajoute un grand poids a son travail en citant exactenient par des renvois toutes ses autorites. Nous conviendrons qu'aujourd'hui cette precaution exigerait un nouveau travail long et fasti- dieux ; niais cent ete une chose facile au moment ou le Memoire fut compose. Les langues des noirs de I'Asie sont ensuite compa- rees avec celles des Africains, principalement celles des Sameng et Tupah , avec ceWes A' Amharic el Tigreh, des Coptes, des Atlantes, des Galla , Bornou, Mandara, Sakatou^ Nuba, Borgo , Ynriba, YoloJ\ Mandingo , Fulah, Sussi , A shanty, Fanty, Maqua , Mnlemba, Cusa et Qua ou Hottentots. Au moyen de ces comparai.sons , I'auteur etablit unc chaine d affinitrs et didentites qui ( i«^ ) lient etroitement ces diverses langues de lAfrique avec celles des Sameng de la presqu ile de Malacca. Enfin, apres de iiouvelles considerations generales «ur les exaniens philologiques aiixquels il s'est livre, I'auteur du Memoire, regardant la question «comme presque entierement resolue, ou tout au moins reduite a ses justes limites », passe aux conclusions suivantes : 1° Les negres de 1 Asie sont Aborigine asiatiqite ^ et la souche de tous les autres , 2" lis sont presque les freres des Kirata, Thibetaiiis, Chinois, Chong, etc.; 3° lis ne sont pas venus de I'Afrique; 4" lis ne sont pas venus non plus de I'Australie; 5" Leur berceau fut 1 Imalaya et llndoustan, et ils sont peut-etre antidiluviens, au moins en partie. Jusqu'ii present, nous n'avons guere eu d'autre objet en vue que de vous donner une idee succincte, autant du moins que le permettait I'etendue de la matiere, du MAnoire adresse a la Societe. Vous avez pu voir que les preuves employees par son auteur ont ete presque uni- quement tirees de la comparaison des langues; il dit meme en propres termes, page 170 de son memoire, que n la philologie est devenue la plus sure de toutes les preuves, et que toutes les autres doivent lui ceder ". En outre, il a mis a contribution les traditions et les an- nalesdes peuples qu'il a passes en revue. Mais les preuves physiologiques, les rapprochemens bases sur les notions industiielles, civiles et religieuses, ont ete totalement negligees; et neanmoins, nouspensons que ces conside- rations sont dun grand poids dans lesjugemens a porter sur des peuplades sauvages, ou ces notions varient fort pen, meme dans les espaces de temps les plus consi- derables. i3. ( i84) IVLiiiuenaiit il nous reste a vous fairepartdu jugenieiit porte par vos coinmissaires. Touchant le resultat du Memoire soumis a leur exa- men, leur avis a ele unanime, c'est-a-dire que la ques- tion mise au concours nest point resolue, et que les argunieos employes par I'auteur du Memoire ne leuront point senible concluans. Du reste, ils sontportes acroire que la question, dans I'etat actuel de nos connaissances sur les noirs de I'Asie, est a-peu-pres insoluble. Quand des voyageurs consciencieux et instruits nous auront offerl des vocabulaires exacts et raisonnes des langues de cespeuples, et des descriptions fidelesdeleursmoeurs, de leurs coutunies et de leurs idees religieuses ; quand dliabiles artistes nous auront rapporte des dessins cor- rects des traits de leur physionomie et de leur confor- mation generale; alors seuiement la question mise au concours pourra etre abordee avec quelques chances de succes; encore n'est-il pas certain qu'avec tous ces docu- mensjsa solution put etre complete. Si aujourd'hui meme, dans notre Europe, I'origine de certaines peuplades telles que les Basques, les Bohemiens, les Zigeynes, etles Gi- tanos, que nous pouvons observer et etudier avec toutes lesfacilites possibles; si cetteorigine exerce encore lasa- gacite des savans les plus distingues, et si elle pent don- ner lieu aux conjectures les plus varices, aux hypotheses les plus opposees, dans quelles tenebres doivent rester enveloppees des nations aussi eloignees de nous, a peine connues par des relations vagues, incompletes, sou- vent inexactes, et dont I'existence est meme quelquefois un probleme! Quant au merite absolu du Memoire presente a la So- ciete, et aux droits qu'il peut avoir a votre attention, I'avis de la commission a ete partage. ( ^85 ) Mais tout en accortlantquerauteuravait puconimettre quelques erreurs clans ses citations pliilologiques, et ceux qui se sont occupes de seniblables travaiix savent coni- bieri ces erreurs sont cxcusables ; tout en admettant que certaines consequences peuvent etre forcees, laniajorite a neannioins pris en consideration les longues et labo- rieuses rechercbes de I'auteur : elle lui a su ere de ses rapprochemens historiques et pbilologiques ; elle a re- connu I'exactitude et la sagacite de ses apercus sous un certain nombre de rapports. Voire rapporteur a surtout vivement appuye ce jugenient de la majorite : par suite des etudes et des recbercbes auxquelles il s'est livre de- nuis un grand nombre d'annees , sur un sujet analogue, et qui offre meme quelques points de contact avec celui de I'auteur, votre rapporteur avait lui-meme adopte plu- sieurs des opinions de ce dernier. II a ete agreablement surpris de voir qu'un savant etabli sur les rives de I'A- merique septentrionale, par I'analyse et la comparaison des auteurs et des voyageurs, soit arrive a un resultat semblable a celui ou it avait ete lui-meme conduit par I'observation immediate des types qui caracterisent di- verses peuplades des contrees orientales ; car on doit re- marquer que I'auteur ne parle presque jamais de ses. propres observations, ce qui deniontre qu'il a tres rare- ment vu par lui-meme. En consequence, la commission speciale a I'lionneur de vous proposer d'adjuger a I'auteur du Memoire sur Vorigine des races noires asiatiques une hiedaille d'encou- ragement du prix de centfrancs,et de I'invitera le rendre public,en lui donnant le developpementet lui faisantsu- bir les modifications dont ilsera susceptible, par suite des decouvertes qui s'operent a chaque instant sur toutes les parties du globe. La commission regardeen outre comme ( »86) fort essentiel que I'auteur se donne la peine de citer exac- tement toutes ses autorites. Enfin , vos commissaires proposent a la Societe de re- tirerdu coiicours le prix propose sur roriginedesnegres nsiatiques. L'auteur du raemoire est M. C. S. Kafinesque, piofes- seur des sciences historiques et naturellesa Philadelphio, en Pensylvanie. Paris, 7 mars iS32. Rapport siir le concours pour le nivellement de la France. Commissaires : MM. Coraboeuf, Denaix , Girard, Haxo. Rapporteur, M. Bonne. Depuis plusieurs annees, la Societe de Geographie a otfert une medaille dor de la valeur de cent francs a I auteur dun nivellement dune re<>ion de la France ayant une certaine otendue, et reriiplissanl dailleursles conditions nientionnees au programme. Cette aiwiee, la valeur de la medaille a ete fondee par un de nos colle- gues, M. Perrol, dont le zele pour les progres de la science est bien connu. La Societe, en instituant ce prix, a voulu offrir un encouragement a cette partie de la geographie que nous appelons positive. Ge qu'on desire, en effet, dans les meilleures cartes geographiques ou topographiques , ce sont des donnees sur le relief du sol. Gest un nouvel element a intioduire desormais dans les cartes, car, a cet egard, elles sont a-peu-pres toutes muettes : ainsi, ce ne sera plus assez que tous les points remarquables du terrein soient exactement rapportes par leur latitude et leur longitude, il faudra y joindre encore la troisieme coordonnee, qui achevera de determiner sa position, en ( '^7 ; faisant connaitre la distance du point que Ion consi- dere, mesuree verticalement depuis la surface des mers, supposee prolongee sous les continens. Avec ce nouveau perfectionnement, on concoit com- ment les cartes pourront devenir plus utiles, et servir a des usages auxquels dies n'ont pu etre appliquees jus- qu'a ce jour : c'est ainsi que la nouvelle carte de France presentera un relief a-peu-pres complet de notre sol, relief fonde sur six a sept cent mille cotes de nivelle- ment repandues sur toute sa surface, et qui pourront servir imniediatement a etablir des avant-projets de rou- tes, de canaux dirrigation et autres travaux d'art. La Societe de Geographic a voulu s'associer a cet im- mense progres, en provoquant I'execution de nivelle- mens exacts sur la surface de la France, ou du nioins en engageant ceux qui avaient eu I'occasion de sen oc- cuper a les mettre en lumiere, car elle n a jamais pu es- perer que la minime recompense quelle offrait aux sa- vans el aux gens de I'art put les determiner a se livrer aux penibles travaux, longs et dispendieux, qu'exigent les operations du nivellement : elle a voulu tenir compte seulement de la communication, et surtout reconnaitre la perfection du travail la ou elle existait. Cette annee, il est parvenu a la Societe un seul me- moire, sous le titre de Supplement an nwellement baro- metrUpie des Cevennes ., faisant suite a celui qui en i83i avail obtenu une mention honorable, et ayant,comme I'annee derniere, une devise extraite dune lettre de M. Ramond : « La mesure des principaux points de la chaine de Cevennes est un present a faire a la geogra- phic et aux sciences physiques ». Les membres de la Commission nommee pour I'examiner ont ete : M. le colonel Coraboeuf , M. le lieutenant-colonel Denaix , ( '88 ) M. Girard, M. le general Ilaxo, et moi. Voici le juge- nient que les comniissaires ont porte du travail de I'auteur. Le nivellement barometrique des Cevennes envoye pour le concours de i83i coniprenait soixante-neuf points, et non pas cent soixante-neuf, coinnie on lit, par errcur typographique, au caliier d'avril, n" g6. In- dependaniment des hauteurs absolues donnees en metres, en partant de la station d'Alais, situee a i3i'",6 au- dessus du niveau de la MeUiterranee, I'auteur avail joint les observations meme, en sorte que Ion peut verifier ses resultats, et s'assurer de leur exactitude; mais il manquait une carte d'ensemble qui ftt connaltre I'emplacement des points niveles. Tout en rendant hom- mage aux efforts de I'auteur, a ses heureux succes, et en lui decernant une mention honorable, la Commission de i83i dut signaler dans le travail qui lui etait soumis la lacune importante qu on vient de mentionner. Le meme auteur, en se prescntant de nouveau au concours de i832, a dresse un tableau de cent soixante- quinze points dans lesquels sont compris les soixante- neuf points envoyes I'annee precedente. Pour les cent six points nouveaux, les observations primitives manquent, en sorte qu'il n'existe aucun moyen de verifier les resul- tats auxquels I'auteur est parvenu; mais la Commission pense que les details transmis I'annee derniere pour les soixante-neuf premiers points, sont une garantie luffi- sante pour lexactitude des derniers. Independamment du tableau des hauteurs des cent soixante-quinxe points des Cevennes, I'auteur a joint un memoire sur les panoramas , dans lesquels il expose qu'il a remplace par un panorama des points culminansdont il s'est occupe, la carte planimetrique que la Commission ( '% ) eiit desiree. Cette vue perspective dont il est question, et qui n'est pas parvenue a la Societe, presente certaine- ment quelque interet; mais elle ne convient qua un seul point de vue, et ne pent remplacer le canevas geo- metral, qui eut fait connaitre I'emplacementrespectifet es distances des points entre eux, qui nous semblent necessaires pour completer le travail et lui donner toute I'utilite dont il est susceptible. II est a desirer que I'auteur puisse perfectionner le nivellement interessant dont il est question, et qu'il y joigne un canevas planimetrique sur une echelle suffi- sanle, et meme, au besoin, quelques croquis de detail, de telle sorte qu'il ne puisse rester aucune incertitude sur la position precise des points niveles. Toutefois, mal- gre ce que laisse a desirer le travail de I'auteur pour rem- plir toutes les conditions du programme, la Commission est unanimement d'avis de lui decerner, a titre d'encou- ragement, et comnie une marque d'estime pour son im- portant travail, une des niedailles d'or de cent francs fondees par M. Perrot. Cette resolution ayant ete transmise a la Commission centraie, le cachet qui couvrait le nom de I'auteur du nivellement des Cevennes a ete brise, et ie nom de M. le baron d'Hombres, membre de la Societe, a ete proclame : c'est a lui, en consequence, que la Societe decerne la niedaille de cent francs, en recom- pense de son judicieux travail sur les Cevennes, qui complete son premier nivellement du departement du Gard, et qui s'etend, non-seulement sur ce dernier departement, mais encore sur ceux del'Ardeche, de la Haute-Loire et de la Lozere. Paris, Somars i832. Ch. Bonne. ( '9'i ) ■< DEUXIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVEJ,LES GEOGRAPHIQUES, ETC. Decouverte d'un noiweau Jleuve dans la Nouvelle- Hollande. La Gazette de Sidney^ d\i i ^ novembre i83i,annonce qu'un rapport otficiel a ete eiivoye au gouvernemenl par le commandant de Bathurst, sur une decouverte tres importante, faite dans le nord de cette colonic. II parait qu'un prisonnier echappe depuis plusieurs annees, qu'il a passees errant dans le pays, est venu se rendre au major Macplierson , a Bathurst, et qu il a annonce I'exis- tence d un lleuve au nord de Liverpool, d ou il prend son cours au nordouest, et vient verser ses eaux dans le golfe de Van-Diemen. Get homme raconte qu'il a re- monte ce fleuve jusqu'a sa source. Pres de cette source, il a rencontre, dit-il, plusieurs trihus de natifs, armes d'arcs et de Heches, qui linformerent par signes que de nond)reax bateaux, monies par des negres , venaient quelquefois dans cet endroit, oii ils coupaient certains arbres, et pechaient une espece de coquillages quils lui montrerent dans 1 cau, et dont la description serapporte parfaitenient au beechlenier. Ou suppose que les arbres sont du bois de sandal. En consultant la carte, on voit que la bale ou golfe de Van-Dietnen est presque en face de Timor. Les hom- mes decrits par les naturels sont done , a ce qu'on pre- sume, des bandes de Malais qui Iraversent dans leurs bateaux pour prendre du bois de sandal et du beechle- ( 'y ) luer, deux articles principaux de leur commerce, parti- culierement vers la Chine. Get homme ajoute qu'il a ren- contre un grand nombre d'hippopotames et d'orang- outangs , animaux dont on ne soupconnait pas I'existence dans la Nouvelle-Hollande. Le point le plus important de cette decouverte, en supposant que le recit en soil exact, c'est I'existence d'un fleuve tel qu'il le decrit. Le gouvernement prendra immediatement des mesures pour s'assurer du fait. ( Canton Register.) La vallee empoisonnee. Un voyageur arrive de Java a communique a la Societe lojale de Geographic de Londres ., dans la seance du 28 novembre dernier, des details sur une vallee remar- quable de ce pays, appelee Guevo-Upas, ou la Fallee empoisonnee. En approchant, on eprouvede fortes nau- s(jes, une sorte d'etourdissement, et une odeur suffo- cante. Cette vallee a environ un mille de circonference; elle est d'une forme ovale ; sa profondeur est de 5o a 55 pieds. Le fond en est tout-a-fait plat, sec, depourvu de vegetation, etjonche d'ossemens humainset desque- lettes de betes feroces, epars au milieu de gros blocs de pierre. On ne remarque aucune vapeur quelconque, ni aucune ouverture sur le sol, qui parait assez dur. Les coteaux escarpes qui environnent ce lieu de desolation sont converts, depuis le sommet jusque pres de leur pied, d'arbres et d'arbrisseaux dune belle vegetation. Deux chiens envoyes au bas du coteau y perirent en moins de quinze minutes. Les OS, dans cette vallee, acquierent I'apparence et la blancheur de I'ivoire. On pense generalement que les squelettes humains sont ceux de malfaiteurs ou de re- belles qui , poursuivis sur les chemins, sont veniis se re- ( '92 ) fugier et clierdier un abri clans ce lion, ignoraiil les effets de I'air pernicieux qu'on y respire. Les montagnes qui avoisinent la vallee sont volcanicjues ; mais dans la vallee elle-meme, il n"y a pas la moindre odeur sulfu- reuse, ni aucune trace d'eruption volcanique a aucune periode. (Le Nouvelliste^ii avril i832.) Population iVOdessn. Les releves de la population dOdessa , en i83o, ont donne un total de 4i,552 liahitans des deux sexes, y compris la cite, les deux faubourgs et quelques f'ermes qui sont dans la ligne du port. Sur ce nonibre il y a 33,646 Chretiens et 7,906 juifs. Odessa est sans contredit une ville nouvelle ; mais la masse du peuple ne prend aucun interet a sa prospe- ritej on n'y voit aucune apparence de cette agitation, de ce tumulte et de cette activite qui dans les cites flo- rissantes, attirent les regards, et fixent I'attention d'un etranger. (^Asiatic Journal.) Population de Rome. Un releve general de la population de Rome, depuis Paques 1822 jusqu'a Paques i83i, a donne un resultat de i5o,666 habitans , sans compter les juifs et les etran- gers qui peuvent monter ensemble a pres de 5,ooo ames. Depuis 1822 la population s'est augmentee de i4>58i. La diminution dans le nombre des mariages a ete tres considerable. Le nomlire des ecclesiastiques , moines , nonnes, etc., est maintenant de 5,354 ; en 1822, ce nombre etait de 4>7i4' {New Monthly Magazine.) ( ^9^ ) TROISIEME SECTION. ACTES DE LA SOCI^TE. (l) Proces-verbal de VassernbUe generate du 3o mars i832. Presidence de M. Eyries, vice-president. La seance ouvre a 8 heures. M. Alexandre Barbie du Bocage, secretaire, donne lec- ture du proces-verbal de la derniere assemblee generale, lequel est adopte. M. Jomard, president de la Commission centrale, com- munique deux lettres qui lui ont ete adressees. Dans la premiere datee de Cayenne, le 3i Janvier iSSa , M. Ju- belin, gouverneur de la Guyane francaise, annonce le depart prochain de deux voyageurs francais , pour les pays indiques dans le programme du prix propose par la Societe, sur la Guyane, et il envoie plusieurs documens sur la Guyane portugaise rediges par M. Adam de Bauve, I'un des deux voyageurs en question. Dans la seconde lettre ecrite de Trebizonde le i5 Jan- vier dernier, M. Fontanier,membre de la Societe, donne des nouvelles du voyage de M. le capitaine Tchesny qui a parcouru la Perse, I'Egypte et une partie de la Tur- quie, et qui a execute des sondes dans le lit de I'Euphrate apres avoir reconnu son cours ainsi que celui du Tigre. Plusieurs membres sont presentes a la societe etleur admission est prononcee. Differens ouvrages exposes sur le bureau seront deposes dans la bibliolheque. Des remercimens sont adresses aux auteurs. (i) Les proces-verbaux des seances du mois de mars, ainsi que la liste des nouveaux membres et celle des ouvrages offerts a la Societe, seront inseres dans ie numoro procb:tin , i\u\ iie se fera pas attendre. ( '94 ) M.tl'AvezaCjmembrede la commission centrale, lit pour M. Eyries, au nom d'une commission speciale,un rapport eteiidu sur le prix a adjiiger a la decoiiverte la phis importante en geographic iaite dans I'annee i83o. (i) Pvl. Eyries trace avec une habile critique le tableau des connaissances acquises anterieurement aux voyages de MM. Douville et R. et J. Lander en Afrique et a I'explo- ration des cotes de I'Amerique meridionale par M. le capitaineKing de la marine anglaise, et met en parallele c elles que ces differens voyageurs et explorateurs nous onttransmises. Apres avoir successivement passe en revue le voyage de M. Douville dans le Congo , celui de MM, Lander ^ur les bords et a I'embouchure du INiger, et enfin I'exploration de M. le capitaine King, M. le rap- porteur conclut au nom de la Commission a ce que la medaille dor de looo francs pour la decouverte jugee la plus importante en geographic, pendant I'annee i83o, soitdecernee a M. Douville. M.le president, npres la lecture du rapport et une allo- cution pleine de dignite et d'interet, a fait a M. Douville la remise de la grande medaille d'orvotee par la Societe. M. le capitaine Dumont d'Urville a lu ensuite, au nom d'une autre Commission chargee de joger le concours ouvert sur Vorigine des negres asiatuptes^ un rapport non moins digne d'interet que le precedent. (2) Un seul memoire a ete presente au concours. Malgre les critiques que le savant rapporteur a cru devoir faire sur ce memoire, il conclut au nom de la Commission, i"ace qu'une medaille d'or de cent francs soit adjugee (i) Cette commission se comj)osaii d^ MM. Bru^,Corabceuf, Dave- zac, Eyrifes, Warden. (•2) Cette commission (tait composee de MM. Douville, d'Urville, Kyiios. Roger, Warden ( »95 ) a I'auteur du niemoire, M. le tlocteur Rafinescjue pro- fesseur a Philadelphie ; 2° a ce que M. le docteur Rafi- nesque soit engage a publier son travail, apres lui avoir fail subir quelques modifications et surtout avoir cite lesautoritessur lesquellesils'estappuye; S^enfin a ceque le programme relatif a I'oi'igine des negres asiatiques soit retire du concours; I'etat actuel des connaissances ne permettant pas encore d'esperer une solution com- plete de la question. M. le general Bonne donne lecture, au nom de la Com- mission chargee de juger le concours relatif am nivelle- ment de la France^ du rapport dont il a ete charge (i). Les conclusions du rapport sont qu'une des trois medail- les d'or decent francs mises a la disposition de la Societe parM. Perrot, sera adjugeeaM. le baron d'Hombres-Fir- mas, auteur d'un nwellemcnt harometrique des Cevennes. M. le secretaire donne lecture du programme des prix mis au concours pour I'annee 1 832. (Voir le n" prochain). M. le chevalier de Couessin demande qu'une medaille d'or soit decerne'e par la Societe a I'un de ses membres qui vient d'achever si glorieusement son expedition autour du monde, expedition qui avait pour but autant la recherche des lieux on perit I'infortune Laperouse que les decouvertes geographiques. M. de Couessin voudrait que Ton gravat sur cette medaille le nom du lieu que notre compatriote a ete reconnaitre et ou nous avons a deplorer la perte de I'un de nos plus celebres navigateurs et de ses compagnons. Le meme membre propose de decerner une medaille d'or a I'auteur du memoire qui ferait connaitre 1° les (i) Celte commission etait composee de MM Bonne , Corabopuf, Dennix , Girarrl , et Haxo. ( i9« ) veritables causes des niarees extraordinaires qui out lieu sur la cote de la Manche , specialement depuis le cap Fresle , jusqu'a la pointe de Granville et au mont Saint- Michel. — 2'" Pourquoi ces marees sont plus fortes sur nos cotes que sur celles d'Angleterre. Renvoi de ces diverses propositions a la commission centrale. M. C. Moreau propose de porter le nonibre des mem- ^res correspondans de la Societe de i8 a aS. Renvoi de cette proposition a la commission centrale. M. d'Avezac annonce la tres procliaine publication de la traduction du voyage des freres Lander sur les bords du IN iger,qui paraitra en meme temps que celui de M. Douville au Congo et dans les contrees voisines. On procede ensuite au depouillenient du scrutin , pour la composition du bureau de la Societe de i832- i833,et pour la nomination d'un membre de la com- mission centrale. M. Eyries en proclame ainsi le resultat: President^ M. de Rigny. f M. le baron Walckenaer. Fice-presidens, | m. Dumont d'Urville. Secretaire , M. Douville. ( M. de Larenaudiere. Scrutateurs. < t., r ( iVl, Jouannm. M. Daussy est nomme membre de la commission centrale. Des remercimens sont voles a M. Eyries pour le zele avec lequel il a preside I'assemblee. Un membre pro- pose d'inscrire son nom sur la liste des presidens hono- raires. Cette proposition est appuyee. f^ seance est levee a lo hcures 1/2. Alex. Barbie du Bocage. ~?^^ ~ -, l^f"""'' /'«'■ -Ini/'roirc Tardu-uJlaii/'/-, ,fv la Socu'te Ui- (reoflra/i/iic. d- /,i.r,vAW,i- HAfmtfihif 7' i~ P u l.oueitiulc ;i rOccidcnt du McV.dKu dc ]»nris Longitude A I'Ow*!*^"! du Mc'ndicn dc Pari; BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. N- 108. — AVRIL l832. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. DISSERTATION Sur les voyages de Sebastien Cabot {^i') , hie a la Societe de Geographic , dans sa seance du 2 mars i832, par M. ROUX DE ROCHELLE. Le premier vaisseau qui atteignit les Indes occiden- tales rendil les honimes maitres de lOcean : il leur ou- vrit une carriere de nobles perils at de decouvertes, qii'un grand nombre'de navlgateurs s'empresserent de parcourir. Parnii ceux qui se signalerent dans ce glorieux con- (i) En travaillant a cette dissertation, nous avons consulte avcc fruit les Memoires sur Sebastien Cabot, publics a Londres en i83r; mais nous avons voulu remonter ii quelques auteurs contempo- rains, surtout a Pierre Martyr et a Rainusio. Les ouvrages de Hume i4 C '98 ) courSjlhistoire nous ;i honoial)lenient conserve le nom de Jean Cabot, navigateur et negociant venitien , qui, sous le regne de Henri VII, roi d'Angleterre, vint s'eta- blir dans ce royaume avec ses enfans. Sebastien Cabot, I'un de ses fils, etait encore trc.s jeune; neanmoins, il avait deja acquis des connaissances en belles-lettres et en cosniographie. La nouvelle des premieres decouvertes de Christophe Colomb dans le Nouveau-Monde se repandit alors. Ce navi- gateur avait espere trouver, en faisant voile vers I'occi- dent, un chemin plus direct et plus court pour arriver aux plages orien tales de I'Asie. Son enlreprise paraissait plutot divine quhuinaine, et ses decouvertes excitaient une vive emulation. Henri VII regrettait sans doute de ne pas avoir accueilli les pro jositions qui lui avaient etc taites au nom de Christophe Colomb par Barthelemy, son frere : il accorda, le 5 mars 1496, a Jean Cabot et a ses trois fils, Louis, Sebastien et Sanzio,des lettres patentes dont je vais mettre le precis sous vos yeux : Henri VII les autorisait a naviguer sous ses bannieres diins toutes les regions et les parages des mers orien- tales, occidentalcs etseptentrionales, avec cinq navires, et avec autant d'honmies qu'ils voudraient en emmener a leurs frais. Ce voyage avait pour but de trouver, de'- couvrir et explorer les lies, patries, regions on pro- vinces des gentils et des infideles, situees dans une par- et de Robertson , ceux Je MM. de Navarrt-te et Wasliington Irving, les savantes dissertations de !\I. Ic cardinal Zurla , et d'autres ecrits recouiniandables qui s'appiiquent aux m<5mes epoques, nous ont donne de nouvelles lumieres; et,sans nous attaclier exclusivement a une seule autorite, nous avons forme notre opinion en rapprochant ces di%ers tiimoignages, en les comparant, et en cboisissaut les fails qui nous paraissaient Ics inieuxctabiis. ( 199 ) tiedu mondequelconque, et inconnuesa tons les Chre- tiens. On leur accordait, ainsi qua leurs heritiers et a leurs fondes de pouvoirs , la faculte d'arborer les ban- nieres royales dans toutes les villes, places, camps , lies ou terres fermes nouvellement decouvertes par eux ; de les subjuguer, occuper et posseder, lorsqu ils pourraient !e faire, comine vassaux du roi , gouverneurs , lieutenans et deputes, et den acquerir ainsi pour le roi !e domaine, le titre et la juridiction. Ils devaient, lorsqu'ils revien- draient dans le port de Bristol, ou ils etaient tenus d'ef- fectuer leur retour, remettre au fisc , soit en argent, soil en marchandises , la cinquieme partie de leurs benefices, apres en avoir deduit la quotite de leurs depenses. Ils etaient exempts de droits de douanes sur 1 importation des biens et des marchandises venues de ces contrees. Les terres qu ils auraient decouvertes ne pourraient etre fre- quenteesni visitees sans leur autorisation paraucun sujet duroi , sous peine de confiscation des navireset des biens de ceux qui tenteraient d'y naviguer. Le roi, enfin , or- donnait a tons ses officiers de terre et de mer de leur preter favour et secours, soit pour I'armement des na- vires, soit pour les approvisionnemens de subsistances qu'ils devaient acheter a leurs fiais, soit pour les autres objets dont ils auraient a se pourvoir. Le voyage de Jean Cabot tut execute I'anneesuivante, et il parait, d'apres le temoignage de plusieurs conteni- porains, qvi'apres s'etre dirige vers le nord, il tourna ses voiles a I'ouest, dans I'intention de se rendre au Cathay, qui, d'apres les cartes geographiques de son siecle, etait situe entre le 5o* et le 60^ degre. Quelques ecrivains bornent la navigation de Cabot vers le nord au 56"^ ou au 58" parallele; d'autres la prolongent jusqu'au 67' de- gre et demi. On cite ses remarques sur la tres grande 14. longueur des jours et sur le peu d'ohscurite des nulls. Les glaces flottaient en grandes masses sur lOcean, et, le 12 juin, il dut prendre le parti de retrograder, soil qu'il y fut force par la mutinerie des equipages, soit qu il craignit de rencontrer des glaces. Cabot decouvrit, le 24 juin, a cinq heures du matin, une terre qui recut le noni de Pr/'nium P^isa , Prima Fista^ et il reconnu.t, dans la niemc journee, une ile a laquelle il donna le nom de Saint-Jean. On voyait dans ces parages une ex- treme abondancede niorues, ettoutes ces circonstances reunies paraissent s'appllquer aux plages orientales de Terre-Neuve. La navigation de Cabot se prolongea en- suite vers le sud; mais on n'en assigne pas le ternie avec exactitude, et ion dit que le nianijue de vivres le deter- niina a retourner en Angleterre. Dans cette longue excursion, les parages de Terre- Neuve sont le seul point qui paraisse avoir ete indique avec precision, et les auteurs conteniporains ne donnent aucune notion positive sur les autres rivages que Ca- bot put apercevoir dans sa navigation vers le nord. Une telle incertitude ouvrait un vaste cbanip aux conjectures: lobscurite du texte devint le plus riche domaine des interpietes, et cbacun deux a trace la route dece voya- geur : les uns I'ont conduit sur la cole nord-est du La- brador j d'autres I'ont fait penetrer dans la baie d'Hud- son; de troisiemes guides lont dirige dans le detroit de Davis et la mer de 13affin. 11 est probable qu'apres avoir reconnu Terre-Neuve, ce navigateur se sera rap- procbe de quelques parties septentrionales du continent^ mais comment choisir entre des conjectures si diverses , et a quelle direction faut-il s'attacbcr, lorsque nous n'a- vons sur ces voyages aucune relation de lautcur lui- ( 20I ) meme , et lorsque les cartes qu'il avait dressees onir dis- paru et sont probablement detraites? II est impossible de concilier entre elles les differeiites opinions des ecrivains sur le degre de latitude que Cabot atteignit reellement dans sa navigation. En admettant qu'il ne s'eleva qu'au 58*" parallele, on ne s'etonne pas neanmoins qu'il ait apercu, meme au milieu de I'ete, et a la date du 12 juin, de grandes glaces flottantes qui I'obligerent a changer de direction , puisqu'on en ren- contre (juelquefois sous des latitudes beaucoup plus meridionales. Ses observations sur la lonofue duree du jour sont aussi tres naturelles : on approchait alors du solstice; et si Ton se trouve vers le 58*^ parallele,il faut joindre, a pres de dix-huit heures de soleil, plus de deux heures pour I'aube et le crepuscule; le peu de nuit qui reste n'a qu'une faible obscurite, qui souvent meme est eclairee par des aurores boreales. Ces remarques sur 1 aspect du ciel ne permettent pas de supposer que Cabot se soit eleve jusqu'au Gy'' degre et demi de latitude ; car il aurait alors depasse les ciiniats de jour pour entrer dans les climats de mois : iln'aurait pas meme eu a observer, dans les vingt-quatre heures , la plus courte nuit, et il aurait ele trop frappe de la presence continue du soleil et de sa circulation iuclinee autour de I'horizon, pour n'en avoir pas fait mention dans ses recits. 11 pirait que Jean Cabot etait de retour a Biistol avaut le 10 aout 1497 ? ^'' > ^^^ moisapres,il adressa un placet au roi, « pour obtenir de nouvelles lettres-patentes qui I'autorisassent a prendre dans les ports du royaume six navires anglais de la charge de deux cents tonneaux ou au-dessous, a les conduire dans les terres et iles nou- vellement decouvertes par lui, en payant pour chacpie ( ao2 ) iiavire ce que le roi paierait lui-menie pour son propre service, et a recevoir dans ces Latimens le nonibre d'homnies qui, do leur libre mouvement, voudraient passer dans ces conlrees. » Les fils de Jean Cabot ne sont point nonimes dans ce document, ou I on ne designe que lui et ses deputes; neannioins nous ne pouvons pas separer Sebastien Ca])ot des entreprises de navigation formees par son pere. 11 I'avait accompagne dans son premier voyage; et Sebas- tien est Ihomme de cette faniille qui a acquis dans ses expeditions niaritimes le plus d'illustralion. Le placet de Jean Cabot et la I'ormule de letlres pa- tentes qui sy trouvait jointe, furent remis, le 3 fevrier 1498, a la chancellerie d'Angleterre, pour qu'il y fiit donne suite; mais il ne nous reste aucune notion sur les resultats definitifs de cette demarche, soit que la niort de Jean Cabot ait suivi de pres la demande qu'il avait faite, soit que d'autres interets politiques aient fait momentanement perdre de vueces projets d'expeditions eloignees. Sebastien Cabot a declare lui-meme qu'apres son retour en Angleterre, il y avait remarque de grandes commotions , causees par le soulevement des peuples et par la guerre contre 1 Ecosse, et il ajoute, qu'alors on ne s'y occupait plus de ce genre d'entreprises maritimes. En eff'et, le dessein que Perkin-Warbec avait forme, en 1492, de precipiter du trone Henri VII, continuait de troubler TAngletorre et d'y donner des aliniens a la rebellion. Cet aventurier, qui se presentait comnie rejeton de la famille d'York, et comme seul et legitime heritier des Plantagenets, avait trouve dans les ennemis habituelc de 1' Angleterre des partisans et des soutiens : il s'etait appuye du niecontentement de llrlande, avait accredite sur le continent ses recits fabuleux , avait ( ^-"3 ) decide Jacques IV, roi d'Ecosse, ;i laire une inv;\sioii sur la I'rontiere du nord, et s'etait liii-nieiue inonUe a la tete dun corps de troupes, tantot dans le comte de Kent, tantot dans celui de Gornouailles. La guerre avec I'Ecossefut momentanement interrompueen i497j mais la treve n'etait signee que pour quelques mois, et les niouvemens que Warbec excitait en Angleterre depuis plusieurs annees ne cesserent qu'avec sa vie, a la fin de 1699. Sur ces entrefaites, le Portugal et I'Espagne suivaient, a I'envi I'un de 1 autre, leurs grandes entreprises de navigation, et s'enipressaient de devancer aux extre- niites du nionde toutes les autres puissances. Vasco de Gama venait de s'iliustrer en ouvrantautourdel'Atrique, en i497 5un nouvelle route vers les Indes oi'ientales. Plusieurs expeditions pour le Paria et la Terre - Ferme avaient promptement succede a celles de Golomb, d'Oye- da, d'Americ-Vespuce. Vinceiit-Pinzon etCabral decou- vrirent en i5oo les cotes du Bresil, et Ion se dirigeait en meme temps vers les contrees septentrionales. Jean Dorvelos etait charge par la cour d Espagne de faire voile pour les parages que Sebastien Cabot avait decouverts : Gaspard de Cortereal, expedie de Lisbonne dans la meme annee , visita la cote orientale de Terre-Neuve, et re- connut ensuite, au nord du golfe de Saint-Laurent, une grande partie des rivages du Labrador, auxquels Icj cartes geographiques out !ong-tenips conserve le noni de Terre de Cortereal. Les pecheries de Terre-Neuve commencerent alors a etre frequentees : elles le furent surtout par les Basques et les Bretons; et ces travcisees ora^euses et lointaines developperent encore Iv- caractere d'intrepidite et de Constance qui a toujours signale ces navigateurs. ( 204 ) Le desir ile prendre une part plus active a toutes Tes nouvelles entreprises se ranima en Angleterre , lorsque la paix n'y fut plus troublee dans I'interieur ct avec le de- hors. Une societe de trois negocians de Bristol et de trois Portugais soUicita , en i5oi, I'autorisation de naviguer dans les mers orientales, occidentales, australes et bo- reales, pour y decouvrir de nouvelles regions. lis adres- serent au roi un placet, a la suite duquel etait enoncee !a teneur des lettres palentes qu'ils desiraient obtenir; et ce bill fut remis a la chancellerle le 19 mars i5oi : Nous trouvons dans un passage des actes publics etdes traites recut'illis par Rymer (i) , que ces lettres furent expediees le 19 mai de la memeannee. Nous y acquerons aussi la preuve que d'autres lettres patentes furent accor- dees, le 9 decembre i5o2, a quelques-uns des associes qui avaient deja obtenu celles du 19 in: i de I'annee precedente. Quoique le nom de Sebastien Cabot ne se retrouvc ni dans ces derniers actes, ni dans aucun document officiel qui nous soit parvenu sur les premieres annees du seizieme siecle, on ne pent neanmoins douter que ce navigateur n'ait ete utilement employe dans plusieurs expeditions pendant les dernieres annees du regne de Henri YII, puisque, ayant passe au service d'Espagne apres la mort de ce prince qui eut lieu en 1309, il avait alors acquis assez de reputation pour que sa majeste catlioliquele nomniat, en i5i2, membra du conseil des Indes. Bientot la renommee de ce navigateur commenca a s'attacher a un nouveau projet d'expeditions et de de- couvertes. On avait concu I'esperance de lrouver,vers (i) Tome XIII, page 4i,e9 ) tie systeme arret«^ sur la direction ulterieure de cet im- mense volume d'eau, entratne d orient en Occident; que les uns supposaient I'ouverture dun gouffre a travers I'isthme qui separait les deux niers, mais que d'autres attribuaient a ce courant maritime un mouvement de circulation le long des rivages du golfe oii il penetrait, et que ces eaux leur paraissaient relluer ensuite vers 10- cean, en tournantla coteseptentiionale de 1 ile deCuba. Cette derniere opinion, que le temps et 1 observation sont venues ensuite confirmer, n'etait alors qu'une hy- pothese : Pierre Martyr ne la presente que comme telle; il s'attache meme a la combattre, parce qu'on n'avait pas fait assez d'observations pour la constater. Mais ces premieres notions sur un des grands pbenomenes de rOcean n'en sont pas molns utiles a recueillir. De pre- miers pas, quoique inceitains, ont mis sur la voie des decouvertes : le doute meme devient precieux; et s'il porte a reflechir, a observer encore, a faire tenter de nouvelles entreprises, il agrandit le domaine des con- naissances et il conduit a laverite. Le voyage que Cabot devait entreprendre en i5i6, pour decouvrir, vers le nord de I'Amerique, un passage entre les deux mers ne fut pas execute. Le roi Ferdinand venait de mourir le 23 Janvier de cette annee ; Jeanne, sa fille, atteinte dune maladie mentale , etait incapable deregner,et le trone se trouvaitdevolu a(]harles-Quint, petit-fils du dernier roi. Mais ce jeune prince , alors ^ge de dix-sept ans , residait encore dans les Pays-Bas : son nom n'etait pas populaire en Espagne ; on craignait les ministres qui I'entouraient ; les mecontens commencaient a se rallier autour du frere de Charles-Quint ; et les renes du gouvernement etaient encore dans les mains du car- dinal Ximenes, bomme ferme, integre et capable, mais ( ^If ) peu conciliant, et inoins propre a c;».lmer rinqiiietude des espiits qua iriiter les niecontens par un caracterc inflexible. Ximenes ci'ut devoir opposer des forces aux t'actieux, en armantles villes et les cites du royaunie, et en leur ordonnant la levee et I'exercice de ieurs niilices. Les grands furent alarnies : ils virent leurS privileges menaces et leverent des forces a leur tour. Tout fut en confusion : les desordres de la Castille s'etendirent rapi- dement a toutes les autres parties de la Peninsule : ils gagnerent Naples et la Sicile, et de nouvelles dissensions eclatcrent dans les Indes occidentales. II fallait avant tout rappeler lordre dans la nionarchie. Des circonstances si difficiies lirent perdre de vue I'ex- pedition maritime dont Sebastien Cabot avait ete charge par le feu roij et il parait qu'a I'epoque du changement de regne ce navigateur se rendit en Angleterre , dans I'intention d'y entreprendre un voyage semblable; niais qu'ayant ete mal seconde par ses equipages, i! revint en Espagne en iSij. Dans cette annee desastreuse, I'An- gleterre etait ravagee par une nialadie contagieuse, qui enleva a quelques villes le tiers de leur population , el I'Espagne etait en proie aux fleaux de la guerre civile , qui ne cesserent qu'en 1622, apres la niort de Padilla et I'heroique resistance de sa veuve. Cepeudant au milieu de ces troubles, Charles-Quint im- primaitauxoperationsdcson regne I'activitede son genie; il y appliquaitles ressources de sa puissance, ets'atlachait non-seulement aelabliren Europe sa preeminence, mais a etendre les decouvertes commencees sous son prede- cesseur. Cortez accomplissait la conquete du Mexique, et cetle acquisition ouvrait a I'ambition du monarque un champ encore plus vaste : la mer du Sud offrait, comme le continent meridional du Nouveau-Mondc d'au- ( 211 j tres conquetes a entreprendre. On cherchait, vers le midi de rAmeiique, a etablir entre I'Europe et les con- trees orientales de I'Asie une communication qu'on n'a- vait pas trouvee vers le nord. Magellan se fit jour en iSao a travers le detroit auquel il donna son nom ; il t'rancliitla nier Pacifique, decouvrit les arcliipels qui re- curent ensuite les noms d iles Mariannes et de Philip- pints, et s'il ne put achever lui-meme ce premier voyage de circumnavigation, le vaisseau la Victoire, qui I'avait conduit jusqu a I'lle de Matan, revint sans lui, en i522, dans la bale de San Lucar, comme temoin de sa deplo- rable perte, comme symbole et monument de sa gloire. Depuis le voyage de Magellan , les expeditions pour lamer Pacifique se succederent. On eutbientotii decider si les Moluques devaient appartenir a 1 Espagne ou au Portugal, et si elles etaient situees a I'orient ou a I'occi- dent de cette grande ligne de demarcation que Ion fai- sait passer d'un pole a I'autre a travers les mers, et qui devait separer les possessions des deux puissances. Cette ligne, qu'unebulle d'Alexandre VI avait d'abord tracee a cent lieues a I'ouest des lies du Cap- Vert, et qu'on etait ensuite convenu de placer a trois cent soixante-dix lieues a I'occident des memes lies, avait ete prolongee autour du globe entier, de maniere a le par- tager en deux hemispheres. Un congres de savans et d homnies d'etat, dont Sebastien Cabot faisait partie, fut convoque pres de Cadajos , en i524, pour determiner avec precision les parties de la mer et de la terre que cette ligne meridienne devait traverser du nord au midi, et pour reconnaitre les possessions continentales et les lies que I'Espagneou le Portugal pouvaientlegitimement reclamer, soit dans le Nouveau-Monde, soit dans les mers orientales j mais les cartes et les instrumens dont ( 2ia ) on faisait usage dans ces observations etaient alors si 'niparfaits, qu'il devint impossible de se concilier sur les pretentions respectives. D'autres conimissaires s'assem- blerenl a Seville eh 1326; leurs discussions furent ega- lement sans resultat. Pendant ces negociations, on con- tinuait de combattre, et I'Espagne ne consentit qu'en iSaq a ceder an Portugalles jMoluques, Avant cette epoque, una compagnie s'etait formee a Seville, pour ouvrir avec les arcbipels d'orient un com- merce re£;ulier, et Sebastien Cabot s'etait encase dans cette entieprise. Les associes demandaient que quatre vaisseaux, con- venablement armes, fussent fournis aux frais de I'etat, et ils s'engageaient a toutes les depenses requises pour les interets du commerce. Charles-Quint y consentit : il accorda une escadre de trois vaisseaux , dont la portee serait au moins de cent tonneaux, et qui seraient monies par cent cinquante bommes, et il confera a Cabot le commanderaent de cette expedition. Mais cette escadre, qui partit au mois d'avril i526, fut contrariee dans sa marcbe, soit par le manque de vivres, soit par les dissensions survenues a borddes na- vires. Sebastien, arrive sur les cotes du Bresil, se erut force d'y mettre a terre les principaux agitateurs : il ne put recouvrer son autorite qu'en affaiblissant ses equi- pages; et au lieu de poursuivre sa navigation vers le de- troit de Msgellan, il gagna seulement I'embouchure du Rio de!a Plata, dont la decouverte avait etef'aite eni5i5 par Dias de Solis. Avant de s'engager dans la mer Paci- fique, Cabot voulait attendre de la cour d'Espa"-ne de nouveaux ordres : il remonta le Rio de la Plata jusqu'a I'ile Saint-Gabriel; il navigua ensuite sur le Parana, y erigea le fort de Santo-Spirito , pe'netra dans les contrees ( 2l3 ) superieures du Paraguay voisines du Haut-Perou; et, apres avoir soutenu contre les indigenes plusieurs com- bats meurtriers qui firent eclater son intrepidite, il re- vint au port ou il avail laisse ses grands navires, et il dut renoncer a lexpedition de la mer du Sud. En i53i,SebastienCabotetait deretour a Seville : ily avait reprisses fonctions de pilote majeur, et ce fut quel- quesannees apres qu'ileut avec un seigneur mantoua un entretiendont Ramusio nous a rendu compte. Cette con- versation parait avoir eu lieu en iSSp, plusieurs annees apres les expeditions de Jacques Cartier dans le Canada j et conime elle se terininepar quelques reniarques sur levoya- gedu Paraguay, je crois devoir en rapportericile dernier fragment : « Je naviguai , dit Cabot , le long de la t ote du Bresil, dans la vue de la reconnaitre. Y ayant Irouve un grand et large fleuve, nomme aujourd hui de la Plata, je voulus V naviguer, et je remontai par la plus de six cents lieues, le trouvant toujours tres beau, et coulant au milieu de populations infinies , qui accouraient eraer- veillees pour nous voir. II y debouchait tant de fleuves qu on ne pourrait le croire. Je fis ensuite beaucoup d'au- Ires navigations que j'oraets ici; et me trouvant enfin dans la vieillesse, je voulus me reposer. II s'etait eleve un grand nombre de jeunes marins exerces et habiles; et maintenant je m'en liens a cette charge que vous con- naissez, el je jouis du fruit de mes fatigues. « Sebastien etait alors sexagenaire, si Ion admel qu'il avail au moins seize ans lorsqu il fut associe aux pre- mieres expeditions de Jean Cabot, son pere. II continua de remplir en Espagne I'emploi de pilote-majeur, qui avail ele exerce avant lui par Anieric Vespuce, depuis i5o8jusqu'en i5i2 , et par Diaz de Solis jusquen i5i6. Mais le desir de terminer sa carriere dans le pays ou il i5 ( 2l4 ) aviiit commence lecours de ses navigations ledeterniina, en 1 548, a revenir en Angleterre, d'ou Charles-Quint essaya vaincment de le rappeler. Henri YIII etait mort, et son successeur, Edouard \I , accorda a Sebastien Ca- bot une pension de 166 livres sterling, qui devaitdurer jusqu'a la mort du roi. II I'ut alors charge d'une inspec- tion generale sur toutes les affaires maritimes^ et de nouveaux voyages furent entrcpris sous sa direction , pour trouver, au nord de I'Europe et u traversles mers boreales, de plus courtcs communications avec I'inte- rieur de VAsie et avec I'Orient. Les instructions donnees par Cabot aux capitaines qui devaient entreprendre ce voyage, sont du 9 niai i553. Une escadre de trois vaisscaux partit de Green- wich, le 20 du mcme luois , sous les ordrcs de Hugues Willongby. Deux batimens furent jetes par la tenipete sur les cotes de Laponie , et Willongby resolut d'y pas- ser I'hiver ; mais tons les hommcs perirent de froid, ainsi que lui. Richard Chancellor, (|ui conduisait le troisieme navire, decouvrit la mer Bhinclu; , alteignit heureusement le poi't Saint-Nicolas, pres d'Archangel, fitpar terre un voyage penible jusqu a Moscoii , ouvrit les premieres voies d'un conjmerce etendu entre I'Angleterre et la Moscovie, et obtint de Jean Vasilewilz une charte de privileges en faveur des marchands anglais. Chancellor ramenait a Londres un ambassadeur de Moscovie ; mais sonvaisscau fit naufrage aritsligo,au nord del'Ecosse, et ce capilaine, apres etrc parvenu a sauver I'ambassa- deur et quelques personnes de sa suite, perit avec dau- trcs infortunes (ju il cherchait encore a secourir. Sebastien Cabot fut nomme gouverneur a ^ie de I'as- sociation des marchands aventuriers, dont il avait di- rige la premiere expedition. Leur plan etait plus etendu ( 2i5 ) que celui d'ouvrir un nouveau commerce avec la Mos- covie : la charte de leur etablissement les autorisait « a faire des voyages de decouvertes vers le nord , le nord- est, le nord-ouest, dans tous les pays qui n'etaient pas hantes et frequentes par d'autres monarques chretiens, en amitie avec I'Angleterre «. La peche de la baleine au Spitzberg fut un des resultats de ces voyages; celle de la morue a Terre-Neuve prit des accroissemens : le com- merce avec la Moscovie s'etendit jusqu'a la Perse. IJne nouvelle expedition dans le nord tut faite en 1 556 par Stephen Burrough. Sebastien Cabot etait a Grave- send lorsqu'elle mit a la voile, et le bon vieux gentle- man (car on le designait ainsi) fit aux pauvres de libe- rales aumones, en les invitant a prier pour la bonne for- tune et le succes du navire qui allait partir. L'annee suivante, Cabot resigna sa pension. On la re- tablit quelques jours apres; mais elle fut reduite, et Ton en donna la moitie a William Wortbington , qui lui fut associe dans son emploi. Ce vieillard mourut au com- mencement du regne d'Elisabeth; mais on ne connait point la date precise de son deces. Richard Eden , I'un des premiers cosmographes de cette epoque, futtemoin de ses derniers momens; et Cabot lui parla, sur son lit de mort, dune divine revelation qui lui avait ete faite sur un nouveau et infaillible moyen de trouver la lon- gitude; mais, ajoutait-il, il ne lui etait pas permis de la reveler a un mortel. Ainsi , jusqu'a son dernier soupir, ce navigateur celebre fiit occupe des etudes auxquelles il avait consacre sa vie entiere. Henri VII avait recu de lui des explications etendues sur les variations de la boussole; mais on ne peut lui en attribuer la decouverte. II est constant que Christo- phe Colomb avait observe avant lui la declinaison et les i5. variations de i'aiguille aimantee; et les reniarques clu navigateur genois sont consignees d'une maniere aiithen- tique dans les relations de ses voyages, publiees par don Fernand de Navariete, illustre correspondant de notre Societe. Sebastien Cabot fut regarde par ses contemporains Tomme un des Vionimes de nier les plus eclaires. 11 fut honorablement employe par deux grandes puissances, et il ne dut qua d eclatans services la renomniee dont il jouit encore; mais I'injure du temps ayant fait dispa- raitre la trace d'une partie de ses travaux, nous avons le regret de ne pouvoir mieux indiquer le resultat de ses premieres navigations. Pourrions-nous, avec des docu- mens si incomplets, lui sacrifier les litres de quelques autres voyageurs non moins intrepides, dont les entre- prises ont ete couronnees de succes, et se sont termi- nees, non-seulemenl par des reconnaissances de terri- toires, mais par des etablissemens et des colonisations? Ne perdons pas de vue qu en appreciant le merite dune premiere decouverte, on ne pent rien ajouler a la re- nommee d'un navigateur sans diminuer I'illustration de ceux auxquels on avait atlribue pendant long-temps la priorite. Le desir d'etre impartial , la crainte d'etre in- juste, doit rendre plus circonspect; et lorsque les noms de Cortereal, Verazzani, Cartier, Ralegh, Frobisher, Hudson, Davis, Baffin, et quelques autres, sont deja recommandes a la posterite par les decouvertes que ces voyageurs ont faites dans les regions boreales du Nou- veau-Monde, on ne pent pas reconnaitre que Sebastien Cabot les yait devances tous sur quelques points deter- mines, tant que Ton n'a pas designe avec precision les plages continentales que ce navigateur a parcourues. L'ancien gouvernement deVenise avait rendu unecla- .' I ( 217 ) tant hommage a sa niemoire. Une des salles du palais ducal, nommee la saWe dello scudo , est encore orneede cartes anciennes rappelant lesitineraires et les decouver- tes des plus grands voyageurs venitiens, *?tles trois prin- cipales entreprises de Sebastien Cabot y sont consacrees par autant de cartes et d'inscriptions. On a figure, dans la premiere, les cotes orientales d'Amerique depuis le Labrador jusqu'a la Floride, et Ion y rappelle qu'en cherchant vers le nord un passage pour aller aux Indes, Jean et Sebastien Cabot ont decouvert Terre-Neuve; la seconde carte represente I'Amerique entiere : on y lit une inscription sur le voyage que Sebastien a fait dans le Rio de la Plata; la troisienie carte est celle de la mer boreale , entre le Groenland et le nord-est de I'Europe ; I'inscription qu'on y a placee s'applique aux navigations que Sebastien fit entreprendre dans cette direction, pour ouvrir de nouvelles conununications avec I'orient. Si ces inscriptions, dont nousne rappelons ici que les traits qui nous paraissent justes et incontestables, ren- ferment aussi quclques inexactitudes, nous n'avons pas cru neanmoins devoir omettre un monument geogra- phique si honorable pour cette famille venitienne ; car nous regardons comme la recompense la plus precieuse celle qui est decernee par la patrie. ( ^«8 ) Description de la province chinoise de Sse-TchoceN;, traduite et resumee du Tay-Tsing Y-tong-tchy, oil Geogranhie officielle de la dynastie impet-iale actuel- lement regnante , par Louis Lahiot , missionnaire lazariste. M. Louis Lamiot, pr^tre francais, missionnaire de la congre- gation des Lazaristes, fondateur du seminaire de Makao,est mort dans cetteville en juin i83i, apr^s quarante ans de missiou dans les provinces septentrionales de la Chine et dans la Tartaric. II etait verse dans les sciences exactes, et il a porte long-temps, a Pekin, le litre d'astronome de I'empereur. La description de la province de Sse-tchouen est I'un des chapitres les plus courts d'un resume rapide, fait par M. Lamiot, de I'ou- vrage cliinois Tay-Tsin^ ¥-toiig-tchy , livre etendu, distribue dans un ordrefort methodique, et accdmpagne de nombreuses cartes spe- ciales ou sont inseres des piao ou tableaux sjnonymiques des noms anciens et nouveaux. Le manuscrit de M. Lamiot indiquc soigneusement la place de cha- cune de ces cartes, qui sont au nombre de treize pour la seule pro- vince de Sse-tchouen. ll designe de m^me le numero de chaque article ou k'men, et nume le feuillet de I'ouvrage original oil se irouve cba- cnne des subdivisions qu'il resume. La description du Sse-tchouen commence, dans le livre cliinois , au kiuen ou article agf, et se termine avec le kiuen 3a3'', c'est-a-dire , qu'elle forme la matieie de trentetrois hiuen , offrant chacun un nombre de feuillets qui varie depuis un ou deuxjusqu'a plus de trente, le tout formant 578 feuillets pour la seule province de Sse-tchouen.Oa pent juger par la de I'etendue considerable de la description complete de I'empire entier, laquelle renferme en totalite 42.', hiuen. PROVINCE DE SSE-TCHOUEN. Apcrcu general de la province. La ville de Tchen-ton , capitale du Sse-tchnuen , «st a 5,710 ly snd-ouest de Pekin,De Test a Voiiest, elle V 219 ) a 3,000 ly d'etendue, et 3,2 10 ly tlu iioid au naidi.Elle confine a lest avec le Liou-pe ^ a I'ouest avec le Tibet, au niidi avec le Yun-nan , au nord avec le Chensj~,AU. sud-est avec le Koue-lcheou , au sud-ouest avec le Tibet, au nord-est et nord-ouest avec le Chensy. Elle renferme onze villes el districts du premier ordre , neuf du deuxieme ordre, relevant imniediatement du gouver- neur de la province; de plus six Ting on petits districts relevant aussi inimediatcment du gouverneur general. Mandarins civils de toute la province , 628. De meme, mandarins militaires, ^^'i-. Mandarins celebres qui ont eu part a ladniinistra- tion generale de la province : ils conimencent anx Hnn\ il y en a pen ; ils civilisent et pacifient le pays, souniet- tant ou contenantlesrebelles,les ilfwi, les Tibetains,etc. \ Mais toujours les troubles renaissent. Sous les San- kouo est cite Tchou-ko-leong, renomme dans tout I'empire pour ses exploits guerriers; sous les dynasties suivantesles uns s'illustrent en se conciliant I'estime et I'affection du peuple , des Man et des Y ( naturels du pays ou Tibetains ) ; d'autres les soumettent ou les con- tiennent par la force des amies... Ils epuisent tons les moyens de soumettre, contenir et pacifier le pays, c'est ce qui faitici leurgloire; tj^'itres font arroser les ter- res... Ils sont en grand nombre, niais peu de bien mar- quans;... guerres, troubles continuels. L'imagination est fatiguee a la lecture de tons ces troubles et massacres ; a peine trouve-t-elle a se reposer sur quelques traits de sagesse.,.. Les Tibetains viennent avec 480,000 homnies; on coupe la tete a 5o,ooo d'entre eux, on leur enleve 25o,ooo boeufs oumoutons, et on saisit 63o,ooo armes. Sous les Sing, guerres continuelles , horriblemeut desastreuses ; assez souvcnl les mandarins se distinqtieiil ( 220 ) en soulageant la misere publique; cette province a tor- tement resiste aux Suen, qui ont succede aux Sung. Sous les Yuen et les Ming, je retrouve a-peu-pres les niemes traits; les arrosemens augnientent considerable- nient. Le Sse-tchouen est vraiment ie pays des troubles, guerres et massacres , on dit que les races primitives ont ete totalement detruites, et que la province est peuplee demigrations faites du Chen-sy et Hou-kouang. De fait, les gens du Sse-tchouen paraissent avoir beau- coup de rapports avec les habitans de ces deux pro- vinces. Celle-ci est en paixdepuis une vingtaine d annees. Vers la fin des Ming, les troubles s'accroissent en- core; un certain nombre de Mandarins preposes au gouvernement general de la province sont victimes de leur devoi'iinent,et recompenses par Kien-lung a la ma- niere ordinaire. Sous la dynastie actuelle, les troubles continxient : les principaux mandarins parfois vainqueurs; un bon nombre, victimes de la guerre, sont honores par les eni- pereurs apres leur mort. Fou> uu villes et districts du i" ordre. Tchen-ton-fou , capitale de la province. La ville de Tchen-ton est a 5,7 lo If sud-ouest de Pekin. Son district a i^olyAe Testa I'ouest, et 275 //dunord au midi. 11 confine de tous cotes avec les districts de la meme province, rent'erme trois villes et districts du deuxieme ordre , et i3 du troisieme ordre. Moeurs, caractere:Le lerrein gras, fertile, abonde en bambous, et en arbres dont beaucoup sont a fruits; la ( 221 ) terre est cultivee avec le plus grand soin : aucuu entlroit n'est inculte...Lesarts sont en grandevigueur; le peuple estsimple, faible,doux; ilse nourrit de poisson et deriz... 11 aime beaucoup les lettres, et y a fait beaucoup de progres... Beaucoup de plantes medicinales. La ville de Tchen-ton a 22 ly et plus de circuit. Population du district: originairement, c'est-a-dlreau commencement de la dynastie actuelle, 35,4 16 ting; actuellement 235,027 families, qui ont ^6o,'ig'i ting. Terres cultivees: 68,177 tsing... Revenu en argent • 95,742 a taels. Montagnes : designees en grand nombre j une qu'on dit s'etendre a 1,000 ly; deux couvertes de neige et de glace qui ne fondent pas meme en ete ; une haute de 3o Ir] une qui , a son sommet, a des arbres dune hau- teur prodigieuse et des fleurs dune odeur exquise; deux pierres de cinq pieds qui font I'effet du miroir... Sur le sommet d'une autre un etang et un palais bati par les Kiu ; une boisee , une qui abonde en piones ou pivoines... Une source qui a trois ascensions par jour; beaucoup de sources et de grottes spacieuses: une d'ou le vent sort avec fracas... Nappes d'eau qui jaillissent avec violence; mines de fer autrefois exploitees; cypres antiques. On y voit encore des ecritures anciennes. Rivieres, lacs : en grand nombre; leurs positions, leurs cours sontici tres-detailles a la maniere ordinaire, lis communiquent avec les provinces voisines... arrosent beaucoup de terres... Pierres singulieres... Une cau par- ticuliere tons les ans offerte a I'empereur. Antiquites, debris de villes, etc., etc.: Quoique le Sse-tchouen n'ait ete bien soumis que dans ces der~ niers temps , la ville de Tchen-ton est tres ancienne , meme anterieure aux Han. Quelques-unes du meme dis- ( 222 ) trict ont ete baties sous les Han^ et les autres, en bon ii()inbre,sous les dynasties posterieures; plusieurs ont ete baties par les Mau. Cinq pierres tumulaires, bautes de trente pieds; une haute de dix pieds et plus, et de buit a neuf pieds de diametre. Une caverne creusee dans la montagne, qui a quelques dizaines de pieds; il y a une grande salle ou p;igode. Beaucoup d'autres debris, mo- nuniens, ecritures anciennes ; mais tout cela n'est qu indique. Douaneg, postes niilitaires: La plupart ont ete con- stiuits par les Cbinois pour se defendre contre les na- turels et les peuples de I'ouest, qui pendant bien des siecles , n'ont cesse de les harceler. Pouts : Un haut de 3o pieds , et long de loo pieds, • un long de 120 pieds, et large de 10; un haut de 90 pieds, large de 32, long de 43o pieds, portant trente niaisons ; il a ete repare par la dynastic actuelle... Les autres indiques seulement. Digues, ouvrages pour contenir, diriger les rivieres, arroser, etc., etc. : i!s sont en grand nombre, vraiiuent prodigieux , et souvent en pierres. Sepultures : Une d'un empereur des Han; une des princes , c'est-a-dire des anciens babitans du pays; d au- tres des bonirnes celebres des Han; une ou on a sculpte des bommes, des animaux, etc. , etc.; sous les dynasties suivantes, en assez bon nombre, niais indiquees seule- ment. Pagodes : Dediees aux esprits des fleiives ou rivieres, aux anciens empereurs, en grand nombre ; beaucoup sont tres considerables, niagnilicjuement embellies par la dy- nastic actuelle.... Monumens indiques seulement. Mandarins celebres: Deja sous Tsinc/n-hoang, un qui fait arroser dix mille tsing de terras (difficile a croire). { 2.3 ) Ensiiite sous les Han les uns s'illustrent en repandant I'instruction , civilisant les Man et les Y (naturels du pays), se concilient lestinie et latfection de tons par leur bienfaisance et leur sagesse; d'aulres repriment les turbulens par la force des amies... En assez bon nom- bre... jeretrouve les memes traits sous les dynasties sui- vantes, mais peu nonibreux et rien de bien saillant. Sous les Sung , en bon nombre ; guerres, troubles, desordres, massacres continuels : Quelques mandarins s'illustrent en pacifiant le pays; d'autres sont victimes de leur devoument ; I'imagination fatiguee de tant d'hor- reurs trouve a peine a se reposer sur quelques traits de sagesse ou de bienfaisance : celui-ci a fait arroser les terres , un autre a soulagc la misere publique , etc. etc. Sous les Ming\ i\ y en a qui perfectionneut lagricul- ture, soulagent le peuple ; viennent ensuite les guerres et les desordres ; quelques-uns les apaisent pour un temps, d'autres sont victimes , dont huit recompenses par Kien-lung long-temps apres leur mort. Natifs celebres : Un disciple de Confucius, dont le mausolee subsiste encore, sous \esHan; un bon nombre de mandarins lettres distincrues... Auteurs tres-volumi- neux...Un qui obtient, en se jetant dans un bucher, la pluie long-temps demandee en vain : il est celebre pour sa droiture, dit I'auteur... Quelques beaux trails de vertu sous les San-kouo et les dynasties suivantes; en- core des lettres et des mandarins dislingues , ecrivains, poeles... D'autres resistentaux Man, etc., les pacifient, les civilisent...Actes de bienfaisance... Quelques-uns (peu) s'illustrent a la tete des armees... Beaucoup d'liommes celebres, la plupart mandarins civils, lettres, ecrivains ; beaucoup sont victimes de leur devoument pour la jus tice et la legitimite... Tels sont les principaux traits que ( 224 ) j'ai pu recueillir ; d'ailleurs, point tie details hien inie- ressans... Les troubles continuent sous la dynastie ac- tuelle, ainsi que je I'ai dit plus haut. Fenimes celebres : Deux se dislinguent par les soins qu'elles out pour leur mere (tout cela recueilli)... Sous les dynasties suivantes il y en a peu ; elles se noient, s'etranglent, ou sont massacrees pour les raisons ordi- naires; une veuve se coupe les cheveux et se cicatrise les oreilles pour ne pas etre recherchee en mariage ; cette f'olle est honoree par I'empereur... Sous la dynastie ac- tuelle , a I'ordinaire; elles sont en assez bon nombre. Imniortels : A I'ordinaire, beaucoup de fables grotes- ques contees serieusement. Productions : Or, cuivre, fer; soies de toutes qualites en usage dans la Chine... Toiles , chanvre , kn, sel , ver- nis , the , bambous , vin d'une qualite particuUere , plantes medicinales. Tchong-tsing-J'ou. La ville de Tchong-Tsing est a 6,670 Jy de Pekin, et a 1,200 ly sud-est de Tchen-ton, capitale de la pro- vince ; son district a 56o ly de Test a I'ouest, et SpS ly du nord au midi; il renferme deux villes et districts du deuxieme ordre, et onze du troisieme ordre. Moeurs, caractere : La terre est de peu de rapport, le pays est pauvre; les habitans sont droits, aimant la tran- quillite, occupes de I'agriculture... La ville de Tchong-fou a 11 ly et plus de circuit. Population : Originairement 14,592 f//?^, accrue de 898,447 ting... 199,772 families. Terres cultivees : ii2,o38 tsing...^even\x en argent, 58,o68 taels. Montagues : En grand nombre, hautes de 10 ly, ,( 225 ) 8 /^, 7 {T) etc... Une lumineuse j une qui parail en feu, tlont la fumee s'eleve jusqu'aux nues ; une toute boi- see; une qui abonde en nan-mou^ espece de cedre qui sert a la construction des grandes barques... Puits d'ou on tire du sel... Une oil sont conserves 2>o^ooo kiuen ou volumes. Une d'ou sortent des nappes d'eau jaillissanta 3o pieds... Beaucoup de sources; etangs, parfois au sommet meme des niontagnes... Mines de fer ; une mon- tagne dont les pierres ressemblent au cuivre... Plusieurs renommees par les combats qui s'y sont livres... Nappes d'eau qui jaillissent avec impetuosite... Bruit du tonnerre qui se fait entendre a lo /> a la ronde... Grottes spa- cieuses , et beaucoup d'autres curiosites. Rivieres : En bon nombre; plusieurs qui donnentdu sel; une d'ou on tire un ler qui supplee a lacier; une qui bruit comme le tonnerre ; detail ordinaire ; rien autre de reniarquable. Antiquites, debris, monumens :Quelques villes baties sous les Han, d'autres sous les dynasties suivantes; details ordinaires. Douanes , postes militaires : ... Fonts : ... Digues... Sepultures... Tout cela indique, rien de remarquable. Mandarins celebres: Sous les Han et les dynasties sui- vantes; il yen a peu ;ils s'illustrent ensoumettant, civi- lisant les Man, les Y ( naturels du pays)... Sous les Sung, un mandarin fait supprimer beaucoup de lieuxde debauche; dans les maladies, onnefaisait usage que de sortileges et de vaines observances; il determina a user de medecines. D'autres se distinguent par des ouvrages d'utilite publique, plusieurs en guerroyant contre les Man; 1 un deux, ne pouvant les vaincre, se coupe la ( 226 ) gorge... Sous les Ming, troubles intenninables; cjucl- ques-uns les apaisent, d'autres sont viclimes et recom- penses a la maniere ordinaire. Nalifs celebres: Sous les Tchou un general famcux, qui aide puissamment le royaume des J^c/^ott,c'est-a-dire le Hou-kouang\ sous les Hon ^ un astrononie celebre; par la suite, quelques generaux distingues, lettres bien peu...Piete iiliale, rieu de bien marquant. Sous les Ming et la dynastie actuelle , un certain nonibre en tout genre. Fenimcs celebres: Traits ordinaires, ou de peu d'in- teret. Immortels montes au ciel : Fables grotesques con- tees serieuseiTient. Productions : Or,fer, sole, toile, ko, sel, oranges, L) tchj (fruitconnua Canton), cinabre, muse, niede- cines; et autres objets que je ne connais pas,et ne trouve pas dans nosdiclionnaires, cequi est assez frequent rela- tivement a ce qui a rapport a I'liistoire naturelle. Pao-ning-fou. La ville de Pao-ning est a 5,3go ly de Pekin, et a 620 fy nord-est de Tchen-ton... Son district a ^10 ly de Test a I'ouest, et 600 // du nord au midi... Au nord il confine avec le C/ien-sy... II renferme deux villes et districts du deuxiemc ordre, et sept du troisieme ordre. jMoeurs, caractere: Droits, sinceres, respectueux, eco- nomes, polis , elegans. La ville de Pao-ning a 9 /y et plus de circuit. Population du district : Originairement 16,2^2 ting, accrue de 377,184 fingj 77,736 families... Terres cultivees , 25,322 Ising... Uevenu en argent, 28,?) 10 taels. ( 2^7 ) Montagnes: Plusieurs tres-haiites; une couverte de nuages et de neige, nienie en ete; plusieurs boisees ou couvertes de foretsj beaucoup d'animaux feroces: nuages, vapeurs qui s'elevent des montagnes.. .Beaucoup de sour-, ces , detangs qui arrosent les terres, parfois meme au sommet. Monlagne qui brille ; pieries merveilleuses ; mines de cuivre... Tambour de pierre qui se fait enten- dre a plusieurs (r... Beaucoup de grottes souvent spa- cieuses ou curieuses. Rivieres : Enbon nonibre,detaillees a la maniere ordi- naire. Terres arrosees , beaucoup de poissons , quelques monuniens indiques seulement. Antiquites, debris de villes, etc. : Qtielquesunes assez anciennes, mais point de details interessans; I'au- teur ne cite que des debris ; il parle a^ssi d'une fameuse bibliotheque qui probabUnient a disparu. Douanes, postes militaires : Un, dont les murailles sont hautes de 5o pieds, pent lenfermer lo mille bommesj il y a de I'eau ; beaucoup d'autres forts, batis pour resister aux naturels,n'ont point ete repares, et sont tonibes en ruines. Plusieurs renommes dans I'liistoire... Quelques monumens, indiques seulement. Pouts : Un vraiment prodigieux qu'on dit avoir i5 niille arcades... Des pierres ou on a grave des vers; le reste indique seulement. Sepultures : Rien de remarquable... Pagodes : pen ; a lordinaire, rien d'interessant. Mandarins celebres: Le premier est le fameux Tchnng- fei sous les Sou-kouo ^ qui a coiiquis la province, du moins en partie... Par la suite, plusieurs marchent sur ses traces, d'autres s'efforcent de se concilier laffection du peuple et des naturels par leur sagesse et leur bien- faisance;queiqups-uns s'appliqucnt a perfectioner I'agri- ( 228 ) culture, pacifient le pays, soulagent la misere publique etc.. Sous les Sung seuleinent ils sont un peu nonibreux, refornient les moeurs, s'illustrent par leur bravoure et leurdevoiinientdont ils sont parfois les victimes... Trou- bles continuels. Sous les Yuen et les Ming, a-peu-pres les memes traits, mais en petit nombre ; le peuple eleve des aiiiels a un deux ; Kien-long en recompense a sa maniere plusieurs qui, pour les raisons ordinaires, out ete tues , ou se sont suicides sous les Ming. Sous la dy- nastic actuelle, deux se distingent par leur devoxlment, dont un est victime. Natifs celebres: Commencent aux Han ; rien de remar- quable. Sous les Sou-kouo quelques generaux distin- gues, dont un a des autels ; un lettre qui a laisse des Guvrages... Sous les dynasties suivantes, peu; quelques lettres ou braves qui prelerent mourir plutot que de se rendre... Sous les Sung et par la suite, quelques-uns en tout genre, mandarins, lettres, ecrivains, etc. etc., niais peu... Sous les Ming , un qui par piete tiliale s'est coupe le gras du cul ; il est celebre... j'en ai deja cite plusieurs. Sous la dynastie actuelle, piete filiate; devoiiment, dont plusieurs sont victimes. Femmes celebres: Commencent aux iS'Mw^seulement ; une est changee ou transformee en poisson dore. Par la suite,il y en a qui s'etranglent ou sont massacrees,etc. etc., d'autres qui gardent la viduite ; et le reste a I'ordinaire. Productions : Or,fer, soies, toiles , sel,tbe, giiigem- bre,medecines, cire, miel , des pierres , farine de ko , nattes, papier, poisson d'une especeparticuliere, etc. etc. Choun- tsing-fou. La vdle de Choun-tsing est a 8,825 ly de Pekin, et .^ 6qo l) nord-est de Tchen-ton, capitale du Sse-tchouen; I ( 229 ) son district a 470 Ij cle lest a I'ouest , et 200 ly du nord au midi... renferme deux villes et districts du deuxierae ordre, et huit du troisieme ordre. Moeurs, caractere : Anciennement braves, intrepi- des, aimant la guerre, courant en barques et en cha- riots; le peuple, adonne au commerce, negligeail I'agri- culture... Sousles Han, ils se tirent reniarquer par leur droiture et leur justice; sous les Tang, par leursimmor- tels et autres choses semblables ; sous les Sung, par leur elegance, politesse et litterature... II est dit d'eux, dans la geographic des Ming, « anciennement loues par leur « justice et leur droiture; le peuple est droit, simple, « doux et genereuxj ou liberal. » La ville de Choun-tsing a 9 /;' et plus de circuit , 9 portes ; batie sous les Ming, et reparee sous la dynastic acluelle. Population : Originairement 12,024 ting ; accrue de 719,684 ting.... 148,159 families.... Terres cultivees, 33,837 tsing.... Revenu en argent, annee ordinaire, 74,3i4 taels; quand il ya une lune intercalairc , on ajoute2,3i2 taels. (Je pense que cette addition a lieu dans tout I'empire , raais je la trouve ici pour la pi-e- miere fois). Montagues : Vues pittoresques.... une boisee.... une autre abonde en arbres et en paturages... Beaucoup d'eaux, sources, etangs, etc. etc... Mine de fer... Fails memorables, combats, etc., qui ont illustre ces lieux. Rivieres : En bon nombre , details ordinaircs... Antiquites, debris de villes, etc. : Beaucoup, mais rien d'important. Douanes, postes militaires... Fonts... de meme. Sepultures : de meme. ^;- Pagodes : rien de remarquable. 16 ( -.30 ) Mandarins celebres : Sous les Han et les dynasties suivantes, il y en a pcu; civilisent le pays, mettent le bon ordre. Sous les iyM«jO' seulenient, c«st-a-dire, assez taid , la population s'accroit cojisiderablement , les arts font des progrcs, mais aussi , troubles, revokes, fa- mines. Alors s'illustrent un assez bon nonibre de man- darins, qui se devouent pour I'etat... Par la suite, c'est- a-dire sous les Yuen et les 31ini( , quelques traits sem- blables , mais peu. Sous la dynastie actuelle, quelqnes- uns s'illustrent par leur devoiiment et leur bienfaisance. Natifs celebres : Sous les Han , ils se distinguent centre les Y et les Man , naturels du pays... Sous les dynasties suivantes, peu; quelques traits seinblabies... Parmi eux se trouve I'auteur de San-Aoiiotc/i/ , his- toire ou plutot roman des San-kouo (ce livre est tros repandu en Chine)... Sous les Sung^ quelques-uns se distinguent dans les lettres on I'adniinistration ; ecri- vains... piete filiale, il y en a peu. Sous les M/'ng, memes traits; quelques-uns vietinies de leur devoumenl, et recompenses par Kicn-lung , a sa maniere.... Sous la dynastie actuelle, quelques mandarins ou lettres distin- gues; piete filiale, rien de remarqnable. Fenunes celebres : Une sous les Han , qui prefere etre massacree plutot que de se deshonorer...Ensuite, apres bien des siecles, sons les Ming, plusieurs s'etranglent,etc.; piete iiliale, ct lereste, a 1 ordinaire. Immortels : fables grotesques... Productions: Fer, soie, sel, oranges, matieres ou plantes medicinales. Sin-tcheou-fou. La ville de Sin-lcheou est a 9,25o ly de Pekin (il y a sans doute ici une erreur, car la ville de Tchen-ton n'est qua 5,710 ly de Pekin) et a 790 ly sud-estde Tchen-ton^ I ( 23l ) capitale du Sse-tchouen. Son district a 5g5 ly de lest at I'ouest, et 3^4 b' ^^ nord au midi... au sud-ouest, con- fine a vec le Yini-nan... renferme onze villes et districts du troisieme ordre, et deux ting, ou petits districts separes... Moeurs, caractere : Les anciens auteurs les disent Y et Leao, vrais barbares, sans mceurs, sans decence; la geographie des Sung ajoute qu'ils ont adopte les cere- monies, la musique , la litterature des Chinois. La ville de Sin-tcheoit a 6 ly et plus de circuit. Population : Originairement i4?327 ting ; accrue de 636,84o ting.... Terres cultivees, 37,798 tsing. Revenu en argent, 51,778 taeis. Montagues : Une tour haute de 200 pieds, dediee a la Reconnaissance ; autres monumens indiques seule- inent...Plusieurs de ces montag^nes ont servi de refuse aux Man^ aux Fel aux brigands... dautres sont renommees pour les combats des Man, des Y et des Chinois... une abonde en fleurs koue-hoa, tres odorantes... une ou a ete construit un chemin qui conduit a 2000 ly au midi; il est celebre dans les guerres; souvent beaucoup d'ar- bres sur les cotes.,, une fertile, qui, dans lessecheresses, reflechissant la lumiere du soleil , brille comme Tor... une abonde en bambous dont on mange les rejetons ; uneeau claire, qui a I'eflet dumiroir; ailleurs, beaucoup de cerfs... une, d'oii on a tire autrefois beaucoup de cedres, mais qu on a abandonneea cause des difficultes et des dangers ; grottes , beaucoup de sources et d'e- tangs , parfois , au sommet meme ; une fontaine mer- veilleuse sortie d'une vierge qui n'a jamais voulu consen- tir a ses noces. Rivieres : Plusieurs viennent de I'ouest , c'est-a-dire du Tibet ou des environs, et facilitent la communica- 16. ( ^3. ) tion avec ces pays , clont je ne Irouve ici que le nom chinois; ailleurs, rivieres, lacs, etc., en grand nombre, indiques a la maniere ordinaire... puits au sel beati- coup de curiosites (ou fables). Antiquites , villes detruites , etc. : A cette occasion , il est souvent parle de diverses peuplades qui ont tia- bite le pays, les Leao^ les Man^ les F, les Ln-tao, etc... mais je ne trouve point d eclaircissement sur cc qui les regarde. Ge pays, si long-temps conteste par tant de partis , a ete souvent le theatre de la guerre; les villes detruites son t en grand nombre; details ordinaires, ou pure nomenclature; quelques monumens indiques. Douanes, postes niilitaires, et fortifications assez con- siderables pour contenir les Man^ etc.... Fonts: rien de remarquable. Sepultures : sont indiques deux ou trois monumens antiques... Pagodes : peu, et rien de remarquable.... Man ^ present 34,989 families. Terres cultivees : 8,397 ^■*'"& • Revenu en argent : 1 1,177 t^els. Montagues : II y en a de Ires hautes, dont une ne pro- duitrien,a toutes ses pierres rouges, et contient du sel; une couverte de cypres antiques; ailleurs, excellent the; pierres qui ressemblent au sel blanc... Fontaines, eaux, meme au sommet ; fleurs inou-tan ou pivoines ; plantes nitdicinales ; cascades, fontaines de sel.... Imniortels; une femmechangee en pierre; grottes curieuses.... ( 234 ) Rivieres : En bon nombre; plusieurs communiquent avec le Kou-kouang. Details ordinaires; beaucoup de puits a sel; une pierre dont on tire du sel en la faisant bouillir.... Antiquites, debris de vilies, de forteresses : En bon nombre, mais rien qui interesse I'Europe. Douancs , postes niilitaires : Une muraille qui a quel- ques dizaines de />•, contre les Y et les Miao, batiesous les Ming' Autres details ordinaires. Fonts : une seule pierre qui forme un pont; rien au- tre de remarquable. Sepultures : Quelques-unesanciennes, indiquees seu- lement.... Pagodes : Une qu'on dit renfermer des nionumens anciens; beaucoup d'arbres antiques.... Le reste . a I'or- dinaire, mais pen. Mandarins celebres :Sous les //rm et les dynasties sui- vantes , ils se distinguent en combattant, soumettant et pacifiant le pays. Sous les Sung, memes traits; ils se distinguent aussi par leur bienfaisance, et en exploitant les mines desel, tres communes en ce district; ils ame- liorent I'agriculture. Avec la population croissent aussi les troubles; a cette occasion s'illustrent bien des man- darins; les uns sont victimes de leur devoument, d'aii- tres triomphent des obstacles... Sous les Ming, on en voit qui avec leurs families succombent dans les trou- bles. Sous la dynastic actuelle, deux seulement : un est tue par les brigands , un autre prie dans la seche- resse, et obtient une pluie abondante... Hommes celebres : Tres peu ; deux braves ; et ensuite, sous les Ming, un qui a des autels pour sa bravoure et sa bienfaisance; quelques autres traits semblables, mais peu. ( .35 ) Femines celebres : l;i premiere, suus les Mini;-, luee par les brigands ; sous la dynastie actuelle , a I'ordiiiaire , mais pen. Productions : Or, fer, etain , chanvre, toiles, soies, sel, vernis, odeurs, papiers, oranges, the, vin, t'aisans, peau d'ours et de cerfs, medednes; oiseaux de toules couleurs tres jolis; cire d abeille,. poivre, etc. , etc.; au- tres choses a examiner. hung-ngan-fou. La ville de Lung-ngan est a 11,240 (>• de Pekin, eta 65o ly au nord un peu est de Tchcii-ton ., capitale du Sse-tchouen... (Voila encore des distances quejenecon- cois pas, Tchen-ton n'etant qua 5,710/jde Pekin). Son district , de Test a I'ouest, a pSo /^, et i , 1 00 ly du nord au midi... Au nord-est, conline avec la province de Kan- Jou; a I'ouest, avec le Tibet on les pays voisins.... Ren- ferme quatre villes et districts du troisieme ordre.... Moeurs, caractere : Droits, simples, adonnesa I'agri- cullure et a la chasse.... Montagues ou vallees; peu de. plaines, beaucoup d'endroits marecageux ; les malades, et les sourds sont en grand nombi'e ; la teire est de peu de produit. Population du district: Originaircment 5,o53 tingy accrue de 204,640 ting..,. Terres cultivees : 563o tsing ; d'antres terres cultivees en partie.... Percu en argent, 8,744 taels. Les Fou (peuple de I'ouest) paient pour la chasse, etc., i4 taels, et en grains, lo^.tan. Montagues : Une de terre rouge, qui au soleil brille comme I'or; une qui abonde en plantes medicinales... Beaucoup d'eaux, fontaines, dont plusieurs a jet d'eau; mines detain ; grottes curieuses, spacieuses... Plusieurs montagnes, toutes boisees ;, une, toiijours couverle do ( '^36 ) neige, brille comine I'argentj sur uiie autre, biillent toutes les couleurs.... Monumens antiques; grotte ou caverne qui a quelques tlizaines de fy d'etendue; une tontaine qui jaillit coiitre une pierre dont le bruit se fait entendre a quelques Ij; pierre blanche comme I'a- gale; fontaine qui jaillit avec le bruit du tonnerre; pa- gode avec des tuiles de fer; the dune espece particu- liere. Beaucoup de ces montagnes sont tres hautes et tres escaipees. Pierre qui a 1 effet du niiroir. Rivieres : Details ordinaires. Antiquites, debris de ville, etc., etc. : Rien de bien remarquable. Fonts : Un de cent cinquante pieds ; deux belvederes au-dessus; le reste indique sculement. Douanes , postes militaires, forteresses : En bon nom- bre pour obvier aux Fan; indiquees seulement. Digues, sepultures, pagodes : A I'ordinaire; rien de remarquable. Mandarins celebres : Rien de remarquable, si ce n'est un, qui, sous Kien-lung ^ s'illustra en anieliorant I'agri- culture, repandant I'instruction , etc. etc. Natifs celebres : Un seul, qui sous les Ming^ a I'arri- vee des brigands, s'enferme et nieurt; hien-Iung, apres plusieurs siecles, le recompense a sa maniere... Femmes celebres : Commencent aux Ming seulement ; il y en a peu , et rien de bien remarquable; a I'ordi- naire.... Productions : Or, ter, etain , mercure, muse, ko et salarine , the , plantes niedicinales. Ning-yuen-fou. La ville de Ning-yuen est a i i,5oo // de Pekin , et a i,23o Ij sud-ouest de Tchen-ton... Son district a 660 ly ( ^37 ) cle lest a I'ouest, et 1,290 ly du norti au midi. A I'ouest et au midi , il confine avec le Yun-nan ; sous d'autres co- tes, avec les Man ou Fou.., Renferme una ville et dis- trict du deuxieme ordre , trois du troisieme ordre, un ting ou petit district relevant immediatement du gou- verneur de la province. Mceurs, caraclere : Dans la geographie desFwe/j, ilest dit que ces peuples font grand cas de la doctrine des lettres ; que quand ils se voient, ils se mettent a genoux sans se saluerj qu'ilssont richesenor et enperles; qu'ils onten abondance du millet etautres grains; quelepeuple se nourrit de moutons et de boeufs, dont le poil ou la laine leur fournit le vetement en abondance; qu'ils se font des habitations avec des planches et des bambous. Dans la geographie des Ming, il est dit qu'ils font avec beaucoup d'industrie des cuirasses et des sabres, cou- teaux...; des arcs et des fleches empoisonnees qui don- nent la mort sur-Ie-champ. La geographie actuelle ajoute que c'est un melange de Chinois, de Man, et de toutes races; ils se vetent de feutre ; ils mangent des vers et des rats (ce qui a lieu a Canton); ils ne sortent qu'en portant Tare et le carquois ; ils ont quelque chose de terrible. La ville de Ning-yuen a 9 /^ et plus de circuit. Population du district : Originairement 11,^00 ting', accrue de 269,735 ting.... Terres cultivees, 226 tsing; autres terres semees de pois et de feves, 523 tsing.... Percu en argent: i,3ii taels ; en grains divers, pois, feves, etc., 1 1,718 tan; de plus, percu des naturels, 33 taels, etc. Montagnes : Plusieurs froides ou couvertes de neige toute I'annee; d'autres encore habitees par les Man, les Y, etc. Mines dor, d'argent, decuivre blanc, de cuivre ( 238 ) louife avec des particules d'argent; sable blanc; pierres a teindre; d'autres de diverses couleurs.... Grottes spa- cieuses, curieuses, qui ont de I'eau; toinbeau dun ge- neral chinois qui jusqu'a present fait trembler les Y, etc. Rivieres : Une chaude en tout temps; pi usieurs, ainsi que dans les districts precedens, ont leur source au Ti- bet ou dans les pays de I'ouest... Une qui roule des perles ; une glacee, meme en ete.... Une qui abonde en gros poissons ; ailleurs , beaucoup d'excellens poissons... Puits et etangs d'ou on tire du sel. II y a des endroits nial- sains i d'autres, sains, oil on se retire pour con server la sante. Antiquites, debris de villes : Plusieurs de ces lieux sont renonunes pour les guerres et les denieles entre les Chinois et les F, les Man et les Leao, ce qui a donne lieu a beaucoup de villes ou de forteresses a present detrui- tesjmais tout ccla n'est quindique... Details ordinaires; il est parle de clievaux qui tout 1,000 // ou cent lieues. par jour. (J'ai vu des chevaux du Sse-tc/ioue/i, petits mais jolis, et qui allaient tres vite). Douanes , postes militaires : En assez bon nombre , destines a contenir les Man, les Y, les Fou, les Leao, c'est-a-dire les naturels ou les peuples de I'ouest, en bon. nombre et assez considerables. Mandarins celebres : 11 y en a peu; ils civilisent, sou- mettent les naturels du pays, se concilient leur affec- tion, etc., etc. Sous les Ming on emploie la force des, armes, etc. Sous la dynastic actuelle, un s'etrangle pour ne passe souniettre, un autre pour lamemeraison meurt dans le combat. Natifs celebres: Sous les Ming seuXemeut, quelques- uns se distinguent contrc les naturels; ils sont tues ou> s,e tuent... ( ^39) Femines celebres: Sous \esMing, quelques-iines se jettent dans le feu ; et le reste, a I'orclinaire. Productions: Argent, cuivre, fer,sel, alun. ^ Ya-tclieou-fou. La villa de Ya-tcheou^ est a 6,020 fy de Pekin, et a 33o ly sud-ouest de Tchen-ion.., Son discrict a 535 ly de Test a I'ouest , et 385 ly du nord au midi. A I'ouest il confine avec le Tibet... Moeurs, caractere : Beaucoup de montagnes , peu de terres cultivees... Droiture, simplicite dans les moeurs j peu de proces, de querelles; les hommes tout occupes de leur menage , les femmes ne recherchant pas les paru- res... C'est un melange de Chlnois et de diverses peupla- des,Ma/z, F, etc... lis savent I'urbanite; la est comme I'entrepot des thes et autres marchandises qui passenta I'ouest ou en viennent. La ville A^Ya-tclieou a 5 ly de circuit, et futbatiesous les Ming... Population du district : Originairement SaSi ting- accrue de 86,986 ting... Terres cultivees , 3,71 5 tsing. Percu en argent I'j^'jig taels... quelques autres somnies peu considerables... Montagnes : Une qui abonde en excellent the... Deux pierres admirees pour leur beaute... Mines de cuivre tres abondantes, autrefois exploitees... Fontaines volan- tes touterannee...Plusieursmontagnescouvertesdeneige toutel'annee, dont unebrille comme le Yer...Gy\)se tres blanc... Beaucoup de pins; ailleurs beaucoup de pois- son... Une ou brillent toutes les couleurs... Une dont le sommet est inaccessible... Une on on entend un bruit semblable a celui d'une cloche... Une couverte de bani- bous dont les rejetons se niangent ; elle est d'un grand ( 24o ) pioduit pour les habitans du pays... Une d'ou souffle un vent pestilentiel... Sontindiques quelques defiles impor- tans... Pierres blanches comme la neige... Beaucoup de sources, quelques grottes. Rivieres, fontaines, etc. : en bon nombre. Une qui a trois marees par jour ; details ordinaires. Source tou- jours tiede... Antiquites , debris de villes , etc. etc. : Ces mines sont des villes ou forteresses construites par les Chinois ou les nalurels; tout cela n'est qu'indique... En grand nombre... Quelques nionumens designes... Douanes, postes militaires: Enassez bon nombre cen- tre les Foil, les Man etles F, etc., etassez considerables; mais tout cela n'est qu'indique... Fonts: Un de iii pieds en fer ; le reste , details ordinaires. Sepultures: Sont designes quelques monumens. Pagodes: Peu, a I'ordinaire... Mandarins celebres : Commencent aux Sung seule- ment; quelques-uns civilisent, pacifient lepays... Sous les Ming, deux seulenient travaillent dans le meme but; un est victime de son devoument, et recompense par Kien-lung, a la maniere ordinaire... Sous la dynastie actuelle, et le regne de Kang-sy, un seul perfectionne I'agriculture , se concilie I'affection du peuple. Natif's celebres : Tres peu ; rien d'interessant. Femnies celebres : Commencent aux Ming; a I'or- dinaire, tres peu. Productions : Or, nattes, poivre, plantes medicinaies, et autres choses a examiner. Kia-ting-fou. La ville de Kia-ting est a 9,845 fy de Pekin , et a 390 I ( Ml ) // sud de Tchen-ton... Son district a 4oo ^J de Test a I'ouest, et iio fy Au nord au midi... A I'ouest confine avec les Y ou Tibetains... Renferme quatre villes et dis- tricts du deuxienie ordre , et sept du troisieme ordre. Moeurs, caractere : lis aiment les lettres ; c'est un melange de Y et de Chinois; ils croient beaucoup aux diables; ont des habits courts et les boutons a gauche (les Chinois les ont a droite) j ils se font des habitations avec des bambous, portent les cheveux epars... Le peu- ple bon, simple, doux, lout adonne a I'agriculturej peu de proces. La ville de Kin-ting- a 1 1 /^^ et plus de circuit. Population : Originairement io,4o5 ting-^ accrue de 265, 3o8 ting... Terres cultivees, i4,3i5 tsing. Percu en argent, 45,o85 taels. Montagnes : Designees en grand nombre; on y trouve des poires qui ont des vertus medicina1es,du the; beau- coup de ces montagnes sont tres hautes...une a 1000 (^de circuit; plusieurs ont du sel; une est toute boisee; une abondeen bambous amers,dont on mange les rejetons; une couverte de pins ; ailleurs beaucoup de pivoines... Plantes medicinales ; pierres singulieres... Beaucoup de sources, et qui parfois arrosent les terres; nappe d'eau qui jaillit a 8,000 pieds. (Difficile a croire)... Mines de fer... Defiles importans, grottes curieuses, et autres merveilles. Rivieres, lacs, etangs , etc. : Details ordinaires ; puils qui fournissent du sel, Antiquites, debris de villes, etc. : A-peu-pres comme dans les districts precedens. Douanes , postes militaires : De meme. Ponts, digues : Rien de remarquable. Sepultures: Peu; sont indiques quelquesmonumens. ( 242 ) Pagodes : Peu j ricn de remarquable. Mandarins celebres: Peu, et a-peu-pres comme dans les districts precedens. Natifs celebres : Aucun sous les Han; par la suite quelques mandarins ou lettres distingues. Productions : Or, toiles, the, soie, muse, vernis grossiers, vernis appele (ung-you^ Ij-tchy. Tung-tcheou-fou. La villa de Tung-tcheou est a SSjo If de Pekin, et a 320 ly nord-est de Tchen-ton... Son district a 38o // de Vest a I'ouest, et 670 ly du nord au midi ; il est inclus dans les autres districts de la meme province. Mceurs, caractere : L'esprit exalte: ne rougissent nide la pauvrete ni de riuimiliation \ peu s'occupent de la litterature et de I'antiquite, aimant ce qui est singulier ou extraordinaire. La villc de Tung-tcheou a 9 ^ de circuit. Population : Originairement 10,490 ting-^ accrue de 79,265 ting... Terres cultivees, 26,074 tsitig. Percu en argent 80,076 taels. Montagues :En grand nombre,plusieurs tres hautes... Beaucoup d'eaux, sources, cascades, etc. , meme par fois au sommet... Mines de cuivre, grottes, etc. Rivieres , etc. : En bon nombre ; details ordinaires. l^ne source dont I'eau est un specifique pour les mala- dies des yeux; beaucoup de puits d'ou on tire du sel... Antiquites , debris de villes , etc. : En bon nombre; point de details interessans. Douanes, postes militaires : dememe. Ponts: Rien de remarquable... Sepultures : dememe; sont designees quelques antiquites. Pagodes : peu, et a I'ordinaire. ( M^ ) Mandarins celebres : Conimenceiit aux Tang ^ s'illus- Irent par leur bienfaisance et leur devoument ; assez nombreux sous les Sung j tres pen par la suite. Natifs celebres : Sous les Han et les dynasties sui • vantes, quelques-uns se distinguent dans les lettres et Tadministration , par leur bienfiiisance, etc... d'autres, victimes des Man^ sous les Tang, plus nombreux; quel- ques ecrlvains. Sous les i^M/?