LA Man D y NO Se Le Vo bn nn 3 “om Ce bb Pen ja ans " TEE sens EEE ad M RTE ES ee ete ET pe ur ci AR ART Ut Fou Ten ns CLS " , A ‘ DUR ‘ HEA* ul KO d La : Il RE LEE à HAN SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XX. — Comptes-rendus sommaires. A* LILLE, — IMPRIMERIE LE BIGOT FRÈRES à Tnt La 3 BÉÉLE VEN DE LA SOCIETE GEÉOLOGIQUE DE FRANCE TROISIÈME SÉRIE — TOME VINGTIÈME 1892? D GO ET PARIS NU SE GE DENLAlSOCTÉÈTE 7, rue des Grands-Augustins, 7 1892 ! À) " 08 ET Lt er di * Fr L À COMPTES-RENDUS SOMMAIRES DES SÉANCES ; Pa A! LADA EM) N°1 4 ET 18 Janvier 1892 VIL COMPTE-RENDU SOMMAIRE DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Séance du 4 Janvier 1592 PRÉSIDENCE DE M. MUNIER-CHALMAS M. J. Bergeron, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Le Président, en annonçant la mort de M. Ferrand de Missol, Vice-Président, exprime les regrets que cette perte fait éprouver à la Société qui avait été à même d’apprécier pendant de nombreuses années son dévouement comme archiviste. Il se fait l'interprète de la Société pour remercier M. de Lapparent qui a bien voulu parler, au nom de la Société, aux obsèques de M. Ferrand de Missol. Le Président annonce le décès de M. Julius Ewald, Membre de l’Académie des Sciences de Berlin et membre de la Société géolo- gique depuis 1846. Il annonce une présentation. Il est procédé au vote pour l'élection du Président de la Societé. M. Michel Lévy, ayant obtenu 136 voix sur 155 votants, est proclamé Président pour l’année 1892. Puis sont élus successivement : . Vice-Présidents : MM. ZEILLER, BERGERON, BERTHELIN et ZÜRCHER. Secrétaires : MM. Dererms et THIÉRy. Vice-Secrétaires : MM. Caveux et LÉON BERTRAND. Membres du Conseil : MM. Gaupry, MUMER-CHALMAS, COTTEAU, HAUG, PELLAT, CHAPER. Par suite de ces élections, le Bureau et le Conseil sont composés pour l’année 1892 de la manière suivante : Président : M. Micuez Lévy. Vice-Presidents : M. ZEILLER. | M. J. BERGERON. | M. BERTHELIN. | M. ZürCHER, VIII 4 ET 18 JANVIER 1892 Secrétaires : Vice-Secrélaires : M. Dereims, pour la France. M. CaAyEux. M. Taiéry, pour l'Etranger. M. Léon BERTRAND. Trésorier : M. DouviLLé. | Archiviste : M. Em. pe MARGERIE. Membres du Conseil : M. FAyor. M. M. BERTRAND. M. COTTEAU. M. MALLARD. M. FIsCnER. M. Hauc. M. Brocue. M. Gaupry. M. PELLAT. M. NickLës. M. MuniEer-CHALMAS. M. CHaPer. Dans sa séance du 18 Janvier, le Conseil a fixé, de la manière suivante, la composition des Commissions pour l’annnèe 1892 : o Commission du Bulletin : MM. Marcarb, CAREZ, M. BERTRAND, MUNIER- CHALMAS, BERGERON. 90 Commission des Mémoires : MM. VÉLAIN, M. BERTRAND, CAREZ. 3o Commission de Comptabilité : MM. PARRAN, FAYOL, SCHLUMBERGER. o Commission des Archives : MM. BI0CHE, SCHLUMBERGER, HAUG. _— S Séance du 18 Janvier 1892 PRÉSIDENCE DE M. MUNIER-CHALMAS, puis DE M. MICHEL LÉVY. M. J. Bergeron, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. M. Munier-Chalmas, avant de quitter le fauteuil de la prési- dence, adresse ses remerciements à la Société pour l'honneur qu’elle lui a fait et pour la bienveillance qu’elle lui a constamment témoi- onée pendant l’année qui vient de s’écouler. Il remercie les Secré- taires sortants, MM. Bergeron et Haug, de leur zèle et de leur dévouement aux intérêts de la Société. M. Munier-Chalmas invite M. Michel Lévy à prendre place au bureau. M. Michel Lévy remercie la Société de l'honneur qu’elle lui a fait en le nommant président; il rappelle les nombreux progrès qui ont été réalisés sous la présidence de M. Munier-Chalmas. Au nom de la Société, il l’en remercie, ainsi que le Trésorier, l’Archi- viste et les Secrétaires. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, le Président proclame membre de la Société : M. Bossavy, commis. 18 ganvier 1892 IX des postes et télégraphes à Draguignan, présenté par MM. M. Ber- trand et Zürcher. M. M. Bertrand présente de la part de M. Paul Choffat la note suivante : SUR L’AGE DU ROCHER DE GIBRALTAR (Extrait d'une lettre de M. Paul &hoffat à M. Manuel Fernandez de Castro, directeur de la Commission de La carte géologique d'Espagne). La publication de MM. Ramsay et Geikie (Quarterly Journal of the geological Society of London, 1878, p. 508) contient au sujet du rocher de Gibraltar une opinion contraire à celle qui était généra- lement admise. Ces messieurs ont soumis à MM. Etheridge et Davidson les Rhynchonelles trouvées dans ce calcaire et ces savants paléontologistes ont conclu que ces fossiles ne sont pas détermi- nables spécifiquement, mais qu’ils appartiennent à une espèce voisine de Rhynchonella concinna Sow., qui d’après eux se trouve dans le Cornbrash et le Corall-Rag. Me trouvant l’année dernière à Londres à l’occasion du Congrès séologique, je profitai de l’extrême obligeance des géologues de cette ville pour étudier les échantillons provenant de la Péninsule ibérique, contenus dans les collections de la Société géologique. J'y vis entre autres les fossiles recueillis à Gibraltar par Smith, fossiles généralement cités comme liasiques sous les noms de Eulima Hedingtonensis Sow. et de Rhynchonella tetraedra Sow. et j'y notai les remarques suivantes, après avoir comparé ces fossiles avec la publication de M. Di-Stefano sur le Lias inférieur de Taormina (1). Ces fossiles sont en partie empâtés dans un calcaire très dur, cristallin, blanc grisâtre : ils sont brisés, mais en général assez nombreux pour que l’on puisse reconstituer la faune complète. Gastéropode. — Un gros échantillon, probablement Pseudomelania, ne me paraît pas pouvoir être déterminé spécifiquement. Terebratula (?) sp. nov. Espèce ornée de plis frontaux plus fins que ceux de Zeilleria polymorpha Seg., se rapprochant beau- coup de Terebratula ctr. Foetterlei Boeck, mais étant plus épaisse, Je n’ai pas pu observer de caractères me permel- tant de dire si c’est un Terebratula ou un Zeilleria. — 9 échantillons. (1) Di-Stefano. Sul Lias inferior di Taormina e de sui d’intorni (Giornale di scienze naturali ed economiche di Palermo. Vol. XVIIT, 1887). K 18 Janvier 1892 Terebratula (?) cfr. Z. polymorpha Sed., un échantillon plus allongé que ceux de Sicile, à crochet plus recourbé et à plis moins hauts. Rhynchonella vcorrecta Di-Stefano. 7 exemplaires. Détermination exacte, autant que l'on peut en juger par des figures, dans un groupe d'espèces aussi voisines. Des variétés de Rhynchonella tetraedra Sow., se rapprochant plus ou moins de Rh. concinna sont fréquentes dans le Lias alpin, j’en ai aussi signalé une dans le Lias de l’Algarve(1). Ces formes n'ont été signalées que postérieurement à la détermination de MM. Etheridge et Davidson, qui, sans doute n'auraient pas parlé de Rh. concinna, s’ils en avaient eu connaissance ; aussi suis-je porté à conclurequ'il n’y a pour le moment pas de raisons pour modifier l’opinion attri- buant l’âge liasique au rocher de Gibraltar. M. J. Bergeron offre, de la part de M. l’abbé Jaime Almera, des articles extraits de la Cronica Cientifica, de Barcelone. Ces notes, toutes relatives aux environs de Barcelone, viennent com- pléter les renseignements que la carte au -———, faite par le même auteur, donnait sur cette région. Dans l’un de ces articles M. J. Almera décrit les couches à Congéries de Papiol ; la découverte de cet horizon est des plus importantes, car elle complète ce que nous savions de l’extension de ce faciès dans le bassin de la Méditerranée. La seconde note est relative aux roches éruptives qui appartiennent à la famille du granite. Dans une troisième note, l'auteur déerit et compare entre eux plusieurs gisements siluriens : ils appartiennent au niveau de Caradoec, et à celui de Llandovery. D’après la liste des fossiles, provenant de ce dernier niveau, il y aurait un mélange tout à fait anormal de genres et d'espèces. M, J. Almera, dans une quatrième note, signale une faune riche et bien caractérisée du Muschelkalk. Enfin notre savant confrère a découvert trois flores tertiaires, l’une dans les couches à Nystia Dubuissoni, la seconde dans les couches à Hipparion gracile et la troisième dans le Pliocène. Toutes ces notes montrent l’activité scientifique de notre confrère, qui a formé à Barcelone un vrai centre géologique. M. J. Bergeron(2)expose les faits nouveaux qu’il à été à même d'observer dans le Rouergue et la Montagne Noire, durant Îles dernières courses qu'il a faites dans cette région. Il signale dans des (1) Choffat. Recherches sur les terrains secondaires au Sud du Sado. (Commu- nicaçoes da Commissao dos trab. geol. de Portugal. Vol. 1, p. 236, 1887). (2) Voir aux Notes et Mémoires, 18 JANVIER 1892 XI phyllades de couleur verte ou violette, situés au voisinage des schistes argileux dans lesquels il a trouvé la faune cambrienne, la présence de débris de grands trilobites appartenant au groupe des Paradoxides. Si ces grandes formes sont les mêmes que celles qu’il a déjà signalées dans le Cambrien, le faciès des sédiments est en tous cas différent. Les couches qui constituent la base de l’Ordovicien et que M. Bergeron assimile à l’Arenig inférieur d'Angleterre, restent toujours caractérisées par le Bellerophon Œhlerti qui se rencontre depuis la base jusqu’au sommet de ce sous-étage; mais on peut y reconnaître trois groupements de formes correspondant peut-être à autant de niveaux sans qu’il ait été possible d'établir leur super- position directe. Sur ce sous-étage à Bellerophon Œhlerti reposent les grès arm o- ricains dont l'épaisseur est très variable. Parfois ce sont de simples bancs de grès qui s’interposent entre les schistes à grands Asaphus et les schistes de l’Arenig inférieur. Le calcaire blanc du Pic de Bissous près Cabrières a été rapporté au Dévonien tout à fait inférieur, et assimilé, comme tel, au cal- caire de Konieprus en Bohème. Mais des travaux récents du professeur Novak ont démontré que la faune de Konieprus pou- vait être assimilée à celle de Greifenstein et que, par suite, elle appartient à la base du Dévonien supérieur. M. J. Bergeron avait bien établi la position de ce calcaire sous le Dévonien supérieur, mais il l'avait désigné sous le nom de Dévonien moyen; il continue à ne pouvoir identifier les espèces de la Bohème et du Languedoc ; ‘mais pour lui c’est cependant le même faciès. À la suite d’excursions faites en commun en 1890, dans le Rouergue, la Montagne Noire, les bassins de la Sarre, de la Nahe et de Darmstadt, MM. Grebe, de Reinach et Bergeron sont arrivés à faire une assimilation entre les assises permiennes de ces diffé- rentes régions. Les couches à poissons de Decazeville pourraient correspondre aux couches de Cusel; dessus reposent des grès à Walchia qui représenteraient le Lebach inférieur; puis viennent des schistes noirs à Ostracodes et débris de Poissons identiques en France et en Allemagne qui appartiennent au Lebach supérieur. À propos de cet horizon, M. J. Bergeron rectifie la couped’Alboy qu’il a donnée il y a trois ans. Les conglomérats et les grès à végétaux tels que ceux de Lodève, qui surmontent les schistes noirs, seraient l’équivalent des couches de Tholey. Quant aux couches de Sôtern et de Wadern, M. Bergeron ne croit pouvoir faire aucune assimilation. Le Rothlie- gende se termine dans les deux régions par des grès et des marnes rouges (horizon de Kreuznach); mais dans le Rouergue apparais- XII 1S Janvier 1892 sent, à la partie supérieure, des intercalations caleaires jusqu'à présent non fossilifères, qui pourraient bien correspondre au Zechstein. Le Trias débute par un conglomérat qui, dans la région de Nelliez, a été rapporté à la base du Rothliegende parce qu'il fait suite directement au Permien inférieur ; puis viennent des grès versicolores qui doivent être assimilés aux Zwischenschichten de la partie supérieure des grès bigarrés d'Allemagne, ainsi qu'il ressort des comparaisons faites avec M. Grebe. Le Muschelkalk est repré- senté par des grès puissants, ainsi que c’est le cas en plusieurs points de la bordure du Plateau central. Le Trias se termine par des marnes avec gypse, caractéristiques du Keuper. La transgres- sion du Trias par rapport au Permien est très nelte dans toute la région méridionale. Au point de vue de l'allure des couches, M. J. Bergeron signale la série des plis isoclinaux qui occupent le versant méridional de la Montagne Noire. Par suite du laminage de plusieurs de ces plis, il arrive fréquemment que certains horizons font défaut et alors se produisent des contacts anormaux qui ontété pris pour des failles. Généralement, ces plis ont une allure assez régulière, sauf cepen- dant dans la région de Cabrières où ils sont étirés et mème renversés sur de très grandes longueurs, comme c’est le cas pour le Pic de Bissous. M. J. Bergeron donne quelques détails sur ces accidents. M. M. Bertrand présente à la Société, de la part de M. Ch. Depéret, une note SUR LES FORMATIONS NÉOGÈNES DE L'ALGÉRIE ET DU SUD-EST DE LA FRANCE Le très intéressant résumé stratigraphique publié par M. Peron à titre d'Introduction aux Echinides miocènes et pliocènes de l'Algérie jette une vive lumière sur le classement des terrains néogènes de l'Algérie. La lecture de ce travail m'a suggéré quelques observa- tions générales, que je désire résumer ici, en me plaçant surtout au point de vue d’une comparaison de ces formations algériennes avec celles du Sud-Est de la France et des contrées méditerranéennes les plus voisines. I. — Etage Aquitanien. — La base des terrains néogènes semble constituée en plusieurs points de l'Algérie (Dellys, nord du Hodna, És ot doit De 5 din cl hé El sd hébet D dé és en et dt ds al dun: à. 18 JANVIER 1892 XIII etc.), par un étage clastique, souvent rouge, sans fossiles, attribué par M. Peron avec réserve à l’étage Tongrien. Par comparaison avec des formations analogues au nord de la Méditerranée (conglomérats rouges du Rouet de Carry, mollasse rouge suisse et alpine, conglo- mérats et grès de l’Apennin ligure), je serais plutôt tenté d’y voir un représentant de l'étage Aquitanien: ce point de vue concorderait mieux avec les idées de Tournouër, de Ch. Mayer (que j’adopte pleinement) et qui font passer la grande limite des terrains néogènes marins immédiatement au-dessous de lAquitanien. Il. — Etage Langhien. — Les travaux de MM. Pomel et Peron ont montré la grande extension en Algérie de l’étage langhien, qui s’y présente sous deux faciès : 10 Un faciès pélagique à Ptéropodes (Aïn Tiferouin, Boghar); 2° Un faciès plus littoral caractérisé par Pabon- dance des Echinides, notamment des Clypéastres (17 horizon de Clypéastres). Le premier faciès est tout à fait comparable au faciès des Langhe d'Italie, type de l'étage; le faciès à Clypéastres se retrouve en Corse, dans les Baléares, en Sardaigne, à Malte. Sur la côte nord de la Méditerranée (Espagne, France, Italie), le Langhien marin fait défaut, sauf en un point de la côte de Provence (Sausset-Carry) où il se montre sous un faciès à Gastropodes, Lamellibranches et Amphiope, sans Clypéastres, ce qui indique sans doute une côte moins chaude que celle de la Méditerranée méridionale. Il est à remarquer que, tandis que sur la côte nord de la Médi- terranée le rivage langhien semble avoir coïncidé à peu près exactement avec le rivage actuel, au contraire en Algérie la mer langhienne a largement pénétré au cœur de ce pays, atteignant le pied des hauts plateaux dans les provinces d'Oran et d’Alger, tandis que plus à l'Est elle s’enfonçait dans le bassin du Hodna et jusqu'aux limites du Sahara (Biskra), dans la province de Constantine. II. — Etage Helvétien. — L'Helvétien d'Algérie présente une remarquable analogie avec celui du Sud-Est de la‘France. Il débute par une assise clastique et gréseuse puissante, représentée en France par un conglomérat à galets verts et par les sables à Scutella pau- lensis, puis vient une assise calcaire à Nullipores et Echinides (2° horizon de Clypéastres) exactement comparable à la mollasse marneuse et calcaire à Pecten prœscabriusculus du Sud-Est. Le troi- sième sous-étage algérien, formé de marnes grises peu fossilifères, répond très bien aux marnes et sables pauvres en fossiles de l’'Helvétien moyen du Comtat. Enfin l’étage se termine en Algérie comme en France par des couches gréseuses ou marneuses carac- XIV 18 JaANviER 1892 térisées par l’extrème abondance de l’Ostrea crassissima (Helvétien supérieur de Cabrières, de Visan, etc.). Le grand mouvement de transgression positive, qui, sur la côte nord de la Méditerranée a fait pénétrer la mer helvétienne par la vallée du Rhône jusqu’en Suisse et en Allemagne, qui, en Espagne, a fait communiquer l’Atlantique avec la Méditerranée par le bassin de Grenade, se retrouve en Algérie avec une intensité, il est vrai, beaucoup moindre. Dans la province de Constantine et dans l’ouest de celle d'Oran, les limites de la mer helvétienne semblent avoir différé fort peu de celles de la mer langhienne; mais dans le centre de l’Algérie, la mer helvétienne s’est avancée dans la région des hauts plateaux, jusqu’à Tiaret et au nord de Djelfa, sur une vaste surface qui n’a pas été recouverte par les dépôts langhiens. Mème dans les points où la transgression helvétienne est faible en surface, elle s’accuse néanmoins en Algérie, soit par l’indé- pendance de distribution des étages helvétien et larghien, soit par une discordance transgressive du premier sur le second (Grande Kabylie), soit enfin par des lacunes des assises inférieures de l’'Helvétien (Kabylie, province de Constantine). IV.— Miocène supérieur (Etages Tortonien,Sarmatique et Pontique). — Les observations critiques de M. Peron montrent que l'existence en Algérie de formations miocènes marines supérieures à l’Helvé- tien, est des plus douteuses. Le Sahélien de M. Pomel rentre, pour la plus graude partie, dans le Pliocène marin, ainsi que les marnes bleues de la grande Kabylie: décrites comme fortoniennes par M. Ficheur. S’il en est ainsi, comme cela me parait probable, le Miocène supérieur d'Algérie serait uniquement constitué comme celui du Midi de la France et de l'Espagne, par des formations lacustres et fluvio-terrestres, telles que celles de Smendon, du polygone d’artillerie à Constantine : ces dépôts fluvio-lacustres se parallélisent fort bien avec les couches à Melanopsis narzolina, Helix Christoli et avec les limons à Hipparion de la vallée de la Durance. L'ensemble de ces formations continentales du Miocène supé- rieur témoignent, dès le début de cette époque, d’un mouvement sénéral d'exhaussement sur le pourtour de la Méditerranée occi- dentale, mouvement qui s’est propagé seulement un peu plus tard et d’une manière moins complète dans les bassins du PÔ et du Danube. V. — Pliocène (Etages Messinien, Plaisancien et Astien). — On 18 Janvier 1892 XV connaît en Algérie, dans la province d'Oran (ravin d'Oran, Dahra), un représentant de ces formations lagunaires avec gypse et Congéries (étage Messinien) qui, dans le bassin du Rhône (Bollène, Théziers), en Italie (formation gessoro-solfifera), et en Espagne près de Barcelone, indiquent le début d’un retour offensif de la mer au commencement du Pliocène. Quant au Pliocène marin vrai, il se présente en Algérie avec les mêmes caractères qu’en Italie, en Espagne, dans le Midi de la France, c’est-à-dire qu’il comprend une assise inférieure de marnes bleues, faciès assez profond (étage Plaisancien) surmontée par une assise plus littorale de sables jaunes à Huiîtres et Lamellibranches (étage Astien). L’empiètement de la mer pliocène en Algérie a été, de même qu’en France, beaucoup plus faible que celui de la mer helvétienne ; elle n'a pas dépassé au sud le pied de la première chaîne de l’Atlas aux environs d'Alger et en Kabylie, et ses dépôts ont une extension encore plus restreinte dans la province de Constantine. VI. — Pliocène supérieur (Etage Sicilien = Arnusien = Saharien). — D'anciennes plages, datant de la fin du Pliocène, bordent le littoral des provinces d’Alger et d'Oran jusqu’à une altitude maximum de 300 mètres sur la côte oranaise. Ces dépôts discor- dants sur le vrai Pliocène et postérieurs à un retrait de cette mer, sont l'indice d’un lent mouvement d’exhaussement dont on retrouve des traces en Sicile et dans le bassin de la Méditerranée orientale (Rhodes, Chypre, etc.), tandis qu’il ne parait pas s'être propagé sur les côtes de la Méditerranée septentrionale. Enfin des formations d’eau douce développées dans la province de Constantine (Ain-el-Bey, Aïn-Jourdel) correspondent aux for- mations similaires du Val-d’Arus, de Ferrier, du bassin du Rhône et sont le commencement de la grande ère de transports fluviatiles qui s’est continuée jusqu’à la période actuelle. Il résulte des observations qui précèdent la conclusion d’une identité presque complète de l’histoire géologique de l'Algérie avec celle du Sud-Est de la France pendant toute la période néogène. Le Secrétaire dépose sur le bureau la note suivante : Etage miocène et valeur stratigraphique de l'Ostrea crassissima au sud de l'Algérie et de la Tunisie, par M. Philippe Thomas (1). (1) Voir aux Notes et Mémoires, XVI 18 Janvier 1892 CORRESPONDANCE SOCIÉTÉ DE STATISTIQUE DE L'ISÈRE Séance du 18 Annie 1892. M. Paquier donne une coupe de gisement du Danien de Méaudre que Lory s'était borné à signaler sans en publier de profil. Les couches daniennes affleurent sur le flanc Ouest de l’anticlinal qui sépare la vallée de Lans de celle de Méaudre, Elles recouvrent en concordance les calcaires à silex représentant le Sénonien et sont recouvertes par la Mollasse qui occupe le fond de la vallée d’Au- trans. Elles sont représentées par 4 à 5 mètres d’un calcaire Jaune nankin, en bancs assez épais, riche en débris de fossiles et en Orbi- toïdes. Le résidu obtenu par dissolution de ce calcaire dans l’acide chlorhydrique est sableux et contient de nombreux spicules de Spongiaires et quelques cristaux microscopiques. Ces assises renferment Nerita rugosa, Ostrea (Alectryonia) larva, Ostreu ostracina (?) Orbitoides media et des Bryozoaires. M. Paquier a, en outre, reconnu que les huîtres de cette localité, considérées jusqu'ici comme indéterminables, devaient, sans aucun doute, être rapportées à l’O. (Pycnodonta) vesicularis, var. major dont il a recueilli de beaux exemplaires. M. Paquier a également rencontré dans les Schistes noirs, parfois gréseux, qui forment le sommet de la Grande Lance de Domène (2813" alt.), une empreinte de Cordaïite mal conservée, mais toutefois reconnaissable. Ce fossile permet de rapporter définiti- vement au Houiller ces assises qui avaient été indiquées comme triasiques sur la feuille de Grenoble de la Carte géologique détaillée. De plus, on peut y voir un exemple de discordance angulaire entre le Houiller et le Primitif, plus net que ceux qui avaient été observés antérieurement dans la région. Ces faits méritent d’être signalés et concordent avec les observations récentes de M. Michel Lévy dans le massif du Mont Blanc. N°2 1 rÉvRIER 1892 XVII COMPTE-RENDU SOMMAIRE SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Séance du 7 Février 1892 PRÉSIDENCE DE M. MICHEL-LÉVY M. Dereims, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Le Président annonce les décès de M. Vène, Inspecteur général des Mines en retraite, membre de la Société géologique depuis 1833, et de M. de Zigno, professeur à l’Université de Padoue, membre de la Société depuis 1842. M. Michel Lévy rappelle en quelques mots les nombreux travaux de M. le baron de Zigno, qui, depuis plus d’un demi-siècle, a étudié avec tant de succès les Alpes du Tyrol et du Vicentin. M. Douvillé présente de la part de M. de Grossouvre une note sur la Craie des Corbières: COMMUNICATION DE M. A. DE GROSSOUVRE PRÉSENTATION DE LA NOTE SUR LA CRAIE DES CORBIÈRES La conclusion principale de cette note, celle que je tiens à mettre surtout en relief, est relative au grès d’Alet, c’est-à-dire à ce massif sableux qui, dans la région des Corbières, termine l’étage sénonien. Il ne constitue pas une zone nettement délimitée, et il a, tout au contraire, une extension verticale éminemment variable d’un point à un autre : c’est la conclusion nécessaire à laquelle conduit la comparaison des coupes si différentes que l’on peut relever, sou- vent à des distances fort rapprochées, à moins que l’on ne préfère supposer des discordances et une transgressivité qui ne s'accordent guère avec la continuité de la succession des couches. 1e XX. — Comples-rendus sommaires. XVIII Aer FÉVRIER 1892 Le grès d’Alet descend en certains points jusqu'aux marnes à Gibbaster brevis et arrive ainsi à absorber presque tout le Sénonien ; on peut l’assimiler à une sorte de Flysch au milieu duquel se développent localement des argiles, des marnes et des calcaires, chacune de ces formations étant caractérisée par une faune spéciale et les calcaires étant accompagnés le plus souvent de récifs à Rudistes. Les argiles bleues se répètent à divers niveaux avec des faunes, sinon identiques, du moins très semblables, de gastropodes et de lamellibranches, indiquant des dépôts d’eaux peu profondes ; ainsi, dans la coupe classique de Sougraignes, une récurrence de marnes bleues, au-dessus des bancs d'Hippurites, amène la réappa- rition d’un certain nombre d'espèces existant déjà dans les assises inférieures à ces bancs : aussi, d’Archiac avait-il cru qu’il y avait là une faille produisant l’affleurement, à deux niveaux topogra- phiques différents, de l'horizon qu’il avait désigné sous le nom de marnes du moulin Tiffou. On a voulu établir l’âge des couches de la craie des Corbières par comparaison avec celles de l’Ariège; comme l’on voit le grès d’Alet passer latéralement au calcaire jaune nankin, lequel est supérieur à des marnes considérées comme appartenant à l'étage campanien, il a semblé que l’on pouvait déduire de ce rappro- chement que les couches à Hippurites de Sougraignes devaient être campaniennes et que le grès d’Alet appartenait à cet horizon supé- rieur de la craie, désigné généralement sous le nom d’étage maes- trichtien. En dehors de la considération développée dans ma note et que je viens de rappeler, on peut encore objecter que le passage latéral d’une assise à une autre ne suffit pas pour établir leur synchro- nisme, surtout lorsqu'il s’agit de formations sublittorales : à l'appui de cette observation, je rappellerai les erreurs qui ont eu si long- temps cours au sujet de l’âge des grès du Luxembourg, que la plupart des géologues voulaient considérer comme un massif de même âge sur toute son étendue horizontale, alors que réellement il est hettangien à Hettange et à Luxembourg, sinémurien à Jamoigne et liasien à Romery. Ce rapprochement suffira pour montrer combien il faut être réservé dans les circonstances analogues et à quelles chances d'erreur on est exposé lorsque l’on veut comparer la coupe de Sougraignes à celle de l’Ariège pour en conclure des synchronismes. M. L. Carez offre à la Société le deuxième fascicule du tome VII de l'Annuaire géologique, fascicule qui contient la plus grande 1er FÉVRIER 1892 XIX partie de la géologie stratigraphique, du Primitif au Crétacé. Ce dernier terrain a été l’objet d’une revue très importante, faite par M. Kilian, des travaux parus en 1889 et 1890. M. L. Carez a visité à nouveau, en 1891, les environs de Duillac, Cubières et Camps (Aude). Il à reconnu la présence des Hippurites, signalées par M. Roussel, dans les buttes calcaires qui avoisinent ces localités ; mais comme l’existence de fossiles urgoniens à Camps n’est pas douteuse, il faut admettre qu’il y a une division à faire dans ces calcaires d'apparence si homogène, les uns étant urgo- niens, tandis que les autres appartiennent au Sénonien. M. Carez a recueilli aussi des Hippurites dans les rochers de Bézu, qu’il avait provisoirement rapportés à l’Urgonien, faute d’y avoir rencontré des fossiles déterminables. ; Enfin, M. Carez ne peut admettre le synchronisme des marnes à Micraster brevis et du grès d'Alet, que M. de Grossouvre considère comme démontré aux environs de Rennes-les-Bains. Non-seulement il n’a pas vu de passage latéral de l’une à l’autre de ces roches, mais il a constaté au contraire que le grès d’Alet se poursuit avec des caractères à peu près constants et une épaisseur sensiblement uni- forme sur une étendue considérable. M. Carez a pu en effet suivre cet étage, toujours compris entre les mêmes limites, depuis les Corbières jusqu’à la Haute-Garonne; il ne fait de réserves que pour la région de Soulatge-Padern, où les marnes bleues semblent aug- menter de puissance. M. Douvillé présente à la Société, de la part de M. de Grossouvre, la communication suivante : M. Munier Chalmas a donné dans le compte-rendu sommaire des séances de l’an dernier une rapide description des dépôts jurassiques de la Normandie : l'intérêt de cet aperçu fait regretter qu’il soit aussi court. Sa lecture m’a rappelé un détail de la coupe de Bayeux que j'ai relevé, il y a quelques années déjà, et qui me parail mériter d’être signalé. On sait qu’à la base de l’oolithe ferrugineuse de Bayeux se trouve un conglomérat de nodules ferrugineux de formes très irrégulières et de dimensions très variables. Ils sont constitués par une série de couches concentriques qui s’enlèvent par écailles et montrent presque toujours au centre une ammonite plus ou moins roulée et détériorée, à l’état de phosphate de chaux jaunâtre. Les échan- tillons les plus nombreux appartiennent aux espèces suivantes : Am. propinquans, Am. cf. Truellei, Am. præradiatus, Am. Sauze, XX Aer FÉVRIER 1892 Am. Brocchi, Am. Gervillei, Am. Brongniarti, etc. ; l’une des plus fréquentes est une nouvelle espèce appartenant au genre Pæcilo- morphus (groupe de l’Am. cycloides). Tous ces échantillons pro- viennent d’un remaniement des espèces de la zone à Am. Sowerbyi, dont les couches ont été détruites et dont les fossiles, ballottés par les eaux sur le littoral, ont servi de centres d’attraction à la matière ferrugineuse et ont aussi donné naissance au conglomérat, base de l’oolithe ferrugineuse de Bayeux. M. de Lapparent présente, de la part de l’auteur, M. Moureaux, une note sur l’anomalie magnétique du bassin de Paris. IL fait ressortir l’importance que peut présenter, au point de vue de la structure de l'écorce terrestre, l’étude des perturbations de la décli- naison, quand ces perturbations affectent l’allure régulière qu’elles ont entre Fécamp et le Nivernais. En effet cette ligne, qui coïncide en Normandie avec d'importantes dislocations, aboutit à la région troublée du Nivernais et du Sancerrois, où s’accuse le contraste entre la lisière de l’éperon primaire du Morvan et la dépression jurassique du Berri. M. de Lapparent rappelle que M. E. Naumann a signalé au Japon, en Inde, en Amérique et en Autriche, de nom- breuses coïncidences entre les fractures du sol et les déviations des isogones ; enfin que le récent relevé magnétique des Iles Britanniques accuse, au pied des Grampians, une très importante perturbation des isogones. M. Dollfus fait observer quel’axe des perturbations magnétiques coupe de nombreux axes géologiques, et fait un angle de 20° à 30v avec la direction moyenne des plis prolongés de la Bretagne. Il ne croit pas que la direction magnétique indiquée marque la termi- naison à l’Est du système armoricain contre celui du Morvan. M. Ebray à montré depuis longtemps déjà que les fractures Nord- Sud du Morvan se superposaient à certaines ondulations orientées Ouest-Est et venant du Merlerault et du Sancerrois, que les failles y étaient postérieures au système des plis et qu’elles montraient, quand on les regardait de face, des ondulations sur le prolongement du système armoricain. Nous ne connaissons pas à l’Est la limite réelle des plis bretons. M. M. Bertrand fait remarquer que la ligne d’accident qui correspondrait à celle des perturbations magnétiques n’est pas une ligne homogène au point de vue géologique. Elle suit d’abord à peu près la direction des ondulations des plis tertiaires, puis au Sud elle ler FÉVRIER 1892 XXI les coupe perpendiculairement. Il serait intéressant de voir s’il y à quelque perturbation le long des accidents les mieux caractérisés du bassin de Paris, comme le Bray ou l’Artois. M. Bertrand rappelle que la perturbation si curieuse dans la direction du fil à plomb, qu’on a depuis longtemps signalée au Sud de Moscou, se produit dans une région où il n’y a aucun accident géologique et où toutes les couches sont horizontales. M. de Lapparent présente quelques observations au sujet du récent compte-rendu géologique de l'expédition dirigée dans l’Afrique orientale par le comte Teleki. Dans ce travail, M. Suess à décrit la remarquable fracture, avec effondrement linéaire, qui prolonge au sud la falaise abyssinienne, en relevant au passage, avec les grands cônes éteints du Kenia et du Kilima Ndjaro, plusieurs cratères en activité, entre lesquels s'étendent des lacs salins et des sources chaudes. À cette occasion, M. Suess est revenu sur le caractère de ces effondrements linéaires, qu'il attribue, tantôt à une tension de l'écorce terrestre, tantôt, au contraire, à une pression venant de tous les côtés à la fois. M. de Lapparent fait ressortir tout ce qu’il y a d’invraisemblable dans une conception de ce genre, qui pourrait donner naissance à une protubérance circulaire ou elliptique, mais n'engendrerait jamais un effondrement linéaire. En outre, en ce qui concerne la fosse de l’Afrique orientale, il fait observer qu'elle jalonne justement l’arête de partage des eaux entre le bassin du Nil et l'Océan Indien. Il semble donc tout naturel de la considérer comme le résultat de la rupture d’une clef de voùüte ou d’un pli isoclinal trop fortement tendu, ce qui ferait rentrer cet effondrement dans le même type que celui auquel appartiennent la Mer Rouge, la Mer Noireet la Vallée du Rhin. A la suite de cette communication, MM. Michel Lévy, M. Bertrand et Munier-Chalmas présentent quelques observa- tions. M. Douvillé, trésorier, dépose sur le bureau les comptes des Recettes et Dépenses pour l’année 1890-91 et le projet de budget pour 1892. M. Michel Lévy, président, informe la Société que le Conseil a choisi la région des Corbières comme lieu de réunion extraor- dinaire. Ce choix est soumis à l’approbation de la Société et x approuvé à l'unanimité, RIT 4er FÉVRIER 1892 Le Secrétaire donne lecture de la note suivante de M. Toucas. M. Toucas fait connaître que M. Gevrey vient de recueillir, au milieu du Berriasien de La «Faurie, Haploceras carachteis, Hapl. cristifer, Hapl. elimatum, espèces caractéristiques du Tithonique supérieur de Stramberg. Cette découverte prouve que le gisement de La Faurie renferme bien, comme ceux de Chomérac et de Ber- rias, un mélange des faunes de Berrias et de Stramberg. Il n’y aurait donc, pas plus dans les Alpes que dans les Cévennes, une zone ber- riasienne distincte du Tithonique supérieur et susceptible d’être attachée au système crétacé. L’assimilation du Berriasien au Tithonique supérieur est ainsi de nouveau confirmée dans la région même où M. Kilian avait espéré trouver des arguments contraires à cette opinion. Ilest vrai que M. Kilian est disposé aujourd’hui à rajeunir sa zone à Hoplites Boissieri des Alpes puisqu'il admet qu'elle parait correspondre à la zone à Rhynch. contracta, Bel. latus, Bel. conicus, et grands Hoplites neocomiensis de l'Ardèche. S'il en est ainsi, l’entente est complète, et la question du Berriasien et du Tithonique supérieur peut être considérée comme résolue, car cette dernière zone à Rhynch. contracta, Bel. latus et Hopl. neocomiensis a toujours été considérée comme formant la base du Valanginien de l’Ardèche. Cette nouvelle manière de voir simplifie considérablement la question, puisqu'elle établit d’une manière positive que les couches typiques de Berrias, étudiées par Pictet, appartiennent au Tithoni- que supérieur. Il ne reste donc plus qu'à établir s’il convient de maintenir entre le Tithonique supérieur (= Berriasien) et le Valan- ginien, la zone que M. Kilian a désignée improprement sous le nom de zone à Hoplites Boissieri. Cette zone appartient incontestable- ment au Crétacé et est intimement liée au Valanginien par sa faune et son aspect pétrographique. N°3 15 rÉvrIER 1892 XXIII COMPTE-RENDU SOMMAIRE SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Séance du 15 Février 1892 PRÉSIDENCE DE M. MICHEL LÉVY M. Dereims, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Le Président annonce quatre présentations. M. Gaudry présente à la Société le 3e fascicule du tome IT des Mémoires de Paléontologie de la Société Géologique de France. M. Cotteau présente les livraisons 24 à 29 des ÆEchinides éocènes de la France. Les espèces décrites et figurées font partie du groupe des Clypéas- troïides et appartiennent aux genres Sismondia, Scutellina, Echino- cyamus et Lenita. Onze espèces du genre Sismondia ont été rencon- trées en France, mais aucune ne provient du bassin parisien, dans lequel au contraire s’est développé avec profusion le genre Scutellina, représenté par six espèces: Seutellina lenticularis(Lamarck) Agassiz, S.obovata Agassiz, S. Besançoni Cotteau, S. rotunda(Galeotti) Forbes, S. supera Agassiz et S. calvimontana Cotteau. Deux de ces espèces, S. Besancçoni et S. calvimontana sont nouvelles ; les quatre autres étaient connues depuis longtemps. L'une d'elles, S. supera, remar- quable par la position de son périprocte placé à la face supérieure, a servi à M. Pomel à établir une coupe générique particulière, qu’il désigne sous le nom de Porpitella. Si le périprocte était toujours éloigné du bord postérieur, comme dans l’espèce type, le genre Porpitella aurait eu certainement sa raison d’être, mais il n’en est pas toujours ainsi, et chez quelques autres espèces, S. rotundu, S. calvimontana et S. concava d’Algérie, le périprocte, presque marginal, s'élève à peine au-dessus du bord et démontre que, chez les Scutellina, la position instable du périprocte ne saurait être un caractère suffisant pour établir une coupe générique. XXIV 15 FÉVRIER 1892 Le genre Echinocyamus, comme les Sismondia et les Scutellina, fait son apparition à l’époque éocène ; il n’est représenté dans le bassin parisien que par deux espèces, Echinocyamus inflatus (Defrance) Desor, signalé pour la première fois en 1847, très commun dans certaines localités des environs de Paris, et Echinoryamus Morleti, très rare, recueilli seulement à Auvers (Seine-et-Oise). Parmi les neuf autres espèces, deux seulement, Echinocyamus affinis et Ech. biarritzensis, font partie de l’Éocène supérieur, et sept de l'Éocène moyen. Un des genres les plus curieux du groupe des Clypéastroïides est le genre Lenita, de la famille des Scutellinidées, dont nous ne connais- sons qu’une seule espèce très répandue dans le bassin parisien, Lenita patellaris, fort anciennement connue et souvent citée par les auteurs. Sa forme bizarre et allongée, ses tubercules très inégaux et fortement scrobiculés, la bande finement granuleuse qui partage la face inférieure, la structure de ses aires ambulacraires, en font un type particulier, tout à fait anormal, spécial jusqu'ici au terrain éocène moyen du Nord et de l’Ouest. M. Douvillé à signalé précédemment que les Trssotia d'Algérie (1. Fourneli, T. Tissoti) présentaient plus d’analogies avec les espèces turoniennes qu'avec le groupe sénonien du T. Ewaldi; il avait indiqué en même temps que M. Bertrand avait recueilli une forme voisine dans le Turonien des Jeannots ; cette espèce paraît repré- senter une variété de l’Amim. Ganiveti Coquand, caractérisé par la présence de côtes saillantes, épaisses, en forme de jantes de roue, qui partent du pourtour de l’ombilic. M. Douvillé présente aujourd’hui une ammonite du même groupe, recueillie par M. Arnaud dans le Turonien moyen de Taille- bourg ; l’ornementation est ici un peu plus accentuée et tandis que sur la fin du dernier tour on n’observe que les côtes rayonnantes, on voit apparaître un peu auparavant une double rangée de tuber- cules de chaque côté de la carène ; l’analogie est très grande avec certaines formes décrites par M. Péron ; il n’y a pourtant pas iden- tité, et, dans le Tissotia de Taillebourg comme dans les formes décou- vertes jusqu’à présent dans le Turonien moyen de France, les selles ne sont pas entières mais présentent toujours un petit nombre de digitations. M. Munier-Chalmas pense que les résultats auxquels M. Dou- villé est arrivé sont très importants pour la géologie de l’Algérie ; ils viendraient, en effet, confirmer l’opinion défendue, avec beau- 45 FÉvVRIER 1892 XXV coup de preuves à l'appui, par M. Welsch, à savoir que le Turonien existe en Algérie dans des régions où toutes les assises du Crétacé supérieuravaient été rapportées soitau Cénomanien,soitau Sénonien. M. Douvillé expose quelques considérations sur la classification des Bélemnites,envisagée principalement dans ses rapports avec l’évo- lution de ce groupe d'animaux. On a depuis longtemps cherché à tirer parti des sillons que l’on observe sur le rostre des Bélemnites, pour les répartir en groupes plus ou moins naturels ; plus récem- ment M. Bayle a appliqué des noms génériques à un certain nombre d’entre eux. Il semble que plusieurs de ces genres sont susceptibles d’être précisés et que leur emploi serait de quelque utilité aux paléontologues. Les sillons du rostre sont d’inégale importance ; les sillons laté- raux paraissent être en relation avec les muscles des deux nageoires latérales de l'animal, mais ils varient beaucoup dans un même groupe et peuvent être tantôt très accentués, tantôt à peine visibles; il n’en est pas de même du sillon impair ou ventral, qui paraît au contraire susceptible de fournir des caractères de premier ordre. Le groupe le plus ancien est dépourvu de sillon ventral; il appa- rait à la partie supérieure du Lias inférieur. Il correspond au genre Pachyteuthis Bayle (type B. excentralis), créé pour les formes dépourvues de sillons, mais on devra l’étendre aux formes du Lias moyen qui ont deux sillons latéraux. Le sillon ventral apparaît dans les espèces du Lias supérieur et se montre d'abord à la pointe du rostre; il est du reste plus ou moins allongé et peut même atteindre la région de l’alvéole (8. longisulca- tus), mais il ne paraît dans aucun cas s'étendre sur toute la hauteur de celle-ci. On peut appliquer à ce groupe le nom de Megatheuthis Bayle (type M. gigantea), créé pour les formes ayant des sillons à la pointe, mais qu'il faudra restreindre aux espèces ayant un sillon ventral à La pointe; par contre on lui réuniraitles Dactyloteuthis Bayle. Dans le Bajocien, on voit se développer un groupe nouveau carac- térisé par la présence d’un sillon ventral longitudinal, mais qui w'atteint plus la pointe et ne commence qu’un peu au-dessus. Ce sont les Belemnopsis Bayle (type B. sulcata); il ne parait pas possible d’en séparer les formes plus ou moins lancéolées pour lesquelles M. Bayle avait proposé de reprendre le genre Hibolithes Montfort, d'autant plus que le type de ce dernier auteur appartient vraisem- blablement au groupe des Bélemnites à sillon dorsal (genre Duvalia Bayle). Les Belemnopsis comprendront ainsi presque toutes les espèces du Jurassique moyen et supérieur. XXVI 45 rÉvRIER 1892 Pendant le Crétacé inférieur, le sillon ventral abandonne défini- tivement la partie inférieure du rostre, et il ne se montre plus que dans la région de l’alvéole ; M. Bayle a repris pour ce groupe le genre Pseudobelus appliqué dès 1827 par Blainville à trois formes, dont une seule, B. bipartitus, est reconnaissable. Avec le Turonien, une modification brusque se produit dans le développement des Bélemnites : la partie supérieure du rostre n'est plus complètement calcifiée et disparaît dans la fossilisation. C’est le genre Actinocamar, dans lequel la partie calcifiée du rostre se termine par une partie conique plus ou moins saillante, présentant au sommet l'empreinte de l'ovisac. La calcification augmente ensuite peu à peu, donnant naissance à une pseudo-alvéole plus ou moins pyramidale ; c’est à ces formes de transition que s’applique le genre Gonioteuthis Bayle (type G. quadrata). La calcification du rostre ne redevient complète que dans les formes du Sénonien supérieur, et l’on doit réserver à celles-ci le nom générique de Belemnites sensu stricto (Belemnitella auctorum). Dans ces trois derniers genres, le sillon ventral est remplacé par une fente ou scissure qui traverse complètement les parois de l’alvéole. Dans les Actinocamarx, la calcification s'arrête au fond de la scissure, tandis que celle-ci entame la pseudo-alvéole des Gonioteuthis. En résumé on voit qu'il est possible de distinguer une série d'étapes successives dans le développement des Bélemnites : 4° pas de sillon ventral; — 2% un sillon ventral à la pointe; — 3° le sillon ventral est longitudinal, mais abandonne la pointe; — 40 le sillon ventral est restreint à la région alvéolaire ; — 5° il est remplacé par une scissure. Le déplacement progressif du sillon ventral de la pointe vers la région alvéolaire accompagne le déplacement des nageoires latérales, qui se prolongent jusqu’à la pointe dans Îles formes liasiques, tandis qu’elles ne dépassent pas la région alvéo- laire dans les Belemnopsis du Jura supérieur. L'apparition de types nouveaux n’entraine pas du reste la dispa- rition des types anciens; ceux-ci persistent plus ou moins longtemps à côté des premiers. Il en résulte que les faunes les plus récentes sont aussi les plus diversifiées. M. Munier-Chalmas fait les remarques suivantes au sujet de la note de M. Douvillé : L'étude des Belemnitidæ est loin d’être aussi avancée que celle des autres groupes de Céphalopodes ; aussi M. Douvillé, en faisant connaître les genres établis par M. Bayle, et surtout en précisant 45 FÉvRIER 1892 XX VII rigoureusement leurs caractères, a-t-il rendu un réel service à la Paléontologie. L'évolution des Belemnites, telle que la présente M. Douvillé, est bien l'expression des modifications les plus importantes que l’on constate successivement dans le temps, en envisageant la question à un point de vue général. M. Munier-Chalmas pense cependant que cette évolution est en partie plus apparente que réelle, et qu’elle ne peut impliquer en tout cas aucune idée de filiation directe entre les principaux-groupes dont il a été question. Il pense plutôt que les principales modifications dont: M. Douvillé a justement fait remarquer la succession, correspondent à l’appa- rition de formes nouvelles pour nos régions, formes dontil est encore impossible d'établir les rapports de descendance. L'évolution de ces types nouveaux à amené la formation de groupes parallèles, qui se sont modifiés dans le temps, avec une plus ou moins grande rapidité. M. Munier-Chalmas rappelle seulement quelques faits à lPappui de la thèse qu’il soutient. Les Bélemnites (1) les plus anciennes sont dépourvues de sillon ventral ; elles font leur apparition dans le Rhétien (Infralias infé- rieur) et se continuent jusque dans les terrains crétacés inférieurs. On peut rattacher à ce groupe, comme l’a fait M. Douvillé, les espèces qui présentent deux sillons latéraux à la pointe du rostre. A la base du Lias supérieur de May (Calvados) apparaît, avec la première faune toarcienne, une forme nouvelle de Bélemnites (2) dont on ne peut encore établir les rapports de parenté avec les espèces connues du Lias moyen. Cette espèce est caractérisée par un grand sillon ventral (3), qui commence un peu au-dessus de la pointe du rostre, pour s'étendre sur la presque totalité de la région correspondant au phragmocone, en s’atténuant cependant plus ou moins, suivant les individus, vers sa partie supérieure. (1) Belemnites Sitoppanii Mayer. Journ. de Conchyl. 1866, p. 358, etc. (2) La position stratigraphique de cette espèce a été assez mal établie par M. Deslongchamps. Il l'a réunie à (ortau Bel. canaliculatus Schl.— V. Deslongch. Etude sur les étages jurassiques inférieurs de Normandie, p. 199. (3) En brisant suivant leur longueur les Bélemnites qui présentent un sillon ventral, on voit une lame longitudinale différenciée, située du côté du sillon; cette lame s’avance, suivant la longueur du sillon, plus ou moins près de la pointe du rostre. XX VIII 45 FÉvVRIER 1892 Les formes du Lias et du Bajocien, dont le sillon ventral n’atteint pas la hauteur du phragmocone, sont en grande partie postérieures à l’espèce que je viens d'indiquer. A la base du Turonien, on rencontre en très grande abondance le Belemnites (Actinocamax) plenus, dont la partie supérieure du rostre, correspondant au phragmocone, étant incomplètement cal- cifiée, a complètement disparu. Les rapports de descendance de cette forme avec les espèces connues du Cénomanien ne peuvent être établis. Plus haut, dans le Sénonien, se rencontre la Belemnitella (Gonio- teuthis) quadrata, dont la partie supérieure du rostre est plus calcifiée et par conséquent en partie conservée. Enfin, un peu plus tard, avec les dernières Belemnitella quadrata, apparaît encore une forme nouvelle, Belemnitella mucronata, dont la partie supérieure du rostre est complètement calcifiée. Cette progression dans la calcification de la partie supérieure du rostre n’est en réalité qu’une simple coïncidence, car les espèces avec lesquelles on peut l’établir n’ont aucun rapport entre elles au point de vue de la filiation, et proviennent certainement de trois rameaux différents paraissant pouvoir être rapportés à un mème genre et provenant d’une souche commune. M. de Lapparent rappelle qu'en soutenant, contrairement à M. Cayeux, que la craie ne mérite pas l’épithète de terrigène, il s'était autorisé du sens constamment donné à ce mot par le créateur de la dénomination, M. John Murray. Faisant observer que M. Cayeux établissait une sorte de synonymie entre {errigène et littoral, M. de Lapparent citait les formations coralliennes comme un type essen- tiellement littoral, etauquel pourtant, disait-il, personne ne songeait à appliquer la qualification de terrigène. Dans une note récente, insérée aux Annales de la Société géologique du Nord, M. Cayeux a prétendu que la classification mème de M. Murray lui donnait raison, ce savant auteur ayant rangé, parmi les dépôts terrigènes, les boues coralliennes. M. de Lapparent fait observer qu’il n’y a rien de commun entre ces boues, produit de la destruction, par les vagues,des récifs déjà construits, et ces récifs eux-mêmes, les seuls qu'il ait eu en vue en parlant des formations coralliennes. En somme, dans toutes les classifications de Murray, le mot terri- gène n’a jamais été employé que pour des dépôts où dominent les débris détachés par des actions mécaniques. Or, la craie ne rentre aucunement dans cette catégorie. 45 révrier 1892 XXIX Le Secrétaire donne lecture de la note suivante : M. Kilian regrette que son honorable confrère M. Toucasle con- traigne, par sa nouvelle note, à revenir sur une discussion qu’il considérait comme vidée. Il ne peut s'empêcher de protester vivement contre les opinions que lui prète M. Toucas. — Il n’a pas varié dans sa manière de voir au sujet de la zone à Hoplites Boissieri, qu’il vient encore d’exposer longuement dans l'Annuaire géologique universel (t. VII, p. 297 et suiv.) auquel il renvoie son contradicteur, touten regrettant que ce dernier n’ait pas visité lui-même la localité de la Faurie. M. Kilian a du reste cité dans le Berriasien de ce gisement Hopl. carachtheis (Annuaire géol., p. 306), et la présence des quelques espèces titho- niques isolées que cite M. Toucas à la Faurie, au milieu de la faune à Am. Boissieri, n’a, au point de vue général, pas plus de signification que celle de Hoplites Roubaudi et Hopl. Thurmanni qui se rencon- trent dans la mème localité (v. Annuaire géol., où M. Kilian les à citées) et dans les mêmes couches. Quant à la position de la zone intercalée entre le Tithonique supé- rieur et le Valanginien, que M. Kilian persiste à appeler zone à Ain. Boissieri, M. Kilian ne l’a jamais modifiée, et s’ii a dit qu’elle correspondait au niveau des couches à «grands Hoplites neoco- miensis » de M. Toucas, c’est qu’il considère ces «grands Hoplites neocomiensis » comme des Hoplites Boissieri écrasés, ainsi qu’il a pu s’en assurer près du cimetière de Chomérac. Il est du reste heureux de tomber d’accord avec M. Toucas dans l'attribution de cette zone au Néocomien. Les couches qui, à Berrias, renferment la faune décrite par Pictet, étant, ainsi que l’a montré M. Toucas, des couches de passage entre le Tithonique supérieur et la zone à Am. Boissieri, le terme de Berriasien ne saurait désormais être appliqué sans confusion à l’une ou l’autre de ces zones dont l’autonomie, dans les chaînes alpines, est indéniable. M. Munier-Chalmas partage la manière de voir de M. Kilian, car il a pu observer dans l’Ardèche des faits identiques à ceux que signale ce dernier auteur. XX 7 Mars 1892 N° «4 COMPTE-RENDU SOMMAIRE DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Séance du 7 Mars 1892 PRÉSIDENCE DE M. BERTHELIN, VICE-PRÉSIDENT. M. Dereims, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Président proclame membres de la Société : MM. Vasquez-Cordoba (Alfredo), étudiant, présenté par MM. Marcel Bertrand et Douvillé. Vulpian (André), étudiant, présenté par MM. Vélain et P. Vulpian ; Bernard (Félix), Assistant au Muséum, présenté par MM. Munier-Chalmas et OEhlert; Kerforne (Fernand), maitre répétiteur au Lycée de Caen, présenté par MM. Munier-Chalmas et OEhlert. Le Président fait part à la Société du décès de M. Sterry-Hunt, membre de la Commission géologique du Canada, qui faisait partie de la Société géologique depuis 1855. M. Schlumberger présente une note qu’il a publiée dans les Transactions of the R. Society of South Australia 1891. Elle se rapporte à un Foraminifère fossile très intéressant, mais malheureusement assez rare, que M.W.Howchin d’Adélaïde a décou- vert à la partie supérieure du Tertiaire inférieur de l'Australie du Sud à Muddy Creek (Victoria). Les deux premiers individus expédiés par M. Howchin ressem- blaient à des Biloculines allongées, très comprimées sur l'épaisseur et ornées de grosses côtes. Ils étaient très frustes et roulés. Les cinq autres individus découverts plus tard étaient en meilleur état et 7 Mars 1892 XXXI ont permis de faire des sections transversales. Toutes les loges sont divisées, par des cloisons longitudinales, en nombreux canaux à enveloppe complète et la dernière loge se termine par un trémato- phore saillant à grands orifices très inégaux. Il est produit par une forte dent qui occupe l'ouverture et se ramifie. L’extérieur du test est lisse, du moins dans les individus examinés qui tous montrent un peu d'usure. À part ce caractère négatif, tous les autres se rapportent au genre Fubularia. M. Schlumberger a désigné ce fora- minifère sous le nom de Fabularia Howchini. | Il à appris trop tard pour l'ajouter à sa note que M. Munier- Chalmas a trouvé un seul individu de ce même foraminifère dans le Calcaire grossier des environs de Paris, qu'il en a fait un dessin et une coupe, mais — ne l’a pas publié. M. L. Carez présente à la Société le 3 fascicule du tome VII de l'Annuaire géologique universel, renfermant surtout des articles de géologie régionale. M. Chaper fait hommage à la Société d'un numéro de la Revue scientifique contenant le compte-rendu d'une conférence qu’il a faite le 30 janvier à l’Association scientifique de France sur les mines de diamant de l’Afrique australe. Sans revenir sur les points déjà exposés par lui, dans son livre de 1881, l’auteur se borne à signaler le changement qui s’est opéré dans le mode d'exploitation. Elle se fait aujourd’hui souterrai- nement. Ce résultat n’a pu être atteint que grâce à la fusion de toutes les Compagnies exploitantes, dont l’auteur avait signalé la nécessité dès 1881. Aujourd’hui, sauf d'infimes exceptions, toute la propriété minière des quatre mines, Kimberley, Old de Beer’s, Du Toit’s Pan et Bultfontein, est réunie dans les mains d’une même Compagnie, au capital de 98.750.000 francs. On y trouve l’avantage d'exploiter plus économiquement, et de restreindre la production du diamant à la quantité que le marché peut absorber sans avilir les prix. Seulement cela exige que. toutes les mines productives soient entre les mêmes mains. La Compagnie vient d'être forcée d'acquérir une nouvelle mine, Wesseldon, à un prix élevé. De nouvelles décou- vertes se feront certainement. N'y a-t-il pas là une éventualité à envisager avec une certaine inquiétude? Ne peut-on pas craindre que le capital devienne démesuré et par suite impossible à rému- nérer ? Le nouveau mode d'exploitation a exigé de nouvelles précautions contre le vol. On y a pourvu en parquant les nègres, pendant tout le XXXII 7 mars 1892 temps de leur engagement, dans des enceintes d’où ils ne sortent qu'après un stage à part de quarante-huit heures et une visite _ minutieuse. Les stalistiques aujourd’hui assez régulièrement tenues permet- tent de se rendre compte de la production totale de ces mines. Depuis 1883 inclus, jusqueset y compris 1890, la production moyenne annuelle a été de 566 kilog. En estimant aussi approximativement que possible la production depuis le début, celle des mines de l’'Orange free state, et le produit des vols, on est conduit à admettre que la production totale jusqu’en 1890 inclusivement a dû être de 48 millions de carats, soit 9840 kilog. C’est une valeur brute de 1680 millions de francs, qui, en y ajoutant la valeur de la taille, soit au moin: 400 millions, représente une valeur de près de 2 milliards de diamants taillés jetés sur le marché. L'auteur expose ensuite que l’Hindoustan, Bornéo, l'Australie, ne comptent plus dans la production du diamant. Seul le Brésil en fournit encore; mais bien que les statistiques manquent, on sait qu'il ne produit que 10 à 12 kilog. par an. C'est-à-dire que depuis 1729, date de la découverte du diamant dans ce pays, on n’en a tiré que le 1/5 de la production de l'Afrique australe pendant 20 ans. En terminant son exposé sommaire, l’auteur réfute une légende qui s’est établie et d’après laquelle la proportion des diamants jaunes ou colorés serait bien plus forte au Cap qu’au Brésil. C’est le con- traire qui est vrai. Seulement il est bien certain que la quantité absolue de diamants jaunes de provenance sud-africaine est de beau- coup supérieure à celle qui vient du Brésil, et voilà pourquoi les diamants jaunes, qui étaient autrefois l’objet d’une plus- value, sont au contraire aujourd’hui moins recherchés. M. H. Lasne donne un complément à sa communication de 1890 sur les terrains phosphatés des environs de Doullens (1). Dans cette nouvelle étude, il a étendu ses investigations au nord, au sud et à l’est de la région à laquelle il s'était d'abord limité. Il ajoute de nombreux détails à ceux qu’il avait donnés précédemment. L'auteur indique comme fait important que la craie phosphatée s’est surtout déposée dans d'anciens thalwegs existant antérieure- ment à sa formation, et auxquels correspondent généralement les vallées actuelles. La craie phosphatée atteint son maximum de puissance et de richesse au milieu, et diminue progressivement de (4) Voir aux Notes et Mémoires. 7 Mars 1892 XXXIII part et d’autre sur les flancs de la vallée ancienne. Il donne de nombreux exemples de celte disposition. La remarque, déjà faite antérieurement, d’une discordance à la base et au sommet de la craie phosphatée est confirmée et précisée. La première paraît due surtout à une corrosion qui a plus spécia- lement porté sur les bas-fonds et augmenté les déclivités : c’est à cette corrosion qu'est dü le banc durci et noduleux qu’on retrouve partout à la base de la craie phosphatée. La seconde à un caractère tout différent : c’est un nivellement mécanique qui a produit l’arasement des couches supérieures et accumulé en certains points du phosphate lévigé sous la forme de bancs de sable, intercalés au-dessous des couches de craie blanche supérieure. Venant en dernier lieu à la question de l’origine de la craie phos- phatée, l’auteur rappelle les opinions de MM. Renard et Cornet et de M. de Mercey. S'appuyant sur des considérations de diverse nature, mais plus spécialement sur les nécessités imposées par les réactions chimiques, il maintient et défend les conclusions de son premier mémoire. M. de Lapparent présente quelques observations auxquelles répond M. Lasne. M. Salvador Calderon adresse à la Société une note intitulée : Observations à la note de M. G. Rolland sur l'histoire géologique du Sahara. En lisant l’intéressant « Aperçu sur l’histoire géologique du Sahara, depuis les temps primaires jusqu à l’époque actuelle » que M. G. Rolland a publié récemment dans le Bulletin (1), j'ai été surpris de voir que l’auteur n'avait pas tenu compte des recherches de M. le professeur Quiroga (2) qui introduisent de grandes modifications à la carte géologique du Sahara. M. Rolland s’est servi seulement, pour l’Afrique occidentale, de la carte géologique de M. le Dr O. Lenz (3), reproduite par M. le professeur Zittel (4). D'après ces géologues, la côte occidentale du désert, entre les caps Nun et Blanco, est constituée par le Crétacé moyen et supérieur ; mais M. Quiroga, qui l’a visitée, ainsi que la péninsule de (1) B. S.G. F., 3e série, t. XIX, p. 237. . (2) Apuntes de un viaje por el Sahara occidental (avec une carte géologique de la région) Anal. de la Soc. Espanñ. de Hist. nat.; t. XV, 1886. Une analyse a paru dans l'Annuaire géologique universel de M. Dagincourt, 1889. (3) Geologische Karte von West-Afrika. Pettermans Mittheil. 