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GEORG & Co INSTITUT DE BOTANIQUE (BALE) — LIBRAIRES-ÉDITEURS — (LYON) Université Corraterie, 410 B'OPRÉTE EME EN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GEXEVE PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ Chaque collaborateur est responsable de ses travaux LES ABONNEMENTS (SUISSE : 10 fr. — UNION POSTALE : 12 fr. 50) sont perçus au siège social : Institut de botanique, Université, Genève 2me SÉRIE, Volume VIII. Nos 1,2 et 3 GENÈVE, Janvier, Février et Mars 1916 SOMMAIRE 1. Compte rendu de 1a séance du 10 janvier 1916 : Affaires administratives, p. 1. — Rapport présidentiel, p. 2. — Rapport du trésorier, p. 4 — Rapport du direc- teur du Bulletin, p. 4 — Rapport des vérificateurs des comptes, p. 5. — Elec- tion du bureau pour 1916, p. 5. — Modifications aux règlements, p. 6. — Aug: GuiNET : Sur la dispersion du Leptodon Smithii en Suisse, p. 6. — C. de Cax- DOLLE : Un nouveau Bégonia du Paraguay, p. 6. — H. Guyor : Sur les appé- tences chimiques d’un Phycomycète du Salève, p. 7. 2. Compte rendu de la séance du 14 février 1916: Affaires administratives, p. 7. — Discussion des nouveaux statuts de la Société, p. 7. — Mme BRESLAUER : Le réactif crésol-tyrosinase et la protéolyse par les bactéries, p.S$. — CHopaAT ET ViscHeR : Contribution à la biologie végétale du Paraguay, p.8.— A. LENDNER : Sur la Cupule des Fagacées, p.8. — L. Renrous : Les stomates du Thea sinensis. p. 8 — V. Demo : Sur la basophilie des jeunes cellules végétales, p. 8. 3. Compte rendu de la séance du 13 mars 1916 : Affaires administratives, p. 9. — Herborisations pour 1916, p. 9. — H. CHrisr : Sur trois anthèses successives dune hampe de Primula elatior, p. 10. — A. de CouLon : Sur les bactéries phosphorescentes, p. 10. — K. Ducezrrer : Desmidiacées du Simplon et de Zermatt, p. 11. 4. Liste des membres de la Société botanique de Genève, p. 12. b. Statuts de la Société botanique de Genève, p. 16. 5. Règlement de 1a Bibliothèque, p. 19. Règlement du Bulletin de la Société botanique de Genève, p. 2. 8. C. de CANDOLLE : Un Bégonia nouveau, B. Hassleri C. DC. (1 vignette), p. 22. 9. L. Renrous : Les stomates du Thea sinensis et une nouvelle méthode pour reconnaître les falsifications du thé (1 planche de 15 figures), p. 24. 10. K. Ducezzrer : Contribution à l’étude de la flore desmidiologique de la Suisse (61 vignettes, 1 planche), p. 29. 11. H. Guyor : Un Champignon à acide cyanhydrique et à aldéhyde benzoïque ( vignette), p. 80. 12. R. Caopar : Résultats de la Mission botanique suisse au Paraguay (51 vignettes). P. 35. 13. A. LENDNER : Sur la Cupule des Fagacées (2 vignettes), p. 161. 14. V. DEMOLE : La basophilie des jeunes cellules végétales, p. 167. 15. A. LENDNER : Le Clathrus cancellatus, p. 168. COMPTE. RENDU 3734Ame séance. — Lundi 10 Janvier 1916. — Ouverte à 8 h. trois quarts, dans la salle de bibliothèque de Pinstitut bolanique, Université, sous la présidence de M. le Prof. D' A. Lendner, président. Le compte rendu de la 373me séance (13 décembre 1915) est adopté sans modification. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE. Nos 1-2-3 parus le 20 juillet 1916. 1 9 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) La candidature de M. Romieux fils, présentée par MM. Henri ROMIEUX et Alfred LENDNER est acceptée conformément aux statuts ; à la suite du vote, le président souhaite la bienvenue au récipiendaire après son introduction dans la salle des séances. Publications déposées sur le bureau : SUISSE : Zullelin de la Sociélé neuchäleloise de Géographie, lome XXII (fin) et tome XXIV (Neuchâtel 1915); Journal de la Sociélé d'Hor- liculture de Genève, n° 1 (Genève, janvier 1916); le Jardinier Suisse, n° 1 (Genève, janvier 1916). RAPPORT PRÉSIDENTIEL SUR L'ACTIVITÉ DE LA SOCIÉTÉ EN 1915. —- Conformément aux statuts, M. le Prof. D' A. Lendner donne lecture du rapport suivant sur la marche de la Société durant Pannée écoulée : «L'année 1915 à passé, et malgré les préoccupations d’une période troublée, notre Société botanique n’a cessé de faire preuve d'une activité inlassable en tenant ses neuf séances régulières qui ont été fréquentées par une moyenne de seize assistants, soit une augmentation d’une unité par mois sur Pannée 1915, la plus avantageuse jusqu'alors sous ce rapport. «Ces séances ont toujours été suffisamment remplies, grâce aux tra- vaux de M. le Prof. Chodat, de M. le D' Ducellier, de MM. Beauverd, Guinet, Martin, Rehfous, Letellier, Mie Rayss, MM. Guvot, D' Demole et Prof. Lendner. Nous devons y ajouter les travaux que des membres absents de Genève nous ont fait parvenir, tels ceux de MM. Ch. Meylan, Terracciano, Kanngiesser et Thériot. Nous exprimons nos remercie- ments bien sincères à tous ces fidèles collaborateurs, dont les travaux entretiennent la vitalité de notre chère Société. » Décès. — Nous sommes heureux de constater qu'aucun décès n'a été enregistré durant cette dernière année; espérons qu'il en sera de même en 1916. Démissions. — Nous avons recu les demandes de démissions de trois de nos membres actifs : MM. Ludoviei, Servettaz et Lavanchy; la dure période que nous traversons en est seule la cause. Plusieurs de nos membres étrangers n’ont pas donné de leurs nouvelles, les man- dats de leurs cotisations nous sont revenus impayés. Nous n'avons pas voulu prendre de décisions à leur égard car nous espérons que, la guerre terminée, nous aurons le plaisir de les compter encore parmi nos fidèles collaborateurs. Admissions. — Nous avons eu le plaisir de recevoir huit nouveaux membres actifs : Mme Jacobson, Mie Charitonoff, MM. Rôthlisberger, Ludwig, D' Moloff, D' Comte, M. Letellier, D' Demole. Excursions. — Sur les sept herborisations inserites au programme, six ont été exécutées comme suit : 1. Le 5 avril, M. Guyor et deux autres membres firent lexcursion traditionnelle du Vuache. (3 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1916 9 9. Vers la fin du même mois (le 2), notre bryologue M. GUINET ini- tiait plusieurs de nos membres à la science qui lui est chère en les conduisant au Salève par une ravissante journée de printemps. 3. Au milieu de mai eut lieu Pexcursion de quatre jours en Valais. Neuf participants y prirent part sous la conduite de MM. BEAUVERD el Guyor. Course très réussie, à en juger par le compte rendu détaillé que nous en fit M. Guyot. 4. Le dimanche 30 mai, votre président conduisit trois de nos mem- bres aux environs de Chancy, dans la région bordant le Rhône, dès ce village, jusqu'à Epeisse. La course fut également très réussie malgré le nombre restreint des participants, qui eut été plus élevé sans la pluie de la veille. ». Les menaces de temps pluvieux firent échouer lherborisation projetée pour le 20 juin à Sionnet, sous la direction de M. MiNop. C'est un but à maintenir au programme de 1916, car c'est la dernière heure qui sonne pour bien des plantes paludéennes intéressantes de notre canton : des travaux de drainage et d'assainissement sont en train de s’'exécuter, grâce à l’activité de M. Rochaix, président du Département de PAgriculture. Nous pourrions en même temps constater les résultats «les essais faits dans le domaine de la culture maraichère. 6. Une excursion à la Dôle fut faite le dimanche 4 juillet avec M. GUYOT comme chef de course. Elle eut un plein succès car, non seule- ment onze membres de la Société y prirent part, mais elle fut favorisée par un temps splendide. 1. La commission des herborisations avait prévu pour le mois d'août une campagne d'étude de la flore haut-alpine nécessitant un séjour dans une cabane du C. A.S.; si ce projet ne fut pas mis à exécution, ce fut parce que Pactivité de nos jeunes botanistes eut Poccasion de s'exercer dune facon encore plus intense au Jardin alpin de la « Linnæa », à Bourg-Saint-Pierre. En effet, dans le courant de juillet, ce jardin, devenu propriété de la «Société académique de Genève », fut mis à la disposition de Pinstitut botanique de PÜniversité, dans les circonstances relatées, par M. le Prof. CHODAT, aux pages 188 à 211 de notre Bulletin de 1915. 8. Course mycologique. — En automne, le 24 octobre, eut lieu une course mycologique très réussie, sous la compétente direction de M. le Prof. Ch. MARTIN. Elle réunit neuf participants et eut comme objectif la région boisée située aux environs du Signal de Bougy. Centenaire de La Société helvétique. — À l'occasion de son centenaire, qui fut célébré à Genève, la «Société helvétique des sciences nalu- relles » avait invité notre Société à assister à la séance de la «Société suisse de botanique ». À cette séance, tenue le mardi 14 septembre à l’Institut botanique, assistaient vingt-huit de nos membres (voir Pulle- tin de 1915, p. 179). Ces belles journées d'automne, favorisées par un temps splendide, l'esprit de franche amitié qui ne cessa de régner entre nos Suisses romands et nos compatriotes de la Suisse alémanique, laisseront à tous un souvenir inoubliable. Puissent les périodes troublées que nous traversons nous pénétrer de cette idée que nous devons resserrer toujours plus les liens d'amitié qui unissent tous les Suisses et surtout ceux qui travaillent dans le domaine de la science. 4 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÉVE (4) Je ne saurais terminer ce rapport sans remercier vivement le Dépar- lement de l'instruction Publique ainsi que M. le Prof. CHODAT pour la large hospitalité que la Société recoit dans les locaux de l’Institut botanique. RAPPORT DU TRÉSORIER. — M. Sartorius constate avec regrets que les circonstances actuelles ont empêché bon nombre de nos mem- bres étrangers de faire parvenir leurs cotisations habituelles : cette diminution de nos recettes a dû être équilibrée par des restrictions dans la publication de notre Bulletin. Noici le relevé de Pexercice financier : RECETTES : DicotisationsenSuisse (tr M0) POREEP EEE EEE PE Fr. 570. — 8 » Umontpostale (42/60) PARC APE » 100 .— Ristourne sur rembours postaux ................ » _9.7 Prélèvement à la Caisse d'Epargne ..:........... » To Total Fr. 748.75 DÉPENSES : Factures d'imprimerie diverses (convocations, etc.). Fr. 61.— Alocationau bulletin eee » 230 .— Allocation au fonds de réserve (réduite pour 1915). » aÙ.— Versement au Carnet de banque « Mutuelle » ..... » 300. — Affranchissements et débours divers ............. » 25.90 Solde en Caisse em MER NRes NNCe en ere » 32.20 Total égal... Fr. 748.75 AVOIR DE LA SOCIÉTÉ AU 4er JANVIER 1916 : ENCAISS GA RE US en A ee a RER ER REA Fr. 32.20 Carnet «Caisse Mutuelle pour l’Epargne » ....... » 219139 » «Fonds de réserve inaliénable » . ........ » 1286.15 Total... Fr. 3449.70 RAPPORT DU DIRECTEUR DU BULLETIN. — En l'absence du Directeur M. le D' Viret, qui s’est fait excuser, le Secrétaire donne lecture du rapport qui lui a été adressé dans ce but et qui peut être brièvement résumé comme suit : 1e La continuation de la guerre a accentué les difficultés temporaires de la rentrée des finances d'abonnement, principalement avec la Russie qui souffre doublement de son isolement et de la baisse du change; néanmoins les économies réalisées sur les frais d'impression n’ont, cette fois encore, occasionné aucun préjudice aux droits légitimes des abonnés, et le VIlme volume, dont le dernier fascicule va sortir de presse, ne le cédera en rien à ses devanciers quant à la valeur de ses travaux et à la variété de ses illustrations; il comptera plus de 300 pages et son prix de vente est fixé à 16 francs. 20 Aucune occasion ne s’est présentée de soumettre un travail à l'examen de la Commission de rédaction, celle-ci n’a été convoquée qu'une seule fois en décembre, pour prendre acte de la démission irrévocables du Directeur, surchargé de besogne, puis récemment, élevé aux fonctions de Conseiller Administratif par les électeurs de la Ville de Genève!. 1 Toutes nos félicitations (Réd.) (5) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1916 D 30 Comme pour les années précédentes, les frais d'illustration ont dû être maintenus à la charge des auteurs, dégrevant d'autant le budget déjà chargé du Bulletin ; en outre, la contribution habituelle de PHer- bier Boissier, pour laquelle nous réitérons ici Pexpression de toute notre reconnaissance, nous permet de boucler Pexercice de 1915 avec un léger excédent (fr. 5.95) des recettes sur les dépenses qui s'élèvent à fr. 1323.05. — Il convient d'ajouter que cet exercice comprend les trois derniers fascicules de 1914 et les six premiers de 1915, entière- ment payés ; comme par le passé, les trois derniers fascicules de 1915, actuellement sous presse, compteront avec l’exercice de 1916. 4° Tenant compte d’une diminution des recettes en 1916, le projel de budget prévoit un déficit de fr. 89.20, soit 1533 fr. aux Recettes et fr. 1622.20 aux Dépenses. Ce projet de budget est adopté tout en recommandant à qui de droit d'étudier les moyens propres à éviter la diminution des Recettes. RAPPORT DES VERIFICATEURS DES COMPTES. — Au nom de M Marcel Minod, qui a dû s’absenter au début de la séance, M. le Prof. Ch.-Ed. Martin donne lecture du rapport suivant : « Les vérificateurs ci-dessus désignés, ayant sous les veux les écritu- res du Trésorier de la Société et celle du Directeur du Bulletin, ainsi que toutes les pièces y relatives, ont constaté la parfaite exactitude des comptes de l’année 1915. Ils proposent en conséquence de donner décharge de leur gestion à MM. P. Sartorius el L. Viret et les remer- cient irès vivement pour la conscience et la ponctualité qu'ils ont apportées à gérer les finances de la Société. » Ces rapports, mis aux voix, sont acceptés avec les plus vifs remer- ciements adressés au nom de tous par M. Chodat à MM. le Prof. D' Lendner et D' Viret: leur excellente gestion mérite les félicitations de la Société, qui compte sur le concours de notre Président sortant de charge et de notre ancien Directeur du Bulletin pour aider de leur expérience le nouveau bureau pour 1916. ÉLECTION DU BUREAU POUR 1916. — Les statuts prévoyant le renouvellement triennal du Comité, M. le Prof. Chodat demande qu’à l'exemple de la Société Suisse de botanique el en raison des circons- tances spéciales que nous traversons et qui nous ont fait perdre contact avec une notable quantité de nos membres résidant à l'étranger, ancien comité soit exceptionnellement maintenu jusqu’au rétablissement nor- mal des relations internationales. — Accepté à l'unanimité. — Toutefois le Prof. LENDNER, qui vient d'accepter la présidence d’une autre société scientifique de Genève, regrette de ne pouvoir donner suile aux pro- positions instantes qui lui sont faites de continuer à présider le bureau pour 1916; d'autre part, M. Auguste GUINET, vice-président, refuse toute élection à la présidence. En conséquence, l'élection du nouveau président, faite au scrutin secret conformément aux statuts, réunit lPunanimité des suffrages sur le nom de M. le D: Ducellier, qui accepte et remercie assemblée pour son témoignage de confiance, qu'il s’efforcera de mériter. Le bureau et les divers comités réélus par acclamalion sont composés comme Suit : 6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) MM:‘le Docteur PF. DUCELLIER.. 1 00.0 Président Teste ÉDINEINS JAN C LE ER Ho Vice-président Eustave BEAMUMERD RENAN Secrétaire-rédacteur HER ENAGUNONEAAMENNNNRE RER Secrétaire-adjoint DE SNRTOIRIUS AR OR ce ot Trésorier Vérificateurs des comptes pour 1916 : MM. Charles-Ed. MARTIN, professeur Marcel MINOD, cand. sc. Commission de Rédaction du Bulletin : MM. le Professeur D' R. Cuopar, Directeur du Bulletin le Dr John BriQuEer, Directeur du Conservatoire botanique Augustin DE CANDOLLE, de l’Herbier de Candolle Gustave BeauvERD, de l'Herbier Boissier, secrétaire le Dr Louis ViREeT, ancien Directeur du Bulletin Commission des Herborisalions, composée du Comité et de : MM. Charles LARDERAZ, jardinier-chef du Jardin botanique Charles-Ed. MARTIN, professeur Marcel MINOD, professeur. MODIFICATIONS AUX REGLEMENTS. — Dans le but de remettre au point les divers articles des statuts et règlements de la Société votés en 1909 et modifiés à diverses reprises ou reconnus modifiables par l'expérience des sept dernières années de gestion (voir Bulletins de 1909 : 6, 8 et 110; vol. de 1910 : 3 et 4), le Comité propose une revi- sion générale des Statuts et Règlements du Bulletin el, par Porgane du secrétaire, donne lecture de tous les articles actuellement en vigueur en indiquant ceux d’entre eux qui se montrent susceptibles de modifi- cations par l’effet du développement progressif de la Société. À la suite de cette lecture et de celle des modifications proposées, l'assemblée décide de sen remettre au Comité pour la rédaction du nouveau texte projeté, qui sera porté à l'ordre du jour de la séance de février, puis soumis au vote général de Passemblée. _ SUR LA DISPERSION DU L£PTODON SMITHII (Dicks.) Mohr EN SUISSE. — Rectification par M. Aug. Guinet de l'indication relative à la station de cette Mousse en Suisse, signalée aux Follaterres comme nouvelle pour notre pays dans le récit d’herborisation en Valais, publié en 1919 par M. Guyot. — Voir Bulletin VI : 162 et note spéciale du fascicule Jde 1915/vVol VT:25209; UN NOUVEAU BEGONIA DU PARAGUAY. — Communication par M. Casimir de Candolle de la diagnose du Begonia Hassleri G. DC., espèce nouvelle de la Section des Begoniastrum, qui fait Pobjet du mémoire illustré de la page 22 du présent fascicule. Cette communication est suivie d’une courte discussion relative à la dispersion du genre Begonia dans la flore paraguayenne : selon M. Cho- dat, les Bégonias paraguayens sont peu nombreux en espèces, mais en revanche les Begonia cucullata et B. semperflorens sont particuliè- ment abondants en individus; les autres espèces sont plus rares. (1) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1916 SUR LES APPETENCES CHIMIQUES D'UN PHYCOMYCETE DU SALEVE. -— Communication par M. Henry Guyot sur les expériences entreprises sur un Phycomycète dépourvu de tout organe de reproduc- lion el produisant en quantité notable de lacide cyanhydrique et de l’'aldéhyde benzoïque. — Voir détails au mémoire illustré de la page 80 Celte communication, accompagnée de dessins et de préparations de culture, fait Pobjet de quelques remarques de M. Chodat, qui félicite l'auteur de sa découverte, et de diverses demandes de renseignements de MM. Lendner, Ch. Martin et C. de Candolle. Séance levée à 10 h. !/4; treize assistants : MM. Lendner, Guinet, Sartorius, Guyot, Beauverd; C. de Candolle, Chodat, Comte, Ducellier, Martin, Mégevand, Minod et Romieux fils. Le Secrélaire-rédacleur : Gr. BEAUVERD. 375me séance. — Lundi 14 février 1946. — Ouverte à 8 heures et demie précises dans la salle de bibliothèque de l'Institut botanique, Université, sous la présidence de M. le Dr F. Ducellier, président. Le projet de revision des statuts, élaboré par le Comité après dis- eussion préalable, en séance du 10 janvier 1916 (cf. Compte rendu de la 374me séance, page 6 du présent volume), est lu par le président, puis discuté article par article et après quelques observations et modifications présentées par MM. Chodat, GC. de Candolle, Ducellier, H. Romieux, Guinet et Beauverd, adopté par les vingt-cinq membres présents à la séance. La lecture du procès-verbal de la séance de janvier, faite ensuite par le secrétaire, est adoptée sans observation. Publications déposées sur le bureau : DONS D'AUTEURS : Henning E. Petersen : Elude sur la polymorphie d'Anthriscus sylvestris; Ostenfeld : À list of Phyloplancton from the Boeton Strail (Celebes); J. Lange : Studies in the Agaric of Menmark. DANEMARK : Botanisk Tidskrift, Bd. XXXIE, Heft 2, 5, 4 (Copenhague 1915) ; ETATS-UNIS : Journal of Agricultural Research, n° 12, 15, 1#, 15, 16 (Washington, décembre 1915 à janvier 1916); SUISSE : Pullelin de la Société Vaudoise des Sciences naturelles, Vol. L (Lausanne, décem- bre 1915); Le Jardinier Suisse, n° 2 (Genève, février 1916). NOUVEAUX STATUTS DE LA SOCIÈTÉE ET REGLEMENT DU BUL- LETIN. — Noir leur publication à la page 16 du présent fascicule. — Avant de soumettre l'adoption des statuts à la sanction de Passemblée, le président a fait remarquer les modifications portant sur Particle 5 d, le nouvel article 9 et l’article 10, rubrique 7, relatifs au Bulletin. A 8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) annonce, conformément à ces nouvelles dispositions, que MM. Ducellier et Sartorius sont adjoints à la Commission de rédaction du Bulletin et que, d'autre part, MM. Chodat et Beauverd, donnant suite au vote de l'assemblée générale de janvier, ont assumé les responsabilités respec- tives de directeur et de secrétaire-rédacteur du Bulletin. LE RÉACTIF CRÉSOL-TYROSINASE ET LA PROTÉOLYSE PAR LES BACTERIES. — Communication faite au nom de Me Breslauer par M. le professeur Chodat et accompagnée de la présentation de liquides diversement colorés résuitant des expériences au moyen du réactif crésol-tyrosinase (voir mémoire spécial, d’un prochain fascicule). CONTRIBUTION A LA BIOLOGIE VEGETALE DU PARAGUAY. Conférence par M. le Professeur Chodat, assisté de M. le D' W. Vischer, sur la biologie des Solanacées du Paraguay, dont les échantillons d’her- bier les plus représentatifs sont communiqués à l'assistance avec des photographies stéréoscopiques (voir au mémoire illustré de la page 83). SUR LA CUPULE DES FAGACEES. — Récapitulant les différents travaux publiés sur cette question, notamment ceux de Baillon et de notre collègue M. Palibine, M. le Professeur D' Lendner fait part des résultats de ses recherches personnelles et présente différentes prépa- rations conservées dans les collections carpologiques de l{nstitut botanique (voir au mémoire illustré de la page 161). LES STOMATES DU THEA SINENSIS ET UNE NOUVELLE MÉTHODE POUR LES RECONNAITRE. — Lecture par M. Laurent Rehfous du travail publié à la page 24 du présent Bulletin. SUR LA BASOPHILIE DES CELLULES VEGÉTALES. — M. le Dr V. Demole présente quelques coupes microscopiques destinées à mettre en évidence la basophilie des jeunes cellules végétales et fait à ce sujet ue communication qui figurera aux notes spéciales d'un prochain iscicule. Après les remerciements chaleureux du président à tous ceux qui ont contribué au vif intérêt de l’ordre du jour, la séance est levée à 11 heures et quart. Vingt-cinq membres et quatre invités présents : MM. Ducellier, Guinet, Sartorius, Guyot, Beauverd; Me Breslauer, M. C. de Candolle, Mes Charitonoff, Chirtoiü, MM. Chodat, Demole, Hausser, Mmes Jacobson. Jauch, MM. Lendner, Martin, Minod, Nazif, Rabinovitch, Mie Rayss, MM. Rehfous, Romieux, Romieux fils et W. Vischer. — M. Ahler, Me Budin, MM. Chemigny et A. Dubois. Le secrétaire-rédacteur, G. BEAUVERD. (9) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1916 9 3z6me séance. — Lundi 13 mars 1916. - Ouverte à 8 h. ‘/> dans la salle de la bibliothèque de lnstitut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D' Ducellier, président. Le procès-verbal de la 379" séance (14 février 1916), lu par le secrétaire, est adopté sans modification. Il est donné connaissance de lentrée de deux nouveaux membres auxquels le Président souhaite la bienvenue au nom de tous, Mie Anna LESKA (Genève) et M. Jean BurNAT (Veyrier), dont les candidatures avaient été acceptées en séance du Comité conformément aux nouveaux statuts (art. 4). Le président donne lecture dune circulaire de la Société de Physique et de Sciences naturelles de Genève, annonçant que le dernier délai de livraison des manuscrits pour le prix quinquennal A.-P. de Candolle, est fixé au 30 mars 1916. Publications déposés sur le bureau : AUTRICHE : Annalen des k. k. nalurhist. Hofmuseums, Vol. XXIX, Nos 3-4 (Wien, 1915); ETATS-UNIS : Journal of Agricultural Research, Nos 17, 18 et 19 (Washington, 1916). HERBORISATIONS POUR 1916. — En raison des difficultés créées par le prolongement de la guerre chez nos voisins, la Commission des herborisations a renoncé, pour cette année encore, d'étendre son champ d'activité aux montagnes de Savoie; elle propose un programme d’execursions restreint aux herborisations suivantes : En mai (date à fixer) : herborisation cryptogamique sous la conduite de M. Guinet. Ascension et deux jours suivants : excursion phanérogamique de trois jours en Valais, environs de Viège, sous la conduite de M. Beauverd. En juin : exploration des tourbières de la contrée de Semsales el de Vevey, chef de course M. Minod. Début de juillet : herborisation alpine dans les Alpes vaudoises ou du Valais, but à fixer. Aulomne : herborisation mycologigue habituelle, sous la direction de M. le Prof. Martin; le but sera fixé plus lard, selon les circonstances ; la Société adopte le vœu de M. Chodat de fixer une date moins tardive que pour les précédentes années, afin d'assurer tout le succès désirable à cette excursion; elle admet également le point de vue du secrétaire, de recommander à tous les membres, d’une part la consignation de notes floristiques concernant les localités du champ dexcursion de Semsales qu'ils pourraient explorer individuellement en dehors des dates officielles et, d'autre part, de porter leur attention sur la flore actuelle des stations marécageuses du canton de Genève visées par le pro- gramme de mise en valeur élaboré par le Département de PAgriculture : un recensement méthodique et aussi complet que possible de cette flore spontanée doit être entrepris sans retard et pourra faire Pobjel d’une communication d'ensemble à la fin de Pannée. 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) SUR L’'ANTHÈSE SUCCESSIVE DUNE HAMPE DE PRIMULA ELATIOR L. — Communication, par le Président, d’une note de M. le D' Christ, relative à un cas de floraison hâtive du Primula elatior en janvier, aux environs de Bâle; lune des plantes observées présentait une hampe dont linflorescence normale en fausse ombelle, après avoir donné huit fleurs brachystyles normales à pédoncule de deux centi- inètres de longueur, avait complètement terminé son anthèse au Ler mars: à cette date, se développa au centre du verticille floral une nouvelle hampe terminée par une secongle inflorescence ombelliforme portant quatorze fleurs nouvelles réduites au tiers de la laille normale, cest-à-dire à corolles de #4 à 5 mm. de diamètre, d’un jaune verdâtre (légère virescence ?), à lobes à peine échancrés, mais à étamines très bien développées ; les pédoncules n'avaient que de 2 à 4 mm. de lon- eueur; enfin, au centre de cette seconde inflorescence apparait un troisième verticille floral comprenant dix petits boutons sessiles et fermés. Ce phénomène de trois anthèses successives, connu chez certaines de nos Primevères cultivées (par exemple P. sinensis et surtout P. obconica de Chine) n'avait pas été signalé chez les espèces spontanées de notre flore, et fait l'objet de quelques remarques de la part de M. Chodat qui, au cours de recherches statistiques sur les inflorescences du genre Primula, à aussi constaté des cas de hiatus dans leur anthèse. SUR LES BACTÉRIES PHOSPHORESCENTES. — M. A. de Coulon présente le résultat d'expériences qu'il a entreprises à Pinstitut de botanique sur la luminescence des bactéries, notamment sur un micro- coque isolé d'un poisson de mer acheté à Genève, puis sur le Pseudo- monas luminescens Molisch. Ces deux bactéries deviennent phosphores- centes dans le bouillon de Moliseh (viande de poisson). Le problème à résoudre consistait à étudier les conditions de vie de ces bactéries pour les soumettre ensuite à une investigation rationnelle quant aux causes de la luminescence; dans ce but, le bouillon de Molisch à élé remplacé par d’autres milieux de composition mieux connue, soil pour ce qui est de la nutrition hydrocarbonée, soit de la nutrition azotée. La culture du microcoque à réussi dans un bouillon exclusivement minéral additionné de 1°/o de peptone ou, à sa place, de glycocolle, d’asparagine ou durée : les sels ammoniacaux, Phydroxylanine, les nitrates et les nitrites alcalins n'avaient alors aucune valeur nutritive comme source azote et ne produisaient aucune luminescence; en revanche, le glycose, le fructose, le mannose et, beaucoup plus diffiei- lement, le galactose, ont élé assimilés avec luminescence. D'autre part, le Pseudomonas luminescens a donné des cultures lumi- neuses en remplaçant le bouillon de poisson par différents autres milieux tels que le peptone, le glycolle, lalanine, Pasparagine, l’urée, le nitrate de potassium, le nitrate d'ammonium ou le tartrate d’ammo- nium. Cette bactérie se comporte donc comme un champignon sapro- phyle qui peut élaborer ses réserves azotées au moyen de sels aminoniacaux. En partant de solutions salines additionnées de sucre, les recherches ont établi la proportion de ces diverses substances, ainsi que la détermination du rapport exact entre la source azotée et la nourriture hydrocarbonée. (11) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1916 11 L'auteur a également examiné l’action d'anesthésiques sur la lumino- sitéet, par des expériences répétées qui ont fourni des courbes analogues, il à constaté que le cyanure de potassium à un effet excitant sur la durée de la luminosité; il a également noté un effet antagoniste entre le cyanure de potassium et les alcools méthyliques ou élthyliques : ces derniers prolongent aussi la luminosité, mais leur courbe daction est différente, avec sommet aigu croissant, puis décroissant rapidement. L'action de la température prise entre 0° et 30° pour le microcoque à également démontré l'influence de ce facteur sur la durée de la luminosité ; elle offre une courbe parfaitement régulière, avec optimum vers 407, minimum autour de 0° et maximum au-dessus de 25°. La prolongation de la luminosité en fonction de la concentration des alcools est en rapport avec leur action de surface. En félicitant vivement M. de Coulon pour les résultats acquis à la suile de ses recherches, M. Ducellier rappelle que les phénomènes de phosphorescence avaient été signalés déjà au xvri®e siècle, sans que d'ailleurs une interprétation satisfaisante en eut été proposée avant l'énoncé des thèses bactériennes; il eite le cas signalé par Hæckel et son patient à Ctranspirations profuses ». DESMIDIACEES DU SIMPLON ET DE ZERMATT (VALAIS). — Présentation, par M. le D' Ducellier, du travail publié au Mémoire spécial de la page 79 et concernant diverses Desmidiacées arctiques ou nouvelles pour la flore algologique de la Suisse. Séance levée à 10 heures. — 25 assistants : MM. Ducellier, Guinet, Sartorius, Guyot, Beauverd; Miles Charitonoff, Chirtoiü, MM. Chodat, Comte, de Coulon, Jaccard, Me Jauch, MM. Larderaz, Lendner, Letellier, Ludwie, Martin, Méger vand, Minod, Mie Rayss, MM. iehfous. Romieux fils, Rosselet, de Steiger et Vischer. Le secrélaire-rédacteur, G. BEAUVERD. IPS ERE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE MM. MM. au 1° Janvier 1916 Comité pour 1916 PES EN M. le Docteur K. DUCELLIER. Vice-président... M. Aug. GUINET. Trésorier .......…. M. Henri GUYOT. Secrétaire... M. Gustave BEAUVERD. Secrétaire-adjoint M. Marcel MINOD. Directeur du Bulletin M. le Professeur D" KR. CHopar, Institut de botanique, Université, (Genève). Membres honoraires BurNAT, Emile, Nant sur Vevey (Vaud). HAURI, Charles, 16, boulevard du Pont-d’Arve, Plainpalais. Privar, Eugène, Acacias, 24, Plainpalais, (Genève). Membres correspondants BESSE, Maurice, chanoine, Rd curé à Riddes (Valais). BoucHARD, Michel, officier d'Académie, Annemasse (H'e-Savoie). CHRrisr, Hermann, D' jur., Riehen, près Bâle. GUINIER, Philibert, chargé de cours à l'Ecole Nationale des Eaux et Forêts, Nancy (Meurthe-et-Moselle). HASSLER, Emile, D' médecin à San Bernardino (Paraguay). — Pinchat-Carouge, Genève. LE Roux, Marc, D' sc., conservateur du Musée d'Annecy (Haute- Savoie). MM. MM. Muc MM. Mie NUM Mie M Mie M: Mie LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE 13 PENZIG, O., directeur du Jardin botanique de Gênes (Italie). PERRIER DE LA BATHIE (Baron Eug.), professeur en retraite, Albertville (Savoie). Tragur, L., professeur à l’Ecote de Médecine et Pharmacie, Alger. Membres à vie BARBEY, Auguste, Bel-Coster, chemin du Levant, Lausanne. BARBEY, Camille, avenue Marc-Monnier, 11, Genève. Membres actifs ALLEMAND, Jules, architecte-paysagiste, boulev. du Théâtre, 10, Geneve. BEAUMEL, Jacques, 62, boulevard de St-Georges, Plainpalais, Genève. BEAUVERD, Gustave, conservateur de l'Herbier Boiïssier, 12, Voie- Creuse, (Genève). BERRO, M.-B., Calle Uruguay, 1108, Montevideo (Uruguay). BouBier, Alph.-Maurice, D' ès sc., 5, avenue Beaulieu, Grange- Canal, Genève. Bonart, G., pharmacien de 1° classe, Lure, Hte-Saône (France). BRESLAUER, A., avenue Gaspard-Vallette, Genève. Briquer, John, Dr ès se., directeur du Conservatoire et du Jardin botanique, 33, chemin des Clos, Genève. BRÜDERLEIN, Jean, pharmacien, Florissant, 5, Genève. BueNAT, Jean, viticulteur à Veyrier, Genève. CALLONI, Silvio, Dr'ès se. professeur au Lycée de Lugano (Tessin). CANDOLLE (de), Augustin, 2, place Claparède, Genève. CANDOLLE (de), Casimir, 3, Cour de Saint-Pierre, Genève. CAPITAINE, Louis, Dr ès sciences, 48, boulevard Raspail, Paris. CHABERT, D' méd., 5, rue Vieille-Monnaie, Chambéry (France). CuARITONOFF, Sophie, Clos Belmont, Les Charmettes, route de Chène, Genève. CHENEVARD, Paul, 6, rue de la Cloche, Genève. Cuopar, Robert, Dr ès se., Directeur de Pinstitut botanique de PUniversité, Pinchat par Carouge, Genéve. CHirToïu, étudiante, 75, Florissant. CouTe, Ernest, médecin-dentiste, 10, Corraterie, Geneve. CRETIER, chemin Filion, Pinchat-Carouge, Genève. DamAzio, Léonidas, Avenida Pavauna, 1249, Villa Juanita, Bello Horizonte (Minas Geraës), Brésil. DAszEWsKA, Dr èsse., Pilawa-Siedzow, Varsovie (Pologne), Russie. MM. Mes MM. Mes Mie Mme Mie MM. Mie MM. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) Democe, Victor, D' méd., Institut pathologique, boulev. de la Cluse, Plainpalais, Genêve. DRroz, Camille, botaniste, aux Geneveys, (Neuchâtel). DuceLLieR, Fr., D' méd., Pinchat-Carouge, Genève. ELDAROFF-SERGUEEFF, Marguerite, D' ès sc., Smoleuski Bou- levard, Dolgi pereouloque, 14, log. 15, Moscou. FELIPPONE. Florentino, D' méd., Calle 48 de Julio, 150, Monte- video (Uruguay). FLAHAULT, Ch., D'sc., Prof. à l'Université de M ontpellier, France. FREY-GESSNER, conservateur du Musée entomologique, 23, Rose- raie, Plainpalais, Geneve. Gouper, Henri, D' méd., 14, Cours des Bastions, Genève. GUIGNARD, Léon, D' ès sc., directeur de lPEcole supérieure de Pharmacie de Paris, 6, rue Val-de-Grâce, Paris. GUuINET, Auguste, assistant-cryplogamiste au Conservatoire botanique de Genève, Acacias, Grand-Bureau, 1, Plainpalais, Genève. GUYOT, pharmacien-chimiste, rue Général-Dufour, 19, Genève. HAusserR, Edouard, pharmacien, 10, Bourg-de-Four, Genève. HELD, directeur du Conservatoire de Musique, Au Vallon, Chêne- Bougeries, Genève. HOCHREUTINER, Georges, D'ès sc., conservateur du Conservatoire botanique, 49, avenue Wendt, Petit-Saconnex, Genéve. HOFMANN-GROBÉTY, D' ès se., Villa Hohenstein, Glaris. JACOBSON, Reissa, stud. se., Terreaux-du-Temple, Genève. JAUCH, Berthe, 7, rue des Alpes, Genève. JOSSA, Marguerite, 6, chemin Raichlen, Plainpalais, Genève. KAZNATCHEFF, étudiante, Villa Espérance, Petit-Lancy, Genève. KORNILOFF, Marie, étudiante, Yedyr, Gouvernement d'Erivan, Caucase. ie LANGLAIT, commandant, 16, rue de Hesse, Genève. LARDERAZ, Charles, jardinier-chef du Jardin botanique, La Console, Sécheron, Geneve. LE BRUN, Pierre, 16, avenue de la République, Paris, 11e. LENDNER, Alfred, D' ès sc., professeur extraordinaire à l'Uni- versilé, 4, rue Ami-Lullin, Genève. LESKA, Anna, stud. se., 8, rue Saint-Léger, Genève. LETELLIER, Aug., stud. sc., 89, boulev. Carl-Vogt, Plainpalais, Genève. LupwiG, Ed., stud. pharm., 5, rue Bergalone, Genève. MarRET, Léon, botaniste, 5, rue Michelet, Paris, Vire. MARTIN, Charles-Edouard, professeur, 44, Roseraie, Plainpalais, Genève. (4) MM. Mie Mme MM. Mae MM. Mile MM. Mie MM. Mu el Mes MM. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE 15 MAZEL, Etienne, Dr es sc., 3, rue de la Monnaie, Genève. MÉGEVAND, Alph., D'méd., 7, Rond-Pointde Plainpalais, Genève. MENDRESKA, Sophie, Brwinow près Varsovie (Pologne, Russie). MENTHON (la Comtesse Antoine de), Les Charbonnières, Menthon- Saint-Bernard, Haute-Savoie. MicueLi, Jules, 1, boulevard des Philosophes, Genève. Mixop, Marcel, 31, rue de Malagnou, Geneve. MoLLor, M., D' méd., 18, avenue du Mail, Genève. MOREILLON, Maurice, Inspecteur forestier du VIFre arrondisse- ment, », avenue de la Harpe, Lausanne. NAVILLE, Edouard, Versoix, Genève. NAVILLE, Gabriel, 4, chemin de la Pelouse, Plainpalais, Genève. NaAzir, J., pharmacien, 8, avenue du Mail, Plainpalais, Genève. NITZSCHNER, Guillaume, inspecteur, Parc Mon-Repos, Genève. PALIBINE, Jean, D' ès sc., Musée Impérial de botanique, Pétro- grad (Russie). PENARD, Eugène, D'ès se., 3, rue Tôpffer, Genève. RABINOWITCH, Jérémie, 23, route de Chêne, Genève. Rayss, D' sce., route de Chène, Clos Belmont, Les Charmettes, Genève. RŒTHLISBERGER, Andr., étudiant, 8, route de Malagnou, Genève. REHFOUS, Laurent, étudiant, 4, boulev. des Tranchées, Genève. RomiEUx, Henri, 2, route de Florissant, Genève. ROMIEUX, fils, étudiant, 2, route de Florissant, Genève. SARTORIUS, pharmacien, 6, avenue de Warens, St-Jean, Geneve. SCHIESS, Emile, ét. en méd., 19, av. du Mail, Plainpalais, Genève. SCHLESINGER, Marguerite, étudiante, 64, Florissant, Geneve. SCHMIDELY, Auguste, 4, rue de l'Université, Genève. STUCKERT, Téodoro, botaniste, 110, Dean Funes, à Cordoba (République Argentine). M. SiGRiANSKkI, Alija Szucka, n° 7, Varsovie VI (Russie). STABINSKA, Tscheslawa, étudiante, 4, rue Lombard, Plainpalais, Genève. Taury, Alice, D' méd., 7, Florissant, Genève. Tonpuz, Adolfo, botaniste, Museo Nacional, San José de Cosla- Rica (Amérique centrale). Virer, Louis, D' ès sc., privat-docent à l'Université, 77, rue Jean-Jacquet, Genève. ViscHEeR, Wilhelm, D' se., 16, chemin de Beau-Séjour, Champel, Genève. VEYSSIÈRE, Félix, pharmacien, 22, rue des Päâquis, Genève. —"# #3e——— STATUTS de la SOCIÉTÉ BOTANIQUE de GENÈVE (Section de la Société Suisse de Botanique) (Adoptés en séance du 14 février 1916) ARTICLE PREMIER. — La Société botanique de Geneve, Section de la Société suisse de Botanique, est une association organisée corporative- ment, conformément aux dispositions des articles 60 et suivants du Code civil suisse. ART. 2. — Son but est étude de la Botanique. ART. 3. — Ses moyens d’action sont les suivants : a) Les travaux individuels de ses membres. b) Les assemblées ordinaires qui ont lieu, dans la règle, le deuxième lundi de chaque mois (excepté en Juillet, août et septembre) et sont consacrées à la communication et à la discussion de travaux sur la botanique . ec) Les herborisations, dont le plan est arrêté au commencement de l’année. Un rapport sur chaque herborisation est lu devant la Société par le chef de course avant d’être consigné au procès-verbal. d) La publication d’un Bulletin, qui est envoyé à tous les sociétaires et aux Institutions correspondantes. Il est également prévu, pour ce Bulletin, des abonnements réguliers. À cet effet, une commission de sept membres, dont font partie de droit le Président et le Trésorier de la Société, sera nommée chaque année, au bulletin secret, par lassemblée ordinaire de janvier qui désignera aussi dans le sein de celte comimission, un Directeur du Bulletin et un Secrélaire de la Rédaction. e) Les relations avec les Sociétés analogues. f) Sa biliothèque et son herbier, mis à la disposition des membres aux conditions prévues : (2) STATUTS DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE 17 1) Par la convention intervenue, le 5 juin 1909, entre l'Université de Genève, représentée par son Recteur M. le Professeur R. Chodat, et la Société botanique, représentée par son Président, M. H. Romieux. Il) Par le règlement de la Bibliothèque de Pinstitut botanique de l'Université, du 9 janvier 1910 (voir le Bulletin de la Société botanique de Genève, 2e série, Vol. IT, n°1, 31 janvier 1910, pages 3 et 4; réim- pression à la page 19 du présent fascicule, 1916). ART. 4. _- La Société se compose : 1. Des membres actifs, soit de toutes les personnes qui, après avoir élé présentées par deux sociétaires, ont réuni en séance du Comité la majorité des suffrages. Les membres nouvellement recus sont présentés à la Société, autant que possible à la séance ordinaire qui suit leur admission, quand ils habitent Genève. 2. Des membres honoraires à Vie, qui jouissent des mêmes avantages que les membres actifs, sauf le droit de vote. IIS sont nommés au scrutin secret et à la majorité des trois quarts des votants. 9. Des membres correspondants recrutés parmi les botanistes domi- ciliés hors du canton de Genève, nommés comme les membres hono- rires et jouissant des mêmes avantages. ART. o. — Les membres actifs habitant la Suisse paient une cotisation qui ne pourra excéder dix franes. Pour les membres habitant Pétranger, la cotisation est au minimum de douze francs cinquante centimes et pourra être augmentée proportionnellement aux frais de port du Pul- letin. Tout membre actif peut, à son choix, se libérer de ses cotisations ultérieures par un versement unique de 460 francs pour la Suisse et de 200 francs pour les pays de PUnion postale. La cotisation annuelle est exigible dans le premier semestre de l’année. En seront exemptés, pour la première année, les membres qui, reeus dans le dernier trimestre, renonceraient au Bulletin de l’année ei COUTS. ART. 6. — Une démission n’est acceptée que lorsque le démissionnaire l’a donnée par lettre et se trouve en règle avec la caisse. ART. 7. — Le refus dacquitter la contribution entraine la radiation de la Société; cette radiation est mentionnée au procès-verbal. ART. 8. — La Société est dirigée par un Comité composé de cinq membres : le Président, le Vice-Président, le Secrétaire-Rédacteur, le Secrétaire-Adjoint et le Trésorier. Le Comité convoque à ses séances, avec voix consultative, l’ancien Président sortant de charge elle Direc- teur du Bulletin. Les membres du Comité sont élus pour une année, au BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3 parus le 20 juillet 1916. 2 18 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) scrutin secret et individuel, à la majorité des suffrages exprimés ; ils sont immédiatement rééligibles. AT. 9 /nouveau). — Le Président ou, en son absence, le Vice-Président, est chargé de la direction des séances; en cas d’impossibilité de leur part, ce rôle échoit alors à tout autre membre du Comité à qui le Pré- sident déléguerait ce pouvoir. Le Secrélaire-Rédacleur est chargé de la rédaction des comptes rendus des séances et de leur publication dans le Bulletin, après entente avec le Directeur de cel organe. Le Secrélaire-Adjoint est chargé des convocations; il supplée et aide éventuellement le Secrétaire-Rédacteur ; il tient à jour la liste des ouvrages et périodiques recus par la Société. Le Trésorier est chargé de la gestion de tous les fonds appartenant à la Société et au Pullelin et de la rentrée de toutes les sommes qui leur sont dues. Il en tient la comptabilité el fournit chaque année, à la séance de janvier, un état de la situation financière. Il acquitte les dépenses sur mandats visés par le Président. ART. 10 fancien 9). — Le Comité rend compte de sa gestion dans la première séance de l'année avec l’ordre du jour suivant : 4. Rapport présidentiel sur la marche de la Société pendant Fannée écoulée. 2. Rapport du Trésorier et discussion du budget. Rapport des Vérificateurs des comptes. 4. Rapport de la Commission du Bulletin, ». Election du Comité. 6. Election de la Commission du Bulletin. 1. Election de la Commission des herborisations. 8. Nomination de deux vérificateurs des comptes. ART. 11 fancien 10). — La Société est engagée vis-à-vis des tiers par la signature collective du Président et du Trésorier. ART. 12 fancien 11). — Klle possède un fonds de réserve, dont le capital est inaliénable et qui pourra s’accroitre soil par des prélèvements sur les excédents annuels, soit par des dons ou des legs. ART. 13 fancien 12). — Une assemblée générale extraordinaire peut être convoquée sur Pinitiative du Comité ou la demande du quart des sociétaires résidant en Suisse. ART. 14 (ancien 13).— La dissolution de la Société ne pourra avoir lieu qu'à la suite d’une convocation spéciale, signée par tous les membres du Comité, envoyée en temps utile à tous les membres actifs de la Société. (4) STATUTS DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE 19 Pour être valable, la décision devra réunir une majorité des trois quarts des membres actifs votants. ART. 19 fancien 14). — L’avoir de la Société ne pourra être ni aliéné, ni distrait du but que celle-ci a poursuivi, En cas de dissolution de la Société, l'assemblée qui Paura votée déci- dera, à la majorité des membres actifs présents, de la destination à donner à ses propriétés. ART. 16 fancien 15). — Tout projet de modifications ou additions aux présents statuts doit être présenté au Comité et porté à l’ordre du jour d’une séance consécutive; pour être valable, le vote définitif devra réunir une majorité des {rois quarts des membres actifs présents à la séance. RÈGLEMENT de la BIBLIOTHÈQUE DE L'INSTITUT BOTANIQUE Concernant l’utilisation des livres par les membres de la Société botanique de Genève (Adopté en séance du 10 janvier 1910 ; voir Bulletin Vol. IT, page +) 1. La Bibliothèque est ouverte pendant la durée des cours universi- laires, soit du 22 octobre au 22 mars et du 8 avril au 15 juillet, de 8 h. à midi et de 2h. à 6h. Les membres de la Société botanique peuvent y consulter les livres, brochures el périodiques, et y travailler. 2, Les membres de la Société botanique peuvent en tout temps obtenir le prêt des livres de la Bibliothèque, à Pexelusion des pério- diques, soit en venant s'inscrire sur le registre déposé à Pinstitut, soil en demandant le prêt par correspondance. Dans ce dernier cas, les livres leur seront envoyés aux frais de l'institut, S'ils résident dans le canton de Genève. 9. Il ne sera prêté que deux volumes à la fois et la durée du prêt ne pourra dépasser huit jours. L’emprunteur pourra demander une pro- longation, qui sera accordée si le livre ne fait pas besoin. Le renvotï esl aux frais de l'emprunteur. 4. Toute annotation est interdite; les dommages causés sont à la charge de Pemprunteur. RÈGLEMENT du BULLETIN de la SOCIÉTÉ BODANIQUIE (Revision du Réglement du 11 janvier 1909, page 6 du Bulletin, Volume l':; adopté en séance du Comité, le mercredi 9 février 1916) ARTICLE PREMIER. — Le Bulletin a pour mission la publication des Comptes rendus des séances et celle de mémoires originaux. IL est publié par une Commission de Rédaction de sept membres, dont font partie de droit le Président et le Trésorier de la Société. ART. 2. — La Commission de Rédaction est nommée pour une année par l'assemblée ordinaire de janvier qui désigne, en outre, dans le sein de cette commission, un Directeur du Bulletin et un Secrétaire de la Rédaction. Le Directeur du Bulletin convoque la Commission eten dirige les travaux; il est tenu de la réunir à la demande de la majorité des membres de la commission. Le bureau du Bulletin doit fournir chaque année, dans la règle à la séance de janvier, un rapport sur la marche du périodique. ART. 3. — Le PBullelin paraîtra annuellement en neuf fascicules. I sera distribué gratuitement aux membres de la Société et aux Institu- tions correspondantes. Le prix de Pabonnement, pour Pannée 1916, est de 10 fr. pour la Suisse et de 12 fr. 50 pour les pays de l'Union postale. Arr. 4. — Les auteurs de communications présentées en séance, mais dont le travail ne ferait pas l’objet d’un mémoire spécial admis à être publié in extenso par la Commission du Bulletin ont droit, sur: leur demande, à Vimpression d'un résumé de leur communication. Deux pages du Bulletin, au maximum, peuvent leur être accordées par la Direction. (2) RÈGLEMENT DU BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE 21 AT. o. — Le bureau de la Commission de Rédaction est chargé d'assurer lPunité typographique du recueil. se réserve le droit de faire abréger les manuscrits et tranche toute contestation. Arr. 6. — Les inanuserits devront être écrits très lisiblement, ou mieux, recopiés à la machine à écrire, faute de quoi Pimpression de leur travail pourra être refusée ou ajournée. Les remaniements et les figures sont à la charge des auteurs. Ces derniers recoivent, en double exemplaire, une épreuve de leur travail qui doit être corrigée et retournée au Secrélaire-Rédacteur dans le délai de trois jours. ART. T. — Le Bulletin prévoit la publication de mémoires émanant de botanistes étrangers à la Société. Ces travaux devront satisfaire aux conclitions du présent règlement el la Direction du Bulletin fixera la part des frais incombant à leur auteur. ART. 8. — Les ressources du Bulletin provenant en premier lieu des cotisations des sociétaires, assemblée plénière de janvier vote un budget de contribution pour l’année courante, selon préavis du Directeur du Bulletin. ART. 9. — Des subsides étrangers aux cotisations des sociétaires peuvent être admis comme auxiliaires de la publication du Bulletin ; toutefois, en aucun cas, ils ne sauraient être considérés comme enga- veant pour l'avenir la Commission de Rédaction vis-à-vis d'offres de publication des donateurs. Un Bégonia nOoOUûUvVEAt PAR C. DE CANDOLLE (Communiqué en séance du 10 janvier 1916) Au cours de sa récente exploration de la province de Misiones en Argentine, M. le Docteur Hassler à récolté un Bégonia nouveau qu'il Fig. 1. — BEGONIA HASSLERI C. DC. — 1 : extrémité d’un rameau à l’anthèse (réd. ?/1); 2: fl. © (K 2); 3 : une branche de stigmate (X6) avec papille stigmatique glanduleuse en g (X 32) ; 4: semence (X 52) ; 5: étamine (K 10). a bien voulu me communiquer et que je décris ci-après sous le nom de Begonia Hassleri. W rentre dans la section Begoniastrum Alph. DC. et bo (OT (2) C. DE CANDOLLE. UN BÉGONIA NOUVEAU c’est une espèce intéressante en ce qu’elle à des capsules munies de poils, caractère qui ne se rencontre que chez un nombre assez restreint de Bégonias. Begonia Hassleri C. DC. n. sp.; ramis villosis ; foliis sat longe petiolatis, limbo transverse ovato-acuminalo basi cordato, margine serrato dentibus subulatis, utrinque piloso; cymis paucifloris villosis ; floris masc. sat longe pedicellati sepalis 2 rotundatis integris, subtus basi pilosis, petalis 2 oblongo-obovatis integris glabris, staminibus liberis toro insertis, antheris oblongis filamenta brevia pluries supe- rantibus connectivo ultra thecas rotundato; floris fem. basi bracteolis 2-3 e basi cuneata obovatis subtus pilosis supra glabris margine longe ciliatis fulti lobis 9 rotundatis fere æqualibus, integris et glabris, stilis 3 persistentibus basi brevissime connatis, bifidis, laciniis spiraliter papilliferis, papillis basi antice continuis, ovario piloso 3-loculari, placentis bipartitis lamellis utrinque ovuliferis, capsulæ ellipticæ 3-alalæ pilosæ ala maxima triangulari apice horizontaliter attenuata, alis aliis marginiformibus. Caulis erectus ramosus, in sicco ruber, usque ad 9 mm. crassus. Limbi in sicco membranacei, usque ad 7 cm. longi et 5 cm. ati, sto- mata in facie infera 5-6-glomerulata, cystolitha nulla. Petioli usque ad 6,9 em. longi in sicco rubri. Floris masc. pedicellus circiter 8 mm. longus, sepala 7 min. longa et TT mm. lata, petala 7 mm. longa el usque ad 2,5 mm. lata, antheræ 2,5 min. longæ rimis lateralibus dehi- scentes ; floris fem. bracteolæ 5 mm. longæ, lobi in vivo rosei, 3 mm. longi et 4 mm. lati, capsulæ 11 mm. longæ ala maxima superne 5 mm. lata. Missiones argentinæ, San Ignacio : E. Hassler, n° 460. Les stomates du 7 hea sinensis et une nouvelle méthode pour reconnaître les falsifications du the PAR Laurent REHFOUS (Communiqué en séance du 14 février 1916) En étudiant les stomates des Célastracées, jai été amené à examiner ceux des familles voisines, les Ternstræmiacées entre autres. Les stomates que l’on trouve sur les feuilles des Ternstrœmiacées el sur celles du genre Thea plus spécialement sont si caractéristiques, qu'ils peuvent fort bien servir à distinguer le thé de ses falsifications. Les différents auteurs qui se sont occupés de l'examen du thé, au point de vue anatomique et de ses falsifications, n’ont donné que peu d’im- portance à la structure de l’épiderme en général et des stomates en particulier. En effet Macé! nous dit seulement: € Les stomates ont une disposi- lion caractéristique qui peut se retrouver cependant dans les feuilles d’autres plantes de la même famille ; ils sont entourés généralement par trois cellules plus petites que les autres et allongées tangentiellement.» I ne dit pas un mot des caractères que présente le stomate en coupe Lr'ansversale. TScHIRCH et (ŒSTERLE? aussi, dans leur atlas de Pharmacognosie, nous parlent des stomates, ils décrivent Postiole qui est très large, ce qui provient des becs qui restent éloignés Pun de Pautre. Le dessin (PL 3, fig. 12) qu'ils donnent de la structure du stomate en coupe transversale n’est pas précis, les caractères que je décrirai plus loin ne sont pas représentés. Ils attirent l’attention sur le caractère aussi indiqué par MAGÉ (trois cellules annexes) et ajoutent que la dimension des stomates vus de face ! Mack. Les substances menaces étudiées au microscope, Paris (1891) p. 582. = TscHIRCH et ŒSTERLE. Anatomischer Atlas des Pharmakognosie und Nahrungsmittel- kunde, 1 (1895) Taf. 3, Fig.12. LL) L. REHFOUS. LES STOMATES DU THEA SINENSIS 95 est normale ; on la retrouve semblable chez toutes les feuilles servant à la falsification, sauf cependant chez Sambucus et Rosa où les stomates sont plus gros. Dans le Bulletin des Sciences pharmacologiques, PERROT et Goris! ont présenté un travail sur la fleur de thé où ils exposent les caractères anatomiques de ces fleurs ; celles-ci, utilisées pendant un certain temps, ne le sont presque plus aujourdhui. Ils représentent (p. 394) le dessin d'une coupe transversale dans un sépale d’une fleur de thé; ils n'indiquent pas la présence des stomates, mais parlent seulement des cellules seléreuses qui donnent à ces pièces leur dureté, caractère que Pon retrouve chez toutes les Ternstræmiacées. Or, non seulement les stomates existent, mais ils présentent les mêmes caractères que ceux rencontrés chez les différentes espèces de Thew. Autrefois, alors que les thés se vendaient à des prix élevés, par suite des frais de transport, les falsifications étaient nombreuses ; on utilisait les feuilles de familles bien différentes; MACÉ nous cile deux cas : ou bien les feuilles étaient ajoutées par fraude, en Chine déjà, on trouvait alors mélangées aux feuilles de thé, celles du Camellia, du Chloranthus inconspicuus, où bien, et c'était généralement le cas, les falsifications se faisaient en Europe. On a alors signalé la présence dans le thé, de feuilles d’un grand nombre d'espèces de nos pays, comme par exemple, pour n’en citer que quelques-unes, les Cratægus oxyacantha, Rosa canina, Epilobium augustifolium (hé russe), Fraxinus excelsior, Faqus sylvalica, Veronica officinalis, etc. La seule feuille que lon ait utilisée comme falsification et qui ait une grande analogie avec celle de Thea, est celle du Camellia ; Camellia et Thea étant de la mêmie famille, cela n’a donc rien d'étonnant; le prin- cipal caractère qui jusqu'ici permettait de les distinguer, était la forme des cellules -pierreuses; on sait, en effet, que ces cellules se trouventen abondance dans les feuilles du Thea, où elles traversent la plus grande partie du parenchyme lacuneux, or, chez le Camellia, ces cellules pier- reuses sont plus courtes, plus ramassées et ne touchent pas les deux épidermes. Chez Chloranthus, comme dans toutes les autres falsificalions, ces cellules scléreuses manquent. En étudiant les stomates du Thea sinensis (fig. 1 et 2), j'ai constaté la présence d’un caractère nouveau ; en effet, les cellules de bordure 1 Perror et Goris. Bulletin des Sciences pharmacologiques, XIV (1907) 392. — Je dois ces renseignements bibliographiques à M. le Prof. A. LENDNER Fig. 1 et 2: Thea sinensis : fig. 3: Thé Java: fie. 4: Thé impérial; fig. 5: Thé vert Mongolie: fie. 6: Thé Ceylan; fig. 7 : Thé vert Schangaï; fig. 8: Thé noir Souchong ; fig. 9: Thé jaune chinois; fig. 10: Thé Pecco; fig. 11 : Thé russe Caucase occidental; fig. 12: Thé Congo: fie. 13 et 15: Camellia ; fig. 14 : Sépale Thea sinensis. (4) L. REHFOUS. LES STOMATES DU THEA SINENSIS 27 possèdent sur la partie interne une couche de cutine fort bien marquée, qui se prolonge en un deuxième bec; ces becs, en s'appliquant Fun contre l’autre, ferment les stomates; ceux-ci n'utilisent donc plus les becs supérieurs, d'où lexplication de cette remarque faite par TSCHIRGH et ŒSTERLE : «L'ostiole est très large, ce qui provient des becs qui restent éloignés Pun de Pautre. De plus, jai constaté une espece de gélification de la paroi externe supérieure des cellules annexes et des cellules épidermiques en général. J'ai voulu savoir si ces caractères étaient constants chez les différents thés employés dans le commerce. Aussi les ai-je passés en revue et voici leurs principaux caractères : les stomates du Thé Pecco (fig. 10) possèdent une cutinisation déjà bien marquée (indiquée dans nos figures par un trait noir) avec formation des crochets caractéristiques ; les cellules annexes ont des proliférations presque nulles, la chambre sous-stomatique est done très grande, ceci s'explique par le fait que le Thé Pecco est formé de jeunes bourgeons. La péricline externe des cellules annexes m'est pas épaissie-célifiée, Les autres cellules épidermiques non plus. Le Thé de Ceylan (ig. 6) est formé de feuilles plutôt jeunes, je mai {trouvé que peu de stomates définitivement constitués, cependant jen ai rencontré quelques-uns ; la cutinisation est moins forte, les crochets, quoique moins marqués, sont cependant bien visibles, les proliférations des cellules annexes sont nulles, Pépaississement caractéristique de leur partie supérieure également. Le Thé de Java (fig. 3) formé de feuilles de grandeur moyenne, de mème que le Thé noir (Souchong) (fig. 8) présentent également les deux caractères cités plus haut (présence des crochets et épaississement de la partie supérieure des cellules annexes). On les retrouve d’ailleurs, fort bien marqués, dans les autres thés, constitués de feuilles âgées, comme le Thé tmpérial (ig.#), le Thé Congo (fig. 12), le Thé russe du Caucase occidental (ig. 11), le The verl de Schangaï (fig. 7), le Thé jaune chinois (ig. 9), le Thé vert de Mongolie méridionale (fig. 5), de même que dans les sépales du Thea sinensis, où ils sont tout aussi bien marqués. Quant aux falsifications, je n’en ai examiné qu'une, la seule qui ail vraiment quelque intérêt parce que se rapprochant du Fhea par d'autres caractères (présence de cellules seléreuses entre autres), le Camellia (fig. 13 et 15). Or, si l’on examine la coupe transversale d’une de ses feuilles, on remarque des stomates d'aspect différent de ceux des Thea ; la cutini- 28 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (9) sation est ici fortement marquée, cependant je n'ai constaté la présence que de crochets extrèmement peu développés, sans rôle apparent, je n’en ai pas rencontré comme chez les Thea, appliqués lun contre l'autre ; pas d’épaississement caractéristique de la péricline externe des cellules annexes ; celles-ci, par contre, prolifèrent fortement dans Ja chambre sous-stomatique qui se trouve ainsi très réduite et dans bien des cas complètement obstruée ; ces occlusions rappellent beaucoup celles du Thea sinensis. ar contre,les périclines externes des cellules épidermiques du Camellia Sont fortement épaissies. Magda HEILBRONN À, dans son travail cité plus haut, à reconnu que les épaississements des cellules de bordure et des cellules annexes, sont en partie lignifiés et non pas seulement cutinisés, comme le prouve le réactif employé. En tout cas je mai pas, pour ma part, rencontré de cellules annexes épaissies ainsi qu’elle le ligure dans son travail ; de plus la figure représentant une coupe L'ansversale d'un stomate de Camellia (p. 24) ne me parait pas très exacte. Dailleurs ce type de stomates n’est pas tout à fait nouveau. M. RYNIEWIECKP, dans un travail sur les stomates, en à figuré un qui s’en rapproche beaucoup. C’est le stomate du Brexia madagascariensis (PL 5, fig. 43), là aussi la fermeture se fait au moyen des becs inférieurs. Je dois ajouter que pour avoir un résultat absolument satisfaisant, les coupes doivent être très minces et traitées par le réactif genevois; les charnières surtout sont difficiles à voir. En résumé, vu la constance des caractères cités plus haut et étant donné Paspect différent des stomates du Camellia, il en résulte qu’on peut fort bien utiliser ceux-ci pour distinguer les feuilles de thé de ses falsifications. * HeILBRONN, Magda. Die Spaltüfnungen von Camellia japonica L. Ber. d. d. bot. Gesells. XXIV (1916). ? B. H. RYNIEWIECKI. Æin neuer typus der Spaltüffnungen bei den Saxifragaceen, Cracovie (1912), Bulletin de l'Académie des Sciences. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DR ES UISSE PAR F. DUCELLIER (Communiqué en séance du 13 décembre 1915) PREMIÈRE PARTIE Depuis la publication de mon Cataloque des Desmidiacées de La Suisse? et de mes £tudes criliques sur quelques Desmidiacées®, Pexploration de plusieurs stations du Bassin du Léman et du Rhône supérieur m'a permis de récolter un certain nombre d'espèces et de variétés dont plusieurs n’ont pas encore été signalées en Suisse. D'autre part, quel- ques correspondants ont eu lobligeance de nrenvoyer des préparations et des récoltes, tant du Valais que de quelques stations de la Suisse orientale. Les localités explorées, à plupart montagnardes, différant entre elles par la nature géologique du sol et par d'autres conditions : altitude, climat, flore pharénogamique, etc., j'ai pensé qu'il y aurait peut-être quelque intérêt à ne pas différer trop longtemps la publication des résultats acquis, la dispersion des Algues et, en particulier, des Desmidiacées, dans notre pays, étant encore peu connue. On à beau- coup médit des Flores locales; elles ont cependant leur intérêt, car ce n'est que lorsque les observations, faites dans des conditions œcologi- ques variées, seront très nombreuses qu'il sera possible de faire une synthèse et de se rendre compte S'il existe des espèces réellement alpines ; si d’autres préfèrent décidément les eaux de plaine ; siles unes sont exclusivement calcicoles ou silicicoles; si d'autres ne vivent que sur la tourbe; si certains groupements d'espèces se rencontrent tou- 1 Annuaire du Conservatoire et du Jardin botaniques de Genève, vol. XVIII, p. 1-66. 2 Bulletin de la Société Botanique de Genève, 2me série, vol. VI (1914), no 2. 19 30 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE ( jours dans les mêmes conditions; s'il existe des variations de laille, de forme, d'ornementation en rapport avec les différences de milieux, ete. J'aurais pu grouper les observations qui suivent et gagner ainsi beaucoup de place, mais j'ai préféré faire une petite monographie de chacune des stations explorées, afin de faire mieux ressortir le cachet spécial de chacune d'elles au point de vue de la flore desmidiologique. Les localités que je passerai successivement en revue sont, dans la Vallée du Rhône : 1. Les tourbière des Tenasses-Prantin (Alpes vaudoises) ; 2. le Col du Simplon ; 3. la vallée de Zermatt; quelques tourbières du Massif de la Dent de Moreles, les étangs de Lens- Montana, les hautes tourbières alpines du Galvernbord (rive gauche du glacier d’Aletsch), de la vallée de Conches et du Grimsel viendront ensuite dans une deuxième partie. Aves les stations, déjà mentionnées dans mon Catalogue, du lac Champex, de Louvie (Val de Bagnes) el les études de L. Virer sur la vallée de Trient et de Salanfe, toutes ces localités nous donneront, j'espère, un apercu assez complet de la flore desmidiologique du Bassin supérieur du Rhône. Des Alpes erisonnes, j'étudierai les Desmidiacées de la haute station de Muottas Celérina, que je dois à l'obligeance de M. H. Gas, de Zurich, à qui je suis redevable aussi de matériaux du massif de la Dent de Morcles et de quelques localités de la plaine valaisanne. Qu'il me permette de lui témoigner ici mes sentiments de vive gralitude. Jai laissé provisoirement de côté quelques espèces à diagnose douteuse el notamment plusieurs Staurastrum. Dans ce genre difficile, j'ai estimé qu'il était plus sage de m'abstenir encore jusqu'à ce que la monographie, en cours de publication, de MM. WEsr, soit venue, avec ses descriptions précises et ses admirables planches, apporter un peu de clarté dans un dédale de formes compliquées, éparses dans une foule de publications et trop souvent dessinées dune facon inexacle où peu suggestive. I. TOURBIÈRE DES TENASSES-PRANTIN (Les Pléiades, Vaud) (Allas lopographique de la Suisse, feuille 457. — Die Moore der Schweiz, par J. FRüH et C. SCHR&TER, 1904, p. 704.) La Lourbière des Tenasses-Prantin est située à environ deux kilo- mêtres au NNW des Bains de lPAlliaz, dans la dépression qui sépare les (3) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 21 Pléiades de la croupe (1364 mèêt.) s'étendant du Mont-Brion (1428 méèt.) au Plan Châtel (1515 mèt.). Le petit plateau sur lequel elle repose (alt. 1922-1126 mél.) forme la ligne de partage des eaux entre la Baie de Clarens et la Veveyse de Feygire. Longue environ d'un kilomètre, sur deux cents à deux cent cinquante mètres de largeur, on peut diviser schématiquement cette tourbière en deux zones : Pune, située au Nord, dans laquelle la tourbe à été exploitée et où subsistent des canaux et fossés remplis d'eau stagnante:; lPautre, plus au Sud, légérement en pente, est couverte dun profond tapis de Sphagnum, véritable éponge où, suivant l’époque de l’année, il est fort difficile de s'aventurer. Dans cette partie, coulent quelques petits ruisseaux, à cours assez rapide, bordés de mousses riches en espèces aimant les milieux aérés, Le profil de cette tourbière est, d'après J. Krün et C. SCHR&TER, le suivant : «1. Hochmooredecke, mail Rhododendron [errug. Sphagnum cymb. Sphagnum acul., Andromeda, Oxycoccus. « 2. Un metre /ypisches Vaccinelo-Erioph.-Sphagnelunr. «3. Un mèêtre et demi schwartes, kompaktles Caricelo-Arundinelum mil breilen Sehilrhizomen und Birkenweigen ; Brenntorf (combustible). « 4. Quarante centimètres Lehm (terre glaise). Ce profil montre bien les diverses étapes de cette formation : le dépôt d'argile glaciaire, le marais {Ælachmoor) el enfin la tourbière {Hochmoor). Au-dessous de ce dépôt glaciaire se trouve une couche de Flysch, reposant sur le Néocomien, continuation de la zone de Flysch du Niremont et des Corbettes. À l'époque où je visitai cette tourbière (10 mai 1915), landis que plus bas, autour de Blonay et jusqu'à Fayaux (1060 mêt.), les narcisses étaient en fleurs, la tourbière avait encore son aspect hivernal: la neige persistait dans les creux et la glace couvrait quelques mares dune couche d'un centimètre ; les fossés de la partie anciennement exploitée de la tourbière étaient, par contre, libres de glace. Genre NETRIUM N£GELi, 1849 (Wesr W, et G. S., Brit. Desmid. 1, p. 65) 1. Netrium Digitus (EurENe.) lrziGs et Rorne. Très abondant. Long. 140-173 w; lat. 41-50 y. *9, Netrium Digitus (EnRENB.) [rzIGS el ROTHE, forma ad Penium Digitus (EMRENB.) RALES 8 ventricosum LAGERH. accedens (WiIT- Les espèces précédées d’un * sont probablement nouvelles pour la Suisse. D BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) rrock, NORDSTEDT et LAGERHEIM, Algæ aq. dulc. exsice. fase. 35, p. 20, fig. D). Quelques exemplaires seulement. Long. 185 w; lat. 50 y; lat. apic. 23 y (Hg. D). ë | Genre PENIUM Prés. 1844 (West W. et G. S. loc. cit. [, p.11) à 3. Penium polymorphum Perry, Kleinst. è Lebensf.. 1852, pl. 16, fig. 15. En petit nombre. Long. 42-43 w; lat. 20 y. Genre CLOSTERIUM Nirzscn, 1817 4. Closterium Striolatum KEHRENB. Abon- dant. Long. 240-310 w; lat. 23-35 y. 5. Closterium Dianæ EurENB. (WEsr, loc. Re D Co en ON ie ED) Cellules décrivant un arc de 1152 (courbure extérieure) et s'atténuant graduellement du milieu au sommet. Bord dorsal de lapex légèrement aplati, avec épaississement de la paroï à ce niveau. Paroï cellulaire inco- lore, lisse. Une seule rangée de six pyrénoides. Vacuole terminale contenant de nombreuses granulations mobiles. Long. 120 w; lat. 12 w. Bien que la taille de ces Closterium soit de moitié plus petite que celle attribuée à CL Dianæ {vpicum, j'ai estimé qu'il convenait de classer ces échantillons dans cette espèce, comme variété minor, en raison de la forme caractéristique des pointes, forme tout à fait comparable à celle décrite et figurée par MM. WeEsr. 6. Closterium parvulum N&GELI, Gatt. einz. Alg. 1849, p. 106, pl. VI C, fig. 2. Très fréquent. Long. 100-120 y; lat. 12-14 y; courbure 116-1206. 1. Closterium Jenneri RALrS, Brit. Desm.. 1848, p. 167, pl. XXVITIE, fig. 6. Celle espèce, tout à fait caractéristique par la forme spéciale de la courbure des cellules, n’était représentée que par un nombre très restreint d'exemplaires. Une seule rangée de six pyrénoides. Une et parfois deux granulations mobiles dans la vacuole terminale. Long. 100-115 y; lat. 14-18 y. Peut-être, en raison de leur grande taille, devrait-on classer ces échantillons dans une variété major. (3) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE * 8. Closterium spec. ad Cl. Siliqua Wesr W. et G. $., loc. cit., p. 194, pl. XIX, fig. 6, accedens. Cellules légèrement courbées, bord dorsal décrivant un are de 48 à »0°, bord ventral très légèrement concave; les deux bords presque parallèles au centre de la cellule, ensuite graduellement atténués vers le sommet, étroit, subtronqué, arrondi, parfois un peu recourbé vers le bord dorsal. Paroï cellulaire lisse et incolore ; huit pyrénoides ; un seul gros eranule mobile dans la vacuole terminale. Long. 210 w; lat. 25 y. 9. Closterium Lunula (MüLL.) Nirzscn var. biconvexum SCHMIDLE, Beitr. zur alpinen Algenflora, 1895, p. 309, pl. XIV, fig. 18. Cellules tout à fait semblables, comme contours et dimensions, à celle fisurée par SCHMIDLE (loc. cit.). Chromalophores remarquables par leurs nombreux pyrénoides dispersés sans ordre apparent et par la dentelure des bords de leurs bandeletes qui rappelle celle des Netrium. Dans un cas, ces dentelures étaient soudées entre elles, ce qui donnait au chromatophore une apparence spongieuse très particulière. Rare. Long. 210 y; lat. 25 y. 10. Closterium decorum BRÉB. (WEST W. et G.S., loe., cit. tome [, p. 184-186, pl. XXV, fig. 2.) Bord dorsal décrivant un arc de 96 à 98°; paroi cellulaire légèrement brunâtre, très finement striée. Série linéaire de six pyrénoides. Nombreux granules mobiles dans la vacuole terminale. Peu abondant. Long. 2178 w; lat. 22-23 y; lat. apic. 5-6,5 y. 11. Closterium rostratum EHRENB. (WEST W.etG.S.,loc., cit. tome [, p. 188-189, pl. XX VE, fig. À à 4.) Tres abondant. Long. 250 y; lat. 20 w; lat. apic. 3-3,9 w. Genre PLEUROTÆNIUM Nec, 1849 12. Pleurotænium trabecula (EnRENB.) NEc. Assez abon- dant. Long. 400 y; lat. 55 w. Genre TETMEMORUS haALrs, 1844 13. Tetmemorus Brebissonii (MENEGH.) RALES. Commun. Long. 148-152 y; lat. 30-32 y ; lat. isth. 21-22 y. Genre EUASTRUM EurEenr., 1832 14. Euastrum oblongum (GREV.) RALFS. Commun. Long. 145-178 w; lat. 14-93 y; lal. isth. 21-28 w. ‘) r » x T= G) € RE = , 9 REC = { Q BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3 parus le 20 juillet 1916. SE BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) Euastrum ansatum RALES, typicum. Commun. Long. 80-82 w; lat. 40 y; lat. isth. 13,5 w. 16. Euastrum insigne IAss. Assez fréquent. Long. 105-118 3; lat. 57-58 y. Euastrum bidentatum N#&GELi, 1849 (WEST W. el G. loc. cit, tome IT, p. 39, pl. XXXVIL, fig. 16.) Assez abondant. Long. 50 u; lat. 33-34 w; lat. isth. 10-12 w. 18. Euastrum dubium NE#c6. forma. Les quelques exemplaires observés m'ont paru être des intermé- diaires entre £. dubium NÆG. (WEST Il, pl. XXXVIL, fig. 5-6) et £. denticulatum (KIRCHN.) GAY, forma BORGE, Algenflora fee von Schweden 1906, p.25, pl. 2, fig. 5. Is se rattachent : \. cependant mieux à la première de ces espèces par leur à & vue du sommet et leur ornementation. Ils n’en diffè- rent que par les lobes latéraux inférieurs dont Pangle supérieur, légèrement projeté en dehors, porte une Fig. ? oranulation conique rappelant un peu Pépine de Z. di- varicatum Lund. (Fig. 2.) Long. 32 y; lat. 21 y; lat. isth. 6 y. 19. Euastrum elegans (BRÉB. )Kürz. (WEsTiWe et GS M0: cit. Il, pl. XXXVIIT, fig. 17.) En petit nombre. Long. 39 w; lat. 20 u; lat. isth. 6,9 y. * 90, Euastrum binale (TURP.) EHRENB. forma RALES, Brit. Desm., pl. 14, fig. à C, . secta TURNER Freshw. Alg. E. India, 1895, p. 81 (WEST W. :. G. S., loc-cit. I, p. 53, pl. XXXVIIT, fig 130/)"Assez rare. Long. 17 u; Li 11-12 y. Genre MICRASTERIAS AG., 1827 21. Micrasterias truncata (CORDA) BRÉB. Long. 110 w; lat. 108 y; lat. isth. 28 w. 22. Micrasterias papillifera BrÉéB. Nombreux exemplaires en voie de multiplication par division. Long. 130 y; lat. 118 5 lat. isth. 24 y. 23. Micrasterias denticulata BRék. Long. 285 u; lat. 253 y: lat. isth. 40 w. Genre COSMARIUM CorbA, 1834 21. Cosmarium pachydermum LUNDELL, Desm. Suec., 1871, pH DIN no US Long. 110 y; lat. 78 w; lat. isth. 40 LL (1) EF. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 39 2%. Cosmarium cyclicum LUNDELL, Desm. Suec., 1871. *\a)typicum LUNDELL, loc. cit., fig. 6 d, pl. IT: (Fig. 3.) Long. 50 y; lat. 59 w; lat. isth. 20 y. * b) var. arclicum NORDSTEDT, Desm. ex Insulis Spetsberg, 1872. p- 31, pl. VL fig. 13. (Fig. 4) Long. 59 w; lat. 60 y; lat. isth. 20 y. Un des exemplaires avait une paroi épaisse et la crénelure de l'angle inférieur de la demi-cellule, au lieu d'être simplement émarginée comme les autres, était munie de deux granules transparents. e) var. Nordstedtianum (REINSCH) WEsr W. et G. S., Brit. Desm. IE, p. 147, pl. LVIIL, fig. 12. (Fig. 5.) Long. 90 w; lat. 55 3 lat. isth. 20 y. Quelques échantillons étaient des formes mixtes entre cette variété et la précédente. (Fig. 6.) Fis. 6 26. Cosmarium tinctum RALrs, var. énlermedium NORDSTEDT, Freshw. Alg. New Zealand and Australia, p. 188, pl. VIE fig. AT. Long. 12 y; lat. 9 w; lat. isth. 5,5 y. 90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) 97. Cosmarium granatum BREÉB. Assez commun. Long. 28 u; lat. 19-20 w; lat. isth. 9 w. 98. Cosmarium spec. ad Cosmarium sublumidum Norpbsr. forma minor BoRGE acced. (BORGE 0., Beitr. z. Algenfl. von Schweden, 2, 1948; p-418 plier) Ces Cosmarium, très abondants dans cette localité, font partie d’un groupe dont les vues frontales sont assez semblables el qui ne se dis- tinguent que par la vue du sommet. Chez Cosmarium sublumidum et ses variétés, la vue du sommet est elliptique. Cosmarium Phaseolus et sa variété elevalum Norpsr., Norges Desmid., 1873, p. 17, pl. L fig. 9, qui ressemble aussi, comme contours de la face frontale, à mes échan- tillons, porte au milieu de la vue du sommet une protubérance carac- téristique. Mes exemplaires du Prantin mont pas tous une vue du sommet parfaitement elliptique; parfois le centre est plus où moins enflé et l'incertitude persiste sur la diagnose à assigner à ces cellules. Ce sont là des espèces créées sur des caractères assez variables et quelque peu subtils; leur valeur est entièrement livrée à l'appréciation personnelle de lobservateur, de sorte qu'un point d'interrogation subsiste toujours en face de ces formes déconcertantes. (Fig. 40). Long. 26 y; lat. 26,9-27,5 y; lat. isth. 11 w. 29. Cosmarium galeritum NORDSTEDT, Symb. ad Flor. Brasil. centralis, 1887, pl. II, fig. 26. Les échantillons de Prantin (fig. 7), peu nombreux, sont moins larges que celui figuré par NORDSTEDT ; ils cConcordent mieux avec la fig. 25, pl. LXITL, de WEsr W. et G. S.. Brit. Desmid., tome IF. Leur taille est légèrement plus grande; en particulier l’'isthme est un peu plus large. (Fig. 7). Long. 99-65 y; lat. 45-53 y; lat. isth. Fig. 7 MERE 30. Cosmarium pyramidatum BRÉB. Assez commun. Long. 82-85 w; lat. 47-50 y; lat. isth. 18 y. 31. Cosmarium Holmiense var. énlegrum LUNDELI, Desm. Suec., 1814, p.49; Sous le nom de £uastrum integerrimum, NÆGELI (Gatt. einz. Alg., 1849, p. 119, pl. VIE, fig. A) a figuré une espèce, trouvée près de Zurich, qui paraît bien se rapporter à Cosmarium Holmiense, var. integrum LuND. Les variations de cette espèce sont assez nombreuses, (9) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE sl comme la montré O. BoRGE (loc. cit. p. 16), ainsi que les formes intermédiaires entre les diverses variétés. L'espèce, abondamment représentée dans la tourbière de Prantin (fig. 8) répondait aux figures publiées par REINSCH, Contrib. ad Alg. et Kung, Sr DE EXT LION R STD ANA E NorDsTEDT, Desm. ex Insul. Spetsberg et surtout à la forma major de O. BorGE, Beitr. z. Algenfl. von Schweden, 2, 1913, p. 16, pl. L, fig. 10. Cette forme & ressemble aussi beaucoup, comme contours, à Cos- marium cucumis à incisa de JACOBSEN (Desm. Dane- mark, 1879, p. 200, pl. VIII, fig. 22 F, ainsi qu’à Cosmarium incisum RACIBORSKkI, De Nonnulis 2 Kio. 8 mid. quæ in Polon. inv. sunt, 1885, p. 14, pl. X, . Mais, d'après RAcIBORSKI, cette espèce à des chromatophores par . comme c’est le cas chez Cosmarium cucumis (CORDA) RALES. La plupart des auteurs se bornent à mentionner pour cette espèce un seul pyrénoide, sans donner d’autres détails sur les chromatophores. W. et G. S. WEST, Brit. Desmid., IE, p. 1, indiquent pour Cosmarium Holmiense typicum un chromatophore axile; c’est aussi ce que j'ai vu, mais j'ajouterai que, chez plusieurs exemplaires étudiés, des bandes radiées partatent de l’axe du chromatophore (trois ou quatre visibles sur la face frontale) et venaient toucher, en Ss’épaississant, la face interne de la membrane cellulaire. Peut-être cette particularité a-t-elle pu induire en erreur et faire croire à des chromatophores pariétaux? Celte variété a déjà été signalée à Emaney (Vallée du Trient, Valais) par L. Virer; Pindi- cation à, malheureusement, été omise dans mon Catalogue. 32. Cosmarium Garrolense Roy et Bisserr, Scott. Desm., 1894, p. 101, pl. 2, fig. 4. Cosmarium alpinum (RAGIB.) DE Tont var. helvelicum ScuMibLe, Alg. Bern. Alp., 1894, p. 89, pl. VE, fig. 2; vide : W.et G.S. WEsT, Brit. Desmid. HE, p. 12 et Journal of Ban Mar, 1895, p. 67. Assez commun. Long. 21-28 y; lat. 21,9-23,5 y; lat. isth. 9 w. “99. Cosmarium notabile BRÉBISSON, Liste des Desmidiées observées en Basse-Normandie, 1856, p. 129, pl. EL, fig. 19. Cellules un peu plus longues que larges: demi-cellules tronquées pyramidales; côtés légèrement convexes, avec trois ondulations entre la base et le sommet ou à ondulations à peine marquées; angles infé- rieurs souvent presque rectangulaires, arrondis: angle apical arrondi. Vue de côté de la demi-cellule oblongue elliptique. Vue du sommel 38 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) elliptique, légèrement renflée au milieu. Chromatophore axile, muni de plusieurs bandes radiales et d’un seul pyrénoide. Long. 33,5 w; lat. 28,54; lat. isth. Il. 5-12 y. La forme de ces cellules rappelle celles figurées par WoLLE, Desm. U. S., 18992, pl. XIX, fig. 11 ; elles sont moins allongées et à bases plus larges que Pexemplaire de Wesr W. et G.S., Brit. Desm. IF, pl. LXVI, lie. 15; elles sont plus pyramidales que les formes presque rectangu- laires f. minor WIiLLE, Ferskvandalger fra Novaja Semlia, 1879, p. 36, pl. XIE, fig. 17 et que celles de BoRGE, Beiträge zur Algenflora von Schweden, 2, 1913, pl. I, fig. 8. Il est à remarquer, à propos de cette espèce, comme pour tant d’autres, qu'il est fort heureux que MM. WEsr aient figurée avec tout le soin qui caractérise leur monographie, car ce ne sont pas les figures de BRÉBISSON, avec leurs nom- breuses ondulations irrégulières, qui pourraient en donner une idée exacte. L’exemplaire de DE BaRY, Conjug., pl. VE, fig. 52, est déjà plus sugoestif; quant aux images de COMÈRE, Desmid. D R de France, 1901, pl. V, fig. 15 à et 15 b, le seul auteur francais qui, après BRÉBISSON, ait illustré sa description, seuls les yeux de la foi y recon- naitraient les caractères que Pauteur assigne à cette espèce. Les exemplaires de la tourbière de Prantin Fig. 9 (fig. 9) se rapprochent aussi de la forma media GUILWINSKI, Flora Glonow Okolie Lwowa, 1891, p. 39, pl. FE, fig. 10, par leur incisure plus étroite que dans le type et par la légère tuméfaction de la vue du sommet, mais ils en différent par la base plus large de la demi-cellule. : 54. Cosmarium tetragonum NE&GEL,. Gall. einz. Alg., 1849, PO pi ets: * a) forma LuNDELL, Desm. Suec., 1871, p.49, pl. IL, fig. 21 — var. Lundellii CookE, Brit. Desm., 1887, p. 98, pl. XXXVII, fig. 18 — JOHNSON, L. N., Some new and rare Desmids of the U. S. I, p. 294, pl. COXXXIT, fig. 21 — West W. et G. S., Brit. Desm. III, p. 18, pl. LXVE, fig. 23. Demi-cellules quadrangulaires où sub-quadrangulaires, légèrement rélrécies de la base au sommet; côtés avec une large ondulation mé- diane ; angles inférieurs rectangulaires et arrondis; angle supérieur légèrement projeté en dehors; apex convexe bi ou quadri-ondulé. Paroi cellulaire lisse. Un chromatophore axile contenant un seul pyré- (11) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 39 noide central. Cette variété qui est, en général, moins rare que le Lype, était bien représentée dans la tourbière de Prantin (fig. 10-17). Long. 41-46 y; lat. 26,5-28 y; lat. isth. 10 w. b) var. Davidsonii (Roy et Bisserr) WEsr W. et G. S., Brit. Desm. I, p.20; pl: EXVI, fig: 26: Cette variété diffère du type par ses côlés tri-ondulés, moins con- vexes, ses angles apicaux arrondis proéminents, ses petites granula- lions disposées en séries radiales en face de chaque ondulation. Ce «dernier caractère, visible seulement sur quelques exemplaires, manquait complètement sur la majorité des échantillons. Plusieurs de ceux-ci inontraient une variation consistant dans la réunion de deux ondula- tions inférieures en une seule. Chromatophore axile, avec un seul pyrénoide (fig. 12-13). Long. 39 w; lat. 25 w; lat. isth. 12 y. * 39. Cosmarium alpestre Roy et Bisserr, Scorr, Desm., 189#, p. 41, pl. I, fig. 6. (Wesr W. et G. S., Brit. Desm. IE, p. 24, pl. LXVIT, fig. 14) forma. Cette très rare espèce était représentée dans la tourbière de Prantin par de très beaux échantillons ne différant du Eype que par une cons- triction très légèrement plus forte. Ce sont de grandes cellules, un peu plus longues que larges, à constriction large et très peu profonde. Demi-cellules demi-cireulaires. Vue de côté sub-semicireulaire. Vue du sommet largement elliptique. Paroi cellulaire avec ponelualion très fine et très serrée qui s'arrête brusquement, sous forme dune ligne de points bien marqués, à quelque distance de Pisthme qui est lisse. Sous le nom de Dysphinetium ellipticum DELPONTE (Specimen Desnn. subalp., 1873, p. 230, pl. XXE, fig. 14, à décrit une espèce plus petite : 40 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (12) long. 68,4 w; lat. 54 y, qui parait être une variété minor de C. alpestre et un intermédiaire entre ce dernier et €. connalum (fig. 14). Dimensions moyennes de mes échantillons : Long. 94 y; lat. 13,2 y; lat. isth. 10-73 y. 36.Cosmarium connatum BRÉB. in RALES, Brit. Desm., 1848, DOS pe XVI ter Long. 106 w; lat. T4w; lat. isth. 02-03 y. 31. Cosmarium anceps ÉUNDELL; Desm.Suec: 18TPNp: 48, pl. LL, fig. 4. Long. 26,9-29 y; lat. 14,5-16 w; lat. ipic. 10 w; lat. isth. 8,5-9,5 w. 38. Cosmarium rectan- gulare GRUN. in RABENH. Flor. Europ. Ale. IT, 1868, p.166 ; Wesr W. et G.S., Brit. Desm. IT, p. 54, pl. EXX, fig. 1-2 (Cosmarium Gotlandicum WirrR. in COokE, Brit. Desm., 1887, p. 88, pl. XXXVIH, fig. 4). Long. 40-45,5 y; lat. 32-34 y; lat. isth. 12 y. 39. Cosmarium quadratum RALES forma WiLLEet, Wesr W. et G.S., Brit. Desm. I, p.99, fig. 24. — €. quadralum RALES forma WILLE Fersvandalger fra Novaja Semlia, 1879, p. 91, n0$ n° 195, pl. XI, fig. 21: — Disphinctium qua- dratum HANSG. forma SCHMIDLE, Beitr.z. Algenf]. des Schwarzw. und der Rheineben, 1893, p. 25, HMS pl AE 3 (er tS) Long. 59-63 y; lat. 35-38 y; lat .isth. 20-27 y. “40. Cosmarium Braunii REINSCH ex parte var. lobulalum SGHMibLE, Beitr. z. Algen- flora des Schwarzwaldes und der Rheinebene, 1895, p. 29, pl. IT, fig. FE à XV. (Didymium Brau- ni REINSCH ex parte, Algenfl. von Franken, 1867, p. 115, forma À «a majus, pl. X, fig. 3 a. — Cosmarium Meneghini BRÉB. var. e Braunit HANSGIRG, Prodomus der Algenfl. von Bühmen, 1886, p. 195. — Cosmarium Braunii forma major REINSCH, in WOLLE Desmid. U. S., 1892, p. 72 À, pl. XLVIII, fig. 28-29. — Cosmarium Meneghinii BRÉéB. forma, in West W. et G. S., Brit. Desmid. HE, p. 91. So M Fig, 15 (13) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 41 — Cosmarium Braunii REINSCH ex parte in MIGULA Kryptogamenflora, p. 437, pl. XXTIT, fig. 4.) Les formes que je classe sous ce nom spécifique étaient assez nom- breuses et se faisaient remarquer par la variabilité des ondulations des côtés latéraux de la demi-cellule. Les exem- plaires où les deux hémisomates étaient dis- semblables et paraissaient appartenir à deux variétés distinctes n'étaient pas rares. Mes échantillons étaient de tous points comparables à ceux de SCHMIDLE (loc. cit.) et je ne peux so x que souscrire à ce que cet algologue à dit à leur sujet (fig. 16). Dimensions moyennes : Long. 39,5 w; lat. 25 u; lat. isth. 8. Fig. 16 41. Cosmarium cælatum RALES (Wesr W.etG.S., Brit. Desm. MD MSA AMI Mon): C'est encore à MM. WEesr que la Desmidiologie est redevable de posséder enfin une description claire et une figuration précise de celte remarquable espèce. Quand on en consulte la bibliographie, on est étonné de constater combien elle avait été mal ou insuffisamment décrite et pauvrement figurée, à commencer par RALFS dont la des- cription peu claire ne concorde pas avec les figures de la planche XVII des Brit. Desm., 1848. Peut-être les variations considérables que peuvent montrer ces cellules sont-elles la cause de cette divergence dans les descriptions et la figuration. A côté du type si bien décrit et figuré par MM. Wesr et dont Pexemple fig. 14, pl. 1 se rapproche beaucoup, on peut rencontrer, en effet, de nombreuses variantes qu'il est cependant toujours facile de ramener par l’analyse à la forme Lype. Ces variantes, qui sont pro- bablement des cas accidentels, car il est rare d’en rencontrer plusieurs absolument semblables, différent du type : par la forme de la cellule, qui peut être sub-semicirculaire, carrée, hexagonale, ele.; par le dédoublement fréquent du lobe inférieur de la demi-cellule; par la position plus ou moins haute du lobule intermédiaire du lobe latéral: par la présence de dents à la place des granules des bords latéraux; par la disposition et le nombre des granulations de la face frontale. — Cosmarium cælatum était, dans la tourbière de Prantin, un des plus communs parmi les Cosmarium. À côté de la forme type (pl HE, fig. 1%) qui dominait, les formes aberrantes étaient fréquentes; javais fait La > Ÿ BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (14) même observation dans le malériel recueilli, soit en 1911, au Val Piora, soit en août 1915, au Col du Simplon, soit aussi dans une récolte de Muotlas Celerina (Grisons) obligeamment envoyée par M. H. Gams. J'ai pensé qu'il serait plus intéressant de réunir sur une même planche les exemples de variation provenant de ces diverses localités que de les décrire séparément. Toutes ces figures sont à la même échelle; je n'ai malheureusement pas réussi, pour plusieurs de ces cellules, à obtenir des vues latérales et du sommet assez exactes pour être publiées. Chromatophores axiles ; toujours un seul pyrénoide par demi- cellule. PLancue L : Val Piora (fig. 1-2-14). — Col du Sinplon (fig. 5-1-J). __ Tourbière de Prantin (fig. 6-8-10-11-13-15-16). — Muottas Celerina (lg. 9). 42. Cosmarium portianum ARcu. En petit nombre. Long. 37-38 u; lat. 28 y; lat. isth. 9 y. 43. Cosmarium Sportella BRéB. (West W. el G. S., Brit. Desmid. ILE, pl. LXXXIE, fig. 1. * 4) lypicum. Demi-cellules tronquées pyramidales; angles inférieurs largement arrondis; sommet fisse, largement tronqué, droit, avec angles légèrement projetés en dehors et le plus souvent émarginés. Paroi cellulaire couverte de granulations diminuant graduellement de volume de la périphérie au centre; sept à neuf granules visibles sur les bords de la demi-cellule, Au centre de celle-ci, existe un groupe de sept granulations entre lesquelles la paroi cellulaire est finement ponctuée. À ce niveau, la paroi est légèrement proéminente. Vue du sommet elliptique, un peu renflée au milieu. Chromatophore axile, muni de deux pyrénoides (fig. 17). Long. 44-50 y; lat. 18-38 uw; lab. isth. 13-13,5 pv. * D) Forme ad var. subdunum \VEST (loc. cit. p. 186) aeced. Sommet moins saillant; demi-cellule plus régulièrement pyrami- dale. Centre de la demi-cel- lule simplement ponctué (fig. 18). Long. 90 w; lat. 43 3 lat. isth. 13 y. 44. Cosmarium mar- garitiferum MENEGH. (WesT. W. et G. S.. Brit. DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE FLORE DUCELLIER. LA FR. (15) Planche I nr BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (16) Desmid., p. 199-203, pl. LXXXIIL, fig. 4-11). Formæ ad fig. 9 Wesr acced. Quelques exemplaires seulement. Long. 49 y; lat. 48 we; lat. isth. 15,5-16 y. 49. Cosmarium crenatum RALFS. Cette espèce. un peu variable sous le rapport du nombre des ondu- lations des bords latéraux, était assez commune dans cette récolte. La plupart des exemplaires observés avaient trois ondulations latérales (y compris l’angle basal de la demi-cellule) et répondent à la fig. 8, pl. VI de NorpStEDT, Desm. ex Insulis Spetsberg., 1872 et aux fig. 9 et 10 de WEsr W. et G. S., Brit. Desmid. IV, pl. XCVIIE. Quelques- unes avaient quatre ondulations, comme dans la fig. T b de RALES, Brit. Desmid., 1848, pl. XV et dans la fig. 7 de NORDSTEDT (loc. cit. pl. VD). Ce dernier cas provenait du dédoublement de lPondulation inférieure, dont la partie située à Pangle basal de la demi-cellule était le plus souvent mal développée. Enfin, chez plusieurs de ces Cos- marium, une des demi-cellules avait quatre ondulations bien développées, Pautre trois seu- lement. Le sommet de lhémisomate était toujours quadri-ondulé. Au centre de la demi-cellule, les six côtes généralement notées métaient pas tou- Jours visibles et, quand elles létaient, elles se Fig. 19 Fig. 20 montraient toujours diffuses et difficilement défi- nissables. Chromatophore axile, généralement avec un seul pyrénoide. Dans un cas, un des hémisomates avait un seul pyrénoide et l'autre deux (fig. 19-20). Long. 28-50 w; lat. 22-24; lat. isth. 10,5-12 LL 16. Cosmarium speciosum LUND. * a) var. simplex NORDST. forma éntermedia WiLLe, Ferskvandalger fra Novaja Semlia, 1879, p. 41, pl. XI, fig. 28. Cellules moins allongées, plus régulièrement elliptiques et à bords latéraux plus convexes que le type LüUNDELL Desm. Suec, 1871, p. 34, pl. HI, fig. 5. Demi-cellules semi-elliptiques, à angles inférieurs pres- que droits, à circonférence munie de quatorze crénelures ou ondula- lions arrondies. En regard de chaque ondulation : série radiale de trois granulations diminuant de volume de la périphérie au centre. Milieu de la demi-cellule glabre ou obscurément granulé. Sur un exemplaire, les quatre crénelures apicales différeraient des autres : les extérieures par la présence de deux granules angulaires, les deux médianes par leurs dimensions plus grandes et leur forme plus arrondie, ainsi que © (17) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE par un sinus séparafit plus aigu et plus profond (fig. 21-22). Chromatophore axile, muni gé- néralement dun seul pyrénoide. Un échantillon montrait un pyré- noide dans un hémisomate et deux dans Pautre. Fig. 21 Long. 48 u; lat. 34 3 lat. isth. 16-17 ve. * b) Forma ad var. biforme NORDSTEDT acced., Desm. ex [nsul. Spets- Der M2 D 0 DENT Es Cellules un peu plus grandes que les précédentes; douze à quatorze crénelures bi-granulées par demi-cellule; granules très transparents, à peine visibles; quatre séries radiales et concentriques de granules doubles, disposés en regard de chaque crénelure. Centre de la demi- cellule, au-dessus de listhme, occupé par neuf ou onze séries verticales de quatre à cinq granulations, assez souvent indistinctes. Vue verticale elliptique, largement renflée au milieu. Chromatophore axile, muni d’un seul pyrénoide. Cette variété, dont je nai vu que quelques exemplaires, se distingue du Eype décril par NORDSTEDT par sa taille plus petite, sa demi- cellule plus ovale, par le plus petit nombre d’on- dulations marginales et par Pisthme plus étroit (fig. 23). Kig. 23 Long. 93-60 y; lat. 35-36 y; lat. isth. 17-23 pr. * 11. Cosmarium nasutum forma granulata NORDSTEDT Desni. ex. Insul. Spetsberg., 1872, p. 34 (WILLE, Ferskvandalger fra Novaja Senlia, 1879, p. 42, n° 28, pl. XIL, fig. 30. — West W. et G. S., Brit. Desmid. IE, p. 260, pl. XC, fig. 11). Cette rare espèce arctique n'était représentée à Prantin que par un petit nombre d'échantillons, mais bien caractéristiques. Cellules de petite taille, presque aussi longues que larges ; demi-cellules subsemi- cireulaires-trapéziformes ; bords munis de huit crénelures bigranulées, dont les deux apicales, trigranulées, ou portant de petites pointes coni- ques, limitent un apex concave, émarginé. Paroi cellulaire portant, en regard de chaque crénelure, trois séries concentriques el radiales de eranules doubles. Immédiatement au-dessus de l’isthme, sur une légère tuméfaction de la paroi, se voient deux assez gros granules irréguliers 46 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (18) el, au-dessus d'eux, deux rangées horizontales de petites granulations : la supérieure de trois, l'inférieure de cinq granulations. Chromato- phores axiles, munis, chez tous mes exemplaires, d’un seul pyrénoide par hémisomate. Vues du som- met et latérale comme chez le type (fig. 24). Long. 32-35 u; lat. 28 y; lat. isth. 10 w. 48. Cosmarium ochtodes NorpsTEDT Desm. Arctæ, 1875, p. 17, pl. VI, fig. 3: La majorité de Fig. 21 mes échantillons, peu nombreux dans cette récoltes répondait à la fig. 2, pl. XCVIIL, de West W. et G. S. Brit. Desmid. IV; d’autres à la fig. 3 a et quelques-uns à la fig. 5 d, de NORDSTEDT (loc. cit.). Toutes les demi-cellules avaient un chromatophore axile avec deux pyrénoides. Long. 96,5 y; lat. 72 we; lat. isth. 22 y. #49. Cosmarium quadrum LUND. var. minus NORDSTEDT Sydligare Norges Desmidieer, 1873, p. 11. Cellules carrées à angles arrondis ; demi-cellules à angles inférieurs presque droits, mais arron- dis ; angles supérieurs largement arrondis. Bord supérieur droit. Paroi cellulaire couverte de granulations bien marquées, disposées en séries verticales et obliques ; vingt-quatre à trente et une granulations visibles sur le bord de la demi-cellule. Chromatophore axile avec deux pyré- noides par hémisomate. Long. 43,5-48 3 lat. 43,5-49 3 lat. isth. 18-22 y. Genre XAN THIDIUM EHRENB., 1831 90. Xanthidium antilopeum (BRÉB.) KüTz. Long. sine Spin. 59 y; lat. 55 w; long. cum. spin. 70 LPat- MO lat. isth. 20 y. Genre STAURASTRUM MEYEN, 1829 o1. Staurastrum Meriani REINSCH (Wesr W. et G. S., Brit. Desmid. IV, p. 122- 124, pl. CXVIIT, fig. 4-6). (Fig. 25.) Long. 42 y; lat. 24; lat. isth. 18w. 92. Staurastrum capitulum Brés. (Wesr W. et G. S., Brit. Desmid. IV, p. 124- 1276 pl CXMITT Vie. 1). Long. 34-35 y; lat. bas. semicell, 19 w; lat. apic. 25 y; lat. isth. 13,5-14 y. (19) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 47 3. Staurastrum muticum BRÉB. (WESr W., el G. S. Brit. Desm. IV, p. 133-155, pl. CXVIIE, fig. 16-20). Long. 26-32 pe; lat. 24-26 y; lat. isth. 8,5-9,5 LU. 04. Staurastrum alternans BRréB. (WEST W, et G. S., Brit. Desmid. [V, p. 170, pl. CXXVE, fig. 8-9). Long. 23 u; lat. 22 y; lat. isth. 8 y. * 99. Staurastrum pygmæum PRÉ. Long. 32 y; lat. 27 u: 06. Staurastrum hirsutum Brés. Long. sine spin. 36 y; lat. 56 y; lat. isth. 15 y. * 91. Staurastrum trapezicum BOLDT, var. campylospinum SCHMIDLE. Quelques exemplaires concordant avec la fig. 25, pl. FE, de SCHMIDLE, Weitere Beträge zur Algenflora des Rheinebene und des Schwarzwaldes (Hedwigia, 1895, Bd. XXXIV, Heft 2, p. 81, pl. I, fig. 25). * 98. Staurastrum margaritaceum /orma ad S/. Wilsi; accedens, TURNER, Freshwater Alg. of East India, 1892, p. 114, pl: XITT, fig. 5. (Big. 26.) Cette espèce, dont la diagnose reste imprécise, est probablement une forme de S{. margaritaceum. Je nai pu en observer qu'un seul exem- plaire qui paraissait se rapporter assez bien à la diagnose et aux figures de TuRNER. Ses dimensions sont cependant un peu plus grandes. Long. et lat. 48 w; lat. isth. 18 we. Fig. 26 En résumé : Cette tourbière des Tenasses-Prantin est remarquable par la présence de dix-neuf espèces ou variétés qui, à ma connaissance du moins, n'ont pas encore été signalées en Suisse. Ce sont : 1. Nelrium Digitus [. ventricosa LAGERW. 2. Closteriumf. ad. CI. Siliqua WEST acced. 48 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE 3. Euastrum binale f. secta TURNER. 4. Cosmarium eyclicum LUND. lypicum. 5. Cosmarium cyclicum LUND. var. arclicum NORDST. 6. Cosmarium nolabile BRÉE. 1. Cosmarium galeriltum NORDST. 8. Cosmarium tetragonum NEG. var. Lundellii COOKE. 9. Cosmarium alpestre ROY el BIss. 10. Cosmarium Brauntii var. lobulaltum SCHMIDLE. 11. Cosmarium Sportella BRÉB. 12. Cosmarium Sporlella BRÉB. var. subnudum WEST. (20) 13. Cosmarium speciosum var. simplex NORDST. 14. Cosmarium speciosum Var. biforme NORDST. 15. Cosmarium nasulum [. granulata NORDST. 16. Cosmarium quadrum Var. minus NORDST. 17. Slaurastrum pygmeum BRÉB. 18. Slaurastrum trapezicum BoOLDT. var. campylospinum SCHMIDLE. 19. Staurastrum ad. SE. Wilsii TURNER acced. Plusieurs de ces espèces sont des raretés, comme C. nasulum f. granulata, C. speciosum Var. biforme et surtout Cosmarium alpestre. Parmi les espèces signalées, on peut en distinguer un certain nombre dont MM. WEsr ont montré l'association habituelle : €. Holmiense, C. anceps, UC. galeritum, C. speciosum,C.ochtodes, C. notabile, etc. Ce sont des algues des régions froides, des espèces paraissant être essentielle ment alpines ou arctiques, vivant surtout au milieu des Mousses et des Sphagnum ou sur les rochers inondés et dans des milieux bien aérés. Outre ces espèces habituellemeut associées, un certain nombre d’autres, telles que £. insigne, E. bidentatum, C. cyclicum, C. cælatum, St. Meriani, elc., ont généralement, elles aussi, pour habitat des régions froides. En dehors de la Grande-Bretagne, de la Galicie, de la Forêt-Noire et des Vosges, elles ont été surtout signalées en Suède, à l’Ile de Bornholm en Norvège, au Nord de la Russie, au Groënland, à la Nouvelle Zemble, aux Îles Feroë, en Sibérie et au Spitzberg. Il n’est donc pas sans intérêt de constater leur présence dans les hautes tourbières alpines de notre pays. (21) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 19 II. COL DU SIMPLON (District de Brigue, Valais, 2008 mètres) Atlas topographique de la Suisse, feuilles 497 et 501. Dictionnaire géographique de la Suisse : Simplon, 16€ fascicule, 1906, p. 683 et suiv. ; _Monte-Leone, 9 fascicule, 1904, p. 81 et suiv. Ce grand passage des Alpes, qui relie Brigue et la Vallée du Rhône (Valais) à Domodossola (Province de Novare, Italie) est trop connu pour qu’il soit nécessaire de beaucoup insister sur ses particularités. Ouvert entre le massif du Fletschhorn (4001 mèt.) et celui du Monte- Leone (3558 mêt.), il fait partie, au point de vue géologique, de Ja structure de ce dernier. Le col est creusé dansles schistes cristallins et les gneiss schisteux. Les roches moutonnées qui se montrent en grand nombre sur le plateau du col, au S. W. de la route et de lHospice, preuves évidentes de lérosion glaciaire, circonscrivent une douzaine de petits lacs, situés à divers niveaux el un grand nombre de petites mares alimentées par les eaux de pluie ou de neige et en partie combiées par de la tourbe. Quelques travaux de drainage ont été effectués dans le but de dessécher les terres et d'améliorer le pâturage; les grands fossés creusés permettent de se rendre compte de lépaisseur et de la struc- ture de la tourbe à ses divers étages. Il ne semble pas, à un seul examen, que des résultats agricoles bien appréciables aient été obtenus Jusqu'ici et puissent lêtre dans lavenir. Mais si lPagriculture parait avoir peu à gagner à ces travaux, en revanche, la science et le pitto- resque ne pourraient que perdre à la transformation de cette région naturelle si intéressante. Au milieu d'août 1913, quand j'y séjournais, la saison était peu propice : le ciel souvent couvert, les brouillards fréquents, la tempéra- ture déjà assez fraîche, annonçaient un automne précoce; aussi les herborisations étaient-elles peu fructueuses. Malgré son altitude, la floraison est très rapide sur le col du Simplon; c’est dès le commence- ment de juillet qu'il convient de le visiter si on veut admirer la flore dans tout son épanouissement et aussi ne pas risquer de trouver beaucoup de petites mares à demi desséchées. La flore algologique du col du Simplon a été étudiée par E. DE WILDEMAN qui, profitant d’une excursion organisée par les Sociétés de botanique de France et de Suisse en Valais, au mois d'août 1894, récolta [A BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, N9S 1-2-3 parus le 20 juillet 1916. % 90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (22) des algues aux environs de lHospice. Le résultat de cette récolte est consigné dans le Catalogue de la Flore algologique de la Suisse du même auteur (Hémoires de la Société royale des Sciences de Liège, 2e série, t. XIX, 1895). En ce qui concerne les Desmidiacées, le nombre des espèces fut de vingt-six. Les genres Gonatozygon, Spirotænia, Mesotænium, Cylin- drocystis, Arthrodesmus, Pleurotænim, Docidium, etc., n’ont pas été mentionnés par DE WiLDEMAN pour cette région. On verra, par la suite de ce travail, que la liste de 1895 était bien incomplète, mais ce fait s'explique facilement par la brièveté de l'excursion botanique. Pendant non séjour au Simplon, j'ai pu récolter 105 espèces el variétés, dont plusieurs sont nouvelles pour la flore suisse. Sans les circonstances défavorables, dues en grande partie à la saison peu propice et trop tardive, il est probable que ma récolte aurait été bien plus abondante encore. Comme pour les Desmidiacées de la tourbière des Tenasses- Prantin, J'ai laissé de côté, provisoirement, quelques espèces douteuses, notamment quelques Staurastrum dont la diagnose est encore actuellement par trop imprécise. Genre GONATOZYGON DE Bar 1. G. monotænium DE BARyY. En très petit nombre d'exemplaires. Long. 150 y; lat. 10-11 w. Genre SPIROTÆNIA DE Bary 2. Sp. condensata BRéB. Espèce faiblement représentée dans celte récolte. Long, 110 y; lat. 18 y. Genre GYLIN DROCYSTIS MENEGH. 3. Cyl. Brébissonii MENEGH. Cette espèce était remarquable par la grande variabilité des dimensions. Long. 45-(69-70)u ; lat. 14-15 (95). 4. Gyl. crassa DE BaARy. Long. 38-40 y ; lat. 20-22 w. “5. Cyl. diplospora LUNDELL. Je range provisoirement sous ce nom une double zygospore encore attenante aux cellules qui lui avaient donné naissance (fig. 27). La largeur de ces cellules : 28-29 y, l'épaississement de leur paroi au ni- veau de lapex, la forme de la zygospore, paraissent bien concorder (23) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 51 avec la figure de REINSCH (Contrib. ad Alg. et Fungol., 1865, p. 87. pl. AVI, fig. 1) pour son Schycospora pachyderma, ainsi qu'avec celles HÉMANES DEN ER LS (ESRI Desmid. 1, pl. IV, fig. 41. Mais comme, dune part, les exem- plaires attenant à la zvgospore étaient privés de leurs chro- malophores el que, d'autre part, il n'existait dans cette récolte aucune autre cellule pouvant se rapporter à cette espèce, Je dois laisser, moi aussi, subsister un point d’in- terrogalion après le nom géné- rique de ces organismes. Dimensions de la zygospore : Long. 50-58 uw; lat. 48-49 v, Genre MEÉSOTÆNIUM Nu. 6. Mesotænium spec. Dans les mousses bordant les petites mares tourbeuses se tronvaient de nombreux Mesotænium différant entre eux surtout par la taille. Long. 27-105 y; lat. 10-25 y. La division des Mesotænium en espèces, est encore, à lheureactuelle, basée sur des caractères si peu sérieux, qu’en l'absence de cultures de ces organismes probablement très polymorphes, il n’a paru plus pru- dent de ne pas chercher à nommer ceux que j'ai récoltés. Genre NETRIUM \zxc. 1. Netrium Digitus (EuRen8.) IrziGs et RoTne. Très répandu dans la plupart des petites mares. Long. 210-230 w; lat. 70-75 y. S. Netrium Nægelii (BréB.) WEsr W. el G. S. Long. 95-142 y; lat. 23-25 ll. “9. Netrium interruptum (BRÉB.) LUTKEMULLER var. 0nus Val. NOV. Ces Netrium, peu nombreux, mais tous remarquablement semblables comme formes et dimensions, étaient passablement plus courts que ne le sont généralement les exemplaires de cette espèce. Quatre chroma- 92 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (24) tophores: deux par demi-cellule, montrant sur leur face frontale six à sept bandelettes longitudinales à bords très légèrement festonnés. Vacuole terminale souvent peu distincte, toujours petite et munie dun eranule mobile dans les quelques échantillons où il m'a été possible de la bien pouvoir observer. Dimensions moyennes : Long. 174 u; lat. 44 w. Genre PENIUM Prés. * 10. Penium navicula var. crassum WEST W. et G.S., Brit. Desm. T1, p.176, pl: NL fig 16-17: Long. 48 u; lat. 18 w. * [1. Penium didymocarpum Lunp. (fig. 28). Fig. 28 Fig. 29 Cette rare espèce était représentée par un assez grand nombre d'exemplaires et par un bel échantillon de double zygospore (fig. 29). Long. 35 vu; lat. 15-15.5 w. Zygospore : Long. 23-27 y ; lat. 30-35 y. Ces cas de double zygospore sont intéressants parce qu'ils nous mettent en présence de deux problèmes: celui du mécanisme de la formation de la zygospore et celui de sa valeur spécifique. La première question trouve sa réponse soit dans l'œuvre magistrale de DE BARY, soit dans les faits déjà anciennement constatés chez Closterium Ehren- bergii (CT. Lunula ex parte) par Ch. MORREN, chez Cl. lineatum par A. BRAUN et résumés de façon très complète par Fr. OLTMANNS (Morpho- logie u. Biologie d. Algen, 1904, Bd. I, p. 83-88). À ce propos, il me semble juste de faire ressortir combien Ch. MORREN, professeur de botanique à l'Université de Liège, dont le mémoire sur les Clostéries, daté de 1836, est peu connu, a été, dans ce domaine et à certain point de vue, un précurseur, malgré ses conceptions bizarres sur ses € pro- (25) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 93 pagules » et le rôle qu’il attribuait aux corpuscules trépidants. Voici ce que dit Ch. MORREN, page 525 : « C’est iei que nous allons faire connaître pour les Clostéries un des «€ phénomènes les plus remarquables, inconnu, croyons nous, jusqu’à « ce jour, pour ces êtres singuliers et dont la juste appréciation n'aura € pas pour moindre résultat de déplacer irrévocablement ces produc- «tions du règne animal et de les rapprocher, dans le règne végétal, des « Zygnèmes, avec lesquels elles ont de si grands rapports que nous «n'hésitons pas à les comprendre dans la tribu dont ces Algues « forment le type. Nous croyons encore que laccouplement des « Clostéries et surtout la formation de leur énorme séminule donneront «à l’embryologie végétale des connaissances nouvelles. » Si l’on réfléchit qu'en 1830 EHRENBERG rangeait encore le genre Closterium NirzSCH parmi les animaux infusoires, on voit mieux com- bien juste et remarquable pour celte époque, était la conception de Ch. MORREN. Il faut toutefois remarquer que les Closterium figurés par MORREN paraissent être des CZ. Ehrenbergii en majorité, plutôt que des CL. Lunula ; mais ce fait n’enléve rien à la valeur de ses dessins, surtout de ses figures 22 et 23 qui montrent très bien la division végé- tative précédant la conjugaison et celle-ci aboutissant à la formation de la double zygospore. La réponse au deuxième problème est un peu plus difficile. La formation d’une double zygospore a-t-elle une valeur spécifique ? En d’autres termes, cette double zygospore ne prend-elle naissance que chez certaines espèces bien déterminées où n'est-elle qu'un accident qui pourrait affecter occasionnellement d'autres espèces que celles chez lesquelles ce phénomène a été constaté ? La plupart des auteurs qui ont figuré CL. lineatum Enr. : HASSAL, RALES, COOKE, WoOLLE, WEST, elc., en ont dessiné la double zygospore. DELPONTE ne la mentionne pas et ne la figure pas. CO0KkE décrit, page 31, la double zygospore comme normale et indique, page 32, comme anormale la zygospore simple qu'il figure pl. XV, fig. 5. WOoLLE qui, sous le nom de CZ. acerosum (ScHRANK) EHR. a figuré un Closterium strié très semblable au CZ. lineatum qui est son voisin sur la même planche, dit, page 42, en par- lant de cette espèce : « Specimen in fruit, presenting the particularit of Lwo forms of zygospores, single and EWin. » SCHMIDLE, dans ses Algues du Nyassa-See, décrit un CZ. linealuin Sous le nom de CZ. didymocarpum. Vour Penium didymocarpum LUND., 0. NorpsrepT (Ereshw. Alg. of New Zealand and Australia, 1888, p. T1, 04 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (26) pl. VIL, fig. 22, 22 et 23) signale deux formes «ad P. didymocarpum acce- dentes », l’une à zygospore simple, l’autre à zygospore double. On voit done que si chez ces deux espèces : CL. lineatum et P. didymocarpunt, la double zygospore paraît bien être la règle, il peut cependant arriver que la zygospore soit simple dans certains cas. On ne peut donc pas admettre, d’une facon certaine, que la double zygospore soit un carac- tère spécifique fixe, puisque dans quelques cas, il s’est trouvé être en défaut. Cette question reste donc à l'étude comme beaucoup d’autres points touchant les Zygospores des Desmidiacées. |2. Penium margaritaceum (EnR.) BRÉB. Cellules subeylindriques, à extrémités légèrement atténuées, munies ou non d’une légère constriction médiane ; apex tronqué, à angles arrondis. Paroi cellulaire jaunâtre ou brunätre, sauf dans les parties jeunes et en voie d’accroissement, striée de lignes fines, rapprochées, formées de petites ponetuations facilement distinctes. Chromatophores montrant, sur la face frontale, cinq ou six bandelettes longitudinales. Long. 117-128 y; lat. 22-23 y. 13. Penium cylindrus (Euk.) BRÉB. Très abondant. Long. 83 y; lat. 10-12.5 w. * 14, Penium chrysoderma bORGE, Beitr. z. Algenflora von Schweden, 1900 pop re 0e Cellules avec légère constriction médiane ; demi-cellules à sommets arrondis, à côtés légèrement concaves, à membrane densément couverte de petites serobiculations. Sauf quelques exemplaires de couleur cuivrée ou mordorée comme le type de BoRGE, la plupart étaient jaunâtres ou brunâtres ; beaucoup aussi se montraient à peine colorés. Cette rare espèce était abondante dans les petites mares du Col du Simplon, toujours associées à Penium cylindrus, P. margarilaceum, P.spirostriolatum et P. crassiusculum. A M. le Prof. O. BORGE, qui à eu aimable obligeance d'examiner quel- ques-uns de mes échantillons, je réi- tère ici mes sincères remerciements. | Long. 69-77,5 y; lat. 26-28 y; lat. isth. 23-23.5 w. (Fig.30 et 31). La figure 31 est un Fig. 31 exemple de division anormale. Fic. 30 (21) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 55 * 19. Penium subtruncatum SCHMIDLE (sub. ?. cylindrus var. subdruncatum in Beiträge z. Alpin-Ale., 1895, p. 310, pl. XIV, fig. 27-98). Les échantillons que je range sous ce nom, répondaient exactement à la diagnose et à la fig. 27 de SCHMIDLE. Cellules cylindriques incolores, couvertes de très fines granulations très denses disposées sans ordre ; sommets tronqués à angles à peine arrondis. Ces cellules se rapprochent beaucoup de P. cuticulare WeEsr (Brit. Desm. |, p. 85, pl. VI, fig. 4-5), mais s’en distinguent par leur paroi incolore et surtout par leur sommet plus tronqué et moins arrondi. Dimensions moyennes : Long. 33 w ; lat. 10 w. * 16. Penium exiguum West /. major WEST W. et G. S. (Brit. Desmid., 1, p. 86, pl. VL, fig. 8). Long. 50-60 y; lat. 10-11 pr. 17. Penium spirostriolatum BARKER. Cette espèce dont G. S. WEST (On Variation in the Desmid., Journal ofthe Linn. Soc., Botany, 1899, vol. XXXIV, n° 238, p. 371-380, pl. 8, fig. 1-10) a si bien écrit les variations, élait représentée, à côté de quelques formes intermédiaires, par deux lypes principaux : 4) lun, allongé, avec légère constriction médiane. Long. 109-154; Lat. 20-25 y. b) L'autre, plus court, plus trapu : Long. 90-104 y ; Lat. 25-27 y ; légèrement fusiforme, avec extrémités un peu dilatées et milieu de Ja cellule assez convexe. Ces deux formes avaient une teinte jaunâtre ou mème souvent brunâtre. Chez la pre- miére de ces formes, les stries, toujours nettement spiralées, étaient nombreuses et fines, rappelant celles de la forme BorGe : Chloroph. fran Finmarken, 1892, p. 15, fig. 13. Chez la seconde, les stries, moins nombreuses : 12 à 18 visibles sur la face frontale, étaient nettement for- mées de ponctuations et toujours inter- rompues par trois divisions transversa- les ; tantôt elles étaient fortement spira- lées, tantôt, au contraire, presque parallèles d’une extrémité à l’autre de Ja cellule. Cette dernière forme, beaucoup plus abondante, dans cette récolte, que la précédente, rappelait assez bien, pour le contour extérieur, le P. margarilaceum BRÉB. 7 punctalum 90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (28) de ScHMILDE : Alg.-flora d. Schwarzw., 1893, pl. IT (fig. 5), bien que les cellules de ce dernier type soient un peu moins larges et moins enflées au milieu que mes échantillons. Jai observé une zygospore attenante à deux exemplaires (fig. 32). Cette zygospore, globuleuse et lisse, avait un diamètre de 48-50 et l'épaisseur de sa paroi était d’en- viron 2 y. 18. Penium polymorphum Perry. Peu fréquent. Long. 39-48 u; lat. 22-25 w. 19. Penium crassiusculum DE BARY forma. Cellules cylindriques, à côtés parallèles, environ trois fois plus longues que larges, à constriction médiane toujours bien marquée. Extrémités tronquées, à angles arrondis, toujours munies d’une petite excavation exactement apicale (cette très petite dépression du sommet, non figurée par DE B4ARY, a été constatée par 0. NORDSTEDT et spéciale- ment signalée par W. SCHMIDLE dans Alp. Alg-Flora, 1895, p. 311, en note). Paroi cellulaire lisse, incolore. Chromatophores montrant, sur la face frontale, quatre ou cinq bandelettes longitudinales et, dans dans chaque moitié, généralement deux pyrénoides. Taches pigmen- taires brunâtres disséminées çà et là. Noyau, petit, souvent difficilement visibles, situé dans l’isthme protoplasmique, au milieu de Pétranglement cellulaire. DE Bary (Conjug., 1858, p. 173, pl. V, fig. 5-7), dans l’incomplète et très courte diagnose qu’il donne de cette espèce, ne fait mention ni des chromatophores, ni du noyau, mais il dessine le noyau comme excentré et très rapproché du fond de lPincisure médiane. CookE (Brit. Desm., 1887, pl. XVIT, fig. Ta et 7b) montre aussi le noyau en dehors de l'axe cellulaire. KLEBS (Gatt. Desm. Ost-Preussens, 1879, p. 25, pl. I, figs. La et 1b) ne mentionne ni la position du noyau, ni la petite excavation du sommet de l'enveloppe cellulaire. W. et G. S. West (Brit. Desm.. !, pl. VITE, fig. 4) reproduisent les images de DE BaRY etdonnent, fig. », les contours d’une cellule vide sur laquelle la petite dépression apicale n'existe pas. Dans le texte, page 96, ïls ne 1 font aucune mention particulière touchant le noyau. Il en L est de même pour LUNDELL (Desm. Suec., 1871, 87, n° 43), pour MIGULA (Kryptogamenflora, p. 370) et pour 0. BORGE © (Algenflora von Schweden, 1, 1906, p. 15), de sorte que | celle question de Ia position du noyau, figuré comme ù excentré par DE BARY, reste à élucider. LEZ J'ai examiné un très grand nombre d'exemplaires (fig. 33) Fig. 33 que J'attribue à cette espèce; sur quelques-uns seulement, (29) K. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 91 les chromatophores, légèrement rétractés par la fixation, se montraient échancrés au niveau de Pisthme, de facon à circonserire un espace pres- que circulaire. Sur la face frontale, cette échancrure apparaissait soit d’un seul côté de l’isthme (fig. 34), soit des deux côtés. Je n'ai jamais réussi, même sur les exemplaires traités par les colorants nucléaires, à voir le noyau dans cette excavation comme Pa figuré DE BaARY. Constamment je lai trouvé placé au centre de lPisthme, léchancrure des chromatophores, quand elle existait, était remplie de plasma incolore. Pres- que toujours le noyau était petit, diffi- cilement visible sans le secours des colorants. Des taches pigmentaires, rou- seatres ou brunâtres, assez larges, irré- Fig. 51 oulières ou arrondies, se trouvaient Fig. 35 constamment dispersées dans la cellule; souvent une de ces taches occupait l'espace situé dans léchancrure inférieure des chromato- phores, d’un seul côté (fig. 35). Les pyrénoiïdes étaient, le plus souvent, au nombre de deux; parfois cependant, il y en avait un seul dans une demi-cellule et deux dans Pautre. Comme aucun doute ne peut subsister sur ce qu'a voulu figurer DE BARY, il y aurait donc une différence histologique importante entre le P. crassiusculum DE BARY typicum et les formes, morphologiquement assez semblables, chez lesquelles ce désaxement du noyau ma pas été observé. C’est là un point peu clair sur lequel je me permets d'attirer l'attention des observateurs. Peut-être aussi l'espèce sans légère exca- vation apicale, figurée par DE BARY, COOkE, WEST, ele., est-elle différente de celle qui existe sous le n° 704 des RABENHORSTS Algen Europa’s, qu'ont vue 0. NorpsrenT et W. SCHMIDLE el qui élail si largement représentée dans ma récolte du Simplon. Quoiqu'il en soit, dans cette dernière localité, ce Penium m'a paru être une espèce remarquablement fixe, soit dans ses contours extérieurs, soit dans son contenu. Dans la distribution géographique de cette espèce, là Suisse esl mentionnée par MM. Wesr (Brit. Desm., |, p. 97) dune façon sénérale. Mais, en labsence d'indication d’une localité précise et du nom de l'auteur de l'observation, il semble, jusqu'à preuve du contraire, que cette espèce n'avait pas encore été signalée en Suisse. En effel, DE BARy l'avait récoltée non en Suisse, mais dans le Grand-Duché de D8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (30) >aden (au Nonnenweiher, Forêt-Noire) où elle a été retrouvée, dans la même station, par W. SCHMIDLE. Dimensions: Long. 48-58 3 lat. 17-19 y; lat. isth. 19.5-18 y. Genre CLOSTERIUM Nirzscu 20. Closterium angustatum KUTZ. Formes modérément courbées, bords externes décrivant un arc de 50 à 580; extrémités arrondies, le plus souvent subcapitées; paroi cellulaire jaunâtre, ornée de deux, trois ou quatre côtés; dans ce dernier cas, elles sont généralement disposées en spirale. Dans chaque chromatophore : quatre à sept pyrénoides, en une seule série axile. Vacuoles terminales conte- nant le plus souvent trois ou quatre gra- nules mobiles; quelquefois aussi, un plus grand nombre. Chez beaucoup 4—: 1004 d'exemplaires, la paroi cellulaire se montrait épaissie et plissée comme Pa signalé BÜRGESEN, Bornholms Desmid., D'un DPI IS 0) Long, 320-480 ; lat. 20-23 r. 21. Closterium striolatum EHRENB. Assez abondant dans la plupart des 7090 «M petites mares. Dimensions moyennes : Long. 250 y; Fig. 36 lat. 30 Le. Fig. 31 “22, Closterium Nilsonnii BORGE (Beitr. z. Algenil. von Schweden, Arkiv. for Botanik, Bd. 6, n° 1, p. 16, pl. I, fig. 8). Cette espèce dont M. le Prof. O0. BorGE a bien voulu examiner quel- ques exemplaires et que jai pu aussi bien identifier grâce aux échantillons types qu'il a eu lPextrème obligeance de m'envoyer, était certainement le Closterium le plus abondamment représenté dans les petites tourbières du Col. Comparé avec les échantillons types, la seule différence notée réside dans le nombre des pyrénoides ; au lieu de huit à dix je n’en ai jamais vu plus de six à huit. Ce sont des cellules plutôt petites (fig. 37), sensiblement et légère- ment atténuées du milieu aux extrémités, à bord ventral presque droit, (31) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 99 bord dorsal légèrement convexe, à extrémités largement tronquées. Membrane cellulaire jaunâtre, finement striée : environ quinze à dix- sept stries. Vacuole terminale contenant généralement un seul, mais souvent aussi deux corpuscules mobiles. Long. 122.9-139 y; lat. 17-17.5 w; lat. apic. 8.5-9 w. Sous le nom de Clost. intermedium RALFS forma minor, L. VIRET, dans ses «Desmidiacées de la Vallée de Trient » /Bullel. Soc. bot. de Genève, 30 juin 1909, vol. I, n° 6, p. 254, pl. IIT, fig. 3a) a décrit et figuré un Closterium, trouvé à Marécottes, ne différant de C£. Nüilsonii BORGE que par une striation un peu moins serrée. Le nombre des stries chez les Closterium pouvant varier dans une certaine mesure et ce caractère, quand il ne s’agit que de quelques stries en plus ou en moins, n'ayant qu'une valeur très relative, il me paraît que Clost. intermedium RALES forma minor VIRET doit être identifié avec CZ, Nilsonii BORGE. 23. Closterium Ulna FOCKE. Exemplaires assez nombreux, en tous points, semblables à mes échantillons du Val Piora (F. DUCELLIER, Etude critique sur quelques Desmidiacées. Bullet. Soc. bot. Genève, Vol. VI, 1913, p. 47-49, fig. 23). Long. 227-230 y; lat. 17-18. 24. Closterium Dianæ EHRENB. Malgré leurs faibles dimensions : Long. 168-174 y; lat. 20 w, jai classé ces cellules comme C{. Dianæ, en raison de la forme parti culière des pointes, comme pour les exemplaires de la tourbière de Prantin, tout à fait identiques. 95. Closterium Dianæ Euk. var. arcualum (BRÉB.) RABENH. (West W. et G. S. Brit., Desm., [, p. 131, pl. XV, fig. 21). Ces Closterium, peu nombreux, à extrémités «Dianæ » typiques, avaient une courbure un peu plus prononcée que ceux figurés par MM. Wesr. Bord dorsal décrivant un are de 148 à 172°. Distance entre les pointes : Long. 140-154 w; lat. 20 w. 26. Closterium parvulum Nec. Très commun, Long. 120-198 y; lat. 13.5-15 y; are 130-140 °. 27. Closterium Jenneri RALFS. Quelques exemplaires seulement. Long. 42-44 y; lat. T y. “28. Closterium spec. Sur les bords du Hopschensee (2060 mèt.), à l'extrémité opposée au petit eroupe de chalets de Hopschen, j'ai récolté, en petit nombre, 60 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (32) mais toutes exactement semblables, des cellules que je nai pu identi- fier avec aucun autre Closterium plus ou moins similaire. Cellulis minutis. fere semilunatis (1502), levibus, utrinque modice attenuatis, apicibüs subacutis rotundatis ; pyrenoi- dibus 3 in utraque semicellula, in serie unica axili dispo- sitis ; locello distineto corpuseulum singulum includente. Long. 40-48 uw; lat. 8-9 w. (Fig. 30). Ce sont des Closterium de petite taille, à courbure dor- ie. 30 saleet ventrale régulière, bord dorsal décrivant un are de (272 150c, légèrement atténués vers des extrémités subaiguës-arrondies. Paroi cellulaire lisse, transparente, chromatophores munis de trois pyrénoides en une seule série axile. Un seul, assez gros, granule mobile dans une vacuole terminale bien distinct. Ces Closterium différent de Cl. Jenneri par leur taille plus faible, la régularité de leurs courbures et leurs pointes plus atténuées, moins robustes. IIS paraissent être des intermédiaires entre C£. Jenneri Nar. robustum GS. WEsret Cl Venus KUTrz: 29. Closterium abruptum \WVEest (Brit. Desmid., [, p. 158-159, pl. XX, fig. 6-9). Assez rare. Long. 124-132 u; lat. 14-19 y; lat. apic. 7 y. *30. Closterium gracile BRÉB. ad. var. elongalum WEsr acced. (Brit. Desmid., LE, p. 168, pl. XXE, fig. 14-16). Les échantillons assez rares, qui m'ont paru répondre à cette espèce, se distinguaient cependant par une largeur un peu plus grande que le type. Long. 230 y; lat. 6-7 y. Bords du Hopschensee. 51. Closterium decorum BrÉB. En petit nombresur les bords du Hopschensee. Long. 380 y; lat. 27-27.5 y. 32. Cl. Kützingii Bréb. Très fréquent dans toutes les petites mares du Col. Presque toujours d'assez grandes dimensions. Long. 570-590 y; lat. 24 w. Genre TETMEMORUS RALrS 33. Tetmemorus Brébissonii (MENEGH.) RALES var. minor DE Bary (Wesr W. et G. S. Brit. Desmid., [, p. 218, pl. XXXII, fig. 4-5). Variété récoltée en petite quantité, mais bien caractéristique, dans quelques-unes des petites mares du Col. Treize à quatorze lignes paral- lèles ponctuées visibles sur la face frontale ; extrémités sensiblement élargies ; isthine bien dessiné. (33) EF. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 61 Dimensions moyennes : Long. 66 y; lat. 15.9-1T y 14.9-15.9 w. 54 Tetmemorus granulatus (BRÉB.) RALFS. Espèce très abondante ; beaucoup d'échantillons étaient envahis par une Chytri- dinée. Long. 168-198 w ; lat. 34-38 uw; lat. isthm. 24-32 y. 3). Tetmemorus Iævis (Kurz) RALrS. Cette espèce m'a paru plutôt rare au Simplon ; je n’en ai observé qu’un seul exemplaire de petites dimensions. Long. 68 w; lat. 20 y. ; lat. isthm. Genre EUASTRUM EHRENB., 1832 36. Euastrum oblongum (GREV.) RALFS. Tous les exemplaires que j'ai récoltés, sans exception, étaient des individus morts, des cellules dépourvues de leurs chromatophores. Long. 138-145 3 lat. 60-62 y; lat. isth. 20-21 y. 31. Euastrum Didelta (TurP.) RALFS /formæ. Ce que jai observé au Simplon, relativement à cette espèce polymorphe, ma fait que me confirmer dans une partie des vues que j'ai émises à son sujet (F. DucELLIER, Contributions à PEtude du Polymorphisme et des Monstruosités chez les Desmidiacées 1915). Nombreux cas de Monstruosités et variation considérable dans la forme et les dimensions moyennes : Long. 95 y; lat. 56 y; lat. isth. 18-19 w. 38. Euastrum abœnse ELFV. var. nodulosum DUCELLIER (Etude critique sur quelques Desmidiacées., 1914, p. 49-55, fig. 25a et 26). Cette rare espèce que j'avais rencontrée abondante dans le Val Piora (Tessin) à l'altitude de 2059 mètres, en juillet 1911, était représentée, dans mes récoltes du Simplon, par des échantillons peu nombreux, mais bien caractéristiques et tout à fait semblables à ceux de Piora. Je renvoie, pour cette espèce, à mon mémoire cité ci-dessus. Dimensions moyennes : Long. 63 w: lat. 40 y; lat. isth. 15 w. 39. Euastrum ansatum RALES, lypicum (WEST W. el G. S., Buit.-.Desmid., Il, p.21; pl. XXXNTI, fig. 10): Long. 18 u; lat. 38 w; lat. isth. 13 w. 10. Euastrum ansatum RALrS var. pyxidalum DELPONTE (Spec. Desmid. subalp., 1873, p. 91, pl. VE, fig. 32). Les représentants de cette variété étaient beaucoup plus nombreux que ceux du type. Le lobe apical était plus robuste, moins grèle que 62 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (34) exemplaire figuré par DELPONTE. L’apparence générale de la cellule, plus trapue, répondait assez bien à la figure 15, pl. AXXVI, de WEsr W. et G. S., Brit. Desmid., I. Long. 70-74 u ; lat. 40-43 y ; lat. isth. T4 y. 41. Euastrum insigne Hass. Espèce très répandue et commune dans toutes les tourbières du Col. Long. 90-102 y ; lat. 48-56 w; lat. isth. 15-14 w. 42. Euastrum bidentatum N£cG. En petit nombre. Long. 50 w; lat. 31 y; lat. isth. 1 p. 43. Euastrum elegans (Bré8.) KuTrz. Exemplaires clairsemés. Long. 29 w; lat. 19 y; lat. isth. 6.5-7 y. 44. Euastrum binale (TurP.) EHRENB. Assez fréquent. Long. 16 w; lat. 12.5-13 w. 45. Euastrum denticulatum (KIRGHN.) GAY. Plutôt rare. Long. 24 y; lat. 20 y. 46. Euastrum montanum West W. et G. S. (Brit. Desm. I, . 08-60, pl. XXXIX, fig. 8-9). Long. 22.5 y; lat. 16 y. 41. Euastrum verrucosum EnRENB. Assez fréquent, mais li- mité à quelques mares. Long. 88-92 y; lat. 75-78 v. 2 Genre MICRASTERIAS AG. 1827 48. Micrasterias papillifera BRÉL. Long. 100-130 y; lat. 90-118 uw; lat. isth. 16-18 y. 49. * Micrasterias ad Hicr. Murrayi WEST, Brit. Desmid. Il, p. 93- 94, pl. XLV, fig. 1-3 accedens. Comme le montre la fig. 39, représentant le seul exemplaire observé, cette forme, tout en se rapprochant de Mier. Murrayi, en diffère cependant par des lobes un peu plus larges, des incisions moins pro- fondes, sans papilles le long des bords, par un sinus moins ouvert et par une taille un peu plus petite. Long. 116 y ; lat. 105 y; lat. isth. 16 y. î Genre COSMARIUM CorDA, 1834 “As JAENCN #e 5 ? VE 00, Cosmarium tinctum RALES. Fie. 39 Long. 11-125 w; lat. 10 w3 lat. isth. 5.5-6. (39) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 63 51. Cosmarium contractum KIRCHN. Long. 27-32 y; lat. 20-23 y; lat. isth. 7.5-8 y. ue ) ( ) 02. Cosmarium granatum BRÉB. ) ( ) a Long. 27 y; lat. 19w 5 lat. isth. 6.5-8 y. a A oi Le »3. Cosmarium spec. ad sublumidum NORDST. { \ l \ | acced. Mêmes remarques que celles faites à propos de \ ; ) la tourbière de Prantin (fig. 40). 4 IN Long. 30; lat. 26.5-27 y; lat. isth. 119be7 Fig 40 04. Cosmarium pseudopyramidatum LUNDELL. a) Formes semblables aux fig. 10 et 11, pl. LXIV de Wesr, Brit. Desmid. Long. 47-48 y; lat. 29-32 y; lat. isth. 7-5 y b) Forma major LuNDbELL, De Desmid. quæ in Suecïia inv. sunt., 18TT, p. #1, n° 50. Ces cellules étaient plus nombreuses que les précédentes ; elles en différaient non seulement par la taille, mais aussi par la forme de la demi-cellule ; tantôt celle-ci était pyramidale à sommet tronqué, comme les formes fig. 10 et 11 de WEsr, tantôt semi-elliptiques à sommiet arrondi, comme la demi-cellule inférieure de la fig. 18a de LUNDELL. Souvent aussi, un hémisomate était pyramidal tronqué et autre ellip- tique arrondi, comme l’a, du reste, figuré LUNDELL. Longueur (remarquablement constante) 65 3; lat. 37.5-39 5 la. isth. 16-17 w. *55. Cosmarium tetragonum (NE&G.) ARCH. var Lundellii Cooke. Exempl. tout à fait semblables à ceux de la tourbière de Prantin. Long. 42 ; lat. 26-26.5 y; lat. isth. 10 y. En petit nombre. *56. Cosmarium moniliforme (TURP.) RALFS. Long. 28-31 s; lat. 18-20 y; lat. isth. 9-10 y. Assez commun. 91. Cosmarium globosum BULNH. Long. 32-32,5 w; lat. 22 y; lat. isth. 18.5 y. 58. Cosmarium De Baryi Arcu. (WEsr VW. et G. S. Brit. Desmid., IL, p..61-63, pl. LXX, fig. 14-16; pl. XCIIT, fig. 2. Quelques rares exemplaires seulement. Long. 92-98 v; lat. 45-46 y; lat. isth. 27.5-50 y. 59. Cosmarium Cucurbita Brie. Re Long. 38-40 w; lat. 22-23 y; lat. isth. 19 .p-20.5 09 bis. Cosbnaridnn quadratum forma Res i N EST Wet GS, Brit. Desm., vol. III, p. 59, pl. LXXXVITL, fig. 91-22. Ex. peu te Long. 49 y; lat. 30 w; lat. isth. 19 w. 64 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (36) 60. Cosmarium cælatum RALrs. Assez fréquent; voir Obser- valions, tourbière de Prantin. 61. Cosmarium quadrifarium LUND. forma hexastichum NoRpsTEDT, Freshwater Alg. N. Zealand and Australia, 1888, p. 49, n° 7, Wesr W. et G. S., Brit. Desmid, IL, p. 143, pl. LXXVIT, fig. 4. Cette espèce est commune dans toutes les petites mares du Col; je ne l’ai récoltée que sous cette forme kexastichum. La plupart des échan- tillonsobservésmontraientsur le contour dela demi-cellule treize élevures tronquées émarginées (dans quelques rares cas : quinze). Sous ce rapport, ainsi que par leurs dimensions, ils concordaient avec la figure 33 de BORGE, Beitr. z. Algenfl. von Schweden, 1906, pl. IIT. Ces cellules se montraient, en revanche, très variables sous le rapport de leur orne- mentation. Dans mon Mémoire: Etude critique sur quelques Desmi- Fig. 41 Fig. 42 diacées, 1914, j'ai déjà cité et figuré quelques-unes de ces variations; la fig. 41 montrera mieux qu'une description en quoi consistait cette variabilité chez cette espèce du Simplon. La fig. 42 montre un exemplaire fréquemment rencontré de division anormale. Long. 45-50 y; lat. 37-40 y; lat. isth. 19 y. 62. Cosmarium portianum ARCH. Assez fréquent. Long. 30 y; lat. 22.5 y; lat. isth. 7.5-8 y. “63. Cosmarium Netzerianum SCHMIDLE, Beitr. z. Alp. Ale. Flora, 1895, p. 390, pl. XV, fig. 19. Quelques exemplaires seulement, mais bien caractéristiques. 64. Cosmarium margaritiferum MENEGH. Formæ ad fig. 9, WEST, Brit. Desmid. [, pl. LXXXIIT, acced. Plutôt rare. Long. 57 y; lat. 50 w; lat. isth. 17 y. “65. Cosmarium polonicum RACIBORSKI. (37) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 65 Je range sous ce nom des Cosmarium très abondants qui, malgré quelques différences, tant dans les contours de la cellule que dans son ornementation, appartiennent cependant à un même type. Ce sont des cellules peu commodes à étudier à cause de la difficulté que lon éprouve à se débarrasser du contenu cellulaire qui tend à rester obstinément attaché au centre de la demi-cellule, masquant ainsi les détails orne- mentaux. Cellules petites, légèrement et à peine plus longues que larges. Demi-cellules le plus souvent largement trapéziformes, à côtés convexes, à angles plus ou moins arrondis, linférieur généralement plus que le supérieur, à apex tronqué ; tantôt, mais plus rarement, les hémimosates sont plus carrés, à angles arrondis, à côtés à peine convexes; souvent aussi, ils sont sub-semielliptiques à angles largement arrondis. Bords ondulés-crénelés ou pourvus de granulations bien nettes, généralement cinq ou six sur chacun des bords latéraux et autant sur l’apex. Tous les intermédiaires peuvent se trouver entre les formes à hémisomates sub-semielliptiques et celles à hémisomates presque carrés à angles arrondis. La différenciation est, au contraire, plus nette entre ces formes lors- qu'on en étudie Pornementation. Forme a. Demi-cellules à centre un peu saïllant, mais sans relief bien délimité, munies en dedans du bord cellulaire d'une rangée de granu- lations, dont chacune est située en regard des ondulations ou des granulations des bords latéraux et de lPapex. En dedans de cette première rangée, il en existe une deuxième et le plus souvent une troisième au niveau de langle inférieur, à petite distance du centre de la cellule. La zone centrale de l’hémimosate est dépourvue de granu- lations visibles, mais directement au-dessus de Pisthme se trouvent trois (parfois quatre) granulations bien nettes disposées en une seule rangée horizontale. Vue du sommet elliptique, renflée en son milieu et dessinant à ce niveau deux saillies souvent à peine marquées. Un seul pyrénoide; dans un cas, J'ai observé deux petits pyrénoides dans un hémimosate et un seul, plus gros, dans Pautre. (Fig. 43.) Long. 21-26 y; lat. 22-93 ; lat. isth. 7-85 y. Cette forme paraît se rapporter assez bien, malgré des dimensions très légèrement plus fortes, à: 1. Cosmarium polonicum RACIBORSKE, Desmid. Okol. Krak., d’après la diagnose qu’en donne DE Ton : Sylloge PO BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3 parus le 20 juillet 1916. 