^, menies traits, mais en plus grand nonibre, des braves, des guerriers. Sous les Ming, quelques-uns s'illustrent aussi de la mememaniere. Sous la dynastie actuelle, plusieurs se distinguent par leur piete filiale , leur devoument. Femmes celebres : Une heroine, qui sauve sa ville; une savante ; le reste a I'ordinaire. Productions : Argent, cuivre,fer, sel, soiries , ko, oranges, niatieres ou plantes niedicinales. {^La suite azi nwnero prochain,') DEUXIEME SECTION « DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEGGRAPHIQUES, ETC. INoTE sur la position des rochers nommes les Mangs , dans Varclupel des Mariannes, Le capitaine Beecbey , dans son voyage au Pole Nord, a determine la position des I'ochers nommes les Mangs, dans I'archipel des Mariannes; il place ces rochers dans le nord-ouest de I'lle de I'Assomption , par 19 Sy 2" de latitude septentrionale , et 214° 4^' 12 de longitude orientale deGreenwich, ou 142° 59'24'al'ouestdeParis. M. de Freycinet , dans le voyage de V Uranie, a donne la position de ces memos rochers par 19° 3i' 42' et ( 244 ) 143° 1 3' 36'', et il les place dans le sud-ouest de la meme ile. Lesrochers appeles Mangs par les deux navigateurs, sont-ils les memes; ou doit-on supposer que I'erreur n'est que dans le nom , et qu'll existe reellenient deux groupes , I'un au nord-ouest, et I'autre au sud-ouest de I'lle de rAssomption? Le capitaine Beechey parait pencher pour cette se- conde opinion , car il dit , dans une note , qu'il regrette de n'avoir pas eu connaissance, avant son depart, de Texistence des roches du sud-ouest qu'il a du laisser un peu au sud, parce qu'il aurait cherche a les recon- naltre, pour Her son travail a celui de M. de Freycinet j il est cependant peu probable que des rochers qui ont ete apercus de tres loin par le navigateur francais , aient pu ecliapper au capitaine Beechey, qui est passe tres pres de leur emplacement presume. Comme, dans le doute, on serait porte a lesmarquer sur les cartes, j'ai cru devoir examiner d'apres quelles observations M. de Freycinet avail etabli leur position. L'analyse de la carte generale des Mariannes (page 344) ? m'a fait voir qu'on n'avait eu qu'un relevement sur un point , apercu a I'horison , du haut des mats, le i6 juin 1 8 19. D'apres la carte d'Arrowsmith , ce devait etrc les rochers les Mn/ig,i, que ce geogri«phe place au sud de nie del'Assomption. Pour determiner la longitude de ce point, M. de Freycinet recourul au Voyage de Laperouse, ou il trouva ( torn. II, page 307) qu'etant au mouillage de I'Acsomption , on avait releve les Mangs 28" a I'ouest , a environ 5 lieues , sans indiquer si c'etait au nord ou au sud, M. de Freycinet a suppose , d'apres Arrowsmith , que ce devait etre au sud 28° ouest, eta conclu, d'apres cela, la latitude deces rochers de 19° 32', en supposant ( 245 ) celle de TAssomption de 19" /\o'. Tout repose done sur la supposition que le relevement observe par Laperouse etait le sud 28° ouest. Mais on trouve dans le voyage (page 3i I ) le recit suivant de la route de notre celebre et infortune compatriote. * A troisheures, fyisfrolalje ayant mis sous voiles, « nous continuaines notre route a I'ouest-quart-nord- « ouest, prolongeant a trois ou qualre lieues les Mangs , « qui nous restaient au nord-est-quart-nord. « II est evident des-lors quele relevement prisdu mouil- lage etait le nord 28° ouest, et non le sud 28" ouest, ce qui s'accorde d'ailleurs avec les cartes de I'Atlas du Voyage. On doit done conclure que la terre relevee a bord de VUranie le 16 juin 1819 , etait I'lle de I'Assomption elle-meme, et effacer de nos cartes les rochers places au sud de cette lie sous le nom de Mangs , attend u que les rochers de ce nom sont situes vers le nord-ouest de cette lie. P. D. Traite avec une tribu maure. Les recits de tons les malheureux Europeens naufra- ges sur la cote occidentale d'Afrique, ont des long-temps fait connaitre combien sont redoutables et cruels les Maures errans en ces parages ; ils font surtout une dou- loureuse peinture des maux qu'ils ont ens a supporter de la part de I'une des tribus les plus puissantes, appe- lee par FoUie et Saugnier Ladbessebas , par Adams P'iila de Bousbach, par Scott Oulad Missebah, et dont le nom exact est celui da^ouldd Abj-Sehd. L'administration francaise du Senegal a recemment ( ^46 ) conclu, avec le Scheykh de cette tiibu , Mohammed Oiild Amar^ un traite par lequel celui-ci s'oblige a faire conduire dans nos etablissemens tous les Europeens qui naufrageraient desormals sur la cote etendue que parcourt sa qabyle. * A. TROISlEiUE SECTION. ACTES DE LA SOCI^TE. PROCES-VERBAUX DES SEANCES. Seance du 2 mars i83j. Le pi'oces-verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. le ministre des affaires etrangeres transmet a la Societe une notice sur la cotede la Mer-]\oire,appeIee Lazistan, redigee par M. Fontanier, gerant le consulat de France a Trebizonde. — Renvoi au comite du Bulletin. (Voir n" 106, page ^8.) M. de la Roquette, consul de France en Danemark, annonce qu'il a remis a M. le capitaineGraali la niedaille de la Sociele. II annonce en nienie temps la prochaine publication de la relation de lexpedition de M. le capi- taine Graah aux cotes du Groenland; il I'adressera a la Societe, en I'accompagnant dune analyse detailleo.M. de la Roquette fera connaitre plus tard a la Societe les tra- vaux geograpbiques des savans dunois, qui sent plus considerables qu'on ne le croit generalement. M. Warden communique I'extrait dune lettre ecrite a bord du vaisseau anglais la Thclis^ en date de Callao le ao septembre i83o, par M. le lieutenant Sayer. Les ( ^47 ) details interessans que contient cette lettre sur les diffe- rentes relaches aux iles Easter, Pitcarn, Nookaheevah , Otahiti et Longotaboo, sont renvoyes au comite du Bulletin. (Voirn° io6,page io8.) M. Jomard communique deux lettres qui lui sont adressees, I'une d'Alger, par M. Muller, secretaire-in- terprete, I'autre de Mexico, par M. Adrien Cochelet, consul general au Mexique et a Guatemala, aujourd hui charge d'affaires du roi au Mexique.Le premier annonce la publication dun Moniteur algericn ; il s'occupe d'un vocabulaire del'idiome des Beni Mozab. Le second donne de nombreux details geographiques sur les pays compris entre Mexico et Guatemala. — Renvoi au comite du Bulletin. (Voir n° 1 06, page loi.) II est donne lecture dun rapport sur la collection ethnographique de M. Lamare-Picquot, fait au nom dune commission speciale composee de MM. Bianchi, Eyries et Jomard. MM. les commissaires pensent que cette collection doit etre placee au premier rangdecelles qu il est desirable de posseder pour en faire jouir la science et le public francais. lis pensent aussi que ce voyageur a bien merite de la geographic, et qu'il est digne des eloges de la Societe, pour le zele qu'il a deploye, le de- voument dont il a fait preuve, et les heureux resultats qui ont couronne ses efforts. — L'assemblee adopte le rapport et le renvoi au comite du Bulletin. (Voir n" 106, page 86.) M. Rous de Rochelle lit un rapport etendu sur les voyages de Sebastien Cabot, — Renvoi au comite du Bulletin. (Voir page 117.) M. Eyries annonce que la commission du prix a de- cerner pour la decouverte la plus importante de I'annee i83o s'est reunie, eta decide a I'unanimite que le voyage »7- ( 248 ) de M. Douville dans I'Afrique i^uinoxiale nieritait la re- compense offerte par la Societe. II presentera son rapport a la prochaine seance. M. d'Urville annonceegalement pour la meme seance le rapport sur le concours relatif a I'origine des races negres asiatiques. Seance du i6 mars. Le proces-verbal de la derniere seance est lu el adopte. , M. I'ingenieur en chef des ponts-et-chaussees, presi- dent de lasociete coloniale de letat d'Aiger, adresse les statuts de cette nouvelle association, et reclame le con- cours de la Societe de Geographic, en lui offrant de son cote les documens qu'ellepourrait desirer, et qu'il serait a portee de lui fournir. La Commission centrale accueille avec interet les pro- positions et les offres qui lui sont faites par la societe d'Aiger d'entrer en relation avec la societe de Paris. M. Vandermaelen ecrit de Bruxelles pour offrir a la Societe un exemplaire du Dictionnaire geographique de la province de Liege ^ qu'il vient de publier de concert avec M. le docteur Meisser. — La Commission lui vote des remercimens. ^ M. Bouvard communique une lettre de M. le baron d'Hombres(Firmas) relative au nivellementbarometrique des Cevennes. — Renvoi a la conmiission du concours. M. d'Avezac donne verbalement quelqucs details sur la suite des hostilites qui ont eu lieu entre les Mandings de la Gambie et les Anglais de Saint-Mary-Bathurst. M. Eyries, au iiom d'une Commission speciale, pre- sente le resume de son rapport sur le concours relatif au prix annuel pour la decouverte la plus iraportante en geographic. D'apres ses conclusions , M. le president ( =^49 ) proclanie que le prix annuel est adjuge a M. Douville, pour son voyage au Congo et dans linterieur de I'A- frique equinoxiale. JVl. d'Urville communique ensiiite son rapport sur !e concours relatif a I'origine des races negres asiatiques. D'apres ses conclusions, une mention honorable et une medaille de la valeur de cent francs sont accordees au nienioire portant I'epigraphe suivante : Les langages ne nientent pas. L'ouverture du billet cacbete fait connaitre le nom de M. Rafinesque, professeur des sciences naturelles a Pbi- ladelpbie. Sur le rapport de M. le general Bonne, la Societe ac- corde une niedaille d'or de la valeur de cent francs au menioiresur le nivellement barometrique des Cevennes, ayant pour devise : La mesure des principaux points de la chaine des Cevennes est un present a faire a la geographie et aux sciences physiques. L'auteur est M. le baron d'Honibres(Fii'nias),membre de la Societe. MEMBRES AnMlS HANS LA SOCIKTE. Seance du 2 mars iSlia. M. le baron Esteve. Assemblee generate du ?to mars i832. M. Brandao, secretaire de la legation bresilienne a Paris. M. Carr, consul general des Etats-Unis a Maroc. M. Fisher, de Philadelpbie. M. le baron Ta\i>or. ( a5o ) OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seances des i et i6 mars. Par M.Worcester : The Jmerican Almanac ^i^'i'i. Par M. Gide : Nouvelles Annales des Voyages, cahier de fevrier. Par la societe d'agriculture de la Charente : Cahiers de novemhre et decembre de ses Annales. „ Par M. Vander-Maelen : Dictionnaire geographiquede la province de Liege , i vol. in-8. Par la societe royale des sciences de Lille : Mcmoires de cette Societe pour 1 8 29-1830. Par I'academie royale des sciences de Rouen : Precis des travaux de cette Academic pour i83i. Par M. Bajot : Annales maritimes et coloniales, cahiers de fevrier et mars. Par M. de Moleon : Recueil industriel et manufacturier, cahier de decembre i83i. ( aSi ) PROGRAMME r3ES PRIX. MEDAILLE ANNUELLE POUR LA DECOUVERTE LA PLUS IMPORTANTE. Medaille cVor de hi valeuv de i ^ooo Jr. La Societe de Geographic offre une medaille d'or de la valeur de mille francs au voyageur qui aura fait, en geographie, pendant le cours del'annee i83i , la decou- verte jugee la plus importante parmi celles dont la Societe aura eu connaissance; il recevra, en outre, le litre de Correspondant perpetuel , s'il est etranger , ou celui de Membre, s'il est Francais, et il jouira de tous les avantages qui sent attaches a ces litres. A defaut de decouverte de cette espece, une medaille dor du prix de cinq cents francs sera decernee au ■vojageur qui aura adresse pendant le meme temps a la Societe les notions ou lies communications les plus neuves et les plus utiles aux progres de la science. II sera porte de droit, s'il est etranger, sur la liste des candidats poui la place de correspondant. PRIX D'ENCOURAGEMENT POUR LES DECOUVERTES EN AFRIQUE. Voyage aux lieux conniis sous le nom de Marawi. La Societe offre une somme de deux mille francs , et un anonymecellede cinq cents francs pour servir a fonder un PRIX d'encour AGEMENT cu favcur du premier voyageur qui sera parvenu jusqu'au lieu designe sur les cartes d'Afri- que sous le nom de Marawi , el qu'on croit situe vers le 32* degre de longitude orientale, et vers le lo* parallele sud. II s'efforcera de reconnaitre quehjue partie du I aj2 ^ cours du lleuve appele Loffih ^ (|ui, clit-on, coule vers ce parallele, et descend , dans la direction S.-E., du revers de la grande chaine transversale d'ou sort le Nil Blanc. II recherchera s'il existe quelque communication entre le Loffih (i) et les caux couranles ou stagnantes designees siir les cartes sous le nom de MarawL On desire que le voyageur fixe dune nianiere certaine la position des lieux qu'il aura visitef, et qu'il donne une relation de son voyage, et les materiaux d'une carte exacte sur laquelle sera trace son itineraire; qu'il decrive autant que possible le ciimat, les montagnes, les acci- dens du sol, en un mot, la geographic physique des contrees qu'il aura parcourues, et qu'il recueille des renseignemens sur les montagnes et les contrees envi- ronnantes. II observera la population, les moeurs et les usages des habitans, les principales especes d'animaux et pro- ductions du pays; enfin il essaiera de former des vocabu- laires des differentes nations. PRIX D ENCOURAGEMENT POOR UN VOYAGE DATTS LA PAR- TIE MERIDIONALE DE T.A CARAMANIE. Vne medaille (For de la valeur de i,/\oo J^i'ancs. La Societe entend par la partie meridionale de la Caranianie les contrees qui, an midl de la chaine du niont Taurus, portaieut autrefois les noms de Lycie, Pamphylie et Cilicie. Le capitaine anglais Beaufort a (i) Ge fleuve, si Ton en croit plusieurs rapports, aurait une com- munication avec la principaie riviere du Soudan. Un habitant de Ba- gliernii a rapportc- aussi a M. Koenig qu'il existe :iussi au sud de son pays une montagne d'ou sort une grande riviere dirigee vers Test. ( V. le BiiUeiin, tome VI, pages 171 et 17 5). I ( 253 ) leve les cotes de ces pays: on pourra sappuyer sur ses reconnaissances pour visiter I'interieur. On decrira le pays en parcourant les villes, bourgs et villages qui peuvent se trouver dans les vallees formees par les conlre-forts du Taurus. Plusieurs de ces contre- forts sont tres eleves: on niesurera leur hauteur baro- metriquenient ,etron penetrera dans la chaine du Tau- rus qui les domine, et dont il sera necessaire de mesu- rer egalement les plus hauts sommets. On examinera la nature du terrein , et on vcrifiera si cette chaine ne consiste pas dans une suite de plateaux eleves, sembla- bles a ceux de la Cordilliere d'Amerique. On suivra le cours des rivieres , en observant qu'elles ont forme beau- coup d'atterissemens a leurs embouchures. « La Societe demande une relation manuscrite et « delaillee, faite par I'autenr, d'apres ses observations « personnelles, et accompagnee d une carte geographi- « que sur laquelle sa route sera tracee. » L'auteur presentera le pays sous son aspect physique; il en fera connaitre le climat, le sol , les productions , la culture, I'industrie , le commerce et la population, dont il decrira les moeurs et les usages. II donnera , autant qu'il lui sera possible, le plan des villes ancien- nes, dessinera les nionumens, copiera les inscriptions grecques, romaines, armeniennes , et nieme musuhua- nes, qu'il rencontrera, et fera mention des monnaies anciennes qui lui seront offertes, en ayant soin d'indi- quer les lieux ou elles auront ete trouvees. II poussera ses reconnaissances au-dela tin mont Taurus, afin de pouvoir rattacher ses itineraires a des villes connues, telies que Erekli , Konieh, Ak-Sheer, Kara-Hissar, etc., et il cherchera meme a penetrer jusqu'a I'Euphrate. II fera des observations de latitude en plusieurs C^U ) endroits, et deterniinera les longitudes, soit astronomi- quement, soit par le nioyen de la montie marine. On recommande particulierement a son attention la trans- cription des noms des lieux dans la langue et dans les caracteres du pays, et on le prie de remanpier si ces lieux ne portent pas differens noms, suivant le langage des differens peuples qui les habitent. Le prix sera decerne dans la premiere Assemblee gene- rale de i833. La relation devra etre remise an bureau de la Com- mission centrale avant le 3i decembre i832. HISTOIRE MATHEMATIQUE ET CRITIQCE DES MESURES DE OEGRES. Medaille (Cor de la valeurde Goojrnncs. Tracer I'histoire mathematique et critique de toutes les operations qui ont ete execulees depuis la renais- sance des lettres en Europe pour mesurer des degres des meridiens terrestres et des degres de paralleles a I'e- quateur. Presenter les resultats de ces operations de maniere a faire connaitre les limites des erreurs ou des incertitu- des dont ils pourraient etre affectes. Deduire les consequences qui derivent de ces resul- tats, relativement a la determination de la figure du globe terrestre, eta la valeur precise des mesures itine- raires geographiques les plus usitees pour la construc- tion des cartes. Ce prix sera decerne dans la premiere Assemblee generale de i834. Les menioires devront etre deposes au bureau de la. Commission centrale avant le 3 1 decembre i833. ( 255 ) ANTIQUITES AMERICAIMES. Une Medaille dor de la valeiir de i^^oo fr. La Societe offre une medaille d'or de la valeur de 2,4oo fr. a celui qui aura le mieux renipli les conditions sulvantes : On demande une description , plus complete et plus exacte que celle qu'on possede, des mines de I'ancienne cite de Palenque, situees au N-0. du village de Santo- Domingo Palenque, pres la riviere duMicol, dans I'etat de Chiapa de I'ancien royaume de Guatimala, et desi- gnees sous le nom de Casas de Piedras dans le rapport du capitaine Antonio del Rio , adresse au roi d'Espagne en 1787 (i). L'auteur donnera les vues pittoresques des monumens avec les plans, les coupes et les principaux details des sculptures (2). Les rapports qui paraissent exister entre ces monu- mens et plusieurs autres de Guatimala et du Yucatan font desirer que l'auteur examine, s'ilest possible, I'an- tique Utatlan , pres de Santa-Cruz del Quiche, province de Solola (3), I'ancienne forteresse de Mixco et plusieurs autres semblables , les mines de Copan , dans I'elat d'Honduras (4); celles de I'lle Peten,dansla laguna de (1) Voy. Description of the ruins of an ancient city discovered near Palenque, in the kingdom of Guatemala , iu Spanish America ; translated from the original manuscript report of captain don Anto- nio del Rio : London, 1822 , in-4°. (2) II est a desirer qu'il soit fait des fouilles pour connaitre la des- tination de galeries souterraines pratiquees sous les edifices, et pour constater I'existence des aqueducs souterrains. (3) La caverne deTibulca, pr^s de Copan, est soutenue par des colonnes. (■4) On compare les restes d'Utatlan, pour leur masse et leur gran- ( 256 ) Itza, sur les liniites de Chiapa, Yucatan et Verapaz j les anciens batiinens places dans le Yucatan et a vingt lieues au sud de Merida,entre Mora-y-Ticul et la ville de Nocacab (i); enfin , les edifices du voisinage de la ville de Mani ; pres de la riviere Lagartos (2). On recherchera les bas-reliefs qui representent I'ado- ration d'une croix, tel que celui qui est grave dans I'ou- vrage fait d'apres del Rio. II importerait de reconnaitre I'analogie qui regne entre ces divers edifices , regardes comnie les ouvrages d'un nieme art et dun meme peuple. Sous le rapport geograpbique, la Societe demande surtout: i* des cartes particulieres des cantons ou ces ruines sontsituees, accompagnees de plans topographl- ques: ces cartes doivent etre construites d'apres des methodes exactes; 2" la bauteur absolue des principaux points au-dessus de la mer; '.\° des remarques sur I'etat physique et les productions du pays. La Societe demande aussi des recherches sur les tra- ditions relatives a I'ancien peuple auquel est atlribuee la construction de ces nionumens , avec des observa- tions sur les mceurs et les coutumes des indigenes, et des vocabulaires des anciens idiomes. On examinera specialement ce que rapportent les traditions du pays sur I'age de ces edifices, et Ion recbercbera s'il est bien prouve que les figures dessinees avec une certaine cor- rection sont anterieures a la conquete. Enfin I'auteur recueillera tout ce qu'on sait sur le deur. a tout ce que le plateau de Couzco et le Mexique offrtiDt de plus grand. On doiine au palais du roi yaS pas geoinetriques sur 376. («) L'uii de ces b^timeus a , dit-ou , fioo pieds de face. (a) Ces derniers etaient encore habites par un prince indieii a IV - puque de la conquete. ( 237 ) Votan ou Wodan des Chiapanais, personnage compare a Odin et a Boudda. Ce prix sera decerne dans la premiere assemblee gene- rale de 1834. Les memoires , cartes et dessins , devront etre deposes au bureau de la Commission centrale,avanl le 3i decem- bre i833. PRIX D ENCOURAGEMENT POUR UN VOYAGE DE DECOU- VERTES DANS l'iNTERIEUR DE LA GUYANE. Une MedaiUe d'or de la valeur de 'j, 000 francs. Reconnaitre les parties inconnues de la Guyane f'ran- caise , determiner la position des sources du fleuve Maroni,et etendre ces recherches aussi loin qu'il sera possible, a I'ouest , dans la direction du deuxieme paral- lele de latitude nord , et en siiivant la ligne du partage des eaux entre les Guyanes et le Bresil. Le voyageur fixera les positions geographiques et le niveau des principaux points , d'apres les meilleures methodes, et rapportera les elemens d'une carte neuve et exacte. La Societe desire qu'il puisse recueillir des vocabu- laires chez les diverses peuplades. Le prix sera decerne dans la premiere Assemblee generale de Tan i835. La relation devra etre deposee au bureau de la Com- mission centrale avant le 3i decembre i834. ( ■-^«>8 ) GEOGRAPHIE DE LA FRANCE. 1" Une Medaille (Tor de la valenr de 800 francs , ct une autre de la ualeur de ^00 Jrancs. La Societe a mis au concours, en 1824, le sujet de prixsuivant: « Description physique d'une partie quelconque du - territoire francais, forinant une region naturelle. » La Societe indique, coninie examples, les regions suivantes : les Cevennes proprement dites, les Vosges, les Corbieres, le Morvan , les bassins de I'Adour^ de la Charente , du cher, du Tarn , le Delta du Rhone, la cote- basse entre les Sables-d'Olonne et Marennes, la Solo- gne, enfin toute contree de la France dislinguee par un caractere physique particulier. Les rapports physiques et moraux de I'homme , lors- qu'ils donnent lieu a des observations nouvelles, doivent etre ratlaches a la description de la region. Les memoires doivent etre accompagnes dune Carte qui indique les hauteurs trigonometriques et baro- nietriques des points principaiix des montagnes , ainsi que la pente et la vitesse des principales rivieres , et les limites de diverses vegetations. Ces deux prix seront decernes dans la premiere Assem- blee generate annuelle de I'annee i833. Les memoires devront etre remis au bureau de la Com- mission centrale,^avantle 3i decembre i832. 2° NIVELLEMENT DES FLEUVES ET DES KIVIERES DE FRANCE. La Societe offre une medaille dor d'encouragement a ( ^59 ) chaque ingenieur ou autre personne qui aura procure le nivellement geometrique dune partie notable du cours des fleuves et des principales rivieres de la France. La Societe n'adniettra pas au concours les copies des nivelleniens deja deposes dans les archives des Ponts-et- chaussees et des autres administrations publiques. Dix medailles seront consacrees, chaque annee, pour le menie objet. Le minimum de I'espace a niveler est fixe a dix lieues de vingt-cinq au degre. Chaque medaille sera de la valeur de loo francs. Les memoires et ~profils , accompagnes des cotes et des elemens des calculs, devront etre deposes au bureau de la Commission centrale, avant le 3i decembre i832. M. Per ROT , memhre de la Societe^ a bien voulu faire en outre les fonds de deux prix dont 'voici le sujet. Deux medailles dor d encouragement sont offertes aux auteurs des nivellemens barometriques les plus eten- dus et les plus exacts , faits sur les lignes de partage des eaux des grands bassins de la France. Ces medailles, de la valeur de loo francs chacune, seront decernees dans la premiere Assemblee generale annuelle de i833. Les memoires et profils, accompagnes des cotes etdes elemens des calculs , devront etre deposes au bureau de la Commission centrale, avant le 3i decembre i832. Total du nombre des Prix : vinst-un de la valeur de Dix-SEPT MitLE SEPT CENTS FRANCS, indepeudammenl des souscRiPTioxs qui sont ouvertes au bureau de la Societe (rue Dauphine , n°36), et chez le tresorier ( rue de Seine n° 6 ) , pour les voyages en Afrique. ( 26o ) CONDITIONS GENERALES DES CONCOURS. La Societe desire que les memoires soient ecrits en francais ou en latin ; cependant elle laisse aux concur- rens la faculte d'ecrire leur ouvrages en anglais, en italien, en espagnol ou en portugais. Tons les memoires envoyes au concours doivent elre ecrits dune maniere lisible. L'auteur ne doit point se nommer, ni sur le titie , ni dans le corps de I'ouvrage. Tous les memoires doivent etre accompages dune devise et dun billet cachete , sur lequel cette devise se trouvera repetee, et qui contiendra, dans I'interieur, le nom de l'auteur et son adresse. Les memoires resteront deposes dans les archives de la Societe, niais il sera libre aux autcurs d'en fairo tirer des copies. Chaque personne qui deposera un memoire pour le concours est invitee a retirer un recepisse. Tous les membres de la Societe peuvent concourir, excepte ceux qui sont membres de la Commission centrale. Tout ce qui est adresse a la Societe doit etre envoye franc de port et sous le couvert de M. le President, a Paris, rue et passage Dauphine^ n" 36. Paris, le 3o mars i832. ANNONCES. Le Voyage au Congo et elans I'interieur dc V Afrique iquinoxiah vient d'etre mis en vente chez M. Douvh-ie, rue Saiiit-Guillaume, ii<> 20, pr^s la rue des Saints-P^res , faubourg Saint-Germain. — 3 vol. in 8 , avec atlas. Prix , 3o francs. »%^^ %<%*% V»«'»»^*. BULLETIN DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE. N° 109. — MAI i832. PREMIERE SECTIOIV. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS, DESCRIPTION DES NATURELS DE LA TERRE DU ROI GEORGE, DANS LA NOUVELLE HOLLANDE. Le Journal de la societe royale de geographic de Loii' dresj a public sur les aborigenes de la terredu roi George, d'lnteressantes observations recueillies de 1827 a 1829, par M. Scott Nind, et dont nous allons offrir une tra- duction abregee , apres quelques mots prelirainaires sur le pays memo. La terra du roi George , dont la baieou le port, qu'on appelle en anglais King George s sound , se trouve par 18 ( 26a ) 35° 6' 2o" latitude siid, et ii8» i' o'' longitude est du nieiidien de Greenwich, est situee sur la cote meridio- nale, et peu loin derextieniite sud-ouest de la Nouvelle- Hollande. EUeestconvenablemcnt placee pour le radoub etlesapprovisionnemensdes navires allant de la Nouvel- le-Galles du sud,colonie sud-est derAustralieja lanouvelle colonic dela rivieredes cygnes ( swan river ) fondee vers le sud-ouest; elle presente iin havre excellent, peut-etre meme le seul bon port du voisinage de cette derniere colonic. La belle situation de ce havre que Vancouver visita le premier en 1792 , que Flinders , Baudin, Freyci- net virent ensuite, dont I'expedition de d'Entrecastaux a leve tousles plans , et ou debouche la riviere des Fran- cais, determina legouvernemenlbritannique a y former un etablissement en i8?.6. Les diverses descriptions que les navigateurs ont fai- tes dece point maritime, nous dispensent dereproduire ce qu'en dit apres eux M. INind. II s'est borne , du reste, a en decrire les deux bassins interieurs, dont I'un pent recevoir les grands vaisseaux, qui y jettent I'ancre en pleine securite pres du rivage. L'aspect general de la contree est triste, mais pitto- resque. Les colonies qui s'elevent derriere 1 etablisse- ment sont couvertes d'arbustes assez beaux , mais la plu- part frappes au coeur et inipropres aux batisses ; plus loin cependant, les montagnes ont des bois de bonne qualite. 11 serait difficile d'indiquer ici la succession des ue/its et des saisonSy parce quelle n'est point uniforme. Les vents d'estconmiencent d'ordinaire a souffler en decem- bre, pour continuer de regner jusqu'a la fin de mars; <;etle periode peul etrc consideree comme formant I'ete. Ces vents dost sont d abord assez violcnsetaccompagnes ( 263 ) de pluie; a mesure que la saison avance les vents du nord se montrent, et la chaleur au tliermometre de Fahrenheit marque jusqu'a 98° (i), pour persister ainsi pendant les niois de mars et d'avril , ou dominent les vents d'ouest , qui durent jusqu'a la fin de juillet. Les vents sud-est regnent en aout et septenibrej les mois d'octobre et de novembre sont generalement beaux et signales par des pluies frequentes. Le vent chaud du nord qui se fait sentir a Sydney brule aussi de temps a autre la terre du roi George , et pendant Fete on y a beaucoup de tonnerre et d'eclairs. Au total le climat est beau , et il tombe assez de pluie pour les besoins de la vegetation, qui dans les plaines est,au surplus, unpen grossiere. Venons aux habitans. Les Naiurelsde la terre du roi George, ont une taille moyenne, des membres greles , et la plupart un abdo- men protuberant. Leur seul habillement est une peau de kangurou , descendant jusque pres du genou, jetee comme un nianteau sur les epaules , et attachee a I'epaule droite avec un jonc , de nianiere a laisser la main droite libre de ses mouvemens. Lorsqu'il pleut, la fourrure est en dehors. Quelques-uns de ces manteaux sont si etroits et si minces , que ceux qui les revetent semblent marcher tout nus, et en particulier les enfans dont le mantelet n'est guere qu'une simple bande de peau. Les peaux plus larges sont pour les temmes. Les autres articles d'habillement sont la ceinture, les brace- lets et la coiffe. La ceinture est une longue bande filee ou tissue de la fourrure de Topossum, et tournee autour de la peau de kangurou , plusieurs centaines de fois. Une bande analogue est aussi quelquefois portee autour (i) Environ 29° r/2 de Reaumur, et pr^s de 37° centigrade. 18. ( 264 ) du bras gauche et tie la tete , a laquelle encore certains chefs placent des plumes et dcs queues de chiens, ou bien ils roulent autour de leur tete leur longue cheve- lure. Les fenimes nont aucun ornenient et portent les cheveux couits; niais les filles ont parfois autour du cou an petit cordon delaine fdee. Les deux sexes se frottent le visage et la partie superieure du corps avec un iard rouge, niele de graisse, qui leur donne une odeur desa- greable. lis I'emploient, disent-ils, comniemoyen depro- prete et pour se garantir du soleil et de la pluie. Leur chevelure est souvent empreinte du meme fard. Au moment ou ils viennent de s'cn frotter , ils ont une couleur de poussiere de brique, et une singuliere apparence. En signe de deuil ils se peignent une bande blanche sur le front, en travers et en descendant sur les pom- met les des joues. Les femmes s'appliquent la couleur blanche en larges taches. Se peindre le corps n'est pas ici un signe de guerre, commedanslaNouvelle-Galles dusud; cela n'est regarde que coniuH! un ornement qu'on ne neglige presque jamais dans les danses ou lorsque les tribus se visitent reciproquement; on le pratique surtout dans les saisons de I'annee ou Ton peut se procurer de la graisse depois son ou (raniniaux. Cependant, il est quelques individus qui bien rarcnicnt yont recours. Iciexistelc meme usage qu'a Sydney, celuidesefairedes entaiiles ou balafres sur le corps, etde main tenir une profondecicatrice, en forme de saillie, ce qui a lieu principalement sur les epaules et sur la poitrinc, et ce qui est tout a la fois une mar- que proprea differentes tribus, ainsiqu'une honorable distinction personnelle.On seperforeegalenientlacloison nasale pour y suspendre une plume ou quclque autre ( 265 ) objet. Les ornemens du costume, neanmoins, ne desi- gnent pas un homme revetu de quelque autorite, cai- les jeunes gens seuls les portent. Les blessjires cicati-i- sees sur le corps, sontaussi des marques de distinction plus relatives auxtribus qu'auxpersonnes. Chaque homme de la tribu , lorsqu'il voyage ou va seulementa une certaine distance du campement, porte iin baton enflamme par un bout, afin depouvoir allumer desf'eux, et en hiver tous en'ont un sous leur manteau pour mieux s« preserver du froid. G'est generaiement un cone du Banksia grandis, lequel a la propriete de raster allume un temps considerable. Une ecorce pour- rie ou une espece de bois vermoulu est aussi employee au nieme usage. Les naturels ont grand soin de conser- ver ce luminaire, et ils allumeront meme un feu ( par friction ou autrement) expres pour le raviver. Leurs amies sont,soit des lances de deux ou trois especes, qu'ils poussent avec un baton approprie a ce dessein ; soit un couteau (i), puis un marteau de pierre, et un curl ou. arme courbee, unie, analogue au bourne- rang des naturels de la Nouvelle-Galles du sud. Les lances sont faites d'un long et mince baton, epais d'un doigt, et d'un bois dur, poll avec soin, bien dresse et affermi encore dans le feu. H y a de ces lances qui ser- vent pour la peche , en y adaptant un nerf du kangurou ; elles ont huit pieds de longueur. Les lances de guerre sont plus longues et plus iourdes, etant a cinq ou six pouces de leur bout armees de pierres aigues fixees avec de la gomme et analogues aux dents dune scie. Chaque homme porte de deux a cinq lances. ( I ) B&ton arme de pierres aigues lixees sur un lit de gouiiiie a I'cx- tiemite. ( 266 ) Leurshuttes( I ) consistent en quelques baguettes plan- tees dans le sol et fonnant un berceau de quatre pieds de hauteur sur cinq ou six de largeur. On en reunit quelquefois deux en une. On les couvre legerement de leuilles vertes. Lors des pluies on y ajoute des mor- ceaux d'ecorce sur lesquels on place des pierres , afin que le vent ne puisse les emporter. Ces huttes se voient generalement dans les lieux abrites pres des eaux , le derriere oppose au vent regnant , et avec un feu qui brule constaniment sur le devant. Chaque hutte renferme plusieurs individus qui y reposent enveloppes de leurs manteaux, pele-mele et par tas; on y voit egalement les chiens , admis a partager leurs couches. Un campement se compose rarement de plus de sept ou huit huttes, car, excepte dans les temps de peche et durantles chaleurs , ou une multitude considerable se rassemble,le nombredes individus est d'ordinaire petit, et peu de huttes suffisent. Ce nombre excede rarement cinquante personnes. Les huttes sont disposees de maniere a ce qu'on ne voie pas de I'une dans I'autre. Les hommes se tiennent seuls dans une; les enfans reposent avec les femmes dans une plus grande pres des maris. Ces sortes de campemens constituent plutot des families que destribus. Elles quittent la cote en hiver, et se reti- rent dans Vinterieur;les naturels de I'interieur viennent a leur tour sur la cote dans la saison de la peche. Comme le pays n'abonde pas en alimens , ces naturels ne sont point stationnaires, ils vont dun lieu a I'autre, suivant les provisions qu'ils peuvent s'y procurer. C'est (i) Les huttes des Australiens different considerablement entre les diverses tribus; en general, elles sont d'une simple et grossi^re con- ttruction partoul. ( ^67 ) en hiver et au printemps qu'ils soiit le plus dissemines; mais a mesure que I'ete approche, ils se reunissent en plus grande affluence. C'est pendant cette saison qu'ils amassent le plus de gibier , et ils y reussissent a mer- veille en mettant le feu tout autour des lieux ouils chas- sent, et enveloppant ainsi leur proie, sans lui laisser aucune issue. Les chasseurs, caches par la fumeedans les sentiers les plus frequentes des animaux, les tuent alors a leur passage, et ils en detruisent une quantite considerable. L'incendie quelquefois s'etend a plusieurs milles de distance. Des que le feu a passe quelque part, les indigenes se niettent a chercher parmi les cendres , les lezards et les serpens detruits par milliers, et ils prennent aisement aussidans leurs trousceux quiontechappe auxflammes. A la chasse, les chasseurs sont aides de leurs chiens, qu'ils ont pris jeunes et eleves dans ce dessein, toute- fois sans se donner beaucoup de peine et sans leur en- seigner un mode de chasse particulier. Ces chiens pa- raissent avoir un flair tres subtil el ils selancent vers le gibier en le saisissant ou le faisant lever avec une eton- nante dexterite,principalement lesbandicouts, les petits kangurouset les oj)ossunis; mais pour chasserl'eniuetle grand kangurou, ils ne sont point assez agiles (i), Ces (i) On sail que Vopossum est une espece d'oiseau qui saute d'arbre en arbre , en se donnant I'^lan au moj en de sa queue , qu'il entortille a une branche ; que le bandicouc est une espece de gros rat sans queue qui se blottit dans la terre ou dans le creux des arbres ; qu'eu- fin le kangurou ou kangarou est un quadrupfede tout-a-fait particu- lier a la Nouvelle-HoUande, et tournant sur sa queue, qui lui sert a-la-fois de siege et de trepied ; un seul de ses bonds le transporte a plus de trente toises. UEmu est un oiseau de six pieds de hauteur, et qui n'a ni langue, ni plumes, ni aiies; il est convert d'une four- ( a68 ) chiens vivent de vegetaux, de racines, d'entrailles ei d'os d'animaux. A certaines epoques de disette, le chien est force de quitter son maitre, et de pourvoir a sa propre subsistance ; mais il revient generalenient au bout de quelques jours. II aboie rarement (i), mais il mord ferine en happant a la nianiere du renard. C'est un tres bon gardien domestique, et il attaque bardi- ment les etrangers. Dans Tetat sauvage les naturels le luent pour en manger la cbair. lis mangent plus babi- tuellement de la cbair de kangurou, moins souvent de celle de I'emu, oiseau qu'ils epargnent surlout en biver, au moment de la ponle. Les lezards coniposent leur nourriture de predilection, et meme la principale en certaines saisons. lis mangent egalement des fourmis et surtoutleurs oeufs, qui ontun gout d'buile ; lis man- gent meme des serpens dont quelques-uns sont veni- meux, mais ils ont soin auparavant de leur ecraser la tete et de vider I'estomac. Au printemps la principale nourriture des indigenes se tire des oeufs et des jeunes desoiseaux, comme perroquets, faucons, dues, cygnes, pigeons, etc. lis prennent I'opossuni en suivant la trace desesgriffes surl'ecorcejusqu'ason trou dans les arbres. En ete et en automne les naturels de la terre du roi rure qui tient le milieu entre les poils et les plumes , et il a quelque chose sur les c6tes qui ressemble a deux ailes, mais dout il ue peut jamais se servir pour voler; il court trfrs vite. (i) Cnnningham, dans sou Voyage a la Nouvelle-Galles du Snd {Two years in New South Wales'), dit que le chien de cette contree n'a- boie pas, mais hurle d'une facon lamental)le en cherchant sa proie. A ce sujet , le tome vi de men Voyage dans les cinq parties du monde prdsente de plus amples details extraits du m^me ouvrage, public en 1817, et dont ime traduction par madame Aragon est pr^te a voir 1« jour. ( 26g ) George, tireiit de la peche une grande partie deleurs alimens. lis n'ont pas de cariots et ne savent point nager, differant en cela des indigenes des aulres parties du continent australien. Aussi ne saisissent-ils que le pois- son qui s'approche du rivage. lis n'ont ni filets, ni cro- chet, ni iigne, et ne se serventquede !a lance qn'ils sa- vent, il est vrai , manier avec une grande dexterite. C'est aux embouchures des ruisseaux ou des rivieres que leur peche est le plus abondante (i). Quand elle depasse leurs besoins presens, ils sechent, rotissent et gardent le restant dans des ecorces. Ils prennent sur- tout beaucoup d'huitres ; parfois des veaux-marins, des tortues , et nieme des baleines que le hasard a je- tees sur le rivage, et qui leur fournit une graisse co- pieuse, laquelle donne alors plus de saveur aux rarines ou autres vegetaux faisant aussi partie de leurs alimens. Ainsi, les indigenes de la terre du roi George, vi- vent des productions de la nature, sans le secours de I'art; cette nourriture, variant dans les differentes sai- sons et les divers pays, pauvre en qualite, souvent rare, et parfoisles obligeant a unevie vagabonde. La po- pulation est done loin d'etre considerable, et elle varie en apparences et en coutumes, suivant I'especede nour- riture de la contree. II y a de nombreuses subdivisions dans les tribus , mais il est difficile de les distinguer ayant toutes le meme nom et lememe district, sans au- cune autre designation. En temps de paix ils s'assoclent rarement, et leurs guerres ont lieu plutot entre indivi- (i) M. le capitaine Dumont-d'Urville a observe que ces sauvages elevent des digues de pierres ou de branches d'arbres lors desmarees, pour retenir le poisson 81 en prendre da vantage au reflux. Cette re- marque aura sans doute echappe a M. Nind. (/^oy. de I' Astrolabe , t. i",p. no.) ( 270 ) dus ou t'amilles qu'entre tribus ou districts. lis n out pas decamp ou de rende/-vous, ne reconnaissent aucun chef general, et ils s'assemblent ou se dispersent, sui- vant que la saison ou leur penchant les determine. Dans les temps de secheresse, ils quittent le pays qu'ils habiteul , s il se trouve prive d'eau. Ils grimpent sur les arbres , afin de rassasier leur soif , en y prati- quant des trous et en extrayant la seve. Les femmes elles-memes ont recours a ce moyen. La disette de vivres a occasione quelques autres usages qui sont curieux et caracteristiques. Les honimes et les femmes sen vont le matin de bonne heure en de- tachemens sepaies et composes de deux ou trois per- sonnes; les femmes, pour recueiUir des racines ou des ecrevisses, et les homnies avec leurs lances pour pren- dre du poisson ou tuer du gibier. Les femmes cuisent les racines ou ce qu'elles ont trouve, et les mangent, mais en reservent une partie pour les enfans et pour les hommes. Quand les hommes ont rtfussi a amasser un bonbutin, ils allnment un grand feu et mangent une portion de leur chasse. Les hommes niaries en reservent generalement une part pour leurs femnies. Us sont ex- tremement jaloux de leurs aliniens, ils les cachent et les mangent en silence et en secret; cependant, si d'au- tres individus sont presens, ils leur en donnent ordi- nairenient une faible partie. Les hommes amassent aussi des racines, mais plus souvent ils abandonnent ce soin a leurs compagnes. Ils ont quelques idees superstitieuses a I'egard de la nourriture particuliere aux dilferens ages et aux differens sexes. Ainsi les jeunes filles, apres onze ou douze ans. Tie mangent plus de bandicouts, ce mets nuirait a leur feconditeprochaine; les jeunes garcons ne mangent pas ( 271 ) d'aigle noir, ils n'auraient point de belle barbe, lis epar- gnent atissi le kangurou , at ne sen nourrissent indifte- lemnient que lorsqu'ils ont plus de trente ans. Les cailles sont la diete des vieiilards. Abondance de cliair de kangurou rend les femmesplus fecondes. Les naturels de oette contree paraissent aimer beau- coup leurs enfans et les punissent bien rarement; mais ils ne sont pas aussi tendres pour les femmes, car on en voit souvent qui ont a la cuisse ou aux jambes tie larges blessures que leur a tailes la lance de leurs maris. Les femmes sont tres utiles a leurs maris, non-seu- lement en leur procurant de la nourriture , mais aussi en leur preparant leurs vetemens , leurs liuttes et en remplissant d'autres devoirs domestiques. Elles ont peu d'ustensiles, et encore sont-ils grossierement fails : un morceau d'ecorce dont les deux bouts sont joints en- semble tient lieu de coupe; la griffe dun kangurou sert d'aiguille; un roseau creux ou I'os d'une aile d'oiseau leur sert a pomper I'eau avec la bouclie. La polygande est de pratique generale , chaque homme ayant un certain nombre de femmes; mais les usages interieurs de ces naturels n'ont pu encore elre bien connus. Les fdles paraissent etre a la disposition de leur pere, et sont generalement fiancees des leur enfance; il y en a meme que Ion fiance avant d'etre nees et par consequent avant que la mere soil sure de mettre au monde une fille. En certains cas I'echange est mutuel. II nest pas rare que les bommes auxquels on fiance de jeunes filles soient d'un age mur ou meme avance et possedant deja plusieurs femmes. II parait qu il n'y a point de ceremonies nuptiales. Des le pre- mier age la jeune fille est amenee a son futur epoux. Les prevenances et les presens sont plutol pour son pere ( 37^ ) que pour elle, qui recoit seulement des bagatelles ali- mentaires,- le pere recoit un niantcau et quelquefois des lances. A onze ou douze ans la jeune fiancee est defini- tivenient remise a son epoiix. Ceux qui volent des femines pour en faire leurscom- pagnos, ce qui est comniun parnii les iiaturels de la terre du roi George, sout obliges de faire plus atten- tion a elles. Quelquefois ils usent de violence, et la jeune tllle est enlevee malgre elle; en general, cependant, celles qu'on enleve ainsiappartiennent a de vieux maris, et le jeune couple s'unit des-lors par une inclination iiiutuelle; quelquefois meme la tribu est dans le secret duravisseur, car les parties souvent seclipsent du mi- lieu d'elle, vont aussi loin que possible et changent conlinuellement de lieu, pour echapper aux recherches du niari offense. Si le couple a pu se soustraire a ces recherches jusqu'au moment ou la femme enlevee est devenue enceinte, les amis de part et dautre interce- dent, on fait des presens au mari, et elle est affran- chie de son premier engagement.il arrive plus souvent, toutefois, que la femmeest retrouveea temps, et alors , le mari la punil severement jusqua lui percer la cuisse de sa lance. L'infidelite est assez commune. Le mari veille d'un ceil jaloux sur sa moitie, et au moindre soupcon il la chatie avec rigueur. La majorile des hommes reste celibataire jusqu'a trente ans passes ; quelques-uns plus long-temps. Les hommes vieux ont non-seulement plusieurs femmes, mais encore des femmes de tons les ages. Get inconvenient est compense par un autre usage, qui permet de courtiser une femme du vivant de son mari, mais de I'aveu des conjoints, et a la conditiou ( ^73 ) quelle deviendra I'epouse du Sigisbe apres la niort du mari. Celui-ci recoit alors quelques presens, ainsi que sa cornpagne , qui, au reste, les partage ordinairement avec lui. Get usage se pratique ouvertement et au gre de tout le monde ; mais il exige un certain decorum, afin de ne pas trop chatouiller la susceptibilite du legi- time epoux. Lorsqu'un homme nieurt, il est de regie que ses jeunes femmes se retirent dans la tribu de leurs peres durant la periode du deuil, periode ou elles vivent pres- que dedaignees par ceux nieme auxquels elles doivent appartenir, et elles seraient punies exemplairement si elles allaient immediatement avec eux, a moins que les deux amans ne sen fussent tout de suite ailleurs. II nest pas rare qu'une femme consente jusqu a avoir des accointances avec les plus proches parens de son mari, s'il y adhere. Gommelesautres tribus sauvages, les femmes de celles de la Terre du roi George souffrent peu dans leurs couches, et meniele jour qui suit celui de la delivrance, elles vont deja chercher leur nourriture comme de coutume. L'enfant, recueilli dans un pan du manteau, est ensuite suspendu a I'epaule maternelle, et nest con- vert qu';iu moment ou il peut courir seul. S il naitdeux jumeaux,run desenfansest mis a mort , le male s'ils sent de sexes differens : les raisons que ces sauvages donnent d'une telle barbaric, c'est qu'une femme n'a point assez de lait pour nourrir deux enfans, et ne saurait non plus chercher assez de nouri'iture pour eux et pour elle a-la- fois. On allaite les enfans jusqu'a lage de quatre ou cinq ans ; mais bien avant qu'ils soieni sevres, on leur enseigne a se procurer deja une portion de leur nourriture. Une fille do neuf ou dix ans a la surintendance de ( 274 ) toutes cellesqui peuvent marcher; elle les emmene avec elle,chacune ayant un petit baton, colliger des racines dans le voisinage de leiir canipement. Si elles aperce- vaicnt un etranger, elles se cacheraient aussitot dans les herbes en s'y couchant a plat ventre comme un lievre. Plusagees, elles accompagnent les femmes, qui gene- ralement les portent sur leurs epaules a califourchon. Ordinairement ces sauvages dansent tout nus; inais devant les Anglais, ils avaient leurs manteaux roules autour des reins, laissant la partie superieure du corps entierementdecouverte, Lafaceetait peinte en rouge, et sur les bras comme sur lecorps, on apercevait differentes figures peintes en blanc. Le blanc est la couleur liabi- tuelle ou I'embleme du deuil ; mais on I'emploie dans les danses, parce qu'elle est la plus voyante la nuit. Les medecins ou sorciers et les vieillards ne dansent jamais. Un feu s'allume sur un lieu bien apparent, et un vieillard se tient derriere, tandis qu'on danse devant, comme pour ailer vers lui. Cetie danse est accompagnee de beau- coup de contorsions, et represente communement la cliasse et la mise a mortde divers animaux : aussi n'offrc- t elle ni elegance ni velocite; elle est, an contraire , bout fonne, et quelquetois peut-etre symbolique. Le bruit quise tait en dansantest loin d'etre musical; le danseur repete a chaque saut le mot ouo, oiio, sorte d'exclamation. Les individus qui ont le plus d'influence parmi ces sauvages soiit les mulgatadocks, ou medecins-cbarlatans. 11 y en a de plusieurs classes, lesquelles indiquent la nature et I'elendue du pouvoir de chacun. Un mulga- rndock est regarde comme possedant le pouvoir de dissiper le vent ou la pluie, de faire descendre la foudre ou Ui maladie sur un objet quelconque de sa haine. Quand il essaie de calmer unorage, il se tient en plain ( ^75 ) air, agite les bras, secoue son manteau de peaii, et ges- ticule violemment pendant assez long-temps. II precede a-peii-pres de meme pour eloigner la nialadie, en faisant moins de bruit, en pratiquant des frictions (i), souvent avec deux baguettes de bois vert, auparavant chauffees au feu, et en lachant par intervalles une bouffee de vent, soit-disant propre a enlever la douleuv. On sup- pose que la main du mulgaradock peut conferer la force ou I'adresse, et il est frequeninient visite par les naturels qui desirent I'une ou I'autre. L'operation sim- plenient consiste a lui tirer la main pusieurs fois de suite, avec une forte pression, de I'epaule aux doigts, et il Tetend alors jusqu'a ce que les articulations cra- quent. L'office habituel du mulgaradock est de guerir les blessures de lance, qui, du reste, inquietent peu les naturels. Ces empiriques sont tres adroits a extraire I'arme, apres quoi ils appliquent un peu de poudre ana- logue a celle du fard , et bandentbien la plaie avec une ecorce douce. Dans la diete du malade, les degres de la convalescence sont marques par la nourriture qui lui est permise. D'abord, seulement des racines; ensuite des lezards, puis du poisson , etc. On ne voit parmi les na- turels nul cas de difformite, rarement des sourds ou des aveugles. Les defaillances n'alarment point. Toute- fois, un de ces sauvages, apercevant un matelot anglais dans un etat d'ivresse la plus complete, au point de ne pouvoir se tenir debout, vint, allarme, prier lauteur de cette notice de secourir le patient, ajoutant que parmi eux ils avaient souvent de pareiis exemples : il entendait (i) Ces frictions n'ont pas lieu dans les cas de dyssenterie, qui sont assez freqtiens; on administie alors an patient de la gomme d'un ar- hre, et quelquefois des tiges vertes d'une cevtaine racine ronge. ( -7^ ) sans doute indiquerpar la les coups de soleil, auxquels ils sont sujets. Le traitement usite parini eux pour la morsure dun serpent est simple et ralionnel. Us (ixent une ligature dejonc sur la partie du niembre atteintc, elargissent la plaie avec la gritfe d'un kangurou ou la pointe d'une lance, et sucent cette plaie, en la lavant souvent, ainsi que leur Louche', avec de I'eau. Dans les localites ou ils ne trouVentpasd'eau, ils considerent la succion comma dangereuse. Dans leurs rencontres, les naturels font plusieurs circuits, et s'embrassent plusieurs fois en enveloppant de leurs bras le manteau de leur ami, qu'ils soulevent de terra, et dont ils baisent les mains, ce que I'arai leur rend exactement. La baguette de bois vert parait etre toujours un symbole de paix, et elle figure dans las danses. Les querelles entre individus cessent a I'intar- vention des families respectives. Lorsqu'un homme est tue, sa tribu se reunit sur-le- champ autour de lui et jure de venger sa mort; mais il leur est indifferent de tuer le principal coupable ou un autre bonnne de la tribu adverse. l*ourtant la peine du talion s'elend beaucoup plus loin; car si un bomme peritpar accident, en lombantd'un arbre,en plongeant dans la mer, ouda toute autre facon, les amis du defunt imputent sa mort a quelque mulgaradock dune tribu ennemie, et ils tuent, pour le venger, un homme de cette tribu. Aussi, lorsqu'un individu est serieusement malade, ct qu'il sent ne pouvoir en revenir, il tache de tuer quelqu'un, esperant de la sorte echapper au danger. Dans les combats singuliers, ils euiploient leurs mar- teaux, leurs batons longs ou courts; et souvent sans doute les coups qu'ils portent seraient mortels ; mais ils ( 277 ) semblent iiicapables d'assener de bons coups lourds , ils frappent plutot niollement comnie des femmes. lis n'usent pas de boucliers, mais ils sont extreniement adroits a eviter les coups de lance. Les querelles les plus frequentes s'elevent a I'occa- sion des femmes. Pour les depredations sur les terres les uns des autres, ou pour toute cause legere , ces sauva- ges se contentent de coups de lance avix janibes ou aux cuisses, sans chercher a se tuer; et des qu'un individu, de part ou d'autre, est blesse, le combat cesse. Dans quelques contrees de I'Austialie, les indigenes ont des assemblees regulieres pour se livrer bataille; il n'en est pas ainsi chez ceux de la Terre du roi George. Leurs attaques, lorsqu'elles doivent etre fatales, ont le plus frequemment lieu la nuit, et toujours a la derobee. Des que I'ennemi s'approche, ils elevent un cri , sai- sissent leurs lances, fondent sur lui en tumulte, repous- sent leur barbe dans leur bouche, et font les plus hideu- ses grimaces, ainsi que des frenetiques.Un ou deux guer- riers de part et d'autre se livrent combat, et durant la melee, on essaie de les separer, en courant autour deux, lis poussent leurs lances en se tenant a quelques pas les uns des autres, et leur dexterite a les eviter est vrainient merveilleuse, car ils ne bougent presque jamais de place; ce qui fail que les lances jetees devant Tun des deux par- tis, occasionent desaccidens inattendus. Pendant la lutte, les femmes et les enfans se tiennent eloignes du theatre sanglant, et en grand nombre, afin de se proteger mu- tuellement. On n'allume alors que bien rarement du feu, si ce n'estpour cuire les alimens, et on prend beaucoup de precautions pour n'etre pas decouvert. Les hommes non maries sont d'ordinaire les guerriers attaquans. Ils voyagent par detachemens de trois ou quatre, en lais- »9 ( ^78) sant le moins cJe trace possible de leur niarche, evitant les sentiers, de peur que I'enipreinte de leurs pas ne les trahisse; car, de nieme que les autres sauvages, les Aus- traliens , ont une sagacite inouie a suivre la trace d'un pas huniain. Lorsqu'ils out decouvert un canipc- ment ennenii, ils attendent la nuitj alorsils approchent avec precaution , en rampant sur les mains et les genoux, jusqu'a ce qu lis aient trouve la personne qu ils cher- chent, et aussitot de leur lance ils lui traversent le corps. L'ennemi qui est surpris de la sorte, a I'instant se met a fair sans essayer de resistance, car dans les tenebres de la nuit il ne peut discerner un ami d'un ennemi , et la lueur des feux ne sert qu'a exposer plus siirement a des coups meurtriers. Les fenimes et les enfans sont egalement sacrifies, mais toujours en petit nondjre. Neanmoins, ces cscarmouches continuelles aifaiblissent ronsiderablement la population indigene, car lorsqu'ua individu tonibe frappe, quelqu'un venge aussilck sa mort. Apres ses funerailles on leve le camp, on quitte le pays pour une certaine periode, durant laquelle on a soin de ne pas prononcer le nom du mort, et en rap- pelant I'evenement on se borne a mentionner les sur- vivans; si on citait le nom du mort, on risquerait de voir son ombre. hes /itnerai/les sont accompagnees de lamentations bruyantes. On creuse une fosse de quatrc pieds de long, trois de large et six de protondeur, au bas de hujuelle . er. Mammord. Assez. Carle nent. Rivifere. Peerle. Chien sauvage. Yaccan toort. Lac. Penger. Un revenant. Noit. Caillou. Pal. Un houime. Yungur. Plumes. Keardit. Una femme. Yock. Oiseau. Keard. Jeune et beau. Yock prindy. Coucounoir. Curraak. Vieillard. Narnaccarack. Coucou blanc- Munnit. Homme mur. Narnacpool. Pigeon. Moorhait. Jeune homme. Narnactowaller. Emu. Wait. Adolescent. Narnac poort. Kangurou. Viaie, femelle. Enfant, garcon Coolon. Yungur , male. FiUe. Wainernung. Bandicout. Queind. Enfant a la ma- Chien. Toort. melle. Peep anger. Opossum. Comal. Homme marie. Yock a duck. Due. Wackerren. Celibataire. Manjahly. Cj'gne noir. Marlie. Medecin. Mulgaradock. Aigle. Warlit. Noirs. Mohurn. Perroquet. Tiajip. Blancs. Torndiller. Faucon. Corriore. Pere. Cuinkur. Serpent. Nome. Mere. Eecher. Lezard. Yoiiern. Clair delune. Meuccong. Racine a mangel ^ Meerne. Pleine lune. Coppern. Jonc. Paat. Un. Kain. Herbe. Challup. Deux. Cojine. Ecrevisse. Challow. Trois. Taan. Tortue. Kilon. Quatre. Orre. OEufs Pooye. Cinq. Poole. Poule. Pooyiore. Peu. Kain kain. Baleiue. Mammang. Beaucoup. Poole ouorpern Poisson. Wallah. Les naturels de la terre du roi George designent par des noms particuliers, soil les saisons. en partant de juin, qui est pour eux le commencement de I'hiver; ( 282 ) soil les vents, par sud, sud-ouest , nord, est, et nord- estj soit les tribus, les classes eties noms d'individus. Du reste leur langue differe entierement de celle des iiaturels de la cote orientale , et meme de Tidiome des tribus voisines. En general, ils parlent vite, et souvent ronipcnt la conversation par un cbant dans leqiiel ils rela- tent telles circonstances du nionienl qui les interessent. lis ont aussi des chansons, pour ainsi dire, improvi- sees. Les femnies chantent plus souvent entre elles et leurs chansons ne sont pas toujours decentes; les horn- nies sont de nieme enclins aux paroles graveleuses et satiriques. Dans leurs campemens, dit M. Nind, ils fai- saient toujours beaucoup de bruit, mais ce bruit ces- sait a I'approche d'un etranger , jusqua ce que Ton sut qui il etait. A sa venue on paraissait joyeux, on le cajo- lait, on le flattait; on lui faisait d'abord quelques lar- cins et puis des vols plus grands. Toutetois beaucoup d'articles etaient restitues, sils lui avaient ete derobes par des individus etrangers ala tribu au sein de laquelle il se trouvair. A LBERT-JVloNTEMONT. ( 283 ) Description de la province chinoise de Sse-Tchouen, traduite et resum.ee i^-, plusieurs guerroient contre les brigands; les uns tuent, les autres sont tues, menie avec leur fa- mille , etc. Rien de bien illustre. Femmes celebres : A I'ordinaire, mais peu... Productions : Or, ko , sel, toile de chanvre; the, dont deux especes, une d'un gout excellent, I'autre ayant des vertus medicinales; plantes medicinales, gingenibre, 'lan-uiou ou cedres, ly-tchy., pierre a teindre. Tse-tcheou. La ville de Tse-tcheou est a 6,o5o Ij de Pekin, et a ;^o ly sud-est de Tcken-ton... Son district a 43o ly de lest a I'ouest, et 5oo ly du nord au midi; il renferme «^'...Percu en argent, 35,167 taels. Montagnes : Une qui abonde en singes ; ailleiirs dix ly de plaine ( J'ai fait plus de cinq cents lieues par terre sans -voir une si grande plaine). Une grotte on ca- verne qui peut contenir mille hommes \ une autre, dix mille (difficile a croire). C'est tout ce que je trouve de remarqnable dans ces montagnes. Rivieres: Une dont lean est blanche; une source (juia ( 290 ) beaucoup de vertus medicinales; une qui est odorife- ranle; vingt et quelques puits qui fournissent du sel. Antiquites, debris de villes... Douanes, postes niilitaires : Details ordinaires; des- tines a contenir les Foii^ et a gardei* les defiles inipor- tans.... Fonts : Peu, et rien de remarquable... Digues, ou- vrages pour contenir, diriger les eaux , aiToser, etc^: en tres grand nonibre. Sepultures : Quelques-unes du temps des //««;dail- leurs aucun detail interessant. Pagodes : Peu , rien d'interessant. Mandarins celebres : Plusieurs ont ete victimes de leur devounient, et ont des autels; un qui , avant de porter aucun jugenient, brulait de I'encens au ciel, et 1 invo- quait; d'autres sc sont illustres par leur bienf'aisance et la sagesse de leur administration , etc. etc. Natifs celebres : En assez bon nombre, surtout sous les Sung. Sous les Hun , plusieurs lettres qui ont niontre des talens extraordinaires... Par la suite, quelques let- tres et mandarins distingues... Sous les Sung , un assez bon nombre en tout genre, surtout dans les lettres; its ont vigoureusement defendu leur pays contre I'invasion de&Yuen., rlynastie de tatars mongoux. Jc trouve plusieurs grands honjuies. Sous les Yuen et les 3Iing,je retrouve les nieines traits, uiais en moindre non)bre. Fenimes celebres : Commencent aux Sung j quelques traits de grand courage et d'exaltation ; le reste a lor- dinaire. Productions : Or, argent, fer, scl, vcrnis, soies, me- decines, oranges. ( 291 ) Mao-tcheou. La ville de Mao-tcheou est a 4>900 fy de Pekin , et a 4io fy nord de Tchen-ton. Son district a i8o Ij del'est al'ouest, et 43o fy Aw nord au midi... II renferme deux villes et districts du troisieme ordre. Moeurs , caractere : Les montagnes sont habitees par diverses races de Y et autres. L'air de la terre tres-froid ,• Ja glace, en ete meme, ne s'y fond pas totalenient. lis aiment beaucoup la sagittation , IVquitation ; la bravoure, rintrepidite,sont ce qui est leplusenhonnenrparmi eux; ils sontendurcis a la faim et au iroid. Point de litterature. Jamais il n'y a eu d'impots aux douanes. Ils se batissent des maisons en pierres qui ont "vingt, trente et nieine plus de cent pieds de haut. lis se font aussi des habita- tions avec des planches ou de la terre. Mao-tcheou renferme deux villes : I'une interieure a 3 (r et plus de circuit, I'autre exterieure a 8 fy et plus. Population ; Originairement 471 families^ accrue de i3,i5i.Terres cultivees, 6,527 "^«''- Percu en argent, 956 taels. Montagnes : Une couverte de neige.toute I'annee, confine avec le Thibet. Une ou on nourrit des jumens qui fournissent beaucoup d'excellens chevaux. line toute boisee qui abonde en eaux. Rivieres : Une chaude en hiver et froide en ete. Ter- res arrosees , etc. Antiquites, villes detruites, etc. : En bon nombrc,- on y a aussi construit des murailles tres-etendues pour contenir \q?> Fan ou Tibetains ; il parait que tout est en luine... Douanes, postes iniiit;iires : line forteresse avec nne nniraille de aoo ly. ( 292 ) PagocIes:Trois seulenient; rien de remarquable... Manclaiinscelebres : lis sont cites honorablenient pour avoir soumis ou contenu les Y, les Fou, etc... Quel- ques-uns sen sont fait aimer; il y en a pen. Natifs celebres : Aucun avant la tlynaslie actuelle. Depuis, un seul; il a demande a niourir pour son pere nia]ade,qui n'estpasmort decettenialadie,etvoila tout... Femmes celebres : La premiere sous les Ming; une seule. Quelques-unes sous la dynastie actuelle... a Tordiuaire. Productions : Or, cinabre, muse, toile de clianvre, medecines. Ta-tcheoii. La ville de Ta-tcheon est a i,58o ly de Pekin ( il y a iciune erreur), et a 1,200 /^estde Tclien-toii... Son dis- trict a 270 ly de lest a I'ouest et j4o ly du nord au niidi... Au nord, il confine avec le Chen-sy (avec ces donnes on peut savoir sa distance de Pekin ). II renferme trois villes et districts du troisieme ordre. Moeurs, caracteres : Sales, degoutans, barbares, men- teurs; ils ne cultivent pas, vendent leurs productions, ou les echangent. o La ville de Ta-tcheou a 3 ly et plus de circuit. Population : 38,098 families; accrue de 53,568 families... Terres de toule espece, i9.,%o/\ tsing. Pcrcu en argent i5,955 taels. Montagues : Une qui produit du the, uik- autre des plantes medicinales; une couverte d'arbres qui donnent une feve rouge, deux boisees...sources...grottes,derune desquelles jiillit une nappe d'eau qui arrose 1,000 tsing de terre... une autre ou se trouvent bcaucoup de pois- sons tres-curieux; et une source cjui fovirnit du sel. ( 2.93 ) Rivieres: Details ordinaires^ puits a sel. Antiquites , debris de villes , etc... Douanes , postes militaires: Rien de reniarquable... Fonts : Trois designes, un quia loopieds de longueur. Sepultures : Sont indiques quelques monumens de la moyenne aptiquite... Pagodes: tiespeu, rien de remar- quable... Mandarins celebres : Quelques'uns sont loues pour avoir soumis ou contenu les naturels, dautres se sont concllie I'affection de tous; il y en a peu. Natifs celebres: Commencent aux Sung; quelques- unsse distinguent dans ladministration, mais plusieurs dans les troubles, par leur coiu-age et leur devoiiment. Sous les Ming aucun. Sous la dynastie actuelle , deux mandarins distingues... Femnies celebres: Une qui sousjes Sung a prefere la mort plutot que de se rendre aux rebelles; elle a ete placee dans une meme pagode avec une autre qui sous les Yuen s'est illustree par son courage et sa piete filiale. Ensuite,sous la dynastie actuelle, peu, mais a I'ordinaire. Productions : Or, soie, sel, vernis , cire d'abeilles , odeurs, matieres mediclnales. TchongtcJieou. La ville de Tchong-tcheou est a pSoo ly de Pekin , et a i,5oo ly est de Tchen-ton... Son district a '.>.6o ly de lest a I'ouest, et i8o ly dii nord au niidi. II renlerme 3 villes el districts du troisienie ordre... Moeurs , caractere : Ardens , exaltes. La ville de Tchong-tcheou a 5 ly et plus de circuit... Population : Originairement 34.988 f'aniilles ; accrue 20 ( ^94) de 58,726 families... Terres cultivees , i5,825 tsing... Percu en argent, 1 6,1 46 taels. Montagnes : Plantes, pierres singulieres; plusieurs tres hautes , d'autres boisees ; una qui abonde en cerfs Fontaine volante qui jaillit avec le bruit du tonnerre; autre fontaine volante, la plus extraordinaire de Tuni- vers, s'eleve a une tres grande hauteur, et retombe en rosee... Une qui toute la nuit eclate de lumiere... Une qui abonde en Lr-tchy et gingembre... Excellens pois- sons... Beaucoup d'autres merveilles. Rivieres: Nappe d'eau qui jaillit a 5oo pieds de haul; details ordinaires. Antiquites, etc. ; Cascade qui tombe de la hauteur de 2,000 pieds ; le reste a Tordinaire. Douanes... Fonts... Pagodes : Rien de remarquable. Mandarins celebres: Peu. lis se distinguent par leur sagesse et leur bienfaisance ; un victime de son devoii- ment; un qui abolit les lieux de debauches, etc... JSatifs celebres: Peu, et la plupart s'illustrent par leur devoiiment; quelques-uns en sont victimes. Femmes celebres: Comniencent auxil/«>?^, seuleinent deux, une s'etrangle, I'autre se noie. Sous la dynastie actuelle, peu, et a I'ordinaire. Productions : Or, sel , soieries , medecines , oranges, cire d'abeilles, papier... Sy-yang-tchcou. La ville de Sr-ynng est a 74^0 ly d«^ Pekin , et a 1740 Ij de Tchcn-ton. Son district a 38o ly de lest a I'ouest, et 56o ly du nord au niidi. Au sud et sud-est, il confine avec le Hou'nan, a I'ouest avec Koue-tcheou^ au nord t. ( ^95 ) avec le Hou-pe... Renferme trois villes et districts du troisieme ordre. Moeurs, Caractere : C'est un melange de Man et de Leao^ effrenes, cruels, livres a la debauche... Les pluies y sont frequentes; rarement on y souffre de la seche- resse ; Peu de soieries, beaucoup de toiles. La ville de Sy-yang a 3 If et plus de circuit... Population : Originairement 19,39^ families; accrue de 29,654 families... Terres cultivees , 4,838 tsing. Percu en argent, 5,119 taels. Montagnes: Une qui reflechissant les rayons du soleil parait en feu; une haute de i5 //, une autre de 10,000 pieds... Plusieurs habitees par les Chinois ou les natu- rels. D'autres boisees, fertiles; une couverte de neige toute I'annee ; ailleurs des loups qui devorent tous les animaux. Une haute de 1 15 ly et qui a 45o fj de cir- cuit... Une qui a des eaux a son sommet et arrose 100 tsing de terre qui sont dans son circuit... Une autre aboride en abeilles qui par leur produit sont d'un grand profit pour les habitans... Une d'ou selevent des vapeurs qui forment un nuage, ou on croit voir la lune et des etoiles... Dix-huitgrottes qui sous les //a« etaient habi- tees par des Chinois. Rivieres : Details ordinaires;... Sources, puits qui fournissent du sel. Antiquites, debris de villes etc. : Details ordinaires; ici et precedemment, il est souvent parle des combats que les Chinois ont eu a soutenir contre les Man, les LeaOf etc. etc... Douanes , postes militaires : Rien de remarquable. Ponts , sepultures: De meme; une seule pagode designee. Mandarins celebres: Tres peu , cites honoi-ablement ao. ( ^9^ ) pour avoir souniis ou conteiiu les naturels. Sous les Ming, un seulj il a des autels pour avoir enseigne ragriculture et civilise le peuple. Fenimes celebres: Commencent seulenient a la dynas- tic actuelle; quelques-unes sont honorees par Kien-lung pour avoir garde la viduite, ou s'etre distinguees par leur piete filiale. Productions : Or , cinabre , mercure , toile , cire d'abeilles, cornede rhinoceros. Ting, ou petit s districts, Sin-yung-ting. On appelle Ting un petit district separe, relevant immediatement du gouverneur general de la province. Parfois il est assez etendu mais peu peuple, ou peut- etre facilenient administre par un seul mandarin civil. Sin-yung-ting est a 8j8o // de Pekin , et a gyo ty sud- est de Tchen-ton. Son district a sSo ly de Testa I'ouest, et 3oo/>'du nordauniidi. A lest, il confine avec leA^OM^'- tcheou, au midi avec le Yun~nan. McEurs, caractere : ils ont quelque chose de vil et de sauvage; ils ne font pas le commerce, ils ne s'occu- pent que des moissons et du miirier. Sin-jung-ting a deux villes , dont I'une a -2 Z)' et I'autre 3 ly de circuit. Popidation : Originiarement 6,64o families ; accrue de io,8d6 families... Terres cultivees, 36'^o /./"•. Percu en argent 7,894 taels. Montagnes : Une boisee ; unc couverte en hiver de nelgequi se fond au printcmps; une toute boisee.. ..Une ( 297 ) fonta.Jne volante; quelques aiitres details ordinaires et de peu d'importance. Rivieres : Peu, a I'ordinaire ; rien de remarquable. Antiquites : Rien de remarquable. Douanes... Fonts... de meme. Pagodes , deux seulement; de meme. Mandarins celebies : Commencent a la dynastie ac- tuelle; trois tues dans les troubles ou le combat; rien de plus... Natifs celebres : Sous les Ming^ quelques-uns se dis- tinguent conlre les naturels ou les brigands, sont vic- times de leur devoiiment, et recompenses ici par une mention honorable; un de meme, sous la dynastie ac- tuelle, et voila tout. Femmes celebres : Sous les Ming., deux se distinguent par I'education qu'elles ont donnee a leurs enfans.... Sous la dynastie actuelle, deux ont garde la viduite, et sont honorees par Kien-luiig. Productions : Diverses especes de bambous et de. plantes medicinales. Sung-fou-ting. Sung-fou-ting est a 3oo ly ouest un peu nord de Tchen-ton... Son district a 277 ly de Test a Touest, et 220 If du nord au midi. Moeurs, caractere : Du bois sculpte fait foi dans les contrats; ilsdevinent en ouvrant le ventre des moutons; il y a beaucoup de Fou , peu de Chinois. La ville de Sung-fou-ting a ^ Ij et plus de circuit. Population : 3,009 follies ; 2,024 ting,.. Percu eu grains 200 tan., en argent i25 taels; de plus, 28 tsing de terre, qui paient 3i taels. Montagues : Une caverne dont on ne peut sonder le ( ^98) iorid; il en sort beaucoup tie vents tenibles et tres fu- nestes, un air si froid qii'il donne la mort,ou que celui qui en est saisi respire difficilement pendant plusieurs jours... Une montagne couverte de neige toute lannee; lesalpetreybrille connne I'argent; une abondeensafran... Une pierre qui brille comnie le miroir. Ces montagnes se lient avec celles du Tibet. Rivieres : Une, cliaude en hiver, et froide en ete; plusieurs de ces rivieres viennent du Tibet. Antiquites : Villes detruites en bon nombre; rien de remarquable. Douanes, etc. : Une foret de pins... Fonts, peu... Pa- godes, deux; rien de remarquable. Mandarins celebres : Conimencent aux Ming; le pre- mier a pratique descanaux; quelques autres ont soumis ou contenu les Fou; un leura oppose une muraille qui a quelques centaines de ly d'etendue. Natifs celebres : Deux seulement ; et sous ladynastie actuelle, un a suggere des plans admirable? contre les Fou ; un autre a ete tue par eux ; et voila tout. Femmes celebres : Commencent aux Ming A I'or- dinaire. Productions : Cire et autres choses , peu, que je ne connais pas... Grain qui ressemble an ble. Chi-tchou-ting. Chi-tchou-ting est a 5ooo // de Pekin,et a 1,200 /jest de Tchenrton.... Son district a 220 if de Test alouestjCt p4o (>'du nord au midi. A lest, il confine avecle Hon-pe. Population: io,634 families; accrue de 1 5, 55o families. Terres culiivees 11 tsing; Percu en argent 9 taels.M.. ( 299 ) Terres a foin , ou rapportant seulement en autonme cer- tains grains ; Percu en argent 538 taels. Montagnes, rivieres : Rien de remarquable. Douanes : Peu , et de nieine. Point de mandarins celebres. Sous les Ming^ un seul natif celebre ; il fut la ter- reur des brigands ; et voila le seul celebre du pays. Femmes celebres: Deux seulement, et sous ladynastie actuelle; una s'etrangle pour ne pas seremarierj I'autre garde la viduite toute sa vie. Productions :Plomb, et une plante medicinale amere, appelee hoang-lien. Tsa-koiirting. Tsa-keu-ting est a 6,080 If de Pekin , et a 38o Ij de Tchen-ton Son district a 260 If de lest a I'ouest, et 170 ly du nord au midi. Moeurs, caractere : Naturellement sauvages , barba- res; patres de leur origine; mais beaucoup sont droits et simples ; ils font leur principale occupation de la chasse. La vitle de Tsa-kou-ting a 3 /j et plus de circuit. Population : 5,374 families, 1 4,337 ting. Percu en grains divers 65o tcm. Montagnes, rivieres : Rien de remarquable. Antiquites, etc... Douanes: Rien de remarquable. Mandarins celebres : De meme; trois seulement sous, les Tang. Productions : Muse, une espece de poisson par- ticuliere. ( 3oo ) Nga-eul- kou-ting. Nga-eul-kou-ting est a 5,700 ly de Pekin, et a 1,2 1^ ly de Tchen-ton. Sou district a 260 ly de Test a I'ouest j et 3oo ly du nord au midi. (Ce district a ete conquis par Kien-lung. Ses victoires, peintes par les inissionnaires , ornent le palais imperial j le dessin en a ete envoye en France, et on en a tire des gruvures Les usages de ce peuple sont ici tres detail- les, mais a la nianiere chinoise, c'est-a-dire beaucoup de choses insignifiantes. Pour ennuyer moins, je me borne aux principaux traits). Ce pays s'appelle commu- nement Ta-kin-tchouen (et c'est ainsi qu'il est designe dans les gravures ci-dessus) lis sement du sarrazin et un grain qui ressemble auble nourrissent beaucoup de bestiaux, nioutons , etc.; ils mangent des pates, boi- vent du lait, qu ils melent avec un tlie sauvage; ils s'ha- billent de leutre ou de peau de mouton; ils croient beaucoup aux bonzes du Tibet , et ne se servent pas de medecins lis sont tres religieux pour leur ser- ment; ils decoupent un morceau de bois pour faire foi dans leurs contrats; ils devinent par les moutonsj don- nent des boeufs, des moutons, des chevaux pour arrhes. Si le jeune homme et la HUe s'airaent mutuellement (les Chinois trouvent cela fort etrange) ils se prennent par la main, chantent, boivent du vin, et dansent pour se divertir. De leur naturel, ils recberchent le profit, le gain, aiment a se battre, uieprisent la vie, et ne regret- tent pas de mourir... lis portent tres lacilement de tres lourds fardeaux ; les homuies et les femmes ont des pendans-d'oreilles; a douze ans, ils portent un coutelas, sont tres habiles a manier la ballebarde et a tirer de Tare... ( 3oi ) ; Lesmontagnes treshautes, couveries d'epais niiages j grand vent , Fair malsain , beaucoup de froid, peu de cha- leur; le temps ne s'eclaircit qu'a la huitieme on neuvieme lune; I'hiver, il so forme comma des montagnes de neige. Population : 4)06o personnes. Terres, 69,168 man. II n'y a point encore d'impot. G'est a la quarante-et- uniemeanneede son regne que Kien-lung en tit la con- quetej elle lui a beaucoup coute. Jusqu'alors le pays avait ete independant, Mei-no-ting. G'est ce qu'on appelle Siao-kin-tchouen (ainsi designe dans les gravures imprimees en France); c'est propre- ment une partie du district precedent, et conquis en meme temps. Ces deux districts ont des montagnes, des rivieres, des ponts designes ici , mais rien de remarquable. La population de Mei-no-ting ou Siao-kin-tchouen est de J\figi bouches ou personnes.... Terres, 48,492 man (^Xeman est la centieme partie d'un tsing). Kien-lung y a fait batir une pagode, de meme que dans le district precedent. Productions : Boeufs et poules dune espece particu- liere; un the amer, et une plante que je ne connais pas. FIN DB LA PROVINCE DE SSE-THOUEN. (3o. ) DEUXIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEOGRAPHIQUES, ETC. Voyage ad Setledge dans PHymalaja en i83o. D'apres une communication de M. Cordier a I'acade- mie des Sciences, M. Jacquemont, voyageur francais, dont la mission se rattachait specialement a 1 histoirc na- turelle, est, le 12 avril i83o,entre dans I'Hymalaya, en se dirigeant par Saharumpore, ville situee au nord de Delhi; le 2 niai,il atteignitles sources de la Jumnah, un des principaux affluens du Gauge. II franchlt ensuite la grande chaine de I'Hymalaya indien pour ariiver dans cette haute ct grande vallee qu'arrose le Setledge supe- rieur, vallee parallele a la direction des montagnes, at qui appartient au bassin de I'lndus, dont le Setledge est un atlluent. La chaine qui horde cette vallee du cote du nord, et qu'ou pourrait nommer IHymalaya tubetain, est plus elevee que I'Hymalaya indien. II a penetre jus- qu'a six journees au-dela du Sa' de latitude nord dans cette vaste chaine tubetaine, en remontant le cours du Spiti, affluent du Setledge ; il s'est aussi avance vers la frontiere orientaledu hautKanaor,ct lent tranchie pour visiter le lac Mansacovar , si les postes chinois ne lui avaient barre le passage. La hauteur moyeiine des vil- lages de Kanaor est, le long du Setledge, de 3, 000 me- tres au-dessus du niveau de la mer, et dans le bassin du Spiti, de 4)Ooo metres; sur quelques points de ce has- ( 3o3 ) sin, les cultures et les villages s'elevent a pres da 5,ooo metres, hauteur equivalente a celle du Montblanc dans les Alpes, et prosperent ainsi sous une pression qui n'est que les 4/7 de celle a laquelle nous sommes soumis dans nos plaines. Lair est ici dune grande secheresse habi^ tuelle. M. Jaquemonta repasse I'Hymalaya indien par le Bou- ronne-Ghanti, qui est un des cols les plus bas de la chaine, et qui cependant a plus de 5, 000 metres au-des- sus de rOcean. II est de la revenu a Delhi, pour se pre- parer a entrer dans cette partie du Caboul qui, sous le nom de Pendjad ou Pundjab, comprend tout le bassin de rindus et foinie un etat independant de la domina- tion anglaise. Corrections importantes pour le Voyage an Congo^ par J. B. DouviLLE. Monsieur le president de la Societe de Geographic, veuillez faire inserer dans le prochain numero du Bulle- tin de la Societe la liste des corrections qu il est impor- tant de faire a mon Voyage au Congo , pour lintelligence du texte ; 1° Les sources des rivieres Hogiz et Rigi sont a tort marquees sur la carte par les 22" 23' et 22" 2;")' : elles devraienl se trouver par les, 23'' 40', et I'Agattu prend sa source par les 23" 37'. 2° Les points qui marquent le cours et le lieu presume oil se- trouve la source du Couango ne correspondent point a I'indicatiou uu texte. C'est une erreur que la seule vue de la carte fait apercevoir , 3° Dans le texte du Voyage, vol. 3, page yo, ligne 4 de la re- marque, lisez : o" ao' 10" determine par des hauteurs de la lune. ( 3o4 ) 4° Dans lu table des observations astronomlijues , lise;^ : La lati- tude des lieux designes dans cette table a ete determinee par des ob- servations solaires ou lunaires. II existe dans I'ouvrage beaucoup d'autres petites er- reurs que le lecteur bienveillant pourra corriger. La promptitude avec laquelle j'ai publie et redige cct ou- vrage ( quatre mois ) ne m'a point peiniis de mettre toute I'exactitude necessaire a la correction des epreuves. Le desir quej'avais de donner mon travail et non celui des autres,ni'aenipeche de m'entourerdes conseils d hotnnies qui auraient pu, dans leur cabinet, en faire un ouvrage parfait, car ce n'auraient plus ete mes travaux , et toute la perfection et la precision qui auraient regne dans You- vrage n'eussent point avance les progres des sciences. Jem'occupe niaintenant de la redaction de la partie ou je tralte de mes observations scientiQques. Je la livrerai aussi au public, telle que je I'ai faite, et non telle que pourraient la rendre les savans qui blanchissent au mi- lieu des livres et de tons les moyens de perfectionner. C'est mon travail que je tiens a donner, et toutes les er- reiirs dans lesquelles je serai tombe montreront jusqu'a quel point on peut avoir confiance aux resultats que je presente ; et , j'ose I'esperer, elles me meriteront la bien- veillance du public. Agrecz, etc. Signe DouviLLE. NonvEA.u CANAL claiis In Louisiane. Extrait d'une lettre de M. Latour-Allauo mai. Par M. Douville : Voyage au Congo et dans Vinteneur de V Afrique equinoxiale, etc. 3 vol. in-S" avec atlas. Par M. de Ferussae : Bulletin des sciences geographi- ques, cahiers d'octobre et de novembre. Par M. Bailly de Merlieux : Memorial encyclopedique, cahier d'avril. Par la Societe asiatlque: Cahiers de mars et avril de son journal. Par M. Gide : Nouvelles A nnales des voyages , cahiers de mars et avril. Par M. de Moleon : Cahiers de Janvier et fevrier du Recueil industriel. Par M. de Pommeusc : Rechcrchcs sur un moyen spe- cial de credit public , etc. Urocbure in-S". Par M. Arlbus Hertrand : The nautical Magazine , premier numc;ro. Par M. Bajot : Annales maritimeset coloniales, cahier d'avril, Lettre de M. Virlet a M. Letronne sur le deluge de la Samothrace. In-S". Notice hiographique sur J. -P. Servois. ( 3i5 ) ANNONCES. 1° Description de VEgypte , ou recueil des observa- tions et des recherches quiont ete faites en Egypie pen- dant I'expedition de larniee francaise ; Ip te.xte, deuxieme edition, en 26 vol. in-8', avec planches annexees au texte. Prix, 182 fr. 2" Carte generale de VEgypte, en 3 feuilles grand- aigle ; prix , 4o fr. 3" Atlas topographiqiie de VEgypte^ en 53 feuilles grand-aigle. Prix, 5oo fr. Chez MM. Debure, libraires de la bibliotheque royale, rue Serpente. M. A Firdey vientde pubher a Philadelphie phisieurs ouvrages geographiques nouveaux et fort iniportans.On cite entre autres un bel Alias general en 62 cartes, sur papier imperial, in-4°; un Atlas classique de geographic profane et sacree; une Carte des Etats-Unis, en six grandes feuilles; une Carte du Globe, en six feuilles; une Carte d'Europe, en quatre feuilles ; une Carte d'A- sie, en quatre feuilles ; une Carle d'Afrique de meme grandeur; une Carte de I'Amerique du Sud, et diffe- rentes Cartes de I'Union et des etats particuliers. ( 3i6) Bibliographie g^ographique. § I". L tvres. OUTRAGES CtNEBAUX. 23. Philosophical transactions of the Toyal society. — Transactions pliilosophiques de la societe royale de Loudres pour I'annee 1 8 32. Premiire ])artie. In-.V". — Londres, imprime par Richard Taylor. 24. Memorie delta reale acade- mia, etc. — Memoires de I'aca- deinie rovale des sciences de Tu- rin ; tome xxxv. In- 4°. Turin , de rimprimerie royale , 1 83 1. 25. Tableau de la Gengraphie universelle , ou Description gene- rale de laterre, etc., par A. Cor- tambert. Deuxifeme edition. In- 12. ChezPicquet. 3 fr. 5o. OCE.\NlE. 26. L'Oceanie en estampes, ou Description geographiquc et his- torique de toutes les iles du Grand- Ocean, etc. ; par Jules et Edouard Verreanx. In-8" oblong, avec 60 planches dont une carte. Chez Nepveu. 20 fr. ; figures coloriees, 35 fr. BUnOPE. Riissie. *7- Voyage pittoresque de la Riis- sie , ou vues des principaux sites , monntnens, \illes,etc. de ['em- pire de Russie, recueillies par ie comte Charles de Rechberg cl gravees au burm, J avec un texte historique et descriplif; par M. Depping. In-folio, avec 3o plan- ches. Chez Bance ain^. 5o fr. Pologne. 28. Geschichtlich - geographische entwickelung des Polnischen reiches. — Tableau historique et geogra- phique de la Pologne depuis 992 jusqu'en iS.li ; en 5 cartes; par A. deWitzleben. Berlin. Reimer. Italie. 29. yiaggio a Pompei e a Pesto, etc. — Voyage a Pompei et a Pestum , et retour a Hercula- ninn et a Pozzuolo, p.ir I'abbe Dom. Romanelli. 3' edition, aug- nientee. 2 vol. in-S" avec plans. Milan 183 1. — Cette edition est augmentee de toutes les decou^ vertes faites en i83o. § 2. uitlas. Cartes geo- graphiques , etc. 30. Collection de Cartes pour tin atlas general. N" 2. New-York. David. H. Burr. Le deuxiemenu- mero contient la description des etatsde New-York, Massachusetts, Rhode-Island, sur une senle carte; le Mexicpie et I'Aincriquedu Cen- tre, le hautCanad.i et les iles An- glaises. Cette publication doit for- mer 20 numeros contenant cha- cun 5 cartes, i dollar par n". 3i. Carte de I'Ocean atlantiqiie septentrional , depuis I'equateur jiisqu'au f)5^' de lat. nord,suivant les voyages et ob-servations les plus receiites G.W. Blunt. New- York , 1 832. EBRATA DtJ k' 108. Page a 14 lignes i6et 17, au lieudeWiliongby, iisez Willougby %i^^^/«/^^^«'«^^.«'^'«.%/«r^«.'«.'^%r^^^^'^%/«'V«/^^«^^%.^r'«'^/«r'V^'%^t«^>'^V^V^ % HL^ BULLETIN 1)E LA r f SOGIETE DE GEOGRAPHIE. No 110. _ jum i83a. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. ABORIGENES DES NEILGHERRYS, Ou description cVun peuple singulier habitant le sommet de ces montagries du Coimbetour, au midi de la penin- sule indienne. Dans I'annee 1819, un voyageur anglais, M. Hough, de Madras , revela aux Europeens les predeux avantages du climat des Neilgherrys ovl Moiitagnes bleues du Coim- betouron Coimhatour, province situee dans la partie me- ridionale de la peninsule indienne, entre le Mysore au septentrion et le Travancore qui vers le sud aboutit au capComorin; depuis lors,on a public d'asseznombreux details sur ces montagnes , sur leurs productions natu- ( 3i8 ) relies et sur leurs hahitaiis; luais rien, siir cos derniers, n'avait encore paru d'aussl coniplet, d'aussi curieux que le voyage receniment accompli par le capitoine Ileiui Harkness, de larmee hritanniqiie de Madras, voyage specialenient afl'ecle a la description des Tur/as, race sinjj'uliere que I'auteur coiisidere comine aborigene de cette contree. A defaut delouvrage, nous reprodui- rons la substance de I'article qui lui est consacre dans un recuell anglais, T/te niontldj Jiei'iew (la Revue men snelle) du mois de mai i832. Quand le navigateur venant d'Europe s'approche de Bombay, il peut aisement discerner une ligne nuageuse de montagnes bordant I'borizon septentrional, ct dont toute la chaine est connue sous le nom general de Ghdtcs ou Ghauts. Les Neilgherrys passent pour en etre le noyau. EUes sont ainsi appelees de deux mots Sanskrits ou indoustanis, savoir : Nila, qui veut dire bleu, et Giri, qui signifie montagne. Ce nom leur a ete donne sans doute parce qu'ellessont les plushautes montagnes de la peninsule indoustane, et comme offrant cet aspect bleuatre dont lalniosphere decore les objets eloignes, ainsi que la dit un poete : 'Tis distance lends enchantment to the view 4nd robes the mountains in its azure hiie.