28, 1882. I. (4) Berghaus’ physikalischer Atlas. — I. Geol.; N. 12. Afrika, 188$. XX. — Comptes-rendus sommaires. 3" XXXIV 7 MARS 1892 Rio de Oro, l’a trouvé formée par des dépôts pliocènes entièrement analogues à ceux que M. Thomas (1) a observés dans la Tunisie. Ils sont composés par les assises suivantes qui sont concordantes : 1. Calcaires marins jaunâtres ou rougeàtres, quartzifères, à Ostrea edulis, O. crassissima, O. princeps et moulages abondants de Cythe- rea, Tellina, Pectunculus, Turritella, Conus et Balanus. Ces calcaires ont subi une forte érosion et présentent une épaisseur de 50 cent. à 2 mètres. 2. Grès quartzeux à ciment calcaire, imprégnés de silice hydratée ferrugineuse, avec tiges appartenant, d’après le professeur Schenk, à des Légumineuses (Cæsalpinioxylon Quiroyoanum). Ces grès passent, à la base, à de véritables glauconies, tandis qu'ils se changent en calcaire à la partie supérieure par l'augmentation du ciment cal- caire. Cette assise a une épaisseur de 25 à 30 mètres. 9. Marnes bleuûtres et verdàtres imprégnées de silice hydratée et traversées diagonalement par des veinules de gypse fibreux. Ces marnes se trouvent seulement dans quelques endroits de la côte, comme à Huissi Aissa, avec une épaisseur de # à 6 mètres. La carte de M. Rolland présente, après l’étroite bande crétacée de la côte et en allant vers l’intérieur, un ensemble de lambeaux qua- ternaires et pliocènes qui s'étendent depuis la zone des sables du Adrat, région formée d’après ladite carte par les mêmes terrains et voisine du paléozoïque. M. Quiroga, dans son voyage de 1886, y a observé les couches suivantes : a. — Sur le Pliocène de la côte existent des formations quater- naires constituées par des dépôts alternants de grès blanc sans cohésion et de calcaires marneux pétris d’Helir, atteignant une hauteur de 100 à 160 mètres. Elles s'étendent dans la moitié orien- tale du Guerguer, dans tout L’Aatf et dans la région occidentale du Ar-Rak. b., — Cette formation repose sur des schistes cristallins micacés et amphiboliques, s’inclinant au S.-0. Les schistes forment le sol du Ar-Rak oriental et de presque tout le pays du Au-Haufrit. c. — Un peu avant d'arriver à Bu-Hofra, se présente pour la pre- mière fois le granite, qui est la roche dominante d’une partie du Sahara occidental, car il forme une partie du Au-Haufrit, les plateaux centraux du Tisnik et le Zévis. d. — Le granite est seulement interrompu, entre ces deux pays, par une bande paléozoïque qui s’élargit vers le Sud. (4) Note sur la géologie de la formation pliocène à troncs d'arbres silicifiés de Ja Tunisie. C. R. Ac. Sc., 1888, 1‘ octobre, 567. 7 Mars 1892 XXXV e. — À moitié du chemin entre les puits Dumus et ceux de Teniulek, se trouve un gneiss glandulaire qui s'étend sur tout le pays de Teniulek et disparaît avant d’arriver à l’endroit qui sépare les puits de ce pays de la sebbja d’Idyil. f. — Dans cet endroit réapparaissent les granites, sur lesquels reposent les sables du N. N. O. du Adrar et Tmarr, ainsi que le sel et la boue salée qui constituent la dile sebbja. Au sud de Tivis, entre les puits Aglau et le puits Aussert, où se trouvent des collines formées par une belle syénite éléolitique, les schistes cristallins se présentent de nouveau. On voit que, dans toute cette partie du Sahara occidental, les granites et les roches archaïques sont beaucoup plus importantes que les dépôts tertiaires et quaternaires, presque bornés à la côte. Parmi les roches archaïques, celles de l'horizon inférieur, c’est-à-dire le gneiss glandulaire, sont les plus développées. Le Paléozoïque est réduit à une bande étroite et le Crétacé n’a jamais été observé dans la région par M. Quiroga. M. Rolland, se basant sur les renseignements inexacts de M. O. Lenz, conclut que : «il est certain, du moins, que, pendant le Dévo- » nien, la mer recouvraiten majeure partie l’emplacement du Sahara » occidental et central. Un mouvement d’émersion se produisit » ensuite dans le Sahara central, où le terrain carbonifère est à » peine représenté ; mais la mer carbonifère occupait encore le » Sahara occidental et l’Atlas marocain. L’émersion complète et » définitive du Sahara occidental eut lieu à la fin de la période » carbonifère. » Il ajoute plus loin : « Le Sahara occidental demeura » terre ferme depuis son émersion, c’est-à-dire depuis le Carbonifère.» Les conclusions de M. Rolland sur l’histoire géologique du Sahara, sont modifiées par les observations de M. Quiroga, qui peuvent se résumer de la façon suivante : Les plateaux centraux du Sahara occidental, qui constituent le noyau rigide du pays, sont émergés depuis la fin du dépôt des roches archaïques, ainsi que le plateau central de l'Espagne, excepté quel- ques petits golies paléozoïques provenant de mers de cette époque, situées au Nord. Les mers pliocènes qui laissèrent les matériaux formant les côtes méridionales de la péninsule espagnole, déposè- rent aussi les sédiments qui constituent la côte septentrionale du continent africain depuis Tunis jusqu’à Cabo Blanco. Le Sahara oriental est, d’après M. Quiroga, la partie la plus ancienne et la première émergée de l’Afrique septentrionale. XXXVI 7 Mars 1892 M. Stuart-Menteath envoie à la Société la note suivante : Sur le prétendu Albien et Précambrien des Basses-Pyrénées. Dans une réponse à mes observations, M. J. Seunes a soutenu, au moyen de longues citations de ma note de 1881, détachées des coupes et plans qui en formaient l’accompagnement essentiel, les deux thèses suivantes (1) : 1° Que j'ai classé dans le Lias le poudingue à cailloux roulés d’ophite situé sur la route de Sare. 2° Que les schistes noirs situés au milieu des collines (à deux kilomètres du poudingue ci-dessus cité) et dans lesquels j'avais signalé Am, serpentinus, ont été classés par lui dans l’Albien, et ne sont pas du Lias. 1. — En ce qui regarde la première assertion, je ferai seulement remarquer que, même en 1881, j'ai maintenu que tous les poudin- ques à cailloux roulés d’ophite appartenaient à la base du Flysch, et que les apparences trompeuses observées notamment sur la route de Sare ne justifiaient pas une conclusion contraire. J’ai cru utile de spécifier les doutes et difficultés à travers lesquels j'avais été amené à une conclusion opposée à l'opinion qui prévalait en 1881, et que j'avais précédemment adoptée. M. Seunes a profité de ces détails pour aflirmer en 1890 que je classais dans le Lias les couches dans lesquelles je lui avais signalé des fossiles nettement crétacés. 2.— Si l’on veut bien consulter la coupe n°5 de ma note de 1881 (2) et la carte qui accompagne la même note, on verra que, dans l’une et l’autre, j'ai représenté les collines au nord de Sare comme formées d’un soubasement jurassique recouvert par une calotte de Crétacé et de Flysch. Cette calotte crétacée a été classée par M. Seunes, en 1887, dans le Néocomien (3) avec citation de fossiles de cet étage, et en 1890 dans l’Albien avec citation d’une faune albienne à la place de la faune néocomienne dont il ne dit plus mot. Les schistes noirs dans lesquels j'avais trouvé Am. serpentinus sont incontestablement du Lias, et continus avec les schistes toar- ciens dans lesquels j'ai signalé à M. Seunes Am. bifrons et d’autres fossiles du Toarcien, lorsqu'il m'a été envoyé par MM. Hébert et Munier-Chalmas. En dépit des explications détaillées que j'ai four- nies à M. Seunes à Cambo, Itsassou, Espelette, St-Pé, Ascain et Si-Jean-de-Luz, il a classé dans le Précambrien les schistes juras- (DIPE SR GTLUXDX pr (2) B. S. G.F., t. IX, p. 318. (8) B, SG SEX, D. 19. k L 4 - 7 Mars 1892 XXXVII siques de la base des collines de Sare. La surface luisante de ces schistes et la présence de filets de quartz dans des parties métamor- phisées, expliquent son erreur. C’est précisément dans ce Précam- brien de M. Seunes que j'ai trouvé l’Am. serpentinus. Les mots que M. Seunes a cités (B. S. G. F., t. XIX, p. 829) comparés avec ma carte de 1881, prouvent incontestablement que le fossile en question provient du soubassement indiqué par moi comme jurassique et par M. Seunes comme précambrien. Pourquoi done a-t-il essayé de confondre ces schistes avec ceux de la route de Sare dont les fossiles, peu ou point déterminables, me faisaient en 1881 suspendre toute conclusion ? Je ne doute pas que M. Seunes, ayant déjà cité pour mon Céno- manien des collines de Sare, d’abord une faune néocomienne « trouvée partout », et ensuite une faune albienne également abon- dante, finira par trouver une faune cénomanienne qui lui permettra de modifier ses déterminations précédentes. Ce qui pourra l’y inciter, c’est le fait que les calcaires représentés par lui dans la coupe N° # de sa thèse ne forment pas, comme il le suppose, une masse com- pacte, séparée par une faille imaginaire des grès « albiens » qui la surmontent. Ces calcaires sont très clairement stratifiés, et plon- gent aw sud en concordance avec les grès. La partie supérieure de ces calcaires est remplie d’Orbitolina concava d’Orb. M. Lebesconte envoie à la Société une étude intitulée : Compa- raison des couches siluriennes de Sillé-le-Guillaume avec celles de Bretagne et de Normandie (1). En 1889, M. OEhlert ayant signalé l’existence d’une série d'assises nouvelles entre les Schistes rouges et le Grès armoricain, M. Lebes- conte combattit cette manière de voir, indiquant que les Schistes rouges n’existaient pas à Sillé-le-Guillaume et que le Grès armori- cain reposait directement sur les Schistes de Rennes. Gette note lui attira deux réponses : l’une de M. OEhlert, l’autre de M. Bigot. M. Lebesconte y répond aujourd’hui et cette discussion scientifique a une grande importance, car elle amène avec elle la comparaison et l'identification des couches siluriennes de Sillé avec celles de la Bretagne et de la Normandie. Les Poudingues schisteux d’Oigny et de Vassé ne représentent pas les Poudingues rouges de Montfort, car ils sont superposés plusieurs fois dans les mêmes couches à des distances de 1500 et 2000 mètres. Ce fait est constaté du reste par M. Hébert. Les (4) Voir aux Notes et Mémoires. XXXVIIT 7 Mars 1892 calcaires siliceux et magnésiens, se trouvant tantôt en dessus, tantôt en dessous de ces poudingues, ne peuvent plus être assimilés aux calcaires de Clécy et de la vallée de la Laïze, qui sont en Normandie au-dessus de la masse unique des Poudingues rouges de Montfort, séparant les Phyllades de St-Lô des Schistes rouges, mais ils sont assimilables aux calcaires des Schistes de Rennes. Le caractère des poudingues à pâte schisteuse n’est pas spécial aux Poudinques rouges, car il se trouve dans les poudingues des Schistes de Rennes et le caractère des poudingues à pâte gréseuse se trouve dans les Poudingues rouges de Montfort. Les bandes de poudingues des Schistes de Rennes atteignent jusqu’à 20 kilomètres de longueur sur la carte d'Ille-et-Vilaine de MM. Lorieux et Durocher, par M. Massieu. La coupe de Sillé à St-Pierre-sur Orthe, critiquée par mes confrères comme ne contenant pas de traces de grès armoricain, est de M. Hébert, qui y a reconnu le Grès armoricain, indiqué aussi avant lui par M. Guillier. Les grès à gros grains, qui recouvrent les psammites à lingules armoricaines, alternent avec des grès com- pactes à Scolithus et Vexillum et finissent par devenir complète- ment compactes au centre de la forêt. Ces grès à gros grains de la forêt de Sillé sont analogues aux grès feldspathiques ; ils contien- nent des lingules et diffèrent des autres grès à -gros grains qui accompagnent les schistes roses et les calcaires des Schistes de Rennes. Toute la forêt de Sillé est sur grès armoricain fossilifère. Les Phyllades de St-Lô sont complètement identifiés aux Schistes de Rennes, non seulement par tous les caractères lithologiques, mais aussi par les mêmes fossiles trouvés au cap Rozel en Nor- mandie, à St-Germain de Coulamer, à St-Georges-le-Gauthier et à Parennes, près de Sillé. Les calcaires siliceux et magnésiens, les schistes roses et les grès à gros grains qui les accompagnent, consi- dérés par mes confrères comme couches nouvelles intercalées entre les Schistes rouges et le Grès armoricain, appartiennent aux Schistes de Rennes, car toutes ces couches se trouvent tantôt en dessus, tantôt en dessous des poudirnigues d’Oigny. Ces poudingues eux-mêmes n'ayant pas de place fixe et unique ne sont que des couches inter- calées dans les Schistes de Rennes. 11 ne saurait donc exister d’assises nouvelles à Sillé-le-Guillaume entre le Grès armoricain et les Schistes rouges, puisque les Schistes rouges n'existent pas dans cette localité et que le Grès armoricain repose directement sur la subdivision des Schistes roses des Schistes de Rennes. 7 Mars 1892 XINNIX M.D.-P. Œhlert, en réponse à la nouvelle note de M. Lebesconte, déclare maintenir son interprétation de la coupe des Coëvrons et de la Charnie, dans laquelle il retrouve un grand nombre d’assises comparables à celles qu’on connaît dans le Cambrien de la vallée de la Laize et de la butte de Clécy. S'il n’a pas fait allusion, dans sa première note, aux idées que M. Hébert avait émises sur la géologie des environs de Sillé, c’est que, ne pouvant les admettre, il n’avait pas cru devoir les critiquer, puisqu'il ne faisait alors que répondre aux objections de M. Lebesconte. M. OEhlert continue à considérer les poudingues d’Oigny (Poudingues pourprés) comme formant une assise distincte, toujours inférieure au grès de la butte du Coq(grès inférieur), lequel est surmonté par des schistes violets, des brè- ches,des psammites à Lingules et des grès ferrugineux en plaquettes, bien développés à Pain perdu et à l’Hôpiteau, auxquels succède le grès armoricain visible seulement dans la partie nord-est de la forêt de Sillé. M. de Grossouvre envoie à la Société la note suivante: Sur les cloisons des Ammonites. à On attache depuis quelques années une importance de plus en plus grande, dans l’étude descriptive des Ammonites, aux caractères fournis par la forme des cloisons: les travaux récents de M. Douvillé sur les Cératites de la craie nous ont montré le parti que l’on pou- vait en tirer dans les recherches relatives à la classification générale de ces fossiles : il semble même que l’on soit, aujourd’hui, porté à attribuer à ce caractère une influence exagérée en voulant lui faire jouer un rôle trop prédominant dans les déterminations spécifiques. De même que, dans les Ammonites, la forme des tours et leur ornementation éprouvent, dans la série des variétés qui se rappor- tent à un même type spécifique, des modifications assez prononcées pour qu’il soit souvent malaisé de se reconnaître au milieu d’une multitude de formes changeantes d’aspect et fort différentes au premier abord, de même il est tout naturel de supposer que les cloisons des Ammonites ne se conservent pas absolument identiques dans toutes les variétés et qu’elles sont elles-mêmes susceptibles de variations dont les limites ne nous sont pas encore connues. Il serait vrdiment trop commode de trouver dans ce caractère un criterium absolu qui, ailleurs, fait toujours défaut ; il faut au contraire con- sidérer que son examen doit présenter des difficultés de même ordre que celui des autres caractères, qu’il n’est pas toujours facile de discerner dans le dessin d’une cloison quels sont les éléments vrai- ment importants dont il faut tenir compte et quels sont ceux qui doi- vent être négligés, et que, par exemple, dans certains cas, le déve- KE 7 Mars 1892 loppement accidentel de quelques lobules peut venir masquer les affinités réelles et occasionner des ressemblances trompeuses. S'il est bien acquis que toutes les espèces d’un même groupe ont leurs cloisons bâties sur le même plan, celui-ci ne se reconnaît bien que sur les tours les plus internes de la coquille, alors que les cloi- sons réduites à leur expression la plus simple se présentent à cet état que l’on a appelé stade goniatite ; plus tard, au fur et à mesure de l’accroissement de la coquille, le dessin se complique, les cloisons se découpent de plus en plus, des lobules accessoires se développent ; comme, dans les individus d’une même espèce, le développement de ces détails a lieu d’une manière plus ou moins irrégulière, il en résulte des écarts de nature à tromper le paléontologiste trop prompt à conclure d’un premier examen. Ce qui le prouve, ce sont les différences assez grandes entre les cloisons d’une même espèce que je relève dans le beau travail de M. Nicklès sur les Céphalopodes néocomiens des environs d’Alcoy. Prenons, par exemple, les cloisons de Pulchellia Chalmasi : au diamètre de 5m, [a première selle latérale est diviséeen deux parties égales par un lobule; aux diamètres de 4mm 1/2 et de 6m, les deux divisions de cette selle sont inégales, la plus petite étant du côté interne; au diamètre de 10mm1/2, l'inverse se produit et c’est la subdivision externe qui se trouve la plus petite. On constate des différences de même ordre pour le premier lobe latéral, arrondi au diamètre de 3m, terminé en pointe aux diamètres de 4mm1/2 et 6m, tandis qu’au diamètre de 12mm (fig. 22) il est bifide. M. Nicklès signale lui-même des variations dans les cloisons des Holcoste- phanus, p. 25. Il nous semble donc prudent, pour qu’il soit possible de tirer de l'examen des cloisons tout ce que l’on peut en attendre, que des études suivies sur les variations qu’elles peuvent présenter dans la série des variétés d’un même type nous fassent connaître exactement l'étendue des limites entre lesquelles les variations sont susceptibles de se produire. Aussi, ne suis-je pas absolument persuadé, comme M. Nicklès, que Pulchellia compressissima et P. pulchella ne doivent pas être réunies, comme lavait proposé M. Kilian, uniquement à cause de la différence de leurs cloisons. Rien ne prouve que l’on n'est pas là en présence de variétés, qu’il n’existe pas de passages de l’une à l’autre, et ce qui semble l’indiquer c’est que la figure 4 des cloisons de P. compressissima paraît intermédiaire entre les figures 1, 2et 3 (même espèce) et les figures des cloisons de P. pulchella données plus loin. bénédeis nnt, d ds nue r tts te - 7 Mars 1892 XLI M. R. Nicklès présente quelques observations. M. de Grossouvre envoie à la Société une note intitulée : Observations sur l’Am. procerus auct. Seebach a créé en 1864 le nom d’Am. procerus (Hannoversche Jura, p. 455, PI. X, fig. {bd et 22.c) pour une faune des environs de Eimen,des assises à 0. Knorri,c’est-à-dire du Fullers-earth.; l’échan- tillon qu'il a figuré est de petite taille et n’a que 37m de diamètre. Plus tard, Schlünbach, Neumayr et tous les géologues ont rap- porté à cette espèce des formes de plus grande taille, pouvant atteindre jusqu’à 320mm de diamètre. L’exemplaire figuré par Schlünbach (Beitr. zur Paläontologie der Jura, PI. V, fig. 1), pro- vient aussi de Eimen. Toutes ces formes se rattachent, comme nous avons cherché à le montrer en 1888(B.S. G.F., &s.,t. XVI, p. 394), à l'espèce désignée par d'Orbigny sous le nom d’A. arbustigerus, et par conséquent ce dernier nom doit être préféré comme ayant la priorité. Le nom d’Am. procerus doit d'autant plus être rejeté pour les formes en question que c’est par une erreur inconcevable que Schlônbach a considéré la faune décrite et figurée par lui comme étant l’adulte de l’A. procerus de Seebach. Il suffit de se reporter à la description et à la figure donnée par ce dernier, d’une part, et, de l’autre, de briser des échantillons de l’ammonite appelée à tort procerus, afin de se procurer des exemplaires de la taille du type de Seebach, pour reconnaître qu’il n’y a aucune analogie entre ces deux formes. Le jeune de l’Am. procerus de Schlônbach se rattache au type de l’Am. zig-zag, tandis que Seebach dit expressément que son Am. procerus se rapproche de 4. curvicosta Opp., qu'il a comme celui-ci, sur le bord ventral, des tubercules caractéristiques et qu’il s’en dis- tingue seulement par la section de ses tours plus ovale et par ses côtes alternativement simples et bifides. Or, ces caractères ne s’ob- servent jamais dans les jeunes des formes adultes habituellement rapportées à Am. procerus. Je dois à l’obligeance de mon confrère, M. le D' von Koenen, deux échantillons d’Am. procerus de Eimen, à peu près de la taille du type figuré par Seebach, et se rapportant parfaitement à la figure et à la description de cet auteur. Ce sont, comme j'ai pu le vérifier sur des échantillons provenant du Fullers-earth de la Nièvre, les jeunes du type de Swinitza décrit et figuré par Kudernatsch sous le nom d’Am, convolutus parabolis (1852, PI. IT, fig. 7 à 10), que XLII 7 Mars 1892 j'avais proposé de nommer 4». parabolifer : ce nom doit donc ètre abandonné et être remplacé par celui de A. procerus pour les formes du groupe de 4. aurigerus appartenant au Fallers-earth. La synonymie de cette espèce s’établira donc de la manière sui- vante : 1864. Am. procerus Seebach. sp. Hannoversche Jura, p.155, PL. X, fig. 1b,4, 2a,°, non fig. 1 2°, 1852. Am. convolutus parabolis Kudernatsch. 1888. Am. parabolifer de Gross. Quant aux formes habituellement désignées sous le nom d’4. procerus, il conviendra de leur donner, comme on le faisait autre- fois, celui de Am. arbustigerus d'Orb., en attendant qu’une mono- graphie de ce groupe intéressant permette de séparer les divers types qu'il y a lieu d’y distinguer. C’est un travail que je pourrai peut-être entreprendre un jour, grâce à l’immense quantité de maté- riaux que j'ai rassemblés et dont l'étude m’a déjà permis de rectifier l’erreur de Schlünbach et de Neumayr. M. J. Lambert présente une Nofe sur les Echinides des sables fer- rugineux (Aptien) de Grandpré (Ardennes; (1). Ces oursins, presque tous spéciaux à cette localité, offrent des rapports curieux avec ceux du gisement synchronique de Farringdon (Angleterre) et un facies général cénomanien qui a trompé les pre- miers observateurs. Plusieurs sont nouveaux, comme Cidaris plera, Goniocidaris arduennensis, Polydiadema Cotteaui, Discoïdes Peroni, d’autres intéressants à divers points de vue : Hemidiadema rugosum Agassiz, type du genre, et Goniocidaris farringdonensis Wright, qui n'avait pas encore été signalé en France. La présence, dans un groupe de Cidaris aptiens, de fossettes angu- laires et suturales semblables à celles des Goniocidaris vivants, est un fait particulièrement remarquable. L'étude du Diplopodia Rene- vieri nécessite celle des diverses espèces du type du D. varioluris et permet de suivre les mutations successives de cette forme depuis le Néocomien jusqu'à la Craie. L'examen des Polydiadema Cotteaur, Discoïides Peroni, Phyllobrissus Cerceleti et Holaster latissimus fournit l’occasion de fixer les caractères de plusieurs genres, notamment du genre Tiarella Pomel, de compléter sur certains points de détail les descriptions déjà anciennes de d’Orbigny et de faire connaître des faits nouveaux d’une certaine importance pour la morphologie des Echinides. (4) Voir aux Notes et Mémoires. CT RO CET TT SNS, 7 Mars 1892 XLIIT A M. Roussel (1) envoie à la Société une Note sur l’âge de l'Hippu- rites corbaricus. On sait que dans la Provence cette espèce caractérise le Sénonien inférieur ; mais dans les Pyrénées son niveau est mal connu. M. Roussel en a trouvé plusieurs exemplaires à la Viallasse (Buga- rach), à Bastia (Leychert) et à Tuilerie (Celles), dans un bassin qui se prolonge de Padern (Aude) à Montgaillard (Ariège). Ils proviennent de la partie supérieure de l’assise à Rhynchonella petrocoriensis, Hemiaster Gauthieri, Hemiaster Leymeriei, Pyrina ovulum, Salenia Bourgeoisi, Orthopsis miliaris, Cyphosoma Archiaci et Cyphosoma Gregoirei. Cette assise est au-dessous du sous-étage à Micraster et au- dessus du Turonien à Hippurites petrocoriensis, Hip. resectus et Ostrea columba. De sorte que dans les Pyrénées, de même que dans la Provence, l’Hip. corbarièus caractérise le Sénonien inférieur. M. L. Carez fait à ce sujet les observations suivantes : La position de l’Hippurites corbaricus dans les Corbières a une grande importance; cette espèce se retrouvant avec abondance aux Martigues, au Beausset et dans l’Ariège, elle peut aider puissam- ment à synchroniser les dépôts crétacés de ces diverses régions. Aussi l'indication d’un nouveau gisement par M. Roussel à la Viallasse doit-elle être favorablement accueillie. Mais il me semble que notre confrère tire de sa découverte des conséquences un peu trop absolues : s’il est démontré que l’Hippu- rites corbaricus se trouve, sinon peut-être au-dessous, au moins vers la base des couches à Micraster brevis, il ne faut pas oublier que le gisement de Cubières, où les fossiles sont bien en place, est situé au contraire vers la partie supérieure de ces mêmes marnes. L’Hippurites corbaricus semble donc avoir une certaine extension verticale, et si elle doit être considérée comme caractéristique du Santontien, contrairement à l’opinion de M. de Grossouvre qui la place dans le Coniacien, elle ne peut servir à caractériser une zone. La conséquence de cette observation, c’est que le niveau à Hippu- rites qui se poursuit dans l’Ariège depuis Belesta jusqu’à une petite distance de Foix par Larnauton, Benaix, Villeneuve-d’Olmes, Sud de Leychert, Saint-Sirac, etc., n’est pas forcément situé à la base des marnes à Micraster. On trouve dans ces gisements de l’Ariège trois espèces abondantes: Hippurites corbaricus, H. Archiaci, H. Heberti ; les deux dernières étant spéciales à la région, J’Hippurites corbaricus seule peut servir à établir le synchronisme. M. Roussel voudrait en conclure que les gisements de l'Ariège se trouvent à la (1) Voir aux Notes et Mémoires. XLIV 7 Mars 1892 base du Santonien, tandis qu’il me paraît infiniment plus probable que cette couche à Hippurites est sur le même niveau que celle de Cubières, c’est-à-dire à la partie supérieure des marnes à Micraster brevis; je compte d’ailleurs développer ces conclusions dans une note que je communiquerai très prochainement à la Société. M. de Lapparent signale une note récente de M. Bigot, dans laquelle le granite du nord-ouest de Jersey, en raison de sa ressem- blance avec celui de Flamanville, est indiqué comme probablement dévonien. M. de Lapparent s'étonne de cette assimilation. Il ne voit, au nord-ouest comme au sud-ouest de Jersey, qu’un même granite, d’ailleurs assez polymorphe, traversant les schistes cambriens et traversé lui-même par une granulite rose, dont la sortie a certai- nement précédé les épanchements porphyriques. Or, ces derniers, qu'aucun granite ne pénètre, étant recouverts par un poudingue, que M. Bigot à contribué plus que. personne à faire assimiler au poudingue pourpré de Normandie, et qui contient d’ailleurs de nombreux blocs de granite, il ne paraît pas y avoir la moindre raison pour attribuer l'éruption de ce dernier à une autre époque que la fin du dépôt des schistes dits de Granville. Une fois de plus cet exemple peut servir à montrer avec quelle réserve on doit user, pour la chronologie des roches éruptives, de l'argument litholo- gique. N°5 21 mars 1892 XLV COMPTE-RENDU SOMMAIRE SEANCES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Séance du ?21 Mars 189? PRÉSIDENCE DE M. MICHEL LÉVY M. Dereims, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Le Président annonce une présentation. I fait part à la Société du décès de deux membres: MM. de Chambrun de Rosemont et Jaquiné. M. Michel Lévy, Président, souhaite la bienvenue à M. Archibald Geikie, directeur du Geological Survey de la Grande-Bretagne, qui assiste à la séance. M. J. Bergeron offre à la Société, de la part de M. Jaime Almera, un article qui a paru dans la Cronica cientifica de Barcelone et qui traite des roches éruptives, autres que le granite, des environs de cette ville. L'auteur signale des porphyres quartzi- fères (microgranulite et variétés) et des granulites à mica blanc avec des pegmatites sans tourmaline. Le groupe diabasique de M. J. Almera comprend des diabases franches avec des porphyrites et des roches désignées sous le nom de diorites, mais qui semblent, d’après ce qu’en dit l’auteur, être des diabases dans lesquelles le pyroxène serait en partie ouralitisé. L'article se termine par l’indi- cation des principaux gisements métallifères de la région. M. Munier-Chalmas fait la communication suivante relative à la partie nord du Plateau Central. La carte géologique de France au 0 c0c: terminée sous la direc- tion de M. Michel Lévy, permet de suivre avec une très grande facilité XLVI 21 mars 1892 la direction générale des principaux plis primaires du Plateau Central. M. Michel Lévy a déjà indiqué, dans son intéressant travail sur l'Auvergne, que le grand syncelinal du Beaujolais, qu'il a étudié d’une manière toute particulière, était interrompu vers l’ouest par les grandes failles du Forez, failles qui avaient dû se produire sous l’action d’un mouvement de torsion très énergique. Les lambeaux carbonifères que l’on rencontre en remontant vers Vichy, c’est-à-dire ceux de la Prugne, de Ferrières, de Cusset et qui sont alignés le long de cette grande fracture, faisaient partie du synclinal du Beaujolais avant d'avoir subi un rejet horizontal important. M. Michel Lévy a pensé également, avec juste raison, que les lambeaux carbonifères isolés qui sont alignés d’une manière géné- rale de l’est à l’ouest des précédents, devaient être le prolongement du même grand pli. En effet, après avoir franchi l'Allier, on ren- contre, en se dirigeant vers le sud-ouest, les lambeaux carbonifères des environs de Gannat et du nord de Manzat ; cette direction est un instant interrompue par le lambeau carbonifère de Pontaumur rejeté vers le sud; il est situé le long de la faille qui est en rapport avec la grande traînée houillère du Plateau Central. En remontant vers le nord-ouest, les lambeaux du sud-est d'Evaux, de Chambon, du sud-ouest de Jarnages et du nord de Guéret complètent la série dont je viens de parler. M. Munier-Chalmas pense que le rejet dont il vient d'être ques- tion s’est fait sentir sur toute la partie nord du Plateau Central. Il est ainsi conduit à admettre que les bassins houillers de Blanzy et de Bert se trouvaient autrefois sur le prolongement de cette série de bassins houillers, formant l’alignement si remarquable qui traverse le Plateau Central à partir du sud de Moulins pour dépasser Cham- pagnac. Cette grande ligne épouse d’abord la direction des plis anciens pour venir ensuite couper presque à angle droit, près de Saint- Gervais, le prolongement du synclinal carbonifère du Beaujoiais. Les synclinaux et les failles dans lesquels sont alignés les bassins houillers dont je viens de parler se seraient formés successivement en s'avançant vers Le sud. 1 serait ainsi possible de les faire rentrer d'une manière générale dans le cadre de délimitation tracé par M. Marcel Bertrand pour les différents bassins houillers du Plateau Central. M. Munier-Chalmas pense que les plis primaires du Plateau Central qui vont rejoindre à l’est ceux des Vosges et à l’ouest ceux TO NO EST NET PIE 21 mars 1892 XLVII de la Bretagne, ont été successivement déformés par des pressions horizontales dâirigés du nord au sud. Un mouvement d’inégale progression dans la marche de la partie ouest et de la partie est du Nord du Plateau Central aurait déterminé une torsion des couches suivie de rupture. Les deux parties ainsi séparées par les failles du Forez, ete., auraient cheminé avec une inégale vitesse; la partie ouest se déplaçant plus rapidement que l’autre, il en serait résulté un rejet horizontal vers le Sud, rejet que l’on peut évaluer à près de 35 kilomètres. En Angleterre, M. Geikie a signalé des mouvements analogues qui se sont fait sentir sur plus de 25 kilomètres. — En Suède, des dislocations semblables atteindraient plus de 100 kilomètres. Enfin, M. Marcel Bertrand a fait connaître dans ses importantes études sur la Provence, de nombreux plis couchés dus à de puissantes poussées horizontales. M. Michel Lévy rappelle qu'il a admis une torsion et une série de rejets au droit de la grande faille du Forez, parce que le seul grand synclinal, relativement facile à suivre au passage de cette faille, paraît y subir cette double action. D'abord en apparence N.-S. dans le Beaujolais (parce que ses tronçons N. E. y sont réellement rejetés par les filons de décrochement minéralisés, puis réouverts de Romanèche, de Beaujeu, etc.), puis N.-E. dans la Loire, le grand synclinal carbo- nifère tourne vers l’E.-0. au voisinage de la faille. Il paraît bien vraisemblablement se prolonger par les lambeaux similaires de la Prugne, de Ferrières et de Cusset. Chacun d'eux présente des directions E. et N.0.-S.E. et se montre rejeté de plus en plus vers le N. O., de sorte que M. Munier-Chalmas est fondé à parler d’un rejet total de 25 à 30 kilomètres. Quant à la prolongation hypothétique de cet axe tectonique vers l'Ouest du Plateau Central et la Bretagne, je crois qu’elle subit une nouvelle déviation au passage de la traînée houillère de Pontaumur avant de se diriger vers Evaux. M. Munier-Chalmas fait la communication suivante relative à l’'Origine des phosphates de La Somme et à la formation de la craie. M. Lasne, un des premiers, a mis en évidence par des procédés d'analyse très habiles et avec une très grande précision, que les fluophosphates de la Somme avaient la même composition chimique que l’apatile. À la suite de nombreuses et importantes recherches XLVIII 21 Mars 1892 sur les phosphates, il a conclu, comme l’avait déjà fait M. Dieulafait, que le phosphate de chaux et le Aluorure de calcium contenus dans les eaux de la mer provenaient de la dissolution de l’apatile qui se trouve disséminée au milieu des roches éruptives. — D'un autre côté, si l’on calculait la quantité énorme de phosphate de chaux qui a été déposée par les mers depuis l’époque cambrienne jusqu’à l’époque actuelle, on trouverait probablement que cette quantité dépasse plusieurs centaines de fois celle qui est contenue dans les océans actuels; de 1à la nécessité d'admettre que le phosphate de chaux est remplacé à mesure qu’il se dépose. On comprendra facilement tout l'intérêt qui s'attache à cette théorie, car elle permet d’expliquer l’origine première des phos- phates fixés par les vertébrés marins, ou déposés par les eaux de l'Océan. MM. Murray et Renard ont démontré de leur côté, dans leurs beaux et remarquables travaux sur les sédiments des mers pro- fondes, qu’il se formait actuellement, au milieu de la Loue à Globi- gérines, des concrétions de phosphate de chaux provenant de la décomposition des ossements de vertébrés accumulés au fond des océans. Ces phosphates, comme on pouvait le supposer étant donné leur origine, ne renfermeraient pas, d’après les analyses de MM. Murray et Renard, de fiuorure de calcium (1). L'hypothèse que M. Lasne a faite, au sujet de la provenance et de la formation du fluophosphate de chaux de la Somme, me paraît probable. Il à admis que des cours d’eau, partant de continents anciens, dissolvaient sur leur parcours l’apatite des roches érup- tives ou cristallophylliennes et apportaient dans la mer sénonienne - les éléments dissous de ce minéral dans des proportions et dans des conditions telles que le fluophosphate pouvait se reformer par simple précipitation chimique (2), l’intervention du phosphate accumulé par les vertébrés n'étant pas nécessaire. (1) Le phosphate de chaux fixé par les vertébrés ne renferme, d’après les analyses connues, que des traces ou des quantités très faibles de fluorure de calcium. (2) Les travaux de M. Lasne et ceux de MM. Murray et Renard semblent montrer que, selon les conditions où se sont effectuées les précipitations, il se serait formé soit des phosphates, soit des fluophosphatcs. Les fluophosphates se seraient formés dans des conditions plus ou moins analo- gues à celles qui ont régi les dépôts phosphatés de la Somme ; les phosphates, au contraire, se seraient formés dans des zones de précipitalions chimiques, où, par suite de l'accumulation des ossements, les eaux marines ne contenaient plus assez de fluorure de calcium pour permettre à la totalité du phosphate précipité de former un fluophosphate ayant la composition de l’apatite. Si l'exactitude des analyses chimiques des phosphates marins récents se confirme, on aura des données chimi- ques suffisantes pour reconnaitre les deux modes de formation des phosphates dont je viens de parler. at D aan bien 7 À 21 mars 1892 XII Quand on examine la disposition dela mer sénonienne à l’ époque de la Belemnitella mucronata, on est conduit à penser que l Écosse et surtout le grand continent scandinave ont été le point de départ du phosphate et du fluorure dissous. Les courants marins partant du Nord pour se diriger vers le Sud devaient, en arrivant dans les parties les moins profondes de la mer sénonienne du Bassin de Londres et du Bassin de Paris, se trouver dans des conditions de profondeur et de salure favorables à la précipitation des phosphates. Ils entrainaient devant eux les foraminifères pélagiques ou litto- raux, les fragments d'organismes calcaires et les débris osseux (1), qui se recouvraient pendant leur marche très lente de couches successives de fluophosphate concrétionné. Ils auraient été amenés ainsi jusque dans les petits synclinaux secondaires de la Somme qui se sont formés sur l’anticlinal de l’Artois, après le dépôt des couches à Micraster cor testudinarium. M. Munier-Chalmas rappelle que la craie proprement dite, qu'il a déjà étudiée en collaboration avec M. Schlumberger, ne peut ètre comparée, comme l’a justement fait remarquer M. de Lapparent, à un dépôt terrigène. En effet, lorsque l’on examine des échantillons de craie séno- nienne prise au milieu du Bassin de Paris, dans des points où les courants cessaient de transporter des sédiments terrigènes, on voit qu’eile a été formée par la destruction d'organismes calcaires ayant vécu en grande partie sur place et appartenant principalement aux Bryozoaires, aux Æchinides (radioles de Micraster, d’Anan- chytes, etc.) aux Spongiaires calcaires, aux Hydrosoaires; dans la majorité des cas, les Foraminifères peuvent être regardés comme des quantités plus ou moins négligeables. Les spicules d’éponges siliceuses, très nombreux dans certaines couches, ont été souvent complètement dissous pour former les silex. Lorsque l’on examine cette craie au microscope, on voit qu’elle est formée de deux parties d’inégale importance : la première renferme, à l’état plus ou moins reconnaissable, les organismes calcaires un je viens de parler; la seconde, qui forme la plus grande partie de la masse, est constituée par du carbonate de chaux amorphe, poreux, très divisé, qui provient soit de la destruction des organismes calcaires, soit de la précipitation du carbonate de (1) D’après les études de M. Lasne, les débris osseux ne représenteraient que de la masse phosphatée. — A ce sujet, je reviendrai sur l'opinion émise par \. Renard au sujet des phosphates de la Somme. XX. — Comptes-rendus sommaires, 4 d: 21 mars 1892 chaux (1), ce dernier provenant de la dissolution partielle des organismes calcaires par l’acide carbonique résultant de la décom- position de la cellulose. M. de Lapparent croit qu’il n’y a absolument aucune consé- quence à tirer du fait que les nodules de phosphate de chaux con- tiennent, comme l’apatite, un équivalent de fluorure de calcium et trois de phosphate. Personne ne prétendra que lapatite existe, comme telle, en dissolution dans les eaux de la mer. Elle ne peut y arriver que décomposée. Dès lors, le fluor, le calcium et l'acide phosphorique étant en présence, quand les circonstances sont favo- rables à leur union, il est naturel qu’elle puisse se faire suivant la loi d’affinité chimique, c’est-à-dire conformément à la formule de l’apatite. M. de Lapparent ne nie pas que l’apatite des terrains primitifs et des roches éruptives ne doive être la source première de l’acide phosphorique assimilé par les animaux. Mais il croit que l’interven- tion de ces derniers est nécessaire pour extraire la dose presque infinitésimale de cet acide que contiennent les eaux marines. Alors, quand cette concentration à eu lieu, la décomposition des animaux, près de certains rivages, engendre, conformément aux observations de MM. Murray et Renard, la provision nécessaire à la précipita- tion du phosphate de chaux. Cette explication semble infiniment plus rationnelle que l’hypo- thèse de courants qui, à l’époque de la craie, auraient amené de la Norwège une provision d'acide fluophosphorique toujours bien insuffisante pour justifier d’une précipitation, car les précipitations purement minérales ne se font que dans des liqueurs saturées, tandis que les animaux excellent à extraire du milieu où ils vivent des substances que la chimie parvient à peine à déceler qualitati- vement. L'opinion ici professée peut sembler en contradiction avec ce fait, que les analyses publiées par MM. Murray et Renard n’indi- quent pas la présence du fluor dans les concrétions phosphatiques qu'ils ont analysées. Mais avant de reconnaître la force de cet argu- ment, M. de Lapparent croit prudent d'attendre que ces analyses aient été refaites par les procédés délicats qu'emploie M. Lasne. (1) Dans certaines assises, une partie du carbonate de chaux précipité pourrait être le résultat des actions chimiques exercées par les eaux d'infiltration sur la craie dans laquelle elles circulent, 91 mars 1892 LI MM. Mallard, Lasne, Marcel Bertrand et Labat présentent quelques observations. M. M. Bertrand fait une communication sur l’origine des poudinques de la Ciotat. Ces poudingues, épais de plus de 300 mètres, tiennent la place de l’étage turonien, et la Société les a vus, dans la réunion de l’automne dernier, le long de la falaise de la Ciotat à Cassis, passer latéralement, par croisements successifs des bancs détritiques, aux marnes ligériennes et aux calcairés angoumiens à Biradiolites cornupastoris. Il est facile de se convaincre que ces dépôts détritiques se répartissent, parallèlement au bord méridional du bassin, suivant une ligne dirigée de la Ciotat au Caoumé (près de Toulon), et que c’est cette ligne qui correspond au maximum d’épais- seur des différents étages ; elle correspond donc aussi (puisqu'il s’agit de dépôts évidemment formés sous une mince nappe d’eau) au maximum d’affaissement du fond du bassin; cette ligne est également l’axe synclinal du grand pli que forment actuellement les couches crétacées. Or, les coupes prises perpendiculairement à cette direction montrent partout que les dépôts détritiques restent étroitement limités dans cette zone d’affaissement, et que partout, au nord comme au sud, ils sont bordés par des calcaires à Hippurites, repré- sentant sous une épaisseur de plus en plus faible, un nombre de plus en plus grand de zones distinctes à mesure qu’on se rapproche du bord. On ne peut donc pas supposer que les poudingues aient été arrachés par la mer à des falaises voisines, ni qu’ils aient été amenés par des courants marins côtiers. Ils ne peuvent alors pro- venir (comme les poudingues pliocènes du delta du Var) que d’un apport torrentiel ; c'est une formation de delta. On a de plus la direction de ce courant torrentiel, qui venait du sud-ouest ; il faut donc qu’une terre assez étendue ait existé de ce côté, reliant le massif des Maures à l’extrémité du massif central des Pyrénées. Cet isthme, qui n’existait certainement pas à l’époque néocomienne (comme la similitude des faunes en donne la preuve), a dû se former à l’époque albienne ou cénomanienne, et, sauf peut- être à l'époque garumnienne, il n’a pas cessé, jusqu’à l’envahisse- ment de la mer et des lagunes oligocènes, de séparer le bassin du Rhône de la mer des Baléares. M. Bertrand expose des cartes des mers hauterivienne et turonienne, qui reconstituent les anciens rivages, conformément à cette interprétation. L'existence d’un delta turonien en Provence appelle la compa- raison avec le delta bien connu du Weald. L'origine d’estuaire pour LIT _ 21 mars 1892 les couches du Weald n’a guère été contestée que par M. Jukes Browne, qui a allégué surtout la difficulté de concevoir la mer dans laquelle ce grand fleuve se serait jeté. Tous les faits connus indiquent pourtant avec évidence que la mer de Speeton s’étendait sur l'emplacement actuel de la mer du Nord et de la Baltique, allant rejoindre de ce côté la mer à Aucelles de la Russie. On peut même reconstituer avec une grande probabilité un grand nombre des cours d’eau qui se jJetaient dans cette mer, notamment celui qui, venant de la Bohème, a donné lieu au delta du Hanovre, ainsi que celui de Bernissart et d’Anzin, qui suivait, en descendant de l’Ardenne, le synclinal de Namur. Deux autres fleuves, venant également de l’Ardenne pour se jeter dans le golfe étroit du bassin de Paris, et suivant, l’un le synclinal de Dinant, l’autre celui du Luxembourg, expliqueraient d’une manière satisfaisante les sables de Fourmies et les lambeaux néocomiens signalés par M. Gosselet au sud de Mézières. La différence qui existe entre ces dépôts d’estuaires, sableux et argileux au nord, composés de gros galets au sud, correspond bien à ce que l’on sait de l’histoire géologique des deux régions; au nord, la fin de l'époque jurassique et le début de l’époque crétacée ne nous montrent que de lents mouvements d’exhaussement et d'’affaisse- ment du sol, tandis que la période du Crétacé moyen semble mar- quée dans la région pyrénéeune par une grande mobilité de l'écorce : les dépôts fluviatiles du nord correspondent à un régime voisin d’une période d'équilibre, ceux du sud correspondent à un régime d'équilibre constamment troublé. M. Bertrand termine par quelques considérations qui lui sem- blent ressortir de l'examen comparé des cartes des mers crétacées. D'abord la grande transgression cénomanienne, signalée par M. Suëéss, paraît accompagnée d’une 7égressitn non moins mar- quée dans les régions arctiques. Cette sorte de jeu de bascule entre les mers arctique et méditerranéenne se reproduirait d’ailleurs à plusieurs époques, et notamment à l’époque quaternaire. En second lieu on peut difficilement ne pas être frappé du grand fait qui se produit vers le début du Crétacé moyen, celui d’une communication pour la première fois largement ouverte entre nos mers européennes et l'océan Atlantique. Il semble naturel de rechercher si cette communication ne pourrait être mise en rapport avec l’arrivée d’une faune nouvelle; or les Polyconites des Pyrénées, les Caprines du golfe de la Provence, ne peuvent être venus que de l’ouest ; les Ichthyosarcolites (et peut-être les Caprinules) apparai- traient dans le Portugal, d’après M. Choffat, plus tôt que dans . | + 21 mars 18592 LIT l’Aquitaine. Il y aurait peut-être là des arguments pour considérer les Rudistes, non pas comme une faune dérivant sur place des Diceras et des Requiénies, mais comme une faune immigrée, dont le centre de dispersion serait à chercher dans l’Atlantique, du côté des Antilles. M. Haug (1) fait une communication sur quelques groupes d’Am- monitidés du Bajocien et sur leur répartition dans les zones qui constituent cet étage. Il s'appuie en partie sur les beaux travaux de M. Buckman sur les Ammonites de l’Oolithe inférieure d'Angleterre et insiste particulièrement sur la faune de la zone à Æarpoceras concavum, dont cet auteur a le premier fait connaître les caractères. Le genre Æarpoceras, représenté par les sous-genres ZZoceras, Ludwigiu, Hyperlioceras, y joue pour la dernière fois un rôle consi- dérable. Il en est de même des genres }ammatoceras, Erycites et Dumortierta. À ces éléments, dérivant par filiation directe des espèces du Lias supérieur de l’Europe occidentale, viennent s’ajouter des genres étrangers qui font brusquement leur apparition dans la zone à Zarpoceras concavum. Ge sont les suivants: Haplopleuroceras Buckm., Zurcheria Douv., Sonninia Bayle. M. Buckman a démontré que cette dernière section provenait du groupe de l’Amatiheus margarilatus du Lias moyen ; quant à ÆZaplopleuroceras subspi- natum, M. Haug le considère comme un descendant direct d’Aal- theus spinatus ; les Zurcheria, enfin, semblent constituer simple- ment un rameau latéral d’Zaplopleuroceras, dans lequel les orne- ments passent sur la partie ventrale sans être interrompus par une carène. On assiste donc dans la zone supérieure du Bajocien infé- rieur (Aalénien) à un retour brusque dans les mers de l'Europe occidentale des véritables Amalthéidés (excl. Oxynoticératidés), qui en avaient complètement disparu depuis le commencement de l’époque toarcienne, époque à laquelle la faune méditerranéenne a pu s’acclimater dans l’Europe centrale (Zytoceras, Hammatoceras, Lillia, etc.). Le genre Soxninia n’est connu dans la zone à Æ4rpo- ceras concavum qu’en Angleterre et, par quelques exemplaires, en Normandie. Il ne fait son apparition dans l’Allemagne.méridionale et dans le Sud-Est de la France (environs de Gap, de Digne, de Toulon) que dans le niveau suivant, à la base de la zone à Sphæro- ceras Sauzei, où il atteint son maximum de développement. Dans le Sud de l’Europe il n’a pas encore été signalé. On peut conclure de cette répartition que les courants qui ont ramené à l’époque (4) Voir aux Notes et Mémoires. LIV 91 mars 1892 bajocienne les Amalthéidés dans les mers de l'Europe occidentale n'avaient rien de commun avec les courants chauds qui y introdui- saient la faune dite méditerranéenne. Il est probable que c’est à des courants froids venant de l'Ouest ou du Nord que l’on doit attribuer l’arrivée du genre Sonninia dans le Sud de l’Angleterre et en Normandie à la fin du Bajocien inférieur. La zone à Dorsetensia Romani, comprise entre la zone à Sphæro- ceras Sauzei et la zone à Cosmoceras subfurcatum, est très mal repré- sentée en Normandie; en revanche elle est très fossilifère dans le Brunswick, dans le Wurtemberg, en Alsace, dans les Basses-Alpes (niveau à ammonites ferrugineuses de Beaumont, près Digne). Elle est caractérisée par les espèces suivantes, que M. Haug étudie dans son travail : Sonninia furticarinata Quenst., pinguis Rœm., delta- falcata Quenst., Dorsetensia Romani Opp., complanata Buckm., etc. Le genre Dorsetensia, établi récemment par M. Buckman, a été adopté provisoirement. Il constitue probablement une section de Sonninia, de même que Witchellia Buckm., dont il se rapproche beaucoup par ses cloisons et par son mode d’ornementation. Il est représenté dans le Bajocien supérieur par une dernière espèce, Dorsetensia Edouardiana d’'Orb., dont M. Haug étudie à nouveau les cloisons. M. Douvillé présente la note suivante de M. de Grossouvre : Sur Le niveau de l’'Hippurites corbaricus. Dans la dernière séance, M. Roussel à remis une note sur l’âge de l’Hippurites corbaricus qui confirme le niveau que j'avais assigné précédemment à cette espèce dans mon étude sur le Crétacé des Corbières, d’après les indications verbales de M. Roussel et les déterminations faites par M. Douvillé de la faune hippuritique de Leychert et de Benaix. Dans ces gisements, elle appartient aux couches immédiatement supérieures au Turonien, c'est-à-dire à la base du Coniacien. Dans les Corbières, d’après ce que m'écrivait M. Toucas, elle se trouve encore à un niveau plus élevé, dans les calcaires à rudistes situés immédiatement au dessous des couches à Am. {eranus à Sou- graignes et au Nord-Est de la montagne des Cornes. Il résulterait des indications de M. Carez, que ce dernier gisement appartiendrait au même niveau que celui de Cubières ; Hipp. corba- ricus serait encore là dans l’étage coniacien. Je ne comprends donc pas l’observation de M. Carez qui semble conclure de la note de M. Roussel que Hipp. corbaricus serait carac- téristique du Santonien et non du Coniacien : ce dernier nom, si on 21 mars 1892 LV veut l’employer, doit être entendu dans le sens que lui a donné Coquand, et M. Arnaud a démontré que l'étage coniacien ainsi compris s’étendait entre le Turonien et les assises à Am. syrtulis; Hipp. corbaricus, dans tous les gisements dont je viens de parler, est donc essentiellement coniacien. Les couches de rudistes de l’étage santonien sont celles de la montagne des Cornes et celles des Cloutets près Sougraignes ; Hipp. corbaricus estremplacé dans cet étage, comme l’a montré M. Douvillé, par une mutation, Hipp. galloprovincialis ; néanmoins, même à ce niveau, il existe encore des échantillons d’Hippurites de ce groupe qui semblent devoir être rattachés plutôt à corbaricus qu’à gallo- provincialis. On voit done que l’extension verticale de Hipp. corba- ricus est assez grande, que cette espèce est surtout caractéristique du Coniacien, mais qu’on peut encore en trouver des échantillons dans le Santonien, et c’est précisément dans cet étage qu’elle se rencontre en Aquitaine. M. Kilian signale à la Société la présence, dans les marnes valanginiennes à Hoplites Roubaudi (1) du Diois, de Oxynoticeras heteropleurum Neum. et Uhlig. M. Alfred Gevrey lui a obligeam- ment communiqué deux exemplaires pyriteux de cette intéressante espèce, voisine de Oxryn. Gevrilianum d’Orb. : l’un provient de la Faurie (Hautes-Alpes), l’autre de Jonchères (Drôme). Ces deux individus permettent de voir distinctement les cloisons si caracté- ristiques de ce groupe et l’un d’eux présente les côtes fines, falci- formes et peu prononcées signalées par MM. Neumayr et Uhlig (Amm. aus d. Hilsbild. Norddeutschl., p. 7.); ils concordent, du reste, avec les figures données par ces auteurs (loc. cit. PI. XV, fig. 1. 