5 66 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (38) Alg. Chloroph., p. 1009, n° 174, car je n'ai pas eu entre les mains le mémoire original de RAcIBoRSkI, et à : 2. Cosmarium commune RACI- BORSKI, De nonullis Desmid. quæ in Polonia inv. sunt., 1885, p. 16. sans figures. Forme b. Demi-cellules à bords festonnés ou granulés ; généralement six festons ou granules sur chaque bord latéral et autant, mais souvent avortés, sur Papex. Deux séries concentriques, assez irrégulières, de petites granulations ; généralement, trois au niveau de langle inférieur. Au centre de Phémisomate sont deux granules plus gros (ou mieux deux petites verrues) disposés transversalement et séparés lun de l’autre par un espace équivalent au diamètre d’un granule. Directement au-dessus de listhme, la surface cellulaire est généralement glabre, parfois cependant il y existe trois ou quatre petites granulations. Vue du sommet elliptique ou oblongue-ellipti- que, à saillie médiane portant deux petites tubérosités coniques plus ou moins régulières. Un seul pyrénoide. (Fig. 44.) Long. 23-24 y; lat. 21-22 y; lat. isth. 1 w. Cette forme est à comparer à Cosmarium bipunclalum BORGESEN, Symbolæ ad Floram Brasiliæ centralis, 1890, p. 40, n° 13,pl. IV, fig. 33 (voir aussi : WEsr W. et G. S., British Desmid., IIF, p: 215; pl. LAXXV, fig. 6). Cependant, dans mes échantillons, les granules centraux m'ont paru un peu plus gros et moins réguliers que ceux figurés par BORGESEN et par MM. WEsr. pour Cosm. Bipunclalum. Forme €. Demi-cellules trapéziformes, à angles supérieurs plus arrondis que dans les formes précédentes. Deux séries concentriques de grues. Trois ou plus rarement quatre granu- ere lations en ligne horizontale immédiatement au-dessus Æ° 90 :°° de listhme. Dans la partie centrale de la demi-cellule : — deux verrues oblongues, à grand axe dirigé dans le Le f sens de la longueur de lhémimosate, à contours un peu irréguliers, lisses et souvent difficiles à voir. Vue du Fig. 45 sommet avec luméfaction médiane biverruqueuse. (Fig. 45.) Long. 22-26 y; lat. 20-23.5 y; lat. isth. 7.5-8.5 Li Cette forme concorde absolument avec : 1. Cosmarium polonicum RAGIB. var alpinum SCHMIDLE, Beitr. Z. alpinen Algenflora, 4895 (Osterr. bot. Zeitschr., XLV Jarhgang., n° 19) p. 457, pl. XV, fig. 21. (39) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 67 2. Cosmarium polonicum RACIB. Var alpinum SCHMIDLE, in Borce, Beiträge zur Algenflora von Schweden, 1906 (Arkiv für Botanik, Bd. Canin 40) pl 1 rfie028 Forme d. Cellules semblables à celles de la forme c, mais où les ver- rues oblongues se montrent, à un fort grossissement, composées de deux ou trois plus petits granules irréguliers, disposés verticalement les uns au-dessus des autres et paraissant, à un plus faible grossisse- nent comme fondus en une seule masse. (Fig. 46.) Forme e. Cellules comme les précédentes « et d, mais où les verrues sont non plus oblongues et disposées dans le sens de la longueur de la cellule, mais arrondies et formées d’un amas de cinq à huit fines gra- nulations presque soudées ensemble. (Kig. 47.) Forme /. Cellules comme celles de la forme €, mais où les verrues sont carrées et composées de quatre granulations distinctes. (Fig. 48.) Cette forme est à comparer à Cosmarium polonicum RACIB. var. quadrigranulatum GUTWINSKkI, Flora Gonow Okolie Lwowa (Flora algarum agri Leopoliensis), 1891, p. 62, n° 99, pl. IE, fig. 31. Forme g. Demi-cellules à verrues centrales allongées en forme de croissants opposés par leur concavité et où chacun des croissants est souvent décomposable en deux nodules oblongs. Cette forme (fig. 49) rappelle Cosmarium alpinum RACIB. var. quadri- nodosum BORGE, Beitr. z. Algenflora von Schweden, 1906 (loc. cit.) p.40, pl: I, fig. 29. Il va sans dire que les différences signalées dans lornementalion centrale des demi-cellules de ces différentes formes se retrouvent sur les vues latérales et «du sommet». Celle-ci est toujours elliptique, renflée au niveau des extrémités du petit axe et munies à cette place de granulations ou de verrues en rapport avec celles signalées sur la vue frontale. En outre, la surface de la vue du sommet» montre deux et quelquefois trois séries de petites granulations. Ces formes, dont plusieurs ont déjà été décrites, Pune comme type, les autres comme variétés de Cosmarium polonicum RACIBORSKI, sont- 68 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (40) elles des espèces, au sens propre du mot, où ne sont-elles que des modalités d’un type très variable dans son ornementation ? C’est Tà une question qu'il me parait oiseux de discuter tant que des cultures en partant d’une seule cellule ne nous auront pas appris quelle est léten- due exacte de la variation possible d'une espèce quelconque de Desmi- diacées. Je me bornerai donc à signaler ce que j'ai vu : Parmi Îles centaines d'échantillons que jai pu étudier, tant dans mes récoltes du Simplon que dans celle provenant d’une autre station du Valais, la forme e, soit celle décrite par W. SCHMIDLE et ensuite par O. BORGE, sous le nom de C. polonicum Var alpinum, était le type dominant (env. le 80 ou le 90 °/o des échantillons). Toutes les autres formes m'ont paru en dériver. Je peux même, à cet égard, être tout à fait affirmatif en ce qui concerne la forme f. Jai, en effet, à plusieurs reprises, trouvé des cellules mixtes où l’un des hémimosates répondait à la var. alpinum SCHMIDLE et l’autre à la forme f. (Fig. 90.) Une autre observation que j'ai faite souvent aussi et qui montre combien il faut être prudent dans laffirmation:de la spécificité de cer- aines Desmidiacées, c’est la présence, dans ces récoltes, de formes mixtes où une des demi-cellules était à contours entiers et à surface absolument lisse, tandis que Pautre représentait un C. polonicum var. alpinum tout à fait caractéristique (fig. 51). Le plus souvent les deux demi-cellules avaient des dimensions égaleset rien, dans leur structure, tant externe qu'interne ne pouvait déceler laquelle des deux était la plus ancienne. Chez quelques échantillons, j'ai pu surprendre le début de la division cellulaire (fig. 52), mais il ne m'a malheureusement _pas été possible, sur des matériaux fixés, de pouvoir la suivre dans ses stades successifs. Ces hémisomates lisses de formes mixtes, s'ils élaient rencontrés isolés, auraient été comptés, par n'importe quei desmidiologue comme des Cosmarium se rapprochant soit de Cosm. sublumidum Norpsr, soit de certains Cosm. phaseolus. “66. Cosmarium Blyttii WiLLe var. Novæ Syloiæe WEST W. et G. S., Brit. Desmid., vol. IT, p. 227, pl. LXXXVI, fig. 6. Les représen- (41) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 09 lants de cette espèce étaient peu nombreux, mais bien caractéristiques par leur contour, leur ponctuation et leurs dimensions. Long. 20 y; lat. 17 y. * 61. Cosmarium nasutum var. euaslriforme SCHMIDLE W. formatum n. f. Beitr. z. alpin. Algenflora OÜsters bol. Zeitschrift, Déc. 1895 n042/p: 499 XV EME e2 Un seul exemplaire observé. Il diffère de la variété décrite par SCHMIDLE, seulement par lornementation du centre de lhémimosate, formée dun groupe de quatre granulations disposées en carré, au-dessus de lPisthme, surmontées d’une granulation plus petite, médiane, entourée elle-même latéralement par deux Fig. 53 élevures en forme de croissant et à concavité interne. (Fig. 53.) Long. 32 u; lat. 28 uw; lat. isth. 18 pr. 68. Cosmarium ochthodes Norpsr. Chez les échantillons de cette espèce, la demi-cellule était un peu plus large que chez ceux figurés par W. et G. WeEsr, British Desmid., vol. IV, pl. XOVITE, fig. 1-3, mais cependant bien caractéristiques. Long. 83-89 y; lat. 70-71 y; lat. isth. 26 y. 69. Cosmarium amænum RALrs. Assez fréquent. Dimensions moyennes : Long. 50 y; lat. 30 w. 10. Cosmarium crenatum RALFS. Les exemplaires, nombreux, de cette espèce si variable différaient quelque peu de ceux de la tourbière de Prantin. Cellules plus trapues ; demi-cellules à côtés moins droits, pourvus de trois ondulations el souvent d’une quatrième, avortée, à angle inférieur de la demi-cellule. Ponctuation et côtes peu distinctes. Ces cellules rappelaient tout à fail celles de la fig. 7, pl. VI, de Norpsrebr, Desmid. Spetsberg, 1872, reproduites par W. et G. S. Wesr, British Desmid., vol. IF, pl. XOVTIT, fig. 12. Long. 25-27 y; lat. 23-24 y. 11. Cosmarium annulatum (N£G.) DE BaRy. (Wesr W. el G. SAU0C Gao IV pl CI 218-195); Je n'ai pu noter cette espèce que sous forme d’enveloppes vides, de sorte que je ne peux donner aucun détail sur leur chromatophore mal connu. Au point de vue de leur forme, ces cellules différaient de celles figurées par NÆ&GELtI (Gatt. einzell. Alg., 1849, pl VI,fig K.) par COOKE (Brit. Desmid., 1887, pl. XLILE, fig. 19 F.) et par MM. Wesr (Brit. Desm., vol. IV, pl. CIE, fig. 15) par leurs angles moins carrés, plus arrondis, 20 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (49) _ semblables à ceux figurés par NÆGELI (loc. cit. sup. pl. VI, fig. a et c. (Fig. 54.) Long. 41-43 y; lat. 21.5-22 y. Genre XANTHIDIUÜUM EHRENB., 1837 $0 x 12. Xanthidium armatum (BRÉB.) RABENN. Bord sud du Hopchensee. Peu abondant. Long. cum. spin. 120-150 y; lat. cum. spin. 19-115 y; Fig. 54 lat. isth. 31-38 w. 13. Xanthidium antilopeum (BRrÉB.) KuTz. Hopschensee. Assez abondant. Long. cum. spin. 64-68 ; sine spin. 90-92 y; lat. isth. 19-20 y. 14. Xanthidium fasciculatum EuRENB. Hopschensee. Rare. Long. sine spin. 94 #; cum. spin. 66 y; lat. isth. 19,5 w. Genre ARTHRODESMUS EHRENB., 1858 15. Arthrodesmus incus (BRÉB.) HAss. Hopschensee et petites mares tourbeuses du Col. Fréquent. Long. sine spin. 26 y; cum. spin. 46 w; lat. sine spin. 25 y; cum. spin. 68 y; lat. isth. 8.5-9 y. “16. Arthrodesmus incus (BREÉB.) HAss. forma zs/hmosa HEIMERL, Desmidiaceæ Alpinæ, 1894, p.603, pl. V, fig. LS. Cette forme, trouvée en petite quantité sur les bords f du Hopschensee, ne diffère de celle décrite et figurée par HEIMERL que par des épines un peu plus diver- ventes, moins horizontales. Elle me paraît être une [. minor de la var. indentatus WEST à GS. Brit. Le Desmid., vol. IV, p. CXITL, fig. 20-23. (Fig. 55.) Fig. 55 Long. sine spin. 15 y; lat. sine Spin. 12 y; long. spin. 12 w; lat. isth. 7 y. “71. Arthrodesmus incus (BréB.) HAss. var Ralfsii WEsr W. et G. S., Brit. Desmid., vol. IV, p. 95, pl. CXIV, fig. 4. Hopschensee. Long. 20 y; lat. sine spin. 194; cum spin. 39-40; lat. isth. 8 w. Genre STAURASTRUM MEYEN, 1829 18. Staurastrum insigne LUNDELL (De Desmidiaceis q. in Sue- cia inv. sunt, 1871, p. 58, pl. ILE, fig. 25). Assez rare. Long. 25-28 y; lat. 22 y; lat. isth. 11.5 fe 19. Staurastrum orbiculare (EHRENB.) RALFS. Assez commun. Long. et lat. 24 y. (43) PF. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 11 *80. Staurastrum pileolatum BRÉB. (WEST W, et G. S. Brit. Desmid., IV, p. 167, pl. CXVIIL, fig. 11-13), forma. Ces Staurastrum (fig. 56). trouvés en petit nombre dans une des mares du Col, différaient de la description de WEsr par les angles inférieurs de la demi- cellule le plus souvent parfaitement arrondis et non émarginés. Les crêtes qui entourent la base de lPhémimosate étaient le plus souvent entières et non formées de deux verrues acco- lées. Angles apicaux ornés de cinq rangs de Fig 56 petites granulations diminuant graduellement de volume du sommet à la base de l’angle apical. Long. cell. 38-39 y; lat. base semic. 19 y; lat. apic. 20 w; lat. isth. 16.5 w. 81. Staurastrum capitulum BrÉB. Rare. Long. 35 w; lat. base semic. 19 y; lat. apic. 25 y; lat. isth. 14 y. 82. Staurastrum punctulatum BRÉB. Commun. Long. 25-27 y; lat. 24-30 y; lat. isth. 9-10,5 y. 8. Staurastrum alternans Brée. Hopschensee. Quelq. exemp. Long. et lat. 23-25 w. S4. Staurastrum spongiosum PRÉB. Assez commun dans toutes les petites mares du Col. Long. et lat. 45-50 w. $). Staurastrum hir- sutum (EHRENB.) BRÉB. Peu fréquent. Long. 44-50 y; lat. 39-45 y. 86. Staurastrum echi- natum BRéB. Assez commun. Long. et lat. 28-30 w. S1. Staurastrum poly- trichum PERTY. Quelques exemplaires seulement. Long. etlat. sine spin. 38-39 r. 8S. Staurastrum tra- pezicum BoLpr Desmid. fran Grœnland, 1888, p. 39, pl. I, fig. 46. Un seul exemplaire observé: de grande taille. (Fig. 57.) Long. 13 w; lat. 64 w; lat. isth. 22.5 w. 1 NN 0S 12 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (44) 89. Staurastrum cuspidatum BRÉB. Assez fréquent. Long. 25-30 y; lat. 21-25 w. * 90. Staurastrum megalonotum NoRrpsr. forma hastaltum LUTKEMULLER, Desmid. Attersee, 1892, p. 568, n° 162, pl. IX, fig. 18, b, ©, ci. (SCHMIDLE, Beitr. z. alpin. Algenflora, Osterr. Zeitschr.. Février 1896, p. 64, pl. XVITI, fig. 6 et 7. MiGuLA, Kryptogamenflora, Bd. Il, 190%, p: 538, pl: XXVITI IG, fig, 9°) Cette espèce, qui paraît être un peu variable dans son ornementation, n'était représentée dans mes récoltes que par quelques rares échantillons. Ils avaient tous une vue du som- met triangulaire, jamais carrée el se montraient tantôt à épines sim- Fig. 58. ples, tantôt à épines bi ou même Fig. 59 trifides toujours plus longues que celles des types de Norpsrepr et de Wesr et semblables à celles figurées par LUTKEMULLER et par SCHMIDLE. Long. cum spin. 44 y; long. sine spin. 33-34; lat. cum spin. 38 y; lat. sine spin. 28 w; lat. isth. 16-17 y. (Fig. 58, . * 91. Staurastrum ornatum TURNER var. asperum SCHMIDLE, Beitr. z. alp. Algenflora, Oster. Zeitschr., février, 1896. p. 65, pl. XVE, ne A EN Gb IDe Cette jolie espèce qu'il ne faut pas confondre avec Staurastrum asperum (BRÉB.) RALES, Brit. Desmid., 1848, p. 129, pl. XXIE, fig. 6. et que PERTY avait déjà trouvée au Saint-Gothard (Zur Kenntniss kleinster Lebensformen, 48592, p. 210, pl. XVL, fig. 31, sub Phycastrum asperum) se rapproche, par plusieurs caractères des diverses variétés de S{auras- trum margarilaceum entre autres de S/. margarilaceum B ornalum BoLpT, Sibiriens Chlorophyllophycer, 1889, p. 115, pl. V, fig. 27 et de St. ornalum (BOLDT) TURNER, Freshwater A gæ of East India, 1892, p. 115, n°59, pl. XII, fig. 28, qui ne sont probablement que des formes de la même espèce. Vue du sommet, munie de cinq bras échancrés à leur extrémité et à la base desquels sont deux bras À TRACER 2 So : rte Ur: 2 R ’ 20 très courts ou papilles à extrémités tronquées-émar- Fig. 60 ginées. Milieu de la vue du sommet pourvu de fines granulalions disposées autour du centre sous forme de couronne, mais sans ordre apparent. Diam. 28. (Fig. 60.) (45) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE T8 92.Staurastrum dilatatum Eurene. (Migula, Kryptogamen- flora, Bd. I, 4907, p. 541, pl. XXVIIF, fig. 11). Peu commun. Lat. 25-28 u. 93. Staurastrum teliferum RALES, Brit. Desmid., 1848, p. 128, n° 12, pl. XXIE, fig. 4. En petit nombre. Lat. 36-40 y. 94. Staurastrum aculeatum (EHRENB.) MENEGH. (RALES. loc. cit., pl. XVITT, fig. 2). Assez fréquent. Long. 23-25 y; lat. 38-40 y. 95. Staurastrum hystrix RALES. Très abondant. Long. 25-26 y; lat. 26-28 y. * 96. Staurastrum Sebaldi REINSCH, Algenflora des mittle- ren Theiles von Kranken, 1867, p. 139, pl. IT, fig. 1, a et b, sub St. Sancti Sebaldi. Cette rare et belle espèce était assez bien représentée au Simplon. A en juger par la figuration des auteurs, elle doit être assez variable et peut-ètre même des Staurastrum décrits sousce nom appartiennent-ils à des espèces différentes. Les formes du Simplon concordaient le mieux avec la fig. 18, pl. IT, de GUTWINSKI, Flora Glonow Okolic Lwowa, 1891, et avec celle de Wesr, Some North American Des- nid. Transact. Linn. Soc. of London, 4896, vol. V, part. 5, pl. XVIIT, fig. 2 el 3. Je me Fig. 61 bornerai, dans ce travail, à donner les figures d’un des exemplaires observés, tous remarquablement semblables, dans cette localité, comme l S0 4 | ornementation et comme dimensions. Long. 69 u; lat. 78 y. (Fig. 61.) 91. Staurastrum controversum BrÉéB. Formes concordant avec la description et les figures de SCHMIDLE, Beitr. z. alpin. Algen- flora, Üsterr. bot. Zeitschr., février 1896, pp. 63-64, fig. 1-3. Assez abondant. Long. 21-28 y; lat. 28-55 y. 98. Staurastrum gracile RALrs, loc. cit. p.136, n° 26, pl. XXI, fig. 12. Quelques exemplaires seulement. Long. 38-42 y; lat. 50-54 w. 99. Staurastrum cyrtocerum (BRÉéB.) RALES, loc. cit., p. 159, n°30; pl.XXIL fig. 10: 14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (46) Je n'ai vu de cette espèce, déjà signalée au Simplon par DE WILbE- MANN, qu'un seul exemplaire caractéristique. Comme Desmidiacées filamenteuses, j'ai noté : 100. Hyalotheca dissiliens (SMITH) BRÉB., RALFS, loc., cit., DoMADIAC NL el 101. Hyalotheca mucosa (MERT) EHRENB, RALFS, ibid., fig. 2. 102. Desmidium Swartzi (Ag.) RALFS, ibid., p. 61, pl. IV. 103. Sphærozosma excavatum RALES, ibid., p. 67, pl. IV, (10202: 104. Didyÿmoprium Grevillei (Kurz) RALES, ibid., p.97, pl. I. 105. Didymoprium Borreri RALES, ibid., p. 98, pl. IT. En résumé : Le Col du Simplon est une région très riche en Desmidiacées. La plupart des genres européens y sont représentés, sauf Genicularia et Roya, inconnus encore en Suisse. Le nombre des espèces et variétés nouvelles pour cette station est de 81; les espèces et variétés non encore signalées en Suisse sont : 1. Cylindrocystis diplospora LUND. 2. Netrium interruplum LUTKEM var. minus NOV. Var. 9. Penium navicula Var. crassum WEST. L. Penium didymocarpum LUNb. ». Pentium chrysoderma BORGE. 6. Penium sublruncalunr SCHMIDLE. 1. Pentium exiquum Î. major WEST. 8. Closterium Nulsonii BORGE. 9. Closterium spéc. 10. Closterium gracile BRÉB. var. elongatum WEsr. 1. Cosmarium moniliferum (TurP.) RALES. 12. Cosmarium Netserianum SCHMIDLE. 15. Cosmarium polonicum RAcIB., formæ. 14. Cosmarium Blyttii Wie var. Novæ Sylvie WEST. 15. Cosmarium nasulum var. euastriforme SCHMIDLE. 16. Arthrodesmus incus forma s{hmosa HEIMERL. 17. Arthrodesmus incus var. Ralfsii WEST. IS. Slaurastrum pileolatum BRÉB. 19. Saurastrum megalonotum forma hastatum LUTKEM. 20. Staurastrum ornatum (BOLDT) TURNER var. asperum SCHMIDLE. À noter spécialement l'abondance des Penium et l'intérêt de la pré- sence des rares P. didymocarpum, P. chrysoderma, Cl. Nilsonii, Cos. (41) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 19 polonicum et ses formes, Cos. nasutum Var. euastriforme, St. megalo- notuin, SE. ornatum Var. asperum, SE. Sebaldi, ainsi que d’un Closterium peut-être nouveau. Je mentionnerai aussi, bien que cela n'ait pas de rapport avec mon sujet, l'abondance particulière d’une Diatomée : Neidium amphigomphus (EnR.) PRITZER, d’un Pediastrum : P. fricornutum BORGE et la présence d’une Chrysomonadinée encore mal connue et non signalée en Suisse : Chrysostephanosphæra globulifera SCHERFFEL (A. PASCHER, Süsswasser- flora, Heft 2, Flagellatæ IT, p. 93, fig. 143). III. VALLÉE DE ZERMATT Pendant le mois de juillet 1915, j'ai exploré les petits lacs alpins de la vallée de Zermatt qui m'ont paru présenter un intérêt particulier en raison de leur altitude et du milieu ambiant. I. À environ quarante minutes du village de Zermatt, à l'altitude de 1900 mètres environ, entre le hameau de Schwegmatten et le chemin du Riffel, au lieu dit: « Bäche » sur PAtlas Siegfried, il existe, dans les roches moutonnées, quelques ruisseaux et plusieurs petits creux tour- beux dans lesquels se trouvaient, au milieu d'innombrables Diatomées, les onze espèces suivantes : 1. Closterium parvulum NEc. Long. 116-138 uw; lat. 13.5-19 w. 2. Closterium Ralîsii BRÉB. var. Aybridum RABENH. Sous ce nom, je range des Closterium dont la plus grande partie concordait avec la figure 9, pl. XXIV de Wesr, Brit. Desmid., vol I. Mais beaucoup de cellules, par les caractères de leur bord ventral el de leurs extrémités, ainsi que par leur courbure, montraient tout ce qu'a d’artificiel la distinction des espèces dans ce groupe qui comprend Cl. Ralfsii, CL. laterale, CL, crassum DELP. et CE. decorum. Long. 270 y; lat. 27 y. Long. 308 w; lat. 24-25 y. 3. Cosmarium Botrytis, formæ. Quelques exemplaires de cette espèce si polymorphe. 4. Cosmarium conspersum var. /alum \VEsr, Brit. Desmid., VON En MEN DIEENCIN "fe 10 Long. 90 w; lat. 76-77 w. 16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (48) 5. Cosmarium læve RABENH. Desmidiacée la plus abondante dans cette petite station. Long. 28 u; lat. 18 w. 6. Cosmarium ochtodes Norpsr. Un exemplaire bien caracté- ristique. Long. 75 uw; lat. 55 w. 1. Cosmarium subcrenatum HANTSCH. Long. 28 u; lat. 24 vu. 8. Cosmarium tetraophtalmum Pré. Contour de la demi- cellule muni de quatorze à quinze granulations ; exemplaires bien caractérisés par la réduction des granules au centre de lhémisomate et par les fines ponetuations existant entre les ponctuations. Dimensions moyennes : Long. 104 y; lat. 70 w. 9. Cosmarium quadratum RALEFS. Long. 57 y; lat. 35 uw; isth. 18 w. 10. Cosmarium vexatum West, Brit. Desmid. vol. IE, pl. XCII, fig. 4-5. Parmi les exemplaires de cette espèce il s'en trouvait dont lapex plus saillant et la taille un peu plus élevée que la moyenne des autres rappelaient par leur forme C. Quasillus LUND, mais le centre de Phémi- somate était toujours dépourvu de granulations. Long. 45-47 y; lat. 42 w ; lat. isth. 14 y. 11. Staurastrum punctulatum var. subproduclum WEST, British Desmid., vol: 1V, p. 182;-pl: CXXWT fig. 15: Long. 30 uv; lat. 28 y; lat. isth. 12 y. Il. LAISEE (env. 2200 mét.). Au Laisee, petit élang situé au- dessus des chalets de Findelen, à Paltitude d'environ 2200 mètres, J'ai trouvé : 1. Closterium moniliferum (Bory) EHRENB. La forme que je range provisoirement sous ce nom et dont je n'ai recolté qu'un seul exemplaire, diffère du type par ses extrémités un peu plus larges et arrondies, par le nombre des pyrénoides : neuf en une seule série linéaire et par la présence d’un seul granule mobile. Peut-être s'agit-il d’une espèce distincte ? Long. 260 w ; lat. 40 LL. 2. Closterium Ralfsii var hybridum RABENH. Exemplaires tout à fait comparables à ceux signalés plus haut. Mêmes observations. (49) F. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 11 3. Euastrum Didelta formæ. Dimensions moyennes : long. 115 w; lat. 56.5 w. Mélés à ces Desmidiacées se trouvaient de nombreux Nostoc spec. et Pediastrum PBoryanum. II. Le STELLISEE (alt. 2543 metres), non loin du glacier de Findelen, est un petit lac morainique entouré de rocailles et presque entièrement dépourvu de végétation. Je n’y ai trouvé dans mes pêches aucune Desmidiacée. La faune et la flore algologique n'ont paru y être extrèmement pauvres et ce serait vraiment un intéressant problème à résoudre que celui de savoir comment se nourrissent les innombrables tétards qui pullulent sur ses bords, cachés sous les pierres. IV. Le GRUNSEE, à 2310 mètres, est encore un lac morai- nique, à peu de distance du glacier de Findelen, sur la rive gauche, au milieu des graviers stériles et des ilôts de neige. Je n’y ai trouvé aucune Desmidiacée. V. LACS DU RIFFEL. Dans quelques-uns des petits lacs (mares) du Riffel et notamment dans ceux du Rothen Boden, à 2181 mètres, mes récoltes ont été nulles ; à remarquer toutefois que, le jour de ma visite et déjà quelques jours auparavant, la tempête de neige qui sévissait avec un vent glacial violent, m'était pas faite pour faciliter les recherches. Ces petits lacs ne sont peut-être pas aussi stériles qu'ils le paraissent. VI. Le LAC NOIR, au pied même du Cervin, celui au bord duquel est la chapelle bien connue des touristes, à laltitude de 2558 mètres, s'est montré en revanche beaucoup plus riche qu’il n’était possible de s’y attendre à cette altitude. J’y ai récolté les dix-sept espèces suivantes : 1. Closterium Dianæ var. arcualum (BRÉB.) RABENH. Long. 130 y; lat. 16-18 y. 2. Closterium parvulum Nc. Long. 120 uw; lat. 14.5 w. 3. Closterium Ralfsii var. Aybridum RABENH. Même observation que plus haut. 4. Pleurotænium trabecula (EHRENB.) NEG. Long. 434 y ; lat. 48.50 u; lat. apic. 37 y; lat. isth. 46 y. 18 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20) ». Cosmarium Lundellii var. elliplicum West W., et G.S., Brit. Desmid. Il, p. 138, pl. LVITL, fig. 4. Long. 73 uw; lat. 98 w; lat. isth. 18 w. 6. Cosmarium cyclicum var. Nordstedtianum (REINSCH) WEST, Brit. Desmid. Il, p. 146-147, pl. LVILE, fig. 12. Long. 48 u; lat. 53 w; lat. isth. 48 y. 1. Cosmarium subundulatum \WiLce, Norges Ferskvandal., 1880, 1, p. 27, pl. 1, fig 9 (Wesr Wei G:S:, Brit. Desmid.IL p° 1517 192, pl. LIX, fig. 19). Cette espèce était représentée par quelques échan- tillons bien typiques. Long. 40 y ; lat. 26.5-27 w. 8. Cosmarium inconspicuum \VESsr W. et G. S., Brit. Des- mid. (1, p. 164, pl. LXI, fig. 1-2. Je range sous ce nom une espèce, peu abondante, se rapprochant beaucoup de C. finctum, mais s’en distin- guant par un sinus plus ouvert et par la paroï incolore. Long. 14 y; lat. 9.5 w; lat. isth. 5 y. 9. Cosmarium granatum BRÉE. Long. 30 uw; lat. 19.5 w. 10. Cosmarium pyramidatum BRÉB., forma {ypicum KLEBS, Desm. Ost-Preuss. p. 31, pl. IE, fig. 19. Cette espèce était un des Cosmarium les plus abondants. Remarquable par la grande fixité de ses dimensions. Long. 69 y; lat. 46-48 y; lat. isth. 19.5 w. 11. Cosmarium cymatopleurum NorbsTEeDT, Desm. Spets- berg, 1872, p. 28, pl. VI, fig. 4. (WEST W. et G. S., Brit. Desmid. II, p. », pl. LXV. fig. 9). Abondant. Long. 84 y; Lat. 64-65 y; Lat. Isth. 26-27 w. 12. Gosmarium vexatum \VEsr, Brit. Desmid. IE, p. 187, pl. XCII, fig. 4. Cette espèce qui est aussi très répandue sur terrain calcaire dans les petites mares du Salève (Haute-Savoie, alt. 1300 mètres) près de Genève, était de beaucoup la plus abondante dans le Lac Noir (environ 80 °/ des échantillons). De même que mes exem- plaires du Salève, ceux du Lac Noir étaient remarquables par la varia- bilité du nombre des pyrénoides. Dans les deux tiers des cas, il y avait deux pyrénoides par demi-cellule ; souvent aussi : un pyrénoide dans un hémisomate et deux dans Pautre. À M. le Prof. W. SCHMIDLE, qui à bien voulu examiner mes préparations et confirmer ma diagnose, j'adresse ici mes sincères remerciements. Long. 46-49 y ; lat. 40-44 w; lat. isth. 14.9-19 y. (91) EF. DUCELLIER. LA FLORE DESMIDIOLOGIQUE DE LA SUISSE 19 13. Cosmarium quadratum RALES. Long. 91-64 y ; lat. 39-37 y ; lat. isth. 20 w. 14. Cosmarium subcrenatum HANTzSCH (WEsr W. el G.S., Brit. Desmid. LE, p. 221, pl. LAXXVI, fig. 14). Quelques exemplaires seulement. Long. 27-50 y; lat. 22-23 y; lat. isth. 9.5 y. 15. Cosmarium Botrytis, formæ. Assez rare. 16. Gosmarium tetraophthalmum Prés. Peu fréquent. Long. 103 w; lat. 70 y. 17. Staurastrum punctulatum var. subproductum WEST, Brit. Desmid. IV, p. 182, pl. CXXVIT, fig. 19. Long. et lat. 32 y. La présence de ces algues m'a paru mériter d’être signalée, notamment parce que quelques-unes : C. Subundulatum, C. inconspicuum, C. vexa- lun, typicum et St. punctulatum Var. subproductum n'ont pas encore, sauf erreur, été mentionnées pour la Suisse, mais parce que c’est Ja première fois qu’elles ont élé rencontrées à pareille altitude et dans un tel voisinage. J'indiquerai encore, comme vivant dans le même milieu, de très nombreux Rhizopodes, parmi lesquels j'ai noté spéciale- ment: Quadrula symmetrica SCHULZE, Euglypha alveolata DUJARDIN, Cyphoderia margarilacea Eur. et une espèce appartenant au genre Nebela LEïD. Un champignon à acide cyanhydrique et à aldéhyde benzoïque PAR M. Henry GUYOT (Communique en séance du 10 janvier 1916) Au mois de novembre dernier, j'ai trié, à partir d’une terre prélevée au Salève (sur terrain molassique au-dessus du Coin) un curieux champignon Phycomycète. Il se développe sous for- me de filaments non eloi- sonnés, ramifiés, à plasma fortement granuleux, sou- vent en mouvement. Quel- quefois, on trouve des pro- longements s’enroulant au- tour de filaments voisins (fig. D. Mais, ce qui est curieux, c’est l'absence d’or- ganes de reproduction, bien que ce mycète soit fort pro- bablement une Mucorinée. Dans le but de le faire fructifier, je Pai cultivé sur différents milieux. À) f ee 1° Sur moût de vin géla- ) tinisé (10 /o) le développe- ment est très bon. Ce myce- Fig. IL. — MUCOR sp, nov.?, à acide cyanhydrique lium à d’abord un aspect ft any de pensons oris-blanc, puis finalement, après un certain temps (au moins vingt jours), il passe au blane-erème. La culture adulte atteint quatre centimètres de haut. Elle liquéfie la gélatine après environ un mois de culture. H. GUYOT. UN CHAMPIGNON À ACIDE CYANHYDRIQUE 81 19 2 Sur pain. Cest le milieu qui semble le plus propice. Développe- ment rapide et très luxuriant. 3° Sur un milieu agarisé auquel on ajoute 2 °/o de glucose el 0,5 0/0 «de peptone : développement moyen. 4° Sur Raulin ordinaire, mais privé de sels ammoniacaux : dévelop- pement moyen. 9° Sur Raulin ordinaire, mais sans nitrates : développement moyen. 60 Sur Detmer, dans lequel on à supprimé tous les seis contenant de l’azote, mais avec adjonction de 0,1 °/o de nitrite de soude : dévelop- pement nul. 10 Sur moût gélatinisé à 3° : pas de développement; à 139,5: crois- sance faible, un centimètre de hauteur. Sur aucun de ces milieux, les organes reproducteurs ne se sont for- més, de sorte qu'il est impossible jusqu'ici de le elassifier. Cependant, ce champignon présente encore un intérêt tout spécial. Il produit, dès son jeune âge, de lPacide cyanhydrique et de laldé- hyde benzoïque en quantité notable. Dans une culture adulte, Podeur caractéristique de ces corps est perceptible même à travers le tampon de coton fermant l’ouverture du flacon. L'acide cyanhydrique à été mis en évidence par le papier picro-sodé de Guignard, réactif très sensible. Au bout de deux heures déjà, le papier, de jaune qu'il est, vire très nettement au rouge. Nous avons procédé comme suit pour le dosage de H CN : Le champignon a été inoculé sur du moût gélatinisé dans un ballon a distiller hermétiquement fermé. Au bout de vingt-cinq jours, le développement étant maximum, le tout a été distillé et le distillat reçu dans un flacon plein d’eau distillée. Après distillation, le champignon est recueilli, desséché et pesé. La titration du distillat donne 1,10 1/0 de HCN pour le poids sec du champignon. Ce champignon est donc excessivement intéressant au point de vue de la cyanogenèse chez les plantes. Dans une série de travaux très remarquables!, M. R. Cnopar et son collaborateur M. K. SCHWEIZER ont montré #n vibro que par oxydation d'acides aminés au moyen de la Lyrosinase, on obtenait, dune part, un aldéhyde, dautre part, de l’ammoniaque. Ainsi, en prenant du glycocolle, ces auteurs ont obtenu 1 R. CHopar et K. Scaweizer. La tyrosinase est aussi une désamidase. 47ch. des Sciences physiques et naturelles, t. XXXV, p. 1-8 (1915). Ibid. De la production du benzaldéhyde par la tyrosinase. Arch. des Sciences phy- siques et naturelles, t. XXXIX, p. 331-334 (1915). BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3 parus le 20 juillet 1916. 6 82 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) de l'aldéhyde formique, de lammoniaque et de lacide carbonique, d’après l'équation suivante : CH? NH? CO OH + O0 = H €O H + NH° E CO? Egalement en partant du phénylglycocolle on aura de lPaldéhyde benzoïque : Lo + NH + CO? CI NH? CO OH CO H Or, loxydation de Faldéhyde formée continuant, on peut émettre l'hypothèse suivante : l'aldéhyde oxydée donne de lacide formique — dans le cas du glycocolle — qui, réagissant avec FNHS donne du for- miate d’ammonium. En chimie, on sait que l'acide cyanhydrique est le nitrile de l'acide formique et qu’on peut Pobtenir par synthèse en pas- sant par les stades formiate d’ammonium, formamide. HÉCONDINESNENC DANEE AE N Des recherches sont continuées pour savoir si H CN serait le produit de la désagrégation dun acide aminé analogue au phénylglycocolle donnant, d’une part, de Pacide cyanhydrique et, d'autre part, de Paldé- hyde benzoïque. [y aurait dans ce champignon une désamidase voisine de la tyrosinase, celle-ci n'avant pu être décelée. À côté se trouve de la catalase très active. Ainsi la théorie de Treub qui veut que lacide cyanhydrique soit le premier produit de l’assimiliation azotée ne serait pas confirmée par la production cyanhydrique de ce champignon. Ce serait au contraire le produit ultime dune dégradation protéique. J'ajoute qu'on à signalé déjà quatre champignons à H CN! : Haras- mius oreades, Clitocybe infundibuliformis, C. fragans, Collybia dryo- phila el une bactérie?, le Bacillus pyocyaneus. INSTITUT BOTANIQUE DE L'UNIVERSITÉ. Genève, janvier 1916. ? GResxorr. Die Entwicklung von H CN durch einige Pilze. Pharm. Weekblad, Ba 46, p. 1418 (1906). OFFNER, J. Sur la présence et la recherche de l’acide cyanhydrique de quelques champignons, Bulletin de la Société Mycologique de France, vol. 37, p. 341 (1901). ; e CLaAws. N, B. et Youn&, C. C. Preliminary report of the production of hydrocya- nic acid by bacterium. Journ. of Biol. Chem. XN, p. 419-422 (1913). La Végétation du Paraguay Resultats scientifiques d’une Müssion botanique suisse au Paraguay PAR R. CHODAT avec la collaboration de W. VISCHER AVANT PROPOS La publication que nous entreprenons dans le Bullelin de la Société bolanique de Genève, sur notre Expédition botanique au Paraguay, en 191%, est la suite naturelle d’un ensemble de recherches que nous avons faites sur la flore de ce pays depuis 1889. Notre désir était depuis long- temps de compléter et de résumer les expériences acquises par un si long travail, en allant sur place étudier les formations végétales, leur écologie et leur biologie et d'aboutir ainsi à un travail de synthese. Déjà en 1908, à l’occasion du Congrès international de Géographie, à Genève, nous avions donné un résumé de nos connaissances sur ce pays, sous le nom de : Apercu de la géographie botanique du Paragua (par R. Caopar et E. HASSLER). Avant obtenu du Département fédéral de lintérieur, en 1913, une mission scientifique au Paraguay, j'organisali, avec divers concours, une Expédition pour l’année 4914. M. le D' W. VisCHER, un de mes anciens élèves, avec lequel j'ai déjà fait deux voyages dans la région méditerra- néenne, me demanda d'être associé à cette expédition. Le fils d'un de mes amis, M. A. Lupovicr, alors étudiant à Oxford, puis à Geneve, fut autorisé à se joindre à nous. 1 MrcueLr, M. Contributions à la flore du Paraguay, Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève (Polygalacées, Malpighiacées, par R. CHOPpAT). Vol. XXX (1889) et XXXI (1892). 34 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Au Paraguay, nous eùmes Pavantage d’avoir, sur la recommandation du D' Emile HASSLER, à Genève, les services précieux de M. T. RoJas. L'année qui précéda notre départ, nous avions élaboré une flore illus- trée du Paraguay, comprenant un croquis où une analyse de chacune des très nombreuses espèces qui ont été citées dans nos précédentes énumérations!. De cette manière, nous pouvions à chaque pas, durant notre voyage, vérifier nos trouvailles et établir des listes de plantes correspondant à chaque formation. Nous avons rapporté près de quarante paquets de plantes sèches, plus de 400 objets conservés dans l'alcool, matériel de Musée ou d'étude et un très grand nombre (200) d'échantillons de bois, d’écorces, de racines, de lianes ou de fruits. J'ai rempli, pendant ces quatre mois passés dans là région parana- enne, quatorze carnets de notes et de dessins, fait cent cinquante aquarelles représentant Papparence de la végétation et plusieurs centaines de photographies prises au moyen dun appareil qui per- mettait d'obtenir le détail à faible distance. De son côté, M. le D' VISCHER, qui a été notre bras droit dans la récolte et la préparation des plantes, a fait un tout aussi grand nombre de photographies d'apparence de végétation et de détail. Ces matériaux et ces observations, avec les belles collections de BALANSA, HASSLER, ROJAS, FIEBRIG, mais surtout celles du D' HASSLER, qui sont les plus complètes, tout cela constilue un ensemble imposant de documents que nous avons utilisés pour la rédaction des Monogra- phies des familles ou des genres les plus caractéristiques que nous publions ici. La partie systématique et celle relative à la géobotanique ont été élaborées et rédigées par nous-mêmes; les monographies biologiques ont été faites en collaboration avec le D' W. ViscHER. D’autres contri- butions seront signées d’autres noms. Ce m'est un agréable devoir de remercier iei les personnes qui, de près ou de loin, nous ont, par leurs renseignements ou leur aide effec- tive, rendu possible ce voyage d'exploration, qui n'a pas été sans diffi- cultés. Ce sont MM. D' Emile HASSLER, à Genève, Directeur FIEBPRIG, à Asuncion, le D' B. GuGGrARI, dans cette même ville, M. P. GUGGIARI, à Concepcion et Horqueta, M. le D' M. Berroni et son fils A.-W. BER- 1 R. CHopar. Enumération des plantes récoltées par le Dr HASSLER, au Paraguay, voir Bulletin de Herbier Boissier (1898-1902). — R. Caopar et E. HASSsLeR, id. Ile partie; Ibid., (1902-1907). — R. Cnopar et E. Hassrer, Novitates paraguarienses : Ibid. IIe série, VI (1906). (3) R. CHODA!. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 85 TONI, à Puerto-Bertoni et «last not least», MM. Marin et J. BerTrHer. à Buenos-Ayres (Rosario) et San Ignacio (Misiones). Enfin, il ne nous faut pas oublier que sur les instances du Ministre de Suisse à Buenos-Avyres, alors M. DuNANT, et par loffice de M, Rarz- BERGER et RUCH, secrétaire et secrétaire-adjoint de la Légalion, soit le GOUVERNEMENT ARGENTIN, SOit le GOUVERNEMENT PARAGUAYEN, ne nous ont fait aucune difficulté pour l'entrée libre sur leur territoire de nos nombreux bagages, instruments et provisions de voyage. Fevrier 1916. R. CHODAT. I. CLIMATOLOGIE ET GÉOGRAPHIE PHYSIQUE Introduction par R. CHODAT Nous avons sur le climat du Paraguay quelques données précises. Malheureusement, des observations suivies n’ont guère été faites qu’à lAssomption, sur le Paraguay et à Puerto-Bertoni, sur PAlto-Parana. On doit ces observations principalement à H. MANGELS !, ancien consul au Paraguay et à M. M. BERTONI?, un Suisse qui s’est occupé avec succès de la météorologie de ce pays depuis plus de trente années. M. M. BERTONI à l'intention de publier les très nombreuses données météorologiques consignées dans de volumineux dossiers que j'ai eu l'avantage de pouvoir feuilleter lors de ma visite à Puerto-Bertoni, en octobre 1914, et dont il faut souhaiter la plus rapide publication, all moins comme résumé, dans un journal accessible aux savants de l’Europe. La température moyenne à lAssomption est (d'après MANGELS, 1. ©. 104) 21,70 C.. BERTONI indique 22,5° C.. Si on admet, par compa- raison entre les températures moyennes de Montevideo (16,82 C.) el de Cujaba (26,30 C.) au Matto-Grosso, une augmentation de 1/20 C. par degré de latitude, la température moyenne à Concepcion serait de ? MANGELS, H. Wärtschaftliche, naturgeschichtliche und klimatologische Abhandlungen aus Paraguay, München (1904). ? BERTONI, M. Dr. Agenda y Almanaque agricola paraguayo (1905-1904), 245-269. 80 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) 99,1% C. à peu près. Mais Berront (1. c. 266) estime à 23,79 C: la moyenne de Concepcion. En partant de la température moyenne de 22,50 C. acceptée par BERTONI comme exacte pour lPAssomption, on voit qu'elle ne varie pas beaucoup du Nord au Sud : Rio Apa, 23,70; Humaita, 21,5°; Salto Guaira, 23,90: Encarnacion, 21,0°. Pour les localités plus au centre, on indique : Villa Rica, 21,70; Acahai, 21,5°; Caaguazu, 20,1°; Hor- queta, 23,10. Les températures maxima sont 41,80, en élé, mais ce maximum est rarement atteint; habituellement, on ne dépasse pas 37,90. Nos obser- vations en juillet et poursuivies jusqu’en octobre 1914 nous ont montré que, même à la fin de Phiver et au printemps, pendant de longs jours, ce maximum de 36-37 est souvent atteint !. Le thermomètre descend cependant au commencement même de Pété (octobre) à 0 C., la nuit, lorsque le vent du Sud souffle. La différence entre l'été et Phiver, ear on ny distingue que deux saisons d’ailleurs mal définies, nest que de 6°, L'été va d'octobre à mars, Phiver d'avril à septembre. D’après des mesures faites de 1885-1889 (M.), le mois le plus chaud serait janvier (27,20); le mois le plus froid, juin (14,3°), l'écart étant de 12,90. On compte en moyenne 45,3 jours froids (Maximum au-dessous de 18,82), 96,3 jours chauds (Maximum au-dessus de 31,39) et 225,4 jours oo. I y a, à P'Assomption, en moyenne dix nuits avec gelée blanche, les mois de novembre à mars mayant Jamais de gel. D'ailleurs le gel, comme chez nous, varie de station en station; il gèle plus facilement dans les terres basses (cañadas). Deux vents principaux, le vent du Nord et le vent du Sud, le pre- mier chaud, l’autre froid, Pun humide, l’autre sec, soufflent à peu près le même nombre de jours, avec une faible prépondéranece des vents du Sud. L'humidité atmosphérique varie de 80-900 à 400-300 et descend parfois jusqu’à 10°. L'été est particulièrement humide et présente ordinairement un mois pendant lequel il pleut tous les jours (caractère tropical). Les brouillards sont rares au Paraguay occidental et sont, au con- Lraire, abondants dans la région de PAlto-Parana, surtout pendant la ? Dans la journée, en peu d'heures, on observe des variations brusques:; ainsi sur la Cordillère Carnier, vers la lagune Ipoa, nous avons observé, le 24 septembre, une chute de 36° à 16°, de neuf heures à midi. (5) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 8 Fig. 1. — Paysage paraguayen typique pour la forêt: picada au Cerrito de San Bernardino, le lac et au loin la côte d’Aregua. Les grands arbres sont des Pelto- phorum et des Astroniwm. (Dessin de R. C.) nuit, ce qui entrave beaucoup la navigation, ainsi que nous avons pu l’observer en remontant ce fleuve. La rosée est souvent très abondante, surtout en été; sur l’Alto-Parana, elle est parfois si forte qu'elle ne disparait pas de la journée (BERTONI, communication verbale el obser- vation personnelle). L’abaissement de la température, la nuit, de 39° à 1-2, amène naturellement à la production d'une rosée abondante; ceci fait comprendre la végétation des épiphytes /Pitlandsia) dans les régions les plus sèches du Chaco. La rosée a été déterminée par pesée sur un appareil dont la surface agit comme une feuille (feutre). Aux environs de PAssomption, il tombe, en une année, plus de cent litres d’eau en forme de rosée 88 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) par m? de superficie. Mais, dans PEst et au Sud, cette quantité augmente considérablement, 150-250 litres, pour atteindre, dans la région moyenne et supérieure de PAlto-Parana (paraguayen, c’est-à- dire au Sud du Salto Guiara), la valeur considérable de 200-240 litres. Les jours de pluie sont en moyenne de 79 et les jours clairs 20e La pluie se répartit sur les deux saisons : 60/0 en été et 40/0 en hiver. Au point de vue de la végétation, cela nous explique la remar- quable uniformité de floraison de beaucoup des types herbacés les plus répandus, car, avec plus de pluie en été, il y à plus de chaleur, donc aussi plus d’évaporation À. Quantité de pluie tombée annuellement en divers points du pays d'après les observations ou les calculs approximatifs de M. BERTONI ChacoMMISSIon van els ta ner eee s 1135 CONCODCION ETES An SENTIR ARE 1300 ASUNCLON (MANIA ASE ARUE 1330 » (Quinta Iduna d'après MANGELS)... 1347 San PÉTAATAINON ANT ERA RER 1366 ÉASSOMPHONSMIIeRTEMPNE ARE 1407 Va RCA 70e ARR ARR 1800 Via Encannacion AE EN RER 1900 JaCUAAESApa(Dpte JESUS) PEER RES 1999 Villa A ZA pas eu sn n re ea ess 2080 PUCRLONBéR ON ARS AE ETES ESA tRNe ARS 2161 On voit que la chute des pluies augmente sensiblement non seule- ment de lPOuest à PEst; mais aussi à partir du massif central vers le Sud, c’est-à-dire de Villa Rica, avec 1800 mm. jusqu’à Encarnacion, sur PAÏo-Parana, avec 1900 min. Cela se marque d’ailleurs par le caractère plus frais, plus vert, de toute la végétation, en particulier des pâturages. Je dois dire que cette différence frappe le moins averti des observateurs ! La pluie varie de 2613 mm. (1878) à 1020,5 mm., la moyenne pour PAssomption est de 1413 mm. Le Chaco est plus sec (1014,6 mm.) et humidité augmente régulièrement (observations de 1895-1901) vers l'Est. À Puerto-Bertoni, il y a déjà 2161 mm. et parfois plus de 39346 mm. Il y à une très grande irrégularité dans la répartition des ! BERTONT, M. Dr. Primeras normales pluviometricas del Paraguay, in Revista de Agronomia III, n. 1. Résumé d'observations de 1884-1900. (1) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 89 Fig. 2. — Vue du Chaco paraguayen, sur la rive droite du Rio Paraguay, vers le 249 lat. Sud. Palmeraies de Copernicia (Campo-Palmar), arbres isolés de Cratæva Tapia et Halliers-nasses de lianes sur buissons et arbres divers. (Dessin de R. C.) pluies durant les mois de l’année. Le mois d'août, qui est habituelle- ment sec (0,5 mm.) recoit parfois 145 mm. de pluie. La quantité de pluie qui peut tomber en une fois est excessive; en trois jours, 227,1 mm. Nous avons mesuré en une nuit, sur lAlto- Parana, 190 mm. Les fleuves ont un régime excessivement variable ; tandis que pour le Paraguay, on n'indique que des crues de 6 à 10 m., à PAlto-Parana, BERTONT, qui à fait établir des limnimètres qu'on voit de loin en remontant le fleuve, à reconnu des crues annuelles de plus de 39 m. (parfois 42 m.). Mais les crues ont, au point de vue du tapis végétal, un tout autre effet. Le Paraguay inonde les terres basses du Chäco pendant l'automne ou les dépressions sur sa rive gauche, tandis que le Parana, encaissé dans un étroit et profond chenal, provoque, par ses crues sur ses berges escarpées, la formation dune série d'élages de végétation caractéristiques et d’une remarquable netteté. Le climat paraguayen est classé par E. DE MARTONE Géographie physique, 1909) parmi les climats subtropicaux du type chinois, sans période sèche définie; mais il ya lieu de montrer que cette définition ne s'applique qu'à l'Est du pays, tandis que l'Ouest passe insensible- ment au climat subdésertique où méditerranéen. Le Paraguay proprement dit est compris dans la pince formée par les deux importants cours d’eau, le Rio Paraguay et PAILO Parana; il se continue politiquement vers POuest, par les vastes plaines du Chaco, au Nord du Rio Pilcomayo (fig. 2, 4). Le Paraguay, proprement dit, peut être orographiquement divisé naturellement en deux parties bien distinctes : une première, la zone des dépressions, continuation de la plaine du Chaco, sur là rive gauche 90 = SA ere) fr BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) OS > = > aco & US È ) > | RER OR PPS À sé o Fr. JeJur 5? EN OX | \ ADS | || SD -F = SAstaxs/ \ ee se © Not] À SORA ES Ë ; (# ? = À Le a EE d \ NX 2? rS AE Es D : / 2 n (or | NUE omares } a © 2 RER = } 22) S xs 0 Ar tn 7 ES \SS b Te | |7acugouct ASV @ AR 7. S | do / AK de 4 A. Monda % Fe RC ID | Ja ya SSU D) Me p) Ro V Formasz.o À| RŸ f : , } © V'Franca f a d Ÿ | [ - | fre. \ } LsEro-Nembicu è É €Jo ur Hope * e Tee | L L SE * F Z 27 s Nr il me + | ÿ à ñ 4 l 7e ait | Ô | | Î Éd | | | D. Î | DE: : FT NGC Éf/ICa/r/tdàic/o7 { Sont, en partant d'en haut Colonia. — $. C. — Concep. — C et de gauche à droite Poseras | [l À Î 3. — Carte du Paraguay. d'après celle de K. CARNIER (modifiée). Les abréviations : P. Casado — Puerto C. — Col. — San Carlos. — B. V. — Buena Vista. — P. Max — Puerto M. — OnCepcion. — B. — San Bernardino. — A. — Aregua. — P. — Par — S. — Sapucay. — C! — Caballero. — I. = Ibitimi. — Ag Bertoni NI NViTa REP 0 Me San. — aguari. g. — Aguire. — P. B. — Puerto S. M. — San Miguel. (Déssin de R. C:) (9) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 94 ss ge D mn re pr FT Hope LIRE . pin Û A 2 LA HR me rie ve {qe DA lee re à trs ART LL dt LT 2 Mo … RS fes À. Lio. Nef. Fig. 4 — Paysage du Chaco paraguayen, au Sud de l’Assomption; plaines her- beuses avec Palmeraies naïnes : devant, le fleuve R. Paraguay. (Dessin de R. C.) du fleuve Paraguay; la seconde, un plateau plus où moins ondulé ou montueux qui, insensiblement, se relève vers PEst et le Nord-Est. # Les dépressions principales sont, par ordre d'importance, celles qui occupent l'angle formé par la confluence des fleuves Paraguay et Alto Parana. Tout d’abord, une zone parallèle au fleuve, d’'Encarnacion à Humaita, puis, en continuité avec celle-ci, le grand triangle maréca- œeux qui est limité à l'Est par une ligne droite qu’on tirerait de Villeta à la rive orientale de la lagune Ypoa, en la prolongeant jusqu’à PAT Parana. Cette zone chacoenne comprend tout le pays autour de la lagune Ypoa, le cours inférieur du Rio Tebicuari, le Palus de Nembucu. Elle s'étend d'ailleurs en se rétrécissant plus où moins jusque vers le cours supérieur du Tebicuari (voir carte, fig. 3). La lagune Ypoa est comme le centre organique de ces terrains incertains où l’eau et la terre sont, selon les saisons et les années, en compétition. Une seconde dépression, mais de moindre importance, se trouve au Nord de l'Assomption ; comme une vallée à fond plat, elle sépare deux massifs montagneux par le Rio Salado, le Campo Grande, là lagune ou lac Ypacarai et son affluent, le Pirayu. Vers Paraguari, les eaux de ce dernier couleraient sans grande difficulté aussi bien vers la lagune Ypoa que vers le lac Ypacaray et je ne suis pas sûr que parfois, lors des grandes crues, la direction ne soit pas imprécise. Le cours d'eau voisin, le Mbaei, qui se jette dans le Cañabé, coule dans une clépression du même type qui anastomose celle du Sud à celle du Salado Pirayu. Il y a d’autres dépressions entre le Manduvira et le Rio Jejui, mais je n'ai pas de renseignements précis à leur sujet. Ces dépressions, avec les embouchures de presque tous les affluents du Rio Paraguay, DA BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) En 5 eh: fat 38: Fou 1 M ë si AE ne Û (id 1 A l w ja je à 4 AU RE 1} {iii } NA dau re . ae A Go a y Mi in ei BU Pa ÉEre à Fig. 5. — Vue des «lomas» de Valenzuela, « vastes croupes aux contours indécis ». Pâturages et bouquets de Palmiers Acrocomia Totai. (Dessin de R. C.) répètent, sur la rive gauche, le caractère géographique et laspect , végétal de la grande plaine du Chaco, avec ses étangs, ses marais, ses grandes palmeraies et ses argiles salées couvertes d'Espinillares en buissons ou bosquets. Le reste du pays est, comme nous Pavons dit, un plateau ou une espèce de Meseta qui monte insensiblement vers PEst et le Nord-Est pour se relever assez brusquement en un seuil qui détermine le par- lage des eaux entre le Rio Paraguay et PAÏto Parana. C’est ce que CARNIER ! à appelé le plateau d'Amambay. D'une manière générale, ce seuil va diminuant en hauteur du Nord au Sud. Vu du pays qui, à ses pieds, le borde à l'Ouest, ce seuil fait d’en bas l'impression d’une chaîne de montagne, d'une sierra; c’est ce plateau qui, au Nord- Ouest, à été nommé bien improprement la Sierra d’Amambay. Ce haut plateau s'annonce plus lentement au Nord quand on vient de l'Ouest, dans la région de Punta Pona, que vers le centre, dans celle d'Igatimi. [ci la montée, à Ipé-Hu est assez brusque; Pimpression qu’on a de ce point est aussi d’avoir devant soi une sierra, quand on est encore sur le seuil inférieur. C'est ce seuil qui, à tort, selon CARNIER, a recu le nom de Sierra de Mbacarayu. Cette Sierra s’étendrait, et c’est ainsi qu'elle figure sur toutes les cartes, d’Ipé-Hu à PAÏEO Parana; en réalité ce n'est qu'une faible ligne de partage des eaux entre deux affluents du fleuve, les Rio Ygatimi au Nord et les rios Piratiy et Ygurey au Sud. Quoi qu'il en soit, la chute importante du Salto Guaira à 230 mètres et © CARNIER, Paraguay, Versuch zu einer morphologischen Betrachtung seiner Landäschaftsformen, in Mitteil. Geogr. Gesellschaft, Léna, XXIX (1911), 1-50. (11) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 93 le caractère changé de la couverture végétale indique bien, à cette latitude, un changement important; cela est marqué, mais seulement pour ce qui est du lit du fleuve qui coule dans une cassure tectonique, par le passage des grès aux mélaphyres Si on veut conserver le nom de Sierra d'Amambay au rebord occi- dental de ce plateau, au Nord d’Igatimi, on pourra dire que le plateau qui s'étend au-delà vers l'Est, en territoire brésilien, est essentielle- ment du type des Campos, tandis que le rebord et ia déclivité comme les abords au pied de la Sierra sont occupés par la forêt tropicale ou subtropicale. Cette zone forestière devant le plateau est beaucoup plus large au Sud d'fgatimi; non seulement, elle se prolonge vers le Sud, mais déborde sur le plateau, au Sud du Rio Igatimi et en occupe toute la largeur, tout le territoire sillonné par les affluents de PAlto Parana jusqu'à Encarnacion et qui est une immense forêt. Nous l'avons visitée à Puerto Bertoni et son homologue, sur la rive gauche à Aguire, sur PYoeuazu et à San Ignacio. Cette silve continue n’est interrompre (d'après les indications concordantes de MM. HASSLER, BERTONI, FIEBRIG, CARNIER, elc.), que par peu de clairières-campos (Potrero). Ainsi à Tacurupucu, à Palomares, à Caaguazu. La région forestière qui borde à FPOuest la Sierra d’'Amambay qui, d’ailleurs, n’est nulle part aussi continue que la grande forèt para- néenne el qui alterne avec des campos proprement dit ou des campos- serrados, est une région à {lex paraguariensis, elle comprend dimpor- lants Yerbales (forèts où se trouve la «Yerba » et où lon exploite P/lex paraguariensis) qui se continuent et se précisent dans Pangle formé par le faite de Mbacarayu et le Rio Alto Parana, pour diminuer d’impor- tance à mesure qu’on avance dans la forêt plus au Sud. Tout le plateau d’'Anambay va s’abaissant insensiblement jusqu'à Encarnacion. À Punta-Pona, on est encore à 660 m., à Ipé-Hu, à 420 m., à Caaguazu, on n'est plus qu'à 300 m. et Encarnacion, à 120 m., est situé sur la dernière pente de ce plan faiblement ineliné. Le Rio Paraguay, coulant à un niveau de 140-100 m. plus bas que PAIO Parana de San Ignacio au Salto Guaira, ses affluents ont pu mieux remonter la pente que ceux de lAlto Parana, de là, leur plus grande longueur et leur pouvoir d’érosion remontante plus forte. Le plateau antérieur paraguayen à opposer au plateau paranéen d'Amambay est faiblement ondulé, cest ! Espèces de laves de la faille du Parana. Labradorites violacées vacuolisées ou plus compactes qui empâtent des cailloux de quartzite ou de grès quartziteux de la roche avoisinante; ces inclusions saccharoïdes à l'intérieur sont vertes à l'extérieur et rappellent la couleur d’un minerai de cuivre. 94 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (12) un pays de basses collines ou de plaines légerement ondulées. Il est interrompu dans sa monotonie par un groupe de massifs montagneux qui s'élèvent en son centre, mais, vers son rebord occidental, c’est le pays des Cordilléres du Gentre. Il est encore une fois interrompu au Fig. 6. — Le Cerro San Tomas, vu de la plaine: rochers abrupts avec végé- tation de Cactées et de Broméliacées:; sur les pentes, forêt xérophyte. (Dessin de R. C.) Nord entre San Luis et la rivière Apa. Là s'élève un cHorst» dont CARNIER à donné une très captivante étude morphogénique et géolo- gique. L’immense majorité des terrains du plateau paraguayen et du plateau d'Amambay sont formés de grès rouges à grains fins ou grossiers dont sont construites les arènes des vallées et une grande partie de la terre rouge si abondante dans tout le pays. Dans le Nord, des granits et des roches éruplives apparaissent iei et Ià; on trouve sur les grès, dans Île (13) R. CIHODAT. LA MÉGÉTATION DU PARAGUAY 95 plateau de Saty, au Nord de lPAquidaban, de Puerto Max et Puerto Foncière jusqu’à PApa, d'une part et jusqu'au pied du massif monta- oneux de PApa, d'autre part, des lambeaux de terrains calcaires. Les massifs montagneux du centre peuvent être, selon nous, classi- fiés en quatre subdivisions. La première comprend les Cordillères entre le Rio Salado et le Rio Manduvira c'est le Massif de Tobaty-Valenzuela. Fio. 7. — Rupture de pente du plateau de grès de Tobaty, versant oriental. On voit les hauts bastions couronnés de Palmiers et de Copaifera ; les parois verticales sont sillonnées de gorges: au pied, en avant de la figure, la forêt. (Dessin de KR. C Ce socle montueux est bordé vers le Sud-Ouest par la Cordillère qui va d'Emboscada à Caballero (Cordillera de Allos, Costa larga). Le nœud en est formé par les Clomas » de Valenzuela (300 m.), vastes croupes aux contours indécis (fig. 5), toit d’où descendent les rivières de Ha-Hu, Piribebuy, Yagui, vers le Nord et lPYaca, vers le Sud. Le coup d'œil est particulièrement saisissant lorsque, à l'Ouest de Valenzuela, du haul d'arêtes rocheuses, on domine le profond fossé d'où les eaux indécises vont se déverser dans l'Yagui ou dans PYaca. Il est intéressant de voir 96 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (14) que le creusement est, dans cette région, plus marqué dans le cours moyen que dans le cours inférieur; il Sagit, en effet, d'un régime torrentiel, les eaux, dans les régions basses, ont perdu de leur force par infiltration et Pévaporation (formation de marécages el détangs). Les vallées sont encaissées dans leur partie supérieure ; les sommets sont occupés par des plateaux rocheux, bombés, sur lesquels le ruis- sellement, l'action du vent et la végétation (lichens, etc.) taillent de nombreuses rigoles, découpent de bizarres crénelures. Tout autour, les matériaux accumulés en sables ou en fins conglomérats constituent des croupes arrondies : les loma-campos, vastes étendues d'herbes, de Graminées xérophytes, seulement interrompues par des bouquets d'arbres surmontés d'un ou plusieurs Palmiers (Acrocomia Totai Mart.) là où le terrain sous-jacent permet lPaccumulation d’une certaine quantité d’eau. Sur ces plateaux rocheux, la rupture de pente est souvent fort brusque, soit par des raisons stratigraphiques, dureté différente des couches de grès, soit parce qu'un cours d’eau plus inportant a creusé, par divagations, un chenal plus profond, aux bords variables duquel les escarpements des grès, vu leur composition hétérogène, s'érodent avec facilité!. Ainsi s'élablissent des ruptures de pente brusques; des parois verticales profondément sillonnées, parfois «surgissent des versants boisés comme des bastions® ». Le tout prend l'apparence bien connue des Causses calcaires. Ainsi, dans toute la région de Tobaty et au passage de PYagui de Tobaty à Piribebuy, puis autour de Valenzuela, au-dessus de PYaca et enfin sur le versant orien- tal de la Cordillera de Caballero ou à la Cordillère de Altos (fig. 6 et fig. 7). Souvent les causses gréseux s’abaissent en étages successifs; il se forme des terrasses, le bord du talus étant occupé par la forêt, tandis que les eaux coulant librement sur le rocher nu, taillent dans le grès des rigoles nombreuses plus ou moins profondes, où Peau, à chaque rupture de pente, provoque, par Paction des sables siliceux, la forma- tion d’une marmite qui, en s’élargissant sur la terrasse horizontale, produit une cuvette étendue dont le fond sablé ou finement aréneux ! Grès quartzeux exclusivement formés par des arènes soudées par un ciment ferrugineux. La cartographie du Paraguay est encore très rudimentaire ; CARNIER s exprime comme suit : « Die Karten von Paraguay sind alle noch mangelhaft: besonders in der Darstellung der Oberflächenformen herrscht eine grosse Willkür. Kartenbild und Wirklichkeïit weichen oft weit von einander ab. Man wird in der Natur manch- mal nach Gebirgen suchen, und nur ein welliges Gelände sehen künnen, man wird Flachland suchen und Berge vor sich haben », 1. €. 2. * De MARTONE, Géographie physique, cfr. pag. 460. (19) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 97 donne asile à tout un monde spécial de petits végétaux hygro-xéro- phytes {Selaginella Mildei Hier., Polycarpæa Hassleriana Chod., Sedum sp., ete.), qui supportent à la fois l’eau et ensuite l'extrême sécheresse lorsque Peau est évaporée ou a cessé de couler. Ce sont des stations spéciales, à définir écologiquement, que nous avons rencontrées très souvent et qui hébergent une végétation particulière. Nous les appel- lerons «Cuyettes sablées » (fig. 8). Lorsque ces dernières sont plus vastes et plus profondes, par Punion de plusieurs marmites, comme cela se voit aussi dans la confusion des marmites du calcaire, chez nous. elles arrivent à former des «Cuvettes-marécages» où des plantes aquatiques s’établis- sent à demeure, sur les plateaux supérieurs même de ces Causses des grès paraguayens. On concoit dès lors que le matériel étant moins résis- et plus hétérogène que le calcaire, lorsque la chute d’eau est faible, la cuvette ira en s’élargissant, perdant ainsi en profondeur. Mais, lorsque la rupture de pente est plus forte, le ruisseau temporaire devient une cascade plus importante qui tombe dans une vasque, sorte de marmites arrondies et agrandies, qu’on voit par exemple à Tobaty s'aligner en chapelet, de gradin en gradin, de la voussure du plateau ou, lorsque Peau arrive sur le premier rebord du plateau, elle tombe en cascade dans une Fig. 8. — Plateau rocheux au-dessus du Paso de l'Yagué. Cuvette sablée, entourée par des rochers ruiniformes, dominés par des buissons de Copaifera et des Cocos Romanzoffiana: à gauche et tout autour, buissons de Croton argenteus, avec Cereus paraguayensis; dans la cuvette, touffes de Polycarpaea Hassleriuna et de Hypericum Sarothra. (Dessin de R. C.) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3% parus le 20 juillet1916. 7 (CISU9SIA ‘MA ‘J0Ud) ‘OUI 91 9109 no outeId EI ‘oJO4p SUH OH99 NP XU9U901 AUIOU Of IOTUOLT NE : OIOILPAOND EI ‘UPIÉ PUO99S UV — ‘UFJ OHO() OT DOAC HIVNSVIV 9P OIOIIPIO) VI 9p NA — ‘6 SM (LMD) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 99 grande piscine, vraie baignoire naturelle dans laquelle s'écroule souvent rocher surplombant. Ces cascades ne se voient pas du pourtour car elles sont ombragées par la haute forêt qui s'établit au pied de la pente humide tandis que les racines des Aroidées /Philodendron) qui ont grimpé de saillies en saillies lancent de la hauteur leurs grands câbles. Ces talus humides et ombragés, ces gorges minuscules ou délicieuse- ment poétiques sont, dans le Paraguay central, Pasile de la végétation lropicale, des fougères arborescentes, des épiphytes et épiphylles cryp- togamiques, des Hyménophyllacées et des saprophytes Phanérogames. La rupture de pente de ce massif est beaucoup plus forte du côté du Thalweg du Pirayu. La Cordillère s'élève de ce côté brusquement ou plus lentement à 400 m.; les eaux y sculptent des vallons encaissés et humides dans lesquels s’écroulent les bastions surplombants et qui sont, comme tout le flanc occidental de la Cordillère, enveloppés de hautes forêts ; elles tombent parfois en grandes cascades imposantes au milieu de la végétation exubérante, dans l’ombre verte de la forêt, en rebondissant de rocher en rocher moussu comme au Salto de Sapucay ou en cascatelles dans une gorge pittoresque, comme à la Gruta (ancienne propriété du D' Hassler — Bierschlucht). Dans les vallées du Massif central, dont toutes les rivières doivent, avant d'aller rejoindre le Rio Paraguay, couler tout d’abord vers l'Est, il se forme des chutes assez importantes le long des cours d’eau, là ou dans la vallée où la rivière à déjà atteint sa stabilité, 11 y a un accident stratigraphique, comme en plus dun point sur lYagui, Fia-Hu et PYaca. Dans ces chutes en grandes nappes, de deux à six mètres de hauteur, nous avons reconnu la présence abondante de Podostémacées, accrochées au rocher par leurs thalles roses qui les font ressembler à des algues Floridées. | Il a été dit plus haut que ce massif montagneux (fig. 6) atteint sa plus grande hauteur le long de la Cordilière d'où il semble s'effondrer brusque- nent dans la dépression Salado-Pirayu (fig. 9). Il s'agit ici d’un acci- dent tectonique, déjà supposé par CARNIER, et qui à sans doute provo- qué Papparition des beaux granits rosés du Gerrito devant le lac Ypa- carai; mais cette impression est saisissante lorsque du sommet du Cerro San Tomas, d'où le rocher tombe brusquement dans la plaine de Pirayu, on voit les sauvages éboulis d'Essexites, d'apparence granitoïde, au pied de la Cordillère, répéter les granits du Cerrito, dont ils sont la continuation. Les roches éruptives (phonolithes) qui forment tout le seuil inférieur de la pente à Sapucay, dans le prolongement de la 100 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (18) Cordillère et qui continuent dans la direction de Caballero (basaltes et limburgites) complètent le témoignage d’une grande dislocation. Du haut de cet observatoire de grès du Cerro San Tomas, couvert d’une forèt brousse dense et d'accès difficile, on voit à ses pieds la plaine uniforme, herbeuse, mi-marécageuse, sillonnée par le cours indéeis du Pirayu qui s'écoule vers le Nord-Est et qui se perd dans le lointain des Palmeraies de Tacuaral Copernicia cerifera Mart. (ex. Barbosa Rodr., C. australis Beec.) ou du Rio Mbaei dont on devine le cours par le long serpent boisé qui en suit fidèlement les deux berges. Cette rivière va se jeter dans le Cañabe. A lPhorizon, à l'Ouest, le profil HS eue 277% Fig. 10. — Dépression du Mbaei, vue du haut du Cerro San Tomas, îlots de forêts et forêt-galerie serpentant dans la plaine: au loin, les monts-taupinières: à l'horizon, à droite, le profil de la Sierra d’Acahay. (Dessin de R. C) allongé en selle et brusquement coupé aux deux extrémités du massif d'Acahay. Du milieu de la plaine uniforme s'élèvent, isolés, les cônes d'Ibitipé, de San Rafaël et qui sont dans la continuation de ceux de Tucumbu, de Lambaré, d'Yaguaron. IIS font l'effet de grandes taupi- nières isolées dans la plaine (200 m. d'altitude au-dessus de la plaine) (he 40) Nous avons fait l'ascension d’un de ces sommets-taupinières qui se lève dans PEstancia Primavera (Sacarello) et nous l'avons trouvé formé de phonolites brun chocolat qui sortent des grès de même apparence que ceux d'Emboscada, utilisés à PAssomption pour la confection des dalles de trottoirs. Ce sont évidemment des témoins de poussées érup- tives, montagnes-taupinières, isolées d’un massif de grès, d’une espèce (19) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 101 a _… A1 re à Fig. 11. — Chaïînon Carnier et île Carnier à la lagune Ypoa. (Dessin de R. C.) de basse Cordillère dont on retrouve les débris par exemple au Sud de Primavera, mises à nu par l'érosion qui les attaque plus difficilement que les matéraux meubles des roches sédimentaires. Le massif d'Acahay-Carapegua est en forme de bastion à trois pans ouvert vers l'Ouest. Le rempart d’'Acahay est formé dans sa partie moyenne et supérieure de magnifiques essexites; il est orienté du Nord- Est au Sud-Ouest. Il va se continuant, en s'abaissant sous des gres, en espèce de plateau élevé vers Tabepy. Mais, de cette localité au Sud, s'étend une chaîne qui s’allonge dans la direction de la lagune Ypoa, montrant au-delà de lEstaneia « Leite » encore des essexites du même type que ceux d’Acahay, puis des quartz-porphyres qui forment Péperon rocheux au sommet duquel est située PEstancia Ypoa, il s’agit évidem- ment ici d’un horst sur le bord d’une fracture tectonique devant laquelle s'étend la lagune. Nous avons de ce point élevé, qui permet d’embrasser d'un coup d'œil d'ensemble le Nord de la lagune Ypoa, poursuivi jusqu’à l1 rive cette ossature qui, en plusieurs chaînons, descend vers la lagune else continue dans celle-ci par un promontoir rocheux, escarpé, couvert de forêts épaisses et qui se prolonge dans le lac tout d’abord par une série de crêtes rocheuses dont les grandes frondaisons se penchent sur les eaux et enfin par une grande île rocheuse couverte d'une forêt épaisse; on arrive ainsi jusqu'à la seule berge escarpée de la lagune Ypoa. Comme nous n'avons pu trouver aucune indication relative à l'existence de ce chaînon et de cette ile que ne signalent aucune des cartes du Paraguay en ma possession, nous lui avons donné le nom de Chaînon Carnier et d'Ile Carnier, en l'honneur du savant qui à fourni sur ce pays les meilleurs documents géographiques et géologiques depuis AzaRA ? et RENGGER * (fig. 11). 1 Nous devons la détermination des roches énumérées à notre savant ami le prof. L. DuParc. 2 AzARA, F. be, Geografia fisica y esferica de las provincias del Paraguay y Misiones Guaranies, Asuncion (1790). Edition de R. R. Schuller. Montevideo (1904). 3 RENGGER, J. R., Reise nach Paraguay, Aarau (1559). 102 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20) De l'Estancia Leite à la lagune, on rencontre des collines basses formées de conglomérats peu compacts ou de gros graviers qui ne peuvent provenir que de la Sierra d’Acabay et qui sont trop grossiers pour avoir été charriés de loin. Cela indique cependant une action des eaux plus active qu'actuellement. Le terrain argileux au pied de la Cordillère Carnier, entre cette montagne et la lagune, est souvent d'un blane grisâtre ou jaunâtre ; on y voit le sel blanchir la surface ; au pied de l’Estancia Ypoa, on trouve beaucoup de gypse. Cela indique un ancien facies lagunaire et une ancienne extension de la lagune Ypoa qui devait autrefois avoir un niveau plus élevé qu'aujourd'hui, ce qui se voit à la lagune même, là où, à la faveur de la Cordillère Carnier, nous avons pu examiner la seule berge solide de cet immense lac marécage, c'est-à-dire à la présence de grosses coquilles lacustres bien au-dessus de son niveau maximum actuel. La Sierra de Carapegua continuation du bastion d’Acahay est, dans la région que nous avons traversée, formée de grès rouges très com- pacts ; elle est couverte de forêts. On y voit aussi, en arrière de Cara- pegua, d'importants Ypayerés. Ce pays dont Tabepy occupe le centre est boisé dans toutes les hau- teurs, Sierra d’Acahay, de Carapegua; de leur sommet, on ne peut jouir d'aucune vue; les vallons sont des campos el par place on y rencontre de belles forêts de grands Cocotiers (Acrocomies), les plus beaux que nous ayons vu au Paraguay et, le long des cours d’eau laté- raux, se forment surtout entre Acahayet Tabepy, des espèces de tour- bières en pente auxquelles CARNIER, qui les à signalées pour les Campos de Palomares et de Caaguazu, à adopté le nom indigène de Ypayeré. On les appelle aussi €Cañadas », mais comme ce nom m'a paru appliqué aussi aux marécages ordinaires qui accompagnent les cours d’eau, je garde le terme adopté par CARNIER. La lagune Ypoa est entourée d'immenses marécages qui en rendent abord dangereux. Nous lavons approchée à cheval jusqu’à lPem- bouchure du Tobaty qui se perd dans les Scirpaies, les îles flottantes des Ponlederia et les Graminées aquatiques. Sur les terrains fixés, un peu salés, les Palmeraies de Copernicia forment des bosquets littoraux, puis, plus en arrière, vers Carapegua, d’imposantes forêts dont nous parlerons plus loin à propos des Palmiers. Le troisième massif du Paraguay central comprend une arête plus ou moins rapprochée du lac Ypacarai et qui fait pendant à la Cordillère d’Altos, avec les sommets d'Aregua (fig. 12). Le centre en est occupé (21) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 103 par un alignement de sommets basaltiques dans le prolongement de celui déjà signalé plus haut: laguaron, Lambaré, Tacumbu. Tout ce massif est beaucoup moins élevé que les deux précédents, les hauteurs y sont couvertes de forèts du type de la Cordillère d’Altos avec des sorges humides. C’est encore, avec ses basaltes qui surgissent, comme au Lambaré, immédiatement devant le Rio Paraguay et la grande plaine du Chaco, une bordure qui marque un second accident tecto- nique semblable à celui qui s’est fait devant le massif d'Acahay. ñ 1 Fig. 12, — Lac Ypacarai, vu du haut de la Cordillère d’Altos: de l'autre côté, les monts d'Aregua: devant le lac, une petite éminence boisée, c’est le Cerrito de San Bernardino. (Dessin de R. C.) 104 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (22) D'après CARNIER, le massif assez isolé de Villa Rica s'élève brusque- ment ; l'érosion y a découpé quelques arêtes et des monts isolés, mais, de toutes parts, il s’isole et ne peut être considérée comme le prolonge- ment du plateau d'Amambay, de la soi disant Cordillère de Caaguazu. Toute la structure de la montagne est du type des montagnes taupi- nières dont j'ai parlé plus haut, des grès relevés par les roches éruptives (Mélaphyres) qui occupent tout le sommet. On y trouve aussi, en un point, du granit. Toute la Sierra de Villa-Rica est couverte d’une foret peu dense; par ce caractere, elle se rattache à la grande zone forestière du Paraguay oriental. Il nous resterait à donner une idée de la géographie du Plateau de Saty au Nord de PAquidaban et qui se prolonge dans la région de l’Ipané que nous avons eu l'occasion de parcourir. Cest un plateau ondulé, de grès et de granits, peut-être la plus ancienne partie du Paraguay, vieille pénéplaine à modelé usé. Nous y avons vu des vallons élargis bordés de hauteurs sans modelé accusé, couvertes de forêts (Horqueta et bien au-delà); les vallons sont du type écologique Campo- Serrado, espèce de pare avec arbres isolés et avec buissons de toutes grandeurs qui lemportent sur la végétation des Graminées. Il y à aussi des forêts galeries avec des grands fourrés de Bambusées riveraines. Les Campos-Serrados, que nous étudierons plus loin, se continuent vers le Sud, mais ces types buissonnants y diminuent dans cette direc- lion pour atteindre, dans le territoire de « Misiones » et à Posadas, le caractère de croupes herbeuses où aux Graminées sont mêlées des plantes sous-frutescentes étalées en cercle dans les chaumes xérophytes. Souvent le sol dans ces Campos devient semi-argileux, alors la flore y est encore plus xérophyte. Nous analyserons chacune de ces grandes formations à propos des croupes de plantes les plus caractéristiques et, dans un résumé, nous essayerons (le faire une synthèse phyto-céographique. (23) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 105 II. SOLANÉES I]. A. Biologie et Ecologie par R. CHODAT et W. VISCHER Dans toute étude d'écologie botanique, il convient de distinguer tout de suite les plantes qui, à un titre quelconque, jouent un rôle saillant dans la flore. Il se peut que lPune ou Pautre des familles végétales représentées n'aient qu'un rôle subordonné dans la constitution du tapis végétal, tandis que telle ou telle autre famille, pauvre en espèces locales, soit au contraire caractéristique pour la constitution de ces for- mations. Les Solanacées jouent, au Paraguay, un rôle intermédiaire. Les septante-cinq espèces (plus ou moins) sont réparties en quinze genres, dont deux sont nouveaux pour ce pays. Ce sont les genres Grabowskia Schlecht et Sessea Ruiz et Pavon. Le genre Bouchetia DC signalé par MM. Brirron et MORONG dans leur Enumération était consi- déré comme douteux (voir HASSLER Florula pilcomayensis!, p.109). Je l'ai reconnu, soit dans nos collections de Misiones, soit dans la collection Balansa. M. E. HASSLER a, de son côté, cité le genre Cyphomandra Mart. et Sendt. avec deux espèces? qui ne figurent pas notre Enumération. Par le coloris des fleurs, les Petunia prennent la première place; dans le centre du pays, dans les friches, autour des lieux habités, le Pelunia violacea® Lindl. égaye de ses fleurs rose violacé ou poupre, les sillons peu fleuris; quant au Petunia ledifolia Sendt. (P. csia Chod. et Hassl., Enum.) avec ses fascicules de branches fleuries, Il occupe une place importante dans les Campos secs des Lomas élevées telles qu'on les rencontre dans la région de Valenzuela, soit vers le Nord jusqu'aux Campos Serrados typiques du Rio Ipané au Rio Apa, soil jusqu'aux Campos qui, interrompus par la grande forêt paranéenne se répètent dans le territoire de «Misiones ». Cette plante lignescente est bien caractéristique de cette formation (Loma). 1 In Trabajos del Museo de Farmacologia, de la Faculté de science médicale de Buenos- Ayres, n° 21 (1909). ? In Fedde Repertor. IX (1911) 118, 119. Indiqué comme 2. inflata nov. spec. par R. E. FRtes, dans son étude sur le genre Petunia, vovez K. Svensk, Akad. Handlingar. Band 46 (1911) 55. 106 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (24) Parmi les Solanum, quelques-uns ont des fleurs qui frappent le moins attentif. Dans les marécages, les belles inflorescences bleues violacées du S. malacoxylon Sendt., dans les halliers humides, celles du $. angus- tifolium Lam. et de la var. albo-marginatum Chod. suspendent leurs ombelles de grandes fleurs. C’est aussi un réconfort pour Partiste que de voir autour des bosquets el des sylves de tout le pays, les abondants corymbes mauves aux calyces gris et tomenteux qui se détachent sur un feuillage argenté semi laineux du Solanum granuloso-leprosum Dun. CS. auriculatum Mart. non Ait). Ce petit arbre est excessivement commun. I faut encore signaler, S'accrochant comme une clématite aux buissons des campos et des bosquets de campos ou des forêts, les gra- cieux corymbes bleus du S. jasminifolium, var. boerhaviæfolium (Sendt.) Bitt. Mais le plus brillant de ces Solanum est le S. wrbanum Morong, espèce parallèle au S. lycioides R. et Pav. représenté dans la région parcourue par nous et nos prédécesseurs, par plusieurs variétés à fleurs plus ou moins grandes et qui, parfois, atteignent presque la grandeur et l'intensité de couleur de celles d'un Ipomoea aux corolles bleu- pourpre violacé. Ces buissons, sur la lisière des bois, contribuent beaucoup à diminuer Puniformité de la teinte de ces abords. La plupartdes autres Solanum ont des fleurs moins vivement colorées ou simplement blanches. Elles n’en jouent pas moins un rôle important dans les coloris du paysage comme, par exemple dans les campos les abondantes fleurs blanches ou bleuâtres du Solanum sisymbrüfolium Lam. qui combinent agréablement le rouge cinnabre de leurs baies avec la teinte jaunissante de leur appareil végétatif. Les crandes touffes du Solanum bonariense Var. paraguariense (Chod.) Chod. et var. villaricense (Morong.) Chod. qui forment là, où on les rencontre, de grandes étendues de buissons, portent aussi une multitude de fleurs blanches à grandes étamines jaunes et à fruits jaune-citron. Mais, de toutes les Solanées, la plus brillante, c’est le Brunfelsia Hopeana Benth., buisson ou petit arbre des forêts, de deux à trois mètres, qui, sur son feuillage foncé de laurelle, vient présenter le plateau de ses orandes corolles violettes obliques, sur un long tube arqué, aux papillons qui voltigent tout autour. Comme ces corolles perdent leur couleur en vieillissant sans cependant se faner tout d'abord, il y à toujours un curieux mélange de fleurs violettes et de fleurs d’un blane pur. Cette plante est d’un très bel effet dans la pénombre de la forêt; nous lPavons vue cultivée comme plante d'ornement à PAssomption et surtout dans les jardins de Tobaty et de Piribebuy. On cultive aussi à cet (25) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 107 effet le Solanum urbanum Morong. Les fleurs couleur lie de vin du Bassowia pyraster Dun. sont peu éclatantes ; les fascicules jaunes et jaune-verdâtre des divers Cestrum ne jouent pas non plus un rôle bien important dans le coloris du paysage. [ne faut pas oublier ies grandes corolles des Jaborosa qui semblent, comme de grands narcisses, dans les argiles, sortir de terre leur tube allongé qui atteint jusqu’à quinze centimètres de longueur, non plus que les gracieuses Nierem- bergia filicaulis Lindl. au limbe étalé sur un long tube filiforme. Nous avons rarement observé de visites d'insectes sur les diverses fleurs des Solanum, sauf chez le S. bonariense L. V. paraguariense Chod. qui est visité par de petits coléoptères polliniphages: les Prunfelsia attirent des essaims de papillons de toute espèce, même dans le sous- bois où nous les avons photo- oraphiés pendant cette visite. Knurx signale des visites de fleurs de Prunfelsia par les in- sectes selon K. MüÜLLER, mais il dit que cet auteur n’a jamais vu que des Hesperiidées tandis que les vrais Lepidoptères ne les fréquenteraient pas (v. Xosmos IV, 1878-1879, 481-482). IT se peut qu'il s'agisse d’autres es- pèces de Brunfelsia; la nôtre est une fleur à papillons de jour proprement dite et régu- lièrement visitée. Son ovaire est entouré d’un nectaire en anneau. Quant au Lycium Morongi Britt. dont les petites fleurs in- signifiantes, jaunâtres ou crè- me, sont souvent comme agelo- Fig. 13. Argiles avec végétation de /abo- mérées en inflorescences denses rosa: on voit les feuilles dressées et une fleur. Trinidad. (Photo R. ©) et sessiles sur les branches épaissies de leurs buissons ou de leurs petits arbres Lorlueux, elles attirent de nombreux Diptères et beaucoup de fourmis. | Le Jaborosa avec ses grandes fleurs (fig. 13 et 14) est cerlainement adapté à la fécondation soit par des insectes Lépidoplères à longue 108 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (26) trompe, soit à celle des Colibris qui, ainsi que nous avons pu le constater, visitent différentes catégories de fleurs. Les grandes corolles dun blanc livide comme celles d'un grand Narcissus radiflorus qui serait dépourvu de coronule ont un tube blanc verdâtre ; HASSLER les indique comme fleurissant la nuit. Nous les avons trouvées en fleur vers la fin de l'après-midi; elles exhalaient à ce moment une forte odeur de vanille et de jasmin accompagnée d’un arrière goût indoloïde. On distingue dans Fig. 14. — Jaborosa integrifolia Lam. — 1: Copie réduite du dessin de Mocino: 2 : calyce ouvert et pistil; 3 : orifice de la corolle, avec stigmate saillant: 4 : anthère défléchie pour montrer l’appendice dorsal: 5 : id., vu du côté de l’appendice. ‘Dessin de R. C.) (21) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 109 cette plante deux formes hétérostylées, ce qui explique les différences qu'on rencontre dans les descriptions des auteurs et les dessins publiés1. Citons encore le Petunia violacea qui est visité abondamment par des Hyménopteres, gros et petits, et dont la corolle zygomorphe, renflée à la gorge, se prête, avec ses élamines divergentes, à la visite des abeilles et des bourdons. Ce Jaborosa integrifolia Lam. appartient à la catégorie des plantes facultativement halophytes comme les CAlora perfoliata L., Convolvulus == F € 2. D Fig. 15. — Jaborosa integrifolia Lam. — Bourgeon sur un rnizome sou- terrain; trois feuilles, À, C': au centre, une fleur encore rudimentaire — ramification qui tend vers la profondeur et qui porte {D) à son sommet une première feuille rudimentaire ; £ : extrémité d’un rameau souterrain avec deux ébauches de feuilles — rameau court dressé, avec feuille presque développée; presqu'à l’opposé, on voit le pétiole d’une seconde feuille ; troisième feuille recourbée en crochet à son extrémité; jeune fleur (G); bourgeon réparateur (H): rhizome (F1). (Dessin de R. C.) Soldanella L., Samolus Valerandi L. de la Camargue. I S'établit sur des espèces de Sansouires (voir FLAHAULT et COMBES, Sur la flore de la Camargue, Société botanique de France, XLI (1894), #1), dépôts fluviaux ! DunaAL (1. c. 481) : stylus subcylindraceus, viridulus corolla longior. Dans MTERS (London Journ. of Bot. Illustr. Tab. V.), le style est longuement exsert, tandis que la fig. de LAMmark Encyclop. I, II (1791) PI. 114, ne montre pas ce caractère. voir aussi BETIFREUND Flora argentina, 11, (1899) Tab. 94 (1. ce. Tab. IV, 94, Vol. IT. 1899). T10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (28) argileux, horizontaux souvent inondés par les crues du fleuve. Dans ces stations l’Aeliolropium curassavicum L. représente les Salicornes, ou llnula crithmoides L., dont il a l'aspect crassulescent. Son rhizome est enfoui de deux à quatre centimètres sous terre; sur son parcours il est nettement arqué avec la convexité tournée vers le haut: ceci assure, sans doute en vertu d'un géotropisme positif des jeunes rhizomes, atténué par un géo- tropisme subséquent, transver- sal, le maintien du niveau. La ramification se fait dans tous les sens et ces rhizomes arri- vent ainsi à occuper une sur- face considérable, à constituer une société reliée par des anas- tomoses souterraines. Sur ces rhizomes naissent des rameaux dressés, de deux à quatre cen- timètres de longueur, qui se terminent par quelques feuilles, tandis que le sommet de laxe reste provisoirement inactif ou se termine par une fleur (fig.15). De laisselle des premières feuilles sortent aussi d’autres rameaux dressés plus courts. De ce fait il résulte que les feuilles ont des pétioles inéga- Fie. 16. — Formation chacoenne sur les ur ee AE bords du Rio Paraguay, à Trinidad ; Coper- lement longs qui cor espondent nicia cerifera et buissons xérophytes. À l’origine plus où moins pro- (Photo R.C.) : Ù Cl fonde, de trois à six centime- tres, de leur insertion. D'ailleurs les feuilles sont susceptibles de s’allonger beaucoup, ainsi qu'il résulte de lexamen des échantillons de plantes cultivées autrefois dans le Jardin botanique de Genève (Herbier R£UTER, Université de Genève). Les racines adventives sont relativement peu nombreuses. On verra que le rhizome, dans son par- cours (le Jeunesse, en prend la fonction. Ce rhizome montre en section transversale une écorce très épaisse qui atteint sur chaque côté au moins le diamètre du cylindre central (fig. 17). Elle est farcie d’amidon et fonctionne donc comme réservoir. Cependant (29) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 111 la structure de son épiderme et de son hypoderme montre bien que le rhizome se substitue en partie aux racines pour lPabsorption de l’eau, rendue difficile dans ce sol compact et souvent salé : il confine au sol Fig. 17 a. — Section pratiquée au pourtour d’une racine de Jaborosa integrifolia. — a : cellules de l’exoderme plus ou moins sclérifié ; b : poils absorbants. (Dessin de W. V. par un épiderme à parois minces, muni de nombreux poils absorbants, unicellulaires, allongés et du même type que ceux des racines adven- tives. L’hypoderme est aussi tout à fait semblable à la couche subéreuse Fig. 17 b. — Section transversale pratiquée au pourtour d’un rhizome de Jaborosa integrifolia. — &« : 2xoderme sclérifié interrompu par des cellules de passage: b : poils absorbants. (Dessin de W,. V.) de la racine ; on y voit les mêmes périclines externes épaissies en fer à cheval; des cellules de passage qui restent minces assurent la com- munication entre l'écorce osmotiquement active et le poil absorbant. 112 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (30) Plus tard, on voit, aux dépens de cette assise, se faire un phellogène qui, dans les rhizomes plus âgés, aboutit à un suber peu épais. L’écorce est légèrement collenchymateuse, ce qui correspond à sa fonction mécanique dans la pénétration de la vase. Quant au cylindre central, il est limité par un endoderme classique, c’est une assise plissée. Le péricyele faiblement fibreux et Panneau libéro-ligneux complètent cette structure. Ces rhizomes se prêtent superbement à suivre la différen- ciation anatomique, à partir du méristème primitif. Les premiers éléments différenciés sont les tubes criblés qui, en petits groupes, naissent simultanément en deux séries annulaires et qui sont loin de se Fig. 18 à. — Section dans le rhizome très jeune, près du sommmet, du Jaborosa integrifotia. superposer. Puis, dans espace intermédiaire, apparaissent les premiers pointements trachéens, une première hydrocyte. Dès lors, en opposition avec cette première trachée, se fait une multiplication de cellules par un petit arc générateur qui dépose des éléments centrifuges en séries régulières, aux dépens desquels se différencieront les éléments du bois primaire. Le cambium qui, plus tard, devient plus ou moins continu n’est que la continuation de cette première assise génératice. I se fait d'autre part, en continuité avec les tubes criblés internes, des ares générateurs qui viennent épaissir ce cliber » interne (fig. 18, 19). L’anneau ligneux secondaire qui comprend environ 16 rangées de cellules du côté inférieur et 3 à 4 du côté supérieur se développe très inégalement; il y a une hypotrophie très marquée, semblable à celle (31) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 115 qu'on décrit parfois pour les branches latérales des Conifères ! ou les rhizomes des Nuphar luleum Sm. (fig. 32, A.). Pendant ce temps. les arcs générateurs internes, par leur épaississement opérent une pression des faisceaux criblés internes, qui aboutit à un kératenchyme prononcé. La raison biologique n’est pas évidente ; cette anisotropie dépend-t- elle d’une géo-sensibilité particulière où d’une question de pression ? Fig. 18 b. — Section dans le rhizome jeune du Jaborosa integrifolia. — E : côté de l'écorce; H : côté de la moelle; on voit se différencier un an- neau de procambium dans lequel apparaissent au centre les premières trachées et des deux côtés simultanément des tubes criblés. (Dessin de W. V) Les racines adventives par leur écorce ressemblent au rhizome, mais le collenchyme leur fait défaut. La jeune feuille se forme sur l’extrèmité du rhizome; c’est, comme bien l’on pense, le limbe qui apparaît le premier, sous forme dune écaille recourbée (voir fig. 15). A son début elle pousse hors de Pargile ? NürDLINGER. Der Holzring als Grundlage des Baumkürpers (1871) 24; WIESNER, Ber. d. d. bot. Gesells. (1896) 180; JACCARD P., Revue générale de botanique (1915), 349. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3 parus le 20 juilleL1916. 8 114 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (32) son limbe replié en coude sur le pétiole, qui s'allonge verticalement beaucoup avant l'épanouissement du limbe (type Cyclamen, Ficaria verna Huds.). C'est là aussi une disposition déjà anciennement connue des feuilles qui percent la terre et qui est, sans doute, provoquée par une action de la lumière (vid. G&BEL, Organographie IL. Ed., 1943, 11). Lei le limbe ne s'étale qu'à la lumière et s’y développe sans protection. On Fig. 19. — Section dans le rhizome plus âgé du Jaborosa integrifolia. — e : endoderme; on voit au-dessous un péricycle fibreux, puis des tubes criblés écrasés, l’assise génératrice, le bois et, du côté interne, les tubes criblés périmeédullaires. (Dessin de W. V.) conçoit dès lors l'importance d’un appareil supplémentaire d'absorption pour l’eau comme celui que nous avons décrit pour le rhizome. Adultes, ces feuilles atteignent comme limbes, de dix à seize centimètres de longueur. Leur pétiole dressé verticalement doit se tordre pour placer les limbes à peu près verticaux, leur face supérieure tournée vers le Nord. C’est vraiment un spectacle curieux, à Trinidad, que celui de tous (33) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 115 ces limbes orientés dans la même direction (fig. 13). La feuille est anatomiquement peu différenciée ; les palissades à la face morphologi- quement supérieure, peu accentuées, en plusieurs assisses: elles se continuent dans un mésophylle à cellules allongées perpendiculairement a la surface. La fleur, qui est terminale, est poussée hors du sol par un pédicelle dressé; à l’anthèse elle est élevée au niveau des feuilles. Elle s'épanouit vers le soir; sur un calyce court, la corolle est du type Narcissus r'adii- forus Salisb., elle exhale, à ce moment comme il a déjà éte dit plus haut, un parfum mi jasmin, mi vanille, un peu indoloïde. Le nectar abondant est secrété au fond du tube par un disque sous- ovarien; le tube peut atteindre cinq à sept centimètres, ce qui fait que le nectar n’est accessible qu'à des insectes à longue trompe ou à des colibris. La conver- gence vers la fleur du Narcissus pælicus L. est vraiment remar- quable. En effet, la position des anthères qui obstruent la gorge de la corolle et qui entourent le style ou le stigmate, laissant sortir un pollen abondant qui remplit l’espace intermédiaire, la production d’un appendice lamellaire qui, en forme de cuil- ler, prolonge le filet et se place entre l'anthère et le tube corol- laire et qui est homologue à une x Fig. 20. — Formation halophyte sur les coronule, la couleur, le parfum, bords du Rio Paraguay, Trinidad, près ]a position du nectar. tout. sauf l'Assomption. — Buissons d'Acacia Cave- 2 CU de nia, entourés par une végétation de la position verticale, rappelle ce Jaborosa. (Phot. R. C.) type biologique d’Amaryllidacée. A Trinidad, nous avons constaté dans cette plante une hétérostylie marquée. Sur quarante et une fleurs examinées, vingt étaient franche- ment macrostylées, vingt et une étaient mésostylées ou brachystylées (15 + 7). Le stigmate est gluant, brillant. 116 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (34) Comme il a été dit plus haut, cette plante forme, par ses rhizomes ramnifiés à la facon de ceux de l’Æquiselum arvense de chez nous, une espèce de réseau souterrain qui exclut presque tout autre végétation. Il s'établit ainsi de vastes étendues feuillues, herbeuses, qu'on voit de loin à leurs feuilles orientées et à leur couleur foncée, et qui rappellent de jeunes champs de betteraves : c'est la Jaborosaie. Celle-ci occupe des espaces intermédiaires entre la Malacoxylaie aquatique etla Fistulosaie ({pomæa fistulosa Mart.) dans laquelle elle pénetre. On la voit aussi entourer, sur les argiles blanchissantes par le sel qui cristallise, les buissons épineux d’Acacia Cavenia H. À. situés sur | des tertres, au-dessus de la zone habituelle d'inondation (fig. 20). Nous reviendrons d’ailleurs sur la classification de ces for- mations qui ne sont qu'indiquées ici et seulement en partie. AuxJaborosaies,on peut oppo- ser les Malacoxylsies, forma- tions aquatiques du type des joncaies ou des Scirpaies de chez nous. À Trinidad, où elle est très développée, cette formation qui passe à la Sesbaniaie forme, dans les eaux mortes du Rio Paraguay, un cordon de tiges simples de un mètre cinquante à deux mètres de hauteur et qui de loin paraît comme constituer une espèce de roselière ou de phragmitaie pure. Les tiges donnent naissance à un grand! nombre de racines adven- Fig. 21. — Eaux mortes du Rio Paraguay, fives qui pendent en chevelure près de Trinidad; sur le bord, Malaco- xylaie au mieu de l’étang Victoria Cru- du tiers inférieur de leur axe, Fi Photo RG) jandis que les feuilles dressées comme celles des saules, S'écartent du type habituel des feuilles de Solanum et réalisent, dans ce genre adapté, la simplification foliaire bien connue du Ranunculus lingua L.; une belle inflorescence de grandes fleurs bleues et de fruits noirs, de la grandeur d’une cerise, complète la tige. L'ensemble rappelle une jeune plantation dosiers (3) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 117 (fig. 21). Mais la tige atteint une certaine épaisseur et semble croitre avec lenteur, ce qui se traduit dans le bois qui est compact et régulier, par une excessive abondance de fibres très courts, de vaisseaux à articles raccourcis et absence d'amidon transitoire. — On trouve cette même formation au pourtour des marécages où elle alterne avec la Fistulosaie (Ipomæa fistulosa Mart.) sorte de fourré d'une Convolvulacée à tige dressée qui abonde dans tous ces marécages et qui est bien certainement la plante dominante de ces parages. Ce sont des plantes habituées aux crues variables du fleuve qui, au printemps, inonde les berges. Nous avons retrouvé cette Malacoxylaie autour de la lagune Ypoa, sur les rives de lYpacarai, comme aussi sur les berges du fleuve Paraguay à l’Assomption et à Concepeion ; elle n’est pas rare dans le Chaco. Il y a lieu de faire remarquer que lestiges du S. malacoxylon atteignent jusqu'à trois centimètres de diamètre, la moelle est excessivement réduite. Le bois tout entier est compact; 11 y a majorité de fibres courtes. Cette lise fonctionne donc comme bâton rigide et ce n’est que l’extrêmité feuillée qui plie au gré du vent. Le poids spécifique de la tige sèche est de 0,3 (fig. 22, A.) Avec le Solanum angustif[olium Lam., nous abordons une formation d’un tout autre type. Vivant sur le bord des marécages ou dans Îles marécages qui sont périodiquement inondés, il développe des tiges allon- vées anguleuses à feuilles étroites, liges qui ne sont pas assez robustes 5 Fie. 22. — Sections longitudinales pour se dresser et qui s’'allongent sur dans le bois. À : du Solanum mala- les buissons voisins, sur les Fistulo- CoRyLOn EEE AUDE ns IG RAT (Dessin de W. V) saies (d'/pomæa fislulosa) sur les Mimosa aspera ou les Sesbania, plus où moins inondés ou exondés (fig. 23). Plus au nord, ilenvahit le petit arbre Craliwva Tapia L., Cappa- ridacée typique de ces formations, en s'appuyant par ses branches flexi- bles, comme par un lacis de branches d'osier eten y formant des corbeilles souvent solidifiées par les autres lianes: Werremia umbellata 118 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (36) (L.) Hallier, Aniseia cernua Mart. $ ambigua qui sont munies de vrilles, comme les Cissus, Cissus paraguayensis Planchon et Cissus Hasslerianus Chod., les Passiflores, P. violacea Nell., les Cucurbitacées, les Mikania scandens (L.) Willd., les Worrenia Sp. Le tout forme et les Solanum jouent un rôle prépondérant, un lacis dense de cordages qui couvre arbres et buissons lesquels finissent par céder sous le poids des lianes. On y voit les /pomæa, les Triplaris quaranitica Chod. et les Cralæva peu à peu desséchés, réunis les uns aux autres par ces cordages, former tantôt des corbeilles renversées, tantôt des espèces de houblonnières traversées par la perche desséchée ou fleurie de l/po- mœa fistulosa (fig. 25), des tonnelles dont le support com- prend le tronc d’un ou de deux arbres à la couronne mainte- nant desséchée, ou des cons- tructions, espèces de tentes en séries, toutes dressées et réu- nies par cesenvahissantes lianes semi-herbacées et sous les- quelles on peut pénétrer debout comme dans une hutte (fig. 24) ou en rampant comme dans un erand panier renversé. Cette formation de lacis-hallier donne au paysage, dans les terres basses et périodiquement inon- dées du Chaco, le plus souvent une apparence fantastique. De Jour, ces pyramides végétales en dos d'âne (fig. 26) et ces corbeilles sont semées de fleurs Fig. 23. — Bords du Rio Paraguay près de aux couleurs variées, les corym- Concepcion. On voit le Solanum angustifo- lium qui grimpe aux arbres de la berge. bes rouge carmin et jaune d’or RASE du Cissus Hasslerianus Chod., les fleurs lilas-bleu du Solanum, les blanches des Cuecurbitacées Cucurbi- lella Durieui, Cayaponia podantha Cogn. ou du Ceralosanthes Hilariana Cogn. ou de la Convolvulacée Herremia umbellata (L.) Hallier ou parfois dépassées par la tige d’un /pomæa fistulosa qui dresse au soleil ses beaux liserons roses. Tout cela forme un semis brillant sur le fond vert gai R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 119 des feuilles. Mais le soir on ne voit plus que leurs profils informes ou fantastiques qui, à perte de vue, s’alignent partout où le niveau est très bas. Entre ces espèces de nasses, les Héliotropes, le Solanum pilcomayense Morong, les Pacourina edulis Aubl., Polygonum acre HBK., Lippia globifera, Chenopodium, Gnaphalium purpureum L., Cerastium Sellowii Schlecht., Lippia betulifolia Kunth, Jonidium glutinosum Vent., Enhydra sessilis DC., plantes vertes ou grises, à feuilles unies et herbacées y constituent de véritables prairies marécageuses où manquent ordinai- rement Graminées et Cypéracées. Cette formation des Halliers- nasses va tout le long du Chaco de Concepcion jusqu’au Pilco- mayo (fig. 2); elle alterne avec les pièces d’eau à Pontederia, les Graminées flottantes, les Campo-Palmar (à Copernicia) et les Paratodales /Tecoma argenteu). La tige du Solanum angusli- folium ne présente aucune par- ticularité anatomique de liane proprement dite. La section cependant montre un anneau ligneux enveloppantune moelle qui rapidement disparait et facilite Paplatissement de la tige dans Pherbier. Elle possède des angles collenchymateux, les élé- ments conducteurs et les fibres. [Il y à une grande abondance d'amidon et toute la structure Fig. 24 — Hallier-nasse dans le Chaco-Y. On voit les lianes qui ont envahi un Cra- en parle évidemment comme tœva Tapia et ont formé une tonnelle dune plante à rapide crois- se ie sance. Les tubes criblés sont surtout bien développés du côté interne; ceci indiquerait un commencement de protection du tissu conducteur de la sève élaborée, comme cela se fait habituellement chez les lianes d’autres familles (Bignoniacées, Acanthacées, etc.). Dans la liane précédente, on n’a qu'une plante grimpante à ses débuts, seulement caractérisée par ses tiges flexibles et un héliotropisme néga- 120 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (38) tif qui les dirige vers le support, c'est-à-dire du côté moins éclairé. Mais, au Paraguay, le genre Solanum semble réaliser à tous les degrés des formes adaptées : Le S. Juciri Mart., espèce très voisine du S. varidipes Dun., est aussi semi volubile avec ses tiges sinueuses qui se glissent entre les branches comme pour s'y reposer, pour s'y appuyer (fig. 27). C'est une plante des lieux ombragés qui est munie sur ses tiges et sur les pétioles et les nervures de la face inférieure des feuilles, de crochets qui lui conferent une faculté de crampon hautement spécialisée. Elle réalise, avec la tendance déjà signalée chez S. angusti[olium, un progrès dans Part de s’'acerocher, le type Rubus de chez nous. Le S. jasminifolium var. boer- haviæfolium (Sendt.) Bitter est une plante de bosquets et de forêts que nous avons beaucoup rencontrée (Caacupé, Altos, Paraguari, Sapucay, San Igna- cio 1) qui, au soleil, n’est guère volubile et se maintient comme buisson, mais qui dans les bos- quets grimpe à la facon dune Clématite par les pétioles hap- totropiques de ses feuilles sim- ples. Le caractère sarmenteux de cette plante à déjà été signalé par DARWIN (Journ. Linn. Soc. IX (1865) |. c. 957) puis par SCHENCK (Biol. d. Lianen, p. 175). Le premier a déjà observé que même les vieilles feuilles ont conservé la facilité de s’en- rouler par leur pétioles. (Voir Fig. 25. — Hallier-nasse en corbeille ren- aussi WORGITZKY, Flora, 1881. Lau) Dans nos plantes, récoltées dans la forêt de la Cordillère près de Caacupé, la sensibilité des pétioles était très générale, car un très grand nombre de feuilles, non seulement étaient fixées à un support étranger, mais beaucoup s’en- ! BALANSA. n. 21064, [bitimi, n. 2106, Paraguari à Jaguaron, n. 4701, Guarapi dans les bois. (39) R. CHODAT. LA YÉGÉTATION DU PARAGUAY 121 roulaient autour de leur propre tige. Cette plante est particulierement intéressante car on peut, chez elle, suivre pas à pas les modifications anatomiques consécutives à Pirritation provoquée par le contact et qui amènent à la constitution d’une structure adéquate. Le pétiole de la feuille qui n’a pas saisi de support présente en section transver- sale lanatomie suivante : Une section pratiquée sur le tiers infé- rieur montre un arc ligneux largement ouvert; quelques fibres Fi. 26. — Fistulosaie transformée en Halliers-nasses, dans le Chaco-Y. (Bhot ANNE) pericycliques du côté inférieur ; en haut, dans Fespace qui correspond à la moelle, quelques gros éléments selérifiés; le faisceau occupe le milieu de la section; la face supérieure montre deux saillies latérales traversées très près de la surface par un cordon libéro-ligneux (fig. 29,1). Après l’enroulement, la section change; elle devient circulaire et l'arc ligneux encore très évasé se complète par un raccord qui réunit ses deux extrémités au moyen dun tissu issu d'une assise génératrice adventive. Ainsi se constitue un anneau solide, formé dune part par un are inférieur normal et un are supérieur composé de cellules scléreuses 122 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (40) et dans lequel manquent totalement les éléments conducteurs. Il n°y a pas non plus de parenchyme (fig. 29,30). On connait les intéressantes recherches de WiNKLER H. (Jahrb. f. wiss. Bot., 45, 1908 et spécialement p. 68) sur la production artificielle d’une tige à partir d’un pétiole (Torenia asialica L.), lorsque ce pétiole est enraciné et qu'il doit fonctionner comme système aquifère remplaçant l'axe. On a déjà fait remarquer l’absence d'éléments conducteurs dans le raccord ligneux de ces pétioles prenants ; ces observations, combinées avec celles de WINKLER, montrent clairement comment la structure anatomique interne est sous la dépendance d’excitations (transpiration ou action mécanique) !. | Dans la tige qui, naturellement, ne présente pas de structure parti- culière, le bois est rempli d’amidon et les tubes criblés périmédullaires particulièrement nombreux. ! Voir aussi CHODAT. Principes de Botanique, IIme éd. (1911) 526. TETE ENST ENTS Fig. 27. — Solanum Juciri Mart. — Feuille et portion d’inflorescence aux rameaux recourbés et munis de crochets. (Dessin de R. C.) (41) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 123 Les plantes précédentes qui sont plus ou moins hygrophiles ou des plantes d'ombre sont parfaitement glabres. I n’en est plus de mème de la suivante qui vit dans les bosquets ensoleillés du sud et du centre du Paraguay. Le Solanum Ipomæoides Chod. et Hassl., appartient à un type biolo- gique analogue, mais le caractère liane y est plus accusé par l'extrême allongement des axes et la forme des feuilles. C’est, en effet, uneconver- gence encore inexpliquée que celle que présentent tant de feuilies de lianes qui portent des feuilles du type Convolvulus, Aristolochia, etc., à limbe cordiforme (fig. 31). Notre plante est couverte dun indument dense et court. L’inflo- rescence semble, elle aussi, con- tribuer à accrocher les rameaux, car ses ramifications ont une cu- rieuse propriété de se recourber en arrière de manière à constituer des crochets, comme cela S'observe d’ailleurs dans les grandes inflo- rescences du S. Juciri Mart., les rameaux allongés des Pisonia acu- leata L., de certains Bougainvillea et de l’£leagnus scandens Hort. Comme toutes ces plantes sont’ Fig, 28. — Solanum jasminoides Paxt. des lianes, la structure adaptée est mi CUOIse ules, AU ©) évidente. C’est une plante de soleil qui est parfois envahie par le Téllandsia usneoides L., au pourtour des bosquets ou dans les buissons élevés. (Villa occidental, BALANSA n. 2110*.) Ses plus proches parents, S. pensile Sendt. et S. /pomæa Send£., ont la même adaption, mais elle diffère de la première par ses boutons qui ne sont pas linéaires, les feuilles non brillantes en dessus, la corolle plus petite, de la seconde par ses feuilles non acuminées, la panicule el les fleurs plus petites, le calyce glabre. Ce qu'il y a d’intéressant dans la modification anatomique, c’est qu'ici les deux faisceaux surnuméraires du pétiole qui, dansle $. jasminotdes, restent en dehors de Panneau, participent à sa formation car, élant plus rapprochés de l’are principal, rien ne s'oppose à ce que Passise génératrice circulaire les raccorde (voir fig. 29,4). C'est un frappant 124 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (42) exemple de métamorphose induite par un changement de fonction, provoquée par une cause excitante connue (haptomorphose). On la dit plus haut, lactivité de cette assise à pour résultat de produire un tissu mécanique de raccord et pas de cellules conductrices. La valeur du pétiole crampon est dans sa fonction mécanique el c’est une trans- formation assurant une augmentation de résistance qui à lieu en effet. D'autres Solanées paraguayennes montrent un commencement de sensibilité au contact suivi de courbures correspondantes, début de la Fig. 29. — Solanum jasminoides Paxt. — 1 : section dans un pétiole non accroché: 2, 3 : formation du raccord mécanique qui ferme l’anneau : 4 : anneau: fermé du pétiole dans le $. Zpomæoides Chod. — ici les deux faisceau supérieurs ont été intéressés: 5 et 6 : détail du raccord dans le $S. jasminoides, cellules scléreuses qui sont produites par une assise génératrice. Fig. 5, détail de fig. 3; fie. 6, détail de fie. 2, c'est-à-dire, angle du raccord. (Dessin de W. V) volubilité. Ainsi les rameaux extrèmes el ombragés du S. lycioides (lato sensu), du $S. wrbanum Morong. Mais cela n’est guère indiqué. Il est plus intéressant de constater cette tendance et mème de voir realiser celte disposition chez une espèce de Morelle vraie, le S. Rojasii Chod. Les Morelles sont excessivement nombreuses au Paraguay, le S. nodiflorum Jacq. var. curlipes (Bitter) nob. y représente notre Solanum nigrum, mais c’est une plante des lieux vagues, sans caractère adaptalif défini; dans les lisières des forêts, il est remplacé par le S. (43) R. CHODAT. LA MÉGÉTATION DU PARAGUAY 195 nodiflorum Jaeq. à larges feuilles du type des plantes silvatiques avec prédominance des feuilles à limbes dilatées condensées dans la partie supérieure de la tige (Hassler n. 622, Chod. et Vischer n. 45). Dans les terrains argileux humides, périodiquement inondés du Chaco, dans les prairies marécageuses, dont il a été parlé à propos des Halliers-nasses, c’est une espèce locale macrophylle, plus robuste, à fleurs plus grandes, le S. pilcomayense Morong., vers les silves du Chaco il est remplacé par le $. syringoideum Bitter CS. nigrum Var. angulatum Sendi. ex. Hassler in Fedde!) forme calvescente de cette dernière. Fig. 30. — Section dans un pétiole accroché du S. jasminoides. L’arc scléreux de fermeture de l'anneau est dessiné avec ses cellules consti- tutives. l'arc ligneux primitif n’est que schéma- tisé. (Dessin de W. V.) Toutes ont l’apparence de notre S. nigrum, mais les feuilles sont entières; à Ipé-Hu, sur le partage des eaux du plateau dAmambay, nommé Sierra de Maracayu et dans les lieux humides, cette souche des Morelles vraies est représentée par une forme à feuilles plus où moins hastées et à sépales allongés et à Yaguaron par le S. genilulatistrigosum Bitter (BALANSA n. 3132) forme à peine distincte du S. nodiflorum var. ‘ Brrrer G., Solana nova, in Fedde Rep. X (1912) et XI (1912). 126 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (44) maracayuense (Bitter) nob., le S. maracayuense Bitter. Enfin, dans les marécages de Tobaty, on trouve une forme macrophylle à feuilles dentées. M. BiTrER, qui s’est spécialement occupé des Morelles!, a distingué, dans le bassin du Paraguay occidental, encore plusieurs espèces élémentaires. Peut-être a-t-il multiplié outre mesure les espèces conjecturales? Quoiqu'il en soit, il faut encore citer, dans la grande forêt de Sapucai, une grande Morelle pauciflore à feuilles du type de la variété curlipes de Bitter, le S. nodiflorum (S. ni- qgrum L.) sapucayense Chodat, plante haute de 1 mètre 50 à 2 métres. Chez toutes ces espè- ces, les inflorescences sont latérales, relativement parvi- flores et leurs rameaux dépour- vus de tout haptotropisme. fl était donc particulièrement in- téressant de découvrir dans ce pays des Morelles aux nom- breuses petites espèces, à Aca- hay, une d’entre elles qui s’ac- croche dans les buissons au moyen de ses rameaux et de ses inflorescences recourbés en hamecon et par contact; les inflorescences, dans cette nou- velle espèce (S. Rojasii Chod.), tendent à devenir terminales ; elles ne sont plus ombragées comme dans les espèces pré- cédentes par un dais de gran- des feuilles qui au sommet de Fig. 31. — Solanum Ipomæoides Chod. et Hassl. On voit le pétiole prenant, vrille et l’inflo- rescence grappinante. (Dessin de R. C.) la tige, se comportent comme celles du Viola mirabilis ou du Mercu- rialis perennis de nos bois humides. — Leur pédoncule s’allonge et leurs fleurs plus grandes que dans les espèces précédentes sont por- tées sur des axes bifurqués?. ? Cfr. BirTer, Solana nova in Fedde Repertor. XI (1912) 227, 298, 468. etc. ? Cop. et VISCHER. n. 44. (49) R: CHODAT. LA VNÉGÉTATION DU PARAGUAY 127 Ainsi, se répète, en plus petit le type liane du S. anguslifolium Lam. et d'une manière atténuée celui du S. jasminoides Paxt. var. bærhaviæ- folium (Sendt.) Bitter. Nous devons compléter cet exposé du mode-de fixation des Solanum paraguayens par l'exposé d’un cas intéressant observé par nous dans les buissons qui pénètrent dans les bosquets-oasis de la plaine de Pirayu-Villa- Rica. I s'agit d’une variété du Capsicum microcarpum DC., le C. AL. Var, lomentosum Chod !. Le même mode de croissance S'observe aussi dans le type, mais il y est moins évident. En pénétrant dans les buissons épineux du Basanacantha spinosa qui, dans ces stations, forme Fis. 32. — 4 : section transversale dans le rhizome du Jaborosa integrifolia, on a laissé l'écorce épaisse et le dessin ne représente que le cylindre central avec son hyper- hypotrophie. — B : section dans les rameaux-échelles du Capsicum microcarpum var. tomentosum Chod. — C: Id., dans le rhizome rampant du Solanum ITpecacuanha : périderme, écorce (en blanc), liber secondaire, bois secondaire et (en noir) tubes criblés périmédullaires ; hypotrophie accentuée. (Dessin de W. V.) une partie du sous-bois (1 m. 50), ce Capsicum Sy suspend grâce à ses ramifications horizontales qui constituent une espèce d'échelle dont les bâtons se dessèchent et se lignifient avec l'âge; arrivés à la surface du buisson soutien, les rameaux s’étalent brusquement en plateau dorsi-ventral en formant une intéressante dentelle-mosaique de ramuseules gris divariqués et de feuilles tomenteuses. L’anatomie des rameaux-bâtons montrent que jeunes, quand ils fonctionnent comme suspente, ils ont un anneau ligneux qui tend, en section, vers le triangle, la base de ce dernier élant tournée vers le sol (fig. 32 B.). Est-ce une adaptation à la fonction de suspension, une espèce traverse supportée par les branches de Fhôte? ! CHop. et Viscu. n. 59. 128 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (46) On remarque aussi qu'à l'instar des lianes, Pappareil végétatif et florifere arrivé à la lumière, à la périphérie du buisson support, l'allongement vertical cesse et les rameaux ne se ramifient plus qu’en un plan dorsi-ventral étalant au soleil feuilles et fleurs. Cest lun des meilleurs exemples du changement de mode de végétation sous l'influence d'une différence de luminosité; à lombre relative du buisson support, érection de la tige principale avec rameaux brièvement divariqués, à Ja lumière totale étalement cen- trifuge des rameaux et des ramuscules avec disposition plagiotrope de l'appareil assi- iilateur disposé en mosaïque. On ne saurait parler ici d’épi- nes car les rameaux lignifiés de ce Capsicum ne se terminent pas en vraies épines et leur situations dans les épines du Basanacantha ne comporte pas nécesssairement cette disposi- tion. Mais les épines ne manquent pas dans les Solanacées para- guayennes, quoique, à propre- ment parler, peu d'espèces appartiennent au type Colletia. La plus caractéristique est le Grabowskia duplicata Arn. var. Fig. 33 — Lycium Morongii. — Rameaux Balansæ nob., (genre nouveau foliifères et florifères (voir page 129). $ à (Dessin de R. C) Pour ce pays.) un arbrisseau très rameux des Espinillares, de T° m. 90 de hauteur, subaphylle aux rameaux zigzaguant et armés dépines acérées de un à deux centimètres de longueur. Les fleurs sont à la base des épines. C’est une plante du Chaco (Formosa, Balansa n. 4698). La seconde espèce épineuse, mais moins caractéristique est le Grabowskia Schlechlendalii Sendt. ([Lycium Martii Hassler. in shed. non Sendt.) récoltée par Royas dans le Chaco au bord des forêts xérophytes. (41) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 129 On pourrait mettre aussi dans cette catégorie le PBassovia pyraster mais c'est une plante qui n’est pas même aussi épineuse que notre Cratæqus monogyna et qui vit en grand buisson macrophylle dans les fourrés autour des forêts. Le Lycium Morongii Britt. appartient aussi à la catégorie des épines; mais c’est un demi-arbre tortueux d’un à quatre mètres, des sables salés et dont le tronc peut atteindre une dimension importante. Lesrameaux longs qui se forment périodiquement sont nettement divariqués, ils A U Fig. 34 — Grabowskia duplicata var. Balansæ Chod. — Rameau spinescent ; deux feuilles. (Dessin de R. C.) portent des rameaux courts spinescents de cinq millimètres à trois cnr. de longueur; lPépine peut développer des feuilles ou bien celles-ci restent rudimentaires. À la base de l’épine jeune, il y a des feuilles, quatre à cinq qui, chacune donne naissance à son aiselle à de nouveaux rameaux courts mais non spinescents; les uns florifères les autres foliifères, l’ensemble de ces rameaux ramassés autour de lépine ou de l'axe épuisé avec leurs bractées desséchés forme une série de cous- sinets durcis, comme des grosse verrues, hors desquelles sortent les BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3 parus le 20 juillet 1916, 9 130 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (48) feuilles actuelles, qui semblent implantées comme sur une grosse tumeur (fig. 33). Quant aux inflorescences, ce mode de ramification les groupe parfois en courts ombellules si rapprochées qu’elles couvrent le rameau long lui donnant l’apparance d’un épi floral dense. Mais tout ceci est exces- sivement variable comme les feuilles, lanceolées ou obovales. C’est l’un des arbrisseaux les plus caractéristiques de ces berges et du Chaco, comme de la lagune Ypoa ou des sables de Concepcion. Si nous prenons comme exemple (fig. 16) d’une de ces stations les Espinillares salés de Trinidad, nous voyons que ces buissons se sont Fig. 35. - 4: corolle ouverte du Solanum Caavurana Velloso; B : corolle du même. (Dessin de KR. C.) établis sur un sable jaune-roux plus où moins rosé, formé de grains de quartz arrondis, offrant par place des taches de sel. On y rencontre entre autres : Acacia Cavenia H. À; Maytenus ilicifolia Mart; Basanacantha spinosa K. Schum. ; Bauhinia microphylla Nog. ; Allophilus edulis Rad. ; Cereus Bonplandi Parm.; Machaonia brasiliensis Cham. et Schld. avec sous-bois de Bromelia Serra pénétré par la fougère Cheilanthes micro- phylla SW. el quelques arbres : Tabebuia nodosa Gris; Schinopsis Balansæ Engl., le tout enguirlandé de fines lianes : Volichandra cynanchoides Cham. ; Smilax assumpcionis À. DC. ; Amphistelma aphyllum Fourn., etc. et, autour des bosquets, des formations discon- tinues de Perocaulon purpurascens Malme:; Croton microcarpus M. argov; Aichardsonia stellaris Cham. Schld; Telanthera rosea Mor. ; Senecio pinnalus Poir.; Porreria eryngioides Cham. et Schlecht. ; Euphorbia serpens H. B. K., etc., etc. (49) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 131 Dans les forêts et les bosquets sombres, les Solanées ne jouent qu'un rôle très subordonné. On à déjà cité la plante grappinante le S. Juciri Mart !.I1 faut placer ici les buissons macrophylles des bords des forêts comme le S. wrbanum Morong aux brillantes fleurs, de la grosseur du Convolvulus arvensis L., dans le sous-bois, les $S. Caavurana Velloso ! (S. fœtidum KR. et Pav.), S. indigofera St- Hil.,? buissons de deux à trois metres de o hauteur aux grandes feuilles glabres, aux RE A fleurs et pédoncules blanches. \ COUR },À St-Hilaire à nommé sans description 5. LA NU 1) | indigoferum (in Mer. et de Lens, Diet. Q NUL2Z univ. de mat. médicale N° VI 416) une A4 EN NL 22 2 Ne LS \ 5 RS plante qui serait employée par les indigènes du Brésil pour la préparation de lindigo ; cest le S. cœruleum Velloso (KI. Flum 3, tab. 110), ou S. éndigoferum Dunal (1. ec. Fig-536. — Fleur du Solanum * ; indigofera Saint-Hilaire. 142). Le S. indigoferum Dun. du Para- (Dessin de R. C. ouay, correspond exactement au n. 1253 de Martius conservé dans l'Heïbier du Prodrome (voir Dunal LE c. 142). Le reflet indigo ne se remarque que sur les tiges, les branches et les jeunes feuilles. Une seconde plante indigofère est le S. caavurana Velloso (S. fœti- dum Ruiz et et Pav.) qui montre mieux que le $. #ndigoferum le reflet métallique sur presque toutes les feuilles. Nous avons récolté dans les environs du Posadas, au-dessus de PAlto-Parana, un S. caavurana qui montre moins ce caractère. L'examen microscopique montre que le pigment se forme dans tout le mésophylle plus peut-être que dans les palissades. L’indigo se dépose dans toutes les cellules sous forme de petits grains. Les feuilles broyées et extraites par Peau bouillante restent foncées ; si on les traite par l'acide sulfurique, on voit appa- raître la couleur bleue, un peu verdàtre à cause des matières extractives. L’aniline à chaud surtout dissout la matière colorante. Le papier bleui par cette solution et desséché pour chasser laniline donne avec Pacide nitrique une tache jaune caractéristique (voir Real Encykloped. der gesamint. Pharmazie, article Indigo). 1 HASSLER, n. 1370, 208, 5179. — BALANSA, n. 2122, deux à trois mètres corolle blanche un peu charnue. Plaine de Pirayu, entre Villa Rica et Paraguari. dans les bosquets. — CHopar-ViscHER, Posadas, Encarnacion. ? BaLANSA, n. 3126, Guarapi. dans les bois. — Id. n. 212 a., Villa Rica, dans les haies. — Id., n. 2123, l'Assomption, dans les forêts. — HassLER, n. 3795, sub. Caavurana. 132 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (60) MoLISsCH a aussi indiqué la présence d’indican dans les palissades et spécialement dans les grains de chlorophylle et le mésophylle. Mais BELJERINCK indique le siège de la formation de l’indican, comme étant le protoplasma, ce qui, d’après CZAPEK serait plus probable. Fig. 37. — Brunfelsia Hoppeana. — Section longitudinale dans le bois secondaire; on voit les fibres-tra- chéides, le vaisseau et un rayon médullaire. (Dessin de W. V.) (BELERINCK, Kon. Akadem. We- tensch. Amsterdam. Proc. meet. Saturday (1899) Sept. et (1900) juin, p. 120, 49,5, 101.) Il ne peut, dans tous les cas, s'agir du pseudo-indican de Mo- LISCH (Ber. Sitzb. K: K- Akad. d- Wiss., Wien CVIIL (1899) 479), qui est un pigment fugace qui disparaît par lacide sulfurique. En outre BALANSA indique le Sola- num n. 3126 en guarani : Caa- Hu, tronc de deux à trois m. de hauteur, corolle, calice et pédon- cules blanes, Guarapi dansles bois, plante indigofère. C’est cette es- pèce que nous avons déterminé maintenant comme Solanum indi- goferum (St-Hil.) Dunal. Molisch, dans WIESNER, Die Rohstoffe des Pflanzenreiches, Leipzig 1. (1900) 428, ne connaît pas les Solanacées comme plantes indisofères, ni même comme plan- tes douteuses à ce point de vue. De l’'£upatorium læve DC., à partir duquel nous avons préparé, sur place, de lPindigo, il dit : «Soil ebenso wie die folgende Species Indigo liefern. » Nous n'avons pu trouver d'indications relatives à des Solanées indigofères, ni dans WEH- MER (Pflanzenstoffe, [éna (1914) ni dans aucun livre moderne. Ce serait donc deux nouvelles plantes à ajouter à la liste des plantes à indigo#. ! Voir sur la disposition des feuilles et le mode de ramification: WITASEK, Solanaceæ, in Ergebnisse d. bot. Exped. d. K. Akad. d. Wiss. nach Sudbrasilien. 1901) Denkschr. d. Ak. d. Wiss. Wien LXXIX (1910) 63, deux tables. (51) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 133 Dans ces mêmes forêts, comme 1! à déjà été dit plus haut, le Hrun- felsia Hoppeana élève ses branches jusqu’à deux à trois meétres ; son tronc à écorce peu épaisse, contient un bois très dense, très dur qui enveloppe une moelle scléreuse, munie de nombreuses cellules oxali- gènes, et aussi de cellules farcies d’amidon. Les fibres-trachéides sont prépondérantes avec quelques vaisseaux ouverts (voir fig. 37). Si on tient compte du feuillage, on reconnaît dans le tronc un système ml Le D = f/I/1/ , AAC jSS AND oi ï NN: ) 1e Fig. 38. — Brunfelsia Hoppeana. — Section transversale dans le tronc jeune: on à laissé de côté l'écorce et le liber: B : bois secondaire représenté schématiquement: à l’intérieur, une bande de tubes criblés périmédul- laires; L et M : moelle avec centre scléreux et cellules amylifères et oxaligènes. (Dessin de W. V.) conducteur de son bois bien développé qui unit la solidité à la fonction aquifère ; Pabondance d'amidon et la sclérification de la moelle, ainsi que l'énorme dépôt d’oxalate en oursins, dénote une assimilation active. Comme sous-arbrisseau à tige souterraine rampante, vrai Lype du sous-bois, citons aussi le S. /pecacuanha nob., petite plante sociale qui forme de minuscules brousses largement feuillées; son parent le S. capsicastrum du même type biologique. La tige souterraine (trois mm.) est fortement subéreuse, son bois en anneau épais présente un hypohypertophie c'est-à-dire, Panneau est 154 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (92) plus de deux fois plus épais du côté inférieur (175-180 cellules, 60-65 cellules); il est dur et comprend peu de parenchyme dans le bois mais beaucoup de fibres et de fibres de remplacement. Les tubes criblés sont très nombreux autour de la moelle qui est très réduite (fig. 32). Enfin citons comme particulièrement importants les Solanum à aiguillons qu’on peut diviser en catégories. Les Solanum des campos fonctionnant comme chardons, à aiguillons nombreux couvrant les tiges et les feuilles. Le plus habituel est le S. sisymbriifolium avec de nombreuses formes, plante dune grande extension et commune dans les campos, les brousses et les elairières des forêts. Avec ses feuilles profondément divisées (inde nomen), ses épines jaunes, ses fleurs excessivement abondantes et ses fruits rouges cinnabre, elle est lun des ornements de la flore paraguayenne. Sa grande extension est sans doute, due pour une grande part, à son indifférence edaphique, mais tout autant au fait que les oiseaux sont friands de ses baies rouges !. Tandis que beaucoup de fruits succulents de Solanum müûrissent sans protection (S. malacoxylon Sendt. noir- bleu-violet), ceux-ci sont jusqu’à leur parfait développement complète- ment enveloppés par le calyce, vert-jaune comme le feuillage et couvert d’aiguillons ; les pédicelles sont alors penchés ; à la maturité, le calyce jaunit ou devient brun-cuir ou ocracé et est réfléchi; cela établit un saisissant contraste avec le fruit rouge cinnabre maintenant exposé. Les oiseaux en sont friands ; on voit ces baies attaquées et finalement emportées. A Sapucay, dans la clairière où nous avions dressé notre tente, on pouvait voir une association assez complète de Solanacées. Dans le terrain découvert, le chardon $. sisymbriifolium Lam. aux feuilles très découpées; vers le ruisseau, le S. Bonariense Var. paraguariense (Chod.) Chod. beaucoup moins épineux, aux grandes fleurs blanches et aux fruits jaunes ; dans les buissons et le plus souvent laissant trainer vers le sol ou sur le sol ses baies jaune d’or pâle, de la grosseur d’une petite pomme, le S. palinacanthum Dun. {S. mammosum Morong et nob. p. p.). Ces fruits durent très longtemps ; nous ne les avons jamais vus attaqués ; on les dit âcres et vénéeux. À l'ombre de la lisière de la forêt et dans les picadas humides, cachés sous les autres végétaux, le S. atropurpureum Schrank., plante { Voir sur la distribution du Solanum pseudo-capsiceum L. par les oiseaux, dans Pyrénées basques : Gopron, Considérations sur les migrations des végétaux, Montpellier (1853) 12. (93) R. CHODAT, LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 135 d'ombre à tiges violettes, aux feuilles grandes, minces, glabres et luisantes, couvertes d’aiguilles herbacées, disposées en étages horizon- taux et sous lesquelles on remarque à peine les fleurs verdâtres et les fruits jaune-clair marbrés de vert comme une minuscule pastèque. Il est intéressant de noter que chez ce S. alro-purpureum, nous avons des dispositifs qui sont bien adaptés à la vie dans les bois sombres ou les halliers ombragés ; à la maturité, les pédicelles restent 1e eo À ÿ Z x | É | à fl | al | fi | J à gi JE se à \ | US, | | INRP M NN TN 4 Fig. 39. — Fleurs et détails floraux du Solanum rupincola var. #4acrocarpum (Hassl.) Chod. — a : calyce à aiguillons: b : pistil; « : étamine et poils de l’étamine. (Dessin de R. C.) courbés; le fruit ne se redresse donc pas; pendant ce temps, les entre- nœuds inférieurs s’'allongent et les grosses baies sont mises en évidence, tandis que les étages supérieurs continuent à s’étaler en parasol. Puis, dans les éclaircies des forêts, parmi les buissons, le grand Solanum Concepcionis Chod. qui atteint la hauteur d’un homme (S. oocarpum Britt. et Morong non Sendt.) aux feuilles tomenteuses, aux pétioles ailés tiges et dont les pousses s'accrochent par leurs puissants aiguillons. C’est une plante très polymorphe qui, dans les buissons, sur 156 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (54) les pentes rocailleuses (Cordill. Ypoa) réduit son appareil végétatif, de même que dans les forêts (Concepcion), elle amincit son limbe et réduit ses aiguillons. C’est l’une des plantes les plus répandues (fig. 46). Mais labondance des aiguillons est surtout remarquable dans le groupe des espèces voisines du S. Brownii Chod. (S. Hasslerianum Chod., S. Brownii Chod.) et qui sont typiques pour les campos-lomas du centre et du Campo-Serrado du Nord. Ce sont des plantes fortement enracinées dans le gravier ou la terre rouge durcie de ces lomas, à rameaux étalés en cercle et s’élevant peu au-dessus du sol. Dans les Fig. 40. — Sépales de Solanum tubérifères. — 1 : S. tuberosum, cultivé en Suisse ; 2; $S. chacoense; 3 : S. aff. tuberosum (Pringle n. 667); 4: S. Commersonii (Balansa n. 4699;. (Dessins de W. V) formes extrèmes comme dans le S. Brownii Chod., la tige, les feuilles, les calyces aussi sont hérissés d’aiguillons droits, vrais piquants de hérisson qui dépassent l’indument brun-doré ou jaune-doré des feuilles. Si l’on voulait considérer ces structures comme nécessairement adé- quates (protection contre les herbivores) ou directement produites par le milieu, on serait étonné de voir que, dans les mêmes stations, d'autres Solanum, tout en conservant le type rabougri de beaucoup de plantes du Campo-serrado et auquel je donnerais volontiers le nom de plantes Julocrotonoides, sont presque totalement dépourvus d’aiguillons : ce sont, par exemple, les Solanum julocrotonoides Hassler et le S. rupincola Send. var. macrocarpum (Hass|.) nob.1 (fig. 39) végétaux macrophylles qui tendent vers la formation de rosettes ou de bouquets de grosses 1 S. grandiflorum R. et Pav. var. macrocarpum Hassler non R. et Pav., in Fedde Rep. IX (1911) 118. (99) R. CHODAT. LA: VÉGÉTATION DU PARAGUAY 137 feuilles issus de la souche. C’est que dans toute déviation écologique, il y a à considérer le capital héréditaire générique, sous-générique ou spéci- fique. Ce qui fait que dans les mêmes stations extrêmes, au point de vue Fig. 41. — Eboulis d’essexites de la Cordillère de San Tomas. Sola- num dont on a dégagé le rhizome pour montrer le tubercule. (ÉHOT-AWEAVE) édaphique où écologique, les morphoses ne sont pas uniformes mais sont aussi régies par la systématique du groupe auquel ces plantes appartiennent. Citons parmi les buissons sans adaptions bien spéciales, les $. ramu- losum Sendt. S. St. Catharini Dun., aux feuilles simples et tomenteuses. 138 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (96) Les Cestrum ont des représentants dans cette dernière catégorie, le C. calycinum H. B. K. qui porte d’ailleurs une livrée de Sessea typique, tandis que le C. lvvigalum Schlecht, avec ses grandes feuilles lisses, est un arbrisseau ou petit arbre des lieux humides. CARNIER!, dans un Mémoire intéressant sur la Géologie du Paraguay, a fait connaître les curieux marécages allongés souvent sur plusieurs kilomètres de longueur, un peu sinueux, remontant les ruisseaux, ne présentant souvent pas plus de cent mètres de diamètre el parfois à peine vingt mètres de dénivellation sur dix kilomètres. Ce sont, d’après lui, des cours d’eau qui sont restés en arrière de leur évolution. I y a souventune couche noire de quaraute centimètres de profondeur; le fond est souvent de sable blane. On y marche comme sur le Sphagnum de nos tourbières. Nous verrons, dans un autre article, que cette mousse n’y fait pas défaut. Nous avons étudié de ces Ypayeré surtout dans la Sierra d’Acahay où ils sont très caractéristiques. La végétation y est formée de plantes basses muscoides ou de touffes de Pæpalanthus planifohus, de Mayaca Sellowiana Kunth., de Sigonanthus caulescens (Poir.) Ruhl., Lycopodium alopecuroides L., L. cernuum L. L. carolinianum L. avec beaucoup de Scrophulariacées et de Oldenlandia thesüfolia (SE-Hi.) K. Schum. dont on fera lénumération et la biologie plus loin. Mais souvent, dans leur milieu, là où le terrain s’est solidifié, se dressent des bosquets isolés, Prunus brasiliensis Cham. Schlecht., Æ£rythrina crista qalli L., Villaresia Congonha Miers, Cestrum lævigatum Sehlecht. et à Acahay, Sessea Vischeri Chod. nov. spec. Le pourtour de ces Ypayerés est garni d’un cordon qui fait le passage entre le hosquet (homologue à l'Aulnaie de nos régions) et PYpayeré, qui est, dans cette station, composé d’Æryngium floribundum Cham. en srosses rosettes aux feuilles raides comme celles d’un Fourcroya. Le Sessea que nous avons découvert dans cette intéressante formation, qui ne comprend que des arbres à feuillage brillant et lisse, s’'écarte tota- lement de toutes les autres espèces du genre et qui sont des arbrisseaux ou des arbres des forèts andines, aux larges feuilles pétiolées, oblon- gues et cordiformes du type du Cestrum calycinum HB K. Cette espèce-ci, en concordance avec le milieu, à pris lPapparence d’un Saule (S. purpurea L.) aux verges flexibles et aux feuilles linéaires étroites. Les fleurs sont celles d’un Cestrum jaune, mais le fruit capsulaire en fait un type à part, un vrai Sessea. L'épiderme des branches du $S. Vischeri ! CARNIER, K. Paraguay, Versuch einer morpholog. Betrachtung seiner Land- schaftsformen, in Mitteil. Geogr. Gesellschaft., Thüringen, Jéna 29 (1911) 1. (91) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 139 bleuit parfois par la dessication; on pourrail y supposer aussi la présence d’indigo comme dans les Solanum indigofères; mais cette coloration disparaît en humectant les branches; les acides faibles font rougir ce pigment, lalcali bleuir. C’est donc un de ces corps vagues, du type des anthocyanes, soluble dans Peau et qu'il ne faut pas confondre avec les pigments, vrai indigo, cités plus haut. La dernière catégorie biologique de Solanum est celle des S. tubéri- fères. On sait tout l'intérêt qui s'attache à la question de l’origine de la pomme de terre. Au Paraguay, nous avons rencontré trois espèces (ou formes) de ce groupe. La première, commune dans les sables des envi- rons de lAssomption, à été distinguée du $S. Commersonii par le D' HASSLER, puis rebaptisée par BITTER! en S. chacoense. AW s'agit bien Fig. 42. — Solanum Commersonii var. (Balansa n. 4699). — 1: calyce : 2; sépale et points oxalifères : 8 : detail du limbe de la corolle :; 4 : pistil. (Dessin de R. C.) d’une espèce distincte du $S. Commersonii Dun., mais les caractères indiqués ne permettent pas de ia définir exactement. Cest ainsi que dans PHerbier Boissier, le monographe M. BITTER, à nommé S. chaco- ense des plantes qui sont certainement très différentes les unes des autres et qui ne peuvent, d'après nos nouvelles recherches, être de la même affinité. En effet, le S. chacoense à sépales brusquement acuminés, se distingue par son calyce dépourvu de cellules à poudre cristalline d’oxalate de calcium. Ces cellules se voient à la loupe par un éclairage d'en haut en se présentant comme des points blancs opaques, en trans- parence comme des points noirs entre le réseau des nervures. Le #. Commersonti et les espèces qui gravitent autour du S. fuberosum L. ont tous ces cellules oxaligènes. (Tubéreuse cultivée en Suise, S. /uberosum 1 Brrrer. G., Solana nova, in Fedde Rep. XI (1912) 468. 140 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (D8) aff. Pringl. 667. du Mexique, etc.). La forme des dents du calyce est variable, mais elle fournit en gros d'assez bons caractères. Le S. chacoense Bitter est commun dans les lieux aréneux de l'Assomption, de Trinidad, du Chaco ; il correspond biologiquement au Crepis bulbosa des sables méditerranéens. Mais les stolons, les longs rhizomes et les tuberecules en feraient tout aussi bien une plante d'éboulis. On trouve en effet une Tubéreuse en abondance dans les gros éboulis ombragés du Cerro Tomas près de Paraguari et dans les mêmes stations du Cerro d’Acahay. C’est une grande plante très herbacée et débile, poilue, vraie type de plante de sous-bois, dans des endroits difficilement accessibles et où elle est certainement spontanée. Les longs rhizomes filiformes atteignent près de 60 centimètres et forment à leur extrèmité Fig. 43. — Fécule du tubercule du Solanum de San Tomas. (Dessin de W. V.) un tubercule de la grosseur d’une petite noix (fig. 41). Ces rhizomes se glissent entre les pierres de léboulis et vont chercher Phumidité dans la profondeur. Les grains d’'amidon y sont oblongs, presque Lronqués aux deux extrèmités, très différents de ceux du S. uberosum (fig. 43). Leur dimension varie de 65, 55, 50, 45, 45 — 12 y de longueur et 40, 30, 25, 20, — 10 y de largeur. L'absence de fleurs bien dévelop- pées nous empêche de la définir spécifiquement. Il est cependant certain que par son calyce presque tronqué, presque sans dents, cette espèce se rapproche du S. chacoense Bitter. La fleur était trop jeune pour appliquer à ce cas notre caractère des cellules oxaligènes (CHop. VISCHER n. 28). L'autre à été découverte par BALANSA dans les clairières des forêts (Naranjo); c’est une variété du S. Commersonti (fig. 42 et 40) par ses sépales à dents ovales brusquement accuminées ; mais c’est une variété assez intéressante par ses poils un peu grossiers, par exemple à la > à (99) R, CHODAT. LA VÉGÉJATION DU PARAGUAY Î base de la tige et sur les feuilles qui ont des lobes largement ovales, inéquilatéraux et parfois des folioles petites alternant avec des orosses folioles. Toute la plante est basse et les stolons souterrains de dix à vingt centimètres. Les tubercules petits et amers. Il convient maintenant de citer le seul arbre du genre Solanum qu’on rencontre au Paraguay, le S. granulo=leprosum Dunal (S. auriculatum Mart. non Ait.). C'est un arbre de trois à cinq mètres, à couronne arrondie et disposée en plateau, aux feuilles enveloppées dans un indument tomenteux oris-argenté etaux magnifiques cymes de fleurs mauves. [est commun sur le bord des forêts, dans les bosquets des campos, etc. Il n’y a pas lieu de conserver le $S. pseudo-auriculatum Chod. et Hassl., car le même arbre porte des branches à pseudo-stipules et sans pseudo-stipules (voir Bulletin de l'Herbier Boissier (1903), 81) (CHop et VISCHER n. 2). En parlant du S. malacoxylon Sendt. nous aurions pu signaler un autre végétal joncoide mais beaucoup plus mince, le Schwenkia juncoides Chod. proche parent du $S. Tweediei Benth. qui appartient à une catégorie bien caractéristique pour les lieux humides, marécageux, du sud du Brésil et représenté par Polygala juncoides, P. equisetoides P. Villa-Rica Chod., ete. On le voit s'élever d’une souche persistante en quelques tiges cylindriques, simples à feuilles linéaires et dont lana- tomie indique un système d'irrigation important. Il ne faut pas oublier que ces demi-marécages se dessèchent rapidement et que le système aquifère bien developpé assure la couverture de transpiration. Parmi les moins saillantes des Solanées, il convient de citer le #. lurneroides Chod., très commun parmi les herbes autour des buissons et, du mème type, le Bouchetia anomala (Miers) BRITTON and RUSBY plantes du type Helianthème (Æ. oculus solis). Quant au Salpichroma rhomboideum Miers., c’est un petit buisson diffus, nummularioides, aux fruits charnus et blancs ; des onze espèces connues, l’une, le $S. Wightii a été rencontrée dans PArizona. C'est un genre sud-américain et notre espèce, qui ne fait d'ailleurs que toucher au territoire du Paraguay, est répandue jusqu'au sud de la Patagonie. 142 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (60) II. B. Géohotanique et Etude critique de quelques Solanées paraguayennes par R. CHODAT Chaque pays est un carrefour où se rencontrent des plantes de diverses provenances appartenant à divers groupes géographiques. L'étude de la dispersion des espèces d’une famille ne nous renseigne pas sur la dispersion des espèces d'une autre famille. Il y a peu d’espèces de Solanées spontanées à grande extension au Paraguay. Je laisse de côté les espèces cultivées ou échappées des cultures. Alors se présente à notre esprit l'arbre S. auriculatum Ait. qu'on donne comme répandu dans toute PAmérique subtropicale ou tropicale et, en plus, dans l’ancien monde ainsi, à Madagascar, à Maurice, ete. Mais examen des herbiers ne confirme pas ces vues et il ressort clairement de lPétude des échantillons authentiques que notre S. auriculatum Mart. n’est pas du tout le S. auriculatum Aït. et que le premier doit porter le nom de $S. granulo-leprosum Dun. qui est une plante du Sud du Brésil, de la Bolivie et du Brésil. Le S. sisymbrii- folium Lam. est aussi une plante originaire du Sud de l'Amérique et particulièrement commun dans le Nord de la République Argentine et l’'Uruguay, comme elle lPest du Paraguay et du Sud du Brésil (Hamadryades). Nous: avons parlé plus haut de son pouvoir d'extension et des ses fruits succulents. Elle est subspontanée par l’intermède de l'homme au Mexique et dans le Sud-Est des Etats-Unis. C’est sans doute aussi l'influence de l’homme qui a acquis au Petunia parviflora Juss. son aire disjointe de New-Jersey, la Floride, le Texas, la Californie, le Mexique et Cuba (voir RoB. E. FRIES, die Arten der Gattung Petunia, I. e. 39. 11911) et, d’autre part, le Sud du Brésil, l’'Uruguay, le Paraguay, l'Argentine et la Patagonie. Faut-il admettre qu'une semblable disjonction soit probable pour le Jaborosa longiflora Lam. qui à été figurée par Mocçino dans la Flore du Mexique (Herbier DC.) et qui est cité dans le Prodrome sous le nom de Jaborosa longifolia Moc. et Sess. DE CANDOLLE la distingue du J. integriflora par le fait qu’elle aurait des étamines libres à filets; mais Le (bT) R. CHODAT. LA VNÉGÉTATION DU PARAGUAY 145 l'inspection de la très belle planche aquarellée m'a convaincu qu’il s’agit d’une forme un peu grande de cette espèce comme celle qu'on a longtemps cultivée dans les jardins botaniques (voir Herbier Reuter, Université de Genève) et que A.-P. DE CANDOLLE à mal interprèté l'analyse florale de SESSÉ et MOociNo qui montre les filets des étamines concrescents avec le tube de la corolle. Elle n'a jamais été récoltée dans ce pays depuis lors. HEMSLEY en fait mention sur la foi de DC (Biologia Centrali-americana). La plante ayant été signalée au Pérou, il se pourrait que la planche ait été faite d’après les dessins de Muris dont il est question dans l'introduction de la flore du Mexique. Parmi les espèces de grande extension, citons aussi le Solanum violæfolium Schott de Minas et du Sud du Brésil, le Chaco, (Morong n. 1920), (Rojas n. 605). Nous l'avons rencontré à Puerto-Bertoni. Elle est du type silvatique d’un viola à stolons et est remplacée à Caracas par le S. asarifolium Kunth et Bouché, dans l'Amazonie par le S. Chodatianum Huber, au Mexique par le S. ionidium Bitter. Du Sud, un certain nombre d'espèces atteignent au Paraguay leur terminus septentrional. Salpichroma rhomboideum Miers. herbe, décombante de l'Argentine, de l'Uruguay et de Pextrême Sud du Brésil, pénètre le long des chemins de fer (Tacuaral-Pirayu, BALANSA, n. 2194, PAssomption, id.). D’après Balansa, les enfants en mangent les fruits qui ont le goût et le parfum de la pomme. Le Solanum malacoxylon Sentn. (S. glaucum Dun., S. angustifolium Griseb. non Lam.) remonte le ffeuve jusqu'à Concepcion et même sans doute plus loin. Au Paraguay, il abonde autour de la lagune Ypoa ; au Chaco, le long des eaux mortes du Paraguay et dans toute la dépression Salado-lagune Ypacarai- Paraguary, l’ancien lit du fleuve. Il v forme même une variété intéressante: le S. #», var. albo-marginatum Chod. On voit le S. anqus- lifolium Lam. (S. amygdalifolium Griseb. in Symb. arg. non. Steud.) former dans le cours inférieur des halliers-nasses comme sur les berges basses du Rio Paraguay. D'autre part, il est intéressant de suivre le S. bonariense L. dans sa progression vers le Paraguay où il atteint, autant que nous le savons aujourd'hui, vers Sapucay-Paraguari, sa limite septentrionale. Le Lype de Buenos-Ayres à un calyce à sépales linéaires aigus ; il passe vers le Nord à Posadas et à Encarnacion où nous Pavons récolté et observé à la rariété Villa-ricense et la var. paraguariense qui différent par les dents du calyce plus courtes, plus triangulaires. C’est d'ailleurs une plante très variable dans son appareil végétatif. 