{t) Les Neilgherrys sont, ;'i leur base, entourees par une ceinture depaisses broussailles ony>/'?^'^/e.y, et, a I'excep- tion dun cole, enveloppees par deux rivieres qui se reu- nissent pour former, un jieu au nord-est, le lihavani, qui debouche dans la mer des Indes ou goUe du Ben- gale. Eloignees d'environ seize lieues de I'Ocean indien, (i) Les Plaisirs de I'esperance , par CampLell , dont j'ai donne une premiere traduction en vers en i8a4, et une seconde edition en i8a5. (3i9) elles participent des moussons des deux cotes , et en eprouvent les salutaires effets en jouissant d'uneremar- quable egalite de ternpeiature. Leur surface generale, montagneuse, est coniposee de chaines s'etendant au loin dans presque toutes les dhections, chaines commu- nement formees de culiines et de monticules faciles a cultivei'. Entre ces monticules sont beaucoup de vallees delicieuses, et dans les lieux oil les chaines vont s'unir brusquement a line autre, on trouve un profond ravin ou un marais convert d'herbes abondantes. Les Neilgherrys sont partagees en quatre districts, et quelques-unes de ces montagnes presentent le supreme degre du pittoresque et du beau. Les collines plus basses, et les monticules qui leur sont voisins, brillent ornes de blanches maisons qui donnent encore un relief a la verdure; souvent,par-dessus ces maisons, sebalan- cent de grands arbres dont les rameaux ombreux parais- sent, a una certaine distance, de petites forets impene- trables; et tout celaest snrmonte, comiiieen gradins, par une succession d'autres collines couvertes de riches pa- turages, et emaillees des plus belles fleurs sauvao^es de toutes les nuances. Les arbres ^ parmi lesquels se mon' trentle rhododendron rougeatre etleblanc camelia, va- rient, dans leur ombrage hospitalier, de richesse et de feuillage; quelques-uns, converts de mousse, ontlenei- geux aspect de I'hiver. Les bords des ruisseaux qui ser- pentent a leurs pieds s'offrent pares d eglantiers et de jasmins, et partout alentour I'oeil apercoit la framboise agreste avec d'autres fruits savoureux qui ajoutent a le- clal eblouissant de la scene, dont la beaute est completee par un lac d'environ deux lieues de circuit, oii mille ruisseaux apportent le cristal de leurs ondes. Les habitans originaires de ces montagnes, ainsi que •2a. ( ^^o ) je I'ai dit en conimeiicant, s'appellont Tudas ou Todas , peuple ou tribu dont la taille aii-dessus de la moyeniie, 1 apparence alhletique, les traits reguliers, le port altier et la contenance ouverte et expressive, conduisent for- ceinent a concliire que c'est une race toute difierenle de leurs voisins do nieme couleur; si diflerente, en eftet , qu'on se dcniando ce quelle est, d'oii elle vient. Quelqiie temps qu'il fasse, ils n'ont rien sur la tele ; elle est constamnient nue. Ils laissent croitre leurs cheveux jusqua la longueur de six a septpouces; ils les partagent surlesoniinet pouren former desbouclesepaisses qui, de loin, font croire a I'existenced'un ornement artificiel. Les cheveux de devaut, ou qui tombent sur la face,ondoient avec une egale liberie, et sont generalement , si ce n'est dans la vieillesse, doux et dun noir de geai. Les Tudas se distinguent de lous les autres nalurels de I'lude par un ceil large, plein, anime,par un nezromain, de belles dents et des formes agreables. Quoique dun main lien grave, ils s'abandonnent aisement a la joie. Ils portent anx oreilles des anneaux dor, aux doigts des anneaux d'argent, et occasiotmellement une cliaine du meme me- tal autour du cou. Ils ont aussi quelque ressemblance avec les Romains dans leur liabillement, qui consisteen unecourte tunique plissee au milieu du corps , retenue par une ceinture,et en un manteau qui couvre tout le corps, excepte la tele, la main gauche, ct quelquefois la droite; il est jete, conune le manteau espagnol, surl'e- paule gauche, le bord suspendu legerement sur la main gauche. II est assez ample pour couvrir toute la personne dans une posture inclinee ou assise, et c'est leur unique ■vfitement exterieur la nuit conime le jour, lis n'emploient ni souliers ni sandales, ni amies defensives ; ils ont ge- neralement un petit baton ou une baguette dont ils so ( -i'^I ) servenl en niarchant coniine de support, ou en condui- sant leurs troupeaux. La stature ties feinmes est proportionnee a celle des lioinmes; leur complexion est plus legeie, plus delicate, en u?i mot feminine, et ombragee parde longues tresses decheveux qui flottentdans leur niolle abondance surle couet surlesepaules. Quoiqueleur demarche soitmodeste et reservee, elles entrent librement en conversation avec UP etranger, a hv manieredes Europeennes. Leurs colliers consistent en clieveiix tresses oxi fd noir avec des agrafes en argent. On y ajoute i a et la un grain auquel on sus- pend un faisceau de coqiiilles de cowry qui pendent derriere le cou entre les epaules Elles portent des brassards en cuivre au bras, au-dessus du coude, des bracelets dargent aux poignets, desanneaux au pouce et aux autres doigts, etune ceinture de cuivie ou d'argent autour de la taille , ceinture formee dune sorte de chaine travaillee. Leur manteau ressemble a celui des hommes; il n'est point, toutefois, plisse sur I'epaule gauche, mais porte droit, etil enveloppe tout le corps, demanierequ'il leur donne I'apparence dune momie. Ces femmes sont d'une nature eveillee, aimante et un pen i-ailleuse, et dans leurs echanges desentimens, elles prouvent una rectitude de pensee qu'on etait loin d'attendre d'elles. Le genre de vie desTudas, sous tous les rapports, est pastoral ;ilsneserassemi)lent pas en villesouvillages,mais des agglomerations de families vivent dans ce qu'on ap- pelle un etat de sejour precaire et qu'eux-memes desi- gnent sous le nom de utorrls. Leurs huttes sont analo- gues au convert en forme de tente d'un fourgon; le toit est en chaume bien propre, supporte par des pieux ; la hauteur du sol au sommet du toit est d'environ septpieds, aux cotes elle est dun pen plus de trois; la longueur ( 32. ) de la hulte est de douze pieds et sa largeur de huit : a une extremite est une petite porte d iin pied et demi de haut surdeux de large. Une claie i'omiee de pierres non cimentees est etabliegeneralenientpres de laliutte,pour enfermer le betail pendant la nuit; la laiterie est aussi tin accessoire cssentiei du sejour ; on la construit tou- jours avec un soin extreme et on lui voue un respect sacre. Ces residences ('phemeres ont neanmoins, le plus souvent iin aspect cont'ornie a leur destination niomen- tanee, leurs possesseurs emigrant, selon la saison, vers ditterentes parties de leur pays de montagnes, n'y atta- chent pas le meme prix que si elles etaient permanentes. lis ne nourrissent point d'animaux, excepte le buflle, et une race de petits chats pour detruire les rats dont leurs montagnes sont infestees. Leurs buffles dont la chair est excellente, et qui donnent un lait sans egal pour sa saveur et sa richesse, errent dans les plaines ou les coUines par troupes decent a cent cinquante et deux cents teles. Le premier devoir a reniplir le matin est de traire les buffles, au moment ou ils sortent de la claie ou etable en plein air; ce devoir est accompli par un ou plusieurs des hommes de la faniille, apres qu'ils ont passe a certaines purifications do rigueur. Le lait qui reste du soir precedent est converti en beurre, et le lait de beurre qui reste encore, est reserve comme un breuvage pour la famitle. Les hommes, generalement ac- compagnes par une ou deux femmes, conduisent au champ le troupeau, tandis que les autres femmes de- meurent a la niaison pour y remplir les devoirs domes- tiques, nourrir et soigner leurs enfans, arranger leurs pelites habitations, extraire le grain de la cosse , le re- duire en farine ou le secher pour le rendre cassant, ou bjen decorer les plis de leurs manteaux sur lesquels ( 3a3 ) elles deploient de grands soiiis. Les liommes et les gar- cons quinesontpassortisavec les troupeaux,vontcher- cher aux sources visines I'eau necessaire pour les be- soins domesticjues, et aux forets adjacentes le bois a bruler. A niidi le lioupcau revient pres des huttes et une seule peisonne le garde, pendant que les antres ren- trent dans les niaisons. T.es laitiers passent le jour a taire da beurre ou a le clarifier pour composer ensuite une sorle de caille qu'ils appelicnt ^'■Aee. Le soir le troupeau est ramene dans I'endroit ou on le parque; on le salue, puis on soupe avec des prepara- tions de lait, de farine, de grain seche, de riz et de beurre; une lainpe est allumee, on la salue egalement, puis on se livre au repos. Les huttes n'offrent aucune defense; elles n'ont pas nieme un chien de garde; et vivant en. families plutot qu'en societes , ces aborigenes passent leurs journees dune fiicon qui leur est toute particu- liere, et vraisemblablement dans le silence, la tranquil- lite et la simplicite rustique dune vie partriarchale et pastorale. Comme les diverses communautes qui menent ce genre de vie, les Tudas pencbent vers I'indolence, a moins qu'une occasion ne reclame leur energie; alors ils niontrent qu'ils savent bien supporter les marcbes et les fatigues. Ne connaissant qu'un petit nombre des aisances de la vie, ignorant nieme lusage du sel , leurs besoins sont tres limites. lis ont des passions sans doute, et peutetre ne sont-ils pas toujours aussi beureux qu'iU le paraissent; mais, dans leur conduile cnvers les etran- gers, ils meritent constamment I'admiration aussi biea que I'estime. Ils ont un respect religieux pour la pro- priete; ils regardent le niensonge comme le plre des vices, et ont un temple dedie a la veritc. lis se preten- ( 3^4 ) dent les aborigenes de leurs montagnes , et en cette qualite recoivent tribut d'une race d'Indous, qui emi- grerent vers eux, il y a pen de generations, pour ecbap- per a la tyrannic de leurs maitres. Ces colons traitent les Tudas avec un grand respect, les croyant doues de vertus superieures et nieme de facultes ou puissances surnaturelies. La religion des Tudas est aussi singuliere que leurs autres coutumes: ilsadorent le so!eil,qu'ils saluent a son lever, etcroient qu'apres la mort,leur ame sen va dans un /nonde superieur. Leur culte n'a rien de commun avec le boudhisme ou rislamisme. La laiterie est leur temple : du moins, s'ils ont une forme quelconque de culte exte- rieur, elle se pratique surtout dans ce lieu, qui, nous I'avons deja dit,est un objet de veneration et meme un lieu sacre. Leur langfueest esalementdistincte dc tons les autres dialectes asiatiques et extreinement difficile a apprendre pour un etranger, etant surtout orale, et les gens de la tribu n'ayant aucun caractere d'ecriture ni symbole visible quelconque , par lequel ils puissent communiquer leurs pensees.(i) On marie les jeunes filles des I'age de six ou sept ans. Souvent on les fiance encore au berceau, et generalement en joignant pour dot la genisse d'un buffle, suivant la fortune de leur pere. II parait qu'apres .ivoir passe aux mains dc leurs maris, elles sont encore sous le controle du pere,quipeut meme les transmettre a un autre epoux, et puis a un autre , sans qu'il y ait aucune limite a ce (i) M. Hough dit que cette langue sans hioroglyphes ou caract^res quelconques de convention, est un compose de canarese , de tamil et de malai; il ajoute que la prononciation en est pectorale, surtout quand leg Tudas parlent cntre eux. ( 325 ) ti'afic matrimonial. Lepere recoit chaque fois un biiffle,au lieud'endonnerun.Personne n'ignorequeles Asiatiques sonl clans I'usage d avoir plusieurs femmes, autant qu ils en desirent , ou plutot qu'ils peuvent en nourrir; mais, parmi les Tudas (i) ,1a loi est renversee; car les femmes n'ont pas seulement deux ou trois maris, mais en outre, avec le consentement de ceux-ci, qui le refusent rare- ment, elles ont autant de sigisbes qu il leur plait. La preuve de cette coutume est etablie par plusieurs peti- tions a cet egard presentees aux autoriles reconnues chezces indigenes. D'apres un autre document, cite par I'auteur anglais, un homme ne pourrait epouserqu'une femme ; mais il peut etre le sigisbe de plusieurs. Les ceremonies funebres des Tudas sont assez impo- santes. Ils ont des cimetieres dans les bois, mais n'ense- velissent pas les corps, ils les briilent avec tous les or- nemens et le manteau que les defunts ont portes durant leur vie. II y a des pleureurs males et femelles, qui chan- tentdes lamentations, puis jettent des fagots sur le bu- cher, ou le corps est convert d'herbes pour en empecber la putrefaction. On repand aussi sur le corps de petits sacs de graine, du beurre nouvellement fait dans des coupes formees de feuilles d'arbres, et des pots de lait dans ses differens etats de preparation. On immole des buffles pres du buclier, et on en partage la cbair pour un repas qui suit immediatement ; des especes de harpies brulent de devorer ces chairs palpitantes. Plusieurs Tu- das sement un peu de terre sur le cadavre, en s'inclinant et en faisant une salutation. Apres le sacrifice, un homme (i) On sail que la polj'andrie, ou plurality des hommes, est pra- tiqu^e de m^me chez presque tous les uiontagnards du nord, du centre, du midi et de I'ouest de I'lnde, a cause probablement de la disproportion des sexes. ( 3.6 ) de inoyen age coupe deux ou trois tresses de la cheve- lure du mort pres des tempes ; on met ensuile la hiere sur le buclier, la face en bas, les pieds tournes vers lest, et toiijours avec les habits et les orneu'en* sur le corps. Les parens et les amis du det'unt jetlenl des poignees de grain et de cassonade , d autres des morceaux de bois. eleves en monceaux surle tout. Alors le bucher s'allume, et tandis que la tlamme et la fumee s elevent dans les airj, les assistans poussent des cris lugubres; ]es co/ia- tars ou harpies emportent les offrandes du sacrifice, et dans le loiniain retentissent les geniissemens des feni- mes. Durant la ceremonie, les parens du detunt se cou- vrent la tete de leurs manteaux : c'est la pour eux un signe caracteristique du chagrin ou du deuil. Enfin, oa jette de I'eau sur le bucher, apres quoi les parens exa minent avec soin les cendres, pour en retirer deux ou trois morceaux des os du crane et quelques debris des ornemens d'or ou d'argent echappes aux llammes; on lie le toutavec les tresses de cbeveux coupes au defunt, et on les met dans un vieux manteau pour les conserver. De quelques soramets des Neilgherrys, levoyageur de- couvre une belle etendue du pays de Mysore, dont I'as^ pect varie sans cesse. D'abord lout , au-dessous de lui , ressenible a un ocean de duvet; les premiers rayons du fioleil levant changent rapidement la scene ; les nuages roulent les uns au-dessus des autres, et tous s'elevant vers le sommet de la montagne disparaissent bientot, Les vallees et les plaines se devoilent en partie, et tandis que le soleil monte a son zenith, toute une nappe de ri- vieres, de forets et de champs fertiles se deroule a vos yeux. Le coq sauvage et sa femellc frequentent ces Heux, et le bel ecureuil du Malabar y saute comme un oiseau de branche en branche parnii les arbres. On voit aussi ( 327 } un grand nombre tie singes qui, tie temps a autre, mon- trent leur nmseau barbu a travers le feuiliage, et font resonner le bois tie leur caquet bruyant. Comme !es Druides,les Tudas ont leurs bosquets sa- cres, auxquels ils dunnent le nom tie Teriri. lis ont ties pretres dont I'ordination est assez curieuse : celui qui se voue au sacerdoce est dt^pouille de ses vetemens , il re- nonce aux affections terrestres, s'avance dans la foret, et arrive dans sa parlie la plus sombre, cherche un lieu qui n'ait ete foule par aucun pas bumain , dans le voisi- nage d un ruisseau que le toucber d'aucun mortel n'ait profane. II detache alors un morceau d'ecorce dun arbre sacre, et le plongant tlans lean, en exprime le litjuide et le boit , puis il se baigne dans le ruisseau meme. II accomplit ce rit trois ou cpiatre fois par jour; le soir il ne mange qu'un peu de grain seche , ou quelqu'autre mauvais aliment qu'il a apporte avec lui, et dans cet etat de nudite, il se couche expose a toutes les incle- mences de lair, Au bout tie huit jours de purification , on lui apporte un vetemenl noir tie toile grossiere, et il sen enveloppe le milieu du corps. Des ce moment, on ne lappelle plus par son ancien nom, maisbien par celui de Pol- Jul ^ei tous lesTudasdu district rassembles I'accom- pagnent jusqu au lieu de reunion. II est tenu de garder le celibat tout le reste de sa vie, et s'il a ete marie, il doit renoncer a sa famille, et, se depouillant de toute pensee mondaine, vouer dt!Sormais tout son temps a la con- templation de la tlivinite. Aucun Tudas ne pent plus le toucher, ou meme opprocher de lui a plus de dix ou douze pas, a moins qu'il ne lappelle et ne I'invite a I'aborder; alors le Tudas obeit , s'avance avec respect, le salue en elevant la main et inclinant le corps en avant. II y a une autre espece tie pretres qui ne sont ( 328 ) pas tenus aux niemes ceremonies , et dont le voyageur ne parle que brievement. Du reste les Tudas n'ontau- cune idole dans leurs temples; copendant ils ont une sorte de respect pour les cloches, qu'ils suspendent dans une niche, et qu'ils regardent comme des instru- mens sacres. Le temple est de forme conique; le chaume en est tres propre, et surmonte au sommet dime pierre d'environ un pied de diametre; il ne renferme rien au- tre chose que les cloches. Lorsque les Tudas prient, ils reeardent le ciel, avec leur main droite a la hauteur du visage. Outre la polyandrie, une femme pent devenir successivement celle de plusieurs freres , quel qu'en soit le nombre, a mesure qu'ils atteignent I'age de viri- lite; el ils ne forment qu'une faniille , dont la supreme autorite denieure dans les mains de I'aine. Une femme, en passant ainsl dans les mains de plusieurs hommes, si elleen a successivement des enfans, c'est le premier mari qui a I'autorite sur eux. Nous avons mentionne quelques-unes des ceremonies funebres dece peuple etrange, nous y ajouterons la sui- vante. Apres que les restes du defunt ont etc retires du biicher et places dans un vieux manteau, on les remet dans un manteau neuf; les femmes parentes du defunt, acconipagnees de quelques hommes , les portent dans le temple, ou, en arrlvant, elles chantent un hymne fu- nerairc. Elles etendent le manteau sur le sol, et, s'asseyant autour, le? gemissemens reconimencent. Quelquefois les families s'avancent toutes ensemble, liommes, femmes, enfans, au nombre de plus de soixante personnes. Les jeunes gens sont amies de massues, etpoussent des oris auxquels tout le monde repond; on salue les restes une derniere fois , et, si c'est un personnage do distinction ( 329 ) qui est mort, sa de'pouille attire dans le temple un grand nombre de families. Apres avoir accompli ce devoir religieux , les divers groupes se reunissent sur la pelouse, et une cinquan- taine de ceux qui sont armes de massues, se prennent la main , forment un cercle , et executent une sorte de danse au son dune flute et dun tambour. Avant d'im- moler les buffles destines au sacrifice, on execute aussi quelques danses analogues, et ce sont toiijoursdes vieil- lards qui president la ceremonie, apres laquelle le re- pas commence. II consisie principalement en riz bouilli et lait caille. Les pleureurs emploient le reste du jour a renouveler leurs lamentations, tandis que les autres personnes continuent leurs jeux. Dans ces occasions, les Tudas sont pares de leurs plus beaux vetemens, la chevelure des femnies est soigneusement bouclee, et leur cou et leurs bras offrent une profusion d'ornemens dor, d'argent et de corail. Cette ceremonie dure plu- sieurs jours, et le dernier, au milieu de la nuit et dun profond silenee, la voix sonore des hommes, et les ac- cens doux et modules des femmes, font ouir alternative- ment le chant funebre, en criant a I'esprit du defunt: Pauvre ami, ou done es-tu alle? Ces chants termines , on transporte dans un trou entoure de pieries les restes du defunt, et on les y depose apres avoir minutieuse- ment examine les cendres et la piece de metal. Enfin, on rapproche les pierres, on referme le trou, et tout le monde, en passant aupres successivement , s'ecrie : Que la sante nous demeure! Puis enfin chacun regagne son asile dans le silence et le recueillement. Albert-Montemont. ( •■^3o ) EsQCissE DU Sy-tu OH (Ics Pajs a rOuest dc In Chine , tradiiite et resumee da chinois par M. Lamiot, mission- naire lazariste. NOTE PHELIMIN AIRE. TJEsquisse du Sj-Yii est un petit oiivrage qui a grand cours en Chine. Sj-Ya comprend en gi'neial tons les pays qui sont a I'ouest de la grande muraille, on que les Chinois disenty c-tre. Les habitans de ces pays sont appeles par les Chinois Fan , Hone, Hotii-tse, Uoue- hoite. Ces trois derniers noms , dans I'interieur de Tempire , dt-signent specialement les Mahometans; Fan est un terme odieux par I'idee de m^pris qu'y attachent les Chinois. Les Fan gouvernes par les Chi- nois sont appeles Fan interieurs ; ceux qui se gouvernent par eux- m^mes, quoiqu'ils paient le tribut, sont appeles Fan exterieurs. Je t^che de n'omettre rien qui soit de qiielqne importance; mais pour ne pas trop ennuyer, je retranche tout ce qui est sans interet ou hors de vraiseniblance. Ce qui regarde le pays soumis a la Chine pa- rait avoir ete soigne. L'auteur a profile des renseignemens autben- tiques que le gouvernement fait imprimer sur ces sortes demati^res. Comme ces pays sont trfrs-peu connus en Europe , j'ai t;\che de re- cueillir avec soin tout ce qui en est dit dans cet ouvrage. L'auteur donne une carte du Sj-Yit; mais la proportion entre les distances n'y est pas observee; les lieux menies sont quolquefois trans- poses, comme je le remarque dans une note sur Ye-eul ■ kouang. Xmsi, on ne peut pas se fixer sur cettc carte; il semble qii'on pourrait y suppleer par la description du pays , parce que l'auteur y marque la position des licnx et lour distance de I'un a rautre. Mais la diffi- cnlte est d'evaluer le Ijr chinois. On voit par I'hisfoire des l\Iing que les mesuresont vari6 selon les dynasties. Les Clxinois n'ont jamais su mesurer les distances par les observations astronomiques; il ne pa- rait pas qu'aucun Europeen en ait jamais fait dans le Sy-Yu. Je doute que les Chinois aicnt jamais pris la peine de mesurer leurs chemins. Dans ceux qui sont prepares pour I'cmjiereur avec tant de dt^penses, le nombre de Iv e.st ecrit le long du chemin ; mais il est de fait que tous ces Ir ne sont pas de la meine grandeur. Dans mes voyages, ( 33i ) quand je demandais la distance d'un lieu a un autre, on me disait lant de ly ; assez souvent on ajoutait://^ sont petits ou tin pen grands. On convient que dans le nord les Ir sont plus grands que dans le midi. II parait done que la tradition populaire a determine le nonibre Ae ly. Je trouve, dans une geographic itnprimee par ordre du "cu- vernement, que de Canton a Pekin il y a 8,i85 ly. Comme on connait la position de Canton et de Pekin , il semble qu'on pourrait s'en servir pour evaluer le /(chinois; mais sans doute que dans ces 8,i85 ly on comprend les detours : or, en Chine, les circuits des chemius par eau et par terre sont multiplies a I'infini; ainsi , je ne vois aucun moyen d'evaluer le Ij avec precision. Cependant , comme on suppose communement qu'il y a 200 ly par degre de latitude, en I'evaluant de la m^me maniere, on pourrait, d'apr^s la description que je traduis du Sy-Yu, non faire une carte exacte , mais moins imparfaite que celles qu'on a de ce pays. L'auteur divise le Sy Yu en deux parties : I'une nord-nord-est , ou il marque une grande route depuis ff;j-m/jusqu'a Y-ly,etde lajusqu'en Russie ; dans I'autre partie, qui est au sud-sud-ouest > il y a aussi une grande route depuis Ha-mi, Pj-rc/iow jusqu'au Tibet, et de la a I'lnde. ESQUISSE DU SY-YU. PREMIEHE PARTIE. Hu'ini. Dans un espace de 1,000 /> depuis Kia-yn-kouan (i), et qui renferme Cha-mo et Clin-kiiig., il n'y a ni eau, ni herbe, ni honime, ni fumee (a). Les Hem anterieurs avaient bati une place forte sur ces frontieres pour les affaires occun entes ; depuis que mon empereur (3) a etendu son domaine a quelques dizaines de mille ly , (i) Barrifere occideutale de la grande muraille. (2) Quand rien ne fume, il n'y arien absolument. (3) Expression qui designe en general un empereur de la dynastie presente. ( ii-2 ) tant au nortl qua loccident, et civilise ces pays, il a bati pour les gouverner, une ville du troisieme orcire, appe- lee Yu-mentsien, a Touest de Kia-yu-kouan ^ et qui en est dlstante de ago If. Trois cents // plus a I'ouest est Ngan-si-tcheou, ville du deuxieme ordre; 600 ly au niidi est Cha-yen, ville du troisieme ordre. C'est la que les Hnn anterieurs avaient autrefois bati une place forte ; Cha-kirig et les environs sont fanieux, nieme dans I'antiquite, pour les sables et les precipices. La ville de Ha-mi est a 900 If ouest de Ngan-si-tcheou. Dans le* environs de Ha-mi., qui sontse- verement gardes par les troupes, il y a du sable d'or rouge. Des le commencement de cette dynastie ce pays-la fut souniis. Sous les empereurs Kang-si et Yung-tc/aing., il y eut de grands troubles, qui s'etendirent vers I'o- rient (i)- A cette occasion Ha-mi fut etabli clief-lieu de depot pour les provisions de bouche et de guerre. II resta tel pendant les troubles avec les Eleutbs , et jusqu'a present. La viile a 4 0' '^^ circonference. II y a deux grands mandarins en chef, qui out sous eux deux mandarins civils et deux mandarins militaires, et mille soldats. II se fait a Ha-mi un commerce prodigieux de toutes sor- tes de niarcban discs. A 5 Iy de Ila-mi , ville chinoise, il y a Ha-mi , ville des Houe., dont le prince, cree par lenipereur, se nomme Y-lou-ko ; il connnande a six villes dont les liabitans sont ses esclaves. lis sont pauvres , miserables, ne par- viennent pas n eme a deux mille families. lis ne s'enten- dent pas avec les Houe , leur langage etant different, (i) La Chine. quoitjue le costume soit ii-peu-pres le meme. En ete , la chaleur y est excessive, en hiver, le froid est extreme. Le pays produil du ble, de I'orge, du lin, du millet, des courges, des melons, du raisin, des peches. Au nord est Pa-y-tan, au midi Pjtchen. (i) Pa-ly-tan et Ou-lou-mou-tsi. ASoo/f nord-ouest deHa-7?ii est Pa j--tan, ancien pays de TcJwuun-ko-eul. Sous Yung - tchung , les armees du ciel (i) en ont balaye les Eleuths , qui se sont retires a Toccident. Les limites meridionales de cette terre tou- chent aux limites septentrionales de Ha-mi; au nord est Ka-eul-ka{?))\ a louest est Ou-lou-mou-tsi. Get endroit est de la plus haute importance dans les attaques et les retraites, pour proteger le nord et le midi; c'est pour- quoi on y a place de fortes troupes, looo soldats man- tchou avec leui's families , et 3ooo autres soldats (4) '-, il (i) Le premier endroit important au dehors de lagrande muraille. (2) L'enipereur est filsdu ciel; ses armees sont celles du ciel. (3) Probablement Calcas. (4) II V a en Chine des soldats qui sont pris indifieremmentparmi le peuple. Le nombre n'en est pas toujours bien complet , parce que les besoins du mandarin ou du tribunal exigent souvent qu'on sup- prime un certain nombre do soldais pour pvofiter de leur paie. II y a aussi dts soldats qui le sont par succession de pere en Ills, lis vivent en famille. Le nombre eii est complet ; mais cette troupe ne presente pas un aspect formidable : le service n'est pas rigoureux ; les camarades se font suppleer facilemeuten donnant quclque chose a boire. On n'ote pas la paie a un etique, a un vieillard, qui en orit besoin pour eux ou leur famille. La m^me rnison fait qu'on I'accorde a rcnfant d'une veuve dont la famille est militairepar succession. II serait cuieux d'observer une telle troupe sous les armes dans une re- 33 ( 3:m ) y a aussi tleux granJs inanclarii.s. Le cliniat est trt-s f'roid ; ony voit voler la neigejusqu iilacinquieme on la sixieine hine(i).Cependant, depuis quelque temps on a coinmen- ceay cultiver avantagcusement leble, I'orge et lesdeux especes demillet(2). En la 39' annee de Kien-hmg, on a vuegeaerale; aussi, lors d'line crise violente, la ressource du gou- vernement est de fail e lever le peuple en masse. ToLtefois, cette troupe a ses avantages: jamais eile ne doserte, ou un autre membra de la Tamille supplee le deserteir. S"il faut paitir pour la guerre, le ills ou le ueveu preiifj la place- du vieux iniirnie. Au defaut de fils ou de neveu, ou adopte uii$oldat an^i pour epouser la fiUe et conserver la fortuue de la famille. En effet, celte paie, cette ration de riz ou de grains, ce champ a cultiver, soiit la fortuiie de la faniilJe; petite fortune, il est vrai , niais dans un paysou tant de gens iq^urent de faim!!!. D'ailleiirs, le soldat chez lui soigne sa famille et en est soigne ; il se met au service, exerce un metier ou fait un petit commerce, et le menage va passablement. Ces families de soldafs sont devouees au gouvernemcnt, de qui elles tieinient toute leur sub- sistance; dans uue revolution, elles seraient d'abord sacrifices. Voila ce qui fait compt^-r sur leur fidelite et leur devoument. Ces families de soldals desceudeut des Tatars qui ont conquis la Chine, ou des Chinois qui leur out d'abord pr^tc' du secours. C'l st comme une noinbrcuse noblesse qui a beaucoup plus de faciliies que le reste de la nation pour parvcnir aux honneurs et aux places. Le jeune Ta- tar denue de tout secours s'enorgucillit encore de son arc et de son carquois qui ont tant illustre sa famille , car avec cette arme seule les Man-ichoti ont conquis le grand empire de la Chine. C'est pour cela que I'arcet le carquois sont en grand honneur parmi eux. Ainsi daps ces families se conserveut des principcs genera ux d'ordre, de soumission et de devoiiment qui contieiinent les peuples et assnrcnt la paix des empires. D'aillem-s, ces soldats chinois, dont on parait faire peu de cas, ne laissent pas d'en imposer : a Pekin, un soldat des rues, le fouet sur I'epaule , se fait plus craindre et plus respecter que les gendarmes a Paris avec leur grand sabre et leur fusil a ba'ionnette. (r) Ce qui repond h la fin de mai jusqu'au commencement de juillet. (2) L'un e.st glutineux, I'autre ne Test |)as. ( 335 ) cebati Y-hoiio-hieny\\\\e du troisienie ordre.Huitjournees plus a I'ouest (i), on a bati une autre ville, appelee Kou- tchiing^ il y a un grand mandarin et looo soldats man- tchou avec leurs families. Le gibier et les animaux sau- vages y sont tres multiplies ; il y a aussi beaucoup de pins et de champignons blincs. (i ) Ou-Iou-mou-tsi est aussi de I'ancien pays de Tchouun- ko-eul. Pour etablir la paix a Y-ly, on y a eteint cu ba- laye tous les babitans a i,ooo lykXa. ronde, de maniere qu'il n'y restait absolument rien, ni homme, ni fumee (3). Sur le decUn de la montagne Lo-chou^ on a bati une ville environnee dun rempart. A. i,oop // a la ronde, le terrein est tres gras et tres fertile En la So" annee de Kien-lui}g ^ on y placa un gouverneur en chef et deux grands mandarins militaires. A 8 1/ ouest est une autre ville environnee d un rempart et dun fosse plein (i) La journeeest ordinairement evalueea roo ly, un peu plus ou un peu moins. (2) Seclies, ils se vendent tres bien dans toute la Chine. (3) Voila I'effet assez ordinaire des guerres en Chine, qui souvent finissent par Textinction de la population. On parle de certaines es- pSces d'hommes particuliferes a quelqiies provinces qui ont totalement disparu dans de graades revolutions. Cependant les Cliinois sont inoins cruels, moins violens que beaucoup d'autres peuples, moins dominr? par ces passions qui taut de fois ont ravage le monde. Mais ici les guerres se font toujours par trahison : ni le vaincu ni le vain- queur ne compte jamais sur la parole de son adversaire : defiant, ti- mide, Stranger a la generosite et a la grandeur d'Ame , il ne se croit en surete que quand son adversaire est mort. Voiln ce qui rend les guerres si desastreuses en Chine , et ce qui devrait y f'aire trembler pour I'humanite si les Europeens venaient y faii'c la guerre. Toute- fois, ces horribles carnages n'ont point eu lieu lors de la derniere re- voke sous Kia-ising; les coupables ont ete juges legalement et punis sslqn les lois; on a aussi pris des precautious pour ies proches pa- rens des chefs revoltes. 23. ( 33G ) d'eau, qui a lo />■ de circuit. Cette villti a (ite nominee Ho7t(^-kou-tchung par faveur de I'empereur. II y a 3,ooo soldats Jimn-tchou avec leurs families, et j8 officiers de differens grades pour Ics commander. II y a aussi 2,000 soldats chinois, 100 et plus d'officiers pour les commander, sept mandarins oivils charges de la justice et de ladministration. Sur le declin de la monta^ne Hung-chan est une ville ancienne , oii il y a un general et 5,3oo soldats commandes par 100 et plus d'officiers de differens grades. Plusieurs milliers de families chi- noises, emigrees de la province de Kan-sou s'y sont etablies ; il y a aussi a Tchang-ki-ma na-tse et ailleurs plusieurs milliers d'exiles pour crime ou delit : ils y de- frichent et cultivent les terres. Le peuple aime a chanter, boire et danser; on y voit toutes sortes de farceurs. Sur la montagne Hung-chan est une pagode qui a donne son nom a Ou-lou-moii-tsi ^ qu'on appelle assez souvent Hnng- mino, pagode rouge. On a aussi bati deux corps de batimens pour des ele- ves en lilterature et en Tart militaire. Chaque annee il en sort dix et quelques sujets formes. C est ainsi que la sainte doctrine se repand sur cette terre, comme au son de la douce harmonic produite par le yu et la soie. (1) A Vouest de la ville il y a de grands amas de sable ; au has de la montagne le charbon de terre se trouve en grande abondance. Son sommet, qui se perd dans les nues , toujours ecu vert dc glace et de neige, brille comme le cristal ; c'estvraiment unemerveille du monde. L'empereur I'a nommee par faveur Fou-chcou-tche- (i) Allusion a la musique chinoise, dont les instrumeiis les plus lenommes sont en panic dc soie et de piern* de j". ( 337 ) chart (i). On y tiouve beaucoup de gibiei- et des taisans, tout de graisse , qui y volent en troupes. II y a du ngo~ ouei{pL)\ de la pelure de pins on tire un exirait qui sert en medecine. Depuis que le pays a commence a se civi- liser, le climat s'est Ijeaucoup ameliore : on y recueille toute espece de grains. Y-Iy. Y-lj faisait aussi partie de Tchouun-ko-eul -^ il a servi de taniere au Han (rol) de ce pays (3). La 19" annee de Kien-hing^ Nga-niou-eul-lung-nga s'etant brouille avec Ta-oiia-tsi ^ Han (roi) de Tchouun-ko-eul ^ il se retira a Kouei-Jioa-tchung (4) avec ses gens et tout ce qu'il put emporler. Lenipereur recut sa soumission , et donna ordredereduire Ta-ona-tei el de sc saisirdelui.Pres dun (i) Montague de vieillesse et de bonheur. (2) Assa jcEtida. (3) Dans le chinois et le tatar, on prouonce htm; inuis conime ce mot est fortement aspire, las etrangers I'auront confondu avec kan. Ainsi , on dit le han des Tatars. Cette expression est pen noble dans le chinois, comme toutes les denomin-^tions qui viennent de I'etrauger; aussi la dynastie actuelle ne I'emploie pas dans les ecrits chinois; mais dans le tatar man-cchou elle est reservee a I'empereur seul : elle designe I'autoi-ite supreme. Quand nous nous en servions dans nos traductions pour exprimer une puissance etrangere , on nous I'effacait. Le mot chang-ti , qui a fait taut de bruit parmi les missionnaires, est traduit en tatar j)ar apkai-han, c'est-a-dire, han du ciel. (4) Koud-hoa-tchnng , ville frontiere de Sf-Yii et de la Chine , et qui est comme i'entrep6t de toutes les marchandises echaugt5es des deux c6tes. Hou-pi-lei , appele par lesEuropeens Gobile, celebre conquc- rant de la Chine , et fondateur de la dynastie des I hcvj, y placa d'a- bord le sifege de son empire. ( 338 ) million d'habitans ayant ete massacres, le pays estreste absolumenl vide el depourvu de tout. Y-ly fut alors etabli cbef-lieu des pavs voisins, pour surveiller le nord et le midi ; on y placa des mandarins civils et militaires de tous les grades pour gouverner les Eleuths . les Cal- cas et autres Houd, de meme que leurs chefs ou princes , a qui I'empereur accorde les litres ou dignites de pei- lei^pei-tse, fcitng , etc. En la 29* annee de Kien-luuff, on batit dans la vallee de V-If une ville qui a 18 1/ de circuit, et est environ- nee dun fosse plein d'eau. L'empereur, par faveur, la nomma Houe-yucn-tchung (i). La reside un generalis- sime, charge en chef de radministrallon civile et niili- taire ; il a sous lui 4o ^ 5o mandarins militaires, parnu lesquels 3o chi-oue (2) et 12 mandarins civils de differens grades. Successivement s'y sont rendus 3,6oo soldats man-tchou avec leurs families; ils out a leur tete 128 mandarins militaires. Cette ville est tres frequentee par les negocians de divers pays, qui s'y rendent en foule. Au-dehors dc la ville, il y a des casernes pour des trou- pes de mcmt-chou ^ chinois, solons (3), eleuths, calcas et autres houe ; elles se divisent la surveillance de tout le pays; elles out a leur tele 128 ofliciers de differens srades. » (i) Ville de bieafaits repandus au loin. (2) Les chi-oue sont les gardes inipuriaux tires des families de tatars man-tchou et niongoux qui out eu part a la coiiqn(?te de la Cbine- Tous les grands mandarins de la Tartaric, du Tibet et de Sj-Yti, sont Tatars , et tires ordinairement des chi-oui , qui y sont d'abord en- voyes en un certain nonrtbre pour servir sous le gouverneur general. (3) Les Tatars solons passent pour les ineilleurs soldats de rempire. i 339 ) JLa parlie orieiitale de Houe-ynen tchiin^. A i5 If k Test de Houe-yucn-tchung, il ja une moh- tiigne appelee Kung-ouo-eul-ngo-lo , au has de laquelle le charbou de fei-re est en grande abondaiice. Au nord de la meme montagne, il y a une mine Je fer; 55 />plus a lest, est une ville que lempereur, parfaveur,ahommee Houe-ning-ichwig (i)-^ on y a place un grand mandarin militaire, un adjudant-general, on tout plus de 5 o man- darins et 1900 soldats. i^ If plus a lest, il y a une ville de Hone , appelee Koa-eul-kung. 180 ly au nord, il y a une montagne appelee Ha-chi ; elle a plusieurs centaines de ly en circuit. Sur cette mon- tagne, il y a beaucoup d'argent et de gibier. G'est la que le general fait la cliasse. Vers le milieu, il y a une ville appelee Ha-chi. Le nord-est de Houe-j ueii-tchimg. A 400 ly nord-est de Houe-yuen-tchung , dans une val- lee, il y a 1000 soldats avec leurs families; ils ne s'oc- cupent que de leurs troupeaux, et n'ont point de de- ineure fixe. Au nord, est une montagne d'ou jaillit une fontaine d'eau chaude qui a des elfets funestes a la sante. Au midi est un grand lac, etc.... Le nord de Houe-yuen-tchung. A 400 ly au nord de Hone -juen-tc hung est la villO tie Ta-eul-Lsi; 20 (/plus au nord^ est la ville de Ou-ha- euUpy-ko , t^sl-^s, cultive. II y a 2,600 soldats du drapeau (i) Ville du bienfait de la jialx. ( 34o ) vert, looo et plus d'exiles pour crimes ou delits ; 26 grandes fermes ou metairies pour defricher et caltiver; un general en clief avec 20 mandarins dc differens gra- des. Plus au nord, est !a montagne ]\ga-la-rna-tou,d'ou sort une riviere qui coule au midi, va baigner la villa de Ou-ha-la-lj-koy ou elle entre par le nord-ouest, et dont I'eau est necessaire aux soldats et aux mandarins, puree qu'il n'y a ni sources ni puils. Ses eaux dirigent ensuite leur cours vers le midi , et se jettent dans le fleuve de Y-fy. Plus au nord, est la montagne Ta-eul-j-tsi^ qui est bien boisee et abonde en fruits. De plus, au nord- est, est la montagne Mo-hoimi-tou ^ ou il y a du ^m^^- lay (i), qui cliaque annee est offert a I'empereur. Au nord-est sont deux montagnes qui produisent le pen- po (2), beaucoup d'abricots, de plantcs medicinales et de fleurs champetres. Les ours y sont en grand nombre en hiver et en etej on y jouit d'une douce temperature, et qui est particuliere a ce canton. Le midi de Houe-yuen-tchung. Au midi de Houe-yuen-tchung^ il y a beaucoup de la- pins et de faisans. A un // de la ville est la riviere de Y-ly ; elle tire sa source de la montagne Ha-chi-pei-eul- (1) Yuen-lai est une esp^ce de millet inconnu a Canton. C'est peut- ^tre celui que j'ai vu dans un jardin a Pikin , et qu'on appelle millet imperial. Il ressemble au roscaii , non-seuleraent par la tige et les feuilles, mais aussi par I'epi un peu plus gros que le pouce , long de sept a huit pouces, droit sur sa tige , et non courb^ comme les autres millets; les grains, trfes serretoS^ir repi.,jcessemblent au millet or- dinaire. • (2) Lepen-po de Canton, espece de chitaigne, est im fruit qui se trouve a Macao. J'ai vu dans un auteur chinois que celui du nord est different. ( Ml ) tchf, et segrossissant ties eaux de diverses fontaines ou rivieres, el!e devient navigable ; on y peche des poissons blancs et autres. Cette riviere prend ensuitc son cours vers ie nord-ouest ; a 700 ly de Y-ly, elle rentre dans le sable et disparait. Sur la cote meridionale est une val- lee tres etendue, cultivee par 1000 soldats repartisavec leurs families en huit quartiers. La partie de Test est tres boisee; les heibes y sonttres hautes et en grande abon- dance; il y a beaucoup de loups et de moutons sauvages. La partie occidentale est en marais couverts de roseaux; on y voit beaucoup de moutons jaunes et de sangliers ; on y a place 600 soldats suivis de leurs families, et 4oo autres appeles Ta-hou-ly. ha partie ouest de Hoite-juen-tchung. La partie ouest est toute en collines et vallees. A 4oo ly de la ville on a place 600 soldats solons avec leurs families, et 4oo soldats ta~hou-ly. Le nord-ouest et le sud-ouest de Y-ly sont habites par des Fan etranger^- 1800 ly au nord de Y-Iy est Ta-la-pa-ha-taj; a I'orient est Ou-lou-mou-tsy; au midi sont les frontieres des Houe. Originairement ce pays etait habite par les Tchouun- ko-eul, qui, sans demeures fixes, se bornaient a leurs troupeaux, sans cultiver ni recolter. Depuis que les grandes armees ont occupe le pays apres avoir balaye les Tchoitun-ko-enl de leurs trous, toutes especes de grains etant devenues necessaires, on y a etabli de grandes fermes ou metairies pour defricher et cultiver; 6,000 fa- milies Houe sont occupees de ces travaux. Elles paient un tribut qui suffit a peine pour les menus besoins des soldats et des mandarins; il faut tirer de I'interieur ( 34^ ) plus cle 5oo,oou laels (i); plusieurs dizaines de initle pieces de soie sont echangees centre des betes a cornes, du be'tail et des chevaux, qui, vendus, fnumissent de I'argent a radniinistration. Les douanes rapportent an- nuellement 4o ruille et plus de taels, ce qui, ajoute aux colons et toiles percus sur differenles villes des Hone, commence a suffire. On tire dc plusieurs villes 7 a 8 niille livres de cuivre qui est monnaye. Un grand man- darin visite le pays; sur cent chevaux ou betes a cornes, il en exige un en tributj il exige aussi le millieme mouton. Parmi ces peuples, il y en a qui, comnie les Eleuths^ vont tous les ans en deputation a Pekin, otiiir un tribut a I'empereur ; d'autres y vont tous les trois ans ; il y en a aussi qui n ont pas de terme fixe. Selon I'axiome des anciens(2), leteiulue des empires varie selon la verlu des empereurs; cestelle qui les con- serve : c'est la grande vertu de mon empereur qui a re- cule si loin les limites de I'empire ; tant d autres dynas- .lies n'avaient pu le faire. Ta- la-pa- /la- tai. Trt-/a-/;rt-^a-/fl/iaisait aussi partie du paysde Tchouun- ko-eul ^ et etait souniis aux Eleuths. lis menaient la vie pastorale, sans demeurefixe. Apres la defaite et la ruine (1) Ce n'est pas seulement a Y-ly "jue la recette ne suffil pas aux frais de I'administratiou, c'est presque aussi dans (out le nord de la Cbine; les riches provinces du midi y suppleent. (2) Meu(>iug r«p^te souvent que tous les peuples viennent d'eux- mdmes se soumettre a un gouvernemertt paternd et sage; tel est le fondement dc sa politique , qui a beaucoup de rapport avec celle de Feuelon. ( :543 ) totale des Tchouun-ko eul, Nga-mou-eiil-lung-nga se le- tira au nord dans ce pays , ou il ne restait absolument rien. Les grandes armees ayant pacifie Y-ly et fixe son sort, Ta-la-pa-ha-tai devint une frontiere importante qui fut mise en bon etat pour proteger tout le pays au midi. II est a i8 jouinees de Y -If j au nord , il est a 7 jouinees de Ha-lung-ko ; a ioccident, il confine aussi avec Ha- lung-ko et n'en est qua 3 journees; au nord-ouest est la Russie; il n'y a pas meme 5oo Ij dun royaume a lautre (i). Comnie c'est une frontiere de la plus haute importance, on y avait fixe deux grands mandarins ; mais au nord - ouest, le froid est extreme en hiver : il y a jusqu'a dix pieds de neige ; en ete,il ya beaucoup de serpens venimeux et des insectes voians qui piquent les yeux, y laissent ieur dard, qjii n'en pent etre retire que tres difficilement ; ce qui a fait transferer le chef- lieu ailleurs, ou on a bali une ville qui a ete nommee Ta- la-pa-ha-tai par faveur de I'enipereur, Elle a pUisieurs ly de circuit. On y a place 6 mandarins civils, y manda- rins militaires. On y a etabli des fermes pour cultiver les terres et se procurer les provisions necessaires. On y a fixe 1 000 soldats chinois; i5oo soldals man-tchou et mongoux de Y-ly s'y renouvellent successivement. (i) II parait qu'un desert separeen cet endroit la Chine et la Rus- sie. Lors de la deuxieme ambassade anglaise, le premier ministre etait , car elles en portent If (i) Asclipcion, temple d'EscuIapc, ou lieu cousacre ii Esculape, .-J comme on dit, Heracleon, Hoincrion , cousacre a Heronie, :i Ko- in^re , etc. ( 347 ) nom avec ritnage de Jupiter EtJieree. Ce dieu etait adore dans I'Acropolis, ou forteiesse, dont on voit encore au- jourd'hui les mines assez bien conservees sur le mont Pagus, oil i! y avail aussi un temple en Thonneur de Jupiter Coryphee. Sur line autre monnaie de Sinyrne, on lit cette inscrip- tion : '< Les Smyriwens principaux (VAsic^u EUe fut frap- pee en I'honneur de Sabine Tranghylline , ct porte d'un cole Fimaire de Cerus, et de I'autre ceile de I'ama- zone que veneraient les Smyrneens, et a laquelle ils avaient donne le nom deleur ville. Enfin il existe encore une monnaie porlant ces mots : « Sinyrne , la premVere de rAsie pour la heaute et pour la grandeur ». La snpe- riorite de Smyrne et de ses habitans sur le reste de I'Asie, se trouve etablie par des preuves incontestaliles, et Tacite en ajoule une de plus , par le pompeiix eloge qu'il fait de cette ville, qu'il place, lui aussi , bien au- dessus de ses rivales. Tibere crea Smyrne Neocore, de preference a toutes les aiitres villes d'Asie. C'etait un honneur insigne ac- corde par les Cesars aux villes qui possedaient des tem- ples dedies aux enipereurs; et on lit ces mots sur une de ses monnaies : « Les Smjrneens trois fois Neocores. » Smyrne, detruite par un horrible tremblemcnt de terre Van 177 apres la naissance de J.-C. , fut reconslruite avec beaucoup de m.ignificence et de splendour par Marc-Aiirele , sur la demande que lui en fit le philosophe iElius Aristide, a qui les nouveaux habitans erigerent une slatue. Dans les beaux jours de la liberie des Hellenes, lors- les Smyrneens etaientautonomes, ils rattachaientle nom de I'annee, non comme les i^tlieniens, a un archonte, mais a un pretre qii'ils appelaient Stephaniphore ., cou- ( 348 ) roiine. C'est aiiisi que Themistode fiit stephaniphore de Minerve a Magnesie. Denys (rHalicaniasse compare ces pretres aux Fla mines des Remains. Sous les empereurs cliretiei Le nom des peuples Fan, au contraire, quelquefois bien orthographie, comme aux pages 286 et 291, est le plus souvent defigure en celui de Fou. 5° La province de Hou-pe, dont le nom est correcte- ment ecrit partout ailleurs, se trouveindiquee, p. 219, sous celui de Liou-pe. 6° A la meme page , le nom de la dynastie des Sung est imprime Sing; mais il est exactement ecrit dans tout le reste du memoire. 7° Enfin , le nom de la dynastie des Yuen est, au com- mencement de la page 220, imprime Sum, bien que par- tout ailleurs, et notamment a la ligne suivante de la meme page , on lise regulierement P«e«. M. de Paravey a encore remarque que le nom de I'erapereur Kan-gy est fautivement ecrit Kang-sy a la page 240; nuis nous devons faire observer , a ce sujet, ( 355 ) que Terreur, si elle exisle en effet, appartieiit en entier a M. Lamiot lui-meme, dont le manuscrit porte tres clairement Kang-sy. * A ERRATUM a la note de la page 267, numero de mai i83a, de I'article sur les Natiireh de la Terre clu roi George, dans la Nouvelle-Hollande, Y! opossum, designe par erreur conime une espece d'oiseau , est un mammifere de la race des rats , et de la famille des sarigues, qui porta exterieurement une poche, dans laquelle la femelle place ses petits. ( 356 ) TROISIEME SECTION. ACTES DE LA SOCIl^TE. VROCES-VERBAUX DES SEANCES. Seance du i*^^ juin i832. Le proces-verbal de la tlerniere seance est lu et adopte, L'academie royale des sciences de Turin et la societe royale de Londies adressent a la Societe la suite deleurs Me mo ires. MM. les presidens et secretaires de la societe des an- tiquaires de Copenhague adressent les remercimens de cette compagnie a la Societe de Geographic, pour I'en- voi qu'elle a bien voulu lui faire du recueil de ses Me- moires et de son Bulletin. M. le professeur Rafn offre en son nom plusieurs exemplaires dune carte des lies Foeroer, qu'il vient de publier, pour etre jointe a I'edition du Foereginga Saga^ ou Histoire des habitans des Foeroer, qui a paru il y a quelque temps. Ces deux envois ont ele adresses a M. Eyries par M. de la Roquette, consul de France en Danemark, pour etre transmis a la Societe. M. Arthus Bertrand ecrit a la Societe pour lui offrir,, au nom de I'editeur M. Featherstonhaugh , de Phi- ladelphie, les sept premiers numeros du recueil inU- ( 357 ) tule : The Monthly americun Journal of geology and natural sciences, et il en demande I'echaiige avec le Bulletin de la Societe. — La Commission accepte cet echange. M. le chevalier de Wiebeking, correspondant de I'ln- stitut de France , adresseala Societe des remarques sur le cours des tleuves de la Hollande, acconipaguant un atlas des cartes de la plus grande partie navigable du Rhin et des ramifications de ce fleuve jusqua la mer et la Zuder-Zee, ainsi qiie de laMeuseen aval de Boxmeer. Get atlas doit ^tre compose de 3i grandes feuilles. M. Jomard annonce la publication de deux ouvrages de Geographic nouvelle, imprimes a Londres : I'un est la grande Carte de I'lndostan de Hall , en plus de quatre- vingts feuilles, par la compagnie des Indes 5 Taune est la Carte des possessions britanniques en Amerique, par le colonel Bouchette, en dix-sept feuilles et deux volumes. M. le chevalier de Couessin ecrit a la Societe pour demander la rectification du proces-veabal de la seance generale du 3o mars, dans lequel le nom de M. d'Urville se trpuve place le second parmi les vice-presidens de la' Societe. Le meme membre renouvelle par ecrit les proposi- tions qu'il a deja faites verbalement, etayant pour but de fixer I'epoque et le mode de paiement des souscrip- tions annuelles. Ces propositions sont renvoyees a la section de comptabilite. M. Cesar Moreau annonce son prochain depart pour Londres, et offre ses services pour renouveler les rela- tions de la Societe avec les principales institutions scien- tifiques de la Grande-Bretagne. La Commission , apres (35 ) utie longue discussion, accepte les offres de M. Cesar Moreau. M. Warden, eloigne depuis quelque temps des seances de la Sociele par uiic nialadie assez grave, lui adresse en communication plus^eurs documens relatifs a lAme- rique, qui sont renvoyes au comite du liuUetin. Seance du i5 J ui'n i832. Lc proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. le secretaire du comite de traduction de la societe royale asiatique de Londres ecrit a la Societe pour la prier de lui faire connaitre par quelle voie il pourra lui adresser les volumes des Recherches asiatiques qui lui sont destines. La Commission ccntrale decide que M. Cesar Moreau sera prie de servir d'intermediaire entre les deux societes pendant son sejour a Londres. M. le president communique le duplicata de la lettre de M. Jubelin, mentionnee au proces-verbal de la seance du 6 avril, et relative au voyage de MM. le Prieur etde Bauve dans I'interieur de la Guyane. Le comite du Bulletin demande, a cette occasion, que la Commission centrale veuille bien mcttre a sa disposi- tion les documens adresses par M. de Bauve, et dont Icxanien avail ete renvoye a la section de publication. — Adopte, Le depot general de la marine adresse la suite des li- vraisons des voyages de in Coqiiille et de V Astrolabe. M. Jodot ecrit a la Societe pour lui oflrir un exem- plaire du Budget de i832 ( deuxienie annee), qu'il vient tie publier. ( ;«9 ) D'apres le rapport tie la section de comptabilite, char- gee cl'examiner les propositions de M. le chevalier de Couessin, la Commission centrale decide qu'il n'yapas lieu a changer le mode et I'epoque du versement des souscriptions annuelles. Sur la demande de M. le president, et d apres les ob- servations de plusieurs menibres, lassemblee exprime le voeu que la section de correspondance veuille bien s'occuper le plus tot possible des series de questions dont la redaction lui a ete confiee. La Commission centrale decide quelle nonimera, dans sa prochaine seance, aux deux places vacantes parmi les menibres adjoints. OUVRAGES OFFERTS \ LA SOCIETE. Seances des i"' et i^ juiii. Par I'academie royale des sciences de Turin : Tome XXXV de ses Memoires. Par la societe royale de Londres : Transactions de cette Societe, premiere partie de i832. Par M. le ministre de la marine : V^oyngc de la Co- quille ; Carte de VarcJdpel des iles Carolines, une t'euille; Plan des iles Saint-Aiigustin et Polounia, ime leuille; Historique, livres 1 1 et 12 ; Botanique , livre lo; Zoologie, 26 et 27" llvr. — Voyage de V Astrolabe: Historique , 2 vol. de texte et les 3 1, 32, 33, 34 et 35" livraisons ; Botanique, V" et 2" livraisons ; Zoologie , 6, 7 et 8' li- vraisons; Entoinologie, V livraison. Par M. Raf'n : Carte des iles lueroer, une feuille. ( 36o ) Par I'academie des sciences de Dijon : Memoires de cette academie, i vol. in-S". ParM. *** : Samarobrwa^ on e.xamen d'line question de geographie anciennc , br. in-8". Par M. Gide : Noin>eJies Annales des Voyages^ cahier de mai. Par la societe asiatique : Cahier de maide son journal. Par M. de Moleon : Recueil induslriel et manufactu- rier , cahiers d'avril et mai. Par M. Jodot : Budget de i832 (2'" annee), offert a texamen de tons les contribuables de I'etat, in-lolio. k «.'«.'». ^'^ ■«.«.-«■-%. «^v^ k. TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS LE TOME DIX . SEPTIEME. N"^ 105 a 110. PREMIERE SECTION. MEMOIEES, EXTRAITS; ANALYSES ET RAFPORTS. - Notice sur les ties du Grand-Ocean et sur rorigine des peuples qui les habitent, par M. le capitaine D'URViri.E. . i - Memoire sur la decouverte d'une mine de sel dans le de- partement du Jura, par M. Roux de Rocuei-le at - Fertilite comparative de I'Anciea et du Nouveau-Monde, iraduit de I'anglais par M. Albert-Montemont fia - Notice sur la cote de la Mer-Noire appelee Lazistan; par M. FoNTANIER 6S - Note sur les experiences de temperature sous-marine, exe- cutees par M. Berard dans la Mediterranee , en i83i ; par M. u'Urvii,le 82 - Rapport sur la collection ethnographique de M. Lamare- PiCQUOT, par une commission speciale S'i - Notice geographique sur I'empire de Maroc , traduit de I'anglais par M. Albert-Montemont 117 - Rapport sur le concours relalif a la decouverte la plus im- portante en geographic faite dans I'annee i83o i57 - Rapport sur le concours relatif a I'origine des races negres asiatiques 175 - Rapport sur le concours pour le nivellement de la France. i8fi ( 362 ) — Dissertation sur les voyages de Scbastien Cabot , par M. Roux DE R0CHEI.1.E 197 — Description de la province chinoise de Sse-Tclioueii , tra- duite et resumi'e duTay Tsing Y-tong-tcliv, ou Geographic officielle de la dynaslie imperiale actuellcment regnante , par M. I.ouis Lamiot, missionnaire lazariste 218 et 28 1 — Description des naturals de la terre du Roi George, dans la Nouvelle-Hollande , traduit de I'anglais par M. Ai-iiEHx- MoNTEMONT 2() I — Aborigeues des Neilgherrys , ou description d'un peiiple singulier habitant le sommet de ces moutagnes du Coim- betour, an midi de la j)eninsule indienne; extrait traduit de I'anglais par M. Albert-Montemokt 317 • — Esquisse du Sy-Yii ou des pays a I'onest de la Chine, tra- duite et resuniee du chinois par M. liAMioi , missionnaire lazariste 33o DEUXIEME SECTION. noCUMENS, COMMUMICATIO.NS , NOUVEtI.ES GEOGR.VPUIQUES. — Voyage de MM. Michauu.Callikh et Stabiaty en Orient. 40 — Attaque des etablis.semens anglais de la Gainbie (commu- nique par M. n'AvEZAC ) (>6 — Relour de M. Ch. En. Guys des contrees de I'Orient 5G — Notice sur (juelques dccouvertes .(aites au-dela du cap Horn (commiiniipii- par M. Warden 5; — Histoire des colonies penales de I'Angleterre dans I'Austra- lie, par M. E. df. Rlosskvili.k (conipte rondu par M. Warden 97 — Lettrc de M. Adrien Cochelet a M. Jomvbd 101 — Extrait d'uiic lettre de M. Sayer, lieutenant de vaisseau, .sur plusieurs iles du Grand Oc^an ( communique par M. Warden) jo8 — Decouverte d'un nouveau fleuvedans la Nouvelle-Hollindc. 190 — I-a Valliic empoisonnee file de JavaJ lyi — Population de Rome et d'Odessa 192 — Note sur la ])osition des rochers nommes les Mangs , dans I'archipel des Mariannes , par M. P. D a43 363 ) — Trait^ avec une triliii maure a45 — Voyage de M. Jacquejwont an Sctledge, dans THymalaya, en i83o , 3oa — Corrections importantes pour le Fojage au Congo , par J.-B. DouviLLE 3o3 — Nouveau canal dans la Louisiane (extrait d'une lettre de M. Latour-Allakd a M. Warden) 3o4 Longitude de plusieurs villas des Etats-Unis 3o5 — Extrait d'une lettre de M. le professeur Rafn, a Copen- hague , sur sa Carte des lies Fceroer Ibid. — Fragmens inedits sur la ville de Smyrne (i"' article) 345 — Trernblement de terre a Smyrne et dans I'Anatolie 359. ■ — Ebrata sur rarticie relatif a la province clilnoise de Sse- Tchouen 353 — Erratum sur une note de I'article concernant les naturels de la terre du roi George 355 TROISIEME SECTION. ACTES UE LA SOCIETE. — Proc^s-verbauxjdes seances ordinaires 33, 1 1?., 246, 3oS, 356,35(4 Proces-verbal de la seance generale du 3o mars 1882 193 — Membres nouvellement admis 38, 1 15, 249, 3i4 — Ouvrages offerts a la Societe 38 , 1 15 , aSo , 3t4 , 35y — Programme de prix pour I'annee i832 aO i Annonces 'f*" , 3 1 5 BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPHIQUE. § 1"'. — Livres. — Ouvrages generaux 59, ii(i, 3i6 — An\erique Sg, 116 — Afrique Ibid. ibid. — Asie 5<) ( 364 ) ' Oceanic 1 36 Russie et Pologne Ibid. Italic • 59 , 3 16 • Aiigleterre 116 France et Belgique •'>9 . i 'fi § 2. — Atlas , Cartes, Plans , etc. ■ Atlas generaux 60,316 • Atlas particulier 60 Cartes 3x6 PLANCHES DU 1 7" VOtUMfi. - Carte pour I'intelligence rlii Memoirc de M. le capitaine 11'Unvii.LE sur les lies dii Graud-Ocean - Carte de Tenipire de Maroc ( avec un plan de la ville de Maroc ) FIN DE LA TABLE DU XVH' VOLUMfi. BULLETIN DE LA / / SOGIETE DE GEOGRAPHIE KDoui^ (jrJix-QuiUeiiiej. IMPRIME ClIK/, PAUL RENOIIARD, RIK HKKNCIFRE , n" 5. BULLETIN nE LA SOCIETIi DE GEOGRAPHIE (iLomc Bir-jl^uitihnf. PARLS, CHEZ ARTHLIS-BEllTRANl) , LIBRAIKE DE LA SOCIETE DE GEOGKAPHIE, KUK IIVUTEFEUILLE , N" 23. 1832. TABhEAV indicatif des jours de seance dc la Commission centrale pour I'annee 1 832. Janv. Fcvr. Mais Avril. Mai. Juln. Juill. Aout. Sept. Orlob Nov. Dec. 6 ao 3 '7 2 l(i 20 I i5 20 3 17 2 I 5 2 7 2 t Les seances s'ouTrent a 7 beures 1/2, rue et passage Daupliine,n° 36. La Bibliotliiqiie est oiivcrte tous les jours, dc 11 licuresi 4. Les vuluines I, II et III du Recueil des Memoires se distribuent aux Menil)rcs a moitie prix. Lii Societe admet des Membres donateurs, cu vcrtu d'uu nouvcl article reglementaire. Par ordonnanre royale du 14 dccembre 1827, les statuls dc la Societe out ete approuTes. .. J BULLETIN DE LA f /■ SOGIETE DE GEOGRAPHIE N** 111. JUILTJET l83'i. PREMIERE SECTION. MEMOIKES, EXTRAITS, ANALYSES EX RAPPORTS. ExAMEN CRITIQUE du vo) age ties freres Lander sur le Niger, et de ses resultats geographiques , Lu a la Societe de Geographic dans sa seance du 6 juillet 1 832. Des ranneedeiniere, un des inembres les plus distin- gues de la Societe de Geographie, toujours empresse a signaler les resultats des explorations nouvelles dont I'Afrique septenlrionale a ete le theatre, a, sous un titre niodeste (i), donne un apercu du voyage que les freres (i) Qiielques remarques sur la nouvelles clecoHvertes des Jreres Landei: dans V Afrique equatoriale , et des consequences probables qui doivent en resulter, par M. Jomard ; 7 octobre i83i. Ce Memoire est inseru au Bulletin de la Societe de Geographie, et acconipagne d'uiie copie de la carte de M. Becher. Lander venaient d'acconiplir, ct expose cles considera- tions generates sur IVnsenible de la (juestion que ce voyage a resolue. Dans le me'moire que je viens de rappeler, le president actuel de notre Commission centrale, admettant les re- sultats geographiques inimediats, tels que le lieutenant Becher les avail a-la-fois oralemcnt et graphiqucnient publics, et repoussant comme lui ridenlite du Schary ou Tchad de Fondah avec le Schary ou Tchad du Bar- nouh, s'est principalement applique a etablir la liaison des decouvertes nouveiles avec celles des precedens voyageurs, et a indiquer le parti que nos interets com- merciaux pourraient tirerde nos connaissancesactuelles touchant cette region de I'Alrique. Aujourd'hui que la relation des deux explorateurs anglais a eteconiplelcment publiee a Londrcs, et qu'une traduction fidele et animee vient de la reproduire a Pa- ris (i) , il est possible de se livrer a un examen plus precis des lumieres nouveiles quelle procure a la geographic, et de secouer le joug du trace fautit que la carte anglaise qui y est jointe avait impose. Deux parts bien distinctes sont a faire dans la publi- cation du Voyage des freres Lander : Tune, celle des voyageurs eux-memes; I'autre, celle du geographe qui a fait emploi des niateriaux recueillis par eux, etqui a joint a leurs recits une introduction historique et critique. (ij Journal d'uiie expedition entreprise dans le but d'eaplorer Ic cours et r embouchure du Niger, ou Relation d'ltn voj age sur cette riviere depuis Yaourie jusqu'a son embouchure ; par Richard et John Lander, tradiiit de I'anglais par madame Louise Sw.-Bclloc; 3 vol. in-8" , avec cartes fjeographiques, dessins, et vignettes siirboisiinprimees dans le texte; prix, i8 fr. A Paris, chez I'anlin , cja men- tionne sous les noms de Comie et de Wonjerque, est ia premiere ville dependante de Ouaoua dans cette direc- tion. Un peu au-dessous sont les lies jumellesdePatashy et deTiah. De la, Richard Lander alia faire une nouvelle visite au souverain de Ouaoua, dans 1 espoir den obte- nir un canoi ; niais il y Tall 11 1 reiioneer, et pousser jus- ( '3 ) qua Lever, plus coinniunenieiit appelee Layaba, ville pen eloignee, occupee en ce moment par les Felans : la 1 impuissance des monarques tie Bousa et de Ouaoiia eiait evidente, et nos voyageurs, n'ayant plus d'autre moyen de se procurer les embarcations cpie ces deux princes avaient promises, et meme eberement vendues, furent obliges de prendre le parti de s approprier les deux canots que leur avait pretes le chef de Patasliy, et c'est ainsi qu'ils purent conlinuer leur navigation. On leur avait dit aPataschy queRabba etait a deux journees de Layaba J qu'ilfallait ensuite trois jours pour atteindre Fondah , puis quatre jours encore pour arriver a la nier. Les deux voyageurs inirent trois journees entieres de navigation depuis Layab ; jusqu'a i ile marecageuse de Zagozhi, en face de laquelle est situee la grande ville de Rai)ba, dans le Nyffe. lis depasserent successivemcnt, dans cette route, plusieurs villus considerables et beau- coup d'lles et de villages: ils nommentBedjaybo, Litcbi, Madje et Bili. Le fleuve, encaisse entre des berges elevees, coulait majestueusement dans une direction graduelle- mentcontournee du sud au sud-est, offrant une lareeur moyenne de deux a trois milles. A Zagozhi, on leur ap- prit qu'Egga, derniere ville du Nyffe, etait situee a quatre journees plus bas sur le lleuve. Tournant a lest en quittant Fondah, les deux voya- geurs virent le fleuve s'elargir jusqu a quatre miiles, n'of- frant plus un couranl que de trois a quatre milles par heure. Apres une course effective de cent milles lout dune traite, ils virent Dacane ; puis ils depasserent les lies de Gongo et de Tofo, par une route inclinant un peu de Test vers le sud, offrant de nombreuses sinuo- sites, un courant tantot rapidecomme un torrent, tantot lent et tranquille, entre des rives peu elevees, etparfois ( ^4) nienie tres-basses , dont I'ecartement variait tie deux iiiilles a six milles. La, on leur ditque le pays de Foiidali etait a une distance de tiois journees, et quo la ville de ce nom etait eloignee aussi de trois jours des bords dii Niger. Continuant leur navigation, ils apercurent a son confluent la riviere de Coudounia venant du nord, la nieme queRicbard Lander avail, a son precedent voyage, traversee pres de Kottop, sur la route de Dunrora ; ils arriverent bienlot apres par le travers d'Egga, qui est a trois milles du rivage. Cette ville marque le terme du grand royaunle de Nyffe et de la domination reelle des Felans, mais non de leur influence politique et reli- gieuse; dememe que Layaba, Bedjdvbo,Rakab,et noni- bres d'autres villes dependantes de Nyffe, elle est balie sur la rive droite du Niger. Les Yarribans ont deserte cette plage devant I'invasion felane. Audessous d'Egga, le cours du fleuve se contourne gra- anu)uli, a travers le pays de Jacoba. Cette route, dit-il , est de dix-sept jours par terre, et de dix-neuf jours par eau en remontant leTschaddajusqu a Kouka. Les voyageurs, parfaitement bien trailes par le chef de Damogou , repartiren!;, apres une halte de huit jours, dans un canot que leur bote mit a leur disposition avec des rameurs et un guide pour les conduire jusqu'a Bon- ny. Un peu avant Kirri, on rencontra uu affluent de Test, et peu apres une branche qui effluait vers I'ouest pour se rendre, dit-on, a Benin ; c'est au bee conipris entre le jNiger et cette branche quest place Kirri. Mais peu de temps apres avoir depasse cette ville, ils rencon- trereiit une flottille de canots de guerre venant du sud, (i) La relation de Clajiperton doane le nom de Tappa comnie Bynonyme de Nyffe; peiit-iHre faut-il lire Tackwa [ son ccriture ttait fort peu lisible, au dire de M. John Barrow), ou peut-6tre est-ce ici ^u'il faut lire Tappa , ce qui »st heaticoup4noins probable. ( ^7 ) qui les attaquerent, les pillerent et les ramen^rent pri- sonniers a Kirri. La ils trouverent des musulmans de Fondah qui prirent chaudement leur parti : un grand palabre ou conseil fut tenu a leur egard , et il fut decide que le principal aggresseur avait merite d'etre puni de mort; que les effets existans encore d'entre ceux qui for- maient le bagage des voyageurs blancs devaient leur etre rendus, et qu'eux-menies, ainsi que les pillards qui lesavaientassaillis, seraient conduits au roi d'Ebo , sou- verain de ces derniers, pour prononcer sur le tout une sentence definitive. On leur dit qu'Ebo etait a trois journees de distance sur le fleuve. Dans leur desastreils avaient perdu toutes leurs niarchandises d'echange, leurs armes, leurs vetemens, leur unique boussole et quelques cahiers de leurs journaux. Heureusement que les deux freres tenaient des journaux distincts , et que les lacunes de I'un ont pu etre remplies au moyen de lautre. On partit de Kirri sous bonne escorte. Le fleuve n'e- tait plus contenu entre de hautes berges ; il coulait plus direct et plus tranquille entre des rives basses et mono- tones, se dirigeant d'abord au sud-ouest ou peut-etre memo un peu plus ouest, d'apres lestime conclue de la position du soleil, puis inclinant a I'ouest-sud-ouest. On se trouva le matin du troisieme jour dans une espece de lac ou le fleuve se separait en trois grosses branches ou rivieres, I'une allant a I'ouest, lautre au sud-est, et la troisieme, que les voyageurs jugerent etre la principale, coulant au sud-ouest. On entra dans celle-ci, et Ion ar- riva bientot a Ebo, ou les voyageurs apprirent qu'une goelette espagnole et un navire anglais etaient mouilles dans \» premiere riviere de Brass ^ plus connue sous le nom de rii^iere de Noun. Les gens de Bonny qui etaient venus de Daniogou a ( x8 ) avec les voyageurs, et les gens de Brass quise trouvaieni a Ebo, se dispulerent I'avantage de conduire les deux Anglais sur la cote, dans I'un ou I'autre de ces royau- mes ; et le roi d'Ebo, instruit par ce debat du prix con- siderable que Ion s'attendait a recevoir a la cote comme une sorte de rancon , eleva aussi de grandes pretentions. Les gens de Brass furent obliges de le desintoresser a I'avance pour obtenir la faculte d'emmener avec eux les deuxblancs. qui de leur cole promirent au chef qui les rachetait, de I'indemniser pleinement de ses debours. Ayantquitte Ebo, on suivit le cours du fleuve versle sud-ouest; on depassa, le premier jour, une branche qui affluait vers I'ouest, puis le troisieme jour une autre branche qui coulait a I'est-sud-est, tandis que le bras principal tournait au sud. On entra bientot apres dans un marigot qui se dirigeait vers le sud-est-i/4-est (i), et par lequel on se rendit lentement a la ville double qui porte le nom de Brass ] une autre ville de Brass, situee al'em- bouchure de la riviere de ce nom, et peuplee en ma- jeure partiedepilotes, se trouve a soixanteou soixante- dix milles de distance. IjC conducteur, on pourrait dire le maitre des deux voyageurs, laissant aupres du roi son pere I'un de ses prisonniers, amena I'autre (c'etait Richard) au mouillage des navires europeens qui etaient dans la riviere de Noun ; la route , dessinee par des marigots diriges vers Touest, coupait transversalement d'abord une branche assez large (sans doute la riviere de Juan Diaz ) , puis la seconde riviere de Brass, connue aussi sous les noms d'Oddy et de Santo Ben to, et aboutissait a la premiere (i) Et lion dans tine direction sud- est , a I'est du bras principal;tomme parte la version fran^aise , qui traduit ainsi le S. E. byE. de I'original. ( '9) riviere de Brass ou riviere de Noun , laquelle coule vers le sud. Au lieu dun conipalriote erapresse de faire honneur aux engagemens des deux voyageurs, Richard Lander rte trouva dans le capitaine du brick anglais a bord du- quel il arriva , qu'un grossier et brutal personnage qui refusa peremptoirenient de rien donner pour le rachat des freres Lander; il consentit du moins a laisser entre- voir une recompense au chef de Brass pour amener John a la cote, et lorsque celui-ci fut arrive a bord, le re- barbatif capitaine, qui voulait bien accepter les services des deuxjeunes genscomnie matelots, e'conduisit rude- ment le prince negre. Les freres Lander etaient ainsi parvenus au terme de leur voyage de decouvertes. II y aurait peu d'interet a raconter ensuite leur relache a Fernao do Po , leur courte excursion au vieux Calabar, puis leur voyage a Rio de Janeiro, et enfin leur retou'" en Angleterre, ou ils ont ete honorablement recompenses de leurs fatigues. II est temps d'aborder les questions de geographic positive dont cette exploration interessante a rassemble des elemens de solution , et qui ont ete traitees eu pre- miere instance par M. Becher. Les bornes de ce me- moire, ou I'esquisse du voyage (quelque breve que j'aie tache de la faire) occupe deja beaucoup de place, ne me permettent pas d'entrer a cet egard dans aucun deve- loppement raisonne ; je suis done oblige de me borner a quelques simples et rapides indications. Examen rapide du travail du lieutenant Becher. M. Becher a public, a I'occasion du voyage des freres Lander, et pour etre annexe a leur relation, un double travail. II a, d'une part, construit une carte detaillee de a. ( 20 ) Jeur niaiche et de leur navigation sur le Niger; ila, d'un autre cote, dans une introduction a laquelle est jointe une petite carte generale , traite historiquement el geographiquement la question de Tensenible des con- naissances acquises jusqu'a ce jour sur le cours du grand fleuve. J'examinerai en premier Heu la carte detaillee du -voyage. Et d'abord je rendrai justice a la modeste defiance avec laquelle I'officier anglais presente lui-nienie son anivre graphique : «Cette carte, sous son plus favorable point « de vue, dit-il, doit etre consideree seulement comma ■« une esquisse du fleuve appuyee sur des observations « naives et individuelles ». Une telle abnegation d'amour- propre suffirait certes pour desarmer la critique, si dans les sciences la critique s'attaquait aux personnes ; mais sa devise est parcere personis , dicere de vitiisj et c'est un devoir pour elle de n'epargner point les erreurs dun travail fautif, de quelque source qu'il provienne. Le premier reproche que j adresserai a la carte de M. Becher, c'est de donner les cotes d'apres des deter- minations arrierees, sans egard aux dernlers travaux hy- drographiques faits dans le golfe de Benin par les ma- rins anglais et francais. Les resultats d'Owen ayant ete publics par I'amiraute anglaise sur une carte generale dont le fohd appartient a Demayne, beaucoup de carto- graphes, et M. Becher parait etre du nombre, ont ac- corde aux parties de remplissage lemcme degrede con- fiance qu'aux portions nouvelles, et n'ont pas songe a rectifier ce remplissage au nioyen des determinations plus recemment obtenues par les capitaines Purchass(i) (i) Commandant I'Esh. (■21.) et Kelly(i), et publiees par raniiraute deLondres, dans iin supplement aux tables qui portent le nom d'Owen. Ainsi la carte de M. Becher donne a Badagh une lon- gitude de 3° 22' 3o" a Test de Greenwich, tandis que les observations consignees dans les tables d'Owen ne varient que de 2" 43' 3o" a 2° 54' a Test du meme meri^ dien ; celle qui y est portee avec le nom de Purchass est de2'47'4o", en sorte que M. Becher a place Badagh de plus d'un demi-degre trop a i'est. II donne I'embou-, chure du Lagos par 4° 1 1' est de Greenwich, tandis que les tables d'Owen portent 3° 22' seulement; ce qui in- dique une exageration de 4g' vers lest de la part de M. Becher. Enfin, cet officier marque le cap Formose par 6" 10' environ a lest de Greenwich, entre les ri- vieres de Noun et de Santo Bento ; il suffit de cette po- sition relative pour demontrer que ce n'est point la le cap Formose , niais bien le cap Noun, le nom de For- mose appartenant a une plage obtuse, sableuse, fort basse, et boisee , distante de quatre lieues a I'ouest de la riviere de Noun. Ici, il faut I'avouer, c'est au capitaine Vidal (2) bien plus qu'au lieutenant Becher que la me- prise appartient, et.elle a ete partagee par Ife capitaine Kelly; mais I'etude attentive de cette cote, et I'examen comparatif des relations anciennes etdes series de deter- minations geonomiques resultant des campagnes du Bar- racouta et de t'Esk, devaient mettre sur la voie d'une construction meilleure des abords de la riviere de Noun ; il est d'ailleurs a remarquer que I'embouchure meme de cette riviere a ete fixee par le capitaine Purchass a 5°53'c (i) Commandanl le Pheasant. (a) Commandant le sloop Barraconta dans la campagne d'Owen en 187.6, et autenr des relevemens falls sur cette partie des cotes. ( '-2 ) 4o" est lie Greenwich. Je lie tlis rieii dii surplus des cotes, attendu qu'elles ne sont ici qu'un remplissage, et non plus une base du trace de la ligne de route des freres Lander. De meme qu'il n'a point etahli avec tout le discerne- wient desirable les points dc depart et d'arrivee des deux voyageurs sur la cote, le lieutenant Becber n'a pas non plus profite comme il I'aurait du, pour la construction de I'itineraire entre Badagh et Bousa , du guide que lui offraient les observations de Clapperton, et accessoire- nient la carte de ce voyageur. Ainsi M. Becker, en in- scrivant la ville de Janna a 7»i' N. et 3" 4°' E. de Green- wicb, n'a point tenu conipte d'une observation publiee par M. John Barrow dans la Quarterly Review d'apres la correspondance de Clapperton , observation qui place la ville dont il s'agit a 6" 56' N. , et sons le meridien de La- gos, c'est-a-dire par une longitude d'environ 3" 25' E. de Greenwich, Lagos (i) etant a 5' E. N. E. a-peu-pres de I'embouchure de la riviere de meme nom; et cette position de Janna est confirmee par la distance dune journee de route seulement entre le village de Labou, voisin deJenna, et la ville de Lagos; distance enoncee par Clapperton, et que la carte de M. Bechcr ne fait pas moindre de cinquanle milles! La meme carte donneTchotcho par 7" 54' N. et 4"^ 4'E- de Greenwich ; le cartographe a encore oublie ici que Clapperton a determine ce point par 8" 8'N. et 4° 2' E. de Greenwich. Quant aux autres points dont Clapperton a fixe astironomiquement la position, savoir : Ratangha, Kayama, Bousa et Ouaoua, ils sont exactement places dans le travail graphique de M. Becher. (i) Le nom veritable cle cette vills est Aoiiiiny. ( 23 ) Quant au detail des gisemens successifs des diverses stations de cette longue route, il a completement, et comme a plaisir, mis de cote toutes les indications de la carte de Clapperton , qui cependant meritait d'autant plus d'attention quelle avait ete dressee sous la direc- tion de M. John Barrow, et probablement d'apres les croquis du voyageur. Aussi me semble-t-il que le trace simultane des deux routes doit etre etabli dune nianiere fort dilferente de celle qua adoptee le nouveau car- tographe. C'est surtout entre Katangha et Kayama que les vices de la construction du lieutenant Becher frappent par leur evidence; car il a, malgre les indications concor- dantes du journal et de la carte de Clapperton, porte loin au sud de la riviere Mousa les villes de Namah et de Leogada, entre lesquelles cependant Clapperton declare forrnellenient avoir traverse cette riviere; et il est alle inscrire a plus de vingt niilles de Ouatato le vil- lage de Mousa, que Richard Lander lui-meme, a son premier voyage, n'en avait trouve eloigne que de deux-, heures de marche. , Au-dela de Bousa, le cartographe n'avait plus d'autre guide que les indications foit incompletes que fournit le journal de route des freres Lander : aussi n'y aurait- il nuUe observation a lui adresser sur I'usage qu'il en a fait, s'i! les avait fidelement suivies; mais, a dire vrai, il ne s'y est conforme qu'a-peu-pres; et, par exemple, il n'a tenu aucun compte de la difference d'orientation qui devait resulter, pour le cours du Niger, entre les gise- mens releves a la boussoleau-dessus de Kirri et ceux qui ont ete estimes d'apres lesoleil au-dessousde cette ville : il a uniformementrapporte les uns et les autres au nord vrai, ce qui altere assez notablement le trace du fleuve. ( M ) Les distances nesoiit pas inieux obseivees, car il a exa- gere toutes celles qui sont au-dessusd'Ebo, et raccourti au contraire outre niesure celles qui scparent Ebo de la nier. En faisant un resume exact du nonibre d'heuresde navigation employees pour chaque portion du ileuve, et de I'estime correspondante de la vitesse du courant, on est amene a oonclure que le point de Kirri chasse trop au sud-ouest de plus de quarante mlUes. Le confluent du Tchadda se trouve pareillement trop pousse vers le sud. II est remarquable en outre que le bas du fleuve depuis Kirri, que la relation du voyage enonce formel- lenient couler plus uuiformement, plus directementque dans les parties superieures, est precisement represente plus sinueuxquecelles-ci dans la carte de 1 of fuier anglais. Je n'en dirai pas davantage ici sur le trace du cours du Niger, dont une critique minutieuse et detaillee exi- gerait un travail special fort etendu. Je me bornerai a ajouter qu'une estime raisonnee du cliemin entre Bousa et Yaoury, comparee aux indications de distances de cette derniere ville a celles de Sakatou au nord et de Kolfou au sud-est, milite pour un abaissement de la lati- tude que le lieutenant Becher a atlribuee a Yaoury. Puisque le geograpbe a pris soin d'inserer dans sa carte le precedent itinerairede Richard Lander deKano a Dunrora et retour , je ne puis me dispenser de faire remarquer quil s est ecarte des indications de la carte de Clapperton, avec aussi peu de scrupule pour cette par- tie de route que pour les precedentes; mais il est surtout a signaler quil a place Dunrora a trente-six niilles seu- lement et au nord-nord-est environ de Fondah , tandis quale recit de Lander lui-meme place Dunrora directe- ment a Test de Fondah, et qu'une note inscrite sur la carte de Clapperton evalue la distance de ces deux villes ( ^^ ) entre elles a douze journees de niarche , a travers des terreins inarecageux et coupes de nombreux torrens. 11 a totalenient perdu de vue (et c'est un reproche qu'il peut reporter a son tour aux deux cartes de Clapper- ton''^) que Jacoba, qui nest qua une demi-journee de Dunrora, est situe aii sud de Katagoiim , c'est-a-dire a plus de cent inilles dans lest de la position que lui attri- bue M. Becher. II est temps que j'arrive au memoire servant d'intro- duction historique, eta la petite carte representant Ven- semble du cours du Niger. Je n'en dirai que peu de mots. Si, dans son travail special sur la route parcourue par les freres Lander, M. Becher semble n'avoir eu qu'une teinture fort legere des precedens sur lesquels il devait s'appuyer, il se montre bien plus superficiel encore dans I'inventaire general des lumieres precedem- ment amassees sur tout le cours du lleuve. Je ne ferai remarquer que pour ordre Tanachronisme au moyen du- quel il reproche a notre savant Guillaume Delisle, mort le 5 Janvier 1726, des contradictions qu'il aurait coni- mises en ly^-^- J^ passe immediatement a la geographie conteniporaine. Non-seulenient Taniour-propre national empechc M. Becher de rendre justice a I'exploration du francais Caillie , auquel on doit cependant le relevenient dune portion assez considerable du Niger; mais son ba- gage d'erudition ne contientmeme pas une mention deson compatrioteGordon-Laing, auquel la geographie est ce- pendant redevable dime determination geonomique fort approximative de la source principale du grand fleuve. On doit etre des-lors peu surpris de levoir reproduire, (i) La ludme erreur n'existe point daus les cartes de notre conscienrieux confrere el ami M. Briie. ( 26) dans sa petite carte d'ensemble, la carte anonyme qui accompagne le journal du dernier voyage de Mungo- Park, carte stigmatisee aujourd'hui parlous les geogra- phes instruits,et oii les erreurs de latitude rommecelles de longitude se coniptent non par minutes, mais par degres , ainsi que je I'ai des long-temps publie, et consi- gne d'ailleurs dans un memoire special lu a la Societe de Geographie. (i) II est nioins surprenant encore de voir M. Becher proclanier que la science ne possede aucuneluniieresur le cours du fleuve entre Ten-Boktoue et Yaoury. C'est en effet ['opinion commune. Mais une etude coniparee de tons les documens recueillis jusqu'a ce jour sur I'A frique occidentale, ma conduit a reconnaitre que Ion peut, au moyen d'itineraires edits qui s'appuient sur la cote et sur les positions determinees par Clapperlon, etablir un reseau de triangles susceptible de determiner, avec une approximation qui nest point a dedaignerici, deux points principaux de ce vaste intervalle : 1 un de ces points est Ghourouma, capitale de Tetat de Magbo; I'autre est Ghaou , capitale dun etat du meme nom II ne faut point oublier en outre queClapperton a indique a quatre journees au sud-ouest de Sakatou le point ou s'opere la jon'ction du Kouarama au Niger, et que les freres Lander eux-memes ont marque la distance et le (l)Ct'm('moii'eportepour litre : Exnmen et rectification des positions astronotniqiiemcnt determinees en Afrique par Ultinga-Par/i. Il fait partie d'une collection de memoires r^unis sous ce litre : Considdrations cri- tiques sur la geographie positive de V Afrique interieure occidentale , et ana- lyse compari-e du iioyage de Caillic a Ten-Boktoue , et des aiitres itincratres connus. Plusieurs de ces memoires ont etc lus a la Societe de Geogra- phic et a la Societe Asiaiique; quelques-uns sent depuis long-temps publies. ( -^7 ) glsement de la ville deFoglio (nomnieeailleurs Fougah) a trois journees nord i/4 nord-ouest de Yaoury. (i) J'ai consigne dans diverses parties dun autre travail plus considerable la discussion detaillee de tous les ele- mens que possede la geographic africaine pour le trace general du cours du Niger; les developpemens qu'exige une question aussi multiple ne sauraient trouver place dans cetle simple rci'iie critique, deja trop longue peut- etre pour une lecture, et que je me hate de clorreici. Paris, le 4 jiiiHet iSSa. EsQuissE DU Sy-yu ou (les Pays a V Quest de la Chine , tradnite et rcsiimee du chinois par M. Lamiot, mission- naire lazariste. DEUXIEIUB PARTIE. Py-tchan. Py-tchan , ville des Houe^ est a ^760 ly de Ha-nii. Sous Yung-tchung , les Eleutlis s'etant empares de la ville, les habitans, sous la conduite de leur chef, se retirerent a Kouehoa-tc/ning (^^y, ils s'en retournerent ensuite a Py-tchan lorsque les arinees du ciel eurent balaye Y-/y au net. ,Le chef en a ete cree prince par I'empereur. La ville est petite, mais sa position sur la route du midi la rend tres importante. Pour cetle raison , ou I'a environ- nee d'un rempart qui a 5 (y de circuit. On y a place un (i) -V. by TF., et non pas N. O., comnie le porte la carte jointe aux Quelqnes liemarqucs de M. Joiuard. {">) Voyez le Bulletin n" i to, page 33 note 4- ( «8 ) grand mandarin en chef avec six mandarins civils, six mandarins militaires, et 35o soldats; i!s gardent six tai. (i) Chang- eal- fan (2) a sous lui six villes des Houe^ ou il y a environ 3ooo families. La grande quantite de sable fait qu'en bien des endroits les arbres, et I'herbe meme, ne croJssent pas. En ete la chaleur y est insupportable; en hiver on ne Irouve pas nioyen de se defendre du froid , qui y est excessif. Le pays produit du ble, du lin, du chanvre, des melons (3), des pasteques. Le raisin y croit fort bien, etil y en a un grand nombred'especes(4). Al'ouest de laville, le terrein est tres gras; il produit en abondancedu coton (5), des pois,des feves, etc.... A un ly au nord da Tou-eul-fan (6) , 260 Ij ouest de Py-tchan^ il s'eleve parfois des ouragans si violens, qu'ils font disparaitre les anes et les inoutons sans qu'on puisse les retrouver. Au midi est un desert on il y a des chanieaux etdes chevaux sauvages qui se reunissenten troupes de centaines. A 5oo Ij plus sud-ouest, est Ho-pou-noeul. La tra- dition des siecles designe Sing-siu-hui (6) , comme I'ori- gine du Honangho. Depuis Py-lchan , passant par Ho- tcheu et Heou-tsang apres un trajet de 9000 ly un peu plus ou moins, on arrive a Sing-siu-hai. Dans un espace (1) Petits forts. (2) Nom du prince. (3) Qu'on apporte a Pekin en hiver. (4) On en apporte de seches .i I'empereur avec les melons ; on ne vend aussi dans beaucoup de provinces de la Chine. (5) Ce colon est le coton herbace, plante si commune en Chine, et si precieuse par I'huile et le coton qu'en en tire. Elle pourrait ^tre cultiveedans le nord et le midi de la France. (6) Ville principale. (7) Mer de constellations d'etoiles. ( '^9 ) de lomilles en circuit, il n'y a ni homme ni fumee. C'est la qu'est I'origine du Houang-ho. (^Uauteur parie ensuite de montagnes de neiges, d'abimes sans fond, de ruis- seaux qui roulent comme des perles ou des etoiles, et ensuite il ajoute ) : Ces diverses eaux se reunissent pour former un lac a Ho-pnunocul; elles prennent ensuite leur cours sous les montagnes; et quand elles paraissent en Chine, elles forment une riviere appelee//o««/2i,'-/io.