2) et récemment encore par M. Struckmann (Jarhb. d. K. preuss. geol. Landesanstalt, 1889, PI. XI, fig. 3 et 4). Il est pro- bable, comme l’a déjà fait remarquer M. G. Sayn, que ces formes doivent être considérées comme ayant donné naissance au groupe des Pulchellia, si développé à l’époque barrémienne et dont la ligne suturale semble pouvoir être rapprochée de celle de Orynoticeras heteropleurum. Il est intéressant de pouvoir citer dans le Néocomien inférieur du Midi l’existence de cette dernière espèce qui, jusqu’à présent, n'avait été rencontrée que dans le Valanginien du Jura, de la Haute- Savoie et des contrées septentrionales, et qui n’est vraiment abon- dante que dans l’Allemagne du Nord. (1) Cette espèce devra désormais porter le nom de Hoplites pexæiplychus Uhlig, qui a la priorité, le type de d'Orbigny n’ayant été figuré par nous qu’en 1858. LVI 91 mars 1899 Sa présence, jointe à celle de Hoplites du groupe de H. amblygonius Neum. et Uhl., de Hoplites Thurmanni, que nous avons signalé déjà dans les marnes à ammonites pyriteuses, ainsi que la découverte de Holcostephanus gratianopolitensis Kilian (1), espèce de grande taille voisine de Holc. Kleini Neum. et Uhl., dans le Calcaire du Fontanil (Isère), vient augmenter le nombre encore assez restreint des Cépha- lopodes communs au Valanginien du Nord et à celui des contrées méridionales. Il y a lieu d’espérer que la Monographie des Ammo- nites des Marnes à Am. Roubaudi, entreprise par M. G. Sayn, les études de M. P. Lory sur la faune néocomienne du Dévoluy et sur- tout la comparaison encore à peine ébauchée des Céphalopodes néocomiens d'Angleterre (2)et de Russie avec nos types classiques, montreront mieux encore qu’à côté d’espèces propres aux diverses provinces, il existe des formes qui se retrouvent — à divers degrés de fréquence — dans la plupart des gisements, facilitant ainsi l’éta- blissement d’un parallélisme rigoureux entre les dépôts de bassins que reliaient des communications marines. CORRESPONDANCE SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DU NORD Séance du 9 Mars 1892. M. Gosselet présente une note de M. Cayeux sur la présence de nombreuses Diatomées dans les gaizes jurassiques et crétacées du bassin de Paris et sur l’existence de Radiolaires dans les gaizes crétacées du même bassin. (1) Annales de l'Enseignement supérieur de Grenoble, t. 1, pl. IT. (2) Le récent travail de M. Lamplough sur le Néccomien de Speeton fait voir en effet que la faune néocomienne de l'Angleterre est encore bien mal connue el que les espèces d’Ammonites qui s’y rencontrent ne sont encore définies que d’une façon fort insuffisante, No G & AvrIL 1892 LVII COMPTE-RENDU SOMMAIRE DES SÉANCES DE LA SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE VPRANCE Séance du Æ Avril 1892 PRÉSIDENCE DE M. MICHEL LEVY M. Dereims, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, le Président proclame membre de la Société : M. Bogdanowitch, Ingénieur des Mines à St-Pétersbourg, présenté par MM. Em. de Margerie et Termier. Le Président annonce trois présentations. M. M. Bertrand fait une conférence : Sur la continuité des plissements dans les bassins de Paris et de Londres (1). L'étude du bassin de Paris a depuis longtemps mis en évidence les nombreux ridements, grossièrement parallèles, qui affectent les couches tertiaires ; la carte dans laquelle M. Dollfus a récemment résumé et complété tous les documents relatifs à cette question, montre nettement l’analogie du. phénomène, au moins dans son allure générale, avec la succession des chaïînons dans les chaînes de montagnes. Si quelque loi d'ensemble préside à la production de ces phénomènes, c’est dans leur manifestation la plus simple qu’elle pourra le mieux se dégager. Des idées d’une grande importance théorique ont successivement été émises par les géologues qui se sont occupés de ces ridements (1) Voir aux Notes et Mémoires. LVIII 4 AVRIL 1892 de nos bassins tertiaires : Godwin Austen à montré que ces ride- ments suivaient la direction des plis plus anciens et plus accentués des terrains paléozoïques ; M. Hébert à indiqué l'existence d’un second système de ridements perpendiculaires aux premiers ; et enfin plusieurs observateurs, depuis Buckland jusqu’à M. Dollfus, ont été amenés à conclure, pour quelques-uns de ces plis au moins, qu'ils avaient dû se former progressivement, soit par une succession de mouvements concordants, soit même par un mouvement continu. Ce sont ces trois idées en faveur desquelles je désire soumettre à la Société de nouveaux arguments, assez nombreux et assez con- cordants pour permettre d’affirmer qu’il s’agit là de lois précises, dont l’application peut se faire avec certitude dans les recherches relatives à nos régions, et dont la généralité est au moins très pro- bable. Ces lois sont les suivantes : Les plissements se font toujours aux mêmes places. Leur ensemble dessine à la surface un double système de lignes orthogonales. Ces conclusions sont fondées simplement sur l'examen des cartes géologiques, dont une méthode très simple, appliquée pour la première fois, permet de faire une interprétation plus complète. Cette méthode à pour but de chercher à reconstituer la carte géolo- gique du fond de la mer aux époques de transgression. Quand un terrain repose transgressivement sur d’autres terrains plus anciens, comme cela a lieu pour le Crétacé sur les bords du bassin de Paris, la carte géologique permet de reconnaitre, tout le long des affleurements actuels, quel est l'étage jurassique sur lequel en chaque point le Crétacé s’est déposé, c’est-à-dire quel est le terrain, qui, au moment de ce dépôt, affleurait au fond de la mer crétacée. Si l’on avait pour tous les points la nature de ce fond de mer, on en aurait par-là même la carte géologique; en beaucoup de cas le nombre de ces points est suffisant pour reconstituer les contours avec une grande approximation. En prenant pour exemple le Boulonnais, il n’est pas inutile d'indiquer d’une manière plus précise comment on arrive à tracer l’ancienne limite de deux étages, par exemple celle du Portlandien supérieur et du Portlandien inférieur. Tous les points où le Crétacé repose sur le Portlandien supérieur (sans tenir compte de leur cote d'altitude ni du relief actuel, qui se trouve ainsi éliminé), doivent être marqués de la teinte effective du Portlandien supérieur. Il en est de même des points où existe actuellement le Portlandien supérieur, même non recouvert de Crétacé; car évidemment en ces 4 AvRIL 1892 LVIX points, le Crétacé n’a pu se déposer sur un autre terrain que sur le Portlandien supérieur. On déterminera d’une manière analogue les points qui doivent recevoir la teinte affectée au Portlandien infé- rieur. La ligne de séparation passe évidemment par les points où le Crétacé repose actuellement sur la limite des deux étages; en joignant ces points par la ligne la plus simple possible, assujettie à laisser d’un même côté tous les affleurements du Portlandien supé- rieur, on obtiendra un premier tracé, qu'on complètera en appli- quant le même travail aux autres étages. Ces contours sont, il est vrai, des contours simplifiés, mais cette cause d’erreur ne peut enlever aucune confiance aux traits qui se dessinent malgré cette simplification. Si pendant la période d’émer- sion les couches n’avaient subi d'autre mouvement qu’un relève- ment général vers le sud-est, les limites obtenues devraient être des lignes droites, parallèles à la direction générale de ce relève- ment. Or, ces limites sont sinueuses, et il est facile de voir que les sinuosités ne peuvent en être dues à des vallées ou à des inégalités du fond marin ; la seule explication possible est que les couches ont été plissées avant le retour de la mer, et une discussion très simple permet de déterminer les axes de ces lignes de plissement. On remarque immédiatement que ces axes passent par les points où sont connus les plis les plus nets du Boulonnais (affectant égale- ment le Crétacé), celui de la Crèche et celui de la haute vallée de la Liane. Pour voir si la coïncidence se poursuit sur tout leur par- cours, J'ai déterminé les axes des plissements subis par le Crétacé, en reconstituant la surface topographique de la base des couches crétacées ; les indentations des courbes de niveau permettent de tracer, plus exactement qu’on ne l’avait encore fait, les axes des plis postcrétacés ; sls coincident exactement avec ceux-des plis anté-crétacés. Ainsi, pour le Boulonnaïs du moins, il y a eu plissement entre la fin du Jurassique et la fin du Néocomien, et les plis formés occu- pent la même place que les plis plus récents. Les mêmes cartes montrent d’autres faits intéressants; on voit d’abord que la saillie des terrains Jurassiques du Boulonnais est due pour une grande part à un ridement perpendiculaire aux précé- dents (du Mont-Lambert à Hardinghen). Dans la carte du fond de mer crétacée, 1] y a déjà l'indication d’un pli semblable; de plus, on y voit que les terrains jurassiques, au moment du retour de la mer crétacée, au lieu de s’enfoncer comme actuellement au sud-est, se relevaient de ce côté. Ce relèvement, d’après ce qu’on sait de la géologie du bord de l’Ardenne, ne pouvait être que momentané:; il LX 4 AVRIL 1892 accuse donc l’existence plus à l’est d’un second bombement trans- versal, qui a un intérêt particulier, parce que c’est lui qui a amené la surélévation et par conséquent la dénudation de la cuvette houillère entre Fléchinelle et Hardinghen. Ainsi le second système, celui des plis orthogonaux, est bien accusé dans le Boulonnais, où il n’avait pas encore été signalé; de plus il l’était déjà à la fin de l’époque jurassique, et plus anciennement encore, au moment de la dénudation houillère. La carte géologique indique, dans le Boulonnais, deux failles importantes, parallèles à la limite des terrains primaires. Ces failles existaient déjà au début de la période crétacée. On peut mon- trer qu'il en existait alors une troisième, à peu près nord-sud, entre le massif du Gris-Nez et celui de Ferques ; cette dernière n’est plus visible actuellement, parce qu’elle a été compensée par un mouvement en sens inverse, lors de la formation de la faille du Gris-Nez, récemment décrite par MM. Douvillé et Rigaux; elle complète, avec les deux premières, un réseau périphérique entou- rant un massif surélevé, d’une manière comparable à l'exemple classique de la faille pennine dans le Yorkshire. Elle montre, conjointement avec l’inflexion que prennent de ce côté les limites des étages, que le Pas-de-Calais n’a pas participé au relèvement général des terrains jurassiques le long de l’Ardenne, et en com- binant ces données avec celles de la géologie générale de la période, on trouve que la région surélevée à ce moment correspondait à un dôme elliptique, s'étendant dans la direction générale des plissements de la Bohème au Pas-de-Calais, mais se fermant ou plutôt s’abais- sant brusquement à ses extrémités. C’est le même dôme qui, en s’abaissant ensuite, aurait au moins facilité la transgression cré- tacée. La notion de ces dômes, à rapprocher de celle des oscillations séeulaires, semble jouer un rôle considérable en géologie; elle complète celle des cuvettes d’affaissement, développée par M. Suess. Comme ces dernières, les dômes de soulèvement se montrent sou- vent entourés de failles périphériques, accompagnées de failles radiales : leur mouvement oscillatoire augmente l’action des dénu- dations marines, et de plus, contrairement à ce qui a lieu pour Îles lignes de plissement, ces dômes ont une position sans cesse variable, et ce sont eux alors qui expliquent l’incessante transformation des contours géographiques qui, sans eux, serait difficilement compa- tible avec la fixité des lignes de plissement. Il est bon de ,mentionner ici, à propos de ces dômes, l'exemple bien connu du Weald, qui s’est soulevé à la fin de la période crétacée, ct EE ES 4 AvriL 1892 LXI et qui a donné lieu à la faille périphérique du Gris-Nez. Le dôme du Weald n’empiète sur le Boulonnais, contrairement à l’opinion admise, que par ce petit massif du Gris-Nez. En résumé, l’étude du Boulonnais fournit plusieurs résultats inté- ressants : celui d’un plissement effectué à la fin du Jurassique, celui de la persistance des lignes de plissements aux mêmes places, avec deux directions rectangulaires ; et enfin celui du jeu oscillatoire des dômes elliptiques, dont la position ou les limites sont au contraire essentiellement variables. La généralité des deux premiers résultats se confirme par l'étude des bords du bassin parisien, aussi bien que de ceux du bassin de Londres. Partout on trouve qu’il y a eu plisse- ment des couches jurassiques avant le retour de la mer crétacée; partout où la comparaison est possible, on trouve que ces plis sont dans la continuation exacte des plis paléozoïques plus anciens comme dans celle des plis tertiaires plus récents. Le long du massif armoricain, dans les départements de la Sarthe et de l’Orne, la comparaison avec les plis paléozoïques est particu- lièrement instructive, parce que ces plis disparaissent sous les terrains secondaires avec des directions très variables, depuis le sud-est jusqu’au nord-est. On s'assure facilement que ces diffé- rences de direction sont purement locales, et s'expliquent par des oscillations des axes des plis autour de leur position moyenne. Or non seulement les plis du début du Crétacé se placent en face des plis anciens, mais ils montrent exactement les mêmes changements alternatifs de directions. Ce n’est pas seulement le dessin général, c’est aussi le détail des déviations des plis qui se reproduit. Dans cette partie, le raccordement avec les plis tertiaires est moins certain, à cause de la distance plus grande des lignes à rac- corder. On peut pourtant constater dès maintenant qu'il y aura de ce côté quelques modifications à faire aux lignes tracées par M. Dollius. En Angleterre, cest au contraire le raccordement avec les plis tertiaires qui est nettement indiqué. Pour le plus septentrional de ces plis seulement, le raccordement se fait à la fois avec le pli paléozoïque des Mendip Hills, et avec le pli tertiaire des North Downs, qui vient aboutir près de Folkestone. C’est un résultat intéressant qui montre que, si l’on a trouvé la houille à Douvres, cette houille correspond au petit bassin du Somerset, et non pas à celui du Nord de la France. La mème étude poursuivie plus au nord montre très nettement la divergence générale, l'éventail des plis vers le nord-est, et permet d'affirmer que le bassin du pays de LXII & AVRIL 1892 Galles correspond, non pas, comme je l'avais cru précédemment, au bassin houiller franco-belge, mais à ceux du centre de l’An- gleterre. Il est intéressant enfin de mentionner pour l'Angleterre l’indi- cation très nette, près d'Oxford, d’un pli transversal sur la prolon- galion de l'estuaire de la Mersey et de la mer d'Irlande, c'est-à-dire dans la direction d’une dépression dont l’histoire des phénomènes sédimentaires nous montre déjà le rôle important dès la période triasique. Je passe rapidement sur le travail relatif aux bords du Plateau Central et à ceux de l’Ardenne; les résultats en sont les mêmes, sans donner lieu à de nouvelles remarques. De toutes ces coïncidences se dégage avec une évidence irréfutable la conclusion annoncée : la loi de Godwin Austen, à savoir la reproduction des plissements aux mêmes places, n’est pas une loi approchée, mais, au moins pour les bassins de Paris et de Londres, une loi rigoureuse et précise. Il faut maintenant se demander si ces plissements sont le résultat de mouvements plus ou moins brusques, intermittents, ou d’un mouvement lent et continu. La même méthode peut s'appliquer, quoique pour un nombre d'exemples très restreint, à l’époque callovienne; elle peut surtout être employée à étudier la trans- oression des mers tertiaires. Malheureusement il faudrait pour cela que la division du Sénonien en zones füt faite sur les cartes géolo- giques, ce qu'on n’a pu encore réaliser, au moins pour la Cham- pagne. Par contre, au sud d'Arras, près de Doullens et de Péronne, MM. Gosselet et Cayeux, pour la: révision de la carte géologique détaillée, sont arrivés à faire la distinction des différentes zones. M. Cayeux a bien voulu reporter pour moi, sur une carte au tous les éléments ainsi obtenus ; on arrive ainsi à limiter les points où le Tertiaire s’est déposé sur la craie à Bélemnitelles, ceux où il s’est déposé sur le Santonien, sur la zone à Micraster breviporus ou sur celle à Terebratulina gracilis. Ces contours indiquent très nette- ment les axes de plis formés pendant l’émersion de la craie; là encore il y a coïncidence avec les plis tracés par M. Cayeux d’après l'étude des affleurements actuels. Il y a en même temps indication très nette d’un pli orthogonal. Je peux mentionner encore les résultats que j'ai obtenus pour la Provence, où l’époque de transgression se place entre l’Urgonien et le Crétacé supérieur; on trouve ainsi que la chaîne de Luberon, celles de la Nerthe et de la Sainte-Beaume se sont accentuées dans cet intervalle. Mais, même en se multipliant, ces exemples ne per- | < L | È : & AVRIL 1892 LXIIT mettront jamais de conclure à la continuité du phénomène de plis- sement, parce que le nombre des transgressions est limité. On peut alors avoir recours à une nouvelle méthode, qui complète la précé- dente et est fondée sur un principe analogue; cette méthode permet de déduire d’une coupe géologique actuelle la coupe géologique des mêmes terrains à des époques antérieures. Il suffit pour cela que la coupe comprenne des couches déposées sous une faible épaisseur d’eau, et par conséquent horizontalement. En développant horizontalement une de ces couches, on la ramène à sa position primitive, et par suite on ramène également toutes les couches inférieures à la position qu'elles occupaient au moment du dépôt de la première. Leurs ondulations, au moins pour celles qui se sont également déposées horizontalement, indiquent alors les mou- vements subis depuis leur dépôt. La méthode, on le voit, revient à construire des diagrammes d'épaisseur; si les épaisseurs sont bien connues, celle est d’une sensibilité extrème, et dans les régions, comme le bassin tertiaire de Paris, où toutes les couches se sont déposées. sous une faible profondeur d’eau, elle permet de se rendre compte, dans tous leurs détails, des mouvements progressiis d’oscillation du sol. Je me contente d'indiquer que cette méthode, partout où j'ai pu l'appliquer, et à quelque période qu’elle se soit trouvée applicable, m'a toujours montré l’accentuation des plis aux mêmes places. M.Munier-Chalmas a été amené, d’une manière complètement indé- pendante, à entreprendre la même étude pour le bassin de Paris, avec les données beaucoup plus précises qui résultent de ses obser- vations personnelles. M. Munier-Chalmas m'a dit qu'il était arrivé ainsi au même résultat, de la continuité des plissements, avec cette réserve que c’est le phénomène de déformation de l'écorce qui est continu, mais que pour chaque pli en particulier il peut y avoir des temps d’arrèt et des intermittences. J'accepte parfaitement cette réserve, qui ne s'était pas présentée à moi, mais qui n’est en désac- cord avec aucune de mes observations. Les données nouvelles qui résultent de l’analyse précédente pour le tracé des plis de nos bassins tertiaires, ou, si l’on veut, du réseau des lignes de déformation relatives à nos régions, peuvent se Com- -pléter par l'étude des mers voisines, la mer du Nord et la Manche. Les reliefs sous-marins ne résultent pas de dénudations; en général le fond des mers a commencé par être une plaine de dénudation marine ; par conséquent les accidents qu’il présente actuellement doivent résulter des mouvements du sol, de même nature que ceux LXIV L& AVRIL 1892 qui ont affecté les couches. L'analyse des profondeurs actuelles de la mer peut et doit conduire à des résultats de même signification que l’étude des formes d’une ancienne surface de dénudation, telle que celle que j'ai faite pour la base des terrains crétacés dans le Boulonnais. Sans doute il y a des causes d'erreur possibles, provenant soit d’une dénudation incomplète, soit de l’accumulation irrégulière de dépôts récents, soit encore, pour les grands Océans, des phénomènes volcaniques. L’essai vaut pourtant la peine d’être tenté, et mène à des résultats remarquables. Pour la mer du Nord notamment, malgré l’abondance des dépôts récents, j'ai pu coordonner toutes les inégalités et sinuosités des courbes de niveau, suivant un réseau de lignes ondulées, se décom- posant en deux systèmes presque géométriquement orthogonaux. Les lignes de ces systèmes, au nombre de vingt environ pour chacun d'eux, ne se poursuivent pas toutes à travers toute la mer du Nord ; mais tous les points de rencontre, une centaine au moins, corres- pondent à des croisements orthogonaux, et, malgré les sinuosités des lignes qui dessinent une série de nœuds et de ventres, il n’y a pas une exception. On peut donc dire qu’il y a là, non pas un effet du hasard, mais Ia manifestation incontestable d’une loi natu- relle. De plus le réseau des lignes dirigées à peu près de l’est à l’ouest, va aboutir à la côte anglaise avec des directions partout conformes à celles des plis connus, aussi bien pour les plis paléozoïques du nord que pour les plis tertiaires du sud. On est donc encore fondé à affirmer que le réseau obtenu marque bien la prolongation des plis géologiques, qu’il représente bien le réseau des lignes de déformation de l'écorce terrestre sous la mer du Nord. La Manche se prête bien également à une étude semblable, avec quelques incertitudes de détail résultant de l’espacement des courbes de niveau, mais sans hésitation possible pour le dessin général des lignes de plissement, qui, là encore, forment un réseau orthogonal. En France, comme en Angleterre, ces lignes vont aboutir aux côtes avec des directions strictement conformes à celles des plis connus, sauf pour l’ouest du pays de Bray. Cette exception locale s'explique parce que le pays de Bray estun dôme de soulèvement, comme le montrent les courbes de niveau de la surface topographique rétablie par M. de Lapparent, comme le montre aussi l’analogie profonde de sa structure avec celle du Weald, et comme semble l'indiquer aussi l’amorce du dessin péri- phérique accusé par les failles de Fécamp et de Rouen. En tenant L& AvRIL 1892 LXV compte de la perturbation apparente, qui résulte là de la superpo- sition de deux mouvements indépendants, on arrive à un raccor- dement des plis anglais et français assez différent de celui qu’on avait admis jusqu'ici : le Boulonnais ne correspond qu’au nord du Weald; l’île de Wight ne correspond plus au pli du Bray, qui va passer au centre de la Manche, et le pli de Beynes se contourne, vers Bénerville, parallèlement à la côte. On peut juger sur une carte d'ensemble que les courbes ainsi obtenues présentent une conti- nuité plus harmonieuse et un parallélisme mieux marqué que celles qui résulteraient des anciens raccordements. J'indiquerai seulement ici la probabilité d’une généralisation possible des résultats précédents et de leur application à toute la géologie. Partout où j'ai commencé le travail, les profondeurs du fond de la mer indiquent des lignes de plissements qui continuent celles du continent; un tracé provisoire de ces lignes à travers les Océans peut donc se tenter dès maintenant et pourra surtout s’amé- liorer, à mesure que les profondeurs des Océans seront mieux connues. Quoique ce premier essai puisse prêter à des critiques très fondées, j'ai cru pouvoir le soumettre à la Société. J'ai été amené à rattacher les Appalaches au bord occidental des Montagnes Rocheuses ; parmi les grandes chaînes de montagnes, les Andes, l’Oural et la chaîne côtière de l’Australie appartiendraient au système des méridiens de déformation, et les autres plus spé- cialement aux parallèles. Mais les grandes chaînes ne semblent pas suivre partout une même courbe de déformation; elles épousent localement des lignes du système perpendiculaire. Le point de convergence des méridiens se ferait au nord de la baie d'Hudson, au-dessus du détroit de Wellington et de l’ile de North Downs. J'ai remarqué que ce point avait dû être primitivement le sommet de l’ellipsoïde terrestre, et que son rapprochement du pôle magnétique (qui se déplacerait autour de lui) pouvait mener à prévoir, conformément à l'opinion de Naumann, une relation entre le magnétisme terrestre et la déformation de l’écorce. Quel que soit le sort que de nouvelles études réservent à ces tentatives de géné- ralisation, je tiens à les séparer des faits d'observation relatifs au bassin de Paris; ceux-là seuls fournissent actuellement une base solide de discussion, et les résultats qui s’en dégagent, pour l’his- toire au moins du nord de la France et du sud de l'Angleterre, me semblent définitivement acquis. MM. de Lapparent, Munier-Chalmas et Michel Lévy échangent quelques observations. XX, — Comptes-rendus Sommaires. 5* LXVI 4 AVRIL 1892 M. de Launay signale, comme une confirmation de l’une des idées exposées par M. Bertrand, des observations qu’il a eu l’occa- sion de faire en 1887 dans la mer Egée (1). En traçant les courbes de niveau du fond de la mer (d’après les cartes de l’Arnirauté anglaise) et les rapprochant des directions de plissements anciens observées par Tchihatcheff en Asie Mineure, par la mission autrichienne de 1878 en Béotie, Lokride et Chalcidique, par lui-même dans les îles de Mételin et Thasos, en Macédoine, au Mont Athos, etc..., il avait été frappé à cette époque de l’existence de deux directions de plissement orthogonales ; l’une NE-S0 est assurée par la chaîne des Balkans vers la Mer Noire, les directions des terrains du Mont Athos, les dépressions marines situées au sud de la Chalcidique et dans la mer de Marmara, celles au nord et au sud de la Crête, par la Crête même, etc... ; l’autre NNO-SSE, qui semble avoir été accompagnée par de véritables failles, est indiquée par les côtes de Thessalie et d’'Eubée, l’alignement des îles de Landro, Tinos, Mykono, Naxos, Amurgos, des presqu’iles de la Chalcidique, etc. C’est l’axe général de la dépression de la mer Egée qui se trouve directement prolongé par celui de la dépression de la mer Rouge. Il y a eu là certainement plusieurs plissements superposés qui se sont prolongés pendant le Pliocène et auxquels la théorie développée par M. Bertrand pour le bassin de Paris paraît, autant qu’on en peut juger d'après des observations incomplètes, pouvoir dès à présent s'appliquer. ; M. Tardy envoie à la Société la communication suivante sur l'action de La pluie sur les Calcaires et sur les Phosphates de chaux : Bien des fois, j'ai dit à plusieurs de mes confrères que, d’après toutes mes observations sur les phosphates des phosphatières du Quercy et des régions environnantes, ainsi que sur ceux d'Algérie, ces divers phosphates, malgré leur résistance apparente à l’eau, devaient être solubles en minime proportion dans l’eau. Je n’avais alors que mon opinion à leur offrir, aussi je n’ai jamais insisté sur ce fait. Aujourd'hui, si j'y reviens, c’est pour citer l'opinion de M. F. Bauron, contenue dans un récit de son voyage en Tunisie, publié dans le journal les Missions catholiques illustrées, n° 1190, page 155, où il dit: « les pierres gisantes à terre paraissent enduites d’une couche de vernis, leurs cassures présentent un aspect brillant (1) Voir Archives des missions scientifiques, 3° série, tome XVI. Description des iles de Mételin et de Thasos : les pages 27 et suiv. consacrées à l’histoire de la Mer Egée. & AvriL 1892 LX VII comme du sel gemme. Elles sont en phosphate de chaux, aussi s’eftritent-elles ; un tronçon de colonne que je heurte tombe en poussière, d’autres sont rongées par les pluies. » Ces diverses men- tions indiquent que l’eau atmosphérique a une action dissolvante sur ces roches comme elle en a une sur le calcaire. On pourrait même dire que l’eau atmosphérique a d’autant plus d'action sur le calcaire, que celui-ci est sous une latitude moins boréale. Ainsi, par exemple, autour de Digne et à Berrias, les calcaires compacts formant des pointements rocheux sont toujours arrondis au sommet et sillonnés de rainures imitant assez bien une chevelure. Au nord de Grenoble, les mêmes roches présentent encore les mêmes dessins mais faiblement marqués, et dans l’eau, on n’en voit plus que très rarement. En Algérie, au contraire, l’érosion par la pluie est très intense, quoique la pluie soit rare comparative- ment. Au-dessus de Constantine, autour de l'hôpital civil et du fort qui le domine, la roche creusée par la pluie offre l’aspect d’une chaîne de montagne avec ses contreforts ramifiés. Ce dessin, varié à l'infini, se retrouve sur tous les rochers saillants à l’air libre. D’autres calcaires présentent des rainures; les fentes anciennes remplies de parties plus tendres, ont été de nouveau ouvertes par la pluie qui en a dissous le calcaire tendre. Dans l’Ardèche, près de Chomérac, j'ai vu un monument préhistorique, de l’âge de la pierre polie, offrant une fente de six centimètres de large, évidemment postérieure à son emploi par l’homme néoli- thique. Au contraire, les rochers de Berrias, ceux du Jurassique, présentent des fentes qui ont communément quatre mètres de large. Dans le Jura, des calcaires compacts du Jurassique supérieur offrent, près de Résinand (commune d’Aran), des rues de trois mètres environ, les mesures étant prises dans les mêmes conditions qu’à Berrias et dans la même campagne, afin d’avoir des mesures com- parables. L'action érosive des pluies reste encore, dans ce cas, pour ainsi dire, proportionnelle au rapprochement de l’Equateur. La même proportionnalité apparente pourrait s’'énoncer en par- lant de l'usure des roches par les vents. L'action du vent, de la pluie, de la rosée, du gel, du dégel, ne peuvent être Les seules actions qui détruisent les roches, car sur le bord de l’Étang de Berre, il y a des calcaires transformés en fragments aplatis et anguleux sur une plus grande épaisseur que celle à laquelle peuvent atteindre ces différentes actions, lorsque les débris ne changent pas de place. Il est donc fort probable qu'il faut attribuer cette action désagrégeante à une évaporation trop LX VIII & AVRIL 1892 rapide de l’eau d’imbibition des roches. On pourrait ainsi expliquer, qu'en plein été, après une nuit où il n’a pu geler, on entend les rochers se briser et laisser tomber des débris, lorsque le soleil les chauffe au point d’en vaporiser l’eau. Cette action est encore pour ainsi dire proportionnelle au rapprochement de l’Equateur, mais dépend de la nature des roches. Les calcaires marneux sont ceux qui sont le plus sensibles à cette dernière action destructive qui engendre la stérilité et le déboisement, lorsque les débris de la roche restent sur place et que l’action destructive se produit encore à notre époque. L'action de la pluie et de la rosée, combinée avec celles du vent, du soleil et de la nuit, qui, seules, ne feraient presque rien, est un des agents les plus actifs de la destruction des continents et de leur nivellement rapide, Le Secrétaire dépose sur le bureau les deux mémoires suivants: Contribution à l’étude du terrain tertiaire d'Alsace (suite). Klein- kembs et le lac Sundgovien, par MM. Mathieu Meig, G. Bleicher et Fliche (1). Aperçu rétrospectif sur la géologie de la Tunisie, par M. A.Pomel (2). Correspondance SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DU NORD Séance du 23 Mars 1899 M. Charles Barrois a exposé ses recherches sur les graptolites de France. Grâce à l’obligeance d’un grand nombre de géologues français, il a eu entre les mains la plupart des graptolites trouvés en France jusqu'ici. Il a donné des listes critiques des espèces rencontrées, et a comparé ces gisements avec ceux de l’Ecosse et de la Suède. M. Ladrière présente une étude sur le terrain quaternaire des vallées de la Tahn et du Mein (Allemagne); il montre les rapports de ce terrain avec celui du Nord de la France. (1) Ce travail paraïtra in extenso dans les Notes et Mémoires, (2) Ce travail paraîtra in extenso dans les Notes et Mémoires. hat en ati. dé. * des de cn à ANRT LE æ N° 7 95 aAvriL 1892 LXIX COMPTE-RENDU SOMMAIRE DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Séance du 25 Avril 14892 PRÉSIDENCE DE M. ZEILLER, VICE-PRÉSIDENT M. Dereims, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Président proclame membres de la Société : M. le comte Gaëtan O'Connor, présenté par MM. le comte Henri Russel Killough et le comte Armand de Gramont. M. Archibald Geikie, director general of the geological Survey of the united Kingdom, présenté par MM. Michel Lévy et de Lappa- rent. Le Président fait part à la Société du décès de M. Pissot, membre de la Société depuis 1856. M. Depéret offre à la Société une Note préliminaire sur les ossements d'Oiseaux recueillis dans les limons pliocènes de Perpignan par le D' A. Donnezan. Ces Oiseaux peuvent être répartis en deux groupes : le premier est composé de types voisins des espèces européennes actuelles, notamment un Corbeau (Corvus præcorax n. sp.) qui est la souche ancestrale de notre grand Corbeau ; un Merle très voisin du Turdus cyaneus actuel. Le deuxième groupe montre des affinités avec des types de l’Asie et de l'archipel malais. Ainsi un type générique nouveau, du groupe des Colins et des Cryptonyx malais, reçoit le nom de Palæocryptonyx Donnezani. Un Coq(Gallus Bravardi Gerv.) et une Oïe naine de type indien complètent ce curieux rapprochement. LXX 25 AVRIL 1892 M. Depéret offre à la Société un Mémoire imprimé dans les Archives du Muséum de Lyon, sur les Mammifères langhiens du bassin du Rhône et de la Saone. Leurs débris se rencontrent dans des argiles rouges à minerai de fer (faciès sidérolithique) qui remplissent les crevasses des calcaires secondaires de toute la région. Les princi- paux points fossilifères sont : la Grive Saint-Alban ([sère), le Mont- Ceindre, près Collonges (Rhône) et Gray (Haute-Saône). L'ensemble de la faune s’élève aujourd’hui au chiffre de cinquante espèces, décrites dans ce Mémoire ou dans un Mémoire antérieur (1887). Parmi les faits nouveaux les plus importants à mettre en lumière, il faut signaler la découverte des Chiroptères miocènes et notam- ment de deux Rhinolophus qui viennent combler la lacune paléon- tologique entre les Pseudorhinolophus des phosphorites et les Rhinolophus actuels. Plus voisins de ces derniers, les deux espèces du Mont-Ceindre n’en conservent pas moins dans certains détails de leur dentition des affinités importantes avec leurs ancêtres oligocènes. Les Carnassiers sont très nombreux et variés. J’insisterai seule- ment sur la présence de deux Pseudælurus, l'un le P. quadridentatus de Sansan, l’autre nouveau P. transitorius, et réalisant un progrès sur la dentition des vrais Félidés par l’atrophie relative de la prémolaire antérieure et du talon de la carnassière inférieure. La découverte de pièces plus complètes que celles que l’on possé- dait de la Mustela incerta Lart. de Sansan, dont les affinités demeu- raient douteuses, me permettent de considérer ce type comme une Genette géante sous le nom de Progenetta incerta. Dans les Insectivores, je mentionnerai la curieuse découverte du Dimylus paradoxus v. Mey., type bien caractérisé par la présence de deux arrière-molaires seulement ; ce type n’était encore connu que de l'Oligocène d'Allemagne. Enfin la trouvaille à la Grive d’un crâne entier et des principaux os du squelette du Macrotherium permettent de confirmer l’hypo- thèse de M. Filhol sur l'identité de ce genre avec le Chalicotherium. Mais la présence d’une crête sagittale saillante sur le crâne de la Grive, la saillie médiocre des condyles occipitaux, le type de denti- tion, la structure de l’axis, de l’avant-bras, du tibia, du métacarpe, me paraissent s'opposer à tout rapprochement de ce type avec aucun des groupes d’Edentés actuels ou quaternaires. Je suis donc amené à considérer le Macrotherium comme un Pachyderme impa- ridigité, voisin des Rhinocéros et des Palæosyops d'Amérique, mais dont les membres avaient une adaptation spéciale à la fonction fouisseuse. 925 AvRIL 1392 LXXI M. Munier-Chalmas fait la communication suivante sur l'anti- clinal de Beynes et sur te dôme de la Mauldre. Avant d'aborder l'étude du point où l’anticlinal de Beynes est coupé par la vallée de la Mauldre, je rappellerai, en quelques mots, les données orographiques nécessaires à l’explication de ce fait. Le Bassin de Paris est parcouru, comme on le sait, par une série de plis assez importants dont la direction générale est, sauf quel- ques exceptions locales, sensiblement N.0.-S.E. Ce premier syslème d'anticlinaux est donc à peu près parallèle, au moins sur une partie de son étendue, au grand axe du Pays de Bray. M. Dollfus a mis très nettement en évidence ce parallélisme, dans un intéressant travail d'ensemble sur les synclinaux et les anticli- naux tertiaires du Bassin de Paris. M. Hébert, du reste, avait déjà donné approximativement leurs relations, tout en indiquant l'existence d’un second système de plis croisant la première direction. Les études que j'ai faites pour le service de la carte géologique de France,m'’ont conduit à rechercher l’extension de ce second système, dont il est bien difficile de montrer le rôle et l'importance, par suite de la faible amplitude des anticlinaux qui le constituent. La première indication de son existence peut ètre cependant facilement déduite de l’examen de la carte hypsométrique de M. Dollfus, qui montre que l’axe principal de la grande fosse pari- ‘sienne éocène, qui va de Romorantin à Chauny, suit une direction générale N.E.-S.0., à peu près parallèle à la ligne d’affleurement des couches triasiques vosgiennes, comprises entre Remiremont et Durkheim (sud de Mayence). D'un autre côté, les mouvements du sol, qui ont amené vers l'Est du Bassin de Paris la régression ou la transgression des mers éocènes, paraissent s'être effectués suivant des lignes coïncidant encore avec cette même direction, qui croise sous un angle plus ou moins voisin d’un angle droit les plis du premier système. 11 est facile dès lors de concevoir que ces deux directions de plissements produiront, sur les points où elles se rencontrent, une surélévation des couches. Il en résultera des dômes elliptiques formés d’assises plongeant dans tous les sens autour d’un axe plus ou moins vertical et central. L’inclinaison des couches du dôme variera suivant la direction considérée, par suite de la différence très manifeste qui existe entre l’amplitude des anticlinaux appar- tenant aux deux systèmes. Le plongement vers le N. 0. ou le S.-E. sera presque toujours relativement peu important. LXXII 25 AVRIL 1892 Les dernières études stratigraphiques que j'ai faites semblent indiquer que tous les anticlinaux qui affectent les terrains secon- daires et tertiaires du Bassin de Paris ne sont pas de même âge ; des plis plus récents seraient venus successivement s’intercaler entre les rides plus anciennes. Ces plis du Bassin de Paris, qui sont déterminés par la déforma- tion incessante de l’écorce terrestre, une fois formés, continuent à s’accroitre plutôt périodiquement que progressivement. En effet, pour chacun d’eux il y a des périodes de repos relatif et des périodes de plus grande accélération. M. Marcel Bertrand, qui a déjà traité ces questions tout récem- ment, est arrivé de son côté, par un procédé tout à fait indépendant et très ingénieux, au même résultat, mais avec cette différence, que la méthode qu’il a employée lui a donné des résultats beaucoup plus généraux et l’a conduit à concevoir l’existence probable d’un réseau orthogonal s'étendant sur toute la surface de la terre. J'arrive maintenant à l’étude de l’anticlinal de Beynes. La craie qui forme les escarpements de la traversée de la Mauldre présente de chaque côté de la vallée, à quelques mètres au-dessous de sa partie supérieure, une faune sénonienne caractérisée par les espèces suivantes : Gyropleura supracretacea, Spondylus spinosus, Spondylus Dutempleanus, Pecten cretosus, Ostrea canaliculata, Ostrea curvirostris, Ostrea aff. hippopodium, Kingena Heberti, Terebratulina chrysalis, Crania aff. parisiensis, Micraster glyphus, Offaster corculum et une série de formes d’Echinocorys qui ont été souvent désignées sous les noms d’Ananchytes gibba, An. carinata, An. conica. Si l’on compare cette liste à celles qui ont été faites avec tant de soin et de précision par MM. Peron et Lambert pour établir les différents niveaux de la craie sénonienne des environs de Reims et de Sens, on voit que l’horizon dont je parle renferme la même faune que la zone supérieure à Zelemnitella quadrata, et qu’il doit ètre considéré, malgré l’absence complète de ce dernier fossile, comme en étant synchronique. Je rappellerai que le Micraster glyphus a été trouvé par M. Berthelin dans une excursion com- mune. Les assises les plus élevées du dôme de la Mauldre, qui ont été souvent décalcifiées, ne renferment aucune des formes d'échi- nides caractéristiques de la craie de Meudon ; il en est de même des silex qui sont remaniés à la base des terrains tertiaires. Il résulte de tous ces faits que l’anticlinal de Beynes paraît s'être dessiné avant le dépôt des assises à Micraster Brongniarti et métis css has" dons. ch ddr is D té tte. ms. dote ts.“ dé 25 AvRIL 1892 LXXIII que, sur le point surélevé que je considère, il ne s’est pas déposé de craie de Meudon. Mais il ne s’ensuit pas nécessairement pour cela que l’anticlinal de Beynes ait été émergé, à la même époque, sur toute son étendue; les parties les moins élevées ont pu rester sous les eaux. Pendant la première partie de l'Éocène inférieur (Thanétien), cette région est restée, comme on le sait, au-dessus du niveau de la mer. Ce n’est qu'à l’époque sparnacienne, correspondant à un mouvement général d’abaissement du Bassin de Paris, que les eaux saumâtres ont déposé sur le pourtour du dôme de la Mauldre et non sur son centre, des couches d'argile et de sable, ainsi que l’indiquent les observations suivantes : À peu près à l'intersection des tranchées du chemin de fer de Paris à Dreux et du canal de l’Avre, l'argile plastique, qui est sensiblement redressée du côté de la vallée, augmente d'épaisseur pendant quelques mètres en plongeant vers le Sud-Est. De l’autre côté de la Mauldre, les sables sparnaciens, qui alternent avec des couches d'argile plastique, se terminent en biseau vers leur partie supérieure. Ils augmentent également rapidement en plongeant vers le Nord-Ouest, sous les assises mionennes, qui sont presque horizontales. Après une nouvelle période d'émersion qui correspond à lYpré- sien, les eaux de la mer lutétienne envahissent de nouveau la région ; animées de courants rapides, elles détruisent les assises crayeuses qui leur servaient de falaise et finissent par recouvrir la partie centrale du dôme. Les silex sénoniens non roulés se trouvent en grande abondance à la base des premières couches à Cardita planicosta, soit qwelles reposent directement sur la craie, soit qu’elles recouvrent l’argile plastique. Pendant le Lutétien inférieur, il existait non loin de là des cours d’eau partant du continent; ils entrainaient, au milieu de la mer, des mollusques d’estuaires que l’on considère ordinairement comme caractéristiques du Lutétien supérieur. Ce sont surtout des Cérithes qui appartiennent aux espèces suivantes ou à des formes très voisines : Cerithiuin inlerruptum, C. angulosum, CG. confluens, C. tricarinatum, C. cincétum, C. denticulatum, CG. serratum, C. thiara, C. Gravesii, GC. Blainvillei, C. echidnoïides, C. scruposum, C. hexagonum ; il faut signaler également la présence du ÆFusus polygonus. Il y a donc eu une modification importante dans les faunes d’estuaires: en effet, es Cérithes saumâtres de l'Eocène inférieur, qui prennent une extension si grande vers la partie LXXIV 25 AVRIL 1892 supérieure de l’Yprésien (horizon de Cuise), disparaissent avec l’arrivée de la mer lutétienne et sont remplacés, dès le début de l'Eocène moyen, par les formes nouvelles que j'ai citées plus haut. Ces Cérithes se retrouvent également, comme je l’ai déjà indiqué, dans le Lutétien moyen, où ils sont accompagnés d’une C'yrena appartenant à une section habitant les eaux saumâtres. Le Lutétien supérieur est en partie lagunaire; il est représenté à sa base par des couches à Lucina saxorum, et à sa partie supérieure par des calcaires et des marnes blanches à Cerithium lapidum, avec intercalation de quatre ou cinq bancs de gypse épigénisé par de la calcite et de la silice. Je rappellerai que j'avais considéré, lors de la réunion extraor- dinaire de la Société géologique à Paris, les calcaires à Corbula gallica qui surmontent les marnes blanches du Lutétien supérieur, comme pouvant correspondre au Bartonien (Sables de Beauchamp). Le peu de documents que nous possédons sur l'extension des Sables de Beauchamp dans cette région, impose toujours une grande réserve au sujet de ce synchronisme. Les calcaires lacustres qui surmontent ces dernières assises sont représentés par un niveau inférieur à Lymnées et à Planorbes et par un niveau supérieur à grandes Lymnées; jai parallélisé ces assises avec le calcaire de Saint-Ouen. Ces dépôts lacustres sont recouverts par des calcaires marins renfermant des Cérithes presque identiques au Cerithium concarum et une forme spéciale de Cerithium tricarinatum, qu'il reste à étudier. On peut considérer ce niveau comme étant du même âge que les couches à Cerithium concavum comprises entre le Calcaire de Saint-Ouen et les Marnes à Pholadomyu Ludensis. En terminant, Je ferai remarquer que l’anticlinal de Beynes, suivant en cela la règle des grands anticlinaux du Bassin de Paris, a atteint son maximum de surélévation après les dépôts langhiens et très probablement pendant la période pliocène. Il résulte de mes observations que l’on est en droit de considérer le ddme de la Mauldre comme ayant été formé par le croisement des deux systèmes de plis dont j'ai parlé. Il est maintenant facile de concevoir que les eaux pleistocènes (quaternaires), rencontrant une surface où les fractures avaient atteint leur maximum de développement suivant une ligne dirigée N.E.-S.0., aient pu franchir l’anticlinal de Beynes perpendiculaire- ment à son axe principal en formant une vallée de déblaiement. M. G. Dollfus dit qu’il sera très heureux si M. Munier-Chalmas 25 Avriz 1892 LXXV parvient à donner une explication satisfaisante de la manière dont les cours d’eau franchissent les anticlinaux géologiques. C’est peut-être l’objection la plus ‘sérieuse qu’on puisse faire à la belle synthèse de M. Bertrand sur la répétition des plissements géologi- ques aux mêmes points. Il est évident que si les anticlinaux ont toujours été tels à toutes les époques, on ne comprend plus com- ment ils ont pu être franchis par les rivières. L'exemple actuel de la Mauldre coupant l’axe de Beynes est du même ordre que la traversée de l’Ardenne par la Meuse ; quand on admet des mouve- ments ayant changé la place des points hauts et le sens de la pente des couches des assises supérieures, on peut alors expliquer com- ment le phénomène du ravinement a pu atteindre dans l’approfon- dissement un axe antérieur nivelé et caché. Mais si les points séologiquement hauts ont toujours été tels, peut-on admettre que leur fendillement et leur rupture perpendiculairement à leur axe ont pu suffire pour déterminer une ligne de passage et de plus grande pente pour l’écoulement des eaux ? M. Dollfus ne croit pas devoir abandonner l'attitude prudente avec laquelle il a abordé autrefois ces questions de considérable intérêt, On pensait autrefois que l’apparition de la craie à Beynes était due à un pointement. M. Dollfus a montré qu'il s'agissait d’une grande ride qui traversait complètement le bassin de Paris, venant de Rouen, Gaillon, Vernon, Perdreauville, et qui pouvait se suivre sans interruption par le bois de Beynes, les Petits-Prés, la station de Villepreux, le pare de Versailles, coupait le vallon de Sèvres, se dirigeant sur Meudon, Gentilly, le Port-à-l’Anglais, Joinville et passant sous la Brie. La pente de cet axe est régulière de l’Ouest vers l'Est, et il n’est pas sûr que Beynes soit le point le plus haut ; cette ride passe à un kilomètre environ au Nord des affleurements mis à découvert par le syphon de l’Avre à la ferme dela Chapelle ; la pente est beaucoup plus rapide au Sud que vers le Nord, et rien ne vient prouver l'intervention d’un accident orthogonal en ce point ; les pentes sont régulières et continues à l'Est comme à l'Ouest. En ce qui concerne l’âge de cette craie, il est certain que le niveau de Meudon n’y apparaît pas, mais il n’est possible d'admettre dans la région ni ravinement ni lacune entre la craie à Belemnitella mucronata et la craie à B. quadrata; elles ont été toutes deux également affectées par le plissement de Beynes qui est le même que celui de Meudon ; l’âge du soulèvement de Beynes ne peut être daté par cette lacune ; il faut chercher une autre raison pour expli- quer cette absence, soit que la craie à 2. mucronata ait été ravinée à LXXVI 25 AVRIL 1892 Beynes postérieurement à son dépôt, soit que son faciès y soit différent par suite d’une profondeur bathymétrique originelle différente, soit par lacune dans la sédimentation; mais les deux points ont été certainement submergés et émergés sous l'influence du même phénomène. M. Dollfus a étudié avec M. Ramond, qui prépare avec M. Legouez, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, un travail géologique d’ensemble sur les travaux d’adduction de l’Avre, tous les détails des couches de la tranchée de Beynes qui complètent heureusement les rensei- gnements classiques de la tranchée voisine de Villiers-Nauphles. Il est disposé maintenant à admettre que les sables moyens sont représentés par le calcaire miliolitique à grosses corbules ; la jonc- tion de ces couches avec les caillasses, qui paraissait évidente dans la tranchée déjà un peu altérée du chemin de fer, est, au contraire, bien indiquée dans la tranchée de l’aqueduc par une bande argi- leuse très ondulée qui peut être regardée comme un ravinement. On peut attribuer ce calcaire à milioles au niveau du Guespel ; au-dessus, des couches argileuses verdâtres grumeleuses représen- teraient le niveau de Mortefontaine. Le calcaire de St-Ouen se développe nettement au-dessus ; c’est un calcaire gris jaunâtre, fin, à Cyclostomes, coupé de marnes blanches; j'ai eu la bonne fortune d’y découvrir un petit lit argilo-sableux marin, avec foraminifères, cérithes, etc., que j'avais vu en 1878 à Méry-sur-Oise avec M. Vas- seur, et revu l’an passé avec M. Ramond à Herblay, sur la ligne d'Argenteuil à Mantes. Le calcaire de St-Ouen reprend au-dessus; puis vient une argile verte craquelée avec silex résinoïdes très curieuse, surmontée d’un calcaire solide à Cerithium concavum qui tient la place des sables de Monceau. Le Gypse est représenté par des marnes jaunâtres chargées de nodules très durs à cellules lenticulaires de gypse dissous; les marnes blanches compactes ou stratifiées, souvent verdâtres,règnent au-dessus, et l’argile verte se découvre à la hauteur de la ferme de l’Orme ; elle est couverte à la Haute Pissotte d’un épais limon,ce qui est rarement le cas. Le calcaire de Brie est à sa naissance, il n’est pas continu, il se développe à Auteuil à la cote 118 et dans les tranchées d’amont, d’autre part on l’exploite beaucoup plus bas dans la saillie au Sud, à 90 mètres, à Vicq, hameau de Bardelles. La molasse de Montmartre, sorte de calcaire miliolitique tendre à Cytherea incrassala règne au-dessus; j'y ai signalé un foramini- fère curieux, Penoroplis armoricana d’Arch. sp. (Cyclolina). Les sables supérieurs forment un petit îlot à la Petite-Mare sur Saulx- din 4 nl a cédant) | l | 25 AvRIL 1892 LXX VII Marchais et sont mis parfaitement en évidence par les recents travaux. M. de Grossouvre fait la communication suivante : Sur l’origine des phosphates de chaux sédimentaires. Dans une des dernières séances, MM. Munier-Chalmas et de Lapparent ont examiné les rapports pouvant exister entre la com- position des phosphates de chaux sédimentaires et leur origine. En 1885, j'avais moi-même étudié cette question et je résumais ainsi (Ann.des Mines, livraison mai-juin 1885) mon opinion sur ce sujet : « On peut dire, en empruntant une expression de M. Elie de Beau- » mont, que le fluor est dans la nature le compagnon fidèle du » phosphore. Dans les matières minérales aussi bien que dans les » matières organiques ils sont toujours associés; ils se trouvent » ensemble dans les os, dans l’apatite, dans les nodules : il est donc » impossible, au point de vue qui nous occupe, de tirer aucune » déduction de leur présence simultanée. » Je continue à persister dans cette opinion, car si, comme le constate la note de la page XLIV du compte-rendu sommaire, il existe des analyses d’os ne faisant aucune mention du fluor, on peut citer aussi nombre d'analyses de nodules phosphatés où la présence de ce corps n’a pas été mentionnée bien qu’il y existe réellement : on peut supposer que, dans ces divers cas, cette substance n’a pas été l’objet d’un dosage spécial et qu’elle a ainsi échappé aux recherches. En tout cas l’existence du fluorure de calcium dans les os a été mise depuis longtemps en évidence par les analyses de Berzélius, qui ont montré que sa proportion par rapport au phosphate de chaux, dans les os de l’homme et du bœuf, peut atteindre 4 °/, et plus. Il est bien certain que les analyses des phosphates de chaux naturels comportent de nombreuses causes d'erreur qui ne peuvent être évitées que par des précautions minutieuses, et que la plupart des anciennes analyses sont insuffisantes comme précision : aussi serait-il fort à désirer que des recherches suivies sur la composition des os fussent exécutées, en tenant compte des méthodes plus déli- cates préconisées par notre confrère, M. Lasne. Quoi qu’il en soit, je crois que l’on peut affirmer dès maintenant que la présence du fluor dans les phosphates sédimentaires ne peut donner aucune indication sur leur origine minérale ou organique. M. Munier-Chalmas fait la réponse suivante à la communica- tion de M. de Grossouvre. LXXVII 2 mar 1892 Il maintient les termes de sa première note jusqu'à ce que des analyses nouvelles aient été faites. Il ne pense pas que le fluor, qui se trouve presque toujours associé au phosphore, soit forcément son compagnon fidèle ; il se base sur les faits suivants : Dans le Bassin de Paris, il y a des couches saumâtres appartenant au Lutétien supérieur, qui renferment, sur plus de 100 kilomètres d’étendue, des quantités relativement assez importantes de fluorure de calcium associé seulement au carbonate de chaux et à La silice. D'un autre côté, les phosphates des Causses ne renferment que des quantités négligeables de fluor, tandis que les phosphates de Ciply, de la Somme et des Ardennes en contiennent autant que l’apatite. Le Secrétaire dépose sur le bureau un travail de MM.Delebecque et L. Duparc, intitulé : Note sur le lac d'Annecy. CORRESPONDANCE SOCIEÈTÉ D'HISTOIRE NATURELLE DE TOULOUSE Séance du 17 Février 1899 M. Harlé annonce qu'il a trouvé dans la carrière de Montsaunès (Haute-Garonne) une mandibule de singe devant pps à une espèce nou velle (Hacacus tolosanus). Séance du 2 Mai 1892 PRÉSIDENCE DE M. BERTHELIN, VICE-PRÉSIDENT M. Dereims, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. M. Marcellin Boule ofire à la Société un exemplaire d’un tra- vail qu’il vient de publier dans l’Anthropologie, sous le titre de Notes sur le remplissage des cavernes à ossements. Après avoir rappelé les opinions de Bückland, Schmerling, Marcel de Serres, Constant Prévost, Desnoyers, Dupont, elc., DPI 4 3 mar 1892 LXXIX l’auteur décrit ses propres observations relatives à des cavernes à ossements situées dans des conditions géographiques et topogra- phiques assez variées : Reilhac(Lot), Lherm, Malarnaud, Mas d’Azil (Ariège), Gargas (Hautes-Pyrénées), etc. Ces observations ne sauraient conduire à l’expression d’une règle générale. Il en est des cavernes comme des vallées : chacune à son histoire propre et mérite une étude spéciale. Mais à côté des traits particuliers, il y a des traits généraux qu’on peut résumer de la manière suivante : Il faut distinguer avec soin, dans les cavernes, les dépôts stériles des dépôts ossifères. Les premiers, d’origine alluviale, graviers ou cailloux roulés, peuvent être très anciens et correspondre, soit au creusement de la vallée, soit à un ancien cours d’eau souterrain. Ils manquent dans un très grand nombre de cavernes. La nature lithologique des seconds et les observations qu’on peut faire encore aujourd’hui dans l’intérieur des cavernes démontrent que leur for- mation a été lente, qu’elle provient d’apports extérieurs, superti- -ciels, sous l'influence du ruissellement. C’est l'argile à ossements et à blocaux, le seul terrain vraiment fossilifère des cavernes, et celui qui ne manque Jamais. Cette argile est ordinairement plus récente que les dépôts véri- tablement alluviaux qu’elle ravine parfois fortement comme à Gargas. Elle est du même âge que la grande masse du læss et, par conséquent, postérieure au creusement à peu près complet des vallées ; l’origine de ces deux terrains est d’ailleurs tout à fait analogue. Il faut repousser, pour tous les cas étudiés par l’auteur, une action diluvienne quelconque, et même l’hypothèse de crues formidables invoquée si souvent pour expliquer le remplissage de cavernes et l’abondance des ossements. En terminant son travail, l’auteur a rappelé les fouilles des cavernes non étudiées par lui, mais ayant été l’objet d’explorations méthodiques. Les descriptions des naturalistes, auteurs de ces explorations, ne lui ont paru renfermer aucun fait en contradiction avec les idées qu’il a retirées de ses propres observations. M. Douvillé à examiné un très grand nombre de Rudistes recueillis dans les couches crétacées des Corbières que la Société va étudier cette année; ces échantillons lui ont été communiqués par les divers géologues qui ont exploré la région, par MM. Peron, Toucas, de Grossouvre, Carez et Roussel. Il à pu reconnaître ainsi les niveaux suivants : EXRX 3 Mar 1892 A. — Groupe inférieur, caractérisé par les Orbitolines. 1° La faune la plus ancienne avec Requienia gryphoides corres- pond à l’Urgonien d’Orgon. 20 Au-dessus se développe la faune à Horiopleura avec Hor. Lamberti, H. Baylei, Toucasia Santanderensis, Polyconites Verneuilli et Terebratella Delbosi; on sait que cette faune appartient au Gault dans la région occidentale des Pyrénées. 3° Le Cénomanien supérieur est extrèmement riche en Rudistes : Polyconites operculatus, Caprina adversa, Caprinula Boissyi, plusieurs espèces de Caprotines rappelant certaines formes de Bohème, Gyropleura, Radiolites, Sauvagesia Sharpei. BB. — Groupe supérieur, caractérisé par les Hippuriles. 4° Le premier niveau à Hippurites, avec H. resectus et H. petroco- riensis est bien certainement turonien. 00 Les 1. giganteus et H. gosaviensis représenteraient un deuxième niveau qui, d’après M. Carez, serait un peu plus élevé que le précédent; il renferme aussi l’H. Moulinsi. 6° L’H. corbaricus a été signalé à la Vialasse dans le Coniacien par M. Roussel, et par M. Carez à Cubières, dans une lentille que ce géologue considère comme intercalée dans les marnes à Micraster. I] serait possible que cette forme remonte encore plus haut, d’après certains échantillons recueillis à la Montagne des Cornes et dont la détermination est encore douteuse. Les environs de Rennes-les-Bains présentent divers niveaux d'Hippurites qui sont santoniens, mais dont les faunes n’ont pas encore été séparées d’une manière nette ; il paraît cependant pro- bable qu’on pourra distinguer au moins deux horizons : 19 A la base : H. dilatatus, H. sulcatus, H. sulcatoides, var. HI, H. Bayani, H. canaliculatus. j S° Au sommet : Æ. bioculatus, H. organisans, H. sulcatoides var. sulcatissima, H. canaliculatus, H. striatus. Ces deux niveaux présentent en outre quelques formes assez rares du groupe corbaricus-galloprovincialis. La faune bien connue de Benaïx-Leychert (H. corbaricus, H. Archiaci, H. sulcatoides, H. Heberti, H. variabilis) qui se développe sur une grande longueur dans le département de l'Ariège, depuis Belesta jusqu’à l’Herm, paraît jusqu’à présent bien distincte de celle de l’Aude. La présence de l’A. corbaricus montre qu'elle est coniacienne ou santonienne; l’absence de l'A. dilatatus rend diffi- cile son assimilation avec une des faunes 7 ou 8; il faudrait donc, ou la rapprocher d’une des faunes 6, ou la considérer comme plus Le ù 2 Mar 1892 LXXXI récente que 8. C’est aux stratigraphes à trancher la question ; au point de vue paléontologique certaines formes indiqueraient plutôt un état d'évolution plus avancé que la faune 7. 9% M. Roussel a recueilli encore plus à l’O., au Plan (Haute- Garonne), une forme du groupe de l’Æ. radiosus, indiquant un niveau campanien. M. L. Carez:'fait les observations suivantes : Je suis d’accord avec M. Douvillé pour la succession des faunes de rudistes dans la région orientale des Pyrénées, sauf en ce qui concerne les gisements de l’Ariège (Belesta, Benaïx, Leychert, etc.). Bien que ne pouvant invoquer des preuves directes, par suite de l’absence dans cette région de la zone à Hippurites dilatatus et Hipp. bioculatus, je crois que les gisements de l'Ariège, contenant Hippurites corbaricus, H. Archiaci, H. Heberti, correspondent au niveau de Cubières ; ils sont intercalés à la partie supérieure des marnes à Micraster brevis, entre la zone à Hippurites giganteus et celle à Hippurites dilatatus et bioculatus. En ce qui concerne la zone à Horiopleura Lamberti, je persiste à la regarder comme plus ancienne que le Gault; les coupes de la vallée de Saint-Paul-de-Fenouillet montrent qu’elle est recouverte par une zone Îossilifère appartenant nettement au Gault le plus inférieur. La zone à Horiopleura Lamberti représente donc l’Aptien, tout au moins dans la partie orientale des Pyrénées. M. Munier-Chalmas revient sur les faits qui l’ont conduit à admettre que la craie à Micraster Brongniarti ne s’est pas déposée sur l’anticlinal de Beynes. — Il donnera prochainement le résultat des recherches stratigraphiques qu’il a entreprises entre Beynes et Meudon. Il fait également remarquer qu’il est amené à penser, par suite de nouvelles rechérches, que les calcaires lacustres qui sont situés au-dessus des couches à Corbula Gallica et dont il a été question dans le cours de la dernière séance, doivent occuper la position stratigraphique suivante : Le niveau inférieur, qui renferme des Cyclostoma mumia (var.), des Planorbes et des Lymnées très voisines de Lymnœa arenularia, peut être considéré comme étant le représentant du Calcaire de Ducy. Le niveau supérieur, qui est surtout caractérisé par des Lymnées paraissant identiques à Lymnæa longiscata, serait l'équivalent du Calcaire de Saint-Ouen. XX. = Comptes-rendus sommaires. 6° LXXXII 2 Mar 1892 Si cette manière de voir se trouve confirmée, la zone de Morte- fontaine à Avicula fragilis, serait comprise entre les deux horizons lacustres. M. G. Ramond {1) entretient la Société de l’état d'avancement des travaux de l’aqueduc de dérivation vers Paris des sources captées dans la Vallée d’Avre (2), près de Verneuil (Eure). La longue coupure présente beaucoup d'intérêt pour la géologie parisienne, entre Houdan (traversée de la Vesgres) et Beynes (traversée de la Mauldre). Bien que la craie sénonienne affleure à la gare de Houdan à une altitude élevée (+ 115), ce n'est qu'à une quinzaine de mètres au-dessous de la Vesgres que les fouilles l’ont atteinte (+ 74m), dans l’axe du tracé qui passe à moins d’un kil. au N. Le Calcaire grossier, visible à flanc de coteau dans une carrière ouverte pour les travaux, aflecte un faciès gréseux, avec lits de sable, très spécial. Le tracé recoupe les diverses assises du Calcaire grossier, puis des Calcaires lacustres et cliquarts que l’on peut assimiler au « Saint-Ouen »; des marnes blanches et de diverses couleurs appa- raissent sur la commune de Richebourg (Formation gypseuse, très réduite), enfin les Marnes vertes et les Meulières et Calcaires sili- ceux de Brie. Cette formation prend, sur certains points, l’aspect des Meulières de Beauce, caverneuses, ferrugineuses, etc. Dans le souterrain de Tessay-Richebourg, on a constaté l’exis- tence d’un synelinal; les travaux, en troublant le régime des eaux souterraines, ont fait baisser le niveau des puits dans le pays; de véritables cascades tombent dans l’aqueduc en construction et exigent un épuisement continu par machines à vapeur. La partie haute du seuil de Richebourg est constituée par les Sables de Fontainebleau, teintés de jaune, avec lits noirâtres à leur base; on a extrait des puits du souterrain des Marnes bleuâtres et des Marnes à huîtres altérées, analogues à celles de Versailles et de Saint-Cloud. La constance de certains détails stratigraphiques dans toute cette partie du département de Seine-et-Oise est frappante. (1) M. Munier-Chalmas ayant développé la question de l'âge de la Craie de Beynes et de l'allure spéciale des assises tertiaires dans celte région — ce qui le conduit à admettre l'existence d'un dôme crayeux, que l'érosion quaternaire a fait disparailre, et dont on ne peut constater l'existence qu’en repérant exactement l'inclinaison des strates et leur plongement absolu, ainsi que la confirmation de l'hypothèse des plis orthogonaux — j'ai cru devoir passer complètement sous silence ce point spécial. (2) V. B. S.G. F. Séance du 7 décembre 1891, énbott: nd D tas a 9 mar 1892 LXXXIII Les Meulières et Calcaires siliceux de Brie sont accompagnés par des Marnes blanches, qui peuvent parfois représenter complète- ment l'étage. La ligne de contact des Meulières de Brie et des Marnes vertes présente sur certains points des ondulations remar- quables, notamment à Saint-Hilaire (commune de Béhoust) et à Saulx-Marchais, près de Beynes. Les Marnes à huîtres (Ostrea cyathula, 0. longirostris), affectant souvent l’allure de zones nettement superposées, sont très dévelop- pées dans les bois d’Autouillet, à Auteuil (S.