144 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (62) Le Solanum Commersonii Dunal se comporte d'une manière analogue, car les deux S. dont il a été question plus haut ne paraissent guère que des formes locales de cette tubéreuse platéenne et uruguayenne ; mais, tandis que la pénétration du $S. bonariense semble s'être faite par le territoire de Misiones, celle du S. Commersonii semble plutôt avoir suivi le fleuve Parana-Paraguay, car c’est dans la région occidentale du pays qu'elle est le plus abondante. C'est aussi cette voie qu'ont suivi les Grabowskia, que nous avons signalés les premiers au Paraguay; ils se tiennent sur la lisière occidentale chacoenne (G. duplicala WW. Arn., G. Schlechtendalii Sendt.). On sait que ce genre qui ne comprend que peu d'espèces va jusqu’au Pérou. C’est à la même catégorie que nous rattachons Petunia violacea Lindi. (inclus, Petunia inflata Rob. E. Fries qui est à peine une race locale de la précédente) et laquelle, tout en se rattachant à un centre de végétation qui est situé dans PEtat de Parana, nous vient au Paraguay par le détour Rio de la Plata-Misiones, Paraguay occidental. L'autre espèce de Petunia, P. ledifolia Sendt. (e. Rob. E. Fries P. cæsia nob. non Sendtn.) est d’une toute autre origine; elle descend des Minas Geraes, de St. Paul, pour atteindre, par les campos sur des lomas de Piribebuy et de Tobaty, la vallée de PYaca, au centre du Paraguay. C’est une origine que nous rencontrerons bien des fois à propos des plantes du campo-serrado. Un certain nombre d'espèces descendent du Brésil pour atteindre au Paraguay et dans les Misiones leur limite australe. Ainsi le S. palinacanthum Dun., voisin des $. aculeatissimum Jacq., du S. platanifolium Hook. et du S. ciliatum Lam. sans qu'il soit possible, dans un groupe aussi polymorphe, d'indiquer sûrement le sens de la distribution. Leur sosie, au point de vue végétatif, quand même la fleur est toute différente le S. incarceratum KR. et Pav. parait être à la fois andin et brésilien; il en est de même du $S. lycioides L. (Pérou) avec ses nombreuses variations (S. wrbanum Morong.); il en est aussi du $. jasminoides Paxt. et sa var. bœrhaviæfolium (Sendt.) Bitter, mais cette dernière descend jusqu’à Buenos-Ayres. La plupart des autres Solanum sont du Sud du Brésil, de la région de Rio Janeiro-Saint-Paul-Parana, etc. La connaissance de cette flore est encore trop fragmentaire pour que nous puissions entrer dans des détails. Mais on peut suivre Martius (in Flora brasil. Tab. physiogn.) et sa classification des régions brésiliennes. / (63) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 145 DRYADES: plantes sylvatiques ; S. Caavurana Nell; S. indigofera SE-Hil. ; S. inæquale Nell ; S. Juciri Mart. ; Capsicum campylocladum Dun. ; S. atropurpureum Schrank. Toutes d'origine plus nordique que les suivantes. HAMADRYADES : régions chaudes et sèches; S. palinacanthum, S. paniculatum. NaAPpÆÆ : extratropicales; $S. capsicastrum LK.; S. ramulosum Sendt. ; S. St. Catharinæ Dun. OREADES : Campos montueux ; $. rupincola Sendt.; S. {urneroides Chod. ; Pelunia ledifolia Sendt. (P. cæsia nob. olim.). Ce Petunia ledifolia Sendt. est très caractéristique pour les lomas sèches de Piribebuy et de Valenzuela, de l'Yagui à lYacan, où nous l’avons vu donner par place la caractéristique écologique sur les terrains les plus maigres. Enfin viennent les endémismes ; il est bon de les rattacher à leurs espèces affines, ce qui donne une idée de leur origine probable. Le S. Concepcionis Chod. répandu dans tout le pays, se rattache étroitement au S. robustum Wendl. dont il a la fleur et les pétioles ailés. C'est done une espèce d’affinité brésilienne. Le $S. rupincola Sendt. var. macrocarpum, le Lype étant de Iheos et de Piauhy. Le $. Ipecacuanha Chod. appartient au groupe qui comprend les S. capsiscatrum Link ; $S. /sabelli Dun.; S. Karslenii Dun., espèces qui qui vont du Sud du Brésil à la Colombie. Le S. Chacoense Bitter est un bon endémisme à rattacher quoique lichement au S. Commersonii Dun. Il est probable qu'on lui trouvera un parent plus rapproché dans la région andine. Cette espèce est abondante dans tout le territoire occidental et chacoen. Le $,. julocrotonoides Hassler est assez isolé, c’est un type des campo- serrado, tandis que le S. /pomæoides Chod. se rattache étroitement aux S. /pamæa Sendt. et S. convolvulus Sendt. par la structure de la fleur. C’est done une espèce locale, terminus. D'un plus grand intérêt est la découverte, au Paraguay, d’une espèce du senre Sessea R. et Pav., dont tous les autres représentants sont andins (S. stipulata R. et Pav., S. dependens R. P.,S. Dombeyi Dunal, S. vestila Miers, S. corymbosa Goudot. D'ailleurs, le S. Vischeri Chod. qui porte des fleurs et des fruits typiques de ce genre s’en écarte par tout le port qui est d’un Lycium. Nous n’en connaissons jusqu'à présent qu'une seule station dans les Ypayré d’Acahay. 1 D'ailleurs les Sessea andins rappellent par leur port le Cestrum calycinuwm. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3 parus le 20 juillet 1916. 10 146 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (64) Le Lycium Morongii Britt. est aussi un endémisme intéressant qui se rattache à la grande distribution des Lycium platéens et andins; c’est une plante typiquement chacoenne. Dans les marais accidentels du Nord et du Centre, le Schwenkia juncoides Chod. prolonge la distribution du $S. Tweedii (argentin) dont il diffère par plusieurs caractères floraux. Quant aux deux espècs de Grabowskia, ce sont des plantes chacoennes qu’on n’a, jusqu’à présent, pas citées pour le Paraguay proprement dit. C’est done, comme Sessea, un genre nouveau pour la flore paraguayenne. Le 6G. Schlechtendalii Sendt. (Lycium Marti Hassler non Sendt.) va du Sud de l'Uruguay (San José d'Uruguay à la région platéenne, d’où elle remonte jusqu’au Chaco, San Elisa, leg. RoJAS). Le G. duplicata Arn. var. Balansæ Chod. se rattache à une espèce commune de Uruguay à l'Argentine et de la province de Cordoba. Cette espèce n’est connue que de Formosa (BALANSA n. 4698). C’est un arbrisseau rameux très spinescent. On connaît huit espèces de Gra- bowskia, souvent attribuées au genre Lycium pour n'avoir pas analysé l'ovaire qui est ici quadriloculaire. Outre les espèces citées dans le Prodrome, G. bærhaviæfolia (L) Schld., du Pérou, G. obtusa Arn. (G. obseura Dunal sphalm. in DC. Prodr. XII, L. 20) est de la Cordillère mendocine, les G. Schlechlendalii Sendt., G. cuneifolia Dun. et le G. Lindleyi Sendt., de Rio Grande ou de La Plata. Il en est de même du G. duplicata Arn. Citons aussi les deux types patagoniens G. Ameghinoi Speg. (Lycium durispina Dusen.) Commun dans toute la Patagonie (v. Spegazz. Ann. Soc. Ci. Arg. 1, IT (1902) 168) et G. megalosperma Speg. (I. ce. 46) du golfe $. Jorge. C’est donc encore un de ces genres comme Jaborosa, andino-patagon qui caractérisent bien les plaines du Chaco paraguayen. Mais les plus paraguayens des Solanum sont les espèces excessivement spinescentes et plus ou moins enveloppées de poils fauves ou dorés qui gravitent autour du S. Brownii Chod., du $S. Hasslerianum Chod., et plantes décombantes à tiges disposées en cercle, des Lomas-campos du centre et du Nord du Paraguay et dont la distribution se prolonge vers Est avecleS. Remalkii Briq., et vers le Chaco avec le S. multipinum N. E. Brown. Elles appartiennent à la même formation que le Petunia Hassleriana KR. E. Fries, belle espèce à tiges lignescentes dressées en louffe des hauts campos de Piribebuy à Acahay (Chod. et Vischer n. 18, n. 20,. Eckman l’a rencontrée à Misiones (v. Fries C5 0) (69) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 147 Il y à encore au Paraguay, comme partout, des Solanées cosmopo- lites: tout d’abord, le Datura ferox L1 (Datura Stramonium L. lato sensu nob. olim.) plante des décombres, et, dans les mêmes stations, le D. Metel L.? On cultive comme arbre d'ornement le Dalura fastuosa L., aux grandes corolles violettes en trompette (ad. ripam Paraguay, Limpio, HASSLER, n. 3199) et le 9. suaveolens HBK., qui atteint de cinq à six méêtres et qui frappe de loin avec ses grandes corolles pendantes de 30 cm. Beaucoup plus petits, mais très communs, sont les Physalis ; par exemple Ph.viscosa L. aux fleurs jaunes (BALANSA, n.2087; Andeer n. 7; HAssLER, n. 141, 3184), le Ph. hirsula Dun. (Ph. pubescens in PI. Hassler. IT, 311 ; Balansa, n. 3133, 2086, 2088) et le Ph. angulata L. (RoyAS, n. 2656; HASSLER, n. 8156) plantes rudérales irrégulière- ment répandues. On trouve dans ces mêmes décombres et dans les cultures, le Nicotiana longiflora Cav. (BALANSA n. 2077) plante sud- américaine typique aux longues corolles blanches dressées. Complétons cette énumération en citant le très vulgaire Schwentkia americana L., plante commune des buissons et des rocailles, centre et Nord (BALANSA, n. 2171, 2171 à) aux fleurs vineuses et le Boucheltia anomala (Miers). Britton, sporadiquement répandue dans le territoire du Paraguay et des Misiones (BALANSA, n. 4640 Formosa, prairies argileuses. CHOD. et VISCHER, San Ignacio, Misiones à aire tout aussi étendue que celle du Petunia parviflora Jass. Quant au Micotiana glauca Graham, c’est un grand buisson qui suit l’homme un peu partout dans les pays subtropicaux (BALANSA n. 2078). Ainsi l'immense majorité des Solanacées paraguayennes sont des plantes indigènes du nouveau Monde, dont la plupart ont une aire sud-américaine bien définie. Sessea Vischeri Chodat nov. spec. (fig. 44). Frutex ad 2 m. altus, ramis virgatis, cylindricis, glabris vel junioribus puberulis dessicatione epidermide cœruleo-virescente, ad 4 em. crassis ; folia sæpe fasciculata vel solitaria, lanceolato-linearia, linearia * 45/7, 50/4 mm. vel minora sat conferta, dessicatione plus minus fusces- centia, glabra, sicca sat fragilia, crassiuscula, margine incrassulata et anguste subrevoluta, nervo medio subtus prominente, breviler acula, basi cuneata; inflorescentiæ anguste racemosæ, ramis floriferis brevi- 4.5, 1 BALANSA, n. 2592, Mbocaiati. — HASssLeR, n. 7088, Valenzuela. , 2 à ? BALANSA, n. 2591. — HassLeEr, n. 1262. 1 148 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (66) bus erectis angulatis, puberulis, 1-2 cm. longis, bractea foliis simili, foliis propriis minoribus lanceolatis ; flores in quoque ramuseulo 1-3 pedicello 2-3 mm. longo glabrescente ; calyx 6-8 mm. longus, 3-3.5 mm. latus, basi cuneatus, tubo basi superposito sat æquali cylindrico vel vix N Do Fig. 41. — Sessea Vischeri Chod. — 1 : fleur (gross. 4 fois); 2 : placenta couvert de semences ; 3 : pistil: 4 : calyce et capsule déhiscente; 5, 6, 7 : semences: 8 : sommet de la corolle étalé de manière à montrer l’intérieur, y compris les éta- mines ; 9 : étamine plus grossie, vue de dos; 10 : section dans la semence. (Dessin de R. C.) (67) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 149 dilatato, dentibus © mm. altis, triangularibus apiculatis, apiculo pubescente ; corolla 22-25 mm. longa, basi ovarium arcte involvens ei adpressa, deinde calyce angustala et tubo sat regulari, apice breviter, ut in speciebus Cestri generis, paulo dilatata, lobis ad 4-5 mm. longis, basi ad 2,8 mm. latis, intus marginibus reflexis undulatis et dense tomentosis, ita ut ab exteriore visis appareant tomentoso-marginatis ; filamenta staminum glabra, basi tantum pilosa, Fig. 45 — Fleur du Solanum Rojasii Chod. — 1 : fleur ouverte; 2 : pistil; 3 : fleur demi-ouverte. (Dessin de R. C.) antheris late inelusis ellipsoideis æquilonga vel paulo longiora; ovarium in nectario annulari undulato insidens, ovatum, stylo multo longiore apice tantum dilatato; capsula basi stipitata calycem persistentem superans interdum duplo longior sed variabilis, demum ad 25 mm. longa, imperfecte 4 valvis, dessepimento demum liberalo tenui seminibus utraque facie adjuneto, lineari; semina varia irregulariter alata, ala angusta ; embryo rectus, albumen copiosum. In paludibus diet. Ypayeré, supra Acahay, fl. et fruct. Sept. leg. Chodat et Vischer, (n. 44). Nomen in hon. amici D' W. ViscHER dedi. Ab omibus speciebus hujus seneris andini differt primo intuitu habitu, foliis aliisque. Grabowskia duplicata Arn. var. Balansæ Chod. nov. var. Folia obovata, nec ovata, glaucescentia, glaberrima subspathulata, limbo 22/15, 5/10 mm., petiolo 3-8 mm. longo; corolla ad 7 mm. longa, intus annulum pilorum ferens ; calyx hypocrateriformis ut in 6. duplicata margine incrassato et membranam interiorem ferens ad cujus dorsum sunt affixæ dentes calyeinæ, distantes. Frutex ramosissimus, 4-1,5 m. altus, demum sub flore aphyllus vel subaphyllus, ramis hinc inde angulatis, ramusculis brevibus spinosis 10-15 mm. 150 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (68) longis, divaricatis, internodiis ji. e. pars inter spinas 12-30 mm. cortice lævi plumbeo vel subpurparescente. BALANSA, n. 4698. Forinosa, fleurs blanches (mai), fruits noirs. — Grabowskia Schlechtendalii Sendt. — Lycium Martii Hassler. RoJas, n. 2637, Gran Chaco, Santa Elisa, ad marginem silvæ, frutex 1-2 m. Fig. 46. — Solanum nodiflorum var. sapucayense Chod. — 1 : fleur; 2 : pétale; 8 : calyce étalé: 4 : pistil; 5 : étamine. (Dessin de R. C.) Solanum nodiflorum Jacq. var sapucayense Chod. nov. var. Caulis ad 1,5-2 m. altus, ramis patentibus, lignescentibus, cortice brunneo, lenticellato, ad 3 mm. erassus, foliis rnombeo-triangularibus, longiuscule petiolatis, lamina *%/10, 8/13, #%/10 mm. vel minore in petiolum angustum abrupte acutata, petiolo 0,5-1 cm. longo; infloreseentiæ paucifloræ 1,2-5 fl, pedunculo patente extraaxillari, demum sub fructu ad 10 mm. longo, pedicellis refractis ad 5 mm. ; flores parvi ad 3 mm. longi, sepalis lanceolatis sinu angusto, cuneato separatis. Alia ut in S. nodifloro Jacq. (fig. 46). Cette variété répandue dans les clairières ombragées de la grande forêt de Sapucay, se fait remarquer par sa taille élevée, sa tige frutescente, ses petites fleurs. CHODAT et VISCHER, Sapucay (1914) (n. 46). Solanum Rojasii Chod. (fig. 45). Caules elati, lignescentes ad 4 mm. crassi, ramis arcuato-divaricatis, scandentibus vel subscandentibus, junioribus foliosis, inflorescen- üisque plus minus areuato-hamatis, glabris, foliis ovatis, subacutis, (69) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 151 basi abrupte euneatis, petiolatis, Junioribus puberulis, aliis glabris, tenuibus, 4/20, 4/18, 22/12 mm. et minoribus, petiolis 2-7 mm. longis; inflorescentiæ terminales vel etiam extra-axillares, terminales haud ut in S. nodifloro et in affinibus foliis majoribus superatæ sed basi denudatæ vel foliis minoribus basi præditæ, prius subumbelliformes pedicellis reflexo-curvatis, deinde subdichotomæ, floribus geminis et pedicellis fructiferis in ramis duobus furcæ insidentibus; flores aperti ad 6-7 mm. longi, antheris ad 5 mm. longis, 0,8 mm. latis, calyce abbreviato 1,9 mm. longo, obconico, lobis late ovatis, acutis ; ovarium glabrum ellipsoideum ; stylus antheras paulo superans, sæpius apicem versus Curvatus, Maxima parte hirsutus, pilis patentibus, apice glabratus eviter in stigma incrassatus; baccæ ce. 5 mm. diam. pedicellis fructiferis 7-8 mm., pedunculo 20-25 mm. longo. Acahay in dumetis, CHOpAT et Viscuer (n. 67) (Herbier de l'Université de Genève) (fig. 44). Cette espèce est très remarquable dans le groupe des Morelles vraies; elle s’initie à une vie de plante grimpante par ses rameaux arqués qui s’'accrochent aux branches des buissons voisins et par ses inflorescences qui tendent à s'élever au-dessus de lPappareil végétatif en allongeant le pédoncule et en se développant principalement au sommet sans être «dépassées par les grandes feuilles comme cela est dans le S. nodiflorum Jacq. et le S. pilcomayense Morong. Les fleurs sont aussi remarquable- ment plus grosses que dans les Solanacées qui, au Paraguay, gravitent autour S. nigrum L. Le S. pilcomayense Mor. aurait des fleurs qui tendent vers cette dimension. S. urbanum \Morong. S. lycioides Ruiz et Pavon ex p. — S. Rantoneli Carriere ex Bitter? Faut-il conserver cette espèce ou la considérer comme une simple forme du S. lycioides L. Mais ce dernier est un arbuste épineux à feuilles obovales ; on pourrait, avec plus de raison, la comparer au S. Dombeyi Dunal qui n’est pas spinescent et dont le calyce à parfois, comme celui du S. wrbanum, 10 dents. Chez toutes les formes qui gravitent autour de cette première espèce, le calyce est tronqué el il porte des dents distantes ; les étamines sont inégales et le style courbé au sommet. V. typicum, à feuilles ovales distinetement pétiolées el lége- rement pubescentes de 4/20, #/18 mim.; les dents du calyce sont au moins deux fois plus courtes que le tube ou le dépassent à peine de moitié. 152 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) BALANSA, n. 2104. B foliosum Chod. nov. var., à feuilles de 5°/30 mm. ou plus petites, dents du calyce plus réduites encore (fig. 47, 1-4). CHopaT-ViscHER, Halliers des Cerros de Paraguari (n. 60). + nervosum Chod. nov. var. à feuilles pubescentes, un peu rudes, à nervures bien visibles, longuement pétiolées (20 mm.), à limbe lancéolé ovale 1/40 mm., dents du calyce linéaires assez longues (fig. 47, 1-8). BALANSA, n. 2121, bosquets à l’est d’'Ibitimi, arbrisseaux de 2-3 m., fleurs d’un beau bleu. — HASSLER, n. 6728, n. 7024. Fig. 47. — Solanum urbanum Morong. — 1, 4 : var. B folhosum Chod., bord du calyce ; 2 : sommet d’un pétale : 3 : pistil; 4 : étamines didynames : 5 : var. y nervosum; 7, 8 : à subtomentosum, marge du calyce ; 8 : sommet du pétale. (Dessin de R. C. à subtomentosum Chod., feuilles densement et mollement tomen- teuses en dessous, dents du calyce excessivement longues, dépassant le plus souvent en longueur le tube calyeinal, fleurs plus grandes de 20-25 min. de diamètre (fig. 47, 8). CHODAT-VISCHER, San Ignacio, Misiones, sur la marge de la haute futaie. Octobre (n. 61). s ovatifolium Chod. fleurs inconnues, calyce à 10 dents, feuilles ovales brusquement contractées en pétiole distinct, limbe mince glabrescent, brièvement acuminées, %/3s8, %/55, %/43 mm., fruits charnus, d’un jaune rougeâtre. BALANSA, n. 2080, grande forêt de Caaguazu ; les extrémités de cette plante paraissent volubiles. (11) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 153 BiTrEeR prétend que ce Solanum est le S. Rantoneti Carrière (v. Fedde Rep. XIT (1912) 458) qui ne serait autre que le Solanum multicum N.. E. Brown., espèce depuis longtemps cultivée dans les jardins. Sa grande distribution au Paraguay et dans des stations si variées et si éloignées des cultures en font sans nul doute un indigène. Cependant il faudrait examiner si, du temps des Jésuites, elle n'aurait pas été dis- séminée par eux comme plante d'ornement dans toutes leurs missions. S. turneroides Chod. BALANSA, n. 3192 (fleurs bleuâtres), Yaguaron dans les campos. — Id. n. 4700 (fleurs blanches), Piribebuy; CHopar et VISCHER, Tobaty, dans le campo, entre Concepcion et Horqueta, sur la lisière d’un bois. Chez cette espèce, les fruits réfléchis par deux ou trois en ombelle renversée sont élevés au moment de la fructification par l’allongement des entrenœuds, tandis que le sommet continue à fleurir en étage. S.malacoxylon Send. BALANSA, n. 2105, plaines argileuses longeant le Rio Paraguay. — HASSLER, n. 3201, rive du lac Ypacarai. — CHODAT-VISCHER, Trinidad, dans les eaux mortes du Rio Paraguay, Salado au lac Ypacarai, lagune Ypoa, Chaco-Y., Concepcion (n. 34, 33, 32, 39). Nous n'avons pas rencontré au Paraguay, la var. glaucum (Dun.) Bitter, mais nous avons découvert une nouvelle variété au bord du lac Ypacarav, vers la Tuilerie. Var. albo-marginatum Chod. nov. var. Caulis subsimplex ad 1,5 m. altus, eylindricus, folia lanceolata vel lanceolato acuminata, 0/55, 40/29, 10/26, 10/26 imim., nervo medio subtus sat exseulpto simul cum margine dessicatione albicantibus, flores S. malacoxylonis. À præcedente differt foliis latioribus, majoribus, à var. glauco (Dun.) Bitt. foliis majoribus haud glaucis (CHOD. et VISCHER n. 56). Cette variété est, du premier coup d'œil, différente de tous les échantillons nombreux récoltés par nous ou nos prédécesseurs. S. angustifolium Lam. S. Handelianum Morong. |. €. 175. — S. Britlonianum Morong. ibid. 174. HASSLER, n. 3207, 878. — BALANSA, n. 2102. — CHODAT-VISCHER, Trinidad, PAssomption, Lambaré, Chaco-Y et Concepcion (n. 39, 38). S. Concepcionis Chod. Sous ce nom, nous comprenons les Solanum à aiguillons recourbés qui, avec des baies tomenteuses, ont les feuilles platanoïdes à indument et le pétiole ailé (fig. 48). 154 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (12) # typicum Chod. nov. var. S. concepcionis Chod. L € HASSLER, n. 79517. — BALANSA, n. 3129, Cerro Léon près Pirayu. 8 robustius Chod. nov. var. S. Balbisii nob. et Chod. et Hassler. |. €. non Dunal. $. oocarpum Britt. Morong. 1. €. 176, non Sentn. Plus robuste QU? EE N y Ja & on % HS > Nr = Ê à 7 Fig. 48. — Solanum Concepcionis Chod. — 4 : fleur: B : branche et base d'une feuille: C : étamine et pétale: D : pétale sommet: E : sommet du sépale : F : pistil dans la fleur mâle; F: pistil de la fleur hermaphrodite ; G : fruit. (Dessin de R. C.) el à indument plus épais, presque tomenteux. Cette forme est excessi- vement répandue dès les broussailles de la Sierra Ypoa jusqu'à l'Ipané, a l’orée des bois, dans les picadas ; dans la forêt de Sapucay, elle devient énorme. (T3) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 155 BALANSA, n. 2096, 2-3 m. Corro-peron près de Paraguari. — CHopar et VISCHER, Estancia Ypoa, Paraguari, Sapucay, Salado Ypacarai (n. 68, 69, 10. 71). — HASSLER, n. 987, 477, 3079, 1597. — RoJAs, n. 2385, Chaco. Il n’y à pas lieu de la confondre avec le $S. oocarpum Sendt. car ses fleurs sont (e desc.) beaucoup plus étroites qu'un pouce, les pétioles sont allongés, ailés et les aiguillons robustes. Elle rappelle en petit le S. robustum Wendli. S. paniculatum l. CHopar et VISCHER, Horqueta près de lIpané (n. 37). S. julocrotonoides Hassler in Fedde Repert. BALANSA, n. 3198, fleurs jaunes, Caaguazu dans les campos. Espèce Fig. 49. — Solanum julocrotonoides Hassler. — 1 : fleur; 2 : pistil: 3 : portion de l’androcée; 4 : calyce étalé, vu du côté interne. (Dessin de R. C.) bien remarquable par ses baies tomenteuses, couvertes de gros poils toilés (fig. 49). Solanum apaense Chodat nov. spec. (fig. 50). S. oocarpum Chod. et Hassler non Sendtn. Cette grande forme est très différente du S. Concepcionis dont elle à sensiblement la morphologie foliaire et la struction florale; mais les inflorescences sont ici aussi longues ou plus longues que les feuilles el les pétioles non ailés. Suffrutex 1-1,5 m. ramis ferrugineo tomentosis pilis stellatis densis: plus minus compressis. Folia discoloria petiolata, limbo lanceolato subintegro vel repando vel plus minus lobato, lobis triangularibus patentibus duobus, supra pilis stellatis remotiuculis aspero, sublus densius tomentoso ruguloso, nervo medio exsculplo, secundariis 6-8 156 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (14) utrinque inter se anastomosantibus inde facies inferior reticulate venosa, breviter acuta, in petiolum 0,5-2 em. longum sensim attenuata, 180/60, 120/42, 185/60 mm. Inflorescentiæ folio subæquilongæ laterales et terminales, peduneulo 4-5 cm. longo rufescente tomentoso, ramis divaricatis tomentosis bis dichotomis vel laxe racemosis, pedicellis in anthesi 8-10 mm. longis, 1-1,25 mm. crassis tomentosis. Calyx ultra medium quinque lobus, extus dense stellate tomentosus, lobis lanceolatis ad 6 mm. longis. Corolla ad 3 cm. diam., tubo brevissimo, lobis lanceolato-linearibus extus dense stellate tomentosus, lobis lanceolatis ad 6 mm. longis. Corolla ad 3 em. diam., tubo brevissimo lobis lanceolato-linearibus Fig. 50. — Solanum apaense Chod. eXtus dense stellato-tomentosis 1,5-1,6 — 1 : sommet du sépale;:; 2: ,. so n\ SEA A CTI Ada de 1 eos ee cas Oil longis, 0,4-0,5 latis; demum refle 8 : ovaire et étamine. xis. Filamenta 1,5 mm. longa glabra, (Dessin de R. C) antheræ lineares sensim attenuatæ 12- 13 mm. longæ basi 1-5 mm. crassæ apice breviter scariosæ et poris rimiformibus brevibus oblique dehiscentes. Bacca calyce late cam- panulato suffulta, sphærica dense tomentosa, 2 cm. crassa. In silva ad curs. sup. fluminis Apa. HASSLER, n. 8365. S. granulo-leprosum Dun. S. auriculatum Mart. non Ait. Nous avons renoncé à ce dernier synonyme car lPexamen soigné des textes et des plantes (Hb. Prodrome) nous ont convaincus que le S. auriculatum Ait. est une autre espèce, beaucoup plus robuste, beaucoup plus laineuse, de Madagascar et de Maurice qui ne se rencontre pas au Brésil. Nous avions cru devoir distinguer un S. pseudo-auriculatum Chod. et Hassler dépourvu d’auricules, mais examen des plantes sur place nous à convaincus que les deux formes peuvent cœxister sur le même buisson. 3ALANSA, n. 2116, l’'Assomption dans les haies. — CHODAT-VISCHER, Tacumbu, Lambaré, Cerrito p. San Bernardino, Trinidad, bosquets près du Salado, Ypacaray, Cordilière partout, ete., etc. Solanum bonariense |. S. villaricense Morong Ann. N. Y. Acad. Sc. VIT p. 178. (79) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 157 On peut saisir, ainsi qu'il a été dit plus haut, les liens qui unissent les variétés de cette espèce de la région platéenne à la région paraguayenne. Le S. bonariense est caractérisé par des sépales allongés presque linéaires aigus. La forme des feuilles varie beaucoup. Les baies sont jaunes. Var. villaricense (Morong sub specie 1. €.). Calyce a dents lancéolées acuminées. MoroNG, n. 494, Villa-Rica. — CHopaATr et VISCHER, Paraguari. — Id., Posadas, Encarnacion (n. 51). Var. paraguariense Chod. sub spec. 1. c. Il Ser. (1902) 814. Calyce à dents triangulaires, un peu acuminées, à peine plus longues que larges. 2. leptophyllum nob., feuilles lancéolées où lancéolées subhastées. 2. subintegrum Hassler in Fedde |. c. S. paraguariense Chod. sensu strictiore. HASSLER, n. 4993. — BALANSA, n. 2111, Plaine de Pirayu-bi, entre Villa-Rica et Paraguari. — Cop. et VISCHER, Sapusay, n. 92. 4. lobatum Massler in Fedde Rep. IX (1911) 117, n. 8676 a. S. palinacantum Dun. S. mammosum Britt. Morong. |. €. 176, non L. BALANSA, n. 2599, l’Assomption, dans les champs en friche, baies jaunes, rougissant en se desséchant. — HASSLER, 1 €. n. 1101, 621, 3603. — CHopar-ViscHER, Fortin Lopez, San Bernardino dans les bosquets, Paraguari, autour des bosquets, n. 8, 9, 10, 15, 14, 15. Forma velutina Chod. nova forma folia diutius velutina, lobis crenatis, floribus paulo majoribus. Cuopar et VISCHER, Horqueta p. Ipane, n. 12 Obs. On confond parfois cette espèce avec la suivante. S. aculeatissimum Jac. HASSLER, n. 3112. — CHopar-ViscHER, Salado, au lac Ypacarai, Encarnacion, répandu autour des masures n. 96. Espèce très polymorphe el très répandue, mauvaise herbe. S. atropurpureum Schr. BALANSA, n. 2112, Villa occidental, sur lemplacement de forêts récemment défrichées. — CHopArT-ViSCHER, lac Ypacaray, Tobaty, Sapucay, Horqueta, ete., dans les bosquets frais ou les forêts, n. 6, 7. S. incarceratum Ruiz el Pavon. S. mammosum auct. non L., Bulletin de l'Herbier Boissier |, €. HAssLer, n. 1606, 1632, 5803. — Cropar-ViSCHER, San Bernardino. 1958 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (16) S. sisymbriifolium Lam. BALANSA, n. 2113, fruits charnus comestibles. S. jasminoides Paxt. var. bœrhaviæfolium (Sendt.) Bitter. S. bœærhaviæfolium Sendt. BALANSA, n. 4701 (fruits charnus violets), Guarapi, dans les bois. — Id. n. 2106, Paraguari à Yaguaron. — Id. n. 2106 à, Ibitimi. — CHoparT- ViscuEer, Caballero à Sapucay, dans les forêts ; Caacupe, dans les bois n. 22, 23, 24. — San Ignacio (Misiones). S. Ipomœæoides Chod. et Hassler. BALANSA, n. 2110 à, Villa-occidental, dans les forêts (fruits violets) envahie par le Tillandsia usneoides (fig. 31). . . VE jf Fig. 51. — Solanum Ipecacuanha Chodat. — 1: fleur vue de l’extérieur; 2 : fleur ouverte ; 3 : calyce ouvert; 4 : pistil. (Dessin de R. C) S. gracillimum Sendt. BALANSA, n. 2101 (fruits blancs) Villa-Rica. — CHODAT-VISCHER, Caballero-Sapucay, dans les buissons et les bosquets, n. 7. S. ramulosum Sendi. BALANSA. n. 2119, Nilla-Ricas dans les haies. "Id. n. 2118; Paraguari à Yaguaron (fleurs blanches, fruits charnus noirs) — Id., n. 4102, Guarapi, bords des chemins. — CHODAT-VISCHER, Sapucay, dans les buissons, n. 76. S. Stæ Catharinæ Dun. BALANSA, n. 4103, picada, au Nord de Mbocaiati, près Paraguari. — Id., n. 2117, Plaine de Pirayu-bi, entre Villa-Rica et Paraguari, dans les bosquets, fleurs blanches. Solanum Ipecacuanha Chod. sp. nova (fig. 91). Trunco subterraneo lignoso cortice nigrescente, repente ad 4 min. crassO (fig. 32 C)., e quo nascuntur caules lignescentes plus minus elongati, alii repentes alii erecti basi lignosi et plus minus ramosi vel subsimplices 20-30 em. longi, juniores ad 1,5 min. érassi, pilis stellatis (71) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 159 furfuraceo pubescentes vel brevissime griseo-tomentosi Folia dimorpha, alia ovato-lanceolata, subinæquilatera, basi in petiolum attenuato- cuneata, breviter acuta vel obtusiuseula, alia triplo vel quadruplo minora ovata vel spathulato-ovala, supra viridia vel pilis stellatis adpressis sparsis in nervis crebrioribus margine pilis longius pedi- cellatis densiuscule ciliata, subtus densius pilosa molliter subleprosa, nervo medio et utrinque 9-6 nervis secundariis conspicue notis penni- nervia 50/38, 75/37, 60/28 mm., /11, 2/16, 24/11, integra vel subrepanda. Inflorescentiæ oppositifoliæ vel extraaxillares, peduneulo sæpius brevi 1-5 mm, 4-9 flores sub-umbellati pedicellis 2-4 mm. demum post anthe- sin longioribus 5-6 mm., tenuibus stellato furfuraceis. Calyx profunde o- fidus, laciniis lanceolato-linearibus breviter acutis, 3 mm. demum 4 mm. longis, extus stellato pilosis. Corolla ad */3 fissa, petalis latiuscule lanceolatis, venosis extus et intus glabrescentibus versus apicem crassiuseulis et stellato tomentosis, in anthesi refractis. Tubus corollæ brevis. Filamenta in annulum brevem connata, brevissime libera ; antheræ parte libera 6-7 plo longiores, æquales glabræ apice poris latiuscule intus hiantibus donatæ. Ovarium glaberrimum; stylus filifor- mis 2,9-3 mm., antheras duplo superans. Baccæ sæpius geminatæ 9-10 mm. diam. globosæ, lucidæ, calyce dentibus parum accrescen- tibus linearibus tomentellis basi suffultæ. In dumetis umbrosis et silvis HASSLER, n. 1402, 1653, 6419, 760%. Cuopar et VIiSCHER, Tobaty, Horqueta, n. 26. Var. calvescens nob. Caulibus, foliisque calvatis vel subcalvatis, pedicellis tenuioribus. HASSLER, n. 9711, 1653. — BALANSA, n. 2098, Paraguari dans les bois. Var. obovata nob. Foliis latioribus obtusis molliter et breviter tomen- tosis, fructu 10-11 mm. diam., rubro. Arbuste de 50 em. BALANSA n. 2100, Aroyos y Esteros, dans les bois ; 2100*, Paraguari. S. capsicastrum Link. CHopar-ViscHER, au bord de la forêt-galerie, près du Canabé; Cerro- Jesu, p. Paraguari, n. 3, 4, 5. Var. caaguazuense Chodat nov. var. Robustior, 50 cm. altum, folia majora 9-7 em. longa, 1,5-2 em. lala, baccæ ad 16 mm. diam. An species propria, flores desunt. BALANSA, n. 2097, Caaguazu dans les forêts. Schwenkia juncoides Chodal. E rhizoma tenui repente oriuntur caules Simplices juncoidei, glabri, 30-40 em. longi demum subaphylili, ad 2 mm. crassi; folia 160 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (18) lanceolata vel lineari lanceolata, basi in petiolum angustata, glabra 236,5 15/2 16/1,8 mm.; inflorescentia pauciramosa ramis erectis vel 3-4 cm. longis, bracteis linearibus ; pedicelli erecti vel obliqui 2-3 cm. ; calyx 4-5 mm., dentibus 4-5 acutis inæqualibus 1-1,5 mm. ; corolla 47-19 mm. longa, basi anguste tubulosa et hic paulum reflexa parum ecurvata, 2,9 mm. crassa, fauce paulum angustior deinde ad 4 mm. dilatata, lobis late obcordatis latioribus quam altis, in sinubus dentem parvam ferens. Tubus basi intus pilifer. Stamina duo ad 13 tubi inserta, irregulariter dilatata et pilifera basi filamentis ceterum glabra, antheris sagittatis loculis apice connatis, basi breviter bidentatis. Diseus, ovarium stylus rectus et stigma clavatum glabra. In campis humidis, ad fl. Ipané pr. Horqueta, Cnopar et VISCHER n. 66 (HASSLER n. 5989. ex Chod. et Hassler sub Salpiglossis linifolia) Affinis Schwenkiæ curvifloræ Benth. a quo differt filamentis sterilibus deficientibus, à S. Tweediei Benth. (fig. ex Wettst. in Engl. Pflzfamil. ex Miers) staminibus duobus ad 1/3 tubi insertis, sterilibus nullis. Sur la Cupule des Fagacées PAR A. LENDNER (Communiqué en séance du 14 février 1916) La valeur morphologique de la cupule des Fagacées à été depuis longtemps le sujet de discussions contradictoires. Les preuves que lon fournit en faveur des diverses théories peuvent être tirées soit de lélude organogénique, soit des cas tératologiques observés cà et là dans la nature. La question est très complexe, car tous les auteurs vou- draient pousser les homologies assez loin afin de pouvoir concilier les diagrammes des Bétulacées-Corylacées avec celui des Fagacées. C’est à cela que tend la théorie émise par EicHLeR !. Selon cet auteur, l’inflorescence dichotomique est d'abord précédée d’une grande bractée, puis la fleur centrale porte, à sa base, deux bractéoles 4 et f, à Paisselle desquelles naissent deux nouvelles fleurs précédées chacune de deux préfeuilles 4° &'. Ce seraient ces quatre dernières (4° f", f°) qui cons- titueraient les quatre valves de la cupule de Fagus et de Castanea. Quant à la cupule de Quercus, qui ne contient qu'une seule fleur, elle pourrait ètre formée, soit par les deux bractéoles 4 et 8 de la fleur centrale, soit par les quatre préfeuilles selon le diagramme de Castanea; la question resterait pendante. En examinant le genre Pasania, PRANTL? pense que le problème peut être résolu autrement. En effet, chez Pasania, le dichasium est formé de trois fleurs et chacune d’elles, aussi bien la fleur de première oénération que les deux secondaires, sont entourées dune cupule propre. Ces trois fleurs seraient done entourées de six bractéoles, mais ce ne sont pas elles qui donneraient la cupule. Cette dernière serait, au contraire, dûe à une prolifération de l'axe de l’inflorescence, proliféra- tion apparaissant entre les bractéoles et la fleur. PRANTL ne considère pas les écailles de la cupule du Quercus comme des émergences, mais plutôt comme des bractées, car elles apparaissent dans l’ordre acropète ! EiCHLER, Blütendiagramme, Leipzig (1875), 22. 2? PRANTL, Beiträge zur Kenntnis der Cuputiferen in ÆEngler's Bot. Jahrbücher VII (1887) 5. Heft. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3 parus le 20 juillet1916. 11 162 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) et de plus elles sont parcourues par des faisceaux libero-ligneux. Sur ce dernier point, les botanistes sont généralement d'accord. L'auteur compare ensuite l’inflorescence de Pasania à la cupule du Quercus. 1 considère aussi celte dernière comme une formation inter- calaire de l’inflorescence, apparaissant entre la fleur et les bractéoles ; mais elle ne contient qu'une seule fleur, laquelle est homologue à la fleur de premier ordre de linflorescence triflore de Pasania. L’homo- logie peut être poussée plus loin et Fon peut passer de Quercus à Castanea par le genre intermédiaire de Castanopsis, car ce dernier possède tantôt une seule fleur (C. indica), tantôt trois fleurs /C. Hribu- loides). Les bractéoles latérales de premier ordre y sont développées, elles sont de même forme que les écailles de la cupule. BAILLON ! poursuivant des recherches semblables, mais au point de vue organogénique, fait ressortir certains faits qui permettront de mieux comprendre les cas d'anomalies des cupules de Fagacées qui font le sujet de ce travail. Cet auteur, examinant les débuts de la formation de lPinflorescence de Caslanea, Voit apparaître tout d’abord une fleur de première génération accompagnée de deux bractéoles latérales, ayant chacune une fleur de deuxième génération à leur aisselle. Puis chaque fleur de deuxième génération a sur ses côtés deux fleurs de la troisième, en tout sept fleurs. S'il ne se forme que trois châtaignes, c’est que trois fleurs seulement se développent, ce sont : la fleur terminale de premier ordre et les deux latérales de deuxième ordre. Ces fleurs ont non seulement des carpelles, mais elles possèdent encore des étamines qui restent stériles ou disparaissent pendant le développement ultérieur. Les quatre fleurs de troisième ordre n’ont pas d’ovaires, mais elles sont uniquement mâles ; elles disparaissent à leur tour, ou bien par un développement anormal, elles seront soulevées jusqu’au bord de la cupule où même rapportées plus ou moins bas sur sa face extérieure. Ainsi s’expliquerait la présence d’étamines ou de fleurs mâles disposées cà et là entre les épis et à lextérieur de la cupule des Castanea. Les fleurs étant formées, un disque apparaît en dessous d'elles, c’est-à-dire entre les anciennes bractéoles et les fleurs. La cupule est done, pour BAILLON, un épaississement annulaire de l'axe, une sorte de disque. Si nous comparons les opinions de PRANTL et celles de BAILLON, nous pouvons dire que la cupule des Fagacées constitue bien un organe nouveau et que lon ne peut pas, à ce point de vue, homologuer les Fagacées et les Bétulacées. ! BAILLON, Adansonia XII (1875) 1-17. (3) A. LENDNER. SUR LA CUPULE DES FAGACÉES 163 Selon l'opinion de CELAKOWSkI!, la cupule des Fagacées est un axe formé d’un système de rameaux ramifiés sur le type défini. C’est à peu près la même théorie que défendait PALIBINE, à propos des cupules anormales de Fagus silvalica, que cet auteur présenta en 1909 dans une séance de la Société botanique de Genève?. PALIBINE avait eu l’occasion détudier une jeune cupule androgyne dont les lobes se dédoublaient à une certaine hauteur et présentaient, dans l'échancrure, un petit dichasium de fleurs mâles. L’examen de cette cupule, ainsi que d’autres munies de plus de deux akènes, fournissait des preuves en faveur du bien fondé de la thèse de PALIBINE. Car, pour cet auteur, la cupule normale d'une Fagacée comprend un axe qui se bifurque ; au milieu de Péchancrure apparaît la première fleur (avortée dans le cas du Fagus), puis les deux branches se terminent par de nouvelles fleurs et se bifurquent de nouveau et ainsi de suite. Les objets que je présente à mon tour parlent également en faveur de cette théorie qui me paraît aussi la plus simple. Dans le cas du Castanea, la cupule normalement triflore est compo- sée d’une fleur terminale de premier ordre et de deux fleurs latérales. Or, dans les recherches organogéniques de BATLLON, cet auteur nous montre que l’inflorescence peut porter sept fleurs, mais que les quatre de troisième ordre sont uniquement mâles. Supposons que des fleurs femelles apparaissent à leur place et nous aurions ainsi une cupule présentant sept châtaignes. C'est précisément ce qui est advenu à une cupule que j'ai trouvée dernièrement au Salève (fig. 1, CG. 6). La possibilité de former sept fleurs est signalée dans certains livres de systématique * et PENZIG le cite aussi dans son traité de tératologie #. On sait que chez Fagus il n’y a que deux akènes par cupule. Sur les trois fleurs de l’inflorescence, les deux latérales seules sont développées. Or, les cupules anormales étudiées par PALIBINE ont montré que lors- que plus de deux fleurs apparaissent, ce n’est pas la fleur Lerminale de premier ordre, mais bien plutôt les fleurs de troisième ordre siluées entre les lobes secondaires de la cupule (fig. 1, B. #4). Cette anomalie est du même ordre que celle que j’observe chez Caslanea. 1 CELAKOWSKI, Pringh Jahrb. für Wissench. Botan. XXI (1890) 128-162. 2 ,J. PALIRINE, Sur la cupule des Fagus. Bulletin de la Société botanique de Genève, 2me série, I (1909) 359. $ R. WETISTEIN, Handbuch der Systematischen Botanik (1901) 217. O. WARMING, Handbuch der Systematischen Botantk, Edit. (1890) 245. ? PENZIG, Pflan:enteratologie II (1894) 314. 164 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) Si nous passons au genre Caslanopsis, qui est intermédiaire entre Castanea el Quercus, nous n'y voyons le plus souvent qu'une seule fleur par cupule. J'ai trouvé, dans la collection carpologique de Plnstitut botanique, un exemplaire particulièrement intéressant. Il s'agit d’un Fig. I — A — CASTANOPSIS JAVANIC'A : 1: cupule normale : 2: cupule à 3 akènes. — B — FAGUS SILVATICA L.: 3: cupules normales à 2 akènes ; 4: cupules anormales à à 3 akènes. — C— CASTANEA SATIVA Miller ; 5; cupule normale à 3 akènes : 6: cupule anormale à 7 akènes. (9) A. LENDNER. SUR LA CUPULE DES FAGACÉES 165 Castanopsis javanica rapporté de Java par Ch. BERNARD. Parmi les cupules unitlores, il s’en esl trouvé une qui présentait, à côté de Pakène normal et terminal, deux fruits latéraux plus petits (fig. 1, A. 2). Il est à remarquer que tandis que chez les fruits normaux de ce Casta- nopsis, la cupule s'ouvre par des déchirures inégales, chez notre échan- tillon, celle-ci se divise en quatre valves, tout comme comme chez un Laslane«. BAILLON qui à aussi éludié Porganogénie des fleurs femelles du Chène, nous signale qu'au début il se forme, à droite et à gauche de la fleur femelle terminale, deux fleurs mâles rudimentaires qui dispa- raissent dans le cours du développement ultérieur du fruit et de la cupule. Il ne serait donc pas impossible de trouver des cas tératolo- oiques de cupules triflores sur les Quercus, comme on le rencontre accidentellement dans les cupules du Castanopsis javanica. A propos de celte dernière plante, j'ai constaté que dans le magni- fique ouvrage publié par le Jardin botanique de Calcutlal où cette espèce est décrite, SCHEFFER croit pouvoir faire, à Lort, une nouvelle espèce qu'il appelle €. trisperma. Cela prouve en tout cas que la cupule triflore S'y rencontre assez souvent. Enfin, je signale un dernier exemple qui semble confirmer la nalure axiale de la cupule. I s'agit d'un Castanopsis chrysophilla de l'Herbier Barbey et Reuter. J’ai constaté sur une des valves de la cupule, la présence dun fruit rudimentaire fixé sur les bords et mêlé aux nombreuses épines (fig. 2). Cela rappelle fa cupule de Fagus étudiée par PALIBINE, où Pon trouvait, au milieu des épines, des inflores- cences males. En résumé, si nous nous basons à la fois sur les études organogéniques et tératologi- ques, nous pouvons conclure que les valves rie, ?, — Partie d'une cupule RE CAS TAN O PSS NOTE de aNcupulendes Hasacées nenreprésentent Ar LA A DC mon nullement des bractéoles, selon l’ancienne trant un akène anormal QU us ù fixé au milieu des épines. théorie d'ÉICHLER, et que si nous voulons comprendre quelque chose à la nature morphologique de cetle cupule, nous devons nous garder de lhomologuer au diagramme des Coryla- cées-Bétulacées. 1 Annals of the Royal Botan. Garden, Calcutta. II (1889) Planche 58. 166 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) La fleur des Fagacées est portée sur un axe qui se ramifie en dicho- tomie. Chaque rameau se terminant par une fleur, se bifurque à son tour. Le nombre des fleurs femelles pouvant se réduire à une seule, la cupule pourra prendre une apparence plus simple, tel que nous le voyons chez Quercus. La nature axiale, défendue par CELAKOWSkI et développée par PALIBINE, semble se confirmer par les exemples de tératologie que je viens de présenter. Il serait cependant à souhaiter que des études organogéniques fussent reprises, car elles pourraient apporter de nouvelles lumières à cet intéressant problème de la nature morphologique de la cupule. La hasophille des jeunes cellules végétales PAR M. le Dr V. DEMOLE (Communiqué en séance du 14 février 1916) En 1902, M. le Professeur Askanazy observa que les jeunes cellules des tissus animaux et du sang avaient un protoplasme basophile. Cette constatation devint Porigine d’une méthode histologique permettant de déterminer lorigine de certaines cellules des tissus normaux et patho- logiques. La réaction est attribuée à une substance particulière conte- nue dans le protoplasme. Ehrlich s’est associé à cette manière de voir. Dernièrement, à propos d’études sur la régénération, la question s’est posée de savoir si les jeunes cellules végétales se comportent de la même facon. Des coupes de bourgeons d’Ælodea canadensis et de racines d'Osmunda regalis traitées par des colorants appropriés montrèrent que les cellules des points végétatifs présentaient un protoplasme net- tement basophile, caractère histologique qui se perd au cours de la maturation. On en peut conclure que la basophilie est commune aux jeunes cellules végétales et animales. Cette réaction n’est pas due, comme on pourrait le croire à première vue, à une concentration de Ta substance basophile dans le corps exigu de la cellule jeune, mais à une affinité chimique spécifique, preuve en soit le fait que certaines jeunes cellules intensément basophiles sont plus volumineuses que les cellules du même tissu adultes et incolores. 1! Affinité tinctorielle pour la partie basique des sels d’aniline. Le Clathrus cancellafus Tourn. en Suisse PAR A. LENDNER (Communiqué en séance du lundi 19 juin 1916) Monsieur le D' MALLET, en villégiature à Riva San Vitale (Tessin) m'a expédié dernièrement de très beaux exemplaires du Clathrus cancellalus Tourn., qu'il a trouvé en assez grande abondance sous des sapins. Monsieur le prof. D' FiscHer, de l'Université de Berne, spécialiste bien connu en Phalloidées, auquel j'ai fait part de cette trouvaille, me dit que le champignon lui a été déjà signalé pour le Tessin par le padre AGOSTINO DALDINTI et en plusieurs localités : aux environs de Faïdo. de Lugano, de Locarno non loin de la Madonna del Sasso. Par contre, la localité de Riva San Vitale n’était pas connue. Il est intéressant de savoir que le Clathrus cancellatus fait toujours partie de la flore mycologique du Tessin, le seul canton suisse où cette espèce ail élé rencontrée. BUS EE IEN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ Chaque collaborateur est responsable de ses travaux LES ABONNEMENTS (SUISSE : 10 fr. — UNION POSTALE : 12 fr. 50) sont perçus au siège social : Institut de botanique, Université, Genève 9me SÉRIE, Volume VIE Nes 4, 5 et 6 GENÈVE, Avril, Mai et Juin 1916 SOMMAIRE 1. Compte rendu de la séance du 10 avril 1916 : Affaires administratives. p. 169. — Mile T. Rayss : Etude sur le Wicrothamnion Kutzingianum Nægeli, p. 170. — R. CHopar : Biologie végétale du premier printemps à Sion, p. 170. 2. Compte rendu de la séance du 8 mai 1916 : Affaires administratives, p. 171. — M. SCHŒLLHORN : Les organismes du nectar dans les plantes d'hiver, p. 172. — À. GUINET : Floraisons hibernales au Jardin alpin de la Console, Genève. p. 172. — KR. Caopar et W. VisCHER : Anatomie des Broméliacées paraguayen- nes, p. 172. . Compte rendu de la séance du 19 juin 1916 : Affaires administratives, p. 173. — A. LENDNER : Sur le lestulozziu viticola Cavara, et une nouvelle espèce de Lophionema, p. 173. — G. Beauverp : L'herborisation des 1er au 3 juin 1916 en Valais, p. 173. Cu 4. G. BeAuveRD : Nécrologie, l’abhé Pierre Gave, p. 172. D. M. SCH&LLHORN : Les organismes du nectar dans les plantes d'hiver, p. 178. 6. A. LeNpNEeRr : Notes mycologiques (3 vignettes), p. 181. 1. KR. Cnopar : Résultats de la Mission botanique suisse au Paraguay, deuxième Ë partie, trois planches en couleur (72 vignettes), p. 186. CGOMPMRE. RENDU #7 3me séance. — Lundi 10 Avril 4946. — Ouverte à S heures el demie, dans la grande salle de Pinstitut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D' Ducellier, président. Le procès-verbal de la 376me séance, lu par le secrétaire, est accepté sans modification. Le président a le regret d'annoncer la démission de Mme BALLAND- van BERCHEM, qui va se fixer en Amérique; il fait part du décès de notre très regretté el fidèle membre correspondant, Pabbé Pierre GAVE, mort paisiblement au collège d'Uvrier (Valais), le 15 mars écoulé; 1 charge le secrétaire de retracer la carrière botanique de notre défunt collègue et invite l'assemblée à se lever en signe de deuil (voir nolice biographique à la page 175); il communique encore le départ momen- tané — espérons le — de notre trésorier M. SARTORIUS, ce qui à engage le Comité à S'adjoindre, pour la durée de celle vacance, un membre suppléant en la personne de M. Marcel Minod, qui est proposé aux BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 4-5-6 parus le 26 fév. 1917. 12 170 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) suffrages de Passemblée : mise au voix, celle proposition est acceptée à l'unanimité par l'assemblée. Publications déposées sur le bureau : ETATS-UNIS : Journal of Agricultural Research, Nol. V, n°s 21, 29, 23% et 24 (Washington 1916); RUSSIE : Bulletin du Club Alpin de Crimée el du Caucase, Recueil du 25e anniversaire (Odessa 1915); SUEDE : Arkiv für Botanik, Bd. XIV. 2 (Stockholm 1915); SUISSE : Annuaire du Conservaloire et du Jardin botaniques de Genève, XVHIH et XIXmes années (Genève 1914-1916); le Jardinier Suisse, n° 4 (Genève, avril 4916: Journal de la Société d'horticulture (Genève, avril 4916). ETUDE SUR LE MICROTHAMNION KUTZINGIANUM Nægeli. — M'° D'T. Rayss fail part de ses recherches algologiques sur le Micro- thamnion Kütsingiamum Nægeli, Chætophorac éequ'ilnefautpasconfondre avec une Mousse de la famille des Hypnacées portant le nom assez semblable de « Microthamnium », comme Pindiquait, par une regretta- ble erreur, la carte de convocation. Le résultat du travail de Mie Dr Rayss, accompagné de nombreux dessins établis au microscope, sera publié en mémoire spécial dans un prochain fascicule. BIOLOGIE VEGETALE DU PREMIER PRINTEMPS A SION (VALAIS)- — Après avoir esquissé les caractères différentiels entre la flore du bassin de Genève et celle de la vallée du Rhône aux environs de Sion, des le début du printemps, M. le professeur Chodat communique le résultat des observations botaniques qu'il vient de compléter en Valais durant les récentes vacances de Pâques : comparant à lPEspagne et, plus particulièrement, au sud de la Sierra Nevada, Paspect des coteaux ensoleillés du Valais, il fait ressortir les nombreuses particularités de la végétation valaisanne à la fin de sa longue période de repos, en insistant sur l appareil spécial de balistique qui assure la dissémination des graines de plusieurs espèces à capsules hibernantes (par exemple : Sediim dasyphyllum, Colutea arborescens, Muscari comosum, ele). Grâce à l'appareil à projections, lassistance est mise en présence des types les plus accusés des associations végétales du Valais, telles que les Opunlia mélangés aux Sempervivum dans les rochers de Valère, les Celerach, les Sedum dasyphyllum, les Ephedra helvetica; le cas bizarre du Veronica hederifolia à feuilles en mosaïque appliquées contre Îles rochers et à fleurs facilitant la visite des abeilles (sous nos climats, celle plante est rudérale); les particularités inédites de lAÆolosteum wnbellatun, à filets nectarifères agencés pour la pollination croisée, landis que la disposition des étamines favorise la pollination directe et que le fruit lui-même décrit des mouvements variés pour hâter sa maturité el assurer la plus grande dissémination des graines. M. Chodat initie encore lauditoire aux différentes particularités biologiques de PAlyssum calycinum, de l'Hulchinsia petræa et du Clypeola donthlaspi à appareil floral disposé exclusivement pour l’autopollination; il nous montre les sites à Viola Beraudii du rocher de Tourbillon, ainsi que certaines associations silvatiques de cette localité, contrastant avec les colonies Thermophiles où steppiques des expositions méridionales ; it Rous montre aussi les tapis de Polentilla verna qu'affectionnent les (G)}aes COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1917 ny abeilles au premier printemps el dont les fleurs offrent aussi un dispo- sitif en faveur de la pollination croisée et de lautopollinalion:; le Gagea saxalilis à Sépales accrescents, également attrayant pour les insectes el susceptible dautopollination; le mouvement de nutation des fleurs d’'Anemone montana après lPanthese; les colonies d’£rica carnea du bois dArdon; les phénomènes d'adaptation du Praba aisoides; les Corydalis australis auto-stériles, à fruits pourvus d’élai- osomes el, partant, myrmécochores ; les prairies constellées de Bulbo- codium ver num, avec le détail rel: if à la structure de leurs divisions périgonales ; les associations arbustives monticoles des environs de Sion, avec leur sous-bois d'Anemone Hepalica aux couleurs variées (celles à corolles blanches offrant un feuillage différent de celles à corolles bleues), ete. — La plupart de ces photographies € étaient colo- riées avec un art délical el scrupuleux qui valut au conférencier les applaudissements de Passemblée et les vifs remerciements adressés par le président au nom de tous. Séance levée à 10 heures; vingt-quatre assistants : MM. Ducellier, Guinet, Guyot, Minod, Beauverd; Me Breslauer, M. C. de Candolle, Miles Chirtoïu, E. Chodat, L. Chodat; MM. R. Chodat, K. Chodat, Comte, Mme Jacobson, Mie Jauch, M. Lendner, Mile Leska, MM. Letellier, Martin, Mégevand, Rehfous, Rothlishberger, Schiess et Vischer. Le Secrélaire-rédacleur, G. BEAUVERD. sssme séance. — Lundi S Mai 1916. — Ouverte à 8 heures et demie, dans la grande salle salle de lPinstitut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D' Ducellier, président. Le. procès-verbal de la 377%e séance (10 avril 1916), lu par le secrélaire, est adopté sans modification. Publications déposées sur le bureau : DONS D'AUTEUR (recus avec reconnaissance). — M. A. Bertoni : 1° Plantas usuales del Paraguay (Asuncion, 1901; 20 Zesuwmen de Geo- grafica botanica (ASuncion, 1907); 3° Le Kaa hé-é, sa nalure el ses propriélés : 40 Contribuciones preliminares al esludio sislemalico, brolo- gico y economico de las plantas del Paraguay (Asuncion, 1910); 5° Descripcion fisica y economica del Paraguay, L°' faseie. (Asuncion, 1971 ETATS-UNIS : Annals of the Missouri bot. Garden, vol. I, n° 1, 2 et 3 (Saint-Louis, février-septembre 1915); Pibliographical contribu- lions from Che Lloyd Library, n° 16 (Cincinnati, Ohio, juillel 1915); Journal of Agricultural Research, Vol. VI, n® 2 et 5 (Washington, avril 1916); HONGRIE : Magyar bolanikaï lapok, vol. XIV (Budapest. 1915); SUISSE : Bulletin de la Société d'horlicullure de Genève, n° 5 (Genève, mars 1916); Jardinier Suisse, n° 9 (Genève, mai 1916). 112 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) LES ORGANISMES DU NECTAR DANS LES PLANTES D'HIVER = Communication par M. Schællhorn du travail publié à la page 178 du présent Bulletin. A la suite de celle communication, M. Chodat attire l'attention sur apparition régulière de levures en forme de croix, rencontrée par (ous ceux qui se sont occupés de nectars; cette levure particulière montre qu'il y a des organismes tres abondants avant la maturité du fruit, mais que lon ne trouve plus dans le fruit mur, ce qui permet d'admettre que les neclars contiendraient du sucre qui ne fermente pas; de nouvelles investigations seraient nécessaires pour connaître les raisons de cette non-fermentation. FLORAISONS HIBERNALES AU JARDIN ALPIN DE LA CONSOLE (GENEVE). — Avec le concours de M. Larderaz, jardinier-chef du Jardin botanique de Genève, M. Auguste Guinet a relevé la liste des cas de floraison hibernale observés dans Palpinéum de la Console (Genève), dès le mois de décembre 1915 jusqu'à fin mars 1916 et communique le tableau phénologique concernant 101 espèces phané- roganes réparties en 28 genres et 25 familles qui ont fleuri en plein air durant cette période. En remerciant M. Guinet, M. Chodat indique quelques points à compléter ultérieurement et qui permettraient, en basant certaines observations sur des espèces Lypes, à déterminer quelques lois phéno- logiques inédites. ANATOMIE DES BROMÉLIACÉES PARAGUAYENNES. = Communi- calion par M. le Professeur Chodat du résultat de ses nouvelles recherches sur différentes Broméliacées récoltées au cours de sa récente Inission scientifique au Paraguay, et développant des faits nouveaux découverts avec la collaboration de M. le D' W. Vischer. — Voir au mémoire illustré, page 186. Après la présentation par M. Beauverd de quatre échantillons vivants de Pinus silvestris Se rapportant à la forme typique et à son lusus équisétoïde résultant d'un acheminement à Pandrodioïcie, et provenant du ravin du Nant d’Avanchet, près Genève, la séance est levée à 10 heures el quart. — Vinet assistants : MM. Ducellier, Guinet, Minod, Beauverd; MTtes Charitonoff, Chirtoïu, MM. Chodat, Demole, Mme Jacob- son, Mile Jauch, M. Lendner, Mlle Leska, M. Letellier > Mlle Rayss, MM. Rehfous, Henri Romieux, Jean Romieux, Schœllhorn et X. Le Secrélaire-rédacteur, G. BEAUVERD. (9) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1916 113 3 39me Séance. — Lundi 19 Juin 1916. -_ Ouverte à 8 h. et demie, dans la grande salle de Pinstitutde Rotanique, Université, sous la présidence de M. Aug. Guinet, vice-président; M. le Dr Ducel- lier, obliger de S'absenter, s’est fait excuser. Le proces-verbal de la 3786 séance (8 mai 1916) est accepté sans modification après lecture par le secrétaire La liste des publications reçues depuis le mois de mai sera commu- niquée avec celle de la prochaine séance. SUR LE PESTALOZZIA VITICOLA Cavara ET SUR UNE NOUVELLE ESPECE DE LOPHIONEMA. — M. le Professeur D' A. Lendner con- munique, en les accompagnant de dessins, les résultats de ses recher- ches sur un parasite de la vigne qui n'avait pas encore été signalé sur lerritoire suisse, le Pestalortia vilicola Cavara, puis de ses études sur un Pyrénomycèle inédit, le Lophionema Chodali Lendner, sp. nov. (Voir détails au mémoire illustré intitulé &Notes mycologiques », p. 181). Par celle même occasion, M. Lendner présente une rare Phalloïdée, le Clathrus cancellatus Tournefort, provenant d'une nouvelle station Lessinoise (voir Bulletin p. 168). L’'HERBORISATION DES 1er au 3 JUIN 1916 EN VALAIS. — Cette excursion fort bien réussie, qui avait réuni cinq participants (MM. Gams, Guyot, de Palézieux, Van Dedem el Beauverd) fait l'objet d’un résumé narratif par M. Beauverd qui donne un apercu des principales associa- Lions végétales étudiées : 1° celles du Pinus silvestris dans ses localités planiliaires de Géronde el de Finges (entre Sierre el Louèche); 2 celles du même arbre partiellement supplanté jusqu'à 1270 m. par le @vi- gnoble des Païens » de Visperterminen el auquel succèdent les asso- clalions de Piceaexcelsa, Larix dec ne Pinus montana el Pinus Cembra des environs d'Absehlacht CE800 mr. à : 30 les 6 ages analogues du versant opposé culminant à Zenegcen (env. 400 nm.) pour aboutir au vignoble de la Neubrücke près Stalden. Celle exploration aboutit: 1° à la trouvaille de sept nouvelles stations de plantes rares pour la flore valaisanne (Carex ornilhopodiordes Hausnr. à Mettelmatten:; Liparis Lewselii LL. Rich. à Géronde: Winuarlia viscosa sur Visperlerminen, garides à 1520 m.; £rodium Cicularia Var. valle- siacum Beauverd 1912, sous Zenegcen, 1350 m.: Valerianella oliloria var. hispida: forme non rudérale à fruit très hispide, garides sous Géronde; Anaulia arvensis var. laciniala Schinz el Keller, entre là Neubrücke et Zenegoeen; Wicropus erectus FE. humifusus Boissier, e nvi- rons de Géronde); 2° deux nouveautés pour la flore suisse, connues «dans les pays limilrophes (WSorbus Aria SSp. lomentosa Roux el Camus, du Dauphiné : sous Visperter minen: Scorzonera laciniala Var. elongata Schultz Bip., Alsace : sous Visperterminen), plus 8° quatre variéLés sail- lantes et (rois hybrides nouveaux pour la science /£utula compestris Var. nov. vallesiaca Beauverd : souche fortement cespiteuse et limbe foliaire plus long que les entre-nœuds correspondants; Cardamine resedifolia Var. nov. laricelorum Beauverd : lobes latéraux supérieurs des feuilles basilaires soudés au lobe terminal et pétiole des feuilles caulinaires pourvu de longues auricules linéaires fortement divariquees: 1014 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) Barbarea vulgaris Var. nov. mullicaulis Beauverd : souche très multi- caule à Liges fluettes et à feuilles basilaires généralement dépourvues de lobes latéraux; Anemone Hälleri Var. nov. polyscapa Beauverd : souches à 2-5 hampes florifères pourvues à leur base de gaines foliai- res presque glabres, tandis que le type est monoscape à gaines basi- laires densément velues-soyeuses !5 K°Anemonc vispensis Beauverd, hybr. nov. inter A. Halleri AN. et A. montanam Moppe; X Anemone spuria Beauverd, hybr. nov. inter A. Halleri AI. et A. vernalem L.; NX Anemone Palezicuxi Beauverd, hybr. nov. inter X A. vispensem Beauverd et A. vernalem !). Les échantillons de ces plantes sont présen- Lés à l'assistance avec d’autres spécimens intéressants caractérisant les différentes localités visitées; les descriptions détaillées feront ultérieu- rement l’objet d'un mémoire illustré. Apres les souhaits de bonnes vacances formulés par le vice-président, la séance est levée à 10 heures. Seize membres présents : MM. Guinet, Guyot, Minod, Beauverd:; Boubier, Me Breslauer, M. Jean Burnat, Mie Chirtoiü, Me Jacobson, MM. Lendner, Martin, Mégevand, Mie Pays, MM. Rehfous , Henri Romieux et Jean Romieux. Le Secrélaire-rédacteur, G. BEAUVERD. NÉCROLOGIE L’Abbé Pierre GAVE (1843 + 1916) A La date du 19 mars 1916, la Société botanique de Genève perdait lun de ses dévoués membres correspondants en la personne de Pabbé Pierre GAVE, ancien maître de sciences naturelles au Collège des Pères Rédemptoristes de Contamines sur Arve (Haute-Savoie), puis maitre spécial de botanique au Collège de la même maison à Uvrier près Sion (Valais). Depuis Pannée 1896, date à laquelle il fut agrégé à notre Société sur la présentation de MM. Paiche et Boubier, il n’a cessé de nous manifester son précieux intérêt, non seulement en nous commu- niquant la primeur de ses recherches floristiques concernant son cher pays de Savoie, mais encore en subventionnant notre Bullelin dune contribution bénévole qu'il nous adressa fidèlement jusqu'au moment où tout espoir de conserver la vue fut définitivement écarté. Nature sereine, profondément sensible aux merveilles de la création, le R. P. Gave se trouvait tout naturellement porté à s'adonner aux recherches de floristique alpine; mais, bien qu'enfant de la Savoie — il était natif de Saint-André, dans la vallée de Boëge ce ne fut que relativement tard qu'il se familiarisa avec la végétation des Alpes : il nous raconte lui-même que c’est en 1878, en Valais, qu'il S'éprit de la flore des hautes montagnes. Dans ce pays privilégié, nous le voyons herboriser successivement aux moraines du glacier de KFerpecle eLen d’autres localités de la vallée d’Evolène dont il atteignit Pun des points cuiminants, la majestueuse Dent Blanche (4364 mètres), puis dans les montagnes de Martigny, du Grand Saint-Bernard, du bassin de la Morge (sur Conthev), celui de la Sionne, le massif de la Dent de Moreles, ele., etc. De retour en Savoie, il explore vals el monts de la Maurienne, de la Tarentaise, de la Chartreuse, des Bauges, des Alpes dAnnecy, des Aravis, de la vallée de PArve, du massif du Mont-Blanc ainsi que des Préalpes du Kaucigny et du Chablais: pour compléter ces explorations, il entreprit de nombreuses croisières ayant pour but étude méthodique de la flore lacustre des lacs dAiguebelette, du Bourget, d'Annecy et du Léman; enfin, de patientes recherches lui permirent de publier un relevé complet de toutes les stations se rap- portant à la flore des Bauges d'apres les matériaux conservés dans lherbier du Cardinal Billiet, à Chambéry. 176 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Dans un autre domaine de son activité botanique, le R. P. Gave s’est signalé par la publication d’un Dictionnaire des noms populaires de La flore de Savoie, important recueil de tous les noms vulgaires ou palois attribués dans les différentes communes des deux départe- ments de la Savoie aux principaux végétaux tant spontanés que cul- tivés en pleine terre. Cornmencé dès avant 1899 par le regrelté philo- logue À. Constantin, de l'Académie florimontane d'Annecy, ce travail fut conduit à chef en 1908 par l'abbé Gave qui, tout en herborisant, savait intéresser bon nombre de ses compatriotes à ses recherches linguistiques et en faisait autant de collaborateurs appréciés. Bien qu'incomplet dans Pespril mème de son auteur, qui considérait ce «Dictionnaire » comme première parlie dune œuvre générale intitulée Flore populaire de la Savoie, ce travail de longue haleine conservera toute la valeur documentaire que lui demanderont les nombreux cher- cheurs qui ont à tenir compte du rôle de la linguistique dans les divers problèmes posés par la botanique et tout spécialement par la phyto- véographie. Excursionniste infatigable et travailleur patient, notre collègue a fourni une belle carrière de naturaliste dont il a relracé les détails dans une plaquette d'une parfaite tenue littéraire, intitulée Histoire d'un herbier ; Travaux et Conclusions d'un Naturaliste (Thonon, J. Mas- son, 1912) el à la consultation de laquelle nous renvoyons ceux de nos lecteurs désireux de prendre connaissance de tout ce qui concerne lacti- vilé botanique du R. P. Gave; ce fut pour lui-même un inestimable privilège que de pouvoir rédiger, puis adresser à ses correspondants ce Leslament scientifique avant la nuit physique dont une inexorable infirmité le menacait depuis quelques années : la paralysie qui lPem- porta doucement quatre ans plus tard mavait en aucune facon altéré la lumineuse sérénité intérieure de notre fidèle confrère, qui ne comptait partout que des amis, et dont la perte sera douloureusement ressentie par tous ceux qui communiaient avec lui dans le culte des merveilles de la Création. (Gi. BEAUVERD. Liste des travaux botaniques de l'abbé P. Gave 1895. — Excursions botaniques dans les hautes vallées de la Tarentaise (Bul- letin de la Société d'Histoire Naturelle de la Savoie, Ie série, tome 1, p. 101 à 163 (Chambéry, 1894). 1900. — Florule de la commune de Reignier (in Histoire de Rerignier, par le chanoine Chevallier, Annecy, 1900). 1901. — Klorule de Peillonnex (in Histoire de la Paroisse de Perllonnex, par l’abbé Gavard, Annecy, 1901). 1902. — Contributions floristiques au Guide ollustré de la Haute-Savoie, par M. Le Roux (collection Boule, Paris, sans date). 190%. — Florule de Mégève (in Guide de Mégève, par l’abbé Feige, Thonon 1904). 1908. G. BEAUVERD. L'ABBÉ PIERRE GAVE 111 Liste des Contributions apportées à la flore de la Savoie depuis 1863 jusqu'en 1905 (Extrait du Comple rendu du XVIIe Congres des Sociétés savantes savoisiennes, lenu à Aix-les-Bains). Florule de Morzine (cf. Histoire d'un Herbier, p. 8). Florule de Faucignvy (cf. Histoire d’un Herbier, p. 8). Herborisation à la Dent de Rossane (in Bulletin de l'Herbier Boissier, VO VAL 0 076) Additions à la flore du Semnoz (in Bulletin de l'Herbier Boissier. vol. VII, p. 349). L'Alyssum montanun dans le Jura savoisien (in Bulletin de l'Herbier Borssier, vol. VII, p. 444). Contributions à la flore des Bauges, Lirées de l’herbier du cardinal Billiet (Comptes rendus de la Société botanique de Genève, 299e séance, p. 30%). Plantes nouvelles pour le massif de la Filière (Bulletin de l'Herbier Borssier, vol. VIE, p. 539). Dictionnaire des noms populaires des plantes croissant naturellement en Savoie (Flore populaire de la Savoie, première partie). Sur le perfectionnement d’un procédé pour la bonne dessication des plantes (in Bulletin de l'Herbier Borssier, vol. VII, p. 869). Rapport sur l’excursion à Sierre et à Bellalui (Bulletin de la Socréte Murithienne, vol. XXXV, p. 118 à 143). Additions à la flore du Valais (Bulletin de la Société Murithienne. vol. XXXV. p. 14h). Petit supplément à la flore populaire de la Savoie (Revue Savorstenne, Annecy 1911). Histoire d'un Herbier, Travaux et Conclusions d'un Naturaliste (Tho- non, Jules Masson, 68 pages). ——"5ñ 3 Les organismes du nectar dans les plantes d'hiver PAR M. SCHŒLLHORN (Communiqué en séance du S mai 1916) Les récentes recherches que nous venons d'entreprendre à Pinstitut de botanique sur les organismes du nectar el, plus particulièrement, chez celui des plantes d'hiver, ne nous permettent pas de nous ranger à l'opinion de Bourroux (1881) suivant laquelle les différents neclars! seraient infectés par les mémes champignons que Pon retrouve sur les pattes et le corps des abeilles, dans le mout en fermentation el sur les fruits verts où mûrs. Bien au contraire, les organismes du neclar ne sont pas de vraies levures : la fermentation qu'ils provoquent est très faible et ils ne forment pas de spores. Pautre part, ils se trouvent être différents de ceux trouvés sur les insectes. Nos premières recherches entreprises sur Salvia pralensis ont été ensuite restreintes aux seules plantes hivernales où vernales précoces telles que Helleborus niger et Helleborus fœwtidus, Jasminmium nudiflorunr, Primula veris, Viola b'icolor, Eranthis hiemalis, Erica carnea et Daplhine Metereun. Chez Salvia pralensis, plante très nectarifère et très visitée par les insectes, nous avons trouvé une levure en forme de croix. Le nectar, directement ensemencé sur moût à + 100/o de gélatine, développe après trois ou quatre jours une colonie géante? arrondie, mince, blanche, formée principalement de cellules allongées avec deux vacuo- les. Un triage effectué par trois dilutions successives à fourni une série de cultures géantes bien séparées qui ont été repiquées sur un nouveau milieu. Pour avoir des cultures pures, un triage a été effectué !Suivant le Dr PLanrA, le nectar est un liquide plus ou moins visqueux, légè- rement acide, doux, aromatique, dépourvu de substances azotées. Il renferme glucose 70°, saccharose 1,3 °, eau 25,7 °/. ? La forme des colonies géantes permet l'identification des levures sauvages. (2) M. SCHŒLLHORN. LES ORGANISMES DU NECTAR | 19 par la méthode de E. Chr. HANSEN. La méthode de BüurRi, en principe fort ingénieuse, n’a donné que des résultats négatifs. On mrobserve, dans les cultures géantes, aucune formation de tétraspores ni de voile. Sur carotte stérilisée, quelques cellules grossissent et S'emplissent de graisse (prophase de la formation de spores durables; celles-ci sont plus tard mises en liberté par rupture de la membrane cellulaire, qui finit par disparaître, probabiement digérée par les autres levures). La fermentation n'a pas lieu avec les sucres suivants en solution : saccharose, mallose, lactose, galactose, raffinose ; elle réussit au contraire avec les monosaccharides, glucose et fructose, avec formation dun dépôt con- sidérable. En milieu liquide, la levure, plus petite, bourgeonne en tous sens el ressemble à la levure de bière ordinaire. Pour les essais de fermentation, nous avons employé un extrait obtenu en faisant bouillir cinquante à cent grammes de levures comprimées dans un litre d'eau; filtré et ajouté les différents sucres, puis pasteurisé à 606 afin de ne pas dédoubler les sucres. Chez Helleborus niger, nous avons trouvé une ‘cellule de forme allongée (et non plus en forme de croix comme chez Salvia). Mise en culture pure, cette nouvelle levure donne une colonie en apparence identique à la précédente. Elle fermente le mout en donnant seulement 20,0 d'alcool et lui communique un bouquet rappelant la framboise. Celle fausse levure existe seule dans le nectar des plantes récoltées au Petit-Laney, mais dans celles récoltées à Onex, elle est accompagnée d’une autre espèce fournissant des cultures géantes très minces el liquéfiant la gélatine en trois semaines, ne provoquant aucune fermen- lalion el ne produisant pas de spores durables. dasminum nudiflorum (récolté à Pinchat) renferme deux levures : la première identique à celle de Salvia, la seconde très différente, donnant des cultures géantes épaisses, à bords abrupts, à surface chagrinée, de couleur jaunâtre. Sur carotte, on voit des stades semblables à des copulations (2), c'est-à-dire des groupements de deux cellules accolées. Mais, Jusqu'ici, on n’a pas observé de spores. Helleborus fœtidus à souvent un nectar stérile, ce qui s'explique par la protection efficace contre les infections offertes par la structure florale : staminodes-nectaires fortement enveloppées par le périgone, fleur pendante, rendant Finfection par le vent presque impossible : d'autre part, les visites d'insectes sont très rares en Janvier. Apres trois récoltes au jardin de PÜniversité, nous avons réussi à isoler une levure très pelile, ne fermentant pas el ne formant pas de spore. 180 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) D'autres ÆHelleborus, récoltés plus lard, en mars, au pied du Salève, lorsque les abeilles ont repris leur activité, ont fourni une levure également très petite et ne fermentant pas le mouût, mais différant de la précédente par Paspect de la culture géante. Ainsi donc, le nectar d’une même plante peut être infecté par des organismes différents. Cette conclusion est corroborée par les expériences sur Primula verts : dans les plantes provenant de Sierne, on trouve une vraie levure produisant des tétrasporanges ; dans celles croissant au pied du Salève, on rencontre un organisme ne fournissant pas de tétrasporanges et ne fermentant pas. Quatre plantes très différentes récoltées dans un même jardin à Conches {Viola, Eranthis, Erica, Daphne), se sont trouvées infectées par la même levure, caractérisée parce qu'elle liquéfie la gélatine en une cavité rappelant par sa forme celle d’un chapeau melon. Ainsi done, la flore neclaricole semble devoir lirrégularité de sa composition autant aux hasards des infections apportées par le vent el par la visite des insectes, qu'à la nature chimique du nectar lui- mène. Enfin, des essais ont été effectués sur le miel qui sort des rayons; il renferme des levures mortes, probablement stérilisées dans le jabot des abeilles ou étouffées dans le miel lui-même. Transportées sur un milieu nutritif, elles n'ont jamais recommencé à bourgeonner. En terminant ce résumé, nous tenons à remercier M. le professeur CHopar des conseils qu'il nous à donnés au cours de nos travaux. Notes mycologiques PAR A. LENDNER (Communiqué en séance du 19 Juin 1916) l. Un Pestalozzia parasite de la vigne Le genre Peslalozsia qui fait partie du grand groupe des Hélanconiales! (Fungi imperfectn, est représenté par près de deux cents espèces, dont une vingtaine appartiennent à FEurope moyenne. Sur la vigne, VIALA? signale deux espèces : P. vilicola décrile par CAVARA, qui Pa trouvée en Ialie et que VIALA à rencontré dans PHérault (France), puis en Bessa- rabie el à Smyrne (Turquie d'Asie). La deuxième espèce, le P. uvicola Speg. a été signalée en Italie (Conegliano) et en France (Malmedy). Depuis la publication de VIALA, autres espèces”, au nombre de huit, ont élé décrites encore, ce sont : P. monochæloidea Sace. el EI; P. monochæloida Var. affinis. Saec. et Briard ; P. Thüment Spege.; Dsañmenti Passer. Paffinis. Sacc… et. VNogl.; P:umsela Aracy el Earle: 2. ramosa d’'Almeida, enfin ?. Mencesesiana Bres. el Torr. Dernièrement, un de nos viticulteurs de Satigny (Canton de Genève), envoyait au laboratoire de Botanique, un échantillon de vigne malade. La base de la branche présentait un étranglement correspondant à une coloration brune de la place malade. En exXaminant à la loupe, on pou- vait y apercevoir de pelils points noirs, assez régulièrement répartis el qui n'étaient autres que des périthèces d’un Pestalortin. L'examen des coupes microscopiques nous montre que le champignon m'occupe que les parties externes de l'écorce; il provoque dans celle-ci ! ENGLER et PRANTL. Die natürlichen Pflanzenfumilien T. I. Abt. 1** (1900), 411. ? Viara. Les maladies de la vigne. Paris (1893), 392. 3 SAGCARDO. Sylloge Fungorum, vol. IL, (1886), 798: vol. X (1892). 485; vol. XIV (1899), 4069; vol. XVIII (1906), 481; vol. XXII, Paris IX (1915), 1222. 182 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) des troubles qui se traduisent par la formation de tissus de cicatrisation pénétrant en pointes. Bien qu'il ne nait pas été possible de déceler des filaments mycéliens dans les parties profondes de écorce, iFestévident que le champignon agit à distance et que c’est bien lui qui est la cause de la formation des chancres. Les périthèces, qui mesurent un millimètre de diamètre sur 120 y de haut, sont recouverts de plusieurs couches de cellules corticales mortes et écrasées, mélées aux filaments du champignon et formant une enveloppe qui s'ouvre par un pore pour laisser échapper les conidies. A FA CE T4 6 SNS k cd à W MS Fig. 1. — Pestalozzia Briardi Lendner. — Périthèce avec conidies. Ces dernières sont fusiformes ou ovales-allongées, droites ou tres lésgèrement courbées, présentant trois cloisons séparant quatre cellules superposées. Une des cellules de lFextrémité est plus pâle, celle de extrémité opposée est mème incolore et se prolonge en un cil unique droit où courbé (fig. 1). Les cellules intermédiaires ont une membrane plus épaisse et brunètre. La conidie a une longueur totale de 14 à 16 sur 9,9 à 6 y de plus, grande largeur. Le cil unique mesure 10 à 12 w de Tong Sur une épaisseur de moins de L w. Notre espèce est identique au Pestalostia monochæloidea Var. afjinis décrit par SACCARDO et BriARDt que ce dernier a trouvé à Troyes (France) ! BRIARD. Revue mycologique (1886), 25. A. LENDNER. NOTES MYCOLOGIQUES 183 DS 7 sur des sarments morts et coupés. Je ne saurais cependant maintenir ce champignon au rang de simple variété, car le ?. monochæloidea Lype a été trouvé par ÉLLIS sur des rameaux morts de Spirées à Newfield (Amer. sepl.). Or, les Peslalozzia semblent être, pour la plupart, des parasites spécifiques. De plus, le P. monochæloidea {pe possède des conidies plus petites, 8 à 10 y de long sur 4 # de large. Pour ces deux raisons, je proposerai élever notre champignon au rang d'espèce en Pappelant P. Briardi Lendner.* SACCARDO divise les Pestalorsia en deux groupes : 1° Les Zupestalozzia qui possèdent deux ou plusieurs cils à l'extrémité de leurs conidies et 2 les Wonochælia qui n'ont qu'un seul cil. Notre espèce appartient à cette dernière section. Disons, à propos des Pestalostia, que ceux-ci produisent des maladies caractérisées par un rabougrissement où un étranglement local que Tuseurtappelle « Linschnürungskrankheil ». En effet, certaines espèces, P. Harligii en particulier, attaquent les jeunes sapins ou les semis de hètre et produisent, sur leurs tiges, des étranglements tout à fait analogues à ceux que Jobserve pour la vigne. L'importance des dégâts causés par ces champignons est très variable. Rappelons entre autres que Ch. BERNARD? à étudié le ?. palmarum, qui produit une maladie inporlante des cocotiers. On peut donc se demander quelle est Fimportance de notre cham- pignon au point de vue des maladies de la vigne. La réponse à celà sera assez rassurante, car le champignon n’est pas fréquent. Navant qu'un seul échantillon de sarment malade, j'ai voulu me rendre compte, sur place, de la fréquence du champignon et des dégats qu'il pourrait causer. Je me suis rendu dans le vignoble de M. Marc Bonnet, à Satigny, où la maladie avail été constatée et après deux heures de vaines recherches, je ne suis pas parvenu à la retrouver. Cela tient non seule- ment au fait que le champignon est relativement rare, mais aussi à ce que Pétranglement qu'il produit rend là branche très fragile. En juin, lorsque le vigneron rattache les branches autour des échalas, celles qui sont malades se rompent à Péchancrure et le champignon est enlevé en même temps que la branche coupée. I va sans dire que si le parasite devenait plus fréquent, ce ne serait pas sans de gros inconvénients pour nos vignobles. ! Tueur. Beitrüge zur Kenntnis der Baumkrankheiten (1888), 508. ? Cn. BERNARD. Bull. du Dép. de l'Agriculture aux Indes Néerlandaises, T. I (1916). + Comme il existe déjà un P. affinis (Saccardo loc. cit. vol. X, 1892, 488), je ne puis pas donner ce nom à cette nouvelle espèce. ISA BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) Maleré le peu d'importance du P. Briardi au point de vue patholo- oique, il m'était pas sans intérêt de signaler, pour là première fois, sa présence sur le territoire du canton de Geneve. IF est non seulement nouveau pour notre région, mais encore pour toute la Suisse. M. Müller- TiurGAU, dont la compétence en matières de maladie de là vigne est bien connue, répondant à une demande que je lui ai faite à ce sujet me confirme dans cette opinion. Il. Une espèce nouvelle du genre Lophionema Les espèces du genre Lophionema étant très peu nombreuses, je mai pas eu de peine à reconnaitre comme nouvelle celle qui fait le sujet de notre étude. Ces Pyrénomycèles qui appartiennent à là famille des Lophiostomacées, comprennent trois espèces actuellement décrites : Fie. 2. — Lophionema Chodati n. sp. — Périthèces (vus au faible grossissement) montrant les asques et les paraphyses. Lophionema vermisporum (ES) Saccardo, L. Bambuse Hôhnel et L. implexum EX. Elles sont toutes trois étrangères à notre flore. La première à été trouvée sur des tiges desséchées d'Ænothera biennis, à New Jersey ; la seconde est originaire de Java, la troisième, qui attaque les racines adventives de Sorghum, à élé récoltée en Louisiane (Am. N). M. le professeur CHODAT, faisant, pendant les dernières vacances de Paques, une excursion en Valais, en compagnie dun de nos étudiants, M. LETELLIER, remarqua ce champignon sur les écailles du cône de Pinus silvestris de la forèt supérieure de Finge, en Valais. Comme je dois cetle trouvaille à M. le professeur Chodat, je le remercie tout d’abord ! Voir SACCARDO. Sylloge, Fungorum, 11 (1883), 717 ; IX (891), 1094; Paris, IX (1913), 553. (2) A. LENDNER. NOTES MYCOLOGIQUES 185 de m'avoir rapporté ces cônes malades el je me fais le plaisir de lui dédier cette nouvelle espèce. Lophionema Chodati n. sp., forme sur les cônes de Pins de petites pustules noires visibles à l'œil nu. Si lon en fait une section, on voit qu'il s'agit de périthèces isolés, quelque peu enfoncés dans l’intérieur du tissu et S'ouvrant à leur sommet par un trou béant (fig. 2). Ces périthèces mesurent 450 y de large sur 230 y de haut. Le tiers inférieur de la cavité est tapissé de paraphyses et d’asques nombreuses. Ces der- nières assez allongées, cylindriques, mesurent 80 à 90 de long sur 12 à 15 w de large (fig. 3). Les spores, au nombre de huit, sont incolores, filiformes, presqu'aussi longues que l’asque elle-même, sur une épaisseur de 1,9 w. Elles sont nettement cloisonnées el chaque article mesures 6 où 7 w. Les paraphyses, également nombreuses, incolores, ne dépassent pas la longueur des asques et mesurent 1,5 à 2 v de largeur. On a signalé sur les aiguilles du Pin silvestre, un champignon qui ressemble, au premier abord, à notre Fig.3.— Asque et paraphyse espèce, c’est le Lophodermium Pinastri (Schrad) Chev. a Il en diffère totalement par les spores qui ne sont pas LOPAITRETE : ; Ù ADR ; Chodati n. sp. cloisonnées et dont l’une des extrémités se termine en pointe, tandis que Pautre est arrondie. Notre espèce diffère totale- ment des espèces précitées par la dimension des périthèces, des asques ainsi que par Phabitat. Diagnose : Lophionema Chodalti n. sp. Peritheciis sparsis, depresso-sphæroideis, 490 # latis, 190 y altis, in parenchymato immersis ; ascis cylindraceis usque ad 90 y longis, 12-15 latis. Paraphysibus numerosissimis 1,5-2 y latis, ascos non superantibus ; sporidiis fasciculatis, hyalinis, filiformibus, multiseptatis 80-1,5 y, articulatis 6-7 y longis. Hab. : In strobilo Pint silvestris, Kinge, Vallesia. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 4-5-6 parus le 26 fév. 1917. 15 La Végétation du Paraguay Resultats scientifiques d’une Mission botanique suisse au Paraguay PAR R. CHODAT avec la collaboration de W. VISCHER Ill! HYDNORACÉES par R. CHODAT La premiere indication relative au genre Prosopanche Se trouve dans un Mémoire de DE BARY qui est resté classique . Il y décrit en détail lapparence de la structure de ce végétal, donne même des figures Fig. 52. — Prosopanche bertoniensis Bert. — Rhi- zome avec protubérances et un bouton floral. Gross. 2/1. (Dessin de R. C.) assez exactes de landrocée comime du gynécée peu avant la fécon- dation. (v. loc. cit. fig. 1-16, tab. I et IT.) Plus tard, SCHIMPER ? étudia les organes végétatifs ; cependant, ilnous manque aujourdhui encore un travail d’ensemble, sans lacunes, sur 1 Bary De, Abh. naturf. Ges. Halle X (1868) 243. * SCHIMPER, S. F. W., Die Vegetationsorgane von Prosopanche Burmeisteri, in Abnh. natf. G. Halle XV (1880). Tab. II, III. SOLMS-LAUBACH, H. Graf zu, Hydnoraceæ, in Das Pflanzenreich AV, 76 (1901) 1-8. VAN TIEGHEM, sur la structure de l’ovule et de la graine chez les Hydnoracées Jour. de bot. XI (1897) 233. {S0) PR. CHODAT. LA MÉGIMPALTON DU PARAGUAY 181 Pune où Pautre des espèces de ce genre. Nos observations complètent el recüfient sur plus dun point ces données anciennes et dans tous les cas, font connaitre en détail la nouvelle espèce découverte par M. Moïse JERTONI, à Puerto-Bertoni, sur PAHo-Parana (fig. 54). Celle plante possède, comme le P. americana (R. Br.) 0. K., décrit par SCHIMPER, (P. Burmeisteri Ve BV.) un rhizome anguleux brunàtre, couvert de verrucosités qui sont ou des ramifications rudimentaires ou des bour- geons floraux non évolués (fig. 92) ; toute la plante est dépourvue soil de feuilles, soit de racines; le Thalle, espèce de rhizome, possède autour d'une moelle peu abondante des faisceaux dans lesquels bois et liber sont à peu près de même épaisseur; les cellules aquiféres du bois sont des articles courts, réliculés qui font suite à quelques trachées spiralées: les Tubes criblés, larges, à plaques criblées bien visibles confinent directement au parenchyme rempli d'amidon. SCHIMPER à donné de la structure du rhizome du ?. Burmeisleri une exacte deseriplion qui peut S'appliquer à celle-ci. J'ai étudié le développement floral du P. Berloniensis Bert. jusqu'à la formation des appareils du sac embryonnaire. La fleur qui apparait comme une protubérance latérale sur le rhizome nest précédée d'aucun organe foliacé; on peut dire que les Lois pièces de son périgone constituent les seules feuilles non fertiles du Prosopanche. Une section pratiquée dans une fleur (fig. 93) qui n'atteint encore que 10 min. de longueur mon- Lre la structure suivante : sous les trois pièces du périgone, dans la cavité formée par la connivence de ces pièces apparaissent trois étamines munies dun filet court et alternant avec des staminodes | rudimentaires. Au début, les anthères sont encore libres. Plus tard elles se sont confondues en une masse unique en forme de gland qui montre en Fig. 53 — Prosopan- Or : ë Lg ; gr che bertoniensis Bert. core pendant un certain temps la ligne de con- Section longitudinale faite dans un jeune crescence des trois anthères. Au-dessous, une ML bouton (Cfr. fig. 22). fente conduit dans la cavité ovarienne, à ce mo- on voit les <étamines»> n , : qui tendent à se sou- ment représentée seulement par un mince espace. der: la cavité ova- ls deb à Aa il fi RS rienne n'est indiquée Mais, de bonne heure déjà, la portion terminal AR ee de l'ovaire infère est divisée en trois compar- (Dessin de R. C) Liments sans qu'on puisse affirmer qu'il + à eu soudure; je pense qu'il s'agit ici des bords carpellaires primitifs 138 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (81) qui se rejoignent au centre, landis qu'au dessous, selon le mode bien connu du développement des ovaires infères, dans les cavités, proliférent des placentaires libres groupés en trois séries. Plus tard encore, on reconnait la présence de trois élamines aux filets staminaux qui viennent, comme trois larges lames, se réunir au centre et supporter la synanthère en forme de gland (fig. 56 et 57). À ce moment la Surface de ce corps est sillonnée par un grand nombre de doubles thèques, le tout prenant un peu Papparence d'une synanthère de Curcurbila. En section transversale on S'apercoit que chaque double archidie est comme faiblement pédicellée (fig. 59, 1-3 el 57, 5) un sillon profond sépare chaque corps double. DE BARY à déjà donné un dessin de la paroi d’une de ces doubles thèques, mais le détail est ou inexact ou ne se rapporte pas à notre espèce. (cfr. L. €. tab. IE, fig. 18). Chez le P. berloniensis lépiderme de Panthère partielle comprend des cellules qui vont se dilatant, de la fente qui sépare les deux thèques accolées vers les angles de ces thèques. La couche sous-épidermique est à cellules allongées perpendiculairement à la surface et souvent elles sont plus hautes que les cellules épidermiques qui, parfois, sont divisées tangentiellement (fig. 55, 1 eL3). Au-dessous de cet hypoderme il y à 3 couches de cellules allongées tangentiellement, et enfin des cellules transitoires nourricières du pollen. Les faisceaux très ramifiés de la colonne androcéale ont un bois réduit, mais des cel- lules albumineuses à gros noyau. VAN TIEGHEM reprenant l'étude du P. americana (R. Br.) O0. K. (P. Burmeisteri De By) d’après des ma- tériaux de De Bary n'arrive pas aux mêmes conclusions que cel auteur quant à la nature des ovules de ces plan- tes. DE BARY prétendait que les ovules des Prosopanche sont réduits chacun à un sac embryonnaire directement er line ; te : Fig.54.-Prosopan- plongé dans le parenchyme du placenta qui les pro- che bertoniensis 1: ù PNA UDE = En pr ag © ss. Bert. — Réduc- ] 12 DE sy Le) € OX en duit. il y avait donc un grand intérêt à revoit CO RE EE 2 On question à partir de ces nouveaux matériaux. En outre, voitlarupture du S - ù : , PET N périgone après on n'avail point de données sur l’origine de la méga lanthèse.les 3 1o- bes du périgone et au centre l’an- heureusement pas eu à ma disposition tous les stades; drocée. La fleur e à d 4 est implantéesur mais telles qu’elles sont, mes observations tranchent la le rhizome. TS LT ; : (Dessin de R. C) difficulté et donnent raison à DE Bary, tout en com- ‘ plétant, sur des points essentiels, les données de mes prédécesseurs. spore et le développement des ovules. Je n'ai mal- (82) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 189 Mais avant d'aborder la question des ovules, il convient de décrire le développement de lovaire infère et la nature des lames placentaires. Sur un point, le dessin de VAN TIEGHEM complète les données de De Bay ; il donne en effet la description d’une mégaspore complète avec synergides, oosphère, noyau secondaire el appareil antipodial. Tout ceci avait déjà été entrevu par de DE BARY, mais le nouveau dessin achève la description donnée par cet ancien auteur. Pour: VAN TieGHEx les ovules des Prosopanche Sont du tvpe Hydnora c’est-à-dire qu'ils ont un gros tégument mais qui serait immergé dans Fig. 55. — Prosopanche bertoniensis Bert. — 1 : double archidie avec structure comme celle d’une anthère à deux logettes, filet nul, épiderme, cellules hypo- dermiques correspondant aux cellules de déhiscence des cas habituels, couches intermédiaires et au pourtour des archidies, quelques cellules transitoires ; 2 : portion de la colonne androcéale avec doubles archidies disposées au pourtour : 3 : angle d’une double archidie, épiderme et tissus épidermiques jusqu'à la logette. (Dessin de R. C.) le placenta. CIPest probable, dit-il, qu'au début les lames placentaires du Prosopanche moins épaisses et plus écartées lune de Pautre, portaient librement leurs ovules orthotropes à leur surface même, comme chez les Hydnora, el que c’est plus tard seulement que par un épaississement consécutif de écorce interposée, les ovules se trouvent nichés dans des alvéoles de plus en plus profondes, en même temps que les lames se rapprochaïient lune de Pautre jusqu'au contact. » « C'est ce qu'il y à lieu de vérifier par l'étude du développement. En attendant lopinion de À. DE Bary, d'après laquelle la cellule mere d’endosperme du Prosopanche serait purement el simplement une cellule du parenchyme placentaire doit être abandonnée ». (loc. cit., p. 21). C'est cette divergence d'opinion qu'il S'agissait d’éclaireir [la déjà été dit plus haut que l'ovaire est incomplètement fermé par les cloisons qui portent latéralement les lames placentaires: en 190 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOPANIQUE DE GENÈVE (83 effet, une section pratiquée dans une toute jeune fleur montre immédiatement au-dessous de lPandrocée, c’est-à-dire à partir du plancher qui est au fond du petit espace qui sépare, à ce moment, l'insertion des étamines el des staminodes, du sommet de Povaire infère, c’est-à-dire de la région qui correspond aux stigmates, cette section montre un cloisonnement qui se maintient sur une certaine longueur puis qui se résouten trois placentas triangulaires parallèles 1 2 3 Fig. 56. — Prosopanche bertoniensis Ber.. — 1 : section lon- oitudinale d’une jeune fleur: on voit dans le sommet en- core clos du périsgone, l’androcée en capitule avec les sacs polliniques (en gris): au-dessous, les staminodes, puis un espace vide jusqu'à l’ovaire infère, dont on voit les lames placentaires:; 2 : sommet de cette fleur coupé pour mon- trer les staminodes et entre eux la cicatrice d’un filet (coupé) d'une étamine: 3 : id., on voit, à droite, la même insertion d’étamine et. sur le fond, l’impression laissée sur le périgone par l’androcée enlevé; 4 : androcée dégagé et vu par en bas, les trois filets supportant la tête archi- difère. (Dessin de R. C) aux cotés du périgone trigone, chargés de lames assez épaisses et qui, à ce moment, ne Savancent pas jusqu'au centre de la cavité ovarienne. Re OS ON We Des sections pratiquées dans une fleur plus agée (du type figuré ei 91,2, 1) montrent, en partant de la surface stigmatifère, tout d’abord une grosse cloison en étoile à trois bras (fig. 99, 7,8) donton voit dans la figure deux des attaches latérales, Pune mince, Pautre représentée à un niveau plus bas, plus largement adossée à la paroi ovarienne. Puis on arrive à un diaphragme presque continu, interrompu par des fentes (84) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 191 lenticulaires (fig. 59, 9) et qui résulle de la concrescence des placen- taires ; en suivant, on voit ce diaphragme se briser en trois, peu à peu les anastomoses cessent et la section pratiquée dans la cavité proprement dite montre les trois placentas couverts de lames centripètes (fig. 59, 11, 12). A ce moment il ny a pas trace dovules, les lames sont absolument régulières eL aucune protubérance ne Trahit la production prochaine d’ovules. On voit bien en certains points, dans la profondeur, se faire des cloisonnements, mais 1f faut attendre encore quelque temps avan d'apercevoir les rudiments des mégarchidies. Fig. 57. — Prosopanche bertoniensis Bert. — 1: très jeune fleur: 2: sec- tion transversale dans la région placentifère: 3 : section passant exactement sous l’androcée. on voit les trois filets convergents: les staminodes et, entre eux et les filets, les logettes. (Dessin de R. C.) Pendant ce Lemps, toute la fleur s'est allongée: un espace, une espèce de chambre s'est établie sous landrocée (cfr. fig. 57, 4 avec fis, 56 et 60,1); l'ovaire s’est renflé et la partie supérieure du périgone qui enferme encore l’androcée est séparé de Povaire infère par un col rétréci. À ce moment, la surface, pseudo-stigmate, des placentaires est ridée ; un peu avant, elle laisse voir en trois groupes les lames aux bords sinueux mais dépourvus d'ovules. Cette zone €stigmatique » occupe une assez grande longueur (v. fig. 60, D) el dans Fovaire ovulifere (lig. 56 ,1) ce n’est qu'à une certaine profondeur, d’ailleurs variable selon les fleurs examinées, que se dessinent les lames épaisses (en section transversale) comme dentées à leur surface (fig. 60, 2) par les petites pustules qui les marquent des deux côtés (fig. 60, D). À ce 192 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (85) inoment, au microscope, on voit que le Lissu du placenta (fig. 61, 1, 2) a multiplié ses cellules en certains points, ce qui provoque l'apparition de saillies. Mais ces saillies jamais ne s'élèvent plus haut. Dans la profondeur s’est maintenant différenciée une grosse cellule tétrasporange ce qui provoque l'apparition d’une couche limite, à cellules richement pourvues de plasma dense el chacune dun gros noyau. Il agit ici 3 4 Fig. 58. — Prosopanche bertoniensis Bert. — Très jeune fleur. 1 : on aperçoit la colonne androcéale: 2 : section pratiquée au niveau des trois «filets » concrescents; 3 ; un peu plus bas: 4 : région des placentaires pariétaux. (Dessin de R.0C.) certainement dun archéspore dont une cellule centrale devient cellule mère des spores, tétrasporange. Du côté interne, chalazien par conséquent, il y a multiplication de ces cellules, tandis que du côté antérieur et sur les côtés il n'y à, à ce moment, qu'une assise de ces cellules d'archéspore fonctionnant à la facon d'un épithélium d'ovule de Gamopélale (Composées, Scrophulariacées, etc.) Malgré lexamen dun matériel très abondant et après l'étude dun grand nombre de coupes en série à partir des objets fixés, parafinés et colorés, el des (86) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 193 Fig. 59. — Prosopanche bertoniensis Bert. — Coupes successives à travers la fleur jeune, dimidiée. — On a supprimé beaucoup de sections et figuré les plus carac- téristiques en série descendante. En 1 : on voit la colonne staminale: en 2 : cette dernière avec deux filets (le troisième n’est pas visible dans cette pré- paration qui est faite à travers une fleur feudue longitudinalement: 3 : on voit apparaître les staminodes. à gauche, et en bas, la moitié d’un autre: 4 : ïd.: 5 : staminode et base de la colonne de l’anthère composée: 6 : id. c'est-à-dire. dernier vestige de l’androcée et première trace du placentaire (en foncé): 7, 8, 9, 10 : sections successives à travers ce dernier: 11, 12 : déchirure des lames du placentaire en trois zones pariétales (on n'en voit que deux). (Dessin de K. C.) 194 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (S1) centaines d'Covules », je n'ai pas réussi à découvrir de tégument qui entourerait un ovule comme VAN TIEGHEM Pa décril pour le Proso- panche Burmeisteri. Dans les stades les plus avancés (fig. 62, 1, 2) on ne peut non plus découvrir dovule proprement dit avec nucelle el tégument. Par eloisonnement de quelques cellules occupant le som- met du plan médian de ces appareils se forme une espèce de bec qui rappelle un micropyle ; mais ce serait déformer les faits que de décrire cette structure comme celle dun ovule legminé. Sans doute on est tenté, à lPinspection des figures 62, 63, 4 et », de chercher à interprèter ces structures dans le sens habituel. Alors les cellules épithéliales seraient des cellules dépiderme de nucelle, fa Fig. 60. — Prosopanche bertoniensis Bert. — 1 : section longitudinale à travers une fleur presque mûre ; on à dessiné le contact de l'ovaire infère et de l’espace sous-androcéal. Sur les placen- taires, on voit les saillies, becs ovulaires: 2 : section transversale dans le même ovaire, mais oerossissement plus faible. (Dessin de R. C) cellule-mère des spores la seule cellule d'un nucelle ténuinucellé et le placentaire un peu saillant, un tégument. Cependant, rien n'autorise à lire le développement de ce placenta archidifère comme V. TIEGHEM Pa fait à tort où à raison (n'ayant pas vérifié ce qu'il en dit, à propos de Pespèce examinée par lui, je suis tenu à une prudente réserve el dois éviter de généraliser). Par conséquent, pour le Prosopanche berlo- Hiensis, au Moins, je dois conclure comme le faisait déjà en 1868 DE BARY pour l'espèce précédente : [ci on assiste à une simplification de la structure ovarienne ; Povule est integminé el le nucelle est nu; il ne se marque extérieurement que par une faible saillie; larchéspore se différencie dans le tissu du placentaire. — On dit que les Hydnora ont un ovule nettement tegminé et orthotrope, à la surface des lames placen- aires. Dans le P. americana (Burmeisteri), Si VAN TIEGHEM à raison, (88) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 195 l'ovule el son tégument seraient enveloppés par le placenta accrescent, tandis qu'ici le placenta prendrait Fa fonction des ovules, Parchéspore el par conséquent la cellule-mère des spores, naissant dans la profondeur même des lames placentaires. Avec Pâge, ces cellules grossissent; la cellule-meère des spores se divise en deux, Pinférieure devient sac embryonnaire, mégaspore. Les fig. 62, 1-5 montrent la première division du noyau de Ta mégaspore avec produelion d'une vacuole entre les deux noyaux-fils. Finalement la cellule-sœur du sac embryonnaire est écrasée. (Fig. 5, 6). J'ai étudié aussi un stade plus avancé où la mégaspore maintenant dilatée, toujours limitée par un épithélium unisérié, repose sur une Fig. 61. — Deux ovules à tétrasporange enveloppé d'un épithélium. (Dessin de KR. C.) espèce de chalaze à plusieurs assises de cellules issues dune mulli- plicalion d’ailleurs peu active qui à suivi la division du noyau primaire de la mégaspore (fig. 63 et 64, 1, 2). Mais les matériaux étudiés étaient à ce moment tous modifiés dune inanière singulière. L'ensemble des cellules épithéliales était envahi par une espèce de mycorhize dont les filaments mycéliens pénètrent dans le sac et en rendent l'étude difficile. Fest élonnant de voir que malgré ces champignons, les noyaux sont en bon élat; on peut reconnaître la fusion des deux noyaux polaires en un noyau secondaire ; on distingue aussi au sommet une synergide, en bas une antipode (fig. 64). Au premier moment, on serait Lenté dy voir une association Symbiotique qui préparerait à une germination dans un milieu orga- nique, humique. Mais Pétude des semences mûres avec embrvon ne 196 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (84) parle pas dans ce sens, car Fexanen dun très grand nombre ne fait découvrir aucune trace des mycorhizes qui doivent donc être con- sidérées comme une mycélisation accidentelle. Avec l’âge, après la fécondation, les lames placentaires multiplient leurs cellules, les gorgent d'amidon:; ces lames finissent par se toucher Fig. 62. — Prosopanche bertoniensis Bert. — 1 : tétrasporange avec épithélinm: 2 : division effectuée en deux. la cellule inférieure mégaspore: 3 : id. stade où la mégaspore divise son novau; 4 : id.: 5 : la cellule sœur est écrasée. la mé- waspore avec deux noyaux. (Dessin de R. C. en remplissant complétement lovaire infére, lequel en section L'ansversale présente dans sa cavité, un tissu spongieux dans lequel sont immergées les semences. Celles-ci possèdent, comme on Fa déjà décril pour lPautre espèce, un double tissu nourricier: autour de embryon formé de peu de cellules, il y a quelques cellules d'albumen (90) BR. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 197 à parois épaisses gélifiées, montrant des zones dépaississement qui les ont paraître collenchymateuses (fig. 65). Les cellules dépithélium \ compris celle du côté chalazien sont devenues seléreuses comme celle de Palbumen de la dalte mais à parois encore plus épaissies. IV à ainsi un périsperme corné. Tout autour, la dernière couche des cellules du placente, cellules d’ailleurs irrégulières, à épaissi el incrusté sa péricline interne à la facon dun anneau de Polypodiacée Sans que pour le reste elle se différencie clairement du tissu placentaire farci d’amidon de réserve (fig. 66). Fig. 63. — Prosopanchc bertoniensis Bert. -- Deux ovules immer- gés dans le placenta: on voit le tétrasporange entouré de cellules épithéliales et pseudo-chalaziennes: vers l'extérieur. espèce de fente, faux micropyle. (Dessin de R. C.) C'est là une bien curieuse structure et VAN TIEGHEM à raison de dire que contrairement à ce qui arrive généralement, tous les tissus antérieurs qui contribuent à former les semences sont conservés. Mais S'agit-il ici réellement d’une semence ? Pour autant que nous en pouvons juger d’après les matériaux qui ont servi à cette étude, la semence se différencie dans le placenta et son tégument n’est que la couche limite de ce dernier autour de larchéspore décrit. Il serait intéressant de suivre ces pseudo-semences dans leur dissémination. Pour autant qu’on peut en juger, rien ne vient faciliter directement le transport des germes. Au moment de la maturité des semences, l'ovaire, qui a pris la dimension d’une prune est décapité 198 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈME (91) (fig. 54), le Lube du périgone, landrocée elles trois lobes sont tombés. On pourrait imaginer que la dissémination se ferail par Pintermède d'animaux qui viendraient manger ces espèces de baies farineuses, farcies d'amidon. Protégées par une pellicule culinisée el par un Fig. 64. — Prosopanche bertoniensis Bert. — Sacs embryonnaires mycorrhizés. — 1 : on voit une synergide, le noyau secondaire (fusion des deux noyaux polaires, une antipode; 2: id., synergide et noyau secondaire. (Dessin de R. C.) Fig. 65. — 1 : Embryon dans l’albumen: 2 : pseudo-semence avec périsperme et albumen: embryon. (Dessin de R. C) périsperme corné dur, elles pourraient, sans être digérées, traverser lintestin el être déposées comme le sont les semences cornées de beaucoup de fruits de Légumineuses, dévorés par des rongeurs. D’après BERTONI, ces fruits sont mangés par les poules et d'autres animaux. Les Indiens de la région de Puerto-Bertoni lPappellent (92) R. CHODAT. LA VÉGÉDTATION DU PARAGUAY 199 € Akuli-rembiu », c'est-à-dire nourriture des agoutis (cibum Dasy- proctæ) probablement parce que ces rongeurs se nourrissent de cette plante, ce que BERTONI n’a pu vérilier. D'après cet observateur, quand les Prosopanche Sont à point, ils sont doux et l'homme peut en manger. Fig. 66. — Prosopanche bertoniensis Bert. — Sommet d'une semence immergée dans le placenta: on voit le faux tégument à périclines internes épaissies ; le périsperme est corné, à cellules ramifiées ; l'al- bumen petit et l'embryon à peu de cellules. (Dessin de KR. C. BERTONI considère cette plante comme pouvant parasiler sur le tabac, d’après les observations de lagronome JÜAN B. JiMÉNEZz. Il indique aussi le Solanum auriculalum comme plante hospitalière. Le méme auteur dit avoir observé des fleurs 4 et » mères; les rhizomes vivent à 15-20 cm. de profondeur, rarement à 30 cm. Dans les plantations, on en rencontre à 8-10 em., mais jamais à la superticie : le périanthe sort à peine du sol, tout le tube et l'ovaire infère étant enfouis. C'est done une plante totalement souterraine ?. Je renvoie à l’opuscule cité pour les renseignements non donnés ici el que je nai pas eu l’occasion de vérifier. ! BerrONI S. Moïse, in Plantae Bertonianae, III Hydnoraceie (1911) 21, fie. 1-9. 200 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (95) L'étude précédente m'a amené à faire une révision du genre Prosopanche qui à été publiée dans le Bulletin de la Société botanique *. Les espèces actuellen ent connues sont : Fig. 67. — A : Prosopanche minor (Speg.) Chod. d'apres Bettfreund; B : Prosopanche americana ©. K. d’après un échantillon récolté par M. Bruch, en Argentine: on voit la rupture du périgone en anneau: C: Prosopanche clavata Chod. — Réduction de moitié. (Dessin de R. C.) P. Burmeisteri De Bary, qui doit s'appeler : P. americana (kR. Br.) 0. K. Revisio gen. IE I. Hydnora americana KR. Br. (1845). Espèce argentine de la province de Catamarea et qui végète sur les racines des Prosopis (N. fig. 1-6, in De Bary 1. c. Planches | et IT et :CHopar R., Les espèces du genre Prosopanche, Bull. Soc. bot. Genève, II, série VII (1915). (94) R-"CHODALD LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 201 lis. nostr. 67 B p. 95). C'est la plus robuste des espèces; elle atteint 20-30 cm. de hauteur. P. clavata Chod. Bull. Soc. bot. Genève VIT (1915) 65. Elle se distingue immédiatement des autres par son épiderme lisse el son tube qui se dilate insensiblement dans le périgone (v. fig. nostr. 67, C) Elle atteint 10-15 cm. de hauteur. P. minor (Speg.) Chod nov. comb. et nov. spec. — P. Burmeisleri var. #inor Bellfreundii Speg., in Burmeister FT. arg. IT (1901) 219, Lab. XVI. (vid. fig. nostr. 67, À). P. Bonacinai Speg. in Comm. del mus. nacion. Buenos-Ayres (1898) 19. P. Bertoniensis Bertoni |. €. (1911) (vid. fig. nostr. 94). Dans les deux espèces (P. americana O. K. el P. Berloniensis Bertoni) après lanthèse, il se fait une rupture du tube périgonéal en deux zones, linterne s’allongeant, tandis que Pexterne sclérifié se détache en deux. Quelle peut-être la signification de cette désarticulation sionalée particulièrement par BERTONT (1: c. 22) ; il indique le moment de la pollination comme celui de celle rupture qui est naturellement précédée d'un allongement du tube. Selon lui, iPy aurait, ace moment, sortie du périanthe hors du sol ce qui faciliterait la fécondation croisee. Mais ce sont là des suppositions et Pétude de Ta pollinisation est encore à faire. Je remarque cependant que la déhiscence des thèques des archidies ne parait se faire que lardivement c’est-à-dire après l'allongement du tube périgonéal ainsi que j'ai pu m'en assurer par lexamen des Prosopanche Berloniensis récoltés en octobre 1914. Quoi qu'il en soit, la rupture du périgone externe est suivie bientôt de la chute de la tête androcéale et des lobes du périgone. Le fruit ainsi décapité finit par mürir à la superficie du sol ou très près de celle superficie. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, N°5 4-5-6 parus le 26 fév. 1917. 14 202 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (95) IV. BROMÉLIACÉES par R. CHODAT et W. VISCHER Les Broméliacées sont peut-être les plantes les plus caractéristiques du Paraguay; non pas tant, sans doute, par le nombre de leurs espèces qui est peu considérable, que par Pimportance qu’elles jouent dans le paysage. En effet, les deux genres Bromelia où Aech- mea, dans les campos ou les clairières des forêts ne man- quent presque nulle part. Pour ce qui est du coloris, certai- nementle Bromelia Serra Grisb. (le «Caraguata » des Guaranis) est la plus vivement teintée ces plantes paraguayennes. Avant même que son pédoneule floral ne se soulève, elle annonce sa malurilé sexuelle par le coloris intense rouge-feu, des feuilles intérieures des immenses ro- selles et lorsqu’entfin ses fleurs sont à l’anthèse, par les brac- tées épineuses rutilantes qui en défendent l'approche (PL. ID. Dans les forèts sombres, 1! n'y a rien de plus beau que : ?s gros pompons rose-fram- Fig. 68. — Ananas sativus Schult. fil. — Intlo- les SHOSAPONMPONENUS [ram rescence en capitule aux bractées roses. — Dboise des £Tosses inflorescences Forêt de Horqueta, au nord du Paraguay. à ë : Rs (Phot. de R. C) de lAnanas salivus Schult. var. à bracteatus Lindi., aux brac- tées carnées el aux pétales rouges violacés, P CIvira» des guaranis ! (fig. 68). Cette espèce est utilisée par les guaranis pour la confection de cordages; on obtient les fibres par macération (BALANSA n° 609). Il en est de même du Bromelia Serra Grisb. (96) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 203 Sur les causses rocheuses du Paraguay central montueux, plateaux et terrasses de grès de Tobaty, de Valenzuela, de Primavera, comme aussi dans les sables des forêts Xérophytles, parmi les Espinillares et les palmeraies à Copernicia, Se dressent, au moment de la floraison Fig. 69. — Lisière d’un bois xerophyte près du lac Ypacarai. Au premier plan, à droite, les touffes de l’Ananas sativus Schult. fil. Grisb.;: en arrière, les serpents cactées du Cereus Bonplandii Parm. mêlés au sous-bois. (Phot. W. V.) (Août-Seplembre) du centre des rosettes-cilernes aux feuilles dressées vert glauque, bleuatre, les brillants épis aplatis de lPAcchimea polys- lachya Mez qui luttent par l'intensité du coloris avec les fulgurants Bromelia Serra Griseb. auquel ils sont parfois méêlést Les Tilandsia ? cfr. Planches I-IEI. 204 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (O7) avec leurs fleurs jaune-paille, blanches où violet-pâle ne peuvent ètre cilées comme particulièrement brillantes; quant aux PDyckia, communs dans les endroits rocheux, elles portent sur leurs longues hampes un peu sarmenteuses, des fleurs d'un rouge-cinnabre où d’un jaune-dor très brillant. D'un tout autre {pe sontles Pilbergia, par exemple le . Bonplandian« Gaud. aux inflorescences penchées el qui, des Irones pourris ou de la hauteur des arbres, laissent pendre leurs épis aux grandes bractées carminées ou rose-amaranthe, sous le dais desquelles, des fleurs pédicellées du Evpe Fuchsia, rouges et vert-métallique ou bleu viennent suspendre leurs étamines jaunes (Pülbergia magnifica Me). Ce sont là, soit chez les Bromelia, les Ananas, les Aechmea, Soit chez les bril- lants Bulbergia des couleurs singulières, couleurs dani- line, dirions-nous, qui, au Paraguay, sont particulière- ment fréquentes dans la pé- nombre des bois humides. Ainsi les fleurs des Rubiacées du sous-bois, Faramea cyanea Muell. argov., comme autant Fig. 70. — Bromelia Serra Gris. en fleur: four- rés de cette Broméliacée devant et autour de pierres précieuses trans- des bosquets de Tabernæmontana Hilariana RS Müll. Are. Plaine du Mhaeï. (Phot. RC) parentes bleues, les fruits indigo-brillant du Coccocypse- Lum canescens Willd. et lPinflorescence de l'Ananas sativus Schult. f. Ge sont d’ailleurs, dans les forêts, des notes brillantes isolées, qui ne prennent de Pimporlance que le long des cours-d’eau de la région paranaenne (Yeuazu, Puerto-Bertoni) où les énormes inflorescences vivement colorées du Bilbergia magnifica Mez retombent en guirlande du haut des fourches formées par les ramifications des vieux troncs penchés sur les eaux. (98) RNCHODA D A NNÉGÉDAION DU PARAGUAX 205 [va parmi ces fleurs brillantes des Broméliacées plusieurs types directement adaptés à la visite des colibris. Nous avons eu Poccasion de surprendre ces oiseaux à Pœuvre lorsque nous avons rencontré de belles inflorescences du Bromelia Serra Grisb. Les visites se font de jour mais elles sont plus nombreuses vers le soir. Loiseau-insecte qui plane, visite successivement toutes les fleurs ouvertes dune inflores- cence. IL est bientôt suivi de près par d'autres colibris vert-mélallique ou bleu verdätre. Les mêmes fleurs sont donc visitées à plusieurs reprises. L'oiseau ne se pose jamais pendant cette opéralion; dans le Bro- melia Serra Uriseb. où lPin- florescence est garnie de bractées épineuses dun rouge très vif, brusquement élalées à angle droit dans leur partie moyenne et où les fleurs pro- portionnellement petites sont imbriquées el dressées entre des bactéoles ovales, Poiseau visiteur doit diriger vertica- lement son bec affilé pour arriver exactement dans la direction de Porifice de Ja fleur et par conséquent de celle du nectar logé au fond. Nolons que les bractées rouge- Fis. 71. — Campo à la lagune Ypacarai. À Do aonen nee on sées contre le cône épais de champ de céréales, Andropogon danse se lPinflorescence et que leur Lo écartement ne se fait qu'à partir de ce moment (fig. 70)! Ces fleurs ainsi protévées ne deviennent done accessibles qu'à des animaux qui peuvent les survoler. Aueun parfum sensible à notre odoral mesl exhalé pendant la floraison. Les fleurs tubuleuses elles-mêmes sont un peu rosées au sommet; les élamines occupent Fentrée de là corolle ; l'oiseau ne peut done éviler de les rencontrer avee son bec. Dans les éboulis, aux gros blocs d'essexites, prés du Cerro-Tomas ot les Dyckia ! cfr. Planche I. 206 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (99) aux longues inflorescences, à fleurs isolées, sont mêlées aux pédoneules semblables de la Gesnéracée Corytholoma Sellowii (Mart.) Fritsch, nous avons vu les colibris visiter activement les fleurs tubuleuses etearminées de cette Gamopétale et laisser les petites fleurs dorées des Pyckia. L'Aechmea polystachya Mez est par contre visité par les colibris comme le Bromelia Serra Grisb., ce que nous avons pu observer sur: les plateaux rocheux de Tobatr et dans les éboulis d'Acahay. Nous avons dit que le Bro- ES | melia Serra Grisb. est l'une Ÿ des plantes les plus répan- dues: en effet, elle forme la lisière de beaucoup, sinon de tous les bois, dans lesquels elle pénètre dailleurs, mais en se modifiant. Dans le N. du Paraguay elle se mêle aux buissons du Campo-Serrado, constituant des fourrés épi- neux désagréables ; elle est tout aussi abondante autour des bosquets de la forma- ion chacoenne, ainsi à Frini- dad, à Paraguari otrelle cons- Lilue le sous-bois des palme- raies à Copernicia. Cest une plante sociale bien enracinée et qui, par ses stolons, arrive Fig. 72. — Sur les rives du Rio Paraguay. Con- à OCCuper d'immenses surfa- cepcion : lisière de Bromelia Serra Gris. de- 5 NMaïe magt nan Le ; vant la brousse xérophyte: on voit devant la ces. Mais c'est par tout commu lisière les longs stolons comme destils defer Jisjère des bois et des bos- barbelés. (Phot. R. C.) s à È quels qu’elle joue un rôle répondérant (fig. 70, 71, 12), Ces lisières de hauts sabres épineux è , alteignent souvent 2-35 in. en profondeur, ce qui rend l'accès du moindre bosquet difficultueux, dans tous les cas, toujours ennuyeux. La plante manque ordinairement sur les campos herbeux trop secs pour elle, où dans les rochers ou les sables secs et nus où elle est remplacée par lAechmea polystachya Mez. Mez semble admettre pour le Paraguay central deux espèces distinctes de Bromelia, mais nous n'avons pas pu reconnaitre autre (100) R. CHODAMD. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 207 chose qu'une seule espèce. Faut-il cependant séparer du 1. Serra Griseb., les formes dont lFinflorescence est moins compacte, où la panicule se dessine mieux el où les braclées primaires sont moins arrondies, sous le nom de Promelia Balansæ Mez, espèce très incomplèlement définie et probablement douteuse (voir Balansa n° 608 invherb- DC: le type). Presque partout, mais plus particulièrement sur le plateau paraguayen, et dans la région chacoenne, on trouve ces Bro- méliaies—que nous nonmmons — CARAGUATAIES , qui, au pourtour des forêts etdes bos- quels, excluent presque com- plèlement tout autre végéta- Lion, pénétrées cependant, par la fine et fragile dentelle de la fougère Xérophyte par excellence le Cheilanthes chlo- rophylla SWN., planel revivis- cente au premier chef, qui se dessèche el reprend vie par Phumidité (fig. 73). Un second Bromelia aux feuilles moins raides, plus élroiles, S'installe dans les murs, les rochers ou le creux des arbres ; Son inflorescence est beaucoup plus ramifiée que celle du P. Serra; cette Fig. 73. — Bromelia Serra Gris. — KFourré pé- erniére : nresc er EE nétré par le gracieux feuillage du Cheïlan- dernière inflorescence en thes chlorophylla. Trinidad. dans la formation pelle par sa disposition bila- chacoenne. (Phot. R. C:) lérale l’Aechmea polystachya. Ce Bromelia abonde dans la région paranaenne et nous Pavons surtout observé à San Ienacio dans les ruines des anciennes réductions des Jésuites. Nous lui donnons le nom de B. fastuosa Lindi. var. longifotia nob. Elle se distingue de loin, à ses feuilles moins raides qui, très longues, relombent par leur moitié supérieure repliée sur la moitié inférieure plus raide eL érigée? ! Caraguatä, nom indigéne du Bromelia Serra Gris. * Voir aussi sur ce sujet M. BErtroNt in Anales cientificos Puraquayso n. &. Ser. I Puerto Bertoni. 208 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (101) La seconde Broméliacée en importance, PAechmea polystachya Mez est aussi une plante sociale mais plus Xérophyte que la précédente, ce qui se marque extérieurement au revêtement de poils qui donne à ses feuilles une couleur vert-glauque ; la base de ses feuilles est élargie en réservoir-cilerne (fig. T4) !. C’est la plante caractéristique des plateaux rocheux de Tobaty, de PYagué, de Valenzuela ou de Primavera où elle se dresse hors des fentes des grès gris-roses, el les égaie de ses très belles inflorescences. Elle est tout aussi abondante dans les éboulis du Cerro Tomas ou de la Sierra d'Acahay. Dans les Espinillares aréneuses du Chaco et des formations cha- coennes de la rive droile du Aio Paraguay, elle devient dominante comime plante de sous-bois dans ces hautes brousses microphylles el peu ombragées ; ainsi, dans Îles brousses littorales Ssablonneu- ses de Concepcion où elle forme des étendues considé- rables presques pures de gros vazons aux feuilles dressées de trente à soixante centimé- res de hauteur. Fig. 14 — Aechmea polystachya Mez, dans , dE 7 7 Qc les sables de Concepcion: on voit bien les Comme le Promelia Serra feuilles chéneau qui conduisent l’eau d’une manière centrifuge aux citernes basilaires formées par les gaines. (Phot. R. C. pénètre dans les bosquets el Gris., lPAechmea polystachya méme dans les bois humides en raison de la proximité, c’est-à-dire que, absente des forêts elle ne Sy rencontre que comme erralique el en continuilé avec ses stalions ensoleillées avoisinantes; alors son faciès change, Îles 1 Sur la vegétation et la faune de ces citernes. petites mares suspendues, voir: | Picapo, sur les Broméliacées épiphrtes, considérées comme milieu biologique, Thèse. Paris (1913). WETISTEIN R. vox, Vegsetationsbilder (190%). Scorr, HUGHES, faune des plantes réservoirs, The zoologist NVIII (1913) 183-195. (102) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 200 feuilles moins raides s’allongent, la pruine disparait, Pinflorescence devient plus rameuse (Aechmea dislichanta Lem. in Mez Enuim. Bull. Hb. Boiss. IE Sie (1903). Nous avons attentivement suivi ces modifications telles qu'on les constate au contact des deux formations, ainsi en passant des rochers de grès à lEstancia Primavera (Sacarello), aux brousses des collines el finalement aux forêts humides qui les continuent el bordent les marais VOISINS. Quant à lAechmea pulchra Mez, la troisième grosse espece, c’est un robuste épiphyle ca- ractérisé, dont les puissantes roselles à feuilles-citernes ver- sent sur la tête du botaniste Peau de leurs sacs basilaires lorsqu'on les détache des troncs sur lesquels elles se sont fixées (fig. 17). Leur inflorescence cy- lindrique compacte, d’un jaune livide, aux pétales jaune-vert qui tournent rapidement au brun olivâtre sur le fond gris- argenté des braciées courtes, n'est certainement pas adaptée à la visite des colibris. Les fruits charnus disposés en épi dense, sont, dit-on, disséminés par les chauve-souris frugivores dont il V à quantité au Paraguay. Fig. 75. Aechma polystachya Me, en fruits: É = ï feuille chéneau; à Concepcion. Cest à À. MULLER que nous (Phot. R. C.) devons cette observation qui à élé confirmée par d'autres. Mais Pintérèl biologique des Bromeliacées paraguaxennes se concentre plus particulièrement sur le genre Tillandsia représenté au Paraguay par 17-20 espèces. Aucune d'elles n'est réellement terrestre: celles qui le paraissent ne le sont que temporairement, par exemple T. Duralii Nis., T. streplocarpa Bak. Quant aux T. rupestris Mez, el T. arhiza Mez, ce sont des espèces simplement posées sur le sol. Le Tillandsia Lorentziand Gvriseb. est fixé au rocher par des racines 210 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (103) crampons, par exemple aux parois verticales du Cerro S. Tomas et du Cerro Hu. C'est ce que fait aussi parfois le 7. rupestris Mez. var. pendens Chod. et Visch. sur les essexites des éboulis au sud du Cerro Tomas, (Cordillière de S. Tomas). Quant aux espèces réellement épiphytes, les unes comme le T. usneoides L. qui pend des arbres, en longues guirlandes, dans le sud du Paraguay et au Chaco le long du Rio Pileomayo (Royas), ou Fig. 76. — Tillandsia loliacea Mart. implanté sur des branches de Myrtacees. — A garnche, capsule vivipare ; sur le parcours des branches. jeunes touffes implantées (cfr. fig. 82 et SH. (Phot. W. V) dans les forèls du Tebicuari moyen ou aussi comme les vigoureux T. slreplocarpa Bak. (Chodat) et T. Duratii Vis. el qui Sacerochent aux branches plus qu'elles ne se fixent, elles forment avec les suivantes deux catégories bien distinctes. En effet, les premières S'accrochent el les secondes se fixent : T. loliacea Mart.. T. recurvala L., à minuta Mez, T. pulchella Hook., T. polytrichioides Morr. Ces dernières sont de peliles espèces de 5-12 cm. de hauteur. Les espèces épiphytes nous ont paru surtout abondantes dans Ia (104) - R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 211 région chacoenne comme par exemple dans les Espinillares el les QUEBRAGHALES du bassin du Cañabe où les branches des petits arbres sont littéralement couvertes par ces faux-lichens en barbe blanche, sur les rives du Rio Paraguay, au Campo-Grande, au Lambaré, à Kio. 71. — Aechmea pulchra Mez, épiphyte. On voit à la gauche du tronc une inflorescence spiciftorme (de couleur celaire) et une plus centrale: voir aussi les chéneaux et l'arrangement des bases foliaires en citernes. Forêt de Valenzuela-Yäca. (Phot. W. V) Concepcion. Ce sont là toutes des formes héliophiles qui ne suppor- teraient pas lPombre épaisse de x foret. D'ailleurs, elles se fixent indifféremment sur les troncs lisses des Cereus (ig. ST) les branches rudes des Pélhecolobium scalare Gris. où des Prosopis, comme sur les 212 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (105) écorces lisses ou les feuilles brillantes des Mvrlacées de la lisière de la forèt (fig. 76). La plus forte accumulation de ces Broméliacées épiphytes que nous avons vue, c'était au-delà du Rio Mbaei, dans un campo un peu salé où les Prosopis juliflora DC qui ressemblent à des aubépines (Cralæqus monogyna) avec le Schinopsis Balansæe Engl., sont les petits arbres les 7 LE \ NS We) AA NS ss Fio. 7$. — Tillandsia Duratii Vis. grimpant sur un Aspi- dosperma dans les rochers de Tobaty: la tige s’est allongée et son sommet a étalée ses feuilles de manière à se cramponner à une branche: on voit l'extrémité dresser des feuilles non encore enroulées. (Dessin à la chambre claire, de W. V., d’après une phot.) plus abondants ; enguirlandés de Dolichandra cynanchoides Cham. et de Passiflora Giberli N. KE. Br., leurs branches sont couvertes de Tillandsia dianthoides Rossi el des autres espèces citées. Ce T. dian- ihoides Rossi est une espèce un peu plus vigoureuse que les autres Tillandsia corticoles énumérés: elle est répandue de PUÜruguay au Tucuman et, ainsi que nous l'avons constaté, jusqu'au Paraguay central. (106) BR. CIIODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 91e: Il y à aussi dans cette station beaucoup de Cereus el dOUpuntia envahis par les épiphytes et sur les branches pendent aussi les longs cylindres charnus du Rhipsalis lumbricoides. Le 7. usneoides L. est surtout représenté par la variété lenuissima Mez, par exemple au Col de Cuesta, entre Paraguari et Villa Rica (Balansa n. 611) ou à Villa Oriental, accroché aux Solanées grimpantes. Cette espèce abonde dans le sud du Paraguay; elle s'accroche exclusivement par ses sympodes aux feuilles et au tiges recourbées et est, comme on le sait depuis longtemps, totalement dépourvue de racines. Fig, 79. — Tillandsia Duratii Vis. — Specimen en cor- beille renversée cramponnée sur le haut d’un arbre et fixé par ses feuilles recourbées en crochet. (Dessin à la chambre claire d’après une photographie de W. V..) Cependant on rencontre, mais très rarement, des exemplaires qui se sont accrochés par des racines (Texas v. fig. 80). L'autre espèce grimpante est le T. Duralii Vis. À Tobaly, où nous avons pu Pobserver, à tous ses stades de développement, on la voit cons- Lituer, dans les ravins rocheux, de puissants axes aux feuilles distiques inbriquées en échelle. Ces axes dressés atteignent 1-2 m. Le sommet de leurs feuilles est enroulé eu queue de scorpion. Les portions anciennes se dessèchent et se désorganisent plus où moins. Quant aux Jeunes feuilles, elles sont dressées et portées en avant sur Paxe qui end à s'allonger. Si la plante m'a pas trouvé de support, elle rejette (1017) B. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 914 successivement ses feuilles en arrière par une flexion de la base et repose parfois sur lextrémité enroulée en crochet de ces dernières. Parfois, par Pallongement de l'axe, la plante, en suivant le tronc d’un petit arbre, ou bien à la faveur de la pente du rocher contre lequel elle S'appuve, arrive jusqu'aux branches basses dun petit arbre par Fig. 80. — Tillandsia usneoides L. — Plantule fixée par quelques racines (cfr. fig. S{, 86) d'après un échantillon d'herbier (Herbier Boissier, leg E. Secrétan, n. 41, Brenham Hemstead, Texas). On n’a figuré que la base de la plante qui atteignait 30 cm. (Dessin de W. V) exemple dun Aspidosperma (lg. T8) comme nous lPavons observé dans les causses de Tobaty; alors les feuilles supérieures se dirigent maintenant en tous sens, se recourbent par leur base, se réfléchissent, se disposent en cône el quelques-unes arrivent à s'accrocher par leur extrémité recourbée et par une nutalion qui semble autonome, 219 R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY (1OS ) S’enroulent fortement autour de la branche: par un nouvel allonge- ment de laxe au-dessus de €es échasses aux multiples griffes renversées, qui porte ses nouvelles feuilles dressées vers dautres branches, une nouvelle attache peut se faire par le mème procédé el Fig. 81. — Espinillares à Cereus dans les sables salés de Trinidad sur les berges du Rio Paraguay. On voit sur la Cactée le feuillage du Polypodium vaccinifolium L.. épiphyte et plus haut une touffe du Tillandsia loliacea Mart. (PRO AVE la plante peut grimper ainsi sur un certain parcours, de branche en branche ; généralement, l'axe, au-dessous du crampon, se dessèche el les nouveaux crampons disposés en corbeille aérienne sont comme posés sur Fa branche, souvent à une hauteur considérable (v. fig. 79). 216 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (109) Il faut sans doute admettre aussi que beaucoup de ces Tillandsia Duralii ont germé déjà dans la hauteur de Parbre. On trouve des échantillons qui ont encore leurs premières pelites racines, mais il ne s'en développe pas d’autres. Le 1. Duralii Vis. est certainement une espèce très répandue au Paraguay ; nous la connaissons des bords de la lagune Ypacarai (H. n. 3101), de la Cordillière de Altos où on la trouve comme à Tobaty, grimpant des rochers aux arbres ; on la voit le long du Rio Paraguay, suspendue comme un pelil singe aux multiples bras, aux Fig. $2. — Tillandsia loliacea Mart. — 1: capsule qui laisse sortir les plantules (vi- viparie): 2 : chaîne de plantules formée par les poils du tégument; l’une des plan- tules est collée par ses poils à une branche de Myrtacée. (Dessin de R. C. dans la nature. juillet 1914.) branches des Phyllostylon (Concepcion, nob.) où sur la couronne des palmiers. La tendance innée à Fenroulement se marque même sur les bractées de Pinflorescence. Sans en avoir lextrème vigueur, le 7. decomposila Bak. grimpe, semble-t-il, de la mème manière, ce qui explique sa station si élevée; il en est de mème du T. streplocarpa Bak. Ce sont trois espèces affines. Mis, chez cette dernière, nous avons constaté la présence de racines crampons ; les feuilles, dans toutes les plantes paraguayennes de cette espèce que nous avons vues, étaient moins nettement recourbées en crochets. On la voit sur les hauts arbres, comme un nid dans le (110) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 917 = feuillage (par exemple à Luque sur les Lapacho, Balansa, nn, 615). Souvent même, elle développe des racines crampons à la base de sa orosse rosette; parfois, comme dans là var. pungens nob. (CHopar el VISCHER, n. 101, Salado, Ypacarai) les feuilles marrivent pas à se recourber en crochet. On comprend dès lors l'énorme différence qui sépare le T. Duralii du T. streplocarpa Bak. (Balansa n. 615), cette dernière ayant un pouvoir denracinement, ce qui corrélativement amène à la suppression de la Tige el même à supprimer l’enroulement foliaire. Ainsi, dans les forêts le long du lac Ypacaraï, dans la direction du Rio-Salado. Au bord du lac Ypacarai, nous avons eu loccasion d'étudier en détail la biologie des petites espèces fixées et en particulier celle du Fig. 85. — Tillandsia loliacea Mart. — Chaînette de plantules. attachée par des poils à deux branches voisines. (Dessin de R. C.. dans la nature, juillet 1914.) T. loliacea Mart. On la dit tout aussi abondante à l'embouchure du Rio Ipané, près de Concepcion ; mais ici, cette espèce est plus robuste plus brunâtre-dorée, qu'à la lagune Ypacarai (Balansa n. 619). Cette espèce envahit rameaux et feuilles des buissons de la lisière du bois qui surplombe la grève inondée du lac et produit de loin l’impression que cause lPenvahissement de nos Conifères par P£rernia pinastri. Elle a ceci de bien intéressant, qu'elle ne se borne pas à S'implanter sur les rameaux mais qu'elle S'attache aussi au limbe des feuilles de Myrtacées se mêlant aux innombrables fleurs blanches étoilées qui rappellent celles de notre Hyrlus communis l'Europe. On remarque aussi que le T. loliacea Mart. ne montre point de séotropisme. ! En effet, les petites rosettes et les inflorescences vont, ! SCHIMPER Cite l'absence de géotropisme dans le 7. bulbosa, 1. ce. XVIT (323) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, N0S 4-5-6 parus le 26 fév. 1917. 15 218 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (111) sans courpure, dans les sens les plus divers; la lumiere seule les déterminant à se développer mieux du côté éclairé. C'est une particularité biologique bien remarquable et qui rappelle le mode de réagir du gui (Véscum album) ou des lichens épiphytes corticoles déjà cités (fig. 76). Les scapes minces portent, après floraison, sur des axes en zig-zag (Juillet-Août) des capsules groupés en faisceaux flabelliformes, et qui s'ouvrent en trois valves, sans se tordre; lPendocarpe lisse et brillant facilite la libération des propagules par glissement. Dans les stations de la forêt du Cerrito qui surplombent le lac Ypacarai, nous avons assisté à nn intéressant phénomène de viviparie Fig. 84 — Tillandsia loliacea Mart. — 1, 2 : fixation des plantules à des branches, poils et racines prenantes avec formation de disques d'adhésion (2). (Dessin de KR. C.; dans la nature, juillet 1914.) qui était presque général à ce moment (fin Juillet et commencement d'Août). Les semences de ce Tillandsia, au lieu d’être disséminées comme telles, avec leur aigrette de poils longs de 25 mm., germent dans la capsule et produisent de petites plantules de 3 à 9 feuilles enveloppées à leur base, par le tégument séminal interne qu’accom- pagne lPaigrette formée par effilochage du tégument externe allongé. 