(i) Deux villages s'appellent Hopou-no-eul. Les naturels du pays ne cultivent rien. lis n'ont point de troupeauxj (i) Les Chinois ont beaucoup de fables sur le Houang-ho , a-peu- pr^s comme les Egyptiens sur le Nil. Et en effet, I'origine et les effets de I'un et de I'autre ont beaucoup de rapports entre eux , avec cette difference cependant que les i ( r) Vert on vernis grossier. (3) Un sac est la charge ordiiiuirr dun liomnie. I't) C'est peut-6tre du vernis. ( 3.9 ) sacs de toile, 129; cordes de chanvre, 3ooo livres de cuivre. Le tout est porte a Y-li. Ye-eid-kovang. Ye-cul-kouans a un territoire tres eteiidu. A Test est Ou-chi; a I'ouest, Pa-ta-co-chan; au midi est Ho-tchen; au nord, ISga-chi-ko-eid (i). Le grand mandarin de Ye- eid-kouang gouverne dix villes dont chacune a des pe-ko depuis le Iroisieme jusqu'au cinquieme ordre. ie-eul- koiiang, la plus grande de toutes, a cinq pe-ko depuis le troisieme jusqu'au sixieme ordre 5 les autres sont du septieme ordre. La population est de jo a 80 niille fa- milies. Dans chaque ville il y a un millier de families, des soldats ou des mandarins qui ont un quartier separe. Les negocians des provinces du Chan-si, du Kiang-nan (2) et du Tc/ie-kiaiig , se devouent a tons les dangers de ce long trajet })Our y aller commercer. II y a aussi les nego- cians de divers pays non gouvernes par !a Chine. On y voit une quantite prodigieuse de marchandises. Les Chi- nois y sont lespecte's et aimes; on leur donne des fes- tins acconipagnes de comedies ou on fait chanter et dan- ser les femmes. H y a beaucoup de pauvres. Les moeurs y sont forr corrompues; on y retrouve les obcenites et les vices contre nature qu'on reproche aux habitans de Canton et de Fo-kien. Le pays pi'oduit lout ce qu'on trouve ailleurs chez les Hone. Dans une riviere, on tire (i) ye-enl-Aoutmo doit ^tre dans la carte entre Oa-chi et Ho-tchen ; mais il n'y a pas de place siifflsante , parce que les six pages de la carte sont cgales et toujours remplies : ainsi Ve-enl-hoiiang est place ailleurs, et on ecrit qu'il est dans telle position : voila les cartes chinoises!!! (2) N^n-kin, ( 4o ) beaucoup tie )7/; les plus grands moiceaux sont coiiime des jatt€s ou le boisseau chinois ; les plus petits, comme le poing ou un gobelet. Certains morccaux pesent jus- qu a 4oo livres. II y en a qui est blanc comme la neige , d'autre jaune comme la cire ; il y en a aussi du noir et du rotigeaire. Toutes ces especes sont de la premiere qualite. Deux mandarins sont preposes pour garder ce fleuve. Pour en tirer Ie^«, on se sert de Houe exerces a cela : ils marchent dans la riviere par bandes de vingt a trente; ils sentent le yu aux pieds; ils le retirent du fleuve, et battent la cimbale pour avertir le mandarin, qui vient prendre \e yu. A 23o ly de Ye-eul-kouang, il y a une montagne qui renferme descent millions de livres dej>7/ qui n'a aucune tache. Les bommes ne peuvent pas y monter, mais on exerce des boeufs qui y mcmtent et en detacbent desmor- ceaux. (i) Chaqueaunee, hu printemps et en automne, Ye-eul- kouang offrea I'empereur 7, 8, et jusqu'a lomille livres dej^tt. D'autres cantons en offrent aussi, mais il n'y a rien de fixe, ni pour le temps, ni pour la quantite.... Le commerce particulier de yu est severement probibe; mais les marcbands courent tous les dangers pour laire la contrebande, qu'on ne sauraitempecber. A 700 ly au midi de Ye-eul-koaang est Ho-tchen. Ho-tchen est une grande ville frontiere. De la au Heou- tsanq, il y a 20 journees sud. Elle est a 700 ly nord de Ye-eul-kouang, L'ouest est en montagnes. II n'y a point de chemin pour communiquer avec Xes fan exterieurs. Arest,ce sont des deserts, des marais. Sing-siu-hainen est pas bien eloigne. II y a deux grands mandarins , 222 (l) Voila bien une fuble. (4i ) soldats tlu drapeau vert. Ces deux mandarins ont sous leur^dependance six villes qui ont toutes Ae& pe-ko depuis le troisieme jusqu'au cinquieme ordre.... Ho-tchen est un pays plat ; le terrein en est gras , et a niille ly de circuit. II produit plus de r« que Ye-eul-kouang. On retrouve a Hotchen toutes les productions des pays voisins. Leurs moeurs sont simples ; ils ne sont point faineans et debau- che's comme les autres Hone. Les hommes travaillentaux champs, les femnies a la maison. On y fabrique diverses etoffes estimees, et surtout des toiles tres fines et dun grand prix. (i) Nga-chi-ka-eul. G'est encore une grande ville frontiere. Ce pays est a a Textreniite nord-ouest de Sy-jii^ au - dela de Siue- chan\ ce sont les Fan exterieurs. II y a deux grands mandarins en chef, et cinq mandarins civils. Les Houe donnent tons les ans en contributions 3,6oo branches Ae pou-eul (2), 36,ooo taels en argent, 14,000 sacs de grain , 10,000 pieces de toile; le tout est porte a Y-lj. Les marchandises paient un dixieme a la douane : il y a 470 soldats et i5 chi-oue repartis en douze endroits. Le mandarin en chef gouverne neuf villes. Le pays est tres fertile et produit en abondance toutes sortes de fruits et de grains. (i) J'ai vu souvent des etoffes qui imitent celles d'or et d'argent , mais elles n'en sont pas ; c'est peut-^tre de la sole gommee. Je erois que les Cliinois n'ont de vrais fils d'or et d'argent que ce qu'ils tirent d'Europe : il parait qu'ils ne savent pas filer ces matiferes. (2) Pou-eul, nom de la monuaie de cuivre usitee dans le pays; 36 mille branches sont sansdoute 36 mille enfilades de cette monnaie trouee par le milieu. L'enfilade donnee ou recue par I'enipereur est de mille pieces. ( 42 ) On y fabrique diverses soieries, de nienie que des etoffes d'or et d'argent, qu'on offre a I'enipereur, de inenie que des melons, des poires de coing, de la marnielade decoing, des raisins sees et des pommes. A Nga-chi-ka-eul et a Tc/ien-tc/iung, ville voisine, on travaille le ju avec beaucoup d'industrle et d'adresse. Leurs moeurs ont une apparence delegance et de poli- tesse; les femmes dansent et chantent dans les reunions de famille; ils savent craihdre et respecter les manda- rins et les superieurs; ils n'ont pas lair sauvage et m- discipline des Hone de Kou-tche. On y a place des Pe-ko, depuis le troisieme ordre jusqu'au septieme. Le grand grand Pe-ko a la dignite de kung. (i) Huit autres villes qui dependent du mandarin de Kn- chi-ka-eul , savoir : 1° Ing-Hgahing-eid, a 200 ly sud de Nga-chi-ka-eul; c'est par la que tous les etrangers entrent dans le pays des Houe. Ce poste est de la plus haute importance; on y a placr un officier general. Le pays, tres fertile, produit en abondance du riz, du ble, de I'orge, des pois , des feves, des courges, des melons et beaucoup de fruits. Son pe-ko est du deuxieme ordre. 2° Pei-tsi-pa-te, 3o ly a I'est de Nga-chi-ka-cul ; il produit des champignons noirs, etc. (2), morilles. 3» Ta-chi.pc-ly-ko, a 200 ly nord-ouest de Nga-chi- ka-eul et pres de Pou-lou-te. II y a un pe-ko du quatrieme ordre. Le pays produit du ble, de I'orge et des pommes. 4" Nga-la-tou-chi, a 80 ly nord-est de Nga-chi-kaeul. Le terrein est tres gras et tres fertile. 5" Pie-chi-ko-ly-mou , i\ 10 Ij est de Nga-chi-ka-euL (i) Cequir^pond a celle de comte ou de marquis. (2) Je croisque c'est une esp^ce de ceux qui croissent sur lesar- brcs , et qu'on mange dans toute la (]hine. ( 4;5 ) Les moeuis et les habitudes soiit les menies qu a JSga- . chi-kn-eid. 6" Sou-na-eul-toii-chi^ a 3o ^ nord-ouest de Nt^a-chi- ka-eul, pres de Sine-chan ; aussi y fait-il grand froid. 7° Nga-eulkou, a 190 {y nord-est de Nga-chi-ka-eul^ pres de la montagne de Neige. II y a des poules de neige, dont les natiirels se regalent a pleine marniite; il y a d'autres animaux de neige, dont ils ne savent pas tirer parti. On pent aller en quatre jours de Siue-chan a Y-fy. Les cheniins ne sent pas praticables au printemps, en au- topme et en hiver; en ete, ils sent praticables, niais tres peu frequentes. 8" Ouo-pe-eul, k i^oly nord-ouest de Nga-chi-ka-eul, pres de Pou-lou-te. (i) Nga-lung-ko. A la 21^ annee de Kien-lung, les grandes armees ba- layerent ses trous et ses tanieres. Le han (ou roi) fit sa souniission , et fut cree prince. Les habitans n'ont point de maisons; ils habitent .sous des tentes , et ne s'occu- pent que de leurs troupeaux, qui sont prodigieusement nombreux, et qui s'engraissent tres vite en mangeanl une racine blanche, de quatre a cinq pouces. Quand ils vont a un festin,memedans les plus grandes chaleurs de lete, ils se metlent huit a neuf habits sur le corps. Ils font grand cas du the et de la porcelaine de Chine; ilsontpeu delois, et elles ne sont pas observees bien ri- goureusenient. Les tourmens n'y sont point en usage; (i) lei finit ce qui regnrde les Fan iiiteiieiirs gouvernes par la Clinic. Siiivcnt les Fan exterjcurs qui iie sont jias gouvernes par lii (.'liinc. (44) les petits delits sunt punis par une amende payee eti bestiaux. Les grands criminels sont mis a mort. Tout se delibere en commun ; le roi ne fait pas violence a ceux qui ne sont pas de son avis. Auparavant , le centieme cheval, la centieme bete a cornes, la millieme brebis, etaient donnes en contributions a la Chine ; mals les Hone reflechissant que les animaux etaient le produit de leurs soins, que les herbes etaient donnees par le ciel , ils conclurent qu'il n'y avait pas lieu a contribu- tions ; ils les refuserent et secouerent le joug. A cela pres, ils se disent toujours sujets de I'enipereur. lis echan- gent leurs bestiaux, aux frontieres, centre les marchan- dises de Chine. C'est une nation qui n'est pas soumise a I'empire, et vraiment formidable. Poii-loii-te C'est une tribu des Houe vagabonds avec leurs trou- peaux. Voisins de Nga-chi-ka-eul ^ autrefois ils tuaient et pillaient de toutes parts. Ils sont contenus par la crainte depuis que les grandes armees ont etabli la paix dans Syyu. Chaque annee, ils vont saluer respectueuse- ment le grand mandarin de Oii-chi, et offrent des chevaux a I'empereur. On y fait aussi de I'eau-de-vie avec du lait de jument ou de vache. (i) Ngan-kieu. Autre tribu des Houe^ qui est composee de 60 a 70 mille families. Dans la partie qui est a I'ouest de Pou- lou-tc, la terre estcultivee; elle produit les grains et les fruits ordinaires de Sj-yu. Ils avaient entrepris le com- merce avec la Chine; ils font ensuite interrompu. (1) Ce qui est commun dans tons ces pa vs. 4r, ) Fou-lo'eul. '■ Race de //oj^f!' , a I'ouestde Ye-eul-kouang; ils habltent des barraques de terre; ils n'ont ni livres ni ecritures; ils ne s'entendent pas avec les autres Houe ; ils vivent pele-mele , hommes et femmes , conime des troupeaux d'animaux (i); ils sont adonnes au vol et au pillage; ils vendent leurs entans pour etre esclaves. [L'auteur parle d'autres royaumes a I'ouest qui sont, ou imaginaires, ou absolument meconnaissables. Ce qu'il dit de la Russie et de I'lnde est faux , inexact ou sans inte- r^t. Les Chinois sont dans la plus profonde ignorance sur ce qui re- garde les pays etrangers]. L'auteur dit que si on use de politesse ou de ceremonie envers les Houe, ils s'imaginent qu'on les craint et deviennent arrogans ; niais qu'en montrant de la se-verite et de la i udesse , on leur imprime de la crainte et du respect : alors ils sont souples et traitables. Cette re- flexion est aussi applicable aux compatriotes de l'auteur. L'auteur designe les distances par les journefs de cheval. Les cbe- vaux diiPetchi-lj sont faibles : dans un voyage continue on ferait dif- ficilement plus de cent If par jour. Il vient des chevaux de Sy-Yit et de la Tartaric orientale, qui sont plus vigoureux. Les Chinois exiles a Y-lj et dans Sy-ju le sont ordinairetnent a vie , et condamnes a un esclavage qui ne parait pas bien rigoureux, et dont on se rachete assez facilement avec une somme mediocre. Il y a certaius crimes design<^s par la loi , pour lesquels les exiles a vie n'ont jamais depart aux graces de I'empereur ; les xceu^t (cbretiens) qui, interpeles devant les tribunaux , ont refuse d'apostasier, sont de ce nombre. Ceux qui ne sont pas dans la loi d'exception sont d<51ivr^s dans les grandes amnisties , qui sont assez frequentes. Ainsi, ceux qui se comportent bien ont I'esperance d'etre rendus a leurs families. Les chlktimeus les plus rigoureux sont aussit6t infliges aux r^fractaires ; c'est ainsi qu'ils sont contenus dans le bon ordre, et retournent en- suite pour finir leur vie en paix. (i) En ces choses-la il ne faut pas croire les Chinois. ( 46 ) GRANGES ROUTES DE SY-YIJ. I. Depuis KiK-YV-KOV kJi j'usqu a ha-mi, vers I'ouest , i4yo ly. Lieux intermediaires. Chouang-kin-tse J^o ly- Houei-ko-pou 5o Tsi-kin-hou yo Tsi-kin-kia ^o Cha-kin-tse 3o yu-men-hien 3o San-tao-keou 5o Pa-tao-keou 5o Pou-lung-ki 4o Choang-ta-pou 3o Siao-man 60 Ngan-si-tcheou yo Pe-toun-tse po Hung-lieou-yuen 70 Ta-tsiuen 80 Maleen-kin-tse yo Sing-sing-tsie 80 Cha-tsuen-tse go Kou-choui 80 Ko-tse-yen-touun i4o Tchang-lieou-choui yo Honang-lou-keng yo ' Ha-mi no (47 ) II. Depuis HA.-MI Jusqu'h py-tchan, -vers I'ouest, 910 fj. Lieux intermediaires. Teou-pou 60 ty. San-pou 60 Ya-tse-tsuen ^o Leao-tojuun 80 Lo-pa-tsuen. 4o Tao-lei-tsuen 60 Ou-tung-ouo i4o Yen-tchi 120 Tsi-ko-tang-mo 180 Sou-lou-yuen 5o Py-tchan ^o III. Depuis HA.-MI Jiisqii a pa-li-tan, vers le nord^ 33o 1y. Lieux intermediaires. Nan-chan-keou wo ly. Sung-pe-tang 70 Koue-sou 80 Pa-li-tan 70 IV. Depuis PY-TCHAN yM.yyM'rt TOU-EUL-FANj vcis Ic nord , 240 ly. Lieux intermediaires. Lou-pou-py \io ly. Ha-ta-houo-tcho 5o Tou-eul-fan 70 V. Depuis Tov-Evi.-FA.fi j'usqit'd ha- la-cha -ta, vers I'ouest, 860 ly. Lieux intermediaires. Pou-kan 70 ly. (48) Yen-ko-suun. 60 Ij: Sou-pa-chi 90 Nga-ha-la-pou-lako 60 Tchou-niou che-nga-ha-ma 180 Ou-chi-ta-Ia 240 To pe-eul-ko 100 Ha-la-cha-ta 9*^ VI. Depuis Tou-EUL-FAN jiisquci ou-Lou-Mou-Tsi, vers le nord, 490 If' Lieux intermediaires. Keu-te-ko ^'o ^. Ngan-py-eul-han-pou-ta-ko 100 Ha-la-pa eul-ko-suun no Nan£r-ki-eul-tou-tcho-eul no Ou-lou-mou-tsi no VII. Depuis nh.-ish.-cfiiL--LKJusqua koc-tche , t^er5 1'ouest, 960 //. Lieux intermediaires. Ha-eul-ha-ngai-mang 9° ^* Kou-eul-lo 60 Ha-la-pou-la-ko 70 Rou-eul-tchou »oo Tche-ta-ya-eul i(>o Yang-sa-eul 60 Pou-ko-eul 100 Nga-la-pa-te 100 To-ho-nei 160 Kou-tche 60 (49) yill. Depuis Kov-Tcni ji(squ'a'TiGA.-KO-sov , vets I'ouest, 690 /j. Lieux interm^diaires. Ho-che-eul x6o /y. Sai-chung-choui 4° Pai 80 Ya-eulkan 90 Ya-eul-ha-li-ko 4° Ha-la-ouang-eul-tai 4° Kung-mou .' ;"/''. . 80 Nga-ko-sou '''.'.' ci ... 80 IX. Depuis NGA-KO-SOU jusqiia ye-eul-kouang, vers Vouest, i35o ly. Lieux intermediaires. Ngai-y-eul 80 /r. Yang-nga-ly-ko 00 Tou-tsi te 100 Ing-Ia-siii. . . i'^-vrV'.'^^' 60 Ou-eul-tou-sse-ko-man . . J .,r. • • • • 55 Siai)g-nga-la ko ^o Kou-kou-tche 5o Pa-eul-tchou-ko . \i\.a.'f,.ijfi>>. .>iTa-#Y. . 80 Ty-ko-te-ly-ko-to-hai. vi^wo'^ 80 1 Sai-eul-sou-nou-sse yo Py-tsa-koty 70 Nga-ko-tsa-ko-nia-la-eul 60 Nga-leang-ko-eul ■.-^'r'i'' . . 60 Maila-te .^>H»^. . 70 Lei-ly-ko 70 Ngai-ki-te-hou 90 Ye-eul-kouang 70 4 (5o) X. Deptii'syGk-fio-sov jusqii'a y-lt, vers lenord, gyo h ' Lieux iutermediaires. Kung-mou ;• ., • 80 Te-ko-ho-lo 120 Ho-lo'houo-lo-ko 4o Tou-pa-la-ko 80 Hou-sse-tou-to-hai 80 Tamou-ha-ta-chi Ra-ko-tchaha-eul-hai 120 Cha-tou-nga-man 80 Nga-ko-sse 70 In-chi-ka-eul-ti 60 Ki-lin-tche-ko-te .„ no Y-li 40 XI. Depuis NGA-KO-soD j'usqu'a oc-CHi, vers le sud-oiiest, 2.40 ly. Lieax interm^diaires. Tche-eul-ko-ki-ko-te 110 ly. Ou-chi 120 XII. Depuis YE-EUL KOVA.JiG J USqU a KA-CHI-KA-BUL, 7Wrf rouest, 420 ly. Lieux intermediaires. Kai-la-kou-tcha-chi ^o ly. Ko-py-lai-tchan Ho-pa-eul-tcha-mou-lung 70 , Tcha-pou-la-ko 5o Kou-lin-ta-sse-houun 80 Ka-chi-ka-eul 90 (5i ) XIII. DepUlS YE-EUI.-KOUANGyW^M'rt HO-TCHEN , VCrS Ic sud^ 6 JO ly. Lieux intermediaires. Po-sse-tsien 7^ h- Ko-ho-ko-leon-ko-eul no Kou-nia-tais i8o Rung-te-ly-ko 90 Pien-eul-man 90 Ho-tchen no ( 5=^ ) DEUXIEME SECTIOIV. DOCUMENS, COMMUISICATIONS, NOUVELLES GEOGRAPHIQUES, ETC. Aouifelle expedition tie Richard Lander en Afrique. Un journal anglais fait connaltre que les preparatifs de cette interessante expedition sont pousses avec acti- vite, et que tres probablement elle quittera prochaine- ment les rivages d'Angleterre. On n'en peut prevoir les resuhats, niais elle est sous tous les rapports, observe le journal , digne de la nation anglaise, pleine d'avenir, importante a-la-fois pour le commerce, la civilisation et la politique. Sir John Tobin est, dit-on , un des principaux promo- teurs. Le but immedrat est de renionter le Niger, d'eta- blir un commerce d echanges avec les natifs , et d'etendre nos connaissances geograpbiques sur ces contrees. Si Ton considere combien est nombreuse la population que les f'reres Lander ont decrite dans leur journal, on ne peut douter de I'importance d'uu tel debouche pour les produits manufactures de la Grande-Bretagiie : les re- tours seferont en or, ivoire, dents d'hippopotame, bois, pelleteries, gommes, et plus tard peut-etre en indigo. La civilisation de I'Afrique of tre encore une bien plus belle et plus noble perspective. Cette fois, Richard Lander emnienera dans ce troi- sieme voyage le plus jeune de ses freres. II parait que ( 53 ) John restera pour occuper a sa place I'emploi quil a- obtenu dans latlministiation. Une souscription a ete faite sous les auspices de sir John Tobin, pour ce qui concerne la speculation mer- cantile. On espere que I'amiraute accordera tout son ap- pui a I'expedition, et que meme elle lui adjoindra une personne instruite qui serait chargee des observations et des relevemens. C'est sur un batiment a vapeur que lesvoyageurs doi- ■vent s'enibarquer , et son chargenient est calcule avec toute la prevoyance qui caracterise nos voisins. II re- montera aussi haut quil sera necessaire, et deviendra alors une sorte de depot, tandis qu'un bateau a vapeur plus leger, en ter, et susceptible de naviguer avec seidement quatre pieds d'eau , s'aventurera dans les portions superieures du fleuve; et coinme I'experience de Richard Lander I'a determine a choisir, pour effec- tuer ces courses, I'epoque ou le Niger est grossi par les pluies, on espere quil surmontera aisement les difficultes que peuvent oftrir les rapides, les courans, les basses, et qu'il poussera son excursion jusqu'a la fameuse Ten- Boktoue. D'apres des nouvelles plus recentes, I'expedition doit niettre sous peu de jours a la voile. Elle se compose du brick Columbine et des bateaux a vapeur Quorraet El- hurka. Ces deux derniers batimens out ete construits ex- pres pour cette destination : c'est une nouvelle preuve de Tactivite que mettent nos voisins a profiter des de- couvertes de leurs voyageurs. Paris, 2ojuillet iSSa. *A (^4) Extrait d'une lettre de M. Corroy, yf/*, medecin. Tabasco, lo novembre i83t. Apres un sejour de trois njois sur les lieux menae*, je vous dirai que Palenque est une petite ville de 3 a 4ooo ames , en I'etat de las Chiapas. Les blancs du pays, au nonibre de 3oo a-peu-pres, descendent de deux families seulement. La majeure par- tie des habitans sont des Indiens, et tres peu gens de couleur. La ville moderne, dont la fondation ne remonte qu a un siecle et demi, s'est peuplee par les soins d'un moine de saint Francois, missionnaire chez les sauvages ou Indiens Lacandons, qui, reunissant sept families de ces individus, en forma dabord une espece de hameau pres de la petite riviere de Mitcbol , a une demi-lieue des ruinesde I'antique cite de Palenque, d'oii I'enorme quan- tite de chauve-souris provenant de ces mines les obli- gerent de se retirer a deux lieues plus loin , la ou la pe- tite ville existe aujourd'hui. Le palais, fort ou temple (car il ya incertitude) qu'on y apercoit d'abord, est sur une elevation qui paruitfaite de la main des bommes. Une petite montee rapide,pour y parvenir, oblige de se soutenu- apres lesarbres quis'y trouvent. Den-ba3,on n'apercoit presque rien ; mais une fois en-haut, on est bien dedommage, et 1 on tombe de surprise. Ce palais se compose de cinq corps de batiniens d'en- viron mille pieds de circonference chacun. On pourrait encore v loger dix mille hommes a present. II V a des souterrains dan moins quatre cents pieds ( 55 ) de long , tres bien conserves, et dans lesquels se trou- vent des bas-reliefs en pierre. On voit line grande tour dont la majeure partie est ecroulee. II y reste cependant cinq a six etages d'un es- calier qu'on peut encore monter ; et le sommet de cette tour, ainsi que les toits desbatimens du palais, qui sont en pierre de taille, se trouvent garnis de tres grands arbres. Tons ces monumens sont en pierre de taille, et dune symetrie admirable. Dans I'interieur des mines il n'yaaucune beteferoce ni dangereuse; ony rencontreseulementquelquesdindes sauvages, et de petits oiseauxd'un chant agreable. On y voit des figures colossales de douze a quinze pieds de haut , sculptees en pierre. A lexterieur du palais est un long perystile ayanl cinq entrees ou portes, entre lesquelles sont aussi sculptes des personnages gigantesques et des figures de femmes allaitant leurs enfans. Aux cotes lateraux se trouvent qiielques petits bas- reliefs en pldtre (i), encadres en pierre. Une petite riviere souterraine passe sous le palais. La figure de I'adoration de la croix, dont parle le ca- pitaine del Rio, est la, et des plus curieuses a voir. Quant aux fouilles a faire sur le terrein immense ou est enfouie I'ancienne ville de Palenque, Ion attend la reponse positive de 1'; tat de Las-Chiapas et du gouver- nement superieur de Mexico, sans I'approbation des- quels on ne peut rien entreprendre,ni menie enlever la moindre des choses. Le climat de Palenque est tres sain , un des meilleurs (i) Ce passage a besoind'explication(A'. D. R.). ( 56) de I'Anierique : la preuve en resulte aussi de deux ope- rations medicales qu'on n'avait ose entreprendre a Ta- basco, dans la crainte de non-succes et d'accidens graves dans les suites, a cause du climat, et qui, entreprises par le docteur Corroy, reussirent a souhait a Palenque nieme , ou en quinze jours il guerit radicalement deux personnes, I'nne d'un polype, I'autre d'un cancer. II y regne cependant quelques fievres intermittentes, et quelques pleuresies qui attaquent les Indiens, adon- iies a la boisson d'eau-de-vie, et qui generalement pren- nent peu de soin deux. II n'y a pas de commerce; les productions ne con- sistent qu'en betes a cornes et chevaux. Par consequent, le pays est pauvre; mais il n'en est pas moins suscep- tible d'une infinite de productions de premiere necessite: bles, vignes, bois, cacao, cannes a sucre, etc., tout y abonderait, les terres etant propres a toute culture. Un boeuf gras y vaut i5 piastres au plus ; un taureau de cinq ans, 8 a lo piastres; et lorsqu'on acliele une ferme, tous les bestiaux sont comptes a raison de 6 piastres I'un dans I'autre. Les debouches et communications sont assures et fa- cilites par la riviere de Chacamas ^ a une demi-lieue de Palenque, et par un bon chemin a Las Playas de Cata- saja, grand etang d'eau douce, portant goelettes de 6o tonneaux, aboutissant par le fleuve d'Usimasinte, navi- gable a la barre de Tabasco, a Saint-Pedro, a la Isia del Carmen ou Laguna. L'ananas y est en si grande quantite, qu'une foret, a une demi-lieue de Palenque, en est remplie. Nota. Le docteur Corroy s'etant fait des connaissances utiles, et des amis meme, en cette province, y est at- (% ) tenthi, et doit y retonrner en mars i832. I! a deja visite et parcouru la Nouvelle-Orleans, la Havane, Guatemala, Yucatan , Coban , le Pecan, et la province de Nicaragua. Excursion iVun missionnaire francais dans V Afrique meridionale. Le missionnaire Rolland, envoye chez les Kafres de I'Afrique meridionale par la Societe des missions evan- geliques de Paris , s'est avance , I'annee derniere jusqu'a la capitate des Baharutzis , situee a environ 76 lieues au N. E. de laville de Lattakou, la plus avancee vers I'in- terieur que Ion connut jusqu'alors. II est parti de la station fondee par les missionnaires evangeliques au Kuruman, dans le pays des Bechuanas. Nous ne pouvons mieux faire connaitre sa curieuse exploration qu'en inserant ici un extrait etendu de son journal. '^■ni^>■\■ « Vendredii'j mai i83i. — Apres avoir pris conge de nos amis, je partis pour Mosika, ville principale des Baharutzis. Notre caravane se composait de huit voitu- res et d'environ quarante hommes. Six de ces voitures appartenaient a des marchands anglais et a quelques Griquas qui allaient dans I'interieur, pour faire lachasse aux elephans et faire des echanges avec les nalurels du pays ; la septieme etait a un officier de la compagniedes Indes-Orientales, quis'etait rendu au Cap poursasante, et qui desirait visiter I'interieur avant son retour a Bom- bay; la huitieme etait a nous. Nous fimes dix lieues le premier jour, et ce ne fut qua onze'heures du soir que nous arrivames a Thorn-Fnntain ^ oii nous passames la ( 58 ) nuit. La fontaine des epines est situee est-norcl-est du Kuruman." Samedi. a8 — «Apiesleculte doniestiquedu matin nous nous mimes en route pour Lattakou , ou nous arrivames apres qualre heures de marche N. E. Nous campames pres de la riviere, a un quart de lieue de la viile, afin d'avoir del'eau et del'herbe pres de nous. D'ailleurs il est presque impossible d'aborder Lattakou avecune voiture, a cause des pierres et des lochers dont elle est environ- nee. Je visitai cet endroit dans la soiree. La plupart des habitans etaient occupes a preparer des peaux de jakals, de chevreuils, de chats sauvages, etc., pour faire des voi- tures, des souliers et des vetemeus.» .< Lundi 3o. — Nous partimes de Lattakou apres de- jeuner , et vinmes coiicher a une lieue du petit Chuaie. Nous fimes sept heures ce joiir-la, la premiere heure N. E. el le reste delajournee E. N. E. Nous nous trou- vames alors sans eauetsans bois; et nous commencames des ce jour a attacher nos boeut's aux roues de nos voi- tures, a cause des lions quise trouvent dans ces deserts et qui auraient pu en tuer un grand nombre durant la nuit. 11 y a quelques mois qu'une troupe de voyageurs aussi nombreuse que la notre, allant a la chasse aux ele- pha!)s,futarreteeenpleinjour par une quantite de lions qui se jeterent sur leurs boeuts et les disperserent en divers endroits. lis furent obliges de demeurer la quinze jours sans boeufs et sans moyens de revenir avec leurs voituies. Quand les boeufs sont attaches durant la nuit, il y a moins de danger. Le terrein , depuis le Kuruman jusqu'au Chuaie, est sablonneux, sec et aride.» Mardi'61. — " Apres uneheure demarche E.N E.,nous arrivames au petit Chuaie ou nous trouvames de lean, et ou nous nous arretames pour dejeuner. Les habitans ( % ) lie Lattakou out choisi cet endroit pour en faire un pa- turagej ils y envoienttous lesbestiaux dontils peuvent se passer a la maison. A onze heures nous nous remimes eu route pour le grand Chuaie. Ce nom vient du mot sichuan , lic/iuaie, qui signifie sel. Nous fimes encore six heures et demieen sulvant la meme direction quele matin. Une partie des chasseurs qui avaient pris les devans ache- val , afin de decouvrir quelque vallee ou ily eut de I'eau et ou ils pussent tuer quelques pieces de gibier pour le moment ou nous arriverions, s'egarerent dans la plaine. Nous tirames plusieurs coupsdefusil dans la soiree pour nous faire entendre , mais ce fut en vain ; ils ne nous re- joignirent que le lendemain au soir. lis avaient passe la nuit sous un buisson, avec leurs chevaux attaches pres d'eux. Le sol dans cet endroit est sablonneux, mais la plaine offre une vue plus belle, etant parsemeede dis- tance en distance d'accacia girafse, et entrecoupee de petites collines.u 1^^ juiii. — « Ayant marche six heures N. E., nous nous arretames sous un arbre pour y passer la nuit. Nous trouvames dans cet endroit du boisetde I'herbe en abon- dance, mais point d'eau, ce qui fit que nous nous remi- mes en route de bon matin , apres avoir fait six heures et deniie N. E. En arrivant au grand Chuaie, nous n'y trouvames que tres peu d'eau, et nous fumes obliges de creuser dans le sable afin d'en avoir un peu pour nos boeufs. Le Chuaie est un grand fond plat de forme cir- cuiaire et d'environ un milledediametre, qui a, a ses ex- tremites, quelques sources d'eau douceet une d'eau salee. La surface du Chuaie ressemble de loin a celle dun lac, a cause d'une mince croute de sel qui leflechit les rayons de la lumiere. Je pense que dans quelques anneos on pourra y raniasser du sel : re serait un grand avantage ( 6o ) pournous qui sommes obliges delairevenir le noire diin endroit qui est a deux journees plus loin que Campbell's Dorp. Le Chuaie n'est renipli d'eau que dans la saison des pluies , et je crois qu'alors Ion pourrait deja parve- nir a y recueillir un peu de sel. Nous vimes dans eel en- droit plusieurs traces de lions, de buffles , de girafes, de daims, danes sauvages et de ditterenles especes d'anli- lope qui avaienl croise le Chuaie dans toutes ses direc- tions en venant boire a ses sources. Aren , I'un de nos chasseurs, ayant tue deux anes sauvages ou Quaggas, nous mangeames tous de cette viande qui nous parut tres bonne. » Vendvedi 3. — «Nous fimes ce jour-la sept lieues et demie, savoir, deuxN. N. E.,uneet demie N.E.et quatre E. N. E., apres quoi nous arrivames a Sitlagoli Rwer. Cette riviere, comme plusieurs aiitres qui portent ccnom en Afrique, nest qu'un simple ruisseau d'eau de pluie, qui, pendant I'ete, est entierement a sec. Cependant, conmie I'eau est tres-rare dans ce pays, on n'hesite pas a qualifier du nom de riviere le nioindre ruisseau ou tor- rent que Ion rencontre; il suffit pour cela qu il ait un banc profondet de I'eau en quelques endroits, n Pres de cette riviere se trouve un village de Bechua- nas de trois a quatre mille habitans qui appartiennent a la tribu des Barolongs. » Samedi 4- — ■« Nous marchames sept heures et demie N. E., et nous arrivames a Tniiani-Jf'erfe^ ou ville de Tauani. Environ mille hommes entourerent aussitot nos voitures pour nous saluer et nous demander du tabac, des grains decollier, etc. Apres avoir mis paitrenosboeuts; nous nous rendlnies au village, pour visiter, comme c'est I'usage , le principal chef ou roi des Barolongs. Celui-ci nous reoit tres amioalement, nous felicita de notre at- i 6i ) rivee, et nous offrit aussitot du lait. Le lait est la seulf nourrituie que les Bechuanas aient toujours piete, et qu'ils offrent aux etrangers. Tauani vint a son tour nous rendre visite a nos voitures, et comme e'etait I'heuredu diner, nous lui offrimes du riz qu il trouva excellent. II nie dit : « Le ble des Europeans est meilleur que le notre; je voudrais que vous pussiez men donner une certaine quantite pour ensemencer mes champs. » Je lui repondis que cette sorte de ble ne croitrait pas dans son pays, vu qu'il n'avait point d'eau pour arroser ses terres, et que, par consequent, de la semence lui serait inutile. Cette conversation sur le riz nous conduisit a un autre entre- tien plus important. Je lui fis part du projet que nous avions de nous etablir chez les Baharutzis , et de I'a van- tage qu'il trouverait a venir se fixer sur les bords de la Malopou , afin de jouir de nos instructions. II me mani- festa alors son desir d'avoir des missionnaires qui demeu- rassent avec lui, afin d etre plus a portee d etre instruit, lui et son peuple. » Lundi 6. — « Nous partimes de cet endroit apres de- jeuner , et fimes cinq lieues et demie N. E. pour arriver a Moritsani River ^ ou nous passames la nuit. Nous ne piimes partir le lendemain , a cause du Iroid excessif qu'il faisait, et de la neige qui tomba durant toute la matinee. » Mercredi 8.- — « Nous continuames notre route apres dejeuner, et fimes six lieues et deniie, une lieue N. E., deux lieues N. O., trois lieues et demie N. N. E. Nous coucbames a Loiitlakani Fontain. Le froid avait consi- derablement diminue, et la campagne nous parut plus belle que celle que nous venions de traverser; il y a en cet endroit une grande foret d'accacia girafoe. » Jeudi g.-^'i Nous marcbamcs six heures, ime heure ( 60 N. E., deux heiiresE. N. E. ettrois heures N. N. E., et nous arrivames a la riviere Malapou, qui prend sasource non loin de I'endroit ou nous la traversames. Elle coule a I'ouest.Cette riviere nest point formee par les pluies, et Ton y trouve toujours de I'eau en abundance. On pourrait facileraeiit la detourner de son cours en plu- sieurs endroits, au moyen d'une charrue seulement. II y a sur ses bords une grande quantite de terres qui peu- vent etre cultivees et arrosees. Je crois que cet endroit serait propre, sous ce rapport, pour y etablir une mis- sion. Le bois seulement y est rare.» Vendredi lo. — « Nous fimes six lieues et deniie N. N. E., et arrivames a Mamoric Fontain ( ou, d'apres la carte de M. Campbell, Philips Fontain). Elle se trouve au fond dune tres belle vallee , toute parsemee de grands arbres dediffeientes especes. Leterrein dans cet endroit est noir et sablonneux, et la coUine qui I'environne est couverte de grosses pierres detachees. La route pour y arriver est tres mauvaise. » Samedi ii. — « Nous partimes de Mamoric, apres le dejeuner , pour Mosika. Apres avoir marcbe une demi- heure E., nous traversames une petite riviere nommee Mani, qui est bordee de tres-beaux arbres, et sur les bords de laquelle I'herbe est abondante. Gette riviere est tres profonde, et il serait difficile de la detourner de son cours. Nous continuames notre route en suivant la meme direction, et apres deux heures de marche, nous arrivames dans une charmante vallee, le long de la- quelle coule un ruisseau,qui fait entendre un douxmur* mure, en tombant de temps en temps de cascade en cascide. Nous pensames que nous ne pourrions trouver un plus bel endroit pour y passer le temps que nous avions a rester a Mosika , et comme nous n'etions qu a ( 63 ) cinq minutes de la ville , nous dressames la notre camp, apres avoir mis paitrenos boeufsdans les champs de ble qui couvrent la vallee, et quise trouvaient alors non en- semences. Nous aliames ensuite visiter le chef Mokatla. II nous recut de la maniere la plus amicale. « « II ma paru , d'apres les observations que j'ai pu faire avec la boussole , que Mosika se trouve a environ soixante-seize lieues E. N. E. du Kuruman. J'espere vous donner une idee plus exacte de la situation de cat endroit lorsque nous aurons recu les instrumens necessaires pour cela. » Le chef des Baharutzis s'est empresse de ceder au frere Rolland un terrein assez considerable pour la fondation dun etablissement; etce missionnaire, qui etait revenu au Kuruman au commencement de juillet i83i , en est reparti au commencement d'octobre pour aller se fixer au milieu de ses nouveaux catechumenes. {Eztraitdu Journal des Missions evangcliques). ((^4) TROISIEME SECTION. ACTES DE LA SOCI^TE. PROCES-VERBAUX DES SEANCES. Seance du 6 jmllet i832. Le proces-verbal tie !a derniere seance est lu et adopte. M. le general Brisbane, niembre souscripteur de la Societe, est adniis, sur sa demande, au nombre des membres donateurs. M. Fontanier, vice-consul de France a Tr.'bizonde, propose ladmission du prince Malek-Kassem-Mirza,frere puine du prince royal de Perse, qui lui a exprime le de- sir de faire partie de la Societe et de recevoir s(^n Bulle- tin. Ce prince s'est applique a I'etude de la langue fran- caise, qu'il parle avec une grande facilite, et dans la- quelle il peut ecrire tres correctement. La Commission centrale accueille avec empressement la proposition de M. Fontanier, et prononce ladmission du prince Malek-Kassem-Mirza. M. le ministre de la marine adresse a la Societe !e troi- sieme volume du Pilots francais , et les diverses publi- cations faites dopuis 1827 par le depot general de la ma- rine.— Reniercimens. La Societe royale des antiquaires de Gopenliague, en exprimant a la Societe sa reconnaissance pour les com- munications dont elle lui est redevablc, la prie d'agreer (65 ) les ouvrages suivans : Fornmanna Sogur, ou Sagas his- toriques sur les eveneinens arrives horscV Isl ancle (tome vi^; Scripta historica Islandonun (ou le menie recueil de Sagas traduit en latin, tomes i, net iii. — Remercimens. La Societe philosophique americainede Phhiladelphie adresse la premiere partie du tome iv de ses Transac- tions.— Remercimens. M. Grand-Pierre, directeur de la Societe des missions evangeliques chez lesjieuples non chretiens, adresse un exemplaire coniplet du journal puhlie sous la direction du comite de cette honorable association. La Commission centrale accueille cette offre avec un vif interet, et decide qu'elle adressera en echange a la societe des missions, un exemplaire de son Bulletin pe- riodique. M. Warden offre, de la part de M. Mac Culloch, un ouvrage intitule: Researches philosophical and antiqua- rian, etc. — M. Roux de Rochelle veutbien se charger d'en rend re compte. Le meme membre communique pour le Bulletin line analyse qu'il a faite du voyage de M. W. Coxe. Sur sa demande, la notice biographique sur le doc- teur Mitehill est renvoyee au comite du Bulletin pour un nouvel examen et I'insertion de la partie geogra- phique s'il y a lieu. M. Francis Lavalle'e ecritdu Port-au-Prince qu'il a ras- semble des documens interessans sur I'histoire , la geo- graphic et la statistique de I'Amerique, et qu'il se pro- pose de les communiquer a la Societe aussitot sa re- ponse. En attendant, il lui offre un exemplaire dun ta- bleau historique, geographique et statistique des Etats- Unis, qu'il vient de publier en deux grandes feuilles cfrand-monde. ( 66 ) M. Morin fait hommage a la Societe du cinquieme Memoire qu'il vient de publier au sujet de sa corres- pondance meteorologique, qui setend, dit-il, chaque jour; il desire que les societes savantes veuillent bien la recommander a leurs correspondans sur les divers points du globe. II soUicite, a cette occasion , I'appui de la So- ciete, en menie temps que la communication des ou- vrages de sa bibliotheque, dont ilaurait besoin pour son travail. M. Alex. Barbie du Bocage communique une lettre de M. le baron Walckenaer, par laquelle il exprime le re- gret que des circonstances faebeuses le privent depuis long-temps d'assister aux seances de la Societe, qui a bien voulu I'appeler aux fonctions de vice-president. M. Walckenjer donne quelques details sur la carte ori- ginale de Juan de la Cosa, le meilleur des pilotes de Christopbe Colomb , et le veritable conducteur de I'ex- pedition d'Ojeda; entre autres resultats dece monument geograpbique , on en tire une connaissance certaine des decouvertes de Jean et de Sebastien Cabot, et de leur etendue. M. Walcknaer a fait a ce sujet diverses recher- ches et rapprochemens , et il se propose d'en entretenir la Societe. M. Roux de Rocbelle communique de nouveaux de- tails sur lesondage de la mine de sel de Salins. M. d'Avezac lit un Examen critique du voyni^e des freres Lander sur le Niger, et de ses resultats geogra- phiques. — Renvoi au comite du Bulletin. (Voyez page 5.) Seance du lojuillet i832. Leproces-verbaldelaseanredufijuilletestlu etadopte. ( 67 ) M. Joimird communique une lettre de M. Corroy, neveu du docteur Francois Corroy; cette lettre contient des details interessans sur une premiere excursion qu'il a faite au Palenque. Renvoi au Gomite du Bulletin. (Voyez page 54.) M. de Pommeuse offre a la Societe un exemplaire de i'ouvrage qu'il vient de publier sous le titrede: Des Colonies agricoles et de lenrs avantnges^ etc. M. Isambert est charge den reudre compte. M, Joraard entretient la Societe de la pertedoulou- reuse qu'elle vient de faire dans la personne deM.Brue , I'un de ses membres fondateurs les plus distingues , et il rappelle les nombreux services rendus a la science par ce geographe. Sur sa proposition, une deputation de la Commission Centrale, composee de MM. Eyries et d Urville, est chargee dailer presenter a sa veuve, I'ex- pression des regrets de la Societe. M.d'Urvillerappelle la propositionf'aiteprecedeniment de decerner des medailles dans certaines circonstances, . et il pense que la Societe ne peut niieux honorer la memoire de M. Brue qu'en lui consacrant une de ces medailles. Cette proposition est appuyee par plusieurs membres et Ton demande de I'etendreaux divers cas analoj^ues. — Renvoye a I'examende la section de comptabilitequi est invitee a s'adjoiudre M. d'Urville. M. Jomard annoncea la Societe que M. Jaubert a re- pris la traduction de I'Edrisi, destinee aux Memoires de la Societe. M. d'Avezac donne quelques delaUs a la Societe, sur la nouvelle expedition de Richard Lander en Afrique. — Renvoi au Comite du Bulletin. (Voyez page Sa.) . Le meme membre lit la traduction qu il a faite de la ■ 6S ) relation dun voyage dans I'inteiieur de I'Afnque , a Mely et Ten-Boktoue ( Teniboctou ) , pendant les annees 1 352 et i353 par Mohhanimed Ebn Bathoulhah. MEMBRKS ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance du 6 juillet i832. S. A. le prince Malek-Kassem-Mirza. M. le lieutenant-general Brisbane , membre donateur. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance du 6 juillet. Par M. le Ministre de la marine: Pilotefrancais; 3- partie. — Cartes et plans hydrographiques, puhVies par le depot de la marine , depuis 1827 jusqu a i832. I23 feuil. — Instructions nautiques^puhVieespar ie meme depot; 1 3 brochures in-8°. Par la Societe des antiqualres de Copenhague : Forn- niannq Sogur, ou Sagas historiques sur les eveneniens arrives hors d'Islande (en Islandais ou normannique ancien ) tome VI. — Scripla lustorica Islandorum, etc., C ou le meme recueil de Sagas traduit en latin , tomes 1 , net III.) Par M. Rafn : Fa-reyinga Saga, ou histoire des lies Foeroer : i vol. grand in-8*'. Par la Societe philosophique americaine de Philadel- phie : Transactions de cettesocietc; vol. 4 , i^^ partie in^''. Par la Societe des missions evangi'liques : les annees 1826, 1827, 1828, 1829, i83oet i83i de son journal, 6 vol. in-8''. Par MM. Lapie pere et fils : i^" et 19* liv raise ns de leur Atlas Universel. Par M. F. Lavallee : Tableau historique geographiquc ( 69 ) €t statistique des Etats-Unis ; i feuilles grand inonde. Par M. Mac-CuUoch : Researches philosophical and antiquarian, i vol. in-8°. ParM. Morin : Correspondance pour V avancement de la meteorologic , 5" menioire. Par JVI. Gide : Nouvelles annales des voyages (juin). ParM. Bajot : Annales maritinies et coloniales (cahiers de mai et juin). Par la Societe Asiatique : Noui>eau journal asiatique. (Juin ). Par le directeur : Memorial encyclopedique (cahier de juillet ). Par la societe d'agriculture de Rouen : Trimestre de Janvier de ses memoires. Par la societe de la Charente : Annales de cette societe ; mars et avril. Par les directeurs : Plusieurs numeros du Moniteur Ottoman ^du journal deSmyrneetdu Courrierdela Grece. Seance du 10 juillet. Par M. de Pommeuse : Des colonies agricoles et de lews ai'antages , etc. i vol. in-8°. Par M. d'Urvilie : Analyse du voyage au Congo et dans r Jfrique equinoxiale (\e M. Douville: in-8°. Par la societe' royale des sciences de lAWe: Memoires de cette societe {s\e de Linne). i vol. in-8. Par la societe d'agriculture de Versailles : Memoires de cette societe ^owv i83i. i vol. in-8". Par la societe des missions evangeliques : Plusieurs livraisons de son journal (i832). Par le directeur : Bibliotheque universelle redigee a Genei'e, cahier de mai. Par M. de Moleon : Recueil indnstriel; cahier de juin. NECROLOGIE. Notice necrologique sur le docteur Mitchill , membre correspondant de la Societe de geoaraphie. Le ducteur Samuel L. Mitchill naquit dans I'annee 1763, a Long-Island, etat de New-York. 11 fit des etudes en medecine au college d'Edimbourg, et revint dans son pays en 1786. 11 fut nonime , en 1792, pro- fesseur de chimie au college de Columbia, dans sa villa natale j et , en 1808, il echangea la chaiie de chimie pour celle d'histoire naturelle. S'etant acquis I'eslime publique par ses connaissances exactes et varices , toutes les societes scienlifiques des Etats-Unis s'empresserent de le posseder conmie membre, et plus de vingl societes savantes de I'Europe lui tirent le meme honneur. 11 a public un grand nombre de dissertations sur dif- ferens sujets ; on y remarque un rapport fait a la societe d'a'Tricultnre de New-York, sur ses excursions geolo- giques et mincralogiques sur les bards de P Hudson^ dont le principal but etait de chercher du charbon de terre. Ce rapport, public en 1796, est cite avec eloges par le comte Volney, dans son Tableau du cliinat et du sol des Etats- Unis. Comme homme public, en qualitc de membre de I'as- semblee legislative de Ictat de New-York et de sena- leur au congres des Etats-Unis, le docteur Mitchill a rendu dc grands services a son pays. En 1788, il fut ( 71 ) nomme commissaire par I'etat de New-York pour I'exe Cution du Iraite fait au fort Schuyler, dapres lequel \es Mingos ou Indiens des cinq nations avaient fait la ces- sion d'une grande etendue de pays a cet etat. En 1798, il fut rapporteur pour le Bill qui accorda a M. Robert R. Livingston, ancien chancelier, et ministre plenipo- tentiaire a Paris, le droit de la navigation du tleuve Hudson, par le moyen des bateaux a vapeur. II presenta en i8o4 a la chanibre des representans des Etats-TJnis, le rapport d'apres lequel I'expedition de Lewis, et Clarke fut organisee pour franchir les mon- tagnes Rocky, et descendre jusqu'a I'Ocean pacifique. En 1808, il encouragea Robert Fulton a continuer ses experiences sur les bateaux a vapeur, et fitavec lui le premier voyage heureux a bord du bateau /e Fulton , que ce grand mecanicien venait de construire. L'annee suivante il fut nomme membre du comite pour examiner les moyensd'ouvrir une communication, par des canaux, entre le lleuve Hudson et les grands lacs; et en iSaS il se trouva comme maltre des ceremo- nies a la fete qui se donna pour celebrer I'execution de ce vaste projet , et il y presida au manage des eaux des lacs avec celles de 1 Ocean , usage renouvele en imita- tion des Venitiens. Je n'ai rappele, dans la courte notice qui precede, que ceux des travaux du docteur Mitchill , qui peuvent interesser directement la sociele de geographic. L'ayant connu personnellement , et ayant eteencorrespondance avec lui pendant plus de vingt ans, j'aurais a dire beau- coup sur son caractere, son esprit, et les services emi- nens qu'il a rendus a son pays : je me borneraia ajouter ici qu'il a exerce la plusgrande influence sur lesprogres des sciences et de I'econoniie publique aux Etats-Hnis. ( 7^ ) Ce savant est niort le 7 septembre i83i , dans sa soixante-huitieme annee. Son beau-frere le docteur Dekay, se propose de piiblier a son sujet un memoire biographique fort etendii. ( Extrait de la notice necrologique communiquee par M. JVarden.) ERRATA DE LA IIO* LIVRAISON. Page 357; il faut rectifier ainsi le 3* alinea : M. Jomard annonce la publication de deux ouvrages de geographie nouvelle, imprimes a Londres : I'un est la grande Carte de I'lndostan, de Hall, par la compagnie des Indes, dont la iSS*' feuille vient de paraitre; I'autre est la Carte des possessions britanniques en Amerique, publiee en 17 feuillespar le colonel Bouchette, et acconi- pagneee d'une description statistique en 2 vol. in-4''. BULLETIN 1)E LA r f SOCIETE DE GEOGRAPHIE. N° 112. — AOUT 1 83a. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. Itineraire de Constantinople a Sivasou Sewas; voyage entrepris en 1807 , et de Sivas a Alep ; communique a la Societe de Geogruphie par M. B. du B. Get itineraire , rapporle a Paris par M. Tti. de Lesseps , n'a pas ete dresse par ce voyageur, qui n'a visile le Levant que dans les annees. . . . ; mais il lui a ete donne a Halep par la personne qui a fait elle-m^me le voyage en 1807. Get itineraire, tr^s interes- sant pour la geographie de I'Asie, donne des details curieux sur tous les lieux qui ont ete visiles par le voyageur. De Constantinople a Isniit , on compte 3 jownecs de caravane par terve (18 lieues)^ et 8 ii 10 heures par nier , avec un vent favorable. Isinit^ ville de ;io,ooo amcs de population, est situee sur 6 ( 74) une colliiie assez escarpee, etscprolouge jusqu'au bord de la mer , an fond du golfe de Niconiedie a son extremite septentrionale. Chef-lieu d'un paclialik,elle offre uii se- jour agreabie par la variete de son sol , mais peu sain en ele. C'estlc lieu de passage pour toutes les caravanesqui partentde Constantinople, ct pour celies qui serendent de cetle capitale dans la partie orientale de I'Asie Mineuie. D'Isinit d Sapandje, 6 lieues (Tune heure dc chemin, pas de caravane. Route des plus agreablcs, variee par des sites pitto- resques et des ruisseaux dune eau fratche et limpide; passant de temps en temps sui" une cliaussee ancienne, qui par sa beaute parait etre un ouvrage des llomains. Sapandje est un pauvre village turcdont la position > au milieu d'une foret d'arbres de haute futaie, est des plus champetres. Dc Sapandje d Giuuve^ 7 lieues. Arrive sur les hauteurs de Sapandje^ Ton decouvre le superbe lac qui porte le meme nom, situe au milieu de la foret. II pent avoir environ 3 a 4 litJues de long sur une et demie de largeur, a I'endroit le plus spacieux. Apres avoir passe la Saccaria sur un pont fort ancien fie quatorze arches, Ton arrive a Gueu'e , village qui n est qu'un lieu de relai, etou il n y a dumonde que les jours de bazar (marche), les habitans residant, la plu- part du temps, a Bey-Keiu^ sur une hauteur voisine, pour eviter le mauvais air de Guc'ivc. De Guewe a Torakleii^ 5 lieues. Route difficile, la plupart du temps dans des monta- gnes escarpees et rocailleuses, couvertes de pins et de nielezes, d'un aspect triste quoique piltoresquc. Torakleu. Village assez considerable, au milieu des bois de sapin ; presque entieremeut habite par des Tares (75 ) assez polis et hospitallers envers les etrangers, et fort in- dustrieux. Tous ceux qui ne sont point agriculteurs fa- briquent des peignes ( en langue turque toraJc), des cuil- leres en bois , des cure-dents et autres petits objets en corne ou en ivoire, passablemenl travailles, qui sont vendus aux voyageurs ou debites a Constantinople et autres lieux circonvoisins. De Torakleu a Torhaleu , 5 lieues. Pays inegal, tres fertile, et d'un aspect riant. Avant darriver a Torhaleu^ Ton entre dans des gorges arides, et Ton suit un chemin tortueux, resserre et penible, de- venant quelquefois dangereux par les excavations que cause un torrent qui occupe le fond du vallon. Torbaleii estm^tnment plus considerable que Torak- leu. Les habitans paraissent a leur aise. lis fabriquent une quantite prodigieuse de sacs de crin (en turc torba) qui ont donne leur nom au village. C'est ici que 1 on voit pour la premiere fois les fenimes porter un voile blanc au lieu du feradje ou manteau de drap en usage aConstantinople et enTurquied'Europe. De Torbaleu a Moderni, lo lieues. Pays raboteux, presque toujours convert de pins qui souvent rendent les chemins difficiles, la plupart inon- des par les eaux d'une petite riviere qui coule au fond dun vallon entoure de montagnes cscarpees couvertes de bois. Moderni est une petite ville recommandable par des manufactures d aiguilles a coudre et de grosses aiguilles a emballage de qualite mediocre, etpreferees cependant, pour certains ouvrages, aux aiguilles d'Europe , a cause de la maniere dont eiles sont percees. De Moderni a Bolleu, lo lieues. Avant d'arriver a Bolleu , Ion rencontre aux pieds 6. ( 76) dune coUine une soui'ce d'eau mineraie que i'on dit etre tres elficace pour'certaines indispositions. Depuis Sapandje jusqu'a Bolleu presque, Ton aper- coit sur les nombreux ruisseaiix ou petites rivieres qui coupent ou longent lechemin, une infinite de moulins a scies. Les planches et autres bois de charpente qui en sortentsont transportes par la nier Noire a Ereklle ou Heraclee a Constantinople, oil ces objets eprouvent une consomniation considinabie. Bolleu est une petite villede 4 i 5ooo ames apeu-pres de population, situeeau centre d'unevasteet belle plaine, et sur le penchant dune petite colline. Une petite riviere qui sillonne le long de cette plaine la traverse. Ses bazars ou marches sont bien batis et fournis d'abondantes den- rees. Ses edifices se font distinguer par leur regularite, et ses maisons prouvent I'opulence de ses habitans. 11 y a dans cette ville, ainsi qua Sewas , une horloge publi- que, ce qui est assez reniarquable en Turquie. Son terroir est prodigieusement fertile en grains, et susceptible de toule espece de productions. Avant d'at- teindre la ville de Bolleu., Ton apercoit, du haut d'une haute montagne d'ou il faut descendre, I'etendue de la plaine oil elle est placee, 1 immense quantite de villages qui offrent par leur position un aspect infiniment varie. Quoique la ville de Bolleu soit florissante par la ri- chesse de son sol, Ion s'apercoit neannioins quelle nest plus ce quelle a ete jadis, car on voit de tous cotes, et surtout dans le principal cimetiere turc et aux environs de la ville, des debris de colonnes antiques dun bel or- dre, des cippes en niarbre, et de faibles restes de monu- mens qui attestent que le canlon a ete fort peuple et qu'il a tenii un rang parmi les < ontrees les plus celebres (le I Asie Mineure. ( 77 ) De Bolleu a Kerede^ vx Ueaes. Pays assez semblable a la belle plaine tie Bnllea, mais illegal , en ce qu'il est coupe par divers petits lacs qui aliinentent; de vastes plantations de riz. Ce village nest habite que par des Turcs entierenient livres au travail des cuirs de buffles et de bceufs,ainsi qu'a la tannerie des maroquins. De Kerede a Hamamleit , 9 lieues. Paysdecollinescouvertes de pins, qui rendent la route assez difficile par le nombre d'arbres renverses. Hamamleu y ainsi nomme a cause de ses bains d'eaux minerales,est un hameau turc tout nouveau, considere aujourd hui (1807) comme une petite bourgade doiit le mutseUim ou gouverneur qui y commande s'occupe es- sentiellement de sa prosperite et non de la spoliation du peuple, ce qui est en Turquie assez commun parmi les autres gouverneurs. Ce bameau a un A-A«/«vaste et commode. 11 estsituea I'entree dun defile tres etroit forme par des montagnes fort elevees des deux cotes, entre lesquelles coule le torrent de Tcherkes , cbemin dangereux par les nom- breux repaires de voleurs que Ion y rencontre, et diffi- cile, a cause des rochersou pierres enornies que la pente des montagnes precipite au fond de ce defile. De B atnamleu a Tcherkes^ 6 lieues. Tcherkes ^ mauvais village turc ou I'aspect de la mi- sere s'offre aux regards du voyageur. C'est a ce village que commence le territoire dependant de Tcbiapan Oghlou, le plus riche connne le plus puissant seigneur de I'Asie Mineure, dont le gouvernenients etend jusque sur les bords de I'Euphrate. De Tcherkes a Karndjiran ., 6 lieues. Pays plat, sec, pierreux et depourvu d'arbres, inais (78) riche en p^tiirages. Ce canton, peu distant d' Angora, fournit aussi les beaux troupeaux de chevres a poil hlanc et soyeux dont la toison sert a la fabrication des camelots connus sous le nom de chali. A mesure qu'on s'eloigne de ce lieu, les troupeaux qu'on rencontre diminuentde beaute. Karadjiran est un village malpropre, et dont les maisons sont toutes aussi mal baties de lave grcssieie- nnent entassee. Non loin de la, Ion voit le cratere d'un volcan eteint. De Karadjiran a Tossia/t, i6 lieues. Pays coupe par de nombreux torrens j le plus remar- quable est le Deli-Dewrez^ dorit les eaux vont se reunir a celles du Kizil-Irmak, autre riviere assez considerable. L'on voit de tons cotes des villages plus ou moins con- siderables, I'un desquels est Tcheurekdji-K eui, dont\es habitans sont tres bospitaliers, et offrent a manger aux voyageurs, pour une tres modique retribution, des tc/ieure/is, espece de pain de fleur de farine, des ojufs, du fromage frais , du yuoghourt (lait aigre) , et des fruits. Tossiah, ville de 7 a 8000 ames, dont les babitans, Turcs et janissaires, sont tres mechans et fanatiques. Quoique triste et sale, elle est remarquable cependant par sa belle tannerie, ses manufactures de camelots a I'i- niitation deceux d' Angora, et par la grande quantitede grains et de riz que produisent ses environs. De Tossiah ii Hadji-Hnmze^ 8 lieues. Superbe pays, soigneusement cultive, et tres peuple. L'on observe surtoutavec admiration le soin quemettent les habitans a observer I'irrigation de leurs champs de riz, et a faire monter les eaux du Deli-Dewrez a la hau- teur du terrein qu'ils veulent arroser. L'on arrive ensuite au confluent du Deli-Dewrez et [ 79 ; du KizU-lrmak, riviere la plus large de toutes celles de ces contrees, et leiuarqiiable par la couleur rouge de ses eaux. L'on parvient par un defile a HadjiHamze,es- pece de petite torteresse turquegarnie de quelque&mau- vaises pieces de canon ma! montees et aussi nial gardees. De Hadji-Hamze a Ostnandje, 8 Ueitcs. Pays montagneux. Avant que d'arriver a Osmandje, Ton passe par un cheniin en forme de galerie, domine d'une haute montagne taillee a pic. Le grand-visir De- rede'i Mehemet pacha concut cette entreprise, et la fit executer sous le regne du sultan Abd-ul-Hamid.Ce pro- jet est plus digne desRomains que dun Turc. Ce canton paralt avoir eprouve de violentes secousses de tremblement de terre , et pent t'ournir beaucoup d'ob- servations mineralogiques. Osmandje^ petite ville bien batie dun aspect agrea- l)le, est situee sur les deux rives du Kizil-Irnuik , et dominee par un chateau bati sur un rocher presque a picde tons les cotes. Pour se rendre a Hadji-Keui, il faui traverser la riviere sur un magnifique pont de quatorze arches que des voyageurs pretendent avoir etecon.'truit sous les premiers empereurs romains. Ty Osmandje a Hadji-Keui , 8 lieiies. Hadji-Keiii, village situe an milieu d'une assez belle plainebiencultiveeetabondanteen di verses productions. De. Hadji-Keui ci Jmassiali , 1 2 lienes. La route laisse a droite la ville de Marseran, que I on apercoit de loin, situee dans une vasle plainedepouillee d'arbres, presque incidte. L'on rencontre dedistanceen distance d'anciens cimelieres, des tromons desuperbes colonnes en granit, et d'aulres motiunieus antiques re- marquables qui servent de pierres sepulcraies. Quelques heures avant d'arriver, le rhemin est affreux ; (8o ) il faut presque toujoui s descentire par des sentiers tres etroits, pierreux et rocailleux. Au fond d'une espece d'entonnoir, on apercoit ^inassiah, y'lWe fort ancienne, connue jadis sous le nom ^Amasie. Rien n'atteste plus son anciennele que la quantite de niedailles et de pierres gravees qui servent maintenantd'ornemens auxpaysan- iies des environs. Elle est situee dans un \allon, sur les Lords du fleuve Irniak ^ I'lris des anciens. C'est une villebienbatie. On y distingue plusieurs edi- fices reinaixjuables; mais , par sa position, le climat est mal- sain. Amassiah est recommandable par le rangqu'elle oc- cupe encore aujourdhui. Elle a de i5 a 20,000 amesde population. Son territoire, quoique fort resserre , est soi- gneusement cultive, et produit beaucoup de soie. Son chateau, situe sur le somniet d'une haute colline, isolee de forme conique, domine d'une extremite de la ville a I'autre 5 on y monte par un chemin a degres , pratique dans le roc. D' Amassiah a Tokat., 18 lieues. On passe, avant d'arriver a Tofcat, par Ainah-Bazar, qui n'est qvi'un simple khan et a Turkat^ mauvais vil- lage presque ruine. Pays degarni d'arbres, cependant riche en paturages. lei Ion conmience a rencontrer des kurdes. Tokat est situee dans les sinuosites d'une vallee. Cette ville a pres de 3o,ooo habitans,Turcs, Armeniens, Grecs etJuifs. 11 faut observer que depuis Is/nit, Tokat est la pre- miere ville ou Ton trouvc des families de cette derniere caste. On remarque aussi que depuis A massiah les Arme- niens sont plusnombreuxet beaucouj) plus influens que les Grecs, ce qui est le contraire avant d'arriver a celte distance. ; Tokat est une ville tres importante par son commerce. ( 8i ) - Elleest 1 entrepot de tout celui qui se l;iit dans la partie orlentale de I'Asie Mineure. Elle sort aussi d'entrepot a tout le cuivre que produisen ties mines de /l/art(ieAi,d'ou il passe a la capitale et dans I'interieurde I'Asie. Les au- toi'ites qui comniandent a Tokat sont, sinon de droit, du moins de fait, sous rinfluence de Tchiapan Oghlou. Les jardins qui entourent la ville produisent une as- sez grande quantite de bons fruits. De Tokat a Setvas, i8 lieues. Pays montagneux et aride, remarquable seulenienl par la bonte de ses eaux et de ses patiirages que quelques vallees produisent en abondance. Resume des distances. Constantinople. Ismit 18 lieues. Tossiah 16 lieues. Sapandje .... 6 Confluent du DeU-Dewrez et du On passe la Saccaria, R. Kizd-Irmak. Gueive 7 Hadji-Hamze. . . 8 TorakliiU . ... 5 Chemmen forme degalerie. Torbaleu .... 5 Osmandje .... 8 Moderni 10 Pont surleKlzd-Iimak. Source minerale. Hadji -Re ui ... 8 Bolleu lo Amassiah. ... 12 Kerede 12 A'inah-Bazur Khun. Hamainleu ... 9 Twhat, village demi ndne. Tcherkes 6 Tokat 18 Raradjiran . ... 6 Sewas 18 Total, 182 lieues de caravane. [La suite aa procliain caluei\) (80 AFRIQUE MERIDIONALE. Seconde tentalivc dn missionnaire Vs.o\A,h.^\i pour fonder line mission au milieu de la tribudes Baliurutzi. (i) Nous avons donne dans le cahier precedent un extrait cteudu du journal du missionnaire Rolland , envoye chez les Cafres de I'Afrique meridionale. Ce voyage , entrepris aux mois de niai et juin :83i, fut renouvele par le m^me missionnaire au mois d'octobre suivant. Le frfere Rolland partit, comme la premiere fois, de la station fondee par les missionnaires evangeliques au Kuruman, dans les pays des Bechuauas. Voici les uouveaux details que Ton trouve dans la septi^me livrai- son du Journal des Missions evangeliques sur cette nouvelle tenta- tive infructueuse : La fondation de retablissement missionnaire au milieu de la triliu Mokatia a ete pour la secondeibis re- tardee : les ruses de Mahura , roi de Lattakou (2), la pusillaniniite de Mokatia, prince des Ualiarutzi, et par- dessus tout la crainte de devenir les victimes de Moso- lekatzi, roi des Zoulas, honmie sanguinaire, veritable tyran de ces contrees, ont force le frere Holland areve- nir sur ses pas, et I'ont empeche de penetrer dans I'in- terieur d'un pays desole par la guerre. Ce n'est qu'au f i) Quelques geographes ecrivent ce mot Maruczis, d'autres Morut- zis, d'autres enfin iloumtzis. Nos fr^res I'ont toujours ecrit Bahamtzi. Le b et I'/re paraissent se confondre dans la langue des Becliuanas.(/?crf.) (2) Voyez sur ce chef et son peuple la sixitme annee du Journal des missions ivangeliques , pages 299 et suivantes. ( 83 ) commencement de lannee iBSa qu'il a du faire, pour la troisieme fois, une tentative dont nous ignorons encore les resultats. Avant que de niettre sous les yenx de nos lecteurs le recit dece voyage remarqoable, il importe de reprendre le fil des evenemens d'un peu plus haut, en donnant, sur le sujet de la guerre qui a eclate et qui regne en- core dans I'interieur de la contree habitee par les Be- chuanas , des renseignemens plus complets que ceux que nous avons pu donner jusqu'a present. Dans le couranl de lete de i83i, un tlief de Griquas, nomme Barend, ayant envoye une expedition de trois cents hommes armes, avec ordre d'attaquer Mosolekatzi, roi des Zoulas, ceux-ci,au lieu de se conformer aux in- structions qu'ils avaient recues, s'amuserent a lui enle- ver ses troupeaux. D'abord ils ne rencontrerent aucun obstacle, et leur succes fut complet; deja meme ils avaient emporte plusieurs postes, pris un nombre con- siderable de bestiaux, et mis a mort tous ceux qui s'op- posaient a leurs depredations, quand les Cafres fondirent sur eux a I'improviste, durant la nuit, et en firent un si horrible carnage, qu a peine quelques-unsde ces nial- heureux purent-ils s'echapper a la faveur des tenebres. II n'en fallut pas davantage pour repandre le trouble dans tout le pays; les uns prirent parti pour Mosole- katzi, les autres pour les Griquas, quelque injuste que fut la cause qui les avait portes a attaquer Mosolekatzi. Mais ce qu'il y eut de plus facheux, c'est que ce dernier, soupconnant les blancs d'avoir ele les instigateurs de cette guerre, ceux-ci n'oserent plus visiter son pays, de peur de devenir victimes de sa vengeance ; et comma Mokatia, chef des Laharutzi, est tributaire de Mosole- katzi, nos freres jugerent qu'il serait imprudent de se ( 84 } lentlre tlaiis rinunieur, dans des clrconstaiices aussi peu favorables a letablissement dune Mission, et ajourne- rent leurs projets a des temps meilleurs. Cependant deux mois s'etaieiit deja ecoules depuis ce triste evenement, et il tardait a nos fieres de mettre la main a une oeuvre deja ti'op long-temps differee, au gre de leurs desirsjet coninie des ohasseuis venus de I'inte- lieur leur avaient annonce que Mosolekalzi, qu ils avaient vu, etait tort bien dispose pour toutes les personnes qui avaient des relations avec la station du Ivuruman, les missionnaires francais, encourages par leurs freres Moffat et Hamilton , crurenl pouvoir se disposer au depart. En consequence, deux waggons fu rent charges d'outils, de semences, de plantes et de provisions de differentes es- peces ; et le 12 octobre, le frere RoUand, accompagne dun macon anglais et de sa fenime, dun interprete et de plusieurs Bechuanas, se niit en route pour Lattakou, ou il devait aller demander a Maliura , chef des Bechua- nas de cette contree, 1 autorisation d'emmener plusieurs de ses gens avec lui dans linterieur. Quant au frere Leniue, comme sa sante netait pas encore entierement relablie, il futresolu, dun commun accord, qu'il de- nieurerait encore quelques semaines au Kuruman , et qu'il viendrait plus tard rejoindre son compagnon d'oeuvre. Cefutune heure solennelle que celle oil les missionnaires anglais et le frere Lemue ayant accom- pagne leur cher RoUand a quelques lieues du Kuru- man, se separerent de lui apres 1 avoir recommande a la grace de Dieu par une fervcnte priere. Levendredi 14,3 midi,lacaravane missionnaire avait deja atteint Lattakou, ou devait coininencer pour notre missionnaire une longue suite de contrarieles. Mahura , jaloux de voir les tribus dc linterieur siir le point d'avoir ( 85 ) des mission naires, tantlis qui! n'en avail point encore, eut recours a toutes sortes de iiises pour empecher M. Rolland d'executer son projet. D'abord, feignant une grande affection pour lui et un interet sincere pour sa siVete personnelle, il le conjura de ne pas aller plus avant,sous pretextequela desolation etaitdansTinterieur dupays jil lui dit queMosolekatzi le soupconnait, d'apres des rapports qui lui avaient ete faits, d'etre I'auteur de I'assassinat de trois de ses gens, et qu'il ne iiianquerait pas^de faire ressentirles redoutables effcts de son cour- roux a tons les blancs qui tomberaient entre ses mains. Mahura eut meme recours a un singulier stratageme, pour donner plus de poids a ses paroles : dans une as- semblee publique , a laquelle assistaient MM. Rolland et Baillie, on vit arriver un messager tout haletant de fa- tigue et tout couvei't de poussiere etde sueur, qui,apres avoir cause quelques instans en particulier avec Mahura, se tourna vers les missionnaires, et leur tlit d'une voix forte et nienacante : « Vous autres Makouas (blancs), vous ne voulez done pas croire les nouvelles que nous vous apportons, et que le chef Mahura vous a comuiu- niquees. Eh bien, partez ; nous vous avons avertis des dangers qui vous attendent; si vous perissez, vous ne pourrez pas nous accuser de vous avoir cache le peril qui vous menacait 11. Tout ceci n'etail, de la part de Mahura, qu'une ruse a laquelle Rolland ne se laissapas prendre. Aussi, voyant que le missionnaire etait ine- branlable dans sa lesolution daller annoncer I'Evanjjile aux Baharutzi, le chef des Bechuanas lui declara que, s'il voulait partir, il partirait seul, mais que jamais il ne peiinettrait que ni 1 interprete, ni aucundesessujets, allassent avec lui j enfin, jetant le masque, il nianifesta clairi'nicnt ses intentions , et finit par laire connailre a (86) Holland qu'il ne le laisserait pas paitir lui-meme,etqu'il le retiendrait de force chez lui. En vain notre frere em- ploya-t-il tons les argiiniens imaginables pour lui faire sentir I'odieux de pareils procedes, jusqu'a lui mettre sur la conscience la responsabilite dont il se chargeait devant Dieu, en piivant les Baharutzi d'entendre la predication de la bonne nouvelle du salut ; toutes ses re- montrances furent inuliles, et il ne lui resta d'autre parti a prendre que de s'en retourner au Kuruman , pour cliercher MM. Moffat et Hamilton, et les inviter a s'interposer en sa faveur aupres du chef de Lattakou. Geux-ci arriverent, et apres unelongue discussion avec Mahura, a la suite de laquelle ils lui reitererent la pro- messe qu'ils lui avaient deja faite precedeninient, de lui procurer un missionnaire des qu'ils le pourraient, celui-ci consentit enfin au depart de M. Rolland et de sa suite; il poussa nieme la politesse jusqu'a I'acconipagner avec une trentaine de ses gens a une lieue de Lattakou, et en prenant conge de lui, il lui donna I'assurance qu'il ne inanquerait pas d'aller lui faire une visite dansle pays des Baharutzi, une fois qu'il y serait etabli. Partis le 24 de Lattakou, ou ils avaient etc retenus une dizalne de jours, tant par les obstacles que leur avait suscites Mahura, que par diverses reparations qu'il avait fallu faire aux voitures, nos voyageurscontinuercnt pendant cinq jours leur route a travers le desert, sans eprouver d aulres embarras que le manqne d'eau qui les fit quelquefois souffrir. Mais a une journee du cluiaie des Barolongs, et avant d'atteindre la riviere Sitlagoli notre frere Holland fit une rencontrequi faillit lui couter la vie. Laissons-le parler lui-menie : « Le vendredi 28, ayant oublie quelque chose dans I'endroit on nous avions passe la nuit, et ne m'en etant (87 ) apercu qu'apres une deui'i-heure de niarclie , je resolus de revenir seul, a chcva!, sur mes pas, pour chercher I'objet quej'avais perdu. Comme, pendant loute la route, nous n'avions point ete inquietes par les betes feroces , je ne ni'etais muni d'aucune arnie. Apres avoir long- temps cherche I'objet en question , je reniontai a cbeval, et me disposal a rejoindre mes voitures. Mais a peine avais-je fait quelques pas, que j'apercus a ma gauche, et a trois cents pas de moi environ , ueux enormes lions qui se tenaient pres d'un buisson , ou ils paraissi^ient s'etre reposes des fatigues de la nuit precedente. Des qu'ils m'apercurent, et avant queje fusse arrive en face deux, ils s'elancerent de leur retraite, et chercherent a me couper le chemin en me separant de mes voitures. Heureusement que je ne m'avisai point de leur tourner le dos et de quitter le sentier ou mon cheval pouvait courir a toute bride sans risquer de s'abattre, car, ar- rive vis-a-vis d'cux, mon cheval, qui les avaitvus, s'ef- fraya tellenient, et m'emporta avec une telle violence, que bientotjeles eus devances. lis gagnerent ensuite le sentier, et me poursuivirent de pres, jusqu'au moment oil je franchis comme I'eclair une petite colliae, et ou ils me perdirent de vue. Je n'etais plus alors qu'a la dis- tance de cinq minutes de mes voitures, dont la vue dis- sipa toutes mes craintes. C'est ainsi que la Providence m'arracha a la gueule de ces .animaux feroces. » (i) Arrive a la riviere Sitlagoli, le samedi 29 octobre, (.l^ Les amis de la Societe apprendront avec plaisir que le cheval dont Dieu s'est servi dans cette occasion pour delivrer son serviteur d'un peril imminent, a ete donne a notre fr^re RoUand parM. Mur- ray, pasteur de I'eglise reformee de Graaff-Reinet, qui, connaissant par experience combien une pareille monture est utile aux mission- naires , a fait present d'un cheval a chacun de nos deux amis, comme (88 ) Kolland ayant eu uiie eiitrevue ;ivec k; diet Gontzi, celui-ci lui donna, sur I'etat de Tinterieur du pays, des nouvelles qui etaient si obscures, et qui paraissaient si peu s'accorder avec celles qu il avail recues precedem- nient(i), que le niissionnaire ne jugea pas qu'il diit continuer son voyage avant que de s'etre procure des renseignemens certains et posititssur les dispositions de Mokatla et de Mosolekalzi. En consequence, il resolut d'envoyer une deputation au premier, afin de savoir a quoi s'en tenir a cet egard. Comnie cet episode est lun des plus interessans du journal, nous allons laisser le niissionnaire nous le raconter lui-meme : 0 Embarrasse par les nouvelles toutes contradictoires que je venais d'apprendre, je demandai a Gontzi s'il pouvait medonner deux homines de confiance, pour les envoyer en ambassade a Mokatla. II ne fit aucune diffi- culte d'acceder a ma demande, et au bout dune demi- heure, nous vimes parailre trois hommes armes d'assa- une marque de I'interet qii'il porte a la Societe des Missions evaii- geliqiies de Paris. (i) Gontzi dit entre autres choses a M. Rolland que Mosolekatzi, apr^s avoir defait les Griquas, avail ete battu lui-nieme a son tour et mis completement en deroute par la tribu de Chaka , ayant pour auxiliaire une autre tril-.u demeurant a Test , et qui fait usage, dans les combats , d'elephans , de lions et d'autres b^tes feroces doniptees ct dressees a I'art de la guerre. Le docteur Sparman parle en effet d'une pareille tribu , sous le nom de Hensaquas [loyage au Cap, traduction dc Le Tourneur, tome III, page 288). Mais M. Rollaud peuse que cette tribu n'cxiste point, et que les indigenes n'ont eu recours a la fiction dune armee aussi redoutable que pour s'expliquer a enx- m^mes uno puissance guerriere qui leur semble invincible , ou (pie pour diminuer la Iionte des defaites qu'ils out souvent essuyees de sa ])art. [RcJdcleiirs.) (8.9) gaies et de boucliers, et prets a partir. Voici le conlenu dii message tlont je les chargeai pour Mokatla : «Les nou- velles qui vienuent de iiie parvenir de 1 interieur sont si etranges et si mauvaises, qu'elles ont conipletement de- courage les gens de ma suite, et je me trouve dans I'im- possibilite de poursuivre ma route, si vous ne me faites promptement savoir ce qui se passe dans voire pays. Je vous aurais bien prie de venirvous-meme men informer, mais comme je sais qu'un chef principal ne doit pas quit- ter son territoire, veuillez m'envoyer, pour repondre aux diverses questions que j'ai a vous faire, Bogacho, votre filsaine,etMoile, votre neveujjen'ai de confiance qu'en eux; eux seuls peuvent me satisfaire». Je chargeai en- suite les trois messagers dun present pour le chef des Baharutzi, et ils partirent aussilot. « Au bout de quelques jours, le 6 novembre, nous decouvrimes, dans le loin tain, une troupe deBechuanas, arnies de lances, qui venaient du pays des Baharutzi : c'etait Moile(i) et les fils de Mokatla, accompagnes dun nombre assez considerable de guerriers, qui arrivaient de la part de Mokatla , pour repondre a mes questions. Apres leur avoir fait les felicitations d'usage , et leur avoir offert quelques rafraichissemens , je leur temoignai ma satisfaction de ce que Mokatla avail montre tant d'em- pressement .a se rendre a mes voeux , et nous entrames en pourparler. Je leur demandai d abord si tout etait tran- quille dans I'interieur, et si je ne courais aucun danger en allant m'etabllr chez eux. Moile me repondit que la paix dont ils jouissaient actuellement ne serait probable- ment pas de longue duree; que depuis la derniere affaire (i) Moile est le chef legitime eaux, et que d'ailleurs Mosolekatzi, sachant tres bien que nous n'avions pris aucune part, ni directe ni indirecte a la guerre qu'il avail eue avec les Griquas, il saurait faire une ditlerence entre les habitans du Kuru- man el ces derniers. « Si Mosolekatzi, repondit Mode , a monlre precedemment de si bonnes dispositions pour vous, il n'en est plus ainsi maintcnant. Pepuis qu'il a vaincu les Griquas amies de fusils, il se croil seul le maitre de la lerre. Dans son orgueil,il dit qu'il ne doit y avoir que deux rois dans I'uiiivers, I'uii pour regner au ciel, et lautre pour domincr sur la terre; qu'il est, lui, le maitre absolu d ici-bas; que bienttk il viendra visiter le roi des blancs, et lui apprendre qu'il ne craint plus ni ses fusils , ni sa mitraille, qui n'a fait ([ue donner la (i) Ville des Baharutzi. (90 petite-verole a ses guerriers(i)j et qu'il lui tarde de sa- volr ce que c'est que ces gros boulets,dont il a entendu. raconter tant de prodiges. De plus, ajouta Mo'ile, Moso- lekatzi ne fait niaintenant aucune difference entre les Europeans et les Griquas; il accuse les premiers d'avoir fourni a ceux-ci des amies contre lui, il a nieme donne ordre a ses soldats de s'emparer des premiers waggons qui viendraient sur ses terres; dans ce but, il envoie, chaque semaine des espions cliez Mokatla, pour savoir si les voitures qu'il attend sont arrlvees. « A louie de ces nouvelles , ajoute le missionnaire Rolland, je conclus que je ne pouvais pas aller plus loin ; et ayant appris que Moile avait averti Gontzi en secret, qu'un parti de Zoulas , conmiande par I'un des fils de Mokatla, devait bientot fondre sur lui a Timproviste, je me decidai a retourner au Kuiuman. C'est pourquoi, ayant pourvu les Baharutzi de quelques provisions de bouche et de quelques presens en verroterie, je les ren- voyai a Mokatla. Quant a moi, je me mis en route pour la station missionnaire, ouj'arrivai le i6 novembre, c'est- a-dire un mois apres I'avoir quittee. Le lendemain ly, j'eus une conference avec les freres du Kuruman, dans laquelle je leur exposai I'etat des affaires, et leur de- mandai leur avis. Apres avoir ardemment implore le se- €Ours du Seigneur, et I'avoir prie de mettre fin aux guerres devasta trices qui desolent I'interieur de I'Afrique, d'arreter les terribles effets de la tyrannic du chef des Zoulas, ce destructeur de tant de tribus, et surtout d'ouvrir une large porte a sa parole, qui est seule ca- pable de pacifier ces contrees livrees a la fureur de cet (i) Dans leur guerre contre Mosolekatzi, les Griquas ont fait usage lie petit plomb. ( 90 lioinine sangiuiiaire, ii lut arrete a i unaniniitt; qu'il y avail pour le moment impossibilite a mettre a execution le projet de fonder une mission chez les Baharutzi, el que ce que nous avions de mieux a faire pour le moment, le frere Leniiie et moi , c etait de visiter les differens villages ou werfs de Batlaras, aux environs du Rurunian, en attendant qu'il nous IVit perniis de penelrer dans I'interieur. » On va voir, par le post-scriptum de la lettre du frere RoUand, que quinze jours apres cette conference fra- ternelle , tous les obstacles paraissaient leves ; I'esperance et la joie avaient commence a renaltre dans le coeur des mission naires. 5 decembre. — « Au moment ou j'allais fermer mon Journal pour vous I'envoyer, un chef des Baharutzi, accompagne de douze hommes, est arrive au Kuruman. II nous est envoye par Mokatla , pour nous apprendre que tous !es obstacles qui s'opposaient a ce que nous allassions fonder notre station sont leves, et que nous pouvons nous mettre en route en toute surete. Nos coeurs, comme vous devez le comprendie, ont tressailli de joie a cette nouvelle j et, quoiqu'elle fiit comme une reponse aux requetes que nous avons si souvent adressees, elle nous a paru , dans le premier moment, si extraordinaire, qua peine nous pouvions ajouter foi a la parole des messagers. Voici la teneur du message que Mosolekatzi a fait faire a Mokatla : « J'ai lieu de croire, Mokatla, que depuis la guerre qui a eu lieu entre moi et Barend , personne n'osera plus venir me visiter; mais gardez-vous bien de rien dire qui puisse effrayer ceux qui en auraient le desir. Faites savoir a Moffat qu'il est toujours mon ami; que je n'ai rien contre les habi- tons du Kuruman, et que quiconque est en relation avec (93 ) lul peut venir llbrement sur ines terres, soil pour y faire la chasse aux elephans, soit pour s'y fixer; surtout tlites a Moffat que j'attends sa visite. » "Nous demandames ensuite aux niessawers comment toutce queMokatIa nous avait dit auparavant deMoso- lekatzi pouvait se concilier avec ce qu'il nous faisait dire maintenant. lis nous repondirent que si, dans le principe, le chef des Zoulas avait confondu dans un meme senti- ment de vengeance les Griquas et tons les habitans des environs, il avait, plus tard, ete persuade que ni les mis- sionnalres du Ruruman, ni aucun de ceux qui elaient en rapport avec eux , n'avaient pris part a cette guerre. Nous desirous accelerer uotre depart autant qu'il nous sera possible , niais au retour de mon voyage, mon interprete etpresque tons les Bechuanas qui m'avaient accompagne ont ete atteinls de la pelite-verole, et aucun deux n'est encore en etat de niarcher(i). H faudra done attendre leur retablissement. 1. (i) II parait que I'annee passee la petite-verole a fait d'horribles ravages dans rinterieur de I'Afrique; la station de Bootchwap seule a perdu clnquante personnes par cetle maladie. Dans celle du Kuru- inan , plusieurs personnes en ont ete atteintes , mais aucune n'est morte, grice a la vaccine, que, depiiis plusieurs annees, les mission- naires out inti-oduite dans le pays. Cependaut , conime dans cette derniere circonstance ils manquaient de virus (cowpox), ils n'ont pu arreter les progr^s du mal. Le Comite de la Societe des Missions evangeliques de Paris se propose de mettre les premiers mission- naires qui partiront en etat de propager efficacement la vaccine dans le pays des Bechuanas. ( Redacteurs. ) (94) DEUXIEME SECTIOIV. DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEOGRAPHIQUES, ETC. ExTRAiT du Memoire da capitaine Vidal^ sur la vigie nominee Aitkin s Rock, /« a la Societe de Geographie de Londres le iZ decemhre i83o. Parn.i les n&mbreuses vigies dispersees dans I'ocean Atlantique, il n'en est peut-etre aucune qui ait excite autant de crainte , et qui ait ete I'objet de plus de recher- ches que cellc qui est eonnue sous le nom de Jilkins Rock. Elle est placee , dit-on, au large de la cote N. O. d'Irlande, exactement sur la route des batiniens qui font le commerce des ports de Touest a ceux du nord de la Grande -Bretagne. Les differentes positions qui lui ont ete assignees la placent entre 55° et 55° i8'de lat. N., et entre 9° 38' et 14" de longitude ouest de Greenwich. Le premier rapport sur ce danger fut fait en 1740 par le capitaine Aitkins qui,le 12 septembre, vit a 4o o" 5o verges de son navire unroclier qu'il estima a quatre pieds sous I'eau , par 55° i8' N., et 11° i4' O. Le agaout 1766, le capitaine Duiilope vit, par55"'o'N. et i4° 5' O. , un rocher eleve de sept a huit pieds au-des- sus de I'eau, qu'il regarda comme etantla vigie vue par Aitkins. En 1793, tout I'equipage du navire le Nestor vit, par 55° 19' N., et 9" 53' O., et a moins de cinq toises du ba- (95 ) timent, un rocher a quatre pieds sous 1 eau. Cepeiidant ayantmis sur-le-champ un canot a la nier, on ne put le retrouver. Plus tard , le capitaine Hugh Faulknor apercut , par 55° i5'N., et 1 1" 4^)', un rocher eleve de quatre a cinq pieds au-dessus de lean; il sonda autour et trouva, dit-il, a 4 brasses du rocher, 35 a4o pieds; et a 3o brasses, point de fondavec i5o brasses de ligne. En 1826, le capitaine J. Held, du True-Briton, \'n , par 55" 18' N. et 9° 43 O. , un rocher a lleur d'eau, long de 90 pieds , et large de ^o. En 1827, le 25 juillet, le second du navire le Paddy- Cany apercut, par 55° 8' N., et 12° O., un objet qui lui parut etre un bateau chavire, niais que le capitaine pensa pouvoir elre le rocher Aitkins, sans pourtant laftirmer. Enfin, M. Anthony Carrol, qui a un petit batiinent occupe a la peche dans ces parages, a declare I'avoir vu deux fois , en juillet 1820 et en juin 1821, a la distance d'environ 3oo verges, et le decrit comme etant eleve de 3 pieds au-dessus de 1 eau. Tons ces renseignemens, et la disparition de plusieurs navires de Glascow, que Ton attibuait a ce danger, enga- gerent la chambre de commerce de ce port a demander a I'Amiraute de faire constater la position de ce rocher. En consequence, le sloop le Gannct tut employe a cette rechei'che en 1824. La meme mission lut confiee, en 1 827, aux deux batimens le Barrier et le Badger, et en 1829, au Piladeel au Dispai/i, niais toujours sans succes; le rocher ne fut point apercu. L'Amiraute, ayantresolu de faire continuer ces recher- ches pendant I'ete de i83o, VOnyx et le Leveret^ bricks dc 10 tanons, commandes par les lieutciians Dawson (9^) et Worth, f'ureiit choisis pour cette exploration, dont la direction fut confiee an capitaine Vidal. Apres avoir determine I'etat et la marche de leurs chro- nometres a Buncrana, les deux batiniens niirent a la voile le 6 juin et parcoururent, jusqu'au 3i aout, tout I'es- paceassigne pource danger, c'est-a-direentre55''et55"3o' de lat. N., et entre 9" et 14° de longit. , croisant et recroi- sant leur route de maniere a ne laisser aucun point sans etre explore; sondant continuellemeni; , et eniployant ineme, dans les endroits 011 avait ete indiquee cette vi- gie , une methode particuliere recommandee par le ca- pitaine Beaufort, hydrographe de I'Aniiraute , et qui consistait a joindre les deux batimens au moyen d'une corde de i,4oo verges de long, soutenue au milieu par des barils vides, et a deriver ainsi tous les deux. Le resultai de cette exploration fut de constater qu'il n existe certainement aucun roclier dans ces parages. A quoi done doit-on alors attribuer les illusions qui ont donne lieu aux rapports des marins qui ont cru le voir.'' C'est ce qu'il est difficile de determiner. Cependant le ca- pitaine Vidal remarque que pendant le mois de juin les hommes places au haut des mats furent plusieurs fois tronipes par le souffle des baleines qui , a cette epoque, etaient tres nombreuses, etque, dans le mois d'aoiit , un gros tronc d'arbre, dont les racines s elevaient d en- viron trois pieds au-dessus de lean et etaient couvertes de coquillages et de plantes marines, avail produit une illusion complete jusqu'a ce qu'on I'eut examine de pres. II cite aussice qui est arrive a une fregatequi, naviguant a lembouchure de la Plata, apercut un point noir sera- blabie a un roclier; tout le monde a bord en etait con- vaincu ; le capitaine seul, persuade que dans ces parages nil looher decouvert serail certainement connu, refusa (97 ) fie croire que ce tut un danger et fit porter dessus. Ce n'etait en effet qu'une baleine endorniie, qui , reveillee par le mouvement du batiment, plongea et disparut. Une laison qui prouve encore la non-existence de ce danger, c'est que, s'il exislait reellement, il produirait certainenient un brisant enorme dans les mauvais temps, et cependant tous les rapports iaits sur lui disent qu'il ne brisait pas. Au reste, si cetle exploration n'a pas atteint le but qu'on en attendait, de determiner la position du pre- tendu danger, nomme Aitkins Bock, elle a servi du moins a fixer, dans ces latitudes, la liniite du banc de Sondes qui entourerirlande,et qui est encore inconnu, tant sous le rapport de la nature du fond, que sous ce- lui de son etendue. ExTRAiT cViin rapport de M. le capitaine Ireland^ com- mandant le brick I'Adhemar. Le 3i aout iS3i , nous sommes partis de Valparaiso ayant intention de relacher a 1 ile d'Otaiti. Le 3o sep- tembre, nous avons eu connaissance des lies Barclay de Tolly et Wolchonski, dont les positions s'accordaient avec notre chronometre et nos observations prises peu de jours auparavant. Nous times route vers I'ouest, et le i'" octobre, etant par 16° de latitude sud et 146° 55' de longitude a I'ouest de Paris, nous apercumes au cou- cher du soleil, dans I'ouest quart sud-ouest du compas, una lie basse tres boisee paraissants'etendre dans I'ouest. Cette lie n'etant pas portee sur les cartes anglaises de I arcliipel Dangereux, je fis tenir eu travels toute la unit pour ne pas m'exposer a de iiouveaux dangers, et pour en bien detciiiiiiicr 1;! po^iitioii. (98 ) Le lendemain 2 octobre, au jour, nous times route au sud-sud-ouest pour approcher la lerre que nous avions vue la veille ; elle etait basse, bien garnie d'arbres moiiis (ilevesque lescocotiers, qui paraissaient en petit nombre. A 7 heures 10 minutes, etant noid et sud du mondede son extremite est, une serie do bautenrs me donna par lecbronometre 147° 7' de longitude occidontale de Paris. Nous times route pour la longer a une petite dis- tance, toute cette cote du nord paraissant saine; a sept heures 20 minutes, on eut connaissance dune autre ile dans le ouest-nord-ouest , qui doit etre Carlshoff. Une seconde serie de hauteurs, etant dans le nord du nionde de lextremite ouest de la premiere lie, donna 147° 26' de longitude occidentale, ce qui lui donne une etendue de 19 milles dans une direction est et ouest. Comme toutes les lies de cetarchipel, elle renferme une lagune qui communique avec la mer par des passages etroits; elle est dune tonne elliptique, paraissant large d'environ 10 a 12 milles, vers son centre, dans une direction nord et sud. A neuf heures, laissearrivera I'ouest quart sud-ouest; a 9 heures 45 minutes, la partie la plus nord nous res- tait a Test 7° nord du compas et Carlshoff au nord du monde. Peu apres cerelevement, nous les avonsperdues de vue dans le nord-est quart est. Jusqu'a midi, nous avons bien estime le chemin fait, d'apres lequel et la la- titude observee a midi, qui a etede 16^ iS' sud , la par- tie nord de I'lle apercuc par nous est par 16° 3' de lati- tude sud. La carte dont je me seivais etait un plan de larchipel des lies Rasses, public en 1826 par Arrowsmith. L'ile Carlshoff m'a semble etre plus sud quelle nest portee sur ce plan. V 99 ) La delineation de la cote occidentale de I'lle Witlsen- stein ne m'a pas parue correcte : elle prend une direc- tion plus sud-ouest que ne le porteleplan. Nous passames la nuit du i au 3 octobre en panne, a petite distance ouest de cetteile. Lelendemain,aujour, nous-apercumes I'lle Greig. A j heures i6 minutes, etant dans le sud du monde de son extremite sud-est, une serie de hauteurs du soleil nous placa, d'apres le chronometre, par i48° 45' ouest, 3 a 4 minutes plus ouest que sa position sur le plan. Cette difference est la nieme que celle que nous avons trouvee entre la posi- tion de Barclay de Tolly et nos observations. Nousfimes route au sud-ouest quart ouest du conipas, et nous eumes connaissance de Otabiti le lendemain a une heure de I'apres-midi. Nous gouvernames a passer au nord de cette ile j le soir, tard, nous vimes la pointe Venus, et tinmes en travers a petite distance de la cote, pour attendre lejour, ne pouvant entrerde nuit dans le port de Pepeeti, qui est forme par un recif de corail. La latitude de ce port est de ly" 3i' sud, et il git dans le sud 5y° ouest du compas de la pointe Venus. Variation observee par azimut, ^''So' nord-est. L'ile nouvelle que nous avons vue, n'etant portee sur aucune carte, peut ne pas etre connue en Europe. D'a- pres ce que j'ai su a Otabiti, les Indiens, qui en ont eu connaissance en y faisant la pecbe de la nacre, la nom- ment Raraka. Nota. Pour faire connaitre avec plus d'exaclitude la position de la nouvelle He decouverte par le capitaine Ireland, nous donnons ici la copie dune portion de la carte des ilesPomotou, dressee en 1824 par le capitaine Duperrey. Nous y avons trace la route de V Adhemar d'apres un caique du plan de larcbipel des lies Basses, ( loo ) public par Anuwsinilh eii 1826, el sur lequel le capi- taine Ireland avail marque sa route. Nous y avons ajoute aussi les routes de Billinsshauson en 1820 el de Kotze- hue en. 1824, ainsi que I'ile Carlshotf telle quelle etait placee sur le caique du plan d'Arrowsraith, et comme le capitaine Ireland I'a vue. Krusenstern et Duperrey sup- posent que I'lle appelee Carlshoff par Roggewein, et si- Uiee, suivant ce navigatcur, a 12 lieues d'Alleniagne, dans Test des lies Pernicieuses , est la meme que celle qui a ete vue en 1824 par Rotzebue, par 15" 27' sudet 145" 3i' de longitude ouest de Greenwich. Cependant I'lle nommee par M. Duperrey lie Kotzebue, et qui se trouve dans cette position , ne peut pas avoir ete apercue ^SLYVAdhemar, qui en est passe a 4onjilles au moins. II est done probable que I'lle vue par le capitaine Ireland, et nommee pai- lui Carlshoff, est differente delile nom- mee Kotzebue sur la carte des lies Pomotou. Les rapports suiuans out ete Jails le -lo juillet dernier an coinmissaire de marine de Bayomie par deux capi- taines , sur un phenomene quih out ohserue en mer le zgjuin. LeBret, capitaine du brick I' Union, declare que le 29 juin i832 , a 1 1 heures du soir, etant a 2 lieues dans lesuddu feu de Saint-xMathieu, une chose assez surpre- nante lui a apparu , quand tout-a coup il lui a semble etre enveloppe dans un gouffre de feu qui lui semblait etre de toutes couleurs. Cette apparition a dure a-peu- pres 2 minutes, (ju il croyail son navire lout en feu. II y avail aussi une fumee Ires noire, qui avail une niau- vaise odeur. S on .