-et-0.) et à Saulx- Marchais. La Meulière de Brie disparaît alors et le Calcaire marin à faune tongrienne (dit Molasse) prend de l’importance ; on peut en distinguer plusieurs niveaux. Dans la seule commune de Beynes, le tracé de la dérivation, par suite de l’inclinaison des couches déterminées par lanticlinal, a recoupé la série à peu près complète du Tertiaire parisien et la Craie. En suivant la tranchée, l'observateur constate la présence suc- cessive : des Sables de Fontainebleau (surmontés de Limon quater- paire, que l’on peut subdiviser en plusieurs zones) ; des Calcaires marneux tongriens et débris de Meulière de Brie (souterrain de Saulx-Marchais); des Marnes vertes etdesMarnes blanches (du Gypse) dites de « la Ferme de l’Orme » (1) (exploitées, depuis longtemps, comme amendement); des Calcaires à Cérithes (Cerithium concavum, Natica, etc.) infrà-gypseux ; des couches de cliquarts compacts, à Planorbes, à Lymnées, à Cyclostomes, etc.; du Saint-Ouen; des niveaux à Corbules et Cardium [Voir Réunion extraordinaire à Paris (1889) — Course à Beynes et Villiers]. Enfin, au-dessous de plusieurs bancs de calcaires et marnes qui paraissent très remaniés, viennent les divers niveaux bien caractérisés du Calcaire grossier (supérieur, moyen, inférieur). Les sables calcaires glauconieux, les uns sans fossiles, les autres très riches en débris organiques, et l’argile plastique (réduite) apparaissent au-dessus de la Craie, altérée à son sommet, que la fouille, nécessitée par la pose des grosses conduites de fonte du syphon de la Mauldre, a mise à découvert dans la vallée. La même succession s’observe sur le flanc opposé du vallon. M. Munier-Chalmas fait les remarques suivantes au sujet de la note de M. Ramond. Les tranchées, faites en vue de la dérivation des eaux de l’Avre (4) Le gisement bien connu de la Ferme de l'Orme (C. G. M. et S.) est à 400" au N. du tracé de l’aqueduc, ’ LXXXIV 2 mar 1892 offrent un très grand intérêt pour la géologie générale du Bassin de Paris. Les coupes, qui en sont relevées avec beaucoup de soin, seront publiées par MM. Legouez et Ramond. Elles formeront un tracé général qui fournira de très utiles documents. M. Munier-Chalmas a visité, dans les environs de Beynes, les tranchées de l’Avre avec le concours de M. Legouez, Ingénieur des ponts-et-chaussées chargé de la direction des travaux, et en com- pagnie de MM. Ramond et Dollfus. Ils ont pu voir dans les marnes vertes, les calcaires et les marnes de la base du Tongrien, une série de petits anticlinaux très réguliers et parallèles. Ces plis ont une importance toute particulière au point de vue théorique, car ils sont perpendiculaires à la direction générale de l’anticlinal de Beynes. Ils ont une direction N.-E.-S.-0. et doivent être considérés comme des rides secondaires résultant de la formation du dôme. M. Toucas envoie à la Société la note suivante sur l’âge de l'Hippurites corbaricus. - Dans le compte-rendu sommaire de la séance du 21 Mars 1892, M. de Grossouvre rappelle les divers niveaux occupés par l’Hipp. corbaricus et, tout en reconnaissant que cette espèce à une assez grande extension verticale, il en conclut qu’elle est surtout carac- téristique du Coniacien. Dans une note précédente, M. Carez avait, contrairement à l’opinion de M. de Grossouvre, considéré l’Hipp. corbaricus comme étant plutôt caractéristique du Santonien. J'avais moi-même adopté cette dernière opinion dans ma note sur l’âge des couches à Hippurites et je ne vois aujourd’hui aucun motif pour la modifier. Il me suffira d’ailleurs de rappeler les zones dans lesquelles on a trouvé l’Hipp. corbaricus pour montrer que cette espèce est plutôt santonienne que coniacienne. CORBIÈRES | PROVENCE ARIÈGE | CHARENTES , 10 Zoneà TissotiaEwaldietRhynch. PeLTOCOMENSIS te. _— — = _ 20 do à Micraster brevis et Ammo- niles Bourgeoisi........ 1 1 — — 30 do à Am. Texanus et Inocera- nus digitatus....... se — — - — = 40 do à Am. Texanus et Am. syr- (AID PACA EEE 6 50 He 1 1 — —— 5o do à An. syrlalis et pps dila- tatus ee On voit dans ce tableau que l’Hipp. corbaricus n’a pas encore été 9 mar 1892 LXXXV signalé dans la {'° zone à Tissotia Ewaldi et Rhynch. Petrocoriensis, qui est la véritable zone coniacienne. Je ne veux pas recommencer, à ce sujet, la discussion sur la limite des sous-étages coniacien et santonien de Coquand; il me suffira de rappeler que pour Coquand le Santonien était essentiellement caractérisé par la présence du Micraster brevis et de l’Anvm. Bour- geoisi — Emscheris = serratomarginatus. En admettant avec MM. Arnaud et de Grossouvre que cette 2 zone à Micraster brevis et Am. Bourgeoisi soit encore coniacienne, il n’en restera pas moins acquis que l’Hipp. corbaricus ne se rencontrerait à ce niveau que dans deux régions, en Provence et aux Corbières, tandis qu’il serait incontestablement santonien supérieur dans ces deux mêmes régions, ainsi que dans les Charentes et l'Ariège, en supposant que la 5e zone n’appartienne pas déjà à la base du Campanien, ce qui n’est pas encore prouvé. Je profite de cette circonstance pour rappeler de nouveau, con- trairement à l’opinion de M. de Grossouvre, que le niveau à Hipp. bioculatus de Leychert et Bénaïx de l’Ariège est nettement supé- rieur aux zones à Micraster brevis et Inoceramus digitatus, et qu’il correspond par conséquent à peu près à la base des bancs à Hipp. dilatatus et bioculatus de Sougraigne et de la montagne des Cornes. , Ce parallélisme est d’ailleurs confirmé par un grand nombre d'espèces communes à ces deux régions comme : Hipp. Toucasi, Hipp. Heberti, Hipp. variabilis, Radiolites Toucasi, Rad. excavata, Birad. acuticostata, etc. M. Douvillé fait observer que l’H. bioculatus n’a jamais été signalé à Benaïx-Leychert, comme on pourrait le supposer d’après un passage de la note précédente. Il résulte de l'examen approfondi qu’il vient de faire de cette faune,queles espèces de Benaïx-Leychert, bien qu’analogues à celles de Rennes-les-Bains, en sont en réalité différentes: le groupe de l’H. Toucasi est représenté par l’H. sulca- toides, type qui indique un degré d'évolution plus avancé que la variété de cette espèce qui caractérise le 7 niveau; il en est de même pour l’H. Heberti, comparé à l’H. canaliculatus et pour l’'H. vuriabilis comparé à l’H. Bayani; quant à l’H. Archiaci, il présente à peu près Le mème degré d'évolution que l’H. sulcatus. En résumé -et comme il a déjà été dit plus haut, la faune de Benaïx-Leychert paraît un peu plus évoluée, et par suite, probablement, un peu plus récente que la faune inférieure de Rennes-les-Bains. Ces conclusions LXXXVI 2 Mar 1892 sont, comme on le voit, peu différentes de celles auxquelles M. Toucas est arrivé de son côté. M. L. Carez présente les observations suivantes : Eu disant dans une précédente séance que l’Hippurites corbaricus caractérisait le Santonien et non le Coniacien, je n’ai pas voulu discuter les rapports des couches des Corbières avec celles de la Charente ; j'ai simplement pris ces dénominations dans le sens que Coquand leur a appliqué, dans les descriptions qu'il a données du Crétacé de l’Aude. Quant à la zone à Hippurites de l'Ariège, M. Toucas la place à peu près au niveau de celle de la Montagne des Cornes ; bien que ce soit aussi l'opinion de M. Douvillé, je ne crois pas devoir modifier ma manière de voir. Il y a d’ailleurs, dans la liste des fos- siles cités par M. Toucas, plusieurs espèces que je suis fort étonné d’y voir figurer ; si leur détermination est bien certaine, il faudrait admettre que M. Toucas a découvert des gisements qu’aucun autre séologue n’a jamais visités ; l'absence dans l'Ariège des Hippurites de la Montagne des Cornes est en effet admise par tous ceux qui se sont occupés de cette région. N°8 16 mar 1892 LXXX VII COMPTE-RENDU SOMM IRE SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Séance du 16 Mai 189? PRÉSIDENCE DE M. MICHEL LÉVY M. Dereims, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la der- nière séance, dont la rédaction est adoptée. Le Président proclame membre de la Société M. Michalet, ancien membre. Il annonce le décès de M. Rœmer, professeur à l’Université de Breslau, membre de la Société depuis 1860. M. Albert Gaudry s'exprime en ces termes : J'ai l'honneur de présenter à la Société géologique, le compte- rendu du Congrès international d'anthropologie et d'archéologie pré- historique. Ce volume renferme plusieurs travaux qui sont de nature à intéresser les géologues. Parmi ces travaux, le résumé des recher- ches de MM. Lohest et Fraipont sur les squelettes humains de Spy, dans la province de Namur, me semble trop important pour n'être pas signalé à l’attention de nos confrères. Elles confirment les idées de MM. de Quatrefages et Hamy, sur la race de Cannstadt, Il paraît que décidément il faut admettre qu’à l’époque du Mam- mouth, il y a eu une race spéciale d'hommes qui avaient des carac- tères d’infériorité. Ces hommes étaient petits, trapus. Leur front était bas et fuyant, leurs arcs sourciliers très proéminents, leur occipital projeté en arrière, leur menton fuyant sans saillie men- tonnière, leurs arcades zygomatiques élargies, leurs arrières molaires d’égale dimension. Ces hommes étaient contemporains de l’Elephas primigenius, du Rhinoceros tichorhinus, de l’Ursus spelæus, LXXX VIII 16 mar 1892 de l’AHyæna spelœa. Ts vivaient dans les cavernes, mangeaient beaucoup de viande de cheval, avaient des instruments grossiers ; ils taillaient surtout les silex dans la forme dite Moustiérienne. Ces hommes, de race inférieure, contrastent avec ceux de l’âge du Renne qui a suivi l’âge du Mammouth, notamment avec ceux de Cro-Magnen. Ces derniers avaient le front élevé, leur menton n’était pas fuyant : c’étaient de beaux types. Je suis heureux de constater que les curieuses découvertes de MM. Lohest et Fraipont donnent une preuve de plus du génie intuitif de mon maître si regretté, M. de Quatrefages, et de son collaborateur, M. Hamy. M. Albert Gaudry présente la note suivante sur l’Annuaire géologique universel. Je me plais à dire devant la Société géologique que j'ai présenté avec grands éloges à l’Académie des sciences l’Annuaire géologique universel. J'ai cru de mon devoir d’agir ainsi, parce que ses auteurs me semblent dignes de toute sympathie. Pour dépenser, comme ils le font, leur temps ou leur argent de la manière la plus désintéressée, il faut vraiment aimer la science. En lisant leurs résumés, on sent qu’ils s’oublient pour ne penser qu’à faire valoir leurs camarades. IL est impossible de distinguer s'ils analysent les travaux des étrangers ou ceux de leurs compatriotes; il y a là un sentiment de générosité internationale qui fait honneur à nos savants français. En outre, les comptes-rendus de l’Annuaire géologique universel donnent une frappante idée du mouvement de la science géologique dans tous les pays du monde. Le dernier volume contient la citation de 2.500 titres de volumes, notes ou mémoires. C’est un peu moins que dans les deux années précédentes. En prenant les moyennes de trois années, je calcule que cela fait un total de plus de trente mille pour dix années; en supposant que ce chiffre n’augmente pas, cela fera un total de plus de trois cent mille pour cent ans. A côté des travaux écrits, les relevés de cartes géologiques prennent une importance considérable. Il nous est permis de dire que la France à une part honorable dans ce mouvement scientifique. Sous l’habile impulsion de notre Président, M. Michel Lévy, Directeur du service de la carte géolo- gique détaillée de la France, on publie des cartes qui sont faites avec une scrupuleuse exactitude. Nous pouvons donc assurer que les sciences géologiques sont dans une voie de prospérité. Nos successeurs finiront par bien connaître bandit EE ln CP best ASE a MONDES our ide 16 mar 1892 LXXXIX l’histoire de notre planète et la marche un peu mystérieuse de la vie des êtres qui nous ont précédés. M. Albert Gaudry présente à la Société un travail de M. Osborn intitulé : Recovery of Palaeonictis in America. M. Cotteau présente la vingt-sixième livraison des Æchinides éocènes (Paléontologie francaise). Cette livraison comprend la descrip- tion des genres qui terminent la série des Echinides irréguliers : Echinocyamus, Lenita, Thagastea et Fibularia et les premières plan- ches des Æchinides réguliers. Le grand genre Cidaris commence la série : vingt-et une espèces éocènes, représentées soit par leur test, soit par leurs radioles, ont été rencontrées dans le terrain éocène de la France et sont figurées dans cette livraison. Deux espèces seu- ment sont nouvelles : Cidaris Rousseli, de l'Ariège, remarquable par sa petite taille, ses aires ambulacraires très flexueuses et garnies de quatre rangées de granules, ses tubercules espacés, peu nom- breux, rapprochés des zones porifères, et le C. hautevillensis, dont nous ne connaissons que les radioles grêles, allongés, tien bien distincts de leurs congénères. D'Archiac, dans les Mémoires de la Société géologique, a décrit et figuré beaucoup de radioles de Biarritz, représentés souvent par des fragments incomplets. M. Cotteau a pu, grâce à l’obligeance de M. Douvillé, retrouver, à l’École des Mines, les types de d’Archiac, les étudier, les comparer à des exemplaires plus complets recueillis depuis, et fixer les caractères et la synonymie de ces espèces assez mal connues jusqu'ici. M. Cotteau offre ensuite à la Société géologique une note qu'il vient de publier : Sur un genre nouveau d’'Échinide crélacé, Dipneustes aluricus Arnaud. M. Frossard présente à la Société le travail qu’il vient de faire paraître sur le Dipyre des Pyrénées et la Couseranite ; La syénile néphé- linique de Pouzac et ses modifications endomorphes. M. Michel Lévy ofire à la Société géologique les deux notes suivantes qu'il vient de publier dans le Bulletin des services de la carte géologique de France. Note sur la prolongation vers le Sud de la chaîne des Aiguilles rouges. Montagnes de Pormenaz et du Prarion. Étude sur les pointements de roches cristallines qui apparaissent au milieu du Flysch du Chablais, des Gets aux Feuils. XC 16 mar 1892 M. Michel Lévy fait la communication suivante : L'étude des sédiments qui se développent dans l'Ouest de la France, au sommet des schistes de Saint-Lô, et entre ces derniers et les grès armoricains, soulève une série de questions d’autant plus intéressantes que les efforts des savants qui se sont occupés de cette région n’ont pas encore abouti à la découverte de représentants authentiques de la faune primordiale. Néanmoins, la stratigraphie de cet ensemble complexe a fait de tels progrès, dans ces dernières années, que les coupes relevées par les collaborateurs du service de la carte géologique en Bretagne, dans la Mayenne et dans le Cotentin, peuvent être désormais coordonnées entre elles sans incertitude. En Bretagne, M. Barrois a établi que l'étage supérieur des schistes de la carte comporte des poudingues (Gourin), des arkoses et parfois un niveau éruptif important (Trégorrois). Dans ce même étage supérieur des schistes verts de Rennes, M. Lebesconte a signalé des bancs et des brèches calcaires alternant avec des pou- dingues et des arkoses. Cet ensemble se termine par des schistes verts en dalles, qui s’enfoncent sous les poudingues pourprés de Montfort. Au-dessus se développent les schistes rouges en grandes dalles qui servent de pierre de construction à Rennes; puis des schistes gris et enfin le grès armoriCain. Dans la Mayenne, grâce aux coupes et aux contours si précis récemment relevés par M. OEhlert aux environs de Sillé-le-Guil- laume, les synclinaux des Coëvrons et de la Charnie ont montré un développement inattendu des sédiments compris entre les pou- dingues pourprés et les grès armoricains ; ce sont, de bas en haut, des schistes gris dans lesquels s’intercalent de très puissantes assises de calcaires; puis des grès blancs inférieurs (Sainte- Suzanne), un peu plus grossiers que les grès armoricains propre- ment dits; au-dessus de ces grès inférieurs s’intercalent des brèches silicifiées accompagnées d’un ensemble éruptif; puis viennent des arkoses feldspathiques ; des psammites, des grès ferrugineux en plaquettes à petites lingules, et enfin le grès armo- ricain proprement dit. Les coupes relevées par M. OŒhlert sont d’autant plus précieuses qu’elles servent de raccord et de trait d’union avec celles du Coten- tin. Nous renvoyons aux travaux de M. Lecornu et de M. Bigot pour les dernières ; il nous faut seulement rappeler que dans la vallée de la Laïze, il y a également une puissante assise calcaire PROCUREUR EN 16 Mar 1892 XCI superposée au poudingue pourpré ; de plus, le dernier se montre nettement discordant sur les schistes de Saint-Lô, fortement redressés. Une seule difficulté subsistait au point de vue stratigraphique ; elle avait été mise en pleine lumière par M. Lebesconte qui com- parait les calcaires, les poudingues inférieurs et les arkoses des environs de Rennes avec l’ensemble analogue de la Charnie ou des Coëvrons. Dans un but de coordination, j’ai provoqué une course commune à laquelle ont pris part MM. Barrois, OEhlert, Lebesconte et Seunes. L'accord cordial et unanime n’a pas tardé à se produire et mes aimables collaborateurs ont bien voulu me charger d’en rendre compte à la Société. En l'absence de tout fossile nettement caractéristique de la faune primordiale, la grande coupure stratigraphique doit être laissée, comme par le passé, entre les schistes de Saint-Lô (schistes verts de Rennes) et les poudingues pourprés (vallée de la Laïize, Oigny, Montfort). Les bancs calcaires des environs de Rennes, les poudingues inférieurs et les arkoses qui les accompagnent sont bien nettement intercalés à la partie supérieure des schistes verts et inférieurs au poudingue pourpré. Tout au contraire, les calcaires, les grès inférieurs, les pétro- silex, etc., des Coëvrons et de la Charnie sont supérieurs au pou- _ dingue pourpré. Dans l’état actuel de la question, il est difficile de savoir où commence réellement la faune seconde et par exemple si l’on ne doit pas y comprendre les grès inférieurs de Sainte-Suzanne. La solution la plus prudente consiste dès lors à attribuer à l’en- semble des sédiments depuis le poudingue pourpré inclusivement jusqu’au grès armoricain (grès supérieur) exclusivement, la notation S, sans indice, en laissant d’ailleurs la notation X aux schistes de St-LÔ et de Rennes. M. M. Bertrand signale les difficultés qu’il a rencontrées en cher- chant à suivre dans le Crétacé de la Sarthe la continuation des plis tertiaires du bassin de Paris. On admet généralement, depuis les travaux de M. Hébert, que ces plis se poursuivent en ligne droite vers le Nord-Ouest, du côté du Merlerault, de Mortagne et du Mans. Le tracé des courbes de niveau de la base du Crétacé, autant qu’on peut les déduire des cartes actuelles, semblerait contraire à cette interprétation ; il indiquerait plutôt pour les axes des plis des cour- bes sinueuses, dont la concavité serait tournée vers le Sud. Mais il LL XCII 16 mar 1892 est impossible d’être affirmatif, parce que la surface étudiée montre une série de bossellements irréguliers, entourés plus ou moins complètement d’une ceinture déprimée, et qu’autour de ces petits dômes, dont le Belinois est le type, on perd jusqu’à nouvel ordre la direction des lignes synclinales et anticlinales. Les accidents les plus marqués de la région sont les lignes de failles, en moyenne dirigées de l’est à l’ouest, du Merlerault, de Mortagne et de Bellème, et la faille nord-ouest de la Ferté Bernard; les deux lignes d'accidents sont obliques aux plis anciennement, admis aussi bien qu'aux amorces de plis résultant de mes courbes. I] faut donc les attribuer à un phénomène distinct du phénomène même de plissement. Les failles de Mortagne et de Bellème limitent entre elles une région abaissée; la faille de la Ferté Bernard borde également une bande affaissée le long de la vallée de l’Huisne (et circonserite par des failles près de Nogent-le-Rotrou). Il serait assez naturel de voir dans l’ensemble de ces deux bandes l’indice d’une ceinture affaissée autour du dôme de la forêt de Perseigne, tandis que les plateaux de Montmirail (Perche-Gouet) et de Senonches dessineraient une seconde ceinture surélevée. Les dénivellations produites par ces mouvements d’un autre ordre sont plus importantes que celles des plis; on conçoit par conséquent qu’à moins d’une étude minu- tieuse de détail, ils en masquent la continuation. M. Léon Vaillant, à l’occasion du transport possible de pierres par les Poissons, transport dont il est question dans une communi- cation antérieure de M. Ch. Janet, met sous les yeux de la Société quelques galets, l’un d’eux du poids de 447 gr., trouvés dans le tube digestif des Turbots et des Congres (1). M. de Grossouvre envoie la communication suivante sur La craie de Bimont, près Breteuil (Oise) : « J’ai visité ces jours derniers, avec M. Thomas, le gisement de craie magnésienne de Bimont déjà bien connu par les travaux de Graves et de M. de Mercey ; cependant je voudrais insister ici sur certains caractères spéciaux, en raison deleurimportance théorique. La pierre à rubis de Bimont, exploitée pour l’empierrement, forme au centre de la colline un amas continu, que les exploitants ont reconnu au moyen d’une galerie traversant toute la colline; la forme de cet amas paraît être, d’après les travaux déjà effectués, celle d’un cône renversé : il est entouré par une auréole de calcaire grisâtre très dur, exploité comme pierre de taille, et ce dernier, à son tour, (1) Cette communication paraîtra in-extenso dans les Notes et Mémoires. 16 mar 1892 XCIII passe antérieurement, par gradations insensibles, à la craie blanche qui constitue le sous-sol géologique de toute la région. Ainsi, le gisement de Bimont est un amas très limité dans le sens horizontal et symétrique autour d’un axe vertical : Ses relations avec la craie blanche peuvent donc s'expliquer très naturellement par l'intervention d’eaux magnésiennes qui ont modifié les sédi- ments crayeux, explication déjà proposée par M. de Mercey et soutenue également par M. Barrois pour les amas de craie dolomi- tique de l’Aisne et des Ardennes. XCIV 9 ET 13 Juin 1892 No 9 COMPTE-RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Séance générale annuelle du 9 juin 1892 PRÉSIDENCE DE M. MUNIER-CHALMAS, PRÉSIDENT POUR 1891 M. Dereims, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance dont la rédaction est adoptée. M. Munier-Chalmas prononce l’allocution présidentielle. M. Michel Lévy présente à la Société le travail de M. Boule, intitulé : Description géologique du Velay, et appelle l'attention des membres de la Société sur les importants résultats stratigraphiques et pétrographiques contenus dans ce mémoire. M. À. Gaudry présente à la Société le 4° fascicule des Mémoires de Paléontologie. Ge fascicule, qui termine le > volume, renferme la suite des études de M. Douvillé sur les Rudistes. M. M. Boule offre à la Société, de la part de l’auteur, une note de M. Cartailhac sur la bibliographie des travaux publiés sur les populations primitives des Pyrénées et sur la géologie et la paléon- tologie quaternaires de cette région. . M. Chaper fait une communication sur la présence, dans le tube digestif des Poissons, d'objets de diverse nature (1); il explique notamment pourquoi: l’on y rencontre, à côté de quelques coquilles, de nombreux opercules de Buccin, et plus généralement des subs- tances cornées, (1) Cette cofimünitation paraitra in-extenso dans les Notës et Mémoires, Le. ét dot md mñaisé. m2 PRO TRE VD LENS ET 9 Er 13 Juin 1892 XCV M. M. Bertrand répond à une remarque faite par M. Dolllus dans l’avant-dernier compte-rendu sommaire: si les anticlinaux, a dit M. Dollfus, se formaient toujours aux mêmes places, on ne s’expliquerait pas comment ces rides toujours saillantes auraient pu être traversées par les vallées. L’explication a pourtant été donnée depuis longtemps : il suffit qu’au moment où la vallée a commencé à se creuser, des dépôts plus récents aient nivelé les saillies des anciens plissements. La vallée, continuant à se creuser sur l’emplacement déterminé par les premières pentes d'écoulement, arrive à entamer les plis sous- jacents. Dans d’autres cas, où ces dépôts plus récents font mani- festement défaut, on est amené à admettre que le plissement et le creusement sont deux phénomènes progressifs et simultanés, c’est- à-dire qu’au lieu d’une objection on trouve un nouvel.argument en faveur des idées que j’ai soutenues. Ce serait d’ailleurs une erreur de croire que la formation pro- gressive des plissements aux mêmes places entraine une accen- tuation toujours plus prononcée des saillies et reliefs. Au fond de la mer, la sédimentation tend à combler les creux, comme le montre l'épaisseur plus forte des couches dans les synclinaux ; selon que la : sédimentation marche plus ou moins vite que le phénomène de plissement, les inégalités du fond de mer s’aplanissent ou s'accen- tuent, et il semble bien, d’une manière très générale, qu’au voi- sinage des périodes d’émersion, l’activité sédimentaire prend le dessus ; les dernières couches qui terminent une période sédimen- taire sont, en général, des couches de caractères uniformes et déposées sous une faible profondeur d’eau. Le premier sol qui résulte de l’émersion est alors une surface à peu près plane, et il faudrait découvrir les couches plus profondes pour y trouver la trace des plissements qui n’ont pas cessé de s’y produire et qui doivent con- tinuer à s’y produire aux mêmes places. Cette surface à peu près plane, par suite du mouvement d'ensemble qui a déterminé l’émersion (mouvements épirogéniques des géologues américains), présente une pente générale vers la mer, et c’est cette pente qui règle naturellement l’écoulement des eaux. Si même, contrairement à l'hypothèse précédente, la surface a conservé l’empreinte des ondulations dues aux plissements anté- rieurs, il suffira que les contre-pentes résultant de ces plissements soient inférieures à la pente générale du sol vers la mer pour qu’elles soient sans influence sur la marche d'écoulement des eaux. C’est ainsi que le prèmier dessin des vallées peut traverser la direc- tion des plis ; une fois ce dessin tracé, il persiste, même si les plis XCVI 9 ET 13 JuIN 1892 s’accusent, et le creusement met en tout cas au jour des couches de plus en plus fortement plissées, sur la surface desquelles les eaux accidentées n’auraient pas pu, au début, prendre la même direction. Quelles que puissent être les difficultés d'application à chaque cas particulier, la théorie est simple et complètement indépendante de la persistance ou non persistance des plissements aux mêmes places. I n’est pas inutile d'ajouter que la fissuration plus ou moins grande des roches sous l'effort des plissements, n’a rien à faire dans ces questions; elle peut jouer un rôle dans les déplacements des cours d’eau pendant le croisement progressif de la vallée; mais ce sont là ordinairement des déplacements secondaires qui ne modifient pas les grands traits du réseau hydrographique. L'analyse de ce réseau et les raisons d’être de ses particularités se ramèneront toujours à la détermination des lignes de plus grande pente de la surface primi- tive d’'émersion, surface qui, presque toujours, malheureusement, a disparu, et dont nous ne pouvons retrouver que des lambeaux déformés. M. Bleicher donne lecture d’un mémoire qu’il vient de terminer sur le gisement et la structure des nodules phosphatés du Lias de Lorraine (1). Il résulte des recherches entreprises par l’auteur sur les nodules phosphatés du Lias de Lorraine qu’ils se rencontrent à trois niveaux qu’il a pu déterminer avec plus de précision qu’on ne l'avait fait jusqu'ici. Un seul de ces niveaux est assez riche pour pouvoir être exploité; c’est celui de la partie inférieure du Lias moyen, tel que le compren- nent les géologues lorrains. Les nodules phosphatés sont des organismes entiers, tels que moules de coquilles de Mollusques, Spongiaires, Polypiers, ou consistent en débris d'organismes parmi lesquels dominent les fragments de coquilles et de Foraminifères réunis par un ciment calcaréo-phosphaté ; les Vertébrés y sont rare- ment représentés. La proportion du phosphate de chaux de ces nodules paraît être d'autant plus forte qu’ils ont été exposés plus longtemps aux intem- péries atmosphériques. C’est surtout le cas des échantillons du Lias moyen. M. Bleicher signale également, dans le Lias supérieur, un horizon très restreint de nodules phosphatés dont il étudie le gisement et (4) Ce travail paraîtra in-extenso dans les Notes et Mémoires. ES PPT I I CS 9 Juin 1892 XCVII la structure microscopique. Il fait remarquer qu'il est trop peu développé pour donner lieu à des exploitations. Le Secrétaire donne lecture d’une note de M. Toucas sur l’âge des niveaux à Hippurites de Leychert et Benaïx. En réponse aux observations de MM. Douvillé et Carez, publiées dans le Compte-rendu sommaire de la séance du 2 mai dernier, M. Toucas fait observer que les gisements à Hippurites de Leychert et Bénaïx de l'Ariège ont été désignés à tort dans sa note sous le nom de niveau à Hipp. bioculatus. Cette espèce n’est d’ailleurs pas citée dans sa liste de fossiles qui ne comprend que les principaux Rudistes, déterminés par M. Munier-Chalmas et signalés par MM. de Lacvivier et Hébert dans leurs travaux sur l’Ariège. Mais si l’on consulte l’ensemble de la faune donnée par ces auteurs, on est encore bien plus frappé de son analogie avec la faune des zones à Iipp. dilatatus des Corbières et de la Provence. D'autre part, si on tient compte de la place que ce niveau à Hippurites de l’Ariège occupe au-dessus des grès de Calles et par conséquent bien au-dessus des marnes à Micraster et à Inoceramus digitatus, on ne doit pas être étonné que l'étude des Hippurites de l'Ariège ait permis à M. Douvillé de conclure que la faune de Bénaïx et de Leychert devait être un peu plus récente que la faune inférieure de Sou- craigne et de la montagne des Cornes, qui est certainement du même âge que celle de Camps, Cubières et la Bastide. C’est dans cette dernière zone qu'a été recueilli l’Actinocamax Toucasi Janet, très voisin des Actinocamax qu’on rencontre dans la zone à Marsupites de Beauvais.C’est une zone de passage qui, à Sougraigne, renferme les Ammonites Texanus, Am. syrtalis. CORRESPONDANCE SOCIETE GEOLOGIQUE DU NORD Séance du 17 Juin 1892 M. Eug. Bertrand fait en son nom et en celui de M. Renault une communication intitulée : Premières remarques sur le boghead d’Autun. Ce travail peut se résumer dans le sommaire suivant : 1. Caractères du boghead. 2. Localités où on le trouve, ses rap- ports et son âge. 5. Hypothèses formulées sur l’origine du boghead, ses corps jaunes, rôle qu'ils ont joué dans les formations houillères. DE XX. — Comples-rendus sommaires. XCVIII 13 Juin 1892 4. Les corps jaunes qui forment la masse principale du boghead d’Autun sont des algues gélatineuses inférieures comme celles des fleurs d'eau. 5. La seconde catégorie de corps jaunes est formée par des exines de grains de pollen macérés indiquant des pluies de pollen ou pluies de soufre. 6. La troisième catégorie de corps jaunes, liée aux infiltrations noires qui ont pénétré la masse en quelques points, est formée par les parties gélosiques du Bretonia Hardinghent. 7. La matière fondamentale du boghead et ses menus débris qu’elle contient. 8. La thélotite et ses altérations. 9. La localisation de la calcite. 10. La pyrite. 11. Les concrétions siliceuses du boghead d’Autun. 12. Conclusions. M. Gosselet fait en son nom et au nom de M. le D' Horion une communication sur les calcaires de Visé. Il rappelle que ces calcaires sont de deux âges, les uns sont dévo- niens, les autres carbonifères. Le calcaire dévonien appartient à l’étage frasnien. Il est carac- térisé par la présence de nombreux Stromatopora et parce qu’il est souvent à l’état de dolomie. Il ne présente jamais aucun indice de stratification, comme cela à lieu d’ordinaire dans les grandes masses de calcaire frasnien construites. Le Calcaire carbonifère repose directement sur le calcaire dévo- nien et il est intimement soudé avec lui de telle sorte que le même bloc est en partie carbonifère, en partie dévonien. Cependant, entre le dépôt des deux calcaires, il y a un immense hiatus correspondant au Famennien, au Tournaisien, au Waulsortien et à la base du Viséen : ensemble d'assises qui, dans le voisinage, ont une épaisseur d'environ 500 mètres. L'ensemble calcaire forme une sorte de dôme dans la vallée de la Meuse entre Visé et Argenteau et un double dôme dans la vallée de Berwigne à 8 kilomètres à l’est de la vallée de la Meuse. Il est recouvert par une assise de schistes alunifères et de phta- nites appartenant au Houiller inférieur et dont les couches sont horizontales ou plongent sur les pentes du dôme. Le Houiller repose directement sur le calcaire dévonien comme sur le calcaire carbonifère et sur les divers horizons de ce calcaire; il y a donc discordance légère entre le calcaire et les couches houillères. De plus celles-ci pénètrent dans des poches creusées à la surface du calcaire sous l'influence des eaux pluviales absolument comme les couches tertiaires dans la craie du Nord de la France. 43 Juin 1892 XCIX L'’horizontalité des couches houillères démontre que le terrain n’a pas été bouleversé depuis le dépôt. Les rudiments de stratification que l’on découvre dans le Calcaire carbonifère sont en relation avec celle du Houiller. Partout les couches se relèvent sous des angles de 100 à 20° vers le centre des dômes, qui est occupé par le Dévonien. Séance du 13 Juin 1897? PRÉSIDENCE DE M. MICHEL LÉVY M. Dereims, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance dont la rédaction est adoptée. M. de Lapparent présente un ouvrage de MM. Pavlow et Lamplugh sur les Argiles de Speeton et leurs équivalents. Dans ce travail, M. Pavlow décrit et figure les bélemnites et les ammonites des diverses couches de Speeton. Il termine par unecom- paraison entre les horizons de cette localité et ceux des autres con- trées jurassiques et néocomiennes. Attribuant au Portlandien infé- rieur ou Bolonien les couches à Virgati, les auteurs placentla zone à Holcostephanus subditus sur l’horizon du Purbeckien (ou Berriasien) inférieur, la zone à Bel. fragilis à la hauteur du Purbeckien supé- rieur, tandis que la zone à Bel. jaculum de Speeton représenterait le Néocomien inférieur. M. M. Boule, ayant participé à une excursion organisée par la Société géologique du Nord pour étudier sur place les divisions reconnues dans le limon par M. Ladrière, fait une communication sur les terrains pléistocènes du nord de la France et des environs de Mons (Belgique). Il rappelle d’abord les conclusions du remarquable mémoire de M. Ladrière. Après des études persévérantes, qui ont duré plus de quinze années, ce géologue a su reconnaître, dans les dépôts pléis- tocènes, trois assises se divisant elles-mêmes en un grand nombre de couches, faciles à distinguer par leurs caractères physiques et se succédant toujours dans le même ordre. Ces trois assises se trouvent toutes trois au fond des vallées et arrivent très près du sommet des plateaux les plus élevés. Elles sont complètement indépendantes l’une de l’autre. C 43 sun 1892 Tous les géologues, étrangers ou français, présents à la réunion, ont pu se rendre compte de l’exactitude des coupes de M. Ladrière et de la justesse de ses conclusions. Mais comme le modeste géo- logue de Lille atenu à bannir de son mémoire toutes considérations théoriques, M. Boule croit pouvoir communiquer à la Société les observations personnelles qu’il a pu faire au cours de l’excursion dirigée par M. Ladrière, ainsi que son opinion sur la place que doivent occuper, dans la classification générale du Pléistocène, les dépôts du Nord de la France et du Bassin de Paris. Il croit qu'il faut distinguer avec soin l’assise inférieure de M. Ladrière, de ses assises moyenne et supérieure. Le gravier et les sables de l’assise inférieure sont nettement fluviatiles jusqu’à une altitude qui ne dépasse guère 50 mètres au-dessus des thalwegs actuels. Les assises moyenne et supérieure, y compris leur gra- vier de base, ne sauraient être d’origine fluviatile et sont dues probablement à des phénomènes de ruissellement. Mais quelle que soit cette origine, le résultat très intéressant qui ressort des études de M. Ladrière, c’est que ces deux assises moyenne et supérieure indiquent une périodicité régulière d’un même phénomène général pour tout le Nord de la France. Cherchant ensuite à établir l’âge absolu de ces dépôts, M. Boule repousse d’abord les faits tirés de l’Archéologie préhistorique comme susceptibles d’interprétations diverses et préfère s’en rap- porter uniquement à la paléontologie. Or, il ressort des faits assez nombreux, constatés un peu partout, que l’assise inférieure est le véritable gisement de l’Elephas primigenius. Tout l’ensemble des dépôts, décrits par M. Ladrière, appartient donc au Quaternaire supérieur. La science ne possède pas actuelle- ment des documents suffisants pour permettre de dater les assises moyenne et supérieure autrement que par des comparaisons plus ou moins aventureuses avec d’autres contrées. On peut affirmer toutefois qu’elles sont antérieures à l’époque de la pierre polie. Aux environs de Paris, à Chelles et dans la vallée de la Somme, à Abbeville, il existe des alluvions renfermant une faune plus ancienne, très différente de la faune à Elephas primigenius et caracté- risée par l’Elephas antiquus, le Rhinoceros Merckii, l'hippopotame, etc. M. Boule expose quelques observations qu’il a pu faire aux envi- rons de Paris, et d’après lesquelles le diluvium gris se composerait souvent de deux assises se présentant parfois en discordance de stratification : une assise inférieure, renfermant la faune à Elephas antiquus ; une assise supérieure, renfermant l'Elephas primigentius, et Ê : 13 Juin 1892 CI représentant l’assise inférieure de M. Ladrière. Depuis longtemps Ameghino a décrit à Chelles des faits analogues. Il est possible de fixer les rapports de ces formations alluviales avec les phénomènes glaciaires, au moyen de la Paléontologie. La faune des graviers inférieurs de Chelles et d’Abbeville renferme les éléments qui se trouvent dans les formations interglaciaires de divers pays (vallées de la Tamise et de l’Ouse en Angleterre, lignites de la Suisse, sables interglaciaires de l'Allemagne du Nord). Les graviers supérieurs des sablières des environs de Paris et la plus srande partie des terrains étudiés par M. Ladrière seraient contem- porains de la dernière période glaciaire. L'auteur complètera et développera ces indications dans une note plus détaillée. Il termine en signalant de nouveau à l'attention de la Société géologique les importants résultats des études de M. Ladrière. En menant à bonne fin des recherches aussi difficiles et aussi ingrates, cet habile géolo- gue s’est acquis les plus grands droits à la reconnaisance et à l’estime de tous ses confrères. A la suite de cette communication s’engage une discussion à laquelle prennent part MM. Munier-Chalmas, de Lapparent et Michel Lévy. à CII 27 JuIN 1892 N° 10 COMPTE-RENDU SOMMAIRE DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Séance du 27 Juin 1892? PRÉSIDENCE DE M. MICHEL LÉVY M. Dereims, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée. Le Président annonce deux présentations. M. Michel Lévy fait part à la Société du décès de M. Meugy, Inspecteur général honoraire des Mines, membre de la Société depuis 1851 ; il exprime les regrets que cette perte fait éprouver à la Société, dont M. Meugy avait été le dévoué trésorier de 1857 à 1860. M. de Lapparent offre à la Société le numéro de la Revue scientifique du 14 Mai 1892, contenant un article intitulé : Magneé- tisme et Géologie; il présente également le numéro de la Revue générale des Sciences du 15 juin 1892, renfermant une étude sur le fond des mers, et un extrait de la Revue des questions scientifiques, intitulé: Origine de la houille. M. Michel Lévy présente à la Société un travail de MM. Horion et Gosselet, intitulé: Les calcaires de Visé (1e partie. — Étude stratigraphique), et le 1°" fascicule du tome VIII de l'Annuaire géolo- gique universel, publié par MM. Douvillé et Carez. M. Parran donne lecture du rapport de la Commission de comptabilité. La Commission propose d'approuver les comptes et budgets pré- sentés par M. le Trésorier et de lui voter des remerciements. Le Président, au nom de la Société, s'associe à la Commission de comptabilité pour remercier le Trésorier de son dévouement, Br e v 27 Juin 1892 CIII , M. J. Bergeron expose les faits les plus intéressants qu’il a observés dans les terrains anciens de la Bohème et du Hartz (1). Dans la première de ces régions, on peut conclure, de la compo- sition des conglomérats de l’étage cambrien, que toutes les érup- tions sont postérieures à ce dernier. — Peut-être y aura-t-il lieu, après de nouvelles études, de distinguer des horizons difiérents dans le Paradoxidien de la Bohème. — L’Olénidien pourrait être représenté par les grès de l'horizon dix de Barrande, qui correspon- drait aux couches de Hof. — Le bassin ancien du centre de la Bohème est entouré par une série de plis et de failles, aussi peut- on admettre qu’il ne représente actuellement qu’une partie des dépôts paléozoïques qui ont recouvert la région. — Les colonies ne seraient, conformément à des opinions déjà émises, que des plis- failles. L’étage E est traversé et injecté par des diabases dont les érup- tions ont atteint leur maximum à la fin du Silurien supérieur. L'étage F, que l’on rapporte maintenant au Dévonien, se divise en deux horizons dont l'extension n’est pas la même, l'horizon reposant parfois sur l'étage E. Il semble donc qu'il y ait.eu à la fin du Silurien et au commencement du Dévonien des mouvements du sol. La faune de l’horizon f; ne peut donner de renseignements sur son âge, car elle ne présente aucun caractère franc. Quant à la faune de l’horizon b, elle se rapporterait, d’après les travaux de M. Novack, à des couches, situées en dehors de la Bohème, qui pourraient bien appartenir au Dévonien moyen, ou à quelque niveau voisin. Cette même faune a été trouvée dans l'Ouest de la France par M. D. P. ŒEhlert, à la partie supérieure du Coblencien. D'autre part c’est avec ce même horizon 2 queles calcaires blancs du pic de Bissous, près Cabrières, ont le plus d’analogies; mais ceux-ci, situés immédiatement sous les couches à Goniatites intu- mescens, seraient plus élevés dans la série. La faune de l'horizon fa correspondrait donc à un faciès s'étendant, suivant les régions, du Coblencien supérieur au Dévonien supérieur. Dans l’étage G se trouve un horizon (g,) renfermant une faune à céphalopodes qui, d’après M. Frech, serait comparable à celle de Wissenbach. Cet étage rentrerait donc, en partie, dans le Dévonien moyen. Quant à l'étage H, il appartiendrait au Dévonien supé- rieur, Car on y a trouvé Cardiola retrostriata. Les dernières assises de l'étage H représenteraient le faciès culm du Dévonien supérieur. Très désireux de connaître le Hercynien du Hartz, M. J. Bergeron a parcouru cette année cette région sous la conduite de M. le Proî. (1) Ce travail paraîtra in-extenso dans les Notes et Mémoires. CIV 97 Juin 1892 von Kônen, qui a bien voulu lui en montrer les gisements dévoniens les plus importants. Ces gisements, le plus souvent très éloignés les uns des autres, offrent entre eux des relations stratigraphiques très difficiles, sinon impossibles à reconnaître. D'äprès M. Kayser, la série dévonienne du Hartz comprend une succession d'horizons dont les plus importants constituent les Untere-Wieder-Schiefer qui renferment la faune hercynienne. Cette subdivision se compose de bas en haut : d’une assise inférieure comprenant des schistes avec lentilles calcaires et une grauwacke à plantes, d’une assise supérieure formée de schistes sans fossiles, enfin d’un horizon à graptolites. La faune n’est pas la même dans les différentes lentilles calcaires de l’assise inférieure, ainsi que l’a observé M. von Kôünen. Il semble à M. J. Bergeron qu’en comparant entre elles les faunes des différentes lentilles citées par M. Kayser on peut reconnaître deux groupes d’assises : les unes, riches en trilobites, gastéro- podes, brachiopodes, etc., formant une faune très voisine de celle de l’horizon f de Bohème; les autres, riches en céphalopodes, pourraient correspondre aux couches de Wissenbach. Quant à la faune graptolitique, elle est tellement voisine de celle du Silurien supérieur, qu'il semble bien difficile d'admettre que l’on n’ait pas affaire à ce dernier étage. La distribution même sur la carte de ces localités présentant des faunes différentes, indique qu'on se trouve en présence de bandes distinctes. D'après l'allure et l’âge relatif des couches, il est bien probable qu'il y a eu des failles ou plis avec renversements ; d’ailleurs les nombreux accidents reconnus dans le Hartz rendent la chose bien vraisemblable. Il peul donc y avoir quelque doute sur l’exactitude des superpositions signalées dans le Dévonien de cette région, et elle ne saurait être prise, jusqu’à nouvel ordre, comme type d'aucune classification. M. D. P. Œhlert fait remarquer que dans l’ouest de la France il existe un niveau dont il a contribué à faire connaître la faune et qui ofire paléontologiquement plus de rapports avec certaines couches hercyniennes du Hartz (schistes de la zone inférieure des Untere Wieder Schiefer, Kayser) qu'avec la faune de Konieprus. Cet horizon se trouve compris entre le calcaire de Néhou et la faune de Hierges, et par conséquent fait partie du Coblencien, dont il n’occupe pas le niveau le plus supérieur. MM. Munier-Chalmas et de Lapparent présentent un projet d'échelle stratigraphique générale, dont ils demandent la publica- 27 Juin 1892 CV tion dans le Bulletin (1), et où ils se sont efforcés de tenir compte des derniers progrès de la science, ainsi que des convenances parti- culières de la géologie française, en ce qui concerne l’établissement des cartes géologiques d'assemblage. M. Gosselet pense qu'il serait utile d'adopter des désinences différentes pour les groupes de divers ordres : les mots silurique, dévonique, carbonique adoptés par les congrès géologiques ne sont pas si dépourvus d’euphonie qu'ils ne puissent être adoptés d’un consentement universel. M. Michel Lévy rappelle que la question de l’unification des légendes s’est déjà posée au service de la Carte, à propos de la pré- paration de la Carte géologique de la France au ————.Unecom- mission, présidée par M. Michel Lévy et composée de MM. Potier, Douvillé, Marcel Bertrand et Munier-Chalmas, s’est mise rapide- ment d'accord sur les subdivisions et sur les lettres et les indices propres à les désigner. L'accord s’est établi également sur la ma]jo- rité des noms à donner à ces subdivisions. Il est difficile de créer des noms nouveaux qui soient admis de suite par tous les collabo- ‘ateurs de la Carte, mais M. Michel Lévy espère qu’on pourra sur- monter cette difficulté. Le travail de MM. Munier-Chalmas et de Lapparent sera certainement, à ce point de vue, précieux et d’une grande utilité; il est probable que la classification nouvelle ne sera pas admise de suite par tous les géologues, mais c’est le sort de tous les noms nouveaux ; l’important est que ces noms aient subi l'épreuve d’une discussion publique avant d’être imprimés dans des documents officiels. Le Secrétaire donne lecture de la note suivante : Sur les plissements des couches sédimentaires des environs de Poitiers, par M. Jules Welsch (2). On peut distinguer, au sud de Poitiers, une série de plis subpa- rallèles dirigés du Sud-Est au Nord-Ouest, qui vont du massif limousin au massif vendéen, en occasionnant certaines dislocations dans les terrains jurassiques et les terrains tertiaires inférieurs. Au Nord de Poitiers, il y a un pli anticlinal à Chatellerault affectant le Jurassique, le Cénomanien et le Turonien, et un autre, à Port de Piles, dans le Crétacé; ces derniers plis ne sont pas parallèles aux précédents à l'Est de la vallée de la Vienne. (1) Ce travail paraïtra in-extenso dans les Notes et Mémoires. (2) Ge travail paraîtra in-extenso dans les Notes et Mémoires. CVI 27 JuiN 1892 Cette série de plissements paraît se continuer dans les plis du massif vendéen étudiés par notre confrère M. Fournier. (Études géologiques des lignes de chemins de fer du Poitou). On peut distinguer un 2% système des plis dirigés S.S.0.—N.N.E., c’est-à-dire à peu près orthogonaux aux précédents. Certains synelinaux du 2 système coupent les anticlinaux du premier système en des points où passent aujourd’hui les vallées. (Charente, de Civray à Ruffec, et Clain, de Toulon à Poitiers). — Cela est intéressant à rapprocher des études de M. Marcel Bertrand et de M. Dollfus, publiées dans les derniers Comptes-rendus sommaires. Le Secrétaire communique à la Société la lettre ci-jointe qu'il a reçue de M. Tardy. Je vois avec plaisir que les patientes recherches de M. Ladrière sont arrivées à convaincre M. Boule, que la faune des alluvions inférieures de Chelles n’est pas contemporaine de l’Elephas primi- genius qui, dans tous les gisements où il n’y a qu’une faune, est contemporain des silex taillés anciens du Quaternaire (Chelléen et Acheuléen). Par conséquent, l’alluvion à Elephas antiquus de Chelles n’est pas contemporaine des silex taillés qu’on trouve à sa surface. L’alluvion à Elephas antiquus est, dit M. Boule, interglaciaire, ce qui suppose des glaciers, avant et après cette faune; ceux qui sont postérieurs à cette faune sont, dans la vallée de la Saône, dans celle du Rhône et dans l’Ain à Bohan, visiblement antérieurs à l’homme quaternaire et à ses armes en silex, quelle qu’en soit la forme de taille. On peut donc établir, grâce aux patientes recherches de notre savant confrère M. Boule, la classification provisoire suivante : En haut, à la surface du sol, l’homme moderne et la pierre polie, le bronze, etc. — au-dessous l’homme quaternaire avec l’Elephas primigenius — puis au-dessous tous les glaciers de l'Allemagne du Nord, de Sathonay (surface) et de toutes les vallées descendant de montagnes élevées telles que les Alpes. Ces dépôts glaciaires sont essentiellement superficiels dans les régions qui entourent les Alpes. Au-dessous sont les alluvions dites interglaciaires de Chelles à Elephas antiquus, séparées de celles à Ælephas meridionalis par de nouveaux dépôts glaciaires dont les gisements sont brièvement résumés dans la note de M. Boule, à qui je vote des remerciements pour son intéressant et rapide compte-rendu de l’excursion des géologues du Nord. AL n D RCE É n ” LU 27 JuIN 1892 GVII CONGRÉS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 0° Session. — Suisse 1894 Le cinquième congrès géologique international, siégeant à Washington, a décidé, à la date du 1er septembre 1891, d'engager la Suisse à organiser et à recevoir en 1894 la sirième session inter- nationale. En vue de ce résultat, l’assemblée de Washington désigna un comité d'initiative composé de six géologues suisses : MM. Renevier, Heim, Baltzer, Lang, Golliez et Schmidt. Ceux-ci, réunis à Berne le 23 novembre 1891 avec le Comité de la Société géologique suisse, ont reconnu d’un commun accord avec lui que la Suisse ne pouvait pas refuser l’honneur inattendu qui lui était dévolu, bien que la charge qui en découle puisse paraître un peu lourde pour un aussi petit pays. En conséquence, ils constituèrent un Comité général d’organisa- tion, qui, après un petit nombre de refus se trouve en définitive composé comme suit : Président : E. Rene vier, professeur à l'Université de Lausanne. Vice-président : Alb. Heim, professeur à l’Université et au Poly- technicum, Zurich. Secrétaire : H. Golliez, professeur à l’Université de Lausanne. Caissier : C. Escher-Hess, Bahnhoîfstrasse, Zurich. Baltzer, Dr A., professeur à l’Université de Berne. Brueckner, Dr Ed., professeur à l’Université de Berne. Duparc, LS, professeur à l’Université de Genève. Du Pasquier, D: E., à Rochette, Neuchâtel. v. Fellenberg, Dr Edm., Rabbenthal, Berne. Forel, Dr F. A., professeur à l’Université de Lausanne. Frey, D' HS, professeur, à Berne. Frueh, D: J., professeur agrégé au Polytechnicum, Zurich. Grubenmann, D’ U., professeur à Frauenfeld. Gutzwiller, D' A., professeur à Bâle. Jaccard, Dr A., professeur à l’Académie de Neuchâtel. Kissling, Dr E., à Berne. Koby, D: Fr., recteur à Porrentruy (Berne). . Lang, Dr Fr., professeur à Soleure. De Loriol, P., à Genève. CVIII 27 JuIN 1892 Mariani, G., professeur à Locarno (Tessin). Muehlberg, D' F., professeur à Aarau. Rollier, IE, conserv. au Polytechnicum, Zurich. Schardt, D' HS, professeur à Montreux (Vaud). Schmidt, Dr C., professeur à l’Université de Bâle. Ce Comité s’est réuni à Berne le 28 décembre 1891, et a fixé les bases suivantes pour l’organisation du Congrès géologique interna- tional de 1894. A. Session. 1° Les séances du Congrès auront lieu à Zurich vers la fin d'août, ou vers le commencement de septembre. % La durée de la session pourra être réduite à quatre jours. Une de ces journées au moins sera consacrée à des séances de sections, simultanées, dans lesquelles seront traitées les questions d’un intérêt plus spécial. 3 Ces sections seront au nombre de trois : I. Minéralogie et pétrographie. II. Stratigraphie et paléontologie. IT. Géologie générale, tectonique. 4° Des locaux seront mis à la disposition des membres du Congrès, pour y exposer les objets qu’ils voudraient présenter : Cartes géolo- giques, profils, échantillons, matériel d'enseignement géologique, etc. B. Excursions. Le Comité d'organisation considère comme un de ses principaux devoirs de démontrer à ses hôtes, sur le terrain, la constitution géolo- gique des diverses régions de la Suisse. Il à nommé pour cela une commission spéciale, chargée d'organiser des excursions, enca- drant les séances de Zurich. Celles-ci auront lieu avant la session dans le Jura, et après la session dans les Alpes. Ces excursions seront de deux sortes : a) Excursions pédestres, ayant pour but d'étudier des coupes géologiques à travers le Jura et les Alpes; accessibles seulement aux géologues habitués aux longues marches. b) Voyages circulaires, en chemin de fer, bateau à vapeur, etc., destinés à faire voir aux participants les principales contrées clas- siques de notre géologie suisse. Les nombreux chemins de fer de montagne, que nous aurons alors, rendront accessible à un plus grand nombre de visiteurs la géologie de nos régions élevées. 27 Juin 1892 CIX Les excursions précédant la session auront pour point de départ diverses villes de l’ouest et du nord de la Suisse, et convergeront vers Zurich. Les autres, après la session, partiront de Zurich, pour rayonner dans les Alpes et converger ensuite à Lugano, où aura lieu la clôture du Congrès. Les plans de ces diverses excursions seront communiqués par une circulaire ultérieure, de façon à mettre chacun à même de faire son choix, et de s’annoncer à temps. Un livret-quide, avec illustrations (cartes, profils, etc), sera préparé et. imprimé de bonne heure, pour être mis à la disposition des excursionnistes. Nous ferons notre possible pour bien recevoir nos hôtes en 1894, et nous espérons réussir à leur rendre le séjour en Suisse agréable et profitable. LAUSANNE et Zuricu, février 1892. Au nom du Comité général d'organisation : Le Bureau : E. RENEVIER, prof., président. ALBERT Hem, prof., vice-président. H. GozLiez, prof., secrétaire. ex 11 SEPTEMBRE 1892 No 41 COMPTE-RENDU SOMMAIRE SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE RÉUNION EXTRAORDINAIRE DANS LES CORBIÈRES du Dimanche 11 au Lundi 19 Septembre 1892. Les membres de la Société qui ont pris part à la session sont : MM. AGE (d’) BERTRAND (M.), BoISSELLIER, CAREZ (L.), CHAIGNON (de), DURAND, FEVRE, FICHEUR, GENTIL, GOUMET, GROSSOUVRE (A. de), GUEBHARD, HUMBERT, JEAN, La Société a été accompagnée dans quelques-unes de ses courses par : M. GaBeLr, délégué de la Société d'Études scientifiques de l’Aude. Séance du 11 Septembre 1892, à Rennes-les-Baiïins. Les membres de la Société se sont réunis à neuf heures et demie MM. LANGLASSÉ, L'HOTE, MARGERIE (de), PELLAT, RAVENEAU, REYMOND, SAVIN, SICARD, TABUTEAU, TARDY, ViDAL DE LABLACHE, WOHLGEMUTH, ZURCHER. du soir, dans l’un des salons de l'Hôtel de la Reine. LL CPV 11 SEPTEMBRE 1892 CXI M. Zürcher, vice-président de la Société, déclare la session extraordinaire ouverte. Il saisit l’occasion qui lui est donnée d’exercer ses fonctions de vice-président pour exprimer à la Société Géologique sa reconnais- sance pour l'honneur qu’elle a bien voulu lui faire et auquel il a été très sensible. Il est procédé à la nomination du bureau pour la durée de la session. Sont élus : Président : M. L. Carez. Vice-présidents : MM. de Grossouvre et Ficheur. Secrétaires : MM. de Margerie et Zürcher. Trésorier : M. Langlassé. Le Président soumet à la Société le programme des excursions, qui est arrêté de la manière suivante : Lundi 12 Septembre. — Déjeuner à neuf heures. — A dix heures, départ à pied pour la Montagne des Cornes, par Montier- rand, le Petit Lac, les Crouzils, les Croutets, Sougraigne. Primaire, Cénomanien fossilifère, Turonien, Sénonien jusqu'au grès d’Alet inclus, Gisements célèbres de la Montagne des Cornes (Hippurites, Micrasters, Ammonites, etc.). Mardi 13 Septembre. — A six heures du matin, départ à pied pour Rennes-le-Château ; descente sur la route de Couiza. — Retour en voiture à Rennes-les-Bains. Coupe du Crétacé supérieur et du Tertiaire inférieur, depuis le Turonien jusqu'au calcaire à Milioles ; pli-faille de Rennes-le-Château; zone étirée; Primaire. A midi, départ en voiture pour Sougraigne. — Montée à pied à la source de la Sals; Col de Capella, Le Linas, Bugarach. — Retour. à Rennes-les-Bains en voiture. Carbonifère, Trias, Urgonien, Cénomanien, Turonien, Sénontien. — Toutes les couches crétacées très fossilifères. Discordance du Crétacé sur le Trias. Absence du Jurassique. Diner et coucher à Rennes-les-Bains. Mercredi 14 Septembre. — De Rennes à Bugarach en voiture. — Ascension du Pic. — Recherche de fossiles autour de Bugarach. — Déjeuner à Bugarach. Vallée de Lauzadel. Base du Pic de Bugarach. Montée de Cugarou. — Retour en voiture à Rennes avec arrêts au Mas (Faille de Saint- Ferriol) et à la Viallasse (Gisement de l’Hippurites corbaricus). exII 11 SEPTEMBRE 1892 Recouvrement du Sénonien par l’Urgonien et le Jurassique. Juras- sique dolomitique, Urgonien, Cénomanien, Turonien, Sénonien fossi- lifères, Faille de St-Ferriol, Voûte de Laferrière. Diner et coucher à Rennes. Jeudi 15 Septembre. — Départ en voiture pour Coustaussa. — — De là à pied à Luc. — En voiture à Alet. — Déjeuner à Alet. — À une heure, départ à pied par la rive gauche de l'Aude. — Retour en voiture à Quillan. Coupe du Tertiaire et du Crétacé supérieur (Gisements de Couiza); Primaire; Faille-limite des Corbières au Nord. Nouvelle coupe du Tertiaire. Diner et coucher à Quillan. Vendredi 16 Septembre.— De Quillan à Saint-Just en voiture par Saint-Ferriol et Grane. — A pied, vallée du Bézu, Saint-Louis. — Reprise des voitures au col Saint-Louis, traversée de la forêt des Fanges. — Retour à Quillan par les gorges de Pierre-Lys. Trias, Infralias, Lias, Urgonien, Cénomanien, Turonien; très nombreux gisements fossilifères. Failles de St-Ferriol et de St-Louis ; Voüte de St-Martin. Dîner et coucher à Quillan. } Samedi 17 Septembre. — Départ à cinq heures en voiture pour Campagna-de-Sault. — Gorges de Saint-Georges, Montagne d’Ourthizet, Fontanès, Bessède, Marsa. — Déjeuner à Aunat. — Reprise des voitures à Marsa pour se rendre à Saint-Paul-de- Fenouillet. _ Gisements paléozoïiques fossilifères, Schistes cristallins, Jurassique (dolomies, calcaires fossilifères, calcaire cristallin, conglomérats, etc.), Gault, Faille oblique, avec recouvrement, de Fenouillet-Marsa. 4 Diner et coucher à Saint-Paul-de-Fenouillet. Dimanche 18 Septembre. — Le matin, repos. — A midi, départ par le pont de la Foux, Ansignan, Lesquerde. — Retour à Saint-Paul. Faille de Lesquerde, contact des Schistes cristallins et du Crétacé ; métamorphisme ? de ce dernier. Trias avec gypse, Urgonien, Gault. Diner et coucher à Saint-Paul. Lundi 19 Septembre. — Départ en voiture à six heures par Prugnanes; pic de Chalabre, Cubières, Camps. — Déjeuner & Cubières. — Retour par les gorges de Saint-Antoine de Galamus. Faille de Saint-Louis, lambeaux calcaires de Camps et Cubières; 12 SEPTEMBRE 1892 CXIIL Jurassique avec zones fossilifères, Urgonien, zone à Horiopleura Lamberti, Gault fossilifère, Sénonien à Micraster, gisement d’'Hippurites corbaricus. Séance de clôture. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Président proclame membres de la Société : MM. Paul Pierrotet, professeur de physique, 15, rue de Tour- non, à Paris, présenté par MM. Dagincourt et Chelot ; Delebecque, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, à Thonon (Haute- Savoie), présenté par MM. E. A. Martel et L. de Launay. Il annonce ensuite la présentation de deux nouveaux membres. La séance est levée à dix heures et demie. 17 Séance du 12 Septembre 1892. à Rennes-les-Bains PRÉSIDENCE DE M. CAREZ La séance est ouverte à huit heures du matin. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Président proclame Membres de la Société : M. Germain Sicard, au château de Rivière, par Caunes (Aude), présenté par MM. Jean et de Margerie ; M. Leonhele Savin, Capitaine-Trésorier au 15° régiment d’[n- fanterie, à Carcassonne (Aude), présenté par les mêmes membres. M. de Margerie présente, au nom de M. Franz Schrader et au sien, une nouvelle carte géologique de l’ensemble des Pyrénées à l'échelle de 1 : 800 000, en une feuille. Il résume les principales con- clusions du texte explicatif accompagnant cette carte, au point de vue de la structure générale de la chaîne. M. Carez appuie les conclusions de M. de Margerie ; il insiste notamment sur la disposition inverse et symétrique des failles et des plissements sur Les deux versants des Pyrénées. M. de Grossouvre fait la communication suivante : M. Roussel et moi venons de passer dans la région sous-pyré- néenne une huitaine de jours employés à explorer la formation cré- tacée qui se développe depuis Cazères jusqu'ici. Grâce à la profonde connaissance que mon savant compagnon a des moindres détails de la constitution géologique des Pyrénées, nous avons pu, dans ce XX. — Comptes-rendus sommaires. 8* CXIV 42 SEPTEMBRE 1892 petit nombre de jours, faire une série d’observations importantes. M. Roussel étant forcé, par des circonstances particulières, de ne pas assister à notre réunion, je viens vous rendre compte des faits qui peuvent intéresser plus particulièrement la Société. Bien qu’il soit prématuré d'aborder aujourd’hui l'exposé d'observations aussi récentes, puisque nous avons seulement terminé hier soir nos courses, nous ne pouvons cependant passer sous silence les points qui concernent la région que la Société va traverser. Comme M. Roussel et moi n’avons pu encore préciser en détail, d’un commun accord, les résultats théoriques qui peuvent découler de nos obser- vations et qui ne seront bien établis qu'après l’étude complète des matériaux paléontologiques recueillis, je crois devoir dès mainte- nant déclarer qu’il est possible qu’en certains points de cet exposé je ne traduise pas exactement la pensée de mon compagnon de voyage et que dès lors je n’engage que ma propre responsabilité. La formation crétacée qui s’étend de Celles, par Saint-Sirac, Ley- chert, Villeneuve d’Olmes, Benaïx jusqu'aux environs de Belesta, paraît constituer un pli anticlinal dont l’aile nord est formée de couches à Hippurites, Échinides, Polypiers, etc., et dont l’aile sud comprend, à la base, les couches à Rudistes de l'aile nord, les grès de Celles recouverts par des calcaires marneux à Micraster brevis, puis des calcaires à Rudistes se développant sporadiquement. Au-dessus viennent des marnes et des grès, puis des conglomérats présentant par places des lentilles calcaires avec Caprines, Orbitoli- nes, radioles de cidaris, etc. Si la série des couches était normale, il faudrait admettre que ces dernières assises occupent un niveau élevé dans la série séno- nienne, car, d’après les travaux de M. Douvillé, les bancs à Hippu- rites qui forment le noyau du pli se placent à peu près sur l'horizon des bancs à Rudistes de Sougraigne et de la Montagne des Cornes. Cette hypothèse paraît assez peu vraisemblable en raison de l'apparence cénomanienne de la faune qui accompagne les Caprines et les Orbitolines. D’autres faits viennent encore à l’encontre : ainsi M. Roussel nous a montré la Rhynchonella Cuvieri bien typique dans une couche à Caprines qui se trouve au N.0. de Serrelongue. De plus, à Gabachou, il existe à un niveau supérieur aux couches à Caprines des dolomies jurassiques ; entre ces dernières et les premières on voit apparaître par places, notamment au Pouchou et à Saint-Genès, l’Urgonien et le Gault. Dès lors l'hypothèse d’un renversement sem- ble beaucoup plus vraisemblable que celle d’une série normale et on devrait considérer la formation crétacée de Leychert et Benaïx comme un paquet de couches renversées et plissées comprises 12 SEPTEMBRE 1892 CXV entre une barre de calcaire jurassique au Nord et une masse de calcaire dévonien au Sud. Dans la région de Bugarach et Saint-Louis on observe des faits analogues. Au pied de la masse de calcaires et dolomies du pic de Bugarach on voit une série d'assises marneuses qui se poursuivent ur le versant Nord de la Serre de Malabrac. Cette série est continue et on peut par suite affirmer qu’il n’y a là aucune faille verticale, ou tout au moins aucune faille importante. Or, ces assises marneuses renferment par places des lentilles gré- seuses dont le noyau central est un grès grossier sans fossiles, passant latéralement à une roche moins grossière, puis à la marne. C’est autour du grès grossier que M. Roussel a trouvé des Caprines et des Orbitolines. Au-dessous, dans la vallée de la Blanque, se développent des marnes, des grès et des bancs calcaires à Hippu- rites : nous avons recueilli avec soin des fossiles aux divers niveaux et lorsque les déterminations définitives auront été faites, il nous sera possible d'établir avec précision l’ordre de succession des faunes. Je me bornerai à signaler ce point particulier queM. Roussel a pu faire constater hier à notre confrère M. Carez, qui avait eu l’amabilité de nous accompagner, à savoir l’existence vis-à-vis Lauzadel d’un banc à Caprines à peu près en contact avec un banc d'Hippurites, parmi lesquels j’ai cru reconnaître avec certitude _ Hippurites corbaricus. Ici encore nous pouvons donc faire les deux hypothèses précé- demment émises, ou admettre un renversement, ou admettre un âge sénonien très récent pour les couches à Caprines. Cette dernière hypothèse paraît encore moins vraisemblable ici qu’à Leychert, car, d’après les résultats stratigraphiques généraux obtenus pour la région, il y a eu émersion vers la fin de l’époque sénonienne. D'autre part, bien que les couches à Caprines ne renferment réellement aucun fossile bien décisif et que les échantillons recueillis appartiennent, en dehors des Caprines et des Orbitolines, à des espèces d’une détermination difficile et souvent incertaine, pour laquelle nous n’avons pas en ce moment sous les yeux les matériaux de comparaison nécessaires, nous devons cependant avouer que si nous trouvions ces couches dans une tout autre position, nous n’hésiterions pas à les classer dans l’étage cénomanien, en raison de l'apparence cénomanienne de la faune, Enfin il faut observer que dans ces couches on ne trouve aucun fossile vraiment sénonier, et qu’inversement dans les assises CXVI 12 SEPTEMBRE 1892 nettement et franchement sénoniennes de la région on n’a jamais trouvé non plus ni Caprines ni Orbitolines. On est donc conduit à admettre de préférence que ces assises sont cénomaniennes, et en conséquence qu'on a là une série ren- versée, superposée à une série normale : en un mot, que les assises de Saint-Louis et de la vallée de la Blanque appartiennent à un grand pli synclinal couché, dont l’aile inférieure est formée par les couches albiennes, cénomaniennes, turoniennes et sénoniennes, en superposition normale dans le pli de Cugarou. Citons encore un autre fait à l’appui de cette opinion : lorsque l’on se dirige du village de Parahou-le-Grand vers le Sud, c’est-à-dire lorsque l’on monte directement du village vers la Serre de Malabrac, on rencontre successivement, de bas en haut, des assises à Hippurites bioculatus, des marnes à Micraster brevis renfermant des nautiles etdes ammonites(malheureusement en échantillons indéterminables ou appartenant à des espèces nouvelles), puis des marnes sans fossiles, et plus haut des marnes avec grès fossilifères à Orbitolines, Ostrea carinata ?, Ostrea lateralis, Rhynchonella, etc. On est porté naturellement à considérer cette coupe comme montrant en bas le Santonien (couches à Hipp. bioculatus), puis au-dessus le Coniacien (couches à Micraster), le Turonien (marnes sans fossiles) et le Céno- manien (marnes avec grès à Orbitolines), et à voir dans cette succes- sion une série renversée. L'hypothèse d’un pli synclinal renversé concorde bien d’ailleurs avec le fait signalé dès 1889 par M. Carez pour le pic de Bugarach, dont il a considéré la masse principale comme formée de calcaires urgoniens et jurassiques constituant un lambeau de recouvrement. Je suis ainsi amené à regarder cette masse calcaire comme le noyau d’un pli anticlinal couché superposé au pli synclinal défini précé- demment, cet anticlinal seraccordant avec lesynclinal de Saint-Paul- de-Fenouillet. M. Carez fait remarquer combien les faits signalés par M. de Grossouvre sont en harmonie avec ses propres observations. Il insiste sur l'importance des recherches poursuivies avee tant de persévérance dans la région par M. Roussel. En ce qui concerne la région Bénaïx-Leychert, il rappelle que l’existence du renversement avait déjà été indiquée par M. de Lacvivier; les études faites par M. Carez dans cette région en 1891 et 1892, ne lui laissent aucun doute sur lexactitude de l'hypothèse à laquelle s’arrête M. de Grossouvre; il fait néanmoins ses réserves sur quelques points de détail et se demande comment on peut 12 SEPTEMBRE 1892 CXVII expliquer la station normale des Hippurites au pont de Villeneuve d’Olmes. M. Carez expose ensuite les grands traits de la structure des Corbières et fait connaître en détail l’ordre de succession des couches. Puis il indique les particularités les plus remarquables de l'itinéraire que doit suivre la Société. La séance est levée à neuf heures. 2° Séance du 12 Septembre 1892, a Rennes-les-Bains PRÉSIDENCE DE M. CAREZ, PUIS DE M. DE GROSSOUVRE La séance est ouverte à huit heures et demie du soir. Le Président annonce une présentation. M. Carez résume les observations faites pendant la journée. COURSE DU LUNDI 12 SEPTEMBRE. En quittant l’Hôtel de la Reine, la Société a traversé la Sals et pris le chemin de Montierrand. Le village de Rennes est situé sur le Turonien, mais à très peu de distance, on est entré dans une série marneuse constituant la majeure partie du massif dit Mon- tagne des Cornes et à la base de laquelle se voit en abondance le Micraster brevis. Le chemin de Montferrand se maintient à peu près à la limite du Turonien et du Sénonien jusqu’à l’approche du village ; il traverse alors le Turonien calcaire, puis une assise de grès qui forme assez constamment la partie moyenne du Turonien. Ce grès repose direc- tement sur les schistes primaires, sans qu’il y ait ni Cénomanien, ni Trias, ni aucun des autres étages intermédiaires. Après avoir monté quelque temps sur les schistes primaires, la Société a traversé un conglomérat, puis est rentrée dans le Crétacé à un kilomètre environ à l'Est de Montferrand. On a commencé à recueillir en ce point quelques caprinules; c’est là que se trouve l’extrémité occidentale de l’affleurement cénomanien des Crouzils. On s’est alors dirigé, en restant constamment sur les grès turoniens, vers le gisement des Crouzils, très riche en Caprinula Roissyi et CX VIII 12 SEPTEMBRE 1892 autres fossiles cénomaniens; là encore il n’existe ni Crétacé infé- rieur, ni Jurassique, ni Trias ; on voit le Cénomanien reposer direc- tement sur le Primaire. La Société est descendue à Sougraigne, pour remonter ensuite vers le Petit Lac, et étudier ainsi en détail la série sénonienne. On a constaté que dans la partie septentrionale de la Montagne des Cornes, il existait au-dessus de l'assise à Micraster brevis et Amm. Pailletteanus, deux niveaux de calcaires à Rudistes séparés par des marnes gréseuses ; dans le premier on ne trouve qu’un petit nombre d'espèces : Hippurites dilatatus, H. organisans, etc.; dans le second, au contraire, surtout du côté de la Tuilerie, les Hippurites sont d’une abondance prodigieuse. On y a recueilli Hippurites dilatatus, IH. sulcatoides, H. bioculatus, H. corbaricus, etc. Cette dernière, quoique moins abondante que les autres espèces citées, se ren- contre néanmoins avec une certaine fréquence. Le banc inférieur ne se poursuit pas dans la direction de Sou- graigne; il ne tarde pas à se perdre dans les marnes bleues. Aussi est-il assez difficile de savoir à quel niveau de la coupe de Sou- graigne il correspond. Pourtant il a semblé à la plus grande partie des membres présents que les couches correspondant au niveau du calcaire du Petit Lac affleuraient vers le fond du ravin auprès de Sougraigne; c’est en ce point que M. de Grossouvre a recueilli Am. texanus. Am. syrtalis a été trouvée par ce géologue dans des couches un peu plus élevées, recouvertes elles-mêmes par le pre- mier niveau à Hippurites de la montée des Croutets. Celui-ci serait par suite un peu supérieur au niveau du Petit Lac. Après avoir constaté que le grès d’Alet couronne le plateau des Croutets et qu’il est séparé du banc supérieur à Hippurites par une vingtaine de mètres de marne, les membres de la Société ont ramassé de nombreuses Hippurites le long du chemin qui mène du Petit Lac à la Tuilerie, et sont rentrés à Rennes en traversant de nouveau la série des marnes à Micraster. \ M. de Grossouvre ajoute que l’on ne retrouve aucun niveau à Hippurites en allant vers la vallée de la Sals. Certains des grès de la série paraissent franchement marins, d’autres au sommet seraient des dépôts de rivage ; on peut réserver à ces derniers le nom de Arès d’Alet, qui désignerait ainsi un faciès plutôt qu'un étage. M. Carez pense que le véritable grès d’Alet correspond à un niveau stratigraphique déterminé, bien que certains horizons arénacés s’intercalent à plusieurs reprises dans la série inférieure. 12 SEPTEMBRE 1892 CIX M. de Grossouvre ne croit pas que les niveaux conservent d’une manière absolue les mêmes caractères lithologiques, d’un bout à l’autre des Corbières. M. Carez insiste sur la continuité du grès d’Alet, et son épais- seur à peu près uniforme, de la vallée de l'Aude à la Haute-Garonne; il croit devoir, en conséquence, le maintenir au rang d'étage distinct, dans la série des terrains de la région. M. de Grossouvre reconnaît que le grès d’Alet, si l’on restreint cette dénomination aux couches qui ne sont pas d’origine franche- ment marine, ne remplace pas latéralement les marnes, ainsi qu’il avait cru pouvoir l’affirmer dans une récente publication. M. Reymond demande à M. Carez son opinion sur les conglo- mérats que la Société a observés au contact entre les terrains pri- maires et le Cénomanien au Nord de Sougraigne. M. Carez pense que ces conglomérats appartiennent encore à la série paléozoïque ; ils n'existent en effet que très rarement à la base du Cénomanien dans cette bande Nord, ce qui semble indiquer qu'ils n’en font pas partie. De plus, leur gangue présente beaucoup plus de ressemblance avec les schistes primaires qu'avec les diverses couches crétacées. M. de Grossouvre signale les poudingues des environs du col Saint-Louis, dont les éléments sont volumineux et qui renferment des fossiles crétacés inférieurs, isolés au milieu de couches à faciès plus vaseux que celles des environs de Rennes, situées plus au Nord. Il demande à M. Carez si l’on peut reconnaitre la provenance des cailloux de quartz blanc qui constituent les poudingues inter- calés à différents niveaux dans le Sénonien. M. Carez répond qu’il ne connaît pas de matériaux de cette nature dans le massif paléozoïque des Corbières. D'autre part, les Pyrénées proprement dites ne devaient pas encore être émergées à l’époque où se formaient ces poudingues. La série étudiée par la Société présente de grandes ressemblances avec celle du Nord de l'Espagne, ce qui paraît indiquer une mer continue dans l’inter- valle. Les cailloux de quartz blanc proviendraient de la Montagne- Noire. M. Bertrand fait remarquer que la présence du quartz n’est pas suffisante pour prouver que les éléments de ces poudingues pro- viennent réellement du Plateau Central. Ce fait démontre seule- ment que le pays d’origine était fort éloigné. 0 702 CXX 12 SEPTEMBRE 1892 M. Ficheur demande à quel étage de la série crétacée corres- pond le maximum de transgression dans la chaîne des Pyrénées? M. de Grossouvre répond qu’outre la transgression cénoma- nienne, il y a lieu d'admettre une grande transgression sénonienne, bien visible dans tout le Nord et l'Ouest de l’Europe. M. Carez croit que les Albères ont pu rester émergés pendant toute la durée de la période crétacée. D'autre part, les couches de la vallée du Sègre, situées beaucoup plus à l'Ouest, sont identiques à celles de l'Aude. En beaucoup de points des Pyrénées, les brèches cénomaniennes empâtent des blocs énormes de terrains primaires et d’urgonien, ce qui indique des phénomènes d’érosion d’une ampleur exception- nelle et par suite un changement important dans la distribution des terres et des mers. M. Zürcher fait une communication relative à l'existence, dans les environs de Toulon, d’une masse de recouvrement constituée par des phyllades, accompagnés de Houiller et de Permien inférieur, et reposant sur des couches plus récentes composées de Permien supérieur et surtout de Trias. Il montre qu’en suivant la ligne de discontinuité sinueuse qui sépare les phyllades et les terrains qui leur sont immédiatement supérieurs, des affleurements permiens supérieurs et triasiques, on peut constater partout une disposition des couches en synelinal déversé plus ou moins complet, et que cette disposition ne peut s’expliquer autrement que par un pli couché à grand recouvrement, en présence des constatations faites au tunnel du pont de la Clue et que M. M. Bertrand et lui ont récemment signalées (1). Aucun fait ne vient d'ailleurs contrarier cette manière de voir, et on peut même observer directement, dans la falaise de Sicié, la superposition effective des phyllades au Permien, près. de la char- nière synclinale du pli. Le phénomène constaté est d’ailleurs très probablement un point particulier de la faille de recouvrement qui paraît limiter au Nord la plus grande partie du massif des Maures, ainsi qu’on peut l’obser- ver près de Gonfaron. Un caractère intéressant de la surface de discéntianne qui sépare (4) C. R. Ac. Se., 11 mai 1891. Shibaden éd date tail € nd Pr ed in et memhithéiomts) SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1892 CLXXX VI observait au nord-est. Le seul pli visible est celui des Faucilles du Chantet, qui paraît correspondre au Grenairon et qui a été consi- déré par Alphonse Favre et par Maillard comme la continuation vers le nord-est du grand pli de la cascade d'Arpenaz. J’ai décrit, dans une note récente (1), la grande ligne de disloca- tion transversale, parallèle à la vallée de l’Arve, et j’ai montré ses relations avec les décrochements du massif des Aiguilles Rouges, étudiés par M. Michel Lévy; je ne m'arrêterai donc pas ici à en faire connaître les allures. Sur la rive gauche de l’Arve, l’anticlinal couché d’Arpenaz se continue dans la chaîne des Aravis, par les plis de la Pointe Dareu qui se font dans le Néocomien, par le pli de la cascade de Doran qui a affecté le Jurassique supérieur, et par les contournements des couches du Dogger, à la Crosse-Baulet et à la Giettaz. Tous ces plisse- ments ne sont plus qu’à l’état de ruines ; ce sont des témoins, épar- gnés par l'érosion, d’un important pli couché dont, plus au sud, les agents atmosphériques paraissent ne rien avoir laissé subsister. Le pli des Aravis n’est pas le seul que l’on observe sur la rive gauche de l’Arve. Maillard (2) a décrit toute une série de chaînes en arc de cercle à concavité nord-ouest, qui viennent toutes conver- ger vers Cluses et vers Talloires (3). Il admettait qu’une partie de (1) C. R. Acad. Sc., séance du 21 nov. 1892. (2) Bull. Serv. Carte géol., t. I, n° 6, pl. VE, fig. 1. (3) Les deux massifs liasiques des Annes et de Sulens surgissent au milieu des couches éocènes vers les deux extrémités du synclinal du Reposoir, situé entre l’anticlinal des Aravis et celui de la Tournette-Jallouvre-le Bargy. Le Lias y présente le même faciès que dans le Chablais, c’est celui que j'ai désigné sous le nom de faciès rhodanien. Dans la région comprise entre la crête des Aravis et la prolongation méridionale du massif des Aiguilles- Rouges, le Lias est développé, par contre, avec le faciès dauphinois. Ce fait seul suffit à écarter l'hypothèse d’un grand pli couché, dont l’anticlinal de Mégève serait la racine et dont les massifs isolés des Annes et de Sulens représenteraient deux témoins, sous forme de lambeaux de recouvrement, supportés par le Flysch. Je ne crois pas davantage devoir admettre, comme le fait M. Schardt, que les Annes et la montagne de Sulens sont des parties des « Préalpes » qui auraient crevé un manteau de couches à faciès des « Hautes-Alpes », refoulé sur les & Préalpes ». Les limites de faciès n’ont pas été nécessairement les mêmes à l’époque du Lias et à l'époque du Néocomien. Rien ne s’oppose à ce que l’on considère les deux massifs isolés, ainsi que leur manteau éocène et crétacé, comme en place. Si l’on suppose que leur emplacement correspond à une bande qui aurait subi des plissements anténummulitiques, les discor- dances signalées par Maillard s'expliquent facilement, et l’on comprendra en même temps que cet emplacement constituant, par suite de ces plisse- ments, un point faible de l'écorce terrestre, ait été le siège de dislocations considérables après le dépôt du Flysch, dislocations suffisantes pour expli- quer comment le Lias a pu crever sa couverture éocène. CLXXXVII. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1892 ces anticlinaux se continue par les plis des environs de Samoëns, après avoir disparu sousle Flysch. Je me range entièrement à cette manière de voir, mais il me semble que l’on doit raccorder l’anti- clinal du rocher de Cluses à celui du Tuet et des Dents Blanches, celui de Leschaux au Bossetan, tandis que l’anticlinal de Cham- péry pourra correspondre à celui de Parmelan-Brizon. Enfin, les chevauchements de la grotte de Balme me paraissent constituer la continuation du pli du Criou et de Couarra. Tous les plis que je viens de passer en revue sont, sans exception, déjetés vers le nord-ouest ou vers le nord. Si maintenant on exa- mine les dislocations situées en avant de celles du Faucigny et du Genevois, c’est-à-dire les plis les plus internes de la zone du Cha- blais, l’on s'aperçoit que ces plis sont déversés en sens inverse : vers le sud, au Môle et à la pointe d’Orclex ; vers le sud-est, au col de Couz (1). Les deux régions sont séparées par une bande conti- nue de Flysch. L'existence de ces deux systèmes de plis se faisant face et déver- sés en sens inverse rappelle d’une manière frappante le double pli de Glaris. Je ne crois pas qu'il y ait là une simple coïncidence for- tuite. Les plis de la dent de Morcles et de la Dent du Midi ont été depuis longtemps considérés comme la continuation occidentale du pli méridional de Glaris. Quant au pli septentrional, il peut s'expliquer, aussi bien que les plis internes du Chablais, par une « Rückfaltung ». Dans le cas du Chablais, M. Lugeon attribue la formation des plis à rebours à la présence du massif résistant des Gets et je suis arrivé de mon côté à la même manière de voir. Je suis disposé d’autre part à considérer la « Rückfaltung » du pli septentrional de Glaris comme la conséquence de l'existence d’un massif résistant analogue à celui des Gets, qui ne serait autre que la chaîne vindélicienne de M. Gümbel, en faveur de laquelle mili- tent d’ailleurs de nombreuses raisons d'ordre stratigraphique. Au sud de l’Arve, l’on n’observe plus aucune «Rückfaltung » en face des chaînes qui sont sur le prolongement des plis de la Dent du Midi. Le Plateau Central est évidemment trop éloigné des Alpes pour avoir pu jouer le rôle d’un massif résistant contre lequel seraient venus se former des plis déversés en arrière. Par contre, l’on retrouve dans le Dauphiné, et plus au sud, d'importantes dislocations que l’on peut homologuer au pli méri- dional de Glaris et aux plis de la Dent du Midi. Elles sont situées (1) D’après des observations encore inédites de M. Lugeon, pour la pointe d’Orchex et le col de Couz, et de M. Marcel Bertrand, pour le Môle. PAR halte haine ce mt SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1892 CLXXX VIIT sur une ligne qui relie le massif cristallin du Pelvoux à celui des Alpes Maritimes; M. Kilian et moi en avons abordé récemment l’é- tude (1). C’est ainsi que, depuis la ligne du Rhin jusqu'aux Alpes-Mari- times, c’est-à-dire sur presque toute la longueur des Alpes occiden- tales, la limite entre la première zone alpine de Lory ou zone du Mont-Blanc et la zone des chaînes subalpines de Lory (Hautes-Alpes calcaires des géologues suisses) est marquée, d’une manière à peu près continue, par la présence de vastes plis couchés déversés vers le bord externe des Alpes. M. Marcel Bertrand fait quelques réserves au sujet du raccor- dement de la région si bien étudiée par M. Haug avec les régions voisines. Il lui semble, malgré les explications précédentes, bien difficile de comprendre comment on passe des coupes de la Dent du Midi à celles de la région française. Un grand pii couché se trouve remplacé par une série plissée de plis presque droits; la chose en elle-même peut bien se concevoir ; mais si l’on essaie de se figurer, pour ce grand pli couché, le tracé (masqué en profondeur) de la charnière synclinale des couches tertiaires, on trouve que ce tracé serait très oblique sur la direction des plis observables à la surface, et que cette dernière à direction aberrante viendrait, du côté de l’ouest, reparaître au jour, sans amener même une légère déviation dans les contours du Crétacéet du Tertiaire. M.Haug sembleinvoquer une faille qui mettrait en contact le Jurassique superposé au Num- mulitique et le Jurassique en position normale. Ce serait là un acci- dent énorme qui aurait laissé d’autres traces dans la région que le petit décrochement signalé par M. Haug. M. Bertrand ne croit pas davantage qu’il soit possible de raccorder les plis de la rive droite de l’Arve (massif du Môle) avec le pli qui, au sud-est du massif du Chablais, se montrerait couché vers l’axe central de la chaîne, en sens inverse du pli de la Dent du Midi. Il faudrait admettre qu’un faisceau de plis, qu’on suit régulièrement, depuis le lac des Quatre Cantons et le lac de Thun jusqu’au lac de Genève et à l’Arve, se détourne là de 180c pour revenir en sens inverse, parallèlement au parcours primitif; et cela, non pas par suite d’une déviation temporaire, mais d’une manière permanente et définitive. Ce seraient non plus seulement les couches dans les coupes, mais les plis en plan qui se trouveraient repliés sur eux- mêmes et « gedoppelt ». C’est une idée bien opposée à tout ce que (1) Voir plus haut, séance du 5 Déc., Correspondance. CLXXXIX SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1892 l'observation nous a appris Jusqu'ici sur le mode de propagation des plis. En ce qui regarde le Môle d’ailleurs, M. Bertrand se réserve de revenir sur la question, et il croit qu’on peut démontrer péremptoirement qu’il n’en est pas ainsi; quant aux plis de la rive gauche de l’Arve, déjà raccordés hypothétiquement par Maillard avec ceux de Bostan et des Dents-Blanches, M. Bertrand convient qu'on ne peut pas être aussi affirmatif, mais ce raccord lui semble prêter à de sérieuses objections qu’il compte prochainement déve- lopper. M. Michel Lévy cherche à résumer en quelques mots les hypothèses que ses éminents collaborateurs commencent à émettre pour expliquer les faits si intéressants que présente la tectonique de la feuille d'Annecy; dans la région étudiée par MM. Marcel Ber- trand et Haug, région qui borde celle où MM. Renevier, Jaccard et Lugeon ont porté leurs efforts, il faut tenir le plus grand compte des travaux laissés par le regretté Maillard. Comme lui et comme M. Haug, M. Michel Lévy pense que les plis de la Dent du Midi, et surtout ceux des Dents Blanches, peuvent être raccordés à ceux du Genevois, jusqu’au lac d'Annecy. Quant à ceux du Chablais, ils paraissent réellement tourner autour du massif des Gets. Ils pré- sentent sans doute une « Schaarung » ; seulement ce rebroussement doit se faire au-delà du col de Couz et ne fait pas obstacle aux phénomènes de «Rückfaltung » dont ont parlé MM. Lugeon et Haug, Il paraît plausible que leur prolongation au sud de la vallée du Gifire et de celle de l’Arve est cachée au-dessous des plis à faciès alpin du Genevois; la réapparition du faciès chablaisien aux Annes et à Sulens, semble être une confirmation de cette idée. En tout cas, les hypothèses peuvent être modifiées; quant aux faits, M. Michel Lévy peut témoigner qu’ils ont été aussi exacte- ment que possible constatés sur le terrain par ses collaborateurs. M. G. Dollfus fait au nom de M. Ed. Lippmann et au sien une communication sur un sondage exécuté à Dives (Calvados) (1). Dans ce sondage entrepris près de l'embouchure de la Dive, on a rencontré successivement les terrains suivants: 1° Des dépôts quaternaires de 870 de puissance et comprenant, du sommet à la base, une terre végétale sableuse, des sables marins indiquant un affaissement du sol lors du Pleistocène moyen, et un lit de gros cailloux et de sables fluviatiles. (1) Une étude plus détaillée paraîtra dans les Notes et Mémoires. à ÉD Ent éme à PR ee 5 Fos SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1892 EXC 20 Une masse puissante (106 mètres) de marnes grises, sembla- bles à celles qui sont visibles dans la falaise près de Dives, et dans lesquelles on a trouvé à divers niveaux quelques débris d’Ostrea et de Térébratules qui suffisent à prouver que toutes -ces marnes appartiennent au Callovien. 3° Des calcaires bathoniens durs (45 mètres), parfois oolithiques, avec nombreux fragments de Bryozoaires, surmontant les couches marneuses du Fullers’earth (33 mètres). 40 Un calcaire bajocien (10 mètres), gris bleuâtre, pétri de débris de Crinoïdes reposant sur le Zias. 50 Les marnes du Lias supérieur (11 mètres) avec Am. Levisom, Am. communis, etc.; à leur base ces marnes se chargent de fragments de schistes primaires et passent à une argile limoneuse rouge ayant l’apparence d’un produit d’altération de la surface des roches silu- riennes sous-jacentes. 6° Une masse stratifiée, quartzo-schisteuse, présentant au point de vue pétrographique une très grande ressemblance avec les bandes schisteuses de l'étage des grès de May. La mâlière si développée en Normandie, le Lias moyen et infé- rieur, le Trias, le Permien et le Houiller n’ont pas été rencontrés dans ce sondage. On retrouve ainsi à Dives une crête silurienne avancée dans la mer jurassique ; cette crête divisait le Calvados en deux bassins distincts, le bassin de Bayeux à l’ouest, le bassin de Lisieux à l’est. M. M. Bertrand fait remarquer que, d’après les tracés qu’il a pré- cédemment montrés à la société, Dives se trouverait à peu près sur le parcours du pli anticlinal de la vallée de la Seine (axe de Beynes de M. Dollfus). L'absence du Lias inférieur et du Trias n'aurait donc rien d’inattendu. Quant à la présence du grès de May au fond du sondage, elle ne peut autoriser à imaginer une barrière transversale qui réunirait ce pointement à ceux du sud de Caen : si le bassin de Littry, auquel M. Dollfus a fait allusion, correspond, comme il est naturel de le penser, à un pli synclinal, les résultats du sondage nouveau doi- vent seulement nous faire conclure, conformément d’ailleurs à toutes les autres données, que la prolongation de ce synclinal passe au sud de Dives. M. G. Dolifus répond que la distance entre Dives et Caen est bien faible pour y placer un synclinal qui n’est pas apparent dans CxXCI SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1892 les couches jJurassiques. Il continue à croire que le synclinal de Nonancourt passe au large et le long de la côte du Calvados. MM. Mathieu Mieg, Bleicher et Fliche envoient une note complémentaire sur le Tertiaire de Roppentzwiller (Alsace) et de Klein- kembs (grand duché de Bade) (1). Il leur a été possible de constater le passage latéral du calcaire à fossiles terrestres de Roppentzwiller à un calcaire à fossiles lacus- tres, et de reconnaître leur superposition bien évidente au grès tongrien. Ces fossiles eux-mêmes, déterminés depuis peu par M. le professeur Sandberger, de Wurzbourg, sont : Helix sublenticula, H. rugulosa, H. Ramondi, H. osculum, Cionella lubricella, Cyclostoma antiquum, Planorbis declivis, tous caractéristiques du calcaire ter- restre de Hochheim, Ehingen, Agen, etc. Is classent les calcaires à fossiles terrestres et lacustres de Roppentzwiller dans le Miocène inférieur {système allemand) au niveau — ou un peu au-dessus — du calcaire supérieur de Beauce. La seconde partie de la note comprend une description du gise- ment à insectes, plantes, Paralates, plumes d’oiseaux du Rüss- graben à Kleinkembs et des renseignements complémentaires sur l'horizon supérieur de Kleinkembs. D’après de nouvelles recherches etles déterminations du professeur Sandberger, l’espèce d’Helix des calcaires lacustres du Barbrunnen qui caractérise cet horizon, n’est pas Helix deflexa Al. Braun var. y minor, mais Helix Zippei Reuss, du Miocène inférieur de la Bohème. A côté d’Helir Zippei se sont rencontrés de rares exemplaires d'Helix attribuables à Helir lepida Reuss, du Miocène inférieur de la Bohème, Hochheim, etc. L'horizon supérieur avec calcaire lacustre de Kleinkembs appartient donc au Miocène inférieur ; il est sans analogie avec les dépôts oli- gocènes du lac sundgovien. M. Toucas envoie la communication suivante : La présence de l’Actinocamax quadratus, que MM. Roussel et de Grossouvre viennent de signaler (2) dans le Sénonien des Corbières, confirme d’une manière éclatante l'existence dans cette région du Campanien marin ou Sénonien supérieur, révoquée encore en doute par certains géologues malgré les nombreuses preuves paléontolo- giques et stratigraphiques que j'avais apportées à l’appui de cette thèse. L’assimilation de certaines assises du Sénonien des Corbières (1) Cette note paraïlra in-extenso dans les Notes et Mémoires. (2) C. R. Ac. Sc., séance du 21 novembre 1892. € duc dé en til, nm btiit EE ROLE A a DT TT ce ee L D SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1892 CXCII avec la zone à Bélemnitelles du bassin de Paris est donc un fait aujourd’hui bien établi, et j'ai tout lieu d’espérer que M. Carez reviendra sur l’avis qu’il a émis dernièrement sur cette question, et qu'il reconnaîtra la véracité des faits signalés par ceux qui ont recueilli les premières Bélemnitelles dans les Corbières. Cette découverte de l’Actinocamax quadratus dans les marnes bleues de Saint-Louis, intercalées entre les marnes à Micraster brevis etles calcaires à Hippurites dilatatus, a une importance d’autant plus grande qu’elle permet de fixer d’une manière positive l’âge de ces couches à Hippurites. Reportons-nous, en effet, à la coupe des environs de Saint-Louis publiée par M. de Grossouvre. Cette coupe présente la succession suivante, en allant de haut en bas et du Sud au Nord : 1° Grès et marnes avec Orbitolines et Caprines. 20 Marnes sans fossiles. 30 Marnes à Micraster brevis. 4° Marnes à Actinocamax Toucasi. 50 Grès et conglomérats à Hippurites bioculatus et Hipp. dilatatus. 69 Marnes bleues à Actinocamar Toucasi et Actinoc. quadratus. 7° Calcaires marneux à Micraster brevis. M. de Grossouvre est d'avis qu’on se trouve là en présence d’une série renversée avec récurrence des couches à Micraster brevis et il en conclut que l’assise 6 à Actinocamax Toucasi et Act. quadratus est seule campanienne. Je ne crois pas que cette interprétation soit la vraie. La place qu’occupent dans cette coupe les couches à Hippu- rites entre deux assises consécutives, absolument identiques, de marnes à Actinocamax Toucasi et de marnes à Micraster brevis, prouve plutôt que l’ensemble de ces couches forme dans le bassin de Saint-Louis un pli synclinal dont l’assise supérieure à Hippurites bioculatus et Hipp. dilatatus, repliée sur elle-même, repose à droite et à gauche sur les marnes à Actinocamax Toucasi que supportent à leur tour des deux côtés les marnes à Micraster brevis; de sorte qu’au lieu d’avoir une récurrence de l’Actinocamax Toucasi et du Micraster brevis, la succession précédente serait tout simplement le résultat d’un pli synclinal présentant, au sud comme au nord des couches à Hippurites, l'ordre normal des assises telles qu’on les rencontre partout dans les Corbières. Cette manière d'interpréter la coupe de Saint-Louis me parait d'autant plus évidente que, si on emprunte à la coupe que M. Roussel a donnée de cette mème localité la suite vers le nord des assises précédentes de M. de Grossouvre, on retrouve de ce côté la série CXCIII SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1892 descendante des couches, y compris la zone à Orbitolines du Céno- manien, et on remarque que le pli synelinal du bassin de St-Louis fait d’ailleurs suite à une série de plis synclinaux et anticlinaux bien indiqués par M. Roussel. Enfin il importe également de rappeler que Te Micraster brevis, si commun dans les couches inférieures aux calcaires à Hippurites dilatatus, n’a jamais été rencontré dans les bancs à Hippurites et dans les couches supérieures de Sougraigne et du Moulin Tiffou. Nous devons donc admettre dans Ia coupe de St-Louis l'existence d’un synclinal dont l’axe serait occupé par les couches n° 5 à Hippurites bioculatus el Hipp. dilatatus. I en résulte que ces der- nières assises sont tout au moins intercalées au milieu des marnes campaniennes à Actinocamax et que, dans tous les cas, elles ne leur sont pas inférieures. On peut donc en conclure que cette zone à Hippurites des Corbières appartient bien au Campanien ou Séno- nien supérieur et qu’elle correspond, comme j'ai eu l'honneur de le démontrer il y a plus de dix ans, à la base de la zone {à Bélem- nitelles du bassin de Paris. NOTES & MÉMOIRES NOTES & MÉMOIRES présentés dans les Séances DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE ÉTAGE MIOCÈNE ET VALEUR STRATIGRAPHIQUE DE L’OSTREA CRASSISSIM A AU SUD DE L'ALGÉRIE ET DE LA TUNISIE (1), par M. Philippe THOMAS. A l'inverse de la mer éocène, qui a laissé ses plus importants dépôts dans le sud-est de nos possessions barbaresques, c’est au nord-ouest de celles-ci qu’il faut chercher les sédiments les plus importants, en puissance comme en étendue, des mers miocène et pliocène. Mais l’équilibre des divers bassins maritimes de ces der- nières époques fut tellement instable et troublé, qu'il est fort diffi- cile aujourd’hui d'en tracer les limites exactes. Il est même impossible, dans certaines régions, surtout celles du sud, de dire exactement jusqu'où pénétrèrent les eaux des mers tertiaires; le seul point sur lequel les géologues algériens sont d'accord, c'est que la mer miocène ne pénétra jamais dans le Sahara. Coquand, Ville, Pomel, Peron, Tissot, etc., sont unanimes pour reconnaitre que, du côté sud, cette mer s’arrêta au seuil du Sahara actuel et que, même dans la région des Hauts-Plateaux, elle n’a laissé d’autres traces que quelques rares lambeaux de sédiments le plus souvent détritiques, d'autant plus disséminés et moins impor- tants que l’on se rapproche davantage des limites méridionales et orientales des Hauts-Plateaux algériens. Ce fait, j’ai pu le vérifier moi-même naguère, dans la région sud des Hauts-Plateaux tuni- siens. En Algérie, il vient d’être de nouveau mis en lumière et affirmé dans le très important ouvrage de M. Pomel intitulé : Des- (1) Communication faite dans la séance du 22 juin 1891. Manuscrit remanié parvenu au Secrétariat le 14 Janvier 1892. XX 4 4 P. THOMAS. — ÉTAGE MIOCÈNE ET VALEUR STRATIGRAPHIQUE 90 Juin eription stratigraphique générale de l'Algérie; à la page 160, ce savant géologue s'exprime ainsi : « Il est plus difficile de reconstituer les limites du bassin où se » sont déposées les marnes à Ostrea crassissima de la Numidie. Ici » les dénudations paraissent avoir acquis leur maximum d'intensité » et les témoins de l’ancienne extension font souvent défaut. On » peut reconnaître toutefois que ce bassin, tout en se rapprochant » beaucoup de la région qui devait devenir saharienne, n’y à » cependant point pénétré. C’est à la fin de cette période de sédi- » mentation que la région barbaresque et plus spécialement » l'Algérie, a subi les plus grandes modifications dans son relief et » dans les limites de ses terres émergées, de telle sorte que les » eaux marines n'y ont plus occupé que des zones étroites, paral- » lèles au rivage actuel. » Mais, si la mer miocène n’a laissé que de rares et faibles traces de son extension dans le sud et surtout le sud-est de nos colonies, en revanche elle a constitué dans le nord-ouest de celles-ci, prin- cipalement dans le Tell des départements d’Alger et d'Oran, des dépôts tellement puissants et variés qu'il a été possible à M. Pomel d’y créer trois grandes coupes,semblant correspondre à des périodes différentes de cette puissante sédimentation : l’une, intermédiaire aux sous-étages tongrien et helvétien d'Europe (Cartennien de Pomel); la seconde correspondant à l’Helvétien de Mayer, mais plus étendue ; enfin, une dernière, sans aucune correspondance avec nos sous-étages européens, formant une sorte de groupe mio-pliocène «à cheval » sur l’une et l’autre époque, période à laquelle M. Pomel a donné le nom de Sahélien (1). | Dans le sud-est de nos possessions, au contraire, rien de tout cela ne se voit et c’est le seul étage helvétien qui se montre d’une façon distincte, partout discordant au-dessus des divers étages de la craie, comme au-dessus des marnes et des calcaires plus ou moins gréseux de l'Eocène inférieur. Et encore n'est-ce ici, le plus souvent, qu'un Helvétien réduit à des lambeaux de marnes et de mollasses accrochés aux pendages de l’Atlas et où l’on ne rencontre, le plus souvent, d’autre fossile caractéristique que l’Ostrea crassis- sima Lamk. Dans beaucoup de cas, ce fossile lui-même manque dans les sédiments plus ou moins détritiques de cette formation du sud algérien et tunisien et, lorsqu'on l'y rencontre, c’est le plus souvent dans des conditions toutes différentes de celles où nous (1) Géolog. du massif de Milianah, 1872, p. 71, et Descript. stratigr. gén. de l’Algérie, p. 162. ns" in Lu PE x SO SN NN EN 1892 DE L'OSTREA CRASSISSIMA AU SUD DE L'ALGÉRIE ET DE LA TUNISIE D) sommes accoutumés à le voir, tant dans le nord-ouest de PAlgérie qu'en Europe où, comme on le sait, il forme des banes puissants, réculiers, et se présente presque toujours avec ses valves intactes et encore juxtaposées. Ici, au contraire, c’est presque toujours à l’état de valves isolées et frustes, souvent recouvertes de Balanes sur leurs deux faces, que nous le rencontrons; ou bien, en petites agolomérations irrégulières etchaotiques, dans lesquelles les valves sont toutes plus ou moins brisées et roulées. Ce fait d'observation, corroboré par la constitution et l’origine manifestement détritiques de la plupart des sédiments miocènes du sud-est, témoigne que ceux-ci se sont déposés dans une mer peu profonde, violemment agitée et à rivages très indécis, c'est-à- dire dans les conditions les moins propices au développement des Mollusques en général et des Ostracés en particulier. Aussi, ne me paraît-il pas douteux que ces sédiments correspondent à une phase toute spéciale d’activité orogénique ayant manifestement débuté, dans cette région, dès le milieu de l’époque éocène et paraissant s'être lentement propagée dans la direction du nord-ouest. On constate, en effet, dans cette région du sud-est, une grande lacune entre les dépôts de la mer suessonienne et ceux de la mer helvé- tienne tels que je viens de les définir, et il est plus que probable que cette lacune correspond à une phase d’émersion totale, dont le retour de la mer helvétienne aura effacé toutes les traces, sauf peut-être celles des vallées d'El Kantara et de l’oued Abdi, dans l’Aurès, où M. Pomel a cru trouver un représentant continental de son sous-étage cartennien (1). Il est vrai qu'il est, en cela, en désaccord avec Tissot, lequel veut voir dans ces derniers dépôts continentaux un atterrissement éocène, qu'il parallélise avec son sous-étage nummulitique ou ligurien du nord du département de Constantine, pour ce motif que « cette formation lacustre d'El » Kantara serait essentiellement comprise entre la formation » marine suessonienne et la formation marine miocène à Pecten » numidus (2)... » | Mais il est bon de faire remarquer de suite, en ce qui concerne cette dernière attribution paléontologique, qu'elle n’a rien d'assez significatif, ni d'assez précis, pour autoriser une conclusion au sujet de la véritable position stratigraphique de l’atterrissement qui nous occupe. Ce soi-disant Pecten numidus caractériserait, d’après Tissot, « un étage marno-gréseux avec calcaires subor- (4) Loc. cit., p. 141. (2) Texte explic. de la Carte géol. du départ. de Constantine, 1881, p. 79. GP. THOMAS. — ÉTAGE MIOCÈNE ET VALEUR STRATIGRAPHIQUE 90 Juin » donnés, où on rencontre de grosses Huitres distinctes de l’Ostrea » crassissima, le Pecten numidus, des Clypeaster et de nombreux » Foraminifères hélicostègues faciles à distinguer des Nummulites » des étages précédents (1)... » Or, Pecten numidus est une espèce créée par Coquand, qui dit l’avoir recueillie dans les couches urgoniennes du Bou-Arif, du Fedjouje et de Khenchela ; il la définit comme suit : « Coquille ovale, presque ronde, déprimée, équivalve, » ornée d'environ vingt côtes régulières, plates, épaisses, séparées » par des sillons d'égale dimension... comparable au Pecten asper » Lamk, mais s’en distinguant par la non-division de ses côtes, » lesquelles portent néanmoins de très fines stries longitudinales, » toutes ornées à égale distance de petites lames imbriquées très » rapprochées (2)... » Il est possible qu’il y ait, dans le Miocène de ces régions, quelque type de Pecten répondant plus ou moins à ce signalement et pouvant justifier jusqu’à un certain point la confusion de Tissot. Mais, en attendant qu'on le fasse connaître, je ne puis m'empêcher de remarquer que cette diagnose, ainsi que la figure qui l’accom- pagne, rappellent à beaucoup d’égards une espèce de l’étage suesso- nien supérieur de Tunisie, découverte par moi, et que M. Locard, mon savant collaborateur, a identifiée au Pecten subtripartitus d’Archiac, des dépôts nummulitiques des Pyrénées (3). C’est sur- tout de la variété 6 de ce Pecten, distinguée par M. Locard parmi les nombreux spécimens que j’ai recueillis en Tunisie aux djebels Chérichira et Nasser-Allah, dans les grès ferrugineux à Euspatagqus, Echinolampas et Schizaster, etc., que me semble devoir le plus se rapprocher le P. numidus de Coquand. M. Locard assigne à cette variété « des côtes non divisées par des costulations secon- daires » (4), ce qui est aussi le cas du P. numidus Coq. Ce qui m'a amené à faire ce rapprochement assez inattendu, c’est la comparaison que j'ai pu faire de mes spécimens de Tunisie avec quelques valves de Peignes presque identiques, que j'ai autrefois recueillies moi-même dans les mêmes localités de l’Aurès que cite Tissot. Bien que ces dernières ne soient pas absolument identiques à celles de Tunisie, dont elles diffèrent notamment par le nombre un peu moindre de leurs côtes ainsi que par quelques détails d’ornementation d’ailleurs insignifiants, on comprend néanmoins (1) Loc. cit., p. 80. (2) Géol. et paléont. sud prov. Constantine. 1862, p. 218, et atlas, pl. XIT, fig. 4. (3) D'Archiac, Mém. Soc. Géol. France, 2: sér. IL, pl. 12, fig. 14 à 16. (4) Descript. mollus. foss. tertiaire infér&eur recueillis par Ph. Thomas en Tunisie, Mission Imp. Nat. 1889, p. 52 et pl. X, fig. 4. Re Re de et 1892 DE L’'OSTREA CRASSISSIMA AU SUD DE L'ALGÉRIE ET DE LA TUNISIE 7 très bien qu’un observateur mème attentif puisse, à première vue, les confondre. Je ve vois même rien qui puisse empêcher de les considérer comme de simples variétés d’un seul et même lype spé- cifique. Il en est de même si on les compare à la figure et à la description que donne Coquand de son Pecten numidus urgonien : les différences paraissent insignifiantes.Ainsis’expliqueraitla confu- sion commise par Tissot, lorsqu'il donna à un fossile qu’il considère comme caractéristique de son étage miocène des hauts-plateaux algériens, le nom d’une espèce que Coquand donne comme spéciale à l’étage urgonien des mêmes régions. En revanche, Tissot fut mieux inspiré lorsqu'il distingua de l’Ostrea crassissima typique de l’Helvétien du nord-algérien, la forme très voisine que recèlent les couches soi-disant miocènes dans lesquelles il dit l’avoir recueillie dans le sud, en compagnie de Pecten numidus et autres fossiles non moins douteux. J’avoue avoir été à cet égard moins clairvoyant que Tissot lorsque, en 1878, je visitai ces mêmes régions.Je me souviens très bien avoir rencontré alors, dans les mêmes couches recélant les valves dont il vient d’être question, d'énormes spécimens de cette grosse huître, si voisine de l’Ostreacrassissima que je ne sus pas alors l’en distinguer, bien qu’elle semble en différer par quelques caractères assez constants. Aussi me paraît-il aujourd’hui probable, sinon certain, que la grosse huître de Tissot, compagne constante de son Pecten numidus, n’est autre que celle que mes collègues de mission MM. G. Rolland et le Mesle ainsi que moi, avons rencontrée dans l’étagesuessonien supé- rieur des Hauts-Plateaux tunisiens, où elle se trouve également asso- ciée à une riche faune d’Echinides, de Peignes strigillés et de Forami- nifères hélicostègues qui ne sont autre chose que des Nummulites. Mais alors, l’Huiître algérienne soi-disant miocène serait donc suessonienne, aussi bien que le pseudo Pecten numidus et les Fora- minifères qui, d’après Tissot, l’accompagnent ?... Je n’ai point la prétention de trancher cette question délicate, et c’est simplement un point d'interrogation que je pose ici. Je veux me borner, pour le moment, à l'énoncé impartial des faits, tels qu’ils sont parvenus à ma connaissance. L'Huitre suessonienne, voisine d'Ostrea crassissima, a été tout d’abord observée en 1885 au Kef, en Tunisie, par M. G. Rolland, puis quelques mois plus tard par moi-même dans cette même localité. Elle y occupe un gisement très restreint, un simple lam- beau marno-calcaire superposé aux grands calcaires nummulitiques du Dir-el-Kef; la situation de ce lambeau superposé à un étage éocène bien développé et bien défini, aussi bien que le faciès de S P. THOMAS. — ÉTAGE MIOCÈNE ET VALEUR STRATIGRAPHIQUE 90 Juin cette Huître, sont tels que tout d’abord M. Rolland et moi, puis plus tard M. le Mesle, n’avons pas hésité un seul instant à les con- sidérer comme miocènes. Puis vint M. Pomel qui, au sujet de cette Huître et de son gisement, s’exprima ainsi : «... Je serais tenté de l'identifier avec cette espèce (l'O. crassis- » sima), mais je dois avouer que je n’ai pas eu le temps d'en » examiner un assez grand nombre de sujets pour me prononcer » sans réserve à cet égard. En tous cas, si c’est l’O. crassissima, » l’étage helvétien ne serait ici constitué que virtuellement par ce » fossile, car après avoir distrait du terrain de la surface ce qui est » incontestablement nummulitique, je ne trouve pas à lui attribuer » une épaisseur sensible de strate... » (1). C’est donc M. Pomel qui, le premier, a reconnu l’âge suessonien de cette Huître si voi- sine d’O. crassissima, qu’il n’ose se prononcer sur leur séparation ou sur leur identification. C’est que M. Pomel venait de visiter les gisements phosphatés suessoniens des environs de Souk-Ahras (Algérie), dans lesquels cette Huître n’est pas rare et dont on ne saurait, dans cette région, méconnaître l’origine véritable. Vers la même époque (1888), l'exploration du massif central de la Tunisie entre le Kef et Kairouan par M. le Mesle, leva tous les doutes au sujet de la véritable place occupée par la pseudo crassis- sima du Kef. Ce savant explorateur, en effet, retrouva cette Huître bien en place dans l’étage suessonien supérieur, sur de nombreux points de ce massif, notamment sur le versant nord du djebel Trozza dont il a donné ici-même une belle coupe (2). Enfin, plus récemment encore, j'ai eu la chance de trouver un très bon exemplaire de cette grande Huitre suessonienne dans un envoi de fossiles qui m'était fait par M. Wetterlé, de Souk-Ahras, fossiles provenant tous des marnes supérieures à Nummulites libres du djebel Dekma et parmi lesquels se trouvaient quelques valves d’Ostrea multicostata, var. strictiplicata Raul. et Delb. ou Bogharensis Nicaise. Cet exemplaire avait encore ses deux valves solidement juxtaposées, et sa bonne conservation m'a permis de me convain- cre, par des comparaisons directes, qu’il ne différait en rien de la grande Huitre suessonienne du centre de la Tunisie. A mon humble avis, cette Huître offre de telles affinités avec l’Huitre helvétienne à laquelle Lamarck a donné le nom d'O. cras- sissima, qu’elle me semble devoir être considérée comme sa forme (1) Descript. strat, gén. de l'Algérie, p. 120. (2) Géolog. de la Tunisie centrale. — Bull, Soc. Géol. Fr., 3 sér., t. XVIIL, p. 213 à 218. 1892 DE L'OSTREA CRASSISSIMA AU SUD DE L'ALGÉRIE ET DE LA TUNISIE 9 ancestrale au même titre, sans doute, que cette autre grande Huître du Nummulitique sous-pyrénéen qu’elle rappelle sous tant de rapports, à laquelle Dubois a donné le nom d'Ostrea gigantea et que Leymerie a vue dans un grand nombre de gites, en compagnie d’Euspatagus ornatus Defr. et de Conoclypus conoideus Ag. (L). Quoiqu'il en soit, l’'Huître suessonienne de Tunisie ne diffère de l'O. crassissima que par les quelques caractères d'ordre très secon- daire ci-après : — 1° Valves supérieure et inférieure un peu plus plates sur leurs faces et sur leurs bords, plus triangulaires, ornées de zones d’accroissement moins nombreuses, un peu plus espacées et un peu plus régulières ; — 2° Talon un peu plus court, creusé dans la valve inférieure d’un canal un peu moins profond, plus conique, à bourrelets latéraux un peu moins saillants. Il est, comme on le voit, facile de s’y tromper. * * * Voyons cependant si les renseignements stratigraphiques que nous possédons sur la formation miocène du sud de l’Algérie, sont de nature à nous aider à éclaireir cet imbroglio paléontologique. Là encore, malheureusement, règne une grande incertitude. Les pre- miers renseignements sont ceux donnés par Fournel (2), lequel a découvert le célèbre gisement miocène à O. crassissima typique du Hammam, au nord d'El Outaïa, près Biskra. Puis vint Coquand qui, après avoir décrit la formation miocène du nord de la province de Constantine (3), fit connaître un peu plus tard ses observations sur le sud de cette même province et déclara que, en dehors du Hammam d'El Outaïa signalé par Fournel, il n’avait plus ren- contré dans tout le sud de la province de Constantine, « depuis » la chaîne du Chepka (sur la limite du Tell et des Hauts-Plateaux) » jusqu’à la Tunisie et depuis la Tunisie jusqu’au Désert, rien qui » püt être rapporté à l’horizon de l’Ostrea crassissima Lamk (4). » Mais, beaucoup plus tard, l’ingénieur des Mines Tissot nous apprend qu’il existe, dans ces dernières régions, plusieurs autres témoins de l’époque miocène, notamment ceux des environs de Batna et de Khenchela et ceux de la région de Mdoukal, large trouée de l’Atlas saharien qui fait communiquer la plaine d'El Outaïa avec le bassin du Hodna. Ce dernier observateur dit avoir (1) Elém. de minér. et de géol., 1866, p. 711 et 722. (2) Richesse minér. de l'Algérie, 1849. (3) Mém. Soc. Géol. de Fr., 2° série, t. V, 1854. (4) Géol. et Paléont, Sud prov. de Constantine, 1862, p. 145. 10 P. THOMAS. — ÉTAGE MIOCÈNE ET VALEUR STRATIGRAPHIQUE 930 Juin rencontré plusieurs de ces témoins « dans la plupart des vallées » et des combes qui accidentent le massif de l’Aurès; mais » que, chose remarquable, on ne les retrouve pas du tout au » pied sud de l’Aurès, ni au pied sud de la chaîne du Bou-Khaïl » qui vient se rattacher aux derniers contreforts de l’Aurès, » près de Biskra, pas plus qu’au sud de ces deux régions (1)...»En même temps Tissot distinguait, dans ces dépôts miocènes du sud, deux niveaux différents : 4° un niveau supérieur m,, essentielle- ment marneux, renfermant l’O. crassissima typique et bien déve- loppé dans les environs de Batna, notamment dans la vallée de Fesdis « où un sondage de 150 mètres l’a traversé », ainsi que près du Hammam, au nord d'El Outaïa; 2° un niveau inférieur m,, essentiellement gréseux, lequel renfermerait la riche faune d’Echinides, le Pecten numidus et la grande Huître « voisine, mais » différente de l’O. crassissima », dont il a été question plus haut. Selon Tissot, enfin, ce dernier niveau serait « de beaucoup le plus » étendu des sous-étages miocènes... et se rencontrerait à la base » de tous les gisements figurés sur sa carte... à l’exception de » ceux de la région de Milah (Tell de Constantine), dans lesquels » les marnes à O. crassissima reposent directement sur le terrain » suessonien. » Ce niveau miocène inférieur et gréseux à O. afi. crassissima serait donc, « jusqu’à nouvel ordre, spécial au pied nord » de l’Aurès, entre Batna et Khenchela (2)... » On le voit, ces renseignements stratigraphiques ne sont pas bien clairs ; ils paraissent même tout aussi obscurs que l’imbroglio pa- léontologique à Pecten numidus, Ostrea aff. crassissima, Clypeaster et Foraminifères hélicostègues..Il y a là, bien certainement, quelque erreur de fait qu’il importait de signaler avant d’adopter les con- clusions de Tissot. M. Pomel, cependant, s’est appuyé sur elles pour admettre la possibilité de l’extension de son sous-étage car- tennien dans le sud-est de notre colonie, voire même jusque dans la vallée d'El Kantara, où il se trouverait représenté par cet atterris- sement ancien dont je parlais plus haut et qu’il a été jusqu'ici assez difficile de classer. Je ne puis donc mieux faire, dans ce débat dé- licat, que citer textuellement M. Pomel; on trouvera dans cette citation, à la fois une exposition très nette de la question qui m'oc- cupe et, Jusqu'à un certain point, la justification du doute que j'ai formulé au sujet de la confusion paléontologique et stratigraphique que je crois avoir été faite par Tissot. Ce qui suit est extrait du dernier ouvrage déjà cité de M. Pomel : (1) Texte explicat. de la Carte géol. de l'Algérie, p. 81. (2) Loc cit., p. 81. | 1892 DE L'OSTREA CRASSISSIMA AU SUD DE L'ALGÉRIE ET DE LA TUNISIE 11 € Dans l’est du département de Constantine, Tissot avait marqué comme Miocène inférieur (m,) une formation qui, à la Chebka Sellaoua, au nord de la plaine des Harectas, est constituée par des faisceaux alternants de marnes et de grès contenant, dans ces derniers, des veinules plombeuseset cuivreuses qui ont ‘été explorées sans succès. Pour cet auteur, ce Miocène inférieur est en général formé de marnes rouges passant à des poudingues et à des grès avec des calcaires subordonnés, où on rencontre de grosses huîtres distinctes de l’O. crassissima, Pecten numidus, etc. Cela concorde très bien avec notre Cartennien. Cette formation des Sellaoua se développe en largeur à l’est, puis s’étend jusqu’au- près de Kamiça ( — Khamissa) en s’atténuant. Il semblerait qu’elle se poursuit vers le Degma ( = Dekma) d’après les indica- tions de Tissot; mais nous avons vu qu'il fallait attribuer aw terrain suessonien la majeure partie des lambeaux considérés comme tels (4) du Degma et de Tarja à la smala d’El Guettar, et réduire considérablement les surfaces attribuées au Miocène... Sur le flanc septentrional de l’Aurès, à Lambesse et près de Khenchela, les fossiles recueillis ne laissent aucun doute sur sa présence (du Cartennien)... » (2). D'autre part, M. Pomel considère comme un faciès continental de ce terrain cartennien, les atterrissements des vallées d'El Kantara et de l’Oued Abdi que Tissot plaçait, lui, sur l'horizon de son terrain nummulitique supérieur du Nord : C’est à El Kantara, dans la vallée de l’Oued Biskra — écrit M. Pomel — que se trouve le type le plus développé de ce système de couches. Il comprend à la base des grès grossiers et des poudingues sans fossiles, reposant sur des assises suesso- niennes. Au-dessus viennent des marnes rougeàtres ou blan- châtres contenant des fossiles (lacustres, dit Tissot à tort) terrestres ; car ce sont des hélices, je crois. Une deuxième assise de poudingue couronne le tout vers le télégraphe de Selloum, et n’est pas fossilifère. Ce terrain remonte très haut dans la vallée de l’oued Abdi, où il est suivi et recouvert par un terrain marin miocène à Pecten numidus, dit Tissot, et, par conséquent, proba- blement cartennien (3)... » - Existerait-il donc, dans cette région sud-est de l’Algérie, comme le voulait Tissot et comme l'’admet M. Pomel, deux niveaux miocènes distincts, l’un caractérisé par O0. crassissima, et repré- (1) J'ai souligné intentionnellement ce passage. (2) Descript. strat. gén. de l'Algérie, p. 145-157. (3) Loc. cit. p. 141. 