1 Ces plantes glissent hors de la capsule aux valves lisses sur leur face interne, et, par leurs poils, restent adhérentes les unes aux autres, consti- tuant des chaînettes parfois assez longues, qui, balancées par le vent, ? Voir WirrMak, L. in Engl. Prantl. Nat Pflanzenfam. XI, 4 (1889) 37. (112) R. (CHODATD. LA MÉGÉTATION DU PARAGUAY 919 vont s’accrocher aux branches où aux feuilles voisines (fig. 82 el 83). Comme ces espèces d'aigrettes sont souvent tordues, elles peuvent fonc- lionner comme crampon provisoire et peut-être ont-elles une substance adhésive qui, par la rosée, les colle au support. L'expérience montre que si on les humecte et que Faction de Peau soil prolongée c’est-à-dire jusqu'à dessication, ces poils restent adhérents au substratum, par exemple à la plaque de verre dont on Sest servi pour cel essai. Si alors on essaye de les en détacher il reste sur le verre un dessin ce qui indique la production d'une substance adhésive de la nature des sommes pectosiques. Fig. 85. — Tillandsia loliacea Mart. — Section d'une racine étalée sur une branche de Myrtacée:; an centre l’étoi- le du xylème ; anneau noir, sclérenchy- me ; écorce le la racine secrétant une gomme et papilles crampons qui péné- trent dans les fentes de l'écorce. (Dessin de W. V.) Quoiqu'il en soit, déjà à ce moment, se sont formées quelques petites racines qui germent librement dans tous les sens; Pextrémilé de ces racines est renflée et aplatie en disque ou en lanière:; au contact du substratum elles s’épaississent et S'étalent en sinuosités on, Senroulent à la facon d’une racine vrille (comme chez un Tæniophyllum) (ig. 85 et 84)1. Il y a donc deux appareils de fixation, les poils qui s'accolent à la branche et les racines prenantes par contact et plus où moins dorsiventales. Nous avons examiné le mode de fixation de ces racines jeunes et nous avons reconnu que la plante ne fait pas que de Sappli- 1 Voir R. CHopar, Principes de botanique Ile Ed. (1911). Id. pe. #58, 220 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (113) quer contre l'hôte mais y enfonce parfois ses suçairs (fig. 85). C'est- à-dire que la portion de la racine aplatie se moule exactement sur les fentes de l'écorce, ÿ enfonce des cellules qui, secrétant un mucilage, sy cramponnent fortement. I ny à pas lieu de supposer que cette racine crampon serait capable de percer des tissus à la façon dun parasite; il s'agit ici exclusivement dune morphose induite par Île contact, un peu comme cela arrive dans les disques d'adhésion des Fig. 86 — Germination d’une plantule vivipare de Til- lansia Lorentziana Gris.; on voit les fibres de l’aigrette tégumentaire écartées et se prolongeant encore en une pointe; de la base de la plantule dont on voit les poils écailles, partent des racines qui vont s’étaler à leur extrémité en gros disques d'adhésion. Cette plantule avait germé sur la feuille du T. L. (Dessin de R. C.) vrilles du Quinaria (Ampelopsis) Veitchii où dans le cas des racines prenantes d’Orchidées épiphytes /Tæniophyllum Zollingeri, Phalæ- nopsis Schilleriana Rechb.) On trouve souvent les Cactées des Espinillares, par exemple le Cereus Bonplandii Parm., complètement envahis par ces épiphytes qui y accompagnent le Polypodium vaccinifolium L. et K., fougère à rhizomes rampants et qui enveloppent de leurs lacis la surface des troncs (fig. 81). Les Tillandsia fixés abondent dans certaines parties du pays, par exemple dans les forêts claires du Salado où ils se mêlent à la fougère déjà citée (114) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 291 et lOrchidée Campylocentrum neglectum Cogn. Ce sont surtout les T.recurvala L., à minula Mez., T. loliacea Mart., T. polytrichioides Morr., T. Mandoni Mor. et l'espèce plus grosse le 7. pulchella Hook., espèces qui parfois toutes ensemble foisonnent sur l'écorce épaisse et pourrie des troncs des lapachos ou des Pithecolobium. Ces écorces pourries sont d’ailleurs des jardins d’épiphytes; le Æhipsalis lumbri- coides Lem. qui suspend ses vermicelles vertes, le Phyllocactus plyllanthus LkK. aux branches aplaties, le Cereus Hassleri K. Schum. qui se glisse le long des branches comme un serpent, le tout pénétré par le Lomentum brunâtre des rhizomes des fougères Xérophytes reviviscentes. Nous avons retrouvé la viviparie chez plusieurs autres espèces, l'. recurvala L., T. rupestris Mez et même chez le 1. Duralii Nis.; on constate aussi celte viviparie, mais à une échelle beaucoup moins réduite dans le Ÿ. lalifolia Meyen! du Pérou où les grosses inflo- rescences en éventail portent dans les valves de leurs capsules des plantules de quelques centimètres de longueur et déjà munies de grosses roseltes. Le tout prend alors Papparence bien connue, mais en plus gros, du Poa bulbosa Var. vivipara à cette différence près, qu'ici la viviparie est une germination hâtive dans la capsule. LIESKE? à observé dans une Broméliacée, à Rio-de-Janeiro, la germination des semences dans des capsules müres, mais il n'y à mis aucune importance el n'a pas suivi histoire de cette viviparie. Passons maintenant aux espèces strictement rupicoles que nous avons étudiées au Cerro San Tomas où dans le gros éboulement au sud de ce morne, ou enfin dans les mêmes stations au Cerro d’'Acahay. Après avoir grimpé par une cheminée rocheuse jusqu'au sommet du Cerro San Tomas il faut suivre la crête rocheuse couverte dune forêt Xérophyte composée essentiellement de Copaifera Langsdorfii Desf. de Trichilia Caliqua À. Juss., de Salacia campestris Walp. el de buissons dAHeleropleris lomentosa À. Juss. ainsi que de nombreuses Myrtacées. De loin on voit le jeune feuillage cuivré des Copaifera se méler à la verdure sombre des Myrlacées el des Sebasliana. La traversée de cette crête boisée est excessivement pénible à cause des fourrés épineux :(GAUDICHAUD n. 64 in Hb. DC) LiESsKkE, R. Brasilianische Studien, in Pringsh- Jahrb., 53 (191%) 504 299 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (119) de Bromelia Serra dans le sous-bois, fourrés qui deviennent de plus en plus denses à mesure qu'on avance vers la lisière de la forêt qui de tous cotés domine les rochers surplombants lesquels, en plusieurs sauts, Fig. 87. — Sommet du Cerro San Tomas. Remarquez contre la face du rocher les touffes du Tillandsia Lorentziana Gris. : en haut, sur le rebord à droite, des touffes du Tillandsia rupestris Mez. A l'angle, derrière les Echinocactus Schumannianus Nic. est le Bromelia Serra Gris. En arrière, forêt brousse (cfr. fig. 88), les petites touffes foncées au sommet à droite sont des lichens Ramalina. (Phot. W. V.) descendent jusqu'au bas de la pente. Au-delà du cordon de Bromelia et plus où moins méêlés à leurs grands sabres épineux, cramponnés au bord de labime, des fourrés de Dyckia floribunda Griseb. de l'apparence et de la texture de PAloe vulgaris du sud de Europe, aux (116) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 225 feuilles crassulescentes en rosettes, aux feuilles tordues, jaunes, zébrées de vert, puis rougissantes, alternent avec les Louffes raides du l'illandsia rupestris Mez, blanches comme des lichens du genre Cladonia. Tout ceci voisine avec les grandes massues cotelées de (A $, LES ( # Al VE Fig. 88 — Sommet du Cerro San Tomas (voyez fie. 87 et fig. 6). Entre deux Echinocactus Schumannianus Nic., un jeune Tillandsia Duratii Vis.; au premier plan, vers la gauche, quelques toutffes de Titflandsia rupestris (cfr. fie. 101). hot. de W. V) P£chinocacius Schumannianus Nic., hérissés de piquants, implantés sur le rebord du rocher ou par une courbure géotropique, archoutées par dessus lPabime, tandis qu'un peu plus loin, où même tout pres, le grand Tillandsia Duratii Vis. cherche à grimper sur les petits Copaifera où les Cocos Roman+offiana (fig. ST el 88). 294 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (117) Contre les pentes verticales garnies de lichens du type Ramalina, et comme eux, implantées contre la pierre, des touffes nombreuses du l. Lorenttiana Griseb., sont fixées par un solide crampon tantôt à mème le roc, tantôt qui se glisse et se répand dans les fentes. Ces touffes sont beaucoup plus sombres que celles du T. rupestris Mez ou celles du 7, Duralii Vis. N'oublions pas les Fougères reviviscentes qui pénètrent de leurs rhizomes [omenteux ces curieux gazons. Ce sont d'ailleurs des végétaux communs et très répandus: deux Polypodium, le P. vaccinifolium L. et KE. etle P. incanum Wildn. qui nous rappellent dans ces stations le Celerach officinarum des rochers calcinés du Midi de Europe. Malgré les difficultés de Pascension et de l'accès, nous arrivons à installer nos appareils et à prendre (36° à l'ombre) en plein midi d’intéressantes photographies de cette station brülée par le soleil et où les végétaux sont tous des Xérophyles extrêmes : Sélaginelles et Fougères qui se dessèchent et reprennent vie par lhumidité; on en voit les frondes Lordues et fanées en apparence — Æchinocactlus aux gros réservoirs internes protégés par un épais périderme — Dyekia aux feuilles plus ou moins charnues, que lardeur du soleiletla sécheresse prolongée ont en partie desséchées el tordues et qui sont ridées comme des Cactées assoiffées. Tout près les Tllandsia blanc de neige (7. Duratii Nis.) qui, pendant la sécheresse sont protégés par leur indument etqui la nuit pompent la rosée bienfaisante ou les T. rupestris Mez gris-argentés qui paraissent complètement desséchés et morts et cependant portent sur une hampe tout aussi desséchée en apparence leurs jolies corolles lilacines. On relrouve une association semblable dans les gros éboulis «d’essexites descendus du sommet même de la Sierra, qui, en arrière du Cerro San Tomas prolonge la Cordillière vers Sapucay. Les deux flancs de cet éboulement gigantesque, où les bloes sont parfois de plus de 2 im. de hauteur, sont boisés; la crête est presque dépourvue d'arbres. Les fentes des éboulis sont remplies de Dyckia floribunda Gris. ; les trous souvent très larges et dans lesquels il faut éviter de lomber, sont le plus souvent garnis d'un gazon haut et raide du Tillandsia rupestris Mez, ce qui semble indiquer un terrain ferme; Mais à examen on voit que ces énormes touffes ne sont que posées sur le sol rocheux ou rocailleux; chaque tige de 20-35 cm. avec ses longues feuilles plus ou moins basilaires et dressées, n'ayant à sa base aucun indice de crampon, ni de racine, et formant avec ses voisins (TS) BR. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY DDE des faisceaux qui semblent avoir été pressés dans les trous ou les fentes où ils ne tiennent au sol que par leur base légèrement ascendante (fig. 89 eL 91). On peut ainsi, par brassées, emporter, sans aucun effort, des fagots fleuris de ces curieux gazons, sans trace de racines, sans aucune fixation au sol; ils ne peuvent donc prendre Peau que dans Patmosphere el sous forme de rosée absorbée par les poils ou par Les saines de leurs feuilles, les jours de pluie. æ Fig. S9. — Eboulis d'essexites près du Cerro San Tomas. A gauche, les Dyckia floribunda Gris. aloïformes ; entre les pierres. à droite et au centre, les touffes arhizes du Tillands.a rupestris Mez. Les Cactus sont Echinocactus Schumannianus Nic. (Rhot AN AVE) Mais tout aussi curieux sont les Tilandsia qui appartiennent semble-t-il à la méme espèce el qui pendent des parois verticales des oros blocs d'essexiles. On les voit, laissant retomber leur tige et la toutfe de feuilles linéaires canaliceulées, plus ou moins relevées par g6otro- pisie négalif, contre la surface du rocher, n'étant retenues que par un minuscule disque dadhésion formé, ainsi qu'il sera expliqué plus loin par ensemble des extrémités des racines aplaties en crampons. Les hainpes florales souvent horizontales et qui ne font que continuer 2926 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4410) l'axe viennent successivement épanouir au soleil, hors de bractées argentées, leur jolie corolle lilas-rose (fig. 92). "armni les plantes qui accompagnent ces curieux végélaux, il faut eiter en première ligne une brillante Gesneracée, le Corytholoma Sellowii Mart. Eritseh, dont le tubercule en forme de pain rond, comme un immense tubereule de Cyclamen, posé sur le rocher, atteint jusqu'à 68 cm. de diamètre landis que ses racines retiennent un peu d’humus. IF est Fig. 90. — Causses rocheuses des plateaux de Tobaty; à gauche, touffes aux feuilles contournées et charnues du Dyckia floribunda, Cereus paraguayensis K. S. et Echino- cactus nigrispinus K. S. (Phot. W. V) alors saisissant de voir le contraste qu'offrent d’une part les longues Liges de 80-120 cm. de cette belle Gesneracée, au feuillage abondant, Lendrement vert et herbacé, aux fleurs unilatéralement penchées, de la forme et de la couleur d’une Digitale (D. purpurea) qui, dans ces lieux calcinés, sans eau, se sert du réservoir puissant de son tubercule pour maintenir turgescentes ses feuilles délicates et dautre part les gazons durs, secs e£ comme morts du Tillandsia rupestris Mez, qui n’a pour tout réservoir que le maigre parenchyme de ses feuilles en alène et pour (120) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY DO organe d'absorption, lespoils en écusson qui les recouvrent. Pailleurs Ja (resneracée avec son indument glutineux est, elle aussi, capable de retenir à sa surface la rosée qui, par les nuils claires et froides se dépose sur les plantes. Dans ces mêmes localités, les PDyckia qui sont très fortement enracinées forment aussi des gazons, mais aux feuilles un peu charnues comme le sont les touffes d’Aloe vulgaris; il leur faut peu d'humus mais qu'ils retiennent fortement sur le dos ou les fentes des rochers par le lacis de leurs racines mêlées aux rhizomes des Fougères el aux slolons des Bromelia Serra Gris. landis que des Cereus aux longues lives trigones serpentent par dessus les rochers ou les racines puissantes des Pipladenia Cebil Gris. eL ressemblent aux grosses vipères qui se glissent entre les pierres. Il y a aussi quelques Orchidées, typiques d’ailleurs pour ces stations rocheuses, le Prassavola Perrini Lal., qui, extérieurement, rappelle un Rhipsalis, avec ses liges vermiculaires, des Fougères comme le Polypo- déum iacanum Wild., sur les troncs pourris, où le P. vaccinifolium L. f., et enfin des Ficus épiphytes à tous les états, ont élu domicile et tout à côté, dans les pierres, de gracieuses fougeraies, beaucoup de Pleris palmala W., de Dryopleris pedala Fee, Cassebera pelalifida Christ. Cyclodium Meniscioides Willd., Cassebera triphylla Kaulfs., Asplenium oblusum, Adiantum Sp. N'oublions pas de citer vers le bois, plus à Fombre, dans les gros éboulis, le Solanum tubérifère, dont il a été question (cfr. pag. 58), très abondant et qui à sa facon répète le type du Corytholoma par ses Lubercules ; mais ceux-ci cherchent la fraicheur dans là profondeur de l'éboulis. Fn°y a cependant pas de station si sèche qui nabrite, à Pombre des creux, comme par exemple dans les fentes des lapiaz, des garigues désertes de Majorque où du Cabo de San Antonio, de vrais jardinels de plantes herbacées et délicates. Ici, dans ces creux, asiles des serpents venimeux, souvent ombragés par le feuillage menu dun Pépladenia au tronc subéreux, où par la ramure fleurie d'un Tecoma Ipe qui sème ses crosses fleurs roses en trompette par milliers, on trouve les Fapis frais et continus des axes rampants du fradescantia fluminensis Velozo aux étoiles blanches, tandis que tout près s'élancent en toutes le Comimelina virginica Li. Cf.) aux fleurs bleu-clair, la St. Lucia des indigènes. ! Cnopar R.. Voyage en Espagne et au Portugal, Bull. Soc. bot. Genère, (1909) 195. 298 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (121) A la Sierra d'Acahay, on rencontre un peu avant le sommet, des éboulis d’essexites en Lous points semblables à ceux de la Sierra San Tomas: la flore y est remarquablement parallèle à celle que jai signalée. C’est ainsi que nous y avons rencontré, tout aussi abondants, les crassulescents tapis du Pyckia floribunda Gris., mais en plus erande abondance PAechmea polystachya, el puis dans les interstices sees les mêmes gazons gris de Téllandsia sans racines qu'aux éboulis S. Tomas, seulement le Ÿ. rupestris est remplacé iei par une autre espèce Le RUN Res E Æ et Kio. 91. — Tillandsia rupestris Mez. — Gazon fleuri posé dans les interstices de l’'éboulis, à la Sierra San Tomas. Voir sur le rocher, à droite, une plantule fixée de la var. pendens nob. (Phot. W. V).) plus dure, plus robuste mais du même Lype biologique, le Ÿ. arhia Mez qui forme sur ces éboulis très étendus des gazons aux feuilles vertes, rouges el grises où comme zébrées, qui craquent el cédent sous les pas incertains de l'explorateur qui trébuche où cherche à éviter les serpents venimeux ; la tempête enlève parfois d’une seule masse ces sazons pour les déplacer plus loin (Balansa). On en voit souvent sur plusieurs mètres détendue qui semblent désséchés car ils ont déjà fleuri; mais comme les fougères de ces mêmes stations, ce sont des plantes qui semblent supporter une dessication prolongée pour reprendre vie ensuite. (122) BH. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 290 On constale dans ces gros éboulis Fa fixation d'un Tiéllandsia aux fentes des rochers comme àS. Tomasle 7. Lorenlziana, e'estle T. pseudo- slricla Chod. et Vischer. Sur les rochers aplalis et Fi oû la terre à pu se maintenir un peu, on voit des Orchidées, le Cyrlopodium vurescens Rehb. avec d'énormes pseudo-bulbes el des fruits gros comme des Lulipes, le Soplronilis plerocarpa Ldl. cramponné au rocher escarpé et beaucoup de Begonia Balansæe C. DC aux feuilles brillantes, aux liges rouges, el aux abondantes fleurs roses, les mêmes Solamum tubérifères qu'à S. Tomas et quelques arbres Lortueux de Piptadenia, de Tecoma lpe, de Commelina virginica L., enguirlandés d'abondants Dolichandra cynanchoides Cham., tandis que les creux plus humides sont, comme dans Pautre station pleins de Tradescantia fluminensis Vellozo, de hauts Commelina quaranilica C. B. Clarke auxquels se mêlent les capitules -violacés et le feuillage délicat de l£rechthiles valerianifolia DC. qui rappelle nos Hulgedium alpins par la délicatesse de son feuillage et ses inflorescences roses violacées. Au Senecio Balansiæ Baker el à la Gesnéracée déjà citée plus haut, il faut joindre les Cereus, les Opuntia, les Rhipsalis el les fougères déjà énumérés, tandis que les Echinocactus du Cerro Tomas manquent complétement. Examinons maintenant les trois espèces principales de Tlandsia de ces éboulis. Disons tout de suite que les T. rupestris Mez el T. arisha Mez sont des endémisines très localisés puisque qu'on ne les connait actuellement que de la station où nous les avons étudiés. Le 7. Lorentziana Gris. aux fleurs jaunes à une grande extension argentine el bolivienne. Les deux premières ne se développent que sur les rochers les mieux exposés au soleil et leur faciès habituel est celui de gazons sans aucune racine, posés sur terre comme sont posés dans la Tundra alpine le Celraria canaliculata où le Cladonia rangiferina. Mais ici la formation est exclusive ; rien ne se mêle parfois sur des étendues à ces touffes qui semblent, et cela s'explique, exclure tout autre végétation car elles sont simplement posées sur les pierres où conime retenues entre les blocs des essexites. Nous avons dit plus haut qu'une variélé du Tilandsia rupestris Mez, la var. pendens Chod. et Vischer (n° 95 bis) se fixe aux parois des blocs immenses dont est composé l’éboulement du Cerro Tomas (fig. 92). ei à Acahay, une espèce particulière à laquelle nous donnons le nom de Tillandsia pseudo-stricta Chod. et Vischer, développe aussi des cram- pons, mais elle est, à ce point de vue, beaucoup mieux fixée el cons- litue des étendues considérables un peu à la facon du 7, Lorenttiana 230 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (193) Griseb., une autre espèce rupicole des fentes des rochers. Elle paraît appartenir à un groupe d'espèces voisines du 7. dianthoides Rossi car son facies et ses capsules sont de ce type. SCHIMPER, auquel il faut toujours revenir quand il s'agit de la bio- logie des Broméliacées, ne connaît aux Antilles que de rares exemples de Tillandsia qui arriveraient à fleurir sur un substratum rocheux (1. €. 586). Il dit même ignorer S'il existe des espèces de ce genre qui, Fig. 92 — Dans le grand éboulis de San Tomas; rocher aux parois verticales portant, cramponné à sa surface d'adhésion (cfr. fig. 96), une belle touffe de Tillandsia rupestris Mez. var. pendens Chod. et Vischer. Voir la couleur argentée des feuilles canaliculées et les inflorescences presque horizontales. (Phot. W. V.) habituellement, seraient fixées directement sur le rocher. Les auteurs cilent, il est vrai, plus d’une espèce rupicole, mais les svstématiciens qui n'ont pas vu les plantes en place, ignorent si les plantes rapportées par les collecteurs sont des végétaux fixés aux fentes dans lesquelles ils enverraient leurs racines ou S'il s'agit d’une véritable lithophytie, de vrais épilithes à crampons simplement adhérents à la surface du rocher. (124) R- CHODAT. LA: VÉGÉTATION DU PARAGUAY 2:}| Théoriquement, cetle catégorie de végélaux est parfaitement possible puisque dautres, comme les petites espèces, 7. loliacea Mart. par exemple, se fixent directement sur Fécorce Tisse des Myrltacées, les feuilles brillantes de ces dernières, lépiderme glauque des Cereus arboresecents où les gros chaumes silicifiés des Bambusées. On ne voit pas bien ce que ces plantes pourraient absorber de leur substratum qui ne leur sert que de support. Cependant, il faut bien Fig. 93. — Tillandsia polytrichioides en fruit. On voit les racines vrilles entourant une branche. Réduction de moitié. (Dessin de KR. C. reconnaître que si quelques espèces sont peut-être indifféremment épidendres où épilithes /7. Lorentiiana Gris.) les autres que nous avons eu l’occasion d'étudier, sont Pun ou Pautre. Il s'agit sans doute. dans cette préférence, de questions dexposition, de lumière el de thermique qui interviennent pour assurer aux semences ou plantules disséminées une survivance dans des conditions déterminées. Cette question de la fixation des Tilandsia est particulièrement captivante, aussi lui avons nous porté toute notre attention. SCHIMPER ! a déjà fait remarquer que tandis que chez les espèces épiphytes habi- tuelles, les racines sont aussi nombreuses, si ce n’est plus nombreuses que chez leurs congéneres non épiphytes (Aroïdées, Orchidacées, PLé- ridinées) et que ces racines sont parfois différenciées en racines fixatives, crampons et en racines nutritives (nourrices); ici les racines perdent rapidement leur vitalité sans cependant diminuer leur solidité qui dépasse, selon lui, celle des racines d’autres plantes. 1]. c. 326, 353, etc. 232 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (125) On sait depuis longtemps que le F. usneoides L. est, à l'élat adulte, Lolalement dépourvu de racines; ces dernieres n'apparaissent que comme des rudiments au moment de la germination (fig. 80). Nous avons déjà parlé de la viviparie, de la produelion de racines vrilles, de Paplatisse- ment de ces dernières au contact du substratum et de leur pénétration dans les fentes et les interstices de celui-ci. IE va de soi que ces racines implantées sur les Cereus stenogonus K. Sch. et C2 Bonplandii Parn. h'ont aucune fonction d'absorption. Mais, au cours de nos recherches, nous avons étudié un phénomène auquel on n'a porté jusqu'à aujourdhui aucune attention. Seul, MEz semble v faire allusion quand il dit (in C. DC., Suites au Prodrome IX, IS96. VD) : «Il n’est pas rare /Téllandsia « Diaphoranthema ») que les racines latérales cheminent sur une longue étendue dans la couche corticale du tronc avant de percer au jour par une subite flexion de leur pointe ». En réalité, c'est la règle que dans Fécorce du tronc des Tillandsia épiphytes, cheminent des racines qui, par leur disposition, leur anato- mie et leur nombre, constituent autour du cylindre central de la tige, des espèces de câbles qu'on peut, biologiquement, comparer aux eylin- dres multiples de certaines lianes Sapindacées. La plus caractéristique des espèces à ce point de vue, est le T. poly- trichioides Ed. Morr., petite plante aux fleurs blanches d'apparence lYcopodioïde, à tiges couvertes de feuilles étroilement imbriquées el qui peuvent atteindre de cinq à dix centimètres de longueur (fig. 93). Ces Liges, groupées en sorte de rosettes ou de fascicules, sontattachées au substratum, à la branche de larbre, par des racines vrilles bien caractéristiques qui S'appliquent fortement contre le périderme où qui s’enroulent en plusieurs tours autour des menues brindilles ou des petits rameaux et fixent la plante selon le mode déjà indiqué plus haut à propos de la germination des bulbilles du 7. loliacea Mart., vivi- pare. Si on fait, à travers ces tiges minces, une section transversale, on voit le cylindre central de cette tige (v. fig. 95 À.) entouré par trois ou neuf racines qui descendent parallèlement à la surface de ce cylindre et y constituent, par lensembre de leurs écorces scléreuses, tout autant de cylindres secondaires, mécaniquement actifs et qui viennent donner à ces axes une résistance considérable. Ces racines ont leur cylindre central presque complètement selérifié, le liber y est peu développé et oblitéré; ce cylindre central est entouré par un périevele scléreux et qui est séparé de l'écorce par un endoderme à cellules dilatées et non (126) R:(CHODAT. LA VÉGÉTATION" DU PARAGUAY 932 Fig.94.— Tillandsia polytrichioides, tige cortiquée par des racines et fortifiée par ces dernières; l’épi- derme a été enlevé. (Dessin de W,. V) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, NOS 4-5-6, parus le 26 fév. 1917. 16 231 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (127) scléritiées ; ceci leur assure sans doute une flexibilité plus grande comme cela se voit dans la structure de beaucoup de tiges de lianes, par exemple dans une Aristoloche à péricycle fibreux séparé du cylindre central par un tissu mou. [Fest à supposer que cette structure donne à ces menus végétaux, sollicités parfois par le poids de Peau de pluie absorbée par les feuilles, imbriquées comme celles d’un Sphagnum, ou sollicités, dans les lieux découverts, par le vent qui secoue les branches ou par tout autre cause mécanique, la résistance à une traction longi- tudinale qui pourrait amener à la rupture de la tige mince. Nos expé- riences montrent que des échantillons d’herbier mis dans Peau pompent Fig. 95. — A : section dans la tige du Tillandsia polytrichioides. On voit au centre les faisceaux englobés dans des bandes de sclérenchyme: dans l'écorce, neuf racines, à écorce scléreuse, en noir; B : Tillandsia pseudo- stricta nob. — cylindre central avec nombreux faisceaux et racines corti- cales. (Dessin de W. V.) jusqu'à six fois leur poids de ce liquide, à la facon des mousses citées. L'expérience nous apprend que ces câbles en miniature supportent un poids de 950 gr. par tige renforcée de trois racines. Dans l’une, qui ne possédait qu'un seul câble radicellaire, la rupture s'est faite à 910 gr.:; à six ou sept racines, il faut déjà un poids de 1850 gr. Ceci équivaut par millimètre à une résistance qui est égale au tiers des meilleures fibres. Mais on doit songer à ceci que jamais ces petites plantes n'ont à subir des tractions aussi grandes. D'ailleurs, par leur mode de fixation au moyen de racines prenantes, ces pelites Broméliacées épiphytes résistent déjà à la base de leur tige, à une traction de 590 gr. (tige à trois racines). Remarquons en outre que les tiges du T. polylrichioides sont nette- ment mycorhizées; le champignon symbiotique (?) envahit toute la (128) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 235 périphérie de lécorce, mais sans y former les pelotes caractéristiques qu'on observe dans le parenchyme des racines d'Orchidées. Les hyphes enveloppent également les racines corticales el avancent jusqu’au pourtour de leur cylindre central. Nous mavons cependant pas observé de mycorhizes dans le cylindre de la tige au dedans des fibres qui en constituent la majeure partie. Les éléments conducteurs y sont normaux, sans oblitération ; dans Pécorce, un grand nombre de cellules à raphides ont leur paroi interne cutinisée. À quoi peuvent servir les champignons qui vivent ainsi en symbiontes dans ces parenchymes. C'est ce que nous ignorons, car il ne peut S'agir ici d’un cas semblable Fig. 96. — Tillandsia rupestris var. pendens Chod. et Vischer. — On voit la base de la tige désorganisée par la sortie des racines corticales qui vont s’étaler en crampons. (Dessin de R, C.) à celui des Orchidées où la germination nécessite la présence de ces champignons. Dans les formes fixées, même chez les grosses espèces étudiées par nous au Paraguay, les T. Lorenttiana Griseb. et le T. pseudo-stricla Chod. et Vischer, (fig. 95 B), T. rupestris Mez var. pendens, on trouve déjà ces racines très près du sommet de la tige; elles descen- dent dans l’écorce plus ou moins parallèlement ou avec quelques sinuosités, puis, celles qui ont atteint la base sortent perpendiculai- rement en suivant la surface du tronc ou de la branche, isolées ou en faisceau enroulé et en développant ici et là, des disques d'adhésion. Ainsi se constituent des griffes ou des crampons. Les plus curieux sont ceux du Ÿ. rupestris Mez Var. pendens nob. où rapidement le faisceau des racines sous-corticales s'étale, au sortir, en un disque qui retient la grosse plante contre la surface lisse du rocher (v. fig. 96). 230 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (129) Il n'est pas inutile de faire remarquer que ce mode de renforcement du evlindre central caulinaire est isolé dans la nature actuelle. Mais chez les Marattiacées et chez les fougères fossiles connues sous le nom de Psaronius?, on a décrit une structure analogue mais qui, évidemment, sert chez ces plantes aux deux fonctions de soutien el de conduction de l’eau. Chez ces Psaronius, autour dun evlindre central cavlinaire Fig. 97. — Kection dans un Psaronius Renaulfii. On voit les étoiles des xylèmes centripètes et chaque racine entourée par une écorce sclérenchymateuse (Collec- tion Institut botanique. Genève, n° 133). hot. W. V) peu développé se groupaient, dans une écorce parenchymateuse, un erand nombre de racines cheminant parallèlement et confondant leur surface radiculaire avec les parenchymes corticaux (fig. 97). Cest un arrangement très distinet de celui qu'on observe dans les Fougères arborescentes où, à la surface du tronc, descendent des racines adven- Lives. La comparaison d'une section de tige de Tillandsia fixée avec eclle dun Psaronius est significative. on y voit le même principe mécanique. Aulant que nous avons pu nous en assurer, ce mode de renforcement de la valeur mécanique de la lige se retrouve chez toutes les espèces *® Scorr, Fossil Botany, 2e éd. (1900), 273. Zærrrer, Eléments de Paléobotanique, (1900) 119. BERTRAND, Paul, Progressus Rei botanicæ, 4 (1913) 287-988. NOLMS-LAUBACH, H., Graf zu, in Zeifschr. f. Bot. 111 (1911) 752-754. (130) Re CHODAD LAS NÉGÉDATION DU PARAGUAY 2] épiphyles, caulescentes. Cependant, ces racines corticales manquent habiltuellemeut au #. Duralir Vis., espèce qui n'est pas suspendue. mais simplement posée où accrochée aux branches. Des racines existent dans les plantules et persistent même à la base du trone dans les grosses plantes ; mais elles my atteignent qu'une faible dimension (2-3 cm.) : elles sont dailleurs sans fonction à ce moment. On a déjà attiré laltention du lecteur sur le mode dattache du 7. Duralii Vis. qui s'accroche par ses feuilles enroulées en crochel:; il arrive aussi très souvent que les gros exemplaires de celle espèce sont soulevés par les échasses foliaires, é’est-à-dire par les feullles les plus inférieures qui, enroulées en queue de scorpion à leur extrémité, sont finalement défléchies par une courbure brusque de leur base près de la gaine. On sait que le Téllandsia le plus répandu en Amérique, le T.usneoides qui se dissémine, soit par ses semences plumeuses, soit par des tron- cons de ses tiges en sympodes qui pendent des branches des arbres en longues chevelures comme chez nous les Alecloria jubala, dans les Sapinières montagnardes, ne développe ordinairement pas (cfr. fig. 80) de racines persistantes et ne accroche que par ses rameaux ou ses feuilles recourbées en crochel. Son cordon axile caulinaire présente une adaptation comparable à celle de ces racines cables, en ce qu'il a aussi concentration du Système mécanique comime dans une racine isolée cheminant dans Pécorce du 7: polylrichioides KE. Morr. Le système conducteur est d'ailleurs complétement oblitéré. Mais tout ceci (T°. usneoides L.) est connu depuis SCITIMPER. Nous avons pu nous assurer que cetle fonction cable est développée chez la plupart des espèces de même biologie, même en dehors di Paraguay, par exemple dans le T. Benthamiana K\. var. Andrieuxi Mez (Andrieux n. 98) épiphyle au Mexique sur les Quereus el dans le T. plumosa Baker de la même région. Chez les singuliers Tillandsia /T. rupestris Mez, T. arhièa Mez) qui vivent en société formant des gazons durs intercalés entre les pierres et que parfois les violentes tempêtes emportent, ne montrentextérieu- rement, comme le nom de Pune de ces espèces lindique, aucune trace de racines; on peul faire beaucoup de sections transversales dans Ta lige allongée de quinze à trente centimètres sans jamais en rencontrer sous le rasoir. Cependant, ici et à, mais très rarement, on en rencontre une isolée dans l'écorce. On voit done ici comment un caractère manifesté chez les espèces caulescentes, devient latenl selon Îles circonstances. 238 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (131) Ces deux espèces arhizes sont longuement caulescentes, leur tige étant enveloppée par les gaines foliaires, tandis que de cette gaine part un limbe qui devient de plus en plus canaliculé et subfiliforme. Chez le T. arhiza Mez des éboulis d’Acahay, forme parallèle du T. rupestris Mez des éboulis du Cerro San Tomas, ces feuilles sont finalement recourbées au somimet, Pindument fauve et lPinflorescence ramifiée en éventail. Ce sont évidemment deux espèces élémentaires vicariantes séparées par une distance de trente kilometres. Dans l’éboulement d’essexites près du Cerro San Tomas, dont il à déjà été parlé à plusieurs reprises, on voit que, sur les pentes verti- cales, des gros blocs granitoïdes sont fixés des Tillandsia de grandeur Fig. 9S. — Tillandsia arhiza Mez. — Poil vu du sommet; on voit le disque central et les cel- lules marginales (cfr.-fig. 99. Section transver- sale) (Dessin de R. C) variable, les uns gros comme une petite pelote, les autres atteignant plus de vingt centimètres de longueur. Elles sont fixées à la surface du rocher par un disque d'adhésion formé par quelques racines sorties de la base de la Lige qui est suspendue et dont le géotropisme affaibli ne se marque que par le relèvement de l'axe feuillé et une légère flexion des feuilles (fig. 92 et 96). À lexamen, cette plante, excessivement abondante dans cette station, se montre être une variété épilithe du 1. rupestris Mez. La couleur, Pindument,; la forme des feuilles et le mode dattache des limbes aux gaines, les inflorescences, tout indique une parentée excessivement rapprochée, peut-être une identité spéci- fique. Mais, comme nous n'avons pu expérimenter, nous ne savons si (132) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 239 le T. rupestris gazonnant peut donner naissance à des plantes capables de s'attacher aux parois rocheuses. Provisoirement, nous nommons cette plante 7. rupestris Mez. var. pendens Chod. et Vischer. Nous ne lavons pas retrouvée au Cerro d'Acahay dans les mêmes conditions. Ici elle est remplacée par une espèce d’un autre groupe le 7. pseudo-stricta Chod. et Vischer, une plante voisine du 7. dian- thoides Rossi, mais beaucoup plus robuste que cette dernière et à capsules deux fois plus courtes. Elle montre dans sa tige un ensemble de racines cables qui finissent par sortir à la base et se comportent comme celles de Pespèce suivante. Il en est de même du 7. Lorentsiana Griseb. qui orne les pentes rocheuses du morne de grès du Cerro Tomas, au-dessous des maquis Fig. 99. — Tillandsia arhiza Mez. — Section de la feuille avec poil, dans l’eau (cfr. fig. 98) (Dessin de R. C. de Salacia où de Copaifera el des Caraguataies de Bromelia Serra el de Dykia floribunda Gris. On voit sur la photographie ces gazons aériens suspendus sur Pabime (fig. 87). Il résulte bien de tout ceci que, si dans les Tillandsia des racines crampons se forment, leur valeur comme appareil d'absorption pour el Peau est nul; cependant, les deux espèces citées, très abondantes, vigoureuses dans leurs stations, fleurissentet fructiftientabondammment On sait depuis SCHIMPER ! que cette eau est prise par Pindument spécial qui couvre les feuilles de ces espèces épiphytes. Eludiés plus lard par Mez?, ces trichomes se sont révélés constituer comme des 1 ScHIMPER, A-W. Die epiphyte Vegetation Amerikas. Biol. Mitteil. aus den Tropen. Iena (1888). SCHIMPER, A.-W. Epiphyten Westindiens, Bot. C. B. XVIII (188%) 320. ? Mez, C. Die Wasserœkonomie der extremen Tillandsieen in /a«hrbüch. f. awiss. Bot. XL (190%) 157. 240 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (133) pompes qui fonctionnent de la manière suivante. Chaque poil comprend une portion basilaire enchassée dans une espèce de puits épidermique et formé par quelques cellules (v. fig. 100, ete.); la tête du poil comprend tout d’abord une cellule centrale en dôme el un couvercle unisérié. Les cellules du couvercle sont mortes; leur membrane externe épaissie peut, en présence de Peau gonfler beaucoup, ce qui tend à entrainer le couverele vers Pextérieur en redressant Îles anticlines ce qui produit une suecion; Peau de ces cellules pénètre par osmose dans la cellule dôme et de à, dans la file des cellules du pied. Nos observations nous ont montré que chez les espèces paraguayennes comme le 7. Lorentziana Griseb., le T, rupestris Mez, le T. Durati Vis, le T'.usneoides L., la pénétration de Peau se fait par là troisième rangée Fig. 100. — Tillandsia arhiza Mez. — Poil et insertion sur le limbe foliaire: voir la grosse ponctuation cellulosique de la péricline interne de la cellule centrale et les ponctuations des cellules du pédicule. (Dessin de R. C. de cellules à partir du dôme; on voit en effet du côté inférieur Pamincissement par lequel la pénétration est facilitée. (fig. 99, 100, 102). Mez el son élève TierzE prétendent que les cellules du pied sont toujours cutisinées; ceci rendrait le passage de Peau de la cellule dôme au mésophylle foliaire difficile. En réalité, la cutine qui imprègne tout Pépiderme el qui envahit le puits épidermique dans lequel est enchassé le poil el les parois externes du pied du trichome lui-même, fait défaut aux membranes minces qui fonctionnent comme périclines du pied. Cela se voit bien en colorant de bonnes sections passant par Paxe du poil el suffisamment minces,-au moyen du réactif genevois Trere, Entwickl. der Wasseraufnehmenden Bromel. Trichome. Thèse,Halle (1906 . Mez, 1. €. 229: En deux mois un petit T. recurvata L. perd pour une surface de 355 mm°, 46,06 mgr. d’eau, elle absorbe par ses poils 7 20 mer. en 205’ ce qui suffit pour couvrir sa dépense de transpiration pendant 38 heures. (134) R. CHODAD. LA VÉGÉDATION DU PARAGUAY 214 (Rouge congo-chrysoïdine). Les membranes cutinisées sont en jaune- d'or magnifique, el les diaphragimes cellulosiques en rose-rouge. Comine Pa déjà bien vu Mez, le couvercle m'est pas cutinisé. Nous venons de dire qu'il y & une grande uniformité dans la constitution de ces poils chez les Tillandsia. NN était intéressant de constater que dans la grosse espece fixée dAcahay le 7. pseudo-stricta nob. on observe la modification suivante : Les cellules externes du couvercle ont non seulement leur péricline externe gélifiable mais leur péricline interne est aussi épaissie ; la communication facile entre Peau el le poil se fait rapidement par la cellule immédiatement contigue à là cellule dôme, c’est-à-dire par la plus interne (fig. 10P). Fig. 101. — Tillandsia pseudo-stricta nob. — Section du poil et épi- derme, dans leau: 2 et 3 : après contraction par l'alcool. (Dessin de R. C. Ainsi la dépense de transpiration qui est d'ailleurs faible chez les Tillandsia est couverte par Pabsorption par les poils: il Sagil, en règle générale, surtout de la rosée si abondante pendant les nuits fraiches et claires (V. pag. 9), mais il va sans dire que la pluie esl absorbée de la mème manière. Tout le système pileux constitué par les écailles des Tllandsia, qui, par la sécheresse fonctionne comme indument protecteur, sert aussi, à la facon du voile des racines des Orchidées épiphytes, comme appareil collecteur des. poussières ce qui fournit les matières minérales. Ces poils eLles espaces capillaires qui les séparent de lépiderme. sont lasile de beaucoup d'algues épiphylles, Protococcacées el Pleurococcacées (Slichococcus, Cllorelle, Coccomyxa). En ceci, les Tillandsia, comme à autres points de vue, Se comportent comme les lichens fruticuleux des genres Cladonia, 242 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (135) Usnea, Alecloria de nos montagnes où comme les Sphaignes qui héber- sent aussi à leur surface tout un cortège d'algues épiphyiles! On concoit dés lors que la structure anatomique foliaire*? des Tillandsia réponde à ce mode particulier de nutrition. Soit dans la tige, soit dans les feuilles, le système conducteur pour l'eau, déjà peu déve- loppé dans la plante jeune, si on le compare à celui des Broméliacées non épiphytes, est oblitéré plus lard par là production d’une gomme qui remplit finalement les trachées. En section longitudinale, on voit celte gommification procéder de la paroi de Phydrocyte ; finalement fa circulation est interrompue. Le liber lui-même est gommifié même avant les vaisseaux (T°. rupestris Mez, T. Lorentsiana Griseb., T. pseudo- slriela nob., F. Duralii Vis.) On a depuis longtemps décrit certaines particularités de x structure anatomique des Broméliacées: c'est ainsi qu'on sait que Pépiderme aplati à la péricline interne de ses cellules épaissie et fortement culinisée et que dans ses cellules il v à presque constamment un corps siliceux. Cette structure se fait aussi remarquer chez les l'illandsia. Les Slomates + sont rares. Chez le T. rupestris Mez on n'en trouve guère que 3-4 par mm?, alors que chez les espèces moins xérophytes ils sont abondants. Les stomates sont en général enfoncés leur cellule de bordure est, en section niédiane, à parois épaisses: lv à des dilatations polaires, un peu du Evpe des Graminées. À ces cellules de bordure, sont adjointes deux cellules annexes parallèles à lostiole qui descendent bien au-dessous de la cellule de bordure. LINSBAUER corrigeant une erreur de MEZ à montré avec raison que ces cellules appartiennent réellement à lépiderme ; nos figures montrent que ces cellules annexes se prolongent de-manière à former là charnière vers la surface. Le mouvement de ces cellules de bordure se fail vrai- 1 CHopar, R.. Monographies d'algues en culture pure. Berne (1913) in Matériaux pour la flore cryptogamique suisse. IV (1913). ? Voir sur la structure anatomique des Broméliacées : DE Bary, Vegetationsorgane. (beaucoup de citations relatives aux tissus aquifères, lacuneux et mécaniques), p. 35, 50, 67, 123, 149, 221, 497. Mez, Monographie in €. DC, suites au Prodrome IX (1896). KBILINE, E.. Mile, Revue: gén’rale de botanique, Paris XXVII (1915) 77. Cet auteur semble ignorer les travaux de Mez. HABERLANDT, G. Zur Kenntniss des Spaltüffnungsapparates. Flora (1887) 6, 70, 97. CEDERWALL, E. V., Anatomisk-fysiologiska nndersokningar ofver bladet hos Bromeliacerna, Goteborge (1884. RICHIER, P.. Die Bromeliaceen, vergleich. anatom. hetrachtet. Dissert. Berlin (1891). BITENINGS, K.-H.. Study of the Tillandsia usneoides L. Bot. Gazette (1904). LIiXSBAUER, K., Zur phvsiolog. Anat. der Epidermis u. d. Durchlüftungssystem. der Bromeliaceen. in Sitzunsberichte der K. K. Akad. d. Wiss. Wien, mathem. Klasse CXXAAIIL): HaABERLANDT, Physiol. PfIz. anatom. III. Ed. (1914) 113. fie. 32. (136) R. CHODAT. LA NMÉGÉTATION DU PARAGUAY 243 semblablement selon le principe bien connu des Graminées. Parfois, comme dans le Ÿ. Duralii Vis., des cellules hypodermiques qui simulent des cellules annexes poussent un diverticule du côté de la chambre sous-stomatique ce qui la diminue (fig. 103). On sait d'autre part que chez beaucoup de Broméliacées il se fait dans la feuille une différenciation anatomique comprenant: 4° un lissu aquifère formé de cellules de Phypoderme ou du mésophylle mullipliées et construites à la facon des épidermes de Pipéracées épiphytes. Mais tandis que chez ces dernières le Lissu chlorophyilien est palissadique, ici les palissades manquent. Le Tissu vert qui communique avec les stomates de la face inférieure, par des méats ou Fig. 102. — Tillandsia Lorentziana Gris. — Poil. (Dessin de R. C.) par des lacunes, est disposé en séries perpendiculaires à la surface et interrompu par des bandes scléreuses ou aquifères. Les faisceaux qui sont en séries linéaires, dans le milieu de la feuille, sont également entourés de chlorenchyme. Chez beaucoup d'espèces, el surtout chez les espèces à réservoirs, dont la base de la feuille est dilatée en citerne, el dans laquelle séjourne Peau de pluie, il existe entre les faisceaux des groupes de tissu lacuneux, aux cellules éloilées, du Lype des plantes aquatiques où de marécage. Dans les Tillandsia, le tissu aquifère qui ne fait pas défaut, est tantôt du côté supérieur, lantôt du côté inférieur ; ses cellules sont isodiamétriques el ceci fait que sur la section le parenchyme foliaire paraît peu différencié (fig. 104). Le lissu lacuneux à cellules étoilées fait presque complètement défaut. 241 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (137) Ajoutons, et celle observation est intéressante, que Poblitéralion des vaisseaux qui est si caractéristque pour les Liges et les feuilles dans les espèces à xérophylie extrême, ne se fait que très tardivement dans là hampe florale du T. rupestris Mez. Pendant la floraison, les hydrocytes sont encore actifs, ils amènent aux appareils peu protégés Peau el les sels nécessaires. Mais avec la fructification, la hampe à son tour modifie Fig. 103. — Tillandsia Duratii. — A : Stomate avec cellules annexes ; cellules subannexes à proliférations du tvpe Buxus: B : section du stomate, plan polaire transversal. (Dessin de R. C.) sa structure dans lé même sens que les feuilles. Finalement, dans les capsules même se fait, si les semences ne sont pas immédiatement disséminées, là viviparie décrite plus haut. Les Dyckia dont le Paraguay compte 9 espèces peu différentes les unes des autres si ce n’est par la couleur el la grosseur des fleurs, sont des plantes Xérophytes qui vivent souvent méêlées aux autres Fig. 104 — Section dans le limbe de Tillandsia ar- hiza Mez: en blanc. tissu aquifère: en pointillé. le chlorenchyme ; faisceaux. (Dessin de R. C. Broméliacées enracinées, comime les Aechmea polyslachya Mez ou les immenses Promelia. Mais les Dyckia Se rencontrent aussi sur les rochers les plus secs, dont ils utilisent les fentes ef où ils S'enracinent solidement! Dans les éboulis dessexiles du Cerro S. Tomas ou dAcahay, ils voisinent avec les Tillandsia arhizes, les 7. rupestris Mez, TV. arhièa Mez eÙ T. Duralii Vis. Leur apparence est celle de petits 1 cfr. 89 et 90. (138) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 245 Aloe aux feuilles relativement étroites, charnues, lisses eE brillantes à la face supérieure. Ici, le Lissu aquifère Lypique, est 2-3 fois plus épais que le tissu facuneux et palissadique (fig. 105). Des deux côtés de la feuille il v à, au-dessous de lPépiderme, deux à trois couches de cellules sclérifiées ce qui constitue un manteau protecteur culinisé excessivement efficace. Les stomates localisés à la face inférieure sont d'un type assez spécial: les cellules de bordure sont surélevées par rapport aux cellules annexes (fig. 106). De gros poils qui appliquent exactement contre Pépiderme les protègent. Vus de face, ces poils sont orbiculaires. En section transversale, IIS présentent un pied au-dessus duquel sont des cellules à parois relativement minces et cellulosiques, ce sont les cellules centrales; les cellules du disque ont leur anticline interne appiiquée contre lPépiderme el fortement épaissie, mais elle Fig. 105. — Section dans le limbe du Dyckia floribunda. On a marqué en noir le manteau scléreux, en pointillé le chloren- chyime. (Dessin de W. V) est cellulosique, là paroi externe reste mince. Mouillé, ce poil adhere fortement à Pépiderme, il semble que lPabsorption de la rosée se fait par les cellules centrales qui communiquent facilement avec les cellules du pied enchassé dans lépiderme cutinisé, lui-même renforcé par des sciéréides qui manquent sous le poil. On peut done admeltre que Peau estamenée à Pintérieur de la feuille par deux voies, celle des racines et subsidiairement par les poils. D'ailleurs, la cireulation dans ces feuilles est complète, car, soil le bois primaire, soit le fiber sont normaux. La hampe qui s'élève du milieu de celte rosette el qui atteint 1-1,5 m. est à peu près nue; elle se olisse entre les branches des buissons épineux ou des autres Broméliacées comme si elle possédait une espèce de sensibilité au contact; ceei lui donne une apparence sarmenteuse; Pinflorescence un peu ramifiée en candélabre, porte des fleurs tubuleuses jaune-dor 246 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (139) ou rouge-orangé. Ces hampes sont traversées par un système fasciculaire bien développé qui amène rapidement leau el la sève élaborée à Pinflorescence, mais avec Pâge et plus particulièrement avec la maturité, après la fécondation, il se développe un système scléreux qui, en anneau, confond les faisceaux, déjà enveloppés chacun par une gaine mécanique, de telle manière qu'il se forme un espèce de cylindre analogue dans ses fonctions de résistance ou sa flexibilité à ces liges élastiques où se développent des éléments conducteurs internes renforcés par une gaine mécanique générale plus où moins péricyelique (fig. 107). Cette structure en ressort métallique » estsurtout efficace à la maturité, lorsque les capsules dressées, à moitié ouvertes Fig, 106. — Section dans la feuille du Dyckia floribunda (face): manteau scléreux à la périphérie ; stomates sclereux surélevés (Dessin de W. V) et remplies de semences ailées, attendent le choc latéral (le vent) qui viendra tendre Parc, puis, par une brusque détente, provoquera, par un choc de retour, la projection des semences hors des capsules. Ce sont d’ailleurs des semences assez lourdes, samaroïdes qui ne seront pas projetées bien loin. On saisit dès lors que ces Pyckia paraguayens n'aient qu'une distribution très localisée. Il a déjà été question plus haut des Caraguataies à Promelia Serra Gris. Puissamment enracinées au pourtour des îlots de forêts, elles s'étendent par le moyen de longs stolons!. Les feuilles, munies de gros piquants sont disposées en rosettes aux pièces un peu divergentes, mais ni dressées, ni arquées vers lextérieur; obliques elles restent raides. À leur face supérieure dépourvue de stomates, il y a au-dessous 1 cfr. fig. 72. (140) ReNCHODAL. MAUNVÉGÉDADIONC DU PARAGUAY 941 de lhypoderme scléreux, tout d’abord un Lissu à pelites cellules puis un tissu aquifère à cellules allongées qui atteint le tiers où la moitié de l'épaisseur du limbe. Vers la face inférieure, il v a alternance de tissu aquifère avec un tissu vert, lacuneux. Cette face est Sillonnée el dans les sillons sont logés les stomales, eux-mêmes protégés par de eros poils du tvpe de ceux des Midularium (Ge. 108). Cette disposition des Broméliacées terrestres où épiphytes qui, par leurs rosettes, constiluent des espèces dentonnoirs à compartiments remplis d’eau, a souvent élé décrite}, mais nous manquons dexpé- riences décisives sur le degré d'absorption de Peau par les bases de ces feuilles. On cite, il est vrai, des expériences anciennes au cours Fig. 107. — Section dans la hampe florale du Dyckia floribunda; en noir, les caines scléreuses des faisceaux. (Dessin de W. V.) desquelles, on aurait, à des Broméliacées de ce type, par exemple Caraguata lingulata, enlevé les racines tandis qu'on aurait rempli les bases foliaires, les citernes, d’eau. Ces plantes restèrent fraiches pendant trois mois et se développérent, tandis que les plantes auxquelles on avait laissé les racines se fanèrent si on arrosail seulement leurs racines sans donner de Peau aux feuilles (cité par GŒBEL dans Pflanzenbiologische Schilderungen (1880) 200-201). De ce Lype nous avons au Paraguay les espèces suivantes énumérées selon l’ordre de leur structure conforme à cette fonction de citernes. ! SCHIMPER, A.-F., Pflanzengeographie (1898) 348. SS = # : TA _ _ CA _— NOT: (dæ ERA ONE AD ES AT = D‘ © d: = Den s PRET = Se = © = ÉE |=ETT — “ee LE = % Q A7 Z De © Qi 7 A sou rh CHE © Éa md à Xe = are = ro, 2” 2 — mn --2-= = DIPSE = CR) = TN A = = & ab) = © - © © = — — = ESE T er 2 2 eee = so, J = s > 3 I = mm Ÿ = CS £ AH = TEE = 2 A f es SN CT me a - > D = = É—_ »- AO —= È D EE a =, a ) hi ee À > q / Ÿ) Sd À e ESS. aa | = ae) QE ---: Le og = CRE en LT = = 248 (149) BH. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY DA) Bromelia Serra Griseb. (incl. PB. Balansæ Mez); Aechmea polystachya Mez; Ananas salivus SehulL. fil. et les espèces épiphytes: Aechmea pulchra Mez el Bilbergia zebrina Lindi.:; B. nutans Wendl.; PB. magnifica Mez. seul PAechmea réalisant complètement le {pe entonnoir habituellement rempli deau. On a, à plusieurs reprises. cité ces dispositifs comme Fig. 109. — Bromelia Serra Gris. — Cryptes stomatiques dans les sillons de la face inférieure de la feuille; voir les poils qui s'étalent par dessus les stomates. (Dessin de R. C.) particuliers à la vie épiphyle ; on \ à signalé Toul une végélalion d'algues, de mousses, dutriculaires et une faune aquatique intéres- santes. Tout cela est inévitable et indique que Peau persiste longtemps dans ces entonnoirs. Mais il faudrait de nouvelles expériences pour décider de ce point, si par putréfaction des matières vivantes qui \ pullulent, il se forme des matières azotées absorbables el réellement assimilées par la Broméliacée. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, N0S 4-5-6 parus le 26 fév. 1917. 17 250 BULLEPIN DE LA SOCIÉDÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (143) En concordance avec ces structures on à signalé la présence de poils en écusson qui seraient plus abondants sur la base élargie de la feuille el qui serviraient d'organes d'absorption. Chez les Broméliacées du Paraguay qui appartiennent à ce L\pe, un épiderme très cutinisé et des cellules hypodermiques, tout aussi protégées, rendent lPabsorption directe de l’eau difficile. Les poils ne suffisent pas pour admettre une Fie. 110. — Bromelia Serra Gris. — Poil de la face inférieure de la feuille ; hypoderme à parois épaisses. (Dessin de R. C.) circulation rapide. L'expérience montre d'ailleurs que l'eau séjourne longtemps dans les citernes ; Pabsorption ne peut se faire que peu à peu. Ces poils paraissent cependant, eux aussi, pouvoir absorber l’eau atmosphérique, mais par un autre mécanisme que ceux des Tillandsia. Fig. 111. — Bromelia Serra Gris. — Stomates non protégés, dans la partie inférieure de la face inférieure. (Dessin de R. C.) Grâce à la disposition en rosettes des grosses feuilles un peu diver- sentes, il S'élablit au centre de ces gros végétaux, entre les gaines, des espèces de citernes lemporaires où Peau de pluie ou de rosée peut Saccumuler. On trouve dans cette région de la feuille du Bromelia Serra les stomates logés non pas au fond des sillons, mais couronnant les arêtes qui se marquent longitudinalement (fig. 111). Cependant, une © ou RE Prale £. LE BROMELIA SERRA AU MOMENT DE LA FLORAISON DANS LE CAMPO DE PARAGUARI Aquarelle de R. Chodat. Pralte LE BROMELIA SERRA AVANT LA FLORAISON DANS LE CAMPO DE TOBATY Aquarelle de R. Chodat. (144) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 254 abondance de poils laineux empêche ces stomates saillants d'être directement mouillés. Le stipe de linflorescence présente aussi des stomates, non pas dans des sillons mais sur la médiane des côtes longi- Ludinales (fig. 112); ici aussi des poils rendent la surface légèrement tomenteuse. Les stomales eux-mêmes sont à cellules de bordure sensiblement construites comme chez une Monocotyledonée mésophyte. C'est au fond de ces roselles assez humides que se développent les Fie. 112. — Bromelia Serra Gris. — Stomate au sommet d’une côte de la hampe florale jeune; poil sur le même organe. (Dessin de KR. C.) grosses inflorescences rutilantes qui plus tard sont Pornement des «Caragualaies » (Planche Let ID. Dans la feuille de PÆchmea polyslachya Mez il est aisé de constater que si dans le limbe, rarement assez mouillé pour pouvoir passer pour un limbe hygrophyte, le tissu lacuneux, qui y est aussi comme dans le limbe du Bromelia Serra Gris. du type des plantes de marécages, esten 239 ULE, E., in Berichte der deutsch. bot. Ges. NIV (1896) 238 et XVIII (1900) 2592 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (445) relation avec les Stomates el fonctionne donc comme aérenchyme vert, dans la gaine souvent remplie d'eau et qui ne possède plus les sillons stomatifères, ce Lissu occupe le centre el v est, entre les faisceaux, constitué par des cellules beaucoup plus nettement étoilées, à longs bras, que dans le reste de la feuille ; on voit donc ici une relation entre la formation d'un parenchyme à cellules étoilées et la présence habituelle de Peau autour de l'organe (fig. 113 et 114). Les feuilles sont au reste couvertes complètement où presque complètement par un indument formé de poils en écusson qui dans leur ensemble simulent un faux > = Fig. 113. — Aechmea polystachya. — Section du limbe. (Dessin de W. V)) épiderme. Par le sec, cel indument étroitement appliqué contre la surface de la feuille et qui lui confère une apparence glauque, vert bleuâtre, comme si ces organes étaient couverts d’une pruine de cire, fonctionnent évidemment comme une couche protectrice (Planche F1). Nous navons jamais constalé Pépiphytie dans cetle espèce; au contraire PA. pulchra Mez est typiquement épiphyte. 11 l'est à la facon des Broméliacées nidulantes, souvent décrites par divers auteurs, à ce point de vue. Si d’une part il est par sa vie épiphyte en apparence moins favorisé que son congénère enraciné dans le sable ou dans les fentes des Ut L'AECHMEA POLYSTACHYA SUR LES ROCHERS DE TOBATY Aquarelle de R. Chodat. este AS ü Fa th DA FRS 1) VA re A j ( ASE TESES No 2 (146) BH. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 953 rochers où 1 peut puiser Peau dans la profondeur, il est, d'autre part, moins directement exposé aux ardeurs du soleil subtropical: sa situation au-dessous de la couronne des arbres le protège dans une certaine mesure contre linsolation excessive. Celle diminution de lumière se traduit par des limbes moins raides, plus incurvés el parfois retombants. Cela a aussi comme corollaire le développement de faisceaux surnumé- raires de fibres qui à une distance à peu près égale dun plan moven ‘dans lequel sont placés les faisceaux libéro-ligneux, viennent assurer à la fois la résistance et la flexibilité connme cela arrive souvent chez des His, 114. — Aechmea polystachya. — Section à la base du limbe. (Dessin de W. V. Monocolvlédones à grandes feuilles linéaires. Mais ici ces paquets de libres n'accompagnent pas des faisceaux libéro-ligneux, ils sont isolés no) Crée Ne I y à chez cette espèce comme chez le Bromelia Serra Gris, un grand développement du tissu aquifère du côté supérieur de la feuille, ce qui assure à cette plante, non seulement un réservoir d'eau, mais lui donne une grande résistance à la traction longitudinale qui Sexerce parallèlement à la surface supérieure, en tension par son propre poids. On remarque aussi un développement considérable du tissu à cellules éloilées entre les faisceaux. La plante est beaucoup moins protégée jar des poils que la précédente ce qui correspond : 1e A un systéme de citernes plus développé. 2 à un système aquifere plus pique, enfin 3°, à sa station plus ombragée. 254 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (141) Dans l'Æchmea pulchra Mez en plus de la situation des feuilles dressées et l'élargissement en citerne de leur base, de leur gaine, nous avons à constater les poils en écusson qui dans la région inondée semblent fonctionner comme organes dabsorption. Ces poils, dont lenracinement dans l’épiderme est celui de ceux des autres Bromé- liacées, possèdent en leur milieu une calotte qui évidemment joue le rôle de couvercle protecteur; elle est extérieurement cutinisée el ses périclines périphériques épaissies. Tout autour de ce cette calotte centrale s'étend une aile plus où moins circulaire; on voit dans la lie. 116 les ailes du poil en section transversale et on constate que ces cellules sont en communication avec lPextérieur par un orifice. Ces cellules restent cellulosiques, leur adhésion à lépiderme, quand elles PR EE an, SS CE e | L . / ie (Ti ete À t Rite VA Ne e & de e e e & un. “ER Fig. 115. — Section transversale dans la feuille de l’Aech- mea pulchra: en noir, les tissus scléreux. Entre les faisceaux, les espaces blancs circonscrits représentent le tissu lacuneux à cellules étoilées. (Dessin de W. V. sont mouillées, est évidente; c'est aussi ce qu'on voit dans les Nidu- larium où cependant le poil manque de calotte centrale. Nous avons pu nous assurer avec quelle facilité ces poils se laissent mouiller et absorbent Ia rosée. Comme les cellules périphériques sont en majeure partie couvertes par un large pore, Pabsorption de Peau peut se faire par capillarité. On remarque aussi dans cette espèce que lhypoderme sclérifié el culinisé se met en communication avec l’épiderme par une série de canalicules orientés et qui probablement facililent Pabsorption des liquides nutritifs. Cette mème structure nous l'avons observée dans la feuille du Nidularium Morrenianum cultivé dans les serres du Jardin botanique de Genève. Mais ouverture des cellules de laile du poil ny est pas aussi certaine. On remarque aussi au-dessous du poil les cellules de passage avec leurs multiples ponctuations (fig. 147). (L4S) R: CHODAT. A MÉGÉTAMION DU PARAGUAX 29e Art) Il y à au Paraguay des végétaux qui présentent une intéressante convergence morphologique vers les Broméliacées à citernes, nous voulons parler des £ryngium monocotvloïdes comme Æ£. floribundum Chamn., Æ£. panniculalum Cavan. Ce sont des espèces des campos humides où simplement des campos qui peuvent être très mouillés une partie de l'année; leurs feuilles groupées en grandes roseltes les font prendre de loin pour de grandes Broméliacées et plus particulièrement leur donnent une apparence de Bromelia Serra Griseb. Nous avons eu l’occasion dexaminer en plein campo see, le cœur de plusieurs de ces Eryngium panniculalum ; nous les avons trouvés remplis d’eau (Giles vrai) après la pluie, retenue entre les bases des feuilles comme dans les citernes dun Bromelia où dun Aechmea. L'anatomie de F£. Fig. 116. — Aechmea pulchra. — Section dans la feuille: on voit le poil enchâssé dans une fosse épidermique et communiquant par des ponctuations larges avec le mésophyile ; il y à, dans la région médiane du poil, épaississement de la péricline externe (en blanc), tandis que les marges ont des cellules communiquant avec l'extérieur par un large pore ou un orifice. — Voir aussi les canalicules dans les parois cutinisées (en noir) des cellules de l’hypoderme. (Dessin de W. V. panniculalum Cavan. montre une structure qui rappelle excessivement celle des Broméliacées nidulantes par le grand développement du système lacuneux à cellules étoilées; ce tissu occupe Pespace entre les faisceaux (fig. 120); ce dernier est réuni à Pépiderme par un selérenchyme selon le type des Monocotyledonées (fig. 118). Dans PÆ. floribundum Cham. qui a des feuilles plus grandes, plus nidulantes encore, il y à de véritables lacunes schizogènes, vastes espaces, séparés par des diaphragmes qu'on voit déjà de Fextérieur de là feuille. Tout au contraire chez les espèces dont les feuilles ne constituent pas des nids où peut s’'accumuler Peau, par exemple P£. Sanguisorba Cham., VÆ, pristis Cham. et Schechtd., mais qui par ailleurs ont encore 256 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈNE (149) le port de Monocotylédonées, le mésophylle est lacuneux comme dans les feuilles ordinaires: les cellules {vpiquement étoilées comme on Îles voit chez Juncus, Sparganium elles Broméliacées décriles manquent Lotalement (fig. 119). Nous en concluons que dans ces deux Evpes de plantes à feuilles disposées en rosetles nidulantes el finalement en espèces de citernes, les lacunes à cellules étoilées du parenchyme foliaire sont bien une disposition qui répond à une biologie de plantes plus où moins sub- mergées. On retrouve, mais d'une maniere très atténuée, dans le centre du limbe de quelques Pillandsia paraguavens, entre les faisceaux Fig. 117. - Section transversale dans la feuille du Nidularium Morrenianum : on voit le poil sans calotte se mettre en communication avec l'exterieur par des périclines minces: voir aussi l& communication entre la base du pédicule du poil avec les cellules sous-jacentes, par des ponctuations: voir aussi les canalicules radiaires dans les périclines de l’hypoderme. (Dessin de W. V) un issu lacuneux éloilé rudimentaire. Ceci indique une tendance générale des Broméliacées, mais aussi que les Tillandsia qui prennent leur eau par la surface foliaire sont aussi, dans une certaine mesure, du mème {vpe biologique submergé. En Suisse, nous avons une plante qui, dans une certaine mesure rappelle les Broméliacées à citernes, c'est le Dispacus silvestris Huds- qui, au mois de Mai el de Juin, accumule beaucoup d’eau dans les poches formées par les bases connées de ses feuilles opposées: Sans entrer dans le détail de la Signification biologique de ces réservoirs, où pourrissent de nombreux petits animaux, nous constatons que, ainsi qu'on pouvait le Supposer, le tissu de la feuille, dans la région qui est (190) RCSCHODAD LA VÉGÉDANION, DU PARAGUAN 251 inondée par Peau des réservoirs, présente une structure de plante aquatique à cellules laissant entre elles de grandes lacunes (v. fig. 12D), andis que dans le limbe, ces lacunes immenses disparaissent el le mésophyile lacuneux v est du type habituel. Il S'en faut de beaucoup que nous ayons épuisé Phistoire biologique des Broméliacées paraguavennes. FF nous aurait fallu citer encore le mode de vie des Billberqia, des Vriesea, des Acanthostachys, mais nos observations personnelles Sur ces genres sont trop fragmentaires. Les espèces de &es genres seront citées à Poccasion de Pénumération des formes qui contribuent à donner le faciès à certaines formations. De toutes les espèces paraguavennes, celle qui à la plus grande extension est le Tillandsia usneoides L., c'est-à-dire celle qui est la Fig. 11$S. — Eryngium pannicuiatum Cham. — Section trans- versale dans le limbe: en noir le tissu mécanique qui en systèmes de T réunit les faisceaux aux épidermes. (Dessin de W. V) plus éloignée comme structure végélalive du gros des Broméliacées. En effet, ici les racines font lolalement défaut. À fa germination, les quelques racines qui apparaissent mwontle plus souvent qu'une existence éphémere (cfr. fig. 80). Plus tard il ne S'en forme plus. ny a plus mème de racines crampons ni de racines corlicales comme celle dont nous avons décrit la fonction dans les petites espèces épiphyles. D'ailleurs, la mulliplication $v fait essentiellement par voie végélative : des Lroncons, des sympodes Sont emportés par le vent el accroches aux végélaux ligneux. Cette espèce S'élend comme épiphyte, de la Caroline, la Virginie, le Texas où elle S'associe parfois comme dans les formations de Quercus vérginiana à VÜsnea barbala forme de Hichen convergente, où comme en Floride sur les Nyssa el les Tarodion distichuon, Yes Magnolia eU les ! HARSHBERGER. J, W, Phvtogeographie Survey of N. Amer. (1911) 438 in ÆNGr. 1. DRüDE -Vegetation der Erde XIII. 258 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (191) Sabals des grands marécages où elle accompagne un autre épiphyte paraguayen, le Polypodium incanum. Elle se rencontre ailleurs aussi dans les formations plus xérophytes (Prairie forest formation (E c. 452). Des Etats-Unis, elle passe aux Antilles, à PAmérique centrale, au Venezuela, au Pérou et par le Brésil et la Bolivie, au Paraguay, à l'Argentine el finalement au Chili. Au Paraguay, elle n’est abondante qu'au Sud du pays, dans la région des marécages ? où elle est représentée par deux formes /. {iiformis André el /. ferruginea André. Fig. 119. — Eryngium sanguisorba Cham. — Section transversale du limbe. (Dessin de W. V.) Le T. recurvata L. (Cnop. et ViscuER, n° 99, Ypoa, n° 100 Acahay), espece fixée et plus robuste, à une distribution presque aussi étendue ; elle va de l'Argentine au Mexique, mais c’est une plante de stations plus nettement Xérophytes comme à la Sierra Madre dans la Basse Californie où les chènes [Quercus californica) Sont garnis de cel épi- phyle où dans le. désert de Chihuahuan, dans les formations Chaparal où le Prosopis juliflora se trouve comme dans nos formations chacoennes avec des Acacias et des Cactacées. Aux Antilles cette espèce occupe les mêmes stations. * Commune dans quelques parties du Pilcomayo (Chaco), d’après MoRoNG, I. c. 238, 2e); ® &S os FOI É Fig. 120. — Eryngium panniculatum Cavan. Section transver- sale à travers le limbe, à la base inondée: voir des deux côtés le tissu de soutien, le mésophylle lacuneux à cellules étoiles. (Dessin de W. V,) 260 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (53) La distribution du T. loliacea Maïrt., (Coop. el ViscH., n° 102, Salado Ypacarai, n° 102 bis, Cerrito) est déjà moins étendue ; nous Pavons vu envahir les abords des forêts Xérophytes du Paraguay et S'implanter sur Lout espèces de végétaux. Elle va de Bahia par le Matto-Grosso, au Pérou et à la Bolivie, el d'ici par le Chaco au Paraguay, à lPArgen- Line et à PUruguav. Elle parait un peu plus répandue que le FT. poly- trichioides E. Morr (Chodat et Vischer. n° 103 Salado, n° 93 Trinidad), qui ne parail pas dépasser la latitude de Rio au N. et devient plus abondante du Paraguay à PArgentine. Une autre petite espece, cepen- dant plus robuste que les précédentes, le 7. pulehella Hook. (CHODAT Fig. 121. — Dipsacus sylvester Iluds. — A. Tissu lacuneux du méso- phvlle des citernes (gaines connées). — B. Tissu lacuneux du méso- phylle foliaire. limbe, au même erossissement. (Dessin de W,. V.) et VISCHER, Salado n° 132 a) Sélend, avec ses variétés, des Antilles aux Guyanes, au Brésil. à la Bolivie et descend jusqu'aux Missions argentines. Le T. stricla Sol. à presque la même distribution mais n'arrive pas jusqu'aux Antilles. On peut done considérer ces espèces précédentes comme de grande extension el à géographie botanique sensiblement parallèle: T. usne- oides L., T. recurvala L., T. loliacea Mart., T. polytrichioides E. Morr., l. pulchella Hook. Les autres Tillandsiæ Sont des espèces plus robustes, Pune d'origine brésilienne (Minas, Goyaz, Bolivie, Paragua\) alleint ici sa limite australe. C'est le robuste 7. streplocarpa Bak. qui (154) R. CHODAT. LA MÉGÉTATION DU PARAGUAY 2641 S'établit bien haut dans les arbres en SV fixant soil par ses racines, soil par ses feuilles crampons. Enfin, les Suivantes appartiennent à {a flore paraguayvenne occidentale, ce Sont le grand T. Huralir Nis. (Chodat et Vischer n. 107, Tobatv), espèce arhize qui S'accroche ou se suspend aux branches par ses feuilles crampons, répandu de la Bolivie à PÜruguay, puis les T. Lorentsiana Gris. (Chodal et Vischer 94, Cerro San Tomas) el 7. didislicha Bak. (Bolivie, Argentine, Paraguay) el finalement le 7. dianthoides Rossi (Chodal et Vischer n° 106, Mbaei près de Primavera), dont Paire est encore plus méridionale (Monte- video, Tucuman, Paraguay, Ypoa). Trois espèces paraissent strictement endémiques, ce sont les espèces rupicoles des éboulements du Cerro San Tomas et d'Acahay : le 7. pseudo-stricla nob. (Chodat el Vischer n° 10%, Sierra Acahay), espèce fixée par d’abondantes racines crampons, le T. rupestris Mez (Chod. et Vischer n° 9%, Sierra San Tomas) et le T. arhiza Mez (Balansa n° 4747, Acahay). La première appartient au eroupe du T. dianthoides Rossi, el les deux dernières sont d'un Lype endémique très particulier. Tous ces Tillandsia sont des végétaux héliophiles des bois xérophytes, des savannes ou des rochers. Aucun nest réellement sylvatique, si ce n’est le T. usneoides qui apparait parfois sur fa marge des forêts humides. Les espèces sylvaliques proprement dites sont Pilbergia Bonplan- diana Gaw.(Sapucay, Chod. et Vischer n°90), le grand #. +ebrina Lindi. (Caacupé, Chod. et Vischer n°130), B. magnijica Mez (Nguazu), espèces épiphytes sur les troncs pourris, à feuilles peu raides, retombantes, à inflorescence penchée ou pendante. Le #. nulans Wendl. (Chod. et Vischer n° 92) est une espèce come mune dans les rochers du Gerro San Tomas. Les VPriesea lucumanensis Mez et V. glutinosa NWawra Sont de grands épiphytes des collines rocheuses du Cerro S. Tomas et du Cerro d’Acahaÿ où elles sont abondantes. Parmi les espèces sylvatiques, 1 faut placer l’épiphyte Aechmea pulchra Mez (Chod. et Vischer n° 9$, Valenzuela), plante du Brésil central et du Paraguay central, el surtout la Broméliacée typique des forêts paraguayennes PAnanas salirus Sechult. Les suivantes sont des végétaux de campos de sables ou de rochers. L’Aechmea polystachya Mez (Chod. et Vischer n° 96, Concepcion, Tobaly } (inclus. Aechmea distichantha auct. non Lem.), plante qui va des montagnes de Rio de Janeiro à la Bolivie et à l'Argentine du N. Elle parait susceptible d'occuper des terrains très variés. 262 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (195) Entin, le Hromelia Serra Griseb. (Chod. el Visch. n. 182, Paraguari) que Mez, met dans un autre sous genre (Karalas) que son plus proche parent, le 2. Balansæ Mez. (Eubromelia Mez.), espèces à la fois voisines d'espèces brésiliennes et des Antilles (8. Serra) où despèces comme le #. fastuosa Lindi. (Pérou, Rio, Rio Grande) et le P. Regnellii Mez de Minas et de St-Paul, parait être non seulement la plus abondante el la plus caractéristique, mais aussi un véritable endémisme paranéen. Quantau singulier Acanthostachys strobilacea K1. (CHopar et VISCHER ne 109) que nous avons observé dans le haut Parana, à Puerto-Berloni, Fig. 122. — Tillandsia pseudo-stricta Chod. et Vischer. — 1: Pistil mûr, on voit l'indépendance des styles; 2: sépales glumacés, on voit l’antérieur libre jusqu'à la base; 3: sépale antérieur: 4 : sépales postérieurs. (Dessin de W. V.) c’est une espèce du Brésil méridional (Rio de Janeiro-St-Paul) qui parait avoir ici sa limite australe. On le voit, les espèces endémiques sont daffinilés argentines. Il nous reste à énumérer les Dyckit représentés par cinq espèces endémiques; là plus répandue, le D. Jloribunda Griseb. (CHODAT et ViscHER n° 97 et 131) que nous avons rencontrée en plusieurs stations, Tobaly, Yagui, Cerro Tomas, Acahay, est remplacée par des espèces parallèles, à la Cordillière d'Altos par le D. Hassleri Mez, à lYacan- Guazu par le D. conspieua Mez, dans la Cordillière de Villa-Rica par le 1). microcalix Bak. (196) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 263 De toutes les Broméliacées paraguavyennes, se sont les Pyckia qui on la dissémination la moins facilitée. Les Tillandsia ont des Semences à aigrettes ou des chaînes propagules (plantules vivipares), les Bromelia, Ananas et Aechmea des fruits charnus qui attirent les frugivores. Malgré les hautes hampes un peu sarmenteuses et les capsules élastiquement portées par des pédoneules flexibles, les semences ailées, lourdes des Pyckia, ne doivent pas pouvoir être transportées bien loin. En outre, leur vie dans les fentes des rochers ne leur permet pas une grande extension en dehors de leurs stations habituelles. Tout cela contribue à maintenir dans le Paraguay central des espèces élémentaires vicariantes en des stations peu éloignées les unes des autres (Fobaty, Cerros du Paraguay, C. d'Acahay, C. de Villa-Rica, ete). Kio. 123. — Tillandsia pseudo-stricta Chod. et Vischer. — 1 : capsule; 2: semence; 3 et 4: semence en dissémination. (Dessin de W. V.) Tillandsia pseudo-stricta Chod. el Vischer nov. spec. Saxicola cæspilosa, caule basi repente curvalo, adscendente, cortice radicibus intus percurso, inde tenacissimo, foliis arele imbricalo, foliis subæqualibus vel inferioribus minoribus el (præsertim in ramis obsoletis ex uno alterove folio ortis) squamæformiis, is *°/9, 7/9 min, ceteris longioribus e basi lata (ad 20 min.) aut sat abrupte in limbum basi 10-11 min. latum angustatis aut sensim in limbum decrescentibus, linbo medio ad 5 mm. lato (in aqua explanato) deinde canaliculalo el subsubulato, extus arcualo et subpungente nec filiformi nec debili sed! rigidiusculo, colore e viridi fuscescente, supra lævi el adpresse denseque lepidoto, subtus longitrorsam striato pariter lepidoto, 1-10 cm. longo; inflorescentia 5-10 cm. longa haud distincte peduneulata 264 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (CSN) Dast bracteis in folia normalia sensin desinentibus, inferioribus vagina oglabra extus longitrorsum striala, straminea, subvesiculosa, 20-925 nn. longa, limbo subulato Subaristata, inferiorum, 25-55 min. longo, aliorum 10-5 min. lepidolo, supremarum subnullo: flores haud reperli; calvx fructiferus sepalis menibranaceis duobus superioribus alle connalis instar glumæ superioris Graminum, 17-20 nn. longis, 10 min. latis, antico prorsun Hbero, oblongo-lanceolato, 2/3 mm. glabro, superioribus duobus ad *53-/14 connalis 42195 min. longis, medio 6 min. lalis, bast angustioribus, dentibus duobus apicalibus acutissimis dorso bicarinalis; ovariam obovato-prismatieum subito apice in stylos filiformes ereclos ovario longiores contraclum ; eapsula breviter cylindrica 24 mm. longa apice breviter rostrata valvis basin usque dehiscentibus haud spiraliter Lorlis exocarpio laevi leviter el irregulariler rugoso, endocarpio Vernicoso laevisstmo fasco, haud soluto ; ovulis ellipsoideis apice parum dilatatis et retusis inde subappendiculatis; semina fusiformia pallida 3-4 min. Tonga, cauda subduplo Jlongiore coronata, apice coronam pappiformem ferente el basi similiter pilosa (fig. 122 et 123). Species ex affinitate 7. dianthoides Rossi, proxima habilu 7. stricte a quo differt caulibus elatioribus firmioribus, limbis, haud debilibus sed subpungentibus, sepalis, antico basi Hbero, posterioribus alte con- natis, à T°. Araujei, caulibus ventre haud radicantibus brevius areualis. foliis longioribus multo minus secundis, sepalo antico basi prorsum libero, duobus connatis distincte carinatis. +. Frequens inter rupes Sierra Acahay, Paraguaria. BÉÜÉEE FIN DE LA NOCIÈTE BOTANIQUE DE GENEVE PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ Chaque collaborateur est responsable de ses travaux LES ABONNEMENTS (SUISSE : 10 fr. — UNION POSTALE : 12 fr. 50) sont perçus au siège social : Institut de botanique, Université, Genève 2me SÉRIE, Volume VIII. Nos 7,8 et 9 GENÈVE, Oct . Nov. et Déc. 1916. SOMMAIRE : 1. Compte rendu de la séance du 9 octobre 1916 : Affaires administratives, p. 265. — V. DEMOLE : De l'influence des excitations tactiles sur le géotropisme de la fronde du Pteridium aquilinum Kubhn, p. 266. — J. BRUDERLEIN : Une nou- velle Mucorinée du Portugal, p. 267. — A. MÉGEvAND : Contributions à la flore de la Haute-Savoie, p. 267. — A. LENDNER : Anomalies du Daucus carota 1. p. 267. — G. BEAUVERD : A propos de la session de la Société helvétique des Sciences naturelles dans les Grisons, p. 267. — C. MEyLaAN : Contributions à la flore du Jura suisse, p. 268. — H. Guxor : Recherches sur la fermentation de la racine de Gentiane, p. 268. 2. Compte rendu de la séance du 13 novembre 1916 : Affaires administratives. p. 268. — Ch.-Ed. Marin : Rapport sur l’herborisation mycologique aux envi- rons d’Aubonne (Vaud), p. 269 — KF. DucELLIER : Sur le Sphærotilus natans Kütz. et la valeur pratique de son œcolog'ie, p. 270. — K. DucELLIER : Notes sur quelques Desmidiacées alpines, p. 271. — R. CHopar : Travaux exécutés à la Linnæa en 1916, p. 271. . Compte rendu de la séance du 11 décembre 1916 : Affaires administratives. p. 271. — Ch.-Ed. MARTIN : Quelques Champignons des pâturages et des bois ŸZ de mélèzes du val Ferret, p. 271. — R. Cnopar : Malpighiacées du Paraguay, p. 272. — H. Rouïreux : Une anomalie foliaire du Fagus silvatica, p. 2172. — H. Roureux : Un Cürsium arvense à feuilles discolores, p. 272. 4. J. BRUDERLEIN : Mucor lusitanicus, n. sp. (2 vignettes), p. 273 b. V. DEMOLE : De l'influence des excitations tactiles sur le géotropisme de la fronde du Pteridium aquilinum (L.) Kuhn (une vignette), p. 277. 6. F. Ducezrier : Desmidiacées nouvelles pour la Flore suisse, p. 282. . H. Guyxor : Le Gentiana lutea Li. et sa fermentation (27 vignettes et une carte) p. 283. S. Mme A. BRESLAUER : Recherches sur l'application du réactif de Chodat, para- crésoltyrosinase, à l’étude de la protéolyse par les microorganismes, p. 319. 9. G. BEAUVERD : + Eugène Perrier de la Bâthie, p. 353. 10. Répertoire et TABLES du volume VIII (1916), p. 356. COMPTE RENDU S#S0me séance. — Lundi 9 Octobre 19146. — Ouverte à 8 heures et demie, dans la grande salle de Flnstitut botanique de l'Université, sous la présidence de M. le D' F. Ducellier, président. Le procès-verbal de la 308me séance, lu par le Secrétaire, est adopté sans modification. Les candidatures de MM. Marcus Stæhelin, à Bâle (présenté par MM. CHopar et ViscHER) et Raymond-Hamet (présenté par MM. BRIQUET et BEAUVERD), sont acceplées conformément aux dispositions des nouveaux statuts (art. 4, < 2). BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, N0S 7-8-9, parus le 10 avril 1917. 18 266 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) DE PE ER À À | Le président a le profond regret d'annoncer un nouveau deuil qui vient de frapper notre Société dans la personne de M. le baron Eugène Perrier de la Bâthie Professeur en retraite de l'Ecole nationale d'Agriculture, à Albertville Membre correspondant de la Société botanique de Genève décédé, après une pénible maladie, en son domicile de Conflans (Savoie), à l’âge de 89 ans. ÉTERNEL Re NN CC Si) Le très distingué défunt, doyen des botanistes de Savoie et proba- blement de France, était en rapports suivis avec les phylogéographes de notre pays, et contribuait récemment encore à la publication du Bullelin par des notes appréciées. — Après avoir invité lassistance à se lever pour honorer la mémoire de notre regretté confrère, M. le Président donne la parole au Secrétaire pour retracer la carrière scientifique du défunt (voir notice spéciale, page 353). Publications déposées sur le bureau : DON D'AUTEUR : H. Correvon et Poryanne : Un curieux cas de mi- métisme chez les Ophrydées. AUTRICHE : Annalen des k. k. Naturhist. Hofmuseums, Bd. XXX, ne 1-2 (Wien, 1916); DANEMARK : Botanisk Tidskrift Bd. XXXIV, Heft 6 et Bd. XXXV, Heft 1 et2; C. H. Ostenfeld: Contributions to West Australian Botany; 0. Rostrup: Danmarks Stampeflora ; ETATS-UNIS : Annals of the Missouri Bot. Garden n° I (Saint-Louis, 1916), vol. VI, n° 4,9, 6, 1, 8 et 9. /inois Biological Monographs, vol. n° 4 (2 1916); Journal of Agricultural Research, Vo. V, n°$ 10 à 25 (Washington, 1916); HONGRIE: Magyar botanikai lapok, vol. XV, n° 1 à 5 (Budapest, 1916); ITALIE: Polletino del R. Orlo Bot. di Palermo, vol. 1, fase. (Paiermo 1916); RUSSIE: Bulletin du Club alpin de Crimée el du Caucase, n° 3 et 4 (Odessa, 1915); SUISSE: PBullelin de la Société d'horticullure de Genève, n°9 6 à 9 (Genève, juin-septembre 1916); le Jardinier Suisse, n° T à 10 (Genève, juillet-octobre 1916). M. le Président annonce ensuite la bonne réussite d’une course myco- logique dans le canton de Vaud, exécutée la veille par notre Société sous la direction de M. le Professeur Ch.-Ed. Martin ; le rapporten sera com- muniqué dans une séance ultérieure. — Il exprime aussi Pespoir que les récentes vacances auront été profitables à tous et que plusieurs de nos collègues pourront alimenter nos futures séances par Pexposé des résultats de leurs études sur le terrain ou de tout autre manière. DE L'INFLUENCE DES EXCITATIONS TACTILES SUR LE GEOTRO- PISME DE LA FRONDE DU PTERIDIUM AQUILINUM Kubhn.— Exposé par M. le D' Victor Demole des recherches faisant suite à l'étude publiée aux pages 263-328 du précédent volume de notre Bulletin (tome VIT, année 1915). — Voir détails au mémoire illustré du présent fascicule, page 277. (3) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1916 261 UNE NOUVELLE MUCORINEE DU PORTUGAL. — Communication par M. Jean Bruderlein de la découverte qu'il vient de faire d’une mu- corinée inédite parasite sur la farine du maïs et pour laquelle l’auteur propose le nom de Mucor lusilanicus ; il en présente diverses cultures, ainsi que des dessins analytiques. —_ Voir au mémoire illustré, page 273 CONTRIBUTIONS A LA FLORE DE LA HAUTE-SAVOIE. — Présen- tation par M. le D' Mégevand d'échantillons d’herbier de ses récoltes de 1916 et comprenant comme stations inédites : 1° Œnothera biennis des rives du Léman près de Coudrée, et 2 du Phytleuma nigrum Schmidt aux pâturages du Praz-de-Lys, 1600 m. environ, Alpes Lémaniennes, plante nouvelle pour les Alpes occidentales et non signalée jusqu "alors sur la rive gauche du bassin rhodanien (ef. R. Schultz, Monogr. Phyleuma, p. & et carte Il, année 1904). ANOMALIES DU DAUCUS CAROTA L. — Présentation par M. le D' Lendner d'exemplaires à anomalies chromogènes affectant une bonne moitié de l’inflorescence du Daucus Carola L. et confirmant les observa- tions analogues publiées par M. Casimir de Candolle dans notre Bulle- Lin de 1915 (cf. vol. VIE, p. 229-930); ce cas était accompagné d’un exem- plaire d’'herbier dont toutes les ombelles comportaient exclusivement des fleurs normales à pétales d’un rose foncé; le tout récolté à Conches, canton de Genève. A PROPOS DE LA SESSION DE LA SOCIETE HELVETIQUE DES SCIENCES NATURELLES DANS L Es GRISONS. — En donnant un résu- mé de la session tenue des T au 14 août écoulé dans la contrée de Schuls- Tarasp, Engadine, et dont le futur recueildes Actes de la Société helvé- tique publiera sans doute un rapport détaillé auquel il conviendra de s’en référer, M. Beauverd signale la forte participation de naturalistes genevois à ‘cette belle manifestation scientifique et présente quelques plantes intéressantes récoltées au cours des herborisations qui ont clô- Luré la session. De ce nombre, des variétés inédites telles que Molhrin- gia polygonoides var. nov. glandulosa Beauverd (Val Plavna !), Cardamine impaliens Var. nov.rhæltica Bd., à siliques En Le plus d un millimètre 4 à grandes semences subrectangulaires d'un jaune verdâätre (Val de la Clemgia, sur serpentine!), Melampyr um pralense Var. nov. rhælicum, Bd., intermédiaire entre les ssp. eu-pralense et vulgalum (partout dans les prés- -bois de Pinus montana !), Crepis alpestris Var. nov. s#lvalica Bd., à larges feuilles et longs pédoncules polycéphales: port d Hypochæ- ris maculala (ré pandu dans les forêts sèches de lOfenpass!), et enfin un curieux hybride nouveau du Tofieldia calye ulala X palustr is, AVEC CAS de dissociation des types génitaux sur un même exemplaire (route de l’Ofenpass!). — En outre, et indé pendamment de plusieurs importantes nouveautés dont il convient de réserver la primeur aux botanistes à qui revient le mérite de la trouvaille, le même auteur signale comme iné- dit pour la flore suisse les intéressants Zuzula spicala Var. minima Schur (glacier de Sesvenna et Val Bella! et les Cardamine amara SSp. Opicii (Presl) Celakowski, sous leurs variétés glabrala Celakowski (Val Sesvena!) et hirsula Retzius (environs de Scarl!). — Les diagnoses détaillées de ces plantes feront l'objet d’une note spéciale à publier dans un prochain fascicule du Bulletin. 268 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) CONTRIBUTIONS A LA FLORE DU JURA SUISSE. — Au nom de M. Charles Meylan, qui les a récoltés au cours de ses herborisations bryologiques, le secrétaire présente quelques exemplaires de phanéro- games provenant soit des environs de Sainte-Croix, soit du Jura neuchâtelois et plus spécialement des tourbières de Ponts-Martel; à noter en particulier : Anemone sulfurea L., du Chasseron; Listera cordata KR. Br., du Mont de la Mayaz, Chasseron, à 1400 m.; #omogyne alpina L. lusus dicepha- la (ined.!) Chasseron; X Belula intermedia Thom., tourbière des Ponts entre Martel-Dernier et Combe-Varin, parmi les Betula nana. Puis, en son nom personnel, M. Beauverd signale les petites tour- bières et prairies marécageuses échelonnées au pied du versant S.-E. du Jura vaudois, au nombre desquelles la tourbière de Rances, explorée en compagnie de M. Paul Besson, lui à fourni, entre autres nouveautés intéressantes de la flore jurassienne, le Gentiana ballica Murbeck, ainsi que des races nouvelles se rapportant aux Thalicetrum flavum, Veronica officinalis et autres phanérogames qui feront l’objet de la note spéciale annoncée ci-dessus. — Par cette même occasion, il indique comme nouveau pour le bassin lémanien de la flore jurasienne la présence du Swertia perennis L., qu'il à récolté à 1050 m. d'altitude aux environs d'Arzier (Jura vaudois), le 6 septembre écoulé. RECHERCHES SUR LA FERMENTATION DE LA RACINE DE GENTIANE. — Communication par M. Henry Guyot d’un extrait de son travail monographique sur le Gentliana lutea, qui fait l’objet du mémoire illustré de la page 285 du présent fascicule. Après les vifs remerciements du Président qui félicite Pauteur au nom de l'assistance, la séance est levée à 10 h. 35. — Douze membres présents : MM. Ducellier, Guinet, Guyot, Minod, Lendner, Beauverd ; Brüderlein, Demole, Mie Jauch, MM. Letellier, Martin et Mégevand. Le Secrélaire-rédacteur, G. BEAUVERD. 38 1me séance. — Lundi 43% Novembre 4916. Ouverte à 8 heures et demie, dans la grande salle de l’Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D' Ducellier, président. Le procès-verbal de la 380me séance (9 octobre 1916) est accepté sans modification. Publications déposées sur le bureau : . DONS D'AUTEURS (recus avec reconnaissance) : Maurice Moreillon, Seconde contribution au catalogue des Zoocécidies de la Suisse (Lausanne, 1916); Paul Chenevard, Additions au catalogue des plantes vasculaires du Tessin, par P. CHENEVARD (Genève, 1916). (9) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1916 269 BRESIL : Archivos do Jardino botanico do Rio de Janeiro, vol. I, part. 1 (Rio de Janeiro, 1915); ESPAGNE : Junta de Ciences naturats (Barcelona, 1916); ETATS-UNIS : Journal of Agricultural Research, vol. VIE, 4-5 (Washington, 1916); HONGRIE : Magyar botanikai lapok, XV, fase. 1-5 (Budapest, 1916); ® RUSSIE : Pullelin du Club alpin de Crimée el du Caucase, n° 3-4 (Odessa, 1915) : ); SUISSE : Bulletin de la Société neuchäteloise de Géographie, XXN (Neuchâtel, 1916); Bulletin de la Sociélé vaudoise de Sciences naturelles, LI, n° 189, 190. 196 (Lau- sanne, 1916); Journal de la Société d'horliculture de Genève, LXI, n° 8 (Genève, 1916); The Journal of Cincinnati Soc. of Nat. Hist., XXIE, n° 1 (Cincinnati, 1916). RAPPORT SUR L’'HERBORISATION MYCOLOGIQUE AUX ENVIRONS D'AUBONNE (Vaud). — Le récit de cette fructueuse herborisation, effectuée le 8 octobre 1916, est donné par son organisateur M. le pro- fesseur Ch.-Ed. Martin; les détails en sont consignés In-extenso dans le cahier des procès-verbaux de la Société et indiquent pour les prin- cipaux points de litinéraire SUIVI (Foully, ruisseau de la Sandalleyre, rive gauche de l’'Aubonne jusqu’au bois du Crépon, à travers les pâtu- rages et les bois de la Vaux) les espèces suivantes récoltées par les six participants (MM. Guyot, Lendner, Martin, Henchoz, Jaccottet et Schimek) : I. Bois situés le long de la Sandalleyre, jusqu’à son embouchure dans l’Aubonne Lactarius vellereus. Hypholoma fasciculare. Tricholoma nuduin. Cortinarius sanguineus. Clitocybe odora. Armiclaria mellea (très abondant). Collybia hariolorum. Boletus chrysenteron (abondant). Tricholoma virgatun (abondant). Hebeloma crustuliniforme. Hygrophorus cossus. Clitocybe aggregata. Collybia butyracea. Amanita muscaria. Laccaria laccata. Russula cyanoxanth«. Entoloma rhodopoliuin. Russula integra. Pholiota caperata. Craterellus cornucopioides. Gomphidius glutinosus. Hydnum rufescens. Cantharellus cibarius Lepiota granulosa. Amanita citrina . Tricholoma vaccinum. Clitopilus prunutus. Armillaria bulbigera. Hypholoma sublateritium. Cortinarius traganus var. finitimus (à odeur Polyporus ovinus. de ponvne) Tricholoma inamænum. Russula nigricans (abondant) Tricholoma rutilans. Tricholoma pardinum. Lactarius blennius (abondant) Lycoperdon gemmatun. Cortinarius cinnabarinus. Cortinarius largus Mycena pura. Boletus edulis. Entoloma lividtui. Lactarius deliciosus. Hygrophorus eburneus. Cortinarius varius. Entoloma nidoïosum. Lepiota procera. Russula delica. Polyporus versicolor. Russula emetica. Mycena epiptlerygia. Psalliota flavescens. Lepiota excoriata. Tricholoma saponaceun. Tremellodon gelatinosum. Cortinarius humicola. Russula fœtens. Mycena galericulata. Clitocybe phyllophila. 210 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ Pluteus cervinus. Collybia fusipes. Cortinarius hinnuleus. Boletus aereus. Pholiota mutabilis. Clitocybe infundibuliformis. Lactarius pallidus. Hygrophorus agathosnus. Amanita rufescens. Cantharellus tubæformis. Cortinarius orichalceus. Tricholoma equestre. Lepiota amianthin«. BOTANIQUE DE GENÈVE (6) Clavaria flava. Trametes odorata. Lycogala epidendron. Cortinarius cinnamomeus. Tricholoma Columbetta. Hydnum imbricatum. Boletus badius Clitocybe nebularis. Hygrophorus caprinus. Hypholoma sylvestre. Clavaria pistilluris. Marasmius urens. Pholiota radicosa. II. Rive gauche de l’Aubonne, la Vaux et bois du Crépon Cortinarius præstans (sous des hôtres). Hygrophorus psittacinus (dans un pré) Dans les bois de sapins Polyporus marginatus. Stropharia œruginos«. Trichia varia. Calocera viscosa. Déterminé à Telamonia rigida ? Cortinarius bivelus ? Russula graminicolor ? Cortinarius purpurascens. Cortinarius duracinus. Cortinarius concinnus ? Hygrophorus pudorinus. Cortinarius anomalus ? Tricholoma portentosum. Lactarius serobiculatus. Hygrophorus chrysodon. Psalliota sylvicola. la maison Leptonia lampropoda. Russula ochrosulcata Secr. ? (abondant.. Cortinarius saturninus. Tricholoma stans ? Hygrophorus discoideus ? Lactarius mitissinmus (abondant). Cortinarius argutus ? Cette récolte donne lieu aux observations suivantes de M. Martin : 10 Les Armillaria mellea, Laclarius blennius, Tricholoma virgatum, BRussula nigricans, Boletus chrysenteron, Hydnum rufescens et Lactarius milissimus étaient particulièrement abondants ce jour-là. 20 À signaler la présence de Tricholoma inamænum, Corlinarius Lraganus Var. finitinus (à odeur agréable de pomme et non repoussante de bouc ou de corne brülée!, Hypholoma silvestre, PBoletus æreus, Hygrophorus caprinus et Psalliota flavescens (Psalliota sylvicola ?). 90 Assez grande abondance d’un Aussula déterminé avec doute comme À. ochrosulcata Secretan (en tout cas pas À. pectinata comme Pindiqueraient les clefs de différents manuels mycologiques); constaté la présence d’un Corlinarius assez semblable au C. sanguineus el pro- visoirement déterminé comme €. concinnus. 1 Diminution ou grande rareté des espèces réputées les plus comes- tibles. SUR LE SPHÆROTILUS NATANS Kütz. ET LA VALEUR PRATIQUE DE SON ŒCOLOGIE. — Spirituel exposé par M. le D' Ducellier, d’un cas de contamination d’un cours d’eau par la propagation subite et intempestive du Sphærotilus natans, précédé de historique ainsi que de la description de cette Chlamydobactérie et suivi de exposé mouvementé (1) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1916 271 d’une expertise aboutissant à la découverte des causes de la contami- nation et de son auteur responsable, grâce à d’intéressantes observations sur Pécologie de PAlgue. NOTES SUR QUELQUES DESMIDIACEES ALPINES. — Nouvelles observations par M. le D' Ducellier sur plusieurs Desmidiacées des lourbières et mares alpines du Simplon, du Grimsel, de Saas-Kee, de Champex, du massif de Morcles, etc., hébergeant plusieurs espèces nouvelles pour la flore algologique de la Suisse (voir énumération à la page 282). TRAVAUX EXECUTES A LA LINNÆA EN 1916. — Captivant exposé par M. le Professeur Ghodat des observations botaniques faites à la station de Bourg-Saint-Pierre durant l’été de 1916, avec la collaboration de Miles Jauch, Rayss, Chirtoiü, MM. Guyot, Ludwig, Smodlaka, Letellier et Dr Vischer. Ces travaux, qui feront l'objet d’un mémoire spécial, élaient illustrés d'un magnifique choix de projections coloriées pour la présentation desquelles le président transmit au conférencier Pexpres- sion ce la vive reconnaissance de l’auditoire. Séance levée à 10 heures trois quarts; vingt-trois assistants : MM. Ducellier, Guinet, Minod, Beauverd; Mmes Beauverd et Jacobson, Mie C. Beauverd, Chirtoiü, Christin, Jauch et Schlesinger, MM. Boubier, Bruderlein, Chodat, Damnianovitch, Lendner, Letellier, Martin, Mége- vand, Miletitch, Rehfous, Schiess et Smodlaka. Le Secrélaire-rédacleur, (1. BEAUVERD. ss2ème séance. — Lundi 11 décembre 1916. — Ouverte à 8 heures et demie, dans la grande salle de lPinstitut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D' F. Ducellier, président. La lecture du procès-verbal de la 381me séance (13 novembre 1916) est adoptée sans modification. Conformément aux statuts, M. le président annonce lPadmission des candidatures de Mesdemoiselles GAMPERT, Vera GROUITCH el Vera PErROvITCH, étudiantes à l’Institut de botanique. QUELQUES CHAMPIGNONS DES PATURAGES ET DES BOIS DE MELEZES DU VAL FERRET. — A la suite de plusieurs séjours dété dans la partie du Val Ferret limitrophe de létage silvatique supérieur, M. le professeur Ch.-Ed. Martin à consigné de nombreuses observa- lions mycologiques dont il nous expose les résultats en les accompa- gnant de belles vues photographiques et d’un grand nombre daqua- relles dont la précision du coloris et la sûreté du dessin analytique font l'admiration de l’assistance. Voir détails au mémoire spécial. 212 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) MALPIGHIACÉES DU PARAGUAY. — Conférence par M. le pro- fesseur D' R. Chodat sur diverses particularités inédites concernant la biologie, l’anatomie et la phylogéographie de nombreuses Malpi- vhiacées récoltées au cours du voyage botanique de 1914 au Paraguay. Ce captivant exposé élail illustré de nombreux dessins à la planche noire et de vignettes à l'encre de Chine dues en partie à la collaboration de notre collègue, M. le D' W. Vischer. Détails au mémoire spécial. UNE ANOMALIE FOLIAIRE DU FAGUS SILVATICA.— Présentation par M. Henri Romieux d'échantillons d’herbier permettant de compa- rer les rameaux hétérophylles à feuilles tantôt crénelées-lobées, tantôt entières, d’une branche basse de Fagus silvatica dont toutes les autres branches étaient à feuilles laciniées. Le type à feuilles laciniées avail été introduit depuis plus de quinze ans dans le parc de M. Romieux, où il n'avait jamais varié, tandis que le cas d’hétérophylilie apparaissait subitement en 1916, localisé sur une branche unique. Des expériences de bouturage seront entreprises pour donner suite à cette observation. UN CIRSIUM ARVENSE À FEUILLES DISCOLORES. — Indépen- damment de la forme typique du Cirsium arvense L. à feuilles discolores plus ou moins glabres, ainsi que de la forme concolore tout-à-fait glabre, M. Romieux à observé aux environs de sa campagne une belle forme de cette Composée très vulgaire, distincte par ses feuilles sinuées-lobées et très fortement discolores, à page supérieure vert foncé et glabre, tandis que la page inférieure, d’un beau blanc cendré, était fortement incane-pubescente : il s'agit du C. arvense Var. incanum Ledebour, de PAsie sud-occidentale et répandue jusque dans la région méditerra- néenne, adventice parfois en Suisse. De beaux échantillons de cette trouvaille nous sont présentés en même temps que d’autres exemplaires de la var. mile Wimmer et Grab. et de sa f. éntegrifolium, récoltés également aux environs de Genève. Séance levée à 10 h. un quart; dix-huit assistants : MM. Ducellier, Guinet, Guyot, Beauverd ; Brüderlein, Chodat, Mles Chirtoiü, Gampert, Grouitch, Mme Jacobson, Me Jauch, MM. Lendner, Letellier, Martin, Mie Petrovitch, MM. Rehfous, H. Romieux et J. Romieux. Le Secrélaire-rédacteur, G. BEAUVERD. Mucor Jusitanicus, n. sp. PAR Jean BRÜDERLEIN (Communiqué en séance du 9 octobre 1916) Dans une recherche sur la mycologie du maïs, effectuée sur une farine provenant du Nord du Portugal, nous nous sommes trouvés en présence dun Mucor qui, de prime abord, semblait être le Mucor racemosus Fresenius. En effet, la description qu’en fait LENDNER ? sem- blait correspondre à la forme en question, ainsi qu'en fait foi le tableau comparalif ci-dessous : Mucor racemosus Mucor lusitanicus Sporangiophores ... hauteur 5-40 mm. 2-30 min. largeur 8-20 EAU 2 SDORANTES EEE FLE diam. 20-10 45-10 y Colmelestentc sc longueur 17-60 # 45-61 w largeur 9-42 y 30-40 y SDORES Re ue longueur 6-10 1-8 w largeur 5-8 y DO Chlamydospores ... longueur 20-50 y 10-30 largeur 10-20 w 9-20 Ces deux Mucors ont des sporangiophores formant un gazon serré, ramnifié irrégulièrement en grappes. Ces ramifications, très inégales, sont terminées, chez le Mucor lusilanicus, par des sporanges ou des sporangioles et sont quelquefois un peu cireinées (fig. 4, 9, 7, 17). La membrane du sporange n’est pas diffluente, mais très fragile et laisse une collerette (fig. 1-6). Elle est ornée de fines incrustations. Les columelles sont libres, sphériques où ovoïdes chez le Yucor 1 LeENDNer, Mucorinées de la Suisse, Berne (1908). y 714 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (9) 19 lusilanicus (fig. 1-6) et de forme beaucoup plus variable chez le Hucor racemosus. Les spores (fig. 6) elliptiques, incolores sont jaunàtres lorsqu'elles sont amoncelées. Les chlamydospores, de taille variable, sont très nombreuses et se forment dans toutes les parties du cham- pignon (fig. 8-10, 14-16). Fig. 1. — Mucor lusitanicus n. sp. — 1 : Kiament terminé par un sporange dont il n’est resté que la columelle et un débris de membrane. Au-dessous. Sporangiole presque sessile : 2, 3, 4 : Formes de columelles : 5 : Columelle et sporangiophore un peu cireciné :; 6 : Sporange dont la membrane a persisté laissant échapper les spores; 7 : Sporangiole: 8, 9, 10 : Chlamydospores ; 11, 12 : Chlamydospore pédicellée; 13 : Chlamydospores pédicellées, avec cloisons : 14, 15, 16 : Formes diverses de chlamydospores ; 17 : Filament avec sporangioles. Dans les milieux liquides ou simplement très humides, on observe des cellules oïdium. Nous n'avons pas constaté la formation de zygospores ni d’azygospores. Ayant cultivé dans de mêmes conditions de milieu, d'humidité, de température el de lumière, le Hucor racemosus, provenant de la collec- (3) J. BRUDERLEIN. MUCOR LUSITANICUS 275 tion de lPinstitut de Botanique et le HMucor lusilanicus, nous avons observé les différences suivantes : La vitesse de croissance à été approximativement du double chez le Mucor lusilanicus que chez le Hucor racemosus et son gazon beaucoup plus dense. La couleur de la nouvelle espèce est plus claire (fig. 2). Ayant observé des formes de chlamydospores rappelant celles que HAGEM?! décrit chez le Mucor chrislianiensis, nous nous sommes pro- curés ce dernier à la station centrale d'Amsterdam et nous avons pu constater immédiatement que nous métions pas en présence de Fig. 2. — De gauche à droite : Mucor racemosus Fresenius, Mucor lusitanicus n. sp. — Mucor lusitanicus n. sp.. Mucor christianiensis Hagem. celui-ci. Le seul caractère remarquable du Hucor lusitanicus et du Mucor chrislianiensis, est lanalogie que présentent les chlamydospores, qui, à la maturité, fragmentent ou désarticulent le sporangiophore ou le filament (fig. 10 et 15). Nous basant sur la ressemblance de ces Mucors el supposant qu'ils pourraient n'être que des isomères sexuels, nous avons essayé d'obtenir la formation de zygotes entre eux, mais sans succès. En résumé, les différences entre le Mucor lusilanicus et le HMucor racemosus sont la couleur, la vitesse de accroissement, une beaucoup moins grande variabilité dans la forme et la dimension de la columelle ! HaGem, Neue Untersuchungen über norwegische Mucorineen ; Arnales mycolo- gici, VIII, p. 268 (1910). 276 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) et d'autre part, la taille, la couleur, la forme de la columelle démon- trent aussi une différence plus claire entre le HMucor lusitanicus et le Mucor christianiensis. En outre, nous avons observé des formes particulières de chlamy- dospores pédicellées, ayant Papparence de stylospores et dont le pédi- celle présente parfois plusieurs cloisons (fig. T1 et 13). Diagnose : Hyphæ sporangiferæ, ramosæ, 2-30 mm. altæ, 9-17 y latæ. Sporangia globosa 45-70 y diam. Tunica granulosa, in aqua in fragmenta septans, basi columellæ inserta. Columella sphærico-ovoidea, 45-61 y Tonga, 30-40 y lata. Sporæ ellipsoideæ, hyalinæ, 6-8 w diam. Zygosporæ incognitæ. Chlamydosporæ frequentissimæ 10-30 # longæ, 11-20 y lalæ. Oidiosporæ 19 w longæ, 9 # latæ (rare). Habitat farinam maidis, in valle Douro, Lusitania. De l'influence des excitations tactiles sur le géotropisme de la fronde du Pieridium aquilinum (L.) Kubn PAR Victor DEMOLE Dr med. (Communiqué en séance du 9 octobre 1916) Au début de sa croissance dans la terre et à la surface du sol, la fronde du Pteridium aquilinum est recourbée ventralement en crosse. Quand elle atteint 30 à 40 em. de taille, elle se redresse lentement el son extrémité distale qui, jusqu'alors, était dirigée au nadir pointe au zénith. Ce changement d'attitude est déterminé par une inversion du géolropisme de la branche distale de la crosse (nous appelons ainsi Fa partie incurvée de la fronde, pour la distinguer de la partie proximale de la fronde) qui, de positivement géotropique, se comporte bientôt en organe négativement géotropique. Ce redressement n'a lieu qu'en présence de la lumière, mais celle-ci n’est pas seule à influer sur le séotropisme ; les excitations tactiles (auxquelles la fronde répond, selon le cas, par des réactions positives ou négatives) conditionnent encore son activité. L'observation le montre déjà : les frondes qui croissent parmi les branchages ne se redressent point qu'elles ne les aient dépassés et l'expérience le confirme : en disposant sur des frondes en crosse quelques brindilles enchevêtrées, on les oblige à persister en cet état ; les libère-t-on, elles se redressent aussitôt. L’excitation tactile de la fronde a done une influence sur le géotro- pisme ; cependant, l'obscurité plus ou moins prononcée ayant la même Voir DEMOLE, V. Etude qualitative de la sensibilité de la fronde du Pteridium aquilinum. Bulletin de la Société Botanique de Genève, IIme série VII (1915) 263. 218 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) action, il est possible d'attribuer la persistance de l’état de crosse, non pas au contact des obstacles, mais à Pombre que portent ceux-ci. Pour éviter cette cause d'erreur, nous avons tendu au-dessus de trois groupes de fougères (le premier de sept individus, le deuxième et le troisième de deux individus) un léger réseau de fils de soie, dont l'ombre, nous j À À : Fronde à demi redressée, ayant perdu le contact des fils: B : La même fronde vingt-quatre heures après, revenue à la formation en crosse en suite de la reprise de contact avec les fils; C : Fronde du groupe À, irritée continuellement par les fils. haute d’un mètre, crosse accentuée, hampe sinu- euse (les frondes voisines, laissées sans entraves, se sont toutes redressées à 40 em. du sol); D : Fronde du groupe A irritée par des fils, recourbée en crosse à 80 cm. du sol; E : La même fronde, vingt-quatre heures après la section des fils, à peu près redressée. pe nous en sommes assurés, ma point dinfluence. Dans ces conditions toutes les fougères en contact avec les fils sont demeurées en crosse, alors même que les fougères voisines, choisies comme témoins, étaient de longtemps redressées. Quand les fougères, toujours irritées par le réseau que l’on élevait au fur età mesure de leur croissance, eurent atteint une grande taille, tous les fils furent coupés ; trois des frondes ainsi libérées furent alors plongées dans l'obscurité par le moyen de tubes verticaux, fermés à une extrémité, et deux autres frondes furent (3) V. DEMOLE. PTERIDIUM AQUILINUM (1) 279 encore coiffées de capuchons détoffe noire qui, dans les conditions nor- males de croissance, empêchent le redressement, par Pobscurité dont elles enveloppent la partie distale du rachis, seule zone phototonique. Or, toutes ces fougères, tant celles laissées à la lumière que celles maintenues dans lobscurité, se redressèrent dans les vingt-quatre heures, fait étonnant, car rappelons-le, les jeunes Ptéris en crosse placés dans lPobscurité ne se redressent point. Cette expérience prouve que les excitations tactiles empêchent le recressement, action que, par analogie physiologique, on pourrait qua- lifier «d’empêchante » ou «dinhibitrice » sur le changement de géotro- pisme ; elle montre encore que la fronde maintenue en crosse par les irritations tactiles (tout en demeurant exposée à la lumière) se redresse dès qu’on cesse de Pirriter et ceci tant au jour que dans la nuit. Cette fougère diffère donc de la fronde maintenue en crosse par simple séjour dans lPobseurité, en ceci, qu’elle à acquis la propriété de se redresser méme en labsence de la lumière nécessaire à la réaction phototonique, condition sène qua non de linversion du géotropisme du rachis. Il semble donc que le phototonus se puisse accomplir indépendam- ment de la réaction géotropique ; dans les conditions normales de croissance, le redressement de la plante, conséquence de Pinversion du géotropisme, est le signe de Paccomplissement du phototonus ; mais, en cas de maintien de la crosse par irritation tactile, aucun symptôme immédiat ne témoigne de son existence ; 11 a lieu cependant, puisque désormais, à la cessation des irritations tactiles, la fronde sera capable de se redresser, même dans lobseurité. Ainsi deux sollicitations toutes différentes agissent sur la réactivité du Pleridium aquilinum à Végard de la pesanteur : Pexcitation Tumi- et l'excitation tactile, accidentelle, qui entrave cette inversion ; la seconde prime la première, c’est-à-dire que le phototonus ne peut rien sur le géotropisme tant que la fronde est irritée tactilement. D'autre part, le phototonus s'effectue une fois pour toutes, son action persiste même dans l'obscurité, ce qui permet le changement de géotropisme en Pabsence de la lumière. L'irritabilité tactile a donc une valeur capitale, puisqu'elle peul déterminer l'attitude de la fronde de par lhégémonie qu'elle exerce sur la réactivité du Pteridium à l'égard de la lumière et de la pesanteur. Cette influence est puissante au point de provoquer chez le Pleridium redressé depuis peu (donc géotropiquement négatif) le retour à la & — 280 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE ( formation en crosse, témoin de Pétat géotropiquement positif du rachis. En effet, si l’on met un Ptéris redressé à 145° en contact avec un réseau de fils, on provoque une incurvation du rachis, un retour à Pétat de crosse qui se maintient tant que lobstacle persiste. Le passage du céotropisme positif au géotropisme négatif est donc une action réver- sible, et ceci sous l'influence d’une excitation tactile. Toutefois si la fronde est redressée depuis quelques temps, ce retour devient impos- sible, quelle que soit la force des excitations : l’extrémité flaccide de la fronde, buttant contre l'obstacle, s'incurve indistinctement dans tous les sens, ce qu'il faut se garder de confondre avec la crosse vraie, toujours ventrale, rachis au nadir. La période de croissance au cours de laquelle la réaction géotropique est reversible est par conséquent temporaire. Ces phénomènes de corrélation du Pteridium aquilinum sont une preuve de plus de la conductibilité sensitive de la fronde, car les excitations tactiles de la convexité de la crosse agissent sur le géo- tropisme dont le siège est au rachis. Influence des irritations tactiles sur le redressement de la îronde du Pteridium Aquilinum (Extrait du cahier d'expériences) Groupe À (dans un lieu ombragé). 1. V. 16. — Huit frondes recourbées en crosse à 15 em. du sol sont recouvertes d'un léger réseau de fils de soie. 8. V. 16. — Les frondes atteignent 40 cm. de taille, toutes sont recourbées en crosse ; les frondes voisines témoins, qui ont la même stature, commencent à se redresser. 10. V. — Une des frondes, ayant dépassé le réseau, s’est à demi redressée ; elle prend alors contact avec de nouveaux fils; vingt-quatre heures après, elle à repris sa position en crosse ; en mème temps elle à cru de 3,9 cm. (Fig. I A et B). 19. V. — Les frondes ont 100 cm., 100 cm., 95 cm., 92 :cm., 80 cin., T9 cm. de hauteur. Leur taille est semblable à celle des fougères témoins, mais leurs segments sont moins développés, le rachis est en crosse et la hampe sinueuse (Fig. F1, C). (Deux Pteridium de l'expérience se sont redressés à 80 cm. ; Pun malgré les fils, semble-t-il, Pautre par négligence de notre part.) 20. V. (10 h. matin). — On coupe les fils. Deux frondes sont placées dans un tube vertical, fermé à une extrémité, deux sont encapuchon- nées, les deux dernières demeurent libres en pleine lumière. (5) V. DEMOLE. PTERIDIUM AQUILINUM (L) 28! pa (6 h. soir). — Les deux Péeridium laissés à la lumière sont redressés. l’un complètement, l’autre à 1450 (Fig. 1, E). Les Pteridium encapu- chonnés et placés dans le tube sont redressés à 100, 21. V. — Les Pleridium laissés à la lumière sont complètement redressés ; les autres sont redressés à 140° environ. 22. V. — Tous les Pleridium sont redressés, sauf un qui, gêné par le capuchon, est dévié latéralement. 27. V. — Tous les Pleridium sont redressés ; les segments des Pleridium maintenus dans l'obscurité sont pales et étiolés. Groupe B (en plein soleil). 6. V. 16. — Deux frondes recourbées en crosse, à 6 et 10 cm. du sol, sont recouvertes dun réseau de fils de soie. 10. VI. 16. — Les fougères témoins voisines se redressent à 2 cm. du sol ; les fougères en expérience demeurent en crosse. 19. VE. 16. — Toujours en crosse, les fougères atteignent 40 cm. de hauteur. On coupe les fils et place une des fougères dans un tube vertical clos. 20. VI. 16. — La fronde à la lumière et celle maintenue dans Pobscu- rité sont complètement redressées; elles ne présentent aucune différence. 28. VI. 16. — Les frondes continuent leur croissance. Les segments de la fougère placée dans lobscurité palissent et s’étiolent. Groupe G (dans un lieu exposé au soleil). 1. V. 16. — Deux frondes recourbées en crosse à 20 em. du sol sont couvertes dun réseau de fils. 8. V. 16. — Les fougères voisines témoins sont toutes redressées ; les fougères en expérience toujours en crosse atteignent 40 em. de taille. À plusieurs reprises, elles ont failli se redresser : leur rachis à atteint la position horizontale, mais le contact d’un nouveau fil les à replacées en crosse. 19. V. 16. — Les deux frondes toujours en crosse atteignent 60 em. de taille ; leurs segments sont sinueux, un peu moins développés que ceux des fougères voisines témoins. 20. V. — On coupe les fils et place une des frondes dans un tube vertical clos. 21. V. — Les deux frondes à la lumière et dans lPobscurité sont complètement redressées, elles ne présentent aucune différence. 28. V. — Les segments de la fronde maintenue dans lobscurité palissent et s’étiolent. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, N0S 7-8-9, parus le 10 avril 1917. 19 Desmidiacées nouvelles pour la Flore suisse PAR F. DUCELLIER (Communiqué en séance du 13 novembre 1916) Les Desmidiacées dont les noms suivent ont été l’objet d’une communication à la séance du 13 novembre 1916 de la Société botanique de Genève et seront analysées dans la deuxième partie de mes Contri- butions à l'étude de la Flore desmidiologique de la Suisse. 1. Penium cucurbitinum Biss. (Col du Grimsel). 2. Cosmarium vogesiacum Lemaire (Col du Grimsel). 3. Cosmarium binum Nordst. (Zugerberg*). 4. Cosmarium orthopunctulatum Schmidle (Zugerberg*). 9. Cosmarium plicatum f. major, Reinsch (Val d’Arpette, Valais). 6. Cosmarium depressum Var. achondrum (Bold) West (Heldwiler- mo00$,* Thurgovie). 1, Cosmarium formosulum Hoffn. (Laxeralp, 2160 mètres, Valais: Trélasse, Vaud). 8. Cosmarium perforatum Lund. var. Aauchi, var. nov. (Zugerberg*; Krüzelried,* Thurgovie). 9. Cosmarium difficile Lütkem. ({Saas-Fee; Champex; Prantin; Lugerberg*; Heldwilermoos *). 10. Cosmarium relusum Lundell formæ (Krüzelried*; Zugerberg*). 11. Cosmarium relusum Perty, Kleinst. Lebensf., 1852, p. 208, pl. XVI, fig. 12, «, b, e, d (Col du Grimsel; Champex). 12. Cosmarium alpestre Roy et Biss. var. elliplicum (Delp.) mihi (Champex). 13. Cosmarium solidum Nordst. (Krüzelried*). 14. Staurastrum punctulatum Var. muricatiforme Schmidle (Col du Grimsel). N. B.— Les récoltes provenant des localités marquées d’un astérisque, m'ont été obligeamment communiquées par Mlle A. Rauch et par M. H. Gams, de Zurich, auxquels j’adresse ici mes remerciements. Le Gentiana lutea L. et sa fermentation par Henry GUYOT (Communiqué en séance du 9 octobre 1916) INTRODUCTION Les plantes contenant de fortes proportions de sucres ou de poly- saccharides ont été, dès la plus haute antiquité, utilisées pour obtenir un liquide alcoolique plus ou moins aromatique par fermentation. Depuis une vingtaine d'années, on s’est mis à étudier scientifiquement toute une série de fermentations. On a trouvé que les agents de cette activité chimique étaient soit des bactéries, soit des champignons, tels que les Penicillium, les Asper- gillus où des Mucoracées, soit enfin des levures, organismes abondants partout. Ainsi la bière des nègres Cafres préparée avec du maïs (source de polysaccharides) se fait par adjonetion d'une plante /Koerri) qui intro- duit dans le liquide à fermenter de nombreuses levures et moisissures. Cette microflore, étudiée par CHAPMAN et BAKER!, s’est révélée comme très riche. Une autre bière des Cafres, le Pombe, qui est préparée avec du Millet, contient, pendant sa fermentation, de nombreuses bactéries et moisissures, des levures et des champignons imparfaits, ainsi que l'ont relevé K. ROTHENBACH?, puis P. LINDNER * el SANDER *. 1 CHAPpMAN, Ch. et BAKER, S. Journal of the fed. inst. of brewing, XIII (1907), 655. ? ROTHENBACH, K. Wochenschrift für Brauerei (1897), 477. # LINDNER, P. Wochenschrift für Brauerei (1891), 819. ! SANDER. Wochenschrift für Brauerei (1900), 358. 284 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) On connaît le fameux Saké ou vin de riz des Japonais; il s'obtient par fermentation d’empois de riz, au moyen du Æoji, sorte de galettes de riz couvertes de moisissures, de Mucorinées et de levures. SAITO !, Koza1?, YABÉ?, Fuyira#, TAKAHASHIS et NAKAZAWAS6 ont étudié suc- cessivement l’action spécifique de ces organismes si précieux pour la fabrication de leur boisson nationale. En Chine, la fermentation du vin de riz est produite par le Ragi el le Ang Khag, galettes de riz pétries de champignons et analogues au Kojr. Une boisson alcoolique des îles Luchu, près de Formose, lAnamori a donné à JNuI qui Pa étudiée, toute une série de levures et de moi- sissures. NECHITCH dit qu'en Inde la levure du Sikkim {Mucor Prainü) et la levure du Khasia /Dematium Chodali) sont d'actifs producteurs d'alcool 7. Beaucoup de fruits sont soumis à la fermentation; ainsi les patates au Japon donnent une liqueur aromatique ; les cœurs de PAgave Tequi- lana® fournissent le Hezcal ou liqueur d'Agave. ROLANES, puis ULPIANI et SARCOLI ? ont fait fermenter avec succès du sue de figues. Les baïes de sureau, les glands de chêne (Rup4AKoW), les résidus de Pextraction du tapioca, du sagou et de Parrow-root1, les bulbes d’Urginea marilima et d’'Asphodelus albus Willd. etses variétés ramosus L. et microcarpus Viv.4 d'Algérie, les topinambours {Helianthus tuberosus L.)® fermentent tous facilement, en donnant des quantités de liquides alcooliques plus ou moins grandes et aromatiques. Cependant la racine du Gentiana lutea L. qui a été assez bien étudiée au point de vue chimique parce qu’elle avait attiré lattention par ses propriétés ameres et thérapeutiques, na, jusqu'ici — du moins à notre connaissance — donné lieu à aucun travail sur sa fermentation. Dans les pays où croit cette plante, on en obtient par ce processus un alcool SAIrO, K. Xochs Jahresb., XV (1904), 293. Kozat, Y. Centralblatt für Bakt., VI (1900), 385. Kozaïr, Y. et VYABE. Centralblatt für Bakt., 1 (1895), 619. FüyiTrA, M. Kochs Jahresb., XXIII (1902), 324. TAKAHASHI, ©. Bull. of the College of. Agric., Tokyo, VI (1905), 79 NakAZAWA, R. Centralblatt für Bakt., XXII (1909), 529. NecniTrcH, Thèse de l’Institut botanique de Genève (1904). KOnLER, H. Die deutsche Essigindustrie (1907), 225. Uzprant, C. et SarcoLIr, Li. Atti Regia Academia dei Lincei, XI (1902), 173. NYLANDER, E. Ængler Patent, no 18391 (1907). RIVIÈRE et BAILHACHE. Comptes rendus de l'Académie de Paris, CXXI (1895), 659 © Kues, W. Allg. Zeitschr. für Bierbrauerei und Malefabrik. (1900), 211. # Lévy, L. Comptes rendus de l'Académie de Paris, CXVI (1893), 1381. @ © 3 © "en © © mn (3) H. GUYOT. LE GENTIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 289 connu sous le nom de liqueur de gentiane où gentiane simplement. Nous avons essayé dans ce travail d’en préciser les conditions de fer- mentation. Dans un premier chapitre, nous donnons un court apercu historique, suivi du mode de préparation usité chez les paysans. Pour comprendre ce qui se passe exactement pendant la fermentation par les levures, il était nécessaire de donner un apercu des nombreux travaux chimiques sur cette question; c’est ce qui constitue le second chapitre. Dans le troisième, nous avons énuméré les différents ferments que contient cette racine et qui prennent part, dans une certaine mesure, à cette fermentation. Le chapitre suivant est consacré à la distribution géographique de celte plante, accompagnée de celle où se pratique la préparation de liqueur. Nous avons eu recours à la science de nombreux botanistes, surtout pour ce qui concerne la distribution géographique ; un questionnaire expédié dans toutes les régions où croît cette plante, pouvant seul établir sa dispersion exacte. A tous ces précieux collaborateurs, nous adressons nos sincères remer- ciements. Ce sont : M. le professeur CHODAT qui, au cours de ce (ra- vail, n’a cessé de nous guider avec toute sa maitrise et ses conseils si estimés ; M. le D' H. Carisr, Bâle ; M. le professeur À. LENDNER ; M. G. BEAUVERD ; M. le D' J. BRIQUET, à Genève; M. le professeur GRADMANN, à Tubingue; M. le professeur D' Fünrsrück, Stuttgart; M. le professeur D' Pax, Breslau ; M. le professeur HEINRICHER, Innsbruck; M. le Dr V. GRAKE, Vienne; M. le professeur D' Kossowrez, Vienne; M. le profes- seur Dr Josr, Fribourg-en-Brisgau ; M. le professeur Ph. GUIGNIER, à Nancy; M. le professeur FLAHAULT, Montpellier; M. le professeur PEREIRA COUTINHO, Lisbonne ; M. le docteur Pau, Segorbe ; M. le pro- fesseur TERRACIANO, Sassari et M. le prof. D' GRINTZESCO, Bucarest. À Monsieur H. JUNOD, pharmacien à Genève, et à mon très cher ami Paul BRUN, je témoigne toute ma gratitude pour leurs précieux services. 286 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) HISTORIQUE La gentiane jaune, cette plante qui caractérise si bien les pâturages calcaires de PEurope moyenne, a éveillé depuis longtemps la sagacité des naturalistes. PLINE! déjà raconte que, grâce à la racine de cette plante, GENTIUS, roi d’'Hlyrie (cent cinquante ans avant Jésus-Christ), recouvrit des forces nouvelles pour continuer ses guerres. C’est LINNÉ qui décrivit le genre Gentiana qu'il dédia à ce roi. Les plus anciennes indications pour la fabrication et lutilisation de la liqueur de gentiane se trouvent, à notre connaissance, dans ZWINGER?; on lit dans son Aräuterbuch de l'année 1696 : ... das destillierte Ensian- wasser slärkel den kallen Magen, fürderet den Harn; HALLER en fait également une courte mention dans son histoire des plantes helvéti- ques : Spérilum eliam fortem dat quo Sanganenses plurimum utuntur.…. MODE DE PRÉPARATION DE LA LIQUEUR DE GENTIANE Nous avons interrogé à ce sujet plusieurs paysans du Jura bernois pour nous documenter. Tous nous ont, à peu de chose près, indiqué la même méthode, qu'on peut résumer comme suit : Les pieds de gentiane de belle venue sont, en général, les seuls arra- chés. En Valais et en Savoie, on utilise également le Gentiana purpu- rea L.. Dans les Grisons, d'après une communication de M. le professeur TARNUZZER, de Coire, les trois gentianes suivantes sont employées : Gentiana lutea L., Gentiana purpurea L., Gentiana punctata L. Dans ! Puine. Livre %5, chapitre VII. ? ZWINGER. Krüuterbuch, Basel (1696), 633. % HALLER. A. DE. Mist. Stirp. Helv., I. 283. (9) H. GUYOT. LE GENTIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 281 les Carpathes, M. le professeur D' PAX me dit qu'il n’a vu employer que le Gentiana punctata L. et pas le Gentiana lutea L. dans la fabrication de la liqueur. L'arrachage se fait au moyen dun instrument tout spécial et unique- ment employé dans ce but (voir fig. FE, 1.). C'est une très forte pioche en forme de dent, légèrement arquée, longue de cinquante centimètres environ, Sur quatre de large. Cette lon- gueur est nécessaire, car la racine s’en- fonce très profondément, etilest souvent difficile de lextraire, surtout dans les terrains rocailleux du Jura (lapiaz fré- quents). La meilleure époque, d'après tous ies paysans, est le mois d'août. D’après L. LÉVY, on peut Parracher à partir du 15 août. Le quintal est payé huit francs. Cependant, beaucoup lParra- chent même en septembre, leurs travaux agricoles les empêchant de s'occuper de celle préparation au mois d'août. La racine fraîchement arrachée est imimé- diatement coupée en petits fragments d’un centimètre de diamètre au moyen d’un second instrument spécial, lui aussi, sorte de double pelle dont les deux lames se croisent à angle droit (voir fig. [, 2.) et mesurant dix-huit centimètres de Fig.1.1:Piocheutilisée pour l’ar- long sur dix-huit centimètres de large. A ne à Res On remplit entièrement des tonneaux la racine en petits fragments. de racines ainsi divisées el on verse de Peau de facon à couvrir exactement les racines. On ferme le tonneau et on le place en général dans une écurie, où la température est de 18° environ, ce qui convient le mieux à la fermentation. Pendant les premiers jours, le niveau de l’eau descend, par suite de labsorption d’une certaine quantité par les racines; puis il remonte lorsque la fermentation commence. Au bout de six semaines à deux mois!, la fermentation est terminée el le tout est soumis à une première distillation. Dans Pile de Sardaigne, M. le professeur TERRACIANO m'indique qu'au bout de trois semaines, la fermentation est terminée. Le distillat est distillé une seconde fois, ! ScHRüTER, C. Dans son Pfianzenleben der Alpen, indique trois à six semaines. 288 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) la première liqueur ayant, d'après les paysans, un goût désagréable. Une plus longue fermentation ne peut qu'améliorer la qualité de leau- de-vie. En Sardaigne, on distille également deux fois. C’est ainsi que se pratique en Suisse cette fermentation. Cependant, d'après les indications de M. le D' V. GRArE, de l’Université de Vienne (Autriche), on utilise dans ce pays (Salzburg, Bavière supérieure el Carinthie) un autre procédé. La racine, fraîchement arrachée est mise en tas et couverte de branchages. Pendant ce temps, le gentianose et les glucosides se dédoublent et la racine se colore en brun. Puis les racines sont coupées en disques et introduites dans des tonneaux pleins d’eau. Après huit jours de fermentation, le tout est distillé. Mon savant correspondant ajoute qu'il a vu, dans certaines parties du Tyrol, les paysans extraire par Palcoo! les principes actifs de la racine après avoir laissé celle-ci en tas un certain temps, comme il est dit plus haut. Cette méthode se pratique notamment à Cortina et à Kitzhbühel, dans le Tyrol méridional (teinture). Les propriétés amères, apérilives, fébrifuges très actives de celte liqueur, la fait très estimer chez les paysans comme remède populaire. En effet, une partie des principes aromatiques est conservée par cette méthode et confère à cette liqueur une très réelle efficacité, surtout contre les coliques intestinales. Malheureusement, comme tout liquide alcoolique, elle est souvent consommée régulièrement par des aleoo- liques, sous le couvert de ses propriétés thérapeutiques et bienfaisantes ! Il est intéressant de signaler iei que cette plante à donné lieu, plus fréquemment qu'on ne le pense, à des empoisonnements, là plupart suivis d’une issue mortelle. MATrIROLO À a publié récemment une liste de douze intoxications produites par la confusion de la grande gentiane jaune avec le verâtre {Veratrum album L.), une Colchicacée contenant des alcaloïdes très violents. Pour un œil non exercé, cette plante présente, en effet, une certaine analogie avec la gentiane, mais en diffère, à première vue, par ses feuilles plissées, alternes, ses fleurs vertes, plus petites el par son type floral. * MATTIROLO, Oreste. Sopra 12 Avvelenamenti per Veratrum album L, Reale Acade- mia della Scienze di Torino, 1915. _ (1) H. GUYOT. LE GENTIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 289 COMPOSITION CHIMIQUE L'étude chimique de la racine de gentiane à suscité pendant tout le siècle dernier une série de belles recherches. GLUCOSIDES. — Dès 1819, Henry! d’un côté et GUILLEMIN et JACQUEMIN * de l’autre, tentent les premières analyses de cetle racine, pour enisoler le principe amer. Celui-ci est un glucoside, là gentiopicrine, découverte par KROMAYER*, en 1862, dans la racine fraiche. Il en étudia la formule : C?0 H# O0 et en fixa la nature glucosidique. Comme une partie de ce principe est hydrolysée au cours de la dessication de la racine par les ferments hydrolvsants que celle-ci contient, BOURQUELOT et HÉRISSEY { ont donné une nouvelle méthode de préparation qui consiste à détruire les enzymes par lalcoo! bouillant. Ayant traité vingt-deux kilos de racines fraîches, ils retirèrent 250 grammes de gentiopicrine, tandis que KROMAYER, avec trois Kilos, obtient 4 grammes de glucoside. TANRET® qui désirait avoir de notables quantités de gentiopicrine pour des usages cliniques, isola ce principe de Pextrait au moyen d’éther acétique et, du même coup, reconnut l'existence d’un second glucoside qu'il appela gentiamarine. En outre, il séparait au moyen de ce solvant les glucosides des hydrates de carbone. IF reconnut une erreur dans la formule de la gentiopicrine donnée par KROMAYER; celle-ci est, d’après cet auteur, C15 H?0 OP. La gentiopicrine est une poudre blanche qui cristallise soit anhydre, soil hydratée avec 1/2 H? 0, très amère, soluble dans quatre parties d’eau, dans vingt-trois parties d'alcool à 95°, dans l'éther acélique. La réaction caractéristique de ce corps est la suivante : précipilé par le lannin, insoluble dans une solution saturée de sulfate de magnésie. Réaction colorée en rouge par l'acide sulfurique dans un mélange de 1 HENRY. Journal de Pharmacie et de Chimie (1819), 2, V, 97. ? GUILLEMIN et JACQUEMIN. Journal de Pharmacie et de Chimie (819), 2, V, 110. 3 KROMAYER. Arch. der Pharm. (1862), CX. 27. Lupwi& et KROMAYER. Berichte Wiener Akad. (1862), VL, 149. * BOURQUELOT et HÉérIsSEY. Comptes rendus, 131, 216. BourQUELOr et HEÉRISSEY. Journal de Pharmacie et de Chimie, 6, 16, 513. 5 TANRET, G. Contribution à l'étude de la gentiane. Thèse de doctorat en médecine, Paris (1905), 15. 290 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) chlorure de zine et gentiopicrine. TANRET la considère comme une lactone d’un acide gentiopicrinique dont il à pu préparer les sels de potasse et de baryte. Traitée par les acides dilués ou par de Pémulsine!, on obtient de la gentiogénine, C1 H10 Of et du glucose. La gentiogénine est une poudre cristalline blanche, sans amertume, considérée par TANRET? comme un alcool tétraatomique. Le second glucoside de la racine de gentiane, la gentiamarine, trou- vée comme nous l'avons vu par TANRET, est une poudre amorphe également très amère, soluble dans leau et l'alcool. Hvydrolysée par Pémulsine, elle donne un corps marron et du glucose. Elle ne possède aucune fonction lactone. Ce même auteur a décelé un troisième glucoside qu'il appelle Ja gentiine. C’est un corps cristallisé, blanc, colorable par Fe CF, insolu- ble dans l’eau. Sa formule est C?% H?$ OÙ, mais il est sans fonction lactone. Par hydrolyse, il donne du xylose, de la gentiénine (cristaux Jaunes) et du glucose *. En résumé, on connait actuellement trois glucosides : gentiogénine C1 H10 0 Gentiopicrine C15 H20 0° 4 SNA N olucose C5 HE 06 COTPS Marron elucose C6 HE O6 centiénine CH H10 0° elucose C5 H12 05 Xylose C° H6 0° SUCRES.— Celle racine contient un trisaccharide des plus intéressant: le gentianose CS HF? 016, découvert dans la racine fraîche par MEYER #, en 1881. Sa nature exacte fut révélée par les travaux de BOURQUELOT et ses collaborateurs NARDIN? et HÉRISSEY 6. Ce sucre cristallise en Gentiamarine Gentiine C2? FES OO ERA N lamelles carrées où rectangulaires, anhydre; il à une saveur peu 1 BOURQUELOT et HÉRISSEY. Journal de Pharmacie et de Chimie (1899), IX, 220. BourQUuELzLOoT et HÉRISSEY. Journal de Pharmacie et de Chimie (1902), XVI, 513. TANRET, G. Thèse, p. 40. TANRET, G. Bulletin de la Société de Chimie (1905), XXXIII, 1059, 1071 et 1073. Taxrer, G. Comptes rendus (1905), CXIL, 207 et 263. Meyer, Arthur. Zeitschr. für physiol. Chem. (1882), VI, 145. 5 BOURQUELOT et NARDIN. Comptes rendus (1898), I, 280. 3OURQUELOT et NARDIN. Journal de Pharmacie et de Chinie (1898), VIT, 289. 5 BOURQUELOT et HÉRISSEY. Comptes rendus, CXXVI, 104; CXXII, 571: CXXXIII, 690: CXXXV, 399 BourQUELOor et HÉRISSEY. Annales de Pharmacie et de Chimie (1902), XXVII, 395. BOURQUELOT et HÉRISSEY. Journal de Chimie et de Pharmacie (1903), XVI, 417. 1 (9) H: GUYOT. LE GENTIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 291 sucrée; il est dextrogyre el non réducteur. Par hydrolyse avec de acide sulfurique à 3/0, on obtient deux molécules de glucose et une de lévulose : elucose lévulose CIS HE2 (16 9 H2 0 — 2 C6 HE 06 +: C6 F2 Of Ceci est également réalisable par une macération d'Aspergillus niger. Mais, par Paction de l'acide sulfurique à 2°/o ou par celle de linvertine de levure, le gentianose donne une molécule d’un disaccharide, le gentiobiose C2 H?? O0 et une de lévulose *. gentiobiose lévulose CRÉAS ONE TEE CEA O UE CENT 0 Le gentiobiose est un sucre très amer cristallisé, réducteur, donnant deux molécules de glucose par dédoublement au moyen d’'H? SO‘, de l’émulsine ou d’une macération d’'Aspergillus. On le prépare par hydro- lyse du gentianose avec une solution d'acide sulfurique à 2/00 ou par de la levure agissant par son invertine. Il possède un groupe aldéhy- dique libre et il est faiblement dextrogyre. ZEMPLEN ? en à récemment préparé un dérivé acétylé, cristallisable, loctoacétylgentiobiose. On peut également préparer du gentiobiose avec de Pextrait de gen- Liane des pharmacies (qui ne contient plus de gentianose) en faisant fermenter la solution aqueuse par de la levure haute qui laisse intact le ventiobiose *. Un disaccharide, le saccharose, à été extrait de la racine fraiche, mais en faible quantité #. Du glucose et du lévulose ont été également retirés par BOURQUELOT el MÉRISSEY *. La racine fraiche ne contient pas de gentiobiose, mais celui-ci esl abondant dans Pextrait du commerce; il se produit au cours de la dessiecation de la racine par Paction hydrolysante de Pinvertase qu’elle contient. GENTISINE. — Un autre corps qu’on peut relirer de l'extrait de gen- tiane par l’éther après élimination des glucosides, est la gentlisine ou gendisin. Ce corps fait partie du complexe gentianine ŒHENRY el ! BourQUuELO', E. Société de biologie (1903), LV, 586. ? ZEMPLEN, G. Zeitschr. für physiol. Chem. (1913), LXXXV, 399 et 407. 3 BourQUuELOr et HÉRISSEY. Journal de Pharmacie, XVI, 155. 1 BourQUELOT et Hérissey. Comptes rendus (1900), IT, 750. 5 BourQeLor et HÉRISSEY. Journal de Pharmacie et de Chimie (4902), IT, 515. 292 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) CAVENTOU ! étudié déjà en 1821. Plus tard, TROMSDOREE? ayant repris son étude, en isola des eristaux jaune soufre par lalcoo! et léther ; LeCONTE*, en 1838, les retrouva et leur donna le nom de gentisine. En 1847, BAuMERT“ fixa leur formule : C# H10 05. Comme ils avaient de faibles propriétés acides, il leur donna le nom dacide gentianique. Plus tard, HLASIWETZ et HABERMANN ? ont reconnu la gentisine comme dérivé xanthonique qui donne, par fusion alcaline : de la phloro- olucine, de l'acide dioxybenzoïque (— acide gentianique de BAUMERT) et de l'acide acétique. Par Paction de Pacide chlorhydrique, on obtient du chlorure de méthyle. Dans toute une série de belles recherches, KOSrANECKkI et ses collabo- rateurs$ en établirent la constitution et parvinrent même à en faire la synthèse ; ce serait un éther méthylique de la gentiséine C# H17 04 0 CHS qui est une 1. 3. 7. trioxyxanthone. O (8) < ZONE 7 As . OH ere | OH F CH° O ] LAN A AN CO OH COMMON gentiséine (4. 3. 7 trioxyxanthone). sentisine. CORPS DIVERS. — Pectine. — Les macérations froides de racine de sgentiane contiennent une substance mucilagineuse?. BOURQUELOT el HÉRISSEY * identifièrent cette substance à de la pectine, donnant par hydrolyse de lParabinose et du galactose. Nous avons constaté qu’elle se trouve en plus grande abondance encore dans les feuilles. Tanin. — ParscH®, Davies et WIiLze prétendent avoir rencontré du tanin dans la racine; il fut appelé acide gentiano-lanique. 1 Henry et CAVENTOU. (1821), VII. 195. = TroMsDORFF, Ann. Chem. (1837), XI, 134. LECONTE. Ann. Chem. (1838), XX V, 200. LECONTE. Journal de Pharmacie (1837), 465. BAUMERT. Archives de Pharmacie et de Chemie (1847), LIX, 264. BAUMERT. Journal de Pharmacie et de Chimie, XIII, 51. ® HLasiwerz et HABERMANN. Lieb. Ann. (1875), CLXXV, 264; (1876), CLXXX, 54. HLAsIWETrZ et HABERMANN. Ber. Chem. Ges. (1874), VII, 652. KOSTANECKI et TAMBOR. Monatshefte Chem. (1895), XVI, 919. TamBor Dissert. Berne, 1894. KENNEDY, G. W. Arch. Pharm. (1876), CCIIX, 38. DENIS. Journal de Pharmacie (1836). 308. BOuURQUELOTr et HÉRISSEY. Journal de Pharmacie et Chimie, 1 (1898), 473. BOURQUELOT et HÉRISSEY. Journal de Pharmacie et Chimie, II, 49 et 145. ParscH. Amer. Journ. Pharm. CCX (1877), 91. PATSCH. Amer. Journ. Pharm. VI (1878), 188. DAvies. Pharm. Journ. Trans. COCCLXXXIL. 230. WILLE. Journal de Pharmacie, (1877), 118. » 3 œ (ll) IH. GUXYOT. LE GENTIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 293 Mais sa présence est contestée par Maiscn!, VAN ITALIE? et SCHNITZLEIN ©. Finalement TANRET # admet qu'il s’y trouve seulement à l’état de traces. Essence. — Par distillation aqueuse, on à obtenu une huile blanche. butyreuse, à odeur vireuse et plus ou moins toxique ?. Il est plus que certain que cette essence trouvée par PLANCHE, donne l’arome spécial qui caractérise la liqueur de gentiane. Cet arome préexiste dans la racine fraiche el en tout cas ne se forme pas pendant la fermentation. Nous nous en sommes convaincus en distillant de la racine fraîche broyée avec de l’eau. Le distillat aqueux avait à un très haut degré l'odeur caractéristique de la liqueur; cependant elle était plus vireuse : en effet, il doit s'ajouter pendant la fermentation tous les éthers aromatiques élaborés par le chimisme de la levure. Amidon. — Celle racine est réputée chez les pharmacognostes pour son absence d’amidon; cependant FISCHER et HARTWIG en ont trouvé dans un échantillon récolté au mois de novembre. Monsieur le professeur À. Lendner m'a également communiqué un échantillon de Gentiana purpurea L., d'une provenance inconnue et qui en contenait passablement. HARTWICH et UHLMANN signalent aussi une graisse analogue à la cholestérine. (5-6 1/0). Les cendres composées en majeure partie de carbonate de calcium donnent 8,5 1/0. Dans la partie feuillée de Ia plante tiges et feuilles —- BRIDEL a montré également la présence de gentiopicrine, mais en quantité moindre que dans la racine. Ce même auteur? a constaté un fait très intéressant : les hydrates de carbone varient au cours de l’année dans leur teneur, tandis que les glucosides restent en proportions presque fixes, soit 20/o pour la gentiopicrine. Par conséquent, les hydrates de carbone doivent être rangés parmi les substances de réserve de cette plante. On voit ainsi que, malgré plusieurs inconnues qui subsistent, cette plante est assez bien connue au point de vue chimique. 1 MaïscH Amer. Journ. Pharm. (1876), VI, 117. 2 VAN ITALLIE. Arch. Pharm. (1888), CCXXVI, 311. 5 SCHNITZLEIN. Jahrb. für Pharm. (1802), 35. 4 MTANRET, G. Thèse, 71 et 72. PLANCHE. Bulletin de Pharmacie (1814. VI, 551. 5 Comm. zu Areneibuch f. d. Deutsch. Reich. Ergänzungsband (1901), 230. 5 Bripez Marc. Thèse de Paris (1913), 31. 7 Brinez Marc. Thèse de Paris, 113. 294 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (12) LES ENZYMES La science des ferments s’est tellement développée ces dernières années, qu'il devient absolument indispensable, lorsqu'on étudie une plante, de connaître les enzymes qu'elle renferme. En effet ceux-ei jouent un rôle tel, qu'ils expliquent mainte réaction qui se passe à l’intérieur de lorganisme et qui permet à la plante d'utiliser ou d'insolubiliser des réserves nutritives, d’oxyder ou de disloquer certains produits toxiques. Aussi avant d’éludier la fermentation de la racine de gentiane, il élait nécessaire de fixer sa richesse en enzymes. Nous avons fait tous les essais sur les racines et pour certains nous avons étendu ces recherches à toute la plante. Catalase La catalase est un ferment dislocant connu depuis longtemps par son pouvoir de décomposer Peau oxygénée. Cette propriété a été utilisée pour le reconnaitre et également pour le doser, puisque dans cette réaction il se forme de loxygène moléculaire, dosable par le volume que celui-ci occupe. Essai qualitatif. — 1° Jans la racine. On à procédé de la manière suivante : quelques grammes de racine très fraîche sont broyés fine- ment; on extrait le suc qu'on introduit dans un eudiomètre. On ajoute 10 em d’eau oxygénée à 1 0/0. Aucun dégagement d'oxygène na été constaté. Résultat : Il n'existe donc pas de catalase dans la racine. Or, on sait que parmi d'autres fonctions, ce ferment peut décomposer le peroxyde d'hydrogène quise formerait dans la photosynthèse. On comprend donc que cet enzyme n'existe pas dans ces racines très longues, qui sont des organes souterrains sans tissu palissadique chlorophyllien et soustraits à l’action de la lumière. 