\ minutes apres , il lui a semble que Ton faisait sui hii uiie decliarge de coups de canons. ( lOI ) . A cette epoque, le vent etait a lest, le ciel etoile, beau temps , faible brise. Bayonne, le 20 juillet i832. Signe Le Bret. Constant Legrantl , capitaine de la gofelette le Henry - Zoi«>, declare que, le 29 juin i832, etant par 49" 10' de latitude nord, et par 5''45' de longitude ouest, les vents al'^st, faible brise, beau temps, le ciel serein et etoile, les hommes qui etaient de quart sur le pont m'ont dit avoir vu comme un ballon de feu qui a tombe dans la mer, dans la partie du sud-ouest , et qui a laisse une clarte dont le navire semblait tout en feu pendant I'es- pace de 2 minutes. Bayonne, le aojiiillet iSSa. Signe Leguand. QUESTIONS GEOGRAPniQUES. Empire de Marok. Un consul general etranger, niembre de laSocietede Geographie, avait demande que des instructions lui fus- sent soumises dans le but de dirigerses recbercbes pour I'eclaircissement des difficultes ou des incertitudes qui forment, quant aux points places sur sa route vers Ma- rok, \e desiderata de la science. M. d'Avezac, invite par la Commission centrale a pre- parer, sous un bref delai , nne serie de questions appii- cables a la contree que M. Carr allait traverser, remit a la Societe, dans sa seance du 4 M'ti dernier, le memo- randum somniaire que voici : « Quel est le nom propre du rulsseau de Fes? Est-il encore appele Oivdd-nl-Mnfrnusyn ? Lo nom de Uesahne ( »02 ) on Resnline, inscrit sur quelques cartes, n*est-il pas vine simple corruption de lindication Ros-al-mda ou Rds-al- arii? '■ Existe-t-il une ville nommee Tafilelt? ou bien Tafi- lelt es»-il seulcment un canton , et dans cecas quel est le nom propre du chef-lieu? « Quelle est la position ou se trouve I'emplacement de I'ancienne Scgclmesd relativement a la ville actuelle de TdjUell? "Recueillir des itinerairesdetailles de toutes les routes qui coupent le grand Atlas, specialement de Fcs^Marok «t Tavouddiit ., a Tdfdclt^ a Dara^ali, a Tatta ; deMarok aux sources de Molouyah et aux villages Jqssdby-al- scherfd; de Tarouddnt a Noiin^ et de ^'oun vers Test et vers le sud. "Tousles itineraires allant au pays de Towa^ seront precieux, de meme que ceux allant a Ouarqdlah et a Tahort. « Multiplier le plus possible les lignes itineraires, de maniere a former une sorte de reseau de triangulation. « Recueillir des indications sur le cours du ruisseau appele Gighou , sur la route de Fes a Tdfdelt; sur le couis general de la riviere de Daranh, de cellede Tdfdclt ^ de celle de Noun; eclaircir la question de leurs communi- cations nuituelles. n Recueillir des notions precises sur la consistance et la situation actuelles de I'etat de Sidy Heschaiii Elm Ahhmed Ebn Mousay ^ chef repute independant dune partie de la province de Sous-al-aqssay. « Recueillir des renseignemens sur le nom veritable et la genealogie generale des tribus qui habitent Noun et le pays voisin au sud, notamment sur les Moslemyn (ou ( io3 ) Mosaylamyn :') ^ les gens de Diknah (ou TtJcnahP), et ceux de Modjat. « Quel est le noni general et quels sont les noms par- ticuliers des Iribus qui occupent I'oasis de ToiidtP « Tine tribu du nom de Labos existe-t-elle dans le Sdhhel ou le Qehlah? ou bien n'est-ce qu'un nom cor- rorapu ou defigure, et dans ce cas quel est le nom ve- ritable ? « Avoir, autant que possible, le soin de faire ecrire tous les noms propres en caracteres arabes,pardes per- sonnes instruites, et en determiner la prononciation exacte en employant, comparativement pour cliaque nom, les orlhographes anglaise, francaise, allemande, espagnole et italienne. « Recueillir, autant que possible, les itineraires en heures de marche, avec indication approximative des directions de chaque marche; les compter au moins en quarts de journee d'apres la division qui resulle de la serie des prieres legales. » Paris, 4 mai i832. *A * Afrique incridionale. La Societe des Missions evangeliques de Paris a fait remettre a la Societe de Geographic une collection de cahiers du Journal quelle public mensuellement : notre Bulletin a deja cmprunte a cet interessant recueil la re- lation du voyage du frereBolland au pays des Baharutzi, dans I'Afrique meridionale. Le president de la Socie'te evangelique, en nous en- voyant de nouveaux cahiers, a demande a la Societe de Geographic des instructions propres a dinger, dans I'in- leret de la science, les observations des missionnaires ( io4 ) ju milieu cles contrees oil lescomluil hi feiveurde leur zele. II sera, en ettet, eminernment mile pour I'avancement de nos connaissances geographiques surces regions pres- que inconnues, que cesvoyageursintrepides,tout en ac- complissant leur apostolat, reunissent, dans un ordre nietliodique et continu, les lumieres que leur fournissent leurs propres excursions et les recits des indigenes siir la position relative des lieux, sur leurs distances mu- tuelles, sur les nonis, la situation, la puissance, lethno- logie des etats voisins, en etendant aussi loin que possi- ble la liniite ties informations a recueillir a cet es^rd de la bouche des indigenes. Una instruction generale, redigee de maniere a offnr 'aux missionnaires evangeliques dans le sud de I'Afrique, tin guide constant, une sorte de nianuel ou se trouve- raient methodiquenient classees les questions de divers ordres auxquelles leur position les met a portee de re- pondre, serait un travail dun grand interet. Si nos souvenirs sont exacts, un travail decette nature :a ete prepare, il y a plusieurs annees, sur un patron ge- neralement applicable a tous les voyages a I'etrangcr, par notre collegue etami M.Guillaume Barbie du Bocage, oonservateur du depot geograpliique des Affaires Etran- geres. Nous pensons qu'aucun document nieilleur en ce genre ne pourrait etre recommande auzele obligeantde la Societe des Missions evangeliques de Paris. Quant a present, et dans I'espoir que le travail que nous venous de citer recevra dans notre Bulletin une publicite que reclame I'interet de la science, nous nous bornerons a i-eunir ici en deux preceptes generaux tons les conseils a adresser aux missionnaires evangeliques de I'Afrique australc pour rendre profitables a la geogra- ( lo^ ) phie les excursions ol les residences qui resultent de leurs travaux apostoliques : 1° Relever, dans chaque voyage, les distances conse- cutives des diverses stations, soit en heures de marche, soit en toute autre mesure connue ou appreciable, avec la direction de chaque marche d'apres la boussole, ou meme d'apres le soleil et les etoiles, a defaut de bous- sole , et marquer exactenient le nom indigene de chaque station. Ces conditions setrouvent reinplies dans le jour- nal du voyage du frere Rolland chez les Bahaiutzi. 2° Interroger les indigenes , dans chaque residence , sur les pays qui se trouvent au nord, a lest, a rouest,au sud, ou dans les directions intermediaires ; sur la dis- tance de ces pays a I'egard d'un point connu, sur leur etendue, sur leur puissance, sur leurs relations politi- ques ou commerciales , sur les autres pays ou peuples qui sontau-dela, et ainsi de suite jusqu'aux contrees les plus eloignees dont les indigenes aient connaissance. C'est dans cette nature d investigations que Bowdicli et Lyon out su trouver des notions geographiques dun grand interet. Paris, 6 aout i832. Details de V accident arrive sur les Alpes a M. le colonel Buchwalder. Le 5 juillet, M. Buchwalder, lieutenant- colonel du genie federal , et un nomnie Gobat, qui I'aidait dans ses operations trigonometriques ,etaienl au sommct du Sen- tis, canton dAppenzel, lorsqu'a six heures du matin eclata un orage epouvantable, accompagne de pluie et ( >o6) tie grele. Un venl impetueux versaitsur eux des torrens d'eau; on entendait des mngissemens, des craquemens, qui semhlaient annoncer que la niontagne allait s'ecrou- ler. lis etaient refugies sous leur tente, lorsqu'a dix heu- res et un quart la foudre edata sur leur abri, tua Gobat, et paralysa presque la jarnbe gauche du colonel. M. Buchwalder resta sans eprouver aucun sentiment de vie pendant trnis quarts d'heure. Enfin il relK^chit quelesdouleurseruelles quil eprouvait occasion neraient une telle enflure quil ne pourrait plus se niouvoir, et quil perirait faute de tout secours ; il elait a deux lieues des chalets les plus rapproches. Abandonnant a regret son compagnon , pour lequel il ne pouvait absolument rien faire, apres I'avoir toutefois recouvert de toutes ses pelisses et couvertures, et avoir assujeti la tente avec de grosses pierres, le colonel se mit en marche au mi- lieu de I'ouragan qui perseverait dans sa violence et I'enipechait de reconnaitre aucune route. II descendit par les plus horribles precipices, pouvant a peine se soutenir sur ses jambes, et atteignit les chalets a deux heures et deniie. De la il envoya des secours au nial- heureux Gobat, qui etait reste mort sur le coup, et qu'on apporta a neuf heures du soir. M. Buchwalder ful transporte a Saint-Jean (Toggenbourg), d'ouil adonne de ses nouvelles le 6 juillet. Elles sont heureusement rassurantes. [Le Temps.) ( I07 ) FRAGMENT INEDIT SUR LA VILLE DE SMYRNE. Suite etfin. (i) En 14245 ^^ sultan Amurat II chassa Kineit et nomma a sa place, pour gouverner Smyrne, un de ses favoris dont le nom n'est pas parvenu jusqu'a nous. Ce fut a ce meme Amurat 11 que Smyrne dut le privilege de battre monnaie au nom du sultan, privilege qui par la suite fut aussi accorde a I'Egypte et a Andrinople. Quelques annees plus tard, les Turcs releverent plu- sieurs des edifices detruits par Tamerlan, entre autres le fort Saint-Pierre qu'onvoit encore aujourd'hui.L'autre fort, designe sous le nom de chateau de mer, et situe a I'entree du golfe pres les Fourmis, vis-a-vis I'embou- chure de I'Hermus ou Ghedisi, fut construiten i656, pour servir de defense a la ville apres la destruction de la flotte ottomane, dans I'Hellespont, par lesVenitiens. Ce chateau se nomme en turc Sandjack-Boumou , Bout de Pavilion, peut-etre a cause du pavilion que lesTurcs ont Thabitude d'y faire Hotter. Depuis le regnedu sultan Amurat, Smyrne a toujours demeure au pouvoir des Turcs , sans que sa possession ait ete disputee par aucune puissance. Cependant, en 1694? Is sultan Ahmet II occupant le trone, les Veni- tiens deja maitres de Scio et de plusieurs autres lies de I'Archipel, se presenterent avec une flotte formidable devant Smyrne, et se preparerent a I'assieger; mais les consuls des puissances europeennes residant dans cette ville, et surtout ceux de France, d'Angleterre et de (i) Voyez le n" i ro du Bulletin. 8. ( ^o8 ) Hollande, parvinrent a detourner ce inalheiir, eii allant eux-niemes conjurer 1 amiral venitien de changer de re- solution, et en lui f'aisant observer qu'une pareille ten- tative aurait pour resultat imniediat d'irriter les Turcs centre les negocians europeens et la population Iranque •de la ville,et de causer la ruine, peut-etre menie la n»ort dun grand nombre d individus. Cette consideration, et vraisemblablement aussi la crainte d'encourir 1 indigna- tion des cours de I'Europe, deciderent I'amiral venitien a renoncer a son premier dessein , et il repartit sans avoir tire un seul coup de canon. Depuis lors, Srayrne n'a ja- mais ete menacee par aucune force etrangere , et a joui d'une longue paix, obscurcie seulement par quelques legers troubles interieurs, tels que I'inutile levee de bou- cliers que fit, en 1736, le rebelle Saribeoglou, et par I'emeute populaire du 4 mars 1797, emeute accompa- gnee dun incendie qui detruisit de fond en comble le quartier franc. Smyrne se ressentit long-temps des niaux de toute espece qui n'avaient cesse de I'accabler. Les guerres, les tremblemens de terre, la paix, I'csclavage, bouleverse- rent cette belle cite, la rendirent mecot^naissable , en firent lombre de ce quelle avait ete. Tous ses anciens monumens ont disparu ; a peine si Ton decouvre les lieux oil ils existerent jadis. Le terrible tremblement de terre de 1688 renversa plusieurs beaux edifices, entre autres les depots des archives et des registres publics des Europeens et desGrecs, situes sur le bord de la nier. En 1778, de violentes secousses de tremblement de terre se firent sentir a Smyrne, et elles furent suivies d'un ef- froyable incendie qui la devora presque entierement. Nous ferons remarquer ici que tous les tremblemens de terre momorablesqui, a huit reprises differentes, endom- ( «".9 ^ niageient ou renveiserent cette ville, euient tous lieu dans ie moisdejuin. De toutes les antiquites qui firent ladmiration dessie cles passes , Smyrne ne possede plus que la citadelle ba- tie par le due Jean, et qui occupe sur le sommet du Pagus la place de I'ancienne Acropolis, ou temple dedie a Jupiter-Acree. On y voit encore, au-dessus de la porte occidentale, en entrant a droite, le buste de I'aniazone Smyrna, selon plusieurs archeologues, et d'Apollon se- lon quelques autres. Sur le beau portique du nord , on distingue encore deux aigles et des vestiges iliisibles d'une inscription en I'honneur du due Jean et de son epouse. Dans I'enceinte de 1' Acropolis, il existe une eglise qui fut, a ce qu'on croit, dediee aux saints apo- tres, et qui nest plus aujourd hui qu'une mosquee de- serte; enfin on trouve aupres de ce petit temple un an- cien et vaste reservoir souterrain, reposant sur six grandes arcades dans sa longueur et sur cinq dans sa largeur. Ce reservoir etait destine, selon toute probabi- lite, a conserver une certaine quantite d'eau pour I'usage des troupes qui defendaient la citadelle. En descendant de I'Acropolis par la porte occidentale, en face de la mer, on arrive pres des restes d'un magni- fique amphitheatre, appuye dun cote sur les flancs du Pagus, et de I'autre sur d'inunenses arcades dont on distingue encore parfaitement loutes les lignes. C'eslsur cet amphitheatre, lieu du niartyre et du tombeau de Saint-Polycarpe, que repose en grande partie I'eglise de- diee a ce saint, eglise transformee plus tard en mosquee, et abandonnee maintenant. Du cote de la porte septen- trionale de I'Acropolis, vis-a-vis le golfe, on decouvre les traces, tres bien infliquees, de I'ancien theatre, et plus ])as une miserable muraillc que les autorites de ( '^o ) Smyrne avaient fait cnnstruire pour defendre cetteville centre les attaques du rebelle Saribeoglou. Dans I'endroitde la ville appele par les TurcsNamaz- irhiahassi a cause des nonibreux sepulcres dont il est en- ■vironne, sont amonceles les debris d'un ancien temple. Divers fragmens de marbre d'un assez bon travail, et cinq haules colonnes encore debout, attestent la magni- ficence de cet antique monument qu'on pri-sumc avec vraiseniblance avoir ete I'eglise dc Saint-Jean-Theologue. A Epanomakala ^ haut quartier babite par les Grecs, vers I'endroit appele Croufc Pa«fljn(Notre-Dame cachce), il existe un immense conduit souterrain qui communi- quait jadis avec les arcades qu'on rencontre surla route de Boudgia , lesquelles soutenaient un ancien aqueduc. Tout pres des Bains de Diane , ou Chalcahounar^ dans la direction des raoulins, on voit une grande quantite de marbres etquelques colonnes qu'on pent juger avoir appartenus a un superbe edifice. G'est de la qua ete prise, pour etre transportee dans la mosquee de Bournabat, la belle colonne sur laquelle sont graves des vers grecs dont voici la traduction : » Je rends grSce au dieu Melfes, mon sauvcur, dont la bonte a fait cesser Tepidemie et la disette. » Le lieu de sepulture des anciens babitans de Smyrne etait derriere les murs de la ville, dans fespace appele en latin Post Miiros. En i6i5 , le voyageur Pournello de- couvrit un grand nombre d'inscriptions et de pierres tu- mulaires dans les environs du village d'Issiclar, au-dela du Meles, vers la route de Magnesie. Des restes des murs du tbeatre ot des autres antiques monumens de Smyrne, on a construit des maisons, des bains publics, des khans, entre autres Fisir-Khan, et I'ancien Bezcstein, qui en iSyS n'etait pas encore ter- ( ''^ ) mine. Chandler assure qu a ceUe epoque on voyait en- core sur I'emplacenient du Tristrato , ou Trois-Coins d'aujourdluii, des mines remarquables de raiicien gym- nase, que Strabon el Pausanias placont effectivement en cet endroit. Encore aujourd'hui, on trouve souvent, en creusant la terre pour faire de nouvelles constructions, des colonnes, des statues, des urnes, des vases, des marbres, temoins irrecusables de lanliquesplendeur de Smyrna, que Chandler atfirme avoir plus coiitribue qu'aucune autre ville grecque aenrichir les cabinets d'ar- cheologie. Aucune autie vilie en effet n'a oflert plus de monnaies, de statues, d'inscriptions que la lualheureuse Sniyrne. Malgre tous ses desastres, Smyrne a cependant com- mence a fleurir de nouveau. Un pen plus dun siecle avant 1 epoque actuelle, en lyiyjTournefort y comptait i5,ooo habitans Ottomans, 10,000 Grecs, 1800 Juifs , 200 Armeniens et autant dEuropeetis. De nos jours, le nombrede ses habitans s'eleve a i5i),ooo ,dont pres des deux cinquienies S(jnt des Grecs. La beaute du ciel, la douceur du climat de I'lonie, I'abondance et la variete desaUmens, la liberte des ceremonies reli^ieuses, ranie- nite des moeurs, et entin un grand commerce, contri- buerent puissamment a augmentcr la population de Smyrne et a donner une nouveile elendue a I'industrie. On y compte aujourd'hui quatre-vingt-quinze corps de metiers, qui pour la plupart sontexerces par des Grecs. La moderne Smyrne a la t'oime dune ellipse compri- mee d'un cote par le golt'e et de I'autre par lirregularite des snmmets du Pagus. Vers sa partie occidentale sont lescimetieresjuit's, et plus loin des coliiues cultivablcs, orneesdejoUes maisonsde campagne. En avancaMt,danv la meme direction, jusqu'a la distance de cinq milles, on ( !'=» ) arrive aux celebres bains d'Agaiuemnoii, si Irequentes jadis par les Smyrneens. lis sont situes pres les ruines dun ancien temple d'Apollon. Smyrna n'est eloignee d'Ephese que de douze lleues de France. Alexandre-le-Grand, voulant taciliter les com- munications entre ces deux villes, qu'il appelait lesjeux de VAsie^ ordonna que I'isthme du Chersonese, qui se- pare leurs golfes, tutcreusee; mais les ouvriers charges de cet immense travail ayant rencontre de grands obsta- cles, surtout dans les endroits pierreux, durent I'aban- donner. On voit encore dans les champs pres du chemin de Yourla, autrefois Daphnos, ou selon d'autres Chi- tryum, les excavations commencees pour operer la jonc- lion des eaux des deux golfes. C'est du cote du nord-est qu est le mont Sipylus, d'ou I'ancienne Smyrne etait appelee Sipyline, nom qu'on donnait aussi a la Cybele honoree par les Smyrneens et les habitans de Magnesie. On lit sur le deuxieme marbre de Paros un traite pjisse enlre les citoyens de Smyrne et de Magnesie, contenant ce serment : « Je jure par Jupi- ter, par la Terre, Mars, Bellone, Tauropole et par la mer Sipyline y>. C'est en I'honneur de cette deesse que les Smyrneens avaient frappe une monnaie representant d'un cote une tete de femme surmontee d'une tour,avec I'inscription grecque Sipyline, et sur le revers , I'image 'd'un lion portant un tambour, avec les mots des Smyr- neens ; ces attributs sont ceux de la mere des dieux. Smyrne est gouvernee par un Kodjiakian ou gouver- neur, et par nn Jyan Bachi. Les quatre nations otto- mane, juive, armenienne et grecque, ont chacune leurs communautes particulieres, et toutes ensemble une as- sociation appelee Kazan , par I'entremise de laquelle clles paientau prorata les taxes imposees par legouvernement. La commuuaute giecque estcomposee de cinq denioge- rontes et de Kara Bounar .... 8 Gurun 8 35 lieues. :8 Ii3 li ( i38 ) Regit d'une navigation dans les cnu.x de In Colombie et d'lin sejoiir de six annees sur le versant occidental des montngnes Rocheiises, au milieu de tribus indicnncs inconnues jusqua cejour, avec des details sur un voyage a tracers le continent americain; par Ross Cox. — 2 vol. in-S". Londres, i83i. (i) En vertu dune charte donnee en 1670 par Charles II, la compagnie de la baie d'Hudson eut le privilege ex- clusif d'etablir des comptoirs dans cette baie et ses at- fluens. En 1770, Hearne fut charge d'exploier I'inte- rieur du pays baigne par I'ocean Arctique ; niais avant cette epoque, des marchands canadiens avaient penetre bien au-dela du lac superieur et forme divei's etabhsse- mens , tels que le fort Dauphin , le fort Bourbon , etc. La conquete du Canada ouvrit a la compagnie de la baie d'Hudson ce debouche, qui fut ensuite monopolise par la compagnie Nord-Ouest du Canada, composee de mar- chands anglais et canadiens, qui, a I'aide des conduc- teurs de canots francais etablis dans lepays, acquirent une grande influence sur les tribus indiennes, et ren- verserent tous les projets des agens de I'autre compagnie. Les directeurs de cette derniere, dans le but d'arreter les progres de leurs rivaux, i-eclamerent le droit exclusif de trafiquer non-seulement sur la liviere anglaise et ses tributaires, mais aussi sur la Saskatshawan , la riviere (i) AdverJuies on the Citliimbia river, including the narrative of a resi- dence of six years on the western side oftheRockj mountains among va- rious tribes of Indians hitherto unknown; together with a journer across the American continent, bj Hoss Cox. — 2 voi. iii-8". London, i83i. ( x39 ) Rouge et tons les affliiens du grand lac Winepic, doiit les eaux se dechargent dans la bale d'Hudson par les ri- vieres Nelson et Severn. La compagnie Nord-ouest, sans egard pour cette pretention , eleva de nombreux comptoirs, a Athabasca, sur la riviere de la Paix , les Grands-Lacs, dans la Nouvelle-Caledonie, et sur la Co- lumbia, au moyen desquels ils devinrent maitres de I'in- terieur du pays, dans une etendue de pres de deux mille milles. Vers ce temps, John Jacob Astor, negociantde New- York , invita la con?pagnie Nord-ouest a s'unir a lui pour creer un etablissement sur la Columbia, mais cette pro- position fut rejetee. En 1809, il forma une societe sous la nom de compagnie ties fourrures de V ocean Pacifique ( Pacific fur company)^ dont il fut le directeur en chef, et a laquelle vinrent se joindre plusieurs membres de la compagnie Nord Quest. De ce nombre fut M.Alexandre Kay, qui avait accompagne sir Alexandre Mackenzie dans son voyage a travers le continent jusqu'a locean Pacifique. Le Tonquin, arme par cette societe , fit voile, le 6 sep- tembre 1810, de New-York pour la riviere Columbia, avec une cargaison pour les Indes et la Chine , et ayant a bord quatre societaires, neuf commis et plusieurs me- caniciens et voyageurs. Vers le meme temps, une expe- dition composee de MM. Hunt et Mackenzie, interesses dans ce commerce, de trois commis et de soixante-dix autres persounes , s'avancait par terre de Saint-Louis sur le Missouri a la riviere Columbia par la route de Lewis et Clarke. L'annee suivante , le Beaver de quatre cent quatre- vingls tonneaux , mit en mer pour la meme destination , ( '4o ) avec un societaire, six commis , I'aiiteur de cet ouvragc, et un certain nombre d'artisans et de voyageurs. Les trois premiers chapilres ( de cinquante pages) tra- cent la route de ce navire autour du cap Horn, des iles Falkland, Juan-Fernandez, Massatuero et Sandwich, dont i! serait hors de siijet de s'occuper ici. Le Tonquin, dont il est question ci-desstis, avait fait voile de la Columbia le 5 juin 1811, et s'etait avance vers le nord jusqu'a la riviere de Cook. M. M' Kay, qui etaitabord de ce navire, etait nialheureusement en di- vergence d'opinions avec le capitaine Thorn. Le pre- mier avait avec lui un interprele parfaitement verse dans tous les dialectes des habitans de la cote, qui fit le recit suivant de la destruction de ce batiment et de son equi- page. Le commandant, capitaineThorn, avait jete I'ancre vis-a-vis un gros village nomme New-Whitty\ dans le voisinage de Nootka , ou il fut parfaitement recu, et dont les naturels apporterent au navire quantite de fourrures; mais I'un des principaux d'entre eux ayant ete surpris au moment ou il commettait un larcin , fut battu par le capitaine. En consequence, un complot fut trame pour s'emparer du batiment et le detruire. Les Indiens vinrent dans de grands canots offrir leurs fourrures, et furent recus a bord. Le capitaine, soupconnant quelque trahi- son, les pressait de se retirer , quand, a un signal donne par I'un des chefs , ces sauvages se precipiterent sur les gens de lequipage avec des cris affreux , et les massa- crerent a coups de sabre, de couteaux et de batons; irois matelots seulement reussireiit a gagner la cabine, ou ils se barricaderent , et les Indiens, sachant qu'ils otaient maitres d'un grand nombre d'armes a feu, con- sentirent a les laisser partir sur une chaloupe. Ces trois liommes y descendirent par Tune des fenetres de la ca- ( i4i ) bine, et gagnerent I'entree c!e la baie; niais avant lenr depart ils avaient attache urienieche an niagasin a pou- dre, qui fit explosion au moment ou les Indiens y pene- traient, en fit sauter plus de deux cents et en blessa grievement un pareil nombie. Malheureusement, I'etat du vent et la maree ne permirent pas aux trois marins de gagner la pleine mer, et les contraignirenl a se refugier dans une petite crique, ou ils furent decouverts et tues par les sauvages. FORT ASTORIA. L'etablissement de la conipagnie sur le tleuve Co- lumbia renf'erniait cinq proprietaires , neuf commis et quatre-vingt-dix artisans et conducteurs de canots. Tonquin y avail amene trente-six individus, panni les- <|uels plusieurs natifs des iles Sandwich : total cent qua- rante homnies. Le 12 avril, on choisit un lieu convenable pour batir un fort, a Point-George^ sur le bord meridional du fleuve,et a douze milles du cap. En nieme temps, Ion s'occupa de la construction dune goelettede trente ton- neaux, dont la carcasse avail ete anienee de New-York. En juillet, M. David Thompson, astrononie de la compagnie Nord-Ouest , arriva avec neuf hommes a As- toria, accompagne de M. David Stuart, de trois clercs et d'un parti de Canadiens. Stuart avail decouverl un lieu propre a faire un port commercial a environ sept cent milles en haul de la Columbia, a I'embouchured'une riviere appelee Oakinagan, pres d'une tribu amie , et ou se trouvaient des castors en abondance. Le i8 Janvier 1812, deux canots arriverent de I'inte- rieur, ayant a bord MM. Donald Mac-Kenzie, Mac- II ( M^ ) Lollan et Read, un proprietaire, un clercel dix hommes, Ainsi qu'on la (lit plus haut , its avaient quitte Saint- Louis en aout i8io, et avaient passe I'hiverde la memo annee dans un lieu appele Nadwaii^ sur les bords du Missouri, ou ilsfurent rejoints parM. M*" Lellan, Crooks et Miller, tons trois Americains, voyageant pour le compte de M. Astor. Au printemps de i8n, il remori- terent le Missouri, dans deux grandes barques, jusqu'aii territoire des Arkansaw , ou ils firent rencontre d'un commercant espagnol qui acheta leurs chaloupes et une grande partie de leurs marchandises. Ayant fait I'acquisition de cent trente chevaux, ilsse remirent en route au commencement d aout pour fran- chir les montagnes Rocheusesj et afin d'eviter une peu- plade d'Indiens tres hostile aux blancs, ils s'avancerent jusqu'au 4o* degre de latitude meridionale , se dirigeant ensuiteverslenord-ouest. L'expedition arrivaaun ancien port marchand sur une petite riviere qu'on esperait de- voir conduire dans la Columbia, et des canots furent construits pour la descendre. Cependant M. Miller re- fusadaller plus loin, et retourna aux Etats-Unis, escorte de quelques hommes. Le reste de l'expedition , compre- nant environ soixante individus, s'embarqua; mais ayant perdu un homme et une partie des bagages, a cause de la grande rapidite du courant, on resolut de prendre terra et de continuer en cotoyant les deux rives. En consequence, on se divisa en quatre detachomens, qui marcherent trois semaines le long de rochers treseleves qui bordaient ce torrent. Ceux qui suivaient le cote gauche eurent bientot opuise leurs provisions, et se virent reduits au cuir de leurs chaussures; a peine s'ils pouvaient descendre la pcnte rapide qui conduisait a I'eau , pour etancher leur soif. Les gens qui etaient sur ( i43 ) la rive droite eprouverent des souffrances moins vives , ayant trouve a se soutenir avec quelques chevaux ap- partenant a des Indiens quiavaient fui a leur approche. Les Canadiens nommerent cette riviere la mnudite ri- viere enragee. Apres une separation de plusieurs jours, les voyageurs se retrouverent en vue les uns desautres; et au moyen d'un canot faitdela peau dun cheval, M. Hunt fit passer quelque nourriture a ses amis affames. Ces derniers es- peraientse servir de cette frele embarcation pour gagner un a un, I'autre rive, mais le premier qui s'y aventura perdit la vie; on fut done oblige de poursuivre sa route chacun de son cute. Les gens deM. Mac-Kenzie rencon- trerent une riviere considerable, qui fut ensuite recon- nue pour celle de Lewis, et ou des Indiens amis leur ven- dirent quelques chevaux. U se trouva aussi parmi cette tribu un vieillard blanc, dans un etat d'alienation men- tale, mais qui lui laissait quelques momens lucides ; dans I'un de ces intervalles, il de'clara que son nom etait Ar- chibald Petton ,• qu'il etait natif de Connecticut; qu 'ayant remonte le Missouri avec M. Henri , negociant ameri- cain, qui avait forme un etablissement dans la partie superieure de la riviere Mad; ils furent attaques (il y avait a-peu-pres trois ans) par les sauvages, qui massa- crerent tout leur monde et que lui seul echappa a ce carnage. M. Mac-Kenzie I'invita a se joindre a lui. Parvenu a la jonction de la riviere Lewis avec la Co- lumbia, il echangea , avec les natifs, quelques chevaux pour des canots, eS arriva a Astoria le i8 Janvier 1812. M. Hunt ne touclia celte place que le iS fevrier suivant; apres sa separation de I'autre parti, il avait sejourne pendant dix jours chez une peuplade hospital iere pour faire reposer son monde. M. Hunt avait laisseM. Crooks II. ( ^44 ) et cinq hoiuiiies , incapables de continuer le voyage , an milieu de ces Indians qui proniirent de les hien trailer et deles rcmettre dans leur bon cheniin; mais apres le de- part de I'expedition, ces sauvages (qu'on croit etre line brancliede la nation SnalLe)\es depouillerent tolalement et neleur laisserent a cliacun (ju'une mauvaise chemise pour se couvrir. lis arriverent dans cet etat a Astoria. En juin i8i3, seize agens de la compagnie Nord- Ouest debarquerent a Astoria, etapporterent la nouvelio de la guerre qui venait d'eclater entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, par suite de laquelle cet etablisse- nient etait cede a la compagnie Nord-Ouest, sous la condition de prendre les fourrures, marchandises et provisions a une certaine evaluation , et de transporter aux Etats-Unis, soit par mer, soit par terre, ceux des citoyens qui voudraient y retourner. Le 5 juillet, MM. Ross-Cox et la Rocque monterent dans deux canots, accompagnes de seize hommes, pour faire connaitre cette cession a Oakinagan et a Spokan , et se rendre ensuite, en traversant les montagnes Ro- cheuses, au fort Williams, entrepot general a la tete du lac superieur. Apres une navigation penible etennuyeuse de deux mois , en luttant contre le courant, les voya- geurs atteignirent Tune des sources de la Columbia. lis y furent rencontres par trois associes de la compagnie Nord-Ouest, escortes devingt hommes, qui se rendaient a Astoria, munis de pleins pouvoirs pour trailer de la remise de retablissement. Les deux troupes s'otant reu- nies, entrerent a Astoria le 1 1 oclobre, apres un voyage de a3oo milles. Les proprietaires ayant resolu d'envoyer un fort parti dans I'interieur, pour etendre leurs relations conuncr- cialcs, I'auteur de cet ouvrage avec six agens de la com- I 145 ) pagnie et cinquante-cinq homines furent depeches a ce sujet. Arrives a la hauteur des rapides et du premier parlage de la Columbia, ils apercurent cinquante on soixante Indiens qui etaient postes pour disputer le pas- sage, et qui leussirent meme a s'eniparer de quelques ballots de marchandises;mais plusieurs de leurs temmes et enfians ayant ete fails piisonniers, ils consentirent a rendre ce qu'ils avaient pris et a mettre bas les armes. L'expedition continna sa route, etlorsque les provisions commencerent a s'epuiser, on acheta une vingtaine de chiens dontles Canadiens preferaienl la chair a celledu chevalj on s'en procura encore cent cinquan te autres dans divers villages, avant d'arriverala riviere Wallah-Wallab- M. Ross-Cox , accompagne de cinquante-quatre cano- tiers, futattaque, une autrefois, sur !a route d'Oakana- gan, au-dessus de I'entree de la Wallah -Wallah, par un parti de cent cinquante guerriers, tons bien amies de fusils, de tomahawks, dares et de Heches , et qui vou- laient venger la mort de deux Indiens. L'auteur et ses compagnons eussent probablenient ete battus sans I'in- tervention dun jeune chef, age de aS ans et nomme Etoiledu matin ^ qui effectua la reconciliation. Dix-neuf chevelures, qui avaient appartenu a des ennemis tues de sa main, pour venger la mort de son pere, etaient sus- pendues autour du con de son chcval de guerre; il ne lui manquaitplus qu'une tete a scalper pouratteindre le nombre vingt, qui est Tapogee de la gloire pour un guerrier. — Ces Indiens appartenaient aux tribus des Gliimnanpuni,Yacliamans, Sokulks et Wallah-Wallahs, qui parlent a-peupres la meme langue. En temps de guerre ilssereunissent centime les Shoshonnes ou Serpens. Le i''' decembre i8i3 , le capitaine Black, comman- dant le sloop de guerre le Racoon, debarqua a Astoria ( M6 ) dan's le but de detruire cet etablissement; n'ayant point connaissance de la convention conclue entrc les deux compagniesjil s'empara de la place au nom de sa niajeste britanniqueet en changea le nom en ce\uide Fort-George. Un detacliement de dix-sept homines, sous le com- mandement de deux agens de la compagie , sorlit du Fort-George avec une cargaison de marchandises pour linterieur, £ut vivement attaque par les natifs entre le premier et le deuxienie portages , et force de retrogra- der en abandonnant ses marchandises, cinquante fusils et une grande quantile de munitions; niais le tout fut ensuite ressaisi , avec I'aide de quelques chefs amis. Une colonie d'Ecossais et d'lrlandais a ete etablie sur la riviere Rouge du lac Winepic, par feu; le comte de Selkirk , dans un terrein fertile et sous un climat tem- pere. Gette place etant le grand depot de la compagnie Nord-Ouest, pour son commerce de peaux de buffle, elle s'opposa a cet etablissement; il s'ensuivit des hosti- lites qui cesserent en 1821, par I'association des deux compagnies Nord-Ouest et de la bale d'Hudson. Les preliminaires furent signes en mars de cette annee, et confirmes au fort Guillaume en juillet suivant. La compagnie a cree ujie autre factorerie sous une plus grande tchelle que celui de Fort-George , dans un site agreable, a la Pointe de Belle\>ue, au nord et a en- viron 80 railles de la bouchede la Columbia. Cette poinle avait ete ainsi nommee par le lieutenant Broughton, qui avait remonte le fleuve par ordre de Vancouver: c'est en I'honneur de ce fameux navigateur que le nouvel eta- blissement a etc appele Fort-Vancouver. RIVIKRES. La Columbia est navigable sans rapides , pendant ( M7 ) lyo miMes et pendant loo milles, pour les navires de Irois cents tonneaux. Elle a rarementmoins d'un mille de large , et dans quelques endroits elle a jusqu'a 2 et 3 milles. Ses bords sont en general escarpes et converts de bois epais de diverses sortes d'arbres, tels que le chene blanc, le frene, le bouleau, le peuplier, I'aune et I'erable. Au-dessous des rapides, la navigation est obstruee par des bancs de sable, qui sont a sec au temps des basses eaux ; dans ces endroits, les rives sont peu elevees, et oft'rent a la vue de vastes et ricbes prairies bordees de muriers et aiitres arbustes fruitiers. Au-dessus des ra- pides, se trouvent des lies dun a 3 milles de longueur, les unes convenes de bois, les autres dun riant gazon ; les canots qui naviguent trop rapidement sont en dan- ger de se briser contre des arbres (nommes chicots par les Canadiens)qui avoisinent ces ilots etqui sont caches a fleur d'eau. La longueur des premiers rapides estde 3 a 4 milles: la partie superieure est une cbute perpendiculaire de seize pieds de haut environ. Le canal n'excede pas deux cents yards (verges) (i) en largeur; au-dessus du portage le fleuvea pres d'undemi-mille, et est embarrasse par des rochers et des ilotspartiellement boises. Depuis les pre- mieres chutes jusqu'aux plus resserrees , ou les dalles (commeles appellent les Canadiens), les eaux sont pro- fondes et le courant tres rapide, avec des brisans sou- vent funestes aux canots. A partir de ce point, on ne voit plus au lieu d'arbres qu'un sol sablonneux couvert dune faible vegetation. A nii-chemin , entre les premiers rapides et Tetroit canal, s'eleve un hardi promontoire forme de rochers, (1) I. a niasurc dcla verge est (le 3 pictls anglais. ( i48 ) noircis et tres e'leves , qui s'avaiicent dans le fleuve ;t distance considerable, et qu'on a nonime le Cap-Horn. A partir des dernieres ehutes, le lit de la Columbia est resserre dans un canal etroit qui n'a guere au-delade soixante a soixante-dix verges de large, et qui n'offre qu'une continuite de gouflres et de tourbillons. Au-dela, pendant quatreoucinq milles, le fleuve coulecommeun torrent jusqu'a un point ou deux masses de rochers escarpes, qui partent de chaque rive, ne laissent plus qu'une espece de detroit de cinquante verges de large au plus; le courant s'y precipite, et pendant un denii- mille ne presente plus qu'un monceau d'ecume. Entre les premieres chutes et la riviere Levvis, il y a plusieurs rapides, mais avec de longs intervallesde cou- rans paisibles. La riviere des Canots (^CanoB'River') ^ Tune des princi- pales sources de la Columbia est situee sous leSa" 7/ 9'' do latitude nord. Dans I'ete, elle est large niais pleine d'e- cueils; des bancs de sable obstruent son entree. Dans la partie la plus unie dun plateau des montagnes Rocheuses sont situes deux petits lacs, ayant chacun cent pieds de circonference , et separes Tun de I'autre de vingt-cinq a trente pieds. Deux rivieres, qui prennent leur source dans ces lacs, vont par des directions oppo- sees se pcrdre dans deux oceans differens. La premiere est un affluent de la Columbia qui se jelte dans la nier Pacifique septentrionale ; Tautre , appelee Rocky-Moun- tain-Rii>er, est un aiflucnt de \ Alhahasca , qui, apres avoir fait sa joncti<.>n avec Wnjiga^ow riviere de la Paix, coule dans le grand lac des Esclaves {Great-Slca'c-Lake^ lequel, par la riviere Mac-Kenzie, epancheses eaux dans lot can Arctique. Y! Athabasca ^ a sa joiitlion avec la Rocky-Muuntacn., ( i49) a une largeur de quatre cents verges environ ; son cou- rant est rapide et franchit souvent ses limites naturelles. A I'endroit nomnie Rocky- Mountain-Home , par le 53" i8' 4o" de latitude nord, sent deux lacs ayant environ trois milles de long et deux milles de large , formes par les inondations de cette riviere. La distance par terre de la Columbia a Rocky-Moun- tain-House est estimeeetre de quatre-vingt-cinq a quatre- vingt-dix milles ou a dix jours de marclie. Cette maison est situee pres dun ruisseau connu sous le nom de Ri- i'lere du Volcan , quelques chasseurs ayant affirme avoir vu un volcan pres sa source. L'auteur de cette relation descendit rAtliabasca, qui arrose de riches paturages et un pays bien boise, sans rencontrer de chutes ni de rapides. A cent vingt milles, au-dessus de sa jonction avec la riviere de V Elan [Elk- River)^ la navigation est facile et le pays environnant est riche et fertile, ha Flat-Head-River(Riviere Tete-Plate\ sortdesmon- tagnes Ilocheuses, arrose les terres des Iiidiensdumeme nom, ainsi que celles Aes Pointed-Heart , Spokansetdes Chaudieres , et joint la Columbia a neuf cent milles de son embouchure. Sa direction est generalement a Touest. Quand I'expedition la traversa elle avait quatre cents verges de largeur et un courant paisible, qui devint plus rapide par les froids qui survinrent et la neige qui tomba sans discontinuer pendant quatorze jours. Les bords en sont tres escarpes. La Wallamat ou Mulfnomak fait sa jonction a environ cent milles de la mer. Son cours qui se dirige generale- ment vers Test, traverse un pays uni et convert de fo- rets, dans une longueur de plus de soixante milles, et jusqu'a une chute considerable qui intercepte la navi- ( .5o ) gation. Au-dessus de cette chute, le canal de la riviere so resserre, et ses Lords deviennent plus eleves et moins bois^s. La Coweliskee entre dans la Columbia , a environ demi-jour de marche plus bas que le contluent de la Wallamat. Elle vient du nord et son courant est enibar- rasse par des rapides. Ses rives sont liautes et couvertes d'arbres epais. La Wallah - Wallah , qui se jette dans la Columbia % environ quatorze milles au-dessous de la riviere Louis y est presque un torrent de quarante-cinq verges de large et de plus de six pieds de profondeur. Ses eaux trans- parentes coulent sur un lit de sable et gravier. On sup- pose quelle prend sa source dans une chaine de hautes montagnes qui se dessinent sur Ihorizon a une tres grande distance , dans la direction du sud-est. Les Cana- diens les appellent montagnes Bleues a cause de leur couleur. La riviere Louis a plus de six cents verges de large a son confluent avec la Columbia; son courant est rapide et ses eaux profondes , blanchatres et legerement topi- quesjcelles de la Columbia sont transparentesetfroides; a sa jonction avec la riviere Louis, ce fleuve a mille verges de largeur. Le pays environnant est riant et 3greable. GRAND RAVIN. A environ quarante milles au-dessus de la riviere Louis, pres I'endroit nomme Spokan-House , notre au- teur traversa un ravin d'environ quatre-vingt milles de longueur et qu'on croit avoir ete autrefois un bras de la Columbia. II est borde de rocbers et de precipices. Le tend est un terrein solide ct blanchatre coupe de petits ( x5i ) lacs et de rochers isoles, qui ont plus d'un quart de mille de circonference , et dans les flancs desquels sont de petites cavites horizontales qui indiquent I'aclion de I'eau. MONTAGNES. Le plateau des montagnes Rocheuses est a environ onze mille pieds au-dessus du niveau de la mer; leur base a environ huit mille pieds au-dessus de celui de I'ocean Pacifique. Du niveau de la riviere des Canots jusqu'a la partie unie deS montagnes de sable, on compte trois mille pieds ; des sonimets beaucoup plus eleves sont couverts de neiges et de glaces eternelles. CLIMAT. Depuis I'embouchure de la Columbia jusqu'aux chu- tes, leclimat estdouxj le mercure descend rarement au- dessous de zero et ne monte jamais au-dessus de 80° (Fahr.) ("2.6° 66' centigrades ). Les vents d'ouest domi- nent pendant le printemps et I'ete, et sont remplaces par ceux du nord-ouest qui se font sentir assez vivement durant I'automne. D'octobre a Janvier regnent les vents du sud , et les pluies ne cessent guere avant la fin d'a- vril : pendant plusieurs seniaines le soleil est invisible, Depuis les chutes jusqu'au territoire de Spokans, le climat est sain , chaud en ete et froid en hiver ; on voit rarement un nuage sur I'horizon. A Spokan-House , dans I'ete de i8i5, le thermometre (de Fahr.) monta de 84 (28° 88 cent.) a 96 (35" 55 cent.) , et, le 5 juillet, jusqu'au ni°arombre, maisla chaleur etait moderee par les brises du soir. A la fin d'aout et durant le mois de septembre le mercure s'elevait, vers midi a 86" (3o cent.) , tandis que le matin et le soir il n'etait qu'a 2.5" ou 3o° (3, 88 cent.) (1° ii cent.). ( »52 ) Vers le milieu de fevrier 1816, la neige et la glace commenceient a se t'ondre sous les rayons du solell; en moins dune semaine on vit succeder aux liimas une verdure riante et delicieuse. En mars, la Columbia n'e- tait plus qu'un torrent non interrompu. La reflexion des masses de neige congelees ou en par- tie dissoutes sur la vuc, cause des maux d'yeux assez violens et rend aveugle pres de la moitie de la trihu d'Indiens appeles Tetes-Plates , qui vivent au pied des montagnes Rocheuses. La, le climat est generalemenl humide, en raison des vents de I'ouest et du sud-ouest qui y doniinent conslanunent huit mois de I'annee. Les masses de nuages anion celees sur les hauteurs qui bor- dent la C(ke viennent t'ondre ct eclater sur la base occi- dentale de ces montagnes. SOL. Au-dessus des chutes, le sol est improductif et pre- sente une surface sablonneuse et jaunatre. Les plaines sont couvertes d'une lierbe courte, entrenielee d'ar- bustes epineux et de grandes touffes d'herbes pen- dantes , qui ont jusqu a trois ou quatre pieds de haut. Ca et la sont des pieces de trefle, aupres des- quelles on trouve la Chappalcl et le Camas ou Qua- mas/i, mentionnes par Lewis et Clarke. Sur les bords du fleuve, croissenten abondance des petits ognonssauva- ges; on y rencontre aussi, de temps en temps, le coto- nier, le saule rabougri , le sumac et la salsepareille, mais principalement depuis les chutes jusqu'a la riviere Spo- kan. Pendant cinq cents niilles, il n'existe pas de grands arbii's. Dans de certaincs vallees, Ic sol fertile et riche est ( i53 ) compose dune premiere couche d un torreau noiratre de six polices de profondeur, reposant sur yne terre grise tres froide, sous laquelle est un sable gr.iveleux et enfin un lit decailloux ties durs. Dans les parties elevees, on decouvre sous une couche de terre vegetale tres le- gere de bonnes carrieres de pierre. An niidi de la pointe Adams, il se trouve un banc de terre blanche lessem- blantade la craie, et un peu plus loin, dans la meme di- rection, des masses de terre rouge, grise et jaune, et - une espece d'argile lourd et epais assez semblable ade la mine de plonib. II n'y a point de pierres caicaires aux environs d'Astoria. ARBRES. Sur le versant oriental des montagnes Rocheuses les arbres sont tres petits, tandis que du cote oppose les pins et les cedres sont aussi majestueux ([ue ceux qui croissent a reuibouchure de la Columbia; ce qui est du a la grande humidite produite par les vents du sud et du sud-ouest. Les pins de la plus grande espece acquierent des di- mensions extraordinaires. II en existe un pres le fort, de quarante-six pieds de circonference , mesuree a dix pieds du sol et cent cinquante pieds de tronc sans les branches; le sommet a ete brisepar la foudre, et on pre- tend qu'avant cet accident, sa hauteur totale etait de trois cents pieds. Cet arbre etait surnomme par les Ca- nadiens le roi des pins. Dans le pays appele Unipqiin , an sud de la Columbia, on admire un pin magnifique de deux cents seize pieds de haut sans branches et de cinquante sept pieds de circonference; il n'est pas rare devoir des pins de deux cents a deux cent quatre-vingts pieds do haut, et de vingt a quarante pieds de circonfe- ( ^54 ) rence. 11 y a cinq ou six tlifferenles cspcces de pins, ex- cellentes pour la construction et les usages domesti- ques. < Au-dessus des chutes, les pinsdecroissent en grandeur et sont entremeles avec d'autres arbres parmi lesquels domine le noisetier. Les cedres, dans le voisinage d'Astoria, ont vingt a trente pieds de circonference et une hauteur propor- tionnee; lesaunes ontdouze a vingt pouces de dianietre. A quelques lieues du fort, on trouve le frene et le chene, ' le premier de dimensions ordinaires et le second tres chetif. VEGETADX. Les navets acquierent une grosseur extraordinaire. Un seul pesait quinze livres et demie et avait trente-trois pouces de circonference. La pomme-de-terre manque souvent , en raison de I'huniidite du terrein. D'immenses quantites de salsepareille croissent sur la pointe d'Oakinagan. Le wnppito vient au-dessous des rapides. Cette plante excellente ressemble a une petite pomme-de-terre, qu'elle remplace avec succes quand elle est grillee ou bouillie. Les naturels en font d'amples provisions pour leur consommation et pour faire des echanges. Le tabac decouvert chez les Wallamas, il y a quel- ques annees , est de bonne qualite. Fruits sauvages. En juin , il murit des fraisiers d'un goCit agreable, qui viennent dans des terreins a lombre et tliuis des buissons de dix a quinze pieds. , En juillet, aoAt et septembrc, on recolte des groseil- les, des mures , des cerises sauvages et des especes de poires et de pommes sauvages. ( ^55) Le pays .ibonde en plantes nutritives, dont quelques- unes sont anti-scorbutiques. ANIMAtJX. Les principaux quadrupedes sont I'elan, le daim roug-e, le daim a queue noire, les ours noirs, bruns et gris, la pan there, le loup, le chat-tigre, le chat sauvage, la marmotte, le castor, la loutrede terre, le rat musque, le rat des bois et la loutre de mer le plus estime de tons les animaux portant fourrure. Entre les chutes et la riviere Spokum, il existe des chevaux , des petits dainis , des loups , renards rouges , blaireaux, fouines, lievres et des chiens. On ne trouve point de castors. Les Indiens pretendent que le buffle abondait autrefois dans les plaines qui ont ete abandon- nees par I'elan et la brebis montagneuse. Les chevaux vivent en grande partie parmi les Tetes- Plates, les Gootonais, les Spokans, etc., dont les terres sont couVertes d'epaisses forets, en nombre suffisant pour les besoins de ces peuples. Mais chez les Wallah- Wallahs, les Nez-Perces et les Shoshonis, qui possedent de vastes praiiies bien arrosees et peu boisees , ces ani- maux y bondissent par milliei's dans un etat sauvage. Leur hauteur ordinaire est d'environ quinze palmes. II ri'est pas rare d'en voir des bandes de sept cents a mille; etdansle pays appartenant a la tribu du serpent (Sna/ce Indians) on pretend qu'il en a ete apercu une troupe de quatre milles, par I'expedition qui traversa le continent par la route du Missouri (i). lis sont doux et facilement (i) Des Espagnols de San Francisco informerent nos voyageurs, qu'en 1812 , ils furent obliges de tuer plus de trente mille chevaux dans la Californie, afin de conserver des pAturages pour les buffles, dont la depouille forme un article important de commerce. ( i56 ) tloniptes; on ne les ferre ni ne les attache. Ceux (iiii tiavaillent continuellenient sorit uses avaiit I'age de dix a onze ans. Les renards rouges et les loups sont tres nonibreux dans les plaines. Les loups des prairies sont d'une taille inferieure a ceux des bois; ils voyagent par bande de cinquante a cent. Leurs peaux n'ont pas de valeur; ils ne sont pas si feroces qu'en Europe. On ne trouve point de renards noirs sur les bords de la Columbia; mais il y en a dun poil gris argente a Oakinagan et Spokan , dont la fourrure est ires estimee des mandarins de la Chine. Les lynx sont moins nombreux, mais plus farouches; ils ne vont que deux a deux. Les ours sont en grande quantite dans le voisinage des forets et des lacs; quand ils sont blesses, ou que leurs petits sont en danger, ils terrassent un homme bien arme. Un de ces animaux, dune grosseur prodi- gieuse, s'etant avauce jusqu'aupres dune douzaine de Canadiens, qui prenaient leur repas autour d un grand feu, saisit un de ces hommesqui tenait un os a la main, I'enleva par la ceinture avecsesdeuxpattesde devantet courut I'espace de cent cinquante pieds, appuye seule- ment sur celles de derriere. L'animal lachant une griffe pour s'emparer de los, le mallicureux Canadien tenia de s'echapper, mais en vain ; pendant que lours letran- glait, il criait tue! tiie ! a In tele! Un de ses compa- gnons nomme Leblanc, tres habile chasseur, ajusta et etendit l'animal d'une balle a travers les tempes. L'elan est tres commun tlans les parties inferieures ; il est d'une belle espece et dune bonne consomniation pour la table. Sa peau est a I'epreuve de la fleche, et a ( '57 ) quatre-vingt ou quatre-vingt-dix vei'ges, a I'epreuve de la balle. La hrehis des niontagnes rocheuses (appelee big-horn) Ovis Montana de M. Geoff roy, a une chair delicieuse, resseniblant a celle du mouton, mais plus delicate. Les serpens a sonnetles sont apercus au-dessus des chutes , a environ quatre ou cinq milles de distance. Ces aniinaux ne sont pas tres dangereux et on les de- truit facilement avec un long baton ployant; ils ont une extreme repugnance pour I'odeur du tabac. Leur chair, qui est blanche, a , dit-on , un goiit exquis; mais si cet animal n'est pas tue du premier coup, il se mord lui- meme, et cette nourriture, ainsi empoisonnee, est fa - tale a ceux qui la mangent. Au-dessous des chutes, on trouve dans quelques en- droits un petit serpent noir, dont le venin est plus mor- tel que celui des serpens a sonnettes. II y a un grand nombre de serpens de diverses couleurs tout-a-fait inoffensifs. Les moustiqncs sont tres inconnnodes. Au tort con- struit au confluent de TOakinagan et de la Columbia , de nombreux essaims arrivaient matin et soir. A table, on etait oblige de placer a chaque extremite, un pot de fer remplie de sciure ou de bois pourri, pour les chas- ser par la fumee. Les chevaux souffrent beaucoup de leurs piqijres, ainsi que de celles des taons. Ces ani- maux, qui ont la queue et la crinierecourtes, s'enfuient jusque dans les fcux allumes, oil ils se brulent les sa- bots et les jambes , pour eviter les attaques de ces insectes. Le saumon, qui a un gout exquis, est peche en abon- dance depuis juin jusqu'a la fin d'aoiit. II est si commun, (pi'il cause quelquefois des dyssenteries qu'on previent par les qualites astringentes de lassaisonnement. 12 ( i58) En aout et soptemhre, on peclie des esturgeons en qiiantite consideiable. Quelques-uns ont jiisqu'a onze piedsde longet pesent trois cents on quatre cents livres. Au printemps , les rivieres abondent en une espere de petits poissons, que Lewis et Claike appellent anchois; seche a la fumee, il est echange contre des legumes avec les Indiens des parties hautcs du fleuve. On trouve de la truite et de la carpe dans la riviere Spokan. Les oiscauoc hahitent principalement les forets im- nienses qui bordentla Columbia, pres son embouchure. Les principaux sont I'aigle noir et brun, I'epervier, le pelican, le cormoran , le cygne, le heron, la grue, I'ouarde, Toie blanche et grise, le canard sauvage, etc. INDIENS. .. Les Indiens qui habitent pres I'embouchure de la Co- lumbia , different peu les uns des autres sous le rapport du caractere et des usages. Toutefois les Cathlamaks sont generalement plus doux; les KiUymuchs plus ru- ses; les Clatsnps plus civils , et les Chinooks plus conti- nens. Les Chitts^ petite tribu de la cote, au nord du cap Desappointement, reunissent une partie de ces qualites et de ces defauts. Tous ces peuples niaintiennent I'usage d'aplatir la tete des nouveau-nes. Aussitot sa naissance, I'enfant est place dans un berceau rempli de mousse et dont la par- tie qui soutient la tete est plus elevee. On pose en suite, sur sou front, une espece de coussin , reconvert par un morceau d ecorce de cedre, et au nioyen de cordes tra- versant de petits trous pratiques de chaque cote du berceau, la pression s'opere. L'enfant resle dans cette ( i59 ) position pomlant une annee, et clans cet etat ses petits yeux noirs resscmblent assez a ceux de la souris prise dans un piege. Au rnoyen de ce precede , la tete est tel- lement aplalie, qu'elle excede rarement un pouce d'e- paisseur. Toutefois cette diflornute, qui reste pour la vie, est consideree commeun degre essentiel debeaute, et elle sert a distinguer ces naturels de leurs esclaves, qui ont la tete ronde et dans sa forme naturelle. Les homnies varient en grandeur de cinq pieds a cinq pieds six pouces ; les fenimes ont ordinairement six ou sept pouces de moins. Les deux sexes ont le nez plat avec les narines enflees; la bouche rarement fermee, les dents courtes, noires et irregulieres. Les hommes sont biens formes. Les femmes, en raison des ligatures dont elles font usage, ont les jambes de travers, avec la che- vllle grosse et le pied large et plat ; leurs mamelles sont flasques et pendantes ; elles ontlesoreilles fendues et le nez perce. Leur tete est remplie de matieres grasses et leur peau barbouillee d'huile de poisson. Les bonnes qualites de ces peuples sont I'industrie , la patience et la sobriete; leurs vices, la prodigalite, le mensonge , le gout des femmes et du jeu, et souvent la cruaute. lis achetentdesesclaves aux nations voisines en echan- ge de peaux de castors et de loutres , de graines, etc. Quand un malheureux captlf est malade, il est aban- donne, etperltdelamanierela plus miserable. Son corps est jete au pied dun arbre ou dans la foret la plus voisine. II y a environ trente ans, la petite-verole causa de grands ravages parmi ces Indiensj ce fleau s'etendait alors du Missouri a I'ocean Pacifique. Ceux qui en etaient atteints se plongeaient, au plus fort de la fievre, dans une riviere , ce qui amenait une mort instantanee; des ( '6o ) inillieis se peiidirent eux-memes aux aibres ; tous les villages furentdepeuples , et ces malheureux croyalent « que le grand etie les avait livres au mauvais esprit, a cause de leurs fautes. >• Quanta leurs croyances, ils pensent que les homines bons iront dans un lieu de delices , oii ils trouveront du poisson et des fruits en abondance , tandis que les mechans seront condanines a vivre dans un pays froid et sterile , on ils n'auront pour subsistance que quelques mauvais fruits et de I'eau salee. Pour ce qui est de I'ori- gine du monde , ils croient que I'homme fut cree par une divinite, nonimee Etalapass , mais dans un etat tres imparfait: sa.bouche et ses yeux etaient clos; ses mains et ses pieds immobiles. Une autre divinite moins puis- sante, mais plus bienfaisante , nommee Ecanniifu , eut pitie de cet etre, et au moyen d'une pierre aigue, ouvrit sa bouche et ses yeux, et imprima le mouvement a ses membres. EUe lui enseigna ensuite a construire des ca- nots, des corbeilles, des filets et des ustensiles domes- tiques. Ces peuples n'adorent aucune idole. Le manage est celebre dans la cabane , preparee pour la residence future du jeune couple , ou sont echanges les presens qui consistent eu esclaves, grains, chaudie- res^haiqua (i), bracelets et ornemens de cuivre, etc. Un mari pent repudier sa femme, qui, dans ce cas, a le droit d'epouser un autre bomme; il peut aussi avoir autiint de femmes qu'il est capable den cntretenir , et (i) Le haiqua est un coquillage blanc et rond , d'une extreme du- rete , de iin h quatre ponces de long , et de trois a quatre Imitiemes de pouce de diamctre, creux et legferement recourb^ sur les Lords. Get objet forme un article important de commerce local : une brasse de5 plus gros egale en valeur dix peaux de castor. On trouve ce co- quillage dans le voisinagi; de Nootka. ( I^' } quelquesuiis en ont jiisqua quatie el cinq, qni vivent dans une parfaite union. Chaque village est sous I'autorite dun chef, qui est respecte en raison du nombre de ses epouses et de ses esclaves. Lorsqu'il meurt, toute la tribu, en signe de deuil, coupe ses cheveux et chante, pendant plusieurs mois, des espeoes d'hymnes funebres en sa menioire. Les Chinooks , dont il est parle ci-dessus, notifient a leurs ennemis le jour ou ils conimenceront les hoslilites. lis combattent dans des canots, que les femmes aident a. manoeuvrer. Leurs amies sont Tare et la fleche et une epee de boisa double tranchant, de deux pieds et demi de long et six pouces de large. — Pour se garantir des coups, ils ont deux chemises en peau d'elan, qui des- cendent jusqii'a la cheville et sont a I'epreuve des fle- ches. Leurs canots, tallies dans le tronc d'un cedre ou d'un sapin , ont plus de cinquante pieds de long et peu- vent porter vingt a trente personnes. Leurs ustensiles de cuisine consistent en une grande^ chaudiere oarree en bois de cedre, quelques plats de bois et quelques cuillers en frene. La cuisson s'opereen versant une certaine quantite d'eau dans la chaudiere; et , en y jetant des pierres rougies au feu , qui determi- nent promptement I'ebullitionj quand le degre de cha- Jeur est convenable, on met le poisson ou tout autre objet dans la chaudiere qu'on recouvre dune petite nappe, afin d'empecher Tevaporation. Par ceprocede, le saumon estbouillien nioin* de vingt minuteSi Avec un ciseau fait avec une vieille lime, une espece de pierre oblongue dont ils se servent comma de mar- teau et un maillet fait dun bois noueux, ces naturels coupent des arbres de trente a quarante pieds de cir- conference. ( i6a ) Chez les Chiiiooks, on soigne toutes sortes de mala- dies de la maniere suivante. Le docteur, appele « Vhom- me fort en medecine^', fait etendre le malade sur le dos en presence de ses parens et amis, qui, avec un baton long et un court, battent la niesure d'un air de bra- voure que chante le docteur et qu'ilsaccompagnent par intervalles. Ensuite celui-ci se met a genoux et presse fortement avec ses poings I'eslomac du malade, de ma- niere a lui causer une grande douleur, tandis que les assistans entonnent a tue-tete « le chant de medecine ». A la fin de chaque strophe, I'operateur presse les mains du patient et souffle dessus j il continue ce manege jus- qu'a ce qu'une petite pierre blanche qu'il a eu le soin de placer dans la bouche du malade vienne a tomber, et il la montre alors aux parens etamis, en les assurant que celui qu'il a ainsi soigne sera bientot rendu a la sante. Que sa prediction s'accomplisse ou non, il n'en est pas nioins recompense. Quand un Chinook vient a mourir, son corps est en- veloppe dans des peaux ou nattes et depose dans un petit canot avec son arc, ses fleches, etc. 11 est ainsi place sur une plate-forme elevee par le cours de la ri- viere ou sur des rochers a I'abri de Taction de la maree , et il est reconvert par un canot plus grand ou par des nattes. Ses femnies , parens et esclaves commencent la journee par se couper les cheveux, et se rendent pen- dant quelque temps dans le bois le plus voisin, an lever et au coucher du soleil, pour executer des chants fune- raires en Ihonneur du defunt. Les Chaudieres (ou Kettle Indians), tribu peu nom- breuse qui reside sur le cote nord de la chute du meme nom, la plus forte de la Columbia, a environ sept cents milles de son embouchure^ et quatre-vingt-dix de Spo- ( i63 ) Jaui-hoiise. Cette chute , situee sous le 48" Sy'de latitude et vers le 116' c!e longitude ouest de Greenwich, a soixante ou soixante-dix pieds de hauteur perpendicu- laire aux basses eaux, et environ quarante-cinq, dans le printenips et une partie de I'ete. Cette petite peuplade, d'une quinzaine de families, occupe quelques huttes entreSpokan -House et la chute des Chaudieres. — Leur chefporte un vetenient feminin, convert de grains, de des et de petits coquillages; niais on reconnait son sexe a ses formes niusculaires , a sa barbe touffue et au son de sa voix. II ne s'associe jamais avec aucune femme; deux ou trois enfans le servent or- dinairement, prennent soin de ses chevaux, recueillent las provisions et preparent ses mets. Lorsqu'ils devicn- nent assez grands pour se marier, le chef leur fait un present et les congedie pour en prendre d'autres. Son habitation etait propre, couverte de larges peaux de daims et tapissee de nattes. Les femmes le considerent cnmme un etre surhumain. Les Yackamans ^ nation noinbreuse qui habite la rive septentrionale de la Columbia, depuis son confluent avec la riviere Louis, jusqu'aupres d'un autre affluent qui vient du nord et qui porte le nom de cette tribu. Les Indiens qui la composent vivent en paix avec les Chohoptins et les // allalt-Wallahs ^ et ils font cause commune contre les Shoshones. Les Sinapoils occupent un territoire sur le cote nord de la Columbia entre les rivieres Spoltan et Oakinagan. lis se nourrissent principalement de saumon et de c(irn- 7)ias, leurs terres etant pen fertiles. lis sont sales et pa- resseux, joueurs et querelleurs. Leur principale demeure est a quarante-cinq milles au-dessous de la jonction de la riviere S[)okan et de la (Columbia. ( i64) Les Crees superieurs vivent daus le voisinage de la ri- viere d'Athabasca. Les Ccews-Pointus (Poin ted-Hea r ts) les Ccenrs'd Alenes (Hearts of Awl) sont peu nombreux et haWteiit pres dun lac a cinquante milles de Spokan-House, un pays abondant en castors, dainis, etc. Les Cootonais sont etablis dans une plaine agreable, quoique peuetendue, au pieddes montagnesRocheuses a 60 niilles au nord-est des terres des Teles-Plates [Flat Heads) et presque entierement environnee de monts sourcilleux couverts d'epaisses forets , oii abondent le castor, le daim et la brebis montagneuse. Ces Indiens , reste dune tribu guerriere et autrefois puissante, sont d'une taille moyenne et infiriiment superieurs sous le rapport pbysique,auxautres nations volsines. Leur prin- cipal etablissement commercial est par le 49° 3o'de lati- tude nord et le 11 5" de longitude ouest de Greenwich, Leur langage n'a point d'af finite avec celui des tribus de I'ouest et est beaucoup plus doux. lis out recemment fait une alliance offensive et defensive avec les Tetes- Plates afin de forcer les Pieds-Noirs (Black-Feet) a leur laisser librement chasser le buffie, dans les plaines qu'oc- cupent ces derniers. Les Cootonais sont honnetes, fide- les a leurs engagemens et ennemis du niensonge, qua- lites peu communes cbez les Indiens. La polygamic est inconnue parmi eux ; on les voit rarement se livrer a la gaite et ils paraissent jaloux des blancs. Us sont propres sur leurs personnes et dans leurs habitations. Les Kamloops occupent un district d'environ cent cinquante niilles au nord-ouest de la riviere Oakinagan, dans la direction de celle de Thompson, avec laquelle on pent comn\uniquer par terre ou par le canal de I'Oa- C ^(55 ) kinagan et tlu lac du meine nom. Ges Inilieiis soni nial- propres , fripons et querelleurs. Les Wallah-Wallahs ^ qui habltent les Lords de 1;» riviere du meme nom, sont bien faits , bons chasseurs et excellens cavaliers. lis montrerent aux voyageurs qui les visiterent beaucoup d'amitieet de bienveiliance. Au- cune de leurs femmes ne montrait cette familiarite re- poussante qu'on remarque cbez celles des tribus situees au-dessous des chutes. Les Nez-Perces, ainsi appeles par les Canadiens , for- iiient une nation nombreuse et puissante, dans la par- tie haute de la riviere Louis. lis ressemblent beaucoup aux Wallah- Wallahs pour le veteraent et le langage, mais ils sont moins communicatifs. Leurs habitations, ont depuis vingt jusqu'a soixante-dix pieds de longueur et dix ou quinze en largeur; elles sont couvertes de grandes nattes fixees sur des perches, avec une ouver- ture dans le sommet qui sert de fenetre et de cheminee; leur forme est carree, oblongue et conique. Les femmes portent des robes de cuir qui descendent jusqu'aux ge- noux et couvrent les epaules, la poitrine et partie des bras. Les hommes en ont de semblables , mais plus cour- tes, avec des especes de has montant a mi-cuisse et at- taches a la ceinture. Les deux sexes sont parfaits cava- liers. Ils possedent destroupeaux innondjrables de cbe- vaux sauvages ou domptes. La tribu des Spokaiis occupe un territoire a pres de cent cinquante milles de la riviere Louis, en allant vers le nord-est. La compagnie Nord-Ouest y avait forme un comptoir. La route qui conduisait a ce district depuis la riviere Louis etait une plaine continue, rocailleuse et sablonneuse, avec quelqites touffes de gazon long et cpais repandues ca et la. ( i(^'6 ) Les Spokans soiit civils et inoftensifs; leurs reninies reniplissent bien leurs devoirs d'epouse et de mere. On trouve chez eux beaucoup plus de proprete que chez les autres Indiens de la cole. Les maisons, de forme oblongue ou conique, sont couvertes en nattes ou en peaux suivant la fortune des individus. Leur principale jichesse consistc en chevaux, qu'ils sont obliges d'a- cheterauxNez-Perces enecliangede divers articles, parce que les loups detruisant les poulains, ils ne peuvenl cle- ver de ces animaux. Ils sont grands joueurs et risquent souvent tons leurs chevaux. Quand un Spokan est mort, on tueplusieurs chevaux, dont les peaux sont attachees an bout de perches plan- tees sur les tombeaux. Dans le cinietiere et aux alentonrs on suspend des peaux seniblables, des robes de buflles et de daim, de morceaux detoffe bleue, grise et ecar- late, des chemises de cuir, des couvertures, des bandes de calicot, des mocassins, des vivres etdes armes; toutes choses qu'on suppose etre indispensables audefuntdans le sejour des esprits. Les Tetes-Plntes [Flat-Heads) sont etablis au pied des montagnesRocheuses, dans un pays ou le buflle abonde, situeadeux cent quarante milles nord-est du confluent des rivieres Spokan et Pointed-Heart, ou se tenait le comptoir de la compagnie Nord-Ouest. lis sontcontinuel- lement en guerre avec les Pieds-Noirs [Black-Feet) qui demeurent sur le versant oriental des montagnes Rocheu- ses,et qui s'opposent a ce que les tribus du cote oppose, viennenty chasser le buffle dans I'ete et dans I'automne ; pretention qui donne lieu a de sanglans conflits. Les Tetes-Plates sont francs et hospitaliers, propres et braves. Les deux sexes sont beaux , compares aux ( i67 ) autres Indiens des Lords de la Columbia. Leur teint est legerenient ciiivre; leurtaille svelte et bien prise. L'habillemeiit des homnies consiste en longs panta- lons appeles miltasses , par les Canadiens, et qui des- cendent depuis les handles jusqu'a la cheville, et sont retenus par une ceinture de cuir au milieu du corps ; ils ont en outre une chemise de peau de daim bien dres- see, avec de larges manches pendantesjusqu'aux genoux. Les femmes portent une ample robe de meme peau, ornee de franges, de grains de coquilles et de des. Cha- que individu a deux ou trois habits de rechange, tous appropries avec la terra de pipe, trea commune dans ces parages, lis n'ont pas de coiffure generalement adopte; dans les mauvais temps, ils la couvrent avec un pan de peau de buffle. Leurs cabanes, de torme conique, bien abritees par des peaux, sont tenues avec proprete; le foyer est au milieu et entoure de nattes ou de fourrures arrangees avec soin. Le principal chef de cette tribu exerce une autorite hereditaire; mais le chef des guerriers est elu chaque annee. Ce dernier a aupres de lui deux especes d'aides- de-camp, choisis parmi les plus actifsj il conduit les hommes au combat; et,auretour, ilcommande Tarriere- garde. Ce chef est arme dun long fouet, dont le man- che est orne de chevelures et de plumes, el qui lui sert a infliger des corrections pour des fautes de discipline. Celui qui exercait ces fonctions, lorsque notre auteur visita ce peuple, avait ete cinq fois reelu et etait age de trente-cinq ans; il avait tue , de sa propi'e main , vingt Pieds-Noirs dont les chevelures seal pees etaient sus- pendues a la porte de sa cabane. Les Teles-Plates soignenl les fraclures ordinaires en ( '68 ) entourant la paitie malacle paide legers bandages et des morceaux de bois places en longueur, et assujetis par des liens en cuir. Pour les contusions , ils pratiquent des saignees aux tern pes , aux bras ou a la cheville, avec iin caillou aigu ou la pointe dune fleche. En cas de rliu- nialisme aigu, on plonge le nialade chaque matin dans loau de ia riviere la plus voisine, ineuie quand elle est couverte de glace, et on le liotte iorteinent; il estensuite enveloppe dans une couverture, et place aupres d'un bon feu; ce traitement est continue pendant vingt-cinq jours. Les rhuniatismes chroniques sont traites, en met- tant celui qui en est atteint dans une piece conique dans laquelle sont des pierres qu'on fait cliauffer a un liaut degre; on verse de I'eau sur ces pierres , et la vapeur qui sen exhale aniene chez le malade uneforte transpiration; apres quoi on I'enveloppe de couverture, et on le met au lit. Quant aux idees religieuses, les Tetes-Plates ci'oient a I'exislence d'un bon et d'un mauvais esprit, et a une vie future , avec des chatimens et des recompenses. Les justes iront dans un lieu ou ils jouirontd'un printemps perpetuel , ou ils retrouveront leur femme et leurs enfans, ou les rivieres abonderont en poissons, et les plaines seront couvertes de bulfles ; leur temps se passera a chas- ser et pecher, sans jamais avoir a craindre la guerre, le froid et la famine. Les medians seront exiles dans un pays couvert de neiges eternelles, oil ils seront glaces de froid, en presence de feux ardens; ou ils verront de I'eau, sans pouvoir etancher la soif qui les devorera, et des troupeaux de buffles et de daims qu'ils ne pour- ront atteindie, iorsqu'ils seront affames. Suivant les memes croyances, les bons sont separes des coupables par une foret impenetrable peuplee de loups, de pan- ( 1% ) theres et tie serpens. Toutefois lespeines ne cliirent; pas pendant I'eternite ; elles sont plus ou nioins abrege'es , suivant la gravite des fautes ; ct apies cette expiation, on va retrouver ses amis dans I'Elysee. Natifs (T Oakinagan. — lis comptent environ 200 guer- riers. lis sont amis des Kamloops, Sinapoiis et autres petites iribus peu eloignees. — Ces natnrels, simples et tranquilles, s'occupent principalement de la peche dii saumon ; ils chassent peu le daim et le castor. Leur position est tres fixvorable a vm etablissement commercial, le sol etant fertile et le climat salubre. I>a riviere est aussi tres poissonneuse. Les chevaux seraient avantageusement employes pour les transports par terre. On conununiquerait a la mer par la Columbia, et dans I'interieur par ce fleuve et la riviere Oakinagan. Ces Indians ont une croyance assez singuliere. lis se representent le malin esprit, comme un etre ayant la figure, les bras et les jambes d un honime, avec une lon- gue queue et des oreilles de cheval; ils pretendent qu'il saute d'arbre en arbre, arme dun fort baton pour ros- ser les coupables. Des Oakinagans guerirent la jeune fdle de I'un des pro- prietaires, qui etaitreduite , dit-on , au dernier degre de phtbysie, en placant ses pieds et ses jambes dans le corps dun chien tue a I'instant, et les y laissant jusqu'a ce que la chaleur de I'animal fut eteinte; ensuite on eut soin de les envelopper avec dela (lanellebrulante. Cette operation repetee chaque jour pendant un mois amena par degre la guerison. On terminera cette notice en faisant remarquer que les femmes sont traitees d'une maniere bien differente parmi les diverses tribus dont on vient de parler. Chez les Indiens des parties hautes du fleuve, ou les homnies ( I70 ) se chargent seiils de fournir , la femme est condamnee a line vie bien penible. Elle rapporte Ic gibier au logis , ramasse le bois pour entretenir le feu, prepare les niets, fabrique et nettoie les vetemens , etc. Chez les Indiens des parties inferieures, ou les femmes s'occupent de la recolte de la racine appelee wappitoo, elles ont un cer- tain air d'independance, et dans des cas d'importance les niatrones sont consultees comnie les homnies. Quant au langage, les naturels voisins de I'embou- chure de la Columbia parlent un dialecte des plus ditfi- ciles a prononcer, compose entierement de gutturales , qui servent Ic plus ordinairement a I'expression des pensees humaines. line des personnes dela compagnie, qui avail le plus d'habitude de leur langue, assure que les lettres F, Y et plusieurs autres ne sont pas articulees dans leurs mots , la lettre R manque aussi, mais quelques mots prononces avec un accent fortement guttural, tels que chuluit, approche du son de cette consonne; les terminaisons en tl, t/d, li, sont aussi tres frequentes, comme elles le sont dans la langue mexicaine. On concevra facilement les avantages qu'on pent re- lirer en commercant avec ces diverses tribus par les exemples suivans : vingt pcaux de castors, valant au moins 25 livres sterling, ont ete donnees pour un fusil dont le prix est d'une livre 7 sliillings; un autre mar- chand ecbangea contre six ou liuit peaux semblables, valant 8 ou 10 livres, deux aunes de drap coutant a peine 12 shillings. NOUVELLE CALEDONIE. Co pays sitiie sur le vcrsant occidental des montngnes Rocheuses, conununique avec celui d'Alhabasca, par la riviere de la Paix, et s'etend dcpuis le 5i° 3o' jusque ( '7^ ) vers le 56" de latitude septentrionale; sa liniite le plus a I'ouest est sous le 124° 10'. Au sud et an sud-est, la tribu Atnah ou Chin occupe une etendue de terrein d'environ cent milles; a Test, une chaine de lacs et de montagnes bordent la riviere Thompson ; a I'ouest et an nord-ouest sont les terres des Indiens Nashotins et Clinches. Le principal etabllssement est situe sur la riviere de Frazer, vers le 53° de latitude nord est et nonime Alexandria., en Ihonneur du celebre sir Alexandre Mac-Kenzie qui s'arreta dans ce lieu,lors de son voyage de decouverte, en 1793. II voulait s'y embarquer pour descendre la riviere jusqu'a son embouchure, mais en ayant ete detourne par les conseils des Indiens, il navi- gua jusqu'a celle appelee IVest-Road , d'ou il gagna en- suite par terre les bords de I'ocean Pacifique. Le pays qui environne Alexandria presenteun aspect agreable et pittoresque. Cependant le sol est en general pen fertile; la couche de bonne terre n'a que huit pouces de pro- fondeur sur un lit de sable et de gravier. Cliinat. — Le printemps commence en vivril et vers la fin de niai la temperature est delicieuse; il pleut beau- coup en juin avec les vents du sud et de lest; en juillet et aor\t la chaleur est insupportable; les brouillards regnent en septembre et octobre, et occasionnent des maladies ; en novembre, les lacset la plupart des rivieres gelent, et en Janvier le thermometre de Farenheit tombc quelquefois a aS degres au-dessous de zero. La neige a jusqu'a vingt - quatre pouces de profondeur. Generale- inent, le climat de la Nouvelle-Caledonie est malsain et desagreable. Rivieres et lacs. — hes vWiiivasXes plus considerables ( '-o sont celles . 4 4 3,36o 3,685 7,045 610,408 3 It 14 1,544 2,020 3,564 97,199 8 17 2 5 3,85o 4,197 8,047 297,675 » 0 42G 455 8S1 280,657 12 64 76 21,465 23,404 44,869 1,9 1 3,1 3 1 ' i,o5c) I,ig5 2,254 9,5oi 8,802 i8,3o3 320,823 172 23l 4o3 .8,377 19,553 37,g3o 1,348,233 1,806 i,48H 3,292 7,882 7,973 i5,855 76,748 53,442 49,552 102,95,4 24,906 28,o32 5i,.)38 447,040 23ii,o77 23o,68o 4*^9,757 22,387 24,961 47,34s 1,2 1 i,4o5 i24,3i3 121,288 245,601 9,56 1 y,!)*<2 19,543 737,987 1 55,46y 1 59,982 3 1 5, 40 1 3,672 4,249 7,921 58i,i85 108,817 108,714 217,531 1,261 1,225 2,486 5i6,823 59,170 58,379 117,549 844 728 1,572 309,527 33,oy9 32,56o 65,659 288 23l 519 i36,62i 57,91' 51,677 109,588 7,23o 9,480 16,7 10 215,739^ 70,216 71,387 141, 6o3 2,l3o 2,425 4,555 6Si,9o4 82,309 82,904 i65,2i3 2,652 2,265 4,917 687,917 I 5 0 4,78s 4,779 9,5(5 7 935,884 ■> 3 3 1,857 1,772 3,629 343,o3i 347 400 74: 824 8i3 1,637 157,445 12,4^^9 12,652 25,c9r 284 285 569 140,445 2,293 2,283 4,576 88 53 141 3o,388 2'i 10 32 I 59 102 261 3i,639 7,985 7,5i6 i5,5oi 383 461 844 34,730 2,S52 3,267 6,119 2,645 3,5o7 6,i52 39,834 1,01 2,822 996,228 2,009,060 i53,243 166,333 819,576 12,353,193 de iiouveaux le nseigueme ns. W. ( '84 ) TliOISSEME SECTION. ACTES DE LA SOCIETE. PROCES-VERBAUX DES SEANCES. Seance du 7 septembre i832. Leproces-verbal de la derniere seance est lii etadopte. M.Alexandre Barbie du Bocage ecrita laSociete pour lui annuncer son procliain voyage en Italie, necessite par I'etat de sa saute ; il olTrc en nienie temps ses ser- vices a la Societe, et promet de rcpondro a toules les questions quelle jugerait a propos de lui adiesser. Cette lettre est renvoyee a la section do correspon- dance, avec I'invitation de satisfairc aux desirs de M. Barbie du Bocage. M. Julian-Robert Jackson, colonel d'etat major au ser- vice de llussie, qui a fait de nombreux voyages en Asie, en Turquie, et un scjour prolonge dans les Indesorien- tales, ecrit de Saint-Petersbourg a la Societe pour lui exprimer le desir d'etre re( 11 au nond)re de ses mem- bres. La Commission crntrale s'enipresse de I'adniettre sur la proposition de MM. Jou.iiiniii et Roux de Ro- chellc. M. le professeur Ualinesque remercie la Societe de la niedaille dor quelle a bien vouhi lui decerner pour son memoirt; sur Vorfgt'ne des races ncgres osiatiqnes y et il temoigrie le desir que cet ecril soil public parnu les Me- niones de la Sociele. ( i85 MM. Vancler-Maelen ot Meisser adressent a la Societe \vn exeniplaire Aw dictiormaire de la province de Naniur, de la carte de la Belgique, ct du releve de la population de ce royaume, qu'ils viennent de puhlier,- ils font con- naiti'e en nieme temps le plan de leur travail sur la Bel- gique, et exprinient le desir qu'en consideration desdif- ficultes quils ont eu a vaincte, la Societe veuille bien in- viter un de ses niembres a lui rendre compte de ces ou- vrages. M. C. Moreau, charge par les auteurs de presenter ces ouvrages a la Societe, est invite a lui en rendre compte et a lui donner des renseisfneniens sur I'etablissement geographique f'onde a Bruxelles par M. Vander-Maelen. M. Warden adresse a la Societe le tableau de la popu- lation generale des Etats-Unis et I'eloge du docteur Mil- chill par M. Pascalis. M. Eyries annonce a la Societe la mort recente de M. le baron de Zach, etrappelle les grands services qu'il a rend us a la science. Seance du 21 septembre i832. Le proces-verbal de la dei-niere seance est lu et adopte. MM. les comtes Anatole et Alfred de Montesquiou adressent leurs remercimens a la Societe, qui vient de les admettre au nombre de ses niembres. M. Barbie du Bocage communique plusieurs lettresde M. Ch. Guys, ancien consul de France a Tripoli; une entre autres est relative a ses excursions dans la Syria et a la publication prochaine de son voyage. Renvoi d'un extrait de ces lettres au comite du Bulletin. M. Joniard communi(jue une lettre deM. A. Cochelet, aujonrd'hui < onsid-general pres la republique du Guate- C iS6 ) ni;il;i , datee {loPhiladelphie , le 8 aout i83a , annoncant le voyage de M. Galiiitloaux mines de Palenqiie, ctren- ferinaiitplusieius ilinerairesdetailles du 31oxique a Gua- temala. M. Co'heict hit ninarquerractivite qui regne sur les bords du Mississipi, et le nombre des constructions nouvelles qui s'elevent journellement sur ses rives comnie par enchantenient. — Renvoi au coniite du Bulletin. M. Ic colonel Juan Galiudo adresse une description des mines de Palenque, datee du lieu memo, 27 avril. Sa lettre est accompagnee de plusieurs esquisses des nionumens de cetteancienne ville. M. Galindo entredans de erands details sur les monumens de Palenque, et donne des eclaircissemens sur la topographic du lieu. La Societe entcnd avec un vif interet cette description, et arrete quelle sera inseree dans le plus prochain numero du Bulletin. Des rcniercimens seront adresses h. M. le colonel Galindo pour cette communication. M. Jomard fait un rapport favorable sur la premiere livraison dc I'ouvrage relatif aux antiquites mexicaines, public par MM. B;iradere, liCnoir et Farcy, et accompa- gne d'une dissertation par M. Warden , contenant la re- lation de Texpedition du capilaine Dupaix et les dessins de Castaneda, artiste de I'expedition. On doit ces mate- riaux a M. Baradere. Le rapporteur concluten cmettant le vocu que cette in teressantc publication soit continuee et recoive des encouragemens du public. Le rapport est adopte et reuvoye au comite du Bulletin. M. d'Avezac lit uue notice sur les anciennes naviga- tions des Normands , a I'occasion de I'ouvrage de M. Es- tanceliii, membre de la chambre des deputes , intitule : Recherches sur les vojages et decoiwertes des ruwiga- teurs normands en Afrique , dans les hides oricntales et en Aincriqae. ( i87 ) Apres qiiclqiies observalions tie MM. Joniaril et Eyries sur les anciennes cartes attribuecsa res navigateurs, aii- terieures au seizienie siecle, ceite notice estrenvoyee au coniite du Bulletin. (Voy. page 176.) M. Albert-Montemont communique de la part de lau- teur, M. Richard, de Remiremont, un memoire manuscrit sur la coutume judiciaire dc la Bresse, departement des Vosges, dans le moyen age, ecrite sous le regne de Charles III, due de Lorraine, eniSgS, etqui a snbsiste jusqu'en 1789. L'heure avancee ne perniet pas d'entendrc la lecture de ce memoire; elle est ajournoe a la prochaine seance. RIEMERES ADMIS DANS tA SOCIliTE. Seance du 7 scptcmbre. M. le chevalier Julian-Robert Jackson, colonel d'etat- major au service de Russie. . Seance du 2 1 septembre. M. Chanht. pvofesseur d'histoire et de geographic au college royal de Henri IV. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seances des -j ct r>.\ septembre. Par M. Vander-Maelen : Dictionnaire geographiqiiede la pfovince de Namur, i vol. in-8'\ — Releve del a popu- lation du royaume de Belgique par province etpar circon- ( '«8 ) scripfionjudicinireau premier Jnnfier i8'5 1 , i vol. in-8\ — Carte dit royatime de Belgique, une feuille. Pai' ]M. Gide : N-^uvelles Jnnales des vojages, cahiers d aoiit et septenibre. Par M. le directeiir : Cahier de septenihre du 3Icn/o- rial encyclnpediqae. Par M. Eyries : Carte du Loffode Nordland. Par M. de Moleon : Recueil indiistriel et manufactu- rier, cahiers de jiiillet et aout. Par la Soclete d'agriculture du departement de Seine- et-Oise : 32" volume de ses Me moires. Par la Societe de Civilisation : premier niimero de la Revue sociale. Par la Societe des methodes d'enseignement : Cahier d'aout de son Bulletin. Par M. Boucher : Opinion de M. Christophe sur les prohibitions ct la liberie du commerce , S' partie. Par les directeurs : Quatre numeros du Moniteur Ottoman et quatre numeros du Courrier de Smyrne. ^^^-^ «r-«^% '«.'*^% %'*/% %^.^ %^%^ '*/«.'*.'«, -V «.