12 P. THOMAS. — ÉTAGE MIOCÈNE ET VALEUR STRATIGRAPHIQUE 30 Juin sentant l'Helvétien classique; l’autre caractérisé par une Huître voisine mais différente d’O. crassissima, par Pecten numidus ou quelque autre type voisin et représentant, pour M. Pomel, son sous-étage cartennien marin? Je.ne saurais, pour ma part, partager cette manière de voir. Tout ce que j'ai vu, au contraire, tant dans le sud-est de l’Algérie qu’en Tunisie, me porte à admettre qu’il n'existe, dans toute cette vaste région, qu’un seul et unique niveau miocène marin, séparé de l'étage suessonien supérieur par une grande lacune correspondant à une phase d’émersion totale et d’érosions profondes, pendant laquelle se seraient constituées les formations terrestres à Helir des vallés d’El Kantara et de l’oued Abdi. Les indices de cette longue émersion ne sont pas, du reste, loca- lisés dans la région orientale de l’Algérie et à la Tunisie. Il semble bien, en effet, que M. Ficheur en a observé une phase dans cette grande vallée langhienne qu’il a récemment décrite ici même (1). Si nous nousavançons plus à l’ouest, jusque dans le département d'Oran, sur la limite des Hauts-Plateaux et du Tell, entre Boghar et Mascara, nous nous trouverons encore en présence d’un seul étage miocène, réduit à une longue etétroite bande parallèle au grand axe méditerranéen, dont tous les caractères sont ceux d'une forma- tion littorale relativement récente qu'aucun lien stratigraphique ne met en contact, sauf sur deux points très restreints, avec les _ formations tertiaires antérieures. C’est un long détroit de la mer miocène, dont les sédiments détritiques se montrent affectés des mille accidents locaux caractéristiques des fonds agités et voisins des rivages; partout ces sédiments reposent en discordance de transgressivité sur les étages jJurassiques et crétacés qui affleu- rent dans ces parages, et les deux seuls petits lambeaux éocènes qu'ils entourent, aux M'fatah dans le sud de Boghar et au Kef Iroud dans le sud de Téniet-el-Had, sont incontestablement sues- soniens. M. Peron dit même de ce dernier qu’il « devait vraisemblablement » former dans la mer miocène un îlot rocheux en grande partie » émergé (2). » D’après la description détaillée donnée récemment ici même, de cette formation miocène de l'Ouest par M. Welsch (3), on voit qu’elle consiste essentiellement en une masse détritique (1) Extens. des atterriss. miocènes de Bordj-Bouira (Alger). Bull. Soc. Géol. Fr., 3%sér., t. XVIII, p. 316. (2) Echinides foss. de l’Algérie, 9° fasc., 1885, p. 19. (3) Bull. Soc. Géol. Fr., 1891, p. M4 et suiv. 1892 DE L'OSTREA CRASSISSIMA AU SUD DE L'ALGÉRIE ET DE LA TUNISIE 13 marno-gréseuse, formée de très nombreuses alternances passant loca- lement de l’une à l’autre et offrant parfois, à sa base, un niveau calcaire coralligène qui représente assez bien,au contact des escarpe- ments rocheux de cet ancien rivage, le trottoir d’algues calciphiles à faune échinitique qui se forme encore actuellement sur les rives rocheuses de la mer voisine (1). Les fossiles sont, comme on pouvait s’y attendre, assez rares dans cette formation ; ce n’est qu’exception- nellement que l’on y rencontre,dans les parties revêtant le faciès mar- neux, quelques valves le plus souvent isolées et frustes de l’Ostrea crassissima. Comme toujours, leur présence a paru suffire pour faire attribuer toute cette longue bande de dépôts littoraux à l’étage helvé- tien ; mais, par une singulière ironie du sort, les quelques gisements fossilifères qu’on y a pu découvrir tendraient plutôt à leur faire attribuer un âge pliocène, ou tout au moins tortonien. M. Welsch n’a rencontré avec l'O. crassissima, dans les environs de Tiaret, qu’un seul fossile : Ostrea cfr. lamellosa Brocchi, type pliocène. M. Bourguignat, qui a étudié avec le docteur Marès cette même formation un peu à l’est de Tiaret, sur le plateau du Sersou, n’y à recueilli, avec un Neœæra nouveau et quelques espèces nouvelles de Ptéropodes des genres Creseis et Cleodoru, que des fossiles pliocènes : Leda subnicobarica d'Orbigny, espèce caractéristique du Pliocène de l’Astézan et Pecten cristatus Bronn, du Pliocène d'Italie, du Roussillon et du bassin de Vienne (Autriche (2). Enfin, en 1874, M. le docteur Bleicher a découvert dans des cou- ches de passage entre les marnes et les grès miocènes à 0. crassis- suna des environs de Mascara, lesquelles ont été reliées directe- ment par M. Welsch à celles des environs de Tiaret (3), une riche et très intéressante faune que je découvrais moi-même presque identique, à la même époque, dans les marnes supérieures à 0. crassissima des environs de Boghar, faune dans laquelle abondent les types de l’Astézan classique et dont le faciès est au plus torto- nien. Cette faune, déterminée par M. le professeur Mayer, de Zurich, a été publiée en 1874 dans la Revue des sciences naturelles par M. Bleicher, publication à laquelle je renvoie le lecteur (4). Il me suffira de dire ici qu’on y rencontre, entre autres formes récentes : Ancillaria qglandiformis Lamk, Buccinum semistriatum Brocchi, Conus canaliculatus Broc. et Pecten cristatus Bronn. (1) Loc. cit., p. 424. (2) Études géol. et paléont, des hauts-plateaux de l'Atlas, 1868, p. 15. (3) Welsch, loc. cit., p. 420. (4) Rec, sur l’origine des élém. lithol. des terr. tert. et quater. d'Oran, in Rev. des Sc. Nat. Montpellier, juin 1874. 14 P. THOMAS. — ÉTAGE MIOCÈNE ET VALEUR STRATIGRAPHIQUE 90 Juin De mème que dans ces régions occidentales, mais avec un déve- loppement encore plus réduit, l'étage miocène du sud-est de l'Algérie et de la Tunisie m’a paru se présenter sous la forme d’un tout complexe mais indivisible, constitué par des alternances très variées de grès plus ou moins mollassiques passant sur certains points à de véritables poudingues, et de marnes plus ou moins argileuses et ferrugineuses. Mais ici, la puissance totale de ces dépôts atteint rarement plus de 100 mètres et, dans la majorité des cas, ils se trouvent réduits à de minces lambeaux de 50 à 100 mètres au plus, plus où moins en équilibre au-dessus des grès, des marnes ou des calcaires suessoniens avec lesquels ils discordent tou- jours franchement. Quelquefois même, mais beaucoup plus rare- ment, ils reposent, comme dans l’ouest, sur l’un quelconque des membres de la série secondaire. Leur faune est tout aussi pauvre que dans l’ouest et ne consiste, le plus souvent, qu’en de petits bancs irréguliers, ou même en quelques valves isolées et dissociées d’Ostrea crassissima. Ces dernières sont presque toujours brisées, roulées ou frustes et souvent recouvertes de Balanes sur leurs deux faces. Quelquefois, des valves de Pecten dans le même état et quelques débris d'Échinides clypéastroïdes se rencontrent dans les mêmes bancs. L'un des gisements les mieux connus et les plus riches en fossiles du sud de la Tunisie est celui du djebel Chérichira, consistant en un simple faisceau de couches de grès mollassique, discordant au-dessus des calcaires gréseux très ferrugineux de l'étage suessonien à petites Nummulites, Pecten subtripartitus d'Archiac, Echinolampas Perrieri et Schizaster afri- canus de Lor., etc. À la partie supérieure de ce faisceau mollas- sique miocène, on trouve un banc marneux rempli de valves d’Ostrea crassissima toutes brisées et un conglomérat à ossements de Siréniens et de Mastodon angustidens, ce dernier déterminé par M. le professeur A. Gaudrv. Dans les mollasses de ce lambeau miocène, j'ai recueilli quelques valves d’Ostrea crassissima associées à O. gingensis Schlotheim et à Pecten benedictus Lamk., et j'ai découvert un niveau riche en Scutelles et Amphiopes d'espèces nouvelles. Les Balanes abondent également dans ces mêmes grès mollassiques et j’ai pu y reconnaître, avec l’aide de mon savant ami et collaborateur M. Peron, le Balanus concavus Bronn, des terrains pliocènes d'Italie et des dépôts glaciaires du Nord, qui sont plus récents, ainsi qu’une espèce plus petite, voisine de B. porcatus Da Costa, synonyme, d’après Darwin, de B. sulcatus Brugu., espèce qui a été citée à la fois dans le Miocène et dans le Pliocène algérien. 1892 DE L'OSTREA CRASSISSIMA AU SUD DE L'ALGÉRIE ET DE LA TUNISIE 15 Comme on le voit, cette faune n'autorise pas à considérer comme plus ancien que l’Helvétien le lambeau miocène du Chérichira. Dans certains lambeaux miocènes situés encore plus au sud de la Tunisie, comme ceux de l’Oued Mamoura, près Fériana, du djebel Mezouna à l'extrémité orientale de la grande chaîne de Gaîsa, on retrouve à peu près la même association de fossiles. Mais j'ai remarqué que, dans ces derniers gisements, l’Ostrea gingensis est plus commune que l'O. crassissima et que, tandis que les valves de cette dernière sont presque toujours brisées et couvertes de Balanes sur leurs deux faces, celles d’O. gingensis sont moins frustes, plus souvent entières et non recouvertes de Balanes. On sait qu’0. gingensis Schloth., synonyme d’O. crispata Goldiuss, est une grande espèce qui accompagne ordinairement l'O. crassissima dans le sud- est de la France (Fontannes), en Suisse (mollasse marine de St-Gall), en Italie (Miocène supérieur de Vigolino) ainsi que dans le sud-est de l'Espagne (prov. de Grenade). Elle existe également dans le Tell algérien (Ben-Chicao, près Médéa) et tunisien (Menzel-Djémil, près Bizerte). Comme l'O. crassissima, elle occupe divers niveaux dans l’étage miocène de ces contrées, mais elle est généralement plus fréquente dans les niveaux supérieurs ; elle a même, je crois, été citée quelque part comme pliocène. Si nous considérons maintenant la formation miocène du sud-est de l’Algérie et la comparons avec celle du sud de la Tunisie, nous voyons qu'elle est de même essentiellement d’origine détritique ; qu'elle a également subi une détrition profonde et que, tout le long du pied nord de l’Aurès, ses lambeaux sont, comme au Chérichira, couronnés par un conglomérat plus ou moins puissant immédiate- ment surmonté par un atterrissement pliocène, conglomérat conte- nant probablement, comme celui du Chérichira, les débris de Masto- donte qui ont été recueillis par M. le capitaine Vaissière aux envi- rons de Khenchela (1). Ici nous voyons également, comme en Tunisie, au-dessous de la formation miocène, un étage suessonien très développé dans toute la région orientale de l’Aurès, étage se prolongeant dans l’ouest sous son faciès marno-gréseux à grandes Huîtres, Peignes strigillés et Echinodermes, analogue à celui qui se retrouve plus au nord, dans le sud de Souk-Ahras, où Tissot l'avait classé dans son sous-étage miocène #»,. En mettantdoncde côté ce qui revient dûment à la formation éocène d'une-part, à la formation pliocène de l’autre, je ne vois dans toute cette vaste région qu’un seul et même étage miocène appar- (1) A. Gaudry. Les Mastodontes. Mém. Soc. Géol. Fr., n° 8, 1891. 16 P. THOMAS. — ÉTAGE MIOCÈNE ET VALEUR STRATIGRAPHIQUE 30 Juin tenant tout entier à une seule et même époque, probablement helvétienne, et semblant correspondre assez exactement aux mollasses marines du sud-est de la France (bassin du Rhône). La division de cet étage en deux sous-étages dont l’un serait helvétien, l’autre cartennien, ne repose à mon avis sur aucun fait paléonto- logique ou stratigraphique probant, et doit résulter d’une erreur du même ordre que celle signalée par M. Pomel lui-même dans le sud de Souk-Ahras (V. Descript. strat. gén. de l'Algérie, p. 119, 2e alinéa). * * * De cette discussion, peut-être un peu longue, un fait du moins semble ressortir nettement : c’est que, en somme, ici comme à peu près partout dans le bassin méditerranéen, c’est l’Ostrea crassissima qui assume à peu près sur elle seule la responsabilité de l’attribu- tion à l'étage helvétien des lambeaux épars de la formation miocène qu’on ÿ rencontre. IL y a donc quelque intérêt à savoir quelle peut être sa valeur stratigraphique, laquelle perd déjà beau- coup de son importance par la constatation que je viens de faire de l’existence d’une variété éocène de ce fossile, variété très voisine du type helvétien et pouvant facilement être confondue avec lui. Il est même certain qu'il existe plusieurs variétés miocènes de cette Huître dont l’une, la plus divergente de toutes, a été signalée par M. Pomel dans son sous-étage cartennien et a été caractérisée par lui comme suit : «aussi épaisse que la crassissima et à canal du ligament aussi » étendu proportionnellement, mais de forme circulaire (1)... » J’ai rencontré plusieurs spécimens remarquables de cette variété arrondie de l’O. crassissima dans quelques-uns des gisements hel- vétiens d'Algérie et de Tunisie, mais à des degrés très divers de différenciation; j'en possède un notamment, qui se distingue tant par sa forme absolument arrondie que par l’épaisseur considérable de sa valve inférieure, et provient de l’étage helvétien de Ben- Chicao, près Médéa (département d'Alger). Tout porte à croire même qu'il existerait, en Tunisie comme en Algérie, une variété pliocène de l'O. crassissima presque aussi voi- sine du type que sa variété éocène. Mais, ici encore, je dois laisser la parole à M. Pomel. Dans son important mémoire intitulé : Géologie de la côte orientale de la Tunisie et de la petite Syrte (2), ce savant nous apprend qu'il existe, dans les grès tendres et friables de la falaise pliocène du cap Kamart, près Carthage, plusieurs (1) Texte explic. de la Carte géol. d'Alger et d'Oran, 1882, p. 34. (2) Bull. Ecole sup. des sciences d'Alger, 1884, 1°* fase., p. 13. 1892 DE L'OSTREA CRASSISSIMA AU SUD DE L'ALGÉRIE ET DE LA TUNISIE 17 niveaux « d’une grande Huiître ayant quelques analogies avec » O, crassissima, mais à talon moins étendu, à bord palléal plus » étalé avec une forme générale plus triangulaire, moins oblique » et une épaisseur bien moindre. Cette coquille se rencontre, en » Algérie, dans des couches qui appartiennent au Pliocèneinférieur, » et il est très probable que c’est à cet horizon géologique qu’appar- » tient le terrain qui les renfermeici. » Ce même horizon se retrouve encore : au djebel Remel, près Bizerte, à la Hanga (presqu'île du Cap Bon), puis à Ksour Set et à Bembla, au sud de Monastir, où, dans une couche d'argile superposée au calcaife coquillier pliocène à Pectunculus violacescens, M. Pomel a observé un banc de cette huître (1). Plus récemment, M. G. le Mesle l’a aussi observée au cap Kamart, dans les mêmes couches qu’a signalées M. Pomel, et il a semblé difficile à cet observateur de la distinguer de certains types de l'O. crassissima : « . est seulement un peu plus large, » plus aiguë au talon (2)... Je ne possède Se pas de renseignements per- sonnels suffisants pour me prononcer sur le plus ou moins d’ana- logie que cette grande huître pliocène offre avec l'O. crassissima. Mais ce qui vient d’être dit suftira, je pense, pour montrer qu'il n'est pas facile, en Tunisie aussi bien qu’en Algérie, de tirer une indication stratigraphique précise de l’O. crassissima, non seulement lorsqu'il s’agit de distinguer ce qui est miocène de ce qui est éocène, mais surtout lorsqu'il s’agit de distinguer les divers niveaux de la formation miocène, ainsi que j'ai eu maintes fois l’occasion de l’observer. Et cela, non seulement à cause du polymorphisme si remarquable de cette espèce, et de son absence fréquente dans les couches qu’elle passe pour le mieux caractériser, mais encore el surtout à cause de son apparition fréquente, sous sa forme typique, à des niveaux très différents de la formation miocène. Cette dernière cause d’erreur n’est d’ailleurs pas spéciale au nord de l’Afrique, car on sait que, dans le Miocène européen, l'O. cras- sissima occupe souvent aussi des niveaux fort différents. En Espagne, par exemple, d’après MM. Bertrand et Kilian, dans les provinces de Malaga et de Grenade, il faudrait placer le niveau de l’O. crassissima, avec 0. gingensis et Panopæa Menardi, à la base de l'étage helvétien, sur un horizon qui se retrouverait en Egypte et serait caractérisé par Pecten scabriusculus, P. Zitteli Fuchs et P. acuticostatus Sow. (3). Du côté de la Catalogne, au contraire, (Rocca (2) Journ. de voyage. — Miss. géol. de 1887, p. 20. (3) Miss, d'Andalousie, in Mém. Acad, des Sc., t. XXX, p. 377. XX D) 18 P. THOMAS. — ÉTAGE MIOCÈNE ET VALEUR STRATIGRAPHIQUE 8 Juillet d’après M. Carez, l'O. crassissima occuperait, à Monjuich, le sommet de ce même étage helvétien et se trouverait au contact immédiat des marnes tortoniennes de Grenade(1). En Italie, d’après Seguenza, ce fossile occuperait dans l’Helvétien un niveau tout aussi élevé que ce dernier. En France, enfin, on sait que l’O. crassissima occupe deux niveaux très distincts dans l’Helvétien des bassins de la Garonne et du Rhône, l’un près de sa base (mollasse de Cavalé, Gers), l’autre dans les sables supérieurs à Ancillaria glandiformis et à Cardita Jouanneti (bassin de Visan). M. Blanckenhorn, qui a publié récemment un travail sur la géologie de l'Algérie et de la Tunisie (2), a cherché à se rendre compte des correspondances ou équivalences des divers niveaux à O0. crassissima sur le périple méditerranéen. Il a constaté que ce fossile, d’une manière générale, n’est (rien moins que caractéristique Comme niveau » et il montre, par exemple, que, dans le bassin de Vienne, on le trouve dans les premières couches méditerranéennes avec Mytilus Haidingeri Hærnes (Langhien), aussi bien que dans les sables de Grund à Pyrula cornuta Agass., qui occupent la base du deuxième étage méditerranéen de M. Suess (Tortonien). | Je rappellerai encore que Goldfuss à jadis séparé de l'O. crassis- sima Lamk pour en faire une espèce distincte, qu’il a nommée 0. longirostris, une variété du bassin de Paris et du midi de la France à peine distincte du type, laquelle apparaît dès le Tongrien supé- rieur (mollasse d'Étréchy). Qu'est-il résulté de cette distinction spéci- fique peu justifiée? Tout simplement que, pour un certain nombre d'auteurs, ces deux dénominations sont devenues synonymes, ce qui n’a pu manquer d'introduire une certaine confusion dans la strati- graphie. C’est ce qui a fait dire à M. de Rouville, à propos des nom- breuses variations que l’O. crassissima subit dans les marnes helvé- tiennes des environsde Montpellier, variétés dans lesquelles Marcelde Serres avait cru reconnaitre un grand nombre de types spécifiques distincts : « Que l'on devrait y voir plutôt une forme qu’une espèce, » à cause des différents faciès qu’elle affecte dans les nombreuses » localités où on la rencontre et qui lui ont valu une foule de noms, » dont Bronn (Index paleontologicus, p. 880) a douné la liste com- » plète... » (3). À ce propos, M. de Rouville rappelle encore que c'est dans les marnes jaunes de Montpellier que Marcel de Serres (1) Crétacé du nord de l'Espagne, p. 274-278. (2) Die geognostischen Verhaltnisse von Afrika, Mitleilungen aus J, lFerthes (1888), p. 33. (3) Descript, géol des envir. de Montpellier, Thèse (1853), p. 66. 1892 DE L'OSTREA CRASSISSIMA AU SUD DE L'ALGÉRIE ET DE LA TUNISIE 19 avait recueilli la plupart des grands spécimens qu'il a décrits en 1843 : « Ostrea crassissima au Pouget, O. grandis à Béziers, O. pon- » derosa à Montbazin, O. variubilis à Poussan... » (1). Il faut donc se garder, aussi bien en Europe que dans le nord de l’Afrique et particulièrement dans le sud-est de nos colonies, de s’exagérer la valeur spécifique et stratigraphique de l’O. crassissina, tout au moins jusqu à ce que l’on soit parvenu à distinguer, à séparer nettement toutes ses variétés, si toutefois la chose est pos- sible, ce qui me paraît douteux étant données les formes de transi- tion nombreuses que j’ai pu observer entre quelques-unes de ces variétés. Ce n’est là, selon l’heureuse expression du savant profes- seur du Muséum, M. Albert Gaudry, qu’une de ces « espèces sub- jectives », une de ces formes essentiellement polymorphes qu'il est souvent si difficile de séparer objectivement les unes des aulres dans la nature. Le polymorphisme de celle-ci semble précisément s'être manifesté surtout pendant l’époque miocène, qui fut celle de son plus grand développement numérique et géographique. Nous l’avons vu débuter en Algérie et en Tunisie à l’époque éocène infé- rieure, sous une forme assez étroite et très allongée, mais assez plate, médiocrement épaisse. Beaucoup plus tard, nous observons dans les premiers sédiments marins de l’époque miocène une autre forme considérablement raccourcie, presque circulaire et, dans quelques cas extrèmes, plus large que longue, mais déjà très épais- sie, avec une valve inférieure à surface bosselée dont les saillies irrégulières, dues au resserrement et au chevauchement des trop nombreuses zones d’accroissement, vont parlois jusqu’à simuler de orosses côtes arrondies : c’est la forme carténienne de M. Pomel. Celle-ci offre toutes les transitions entre la forme swessonienne et celle des puissants amoncellements helvétiens, où elle revêt au plus haut degré les caractères typiques de l'espèce : valves très longues, très étroites, très épaisses, à charnière cylindrique et démesurément longue. Mais, ici encore, de nombreuses variétés contemporaines relient, par des degrés insensibles, le type aux formes précédentes et même à cette huître pliocène « plus mince, » plus plate, plus élargie du côté palléal, plus eflilée du côté du » talon », dont j'ai parlé plus haut. Il est à remarquer que cette dernière forme, dont on trouve des représentants dans l'étage helvétien, se rapproche davantage du (4) Loc .cit., p. 77, — Voir à ce sujet: Pictet, Traité de paléontologie, 1855. t. I, p. 645, la note au bas de la page. 20 P. THOMAS. — MIOCÈNE DU SUD DE L'ALGÉRIE $8 Juillet type primitif éocène que du type helvétien proprement dit, lequel semble avoir épuisé, dans l’exagération même de sa puissante vitalité, la tendance démesurée de l'espèce à accumuler les unes au dessous des autres de nouvelles couches d’accroissement, d’où Pallongement si considérable de son rostre et de son talon et leur forme relativement étroite. En résumé, les variations si considérables, dans le temps comme dans l’espace, de la forme spécifique à laquelle a été donné le nom d'O. crassissima, ne sont que la répétition de ce que l’on peut constater dans l’histoire de beaucoup d’autres Ostracés vivants ou fossiles. Pour ce qui est de ces gisements dans le sud-est des Etats barba- resqués, je crois pouvoir affirmer qu'on n’y trouve pas, au moins sur les points connus de moi, les deux niveaux signalés par Tissot et admis par M. Pomel. Tout porte à croire, au contraire, qu'il n’y a là que de l'Helvétien proprement dit, peut-être même de l’Helvé- tien le plus supérieur. Il semble, en effet, que, sur tout ce vaste espace, il existe une grande lacune dans la série des formations tertiaires marines, lacune allant probablement de l'Éocène inférieur jusqu'au Miocèue moyen ou supérieur, et correspondant à une période d'émersion totale de toute la région. Pendant cette longue émersion se seraient déposés, dans le nord-ouest de l'Algérie, les puissants sédiments des mers nummulitique, tongrienne et carté- nienne, dont les bassins respectifs ont dû se réduire graduellement et se localiser dans cette direction. Ce ne fut que lors de la grande transgression de la mer helvétienne que les eaux marines durent reparaître dans la direction du sud-est, sous forme de longs fjords étroits et ramifiés, s’insinuant entre les rides de l’Atlas, mais sans pouvoir pénétrer jusque dans le Sahara. . 1892 | | 21 SUR L'EXISTENCE DU JURASSIQUE SUPÉRIEUR DANS LE MASSIF DU GRAND-GALIBIER, par M. KILIAN. (PL. D). L'existence de dépôts jJurassiques, supérieurs au Bajocien, dans les chaînes alpines âe la Maurienne et du Dauphiné, n’avait, avant la découverte dont nous désirons entretenir la Société, jamais été signalée en dehors de la vallée du Guil, «située dans la partie méri- dionale du département des Hautes-Alpes. Tout récemment encore, M. Haug écrivait, en indiquant l’extension de ces couches dans les Alpes : « La zone littorale du Jurassique supérieur sur le bord du » grand massif ancien des Alpes occidentales n’est pas connue au » nord de Guillestre (1). » On a cru en effet, jusque dans ces dernières années, que les affleurements du Malm les plus rappro- chés des chaînes intérieures étaient limités dans les Alpes dauphi- noises, aux environs de Guillestre, d’où ils se prolongent vers les Basses-Alpes. Ces calcaires de Guillestre ont fait, en 1883, l’objet d’une note intéressante de Ch. Lory (2), et les fossiles en avaient été signalés en 1880 déjà par M. Collot (3). Ch. Lory les avait retrouvés en 1887, au-dessus de Chorges, d’après les indications de M. Goret, mais n’avait pas publié sa découverte. Depuis, nous avons (4) indiqué l'existence de Duvalia lata dans des calcaires rouges amygdalaires semblables à ceux de Guillestre, plus à l’Est, près de La Roche-de- Rame, au Castellet près Serenne, et passé en revue les diverses localités où affleurent ces assises intéressantes. (1) Haug. Les chaines subalpines entre Gap et Digne (Bull. serv. Carte géol, dela Er. Et. TT, n° 21, 1891), p. 164. (2) Ch. Lory. Note sur deux faits nouveaux de la géologie du Briançonnais. B. S. (Gr. F., 3° sér., t. XII, p. 117 et suiv., 1883. (3) Voici le passage de la thèse de notre confrère, relatif aux fossiles de Guillestre : « Je suis bien aise de citer, comme une nouveauté, un point intermédiaire qui » relie Aix et les autres ci-dessus, c'est la carrière de Combechauve, dans les » environs de Guillestre (Hautes-Alpes). M. de Lavalette, ancien intendant militaire, » y a recueilli l’'Ammonites transversarius et l'Am. cf. plicatilis d'E. Favre » (Alp. frib., pl. IV, fig. 2), dans un calcaire rouge bréchoïde. » (Collot. Descr. géol. des environs d’Aix-en-Provence, 1880, p. 149). MU)RD RS GA Sr isérie, 1 XIX, 1801. 22 KILIAN. — JURASSIQUE SUPÉRIEUR 8 Juillet Néanmoins, l'aire d'extension des dépôts du Jurassique supérieur restait toujours restreinte au voisinage de la région de Guillestre, située dans une partie de nos Alpes où les massifs cristallins de la zone du Mont-Blanc ne forment pas, comme plus au Nord, une première zone séparant la bande sédimentaire du Briançonnais et de la Maurienne des chaines extérieures, et l’on pouvait ne voir, dans le Malm de la vallée du Guil, qu’une dépendance des dépôts tithoniques subalpins qui auraient pénétré dans la trouée ménagée entre les massifs du Pelvoux et des Alpes-Maritimes. Il était intéressant de s'assurer si les dépôts du Jurassique supé- rieur se sont étendus jusque dans la région de nos Alpes comprise entre les massifs cristallins de la première zone alpine (Pelvoux) et ceux de la zone du Mont-Rose, c’est-à-dire dans les deuxième.et troisième zones alpines de Lory. Leur existence dans les chaines alpines était d'autant plus probable que les dépôts kimméridiens et tithoniques les plus orientaux de la zone subalpine et les plus rapprochés des massifs cristallins de la chaîne de Belledonne (massif de la Chartreuse, environs de Montmélian) ne possèdent pas un cachet plus côtier que dans tout autre point des chaînes extérieures. On remarque, il est vrai, aux environs de Grenoble et de Chambéry, de puissantes assises de pseudobrèche (calcaire bréchiforme ou amygdalaire), mais nous avons montré que ce faciès ne constituait pas ici une exception et qu'il s’étendait dans toute la Drôme, les Basses-Alpes et l'Ardèche. La présence de ces calcaires ne peut donc passer pour l'indice du voisinage #mmédiat d’une côte. Au mois d'août dernier, en revenant d’une excursion entreprise avec notre éminent confrère M. Termier dans le massif du Grand- Galibier, situé au N.-E. du col du Lautaret, sur les limites des départements de la Savoie et des Hautes-Alpes, nous eûmes la bonne fortune de constater d’une façon non équivoque la présence, dans les névés qui dominent le lac Blanc, de calcaires tithoniques fossilifères. Cette observation établit sans aucune hésitation possible l'existence du Tithonique dans la « zone du Briançonnais » (2e et 3e zone alpine de Lory), c’est-à-dire dans les chaînes intérieures des Alpes dauphinoises, à l'E. de la zone cristalline dite zone du Mont- Blanc. Les assises tithoniques qui affleurent à environ 2.800 mètres d'altitude, sur le versant sud-est du roc du Grand-Galibier, au milieu des névés situés à l'Ouest du lac Blanc, forment un synclinal couché très net, dans les brèches liasiques (brèche du Télégraphe) CRE PE OU LS De vh ET -aa rs 1892 DANS LE MASSIF DU GRAND-GALIBIER 23 qui, ici, sont associées à des calcaires noirâtres à Belemnites et Crinoïdes. Les récoltes de fossiles faites dans cette course et dans une seconde ascension exécutée le 19 août en la compagnie de notre excellent confrère M. Révil, nous ont donné : Aptychus Beyrichi Zitt., assez commun. — punctatus Voltz (très abondant et formant lumachelle). * Ammonites (Lytoceras) sp. Grands exemplaires enclavés dans la, roche. Plhylloceras sp. 2 exemplaires indéterminables. Perisphinctes sp. Belemnites (Duvalia) latus Blainv. Assez commun. Nous avons recueilli notamment un exemplaire de cette espèce, possédant des caractères très nets. Il est déposé dans les collections de la Faculté des Sciences de Grenoble. < Bel. (Hibolites) Conradi Kilian (abondant). Rhynchoteuthis sp. De très nombreux Crinoïdes (Phyllocrinus sp.) remplissant un banc de calcaire rouge. L'aspect de la roche qui contient cette faune est très caractéris- tique; c’est un calcaire amygdalaire, pseudobréchoïde, où domine la teinte rouge lie-de-vin et où se rencontrent en grand nombre des débris de Belemnites, d’Aptychus et de Phyllocrinus. Une véritable brèche à ciment rouge forme la base du dépôt et renferme des fragments de calcaire gris du Trias, de calcaire liasique noir et de dolomie jaunâtre ; le ciment est également lie-de-vin et donne à la roche une apparence très spéciale; cette brèche multicolore a frappé depuis longtemps les habitants du pays qui la désignent sous le nom de « Marbre de Portor ». Dans son ensemble et par sa coloration, le calcaire fossilifère qui surmonte la brèche rappelle beaucoup les cal- caires de Guillestre, de Chorges, de Serenne, qui renferment égale- nent des fossiles tithoniques à leur partie supérieure, mais ne pré- sentent pas, à leur base, comme ici, de véritables brèches à éléments hétérogènes. On remarque aussi des bancs de calcaire bleuâtre,à silex, irrégulièrement disposés, dans la masse des calcaires rouges. De nombreux nodules de limonite sont disséminés dans certains bancs. Signalons aussi des couches de marbre blanc pétri d’Aptychus et des noyaux plus ou moins volumineux de calcaire blanc construit. En somme, ces dépôts diffèrent notablement, par leur caractère plus détritique et les nombreux débris de Crinoïdes et de calcaires. construits qu'ils renferment, des couches analogues et synchro- niques des environs de Guillestre. KILIAN. — JURASSIQUE SUPÉRIEUR $S Juillet LS) = - La brèche rouge repose directement sur un calcaire gris à Entro- ques, et le ravine nettement, quoique intimement liée à lui. Ce cal- cairegris à Entroques, d'une teinte bleuâtre caractéristique, est riche en débris spathisés d'Échinodermes. Nous n’avons pu y recueillir que des restes indéterminables : Dents de Poissons, Belemnites, Nerinea, Ostrea, coquille bivalve voisine de Mytilus, Polypiers, des radioles de Cidaris, de nombreux Pentacrines et des articles d’Apio- crinus (?) usés qui constituent parfois toute la roche. Ils offrent des surfaces de « rascle » remarquables et ont une épaisseur d’environ 30 mètres ; ils s'appuient sur la brèche liasique. Leur âge est donc compris entre le Lias supérieur et le Malm ; nous inclinons à y voir un facies du Dogger qui prendrait ici, comme le Lias, un caractère notablement plus détritique que dans les régions plus occidentales. Sous cette intéressante assise, dont nous nous proposons de faire une nouvelle étude, apparaissent les gros bancs de brèche décrits par nous sous le nom de « Brèche du Télégraphe ». À cette brèche sont associés des schistes calcaires noirâtres contenant des Belem- Fig. 1. Coupe transversale (théorique) du massif du Galibier entre le col du Galibier - et le vallon des Mottes, () E Roc du Grand Galibier Col du Gabbier S242 E Origine du Glacier des Dlottes Vallon de Ja Fensonrière A, 2 a PA] ee J58 Jurassique supérieur fossilifère. t, Dolomies triasiques. J. Dogger? t, Schistes, Calcaires phylliteux et car- F3 Brèche du Télégraphe (Lias). gneules. 1 Schistes verts et rouges. t» Quartzites et Permien. 1892 DANS LE MASSIF DU GRAND-GALIBIER . 29 nites près du Lac Blanc, et des délits d'argile feuilletée rutilante et micacée. Néanmoins la formation bréchoïde prédomine et entoure de toutes parts le lac de ses blocs chaotiques. La brèche du Télé- graphe revêt aussi l’aspect multicolore particulier qui lui à valu, comme à la brèche rouge du Tithonique, l'épithète de « Portor » familière aux montagnards mauriennais. Au point de vue tectonique, le lambeau tithonique du Lac Blanc est situé dans les conditions suivantes : Le massif du Galibier dans lequel se trouve notre gisement doit être considéré (fig. 1) comme un pli synclinal à noyau jurassique compris entre deux bandes anti- clinales : à l'Est, la zone houillère de la Ponsonnière ; à l'Ouest, un anticlinal de quartzites triasiques visible non loin et à l'Est du col du Galibier. Les Calcaires du Briançonnais, dénomination sous laquelle on avait confondu les dolomies triasiques, la brèche liasique et le Jurassique supérieur sont repliées en V entre ces deux anticlinaux ; le Roc du Grand-Galibier (3243), le Roc Termier et les Pics de la Ponsonnière appartiennent à cette formation puis- sante de calcaires et jalonnent ainsi le noyau synelinal qui se ter- mine, du reste, avec le versant septentrional, au Plan de Lachat. Le versant occidental (v. fig. 1) du Grand-Galibier, que nous avons exploré en compagnie de M. P. Termier en longeant l’arète qui mène du col du Galibier vers le sommet, présente, lorsque l’on s'élève au-dessus des gypses et des calcaires du tunnel stratégique, une suite de calcaires phylliteux qui doivent appartenir au Trias moyen ; on atteint ensuite une arête de quartzites verticaux, accom- pagnés d’une roche verte siliceuse probablement permienne et qui marquent une ligne anticlinale. Puis viennent des cargneules formant la base d’un vaste escarpement de calcaires dolomitiques du Trias surmontés à leur tour par une assise de schistes phylliteux rouges et verts. Au sommet affleurent les gros bancs de la brèche liasique ; on y remarque des lits de schistes lie-de-vin qui paraissent intercalés dans cette brèche. A partir de ce point, une grande atten- tion est nécessaire pour relever, malgré les flaques de neige, souvent assez étendues, la succession des assises. Dans les névés qui rem- plissent une dépression sur le flanc oriental du massif, quelques saillies rocheuses attirent les regards par leur couleur vermeille; ce sont les couches que nous avons décrites plushautcomme appar- tenant au Tithonique. Elles constituent le noyau synclinal, dominé à l'Ouest et à l’Est par les saiïllies rocheuses des brèches liasiques (le Roc Termier est formé par la brèche du Télégraphe) dont elles sont séparées par les bancs à Entroques que nous attribuons au Dogger. La dispesition synclinale des assises est bien nette: vers le haut de l’affleurement, on peut même voir les calcaires gris à Entroques et la brèche de base du Tithonique recouvrant en série 26 = KILIAN. — JURASSIQUE SUPÉRIEUR 8 Juillet renversée les bancs fossilifères à Bel. latus. Le synclinal est donc couché et couché vers l'Ouest. Ce synclinal tithonique se poursuit dans la combe qui sépare les deux sommets du Grand-Galibier et va se terminer à la naissance du Glacier qui descend dans le beau cirque du Plan de l'Achat. A l’est du lac Blanc, le flanc de retour du pli est bien visible, il forme notamment un rocher saillant qui, sur notre photographie (PI. I), empêche d’apercevoir le lac lui-même et projette une ombre accen- tuée; on rencontre successivement, en descendant la pente très raide qui mène au vallon des Mottes: la brèche liasique, les calcaires du Trias, les quartzites et les grès permo-carbonifères. Versle vallon de la Ponsonnière, les schistes rouges du Trias supérieur peuvent être étudiés à peu de distance du Lac, puis on voit saillir les cal- caires triasiques ; les quartzites sont visibles en plusieurs points au bas de la pente et forment, en partie masqués par les éboulis, une bande continue sur la rive gauche du torrent. La coupede cette partie du synclinal peut également être facilement relevée en se dirigeant du Roc Termier(1) versle col (fig. 2) de la Pon- Fig. 2. Coupe relevée du N.-0. au S.-E. entre la base du Roç Termier et le col de la Ponsonnière. ENE Col de Ia Ponsonnière à J6-# Jurassique supérieur fossilifère. t, Cargneules et marbres phylliteux. J. Cal. à Entroques (Dogger)? t, Quartzites. L-3 Brèche du Lias (Br. du Télégraphe). p. Permien (Verrucano). t Schistes bizarrés. h. Grès houiller. mm t, Dolomie triasique. Point fossilifère. (1) On remarquera sur la photographie un sommet qui domine à l'Ouest le Lac Blanc. Située entre le Roc du Grand-Galibier au Nord et les Pics de la Ponsonnière au Sud, cette saillie rocheuse ne porte de nom sur aucune carte: notre confrère du Club alpin, M. Henry Duhamel, l’un des auteurs de l'excellent Guide du Haut- Dauphiné, a bien voula se livrer à une enquête à ce sujet auprès des guides de la région et nous à affirmé également qu'aucune dénomination n’avait été attribuée à ce sommet. Nous proposons de le désigner sous le nom de Roc Termier, en l'honneur de’MVE: Termier, auquel on doit une magistrale monographie du “massif de la Vanoise et qui explore, avec le talent d'observation et le courage qu'on lui connaît,, le massif du Pelvoux, dont il a entrepris de lever la’carte géologique détaillée. : 1892 DANS LE MASSIF DU GRAND-GALIBIER 97 sonnière et montre la série régulière des assises suivantes, d’abord inclinées vers l’Est sous un angle assez faible, puis de plus en plus relevées et enfin presque verticales au col de la Ponsonnière. 11. Calcaire amygdalaire (fausse brèche) rouge (identique au calcaire de Guillestre), avec les fossiles tithoniques précités, luinachelle à Aptychus, banes à Cri- noïdes, masses de calcaires blancs construits passant latéralement au calcaire amygdalaire, etc. . Brèche véritable à ciment rouge et débris liasiques. . Calcaire noir, rugueux, à Encrines, Bélemnites, etc. (Dogger ?) . Brèche calcaire liasique (Brèche du Télégraphe). . Schistes rouges et violacés (Trias supérieur). . Calcaires dolomitiques du Trias. . Cargneules triasiques et marbres phylliteux. . Quartzites (Trias inférieur), grès saccharoïdes en plaquettes. . Phyllites verts et Verrucano permien:. . Grès etschistes houillers. = TD © OS © ©: = NN &œ & Il résulte de la constatation désormais certaine d’un gisement du Jurassique supérieur dans le massif du Galibier, que les eaux qui ont déposé les assises tithoniques des chaînes subalpines, du Queyras et de Guillestre, s’étendaient jusque dans la Maurienne et dans le voisi- nage de l’axe cristallin (4 zone alpine) de la chaîne alpine. Les sédi- ments qu'elles ont laissé semblent accuserici unenaturepluslittorale que dans les autres parties des Alpes françaises et peuvent conduire à admettre l'existence à cette époque de reliefs émergés, situés proba- blement à l'Est, mais infiniment moins étendus qu’on ne l’admettait jusqu’à ce jour. Ces déductions sont tout à fait en harmonie avec ce que nous avons observé pour les autres assises jurassiques, par exemple pour le Lias, et avec les vues théoriques récemment émises par M. Haug dans une remarquablepublication sur les montagnes des Basses-Alpes, théories qui mettent si bien en évidence les relations qui relient la nature et le faciès des dépôts mésozoïques de la région delphino-provencale aux plissements alpins progressant de l’axe de la chaîne vers la vallée du Rhône. Nous pouvons donc conclure qu’à l’époque du Jurassique supé- rieur, une grande portion des chaînes alpines était immergée. S'il existait à ce moment des parties émergées, elles devaient être de fort peu d’étendue et situées à l'Est du massif du Pelvoux. Comme le faciès briançonnais du Lias, les faciès coralligènes du Malm aux environs de Barcelonnette, les brèches et les calcaires construits du Galibier semblent néanmoins attester l'existence de semblables ilots. 28 KILIAN.— JURASSIQUE SUPÉRIEUR DANS LE MASSIF DU GALIBIER 8 Juillet La planche qui accompagne cette note (PI. I) est destinée à fixer d'une manière plus précise que ne le ferait une esquisse topogra- phique, la position exacte du gisement tithonique du Galibier. Elle donnera en même temps une idée de la façon dont se pré- sente ce petit synclinal dans le fond duquel ont été respectés par l’érosion les dépôts que nous venons d'étudier. Il est probable que ce noyau synclinal isolé au milieu des cal- : caires du Briançonnais n’est pas unique en son genre. Les massifs voisins des Cerces et des Rochilles présentent — si l’on en juge par les débris qu’entrainent les torrents — des affleurements analogues, mais ce n’est que dans les parties élevées des massifs que l’on peut espérer de rencontrer de semblables lambeaux. Une exploration patiente et minutieuse des hauts sommets du Briançonnais pourra seule permettre de compléter la série encore si restreinte des terrains sédimentaires de cette région. La façon la plus instructive de visiter le gisement que nous venons de décrire est de partir de l’'Hospice du Lautaret, de faire l’ascension du Grand Galibier (3,249) (on aura soin de prendre un guide si l’on n’est pas très familiarisé avec les courses de haute montagne), d'où l’on jouit d’une vue inoubliable sur le massif du Pelvoux. Du sommet, on n’aura plus qu’à descendre dans les névés vers le S.-0. pour atteindre les affleurements fossilifères. Voici, en outre, pour les personnes qui désireraient étudier le Tithonique du Lac Blanc sans faire l'ascension du Grand-Galibier, l'itinéraire à suivre : De la station de Saint-Michel (Savoie) à Valloire, par la route (3 h.). De Valloire, prendre la route du col du Galibier jusqu’au Plan de Lachat (5 h. de Saint-Michel). Prendre à gauche le sentier qui conduit aux Châlets des Mottes (ou des Mottets) (5 h. 35), puis le chemin du col de la Ponsonnière, Arrivé (7 h. de Saint-Michel) au col (2159), quitter le chemin et se diriger à droite, en grimpant dans les pentes rocheuses, vers le Pic Termier (v. la planche qui accompagne ce travail). Lorsqu'on est arrivé au pied de ce pic, dans une dépression occupée par des schistes rouges, prendre la direc- tion N.-0. par un ravin rocheux, puis monter au Nord vers une sorte de «ol couvert de névés qui laissent çà et là percer des bancs calcaires; ce sont ces assises qui contiennent en abondance les fossiles tithoniques. Du col de la Ponsonnière au gisement : 2 heures. Le point intéressant peut être atteint également du Monestier de Brian- con (par le col de la Ponsonnière) et du Lautaret, par la Mandette. La descente vers le hameau des Mottes peut s’effectuer directement par le lac Blanc; mais cet itinéraire exige une certaine prudence. (Voir aussi dans le Guide du Haut-Dauphiné de MM. Duhamel et Perrin, p. 298, lettre À, la description de la route réellement facile qui mène du Lautaret au replat dominant notre gisement, et sous la lettre B un itiné- raire voisin pour l'ascension du Grand-Galibier. 1892 29 NOTE SUR L'AGE DE L'HIPPURITES CORBARICUS DES PYRÉNÉES, par M. Joseph ROUSSEL. On sait que, dans la Provence, l’Hippurites corbaricus Douvillé, est dans le Santonien inférieur, sous l’assise à Micraster. Mais dans les Pyrénées, le niveau de cette espèce est mal connu, bien que les exemplaires typiques viennent de Bugarach et que M. M. Bertrand l’ait trouvé à Bénaïx (1). Mes recherches me permettent d'affirmer que, dans les Pyrénées, de même que dans la Provence, l’Hip. corbaricus appartient à la partie inférieure du Sénonien, dont il est l’un des fossiles les plus caractéristiques. A la Viallasse (Bugarach), on trouve plusieurs lentilles de calcaire dont quelques-unes sont coupées par la grand route et sont pétries d’'Hippurites de diverses formes. Or, dans les marnes englobantes, j'ai recueilli, il y a plusieurs années déjà, un gros exemplaire d'Hippurite dans lequel M. Douvillé a reconnu l’Hip. corbaricus. Il appartient à une couche placée immédiatement au- dessous de la puissante assise à Micraster brevis et fait partie d’une formation marneuse dans laquelle j’ai trouvé quelques-uns des gas- téropodes de la première assise à Echinides du Sénonien des Cor- bières. Dans les calcaires de la partie supérieure de cette dernière assise, j'ai recueilli à Soulatge, entre autres fossiles : Spondylus santonensis d'Orb. Janira quadricostata d'Orb. Ostrea Matheroniana d’'Orb. Rhynchonella petrocoriensis Coq. Hemiaster Gauthieri Peron. Hemiaster Leymeriei Desor. Hemiaster très voisin de l’Hemiaster Leymeriei. Periaster Verneuilli? d'Orb. Orthopsis miliaris Cot. Salenia Bourgeoisi Cot. Cyphosoma Archiaci Cot. (2). (1) Douvillé, Révision des Hippurites, Mém. Soc. Géol. Fr., Pal., t. 1, fas. IT, mém. n° 6. (2) La détermination de ces Echinides a été vérifiée par M. Cotteau, 30 ROUSSEL. — AGE DE L'HIPPURITES CORBARICUS DES PYRÉNÉES 8 Juillet Immédiatement au-dessus de l’assise ainsi caractérisée viennent, à Soulatge, comme à la Viallasse, les couches à Micraster brevis, dont l'épaisseur s'élève, par endroits, à un millier de mètres. Ainsi, la couche à Hip. Corbaricus appartient, dans les Corbières, à la partie supérieure de l’assise à Rhynchonella petrocoriensis, Orthopsis nuiliaris et Cyphosoma Archiaci. Toutefois, si j'en juge par la position du gisement d’où provient l’exemplaire trouvé par M. Carez à Cubières, il semble que cette hippurite existe aussi dans la partie inférieure de la couche à Micraster brevis, où est généralement cantonné, dans les Corbières, l’Ostrea proboscidea. Au-dessous de l’assise à Hip. corbaricus, on trouve partout le Turonien, dans lequel j’ai recueilli, aux environs de Cubières et du Linas,Hippurites petrocoriensis Douvillé, et Hippurites resectus De- france (1). On se demandera quelles espèces d'hippurites accompagnent l’Hip.corbaricus, dans ses gisements des Corbières. Il est probable que ces espèces sont les mêmes que celles de Bénaïx. Au sommet de la butte de Cubières, au pied de laquelle M. Carez a trouvé l’Hip. corbaricus, j'ai pris, en effet, le dessin de l'arête cardinale et des deux piliers d’une hippurite, qui se rapportent, d’une manière frappante, à ceux de l’Hip. Archiaci Munier-Chalmas, dont le type provient de Bénaïx. Dans les Corbières, les couches qui. renferment ces fossiles, et celles qui viennent à la suite, constituent le flanc méridional d'un pli anticlinal et butent, du côté du Sud, contre le Trias, le Juras- sique et l'Infracrétacé de la chaîne de Saint-Antoine. Cette disposition se continue, sans interruption, jusque dans le département de l'Ariège, où l'on retrouve les mêmes couches de l’Infracrétacé, du Jurassique et du Trias contre lesquelles butent les strates de l’Eocène et du Crétacé disposées aussi en pli anticlinal. Quelques géologues ont cru voir dans cette dernière région un gigantesque renversement. Mais on peut tenir pour certain que ce renversement n'existe pas plus dans cette partie du bassin que dans celle des Corbières. Les couches gardent partout la même allure, la même composition et les mêmes fossiles : l’erreur n’est pas possible pour celui qui s’est donné la peine d’étudier la forma- tion dans son ensemble. (4) Au Linas, dans le gisement à ZZip. petrocoriensis et Hip. resectus, j'ai trouvé l'Ostrea columbü, qui existe en abondance, un peu plus bas dans la série, dans la partie supérieure du Cénomanien, et l'Orthopsis miliaris, qui abonde, plus baut, à Soulatge, dans le Sénonien inférieur. 1892 ROUSSEL. — AGE DE L'HIPPURITES CORBARICUS DES PYRÉNÉES 91 À Bénaïx, à Leychert, à Saint-Cirac et à Celles (Ariège), on retrouve les deux assises à échinides de Soulatge : Dans l’inférieure, J'ai colligé, avec le concours de MM. Canal et Lestel, dans l'aile nord, de même que dans l'aile sud du pli anticlinal : Ostrea Matheroniana d'Orb. Hemiaster voisin de l’Hem. Gauthieri Péron. Pyrina ovulum Agassiz. Pyrina petrocoriensis Desmoulins. Clypeolampas Lesteli Cotteau, Salenia Bourgeoisi Cotteau. Orthopsis miliaris Cotteau. Cyphosoma Gregoirei Cotteau (1). Dans la supérieure, ïes grès (grès de Celles) ont envahi la forma- tion sur une épaisseur d’un millier de mètres (2) ; mais les Micraster n'existent pas moins dans une couche de calcaire noduleux inter- posée dans ces grès sur une longueur de 25 kilomètres. Or, dans la première assise à échinides, les hippurites se ren- contrent en abondance et isolées dans les marnes, ce qui en facilite l’étude. À Bénaïx, dans la partie supérieure de l’assise, M. M. Bertrand a trouvé l’Hip. corbaricus. Quant à moi, j'avais dans ma collection deux très gros exemplaires d’hippurites que J'avais recueillis à Bastia (Leychert) et à Tuilerie, entre Celles et Caraybat, dans la couche à Orthopsis miliaris. M. Douvillé les a examinés et les a reconnus pour des Hip. corbaricus typiques. Celui de Bastia appartient à l’aile sud de l’anticlinal et celui de Tuilerie à l’aile nord. À Tuilerie, outre l’Hip. corbaricus, j'ai recueilli l’Hip. Archiaci, et à Bastia, un peu au-dessous de la couche à Hip. corbaricus, où les rudistes sont rares, existent, en abondance, Hip. Heberti et Bayleia Pouechi Munier-Chalmas. En résumé, tous les exemplaires d’Hip. corbaricus, dont le gise- ment est connu, trouvés jusqu'ici dans le bassin de Celles, de Leychert, de Bénaïx, de Bugarach et de Soulatge, appartiennent à la partie supérieure de la première assise à échinides ou à la partie inférieure du sous-étage à Micraster. Dans ce bassin, cette espèce est donc caractéristique du Séno- nien inférieur. (1) M. Cotteau a vérifié la détermination de ces oursins. (2) M. de Grossouvre a fait remarquer que les grès descendent fort bas dans la série du Sénonien : le fait est exact. 39 8 Juillet SUR UNE CARTE DES ENVIRONS DE BARCELONE DE M. J. ALMERA, par M. COLLOT. M. Collot présente, au nom de M. le chanoine Almera, une carte au 1 des environs de Barcelone. Elle comprend une surface de 290 kilom. carrés environ, sans compter les alluvions modernes ni la mer. Elle est très soigneusement étudiée par l’auteur et très bien exécutée par un lithographe espagnol, Ed. Brosa. Le relief du lerrain est figuré par des. courbes équidistantes de 5 mètres. M. Almera, en tenant compte des travaux antérieurs et surtout par suite de ses découvertes personnelles, a formé 47 divisions strati- graphiques et 17 pour les roches éruptives. En avant des formations plus anciennes se détachent les deltas du Besos et du Llobregat, ce dernier d'une régularité parfaite. Ils se prolongent dans l’intérieur des terres par les alluvions du fond des vallées rapportées comme eux à l’époque actuelle. Une large bordure de Quaternaire supérieur limoneux et parlois travertineux couvre les pieds des collines immédiatement au- dessus de la plaine. M. Almera l’a caractérisé par la découverte de Ursus spelœus, Helix nemoralis, Hel, lapicida, Cyclostoma elegans, C. ferrugineum. Sous ce dépôt quaternaire s’en enfonce un autre, limo- neux, à Elephas primigenius. Un troisième dépôt, celui-ci caillouteux, est également recouvert par le premier sans qu'aucun argument sérieux prouve sa contemporanéilé ou sa priorité par rapport au deuxième. Le Pliocène n’était connu auprès de Barcelone que par le gise- ment plaisancien de Papiol. M. Almera à reconnu tous les autres étages et divise son Pliocène de la manière suivante : 4, ARNUSIEN : A. Brèches et sables d’eau douce; B. Sables marins avec espèces actuelles : Trophon muricatum, Conus mediterraneus, Marginella Philipp, Bittium reticulatum, Tur- ritella communis, Fissurella græca, Patella lusitanica, Bulla striata, Arca tetragona, Cardium edule, Venus ovata, etc. 1892 COLLOT. — CARTE DES ENVIRONS DE. BARCELONE 39 9. ASTIEN: Dépôt littoral avec Pecten seabrellus, Ostræa Compagnyoi, O. cucul- lata, Pecten bollenensis. ®. PLAISANCIEN : Marnes bleues, quelquefois gypseuses, avec Sphyrna prisca Ag., Odontaspis contortidens, Cancellaria lyrata, Nassa semistriata, Pota- mides Basteroti, Pecten bollenensis, Ostræa cochlear, Brissopsis Genei; Acer pseudocampestre, Laurus, Robinia Regeli? etc. À, MESSINIEN : Marnes argileuses avec Nassa bollenensis, Melanopsis Lus-hani, Cardiun Abichi, C. Partschi, C. bollenense, C. prœtenue, C. semi- sulcatum, Congeria latiuscula, C. amygdaloïdes, C. dubia, C. sub-Bas- teroti; Platanus aceroides, Typha latissima. Ces étages sont superposés et passent doucement de l’un à l’autre. Ils sont, au Messinien près, semblables à ceux qu’on trouve dans le Roussillon et dans l’Oued-Nador (Algérie). Les sédiments pliocènes sont concentrés dans les parties basses de la région, soit le long de la côte, soit dans les vallées du Llobregat, du Besos, de leurs affluents, etc., dans la plaine de Saint-Feliu. M. Almera a cerné ces dépressions d’un trait jaune qui marque les limites pro- bables de la mer pliocène. Les dépôts miocènes affectent plus d'indépendance à l'égard du relief actuel. Toutelois on ne les trouve pas sur la petite chaîne de terrains anciens qui traverse la carte en diagonale du N.-E. au S.-0., laissant Barcelone au sud. Les sédiments;les plus récents du Mio- cène sont ici, comme dans la vallée du Rhône, de nature conti- : nentale. C’est une alluvion polygénique avec Hipparion gracile, Typha latissima. Toutefois M. Almera rapporte également au Torto- nien des argiles marines avec Mytilus aff. fuscus, Lucina miocenica, Corbula nucleus; Sapindus densifolius, Cinnamomum polymorphum, C. Scheuzeri… La colline de Monjuich, aux portes de Barcelene, est formée par l’Helvétien supérieur (100%) : Odontaspis cuspidata, Proto rotifera, Turritella cathedralis, Cardita Jouanneti, Pecten solarium, Ostræa crassissimu. Un banc à Turritella turris, T. cathedralis, T. gradata, Cerithium pictum, Lucina columbella, Ostræa crassissima, Amphiope bioculata ? représente l’Helvétien moyen. Aux environs de Rubi, des argiles bigarrées et un banc calcaire vec Pereiïræa Gervaisi Vézian sp., Rostellaria dentata, var,, Turri- 3 94 COLLOT. — CARTE DES ENVIRONS DE BARCELONE 24 Août tella turris, T. terebralis, Lucina globulosa, Clypeaster, forment PHelvétien inférieur. Au Langhien paraissent appartenir des brèches de rivage infé- rieures à l’Helvétien et des argiles lacustres avec noyaux de Celtis Dans l’Aquitanien, M. Almera a recueilli Sciurus Feignouxi, Rhi- noceros, Dremotherium, Helix Moroguesi et plus bas Limnæa subbul- lata, Planorbis declivis, Paludestrina Dubuissoni, Chara; le tout reposant sur un poudingue polygénique tongrien. La région ne montre pas de dépôt crétacé et pendant la période infracrétacée elle paraît avoir appartenu à une zone tout à fait littorale; car si l’Urgonien,formé d’une grande épaisseur (150") de cal- caires blancs, nous montre des fossiles essentiellement marins, comme Requienia Lonsdali, Ostræa Boussingaulti, Rhynchonella lata, Heteraster oblonqus, Orbitolites lenticulata, nous y voyons aussi Glauconia (Cassiope) pircuetanu gastropode des faciès saumâtres et au-dessous un calcaire noir bleuâtre (3") découvert par M. Almera, ne renfermant que Hydrobia, Paludestrina, Physa, sans traces d’or- ganismes marins. Ces dépôts limités à l’extrème ouest de la feuille correspondent d’ailleurs à une transgression, car ils reposent tantôt sur le Jurassique, tantôt sur le Trias. Le Jurassique limité, de même que les formations précédentes, dans le S.-0. de la carte, est assez pauvrement représenté : 10 Tithonique (15), caleaire pseudobréchoïde : Astarte bulla, Pholadomya semicostata, Ostræa cfr. sandalina, Avicula cfr. supra- corallina. 2 Corallien (2200), calcaire compact avec Diceras, Trichites cf. Saussuret. 9° Lias, entre le calcaire ci-dessus et les dolomies du Trias supérieur. Le Trias avait été le sujet de controverses. M. Almera a tranché la question en trouvant dans sa partie moyenne Terebratula vulgaris Schl., Spiriferina Mentzeli Dhr., Myophoria Goldfussi Alb.? Dans le Trias supérieur (300%), nous trouvons d’abord une forma- tion de calcaires et de pierre à ciment exploitée, ayant tout le faciès de ceux à Halobia Lommeli de Minorque et de Tarragone : Fucoïdes, Estheria minuta?, Ammon.sp., Natica, Cidaris transversa? puis au-dessous, des grès fins et des argiles rouges. Des dolomies, des carnieulles, du gypse, sont associés à ces dépôts. Les calcaires du Muschelkalk (50m) sont caractérisés comme il a été dit ci-dessus. Le Trias inférieur est formé de grès et poudingues de couleur rouge (100m),. 1892 COLLOT. — CARTE DES ENVIRONS DE BARCELONE 3) Le Palcozoïque a attendu les recherches obstinées de M. Almera pour révéler ses fossiles, grâce auxquelles ce géologue à pu établir un grand nombre de coupes dans le Carbonifère, le Dévonien, le Silurien. [l a été aidé dans la partie paléontologique par M. Barrois. Le Carbonifère consiste en quelques bancs de calcaires marins avec Orthoceras et Encrines, supportés par une grauwake à plantes terrestres : Calamites transitionis, C. tenuissimus, Archæopteris lyra, A. pachyrachis, A. Tshermaki. I y a un peu d’anthracite à Gracia. Le tout repose sur le Silurien. Le Dévonien n'est guère représenté que par quelques lambeaux de calcaire à Orthocères et des phyllades rougeûtres. Dans ceux-ci on trouve : Harpes venulosus, Phacops miser, Tentaculites, Hyolites, Brachiopodes et Lamellibranches divers. Le tout appartient au Dévonien inférieur. Le Silurien supérieur comprend : 1° Calcaire à Præcardium quadrans. 20 Calcaire à Cardiola interrupta pyriteux avec réseau de limo- nite, semblable à celui de S. Juan de las Abadesas. 3° Phyllades argileux de couleur variable, à Monograptus priodon (Wenlock et Lower Ludlow). Dans le Silurien inférieur, M. Almera a distingué : 1° Phyllades pourprés avec calcaires et quartzites : Asaphus nobi- lis, Ogygia cf. desiderata, quelques Lamellibranches et Brachiopodes. 2 Ardoises sableuses rouges : Harpes cf. ungula Stern., Arethusina KoninkiBari ?, Cyphaspis cf Burmeisteri Bar., Phacops ci. Bronni Barr., Ph. cf. fecundus Bar. et plusieurs autres Phacops, Illenus Panderi Barr. ?, Avicula novella Barr., A. glabra Münst. et autres Avicula, Mitylus pyrum Bar., Nucula simplicior Bar., Syneck antiquus Bar., Orthis elegantula Dal?, Atrypa reticularis Lin., A. Grayi Dav., Leptæna transversalis Dalm., L. sericea Sow., L. minima Sow., Strophomena rhomboidalis Dalm., Tentaculites scalaris Schloth., Zaphrentis, Rastrites peregrinus Bar. : 30 Calcaire argileux verdâtre interstratifié avec ardoises blan- châtres, à Orthocères, Tentaculites, Graptolites. Kralowna catalau- nica Barr., Kr. Almera Barr., Nucula obtusa B., Nuculites fissa B., Lunulicardium evolvens B., Syneck antiquus B., Orthis calligramma Dalm., Orth. cf. elegantula Dalm., 0. cf. redux Barr., Lingula Sydemonsi Salter, Stroph. rhomboidalis Vilk., Lept. sericea Sow., Monograpt. priodon Sow.? M. Becki Barr. C’est l'équivalent des couches de Llandovery. 4° Grauwake avec Orthis Actoniæ Sow., O. calligramma Dalm., 936 COLLOT. — CARTE DES ENVIRONS DE BARCELONE 2% Août O, vespertilio Sow., 0. testudinaria Dalm., O0. sowerbyana Dav., 0. biforata Schl., O0. intercostata Port., etc., Atrypa reticularis Sow., Stroph. rhomboidalis Wilk., Leptæna sericea Sow., L. transversalis var. Youngiana Dav.?, L. tenuissima M'Coy, Echinosphærites cf. bal- ticus. C’est la représentation des couches de Caradoc, de Montauban Luchon, du Grand Glauzy. Sur certains points on n’observe, au-dessous des couches Monogr. priodon du Silurien supérieur, que quelques calcaires débris d'Encrines et des quarzites gréseux sans fossiles. Toutes les couches ci-dessus reposent en discordance (1) sur les ardoises satinées très plissées, avec bilobites et tigillites. Ces phyllades passent à des schistes de couleur et de composition variées, qui sont noueux, gaufrés et cristallins d'autant plus qu’ils approchent davantage du granite. Ce faciès constitue l’auréole externe de métamorphisme du granite. Une auréole plus immédiate est formée de phyllades mouchetés où l’on peut voir encore deux zones : 10 Phyllades maclifères avec petits prismes de chiastolithe, noyaux sombres charbonneux, straurotide, grenats, chlorite, ma- gnétite; 2 phyllades micacés et maclifères avec jolis cristaux d’andalousite et gros grains de quartz; cette zone s’appuie soit sur le granite, soit sur la granulite. Entre ces deux zones, M. Alméra en signale même une autre consistant en une lentille d’ardoises augitiques et amphiboliques et d’amphibolite. Mais ces roches, dont le développement est tout local, me paraissent être le résultat d’éruptions basiques sur ce point plutôt qu'un produit de l’action plus étendue du granite. Rocnes ÉRUPTIVES. — Le granite, généralement altéré, pousse des apophyses dans les ardoises adjacentes. Il présente çà et là comme minéraux accessoires l’oligoclase, la magnétite, la chlorite. Il est coupé par des filons de granulite à micas noir et blanc et de pegma- tite. Celle-ci traverse également les ardoises maclifères du versant côtier, qui sont en outre le gîte de filons de microgranulite. Un porphyre microcristallin perce çà et là tout le massif paléozoïque. La série acide se termine par une granulite qui a traversé l’Aqui- tanien lacustre et peut-être l’Helvétien (quartz, orthose, peu de plagioclase, mica noir partiellement chloritisé). La syénite et le porphyre syénitique apparaissent au milieu du granite, et le second jusque dans les schistes siluriens. 