20 Dans les feuilles. — 1,0 gr. de feuilles très fraiches sont broyées finement; le tout est placé dans un eudiomètre; on y ajoute 10 cm* d’eau oxygénée à 1 /o. (13) H. GUXYOT. LE GENTIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 295 Deux essais sont effectués : Temps en minutes : cm PO? dégagé : Premier essai : 1 2.6 2 57 4 6,2 Deuxième essai : 1 3,0 2 9,0 4 2,8 Résultat : Les feuilles contiennent des quantités normales de catalase et analogues aux quantités trouvées dans des feuilles d’autres plantes (Comparer thèse de FREEDERICKSZ 1). Amylase L'’amvlase est un ferment hydrolysant de lPamidon, substance de réserve. Elle abonde dans les organes des plantes où s'accumulent des produits nutritifs amylacés. Les racines jouent souvent ce rôle et sont en général pourvues de ce ferment. Essai qualitatif. — On prépare une solution d’amidon au 1/10. On ajoute 5 em de suc de racines, fraîchement préparé. Le tout est porté dans un thermostat à 30°. Au bout de 12 heures, on ajoute une goutte de solution iodo-iodurée. Aucune coloration bleue ne se produit, ce qui indique que Pamidon a été saccharifié. Dans le tube témoin, auquel on avait supprimé le suc de plante, apparaît une coloration bleue. Le premier essai qualitatif ayant donné une réaction positive pour la racine el les feuilles, nous avons alors effectué le dosage de la facon suivante : On prépare d’une part du suc de feuilles, d'autre part celui de la racine, en broyant une partie de substance, avec une partie d’eau. Dans là première éprouvette, on met 1 em* de solution de ferment el dans les neuf autres 1 em° d’eau et 3 em de solution damidon à 11/0. Ensuite on verse le contenu de la première éprouvette dans la seconde, on agite et on dilue ainsi de suite de 50 °/o dans chacune des éprouvettes suivantes. On laisse agir 24 heures à 34°. Au bout de ce temps, on ajoute dans chaque éprouvette une goutte de solution n/10 diode. On remarque alors les colorations suivantes : 1 FREEDERICKSZ W. Bulletin de la Société Botanique de Genève, IIT (1911), 80. 296 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (14) Éprouvettes avec sue de feuilles : Éprouvettes avec suc de racines : il — ile —— 2. 1NCOlOre 2: incolore de » de » 4. rouge vineux 4. rouge vineux 9. bleu D. bleu 6. ) 6. » 1e » Ji » ÿ. ) 8. » Résultat : La quantité d'amylase est identique dans les feuilles et la racine. Sa proportion est très notable et explique lPimpossibilité de la formation de l’amidon; or en pharmacognosie cette racine est réputée par son absence damidon, ce. qui est un bon caractère pour la reconnaitre. Oxydase Une tranche de racine fraiche est appliquée sur un papier buvard imbibé de teinture de gaïac émulsionnée et fraîchement préparée. Au bout de quelques minutes on constate un bleuissement rapide du papier et correspondant surtout à la région corticale. Résultat : Présence d’oxydase. L’acide pyrogallique ne nous donne pas de précipité net, ce qui correspond à une faible quantité de ferment. Peroxydase TANRET ! à mis en évidence sur une gentiane d'octobre une peroxydase. Nos essais n’ont pas été concluants à ce sujet. Tyrosinase Comme précédemment, la racine est broyée avec une quantité égale d’eau. Quatre essais différents sont effectués au moyen du réactif crésol-azur : No,4 2 em de sue + 3 cm° glycocolle + 1 em° p. crésol NO: » » NOR: » neutralisé No 4. ) acide (acidité naturelle) Dans les quatre essais il n’y a aucune coloration. Résullat : Absence de tyrosinase. 1 TANRET G. Thèse Paris. (45) H. GUYOT. LE GENTIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 297 Emulsine 0,2 gr. d’amygdaline sont dissous dans 10,0 gr. d’eau. On ajoute 2 cm° de suc de racine. Après 24 heures le papier picrosodique de Guignard n’a pas rougi. Résultat : Absence d’émulsine. Ceci montre que le gentiobiose, sil existe dans la plante, doit être attaqué par un ferment spécifique, la gentiobiase, BOURQUELOT ! ayant montré — in vitro — que l’'émulsine attaque le gentiobiose et que linvertine est sans action sur ce sucre. En outre la présence de gentiobiose dans la plante vivante a été mise en doute par BOURQUELOT. Sucrase On dissout 0,5 de saccharose dans 10,0 gr. d’eau. On ajoute 2 em° de suc. Le tout est porté au thermostat à 55° pendant 6 heures. La liqueur de Fehling est fortement réduite. Pour vérifier la présence de cet enzyme nous avons fait les essais suivants : No. Pour réduire 2,5 cm° Fehiing, empl. 23 em° suc frais bouilli. No 2. » » » ASC laissé 48 heures. N° 3. » » » 1m laissé 48 heures avec sucrase. Deuxième essai comparatif : No. Suc frais bouilli empl. 76 cm° No9. » » 48 heures » ND Ge N° 8. » » » + sucrase » 9 cm Résultat : I y a passablement de sucrase, celle-ci, camme on Fa vu, agit sur le gentianose el le dédouble en gentiobiose et lévulose. Gentianase La présence d’un ferment spécifique appelé gentianase n’est pas absolument certaine; car on a vu que l’invertine agit sur le gentianose. Gentiobiase Le disaccharide gentiobiose par sa nature spéciale doit être attaqué selon BOURQUELOT par la gentiobiase qui le dédouble en deux molécules de glucose. 1 BourquEeLOT et Hérissey. C. R. Ac. Sc. CXXXV (1902), 399 et 401. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 7-8-9, parus le 10 avril 1917. 20 298 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (16) Pour terminer, il y a quelque intérêt à signaler les expériences de BarrHeT et THiERRY 1; ces auteurs ont trouvé que le suc pancréatique du chien, les macérations des muqueuses intestinales de lapin ou de chiens n’hydrolysent pas le gentianose ; tandis que les Mollusques et les Crustacés ont une enzyme dédoublant le gentianose en lévulose et sentiobiose. Conclusion : Il est certain que plusieurs de ces ferments, abondants dans cette racine, prennent une part active dans la dégradation des sucres complexes en produits plus simples qui sont ensuite repris et transformés par les levures en alcool. LA FERMENTATION On à vu au début de ce travail combien d'organismes différents pulullent dans un liquide en fermentation ; les bactéries, les Mucorinées, les moisissures, les levures, les Fungi imperfecti se partagent le travail en vivant côte à côte. Recenser tous ces végétaux, les déterminer, fixer leur rendement en alcool, tel est le but de ce chapitre. Oblention des levures. — Nous avons prélevé à trois époques diffé- rentes, dans les mois de septembre à décembre, des échantillons de moût de gentiane en fermentation. Les prises provenaient de trois endroits différents dans le Jura bernois. Il est inutile de rappeler que toutes les précautions ont été prises pour aseptiser le matériel et éviter une pénétration de germes étrangers. Les prises d'échantillons ont été faites de trois manières : 1° on a prélevé un échantillon de lécume qui s’accumule à la surface du liquide; 2° une autre prise à été effectuée dans le liquide; 3° on a prélevé des fragments de racines. Ce procédé à été répété dans les trois endroits différents. Cest évidemment l'échantillon n° 1 qui a donné le maximum d’orga- nismes. [Il s’est cependant trouvé que les trois parties contenaient la même flore. ? BaARTHET G. et Tarerry H. C. Rend. Soc. Biol. I. (1908), 651. (11) H. GUYOT. LE GENTIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 299 Sitôt recus au laboratoire, les liquides ont été revivifiés par adjonction de moût de vin stérilisé. Au bout de quelques heures, la fermentation était déjà tres active et après un jour les organismes ont été triés d’abord par dilution. Le moût de gentiane ayant une réaction acide, excluait la présence de bactéries, ce qui à beaucoup facilité les triages. Pour effectuer ces derniers, on prépare des milieux de moût gélatinisé qu’on ramollit à une douce chaleur. On introduit alors quelques gouttes de moût de gentiane dilué convenablement dans de l’eau stérile. Au bout de quelques jours, les colonies sont suffisamment développées pour que leur aspect extérieur permette de faire un premier choix. De cette facon nous avons repiqué 52 colonies. Sur ce nombre, onze levures paraissaient différer des autres par leur morphologie extérieure. Nous les avons triées à nouveau, pour en isoler des races pures à partir d’une cellule unique d’après la méthode décrite par Hansen. A côté de ces onze levures, nous avons abondamment rencontré une Mucédinée du genre Oidium. Classification. — La laxinomie des levures est encore peu avancée ; bon nombre d'espèces sont mal où insuffisamment décrites. Aussi ce n’est pas sans peine qu'on arrive à établir identité d’une levure. Pour simplifier ce travail nous avons composé une clef dichotomique des genres décrits jusqu'ici ; nous la publions, pensant qu’elle pourra peut- ètre rendre quelques services. Table dichotomique pour la Détermination des Genres de Levures 1 LOVE SONNERIE SNS CET Re ER Rte SAT SENS PES 2 EURE SAN SES DORUIATIONA RAA TRACER 15 2. Levure se multipliant par cloisonnement. Sehizosaccharomyces » » DADOUESE ONE MEN AA ATTREE 3 D CALE TE CC dANMAISPORUTATIONE APE REP CERTES 1 » sans » ) DURE AR EAST AR au nus 8 OO DU ATOM AMIE ATEVESTILE M EM ER CONTE RE TRNN si » LOU OUTS AE LE PAT EN ENTER ER em ASE 6 ». Ascospores entourées d’un filet saillant. Sehwanniomyces » sans » » Torulaspora 6. Copulation entre deux cellules voisines. Guillermondia » DMC LAN DER ES OO ERA ENNENE ïl 1. Ascospores lisses. Copulation ......... Zygosaccharomyces » verluqueuses. DÉS ee ae Debaryomyces 300 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (48) 8. Levures à ascospores fusiformes ou linéaires. ............. 9 » » rondes à ovales, anguleuses, en citron ou en Chapeatte np NRENAr ER 10 JPASqUesS A AS COSDOTe PRE ERP Monospora DANS ) fusiformes à 1 eil. Nematospora 10. Levure formant immédiatement un voile ................. 11 D AE DR DAS ED) D SEE a AN 12 11. Ascospores sphériques ou anguleuses.. Pichia » en citron ou chapeau melon Willia 12. Levure se multipliant tantôt par cloisons tantôt par bourgeonnement......... Saccharomycodes Levure ne se multipliant que par bourgeons .............. 13 13. Cellules apiculées et toujours à 1 spore. Hansenia » non » ayant 1-8 spores (ou apiculées mais à PIUSIEUTS SDORES) EPP EPA EEE 14 14 ASCospores a 2 membranes 1 "VEr0 Saccharomycopsis » 1 D RC PU Saccharomyces 15. Levures parasites, pathogènes. ........ Cryplococecus D A TON 20020 AR DRE R UE LEE ee Es a Sn 16 16. Forment un voile immédiat, cellules AlONPÉes PERS RER ER ETAT Mycoderma Forment un voile immédiat ou après fermentation, cellules ovales ou rondes Torula Comme critérium d'identification spécifique, nous nous sommes astreint pour chaque levure, à fixer les données suivantes : 1. Forme et aspect d’une jeune colonie. Mêmes recherches pour les colonies géantes. 2. Forme des cellules jeunes de un à deux jours. Dimensions. 3. Inoculation dans des milieux liquides. Examen de la forme des cellules, de lapparence de la végétation, soit formation d’un voile, d'un dépôt, etc. 4. Inoculation sur carotte et sur plâtre pour étudier la sporulation. 9. Fermentation d’un moût de vin, pour le dosage de l’alcool. . Action de la levure sur les mono, di, trisaccharides. Avec ces documents, on peut alors tenter la détermination par voie d'élimination. en) (19) H. GUYOT. LE GENTIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 301 ÉNUMÉRATION DES ORGANISMES Nous donnons maintenant la liste, avec description suivant les prin- cipes qui précèdent, des champignons triés dans cette fermentation. Oidium gentianæ nov. sp. Champignon formant un court mycelium blanc, de 2 à 3 centimètres de haut. Au bout de huit jours sur moût gélatinisé, une piqüre donne une colonie montrant des zones plus denses partant du centre en lignes courbes. .. Fig. II. — Oidium gentianæ. Jeunes cellules (Chambre humide). Filaments mycéliens formés de très longues cellules oïdiennes soudées en chaine. Longueur 4,5 à 17,5 y; largeur 5-11 y. Contenu hyalin assez fortement granuleux. Cultivé sur carotte ne donne pas de spores, mais se vacuolise forte- ment. Dans du vin désalcoolisé additionné de 2°/o de glucose, les cellules s’arrondissent. Au bout de deux jours à 22° apparaît un voile uni, gris, mal, plus ou moins farineux. Rendement en alcool : 0 Dans les vieilles cultures, formation de chlamydospores caractéris- liques. 302 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20) Ces caractères qui précèdent en font un Oidium. Il s'est trouvé constamment dans tous les triages, quoiqu'il n’ait aucune importance dans la production dalcool. Oidium gentianæ. Guyol, NOV. Sp. Cellulæ elongatæ, .oidium revocantes, in calenam con- junetæ 4,5-17,5 Ig. et 5-11 w lat. Mycelium fungi in gelatina Fig. IIL.— Oidium gentianæ. Aspect des cel. Cultum Zonas densiores à cen- lules dans les milieux liquides (20 jours). tro divergentes exhibens. In vino saccharato cultum velum planum griseo farinosum figurans. Cellulæ in liquido vigentes rotundatæ. In culturis senescentibus chla- mydosporæ frequentes. Q ® Fig. IV. — Oidium gentianæ. Formation de chlamydospores dans une vieille culture. Zygosaccharomyces Chodati nov. sp. Jeunes colonies croissant en hauteur, fortement ridées, de couleur crème, à sommet en cratère jaunâtre. Cellules allongées, triangulaires au sommet, munies presque toujours de petites aspérités latéralement. Cellules bourgeonnantes assez souvent de deux types différents; les unes sont plus ou moins quadrangulaires, longues de 5 à 20 y et larges de 5 w; les autres sont ovales, longues de 9 à 12,5 y, larges de 5 y. Dans les milieux liquides, cette levure ne forme pas de voile, mais rapidement un dépôt uniforme. (21) H. GUYOT. LE GENTIANA LUTEA L., ET SA FERMENTATION 903 Cultivée sur carotte elle forme facilement des spores, au nombre de une à six spores par asque; elles sont disposées en tétrades ou en chaînes ; d’autres fois elles sont disposées tout à fait irrégulièérement. On remarque qu’une par- lie seulement du plasma sert à la formation des spores dans une cellule ; celte dernière peut pren- dre une forme tout à fait irrégulière. On peut re- marquer en outre qu’en- |; tre deux cellules voisi- Fig. V.— Zygosaccharomyces Chodati. Jeunes cellules. nes, il y aurait soudure des deux masses plasmiques, par conséquent pédogamie. Ce phéno- mène nous montre une parenté avec le genre Guillermondia de NADSON‘. Mais ce qui différencie cette levure, c’est la forme tout à fait variable de lasque, qui prend des allures plus ou moins amiboïdes. Fig. VI — Zygosaccharomyces Chodati. Copulation et diffé- rentes formations de spores. Dans les cellules ovales on ne remarque aucune copulation el la ormation des ascospores paraît normale, quoiqu'on constate de temps en temps deux grosses ascospores, puis deux plus pelites sûrement avortées. Ces faits montrent qu'il y a une copulation, ce qui fait rentrer cette levure dans le genre Zygosaccharomyces. C’est une espèce nouvelle bien définie, d’abord par ses cellules à pourtour anguleux et par ses asques 1 NapsON et KONOKOTINE. Travaux de l'Ecole supérieure de Médecine des fenvmes de Pétrograde (1912). 304 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (22) amæbiformes. Il diffère du Z. Barkeri (Barker) Sacc. qui a des cellules ovales, du Z. Priorianus, KIôck. et japonieus, Saito, parce qu’il fermente le saccharose, disaccharide non attaqué par ces derniers. C’est avec un vif plaisir que nous dédions cette nouvelle espèce à notre professeur M. R. Chodat. Introduit dans le moût de vin stérilisé, il provoque une active fer- mentation qui donne 8,18°/0 d'alcool en volume. Le distillat possède une agréable odeur de cognac. cn Fig. VII. — Zygosaccharomyces Chodati. Différents stades de la sporu- lation. Sucres fermentés : Monosaccharides : Disaccharides : Trisaccharides : Glucose Saccharose Raffinose Fructose Galactose C’est donc une excellente levure pour la fermentation de la gentiane. Zygosaccharomyces Chodati, Guyot, nov. sp. Cellulæ elongatæ, apice angulosæ, lateraliter asperæ subquadran- gulares vel ovales. Crassamentum in liquido uniforme. Sporæ 1 ad 6 in catenam vel tetrædrice dispositæ. Saccharomyces sp. Jeune colonie croissant en hauteur, blanc crème, à pourtour sinueux. Quelques forts sillons partent du sommet jusqu’à la base, (23). H: GUYOT. LE GENTIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 305 landis qu’on distingue de fines stries cireulairement. Le sommet est lisse el jaunâtre. Les jeunes cellules ont une forme arrondie ou ovale; leur longueur est de 5 à 7,5 y; la largeur de 5 à 6,5 y. Dans les milieux liquides, elle ne forme pas de voile, même après plusieurs mois, mais un dépôt uni. Cultivée sur carotte, elle forme des spores groupés en tétrades dans l’ascospore. 40 © 4) &. re Kie:. VIII. — Saccharomyces Fig. IX. — Saccharomyces Fig. X.— Saccharo- sp. — Jeunes cellules. sp. Formation des spores. myces sp.Colonie. Elle fait fermenter le moût de vin; par distillation on obtient 8,18 0/0 d'alcool en volume, accompagné d'éthers d'odeur agréable. Sucres fermentés : Monosaccharides : Disaccharides : Trisaccharides : Glucose Saccharose Raffinose Fructose Maltose Galactose Cette levure rentre done dans le premier sous-groupe des Saccharo- myces de Hansen. Mais devant le très grand nombre d'espèces décrites, et cela souvent d’une facon trop sommaire, nous renoncons à identifier cette levure. Saccharomyces Zopfii Arlari Colonies jeunes, arrondies, finement striées, jaunes. Colonies géantes liquéfiant la gélatine au bout d’un mois et demi. © © © _ © Cellules rondes ou ovales, bourgeonnantes. Q a Longueur 2,5 à 6 w; largeur 2,5 à 9 w. (@) $ © Sur les milieux liquides, cette le vure ne UP ) . . TR ë Fig, XI.— Saccharomyces forme pas de voile, mais un dépôt unr. Zopjii. Jeunes cellules. 306 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (24) © a Cultivée sur carotte, elle forme facilement ca SY à RE à des ascospores en tétrades. L'émission des spores se fait par gélification de la mem- ES rs brane de l’asque. | Dans le moût de vin, elle produit une Fig. XII. — Saccharomyces fermentation donnant 8,18 ‘/o d'alcool en tag r PESCenCe volume. Il s'y trouve également des éthers à odeur agréable. Sucres fermentés : Monosaccharides : Disaccharides : Trisaccharides : Glucose Saccharose Raffinose Fructose Galactose Elle rentre donc dans le deuxième sous-groupe de Hansen et corres- pond assez bien à la description du Saccharomyces Zopfii d'ARTARI !. Saccharomyces Lendneri nov. sp. Colonies arrondies, presque lisses, finement striées, luisantes. Après deux mois elles liquéfient la gélatine. CCC 9 @ à & 8 Fig. XIII. — Saccharomyces Lendneri. Fig. XIV. — Saccharomyces Lend- Jeunes cellules. neri. Emission des spores. Cellules arrondies ou faiblement ovales souvent vacuolisées. Longueur 3 à 6 y; largeur 2,5 à 5 w. Dans les milieux liquides, il ne se forme aucun voile même après deux mois. Le dépôt est abondant et pulvérulent. Sur carotte, cette levure sporule. Les spores sont groupées en létrades et l'émission se fait par le sommet de l’asque. Par fermentation du moût de vin on obtient 7,74°/, d'alcool en volume. Les trois monosaccharides suivants sont seuls fermentés : glucose, fructose, galactose. * ARTARI, À. Abhandl. d. naturf. Ges. zu Halle, XXI (1897). (25) H. GUYOT. LE GENTIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 307 Comme les deux Saccharomyces qui suivent, celui-ci se range dans le quatrième sous-groupe de Hansen. Il ne correspond à aucun des deux décrits jusqu'ici, soit le S. Mali Duclauxi Kayser! et S. unisporus Fig. XV. — Saccharomyces Lendneri. Colonie. Jôrgensen?. Il diffère surtout des deux suivants par le mode de rupture de l’asque. Nous avons le plaisir de le dédier à M. le professeur Dr À. Lendner en signe de reconnaissance. Saccharomyces Lendneri, Guyot, nov. sp. Cellulæ rotundatæ, vel plus minus ovales. Coloniæ læves, polilæ, læviter striatæ. Depositum ji. e. crassamentum in liquido uniforme. Sporæ tetrædrice dispositæ ruptura asei apicis Hberatæ. Saccharomyces gentianæ nov. sp. Colonie jeune, blanche, finement striée, à stries profondes partant du sommet jusqu’à la base. Cellules rondes, elliptiques, ayant une longueur de 9 à 7 largeur 5 à 6 w. Dans les milieux liquides, cette levure ne forme pas de voile, même après deux mois. Le dépôt est lisse. 1 el pour = { Fig. XVI. — Saccharomyces Fig. XVII. — Saccharomyces gentian. gentianæ. Cellules jeunes. Déhiscence de l’asque. Ensemencée sur carotte, elle sporule facilement; les spores sont sroupées en tétrades. L'émission des spores se fait par gélificalion de la membrane. 1 KAySER, E. Ann. Inst. Past. IV (1890). = JORGENSEN A. Cent. f. Bakt. I, 2 (1896). 908 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (26) Le rendement en alcool est de 7,74°%/o en volume ; il est accompagné d’éthers. Comme la levure précédente, celle-ci ne fermente que les trois monosaccharides suivants : glucose, fructose, galactose. Les spores dans cette espèce étant mises en liberté par un autre mode que celui du Saccharomyces Lendneri, nous en avons fait une nouvelle unité. Saccharomyces gentianæ, GuUVol, nov. sp. À Saccharomyce Lendneri Guyot sporis membrana liquefacta evanes- cente liberatis differt. Saccharomyces juillardensis nov. sp. Jeunes colonies croissant en hauteur, jaunâtres, à fortes stries longitudinales. Pourtour irrégulier. Cellules rondes ou ovales longues de 5 à 6 et larges de 2,5 à 9 y. Il ne se forme pas de voile même après plusieurs mois, mais un dépôt uniforme. Cultivée sur carotte, on obtient une sporulation abondante ; les spores sont en tétrades et Pémission se fait d’une manière tout à fait caracté- ristique par désarticulation transversale de lasque (fig. 19). Ce mode de ES ne ce A ( © © Q 50 OR D Fig. XVIII. — Saccha- Fig. XIX. — Saccharomyces juillardensis. romyces juillardensis. Déhiscence transversale de l’asque. Jeunes cellules. rupture est très particulier et mérite d'être relevé, car il peul servir à différencier cette espèce des autres. Elle fermente le moût de vin en donnant 8,18 0/0 d'alcool en volume, avec des éthers. Les sucres suivants sont attaqués : glucose, fruetose, galactose. Cette levure appartient au quatrième sous-groupe de Hansen et constitue une nouvelle espèce, comparée aux deux précédentes. (1) H. GUYOT. LE GENTIANA LUMEA L. ET SA FERMENTATION 309 Saccharomyces juillardensis Guyot, nov. sp. À Saccharomyce gentianæ Guyot ruptura asci transversali differt. — Hab. in loco dicto «La Juillarde » Mons Juræ Bernensi 1100 m. Pichia gentianæ uov. sp. Jeunes colonies croissant en hauteur, hémisphériques, faiblement ridées, farineuses, blanc crème à sommet jaunàtre. Colonies géantes aplaties, possédant au centre un faible mamelon; le bord en est frangé et la colonie devient brunâtre. Les cellules sont rondes ou ovales et bourgeonnent fréquemment ; longueur 3 à 12 y; largeur 3 à 5 w. Introduite dans des milieux liquides, cette levure donne au bout de deux jours un voile mat, plus ou moins farineux et qui tombe assez facilement au fond du flacon en plaques. Les recherches pour la tem- pérature maximale de sa formation nous ont donné les résultats suivants : 2% 0% ® 0, @ Fig. XX. — Pichia gentianæ. Cel- Fig. XXI. — Pichia gentianæ. Jeunes lules du voile. cellules. Température 35° après 2 jours voile /rès /ort » 3 10 » D fort » 490 » ) nul La température limite maximale doit donc être comprise entre 38° et 400. Les cellules du voile s’allongent beaucoup et bourgeonnent tres activement. Si on cultive cette levure sur milieux de plâtre ou carotte, on obtient au bout d’un assez long temps des spores en tétrades. La fermentation est peu active ; seuls les trois monosaccharides suivants sont attaqués : glucose, fructose, galactose. Le rendement en alcool est de 3,6 °/o en volume. 310 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (28) Cette levure sporulant et formant immédiatement dans les milieux liquides un voile, se rattache au genre Pichia. Par les caractères qui précèdent, elle ne correspond à aucune espèce décrite jusqu'ici et constitue ainsi une nouveauté. Pichia gentianæ, Guyot, nov. sp. Cellulæ rotundatæ vel ovales. Velum album, farinosum — in liquido nulritivo membranæfaciens. Pichia farinosa Lindner Les jeunes colonies de cette levure sont de forme conique, fortement ridées, à contour sinueux, blanches à sommet crème. Les colonies géantes par contre S'entourent d’une zone grise pulvé- rulente, mycélienne. En outre toute la colonie tend à s’aplatir. Les jeunes cellules sont ovales et bourgeonnent facilement ; leur longueur est de T # el la largeur 4,5 à 7 w. Dans les milieux liquides, on observe au bout de deux jours un voile, qui dans (e) KE) ce cas est fortement plissé, pulvérulent. Au bout de quelques semaines, il se de ul de ie ne son Foi >: @ de squames. Examinées au microscope, SO les cellules du voile sont beaucoup plus Fig. XXIT. — Pichia farinosa allongées et ont un plasma fortement Lind. Jeunes cellules. vacuolisé (fig. 23). La température limite maximale de la formation de ce voile est donnée dans le tableau suivant : Température 35°, après 2 jours il existe un voile. Température 37°, après 2 jours il existe un voile. Température 42, après 2 jours Fig. XXIII. — Pichia farinosa Lind. Cel- lules du voile. absence de voile. On obtient facilement des ascos- pores en cultivant cette levure sur carotte; elles sont groupées en tétrades. L’asque se désarticule en deux moitiés pour l'émission des spores. On n’observe pas de spores dans les cellules du voile. Le pouvoir fermentescible de cette levure est faible ; elle donne 5,39 °/o d'alcool en volume ; le distillat a une odeur prononcée d'acide formique. (29) H. GUYOT. LE GENTIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 911 Le glucose et le fructose sont attaqués par cette levure. Les caractères précédents la font ranger dans le genre Pichia. Elle diffère de la précédente par son voile plissé et par son action nulle A ee sur le galactose. Elle correspond D A ES EN assez bien à la description du Fig. XXIV.— Pichia farinosa Lind. Colonie Din nas CENTAINE + jeune à gauche et colonie géante à droite. ichia farinosa de Lindner *. Pichia juratensis nov. sp. Les colonies jeunes de cette levure ont un bord circulaire, à marge plane; elles sont blanches, farineuses, puis S'élèévent brusquement en colonie hémisphérique. Dans les milieux solides, les cellules jeunes ont une forme ovale ; leur longueur est de 3,5 à 9 y et leur largeur de 3 à T w, à plasma assez fortement granuleux. Sur le moût de vin stérile, elle donne au bout de deux à trois jours un voile mat farineux, blane grisâtre. Cultivée à différentes températures on obtient la limite entre 38° et400. Jo0 après deux Jours : voile forl aie » » moyen 490 )) » nul Sur carotte où plâtre, on obtient des spores en tétrades. La déhis- cence de lasque s'opère par la partie médiane. On trouve quelquefois des cellules durables. Cette levure donne 6,55°/o d'alcool en volume et fait fermenter le elucose et fructose. Elle appartient également au genre Pichia mais différe de la précédente par son voile mat et la forme de la colonie. Les autres caractères ne permettent pas de l'identifier avec les espèces déjà décrites. Pichia juratensis, Guyot, nov. sp. Cellulæ ovales. Velum album, farinosum. Sporæ tetrædrice dispositæ ascis medio dehiscentibus. Cellulæ perennantes haud raræ. ? LINDNER, P. Wochenschrift für Brau. (1893). 312 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (30) Torula gentianæ, Guyot, nom. nov. (— ToruLA n°15, Will.) Les colonies jeunes de celte levure sont presque planes, lisses, arrondies, grises-blanches, avec un liseré blane sur le bord; au bout d’un certain temps celui-ci devient gris et le centre de la colonie se teinte légèrement de jaune. Après un mois, toute la colonie, sauf le liseré s'enfonce par liquéfaction de la gélatine. Les cellules sont ovales; plusieurs bourgeonnent. Leur longueur est de 3 à 11 # et la largeur 3,5 w. 09 Q &_.9 © TE » RS Fig. XXV.— Torula gentianæ. Jeunes Fig XXVI. — Torula gentianæ. Cel- cellules. lules du voile. Ensemencées dans du vin désalcoolisé et glucosé, il se forme après deux jours un voile mat, blanc gris, légèrement farineux. Puis au bout de quatre jours, il se ride très légèrement. Les cellules du voile sont plus allongées que celles des colonies des mi- lieux solides. D'après le tableau suivant, la température limite maximale de formation du voile est environ de 30°. | RRRITE Jo après deux jours taches séparées. AA Ie 370 ) rien. On n'obtient aucune formation de spores ni sur carottes ni sur plâtre. Cette levure fermente très mal le moût de vin; celui-ci distillé après deux mois donne 1,13°%/0o d'alcool en volume; le distillat a une Fig. XXVIT.— Torula gen- forte odeur butyrique. tianæ. Jeune colonie et . colonie géante en bas. Aucun sucre n'est hydrolisé par cette levure. Comme on le voit par cette description, cette levure se rattache au genre Torula par l'absence de spores, le voile et sa résistance vis-à-vis des sucres. Elle correspond bien à la courte description de la Torule (34) H. GUYOT. LE GENIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 313 n° 19 de WrzL'. Le manque de description suffisante nous engage à lui donner un nom d'espèce. Torula gentianæ, Guyot. (Torula n° 15 Will, nomen nudum). Cellulæ ovales, 19. 3-11, lat. 3,5 w. Colonia plana, polita, griseo-alba, albo-marginata. Velum planum farinosum. Mense dilapso, gelatinam liquefaciens. Le bilan de cette fermentation nous donne donc un total de onze organismes différents dont huit sont nouveaux où que nous avons donnés comme inédits parce qu'ils étaient mal décrits jusqu'ici. I faut remar- quer que trois levures fermentent le raffinose et quatre le saccharose. Or comme nous avons vu que linvertine attaque le gentianose, il est donc intéressant de voir qu’à côté de l’invertine de la racine, ces levures peuvent continuer d'achever la dégradation de ces sucres. Les autres levures fermentant, les unes les disaccharides, les autres les monosac- charides, doivent également prendre une part active dans l'hydrolyse. Plusieurs donnent dans la fermentation du moût des éthers aromatiques qui se joignent à l’arome sui generis de la racine, communiquant ainsi à la liqueur son odeur fortement aromatique. La présence de l'Oidium gentianse dans les trois échantillons de moût que nous avons utilisés, fait supposer que cet organisme à une fonction réelle; il est plus que probable qu'il empêche la formation d'acide acélique en absorbant oxygène. Son rôle serait done protecteur. Les Pichia fabriquent moins d'alcool que les autres levures, mais en revanche élaborent des éthers. Toutes ces levures, sauf le Torula gentianæ, fermentent le glucose et le fructose. Le galactose est fermenté par huit d'entre elles, ce qui en sénéral chez les levures est plutôt rare. Tandis que les monosaccharides sont presque tous attaqués par ces levures, les disaccharides résistent passablement ; ainsi le sucrose n’est hydrolisé que par quatre levures, le maltose par une seule et le lactose n'est transformé dans aucun cas. Cette fermentation contient donc tous les organismes nécessaires pour une fermentation complète et riche en production d'alcool. Le tableau suivant démontre bien ce fait : ? Wrzr, H. Zeitschr. f. d. Ges. Braur., XX VI (1903); LXXX (1907); XVII (1907). WiLz, H. Centralbl. f. Bakt., XXI (1908). BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, No 7-8-9, parus le 10 avril 1917. 21 314 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (32) ° d'alcool en volume Oidium gentianæ (Q ZYgosaccharomyces Chodati 8,18 Saccharomyces Sp. 8,18 » ZLoptii 8,18 » Lendneri 1,14 » ventianæ 7,14 » Jjuillardensis 8,18 Pichia gentianæ 3,0 » farinosa D,39 » Juratensis 6,99 Torula gentianæ la 7e DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE Le Gentiana lutea L. étant une plante aux appétences franchement calcicoles doit donc être limitée aux montagnes calcaires. On la trouve dans l’Europe moyenne, de la Sierra d’Estrella au Portugal jusqu’en Asie Mineure au Boz Dagh. On ne la connaît au Portugal que de cette station où elle est même aujourd'hui assez rare, car Celle fut impitoyablement poursuivie par les bergers qui la vendaient aux pharmaciens des environs », nous écril M. le professeur Pereira Coutinho. En Espagne, elle devient déjà plus abondante. On la trouve en Galicie, dans les Asturies, dans les Monts Cantabres, lAncienne Cas- lille, Aragon, la Catalogne et partout dans les Pyrénées. De là, elle passe en France, sur tout le Plateau central, dans la Côte d'Or, PYonne, la Creuse, la Haute-Vienne, ainsi que sur toute la chaîne des Alpes, le Jura et les Vosges. Dans la Côte d'Or, elle descend Jusqu'à 290 mètres d'altitude, tandis que dans le Valais sa limite infé- rieure est 450 mètres. En Suisse, elle suit toute la chaîne du Jura, où elle est très abon- dante et y caractérise bien le pâturage jurassien. On la rencontre également sur les Préalpes et dans les massifs alpins à affleurements \ “QURIJUOS E] 0P O[[HSIP UO,J NO Soa1u09 sep enbrqders09$ uonrie der ET “ITOU U LO TT] D) DUDAUIE) NP AUbIABASO9S UOINAHMIST ITIAXX 21 916 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (34) calcaires. Cette plante s’hybridise alors facilement avec ses proches parents : les Gentiana purpurea L. et G. punctata L.. En Allemagne, elle se rencontre dans les Vosges, la Forèt-Noire et en Bavière. Une petite station se trouve en Thuringe près d’'Arnstadt. Sa distribution pour l'Autriche s'étend sur tout le massif alpin, surtout dans le Tyrol, Vorarlberg, puis en Carinthie, Croatie, lfstrie, Goritzia, Trieste. Dans cette aire orientale, MURBECK Y à distingué une sous-espèce symphyandra Mürb., dont les étamines sont soudées entre elles par les anthères. De Ià, elle s'étend en Bosnie-Fferzégovine, puis saute aux Carpathes où elle est localisée dans la partie occidentale (Rodnaër Alpen, Bürzenländer et Biharia). On la rencontre également sur les Carpathes roumaines. Il S'en détache du côté du Sud une aire qui s'étend en Italie vers les Alpes lombardes et vénitiennes ; elle se retrouve dans lPApennin central el sur les îles de Sardaigne et de Corse. Plus on s'approche de lPOrient, plus Paire se disloque ; elle se réduit à une seule station connue en Macédoine (Peristeri sur Bitolia), une dans lOlympe de Bithynie et une même en Asie Mineure, au Mont Tmolo sur Boz Dagh (Lydie). La distribution géographique de cette plante à été fixée sur la carte (fig. 28) sous forme dun pointillé. On voit done que c’est une espèce montagnarde de toute l'Europe moyenne, dont Paire s'étend du Por- tugal à PAsie Mineure. Il ressort en outre de cet exposé que sa patrie de prédilection est Europe centrale représentée par le Jura et les Alpes calcaires. Sur cette carte, on à également donné en taches noires la distribution séographique des endroits où se pratique la fermentation de la racine. On voit dès lors que la fabrication d’eau-de-vie de gentiane n’a lieu que dans Europe centrale : dans la partie septentrionale du Plateau central, le Jura, les Alpes, la Corse, la Sardaigne et les Carpathes occidentales. Dans les autres régions, on se borne à l’arracher pour des usages pharmaceutiques, car elle est souvent peu abondante. Mais ce qu’il faut noter, c’est que partout les gens du pays connaissent ses propriétés ameères et fébrifuges et la récoltent comme médicament. (35): H. GUYOT. LE GENTIANA LUTEA L. ET SA FERMENTATION 317 APPENDICE Biologie et anomalies florales Pendant lPété 1915, nous avons étudié la biologie de la fleur du Gentiana lulea L., dans le Jura bernois, au Mont-Soleil, à 1150 mêtres d’altitude. Cette fleur possède un calice très spécial qui, avant lanthèse, recou- vre tout l’intérieur de la fleur très solidement. Les pétales, à ce mo- ment, sont enroulés sur eux-mêmes et forment une pointe tres rigide à leur extrémité. Par la pression que cet ensemble exerce, les cinq courtes lanières qui terminent le calice, sont séparées. Celui-ci ensuite, sous la pression el la dilatation exercées par les pétales se rompt sur une de ses faces, jusque presque à la base. Il forme ainsi un organe ressemblant beaucoup à une spathe. Finalement, il est même plus ou moins retroussé à sa base comme un doigt de gant et il permet alors aux pétales et aux étamines de s’écarter. Le calice se dessèche et tombe assez rapidement. On remarquera au sommet des pétales la petite gouttière qui per- mettait la réunion très intime de ceux-ci au moment de la floraison. On a signalé des mouvements d’étamines vers les stigmates comme chez Parnassia. Nous avons examiné beaucoup de fleurs sans jamais voir ce phénomène. On remarque en outre une très légère protandrie. Tout en faisant nos observations nous avons noté des visites d'insectes assez fréquentes, surtout d'Hyménoptères et de Diptères. L'ovaire repose sur un socle nectarifère qui attire les insectes. Dans cette mème région, nous avons trouvé un pied, dont la plupart des fleurs avaient un type floral différent du type normal qui est: Gal 5; Cor: 55 4.5: (6:92. Dans la statistique qui va suivre, il n'a pas été tenu compte des pièces calcinales, celles-ci élant souvent soudées entre elles ou rudimentaires. Nous avons noté pas moins de 16 types floraux sur le même pied. Toutes ces pièces florales étaient parfaitement conformées, de sorte qu'il a été très facile de les compter. 9318 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (36) Voici, rangées en quatre groupes (d’après le nombre identique des pièces corollaires) les 16 types : lo Groupe des fleurs à » pièces à la corolle : CRAN RCE NEAS (25 exemplaires.) Cr Do MAC EOS CARE (3 » ) Gp AE 00602; (9 » ) (RDS PARCS OMACRERSE (1 » ) Cr RARE TE CR EN (I » ) 2 Groupe des fleurs ayant 6 pièces à la corolle : CO PAS 2022 (22 exemplaires) Ca PO ACC; OS » ) COPA OMC ( 9 ) ) CON ARE NC ( 3 » ) 30 Groupe des fleurs ayant T pièces à la corolle : CCM A ESS 2e ( 1 exemplaire.) (EE D CAES DS ( 4 » ) CERTA AT SC 2: (5 ) ) CNE RATES GARE ( 4 » ) 4° Groupe des fleurs ayant 8 pièces à la corolle : CAS ERA AUS: ( 2 exemplaires) CAES ERA SIMON (QE » ) CMS EMA PERS EE CE @Al » ) On remarquera l’enchevêtrement de tous ces types et la grande variation, sorte de permutation. Le nombre des stigmates dans un cas est même doublé. On sent une tendance vers le dédoublement des pièces florales. Dans aucune fleur il n’a été constaté un nombre inférieur de pièces à celui de la normale. Ces quelques observations sont d'autant plus intéressantes que dans les gentianes d’autres groupes (endotriches) se rencontre le type #. Recherches sur l'application du réactif de Chodat paracrésoltyrosinase à l'étude de la protéolyse par les microorganismes PAR Mme Alice BRESLAUER La nature de Paction des bactéries sur les substances albuminoïdes est extrêmement complexe. Parmi les substances spécifiques qui prennent part à ce phénomène, les unes sont localisées à Pintérieur de la cellule et n’entrent en jeu qu'après la destruction de celle-ei, d’autres se présentent sous la forme de sécrétions comparables aux ferments spéciaux élaborés par des glandes (salive, suc pancréatique), d’autres enfin attaquent et détruisent la substance organique à intérieur même de la cellule. Quel que soit le mécanisme de l’action de ces modificateurs de la matière organique, le processus de décomposition, dont les phases sont en grande partie encore inconnues, aboutit à l'apparition d’une série de produits ultimes dont la structure chimique est quelquefois très simple, mais souvent aussi très compliquée. Cest ainsi qu'on admet par exemple que les stades successifs de la peptolyse (albumoses, Ce travail a été effectué à l’Institut de botanique, au laboratoire de Microbio- logie, sous la direction de Monsieur le professeur R. CHopar. Qu'il me soit permis d'exprimer ici à mon vénéré Maître, mon entière et profonde gratitude pour l'intérêt qu'il m'a témoigné au cours de ces recherches et qu'il n'a pas cessé à me prodigquer en très précieux conseils. Je tiens également à remercier Monsieur le professeur Gorini pour la grande amabi- lité avec laquelle il a mis à ma disposition son précieux matériel de bactéries. 320 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) peplones, polypeptides, peptides el acides aminés) sont les produits d’une décomposition plus ou moins avancée des matières protéiques, laquelle, d’après les résultats des expériences acquises les plus récentes, est attribuable à l’action des enzymes protéolvtiques. La présence de ces ferments dans les microorganismes — présence que l’on soupconnait depuis longtemps — a été démontrée dune manière décisive par Birrer!. C’est ce savant, en effet, qui fit le premier la constatation que le «spirillus choleræ » tué par la chaleur jouissait encore de la propriété de liquéfier énergiquement la gélatine. Ces recherches ont été complétées par SENGER, JEROSCH, RIETSCH et STERNBERG? qui ont démontré que d’autres bactéries, dites liquéfiantes, possédaient celte même propriété et qu’on pouvait précipiter en partie le ferment par l'alcool. Les expériences fondamentales de FERM sur des organismes vivants tués au moyen du sublimé, de phénols, d'acide salicylique ou éliminés par filtration sur des matières poreuses ont corroboré ces résultats. Il ne rentre pas dans le cadre de ce travail d'exposer en détail la technique des travaux de ce savant, mais je tiens cependant à rappeler ici qu'il est arrivé à isoler des enzymes de puis- sance relativement grande des microorganismes suivants: Micrococcus asciformis, Bacillus prodigiosus, Bacillus sublilis, Bacillus ramosus, Bacillus megatherium el Bacillus pyocyaneus. Pour déterminer le pouvoir protéolytique des enzymes, FERMI employait habituellement une solution aqueuse de thymol contenant 10/0 de gélatine. Pour isoler Penzyme du milieu gélatine, il éliminait la majeure partie des substances qui laccompagnent par précipitation à Palcoo!l dilué puis la précipitait elle-même par l'alcool absolu. Comme conclusion des résultats de ses travaux, FERMI attire l'attention sur le fait que les bactéries présentent, suivant lespèce, dans leur action sur les matières protéiques, une grande diversité, comparable aux différences de leur sensibilité vis-à-vis des facteurs extérieurs tels que Pélévation de la température, les acides et les poisons. Au point de vue de leurs effets, les ferments microbiens, toujours d’après le même auteur, devraient ètre classés plutôt aux côtés de la pepsine qu'à ceux de la trypsine et leur action doit être limitée en une transformation des albumines en substances solubles. ! Birrer, Arch. f. Hyg., 5 (1886). * STERNBERG, Baumegart. Jahresb. (1887), 104, p. 362. * Fermi, Arch. f. Hyg., 10 (1889-90), p. 2; 12 (1891), p. 241, 14 (1892), 2. (3) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT 321 Les auteurs qui, après FERMI, se sont occupés à l'étude des enzymes protéolytiques élaborés par les microorganismes ont presque exclusive- ment borné leur intérêt au problème de la liquéfaction en n'apportant que peu d'attention aux produits engendrés au cours de ce phénomène. Parmi ces savants, nous devons une reconnaissance particulière à EtckMANN! qui nous à doté, avec sa méthode des plaques, d'un moyen pratique de déceler la présence des ferments protéolytiques eL qui a fait faire, à la question qui nous intéresse, un grand pas en avant par son expérience consistant à faire dissoudre de Pélastine dans du bouillon de culture de Bacillus pyocyaneus dont les éléments figurés avaient été éliminés par filtration préalable. Des recherches analogues ont été effecluées avec la fibrine el le Bacillus fluorescens liquefaciens par EMMEREING® dans des conditions cle Lempérature déterminées avec précision. Même si Pon ne veutaccepler que sous réserve les résultats d'ÉMMERLING, on doit par contre admettre sans conditions les travaux fondamentaux de DUCLAUX et de KALISCHER sur la résorpltion de la caséine par certaines bactéries du lait. Les cultures utilisées pour ces expériences élaient anciennes, filtrées au chamberland ou au papier et additionnées de thymol ou de Loluène. Lorsque la quantité de enzyme était suffisamment élevée, la décompo- sition de la caséine ne S'arrêtait pas au stade peplone, cette dernière était désagrégée à son tour avec formation de leucine, Eyrosine el d’oxyacides aminés. CACACE®, en étudiant les Sarcina aurantiaca, Bacillus anthracis el Staphylococcus pyogenes aurens à pu constater que sous l'influence de ces bactéries, Palbumine est décomposée de la même facon que par les ferments digestifs avec quelquefois formation de proto el deuteroalbu- moses et des traces de peptones. J'ai entrepris Pétude de cette question sous un point de vue différent et dans une partie de ce travail, je n'ai eu en vue que les produits de décomposition des matières protéiques sous l’action de divers microorganismes en me servant, comme lerme de comparaison du pouvoir protéolytique, du stade alleint par la peptolyse. Il est connu, en effet, qu'à égalité de milieu nutrilif el de tous les autres facteurs extérieurs, certaines bactéries déterminées décomposent les substances albuminoïdes très rapidement en acides ? ErcCKkMANN, Centr. BI. f. Bact., 29 (1901), 22. ? EMMERLING, Bericht d. d. chem. Ges. {1902), 700. 3 Duczaux, Mémoires sur le lait, Ann. de l'Inst. nat. agron. (1882). * KALISCHER, Arch. f. Hyg., 31 (1900), 48. ® CACACE, Centr. BI. [. Bact., 30 (1901), 244. 322 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) aminés, d'autres, par contre, ne peuvent jamais dépasser le stade. peptones. Mes recherches ont été grandement facilitées par lPemploi dun nouveau réactif découvert il y a quelques années par CHODAT — Île réactif paracrésol-tyrosinase. Au cours d’une série de publications sur les ferments oxydants, CHoparT! a résumé le résultat de ses travaux et de ceux de ses élèves sur la Lyrosinase. Dès sa découverte par BOURQUELOT et BERTRAND ?, ce ferment à pro- priétés si individualisées à suscité un grand intérêt. Sa présence a été signalée depuis dans un grand nombre de végétaux, champignons, moisissures, bactéries, Phanérogames et, par BIEDERMANN*, dans l’orga- nisme animal, ete. Il se trouve le plus souvent mélangé à d’autres ferments (laccases, etc.), ce qui à apporté, au début de son étude, quelque confusion sur la spécificité de ses propriétés. On lui a entre autres attribué a tort celle de bleuir lémulsion de gaïac, propriété que lui conférait son mélange avec de la laccase (BERTRAND). Le Vicia faba, dans lequel BOURQUELOT à reconnu la présence de tyrosinase, oxyde franchement la tyrosine, mais, exempte de laccase, ne provoque pas le bleuissement du gaïac. La Lyrosinase, comme on le sait depuis longtemps, rougit la tyrosine puis la noireil avec formation d'un pigment bien connu — la mélanine. CHopaT, en 1905 déjà, a attiré lPattention sur le fait que le système peroxyde-peroxydase, lequel effectue toutes les réactions des laccases, n'exerce aucune action sur la tyrosine. Ce dernier composé est un produit presque constant de lhydrolyse de la plupart des albuminoïdes. Cette action spécifique avait déjà attiré Pattention d'HARLEY! sur l'emploi de ce ferment comme dun réactif biologique permettant de caractériser et de distinguer entre elles les fermentations pepsiques et tryptiques. Dans ce but. il a entrepris l'étude de Paction de la tyrosinase de Russula delica Sur les produits de digestions par la pepsine, la papaïne et la pancréatine sur toute une série de matières protéiques(fibrine, albumine, caséine, conglutine, gluten, chair musculaire, gélatine). Dans le cas de / la pancréatine, il a observé une réaction tyrosinique (coloration rouge ! CHopar, Nouvelles recherches sur les ferments oxydants. 4rch. Sc. phys. et nat., IVe série, XXIV (1907), XXXII (1911). — G. Zunz, Meth. zur Unters. d. Verdaungs- produkte, dans ABDERHALDEN, Handb. d. biochem. Arb. meth., VI (1912), 513. ? BERTRAND, Bulletin de la Société de Chimie: 3me série; 15 (1896), 793. — Comptes Rendus de l’Académie de Science, Décemble (1907). # BIEDERMANN, Pflügers Arch. f. Physiol., T2 (1898), 151. ? HarLey. Thèse Paris (1900), Æcole de Pharmacie. (3) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT © puis noire) très nelte el à pu isoler ou tout au moins déceler la présence au microscope de la tyrosine dans le produit de digestion de tous ces albuminoïdes à lexception de la gélatine. L'action protéolytique de la pepsine étant beaucoup moins prononcée, il a obtenu avec les produits de digestions par ce ferment toute une série de réactions colorées dont la teinte et son intensité varie avec la nature de la matière première. La teinte la plus pure à été fournie par la caséine — vert-bleuâtre — puis par le gluten; viennent ensuite la fibrine et Palbumine coagulée (vert fiel ou vert chlorophylle), lalbumine crue, la conglutine et les peptones de viande (vert olive). HARLEY attribue toutes ces colorations à l'apparition d’un seul et même pigment plus ou moins souillé d’im- puretés qu'il dénomme vert peptique. Ce pigment possède la propriété de virer au rouge avec les alcalis et de reprendre sa teinte verte avec les acides. [Il n’a pu extraire la matière colorante elle-même ni avec le chloroforme, léther acétique et l'alcool amylique. Le résidu de l’'évaporation du liquide vert est soluble dans lPacide acétique. HARLEY a étendu ses recherches aux ferments protéolytiques végétaux. Avec les produits de digestion par la papaïne du latex de Carica, il a obtenu des résultats en tous points comparables à ceux obtenus dans la fermentation peptique. La seule différence réside dans la pureté des teintes. Caséine et fibrine (vert bleuâtre), gluten, albumine coagulée (vert chlorophylle), conglutine, chair musculaire (vert olive), gélatine (pas de teinte nette). Ce pigment, qu'HARLEY dénomme vert papaique, ne peut non plus s’extraire directement par Péther, le chloroforme, l'alcool amylique et léther acétique. 11 est détruit par Les acides miné- raux concentrés tout comme le vert peptique. Comme ce dernier, il vire au rouge en milieu alealin. Des recherches approfondies ont permis à HARLEY didentitier ces deux pigments. Il conclut de ses travaux qu'il se forme par digestion peptique et papaïque un chromogène spécial donnant naissance avec la Lyrosinase des ARussula à une matière colorante. La formation de ce chromogène est comparable à celle de la tyrosine par digestion trypsique. La nature est inconnue mais tout porte à croire qu'il est de mème origine que la tyrosine. Comme ce dernier corps, il passe sous linflu- ence de la tyrosinase par deux phases d’oxydation dont la première consiste dans la production d’un pigment rouge. CHopar et ses élèves ont entrepris l'étude généralisée el critique de s réactions de la tyrosinase. Après avoir mis en évidence les causes 324 BULLETIN DE LA SOCIÉLÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) d'erreurs expérimentales imputables aux impuretés accompagnant le ferment, il nous a doté d’un procédé d'extraction de tyrosinase soigneu- sement purifiée à partir du Solanum luberosum. En collaboration avec W.STAUB, dans un travail très important sur la spécifieité de la tyrosinase et son action sur les produits de la dégradation des corps protéiques, CHoparT! a signalé que ce ferment attaque également les peptides à Lyrosine et le rôle important que Paddition d'acides aminés Joue dans cette réaction. Ces recherches ont élé, d'autre part, confirmées et étendues par ABDERHALDEN et par BERTRAND. Le fait que la Eyrosine peut être attaquée déjà légèrement avant qu'elle ne soit totalement libérée de la chaîne dun peptide plus com- plexe permet d'expliquer que la tyrosinase donne déjà naissance à des produits colorés lorsque, comme c’est le cas dans une partie des expériences de HARLEY, la peptolyse n’a pas dépassé pratiquement le stade peptones. — En étendant l'étude des propriétés de la tyrosinase à son action sur les phénols, GHODAT à obtenu une réaction plus parti- culièrement sensible avec le paracrésol et découvert que ce dernier composé, mélangé en proportions convenables avec la tyrosinase, constituait un réactif d'un maniement relativement simple et extrème- ment sensible des produits de désagrégalion des substances albumi- noïdes. Toutes les matières protéiques soumises à une fermentation protéo- lvlique engendrent des produits entrant en action avec le €para-crésol- Lyrosinase ». Cette réaction n'a pas pour cause une simple action cataly- Lique du produit de fermentation (par exemple, acide aminé, glycocolle) car elle exige, pour avoir lieu, des quantités au Moins équimoléculaires et souvent deux ou trois fois plus considérables de ce dernier. — La vitesse de la réaction, la coloration el lPintensité de cette dernière dépendent du stade de la dégradation atteint par ces substances. Le mélange para-crésol-tyrosinase constitue un liquide un peu coloré en jaune el conservant celte teinte avec le temps. Le système acide aniné-paracrésol-lyrosinase forme des solutions colorées en rouge, virant au bleu vif et douées d’un dichroïsme intense (réaction du erésol- azur). Les essais ont porté sur un grand nombre d'acides aminés parmi lesquels le glycocolle, les d et | alanine, Poxyphényl d. alanine, la proline (acide pyrrolidine carbonique), le tryptophane (indol- ! Cnopar et W. SrauB. Arch. Se. phys. et nat, XIV (1907), 172-194. (1) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT 329 alanine), Pasparagine, la cystine et la glutamine. Chacun de ces acides aminés donne une réaction spéciale avec vitesse variable, selon lexpres- sion de l’auteur, et intensité de teinte caractéristique. Les uns virent très facilement au bleu (glycocolle), les autres, plus difficilement (les deux alanines 1 et d), d’autres, comme la proline, donnent une teinte rouge fuchsine caractéristique. Il en est de même avec les polypeplides qui tous donnent une réaction avec teinte et vitesse variable pour chacun d'eux pris isolément. CHODAT a expérimenté entre autres la glycyl-glyeine, la glyeyl-l-{yrosine, la diglyeyl-glyeine, la glycyl-d-alanine et la leucyl--leucine. En entre- prenant ensuite toute une série dexpériences avec les peptones et les albumoses, en multipliant les essais sur les produits de fermentation de lovalbumine, de lédestine pure du chanvre, de la gélatine, il a dans chaque cas obtenu une réaction avec leinle rose caractéristique sans bleuissement, en expérimentant en solution neutre, saline ou légèrement alcaline. Des résultats identiques ont été obtenus avec la caséine. Les recherches mentionnées ci-dessus sontune démonstration directe que les protéines sont constituées par des chaînes de peptides. Elles font ressortir aussi tout le parti que lon peut tirer de Papplication de ce réactif, d’une sensibilité unique, pour le contrôle du stade de dégradation des substances protéiques. À l’instigation de Monsieur le professeur Robert CHODAT, j'ai entrepris, dans le but cité précédemment, toute une série d'expériences sur Paction et l’activité de son réactif sur les produits de la protéolyse de la gélatine et de la caséine par différentes espèces microbiennes. — Jai étudié en même temps Pinfluence de différents facteurs, tel que Pabsence de lumière et les basses températures, sur les processus de la réaction, l'influence de l'addition de sucre dans le milieu nutritif. Jai examiné aussi tout le parti que l’on pouvait tirer du réactif paracrésollyrosinase comme indice de lindol de fermentation microbienne. Enfin, en expérimentant l’action différentielle des diverses bactéries extraites du fromage sur la caséine du lait, j'ai, au moyen du réactif de CHopar, mis en évidence jusqu'à quel stade chaque classe d’entre elles peut entraîner la dégradation de cette substance. J'espère que mes résultats pourront contribuer à l’étude de la spécification de leur fonc- tion dans le phénomène de la maturation du fromage. 326 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) Préparation de la tyrosinase de Solanum tuberosum Tout en employant le procédé classique d'extraction de CHOpAT, j'ai eu lavantage d'obtenir des rendements en ferments excédant le double de ceux mentionnés jusqu'ici : 6 kilos 400 de pelures de pommes de terre sont hachées à la machine et la masse obtenue laissée à digérer pendant vingt-quatre heures dans deux litres d'alcool à 95 °/o. En exprimant le tout, on obtient » kil. 300 d'une liqueur brune que lon verse dans six litres d'alcool à 959. II se forme un précipité abondant que lon recueille sur un filtre. On laisse égoutter la plus grande partie du liquide, puis on broie le précipité encore humide avec 300 cm* d’eau distillée. Au bout de trois à quatre heures, on filtre et lon obtient 300 em° d’un liquide d’où l’on précipite le ferment par addition de trois fois son volume d'alcool absolu. On le lave plusieurs fois à lPalcool et on le recueille sur un filtre où on le laisse sécher jusqu’à évaporation de Palcoo! puis on le transvase dans un exsiccateur. Le rendement varie avec la qualité des pommes de terre el! peut atteindre 4,35 grammes. La poudre obtenue est de couleur brun clair, elle se dissout très facilement dans l’eau en la colorant en brun. Le réactif Paracrésol-tyrosinase Préparée comme je viens de le décrire, la tyrosinase donne avec le paracrésol une solution possédant une coloration jaune caractéristique à la condition que la proportion du ferment soit suffisante. Au bout de vingt-quatre heures cette teinte vire au jaune orangé. Je mesuisservide solutions de concentration constante pour préparer le réactif. La solution de paracrésol avait une concentration de 1/20 — 0,4 1/0, celle de tyrosinase contenait 0,05 gr. par 10 em° = 0,5 0/0. © A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT 921 ) à} La plupart des acides aminés comme le glycocolle, la leucine, la phénylalanine m'ont donné, avec des proportions équimoléculaires de p. crésol et de la {yrosinase, une coloration rouge qui, en présence d’un excès damino-acide, virait plus où moins rapidement au bleu. La glyeyl-tyrosine et un grand nombre d’autres polypeptides réagissent avec moins dintensité, la teinte rouge ne virant que lentement el graduellement au bleu. Des polypeptides spéciaux comme la diglycvyl- glycine ont fourni des solutions rouges virant au bleu de gentiane. Avec les protéines et les peptones, je nai jamais dépassé le premier stade colorimétrique de la réaction. La solution de tyrosinase a été fraichement préparée pour chaque expérimentation et chacune de ces dernières a été contrôlée par des tubes témoins contenant un volume correspondant de gélatine liquéfiée par la chaleur. PREMIÈRE PARTIE Différenciation des espèces microbiennes d’après le stade de la dégradation de la gélatine Celle étude comparative à été appliquée aux bactéries suivantes : Bacillus mesentericus panis viscosi Vogel; Bacillus niolaceus lulensis Macé ; Bacillus subtilis Ehr. Kohn ; Bacterium prodigiosum Khrenberg ; Bacillus ruber Zimmermann. Comme milieu de culture, je me suis servie de Raulin à 10 °/o de gélatine. Une première série essais à eu pour but de déterminer la relation entre l'intensité de la coloration, la vitesse de sa propagation et les quantités de milieu liquéfié en présence. Ces essais ont été très nombreux, je ne résumerai ici que ceux qui 928 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) concourent à démontrer, avec le maximum d’évidence, la diversité spé- cifique de Paction de chacune des bactéries sur la gélatine, au moyen des produits engendrés au cours de la désagrégation de cette substance, sous leur influence. EXPÉRIENCE Î CUITULeANIUENE CREER EEE 10 gouttes SOLUTION IAENPATACRÉ SOMME EEE 1NGrne SOMME LNEN LE EEE EEE 1eme (DEN NN An En UER CAES AN MERE LAS PER ANG La coloration ne prend naissance que très lentement. Elle est dis- tinctement observable au bout de trente minutes. Après deux heures de contact, on peut constater déjà de notables différences d'intensité entre les tubes et leurs témoins, soit entre la gélatine liquéfiée par les bactéries et celle liquéfiée par la chaleur. Les diverses espèces de bactéries peuvent être différenciées colori- métriquement au bout de trois heures. C'est pour le Bacillus violaceus que la coloration apparaît le plus vite. Pour cetle même période, avec les Bacillus mesentericus et Bacterium prodigiosum, on obtient des teintes identiques en nuance et intensité. La réaction ne se propage que beaucoup plus lentement avec les Bacillus sublilis et Bacillus ruber. Au boul de cinq heures, les tubes à Bacillus violaceus et Bacillus mesenlericus accusent des teintes égales, celui du Paclerium prodigio- sum est un peu moins coloré. Viennent ensuite dans l'ordre celui du Bacillus sublilis à teinte beaucoup plus claire et enfin celui du Bacillus ruber. Au boul de vingt-quatre heures, Vintensité des teintes a pris les valeurs suivantes : Pour le Bacillus violaceus, bleu foncé ; pour le Bacillus mesentericus, bleu violet ; pour le Bacterium prodigiosum, violet Uirant légèrement sur le bleu ; pour le Bacillus sublilis, rouge violet ; pour le Bacillus ruber, rouge. La gélatine, liquéfiée par la chaleur des tubes témoins, possède à ce moment invariablement une couleur franchement rouge. EXPÉRIENCE IL Cel essai a été effectué dans les mêmes conditions que le précédent sauf en ce qui concerne la quantité des produits expérimenfés. (11) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT 329 CUITUReMIQMÉTECMPE PE PEER 6 gouttes SOLULONMDOUTICEÉSOPPE EEE RECENT 1 cm° SOIUONMPOUEMERMENT EEE RTE 1 cm EAU EE RAR ne Le ne rene | cm La coloration ne prend naissance que beaucoup plus lentement que dans le cas de la première expérience. Elle n’est tout d’abord plus accentuée que pour le Bacillus violaceus. Entre tous les autres tubes à essais, il ne se manifeste aucune différence appréciable. Au boul de vingt-quatre heures, les résultats sont les suivants Bacillus violaceus, Violet; Bacillus mesentericus, Violel rouge ; Bacterium prodigiosum, rouge vin ; Bacillus subtilis, rouge foncé ; Bacillus ruber, rouge clair. Les expériences qui viennent d'être mentionnées ont été toutes effectuées avec des cultures âgées de vingt-un jours. Celles qui suivent ont eu pour but de déterminer la dose minimale nécessaire à lappa- rition de la coloration bleue, en fonction du stade de développement de la culture étudiée. Les résultats obtenus ont démontré que la quantité requise de milieu liquéfié est au début de la liquéfaction assez considérable, qu'on peut considérer cette valeur comme étant en quelque sorte une fonction du temps et qu’elle varie avec chaque espèce de bactéries. EXPÉRIENCE HIT Cultures âgées de sept à huit jours Dose minimale nécessaire à l'apparition de la coloration bleue : HEURES CONTES MER ENT ONE 38 gouttes D'OCULLUSIMLESCNTETICUS ER RENE TEE 26 ) BUCLERUMNDROT LION AE 29 ) IP ACUINIS ES ID LUI SERRE PE EURE 26 ) TOURS POLOPIR EM NE MONTE 62 ) EXPÉRIENCE IV Cultures de vingt-un jours GES MOOTCCNE EE RE OR ET 9 oouttes DACUUISEMESCNLERICUS ARE ON EEE 10 ) D'OCIET UM PrOITLOSUE NNNN 11 ) PUCES UD SRE RENE 18 ) BACS ETUDE RP ENNEMI IN NN 97 ) Dans le cas de ces deux dernières espèces, la coloration n'atteint pas franchement le bleu. 29 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 7-8-9, parus le 10 av ril 1917. 330 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (12) EXPÉRIENCE V Cultures de trente jours CS DOTE: ea ue 08 & à 28 400 1 gouttes BACS NE SCRICRIOUS ER RERRRREE OESRED BUCLETUMIDIOUIITOSUN EE OEIL 1 » DACULUSSULDITIS RE CARRIERES 1400) DACUIUS PULDC IE NC OIREENRNES REER DNS) Mème réserve que pour l’expérience précédente pour ces deux der- nières espèces. EXPÉRIENCE VI Cultures de cinquante jours CS DOOUMEBNSe ce ee Bass onets 4 gouttes PACS MNESENLEMICULS ERIC EEE 7 » Bactlerium prodigiosum . .... ete ADS BACS DIS ENS ERNRERE CEE 10 » D LGV ETUI D ET ER RENE ENT RER RS 19 » EXPÉRIENCE VII Cultures de soixante jours BACS ADO TICEUSE ONE 3 gouttes DOCS MES CNT ERIC SERPENT ETS 4 » BUCIERUMEPIOIIOSUNIPEMEANPOREENEE où) » BAC LUS ISUDITLIS ANNEE NEC y » DOCS DET MERE RRINEUIEERS A7 » EXPÉRIENCE VII Cultures de soixante-dix jours Bacillus Eurolaceus PEER ee 3 gouttes BACS MES CNTeRICUS ESSOR il » PBaclerium prodigiosum .............. @ > BOCUUIUSISU DNS ERNEST 1 » BACUIUSERU Der NES Re RE 17 » EXPÉRIENCE IX Cultures de soixante-dix-huit jours BACS AUTO ICONS REP RERENREREEESRE 3 gouttes BaCLeUMIDIOUTTOSUMEIPAMEPAPANAEEE GENE) BUCIIUSISUbII IS RENE I » BOIS IPUbET ESP EPERERREERERE OR CR 17 » (43) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT 391 Ces expériences font très nettement ressortir combien varie lPaction des microorganismes vis-à-vis de la gélatine suivant lespèce employée. Tandis que cette substance est, par les uns, assez rapidement décompo- sée jusqu’à formation d'acides aminés /B. violaceus, B. mesentericus), elle n’est désagrégée par les autres que très lentement et de facon très incomplète. Cette dégradation est alors caractérisée par une coloration rouge facile à distinguer de celle des tubes témoins. En opérant dans des conditions favorables, on peut d'autre part obtenir une gamme complète de nuances : rouge, rouge vin, rouge framboise, rouge violet, violet, bleu violet, bleu indigo et bleu foncé avec fluorescence rouge fuchsine. Cette dernière coloration est liée à l'existence d'acides aminés ou, plus exactement, à la présence des groupes aminogènes et carboxyliques dont la valeur va croissant au cours de la désagrégation des substances protéiques. B Influence de différents facteurs sur la peptolyse 1. Présence de sucre dans un milieu gélatinisé (bouillon de viande au bouillon artificiel). 2. Influence de lobscurité. 9. Influence de l’abaissement de la température. Cette nouvelle série d'expériences à été effectuée avec le Bacillus violaceus. Le milieu de culture utilisé dans ce cas était constitué par un bouillon artificiel renfermant 2°/, de peptone ordinaire, 1/10 de Detmert et o°/, de glucose. La quantité minimale nécessaire à apparition de la coloration bleue en fonction des différents stades de développement de la culture, a été déterminée au préalable et ces résultats comparés avec ceux obtenus précédemment avec les cultures sur Raulin neutre à 10 0/, de gélatine. Les conditions de temps ainsi que la quantité de liquide expérimenté ont été, dans cette série d'expériences, conservés constants de façon à ce que les termes de comparaison ne reposent que sur une variable unique, lintensité de la coloration. Les résultats consignés sont ceux observés au bout de vingt-quatre heures. 1 Milieu nutritif de composition suivante : 1 gr. nitrate de potassium, 05 or. chlorure de sodium, 05 gr. sulfate de calcium, 0,5 gr. sulfate de magnésium, 05 gr. phosphate tripotassique dans un litre d’eau. 332 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (14) Influence de la nature du milieu sur l'intensité de la coloration TABLEAU I 36 gouttes de culture de Bacillus violaceus âgées de huit jours Milieu Coloration Raulineoélatinise ere EEE RACE R re Bleu Bouillonteélatinise PER EN ERP EN ER re Violet vert OS SR RTE mo RE ne AE Violet rouge | » déreliCos eme Re ARR E Snt SRE Bouillon sans gélatine -................... ee Rouge foncé » » + 2 20. bo diamd ours. 0000 600 deb » » AELTIUCOSÉRTR REE P A REE ) > TABLEAU II li. | 9 gouttes de culture de Bacillus violaceus âgée de vingt et un jours. | Milieu Coloration Rainer elatinIS EE ES CE Pr CNE ET ME Bleu foncé Bouillonteelatinls CRE PRE EE Violet | AD EOIUCOSC EEE Tr » IMBouillon sans rélatine EEE RECENT RE EC TEERNCE Rouge » » O0 Tlueose tr : | TABLEAU II | 7 gouttes de culture de Bacillus violaceus âgée de trente jours | | Milieu Coloration RAIN HÉlALINIS 6 EEE NE RERER Erete Bleu foncé Boullons ÉlATINIS ÉRPPPP CPERANONEERERRE ERREES » » DR OIUCOSE RER N EE ET TEETE Violet MBomllontsansie latines EPP NPRErR PRESS Violet rouge | DL SIUCOSE RC ET UE Rouge vin (15) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT 333 TABLEAU IV 4 gouttes de culture de Bacillus violaceus âgée de cinquante jours | Milieu Coloration Raul ClatiNIS eee mo re ete | Bleu foncé Bounlloneélatinis CPE ne EURO PARENT EE | » » ANS OS IUC OS er cree Violet | Bouillon sans gélatine ............................... Rouge sale | > » » OL SSIUCOSer rente Er Rouge | TABLEAU V 3 gouttes de culture de Bacillus violaceus âgée de soixante jours | | Milieu Coloration | Rein OH TPE EE Co PEER none Bleu foncé Bouillon eelatinise le EU D CU » | | » AD TO IUCOS ER Ne ue Violet Bouillon sans gélatine... Rouge sale | > » » PE tSIUCOSe CE re Rouge foncé | De lexamen de ces observations, on peut tirer les conclusions suivantes. Les différences dans les colorations (lesquelles ne sont du reste constatables qu’à la période de début de la réaction) ne sont caractéristiques que pour les milieux gélatinisés et il existe un parallé- lisme indéniable entre la teinte obtenue et la quantité de gélatine liquéfiée en présence. On pourrait dès lors être tenté d'admettre — à priori — lexistence dun ferment spécifique de la gélatine — une gélatinase — à côté des ferments protéolytiques habituels. En présence de sucre (lequel rend superflu l'emploi des glycopro- téides) la gélatine n’est attaquée que dans la mesure où cette source supplémentaire d’aliment cesse d'exister. Tout permet de supposer que dans le cas ou les microorganismes se trouvent en présence d’une quantité de sucre largement suffisante à leur alimentation, la totalité de la gélatine doit rester intacte. Des résultats analogues ont été déjà cités plusieurs fois pour le Saphylococcus pyogenes aureus, le Bacterium prodigiosum et d'autres encore qui n’attaquent que partiellement leur 394 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (16) milieu nutritif, et le Bacillus anthracis et des Spirilles qui le laissent tout à fait intact lorsqu'on les nourrit de sucre. Dans le cas d'un milieu exempl de gélatine, l'intensité de la réaction est considérablement diminuée du fait de l’absence du ferment spéci- fique de la gélatine. Elle est limitée à lapparition de la coloration caractéristique pour les premiers termes de la réaction, les polypeptides. L'absence de lumière n'a qu'une influence pour ainsi dire nulle sur les résultats. Tout au plus les teintes bleues prennent-elles alors un pale reflet violet. Les basses températures entravent considérablement lPévolution de la réaction. Dans bien des cas d'essais entrepris dans de telles condi- tions, je n'ai pu obtenir des résultats comparables entre eux. Le «paracrésoltyrosinase » réactif de l’Indol dans la fermentation microbienne Le paracrésollyrosinase réagit très énergiquement avec Pindol. I se forme un composé possédant une couleur bleu vert s’intensifiant avec le temps et une abondante écume bleue caractéristique. La formation de cette écume dépend de la concentration en indol du mélange. Jai étudié la sensibilité de cette réaction en la soumettant à des essais systématiques dans le but : 1. De déterminer le rapport quantitatif entre les proportions du paracrésol et de Pindol, à Paide de la vitesse de réaction. 2. De rechercher la sensibilité, limite de la réaction en fonction de la concentration. 3. De provoquer la production de la matière colorante en quantité suffisante pour pouvoir lPextraire à l’éther, ceci en forcant les propor- tions soit de paracrésol soit du ferment. 4. D’observer l'influence de la température sur la netteté de la réaction. ». D’étudier l’action de l'addition d’alcalis. 6. D’essayer de substituer au paracrésol ses isomères meta et para (ce qui n’a donné que des résultats négatifs). 1. Enfin, d'établir une méthode de titration de la quantité d’indol prenant naissance sous linfluence des bactéries dans un milieu riche en peptones au moyen du réactif de CHODAT À. * CHODAT. Arch. Sc. phys. et nat., IVe sér., 38 (1912), 245. (11) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT Comme solution étalon de mes essais préliminaires, je me suis servie d’eau saturée d’indol à froid dont la teneur était de 0.27 0/, environ. Il importait tout d’abord d'établir le rapport entre les proportions de l’indol — fonctionnant iei comme un acide aminé — et celles du réactif correspondant aux conditions les plus favorables à la réaction. Dans ce but, j'ai augmenté progressivement les quantités de solution indolique jusqu'à détermination de celle provoquant la réaction la plus vive. Le paracrésol et la Lyrosinase ont été employés à la même concentra- tion que pour les recherches d'acides aminés. Ces expériences ont démontré que lécume bieue caractéristique Wapparaît qu’à partir d’une concentralion minimum, qu'elle augmente avec la concentration en passant par un oplimum pour se dissiper brusquement lorsque cette fonction à dépassé un maximum. Essar | SOU ONE MDANACTE SOI ENEEE A EE EEENS ANCME SOIULIONIAELVEUSINASC LP A RE Ib GT SOON CMOS 8 84e AÉS EC ANREMERNEE 1. Gire La réaction ne s’amorce que très lentement (une à deux heures). Coloration faible, pas de formation d’écume. Essai I SOlUOMNAEMDATACEE SOIR PAPA CET INC SOIUTON AE LYTOSINASE LME ER 1 cm° SOUONAAINAO AR RETRO RREENEER TELE 1PoNCINe La réaction n’est perceptible qu’au bout du même temps que pour l’essai précédent. Coloration plus accentuée. Ecume bleuâtre. Essar I SOITITIONNLE NE NEICREO ME SEP MIRE EME IMGTÉ SOIUONITENVTOSINASER PE EP EC CENT CEE | cm SOON INCORRECTE Er 2ACME La réaction est apparente au bout de trente à soixante minutes. Coloration vert olive. Ecume bleue caractéristique. 330 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (18) Essar IV Solutiontde paracres ol ner Er EER CRE 1 em° Solution de tyrosinase "rm 1Neme Solution: d'indol et PR RE DCE La réaction se manifeste au bout de trente à soixante minutes comme dans l’essai précédent. La coloration de la solution est nuancée de jaune. Ecume faiblement colorée. ESSAI \ SOLUTION IDAFACLÉ SOI RENE EEE 16 CS SOlUION TUE LYTOSINASE PACE APR TRE 1 Ce SOU ON ANAL SERRE PNR EE ARRET DCS Solution jaunâtre. Ecume presque incolore. Essar VI SOÏUTIONAAEDATACRES ONE PEER AWG SOIULIONNTENNTOSINASENE PR EURE 1 cm° SOLULONP ANA IAE TUE EEE ARE D DNICINIE Solution jaune tirant sur le brun. Ecume incolore. TABLEAU VI | Recherches sur l'influence des proportions des éléments du système Indol-paracrésol-tyrosinase sur la sensibilité de la réaction 2 cm° indol 2 cm* indol 2 cm° indol 1 cm° p. crésol 2 cm° p. crésol 1 cm° p. crésol 1 cm‘ tyrosinase 1 cm° tyrosinase 2 cm° tyrosinase | La réaction est assez Le processus deréaction La réaction est encore lente à s'amorcer. Elle | est beaucoup plus rapide. | plus vive. Au bout de débute au bout de trente | En vingt minutes, colora- | quinze minutes déjà, belle minutes et atteint sontion vert olive. Ecume | coloration vert olive et maximum au bout d’une | bleue. écume bleue abondante. heure. | 1 IR Re Un simple coup d'œil sur cette petite série d'expériences permet de constater que dans les conditions de leur exécution, optimum se manifeste avec 2 em° de la solution d’indol (Essai FT). L'examen du 7 (19) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT 991 tableau VI démontre que la sensibilité de la réaction peut être exaltée en augmentant les quantités soit de la solution de p. crésol, soit de celle du ferment. Dans les expériences subséquentes, je me suis toujours servie du second de ces moyens pour renforcer cette sensibilité. En diminuant ensuite, progressivement, les proportions d’indol, j'ai pu établir la concentration limite de sensibilité. Les résultats de ces essais sont consignés dans le tableau VIT. TABLEAU VII Sensibilité de la réaction en fonction de la concentration en indol ne 2 | Concentration | en indol Intensité de la réaction Jo 0.27 Réaction vive avec écume bleue. 0.137 Coloration franche, abondante formation d’écume. 0.0625 Coloration franche, abondante formation d’écume. 0.0337 Coloration franche, abondante formation d’écume. | 0.0145 Réaction moins accentuée. Ecume claire avec reflet bleuâtre. | 0.0074 Pas de formation d’écume, solution éthérée rose vif. 0.003537 Pas de formation d’écume. Ether extractif faiblement teinté. Ve == = a ———— — Pour ces essais, j'ai employé la solution saturée dindol. Dans les cas où la concentration en indol était élevée, Pintensité de la réaction à été évaluée d’après la quantité de Pécume bleue et la tonalité de la coloration. Dans ceux des solutions pauvres en indol, la matière colo- rante a été extraite à léther par agitation dans un entonnoir à dépla- cement. La solution éthérée se colore instantanément en rose plus ou moins prononcé suivant la quantité d’indol en présence (voir tableau VIT). J'ai pu, mais non sans peine, arriver à retirer la matière colorante de la solution extractive en chassant léther par un courant d'air ou en le faisant évaporer rapidement dans un exsiccateur à vide. Le colorant obtenu ainsi, constitue une substance amorphe d’un bleu intense qui se dissout très facilement dans Palcoo! en lui communi- quant une teinte violette. Il est, par contre, très peu soluble dans le benzène. [Il se dissout dans les alcalis en donnant une solution jaune qui devient d'un beau vert lorsqu'on Pacidifie. Il ne rentre pas dans le cadre de ce travail d'exposer ici le détail des diverses opérations chimiques (réduction el oxydation) entreprises dans le but d'orienter des recherches d'identification de ce compose. Je ne mentionnerai que celles ayant trait à l'influence de la tempéra- 398 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20) Lure sur la formation de la matière colorante. Ces recherches sont consignées dans le tableau VIIT. Elles ont démontré que Pabaissement de la température influe favorablement la production du colorant. Ces résultats concordent avec ceux observés dans le cas des dérivés de la quinoléine et s'expliquent par le fait qu'en opérant dans de telles conditions, on arrive à annihiler, tout au moins partiellement, Poxy- dation secondaire du noyau quinoléinique. TABLEAU VIII | | l La coloration apparaît au bout de vingt minutes, elle fonce rapide- | | 20° ment. Au bout de trente minutes, écume bleue. 2 | 450 Pas de différence appréciable pour la marche de la réaction. | | 3 | Coloration au bout de vingt-cinq minutes. Celle-ci fonce moins | 10° rapidement et n’atteint qu'au bout d’une heure l'intensité de 1 et 2. | | | Finalement devient encore plus foncée. | | —— ——_—————————. ……—..………….….….…—….…" …_————————————.……….….….… ….….….… _..….……"_… _…_…_ _____….… _—_ _ __—— ñ Faible coloration au bout de vingt-cinq minutes qui fonce lentement, | Bo mais gagne continuellement en intensité. Au bout d’une heure, liqueur vert foncé surmontée d’une écume dense très colorée. | { . : , . | 5 | Coloration très retardée, n’apparaissant qu'au bout de quarante | De minutes en fonçant très lentement. L’intensité maximum est atteinte au bout d’une heure et demie. Dans les deux derniers cas 4 et 5, l'intensité de la coloration dépasse de beaucoup toutes celles observées dans les expériences précédentes. Les mêmes essais ont été repris en présence daleali. D’après CHODAT #, la tyrosinase réagit dans les meilleures conditions en solution neutre el est très sensible vis-à-vis des acides. Jai désiré me rendre compte si, dans le cas de lindol, la réaction se comporte en milieu alcalin comme dans celui du glycocolle ou de tout autre acide aminé. Comme alcali je me suis servi d’une solution à 5 de carbonate de soude. En augmentant peu à peu la proportion dalcali, jai constaté que la réaction n’est pas influencée par la présence de celui-ci en quantité minime (f/2 cm), que des doses plus élevées (E em) laffaiblissent considéra- blement, enfin, qu’elle est totalement annihilée par des doses de 2 à 3 cm°. [Il me restait à utiliser le réactif à la recherche de lindol prenant naissance sous l’action de certains microorganismes dans un milieu approprié aux dépens du tryptophane et de la tyrosine. 1 R. CHODAT, IL. cit. (21) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT 339 On sait que KirAsAro’ et LEWANDOWSKI?, ont établi une classifi- cation des bactéries d’après les produits de décomposition des noyaux aromatiques élaborés sous Pinfluence de ces microorganismes. C'est ainsi que le classement suivant à été adopté : 1. Bactéries productrices d’indol, seatol el phénol comme le Bactérium de l’hémorragie. ; 2. Bactéries produisant de Pindol mais pas de phénol comme le bacille de la tuberculose, Pactinomyces. 4. Bactéries qui ne produisent ni de l'indol, ni du seatol, ni du phénol, comme le Bacillus typhi, le Bacillus paratyphi, le Bacillus ærogenes. La valeur pratique de cette classification est devenue de tout premier ordre, à la condition d'admettre que les objections soulevées par BLUMENTHAL*, TISSIER et MARTELLY #, LEHMANN et NEUMANN?, en ce qui concerne le Pacillus coli, reposent sur une confusion provenant de la réunion sous un même nom de bactéries différentes {Bacillus coli, Bacillus coli anindolicus). Si Pon ne partage pas cetle manière de voir, on ne peut plus prendre en considération les remarquables résultats des travaux de Morris”, d’après lesquels des bactéries aussi bien caractérisées que le Bacillus lyplha, le B. muriseplicus, B. cyanogenes où B. pyocyaneus, le BP. violaceus et le 2. anthracis, considérés autrefois comme non indolgéniques, engendrent au contraire des produits donnant plus ou moins énergi- quement la réaction de Pindol. En concordance avec les travaux de MoRRisf, j'ai pu, au moyen du réactif de CHODAT, en utilisant un milieu nutritif à 9 °/, de peptone, déceler la formation de Pindol. (Jai été limitée dans ces recherches par la spécialisation des travaux de ce laboratoire, qui ne me permettait pas dy introduire des bactéries pathogènes.) Avant de résumer les résultats de mes expériences, je désire attirer Pattention sur le fait que les méthodes généralement utilisées pour l'identification de lindol, décrites jusqu'ici, sont dépourvues dune acuité suffisante et ne donnent pas toujours des résultats concordants. C’est là que réside la cause pour laquelle on ne peut mettre sur Île compte de la difficile question de la variation des espèces microbiennes, les découvertes personnelles de SELTER?, à l’occasion de son très inté- ! KirASATO, Zeitschr. f. Hyg., 7 (1889). ? LEWwANDOWwSK1, Deutsch. med. Wochenschrift (1890), 51. j * BLUMENTHAL, Zeitsch. f. Klin. Medizin, 28 (1*95), 241 (Indol et Phénol). * Tissier et MARTELLY, Zeitsch. f. Klin. Médizin., 28 (1895). ® LEHMANN et NEUMANN, Grundr. d. Bakt. (1904). 5 Morris. Arch. f. Hyg., 30 (1897). 7 SELIER, Centr. BI. f. Bakt., 1. Abt. 51 (1909). 340 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (22) ressant travail sur le Bacillus pseudodyssenteriæ avec autant de pré- somptions que sur celui de Pincertitude des méthodes colorimétriques dont s’est servi cel auteur. A côté du réactif d'EnrLicH (4g. de paradiméthylaminobenzaldéhyde dans 380 cm d'alcool à 96°, acide chlorhydrique concentré, solution aqueuse de sulfate de potasse) employé récemment avec succès par BOEHME?, MARSHALL® et CROSSONINI*, on utilise, pour déterminer les faibles teneurs en indol, les méthodes de LÉGAL et de SALKOWSKI®. Celle de LÉGAL consiste dans Pemploi dune solution de nitroprussiale de soude additionnée de quelques gouttes de lessive de soude. En présence d'indol, il se forme une coloration bleu violet qui vire en un beau bleu quand on acidifie à l'acide chlorhydrique. SALKOWSKI précipite la totalité de Pindol, par une solution à 2 °/, de nitrite de potassium, en présence d'acide chlorhydrique fumant(NENGK1) ou un autre acide minérale à lPétat de nitrosoindol. Certains microor- sanismes, vibrions du choléra en particulier, possèdent la propriété de réduire les nitrates en nitrites et de donner la réaction du nitro- soindol ou rouge du choléra en absence de nitrites. La désagrégation du tryplophane et de la tyrosine avec production d'indol sous Pinfluence des bactéries, ainsi qu'on létudie généralement, dans un milieu albuminé, ne met en liberté que des quantités minimes d'indol, que ces réactifs sont insuffisants à déceler même en présence de faibles quantités de sucre. Pour obtenir de bons résultats, il convient d'augmenter, dans de fortes proportions, la quantité de peptone. C’est une culture de huit à quinze jours, à 10 °/, de peptone, qui remplit le mieux les conditions requises. Le réactif de CHODAT par contre, préci- pile même au sein de milieux très pauvres en indol, une matière colo- rante soluble dans léther, que Pon peut identifier même à des dilutions atteignant de 0,0037/,. Il est avantageusement approprié, aussi bien à déceler là présence de traces d’indol, que, étant donné son indifférence vis-à-vis du scatol, à la séparation de ces deux substances homologues. Il m'a été possible par son emploi, de trouver de l’indol dans le cas du Bacillus violaceus et du Bacillus pyocyaneus. Avec le Bacillus subtilis et le S{aphylococcus pyogenes aureus, les recherches n’ont pas abouti à cles résultats positifs. Les microorganismes que jai expérimentés, pro- venaient du Muséum bactériologique de Kral, à Vienne. ? BOEHME, Centr. BI. f. Bakt., 40 (1906) 129. * MARSHALL, Journ. f. Hyg., 5 (1907),.581. ? CROSSONINI, Archiv. f. Hyg., 12 (1910). ? SALKOWSKI, Vérchows. Arch. 110 (1887). (23) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT 341 DEUXIÈME PARTIE PROTÉOLYSE DE LA CASÉINE PAR LES BACTÉRIES AVANT-PROPOS Malgré les nombreux travaux dont la maturation du fromage a été l’objet, nous sommes encore loin d’être renseignés d’une manière définitive sur les véritables causes de ce phénomène. Depuis que DUCLAUX, par ses recherches classiques sur le lait, à orienté ce problème vers une voie nouvelle et rationnelle, on travaille sans cesse à élucider les questions soulevées par ces recherches approfondies. La part que prennent les bactéries lactiques dans le phénomène de la maturation du fromage est interprétée avec beaucoup de divergence par les différents expérimentateurs. Tandis que toute une série de savants mattribuent qu'un rôle secon- daire aux ferments lactiques, il y en a d’autres, dont v. FREUDENREICH el tous ses collaborateurs sont les principaux représentants, qui con- sidèrent les bactéries et les ferments lactiques comme les agents prépondérants. Dans une série de travaux intéressants, ils eitent comme preuve à l'appui de leur hypothèse, la circonstance que les bactéries lactiques se trouvent de préférence dans les fromages mürs el en maturation. Depuis que DucLAUX a découvert dans le fromage des bactéries dites Tyrothrix, capables d'effectuer la solubilisation de la caséine du lait de la même manière qu'a lieu celle du fromage, un grand nombre de savants opinent pour attribuer à ce genre de microbes le rôle prépondérant dans le phénomène de maturation en se basant sur le fait que la peplo- 942 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (24) nisation de la caséine — condition sine qua non de la maturation du fromage — est réalisée par les Tyrothrix. Tel est surtout le point de vue défendu par ADAMETZ! qui à décrit un Tyrothrix qu'il appelle Bacillus nobilis et qu'il considère comme l'agent principal de Ia matu- ration du fromage d’Emmenthal. De concert avee WINKLER?, il repousse la théorie de FREUDENREICH et se rapproche des idées de DuCLAUX * sur le rôle des Tyrothrix. Les travaux d'ADAMETZ auquel FREUDENREICH reproche de m'avoir cité aucune analyse bactériologique, ont été répétés avec beaucoup de soin par GERDA, TROILE, PETERSON“. D'après ces auteurs, la quantité des Tyrothrix est très petite en com- paraison de celle des autres espèces liquéfiantes, aussi s’étonnent-ils que les partisans d'intervention des Tyrothrix dans le phénomène de la maturation du fromage attribuent un tel rôle à ces rares bacilles et passent sous silence les énormes quantilés de microcoques du lait; GORINI entreprit une série d'expériences avec des cultures mises à sa disposition par FREUDENREICH qui aboutirent à la conclusion, que les vraies bactéries lactiques, de même que les espèces de Coli, ne possèdent aucun pouvoir protéolvtique. Ces résultats confirmerent l'auteur dans sa conviction, qu'il serait utile de compléter la terminologie des bactéries lactiques par une nouvelle classe de bactéries, caractérisées par le pouvoir de peptoniser la caséine dans un milieu acide. Ces microorganismes «producteurs d'acide et de présure», GorinI les retrouve dans les fromages à pâte cuite (Grana, Emmenthal, Edam) à côté des bactéries lactiques. FREUDENREICH et ses élèves, partisans de la «théorie des ferments lactiques », tout en reconnaissant la présence constante de Coccus producteurs d'acide dans le fromage d’'Emmenthal, mont jamais voulu altribuer à ces bactéries la place qu’elles semblent mériter, à côté des ferments lactiques. ORLA JENSEN*, dans la biographie de FREUDENREICH, persiste à considérer l'intervention du Coceus comme un hasard. Cest bien plus tard, seulement en 1909, qu'un ancien élève de FREUDENREICH, le D' THônif, se rendit à l'évidence en déclarant que la flore fondamentale du fromage d'Emmenthal est formée par des fer- ments lactiques et des coccus. Depuis lors, la présence des Coceus dans ? ADAMETrZ, Œsterr : Molkereizeit (1900), 7, p. 183; 195; 207, Milchzeiïit 29 (1900), 753. ? WINKLER, Zentralbl. f. Bakt.. XI. Abt., 13 (1895), 671. # DUCLAUX, Le lait, 2me tirage (1894), 215. * Travaux du laboratoire de bactériologie de l’établissement fédéral d'essais et d'analyses agricoles, Berne (1901). Tirage spéc. de l'Annuaire Agric. de la Suisse. ® ORLA JENSEN, Dr Ed. v. Freudenreich, in Landw. Jahrb. d. Schweiz (1906). 5 T'HÔôNT, Ibid. (1909). (25) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT hs FS le fromage à Pétat de maturation avancée, a été souvent confirmée par des travaux divers et tout récemment par les recherches de HARDING et PRUGHA. Ce fut honneur de GORINI d'avoir ouvert un champ beaucoup plus vaste à ces recherches avec son hypothèse, qu'à la maturation du fromage participaient les deux catégories de microorganismes. Bien avant la première publication de GORINI, au sujet de la matura- tion du fromage, CHODAT à exprimé ses doutes à propos des théories de FREUDENREICH et de bactéries liquéfiants. En 1890, GORINI mentionna, dans une première communication sur ce sujet, que le Bacillus prodigiosus, dont l’action coagulante avait été jusqu'alors attribuée à la production d'acide, possède aussi un pouvoir protéolytique. En 1894, GORINI put démontrer que trois autres mieroorganismes, les Bacillus indicus, Proteus mirabilis, Ascobacillus citreus jouissaient de la même propriété de coaguler le lait par formation simultanée d'acide et et de présure. Il proposa, par conséquent, de modifier la classification usuelle des bactéries lactiques se rapportant à leur morphologie, par adjonction d’une seconde classification, envisageant comme point de comparaison leur action sur le lait. Dans cet essai de classification nouvelle qu'il a développé dans la suite, GORINI? démontre que le premier des deux groupes physiologiques qu’on peut distinguer, comprend les bactéries qui exercent seulement une action acidifiante sur le lait et qui, par conséquent, sont à considérer comme des ferments simples du lactose, tandis que le second groupe est constitué par les bactéries découvertes par GORINI qui, en outre du pouvair acidifiant, possèdent également un pouvoir protéolytique et qui, par conséquent, sont à considérer comme des ferments mixtes du lactose et de la caséine. Indépendamment de lintérèt scientifique de ses expériences, Pauteur leur attribue une grande importance pratique pour les fromageries, les qualités mixtes et simultanées des bactéries citées étant de nalure à être utilisées dans les procédés modernes de fabrication des produits du lait par la méthode des cultures pures. Partant de l’idée que si la maturation du fromage devait en effel être attribuée aux bactéries lactiques, ces dernières devaient posséder là ? HARDING and PRUCHA, New-York, Agric. Experssim Stat. Techn. Bull., Geneva n°5, Décembré 1908. 2 GoRINI, Rivista d'Igiene e Sunita pubblica (1893), pag. 219. — Giornale della R. Società Italiana d’Igiene (1894). 344 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (26) faculté de dissoudre et d'attaquer la caséine coagulée. R. CHopar entreprit, en collaboration avec HOFFMANN-BANG, la démonstration expérimentale du fait que le rôle des bactéries lactiques était infiniment plus modeste que ne l’exigeait l'hypothèse de FREUDENREICH. Les expériences de CHODAT et HOFFMANN-BANGT ayant pour objet des petits fromages d'essai, tout en n’étant pas concluantes pour l’industrie fromagère, ont apporté une éclatante confirmation des conceptions des expérimentateurs et démontré que les bactéries lactiques isolées dun fromage d’'Emmenthal ne sont pas capables de dissoudre la caséine coagulée. Entre Lemps, à la suite d'expériences approfondies au sujet des ferments oxydants, CHODAT à découvert son réactif Cp. crésol-tyrosi- nase » à l’aide duquel on à pu introduire plus de méthode et dexactitude dans ce genre de recherches bactériologiques. Mesrecherches ont eu pour objettrois groupes de bactéries différentes : bactéries lactiques, Tyrothrix el Coccus. Je ne crois pas utile de n'étendre sur les deux premières classes de ces microorganismes généralement connues et bien déterminées. Il me paraît par contre indispensable d'ajouter quelques mots au sujet de la troisième espèce. La terminologie et la définition des Coccus se présente encore main- tenant sous une forme très complexe et les opinions des savants qui s’en sont occupés diffèrent beaucoup entre elles. FREUDENREICH et ORLA JENSEN ne distinguent qu'un seul Coccus, qu'ils appellent, Micrococcus casei liquefaciens. THônr ne précise pas le nombre de Coceus trouvés par lui, mais il fait cependant comprendre qu'il y en a plusieurs groupes différents. HARDING et PRUCHA admettent Pexistence des quatre groupes sui- valits : Micrococcus lactis albidus, Micrococcus lactlis giganteus, Micrococcus lactis varians, Micrococcus lactis brevis. GORINI lui-même cite plusieurs variétés de Coccus «producteurs d'acide et de présure», en évitant toutefois de les grouper, par crainte de créer trop de nouvelles espèces. La classification ayant pour base la manière de se comporter vis-à-vis de la gélatine lactosée conduit cet auteur à les réunir en deux groupes distincts. Au premier groupe appartiennent les Coccus révélant leur pouvoir protéolytique même dans les cultures de gélatine « Hicrococcus case acido proteolyticus 1». ! Copar et HOFFMANN-BANG. Ann. de l’Institut Pasteur. 15 (1901), 41. (27) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT 349 Au deuxième groupe ceux qui sont inactifs dans ce milieu «Hicro- coccus casei proteolyticus LL». Il faut ajouter que ce second type, incapable de liquéfier la gélatine, arrive pourtant à produire dans les cultures de lait une enzyme protéo- lytique agissant aussi bien sur la caséine que sur la gélatine. GoRINI à démontré également que certaines bactéries qui, dans des conditions disgénésiques, sont dépourvues de toute action protéolytique en mani- festent une, dans des conditions eugénésiques, dans le Tail. Comme premier exemple d'une telle bactérie, GoRINI décrit un petil bacille, extrait des conduits galactophores, d’un pis malade à cause d’une traite imparfaite. La manière de se comporter de ce « Bacillus minimus mammeæ » à d'abord fait penser à une spécificité de sa faculté protéolytique, mais cette conception fut vite réduite à néant par lobser- vation que les produits de ces cultures de lait ont un pouvoir peptonisant sur la gélatine. GORINIT à communiqué un second exemple de ce genre, tiré de ces nombreuses expériences et observé chez le «Coccus pro- ducteur dacide et de présure» que l’on rencontre dans le fromage Parmesan. Ce bacille se développe si péniblement sur un milieu de gélatine, avec ou sans lactose, qu'il ne réussit pas à élaborer des enzymes protéolytiques, mais, cultivé dans des conditions optimum sur du lait, de manière à être susceptible de peptoniser la caséine, il'agit également sur la gélatine. Ce qu'il importe d'établir au point de vue du rôle de ces différentes bactéries dans le fromage, c’est leur pouvoir protéolytique vis-à-vis de la caséine. Il s’agit, en effet, de déterminer lesquelles de ces bactéries sont capables de peptoniser la caséine et surtout lesquelles conservent cette qualité même en milieu acide. (Cette dernière condition paraît être à la base des théories de GORINI sur la participation des Coccus au phénomène de la maturation du fromage.) 1 Gorinr, Recherches sur les Coccus producteurs d'acide et de présure du fromage, Revue générale du lait, VI (1907) et VIII (1910). Rend. R. Acc. Lincei, XIX, 2e sem. (1910), 150. — Rend. R. Istit. Lomb. di Science e Lettere (1901), (1904), (1908). — Atti della Società Medico-Biologica Milanese (1910). BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 7-8-9, parus le 10 avril 1917. 23 46 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (28) PARTIE EXPÉRIMENTALE Mes recherches ont done eu pour but de passer en revue Paction sur la caséine coagulée et intacte des différents microorganismes, auxquels les opinions variées des savants attribuent, avec plus ou moins de raisons, le rôle prépondérant dans la maturation du fromage et de les classer d’après le stade atteint par la peptolyse. Ayant à ma disposition un réactif de sensibilité 1/200.000, Je me suis trouvée dans des conditions tout à fait exceptionnelles pour entre- prendre des recherches dans cette direction. La première série d'expériences à été effectuée sur des bactéries lactiques et comprenait les genres suivants : ; Bacillus lactis acidi Klügge (BP. brevis Migula), Micrococcus casei liquefaciens, Micrococcus amari liquefaciens Freudenreich (B. amarus Migula), Bacillus acidi lactici Hueppe, Bacillus lactis niger Gorini (P. niger Migula). Ces bactéries ont été cultivées sur le lait écrémé d’une part, d'autre part, sur de la caséine. On sait quelle difficulté présente la préparation de lait réellement stérile. En ajoutant après coup des substances désinfectantes, on risque de ne pas atteindre tous les germes en présence. Ainsi, d’après E. SmITH!, différentes espèces de bactéries vivent dans du lait, auquel on à ajouté un volume égal de chloroforme ; VAN SLYKE, HARDING et HART?, ont signalé des bactéries, en pleine activité, dans du lait désinfecté avec de Péther et de la formaline. Des constatations identiques ont été décrites par ROTHERT* pour les solutions d'éther à 20 °/, et de chloroforme à 10 0/,, par A. J. VANDERVELDE#, pour toute une série d’antiseptiques, tels que le chloroforme, le toluène, le Xylène, l’acétone et le thymol ; par RICHET®, pour le chloroforme et le benzène. VANDERVELDE préconise, pour la stérilisation du lait, Pemploi d’une solution acétonique d’iodo- forme à 0.10 sur 25 em ou l’emploi de peroxyde d'hydrogène dont l'excès est éliminé, par la suite, à laide d'un catalyseur approprié. ! K.-E. Surrn. Zentralblatt f. Bakt., I. Abt., 29 (1901), 445. = New-York State Agric. Exp. Stat. Bull., no 203 (1901), 215-244. * ROTHERT, Jahrb. f. wissenschaftl. Botanik., 39 (1903), 20. * VANDERVELDE, Biochem. Zeitschrift, 3 (1907), 315-319. 5 RICHET, Compt. rend. de la Soc. de biolog., 56 (1904), 216. (29) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT 347 RICHET recommande lemploi d’un mélange de chloroforme et de benzène, de même poids spécifique que le lait. Même en détruisant tous les éléments figurés, on n’annihile pas toute possibilité d'action des enzymes exerétées par les bactéries et diffuses, en quantité minime du reste, dans la solution de lait. Plusieurs auteurs ont signalé des phénomènes de coagulation et de peptonisation dans du lait exempt de bactéries. La question de Pexis- tense de Penzyme elle-même est encore maintenant discutée d’une manière très contradictoire. Je me suis servie pour mes recherches, avec un résultat satisfaisant, de lait stérilisé plusieurs fois pendant une demi heure, à Pautoclave à 1200. Exceptionnellement, il m'est arrivé de constater une ou deux fois un éclaircissement du lait, ainsi stérilisé, phénomène observé par VANDER- VELDE, DE VAELE et SuGGt et attribué par le premier de ces auteurs à la présence dune certaine quantité de chymosine à côté de protéase. Les bactéries lactiques ensemencées sur du lait écrémé, n’attaquent que très faiblement ce milieu. La protéolyse n’est très intense que dans le cas du Bacillus niger, qui éclaireit fortement le lait et n'entre pas, en réalité, dans la catégorie de la flore lactique proprement dite. Dans toutes les autres expériences, la réaction est très peu marquée et à peine distincte de celle du tube témoin. Les expériences ont été effectuées sur des cultures de quinze jours, un et deux mois. Le p. crésol et la Cyrosinase ont été employés aux concentrations déjà décrites précédemment. On prenait 1 ce. de chaque solution et ec. également du milieu de culture. Les premières expériences ont été effectuées avec des cultures âgées de quinze jours. À ce stade, la réaction nest apparente que pour le Bacillus niger, où la coloration est d'un rouge très foncé. Dans Lous les autres tubes, elle ne se distingue pas ou à peine d'un Tube sans microorganismes servant de témoin. Après un mois, la réaction est très nette pour le Bacillus niger. Colo- ration rouge violet excessivement foncée. Elle se produit même si Pon diminue de moitié (!/2 ce.) la quantité du milieu expérimenté. Mes essais, effectués avec les mêmes bactéries sur la caséine coagulee, ont démontré que les microorganismes font une distinction très nette entre la caséine du lait et la caséine coagulée et se comportent diffe- remment avec chacune d'elles. 1 VANDERVELDE, etc. Centr. Bl. f. Bakt…, II. Abt. (1904); Revue générale du lait, 6 (1907), 36; Biochem. Zeitschr., 7 (1908), 396. 948 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (30) La caséine employée était préparée de la manière suivante : Le lait chauffé jusqu’à 120°, puis refroidi à 30°, était additionné de présure liquide (Fabre), puis chauffé d’abord lentement, ensuite rapide- ment jusqu’à 1200. Traité ainsi, le lait donne un coagulum qui se laisse facilement disséquer. On distribue ce dernier en quantités égales dans de petites fioles d'Erlenmeyer, que l’on pasteurise six fois à trois heures. J'ai toujours pris grand soin de ne pas dessécher complètement le coagulum et de laisser une petite quantité de liquide que lon éliminait après la dernière pasteurisation à l’aide d'une pipette stérile. Dans le milieu préparé, de la manière sus-indiquée, les espèces citées plus haut étaient ensemencées, puis soumises à l’expérience au bout de quinze jours. Dans ce but, les fioles contenant la caséine étaient agitées fortement et à plusieurs reprises avee 10 ec. d’eau stérilisée, on ajoutait ensuite au réactif p crésol-tyrosinase, goutte à goutte, la quantité nécessaire de cet extrait aqueux. La coloration est très faible pour le Bacillus lactis acidi, elle ne Se distingue presque pas de celle du tube témoin (caséine sans microorganisme + réactif). Les observations ont été identiques pour le Micrococeus casei lique- faciens. Ces résultats concordent absolument avec les aperçus de JENSEN, sur le Micrococeus casei liquefaciens, d’après lesquels ce bacille dissolverait en grande quantité des substances albuminoïdes, sans toutefois pousser bien loin Pintensité de la dislocation en culture pure. Une coloration plus accentuée que dans le tube témoin a été obser- vée avec le Bacillus acidi laclici, mais dans ce cas également, on ne dépasse pas le ton rouge foncé. Il en est tout autrement pour le Bacillus laclis niger, pour lequel la coloration vire dans les vingt-quatre à trente-six heures au bleu violet. Avec le Micrococcus lactis amari liquefaciens, on obtient finalement une coloration très intense ; teinte bleue avec reflet verdâtre, caracté- ristique d’une protéolyse avancée. J'ai répété la réaction après un, deux et trois mois et ai constaté que le Bacillus casei liquefaciens n'avait pas, jusqu’à ce moment, entrainé une dégradation sensible de son milieu. Avec le Bacillus lactis acid, il en est, à peu de chose près, de même, la dégradation est cependant un peu plus avancée et la coloration atteint le rouge violet foncé. J'ai cultivé ces mêmes espèces sur de la gélatine pour voir jusqu’à quel point est justifié le parallélisme entre la liquéfaction de ce milieu et la solubilisation de la caséine, hypothèse admise par de nombreux savants CHODAT DE = 4 TIE Nr 4 r REA( DU APPLICATION ER. ) BRESLAU A. (31) | ‘UTOW9J-2qn7 NP | “ounr 91199 9p Jueyoorddex ‘299007 | 39H07 9948 95110 ‘2on0Y 9$ 906101 UOIJBIO0[ON) QJUI97 99V[0IA 9SNOUY noig | SIOUI XN9P 9p SaInJ[n) | ‘ou07 | Je[4{0-J$97 9948 Sa] 99BI0IA 95n0Y JUATUOSUVUD 9P $SE4 , ‘orauqou CPL: JUAUIASUCUD 9P SEX Sa} V9pPI0OU 2500Y ‘ounvi JOJOT 994% 95n0Y ‘Ocl0U STOUI UN,P S2INJ[N") J9[4{0-1S97 9948 ‘Jefdo-3S07 994% | JUOUIDGUCUD OP SE ‘UVOPIOQ 25004 ‘D9VIOIA 9600Y | ‘oxygunel 9a5n0oy ‘osnoy luoumosueuyo op $8q4 | | sinof Gy op sainy[n and J1e7 IPI9U SIJOUI ‘24 RS SU9I989nbI] 19SU9 °984 19198] IPI9 ‘98g | J98IU Sn][I98g 9W9199 IE] NP INS SHIUILIIËXA ‘JMI9A-NOI( J9 n9Id 99nbIRU S91] UOIJBIO[ON) ‘o1JUn9I 0 J9HJ01 9948 99U0F 9S00Y ‘S9IS014 9p Std ‘OSU9JUI NOTG UOTJUIO[O() “ODU9I9HJIP 9P JUIOT SInO[ 0£ 2p Sainqpu) ‘oand aUI9$89 BI 9P 91199 sn[d 2949838198 ‘999007 sn[d Ju8j9 9 Jn0} ‘UOIJUI -0109 UT ‘NVAPIOQ 95010 ‘O1JRPIOA JO[FOI 99AU 9OUOJ no[d ‘OSUOFUI S91] J$9 UOIJUIO[OD TT ‘UIOW9Y 240} 9[ SUP OUIOSR9 I OP 9J9UISIP ‘JO[OrA-noI( ‘J9U0F 98001 UOI]PIOTOT -UL1 ONbSOIX ‘JA 95n0Y OJOULJSIP S91} UOTJEIO[ON sinof Gy 9p sainy[n) *Jonb}T 12529 ‘J91N 3981IU ‘J98] ‘INI084 *jonbi] ‘we ‘20191 IPI8 SH9I ‘IIS i G & IE ses 2 : Il ; aUI9SP9 PJ INS S9OU8TI9ÏXA 390 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (32) et dont GORINI est également partisan. Des expériences effectuées sur les cinq espèces précitées, il résulte que seuls, les Bacillus niger et Bacillus lactis amari liquefaciens, possèdent la faculté de liquéfier la gélatine. Le Bacillus lactis niger liquéfie avec la mème rapidité en strie et en piqure, le Bacillus lactis amari hiquefaciens solubilise avec une très grande rapidité en strie, tandis qu’en piqüre il y a formation d’une excavation en forme d’entonnoir avec très faible Hiquéfaction. La réaction colorée avec le p. crésol-tyrosinase est beaucoup plus intense avec le Bacillus lactis niger qu'avec le Bacillus laclis amari liquefaciens. Geci nous révèle des propriétés spécifiques pour les bactéries en question vis-à-vis de la gélatine, sujet dont étude forme la première partie de ce travail. Dans une seconde série d'expériences, je me suis occupée de deux espèces de Tyrothrix : Tyrothrix filiformis, Tyrothrix lenuis. La rapidité avec laquelle ces microorganismes attaquent la caséine et la gélatine est trop connue pour nécessiter une description détaillée. Je mentionnerai brièvement que les deux espèces opèrent en peu de jours la dégradation jusqu’au stade acide aminé (coloration bleu intense), toutefois une différence individuelle, appréciable dès le début, se maintient dans les cultures avancées. C'est le Tyrothrix lenuis qui donne la coloration la plus franche, aussi bien dans des cultures de gélatine que sur la caséine. Une troisième série d'observations a porté sur la différenciation de trois divers types de Coccus et présure, mis gracieusement à notre disposition par M. GORINI. Le numéro 3 de ces bactéries semble appartenir au groupe Hicrococcus caset acido proleolyticus 1, étant donné qu'il peptonise facilement la sélatine. Les numéros Let 2 font partie du groupe Micrococcus acido pro- teolyticus IT, qui se développe plus difficilement sur la gélatine, ne la liquéfie pas du tout ou dans une très faible mesure. En effet, en cullivant les trois microorganismes dans du bouillon gélatinisé, ont obtient les résultats suivants : Le n° 1 se développe très bien en stries sous forme de petites colonies blanchâtres et moins bien en piqüre. Il ne liquéfie pas du tout la géla- tine au début. Une faible liquéfaction ne se produit qu’au bout de plusieurs mois. Avec le n° 2, aspect analogue en stries, développement également plus faible en piqûre. Pas de liquéfaction de la gélatine. (33) A. BRESLAUER. APPLICATION DU RÉACTIF DE CHODAT 391 Le n° 3 liquéfie très fortement la gélatine. J’ai utilisé le produit de liquéfaction du n° 3, pour voir s’il peptonise aussi avec une telle rapiditée Les premières expériences ont été effec- tuées au bout de huit jours, avec dix gouttes de produit de liquéfaction du milieu. La coloration obtenue est rouge foncé, avec reflet bleuâtre. (La gélatine, sans microorganismes, donne une coloration rouge vif.) La réaction répétée après quinze jours el trois semaines n’accuse pas de différences appréciables. C’est seulement au bout de longues semaines que la réaction pro- oresse lentement, sans toutefois arriver jusqu'à la coloration bleu intense. Le diagnostique de Coccus, producteurs d'acide et de présure, n’étant pas basé sur leur pouvoir liquéfiant vis-à-vis de la gélatine, mais bien sur leur pouvoir peptonisant dans des cultures à caséine, c'est l’action sur ce milieu qui à surtout attiré notre attention. Des nombreuses expériences effectuées avec les trois types de Coceus, il résulte que leur action peptonisante est très faible au début, qu’elle s’'accentue d’une manière progressive et sûre et arrive au scindage très complet des substances protéiques. Les résultats obtenus sont résumés dans le tableau suivant : Expériences sur la caséine 1 | 2 3 Caséine pure | = — Cultures de 8 jours | Coloration rouge Rouge foncé. Roug'e moins fon- Rouge jaunâtre. | très foncée,impure cé mais plus accen- avec reflet bleu- tué que dans le cas âtre. de la caséine pure. Cultures de 30 jours Coloration ne dé- Rouge très foncé Vert olive. passant toujours | virant sur violet. pas le rouge. EE Cultures de 60 jours Rouge violet. Violet bleu. Bleu intense. 302 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (34) On voit que c’est le n° 1 qui pousse le plus loin la dislocation de la caséine dans les premiers huit jours et que c’est avec le n°3 que la réaction est la moins forte au bout de cette période. Par la suite, la réaction ne progresse que très peu pour le n° 1 et c’est le n° 3 qui dégrade de la manière la plus complète. Les essais sur du lait écrémé avec de la chaux donnent des résultats du même ordre. CONCLUSIONS 1. Les différentes espèces microbiennes peuvent être différenciées colorimétriquement au moyen du réactif CHODAT. 2. La vitesse et l'intensité de la réaction dépendent de la quantité de < PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE Robert CHODAT, D' A. j “ es H, GEORG & C? (BALE) — LIBRAIRES-ÉDITEURS — (LYON) | Corraterie, 10 fa {2 : nn 40 d. : UnroX Pose 12 fr. 50 sont a au Siège Social, Institut de aus Université. de Gen ve Î du Ranuncülus loss. 5 | "Nr, ame 1881-1883, 450 p. in a “Contenu : Brun, Prof. d. Végétations . et 10 ques du lac de Genève au printemps 1884: — Calloni. 1 de la fleur dans l’Anemone Coronaria: 1 — Idem. Caractères tifs nouveaux entre. Gentiana verne £: etG.: utriculosa L LOHAES Dee entre Orehis odoratissima L. et sur la Creson du pie Mezereum . ft nues Lao :— Schmidely. Note sur le Salix Rapini Et Ayasse. — "dent. sur deux formes hybrides du Ver bascum Lychnitis ee nigruni. ie ee DIROS de nes ue q coee ue Sons tes Res des environs de Genève. de ca ii ; ae Pie 1861. ae sn x à ‘années BBLABNT, 340 D. in- ge, 1 RME ti Contenu: Aug. Sehnridely. ‘Catalogue raisonné ‘ des Ro es des ee environs: ‘de Genève. — Aug. Guinel. Catalogues des Mousses \ < ILE CnMITONS °de Genève. — Chodat D: R: Obser vations sur rue plantes de MA ÉCAGES, avec LES pl. — CalloniD'S. Sur d 0 Ines de VIENS — Idem. ue tératologiques. ne due ie Guns, + tons et. corrections it Catalo Mousses des 6 environs + Genres ne à John. PRanes on0- BULLETIN SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE er! Volume IXe BULLETIN DE LA NOCIÈTÉ BOTANIQUE DE GENEVE PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE Robert CHODAT, D' ès sc. Professeur à l’Université 2me série Volume IX e 1917 AVEC 4 CHROMOGRAVURES HORS-TEXTE, 2 CARTES ET, 7 PLANCHES IN-TEXTE 215 VIGNETTES ET 3 INDEX BIBLIOGRAPHIQUES ———2$0 #0 — — 121) GENÈVE Siège Social : | H. GEORG & C° INSTITUT DE BOTANIQUE | (BALE) — LIBRAIRES-ÉDITEURS — (LYON) Université | Corraterie, 10 JS UNEN EL) LS ON DE LA NOCIÈTE BOTANIQUE DE GEXEVE PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ Chaque collaborateur est responsable de ses travaux LES ABONNEMENTS (SUISSE : 10 fr. — UNION POSTALE : 12 fr. 50) sont perçus au siège social : Institut de botanique, Université, Genève 2me SÉRIE, Volume IX. Nos 1,2 et 3 GENÈVE, Janv. Fév. et Mars 1917 SOMMAIRE : 1. Compte rendu de la séance du 15 janvier 1917 : Affaires administratives, p. 1. — Rapport présidentiel, p. 2. — Rapport du trésorier, p. 4 — Rapport du direc- teur du Bulletin, p. 5. — Rapport des vérificateurs des comptes, p. 6. — Elec- tion du burean pour 1917, p. 6. — KR. Cnopar : Une Péridiniacée, le Glenodi- niuin Pascheri, p. T. 2. Compte rendu de la séance du 12 février 1917 : Affaires administratives, p. 7. — A. LENDNER : Un Sclerotinia parasite du Matthiola vallesiaca (Gay) Boiss., p. 7. — H. Guyor : Une Mucorinée cyanogène, p. 7. — KE. PENARD : Observations sur une Chytridinée des terres antarctiques, p. 7. — F. DucELLIER : Notes sur le pyrénoïde dans le genre Cosmarium Corda, p.S8. — M. Mixop : Contributions à la Connaissance des Stémodiees, p. 8. 3. Compte rendu de la séance du 12 mars 1917 : Affaires administratives, p. 8 — Projets d’herborisations pour 1917, p. 9.— L. ReverDin : Sur un nouveau genre d'Algues du lac de Genève, p. 9 — J. BRUDERLEIN : Sur une nouvelle Muco- rinée du Maïs, p. 9 — R. Cnopar et W. ViscHer : Nouvelles études biologi- ques sur la végétation du Paraguay, p. 9. 4. Liste des membres de la Société botanique de Genève, p. {0. 5. G. Beauverp : Nécrologie du docteur Alfred CHABERT, p. 15. 6. A. LENDNER : Un Sclerotinia parasite du Matthiola vallesiaca (Gay) Boiss. ( vi- enettes), p. 21. 7. H. Guüuyor : Une Mucorinée cyanogène, p. 30. 8. K. Ducezzrer : Notes sur le Pyrénoïde dans le genre Cosmarium Corda (5 vi- gnettes, 1 planche in-texte), p. 36. 9. L. ReveRrDIN : Un nouveau genre d’'Aleue (Leptochromadineæ), le genre Diceras ( vignette), p. 45; Une nouvelle espèce de Raphidium planktonique, le Raphi- dium spirochroma nov. spec. L. Reverdin (1 planche in-texte) p. 48: Un nou- veau genre d’Algue (Desmidiacée?), ie Closteriospira (2 vignettes), p. 22. 11. R. Cnopar et W. ViscHer : Résultats de la Mission botanique suisse au Para- guay, Chapitres V (44 vignettes), p. 55. 10. J. BRUDERLEIN : Le Rhizopus Maydis n. Sp. p. 108. 12. Ch.-Ed. Marre : Les Champignons de la région des pâturages et des bois de meélèzes du val Ferret, p. 113. 13. A. DE PuyMALY : Sur une Siphonée d'eau douce, le Dichotomosiphon luberosus (A. Br.) Ernst, p. 120. 14. G. BrauverDb : Pulsatilles du Valais, p. 125. COMPTE RENDU 3S3me séance. — Lundi 145% Janvier 49147. — Ouverte à 8 heures et demie, dans la salle de bibliothèque de Pinstilut de bola- nique, Université, sous la présidence de M. le D' F. Ducellier, prési- dent. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3, parus le 20 juin 1917. I 2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) NY Le compte rendu de la 382me séance (11 décembre 1916) est adopté sans modification. Les candidatures de MM. André Pierroz (villa Saint-Jean, Nyon), Louis Reverdin (KFrontenex, Genève), Nikola Smoladka (rue de la Baillive, 3, Genève) et de Me Sophie Lilien (rue de PAubépine, 5, Genève), présentées au Comité par MM. CHopAT et LENDNER, sont admises conformément aux statuts. M. le Président à le chagrin d'annoncer deux nouveaux deuils qui viennent de frapper notre Société dans la personne de M. le Docteur Alfred Chabert Ancien médecin principal de l’armée française, à Chambéry (Savoie) Membre correspondant de la Société botanique de Genève décédé le 15 octobre 1916, dans sa 81me année, en son domicile de Chambéry et de M. Jules Allemand Architecte-paysagiste, auteur du Jardin alpin äe la Console, etc. Membre actif de la Société botanique de Genève décédé en son domicile, après une longue maladie, en décembre 1916. Quelques mots retracant les principaux traits de lPactivité botanique des deux défunts sont prononcés par MM. Ducellier et Beauverd, puis l’assistance se lève pour honorer la mémoire de nos regrettés collègues. Sur la proposition du Comité, qui a pris connaissance des motifs entraînant la démission irrévocable de M. le D' Eugène PENARD, l'assemblée décide à lunanimité et conformément aux statuts, de nommer membre honoraire notre ancien collègue, en reconnaissance des éminents services qu'il nous à rendus, soit comme membre fonda- teur de la Société botanique, soit comme collaborateur estimé de plusieurs fascicules du Bulletin; M. le Président est chargé de porter cette nomination à la connaissance de M. le D' Penard. Publications déposées sur le bureau : ALLEMAGNE : Milteilungen des Thüringischen bolanischen Vereins, Bd. XXXIIT (Weimar, 30 septembre 1916); RUSSIE : Acta floree rossi- cæ, Vol. IT, fase. 1, 2 et 3 (lalta 1916); SUISSE : Le Jardinier Suisse, vol. XL, n° 1 (Genève, janvier 1917). RAPPORT PRÉSIDENTIEL SUR L'ACTIVITÉ DE LA SOCIÉTÉ EN 1916. — Conformément aux statuts, M. le D' F. Ducellier donne lecture du rapport suivant sur la marche de la Société durant l’année écoulée : (3) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1917 3 «Malgré les terribles luttes qui ensanglantent et ruinent l'Europe, rendant tous les Suisses soucieux de lavenir réservé à leur chère patrie, l’activité de la Société botanique, pendant l’année 1916, n’a pas cessé d’être très satisfaisante, ce qui montre, une fois de plus, que le travail est le meilleur dérivatif aux préoccupations les plus angois- santes. Si les herborisations individuelles dans nos environs ont été moins nombreuses que pendant les années de paix, en raison de Ja quasi fermeture de la frontière savoisienne, ce léger déficit a été, par par contre, largement compensé par les travaux de laboratoire et par une meilleure exploration de plusieurs localités de notre pays. «La création du Laboratoire de Biologie végétale de la Linnæa, annexe de l’Institut de botanique de l’Université, a eu sa répercussion bienfaisante sur les ordres du jour de nos séances. Les communica- tions relatives aux travaux effectués dans cette station nous ont initié à l’activité de ceux de nos membres qui ont eux l’heureux privilège de pouvoir travailler, en été de 1916, en pleine nature alpine. « Notre trésorier, M. Sartorius, ayant été mobilisé au mois de mars, pour une durée indéterminée et ayant demandé d’être relevé de ses fonctions, a été remplacé par M. H. Guyot; M. Marcel Minod a bien voulu prendre la place de ce dernier comme secrétaire-adjoint et M. J. Brüderlein à assumé le mandat de vérificateur des comptes. «Dans la séance du 14 février 1916, vous avez adopté quelques modifications à nos règlements et statuts qui nécessitaient une mise au point. Nos neuf séances mensuelles réglementaires ont été fréquen- tées par une moyenne de vingt participants, chiffre qui n'avait jamais été atteint jusqu’à présent. Ce fut une bonne fortune pour la Société botanique que de pouvoir entendre les importantes communications de M. le professeur R. Chodat et de M. le docteur W. Vischer sur les découvertes résultant de leur voyage d'exploration au Paraguay. Nous les remercions très vivement d’avoir bien voulu nous en donner la primeur. « Pendant nos séances mensuelles, nous avons encore entendu les communications de MM. Beauverd, Mlle Breslauer, MM. Brüderlein, Casimir de Candolle, Chodat, Dr Christ, de Coulon, Demole, Ducellier, Guinet, Guyot, Lendner, Martin, Mégevand, Mlle Rayss, MM. Rehfous, Romieux et Vischer. «Rendons aussi hommage a notre toujours dévoué el aimable secrétaire, M. G. Beauverd, qui n’épargne pas sa peine pour rédiger des procès-verbaux très complets de nos séances, créant ainsi des archives précieuses de Pactivité de la Société botanique. «Nous avons eu le chagrin d'apprendre le décès de quatre de nos membres : M. le docteur Chabert, de Chambéry; M. lPabbé Pierre Gave, professeur au Collège d'Uvrier (Valais); M. A. Perrier de la Bâthie, tous trois botanistes distingués, et de M. Jules Allemand, architecte-paysagiste de grand talent. Nous garderons de ces regrettés collègues le meilleur souvenir. « En raison des événements et aussi de l'éloignement de Genève de quelques-uns de nos sociétaires, nous pouvions nous attendre à quel- ques démissions. Nous constatons avec plaisir que nos collègues nous sont restés fidèles; seule la démission de Mme Yvonne Galland, née van Berchem, a dû, avec regrets, être enregistrée. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) ES «Nous avons eu le plaisir cette année de recevoir neuf nouveaux membres : M. Jean Romieux (fils), Mlle Anna Leska, MM. Jean Burnat, Marcus Stæhelin, Raymond-Hamet, M1 Marcelle Gampert, Antoinette Christin, Vera Petrovitch, Vera Grouitch. — Nous verrions avec grand plaisir les ressortissants de la Suisse allemande, venus à Genève pour leurs études, se joindre à nous et participer à notre activité : 11 se créerait ainsi des relations extrèmement précieuses non seulement pour lavenir scientifique de notre pays, mais encore pour l'entente amicale toujours plus désirable que nous souhaitons tous, à Genève, voir régner entre les fils de notre chère patrie suisse. «En raison des difficultés du passage de la frontière savoisienne, l’herborisation bryologique au Salève, projelée sous la direction de M. Auguste Guinet, ne réunit pas un nombre suffisant de participants. L’excursion, dirigée par M. G. Beauverd, dans le Valais central, les 1e, 2 et 3 juin 1916 (étude de la flore des Pinèdes valaisannes) eut un plein succès : les participants firent dintéressantes constatations et récoltèrent d’abondants matériaux d'étude dont le rapporteur nous fit l'exposition et la démonstration dans la séance du mois de juin. L’exploration des environs et des tourbières de Semsales (Fribourg), projetée pour la fin de juin, dut être abandonnée, soit en raison du mauvais Lemps persistant, soit à cause des vacances prochaines. Enfin, le 8 octobre, lherborisation mycologique dans les bois de Saint-Livres (Vaud) montra, par ses beaux résultats, que les absents eurent tort de ne pas imiter lPoptimisme du vaillant et toujours dévoué chef de course, M. le professeur Martin et de trop consulter leur baromètre : le temps fut magnifique et lexcursion très réussie. «Je ne saurais terminer ce court aperçu de Pactivité de notre Société sans exprimer en son nom au Département de lPinstruction publique nos sincères remerciements pour la confortable hospitalité qu'il veut bien nous accorder dans les locaux de l'Université et sans témoigner à M. le professeur R. Chodat, notre très vive gratitude pour tout ce dont la Société botanique lui est redevable. « Permettez-moi aussi de constater que le meilleur esprit d'entente n’a cessé, durant cette année, de régner parmi nous. Grâce à cette union et à cette bonne volonté de tous, nous pouvons dire que Pannée 1916 a été fructueuse, non seulement pour notre instruction mutuelle, mais aussi pour les bonnes relations personnelles entre les sociétaires. Au nom du Comité, j’adresse à tous nos remerciements pour laide constante qui lui à été donnée dans ses faciles fonctions. «Jetons enfin un regard vers tous ces citoyens dévoués et patriotes qui ont assumé, en ces temps difficiles, la charge écrasante de veiller sur notre pays et de nous conserver les inestimables bienfaits de la paix. C’est grâce à leur dévouement qu'il nous à été donné de pouvoir poursuivre dans le calme nos travaux scientifiques. À nos chers soldats, larme au pied à nos frontières, à notre Haut Conseil Fédéral, va l'expression de toute notre reconnaissance !» Décembre 1916. D' À: DucELLIER. RAPPORT DU TRESORIER. — M. le D' Henry Guyot expose comme suit la situation financière de la Société : « Les effets de la guerre ont continué, comme par le passé, à nous priver des cotisations de ceux de nos collègues domiciliés en Russie et COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1916 D = (dx à restreindre les recettes résultant de la vente d'anciens volumes du Bulletin ; en raison de ces circonstances, l’on peut considérer comme satisfaisante la siluation financière de la Société équilibrée par des restrictions dans la publication de notre organe : COMPTES DE LA SOCIÉTÉ POUR 1916 : DOIT Sole CAISSe AIS PR ERENNEE ARRETE cr ER Fr. 32.20 Cotisations et abonnements ..................... 07 22) Prélévation d'intérêts .......................... » {050. — Mentesdenbutle ins nee Re TRE APE APE » 25.— Contributions de l'Herbier Boissier. .. DIT 525 SOIT AUICOMDIERBUNEL INPI RPC EEE » 6.50 Total... Fr. 2027.20 A VOIR Frais de convocations et expéditions ............. rs 185 VIE ES 6 M 6 ES AR Ati are a CRAN re PA ner es Us DO DRE Imprimerie (Bulletins et divers) ................. » 1789.25 ÉDACAISS EPA NES PEAR REA Ce RS A es Een » D Total" Fr.202720 La fortune de Ja Société au 1° janvier 1917 s'élevait à 6436 francs, comprenant le fonds de réserve du Bulletin (litre de 5000 francs), une obligation 3°/o Genevois et le fonds de réserve inaliénable de 1356 francs. Le budget voté pour 1917 à la suite de ce rapport prévoit 2690 francs aux recettes et 2550 francs aux dépenses. RAPPORT DU DIRECTEUR DU BULLETIN. — M. le professeur D' R. Chodat résume verbalement son rapport sur Pactivité du Pulletin durant l’année 1916 : « En reprenant la succession de M. le Dr Viret, la nouvelle direction assumait la responsabilité de la publication des trois derniers fasci- cules de 1915 (numéros d'octobre, novembre et décembre), ce qui devait grever d'autant les dépenses courantes de lexercice de 1916; afin de liquider cette situation désavantageuse, une somme de 600 francs à dû être demandée aux ressources budgétaires de la Société, indépendamment des autres sommes destinées à la publication exclusive du volume de 1916. Ce dernier, entièrement composé, à l'exception des tables générales et du répertoire annuel, à été considé- rablement retardé dans sa publication par leffet de la grève des typographes dont la solution, actuellement réglée, va permettre la prochaine distribution des numéros 4, 5 et 6 en un seul fascicule qui sera rapidement suivie de celle des numéros 7, 8 et 9, lerminant le volume. — La continuation de la guerre à eu sa répercussion prévue sur les difficultés de rentrée partielle des finances d'abonnements; en revanche, les dispositions inscrites aux statuts pour régler la partici- pation financière aux publications des thèses ont avantagé le Bulletin de deux travaux de valeur pour la plus grande satisfaction des auteurs et des abonnés. Enfin les frais d'illustration maintenus à la charge des auteurs ont également favorisé le volume de 1916 de vignettes fort 6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) appréciées, pour la publication desquelles la Société est heureuse d'ajouter aux noms des auteurs celui de la Sociélé auxiliaire des sciences de Genève, à laquelle s'adressent nos sentiments de vive gratitude pour son importante contribution. — La Commission de rédaction n’a pas eu l’occasion d’être convoquée ; elle le sera prochainement ». A la suite de cet exposé, qui est approuvé par l'assemblée, M. Chodat demande à la Société de voter un budget pour lPexercice de 1917 et propose à cet effet la somme de 1600 francs comme allocation en faveur du Bulletin, somme à prendre exclusivement sur les ressources budgétaires de la Société, indépendamment de tout autre subvention assurée par dispositions étrangères à la Société botanique (Herbier Boissier, ete.). Cette proposition est adoptée après quelques données de MM. Guyot et Beauverd et conformément au budget général proposé par le trésorier. RAPPORT DES VERIFICATEURS DES COMPTES. — Les vérifica- teurs des comptes pour 1916, M. le professeur Charles-Ed. Martin et M. Jean Brüderlein, après vérification des comptes de la Société, les ont trouvé parfaitement en ordre et proposent de donner entière décharge au trésorier, M. Henry Guyot, en lui adressant tous leurs remerciements pour sa gestion durant l’année 1916. Ces rapports, mis aux voix, sont acceptés à l’unanimité. ELECTIONS DU BUREAU POUR 1917. — Contrairement aux vœux exprimés par plusieurs membres désirant l’élection du bureau par acclamations, M. le président désire lobservation stricte des statuts prévoyant les élections au scrutin secret. L'assemblée s'incline devant ce désir et constitue à lunanimité le Bureau et les Commissions comme ci-dessous : MM. le Docteur F. DUCELLIER ......... Président AUCUSTO I GUINETE PANNE MERS ENS Vice-président CUSTAVELDEAUMERD MER EPS Secrétaire-rédacteur HER GUNOR PQ ei a Sense Trésorier Marcel MINO D 0e ne Secrétaire-adjoint Vérificaleurs des comptes pour 1917 : MM. le professeur Charles-Ed. MARTIN Jean BRUDERLEIN, pharmacien Commission de rédaction du Bulletin : MM. le professeur D' R. CHopar, Directeur Gustave BEAUVERD, Rédacteur le D' John BRIQuET, Directeur du Conservatoire botanique Augustin DE CANDOLLE, de l’Herbier de Candolle le D' Louis Virer, ancien Directeur du Bulletin En revanche, sur le préavis du Comité, l'assistance décide la sup- pression pure et simple de la Commission des herborisations et avisera ultérieurement aux moyens de suppléer à cet organisme. (1) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1916 1 UNE PERIDINIACEE NIVALE, LE GLENODINIUM PASCHERI — Communication, par M. le professeur Chodat, sur une Algue colorée d’un nouveau type, découverte dans les neiges d'hiver du plateau de Montana (Valais), par notre collègue M. le D: Victor Demole. — Les détails de cette communication feront Pobjet d'un mémoire spécial à publier dans un prochain fascicule du Bulletin. Séance levée à 9 heures trois quarts; seize membres présents MM. Ducellier, Guinet, Guyot, Minod, Beauverd, Brüderlein, Chodat, M'es Christin, Jauch, MM. Lendner, Martin, Mégevand, Pierroz, Reverdin, Viret et Vischer. | Le secrélaire-rédacteur, G. BEAUVERD. 3S4me séance. — Lundi 12 Février 19147. — Ouverte à 8 heures et demie, dans la grande salle de l’Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D' F. Ducellier, président. Le compte rendu de la 383me séance (15 janvier 1917), lu par le secrétaire, est adopté sans modification. Publications déposées sur le bureau : ETATS-UNIS : Lloyd Pibliographical Contributions, vol. If, n° 10 (Cincinnati, July 1916); Journal of Agricultural Research, Vol. I, n° 11 et 12 et vol. IT, n° 1 et 2 (Washington, 1916 et 1917); Missouri Botanie. Garden, Vol. TT, n° 1 (Saint-Louis, 1917); Transactions of the Wisconsin Academy, Vol. XVIIT, part. ! (Madison, 1915). UN SCLEROTINIA PARASITE DU WATTHIOLA VALLESIACA Boiss. — Description, accompagnée de dessins, d’un nouveau champignon découvert par M. le professeur D' A. Lendner et occasionnant une maladie eryptogamique sur le Hatthiola vallesiaca introduit dans le jardin botanique de notre collègue. (Voir mémoire spécial, p. 21). SUR LA CYANOGENÈSE D'UN CHAMPIGNON. — Exposé, par M. le Dr Henry Guyot, des expériences faisant l’objet du mémoire spécial publié à la page 30 du présent Bulletin. OBSERVATIONS SUR UNE CHYTRIDINÉE DES TERRES ANTARC- TIQUES. — Après quelques cordiales paroles de remerciement: à l’occasion de sa nomination comme membre honoraire de la Société botanique de Genève — dont il rappelle avec humour le souvenir de la fondation et de ses premières années d'existence — M. le Dr Eug. Penard expose ses observations sur Fanalyse microscopique de quel- 8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) ques débris végétaux provenant de l'expédition antaretique du Docteur Charcot, en 1908-1910. Les rares Muscinées rapportées par M. Gain hébergeaient entre autres des Rotifères dont les parasites, suivis attentivement dans leur évolution à lPétat vivant, offraient tout d’abord un cil vibratile et souple durant la période de mouvement, puis arqué- réfléchi à la période du repos, rappelant Paspect des Ælagellatæ ; plus tard, ils développaient des filaments mycéliens de tous points compa- rables à ceux des Chytridinées. Faute de matériel suffisant permettant d’élucider à fond la question, l’auteur ne propose aucune dénomination précise pour lPobjet de ses investigations, sur lequel il attire Pattention de ceux qui auraient à examiner ultérieurement des matériaux simi- laires. D’après les dessins à la planche noire, accompagnant les s explications de notre collègue, M. le professeur Chodat estime qu'il s’agit en tout cas d’une Chylridinée bien caractérisée par ses filaments mycéliens. M. le D' Ducellier est du même avis, d'autant plus qu'il vient d'étudier une série de Chytridinées faisant objet d’une présentation subséquente de nombreux dessins analytiques. NOTES SUR LE PYRÉNOÏDE DANS LE GENRE COSMARIUM. — Présentation, par M. le D' Ducellier, du travail accompagé des dessins qui font l'objet du mémoire publié à la page 36 du présent Bulletin. CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE DES STÉMODIÉES. — Dans ses récentes recherches sur la famille des Scrophulariacées et plus particulièrement du genre Stemodia, M. Marcel Minod à eu l’occasion de distinguer quatre nouveaux genres américains nettement caractérisés par leurs constantes organogéniques et par leurs appétences biologiques (rudérale, monticole, xérophile et paludéenne); voir détails au mémoire illustré. Séance levée à 10 heures et quart. Vingt et un membres présents : MM. Ducellier, Guinet, Guyot, Minod, Beauverd; C. de Candolle, Chodat, Miles Christin et Grouitch, Mme Jacobson, M1 Jauch et Lilien, MM. Lendner, Letellier, Martin, Penard, Mile Petrovitch, MM. Pierroz, Reverdin et Smodlaka. Le secrélaire-rédacteur, G. BEAUVERD. 3S5me séance. — Lundi 12 Mars 1917. — Ouverte à 8 heures et demie, dans la grande salle de l’Institut botanique, Uni- versité, sous la présidence de M. le D' F. Ducellier, président. Le procès-verbal de la 384me séance (12 mars 1917) est accepté après lecture par le secrétaire. (9) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1917 9 Les candidatures de M. le professeur D' Gustave Hegi el de M. Jos. Chiaverio, présentées au Comité par MM. CHopar et LENDNER, sonl acceptées conformément aux statuts. Les publications déposées sur le bureau seront annoncées avec celles du prochain fascicule. PROJETS D'HERBORISATIONS POUR 1917. — M. le Président annonce qu'après expériences, le Comilé propose de supprimer lPan- cienne Commission des herborisalions et de confier ses fonctions au seul bureau, qui recevra avec reconnaissance toutes les propositions des membres pour les soumettre à lassemblée de mars où d'avril après examen. Ce point de vue étant accepté pour motifs d'économie, les explorations floristiques des marais de Rouelbeau el Sionnet, vallée de Zermatt, tourbières de Semsales et régions de la Brévine à Pont-Martel sont acceptées en principe pour les mois de mai, de juin et commencement de juillet, indépendamment de la course mycologique d'automne pour la fin de septembre; les dates définitives avec noms des chefs de course pour chacune de ces herborisations seront fixés pour le moment propice et annoncés au local de la Société avec le programme détaillé. SUR UN NOUVEAU GENRE D’ALGUES DU LAC DE GENEVE. — Communication, avec dessins à la planche noire, sur la découverte dans le port de Genève d’une Algue d’un genre inédit, affine du genre Dynobryon, pour laquelle notre collègue, M. L. Reverdin, propose le nom de Wiceras Chodali Rev. (voir description au mémoire de la p. 52). SUR UNE NOUVELLE MUCORINEE DU MAIS. — Lecture, par M. Lendner, d’un mémoire adressé du service militaire par notre _collècue M. J. Bruderlein et décrivant un nouveau Æhitopus de la farine de maïs portugaise, dénommé Ahitopus Maydis Bruderlein, Sp. nov. (Voir détails à la page 108). NOUVELLES ETUDES BIOLOGIQUES SUR LA VEGETATION DU PARAGUAY. — Conférence par M. le professeur Chodat metlant en relief des faits inédits concernant la biologie et Panatomie de Moracées, d’Urticacées et de Bignoniacées de la flore paraguayenne, avec présen- lation d'échantillons, dessins à la planche noire el projections Tumi- neuses artistement coloriées (voir au mémoire illustré). Séance levée à 10 heures et quart; vingt-cinq assistants : MM. Du- cellier, Guyot, Minod, Beauverd, Mme Beauverd, Mile C. Beauverd, M. Chodat, Mites Chirtoiü, Christin et Gampert, M. Hausser, Mme Jacobson, Mis Jauch et Kaspar, MM. Lendner et Letellier, Mile Lilien, MM. Martin, Mégevand, Mme Naville, Mie Pétrovitch, MM. Rehfous, Reverdin, J. Romieux et Smoladka. Le secrélatre-rédacteur, G. BEAUVERD. IP ISAIRIES DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE au 1° Janvier 1917 Comité pour 1917 President re M. le Docteur F. DUCELLIER. Vice-Président... M. Aug. GUINET. DRÉSORENENEE M. Henry Guyor. SeCrÉLATre. M. Gustave BEAUVERD. Secrélaire-adjoint M. Marcel MiNop. Directeur du Bulletin M. le Professeur D' R. CHopar, Institut de botanique, Université (Genève). Membres honoraires MM. Burnar, Emile, Nant sur Vevey (Vaud). HauRt, Charles, 16, boulevard du Pont-d’Arve, Plainpalais. PENARD, Eugène, D' sc., 3, rue Tôpffer, Genève. PRivAT, Eugène, Acacias, 24, Plainpalais (Genève). Membres correspondants MM. Besse, Maurice, chanoine, Rd, Curé à Riddes (Valais). BoucuARD, Michel, officier d’'Académie, Annemasse (H'e-Savoie). CHristr, Hermann, Dr jur., Riehen, près Bâle. GUINIER, Philibert, chargé de cours à l'Ecole Nationale des Eaux et Forêts, Nancy (Meurthe-et-Moselle). HASSLER, Emile, D' médecin, Pinchat-Carouge, Genève. MM. MM. \ me MM. Mie MM. Mites M. Mie M. Mie LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE 11 LE Roux, Mare, D’ se., conservateur du Musée d'Annecy (Haute- Savoie). PENZIG, O., directeur du Jardin botanique de Gênes (Italie). TrABurT, L., professeur à l'Ecole de Médecine et Pharmacie, Alger. Membres à vie BARBEY, Auguste, Bel-Coster, chemin du Levant, Lausanne. BARBEY, Camille, avenue Marc-Monnier, 11, Genève. Membres actifs BEAUMEL, Jacques, 62, boulevard de St-Georges, Plainpalais, Genève. BEAUVERD, Gustave, conservateur de Herbier Boissier, 12, Voie- Creuse (Genève). BERRO, M.-B., Calle Uruguay, 1108, Montevideo (Uruguay). BougiEeR, Alph.