-» -W^ -«%/«,■«. « BULLETIN I)E LA f f SOGIETE DE GEOGRAPHIE. N» 114. OCTOBRE l832. PREMIERE SECTION. MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS. DOCUMENS NOUVEAUX SUR LES MONUMENS DE PALENQUE , DANS l'aMERIQUE CENTRALE , Et sur les routes qui conduisent de Mexico a Guatemala. Lettre de M. Cochelet, consul general et charge (U affaires de France pres le gouvernement de la repu- blique de V Amerique centrale, A M. JoMARD, membre de I'lnstitut. Philadelphia, 8 aout i832. Je vous dirai, comine une chose certaine, que Texpedition scientifique de M. Waldeck (i), s etait em- (i) Voir le BuUetiu de la Societe, n" io6, p. loi. i4 ( »9o ) Larquee a la Vera-Cruz, deux jours avant nion depart de ce port, qui a eu lieu le j? avril dernier, et quelle s'etait dirigee sur I'etat de Tabasco, pour atteindre les ruines de Palenque par le plus court chemirr. II faut esperer, cette fois, que le monde savant , qui desire depuis si long-temps ohtenir des faits plus positifs sur ces ruines mysterieuses , ne sera pas encore frustre dans son attente. Car independamment du doctcur Cor- roy, dont vous me parlez encore dans votre lettre, et qui a du , dites-vous , retourner a Palenque dans le mois de mars dernier, pour y faire des fouilles, il parait qu'un officier superieurde I'Amerique centrale, nomme J. Galindo , s'est aussi rendu au commencement de cette annee a Palenque dans un but d'exploration. C'est au moins ce que je viens de lire dans un journal francais, qui s'imprime a New-York , et qui a insere , a cet egard , un assez long article, que je crois devoir vous envoyer ci-joint, parce queje suppose qu'ilinteressera la Societe de geographic, si elle n'en a pas deja eu connaissance. Ce que vous apprendrez sans doute avec plaisir, mon- sieur, c'est que je serai bientot plus a portee d'offrir mes services aux explorateurs de Palenque , et de rendre compte de leurs succes a la Societe de geographic. Mes fonctions diplomatiques au Mexique ont cesse depuis le mois de mars , et il a ete decide que j'irais les remplir aupres du gouvernemcnt de la republique de I'Ameri- que centrale. Jetais dt^a arrive a la fin de mars a la Vera-Cruz, ou je croyais trouver un de nos batimensde guerre de la station de la Havane, qui devait me con- duire dans le golfe de Honduras. Mais les circonstances de la guerre civile du Mexique ont rendu sa presence indispensable sur les cotes de ce pays, afin de proteger efficacement les interets de nos nationaux, et j'ai dii ( ^9' ) aller forcement aux Etats-Unis du nord de I'Anierique, poiiry chercher les occasions d'aller prendre possession de mon poste. Gette direction inattendue ma fan faire un Ion? et beau voyage- car, apres avoir ete chercher a la Nou- velle-Orleans un navire de commerce, que je n'y ai pas trouve, pour me conduire a Omoa ou Belise, jeme suis achemine vers le nord des Etats-Unis , seul point ou Ion en trouve quelquefois, et j'ai remonte le Mississipi et rOhio jusqu'a Pittsburg, par Louis-Ville, Cincinnati et Wheeling, c'est-a-dire pendant 2,o34 uiilles, ou six cent soixante-dix-huit lieues. Je ne vous parlerai point de tout ce que ce voyage offre de remarquable, car des milliers de personnes le font tous les ans , et parmi elles il y en a beaucoup qui publient des narrations autre- ment interessantes qu'un simple recil comme celui que je pourrais vous faire. Qu'il vous suffise done de savoir qu'il n'y a aucun des nombreux pays que j'ai parcourus dans I'ancien et le Nouveau-Monde ou j'aie vu un tel mouvement ascendant et qui presente un cadre d'actl- vite et de prosperite commc dans la partie des Etats- Unis que j'ai traversee. J'ai vu de tous c "tes les rives du Mississipi et de I'Ohio se couvrir de villages, de bourgs et de villes. J'ai vu de tous cotes des fondations nou- velleset des edifices publics sortir de dessous terre comme par enchantement. La fureur des speculations sur les terrains on Ton batit s'est emparee de toutes les tetes, comme il y a quelques anneesa Paris. Afin de vous citer un seul exempie entre plusieurs, je vous dirai que Cin- cinnati, qui n'avait que cinq cents habitans en ijgS , et quatre mille en i8i3, renferme aujourd'hui une po- pulation de trente mille ames. II parait que cette ville n'en restera pas la, car j'y ai vu adjuger pour cent ans, a- ( »92 ) devant nioi, la Bue-propriete d'unterreln ou Ion voulait batir a raison dune location par an de douze piastres (63 fr. , 60 c.) le pied de terre de face sur une certaine prolondeurponrla balisse. L'adjudicataire ctait un riche proprietaire auquel le jeu des terreins a fort bien reussi, car il y a fait une enorme fortune. Ge qu'il y a d aussi reniartjuable que lagglonieratioii des populations sur les bords des grands lleuves des Etats-Unis, c'est I'activite que Ion remarque parmi elles. Cette activite est inerveilleusenient entretenue par les nonibreux bateaux a vapeur qui sillonnent les fleuves en remontant et en descendant. Ces bateaux quiressem- blent a des maisons flotlanies richenient ornees, et ou Ion trouve toutes les conimodites de la vie, semblaient deja avoir atteint le dernier degre de perfection, et ce- pendant on en construit de tons cotes, et surtout a Wheeling et a Pittsburg, le Birmingham des Etats-Unis, de plus grands et de plus souiptueux, ou le luxe le dis- pute a I art. On ne peut se faire une juste idee du mou- vement qui regne sur toutes les parties des rives du Mis- sissipl et de lObio, au moyen de ces machines ambu- lantes qui distribuent de chaque cote du fleuve, non- seulement tons les gens actifs et industrieux employes a un commerce d'echange entre le nord et le midi , ou qui se livrent aux travaux de I'agriculture, mais encore les habitans des villes nialsaines du midi, qui vont respirer dans le nord un air plus pur, ou chercher des distrac- tions nouvelles. Ce mouvement et cctte activite de tous les jours, a I'exception dudimanchc, ou tout rentre dans un calme profond, sont surtout remarquables quand on sort du Mexique. Je dois dire cependant que I'aspect de ce der- nier pays est change sous quelques rapports depuis 1829, ( »f)3 ) epoque a laquelle j'y suis arrive, et que Ion voyage sur- tout avec plus de facilite etmoins de daiigersur la route de Mexico a la Vera-Cruz. Je serais bienheureux si dans TAmerique centrale les moyens de transport etaietit aussi bien organises. II parait qu'ils sont des plus diffi- ciles. Je viens encore de recevoir une lettre du lo mai, d'un ancien officier francais, M. Mercher , que les eve- riemens politiques de 18 1 5 avaient jete dans le com- merce, et qui a eu I'obligeante et malheiueuse idee de venirdepuis Guatemala a ma rencontre jusqu a Belise, ou il supposait avec raison que je devais arriver a I'epo- que ou il m'ecrit : ■■ Lorsque j'ai quitle Guatemala , I'en- tree du golfe d'Izabal etait occupee par les negres et les galeriens d'Omoa , commandes par Dominguez. Ce fk- cheux evenement m'a force de faire un detour de trois cents lieues que j'ai parcourues en vingt-six jours. G'est le plusaffreux voyage que j'aie jamais fait, et j'ai voyage beaucoup. Nulle trace de civilisation, et un climat mort. Le lendemain de mon arrivee, je suis tombe dangereu- sement malade des suites des fi\tigues de mon long et penible voyage, qui rencontre bien des incre'dules. Je suis niaintenant bien faible, niais en pleine convales-. cence. » Je suppose que M. Mercber aura fait la route de Gua- temala a Belise par le district de Peten, dont je vous ai deja envoye I'itineraire. Quanta moi, mon intention est toujours d'aller par Izabal, afin de rendre autant que possible le voyage moins long et moins penible. Voici la route qui m'a ete donnee, et que je suivrai probable- ment. De Belise (colonic anglaise au sud de la presqu'IIe du Yucatan), on se rend a Izabal , petit port de la republi- que de I'Anierique centrale au fond du golfe Duke, il ( ^94) J a environ deux jours de navigation sur un petit canot sans abri; D'Izabal a Mico (en sortant d'Izabal , on trouve imnie- diatenient une ires haute et tres difficile montagne a traverser, qui n'est praticable que dans les temps de se- cheresse); on met presque un jour a faire ce trajet; De Mico , si on a ete favorise par le pas des montures dans le passage de ia fanieuse montagne, et si on n'a pas eprouve d'accident, on peutaller lemetne jour cou- cher a Iguana j D'Iguana a Gualan (Gualan est un bourg que Ton regarde comme le premier endroit assez salubre de la route) ; De Gualan a Zacapa, dix lieues (Zacapa paraitetre le nieilleurgite de la route pour lesvoyageurs etlesmules); De Zacapa a Chimalapa, huit lieues; De Chimalapa a Guastatoya, onze lieues; De Guastatoya a Omoyta , neuf lieues ; D'Omoyta a San Jose, huit lieues; De San Jose a Guatemala, huit lieues. Vous savez, monsieur, que d'Omoa , qui est I'autre port sur le golfe de Honduras le plus rapproche de Gua- temala, il y a cent soixante-trois lieues jusqu'a cette ca- pitale. Peut-etre la Societe de geographic n'a-t-elle pas un itineraire complet de cette distance, je vais mettre sous ses yeux celui qui m'a ete communique : D'Omoa a San Pedro i6 lieues. a la Cofradia lo a Quimislan lo a Sala 8 a la Venta i3 a la Kntrada 4 ( ^95 ) a la Boca del Monte 5 a Santa Rosa 16 a la Borea 7 a Llano Grande 6 aJocatan i ;•.:. n a Chiquiraula ., >; • • • 7 a Zacapa 6 (Ici on rejoint la route d Izabal a Guate- mala.) a Guatemala (selon I'itineraire ci- dessus) •■ «t;- . . . 44 Distance d'Onioa a Guatemala i63 lieues. J'aurais bientot compose un almanach des postes ou plutot des stations de cette Amerique presque sauvage, si je vous envoyais , monsieur, tons les itineraires qui m'ont ete donnes pour me rendre a Guatemala par des amis bienveillans que le sort reserve a ma famille dans ce penible voyage interessait vivement. Les uns, d'ac- cord en cela avec mon desir, voulaient que j'allasse m'embarquer a Acapulco , sur I'ocean Pacifique; mais il n'y avait pas un seul navire au port, et il s'y en trouve rarement. Les autres m'engageaient a aller par la lagune de Terminos a Peten , en suivant ensuite la nouvelle route dont vous avez I'itineraire; mais je crois que cette route n'a ete frequentee jusqu'a present, dans quelques parties , que parleslndiens Caraibes, etil serait par trop imprudent d aller faire voyager une jeune fenune et un enfant en bas age au milieu de peuplades encore sauva- ges. Les troisiemes (et le nonibre de ceux-ci etait consi- derable, parce qu'il representeles peurenxdu Mexique, qui n aiment pas la mer et toutes ses chances) me con- seillaient d'aller droit sur Guatemala par le chemin de ( 196 ) terre, en traversant les (^ordillieres. J'al hesite quelque temps si je suivrais cet avis , mais j etais arrete par I'iii- certitude et les dangers pour ma famille d'une longue route a faire a dos de mulcts, et que j'aurais ete plu- sieurs mois a parcourir. Je my serais cependant resigne , si j'avais pu pr<»voir que le batiment de guerre ne pou- vait pas me conduire a Belise dans la seule saison de I'annee ou le chemin d'lzabal a Guatemala parait etre praticable. Vous serez sans doute curieux d'avoir quelques ren- seignemens sur cette route fort peu connue, mais dont I'itineraire sera utile aux negocians , aux voyageur& et aux geographes qui s'occupent dune nouvelle carte du Mexique. Je vous I'adresse done, partant de Guatemala. De Guatemala a Db Amatbnahgo a Mixco. 3 lieues. Ciudad Real. 7 Santiago. a Iztapa. 8 Sampango. 3 Chiapas. 5 Pasoa. lo Tuxtla. 3 San Andres. 6 Ocosocantla. 7 Argueta. 5 Sintalapa. lO Totonicapan. 9 Macuilapa. 8 Sau-Francisco. 3 Dolores. « Agua Calieate. 5 Tapana. 8 Guigietenango. ID Sanaiepeque. 7 Rosario. 5 Niltepeque. 7 Todos Santos. 7 La Venta. 7 San Martin. 5 Iztalpeque. 7 Jacaltenango. (i Teliuantepec. 7 San Andr^B. 3 Yerba Santa. 7 Yalisjao. 4 Tequisistlan. 7 San Jose. 8 Las Vaccas. 7 luncana. 6 San Bartolo. 8 Cotnitan. 5 San Carlos. 8 Amatenaiigf). IS Tapanalu. 7 lieues. ( > 97) Dk Tapahal*. a De San Sebastian a Tototapa. 7 lieues. Teguacan. 4 lieues San Dionisio. 5 Tepango. 5 San Lucas. 2 Hacotepeque. rt Oaxaca. 7 La Venta de Alcorta . 3 San Juan del Rey. 6 Tepiapa. 4 Ataclanta. 5 Mosoge. 5 D" Doiningaillo. 4 San Martin. 6 Quiclacan. 3 Las Tablas. 6 Tiotepeque. 5 Rio Frio. 4 Los Cois. 3 Chalco. 5 San Antonio. 4 Mexico. 6 San Sebastian. 6 Chemin de terra de Guatemala a Mexico. 371 lieues. Me voila , monsieur, bien eloigne actuellement de ce chemin ; mais quand je pense a toutes les aventures qui auraient pu m'arriver dans une si longue route et au milieu de tels gites, en voyageant seul avec ma famille et quelques domestiques du pays, qui sont souvent les premiers a devaliser leurs maitres , comma cela m'est arrive au Mexique , je prefere encore mon long trajet par mer et mes huit a dix journees par terra d'Izabal a Guatemala , quelque penibles et fatigantes qu'elles soient. Je ne manquerai pas de faira un examen attentif du pays que je parcourrai, et je le soumettrai a la So- ciete de geographic.... Signe Ad. Gochelet. Errata cTitne lettre precedence de M. Cochelet, inseree dans le cahier de fevrier i832. Page I02, ligne a3, au lieu de : demande aux ev4ques, lisez : demande au congris. Page 107 , ligne 2 1 , au lieu de : son somniet , lisez : Sonsonnate. ] ( '98 ) Mkmoire de M. Galindo, of ficier super ieur de larcim- blique de V Amerique centrale , adresse a M. le secre- taire de la Sociele de geographie de Paris. Ruiues de Palenque , 27 avril. Monsieur le secretaire, All milieu de ces ruines adniirahles, qui annoncent fierement au nionde, la haute civilisation de ces pays dans les temps passes , et sauvent 1' Amerique ancienne du reproche de barbaric , a qui puis-je m'adresser plus justement , pour faire connaitre a I'Europe nos droits a sa consideration, qua votre Societe honorable et re- nommee ! La chaine de montagnes, sur le sommet de laquelle s'etendent ces ruines , traversent le continent de I'orient a I'occident, depuis la source du Yalcliilan , petite ri- viere tributaire des eaux de I'Usumasinta jusqu'a quelques lieues a I'ouest d'oii j'ecris : elle separe politiquement les republiques centre- americaine et mexicaine, et na- turellement les plaines unies et chaudes de Tabasco, des pays eleves et temperes du Peten , qui restent au sud. De son extremite occidentale, la chaine tourne vers le sud et separe encore la province centre-americaine du Peten de I'etat niexicain de Chiapas; un morceau de ce dernier etat penetre aussi au nord de ces ruines , et la se trouve la ville de Santo Domingo del Palenque (Saint- Domingue de la Lice), qui a eu I'honneur, chez I'etran- ger, de donner son nom a ces ruines, qui ici sont con- nues generalement sous celui de « Las Casas de Piedra. » Get endroit se trouve a Torient de I'isthme de Tehiian- ( »99 ) tepee, un des points qui unissent les deux grands con- tinens du nord au midi : I'etat Je Tabasco occupe les vastes plaines entre les ruines et le golfe de Campeche , entrecoupees par lUsumasinta, et ses tributaires des canaux naturels et des bouches nonibreuses, qui for- ment tout ensemble (i) le Suez, I'Egypte , la Mediter- ranee, le Nil et le Delta de cette Thebes americaine. Une tribu des Mayas sauvages appeles Lacandons, qui habitent un district immense dans le centre du conti- nent, embrassent toute la partie occidentale du Peten; errent sur les bords superieurs de lUsumasinta et le pays qui se trouve au sud de I'endroit d'ou j'ecris. C'est I'unique reste des nombreuses tribus des Mayas inde- pendans, qui, a Tepoque de la conquete espagnole , occupaient la partie orientale de Tabasco, toute la pe- ninsule de Yucatan, et ce qu'on appelle aujourd'hui les provinces de Honduras britanniques, Livingston et le Peten , qui s'etendent sur les cotes depuis le lac de Ter- niinos jusqu'a Onioa. Les Lacandons sont fort peu civilises, neanmoins ils ne sont pas trop feroces; ils emploient la langue de leurs ancetres , qui se parle aussi chez les Indiens con- quis, et meme chez plusieurs) autres habitans des pays qu'occupaient les Mayas au temps de la conquete. lis s'habillent de coton et de I'ecorce de I'arbre qui produit la gomme elastique, et se fient a la peche et a la chasse pour leur principale nourriturej a la chasse, ils em- ploient des fleches de canne ayantdes tetesde cailloux. lis cultivent aussi des petites quantites de mais , de ca- cao et de tabac, celuici d'une qualite fort superieure, (i) On a cru devoir coiiserver le style de cette lettre, nialgr6 les tournures etrangeres qu'on y remarque de temps a autre. ( N. D. B. ) ( 200 ) et qu'ils echangent pour le sel. lis ne possedentaucune tradition de I'antiquite, et ont presque oublie la con- quete dii Petcn, qui n'a eu lieu qu'au commencement du siecle passe. Les Espagnols trouverent les Mayas de Yucatan dans un etat avance de civilisation. Un peuple qui parlait la langue puctunc ou chol, qui n'est qu'une corruption legere du maya , possedait le pays de ces alentours ; mais il n'avait aucune idee des fabricateurs de ces an- ciens edifices. Les Puctuncs ne furent jamais , depuis qu'ils sont connus, aussi civilises que les Mayas., et a present qu'ils restentconquis, lis sont dans un grand etat d'abrutissement; si on leur demande qui batirent ces edifices, ils repondenl « le diable », et ils les regardent avec une espece decrainte superstitieuse. Les autres ba- bitans du pays, voyant la stupidite des Indiens, et ne connaissant d babilete que parmi les blancs, croient qu'une race de blancs fut I'auteur de ces batimens et des autres antiquites du pays ; mais je suis decidement dun avis contraire. Les Espagnols fonderent une ville qu'ils appelerent Santo Domingo del Palenque, il y a un peu plus d'un siecle, parmi ces mines, attires par la beau te duclimat et labsence des marineouinset d'autres insectes incommo- des J mais ils trouverent les cbauves-souris si nombreuses et nuisibles, qu'ils changerent la situation de la ville a une lieue au nord et dans la plaine; c'est a present un tres joli eudroil ; ses belles femnies ont une grande re- putation, et la longue vie de ses liabitans est aussi re- marquable, comme preuve de I'excellence du climat. Les pays voisins de Tabasco et le Peten contiennent de nombreux restes d'antiquites qui prouvent qu'a une epoque eloignee , cette contree etait la plus civilisee de ( =»oi ) rAnieriqiie; je juge cette epoque beaucoup plus reculee que la fondation de la ville de Mexique, au commen- cement du quatorzieme siecle, et pour differentes rai- sons : premierement, je vols que les anciens peuples de ce pays possedaient I'art de representer les sons par des signes, ce qui etait ignore par les Mexicains, et jusqu'a present, je croyais qu'aucuns Americains avant la con- quete ne savaient ecrire : les Mexicains, qui auraient ete nos voisins, et qui n'etaient point depourvus de ta- lent, auraient infailliblenient appris d'ici I'art de I'ecri- ture, si superieur aux hieroglyphes qu'ils employaient. Encore je suis d'avis que cette nation ancienne fut de- truite par une irruption de barbares du nord-ouest, ce qui est une raison pour leur donner une epoque beau- coup plus eloignee que la fondation de la ville de Mexi- que, en 1342, puisque j'ignore si aucune ancienne his- toire ou tradition parle dune telle irruption, ni avant ni apres cette annee ; son anliquite doit ainsi etre plus reculee que toutes nos connaissances historiques sur cette partie du monde. Quelques lieues a I'ouest et dans la direction de la ville de Mexique, se trouve un pont de pierre sur la riviere Tulija (tributaire de I'Usumasinla); ses arches sont ca- chees sous I'eau , qui a separe la rive droite du pont (s/'c) ; la riviere a environ cinq cents pas de large en cet en- droit. Ce doit etre cet objet qui a donne origine a la ville fabuIeusedePuIha, dont parle M. Juarros dans son histoire de Guatemala. Les deux paragraphes de cet au- teur sont la seule chose que j'aie vue ecrite sur les anti- quites de ce pays : comme c'etait un ecclesiastique qui ne sortit jamais de sa ville natale, toutes ses descriptions hors de la , sont fondees sur des rapports, et ses infor- mations sur cet endroit ci sont fort iiicorrectes. II dit ( aoa ) que ces ruines d'ou j'ecris etaient inconnues avam le milieu du dix-huitieme siecle, ce qui est absolument faux ; puisque je suis persuade , que depuis la conquete, ces edifices ont ete connus des Espagnols, quoiqu'ils n'aient jamais pu rien decider sur leur origine. Au lieu de n'avoir que six lieues de circonference, cette ville rui- nee a plus que cela de large. Le nom de Culhuacan que M. Juarros lui donne est sans autorite, puisque nous ne connaissons point ce nom-la dans tout le voisinage. II y a une ville pres de la mer dans I'etat de Tabasco, appelee Cundoacan , mais a plusieurs journees d'ici. Au nord-est, a sept lieues de distance, se trouve une cuvette circulaire, de vingt pieds de diametre, et deux au-dessusde laplaine , mais elle en a liuit de profondeur en dedans, et est a present peuplee de crocodiles. A une lieue de Tenosique sur le bord de I'Usuma- sinta , se trouve une pierre monumentale, remarquable par les caracteres quelle contient. Plus haut sur la riviere Usumasinta, et dans un grand souterrain sur la rive gauche, il y a des ruines extraor- dinaires et magnifiques que je n'ai pas vues. Beaucoup plus loin , a I'autre c6te[de la ville de Flores (chef-lieu du Peten), se trouve le lac de Yacha de deux lieues de largeur, qui contient quatre petites iles, une desquelles, qui est pierreuse el elevee, ayant plus de mille pas de diametre , est couverte de debris de pierres; le plus remarquable, c'est une tour carree de cinq eta- ges, chacun de neuf pieds de haut, la base a vingt- deux pas sur chaque cote, et les etages entre deux pieds en dedans de tous les bords : il n'y a aucune entree ni fenetre dans les premiers quatre etages ; mais du cote de I'ouest, un escalier de sept pieds de largeur conduit jusquen haut. Les marches de I'escalier n'ont que quatre ( 203 ) pouces chacune j deux portes fort basses dans le cin- quieme etage , permettent d'y entrer a quatre pattes; et cat etage consiste en trois chambres sans toit,jointes par de semblables petites portes ; quoiqu'il y ait apparence, par le son , qu'il y a au-dessous un vide , cependant il ne parait aucune entree aux premiers etages : les pierres dont la tour est construite sont un peu plus gran- des que celles employees dans le Palenque, mais d'une meme forme, qui est la seule ressemblancequeje trouve entre Tarcliitecture d'ici et celle de Yacha : soit que les edifices de Yacha soient plus niodernes , ou son atmo- sphere moins corrodante,ou pour d'autres causes; la, des parties des poutres, des portes restent encore, d'un bois qu'on appelle jahin; mais ici, touteespece de bois a deja disparu, et il ne reste que des pierres et du piatre. L'endroit ou je me trouve etait sans doute la capitale de I'ancienne nation; les oeuvres de ce peuple forment a present son unique histoire; le geographe le moins instruit verra dun coup-d'oeil les grands avantages que possedail cet endroit pour elre le siege du gouvernement d'une nation civilisee, commerciale et etendue : la tem- perature la plus agreable par I'elevation du lieu ; en ar- riere un pays tempere , capable de produire tout ce qu'on ne trouve point dans les payschauds; et devantles im- menses plaines fertiles de Tabasco et Yucatan. Sans parler de sa position sur le globe, entre les deu'x conti- nens de TAmerique et les deux grands oceans, a une petite portee de chacun , on remarque que ce lieu est au fond du golfe de Mexique , la plus enfoncee des mers americaines, mais assez retire de la cote pour ne pas eprouver sa chaleur incommode ni ses maladies, et pos- sedant dans les plaines qui se trouvent a ses pieds, un reseau d eaux navigables qui traversent I'etat de Ta- ( 204 ) hasco dans tous les sens; la riviere Cliacamas, qui pour ainsi dire, baigne les pieds de ces murailles est naviga- ble et tonibe dans TUsumasinta; les rives du Catasaja, qui communique aussi a lUsumasinta , sont a peu de lieues de distance : enfin lescanaux et rivieres profondes de Tabasco, et leurs embouchures nombreuses dans le golte de Campeche, offrent loutes les facilites pour le commerce. Je ne puis que proclamer avec enthousiasme que le heros americain , fondateur de cette metropole , devrait voir son nom place a cote ou au-dessus de ceux d'A- lexandre , de Constantin et de Pierre-le-Grand. Le peu de curiosite des habitans actuels de ces envi- rons fait que les mines sont peu explorees ; il n'y a que deux chasseurs indiens, Pedro Lopes et Victorio Bas- ques, qui en connaissent quelque chose, et iis les mon- trentaveo difficulte, soit par superstition, soitune autre cause inconnue. Toutes les mines se trouvent envelop- pe'es dans une foret epaisse, et on pourrait passer des mois entiers a les observer de la maniere la plus inte- ressante. Les debris de cette ville ancienne s'etendent jusqua pres de sept lieues sur le sommet de la chaine; les edi- fices principaux se trouvent sur les endroits les plus eleves, et des escaliers conduisaient jusque-la, en par- tant des vallons. II me parait que la ville etait une conti- nuation de maisons sur la chaine, assez separees les unes des autres , ne contenant peut-etre dans toute sa grande etendue qu'un meme nombre d habitans qu au- rait une ville moderne d'une lieue de large. Les maisons se composent de galeries (Voy. fig., n' i", qui en represente le profil) dehuit pieds de large, separees par des murailles de trois pieds d'epaisseur; ( 205 ) tleux langs de galeiios toniplett^nt ledifice- la hauteur des murailles jusqu'aux l)ords des toits, est dc neuf pieds; etdela, il y a neuf pieds de plus jusqu'au haut, qui est couvert de pierres horizontales d'un pied de lar- geur. Les vides entre les deux, toits interieurs se trou- vaient toujours remplis, quoique contenant des »ran- des niches (Voy. fig. n" 2) j a present ils sont gene- ralement couverts de buissons et d'arbres de la plus grande proportion, L'epaisseur de la foret , menie dans les cours et anciennes habitations, empeche de faire I'esquisse d'une malson entiere, sans compter que je suis un artiste des plus mauvais. Les pierres dont sont constiuites toutes les maisons ont dix-huit pouces de long, neuf de large et deux d'e- paisseur , jointes par du platrefin; elles sont toujours placees horizontalement , et se portent peu-a-peu vers I'interieur en formant le toit : les bords exterieurs des toits posent sur des grandes pierres qui sortent de plus de deux pieds. II y a plusieurs portes dans toutes les salles ou gale- ries , et les parties qui contenaient les poutrelles sont conservees, quoique tout le bois ait disparu, la et par- tout dans les mines; on ne trouve d'autres restes qu'en pierre et en platre. Les habitations doivent avoir ete fort obscures , si les portes etaient de bois et fermees, puis- que les fenetres ne sont que de petites embrasures cir- culaires et carrees, sans regie. On peut bien remarquer que ces architectes evitaient la symetrie, non par igno- rance, mais avec premeditation. Outre les niches dans les toits et les fenetres, les mu- i5 ( .ofi ) rallies se tiouvent percees par des trous de cetie forme, chactiii, de pies de deux pieds de large; et quoiqu'ils traversent les miiraiilcs, ils sont toujours partages au milieu par line partie deplatre; je ne puis imaginer leur usage; neaninoins j!s sont fort uombreux. Plusieurs creux dans les miirailles contiennent des petits piliers dun pouce a six de liaiit, quelques-uns capables de re- tenir lanimal le plus fort, et d'autres d'une petitesse delicate; il y a de ces piliers en haut et en has, et pas toiijours I'un vis-a-vis de I'autre. Des nlto-/el/ei'os [reVieh en rondebosse), representant des figures huniaines, se Irouventen dehors, sur les co- lonnes qui separent les portes (^si'c); et dans plusieurs, il est assez difficile de distinguer les hommes des fem- mes, puisque leur habillenient parait le meme : la tete ornee de hautes plumes, la poitrine et les bras nus, avec des colliers et bracelets, quelquefois converts dune pa- latine courte, la ceinture et les cuisses dans une enve- loppe pleine d'orneniens, et ses bouts , finement tra- vailles , pendant enlre les jambes qui restent nues comme les pieds. Quelques figures sedistinguent par la hauteur bizarre de leurs coiffes, et la projection horizontale des archets et des bouts de la ceinture qui attache I'enve- loppe au milieu. Tous les visages sont de profil. Plu- sieurs portent de longs batons dans les mains, surmon- tes par quelques objets que Ton ne pent definir. On voit aussi quelques figures assises, apparemment de plebeiens, a la suite des autres; ils ont des enveloppes, mais sans ornemens ni coiffes. Lesceintures , etc. de plusieurs pa- raisseiit avoir ele coloiees, et meme I't'criture etailpeinte. ( 207 ) LVtlificele plus reniaiquable quej'ai rencontre etque j'appelle le palais (Voy. fig. n» 3), se trouve prt-s de I'extreniite occiclcntale ties ruines : sa latitude, 17° 19' nord et longitude 74° 52' occidentale du Ferrol (i); il est compose de plusieurs carres^ les galeries principales courent du nord-nord-est au sud-sud-ouest , calculant la variation de la boussole , qui est de 9" a lest. Cette direction et sa perpendiculaire se conservent exacte- nient dans tons les edifices que j'ai vus, re qui est ex traordinaire, puisqu elle ne provient pas de la position des rues, attendu qu'il n'y eut jamais de ces communi- cations regulieres entre les maisons. La facade du palais contenait cinq portes, hautes et larges conune dans tous les edifices; sur chacune des colonnes qui les separaient, se trouve une figure humaine de platre en alto relievo (Voy. fig. n" 4, qui estcelle dunord) (2). J'imagineque c'est uneepee qu'elle tient dans la main droite, ou une arme pareille a celles employees par les anciens Mexi- cains, c'est-a-dire de bois, ayant des morceaux de cail- loux enchasses dans la lame. C'est dautant plus proba- ble , que les anciens habitans de cette ville ne connais- saient point le fer, et qu'on trouve partout des mor- ceaux de cailloux bien travailles, semblables (inais plus grands) a ceux qu'emploient les Lacandons d'aujour- d'hui pour armer leurs fleches. (i) Cette longitude est defectueuse ( 'V'oyez les cartes les plus re- centes). (N.D.R.) (a) Cette figure et toutes celles qui ont ete jointes icT laissent a de- sirerpour la correction. Nous nousbornerons a renvoyer a I'ouvrage de M. de Humboldt sur les nionumens de rAmerique; a celui qui a paru a Londres en 1822, sous le litre de Description of tlie ruins of an ancient city discovered near Palenqiii , etc., in-/i" , ifi pi.; au nouvol ouvrage de M. P.aradt're (voyez page aiS ci-dessous le rapport sur cat ouvrage) , et au tome ir des Memoires de la Societe. i5. ( 9.o8 ) La grande entree central e clu palais qui unit sesdeux galeries de front, et sous laquelle j'ai bivouaque, n'eut jamais de porte; son somnietest circulaire. Vis-a-vis de la seconde galerie un escalier descend a une cour inte- rieure, et de chaque cotese trouvent trois busies jriiran- tesques en alto relievo sur des pierres penchees \ un est dessine sous le n" 6 : la croix, placee sur la poitrine de cette figure, et qu'on voit si souvent dans toutes Ics ruines, est une circonstance fort singuliere. Dans une autre cour on voit une tour carree, mais tout-a-fait differente de celle de Yacha, puisque celle-ci a une suite reguliere de portes ou fenetres; les degres sent rectangulaires et condujsent en dedans jusqu'en haut; le soniniet est tombe, mais la tour a encore une hauteur de cent pieds. Dans une des galeries du palais, il y a un tableau sur une pierre ovale de six pieds de dianietre, les figures sont en alto relievo , et gardent encore les vestiges de la peinture. Une dame, vetue a I'or.dinaire et avecdes pen- dans d'oreille, est assise, les jambes croisees, sur un sofa ou banc, qui, je crois, represente un banc de pierre , ayant a chaque bout la representation d'une tete d'ani- mal , comme de tigre, avecdes colliers: une vieille femme, vetue d'une palatine etenveloppe, les deux dune etoffe bigarree , offre a genoux, a la dame assise, une tete humaine ornee d'une seule plume : le derriere de la tete est tourne vers la dame, qui la regardefixement; pendant que I'expression desa douleur et de sonhorreur est bien representee, sa main droite est pres deson occur et la gauche reste sur sa cuisse. Quelques tablettes car- reessont inscrites dans la partie superieure du tableau : la muraille a I'entour est de differentes couleurs j et une inscription est peinte sur la corniche en haut, formee ( 209 ) de deux lignes horizon tales de pelites tablettes carrees. Pres d'ici se trouve I'entree principale des souler- rains, qui courent sous le palais, et que j'ai traverses avecdeschandelles,quoique fort incommode desgrandes chauves-souris qui infestent toutes les mines. En dessus de cette meme entree sonttravaillees, en alto relievo ^ la figure d'un lapin dun cote , et celle dune figure humaine difforme de I'autre ; toutes les deux environnees de fi- ligrane, quiimite apparennnent des rameaux et des plu- mes. L'architecture des souterrains est seniblable a celle des batiraens en dessus : il y en a deux etages ; quelques habitans des villages voisins y ont creuse en divers en- droits pour chercher des tresors, mais sans succes. Un€ tete en dessus d un des passages des souterrains (Voy. fig. n"^ 5), indique la douleur ou le sommeil (i) : de oette circonstance, et de ce que les souterrains contien- nent plusieurs lits de pierre, je juge qu'ils servaient de dortoirs : cependant peut-etre, c'etaientdes prisons, puis- que leurs entrees sont en petit nombre, petites et fa- ciles a garder. A I'ouest du Dalais, dans le vallon en bas, je vois une pierre circulaire laissee comme par hasard ; elle a six pieds de diametre et un d epaisseur , et est tout-a-fait semblable a une pierre de moulin ; mais sans trou dans le milieu J je ne puis decouvrir de caractere dessus, ni crois-je quelle en a eu, puisque ceux de ce peuple s'e- €rivaient toujours dans des carres comme ceux d'un echiquier. Je ne puis pas determiner son usage. Pres de deux cents pas a lest du palais, se trouve lOrigine dun ruisseau limpide j il sort parmi des ro- < (i) Le menie sujet, j)lus coniplet, est figure dans I'oiivrage pu l)lie a Londres, ■:' planche. cliers, et clepuis sa source il est couvert d'une galerie, qui suit son cours pendant cent pas : ce doit etre I'aqueduc ( f'ausseinent nomnie ainsi ) , dont parle M. Juarros. A I'endroit oii se termine la galerie, setrouve una continuation d edifices jusqu'a cinquante pas plus loin en suivant le cours du ruisseau, et ou je suppose que f'urent des bains; la i^alerie protegeait la source de toute souillure. L'edifice que jappelle Y etude se trouve sur une colline voisine et plus haute que celle du palais; sa niontee est fort escarpee , mais facilitee par des degres qui paraisseni entourer toute la colline. 1^ etude a vingt-quatre pas de long , et a cinq portes, dont la boiserie a disparu en lais- sant ses traces; les piliers ou muraille.s qui les separent, contiennent chacun des figures hun)aines desix piedsde haut;deux d'entreelles portent des enfansnus sur le bras droit, et une de celles-ci a une robe tombant presque jusqu'aux chevilles. Les niurailles interieures de Vctude contiennent trois grands quadrangles de pierre, chacun divise par des lignes en deux cent quarante coraparti- niens egaux, de six pouces en carre; douze de haut en has, et vingt d'un cote a I'autre, et contenant differens caracteres en bas-reliet(Voy.,n°9,l;icopied'un caractere). Les memes caracteres paraissent rarement repetes dans les differentes tablettes. Un autre edifice consacre a la religion se trouve a Test du palais, et sur une colline encore plus haute que celles des piecedens ; il est forme de deux galeries , celle du devant occupe toute sa longueur, celle de derriere est separee en trois pieces : la plus orientale a 1 air dun ca- chot ; cependant son entree, qui est petite, n'a aucun signede porte : celle de I'occident est unechambre toute simple; la piece du centre n'a point de porte; mais, a ( ^" ) cause ties piliers qui se trouvent dans la niuiaille, je suppose quelle se terniait avec des rideaux : cette piece coutient une petite chapelle batie en dedans avecun toil plat J la facade de la chapelle est formee de deux dosses[i) de pierres jaunes, qui laissententre elles une grande en- tree. Sui" la pieire occidentale est represente un honune qui est tourne vers la pone; sa lete est ornee deplumes et de rameaux; sur un de ceux-ci est assise une petite grue avec un poisson a la bouche; il a une palatine, des pantalons jusqu'a mi-jambe , desbandes autour des gras de la jambe et une espece de bottes sans semelles qui couvrent seulement le derriere de la jambe: une figure d'homme horrible, assise, le dos tourne a celui qui est debout, n'a pas de pieds; mais ses janibes finissent en queue : onze lableties de deux pouces et demi carres sont inscrites en haut et en face de i'homme qui est de- bout, sur la m^me dosse (Voy. fig., n"' y, 8 et lo). U autre dosse de pierre contient un vieillard hideuxavec une sorte de rameau ou pi[)e dans la bouche. Vis-a-vis de ces deux figures, il y a des piliers pratiques dans la muraille, lant en haut qu'en has, auxquelles, peut-etre, on attachait des victimes ou des criminels. En dedans , sur le dos de la chapelle, parmi du filigrane (sic), il y a deux figures humaines, hautes de trois pieds; la plus grande place la tete dun homme sur le sommet d une croix , exactement comme celles qu employaient les Chre- tiens! I'autre figure est apparemment un enfant : toutes les deux ont les yeux fixes sur la tete {sic), les pieds nus et les chevilles ornees. Derriere les deux figures , il y a (i) On pourrait interpreter ce mot d'aprfes les glossaires, avec le sens de dais, si M. G. ne I'emplojait une page plus loin pour exprimer une pierre a moudre ( page 212 ). (A'. I). II.) ( =^'2 ) des petites tablettes qui contiennent des caracteres bieti travailles. (Voy. fig. n"' ii et 12.) Peut-etre ai-je tort de croire que c'est ici une chapelle , et qu on y sacrifiait des victimes liuniaines; ees sacri- fices devaient, ace que rori croit, s'execuler devant de grandes assemblees du peuple ; or, que peu de gens pourraient en avoir ete temoins, s'ils s'etaient faits dans te lieu; peut-etre etait-ce un dais sous lequel siegeaient des niagistrats en administrant la justice. Au-dessus de toutes ces chambres s'elevent deux inu- railles paralleles et etroites , jusqu'a une hauteur de quatre-vingls pieds de terre; elles sont percees par des trous Carres, et on monte entre elles , par des pierres saillantes jusqu'en haut, d'oii il y a une vue des pUis etendues sur les plaines , vers le nord. La physionomie des figures (Ihommes sur les alio re- lievos indique qu'ils etaient d une race non differente deslndiens modernes, peut-etre plus hauts de tailleque ceux-ci qui son I dune stature mediocre, ou plutot pe- tite , en comparaison des Europeens. On trouve aussi parmi les mines , des pierres pour moudre le mais, de la meme forme que celles qu'cm- ploieni les Indiens centre- Americains et Mexicains d'au- jourd'liui , c'est-adire une dosse de pierre de trois pieds , travaillee du meme morceau , et un manche de pierre rond comme une regie, mais plus epais, avec le- quel les temmes inoudent le mais sur la dosse. Quoique la langue maya ne se parle pas dans toute sa purete dans ces environs, je suis d'avis quelle derive plus particulierenientdel'ancienne nation de ces mines, et quelle est une des grandes meres-langues de I'Anie- rique; elle est parlee encore par la phipart des Indiens, et meme par les autres habitans de la partie orientale de ( -i3 ) Tabasco, du Peten et de Yucatan. On impiime des li- vres en maya, et les cures prechent et confessent les Indiens dans la meme langue. L'oraison dominicale et le symbole des apotres sont comme il suit en maya : Cayum ; yanech tl Caanob , cilich cunabac a kaba : tac a uahaulil c okel, utzcinabac a uolah, ti luum , baix te ti caanej sa ca zamal kin uah toon belelae j zatez ix ca zipil, bay ca zatzic u zipil ah ziplob toone : maix a uilic calubul ti tumtabale : heuaclukezon ichil lobil, Amen. Ocan ti uol Dies Yumbil, uchuc tumen tu zinlle , yahmenulCan,yetel luum.Ocanix ti uolcaYumil ti Jesu- CrisVo : li ppelel megenile , lay hichnabi ti Espiritu San- to, zihi ix ti Zuhui ixcilich Maria; tali tu chi Poncio Pilato : numciti ya, zini ixti Cruz; cimitun, ca ix muci, caix emi tu kazal raetnal , limbo u cabac : Tu yoxkin ca- put cuxlahi ichil cimenob. Ca naci ti Chan. Ti ix culan tu noli Dios Y'^umbil uchuch tumen tu zinii. Ti tum likul cabin tac, uxotobiikin cuxanob, yetel cimenob. Ocanix ti uol Espiritu Santo ; yetel Santa Iglesia Catolica baix li mul otmal Santoob. Uzatzalix kebanxan. U caput cux- talix ca hakel yetelix hunkul cuxtal. Amen. Je copie 1 orthographe usitee ; voici les nombres: 1 hunppel. 6 uacppel. 2 cappel. 7 uucppel. 3 voxppel. 8 uaxacppel. 4 camppel. g bolonppel. 5 hoppel. lo lahunppel. Plus loin est un vocabulaire de la langue maya , ecrit par un Indien de la ville de Flores ; s se prononce ts , \ , c/i , et c , (J . La langue puctunc est parlee par les Indiens de la ville ( ^i4 ) moderne du Palenque, et vers le sud-ouest, aussi loin queTila, Guistan, etc., plus pres de I'ocean Pacifiquej les mots suivans sont de cette langue : King Soleil. Uli Lune. Ek fitoile. Ha Eau. Kak Feu. La langue kachiquel se parle dans I'interleur de I'etat de Guatemala 5 elle etait celle du peuple le plus civilise que les Espagnols irouverent entre le Mexique et le Perou , sans excepter les Moscas de Cundinaniarca. M. Juarros parle longuement de leur histoire etde leurs coutumes. Je suis aussi persuade que leur langue , comme celle des Quiches et Pocomans, est derivee du maya, et peut-etre encore plusieurs des autres nombreuses langues centre-americaines que j'ignore. Voici les nom- bres de la langue kachiquel : I hoon. t6 waklahoo. I kai. 17 wuklahoo. 3 oshee. 18 wakshaklahoo. 4 kahee. 19 balaklahoo. 5 W06. 20 hoohinak. 6 wakakee. 2 1 hoobinah boon. 7 wooku. 22 hoobinak kai. 8 waksbakee. 3o hubinaklaboo. g balaba. 4o cabinak. 10 lahoo. •''o labooosbkal. 11 hulahoo. 60 osbkal. I a cablahoo. 70 labooum. 1 3 oslilaboo. 80 umuk. i/( caklaboo. 90 lahoowokal. x5 wolahoo. 100 wokal. II me sera toujours de la plus grande satisfaction, en tout ce que je puis , de repondre a chaque demande , ou satisfaire la curiosite de votre sage Societe. '' .SV^'we Juan Galinuo. ( ^^5 ) VOCABULARIO I)E LAS LlilVGUA.S CASTELLANA Y MAIA. Sol. Luna. Estrellas. Nube. LIubia. Trueno. Relampago. Lus 6 claridad. Obscuridad . Fuego. Frio. Calor. Tierra. Temblor. Arbol. Casa. Pueblo. Agugero. Camino. Tabaco. Agua. Mar. Canoa . Pescado. Caiman. Hombre. Muger . Indio . Hombre bianco. Padre . Madre. Mihijo. Mi hija. Mi hermano maior. Mi liermaiio manor. Mi liermana . Kin. Vh. Ek. Mullal. Kanha. Humcaan. Lemba. Sasil. Ekhocher. Kak. Ceel. Kilcab. Luum. Cicilancil. Che Na. Cab Hoi , angiice. Ve. Kuz. Haa. Kanab. Chem. Cai. Ahaucai. Xil). Chup. Maseval. Jul. Llum. Na. Inmehen. In vixmehen. In sucun. In vizin. In cic. [ 2i6 ) Rei. Aliau. Esclabo. Pentac. Culebra . Garrapata. Can. 1 .. , Pech.}"""!""''"- Tigre. Danta. Cbacmol. Ziminche. Miedo. Sahcil. Valor. Thahil. Biieno. Malob. Malo. Kas. Grande. Nohoch. Chico. Chichan. Blanco. Sasac. Negro . Colorado . Eek. Chachac. Amarillo. Kankan. Asul. Yayax. Verde. Yaxichen. Llndo. Feo. Cichcelem. Kas. MucLo . Yab. Poco. Sesec. A mar. Yacunah. Yo amo. Tu amas. Tencinyacunalr. Techcayacunab. Aquel ania. Nosotros amamos. Teycuyacunab. Toonyacunah. Vosotros amaisr Aquellos amau . Yo ame. ^ Tu amaste. Aquelamo. Nosotros amabamos. Teexcayacunabex. Leyobticuyacunaob. Ten yacunabnaben. Tecbyacunabnabec. Leyyacunabnabi. Toouvacunabnahon. Vosotros amasteis. Texjacunabnabex. Aquellos amaron. Yo amare. Tu amaras . Leytiobyacunabnabob. Tenvinyacunabiiacen. Tecbvinyacunabnacech. Aquel amara. Nosotros amaremos. Levtivinyacunahnac. Toonvinyacunabnacon. Vosotros amareis. Aquellos amaran . Vaylar. Texvinyacunahnacex. Leytiobvinvacunabnacob. Vkot. Hrincar. Correr. Comer. Sit. Alcab. Hanal. Yo como. Tencinbanal. ( 217 ) Veher. Pegar . Escribir. Leer. Oir. EloUe. Ver. Aborrecer. Morir. Vkul. Loxtanba. Jib. Xoc. Vyah. Teiticuyubic. Ilah. Pectah. Ciniil. I hunipel. 5; capel. 3 oxpel. 4 canpel. 5 hopel. 6 vacpel. 7 vucpel. 8 vaxacpel. 9 volonpel. 10 lahunpis. 11 hunlaliunpis. 12 lahcapis. 1 3 oxlahunpis. 14 canlahunpis. i5 holhunpis. 1 6 vaclahunpis. -17 vuclahunpis. 18 vaxaclahunpis. 19 volonpis. 30 humkal. 21 humlahunka!. 32 calabunkal. 23 oxlahunkal. 24 canlahunkal. 25 holhunkal. 26 vaclahunkal. 27 vaxaclahunkal. 28 vuluclahunkal. »9 volonlahunkal 3o hotukal. 40 cankal. 5o lahuiicankal. 60 oxkal. 70 vaxackal. 80 vuluckal. 90 volonkal. 100 hokal. 200 lahunkal. Soo holhunkal. 1,000 bunbak. 10,000 hunpic. Florcs, vebrero, 18, an. i83i. Perfecto Baezo. ( =^^8 ) Rapport sur un noiwel ouvrage contenant la relation des trois expeditions dii capitaine Dupaix en i8o5, 1806 et 1807, pour la recherche des antiquiles mexicai- nes , etc. La Societe a bien voulu me charger dun rapport sur un nouvel ouvi'age contenant la Relation des trois ex- peditions da capitaine Dupaix en 180 5, 1806 et i8oj , pour la recherche des antiquites mexicaines , accompagnee des dessins de Castaiieda et d'une carte du pays, suiviede plusieurs dissertations par M. Warden et par MM. Alex. Lenoir et Ch. Farcy, auec des notes explicatives par M. Baradere , etc. Ces mots sont Tabrege dun tilre fort etendu que porte la premiere livraison de cet ouvrage. Quoique la publication n'ait pas marche avec autant de celerite que les auteurs sen flattaienl, je n'ai pas cru de- voir cependant differer de remplir la mission dont j'e- tais charge par la Commission centrale, et je viens men acquitter devant elle. Les decouvertes se niultiplient sur le sujet des antiquites mexicaines; lesmonumens s'accu- mulent, les publications se suceedent. II doit en jaillir des luniieres sur I'histoire des aborigenes, et meme sur I'ethnologie generale : aucune question ne pent done interesser la Societe de Geographic a un plus haut de- gre sous le rapport historique. La Societe pent se lelici- ter d'avoir donne I'impulsion a ces recherches , par le programme quelle a publie en 1826. II taut done encou- rager les voyageurs et les amis des sciences geographi- ques qui ne craignent pas de faire des sacrifices dispen- dieux pour taire jouir le public du fruit de leurs re- cherches sur cet important sujet. L'ouvrage que noiis annoncons est dedi(> an congrcs ( 2»9 ) general de la federation mexicaine. M.- Baradere , le zele voyageur a qui Ton doit les materiaux, adresse au con- gres, dans sa dedicace, de justes actions de graces pour I'avoir rendu possesseur des dessins et des manuscrits originaux des expeditions de Dupaix, et il fait des voeux pour que le gouvernement mexicain ordonne I'explora- tion ulterieure et complete de toules les antiquites du pays. Dans un discours preliminane dont on ne possede encore qu'une partie, M. Ch. Farcy expose Ihistorique de la decouverte des casas de piedras, cesl-a-dire, des monumens singuliers et pleins d'interet de Palenque, qu'on trouve dans le district de Carmen , province de Chiapa. Selon un voyageur encore peu connu, M. Galindo, dont un journal de New^-York vient de faire connaitre I'excursion toute rerente,ces ouvrages de I'artaniericain occupent le sonimet de la crete qui separe le pays des Indiens sauvages, dans le district de Peten. On sail que ce nest qu en 1^86 que le roi d'Espagne or- donna I'exploralion de ce lieu , et la confia a Antonio del Rio, qui fit, a ce sujet, un rapport succinct date du 24 juin 1787, et traca quelques esquisses imparfaites. En i8o5 , le capitaine Dupaix fut envoye , avec une escorte, et avec les moyens necessaires pour recueilUr des observations plus completes. Ce sont les materiaux qui furent reunis alors avec beancoup de zele et de suc- ces par ce voyageur, pendant ses trois expeditions qui se sont succedees en i8o5, 1806 et 1807, que M. Baradere et sescollaborateurs se proposentaujourd hui d'offrir au public. lis consistent principalement en cent vingtcinq dessins de M. Gastaiieda , dessinateur de I'expedition. I^es relations du capitaine Dupaix seront aussi jointes a I'ouvrage ; elles contiennent des descriptions topogra- ( 220 ) phiques et geographiques, iiidependamment, des anti- quites. La Societe de Geographic avait temoigne le desir de posseder de tels docuniens a I'appui des dessins , comnve un eclaircissement indispensable. (i) II suit de ce court expose que I'ouvrage commence par M. Baradere promet un recueil tres precieux et au- thentique, tout-a-fait digne de I'interet et de I'attention du public. La premiere livraison renferme, avec le froii- tispice, neuf planches bien executees : elles offrent des sujets varies dont les plus iniportans sont le plan du mo- nument principal de Palenque; trois bas-reliefs du meme edifice sur une assez grande echelle; plusieurs vues pit- toresques representant un pontconstruit avec des pierres colossales et des pyramides a degres, etc.; enfin, des fragmens et des instrumens de differentes especes. Plu- sieurs de ces sujets etaieni deja connus a Londres ainsi qua Paris, et meme notre Societe en a fait graver quel- ques-uns dans le second volume de ses Memoires, a I'ap- pui de I'interessante dissertation de M. Warden ; mais I'execution des planches, dans le nouvel ouvrage, est a line plus grande echelle, et tres soignee, Tous les sujets sont lithographies, mais avec correction, et Ton peut esperer, si la publication est continuee avec le meme soin , que I'ouvrage sera digne de I'attente du public. II est done a desirer que Ion encourage cette publication, et que les auteurs soient invites a la continuer. Quand I'ouvrage sera plus avance, un rapport plus etendu sera presente a la Societe. 17 septembre i832. JoMARO, rapporteur. (i) Jusqu'ici ils n'avaient pas ete publics, m^me dans levaste re- cueil de lord Kiiigsborough , veritable monument eleve en I'honneur des autiquites mexicaines. ( 221 ) DEUXIEME SECTION. DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEOGRAPHIQUES, ETC. FRAGMENT DE L ALBUM D UN VOYAGEUR. Coututne de la Bresse. Situee dans une vallee profonde de larrondissemenl de Remiremont, departement des Vosges, la commune de la Bresse etait autrefois administree par une coutume particuliere qui n'a ete ecrite que sous le regne de Charles III, due de Lorraine, en 1596, et qui a subsiste jusqu'en 1789. La justice etait composee d'lin maire [majeiir)^ dun lieutenant du maire, de huit jures, et dun doyen ou agent de police (^prcecones viIla'),\\\\\?,s\eT ou appariteur. On ne pouvait etre maire qu'une seule fois dans sa vie ; mais rien ne s'opposait a ce qu'on remplit les fonc- tions de lieutenant du maire apres une annee d'inter- valle. L'election du maire, qui avait lieu au mois de mars, se faisait sur un tableau offrant les nonis de neuf candi- dats cboisis par les anciens maires, qui entraient en seance a la maison commune, dans 1 ordre de leur rang danciennete de la mairie. Le jour fixe pour cette operation, le maire, son lieu- 16 ( 222 ) tenant, et les huit jures dont les fonctionsallaient cesser, se retiraient dans una salle situee au rez-de-chaussee, a la fenetre de laquelle on avail affiche le nom descandi- dats dont il vient d'etre parle, ely recueillaient les suf- frages qui devaient etre donnes verbalement en faveur de Tun d'eux par les chefs defamille, ies veufs etceliba- taires des deux sexes. La niajorite relative suffisait pour la legalile de I'elec- tion. Quand cette operation etait terminee, I'ancieii niaire faisait inviter son successeur a venir prendre seance, et la, il chpisissait seul son lieutenant, qu'il ne pouvait prendre que dans la classe des anciens maires. Le doyen etait nomme sur une lisle de trois candidats qui lui etait presentee par les jures sortans. Ces derniers,au nombre de huit, faisaient le choix de trois nouveaux ju- res, le maire remplace etant de droit le quatrieme ; les autres etaient ordinairement nommes, par acclamation , par le peuple assemble sur la place. Les anciens et les nouveaux fonctionnaires se reunis- saient a un souper qui avail lieu le soir meme de lelec- tion, et dont les frais etaient fails par le maire sortant a I'aide d'une retribution que les plaideurs devaient de- poser entre ses mains, a6n de se mettre en droit, et s'ily avail pen pour fournir au repas, dit la coutume, le reste se prenait sur les habilans. Cette retribution , qui consistait dans la mediocre sonnne de trois sous, etait exactement rembotirsee aux plaideurs qui avaient gagne leurs causes. C'etait, comme on voil , les battus qui payaienl le repas, encore ils avaient plus lard I'espoir d'etre admis a I'honneur de le partager. Avanl leur entree en fonctions, le maire, son lieute- nant et le doyen , devaient preter serment entre les mains du lieutenant du baillage de Remiremont, qui se rendail ( =^'^3 ) a cet eftet a la Bresse; le premier le recevait eiisuite des jures, auxquels les officiers du chapitre de la lueine ville remettaient immediatement a chacun une petite bilc/ie de hois ou buchette, qui vraisemblablement n'etait autre chose qu'un petit baton blanc Les jures ne pouvaient etre parens entre eux; si Tun d'eux etait allie aux parties, il devait se retirer et etre remplace par un ancien jure, qui etait tenu, avant de sieger, de preter serment. II en etait de nieme dii raaire> qui se faisait representer par un ancien maire; celui-ci pretait aussi serment avant de presider le plaid. L'audience, qui avait lieu tous les samedis, etait ou- verte par unesorte de proclamation du doyen, qui disait a haute et intelligible voix : « II est detendu dejurer, comme aussi de parler sans avoir obtenu permission ». L'amende du plus leger jurement, meme des mots Aeina foi, etait de cinq francs. « II n'etait loisible a personne, ditl'article xxxii de la contume, plaidant par-devant laditejustice, de former ou chercher incidens frivoles et superflus ; ains faut proceder au principal ou proposer autres fins pertinentes, afin que la justice ne soit prolongee. » Le maire, son lieutenant et les huit jures, etaient as- sis sur des bancs de pierre grossierement tailles, ranges circulairement sous un orme seculaire plante au centre de la place dite le Champtel. Le maire avait son lieutenant a sa droite , le doyen derriere lui , les quatre jures nommes par les anciens ju- res dun cote, et de I'aulre cote les autres jures qui avaientete choisis par les habitans. II recueillait les opi- nions en comniencant parprendre celle du jure qui etait le plus pres de lui, et en ayant soin d'alterner. Les jures pouvaient connaitre les avis de leurs colligues, mais le 16. ( ^'H ) public, qui se tenait a une certaine distance, les ignorait toiijours. Le maire nenleltait pas d'opinion, ni son lieu- tenant non plus; seulement, en cas de partage, le doyen pouvait etre appele a donner la sienne. II n'existait devant ce tribunal agreste et patriarcal ni table ni ecritoire. Si on demandait , ce qui etait tort rare, une expedition du jugement, un jure s'empressait, a Tissue de I'audience, de la remettre sans frais aux par- ties apres I'avoir fait signer par tous les autres jures.Dans toute autre circonstance, les jugemens etaient loujours signifies verbalement pendant la duree du plaid, ou au plus tard dans la huitaine, par le maire, qui avaitdonne lui-meme I'assignation , et qui dans toutes les occasions etalt aussi cru sur sa parole. Ce magistral faisait faire les ventes en sa presence par le doyen ; il devait veiller a ce qu'on n'exigeat aucun sa- laire des parties dans les appositions de scelles, dans les actes d'inventaire, de partage, les nominations de tu- telle, et dans tout ce qui avail rapport aux niatieres flii- viales ou forestieres, dont la juridiction lui etait specia- lement attribuee. Les juges de cette coitmnjne, quoiquelourds etgros- siers en apparence, montraient beaucoup de bon sens, mais surtout un serieux glace, sans aucun respect liu- main, ni pour parens, ni pour amis, ni pour ceux qu'ils devaienl craindre, ainsi que le prouve ce qui, en 17^9, arriva a un avocat de Remiremont, qui, etant appele a la Bresse pour y detendre la cause dun particulier de cette commune, s'etait permis dociterdans son plaidoyer quelques textes latins du code et des lois ; il fut averti par la justice de se retirer ainsi que les parties , et peu d'inslans apres rappele pour entendre prononcer la sen- tence suivante : <■ Monsieur I'avocat, la justice remel la ( 225 ) cause a quinzaine, pendant lequel temps vous apprendrez a plaider selon la coutume de la Bresse ; elle vous con - damne en meme temps a cinq francs d'amende pour vous etre avise de nous parler un idiome inconnu ». Le juge- ment recut son execution. II existe encore dans la meme commune quelques usages particuliers relatifs a la vie privee, qui, par leur singularite comme peinture des moeurs actuelles, nous semblent meriter d'etre connus. Les jeunes filles conduisent la future mariee, huit jours avant la celebration de son hymen, devant I'autel de la sainte vierge, et y chantent des cantiques. Get hon- neur nest jamais accorde qu'a celles qui ont constam- ment joui dune reputation sans tache. On sait que chez les Atheniens , les futvus etaient presentes au temple de Diane, protectrice aussi de la virginite , et que cette so- lennite etait toujours accompagnee de prieres et de sa- crifices. La veille du jour fixe pour la ceremonie du mariage, la mere et la marraine, et a defaut , les deux plus proches parentes de la jeune future mariee, vont conduire sur un char ses effets et ses meubles chez le futur et y pre- parer le lit nuptial. Cette soiree est terminee par un re- pas auquel les devoirs de la bienseance ne permettent pas a la future d'assister; son pretendu va souper avec elle, et lui apporte une assiette de riz au lait, ordinai- rement tres sucre; mets sans aucun doute symbolique, et qui doit indiquer les preniices des douceurs de I'union conjugale. Quand le pretre a beni I'anneau nuptial, la sojur du marie, ou une de ses parentes, le recoit de la main de ce dernier, passe un large ruban noir a travers, et I'at- tatjhe par un gros flot au doigt de la mariee, en lui di- ( 226 ) sent : " Je vous tionne cet anneau uu noni de mon frere,' souvenez-vous, ma soeur, que vous lui devez amour et fidelite «. La marlee doit conserver ce flot de ruban noir, qui lui cache presque entierenient la main, jusqu'apres i'offrande qui a lieu a la messe paroissiale du dimanche qui suit son manage j il est destine, par sa couleur se- vere, a I'avertir frequemment que, desormais eloignee des frivoliles du jeune age, ses occupations vont deve- nir plus serieuses et plus dignes de son nouveletat. Des ce moment aussi, ses parens et ses amies les plus in- times cessent de la tutoyer, etc. etc. M. Richard (des Vosges), Associe correspondant de la societe royale des antiquaires de France, de celle d'agriculture, sciences , commerce et arts du departement de la Haute-Saone; associe libre de la societe d'emulation des Vosges. Du voyage par mer an Rio do Ouro en i346. Dans la courte notice sur les anciennes navigations (les JSorinands , inseree au precedent cahier du Bulletin, une omission de liniprimeur a tronque rannotation re- lative a un rapprochement rurieux entre un passage du manuscrit deGenes, signale par M. Graaberg de Hemsoe sous le nom d' Usodimare , et la carte sur bois de la Bi- bliotheque royale de Paris. Cette annotation devait se terminer ainsi : « Ne semble-t il pas qu'il y ait rapport intime entre cette caKte et Tarniateur Joan Feme, surtout si Ton re- ( 227 ) marque, pies du nieine point, la mention dun voyage par iner en I'annee rn. ccc. xlvj , avec 1 indication (pea lisible sur le fac-simile lithographique que je possede,et que je ne puis actuellement coUationner sur 1 original ) d un nom qui est celui de /. deFerne meme , ou un autre fort approchant. » Cedouten'en est plus un ; M. Joniard a eu I'obligeance de taire, a ma priere, la verification que je regrettais de n'avoir pu effectuer moi-meme, et il men a transniis le resultat. Voici la legende que presente la carte originale a I'endroit indique : ■< Partich bixer dn Jac ( i ) Ferer per mar al riu de lor al gorn de sen Lorens qui es a X. de agosC , i/o en I'ay m. ccc. xlvj. ■> Litteralement : « Partit le sieur don J. de Ferer, par mer, a la riviere de lOr, le jour de saint Laurent, qui est le lo d'aout, et ce fat en I'annee i346. •> Voici maintenant le passage correspondant du manu- scrit de Genes : « Becessit de civkate Majoricarum galeatia una (2) Joannis Feme, Catalani, in festo S. Laitrentii , quod est in decima die mensis augusti anno domini i346, causa eundi ad Rujaura. •• Litteralement : « Partit de la cite de Mayorque la ga- leace du sieur Jean Feme, Catalan, a la fete de saint Laurent, qui est le dixieme jour du mois d'aout, en I'an du seigneur i346, pour aller a Rujaura. - C'est done bien au meme voyage que se rapporlent ces deuxmonumens geographiques. Paris, le 6 octobre i83u. *A ^i) Les indications du fac-simile me paraissent n'admettre ici d'au. tie le^on que c.elle de/. de au lieu de Jac. (2) Je suppose que iinaesi uiie lecture erronee pour dni {domini). ( 2-8) La Giiepe de I' Himalaya. On lit dans un ouvrage c trigonometrique des etats prussiens. J'ai I'honneur d'offrir a la bibliotheque de la Societe deux exemplaires d'un petit ouvrage destine principale- nient aux officiers de I'armee prussienne, mais qui, je pense, ne sera pas sans interet pour les officiers et les ingenieurs des armees etrangeres, ainsi que pour les amateurs de cartes geographiques. J'ai done I'espoir que la Societe voudra bien I'accueillir avec unebienveillante indulgence. (i) Le poud equivaut a 16 kilogrammes. ( 23o ) En tracant ce double tableau, j'avais pour but : 1" De tlonner dans an si petit volume un apercu suc- cinct des meilleures cartes, avec le nombre de feuilles dont chacune se compose : 1° D'en presenter les echelles, rt, par rapport a la longueur naturelle, h , enpouces, lignes et fractions decimales du pied decimal de Prusse, c , en pouces , lignes et fractions decimales du pied du Rhin j 3° La grandeur du mille de Prusse (a 2000 verges du Rhin) de ces cartes, par subdivision en verges du Rhin et en pas militaires ; 4° De faire voir : «, combien de pouces rhinlandiques vont sur un mille ou une fraction de mille prussien , b , combien de pouces , d'apres le calcul decimal, vont sur un mille ou une fraction du mille prus- sien ; 5" De presenter dun seul coup-d'ceil un tableau de la grandeur respective des milles europeens , autant que leur grandeur est determinee avec exactitude. Les pre- miei's elemens ajoutes facilitent le difficile calcul pour I'application des differens services. Le catalogue des cartes en indique 34o differentes dont : 242 sont representees par 56 differentes echelles sous trois formes de rapports et par tableau graphi- que en milles de Prusse , 98 ; il ne se trouve que le rapport a la longueur na- turelle. ( 23i ) Sur ces 34o cartes se trouvent ou en partie ou en totalite : Pour I'Espagne et le Portugal, i6 ; pour la Grande- Bretagne, ii; la France, 5o; les Pays-Bas, 2.4 j la Suisse, 17; ritalie, 37; la Scandinavie, 12; TAllemagne, i4; le Hanovre, le Mecklenbourg , i5 ; la Hesse , le Nassau, i3 ; la Souabe, 10; laPrusse,47; laSaxe,i3;la Ba- viere, 12; I'Autriche, a I'exception de lltalie, 44; la Russie, la Pologne, 27 ; la Turqule , 5. — Total, 367 ; inais il n'y en a en effet que 34o. Ainsi 27 pays se trou- vent repartis sur d'autres cartes. Outre les differens eta ts- majors, les depots, etc., on trouve mentionnes 206 auteurs et editeurs dont environ 107 sont Allemands, SiFrancais, et 71 probablemenl encore vivans. ( 232 } TROISIEME SECTION. ACTES DE LA SOCI^T^. PROCES-VERBAUX DES SEANCES. Seance du 5 octobre i832. Leproces-verbal de la derniere seance est lu etadopte. M. le major d'Oesfeld, directeur du leve trigonome- trique des etats prussiens, ecrit a la Societe pour lui adresser un grand tableau grave menlionnant 34o cartes differentes avec leurs echelles respectives , compareesau mille prussien, aux pieds de Prusse, du Rhin et aux di- vers niilles usites en Europe , de maniere a presenter d'un coup-d'ceil la grandeur absolue et relative des niilles europeens. — Renvoi de la lettre et du tableau au co- mite du Bulletin (Voy. page 229.) M. Monin ecrit a la Societe pour lui offrir un exem- plaire de son atlas du voyage du jeune Anacharsis ; il exprime en meme temps le desir d'etre admis au nombre de ses membres. M. Douville donne lecture a la Societe de la refuta- tion qu'il a faite de I'article critique sur son voyage au Congo , insere dans le Foreign quarterly Review, et re- produit par extrait dans le journal le Temps. Apres cette lecture, M. le president fait remarquer que la Societe de Geographic a deja exprime I'opinion quelle s'etait formee du voyage de M. Douville, lors- qu'elle lui a decerne le prix pour la decouverte la plus importante qui venait d'etre faite en geographic. Quant a la discussion qui s'est ouverte ensuite, et qui vient de donner lieu aux observations de M. Douville, la Societe ( 233 ) pensera peut-etve quelle n'a pas a intervenir elle-meme dans ces explications. Seance du ig octobre. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte. M. Dezoz de la Roquette , consul de France en Dane- mark, ecrit a la Societe pour lui proposer I'adniission de MM. le baron de la Salle , charge d'affaires de France en Danemarkj MacGregor, consul d'Angleterre, et d'E- beling, consul deRussiea Elseneur. L'Academie royale des Sciences de Berlin adresse a la Societe les deux volumes de ses Memoirespour les an- nees 1828 et 1829. — Remercimens. M. Graaberg de Hemsoe ecrit a la Societe pour lui an- noncer un nouvel ouvrage sur I'empire de Maroc, et en rappelant qu'il a fait connaitre les travaux de la Societe dans Y Antologia^ il manifeste le desir d'etre nomnie cor- respondant etranger. La Commission centrale decide qu'ellenommera, a la prochaine seance, aux places vacantes de correspondans etrangers. M. Jomard offre a la Societe un rapport general qu'il a public sur I'etat de I'instruction primaire en France et a I'etranger, contenant des notions et des tableaux sta- tistiques sur la population francaise comparee, a divers ages, sous le rapport de I'instruction elementaire. Le meme meuibre annonce que M. Jaubert a acheve la traduction du deuxieme climat de la geographic d'El- Edrissi, et qu'elle est pretea envoyer a I'impression. M. Roux de Rochelle communique a la Societe le Tableau officiel de la population des Etats-Unis d'apres le recensement de i83o : il est prie de vouloir bien en rendre compte dans le Bulletin, ( ^M ) MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance du 5 octobre. M. Charles Monin , geographe. M. TowNSEND, de la ville d'Albany. Seance du ig octobre. M. le baron de la Salle , charge d'affaires de France en Danemark. M. Mac-Gregor, consul d'Angleterre a Elseneur. M. d'Ebeling, consul de Russie idem. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seances des 5 et ig octobre. Par I'academie royale des sciences de Berlin : Me- moires de cette academic pour 1828 et 1829. 2 v. in-4°. Par M. le major d'Oesfeld : Graphische Darstellung der Europaischen Meilen, etc. ,• Preussische Meilen zu 7.000 Rheinlandischen Ruthen, etc. Berlin, i83i. Une feuille. Par M. Ch. Monin : Atlas du voyage du jeune Ana- cliarsis, in-8°. Par M. Jomard : Rapport general fait a la Societe pour V instruction clcmcntaire sur la .situation et le.i progrcs de V enseignement primaire en France et a Vetranger, etc. Une brochure in-8° avec plusieurs tableaux. Paris, i832. ( 235 ) Par M. Rienzi : Reponse a M. le marquis Fortia d'Uiban sur tine question importante de manuscrits et (V inscriptions antiques. In -8°. Par M. Gide : Nouvelles Annales des voyages^ cahier d'octobre. Par M. Feathertonhaugh : The monthly American journal of geology and natural science^ cahiers de mars, avril et inai. Par M. le directeur : Cahier d'octobre du Memorial encyclopedique. Par la Societe asiatique : Cahier de septembre de son journal. Par la Societe d'agriculture du departement de I'Aube : Deuxieme et troisieme trimestres de i832 deses Memoires. Par la Societe d'agriculture du departement de la Seine-In ferieure : Extrait de ses travaux, 45* cahier. Par M, de Monglave : Des colonies de hienfaisance a etablir en France sur le modele de celles de Hollande et de Belgique. In-8''. ( 236 ) Bibliographie g^ographique. Extrait dit catalogue de lafotre de Leipsig, aiinie 1 83a. § p"" Ouvragesgeneraux. Description de la terre, avec des cartes, par Hoffman. 4 premieres livraisons. in 8°. Manuel complet dela geographie moderne,Y>aT Gaspari , Hassel, etc. Quatridme livraison du 20* vo- lume. — Republique argentine , ^tats de Rio de la Plata, d'Ura- guay et de Paraguay ; public par J. Froebel. In-8 '. Al'institut geo- graphique de Weimar. ASIE. Memoires sur le Mongol, par le moineHvacinthe; trad, du russe, avec planches et cartes. In-8 . APRIQUE. Le pays entre les cataractes du Nil, avecuue carte astronomique d'apr^s un voyage fait en 18 17, par le major Prokesch. EUROPE. Manuel de la geographie militaire de r Europe, avec une carte oro- hvdrographique de cette partie du monde , par F. von Malchus. Russie. Esqiiisses tirees du portefeuille d'un vovageur russe qui a par- couru dans I'ete de 1827 une grande partie des provinces de I'ouest et du sud-ouest de sa pa- trie ; avec 2 lithographies, ln-8'. Prusse. Manuel historique, .statistique et topographique pour Berlin et ses environs, avec un plan . par Ilclhnig. Autricke. Memoires pour servir a la con- naissancegcographi(jue de la par - tie de I'Autriche au-dessous de I'Ens, publics sur I'invitation des etats par une societe formee spe- cialement pour cet objet. i vol. avec 12 petites cartes gravees sur bois, 4 lithographies eta grandes planches gravees sur cuivre. 8 gr. Vienne. Tableau geographique et statis- tique de rempired'Autriche,par Franz Groeffer. In-folio. Manuel pour les voyageurs en Autriche, par Jenny, i vol. gr. in-8°. Vienne. Bavicre. Lexicon topographique et sta- tistique de la Bavicre. Deuxieme edition. § -x. Atlas, Cartes geo- graphiques , etc. Atlas d Europe, en 220 feuilles au i/5oo,ooo, parWeissetWcerl. Quatri^me et cinquieme livrai- sons. Freibourg. Carte militaire de I'Allemagne, par Klein. Stuttgard. Carte de la Courlande, de la Sa- mogitie, de la Litbuanie, de la Podolie et de la Wolhynie. Carte speciale du ducbe de Sty- rie , 5 feuilles, par Gall, von Gal- lenstein. Le If'urtemberg, Bade et Ho- henzolhern,enia f. au 1/200,000, par Woerl. Carte du grand, duche de Hesse, publiee par I etatVmajor general, au i/5oo,ooo. Carte du grand duche de Hesse, par Glasez. Carte des montagnes dtiUariz. Plans de Hambourg, de Berlin et de Magdebourg. 3 feuilles. BuZl^-liJL «&/« &OC f/*^ ''^ef>(fr ?f? H4^. IS". I. X?3. yzc/re ^cA^ ^F„_rja Soitierraui^ ^' i fii/rer f/rj Soulerifuni r Itrtt tfii JSiuiiuac ^L > ( Voyage d'Orembourg a Doukhara, en 1820 , par le baron de Meyendorff. ) (3) « Nous trouvions sur la route des centaines de cadavres qui servaientde pdture a des chiens et a des oiseaux de proie. » ' Voyage a Boukhara. ) ( 247 ) Lasde debauches, il lui faut des recits merveilleux, des nouvolles fausses ou vraies; il n'accueille letranger dans son camp decore du titre d'aoiil, que sous la condition d'en ouir quelque histoire aniusante;et ici ,par etranger, nous voulons dire seulement le Kirghiz voyageur, car le Kirghiz n'exerce I'hospitalite qu'envers les siens. Melancolique et sombre, le Kirghiz aime la solitude, et s'enferme souvent pouretreseul avec ses concubines. Singulierement credule, car il n'a point de despote (i) a redouter et de crainte a nourrir; il joint a cette credu lite aveugle une extreme perfidie. Aussi ne peut-on ajou- ter nulle foi a ses promesses; aussi nulle convention , nul traite n'estpraticable aveccepeuple avenlurier, I'un des plus sauvages comme I'un des plus vicieux de la terre. II semble pourtant un peu moins atroce dans les lieux baignes par le Sir ou Sihon , grand fleuve qui va meler ses ondes a celles du lac Aral , ou mer des Aigles , fleuve dont les beaux rivages forment son paradis (2), pendant qua I'instar des mahometans il considere la ville sacree de Turkestan comme sa Medine. Borne dans ses besoins, sans luxe dans son interieur, excepte dans ses chevaux , le Kirghiz n'est pas moins d'une sordide avarice, et d'une cupidite insatiable, au point que souvent d'horribles conflits s'elevent pour le (i) M. de Meyendorff dit , toutefois , que le khan a droit de vie et de mort sur les Kirghiz, qui sont, ilest vrai, garantis par I'opinion publiqiie, tr^s puissante chez ce peuple nomade. Cette opinion h- mite le pouvoir du khan, mais ses sujets etant fort inconstans, quoi- qu'il la respecte, il n'en est pas moins fieqnemmentrenverse. (A'oyag^e a Boiihhara . ) (4)" Les Kirghiz sont fiers de posseder un si grand fleuve dans leur territoire ; les contrees qu'il arrose forment leur paradis. » ( Voyage a Botihhara. ) ( 248 ) partage des plus chetifs lambeaux; car, apres le pillage d'une caravane, on sc cJistrlbue le biitin, et Ton brise les phis petits articles pour quechaqueinaraudeuren ait sa part: ime nioittre , parexemple, disparait en frag- inens, un rouage dun cote, un ressort de I'autre; et sous la tente, ci-s fi^aginens sont encore partages entre les parens oil amis que le pillard y trouve assembles. Le Kirghiz n'a que la bravoure du lache, il atlaque par surprise, et devalise on trie a I improviste (i). Averti de I'approche dun convoi, il s'elance a cheval, le sabre au poing, et le cordon lout pret a enlacer un prisounier, a la maniere des Sud-Aniericains dans leur chasse aux taureaux ou dievaux sauvages. Son premier choc est impetueux, terrible; niais si on lui resiste , le Kirghiz etonne s'enfuit comme Teclair. La vue dun mousquet I'interdit, et le bruit ilu canon le remplit de terreur. II ne se bat qu en escarn)ouche ou bien en embuscade, ja- mais en rase campagne; voila pourquoiil nose inquieter dans leur marche, les caravanes russes qui se rendent a Boukhara, escortees d une force imposante. Si le Kirghiz n'etait pas tellement avide de gain , il ne ferait point de quartier aux etrangers qu il parvient a saisir; c'est acette soifinexlinguiblede profit qu ils sont redevables de n'etrepas extermines. II les rckluit en es- clavage , et les vend aux Boukhariens, en echange des objets qu'il desire. Pour juger de sa cruaute, il faut le voir dans ses acces de vengeance, en vers quelqu'un de sa horde : il le lacere , le torture et le briile, apres scire (i) Suivant la relation de M. le baron Meyendoi ff , << ces brigands font qut'lquefois des excursions au nonibre de quatre a cinq miile ; leurs atlaqnes sont ton jours nussi brusques rju'iniprevues ; ils effraient par des cris et des liurlemi'iis les chameaux des caravanes. >■ ( ^oy. a Bou/iluiru. 1 ( 249 ) lave les mains dans son sang, et sen etre ahreuve : il Tie lui manquerait plus que den manger la chair, (i) Si vous deniandez a un Kirghiz quelle est sa religion, il vous repond : « je n'en sais rien >-. II n'a pas de tem- ple ; il singe le rite niahometan , niais dans ce qui s'y trouve de aial; il en profile pour exercer plus a son aise ses brigandages sur le Kafir et sur le Guebre. II a quelques prieres iniitees dn khoran , et quelques idoles; melange bizarre de cubes et de superstitions dans lequel surgit cependant une croyance consolante, et qui prou- ve que la barbaric ne reussit pas a bannir totalement du cceur humain !e principe du bieti et du mal : cette croyance, assezrepandue chez les Kirghiz, c'est que les anies des morts sen vont habiter les etoiles, et y sont escortees par debons ou de niauvais genies,pour les char- mer ou les tourmenter, suivant qu'elles ont ete vertueu- ses ou mechantes sur la terre. Ceia explique I'attention du Kirghiz a contempler, dans une belle nuit, le firma- ment etsurtout la lune qu'il parait cherir davantage. (2) Le Kirghiz est Ires attache a ses steppes sablonneuses. S'il en est arrache , comme lorsqu'un detachement de troupes russes enmiene des prisonniers a Orembourg ou Astrakhan, rien ne peul lui faire oublier son pays; et sil parvieni a y retourner, a peine a-t-il depasse la (i) II y a peut-etre ici de I'exageration dans le recit anglais; nean- moins, M. de Meyendorff a vii les Kirghuz •■ !ier les bras et vouloir couper la tete a des gens de leur horde. Loin de s'appitoyer sur le sort de quelqu'un, ils en rienl. lis sont tres irascibles , la cause la plus legere suffit pour les porter a une vengeance cruelle. •> ( Voyage a Boukhaia. ) (a) « Dans leur melancolie , les Kirghiz passent souvent la nioitie de la nuit, assis sur une pierre, ii regarder la lune et a improviser des paroles assez tristes sur des airs qui ne le sont j)as inoins. .. ( Voyage a ISoukhara. ) ( a5o ) froiiliere , que dans I'exces de sa joie, il couvre de bai- sers et mouille de pleurs la terre de ses hordes. Ainsi, partout , lamour du sol naial est grave dans les coeurs, et Ihomme le plus sauvage parait encore le senlir plus vivement que Ihoninie le plus civilise. Superstitieux autaiit que barbaie, le Kirghiz a foi a des magiciens ; il est vrai que ces deniiers lui proinetteul torce butin el force jolies feninies, double objet de sa convoitise. II pent avoir autant d'epouses quesa fortune le lui perniet ; on se passe de ceremonies nuptiales. II va, de preference, chez les Kalmouks, ses voisins, leur enlever des conipagnes, parce qu'elles conservent plus long- temps les attraits du jeune age, et sont dun ca- ractere plus doux que celles de son pays. Les femmes kirghizes, du reste, valent mieux que les hommes; on dirait meme que ces monstres bipedes ont accapare tous les vices, en ne laissant a I'autre sexe que les bonnes qualites. Ce dernier, en effet, niontre de la compassion, comptedes meres tendres etdesepousesde- vouees, qui, chargees des soins domestiques, preparent les repas, confectionnent les veteniens, traient les cava- les, sellent les chevaux, et quelquefois suivent leurs maris dans une expedition lointaine (i). S'ils ramenent des captits, c'est a elles que ceux - ci doivent frequem- ment la vie et toujours des adoucissemens a Icur capti- vite. Chacune a sa tenle separee, comme chaque ne- gresse du Bihe,en Afrique, a sa propre cabane, que, tour-a-lour, le negre favorise de sa visite , comme le (i) "Les femmes du Kirghiz sont ses uniques ouvriers ; ce sont elles qui font sa cuisine, faconnent ses habits, sellent son cbeval ; tandis qu'avec une nonchalance imperturbable, il borne ses soins a garder son troiipeau. •■ ( f oyage a Boukhara. ) ( 25i ) Kirghiz passe alternativement tie Tune a I'autre de ses tentes; et il est des Kirghiz, coinnie des negres, qui ont jusqu a deux cents conipagnes. Voila bien des politesses a rendre. Mais le negre possesseur dun si interessant troupeau, est du moins genereux : presque partout, et notamnient au Congo ou vers le Mononiotapa, il en fait les honneurs a I'etranger qui lui arrive, et celui-ci , qui ne pourraitjsansl'offensergravement, refuser une consola- trice, la choisit en echange dun leger present, et abrege aupres d'elle les lenteurs uniformes de la nuit equi- noxiale, tandis que le feroce Kirghiz, au contraire, vous eventrerait sur I'heure, si vous osiez lancer un regard tendre a 1 une de ses brebis huniaines : jalousie, au sur- plus, naturellej car le harem kirghiz, sous des tentes en plein air , est une faible barriere con ire les entreprises des lovelaces de ces contrees; et dans les steppes d'Asie, aussi bien qu'en Europe, des que les maris sen vont a la maraude , I'amour, a pas de loup, vient marauder egalement chez eux. Hatons-nous d'ajouter, pour la justification des belles Zairesdu pays des Kirghiz, que, nonobstant leur affec- tion pour leurs epoux farouches, presque tous les mal- traitent jusqu'a la barbaric. Une seule est a I'abri des fureurs maritales ; c'est celle qui a le rang de premiere epouse et le titre de baibicha, mot quiveut dire/enime richey parce quelle possede un assez riche douaire. Son epoux legitime, et qui le de- vient sans etre oblige , comme le Dayak ou aborigene de Borneo, d'abattre auparavant une ou deux tetes huniai- nes, peut lui donner des ordres, mais non la batlre, et encore moins la tuer; e!le peut meme divorcer, s'il la rebute ou la neglige; alors elle rejoint ses parens pour convoler ensuite a de nouveaux liens : c est ainsi qu'en ( 232 ) iiseiit exactenient les femnies noires dii pays de Baka, conime celles egalement d'une autre province du Congo, qui , pluselles ont d'aventures galantes, plus eiles sont recherchees par leurs nouveaux epoux; et une jeune l)aibicha, conime chez nous une riche heritiere, ne man- que, non plus, jamais de pretendans. Pour ce qui est de ses autres compagnes, le Kirohiz a sur elles une autorite absolue, un droit de vie et de mort ; a son gre, le tyran peut d'un coup de cimeterre abattre une tete charmanle, dont le sang coule et reste sans vengeance. En un mot, la servitude la plus affeuse, voila le deslin de ces pauvres femmes, qui envient en secret celui de leur baibicha, ou sultane aftranchie, a laquelle, d'ailleurs, elles doivent complete obeissance. Que serait-cc done si elles venaient un jour a connaitre le juste privilege des femmes de nos climals, qu'elles gouvernent par la triple niagie de I'esprit, de la grace et de la tendresse ? Albert-Montemont. LES KHOLES, PEUPLADES DE L INDE. Les Kholes ou Coles sont des tribus englobees dans les provinces de liahar et Orissa, au Jiengale, a environ trois cents milies de (^alcutt.i. Ce sont , a ce qu'il parait, des descendans des aborigenes de I'lnde , et les districts occupes principalemenl par eux sont Cliota-Nagpore et Siiigliboum ; mais on en retrouve ca et la dans les mon- tagnes de Chunar. Le district montagneux de ChotaNagpore, presque ( ^53 ) entierement couvert de forets , est situe a rextremite suddeBahar et borne au sud-est et a I'ouest parleGorid- wana. Les hautes terres sont entrecoupees par de pro- fondes ravines et partiellement couvertes de jungles on broussailles , entre lesquelles sont clairsemes les villages. Le district de Singhboum, dans I'Orissa, est borne de trois cotes par ceux de Chota-Nagpore , Midnapore et Mohurbunge, et au sud par celui de Kunjour. Les Kholes se partagent en deux classes, entre les- quelles existe une mutuelle antipathic tres prononcee: lesLurka-Kholes etles Dhanojar-Kholes. Les Lurka-Kholes habitent le Singhboum, et sont gouvernes par un rajah souniis au pouvoir britannique : c'est un peuple simple et inoffensif , qui redoute les Dhangar-Kholes , regardes par lui comme des demons pleins de cruaute. Les Kholes ne paraissent avoir aucun systeme de reli- gion. Leur pays est bien cultive ; mais ce sont les femmes que les hommes chargent de ce soin , comme de toutes les affaires domestiques, pendant qu'ils vont a la chasse ou se reposent dans I'indolence ou la debauche. lis aiment passionnement les liqueurs fortes, qu'ils tirent de plantes et de riz fermentes. lis sont malpropi'es, et mangent de la chair de serpent ou de tigre. Les Kholes, en general, se distinguent parunesauvage bravoure que leur inspire le mepris de la vie. Leurs armes consistent en arcs , fleches et baches appelees tanghies. Les femmes sont mieux vetues que les hommes , si Ion pent nommer habillement une nudite presque complete , a I'exception dun tablier de feuilles d'arbre. EUes portent a leur cou de tres lourds chapelels. Les deux sexes sont d'une couleur tres noire , comme on en voit balayant les rues de Calcutta. i8 ( a54 ) Les Dhangar-Klioles qui hahitent Cliota-Nagpore soiit parfrsseux, bas et slupides , gouvornes aussi par ties rajahs ou zemindars , vassaux de la puissance brilan- nique.Ils n'onl jamais ete conipletement souniis. lis voril tout nus, a I'exception dune piece etroite de drap qui leur couvre en partie les reins. lis sont plus barbares que les Lurka-Kholes; cependant leurs allaques sont precedees d'une sorte de parlemenlaire. Lorsqu'ils veulent envahir un village, ils envoient une Heche a celui qui y commande. Si elle est acceptee, ils considerent cela comme une preuve d'amitie , et placent une branche darbre a travers le seuil de sa niaison. Ce signe la rend, inviolable comme les pantoulles d'un Musulman a la porta d'une femme , et personne n'oserait y entrer. Les Rholes alors visitent le village et prennent a leur aise tout ce dont ils ont besoin. Le renvoi de la Heche est considere comme une declaration de guerre , et si on la brise, c'est un outrage irremissible, et que le sang peut seul laver. En ce moment ils harassent les troupes an- glaises de lacompagnie des Indes , dont quelques deta- chemens sont occupes a les reduire, comme I'annonce \ Asiatic Journal du niois d'aout i832, qui nous a fourni ces details. A.M. >5'j ) StATISTIQUE DK PLUS1EU«S provinces nU DRESIL, ffe Pedro Magales, cxtraite par M. Adam dc Bniipe. PROVINCE DE PARA, M. Adam de Bauve annonce qu il doit aiix temps de troubles dans lesquels le Bresil etaitplonge, aulant qu'a I'amitie de M. Fournier de Choisy, colonel du genie, charge du depot des cartes, d'avoir recueilli les details qu'il possede sur les provinces de Para, Solimoens, Guyane et Matto-Grosso; ayant voyage lui-meme dans I'interieur de ces deux dernieres provinces, il a ete a menie de se convaincre de 1 exactitude de la relation sur les principaux points. Mais il faut, dit-il , se premunir centre I'exageration, cliaquefois qu'on apercoit le nom deville qui n'est souvent qu'un rassemblement de quel- ques centaines de mauvaises maisons, ou se trouvent toujours uneou plusieurs egliseset souvent un tribunal ressortissant a la juridiction de Para. La province de Para confine au nord avec lOcean et le Maranhao ou Amazone, qui la separe de la Guyane; a I'ouest avec la riviere Madeira ; au sud avec les pro- vinces de Goyaz et Matto-Grosso ; a Test avec celle de Maragnao. Quatre rivieres considerables, le Tocantins, Xingu, Tapazoz et Madeira partagent cette province en autant de districts, qui sont : iBelem ou Para. Brayanca. Collares. i8. ( »^<5) {Villa-Vicoza. Gurupa. Melgacao. rSanlarem. Tapajonia. . Souzel. (Alter do Chao. ^Villa-Nova da Reinba. Mundracania. /Borba. (Villafra nca. PARA ( district). Le district de Para confine au nord avec I'Ocean ; an sud avec la province de Goyaz; a lest avec celle de Maranbao; a I'ouest avec le district de Xingutania, du- quel il est separe par le Tocantins. II a cent trente lieues nord et sud, et plus de soixante del'est a I'ouest. II presente un pays plat, couvert de bois et coupe dun grand nombre de rivieres. Les fleuves Guama , Acara et Moju sont les plus considerables de ce district. La partie meridionale est infestee d'Indiens sauvages. Belem ou Para^ capitale de la province situee sur la rave orientale du Tocantins , dans la bale Guajara , a Tangle septentrional de la riviere Guaja ou Guania, en face de I'lle das Oncas, a vingt-cinq lieues de I'Ocean. Siege episcopal. Contient une catbedrale, deux belles eglises, plusieurs cbapelles , cinq couvens d'bommes, deux de femnies, un college avec des professeurs de latin, rhetorique, pbilosopbie, etc. On entretient dans cette ville un jardin de naturalisation de plantes exoti- ques etd'un grand nombre de celles des plus precieuses du pays. Comme dans toutes les relations on s'est principale- ( -57) ment appesanti sur la forme du gouvernement et la Goniposition •ties tribunaux, I'auteur n'en parle pas. En 1824, lors de son passage a Para, la garnison se coniposait de trois mille hommes de troupes regulieres et de deux mille de millces , tant a pied qu'a cheval , faisant le service de la ville et de la banlieue, conjoin- tement avec la troupe a laquelle elles etaient assimilees pour la solde. Leport, dans lequel la maree monte de onze pieds, diminue de fond. On exporte de Para, du cacao, du cafe, du riz, du colon, de la salsepareille, des clous de Maragnao, des cuirs crus et tannes , du copahu, du bapioca, des clous de girofle, du rocou , de la melasse, de la gonime elastique, des chataignes de Maragnao et des bois de construction. Les orages sont frequens; il regne tous les matins un vent de terre, et vers midi une brise de mer qui modere I'ardeur du soleil : il est rare aussi qu'il ne lombe pas une petite pluie dans la journee. Les premiers grains commencent en novembre; a de fortes pluies succedent plusieurs semaines de beau temps, espece d'ete, appele verannico ; les pluies recommencent en Janvier ou fevrier et durent jiisqu'en juin ou juillet, mais avec de forts intervalles, et jamais on ne voit apres une grande avalanoche le menie temps continuer le jour suivant. A une demi-lieue nord-ouest de la ville est une cha- pelle dediee a nostra-senora de Nazareth, journellement frequentee par les habitans de tous rangs. Bragance ^ anciennement Cayte^ une des plus an- ciennes villes et la plus considerable de la province, batie sur la rive gauche de la riviere. Cay te est a six lieues de rOcean , trente est-nord-est de la capitale, vingt-trois est-sud-est de Ponta Tigioca. Un pont divise cette ville ( -58 ) en deux quartiers; le septeiilrional est pnncipalement habite par des Indiens. La maree monte , xlaiis !e port, de huit a douze pieds , c'est I'escaledes embarcations na- viguant de Maragnao a Para. Sept lieues et deniie de Bragance, est-sud-est, est si- tae le.bourg de Cerzedello. Neuf lieues sud-sud-ouest, et vingt-quatre de la capitale , est la petite ville d'Oureniy sur la rive droite de la riviere Guama. Vigia^ ville naguere florissante par ses exporlations de cacao , cafe , coton ; a quinze lieues de la capitale nord-nord-est, sur le bord de la riviere Tocantins ou Para : il y a deux couvens d honimes et un de femnies. Quinze lieues, ouest-nord-ouest de Bragance, vingl- trois nord-est de Para , cinq est de Villanova, est situee la petite ville de Cintra, a renibouchure de la riviere Maracanan ; la population diminue depuis plusieurs an- nees. Au nord-est de Cintra, Salinas oil se prend ordi- Tiairenient le pilote pour entier dans la riviere de Para. Collares , autrefois assez importante, a trois lieues nord-nord-est de Para, situee dans une lie de six milles de largeur, nord et sud. Quatre sud-est da Ponta T/gioca, et dix-buit nord- est de la capitale, FiUanoi^a del Rey, sur la rive est un peu au-dessus de I'eniboucbure de la riviere Curuca. Ses babitans , dont beaucoup soHt Indiens , cultivent le mais , coton , cafe , riz , cacao. Guriipy, avantageusement situee sur la baie de ce nom , etait une ville assez iniportante en 1660. Escale des embarcations naviguant de Maragnao a Para. Bay as, gros bourg, ou resident qucl(iues marcbands blancs, sur la rive est de Tocantins, onze lieues au- dessus de (]anieta, escale des embarcations de Goyaz. Ses babitans cultivent diverses denrees. Sa situation ( =^59 ) avantageuse, raccroissenierit de sa population et la fer- tilile de ses environs lui presagent une importance pen eloignee. Peclerneira jhahitee par des Indians civilises, pecheurs et cultivateurs sur la meme rive du Tocantins, cinq lieues au-dessous du fort A' Alcobraca ; la, la riviere commence a etre semee d'llots jusqu'a Para. Le village tie Condc ., sis au sud-ouest de Belem , ce\m A' Abayte , de Beja, tons trois dans une ile formee par le Tocantins, Miija et Igarape Mirim, font aussi partiedu district de Para, ylrcos^ sur la grande anse de T\iry^>assu ^ letablis- senient le plus oriental de la province, n'est point assez peuple pour obteair en agriculture les avantages que promettent la fertilite du sol. Sur la meme cote sont en- core les paroisses de Jose, de Pirici et de Vizeu^ habitees par des Indiens pecheurs et t;ultivateurs. Sur les rives ou dans les environs de la riviere Guania, on trouve les paroisses de Carapara ^ Bajara ^ Anhangapi^ Tritiiya, San-Miguel da Cachoeira San-Doniiiigos a lembouchure de la riviere Capim. xiNGUTANiA (^district). Ce district asoixante lieues carrees ; il ya au nord I'A- niazone, a I'ouest le Xingu qui lui donne son nom et le separe du Tapajonia; au sud, le Tarapiquia et a lest, le Tocantins. L'interieur est peu connu et presque en- tierement habite par diverses nations sauvages qui coni- mercentavec leshabitans des diverses rivieres qui limitent ce district. Les terreins qui sont cultives sont fertiles et appropries a toute espece de culture ; les cacaos s'y troLivent en abondance, et les cannes y reussissentpar- faitement. Un grand nombre de rivieres dont quelques- ( 26o ) unes assez considerables, sortenl dii centre de ce dis- irict. L'Jnnajjii qui le traverse du sud au nord debou- che en face de Vile de Marnjo; son cours est conside- rable et les environs de ses rives produisent le girofle du pays ( arvore de cravo ). Le Pacajaz ou Pacaya, a lest de I'Annapu, recoit XIriuanna et communique avec rAnnapi'i. II prend son nom d'une nation indienne qui habite ses rives. Le Jacutulaz ou mieux Hjacunda , fleuve rapide, de- bouche a lest du Pacaya. L' yi rat cca sort aussi, a Test, du Ryamuda et se jette dans la vaste baie qui baignel'ile de Marajo au sud. La riviere das Areas se jette dans I'Amazone, au nord du detroit de Taygipuru; on la remonte pendant vingt jouis sans trouver de barres. La riviere dos Tacanhujias , ainsi nommee des Indians qui I'habitent , se jette dans le Tocantins, proche de ritaboca. Villa- V icoza ^ piemierement Cameta , une des plus anciennesvilles de la province, grande et commei'cante, situee sur la rive gauche du Tocantins, vingt-six lieues sud-ouest de la capitalej il s'y est etabli plusieurs niar- chands anglais et francaisj escale des canots de Goyaz et de ceux de Alto Maragnao. Le Tocantins a ici dix niilles delargeur et est convert debeaucoup dilots,dont quelques-uns assez considerables. Cinq lieues nord-ouest,qui est la direction de ce fleuve jusqu'a sa jonction a I'Ocean est I'lle Arnrahy ou Ara- gachf, de trois lieues d'etendue, qui le divise en deux canaux, dont I'oriental est appele inqiroprement baie de Marapata , et I'occidental baie de Limoeiro. Peu au-des- sus de la pointe meridionale de 1 ile Ararahy , sur la rive orientale du Tocantins est I'enfree de VIgarapc Mirim, ( =*6i ) et en face sur la rive opposee, I'embouchure du Japim , qui va se jeter'dans le canal qui baigne la cote meri- dionale de I'lle de Marajo. Vingt-six lieues par eau au-dessus deVilIa-Vicoza,sur la nienie rive du Tocantins, est situe le fort A'Alcobaca ou se fait la visite des embarcations deGoyaz, et trois milles au-dessus celui d' Arroyos ou se remplit la meme formalite. La , la maree se fait encore sentir. - ' Giirupa, jolie petite ville sur TAmazone, douze lieues au-dessus de Tenibouchure du Xingu. On y fait de la poterie , des tuiles et des briques. Ses habitans cultivent du cacao , des viores , et recueillent la salsepareille. De ce point on apercoit, au nord, les vastes chaines de mon- tagnes de Velha, et plus loin celles de Para, dune hau- teur considerable, les seuls que les navigateurs de I'A- mazone reconnaissent depuis Parajusqu a Borja. Melqacaii, ville mediocre sur le cote occidental du lac Annapii, traverse par la riviere de ce nom, cinq lieues au-dessus de son embouchure. Ses habitans s'oc- cupent principalement de I'extraction du caoutchou. Portel, surle cote oriental dulac Annapii, proche de I'embouchure du canal qui communique avec lePacaya, deux lieues sud de Melgacao. Ocyras , petite ville sur YAratccu, a cinq lieues de son embouchure, trois lieues au nord de Villa-Vicoza , et onze a Test de Melgaco. Ses habitans cultivent du riz et du manioc; on y fabrique quelques etoffes grossieres de coton. Cette ville fut d'abord etablie entre cette meme riviere et le Panauhd qui court un peu plus a I'ouest , et s'appelait d\ovs, Alcleia dos Bocds, du nom des Combocas^ ses premiers habitans , d'ou on continue de nommer bale dos Bocas , la grande anse qui se prolonge a I'ouest jusqu'a la barre de la riviere Parauhau , qui debouche ( 262 ) pres de I'entree nieridionale du detroit de Taygipuni. Porto de Moz , sur la rive sud du Xingii , quatre lieues de lAiiiazone. Feyros^ ville moyenne, sur le Xingu, seize lieues au- dessus de Porto de Moz. Ses habitans cultivent des viores, et recueillent la salsepareille et divers baumes. Pombnl^ a cinq lieues au-dessus de Veyros, promet de devenir considerable par laccroissenient journalier de blancs et de negres. L'ile de Macajo , a raison de sa proximite, est consi- deree comnie dependance de ce district. Cette ile, situee entre le Tocantins et I'Amazone , a I'Ocean au nord et le delroit eu Taygipuru au sud. Son etendue est de vingt-sept lieues nord et sud , et trente-neuf est et ouest. Ses principals rivieres sent \ Anajas ^ qui sort dun lac et court a I'ouest; il a seize lieues en ligne droite : VJrahy ou plutot Avary^ un peu plus considerable, et qui sort dun autre lac et se jette par deux embouchures sur la partie orientale. Le Mondin court aussi, a lest, et VAtua au sudouest. Toutes ces rivieres navigables pour d'assez fortes embarcations , avec le secours de la maree, sont reniplies de caimans et tres poissonneuses. On trouve dans I'lle de Marajo les villes suivantes : Montforte ou Filla Juanna^ situee sur une eminence , dans la baie de Marajo , a quinze lieues nord de Para. Son tribunal est preside par un juiz de lora. Moncaraz^^wmxiiicmcxW. Cahya , trois lieues sud de Monforte. Sabaterm , situee a lembouchure de la riviere Mon- din , deux lieues et demieau sud de Monforte. Soyrre , trois lieues nord de ]Montforte, sur le Mondin. Chaves ^ porto- Salve , a lembouchure de la riviere Ma- rajo-Assu , en face de la ville de Conde. Ponte de Pedra , ( 263 ) plusnord, el Vlllar, sont les pavoisses cle I'interieur. Les Indiens ont presque eiitierement disparu de oetto lie, couverte d'immenses tioupeaux de gros betail elde chevaux. Les villages de Saint- Amaro et de Mo'eri , eta- blis depiiis peu d'annees, ou se sont etablis des inar- chands blancs, et surtout ce dernier, par la commodite de son port, doivent acquerir une assez grande im- portance. TAPAJONiA ( district ). Ce district confine, au nord, avec I'Amazone, au sud avec le territoire dos Arinos ; a I'ouest avec le Mundra- ' cania , dont il est separe par le Tapazoz d'ou il prend son nom , et a Test avec Xingutania. II a cent lieues nord et sud, et scixante de largeur. La partie meridionale qui est la seule connue, ren- ferme des mines d'or et d'argent; entre autres nations qui babitent les environs du Tapazoz, on remarque les Mundrucus et les Hyau-hains. Snuzel, petite ville sur le revers d'une montagne, qui domine !e Xingu ; ses babitans recueillent le copbu et diverses plantes niedicinaies. EUe estsituee a trente-cinq lieues de I'Amazone. Santarern, ville grande et florissante, a I'embouchure du Tapazoz J escale des canots qui naviguent pour Mat- to-Grosse et I'Alto Maragnao. Depot des diverses denrees du pays ; babitee presque entierement par des blancs qui s'occupent de I'education du betail. A Iter-do- Chdo , gros bourg, situe sur un lac a peu de distance du Tapazoz, avec lequel il communique pres- que sur la cime dune montngne assez elevee , a trois lieues sud de Santarem. Ses babitans cultivent des -viores et d'excellent tabac. ( 264 ) Aveyro^ a vingt lieues an-dessus d'Alter-do-Chao ; sa situation est agreable, ses eaux salutaires et son terri- toire approprie a la culture du coton, tabac et cacao. MUNDRACANIA ( cllStnct ). Ce district, qui confine au sud avec celui de Juruenna , et au noicl I'Aniazone, a louest la riviere Madeira, et a lest le Tapazoz. 