2: ©- (1) Almera. — Découverte de deux autres faunes du Silurien inférieur : Cronica Cientifica, 1891. nd Lot. bi ttld 1892 COLLOT, — CARTE DES ENVIRONS DE BARCELONE 931 Des diabases quartzifères ou non (celle-ci passant parfois à la syénite), des diorites, des porphyrites augitiques et amphiboliques, complètent la variété des roches éruptives du massif granitique et paléozoïque de Barcelone. Enfin les filons de quartz sont fréquents dans les ardoises siluriennes. Ajoutons pour mémoire la pyrite, les minerais de fer, de plomb, de cuivre, la barytine, la fluorine, les eaux ferrugineuses, suliy- driques, alcalines. 38 | 24 Août RECHERCHES SUR LES ÉCHINIDES DE L'’APTIEN DE GRANDPRÉ, par M. J. LAMBERT. (PL. H-IV). Le titre de ce mémoire en indique suffisamment la nature. La description de types nouveaux, rares aujourd’hui dans le bassin de Paris, y tient beaucoup moins de place que l’étude détaillée d’espè- ces déjà connues. Mon travail ne saurait done présenter l’intérèt qui s'attache aux œuvres nouvelles, mais la faunule échinitique de Grandpré attendait encore une monographie que son caractère si spécial semblait mériter. J’ai voulu profiter de ma résidence dans l’Argonne pour combler cette lacune avec l’aide d'amis bienveillants qui ont mis à ma dis- position les nombreux et rares matériaux de leurs belles collections. Que M. Cotteau, M. le professeur Raulin, M. Peron, M. Charles Barrois me permettent de leur exprimer ici tous mes remerciements pour leur précieux et aimable concours. I. — Description des espèces. 4, Ciparis PLExA Lambert, 1891. (PI. I, fig. 1-2) Bien qu’un seul fragment de tige de radiole de ce Cidaris ait été rencontré à Grandpré, je n’hésite pas à lui donner un nom. Ses caractères sont en eflet tellement particuliers qu’on ne saurait le confondre avec aucune autre espèce crétacée. Fragment de tige de 8 mill. de longueur sur 2 1/2 de diamètre, cylindrique, pourvu de côtes longitudinales étroites, irrégulières, sur lesquelles s'élèvent des granules allongés, variciformes, diver- sement espacés, avec des côtes intermédiaires plus petites, inégales, anastomosées; surface de la tige couverte de stries longitudinales très fines. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Ce radiole n’a que des rapports éloignés avec ceux du C. meridanensis Cotteau, du Néocomien; il en diffère par sa forme cylindrique et l’absence sur la tige de côtes 1892 LAMBERT. —— ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 39 granuleuses. Sous ce même nom, M. Uoster avait décrit et figuré (Synopsis, p. 26, pl. IV, fig. 3, 6) d’autres radioles qui ont plus d’analogie avec celui de Grandpré, et que M. de Loriol a considérés comme appartenant au test du C. alpina Cotteau, espèce de couches jurassiques de l’horizon de Crussol. Ces radioles du C. alpina, surtout celui représenté par M. de Loriol (Echin. helv. cret.) sous la figure 3 de sa planche II, ressemblent un peu à celui du C. plexa. Les granules de leur tige sont cependant plus acérés, spiniformes, avec des côtes intermédiaires plus droites, non anastomosées. Les deux espèces sont certainement différentes et je ne connais aucun radiole de Cidaris qu’il soit possible de confondre avec celui du €. plexa. Je rapporte provisoirement au C. pleæa une plaque ambulacraire _ trouvée dans les mêmes couches que le radiole décrit et ayant appartenu à un vrai Cidaris, ou peut-être à quelque Rhabdocidaris du type néocomien à tubercules lisses. Par sa taille (13 1/2 mill. de hauteur sur 12 de largeur), sa forme élevée, son tubercule relativement peu développé, perforé, à col lisse, entouré d’un scrobicule faiblement déprimé, circulaire, étendu, que borde une rangée de granules scrobiculaires mame- lonnés, espacés, bien développés, par sa zone miliaire étroite, à peine déprimée, garnie de granules inégaux, peu serrés, par l’absence de toute trace de fossette suturale, cette plaque se rap- proche beaucoup de celles du Rhabdocidaris salviensis Cotteau, dont le tubercule offre cependant un mamelon relativement plus déve- loppé. Elle rappelle aussi les plaques du Cidaris Lardyi Desor ; mais celles des grands exemplaires de ce dernier sont moins déve- loppées et proportionnellement moins hautes. Une plaque, attribuée au C. muricata Rœmer, figurée pl. 1044, fig. 6, dans la Paléontologie irançaise (Terr. crét., t. XII), offre aussi une certaine analogie avec la nôtre, mais sa zone miliaire paraît plus développée et composée de granules plus homogènes. LocaLiITÉ. — Grandpré, au bois des Loges; très rare. Collections Peron, Lambert. 2. (GONIOCIDARIS FARRINGDONENSIS. Wright {sub. Cidaris), 1868. (PAL 8212). Cidaris farringdonensis Vright: À monog. on the Britt. foss. Echi- — — nod. from the cret. form. p. 68, pl. IF, fig. 6, 8, 1868. 40 LAMBERT, — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 24 Août Cidaris farringdonensis Wright — de Loriol : Echinol. Helvétique, 2 partie : Echin. de la pér. crétacée, p. 1, pl. IL fig. 31, 35, 1873. — cf.farringdonensis Barrois : Mém. sur le terr. crét. des Ardennes, p. 254, 1878. Diamètre : 45 mill., hauteur : 7 mill. Test circulaire, peu élevé, un peu déprimé en dessus. Ambulacres très étroits vers le péristome, effilés vers l’apex, assez larges à l’ambitus, onduleux, entièrement composés de pla- quettes primaires égales, granulifères. Zones porifères étroites, enfoncées, s’élargissant un peu à l’ambitus, composées de pores ronds, disposés par paires obliques, séparés par un renflement granuliforme. Espace interzonaire orné de deux rangées externes de petits granules mamelonnés, s’élevant chacun sur une plaque primaire et correspondant à un seul péripode (1). Ces granules mamelonnés sont un peu plus développés et plus serrés aux approches du péristome; d’autres granules très petits, pressés, inégaux, sont disséminés à l’ambitus sur trois à quatre rangées internes très irrégulières, qui disparaissent complètement en dessus et se réduisent en dessous à quelques granules miliaires relégués aux angles des granules externes mamelonnés. Interambulacre formé de deux rangées de plaques subhexago- nales, hautes, peu nombreuses, au nombre de trois, plus une demie en formation dans la portion B de l'aire, et de quatre dans la portion À (2). Chacune de ces plaques porte un tubercule forte- ment mamelonné, perforé, à col ordinairement lisse, partiellement et très légèrement crénelé du côté apical chez les plus gros tuber- cules; la surface du cone est couverte de très fines stries rayon- nantes, visibles seulement sous un très fort grossissement (3). La plaque en formation de la série B ne porte près de l’apex qu’un tubercule incomplètement développé, faiblement scrobiculé, et reste presque entièrement occupée par les granules. Scrobicules des autres plaques enfoncés, circulaires, entourés d’un cercle complet de granules scrobiculaires médiocrement développés et rapprochés, mais distincts, à mamelon elliptique supporté par un léger bour- relet de forme subtriangulaire. Zone miliaire peu étendue, très déprimée, couverte de granules serrés, irréguliers, sans traces d'empreintes linéaires de filets nerveux. Fossettes angulaires peu (1) Voir Lowen : On Pourtalesia, pl. XII, 1883. (2) Voir Loven : Etudes sur les Echinoïdées, p. 13 et pl. XVII. (3) Peut-être les impressions des fibres musculaires motrices du radiole. 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ A1 profondes aux angles internes des plaques; d’autres fossettes suturales plus profondes, un peu allongées, se voient au bord adoral de chaque plaque à partir de l’ambitus jusqu’à l’apex. Apex caduc, inconnu, pentagonal et assez étendu d’après son empreinte. Péristome subpentagonal, médiocrement développé. L’exemplaire décrit montre encore adhérent au test un bon nom- bre de radioles secondaires des granules scrobiculaires. Ce sont de petits bàtonnets subeylindriques, épais, légèrement aplatis sur un de leurs côtés, d’environ 1 mill. de longueur, ornés de stries longi- tudinales serrées et granuleuses, sans collerette ni facette articu- laire distinctes, assez semblables à ceux du C. vesiculosa figurés dans la Paléontologie française (pl. 1061, fig. 9). Les radioles principaux, trouvés à côté du type et qui lui ont peut-être en partie appartenu, sont en forme de baguette cylin- drique, allongée, variant de 13 à 31 mill. de longueur sur un dia- mètre d'environ 2 1/2 ce. — Tige ornée de petites côtes longitudi- nales granuleuses plus ou moins accentuées, plus ou moins serréés et dont une partie seulement, passant à l’état de fines côtes com- primées, dentelées, séparées par des intervalles d'apparence lisse, atteint le sommet et y forme parlois une corolle plus ou moins régulière, peu développée. — Collerette très haute, atteignant par- fois un tiers de la longueur totale du radiole, paraissant lisse, cou- verte en réalité de très fines stries longitudinales, séparée de la tige par un bourrelet oblique, saillant. — Bouton médiocrement développé; anneau strié, très saillant; facette articulaire plus ou moins fortement crénelée. Certains radioles semblent dépourvus de bouton et n’avoir qu’une très courte collerette. Cette anomalie, déjà signalée par Wright et de Loriol, me paraît devoir être seulement attribuée à un accident de fossilisation, semblable à celui que présentent les radioles du Goniocidaris arduennensis. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le test du G. farringdonensis a des caractères qui le distinguent facilement des autres Cidaris crétacés. Il ne saurait, en particulier, être confondu avec le C. Lardyi Desor, qui est plus renflé, dont les tubercules interambulacraires, plus nombreux, toujours lisses, sont entourés de granules scrobi- culaires plus développés et espacés, dont la zone miliaire est garnie de granules épars et inégaux, dont les granules ambulacraires sont autrement disposés et dont les plaques interradiales sont dépour- vues de fossettes suturales. 42 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 24 Août _ Le C. malum Albin Gras, de l’Urgonien, que je ne connais pas en nature, est, d’après les descriptions et les figures, beaucoup plus voisin de notre espèce; il en diffère cependant par ses ambulacres plus larges, moins flexueux, garnis de granules moins contrastants, les internes moins inégaux, non disséminés, mais disposés à l’ambitus en séries verticales régulières, par ses granules scrobiculaires moins développés, sa zone miliaire sériée par les sillons des filets nerveux, enfin, par ses tubercules toujours lisses, relativement un peu plus nombreux. Le C. folcariensis Gauthier, des calcaires blancs du Néocomien inférieur de l’Aube, a été rapproché du C. malum; ses interambulacres à tubercules lisses, ses granules scrobiculaires irréguliers, sa zone miliaire interradiale nulle et l’absence probable de fossettes suturales ne permettent pas de le confondre avec le G. farringdonensis. Une autre espèce à fossettes suturales, le C. vesiculosa Goldfuss, a un test plus renflé, des ambulacres moins flexueux, garnis de granwles moins inégaux, sériés; ses tubercules interambulacraires plus nombreux, toujours lisses, sont entourés de granules scrobiculaires plus petits, avec zone miliaire plus étendue ; son péristome subcir- culaire est plus étroit. J’indiquerai plus loin les caractères qui séparent le G. arduennensis du G. farringdonensis. Les radioles du G. farringdonensis, assez commun à Grandpré, ont, par suite d’une erreur sur le niveau stratigraphique du gise- ment, été confondus, dans la Paléontologie française (Terr. crét., t. VIL, p. 240), avec ceux du C. uniformis Sorignet, du Cénomanien. Il faut d’ailleurs convenir que l’unique échantillon soumis à M. Cotteau, et que j'ai retrouvé dans la collection de M. Raulin, était de petite taille et assez mal caractérisé. Les deux espèces n'’offrent en réalité que de lointains rapports. Chez le C. uniformis, la collerette est beaucoup moins étendue, non séparée de la tige par un bourrelet saillant, les côtes sont den- telées et s'élèvent toutes jusqu’au sommet, où elles s’épanouissent en corolle munie d’un petit fleuron central. Les radioles du G. far- ringdonensis se rapprochent peut-être davantage des formes néoco- miennes à longue collerette comme C. spinigera Cotteau, et C. punc- tata Rœmer. Sans doute le type du premier est presque sans rapports avec notre espèce, mais M. Cotteau lui a rapporté une variété carénée, à facette articulaire crénelée, à collerette étendue, séparée de la tige par un bourrelet oblique qui rappelle le radiole du G. farringdonensis ; elle s’en distingue cependant par sa forme prismatique à fortes carènes longitudinales lisses. — Enfin Quens- tedt a décrit un C. coronoglobus du Tourtia d’Essen, dont les radioles 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 43 offrent une analogie remarquable avec ceux de notre espèce. La tige de l’espèce allemande est cependant plus courte, plus renflée près du sommet et ornée de côtes plus granuleuses et plus serrées. Il est superflu de comparer nos radiales avec les formes jurassiques à haute collerette comme C. Guerangeri, C. coronata, etc., qui n’ont avec eux qu’une lointaine ressemblance. Les radioles du C. cf. farringdonensis Stoliska (Cret. Echin. of South India, p. 49, pl. VIE, fig, 29, 30) de l’Ootatoor group, dépour- vus du bourrelet qui sépare la collerette de la tige, me paraissent appartenir à un autre type, aussi n’ai-je pas mentionné l'espèce en synonymie. Malgré sa petite taille, le G. farringdonensis de Grandpré est parlaitement caractérisé et ne saurait être distingué de l’exemplaire de la Presta, figuré par M. de Loriol. Cette intéressante espèce du Sponge-gravel à Peltastes Wrighti de Farringdon n'avait pas encore été nettement signalée en France. En Angleterre elle n’était connue que par ses radioles et par deux plaques interradiales isolées, dont l’une (Wright : loc. cit. pl. IL, fig. 7) à scrobicule elliptique, col fortement crénelé, zone miliaire nulle, appartient évidemment à une autre espèce. La position générique du Goniocidaris farringdonensis m’a beau- coup embarrassé. Il est, en efïet, d'usage de rapporter au seul genre Cidaris la presque totalité des Cidaridæ fossiles à pores non conju- gués. Cependant, quand on examine attentivement l’Oursin de Grandpré, il paraît bien difhcile de le séparer génériquement de l'espèce suivante et de ne pas rapprocher le petit groupe crétacé constitué par eux et par les C. malum, C. vesiculosa, ete, du genre actuel Goniocidaris. M. Pomel l’a parfaitement compris ; aussi, n’osant rattacher directement le C. malum au Goniocidaris gera- noides, espèces séparées par une lacune qui s’étendrait de l’Urgonien aux mers actuelles, a-t-il pris le parti de créer pour son premier Goniocidarien crétacé un sous-genre spécial : Typocidaris. Je ne le suivrai pas dans cette voie. J’appartiens, en effet, à l’école qui résiste à la création hybride des sous-genres. Puis, nos espèces de Grandpré, le C. vesiculosa du Cénomanien, les C. cretosa et C. serrata de la craie blanche, d'autre part, le Goniocidaris affinis du Miocène viennent singulièrement diminuer une lacune que des découvertes ultérieures finiront par combler. Sans doute il y a une différence entre les impressions suturales restreintes, mais mul- tiples, des espèces crétacées et le profond sillon qui semble partager en deux l’interambulacre du G. canaliculata ; mais il ne faut pas oublier que souvent ce sillon s’atrophie et qu’il est presque nul 44 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 24 Août chez G. florigera. Le G. genarioides, type du genre, présente évi- demment des fossettes angulaires et suturales différentes, autrement disposées ; il n’a en réalité que des fossettes angulaires centrales avec sillons s’irradiant sur les portions voisines des sutures. Au contraire, G. farringdonensis avec des fossettes angulaires centrales bien plus faibles, sans sillons prolongés vers les sutures, porte des fossettes suturales excentriques distinctes et qui manquent chez la plupart des espèces vivantes. Il ne faut cependant pas oublier qu’une espèce des mers du Japon, dont les ambulacres offrent une orneméntation très voisine, le G. biserialis Düderlein, présente comme notre Goniocidaris de Grandpré des fossettes suturales près des bords externes de ses aires interradiales. Ainsi le ca- ractère : fondamental du genre Goniocidaris, la présence de fos- settes destinées sans doute à loger des organes (1) qui manquent chez les vrais Cidaris et mème chez les Dorocidaris, se retrouvant d’une façon très nette chez l’ancien Cidaris farringdonensis, j'estime qu’il n’est plus possible de laisser l’espèce parmi les Cidaris; elle doit être rapprochée des Goniocidaris actuels, notamment du G. bise- rialis, dont elle constitue seulement une forme archaïque, à tuber- cules portant traces de crénelures, à fossettes peu développées, mais qui présente déjà tous les caractères essentiels du genre. LOCaALITÉS. — J'ai recueilli cette espèce au Bois-des-Loges, à Grandpré; elle y est très rare. M. Barrois a signalé une plaquette à Blangy. Les radioles sont assez communs dans les divers gisements des environs de Grandpré. Collections : Raulin, Peron, Collet, Cotteau, Lambert. En dehors de France, l’espèce a été signalée à Farringdon (Angle- terre), à La Presta et à Ste-Croix (Suisse). 3. GONIOCIDARIS ARDUENNENSIS Lambert, 1891. (PL. IL, fig. 13-21). Diamètre : 22 mill. Hauteur : 12 mill. Test de moyenne taille, très légèrement subpentagonal, médiocre- ment renflé. (1) M. Pomel dit (Genera, p.110) que ces organes sont des Sphérides. Cela pour- rait être; mais il ne faut pas oublier que les vrais Sphérides sont toujours limités aux ambulacres. D’autres Echinologistes ont considéré les fossettes comme des ornements sans rôle physiologique spécial. J'avoue franchement ignorer le rôle des fossetles chez les Cidaridcæ ; cependant j'ai bien de la peine à croire que ces acci- dents du test-squelette soient sans liaison avec aucun organe particulier. L'étude seule des Goniocidaris vivants pourra fournir un jour la solution du problème. 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 45 Ambulacres étroits, onduleux, entièrement composés de pla- quettes primaires simples, égales, granulifères. — Zone porifère étroite, enfoncée, à pores serrés, séparés par un granule. — Espace interzonaire portant deux rangées externes de granules, faiblement mamelonnés, entre lesquels se développent des granules miliaires irrégulièrement disséminés à l’ambitus, atteignant à peine l’apex et très réduits vers le péristome. Interambulacres formés de plaques hautes, au nombre de trois à quatre par séries ; la quatrième des séries B, en formation près de l’apex, peu développée, ne porte qu’un tubercule faible- ment mamelonné, non scrobiculé; les autres plaques portent chacune un tubercule fortement mamelonné, perforé, à col lisse, Scrobicules enfoncés, circulaires, entourés d’un cercle de granules irréguliers, à peine plus développés que les granules miliaires avec lesquels ils se confondent, faiblement mamelonnés. Zone miliaire assez étendue, déprimée, couverte de granules serrés, disposés sans ordre. Fossettes angulaires peu profondes aux angles internes des plaques; d’autres suturales profondes au bord adoral de chacune, situées plus près de l’ambulacre que du centre de l’aire. : Apex inconnu, médiocrement développé, subcirculaire d’après son empreinte. Péristome de même forme, peu étendu. Radioles en baguettes cylindriques, médiocrement allongés (diamètre, 3 mill., longueur, 28 mill.), ornés, sur la tige, de dix à douze côtes longitudinales granuleuses, devenant comprimées et plus ou moins épineuses à une certaine distance de la collerette, alors plus espacées et dont les intervalles sont finement striés en long; ces côtes s’atténuent et disparaissent brusquement vers la base ; sommet du radiole variable, parfois en corolle peu développée. Collerette courte et finement striée; bouton petit; anneau saillant, strié, facette articulaire très légèrement crénelée. Deux radioles plus courts (diam. 2 mill., long. 13 mill.) ont un aspect bien moins granuleux. Ces différences paraissent provenir de la place occupée sur le test et sont sans importance. Les radioles que je viens de décrire n'ont pas été trouvés attachés au test, mais ils se rencontrent avec lui et lui conviennent parfaitement. Beaucoup de radioles trouvés à Grandpré sont dépourvus de bouton, et chez eux la collerette semble directement munie d’une surface articulaire. Cette anomalie, fréquente aussi chez le G. far- ringdonensis, est le résultat d’un accident de fossilisation., La partie la plus faible du radiole est la base de la collerette, qui, protégée durant la vie de l’oursin par la membrane externe, reste dépourvue 46 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 24 Août de couche corticale, tandis que le bouton lui-même s’encroûte par la formation du bourrelet destiné à renforcer la fossette articulaire. La base de la collerette est donc presqu’entièrement formée par le tissu interne du radiole, moins dense et, après la mort de l’animal, plus attaquable par les eaux acidulées. Si le radiole est exposé à des influences délétères, il est corrodé par sa base, le bouton se détache, et la tige avec la partie supérieure de la collerette, c’est-à- dire toute la portion recouverte par l’écorce, subsiste seule; cette ablation se produit d’ailleurs avec une telle régularité que la section simule une véritable surface articulaire. J'ai recueilli un exem- plaire qui montre ce travail de corrosion déjà très avancé, mais chez lequel le bouton tient encore un peu à la tige; il ne permet pas de séparer les radioles sans bouton des autres, comme on aurait pu être tenté de le faire à la suite d’un examen superficiel. 1, Le Ê2e Trois radioles du G. arduennensis, grossis au double: 1. Radiole normal. — 2. Radiole dont le bouton est en partie détaché de la tige. — 3. Radiole privé de bouton avec pseudo-facette articulaire. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le test du G. arduennensis a des rapports évidents avec celui de l’espèce précédente; il est cepen- dant plus élevé, a des ambulacres plus étroits à l’ambitus, moins flexueux, moins effilés en dessus, de gros tubercules interambu- lacraires toujours lisses, entourés de granules serobiculaires plus atténués, enfin une zone miliaire moins étendue. Il se rapprocherait ainsi davantage du C. vesiculosa Goldfuss, si ses ambulacres à granules internes inégaux, non sériés verticalement, disséminés, ne permettaient de distinguer facilement les deux espèces. Le C. malum A. Gras, des couches urgoniennes de l'Isère, est aussi extrêmement voisin de notre espèce; il ne s’en distingue que par ses ambulacres proportionnellement plus larges, garnis de granules qui s'élèvent plus haut, dont les externes mamelonnés sont moins développés, les internes moins inégaux, moins disséminés. Les tubercules interambulacraires du C. malum sont aussi entourés 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 47 d’un cercle de granules scrobiculaires plus nettement mamelonnés, ne se confondant pas avec les granules miliaires ; sa zone miliaire présente en outre des impressions linéaires distinctes des filets nerveux; enfin ses fossettes suturales sont sensiblement moins profondes. Le Cidaris folcariensis Gauthier, des calcaires à bryozoaires (Valangien) de l’Aube, se distingue de notre espèce par l’étroitesse de sa zone miliaire interambulacraire, le développement de ses scrobicules et l’absence, ou du moins la petitesse, de ses fossettes suturales (1). Les radioles que j’attribue au G. arduennensis sont plus allongés, ornés de côtes granuleuses plus fines et plus régulières que ceux du C. Lardyt; ils sont beaucoup plus voisins de ceux du C.vesiculosa, mais moins fusiformes, pourvus sur la tige de granules plus gros- siers, moins épineux, moins réguliers et portant à l’état frais des traces de légères crénelures sur la facette articulaire. Le C. Mac- Phersoni Cotteau, de l’Urgonien d’Oviedo, a des côtes grauuleuses plus serrées, plus fines et à intervalles chagrinés. Le C. uniformis Sorignet a des côtes plus nombreuses, plus épineuses, qui s’épa- nouissent nettement en corolle au sommet. Les radioles du C. sub- vesiculosa d'Orbigny, sont bien plus allongés, ornés de côtes plus régulières et beaucoup plus épineuses. En résumé, mon espèce, tant par les caractères de ses radioles que par ceux de son test, me paraît suffisamment distincte. On ne saurait cependant méconnaître les rapports étroits qui unissent les Cidaris malum Albin Gras, de l’Urgonien, Goniocidaris arduennensis Lambert, de l’Aptien, Ciduris vesiculosa Goldfuss, du Cénomanien. On arrivera peut-être un jour à les considérer comme les formes successives d’un même type. Mais avec les matériaux restreints dont je dispose, alors que MM. Cotteau et de Loriol ont cru devoir maintenir comme espèce le C. malum, je ne me suis pas trouvé autorisé à trancher la question dans un sens aussi radical. Adop- tant les vues de ces maîtres de l’Echinologie, je ne pouvais réunir l’espèce de Grandpré au C. vesiculosa, dont les ambulacres et aussi les radioles sont notablement différents, et j’ai pensé qu'elle devait ètre considérée comme une espèce véritablement distincte. Le G. arduennensis, en raison de ses fossettes angulaires et sutu- (1) D'après la descriplion, Gauthier : Note sur quelques Echinides de l'Yonne, bp. 12, pl. I, fig. 1-4, 1891, le Cidaris folcariensis serait dépourvu de fossetles angulaires et suturales. Cependant la fig. 3 semble en indiquer. 48 LAMBERT. —— ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 24 Août rales analogues à celles du G. biserialis Düderlein, m’a paru devoir être rapporté au même genre. Les quelques différences que l’on peut facilement relever entre l’espèce aptienne et celle des mers du Japon sont insuffisantes pour caractériser un genre spécial et je n'ai pas adopté celui de Typocidaris proposé par M. Pomel. J’estime en effet qu'il faut apporter une grande circonspection aux inno- vations quand il s’agit de fonder des genres nouveaux sur des détails de particularités anatomiques dont l'importance physiolo- gique nous échappe encore complètement. LocaLiTÉs. — Sables ferrugineux de Grandpré; très rare. Coll. Peron. | Radioles assez communs au Bois des Loges et à la tranchée de Barbançon. Coll. Peron, Raulin, Lambert. M. Barrois paraît avoir aussi mentionné les radioles de cette espèce à Grandpré et à Blangy sous le nom de C. vesiculosa (Terr. crét, des Ardennes, p. 244 et 254). Ce sont probablement les mêmes radioles qu’il a cités sous le même nom, mais avec doute, dans le Sponge-gravel de Farringdon (Recherches sur le terr. crét. sup. de l’Angleterre et de l'Irlande, p. 146, 1876). Genre Polydiadema Lambert, 1888 Syn. Tiarella (pars) Pomel : Genera des Echin. viv. et foss. p. 104, 1883. Plesiodiadema Duncan (non Pomel, 1883) : Quat. Journ. vol. 41, n° 163, p. 419, 1885. —- — de Loriol: Faune crétac. du Portugal, Il, Échinod., p. 31, 1887. Polydiadema Lambert : Note sur un nouv. genre d’Échinide de la craie de l’Yonne, p. 43, avril 1888. — — Cotteau : Échin. nouv. ou peu connus, 2e sér., fasc. VII, p. 115, 1888. Tiarella Pomel : Bull. Soc. Géol. de Fr., 8 sér., T. XVI, p. 446, — septembre 1888. Placodiadema Duncan : Revision of the gen. and groups of the Échin., p. 64, décembre 1889. Polydiadema Lambert; Gauthier : Annuaire géol. univ. Échi- nodermes. T. VI, p. 957, 1891. Je n’ai pas à revenir ici sur les caractères de ce genre parfaite- ment établi par M. Duncan en 1885, décrit d’une façon très com- mn tttlt nt i mmdititte té + titi fit dé 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 49 plète par M. de Loriol en 1887 et de nouveau par M. Duncan en 1889 sous le nom de Placodiadema. On sait que les Polydiadema comprennent les anciens Pseudodiadema à zones porifères ondu- leuses et unigéminées (1) et dont les majeures ambulacraires sont constituées par un nombre de plaques primaires supérieures à trois : plaques plurisociées (1). Le genre Tiarella avait été créé, en 1883, par M. Pomel pour une section des anciens Pseudodiadema et devait comprendre des espèces à apex cadue, à zone porifère unisériée, à ambulacres composésde plaques majeures à trois ou quatre éléments, mais dont le caractère essentiel résidait dans l’absence de tubercules secondaires des aires interradiales. Ce genre avait pour type l’ancien Pseudodiadema Deslongchampsi Cotteau, petite espèce du Lias supérieur qui ne se. distingue par aucun caractère apparent des vrais Pseudodiadema. Les Tiarella comprenaient, d’après leur auteur, trente et une espèces, dont quatorze ont leurs plaques ambulacraires composées seulement de trois assules primaires, six présentent à l’ambitus une ou deux demi-plaques supplémentaires, une est un Diplopodia et dix seulement ont plus de quatre élémentaires par plaques primaires. Quand M. Duncan, appelant le premier l'attention sur cette dernière disposition, créait pour les oursins qui offrent ce caractère son genre Plesiodiadema, il ne faisait donc que sectionner le genre Tiarella de M. Pomel, et il avait incontestablement le droit, laissant au type et à la grande majorité des espèces citées le nom ancien, de donner à son genre un nom nouveau. Ce nom faisait malheureusement double emploi dans la nomenclature, et par une note présentée à la Société des Sciences de l’Yonne en 1887, mais publiée seulement en avril 1888, j'ai changé le nom de Plesiodiadema en celui de Polydiadema. De son côté, M. Pomel, dans une note présentée à la Société Géologique de France, en mars 1888, non analysée au compte-rendu sommaire et publiée seulement en sep- tembre de la même année, modifiant la diagnose primitive de son genre Tiarella, déclare que le « genre Plesiodiadema de M. Duncan » est synonyme de Tiarella, » ce qui est une erreur matérielle, car Plesiodiadema Duncan ne comprend qu’une très faible partie des Tiarella Pomel, 1883. Aussi M. Duncan, dans son dernier ouvrage, n’a-t-il pas accepté les conclusions de M. Pomel, et, oubliant ma proposition de changer le nom de ses Plesiodiadema en celui de Polydiadema, bien que ce dernier ait été admis et consacré par M. Cotteau, a-t-il proposé, pour (1) Voir ci-dessous l'explication de ces termes. XX de DÙ LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 24 Août désigner les mêmes espèces d’oursins, un genre Placodiadema, qui tombe ainsi en synonymie du genre Polydiadema. Après la création, par M. Duncan, du genre auquel jai donné le nom de Polydiadema, le genre Tiarella Pomel, 1883, loin d’en être synonyme, subsiste avec sa diagnose primitive, comprenant des espèces à apex caduc, dépourvues de tubercules secondaires dans les interambulacres et à plaques ambulacraires 3-4-sociées. Les auteurs adopteront ou n’adopteront pas ce genre, mais il ne peut être maintenu qu'avec sa diagnose de 1883, alors que les travaux de M. Duncan n'avaient pas encore attiré l’attention des spécialistes sur le groupement des primaires dans l’ambulacre et limité le genre Tiarella aux espèces qui doivent y rester après la création du nouveau genre Polydiadema. En rappelant les caractères de ce genre, j’ai dû me servir de termes sur lesquels il me paraît nécessaire de donner quelques détails. Les expressions employées pour la description des Echinides ont été expliquées par les auteurs, Desor (Synopsis, p. 10), Wright (Brit. foss. Echinod. Ool., p. 9, Crét., p. 21), de Loriol (Echin. Helv., p. 9), Alex. Agassiz (Revis. of. Echin. IVe part.) ; il n’y a donc pas à y revenir; mais il est aujourd’hui indispensable de préciser le sens des mots qui servent à caractériser la structure de l’'ambulacre et la formation de ses plaques. L’ambulacre d’un Endocycle est normalement composé d’une double série de petites plaques, pourvues chacune d’une paire de pores à sa partie externe et garnies ordinairement de granules ou de tubercules du côté de la suture médiane. Ces plaquettes porifères ont reçu le nom d’assules primaires ou élémentaires; elles peuvent composer l’ambulacre entier sans modification, comme cela a lieu chez les Ciduris, ou se grouper en nombre variable pour constituer de plus grandes plaques tuberculifères. Tantôt cette coalescence n’affecte qu’une partie (l’adorale) de l’ambulacre, qui est alors hétérogène : Pseudocidaris; tantôt elle s’observe sur l’ambulacre entier : Pseudodiadema. Les plaques composées ont reçu de M. Loven le nom de plaques majeures. Il importe d’ailleurs de remarquer que les assules les plus récentes, qui viennent de se former vers l’apex, à l’abri des ocel- laires, sont presque toujours des primaires. Ces plaques ne se soudent, pour constituer des majeures, que plus tard, sous l’influence de la pression des assules nouvelles. Les péripodes des primaires forment-ils au bord de l’ambulacre une série verticale unique, on les dit simples, ou unigéminés ; for- 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ : 51 ment-ils une double série verticale, on les dit bigéminés; en forment- ils trois, ils sont trigéminés; paraissent-ils s’échelonner oblique- ment par trois paires, quelque soit, d’ailleurs, leur agrégation relativement à la constitution des majeures tuberculifères, ils seront pseudo-trigéminés. Enfin les zones porifères sont dites plurigéminées lorsque les pores s'étendent en arc oblique de plus de trois paires. Tout ceci a été jadis indiqué en termes suffisamment explicites par Desor et parfaitement exposé par Wright. Je n'aurais donc pas à y revenir si M. Pomel, dans son Genera, n'avait jeté sur l'emploi de ces termes une regrettable confusion. Il a en effet remplacé les anciennes expressions uni-bi-tri-plurigèminés par celles de uni-bi-tri-multisériés. S’il s’en était tenu là, je n'aurais pas relevé un changement après tout acceptable. Malheureusement il a maintenu dans sa terminologie les anciens termes uni-bi-tri- plurigéminés, en attribuant à ces expressions reçues et consacrées par les grands travaux de Desor, Wright, Cotteau et de Loriol, un sens absolument nouveau. Pour lui, les zones porifères sont uni-bi- tri-plurigéminées suivant que chaque plaque ambulacraire majeure comprend une, deux, trois, ou plus de trois assules porifères élé- mentaires : (Genera, p. 9). M. Pomel n’avait incontestablement pas le droit de faire ainsi table rase du passé et de rendre inintelligibles les descriptions des meilleurs auteurs. Sa terminologie doit être rejetée, et il faut conserver aux termes dont Wright a si bien donné la signification leur acception consacrée par un usage trentenaire. Je dois le dire d’ailleurs, M. Pomel, reconnaissant que les mots employés par lui étaient peu convenables et prêtaient à une regrettable confusion, s’est rangé depuis implicitement à mon avis (Bull. Soc. Géol. de Fr., æ sér., t. XVI, p. 448). Il est cependant indispensable à la concision et à la clarté des descriptions d'employer des termes spéciaux pour indiquer si les plaques ambulacraires sont formées d’une seule assule porifère, ou bien composées de deux, trois, ou plus de trois assules soudées ensemble. Je propose en conséquence de désigner ces différentes dispositions par les expressions uni-bi-tri ou pluri-sociées que j'écrirai commé M. Pomel 1, 2, 3, 4, 5, sociées. Ainsi je dirai que chez Salenia les zones porifères sont unigéminées et les primaires ou les majeures ambulacraires bisociées. Chez Pedinopsis, les zones porifères sont bigéminées et les plaques ambulacraires 6, ou pluri- sociées. Tripneustes est un bon type de zone porifère trigéminée. Je citérai comme exemple de zones porifères pluri-géminées, Loxechinus et la portion adorale des ambulacres de Colobocentrotus. Enfin, dans certains genres, les pores s'étendent en arcs obliques LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 24 Août et l’on pourrait dire alors qu’ils sont toxogéminés. Strongylocen- trotus offre cette remarquable disposition, fréquente surtout chez les types actuels. 12 = Our of, 0 YC a. d'atatotafé, c: Types de zones porifères uni-bi-tri-plurigéminées. Type de zone porifère unigéminée du Cidaris (Paracidaris) florigemma Phil- lips, d’après Wright. - 2,3,4. Autres types de zones porifères unigéminées : 2, Majeures bisociées, à pores unigéminés du Salenia granulosa Forbes, d'après Cotteau. — 3, Plaques trisociées, unigéminées du Heterodiadema lybicum. Desor (s. Hemicidaris). — 4, Majeures unigéminées, plurisociées du Polydiadema lenue Agassiz (s. Diadema), d’après Cotteau. . Type de zone porifère bigéminée du Diplopodia pentagonum M'Coy, d'après Wright : &, série porifère verticale externe, b, série verticale interne. . Plaques bigéminées, trisociées du Salmacis sulcala Agassiz, d'après nature : a, série porifère verticale externe, D, série verticale interne. . Type de zone porifère trigéminée, d’après Wright, prise sur le Pseudodiadema depressum Agassiz, près du péristome. (Cest en réalité une disposition pseudo-trigéminée par triades obliques, avec majeures trisociées : l,m,n. Trois primaires en série oblique appartiennent à deux majeures successives, L primaire adorale de la majeure supérieure, m péripode moyen de la primaire aborale, n péripode externe de la primaire médiane, 0 péripode interne de la primaire adorale). Zone porifère trigéminée à majeures trisociées du Stomechinus perlalus Desmarets (s. Echinus), d’après un échantillon du Corallien de Selongey : a série porifère verticale externe, D série verlicale médiane, c série verticale interne. — M péripode de la (demi-plaque) primaire aborale, n péripode de la 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 53 primaire médiane, 0 péripode de la (demi-plaque) primaire adorale, L’asso- ciation de ces trois plaques constitue la majeure. trisociée x. 9. Type de zone porifère plurigéminée du Loxechinus albus Molina (s. Echinus) d’après nature : & série porifère verticale externe, b série verticale médiane, c série verticale interne, al — «a cinq séries porifères verticales intermé- diaires. 10. Type de zone porifère toxogéminée du Strongylocentrolus franciscanus A. Agassiz (s. Toxocidaris), d'après Alexandre Agassiz. 11. Type de zone porifère unigéminée et unisociée du Cidaris hystrix, d'après Loven. En ce qui concerne les zones porifères trigéminées, on ne doit logiquement attribuer ce nom qu’à celles dont les péripodes, en retrait les uns par rapport aux autres, se profilent sur trois lignes verticales distinctes et dont chaque rangée est composée des pores homologues de majeures successives, comme cela a lieu chez le genre Tripneustes et chez certains Stomechinus (Voir fig. 12, ran- gées À, B, C.). Normalement une majeure (X) est dans ce cas composée de trois primaires (M, n, 0); une médiane, à péripode externe (n); une adorale, à péripode interne, située près de la base du tubercule (0) et une aborale (m), dont le péripode s'ouvre ordinairement entre ceux des deux autres assules et forme la rangée verticale médiane (B). Cette position médiane du péripode de la primaire aborale donne aux zones porifères une apparence échelonnée particulière, qui à permis de considérer les péripodes comme constituant alors des petites lignes obliques successives (D. D’) composées des trois péripodes des primaires 0, m, n. L'échelonnement oblique des pores en petites lignes brisées, qui chevronnent vers l’apex, a frappé les premiers observateurs, qui lui ont attribué une importance exagé- rée et l’ont confondu avec la véritable disposition trigéminée sur trois lignes verticales. Pour éviter cette confusion, j'ai donné à la disposition porifère par triades obliques le nom de pseudo-trigé- minée qui rappelle son origine. Le groupement des péripodes par triades échelonnées est en effet ici purement apparent, puisque chaque échelon emprunte en réalité ses éléments à deux majeures successives : #,n de la majeure Yet o de la majeure voisine X. C’est là un fait très important et qui enlève à la disposition en question la valeur taxonomique qu’on lui avait jadis attribuée. Les dispositions uni-bi-tri-plurigéminées s’observent comme l’indiquent les exemples cités, aussi bien dans le groupe des polypores que dans celui des oligopores. Toutes ces distinctions, au premier abord un peu subtiles, sont cependant indispensables pour préciser des caractères qui, en raison 54 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 24 Aoùt de leur fixité, acquièrent une grande importance pour la détermi- nation des espèces. Il ne faudrait cependant pas s’en exagérer la valeur; ainsi la disposition trigéminée n’a pas une fixité absolue ; c’est ce que montre l’étude du genre Pedina, dont plusieurs espèces offrent la disposition trigéminée typique, comme P. giqas Agassiz. Mais, chez d’autres, comme Pedina Salteri de Loriol (voir fig. 13), Fig. 12. Zone porifère trigéminée du Stomechinus perlatus, Desmarets X,Y,Z, Trois majeures ambulacraires successives avec leurs plaquettes élémentaires : mn la primaire aborale,n la primaire médiane, 0 lademi-plaque adorale. — A,B,C. Les trois lignes verticales de pores — D,D’, Echelons successifs par triades obli- ques, formant une disposition apparente dite pseudo-trigéminée. Fig. 43. Zone porifère du Pedina Salleri, de Loriol, d'après un échantillon de Leckhampton. V à Z. Quatre majeures imparfaitement constituées, mais rendues apparentes par le développement des tubercules : 7 primaire aborale, n primaire médiane, Oo primaire adorale, parfois réduite à l'état de demi-plaque — A,A. Ligne porifère verticale externe (composée de la fusion des deux lignes A et B distinctes chez le Stomechinus perlatus) ; C,C. Ligne porifère verticale interne. D,D’,D” Triades obliques formant une disposition d'apparence échelonnée, pseudo- trigéminée. les péripodes des primaires m et n ne font plus que chevaucher de chaque côté d’un axe commun (A, A.); les péripodes des primaires adorales (0) continuent seules à constituer une ligne verticale interne (C.C.). Il n’y a donc plus que deux rangées verticales de pores, comme chez Salmacis à zone porifère bigéminée. Chez P. Salteri la disposition pseudo-trigéminée, ou par triades obliques, reste toutefois assez apparente et dessine les divers échelons (D.D’); mais ces échelons empruntent toujours une partie de leurs éléments à une seconde majeure imparfaitement constituée. 4. PoryprApeMA CorTEaur Lambert, 1891. (PL. IL, fig. 41-17). Diamètre 14 mill. Largeur de l’ambulacre 3 1/2, de l’interambu- 1892 LAMBERT, — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 59 lacre à l’ambitus 5 mill. Largeur du péristome 6 mill., de l’apex 4 mill. Echantillon B. Diamètre 10 mill. ; hauteur 4 mill. Test de petite taille, subrotulaire, renflé à l’ambitus, faiblement convexe en dessus, déprimé près du péristome. Ambulacres larges, non renflés, sensiblement rétrécis vers l’apex, composés de majeures 5-sociées, sauf vers le péristome, où les deux premières plaques paraissent simplement trisociées. — Zones pori- fères à fleur de test, onduleuses, unigéminées jusqu’à l’apex, dont les pores, partout très rapprochés, sont fortement dédoublés au bord du péristome. — Espace interzonaire garni de deux rangées de tubercules très développés à l’ambitus, où ils sont cependant un peu plus petits que ceux des aires interradiales, diminuant plus rapidement de volume en dessus, où ils s’espacent et alternent jusqu’à l’apex, au nombre de neuf à dix par série. Ces tubercules profondément perforés et crénelés s'élèvent sur un cône très saiïllant, au bord des zones porifères, et sont entourés des autres côtés par une rangée de granules inégaux. Près de l'apex, la base du tuber- cule est beaucoup moins développée et les granules environnants s'étendent davantage. Les sutures des plaques sont nettes et celles des primaires se traduisent par des sillons plus ou moins profonds qui traversent la base du tubercule. Les figures données me dis- pensent d’ailleurs de décrire plus complètement la composition des majeures. Interambulacres relativement étroits, plus larges cependant que les aires ambulacraires, garnis de deux rangées de tubercules bien développés, diminuant à peine de volume en dessus et en dessous, un peu plus gros à l’ambitus que les tubercules ambulacraires, situés au centre des plaques, au nombre de huit à neuf par série, non scrobiculés, entourés à la base du cône, sauf du côté adoral, de granules inégaux, en sorte que chaque tubercule n’est séparé du suivant que par une seule rangée de granules; ceux-ci se déve- loppent davantage à la partie externe de l’aire, depuis lambitus jusqu’au voisinage du péristome; dans la même partie, on voit s’élever deux ou trois granules plus gros, mamelonnés, aux angles des tubercules principaux et, à l’ambitus, un ou deux très petits tubercules secondaires, perforés et crénelés. Zone miliaire presque nulle, avec quelques granules inégaux. Empreinte de l’apex subdécagonale, étroite. Péristome assez développé, peu enfoncé, circulaire, faiblement entaillé, avec entailles bordées, larges et peu profondes, et cadre 6 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 24 Août plus largement constitué par les ambulacres que par les autres aires. Radioles inconnus. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette espèce se distingue facilement du Polydiadema insignitum de Loriol {sub Plesiodiadema), du Céno- manien inférieur de Baforeira (Portugal), par ses tubercules plus développés, son apparence moins granuleuse, sa zone miliaire presque nulle, son péristome plus grand, etc. Le Polydiadema tenue Agassiz (sub Diadema), du Cénomanien, à ses tubercules beaucoup moins développés, scrobiculés, garnis à la base d’impressions radiées, le péristome plus petit, l’apex plus grand, la zone miliaire plus large dénudée au sommet. Le Polydiadema Rhodani Agassiz(s. Diadema), de l’Albien, se dis- tingue facilement par le moindre développement de ses tubercules interambulacraires en dessus, la présence en dessous de rangées de tubercules secondaires plus nettement constituées, son péristome étroit et enfoncé, son apex pentagonal bien plus développé, son aspect bien plus granuleux, etc. Le Polydiadema Cotteaui serait plus voisin au premier abord du Pseudodiaderna Grasi Desor, du Valangien; mais la constitution ambulacraire de ce dernier paraît très différente. Le Polydiadema anoueleuse Gauthier (s. Pseudodiadema), du Néocomien d’Algérie, en dehors de quelques autres caractères de détail, se distingue de l’espèce de Grandpré par ses tubercules, surtout les ambulacraires plus serrés et moins atténués vers l’apex, l’absence absolue de tuber- cules secondaires. Le Polydiadema alqirum Gauthier, du Cénomanien, plus renflé, à péristome plus étroit, a ses tubercules ambulacraires moins gros, scrobiculés et garnis à la base d’impressions radiées. Le Pseudodiadema Fittoni Wright, a des tubercules ambulacraires également plus nombreux et moins développés, une zone miliaire bien plus étendue, etc.; il serait un Diplopodia (near the dise (pori- ferous zones) are slightly bigeminal, Wright, p. 91). Le Polydiadema Wiltshirei Wright (s. Pseudodiadema), de l’Albien, est de bien plus grande taille, avec une zone miliaire plus large, des tuberçules bien plus atténués en dessus ; il se rapprocherait plutôt du P. Rhodani. — Le Pseudodiadema qurgitis de Loriol, dont la structure ambula- craire n’est pas suffisamment connue pour permettre de préciser sa position générique, est de plus forte taille; ses zones porifères sont plus droites; ses tubercules interambulacraires sont relative- 1892 LAMBERT, — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 07 ment plus nombreux et plus petits, avec des tubercules secondaires plus développés formant de véritables rangées externes. Le Polydiadema Bonei Forbes (sub Diadema), de l’Upper green- sand de Warminster est encore une espèce qui se rapproche extrêmement de la nôtre; elle en diffère cependant par sa forme souvent un peu subpentagonale, son apex plus développé et surtout par ses zones poriières uni-géminées près du péristome, où les pores se serrent un peu, mais ondulent sur une seule ligne (Voir : Wright, loc. cit., p. 100 et pl. XIX, fig. 2, F.), sans se dédoubler comme cela a lieu chez le Polydiadema de Grandpré. En résumé, le P. Cotteaui avec ses tubercules principaux bien développés en séries homogènes, ses secondaires très réduits, sa zone miliaire resserrée, ses pores dédoublés près du péristome, son apex très étroit, se distingue suffisamment de ses congénères et est un bon type de Polydiadema. LOCALITÉS.— Tranchée du chemin de fer.— Mines de Négremont à Grandpré; très rare. — Collection Lambert. Je viens de comparer le Polydiadema Cotteaui, au Pol. Bone Forbes. Au premier abord, le maintien dans la méthode de cette dernière espèce, réunie par M. Cotteau au Pol. tenue et par Wright à son Pseudodiadema Michelini, peut sembler insolite. Mais, au sujet de ces espèces, il existe une regrettable confusion qu'il est temps de faire cesser : Il importe de reconnaître d’abord que le Ediodonn tenue, si bien caractérisé par les impressions radiées de ses scrobicules, est nette- ment diflérent de l’espèce de l’Upper greensand de Warminster, décrite par Forbes (Hem. Geol. Surv. of the Unit. Kingd.— Dec. —V, pl. IL, p.8). Aussi les auteurs anglais, comme Wright et Duncan, ont- ils rapporté le Diadema Bonei au D. Michelini Agassiz, du Cénomanien de Villers-sur-Mer. ils ne pouvaient cependant confondre leur espèce avec le véritable D. Michelini, qui se retrouve précisément dans l’Upper greensand de Warminster. Dans ces conditions, Wright a maintenu pour cet Oursin de Warminster le D. Benettiæ Forbes (ibid., p. 7), figuré pour la première fois dans la Paléontologie fran- çaise (pl. 1114, fig. 7-13) par M. Cotteau, qui l'avait cependant réuni avec raison à son Pseudodiadema Michelini. Le type du Pseudodiadema Benettiæ (Wright : Brit. foss. Echin., pl. XV, fig. 2) est évidemment identique au type normand du Pseud. Michelini; mais le Pseud. Michelini de Wright (ibid., pl. XIX, fig. 2) est une forme nettement différente. Aussi le regretté professeur Duncan, qui a cité le D. Benettiæ 58 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’'APTIEN DE GRANDPRÉ 24 Août parmi les types de son genre Pseudodiadema à majeures de l’ambitus 3-sociées (Quat. Journ. — avr. 1885, p. 433), a-t-il au contraire pris pour type de son genre Plesiodiadema le Pseudodiadema Michelini de Wright (ibid., fig. 8). En effet, Pseud. Benettiæ, comme le vrai Pseud. Michelini normand, a ses élémentaires trisociées à l’ambitus et plurisociées seulement près de l’apex ; c’est pour moi un Tiarella. Mais Pseud. Michelini Wright, de Warminster, appartient à un genre différent, dont toutes les assules élémentaires de l’ambulacre sont plurisociées ; c’est un Polydiadema. IL est absolument distinct du vrai Diadema Michelini et il convient de lui laisser le nom spécifique de Bonei que Forbes lui avait imposé dès 1854. Il y a donc à Warminster deux espèces bien différentes : 1° Polydiadema Bonei Forbes (s. Diadema) dont le type a été figuré par Wright (pl. XIX, fig. 2), sous le nom erroné de Pseudo- diadema Michelini. En voici d’ailleurs la synonymie sommaire : Diadema Bonei Forbes, 1854. » » _Woodward, 1856. Pseudodiadema tenue (pars) Cotteau, 1864. » Michelini Wright (non Cotteau), 1868. Plesiodiadema ) Duncan, 1885. 20 Tiarella Michelini Agassiz(s. Diadema), dont le type de Villers- sur-Mer a été figuré dans la Paléontologie francaise, pl. 1114, fig. 1-6. Synonymie sommaire : Diadema Michelini Agassiz, 1840. » Benettiæ Forbes, 1854. Pseudodiadema Michelini Desor, 1856. » Benettiæ Desor, 1856. Diadema » Woodward, 1856. Pseudodiadema pulchellum Cotteau, 1858. » Michelini Cotteau, 1864. » Benettiæ Wright, 1868. Tiarella (Tiaromma) Michelini Pomel, 1883. Pseudodiadema Benettiæ Duncan, 1885. Tiarella Michelini Pomel, 1888. 5. Dipcopopia RENEVIERI Cotteau (sub Pseudodiadema), 1863. (PL. IL, fig. 1-10). Diadema (Tetragamma) variolare Agassiz [pars.]:— non Cidarites variolaris Brongniart — Catalogue rai- sonné, p. 46, 1846. * ÈS 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 59 Diadema variolare d'Orbigny : Prod. de Paléont, strat. univ., t. II, p. 142, n° 327, 1850. Diplopodia variolaris Desor [pars.] : Synopsis des Echin. Îoss., p. 78, 1855. Pseudodiademu Renevieri Cotteau : Pal. Franc. Terr. crét., t. VIE, p. 455, pl. 1108, 1863. — variolare Cotteau [pars]: Pal. Franc. Terr. crét., t. VII, p. 488, pl. 1117, fig. 9 à 11, 1863. — Malbosi Wright : — non Agassiz nec Cotteau — A. monog. Brit. foss. Echinod. from the Cret. iorm., p. 91, pl. XX, fig. 1, 1868. Diadema cf. variolare, Quenstedt: Die Echiniden,p.322,pl.LXXII, fig. 71, 1873. Pseudodiadema Renevieri Cotteau; de Loriol : Echin. Helv. terr. crét., p. 137, pl. VIE, fig. 6-7, 1873. — variolare Agassiz; Barrois : Mém. sur le terr. crét,. des Ardennes, p. 244, 1878. Tetragramma Renevieri Pomel : Genera des Echin., p. 105, 1885. Ce beau Diplopodia des sables ferrugineux de Grandpré, que j'ai pu étudier dans ses divers états de développement sur une dizaine d'échantillons, a été l’objet de telles confusions que, pour en mieux préciser les caractères, j'ai cru devoir en décrire séparément les principaux individus. Type : échantillon B de la collection de M. Raulin. Diamètre : 30 mill. — Haut. 13 mill. — Largeur du péristome : 33 0/,. — Largeur de l’interambulacre à l’ambitus: 43 °/0. » Test d'assez grande taille, rotulaire, très faiblement subpenta- gonal, renflé à l’ambitus, à peine convexe en dessus, aplati en dessous et légèrement rentrant vers le péristome. Ambulacres relativement étroits, non saillants, dont les majeures sont composées de primaires plurisociées en dessus, 4-sociées à l’ambitus et 3-sociées en dessous. — Zones porifères droites, à fleur de test, bigéminées en dessus, simples à l’ambitus, moins régulières en dessous et fortement dédoublées près du péristome; pores arrondis, rapprochés, disposés par paires dans un péripode à bords saillants, séparés l’un de l’autre par un léger bourrelet moins élevé que le cadre du péripode. A la face inférieure, les pores ont une tendance à s’aligner par pseudo-triade très faiblement oblique (1). En dessus, ils sont dédoublés seulement jusqu’au 5° tubercule à partir de l’apex. — Espace interzonaire garni de deux rangées de (1) Voir ci-dessus, page 53. 60 LAMBERT, — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 24 Août tubercules mamelonnés, perforés et crénelés, s’élevant sur un cône saillant, entouré d’un scrobicule circulaire, étroit, mal délimité, à fleur du test. Ces tubercules, au nombre d'environ 17 par rangées, aussi développés que ceux des aires interradiales, diminuent un peu de volume près du péristome, davantage en dessus, où, près de l'apex, ils tendent à alterner dans l’espace étroit laissé par le déve- loppement des zones porifères, qui, seules, entrent en contact avec le système apical; ces deux rangées verticales de tuber- cules sont séparées par une ligne sinueuse de petits granules iné- gaux, qui s'élèvent depuis l’ambitus jusqu’au voisinage de l’apex ; à la face inférieure et à l’ambitus, d’autres granules se développent en outre extérieurement entre les tubercules. Les sutures des plaques élémentaires sont visibles sur les majeures, surtout du côté externe du tubercule, où elles forment de légers sillons qui atteignent les crénelures du tubercule. Aires interambulacraires larges, garnies de tubercules médiocre- ment développés, serrés, formant des rangées verticales multiples ; les deux principales internes comprennent de 17 à 18 tubercules et s'étendent du péristome à l’apex, sans s’écarter au sommet; deux rangées secondaires, égales aux principales vers l'ambitus, devien- nent plus petites et irrégulières à l’approche du péristome et s'élèvent en dessus assez haut, pour cesser brusquement à la ren- contre des ambulacres qui viennent les couper obliquement; une troisième rangée externe de tubercules, moins régulière et moins développée, s’observe vers l’ambitus. Tous ces tubercules forment en outre des séries transverses obliques qui chevronnent régulière- ment du côté adoral. Dans la zone miliaire quelques très petits tubercules internes non sériés. Zone miliaire peu large, à peine plus - développée vers l’apex qu’à l’ambitus, légèrement déprimée et dénudée vers l’apex, garnie ailleurs de granules inégaux, épars; granules intermédiaires aussi très inégaux, quelques-uns mame- lonnés, disséminés, se groupant au-dessous de l’ambitus dans les angles des tubercules. Péristome circulaire, peu développé, s'ouvrant dans une légère dépression de la face inférieure, muni d’entailles assez profondes, bordées, situées aux angles des aires interambulacraires qui forment une parlie moins grande du cadre péristomien que les ambulacres. Apex paraissant étendu, dont l'empreinte n’est pas intacte dans l'échantillon décrit. 