-Maurice, D' ès se., 5, avenue Beaulieu, Grange- Canal, Genève. BonaATI, G., pharmacien de 1'e classe, Lure, Hte-Saône (France). BRESLAUER, A., avenue Gaspard-Vallette, Genève. BRIQUET, John, D' ès sc., directeur du Conservatoire et du Jardin botanique, 33, chemin des Clos, Genève. BRUDERLEIN, Jean, pharmacien, 20, rue Sturm, Geneve. BURNAT, Jean, viticulteur à Veyrier, Geneve. CALLONI, Silvio, D'ès se., professeur au Lycée de Lugano (Tessin). CANDOLLE (de), Augustin, 2, place Claparède, Genève. CANDOLLE (de), Casimir, Cour de Saint-Pierre, Genève. CAPITAINE, Louis, D' ès sc., 48, boulevard Raspail, Paris, VIe. CHARITONOFF, Sophie, 4, chemin Miremont, Genève. CHENEVARD, Paul, 6, rue de la Cloche, Genève. CHopar, Robert, Dr ès se, Directeur de Pinstitut botanique de l’Université, Pinchat par Carouge, Genève. CuirToïu, Marie, étudiante, 64, Florissant, Genève. CHRISTIN, Antoinette, 3, avenue de la Grenade, Geneve. ConTE, Ernest, médecin-dentiste, 10, Corraterie, Genève. CRETIER, chemin Filion, Pinchat-Carouge, Genève. Damazio, Léonidas, Avenida Pavauna, 1249, Villa Juanita, Bello Horizonte (Minas Geraës), Brésil. DAszEWskaA, Dr ès se., Pilawa-Siedzow, Varsovie (Pologne). MM. Me MM. Mie MM. Mie MM. M mes Mie M me Mites MM. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) DeMoLE, Victor, D' méd., Institut pathologique, boulevard de la Cluse, Plainpalais, Genève. DRoz, Camille, botaniste, Hauts Geneveys (Neuchâtel). DUCELLIER, Fr., D' méd., Pinchat-Carouge, Genève. ELDAROFF-SERGUEEFF, Marguerite, D' ès se., Smolenski Bou- levard, Dolgi pereouloque, 14, log. 15, Moscou. FELIPPONE, Florentino, D' méd., Calle 18 de Julio, 790, Monte- video (Uruguay). FLAHAULT, Ch., D'se., Prof. à l'Université de Montpellier, France. FREY-GESSNER, conservateur du Musée entomologique, 23, Roseraie, Plainpalais, Genève. GAMPERT, Marcelle, 9, rue Bellot, Genève. GLASER, J., cand. pharm., 1, avenue de Frontenex, Genève. GOUDET, Henri, D' méd., 14, Cours-des-Bastions, Genève. GUIGNARD, Léon, D' ès se., directeur de l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris, 6, rue Val-de-Gràce, Paris. GUINET, Auguste, Acacias, Grand-Bureau, 11, Plainpalais, Genève. GROUITCH, Vera, avenue du Mail, 25, Plainpalais-Genève. Guyor, Dr ès sc., 19, rue Général-Dufour, Genève. HAUSSER, Edouard, pharmacien, 10, Bourg-de-Four, Genève. HELD, directeur du Conservatoire de Musique, Au Vallon, Chène- Bougeries, Genève. HOCHREUTINER, Georges, D'èssc., conservateur du Conservatoire botanique, 49, avenue Wendt, Petit-Saconnex, Genève. HOFMANN-GROBÉTY, Dr ès se., Villa Hohenstein, Glaris. JACOBSON, Reissa, stud. sc., 34, rue des Peupliers, Plainpalais- (Genève. JAUCH, Berthe, 7, rue des Alpes, Geneve. JOSSA, Marguerite, 6, chemin Raichlen, Plainpalais - Genève (actuellement en Russie). KAZNATCHEFF, étudiante, Villa Espérance, Petit-Lancy, Genève. KORNILOFE, Marie, étudiante, Yegdyr, Gouvernement dErivan, Caucase. LARDERAZ, Charles, jardinier-chef du Jardin botanique, La Console, Sécheron, Genève. LE BRUN, Pierre, 16, avenue de la République, Paris, XIe. LENDNER, Alfred, Dr ès sc., professeur extraordinaire à l'Uni- versilé, 9, rue Ami-Lullin, Genève. Mie M ne MM. Me MM. Mie MM. Mie MM. Mie MM. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE 13 LESKA, Anna, stud. sc., 8, rue Saint-Léger, Genève. LETELLIER, Aug., stud. sc., 89, boulevard Carl-Vogt, Plainpa- lais-Geneve. LILIEN, Sophie, 5, rue de PAubépine, Plainpalais-Genève. Lupwic, Ed., pharm., 5, rue Saint-Léger, Genève. Marrer, Léon, botaniste, 9, rue Michelet, Paris, Vineé, MARTIN, Charles-Edouard, professeur, 44, Roseraie, Plainpalais, Geneve. MAZEL, Antoine, D' ès se., 3, rue de la Monnaie, Genève. MÉGEVAND, Alph., D'méd., 7, Rond-Point de Plainpalais, Genève. MENDREWSKA, Sophie, Brwinow près Varsovie (Pologne, Russie). MENTHON (la Comtesse Antoine de), Les Charbonnières, Menthon- Saint-Bernard, Haute-Savoie. MEyER, Paul, eand. se., 99, boulevard Carl-Vogt. MicHeLr, Jules, 1, boulevard des Philosophes, Genève. MiNob, Marcel, Grand'Rue, 17, Genève. MoLLor, Marcel, D' méd., 18, avenue du Mail, Genève. MOREILLON, Maurice, Inspecteur forestier du VIPre arrondisse- ment, », avenue de Fa Harpe, Lausanne. NAVILLE, Edouard, Versoix, Genève. NAVILLE, Gabriel, 4, chemin de la Pelouse, Plainpalais, Genève. NITZSCHNER, Guillaume, inspecteur, Pare Mon-Repos, Genève. PALIBINE, Jean, D'ès sc, Administrateur du Jardin botanique de Batoum (Russie). PETROVITEH, Vera, 2, avenue du Mail, Plainpalais-Genève. PierrOz, André, Villa Saint-Jean, à Nyon. RABINOWITCH, Jérémie, 23, route de Chêne, Genève. AAYSS, T., Dr se., Chotin, Bessarabie. REVERDIN, Louis, route de Frontenex, Geneve. RŒTHLISBERGER, André, étudiant, 8, route de Malagnou, Geneve. XEHFOUS, Laurent, Dr se, 4, boulev. des Tranchées, Genève. RomiEUx, Henri, 2, route de Florissant, Geneve. ROMIEUX. Jean, étudiant, 25, route de Florissant, Genêve. SARTORIUS, pharmacien, 6, avenue de Warens, St-Jean, Geneve. SCITIESS, Emile, médecin-dentiste, Oberstadt, Schaffhouse. SCIILESINGER, Marguerite, étudiante, 64, Florissant, Geneve. SCHŒLLHORN, Kust, cand. se., 40, boulev. Helvétique, Genève. SCHMIDELY, Auguste, #, rue de l'Université, Genève. SMODLAKA, Nikola, 3, rue de la Baillive, Plainpalais-Genève. 44 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (5) M. STUCKERT, Teodoro, botaniste à Cordoba (Répub. Argentine). Me et M. SiGRIANSKI, Alija Szucka, n° 7, Varsovie VI (Russie). Miles SrapinskA, Tscheslawa, étudiante, 4, rue Lombard, Plainpalais, Genève. Tuury., Alice, D' méd., 79, Florissant, Geneve. MM. Tonpuz. Adolfo, botaniste, Museo Nacional, San José de Costa- Rica (Amérique centrale). VirerT, Louis, Dr ès sc., privat-docent à l'Université, 77, rue Jean-Jaquet, Genève. ViscHER, Wilhelm, Dr phil., Institut botanique, Geneve. NÉCROLOGIE Le Docteur Alfred Chabert 29 février 1836 + 127 octobre 1916 Pour la troisième fois dans lespace de huit mois, le deuil vient frapper à notre porte el nous enlever lun de nos plus sympathiques confrères en la personne du D" Chabert, enfant de cette contrée de Savoie que nous avons appris à aimer en la choisissant comme but principal de notre champ d’études floristiques. Alfred Chabert, né à Chambéry le 29 février 1836, est mort dans sa ville natale le 1 octobre 1916, après avoir parcouru une brillante carrière scientifique qui se révéla dès Pâge le plus tendre, alors qu'il était encore collégien à Chambéry, par un goût bien décidé pour la botanique. Ses études universitaires se firent à la Faculté de médecine de Turin, alors capitale des Etats sardes, où il reçut le titre de docteur en médecine le 12 juillet 1858. Il était médecin de bataillon lorsque survint Pannexion de la Savoie à la France en 1860; il opta pour la nationalité francaise et fut nommé aide-major, puis médecin-major de deuxième classe; c’est en cette qualité qu'il fit la campagne de 1870-71, s’y distingua à l'armée du Rhin où il fut cité à l'ordre du jour el recul la croix de Chevalier de la Légion d'honneur. Après un premier séjour en Algérie durant les années 1862 à 1865, il retourna dans ce pays de 1871 à 1875, puis de 1880 à 1886; entre te mps, il avait été envoyé en Corse : chacune de ces contrées lui fournit d’intéressantes contribu- tions botaniques qui ont été publiées en différents fascicules du PBulle- lin de la Société botanique de France (années 1882 à 1892; voir plus loin l'index bibliographique). En qualité de médecin militaire, la carrière du docteur Chabert fut brillante; elle se termina par les nominations suivantes : médecin principal de première classe en 1883; officier de la Légion d'honneur en 1887; directeur du service de santé en 1888. Il prit sa retraite en 1889 et s'installa à Chambéry où, durant la belle saison, il habitait la campagne dans son domaine de Vérel-Pragondran, tandis qu'il passail l'hiver en ville dans sa maison de la rue Vieille-Monnaie, où il est mort dans sa 81e année à la suite d’une douloureuse maladie qui avait nécessité, une année auparavant, une opération chirurgicale”. 1 C’est à l’obligeante amabilité de M. Maurice Denarié, vice-président de la Société d'histoire naturelle de Savoie, à Chambéry, que nous sommes redevable de la par- tie essentielle de ces renseignements : en cette occasion, nous sommes heureux de réitérer à notre distingué confrère l'expression de toute notre reconnaissance. (ÆRé.) 16 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Durant ses vingt-huit ans de retraite, le docteur Chabert à déployé une grande activité scientifique comprenant, entre autres, toutes les ramificalions de la botanique : ses études de médecine Payant familia- risé avec les travaux d'anatomie et de physiologie végétale, il se tenait au courant des publications de ce domaine, les traduisant parfois de allemand ou de Pitalien et les vérifiant le plus souvent avec le secours du microscope. Ces exercices lui furent tout particulièrement utiles dans ses travaux de systématique, monographies fort bien équi- librées où tout parti pris élait rigoureusement exclu, malgré les orancdes tentations que pouvaient lui offrir des genres aussi contro- versés et aussi encombrés de concurrents que peuvent Pêtre les Leontodon, les Euphrasia elles Rhinanthus, à la liste desquels il venait d'ajouter les Acer el sapprètait à y faire passer les Hieracium, qu'il avait naguère qualifiés de Cnébuleuse irrésoluble ». Indépendamment de la physiologie, de Panatomie et de la systéma- lique, le docteur Chabert S'intéressail vivement aux questions de séographie botanique; en outre, il cédail volontiers à un goût très prononcé pour la biographie ; grâce à son sens inné de bon écrivain, il se distingua dans ce domaine par de savoureuses études sur maints botanistes anciens ou contemporains, se complaisant de préférence aux notices autobiographiques où il commentait avec esprit les lettres ou les travaux botaniques de ses... défunts confrères : est ce qu'ilappelait, dans sa correspondance, la «galerie des botanistes peints par eux- mêmes ». Les auteurs notoires tels que Villars y sont étudiés à côté de modestes amateurs tels que Péerivain de ce manuserit intitulé Campo bolanico Pineroliese, opera delle spesiale Bonifacio Felice Bochiardo, di Pinerolo, eXhumé du sac d'un soldat mortellement blessé à la bataille de Solférino el qui vint rendre le dernier soupir le soir mème à lPam- bulance du docteur Chabert£ Cest à ce litre qu'il fut lhistoriographe désintéressé de Poécole de Chambéry »?, cette remarquable cohorte de naturalistes dont la seule existence, perpéluant une tradition vieille de plus dun siècle, atteste combien le pays de Savoie est propice au développement spontané des sciences naturelles; en celte occasion, on peut constater qu'avec André Songeon (+ Chambéry, 28 avril 1905) et Eugène Perrier de la Bâthie (Conflans, 31 mai 1916), le docteur Chabert fut, de tous ces naturalistes, celui dont Pérudition, la solidité des con- naissances et Pesprit d'investigation se manifestèrent le plus brillam- ment el cela sans aucune recherche de réclame, bien au contraire : il la fuvail en toute occasion, rappelant fort en cela son ami et premier maitre Songeon, de qui lui-même devait publier par la suite un impor- ant mémoire posthume. Enfin, sa connaissance des dialeetes de la Savoie et ses relations avec les paysans et montagnards de cette con- trée, dont le commerce lui était particulièrement facilité par ses devoirs ! C£. W. BarBey, « Bochiardo, botaniste italien inconnu», in Bulletin de l'Herbier Boissier, vol. IT. p. 51 (1895): Mme [Irène Curapusso-Vorii et O. MarrIRoLo, « Les Bochiardo, botanistes piémontais », in 1. €., 2me série, vol. IV, p. 497 et 841 (41904). ? Voir entre autres < Herborisations aux environs de Chambéry », de SONGEON et CHABERT, chapitre « Biographie», in Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Savoie, tome IT, p. 95-101 (1895): puis ] rénoïdes par hémisomate; dimensions à , moyennes : 72X 43 X18 y; enfin trois exemplaires, soit 1 /o, avaient quatre pyrénoïdes dans une demi-cellule et Fig. 4 cinq dans l’autre ; dimensions moyennes : 124318 n. Pas un seul exemplaire sur ces 300, ni aucun autre semblable sur mes préparations, n'avaient seulement deux pyrénoides par demi-cellule, comme c’est le cas chez Cosmarium pyramidatum Bréb. typicum. Aucun, non plus, n’avait deux pyrénoïdes dans une demi-cellule et trois dans lautre. Dans (6) F. DUCELLIER. NOTES SUR LE PYRÉNOIDE 4 le cas le plus fréquent, celui de trois pyrénoïdes, ils étaient disposés en triangle, deux près de la base de lhémisomate et le troisième passablement loin au-dessus, près du sommet (pl. LE, fig. 1). Ces pyré- noïcdes se montraient en voie très active de division (pl. [, fig. 2, 3, 5et 6). Ces Cosmarium pyramidatum de Kruzelried m'ont engagé à revoir mes récoltes de Zermatt. où J'avais trouvé abondant un Cosmartum pyramidalum forma Klebs., Desim. Ost- Preuss D 01h77 AIX. Ce Cosmarium (fig. 9), qui pourrait bien être une espèce distincte, intermé- diaire entre Cosmarium py- ramidalum Bréb. el Cos- marium galerilum Nordst., était assez semblable au Cosmariunm. pyramidalum Lütkem., loc. cit. p. 44, pl. IL, fig. 8. Sur 100 exemplaires, 30, soit 30 1/0, avaient un seul pyrénoïde et 70, soit 70 0/0, deux pyrénoides par hémisomate. Les dimensions moyennes des premiers étaient : 62.5 X46.5X 17.5 y; celles des seconds : 64.3 X47.1X 19.9 y. Dans la récolte de Kruzelried se trouvaient aussi, très abondants, des Cosmartium plus petits, à côtés un peu plus convexes, offrant tous les caractères de Cosmarium pseudopyramidatum forma major, Lundell. Desm: Suce., 1874, p. 41, pl, fig. 7 et 12. Leurs dimensions moyennes, sur cent exemplaires dessinés et mesurés, étaient : DIXG9.8 15.8 1». Sur ces cent exemplaires, nonante-quatre, soit 97 0/0, avaient un seul pyrénoïde par demi-cellule. Yrois échantillons, soit 3 1/0, montraient un pyrénoïde par demi-cellule et deux dans l'autre. Un exemplaire avait deux pyrénoïdes par hémisomate ; un autre avait wn pyrénoïde dans une demi-cellule et /ros dans lPautre ; enfin dans un échantillon se trouvaient deux pyrénoïdes dans un hémisomate et /rois dans l’autre. Dans ces cas les pyrénoïdes n’affectaient pas une disposi- lion symétrique comme cela se voyait chez Cosmarium pyramidatum (pl. FE, fig. 1 et 2); l'unique pyrénoïde de la demi-cellule se montrait énAvoiemtrèes active devdivision (pl: 1; fig 8; 9, 10, 11"et 12) et.les nouveaux pyrénoïdes restaient accolés ensemble, quoique leur amylos- phère füt distincte. Les figures de la planche Let celles des autres (1) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE J our d (8) F. DUCELLIER. NOTES SUR LE PYRÉNOIDE 13 espèces montrent mieux qu'une description qu'elle était, en général, la disposition respective des pyrénoïdes dans les hémisomates. Il en est de même pour les dimensions des pyrénoïdes, ceux-ci étant dessinés exactement à la même échelle. On peut conclure de ces faits, comme de ceux observés par LüTkE- MüÜLLER et par PLAYFAIR, que chez les douze espèces suivantes de Cosmarium à chromatophores axiles : Cosmarium pyramidatum Bréb., Cosmarium pyramidatum f. Klebs fig. XIX, Cosmarium pseudopyrami- datum Lund., Cosmarium Potrytis (bory) Menegh., Cosmarium pseudo- botrytis Gay, Cosmarium speciosum Lund., Cosmarium speciosum var. simplex Nordst., Cosmarium subspeciosum $ validius Nordst., Cosmarium pseudoprotuberans Kirchn., Cosmarium crenatum FRalfs, Cosmarium vexatum West forma, Cosmarium rectangulare Grun., le nombre des pyrénoïdes, tenu pour constant par les auteurs, peut varier el dépasser celui de un ou de deux admis pour le genre Cosmarium vrai, c’est-à- dire comprenant seulement des espèces à chromatophores axiles. Par conséquent, une classification des espèces de ce genre, basée sur le nombre des pyrénoïdes, comme celles de RAGIBORSKI (Desmidyje Nowe, p- 1), de DE Ton: (Sylloge Chloroph., p. 931, 969) et de DELPONTE (Specimen Desm. subalp., 1873, p. 279) ne peut être que provisoire; elle n’a pas une valeur absolue, puisque le nombre des pyrénoïdes peut varier chez un certain nombre d'espèces. En ce qui concerne spécialement Cosmarium pyramidatum, la forme pluribus pyrenoidibus, que LüTKEMÜLLER et moi avons étudiée, doit- elle être regardée comme une espèce ou une variété distincte de Cos- martum pyramidatum Bréb. typicum ou n'est-elle qu'une «possibilité », un état histologique et physiologique particulier de la cellule, du, peut-être, à une influence spéciale du milieu favorisant la multiplica- lion des pyrénoïdes? C’est là une question qu'il parait impossible de trancher actuellement, en l'absence non seulement d'une meilleure connaissance de la structure du chromatophore, mais surtout d’obser- vations plus nombreuses, d'expériences et de cultures. Mais le fait que cette multiplication des pyrénoïdes peut se voir chez diverses espèces, dans le même milieu, rend plus plausible cette dernière hypothèse. Cosmarium pseudopyramidatum Lund., avec. la constance de ses dimensions et son taux élevé de formes à un seul pyrénoïde, parait être une espèce distincte de la précédente. Malgré une certaine analogie dans la forme cellulaire, celle-ci est cependant différente : les côlés BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (9) D Æ sont un peu plus arrondis, la ponctuation de la membrane est autre et les dimensions n’atteignent pas celle de Cosmarium pyramidatum. On ne sait pour ainsi dire rien du pyrénoïde chez les Desmidiacées sous le rapport de sa fonction dans la vie cellulaire. Une remarque doit cependant être faite : Sur cent douze espèces de Cosmarium vrais à un pyrénoïde, de la monographie de WEsr, onze seulement ont une dimension (longueur) pouvant dépasser 50 , chiffre arbitraire- ment choisi, tandis que cent une espèces, soil 90,1 %/0 sont plus petiles que 50 n. Sur cinquante-sept espèces à deux pyrénoïdes, quinze seulement, soit environ 27°/o, ont une longueur moindre que 50 w, landis que quarante-deux, soit 73°/0, sont plus grandes que 50 y. On peut done en conclure, d'une facon générale, que, dans le genre Cos- marium, les espèces à deux pyrénoïdes par demi-cellule sont plus grandes que celles à un seul pyrénoïde. En est-il de même au sein d’une espèce ? et le nombre des pyrénoïdes est-il en relation avec la taille de lindividu ? LüÜTKEMÜLLER ne le croyait pas et si les chiffres que j'ai donnés pour Cosmarium vexatum el Cosmarium pyramidatum semblent cependant, dans une certaine mesure, le prouver, les diffé- rences sont si faibles qu'il serait imprudent d’en vouloir tirer une con- clusion certaine. Le but de ces notes est surtout de montrer combien est peu solide la division des Cosmarium en deux groupes : à un el à deux pyrénoïdes exclusivement, de prouver que, dans certaines condi- Lions, qui pour le moment sont encore tout à fait inconnues, ces énig- matiques corps peuvent se multiplier et prennent une importance très grande dans la structure cellulaire ; enfin, d'attirer une fois de plus attention des desmidiologues sur le chromatophore, spécialement chez les espèces classées actuellement dans un même genre artificiel : le genre Cosmarium. Un nouveau genre d’algue (Leptochromadinex) Le genre Diceras par Louis REVERDIN (Communiqué en séance du 12 Mars 1917) Il s'agit d’un organisme nouveau que j'ai rencontré dans le plancton récolté entre PAriana, Mon-Repos et le Port-Noir, à la surface du lac de Genève. Les pêches de plancton ont commencé dès le mois d'octobre 1916 et ont été poursuivies jusqu'à ces derniers jours. Elles furent interrom- pues, faute de bateau, pendant le mois de décembre el la premiere quinzaine de Janvier. Nous avons trouvé cel organisme dès le 14 novembre 1916; depuis lors, il ne manque jamais. Il est rare cependant; sur une pêche d’une heure, nous en trouvons cinq à six exemplaires en moyenne. Il Sagit d’une algue unicellulaire formée dune cellule ovoïde munie d'une corne très fine à ses deux extrémités. Vue de face, elle se présente sous la forme dun ovale terminé par deux cornes situées dans le mème plan (fig. A). La cellule est donc symétrique par rapport à un plan passant par les deux cornes et divisant la cellule en deux parties égales. Les cornes ont des longueurs différentes; la plus courte fait suite au petit bout de lovale, la grande est implantée sur la partie large de la cellule. Vue latéralement, algue se présente sous la forme dun ovale plus ou moins plat d’un côté. Les deux cornes ne sont plus sur la même ligne ; elles forment un angle largement ouvert du côté de la face plane de la cellule (fig. B). La petite corne est rectiligne; la grande présente une légere courbure dirigée à Pextérieur de lPangle. 46 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) En mesurant une vingtaine dindividus, nous avons obtenu les dimensions suivantes : DoncueurRdeMOyAlE EE RER 0,0135 mm. IAE DOlOERL ALU 0,0058 mm. Longueur de la grande corne........ 0,040 mm. Lonsueurdelapenne conne tee er 0,024 mm. Angle compris entre les deux cornes 14920 Ces différentes dimensions sont tout à fait stables. Les deux cornes sont de la même nature que la cellule ; le tout se colore facilement au rouge Congo ammoniacal. Seule là cellule contient du protoplasma, les cornes en sont dépourvues et ne forment que deux appendices sou 4e 30 20 4o cellulosiques. Le protoplasma remplit complètement la cellule; il est peu vacuolisé; nous y trouvons un chromatophore placé générale- ment dans la partie la moins large de la cellule. Il est en plaque pariétale formant une demi-ceinture ou une petite calotte. Sa forme varie du reste un peu d’un individu à l’autre. Sa couleur est vert- jaune clair et rappelle celle des Hallomonas et des Dinobryon. H ny à point de pyrénoïde. Le protoplasma contient plusieurs granulations très nettes, spécialement autour du chromatophore; parfois une ou deux vacuoles. J'ai eru voir sur un individu une vésicule contractile, la cellule était sans doute en voie de détérioration. (3) L. REVERDIN. LE GENRE DICERAS —! L >] Plusieurs individus présentaient une légère protubérance sur le dos de la cellule, du côté de la grande corne (fig. C). Dans ces cas, le chromatophore n’a plus sa forme habituelle ; il s’agit, sans doute, d’un travail préliminaire en vue d’une division. Le chromatophore devient central et se divise obliquement ainsi que la cellule (fig. D). Malheu- reusement je n'ai pas encore vu une division complète. Des faits nou- veaux viendront sans doute élucider ce problème intéressant. L’algue, dans Pétat où nous lPavons décrite, est complètement immobile. Pour le moment il nous semble qu’il faut la placer à côté des genres Dinobryon et Kephyriopsis, à cause de sa coque cellulosique et de la couleur et la forme de son chromatophore. Ce serait un genre nou- veau auquel nous donnons le nom de Diceras nov. gen. Reverdin. Nous dédions l'espèce décrite à notre maître, Monsieur Chodat, qui nous à initié aux mystères du monde des Algues. Diagnoses DICERAS nov. gen. Leplochromadinearum L. Reverdin. Cellulæ libere natantes bisetigeræ, parte inflata ovoidea inde cellulæ asymetricæ. Contentus cellulæ ovalis in setas haud prolon- gatus. Chromatophora bina vel sæpius chromatophorum unicum cochleare luteo-viride ; granula magnitudine varia, sparsa. DICERAS CHODATI nov. spec. L. Reverdin. Characteres generis. Diam. partis inflatæ longius 13,5 y, brevius 9,8 y; longitudo setarum, brevioris 24 y, longioris 40 y. Cellulæ vertice visæ rectæ, latere setis angulum late apertum formantibus. Angulus 1420 (1. e. lineæ a dorso in setas prolongatæ). Habitus, bere natans in lacu genevensi haud procul à superficie. Une nouvelle espèce de Raphidium planctonique Raphidium spirochroma L. Reverdin nov. spec. par Louis REVERDIN (Communiqué en séance du 15 janvier 1916) Ce Raphidium nouveau à été récolté dans le lac de Genève, entre PAriana et le Port-Noir, presque à la surface. Il présente une forme très caractéristique qui le fait de suite distinguer des autres espèces. ses extrémilés se rétrécissent subitement et se prolongent en une pointe hyaline au bout plus ou moins obtus. En moyenne, sa longueur est de 59 y et sa largeur de 5,5 . Parfois, les terminaisons ne sont pas aussi brusques, la partie centrale S’atténuant progressivement en pointe (v. IE, fig. 2). Ce Raphidium se distingue aussi des autres par un chromatophore très net, ce qui est rare chez ce genre. IT forme une bande pariétale d’aspects divers; demi-bande traversant obliquement la cellule (v. LE, fig. 1); bande centrale se divisant en deux bras laté- raux obliques (pl. E, fig. 2); bande spiralée à 4, 4 1/2, 1 5/1 tour de spire. Le cas le plus fréquent est celui de la bande spiralée. Ce n’est que par de très fins mouvements de la vis micrométrique que l’on se rend compte de ces diverses structures. Sa couleur est vert clair. Les bords du chromatophore ne sont généralement pas rectilignes ; ils sont plus ou moins sinueux et même échanerés dans certains échantillons. Il contient des pyrénoïdes fort difficiles à distinguer sans le secours de réactifs comme l’eau iodée ou l’iodure de potassium iodé. Après bien des recherches, nous pouvons dire qu'il y a deux pyré- noïdes répartis à peu près symétriquement à partir du centre de la cellule. Sans réactif, on en voit point du tout, ou bien un, ou bien deux, quand on est averti. Voir pl. I, fig. 1, chromatophore sans pyrénoïde ; (2) L. REVERDIN. LE RAPHIDIUM SPIROCHROMA I, 4 I, 3 I. 2 III IV VII, 1 VII, 2 VII, 3 BULLETIN DE I.A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-92-3, parus le 20 juin 1917. k 90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) v. I, fig. 2, 3, 4, chromatophore à un pyrénoïde; v. Il, fig. 2, chro- matophore à deux pyrénoïdes. Dans Pindividu de la v. VIT, fig. 1, traité à l’eau iodée., on voit très nettement, dans une cellule fille, un pyrénoïde et dans l’autre deux pyrénoïdes. Le protoplasma remplit complètement la cellule dont la membrane est très fine ne présentant pas de double contours. On remarque fréquemment de grosses vacuoles, spécialement aux deux extrémités de la cellule; ces vacuoles obligent le protoplasma à se rassembler en bandelettes transversales en forme d’échelles, ce qui donne au contenu de ce Raphidium un aspect particulier. Le protoplasma montre un aspect granuleux, surtout dans la partie centrale de la cellule, il est plus clair el transparent aux deux extrémités. On trouve souvent de orosses inclusions, sans doute liquides, appliquées sur les bandelettes décrites ci-dessus. Sans laide de réactif, nous avons observé les faits suivants : V. III. Deux cellules accolées Pune à Pautre par une extrémité obtuse; il s’agit sans doute d’une division transversale tendant à devenir oblique, cas fréquent. V. IV. Deux cellules adultes en liaison par une gelée invisible. Les deux cellules bougent ensemble à la moindre secousse sur Ia lamelle. V. V. Colonie de quatre individus réunis par une gelée non visible; deux cellules sont déjà individualisées, on voit, dans la troisième, le plan de segmentation devenu oblique. Cas unique. V. VI. Deux cellules formant un V, réunies par deux extrémités obtuses, cas fréquent devant être rapproché du cas de la pl. IT. Après division, une des cellules décrit un demi-cercle en pivotant sur lextré- mité obtuse de la cellule voisine. Une autre particularité de ce ARaphidium réside dans le fait qu'il présente un noyau bien visible entouré d’une zone grisatre, au centre de la cellule, occupant environ le quart du diamètre. Par lemploi de réactifs, nous nous sommes parfaitement rendu compte de la nature de la gelée des colonies décrites. Voir V. VII, Fig. 1. Cellule colorée à l’eau iodée ; on voit la mem- brane mère non gélifiée contenant deux cellules filles à bande pariétale simple montrant un ou deux pyrénoïdes. Le plan de division est premièrément perpendiculaire au grand axe de la cellule. Fig. 2. Colonie à deux individus, colorée à la fuchsine. Les deux cellules filles ont atteint leur complet développement en glissant l’une sur l’autre; la membrane mère n'existe plus que sous forme d'une (4) L. REVERDIN. LE RAPHIDIUM SPIROCHROMA 51 légère gelée colorée en rouge, elle est spécialement visible aux deux extrémités de la colonie; en gonflant, elie finit par éloigner les deux cellules, puis disparaît complètement; voir aussi la pl. IV. Fig. 3. Coloration à la fuchsine. Cellule dans un état intermédiaire des deux cas précédents. La membrane mère possède encore sa forme primitive aux deux extrémités, au centre elle à déjà subi une gélifi- cation partielle. Les deux cellules filles glissent lune sur l’autre. Les descriptions qui précèdent montrent qu'il s'agit bien ici d’une nouvelle espèce de protococcacée. Elle se rapproche beaucoup des Raphidium dont elle n’est qu'une nouvelle espèce. Nous en faisons une espèce sous le nom de faphidium spirochroma nov. spec. L. Reverdin. Le Raphidium spirochroma rentre dans la série des Raphidium à pyrénoïdes. Nous avons rencontré cette espèce des le mois de janvier 1917; elle fut très abondante dans une pêche du 17 mars. Elle se présente soit à Pélat de cellule unique, soit à l’état de colonie à deux cellules plus ou moins séparées. Elle ne forme Jamais de ces vastes colonies comme le Raphidium Braunii Var. lacustre Chodat ou le Aaphidium pyrenogerum Chodat. RAPHIDIUM SPIROCHROMA L. Reverdin. nov. spec. Observation : La netteté du chromatophore spiralé, la visibilité du noyau, la forme de la cellule font de ce Raphidium une espece tres particulière, même au milieu des ARaphidium à pyrénoïdes. Il se pourrait fort bien qu’on soit un jour amené à rapprocher cette espèce du nouveau genre Closteriospira L. Reverdin et de former un nouveau oroupe dans les Æaphidium comprenant les espèces munies de pyré- noïdes et d’un chromatophore bien défini spiralé. C'est sans doute dans ce groupe que plusieurs Spirotænia lrouveraient naturellement leur place. Nous proposons le nom de SPIRORAPHIDIÉES pour celte nouvelle série dans le genre Raphidium. Un nouveau genre d'Algue (Desmidiacée ?) Le Closteriospira par Louis REVERDIN (Communiqué en séance du 10 mai 1916) Nous avons trouvé cette nouvelle algue dans nos pêches plankto- niques, à la surface du lac de Genève, entre l’Ariana et le Port-Noir. C’est une superbe algue microscopique (v. I, ID. Elle se rapproche beaucoup du genre Spirotænia. La cellule à une forme nettement fusi- forme se terminant aux deux extrémités par une pointe émoussée. Elle mesure 55 y de long sur 6 y de large. Elle montre un beau chro- matophore en spirale décrivant trois à quatre tours de spire. La bande spirale a une largeur de Ty au centre; elle est complètement péri- phérique et s'arrête busquement aux deux pointes à 4 y de l'extrémité. On y trouve deux gros pyrénoïdes situés sur le premier tour de spire à partir des extrémités. Au centre de la cellule, nous trouvons un noyau bien visible. Ce qui distingue ce nouveau genre des Spirolænia, t'est la présence, aux deux bouts du chromatophore, d’un cristal très net qui paraît accolé sur ce dernier. Nous n'avons pu jusqu'ici déterminer la nature de ces deux cristaux. La présence de ces cristaux rapproche cette forme du genre Closte- rium ; imais, dans ce genre, les cristaux de sulfate de calcium sont toujours contenus dans une vésicule de forme sphérique, ce qui n’est pas le cas iei. En employant des colorations à la fuchsine ou en traitant une préparation à l'encre de Chine, nous nous sommes rendus compte que la place de cette algue, dans les Desmidiacées, devenait très problé- malique. Tout d’abord, nous avons trouvé un individu dans un stade (2) L. REVERDIN. LE CLOSTERIOSPIRA D9 peu avancé de division (v. IT, fig. 1). La division est oblique, le plan de segmentation, sans doute primilivement perpendiculaire au grand axe, est devenu oblique comme chez Raphidium ; Vabsence de contact entre les deux cellules filles éloigne cette division d’une multiplication de Desmidiacée. La fig. 2, v. IT, nous montre deux individus rappro- chés l’un de l’autre ; en colorant par la fuchsine, il y eut une brusque contraction d’une gelée non visible autrement qui réunit les deux cellules, on connaît les mêmes dispositions chez les Raphidium. La o 10 20 30 +o Sok fig. 3, v. IT nous montre enfin un individu baignant dans l'encre de Chine; on voit nettement une zone claire entre l'encre et la cellule. Cette zone est sans doute due à un commencement de gélification de la membrane de la cellule mère. On voit donc, par ces dernières explications, quelle importance doivent prendre les réactions colorées dans l'étude de ces algues. Celle-ci, qui nous semblait une Desmidiacée, passerait plutôt parmi les Protococaccées à côté des Aaphidium. Une étude plus serrée des Spérolænia montrerait sans doute que, sous ce nom, on à groupé plusieurs espèces n'ayant entre elles d’autres 04 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) rapports que des ressemblances morphologiques. De nouvelles obser- vations s'imposent; la méthode des cultures pures sera d’un grand secours. En attendant ces ré- sulats et en tenant compte des restrictions énoncées, nous fai- sons de notre algue un genre nouveau, le genre Closterio- sptra, nom rappelant les affi- nités de ce nouveau genre, 1 à voisin des Spirotænia et des Û Closterium. È LE L'espèce décrite est le Clo- Ê ee sleriospira lemanensis. Cette À espèce parait être purement planktonique; seules des re- : à cherches dans les eaux des affluents du Léman pourront éliminer tout doute à ce sujet. Nous l'avons rencontrée dans nos der- nières pêches du mois de mars; nous en avions déjà récolté un exem- plaire dans le produit d'une pêche faite le 5 janvier 1917. Diagnoses : CLOSTERIOSPIRA L. Reverdin, nov. gen. Desmidiacearum ? Cellulæ libere natantes fusiformes apicibus acutiusculis imo apice obtusiusculo. Apicibus hyalinis a reliqua cellula corpusculo interjecto separatis. À corpuseulis indicatis chromatophorum spiraliter 5-4 tor- tum, pyrenogerum (2) Nucleus conspicuus quam diametrum cellulæ duplo brevior vel minus. CLOSTERIOSPIRA LEMANENSIS L. Rev., nov. spec. Characteres generis. Diametra longius 55 y, brevius 6 y. Pyrenoides in prima revolutione ab apice chromatophori sita. Nucleus nucleolum gerens. Obs. Genus novum inter Spirotæniam et Closterium collocandum. À Spirolænia apicibus hyalinis corpusculis interjectis à Closterio chro- malophoro spiraliter torto distinctum. EE À La Végétation du Paraguay Resultats scientifiques d’une Müssion botanique suisse au Paraguay PAR R. CHODAT avec la collaboration de W. VISCHER V. MALPIGHIACÉES par R. CHODAT et W. VISCHER I. Biologie Les Malpighiacées, au Paraguay, ne jouent nulle part un rôle phy- siognomique très important. I faut analyser les formations pour évaluer la part que prend telle ou telle espèce à leur constitution. Sans doute, parmi les lianes, il en est plusieurs qui atteignent un grand développe- ment, s’élevant parfois jusqu’à vingt mètres de hauteur. Leur trone dépasse parfois vingt centimètres d'épaisseur. Mais leur feuillage, habituellement du type chèvrefeuille ou laurier, se perd dans la masse verte des frondaisons; leurs fleurs petites ou médiocres, rarement grou- pées en belles et grandes inflorescences sont, par rapport au feuillage, ou insignifiantes, parfois même apétales comme dans certains sous- arbrisseaux des Campos (Gaudichaudia Sp.) où comme dans Pune des plus communes des lianes de ce pays, le Mascagnia anisopelala (Juss.) 06 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (159) Gris. (Hiræa macrocarpa nobis olim) singulières à cause de lasymétrie de leur corolle, d’un rose sale et dont le pétale majeur attire l'attention du botaniste. Chez beaucoup d'espèces, d’ailleurs, les inflorescences pauciflores, à l’aiselle des feuilles opposées, se développent sur la cou- ronne des arbres et échappent à l'observation directe. À ce point de vue les Sapindacées, quand même leurs fleurs ne sont que peu ou pas colorées, produisent, par l’accumulation de ces dernieres en riches inflorescences compactes, un effet plus puissant. Citons cependant parmi les plus grandes fleurs le Peixotoa cordistipula Juss., petit arbuste ou Fig. 124. — Dicella nucifera Chod. — Fleur à pétales asymétriques; on voit en avant deux glandes de sépales en blanc, les autres sont en foncé; à l’opposé du pétale majeur, le sépale sans glandes (à droite). (Dessin de R. C.) liane peu vigoureuse, très répandu parmi les buissons des Campos et des petites forêts sèches. C’est une plante qui va de Goyaz à Sainte- Catherine. Chez ce Peixoloa, comme dans le genre Dicella et plus particulièrement dans le Dicella nucifera Chod., les fleurs sont incluses avant l’anthèse dans une espèce de cornet formé par les deux stipules des folioles bractéiformes situées immédiatement sous le bouton. Les Heladena (Heladena australis Gnis., Heladena paraguariensis Ndz.) aux fleurs disposées en grappes du type des Prunus brasiliensis (type Prunus Padus) mais jaunes d’or sont aussi des plus brillantes. Dans les buissons (160) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY s des grèves sablonneuses où des Espinillares du Chaco comme des stations homologues de la rive gauche du Rio Paraguay, les Heteropteris (Heteropleris umbellata Juss., Heleropteris glabra Hook. et Arn., Hete- ropleris paraguariensis Ndz.) sement dans les halliers de maigres ombelles de petites étoiles jaunes (fig. 124). De tous les PBanisteria, le Banisteria Hassleriana Chod. est sans doute la plus voyante, car sa floraison précède la feuillaison. Ceci n’est pas un cas isolé parmi les Malpighiacées. On à cité en effet de cette catégorie: le Banisteria præcox Gris., buisson de Goyaz, de Minas et de Ceara, le Telrapleris Slephaniana Gris. (Tetrapteris Turneræ Mart. ex Warming! non Juss.) plante des bosquets Xérophytes de Concepcion et qui va jusqu’à Minas-Geraes, et enfin le Plerandra pyrenoidea qui toutes sont aphylles au moment de la floraison. Dans les halliers des îlots de forêts ou au pourtour des bois, au mois de septembre, on voit les bâtons tordus du PBanisteria Hassleriana Chod. garnis, tout le long, d’ombelles opposées et parfois très serrées ; les axes volubiles ont parfois jusqu’à quatre ou cinq mètres de hauteur. C'est alors comme une spirale fleurie de grandes étoiles, portées sur de très fins et longs pédicelles; chaque fleur est comme un admirable bijou ajouré (filigrane) aux pétales longuement onguiculés et d’une extrême délicatesse. Quant au jaune d’or vient, comme dans plus d’une fleur, s'associer des taches orangées à la base des pétales, elle est encore plus belle. Il faut aussi mentionner une belle Malpighiacée, dans le nord du Paraguay, le Schwannia elegans Juss. aux longs pétales roses, gracieu- sement fimbriés et qui, en panicules admirables, viennent égayer les Campos du plateau d’Amambay. Mais on se tromperait, lisant nos descriptions, en croyant qu'au Paraguay, les fleurs seraient particulièrement et vivement colorées. I a tant d'insectes que les plus insignifiantes sont visitées. Chez ces plantes d’ailleurs, la présence bien connue de glandes extranuptiales contribue à attirer les insectes. Citons encore celles d’un buisson des rochers du Centre, le Banisteria crolonifolia Juss.; de couleur carnée, assez grandes, elles se délachent sur le feuillage ferrugineux. ! WARMING, E. Lagoa Santa (1892) 341. — Et Bidrag til den biologiske Plante- geografi. Avec résumé en français ; Mémoire de l'Académie des Sciences et Lettres du Danemark, VIme série, tome VI. D8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (161) Quant à celles des Sfigmaphyllum, plus grandes sur un feuillage plus foncé, elles méritent d’être signalées plus en détail. Elles ont été soi- oneusement étudiées, au point de vue de la biologie florale, par M. HAumANN-MERrck. La fleur du Sfigmaphyllum litorale Juss. présente comme beaucoup d’autres Malpighiacées tout d'abord cette particularité d’avoir un sépale dépourvu de nectaires. I y a dès lors, comme chez la plupart des autres espèces, huit glandes sur le calice. Vis-à-vis de ce sépale, le pétale opposé est dressé, tandis que les autres sont défléchis. C’est ce qu'on voit aussi chez le Wascagnia anisopelala (Juss.) Gris. el le Dicella nucifera Chod. Ainsi que nous en avons pu aussi nous en assurer chez plusieurs espèces paraguayennes, chez le Stigmaphyllum étudié par HAUMANN-MERCK!, les sépales sont relevés entre les onglets des pétales et forment une espèce de poche urcéolée hors de laquelle sortent les anthères (fig. 124 et fig. 195). Ce sont surtout des abeilles, le Centris lanipes F. var. {arsata Sm. qui visitent ces fleurs : «De suite après qu’il s'est posé sur la fleur, on voit l’anhmal S'orienter, chercher vers le haut le pétale dressé dont il saisit l'onglet un peu au-dessous du limbe, entre ses mâchoires et poser ses pales sur le sépale dépourvu de glandes; une fois linsecte placé et fixé de la sorte, on remarque que par lespace que laissent entre eux les onglets des pétales réfléchis, chacune des quatre pattes antérieures tombe tout naturellement sur un des sépales glandulifères et lon voit l’insecte se mettre en quelque sorte à «pédaler» de ses quatre pattes antérieures sur les quatre paires de glandes qu’il frotte énergiquement, y recueillant ainsi un nectar abondant. Le sillon interglandulaire aide à maintenir dans la bonne direction chacun des membres qui passent alternativement de lune à Pautre des glandes de chaque sépale. Pendant ce temps sa face ventrale se couvre de pollen qu’il va porter sur les papilles stigmatiques des fleurs visitées par la suite » (1. €. p. 24). L'auteur a fait d’intéressantes expériences pour s'assurer de la régu- larité de ce manège qui se répète si souvent et d’une manière si peu équivoque qu'on peut la considérer comme normale. D’autres insectes se promènent sur ces fleurs mais se bornent à butiner les glandes du calyce avec leurs organes buccaux. Remarquons que ces glandes manquent rarement aux calyces des Malpighiacées sud-américaines. Chez les Galphimia même (Galphimia brasiliensis (L.) Juss.) où on les dit absentes, elles sont parfois remplacées ? HAUMANN-MERCK, Observations d’éthologie florale sur quelques espèces argentines et chiliennes, in Recueil de l'Institut botanique, Bruxelles, IX (1913), 4. (162) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 99 par des glandes alterni-sépales situées à Pextérieur, immédiatement au-dessous de lPangle de ces derniers. Ces nectaires extra-nuptiaux paraissent ainsi remplacer le disque intra ou extrastaminal nectarifère des Sapindacées, des Rutacées, etc. Faisons remarquer que dans certaines espèces comme le Hèræa bahiensis Moric (Hiræa Salzmanniana Grisb.), liane assez commune dans les halliers et où les inflorescences en sorte d’ombelles alternent avec de grosses feuilles, il y a des variétés totalement dépourvues de glandes calycinales sans qu’on trouve dans la corolle un appareil nectarifère qui les remplacerait (environs de Valenzuela, Hassler n. 7074). On a souvent observé en Amérique les abeilles butinant ces nectaires, ainsi dans les genres Halpighia, Bunchosia, Byrsonima. DückEe ! indique aussi comme visiteur une femelle de Centris. Notons que l’étroitesse Fig. 125. — Fleurs asymétriques de l’Heteropteris hypericifolia Juss. — On les a dessinées exactement en situation normale; remarquer la manière dont les anthères sont ramenées au centre par le redressement des sépales et les lacunes lais- sées par l’étroitesse des onglets: on a représenté les nec- taires extra-nuptiaux en noir sur les sépales. (Dessin de R. C. d'aprés une photographie.) des onglets des pétales dans ces plantes et la position dressée des sépales favorise l’insecte dans son travail. Il importe peu dailleurs la catégorie d’insecte, même les fourmis d’après nos observations (R. C). qui visitent régulièrement ces fleurs de Malpighiacées peuvent provo- quer la fécondation croisée. Parmi les espèces paraguayennes particu- lièrement intéressantes à ce point de vue et qui ont une organisation 1 Dücke, A. Beobachtungen über d. Blütenbesuch der bei Para vorkommenden Bienen, Allg. Zeitschr. f. Entomolog., VII (1902). 60 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (163) qui rappelle celle du Stigmaphyllum, étudié par HAUMANN-MERCK, nous citons le Hascagnia anisopetala avec son pétale géant opposé au sépale dépourvu de glandes. Du même type le /icella nucifera Chod. (fig. 124). On voit bien dans le dessin comment cel arrangement facilite, à la fois, la fécondation croisée et la récolte du nectar. On pourrait mettre en parallèle de cette structure biologique celle du Cyathium des Zuphorbia, avec leurs quatre glandes et leur espèce de zygomorphie. [ei aussi ies glandes sont extra-nuptiales, Pintérieur du cvathium étant totalement dépourvu de nectar. Dans la série des Gaudichaudia (Sections : Janusia, Camarea, Aspi- carpa) on voit à cette curieuse forme adaptée à la visite des insectes, se joindre, comme chez plus d’une famille étroitement dépendante des insectes pour sa fécondation, une réduction du nombre des étamines qui sont normalement au nombre de dix (6-5); les étamines épipétales disparaissent, celles qui sont en alternance avec les sépales persistent ; puis on remarque que de ces cinq, ordinairement deux sont transfor- mées en staminodes dont fanthère stérile est modifiée en un appareil chiffonné et massif, ce qui contribue à ramener les étamines fertiles vers le centre de la fleur; lune de ces dernières est opposée au sépale sans glande, les deux autres rapprochées et souvent soudées sur une certaine partie de leur filet (parfois à une troisième étamine supplémentaire). De cette facon, l'abeille se plaçant ainsi qu’on peut le supposer d'après l'observation de M. HAUMANN-MERCK à propos du Stigmaphyllum, trouve en avant et en arrière, dans une même ligne, les anthères à pollen normal. Il y aura sur place bien des détails à compléter mais il n’est pas trop téméraire de penser que, dès mainte- nant, la structure si curieuse de ces Malpighiacées à corolle rotacée et à indice de zygomorphie est relativement élucidée dans les traits prinei- paux de sa biologie florale. Mais il y a plus, chez les Gaudichaudia on ne voit souvent qu'un seul style et cependant parfois se développent plusieurs fruits! Le style est d'ailleur gynobasique, ce qui expliquerait peut-être une fécondation possible de plusieurs carpelles (il y a parfois deux styles). Enfin, rappelons que, dans ce genre, il y a constamment, en plus des fleurs normales, des fleurs cleistogames, apétales et dont les sépales sont, comme il convient à des fleurs qui ne seront pas visitées par des insectes, totalement dépourvues de glandes. La fécondation se fait de très bonne heure dans ces minuscules fleurs; ces dernières n’ont qu'une élamine dont l’anthère est pleine de gros grains de pollen. Comment (164) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 61 germent-ils? Comment les carpelles (2-3) sont-ils fécondés? c’est ce que des recherches ultérieures, sur place, nous apprendront. Ces fleurs sont ordinairement sessiles ou très brièvement pédicellées. Elles sont toujours fructifères et même de très bonne heure. Dans les /Janusia) Gaudichaudia H. B. K. on peut parfois observer, sur le même rameau, les fruits normaux pédicellés et les fruits des fleurs cleistogames subsessiles. On a souvent décrit les fruits des Malpighiacées qui sont très variées; beaucoup sont samaroides, par exemple, ceux de la plupart des lianes appartenant aux genres Hiræa, Mascagnia, Tetrapleris, Peixotoa, Helte- ropleris et Banisteria. Parmi les plus gros, il faut citer ceux du Mascagnia anisopetala Gris. (Hiræa macrocarpa Chod. olim.). À Se — Gauss sms =: Fig. 126. — Comparaison du Dicella nucifera Chod. et du Dicella brac- teosa Gris.; de gauche à droite, mêmes organes ; dans le Dicella nuci- fera les filets des étamines sont plus longuement concrescents. (Dessin de R. C.) Il serait d’ailleurs hasardé d'essayer de montrer qu'il s'agit dans chacune de ces formes d’un type adapté. Le fruit, dans sa structure générale, est anémochore, mais dans le détail il semble suivre la loi du hasard, les formes les plus variées étant possibles; ilmontre cependant une dépendance marquée avec certains caractères végétalifs avec lesquels il semble être en corrélation. Ainsi dans le Banisteria metal- licolor Juss., aux grandes feuilles, correspondent de grandes samares allongées, coriaces, roses-pruineuses comme ces dernières ou argentées el à aile membraneuse; aux feuilles minces et poilues du Banisleria Hassleriana Chod. correspondent des ailes du fruit, papyracées; mais la dimension des samares n’est pas toujours en corrélation avec celle des feuilles. Ainsi aux petites feuilles et petites samares de lAÆeteropteris umbellata S'opposent les petites feuilles et grandes samares de PAeterop- 62 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (165) leris paraguariensis Ndz. Ces deux espèces sont d’ailleurs voisines par leurs caractères végétatifs (cfr. Ndz., 1. c.). L'autre espèce affine, l’'Heleropleris glabra H. et Arnoll possède encore une autre samare. Constatons cependant, dans un groupe naturel, celui des Gaudichaudia, où l’on peut saisir tous les degrés d'évolution du carpelle, que seules les espèces lianes ont des samares vraies, bien développées, tandis qu’à mesure que ce caractère de volubilité se perd, comme dans le Gaudi- chaudia linearifolia. Saint-Hil. qui, pour ie reste de sa morphologie florale, se rattache aux espèces à cinq étamines fertiles el à vraies samares, cette dernière n’a plus qu'un rudiment d’aile. Comparez en effet les samares à aile circulaire des Gaudichaudia pentandra Juss. et Gaudichaudia cynanchoides H. B. K. ou à aile en hallebarde du Gaudichaudia gquaranitica Saint-Hil. avec laileron de cette espèce oraminoïde des Campos. Dans les espèces buissonnantes, basses ou même plus ou moins herbacées, dont on avait précédemment constitué les genres Camarea? el Aspicarpa, les appendices aliformes sont, ou réduits à la plus simple expression ou totalement absents. Alors ces protubérances ne sont plus qu'indiquées sous forme de crêtes, le carpelle est devenu un nucule-akène plus ou moins erochu qui peut adhérer aux animaux qui passent. Ce qui correspond au mode de vie, les fruits grappinants étant l'apanage des plantes basses. Ilenest de même des deux genres Hionandra Grisb. et Cordobia Ndz., dont les espèces camaréoides (Hionandra camareoides Grisb., Cordobia argentea (Gr.) Ndz.) ont des achaines. Citons un autre type de fruit anémochore, chez les grands buissons ou pelits arbres du genre Péilochæla aux feuilles canescentes ou tomenteuses (Ptilochæla elegans Ndz., Plilochæta densiflora Ndz.) des environs de Concepeion ; la présence sur les carpelles d’'appendices plumeux, espèces daigrettes, les rend transportables par le vent. C’est un type de fruit qu’on rencontre parfois au Paraguay, par exemple, dans la Tiliacée Heliocarpus americanus L. (fig. 127). A ces espèces des forêts xérophytes du plateau de Concepcion se mêle le Tetrapleris Slephaniana Gris., buisson aux feuilles tomenteuses de Mascagnia elegans et aux inflorescences ombelliformes. Il y a encore les fruits bacciens des Punchosia et des Byrsonima el les capsules des Galphimia. ? CHopar, Malpighiacées in M. Micheli Contribut. Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle, XXXI, Genève (1892); cfr. NIEDENZU, in CHODAT et HASSLER, Enum. (166) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 63 Nous ne savons si au Paraguay les drupes des Byrsonima sont comestibles ; dans la région amazonienne, au Pérou, ils font Pobjet d’une récolte et se vendent sur les marchés. Mais, de tous ces fruits, le plus intéressant est celui des Dicella, du Dicella nucifera Chodat, espèce voisine du Dicella bracteosa (Juss.) Grisb. Cette grande liane est vraiment une liane sylvatique ; dans la forêt au sol nu, elle suspend ses grands cäbles el si elle n’était pas seule de son anatomie, il serait peut- être parfois difficile de liden- tifier. Nous lavons rencon- trée en grande abondance dans les parties les plus sombres de la forêt du Cer- rito près du lac Ypacaray, sur les pentes de la colline elle laisse tomber ses fruits sphériques qui roulent sur le sol nu, comme les noix \ ; chez nous en automne. Elle \ | se retrouve aussi dans le s | nord, dans la région de Fig. 127. — Achaines plumeux de : 1 : Ptilochæte EU Ce du ur une Don ion 2 PUIOcNEIeNclesAns ROZ à plante commune des forêts de la Cordillère centrale. Là, dans ces stations où la lumière est trente à cent fois plus faible qu'aux endroits ombragés du pourtour de la forêt, on trouve des milliers de ces grosses noix qu'on foule en marchant: 1à, 1l n’y à plus ni tapis d’'Oplismenus setarius Rœrm. et Schult., la Graminée habituelle des bois ombragés, ni d’'Aydrocotyle callicephala Chanr., Hydrocotyle leucocephala Cham., ni même de Pharus micranthus Schrad., la Graminée aux larges feuilles qui joue dans ces stations le rôle du Luzula nemerosa (Poll.) E. Mey, ou de P£lymus europaeus L. el qui de même que ces deux Monocotylées sylvatiques de chez nous, présente le phénomène de la résupination foliaire. C'est là, dans ces forêts sombres, que germe le fruit du Micella nucifera Chod. (fig. 128). Celui-ci est d’ailleurs bien construit pour celte vie dans la grande obscurité des forêts. La germination y est épigée. IF y a sans doute une période de repos prolongée pour ce fruit. Au moment où il pousse sa radicule, le péricarpe, qui atteint trois centimètres de diamètre 64 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (167) est épais de quatre à cinq millimètres; il est lisse à sa surface mais il est formé, au-dessous de cellules scléreuses, d’un tissu assez élastique de Fig. 128. — Dicella nucifera Chod. — Plantules germant dans la forêt; les cotylédons restent enfermés dans la coque; à gauche, double plantule:; hypocotyle renflée (réservoir d’inuline) et racine primaire avec radicelles. Gross. ?/3. (Dessin de R. C) cellules parenchymateuses un peu épaissieset interrompues par des fibres disposées en cordons rayonnants. Cette portion du péricarpe est un tissu spongieux qui est capable de s'imbiber (elle absorbe pour un (168) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 69 gramme de poids see, 1,7 gr. d’eau) et, par conséquent, d'amener l’eau jusqu’à l'embryon ou aux deux embryons, quand ils sont géminés. Fig. 129. — Dicella nucifera Chod. — 1 : Section dans un pétiole de cotylédon (le faisceau marginal est figuré en fig. 130); 2 : Section dans l’'hypocotyle au passage de la racine (trois fais- Cceaux). (Dessin de R. C.) Les cotylédons charnus remplissent complètement la cavité; le tégument séminal est mince, papyracé. Dans ces cotylédons est déposée une réserve abondante d’a- midon en grains arrondis ou dimidiés. À la germination, ces cotylédons restent en- fermés dans le péricarpe on ne voit à l'extérieur que leur pétiole; la radicule et axe hypocotylé se renflent de bonne heure; il reste au centre une moelle assez abondante (fig. 128, 129) qui grossit beaucoup avec l’âge par multiplication des cel- lules à des niveaux divers. Cette radicule est triarche , \ Fig. 130. — Dicella nucifera Chod. — Faisceau “arche ) ( fi = ; ; ou tétrarche (fig. 129 B.) el marginal dans le pétiole d’un cotylédon (cfr. rège ei d'intéressant fig. 129). On voit l’endoderme amylifère. Com- pl ésente ceci d'intér essant, parez avec fig. 129. (Dessin de K. C.) c’est qu’elle est rapidement tubérifiée, soit par la multiplication des cellules médullaires (fig. 132), soit par le grand développement de l'écorce. Autour du noyau de chaque cellule, on voit un anneau de petits grains d’amidon; mais il BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, N0S 1-2-3, parus le 20 juin 1917. 5 66 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (169) est particulièrement intéressant de constater que dans une plante qui accumule dans ses cotylédons des réserves amylacées abondantes, les polysaccharides peuvent apparaître autre part, c’est-à-dire dans ces Fig. 131. — Dicella nuci- fera Chod. — Section dans une jeune tige (cfr. fig. 128), anneau fibreux péricyclique; bois axial surmonté d’un bois pé- riaxial en voie de for- mer des ponts ligneux par dessus le xylème criblé intercalé. (Dessin de R. C.) parenchymes, sous forme d’inuline qui, dans les objets conservés dans Palcool, eristallise en formant des grosses concrétions blanches, visibles à Pœil nu. On a déjà cité la présence de l’inuline dans les tissus des Malpighiacées. On peut, par la méthode de TUNMANNI, s'assurer que ces cristaux sont bien des dépôts d'inuline. On emploie à cet effet une solution à parties égales d'alcool et d'acide chlorhydri- que, à deux pour cent de pyrogallol. En chauf- fant, il se fait une coloration rose violacée là où étaient les conerétions d'inuline. On peut suivre admirablement le dévelop- pement du bois anormal dans les longs stolons qu'on voit, dans la forêt sombre, courir sur le sol puis tendre vers la lumière; ces tiges excessivement allon- gées ont des entrenœuds de deux à trois décimètres de longueur; elles sont comme autant de flagelles à nutalions géotropiques et qui finissent par trouver un support. Dans des tiges qui n'ont pas plus d’un ou deux millimètres de diametre, on voit déjà se dessiner le com- mencement des anomalies. Ainsi que je Pai déjà dit en 1892 le cambium reste normal, mais en certains points, sur une certaine largeur le parenchyme centrifuge cesse de se différencier en cellules ligneuses ; il se forme ainsi des plages parenchymateuses allongées dans lesquelles se différencient bientôt des tubes criblés. Un peu plus tard Fig. 132. — Dicella nucifera Chod. — Parenchyme du centre de l’axe hypocotylé figuré en 128. (Dessin de R. C.) s'établit un pont ligneux qui enferme la zone criblée interfasciculaire. On à représenté ce mode d’inclusion dans les figures 134 et 134; d’ail- leurs, à ce moment, le liber normal est très peu développé; l'endoderme © TUNMANN, O, zur Mikrochemie des Inulins. Bericht. der deutscher pharmaz. Gesell- schaft, 20 (1910), 577-585. (170) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 67 qui déjà à la germination, soit dans lhypocotyle, soit dans la racine primaire, était bien marqué à la fois comme assise amylifère et comme assise plissée, enferme maintenant un péricyele fibreux à cellules à gros diamètre qui annoncent et la flexibilité (fig. 157 et 138, A. et B.) et la résistance de ces grands flagelles. Souvent, au-dessous du pont ligneux, qui commence parfois à se différencier ainsi que nous lPavons déjà décrit en 18921, par l’apparition d’un gros vaisseau (fig. 140, A.) ou bien procède des deux côtés par la production d’une barre ligneuse régulière (fig. 138, 139) et sans vaisseaux, il reste un tissu embryon- naire capable de se diviser ou qui plus tard fournit un petit are géné- raleur vis-à-vis des tubes criblés différenciés dans le bois secondaire parenchymateux? (fig. 140, B.). Fig. 133. — Dicella nucifera Chod. — Section dans le limbe foliaire d’une plantule (cfr. fig. 128) dans la forêt sombre. Le parenchyme palissadique en gris. (Dessin de R. C. Lorsque les tiges ont acquis une dimension considérable, par exemple deux ou trois centimètres de diamètre, on remarque que le périderme et l'écorce m'occupent qu’une zone mince à la périphérie, à peine un millimètre dans les parties les plus épaisses. Le bois est alors irrégu- lièrement zoné, zébré de xylème eriblé (v. fig. 142) dans lequel les ares sénérateurs, dont il vient d’être question, produisent de nouveaux tubes criblés tandis que les anciens sont progressivement écrasés. Il Sen 1 CHopar, R., Sur l’origine des tubes criblés dans le bois Archives des sciences physiques et naturelles. IIIe période, XX VII (1892) 229., PI. L., fig. 1-5. ? Virer, L. Contribution à l'étude des liaisons du phloème médullaire et interli- gneux, etc. Travaux de l'Institut Botanique de Genève, VI: série, VIe fascicule (1904. 68 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (171) faut de beaucoup que cette tige qui, pendant son développement juvénile a subi une torsion qui s’est continuée pendant le développement ultérieur, soit particulièrement flexible ; il y a maintenant un axe très rigide, sans doute moins rigide que si sa structure était uniforme, mais cependant assez raide pour ne pas rappeler une branche flexible de Clématite; le parcours des éléments dans cette tige tordue, est nettement spiralé. Le liber normal est presque absent au début, puis il s’épaissit un peu mais reste toujours réduit; un faible périderme subéreux par Fig. 134. — Dicella nucifera. — 1 : Section faite dans une jeune tige dressée (ger- mination, cfr. fig. 128), il ny a pas encore de tubes criblés intercalés:; 2 : Section à un stade plus avancé : en gris, l'anneau péricyclique, la ligne pointillée indique le cambium au-dessous duquel est déposé le xylème et le xylème criblé. L’anneau ligneux avec ses vaisseaux, en blanc. (Dessin de R. C) dessus une mince écorce, complète cette liane peu flexible. On ne peut s'empêcher de reconnaître dans cette structure une tendance vers la multiplication du tissu criblé lequel, par la différentiation des plages irrégulières du xylème parenchymateux, acquiert une importance consi- dérable. Notons que dans cette liane la moelle est presque absente. Sur un diamètre de 2,5 cm., elle atteint à peine 1,5 à 1,6 mm. de diamètre. Ainsi se constitue un appareil qui, pour n'être guère flexible, est cependant, à la facon des racines, construit de manière à résister à la traction longitudinale. (172) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 69 Ces Dicella développent des racines qui vont se ramitiant dans le sol et qui, de loin en loin, se renflent en des tubercules ellipsoides ou fusiformes de 5 à 10 cm. de longueur sur 3 à 4 cm. d'épaisseur. Les racines, dès leur structure secondaire, montrent, dans le bois secon- daire, deutéroxylème, la même structure que les tiges, c’est-à-dire une masse conductrice et fibreuse interrompue par des bandes de tissu Fig. 135. — Dicella nucifera Chod. — Sommet d’une branche volubile:; feuilles res- tant longtemps rudimentaires. (Dessin de R. C.) mou du même type que celui des tiges et à tubes criblés primitifs écrasés sous la pression du phloème produit par les ares générateurs locaux dont il à été question (fig. 141). Mais ce qui nous intéresse ici, c’est le fractionnement du deuté- roxylème qu'on n’observe pas dans le développement de la tige. Ce fractionnement procède à partir des parenchymes intercalés, par dilatation et division de ces cellules ; tout autour des portions détachées, il se forme souvent une espèce d’assise génératrice qui donne naissance à des parenchymes de dilatation tout autour du fragment lignifié, paquet de fibres, paquet de fibres et vaisseaux (fig. 143, 143 a). Une section longitudinale montre que ces portions de bois restent unies en réseau, un peu CoMImMe Fig. 136. — Dicella nucifera Chod. — les tiss Theo ec bere di Périphérie d’un stolon jeune : péri- es tissus résistants des libers di- derme, écorce; anneau scléreux péri- ata . GR à qe Or cyclique; bois à bandes criblées, en latés par le parenchyme en divi SE Des dE RNCS sion et qui distend le liber en un réseau dont les mailles sont occupées par le tissu mou. Les tubes eriblés dans ces parenchymes de dilatation peuvent être flanqués d’un côté ou entourés par une assise génératrice. Finalement, les parenchymes lem- portent de beaucoup sur les portions lignifiées : tout le centre de la racine est ainsi fragmenté tandis que le cambium normal en anneau, continue 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (173) à détacher du deutéroxylème dans lequel se fait la différenciation déjà décrite. On peut, sur une racine renflée, suivre jusqu'à la périphé- rie, l’action du parenchyme de dilatation et le fractionnement du deute- roxylème. Ces tubercules entourés par un périderme peu épais ne con- tiennent pas beaucoup d’amidon. Fil y à des réserves hydrocarbonées, elles doivent s’y trouver à l’état de solutions d’inuline. D’ailleurs ces ÉA \ ? à à ÿ Q / e er pr) LD Ca Fig. 137 et 138. — Dicella nucifera Chod. — Sections dans des flagelles adventits. 1 : écorce et péricycle scléreux; 2 : péricycle, liber, cambium et formation d’un pont par dessus le parenchyme criblé (cfr. fig. 135). (Dessin de R. C) parenchymes contiennent beaucoup de cellules secrétrices à contenu brun (phloblaphènes) et les éléments conducteurs y sont en grande partie gommifiés. Il faut y voir, dans ces tubercules, surtout des réservoirs d’eau et secondairement de nourriture. Ces Dicella sont done particulièrement intéressants puisque, chez eux, on peut constater, dans la racine, un fractionnement du bois qui fait défaut à la tige dont cependant la structure primitive est très rapprochée de celle de la racine. On voit, dès lors, que le fractionne- (174) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY pi! ment du deutéroxylème, si commun dans les grosses tiges des lianes, paraît bien clairement ne pas être en relation avec la vie grimpante puisque, au moins dans cette plante, ce phénomène est localisé dans un organe souterrain. Par le fractionnement se forment des paren- chymes profonds en rap- port avec le tissu con- ducteur préexistant. L'anomalie de la tige se marque ainsi Comme une multiplication du tissu criblé et une loca- lisation de ce tissu dans le corps du bois, c'est-à- dire loin de la périphérie. Nous voudrions com- parer celle structure avec celles de certains pétioles où alternent des tissus conducteurs pour Peau et des tubes criblés pour la sève élaborée. Toute la structure anor- male des lianes est domi- née, indépendamment du principe bien connu du cable, mais dont on a Fig. 139. — Dicella nucifera Chod. — Section à la périphérie d’une jeune tige: on voit se constituer au-dessus du xylème criblé et, au-dessous du cambium, le pont ligneux. On voit dans ie xylème criblé les gros tubes criblés et, au-dessous du pont, se former une assise génératrice. Le cam- bium normal est externe au pont. (Dessin de KR. C) certainement exagéré l'importance, par une espèce de rupture d’équi- libre entre les fonctions de la couronne, étalée sur les arbres, et celles des racines, les deux groupes d'organes réunis par une tige relativement élroite, insuffisante dans les conditions ordinaires, pour relier physio- logiquement ces deux surfaces. Ici, dans les Dicella, augmentation énorme du nombre des tubes criblés et leur renouvellement assure une adéquate nutrition des racines; lPabsence presque complète de moelle dans la tige et le maintien en fonction de tous les hydro- el hadrocytes du bois secondaire assure le ravitaillement de la cou- ronne en eau. Ajoutons que l’interposition de tissus mous el le fail qu'autour de chaque bande ligneuse se forme un revêtement de fibres, isole ces conduits et assure leur pression négative. L'accès de Pair est rendu difficile (fig. 144). 12 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (175) Le Mascagnia anisopetala Gris. est aussi excessivement commun autour des bois, dans les ©picadas». C’est une liane qui atteint trois à douze mètres. Elle est franchement sylvatique. Remarquons, en passant, que les feuilles de ces lianes Malpighiacées n’ont pas ordi- FER LR . = se) ne L< TU ‘Sie, Ss AT € d. Ke Fig. 140. — Dicella nucifera Chod. — 1 : formation du parenchyme lieneux criblé avec cambium développé dans lequel se différencient les premiers vaisseaux du pont en voie de formation; 2 : bande criblée interligneuse avec tubes criblés et assise génératrice formée à la marge externe de l'ilot. (Dessin de KR. C. nairement la forme en cœur qu’on rencontre chez tant d’autres plantes grimpantes. Par son écorce secondaire, elle diffère fortement de la liane précédente dont le bois occupe non seulement le eylindre presque jusque sous le faible périderme, mais comme il à déjà été dit, ne laisse qu’une moelle qui atteint à peine deux millimètres en diamètre; en effet, jei, le péri- derme fortement fissuré atteint trois mm. dans une tige de trente-cinq mm. Remarquons qu’à ce point de vue, il y a de grandes différences entre les espèces des lianes. Aïnsi le Banisteria Hassle- Fig. 141. Dicellanu- ana Chod. à un puissant périderme, il en est cifera Chod. — Sec- A ; è NS 3 > ! tion dans une racine de même des lianes Mendoncia Velloziana Mart. prés du tubereulés of Jendoncia Schomburghkiana Nees., de PArésto- en noir, xylème cri- È É j : ; ; blé. (Dessin de R.C) Jochia Giberti, tandis que les Sapindacées du genre Serjania, Urvillea n'ont qu'un faible périderme. Ici comme dans le Mendoncia Schomburghkiana, étudié par mon élève 0. TcHouprorr!, le bois est tout d’abord en anneau régulier autour ? TCHOUPROFF, ©. Fractionnement du bois axial chez Mendoncia Schomburghkiana Nees. Travaux de l’Institut botanique, Université de Genève, Bulletin de l’Herbier Boissier, V. (1898), 328. (176) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 13 d’une moelle à scléréides arrondies et à cellules oxaligènes nombreuses, puis, autour de ce bois axial, lorsqu'il atteint quelques millimètres de diamètre, le cambium prend bientôt une marche sinueuse, des coins libériens se forment, ce qui a naturellement pour conséquence la pro- duction d'ailes périaxales obovales, à vaisseaux très nombreux, très dilatés ; les éléments conducteurs du bois axial sont de petit diamètre. Chacun de ces coins en éventail allongé est traversé par des rayons médullaires plus ou moins cristalligènes, à grosses cellules alternant avec de gros tubes criblés; les flancs de ces ailes ligneuses sont tapissés par une assise génératrice à grosses cellules qui descend presque jusqu’au fond du coin parenchymateux. Avec le temps, Pactivité de ces cambiums latéraux s’ac- centue, un liber à cellules en files per- pendiculaires à la surface de ces ailes ligneuses, à très grosses cellules, s’'accu- mule, tandis que les anciens tubes cri- blés sont écrasés, mais les rayons oxa- ligènes persistent et gardent leur tur- gescence. C’est probablement, grâce à cette tension, comme lesSuppose SCHENCK, Fig. 142. — Dicella nucifera Chod. qu'est due la rupture du bois axial. — Portion de deutéroxylème & dans une liane âgée. Au centre, SCHENCK ! cependant suppose, dans le la moelle, tout autour, un an- 1 PE é neau de bois axial; dans le bois cas un peu analogue dun Tetrapleris périaxial, bandes de xylème non spécifié, provenant de la forêt du ‘blé, en noir (Dessin de KR. C.) Corcovado, près de Rio de Janeiro, que cette tension provoque un réveil dans un rayon médullaire du bois axial. «J'ai limpression — dit-il — que le fractionnement prendrait son origine à partir des sillons principaux, dans la partie interne desquels le cambium à droite et à gauche reprend tôt ou tard son activité el dépose de nouveaux éléments de bois et de liber sur les côtés des sillons. Par ceci, il se fait une forte tension, en sens tangentiel, dans l'intérieur du bois (du corps ligneux), tension qui agit comme excilant sur les cellules des rayons médullaires situés dans le prolongement des sillons et les provoque à un allongement et à une division, ce qui produit les larges bandes de parenchyme de dilatation. Ces bandes se prolongent dans la moelle... » Cette description n’est juste qu’en partie si nous Pappliquons à notre espèce : la rupture ne se fait pas ici par le réveil de rayons médullaires ; 1 SCHENCK. Beiträge zur Anatomie der Lianen, Léna (1893), 115-119, Taf. VE. 14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (177) mais, ou bien par la torsion ou par une pression qui brise le bois axial au milieu ou sur Pun des côtés du fond du sillon (fig. 145, 1-6). Il est certain que dans cette rupture, le rayon médullaire dans le bois axial, le long duquel se dessine la fente, ne prend aucune part active. Cela ressort du fait que dans les stades observés tout à fait au début, on voit bien clairement une fente s'établir, par laquelle ces cellules de rayon médullaire lignifiées se détachent des stéréides ligneuses adja- centes. C’est dans cette fente que S’engage le tissu de dilatation qui provient du parenchyme situé au-dessous du cambium, du fond du sillon libérien, ou bien aussi de cellules-rayons médullaires de cette Fig. 143. — Dicella nucifera Chod. — Dilatation dans le tubercule: les portions ligneuses sont en gris, les vaisseaux y sont rares: cellules à pigment brun. (Dessin de R. C. méme région. On voit dans la figure 149 un rayon médullaire qui a été détaché en deux morceaux, lPun est resté adhérent à droite, Pautre est accolé au bois à gauche. Néanmoins, lPexamen de ces cellules (voir fig. 149, 150) semble parler en faveur d’une action dissolvante, les cellules détachées paraissant plus où moins corrodées. Autant que nous avons pu nous en assurer par de nombreuses sections faites dans des tiges de tout âge que nous avons collectionnées et fixées à l'alcool sur place (Cerrito de San Bernardino), l'initiative procède (178) R. CIHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 15 toujours de lextérieur. Mais bientôt la moelle devient active. Cela commence souvent peu après la première fente. Dans la moelle presque complètement selérifiée naît un parenchyme de dilatation en continuité avec celui de la fente du bois axial (fig. 147). On voit clairement dans cette clernière figure comment se constitue la première bande de dila- tation au travers de la moelle (cfr. fig. 145, 5) et comment se forment des assises génératrices aux dépens de cellules déjà différenciées. Finalement le bois axial et les portions sclérifiées de la moelle sont dispersées, noyées dans le tissu médullaire de:dilatation (fig. 146). Un cloisonnement se fait à la périphérie de la moelle, en particulier au-dessous de la portion de bois axial qui vient d’être fendue (voir fig. 151). Fig. 143 a. — Dicella nucifera Chod. — Parenchyme de dilatation dans la racine tubérifiée, paquets de fibres et, à droite, groupe de tubes criblés accompagné dune petite assise génératrice (cfr. fig. 143). (Dessin de R. C.) Ici encore on remarque une action corrosive exercée sur les éléments déjà selérifiés. Dans cette rupture, il s'agit d’un phénomène en tous points analogue à celui que nous avons décrit pour là fragmentation de l’anneau scléreux péricyelique de lAristolochia Sipho : rupture de l'anneau scléreux et dilatation par un tissu d'origine externe à ce tissu rompu. Ici ce phénomène se répète, soit dans le même arc de bois axial, soit au-dessous d’autres sillons principaux. Les cellules de dilatation s'étendent dans le sens radial, se divisent el forment bientôt une large bande parenchymateuse. Peu après, les cellules non selérifiées de la moelle subissent à leur tour un cloisonnement et passent en partie à Pétat de tissu de dilatation. Comme Pactivité de ces bandes meédullai- 76 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE Fig. 144. — Dicella nuci- fera Chod. — Tige tor- due (grand. naturelle); on a enlevé l'écorce dans la moitié inférieure et on a dégarni une partie du bois, ce qui permet de voir que les masses lieneuses sépa- rées par du xylème cri- blé constituent un en- semble de cordons qu’on a coupés transversale- ment en plusieurs points pour montrer leur dis- position en câble. (Phot. d’après préparation de R. C.) (179) res et aussi des bandes de dilatation du bois est très irrégulière, les fragments ligneux et les portions de la moelle sont bizarrement re- foulés; le tout finit par être dispersé dans un parenchyme assez abondant (fig. 146). Très souvent aussi, on voit un arc générateur se former sur une assez grande longueur à la périphérie de la moelle; cet arc générateur va parfois se raccorder avec le tissu de multi- plication qui entoure maintenant les fragments ligneux. On voit bien ceci dans des tiges qui atteignent de deux à quatre centimètres de diamètre (fig. 151). Le bois périaxal est, de bonne heure, zébré tangentiellement de bandes plus ou moins pro- fondes de parenchyme non lignifié qui tantôt, c’est le cas habituel, découpent les ailes à partir des flancs, tantôt sont même immergées dans ces ailes; ces bandes de parenchyme, entrant en nouvelle activité, il S'y produit des assises génératrices, ce qui amène à la dilatation et au fractionnement des portions de ces ailes. En outre, autour des morceaux, naissent des assi- ses génératrices qui se mettent en continuité avec les normales ; ces dernières, au pourtour extérieur des ailes, continuent à épaissir le bois et le liber secondaire, tandis qu'autre part elles semblent ne pouvoir fournir que du tissu de dilatation. Il y à dans ces tiges de quatre centimètres de diamètre à bois fractionné, une énorme abondance de tubes criblés de grand diamètre et qui, pour la plupart, semblent être en activité. Il faut remarquer que lépaississement du bois se fait exclusivement par les assises géné- ratrices, prolongement de l’assise génératrice sinueuse primitive; on ne voit donc pas se différencier de nouveaux cordons ligneux aux dépens du parenchyme de dilatation ; on ne voit pas non plus se faire, à la surface des morceaux (180) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 1 de bois, détachés par des rayons médullaires de dilatation ou du paren- chyme de dilatation, des assises génératrices libéro-ligneuses, si ces Fig. 145. — Mascagnia anisopetala Grisb. — Etats successifs de la for- mation des ailes ligneuses; dans 5, commencement de dilatation de la moelle et des parenchymes lieneux. (Dessin de W. V) dernières n’existaient pas préalablement, Il y à ainsi continuité des assises d’épaississement et le tissu de dilatation est uniquement un parenchyme qui permet l’épaississement en diamètre tout en conser- 1 18 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (181) vant à la tige une section circulaire et en assurant la production d’un manteau de cellules vivantes autour des fractions de bois et de liber secondaires. Tout autre est le développement du bois fractionné du Banisteria Hassleriana Chod.?. Dans une tige qui n’a encore qu'un diamètre de six millimètres, on ne voit pas encore de sillons, coins libériens, ou bien ceux-ci commencent-t-ils seulement à être indiqués. Par contre, le bois est déjà maintenant interrompu par des ilots de parenchyme, un peu comme dans le genre Dicella, à cette diffé- Fig. 146. — Mascagnia anisopetala Grisb. — Section dans une tige âgée, montrant l'épaisseur du périderme et le fraction- nement; en foncé, le bois axial; le cambium: ligne plus épaisse; en pointillé, groupes de scléréides médullaires. (Dessin de W. V.) rence près, que longtemps encore il ne $y développe pas de tubes criblés. Il faut attendre jusqu’à ce que la tige ait atteint le diamètre de dix à quinze millimètres pour constater qu'un fractionnement commence à se faire. Mais déjà depuis le stade précédent, il s'était for- né de profonds coins libériens qui sont latéralement en communication avec des bandes parenchymateuses. Alors on voit que dans les bandes parenchymateuses les plus rapprochées du bois axial, tantôt sur tout le pourtour tantôt seulement dun seul côté, se fait une dilatation qui isole ! Caopar, R. Principes de Botanique. Deuxième édition (1911), 285, fig. 281, 282. (182) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 20 eo Ie 0 03 Y 0 0 0 a: 00: SS 20 83 20 / RE Fig. 147. — Mascagnia anisopetala Grisb. — Moelle scléreuse en voie de dilata- tion; on voit aussi le bois périaxial rompu: des deux côtés de la rupture, le protoxylème:; par dessus le pont axial, le coin libérien. (Dessin de W. V.) 19 anneau de bois axial autour duquel d'ailleurs s'établit une assise sénératrice productrice de parenchyme., En même temps, les coins 80 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (183) libériens se sont dilatés transversalement. Ce mode de faire amène tout d’abord à la séparation d’un anneau axial entouré de plusieurs corps ligneux découpés, comme il a été dit, par des bandes de paren- chyme ligneux. Peu à peu les bandes de parenchyme des ailes, agissant de la même manière que les précédentes, plus profondes, détachent successivement de nouveaux ares ligneux. Dans les figures 194, 155, 156 on a figuré la dilatation dans lPune des bandes de parenchyme tangentielle. On voit cette dilatation se produire aux dépens de rayons Fig. 148. — Début du fractionnement du bois axial de Mascagnia anisopetala Gris.: à l'extérieur, le périderme; gros vaisseaux dans le bois. (Dessin de R. C. médullaires secondaires qui dans la fig. 154 ne sont indiqués que par les traits noirs qui aboutissent aux bandes tangentielles de dila- tation, représentées dans ce dessin par la zone en pointillé. Dans la figure 156, on a représenté la dilatation telle qu’elle se fait à lextré- mité d’une bande tangentielle, celle qu’on voit au fond du parenchyme du milieu de la figure 154. On saisit comment sont isolées progres- sivement les masses lignifiées et comment le coin que, dans la fig. 154 l’on voit se dilater dans la direction de droite, le fait par gonflement de cellules et puis ensuite, à droite, par production de Lissus générateurs. On trouve, ici et là, des groupes de tubes criblés (184) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 81 en dehors des ares libériens normaux. Nous ne savons s'ils se forment vraiment aux dépens du parenchyme de dilatation, ce qui est douteux, ou s'ils ne peuvent naître qu'à partir des assises libéroligneuses, ce qui nous paraît probable. _ CDE, °X °° À 00 00UU0 0 C 0 7 ! _ CO ee ; sé 5, > f jo Gogo « << ) 2 eo Ce ee JD Fig. 149. — Mascagnia anisopetala Grisb. — Rupture du bois axial. Remarquer la dissolution du rayon médullaire à droite (2) et la rupture du rayon à gauche. (Dessin de R. C.) Dans le cas précédent d’ailleurs, les tubes eriblés ne naissent qu'aux dépens des cambiums, en continuité avec le cambium normal. Comme il a déjà été dit plus haut, le périderme subéreux est très épais, fissuré ; les vaisseaux sont enveloppés d’un manteau fibreux. La structure anormale est done d’un tout autre type que dans les BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, No 1-2-3, parus le 20 juin 1917. 6 82 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (185) Dicella, sans qu’on puisse saisir une raison biologique à ces différences. Quoi qu'il en soit, dans ces deux dernières lianes, la tige devient non seulement un câble, mais un réservoir à parenchyme abondant qui à pour effet d'isoler, dans des tissus vivants, les portions conductrices pour Peau. Fig. 150. — Mascagnia anisopetala Grisb. — Rupture du bois axial, dé- but. 1 : On voit le rayon médullaire dissocié et des cellules actives pé- nétrer. 2 : cellules du rayon mé- dullaire en dissolution. (Dessin de R. C. Dans les deux eas, avec l’âge, plus tôt chez Mascagnia ovatifolia (H. B. K.) Gris. et WMascagnia elegans (Juss.) Gris., un peu plus tard dans le Banisleria Hassleriana Chod., par la production de profonds coins libériens, le nombre relatif des tubes criblés augmente selon le mode bien connu des Bignoniacées et des Mendonciées. Encore iei faudrait-il se garder de vouloir expliquer chaque structure anatomique de ces lianes comme une réponse adéquate au milieu. Il (186) R. CHODAM. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 83 faut y voir bien plus un compromis, une résultante entre la réactivité spécifique et les sollicitations exercées soil par Pactivité des racines, soit par celle des feuilles el enfin les phénomènes de tension auxquels sont évidemment soumises les Tianes f. Rappelons que ces trois Hianes vivent dans les mêmes localités, le Dicella nucifera Chod. étant la plus franchement sylvatique. = a ; A Fig. 151. — Mascagnia anisopetala Grisb. — Assise génératrice nais- sant à la périphérie de la moelle. (Dessin de R. C. Cependant, si les lianes Malpighiacées n’ont pas toutes une structure anormale, il ny a jamais, dans celte famille, d'anomalies dans les espèces érigées, frulescentes ou arborescentes. Chez ces dernières aussi, le bois est beaucoup plus compact, la dimension des vaisseaux beaucoup plus réduite, les tubes criblés peu nombreux et de pelile dimension. Nous pensons qu'en biologie il faut, pour établir des comparaisons valables, les chercher à l’intérieur des groupes naturels, des familles naturelles. EE il n°y a guère de famille plus naturelle que celle-ci. ! Cnopar, R. I. e. et Congrès international de Botanique, Gênes (1893). L 4 El BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (187) LR T de. ER NNTITIIX GS TP Q € Les US SE) DOUNC VV Dr nl ge | GE) on VE DETTE NN ONE) US Fig. 152. — Mascagnia anisopetala Grisb. — Cambium qui tapisse le fond d’un coin et l’angle vers les ailes ligneuses. (Dessin de W. V.) [e) o © 8 o © 0 09 O c MORE PRO es ) (9) Ÿ og" o° © DID Lo) O O o Ge © A ON (ee) O O6 : er CO © 00 © Vo © 0 OMS O o 0° 9 © 0° Oo 5 à © o 0° 00 ES CHARCEC RO CL) © Lo) (o) o 0 a o 200 Se É NON C3 O o % 0 NA 0 2210 0° ‘0 5 08 9 o do 8 8 Ne "2 Fig. 153. — Comparaison de deux deutéroxylèmes de Malpighiacées. — À droite, Banisteria crotonifolia Juss., buisson; à gauche, Mas- cagnia anisopetala Grisb. liane. (Dessin de W. V.) (188) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 89 Or, le caractère de fournir des anomalies de structure qui est si répandu dans les lianes, n'appartient, dans celle-ci, qu'aux seules plantes volubiles, les buis- sons en étant totalement dépourvus. Comparez ainsi Mascagnia ovatifolia (H. B. K.) Gris. /Mascagnia elegans Gris.) qui à aussi une struc- Lure anormale avec Pautre liane Hascagnia anisopetala Gris.; Banisteria Hassleria- na, liane, avec Banisteria crolonifolia Juss., buisson, etc. (fig. 193)) On ne connait pas encore les racines de beaucoup de lianes, mais les tubercules du Dicella nucifera Chod., ressemblent extraordinaire- Fig. 154. — Banisteria Hassleriana Chod. — Ban- des tangentielles dans le deutéroxylème en dilatation; on voit les rayons médullaires (cfr. fig. 155) dans le coin en voie de dilatation. Comparer avec fie. 155. (Dessin de KR. C.) ment aux tubercules du Bignonia unguis cali L. On pourrait dès lors faire la supposition que FPanomalie de structure Fig. 155. — Banisteria Hassleriana Chod. — Rayons médullaires en voie de dilata- tion (cfr. fig. 154 et fig. 158) dans les ailes du deutéroxylème. (Dessin de R. C) aurait pris naissance dans la racine et que cette structure déviée du type habituel aurait retenti sur les tiges. On connait en effet un nom- 80 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (189) bre considérable de racines charnues qui ont dans leur xylème, plus ou moins parenchymateux, des groupes de Lubes criblés, ainsi A/ropa, Oenothera. 2e, Der oder ù NN @ DCE NUE, SOIN c EN So NX NS TS) EST SD ct ; Q7 Fig. 156. — Banisteria Hassleriana Chod. — Région d’une bande tangentielle du deutéroxylème: on y voit les rayons médullaires de gauche à droite en voie de dilatation (cfr. fie. 154. (Dessin de R. C. Mais, chez ces plantes, cette anomalie qui est adéquate à une bonne el rapide circulation de la sève élaborée dans des parenchymes massifs, ne relentit pas sur celle de la tige qui est érigée et normale. Ainsi le fractionnement du bois qui peut paraître constituer une adapta- tion à la production de la structure en càble dont on a si souvent parlé, n'a certainement pas que celte signification puisqu'il s’observe chez ! Perror, Tissu criblé, Paris (1899), 15. (190) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY S1 Dicella, dans le tubercule, tandis que la tige fortement tordue ne montre aucune tendance au fractionnement. D'autre part, chez les lianes des genres Mascagnia, Tetrapleris el Banisleria, Vanomalie de structure n'apparaît qu'avec l’âge et le frac- Fic. 156 b. — Lianes devant un gros Ceiba (Bombacée), dans la forêt du Cerrito, près du lac Ypacarai. La liane centrale est un Banisteria, les plus minces, à gauche, des Heteropteris, Sur un tronc de Fagara, aux rameaux épineux. Sur le Ceiba et pendant de la fourche de son tronc, le Phyllocactus phyllanthus L. K. mêlé à un jeune Ficus épiphyte comme lui. (Phot. de WW) tionnement du bois ne se marque que tardivement, tandis que chez Dicella, Vintercalation de tubes criblés interligneux (xylème criblé) se fait dès le début et par conséquent, aussi dans une certaine mesure, Pirrégularité de la masse ligneuse alternant avec des parenchymes. 88 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (191) Il s’agit, selon nous, en première ligne, de la produc- tion de réservoirs tout le long des tiges, de lisolement des canaux aquifères, exagération des rayons médullaires et du parenchyme tangentiel du bois habituel, le tout logé dans le plus petit cylindre possible ainsi qu'il a déjà été dit plus haut. Or, ce résultat est réalisé dans les différentes lianes, par des voies différentes, tout com- me la stabilité ou la résistance peuvent être obtenues par des appareils variés. Ainsi, tandis que dans la tige de Dicella, les tubes criblés dans le liber nor- mal sont peu nombreux et peu importants, chez les Hascagnia Fig. 157. — Seguiera Spec. Deuxlianes,Pune © le Banisteria étudiés, qui ne plus mince, entourée par deux autres lia- TR ? SO nes: celle qui a un périderme à côtes cLéx eloppent pas de tubes cri- saillantes est l’Aristolochia Giberti Hook., AMONT PARIS HORS 2 A à l’autre est un jeune exemplaire du Mas- blés interligneux, ces éléments SO an @i commen ci boue dans le Liber normal. Les Malpighiacées étudiées sont totalement dépourvues de vrilles; leur couronne ne peut done se fixer comme celle des Bignoniacées, des Sapin- dacées, des Smilacinées, ete., qui se retiennent indépendamment de leur volubilité, par des racines adventives ou d’autres organes préhensiles. À part certains Stigmaphyllum (S. jalrophifolium Juss. S.) qui ont des feuilles d'Ampélidées, les autres ne sont guère caractéristiques comme appareils assimilateurs. Les feuilles y sont souvent bâties sur le type des xérophytes à feuilles de laurier; plusieurs sont enveloppées dans un in- dument soyeux, brillant, argenté ou cuivré (B. metallicolor Juss.) qui se fait remarquer sur les feuilles, les bourgeons floraux, le calice, les pédicel- les jeunes, les fruits en développement. Dans le 47. anisopetala Gris., les feuilles sont fortement tomenteuses en dessous, de même que les jeunes pousses. On voit là une tendance à la protection contrela transpiration. Il. Géobotanique et Systématique par R. CHODAT Il y a un groupe de-Malpighiacées bien (ypiques pour le Campo Serrado el pour celte partie de la formation des Pares que nous appel- lerons la « Chamédendrée », e’est-à-dire ces formations qui interrompent IL ne» Fig. 158. — Banisteria Hassleriana Chod. — Section à travers une liane d'épaisseur moyenne: a ; périderme; b : limite du liber; ç : liber: d : coin libérien au-dessus des ruptures du bois secondaire; f : sroupes de tubes criblés dans le paren- chyme de dilatation: au centre, l'anneau de bois axial. On voit ici que la masse ligneuse a été rompue en morceaux inég'aux. (Dessin de R. C.) les Campos et qui, au lieu d’être simplement constituées par des plantes sociales ou des sous-arbrisseaux ou petites brousses, sont constituées en partie au moins, par des arbres nains. C'est un spectacle peu banal que 90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (193) celui de ces associations de végétaux ligneux à grosses feuilles qui semblent être comme des branches de grands arbres qu’on aurait fichées dans le sol. Nous reviendrons plusieurs fois sur ce sujet intéressant. Disons seulement ici que dans la Chamédendrée de la région de lPIpané et plus Fig. 159. -— Banisteria Hassleriana Chod. — Section d’une liane âgée, grossissement, ? fois et demi. — Comme fig. 158, mais e, bandes tangentielles de di- latation, grâce auxquelles les masses lieneuses sont disloquées:; dans ce parenchyme apparaissent et plus particulièrement autour de l'anneau continu du bois axial, des îlots de xylème et de phloème. (Dessin de R. C.) au Nord de lApa, les PByrsonima jouent un rôle important; il faut citer parmi les plus typiques de ces arbres nains, l'Anacardium pumilum Saint-Hil., Talisia pygmaæa Radl., Simaba præcox Massl., Chrysophyllum pumilum Chod. et Hassl., Andira retusa H. B. K., Anona spec., £ry- throxylon suberosum Saint-Hil., Cocos campicola Baxb. Rodr., Cocos sp. caudice subterraneo, Caryocar brasiliense Cambess., Clavija Hass- leri Mez. (voir fig. 161 et 162). (194) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 91 Des plantes qui nous intéressent jei, ce sont surtout le Pyrsonima intermedia var. lalifolia Ndz. et le Byrsonima crassa Ndz. avec ses variétés nombreuses. Ce sont là des plantes aux troncs rampant sous le sol; ils y atteignent jusqu’à un ou deux centimètres d'épaisseur ; leur bois compact. à Pac, vaisseaux étroils, estenveloppé dans un périderme scléreux. Le niveau se maintient parce que les nouveaux rameaux commencent par ètre ascen- dants el rampants sur une cer- laine longueur. Iei, les pre- mieres feuilles de la portion aérienne sont rudimentaires. Les feuilles assimilatrices sont portées à une certaine hauteur au-dessus du sol, couvert lui- même par de petits sous-ar- brisseaux variés. Ces derniers sont, en quelque sorte, les arbres de ces espèces de mà- quis. Parfois la tige principale, de trente centimètres à peu pres, ayant fleuri, les feuilles de l’année précédente tendent à Lomber et hors d'une des bractées de la base de Pinflo- rescence Sort un rameau répa- raleur qui se termine à son tour par une inflorescence spi- ciforme à grosses fleurs. Dans le Byrsonima crassa! Fig. 160. — Chamédendrée dans le Campo Serrado du cours moyen de l’Ypané Talisia pygmæa Radl., à folioles étroites: Byrsonima spec., feuilles ovales au milieu du cliché, pénétrés par le Bromelia Serra et Manihot albomaculata Pax (grosses feuilles au premier plan). (Phot. de KR. C.) Ndz., les feuilles sont énormes pour un si petit végétal, 20 sur TT cen- Limètres, parfois (ex. NIEDENZU L. €. 29) jusqu'à 35 cenlimetres et immédiatement au-dessous de lPinflorescence de 15 centimetres. 1 CHopar et VISsCHER, n. 136, in Campo Serrado p. Ipané. — HASSLER n. 9093 (var. paraguariensis Ndz.), in campis S. de Maracaju. 92 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (195) Il y à ainsi formation de minuscules forêts macrophylles très caractéristiques pour les Campos les plus secs du Campo Serrado, soit au pourtour des bosquets, soit en ilots isolés comme des taches plus ou moins étendues (fig. 160 et 161). Il y aussi dans ce genre de véritables arbres ou des buissons vrais comme le Byrsonima Fig. 161. — «Chamédendrée» dans le Campo Serrado du cours moyen de l’Ipané, Nord du Paraguay. Les végétaux macrophylles sont Byrsonima crassa Ndz. et Byrsonima intermedia var. latifolia. On voit aussi en avant, à gauche du milieu, une feuille du Jatropha albo-maculata, en arrière, le Bromelia Serra. Le fond de la végétation est formé par l’Anacardium humile, particulièrement visible à gauche, à ses longues feuilles étroites, cette plante porte une inflorescence; le Byrsonima crassa est surtout visible à gauche, plante d'angle. (Phot. de W. V) crassifolia et comme le Byrsonima coccolobifolia (Spr.) H.B.K. qui est un arbre de quatre à dix mètres, des Campo Serrado, aux feuilles curieusement rapprochées en rosettes au sommet des branches ce qui est justement caractéristique. Cette association naine où voisinent des Acajous (Anacardium Sp.), des Byrsonima, se retrouve sous la forme arborescente dans la région amazonienne, par exemple dans les Campos de Santarem ! où elle constitue les CIlhas do Mato ». ! BATES, The naturalist on the Amazons, IL (1863), 22, 23. (196) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 93 Un peu moins robuste pour ce qui est des feuilles, le Byrsonima inter- media Juss. f. latifolia (Gris.) Ndz., développe un sytème de branches souterraines étendu, ce qui permet à cette plante de prendre l'apparence d’une plante sociale ; elle couvre le sol d’un gazon de grosses feuilles. H peut s'agir, soit d’un nanisme d'espèces boréales brésiliennes qui, arbres au Nord, dans la région plus chaude, sont buissons ici : Caryocar bra- siliense, où de formes sœurs d'espèces arborescentes : Chrysophyllum, Anona, Erylhroxylon, soit enfin de types proprement dits de la «Chamé- dendrée », à tronc souterrain : Byrsonima, Andira, Cocos nains, ete. En Europe, dans la région méditerranéenne, les espèces buissonnantes de la garigue ou du maquis de Provence, Quercus coccifera L., Phillyræa media L., Phillyræa angushfolia L., Pillyræa lalifolia, Viburnum Tinus L., etc., sont des arbres formant forêt en certains points du Portugal!. Celle même réduction progressive de la taille s'observe à propos du Copernicia australis Becc., (Copernicia cerifera auct.), grand palmier au fût élevé, dans le Chaco septentrional, qui n’est plus qu'un palmier nain au sud du Pilcomayo et plus réduit encore dans les stations chacoennes de la région du Tebicuari (fig. 4 et 2). Des Chamédendrées, on passe insensiblement dans la formation plus herbeuse et que LINDMANN* caractérise comme «campus amarantaceus » et que nous appellerons Campo arbustif. On y rencontre, mêlé souvent à des buissons en formation discontinue et correspondant sensiblement à nos Garigues méditerranéennes ou Garides de lEurope centrale? bon nombre de Malpighiacées, petits sous-arbrisseaux munis sur leurs racines subéreuses et rampantes, de tubercules assez importants comme ceux du Gaudichaudia (Camarea) affinis où simplement de petits troncs souterrains ramifiés comme dans les Gaudichaudia Niedenzua Chod. (Camarea sericea S'-Hil.), Gaudichaudia sericea S'-Hil. {Camarea pulchella S-Hil.), Gaudichaudia argentea (Gris.) Chod., Gaudichaudia robusta Chod. (Camarea robusta Chod.), Gaudichaudia lanata (Chod.) Chod., {Camarea lanata Chod.) el enfin Gaudichaudia salicifolia (Chod.) Chod. C’est dans une station de ce genre que nous avons découvert, au milieu de Croton occidentalis Müll. argov., de Gaudichaudia salicifolia Chod. et Gaudichaudia lanata Chod., une nouvelle espèce de Hionandra 1 CHopar, R. Excursions botaniques en Espagne et au Portugal, Bulletin de la Société botanique de Genève, Deuxième série, I (1909), 45. CHopar, R. Voyage d’études géobotaniques au Portugal, Le Globe, Genève. Mémoires LII (1913), 55-59. ? Caopar, R. Les dunes de Sciez et les Garides. Bulletin de la Société botanique suisse. 3 LINDMANN, C. A. M. À vegetacäo no Rio grande do Sul, Porto Alegre (1906), 47. 94 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (497) Cette plante, enveloppée dans un indument lomenteux, laineux, a tout à fait le port d’un Camarea. Mais on la reconnait au premier aspect à ses stipules du type de celles des Peixotoa. Ce sont là toutes des plantes plus ou moins soyeuses où laineuses, à feuilles sessiles ou subsessiles. Le nouveau Wionandra paraquariensis Chod. constitue dans la série des Peixoloa une convergence vers le type « Camarea », section à plantes décombantes ou érigées du genre Gaudichaudia. D'après Nie- DENZU, qui a décrit le fruit du Wionandra argentea (Gris.) Ndz. (Hio- nandra argentea Gris. p. p.), il S'agit ici d’une samare réduite un peu comme celle du Gaudichaudia linearifolia Saint-Hil. Mais, dans les 120- nandra, les feuilles sont nettement stipulées comme chez les Peixolou. D'ailleurs, ce faciès camaréoide S'observe chez les Mascagnia qui vivent dans des lieux semblables et qui ont complètement perdu le faciès volubile des espèces lianes comme les Hascagnia sepium (Auss.) Griseb., Mascagnia brevifolia Griseb., Mascagnia laurifolia Griseb., Mascagnia ovatifolia (M. B. K.) Gris., Mascagnia elegans (Juss.) Gris., Mascagnia anisopelala (Juss.) Gris. I faut citer ici le Hascagnia ambiqua qui dresse, sur une racine lignifiée et tubéreuse, des tiges et des feuilles soyeuses du type de Gaudichaudia sericea Saint-Hil. /Camarea pulchella) où Gaudichaudia argentea (Gris.) Chod. Il serait intéressant d'expérimenter avec quelques-unes des Malpi- ohiacées chez lesquelles la volubilité est conditionnelle. Plusieurs en effet sont, à la lumière, des buissons, dans la forêt ou les bosquets, des lianes. Ainsi le Peixoloa cordistipula (Mart.) Juss., petit buisson qui, dans les halliers, atteint comme liane jusqu’à einq mètres de longueur, l'Heteropteris syringifolia Griseb. ou le Banisteria crolonifolia Juss. et même l’Heleropleris tomentosa Juss. Il va de soi que chez ces plantes, où la volubilité est à peine indiquée, il n’y à aucune structure adéquate du genre des anomalies décrites. D Les Halpighiacées piquement rupestres ou des lieux pierreux sont des buissons; ainsi le Panisleria crotoni[olia Juss. et l'Heleropleris lomentosæ Juss. Ce sont deux espèces du Ltype du Viburnum Lantana de chez nous à grosses feuilles tomenteuses. On en trouve des fourrés sur les grès de Tobaty, de la vallée de PYacan, des hauteurs de Valenzuela et aussi au sommet des mornes près de Paraguari. Le Banisleria, avec ses grandes fleurs rosées et son feuillage tomenteux, souvent coloré, rappelle bien la Caprifoliacée citée telle qu'elle se présente sur nos garides en automne. La plupart des Malpighiacées paraguayennes sont des plantes géné- riquement et spécifiquement peu différenciées, de là une grande incer- (198) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 95 titude dans la définition systématique. Quelques espèces même, parmi les plus communes, sont excessivement poly- morphes : Heleropleris angustifolia Gri- seb., dont les feuilles, selon les stations, varient de lancéolées (var. lanceolata Ndz.) à sinueuses (var. snuala Ndz.) el finalement à des formes linéaires étroites (var. pseudo-anguslifolia Chod.). Ces dernières formes, qui donnent au buis- soh une apparence de saule, correspon- dent à des stations humides, à des «Esteros» comme il en est beaucoup au Paraguay. C’est à ce groupe très polymorphe que NIEDENZU rattache les espèces suivantes qu'il dispose selon nous un peu arbitrai- Fig. 162 — Fruits (samares) SES NP LR LAN Er A a LA à: d'Heteropteris. — re série : rement. C'est sa subséries B Sericor- Hana enarie sis N de de Con hachis (|. €. 18) aux rameaux jeunes cepcion; 2ne série : H. glabra rss É S Hook et Arn.. provenant de la plus ou moins tomenteux, soyeux : Hete- lagune Ypoa; 3me série : Id. sua SRE ; 5 des dépressions vers le Mbaei ropleris hypericifolia À. Juss., Heterop- (Sacarello)- Mme série Han: ceps Ndz.; série à gauche : pe- 4 tites samares d'H. umbellata angustifolia Griseb., Heleropleris glabra Juss. (Ypoa. (Phot. de W.V) leris syringifolia Griseb., Heteropteris Hook. Arn., Heleropleris anceps Ndz., Heleropleris paraguariensis Ndz. et dont il sépare à tort, selon moi, une seconde subséries B (?) Strongylocoryphe (1. €. 23) comprenant Hele- ropleris umbellala Juss., Heleropteris pr&cox Ndz. On peut tout de suite en détacher lHeleropleris hypericifolia Juss. qui, végétativement, est distinct de prime abord, puis Heleropteris angustlifolia Gris. et Hete- ropleris syringifolia Gris. pour les mêmes raisons. Les autres sont des espèces enchaînées les unes aux autres et dont la systématique est embrouillée. La végétation y est très semblable ; à part lHeleropleris paraquariensis Ndz., ils ont le mème feuiilage, les glandes sur les pétioles ou les limbes à peu près semblables. Jai donné dans un cliché (fig. 162) les fruits de ces espèces affines. De Toutes, c’est l’Heteropleris umbellata Juss. qui à les plus petits fruits. Toutes ces plantes sont de formations chacoennes. Heteropleris glabra Hook. Arn., Heleropleris anceps Ndz., Heleropleris paraguariensis Ndz., buis- sons grimpants des argiles de Paraguari, de la plaine du Mbaeï, des 96 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (199) rives de lYpoa, de-Trinidad, de Concepcion. Ce sont probablement des espèces élémentaires non encore systématiquement définissables. Déjà NIENDENZU : CHeteropteris anceps, stylorum indole neglecta, Hete- ropteris umbellatæ maxime affinis ». Le même auteur comprend aussi sous le nom d’AHeteropteris paraguariensis Ndz., lHeteropteris umbellata Juss. (e Chodat) qui est Balansa n. 2399, certainement la même plante qu'Heteropteris umbellata Ndz. in Chod. et Hassler Enumerat |. c. En plus, lHeteropteris angustifolia Gris., dans ses formes maero- phyliles, passe à l’Heteropteris syringifolia Griseb. Il nous reste à dire quelques mots des espèces du genre Galphimia que NIEDENZU réunit en une seule, le Galphimia brasiliensis Juss. Cette espèce, fondée sur des exemplaires brésiliens, est représentée au Paraguay par des formes qui s’écartent beaucoup du type de Minas. En effet, dans le Galphimia australis Chod., les feuilles sont subsessiles et glaucescentes, le calyce muni de glandes au-dessous des sinus (cfr. Balansa n° 2393). Si l’on veut cependant réunir ces formes en une seule unité spécifique, on ne saurait méconnaître les différences (var. australis Chod). On rencontre aussi au Paraguay, assez communément, une autre variété à feuilles larges, la var. platyphylla (Chod.) Niedenzu. Ce sont des herbes gentianoïdes des Campos secs ou des arènes des fleuves. On connait actuellement une soixantaine d'espèces de Malpighiacées paraguayennes ; les suivantes sont des endémismes : Hascagnia multi- glandulosa Ndz., Mascagnia sericans Ndz., Tetrapteris Hassleriana Ndz., Telrapleris paraquariensis Ndz., Banisteria Hassleriana Chod., Helerop- leris paraguariensis Ndz., Heteropteris Hassleriana Ndz., Stigmaphyllum Hasslerianum Nüz., Gaudichaudia lanata (Ghod.) Chod., Gaudichaudia salicifolia (Chod.) Chod., Gaudichaudia robusta (Chod.) Chod., Mionandra paraguariensis Chod., Plilochæte elegans Ndz., Clodonia ? paraguariensis Chod., Bunchosia paraguariensis Ndz., Dicella nucifera Chod., Ptilochæte densiflora Ndz., Heladena Hassleriana Ndz. Si j'ajoute que dans les Galphimia il y a, comme dans l’#eteropteris angustifoliu, plusieurs variétés nouvelles, on verra que le Paraguay est un centre créateur. Presque toutes les espèces se rattachent à des groupes brésiliens de Minas, Goyaz ou Saint-Paul; le Banisteria Hassle- riana Chod. paraît, par les deux espèces affines, Banisteria nitrisiodora Gris., Banisteria lutea Pavon, appartenir à une souche andine. Gaudichaudia, Camarea, Janusia ; ÉTUDE CR [TIQUE par R. CHODAT En faisant la revision des Janusia el des Camarea paraguayens, je suis arrivé à cette conclusion c’est que le système adopté par M. NIEDENZU, dans les «Natürlichen Pflanzenfamilien » et dans sa publication postérieure de 1912, doit être modifié et qu’il faut revenir au système plus ancien’ qui réunissait sous le nom de Gaudichaudieæ, les genres Gaudichaudia H. B. K., Aspicarpa Rich., Camarea St-Hil., Janusia Ad. Juss. et Schwannia End. C’est le groupe des Meiostémones d'Ad. DE JUSSIEU, moins le genre Dinemandra À. de Juss. Il est, en effet, impossible aujourd'hui qu’on connaît un plus grand nombre despèces, de trouver entre ces genres des caractères différen- tiels qui permettraient des coupures génériques définies. L'’essai qu'a tenté dernièrement M. NIEDENZU, ne me parait pas heureux. Tout d'abord, il éloigne des Pyramidotorées-Banisterieæ-Baniste- rlinæ, série B, le Gaudichaudia H. B. K., pour le placer parmi les Ptilochæte Hireæ-Mascagniinæ, à la suite de Minemandra. L'auteur n'a d’ailleurs pas trouvé de trait inéquivoque pour séparer les Hireeæ des Banisterieæ (efr. l. e. 53). D'autre part, il ne tient pas compte de toute une série de caractères qui font des Gaudichaudia les plus proches parents des Janusia, Camarea et Aspicarpa, ce sont les fruits samaroïdes des types danusia, la réduction des pièces de l’androcée, le style unique intérieur, la présence de fleurs cleistogames exactement semblables chez les espèces de ces trois «genres». Or je ne sache pas 1 ENDLICHER, S. Genera (1836-1810) 1057. A. DE JUSSIEU, Syn. Gen. Malpigh. in litt. ad. Endlicher I. c. (1539). BENTHAM et Hoox. Genera I. (1862) 261. NIEDENZU, F. Malpighiaceæ americanæ in Verzeichnis der Vorlesungen, Brauns- berg (1912). 4. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 1-2-3, parus le 20 juin 1917. 1 98 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (201) que ce caractère, qui est uniforme ici, se soit rencontré autre part dans cette famille. Il y a trop de corrélations pour que le systéma- ticien puisse les briser au profit de je ne sais quelle analogie de samare et de torus. NiEDENZU, l'habile monographe de la famille se trouve d’ailleurs très emprunté quand il essaye de définir les genres qu’il laisse dans l'ancien groupe des (Méiostémones ». En désaccord avec d'anciennes déterminationst, il rapporte au genre Aspicarpa un certain nombre de Camarea (Camarea pulchella Gris., Camarea robusta Chod., Camarea lanala Chod., Camarea salicifolia Chod.) qu'il fait voisiner avec l’ancien Janusia linearifolia (S'Hil.) Juss. auquel il attribue maintenant le nom d’Aspicarpa linearifolia (S'-Hil.) Ndz. Mais, pour souder ces Janusia, Camarea el Aspicarpa, il est forcé de diviser ce genre en trois sections Archiaspicarpa? Ndz., Chamæa Ndz., Euaspicarpa Ndz. Il n'est cependant pas douteux que son Archiaspi- curpa linearifolia ne se rattache aux Janusiæ proprement dits et par le fruit réellement samaroïde et par les cinq étamines toutes fertiles, encore plus aux vrais Gaudi- chaudia (Gaudichaudia pentan- dra Juss.) à samares du Lype Eumascagnia. Quant aux Ca- marea qui maintenant sont placées ici, elles ont des Cama- rea, les Staminodes typiques; dans le Camarea lanata Chod., les étamines fertiles sont à Fig. 163. — Gaudichaudia salicifolia (Chod) filets Soudés, moins longue- Chod. — 1 : pistil ; 2, 3, 4, 5 : étamines et ment il est vrai que dans les staminodes. (Dessin de R. C) ae NE SpA Camarea à six étamines. Mais même chez ces dernières la sixième étamine fait souvent défaut. Dans le Camarea salicifolia Chod., les staminodes sont du type 4spi- earpa à anthère stérile peu développée (fig. 163), tandis que Camarea NIEDENZU, in Chodat et Hassler, Enumération, Bulletin de l'Herbier Boissier, ne Série, V (1905), 292 É 2 NIEDENZU lui-même I. c. (1912), 55, parlant des fruits des Aspicarpa : Samarum forma conjici licet, Aspicarpam, Hiræis adjudicandum esse fere parum minore jure, quam quo Banisterieis attributa sit ; certe in utraque serie formam maxime pro- gressam præstat. Selon nous les Gaudichaudia sont aussi intermédiaires entre les Hiræweæw-Masca- gniinæ, et les Banisterieæ-Banisteriinæ. On ne saurait donc sans violence découper ce genre pour en distribuer les morceaux dans deux groupes distincts. (202) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 99 pulchella Gris. a les staminodes des Camarea hexandres, mais les filets presque libres. Dès lors, on reconnait une gradation insensible entre toutes ces formes et entre celles-ci et le genre Gaudichaudia qui, par sa samare, est voisin de Janusia et, par son androcée parfois à deux staminodes, se rattache aux Aspicarpa Rich. ce qu'avait déjà reconnu ENDLICHER (1. €. 1058) ; ce genre Gaudichaudia étant le plus ancien en date, il doit être préféré. Gaudichaudia IH. B. K. (Charact. emend Chod.). Calyx 8-10 glandulosus (sæpius sepalum unum eglandulosum) ; petala limbo integro, denticulato vel fimbriato ; andrœceum typice 10 merum abortu 6 vel 5 merum, staminibus 5 semper alternipetalis, stamine sexto si adest fertili a sepalo eglanduloso recesso i. e. oppo- silipetalo (petalo interiore), aut 5 fertilia tum nullum staminodiale, aut 6, quorum 4 fertilia, aut 5 quorum tria fertilia, 2 staminodia anthe- ris Sterilibus evanescentibus vel in corpus subcapituliforme contortu- plicatum vel rugosum mutatis; carpella 2-4 (sæpius 3) uno stylifero, stylo plus minus gynobasico (rarissime styli duo) ; samaræ dorso alatæ ve] eliam basi aluliferæ vel ala plus minus reducta nuciformes et plus minus dorso cristatæ. (Aspicarpa Rich. p. p.; Janusia Juss. p. p.; Camarea S'-Hil. p. p.) A. Species samariferæ Sectio |. EUGAUDICHAUDIA Samaræ Eumascagniæ Gaudichaudia pentandra Juss. On peut dans celle-ci suivre tous les passages entre les fleurs normales à cinq étamines et les anormales. Elle est du Mexique. Gaudichaudia cynanchoides H. B. K. Mexique. Gaudichaudia linearifolia Saint-Hil. (Janusia linearifolia Juss., Aspicarpa linearifolia (Saint-Hil.) Ndz.). Goyaz au Paraguay Etamines normales, cinq. Sectio Il. TRITOMOPTERIS Samaræ ala laterali triloba Gaudichaudia Galeottiana (Ndz.) Chod. On ne connait pas les fleurs normales. Mexique. 100 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (203) Gaudichaudia congestiflora Juss./Trilomopleris congestiflora (Juss.) Ndz.). Mexique. Gaudichaudia subverticillata Rose. Trilomopleris subverti- cillata (Rose) Ndz. Etamines fertiles, cinq. Mexique. Gaudichaudia mollis Benth. (T7rilomopteris mollis (Benth.) Ndz.). Etamines fertiles, trois, stériles, deux. Mexique. Gaudichaudia hexandra (Ndz.) Chod./{Tritomopteris hexandra Ndz.). Etamines fertiles, cinq à six. Guatemala. Gaudichaudia albida Cham. et Schldl. Etamines fertiles, trois, stériles, deux. Mexique-Venezuela. Gaudichaudia Karwinskiana Juss. {Tritomopteris Karwins- kiana (Juss.) Ndz.). Etamines fertiles, cinq. Am. centrale. Gaudichaudia Schiedeana Juss./Tritomopleris albida (Cham. et Schldl.) Ndz.). Mexique. Gaudichaudia diandra (Ndz.) Chod. {Tritomopteris diandra Ndz.). Etamines fertiles, deux, stériles, trois. Mexique. Sectio III EUJANUSIA! Samaræ ala membranacea basi hastata Gaudichaudia guaranitica Saint-Hil. {Janusia quaranilica (Saint-Hil.) Juss.). Etamines fertiles, cinq. Brésil méridional, Para- gUAY. Gaudichaudia Barbeyi (Chod.)Chod.(Janusia Barbeyi Chod.). Paraguay, Argentine. Sectio IV. EROSTRATÆ Samaræ ala rostro basali destitua Gaudichaudia gracilis (Gray) Chod. (Janusia gracilis Gray). Etamines fertiles, deux. Mexique. Gaudichaudia californica (Benth.) Chod. (Janusia californiea Benth.). Etamines fertiles, deux. 1Cfr. NIEDENZU, Verzeichnis der Vorlesungen, Braunsberg. Malpighiaceæ ameri- canæ, IL (1912), Arbeiten aus dem botanischen Institut, ibid. II (1912). (204) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 101 B. Species nuculiferæ Sectio V. CAMAREA Samaræ exalatæ vel breviter alatæ ; stamina 6, tria postica alle connala. Gaudichaudia Glaziowiana (Ndz.) Chod. (Camarea Glazio- wiana Ndz.). Etamines fertiles. quatre, stériles, deux. Goyaz. Gaudichaudia Hilairiana Chod. (Camarea linearifolia Saint- Hil.). Etamines fertiles, quatre, stériles, deux. Goyaz. Gaudichaudia ericoides (Saint-Hil.) Chod. (Camarea ericoides Juss.). Etamines fertiles, quatre, stériles, deux. Bahia, Minas, Saint-Paul. Gaudichaudia Niedenzua Chod. (Camarea sericea Saint-Hil.). Etamines fertiles, quatre, stériles, deux. Brésil, Serra dos Pyreneos. Paraguay. Gaudichaudia affinis (Saint-Hil.) Chod. (Camarea affinis Saint-Hil.). Etamines fertiles, quatre, stériles, deux. Bahia, Paraguay. Gaudichaudia hirsuta (Saint-Hil.) Chod. (Camarea hirsuta Saint-Hil.). Minas, Saint-Paul. Gaudichaudia triphylla (Juss.) Mohl. (Camarea lriphylla Juss.). Etamines fertiles, quatre, stériles, deux. Sectio VI. ASPICARPA Samaræ exalatæ; stamina minus quam 6, sæ&pe 9 haud alte connatlæ. Gaudichaudia sericea Saint-Hil. (Camarea pulchella Saint-Hir.). Janusia sericea Juss.). Etamines fertiles, deux à trois, stériles, deux. Saint-Paul, Paraguay, Argentine. Gaudichaudia argentea (Grisb.) Chod. (Aspicarpa argentea Ndz.). Paraguay, Argentine. Gaudichaudia robusta (Chod.) Chod.(Camarea robusta (Chod.). Paraguay. Gaudichaudia lanata (Chod.) Chod. (Aspicarpa lanata (Chod.) Ndz., Camarea lanata Chod.). Etamines fertiles, trois, stériles, deux. Paraguay. Gaudichaudia salicifolia (Chod.) Chod. (Camarea salicifolia Chod.). Paraguay. Gaudichaudia mollis (Ndz.) Chod. (Aspicarpa oser Ndz.). Mexique. Gaudichaudia humilis Benth.(Aspicarpa humilis (Benth.) Ndz., (Aspicarpa Harlwegiana Juss.). Mexique. 102 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (205) Gaudichaudia urens (Lagasca) Chod. (Aspicarpa wrens Lagasca, Aspicarpa hirlella Rich.). Mexique, Arizona. Gaudichaudia hyssopifolia (Gray) Chod. (Aspicarpa hyssopi- folia Gray). Mexique. Il y à donc pour le genre Gaudichaudia, comme pour beaucoup d’au- tres genres sud-américains, deux aires de distribution, l’une de PAmé- rique centrale, l’autre du Sud du Brésil et de la région paranaenne. Les espèces à samares (9) ont leur centre au Mexique. Ce sont des plantes volubiles dont deux seulement apparaissent dans notre région. Fig. 164 — Mionandra camareoides Griseb. (d’après la plante de Kuntze, Cordoba). — 1 : involucre à deux feuilles rudimentaires et deux paires de stipules; 2 : étamines, staminodes, pistil; 3 : fleur vue de l'extérieur; 4 : carpelles et carpelle isolé. (Dessin de R. C) D'ailleurs lune, le Gaudichaudia linearifolia S'-Hil. est devenu, comme on l’a déjà indiqué plus haut, une herbe de Campo qui n’est plus guère volubile. Les formes sous-frutescentes, buissons bas ou herbes pérennantes, ont leur aire principale dans la région paranaenne. Ainsi, sur dix-sept espèces, quatre seulement sont mexicaines (inel. Arizona), des autres treize, neuf sont paraguayennes et parmi elles, trois sont des endémis- mes de ce pays. Les quatre espèces non paraguayennes sont de Goyaz (Sierra dos Pyreneos) ou de la côte brésilienne. C’est done un groupe des Campos du bassin du Parana avec prédominance dans la région para- guayenne. Nous avons déjà vu une distribution analogue à propos de Petunia et nous en signalerons plusieurs autres. Les Gaudichaudia ne paraissent pas être des plantes chacoennes. * (206) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 103 Dans les plaines de cette dernière catégorie, on trouve mêlé aux buis- sons, le Weleropteris hypericifolia Juss., le Heleropteris glabra Hook. et Arn. qui grimpe jusque sur les Prosopis el les Cellis des terrains argileux et salés ; on le reconnait de loin à ses magnifiques disamares d’un rouge carmin intense mêlé d’une teinte jaunâtre très brillante. Ainsi, dans la dépression de la lagune Ypoa et plus à l'Ouest vers le Cañabé, où elle constitue avec les Arrabidæa rhodantha Bur. et Schum.., les Passiflora Giberti N. E. Brown, l’un des plus beaux halliers de ces formations assez tristes par elles-mêmes. On trouve, en outre, parmi les Espinillares de Trinidad, de la grève argileuse du Lambaré, de Paraguari, du Rio Mbæi, de Concepcion, les Fig. 165. — Mionandra paraguariensis Chod. — 1 : sépale et deux étamines et staminodes:; 2 : pistil dont on voit le réceptacle interne; 3 : carpelle isolé ; 4 : dos du sépale avec deux glandes; 5 ; sépale avec staminode. (Dessin de R. C) Heleropleris umbellata Juss. aux petites feuilles et petites samares, Heleropteris anceps Ndz. et Heleropteris glabra MH. et Arn., non loin de l’'Heleropleris hypercifolia qui se plait au milieu des Capparis Twee- diana Bichl. et Polygala Klotzschii Chod., l'Heteropleris paraguariensis Ndz.) bien reconnaissable à ses glandes pétiolaires longuement pédi- cellées et son faciès d’Æeteropteris umbellala S'-Hir. Ce sont toutes des espèces à fleurs jaunes, qui gravitent systémati- quement autour de PHeleroplteris glabra Hook. Arnott. et dont la défini- tion avant la fructification n’est pas chose aisée. C’est aussi parmi ces buissons que croît le Tetrapleris Stephaniana Griseb./{Tetrapteris helian- themifolia Ndz. non Griseb.) et le Tebrapteris Hassleriana Ndz. Mionandra paraguariensis Chod. nov. spec. (fig. 169, 166). Suffrutex parvus trunco crassiuseulo corticato repente vel subter- raneo 3-4 mm. crasso, ramoso e quaque duplici axilla caules erectos 104 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (207) 20-30 cm. longos edente; caules vetustiores glabrati, rubro-fusces- centes, internodiis 1,5-4 em., demuim plus minus decumbentes, horno- tini villosi, ad 1,2-1,5-2 mm. crassi, pilis patulis flexuosis. Folia ellip- tica vel lanceolato elliptica 45/93, 40/14, 2/15, 2/14, breviter acuta, minute mucronala, margine plana, supra pilis subadpressis Taxe tomentosa, subtus sublanata nec sericea, margine dense piloso-marginata, demum supra glabrescentia nervis vix sub tomento prominulis ; petiolo dense villoso-lanato, 2-4 mim. longo. Stipulæ connatæ ovato-lanceolatæ plus minus profunde bicuspidatæ 4-6 mm. longæ Wdorso adpresso pilosæ vel villosæ. Peduneuli crassi villoso-lanati 6-20 mm. longi bibracteolati et stipulis bieuspidatis quasi involucrum # foliatum Fig. 166. — Mionandra paraguariensis Chod. — 1 : pétale: 2 : bouton: 3 : insertion des carpelles. (Dessin de R. C: ferentes, 1-5 min. crassi., pedicelli propii 6-8 mm. longi. Sepala sub anthesi erecta deinde extus curvata lanceolato linearia ec. 6 mm. longa extus villosa, intus glabra demum fusco-sanguinea, glandulas 8 ovatas vel ellipticas ad 2 mm. longas ferentia. Petala [utea ad 15 mm. longa, ungui ad 4 mm. longo, limbo margine sat regulariter fimbriato. Androæ- ceum » merum haud zygomorphum, filamentis crassiusculis prorsum liberis, rectis antheris normalibus pluries longiores, antheris glabris. Staminodia staminibus 1/3 vel breviora, filamentis tenuibus apice oblonge clavatis ; styli tenues eylindrici ventrales staminibus paullo longiorés apice dilatali et albo-capitati. Samaræ haud suppetunt. Species nova proxima Wionandræ camareoidi Grisb. a qua differt indumento,stipulis majoribus, petiolis longioribus filamentis andrœæcei et staminodiis 5 regularibus, floribusque majoribus, affinis eliam. (208) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 105 Cordobiæ argenteæ Ndz. a qua differt habitu haud volubili, androeceo haud zygomorpho, petiolis-brevioribus, staminodiis et floribus majori- bus, indumento. An sint Mionandra Grisb. et Cordobia Ndz. in genus unieum reducendæ (Chod. et Vischer, n° 238. inter Caacupe et Tobaty). Clonodia ? biglandulosa Chod. nov. spec. (fig. 167). Liana, ramis foliosis internodiis 2-5 em., 1-5-3 mm. crassis, longi- trorsum rugosis vel lenticellatis. Folia lanceolata juniora pilis albis sericeo-vestita mox glabrata demum glaberrima, subeôriacea 60/18, 70/31, 70/29, 50/22; subtus venis pennatis adscendentibus 5-9 tenuiter exsculp- is, nervo medio stricto parum robustiore vel ad basin 0,6-0,8 min. crasso, limbo basi apiceque æqualiter attenuato vel apice obtusius- AE M te Fig. 167. — Clonodia biglandulosa Chod. — 1 : Calice sous le fruit : on voit les glandes et les étamines desséchées; 2 : deux carpelles mûrs. (Dessin de R. C) culo. Petioli sigmoideo-torti e basi fere uncinata supra profunde canaliculati, basi biglandulosi, glandulis retusis ad © mm. talis orbicularibus subsessilibus, 6-8 mm. longi. Inflorescentiæ desunt, fruetiferæ axillares basi annulo crassiusculo distincte articulatæ 3-0 cn. longæ subsimpliciter, racemosæ vel basi ramis iterum ramo- sis, bracteis carinatis brevibus 1-1,5 mim. longis, pedicellis fructiferis patulis 7-8 mm. longis suberosis, apice ad 1 mm. crassis, calyce patulo glandulis oblongis albescentibus, andræceo dessicato aucto. Sta- mina filamentis basin versum sat distincte dilalatis et plus minus inter se connatis. Torus planus. Carpidia tria. À Clonodia verrucosa Gris. differt foliis basi el apice æqualiter acutis, nucibus ecristatis. Chod. ElNischer. n°4189, Atos. 106 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (209) Gaudichaudia robusta Chod. Camarea robusta Chod. Mémoires de la Société Physique de Genève, XXXI (1892), 21, var. Fiebrigii Chod. nov. var. Fruticulus ad 50 em. altus, caulibus lignosis 2-3 mm. crassis, ramis novellis foliosis 10-15 em. longis, dense molliterque velutino-lanatis ad folia parum incrassatis; foliis ovato-acutis, vel ovato lanceolatis, subsessilibus, subeordatis vel basi oblusis, leviter mucronatis, petiolo ad 1-2, 1-5 mm. rarius ultra 2 mm. longo, limbo 55/30, 0/25, 0/1, %/13 min., supra subtusque velutino-lanato. Inflorescentiæ axillares peduneulo 8-10 mm. longo, simplices i. e. unifloræ vel ramosæ, pedi- cellis bibracteolatis peduneulo vix brevioribus; calyce extus tomentLoso, olandulis oblongis, segmentis triangularibus ; floris diametro ad 23 mm. petalis longe unguiculatis, staminibus fertilibus 3, sterilibus 2 anthe- rarum loco caput rugosum dilatatum ferentibus ; nucibus alüla dorsali mediana cristala lateraliter angulosis. Il n’est pas possible de conserver en toute occurence le nom de Aspicarpa argentea Ndz. adopté par NiEDENZU (Synonyme : Hionandra argentea (Juss.) Gris. ex Niedz., e speciminibus, haud e descriptione. Janusia argentea Griseb. Symb. 68. PI Lorentzianæ (1874), 53, car GRISEBACH entendait bien décrire un Hionandra, il indique les stipules du type Peiroloa et les fruits. Or, il ne peut s'agir d’un Aspicarpa. Et si, dans la collection, il s’est glissé un vrai Aspicarpa, ou qu’il ait exté- rieurement confondu son Mionandra avec le Camarea robusta Chod., cela ne veut pas dire qu'il avait lPintention d'inclure dans son genre Mionandra une espèce d’Aspicarpa ; d'autant plus qu'il n'ignore pas l'existence de ce genre, puisqu'il établit peu après (voir page 68), un Aspicarpa, VAspicarpa sericea Gris. qui, d’après NIEDENZU, est mon Camarea robusla Chod. Il y a simplement eu fausse attribution d’échantillon. Cela ressort aussi clairement de sa seconde description qui se fait sous le binôme de Janusia argentea Gris. etoù il décrit un fruit ailé et non pas un fruit de Aspicarpa (sensu Grisebachii). Or, ceci étant établi, la plante décrite ici et les deux autres variétés connues doivent s'appeler où Aspicarpa robusta (Chod.) Chod., si l'on veut retenir le genre Aspicarpa où Gaudichaudia obusla (Chod.) Chod. var. à genuina /Aspicarpa) Camarea robusta Chod. I. €. (210) R. CHODAT. LA VÉGÉTATION DU PARAGUAY 107 var. £ sericea (Gris.) haud Saint-Hil. (Aspicarpa sericea Gris. nec Ndz.). var. 7 Fiebrigii Chod. Ptilochæta densiflora Ndz. Descriptio samaræ : Pedicelli 5-10 mm. tenues; samaræ ji. e. nuculi duo sæpius unus setis ramoso pilosis dense tomentosi; diametrum fructus cum setis 5-7 mm. (fig. 127). Differt a fructu Plilochætæ elegantis, Setis multo brevioribus in quo sunt ad 10 mm. longis, in hoc vix 4-5 mm. vel brevioribus, minus stellatis magis condensatis. In dumetis prope Concepeion (Chodat et Vischer n. 138). NIEDENZU, dans notre Enumération, n’avait pas à sa disposition les fruits de cette seconde espèce. (A suivre). Le Rhizopus Maydis, n. sp. par J. BRUDERLEIN (Communiqué en séance du 12 mars 1917) Parmi les organismes nouveaux que nous avons trouvés dans la farine de maïs portugaise, nous mentionnerons un Ahizopus, dont le caractère principal réside dans le fait que ce champignon ne donne que très difficilement des sporanges. Cette particularité n’a pas encore été signalée par les auteurs qui se sont occupés de ces Mucorinées, si ce n'est par WENT et PRINSEN GEERLIGS . LENDNER? et plus, récem- ment, HaANzAWA*, qui tous deux ont fait une monographie du genre thisopus, ne parlent pas de cette particularité. Ce caractère à lui seul doit suffire pour faire de ce champignon une espèce distincte, aussi nous nous proposons d’appeler cel organisme fihisopus Maydis n. sp. Ce champignon se présente sous forme d’un gazon très fourni, d’un blanc pur, complètement dépourvu de sporanges. La hauteur de ce gazon, sur les milieux de pain, de farines de blé, de riz ou de maïs peut atteindre de telles dimensions, qu'au bout de quatre à sept jours, les flacons d’Erlenmeyer, dont on se sert pour ces sortes de cultures, sont envahis jusqu’au bouchon, soit environ cinq centimètres. Sur les milieux de moût, de glucose et liquide de Detmer gélosés, ce gazon natteint qu'une hauteur de un à deux centimètres et ne donne non plus jamais de sporanges. 1 WENT et PRINSEN GEERLIGS. Beobachtungen über die Hefearten und Zucker- bildenden Pilze des Arackfabrikation. Verhandlung Koningl. Akad. v. Wentenschappen te Amsterdam, 1896, 2e partie, tome 4. ? À. LEeNDNER. Les Mucorinées de la Suisse. Matériaux pour la flore cryptogamique de la Suisse, volume III, fascicule I, Berne 1908. # JuN HANzawaA. Studien über einige Rhizopus Arten. Mykolog. Centralblatt., 12 A. 1915, 230-246, 257-281. (2) J. BRUDERLEIN. LE RHIZOPUS MAYDIS 109 La première fois que nous réussimes à trouver des fructifications à ce Rhizopus, ce fut à la suite d’une infection due à un Penicillum. Supposant que ce dernier permettait la formation de sporanges en modifiant le substratum, soit en le rendant acide, soit en appauvris- sant le milieu d’une maniere analogue à celle décrite par SarrorY? au sujet de la formation de périthèces chez un Aspergillus en présence d’une bactérie, nous avons préparé des milieux solides, contenant, comme nourriture hydrocarbonée des quantités variables d'acide citrique. Pour éviter la liquéfaction que peut occasionner la pasteurisation de milieux d’agar, en présence de fortes proportions d'acide, même si cette opération est faite à température de soixante degrés, nous avons préparé ces milieux de la facon suivante : En stérilisant à l’autoclave à 120 degrés pendant 20 minutes, d’une part, l’agar, le liquide de Detmer et une certaine quantité d’eau et, d'autre part, une solution d'acide citrique de concentration variable, de telle facon, qu'en mélangeant ces deux liquides à une température voisine de la solidification, nous avons finalement obtenu des milieux parfaitement solides, contenant 30 ‘/o de liquide de Detmer, 4,5 ‘/0 d’agar et une quantité d'acide citrique variant de 0,02 /o à 1 (/o. Ce champignon, inoculé sur ces milieux, s’est développé difficile- ment, mais, au bout de seize jours, a donné de rares bouquets de deux à trois sporanges. Dans ces expériences, la plus grande croissance n'a Jamais dépassé quatre millimètres de hauteur et le gazon est constam- ment resté clairsemé. Le tableau suivant indique la difficulté de Paccroissement en fonction de l’acidité. Acide citrique co 4 jours 1 jours 16 jours 1,00 — — — 0,50 — — — 0,29 — -- |: 0,10 -|- =} 0,05 -|- - - 0,02 ++ L je (Le signe — indique croissance nulle, + croissance faible, F4 croissance plus forte.) 1 M. À. Sarrory. De l'influence d’une bactérie sur la formation de périthèces chez un Aspergillus. Comptes rendus de la Société biologique, Paris (1916), LXXIX no D, p. 174-175. 110 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) Du tableau ci-dessus, on peut déduire que Pacidité entrave lé développement du champignon, lorsque celui-ci n’a, en milieu solide, d'autre nourriture à sa disposition. Nous avons obtenu dans les milieux à faible concentration d'acide citrique (0,02 — 0,05 — 0,1 °/o) de rares sporanges dont une partie de petite taille et stériles. Il faut remarquer à ce sujet que les sporanges, après un ou deux mois de culture, ont été les plus nombreux dans les milieux les moins acides. Les mêmes essais ont été entrepris sur un milieu de Raulin agarisé, préparé de la même façon que le milieu acide ci-dessus et où la quantité d'acide a varié dans la proportion de 0 à 10 °/o. À la place de lacide tartrique, usuellement employé dans le liquide de Raulin, nous nous sommes servis dacide citrique et nous avons obtenu les résultats suivants : Acide citrique ‘ Croissance au bout de 7 jours ù ++ 0.1 DE 0.2 JE Do + ++ 3 - 4 = : ie > 10 — Sur les milieux sans acide, nous n'avons pas obtenu de sporanges, tandis que, de rares qu'ils étaient à 0,1 0/0, leur nombre a varié inver- sement avec la quantité d'acide. À 49%/o, le champignon n’a plus qu'un très petit nombre de filaments ténus, adhérant au verre et semblant fuir le milieu. À 3 °/o, on constate de nouveau l'absence complète de sporanges. En milieux liquides (Raulin acide) le ARhizopus Maydis se développe facilement et donne de nombreux filaments, tendant toujours à gagner la surface et à émerger du liquide. Dans ce cas, il ne donne non plus de fructifications. En culture dans du moût de raisin, nous avons pu constater que cel organisme donne de l’alcoo! dans la proportion de 3,42 0/0, au bout de sept jours, quantité qui n’a plus augmenté ni après quinze jours ni après vingt et un jours. : D’après ce qui précède, il semblait que ce champignon ne pouvait fructifier facilement, lorsque, pendant une étude sur son action amy- (4) : J. BRUDERLEIN. LE RHIZOPUS MAYDIS 111 lolytique vis-à-vis de la farine de maïs, nous avons obtenu, sur le milieu à demi desséché el parmi des filaments en voie d’autolyse, quelques sporanges noirs bien formés. HANZAWA, dans sa monographie du genre Rhitopus, classe ces cham- pignons d'après leur température optima de culture sur pomme de terre et les différencie en psychrophiles, ne croissant pas à 270: mésophiles, croissant de 39 à 42° el [hermophiles, croissant à partir de 420, méthode déjà citée sommairement par LENDNER. HANZAWA mentionne Paction fermenteseible de ce champignon sur différents sucres, expériences que nous n'avons pu entreprendre à cause de la difficulté à se procurer ces produits actuellement. Le Rhisopus Maydis n. sp. cultivé aux températures ci-dessus, sur pomme de terre, carotte, moût agarisé, se comporte comme le Ahitopus nodosus Namyslowski, dont il diffère par son feutrage plus clair, plus court et plus dense et par une croissance beaucoup plus rapide, quelle que soit leur température. Il doit done être considéré comme mésophile. En effet, à la température de 10°, sa croissance est presque nulle ; à 20°, sur les trois milieux, le développement est rapide et donne un gazon vigoureux ; à 320, la croissance est encore plus forte ; à 39 elle atteint son optimum. Elle est ralentie sur pomme de terre, presque arrêtée sur carotte, et nulle sur moût agar à 42°. Au moment où la culture à 32° sur pomme de terre commence à se dessécher, apparaissent quelques rares sporanges. Cullivé sur des milieux amylacés (farine à 10%/0), ce champignon les fait rapidement fermenter, les liquéfie et donne de lPalcoo! dans une proportion de 3,220,0; il les envahit facilement et au bout de peu de temps commence à s'autolyser. Au bout de vingt et un jours, la dessi- cation est assez avancée et l'organisme produit quelques sporanges, à une température toujours inférieure à 32°. Si le milieu reste suffisam- ment humide, il n'y a jamais d'appareils reproducteurs. Nous avons observé que, sur une pâte non stérilisée formée de farine de maïs et d’eau dans la proportion de 50°/o, ce Ahizopus s'est fortement développé; et, aux endroits les plus secs, a donné des sporanges en plus grande quantité que dans les mêmes conditions, mais en culture pure. L'examen microscopique de cet organisme montre de nombreux filaments de 6-7-8 et 17 w de large, non cloisonnés, fortement enchevêtrés. Les sporanges ont une membrane incrustée de spicules d’oxalate de chaux. Leur dimension varie entre 30, 50, 70 et 130 y de 112: BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (D) diamètre. Les spores, noires bleuâtres, lisses et quelquefois striées, ovales ou arrondies, polyédriques lorsqu'elles sont amoncelées, de dimensions peu variables, soit de 5 à 8 y de longueur sur 4 à 6 y de largeur. Les rhizoïdes sont bien développés et ont une coloration brune, de même que les sporangiophores. Sur des filaments minces, il se forme parfois’ de grosses chlamydo- spores de 30 y, de longueur sur 20 y de largeur. En milieu liquide (Raulin acide) nous avons observé, sur une culture de cinq jours, une sorte de hernie de la membrane du filament, rappe- lant ce que RAvyBAuUD! à décrit sous le nom de formes tératologiques et qu'il attribue à losmose. Cet auteur, qui les a observées chez les Mucors, cite une même étude de SCHRÔTER sur les Rhizopus. En résumé, l'organisme en présence duquel nous nous trouvons est caractérisé par le fait qu'il ne fructifie qu’en milieu amylacé, spécia- lement sur maïs, à la condition que ce milieu soit légèrement acide et surtout ne contiennent qu'une proportion faible d’eau. Ce champignon ne pourrait être utilisé dans la fermentation panaire du maïs, son action étant trop lente et par ce fait, complètement annulée par celle des organismes du levain. Diagnose : Mycelium candidum hyphis 6, 17 y latis; hyphæ sporan- giferæ el sporangia rara; sporangia globulosa 30, 50, 70 y rarius, 130 y diam ; sporæ ovoideæ vel sphæroideæ cœruleo-nigræ, striatæ 9, 8 longæ, 4, 6 y latæ; chlamydosporæ ovoideæ 30 y longæ, 20 y latæ; ZJSOSpOræ non visæ. Hab. In farina maydis. Rhizopo nodosi affinis. ! RayBauD, L. Des formes tératologiques provoquées par l’osmose chez les Muco- rinées. Comptes rendus de la Société biologique, Paris, t. 66, p. 1118-1121. ? BRUDERLEIN J. Etude de la panification du maïs. Bulletin de la Société botanique de Genève (1914 VI, no 5, 2me série. Les champignons de la région des pâturages et des bois de mélezes du val Ferret PAR Charles-Ed. MARTIN (Communiqué en séance du 13 novembre 1916) Plusieurs séjours de courte durée (fin août, début de septembre) dans le haut du val Ferret, au pied du glacier de la Neuvaz et du Tour- Noir, m'ont permis, non pas d'établir la flore mycologique de cette région, cela va sans dire, mais au moins de reconnaître quelles sont les espèces dominantes et de récolter quelques espèces qui présentent de l’intérêt, soit dans les bois de mélézes, soit dans les pâturages qui bordent la route de Prazriond aux chalets Ferret. Le sous-sol de la vallée en ce point est constitué par d'énormes éboulis de rocs granitiques, les uns arrondis par l’eau des torrents du glacier de la Neuvaz ou du glacier du Dolent, les autres de dimensions plus fortes et conservant leurs formes anguleuses. Le sous-sol se montre à découvert dans le lit de la Dranse et dans les parties de la vallée qui avoisinent immédiatement les glaciers ; ailleurs il est recou- vert d’une couche de terre végétale plus ou moins épaisse parsemée de blocs de dimensions variables. Le massif du Mont-Blanc s’arrèle à la rive gauche de la Dranse; les montagnes de la rive droite sont schisteuses, mais les pâturages de la rive droite aussi bien que ceux de la rive gauche reposent sur un fond de rocs granitiques. Les mélèzes ne se trouvent guère dans cette région qu’au milieu des roches granitiques polies provenant des glaciers ou dans les parties voisines des reuses où le sable blanc granitique affleure encore. Aïl- leurs, ils sont remplacés par le sapin. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 4-2-3, parus le 20 juin 1917. 8 114 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2} Les champignons des pâturages J'ai trouvé dans les pâturages un petit nombre d’espèces seulement, parmi lesquelles il en est deux qui présentent un intérêt particulier, tant au point de vue botanique qu’au point de vue alimentaire. La première est Tricholoma enista, non pas proprement Tricholoma cnista de Fries : elle n’a pas lodeur de chair brûlée, les lames n’ont pas de veines transversales, elles ne rougissent pas quand on les froisse et le champignon ne croît pas dans les hêtraies ; ni le Tricholoma cnista de Quélet à chair blanche souvent rosée et à lames striées transversa- lement des pâturages de montagnes ; mais c’est très exactement l’espèce que Bresadola à décrite sous le nom de Tricholoma cnisla; sous-espèce evenosum, à lames non veineuses et ne rougissant pas, à odeur de farine et croissant dans les pâturages subalpins du Trentin ; c’est aussi la variété gracile à lames subdécurrentes. Cette espèce fait partie d’un groupe que Fries aurait certainement détaché du genre Tricholoma S'il avait tenu compte des caractères microscopiques et qui comprend, pour autant qu'on peut le déduire des données des flores, Tricholoma grammopodium, melaleucum, brevi- pes, humile, arcualum, cognatum, turrilum, excissum, subpulverulentum et oreinum, espèces caractérisées par la présence, sur les lames et à leur marge, de eystides plus ou moins pointues et empanachées et par des spores verruqueuses. Parmi les espèces de ce groupe, il en est trois qui sont dominantes et qu’on rencontre fréquemment chez nous; ce sont Tricholoma mela- leucum, Tricholoma grammopodium, Tricholoma cnista sous-espèce eve- nosun. Cette dernière espèce semble se rencontrer partout dans nos pâturages de montagne. Je lai récoltée entre la Faucille et le Mont- Rond, à la Seiche des Embornats, près du Marchairuz, dans le gazon des lapiats du Parmelan, dans les pâturages au-dessous du Marchairuz, à la Roche-Parnal. M. H. Guyot l’a trouvée lors de lherborisation du 16 mai 1912, près de Montferront, M. Jaccottet à la Dôle et au Chasse- ron, M. le professeur Wilezek à la Tête des Etablons, dans le Valais, entre 1300 et 2000 mètres. Le cas de ce champignon est bien propre à donner une idée de la difficulté qu’on éprouve parfois à identifier des espèces relativement communes. Je lai longtemps considéré simplement comme une forme montagnarde de couleur claire du Tricholoma melaleucum. Fries, dont (3) CH.