11 a quatre-vingt-dix lieues nord et sud , et sa largeur moyenne est de soixante. L'aspect de ce lerriloire n'offre guere que des marecages qui nour- rissent un grand nombre d'oiseaux aquatiques. L'inte- rieur offre cependant des espaces considerables converts de bois. Entre autres rivieres qui se jettent dans le Madeira, on reniarque \ Anhangatinj dont I'embouchure est par cinq degres et demi, le Mntaura qui debouche six lieues plus bas et communique avec le Canoma dans I'inte- rieur du district, le rio dos Marmellos ^ voisin du lac Marucula. L'interieur de ce district est arrose par les rivieres Canoma^ Ahacachj, Apiuquiribo ^Maubc-Quassu, Mauhe- Miriin , Massafy, Andird, Tupinamhara qui se jettent dans une branche du rio Madeira. La plus considerable est la riviere Canoma qui decrit une courbe, et traver- sant plusieurs lacs, vient se jeter dans I'Amazone, sous le nom de rio Manhes , cinquante lieues au-dessous de la principale embouchure du rio Madeira. Cerio Manhes, ainsi nonmie dune nation qui habite ses bords , a ete aussi confondu sous le nom Tupinambaras , d'une aldce de Tupinambas qui existe sur le lac Vyacurapa , sur sa rive est , et a douze lieues de son embouchure. Dans un espace de douze lieues , de la riviere Canoma ( 265 ) ■k la ville de Borba , on voit les lacs Annamaha, Guari- foas, Caiihintu, Caboca, Trechal, Macacos et Jatuaranna, qui tous degorgent dans la riviere Madeira. Douze lieues au-dessus de la nienie ville, on rencontre encore les lacs Mataryet Murucutaba. Entre I'enibouchure de la riviere Madeira et celle de Ganoma debouche le lac Massurany. Les principales nations qui habitent ces parages sont les Junumas , les Manhes ^ les Pammas , les ParintinniSy les Muras , les Addiras , les Araras^ et les MunJrucus. Plusieurs tribus vivent errantes, d'autres se sont jointes aux Chretiens, desquels ils out appris a cultiver la terre et a faire usage de vetemens. Villafranca^ batie regulierement sur un lac qui com- munique avec I'Amazone et le Tapazoz , a huit lieues sud-ouest de Santarem. Villanova da Reinha^ a I'embouchure du rio Manhes, bourg d'Indiens. Borba ^ petite ville sur la rive droite de la riviere Madeira, a vingt-quatre lieues de I'Amazone. Sa popu- lation est im compose d'Indiens, de mulatres et d'Euro- peens; le cacao, le tabac qui est renomme et la peche de tortues sont les sources de sa prosperite. Villaboiin , sur la rive gauche du Tapazoz, a quinze lieues de I'Amazone. Pinhel^ a cinq lieues de Villaboim. Villanova de Santacruz ^ a quatre lieues au-dessus de Pinhel. Ses habitans cultivent le tabac ; il s'y trouve un assez grand nombre de blancs. Au-dessus de Villanova de Santacruz, et a une grande distance sur la rive ouest du Tapazoz, sont les Mun- drucus, dont plusieurs hordes entierement sauvages. (£fl suite d un autre numero.^ ( 266 ) DEUXIEIUE SECTION. DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVEJ.LES GEOGRAPHIQUES, ETC. Notes sen l'Egypte, ainsi que siir le caractere ^ les viies et la politique de Mohammed- A U [commum'quc par M. le docteur Clot Bey"). Moharnmed-Ali est uiihoinnieeclaire,reunissant a un genie iiaturel et rare, des qualites personnelles peu com- munes chez les princes turcs ; il est done de beaucoup de courage et dune Ibrce de caractere extraordinaire, favorisee par une activite physique plus extraordinaire encore; car a lage de soixante ans, il voit et fait tout par lui-meme, il passe la journee dans ses arsenaux,dans ses fabriques et ses chantiers, il active tout par sa pre- sence: nouveau Pierre-le-Grand , on le voit toujours le premier a son poste ; il est sur pied depuis quatre heures An matin jusqu'a onze heures du soir; il litchaque jour les rapports qui lui parviennent de chaque province et des diverses administrations; entend la lecture de tou- tes les petitions qui lui sont adressees ; repond a tout; et en meme temps qu il s'occupe du gouvernement civil, de I'armee, de I'agriculture, de I'industrie et du com- merce de I'Egypte, il se fait lire tous les articles interes- sans des journaux de I'Europe, pour n'etre etranger a ( 2^7 ) lien de ce qui s'y passe tie reniarqiia))le. F.n trois ans, il a fait construire cinq vaisseaux a trois ponts, pliisieurs navires de second rang , et un arsenal a Alexandrie comnie il y en a peu en Europe. Mohammed-Ali estexenipt des prejugesvulgaires,mais il feint de les respecter et !es menage; il dit souvent qu'il faut considerer les prejuges d'un peuple ignorant conime de la braise quit est dangereux de toucher. Pour ce qui est des refornies, il ne les fait que peu-a-peu; quand on I'engage a operer tel ou tel autre changenient, il repond toujours : les medecins ne donnent pas tons lews medicamens d-la-fois. Les erreurs populaires sont comme ces maladies qu'il faut guerir insensiblement. Une des qualites qui le distingent encore, c'est la ge- nerosity. II paie largement les services qui lui sont rendus , ceux surtout qui tendent a ameliorer I'etat de I'Egypte et le sort de ses peuples. Lorsqu'il est mecon- tent dun officier, d'un employe quelconque, le plus grand chatiment qu'il lui inflige est de lui enlever ses fonctions sans toucher a ses appointemens , qu'il con- serve toujours. Mohammed -AH affectionne beaucoup les Europeens, notamment les Francais; il veut qu'ils soient respecles comme il les respecte lui-meme.Il temoigne souvent du regret de ne pouvoir se tenir debout lorsqu'il recoit des visites : «Ce sont mes betes de Turcs , dit-il alors, qui me forcent a etre grossier>>. 11 se trouvait un jour dans son divan des officiers anglais de distinction ; comme a son ordinaire, il les invita a s'asseoir et leur fit appoi- ter du cafe; un des individus qui le servaient, I'ayant, par fanatisme , presente de la main gauche, le pacha, qui sen apercut, se contint pour le moment; mais des que les ofliciers furenl partis, il lit donner la bastonnade ( 268 ) a celiii qui avait ose insulter ainsi des etrangers venus pour le visiter dans son palais. Mohammed-Ali a ete souventtronipepar des aventu- riers ou des ignorans , et s'est trouve bien des fois decu dans ses esperances ou danssesprojets; mais ces contre- temps n'ont jamais lasse sa perseverance. Ce prince nest arrive au commandement de TE- gypte que par la force de son epee et de son genie : il n'a pu s'y maintenir que par cette meme force. Aujour- d'hui encore il serait le premier a marcher au combat, s'il y etait oblige. La grandeur dame est une qualite qui a caracterise presque tous les grands hommes, surtout les conque- rans ; Mohammed-Ali la possede au supreme degre. Loin d'agir envers les officiers turcs vaincus, connne leurs sultans, qui font stupidement trancher la tete a tout general battu, ou qui, malgre sa bravoure, n'a pu etre vainqueur, il a toujours traite avec la plusgrande bonte ceux que le sort des armes a fait tomber en son pouvoir pendant sa longue et brillante carriere militaire; il les a traites en freres ; il sen est fftit presque toujours des amis, des serviteurs devoues, qu'il a portes aux places et auxhonneurs. II suffit, parmi des milliers d'exemples, de citer celui de son premier ministre, feu Mohammed Bey, si connu par son devoument et sa fidelitc; et si Ton en veut un plus recent, quel acte de clemence plus eclatant que celui qu'il vient d'exercer envers Abdallah Pacha ? La reputation que Mohammed-Ali s'est acquise dans toute la Turquie, et son influence aupres de la Porte, ont fait que de toutes parts on est venu reclamer son assistance ou sa protection. Aussi, combien de pachas compromis ont obtenu leur pardon par son interme- ( ^^9 ) diaire, aloi's memequ'il s'agissalt de leur vie! Mohamnied- Ali a loujours trouve le moyen de les sauver; il ne se bornait point a une simple mediation ; il a souvent achete leur crrace avec des sommes considerables, entre autres celle d'Abdallah-Pacha lui-meme , qui, bloque depuis long-temps par les arniees de la Porte, etait sur le point de succomber, lorsque Mohammed-Ali paya plusieurs milliers de bourses afin de le delivrer. En outre, il ac- corde a tous les personnages refugies dans ses etats des pensions proportionnees a leur rang , et il sen trouve beaucoup de ce nombre. Mobammed-Ali nest point sanguinaire, comme on a voulu lerepresenter(i). Le massacre des Mamlouks n'en est pas une preuve, car ils avaient conspire niille fois sa perte, et lavaient juree. Elle eat ete inevitable sans cette mesure de rigueur. Avant lui, chaque bey, chaque ca- cbef avail droit de vie et de mort sur un fellah. Aujoiir- d'hui, personne n'a ce droit, si ce n'est les tribunaux, et meme leur sentence ne peut etre executee, s'ii ne la revetue de son approbation. AVant lui, I'Egypte etait, comme on le sait, au pou- (i) Ce n'est qu'apres des attentats repetes de la part de ses perfides ennemis, que Mohammed-Ali a cede enfin aux conseils de ses fami- liers, prevenu par-l;i sa perte certaine , et assure le succes de ses pro- jets de rc^^forme dont aujourd'hui I'on admire les fruits. Nous ne vou- lons pas justifier cette scene sanglante, mais i! est probable qu'elle sera un jour signalee dans rhistoire , plutot comme un de ces actes de politique trop frequens dans les annates des nations, que comme un trait d'aveugle barbaric, et qu'il sera juge moins atroce que le massacre des Strelitz et la catastrophe recente des Janissaires sous le sultan regnant. Consultez sur cette scene et sur les motifs qui ont di- rige toute la conduite de Mohammed-Ali pacha , VHistoire de I'Egypte sous Mohammed-Ali , etc. , par M. Mengin, et les notes du i'''" volume. li. JoM\Rn. '9 ( ayo ) voir lies braves, niais ignorans et l)arbares Mamlouks, et sous leur domination, elle ne sc serait jamais tiree de I'etat de degradation et de misere ou elle etait plongee , pas plus que sous celle des pachas, tels du moins, que ceux. auxquels les aiitres provinces de lOrient sont confiees. Mohammed- Ali (i) est le premier des gouverneurs de I'Egypte, qui, depuis I'expedition francaise , ait repris I'oeuvre de la civilisation, le premier qui ait songe et reussi a former une armee reguliere, a fonder des eta- blissemens, a retablir I'ordre, a organiser son gouver- nement a-peu-pres a I'europeenne j et pour assurer le succes de ses vues et de ses travaux, pour naturaliser en Egypte les principes memes de ces ameliorations, il a, le premier des princes arabes, envoye a grands frais des centaines de jeunes gens en Europe et surtout en France, etudier les sciences et les arts. (2) Ce n'est qua son exemple que le sultan Mahmoud a songe a ces nouveaux moyens d'organisation; mais, n'ayant pas le genie du grand homme qui gouverne I'E- gypte, il n'a pas, comme lui, opere ces reformes gra- duellement, avec prudence, en respectant les opinions religieuses, en menageant les prejuges, en persuadant son peuple par cette eloquence naturelle qui caracterise Mohammed-Ali, et en finissant, a force de perseverance, par s'altacher ceux-menies qui lui etaient les plus oppo- ses. Le sultan Mahmoud, au contraire, en reformateur temeraire et t'ougueux , voulait en un seul moment (i) Depuis rannee i8i5,et dfesavant, le vice-roi s'est occupe de la civilisation dfi I'f-gypte, et de toutes les reformes qui etaient propres a I'introduire pai- degres (Voy. I'ouvrage cite ci-dessus , et les notes siir le i"^' et siir le 2*^^ vol. (E. J.) (2) Voy. la note (i), pag. 277. ( ^7^ ) changer la face de la Turquie, s'attachant plutot aux re- formes promptes et sailiantes qu aux modifications es- sentielles et profondes, croyant que toute civilisation consiste a faire porter aux musulmans des souliers, des pantalons a la franque, et a leur apprendre a Loire du vin. Le sabre est le seul argument qu'il a employe; qua- tre cent mille tetes d'hommes plus ignorans que coupa- bles , sont tombees a ses pieds par la force de cette mi- son supreme; aussi a-t-il mis en quelque sorte I'empire entier en elat de revoke contre lui. L'ordre et la securite ont ete retablis en Egypte par Mohammed- Ali. Avantlui, on n'etait pas siir chez soi,on ne pouvait pas s'eloigner des villes sans craindre d etre depouille ou assassine par les Bedouins, qui venaient jusque dans les faubourgs. Les chretiens surtout avaient a redouter ces ennemis, et d'autres plus voisins encore. Les Mamlouks ont souvent enleve et viole impune- ment, des femmes chretiennes ou juives. II a plus fait encore, il a soumis les hordes de Bedouins indomptees jusqu'alors, qui infestaient les deserts, depuis les Pyramides jusqu'au Sennar : ces deserts peuventde nos jours etre parcourus en toute silrete par des Euro- peens, meme vetus a la franque, costume siabhorrepar les mahometans. Dans toute la Turquie, les Europeens ne peuvent voyager qu avec difficulte ; les firmans et les escortes ne les mettent pas toujours a I'abri des insultes ; ils paient souvent de leur tete la plus legere voie de fait sur un musulman; ils sont condamnes au meme sort pour la moindre licence envers les femmes turques; ils ne peu- vent avoir ni esclaves, ni domestiques musulmans. En Egypte, au contraire, toutes ces fautes sont tolerees : les Europeens ont des esclaves et des domestiques du pays ; en 1 9- ( 272 ) un nioi , il n y a pas de difference entre eux ct les Arabes. II suffit niemedetre Europeen pour avoir plus de privile- ges que les autres. Cette liberie va malheureusement jus- qu'a la licence; car les aventuriers y abondent, et les voyageurs de cette sorte honoren-t fort peu les nations auxquelles ils appartiennent. On crie beaucoup contre I'administration dcMoliam- med-Ali, pretendant qu'il ruine son pays, en enlevant I'argent et les hommes. Ceux ({ui ont connu I'Egypte avant qu'il sen emparat sont convaincus que les Arabes n'ont jamais ete ni plus riches ni niieux habilles. Si les revenus de TEgypte sont aujourd'hui considerablement augnientes, ce n'est point en pressurant davantage le peuple, mais en augmentant I'etendue de ses possessions par la conquete du Sennar et du Cordofan ; en cultivant une beaucoup plus grande quantite de terrein; en in- troduisant de nouveaux produits, tels que le coton a longue soie surtout, le maha, 1 indigo, etc., etc. Si Ion compare le commerce d importation etd expor- tation qiiisefait actuellement en Egypteavec celui quise faisait anciennement, on verra qu il est au moinscomme cinquante est a >in. Annee conmiune, il s'exporte en coton seulement, de cent a cent cinquante mille balles; les importations y sont considerables, surtout en metaux, hois de construction, armes, draps manufactures, etc. Cette prosperile, ces produits et ce commerce ont leur premiere source dans le genie et I'activite de Mohammed- Ali; les Fellahs, aba tidonnes a eux-memes, ne creuseraient jamais de caiiaux,ne feraientdes sakiehs que pour arro- ser le doura (millet), qui leur est necessaire pour vivre, ctl'Egypte nefournirait que quclques quintaux de mau- vais coton. Ses nouvelles manufactures deviendraient inutiles, et I'importation du numeraire, qui est a pre- ( 273 ) sent de t^uelques millions, n excederait pas, dans ce cas , cjuelques centaines de niille francs. Mohammed-Ali nepeut etre compare a ces pachas ava- les du reste de la Turquie , qui pressurent le peuple et extorquent les revenus pour entasser des tresors. Ceux de 1 Egypte sont employes a entretenir larniee, a con- struiie des fabriques, des manufactures de tout genre, a fonder des etablissemens utiles , a envoyer , a grands frais, des sujets s'instruire en Europe. En consequence, tout le revenu du pays est depense au profit du pays, et il resulte de cette genereuse administralion, que Mo- hammed-Ali forme dans tous les arts et toutes les scien- ces des hommes qui bientot viendront ou sont deja ve- iius concourir a la civilisation de leur patrie. II est vrai pourtant que la force militaire qu entretient sur pied Mohammed-Ali nest point en rapport avec la population , et que les frais de cette armee exigent des contributions qui surchargent le peuple; mais, quelles que fussent ses bonnes intentions et le bien qu'il eiit nu faii'e a I'Egypte , tout cela ne le niettait point a I'abri des intrigues et des injustices de la Porte, qui a souvent mis le gouvernement de I'Egypte a I'enchere, en envoyant des sicaires a cordon , pour attenter a la vie d'un homme qui avait deja rendu des services a I'empire, surlout celui de la conquete de la Mecque et de la destruction de la ceste des Wahabites, qui ne menacaient rien moins que d'envahir la Syrie apres l' Arabic. C'est done pour sa pro- pre conservation , et pour assurer a I'Egypte la duree et I'heureuse influence de ses reformes, que Mohammed- Ali a du songer a former une armee redoutable, pour se mettre en mesure de resister. Mohammed-Ali n'avait jamais songe a serevoltercontre la Porte; bien loin de la, il lui avait toujours montre la ( -74 ) plus grande sournissioii , paye anmiellement uii tribut considerable et excedant de beancoup celui de ses pre- decesseurs , envoye des subsides pecuniaires toutes les fois qu'elle en a eu besoin, et plus que tout cela, ilavait entretenu une armee en Grece pendant long-temps, de- fendu I'empire du Croissant epuise, contra ses plus mor- tels ennemis, et soumis a son autorite les lies de Chvpre et de Candie. Mohammed-Alietait done, par le fail, leplus fidele et le plus ferme soutien de la Porte, celui meme dont elle retirait le plus d'avantages. Neanmoinsla Porte ne pou- vaitlui pardonner sa puissance. Mohainmed-Ali ne I'igno- rait pas, car il a de puissans amis a Constantinople coinnie dans tout le reste de la Turquie. Plusieurs motifs devaient engager Mohanmjed-Ali a s'emparerdeSaint-Jean-d'Acre : d'abord parce que la etait un ennemi que la Porte armait contre lui, et puis parce qu'il avait essuye dela part d'Abdailah-Pachades insultes que son honneur ne lui perinettait pas de laisser sans vengeance, la Porte n'ayant pas voulu lui en faire avoir satisfaction. Mohammed-Ali, dans son expedition de Syrie, n'avait paseu d'abord d'autre intention que de chatier Abdallah- Pacha, et remettre Saint-Jean-d'Acre au pouvoir de la Porte. La Porte , loin d'intervenir amicalement et d'une maniere lionorable pourMoliamnied-Ali, le menaceet en- voie une armee pour le conibattre; elle fait plus, elle nomme des gouverneius pour le remplacer lui etson fils; elle emploie en meme temps I'anatliemeet I'exconmuini- cation contre lui. Mohamed-Ali doitdeployer des forces pour se defendre ; Saint-Jean-d'Acre tombe enfin en son pouvoir, il I'annonce a la Porte; il fait encore un dernier acte de soumission, en declarant qu'ayant eu sa- ( 2^3 ) tisfaction de I'injure qu'il avait recue, il etait pret a re- mettre la place. Comment cette proposition a-t-elleete accueillie par I'aveiigle et orgueilleux divan ? II a prepare de nouvelles troupes, taitdes proclamations injurieuses contre Mo- hammed-Ali et son fils, qu'il esperait intimider par des menaces, et qu'il n'a pu que s'aliener davantage. Mohammed-Ali est considere par les musulmaris comme un guerrier, liberateur des lieux saints. Quant aux forces militaires du Grand-Seigneur, Mohammed- Ali savait parfaitement a quoi sen tenir, il n"a jamais doute de la victoire. II a souvent dit que toutes les menaces du sultan etaient des fanfaronnades, et que son armee iCenfaiis, sans discipline, sans experience et mal commandee, ne resisterait point devant de braves Arabes diriges par son fils. En effet, sa faraeuse armee de quatre-vingts ou cent mille hommes, commandee par le feld-marechal Hussein - Parha, a ete detruite , comme I'avait predit Mohammed- Ali; son artillerie, ses munitions, etc. , sont tombees au pouvoir d'Ibrahim-Pacha. Le sort d'Ibrahim Pacha se trouve lie a celui de son pere ; d'ailleurs, il professe les sentimens du fils le plus soumis et le plus devoue. Ibrahim-Pacha a le gout et le genie militaire; il est doue d'une intrepidite et d'une bravoure a toute epreuve. dans les campagnes de I'Hegiaz et de la Moree, il a ac- quis I'habitude de la guerre et Taffection des soldats ara- bes; il exerce sur leur esprit I'influence magique que Napoleon avait sur les Francais. Les officiers de I'armee sont exerces depuis plusieurs annees; la plupart ont fait les can-.pagnes de I'Hegiaz, du Sennai- et de la Moree; les principaux chefs soni ( ^76) devoues, la plupart des generaux et des colonels sont des parens de Mohammed-Ali ou des csclaves eleves dans sa maison , dont le devounient est egal a celui de son propre fils. Les autres sont aussi des hommes eprouves. Les Arabes sont de ties bons soldats , courageux, sobres, obeissans, supportant sans niurmurer les fati- gues de la guerre. La seduction ne pourrait rien sur eux, car ils aiment leurs chefs; en un mot, I'armee de Mohammed-Ali forme un corps homogene bien orga- nise, etanime du meilleur esprit. Quant a I'armee navaledeMohannned-Ali, ellese com- pose de cinq superbes vaisseaux et de quelques fregates , sans compter un assez grand nombre d'autres batimens, tels que corvettes, bricks etgoelettes. Tous ces navires sont neufs, bien armes, bien equipes, et montes par des marins exerces. Les navires de haut bord sont conimandes la plupart par d'habiles officiers , parmi lesquels se trouvcnt plusieurs Francais et Anglais. L'amiral qui la commande , Osman - Pacha (i), est un personnage distingue parson instruction etseslumieres, (i) Osman-Pacha , aujourd'hui arniral de la floUe egyptienne, est ce mdine Haggi-Osnian Nouivddin qui vint a Paris en 1820. II est le premier Egyptien qui soit veuu s'instruire en Europe , et qui en ait raj)porte uiie instruction solide. C.'cst lui qui , aide du consul gene- ral de France, le chevalier Drovettl , (it agreer au viceroi notre pro- jet , tendant a faire instruire a Paris , des indigenes , dans toutes les branches des arts, et a les mettre en etat de propager ces arts dans leur patrie. En eflet, pen d ainiees apres, une centaine de jeunes Aleves, Arabes ou Osmanlis, Effeudis , Cheykhs ou Fellahs , ont etS envoyes en France succesiveinent. La moiti^ est dej.i retoiu-nee, et une partie d'entre eux rend dt'-ja a I'l^gvpfe des services signales. [yo'xT Abrege de Ceograp/iie, etc. , par Ailrien Balbi , pag. 854-859, le nouveau youm.j/ asiaiiqn:, torn. II, pag. 96-1 1'i et divers documens publies dans le il/o/iiVcKr depuis 1826 jusqu'a ce jour. (E.J.) ( 277 ) ayant vecu long- temps en Europe, possedant bien le francais et plusieurs autres langues, entendant parfai- tement la marine, qu'il a organisee et en quelque sorte creee en Egypte, homnie dune bravoure et dun sang- froid imperturbables. (i) Aussi I'armee navale du vice-roi d'Egypte, quoique inferieure en nonibre a celle du sultan, peut se mesurer avec elle; il est meme presque certain que si elle la ren- contre reunie, elle la battra,etprobablementla detruira tout-a-faitj car la flotte du Grand-Seigneur est conipo- see de mauvais batimens mal amies , nial equipes ; les equipages ont ete formes d'un ramassis de miserables, de vagabonds, d'ouvriers, de boutiquiers pris dans des presses faites dans les rues de Constantinople : aussi le capitan-pacha et les auties chefs ont tellement la con- science de leur faiblesse , qu'ils evitent la rencontre de la flotte de MohammedAli. Que peut-on attendre de marins de I'espece de ceux qui se sauvaient avec tant de precipitation et de peur devant les briilots grecs? Les batimens du vice-roi ont deja capture une cor- vette, un brick et plusieurs autres navires qui se sont rendus sans tirer im seul coup de canon ; en sorte que les succes de I'armee navale ne sont pas plus douteux que ceux de I'armee de terre. Mohammed-Ali est le seul honime de la Turquie capable de relever I'empire desorganise , qui croule et se de- membre. Tous les actes qui ont signale son gouverne- ment en Egypte sont, il nous semble, des assurances (i) Un des vaisseaux cle la marine egyptienne est comniando par Hassan-Effendi, I'un des officiers envoyes en France pour s'instruire, et qui, apres avoir etudie a recole navale de Brest, a fait plusieurs cam- pagues dans les deux oceans, a bord desvaisseauxde la marine roy ale. ( 278 ) non equivoques que Tempire florirait et se consolide- rait, s'il en prenalt les renes. Mohamined-Ali ne voudra pas probablement profiler des avantages de sa position; il se liinitera, selon toute apparence, a la conquete de la Syrie(i). Cette province convient a celui qui possede deja I'Egypte. II le sentira trop bien pour jamais se resoudre a I'abandonner. La Porte ne sera jamais en etat de Ten deposseder, surtout depuis qu'il est devenu maitre de Saint - Jean -d' Acre , qui, entre ses mains, sera inexpugnable, et beaucoup plus qu'il ne I'etait avant , si, en reparant les fortifica- tions , il les fait retablir d'apres de meilleurs plans. Pendant que la Syrie , au pouvoir de Mohammed-Ali , deviendra un nouveau deboucbe de commerce pour I'Europe, ce prince ;doraptera les nioeurs barbares des habitans, qui, jusqu'a present, ont etouffe tout gernie de civilisation. Ce n'estqu avec la plus grande difficulte, et jamais sans danger, que les voyageurs peuvent la par- courir. Tout le nionde connait la destruction des comp- toirs francais par Djezzar- Pacha , les vains efforts qu'a faits de nos jours line des premieres puissances du nionde pour parvenir a placer un consul a Damas ; enfin les vexations et les avanies que supportent les chretiens de la Terre-Sainte. La conquete de Mohammed-Ali est done un ve'ritable bienfaitpour le commerce, les sciences et 1 humanite. Marseille, a4 septembre iSSa. (i) La question politique a ete trait^e dans un ecrit compose , en Janvier flernier, dts la premiere nouvelle de la ru])ture entre la Porte et I'Egypte. Lesvuesqui prt'cc'dent sont parCaitenient d'accord avec I'ecrit dont il est question , et auquel nous nous contentons de renvoyer le lecteur. (Voy. France litCeraire, tome III, pages -275-298.) (E. J.) ( 279 ) Remarques sur la population des Etats-Unis cV Amerique. Le premier denombrement de la population des Etats- Unis d'Amerique eut lieu en 1790. Ce pays renferniait alors 3,929,325 habitans, Le cinquieme recensement, qui n'a ete officiellementpublie quele 10 juillet dernier, s'est commence en i83o, et il a montre que, dans cet intervalle de quarante ans, la population s'etait presque quadruplee; elle s'eleve aujourd'hui a 12,866,020 ha- bitans. Ce nonibre se compose de 10,5^6,248 biancs, de 2,009,043 esclaves, de 319,599 personnes libres de couleur. Les progres dela population n'ont pas ete les memes dans les differens etats de I'Union : on remarque un ac- croissement beaucoup plus rapide dans les nouveaux etats que dans les anciens, plus sensible surtout dans les contrees au travers desquelles se sont ouvertes de grandes lignes de communication. Les paysarroses par I'Ohio, le Sciotto, et leurs affluens, en offrent un frappant exemple. Ce n'etaient en 1791, que d'immenses foi ets ou la hache penetrait a peine : on essaya d'y transplanter alors quelques colonies; et le marquis de Marnesia, I'un de leurs plus honorables chefs, dut renoncer a ses projets d'etablissement. Mais depuis cette epoque, les nations sauvages ont ete reje- tees sur d'autres territoires,- le sol qu'elles occupaient a ete soumis a la culture : de plus heureuses colonies s'y sont formees; et Tetat de I'Ohio, qui n'a encore que trente annees d'existence, renferme deja pres d'un mil- lion d'habitans. Aussi quels avantages il assure, par sa situation territoriale, au commerce et a racriculture: et ( 28o ) que de richesses trouve a y mettre en oeuvre lindustiie de ses habitans! Ce pays est devenu le centre, le foyer d'une immense circulation; les grands fleuves qui le tra- versent sont encore lies, j)ar des canaux artificiels, au bassin du lac Erie, qui, a son tour, communique, soit avec les auires lacs de cette region centraie, soit avec I'ocean Atlantique, par d'autres cours de navigation. Les etats du Kentucky et du Tennessee, bornes,comme celui de lOliio, par le Mississipi, et traverses par d'autres grands fleuves, participent du nienje mouvenient pro- •rressif. La fecondite de leur territoire, et les facilites qu il offre au commerce, y attirent tons les ans de iiou- ■veaux essaims de cultivateurs et douvriers; et, sans multiplier ici les exemples , la meme remarque pent sappliquer a d'autres etats nouvellement formes. Si la population de quelques parties du littoral atlan- tique n'a pas fait les memes progres, si celle du Connec- ticut s'est a peine auguientee, si celle du New^hauqjshire du Massachusetts, du Rliode-Island, du New-Jersey, de la Delaware, du Maryland ne s'est pas doublee, on peut trouver dans leur situation meme la cause de cette dis- proportion. Les EtatsUnis, circonscrits dans leur ter- ritoire, ressemblent a la vieille Europe, ou toutes les places sont mises en culture, ou ii faut chercher sa sub- sistance dans d'autres moyens de travail, et ou la con- currence de I'industrie en rend les resultats moins pro- ductifs. Le nonibre d'habitans qui excederait les res- sources de ces contrees, deviendrait une charge pour elles, et cette population surahondante va chercher de nouveaux etablissemens au-dela de la chaine des AUe- ghanys. Les anciens etats de New-York, de la PensylvaniCj delaGeorgie, des deux Carolines, n'etant pas egalemeni ( ^-81 ) limites dans leur territoire, se trouvaient places dans des circonstances plus favorables a I'accroissement de leur population. A mesure que les nations indiennes se sont repliees vers I'occident, ils ont pu heriter de leurs possessions, et livrer d'immenses domaines a la culture. On a observe que les emigrations des Europeens pour les Etats-Unis ne contribuaient que pour la huitieme partie a 1 accroissement de cette population : c'est dans I'etendue et la fertilite du pays, c'est dans la iecondite des families quelle trouve les principaux ele'mens de sa progression. La population des esclaves ne s'est pas augmentee dans la nieme proportion que celle des blancs : elle ne s'est accrue, dun recensement a I'antre, que dans le rapport de 29 a 3o pour cent , lorsque celle des blancs s'elevait de 33 a 36. Cette difference d'accroissement entre lune et I'autre classes resulle sans doute de celle de leur situation politique et civile; car la premiere source de tous les progres est dans la propriete et la liberie; mais il faut aussi tenir compte de I'abolition de la traite, qui, malgre les tentatives du commerce inter- lope, a cesse de suppleer a une partie des pertes de la population. Le nonibre des bommes libres de couleur s'etait d'a- bord accru dans une proportion beaucoup plus grande, par I'effet des affranchissemens successifs; mais cette augmentation n'a plus ete que de 19 pour cent dans le recensement de 1820, Une telle diminution s'explique surtout par la fon- dation de la colonic de Liberia, sur les cotes de Guinee. Les Etats-Unis y ont transporte une partie de leurs hommes libres de couleur , et ces nouveaux habitans reviennent comme citoyens dans les contrees ou leurs ( '^8--^ ) peres avaient ete vendiis comme esclaves : philanthro- pique etablissenient, place sur les rivages d'Afrique, comme un monument expiatoiie que les voyageuis eu- ropeens visiteront plus dune fois! Nous n'avons parle jusqu'ici que de la population soumise a des lois ou a des maitres. Celle qui jouit encore de toutel independance de la vie sauvage, bien loin d'e- prouver une augmentation progressive, saffaiblit et de- crolt graduellement. Les Indiens etablis dans les limites des Etats-Unis ne sent qu'au nombre de 98,000; et Ion evaiuea 2i5,ooo ceux dont les tribus, dispersees a I'oc- cident et au nordouest de ce territoire, occupent les deux versans des montagnes Rocbeuses, dun cote jus- qu'a I'etat du Missouri, d'un autre cotejusqu'a 1 ocean PaciHque. Une region presque egale a celle que la civi- lisation a conquise est done encore le domaine de ces nations aborigenes, autrefois si terriblesetsi renommees, auxquelles appartenait toute cette zone du continent americain; mais Taction du temps les consume; elle n est favorable qu'a leurs vainqueurs; et cette difference de destinee entre les nations sauvages et policees nous offre la preuve eclatante des bienfaits de I'association et de la salutaire influence des lois. Les forets ont convert le berceau des societes ; mais elles les retiennent dans I'enfance : il faut a I'bomme un clian)p plus libre, plus fecond, plus ouvert au grand jour; cest la qu'il se de- veloppe, quit etend sa raison , multiplie ses forces, et agrandit incessamment son empire. Nous joignons a ce memoire un tableau explicatlf, on Ton a rapporte dans cinq colonnes differentes la popu- lation de chacun des etats de TUnion, telle qu'elle a ete successivement determinee par les recensemens de 1790, 1800, 1 8 ID, 1830 et i83o. Ces nombres, rapproches les ( =^83 ) uns des autres, permettent de suivre avec exactitude, et d'epoque en epoque , la marche constaniment progres- sive decette population. Une sixieme colonne indique, d'unemaniere approxi- mative, le nonibred Indiensqui se trouvaient encore en- claves, en i83o, dans le territoire dela plupart des etats de la Confederation, et le nombre de ceux qui occupaient au-dela de ces limites, les regions occidentales et celles du nord-ouest. R. 2 3 4 5 6 7 S 9 lO II 12 i3 r4 i5 i6 '7 i8 19 20 21 22 23 24 I 2 3 4 ETAIS ct TERRITOIRES. Maine New-Hampshire. . Massachusetts. . . . Rhode-Island . . . . Connecticut Vermont New-York New-Jersey Pensjlvanie Delaware Maryland Virginia Caroline du nord. Caroline du sud. . Georgie. . Alabama. > Mississipi S Louisiane Tennessee Kentucky Ohio. . .' Indiana Illinois Missouri Michigan Arkansas Floride District de Colombia. TOTAI,. POPULATION DES fiTATS-UNLi en 1790. 96,5 'tO 141, 885 378,787 68,825 287,946 85,539 340,120 184,139 434,3-3 59,094 319,728 747,610 393,95 1 249,073 82,54 s 73,677 en iSoo. i5t,7i9 183,858 422,845 6g,i22 2 5 1, 002 i54,4fi5 586,o5o 211,149 602,545 64,273 345,824 880,200 478,103 345,591 162,686 8,85o io5,6o2 220,959 45,365 4,65 1 2.5 14,093 3,929,326 5,309,578 228,705 214,460 472,040 76,931 161,942 217,885 959,049 245,562 810,091 72,674 380,546 974,622 355, 5oo 4 1 5 , II 5 253,433 40,352 76,556 261,727 406,5 1 1 230,760 24,520 12,282 19,783 4,763 1,062 24,023 7,239,903 (1) Ce nombre represente quelques articles qui avaient et6 d'abord omii D'AMERIQUE. en 1820. 298,335 244,161 523,287 83,o59 275,248 235,764 1,372,812 277,575 i,o49,3i5 72,749 407, 35o i,o65,366 688,829 502,741 340.999 127,901 75,448 153,407 420,813 564.3x7 581,437 147,178 55,211 66,586 8,896 14,273 33,oS9 9,638, i66 en i83o. 399,455 269,828 6ji 0,408 97,199 297,675 280,652 1,913,006 320,823 1,348,233 76,748 447,040 1,211, 4o5 737.987 58i,i85 5i6,823 309,527 i36,62x 215,529 681,904 687,917 937,903 343,o3i 157,445 140,455 3i,639 3a,388 34.730 39,834 (i) ii,i3o i2,866,oao POPULATION DES TRIBUS INDIENNES ENCLAVEES dans les cliffe- rens etats. 2,583 4,820 3oo 3,100 3oo 5,000 19,200 23,000 939 1,000 1,877 4,o5o 5,900 5,63 1 9.349 7,200 4,000 98,289 HOHS DES JLIMITES. Territoire Huron ou Nord-Ouest . 90,200 Entre le Mississipi et les montagnes Rocheuses. .... 94,3oo Dans les montagnes Rocheuses 20,000 A I'ouest de ces montagnes 80,000 ToTAi. 2i4,5oo D'autre part .... 98,239 Total general. 312,789 ans le deuombrement de i83o. •20 ( 286 ) BAPfGALOUE. La ville de Bangalore est situee par i3" o lat. N. , et 77*^ 42' Jong. E. du meridien de Greenwich, dans le ter- ritoire du rajah de Mysore , a une distance d'enviroii 2i5 milles de Madras, et a 3,ooo pieds au-dessus du niveau de la rner. Cette situation eievee rend le sejour de Bangalore tres sahibre, le froid n otant pas Hop aigu la nuit, ni la chaleur trop grande le jour pourles Euro- peens. Le pays est agreablemenl boise et entrecoupe de collines et de ravins. Bangalore est un des plus vastes cantonneniens militaires de la peninsule indienne, et cette ville, qui a des fortifications remarquables, fut fondee par le celebre Hyder-Ali.Sa population agglome- ree est de 5o a 60,000 ames, dont la nioitie habite le Pettah^ et le reste la ville nialabare. Les habitans de Pettahjdont un petit nombre sont niahometans, parlen^ la langue canaresc- et ceux de la ville malabare, princi- palement le tainul : les niahometans, entre eux, parlent d'ordinaire I'indoustani , niais ils coniprennent egalc- nient les idiomes des indigenes au milieu desquels ils denieurent. Une vingtaine de villages qui environnent Bangalore^ et qui contiennent ensemble au moins 7,000 habitans, sont depuis quelques annees visites par des missionnaire^ anglicans, qui cherchent a y introduirele christianisme; quelques succes partiels en font esperer de plus decisifs pour I'evangile; mais il faut reconnaitre que les prejuges du peuple sont de puissans obstacles au progres desire, et ce progres est encore moins sensible chez les fiUes que chez les garcons, a cause de la repugn^nqe presque invincible des Indous a instruire leurs femmes. ( The Missionar)' Register^ octob. i832.) ( -87 ) TROISIEME SECTION. ACTES DE tA SOCIETE. PROCES-VERBAUX DES SEANCES. Seance du i novembre i832. Le proces-verbal de la derniere seance est lu etadopte. M. le secretaire de la Societe royale asiatique de Lon- dres transmet a la Societe huit volumes de la collection des Reclierches de la Societe de Calcutta, dont I'envoi avait ete annonce dans une des dernieres seances. M. Townsend, admis recemnient, adresse ses remer- eiinens a la Societe. M. Warden recommandea la Societe ptusieurs savans americains, qui lui paraissent avoir des litres pour ob- tenir les places vacantes de correspondans e'trangers. M. Douville, en signalant a la Commission centrale une nouvelle attaque dirigee contrelui,au sujet de son voyage au Congo, depose surle bureau plusieurslettres du gouverneur de Loanda , dalees du mois d avril 1828,, conune attestant qu'il etait en Afrique a cette epoque. M. Dubeux, employe a la bibliotheque du roi, adresse une proposition tendant a inserer dans les memoires de la Societe, une relation du royaume d'Angola, inedite ,par Antonio de Oliveira de Cadornega, capitaine portugais, manuscrit de la bibliotlieque royale, compose de 3 vol. in-iol. de 1680. A sa lettre est jointe la liste des chapitrcs ( 288 ) dont celle relation est composee , ainsi qu'un specimen en portugais et en francais , relatif a quelques coutunies et usages des gens d' Angola. M. Dubeux ofFre ses soins pour la surveillance de I'im- pression. Get ouvrage ayant ete demande dans un pays voisin , pour y etre public, M. Dubeux a cru devoir s'a- dresser d'abord a la Societe francaise. La Commission centrale accueille avec interet celte proposition , et elle charge la section de publication de prendre connaissance du manuscrit et de faire un rap- port a la prochaine seance. M. Albert-Montemont donne lecture de trois notices sur rile de Ceylan; sur les moeurs des Kirghiz, et sur les Kholes , peuplades de I'lnde. Ces notices sont traduites del' Jsiatic Journal: (Voy. pag. aSj , 245 et 252.) La Commission centrale procede a I'election aux places vacantes parmi les correspondans etrangers ; ces places sont au nombre de cinq d'apres le reglement. MM. le capitaine Graah, a Copenhague, charge de la derniere exploration du Groenland; Ainsworth, direc- teur de X Edinburgh journal; Adrien Balbi, a Padoue, auteur du nouvel Abrege de Geographic ; Graberg Je Hemso, a Florence, ancien consul general de Suede a Tripoli, et le major Long, a Washington, chef des deux expeditions aux montagnes Rocheuses , sont nommes membres correspondans etrangers. M. C. Moreau depose sur le bureau , pour etre discu- teesdans une prochaine seance, deux propositions rela- tives au nombre des correspondans et aux conditions qu'ils out a remplir. ( ^89 ) Seance du i6 novembre. Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte.. M. Balbi ecrit a la Societe pour lui offrir un exem- plaire de son Abrege de Geographie, et, d'apres son desir, la Commission centrale invite un de ses membres,, M. Alberl-Montemont, a vouloirbien lui rendre compte de cet ouvrage. La Societe philosophique americaine de Philadelphie adresse le volume iv (2" parlie) de ses Transactions. M. Warden depose, sur le bureau, lecahier de juiilet de la North american Reuiew. M. Sueur -Merlin adresse un resume du tableau du commerce de la France avec ses colonies et les princi- pales puissances, pendant I'annee i83i. M. Eyries , au nom de la section de publication , rend compte de la reunion de cette section , ayant pour but I'examen de la proposition faite par M. Dubeux d'inse- rer, dans le Recueil des memoires dela Societe, une re- lation inedite du royaume d' Angola, qui se trouve a la bibliotheque du roi. II est fait plusieurs propositions : la premiere de pu- blier le texte original portugais. La deuxieme, de publier une traduction francaise de I'ouvrage. La troisieme , de publier le texte portugais avec la traduction en regard. Apres diverses observations sur les avantages et les inconveniens que presentent ces trois modes de publi- cation , la Commission centrale decide en principe que la relation sera publiee, et elle invite les sections de comptabilite et de publication reunies a seconcerter avec I. 290 ) I'auteur de la proposition pourevaluer los frais de oopie, de traduction et de corrections depreuves. M. Joniard annonce, en nieme temps, qu'il a fait les demarches necessaires aupres de la hibliotheque royale pour obtenir I'autorisation de publier le manuscrit. M. Roux de Rochelle lit quelques remarques sur les progres de la population des Etats-Unisj elles sont ren- voyees an Comite du bulletin. (Voy. pag. 279.) M. AlbertMonteniont communique un fragment de son voyage a Londres , en i83o. M. Jomard depose une notice de M. le docteur Clot- Bey, au sujet du vice roid'Egypte, et ensuite il annonce quel'examen dedouzeelevesegyptiens nouvellement ar- rives, inslruits dans Tetablissement, aura lieu le 18 no- vembre prochain, devant I'Academie royale de mede- cinej MM. les membres de la Societe qui desireraient 5tre temoins des progres de ces jeunes eleves, sont in- vrtes a assister a IVxameu. (Voy. la notice pag. 266.) Sur la proposition de Tun de ses membres, la Com- mission centrale fixe au i4 decembre I'epoque de sa prochaine assemblee generale. M. le president signale diverses communications qui pourront faire I'objet de lectures interessantes , entre autres, i°un fragment du deuxieme climat de la geogra- phie de I'Edrisi, dontM. Jaubert a aclieve la traduction ; 2" uu fragment de la relation d' Angola; 3" un document propose par M. Menzikoff relatif aux voyages des cara- vanes de llussie en Chine. ( a9» ) MEMBRES ADMIS DANS LA SOCIETE. Seance du i6 novembre. M. Cazeaux, ingenieur hydrographe. M. le docteur Clot-Bey , inspecteur du sei'vice de «ante des armees du vice-roi d'Egyple, directeur de I'E- cole de Medecine d'Abou-Zabel, menibre de plusieurs societes savantes. M. le barpn de Ladoucette, ancien prefet. OOVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seances des 2 et i6 noi>embre. Par la Societe Asiatique de Calcutta : Recherches asia- tiques y tomes 6,7, 8, 12, i3, i4> i5et 16. Par MM. Lapie pere et fils : 21" livraison de leur At- las univeisel. Par M. Dufour: Carte administrai we, physique etrou- tiere de la France^ etc., dediee au roi par H. Dufour. — 9* livraison de son Atlas universel de geographie an^ cienne et nioderne. Par M. de Moleon : Recueil indiistriel et manufactu- rier, cahier de septembre. Seance du i6 novembre. Par la Societe philosophique americaine de Philadel- phie : Volume 4, 1" partic de ses Transactions. ( 292 ) Par M. Atlrien Balbi : Abrege de Geographic , redige surun nouveau plan, d^apres les derniers traites de paix et les decouvertes les plus recentes , etc. Un vol. in-8°. Par M. Sparks : The North American Review^ trimestre de juillet i83a. Par la Societe des Missions Evangeliques : Cahier d'octobre de son Journal. Par M. Cesar Moreau : Resultats de la valeur officielle du commerce general et de la navigation entre la France et Vetranger, depuis iSaS jusqua i83i inclusivement. •Une feuille. Par I'Academie de I'industrie : N° 23 du Journal de ses travcaix. Par la Societe francaise de statistique universelle : iV** 4 > octobre , du Journal de ses travaux. BULLETIN UE LA r F SOCIETE DE GEOGRAPHIE. N" 116. DECEMBRE l832. DOCUMENS LUS DANS LA SEANCE GENERALE DU \ /\ DECEMBRE l832. Notice sw les travnux de la Societe de Geographie pen- dant Vannee iS32,par M. Alexandre Barbie do BocAGE, secretaire general. Messieurs , Voici la onzieme annee que votre secretaire general vient vous soumettre le compte rendu de vos travaux. Pour la premiere fois, cette t4che m'est echue; votre bienveillant interet, en m'appelant a I'honneur de la ( ^94 ) reniplir, ma impose uu devoir que le lalent de mes de- vanciers a rendu difficile. Je me serais recuse, messieurs, si je n'avais peiise que I'indulgence qui m'a place dans la position ou je suis, daignerait my accompagner et my soutenir. Inslituee dans la seule yue de hater les progres de la geographie, et de repandre, par son aide, les bienfaits de la civilisation partoul ou riiomme peutpeijetrer, voire societe n'a cesse, malgre les obstacles que les circon- stances ont fait naitre sous ses pas , de marcher vers son but 5 et cette annee encore , votre correspondance , re- cherchee par les societes savantes et les academies na- tionales et etrangeres les plus renommees , lechange respectif des publications des unes et des autres, des prix distribues, avec non moins de liberalite que par le passe, aux travaux utiles et vraiment recommandables, sont des faits qui prouvent combien vos louables efforts ont obtenu de succes. Sa majeste a daigne prendre un interet direct et particulier a vos travaux; et si nous je- tons les yeux sur les noms qui sont venus successivement grossir la liste de vos inembres, nous y voyons figurer non-seulement ceux de savans ou d'amis de la science, appartenant a tous les pays, mais encore ceux de quel- ques Orientaux de marque, plus disposes a concourir aux progres de la civilisation qu'on ne le croit genera- lement dans lOccident. Parmi eux, nous dislinguons le prince Malek-Kassem-Mirza, frere puine du prince royal de Perse, et Ahnied-Efendi, membre de ki Mission egyp- tienne a Paris. Notre gouvernement, juste appreciateur de vos travaux, MM. les ministres des afbiires etrangeres et de la marine, et M. le directeur general de la guerre, vous ont fait des dons dune haute importance. En outi-c , M. le ministrc de la marine, a qui vous devez plusieurs coininunicalioris scientifiques interessaiiles, a souscrit a vos publications; et son collegue, M. le mi- ll istte de la justice, vous a fait esperer que les presses de limprimerie royale pourraient etre employees pour I'ini- pression de votre recueil de memoires. Ce court preambule doit vous faire bien augurer, messieurs, de I'avenir de la Societe , et accroltre encore davantage, s'il est possible, le devoument de tons ses menibres a ses interets. Afin d'alteindre le but que vous avez sans cesse devant les yeux, vous employez deux moyens dont le succes a prouve I'efficacite : vous fondez et distribuez des/;/Y,j , et vous failes Aes publicntions. Vos prix excitent partout une noble emulation ; vous appelez, avec la plus con- stante impartialite, a vos concours les amis de la science dans tous les pays du globe, et vous mettez ainsi digne- ment en pratique ce principe enonce par vous des les premiers momens de I'existence de la Societe , qu elle est universelle. Aussi , messieurs, si, se reportant vers le passe, on suit la marche que vous avez adoptee depuis les onze annees que la Societe existe, on verra avec sur- prise peut-etre que nuUe association ne peut se feliciter d'avoir, dans xiri espace de temps aussi court et avec d'aussi faibles moyens que la cotisation annuelle de cha- cun de vous, produit des resultats aussi eminemment utiles, aussi etendus, et qui repondent mieux a ses vues. Vos programmes ont porte I'infortune Pacho , enleve trop tot a la science et a notre aniitie, dans la Cy rend i que, ou tant de tentatives avaient deja echoue , quoique payees un baut prix. Son ouvrage subsisted il nous a ou- vert une mine feconde, vous I'avezcouronne. M.Cmlue a parcouru I'Atrique, et le premier des Europeens qui se sont avances au centre de cette contree, il a vu Tem- 21. ( 2^6 ) bovtau^ et en est revenu. Son ouvrage est entre vos mains. Qui la couronne? c'est voiis encore. D'ou avail-il recu son impulsion? de vos programmes. Ainsi, grace an de- voiiment de ces genereux compalriotes et a I'.honneur que conferent les palnies que vous dlstribuez, la carte de I'Afrique se meuble insensiblement, et cliaque aniiee le champ des decouvertes gtographiques s'y resserre. Cerles, ce sont la des resultats positifs etd'une veritable importance. Pliit a Dieu que des encouragemens plus nombreux que ceux que vous recevez, vinssent soutenir vos propres efforts, et qu'entin votre utile association put jouir d'une dotation annuelle qui, si faible qu'elle fut, vous permettrait du moins de vous etendre plus lar- gemen t encore dans la voie que vous vous etes tracee. Mes- sieurs, en recompensant des compatriotes , vous n'avez point dedaigne la gloire etrangere : le nom du capitaine Franklin, couronne pour son voyage sur les rivages de la mer Polaire, celui du major Lung, qui le fut pour son voyage aTemboclou , ou cet infortune perit si malheu- reusement; ceux du capitaine Graah, de la marine da- noise, et du professeur Rafinesque, de Philadelphie, qui le furent aussi, le premier, pour son exploration des cotes du Groeuland, et le second, pour son Memoire sur 1 origine des negres asiatiques ; enfin la mention honorable de I'iniporlant, voyage des freres Lander sur le cours et a I'emboucliure du Niger, el de la belle exploration des cotes de lAmerique meridionale par le capitaine King, n'attestent • ils point limpartialite qui regnc dans vos jugemens ? A present encore la lice reste ouverte, et independamment du prix que vous decernez a la decouverte la plus importante en geographic, vous appelez ('attention des voyageurs et des savans sur plu- sieurs points particuliers du globe, telssont, en Afrique, ( ^97 ) les lieux connus sous le noin de Maruwi ; en Asie, Xjtpartie meridionale de la Caramanie ; en Amerique, les nntiqui- tes americaines, et la Guyaniie; et, en outre, vous portez celle de nos compatrior.es sur une region naturelle quel- conque du teriitoire francais ^ et sur les operations de ni- vellement ; enfin vous proposez un prix pour Xhistoirc mathematique et critique des mesures de degi-es.i^i) Un genereux anonyme vous avail offert un somnie de looo francs, pour etre appliquee a un voyage dans le Darfour. Get anonyme a, coinnie vous en avez recu lannonce de la bouche de M. Joniard , reporte cette somme sur un voyage aux sources du Bahr-el-Abiad et aux rives oriental es du lac Tchad. M. le baron Benjamin Delessert a bien voiilu se joindre a cet anonyme pour une sonime de 5oo fiancs; d'autres souscriptions ont ete egalement offertes. Nous devious, messieurs, vous signaler ce fait, parce quit prouve le noble desinteres- sementavec lequel quelques esprits eleves favorisent les decouvertes geograpliiques. Cette annee, a la suite de savans rapports, vous avez couronne les travaux de M. Douville , honorablement cites ceux de MM. King et Lander, et encourage, par le don d'une niedaille d'or, ceux de M. Rafinesque. Un seul memoire vous a ete envoye pour le concours relatif au nivellement de la France ; ce memoire est celui deM. le baron d Hombres-Firrnas , a qui vous avez, sur le rap- port de M. le general Bonne, decerne egalement une medaille d'or. Si on en vient a I'examen de vos publications, on les voit , quoiqu'elles ne soient point encore ce que Ion (i) Bulletin de la Societe, tome xvii , n" io8, avril i 83-2, page aSi it seq. C 298 ) doit espeier qu tiles seront un jour, coiitouiir avec succes au menie but. Eti atlmettant dans voire Re- ciieil de memoires \ Orographie de l' Europe^ par M. Bru- Gui£RE , ouvrage dune haute importance, et que vous avez vous-niemes couronne en 1 826, vous avez rendu a la science un veritable service. La traduction de la Geo- iiiaphie de VEdrisi, dont s'occupe 1 un de nos orienta- iistes les plus distingues , M. Amedee .Iaubert, qui doit y jdindre les parties recemment decouvertes et non en- core editees, du nieme auteur, et celle de la Description manuscrite de la Perse et despays voisins, du persan Hnnid- Allah, par le savant M. Etie.nne Quatremere, donne- ront a vos Memoires une importance qui les fera recher- cher avec avidite de tous ceux qui aiment a s'occuper des progres de la geographic. Outre votre Recueil de memoires , qui constitue reel- lenient la partie savante de vos publications , il est un autre Recueil que quelques-uns d'entre vous sont peut- etre trop porles a considerer comme etant d une impor- tance secondaire, et qui nous paralt cependant devoir nieriter, dans les inteiets de la societe, la premiere place en quelque sorte parmi les objets dont vous vous occu- pez. Le Bulletin de la Societe est un veritable moyen de correspondance entre vous et ceux de vos confreres qui sont eloiirnes, entre vous et les diverses societes savantes et corps lilteraires avec lesquels vous entrez en relation, entre vous, les voyageurs et savans epars sur tous les points du globe. Sans lui, nous osons le dire, plus de Societe; il est le lieu qui nous unit tous. Mais, pour que cette publication soit digne de son but, il fout quelle ail tous les moyens possibles de se soutenir; quelle soit abondante, nourrie de bonnes choses, el toujours bien presentee j qu'elle offre enfin tous les avantages des re- ( ^99 ) cueils du nieme genre, sans en avoir les defauts. Ce bul- letin sera des-lors pour la Societe un moyen puissant d'ac- tion.Ne nous le dissimulons pas; malgre tons les change- mens et toutes les ameliorations que vous avez introduits dans sa redaction , il reste encore beaucoup a t'aire. Permettez-nous d'exprimer a ceux qui out bien voulu se charger de la lache penible et laborieuse de redacteur les renierciniens de la Societe entiere. Parmi les personnes qui ont bien merite de vous, messieurs, soil par les communications qu'elles vous ont faites,soit paries rapports c^xieWes, vous ont lus, vous devez surtout distinguer MM. Jomard, Warden, Dumont- d'Urville , Roux de Rocbelle , le baron Walckenaer et Quatremere, Bouvard, le general Bonne, Eyries, de La- renaudiere, d'Avezac, Barbie du Bocage, Daussy, Albert- Moniemont , Sueur-Merlin , Coulier , Peytier , Jouan- nin, Denaix,Huerne de Pommeuse, Morin, Paravey, de laRoquette, C. Moreau, de Couessin, de Rienzi, savant voyageur; le chevalier de Wieboeking et Rafn, savans hollandais et danois; Van der Pus a transmis ses siatuts el reglomeus, et die sc ferii ( ^oi ) un devoir de repondre a toutes les questions scientifi- ques que vous lui adresserez. Ainsi felicitez-vous, mes- sieurs, du concours actif que vous offrent ces associa- tions, puisque leurs travaux doivent venir accroitre le doniaine de la geographic, et puisque ellesmemes sem- blent atlendre de leurs rapports avec vous une sorte dimpulsion que vous ne pourriez leuf refuser. Des demandes d' instructions speciales vous ont ete egalement adressees par divers voyageuis ; en les redi- geant, vous avez repondu a leurs desirs. M. David , notre consul a Cuba, en a recu de vous sur lAmerique; M. Carr, consul general des Etats Unis a Maroc, sur le uord de TAfrique ; M. le chevalier d'Erco, sur I'Orient, et M. H. Ternaux, sur les contrees du nord de I'Europe. \ous devez penser qu ainsi munis de vos instructions, ces voyageurs vous entretiendront de leur marche et des observations qu'ils feront. Ces demandes d'instruc- tions speciales font naturellement desirer une serie de questions generates sur la geographic. Mais qui de vous ignore les difficultes d'uu sembiable travail .f*... La Societe de geographic de Londres la jugce d'une assez grande importance pour le mettre au concours. Pourquoi ne ten teriez- vous pas d'arriver au meme but par la meme voie ? Votre hibliotheque s'est enrichie d'ouvragesimportans; plusieurs vous ont ete offerts par des ministres, un grand nombre I'aete, soit par vous, soit par des e'trangers, et ses derniers lui donnent, nous devonsle dire, un interet particulier. EUe renferme en effet des ouvrages que Ion ne renconti-e dans aucune autre hibliotheque de la ca- pitale. C'est la un avantage precieux dont 1 importance se <^oncevra mieux a mesure que la Societe prendra les aecroissemens auxquels sa destineo lappelle. II est a re- (3o. ) gretter cependaiit que ties fonds speciaux iie puissent etre consacres en assez grande quantite a I'acliat des ou- vragesgeographiques dont le don ne vous est point fait ! Nous ne vous parlerons point des recueils scientifiqiies que MM. Bajot, de Ferussac, Gide et Eyries, Bailly de Merlieux, Arthus Bertrand , de Moleon , D. Ramon de la Sagra, de Cuba; J. Sparks et Featherstonhang, de Phila- phie; Blaque, de Smyrne, et autres auteurs ou editcurs continuent a vous envoyer, non plus que ceux des corps savans dont nous vous avons deja entrelenus; nous ne vouionsrappeler icia voire attention que les plus inipor- tans des ouvrages que vous avez recus. M. le directeur general du depot de la guerre vous a remisun nouveau volume du Memorial topographique , et vous avez recu, soit de M. le niinistre de la marine, soit de M. le ministre des affaires etrangeres, la suite des ouvrages dont le commencement vous avait ete deja adresse. Tels sont, entre autres, les deux heaux voyages des corvettes la Coquille et V Aslrolnbe, rediges , lun par M. Duperrey, et I autre par M. Dumont-d'Urville, chefs des deux expe- ditions; le Pilote francais , plusieurs autres cartes hy- drographiques^ avec les Instructions nautiques, publiees par le depot de la marine; les Monumens de la France, par M. Delahorde; le Voyage pittoresque el romantique dans rancienne France, par MM. Ch. Nodier, Alphonse de Cailleux el Taylor ; et la collection des Classiques la- tins, de Lemaire. Enfin vous devez au Bureau des longi- tudes le don de ses publications annuelles. En outre, votre bibliotlieque a recu les livraisons sucressives des Atlas universcls de MM. Lapie pere et fils, et Dufour, et des Atlas de V Europe, de MM. Denaix et Van-der- Maelen , et de plusieurs autres ouvrages dont la publi- cation n'est point sans importance. Yous en etes rede- ( 30-^ ] vatles a MM. dUrville, Joniard, Warden, Corabceufy Douville, Delavau, Biaiichi, Pankoucke, Girard, Dela- croix , Coulier, Morin, Huerne de Pommeuse, Virlet, Pascal -Marius, Lavallee, Jodot, de Rienzi, Ermann, Groeberg de Hemso, de Hosack, Rafn, Spencer Smith, Worcester et autres. Vous avezencore present a lesprit, messieurs, le savant rapport de mon predecesseur, M. Jouannin. Vous trans- portant successivement dans les diverses regions du globe, il vous retracait sur chacune la marclie de vos tiavaux : je vais chercher a I'imiter ; heureux si, comme lui, je puis nieriter vos suffrages ! L'EuROPE nest generalement le theatre que dun petit nombre d'explorations geographiques; on s'y livre plu- tot a des recherches locales ou a des travaux de cabinet , qui ne sont point sans interet sans doute, mais qui tout en apportant quelques fails de plus a la science, n'en ont point change la face dune maniere notable. L'apparition soudaine de /'tie qui s'elei'a du sein de la mer, a pen de distance de la cote de Sicile^ et les phe- nopienes qui I'acconipagnerent , fixerent I'attention universelle. Les nations livrees a la navigation eurent interet au moins a connaitre son veritable gisement; la surete deleurs marins leur en faisait une loi. (^e tut dans cette vue que le gouvernement francais expedia un ba- timent sous le commandement de M. Lapierre, et dans le menie temps, afin de rendre cette expedition plus com- plete, M. Constant Prevost etait choisi par TAcademie des sciences, pour faire I'exanien de cette nouvelle terre sous le rapport geologique. Deja I ile avait ete vue, et divers rapports avaient ete faits. M. le ministre de la ma- rine, deferant a votre deniande, messieurs, voulut bien vous les comniuniquer. De celiii de M. de Saint-Laurent, ( 3o4 ) coiiunandant provisoire de la Iregate V Armide^ rapport date du aS octobre i83i, il resulte que cette He etait situeepar 3j° 1 1' 8 " oo lat. N. , et i o" i\' 23" 70 long. E. de Paris, deduite des montres marines reglees a Tou- lon le 25 septenibre. On I'apercevait a la distance de cinq lieues en mer , et une colonne epaisse de fumee en signalait encore I'approche. Due a la masse des matieres calcinees, soulevees par une force volcanique tres active, ainsi que ie banc qui s'etendait, dans le N.-E.,un niille au large, cette ile pouvait n'avoir elle-meme, au plus, qu'un demi-miile de tour, et presenlait I'aspecl dune terre couverte de cendres, de laves et de scories. La fre- gate put facilenient la contourner; elie sen est presque toujours tenue a un mille de distance. A cette epoque , la face de I'lle avail deja change de ce quelle etait pri- niiiivement , car le cratere du volcan s'etait affaisse, et n'offrait plus qu'un bassin rempli d'eau d'unc tempera- ture variee,tiede dans leN.-E., elbouillantedans le S.-O., degageant une quantite considerable de vapeurs sultu- reuses. Envahi par la mer, le volcan n'avait plus d'ac tion que dans le S.-O.de I'lle, mais sans detonnation,sans jets de flamme, sans meme aucune emission nouvelle de ma- tieres inrandescentes; et le sol, quoique tres chaud en- core, et parseme de larges fentes d'oii sortait une fumee sulfureuse tres epaisse, permettait I'abordage et la mar- die. A I'examen, laplupart des matieres recueillies ont paru a I'auteur du rapport tres riches en fer sulfure mele d'aluniine; il y avait aussi quelques carbonates de chaux lees de la HoUande ont donne a ce savant le moyen de construire un Atlas de la plus grande partie da cours navigable dii Rhin etdes ramifications de ce Jleuvejusqu a la mer et au Zuyderzee, ainsi que de la Mease en aval de Boxmeer, En iSag, I'Acadomie imperiale des sciences de Saint- Petersbourg envoya , sous la direction de M. Stroieff , une expedition archeologique , dans le but de visiter les anciennes bibliotbeques et archives de la Russie, et den extraire, ou du moins de faire connaitre les mate- riaux qu'elles pourraient offrir pour toutes les branches de I'histoire nationale. Depuis lors , M. Stroieff, accom. pagne de M. Berednikoff, a visite les gouvernemens d'Ar- khangel , de Vologda, de Nowogorod , de Kostroma , de Jaroslaif et de Moscow. Ces travaux ont di^ continuer^ les resultats deja obtenus sont immenses, si Ion en juge d'apres la note des volumineux materiaux deja recueillis par M. Stroieff au milieu de difficultes de toute espece. Vous distribuez annuellement , messieurs , a titre d'enco'uragemens, des medailles d'or aux operations les plus remarquables du nivellement d^ une partie quelconque duterritoire francais. Decette maniere, la representation du relief dune portion plus ou moins etendue de notre ( 3o6 ) sol se perfectionne chaque ;mnee. Aii dernier concours, \vMJS n'avez recu qu'un memoiie intitule : Supplement nu nivellement barometrique des Cevennes. Ce menioire faisait suite a celui qui vous avail ete adresse en i83i, et auquel vous aviez accorde une mention honorable. Son auteui", que vous avez couronne a la suite de I'inte- ressant rapport de M. le general Bonne ^ est M. le haron Allombres-Firmas. Les tableaux produits par M. J Honi- bres presentent un ensemble de 175 cotes portant sur autant de points differens, et embrassant les departe- mens du Gard, de I'Ardeche, de la Haute-Loire et de la Lozere. La Nouvelle Carte de France^ dressee au depot general de la guerre, doit avoir ce precieux avantage^ qu'elle offrira un relief a-peu-pres complet du sol de la France, forme sur six a sept cent mille cotes de nivelle- ment qui pourront servir utilement a etab'ir des avant- projets de routes, de canaux el autres travaux dart. En encourageant les operations de nivellemenl, vous ne fai- tes done que devancer une operation utile sous tons les rapports. L'un des officiers les plus distingues du corps des ingenieurs-geographes, auquel est due la confection de cette grande carte de France, M. le colonel Coraboeuf, si activement employe aux travaux qui la concernent, vous a fait part de son Menioire sur les operations geo- desiques des Pyrenees, el /a Comparaison de la hauteur des deux niers. Vous avez avec raison considere ce me- nioire comme etant de la plus haute importance. Nos richesses territoriales ont droit a voire interet. M. Roux de RocheUe vous a fait, sous ce rapport, des communications precieuses. 11 vous a appris que pres deMontmorot, apres divers sondages entrepris sur plu- sieurs points, dans le but de rechercher la mine de sel g ernn tc dioni nn soupconnait lexisienre dans cette loca- ( ^^07 ) lite, on avail atteint enfin, a la protondeur de ^gy pieds, la couche superieure de la niiiie, et que cette couche avail eie sondee elle-meine jusqu'a la profondeur de io8 pieds , sans que Ion eiil depasse le banc de sel qui la forme. On crul inutile de franchir cette liniite; I'impor- tance de la decouveile paraissaii suffisamnient consta- tee par I'epaisseur de la couche que Ion avait rencontree. Ce brillant succes fit entreprendre de seniblables ope- rations aux environs de la ville de Salins ; mais il a fallu sonder la terre jusqu'a y^y pieds de profondeur avant d'atteindre la mine de sel gemme , a laquelle on est par- venu le ly juin de cette annee. Les travaux relalifs aux antiquites vous occupent moins directement, messieurs, que ceux qui ont trait a la geographic proprement dite. Cependant vous avez applaudi a la communication des curieuses recherches faites a ce sujet par M. dc la Pylaie. en Bretagne. Les etudes geographiques et historiques tirent en effet un grand parti de toutes les recherches locales qui ont pour but, non - seulenvent la connaissance des villes et des lieux habites par les anciens, mais encore celle de ieurs monumens, qui sont les veritables indices de la marche des peuples dans la carriere de la civilisation. Si de I'Europe nous passons ii I'Asie , nous voyons que cette immense division du globe a ete lobjet de communications non moins instructives. Une des plus importantes par les faits nouveaux qu'elle renfernie, est celle Aes positions geogrcphiques de I'Obj depuis Tobolsk jusqu'a lamer Glaciale^coirigees par M. Erinann^ secre- taire de la section de physique de I'Academie royale des sciences de Berlin. Vous avea recu de notre compatriote et confrere, M.Fontanier, une Notice sur la cote dela mer Noire appelec Lazistan. Cette partie de la mer Noire est ( 3o8 ) moins connue que les autres, [x^rce que les voyageurs ne peuvent y pene rer sans dangers. Place a Trebizonde, et par consequent dans une position rapprochee de cepays, M. Fontanier pouvait mieux que personne servir les ii>- terets de la geographie. II a visite lui-meme tout le lit- toral depuis Trebizonde jusqu'a Batoum. II coniptedans cet in tervalle trois ports, Heraclee ou Surniene^Soouk-Sou et Bataoum. Point d'autre riviere considerable que le Tchuruck-Sou; point de ville a citer, si ce n'est Rize. Apres la population turque et nielangee de Trebizonde et de Surmene , se trouvent les Grecs de Off, puis les Turcs de Rize, enfin les Colchiens , divises en Lazes et en Georgiens. Le pays offre partout a-peu-pres le meme aspect : impenetrables forets et maisons eparses ca et la. Ces maisons sont assez vastes quand on sort de Trebi- zonde, mais a mesure qu'on seloigne, eiles degenerent en chaumieres, et enfin en cabanes placees sur des arbres. La misere du peuple augniente graduellement, et gra- duellement aussi la forme des vetemens passe du turc au georgien. Independamment de cetle notice curieuse, vous devezaM. Fontanier des nouvelles dun voyageur, M. Tchesny, qui a visite I'Fgypte, la Perse et une parf.ie de la Turquie, et qui a recueilli par lui-nieme plusienrs sondes dans le cours de I'Euphrale , dont il a prealable- ment reconnu le cours, aussi bien que celui du Tigre. Quels que soient les succes des voyageurs modernes, on ne saurait negliger les auteurs et les voyageurs qui les ont precedes. Aussi avez-vous accueilli avec enipresse- ment et reconnaissance I'offre faite par M. Et. Quatre- mere, membre de I'lnstitut, de sa traduction A'une Des- cription manuscrite de la Perse et des pays voisins, ecrite en persan par Hamd- Allah., Jils d'Aboii-Bekr ^ qui vivait dansleviii'sieclederhegircCette traduction doitentrer ( ^oy ) ilans votre Recueil de Memoires. Les auteurs orientaut offrent au geographe une mine feconde; ce n'est que lii, en etfet, qui! peut rencontrer, sur des pays a peine con- nusde lui aujourd'hui, des renseignemens satisfaisans et utiles. MM. Stamatj-et 6'ai7//er, compagiions de M. Michaud dans son voyage en Orient , ont aussi parcouru avec irmlXAsie-MineuretX. la Syrie ; mais faut-il que nous ayons a deplorer la parte de M. Staniaty. Ce jeune voya- geur succomba aux privations et aux fatigu'es quit avait endurees. Dans le menie temps , la meme expedition perdait un autre deses menibres, M. Carcel. kyunt de se rendre a Smyrne, ou ils devaient rejoindre M. Michaud, MM. Stamaty et Gaillier parcoururent les contre'es qui formaientautrefoislaPhrygieEpictete, la Lydie, laMysie et la Bithynie, tandis que M. Michaud, accompagne de M, Poujoulat visita les points les plus importans de la cote asiatique , depuis Cyzique jusqu'a la Troade. Ce voyage de MM. Stamaty et Caillier, utile a la geogra- phic, ne le fut pas moins a I'archeologiejcar ils recueil- lirent un grand nombre d'inscriptions et de medailles. De Smyrne , ou ils revirent M. Michaud , qui se separa encore d'eux , pour se rendre en Syrie, ils s'etendirent au S. E. des pays qu'ils venaient de parcourir, et pous- serent leurs investigations depuis les chemiris du Tnio- lus , du Messoys etdu mont Dindymeue jusqu'au mont Emich-Dagh et aux vastes bassins qui s'etendent sur le plateau de I'Asie-Mineure. De la ils gagnerent le mont Adoreus et les affluens du Sangarius , qui les condui- sirent a Engori. Leur principal but etait alors de*visiter les parties inexplorees de la Phrygie et de la Cappadoce, de Rara-Hissar a Cesaree ; mais tout dut leur faire con- siderer la chose comme impossible. En effet les Kurdes, 22 ( 3io) etablis depuis le montEmich-Dagh jusquauKizil-Irmak, repandaient la terreur dans toute la contree. Malgre cela les voyageurs tenterent de penetrer dans le pays; niais ce fut moins de leur part un voyage qu'une veri- table operation militaire. lis vinrent ensuite a Alep : ce fut la que M. Caillier fut oblige de rendre les derniers devoirs a son ami et au compagnon de ses travaux. Pour M. Michaud, s'etant embarque a Sniyrne pour la Syrie, il s'arreta sur une multitude de points tant dans les lies que sur le continent , et laissant M. Poujoulat dans le Liban , il visita la Basse-Egypte , d'ou il reprit la mer, pour revenir en France. Un autre Francais , M. Ed. de Cadahene^ a, pendant ces trois dernieres annees, voyage dans rOrient; mais , plus lieureux que M. Stamaty, il a pu du moins revoir sa patrie.M. de Cadalvene a parcouru la Grece, remonle le Nil jusqu'a la cinquieme cataracte, et traverse I'Asie-Mineure et la Syrie. Parmi les objets qu'il a rapportes , vous apprendrez , messieurs , sans doute avec plaisir, que cevoyageur arcbeologue compte pres de cent cinquante medailles en or de la plus grande importance. — Vous avez encore recu de M. Barbie du Bocage aine la communication dun Itineraire circonstan- cie de Constantinople a Siwas , recueilU par M. Th. de Lesseps^el de M. Ch. Ed. Guys^ consul en i9)r<'e,plu3ieurs details interessans sur les lieux de sa residence et sur le Liban. Relativement a VInde, vous avez du prendre connais- sance des travaux de M. Lamarre-P icquot dans cette contree et surtout des collections considerables et pre- cieuses que ce savant voyageur a recueillies dans les courses qu'il y entreprit successivement de iSaS-iSag. Deretour dans sa patrie, apres quatre annees d'absence, M. Lamarre-Picquot rapporte aver lui pres tie cent ( 3ii ) caisses de toute grandeur. Anliquites, culte, histoire naturelle , objets darts, meuhles, ustensiles, ses re- cherches ont tout embrasse : ses collections en font foi. Dans son savant et lumineux rapport , M. Jomaid \ous signale I'importance des resultats obtenus par M. La- marre-Picquot, surtout sous le point de vue de Xorigine et de la maniere d'etre des diffcrentes branches et trihus de lajamillehumaine, partie de la science geographique , qu'il nomme ethno-geographie . II demontre a cette occa- sion la necessite, deja exposee par lui dans un ecrit dont il vous a fait hommage (i) , de former des divers objets qui se rattacheraient ainsi a la connaissance de I'ethno- geographie, une collection qui s'accroitrait sans doute avec le temps , niais dont un grand nombre des pieces rapportees par M. Lamarre-Picquot formerait la base. M. Jomard et la commission , dont il etait I'organe, ont en effet pense que cette collection devait etre placee au premier rang parmi celles qu'il est desirable de posse- der, pour en faire jouir la science , et vous avez vous- memes donne a cette opinion , en 1 approuvant , tout le poids de votre autorite. M. Victor Jacquemont , dont la mission se rattachait specialement a I'histoire naturelle, ade son cote franchi la grande chaine de 1 Himalaya indien,pour arriver dans la haute et grande vallee qu'arrose le Setledgesuperieur, vallee parallele a la direction des rnontagnes, et qui appartient au bassin de i'lndus. Notre compatriote a reconnu , a la partie des rnontagnes qui bordent la vallee du cote du Thibet, une elevation plus considerable qua celle qui fait face a la presqu'lle de I'lnde. Se frayant un chemin dans des contrees presque inconnues,il est alle (i) Considerations, «tc. 22. (3i2) a sixjournees, au-dela du trente-deuxienieparallele,daiis la chaine Thibetaine, en remontant le Spiti , affluent du Setledge. II sest egalement avance vers la Iroiitiere occideiitale du Haut-Kanaor, et il 1 eut franchi sans doule, si les postes chinois ne lui eussent barre le passage. La hauteur moyenoftdes villages du Kanaor est, le long du Setledge , de trois mille metres au-dessus de la mer, et dans le bassin du Spiti de quatre mille. Sur plusieurs points de ce bassin, les cultures et les villages s'elevenl a cinq mille metres environ , hauteur equivalant a celle du Mont Blanc, dans les Alpes , et prosperent sous une pression qui n est que les quatre septiemes de celle a laquelle nous sommes soumis dans nos plaines. L'air y est habituellemen t dune grande secheresse. A son retour, M.Jacquemonlrepassa rHimalaya indienparleBouronne- Ghanti, un des cols les plus bas de la chaine, quoiqu'a une elevation de cinq mille metres, et revint a Delhi, pour gagner de la le Pendjab. Tout en f'elicitant ce jeune voya- geur des succes que son devoument a obtenus, faisons des voeux pour le voir bientot revenir dans sa patrie, et enrichir le monde savant des connaissances precieuses que de semblables excursions I'ont mis a nieme de re- cueillir. M. Alberl-Montemont vous a communique sur une partie de I'lnde, autre que celle vue par M. Jacque- mont une notice interessante, bien que deja un pen ancienne. Nous voulons parler de la Description des Ahoriqenes des Neil-glicrrys ou niontagnes Bleues du Coimhctour, province situee dans le sud de la peninsule indienne, par M. Hough ^ de Madras, qui parcourait cette contre'e en 1819. Le meme membre vous a egale- ment presente quelques details nouveaux et curieux sur I'lle de Ceylan et sur les Kirghiz des grandes steppes de I'Asie. Si les voyageurs s'exposent ainsi sur terre a des ( 3.:5 ) milliers cle dangers , les niarins n'epargnent rien , pas meme leur vie , pour accroitre ou rectifier nos connais- sances. Les expeditions scientifiques les plus perilleuses de toutes, entreprises depuis plusieurs annees,le prou- vent suraboiidaniment, el , sous ce rapport, la marine francaise s'est acquis une veritable gloire. La corvette laFuvorile a , sous le commandement de M. le capitaine Laplace^ fait son voyage de circumnavigation comme rUrunie, la Coquille ^ V Astrolabe et la Thetis. Elle a visite les cotes de I'lnde transgangetique, et, ainsi que vous I'apprit M. d'Urville , d'apres M. Ed. Paris, officier attache a cette expedition , et precedemment a la sienne, il a ete fait un plan detaille de la baie de Touranne. De la on a remonte la cote de la Cochinchine an N.