-ED. MARTIN. LES CIIAMPIGNONS DU VAL FERRET 115 la description ne convient pas à cette sous-espèce, méconnaissant ses affinités, l’a en outre placé dans une autre section que Tricholoma melaleucum (dans les Spongiosa, tandis que Tricholoma melaleucum est dans les Æygrophana). Quélet, qui le situe le mieux, attribue à son Tricholoma cnisla des caractères que n’a pas notre sous-espèce. Sac- cardo, après Fries, Pa logé au milieu d'espèces où je n'avais point l’idée d'aller le chercher et c’est vraiment un hasard que je sois tombé sur l'excellente description du Tricholoma melaleucum, sous-espèce evenosum de Bresadola. La seconde espèce des pâturages dont je veux parler ne m'a pas embarrassé moins que la première. L’ayant trouvée d’abord avec un pied central, je Pai prise pour un Clitocybe et j'ai vainement cherché à l'identifier. Je lai récoltée ensuite avec un pied excentrique et je lai cherchée dans les espèces humicoles du genre Pleurolus, mais inuti- lement. La découverte de Pleurolus nebrodensis dans les varappes du Salève par M. Jaccottet m'a donné cette année l'idée d'extraire la motte de terre sur laquelle avait poussé le champignon el j'ai pu constater alors qu’il était parasite sur une souche de Laserpilium, probablement panax (il ne restait de la plante, après la fenaison, que la souche et les nervures de la base des feuilles). C'était le Pleurotus nebrodensis Inzenga, dont lespèce était particulièrement abondante cette année dans les pâturages. Jen ai même compté plus de cent individus dans un espace très restreint, très rocailleux, au bas de la Combe-des-Fonds. Jen ai vu dans les pâturages jusqu’au-dessous de Prazriond, mais pas plus bas dans la vallée. Son sort en tout cas est lié à celui du Zaserpilium. Cette espèce a passé longtemps pour être confinée dans le midi de la France, mais M. Fr. Bataille l’a signalée dans le Jura sur Laserpilium lalifolium. Les deux espèces dont je viens de parler sont comestibles toutes deux et de saveur très agréable, surtout Tricholoma enisla Sous-espèce evenosum (je regrette que l'adjectif evenosum choisi par Bresadoia ne permette guère, brevilatis causa, de faire de cette sous-espèce lespèce Tricholoma evenosum). Les champignons des bois de mélèzes L'espèce dominante dans les bois de mélèzes est le Bolelus laricinus Berk. On l'y rencontre par milliers; il fait littéralement litière ; aussi le nom de Boletus laricinus lui convient-il parfaitement, beaucoup 116 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENEVE (4) mieux que celui de Boletus viscidus L. (bolet des bois feuillus -selon Fries) préféré par les mycologues francais. Cette espèce est comestible, mais de saveur peu agréable. A côté du Bolelus laricinus, mêlé avec lui, mais un peu moins abon- dant, on trouve dans les bois de mélèzes Bolelus elegans Sch., très voisin de Boletus flavus, dont il diffère surtout par la couleur ferrugi- neux doré du chapeau et son port plus robuste. On le dit comestible, mais je n'ai jamais essayé d’en manger. Le Boletus laricinus Se rencontre partout où il y a un mélèze, dans la plaine aussi bien qu'à la montagne. Je n'ai, en revanche, jamais constaté la présence de Boletus elegans dans notre région genevoise. Mais ce qui m'a beaucoup surpris, c’est de voir à Pregny, au voisinage d’un mélèze et en assez grande abondance, une espece de bolet dont j'ai trouvé un très petit nombre d'individus sous les mélèzes du val Ferret. Ce bolet, évidemment très voisin de Boletus flavus et Boletus elegans, mais beaucoup plus rare, s’en distingue par la couleur plus pâle et plus brouillée du chapeau et surtout par des pores d’un superbe orangé. [1 présente, comme les deux autres espèces, un collier blanc, large d’un centimètre environ, étroitement appliqué contre le pied, les pores descendant en réseau très marqué jusqu’à lextrémité inférieure de l’anneau. (est sans doute le Poletus aurantiporus Howse, un peu sommairement décrit par son parrain. Une troisième espèce propre aux bois de mélèzes, mais que je mai jamais vue dans la région génevoise, est le Boletinus cavipes KI. II se rencontre aussi dans le val Ferret, mais il y est beaucoup moins abon- dant que les espèces dominantes. Si, des Polyporacées, nous passons aux Agaricacées, je signalerai dans les bois de mélèzes visités un Gomphidius, dont je ne sais pas au juste ce qu’il faut faire, parce qu’il ne répond exactement à aucune description. On trouve dans notre région deux Gomphidius qui, malgré Pavis contraire ou le point de doute de quelques mycologues, sont deux espèces comestibles excellentes, Gomphidius glutinosus et Gomphidius viscidus; on y rencontre aussi, mais plus rarement, Gomphidius roseus (je n’en ai jamais récolté qu’uu exemplaire, au bois d'Yvre). Outre ces trois espèces, nettement caractérisées et facilement détermi- nables, les flores complètes en décrivent d’autres, ainsi Gompladius maculalus et Gomphidius gracilis. L'espèce qui:croît sous les mélèzes de la Neuvaz participe à la fois aux caractères de Gomphidius roseus et (9) - CH.-ED. MARTIN. LES CHAMPIGNONS DU VAL FERRET 117 à ceux de Gomphidius maculatus. Certains exemplaires ressemblent absolument à mon Gomphidius roseus du bois d’Yvre, sauf qu’ils n’ont pas le renflement du sommet du pied que Gillet figure aussi dans sa planche et qu'il mentionne dans sa description, mais que les autres auteurs ne signalent pas; d’autres exemplaires, la plupart, présentent les taches noires de Gomphidius maculatus, que nul auteur n’attribue à Gomphidius roseus. On pourrait peut-être en faire un Gomphidius roseus var. laricetorum. Je mentionnerai encore quelques espèces vues dans les pâturages et dans les bois de sapins. Ce n’est pas sans une certaine surprise que j'ai trouvé, le 20 août et le 8 septembre, des individus de Pholiota præcox, espèce qui dans la plaine est très printanière ; le T septembre, £ntoloma clypealum, espèce très printanière aussi dans la plaine, où, toutefois, d'après M. Jaccottet, on l’a récoltée tardivement cette année. Les pâturages présentent peu de champignons en dehors de ceux dont j'ai parlé. Pas de Marasmius oreades, pas de Psalliota campestris. J'ai découvert une seule ronde de Tricholoma irinum en haut du pâtu- rage de la Neuvaz, à proximité de la Combe-des-Fonds. Toutefois, dans les premières semaines de septembre, on voyait apparaître en troupe une Rhodosporée, Nolanea versatilis Fr., en même temps, en plus petit nombre, Æygrophorus minialus, Clitocybe odora, Tricholoma nudum, Stropharia semiglobata et, autour de tas de pierres, de jolies petites espèces comme Leplonia nefrens, Nolanea rufocarnea, Panæolus campanulatus et une espèce évidemment voisine du groupe de Tricho- loma melaleucum, à spores verruqueuses, mais sans cyslides empana- chées, sans doute l’espèce appelée Collybia stridula par Fries. Dans le bois de mélèzes, Omphalia maura et Flammula spumosa. La crainte de baptiser de nouveau une espèce déjà nommée m'a empêché de donner un nom à un petit Tricholoma trouvé dans les graviers de la Dranse, sous le Clou, au voisinage de mélèzes et qui est la réduction de Tricho- loma œwrantium (— Armillaria aurantia Kr.). I'appartient évidemment aux espèces qui se groupent autour de Tricholoma albobrunneum, mais je n’ai pu trouver sa description nulle part. La Combe-des-Fonds, dont la partie située sur la rive gauche de la reuse du Dolent se trouve au pied d’une superbe paroi de schistes lustrés, a une végétation très pauvre. Les blocs de granit y sont recou- verts par la fine poussière et les débris des schistes de la paroi, reve- 118 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE . (6) tement très meuble que la reuse s'amuse parfois à emporter. Py ai toutefois trouvé, tapis dans le gravier et l’herbe maigre, Leptonia euchlora L., beaucoup moins élégant et de couleurs moins vives que dans la plaine, avec son odeur de souris et de poisson pourri, un Entoloma, blane, jaunissant, que je n’ai pas su déterminer et /nocybe calamistrata. Sous des vernes, au bord de la Dranse, sur la rive gauche, en face de l’Amône, j'ai trouvé une fois Laclarius lilacinus en troupe. Je ne l’y ai plus revu depuis. Bolelus edulis, plutôt rare; on en trouve quelques-uns dans Pherbe à la lisière des bois de sapins. Cantharellus cibarius un peu plus abon- dant, surtout dans les gazons des mêmes lisières. Un bois de sapins qui fait face à l’'Amône, sur la rive droite de la Dranse, produit en août, dans une partie où le sous-bois fait défaut et où la couche d’aiguilles est épaisse, le Sarcosphæra coronaria, pézize qui, dans la plaine, appa- rait au premier printemps sous les pins. Dans le même bois, quelques rares Psalliota sylvicola et un petit nombre d'espèces d’Inocybe (geo- phylla et surtout sa variété fulva, prætervisa). Sous les sapins encore, en plus où moins grand nombre suivant les années, Pholiola caperaia, assez abondante l’année dernière, très rare cette année. Peu de rus- sules cette année, à part une petite espèce comestible à lames jaunes que j'estime être la forme violacée de Russula chameæleontina. Lactarius scrobiculalus, Lactarius deliciosus, Amanila muscaria, assez abondants en 1915, l’étaient moins en 1916. En troupe serrée, sur une épaisse couche d’aiguilles de sapins, près de Prazriond, Clitocybe ditopoda. Peu de Cortinaires {Cortinarius infractus, orichalceus, cinnamomeus, stillatitius, cumatile). Peu de Tricholomes (Tricholoma sulfureum). Peu de Collybies /Collybia confluens, près de la rive gauche de la Dranse et Collybia maculata, dans un bois de la rive droite). Chose curieuse, un seul individu d'Aygrophorus lucorum, qui ne se trouve que sous les mélèzes, mais Hygrophorus agathosmus et chrysodon, abondants l’année dernière, et quelques Hygrophorus erubescens. Clitocybe Lorin- seri, abondante l’année dernière, absente en 1916. Sous les sapins, Clilocybe infudibuliformis. Quelques Mycena pura. Pluteus umbrosus sur une souche au bord de la route. Dans les bois de sapins, Poletus piperatus, Hydnum imbricatum et Hydnum violascens. Quelques Gue- pinia helvelloides. Dans les Ascomycètes, outre Sarcosphæra coronaria, Lachnea hirta, scutellata et hemispherica, Spathularia flavida, Cudonia circinans. Un seul Myxomycète, Comatricha nigra. (1) CH.-ED. MARTIN. LES CHAMPIGNONS DU VAL FERRET 119 Il est évident que les soixante et quelques espèces que je viens d’énumérer n’épuisent pas la liste des champignons de la région. Mais la brièveté de mes séjours et le fait que c’étaient des séjours de vacances, destinés avant tout au repos, ne m'ont pas permis d’en récolter et d’en examiner davantage. Les dessins coloriés que j'ai fait circuler montrent toutefois que j'ai fait une étude assez serrée, macros- copique et microscopique, des espèces dont j'ai parlé. Sur une Siphonée d'eau douce Le Dichotomosiphon tuberosus (A. Br.) Ernst par le Dr A. DE PUYMALY (Communiqué en séance du 10 janvier 1916) Le Dichotomosiphon luberosus, assez répandu dans PAmérique du Nord (Ontario, Michigan, Pensylvanie, Illinois, Géorgie, Texas), a été trouvé rarement en Europe : en septembre 1848, par Al. BRAUN, près de Grandson; en août 1901, par A. ERNST, près de Genève; en août 1909, par VIRIEUX, aux environs de Besancon; et par LAUTERBORN dans le haut bassin du Rhin, au milieu des Characées. Enfin, d’après ce dernier auteur, BAUMANN l'aurait rencontré dans le lac de Constance. Toutes ces stations se trouvant situées dans la Suisse et le Jura, Je crois intéressant d'indiquer la présence de cette algue dans les Pyré- nées, où elle croît en abondance aux environs de Bagnères-de-Bigorre. Au premier abord, elle n’est pas sans ressemblance avec un Vaucheriæ et BRAUN, qui la découvrit, la nomma Vaucheria tuberosa. KüTZING, puis Wazz l'ont étudiée sous le même nom, d’après les échantillons de lherbier de BRAUN. RABENHORST à reproduit plus ou moins textuelle- ment les caractères relatés par les auteurs précédents. Aucun de ces botanistes n’a mentionné les organes reproducteurs sexués, car les spécimens de BRAUN, ainsi qu'ERNsT l’a vérifié, sont stériles. La reproduction sexuée n’a été connue qu’en 1902, grâce aux recherches d'ERNST, qui a créé pour cette plante le genre Dichotomosiphon, plus voisin des Udotées que des Vauchériées, conclusion à laquelle est également arrivé R. MIRANDE dans son mémoire sur la membrane des : Siphonales. ERNST à acquis d’une manière purement fortuite les matériaux qu'il a utilisés dans ses recherches. En août 1901, pendant une excursion aux environs de Genève, -il récolta dans la région marécageuse de Crevin quelques échantillons de Nitella lenuissima ; ceux-ci, en partie 1 Cet auteur, d’après Warz, l'aurait également récolté dans le lac de Zurich. Mais G. H1ERONYMUS, cité par ERNST, affirme que Grandson est la seule station figurant actuellement dans l’Herbier de BRAUN. (2) A. DE PUYMALY. LE DICHOTOMOSIPHON TUBEROSUS 121 souillés de vase, furent placés dans des aquariums où le Ÿ. luberosus se développa quelques mois après. Cet auteur, n'ayant pas observé l’'algue dans la nature, n’a pu envisager certaines questions que je désire examiner IL. La station que je viens de découvrir aux environs de Bagnères-de- Bigorre, à une altitude d'environ 600 mètres, consiste en une cuvette de dix à vingt mètres de superficie, profonde d’un à deux mètres et remplie d’une eau limpide, peu agitée, tiède au toucher, abondamment renouvelée, qui semble soudre en cet endroit!. Au début de novembre, un thermomètre, plongé dans cette eau le matin et l'après-midi de deux journées consécutives, accusait 1à même température de 20, tandis que les températures de Pair ambiant étaient respectivement 13° et 190. Dans ce milieu, le 1. {uberosus se développe avec une telle exubérance qu’il recouvre d’un tapis vert sombre presque entièrement le fond de la cuvette et il y a lieu de penser que sa croissance ne subit pas d'interruption ; tout au plus, éprouverait-elle un ralentissement pendant les mois à faible éclairement. Cette végétation luxuriante du D. tuberosus dans une eau thermale représente un fait nouveau, d'autant plus intéressant que cette algue se rapproche beaucoup, par sa consti- tulion anatomique, du groupe des Udotées, plantes des mers chaudes. COLLINS, d’ailleurs, à décrit un Dichotomosiphon marin (D. pusillus Coll.) qui vitsur le Bostrychia lenella et qui serait commun aux Antilles. Tandis que les Vaucheria forment habituellement soit des gazons réguliers el serrés, soit des amas floconneux, plus où moins denses, de filaments embrouillés où les individus voisins se confondent, le D. luberosus comprend des parties dressées, buissonnantes, hautes de cinq à dix centimètres, dont les filaments présentent une disposition assez régulière : ils s'élèvent plus ou moins verticalement et se groupent parfois en petits faisceaux peu serrés, ressemblant assez bien à des mèches de cheveux. Ces buissons dressés émergent d’une partie rampante, souvent brunâtre, qui court sur du limon et se compose de filaments rhizomatoïdes enchevêtrés. C'est aux dépens de la partie ram- pante que se développent surtout les < Pulsatilla Knappii Palézieux (— Pulsatilla alpina SSp. sulphurea XX Pulsatilla montana, hybr. nov. et X Pulsatilla Mathildæ Palézieux (— Pulsatilla alpina Ssp. sulphurea XX Pulsatilla Halleri Var. polyscapa, hybr. nov.!) : ces deux nouveautés, sur lesquel- les nous reviendrons, confirment avec évidence la possibilité de croise- ments entre les sections Campanaria et Preonanthus du genre Pulsatilla ! BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GEXÈNE PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ Chaque collaborateur est responsable de ses travaux LES ABONNEMENTS (SUISSE : 10 fr. — UNION POSTALE : 12 fr. 50) sont perçus au siège social : Institut de botanique, Université, Genève 2me SÉRIE, Volume IX. Nos 4, 5 et 6 GENÈV E, nn es et Juin 1917 SOMMAIRE : 1. Compte rendu de la séance du 16 avril 1917 : Affaires administratives, p. 129. — L. REVERDIN : Quelques algues nouvelles du lac de Genève, p. 130. — G. BEAU- VERD : Sur une race inédite de Primula vulgaris Huds., p. 130. — G. BEAUVERD : Quelques Phanérogames xérophytes des Andes de Bolivie et du Pérou, p. 130. 2. Compte rendu de la séance du 14 mai 1917 : Affaires administratives. p. 131. — Mile CHirroïu : Sur les Symplocacées, p. 131. — Mlle Dr T. Rayss : Sur le Cæœ- lastrum pulchrum, p. 131. — R. CHopar et W. ViscHEr : Nouvelles études bio- logiques sur la végétation du Paraguay, p.132. — W. ViscHEeRr : Deux Phané- rogames critiques de la flore suisse, p. 132. — Auguste GuINEr : Nouvelle station de Ceferach officinarum au Salève, p. 132. — I. Taérior : Contribution à la flore bryologique de l’Afrique australe, p. 132. 3. Compte rendu de la séance du 11 juin 1917 : Affaires administratives, p. 133. — Mile B, JaAuCx : Quelques points de l'anatomie des Polygalées, p. 133. — Lau- rent REHFOUS : Etude sur les stomates, p. 133. — Auguste LETELLIER : Sur les gonidies des lichens, p. 133. — G. BEAUvVERD : La flore vernale du bassin de Zexrmatt (Valais), p. 133. — Dr MÉGEvAND : Le Curdamine impatiens à Genève, p. 134 — Herborisations du mois de juin, p. 134. 4. I. THérior : À propos du Braunia diaphana (C. M.) Jæg. et du ZLeucodon sekistos Welw.. et Duby, p. 135. 1 5. H. Carisr (de Bâle) : Un pionnier de la flore des Alpes occidentales au xvre siècle. p. 137. 6. R. Caopar et W. Viscxer : Résultats de la Mission botanique suisse au Para- guay (4 planches en couleur et 59 vignettes), p. 165. . Laurent Renrous : Etude sur les stomates (125 vignettes), p. 245. 8. G. BEAUVERD : À propos du Gentiana baltica Murbeck, p. 351. COMETE RENDU 2S6Gme séance. — Lundi 16 Avril 494%. — Ouverte à 8 heures et demie, dans la grande salle de l'Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D' Ducellier, président. Le procès-verbal de la 385me séance (12 mars 1917) est acceplé sans modification. Publications déposées sur le bureau : DONS D'AUTEURS (recus avec reconnaissance). F. Borgesen : The marine Algæ of de danish West Indies; CG. et A. de Candolle : BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 4-5-6, parus le 25 sept. 1917. 1 130 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Sur la ramification des Sequoia; D' L. Trabut : 1° La galle du Zamarix articulata; 2% Le Sapin du Maroc (Abies Maroccana Trab.); 3° Les Poiriers indigènes dans lAfrique du Nord. AUTRICHE : Annalen des K. K. Nalurhist. Hofmuseums, XXX, n°s 3-4 (Wien, 1916); DANEMARK : Botanisk Tidskrift, Band XXXIV, Heft 7 (Copenhague, 1917); ETATS-UNIS : Bibliographical Contributions to Lloyd Library, vol. KE, n° 11 (Cincinnati, Ohio, octobre 1916); Jour- nal of Agricultural Research, vol. VIE, n° 13 et vol. VITE, n° 5, 4, 5, 9 et 11 (Washington, 1916 et 1917); RUSSIE : Acta Eloræ Rossicæ, KW, 4 (Talta, 1916); SUISSE : Le Jardinier Suisse, n° 3 (Genève, mars 1917). QUELQUES ALGUES NOUVELLES DU LAC DE GENEVE. — Au nom de M. Reverdin, retenu au service militaire, M. le professeur Chodat donne lecture d’un mémoire relatant la découverte d’Algues nouvelles pour la science telles que Closteriospira lemanensis Reverdin et Raphidium spirochroma Reverdin, qui toutes ont été récoltées dans les eaux du lac aux abords immédiats de Genève et contribuent à démontrer la grande richesse du planeton d'hiver de nos environs. Voir détails au mémoire illustré de la page 45 du Bulletin précédent. SUR UNE RACE INEDITE DE PAIMULA VULGARIS Huds. — Pré- sentation, par M. G. Beauverd, d'échantillons d’herbier et d’exem- plaires vivants récoltés en plusieurs lieux des environs de Chambésy (Genève), d’une variété à pétales tronqués et surlobés de Primula vul- garis (var. |? truncala Bvrd.), comparés à ceux de la forme typique à pétales cordés (de même couleur jaune ou de nuances variées passant du rose pâle au pourpre le plus foncé), telle qu’on peut l’observer soit à l’état spontané dans nos prairies ou nos bois, soit cultivée dans nos jardins où les métis et les hybrides les plus divers se propagent spon- tanément à proximité des parents. (Voir détails dans un prochain Bulletin). M. le professeur Chodat, en rappelant les faits connus concernant la biologie des Primevères, met en évidence le rôle de la culture hor- ticole dans la pollination croisée des diverses races de Primula appa- rues spontanément et d’une manière plus ou moins fugace dans notre flore locale; il pense, avec l’auteur de cette communication, que cette race à lobes tronqués pourrait cadrer avec l’hypothèse d’un cas de dissociation d'hybride. QUELQUES PHANEROGAMES XEROPHYTES DES ANDES DE BO- LIVIE ET DU PEROU. — Présentation, par M. G. Beauverd, de diverses collections de plantes andines récoltées soit en Bolivie (Man- don, Herzog), soit au Pérou (Pavon, Godet, etc.), représentant pour la plupart des types xérophytes figurés dans le CAloris andina de Weddell et adaptés aux conditions altitudinales qu’offrent les montagnes de ces pays entre 4600 à 5400 mètres d'altitude. Un choix de Composées les plus typiques, représentant les genres essentiellement xérophiles du Chili, de la Bolivie et du Pérou (par exemple : Chuquiragua, Nassauvia, Perezia, Trixis, Tafalla), complétait cette communication en faisant ressortir les ressources variées dont dispose le règne végétal pour se (3) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1917 151 maintenir avec succès dans un milieu de haute altitude où la brièveté de la période végétative le dispute à l'extrême sécheresse des lieux pour entraver l'extension du tapis végétal. Séance levée à 9 heures trois-quarts; dix-huit assistants : MM. Du- cellier, Guinet, Guyot, Minod, Beauverd; Chodat, Miles Charitonoff, Chirtoïu, Christin, Gampert, Mme Jacobson, Mlle Jauch, MM. Lendner, Letellier, Mie Lilien, MM. Penard, Pierroz et Vischer. Le Secrélaire-rédacteur, G. BEAUVERD. 38 7me séance. — Lundi 414 Mai 14917. — Ouverte à8 h. et demie, dans la grande salle de l’Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D' Ducellier, président. Le procès-verbal de la 386me séance (16 avril 1917) est adopté sans modifications, après lecture par le secrétaire. La liste des publications déposées sur le bureau sera communiquée avec celle de la séance de juin. HERBORISATIONS DU MOIS DE MAI. — Au nom du bureau, le président annonce que, pour motif d'économie et à titre d'essai, il ne sera dorénavant plus imprimé de cartes de convocations pour herbo- risations officielles : ces dernières se décideront en séance mensuelle pour l'intervalle de quatre semaines et seront affichées à l’Institut de botanique en vue des inscriptions. Conformément à cette décision, M. Beauverd propose pour les 24, 25 et 26 mai courant, avec prolon- sation éventuelle sur les deux journées subséquentes, une herborisa- tion aux environs de Viège et de Zermatt, ayant pour but létude de la flore vernale de l'étage alpin et son raccordement avec celle des étages inférieurs explorés à pareille époque l’année précédente. — Adopté. SUR LES SYMPLOCACÉES. — Exposé, par M. le professeur Chodat, du travail de M'E Chirtoïu, qui sera publié dans le prochain Bulletin. SUR LE CŒLASTRUM PULCHRUM. — Communication, par M. le professeur Ghodat, du résultat des nouvelles recherches que M D' T. Rayss à entreprises sur cette Algue, résultats confirmant ceux qui avaient été formulés antérieurement. Les expériences qui sont à la base de cet exposé autorisent à réluter les critiques de M. le D' SENN, adressées au premier travail de Mile Rayss. — Voir détails au Mémoire qui sera publié dans le prochain Pulletin. 132 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) CARPOLOGIE DU PARAGUAY. — Conférence, avec présentation de matériaux préparés, de dessins à la planche noire et de belles tables coloriées, sur les études carpologiques entreprises au cours du voyage botanique de 1914 par M. le professeur D' R. Chodat au Paraguay (voir Mémoire illustré de la page 169). — Au nom de la Société, le président remercie vivement le distingué conférencief pour son exposé fort applaudi. DEUX PHANEROGAMES CRITIQUES DE LA FLORE SUISSE. — M. le D' W. Vischer présente : 1° de beaux exemplaires d'herbier d’un Saponaria ocymoides de Branson (Valais), remarquable par ses grands pétales rétus et par son faciès général, à pubescence beaucoup plus accusée que celle du type et de ses manifestations polymorphiques décrites jusqu'alors; 2° un Draba lomentosa du val Sesvenna (Basse- Engadine, Grisons), distinet du type par ja forme et la couleur jaunâtre de ses pétales. — Des recherches ultérieures seront entreprises pour formuler une conclusion éventuelle sur ces deux cas de polymorphie. NOUVELLE STATION DE CETERACH OFFICINARUM AU SALEVE. — M. Auguste Guinet présente un exemplaire de cette Fougère pro- venant des environs de lAbergement, vers Pextrémité sud du versant oriental du Grand Salève; cette localité inédite constitue une troisième station pour le Ceterach officinarum dans la chaine du Salève, les deux autres appartenant au même versant de la montagne, mais vers son extrémité septentrionale (Mornex et les Esserts). CONTRIBUTION A LA FLORE BRYOLOGIQUE DE LAFRIQUE AUSTRALE. — Au nom de M. I. Thériot, le secrétaire présente les résultats de l’examen comparatif des types de Braunia diaphana GC. M. et Leucodon sekistos Welwitseh ex Duby conservés à l’Herbier Boissier, dont les exemplaires authentiques du Cap et du Transvaal démontrent la nécessité d'identifier ces deux Mousses sous le nom le plus ancien de Braunia diaphana C. M. — Voir la note spéciale, page 135. Séance levée à 10 heures et quart; assistance, vingt-quatre membres : MM. Ducellier, Guinet, Guyot, Minod, Beauverd; Bruderlein, Chiaverio, Miles Charitonoff, Chirtoïu, M. Chodat, Miles Christin, Grouitch, Mme Jacobson, Mlle Jauch, MM. Lendner, Letellier, Mégevand, Mme Minod, Mie Petrovitch, MM. Pierroz, Reverdin, J. Romieux, Vischer et X. Le Secrétaire-rédacteur, G. BEAUVERD. (5) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1917 153 3SSme séance. Lundi 11 Juin 1917. — Ouverte à 8 heures et demie, dans la grande salle de l’Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. Auguste Guinet, vice-président ; M. le D' DUCELLIER, président, fait excuser son absence. Le procès-verbal de la 387€ séance (14 mai 1917), lu par le secré- taire, est adopté sans modification. Au nom du Comité, M. GUINEr annonce la réception comme mem- bres actifs de MM. Glaser, Meyer et Schœllhorn, dont les candidatures ont été présentées conformément aux statuts par MM. CHopar et LENDNER. Publications déposées sur le bureau : ESPAGNE : Publicaciones de la Junta de Ciences naturales, année 1917, n° 1, 3, 9, 6 et 7 (Barcelone, 1917); ETATS-UNIS : Annals of the Mis- souri Botanical Garden, vol. HE, n° 2 et 3 (Saint-Louis, 1917) ; Journal of Agricultural Research, Vol. IX, n°% 5, 6 et T (Washington, 1917); SUISSE : Le Jardinier Suisse, n° 6 (Genève, juin 1917). QUELQUES POINTS DE L’ANATOMIE DES POLYGALEES. — Communication, par M'E B. Jauch, d’un mémoire, illustré de nom- breux dessins à la chambre claire, mettant en évidence quelques points inédits qui permettent de mieux orienter les affinités de la famille des Polygalées. — M. le professeur Chodat fait ressortir l'importance de ce travail qui modifie en quelque mesure certaines notions relatives à la placentation, aux tissus sécréteurs, etc. ETUDE SUR LES STOMATES. — Exposé, par M. Laurent Rehfous, de l’étude comparative de différents types de stomates, précédé de l'historique de la question et accompagné de nombreux dessins à la planche noire. Voir au mémoire spécial page 245. SUR LES GONIDIES DES LICHENS. — Conférence, par M. Aug. Letellier, avec dessins et présentation de matériaux d'étude. Voir détails à un mémoire ultérieur. LA FLORE VERNALE DU BASSIN DE ZERMATT (Valais). — Rap- port, par M. G. Beauverd, sur l’herborisation des 24 au 28 mai 1917, aux environs de Viège, de Zermatt et de Visperterminen. Au nombre des plantes présentées à la fin de cette communication, il convient de citer deux intéressantes anémones hybrides découvertes par M. Ph. DE PALÉZIEUX, les X Anemone Knapii Palézieux (— Anemone alpina Var. sulphurea X Anemone montana) et X Anemone Mathildæ Valézieux (— Anemone alpina var. sulphurea X Anemone polyscapa). Voir détails au mémoire spécial. 134 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) LE CARDAMINE IMPATIENS A GENEVE. — Communication d'échantillons de cette Crucifère par M. le D' Mégevand, qui en a trouvé tout récemment de nombreux exemplaires fleuris én pleine ville de Genève, aux abords de l’ancien Jardin botanique, désaffecté depuis plus de douze ans. M. BEAUVERD cite quelques autres stations de Cardamine impaliens observées dans la périphérie immédiate de la ville de Genève (par exemple au voisinage de l’ancien orphelinat de Varembé). ; HERBORISATIONS DU MOIS DE JUIN. — Lecture est donnée par le secrétaire d'un projet d'herborisation proposé par M? Edouard Naville, aux grèves de Saint-Aubin, lac de Neuchâtel. La date la plus propice serait fixée soit au jeudi 28 juin, soit au dimanche 1er juillet. — Mis aux voix, ce projet est accepté en principe; le Comité est chargé de faire le nécessaire pour recueillir les inseriptions. Aucun autre projet d'herborisation n'étant présenté, Monsieur le président souhaite de bonnes vacances à l’assistance tout en se rappe- lant à activité botanique des membres pour la reprise des séances en - octobre prochain. Séance levée à 10 heures et quart; dix-neuf assis- tants : MM. Guinet, Guyot, Beauverd; Me Breslauer, Mie Chirtoiü, M. Chodat, Miles Christin, Grouitch, Jauch, MM. Lendner, Letellier, Mégevand, Mile Petrovitch, MM. Rehfous, Reverdin, Henri Romieux, Jean Romieux, Schœællhorn et Vischer. Le Secrélaire-rédacteur, G. BEAUVERD. À propos du Braunia diaphana (C. M.) ]xg. et du Leucodon sekistos Welw. et Duby par I. THÉRIOT (Communiqué en séance du 14 mat 1917) V. F. BROTHERUS (in «die Nalürlichen Pflanzenfamilien », Musci, p. 717), rattache avec doute à la section Macromidium le Braunia diaphana (GC. M.) Jæg., dont la capsule lui est inconnue. Il fait remar- quer de plus que, d'après Gepp, le Leucodon sekistos Welw. et Duby est identique au Braunia dia phana. La section Macromidium C. M. est caractérisée, en partie, par un pédicelle court (2 à 3 mm.) portant une capsule ovale, sillonnée à sec. Or, j'ai eu récemment la bonne fortune d’avoir à étudier un Braunia récolté au Natal par M. H. A. WAGER et communiqué par M. POTIER DE LA VARDE. Ce Braunia, que j'ai pu identifier avec Braunia diaphana (CG. M.) est muni de capsules mûres; ces capsules sont oblongues-cylin- driques, lisses à l’état sec et le pédicelle mesure de 7 à 9 mm. Il n’est done pas douteux que le Braunia diaphana doit être rayé de la section Macromidium est transporté dans la section Bubraunia C. M. Il est, au surplus, très voisin du Braunia Schimperiana br. eur. par la taille et le port; il n’en diffère que par des caractères assez légers : feuilles un peu plus petites, moins largement révolutées, un peu plus fortement plissées; le caractère le plus net et le constant s’observe dans l’acumen qui reste vert chez Braunia Schimperiana el qui est brièvement hyalin chez Braunia diaphana. S'il en était besoin, le Leucodon sekistos confirmerait le bien-fondé du reclassement que je propose pour Braunia diaphan«. Grâce à l’obligeance de M. G. BEAUVERD, conservateur de lHerbier Boissier, jai pu faire un examen approfondi du ZLeucodon sekistos. 156 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Cette plante est représentée dans l’Herbier Boissier par deux spécimens récoltés dans le district Huilla par WELwiITscH, Pun à Tarchonanti (n° 31), pourvu de capsules müres, déoperculées, l’autre à Mumpulla (n° 33), avec des fructifications jeunes, sans capsules. Tout d’abord, j'ai eu l'impression que Popinion de GEPP était erronée el que Leucodon sekistos était une espèce propre : les feuilles du n° 53 diffèrent en effet sensiblement de celles du Braunia diaphana (étudié sur le n° 598, Rehmann, Transvaal) par leur forme plus allongée, leur acumen plus long, beaucoup plus large et composé de cellules très allongées; mais j’ai observé ensuite que ces caractères ne sont pas constants et que le n° 31 a des feuilles qui, sans être absolument con- formes à celles du Braunia diaphana, rappellent davantage celles-ci que celles du n° 35. Les deux plantes de WELWITSCH n'étant pas identiques entre elles et le n° 31 établissant une transition par ses feuilles vers le Praunia diaphana, j'ai reconnu l'impossibilité de justifier le maintien du Leucodon sekistos comme espèce propre et la nécessité de me rallier à l'opinion de GEPP. Par suite, on doit considérer que Praunia diaphana est une espèce à aire assez étendue et qu’elle est susceptible d’une certaine variation dans la forme des feuilles, leurs dimensions, le degré de plissement, Pallongement des cellules de l’acumen. J’ai également observé que le périchèse est quelque peu variable : les feuilles périchétiales sont plus ou moins longues, plus ou moins plissées; alors que Praunia diaphana (Rehmann, n° 598) et Leucodon sekistos n° 31 ont des feuilles périché- tiales très longues et vivement plissées, le Leucodon sekistos n° 35 a des feuilles périchiétales plus courtes et à plis peu apparents. Je me résume : Leucodon sekistos est bien la même plante que Praunia diaphana. Et comme la fructification du n° 33 de WELWITSCH nous présente une capsule oblongue, lisse à sec, portée par un pédicelle de T mm., elle justifie d’une facon indiscutable ma proposition de rattacher Brau- nia diaphana (QG. M.) à la section Eubraunia. Le Havre, 127 mai 1917. I. THÉRIOT. Jacques Dalechamp Un pionnier de la flore des Alpes occidentales au XVI" siècle PAR H. CHRIST, de Bâle (Communiqué en séance du 14 juin 1917) Ce sont nos savants suisses de la Renaissance : Conrad GESNER, de Zurich (Descriptio Montis Fracli, 1555 in J. G. Scheuchzer Orographia, 1716); Benoît Marri dit Aretius, de Berne (Stocchornii et Nessi Descr. post Valer. Cordi Annot, 1561); el Jean FABricius, de Coire (Galandæ montis stirp. enum. post Valer. Cordi Annot), qui, les tout premiers, au milieu du XVIe siècle, ont exploré et fail connaître la flore alpine. Ils nous ont donné non seulement des relations géo-botaniques de leurs ascensions au Pilate, au Niesen et au Calanda, mais ils ont énuméré et décrit une à une les plantes récoltées 1. Plus de vingt ans après, le Flamand Charles DE L'ECLUSE (Clusius), dans un magistral travail d'ensemble, a publié ce qu'on peut appeler une flore des Alpes orientales (Rarior. Stirp. per Pannon, Austr. Histor. Antwerp., 1583). Reste à savoir si, à cette époque, une œuvre analogue a été entreprise pour les Alpes occidentales aussi. La seule source de renseignements botaniques sur cette partie de la chaîne dont nous ayons connaissance, c’est ce volume énorme en latin, 1 H. Carisr. Die erste Erforschung der Schweizer Alpenflora im 16 Jahrh. Schweiz. Apothek. Zeitung., 1915, nos 25-26. 138 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) parsemé de citations grecques, arrangé à l'instar des Historiæ planta- rum ou Kräuterbücher parus jusqu'alors, qui porte le titre : «Historia Generalis Plantarum. Lugduni apud Gulielmum Rovillium », en deux parts, dont la seconde est datée de 1586, tandis que le titre général porte l’année 1587. Ce livre imposant contient, en deux mille pages in folio, une infinité de descriptions de plantes et 2686 gravures sur bois, empruntées en partie, avec un sans gêne éton- nant, aux ouvrages des auteurs antérieurs, mais surtout au beau livre de Clusius sur les plantes d’Espagne de 1576. La végétation mondiale connue alors y est rangée en dix-huit elasses et on soumet au lecteur tout ce qui est contenu dans les auteurs classiques : les Grees, les Latins, les Arabes, tout ce qui, jusqu’à ce jour, a été découvert en Orient et en Occident, les noms des plantes de toutes les nations, la description explicite des espèces, leur provenance et leurs vertus médicales. Done, un règne végétal universel dans le sens le plus hardi du mot, à propos duquel nous nous étonnons une fois de plus comment on à osé offrir au publie lPachat d'un bouquin au milieu de tant d’autres qui venaient de paraitre un peu partout. Mais n'oublions pas que le commerce des livres était florissant malgré ou peut-être à cause de l'agitation fiévreuse de ce temps là et que les besoins des foires annuelles où les livres S'échangeaient et se vendaient étaient considérables. Mais ce qui est plus étonnant encore, c’est que ce livre est anonyme. [Il n’y à pas de nom d'auteur au titre, qui ne porte que celui de léditeur- libraire, Maître Guillaume Rouille. Cest pourquoi, en littérature, cet ouvrage m'est cité que €Lugd. Histor. » ou € Lugd. » Ainsi Gaspard BAUHIN qui, dans son joli cata- logue de la flore de Bâle, de 1622, édition de poche, le cite une dou- zaine de fois. Quant à la coopération de botanistes pour son livre, Maitre Rouïlle s'exprime ainsi dans sa préface : QI y à plus de vingt ans, en entrant dans le Musée (cabinet d’études) «de Jacques DALECHAMP, je trouvai cet excellent médecin maniant çun gros volume contenant maints portraits de plantes et j’estimai que « cela pourrait former l’enfance et l’origine d’un ouvrage étendu. » Et ainsi Maître Rouille, comme il nous l'explique longuement, donna suite à cette idée, en éditant son histoire à l'aide d’un savant capable et digne d’une telle entreprise. Heureusement, il trouva l’homme voulu en la personne de Johannes MOLINÆUS, médecin fameux, élève et cama- rade du célèbre Guillaume RonpELET. Molinæus ne manqua pas de se vouer à la tâche avec zèle, soutenu efficacement par le «Conseil sub- (3) H. CHRIST. JACQUES DALECHAMP 159 sidiaire » de Palechamp lui-même, qui contribua libéralement avec tout ce qu’il avait collectionné en fait de figures et d'histoires de plantes. Beaucoup d'amis de tous les pays : d'Afrique, d’Espagne, d'Italie y apportaient leur part. Rouille continue ainsi : «Cependant, comme des circonstances variées, des maladies, ete., «différaient Pachèvement du travail, de nombreux ouvrages analogues ont vu le Jour, ainsi celui du très louable André MATTHIOLUS, ce qui «ne me rebutait point, car je ne voulais pas entasser pêle-mêle la «masse des espèces, mais les répartir artificieusement en classes déter- «minées, car le dit Matthiolus s’est contenté encore de l’arrangement «de Dioscorides. » On sait qu'un contemporain de Dalechamp, lPtalien CÉSALPIN a créé une disposition des espèces qui, d’après un juge aussi compétent que Ch. LINNÉ (Philosoph. Botan., 1751, p. 18) mérite le nom de système et qui est basé sur la constitution du fruit. Mais cela n’empéchait pas que les classes des CHistoriæ plantarum » de cette époque sont établies d’après des vues pratiques, extérieures, concernant Pusage, les dimen- sions, l'habitat des plantes et les classes ou livres de l'Historia Lugdun., tant vantées par léditeur, ne font pas d’exemption. Voici les rubriques de ces dix-huit classes : 1. Arbres croissant spontanément au bois. 2. Arbrisseaux se trouvant spontanément dans les haies et les buissons. : 3. Arbres plantés dans les vergers. 4. Les blés et légumineuses et les herbes sauvages qui les accom- pagnent. o. Légumes et herbes croissant dans les jardins. Les ombellifères. Les plantes qui plaisent par leurs fleurs. 8. Les plantes aromatiques. 9. Les plantes palustres. 10. Plantes croissant dans les lieux rudes, rocheux, sablonneux el arides. 11. Celles qui viennent dans les lieux ombrageux, humides, fangeux et gras. 12. Celles qui croissent à la mer ou dans la mer. 1 © 111 s’agit des commentaires de P. A. Mawrmiorr in Dioscoridem, 1568, dont Gaspard Bauhin à donné une nouvelle édition en 1598. | ? And. Cæsalpinus Aretinus. De plantis lib. 16, Klorent., 1588. 140 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) 13. Celles qui grimpent en s’attachant à d’autres plantes. 14. Les chardons et autres plantes épineuses et piquantes. 15. Plantes bulbeuses, à racines charnues et géniculées. - 16. Plantes purgatives. 17. Plantes vénéneuses. 18. Plantes étrangères. Mais, hâtons-nous dajouter que les systèmes de ces Kräuterbücher sont en réalité un peu moins chaotiques que leur apparence. Les auteurs commencent déjà à grouper par affinités. Déjà les catégories des Légumineuses, des plantes à bulbes, des aromatiques (Labiées), de l'Historia Lugdun. nous fait entrevoir ces nouvelles aspirations. Le flair pour les affinités naturelles était plus développé que les «classes » laissaient supposer. Le plus avancé de tous, c'était Clusius, dans lesprit duquel «la recherche de la parenté» était bien en éveil. Mais chez Dalechamp aussi, les Graminées!, les Joncs, les Crucifères, les Renonculacées, les Fougères ne sont pas trop mal réunies, quoique souvent Pautorité d’un nom classique, du vieux Théophraste peut-être, décide de la place d’une espèce au milieu d’un groupe fort hétérogène, malgré la mauvaise conscience botanique de Pauteur. Le Lichen Pulmonaria {— Sticta Achar.) à côté de la Borraginée Pulmonaria chez Dalech., 1317, et même chez Clus. Pann., 615, en est un exemple type. Un mauvais nom en dépit du meilleur savoir de lPauteur c’est Verbascum minimum, 1305, Dalech., dont la fleur est ainsi décrite : cflore Senetionis luteo COPIOSO In pappos evolante ». II s'agit en effet du Senecio nenorensis L. Les soins que Dalech. met à conserver à chaque auteur classique sa part à l'honneur d'avoir reconnu et nommé le premier telle et telle espèce sont touchants, et ne le cèdent en rien à ceux de nos (nomen- clateurs» modernes à établir irréfutablement une priorité. Avant d'admettre un nom nouveau, il fouille à fond les textes pour être sûr que ni Théophraste, ni Dioscorides, ni Pline n’ont connu la plante. Je parlerai d’un de ces cas à propos de p. 110. Un autre, c’est le nom saugrenu dont il affuble le Rhododendron. Il connaît bien les noms que déjà, il y a trente ans, lui a donné C. Gesner, mais le respect pour le vieux Théophraste, qui a vécu en Grèce trois siècles avant l'ère 1 Pour les Graminées, voici un passage très significatif : «424 Hic multa (i. e: gramina) tamen potissimum ex Dalechampii sententia et observatione describentur, quæ etsi non omnia in agris inter segetes nascantur, cognatione tamen quadam inter sese conjuucta, apte disjungi non possunt.» (9) H. CHRIST. JACQUES DALECHAMP 141 chrétienne, est si profond qu'il croit bien faire de l'appeler Evonymus Theophrasti. Et pour sa découverte toute nouvelle du bel Eryngium des Allobroges, il déterre un nom de Dioscorides, grec et contempo- rain de Néron : Spina alba. Cette manie était un obstacle aussi pour le développement de notions géographiques. Mais ajoutons que le brave Dalech. m'était pas le seul. Le grand Clusius même, qui savait bien que Gaspard Bauhin avait rangé avant lui la Pomme de terre parmi les Solanum et qu'elle nous est venue d'Amérique, s’est obstiné à l'appeler Arachidna forte Theophrasti! Quant aux auteurs contemporains, Dalech. les traite plus cavalière- ment. Ce que Cordus et Lonitzer ont appelé Gramen Parnassi, est rebaptisé par lui Unifolium (= Majanthemum bifolium Schm.). Sans remords et mal à propos, il change le nom de Juncaria Clus. Hisp. 502 (Paronychiée d’Espagne — Ortegia Lœfl. L.) en Synanchice, 1485, el le place avec Asperula cynanchica L. IH reproduit Veronica fœmina Fuchsii avec figure 1240 (— ZLinaria Elatine Mill.) et la répète avec la même figure sous le nom de Verbasculum quorundam, 1303. Ce quorundam qui se répète cent fois dans l'ouvrage veut dire cmihi i. e. Dalechampii. » Quand l’auteur présente une plante comme nouvelle, il se sert presque toujours de l'introduction : Quidam Herbarii vocant… C’est pour prendre date d’une manière élégante et modeste. Généralement, Dalech. n'oublie guère de munir les espèces de lin- dication de l’auteur qui les a fait connaître, avec nom et citation de leurs livres en marge : Matth., Dodon., Lobel, Pena, Corn. Gemma, etc. Mais une part notable porte Dalechamp comme auteur. Et à juste litre, car cette part contient une quantité d'espèces qui apparaissent pour la première fois, et de renseignements curieux el nouveaux, au point que déjà Linné, dans sa Philos. Bot. (Stockholm, 1751, p. 3 el 7) a pris Dalech. au sérieux et Pénumère parmi les botanistes du XVIne siècle sous l’année 1587, qui est celle de la publication de PHist. Lugd. Linné le cite aussi (eod. p. 6) comme commentaleur de Pline. En effet, une partie notable du volume est destinée à une philologie el syno- nymie poussées à l'excès, où tous les classiques, mais Pline surtout, sont analysés à l’aide d’un art dialectique, pour ne pas dire scolastique, redoutable. 11 se perd dans les controverses avec une passion volup- tueuse et fait des conjectures d’une désinvolture inouïe. Pour nous autres épigones, auxquels il est défendu de remonter au delà du millé- sime de 1753, tout cela — hélas — est de la peine perdue. Mais quoique Dalechamp ait dû taxer ses mérites philologiques plus haul 149 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) que sa botanique, déjà un changement de système se fait sentir chez lui dans le sens de l'observation directe de la nature. Derrière la rigidité du commentateur se fait jour distinctement P«Allobroge » éveillé, à l'œil ouvert et à vues plus modernes, qui aime ses rudes montagnes et qui nous parle éloquemment de la beauté de leur flore. En peu de mots, mais vigoureusement, il décrit les gorges profondes, les arêtes balayées par le vent (loca perflata el frigida) des hautes régions. Il observe la faculté des Crocus et des Soldanelles de suivre pas à pas la neige fondante et il relève lant de fois l'élégance des plantes, non seulement de celles qu’on appréciait alors générale- ment, mais de buissons insignifiants et de chardons que le vulgaire méprise encore aujourd'hui. Avec une verve toute nouvelle pour lépo- que, il relève la beauté âpre des deux Zryngium alpins, surtout de sa découverte : lEryngium Spina Alba,1642 : «sa tête florale est entou- rée d’une couronne d’aiguillons dressée qui, de tous les chardons, n’est propre qu'à cette plante et à l'Eryngium cœruleum et qui est du plus bel eftet (aspectu pulcherrimo). » L'humble Genista pilosa 173, sur la route de Salins, ne laisse pas de lui plaire : «la couleur safran de sa fleur, qui flatte les yeux des passants foculis prætereuntium adblandiente) orne d’un agréable spectacle le sol où la plante s'étale ». Même le port autonmnal du Genèt à balai fSarothamnus) le charme : &IlI perd ses feuilles en automne et ses verges verdissent entre les neiges tout l'hiver, offrant un aspect charmant.» Le rhizome du Ventaria l’inté- resse du côté pittoresque : « La racine est tellement composée d’articu- lations vertébrales qu’elle paraît être faite de dents jointes entre elles : «c’est une œuvre d'art merveilleuse de la nature. De là le nom de Dentellaria, 1291. » Il nous raconte encore comme, aux montagnes de La Mure, il a essayé de faire manger aux chèvres des feuilles de Rosage en leur offrant des branches arrachées, mais que ces bêtes ont refusé net, ce qui lui à confirmé ce que les pâtres lui disaient. Dalechamp nous donne régulièrement des noms vernaculaires très curieux. Le Rosage s'appelle en Savoye Des Ourles. Ce sera le Bären- blust de la Suisse au XVIme siècle d’après Simler (Clus. Pann., 76). Notre auteur était explorateur, non seulement compilateur. L’«Historia Plantarum » est dédiée par son éditeur à Charles-Emma- nuel, Duc de Savoye, non sans allusions aux mérites de ses parents Philippe IE et Charles V. De la France il n’est pas question. Pourquoi? Comme de la plupart de tels livres, il existe une seconde édition de L'Hist. Lugd. aussi, en langue française : CHistoire des plantes, deux (1) H. CHRIST. JACQUES DALECHAMP 143 vol., tirée de Pexemplaire latin de la Bibliothèque de Maître J. Dale- champ, puis faite française par Maître J. Des Moulins, Lyon, chez Barde, Armand et Rigaud, 1658 »!. Dans ce titre on reconnaît, avec une netteté suffisante, Dalechamp non seulement comme conseiller subsi- diaire, mais comme auteur, et Des Moulins comme simple traducteur, ou tout au plus comme rédacteur technique. Du reste, en parcourant PHistoria, nous trouvons des passages où Dalechamp s’avance de son rôle indirect à la locution directe. C’est Dalechamp qui parle, 1388, en ces termes : (Tragus verus (= Æphedra distachya A.) pridem a Dalechampio cognitus et amicis communicatus atque ita descriptus, antequam recentiorum ullus de eo quiequam literis mandasset ». On reconnait l’auteur qui réclame énergiquement sa priorité : 181. Ego olim monui rei herbarii studiosos.… id quod valde proba- bile mihi visum est. 1020. Florem et fructum non vidi. 1036. Eco Ranuneulum phœniceum /— Ranunculus gramineus L.) semper vocavi. 1738. Il raconte une histoire où paraît un Æerbarius quidam mihi comes. Nous savons bien qu'il y a encore un compétiteur pour la coopéra- tion à l’Hist. Lugd. C’est Jean BAUHIN le fils, qui a écrit — longtemps après, bien entendu — ceci? : «Cum ego Lugduni Lugdunensem incepissem Historiam conscribere generalem, in qua multum laborabat Dalechampius. » Mais cette affir- mation tardive me semble fort sujette à caution. Or, le séjour de J. Bauhin à Lyon, comme médecin de la ville, n’a duré que de 1563 à 1568. À cette époque, au dire de Maître Rouille, éditeur de l'Hist. gen. (voir sa préface de 1587: Vigesimus annus est et eo quidem amplius) Dalechamp avait déjà réuni un gros volume avec quantité de figures et de descriptions encore inédites, mais parfaitement mises en ordre (apto ordine positis). C’est la vue de ce volume qui a suggéré à Rouille Pidée d’une entreprise aussi vaste que l'Hist. gen. Lugd. Pour réaliser ce projet, il a dû chercher avant tout un rédacteur qu'il a découvert en la personne de Molinæus. Quant à Bauhin, Rouille n'en dit pas un mot, tandis qu'il ne cesse de vanter les mérites de Molinæus el de Dalechamp. Il me semble qu'en vue de cette genèse de PHist. gen., 1 R. CHopar en connaît encore une autre de 1615. ? Voir Ludovic LEeGrÉé, Les Deux Bauhin. Marseille, 1904 15. 144 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) racontée en long et en large par son éditeur lui-même, la supposition d’une coopération de Bauhin est peu probable et, si ce dernier s’est servi des expressions ci-dessus mentionnées, il ne peut guère s'agir que d’une intention non réalisée ou d’un commencement frustré peut- ètre par le départ prématuré de Bauhin. Et si Conrad Gesner a écrit au père de Jean Bauhin (6 octobre 1565, Epist. ed. Casp. Bauhino Basil. 1591) : «Audio et filium tuum integros de plantis commentarios parare, etsi ipse hactenus cœlavit», ce passage s'explique assez bien par les propres paroles de Jean BAUHIN (préface du quatrième livre de son Historia Fontis et Balnei admir. Bollensis, Montis belgardi 1598). GAL vero qui historiam illam Lugdunensem consarcinavit, omnia nostra habuit. Sed mehercle eadem hæc, aliaque plurima parum considerate congessit, tum divulsis eorundem generum speciebus, tum iisdem earundem stirpium tam iconibus quam descriptionibus sæpius imprudenter inculcatis. Nec certe potuit aliter, ut qui vel stirpium et plantarum fuerit imperitus vel doctas doctissimi Dalechampit medi- tationes neutiquam perspectas habuerit, quas promiseue cum nostris aliquorumque seriptis confundit. Et eccam nunc historiam illam confusam polius quam ordine digestam, et sine judicio, dicam fere lectoris philobotani utilitate. Mihi quidem tum generalis illa historia fuerat demandata, ut qui ad eam vel ultro me accinxerium, nec infœliciter etiam cœpta, ut multis viris elarissimis notum est, et ex Gesneri edilis epistolis patet. » Il appert de cette plaidoirie, qu'on n'aurait guère cherchée dans un guide du baigneur au Wurtemberg, que Jean Bauhin avait l’intention de rédiger ce livre Lyonnais avec Dalechamp ou à lui seul, qu'il sy croyait appelé même (on ne sait par qui) qu'il y a livré aussi des contributions, mais par une circonstance qu’il ne daigne pas nous révéler, cette rédaction a été confiée finalement à ce Molinæus peu habile que nous connaissons et dont le travail est eritiqué par Jean Bauhin, aussi amèrement que par son frère Gaspard qui à cru devoir vouer à son ressentiment un petit livre ad hoc, dont nous reparlerons. Done, il ne s’agit que d’une coopération souhaitée mais ratée. N'oublions pas que Bauhin a écrit cette préface plus de trente ans après son séjour à Lyon. La rancune des savants ne s'endort pas si tôt. Ce qui, du reste, semble décisif dans cette question litigieuse, c’est que dans PHist. Lugd., on trouve à chaque page les vestiges de Dale- (9) H. CHRIST. JACQUES DALECHAMP 145 champ, mais nulle part ceux de Bauhin, sauf quatre ou cinq fois où il est fait mention d'autant de trouvailles qu'il a faites. Ici se pose la question, pourquoi Dalechamp n’a pas voulu se pré- senter comme auteur allitré. Il ne pouvait être gêné par le fait d’avoir reproduit un grand nombre de figures empruntées à des auteurs anté- rieurs, car tous ont fait la même chose, avec ou sans autorisation. Et la part de travail nouveau et original, tant philologique que botanique, qu'il a apportée à son livre était assez importante pour l’autoriser à se nommer. €Non liquet.» Si nous nous rappelons quelles poursuites le grand Clusius avait à subir dans sa patrie et à Vienne à cause de son hérésie réformée, on est porté à soupconner un motif analogue pour la retenue de Dalechamp. Il connaissait peut-être trop bien le chemin entre Lyon et Genève par Saint-Cergue. Page 1297. Ce qui nous frappe aussi, c’est que les trois poésies d'usage par les- quelles des amis de l’auteur ont coutume de lui présenter ses gratula- tions sont anonymes. Ni le poète n'’osa se nommer, ni l’auteur, ni même l'éditeur n’y sont mentionnés. Il est question seulement d’un €quidam vir doctus » qui chante les mérites du livre. On ne saurait pousser lincognito plus loin. À ces temps là, on craignait partout se compromettre. «Latet anguis in herba», et c'était époque de la Saint- Barthélemy. La part de Dalechamp à ce livre est pourtant si grande que nous comprenons bien que l’exemplaire de la Bibliothèque de Bâle porte son nom à la tête de la première page, écrit au crayon dune main déjà assez moderne. D’autres citent le livre par la désignation de Pseudo- Dalechampius. Le dit exemplaire bâlois (Univ. B. Bot. 3819) a, du reste, un intérêt particulier relatif à l’histoire de cette université. Il sy trouve une feuille manuscrite collée en face du titre, contenant en latin un peu chargé la dédicace suivante : «Ingratos manet pœna etiam sub orco quam Machaonii Discipuli evi- taturi Casparo Bauhino Colle. Aselep. apud. Basilien. Decurioni lectiss. ejusdemq. Botanico et Anatom. profess. ordin. Præcep. et Patrono fideliss. Hoece volumen botanicum ob labor. in instit. rei herb. habi- tos non mercedis sed grati animi symbolum prox. pag. inscrip. offe- runt D. Q. D. anno 1589 Kal. Aug. » Suivent dix-neuf signatures : douze Allemands, deux Français, un Hongrois, un Brabancon, un Danois, un Anglais et un Bâlois: Georgius Léo. 1 Voyez Hist. Ludg., pages 8, 231, 321, 782. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 4-5-6, parus le 25 sept. 1917. 2 146 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) Le volume, du reste, montre des annotations et des soulignements de la main de Gaspard Bauhin ; en outre, il y a une preuve bien évi- dente que le botaniste bâlois s’est occupé assidûment de ce livre, car il a publié en 1600, à Francfort, un in quarto intitulé : CAnimadversiones in Historiam generalem Lugduni cusam », où il démontre qu'environ 400 figures de cet ouvrage se répètent deux et même trois fois. Je pense que c’est là la faute moins de Dalechamp que de celui qui a mis la dernière main à la rédaction technique et qui avait à coordonner les notes. C’est peut-être Maître Molinæus qui y est pour quelque chose. Dalechamp était lui-même en relation avec les Bauhin, ce qui appert de différentes citations de l'Historia. Il attribue à Bauhin la trouvaille d’un chêne particulier dans un petit bois à S. Viti entre Dôle et Besancon, 8. 231. Dalechamp parle d’un «< herbacea) ; X Salix Huleri (— Salix hastala S helvetica) ; XX Salix spuria (= Salix arbuscula XX helvelica); X Achil- lea Jauchiana Guyot (— Achillea millefolium < moschata, hybr. nov.); 308 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) Polygala alpina var. Chodatiana Guyot var. nov. Gette dernière plante, remarquable par ses fleurs blanches lavées de rose, étend son aire aux environs de Zermatt et de Visperlerminen, où elle avait été récollée lors de lexcursion botanique en 1916. — Voir détails au mémoire ultérieur. CONTRIBUTION A LA FLORE DU JURA SUISSE. — Présentation par le Secrétaire de beaux échantillons récoltés et communiqués par M. Ch. Meylan (Sainte-Croix) et se rapportant à de nouvelles stations jurassiennes de Trifolium spadiceum (tourbière du Grand Cachot, à la Brévine, 1060 mètres, Jura neuchâtelois, juillet 1917) et de Vicia sepium var. eriocalyæ Celack. fl. albo (subv. nov.!), de La Chaux (Jura vaudois). NOUVELLES RECHERCHES SUR LE SCLEROTINIA MATTHIOLÆ Lendner. — Exposé par M. le Professeur D' Alf. Lendner de ses nou- veaux essais d'infection sur Crucifères du Selerotinia qu’il a découvert en 1916 sur le Matthiola vallesiaca de son jardin; les résultats de ces recherches, qui ont abouti entre autres à la découverte de la propaga- tion du parasite par les limaces, seront publiés in extenso dans un prochain Bulletin. LES MOUVEMENTS FLORAUX DU ZL/LIUM MARTAGON L. — En présentant une planche coloriée de cette Liliacée destinée à illustrer l’enseignement de la biologie, M. le Professeur D' R. Chodat fail remarquer une erreur de cette planche qui figure un insecte pollinisant (Macroglossa stellatum) dans une position qui n’est pas compatible avec celle de la fleur dans le rôle biologique qui lui est attribué : selon les observations de M. CHopar, la pollination des fleurs de Lis Martagon ne peut être effectuée ni par les mouches, ni par les abeilles ; lorsque leur fécondation est provoquée par les insectes, il s’agit avant lout de différents papillons, principalement de Vanesses dont le conférencier a suivi les divers mouvements le long des tépales où elles descendent, puis glissent et battent les étamines de leurs ailes pour reprendre leur équilibre après un mouvement de bascule involontaire. D'autre part, l’autopollination des fleurs seffectue aussi par lanémophilie des étamines qui, en vacillant, viennent toucher le stigmate. D’autres mouvements floraux, tels que le géotropisme des pédicelles, celui du stigmate, les courbures du pistil et des tépales, ainsi que le mode de déhiscence des capsules combiné à l'anémochorie des semences sont tour à tour déerits par M. CHODAT, qui fait toucher du doigt le grand intérêt biologique que peut offrir une plante vulgaire telle que le Lilium Martagon, dont l’ensemble des caractères décrits en font un représentant de la flore des prairies ou des -1Pppe> alpines plutôt qu’une plante silvatique. Séance levée à 10 heures; seize assistants : MM. Ducellier, Guinet, Guyot, Minod, Beauverd; Miles Chaborsky, Chirtoiü, Chodat, M. K. Chodat, Mie Jauch, MM. Lendner, Letellier, Martin, Mégevand, H. Romieux et J. Romieux. Se Le Secrétaire-rédacteur, G. BEAUVERD (7) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1917 309 39141me séance. — Lundi 1 0 décembre 1 9147. -- Ouverte à 8 heures et demie, dans la salle de bibliothèque de l’Institut de botanique, Université, sous la présidence de M. le D' Ducellier, pré- sident. La lecture, par le secrétaire, du procès-verbal de la 390mc séance (12 novembre 1917) est acceptée sans observation. La liste des publications arrivées dans le courant du dernier mois sera communiquée avec celle de la prochaine séance. Au nom du Comité, Monsieur le Président annonce les candidatures de M. le D' Andreas Sprecher, actuellement à Zurich et de M. John Jacottet, à Genève, acceptées toutes deux conformément aux statuts. Réparant une omission qui date de la séance d'octobre, Monsieur le Président a le grand regret d'annoncer le décès de l’un des doyens d’âge de la Société botanique, M. le D' Emile Frey-Gessner Conservateur des collections entomologiques du Muséum d'Histoire naturelle de Genève Né à Aarau, en 1826, M. Frey-Gessner se fixa à Genève dès l’année 1812, après avoir fait tout d’abord des études de mécanique, puis de sciences naturelles à Zurich, où il suivit les cours d’Escher de la Linth et d'Heinrich Frey; il se voua aussi pendant quelques années à la carrière militaire, qu'il quitta avec le grade de lieutenant-colonel. Obligé d’entrer dans l’enseignement secondaire, E. Frey entreprit avec ardeur l'étude de Pentomologie et fit d’intéressantes recherches sur les mœurs des insectes; ses travaux, très appréciés des spécialistes, le mirent en relation avec de nombreux savants, au nombre desquels Henri de Saussure le recommanda au Musée de la ville de Genève, qui le nomma conservateur de la section d’entomologie. Ses principaux travaux (Distribution des Hémiptères, Faune des Chrysides, Faune des Apides de la Suisse) se rapportent à l’entomologie systématique ; tou- tefois les rapports biologiques qui relient si intimement la faune à la flore dans ce domaine, l’engagèrent à s'intéresser aussi à la botanique ; c’est à ce titre qu’il fit partie de la Société botanique de Genève, dès 1892 et lui resta fidèle jusqu’à sa mort, qui survint à Genève le 24 juil- let 1917. — A l’occasion du jubilé de 1909, l'Université de Genève avait tenu à rendre hommage aux mérites de ce savant distingué en lui remettant le diplôme de docteur konoris causa. Sur la demande du Président, lassistance se lève pour honorer la mémoire de notre collègue. SUR LA FLORULE PALUDÉENNE DU CANTON DE GENÈVE. _ À propos de la publication de son ouvrage sur les Orchidées de l’Europe, M. le D' Gottfried Keller, conseiller national, rappelle par 300 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) l'organe de M. Copar, les riches stations d'Orchidées distinguant la florule des marais de Sionnet et de Rouëlbeau (canton de Genève) et demande, à ce sujet, si le projet de travaux d'assainissement et de mise en valeur de ces terrains ne pourrait pas comporter une exception en faveur dun territoire de réserve où les végétaux notables de ces stations seraient placés sous la sauvegarde du «Heimatschutz » suisse, comme le cas s’en est présenté pour d’autres régions du territoire hel- vétique ? ; Au nom de la Société botanique et pleinement d'accord avoc la pro- position de M. le D' KELLER, M. DUGELLIER remercie M. CHopar de nous avoir transmis ce projet; mis au voix, il est adopté par l’unani- mité de l'assistance, qui désigne MM. R. Cnopar et H. ROMIEUX pour entreprendre auprès du Conseil d'Etat de Genève les démarches sus- ceptibles de satisfaire le vœu de M. KELLER et de tous les amis de la protection des richesses naturelles végétales de notre sol national. \ ESQUISSE SYNECOLOGIQUE COMPARATIVE DE DEUX MARAIS DES ENVIRONS DE BAULMES (610 mètres, pied du JURA VAUDOIS). — Présentation, par M. G. Beauverd, d’un mémoire lu à la Société Vaudoise des Sciences naturelles (Lausanne), le 7 novembre 1917, et aboutissant à la distinction de deux types synécologiques caractérisant la florule des marais appartenant à un même domaine floristique donné et situés tous deux à la même altitude (610 mètres), la même exposi- tion (S.-E.) et dans les mêmes conditions géologiques. Le plus grand de ces terrains, nommé «Marais de Rances », repré- sente un bassin fermé, réceptacle naturel d’eaux pluviales et de sources, jadis alimenté ou tout au moins imprégné par une partie des eaux du ruisseau de la Baumine : actuellement partiellement mise en valeur agricole par des travaux de canalisation entrepris en 1857-1863, cette station a conservé son ancienne végétation sur une faible portion de sa superficie primitive et offre alors le premier des deux types synécolo- oiques distingués par l’auteur, soit le type autonome fixé; l’on y reconnait : a) la présence des cGentiana baltica Mürbeck» et «Phyteuma tenerum Schulz», ainsi qu'une variété spéciale du Thahctrum flavum (var. vaudense Beauverd) comme témoins de ancien àge de la station; b) des réactifs silvatiques {Veronica officinalis, Melandrium dioicum, Viola silvatica, etc.), comme témoins de l’existence d’une ancienne forêt en ces lieux; ce) des réactifs montagnards localisés dans les parties asséchées des formations praticoles (Turritis glabra, Thlaspr alpestre ssp. brachypetalum, Dianthus silvester et Vhybride XX Dianthus spurius, Alchimilla pastoralis, etc.), comme témoins d’une ancienne période de continuité avec la flore montagnarde jurassienne ; d) de nombreuses manifestations polymorphiques spontanées (endémismes en petit : Lysimachia vulgaris Var. nov. rubro-punctulata, Mentha aquatica var. Lobeliana {. nov. uliginosa, Thymus Serpyllum var. silvicola f. now. turficola, Knautia arvensis var. nov. turfosa, Phyteuma orbiculare var. nov. vaudense, Centaurea dacea ssp. jungens var. nov. bicolor et Hiera- cium Auricula Var. nov. foliosum), propres aux terrains récemment exondés : mises en regard des anciennes formes conservées dans les bas-fonds, elles attestent pour ces dernières leurs possibilités d’adap- tation lente; e) existence d’un élément subrudéral (dont Potentilla (9) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE 1917 301 Anserina, Viola tricolor, Bellis perennis, Vicia sepium, etc.), comme témoin de la persistance d’un passage des troupeaux et de son influ- ence sur la modification du tapis végétal. Le plus petit marais, dit «Marais de la Baumine », vient d’être à son tour l’objet de travaux d’assainissement durant les années 1915 et 1916; il représente le second type synécologique ou type erratique actif : le ruisseau montagnard de la Baumine-y continue l'apport de plantes jurassiennes telles qu'Allium Schœnoprasum, Melandrium diurnum, Trollius europæus, Ranunculus aconitifolius, Primula [arinosa, Gentiana verna, qui forment là de vastes colonies au sein de la florule autoch- tone ; les cendémismes en petit» (Cardamine pralensis Var. nov. silvi- cola, Glecoma hederacea Var. parviflora Ÿ. nov. uliginosa et Scabiosa Columbaria var. nov. palustris) SV rencontrent aussi en colonies popu- leuses, mais se rattachant à de tout autres types que ceux du marais de Rances. L'analyse générale d'éléments floristiques d’autres marais de la inmême contrée («Planches de Valeyres», «Source du Mugeon» el «Marais de l’Orbe ») démontre l'exactitude des deux types synécologi- ques reconnus par l’auteur, types qui peuvent se réaliser simultané- ment dans des cas spéciaux tels que celui représenté par les grands inarais de l’Orbe, où le type erratique se reconnait sur les points accessibles aux affluents montagnards du marais, tandis que le type autonome ou creliqual» se retrouve dans les stations hors d’atteinte de l'influence de ces mêmes affluents. Une présentation de graphiques elimatologiques et de plantes criti- ques accompagnait cette communication. Séance levée à 10 heures; onze membres présents : MM. Ducellier, Guyot, Beauverd; Mis Chirtoiü et Chodat, M. R. Chodat, Mie Jauch, MM. Martin, Mégevand, Pellegrin et Vischer. Le Secrélaire-rédacteur, G. BEAUVERD. Deux races inédites du Primula vulgaris Huds. par Gustave BEAUVERD (Communiqué en séance du 16 avril 1917) 1. Primula vulgaris var. truncata Beauverd, var. nov.; scapus nullus vel + brevis (10-20 mm. Ig.) laxe villosus 2-5 floribus; pedicelli (25-100 mm. lg.) et costæ calycis (+ 12-20 Île.) + molliter pilosi; corolla pallide lutea, tubus cylindricus calycem duplo longior paulo superans, limbus planus (25-35 mm. diam.), lobi triangulati apice truncato-retuso obsolete quadridentato; cætera ut in forma typica. Dans leur Monographie des Primulacées, publiée en 19051, Pax et KNuTH mattribuent au polymorphisme du Primula vulgaris Hudson (1762)? que trois variétés distinctes susceptibles à leur tour de donner naissance à des formes subdivisionnaires® basées sur des caractères fixes et héréditaires tels que ceux offerts par le pigment (f. laclea Ljungstrôm)# ou par la pubescence foliaire (var. kypoleuca Halacsy)}”, soit sur des caractères instables tels que ceux dérivant de la polymérie 1 Cf. Pflanzenreich, IV, 237 : Primulaceæ von Fr. PAx und R. KNUTH, p. 54-56. ? Soit Primula acaulis Hill,1765; Primula sylvestris Scop. 1772; Primula grandifloræ Lamk. 1778; Primula hybrida Schrank 1789; Primula vernalis Salisb. 1796: Primula uniflora Gmelin 1805; Primula bicolor Rafinesque 1810; Primula veris Var. acaulis L. 1758. — L'article 49 des Règles de nomenclature de Vienne (1905) n’admet pas le point de vue de Pax et KnuTx : le binôme de Hrzz qu'ils ont adopté est de trois ans postérieur à celui de Hupson. 8 jo var. genuina Pax, 1889 — var. grandiflora C. Koch, 1850; 20 var. balearica Will- komim, 1876; 30 var. y rubra Sibth. et Smith., 1813 — Primula amæna var. acaulis M. B., 1808; Primula amæna var. Sibthorpii C. Koch., 1843; Primula grandiflora fl. pur- pureo Duby in DC. 1844; Primula acaulis var. iberica G. K. Hoffmann, 1808; Primula Sibthorpii Hoffmannsege, 1824; Primula acaulis Var. rosea Boiïssier, 1879; Primula acaulis var. colorata Ljungstrôüm, 1888; Primula acaulis var. Sibthorpii Pax, 1889. 3 Cf. E. LIUNGSTRÜM in Botanisch Centralblatt, XXXV [1888], 181 : «Eine Primula- Excursions nach Mon ». 5 C£. E. DE HaLAcsy, « Conspectus Floræ Græcæ », III [1904], 6. — Après examen de cette plante, nous la considérons comme une bonne variété. (2) G. BEAUVERD. PRIMULA VULGARIS HUDS. 303 et de la présence plus ou moins accusée d’un scape (var. caulescens Auct. nonnull. ex Pax; Primula pseudo-acaulis Schur ex Pax in ENGLER Jahrb. X [1889] 180), etc. Indépendamment des faits d'hélé- rostylie, qui se rattachent plus spécialement au domaine de la biologie, d’autres auteurs avaient antérieurement noté diverses manifestations de polymorphisme intéressant surtout la systématique; c’est ainsi que LIUNGSTRÔM signalait dès 1887, dans l’ile danoise de Mœn, des Primula acaulis T. brevicalyæ, f. longicalyx, f. latiloba et f. angustiloba, dont les noms désignent d'eux-mêmes le caractère saillant de la forme envi- sagée. - C’est sur un fait de cette nature que notre attention a été attirée dès l’année 1906 en examinant différentes touffes de Primula acaulis épanouies en plusieurs points du verger des Jordils : non seulement les cas de f. latiloba et de f. angustiloba Sy présentaient avec des _transitions douces sous les deux formes dolichostylées et brachystylées, mais encore, en quelques points soit ombragés, soit ensoleillés, une forme latilobée se distinguait à première vue par le dessin particulier du limbe de la corolle, dont la périphérie affectait un contour franche- ment pentagonal et non point rayonnant-obcordé comme les formes jusqu'alors décrites en offraient l'exemple (voir la vignette, fig. 2 et 3). En poursuivant nos investigations, durant les années subséquentes jusqu’au printemps de 1917, nous avons constaté la présence de nouvelles touffes de cette race en d’autres points du territoire contigu, notamment dans un massif de rhododendrons exotiques où le renou- vellement de la terre arable avait provoqué un apport de diverses espèces rustiques telles que. Geranium silvalicum, Viola odorata, Vero- nica Chamædrys, Cardamine pralensis, ete.; la touffe de cette station (premières fleurs : épanouies en avril 1914 et 1915) prenait belle apparence dès 1916 et donna une vingtaine de corolles dont Panthèse successive s’effectua durant la seconde quinzaine du mois d'avril el jusqu’au début du mois de mai 1917; enfin durant le mois d'avril de la même année 1917, nous avons récolté deux exemplaires de cette race hybridisée avec le Primula officinalis. L'étude attentive des matériaux récoltés et conservés à lHerbier Boissier nous à permis de reconnaître les formes ou états suivants chez cette race :: 40 Une f. brevicalyx, dont le sommet des dents calicinales n’atteint. à l’anthèse, que les deux-tiers ou les trois-quarts du tube de là corolle (fig. 4 c). 304 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) 2, Une f. longicalyx dont les dents calicinales atteignent, à l’anthèse, le sommet du tube corollin (fig. 5 €). 3. Différentes formes établissant la transition entre les deux précé- dentes. 4. Une tendance aux deux formes respectives «latiloba» (fig. 1 et 4 D) et cangustiloba » (ig. 9 L). 5. Un état caulescent assez accusé et plus fréquent que chez les individus de la variété commune. 6° Dolichostylie et brachystylie individuelles chez toutes ces formes. Ces manifestations de polymorphisme, gravitant autour d’une cons- tante aussi saillante que celle qui résulte de la forme et de la serrature des lobes corollins, indiquent à notre sens une race autonome présen- tant tous les degrés de parallélisme offerts par la var. grandiflora du Primula acaulis ; nous avons proposé le nom de Primula acaulis var. truncata pour désigner provisoirement cette plante qui nous parail mériter toute l'attention des phylogénistes, comme c’est le cas d’ailleurs pour bon nombre d’autres espèces chez le genre Primula. Qu'il nous soit permis, à cette occasion, de faire part de quelques observations ayant pour but d'orienter les recherches qui pourraient être entreprises sur lorigine de cette forme; nous grouperons ces observations en deux catégories distinctes concernant : 1° l’édaphisme et la phénologie ; 2 les affinités morphologiques. 1° Edaphisme et Phénologie. — La localité, nous lPavons vu, com- porte les stations suivantes : «) le gazon ensoleillé d'un verger plus ou moins moussu à faible déclivité orientée au levant; b) l’humus de quelques bosquets de feuillus /Corylus, Acer, Carpinus, Sambucus) faiblement mélangés de Buis ou de Conifères {Taxus, Pinsapo et Thuya) orientés au septentrion; €) lhumus plus ou moins gazonné d’un bosquet de lilas et de coudriers, orienté au midi; d) le terreau d’un parterre de rhododendron, orienté au septentrion. L'état du verger et des bosquets mixtes est antérieur à l'année 18851; celui du parterre de rhododendron date de l’année 1889, avec remaniements périodi- ques du terrain de dix en dix ans approximativement ; enfin le bosquet de lilas n’a pas subi de modifications depuis l’année 1885. Avant cette date, les stations où ces observations ont été faites se répartissaient . entre deux villas distinctes dont l’une comme l’autre entretenaient des parterres de plantes d'ornement d’entre lesquelles très vraisem- blablement des Primevères horticoles : à l'appui de cette hypothese, 1 Date de l'acquisition des parcelles pour y transférer l’'Herbier Boiïssier. (4) G. BEAUVERD. PRIMULA VULGARIS HUDS. 300 il suffit de citer les Primula vulgaris à corolles plus ou moins rosées où blanches qui s'y rencontrent encore à l’état subspontané. — Dans toutes ces stations, l’anthèse s'effectue à une époque plus tardive que celle des variétes concomitantes. ‘ T4 1 à » : Primula vulgaris Huds. : 1 : corolle de la var. truncata f. latiloba vue de face ; 2 : corolle de la var. genuina f. latiloba, vue de face; 3 : corolle de la var. genuina Î. angustiloba : 4 : coupe longitudinale d’une fleur de la var. truncata Ÿ. latiloba brevicalyx; 5 : coupe longitudinale d'une fleur de la var. truncata Î. latiloba longicalyx.— 6: Primula Delavayi Franchet, coupe longitu- dinale. — 7 : Primula vinciflora KFranchet, à corolle hexamère, selon types conservés à l’Herbier Boissier (la figure de Pax et Knuth représente un type pentamère que nous n'avons pas vu). 20 Affinités. — Tandis que toutes les primevères indigènes ainsi que les diverses variétés horticoles du Primula vulgaris que nous avons observées aux Jordils se rapportent au type à lobes corollins de forme franchement obcordée (cf. fig. 2 et 3), nous constatons que le caractère essentiel de cette nouvelle variété réside dans la forme nettement del- toïde des lobes, dont la marge extérieure, tronquée où faiblement 360 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (9) rétuse, présente de quatre à six dents irrégulières plus ou moins accusées (fig. 1, 4 et5). Cette différence essentielle pose un problème d'origine que nous formulerons comme suit : «Existe-t-il dans la nature, à l'état spontané, des représentants du genre Primula dont l'une des constantes spécifiques se rapporte à une forme de corolle analogue à celle de la var. fruncata; et si oui, quelles seraient les affinités de telles espèces vis-à2vis du Primula acaulis auquel se ratta- che notre variété? » : Pour répondre au premier point, nous avons consulté : 1 les collec- tions de primevères vivantes tant dans les jardins botaniques que dans les parterres horticoles! et 2 les collections d’herbiers. Pour compléter cette documentation, nous avons parcouru la littérature horticole illustrée, sans prétendre avoir épuisé un sujet qui, dès le premier abord, nous a paru bien déconcertant par sa grande diffusion. Voici à quels résultats nous à conduit cette enquête : 1° Les collections horticoles de Primevères ornementales com- prennent de nombreuses variétés dont les corolles sont susceptibles d'offrir des lobes tronqués-dentelés, du type de notre var. #uncata?. 20 Ces variétés sont réparties entre plusieurs espèces affectant des sec- tions différentes du genre Primula (voir leur énumération sous 8° et 4). )0 Les métis entre diverses variétés d’une même race et d’innom- brables hybrides entre variétés d'espèces différentes appartenant soit à une même section donnée, soit à deux sections distinctes, paraissent favoriser les formes à corolles de notre type #uncata. 40 Ce caractère héréditaire du type tronqué-dentelé est tout parti- culièrement marqué chez un hybride fixé et fertile de la section Vernales Pax, le XPrimula polyantha Miller, provenant d’un croisement entre deux variétés à corolles pourprées des Primula officinalis X Pri- mula elatior (— «Goldlaced primrose» des Anglais) : il se présente à un moindre degré chez un «Primula Harbingii» Mort. (?) qui était cultivé à l'Alpineum Boissier (Valeyres, Vaud) et dont un exemplaire conservé à l’Herbier Barbey-Boissier, récolté le 9 mars 1898, par IL. VAN DEDEM, nous paraît être un hybride, sinon une race horticole à grandes corolles jaunâtres du Prémulia elialior ; nous n’avons mal- heureusement rien pu trouver concernant la bibliographie de cette plante qui à disparu des cultures de Valeyres. : A citer en particulier les belles collections du Jardin botanique de Genève, celles de M. Henry CorrEvON, à Floraire et celles de M. H. van DEDEM, à Châte- laine, près Genève. ? Voir notamment l'exposé des travaux de BATEsOoN < Mendelism», in CHODAT, Principes de botanique, éä. IT, p. 778, planche I. (6) G. BEAUVERD. PRIMULA VULGARIS HUDS. 307 5° Chez les échantillons d’herbier provenant des stations d’origine, les corolles du type normalement tronqué-dentelé ne se rencontrent pas à l’état spontané pour les espèces de notre flore indigène ou n'apparaissent qu'accidentellement dans les stations voisines de par- terres cultivés où parfois dans les jardins botaniques (par exemple, le Primula leucophylla Var. Ruprechtii Pax, figuré dans la Monographie de Pax et KNUTH, à la page 52, fig. 23 a : la plante dessinée en 1905 était cultivée dès 1896 au jardin botanique de Breslau; cf. I. c. page 53, ge alinéa !). 60 La littérature horticole illustrée confirme à l'évidence les consta- tations ci-dessus, en démontrant que les grandes corolles à pétales rétus-surlobés ou ondulés-frangés sont tout particulièrement appréciées par les horticulteurs pour objet de sélection. A ce sujet, la planche illustrant l’article que G. LEGROS à publié sur le « Primula cortusoides amæna », à la page 300 de la 64e année de la Revue Horticole (N° 43, Paris, Le juillet 1892) donne avec l'échantillon du centre un exemple typique du degré de dentelure que peuvent atteindre les lobes de la corolle ; il convient, à titre de commentaire, de reprendre le texte suivant relatif à cette plante (1. c. pages 300 et 301) : «On sait que le € Primula cortusoides type, introduit depuis 1794, est originaire de la «Sibérie et des monts Ourals, mais il aurait aussi été trouvé par quel- «ques explorateurs à Nipon (Japon), notamment par THUNBERG qui «ajoute : «Cultivé dans les jardins ». Peut-être, comme le dit HOOKER, «la plante y aurait-elle été introduite de Sibérie par les Japonais qui «sont grands amateurs de fleurs et les cultivent avec beaucoup de «soins; quoi qu'il en soit, ce qu'a introduit SIEBOLD serait au moins une plante déjà améliorée par eux et ce qui semblerait le confirmer, « c’est qu’en examinant les planches publiées peu après son introduc- «tion, on ne remarque pas qu'il y ait des différences de dimensions «bien sensibles avec les fleurs d'aujourd'hui. Les coloris sont cepen- «dant devenus beaucoup plus nombreux et, chez cerlaines plantes, il «s'est produit dans les pétales des découpures bien plus profondes, ainsi «que le montre notre planche qui ne comprend cependant que quel- «ques-unes des nombreuses formes dont nous avons parlé...». — La phrase que nous soulignons nous paraît tout particulièrement digne d’être retenue à l'appui de notre thèse. 7e L'existence assez fréquente de pétales plus où moins frangés (mais non tronqués) chez le Primula minima des Alpes orientales constitue l’un des rares exemples de la flore européenne où ce cas se présente 308 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (7) à l’état spontané ; en outre, il est tout à fait digne de remarque que les hybrides chez lesquels cette espèce figure à titre de parent (par exemple : X Primula Flærkeana, X Primula Portenschlagü, X Primula truncata, etc.) sont partiellement ou totalement pourvus de ce carac- tère dentelé, soit dans leurs stations spontanées, soit dans les jardins botaniques (Alpineum de Valeyres, etc.). 8° Le caractère de pétales tronqués-dentelés, mucronés où simple- ment arrondis (non cordiformes) au sommet a été observé à l'état plus ou moins accidentel chez les échantillons d'espèces suivantes conser- vés à l’Herbier Boissier et provenant de stations classiques ou plus rarement artificielles : Section I. — Sinenses Pax: Primula cortusoides L. var. nonnullæ (Sibérie occidentale) ; Primula obconica Hance (Chine et Thibet); Primula Sinensis Lindley (Chine centrale). Section VI. — Bullata Pax : Primula Davidii Franchet (Yunnan). ection VII. — Vernales Pax : X Primula Harbingii Hort. (Patria ?). ection XIV. — Nivales Pax : Primula Maximowiczii Regel (Chine centrale); Primula nivalis Pallas et var. longipes Kusnetzow (Baïkal, Altaï et Reg. pontique). S S Section XVI. — Macrocarpæ Pax : Primula Malsumuræ Petilmengin (Japon). Section XVII. — Caillianthæ Pax : Primula Calliantha Franchet (Nunnan); Primula Fedschenkoi Regel (Turkestan) et Prèmula viltala Fr. (Chine centrale). Section XVIIT, — Cordifolia Pax : Primula rotundifolia Wallich (Himalaya). Section XX. — Cankrienia (de Vries) Pax : Primula Japonica À. Grar (Japon); Primula sonchifolia Franchet (VYunnan). Section XXI. — Auricula Pax : Primula glaucescens Moretti (Alpes orientales); Primula minima L. (id.); Primula sinensis Hochst. (Abys- sinie); Primula speclabilis Trattinick (Fyrol); X Primula Flærkean« Schrad. (— minima X glutinosa); Prümula biflora Huiter (Alpes orien- tales); XX Primula Portenschlagii G. Beck (= Primula Clusiana X minima, Alpes orientales); X Primula truncata Lehm. (= Primula minima XX villosa, Alpes orientales). 90 Les mêmes caractères ont été observés à titre de constante qualitative chez les espèces suivantes représentées à l’Herbier Boissier: Section |. — Sinenses : Priümula Sieboldii E. Morren (Japon). Section IV. — Floribundæ : Primula Boveana Decne. (Arabie). (8) G. BEAUVERD. PRIMULA VULGARIS HUDS. 369 Section V. — Petiolares : Primula peliolaris Wallich (Him: ilaya). Section IX. — Soldanelloideæ : Primula uriflora Klatt (Himalaya) el Primula Wattii King (Himalaya). Section XV. — Omphalogramma Franchet: Primula Delavayi Fran- chet (Yunnan); Primula Elwesiana King (Sikkim); Primula vinciflora Franchet (Yunnan). Section XVIT. — Callianthæ: Primula amethystina Franche (Yunnan). Section XX. — Cankrienia : Prémula serratifolia Kranchet (Yunnan). 10° Il résulte des deux constatations précédentes que, à l'exception des Primula glaucescens et Primula minima pour les stations spontanées européennes de la Section Awricula et le «x Primula Harbingüi » comme représentant de stations artificielles de la Section Vernales, ce sont les sections appartenant aux aires asiatiques et plus spécialement chinoises, qui offrent le plus d’analogie avec le cas qui nous occupe : avec le Primula Franchetii Pax, que nous ne connaissons que par la description de Franchet (sous le nom d’Omphalogramma Souliei Fr.), il se trouve même que la Section Omphalogramma est exclusivement composée d'espèces à corolles du type de notre variété fruncata (voir notre vignette, fig. 6 et 7). En consultant la page 109 de la monographie des Primulacées de Pax et KNUTH, qui donne l'aspect des Primula vinciflora Fr. et « Primula Elwesiana King », l’on peut se faire une idée exacte de la forme de corclle de notre plante en disant qu’elle allie au pourtour lobaire du Primula vinciflora la serrature des pétales du Primula Elwesiana. La vue des spécimens de cette section Omphalogramma, malgré tous les efforts auxquels on peut tendre pour éviter de juger sur des @ priori, évoque avec force l'idéal d’un type archaïque du genre Primula et cela à un degré auquel ne sauraient prétendre les autres sections de Prime- vères asiatiques, si riches en aspects d’une étrange beauté. Or, en tenant compte d’une part des mérites ornementaux qui ont fait du venre Primula une plante de choix pour les recherches horticoles, d'autre part en retenant le fait que l’hétérostylie favorise au plus haut point la fécondation croisée chez ce genre, enfin en constatant lappa- rition spontanée tant d’hybrides fixés (cf. supra 4°) que de formes à pétales crénelés chez des exemplaires de jardins où pourraient exister des espèces normalement pourvues de tels pétales (ef. supra 9° el 7°), l’on serait tenté d'admettre, à titre d’hypothèse susceptible d'orienter de futures expériences, une conclusion toute provisoire que nous formulerons comme suit : «La pollination croisée chez les Premula esl BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 7-8-9, parus le 30 mars 1918. 2 310 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (9) susceptible de provoquer lapparition atavique de formes à pétales crénelés, rappel d’un type ancestral apte à se fixer chez certaines variétés ou certains cas présumés de dissociation d’hybride ». Il appartient aux stations de phytobiologie alpine de nous renseigner sur le bien fondé de cette hypothèse. 20 Primula vulgaris Var. calva Beauverd var. nov. — Folia complanata vix obscure rugulosa, utrinque glabra (sub. lente parce puberula sed non molliter villosa), margine integra vel laxe denticulata (non undulata); pedicelli cal veisque glabri vel + puberuli, nunquam pilosi ; corolla læte lutea ; cætera ut in var. genuina, sed anthesis serior. Hab. — ASIA MINOR : in collibus Tasshandagh prope Merzifoun (Turcia asiatica), 1000-1400 m. alt., V. 1907, leg. J. J. Manissadjian (Plantæ orientales N° 51 in Herb. Barbey-Boissier : cum var. genuina mixta !) ; Paphlagonia : Tossia (distr. Castambuli), Giaurdagh, subalpinis, 17, V. 1899, leg. P. Sintenis (Iter orientale 1892, N° 5978 in Herb. Barbey-Boissier D) ; cirea Amassian (Furcia asiatica) solo calcareo, leg. Manissadjian (PI. Orientales 1891-92, N° 306 in Herb. Barbey-Boissier !). Au cours des recherches destinées à nous documenter sur la précédente question, notre attention a été attirée par une annotation du regretté J. VETTER accompagnant deux échantillons des «Plantæ Orientales J.J. Manissadjian cirea Merzifoun (Turcia asiatica) collectæ » anno 1907, N° 51 : à côté du binôme spécifique Primula vulgaris Huds., notre collaborateur avait inscrit en marge : «Primula acaulis foliis glabris». Il s'agissait en effet d’une plante très remarquable par ses feuilles, ses pédicelles et ses calices d'aspect absolument glabre et sur lesquels le concours de la loupe binoculaire, au grossissement de X 32, permettait seul de découvrir de petits trichomes épars, bicellulaires, à cellule apicale plus ou moins fortement capitée. Ce trichome capilé existe en réalité chez le type du Primula vulgaris où il est même plus abondamment représenté que chez les exemplaires de Manissadjian ; mais il y est toujours accompagné de longs poils articulés qui figurent au moins le long des nervures et des marges foliaires, ainsi que sur les côtes du calice et tout autour du pédicelle ; or, ces poils articulés font totalement défaut chez la plante de Merzifoun, qui possède, en outre, (10) G. BEAUVERD. PRIMULA VULGARIS HUDS. 911 des feuilles à pourtour entier et non ondulé-denticulé comme le cas se présente chez le type Primula vulgaris. En examinant attentivement les collections mises à notre disposition, nous avons eu lPoccasion de constater que cette forme se retrouvait, plus où moins mélangée au type avec lequel elle paraît présenter parfois des cas de métissage, dans les stations dont nous avons donné la liste à la suite de la diagnose ci-dessus destinée à fixer l'attention sur cette nouvelle manifestation du polymorphisme de notre Primevère commune. En tenant compte, après examen attentif des divers échantillons . dherbier, de la var. ypoleuca Halacsy notée mais non admise explici- tement par Pax et KNuTH dans leur monographie (ef. 55), le Primula vulgaris Huds. compterait actuellement six variétés distinctes suscep- tibles de se présenter, soit sous une forme acaulis L., soit sous une forme caulescens Koch, 1837 (— forma wmbellifera Beck, 1893) et de donner naissance, soit à des métis, soit à des hybrides ; leur synonymie doit être établie comme suit: 1° Prinula vulgaris Var. 4 genuina Beauverd, comb. nov. — Pri- mula acaulis Var. & genuina Pax in ENGLER’S Bot. Jahrb., X 1880, 180; Primula acaulis Var. parviflora et var. grandiflora CG. Koch in Linnæa, XXIIT 11850, 618. — Area : Europa media et medilerranea ; Asia minor; Caucasus ; Persia. 20 Primula vulgaris Var. $ balearica \Willkonmm, /nd. pl. Baleur. in Linnæa, XL [1876 , 19 et Austr. fl. Hispan., | [1881-85 , 52, (ab. XXXV ; — Primula acaulis var. balearica Pax in ENGLER’S Pot. dahrb., X |1889], 181; Pax et Knuth in ENGLER’S Pflanzenreich, XXI, Primu- laceæ 119051, 55. — Area : Insula balearica. 30 Primula vulgaris var. rubra Sibthorp et Smith, XL. græca, I 11813 |, 70, tab. 184; Primula amæna Var. acaulis M. B.. F1. taur. cauc., L 11808, 138; Primula amæna var. Sibthorpii G. Koch in Linnæa, AVI 11843], 307; Primula acaulis ar. iberica G. F. Hoffmann, Horlus Mos- quensis | 1808], n° 2594 (teste Pax et KNUrH, Primulaceæ 11905, 96); Primula acaulis var. Siblhorpii Pax in ENGLER’S Pot. Jahrb., X 1889, 181; Primula acaulis var. rosea Boissier, ÆL or., IV 1879), 24; Pri- mula acaulis var. colorata Ljungstrüm in Bol. Centralbl., XAAV 188 , ! 184; Primula grandiflora Î. purpureo Duby in DC. Prodr., VIN ISLE, 312 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (11) 37; Primula acaulis Var. rubra Pax et Knuth in ENGLER’S Pflanzenreich, XX, Primulaceæ [1905], 55. — Area : Europa mediterranea orientalis; Tauria ; Caucasus ; Transcaucasia ; Persia borealis. 4° Primula vulgaris Var. à hypoleuca Beauverd, comb. nov. — Primula acaulis var. hypoleuca Halacsy, Conspectus fl. græcæ, I |1904), 6. — Area : Græcia et Asia Minor mediterranea. Var. e calva Beauverd : vide supra, p. 370. Var. € truncata Beauverd : vide supra, p. 362. Etude de quelques gonidies de lichens PAR A. LETELLIER CHAPITRE PREMIER La théorie de Schwendener Le groupe des lichens est assurément un des plus curieux du règne végétal; les problèmes qui S'y rattachent sont d’un grand intérêt biologique et ne se retrouvent sous cette forme nulle part ailleurs. Cependant, on connaît encore très mal ces curieuses plantes, car leur étude est difficile. Ce sont surtout des problèmes physiologiques qu’on se pose à leur sujet aujourd’hui et tout l'intérêt qu’ils présentent ressortira dune brève revue des faits principaux de l’histoire récente de la lichénologie. On sait comment une série de travaux, vers le milieu du siècle dernier, vint complètement changer l’idée première et naturelle que les lichens étaient des plantes comparables aux autres et formaient un groupe de même valeur que celui des mousses ou des hépatiques par exemple. La ressemblance, à bien des points de vue, entre les lichens et les champignons, d’une part, et celle entre les gonidies, comme on appelait les organes verts ou bleus des lichens, et certaines algues, d'autre part, avait déjà frappé bon nombre de botanistes. On expliquait ordinairement la ressemblance entre les gonidies et les algues vertes ou bleues en disant que ces dernières n'étaient que des gonidies, c’est- à-dire des organes des lichens sortis du thalle et destinés à le repro- 1 Ce travail a été fait au laboratoire de microbiologie de l'Université de Genève. Je prie Monsieur le professeur Chodat, qui m'a constamment dirigé et encouragé au cours de mes recherches, d’agréer l'expression de ma gratitude et de mon dévouement. Je me fais aussi un devoir de remercier Monsieur C. de Candolle qui n’a permis de travailler dans sa riche bibliothèque et Monsieur le professeur Lendner pour tous les renseisnements qu'il a bien voulu me donner. 914 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) duire. En 1869, SCHWENDENER! reconnut, au contraire, que ce qu'on appelait gonidies était en réalité de vraies algues, des êtres autonomes etil émit alors la théorie de la nature double des lichens; on ne saurait mieux faire pour bien exposer cette idée, étrange au premier abord, que de citer l’exposé imagé de SCHWENDENER lui-même. « D’après mes recherches, dit-il, les lichens ne sont pas des plantes simples, pas des individus dans le sens ordinaire du mot; ce sont plutôt des colonies formées de centaines et de milliers d'individus, dont un seul est le maître, tandis que les autres, éternels captifs, apprètent la nourriture pour lui et pour eux-mêmes. Le maître est un champignon de la classe des Ascomycètes, un parasite habitué à vivre du travail des autres; ses esclaves sont des algues vertes qu’il a recherchées lui-même ou au moins retenues et forcées à se mettre à son service. Il les entoure, comme une araignée entoure sa proie, d’un étroit réseau de fibres qui se transforme peu à peu en une enveloppe impénétrable. Mais, tandis que laraignée suce le sang de sa victime et labandonne morte, le champignon excite les algues, prises dans son réseau, à une plus grande activité et même à une multiplication plus intense et rend possible ainsi une croissance vigoureuse et un bon développement pour toute la colonie. Ce champignon à algues, si on peut l'appeler ainsi, ne présente pas seulement un contraste frappant avec la sangui- naire araignée, mais, de la même manière, avec le champignon de la vigne et de la pomme de terre, ainsi qu'avec tous les autres champi- onons qui vivent dans des organismes vivants et qui Luent, en lutte inégale, la plante ou l'animal hospitalier. Seulement le contraste n’est pas toujours aussi réjouissant qu'il pourrait sembler au premier abord; car les algues, maintenues en esclavage comme il a été dit, sont transformées après des générations à tel point qu’on ne puisse Îles reconnaître; elles restent vivantes et vigoureuses, mais leur taille diminue souvent beaucoup et leur forme change. » Les belles recherches de BorNEr?, en 1873, vinrent grandement fortifier cette théorie de SCHWENDENER. BORNET tâcha surtout de démontrer que les rapports anatomiques entre hyphes et gonidies étaient tels que l’exigeait la théorie nouvelle et que dans aucun cas les sonidies n'étaient de vrais organes de lichens, c’est-à-dire produites par les hyphes comme on le croyait auparavant. Il dit que toutes les goni- 1 SCHWENDENER. Die Algentypen der Flechtengonidien, Bâle (1869). 2 BorNer. Recherches sur les Gonidies des lichens. Annales des Sciences natu- relles, Botanique, 5e série, X VIE (1873). (3) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 375 dies, qui peuvent être de types fort différents, se laissent ramener à des espèces d’algues et il constate que la théorie de SCHWENDENER Qôte toute étrangeté à la coïncidence dans le même thalle de gonidies dissemblables, à la présence simultanée sur un mème individu, de gonidies contenant de la chlorophylle et de gonidies renfermant de la phycochrome, différence très importante dans les algues et sur laquelle est fondée la distinction des deux grands groupes d'algues inférieures. On comprend à la fois Pextrème ressemblance ou plutôt l'identité qui existe entre les gonidies de lichens très divers (Roccella, Lecanora, Opegrapha) et la différence profonde que présentent les gonidies de lichens dont le thalle et la fructification sont identiques (Stiela el Stic- tina, Omphalaria et Arnoldia, Opegrapha varia el Opegrapha filicina)». Enfin l’idée de SCHWENDENER put encore s'appuyer sur les expérien- ces d'analyse et de synthèse de lichens faites surtout par MôLLER? et BONNIER®. Le premier put infirmer une expérience de TULASNE* qui était un sérieux argument contre la théorie de la nature double des lichens. TULASNE ayant semé des spores du Verrucaria muralis, les avail vu germer et produire des filaments. €Après quelque temps, nous dit-il, ces filaments formaient un plexus assez serré sur lequel il se développa une couche blanchâtre de petites cellules arrondies, de quatre à six y de diamètre, intimement unies entre elles et aux filaments desquels elles procédaient, les unes vides en apparence, les autres remplies de matière plastique. Bientôt après, on vit çà et là, sur cette première assise d'utricules, apparaître des cellules remplies de matière verte et il ne fut plus permis de douter qu'un nouveau thalle du Verrucara mu- ralis était né des spores mises en expérience ; ces cellules vertes étaient en effet telles, par leur aspect, leur volume, leur agencement et leurs rapports avec les utricules placées au-dessous d'elles qu’il était impos- sible de les confondre avec des cellules de Prolococcus ou autre algue inférieure unicellulaire ; et d’ailleurs elles ne différaient aucunement des gonidies du thalle adulte du Verrucaria muralis. » M était clair que l'idée de SCHWENDENER ne pouvait s’accorder avec cette expérience qui, d’ailleurs, avait élé vérifiée par d’autres. MüLLER sema des spores 1 MücLer. Über die Kultur flechtenbildender Ascomyceten ohne Algen, Dissert. Münster in W. (1837). L 2 Bonnier. Recherches sur la synthèse des lichens. Annales des Sciences naturel- les, Botanique, Te série, IX (1889). 5 PULASNE. Mémoire pour servir à l’histoire organographique et physiologique des Lichens. Annales des Sciences naturelles, Botanique, 3° série, XVIL (1852). 3106 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) de lichens sur des milieux artificiels, il eut soin d'éviter les infections et il obtint des mycéliums sans gonidies ; ces mycéliums ne donnèrent pas d’apothécies, mais il obtint des spermogonies. Il est cependant bien regrettable que MÔLLER ne nous donne pas plus de détails techniques sur sa facon de procéder. BoNNiER décrit la synthèse de lichens en partant des deux compo- sants et ses expériences ont été considérées comme établissant défini- tivement la théorie de SCHWENDENER, quoique on puisse se demander si la pureté de culture revendiquée par BONNIER soit celle qu’on exi- serait de nos Jours. La théorie de SCHWENDENER est devenue classique, mais, malgré les preuves en sa faveur, elle ne s’est pas imposée sans difficulté. Ce furent surtout les lichénologues systématiciens qui lui firent opposition, car le groupe des lichens était de toute évidence un groupe si naturel et si bien défini qu'il leur semblait impossible d'admettre que les plantes qui le composaient ne fussent que la résultante de la vie en commun de deux êtres très différents et on comprend fort bien leurs scrupules. Le dernier ouvrage s’opposant à la théorie schwendenérienne est d’ailleurs tout récent. C’est un travail d'ELFVING À, paru en 1913. L'auteur veut prouver que, dans certains cas, il est hors de doute que les hyphes produisent les gonidies. Il nous montre les Cystococcus du Parmelia furfuracea et du Physcia pulverulenta, les Trentepohlia de lPArthonia radiata, le Sligonema de l'Ephebe pubescens, les Nostoc des céphalodies du Pellidea aphthosa et du Nephroma arcticum et ceux du thalle du Peltigera canina, produits sur ou dans des hyphes. Il attribue le fait que MôLLER n’a pas obtenu de gonidies dans ses thalles de champignon de lichens aux conditions anormales que présentent les expériences de laboratoire, ce qui aurait été également la cause que MüLLER n’a pas obtenu d’apothécies. Il semble en outre ranger les synthèses de BON- NIER parmi les expériences d’inoculation. Il résume ses recherches en disant que «les gonidies de lichens naissant comme organes du thalle peuvent vivre et se reproduire en dehors du thalle et sont alors des algues. Certaines algues descendent donc des lichens»; mais il ne pense pas que tout ce qu’on appelle Cystococcus, Nostoc, Trentepohlia, etc., dérive des lichens. Cependant les figures du mémoire d'ELFVING ne sont guère convaincantes et nous aurons l’occasion, à la fin de ce travail, de revenir sur les idées de cet auteur. 1 ELFVING. Untersuchungen über die Flechtengonidien. Acta Societatis Scientiarum Fennicæ, XLIV, no 2 (1913). CHAPITRE I Les relations entre les deux composants Les botanistes ayant admis l'idée de la vie en commun dun champi- onon et d’une algue dans les lichens se sont alors trouvés devant un nouveau problème, la question des relations entre les deux compo- sants. Quel était le lien entre ces deux êtres si disparates, leur permetl- tant de former un ensemble dont les qualités différaient à ce point de celles des composants ? La question est difficile à résoudre, comme nous pouvons le déduire du fait que les trois théories possibles à ce sujet ont trouvé des défen- seurs. On peut supposer en effet : 1° que le champignon est parasite sur Palgue ; 20 ou bien que les avantages de chacun des constituants Sont égaux : 30 ou enfin que l’algue est parasite sur le champignon ; en comprenant toujours le mot «parasitisme » dans un sens très large, à savoir qu’un des composants retire de lassociation plus avantages que l’autre. Nous allons passer en revue les arguments de quelques défenseurs de chacune de ces théories en insistant un peu sur cette controverse, parce que les différentes opinions n’ont jamais été réunies ensemble et que nos recherches ont porté sur le même objet. I. Comme nous l'avons vu plus haut, selon l'avis de SCHWENDENER, il s’agit de parasitisme du champignon sur lalgue. Les algues sont les 318 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) esclaves, le champignon le maître. SCHWENDENER n'entre pas dans le détail de ces rapports au point de vue physiologique, mais il est pro- bable que, selon sa pensée, Palgue assimilait la nourriture carbonée pour le champignon et pour elle-même, le champignon n'ayant qu’à transmettre l’eau et les sels du substratum et, ainsi, le travail de l’algue lui semblait plus considérable que celui du champignon. À un autre endroit de son mémoire, SCHWENDENER note cependant que certains champignons de lichens sont des parasites doubles, à la fois algophy- tes et épi-, endo-, où saprophytes; en d’autres termes : l’algue est incontestablement le fournisseur principal de la nourriture carbonée, mais le fait qu'il y à des lichens qui ne peuvent vivre que sur certains milieux organiques bien déterminés, montre que le substratum inter- vient également dans ces cas pour fournir laliment carboné. BornerT! adopte la manière de voir de SCHWENDENER et remarque que «la théorie du parasitisme explique l’origine des gonidies mortes qu’on trouve dans toutes les parties des lichens, au milieu de la couche corticale, ainsi que dans la profondeur de la couche médullaire ». Il a vu cependant que «dans certains cas, la végétation des algues paraît singulièrement activée par Phypha. Cest ce qu'on peut conclure du développement tout à fait insolite que prennent les colonies de G/æo- capsa, les frondes des Sligonema, ete., transformées en Omphalaria, Synalyssa, Ephebe, ete. ». FüNESTÜCk? fait ressortir l'avantage suivant que trouve le champi- oenon à s'associer avec l’algue : le champignon, dit-il, ne saurait, sans algue, produire les différents acides lichéniques qui permettent à de nombreux lichens de pénétrer dans les roches les plus dures pour y vivre. Le fait que certaines autres substances (pariétine) ne sont pro- duites par des champignons de lichens qu’en présence de lalgue à été démontré expérimentalement par TOoBLER* et FRANK{ à trouvé que chez lArthonia vulgaris la présence de la gonidie est indispensable pour la production d’apothécies par le champignon ; cette observation de FRANKk explique peut-être l’insuceès de MÔLLER sur ce point. FRANK insistant sur le fait que l'association des deux composants des lichens 1 BorNEt. (1873), 1. c., 54 et 52. 2 Fünrsrücr. In ENGLER-PRANTL : Die Natürlichen Pflanzenfamilien, I. Teil, Abt. 1* (1898), 15. ; 8 ToBrer. Das physikalische Gleichgewicht von Pilz und Alge in den Flechten. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XXVII (1909), 421. 4 KRANK. Über die biologischen Verhältnisse einiger Krustenflechten. Conn's Beiträge zur Biologie, IL (1877). (1) A. LETELLIER. QUELOUES GONIDIES DE LICITENS 9 19 aboutit, dans là plupart des cas, à une nouvelle individualité, a proposé le nom d’«komobium » pour caractériser l'association de deux êtres qui s'unissent en un seul individu et qui se rendent réciproquement des services indispensables. WARMING © se prononce également pour la théorie du parasitisme du champignon sur lalgue ; il trouve que, même si au point de vue nour- riture, l'apport est à peu près égal de chaque côté, il n’y a cependant pas réciprocité si on envisage les avantages en général. En effet, le champignon à besoin de l’algue, celle-ci, au contraire, peut et préfère vivre seule. La grandeur et l’activité de croissance des gonidies pour- raient être dues à une hypertrophie maladive. L’argument que l’algue serait protégée contre la sécheresse par le champignon serait de peu de valeur vu que ces algues supportent bien la sécheresse et que les lichens se dessèchent parfois complètement. En outre, l’algue est empêchée de se reproduire par Zoospores. Le champignon serait un parasite d’une espèce particulière, différant des parasites ordinaires parce qu'il héberge sa victime dans son corps et lui fournit une partie de sa nourriture; WARMING à nommé ce parasitisme particulier de l’« hélotisme ». BONNIER® croit aussi çà une sorte de parasitisme atténué du cham- pignon sur lPalgue, car celle-ci ne semble pas recevoir du champignon autant de services qu’elle lui en rend ». En effet, elle doit lui fournir le carbone, ce qui permet aux lichens de vivre là où les champignons ordinaires ne le pourraient faire et, par cela, elle est d’une incontes- table utilité. Il a cependant remarqué «que les algues atteintes par les hyphes s’accroissent plus et se multiplient plus vite que les algues libres »; mais, comme les gonidies sont ordinairement déformées el que leurs appareils de reproduction ne se forment pas, il compare «l'accélération de croissance produite par le contact des hyphes aux excroissances provoquées sur certaines plantes par la présence dun parasite. À un autre point de vue, il est cependant incontestable que le champignon protège l’algue contre la dessication ». En 1910, paraît un travail de DANILOW* qui défend Pidée de ce para sitisme poussé à l'extrême. Les figures nous montrent le champignon 1 NVARMING. Lehrbuch der œkologischen Pflansengeographie (902), 105. 2 BONNIER et LECLERC DU SABLON. Cours de Botanique, Paris (905), 1798. 3 DanILOW. Über das cescenseitisge Verhältniss zwischen den Gonidien und dem Pilzkomponenten in der Klechtensymbiose. Bulletin du Jardin èmp rial de botanique «le Saint-Pétersbourg, X (1910), 33. 380 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) attaquant et finalement tuant les gonidies au moyen d’un réseau de filaments suceurs. L'auteur conclut de ces observations «qu'il est im- possible d'admettre que les fonctions du champignon et de lPalgue concordent au point que les produits superflus de l’activité de lun des composants comble les lacunes de Pautre, comme lexige la théorie de la symbiose mutualiste ; les rapports sont, sans aucun doute, antago- nistes et reposent sur le parasitisme du champignon sur lPalgue ». DANILOW fait encore l’intéressant rapprochement suivant : certaines portions des filaments suceurs intracellulaires joueraient peut-être le rôle du mycoplasma d’ERIKSON'. Peut-être que les gonidies, déjà en sortant de l’algue mère et en quittant le champignon, portent dans leur protoplasma un embryon protoplasmique du champignon et qu’elles sont ainsi le berceau de leur propre parasite. Enfin TREBOUx? accepte la théorie de lhélotisme de WARMING, car, en comparant des Cystococcus gonidies à des Cystococcus libres, il trouve que les premières se reproduisent beaucoup plus lentement et présen- tent un aspect maladif, ce qui ne peut provenir que de l'action du champignon. Il. Passons maintenant à la seconde hypothèse, celle des avantages égaux des deux côtés. Déjà en 1872, REINKE* défend l’idée que les avantages des deux composants sont réciproques. Il appelle le lichen un «consortium » et il compare les rapports entre lalgue et le champignon à ceux existant entre les feuilles et les racines d’un arbre. : Cest aussi l'avis de DE BARY{ qui s'exprime ainsi : « Le champignon est l’hôtelier et la fixation au substratum lui incombe ; l’algue est l'hôte. L'hôtelier à besoin de l’hôte pour vivre, ainsi qu’il arrive souvent dans la vie. Aussi l’hôte est-il traité avec tous les soins possibles et sa crois- sance, nullement retardée, mais au contraire favorisée, suit régulière ment celle de lhôtelier ». DE BARY range les lichens parmi les cas de symbiose mutualiste. 1 ErIKSON. Voir par exemple : Über das vegetative Leben der Getreidepilze. Kungl. Svenska Vetenskap-Akademiens Handlingar, 38, n° 3 (1904). ? TreBoux. Die frei lebende Alge und die Gonidie Cystococcus humicola in Bezug auf die Flechtensymbiose. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XXX (1912), 69. # REINKE. Abhandlungen über Flechten. Pringsheim’s Jahrbücher für wissenschaft- liche Botanik, XXVI (1894). * DE BARyY. Die Erscheinung der Symbiose. Strasbourg (1879). (9) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS D ed VAN TIEGHEM? croit aussi à une association à avantages réciproques. Il suppose, entre autres rapports, que lalgue prend au champignon une partie des matières azotées et albuminoïdes qu’à l’aide des hydrates de carbone (formés par l’algue), il sait créer plus rapidement qu’elle. IT. Enfin, la troisième théorie, celle du parasitisme de l’algue sur le champignon, a surtout pu s'appuyer sur un certain nombre d’expé- riences que nous allons exposer. BELIERINCK? ne réussissant pas à cultiver le Cystococcus, gonidie du Physcia parielina, avec de l’azote nitrique ou ammoniacal additionné de sucre, mais seulement avec de l'azote peptique, suppose que la nutrition des lichens se fait ainsi : l’ascomycète est un champignon se nourrissant de l’azote ammoniacal et de sucre; ce sucre et cet azote ammoniacal produisent le protoplasma du champignon et dans celui-ci des peptones qui diffusent à l'extérieur et rendent possibles, avec l’anhydride carbonique, la croissance et la formation de sucre du Cys- lococcus humicola. Il croit que, pour les Cystococeus libres également, la peptone est une nourriture indispensable. Ces recherches furent continuées par ARTARI* qui fit d’intéressantes expériences physiologiques comparées sur certaines gonidies et des algues libres. Les résultats lui montrèrent que les premières se dis- tinguent des algues libres par leur préférence pour la peptone comme source d'azote; c'était la preuve que dans les lichens l’algue reçoit des substances peptiques du champignon. VAN TIEGHEM, BEIJERINCK et ARTARI défendent donc l’idée que l’algue dépend du champignon pour sa nourriture azotée. Mais on est allé plus loin et on à voulu la considérer comme parasite même pour le carbone. Il y a lieu, à ce propos, de rappeler les expériences de BONNIER el MANGIN+ qui ont montré que chez le Cladonia rangiferina, VEvernia prunastri, le Parmelia caperata et le Peltigera canina, Vaction chloro- phyllienne de l’algue ne compense pas la respiration de lalgue el du 1 VAN TiEGHEM. Traité de Botanique, Paris (1884, 1089. Ee 2 BELJERINCE. Kulturversuche mit Zoochlorellen, Lichenengonidien und anderen niederen Algen. Botanische Zeitung (1890). 3 ArrARrr. 1. Über die Entwicklune der grünen Algen unter Ausschluss der Be- dinsgungen der CO: Assimilation. Bulletin des Sciences naturelles, Moscou (1899). 2, Zur Frage der physiologischen Rassen einiger grünen Algen. Ber. d. deutsch. bot Ges., XX (1902), 172. ù À | ; | 3 Bonnier et MANGIN. Sur les échanges gazeux entre les lichens et l'atmos- phère. Bulletin de la Société botanique de France (1884), 118. 382 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) champignon et ces auteurs en concluent que «ce n’est pas à l’air que les lichens empruntent tout le carbone qui leur est nécessaire. Il reste à déterminer si c’est à des matières organiques attaquées par les hyphes ou à l’anhydride carbonique dissous dans l’eau que ce carbone est emprunté ». Cependant, les essais de ces deux savants m'ont pas été confirmés par d’autres expériences faites plus tard par JUMELLE‘. Cet auteur a étudié ces mêmes lichens et beaucoup d’autres et il a trouvé que «chez tous les lichens, au moins dans certaines conditions, lassi- nilation peut, à la lumière, prédominer sur la respiration. L’algue semble, par suite, suffire pour fixer dans la plante, aux dépens de l'atmosphère, le carbone nécessaire; le lichen est, sous ce rapport, indépendant du substratum. L’intensité assimilatrice varie toutefois énormément suivant l'espèce considérée. Relativement forte, en géné- ral, dans les lichens fruticuleux et foliacés, elle peut, chez la plupart des lichens crustacés, devenir si faible que le dégagement d'oxygène n'est plus observable qu’à un fort éclairement ». ToBLER? se range également parmi ceux qui admettent que l’algue recoit une partie de son carbone du champignon. De prime abord, dit- il, le saprophytisme du champignon des lichens terricoles et corticoles est chose fort probable; il rappelle, à ce propos, des observations de ÉrrriNG qui à étudié un Strigula épiphylle et montré que les deux composants de ce lichen, le champignon et la chroolépidée gonidie (Cephaleuwros mycoidea) sont parasites dans le tissu des feuilles. Gette chroolépidée est d’ailleurs parasite également à Pétat libre. ToBLeR fait ensuite valoir la mauvaise situation de l’algue dans le thalle en vue de lassimilation de l’anhydride carbonique et de la res- piration. Enfin, invoquant les expériences de TREBOUx#, qui a montré que des acides organiques peuvent servir de source de carbone à cer- taines algues vertes, il croit probable, d’après des recherches qu'il à faites, que, dans le cas du Xanthoria parietina, c’est de l’oxalate de calcium produit par le champignon qui sert de nourriture carbonée à l’aloue. 1 JUMELLE. Recherches physiologiques sur les lichens. Revue générale de botani- que, 4 (1892). : ? ToBrer. Das physikalische Gleichgewicht von Pilz und Alge in den Flechten. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XXVIT (1909), 421. # KITrING. Über die Beziehungen zwischen den epiphyllen Flechten und den von ihnen bewohnten Blättern. Annales du jardin de Buitenzorg, 3 suppl. (1910), 505. * TreBoux. Organische Säuren als Kohlenstoffquelle bei Algen. Ber. d. deutsch- bot. G'es., X XIII (1905), 432. (HI) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 383 Nous avons ainsi exposé les principaux arguments invoqués en faveur de chaque manière de voir et ils peuvent se résumer ainsi : 1. Parasilisme du champignon sur l'alque. Hélotisme a) Le champignon déforme et même tue l’algue. b) Par la symbiose, il acquiert des propriétés avantageuses (la facullé de produire des acides lichéniques, peut-être aussi de former des apothécies). c) Le champignon ne peut vivre sans l’algue; cependant, il parait qu'on a trouvé des champignons de lichens libres dans la nature! et MGôLLER a pu les cultiver sans algues. d) L’algue en symbiose ne peut se reproduire aussi abondamment qu'en liberté et elle à perdu la faculté de le faire au moyen de z00- spores. Il. Consorlium ou symbiose mutualiste a) Théoriquement, on peut comprendre qu'au point de vue nourri- ture, les services soient réciproques. b) L’algue ne souffre nullement de la présence du champignon; sou- vent même sa croissance est favorisée. e) La symbiose la protège contre la dessication (dans cerlains cas, peut-être). IH. Parasilisme de l'alque sur le champignon «) Des expériences de nutrition montrent que les gonidies sont plus parasites que les algues libres pour leur aliment azote. b) I est fort probable que les champignons de lichens vivant sur un substratum organique sont saprophytes et comme lalgue est, en outre, souvent mal placée pour assimiler lanhydride carbonique, peut-être qu’elle recoit son carbone eu partie du champignon. 1TogLer. Zur Ernährunesphysiologie der Flechten. Ber. d, deutsch. bol. Ges.. XXIX (1911). Note au bas de la page 5. 304 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (12) Nous voyons done qu'il existe des arguments en faveur de chacune des théories énumérées plus haut et que le problème est compliqué. Ajoutons qu'il le devient encore davantage si l’on tient compte des symbioses entre un champignon et deux algues telles qu’elles existent probablement dans les lichens à céphalodies ou des symbioses entre une algue et deux champignons que nous ont surtout révélées les travaux de Zopr! et de TOBLER?. Pour arriver à une solution du problème dans les lichens ordinaires, il faudrait faire des expériences comparatives avec un lichen réalisé par synthèse et ses deux composants, les trois végétaux étant en cul- ture pure sur des milieux artificiels. Malheureusement, il est très diffi- cile d'obtenir une culture absolument pure d’un champignon de lichen et, malgré de fort nombreux essais, nous n’y sommes pas encore arri- vés. La culture pure de la gonidie présente moins de difficultés et ce sont des expériences sur des gonidies en culture pure que présente ce travail. Nous avions comme but principal la comparaison de quelques sonidies de différents types au point de vue de leur nutrition azotée et carbonée avec des algues des mêmes types, mais non gonidies. Il s'agissait de voir, en reprenant les idées d’ARTARI, s’il y a, entre goni- dies et non gonidies, des différences telles qu’on en puisse déduire des renseignements sur la physiologie lichénique. Déjà CHopar * à trouvé que la plupart des algues sont plus vigoureuses si on leur fournit une nourriture organique et, si les gonidies se comportent de même, il n’y aura rien d'étonnant. Pour pouvoir tirer des conclusions sûres, il faut que les gonidies, pour l'azote et pour le carbone, se comportent différem- ment des algues semblables libres; et alors, si les gonidies assimilent plus facilement que les algues libres l’azote et le carbone sous la forme de combinaisons organiques, on est en droit d'en déduire que ces sonidies sont habituées à ce régime et sont, par conséquent, plus ou moins parasites sur le champignon qui leur fournit ces composés orga- niques ; si elles assimilent moins facilement l'azote et le carbone orga- niques que les algues libres, il est probable qu’elles doivent assimiler l’'anhydride carbonique et élaborer des albumines et alors peut-être en fournissent-elles une partie au champignon. 1 Zopr. Über Nebensymbiose (Parasymbiose). Ber. d. deutsch. bot. Ges., XV (1897), 90. ? Topcer. Zur Biologie von KFlechten und Klechtenpilzen. Jahrbücher für wiss. Bot., 49 (1911). 3 Caopar. Monographies d'algues en culture pure. Matériaux pour la flore crypto- gamique suisse, VI. fase. 2 (1913). (13) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 389 On a trouvé une dizaine de genres d'algues comme gonidies dans les lichens, mais il est utile de se rappeler que les appellations génériques el spécifiques des algologues et des lichénologues ne concordent pas toujours. Nous avons étudié un Nostoc (le Polycoccus punctiformis Ktz. des lichénologues), des Cystococcus, des Slichococcus et des Coccomyxa (le Dactylococcus infusionum des lichénologues non Næp.). Toutes nos algues étaient en culture absolument pure, c’est-à-dire sans autre organisme dans la culture ; les unes se trouvaient déjà dans la collection de l’Institut Botanique, les autres ont été triées par nous d’après la méthode suivante déjà indiquée par CHoparTt : On lave soigneusement sous l’eau courante une petite portion du thalle du lichen et on la broie dans un mortier flambé contenant de l’eau stérilisée. Puis on examine sous le microscope une goutte de ce liquide et on compte approximativement le nombre d'algues qu’elle contient. Ensuite, on introduit au moyen d’une anse de platine un certain nombre de gouttes de ce liquide (selon la concentration) dans la première d’une série de quinze ou vingt éprouvettes contenant la première dix, les suivantes chacune cinq centimètres cubes d’eau stérile. On dilue de moitié le contenu de la première éprouvette en versant cinq centimètres cubes de son liquide dans la seconde, puis on dilue au quart, en versant cinq centimètres cubes du liquide de la seconde dans la troisième et ainsi de suite, de facon à ne plus avoir dans la dernière éprouvette qu'une algue par goutte d’eau, ce qu’on peut supposer d’après la concentration première et le nombre de dilu- tions. Pendant ce temps, on a rendu liquide à l’autoclave des milieux nutritifs de Detmer au tiers ayant la composition suivante : PAS NN de RMS RTE en NE 1000 CANON ee A) NN Um nu ere 0,33 (RO SR Re ere PONT ERA E n 0,08 Me SO nee A Near Rene etre 0,08 LACET TD LORS PR RTE Ro RS PE AT EE Re PS 0,08 ON SP SA PE Le A AA ON traces INR PE RAR ne AE 15 et contenus dans des vases d’Erlenmeyer de cent centimétres cubes. On laisse refroidir ces milieux jusqu'à une température un peu supé- 1 CHopar. (1913), 1. c., 193. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 7-8-9, parus le 30 mars F9IS. 3 9380 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (14) rieure au point de solidification de l’agar el puis on les ensemence, en prélevant, au moyen de l’anse de platine, une ou deux gouttes des dernières éprouvettes. Sur ces milieux peuvent apparaître bientôt des Penicillium, des levures, des Mucorinées, des Fungi imperfecti, des bactéries, etc., plus tard, des colonies d’algues épiphytes et les gonidies. On peut admettre que ces colonies d'algues proviennent chacune d’un seul individu. Les oonidies formeront ordinairement un plus grand nombre de colonies que les algues épiphytes. Si une colonie est bien isolée, on peut la prendre et un repiquage sur milieu sucré montrera si elle est bien libre d’autres organismes. Si ce n’est pas le cas, il faudra procéder à un second triage par dilution. La mise en culture pure d’une gonidie dure au moins deux mois, généralement plus longtemps. CHAPITRE TI PARTIE EXPÉRIMENTALE Nostoc Peltigeræ Letellier N° 169 de la collection Les Cyanophycées sont très souvent gonidies de lichens. On trouve, d’après ZAHLBRUCKNER ', des Nostocacées chez certaines Pyrénidiacées, Collémacées, Pannariacées, Peltigéracées et Stictacées. Nous avons isolé d’un Pelligera (Soit Pelligera canina, soit Pelligera horisontalis, la détermination spécifique de lPéchantillon à été malheu- reusement perdue), le Nostoce qui en est la gonidie. Il semble d’ailleurs que la détermination spécifique ait peu d'importance, car les spores des champignons des deux espèces s’y cramponnent en germant, quand on ensemence spores et Nostoc sur des plaquettes de ROGOEUNER dégour- die qui trempent dans un liquide nutritif. Il est difficile d’obtenir une culture pure de Cyanophycées el on? conseille ordinairement l'emploi de plaques de porcelaine dégourdie ou de milieux à silice pour faciliter le triage. Nous avons cependant réussi à obtenir ce Nostoc en culture absolument pure sur des milieux de Detmer au tiers sans sucre agarisés et simplement en repiquant à plusieurs reprises des extrémités en pleine croissance. 1 ZAHLERUCKNER. In ENGLER-PRANTL : Die Natürlichen Pflanzenfamilien, 1. Teil Abt. 1* (1898). 2 CHopar et GozprLuss. Note sur la culture des Cyanophycées. Bulletin de V'Her- bier Boissier, V, n° 11 (1897) 308 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (16) Assimilation azotée Nous avons d’abord étudié lassimilation azotée de notre algue. PRINGSHEIM 1 à déjà fait de nombreuses expériences avec un Nostoc et trouvé que la nourriture azotée organique ne convient guère à ces Cyanophycées. Nous avons pu confirmer ses vues; en effet, si on rem- place par de la peptone le nitrate de calcium qui se trouve dans le milieu de Detmer sucré, on constate que le Nostoc meurt dès que la concentration de peptone dépasse 0,1 °/o à la lumière comme à l’obseu- rité. Même de l’azote en combinaison organique plus simple, tel que le glycocolle, ne peut servir; lalgue pâlit et meurt sur un tel milieu. De même le Nostoc ne peut vivre sur un milieu de Detmer au tiers sucré et solidifié par de la gélatine, ni à la lumière, ni à Pobseurité. Il liquéfie fortement la gélatine; les cellules deviennent petites, jaunâtres et se désagrègent ; la cyanophycine en sort et teinte en violet la gélatine liquéfiée. Tous ces phénomènes sont plus marqués à lobseu- rité qu'à la lumière, PRINGSHEIM nous dit que son Nosfoc vit longtemps sur gélatine sans croître, il ne parle pas de liquéfaction. Ajoutons que l'azote ammoniacal a la même valeur que Pazote nitrique. Assimilalion carbonée Les expériences entreprises pour étudier lassimilation carbonée de notre Nostoc nous ont donné des résultats intéressants et fort inattendus. En général, les Cyanophycées ne peuvent guère se servir de sucre comme source de carbone. BouILHAC? à observé qu’une dose de glucose supérieure à 1 °/o faisait périr un Nostoc puncliforme qu'il étudiait. PRINGSHEIM, à propos de ses expériences déjà citées, dit, en parlant des monoses comme source de carbone, que le Nostoe ne profite guère de ces sucres ; seuls le galactose et l’arabinose en faible concentration (0,05 ; 0,1 ; 0,210) ont un effet favorable, effet qui ne se fait sentir qu'après un temps assez long. Quant aux bioses et aux polyoses, il trouve que seulement le saccharose, le maltose, la dextrine et le glyco- 1 PRINGSHEIM. Kulturversuche mit chlorophyllführenden Microorganismen, III. Mitteilung. Zur Physiologie den Schizophyceen. Cohn’s Beitr. 2. Biologie, 12 (1914), 57% 2 BouILHAC. Recherches sur la végétation de quelques algues d’eau douce. Thèse, Paris (1898). (AT) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 389 sene, à des concentrations de 0,02 à 0,05 °/o, accélèrent faiblement après un certain temps la lente croissance du Nostoc. PRINGSHEIM se servail de cultures liquides. CHODAT a également trouvé qu'une Oscillatoriée (Oscillatoria amphibia) qu'il a en culture pure, ne se développait pas sur les milieux sucrés. Nos expériences avec le Nostoc Pelligeræ ont donné des résultats tout autres. Cultivé d’abord comparativement sur un milieu de Detmer au tiers agarisé sans sucre et, sur le même milieu avee 200/0 de glucose (miel), la quantité d'algues sur le milieu sans sucre était, après deux mois, beaucoup moins considérable que sur le milieu sucré (planche, fig. À et B). La grandeur et l’aspect des cellules, examinées au micro- scope, sont différents sur les deux milieux ; sans sucre, les cellules ont en moyenne 3 à 4 y de longueur (planche, fig. € et D) et leur couleur est bleuâtre; avec sucre, leur longueur est de 5 y en moyenne, leur couleur plus jaune-vert et on voit souvent, dans ce cas, des granulations brillantes à l’intérieur des cellules. En général, la gaine est peu développée quand les cellules sont bien portantes. Dans le thalle du lichen les cellules ontune longueur moyenne de 5 w. En étudiant l'influence de différents sucres à différentes concentra- tions, nous avons trouvé, après deux mois, que leur valeur était la suivante en ordre décroissant : DUCOSE RE A ne ce 2 0/0 DUCOSB EEE NC lu eme 1 0/0 MANS ER nd PINS en ec } 0/0 SACCHAROSC AE RE AE died 19/0 DATAGIOSO à A de CDR freine 1 2/0 MATOS Ge im ei erreur 2 0/0 SACCNARO SC en en M NP Male Le 2 0/0 DNACTOS On M OR EN ec Ce 22076 Ce n’est guère que dans les deux derniers cas où le développement n’est pas favorisé par le sucre. Après cinq mois cet ordre change et nous avons constaté que : Sur maltose 1 °/o et saccharose 1 °/o, la couleur est normale et la croissance très vigoureuse. Sur glucose 1 °/o, la croissance est arrêtée et la couleur jaunit. Sur galactose 1 0/0, la décoloration croit. Sur glucose 2/0, maltose 20/0, saccharose 2°/0 et galactose 2 °/0, la décoloration est complète. 390 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (18) Il en résulte qu’au moins pendant deux à trois mois, le Nos/oc Pelligeræ non seulement supporte, mais profite de quantités de monoses et de bioses beaucoup plus fortes que celles que supportent les Cyanophycées en général. Ajoutons que, même après six à sept mois, les sucres plutôt difficilement assimilables en faible concentration (maltose 1 °/o, saccharose 1 /o), entretiennent une croissance bien plus active que dans le cas où l’algue est réduite à lassimilation de Panhy- dride carbonique seul. Ce sont les plus vigoureuses cultures que nous ayons jamais obtenues. Le pouvoir de croître à Pobseurité dépend évidemment de la facilité avec laquelle une algue supporte le sucre. BouILHAC à pu cultiver son Nostoc à l'abri de toute lumière, mais il trouve qu'une température de 300 est indispensable dans ce cas. PRINGSHEIM n’a pas réussi à cultiver son espèce à Pobscurité complète. Nous avons essayé de cultiver notre Nos/oc-gonidie à l’obscurité, sur un milieu sucré, à la température ordinaire et avons constaté que la croissance y est beaucoup plus lente qu'à la lumière; mais, qu'après cinq mois, la colonie couvre presque toute la surface du milieu de culture. Examinées au microscope, les cellules sont de grandeur et de couleur normales, leur gaine est cependant fortement développée. Nous avons encore essayé de cultiver cette algue dans un milieu liquide. Le Nostoc y forme d’abord un voile vert, mais supporte mal ce milieu. Après quelques mois, le voile cesse de croître et blanchit; la cyanophycine, sortie des cellules mortes, donne alors une magnifique couleur bleue à fluorescence rouge au liquide. Ces expériences de nutrition nous ont donc appris que la nourriture azotée doit être présentée au Nos{oc sous une forme inorganique comme aux autres Cyanophycées étudiées à ce point de vue. Cependant, le fait “qu’il possède des ferments protéolytiques lui permettant de liquéfier la gélatine, indique une tendance parasitique et, par sa préférence pour la nourriture sucrée, le Nostoc Peltigeræ se montre franchement plus parasite que les autres algues bleues pour le carbone. Influence de différentes radiations lumineuses Pour terminer l'étude de cette Cyanophyeée, nous voudrions encore mentionner quelques expériences entreprises au sujet d’une question posée par GAIDUKOW : l’influence de différentes radiations lumineuses (19) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 391 sur la coloration des Cyanophycées. GAIDUKOW !, comme résultat de ses expériences sur des Oscillariées, avait formulé la loi de «Padaptation chromatique complémentaire », c’est-à-dire qu’une lumière donnée fait prendre à ces algues une couleur complémentaire et cela parfois après deux semaines déjà. Ce changement permet à l’algue de se servir comme source d'énergie de radiations lumineuses très différentes et l’utitilité de cette adaplion est évidente. MAGNUS et SCHINDLER ?, ayant repris la question, n’ont pas constaté cette adaptation chromatique complémentaire. [ls ont vu, par contre, que les radiations rouges sont plus avantageuses que les radiations bleues. De plus, ils attribuent à un manque d'azote du milieu nutritif, le changement de couleur, en particulier lapparition de la couleur jaune qui se produit souvent et indépendamment d’une variation de la lumière incidente. Selon ces auteurs, les cellules, en devenant jaunes, assimilent moins l’anhydride carbonique et il y a moins grand déséqui- libre entre la quantité de carbone et d’azote à lear disposition. CHopar et LAcowskAŸ ont également fait des expériences dans ce sens avec des cultures pures d’Oscillaloria amphibia et les résultats ont été négatifs. PRINGSHEIM, dans ses expériences sur les Cyanophycées, n’a pas non plus pu observer une adaptation chromatique complémentaire. Il était intéressant de voir comment se comporterait notre Nos/oc vis-à-vis de différentes radiations, d’une part, en le cultivant sans sucre, c’est-à-dire en le forçant d’assimiler l’anhydride carbonique et de changer peut-être de couleur pour trouver l'énergie nécessaire à lassi- milation:; d'autre part, en le cultivant sur sucre, dans quel cas aucun changement ne devait se produire. Les essais et les résultats furent les suivants : I. Sous une cloche de Senebier à bichromale de potassium a) Culture sur milieu de Detmer au Liers agarisé sans sucre : déve- loppement assez bon, couleur normale. b) Sur le même milieu avec sucre: développement nul, la colonie pali£. 1 GArpuKow. Über den Einfluss farbigen Lichtes auf die Färbung der Oscilla- rien. Scripta botanica horti Universit. petropolitanæ, XXII (1903) et Weitere l nter- suchungen über den Einfluss farbigen Lichtes auf die Färbune der Oscillarien. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XXI (1903). DAME 2 MAGNus et SCHINDLER. Über den Einfluss der Nährsalze auf die Färbung der Oscillarien. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XXX (1912), , 8 CHopar ét Lacowsxa. Les Piements des Végétaux. Archives des Sciences phy- siques et naturelles. XXXIV (1912). 392 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20) Il. Sous une cloche de Senebier à sulfate de cuivre ammoniacal a) Culture sur milieu de Detmer au tiers agarisé sans sucre! développement nul, la couleur pâlit. b) Sur le même milieu avec sucre: développement très faible; la couleur pâlit. IF. Nous avons en outre cultivé le Nostoc sur des milieux sucrés dans des flacons d’Erlenmeyer enduits à l'extérieur d’une couche de gélatine colorée. a) Si la couleur est très faible (rose ou bleu pâle), la grandeur et la couleur des colonies est à peu près la même que dans un Erlenmeyer témoin incolore; cependant les cellules dans l’Erlenmeyer rose sont moins régulières et leur gaine est plus développée que dans PErlenmeyer bleu pâle. b) Si la couleur est foncée (bleu, rouge ou vert), il n’y à aucun développement. Dans les Erlenmeyer bleu et rouge, il y a décoloration complète (peut-être dans le bleu un peu moins vite que dans le rouge), dans l’Erlenmeyer vert, la couleur reste à peu près normale. Ces expériences étaient difficiles à interpréter et nous pensions les compléter en faisant des essais analogues avec une algue verte, le Stichococcus bacillaris Næg. (n° 16 de la collection). Nous avons obtenu les résullats suivants après un mois : 1. Obscurité. Milieu de Detmer au tiers agarisé avec sucre. Diamètre des colonies environ six millimètres. Il. Cloche de Senebier à bichromate de potassium a) Milieu sans sucre. Diamètre des colonies, 2 à 3 millimètres. b) Milieu avec sucre. Taille des colonies comme à l'obscurité, couleur un peu plus pâle. IT. Cloche de Senebier à sulfate de cuivre ammoniacal a) Milieu sans sucre. Taille environ la moitié de celle sous la cloche à bichromate (II a). (21) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 393 b) Milieu avec sucre. Taille environ le double de celle sous la cloche à bichromate (I b), couleur un peu plus pâle que celle en lumiere blanche (IV b). IV. Lumière blanche &) Milieu sans sucre. Taille un peu plus considérable que celle sous la cloche à bichromate (II a), couleur légèrement plus foncée. b) Milieu avec sucre. Taille environ le double de celle sous la cloche à bichromate (IT b). | De ces expériences on peut déduire les faits suivants : 1. En tout cas, le Nos/oc ne présente pas d'adaptation chromatique complémentaire. 2. Sur les milieux avec sucre, où la radiation n'intervient pas pour l’assimilation du carbone et où son effet est cependant très marqué, elle doit agir sur lassimilation de lazote et il ÿ a lieu de rappeler les expériences de LAURENT, MARCHAL et CARPIAUX ! qui ont montré qu'il n’y à pas d’assimilation d'azote nitrique par les feuilles vertes (de PAcer negundo) sous des solutions de bichromate de potassium, mais que cette assimilation est très active sous une solution de sulfate de cuivre ammoniacal. Nos résultats concordent tout à fait avec ceux-ci pour Île Stichococcus. Pour le Nostoc, il semble aussi que les radiations bleu- vertes valent un peu mieux que les rouges, mais la croissance sous ces radiations n’est pas comparable à celle en lumière blanche ; Passimilation de l’azote nitrique par les algues bleues serait-elle régie par d’autres lois que cette assimilation par les organes à chlorophylle seule ? 3. Sur les milieux sans sucre, nous devons, d’après ce qui vient d'être dit, tenir compte de Peffet de la radiation, tant sur assimilation du carbone que sur celle de lPazote. L’assimilation du carbone se fait mieux sous les rayons à grande longueur d'onde, Passimilation de Pazote sous les rayons à courte longueur d'onde ; donc, la lumière blanche, qui contient tous les rayons, est la plus favorable et, en effet, les expé- riences montrent que la taille du Nostoe et du Stichococcus est toujours plus considérable à la lumière blanche que sous des verres colorés; cependant, dans les deux cas aussi, nous VOyons que la lumière rouge vaut mieux que la lumière bleue, ce qui veut dire qu'une plus faible 1 LAURENT, MARCHAL et Carpraux. Recherches &e xpérimentales sur l'assimilation de l'azote ammoniacal et de azote nitrique par les plantes supérieures. Bulletin de l’Académie royale de Belgique, 3° série, XXXII (1896), 819. 394 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (22) assimilation de l'azote nitrique est moins préjudiciable au développe- ment de ces algues qu'une mauvaise assimilation de l'acide carbonique. Nous avons vu plus haut que MAGNUS et SCHINDLER avaient également constaté que sous les rayons rouges le développement était meilleur que sous les rayons bleus. Nous n’avons malheureusement pas pu approfondir ce problème de l'influence de la radiation sur lassimilation de lazote, qui est d’un erand intérêt général et qui trouve aussi son application aux lichens. Car, depuis les belles recherches de ZukAL!, on sait que les lichens colorés ne laissent passer à l’état humide aue les radiations de leur propre couleur. Cet auteur à trouvé que les rayons rouge-orangés et jaunes sont les plus favorables aux gonidies vertes, ensuite les rayons brunâtres et bleuâtres. Il se peut, dit-il, que certaines radiations aient une influence sur les phénomènes de la synthèse. [Il n’a pas examiné l'influence sur les gonidies à cyanophycine. Peut-être que les quelques expériences que nous avons faites en appelleront d’autres qui éclairci- ront celte question encore mal connue. Ajoutons pour mémoire que, d’après LAURENT, MARCHAL et CARPIAUX, la radiation n’influe pas sur l’assimilation de l'azote ammoniacal et que PALLADINE?, en étudiant la régénération des matières proléiques provenant de combinaisons orga- niques azotées, renfermées dans les feuilles étiolées, et de saccharose, a trouvé que cette régénération s'effectue plus énergiquement à la lumière qu'à l'obscurité et, de plus, que la seconde moitié du spectre (bleue) est plus active que la premiere (jaune). Les Cystococcus Le Cyslococcus Xanthoriæ parielinæ Letellier N° 149 de la collection Dans le plus grand nombre de lichens, on trouve, comme gonidies, des Cystococcus, le Cystococcus humicola Næg. des lichénologues. Déjà CHopaT et KORNILOFF* se sont demandés si vraiment on avait toujours à faire à la même espèce de Cystococcus. Is ont étudié les ! Zuxkar. Morphologische und biologische Untersuchungen über die Klechten. Sitzungsber. der math. naturwiss. Klasse d. Kaiser. Akad. d. Wiss. OV, III, Vienne (1896), 214. ? PALLADINE. Influence de la lumière sur la formation âes matières protéiques actives. Revue générale de botanique, IX, n° 123 (1899). 3 CHopar. Monographies d'algues en culture pure (41913), 194. (23) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 3995 Cystococcus de différentes espèces de Cladonia (Cladonia furcala, Cla- donia pyxidata, Cladonia fimbriata) et ont trouvé des différences dans la morphologie coloniale et dans la physiologie de ces algues, mais ces différences étaient petites ; on était en présence de races différentes. Nous avons isolé le Cystococcus gonidie du Xanthoria parielina pour pouvoir étudier un Cystococcus provenant d’un lichen d’une famille différente. Sous le microscope, on ne saurait guère le distinguer des Fig. 1. — Cystococcus Xanthoriæ parietinæ Let. sur milieu de Detmer au tiers agarisé, sans sucre; le trait — 90 y. vonidies extraites des différents Cladonia (fig. 1). Les cellules sont sphériques avec un diamètre d'environ 15 # en moyenne, sur milieu non sucré ; leur taille et à peu près la même dans le thalle du lichen. Le chromatophore est également sphérique, grand, massif, à échancrure latérale et à surface granulée. Le pyrénoïde se voit assez difficilement. On rencontre de nombreux mégasporanges et microsporanges et lalgue peut former des zoospores. Mais la colonie du Cystlocoecus Xanthoriæ parietinæ diffère de celles des Cystococeus extraits des Cladonia et ressemble beaucoup à celle du 396 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (24) Cystococeus maximus Chod., dans le cas où les deux algues sont culti- vées sur des milieux de Detmer au tiers sucrés et agarisés. Cependant, les cellules du Cystococcus maximus Sont différentes de celles du Cysto- coccus Xanthoriæ parietinæ par leur plus grande taille et la tendance qu’elles ont à former des groupes botrvoïdes. Nous pouvons donc déduire qu'il y a des différences de même valeur (des différences de race) entre les Cystococcus gonidies de différentes espèces d’un même senre de lichen et les Cyslococcus gonidies de deux genres de familles différentes. Rappelons maintenant quelques-unes des nombreuses études dont la gonidie du Xanthoria parielina à fait l’objet : le but des expériences que nous avons entreprises avec différents Cyslococcus en sera plus clair. ATARI! admettait que la gonidie du Xanthoria parielina était semblable, morphologiquement, à une algue libre, le CAlorococcum infusionum Menegh. et que la gonidie s’en distinguait physiologique- ment par sa préférence pour l'azote organique, d’où son explication des rapports entre algues et champignons des lichens. Cependant TREBOUX? reconnut qu'il n’y à nullement identité mor- phologique entre le Cystococcus humicola Næg. et le Chlorococcum infusionum Menegh. Il indiqua en outre que le Cyslococcus-gonidie se comporte, au point de vue nourriture azotée el carbonée, comme le Cyslococcus libre et que l’azote, sous forme de sels ammoniacaux, leur convient même mieux que la peptone. D'autre part, KORNILOFF* trouva que les colonies des Cyslococeus Cladoniæ pyxidalæ et Cyslococcus Cladoniæ furcalæ étaient plus grandes avec la peptone comme source d'azote, qu'avec le chlorure d’'ammonium et, dans le mème ordre didées, que le développement est meilleur sur les milieux gélatinisés que sur les milieux solidifiés par de lagar; en d’autres termes, que les gonidies préfèrent l'azote organique. Il s'agissait donc de voir si les Cys{ocoecus-gonidies et les Cystococcus libres que nous avions à notre disposition, montraient ces différences physiologiques trouvées par ARTARI el niées par TREBOUX. Dans la collection de linstitut botanique se trouvent sept Cystococcus, dont cinq gonidies (quatre gonidies de différents Cladonia et la gonidie du Xan- ! Arrari. Zur Frage der physiologischen Rassen einiger grünen Alcen. Ber. d. deutsch. bot. G'es., XX (1902), 172. ? TreBoux. Die freiiebende Alge und die Gonidie Cystococcus humicola in Bezug auf die Flechtensymbiose. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XXX (1912), 69. ® KorNiLorr. Expériences sur les gonidies des Cladonia pyridata et Cladonia urcata, Thèse, Genève (1913). (29) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 397 lhoria parielina) et deux épiphytes (le Cystococeus maximus Chod. et le Cystococcus cohærens Chod.). Il est possible que les deux algues, qui étaient épiphytes au moment où on les a récoltées, soient parfois goni- dies de lichens; cependant, on remarque que les cinq gonidies se ressemblent beaucoup par la taille de leurs cellules, tandis que, parmi les deux épiphytes, le Cystococcus maximus a des cellules beaucoup plus grandes, le Cystococcus cohærens, des cellules beaucoup plus petites. Assimilalion azolée Nous avons d’abord cherché s'il y à une différence entre les gonidies et les épiphytes au point de vue de Putilisation de lazote organique sous forme de peptone et nous avons ensemencé quatre algues {Cyslo- Fig. 2. — Cystococcus Xanthoriæ parietinæ Let. sur milieu de Detmer au tiers agarisé et sucré, contenant 1 ‘/, de peptone; culture âgée de six mois; le trait = 50 y. coccus Xanthoriæ parrelinæ, Cystococeus Cladonixæ pyæidatiæ, Cystococcus cohærens, Cystococeus maximus), sur des milieux de Detmer au tiers sucrés et agarisés et contenant de 0,1 à 1°/o de peptone à la place du nitrate de calcium, les uns exposés à Ja lumière, les autres placés à l'obscurité. Nous avons trouvé que pour le Cystococeus Xanthorie parie- 398 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (26) linæ, Cyslococcus Cladoniæ pyxidalæ et Cystococcus cohærens, la peptone favorise la croissanee et cela proportionnellement à sa quantité dans les limites de lexpérience ; que la croissance est à peu près la même à la lumière et à l'obscurité et que la couleur des colonies est toujours un peu plus foncée à la lumière. Par contre, le Cystococcus maximus peut moins facilement utiliser la peptone; ses colonies sont toujours plus petites que celles des autres algues (planche, fig. £) ce qui n’est pas le cas sur des milieux à nitrate ; cependant leur taille augmente avec le pourcentage en peptone. La figure 2 montre en outre que les cellules 4 ——— —_—+— Fig. 3. — Cystococcus maximus Chod., sur milieu de Detmer au tiers agarisé et sucré contenant 1° de peptone; culture âgée de six mois; le trait — 50 y. : du Cystococcus Xanthoriæ parielinæ ont un aspect assez normal sur les milieux à peptone; la figure 3 montre que celles du Cystococcus maxi- mus sont malades sur ces milieux; que leur chromatophore est ratatiné et qu’on y voit de grosses gouttes réfringentes. Nous avons également cultivé ces quatre algues sur des milieux de Detmer au tiers sucrés et solidifiés par la gélatine. Les expériences ont été faites à la lumière et à l’obscurité. En examinant les cultures après trois mois, on voit que les Cystococcus libres ne liquéfient pas la gélatine; la gonidie du Xanthoria parietina liquéfie très fortement ; le (27) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 390 Cystococeus Cladoniæ pyxidalæ, moins fortement. La colonie du Cysto- coccus maximus se fait remarquer par sa petite faille à l'obscurité, les autres colonies ont à peu près les mêmes dimensions à la lumière et à l’obscurité. Les colonies sont un peu plus pàles à l'obscurité qu'à la lumiere. Pour terminer la question de lazote, il nous restait encore à comparer la valeur de l’azote peptique et de lPazote ammoniacal pour examiner l'affirmation de TREBOUX ! que l'azote ammoniacal convenait mieux que l’azote peptique aux gonidies du Xanthoria parielina. Nous avons cultivé le Cystococcus Xanthoriæ parietinæ et le Cystococcus maximus sur des milieux de Detmer au tiers sucrés et agarisés, contenant une même quantité d'azote sous forme soit de peptone, soit de chlorure d’ammonium. Ces expériences ont montré qu'après un mois, la colonie du Cystococeus Xanthoriæ parietinæ est plus développée sur peptone et, qu’au contraire, celle du Cyslococcus maximus est plus vigoureuse sur le chlorure d’ammonium. Il est donc clair que le Cystococcus Xanthorix parielinæ préfère la peptone aux autres sources d'azote et nous ne _pouvons, sur ce point, confirmer les résultats de TREBOUX. Assimilalion carbonée Nous avons encore étudié lassimilation carbonée de quelques Cyslococcus en voulant vérifier les expériences de TREBOUX? mention- nées au début de ce travail. Cet auteur avait trouvé que beaucoup d'algues vertes peuvent vivre à l'obscurité complète, à condition d’avoir à leur disposition des acides organiques. Les partisans de Pidée que les gonidies sont plus ou moins parasites, ont alors naturellement pensé que ces gonidies, tout particulièrement, devaient pouvoir se servir des acides organiques et TOBLER® avait été conduit par des expériences, à conclure que dans le Xanthoria parietina le champignon nourrissait algue avec de l’oxalate de calcium. KorniLorr# a essayé la valeur de l’acétate, du tartrate el du cilrate de potassium comme source de carbone, ajoutés à des milieux de Det- 1 MResoux. Die freilebende Alge und die Gonidie Cystococcus humicola in Bezug auf die Flechtensymbiose. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XXX (1912), 69. 2 TREBoux. Organische Sauren als Kohlenstoffquelle bei Algen. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XXIII (1905), 432. ; ‘ : s Togcer. Das physikalische Gleichgewicht von Pilz und Alge in den Flechten. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XX VII (1909), 421. 4 KorNiLOrr. (1913), 1. € 400 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (28) mer au tiers agarisés, pour la culture du Cystococeus Cladoniæ pyxidatæ et du Cyslococcus Cladoniæ furcatæ. Les milieux convenaient très mal aux cultures qui ne périrent pas, mais dont le développement se fit avec une extrême lenteur. Nous avons fait des expériences comparatives avec ces deux gonidies de Cladonia et le Cystococcus cohærens (malheureusement, au moment de l’expérience, nous n'avions pas encore isolé le Cystococcus Xanthoriæ parielinæ, mais il est bien probable qu’il se serait comporté comme les autres Cystococcus) sur des milieux agarisés contenant du glucose, de lacélate ou de l’oxalate de potassium ou pas de carbone. Nous avons eu soin de laver aux acides et aux bases notre agar et d'employer, au lieu de milieux de Detmer, un milieu indiqué par TREBOUX lui-même et contenant : AR 0,033 0/0 Re PO D 0,01 %/o Ma SOA TO 0,0025 0/0 Re SD 0,0025 0/0 Fest: TIRU ol en. 0,0005 0/0 plus une quantité de glucose, d’acélate ou d’oxalate de potassium, con- tenant 0,025 de carbone ; d’autres milieux, comme nous l'avons dit, ne contenaient pas de carbone. Ces expériences ont été faites à la lumière et à l’obscurité. Les résultats furent les suivants : le glucose est de beaucoup la source de carbone la plus favorable, à la lumière comme à l'obscurité ; lPacétate et l’oxalate empêchent le développement à la lumière (car les colonies, sur €es milieux, sont plus petites qu'avec lanhydride carbonique seul) et ne provoquent aucun développement à l'obscurité ; le développement est faible avec Panhydride carbonique seul à la lumière. Les trois algues se sont comportées de la même manière. Ces résultats montrent clairement que les acides organiques ne peuvent servir de source de carbone à nos Cystococcus et que si Les gonidies sont parasites pour le carbone, il faut que le champignon le leur fournisse sous une forme plus complexe, sous forme de sucre par exemple. Résumons ce que nos expériences sur les Cystococcus nous ont appris. 1. Dans les lichens à Cystococcus-gonidies, ces Cystococcus sont des races différentes. 2. La facilité avec laquelle différents Cystococcus assimilent la peptone n’est pas un caractère permettant de distinguer gonidies et algues libres s (29) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 401 en effet, les gonidies supportent bien la peptone et le Cystococcus maximus préfère l'azote inorganique, mais le Cystococcus cohærens se comporte comme les gonidies. Ce résultat peut expliquer des observa- tions contradictoires, car, en comparant le Cystococcus Xanthoriæ parie- linæ au Cystococcus maximus, on conclurait, comme ARTARI, qu'il y a une différence fondamentale dans leur manière de se nourrir ; en com- parant le Cystococeus Xanthoriæ parielinæ au Cyslococcus cohærens, on conclurait, comme TREBOUX, qu'il n’y en à pas. 3. Les gonidies semblent avoir en commun de pouvoir liquéfier la gélatine. 4. Les acides organiques ne peuvent servir daliment, ni aux Cyslococcus-gonidies, ni aux Cystococeus libres. Les Stichococcus Slichococcus Coniocybes Letellier (N° 135 de la collection) Les Stichococeus sont rarement gonidies des lichens, on en trouve cependant chez les Caliciacées par exemple. Nous avons pu comparer Fis. 4 — Stichococcus Coniocybes Let., sur milieu de Detmer au tiers agarisé sans sucre: le trait — 50 y. différents Stichococeus libres avec un Stichococcus gonidie du Coniocybe furfuracea, isolé il y a quelques années par Mademoiselle D' RAYSS. Les cellules de cette espèce, quand on la cultive sur des milieux de Detmer au tiers sans sucre, sont des bâtonnets droits ou légèrement : re Q CRIS TRE ARE BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 7-8-9, parus le 30 mars 1918. 4 402 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE - (30) arqués, d’une longueur de 6 à 9 y el d’une largeur de 3 y en moyenne et on voit bien le chromatophore en forme de plaque sur un des côtés de la cellule (fig. 4). Si le milieu est sucré, les bâtonnets sont un peu plus grands et contiennent des gouttelettes réfringentes. Les colonies, sur ce même milieu, forment des disques brillants, verts, atteignant ur diamètre de douze millimètres après quatre mois. Quand elles pâlissent, on voit des stries rayonnantes foncées sur les disques d’un vert plus clair. Dans le thalle du lichen, algue à environ 5 y de longueur. NEUBNER ! fut le premier à étudier les gonidies des Caliciacées. I trouva trois espèces d'algues comme gonidies chez ces lichens, le Cystococcus humicola, le Pleurococcus vulgaris et le Sfichococcus bacillaris. Ses observations l’ont amené à des conclusions assez curieuses : 1l pense que les Pleurocoecus se transforment dans le thalle de ces lichens en Slichococcus sous l'influence mécanique des hyphes; celles-ci sont placées parallèlement les unes aux autres et, comprimant latéralement les Pleurococcus sphériques et les forçant à se diviser toujours dans le même sens, produisent finalement une file de cellules cylindriques, c’est-à-dire des Slichococcus. Par conséquent, il faudrait ranger les Pleurococcus et les Stichococcus dans un même genre. NEUBNER nous. informe encore qu'en dehors du thalle, les Sfichococcus peuvent redevenir des Pleurococeus ou bien rester des S/ichococceus et que, dans ce dernier cas, nous sommes en présence d’un bel exemple dhérédité des caractères acquis. FünrSTück et ZANLBRUCKNER? admettent également cette théorie et le premier rapproche cette mécanomorphose de celle qui produit les gonidies hyméniales. Cependant, les Pleurococcus semblent assez éloignés systémali- quement des S/ichococeus et il n’est guère possible d'admettre pareille transformation d’un genre en un autre, d’après nos conceptions actuelles. Les auteurs appellent généralement Stichococcus bacillaris Næg. la sonidie des lichens à Sichococeus. Mais notre plante n’est pas la même que le Stichococcus bacillaris. Nous verrons qu’il y a de grandes diffé- rences physiologiques entre ces deux algues et il y en a aussi de mor- phologiques. En effet, les cellules du Sfichococcus bacillarms sont, en général, plus courtes et plus larges que celles du Szichococeus Como- cybes sur milieu sans sucre; les colonies du S#ichococcus bacillaris sont 1 NEUBNER. Beiträge zur Kenntniss der Calicieen. Flora (1883). 2 Fünrsrück et ZAHLBRUCKNER. In ENGLER-PRANTL: Die natürlichen Pflanzenfami- lien, I. Teil, Abt. 1* (1898), 17 et 79. (31) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 403 plus grandes que celles du Stichococcus Coniocybes et jaunissent plus vite sur milieu sucré en commencant par la périphérie (examen après quatre mois). Assimilalion azolée ARTARI! a fait des expériences avec le Stichococcus bacillaris et a vu que cette algue peut se nourrir tout aussi bien de nitrate d’ammonium que de peptone. Il n’a pas étudié de Sfichococcus-gonidies, mais il sup- pose que, dans ce cas, on observerait une préférence pour la peptone d’après sa théorie que les gonidies se distinguent des algues libres semblables par leur préférence pour la peptone. Pour examiner cette idée, nous avons comparé à la gonidie quatre Stichococeus libres. Stichococcus dubius Chod. (N° 59 de la collection) Stichococeus bacillaris Næg. (N° 16 ) ) Stichococcus minor Chod. (No 17 » ) Stichococcus viscosus Let. (No 140 » ) _ Les cultures ont été faites sur des milieux de Detmer au tiers sucrés et agarisés contenant de 0,1 à 1 °/o de peptone, placés soit à la lumière, soit à l'obscurité, avec les résultats suivants : la taille des colonies est à peu près la même à la lumière et à l'obscurité et 0,5 /o de peptone est la concentration la plus favorable. La couleur augmente avec le pourcentage en peptone et est, comme toujours, un peu plus foncée à la lumière qu’à l'obscurité. Sur tous les milieux, les colonies du S/:- chococcus dubius et du Stichococcus bacillaris sont beaucoup plus gran- des que les trois autres colonies qui ont à peu près la même taille (planche, fig. F#). Cependant, sur les milieux où lPazote est fourni par un nitrate, les colonies des cinq S/ichococcus sont à peu près de la même grandeur (la colonie du S#ichococcus bacillaris est un peu plus grande que les autres). Le diamètre des colonies sur ce milieu est, pour les Srichococcus dubius et Stichococcus bacillaris, plus petit que sur les milieux à peptone ; pour les Sfichococcus Coniocybes, Stichococcus minor et Stichococcus viscosus, plus grand que sur les milieux à peptone. 1 Arrarr. Zur Ernährungsphysiologie der grünen Alsen. Ber. d. deutsch. bot. Ges., XIX (1901), 7. 404 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (32) La déformation des cellules du Sfichococcus Coniocybes (fig. 5) par ces milieux montre bien que cette gonidie supporte mal la peptone. Sur les milieux gélatinisés, le Sfichococcus dubius et le Sfichococcus bacillaris se distinguent de la même manière par la grandeur de leurs colonies. Nous avons enfin comparé la croissance du Stichococcus ESS Es) ê Fig. 5. — Stichococcus Coniocybes Let., sur milieu de Detmer au tiers agarisé et sucré, contenant 1°}, de peptone; culture âgée de six mois; le trait = 50 y. bacillaris sur milieux à azote ammoniacal (NH4 C1) à celle sur milieu à peptone. La taille de la colonie sur les deux milieux est à peu près la même; ceci confirme l’expérience d'ARTARI qui avait trouvé que le nitrate d’ammonium avait la même valeur que la peptone. Ces expériences sur les S/ichococeus nous montrent donc que dans ce genre quelques espèces qui ne sont pas des gonidies se distinguent d’autres espèces dont une est gonidie par la facilité avec laquelle elles absorbent la peptone et nous pouvons en tirer la même conclusion que de nos essais avec les Cystococcus, à savoir que l’assimilation de la peptone n’est pas un caractère permettant de distinguer gonidies et algues libres. (33) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 405 Les Coccomyxa Des Coccomyxa sont les gonidies d’un certain nombre de lichens, en particulier de la famille des Peltigéracées. Nos expériences ont porté sur la comparaison de l'assimilation azo- tée et carbonée de quelques espèces dont trois sont des gonidies de Solorina (fig. 6), les autres des Coccomyxa libres. Fig. 6. — Coccomyxa Solorinæ saccatæ Chod. sur milieu de Detmer au tiers agarisé, sans sucre; le trait — 50 y. Déjà CHopar ‘ a indiqué que les Coccomyxa isolés de lichens sont, de tous les Coccomyxa de diverses provenances, ceux qui gardent avec le plus de ténacité la couleur verte de leurs cellules lorsqu'on les cultive en présence de matières organiques. Si les autres Coccomyxa blanchis- sent à la longue sur des milieux sucrés, cela n’est cependant pas un signe de dégénérescence, puisque la croissance reste très active, mais indique probablement une dispropertion entre lazote el le carbone à leur disposition. Dans ce cas, les algues absorbent beaucoup de carbone 1 CHopar. Monographies d'algues en culture pure (1913), 224. 406 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (34) facilement assimilable et la production de la chlorophylle, devenue moins utile, est ralentie par le manque relatif de substances azotées qui toutes sont employées pour former du protoplasma. Assimilation azotée Pour l’étude de l'assimilation azotée, nous avons d’abord cultivé neuf espèces, dont trois gonidies, sur des milieux de Detmer au tiers sucrés, solidifiés par de la gélatine, à la lumière et à l’obscurité. Nous avons constaté que les colonies des trois gonidies ont commencé par blanchir ; puis elles sont redevenues aussi vertes que les autres après quatre à cinq semaines à la lumière, après neuf à dix semaines à l’obs- curité. Le verdissement commençait à l’intérieur du milieu. Nous avons ensuite cultivé les trois gonidies avec deux Coccomyxa libres sur des milieux de Detmer au tiers sucrés où lazote était fourni par de la peptone à raison de 0,1 à 1 °/o, avec les résultats suivants : la grandeur des colonies est à peu près la même à la lumière et à l’obs- curité ; elle augmente proportionnellement à la quantité de peptone et les colonies des gonidies sont toujours un peu plus petites que les autres, Surtout sur les milieux à fortes doses de peptone. Assimilalion carbonée Nous avons ensuite étudié comparativement l'assimilation du carbone de ces neuf espèces en les cultivant sur des milieux de Detmer au tiers, agarisés, contenant 20/0 d’un des hydrates de carbone suivants : galac- tose, saccharose, maltose ou glucose. Après quatre mois, toutes les colonies sont d’un même vert foncé sur le galactose. La couleur est La même que sur un milieu ne contenant pas de carbone, mais les colonies sont plus grandes. CHopar! indique que ses expériences lui ont tou- jours montré que le galactose, probablement à cause de sa configura- tion stéréochimique, se comporte autrement que les autres sucres et ne diminue pas la production de la chlorophylle. Avec les autres sucres, 1! CHopar. (1913), 1. c., 99. (39) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICHENS 401 glucose, maltose et saccharose, après plusieurs mois, on voit bien la tendance des gonidies à conserver la couleur verte plus longtemps que les autres Coccomyæa. 11 semble donc que, dans ce cas, les gonidies se servent moins de ces sucres que les algues libres et sont donc moins saprophytes qu’elles. Il résulte de ces expériences que les Coccomyxa-gonidies sont plutôt moins parasites que les Coccomyxa d'autre provenance. Elles suppor- tent mal la gélatine au début, semblent moins bien pouvoir se nourrir de peptone et assimilent moins facilement le sucre que les Coccomyxa libres. Il est très intéressant de voir que sur tous les milieux les goni- dies forment loujours un groupe à part. CHAPITRE IV CONCLUSIONS Les résultats de nos recherches peuvent se résumer ainsi : nous avons trouvé que : | a) le Nostoc Pelligeræ se distingue des Cyanophycées libres étudiées jusqu'ici, par son pouvoir d’assimiler facilement différents sucres et par ses ferments protéolytiques. b) Parmi les Cystococeus, les gonidies de différents genres de lichens sont des races différentes; elles assimilent de préférence la nourriture organique ; les Cystococeus libres peuvent se comporter de même ou préférer une nourriture azolée inorganique. c) Les Slichococeus gonidies semblent moins parasites que certains Stichococeus libres pour leur nutrition azotée. d) Dans le groupe des Coccomyxa, les gonidies préfèrent une nour- riture inorganique tant carbonée qu'azotée. ° Nous croyons pouvoir, de ces faits, tirer les conclusions suivantes : 1. Il n'existe aucun caractère distinctif constant entre les gonidies et les algues semblables libres. Tantôt ce sont les gonidies, tantôt les algues libres qui préfèrent une nourriture organique, ce qui montre clairement que les rapports physiologiques entre champignons et aleues des lichens ne sont pas toujours les mêmes et ne peuvent se résumer en un mot tel que hélotisme, consortium, ete. Même les conclusions sur ces rapports, tirées du substratum où vit le lichen, ne sont pas toujours exactes. En effet, il est tout naturel de penser que dans les lichens enfoncés dans la pierre et où le champignon - (31) A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICIHENS 109 ne trouve guère de substance organique, c’est Palgue qui est le four- nisseur principal de carbone. Cette supposition à d’ailleurs trouvé un appui expérimental dans une étude faite par CHopar ! sur le Coccobotrys gonidie du Verrucaria nigrescens, qui a montré que cette gonidie de lichen saxicole ne supporte pas les milieux sucrés; elle se multiplie d’une façon exagérée sur ces milieux, mais se décolore déjà au bout de deux mois et meurt. De même que certaines plantes calcifuges ne sup- portent pas les milieux calcaires parce qu’elles y absorbent trop de calcaire, de même cette algue meurt sur les milieux sucrés parce qu’elle absorbe trop de sucre. En outre, le Coccobotrys Verrucariæ ne peut pas se développer à lPobscurité. Le Verrucaria nigrescens serait done un lichen où le champignon est parasite sur Palgue. De même les Cyslococcus des Cladonia et du Xanthoria préfèrent une nourriture organique, ce qui indiquerait que le champignon de ces lichens vit en saprophyte sur lhumus de la terre et de Pécorce et que l’algue s’en remet en partie à lui pour la fourniture du carbone, el parlerait en faveur d’un certain parasitisme de lalgue sur le champignon. Par contre, les Sfichococcus etles Coccomyra ne sont guère saprophytes et cependant les Coniocybe vivent sur les écorces etes Solorina sur cles terrains souvent riches en humus; nous ne pouvons donc nous baser uniquement sur le substratum pour résoudre cette question. 2. ILest curieux de voir que, d’une part, la gonidie du Xanthoria parietina diffère de celle du Cladonia pyxidata et de celle du Cladonia furcata, de même que le Coccomyxa du Solorina saccala west pas le même que celui du Solorina crocea, d'après les recherches de CHODAT?. En outre, rappelons que ce savant a trié deux races différentes de Cyslococcus-gonidies, d’une même espèce de lichens {Cladonia pyxidata) récolté en deux endroits différents et deux races différentes de Coccomyæa-gonidies d’une même espèce de Solorina, provenant de deux stations différentes ; enfin, nous avons vu le même Nos{oc entrer en symbiose avec deux champignons qui auraient fait de Passociation soil un Pelligera canina, soit un Pelligera horizontalis. D'autre part, nous avons trouvé, dans les deux cas où nous avons pu létudier /Cyslococcus et Coccomyxa), que les gonidies d’un groupe se comportent de la même manière. De nouvelles recherches devront montrer si toujours les 1 Caopar. (1913), 1. ©. 217. 2 CHopa. (1913), l. c., 223. 410 ULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (38) sonidies d’un genre se ressemblent physiologiquement en différant par leur morphologie et ceci sera un point très intéressant. 3. Enfin, nos résultats peuvent également servir à soutenir la théorie de SCHWENDENER et se laissent difficilement expliquer selon l’ancienne théorie reprise par ELFVING. Il nous semble impossible d'admettre, maintenant que nous connaissons mieux quelques-unes des différentes races d'algues et de gonidies, que des organismes qui se ressemblent tellement soit tantôt produits par des lichens, tantôt par des algues. Pourrait-on comprendre, par exemple, qu'un Sfichococeus Coniocybes ait une origine toute différente de celle des huit autres Sfichococcus se trouvant dans la collection de lPnstitut botanique, qui proviennent de sources très variées et qui n’en diffèrent que peu morphologiquement ? Le caractère «homobium » des lichens, qui à toujours été la pierre d'achoppement de la théorie schwendenérienne, doit trouver son explication, non pas dans une production de gonidies par les hyphes, mais dans une longue adaptation d’un champignon de lichen à sa gonidie ; l'évolution phylétique de la plupart des lichens, comme le dit REINKE !, ne s'explique pas par une évolution séparée de lalgue et du champignon, mais par l’évolution du «consortium » ; de plus, il nous semble fort peu probable que les lichens, qui produisent des sorédies, naissent actuellement par synthèse?. Or, les sorédies n'étant que des boutures, transmettent tout naturellement les caractères d’homogénéité et de parfaite adaptation réciproque à chaque nouveau lichen; cette homogénéité fait par contre souvent défaut chez les lichens qui ne forment pas de sorédies et qui naissent probablement plus facilement par synthèse dans la nature, comme c’est le cas pour beaucoup d'espèces sous-corticales. 1 REINKE. Abhandlungen über Flechten. Pringsheim’s Jahrb . wiss. Bot., 28 (1895). 2 D'où peut-être la difficulté de réaliser expérimentalement ces synthèses. (39) Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. A. LETELLIER. QUELQUES GONIDIES DE LICIHENS AN Explication des figures de la Planche A. Nostoc Peltigeræ Let., sur milieu de Detmer au liers agarisé sans sucre ; Culture âgée de deux mois. B. Nostoce Pelligeræ sur milieu de Detmer au tiers agarisé, avec 2 1/0 de glucose (miel); culture âgée de deux mois. C. Nostoc Pelligeræ sur milieu de Detmer au tiers agarisé sans sucre ; culture âgée de six mois. X 990. D. Comme Fig.C, on voit des cellules à gaine fortement développée. X 300. . E. Différents Cyslococcus sur milieu de Detmer au tiers sucré et agarisé, contenant 0, 50/0 de peptone, culture placée à l'obscurité, âgée de quatre mois; Ï. — Cystococcus maximus Chod. (n° 128 de la collection). Il. — Cystococcus cohærens Chod. (n° 103 » ). I. — Cystococcus Cladoniæ pyxidatæ Chod. (n° 683 » ). IV. — Cystococcus Xanthoriæ parietinæ Let. (n°149 » De on voit que la colonie du Cystococcus maximus (épiphyte) esl beaucoup plus petite que les autres sur milieu à azote organique. F. Différents Sfichococcus sur milieu de Detmer au tiers sucré el agarisé, contenant 1°/o de peptone; culture placée à l'obscurité, âgée de quatre mois; I. — Sfichococcus bacillaris Næg. (n° 16). LL. — Slichococcus Coniocybes Let. (n° 135). IL. — Srichococcus viscosus Let. (n° 140). IV. — Stichococcus dubius Chod. (n° 59). V. — Stichococcus minor Chod. (n° 17). on voit la grandeur des colonies des Stichococcus bacillaris et Slichococcus dubius (épiphytes) sur milieu à azote organique. A. L. (ad) nat. photogr. rc, NU #3 bande Cœlastrum reticulatum (Dang.) Lemm. (Hariotina reticulata Dang.) par Tcharna RAYSS (Communiqué en séance du 22 mat 1917) Le Cœlastrum reliculalum présente des cénobes formés de cellules arrondies dont la membrane se prolonge autour du pôle externe en formant six à huit bras qui s'unissent à des prolongements analogues des cellules voisines. Sous l’are formé par la jonction de ces bras se forme un méat dont la forme est due au fait que les cellules constituant le cénobe sont rondes. Le contenu cellulaire et le mode de reproduction sont ceux d’un Cælastrum ordinaire. Les synonymes du Cælastrun reticulatum et sa place dans le groupe des Cælastrum sont indiqués el discutés dans le travail sur le Cælastrum proboscideum. Lors d’un triage des Algues provenant d'un petit élang à poissons de M. L. REVERDIN, j'ai réussi à trier le Cœlastrum reliculatum en culture pure sur le milieu solide de Detmer agarisé; deux choses différentes se sont présentées au commencement : dans certains flacons, les cellules étaient toutes arrondies, isolées ou agrégées en des espèces de boules cœlastroïdes, sans aucune trace de prolongement, j'ai eru avoir affaire à un CAorella cœlastroides. Dans d’autres flacons, les cénobes du Cælastrum relicula- tum avaient leur apparence typique. Pour mieux se rendre compte de la différence entre ces deux lignées et pour étudier les variations de 414 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) cette espèce avec le milieu extérieur, jai cultivé les deux séries sépa- rément et parallèlement dans les concentrations croissantes de la solu- tion Detmer. Les milieux employés étaient les suivants : 0,01 Detmer = 0,05 - 0,1 - 1/3 - 1/2 - ?/3 - Detmer de solution normale, deux Detmer (sels nécessaires pour deux litres d’eau dissous seulement dans un litre). Le développement s’est fait dans tous les flacons, très faible toutefois dans les milieux trop peu ou trop concentrés, avec optimum pour la concentration de 1/2 Detmer. Cet optimum est plus élevé que celui qu’on trouve chez d’autres Algues vertes (1/3 Detmer pour le Cœlastrum proboscideum et plusieurs Scenedesmus, 0,1 pour Hæmalo- coccus pluvialis) et ceci est conforme au fait qu’on trouve toujours Cœlastrum reliculatum dans de petits étangs riches en matières dissou- tes. Les deux séries ensemencées simultanément ont donné après un certain temps des résultats absoluments identiques. D'ailleurs, même sur le milieu solide, où la différence était si tranchée au début, on ne voyait plus de différence après, les formes typiques de Cælastrum reliculatum ayant partout fait leur apparition. Il était désormais im- possible de maintenir la différence. Contrairement à ce qui se passe chez Cœælastrum proboscideum, cette espèce-ci s’est rencontrée dans différents milieux comme étant très peu polymorphe. À 0,01 Detmer, le développement est très faible ; on y trouve de préférence les cénobes formés de huit ou quatre cellules agrégées en boule assez compacte et munis de prolongements typiques, nombreux et très longs, dont la disposition est en tous points conformes à la description donnée par M. Cuopar!. L’encre de Chine a permis d'y voir, ce qui est nouveau, tout autour une immense auréole de gelée qui augmente presque du double la surface du cénobe. On trouve aussi dans ce milieu des cellules isolées, également entourées d’une gelée abondante. Déjà à 1/20 Detmer les cellules isolées sont plus fréquentes et leur nombre croit jusqu’à égaler celui des cénobes dans les milieux les plus concentrés. Elles sont tantôt complètement arrondies, sans aucune espèce de prolongement, tantôt elles portent deux ou trois becs plus ou moins irréguliers, tantôt leur membrane forme un replis, comme l’a dessiné SENN°. Si elles se forment par désagrégation du cénobe, elles se présentent, de face, munies de six à huit cornes disposées en étoile, dont quelques-unes sont encore réunies aux cornes de leurs 1 CHopar et HUBER. Bulletin de la Société botanique de France (1894). ? SENN, G. Über einige colonie bildende Algen, Botanisch. Zeitschrift, LVII (1899). (os D. RAYSS. CŒLASTRUM RETICULATUM 415 voisines. De profil, on n’en voit que deux et on peut alors se rendre facilement compte que ce sont là des épaississements de la membrane analogues aux cornes du Cœlastrum proboscideum ; comme chez ce dernier, le plasma y pousse parfois également ses prolongements, ce qui rend ces cornes colorées au centre. Ces cornes deviennent du reste de plus en plus irrégulières à mesure que la concentration du milieu augmente et quelquefois elles disparaissent complètement : Cælastrum reliculatum prend alors lapparence du Cœlastrum microporum ou Cœlastrum morus, même du Chlorella cœlastroides, sans que rien n’in- dique sa nature différente. Mais quelles que soient les concentrations de la solution Detmer, on n’arrive pas à trouver les conditions néces- saires pour produire exclusivement ces formes aberrantes : partout se forme un mélange d’une constance remarquable, renfermant les formes typiques, Chlorella cœlastroides, Chlorella à cellules isolées et des cel- lules isolées munies de prolongements. Cette Algue manifeste ainsi une plasticité assez peu prononcée et qu'il est difficile de mettre en rapport avec les concentrations. D'ailleurs, ceci était à prévoir : en effet, la formation des cénobes de Cælastrum proboscideum dans les milieux dilués pouvait être mise en rapport avec le besoin de la sus- pension, l’Algue en question réalisant par ce moyen une augmentation de surface par rapport au volume, donc une augmentation de sa surface spécifique. Ceci ne serait plus le cas pour les petits cénobes compacts, presque sans lacune centrale, du Cælastrum reliculalum avec ses cellules très rapprochées. Les cornes polaires du Cælastrum reticulatum n’éloignent pas non plus ses cellules, n’étalent pas le cénobe comme le font les cornes périphériques des autres Cœlastrum ; en définitive, un cénobe de Cælastrum reliculatum présente, au point de vue de suspension, peu de différence avec une cellule isolée de même diamètre et si différence il y a, seules les mesures et les moyen nes peuvent en rendre comple. Tout d’abord, j'ai pris au hasard douze cénobes dans un milieu tres dilué (0,05 Detmer) et douze cénobes dans un milieu concentré (?/2-2 Detmer) et j'en ait fait les mesures comparatives : 416 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) Volume : Diamètre Surface Rapport de so des cellules Has du cénobe res ae Epaissour se consti- consti- calculée de 4 au volume de la gelée Caractères op [uanes— | tuantes Sn ms = d—2r| —n |(4Tr?2) r R° V 0,05 Detmer 16 10 4 1146,4 | 2145 0,53 5 v | Tétraèdre, longs becs 18 8 4 800 3054,8 0,26 10 ) » 20 10 1 1146,4 | 4290 0,27 8 » ) » 16 8 4 800 2145 0,37 6 Etalé dans un plan 26 10 8 2972 9207 0,24 8 Cénobe aux longs becs 16 8 4 800 2145 0,37 10 » en croix, longs becs 16 10 4 1146,4 | 2145 0,53 8 » longs becs 18 6 8 896 3054,8 | 0,29 8 » » » 18 6 8 896 30548 | 0,29 8 » » » 16 8 4 800 2145 0,37 0 Tétraèdre, longs becs 14 6 4 448 1437 0,31 10 y » » » 16 8 4 800 2145 0,87 10 » » » Milieux concentrés (1 {/2-2 Detmer) 30 10 8 2212 | 14143 | 0,16 2 p || Cénobe compact sans prolongement 20 8 16 3200 4290 0,70 8 L » » » » | 3 10 16 5056 | 20588 | 0,24 2 > es : 18 6 8 896 30548 0,29 4 » » » > 30 10 12 3192 14143 0,26 6 > » > ) 26 8 12 2400 9207 0,26 5 > > à >? 30 10 12 3192 | 1414,3 | 0,26 4 > > » 30 10 16 5056 | 14143 | 0,5 3 » becs courts et irréguliers 24 10 6 1896 7241 0,26 2 > sans becs 20 8 8 1800 | 4290 0,38 2 > S 20 6 16 1792 4290 0,41 | Point » » » 30 12 14 6328 14143 0,44 5] > > > CR IEEE PS EEE En comparant ces deux tables, on voit que dans les milieux dilués les cénobes ont en moyenne moins de cellules que ceux des milieux concentrés, peut-être en relation avec la nutrition moins abondante. On voit ensuite que la gelée y est beaucoup plus considérable et ceci ne doit pas être sans influence sur la suspension. Le développement des prolongements dans les milieux diluës appartenant à la mème catésorie d'adaptation. Enfin, le résultat le plus intéressant est le rapport entre la surface et le volume; la surface spécifique : elle pré- sente la moyenne de 0,39 pour les milieux dilués et de 0,33 pour les milieux concentrés. L'expérience, même dans le cas de Cœlastrum (9) T. RAYSS. CŒLASTRUM RETICULATUM 41 reliculalum, relativement si peu variable, semble confirmer la théorie d’OSTWALD : augmentation de la surface spécifique avec la diminution de concentration, donc diminution de la viscosité. Cetle réponse à la diminution de viscosité est même Beaucoup plus considérable que ne le montrent les chiffres, car la production de la gelée dans les milieux dilués réagit également en diminuant la vitesse d'immersion. Une deuxième série de calculs a été entreprise pour comparer tout spécialement les cellules isolées. Cent cellules isolées ont été mesurées dans les milieux dilués et concentrés et les mêmes calculs ont été faits pour mesurer leur surface et leur volume respectifs. Les résultats ont élé les suivants : dans les milieux dilués de !/20 Detmer sur cent cel- lules isolées, il y avait cent-dix cénobes; la surface moyenne des cel- lules isolées est de 313,36 ; le diamètre de chaque cellule en moyenne — 10 y, le volume moyen = 524; le rapport de surface au volume — V:S — 100 : 52. En outre, chaque cellule est entourée d’une gelée en moyenne (sur cent cellules) de 4 y, ce qui augmente sa surface, mais diminue son poids spécifique. Dans les milieux concentrés, par contre, les ceilules isolées n’ont plus de gelée; pour cent cellules, on ne trouve plus que soixante-dix cénobes. Le diamètre moyen des cellules isolées est de 11 w, leur surface moyenne — 419,04 et leur volume — 695,8 et le rapport de la surface au volume est de 0.60. Donc, tout d’abord, dans les milieux concentrés, il y a plus de cellules isolées que dans les milieux dilués, ce qui est aussi le cas, mais d’une manière infiniment plus prononcée chez Cœlastrum proboscideum ; ensuite, la gelée ne se forme que dans les milieux dilués, ce qui facilite certainement la suspension des cellu- les: enfin, le diamètre des cellules isolées augmente dans les milieux concentrés, ce qui résulte certainement d’une nutrition plus abondante. L'augmentation de taille avec la nourriture se retrouve également dans les cultures du Cælastrum proboscideum. La différence essentielle entre les deux Algues en question consiste à ce que l'adaptation à la concen- tration diminuée se fait chez Cælastrum reticulatum non plus tant par la formation des groupements légers, que par la sécrétion de la gelée. Dans les milieux concentrés, l'isolement des cellules se fait également chez Cœlastrum reticulatun, mais d’une facon beaucoup moins intense. On peut pourtant forcer Cælastrum reticulatum à former presque exclu- sivement des cellules isolées : si on le cultive sur des milieux solides avec sucre et peptone, le développement ne s’y fait que très lentement et seulement pour des quantités de peptone assez faibles : 0,1 %/o, très BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 7-8-9, parus le 30 mars 918. 9 418 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) difficilement à 0,25 0/0; dans des concentrations plus élevées, PAlgue péril. Ce qui se développe présente des cellules isolées, pour la plu- part, parfaitement rondes. L'isolement des cellules est ici donc fonction d’une nourriture qui ne convient pas el non pas une réponse à laug- mentalion de concentration. Il est curieux également de comparer, par rapport à la peptone, Cœlastrum reliculatum à Cœlastrum proboscideum : ce dernier, tout en n'étant pas peptophile, supportait des concentra- tions jusqu'à 1 (/o de ee produit el en étail, en général, peu gêné en présence de sucre, tandis que Cælastrum reliculatum, tout en suppor- tant des concentrations beaucoup plus grandes des sels inorganiques que le Cœlastrum, n’a pas du tout des tendances saprophytes. Malgré cette différence de tonus, les deux Algues en question se comportent également vis-à-vis de Paugmentation de nutrition et semblent réagir toutes les deux conformément à la théorie d’'OSrwaLp en réglant leur pouvoir de suspension, bien que d’une maniere différente, mais tou- jours en relation avec la viscosité du milieu. [1 n’était pas sans intérêt de les comparer encore, au point de vue de leur manière de se com- porter vis-à-vis de loxygène. Comme le Cæœlasltrum proboscideum, j'ai cultivé Cœlastrum reticulatum sous l'huile et dans des tubes étroils, mais pour pousser lanaérobiose plus loin encore, les deux Algues en question étaient ensemencées dans des vases d’Omeliansky où absorption d'O par Pacide pyrogallique est absolument complète. Après un mois dans ces conditions, le Cælastrum proboscideum à formé un petit dépôt vert au fond de lPéprouvette constitué par des cellules complètement isolées. D’autre part, la respiration ne pouvant pas se faire normalement en absence d’0, lAlgue a brûlé le sucre se trouvant dans la solution nutritive et à fabriqué de lalcool (Bichromate de K —- No SO4 à chaud — formation de sulfate de Cr vert avec odeur d’aldéhyde); le même milieu non ensemencé ne donne pas la même réaction). La formation des cellules isolées normales en absence com- plète d’O est conforme aux résultats obtenus précédemment et infirme une fois de plus la théorie de SENN. Il n’en est pas de même dans les expériences avec Cælaslrum relieu- latum : le développement de cette Algue en anaérobiose complète est excessivement faible, la réaction de lalcool est moins intense el microscopiquement, les cénobes s’y trouvent en quantité un peu plus grande que les cellules isolées. Sous l'huile, Cœlastrum reticulatum forme plus de cellules isolées que de cénobes et celles-ci ont Pair morbide, tandis que les cultures sous huile du Cælastrum proboscideum (1) T. RAYSS. CŒLASTRUM RETICULATUM 419 montrent encore après deux ans une apparence normale el un déve- loppement assez intense : les cellules isolées y sont normales el en quantité encore plus grande que lors de la publication de ma thèse’. Du 6 10 14 11 17 15 18 Cœlastrum reticulatum. — 1, 2, 3, 4, 5 : dans Detmer dilué (0,01 - 005): gelee par l'encre de Chine; 6 : Detmer 2): 7 : tube étroit: 8 : (0.1 Detmer): 9 : (0,05 Detmer) ; 10 : (0,1 Detmer); 11, 12, 13, 14 : cénobes en voie de deésagre- sation (11 : [01], 12 : [05], 13 : [L Detmer], 14 : [2 Detmerl: 15, 16, 17 : cel- lules monstres (Detmer ‘: agarisé). 1 Cfr. T. Rayss. Le Cœlastrum proboscideum Bohl. in Mater. pour la flore cryplo- gamique suisse (1915), avec vingt planches. 490 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) reste, cette espèce finit par périr après deux mois aussi bien en anaé- robiose complète que sous lhuile, ce qui n’est pas le cas de Cælastrum proboscideum ; ici ces deux Algues montrent un tonus différent. Les cultures sous lhuile ne montrent plus la réaction d’alcooi : la quan- tité d'air, aussi minime soit-elle, paraît ainsi suffire aux besoins de respiration. Enfin, au fond des tubes étroits, sous dix-sept centimètres cubes d’eau, Cœælastrum reliculatum se développe aussi facilement et forme des cellules isolées et des cénobes en nombre presque égal; les cénobes y sont à peine plus nombreux. En résumé, Cœlastrum reliculatum est beaucoup moins variable que le Cœlastrum proboscideum. Comme ce dernier, il réagit toutefois à laugmentation de la concentration du milieu en diminuant sa surface spécifique, dans les milieux dilués, sa suspension est facilitée par la formation d’une grande auréole de gelée. L’isolement des cellules y est moins fréquent et semble être moins l'effet de la concentration que de la nutrition (influence du peptone, par exemple). Cette Algue est moins saprophyte et plus aérophile que le Cælastrum proboscideum. Nouvelles recherches sur le Sclerotinia Matthiolæ n. sp. par le Professeur Dr A. LENDNER (Communiqué en séance du 22 mat 1917) Dans un travail antérieur, j'avais étudié un nouveau parasite, le Sclerotinia Matthioleæ ; il avait élé découvert sur ma rocaille à Conches où il attaquait plusieurs Crucifères telles que Aubrielia, Biscutella, Erysimum, en leur causant des dominages passagers. Au contraire, lorsqu'il se développait sur Malthiola vallesiaca, 1 en déterminait la destruction complète. Pour m’assurer, d’une facon certaine, de l'identité de ma nouvelle espèce, je la cultivai, en même temps que le Sclerolinia Libertiana, sur différents milieux. Il me fut facile de démontrer qu'il s'agissait bien de deux champignons distincts. Cependant, comme je n'avais obtenu jusqu'alors que des sclérotes et des appareils conidiens, je ne pus donner de celte nouvelle espèce qu’une diagnose provisoire. Actuellement, le cycle évolutif de ce champignon est élucidé, je l’exposerai tout à l'heure, mais auparavant, il me semble plus logique de revenir sur les questions que je m'étais posées dans le travail pré- cédent, concernant la physiologie de notre espece. On sait que beaucoup de champignons du genre Selerotinia ont la curieuse propriété de sécréter des quantités appréciables d'acide oxa- lique. DE Barx? a démontré chez le Selerotinia Libertiana que c'est grâce à cet acide qui accompagne cles enzymes, que ce champignon vil en parasite indirect. En effet, ces substances agissent comme un venin, de sorte que si le mycelium se trouve au contact d’une plante vivante, les cellules qu’il touche s’altèrent et meurent. Le champignon pénètre dans ces tissus morts, s’en nourrit, puis, comme il continue à répandre ses sécrétions, la mort des cellules s'étend de proche en proche. 1 LENDNER, À. Un Sclerotinia parasite du Matthiola vallesiaca (Gay) Boiïss. Bulletin de la Société botanique de Genève, IX, 2me série (1917), 21. à . 2 BarY (DE), A. Über einige Sclerotien und Sclerotinien-krankheiten. Botanische Zeitung (1886). 422 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Dans mes précédentes recherches, javais remarqué que les deux espèces, Sclerotinia Liberliana el Sclerolinia Matthiolæ, cultivées sur le liquide de Raulin neutre, produisaient de Pacide oxalique. Afin de pousser plus loin la comparaison, j'ai de nouveau cultivé les deux espèces sur le même milieu, puis j'ai titré la quantité d'acide formée au bout de trois semaines. Ces quantités sont différentes selon les espèces ; tandis que pour Selerotinia Malthiolæ Vanalyse à décelé 0,318 pour cent d'acides totaux calculés en acide oxalique, pour Sclerotinia Liberliana cette quantité n’a été que de 0,18 pour cent. Ensuite, il m’a paru intéressant de savoir quelles quantités d'acide oxalique libre ou d’oxalate combiné les deux champignons pouvaient supporter et si ces quantités maximales correspondaient à peu près à celles sécrétées dans le liquide de culture. ‘Comme je possède aussi, au laboratoire, ie Botrylis cinerea, forme conidienne du Selerolinia Fuckeliana (de Bary) Fuckel, j'ai comparé les trois espèces en les cultivant sur le liquide d’Omeliansky auquel j'ai ajouté des doses d'acide oxalique variant de un à Vingt pour mille. Dans une série d'expériences, j'ai ajouté deux pour cent de glucose ; dans une autre série, je n'ai mis que de Pacide oxalique. Les résultats de ces expériences, après quinze jours de culture, peuvent se résumer dans les tableaux suivants : Liquide d'Omeliansky +- glucose 2°, Acide oxalique Espèces Observations Très fort développement, conidies nombreuses. Mycelium blanc couvrant la moitié de la surface, S. Mallhiolæ Culture plus forte occupe toute la surface. Bolrylis Quelques flocons isolés. S. Liberliana Flocons immergés nombreux. S. Malthiolæ Flocons émergeant quelque peu. Bolrytis S. Liberliana 1 il | | Bolrytis Rien. S. Malthiolx Un flocon plus gros immergé. Botrytis D 0/00 S. Liberliana Un petit flocon mycelien. | Aucun développement. Aucun développement. 10 V/00 | S. Liberliana | S. Malthiolæ Aucun développement. (3) A. LENDNER. SCLEROTINIA MATTIIOLÆ [RS] On voil par ces expériences que les trois champignons sont inégale ment sensibles à Paction nocive de l'acide oxalique. Dans les meilleures conditions de culture, c’est-à-dire en présence de glucose, les trois espèces se développent également bien en présence de un pour mille d'acide oxalique, moins bien à trois pour mille et presque plus du tout à cinq pour mille. Le plus sensible est le Borytis cinerea, puis vient Sclerolinia Liberliana et enfin le Selerolinia Matthiolæ. Ces faits sont en relation avec les expériences précédentes, car nous avons vu que le Sclerolinia Liberliana sécrétait moins d'acide que le Sclerolinia Mat- thiolæ ; que, chez ce dernier, la quantité maximale supportée corres- pond à peu près à la quantité sécrétée dans les cultures. En l'absence de glucose, les champignons ne peuvent vivre que sur des solutions faibles d'acide oxalique comme le montre le tableau suivant : Acide oxalique Espèces Observations Bolrylis Faible développement. S. Liberliana \ | S. Mallhiolæ 1 | qi 00 Faible développement. Faible développement. Botrylis Très faible développement. à) 0/00 S. Liberliana Très faible développement. | S. WMatllhiolæ Très faible développement. \ Bolrytis Le champignon a germé. 0 0/00 } S. Liberliana | Très faible développement. | a Mallhiolæ Très faible développement. Bolrylis Rien. 10 %/00 { S. Liberliana | Rien. | S. Mallhiolæ Rien Dans une série d’autres expériences, j'ai remplacé Pacide oxalique libre par son équivalent de sel acide el pour cela Pai dû augmenter le pourcentage d’une quantité correspondante au poids moléculaire du potassium. De cette facon, les cultures contenant de Facide libre ou le 424 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) sel acide de potasse d'acide oxalique. En présence de glucose, les champignons supportent mieux Pacide oxalique combiné que libre. Le tableau suivant nous montre que, tandis que dans l'acide libre, les cultures étaient déjà arrêtées avec cinq pour mille, on constate encore un faible développement dans les solutions contenant la quantité correspondante (5,80) d’oxalate acide , auront quand même les mêmes proportions de potassium. Liquide d'Omeliansky + glucose 2 °/0 Oxalate Acide de potasse Espèces Botrytis S. Libertiana on Matthiolæ 1,16 9/00 . Matthiolæ Botrylis 9,80 9/00! S. Libertiana nd . yls _ Libertiana . Matlihiolæ Botrytis 11,60 /00Ù S. Libertiana S. Malthiolæ Observations Bon développement, conidies. Mycelium blanc, abondant. Mycelium blanc encore plus abondant. Bon développement, conidies. Flocons blancs moins nombreux. Flocons plus nombreux. Culture faible, pas de conidies. Quelques flocons. Culture légèrement plus forte. Flocons très rares. Aucun développement. Aucun développement. Quant au cultures sans glucose, elles m'ont donné à mêmes résultats que précédemment. Elles à peu pres les prouvent simplement que les champignons peuvent, en lPabsence totale de toute substance orga- nique, de potassium. se développer faiblement en utilisant Pacide oxalique ou l’oxalate Vers la fin de mai, au moment où je terminais ces expériences, les selérotes que j'avais mis en terre lautomne passé, se mirent à produire des apothécies. Favais pendant l’année, dans du sable humide, vainement essayé de faire germer les selérotes au laboratoire, tandis que ceux qui étaient restés au dehors, exposés à toutes les intempéries de l'hiver, germèrent le 25 mai. Ce serait donc seulement à cette époque que les selérotes seraient capables de produire des apothécies; c’est Jà (3) A. LENDNER. SCLEROTINIA MATTHIOLEÆ 495 un caractère de plus qui permettrait de distinguer notre espèce du Selerolinia Liberliana. Cependant, en ce qui concerne ce dernier, je dois ajouter que les auteurs qui ont étudié la germination de ses sclérotes ne sont guëre daccord. Tandis que selon lopinion d'APPeL!, les selérotes formeraient leurs apothécies deux mois après leur ensemencement. Mademoiselle WESTERDIK? nous dit n'avoir jamais observé ce fait ; que les sclérotes devaient toujours passer l’hiver. Ceux qui sont laissés en plein air germent vers la fin de mars ou au commencement d'avril, tandis que d’autres, laissés en pots, dans une serre chauffée à 16 ou 18°, donnent déjà des apothécies dans le courant du mois de mars. L'apparition de ces organes chez Sclerolinia Malihiolæ est plus tar- dive, elle se fait vers la fin mai et cette époque correspond exactement à celle de la floraison des Hatthiola de ma rocaille. Le lendemain du jour où j'avais constaté lapparition des apothécies, je voulus emporter la culture pour Péludier au laboratoire, mais je fus consterné de voir que sur six des ces fructifications, il ne n'en reslail plus que trois, les autres avaient élé mangées par de petites limaces. Mais, en méme temps, je pus voir que ces animaux s’élaient aussi promenés sur les Halthiola, lesquels étaient rongés sur le parcours de leur pédoncule floral. Le lendemain, les inflorescences prenaient Paspect que j'ai décrit dans mon précédent Travail; les pétales se tachèrent de rouge, comme si un liquide acide les avait touchés. La maladie continuant à se développer, je cueillis les branches atteintes que je mis sous cloche humide au laboratoire, afin d'étudier le déve loppement du mycelium. Or je pus constater, non seulement lappari- tion du Selerotinia Matlhiolæ, mais encore celle du Botrylis cinereu. Quelques jours plus tard, les Aubrielia se couvrirent, comme l’année passée, de moisissures formées, en grande partie, par ce champignon. Il est intéressant de remarquer l'apparition simultanée de ces deux champignons, car ce même fait a été observé pour le Sclerolinia Liber- liana, par divers auteurs, tels que DE BaRY”, FRANK#, WESTERDIRK ?. It est fort probable que, dans la nature, le Botrylis cinerea joue un 1 Apper. ©. drbeiten der Kaiserlichen biol. Anstalt, Band V. (1906). € WESTERDIK, J. Untersuchung'en über Selerotinien Libertiana Fuckel als Pflan- zenparasit. Mededeelingen uit het. Phytopathologisch Laboratorium «Willie Convmelin Scholten >», II (1911). 3 BARY (DE). A. Loc. cit. 3 KRANK, A. B. Die Krankheiten de Pflunzen, Breslau (1896). 5 WESDERDIJK, J. Loc. Cit., p. 21. 426 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (b) rôle dans cette infection du Selerolinia; peut-être prépare-t-il, pour ainsi dire, le terrain. J'ai essayé délucider ce point en ensemencant sur de jeunes semis de Crucifères, le Selerotinia pur et, sur d’autres, le même champignon accompagné des conidies du Botrylis. Malheureusement, je n’obtins aucun résultat, les plantes continuant à croître sans devenir malades. Des essais faits sur des plantes adultes telles que Hatthiola tristis, Cheiranthus Cheiri, mème après blessures, ne furent guère plus heu- reux, tandis qu'une plante de Hatthiola tristis, implanté dans le terrain à proximité de Watthiola vallesiaca, eut une branche souillée par les limaces. Elle se dessécha avec Lous les symptômes de maladie, mais il ne s'y forma pas de selérote. Monsieur le professeur FISCHER, ainsi que son élève, Monsieur SCIWEIZER, m'ayant Lrès obligeamment envoyé des semences de diverses Crucifères, je les fis germer en pots et, de chaque espèce, je fis trois lots : un lot témoin, un lot avec Sclerotinia Matthiolæ, un Lroisième lot avec Sclerolinia Liberliana, mais sans pratiquer de bles- sure. Je n’oblins de nouveau qu'un résultat négatif. Je recommencai le 23 juillet, en choisissant qu'un petit nombre des plantes suivantes : Hesperis malronalis, Hesperis violacea, Erysinum helvelicum, Cheiran- thus Sendleri, Lunaria biennis, Lunaria annua, Draba lomentosa, Draba alpina, Malthiola incana, Malthiola vallesiaca, Thlaspi alpestre, Arabis albida, Vesicaria utriculosa. Ven fis quatre lots : un témoin, le deu- xième avec Polrylis cinerea, le troisième avec Botrylis + Sclerolinia, le quatrième avec Sclerolinia seul. J’eus soin, cette fois, de tremper le mycelium de chaque champignon dans une solution de deux pour cent de glucose, afin de lui permettre de se développer en saprophyte au contact de la plante. Malgré cela, les résultats furent de nouveau négatifs. Les mêmes expériences furent renouvelées sur les mêmes plantes que précédemment, mais en ayant soin de blesser le point d'infection. Même en entourant ce dernier d'un pansement d'un coton, humecté de solution de glucose ou d'acide oxalique, les résultats restèrent peu salisfaisants. Je n'ai obtenu, par ce dernier procédé, qu'une infection sur WMalthiola vallesiaca et deux sur Cheiranthus Cheiri. J'en ai tiré la conelusion que lPinfection doit être liée à des conditions spéciales. Tout d'abord, la maladie ne peut être contractée que très difficilement par des inoculations au moyen du mycelium. Puis je suppose que l’époque de lensemencement joue aussi un rôle. + —! — A. LENDNER. SCLEROTINIA MATTHIOLÆ 121 Dans son travail sur le Sclerolinia Liberliana, Mademoiselle WEsrER- DIJK, avant loujours obtenu de bons résultats en inoculant le myce- lium, j'étais persuadé d'obtenir des résultats analogues; eest pour celte raison que je n’ai pas eru devoir essayer dinoculer les spores. Du reste, le petit nombre d’apothécies obtenues ont été sacrifiées pour létude complémentaire du champignon; dès lors, il ne m'en reslail plus assez pour faire des expériences. Celles-ci devront être refaites Jan prochain si les sclérotes mis actuellement en terre se mettent à germer. L'étude des apothécies confirme les conclusions que J'avais lirées des cultures comparatives du Sclerolinia Liberliana el du mien; il Fig. 1. — Sclerotinia Matthiolæ n. sp. Sclérotes et apothécies s'agit bien de deux espèces distinctes. Tout d'abord, le nombre des apothécies formées sur un même sclérote esl beaucoup plus faible. Tandis que Selerolinia Liberliana peut \ produire plus de vingt; notre espèce n’en forme guère plus de de ou trois (fig. 1). Ensuile, je constate des différences dans les dimensions des asques, des spores. Les paraphyses, un peu plus courtes que les asques, mesurent 150 y sur 3 # de large. Les asques ont 140 # sur 10 w de large, elles son arrondies au sommet ou parfois terminées par une pe Lite faute aplatie (fig. 2). Les spores ellipsoïdes, légèrement en pointe au sommet, mesurent 14 w sur 7 w de large. J'ai comparé ces diverses dimensions avec celles da Selerotinia Libertiana, elles résument dans le tableau SUIVANL : Sclerotinia Libertiana Sclerotinia Matthiolæ Apothécies Diamètre — 3 à 10 millimètres Diamètre — 3 à 4 millimètres Disque brun fauve pâle Disque brun clair Cylindriques obtus au sommet Allongés, arrondis Asques Mesurent 120 à 140 » de long aux extrémités où aplatis SOA 0 + Mesurent 140 » de long: sur 8 à 9 » de large sur 10 » de large Ellipsoïdes : Ellipsoïdes Spores Mesurent 11 à 12 » de longe mais légèrement appointies Mesurent 14 » de long sur 7 » de large sur 45 à 6 » de large Fig. 2. — Sclerotinia Matthiolæ n. sp. Asques et spores. (9) A. LENDNER. SCLEROTINIA MATTHIOLÆ 429 J'ai pu observer, au laboratoire, l’éjaculation des spores, sous forme d’un petit nuage gris et qui avait lieu toutes les fois que je soulevais la plaque de verre qui servait à maintenir Phumidité dans le vase. En tenant à proximité une plaque de Petri, remplie d’un milieu stérilisé, je pus obtenir, quelques jours après, le mycelium caractéris- tique. Enfin, j’observai la germination des spores en chambre humide de Ranvier. Elle à lieu déjà dix-huit heures après l’ensemencement; les spores gonflent, puis elles poussent un seul prolongement latéral ou terminal. J'ai suivi la germination d’une de ces spores dont le filament avait déjà atteint 34 w (fig. 3 : «, b); Lrois heures plus tard (fig. 3 : c), Fig. 3. — Germination des spores en chambres de Ranvier. A et b, après 18 h.; c, après 21 h.; d, après 24 heures. se forma un premier cloisonnement, le filament ayant atteint 72 y. Enfin, vingt-quatre heures après, le même filament, long de 100 w, commença à se ramifier (fig. 3 : d). Il m'a été possible d'observer cette même germination sur le pédon- cule floral de Matthiola vallesiaca (fig. 4). Dans ce cas, le premier cloisonnement de la spore a lieu de très bonne heure; Fune des cel- lules reste courte, tandis que l’autre se prolonge en un filament qui pénètre par les stomates et envahit l'intérieur des tissus. En résumé, mon étude antérieure sur Scleroéinia Malthiolæ se trouve ainsi complétée. Il m'a été possible de suivre le cycle complet de celle nouvelle espèce. L'infection de la plante à lieu au moment de l’appa- rition des apothécies par l'intermédiaire de limaces, lesquelles rongent ces fructifications et se chargent des spores. En se transportant sur le Matthiola, les mollusques infectent ces plantes après les avoir blessées. 430 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) Je n'ai jamais réussi à infecter artificiellement les plantes au moyen du mycelium. Enfin cette étude n'a permis de donner de cette nouvelle espèce une diagnose définitive. Diagnose : MYcelium albo-candidum, hyphis anastomosantibus et seplalis, 46 w latis (max. 8 w); scleroliis magnis, irregulariter de- presso-globosis, solitariis, nigris. 0,3-0,8 cm. latis; conidiis globosis Fig. 4 — Germination des spores sur le pédoncule floral du Matthiola vallesiaca. 4-5 y diamn., in conidiophoris irregulariter ramosis sitis ; apothecis non numerosis vel solitariis, stipitalis, pallide brunneis 3-4 mim. diam. latis. Ascis cylindraceis apice rotundatis 140 y X 10 w, octosporis. Sporidiis ellipsoideis, apice plus minus acuminatis 14 LAN Pare physibus sparsis 180 4 XC3 v. Hab. : In caulibus HMalthiolæ vallesiacæ cullæ, Genevæ ; Scleroliniæ Panicis et Scleroliniæ Liberlianæ affinis. Etude de quelques levures alpines par Robert Edouard LUDWIG (Communiqué en seance du 22 mai 1917) INTRODUCTION Depuis une vinglaine d'années, les biologistes se sont occupés de petits mycèles qu'on appelle les levures. Agents principaux de beau- coup de fermentations, on en a fait usage depuis plusieurs siècles, voir même dans l'antiquité. Leur biologie est entièrement liée à celle des fermentations et, de ce fait, elle a suscité un grand nombre de recherches. Leur importance pratique et industrielle s’affirmant chaque jour davantage, on fut contraint de les classer et de fixer leurs carac- tères physiologiques. Les progrès réalisés dans le perfectionnement des méthodes opératoires firent entrer létude de ces champignons ascomycètes dans une voie nouvelle. On s’est dès lors apercu que Pon était en présence de tout un monde extraordinairement riche de formes el qui est actuellement encore loin d'être épuisé. Les pionniers prin- cipaux de ces belles recherches sont : PASTEUR, HANSEN? el BUCHNER*, {rois noms qui sont pour ainsi dire le point culminant de Loutes ces études. 1 Pasreur, L. Mémoire sur la fermentation de l'alcool. Annales de Chimie et de Physique, LVII et LVIII (1859). 2 FHANSEN, E. C., Compte rendu des travaux du laboratoire de Carlsberg, I (1879-1881). 5 BUCHNER, E., Ber. der deutsch. chem. Gesselschaft, XX XVI (1903). Le présent travail a été exécuté au laboratoire de botanique cle l'Université de Genève, sous la direction de M. Cnopar, auquel je tiens à exprimer ma profonde reconnaissance pour les précieux conseils et l’encouragemeni qu'il n’a cessé de me prodiguer. — À Monsieur le professeur A. LENDNER qui à bien voulu s'occuper de la récolte du matériel. j'exprime ma sincère gratitude. 432 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) Si les levures des fermentations industrielles sont assez bien connues et définies, il n’en est pas de même de celles qui vivent dans Îles milieux sucrés naturels. Beaucoup de fruits servent à la fermentation et donnent des quantités d'alcool assez considérables. Les baies sont un excellent habitat pour beaucoup de levures! C’est ee qui nous a engagé à étudier, sur le conseil et la direction de M. R. CHODAT, quelques-unes des baies sauvages des Alpes valaisannes. L’altitude, le milieu et le climat sont autant de facteurs qui peuvent agir sur ce monde de végétaux. Aucun travail n'ayant été entrepris, du moins à notre connaissance, sur celte question, on pouvait supposer qu'il y aurait un intérêt spécial à Papprofondir. Nous avons tout d’abord lrié puis fixé les caractères taxinomiques de chaque race suivant les méthodes bien connues. Puis le côté biolo- gique a été étudié d’abord au point de vue du cycle évolutif, e’est-à- dire des relations entre les levures récoltées sur les baies et celles prises dans le sol. Comme ces levures vivent sur un milieu essentiel- lement riche en acides organiques, nous avons consacré un chapitre à l'étude de l’action de quelques acides organiques sur chaque espèce pure et la résistance de ces mycètes à ces mêmes acides. Enfin, nous avons repris la question de Ia diminution de lPacidité dans les liquides fermentés. Bien que nous ayons l'impression de ne pas avoir épuisé le sujet, on verra que les résultats acquis sont intéressants et à comparer avec ceux de divers auteurs. On sait, depuis les recherches de PASTEUR, que dans la préparation des vins de raisins et de fruits divers, il s’introduit régulièrement des germes, agents de la fermentation alcoolique. HOFFMANN? est le premier qui, en ràclant l’épicarpe d’une groseille (ARibes grossularia) au moyen d’un scalpel, trouva à côté d’une multitude de spores de cham- pignons, des cellules rappelant des levures. Il les identifia comme appartenant aux genres Monilia, Oidium et Torula. PASTEUR® démontra plus tard que la pulpe saine d’un fruit est exempte de microorganismes et que ceux-ci sont localisés à la surface même des fruits. I y a lieu de distinguer deux catégories de champignons saprophytes des fruits : en ! HANSEN, E. C., Compte rendu des travaux du laboratoire de Carlsberg, 1 (1882). ? HOFFMANN, Botanische Zeitung, XNIII (1860) et Annales des Sciences naturelles, XIII (1860), 21. * PASTEUR, L., Etude sur la bière (1876), Paris. (3) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 43: D SD premier lieu ceux qui vivent en épiphytes, strictement localisés à la surface el deuxièmement ceux qui sont à l’intérieur du fruit lorsque celui-ci est endommagé et qui viennent fructifier à la surface. Les plus importants sont les épiphytes qui appartiennent presque tous à la famille des Saccharomycétacées, producteurs d'alcool. A la surface de fruits en pleine maturité, ont été trouvés, à part les espèces bien connues telles que Saccharomyces ellipsoideus E. C. Hansen, Saccharomyces Marxianus E. C. Hansen : Wallia anomala E. C. Hansen sur des pruneaux, puis Saccharomyces Ilicis Grônlund el Saccharomyces Axifolii Grônlund sur les baies de houx (lex aquifolium). Diverses levures des raisins de Corinthe ontété isolées par BEYERINCK". Des fruits de POpuntia, ROLANTS? sélectionna un micolevuwre. Et plus tard, ULPIANI et SARGOLI* isolèrent du même fruit une levure qu'ils appelèrent Saccharomyces Opuntiæ. KAYSER démontra la présence de levures sur les fruits d’ananas {Ananas salivus). En Angleterre, PEARCE et BARKER® ont étudié les levures dont l'habitat de prédilection se trouve à la surface des pommes el des poires. Les levures sont très abondantes et de grande utilité pour la fermentation des cidres. MEISSNER6 à isolé une levure à pouvoir fermentatif faible des fruits du Vaccinium Myrtillus en Suède, etc. On trouve presque régulièrement sur l’épicarpe des fruits sucrés un champignon très répandu, le Dematium pullulans de Bary, ainsi que Monilia candidu. Beaucoup de champignons imparfaits {fungimperfecli) ont été trouvés dans la flore épiphyte des fruits. Torules, Mycodermes et d’autres. Toutefois, il est certain que les levures du genre Torula, trouvées dans les moûts pendant et après la fermentation, parviennent de l’épicarpe des fruits dans le moût; tel est le cas des levures mucila- oineuses de MEISsneR et les levures roses de KRAMER, PEGLION, KAYSER, ainsi que les levures formant les voiles. Les premières recherches quantitatives sur la microflore épiphyle des fruits ont été entreprises par MarriNANT et RreTsen? sur des baies de raisins d'Alger. Ces auteurs ont décelé la présence de 4.320.000 microorganismes vivants, par gramme de baies. Il y avait surtout 1 BeyerINCK, M. W. Centralblatt für Bakteriologie, IT, XVI (1894), 49. 2 RoLan'rs, Annales de l’Institut Pasteur, XIII (1899), 452. 3 Uzrrantr, C. et Sarcozr, T., Kochs Jahresbericht, XIII (1902), 224. 1 Kavser, E., Annales de l'Institut Pasteur, V (1891), 456. 5 PEARCE, E. B. and Barker, P. T., Journ. of. agric. sc., LIT (1908), 55. “ MeISSNER, R., Jahresbericht d. Vereinig. f. angew. Botanik, III (1906), 441. 7 MarTiINANT, E. et Rierscx, M., Compte rendu acad., CXII (1891), 736. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 7-8-9, parus le 30 mars 1918. 0 434 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (4) prédominance de Saccharomyces apiculatus ainsi que des moisissures ; le Saccharomyces ellipsoideus était moins fréquent. MüLLER. THURGAU ! confirma ces recherches. Plus récemment, ROMMEL? a étudié la flore épiphyte des fruits des environs de Berlin. Les framboises {/Aubus Idæus) récelaient des bacté- ries (lactiques, acétiques), des levures du Lype apiculé et ellipsoideus. Enfin, on sait depuis les dernières recherches de HANSEN, MÜLLER TaurGAU et d’autres, que dans les fruits drupacés el bacciformes, les levures du type apiculatus sont plus répandues que les levures habituelles des moûts de vins. Si, comme nous l'avons vu, l’épicarpe des fruits mürs est un habital de prédilection pour beaucoup de levures. il n’est pas moins intéressant de savoir comment elles y parviennent et quel est leur cycle évolutif. Comme dans nos recherches, nous nous sommes occupés des levures de baies alpines et du sol avoisinant, il est intéressant de citer brièvement les auteurs qui ont pris à tâche de nous renseigner sur Îles données actuelles du cycle évolutif des Saccharomyceétacées. HANSEN? est le premier qui, en 1880-1881, en étudiant le Saccharo- myces apiculatus nous renseigne sur le eyele évolutif de cette levure. Ses déductions sont les suivantes : lhabitat le plus fréquent pendant la bonne saison se trouve être pour le Saccharomyces apiculatus les baies müres et avariées très riches en matières sucrées. En hiver et au printemps, le champignon se trouve en grande quantité dans le sol sous les arbres fruitiers ou sous les arbrisseaux porteurs de baïes. Il y parvient par la chute des fruits et par la pluie. HANSEN est d'avis que le vent est le facteur le plus important pour le transport de la levure du sol sur les fruits tout en mentionnant le concours efficace de la pluie et des insectes. Une pluie abondante peut très facilement projeter des particules de terre à la surface de plantes telles que des fraisiers, par exemple. Les insectes ne jouent le rôle de propagateurs que pen- dant une certaine période de l’année, tandis que le vent est le facteur principal de la dissémination des levures. A l'époque où HANSEN commenca ses recherches, plusieurs auteurs s'étaient déjà occupés de la question et avaient formulé des avis con- lraires. ! MULLER THURGAU, Jahresbericht der deutschschw. Vers. st. (1896), 76. ? ROMMEL, W.. Woch. f. Brauerei, XIX (1902), 230. 3 HANSEN, E. C., Hedvigia, XIX (1880), 75. — Compte rendu des travaux du labora- toire de Carlsberg, 1 (1881), 159. (9) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 435 BREFELD ! affirme que les excréments d'animaux herbivores servaient d'habitat aux levures; HANSEN prouva le contraire. PAsrEuR?, après différentes recherches, émit l’opinion que les levures ne pouvaient supporter très longtemps un séjour dans la terre, de sorte que cette dernière ne pouvait être leur lieu d’hivernage. Pour prouver la justesse de ses analyses, HANSEN* employa deux méthodes : il fit des prises de terre à différents endroits et, en second lieu, ensemença plusieurs espèces de levures dans le sol en tenant rigoureusement compte des conditions naturelles. Le résultat de ses recherches est intéressant et démontre qu’à toute époque de l’année, les Saccharomyces se trouvent dans le sol et dans Pair, mais en plus grande abondance encore lorsque ces fruits sont en pleine maturité. Les essais furent entrepris avec les espèces apiculatus, ellipsoideus et pastorianus. HANSEN ensemencait ses levures dans de la terre de pot de fleur préalablement stérilisée, puis il enfouissait ces pots dans le sol à différents endroits. Il répéta plus tard ses essais en remplaçant les pots de fleurs par les bougies Chan- berland. Il démontra ainsi que les mêmes espèces pouvaient facilement supporter un séjour de trois ans dans la terre. I y avait non seulement un intérêt théorique mais ausssi pratique à répéter les expériences de HAnNsEN. Notre compatriote, MüLLER TaurGAu“, entreprit en 4869 une série de recherches qui confirmèrent pleinement la théorie de HANSEN. En outre, il fit des essais pour dé- montrer jusqu’à quelle profondeur les levures pouvaient encore exister. À quarante centimètres, il ne trouva plus aucune levure. Quelques années plus tard, WoRTMANN? reprit les essais de HANSEN et de MüLLER TaurGAU. Il observa que dans les mois de novembre et de décembre le nombre des levures contenues dans les prises de terre était le plus grand et faisait rapidemeut fermenter le moût dans lequel on les intro- duisait. Dans les mois de janvier, février et mars, le nombre des leyu- res diminuait, de sorte qu’au printemps et particulièrement en élé, il remarqua que même dans certains échantillons de terre, il ne se trou- vait plus aucune levure. Tandis que WorTMANN, ainsi que dernièrement MüLLEr THURGAU, se rangèrent à l’avis de HANSEN sur le cycle évo- lutif des Saccharomycétacées, d’autres auteurs firent prévaloir à propos 29 1 BREFELD, O., Landw. Jahrb., IV (1875), 414 et Landw. Jahrb., V (1876), 332. 2 PAsTEUR, L.. Etude sur la bière (1876), 150, 155. 3: HANSEN, E. C., Compte rendu des travaux du laboratoire de Curlsberg, I. 3(1882), 20 Idem, Annales des sciences naturelles, Botanique, XI (1890), 185. 1 MULLER THURGAU, Weinbau und Weinhandel, XL-IXL (1889). 5 WOoRTMANN, J., Ber. d. künigl. Lehranst. f. wein Obst. und Gartenbau (1896), 42. 430 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (6) de cette question d’autres conceptions; à savoir que dans Îles pays chauds comme l'Italie, la terre ne serait pas le principal lieu d’hivernage. Bourroux! prétend que le nectar des fleurs et les fruits qui n'ont pas atteint leur maturité servent d'asile aux levures de la fin de lhiver et que les insectes transportent les cellules de fleur à fleur, de fruit à fruit. Il faut cependant rappeler qu'il ne fait aucune différenciation entre Saccharomyces et Torules et qu’il appelle Saccharomyces toutes levures provoquant une fermentation. Il est résulté de nombreuses études subséquentes entreprises par HANSEN? tant en Italie qu’en Scandinavie et de la plaine jusqu'aux hauts sommets, que la terre est le lieu principal de refuge pour les levures, en tout cas pour les Saccharomyces. Le vent, la pluie, les insectes et d’autres petits animaux sont autant de facteurs qui dissé- minent les levures sur les milieux sucrés favorables à leur développe- ment; de là, d’autres agents les transportent sur d’autres milieux favorables. Ainsi s’accomplit le cycle annuel de ces champignons. On verra plus tard que nos observations confirment en partie les intéres- sants résultats obtenus par HANSEN. 1 BourrRoUx, L., Bult. soc. Linn. normand. VI (1881), VII (1883). — Annales des Scien- ces naturelles, Botanique, XVII (1884, 144. 2 HANSEN, E. C., C'entralblatt für Bakteriologie, X (1905), LI et I. c., XIV 545. Fi — (1) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES Mode opératoire et technique Les levures qui font l’objet de ce travail ont été prélevées à la «Linnæa » et dans les environs de Bourg-St-Pierre (1700 m. d’alt., village du val d’Entremont, en Valais). Nous devons à lobligeance de MM. les prof. CHopAT et LENDNER la récolte des échantillons de terre prélevés sous les arbrisseaux porteurs de baies ainsi que les baies elles-mêmes. Les prises de terre ont été recueillies dans des tubes de verre préa- lablement stérilisés. Sitôt reçues au laboratoire, nous avons inoculé des milieux de moût de vin stérilisé dans le but de revivifier les orga- nismes contenus dans les échantillons. Ces flacons furent placés dans un thermostat à une température favorable au développement Au bout de quelques jours, nous avons fait un triage préliminaire par dilutions suecessives dans Peau stérilisée et finalement dans du moût de vin gélatinisé à 10/0. Après un certain temps, apparurent les colonies suffisamment séparées pour permettre de repiquer des colo- nies morphologiquement différentes. Ainsi, par comparaison, nous avons conservé seize colonies. Un triage selon la méthode de HANSEN fut ensuite exécuté pour chacune de celles-ci. Geci nous à permis d’avoir en définitive huit races physiologiquement pures. On sait, depuis les travaux de HANSEN, toute la valeur et la constance que présente une lignée pure; un travail de ce genre est indispensable pour l'identification spécifique et physiologique des espèces rencontrées dans la nature. Pour les levures des baies, nous avons procédé de la même manière, par con- séquent, nous avions ainsi un matériel comparable et obtenu de facon identique, ce qui était pour nous de toute nécessité, comme nous nous étions proposés de voir si les levures du sol se retrouvaient sur les baies avoisinantes. Pour établir l'identification spécifique, nous avons fixé pour chaque levure les données suivantes : 1. Forme et aspect macroscopique des jeunes colonies; mêmes re- cherches pour les colonies plus âgées. 2, Examen microscopique des cellules jeunes de un à deux jours, dimensions. 3. Ensemencement en milieux nutritifs liquides. Forme des cellules. Voile. Dépôt. 4. Inoculation sur carotte et sur plâtre pour l'étude de la sporulation. 5. Fermentation des sucres, mono, di et trisaccharides. 6. Fermentation du moût de vin et dosage de Palcool. 458 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (8) I. Saccharomyces SACCHAROMYCES ELLIPSOIDEUS H. Jeunes colonies croissant légèrement en hauteur, de couleur blane jaunâtre et à pourtour franchement crevassé. APE — Fig. 1. — Saccharomyces "— ——— ellipsoideus H. Jeune colonie ‘:; en bas, sec- tion de la colonie sur moût gélatinisé. Fig. 2.— Saccharomyces ellipsoideus H. Colonie géante. Colonie âgée, mamelon à courbes de niveau se succédant en forme d'escalier. Pourtour sinueux, plis radiaires fortement crevassés, ne liquéfie pas la gélatine au bout de deux mois. Fig. 3. — Saccharomyces ellipsoideus H. Fig. 4.— Saccharomyces ellipsoideus Jeunes cellules, longueur 4 à 8 Z, lar- A. Sporulation des cellules. Déhis- geur ? à 3,5 L cence de l’asque. Cellules ovales rarement arrondies, quelquefois pointues; leur longueur est de 4 à 8 u; la largeur 2 à 3,5 y. Elles sont vacuolisées et bourrées de granulations. Cellules bourgeonnantes. (9) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 439 Dans les milieux liquides, cette levure provoque au bout de trois jours une vive fermentation, suivie d’un dépôt volumineux. Les cellules du dépôt sont plus allongées que les cellules de culture. Cultivée sur carotte et sur plâtre elle forme rapidement des spores. Les asques sont ordinairement de forme ellipsoïde et petit et renferme une à quatre spores, qui sont disposées en tétrade, quelquefois en chainettes. La déhiscence se fait par gélification de la membrane de Pasque. Les spores mesurent 2 à 5 y de diamètre. Cette sporulation a été aussi observée dans des cellules appartenant à des colonies géantes. Celte levure fait fermenter, comme nous l'avons vu, le moût de vin; par distillation nous avons obtenu 5,11 °/o d'alcool en volume. Sucres fermentés Monosaccharides Disaccharides Trisaccharides Glucose Saccharose Raffinose Fructose Maltose Galactose Cette levure a été isolée des baies du framboisier /ARubus idæus) el des baies du ARibes rubrum, ainsi que du sol avoisinant. Celte levure, par ses caractères taxinomiques, correspond assez bien à la description du Saccharomyces ellipsoideus Hansen !. SACCHAROMYCES RIBIS nov. spec. Cette levure à été isolée des fruits du Aibes rubrum el du sol avoisinant. Sur moût gélalinisé à 100/o, les jeunes colonies de cette levure forment un petit mamelon à deux zones distinctes. Le centre est de couleur jaunâtre, le pourtour blanchâtre et très finement festonné. Les colonies géantes sont plus élargies et très élalées. Les dentelures en sont plus accentuées. Le centre est surélevé el forme une pointe typique. Ces colonies liquéfient la gélatine au bout de deux mois (fr. Planche, fig. LD. Les cellules de cette levure sont de forme ovale, quelquefois arrondies et possèdent généralement une grande vacuole entourée de oranulations. Elles mesurent 2,5 à 7 y de longueur, 1-3 y. de largeur. 1 HANSEN (E. Chr.), Compte rendu des travaux du laboratoire de Carlsberg, V (1902). 440 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (10) Le bourgeonnement est latéral et la cellule devient à ce moment même typiquement anguleuse. Inoculée au moût de vin, cette levure provoque une fermentation active qui n’est précédée d'aucune formation de voile. Le dépôt est uni, très volumineux et le liquide très clair. Rare EN VA NT. pers Ne ENT R 5 NS NL À Dé ; \ | É, _k, à 2 4, Se \ D À LS Fig. 5.— Saccharomyces Ribis Fis. 6. — Saccharomyces Ribis nov. spec. Jeune colonie; en nov. spec. Colonie géante sur bas, section de la colonie. moût gélatinisé. Ensemencée sur carotte, elle sporule facilement. L’asque est arrondi ou cle forme ovale. Les ascospores sont au nombre de quatre, typique- Fig. 7. — Saccharomyces Ribis nov. spec. Jeunes cellules bourgeon- Fig. 8. — Saccharomyces Ribis nov. spec. nantes. k Sporulation et déhiscence de l’asque. ment groupés en létrade. La déhiscence a lieu à Pextrémité de Pasque. La fermentation dans le moût de vin donne 6,4 °/o d'alcool en volume. Sucres fermentés Monosaccharides Disaccharides Trisaccharides Glucose Saccharose 0. Fructose Galactose (11) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 141 Les caractères précédents font rentrer celte levure dans le genre Saccharomyces ; premier sous groupe de HANSEN. Elle diffère de la précédente par laspect des colonies, le nombre denis et leur déhiscence et en ce qu’elle ne fait fermenter ni maltose, ni raffinose. Nous n'avons trouvé aucune espèce décrite analogue, si ce n’est la levure À isolée des cidres anglais par PEARCE et BARKER! qui a certains points communs avec notre levure, mais qui en diffère en faisant fermenter la maltose. Aussi en avons nous fait une nouvelle unité. Il. Torula TORULA SAMBUCI nov. spec. Cette levure a été trouvée sur l’épicarpe du Sambucus racemosus. Les jeunes colonies de cette levure ont l'aspect d'une petite tache circulaire, farineuse, très étalée. Le pourtour de la colonie est très peu régulier et ne présente aucune sinuosité. ATOUT STE 77 . © ex . D Se re Fig.9.— Torula 2 en 0 Sambuci nov. spec. Jeune Fig. 10. — Torula Sambuci j colonie. nov. spec. Colonie géante. Fig 11.— Torula Sambuci. Plus tard, la colonie s'étale en gâteau de couleur brun orisatre el d'aspect ciré. Le centre s'enfonce peu à peu par liquéfaction de la gélatine et les bords se plissent très finement et en même lemps apparaissent des sillons radiaires tres accentués. Les cellules sont ovales très souvent arrondies. Elles mesurent 3 à 7 y de longueur sur 1,5 à 4 u de largeur. Elles prennent que Iquefois la forme d’un filament mycélien. Les vacuoles sont très peu visibles el les cellules ne renferment pas de globules de graisse. 1PEARCE, B. et BARKER, P., Journ. of agr. Se., III (1905). 442 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (12) Nous n'avons obtenu aucune formation de spores, ni sur plâtre, ni sur carotte. La fermentation du moût de vin est précédée de la formation d’un voile très dense et d'aspect mat et farineux. La température limite pour la formation du voile est la suivante : 390-9340 apres deux jours voile très dense 910 ) » » taches isolées 40 » » ) presque nul Au bout de trois jours à la température du laboratoire, ce voile remonte très fortement sur les bords. La fermentation n’est pas très active et nous à donné 3,3 ‘/o en volume. Nous n'avons observé que la fermentation du glucose et du fructose par cette levure. Par absence des spores, le voile et les autres caractères précédents, cette levure se rattache typiquement au genre Torula. Nous n'avons trouvé dans la littérature aucune Torula présentant des caractères analogues qui pourraient permettre d'identifier cette levure. SACCHAROMYCES APICULATUS (lato sensu) Cette levure a été isolée des fruits du Aibes rubrum et trouvée aussi dans les échantillons de terre avoisinant le framboisier. — PR —— Fig. 12. — Saccharomyces apiculatus I. À droite, jeune colonie ‘1; à gauche, colonie géante (six semaines); en bas, section des colonies sur moût gélatinisé. Les jeunes colonies de cette levure forment, sur moût gélatinisé à 10/0, un petit mamelon jaunàâtre, rond, à contours non définis. La surface présente un aspect granulé et de nombreux plis radiaires. (13) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES == 2 Les colonies géantes accentuent leurs plis radiaires. Les bords deviennent festonnés, crevassés. La liquéfaction de la gélatine débute par les bords et n’est complète qu’au bout de huit semaines. Les jeunes cellules sont typiquement apiculées, c’est-à-dire que la cellule prend la forme dun petit citron. Les bourgeons qui en résultent sont rarement apiculés, plus souvent de forme ovale. La cellule est fortement vacuolisée. La forme apiculée n’a été observée que dans de très jeunes colonies. Plus tard, la cellule change de forme, s’allonge en forme de boudin ou prend l'aspect de demi-lune. Les cellules mesurent 2 à 6 # de long et 1,5 à 3,5 y de large. L’essai de sporulation souvent répété n’a pas donné de résultats positifs. Fig. 13. — Saccharomyces Fig. 14. — Saccharomyces £picu- apiculatus H. Cellules latus H. Jeunes cellules (deux âgées. à trois jours). Inoculée sur carotte et sur plâtre, la cellule devient plus arrondie el montre à son extrémité un gros globule de graisse. Dans les milieux liquides (moût de vin), cette levure provoque une fermentation active au bout de trois jours. Par distillation, nous avons obtenu 6,17 0/0 d'alcool en volume. Cette levure attaque Îles solutions de glucose et de fructose, mais non pas le saccharose. Par ces caractères taxinomiques, surtout par la forme typique de la cellule, cette levure appartient à l'espèce apiculée des Saccharomyces, Elle ne peut, en aucun cas, être classée dans le genre Hansenia, celui-ci présentant une sporulation. AAA BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (14) D’après les travaux de HANSENE, LINDNER? et KLÔCKER*, nous devons identifier notre levure comme Pseudosaccharomyces apiculatus KLÔCKER #. Cette levure ne formant pas de spores, même par les pro- cédés les plus divers, ZIKES propose de désigner le Saccharomyces apiculatus de HANSEN sous le nom de Hansenia mucronata qui serait considéré comme variété asporogène du genre Hansenia. TORULA PULCHERRIMA Lindner Isolées des fruits du Sambucus racemosus, les jeunes cellules de cette levure ont la forme arrondie, légèrement ovale, transparente et la pigmentation rose. Elles sont bourgeonnantes. En. Fig. 15. — Torula pulcher- rima L. Jeune colonie Fic. 16. — Torula pulcherrima L. Colo- 1/1 nie géante. Les cellules plus âgées s’arrondissent et présentent un gros globule de graisse et une membrane plus épaisse. Leur diamètre est de 2,5 w ADD LL. Les jeunes colonies forment un mamelon see, croissant en hauteur et à fines stries radiaires. La colonie géante s'étale en une rosette à bords crevassés, le centre forme un cratère typique. Cette levure liquéfie la gélatine au bout de deux mois. * HANSEN, E.-C., Sur le Saccharomyces apiculatus et sa circulation dans la nature. ? LINDNER, P., Sporenbildung bei Saccharomyces apiculatus. ® KLÔCKER, A., Sporenbildung bei Saccharomyces apiculatus. * Kiôcker. Recherches sur dix-sept formes de Saccharomyces apiculatus. Carlsberg Lab. (1911), 395. (15) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 145 _Gultivées sur carottes, les cellules s’agrandissent, s’arrondissent et il y à formation d’un globuie de graisse très volumineux. En milieux liquides (moût de vin), la levure forme un voile peu accentué et remontant sur les bords. Les cellules du voile sont plus allongées. Fig. 17. — Torula pulcherrima L. Fig. 18. — Torula pulcherrima L. Jeunes cellules bourgeonnantes. Cellules cultivées sur carottes. Les cellules âgées, ensemencées dans un milieu très nutritif, germent pour ainsi dire, on voit la membrane se déchirer, puis les cellules produisent un bourgeonnement actif. La distillation du moût de vin 8 p g fs: Fig. 19. — Torula pul- cherrima L. Cellules âgées après ense- mencement en mi- lieu très nutritif. (Milieu Schukow). fermenté nous a donné 3,55 °/o d'alcool en volume. Les sucres fermentés par cette levure sont le glucose et le fructose. Cette levure, par les caractères qui précèdent, se rapproche beaucoup de la levure décrite par Linpner! et désignée sous le nom de Torula pulcherrima. 1 LINDNER, P., Über rot und schwarz vefärbte Sprosspilze. IWochenschr. f. Brau, IV (1887). FS nu BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (16) TORULA ALPESTRIS NOV. Spec. Sur moût gélatinisé, les jeunes colonies de cette cellule ont un aspect caractéristique, elles forment un petit mamelon blanchâtre dont le pourtour est très finement plissé. Fig. 20. — Torula alpestris nov. spec. A gauche, jeune colonie; à droite, colonie géante au début de la liquéfaction de la gélatine. Les colonies oéantes ont leur bord très étalé, le centre de la colonie forme un mamelon étoilé ressemblant beaucoup à la jeune colonie, mais plus ridé et à sitlons plus accentués. La liquéfaction de la gélatine a lieu au bout de deux mois. Fig. 22. — Torula aipestris Fig. 21. — Torula alpestris nov. spec. nov. spec. Cellules du Jeunes cellules bourgeonnantes. voile. Les jeunes cellules sont ovales et bourgeonnent très facilement, elles ont une longueur de 3 à 8 u et 1,5 à 4 y de largeur. Quelquefois plusieurs cellules se groupent en chapelet et nous avons trouvé des cellules à bourgeons multiples à extrémité. Elles renferment une grande vacuole. (17) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 447 Dans le moût de vin, elle forme, au bout de trois jours, un voile suivi d’une fermentation. Le voile est peu important et lisse. Les cellules du voile ont la particularité de former des bourgeons sur toute leur surface. La cellule mère est généralement plus grande; en outre, le plasma est fortement vacuolisé. Le pouvoir fermentatif de cette levure n’est pas très fort, elle nous a donné 5,1 °/o d'alcool en volume. Le glucose, le fructose et le saccharose sont seuls attaqués par cette levure. La levure ressemblant par sa forme beaucoup aux espèces du genre Saccharomyces, lessai de sporulation à été entrepris plusieurs fois. Le résullat en a été négatif, nous n'avons jamais observé la formation de spore, ni sur plâtre ni sur carotte. L’essai à été fait avec de très jeunes colonies ainsi qu'avec les colonies géantes. Nous avons donc identifié cette levure comme appartenant au genre Torula ; elle se rapproche beaucoup de Torula colliculosa HARTMANN ?, mais en diffère par la forme du voile ainsi que par son action nulle sur le raffinose. D’un autre côté, elle ne correspond à aucune espèce décrite jusqu'ici et constitue ainsi une nouveauté. L'habitat de cette Torule est le fruit du framboisier el Sambucus S'ACEMOSE. ToruLA RiBis nom. nov. (Torula Will., numéro 17). Nous avons isolé celte levure du Æibes rubrum, elle n’a pas été trouvée dans les échantillons de terre avoisinante. — An Fig.23.— Toru- se la Ribis. Jeu- Fig.24 — Torula Ribis. ne colonie ‘1. Colonie géante !/. Les jeunes colonies forment, sur mot gélatinisé, une petite verrue arrondie, d'aspect ciré, à pourtour uni et à liséré jaunâtre. Plus lard, 1 HaRTMANN, Wochenschr. [. Brau., XX (1903). 448 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (18) la colonie s'étale et le centre de celle-ci reste légèrement proéminent. Les bords perdent leurs formes arrondies et la colonie géante prend typiquement l'aspect d’une rosace sillonnée de nombreux plis radiaires peu accentués. Ne liquéfie pas la gélatine au bout de deux mois. Les cellules sont ordinairement rondes et petites; elles mesurent 0,9 à 3 y de diamètre et ont la forme d’une Torula typique. On remarque Fig. 25. — Torula Ribis. Jeunes cellules bourgeonnantes. à leur intérieur un petit globule de graisse. Les cellules sont bourgeon- nantes. On obtient aucune formation de spores, ni sur carotte ni sur plâtre. Ensemencée dans le moût de vin, cette levure forme après trois jours un voile et un anneau puissant. Le voile reste uni et le dépôt muqueux. Elle fermente très mal le moût de vin; le distillat nous a donné 3,0 0/0 d'alcool en volume. Seuls le glucose et le fructose sont attaqués par la levure et le milieu fermenté dégage une odeur d’éthers assez aromatiques. Cette levure correspond assez bien à la T'orula déerite par Wir. ToruLA RUBI nov. spec. Isolée des fruits du Rubus 1dæus et Ribes rubrum, cette levure forme sur le moût gélatinisé au début une petite tache circulaire peu élevée, d'aspect humide. Le centre est grisâtre et le pourtour blanchâtre, presque uniforme. ? Wizr, H. Beiträge zur Kentnis d. Sprosspilze ohne Sporenbildung. Centralblatt für Bakteriologie, XVII (1907), XXI (1908). (19) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 149 Les colonies géantes donnent, par liquéfaction de la gélatine, des petites cuvettes de forme très régulière. Le pourtour en est finement plissé et présente un très joli dessin. Le centre est légèrement granuleux (efr. Planche, fig. D. PULL Le è k 1 n RL His. 26— Torula Rubi nov. spec. Fig, 27. — Torula Rnbi nov. Jeunes colonies. À droite, colonie spec. Colonie géante. En de trois jours ; à gauche, colonie bas, liquéfaction de la g'éla- de six jours. ‘1. tine en forme de cuvette. Les cellules sont de formes variées, tantôt ovales où plus allongées, tantôt rondes; elles mesurent 3 à Ty de long sur 1,9 à 3 de large. Leur contenu est transparent et possède une vacuole el des petites granulations brillantes, principalement localisées aux deux extrémités. Les celluies sont bourgeonnantes. © e @) où Fig. 28. — Torula Rubi nov. spec. Celiules frises dans une colonie géante. Dans le mout de vin, cette levure ne provoque aucune fermentation et le milieu distillé, au bout de trois mois, ne présente aucune trace d'alcool. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 7-8-9, parus le 30 mars MIS. 7 450 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (20) Nous n'avons constaté aucune formation de spores sur carottes ou sur plâtre. Les cellules deviennent plus grandes et a vacuole centrale diminue. Ensemencée dans des milieux nutritifs glucosés ainsi que dans du moût de vin, cette levure forme au bout d’un à deux jours, un beau voile de couleur blanc grisâtre et finement plissé. Ce voile est très dense et les cellules qui le forment sont plus allongées et si compactes que l’on a beaucoup de peine à les séparer. Le milieu nutritif prend une odeur très désagréable. Nous avons remarqué que le voile est encore plus dense dans le milieu Schukow glucose. Cette levure n'hydrolise aucun disaccharide. Etude de la résistance et de l’action des acides organiques vis-à-vis des levures étudiées dans ce travail L'étude de Paction des acides organiques sur les levures est dun intérêt tout particulier, non seulement au point de vue scientifique, mais aussi au point de vue pratique. Elle nous donne des renseignements précieux en ce qui concerne la nutrition de la levure et son pouvoir fermentatif. Pratiquement et industriellement, elle est non moins précieuse dans la question de la diminution de l'acidité dans les vins pendant et après leur fermentation. PASTEUR avait déjà démontré que des levures cultivées dans des milieux à acide tartrique s'emparent de (assimiient) la modification droite et laissent la gauche intacte. N&GELI ! à trouvé que les levures prennent le carbone nécessaire à leur nutrition aux acides organiques, toutefois, elles ont besoin à cet effet du concours de l'oxygène. 1 NÆGELI, Sitzungsber. d. bayr. Akad. (1879). 121) R.=E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES Lol HENNEBERG ? à démontré que les levures sont très sensibles à l'action des acides organiques. En augmentant lacidité du milieu, il r'emar qua que la fermentation subissait de ce fait un retard assez important. Dans un milieu avec adjonction de 51/0 d'acide citrique, l'auteur observa que des cultures pures de différentes levures se développaient très normalement. L'adjonction acides organiques, dans une certaine proportion, tels qu'acides citrique, lartrique et malique, active la fermentation?. BENECKE ”, dans ses recherches sur l'action de Facide tartrique sur les levures, croit pouvoir affirmer que celui-ci est un acide de prédilection pour les levures. KROEMER #, qui à étudié la résistance de quelques levures vis-à-vis «es acides, fait remarquer que les levures dont il s'est servi pour ses recherches sont très différentes au point de vue de leur résistance ; les unes supportent mieux Pacide tartrique, d'autres Facide malique el citrique. En ce qui concerne la diminution de lPacidité dans les vins, pendant et après la fermentation, les avis des auteurs à ce sujel sont très différents. R. GŒTHE?, en 1884, nous dit textuellement : «Die seithe- rigen Erfahrungen haben gelehrt, dass die Aepfelsäure der Fruchtsafte nach und nach in einem gewissen Grade verschwindel, so dass Obstweine nach Jahr und Tag einen faden Geschmack annehmen, weil nachweisslich ein gewisser Teil der Säure heraus gefallen oder neutra- lisiertist. » Plus tard, MüLcLer THurGAUS, Kuuscn?, WorrMANN*, E. Macn et K. PORTELE”, se sont occupés de la même question mais leur opinion est loin d’être la même. Pour le premier de ces auteurs, la diminution de Pacidité dans les vins serait due à un processus purement chimique : oxydalion ou combustion. Plus tard, MüLLER THURGAU en attribue la diminution à l’action des bactéries. L'auteur n’a jamais constalé fa diminution de l'acidité causée par la présence de levures. Dans certains imoûts, dont l'acidité avait presque complètement disparue, MüLLEr 1 HENNEBERG, W., Centralblatt für Bakteriologie, XV (1906), 264 et XIX (1907). 633. 2 JOHANNESSOHN, Fritz, Biochemise. Zeitschrift, XLVII (1912), 97. 3 BENECKE, W.. Handbuch. techn. mycolog., L (1904), 420. 5 KrozMER. K.. Handbuch. techn. mycolog., V (1913), 425. 5 Gœre, R. Jahresbericht für Gartenkunde und Botanik (88b. Re Le Czéu, A. und H. MüLzer THURGAU, Weinbau und Weinhandel, XIV et XV (1888). Kuziscx, Weinbau und Weinhandel, XLIL et XLIV (1889). WoRTMANN. J. Landau. Jahrb. (1894). E. Macu et PORTELE, Land. Versuchstationen (1892). & © = «a 4592 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (22) THURGAU à trouvé beaucoup de bactéries. E. MAcH et PORTELE partagent la facon de voir du précédent. «Wir konnten bei Untersuchung einer Anzahl Weine, nur dann merkliche Säureveminderung erkennen, wenn gleichzeitig auch Bakte- rien zur Entwicklung gelangten.» Puis il ajoute : «Die Môüglichkeit, dass die Apfelsäure als Nährstoff der Hefe verbraucht werde ist aber jedenfalls nicht auszuschliessen. » KULISCH !, par ses travaux quantitatifs, prouva que la diminution de l'acidité est bien la résultante de l’activité des levures. Par filtration ou en détruisant les levures par la chaleur, la diminution cessait aussitôt. En outre, il démontra que la présence de lPoxygène n’était pas néces- saire, ses essais ayant été faits dans des flacons complètement remplis et hermétiquement fermés. Les levures Saccharomyces apiculatus et Saccharomyces ellipsoideus assimilaient toutes deux Pacide malique et les milieux à base d'acide fartrique et citrique ne révélérent aucune diminution d’acidité ?. WORTMANN ayant démontré en 1894, par une série de recherches que la disparition de Pacidité était due exclusivement aux levures, MüLLER THURGAU abandonna sa théorie et se rangea à Pavis du précédent. J. SCHUKOWE reprit les mêmes recherches que les précédents auteurs et obtint des résultats concluants. Voici ses conclusions : 1. Les levures sont capables dutiliser les acides organiques tels que citrique, lartrique, malique et suceinique. De tous ces acides, Pacide citrique est le plus facilement utilisé, ensuite Pacide malique, plus faiblement acide tartrique et enfin Pacide succinique tres faiblement. 2. Différentes races de levures utilisent, dans les mêmes conditions, des quantités différentes d'acides. 3. L'intensité de la consommation des acides est liée intimement à la nourriture des levures en substances azotées. Les levures sont d'autant plus capables d’assimiler les acides offerts, que la solution nutritive est riche en ces substances et que Pétat des levures est favorable à Passimilation. On voit, d’après ce qui précède, que cette question a subi bien des vicissitudes. Les auteurs sont souvent arrivés à des résultats diamétra- lement opposés. ! KuLISCH, Weinbau und Weinhandel (1889), XLIIT, 60. ? KULISCH, Weinbau und Weinhandel (1989), XLII, 450. * SCHUKOV, J., Centralblatt Bakteriologie, IL (1896), 601. (23) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 453 Il y avait par conséquent quelque intérêt à reprendre cette question avec des races de levures différentes. Nous avons fait des essais avec les levures triées et décrites précédemment. Les méthodes de SCHUKOW * ayant bien réussi à son auteur, ont été appliquées à nos recherches. Le milieu nutritif employé par cel auteur était le suivant : 0,5 Phosphate d’ammonium 0,1 Phosphale acide de potassium 0,05 Sulfate de magnésie 10,0 Giucose 1,0 Peptone Eau distillée 100,0 Les levures de nos cultures ont été revivifiées dans du moût de vin avant d'être ensemencées dans le milieu de Schukow. Pour chacune des levures, il à été préparé trois flacons qui, après pasteurisation, ont élé ensemencés. Chacun de ces trois flacons a été additionné d'environ 0,9 à 1,0°/0 des acides suivants : acide tartrique, citrique et malique. Dés le début on à effectué une première litration puis, après quinze jours, une seconde el ainsi de suite trente el quarante-cinq jours plus tard. Comme contre épreuve, un flacon témoin a été Lilré quarante- cin( Jours après sans avoir été ensemencé. Dans ce flacon témoin, il n'y avait pas de différence d’acidité entre les deux périodes. Toutes les titrations d’acidité ont été faites au moyen de soude caustique n/10 et en employant comme indicateur la phénolphtaléine et le papier tournesol. Les flacons ont été laissés pendant la période des expériences à la température du laboratoire, soit environ 22 C. Cette levure à consommé pendant les périodes allant de quinze en quinze jours les acides {artrique, cilrique el malique dans les proportions condensées dans le tableau suivant : Tableau N° 1 Essai avec la levure N° 1. Saccharomyces ellipsoideus ||. Dim. de l'acidité ous £ IE SL 45 pendant 45 jours AS Tanirique ere 1,298 1,304 11925 1,198 0,100 A NCIITIQUER ere Le 0,9894 | 0,9294 | 0,852 | 0,724 0,2654 A malique ec 1,0679 | 1,0631 | 0,981 0,921 0,146 | os 1 SCHUKOV, J.. Centralblatt Bacteriologie, II (1896), 601. 494 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (24) Cette levure, comme on le voit, utilise l'acide citrique de préférence. Très intéressante est l’augmentation de Pacidité pendant les quinze premiers jours dans le milieu à acide tartrique. Les levures forment un très beau dépôt, le liquide nutritif reste très clair. Tableau N°2 Essai avec la levure N° 8. Saccharomyces Ribis nov. spec. de 0 15 30 45 Dim. de l'acidité | 1.298 | 1,299 | 1,981 | 14,193 | 0,105 | A CITRIQUe 1 0 0,9894 | 0,933 0,814 | 0,814 | 0,115 + | AMalquers eee 1,0679 | 1,071 0,995 0,961 0,106 | Légère augmentation pour Pacide tartrique au début, comme pour la précédente. L’acide citrique est le plus utilisé, puis Pacide malique el enfin l'acide tartrique. Les cellules du dépôt deviennent très grandes. Tableau N°3 Essai avec la levure N° 2. Saccharomyces apiculatus Il. = ——— EEE = Dim. de l'acidité || JOE 1 1e #1 35 | pentantésjours | A LartiIqUue ES 1,298 1,298 1,187 1,153 | 0,145 | AGiIrIque ee 0,9894 | 0,914 | O,871 | 0,633 | 0,2564 | | Namaliques 2 10619 M1:052%/#05980 "0897 O02TDR Même acidité au bout des quinze premiers jours pour le milieu à acide tartrique. L’acide citrique est Pacide le plus utilisé, puis Pacide malique et enfin Pacide lartrique. Tableau N° 4 Essai avec la levure N° 10. Torula Rubi nov. spec. [ru jrs ee À. (artrique. 1,298 | 1,041 | 0,982 | 0,913 | 0,385 | A CRIME 0,9894 | 0,131 0,904 0,392 0,6974 | A malique-e. 1,0672 | 0,972 | 0,757 | 0,603 | 0,4649 | (29) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 159 Cette levure forme sur le liquide nutritif un beau voile plissé. Au bout de quelques jours le voile est suivi d’un dépôt volumineux. L’acide citrique est le plus utilisé, puis Pacide malique et enfin l'acide tartrique. Tableau N°5 Essai avec la levure N° 4. Torula alpestris nov. spec. Dim. de l'acidité Jours 0 15 30 45 pendant 45 jours | À. tartrique. .. .... 1,998 |1,152 |1,148 |1,033 | 0,265 | PASCLLUeS + LE 0,9894 | 0,8113 | 0,653 | 0,591 0,1684 A malique. | 14/0619 0,902" "071814 0,6922"0:3799 Ici, Pacide tartrique est consommé en quantité minime en proportion des autres acides organiques. La levure forme un beau voile non plissé. Tableau N° 6 Essai avec la levure N° 11. Torula pulcherrima [. PE PP | Dim. de l'acidité | Jours 0 15 30 | 45 pendant 45 jours | | Re) ee Res 1e LE PAPE Dr | A. tartrique.-. 1208211700 ©0969 250,905 222035 A Gilrique. 0,9894 | 0,146 |0,632 |0,551 | 0,4384 0,183 0,587 0,5809 | À malique #0? 1,0619 10,911 Cette levure utilise l'acide malique de préférence, puis Pacide citrique et Pacide tartrique. Comme on le voit d’après les tableaux précédents, les Trois dernières levures consomment les acides organiques en plus grande quantité que les trois premières. IT était intéressant de comparer les courbes de là diminution de l'acidité de chaque acide séparément pour les six levures étudiées. Ceci fait l’objet du chapitre suivant. 456 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (26) Comparaison des courbes pour l'acide tartrique Pour ce qui est de lPacide tartrique, on voit que les levures sans spores attaquent très fortement cet acide pendant les quinze premiers jours, puis la dégradation se ralentit considérablement pendant les quinze jours suivants pour devenir ensuite sensiblement constante. Pour les levures à spores, l'acide tartrique ne subit presque aucune dégradation pendant les quinze premiers jours, même dans un cas D O0 == qe / ue : “ee pi Acide Li o | Gr ÉPIQUE . Prob on Fig. 29. — Courbe de la diminution de l'acidité (acide tartrique) en présence de levures. L’ordonnée indique la quantité, l’abeisse le temps en jours. JL un OM 15 (levure n° 1), il y a augmentation dacidité du milieu (probablement acide succinique). Pendant les trente derniers jours, la diminution à lieu, mais sans atteindre après les quarante-cinq jours, la quantité obtenue par les levures asexuées. ne faudrait pas évidemment penser que les chiffres calculés comme diminution d'acidité ne représentent uniquement que cette diminution pendant quarante-cinq jours. IY à lieu, dans chaque cas, même si la courbe n’est pas ascendante à un certain moment, de défalquer du chiffre trouvé une certaine quantité correspondante à l'acide secrélé (27) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 157 par le chimisme de la levure. Pour ce qui nous intéresse, ces chiffres sont justes, ayant été établis dans les mêmes conditions d'expérience. Il y aurait lieu, dans un travail subséquent, de séparer nettement le facteur acide secrété du facteur acide ajouté. Comparaison des courbes pour l'acide citrique On reconnaît ici également deux faisceaux de courbes traduisant, dun côté, la diminution de l'acidité des levures sporulantes et, d’un autre côté, des levures asexuées. Pour ces dernières, Pacide citrique est fortement attaqué pendant les trente premiers jours et cela d’une facon presque constante. Du trentième au quarante-cinquième jour, la diminution continue, mais d’une facon plus modérée. HÉRE Ps ne == ne . _ Fig. 30. — Courbe de la diminution de l'acidité (acide citrique) en présence de levures 498 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (28) Quant aux levures sporulantes, la dégradation se fait pendant la première période d’une manière constante, mais moins accenluée que pour les levures asexuées. À partir du trentième jour, contrairement à ce qui se passe pour les levures non sporulantes, il y a diminution très sensible de Pacidité à tel point que les deux faisceaux semblent converger. Comparaison des courbes pour l'acide malique lei les deux faisceaux sont encore mieux marqués de sorte, qu'aussi bien pour les levures à spores que pour les levures asexuées, la diminution d’acidité se fait d’une manière presque constante dans les deux cas. Cependant, il est à remarquer que comme pour les acides tartrique et citrique, la diminution est ici du double plus forte pour les levures sans spores que pour les levures sporulantes. Fig. 31. — Courbe de la diminution de l'acidité (acide malique) en présence de levures. (29) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 159 En outre, les levures sporulantes manifestent dans les quinze premiers jours où une légère augmentation d’acidité ou celle-ci reste sensiblement constante. D'après ce qui précède, on peut différencier les levures sporulantes des levures asexuées par la manière dont elles attaquent les acides organiques (tartrique, citrique et malique). Les courbes de chaque acide, pour les six levures étudiées, se en deux faisceaux bien distincts. Le faisceau 1, 2, 8, représentant parmi les levures étudiées les levures sporulantes. 2. Le faisceau 4, 10, 11, représentant les levures asexuées. Ainsi, nous pouvons établir, à côlé des caractères faxinomiques, un nouveau caractère physiologique distinetif pour séparer les levures à spores des levures sans spores. Il ressort également de cette étude que les levures à spores attaquent beaucoup moins les acides organiques (tartrique, citrique et malique) que les levures sans spores. ILest à noter que, pour les acides tartrique et malique, le milieu dans lequel on cultive la levure N° 8 présente, pendant les premiers quinze Jours, une augmentation d’acidité. Cette levure utilise l'acide citrique plus faiblement que toutes les autres levures, mais d’une facon très constante pendant les quarante-cinq jours (courbe — ligne droite). Nous pouvons done en conclure que pour les levures sporulantes, même si la courbe décroît les quinze premiers jours, il y à formation d'acide tandis qu'au contraire, pour les levures asexuées, I Y à une disparition d'acide plus forte pendant cette même période que lors des quinze derniers jours. En faisant les totaux de la diminution de Pacidité pendant quarante- cinq jours, on constale que, entre les levures à spores el les levures sans spores, le rapport pour l'acide tartrique est de 4: 2,8; pour Pacide citrique 1: 2 et pour l'acide malique 1: 2,7, ce qui nous montre que les levures non sporulantes utilisent trois fois plus d'acide lartrique el malique et deux fois plus d'acide cilrique que les levures sporulantes. Cette observation se laisse résumer par le Lableau suivant : pur Lnoy cute RE AS joNtE Rapport || Acide citrique | Rapport ae malique | Rapport | ’ac. tartri ; 29 Levure sporulante.......... 116 | 1 196 °22 4 Donne, non sporulante A 3271 | 2,8 | 1603 | 2 || 1419 460 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (30) I II I. Torula Rubi nov. spec. Colonies I. ne RUE Aors véantes (trois mois) sur moût véla- spec. Colonies géantes sur A moût gélatinisé (vues de haut). (31) R.-E. LUDWIG. QUELQUES LEVURES ALPINES 101 BIBLIOGRAPHIE UTILISÉE Pasreur, L., Mémoire sur la fermentation de l’alcool, Annales de Chimie et de lhy- sique, LNVII et LVIII (1859). HANSEN, E. C., Compte rendu des travaux du laboratoire de Carlsbey, 1 (1879-1881). BUCuNER, E., Ber. der deutsch. Chem. Gesellschaft, XXXNVI (1903). *HOrFMANN. Botanische Zeitung, XVIII (1860), 49. HorrMANN, Annales des Sciences naturelles, XIII (1860), 21. PAsrEUR, L., Etude sur la bière (1876), Paris. BEYERINCK, M. 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Quelques travaux, en partie déjà un peu anciens, démontrent à quels beaux résultats aboutit cette méthode. Je ne cite que quelques-uns des plus importants !. Dans la plaine, le Lilium Marlagon L. Se trouve surtout dans les forêts de hêtres (Fagus silvatica L). «Dieses stattliche Liliengewächs Lit bei uns besonders gern in den Buchenwäldern in Gesellschaft von Mercurialis perennis, Viola silvalica, Riviniana, Asarum europæum, Brachypodium silvalicum, Milium effusum, Poa nemoralis, Carex digi- Lata, Majanthemum bifolium, Sanicula europæa, Paris, Arum, Asperula 1 A. DE CANDOLLE. Géographie botanique raisonnée, Paris, 1855 (surtout le chapitre III. sur la délimitation des espèces). — KERNER, A. Pflanzenteben, Leipzig (1888), 453. — Boxnier, G. Recherches expérimentales sur l’adaptation des plantes au climat alpin. Annales des sciences naturelles, série VIE, 20, page 217. — Bonnier, G. Expé- rience sur la production des caractères alpins des plantes par l'alternance des températures. Comptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris (1898), 307. — STEENSTROM. Über das Vorkommen derselben Arten in verschiedenen Klimaten und an verschiedenen Standorten. Flora (1895), 200; W1EsNER und seine Schule, Wien, 1903 (voir surtout la littérature du chapitre «Lichtgenuss »). — ScxHiMPER, A. F. W. Pflunzengeographie, Iena, IE. édition (1908), 755. 19 W. VISCIIER. REMARQUES SUR DES ESPÈCES ALPINES 463 odorala, Anemone nemorosa und hepalica, Ranunculus ‘nemorosus, Aclaea, Aquilegia, Phyleurñna spicalum, Oxalis acetosella, Neollia, Euphorbia dulcis, Galium silvalicum, Hieracium murorum, Vinca minor, etc., oder in Bergwäldern (hier mit Aanunculus lanuginosus, Aconilum lycoctonum, etc.) auf.» Plus nous avancons dans la région montagneuse, préalpine el alpine, plus nous voyons celte plante sortir de ces endroits ombragés pour devenir une plante de prairies et de pâturages. Avec quelques modifications, le Peucedanum ostruthium (L.) Koch, Aquilegia vulgaris L., Equisetum hiemale L., Geranium rivulare Vil., elc., présentent la même particularité. En juin 1907, nous avons observé le Pirola chlorantha SW. dans une forêt sombre d’Epicea (Picea excelsa (Lam.) Link.) sur le versant nord, à 1020 mètres entre Viège et Zeneggen. Sur le versant opposé de la vallée de la Viège, au-dessus d’Aren (Areggen de PAtlas Siegfried), nous avons rencontré la même plante en masse dans la forêt de pins (Pinus silvestris L.) à 1300-1400 mètres, exposition sud-ouest. Cette forêt était si peu dense que de nombreux pieds de genévrier (Juniperus communtis L.) formaient un sous-bois. Dans les espaces libres, le Prrola chlorantha se trouve mélangé avec Anthericum liliago L. el Astragalus monspessulanus L. Le Solanum duleamara L. est une espèce dont la forme extérieure varie beaucoup selon l'altitude et le caractère de la station. Dans la région basse, il choisit de préférence des lisières de forêts un peu humides. JAGCARD? en cite une exception : «La station de Mex, dans les éboulis, 1100 mètres, paraîtra exceptionnelle. Jai trouvé la plante dans une station toute semblable, à la Pierre du Mouellé, dans des éboulis, au pied du Mont-d’'Or (Alpes vaudoises), à 1700 mètres également. ». Monsieur G. BEAUVERD nous à communiqué oralement qu'il a aussi trouvé le Solanum dulcamara L. dans les Aravis, à une altitude de 1800 mètres, avec les plantes suivantes qu'il cite dans un de ses mémoires sur cette région? : c«rocailles jurassiques du Scé el de Lécheron (versant sud-est, 1600 à 1900 mètres) : Convallaria majalis, Dianthus sylvestris, Rosa spinosissima, spinulifolia el glauca (jusqu'à 1 HEGI, Flora von Mitteleuropa, München (1906), I, 236. 2 JaAccARD. H. Catalogue de la flore valaisanne (1895), 266. , 3 BeauverD, G. Nouvelles herborisations dans les Aravis durant l'été 190$. Bulletin de l'Herbier Boissier, deuxième série (1908), 572. 4164 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (3) 2000 mètres), Astragalus aristalus, Daphne alpina (1900 mètres), Peucedanum austriacum, Linaria alpina, Lonicera alpigena (1900 mètres), Aster alpinus Var. polycephalus, Solidago virga-aurea var., Senecio viscosus, Hieracium longifolium, pulchrum, etc. ». En montant le sentier de Neubrücke à Visperterminen (vallée de la Viège), nous pümes observer le Solanum dulcamara L. dans la pinède xérophile en compagnie d’Antherieum liliago L. (juin 1917). Au-dessus d’Aren se trouve une futaie de Solanum dulcamara L. sur une pente ensoleillée. À cet endroit, on peut observer de nombreux pieds de ceite plante, accompagnés de Turritis glabra L., Anthericum tiliaugo L., Ononis Natrix L., Saponaria ocymoides L., Erysimum helveticum DC. et, à une petite distance, Oxytropis pilosa (L.) DC. Apparemment, c’est du terrain neuf, un talus, où la surface a glissé en bas, ou qui a été déboisé et qui s’est repeuplé récemment par cette association. Cependant, nous pouvons constater avec netteté que le Solanum duleamara L. se trouve transporté dans une association de plantes de plus en plus Xérophiles à mesure qu'augmente l'altitude. Parallèlement, nous pouvons observer une différence morphologique. Dans les lieux humides de la plaine, les rameaux sont longs et leur extrémité souvent légèrement volubile. Dans la pinède, au-dessus de Neubrücke, au contraire, la plante forme un petit buisson; toutes les feuilles sont simples el non lyrées. À Aren, où on à l’impression d'une plante vigoureuse, de cinquante centimètres de hauteur, le Solanum dulcamara L. forme comme de grands pinceaux érigés et à ramification basale!. On pourrait confondre, à une certaine «distance, ces buissons avec le Vincetoxicum officinale Môünch. des pentes chaudes. Ce fait que certaines espèces sont plus où moins volubiles selon la quantité de lumière et d'humidité qui est à leur disposition, est parmi les plus intéressants de la phytogéographie écologique. (Comparez le chapitre sur les Solanées par R. CropaAr et W. VISCHER dans La végélation du Paraguay, paru dans ce Bulletin en 1916, par exemple : Solanum Rojasii Chod.) Nous avons en culture la forme d’Aren? et nous espérons pouvoir faire quelques expériences sur les causes de ces différences morphologiques, si le service militaire nous le permet. Monsieur le professeur CHODAT nous à fail remarquer que le Véncelo- 1 Les exemplaires correspondent à la variété indivisum Boiss., tandis que ceux de Neuenbrücke sur Viège à la variété ovatum Rouy et, à Kalpetran, se retrouve le type. 2C'est mon ami, Monsieur Henri Guyot, qui, en mon absence, à bien voulu se charger de ces déterminations. Il a aussi vérifié une partie des notes bibliogra- phiques et je lui exprime mes meilleurs remerciements. (4) W. VISCHER. REMARQUES SUR DES ESPÈCES ALPINES 465 æicum officinale Münch présente la même particularité que le Solanum dulcamara L. Au bord des forêts du canton de Genève, on peut observer des rameaux légèrement volubiles, se glissant entre des branches de buissons mieux soutenues leur servant de support. Au pied des pentes chaudes du Valais et du Jura, les branches sont droites et dressées par leur propre force. Pour terminer, nous mentionnons encore une station intéressante du Corallorhiza innata R. Br., déjà connu par le chanoine Favre’. Elle se trouve près de la galerie de Kaltenwasser, à 1980 metres, bien au-dessus de la limite actuelle de la forêt, entre les Æhododendron ferrugineum L., Salix helvetica Vill., S. arbuscula NWahlenb., etc. Il est intéressant de constater qu’au point de vue de sa nutrition, le rhizome n'est pas entouré par des aiguilles de sapin en voie de décomposition, mais qu'il est placé dans un sol pauvre en matières organiques, ce qui se voit clairement aux particules de mica adhérentes au rhizome. Il faut se demander si la limite de la forêt n'étail pas plus élevée. Dernièrement, en constatant une association analogue, Monsieur WiLczEek s’est posé la même question?. A cette altitude, aujourd’hui au moins, l'ombre des Conifères fait naturellement défaut. Derrière l’hospice, PÆquisetum hiemale monte presque dans la Toundra alpine. On l’a d’ailleurs indiqué jusqu’à 2600 mètres *. Il existe probablement plusieurs causes, qui forcent une plante de choisir des stations mieux éclairées avec laltitude croissante. Il n'est pas probable que des espèces comme le Lilium Martagon L. ne puissent pas supporter l’insolation totale de la plaine, puisque précisément celle-ei est moins forte que dans les alpes. La température el la concurrence jouent probablement un rôle évident. Jusqu'à un certain degré, il y à aussi coïncidence entre la pression amoindrie du COz des hauteurs et le besoin d’une lumière plus forte; on pourrait supposer que dans la plaine une lumière atténuée suffit pour l'assimilation, tandis que la pression amoindrie nécessite une lumière plus efficace. Cependant, les différences qui entrent en ligne de compte ne dépassant pas 50 à 10/0, ce rôle de la pression doit être considéré comme minime. En premier lieu, il faut penser à la diminution de la somme de température, cette dernière étant nécessaire pour le développement d’une période de végétation. 1 JACCARD, H., I. c., 342. ne 2 WiLczek, E. Voyage botanique dans le Valais supérieur, Bulletin de la Société Murithienne (1916), * HeGr, G., l. ce. Volume I (1906), 60. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE, Nos 7-8-8, parus le 30 mars 1918. 8 466 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (9) Cette diminution est compensée en partie par Paugmentation de la quantité de lumière. Une telle compensation parait avoir été constatée pour plusieurs plantes, par exemple pour la vigne!. Dans certaines parties des alpes (Berner Oberland), la quantité des jours nuageux est considérable et, par conséquent, les plantes sont forcées de choisir les endroits mieux exposés. Il est évident qu'un équilibre doit exister entre la pression de CO», la somme de température, linsolation et la durée d’une période de végétation. L'étude de ces rapports mutuels et de linfluence de chaque facteur, ne peut se faire qu’à l’aide de beaucoup d'observations exactes et d'expériences. Un large champ de travail est ouvert aux laboratoires alpins. À part le beau travail de Monsieur RüBEL sur la végétation de la Bernina*, dans lequel cet auteur à introduit et développé des méthodes exactes, les résultats des travaux sur l'influence du elimat alpin sont trop contradictoires pour en tirer des conclusions générales exactes. Ceci provient du fait que les auteurs sont partis d’une base très générale et n’ont pas séparé les différents facteurs. Leurs résultats, quel que soit leur intérêt, ne sont done pas comparables. A ce propos, qu’on examine les résultats bien connus obtenus par Monsieur BONNIER, dans le Dauphiné, au ciel bleu, avec les conclusions que Monsieur LEIST à tirées de ses expériences faites dans le nuageux Oberland bernois : «Dass die in den Alpen an freien, sonnigen Standorten sewachsenen Blätter in Bezug auf die Form und Struktur des Mesophylls mit den Schattenblättern der Ebene übereinstimmen, indem sie die für die Schattenformen characteristischen Veränderungen erleiden », exception faite de l’épiderme qui tend à s’épaissir®. Les expériences et les observations sur la durée du développement pendant une saison, ont aussi donné des résultats contradictoires. Les modifications de cette durée sont différentes pour des espèces différentes et la nécessité d’expérimenter avec des unilés systématiques dans des conditions aussi comparables que possible, s'impose catégoriquement. 1 SCHRÔTER, C., L. c., page 649. 2 RÜBEL, E. ni aphische Monographie des Berninagebietes, Leipzig (41912). * Leisr, K. Über den Einfluss des alpinen Standortes auf die Ausbildung der Pflanzen. Naturfor schende Gesellschaft, Bern (1889). RÉPERTOIRE DES NOMS NOUVEAUX DE GENRES, ESPÈCES ET VARIÉTÉS PUBLIÉS DANS CE VOLUME IX, ANNÉE 1917 * Les chiffres précédés d’un astérisque se rapportent aux pages où figure une vignette Lo Knappii Palézieux (— «Anemone alpina var. sulphurea X Ane- mone montana» Palézieux : nomen nudum!), p. 133: X Anemone Mathilde Palézieux (— «Anemone alpina var. sulphurea XX Anemone polyscapa» Palé- zieux : nomen nudum!), p. 133. — Apinagia yguazuensis Chodat et Vischer, 180%, 181%, 182%, 183%, 192%, 195%. — Arrabidæa /obaliensis Chodat, 243, En (?) biglandulosa Chodat, 105*. — Closteriospira Reverdin, nov. gen., 52, 53%, 54%; Closter. lemaniensis Reverdin, 54%. — Cystococcus Xanthoriæ parietinæ Letellier, 39%, 395%, 397 et 412, fig. Æ IV. He nucifera Chod. (1892), 56%, 61%, 64% à 76% (fig. 128 à 144). — Diceras Reverdin, nov. gen., 47; Diceras Chodati Reverdin, 46%, 47. — Doxantha unguis var. microphylla Chodat, 243. Er H. B. K. emend. Chodat, 99: Gaudichaudia afjinrs (Saint- Hil.) Chod., comb. nov., 101: Gaudichaudia argentea (Griseb.) Chod., comb. nov., 101; Gaudichaudia Barbeyi (Chod.) Chod., comb. nov., 100: Gaudichau- dia californica (Benth.) Chod., comb. nov., 100: Gaudichaudia diandra (Ndz.) Chod., comb. nov., 100; Gaudichaudia ericoides (Saint-Hil.) Chod., comb. nov., 101: Gaudichaudia Galeottiana (Ndz.) Chod., comb. nov., 99; GaudichaudTa Glaziowiana (Ndz.) Chod., comb. nov., 101: Gaudichaudia gracilis (Gray) Chod., comb. nov., 100; Gaudichaudia hexandra (Ndz.) Chod., cemb. nov., 468 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE GENÈVE (2) 100; Gaudichaudia Hilairiana Chod., nom. nov., 101; Gaudichaudia horsuta (Saint-Hil.) Chod., comb. nov., 101: Gaudichaudia hyssopifolia (Gray) Chod., comb. nov., 102: Gaudichaudia lanala (Chod.) Chod., comb. nov., 104: Gau- dichaudia mollis (Ndz.) Chod., comb. nov., 101: Gaudichaudia Niedenzuana Chod., nom. nov., 101; Gaudichaudia robusta (Chod.) Chod., comb. nov., 106; var. Fiebrigii Chod., 107; var. genuina Chod., 106; var. serscea (Griseb.) Chod. 107: Gaudichaudia salicifolia (Chod.) Chod., comb. nov., 101 ; Gaudrchaudia urens (Lagasca) Chod., 102. — Gentiana campestris var. baltica (Murbeck) Beauverd, comb. nov. M paraguartiensis Chodat, 103%, 104%. Nos Pelligeræ Letellier, 387, 412%, fig. 4, B, C et D. A atrichus Chodat et Vischer, 167%, 168%, 169%, 170%, 179%, 183%, 195%: Podostemon aguirensis Chodat et Vischer, 191%, 194; Podostemon Warmingii Chodat et Vischer, 174%, 177%, 176%, 177%, 178%, 180%, 184%, 189%, 186%, 187%, 188%, 190%, 194. — Primula vulgaris; var. calva Beauverd, 370; id., var. genuina (Pax) Beauverd, comb. nov., 371; 14. var. hypoleuca (Halacsy) Beauverd, coemb. nov., 372; 1d. var. {runcata Beauverd, 362%, 365%. — Pulsatilla Halleri var. polyscapa Beauverd, X Pulsatilla Knappri Palézieux [= Pulsatilla alpina ssp. sulfurea XX Pulsatilla montana] (nomen), 128; K Pulsatilla Mathildæ Palézieux [= Pulsatilla alpina ssp. sulfurea X Pulsatilla Halleri var. polyscapa] (nomen), 128; X° Pulsatilla refulgens Beauverd |—= Pul- salilla Halleri var. polyscapa X Pulsatilla vernalis], 127: K° Pulsatilla vispen- sis Beauverd [= Pulsatilla Halleri var. polyscapa X Pulsatilla montana|, 127. Ron spérochroma Reverdin, 49%, 51. — Rhizopus Maydis Bru- derlein, 108 et 112. Se Matihioke Ledner, 421, 497%, 428%, 499% el 430%. — Sac- charomyces Ribis Ludwig, 439, 440%, 460% — Stichococcus Contocybes Letellier, 401%, 404%, 412%, fig. F IIT. — Sclerotinia Matihiolæ Lendner, 23%, 24%, 26%, 29, 427%, 428%, 129% el 430*. — Sempervivum arachnoideum var. subacaule Beauverd, 355. FE. alpestris Ludwig, 446%: Torula Ribis Ludwig, 447%, 448; Torula Rubi Ludwig, 448, 449%, 460%; Torula Sambuei Ludwie, 44%. BULLETIN DE LA SOCIËTE BOTANIQUE DE GENÈVE 2mne Série. — Volume IX. 1913 TABLE DES TRAVAUX PAR NOMS D'AUTEURS Pages BEAUVERD, G. — Compte rendu des séances... ............ 1575074209) 131, 133, 253. 357 el 359 » Le Docteur Alfred Chabert (nécrologie) ............... 15 » Bes ns tes duMalus nee ete eee 125 > À propos du Gentiana baltica Murbeck ............... 391 » Deux races inédites de Primula vulgaris Huds., 1 vignet. 362 BRUDERLEIN, J. — Le Rhizopus Maydis Bruderl., n. sp................. 108 Cnopar, R. et Viscuer, W. — Résultals de la mission botanique suisse an Paru AVI One les RO RS Dh) » > Résultats de la mission botanique suisse au Paraguay, 4 planches coloriées et 59 vignettes... .... 165 CHRisr, H. — Un pionnier de la flore des Alpes occidentales an XVIe siècle 137 Ducezrier, F. — Notes sur le pyrénoïde dans le genre Cosmarium, 5 vignettes et une planche in-texte................... 30 He Une MucONNÉeICyANOone 2 RUES RTE 30 Ee A. — Un Sclerotinia parasite du Matthiola vallesiaca, 3 vignet. A1 » .. Nouvelles recherches sur le Sclerotinia Matthiolæ Lend. RENE LES SR SEE ARE DE DEA TOUR ER TS AA RE 2921 Lereztier, A. — Elude de quelques gonidies de Lichens, 6 vignettes et BNC DANCHE SES A TE EPA RE AE 379 LupwiG, R.-E. — Etude de quelques levures alpines, 31 vignettes, 1 pl.. 431 Marin, Ch.-Ed. — Champignons des pâturages et des bois de mélèzes du N'al-Berret (Valais) HO EEE Re PRE RUE Es 113 Puymazy, À. de. — Sur une Siphonée d’eau douce, le Dichotomosiphon DubenosnsE AS BTS) PINS RCE ES MEN PRE 120 Rayss, C. — Cœlastram reliculatum (Dang.) Lemm., 4 planche... ....... 413 Renrous, Laurent. — Etude sur les Stomates, 125 vignettes ............ 245 ReverniN, L. — Le genre Diceras, nouvelle Leptochromadinée, 1 vignelle, 45 » Le Raphidium spirochroma Reverd., nouvelle espèce planctonique, 1 planchen-texte "1"... LS > Une nouvelle Aluue, le genre Closteriospira Reverd., 2 AA COTE) VA DRE SI DECPRTRE QU APR EENC RENE SRE D2 Tuérior, J. — A propos du Braunia diaphana Jæg. et du Leucodon sekistos Miele Dub VER Rene Ses eat OR PR ere 135 ViscHer, W. — Quelques remarques sur des espèces alpines rencontrées hors de leur station habituelle. ................. . 462 RéperrToine des noms nouveaux de genres, espèces el variélés publiés dans eeiiers 10e NI POS OMRTER TS AR EME Pier ae +07 TABLE DES TRAVAUX PAR ORDRE DE MATIÈRES 1. Anatomie. — Biologie. Morphologie. — Physiologie. (générales ou spécrales) Pages BRuDERLEIN. Le Rhizopus May- (OS DEEE tee 9 et 108 CHABoRskY. Sur la sexualité d’une levure de figue . Caopar. Une péridiniacée nivale 7 » Mouvements floraux du Lilium Martagon L.. 358 Cuopar et ViscHer. Biologie vé- gétale du Paraguay... 9 et 55 CHonar et Viscuer. Nouvelles éludes biologiques sur la végétation du Para- DUAN PER RES 132 et 105 Docezrier. Pyrénoïdes des Cos- MELUN RE 8 et 56 » Zoocécidies des envi- rons d’Arolla...:.... 359 Guyor. Une mucorinée cyan... 7 el 30 Jauon, Mlle. Anatomie des Po- lypalacées ee es [B5) Lenpxer. Un Sclerotinia du Mat- thiola vallesiaca... LeTeLLier. Gonidies des Lichens 133 et 373 7 et 21 PEenarDp. Chytridinée antartique 7 Puymazy (A. de). Sur le Dicho- tomosiphon tnberosus. 120 Rayss, Mile. Le Cœlastrum pul- CREUMLE NESERERS 151 Renrous. Etude sur les stomates 153 et 245 Revernin. Nouvelles algues du lac de Genève. 9, 45 et 130 ViscHer. Dispersion de quelques espèces alp. en plaine. 354 2. Systématique. Géobotanique. Pages BEauveur. Pulsatilles du Valais 125 » Phanérogames xéro- phytes des Andes..... 130 » Une race inédite du Primula vulgaris 130 et 162 » Herborisations à Zer- Matte ee ete 133 » Gentiana baltica Mur- DEGRÉ SERRE 391 » Etude synécologique de deux marais du Jura 300 » Observations sur le genre Sempervium ... 309 CHirrorü, Mlle, Sur les Symplo- CACÉBS nie 131 CHopar. Les formations aquati- ques au Paraguay.... 356 Curisr. Un pionnier de la flore des Alpes occidentales au XVlme siècle. .... 137 Guiner. Ceterach officinarum au Salè Ven creer 132 Guyor. Plantes nouvelles du Malsorey. 4%" 397 » Sur la variation de quelques Ombellifères. 357 Marin. Champignons du Val Ferrets tie does. 115 MécevanD. Cardamine Impa- tiens à Genève....... 154 MéGevanp et Romreux. Le Gor- sium tuberosum dans le canton de Genève,. 39% MeyLan. Contributions à la flo- re du Jura suisse..... 998 Minop. Les Stémodiées ....... 8 (9) Pages THérior. Flore bryologique de l'Afrique australe 132et135 ViscHer. Deux phanéroganes cri- tiques de la flore suisse 132 3. Comptes rendus. — Nécrologie. Divers. Pages Brauverb. Comple rendu des séances1, 7,00, 129; 131, 133, 353, 357 » Nécrologie Dr A. Cha- el 359 DEAN ES Sr ES 15 BRUDERLEIN el MaRTIN. Rapport des vérificateurs . .... 6 CHaBerrT, Dr A. Sa nécrologie, Gene 15 CHopar. Rapport du directeur dU-Bulletin eee à) » Résumé du Mémoire de T. Jacos et E. Gain. TABLES DES MATIÈRES «Bibliographie de l’ac- Lion du cuivre sur les VÉCÉLAURO AE TRS DuceLrier. Rappori présidentiel FRey-Gessxer, Dr E. Sa nécro- logie, par G. Beauverd GAIN et Jacog, «Bibliographie de l’action du cuivre sur lès végélaux » (ré- sumé par R. CHopar). Guyor. Rapport financier ..... KeLLer. Florule paludéenne du canton de Genève.... LISRENESAMENIOTES 2 RENE NécroLoGie. Alfred Chabert . ) Jules Allemand. .... » Emile Frey-Gessner. RéperToiRe des noms nouveaux de ce volume IX..... Tage des travaux par ordre al- PRADEFIQUE ER 399 10 el 15 9 399 h67 INDEX DES ILLUSTRATIONS 4 Chromogravures hors-texte : PI. IV. «Espinillares» à Concepcion (Arrabidæa rhodantha et Phylloslylon). PI. V. Berges de la rive gauche du Rio Paraguay : Bignoniacées en fleurs. PI. VI. «Paratodales» du Chaco paraguayen (Tecoma argenteum) et rive droite du Rio Paraguay (Gran Chaco). PI. VII Hlôt de forêt dans le Campo vers l'Ipané (Tecoma argenteum). 5 Planches in-texte : Pages Pyrenoïdes du genre Cosmarium (F. Ducellier)........................ 492 Raphidium spürochroma L. Reverdin, nov. spec....................... 49 Nostoc Peltigeræ, Cystococcus et Stichococeus en culture (A. Letellier)..... 442 Cœlastrum reliculatum (Dengeard) Lemm. en culture (T. Rayss)......... 419 Torula Rubi et Saccharomyces Ribis Ludwig en culture (R. E. Ludwig) .. 460 276 Vignettes et 3 Graphiques in-texte : BEAUvERD, G. Races nouvelles du Primula vulgaris, p. 365, 1 vignette. — Cuopar et Viscaer. Malpighiacées du Paraguay, p. 36, 59, 61, 63 à 92, 102 à 105, 44 vignettes ; id. Podostémacées du Paraguay, p. 166 à 192, 30 vignettes ; id. Bignoniacées du Paraguay, p. 198 à 202, 207, 209, 210, 213 à 231, 233, 236 et 237, 30 vignelles. — DuceLrier, F. Pyrénoïdes du genre Cosmarium, p. 39 à 41, 5 vignetles. — LENDNER, À. Sclerotinia Matthiolæ sp. nov., p. 23, 24, 26, 427 à 430, 7 vignelles. — LeTezueERr, A. (ronidies de lichens, p. 395, 397, 398, 401, 404 et 405, 6 vignettes. — LupwiG, R. E. Cultures de levures alpines, p. 438, 440 à 449, 456 à 458, 25 vignettes, 3 graphiques et 7 tableaux synoptiques. — Renrous, L. Etude sur les stomatles, p. 269 à 279, 281 à 297, 299 à 310, 312 à 349, 125 vignettes. — ReverpiN, L. Algues nouvelles du Léman, p. 46, 53 et D4, 3 vignettes. To Er a 6 à We an Le. 4