-O. et une partie de celle de Tonkin. II resulle de cette navi- gation que toute la partie de la carte de Dayot, au N. de Touranne, est tresfausse, etque le sud est au contraire tres bon. De retour a Touranne, 1 expedition fit voile pour les Naturas , dont la partie orientale a ete bien reconnue par Ross, tandis que la partie occidentale etait restee inconnue , peut-etre a cause des dangers auxquels la navigation y est exposee. Quant aux Anam- bas, toutes les parties qu'on en avait etaient erronees. II y a beaucoup moins de dangers au surplus dans cet ar- chipel que dans les Naturas , et les habitans en paraissent beaucoup plus doux. Enfin, tandis que les voyageurs etles marins font leurs explorations , les geographes, mettant a profit les ob- servations des uns et des autres, construisent les cartes ou les rectifient. Maltresse de la plus grande partie de rinde,la compagnie anglaise est surtout interessee aux travauxde ce genre qui doivent lui faire successivenient connaitre toutes les parties du pays quelle possede: ( :^'4 ) aussi est-ce elle qui ^ublie la grantle carte tie I'Hindos- tan , de Hall ^ dont la cent trente-huilienie feuille vient de paraitre , comnie vous I'annoncait dernierement M. Joniard. Peu de jours auparavant, vous aviez recu de ce savant confrere le nouMeiouvrage publie par M. Carl. Ritter de Berlin ^sur VAsie. Get hommage, accueilli coin me il devait 1 etre , prouve I'estime que possede pour votre societe I'un des plus profonds geographesderAllemagne. M. Louis Lamiot , lazariste qui a vecu tres long- temps en Chine, a, pendant son sejour, extrait de la Geographic officielle de la dynastie imperiale actuel- lement regnante, V analyse descriptive des diverses pro- vinces du celeste empire. M. Paravey, possesseur de dix-sept de ces analyses , vous en a fait hommage , espe- rant de vous une publicite qui devait mettre au grand jour des descriptions importantes d'nn pays oil tout est fait pour exciter I'interet. Vous avez compris son desir, et une partie de ce travail a deja ete puhliee dans votre Bulletin. Outre cela,]VI. Paravey vous a encore remis un autre travail de M. Louis Lamiot sur la contree designee par les Chiuois sous le nom de Sf-Yu. Ce second travail a egalement paru. Une question que vous avez jugee digne d'interet, puisque vous en avez fait le sujet dun prix , c'est \ originedes negres asiatiques , question immense et pour la solution de laquelle , ainsi que le pense M. le rap- porteur de la commission chargee de lexamen des me- moires envoyes au concours , les materlaux recueillis par la science ne sout point encore assez uombreux. Toutefois vous avez ci'u , avec le rapporteur, M. Diimont- d^Urville , devoir reconnaitre les recherches auxquelles s'est livre M. le docteur Rn/inesque , professeur a Phila- delphie, auteur du seul inemoire qui vous ait ete envoye, ( 3^5 ) en lui decernant, a litre d'encouragement, une me- daille d'oi\ L'Afrique attire a present nos regards. Jaloux d'y hater, autant qu'il depend de vous, les progres des connaissances geographiques , vous I'avez traitee dans vos programmes avec une sorte de predilection. M. Jo- tnard vous a , messieurs , communique une lettre extre- niement interessante dun voyageur francais,M. Linanty qui a parcouru , pendant quatorze annees, les con trees voisines du Nil. Dans cette lettre , M. Linant annonce le projet d'executer un grand 'voyage dans laparlie supe- rieure de la vallee du Nil jusqu aux regions centrales de rAfrique. Le plan que trace de ce voyage M. Linant a fixe votre attention dune maniere toute speciale , et vous avez en consequence charge deux de vos membres, MM. Jomard et Eyries, de prendre toutes les informations convenables. Vos commissaires se sont associes M. le baron Walckenaer. Vous avez appris avec satisfaction que ce comite a examine le projet de M. Li- nant , et s'est ensuite occupe de rediger a son tour uu projet. Presente au roi , ce projet a ete accueilli par sa niajeste, quia daigne promettre son appui pour le suc- ces du voyage. On a quelquefois mis en doute X aptitude des Orientaux pour les etudes scientifiques. Cependant vous avez pu ju- ger combien cette aptitude est grande, du nioins chez quelques-uns d'entre eux ; vous I'avez vous-memes re- connue dans plusieurs de ces jeunes gens venus d'Egypte a Paris pour y acquerir de I'instruction. Provoque sur cette question par un de nos savans confreres, dont le nom se lie desormais dune maniere indestructible a tous les travaux entrepris sur I'Afrique , M. le docteur Clot, directeur de I'hopitid d'Abouzabel et dc I'ecole de (3i6) Medeciiie, etablissemens situes a cinq lieues du Caire, tiouve une grande aptitude, pour I'etude des snences, dans les Arabes , mais beaucoup moins dans les Tares et les Mainelucks. Pour lui , il nest presque entoure que d'Arabes; et, au college de Casr-el-Ain , les Arabes seuls ont reussi dans 1 etude des niatbenialiquos; il en est de nieme pour le genie et 1 architecture. Dans les fabriques, on ne voit que des Arabes; dans larni'ie et la marine, les nieilleurs otflciers sont de cette nation. El cependant, il est a reniarquer que les musulnians de la Turquie d'Europe sont Ires intelligens, tandis que ceux del'Ana- lolie sont les plus ignorans de lous, apres toutefois les Manielncks de la Circassie et de la Georgie! Puissam- nient aideepar la population arabe, qui ne laisse pas d y elre nonibreuse , la civilisation de I'Egypte doit done marcher dun pas rapide. Chaque branche de connais- sances y a pour ainsi dire sesadeptes. Vous-meraes, mes- sieurs, n'avez-vous pas pu en juger par les travaux qui vous ont ete souniis. Pour ce qui concerne la geogra- phic, M. Joniard vous a presente trois feuilles de la carte de Vocean Atlantique et la carte du Grand-Oceariy sur lesquelles M. Hassan- Efondi , officier de la marine egyptienne, a trace ses routes, en menie temps quil a tenu son journal; c'etait chose nouvelle; et le Defterdai- Bey\, gendre du vice-roi, e.»t lui-memc I'auteur dune carte du Kordofan, la seule que Ion aitde cette contreeT II la tracee lors de Texpedition d Ismail-Pacha, fils du vice-roi dans la Haute-Nubie. La conquete d Alger impose aux vainqueurs de gran- des , d'inimenses obligations; o'est pour eux une ne- cessite de rendre ce pays a la civilisation. Beaucoup d'ouvrages ont ete |)ublies sur ce sujet; beaucoup de vues ont ete exposees, mais nul njoyen ne peut reussir, ( 3i7 ) ce semble, sans colonisation. En tormant les populations a tl'autres moeurs,a cles habitudes sedentaires, on change leurs dispositions hostiles en dispositions bienveillantes et amicales, car la puissance de I'exeniple est prodigieuse. Vous Tavez parf'ailement senti , lorsq e vous fites accueil aux statuts et irgleinens de la Societe coloniale de Vetat d' Alger. Cette societe a des vues elevees, elle s est ini- posee une grande tache, et si elle vous a demande votre concours, vous ne devez pas hesiter a repondre a ses desirs. II serait a souhaiter que Ton recueillit lidiome de chacune des populations avec lesquelles on entie en relation, les communications n en seraient ensuite que plus faciles et plus siires. C'est dans cetle vne que tra- vaille M. Midler., secretaiie-interprete attache a I'expe- dition, qui s occupe, ainsi que vous la appris M. Jomard, dun vocabulaire de Cidiome des Beni-Mozab. A ces tra- vaux, il faut en joindre d autres auxquels se livrent ac- tivement MM. les ofliciers d etat-niajor; c'est le lever du pays dans les parties ou Ion peut arriver sans trop de dangers. Notre marine partage cette activite. Vous savez en effetpar M. d'Urville que M. Berard., lieutenant de vaisseau, a fait diverses experiences de temperature sous - marines d'un grand interet. Deja les memoires de M. d'Urville vous ont appris tout I'interet qui s'attache a des experiences de cette nature, non -seulement pour la physique, mais encore pour la geographic elle-meme. Les experiences de M. Beiard ont eu lieu enlre les cotes de lEspagne et celles de I'etat d'Alger. II en resulte que, dans presque toute la partie occidentale de la Mediter- ranee, la tempeiature des eaux, au-dela de deux cents brasses de profondeur, reste uniformement fixee a 13" centigrades du thermometre , du inoins jusqu'a la pro- fondeur de douze cents brasses, ou six cents pieds , li- ( 3i8 ) mite des efforts tentes par M. Berard. Les taits recueillis par M. Berard viennent a lappiii de I'opinion de M. d'lJr- ville sur la cause du refroidisseinent des couches sous- marines, dans toutes les mers libres, que ce savant explo- rateurattribue au transport continuel deseaux polaires, vers Tequateur, dans les couches inferieures de I'Ocean. Les dimensions retrecies du detroit de Gibraltar , ne donnant acces qu' a une tres petite quantite de ces eaux, il s'ensuit naturellement que les couches inferieures de la Mediterranee ne peuvent jamais atteindre la basse tem- perature qui parait exister dans toute I'etendue de I'Ocean, au-dela de trois ou quatre cents brasses. M. Berard se propose de poursuivre ces importanles experiences. Vous avez recu avec un vif interet la communication dune Notice geographique sur r empire de Maroc ^ redi- gee par M. Washington , et publiee par la Societe geo- graphique de Londres. Vous la devez au traducteur, M. Alherl-Montemont^ qui, par son zele actif a vous tenir au courant des publications etrangeres , seconde puissamment vos efforts. Cette notice semble, au premier abord, repondre a toutes les questions que Ton peut faire sur le pays, et cependant un autre de nos confreres, M. (TJuezac, a redige avec un soin tout particulier une serie di instructions qui, remises a M. Carr, auront sans doute ime prompte et heureuse solution. On ne saurait trop insister, avec M. d'Avezac, sur I'importance qu'ot- frent les itineraires , et surtout sur la necessite de s'en procurer le plus possible. Notre confrere semble etrc en Afrique sur son domaine. Outre ce travail, vous lui etes en effet redevables de plusieurs communications importantes sur cette contree. Vous connaissez, conmie etant de lui, un memoire intitule : Examen et rectifica- tion des observations astronomiques determinees enJfriqne ( 3i9) par Mungo-Paick^ niemoire qui fait partie dun grand travail sur la geographic critique de I'Afriquej un autre ayant pour titre : Exainen critujue da voyage des freres Lander sur Ic Niger ^ et de ses residtals geographiques ; et un autre sur le voyage de M. Mollien dans la Senegam- hie. De plus, M. d Avezac vous a offert sa traduction de la Relation da voyage fait a Mely et a Ten-Boktoue^ dans Vinterieur de r Afrique, pe?idant les annees I'i^i et i353, par Mohamnwd-Ebn-Bathoutah-^ et enfin plusieurs Notes sur les etablissemens anglais de la Gamble ; sur la troi- sieme expedition de Lander^ et des Instructions sur VA- frique meridionale. Ces communications ont ete accueil- lies avec le plus constant interet. Toulefois, avant son examen critique du voyage des freres Lander, vous aviez deja connaissance des judicieuses Retnarques de M. Jo- mar d sur les decou^erles de ces deux voyageurs , et les consequences probables qui doivent en resulter ^ et de la partie du savant rapport de M. Eyries (sur la decouverte geographique la plus importante faiteen i83o), qui ren- fernie 1 analyse succincte de ce voyage si interessant a tant de titres. Dans ses remarques, M. Jomard s'est plu- tot attache aux considerations generales qui tlennent a I'ensemble de la question, qua ses details; M. d' Avezac a, au contraire, appuye sur les details; et, tout en ren- dant justice au redacteur de la carte du voyage de M. Be- cher, il ne laisse cependant pas d'y relever, en habile cri- tique, des incoherences que les travaux executes par la marine anglaise elle-meme eussent du faire cviter. Sans entrer dans aucun detail, nous nous conlenterons ici de faire ressortir I'importance de la solution que donne ce voyage du probleme qui occupait depuis si long-temps les geographes. Les deux rives du Dioliba ou Kouara sont aujourd'hui connues depuis Yaouri, ville situee un ( :i^o ) pen au-ilela du 1 1' parallele nord , jusqu'aii golfe de Benin, ou il forme un delta dont on doit esperer que les divers bras seront bientot connus. Le Rio Nun en est la bouche principale. Depuis Boussa, lieu ou peril lint'ortune Mungo-Parrk, le fleuve recoit, a tlroite et a gauche, plusieurs affluens; niais les plus considerables touibetit sur sa rive gauche: ce sont la Gouba, la Kon- donia et la Tchadda ou Scharv- Les £ucces des freres Lander ont produit Il-iu- huit. line expedition nouvelle^ doiit Richard Lander est le guide, est partie de Liverpool pour I'Afrique. Elle se compose du brick Columbine et de deux batimens a vapeur, specialement construits dans cette vue, le K nudra et/'£'/-^a/X77. Lebutimmediat de cette expedition est de remonler le Niger ou Kouara, d'etablir un commerce dVchangeavecles naturels, etd'etendre lesconnaissances geographiques dans ces con trees. G'est ainsi que nos voi- sins savent mettre a profit une science a laquelle on n'est pas encore toujours dispose a rendre en France la jus- tice qu'elle merite! L'expedition est pourvue d'officiers instruits, qui ne laisseront echapper aucune occasion de servir les interets de la science, el elle emporte denom- breux exemplaires d'une sorte de manifeste adresse aux chefs et princes des con trees africaines, pour leur expli- quer le but de la visile qu'ils vont recevoir. Anterieu- remerit au depart de cette expedition, vous aviez appris que deux voyageurs anglais , MM. Cotthurst et lynvhitt^ setaient embarques pour le nieme pays, avec I'espoir de penetrer dans I'interieur. D'un autre cote, un de leurs compatriotes, M. Wolf^ missionnaire, se dirige vers Temboclou, tandis que M. Linant ^ Aowx. nous vous en- tretenions a I'instant, doit, apres avoir vu les sources du Bahr-el-Abiad, visiter le pays a I'orient du lac Tchad, ( 3.1 ) et revenir en Europe a iravers le grand Desert. Espe- rons, messieurs, que de tanl d'eft'orts et de devoument reunis, resulteront quelques connaissances positives, propres a dissiper une partie des nuages qui, malgre tous nos progres, nous derobent encore la vue de la plus grande portion de I'Afrique centrale. Toul-a-fait au sud de I'Afrique, deux freres, MM. yer- reaur, ont fait quelques excursions lointaines, dont les resultats principaux paiaissent avoir ete une ample mois- son d'objets d'histoire naturelle. Un fait dune plus grande importance pour les connaissances geographiques dans cette partie de I'Afrique, c'est le concours que vous a si genereusement offert, par I'organe de son directeur, M. Grandpierre, la Societe des missions evangeliqnes . Repondant au desir de M. le directeur de la Societe, vous lui avez transmis quelques instructions qui auront sans doute le resultat que vous en attendez; vous devez le presager, messieurs, d'apres la connaissance que vous avez acquise des rapports de MM. les missionnaires. En mai et juin i83i, M. Roland^ lun de ces genereux apo- tres de la mission, s'etait avance jusqu'a la capitale des Baharutzi , tribu kaffre , a environ ^6 lieues au nord de la ville de Lattakou , la plus eloignee vers I'interieur que Ton connut alors. II etait parti de la station fon- dee par les missionnaires au Kuruman, dans le pays des Bechuanas. En octobre, il y retourna, dans le but d'y fonder une mission nouvelle. Les deux Amekiques offrirent aussi un vaste cbamp a vos travaux. Icisemontresurtoutlenom i\eM..Wardeti^ a qui vous etes redevables de nombreuses conununica- lions. Vous tenez de lui, entre autres objets, les Me- moires sur Sebastien Cabot , publics a Londres e« 1 83 ipar un citoyen des Etats-Unis. Les voyages de ce navigateur ( 322 ) sont devenus pour M. Roux de Rochelle , le siijet d'uiie dissertation pleine d'interet. Le nom de Cabot se rattache en effet aux premieres decouvertes faltes en Amerique; son histoire, ou plutot celle de ses navigations, merite done a juste titre de vous occuper. C'est le menie interet qui vous a fait recevoir avec reconnaissance de M. le baron Wnlckenaer des details sur la carle orisinaie de Juan de la Cosa , le nieilleur des pilotes de Christophe Colomb et le veritable guide de I'expedition d'Ojeda. De ce premier document geographique, Ion peut tirer une connaissance certaine des decouvertes de Jean et de Se- bastien Cabot, et-de leur etendue. Vous esperez, et avec raison , messieurs, que M. Walkenaer completera les details dontil ne vous aete aussi transmis qu'un apercu fort leger. Une medaille d'or fut decernee par vous, I'annee der- niere, a M. le capitaine Graah, pour son exploration de la cote du Groenland. M. de la Roquette, notre collegue, consul a Elseneur, s'est empresse de la lui remettre. Depuis, M. le chevalier d'Abrahamson vous a annonce que M. Graah etait de retour du second voyage qu'il avait fait dans les memes parages, sans avoir ete assez heureux pour avancer beaucoup dans le nord, mais qu'en revanche, il s'etait livre a plusieurs recherches importantes. M. d'Abrahamson ajoutait que, pour don- ner suite aux recherches deja tentees au Groenland , la Societe des antiquaires du nord avait alloue une somnie annuelle destinee a payer les frais des fouilles faites ou a faire partout ou sont des mines. Cette resolution pro- duira, avec le temps, des resultats curleux. Vous savez, en effet, que c'est dans le Groenland que Ton a trouve un des monumens les plus precieux pour I'histoire des decouvertes geographiqucs dans le nord. ( 323 ) A la suite cle la derriiere expedition de M. le capitaine Edw. Parry, au nord de I'Amerique, expedition tout-a- fait infructueuse, M. le capitaine Boss partit avec deux batimens vers les menies parages, il y a trois ans environ. Depuis lors, aucune nouvelle. Quest devenue cette ex- pedition ? Aura-t-elle ete ecrasee par le poids des glaces, ou bien est-elle ensevelie dans les abinies de la mer ? L'in- quietude est generate, mais I'espoir reste encore. En ce moment, messieurs, une expedition s'arme en Angle- terre,par voie de souscription, pour aller a sa recher- che. Elle devra penetrer, a travers les possessions de la compagnie d'Hudson, jusqu'a la mer Arctique. Les pays au nord de I'Amerique sont parcourus par une foule de chasseurs a la poursuitedes animaux a fourrure, ceux a loccident des Etats-Unis le sont egalement, sur- tout au-dela des monts Rocheux. Ces expeditions de chasse sont un excellent nioyen de couvrir des expedi- tions scientifiques, ou de reunir les unes aux autres. G'est ainsi qu'on vit en i83o MM. Smith et Jackson re- venir de leur voyage dans les monts Rocheux avec une grande quantite de fourrures. M. Smith avail ete absent pendant cinqannees, et mettant celaps de temps a pro- fit, il avait explore tout ie pays depuis le goUe de Ca- lifornie jusqu'a I'embouchure Ae\a.Cio\omh\a..M..ff^arden^ qui vous a comnivmique ce fait , vous a presente lui- meme un rapport sur un autre voyage du meme genre : c'est le recit dune navigation dans les eaux de la Colom- bia , et d^un sejoiir de six annees sur le versant occidental des monts Rocheux par M. Ross Cox. La lecture de ce rapport, ecoutee avec une attention soutenue, a ete suivie des observations de M. Roux, sur limportance a venir du fleuve Colombia. Deja un negociantde I'etat de New -York, M. Astor, y est devenu le fondateur d'un ( 3^4 ) etablissement nomine Astoria, le premier qui ait ete fonde sur les rives de ce fleuve. II appartenait a M. Rtjux deRochelle, iiagiiere notre ministre plenipotentiaire aHX Etats-Unis, de vous entretenir de cette partie du Nouveau -Monde , comine il vous entretint AeSctat de New-Yoj'k , qu'il a parrouru jusqu'au lac Erie, et sur lequel vous lui etes redevables de Memoires reellement dignes de I'accueil que vous leur avez fait. Au sujet des voies de communication , soit par la navigation, soit par les chemins en fer doiit vous a entretenus, dune ma- niere generale M. Warden , vous avez su de M. Latour- Allard c^nun canal A' ui\imn\e\\se interet seconstruisaita la Noiwelle- Orleans, et que, large de 60 pieds, ce canal, qui doit jo ndre le faubourg Sainte Marie au lac Pont- chartrain, aura toujonrs sept a huit pieds d'eau a maree basse. C'est encore a M. Warden et a M. Roux que vous devez des tableaux curieux de la population americaine en 1790, 1800, i8io, 1820 et i83o, par lesquels on voit dans quelle enorme .progression cette population s'accroit ; de 3,929,827 en 1790, elle etait, en i83o, de 12,856,407. L'accroissement pour cent, depuis 1820 seulement, donnait 32,392. Une note curieuse, nialgre son pen d'etendue, c'est celle que vous a encore communiquee re nieme confrere, de la part de M. le docteur Dugas, siir la monfagne de PiefTes,rocher situe sur le territoire des Indiens Oeeks , dans letat de Georgie. Denviron deux niilles de circon- ference a sa base, ce rocher a plus de i5oo pieds de hauteur. Au somniet, il forme une saillie de 60 a 80 pieds sur I'un de ses cotes, tandis que sur les autres sa pente est graduelle jusqu'aux trois quarts de la hauteur. La,regne auponrtour de la montagne, excepte du cote formant avant-corps, une espece de galerie de f)o pieds ■( 325 ) de laige, et dun mllle de developpement. Cette galerie est garnie dun parapet ayant 6 pieds depaisseur et 12 pieds de haul. Cependant ces fortifications sont aujour- d'hui demolies sur plusieurs points par les curieux visi- teurs, qui s'aniusent a en jeter les fragmens du liaut en bas de la montagne. Qu'est-ce que ce monument extraor- dinaire? A qui attrihuer ces fortifications? M. Dugas parait avoir vainement questionne les habitans sur ce point. M. JoTnard \ous a transmis, messieurs, d'apres M. Co- ckelet, consul genera! au Mexique et nomme charge d'affaires a Guatemala, quelques details geographiques sur le pays compris entre Mexico et Guatemala. M. Co- chelet parleaussi de M. Nehel , qui, dans ses excursions vers le nord de letat de Vera-Cruz, a decouvert au milieu des forets vierges , quelques antiquites qu'il se propose de faire connaitre , et de M. IT aldeck, peintre allemand, qui a le projet de se rendre aux ruines fie Palenque. MM. Nebel et Rugendas , autre peintre alle- mand, ont les memes intentions. M. Cochelet decrit particulierement Peten , I'un des quarante-six districts de letat de Guatemala. Ce district interessant peut avoir dix lieues de long sur deux de large: il compte 11,214 habitans, en comprenant dans ce nombre quinze cents Anglais environ et leursouvriers, qui se livrenta {'exploi- tation du hois d'acajou, si abondant dans ce pays. lis lui font descendre la riviere Balize. Tout le Yucatan fixe egalement I'attention de M. Cochelet, qui donne en outre I'itineraire de Flores, capitale du Peten , a Guate- mala, espace de deux cent vingt-huit lieues. Dans une autre lettre , qui vous fut aussi communiquee par M. Jomard, M. Corroy fils vous apprend qu'il est reste trois mois a I'alonque, dans I'otat de Chiapas. M. Juan 23 ( 326 ) Gulindo nous a adresseun document curieux etd'autant plus precieux , qu'il est date des environs menie de Palenque. L'interet de cette description nous a en- gage a lui donner line pronipte publiciie. Palenque est une ville de 4,oooames: elle doit toute sa renoniniee a I'etendue et a la beaute de ses mines. M. Corroy vous entretient de la nianiere la plus interessanle de tout ce qui s'y rapporte. Le palais , fort ou temple , car il y a encore incertitude sur la destination du monument, est tellement vaste avec tons les batimens qui le composent, qu'on pourrait y loger dix mille hommes. Ses souter- rains; sa grande tour, dontla majeure partie est ecrou- lee;ses figures colossales de douze a quinze pieds de haut, sculptees en pierre , tout cela pique vivement la curiosile. Le climat de Palenqvie est tres sain, et nulle part, dans ses mines, ne se trouve, comme on la dit , un animal feroce ou seulement meme dangereux. Ces details interessans sont le prelude, sansdoute,deceux que vous promet la connaissance de votre programme, portee, comme vous I'annoncent les lettres de MM. Cochelet et Corroy, dans le pays . ou il a excite le zele de plusieurs voyageurs prets a se rendie sur les lieux. La partie de voire prognunme relative a la Guyanne n'a pas excite moins vivement 1 attention des voyageurs. M. Jubelin, gouverneui- de la Guyanne Francaise el niembre de la societe, vous annonce en eftet, dans une lettre adressee a M. Jomard , le depart de deux voya- geurs , MM. Leprieur et Adam de Bauve , pour I'interieur du pays. M. de Bauve a memo soUicite vos instructions, messieurs, clans le meme moment qu'il vous adressait divers documens sur les provinces du Para, sur celle de Guyanne, de Mato-Grosso , sur un voyage dans I'inte- riciif (le la Guyanne Francaise , et enfiji une carte de la ( 327 ) province de Marafiao, dressee en 1824, t?t que vous avez vivenient accueillie. Cette annee estrentree, apresune absence de plusietirs annees,dans leport de Toulon \a corvette rEmu/ation, placee sous le comniandenient de M, Bnrra/ , lieutenant de vaisseau , el employe a continner les travaiix hydrogra- phiques commences par M. le vice-aujira! Roussin sur la cote du Bresil. M. Barral s'est acquitte de sa tache avec le plus grand succes. Les cotes du Rio Grande , de San Pedro, etaient inconnues aux navigateurs. On les croyait inabordables. V Emulation a pu en approcher a trois et quati'e milles, et n'a rencontre qu'un seul banc, qui ne s'etendait qua sept et huit lieues de lerre. Ces cotes ont ete relevees avec la plus grande exactitude. II en est de meme de 1 lie Sainte-Catberine et du rio de la Plata. Ces Iravaux, dont bientot le public sera appele a jouir, doivent acquerir a vos yeux une importance dautant plus grande, que peu de chose resle a faire pour les lier a la belle exploration de la partie sud de I'Amerique nieridionale, dont aujourdhui, graces aux soins et a I'habilete de M. le capitaine anglais King, commandant du brick le Beagle^ precedemment employe a des tra- vaux du meme genre sur les cotes de la Nouvelle-Hol- lande, nous connaissons exactemenl la configuration. Cette exploration de M. King a dure quatre annees, de 1826 a i83o. Etlepeut etre comparee, vous a dit M. Ey- ries, a celle de la cote nord-ouest du continent ameri- cain , qui fit tant d'honneur a M. Vancouver. M. de Rienzi^ a qui vous etes redevables dune gram- maire et dun vocabulaire de la laiigue thai{^ siamoise), imprime a Calcutta en un vol. in-4'', vous a In, lors de son passage a Paris, un apercu sur la ciiiquieme partie du monde. Dans cet apercu, seme de vues ingenieuses, 23. ( 3.8 ) I'auteur propose non-seulenient line classification nou- velle des teires , mais I'application de noms encore inu- sites. Vous vous etes, messieurs, felidtes avec d'autant plus de raison de cette communication de M. de Rienzi qu elle a etc suivie d une autre, nonmoms interessante, de M. d'Urville, sur le nieme sujet. Oceanie est le nom que M. d'Urville adopte pour cette partie de monde, dont il trace les limites. Tout en considerant la race noire comnie etant celle des veritables indigenes, de ceux du raoins qui ont les premiers occupe les terres oceaniques, M. d'Urville reconnait dans leurs habitans deux races distinctes; quant aux divisions des terres, il en propose quatre , qu'il nomme principals ou fondamentales , et qui sont fondees non-seulement sur la difference exis- tant entre les traits caracteristiques exterieurs de chaque partie de la population, mais encore sur celle qui pro- vient du langage et de la religion. Cette classification nous parait satisfaire aux besoins de la science. Une lettre ecrite a bord de la fregate anglaise la Thetis., par M. Sayei\ et dont vous devez la communication a M. Warden^ vousdonne plusieurs details importans sur les lies Easter et ses habitans, Pitcairn et Nooka/iemh, et sur Otahiti. Dans cette derniere, les missionnaires sont parvenus a detruire les aiiciens usages des habitans, et a elever des eglises et des temples qui sont ties fre- quentes. Aujourd'hui,presque tons les enfans et les gens du peuple savent lire et ecrire ! Quel est , nous le deman- dons, le pays d'Europe dont on puisse dire la meme chose?... Apres avoir visite plusieurs autres lies du meme groupe, ou la religion a egalement fait des progres eton - nans, la Thetis s'est dirigee vers Tongatabou, I'une des lies des Amis, dont les habitans, empresses a accueillir I'equipage, ont, par leiir affabilite et leur huinanite, jus- ( 329 ) title le nom d'aniis qui leur a ete donne. — M. Daussy vous a remis I'extrait dun rapport fort curieux de M. le capitaine Ireland, commandant le brick anglais r AdheDiar. Get extrait vous fait connaitre dans I'archi- pel des lies Poniotou ou Dangereux, une ilc noiwelle, situee non loin decelle de Carlshoff, et donne plusieurs rectifications importantes quanta la position des lies Carl- shoff eX. GreigJi, et a la delineation de la coteoccidentale de \ He Wittgenstein. L'ile nouvellement vue nest portee sur aucune carte; et cependant, d'apres ce que le capi- taine a appris a Otahiti,elle est frequenteepar les Indiens qui y font la peche de la nacre, et la nomment Zaraka. D'autres iles encore ont ete vues pour la premiere fois par M. le capitaine Morell , de lagoelette americaine V Antarctique , destinee primitivement au commerce des fourrures. Cette goelette, partie de New-York etfiaisant voile vers la rner du Sud, vint toucher les lies du Cap- Vert, et de la se rendit a la Nouvelie-Zelande, puis a Manille. Dans cette traversee de la Nouvelle-Zelande a Manille. M. Morell signale plusieurs lies isolees et en groupes; il les nomme groupe de Westerfield , groupe de Barght et lie Livingston ; cette derniere inhabitee. II est a regretter que la note qui vous a ete remise ne pre- cise point leur position. De Manille, ie batiment vint aux iles Fidji, voyage pendant lequel fut decouverte une autre ile que Ion appela lie du Massacre. Les habitans y massacrerent en effet une partie de I'equipage qui etait descendue a terre sans prendre toutes les precautions indispensables en pareille circonstance. Malgre tous ses efforts pour apaiser cette population fiere de son suc- ces, le capitaine fut oblige de lever I'ancre sans pouvoir meme y fairele chargement de poisson qu'il y etait venu chercher. Cependant il a emmene avec lui deux sauvages ( 33o ) avec lesquels il u I'intention de retourncr dans ces ties. La note promet la publication du voyage de M, Morell; il est a desirer quelle ait promptement lieu. Au sujet des rochers nommes Mangs , et situes dans I'archipel des Mariannes, rochers dont la position a ete differemment indiquee par MM. de Freycinet et Bee- chey, il vous fut remis une note d'apres laquelle,au lieu de les placer au S. de I'lle de I'Assomption , il faudrait, suivant I'auteur menie, les indiquer au N. O. La Noin'elle- Hollande ^ ou il reste tant a faire, a ete aussi I'objet de plusieurs communications interessantes. Ainsi vous avez appris de M. iVUrville qu'un de sesamis, M. Cunningham ^ botaniste distingue qui a reside dix ans a PortJackson , avait termine an Memoire accom- pagne (Tune carte sur les progres de la geographic dans Vinterieur de V Australie, travail qui doit bientot paraitre. Cette annonce ne pouvait manquer de recevoir de vous I'accueil le plus favorable, car elle vous promettait le tableau des decouvertes faites jusqu'a ce jour dans cette immense regfion et I'expose des resultats que Ion en avait obtenus. Dans le meme moment a-peu-pres, M. Warden vous presentait un rapport dun grand in- teret sur Vhistoire des colonies pennies de V Angleterre dans ces contrees ^ par M. Em. de BlosseviUe. M. deBlos- Seville donne aussi, dans cet ouvrage, un apercu des progres de la geographic ; mais son but est de s'occuper plutot de ceux qu ont fails ces colonies, ou sonl trans- portes tous les individus c[ue les tribunaux anglais con- damnent a la deportation. II les suit pour ainsi dire pas a pas, depuis le premier moment de leur etablissement jusqu'a I'epoqueactuelle. Les developpemens qu'ontpris ces colonies sont immenses : I'asriculture et le commerce y recolventchaque jour uneextensiofi phis considerable, ( i3i ) et contribuent activement a 1 ainelioralion des contlam- nes qui y sont transportes. Get ouvrage appelle les me- ditations tlu veritable philosophe. Les decouvertes geographiques inarchent aussi dans la Nonvelle-Hollande , mais dun pas moins rapide. Vous avez recu cette annee la nouvelle de !a decouverte d'un fleuve ail nord de Liverpool, leque! prend son cours au N. O. et va se perdie dans !e golfe de Van-Diemen. M. A Ibert-Montemont a aussi attire votie attention sur iin autre point en vous donnant une traduction abregee et substantielie de la description des natiirels de la terre da roi G^or^ei, resultat d'o])servations recueillies de 1 827 a 1829, et publiees dans le journal de la societe deGeo- graphie de Londres. Je ne veux point terminer cecompte-rendu, messieurs, sans rappeler votre attention sur la Note de M. Goulier relative a V attraction des 'vaisseaux en mer , note tra- duite del'anglais de M. Barlow; sur la notice relative a la fertilite comparative de I'Ancien et du Nouveau- Monde, egalement traduite de I'anglais par M. Albert- Montemont ; et enfin sur le rapport etendu de ISi.Jomard surle systeme de graviire adopte par M.Ca^/m,graveur pour la carte de Vanicoro que M. d Urville vous a pre- sentee. Organe d'une commission speciale, M. Joniard considere la gravure de cette carte comme un veritable progres dans 1 art d'exprimer sur les cartes les formes et les accidens du sol , ainsi que la nature de sa superficie. Ce rapport fort developpe est important relativemerit a cette partie de I'art. Tels ont ete, messieurs, vos travaux dans le cours de cette annee ; leur ensemble doit vousparaitresatisfaisant, car votre attention s'est successivement portee sur tous les points d«i globe, .fanriiis pu vous ontretenir egale- ( 33^ ) nient des publications qui out eu lieu , mais les limites de ce rappoil ne me le permettent pas. Je regrette bien vivenient, messieurs, qu'une plume plus exercee que la mienne ne vienne point en ce mo- ment retracer a vos espiits les pertes douloureuses que vous avez eprouvees. L'epouvantable fleau auquel la ca- pitate vient d etre en proie, reuni a tout ce que les au- tres maladies ont de plus cruel, nous ont enleve des hommes precieux, des hommes que leur haute renommee, fondee sur un veritable merite, avait fait nos maitres et nos guides. En vain nos regards cherchen t lillustreCuviER, la niort la ravi a notre juste admiration ! Bien surnomme I'Aristote des temps modernes, Georges Cuvier posseda I'esprit le plus etendu, le genie le plus fecond, I'instruc- tion la plus vaste et le jugement le plus sur qui ait dis- tingue aucun erudit moderne. Son nom, desormais ac- quis a la posterite, est devenu une des illustrations les plus glorieuses de notre patrie. Honneur a ses manes ! les porles du Pantheon doivent s'ouvrir devant elles. Recevez,ombre veneree, recevez nos modestes hommages; ils sont I'expression de nos vifs et sinceres regrets, et du souvenir que nous garderons de votre memoire!... M. Adrien-Hubert Brue nest plus; qui de vous, mes- sieurs, lien est profondement afflige? 11 vous souvient encore de cette modestie, compagne habituelle de son vrai savoir. Si dans vos reunions il prenait la parole sur un fait scientifique, cetait avec un vil interet que vous I'ecoutiez, car vous connaissiez le merite qui le distin- guait. Ses conseils vous eclalraient toujours. Habile a mettre en oeuvre les materiaux souvent incoherens, contradictoires, rapportes par les voyageurs , il a eleve un monument, construit un atlas qui porte le cachet d un talent reel. Depuis dou/e ans surtoul, M. IJrue r 333 } avail fait preuve en geographic dune critique rarement en defaut. Les travaux de M. le colonel Beraud, frappe en nieme temps qu'une epouse cherie par I'affreuse epidemic, n'ont pas eu sans doute cette puhlicite qui doit les re- commander a I'attention de tous; niajs pour avoir ete plus interieuvs, ils n'en ont pas ete moins importans. M. Beraud a pris une part ties active aux grandes ope- rations relatives a la carte de France dressee par MM. les ingenieurs geographes du depot general de la guerre. Jeune officier detat -major et donnant dehautesespe- rances , M. Stamaty nous a ete enleve, messieurs, dans un age ou il devait compter encoie bien des annees devant lui. La mort la atteint dans lOrient, au mi- lieu de ces excursions, dont les resullats precieux pour la science ne sont malheureusement presque jamais ac- quis sans les plus grands sacrifices. Notre confrere , M. 1 abbe Servois, grand-vicaire du diocese de Cambrai, futaussi enleve a nos esperances et a notre aniitie. Vous vous rappelez, messieurs, les nondjreuses dissertations geograpbiques et les traductions de voyages dont nous Hui sommes redevables. Lui aussi avait traduit le Code de Menouj il comptait le livrer a la publication quand la niort la frappe au sein dun diocese oil il etait cheri de tous ceux qui avaient le bonheur de le connaitre. M. le docteur MiTCHiLLjde Philadelpbie, votre correspondant, a aussi paye son tribut a la nature. Dans une courte notice, M. Warden vous a retrace tous ses titres a I'es- lime et aux regrets de tous les amis de la science. Homme public, le docteur Mitchill etait en meme temps un sa- vant recommandable. Ce fut lui qui, en i8o4, piesenta a la cbambre des representans des Etats-Unis, le rapport d'apres lequel fut decidee ct organisee I'expedition de ( 334 ) Lewis et Clarke, qui tranchit les monts Rocheux, et des- cenclit jtisqu'au rivage de I'ocean Pacifique. II prit aussi une grande part aux encouragemens accordes au cele- bre Robert Fulton^ dont les heureux sucres influent si prodigieusement aujourdhui sur la fortune publique de rUnion-Aniericaine. Nous compiions parnii nous MM. de Martignac, CHABAUD-LATODK,£'r/(Vrtrr^/ DoDWELL, i'aniiral conite de Rosily-Mesros , a litre de membres, d'amis on de pro- tecteurs de la science ; nous leur devons des regrets d'au- tant plus vifs, qu'ils auraient puissamuient secondenos efforts et nos travaux. Ici, messieurs, je tennine ma tache; j'aurais voulu la remplij- d'une maniere plus digne de vous; niais les cir- constances au milieu desquelles je me suis trouve, et qui m'ont force a un eloignement monientane, en me laissant peu niaitre de moi, me serviront, je Icspere, d'excuse aupresdevous(i); je serai heureux sij'ai pu du moins faire ressortir limportarice des travaux de la So- ciete , et la necessite pour elle de jouir d'une protection qui lui permette d'etendre ses investigations et de mul- tiplier des rechercbes qui non-seulement sont dans I'in- teret de la science, mais encore dans ceux de la civilisa- tion et du commerce. Nice,li; iSnovembre i832. (i) La sante de rauleur I'a oblige He quitter subitement Paris et de chercher momentan^ment sous ie ciel du midi une temperature plus douce. ( -^35 ) Memoire Sur line traver see de V ocean Allantiqne , hi a la Societe de geographie dans sa seance generale du i4 decembre 1882 , par M. Roux de Rochelle. Les navigateurs qui parlent de New-York, pour tra- verser locean Atlanlique, aiment a detourner encore leurs regards vers cette belle et graiide cite , ou afflue le conmierce du monde. New-York se deploie sur la pente du rivage, au fond d'une baie dont plusieurs forts do- minent et protegent le vaste bassin. Les rivieres de Hud- son et de Rariton y versent leurs eaux : I'une vient du nord, et traverse I'etat de New-York; I'autre vient du sud, et separe le New- Jersey et la Pensylvanie; un canal maritime s'etend au nord-est de la baie, entre Long- Island et les cotes du Massachusetts. Ces trois rayons di- vergens tracent aulant de routes a la navigation, et as« surent les communications de la rade avec les diverses con trees des Etats-Unis. Les differenscours d'eau, diriges vers la baiedeNew- York, y entrainent des depots de sable qui ne sont pas tous stationnaires; ils exigent que Ion navigue vers Ten- tree avec quelques precautions,afin de seniaintenir dans la passe principale. Du reste , on n'a jamais besoin dela haute mer pour sortir de la baie ou pour y penetrer : aucune barrwn'en rend les approches perilleuses, et Ton ( 336 ) ne cherche a s'aider du niouvement alternatif de la ma- ree que comme d'un nioyen favorable a la direction du navire. Nous sortons de la baie, entre les forts llichemont et Lafayette qui en defendent I'entree, et nous depassons ensuite les phares de Sandy-Hook et les terres elevees du New-Jersey; celles de Long-Island sont les dernieres qui dispaiaissenl, apres s'etre long-temps dessinees sur 1 horizon ; et Ion n est enfin environne que de I Ocean. Un large plateau maritime se developpe en avant des cotes d'ou nous sommes partis. II regne depuis la Flo- ride jusqu'aux bancs de Terre-Neuve, et il forme au- dessous des eau'x un des premiers plans de cette chaine de hauteurs qui dominent enfin le niveau de la mer, et deviennent le littoral des Etats-Unis. Ces rivages s'ele- vent a leur tour, comme les degres d'une suite de pla- teaux ou de collines qui conduisent au sommet des nion- tagnes Blanches et des Apalaches. Le systeme des hau- teurs sous-marines se trouve ainsi lie a celui des hauteurs terrestres, et les ondulations du sol sont les memes siir la surface que nous decouvrons ei sur celle que baignent les flots de I'Ocean. Tant que Ion navigue dans ces parages ou le lit des mers s'incline insensiblement, des plantes marines flot- tent souvent autour du vaisseau, et nous en recueillons quelques-unes dont les tiges verdatres sont renflees par intervalles comme celles du fucus nodosus ; de petites coquilles a deux valves sont adherentes a leurs extremi- tes; elles y forment, par leurs groupes et par la variete de leurs couleurs , une espece de Iloraison.Nous recon- naissons, a ses rameaux aplatis et comprimes, \e fucus disticiis, et des grappes de mer nous apparaissent les jours suivans; de petits crabes y sont attaches. Ces ra- ( 337 ) meaux et les grains quils portent noircissent quand la vegetation a cesse 5 une legere couche de sel marin se depose a leur surface. Les fucacees, a la faniille desqueiles ces plantes ap- partiennent, germentaii fond de la nier ou sur ses hu- mides plages. Les vents ou I'agitation des eaux les arra- chent de leur lit et les portent a la surface des vagues. Leur tige y surnage; elle acquiert son developpement par I'effet de I'air atmospherique, de la lumiere et de la chaleur : elle fructifie ; les flots la poussent ensuite vers le rivage, ou ses debris vont se consumer. Les plateaux ou battures niari times que nous parcou- rions ont leurs bassins et leurs eminences. On evite de se Jeter vers le nord sur le haut-fond de Natches, et Ton cingle vers !e sud-est, pour eviter aussi le banc de Saint- Geoi'ges, oii le I)rassiage est beaucoup moins conside- rable. Nous suivions d'ailleurs cette direction , dans la vue de gagner le Gulf-Stream , et de profiler de ce cou- rant, qui sort du golfe du M.exique, s'engage dans le detroit de Bahama, et decrit, en penetrant dans I'At- lantique, une courbe qui se prolonge et se dirige vers les cotes de I'ancien Monde. Dans la ligne maritime que parcourt le Gulf-Stream, la mer a beaucoup plus de profondeur que dans les pa- rages plus rapproches du littoral. Ce courant suit un lit particulier, qui fut insensiblement creuse par Taction continue el uniforme de ses eaux ; et comme il a un cours regulier, il doit s'expliquer par une cause qui soit elle-meme invariable : on la trouve dans le mouvement de rotation diurne de notre globe, et dans la chaleur solaire qui agit successivement sur tons les points de sa circonference entre les tropiques. Cette chaleur y pro- longe d'orieiit en Occident la ran-faction de lair et la ( 338 ) circulation des vents alises ; elle ocoasionne aussi dans la mer nne evaporation locale, progressive, continue, dont la direction est la ineme, et il en resulte un courant ma- ritime qui se porte constaninient vers les passes du golfe du Mexique. L'eau engagee dans cette nier interieure y conserve I'injpression quelle avait recue; mais elle est forcee par la forme des rivages a prendre uiie direction demi-circulaire. Elle s'echappe ensuite du golte par le detroit de la Floride ; et cette suite de raouveniens qui I'emporte vers le nord-est n'est que la continuite de celui qui I'avait primitivement entrainee vers les cotes d'Anierique. Dans quelque bassin que l'eau soit agitee , elle eprouve, lorsqu'elle en frappe les Lords, ces effets de reaction ; souvent c'est un simple remous, un tour- noiement qui suit la courbe du rivage : ici c'est un fleuve immense qui garde son mouvement au milieu des mers, se tait jour atravers les aulres vagues, eln'amortit sa force qu'apres avoir long-temps sillonne I'Ocean. On en reconnait quelquefois les limites a un contre-courant forme sursesbords, auclapotagede l'eau, a la rencontre de quelques varechs, surtout de celui que les naviga- teurs nomment roseau du golfe, et qu'on trouve plus frequemment sur sa lisiere qu'au milieu de son lit. Les eaux du Gulf-Stream parcourent plus de cinq milles par heure daris le detroit de Bahama ; elles out deja perdu la n)oitie de cette vitesse vers le 4i* parallele. la direction premiere du courant equinoxial, et la courbe qu'il suit en senscontraire quand il sort du golfe du Mexique, out ete constatees Tune et I'autre par quelques experiences dont nous nous bornerons a citer deux exeraples. line bouteille fut jeiee en mer dans les parages de Guinee le u8 mars 1820; le courant la porta vers I'ouest, et la fit atterir dix mois apres sur les cotes ( 339 ) lie la Martinique. Uti lloiteur sembiable avail ete jete, le 9.0 juin 1819, dans le lit du Gulf Stream, vers la lati- tude du 39' degre; il fut entraine d'occident en orient, et narvint, apres un an de trajet ,sur le rivage d une des lies Acores. Ce grand fleuve maritime se distingue a I'elevation de sa temperature; et ce caractere est la consequence ne cessaire des causes qui lui ont iniprime son mouvement et sa direction. Forme dans la zone torride , il doit con- server, apres Tavoir quittee, une partie de la chaleur de ses eaux. Franklin en avait fait la remarcjue, dans ses tra- versees d'Amerique en Europe; et les experiences qu'il renouvela en 1785 pour evaluer cette proportion furent repetees quatre ans apres par Jonathan Williams. Des observations semblables furent faites en 1821,3 bord de la fregate la Jiinon et de la gabarre le Chameau; elles constaterenl le meme fait; et nous-men)es nous avons reconnu , a la iin du mois d'avril, que cette temperature s elevait a i8 degres de Reaumur, lorsquecelle des mers environnantes n'etait que de i4 degres, et lorsnue celle des bancs de Terre-Neuve n'en avait que 738. Les navigateurs ont remarque que, vers les parages du Gulf-Stream, mais plus frequemment sur sa lisiere que dans le courant meme, la mer etait plus orageuse; elle le devitit en effet davantage, et nous eumes un tres gros temps le aS avril et les jours suivans. Dans la nuit du 25, le vent augmentait; il chassait devant lui avec violence les nuages qui occupaient une moitie du ciel; et nous apercumes, a dix heures du soir, a la clarte de la lune qui etait dans son plein,une tromhc formeevers le nord. On voyait, sur un fond d'azur, la colonned'eau s'elever directement vers le ciel comme un long et noir tourbillon. Un sombre nuage setendait, se developpait ( 34o ) siir la tete de ce nieteore, qui paraissait le soutenir. Les vents le poussaient vers le sud-est, et cette epaisse va- peur se resolut en pluie abondante. Pendant la dureede cetorage, plusieurs eclairs sortiienldes flanes de la nue et de toute cette partie du ciel. Uneseconde tromhes'e- leva dans la menie direction . un quart d'lieure apres que la premiere se fut dissipee : elle otfrait des accidens seniblables. Ces phenomenes supposent la rencontre et le froisse- ment de deux vents opposes, qui, en rasant la mer, en soulevent tumidtueusement les flots. Lean qui vient a tourbillonner entre ces courans aeriens prend, en s'ele- vant , la forme dune colonne que Taction continue des vents exhausse et prolonge encore, jusqu'au point ou, arrivee dans la region des nuages, elle se vaporise un instant, devient bientot plus condensee par I'addition des nouvelles eaux que la tronibe a soulevees, et, cedant enfin a son propre poids, rend a la mer, sous la forme d'une pluie qui tonibe a torrens , le tribut qu'elleen avail recu. Quelles que soient les causes locales qui aient ebranle un point de I'atmospbere, en y exaltant touta-coup la temperature de Fair, et en y produisant une evapora- tion, si instantanee que I'equilibre en est subitement rompu, il nous suffit de reconnaitre la realite de ce fait, pour concevoir I'impetuosite des courans atnio- splieriques qui viennent de toutes parts se precipiter dans cet espace. Les memes remarques pourraients'appliquerauxtrom- bes de terre, aux ouragans qui ravagent frequemment diverses contrees d'Amerique, et dont nous avons re- connu les devastations a travers les forets voisines du lac Erie. Onressent dans les pays que vont alteindre ces i ( 34i ) fleaux line elevation extreme tie la temperature j elle fa- tigue tous les organes de la vie : lair nest plus respira- blej il est subitement decompose, rarefie, par I'expan- sion de ces vapeurs brulantes , de ces gaz inllammahles qui s'exhalent des lieux marecageux et des eaux crou- pissantes, ou les arbres tombent et se decomposent, et ou le sol n'a point encore ete assaini par le travail des hommes. Franklin , qui portait le coup-d'oeil du genie sur toutes les questions physiques qu'il a traitees, avail deja remar- que que ce n'etait point par un vent d'impulsion, mais par un vent d'aspiration, qu'etaient produits ces grands ebranlemens atmospheriques dont les ouragans oftrent I'exemple : il avait reconnu que la violence de ceux qui se dirigeaient du nord-est au sud-ouest, en longeant la chaine des Apalacbes et des cotes orientalesd Amerique, eclatait d'abord a lextreniite sud-ouest. Lair n'obelssait pas a une force impulsive qui le pressat et le chassat de- vant elle; mais entraine vers un point sans resistance, il s'y jetait, conime un torrent qui rompt sa digue. Les bourrasques occasionees par cevent d'aspiration on t dans leur foyer memeune force irresistible jd'autres colonnes d'airsuivent les premieres, et cet entrainement pent se communiquer a de longues distances par un mouvement successif. INous arrivames, le 3o avril, aux bancs de Terre- Neuve, dont le cote meridional se partage en deux bras, separes par une baie ou la mer a garde sa profondeur. lis occupent cinq degres de longitude dans leur plus grande largeur, et ils forment la limite septentrionale du Gulf-Stream, qui,apres les avoir atteints,sedetourne vers I'orient. Le banc de Terre-Neuve ne s'eleve rwiWe. part au-des- 24 ( 342 ) sus cle la surface ties eaux ; il est forme par un vaste groupe de hauteurs et de plateaux sous-marins , dont les differens plans sont abaisses de trente a cinquante bras- ses au-dessous du niveau de I'Ocean. Le brouillard que nous y rencontrames y regne habituellement/surtout par les vents d'est. Nous I'avions deja remarque I'annee precedente, a 1 epoque menie du solstice d'ete. Une va- peur seniblable couvrait les parages du banc du Haveet de celui de Saint-Georges; et nous fumes portes a re- garder comme une regie generate , on du moins comme une remarque applicable aux latitudes ou nous nous trouvions , que la presence des brouillards au-dessus des hauts-fonds de la mer y est la consequence et la preuve de I'abaissement de la temperature. Jonathan Williams, deja cite dans ce Memoire, fut conduit, par une longue serie d'observations, a recon- naitre que I'eau de la mer est beaucoup plus froide sur les bancs que dans les parages plus profonds; il remar- qua que ce froid etait plus sensible quand les bancs ne tenaient pas immediatement a la terre, el qu'il I'e'tait encore davantage lorsqueces hauts-fonds oocupaient un plus grand espace. Apres avoir traverse les bancs de TerreNeuve, nous entrons dans les parages ou Ion est le plus expose k rencontrer des glaces. L'approche en est annoncee par le refroidissement de lair et de I'eau ; mais cette regie nest pas constante dans ses proportions; et la direction du vent a une influence marquee sur la temperature at- mospherique, qu'il rend plus ou moins froide, selon qu'il vient du nord ou du sud. La temperature de I'eau est moins soumise a Taction du vent, et les glaces la mo- difient dune maniere plusabsolue; dies refroidissent loujours I'eau qui les environne. (]e froid dure long- ( 343 ) temps, et il se communique a de longues distances. L'in- tensite qu'il avail alors fit presumer au capitaine Peel , commandant du paquebot le Sully, et honorablement connu dans la marine americaine, que nous etions tres pres des glaces. Le voisinage en est d'autant plus re- doutable, qu'elles voyagent sur les niers comme d'im- menses rochers, comme des montagnes tlottantes, de- tachees des regions polaires. Aucun navire ne resisterait a leur choc. On n'assure sa marche qu'en les evitant; et comme les deux tiers de leur volume restent plon- ges dans la mer, on ne peat les apercevoir qua une faible distance , lorsqu'elles n'ont pas de tres grandes proportions. Vers la fin du mois d'avrll, le capitaine americain Skiddi avait rencontre dans les memes parages des glaces de trois cents pieds de longueur sur cent pieds de hau- teur. II avait remarque que, a un mille de distance, la temperature de I'eau etait tombee de 47 degres de Fah- renheit jusqu'a 34, et que, a un demi-mille, elienetait plus que de 3i degres. A 1 orient de ces parages , vous jouissez dune libre navigation ; et si les vents d'ouest cessent de vous ren- voyer les brouillards du banc de Terre-Neuve , un ocean sans limites vous apparait dans toute sa magnificence : la vie y est repandue comme elle lest sur la terre, etvous etes environne depeuplades sans nombre. Nous nepour- rions pas entrer ici dans les details dun tableau si riche et si divers, mais nous allons du moins chercher a en esquisser quelques tiaits. Si nous etendons nos regards sur cette immense cir- culation qui s'etablit dans toutes les regions maritimes entre leurs ditferentes especes d'habitans, nous remar- quofts que leurs croisieres, leurs emigrations, semblent 24. ( 344 ) avoir neanmoins cerlaines liniites. La distinction deses- peces attachees a differentes parties du globe so vetrouve dans les mers comma sur le continent, quoique les de- marcations y soient plus indeolses ; et la distribution geographique de la plupart des poissons de mer a pu frapper les hommes qui out fait de loiigues navigations. Chacune des mers australes el boreales garde ses tribus, et les excursions passageres qu'elles font dans les zones temperees ne les eloignent pas sans retour de leurs sta- tions premieres. Nous voyons , pour commencer par les puissances de rOcean , une espece de balelne qui frequente la bale de Baffin et les autres regions de lamer Glaclale, arrlver, vers le milieu d'octobre, dans les parages de Terre- Neuve, ou elle trouve une nourriture plus abondante. Ges cetaces, quand la saison devient plus rigoureuse, descendent aux Acores et jusquaux lies du cap Vert; dc la, lis se rendent dans la mer des Antilles, vers les pa- rages de la Barbade; iissejournent dans cet archipel jus- qu'au prlntemps, remontent ensuite vers les cotes des Etats-Unis , paraissent au mois de niai sur le banc de Saint-Georges, vont regagner les parages de Terre- Neuve , ceux du Labrador, retournent en cte vers le Groenland , et s'engagent sous les glaces des mers polaires. Ces courses periodiques sont bien connues des pecheurs amerlcains, et depuis le mois d'octobre jusqu'au mois de juln, lis sulvent la baleine dans ses voyages successifs. La morue qui habite le nord de I'.Atlantique ne se trouve point aux memes epoques dans ses differens pa- rages : elle abonde,aux mois de fevrler et de mars, sur les cotes de Lofoden en Norwege, gagne, au mois d'a- vril , le banc qui se prolonge entrc les lies Scbetland ot ( 345 ) Faroei', et se rend ensuite vers les c6tes d'Islande. Avant le seizieme siecle, nous ne la cherchions que dans ces parages et dans ceux de I'Irlande, des Orcades et de la mer du Nord; niais depuis que Sebastien Cabot eut decouvert de nouvelles regions maritinies, frequen- tees par une multitude innombrable de morues , cette peche attira les Europeens vers le grand banc de Terre- Neuve, dou elle s'etendit autour de cette lie, dans le golfe de Saint-Laurent, et le long des rivages du Labrador. Les harengs que Ion trouve aussi dans ces niers sortent, chaque annee, de la region des glaces polaires, et ils se partagent en deux colonnes principales qui se rapprochent de Tun et de I'autre continent. On les ren- contre successivenient dans les eaux de I'lslande, du Groenland , du Labrador et de Terre-Neuve, danscelles de Norwege et de la Baltique, sur les bancs qui envi- ronnent les lies Britanniques, et particulierement sur ceux de la mer du Nord. Ces divers exemples, que nous pourrions multiplier davantage, prouvent que plusieurs families frequentent habituellement, et tour-atour, des parages speciaux,ou elles trouvent le genre de subsistance et les degres de temperature et de lumiere qui leur conviennent. C'est principalement sur les haiits-fonds et dans le voisinage des cotes que ces especes abondent : les bancs sous- marins leur otfrent des abris pour y deposer leurs oeufs, et ils doiveiit en faciliter le developpement et la fecoii- dationj on y recoit mieux lactioii du soleil et de la lu- miere que dans les grandes profondeurs de I'Ocean , ou les rayons du jourcessent de penetrer. Les classes de poissons les plus vagabondes,les moins limitees dans Icurs excursions, sont generalement cellqs ( 346 ) qui ne \ivent que de chasse , et qui font incessamment Ja guerre aux plus faibles. De ce nonihre est I'espece vo- race des requins, appartenant au genre des squales. On les voiterrer dans toutes les mers; il est meme des re- gions de rOcean qui ne sont passagerement traversees que par ces tribus noniades et par celles qu'elles pour- suivent, et dont elles font leur proie. Si rOcean a ses regions peuplees, il renferme aussi d'immenses deserts. Quelquefois les especes tendent a disparaitre, lorsqu'elles rencontrent dans les flots des substances deleteres; quelquefois les poissons dont elles se nourrissaient ont change de contree, et le besoin de- termine leurs emigrations. II est quelques epoques de I'anneeou toutes ces peu- plades de I'Ocean sont donees de plus de vie et d'activite, et ou leurs rapides mouveniens se croisent, se multi- plient, se prolongent dans de plus grands espaces. Les parages que sillonnait notre navire nous avaient paru plus animes, plus poissonneux dans une premiere tra- versee. Nous arrivions alors vers I'ete : c'etait la saison du fraijelle melait ces tribus errantes, les attirait des profondeurs de la mer jusqu'a sa surface, les attroupait el les faisait bondirsur les flots. Nous avions vu , du 19 au -29 juin i83o, plusieurs essainis de dorades jouer pres du vaisseau, entrer dans son sillage ecumeux, pre- senter aux rayons du soleil leurs nageoires dun beau vert dore, et leurs eoailles nuancees de mille couleurs. Des niollusquesflottaientautour de nous; des dauphins, des souflleurs, disperses sur lesvagues, enlevaient et ren- daient a la mer leurs jets d'eau intermittens. D'innom- brables poissons venaient escorter le navire et se pres- saienl autt)ur de sa poupe : on leur a donne le nom de poissons du gouvernail. A cette epoque, le soleil acconi- ( 347 ) plissait sa plus longiie carriere; il penetrait de ses feux le vaste Ocean, etallait enflammer de ses derniers rayons les nuages du soir. Sur quel plus grand tableau pour- raient s'arreter les regards du voyageur ! il ne voit que la mer et le ciel; neannioinscette image qui reparait tous les jours n'a rien de monotone. La pompe du soleil dif- I'ere, la forme des nuages a change; les brouiliards, I'o- rage, les eclairs, le retentissement de la foudre, meta- morphosent la scen6 qui vous environne. Et combien de varietes vous otfrent les mouvemens delamer et tous les accidens de sa lutte avec I'atmosphere, depuis les legeresondulationsdesvaguesjusqu'auxbouleversemens de la temp^te! La nuit meme a ses spectacles; et sous cette voute azuree du ciel ou scintillent d'innombrables flambeaux , vous voyez les ondes se parsemer d'etincelles. Si vous avez jete la sonde, la corde que vous retirez des flots forme une trainee de lumiere; le brillant sillage du navire en eclaire la marche, et la nappe d'eau que vous traversez est toute resplendissante. Quelle est la cause de cette clarte qui court a la sur- face de I'Ocean, qui appartienta la mer elle-meme, etqui n'est point, comme au milieu du jour, le rellet, mille fois repete, des rayons du ciel? La plupart des natura- listes attribuent cette phosphorescence a une multitude infinie d'animalcules, devenus accidentellement lumi- neux; ils croient que cet effet ne pent etre produit que par des etres organises, doues dun mouvement volon- taire, sensibles a I'agitation de I'eau, irritables par la douleur, brillant dune vive lumiere aux premieres at- teintes de la souffrance, et perdant cette propriete avec la vie, Ces especes de niollusques «tont dune grande tenuite : la moindre pression les reduit en liquide muci- lagineux; ils exVialent ce fluide phosphorique, et ilss'e- ( 348 ) tcignent, pour faire place a d auties inyriades de corps organises, doues conime eux dune vie epheniere,et qui vontaussi briller un instant. Ainsi se manifestent sous un nouvel aspect les pheno- nienes de la vie : elle aniniait les colosses de rOceanjelle descend de classe en classe jiisqu a ses etres microscopi- ques: pour les premiers, elle etait un principe deforce jet de puissance; pour ceux-ci, le flambeau de la vie se reduit a une faible etincelle. Au retour de I'aurore, cette phosphorescence disparait comme les etoiles de la nuit; mais d'autres images font naitre des observations nouvelles. Ces oiseaux qui par- courent les vastes regions de I'atmosphere , et qui suivent, en les effleurant, toutes les oscillations des flots, ont-ils adopte de preference quelques parages, ou parcourent-ils dans leurs erreurs la vaste etendue des niers? Et ceux qui s'egarent au loin sur I'Ocean sont-ils semblables a ceux que vous aperceviez plus pres des rivages ? Les oiseaux de terre ne se rencontrent que vers le commencement et vers la fin de la traversee; on n'en decouvre plus dans les regions iiitermediaires. Nous avions vu , avant d'atteindre le banc de TerreNeuve, un bec-en-ciseaux, dont lespeca appartient a lAmerique, venir se poser sur nos mats; el nous vimes, lorsquenous appro(;hames des parages d'Europe, iine hirondelle qui voltigea long-temps autour du vaisseau , s'y reposa, et devint notre prisonniere. On trouve quelquefois en mer des oiseaux de terre, a deux cents et jusqu'a trois cents lieues du rivage, lors- que le vent les a chasses devant lui; mais au-dela dun si grand espace, leurs forces succombent, et ils perissent (hins les flots. Cest ainsi que le vaste Ocean etablit une ( 349 ) barriere entre les oise.iux de I'ancien et du nouveau Monde qui appartiennent a notre zone teniperee ou aux latitudes plus nieridionales. Chaque continent garde les especes qui lui sont propres; elles ne peuvent se meler et devenir communes que dans les regions du nord,ou les terres sont plus rapprochees, et ou les glaces peuvent offrir des points de relache et de communication entre ce double rivage. On peut partager en deux grandes classes les oiseaux, devenus communs aux deux continens, par la facilitede passer de I'un a I'autre vers leurs extremites septentrio- nales. Les uns, accoutumes aux regions arctiques, sont a portee de faire habituellement ce trajet; tels que phi- sieurs especes d'aigles, d oiseaux de proie, d'oiseaux de nuit, de goelands. Les autres, consideres comme oiseaux de passage, cliangent periodiquement declimats : on les voit, en Amerique comme en Europe, arriver des con- trees du midi au signal du printemps; continuer leur vol vers le nord, en linterrompaiit quelquefois par des stations passageresj disparaitre pendant I'ete, et ne re- venir qu'en automne des regions froides ou ils s'etaient rendus. C'est au terme de leur voyage vers le nord qu'ils ont pu changer de continent; mais on remarquequeces emigrations accidentelles ont peuple beaucoup moins les nouveaux pays qui les ont recues. Plusieurs especes, tres nonibreuses dun cote de I'Ocean, sont plus rares sur son autre rive : il semble qu'on puisse distinguer par cette difference de population leur con tree ori- ginelle, et la terre etrangere ou leurs colonies se sont refugiees. Les oiseaux d'eau, qui ne vivent que de peche, etqui peuvent se reposer long-temps sui' les Hots, ne frequen- tent pas neanmoins toutes les parties de I'Ocean; ils out ( 35o ) leurs regions niaritimes, plus on iiioins voisines de la terre. Les mouettes sont nombreuses vers les cotes orien- tales d'Amerique, et les mauves pres des cotes occiden- tales de I'Europe. Les petrels gagnent des parages plus eloignes; ils aiinent le tumulte des vagues; et leur appa- rition, 1 inquietude de leur vol, deviennent souventpour les inatelots laugure de la tempete. Ces oiseaux cherchent la haute mer • ils sy rencontrent, ils y egarent leurs amours; niais avancent-ils vers I'epoque de la ponte, un instinct naturel les porta a retrograder vers le rivage ; ils sen rapprochenl, vont y deposer leurs oeufs et y nourrir leurs petits. Souvent I'abri qu'ils cherchent nest qu'un ilot, un recif, un rocher qui s'eleve au milieu de I'Ocean. Le vol des oiseaux vous avertit du voisinage de 06 lieu d'asile; mais quelques-uns de ces ecueils sont tellement a fleur d'eau, que vous n'etes prevenude leur approche que par les vagues qui viennent les heurter. Tous les recifs n'ont pas ete siguales sur nos cartes : plusieursy sont indiques comme douteux ; d'autres n'ont ete apercus qu'une ou deux fois. II en est qui se sont affais- ses; quelques-uns ont pu s'elever plus recemment; et les mers les plus frequentees par nos marins ontcepen- dant mille et mille sillons qu'aucun navire n'a encore parcourus. Une petite He est placee, dans plusieurs cartes, aumidi de I'Islande, et au 6i* degre 4<> minutes de latitude 5 on la vue en i^i3 et en 1734, mais depuis on en a perdu la trace. D'anciens geographes font mention de I ile de Bus ou de Vrislande, situee au 58" degre 11 mitnitesde latitude et au 28" degre i3 minutes dc longitude. Ils ajoutent que les navigateurs du Groenland I'avaient fre- quentee,et qu'ils en avaient fait un rendez-vous pour la peche : des etablissemens pour la preparation de I'huile ( 35r ) de baleine yavaient ensuite ete formes par \e.s Hollan- dais : mais cette ile a disparu, et sans doute elles'est en- gloutie, comme d'autres terres qui n'avaient ete soule- vees du fond de lOcean que par des eruptions volcani- ques. D'auti'es observateurs pensent que cette ile deBus correspond a rislande,et qu'on n'en a fait une autre ile que par une erreur de latitude. Deux vigiesont ete apercues au mididu banc deTerre- Neuve, I'une en 1816, 1'autre en 1824. Les Ciiiq-Grosses- Tetes ont ete vues plusieurs fois ; les Trois-Cheininees furent reconnues en 1824, et la Roche du Diable I'avait ete en 1818. Le rocher du Brasil est place, dans plusieurs cartes, au Si" degre 28 minutes de longitude, et a i5o lieues des cotes dirlande. Dautres cartes nous signalent les roches ^ Amplimont , sur lesquelles un navire a tou- che ; le rocher dl Aitkin , les roches Negres , celles de Barenethy^ de Ramigean, de Breton, et plusieurs autres dont les positions veritables ne sont pas encore constatees. Les recherches faites pour verifier la situation du rocher ^Aitkin meritent d'etre remarquees. Trois expe- ditions de la marine anglaise ontsuccessivement explore les parages oil Ion soupconnait I'existence decetecueilj elles n'ont pu en decouvrir aucuii , et Ion a reconnuque les indications anterieures n'etaient point exactes. Mais un autre but a ete renipli, et Ion a mesure le brassiage de tons les fonds qu'on a parcourus. TJn travail sembiable pourrait etre tente sur dautres points : ce genre de decouvertes aurait sa gloire; et il serait utile a la siirete des navires, comme aux progres de la science elle-meme, que d'habiles marins fussent char- ges de reconnaitre tons ces recifs, et de faire evanouir ( 352 ) le doute siir les ecueils veritables on iniaginaiies, donl on clierche egalenient a s'ecarter. Le 9 mai, nous nous etions eleves jusquau 4^' paral- lele: nous avions atteint le 9.8^ degre de longitude, et nous y rencontrames les vents de tioid-ouest. On a re-' coniui, dans un grand nond^re de traversees des Etats- Unis en Europe, que les latitudes comprises dans la region des vents variables etaient plus ha!)ituellenient exposees a ces vents de nord-ouest qua tous les autres : c'est par leur I'requente impulsion, et par celle du Gulf-Stream dont on avail d'abord suivi les eaux, qu'on pent s'expli- quer pourquoi oette navigation est ordinairement moins longue que celle d'Europe aux EtatsXJnis. La direction des vents qui regnent souvent dans ces parages nederiverait-elle point d'une loi generale, et ne devons-nous pas y reconnaitre la tendance de ces grands courans niaritimes et atmosplieriques, incessaniment entraiiies vers la zone torride, ou ils ont a reniplacer les pertes que I'air et I'eau y ont laites par I'ef'fet de la dila- tation et de I evaporation? Ces courans, moins libres dans les mers du Nord que dans celles de riiemisphere austral , sont plus ou moins embarrasses par la forme des rivages de I'Oceanj ils se detournent vers le sud-est ou lesud-ouest, ils derivent,ils louvoient, sans cesser de tendre,a iravers toutes ces oscillations, vers la zone qui les attire , et qui est devenue la cause primitive de leur mouvement progressif. A cetle frequente impulsion des vents du nord-ouest se joint Taction d'un courant maiitime qui suit la meme direction, 11 est moins fort, moins conlinu que celuidu Gulf-Stream j niais malgre ses interniittences,ii entraine vers le golfe de Gascogne tout ce qui flotte spontane- nient sur les vagues. On a retrouve sur la cote de ce ( 353 ) golfe plusieurs billets jetes en mer au-dessous dti 49'' degre de latitude , et ces experiences sont indiquees dans une note jointe a notre Memoiie. (i) Tel est cependant I'eftet de lamobiiite des eaux,que, en venant heurter quelques parties du continent, elles obeissent bientotaune impulsion contraire : elles sont refoulees par le rivage; et il se forme un contre-courant qui, apres avoir regagne Ten tree du golfe, va se perdre dans les parages meridionaux de I'lrlande. Le navire se trouva le 20 mai sur le banc de Hadock, et nous atteignimes,le lendemain, le banc di Admiralty ■ Palch. Une epaissevapeur,qui ne nous laissait rien aper- cevoir au-delade quelques encablures, s'etendaitsur ces deux parages, quoique nous eussions joui, en naviguant de 1 un a I'autre, de toute la serenite du ciel. Le meme brouillard reparut le 22 mai, sur un fond de quarante brasses que nous traversionsj etnos remarques sur I'etat brumeux de I'atmosphere dans d'autres circonstances analogues, retrouverent ici leur application. Partout oil Ton navigue a travers les bancs, on jette souvent la sonde, afin de mieux assurer sa niarche; les (1) BOUTEILLES JETEES \ L\ IHKB. DiTES. LATITUDE. LONGITUU. 6 juillet 1821. 47" 41' 7"5l' 2()nov. 1822. 45" ly' 1 3" 20' 27 juiii 1827. 48" 47' 12" 3o' 4 mars 1827. 44° 53' 3£°3o' 2 fevi'. 1828. 47" 52' »" iSaoiit 1828. 4o"44' ir.°5o' S jiiin 1829. 45° 14' 5" 3()' KKTKOUVEES. i5 sept. 1S21. Fin defev.1823. 26 fevrier 1828. if) avril 1828. 16 avril 182S. 29 mai 1829. 30 juillot 1 87,9. NOMS DES LIEUX. Sables d'Olonne. Pres La Roche! le. He d'Yeu. Cote d'insel. Quiberon. Cap Breton. Cap Breton. ( 354 ) substances qui y restent aggludnees font en nieme temps reconnaitre la nature du i'oiul; el Ion peut, en multipliant ses experiences, preparer une carte, non-seulement du relief des montagnes sous-marines, mais de la variete des couches et des productions de leur surface. Nous voyons enfin Hotter autour de nous quelques- unes de ces plantes marines qui croissent sur les bancs et qui sen detachent. Cette vegetation a quelquefois averti les navigateurs des parages ou ils etaient places, et nous reconnaissons a ce nouveau caractere le voisinage de I'Europe. L'Ocean devient nioins desert : on signalea chaque instant de nouveaux navires ; plusieurs pavilions se montrent a leur tour, et nous voyons parcourir dans tous les sens cet immense domaine,dont la souverainete nest a personne, el dont la jcuissance appartient a tous. Plus nous approchons des cotes de France , plus ce nom- bre augmente, et deja une longue suite de voiles appa- rait a I'horizon. Aucun des spectacles qu'ure longue navigation peut offrir nest sans doute plus grand et plus digne d'admi- ration que celui de I'bomme qui s'est empare des mers, et dont les vaisseaux traversent I'Ocean dans toutes les directions. Ces navires vont-ils etendre les bienfaits du commerce, ou viennent-ils d'explorer des parages et des regions ignorees? La renommee ne vous signale-t-elle pas ces voiles qui cinglent vers la France? Est-ce C As- trolabe^ la Coquille, la Favorite, ou ce navire sauveur charge des richesses de VUranie? lis vous apportent les tributs de I'Ocean : la geographic, les sciences naturelles, recueillent les fruits de leurs longues navigations; etces nobles resultats nous font reconnaitre que lesconquetes les plus desirables sont celles qui mulliplient les relations ( 35f; ) de la grande famille humaine, et qui favorisent lespro- gres de nos connaissances. Notre voyage touchait a son terme : le canal de la Manche, ou nous etions engages depuis plusieurs jours, nous avait ouvert une longue avenue vers notre patrie : le voile de brouillards qui nous cachait encore les rives de la France vint a s'evanouir, et le Havre, et le bassin de la Seine, et les rians coteaux qui I'environnent, se developperent devant nous. ( 356 ) Note siir In colonic americainc tie Liberia, par M. Warden. Nous avons rendu conipte, dans plusieurs numeros du Bulletin de la Societe de Geographie^ de I'etablisse- ment etdes progres de I'interessante colonie de Liberia. Nous nous bornerons principalement aujourd'hui a donner une idee de son etat actuel (en i832), d'apies le rapport du gouverneur et le journal de la colonie, public par les liabitans. Liberia, situee sur la cote de la Guinee superieure, entre le cap Mount et celui de Mesurado, et entre les 6** 19' et 6° 46' de latitude nord, et les iS" 12' et \h° ^-i longitude ouest du nieridien de Paris (i), et a environ 80 lieues a lest de la colonie anglaise de Sierra-Leone, fut choisie, en 1822, comme lieu d'asile pour les es- claves noirs rachetes ou les gens de couleur libres des Etats-Unis qui voudraient s'y fixer. Trente-cinq emi- grans de cette condition , dont six n'avaient pas encore atteint seize annees, s'y etablirent d'abord sous la direc- tion de M. Ashniun. Attaques par une nombreuse tribu de ce pays, ils parvinrent a la repousser au moyen de quelques pieces d'artilleiie bien dirigees. L'importance de la colonie s'accrutrapidement par I'arrivee d'hommes de couleur qu'on y transportait chaque annee; et main- tenant son territoire occupe une etendue de cote de plus de 160 niilles en longueur, et s'avance considerable- ment dans linlerieur. Le sol est fertile, arrose par plu- sieurs rivieres, et favorable a la culture de toutes les pro- ductions des tropiques. (i) Observations de M. Le Predour, lioMtPiiant dc vaissoau. ( 357 ) Ei) i8a4> Ics colons creerent une forme de gouverne- menl et une cour de justice, dent la juridiction s'etend sur toute la colonie, et qui tient ses assises le premier lupdi de chaque niois. Linstitution du jury y est en vigueur. En general , les delits sont peu frequens et se bornent a des larcins; il n y a pas eu encore uis sen I crime comniis , qui ait emporte la peine capitals. Le chel-lieu de la colonie est Monrovia , situee a un quart de mille environ de la riviere IVIesurado, et trois quarts de miHe de la pointe du cap du meme nom. Cette viile contient, outre les niaisons partioulieres et les magasins , trois edifices consacres au culte, et un palais de justice. Plusieurs de ces batimens sont elegans , et tons sont conunodes. Les rues ont generalement cent pieds de large, et se coupent a angles droits. Population. — hn ^opu\alion ActueWe s'e\e\e a aSoo in- dividus. Le 3o juin dernier, le navire americain le Jupiter a encore debarque ini euiigrans. Les divers etats de I'U- nion ont accorde des encouragemens pour cette coloni- sation; et I'etat de Maryland, entre autres, a vote une somnie de 200,000 dollars pour favoriser I'emigration des noirs, Climat. — On a pretendu que le climat etait tres mal- sain ; cela est vrai a Tegard des blancs, mais ne peut s'appliquer aux gens decouleur. Ceux des etats du nord et du niidi prennent ordinairement la fievre dans le pre- mier mois de leur arrivee; mais cette incommodite a rarement des suites funestes depuis les precautions priseis a ce sujet. Ceux de la Georgie, des deux Carolines et du sud de la Virginie ne souffrent point de cette fievre, ou en sont legerement atteints. La nioyenne des deces, parmi les colons arrives depuis le i**" Janvier i83i, n'a pas excede quatre individus sur cent. a5 ( 358 ) Agriculture. — La colonic fait chaque jour dc nou- veaux. progres sous le rapport de lagriculture. Les re- coltes sont abondantes. Plusieurs citoyens tres recom- mandables ont tourrie lour attention sur la culture du cafe, qui est une plante indigene , et qui croit a merveille sur les bords de la mer. Le coton et liiidigo sont aussi des productions naturellesdu sol, et fourniront des ar- ticles d exportation. Un habitant de la colonic est sur 1« point de faire une plantation de 20,000 plants de cafeyer. La terre se vend a 25 centimes, ou un quart de dollar par acre. Commerce. — Le commerce de la colonic a surpasse celui de I'annee precedente : Sg batimens marchands ont visite le port ; ^2 de ces navires etaient americains, 2 5 anglais et 2 francais. Les exportations se sont elevees a 125,549 dollars, et le montant des produits et niar- chandises en niagasin montaient, au i" Janvier i832, a 4754oc> dollars. Les importations ont ete a-peu-pres de 80,000 dollars. Les articles d exportation ont consiste principalement en bois rouge d'Afrique, ivoire , buile de palmier, ecailles de tortue, et un pen d'or, livre par les naturels de I'interieur ou trouve sur quelques points de la cote. Le commerce avec I'interieur s'est aussi con- siderablement accru. Monrovia est devenue le marche des naturels du pays de Condo et de ceux qui confinent au pays deFouta-Diallon. Les Mandingoes viennent aussi en grand nonibre , et donnent des renseignemens sur les nations de I'interieur. Education. — Des e'coles permanentcs ont ete etablies dans la ville de Monrovia et dans les districts de Caldwell et de Millsbnrg. On a aussi cree des ecoles de filles, qui sont dirigees par deux institn trices, aux frais d'une so- ciete de dames de cbarite dePhiladelpbie. ( 359 ) Culte. — Les trois egUses sont desservies par des me- Aodistes , des baptistes et des presbyteriens. Guerres et traites. — En avril i832, les esclaves de Brumley, I'un des rois deys conduits pour etre vendus aux Espagnols de las Gallinas, trouverent moyen de s'e- chapper, et vinrent cbercher un refuge parmi les Afri- cains rachetes. Kai'-pa, fils du roi, vint les reclanier au- pres du gouverneur, qui retusa de trailer cette affaire autrement qu'avec le roi lui nienie, qui mourut peu de temps apres. Son fils, qui lui succeda, commenra aussi- tot les hostilites, aide de quelques autres rois deys, et de ceux deGurrah. Le gouverneur, a la tete de la niilice et des volontaires , au nombre de i5o, soutenus par 120 Africains racbetes et une piece de campagnc, niarcba sur la ville du roi Bruniley, dont il s'empara sans resis- tance. De la, il s'avanca sur celle du roi Willie, defendue par une barricade de troncsd'arbres et un canon de Irois livres de balles. Apres une demibeure de combat, la place fut emportee, avec perte de i 5 tues et bon nombre de blesses de la part de I'ennemi; les colons n'eurent a regretter qu'un officier tue et trois lionmies blesses. Les rois deys, ainsibattus,demanderent la paix, et accepte- rent (le 3o) les conditions offertes par le gouverneur. Par ce traite, il est stipule que les rois deys livrerontaux nations de I'interieur, qui voudront venir trafiquer avec la colonic, un libre passage sur leur teriitoire, privilege que ces rois avaient jusque-la refuse d'accorder, dans le but de monopoliser le commerce. En Janvier i832 , le gouverneur fit une excursion de- puis Vembouchure de la riviere Junk jusqu'a Grand - Bassa , a 5o milles de distance de la cote , et eut avec plusieurs chefs des entrevues, ou il convint d'arrange- mens qui assuraient a la colonic la paisible possession a5. ( 56o ) (I'uiic portion considerable de territoire sur la rive gau- che de la riviere Saint-Jean , renferniant quatre grandes lies. Bob-Graf, I'un des chefs auxquels ce fertile district a ete achete, a fait de grandes plantations de cassave et de patates pour I'usage des nouveaux colons, et s'est engage a fnire construire pour eux trois vastes cabanes, ilans le style de celles des natifs. Par des nejrociations avec les rois du grand cap Mount, on a egalement obtenu !a cession dune partie de ce territoire. Ces acquisitions sont dune grande importance pour la colonic, sous le triple rapport sanitaire, commercial et agricole, en rai- son de la fertilite du sol, du libre acces du cote de la mer, et de I abondance des objets de commerce et de consommntion. Dans son voyage a Grand-Bassa, legouverneur s'occupa a reconnaitre le cours et la grandeur des principaux affluens des rivieres Junk et Saint-Jean , et il annonce une carte nouvelle et plus exacte de letablissement. Africains rachetes. — Les Eboes et les Congoes occu- pent deux villages, propres et bien batis, a trois milles de Caldw^ell et pres la rive gauche du Stockton-Creek. Chaque tribu a construit, au moyen de souscriptions volontaires et de travaux en commun, un edifice con- sacre au culte, et une maison de reunion (^palaper). lis out des lernies bien cultivees, et des jardins enclos, ou ils cultivent des feves, des choux, des melons, des igna- mes (dioscorea), etc.; et ils echangent I'excedant de leur consommation contre les divers articles dont ils nianquent. « J'ai vu, dit legouverneur dans son rapport, un en- clos d'environ i5o acres, plaute en cassave en^remelee ^^. touffes d^ {nais et de patates. » Lprsque cps noirs ( :^6i ) n'emploierjt pas leur teirein en lahoiu -, ils y etablissent des scieries de bois pour faire du bardieau. La Iribu Congo a etabli line ecole du dinianche, qui est regulierement suivie par les enfans at meuie les adul- tes. La colunie a lintention den etablir une par chaque tribu. Un fait qui nest pas des moins curieux, est I'etablis- sement dun journal public a Monrovia , et redige par des indigenes, sous le titre de Liberia Herald, et dont nous communiquons piusieurs nunieros. Celte colonic parait destinee a acquerir une grande importance : 1° En purgeant les Etats-Unis dun grand nombre d'honimes de couleur affranchis, qui se pervertissent par j'oisivete des grandes villes, et deviennent I'oppro- bre des gens de leur condition ; 2" En mettant fin a la traite sur cette partie de la cote; S'' En faisant connaitre I'interieur du pays ; 4° Et enfin , en amenant la solution du grand pro- bleine si long-temps agite, a savoir si les enfans des co- lons noirs, favorises par un systeme regulier d education, peuvent montrer les memes facultes intellectuelles que les enfans des blancs du menie age et recevant un ensei- gnement semblable. ( 362 ) ACTES DE LA SOCIETE. Asseinhlee generate du i^ decembre i832. La Societe de Geographic a tenu sa seance generale le 1 4 clecembre, sous la presidence de M. le comman- dant d'Urville, en I'absence de M. I'amiral comte de Rigny, president de la Societe. Le concours nombreux de niembres et d'etrangers qui assistaient a cette reunion est une preuve de I'interet qu'inspirent les travaux de cette association scientifique, dont les efforts , depuis onze annees d'existence, ont ete constamment diriges vers I'extension des connaissances geographiques et le progres de la civilisation generale. M. le vice-president ouvre la seance apres avoir pro- nonce les paroles suivantes : Messieurs, un personnage bien plus haut place que moi dans les rangs de rechelle sociale et de la hierarchie militaire ; bien autrement favorise des dons de la ior- tune, avail ete appele par votre choix a presider cette reunion. II nous a annonce que ses occupations ne lui permettaient point de se rendre parmi nous, et c'est uniquement a cette circonstance que je dois I'honneur d'occuper ce fauteuil. Certes , je ne puis me dissimuler combien , par ma position et par mes litres particuliers , je me trouve au dessous de cette eminenle distinction ; mais je me plais a croire que la meme indulgence qui vous a deja portes a me designer pour un de vos vice- presidens , m'accompagnera dans les fonctions que je vais avoir a remplir. ( 36,i > Permettez-moi, messieurs, de saisir cette occasion poui- vous remercier de la preuve d'estime que vous nie donnates dans votre derniere seance, en ni'appelant an nombre des membres de votre bureau. Ci'oyez que tous mes efforts tendront sans cesse a me rendre de plus en plus digne de vos suffrages , au moins par mon zele et par mon activite. Comme preuve de ces dispositions de ma part , vous serez peut-etre bien aises d'apprendre que la redaction de I'atlas hydrographique du voyage de V Astrolabe estentierement terminee^ une seule planche, celle de la carte generale de I'Oceanie, est encore entre les mains du graveur, qui en finit la lettre; toutefois j'ai cru pouvoir, des aujourd'hui , mettre sous vos yeux ce grand travail. Je puis aussi vous annoncer que la redaction de la partie historique du meme voyage est tres avancee : sur cinq forts volumes dont elle sera composee, il n'en reste plus qu'un a imprimer; a moins d'obstacles imprevus, I'annee i833 verra la fin de cet ouvrage. Alors, seulement, je oroirai avoir complete- men t rempli le mandat que je m'etais impose , puisque alors, seulement, le public el notamment les geographes et les navigateurs de toutes les nations pourront juger quel rang le voyage de V Astrolabe doit occuper parmi les expeditions du meme genre. M. Jomard , en qualite de president de la commission centrale, fait divei'ses communications a lassembiee : 1° Aux termes de son reglement , la Societe a nomme aux places vacantes parmi ses correspondans etrangers , et a elu MM. le capitaine Graah, de la marine danoise, a Copenhague; Adrien Balbi, a Venise ; Ainsworth , a Edimbourg; Graberg de Hemso, a Florence, et le majo*- Long, a Washington j ( 364 ) 2» La cuiiimissioii ceutrale vient de voter 1 impres- sion, (la IIS le Recueil de ses niemoires de la relation du royaunie d'Angola, en lan{>iie portugaise, par le capi- taiue Oliveira de Cadornega, d'apres un manusrrit in-f de notre grande bibliotheque royale, de I'an r68o. Cette relation contient un grand nonihre de details topogra- pliique.s, la desLiiption du coiirs des lleuves et des ri- vieres, et le tableau des inctjurs et des usages des in- digenes; 3° La Societe royale de navigation, nouvellenient lormee en Angleterresoiisla protection du roi, deniande a entrer en correspondance avec la Societe de ' Assemblee geiierale du i4 dccembre. M. A. Sakakini, traducleur a I'ecole d'Abouza-Bel (Egypte). OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. Seance du ^ decembre. Par M. Alex. Barbie du Bocage : Traite de Geogmphie generale. 2 vol. in- 18. Par M. Huot : Coiip-d^ceil sur les volcans et sur les phenomenes volcamques , consideres sous les rapports mineralogiques , geologupies et physiques, i vol. in-8'\ avec un atlas grand in-4"- Par M. Dumanray : Coup-d'aiil sur la republique dc V Amerique cent rale , el particulierement sur les etats de Nicaragua et Costa-Rica, acconipagne dune carte de ces deux etats. i br. in 4 "• Par M. Constant Prevost : Voyage a Vile Julia en i83 £ et i832, in-8°. Par la Societe geologique : Bulletin de cette Societe^ leuilles aS a 3o. Par M. Bailly de Merlieux : Memorial encjclopedique , cahiers de novenibre et decembre. Par la Societe des Missions Evangeliqiies : Cahier ■de decembre de son Journal. • >v (375 ) Asseinblee generaJe dn 1 4 decembre. , : nabx Par M. le niinistre de la marine : P^oyage autoiir du monde de la coivette la Coquille, Historique, i3^ et i4* livraisons. — Foyage de la corvette T Astrolabe. Histoire tlu voyage, tome iv, i""* partie, et 36", Sj-, 38", livrai- sons; botanique , 3*' et /f livraisons; zoologie g*' a la*' livraisons; en tomologie,!*^^ partie du texte et 2' livraison. Par M. Poulain : Atlas de geographic historique , pour servir a I intelligence de Vhisioire ancienne ( les six pre- mieres cartes ). Par M. le marquis de Fortia d' Urban : Melanges de geographic, d' histoire et de chronologic anci.en?ies , avec deux cartes, et un memoire de M. Barbie du Bocage, destines a servir de supplement a I'histoire et aux ceu- vres deXenophon, et principalenienl a I'histoiie de la Retraite des dix mille. i vol. in 8". — Dissertation siir le passage du Rhone et des Alpes par Annibal, i'an aiSavant notre ere, 3" edition, i vol. in 8°, avec une carte. Par I'academie des sciences de Dijon : Memoires de cette academic pour i832, i vol. iii-8". Par M. Jodot : Carte des canaux de la Fiandre, par M. Cordier. Une feuille. — Plan dc la route en fer de Liverpool a Manchester. Une feuille. — Carte pour la route en fer dc Baltimore a r Ohio. Une feuille. (376) Seance du 21 decembre. Par M. Warden : The New-York mathematical Diary ^ etc. I vol. in-8°. Par M. Gide : Nouvelles Armales des voyages^ cahier de decembre. < ' . Par M. de Moleon : Recueil industriel et manufactu- ner, cahier d'octobre. ^ •''^''^ «^«^« %^>^ ^-^^ V«.^i «/«^% %.'%.'«.«. -^-^ %,'«,<^ % LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE QUI ONT ACQUITTK LEUR SOUSCRIPTXON EN l832. S. M. LOUIS-PHILIPPE 1". S. A. R. LE PRINCE DE DaNEMARK. S. A. LE Duc Bernard de Saxe-Weymar (meiubre donateur). M. le capltaine Arthur de Capell Brooke [ideni). M. le lieutenant-general Thomas Brisbane idem). MM. Agasse. AlbeRt-Moktemomt. ASSAHT. Argout (Comte A'). Artbus-Bebtbakd. AUTRAJT. AVEZAC (d'). BAILLEUr. Bajot. Barbie du Bocage (J.G.). UiHiiiE DU Bocage (Alex.). Baiide (Baron). Baudrahd (General). BEAUTEMPS-BEAUPRi. Becquey. MM. Begis. Beraro. Berard nuPiTBOM. Beraud (Colonel.). Beugkot (Comte). Bianchi. BiNETEAU. Bois-MiLow. BOREI, DE BrKTIZEI.. BoTTIN. BoDCHER (Secretaire-general du minist^re de la marine). Boucher ( Directeur des doua- nes). Boucher ( Inspect, des douanes. .MAI, Bkcsson. Brue. I Brugdiere. Bruneau. Cadet de Metz. Cailliaud. Capelleh (Baron de). Cassella. Cassini (Comte de). Castellaiv. Caussijt de Percevau CAZt.\V\. Cbanteretne (de). Chanut. Chafellikr. Chasi.es. Chateaugirom (Marquis de). Chatosmey. Chaudoik (Raioii dii). Chaumette des Fosses. Chemisaro. Ci-emekt. Cj.ement-Mui.i.et. Ci-ot-Key (le Docteur). CocHELET (Adrieii). COLART. CoRABOEUF (Colonel). CosTAZ (Baron). CouKssiN (Chevalier de). COURCIEK. CuviER (Baron). Daussy. David. Decuabkeey. Dejeai* (Comle). Deli. R OS. MM. Dejlessert (Baron). Denaix. Derpei-deh DEHinuERSTeiH (Ba- ron de). Desages. Desj A R dins-Fontvanes. Dezoz n£ i,A Koquette. DiKOME. DoNNET. Due DE DorDEAUVII.LE. DUCHANOY. DUFOUR. DUPERREV. DuTEMS. D'URVII,1.K. Epailly (Colonel). Erco (Chevalier d'). EsQUiROL (Docteur). EsTEVE (Baron). Eyries (Geographe). EvRiEs (Negociant). F11.HON. Freyciket (de). FiuRiON (General Baron). FuucHAL (Cointe de). Gastebois. Gauthier d'Arc. Gerard. Gerakdiiv. GiRALDEz (Colonel). GlRAUI). gouhcufe. Gkaberg de Hemsoe. GotNiFKv (Baron de). GoiI-I.HMIN. Guys. Hammer (Baron de). ( MM. Hapde. Haxo (General Baron). Hely d'Oissel (Baron). Henkeqcitt. HoMBREs-FiRMAs (Baron d'). HoTTINGUER (Bafon). HoUBIGANT. HuMBLOT-CoMTE. HUOT. Hyde uE Neuviljle (Baron). ISAMBERT. Jaubert (Chevalier Amedee). Jeawne. Jehannot. JOMARD. JouAMirra. JoURD.MK. JuBEtlN. Kl-IMGELHOEFER. Knudsek. Labarthk. Laborde (Comte Alexandre de). Ladoucette (Baron de). Laferriere (General Comte de). Labruse (General Baron de). Lafowt (General Baron de). Lahube. Lair. Lajard. Lamande. Lanjuinais (Comte), Larenaudiehe (de), Larue. Larozerie (de). Las cases (Baron Emm. de). Lebeau. Legeihtil de Quelebk. ■^79 ) MM. Lepkre. Lewcbine. Lemoiwe. LiAMcouRT (Due de). Lindenberg. LOSH. LoUBENS. LoURMAHD. M\FFIOI.I. Mai.artic (Abe! de). Marcescheau. Mareuii, (Baron de) Mauger. Mechaim, MiCHAUX. MiMAUT. Moll. MoNIH. MoNTESQUioii (Comte de). Montesquiou ( Comte Anatole de). MoMTESQUiou (Comte Alfred de). MoREAU (Cesar). Moein. MosBouRG (Comte de). Mougeot. MlTSEUX. Noel-Desvkbgehs. NOYEH. Panckoucke. Parceval. P.isToRET (Marquis de). Pastoret (Comte de). Percherok. Peytier. PiCQUET. PoMMEUSK (de). MM. PoRTAi, (Baron). P0U1.41W. Pbont (Baron de). PuissAKT (Colonel). PUTOT. Raczywski (Comte de). Raffetot (Comte de). Reaume. Redoutk. Reiskt. Rey. RioNY (Comte de). Roger (Baron). Rosily (Comte de). Rotschild (Baron de). RocssiN (Baron). RoDX DE RoCHELLE. RuMiGKY CVicomte de). SAiiiiT-CYRNuGUEs(Gen. Baron) Sakarini. ( 38o ) MM. Salm-Dyck (Prince de). Salverte. Saulty (ie). Selves. SlLGUY. Spencer-Stajthope. Tardieu (P.). Tardiec (A.). Taylor (Baron). Towksewu. V ALAZE (General Baron). Valles. Vakdeb Maelen. Vah Wyk Roelandzsooa. Vauvilliers. ViDAL. ViMDE (Vicomte de). Walcuhhaer (Baron). Warden. zollikoffkr n'alxinclikgejt. TABLE DES MATIERES s r CONTENUES DANS LE TOME DIX-HUITIEME. N"' 111 a 116. ■•■ PREMIERE SECTION. MEMOIBES, EXTRAITS, ANALYSES ET KAl'PORTS. Examen critique du voyage des fr^res Lander sur le Niger, et de ses resultats geographiques , par M. d'Avezac 5 Esqiiisse du Sy-Yu oudes pays a I'ouest de la Chine, traduite et resum^e du chinois, par M. Louis Lamiot, missionnaire lazariste ( deuxi^me article ) 17 Itineraire de Constantinople a Sivas ou Scwas, voyage entrepris ■ en r 807, et de Sivas a Alep ; communique a la Societe de Geo- graphic par M. B. du B. ( premiere partie) 75 Seconde tentative du missionnaire Rolland pour fonder une mission au milieu de la tribu des Baharutzi 82 Itineraire de Sevyas a Alep (deuxifeme partie) i-z5 Recit d'une navigation dans les eaux de la Colombie et d"un se- jour de six annees sur le versant occidental des montagnes Rocheuses i3S Monumens dePalenque. — Lettre de M. Ad. Cochelet, consul general et charge d'affaires de France pres le gouvernement de la republique de I'Amerique centrale 189 Memoire de M. Juan Galindo , officier superieur de la republique de I'Amerique centrale , sur les mines de Pa- lenque .ij.b ^^■>;» .>. . . . 198 ( 382 ) Page» Vocabuliirio de las ienguas castellana y mala, par M. Per- F£CTO B AEZO 2l5 Rapport sur uii noiivel ouvrage contenant la relation des trois expeditions du capitaiiie Dupaix eu i8o5 , 1806 et 1807 pour la recherche des antiquites mexicaines, par M. JoiMABi). 218 Sur I'ile de Ceylan (traduit de I'cnglais par M. Albebt- MoWTEMOMX) 2'^7 Mteurs et coutuines des Kirghiz (traduit de I'anglais par le m^me) 245 Sur les Kholes , peuplades de I'lnde ( traduit de Tanglais par le menie) a. 12 Statistique de plusieurs provinces du Bresil , de Pedro Ma- gal^s, extraite par M. Adam de Bauve 255 Notice annuelle des travaux de la Societe , par M. Alex. Babbie du Bocage , secretaire de la Commission centrale. . 293 Memoire sur une traversee de I'ocean Atlantique, par M. Roux DE RoCHELLE 3 3tJ Notice sur la colonie americaine de Liberia , par M. Warden. 356 DEUXIEME SECTION. DOCDMEHS, COMMUNICATIOSS , NOUVKI.I.ES GEOGB APHIQUES. Nouvelle exj->edition de Richaixl Lander en Afrique . iiii.in,?.. . 52 Extrait d'une lettre de M. Corroy neveu, sur son voyage a Palenque ^4 ^ixcursion d'uu missionnaire francais daus I'Afrique inen- dionale '. «.A".L^ irfiab *- . 57 Extrait du memoire du capitaine Vidal sur la vigie nommee ^ithins Rock 9* Extrait d'un rapport de M. le capitaine Irelaad , commandfliU le brick I'Adhemar 97 Rapports faits le 20 juiilet i832 au commissaire de marine de Bayonne par MM. les capitaines Le Bret et l.egrang, sur un pbenom^ne meteorologiqtie qu'ils ont observe en mer le 29jiiin 1 834 'O" Questions gcographiques sur I'empire de Marok, par M. *A... . 101 ( 383 ) Questions geograpliiques siir TAfrique meridionale , par le m^me io3 Details de I'accident arriv^ sur les Alpes a M. le colonel Buch- walder io5 Fragment inedit sur la ville de Smyrne (suite et fin) 107 De I'aptitude des Egyptiens pour les etudes scientifiques. . . . ii3 Depart de R. Lander pour son troisifeme voyage en Afrique . iiS Anciennes navigations des Normands en Afrique, aux Indes et en Amerique , par M. *A 1-6 Tableau de la population de chaque etat et territolre desEtats- Unis , d'apres le cinquifeme denombrement 182 Fragment de I'album d'un voyageur. — Coutume de la Bresse. 221 Du voyage par mer au Rio do Ouro en i346 , par M. *A 226 La Gu^pe de I'Himalaya 298 Population de Saint-Petersbourg ^ Jbid. Lettre de M. le major d'OEsfei-d , directeur du leve trigono- metrique des etats prussiens 229 Notes sur I'Egypte, ainsi que sur le caractere, les vues et la politique de Mohammed-Ali ( article communique par M. le docteur Clot-Bet) 266 Remarques sur la population des Etats-Unis d' Amerique , par M. RoUX DE RoCHEX,l.E 279 Sur Bangalore 286 TROISIEME SECTION. ACTES DE I.A SOCIETE. Proces- verbal de la seance generale du i4 decembre i832 . . . 362 Proc^s-verbaux des seances de la Commission centrale (juillet- decembre) 64, 120, 184, 232 , 287 , 368 Membres nouvellement admis dans la Societe (juillet-decembre). 68, 123, 187, 234, 291, 374- Ouvrages offerts a la Societe (juillet-decembre). . . . 68, i23, 187, 234, 291, 374. Compte- rendu des recettes et des depenses de I'exercice i83i- i832 367 Liste des membres de la Societe qui ont acquittc leur sous- eription en i83a 377 { 384 ) PLANCHES DU 1 8' VOLDME. Carte d'une partie des lies Pomoton. Figures jointes au Memoire de M. le colonel Galindo sur les ruines de Palenque. FIN DE LA TABLE DU XVni« VOLUME. ERRATUM nu «" r I 5 , p. 280 , lig. 22. Aulieude: les Etats-Unis , circonscrits dans leur territoirc, liscz : Ces Etat.i , circonscrits dans leur territoire.