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ GI Variété. Echantillon 4. de la collection de M. Raulin. Ce magnifique échantillon, de 32 mill. de diamètre, est celui même qui a été successivement étudié par MM. d'Orbigny, Desor et Cotteau et figuré dans la Paléontologie Française (Terr. crél., t. VII, pl. 1117, fig. 9-11), sous le nom de Pseudodiadema variolare. Rotulaire, renflé à l’ambitus, également déprimé en dessus et en dessous, il a ses zones porifères encore faiblement bigéminées, puisque le dédoublement des pores s'arrête au cinquième tubercule depuis l’apex et n’atteint pas l’ambitus. Ses rangées de tubercules interradiaux sont largement développées; on en compte six à l’am- bitus et les externes sont formées de tubercules à peine moins gros que ceux des autres. La zone miliaire est étroite, porte quel- ques petits tubercules internes irréguliers et se dénude sans s’élargir à l'approche de l’apex. Grande taille. Echantillon C. de ma collection. Bien que mutilé, cet individu montre qu’au diamètre de 45 mill. les zones porifères deviennent plus largement bigéminées : le dédou- blement des pores s'étend alors jusqu’au dixième tubercule et dépasse l’ambitus. Les tubercules interambulacraires, presque tous d’égale taille, forment six rangées dont les principales comptent de dix-huit à dix-neuf tubereules par série. La zone miliaire reste peu étendue et se creuse un peu, mais sans s’élargir vers l’apex. Jeunes. Echantillon D de la collection de M. Peron. Cet individu n’a que 15 mill. de diamètre ; mais, à cette taille, l’espèce présente déjà les caractères de l’adulte ; le test rotulaire, renflé à l’ambitus, est un peu déprimé en dessus et en dessous. Apex médiocrement étendu, dont l’empreinte est régulièrement pentagonale; les zones porifères, dédoublées vers le péristome, sont déjà nettement dédoublées en dessus; les ambulacres sont seulement un peu plus larges et le péristome proportionnellement plus développé : 40, au lieu de 33 °/, chez l’adulte. Dans l'interam- bulacre, les tubercules, au nombre de douze à treize par rangée principale, forment à l’ambitus deux rangées secondaires externes aussi développées que les principales. On ne voit aucun autre tubercule, soit sur les bords de l’aire, soit au centre dans la zone miliaire; cette dernière est étroite, même vers l’apex, garnie de quelques granules épars, inégaux, qui disparaissent en dessus. Ce petit échantillon est intéressant; il a déjà bien les caractères du type et démontre que les troisièmes rangées de tubercules interambu- lacraires ne se développent qu'avec l’âge. D'ailleurs, sur un échantillon plus petit encore (échantillon £ de la coilection Raulin), au diamètre de 12 mill., les aires interambu- 62 LAMBERT. —- ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 24 Août lacraires ne présentent plus qu’à l’ambitus quelques tubercules secondaires bien développés, les autres sont encore de plus petite taille que ceux des rangées principales. A cet âge, les zones pori- fères sont moins nettement bi-géminées, bien que près de l’apex les pores chevauchent déjà sensiblement. Moule. — Echantillon F de la collection de M. Peron. Un moule en phosphate de chaux reproduit bien la forme générale et certains caractères de l’espèce. Il mesure 24 mill. de diamètre sur 1! mill. de hauteur; sa surface porte l’empreinte des sutures des plaques, mais les pores perdent leur caractère bigéminé qui ne se traduit plus intérieurement que par un extrème rapprochement des péripodes et un léger chevauche- ment. On sait d’ailleurs que les pores, en raison de leur direction oblique à travers le test, tendent toujours à former du côté interne, dont le moule reproduit les accidents, une série simple. Faibles traces des saillies correspondant aux tubercules des rangées secon- daires interambulacraires. Tous ces Diplopodia de Grandpré, rencontrés au même niveau stratigraphique, appartiennent incontestablement, malgré les difié- rences signalées, à une espèce unique, et quiconque pourra en étudier une série un peu étendue partagera cette impression. Les différences dans la forme du test, plus ou moins rotulaire et déprimé en dessus, sont pour moi presque sans valeur; l'étendue de la portion bigéminée des zones porifères, le nombre et le développement des rangées secondaires de tubercules interambulacraires sont unique- ment en rapport avec l’âge et la taille des individus. I faut d’ailleurs envisager les espèces de Diplopodia d’une façon suffisamment large, comme l’a fait M. Cotteau, qui n’a pas hésité à réunir D. Robineaui à D. autissiodorensis et D. Roissyi à D. variolaris. La tendance contraire ne tiendrait pas un compte suffisant des différences indi- viduelles; elle conduirait à l’émiettement des types, à faire des espèces avec des variations superficielles et à une fausse compré- hension de la nature des êtres. Dès qu'il y a sur un test d’oursin an tubercule de plus, ou un tubercule plus petit, créer une espèce nouvelle, serait faire une œuvre véritablement futile. Radioles. — On trouve à Grandpré, avec le test du D. Renevieri, des radioles qui lui appartiennent évidemment. J'ai d’ailleurs recueilli un de ces radioles adhérent encore au test dans le gise- ment de Négremont. Leur taille varie de 12 à 16 mill. de longueur sur 1 1/4 à 1 1/2 de diamètre ; ils sont allongés, éylindriques, subfusiformes, d’appa- 2 tit etbtt 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 63 rence lisse et brillante, mais en réalité ornés de stries longitudi- nales très fines et régulières, assez espacées, dont une ou deux plus développées tendent à former de chaque côté de la tige une légère côte. Collerette distincte, visiblement striée, se séparant nettement de la tige; anneau très saillant, garni de crénelures qui s’étendent sur le bouton du radiole ; facette articulaire crénelée. Sur quelques radioles, les deux côtes principales s’accentuent de manière à former deux petites carènes mousses, correspondant sur une coupe transverse aux extrémités d’une ellipse. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Pour les apprécier convenablement, il importe tout d’abord de préciser quelles coupures peuvent être introduites dans la série de formes successives dont le Diplopodia variolaris est le type. Si nous laissons de côté la forme à base rétrécie et pores à peine bigéminés : D. Brongniarti Agassiz, et celle à rangées de tubercules secondaires ambulacraires : D. lusita- nica de Loriol, nous restons encore en présence de variations nombreuses qui semblent graviter autour d’une forme primitive : 8. Pseudodiadema marticense Cotteau; des Martigues............ Turonien. Cidarites variolaris Brongniart; du Havre......... SA | 1. Telragramma subnudum Agassiz; du Havre...... eh ete Late Cénomanien. 6. — RONSSUMDeESON Ie lGACE RPM MENT EE EEE 5. Pseudodiadema Multbosi Cotteau; de La Clape.................. — Renevieri Cotteau; de la Perte du Rhône....... 4.2 Tetragramma variolare Agassiz; de Grandpré................. é ( Pseudodiadema Malbosi Wright; de l'ile de Wight............. Aptien. 3. — porosum Gauthier; de Bou-£Saada............. 2. — Picteli Cotteau ; de Saint-Georges......... Dooue 1. Diadema dubiuim A. Gras; du Rimet,................ SO One Urgonien. Si l’on veut établir des sections dans cette série, on pourra les motiver, en distinguant du type établi par Brongniart d’abord la forme turonienne : Diplopodia marticensis à tubercules plus déve- loppés, plus serrés, plus homogènes, formant quatre rangées interambulacraires seulement, à péristome à fleur de test; puis les grands échantillons de la craie à pores très largement bigéminés, six rangées de tubercules interambulacraires et zone miliaire très étendue, dénudée et élargie vers l’apex ; je pense, comme M. Cotteau, que cette seconde forme: D. Roïssyi, n’est qu’une variété du type. Parmi les formes aptiennes, on distingue ordinairement celle à test renflé en dessus, à tubercules bien développés formant habituelle- ment plus de quatre rangées interambulacraires et zone miliaire granuleuse s’élargissant vers l’apex : c’est le D. Malbosi, très voisin du type de Brongniart. Dans une note récente sur les Echinides crétacés du Mexique (Bull. Soc. Géol. de Fr., 3° sér., T. XVII, p. 294, 64 LAMBERT, — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 24 Août 1890), M. Cotteau ne donne plus comme caractères permettant la séparation des D. variolaris et D. Malbosi que le développement des tubercules et la plus grande largeur de la zone miliaire chez ce dernier. Les deux espèces sont certainement si voisines qu’en l’absence des indications toujours fournies par le gisement et l'aspect de la roche, on pourrait avoir peine à les distinguer. Viennent ensuite quelques variétés aptiennes à tubercules serrés, en séries transverses obliques, à zone miliaire étroite, ne s’élargis- sant pas vers l’apex. Le type de l’espète est notre Diplopodia de Grandpré, auquel il convient d'attribuer le nom de D. Renevieri. A peu près au même niveau, M. Gauthier a signalé en Algérie le D. porosa, forme qui paraît intermédiaire entre les D. Renevieri et D. Picteti Colteau, se rapprochant aussi beaucoup du D. dubia. Quant au D. Picteti Cotteau, de l’Aptien de l'Yonne, malgré d’incontestables analogies avec le D. Renevieri de Grandpré, il s'en distingue par le moindre développement de ses tubercules, dont les ambulacraires diminuent plus rapidement de volume au voisi- nage de l’apex, par la granulation plus rare et plus grossière couvrant l’espace plus large qui sépare les deux rangées médianes de tubercules interambulacraires, par l’ampleur relative de son péristome. Le D. Picteti est une forme intermédiaire entre les D. Rencevieri et D. autissiodorensis, mais se distinguant de l’un et de , te) l’autre par des caractères suffisamment tranchés, et dont les véri- tables affinités seraient plutôt avec D. dubia. Ce dernier est bien distinct de l’espèce de Grandpré par son péristome plus étendu, sa zone miliaire plus développée et plus granuleuse et par ses pores plus largement bigéminés en dessus. Comparée au D. variolaris du Havre, l'espèce de Grandpré s’en distingue par son test plus renflé, ses tubercules plus serrés, plus nombreux, en séries transverses obliques plus régulières, par sa zone miliaire plus étroite, moins dénudée près de l’apex, ses zones porifères moins largement bigéminées. Elle est moins grande, moins renflée, a ses tubercules moins développés, sa zone miliaire plus étroite, moins déprimée, moins élargie vers l'apex, son péris- tome moins étendu que le D. Malbosi. Les radioles du D. Rencvieri recueillis à Grandpré sont moins aciculés mais portent les mêmes ornements que ceux du D. vario- laris figurés par M. Cotteau (Pal. franc. Terr. crét., t. VII, pl. 1119, fig. 9-11). Ceux de la même espèce figurés par Wright (A monog. Brit. foss. Echinod. f, the Cret. form., pl. XVIL fig. {*, 10 ) ont une forme identique aux nôtres, mais une collerette plus haute et le bouton toujours lisse. Peut-être la présence des stries micros- 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES -DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 65 copiques de la tige et du bouton a-t-elle échappé à l’auteur anglais. Les radioles du P. Malbosi Wright (ibid., pl. XX, fig. 1?) sont d’ailleurs semblables à ceux de son P. variolare. La description donnée par M. de Loriol (Faune crétacique du Portugal, descrip. des Echinod., p. 35) de radioles du D. variolaris s'applique exacte- ment aux échantillons typiques de Grandpré et il faut reconnaître qu’en dehors des indications fournies par le gisement il est à peu près impossible de séparer les radioles du D. Renevieri de ceux du D. variolaris. La variété signalée, à coupe transverse subelliptique, rappelle par sa forme le radiole du Pseudodiadema Dupini Cotteau, dont M. Cotteau a bien voulu me communiquer les types. Les radioles du P. Dupini en diffèrent seulement par leurs ornements plus accusés; mais les matériaux restreints dont je dispose ne me per- mettent pas de conclure actuellement à la réunion des deux espèces. En résumé, la série qui s'étend du D. dubia au D. marticensis comprend huit formes qui ont reçu des auteurs des noms spéci- fiques distincts. Si l’on écarte celles qui ne constituent évidemment que de simples variétés, on reste encore en présence de cinq ou six types suffisamment tranchés pour mériter d’être considérés comme des espèces différentes : D. dubia,: D. porosa, D. Renevieri, D. Malbosi, D. variolaris et D. marticensis. J’estime qu’il serait dan- sgereux de pousser plus loin les distinctions. Les erreurs de déter- mination deviendraient alors trop faciles, surtout quand il s’agit d’espèces si voisines que MM. Agassiz, Desor et Cotteau n’avaient pas hésité à faire de notre Diplopodia de Grandpré un des types de leur Pseudodiadema variolare, tandis qu’il se distingue réellement de la forme du Havre par son test plus renflé, sa zone miliaire plus étroite, ses tubercules interambulacraires plus serrés dont les rangées médianes ne s’infléchissent pas vers les ambulacres près de l’apex, par ses zones porifères moins largement bigéminées. _ Ces différences sont constantes et se remarquent chez tous les échantillons, quel que soit leur état de développement; elles sont déjà très apparentes au diamètre de 12 mill., alors que le D. vario- laris commence seulement à prendre ses rangées secondaires, et justifient parfaitement la distinction proposée. Histoire. — Il me paraît intéressant de jeter maintenant un rapide coup-d’œil sur l’histoire de nos Diplopodia de Grandpré et de préciser ainsi la véritable synonymie du D. Renevieri. . En 1822, Brongniart (Descrip. géol. des env. de Paris, p. 390, pl. V, fig. 9 et p. 84\ décrit et figure, sous le nom de Cidarites variolaris, un oursin de la craie du Havre à pores fortement dédou- XX is) 66 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 90 Août blés jusqu'à l’ambitus, tubercules secondaires interambulacraires bien développés, avec rangées supplémentaires interne et externe irrégulières, zone miliaire nue et large au sommet, péristome étroit. Ce type de l’espèce a été reproduit par M. Cotteau dans la Paléon- tologie Française (pl. 1117, fig. 4). En 1840, Agassiz fait de l'espèce de Brongniart le type de son genre Tetragramma, d'après un échantillon de la craie inférieure de Saintes : X. 53 — M. 68 (Echin. Suisse, IT, p. 24 et Cat. syst., p. 9); puis il crée pour la forme signalée à la perte du Rhône son T. Brongniarti : X, 33 (ibid., p. 25, pl. XIV, fig. 4, 6). Mais, en 1846, dans le Catalogue raisonné, le Cidarites variolaris n'est plus compris de la mème façon. La forme typique du Havre devient, on ne sait pourquoi, le T. subnudum (R. 27), tandis que le nom de T. variolare est donné à un oursin du Gault de Grandpré, tout en s'appliquant en même temps à celui de la craie de Saintes (X. 63), et à un autre de la craie des Alpes. — En même temps que son T. subnudum, Agassiz créait pour son oursin de la craie de Sou- lage (T. 63), son T. Malbosii, dont les rangées internes des tubercules interambulacraires s'élèvent seules jusqu’à l’apex. Malheureuse- ment, ce caractère sans valeur est commun au Cidarites variolaris comme aux Tetragrammasubnudum, T. Brongniarti et au T. variolare de Grandpré. Ce T. Malbosii de Soulage a été figuré en 1855 par Desor (Synopsis, p. 78, pl. XIL fig. 12, 14), qui le rapporte toujours à la craie à Hippurites, et en dehors du renflement relatif du test on saisit difficilement les caractères qui permettent de le distinguer du Cidarites variolaris. — Enfin M. Desor a créé pour un grand oursin du Cénomanien de Gacé son T. Roissyi, comprenant les grands individus à six rangées de tubercules interambulacraires (Catal. rais., p. 46). D'Orbigny adopta cette classification et, pour lui, le Diadema variolare est une espèce exclusivement albienne, citée seulement de Grandpré avec le Hemidiadema rugosum et le Nucleolites Cerceleti. (Prodome : t. II, p. 142 et 179, 1850). Quelques années plus tard, dans le Synopsis, M. Desor, tout en maintenant les espèces du Catalogue raisonné, cite son Diplopodia Roissyi à la Clape, et le Gault de Grandpré est, sans aucun motif, transformé par lui en Craie chloritée! (Synop., p. 73, 1855). L'année suivante, dans le Catalogue des Echinides des Pyrénées, M. Cotteau considère les Diplopodia de La Clape comme appartenant non au D. Roissyi, mais au D. Malbosi. Plus tard (1863), dans la Paléontologie française (ibid., p. 452), il déclare s’être assuré que le type même du TJetragramma Malbosii d’Agassiz provenait de 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 67 La Clape et non de Soulage, comme l'avaient cru MM. Agassiz et Desor. Il rapporte en conséquence tous les oursins du type du Cidurites variolaris de Brongniart provenant de gisements reconnus aptiens à son Pseudodiadema Malbosi, tandis que tous les échan- tillons considérés comme cénomaniens sont confondus, sous le nom de P. variolare, comprenant les Tetragramma subnudum, T. Roissy, T. variolare de Grandpré et le vrai Cidarites variolaris du Hâvre. C’est ainsi que, trompé par les indications du synopsis, croyant les oursins de Grandpré cénomaniens, M. Cotteau a considéré, à l'exemple d’Agassiz, le Diplopodia de Grandpré comme un des types de son P. variolare et a fait figurer sous ce nom (ibid ; pl. 1117, fig. 9-11) le bel individu A. de la collection Raulin, que j'ai sous les yeux,précieux échantillon successivement étudié par MM. d’Orbigny, Desor et Cotteau. En même temps qu’il circonscrivait ainsi les P. Malbosi et P. variolare, M. Cotteau réunissait à ce dernier le T. subnudum et créait pour une forme de l’Aptien de la Perte du Rhône, avec nombreuses rangées de tubercules interambulacraires, son Pseudodiadema Renevieri, d’ailleurs mal restauré, selon M. de Loriol (Echin. Helvet. Cret., p.132), à la pl. 1108 de la Paléontologie française. En 1868, Wright, dans sa Monographie des Echinides d'Angleterre, a étudié à son tour ce groupe d'Oursins. Son P. variolare (p. 107, pl. XVIL et XVIIL, fig. 1, 2) me paraît correspondre exactement au type du Havre. Son P. Brongniarti (p. 111, pl. XX, fig. 2, pl. XXH2, fig. 2, pl. XXI) est évidemment, comme l’a déjà remarqué M. de Loriol, très différent du type de la Perte du Rhône. Ceux figurés pl. XXI? ne paraissent guère se distinguer du P. variolare ; quant à ceux des pl. XX et XXI , ils ont tous les caractères du Diplopodia Roissyi. Le dédoublement des pores, mentionné dans le texte, a d’ailleurs été très mal rendu par le dessinateur anglais. Enfin le docteur Wright a décrit un P. Malbosi du Lower greensand à Ostrea sinuata de l’ile de Wight, rotulaire, à pores faiblement bigéminés, avec six rangées de tubercules interambulacraires, zone miliaire étroite et péristome fortement entaillé (p. 91, pl. XX, fig. 1), sensi- blement différent par sa forme du P. Malbosi tel que l’a figuré M. Cotteau, mais paraissant identique au Diplopodia Renevieri. En 1873, Quenstedt cite un Diplopodia du Gault d’Escragnolle (Die Echiniden, p. 322, pl. 72, p. 71) qu’il n’ose séparer du D. varia- laris, mais qui doit être rattaché au D. Renevieri de Grandpré. La même année, M. de Loriol, dans l’Echinologie helvétique, adopte les distinctions précédemment proposées par M. Cotteau et complète (p. 137, pl. VII, fig, 6, 7) la description du P, Renevieri, 68 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 90 Août qui se distingue du P. Malbosi par sa forme plus rotulaire, ses tubercules plus petits et plus serrés, sa zone miliaire plus étroite. M. Gauthier a cité, en 1876 (Echin. foss. de l’Algérie : fasc. IT, p. 36), le P. Malbosi dans l’Urgo-aptien de Bousaada, puis le P. variolare (p. 89) dans des couches intermédiaires entre l’Aptien et le Cénomanien. Mais ce P. variolare de l’Albien est moins déprimé que le type, sa zone miliaire est moins large près de l’apex, et il serait ainsi surtout voisin du D. Renevieri de Grandpré. Cependant M. de Loriol a signalé, probablement au même niveau, dans les couches à Placenticeras Uhligi de Baforeira (loc. cit., p. 34, pl. VE, fig. 8), un Diplopodia de même forme tout en le rapportant au D. variolaris, et je ne puis quant à présent me prononcer sur ces oursins étrangers, dont je n’ai aucun échantillon à ma disposition. LOCALITÉS. — Grandpré, notamment au Bois des Loges, à la tran- chée de Barbançon et à Négremont; partout rare. Collections : Raulin, Peron, Lambert. Radioles : Coll. Peron, Lambert. Le D. Renevieri a été recueilli, en dehors de Grandpré, à La Perte . du Rhône (Ain), à La Presta, Sainte-Croix, Vallorbes (Suisse) à l’ile de Wight (Angleterre), dans l'étage Aptien et probablement dans l'étage Albien, à Escragnolle (Var.). Genre Hemidiadema Agassiz, 1846. Test de très petite taille, subhémisphérique, avec assules mar- quées de fossettes angulaires et suturales. Ambulacres étroits, composés de plaques inégales ; les majeures trisociées, occupant presque toute l’aire, alternent plus ou moins régulièrement dans chaque série et ne laissent place sur le bord opposé de l’ambulacre qu'à des primaires, granulifères, très réduites. Par suite de cette disposition, l’ambulacre ne porte qu’une seule rangée de tubercules, crénelés et perforés, semblables à ceux des aires interambulacraires. — Fossettes peu profondes aux angles des plaques et sillon sutural central interambulacraire; fossettes scrobiculaires bien développées dans l’ambulacre, atténuées dans l’interambulacre avec trois ou quatre plus profondes vers la suture adorale. Apex étendu, solide, annulaire, à périprocte très développé. Péristome peu étendu, enfoncé, faiblement entaillé. Radioles inconnus. ; Ce genre créé pour des Oursins voisins des Diadèmes, mais dont les 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 69 ambulacres ne portent qu'une seule rangée de tubercules (Catal. rai- sonné, p. #7) a été peut-être insuffisamment caractérisé par son auteur. Aussi fut-il longtemps méconnu et MM. Desor et Cotteau, y ayant rapporté des espèces très différentes du type, comme l’Hemi- cidaris serialis, en ont fait une sorte de sous-genre ou une simple section des Hemicidaris. M. Pomel, le premier (Genera, p. 103-1883) l’a rétabli dans la méthode et son exemple doit être suivi, car ce petit genre est une des meilleures créations de Louis Agassiz et j’ai vu avec regret M. le professeur Duncan (Revision, p. 50) continuer à en faire un sous-genre des Hemicidaris en lui aoanant pour type, par suite d’une erreur matérielle, un prétendu Hemidiadema stramonium Agassiz qu'il a eru avoir été établi dans les Échinides suisses (part. [f, p. 47) en 1840. Il suffit d’ouvrir cet ouvrage et de se reporter ensuite à la page 47 du Catalogue raisonné pour s’assurer que le genre Hemidiadema n’a été créé qu’en 1846 pour le H. rugo- sum de Grandpré. J'ai d’ailleurs sous les yeux l’échantillon même qui a servi à L. Agassiz pour établir le genre et dont l'étiquette porte de sa main : (« Hemidiadema rugosa, « Ag. nov. genus. Grès vert. Grandpré. » M. Cotteau a cherché à établir (Pal. Franc. Terr. Crét. T. VIL, p. 533) que le genre Hemidiadema devait être süpprimé et remplacé par celui de Glyphocyphus plus récent de sept ans. Je pense que cette conclusion doit être aujourd’hui abandonnée. Il reste à examiner si le genre Glyphocyphus tel que Haime l’a établi en 1853 (Anim. foss. de l'Inde, p. 202) pour le Temnopleurus pulchellus de Sorignet, peut être conservé, au moins à titre de Fig. 14. — Plaque interradiale du H. rugosum montrant le sillon sutural et les fossettes scrobiculaires, d’après un échantillon de Grandpré, grossi 8 fois. Fig. 15. — Plaque interradiale du Glyphocyphus radiatus montrant les fossettes angulaires et suturales et l’irradiation costiforme verticale, d’après un échantillon _ de la craie du Havre; même grossissement. section des Hemidiadema. M. Pomel l’a pensé et je crois que son opinion doit être suivie. La structure des ambulacres et la position des fossettes sont en effet très-différentes dans chaque genre. Les Glyphocyphus, caractérisés par deux rangées de tubercules ambula- 70 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 90 Août craires, par la présence de véritables fossettes suturales horizon- tales interambulacraires et celle d’irradiations costiformes reliant verticalement les séries de tubercules, par la forme plus ovale de l’apex, ne me paraissent pas pouvoir être confondus avec les Hemi- diadema. Le genre Hemidiadema comprend seulement trois espèces : H. neocomiense Cotteau (sub Glyphocyphus) — Néocomien. IH. rugosum Agassiz — Aptien. H. intermedium Cotteau (sub Glyphocyphus) — Cénomanien. Il se distingue aisément de ses voisins par des caractères nelte- ment tranchés. Les Echinocyphus ont leurs tubercules crénelés, mais imperforés ; les Zeuglopleurus les ont en outre disposés sur deux rangées dans l’ambulacre comme les Paradoxechinus. Les seuls genres de ce groupe à tubercules perforés sont les Arachnio- pleurus et Dictyopleurus du terrain nummulitique de l'Inde, qui diffèrent profondément des Hemaidiadema par le nombre et l’étendue de leurs fossettes, la structure des ambulacres et la disposition de l’apex. Quant au genre Glyphocyphus, on le distinguera toujours à ses ambulacres garnis de deux rangées verticales de tuber- cules, et ses fossettes scrobiculaires nombreuses, autrement dis- posées, etc. Le genre Radiocyphus Cotteau, de l'Eocène d’Alicante, par ses ambulacres et ses fossettes, est surtout voisin des Glypho- cyphus, dont il se distingue par la présence de côtes granuleuses rayonnant dans les scrobicules. 6. HEMIDIADEMA RUGOSuM Agassiz, 1846. (PI. IV, fig. 5-6). Hemidiadema rugosum Agassiz : Catal. rais. des Echinides, p. 47 — 1816. — — — d’Orbigny : Prod. de Pal. strat. Il, p. 142, n° 320 — 1850. — — — Desor : Sypnosis, p. 58 — 1855. — — — Pictet : Traité de Paléont. T. IV, p. 245 — 1857. — — — Dujardin et Hupé : Hist. nat. des Echinod., p. 495 — 1862. Glyphocyphus rugosus Cotteau : Pal. Franç.Terr.Crét.T. VII, p.543, pl. 1,128, fig. 16, 22 — 1864. — — — de Lapparent : B. S. G.F., 2° sér, T, XXV, p. 286 — 1868. 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 71 Glyphocyphus rugosus Cotteau : Barrois : Mém. sur le terr. Crét. des Ardennes, p. 244% — 1878. Hemidiadema rugosum Agassiz — Pomel : Genera des Echin. viv. == — — et foss., p. 103 — 1883. Glyphocyphus rugosus Cotteau — Duncan : Revision ofthe Genera and groups of the Echinoidea, p. 59 et 89 — 1889. Le type du genre et de l’espèce que j’ai sous les yeux fait partie de la collection de M. Raulin. Communiqué à Louis Agassiz par l’intermédiaire de Deshayes, au moment où M. Raulin partait pour la Crète, il a été par erreur mentionné dans le Catalogue rai- sonné comme dépendant de la collection Deshayes. Ce précieux échantillon a été successivement étudié par MM. Agassiz, Desor, d’Orbigny et Cotteau. Il a été pour la première fois figuré par ce dernier et très com- plètement décrit dans la Paléontologie française. Il me paraît donc superflu d'en reprendre ici une description générale qui est entre toutes les mains. Je me bornerai à préciser les caractères des impressions du test, ceux de la structure ambulacraire et les varia- tions de taille observées sur les neuf échantillons recueillis. La taille de l’espèce varie entre 6 et 10 mill. de diamètre, la moyenne est de 7 mill. La structure ambulacraire est peu apparente; cependant un échantillon de la collection de M. Peron permet de suivre distincte- ment les sutures des assules élémentaires. Les majeures tuberculi- fères appartiennent aux deux séries À et B de l’aire ambulacraire, mais elles alternent ordinairement d’une façon moins régulière que ne l’indique la figure 19, pl. 1128 de la Paléontologie française. On observe souvent deux tubercules de suite appartenant à la même série et ils n’alternent régulièrement que dans la partie supérieure de l’aire, au voisinage de l’apex. Il n’y a d’ailleurs pas de règle fixe à ce sujet et, sur un même échantillon, à côté d’ambulacres dont les tubercules supérieurs paraissent se développer sur deux rangs alternes, on en voit où tous les tubercules se profilent sur un rang unique jusqu'à l’apex, comme chez l’H. neocomiense. Chaque majeure est constituée, au-dessous de l'ambitus, par trois primaires, puis, à l’ambitus, par deux primaires et une demi-plaque aborale; au-dessus de l’ambitus, les majeures sont simplement bisociées. A l’ambitus ou au-dessous, des primaires granulifères occupent . Seules la partie de l’aire opposée aux majeures, et trois ou quatre 72 LAMBERT, — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 30 Août d’entre elles se trouvent en contact avec Ia même plaque composée vers la suture submédiane de l’ambulacre. Les impressions du test varient suivant qu'on les observe dans l’ambulacre ou l’interambulacre : Dans l'ambulacre, de petites côtes naissent de la base du cône de chaque tubercule et traversent le scrobicule ; là, elles sont sépa- rées par des fossettes scrobiculaires profondes surtout du côté adoral, aux points où elles sont en contact avec les sutures. Ces fossettes donnent à la base de chacun des principaux tubercules un aspect radié très particulier et qui rappelle celui des Radiocyphus. Dans l’interambulacre, au-dessous de l’ambitus, les tubercules portent également à leur base des côtes rayonnantes, mais très- atténuées, et on voit seulement trois ou quatre fossettes assez pro- fondes se creuser sur la suture adorale des plaques et une autre moins profonde près de la suture aborale. On remarque en outre, au milieu de l'aire, des fossettes angulaires à l'intersection des assules, et un sillon sutural qui les relie. Au-dessus de l’ambitus, la suture adorale de chaque plaque porte deux profondes fossettes arrondies en contact avec le scrobicule, une fossette plus large à l'angle adoral interne et enfin une très petite fossette à l’angle adoral externe, au bord de la zone porifère. Sur la pl. 1128 de la Paléontologie Française, à la figure 20, les tubercules ne diminuent pas assez de volume en-déssus ; les zones miliaires externes sont trop étendues et le dessinateur n’a pas re- produit les quelques petits tubercules secondaires qui se montrent aux bords de l'aire, au-dessous de l’ambitus. La figure 19 indique à tort des majeures 4-sociées et la figure 21 ne donne pas une idée parfaitement exacte de la structure de l’ambulacre. Rapports ET DIFFÉRENCES. — M. Cotteau a déjà indiqué les difié- rences qui séparent cette espèce du . intermedium,dont « les tuber- cules ambulacraires forment, à l’ambitus et à la face inférieure, une série moins régulière, » et dont les fossettes suturales, au nombre de deux seulement, sont accompagnées d’un filet costiforme, qui les sépare en franchissant le scrobicule pour relier entre eux les tuber- cules de la même série. Le H. neocomiense, avec une seule rangée de tubercules ambulacraires jusqu'à l’apex, a une forme plus renflée et plus haute, les scrobicules de ses tubercules interambulacraires uniformément sillonnés. Les fossettes de cette espèce sont d’ailleurs mal connues. D’après la figure 9, pl. XX des Echinides nouveaux ou peu connus, l’H. neocomiense n'aurait que des impressions rayon- nantes scrobiculaires et serait privé de véritables fossettes suturales; 1892 : LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 13 mais, dans le texte, M. Cotteau nous dit que « la suture des plaques » présente transversalement et au milieu, dans le sillon qui partage » la zone miliaire, des dépressions profondes, lisses, irrégulières, » analogues à celles qui caractérisent les Glyphocyphus et d'autant » plus apparente qu'on se rapproche du sommet » (p. 49). Locaziré. — Ce petit oursin, jusqu'ici spécial au gisement de Grandpré, est fort rare. Le type a été rencontré par M. Raulin au Bois des Loges, où MM. de Lapparent et Barrois paraissent avoir, retrouvé l’espèce ; elle y a été également recueillie par M. Peron. M. Collet et moi ne l’avons rencontrée qu’à la tranchée du chemin de fer. Meude Eapparentia rappelé (BW S A GANT 2MISÉr.. IE ENV p. 286) que cet intéressant échinide, cité par Agassiz dans le Grès- vert, a été attribué arbitrairement par Desor à la Craie chloritée, puis placé par M. Cotteau dans l’étage cénomanien. Mais €il n’y a » pas de sables cénomaniens à Grandpré et l’Hemidiadema ne s'y » trouve qu’à un seul niveau, celui du minerai de fer, c'est-à-dire » dans l’étage aptien. » Collections Raulin, Peron, Collet, Lambert. 7. — Pgrrastes Larpyi Desor. 1856. (sub Hyposalenia) (PL. IV, fig. 1-4). Hyposalenia Lardyi Desor : Synopsis, p. 148 — 1856. Salenia acupicta Desor : Synopsis, p. 152 — 1856. Peltastes Lardyi Cotteau : Pal. Franç. Terr. Crét. T. VIE, p. 106, pl. 1024 — 1861. — —— — de Loriol : Echin. Helv.Terr. Crét., p. 73, pl. XEI, fig. 9 — 1873. (Voir dans cet ouvrage la synonymie complète et y ajouter :) — Meyeri Barrois (non Desor) : Mém. sur le terr. Crét. des Ardennes, p. 244 — 1878. Diamètre 15 mill.; hauteur 7 mill. — Diam. du disque apical 41 mil. (73°/0). Diam. du péristome 40 °/.. Test d'assez grande taille, circulaire, déprimé, aplati en dessous, à peine convexe en dessus. Ambulacres très étroits, flexueux, composés de plaques granu- lifères, bisociées. — Zones porifères onduleuses, formées de pores directement superposés, faiblement écartés, ne se rejoignant pas vers l'apex, à peine dédoublés vers le péristome. Péripodes peu 74 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 90 Aoùt distincts, très obliques, avec le pore adoral interne ; les deux pores, séparés par un renflement granuliforme, sont sertis par un léger bourrelet. Espace interzonaire très étroit, garni de deux rangées verticales de quinze granules, serrés, très rapprochés, dont les deux voisins du péristome microscopiques, les autres homogènes, dimi- nuant très peu de volume en dessus. Ces granules mamelonnés s'élèvent sur un cône surbaissé, verti- calement elliptique à l’ambitus, arrondi ailleurs. Verrues inter- médiaires microscopiques, irrégulières, rares en-dessous, presque nulles à l’ambitus et en dessus. Aires interambulacraires pourvues de deux rangées de quatre à cinq tubercules mamelonnés, crénelés et imperforés, bien dévelop- pés, largement scrobiculés à l’ambitus et en dessus, plus petits à la face inférieure. Cinq granules mamelonnés, saillants, aux angles des plaques, accompagnent chaque tubercule. Quelques granules plus petits et de très rares verrues intermédiaires près de la suture médiane tiennent lieu de zone miliaire. Appareil apical très développé (73 °/, du diamètre), presque plat, circulaire, à contours assez découpés; plaques nettement impres- sionnées, avec fossettes angulaires et suturales profondes. Chaque côté d’une plaque ne porte le plus souvent qu’une fossette sutu- rale, cependant on en remarque cà et là une seconde plus petite. Les costales sont perforées près de leur centre et fortement impression- nées un peu au-dessous. Le corps madréporiforme très visible, avec environ 50 hydrotrèmes, occupe la portion antéro-interne de la costale 2. Les radiales sont très persillées et le pore ocellaire s'ouvre sur le bord externe, sous une saillie bilobée, nettement accentuée. Suranale pentagonale. Périprocte petit, transversalement elliptique, autour duquel les plaques se renflent en vague bourrelet ; il entame la suranale et la costale 5, faiblement la costale 1 et est seulement en contact avec l'angle interne de la costale 4. Péristome petit (40 °/, du diamètre) presque à fleur de test, subdé- cagonal, faiblement entaillé, avec lèvres interambulacraires à peine plus étendues que les ambulacraires. VARIÉTÉS. -- Un second échantillon, à apex plus persillé, montre dans ses ambulacres, entre les granules, de petites verrues plus développées et formant un cordon irrégulier; dans l’interambulacre, les petits granules et les verrues de la zone miliaire sont aussi plus apparents. La forme générale est en même temps moins déprimée et 14892 : LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 7 cet échantillon permet de relier le type ci-dessus décrit au P. Lardyi tel que l’ont compris MM. Cotteau et de Loriol. Un échantillon jeune, de 10 mill. de diamètre, présente les mêmes caractères généraux que les précédents. Il est cependant moins déprimé, et a un péristome un peu plus large (42 °/, du diamètre). Son apex subconique est très fortement persillé; les plaques qui le composent sont peu distinctes, mais les fossettes angulaires et suturales sont profondément creusées, sur leurs bords, en sillons transverses. Ce petit échantillon, très obligeamment communiqué par M. Barroiïs, avait été rapporté par lui au P. Meyeri. Le Peltastes Lardyi de Grandpré, avec ses variations, constitue une forme nouvelle de cette espèce, dont les variétés connues sont déjà nombreuses et comprennent : 4° Le type suisse, renflé, subco- nique, à péristome étroit, apex étendu, nettement persillé ; ambu- lacres flexueux avec nombreuses verrues intermédiaires entre les granules. C’est la forme figurée pl. 1024, fig. 1, 10 dans la Paléon- tologie française, et pl. XI, fig. 9 dans l’Echinologie helvétique. 20 La variété de l’Aptien de l’Yonne, à péristome plus large (45 °/, du diamètre) et ambulacres très étroits, avec verrues inter- médiaires peu développées, figurée pl. 64, fig. 1, 7 des Etudes sur les Echinides du département de l'Yonne (1). La variété de Grandpré se rapproche de celle de l'Yonne par l’étroitesse de ses ambulacres et la rareté des verrues intermé- diaires, mais elle s’en éloigne par le peu de développement de son péristome. Sous ce rapport, elle est plus voisine du type, dont les ambulacres sont cependant un peu moins étroits, avec verrues intermédiaires plus abondantes. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Le P. Meyeri avec lequel le Peltastes de Grandpré a été confondu, est identique au P. stellulatus Agassiz {sub Salenia) du Néocomien et de l’Urgonien de la Suisse. M. de Loriol a en effet démontré (Echin. helvét., p. 71.) qu'il fallait réunir au P. stellulatus les P. punctatus Agassiz, et Hyposalenia Meyeri Desor. Or cette espèce, telle que je la comprends, d’après des échantillons de l’Urgonien de Vallorbes, diffère nettement du P. Lardyi par son apex déprimé, beaucoup moins étendu, moins persillé, par son péristome plus large, l'absence de verrues intermédiaires entre les (1) La figure 4, pl. 64 des Echinides de l'Yonne me paraît défectueuse. L'ambu- lacre y est représenté comme entièrement composé de simples primaires granu- lifères ; si ce caractère était exact, il faudrait reporter l'espèce dans le genre moderne Salenocidaris. Mais, M. Cotteau ayant eu l’obligeance de me communiquer l'un des {ypes de l'Aptien de l'Yonne, j'ai pu m'assurer que l'ambulacre de cet oursin offrait la structure ordinaire de tous les Peltastes. 76 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 90 Août granules ambulacraires et ses tubercules interambulacraires pro- portionnellement bien plus développés. Au premier abord, le P. Lardyi de Grandpré offre une certaine ressemblance avec le P. stellulatus du Néocomien de l'Yonne, surtout avec les grands échantillons déprimés des calcaires blancs de Bernouil ; mais ses ambulacres flexueux portent entre les granules de petites verrues, ses pores sont bien plus obliques, son péristome est bien plus étroit, le jeune a l’apex bien plus profondément persillé et les deux formes sont évidemment différentes (1). Notre espèce est peut-être plus voisine du P. Wrighti Desor (sub Hyposalenia) de l’Aptien de Farringdon, qui en diffère cependant par son test plus renflé, son apex moins développé, non persillé, ses tubercules interambulacraires relativement toujours un peu plus gros. Ce sontsans doute deux formes très voisines, mais le Peltastes de Grandpré, inséparable du Peltastes de l'Aptien inférieur de l'Yonne, m'a paru avoir des caractères propres suffisamment tranchés pour ne pas être réuni purement et simplement à son congénère anglais (2). Comparés au P. Lardyi, le P. Cotteaui de Loriol, de l’Urgonien, a un apex bien plus étroit, le P. Studeri Agassiz (s. Salenia) de l’Albien, avec une granulation générale bien plus fine et plus abon- dante, a son péristome étroit, mais enfoncé, le P. Archiaci Cotteau, de l’Aptien de La Clape, a ses ambulacres droits, garnis de granules plus petits et plus espacés avec des verrues intermédiaires plus abondantes. Dans l'Yonne, on a trouvé, à côté du P. Lardyi, un Salenia que M. Cotteau m’a communiqué, mais que je n’ai pas encore retrouvé à Grandpré. Ce très rare échinide de l’Aptien inférieur de St-Georges (1) M. de Loriol ayant rappelé que le type du P. stellulatus Agassiz (s. Salenia), figuré pl. II, fig. 25, 32 de la Monographie des Salénies, provenait de l'étage Urgo- nien du canton de Neuchatel (La Chaux-de-Fonds), a naturellement rapporté à cetle espèce la forme suisse fréquente à Vallorbes au même niveau et que M. Cotteau avait décrite dans la Paléontologie Française sous le nom de P. Meyeri. Le P. punc- tatus, dont le type, du Néocomien de Neuchatel, a été figuré par Agassiz (loc. cit. pl. IU, fig. 1,8) sous le nom de Salenia areolata (non Cidarites areolatus Vahlen- berg) ne paraît pas pouvoir en être séparé. Mais il me parait fort douteux que la forme du. Valangien (Calcaires blanes à bryozoaires) et du Néocomien de l'Yonne appartienne à la même espèce. Cette forme se distingue en effet nettement du type par son test déprimé, l’étendue de son apex et de son péristome, sa granulalion plus abondante, surtout le faible développement relatif de ses tubercules, et il convien- drait de lui laisser le nom de P. Courtaudi, sous lequel M. Cotteau a fait connaître en 1851 une de ses variétés. ; (2) Les types figurés des P. stellulatus Wright (Brit. foss. Echinod.) et du P. Lardyi Wright, de Farringdon, ne sont évidemment que des variétés du P. Wrighti Desor, du même gisement. 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 71 (Salenia mamillata Cotteau), dont la localité précise et le niveau stratigraphique exact sont enfin nettement constatés, se distingue du P. Lardyi par sa forme plus renflée, ses ambulacres étroits, ses tubercules interambulacraires légèrement plus développés, son apex orné d’impressions suturales plus nombreuses et surtout la position excentrique de son périprocte, caractère qui le classe dans un genre différent. L'apex de ce Salenia de St-Georges est d’ailleurs notablement différent de celui du type du S. mamillata de l'Aube. (Comparez fig. 18 et fig. 15, pl. 1031 de la Pal. Franç., et fig. 15, pl. 63 des Echin. de l’Yonne). PONTS Hg. 47. 5] Fig. 16. — Apex du P. Lardyi Desor, de Grandpré, montrant la disposition des impressions suturales punctiformes, d’après un individu adulte de la coll. Peron, légèrement grossi (de 1/5). Fig. 17. — Apex d’un échantillon jeune de la collection de la Faculté des Sciences de Lille, grossi quatre fois, montrant la disposition des impressions Suturales en fossettes transverses. ÿ Fig. 18. — Apex du Sulenia mamillata Cotteau, de St-Georges, légèrement grossi, montrant les impressions suturales multiples. (Toutes ces figures sont dessinées à la chambre claire). LocaritTÉs. — Le P. Lardyi est très rare à Grandpré et je n’en connais que trois échantillons : celui que j'ai recueilli à la tranchée de Barbançon provient du banc supérieur à Terebratules; les autres ont été trouvés dans le minerai. Collections de la Faculté des Sciences de Lille, Peron, Lambert. Autres localités : St-Georges, Venoy (Yonne). — Les Croutes (Aube). — La Perte du Rhône (Aïn). — La Presta (Suisse). Mer- dasson ? La Rusille ? Genre Disco des Klein — 1734 Echiniles (pars) Leske : 1778 — Galerites (pars) Lamarck : 1816 — Discoidea Gray : 183% — Pithodia Pomel : 1883 — Echinites Duncan : 1889. 78 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 30 Août Le genre Discoides, créé par Klein, a été abandonné par les auteurs qui l’ont suivi. Parkinson l’a rétabli en 1811; mais Gray a eu le tort, en 1834, de remplacer le terme ancien par un néologisme sans signification. Aussi M. Desor a-t-il (Monog. des Galerites, p. 50) reproché à Louis Agassiz de n’avoir pas préféré le nom original de Discoides à celui de Discoidea, qui lui a été substitué sans raison. Il n’y à aucun motif pour perpétuer plus longtemps l’erreur de Gray, et je reprends pour ce genre l’orthographe ancienne de Discoides : discoidem. appellamus mutuato nomine à figura Disci veterum.….. (Klein : Naturalis disp. Echinod., p. 26). M. Pomel à créé aux dépens des Discoides un sous-genre Pithodia sans caractères précis et dans lequel sont confondus D. cylindricus à zones poritères bigéminées en dessous et D. inferus à zones pori- fères simples, des espèces à costale impaire imperforée et d’autres à costale impaire perforée. Le caractère principal serait d’avoir les cinq costales envahies par le madréporide, mais cette disposition n’a qu'une faible valeur taxonomique chez ces oursins, puisque les hydrotrèmes s'ouvrent sur deux, sur trois, ou sur cinq costales chez divers échantillons d’une même espèce. M. Duncan a créé de son côté, pour D. subuculus, un sous-genre Echinites, sans penser que cette espèce était le type unique du genre Discoides de Klein et ne pouvait en être distraite. D'ailleurs, cette nouvelle section n’a pas plus de valeur que le genre Pithodia Pomel, puisqu'elle repose sur cette supposition que, chez D. subuculus, seule la costale 2 serait madréporifère. 8. Discoipes PERONI Lambert 1891. (PL IV, fig. 7-12). Discoidea subacuta Agassiz. Michelin in Sauvage et Buvignier : Stat. Minéral. et Géol. du département des Ardennes, p. 367. 1842. — subuculus Cotteau (pars) : Paléont. franc. Terr. Crét. T. VIL, p. 25. 1861. — decorata Barrois : Mém. sur le terr. Crét. des Ardennes — Ann. Sc. Géol. Nord., T. V, p. 244. 1878. — conica Barroiïs : ibid. Diamètre 12 mill. — Hauteur 7 mill. — Largeur du péristome 21 0/,; longueur du périprocte 20 c/,, sa largeur 16 °/,; largeur des ambulacres 16 °/, du diamètre. Test de moyenne taille, régulièrement circulaire, renflé à l’am- bitus, à face supérieure subconique, face inférieure concave. 4 2 édit 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 79 Ambulacres à fleur de test, peu larges, un peu déprimés vers leur suture médiane, composés en dessus de primaires alternant par triades : une granulifère, une tubereulifère et une granulifère, et en dessous de majeures trisociées chez les adultes. Les tuber- cules secondaires s'élèvent sur une primaire tantôt granulifère, tantôt déjà tuberculifère. — Zones porifères à peines déprimées, très étroites, droites jusqu’au péristome, composées de péri- podes obliques, très rapprochés en dessus, où ils le sont cepen- dant moins qu’en dessous. Les deux pores du péripode sont arron- dis, séparés par une faible cloison et s'ouvrent à fleur de l’assule.— Espace interzonaire large, garni en dessous de deux rangées de petits tubercules finement crénelés, perforés et scrobiculés, qui s’atténuent vers l’ambitus et s'élèvent cependant jusqu’à l’apex ; deux rangées internes irrégulières, presqu’aussi développées que les externes à l’ambitus, disparaissent en dessus, où les tubercules se confondent avec les granules miliaires; ceux-ci sont serrés, égaux, régulièrement disposés en rangées transverses; suture médiane dessinant un sillon bien apparent. Aires interambulacraires composées de plaques presque rectan- gulaires, assez hautes (une pour quatre ambulacraires), garnies de tubercules semblables à ceux des ambulacres, mais dont les deux rangées principales sont plus développées en dessus, où ces tuber- cules restent cependant moins gros que ceux de la face inférieure. Ils s'élèvent, à la face supérieure, sur deux carènes assez apparentes, placées plus près de l’ambulacre que du centre de Paire et interrompues par les sutures. Ces carènes disparaissent vers l’'ambitus, à partir duquel les tubercules deviennent, jusqu’au péris- tome, scrobiculés, plus gros et plus serrés. Tubercules secondaires bien développés au-dessous de l’ambitus, où ils forment de quatre à six rangées internes égales aux principales et deux externes plus petites, avec deux marginales encore plus petites et irrégulières. Au-dessus de l’ambitus ces tubercules secondaires s’atténuent et diminuent graduellement de nombre ; les internes forment en outre des rangées horizontales régulières au milieu d’une granulation fine et abondante. Granules miliaires surtout développés au centre de l'aire qui est très légèrement déprimé; ces granules ont, comme ceux des ambulacres, une tendance marquée à l’alignement par série horizontale : trois séries par plaques. Sutures des plaques visibles en dessus, où elles se creusent en léger sillon et présentent, de chaque côté des carènes, sous le tubercule, deux petites impressions. Péristome s’ouvrant au centre de la dépression de la face infé- 80 LAMBERT, — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 90 Août rieure, un peu enfoncé, petit, décagonal, pourvu de très faibles entailles, avec bords ambulacraires un peu moins grands que les interambulacraires. Apex irrégulièrement pentagonal, saillant surtout chez les jeunes, partiellement et très faiblement granuleux, dont toutes les costales donnent passage à des hydrotrèmes. La costale 2, ordinai- rement plus développée que les autres, s’avance au fond de l’appa- reil; les costales paires sont perforées par les pores génitaux près de leur bord externe; l’impaire est simplement madréporifère, Ocellaires subtrigones, petites, aux angles des costales. Périprocte à fleur de test, pyriforme et anguleux du côté externe, occupant les deux tiers de l’espace entre Je péristome et le bord, entouré de tubercules semblables à ceux des parties homologues des aires paires. A l’intérieur du test, il existe un fort bourrelet péristomien qui a servi de support à l'appareil masticatoire, mais les saillies des auri- cules sont faibles et leurs extrémités ne se recourbent pas au-dessus de l’ambulacre, qui correspond à une simple dépression de l'anneau péristomien. Celui-ci est étroit, à peine oblique et ne forme pas expansion au-dessus des aires interradiales comme cela a lieu chez D. cylindricus (Loven : On a recent form of the Æchinoconidæ, p. 9, fig. 1-2, Stockholm, 1888). De chaque auricule semble naître une côte cylindroïde, élevée, qui s'étend jusqu’au bord externe du test et s’atténue au-dessus de l’ambitus au point de disparaître presque complètement à la face supérieure. Entre les dix cloisons formées par ces côtes assez élevées au-dessous de l’ambitus, élargies vers l’anneau péristomien, on en remarque cinq plus petites qui correspondent aux sutures médianes des aires ambulacraires et disparaissent également vers l’ambitus. — La face interne de la partie subconique du test est lisse. — L'apex est presque complètement masqué par le madré- poride qui forme une petite masse saillante, finement spongieuse, irrégulièrement creusée au centre avec une dépression postérieure, simulant un cinquième pore génital. Les cinq pores ocellaires et les quatre génitaux s'ouvrent autour du madréporide; les plaques n’offrent intérieurement aucunes traces de sutures. Radioles inconnus. Ce Discoides offre quelques variations dans la taille ou la forme des échantillons assez nombreux que j'ai sous les yeux. Le plus grand que je connaisse, de la collection Raulin, mesure 16 mill. de diamètre sur 9 de hauteur. Les plus petits ont 7 mill. sur 4; leur périprocte, proportionnellement plus grand, échancre ten CEE 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 81 presque le bord mais beaucoup moins que chez le D. conicus de même taille. Sur les échantillons de moyenne taille qui montrent distinctes les sutures des plaques, les majeures ambulacraires imparfaitement constituées en dessous comprennent: une primaire adorale tuberculifère, élargie vers la suture médiane, une demi- plaque et une primaire granulifère aborale. C’est la disposition déjà figurée par M. Loven pour le D. conicus (Études sur les Echi- noidées, pl. XIV, fig. 124). La plupart des échantillons sont nettement circulaires, quelques- uns sont cependant subpentagonaux. Une variété assez fréquente est régulièrement hémisphérique. Quelquefois cette forme s’exagère et l’oursin devient déprimé, offrant alors avec le D. decoratus une analogie d'aspect qui a trompé quelques géologues. Les Discoides de Grandpré ont en effet été confondus avec la plu- part de leurs congénères suivant que les auteurs prenaient en prin- cipale considération les caractères zoologiques, ou des conditions de gisement. Michelin leur a donné en 1842, probablement par erreur, le nom de Discoidea subacuta Agassiz (1). D'Orbigny, d’après les étiquettes de la collection Raulin, paraît les avoir déterminés sous les noms de D. conica et D. decorata. En 1861, dans la Paléontologie française, M. Cotteau, qui les croyait cénomaniens, les a rapportés au D. subu- culus. Enfin M. Barroïis les a cités sous les noms de D. decorata et de D. conica, dont le dernier a été conservé sur les cartons de la collection de la Faculté des Sciences de Lille. Dans toutes les collections, on a également cherché à isoler de la forme élevée et subconique les échantillons renflés, hémisphéri- ques et surbaissés. J'aurais probablement voulu les distinguer aussi,si j'avais eu à ma disposition de moins nombreux matériaux. Mais le D. Peroni étant l’oursin le moins rare de l’Aptien de Grandpré, j'ai pu en examiner plus de 100 échantillons et en sacrifier quelques-uns à des préparations pour l’étudede l’intérieur du test. Je me suis ainsi assuré qu'aucun caractère spécifique ne séparait les diverses variétés, reliées entre elles par de nombreux intermédiaires. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Îl n’y a pas lieu de comparer notre espèce aux grands Discoides à petits périproctes comme D. Favrei = (1) Agassiz n'ayant jamais créé de D. subacuta, la citation de MM. Sauvage et Buvignier, d’après les déterminations de Michelin, me parait le résultat d'une erreur et probablement d’une faute typographique : subacuta a du être imprimé pour subuculus. XX ë 82 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 90 Août D. cylindricus Lamarck (s. Galerites). Il faut également en éloigner immédiatement D. decoratus Desor, malgré une grande analogie de forme avec la variété déprimée de Grandpré. D. decoratus a en effet le périprocte bien plus largement ouvert, des côtes internes moins développées, s’élevant moins haut vers l’ambitus, des carènes interambulacraires plus centrales et bien plus atténuées, un apex dont le madréporide s’ouvre sur la seule costale 2, l’impaire demeu- rant absolument imperforée (1). Par suite de l'étendue de cette costale 2 qui occupe tout le centre de l’appareil, le madréporide se développe en bouton central. Cette disposition déjà sensible sur les échantillons du Teil (Voir Pal. Franc., pl. 1007, fig. 5), s'exagère encore chez ceux d’Yberg (Suisse). Sous le rapport de la consti- tution de l’apex, D. decoratus se sépare de ses congénères et se rapproche de certains Holectypus comme H. depressus el H. macro- pygus. Le D. rotula Brongniart (s. Galerites), plutôt voisin du D. cylindricus que de notre espèce, à des côtes internes bien moins larges, un péristome plus petit encore, un périprocte moins déve- loppé, des carènes interambulacraires plus atténuées, des tuber- cules plus petits, le test plus renflé à l’ambitus. Le D. Peroni est beaucoup plus voisin des D. subuculus Klein, et D. conicus Desor : le D. subuculus a cependant son péristome plus enfoncé, ses tubercules un peu plus petits, portés à la partie supé- rieure des interambulacres sur des carènes plus marginales, son madréporide ne s’ouvrant que sur la costale 2 plus étendue que les autres et formant bouton central. Les caractères de l’apex ne sau- raient donc permettre la confusion des deux espèces. — Le D. conicus, de taille ordinairement plus forte, a ses tubercules plus petits, plus égaux en dessus, plus nombreux et dont les principaux s'élèvent, à la face supérieure, sur des carènes interambulacraires bien plus atténuées, situées presqu’au centre de plaques à sutures moins creusées, avec granulation plus fine. Le D. conicus a aussi un périprocte plus grand et plus rapproché du péristome chez l’adulte, plus marginal chez le jeune ; ses côtes internes sont (1) Le corps madréporiforme (Cotteau) ou madréporide (Pomel) n'entre pas comme un élément distinct dans la constitution de l'apex, puisque ce que l’on nomme ainsi n’est que la partie de l'appareil perforée par les hydrotrèmes (Munier-Chalmas) et rendue ainsi d'apparence spongieuse. Logiquement on ne devrait donc pas donner un nom spécial à ce qui n’est qu’une partie accidentellement perforée des éléments primitifs de l'apex. J'estime toutefois que le terme madréporide est trop utile à la clarté et à la concision des descriptions pour être rejeté; il n’y a d’ailleurs aucun inconvénient à donner à une portion d’organe affecté à un usage particulier un nom spécial, 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 83 encore plus larges et plus hautes à l’ambitus. Enfin, d’après M. Cotteau (Pal. franc. pl. 1008, fig. 7), le D. conicus aurait un apex différent avec cinq costales presqu’égales, l’impaire imper- forée et la 2 un peu plus développée, seule madréporifère. Mais le D. conicus figuré par M. Loven (Études sur les Échinoidées, pl. XV, fig. 133) a ses cinq costales perforées par des hydrotrèmes et je dois ajouter qu’un échantillon bien typique de l’Albien d'Eza me parait offrir la même disposition. Les deux espèces sont d’ailleurs assez voisines et il est possible qu’une étude d'ensemble permette un jour de les rapprocher. Le D. Peroni serait alors la forme aptienne du type à larges cloisons internes et représenterait le tronc commun dont seraient sortis D. conicus de l’Albien à carènes très atténuées et D. subuculus du Cénomanien à carènes saillantes, submarginales. Il ne resterait plus alors dans les terrains crétacés inférieurs que trois formes très nettement caractérisées par leurs cloisons inter- nes et cinq ou six espèces : AÉNUCES eee D. decoralus. rer D. cylindricus. — D. Favre. CRE RUE ROUES 200000 vaeue De to D. Peroni. (MANRES CPR ERA D. conicus. — D. turrilus. ; D. subuculus. — D. pisum. Aujourd’hui cependant, en raison des différences signalées, Je ne me suis pas cru autorisé à réunir purement et simplement le Discoides de Grandpré au D. conicus. M. Cotteau d’abord (ibid. p. 27) et M. de Loriol ensuite (Echin. Helv. p. 186) ont rapporté au D. subuculus certains petits Discoides de l'étage albien de La Perte du Rhône, voisins du D. conicus, mais en différant par la présence de carènes interambulacraires externes nettement dessinées à la face supérieure. Il est possible que ces échantillons doivent être rapportés au D. Peroni. L'examen détaillé de l’apex du D. Peroni offre au point de vue morphologique un certain intérêt. En effet les perforations des costales par les hydrotrèmes sont très inégales. J'ai sous les yeux un échantillon dont les costales portent: 1, dix hydrotrèmes; 2, plus de vingt-cinq pores; 3, un seul pore; 4, cinqet5, quinze pores. Chez un autre, la costale 3 est complètement dépourvue d’hydrotrèmes. Sur un troisième échantillon normal, je compte : 1, huit pores; 2, vingt-huit; 3, huit; 4, quatreet5, vingt-et-un pores. On voit ainsi NS 8% LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 90 AOùÛt combien la répartition de ces pores sur les plaques est variable et le peu de valeur de ce caractère au point de vue générique. On remarque également que les hydrotrèmes affectent toujours de préférence les plaques 2 et 5, ce qui s’explique parfaitement par la position du canal correspondant développé suivant l’axe antéro- postérieur. La costale 2 est toujours la plus chargée et il doit en être ainsi, puisqu'on peut morphologiquement la considérer comme composée de deux éléments : une costale et le disque central parti- culièrement affecté chez les Exocycles au passage des pores aquifères. L'examen de l’apex à l’intérieur du test indique en outre que les sutures s’effacent quand les plaques deviennent entièrement spon- gieuses. Le développement des hydrotrèmes paraît donc avoir pour eftet la constitution des éléments primitifs de l’apex en une masse unique. Ainsi s’expliquerait chez certains genres plus récents la formation de l’apex en disque indivisible : Clypeuster, Echinolampas. Fy- 20. Éa 21, Fig. 49. — Apex du Discoides Peroni montrant la disposition des hydrotrèmes. Echantillon de ma collection grossi 6 fois. ER Fig. 20. — Apex d'un autre échantillon, vu par la face interne, montrant la masse saillante granuleuse, creusée au centre, où s'ouvrent les hydrotrèmes. Echantillon de ma collection, même grossissement. Fig. 21: — Apex anormal dont les costales 3, 4 et 5 sont dépourvues d'hydrotrèmes, d'après un échantillon de Négremont, grossi 6 fois (ma collection). LocaLiTÉs. — Le Discoides Peroni se rencontre dans tous les gise- ments des sables ferrugineux de Grandpré; il était surtout fréquent au Bois des Loges. Je l’ai recueilli aussi vers Bellejoyeuse, à la tran- chée de Barbançon, dans celle du Chemin de fer et à Négremont.On le trouve dans la mine jaune supérieure, comme dans la mine grise en contact avec les lumachelles à ©. virgula. Collections de la Faculté des Sciences de Lille (M. Barrois), Rau- lin, Peron, Collet, Lambert, Cotteau. | 9. PHyLLOBRISSUS CERCELETI Desor (sub Nucleolites) 1847. (PL. IV, fig. 18). mue. fes dt stat Nucleolites subquadratus Michelin (non Agassiz) in Sauvage et Buvignier : Stat. minér. et 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 89 géol. du département des Ar- dennes, p. 367 — 1842. Nucleolites Cerceleti Desor: Catal. raisonné... des Echinod. p. 97 — 1847. — — d’Orbigny : Prodrome de Pal. strat. T. II, p. 142, n° 318 — 1850. Echinobrissus — d’Orbigny : Note rectif. sur div. genres d’Echin. — Revue de Zool. — 1854. Clypeopyqus — d’Orbigny : Paléont. française, Terr. Crét. T. VI, p. 431, pl. 968. — 1856. Nucleolites — Desor : Synopsis desEchin. foss.p. 261. — 1857. Clypeopyqus — Barrois : Mém. sur le terr. Crét. des Ardennes.— 4nn. Soc. Géol. du Nord, tome V, p. 244. — 1878. Anthobrissus -— Pomel : Class. meth. et Genera des Echin. viv. et foss. p. 60. — 1883. Longueur 31 mill. — Largeur 26 — Hauteur 15 — Excentricité du péristome : 6 °/o — Profondeur de l’infundibulum sous les bourrelets péristomiens, 9 °/, — Distance de l’apex au périprocte : LA PE Test d'assez forte taille, allongé, déprimé, ayant sa plus grande largeur au tiers postérieur, arrondi en avant, faiblement dilaté et échancré en arrière. Face supérieure médiocrement renflée, avec sommet postérieur au-dessus du périprocte, déclive en avant, tron- quée en arrière, où se creuse un sillon anal; sommet ambulacraire central. Face inférieure subpulvinée, déprimée vers le péristome, renflée sur les bords. Ambulacres semblables, pétaloïdes en dessus, simples à l’ambi- tus, s’élargissant vers le péristome en un floscelle bien développé. Partie pétaloïde étroite, lancéolée, à fleur du test, non fermée et largement ouverte du côté adoral, s'étendant sur la plus grande portion de la face supérieure et un peu plus allongée pour les ambu- lacres postérieurs que pour les autres. Zone porifère non dépri- mée, étroite, composée de pores faiblement inégaux, dont les exter- nes, à peine obliques, sont seulement un peu plus allongés que les internes. Ces pores, à peine conjugués, séparés entre‘eux par une mince cloison que termine un léger renflement granuliforme, sont séparésde la paire voisine par un rang detrèspetites granules. Espace 86 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 30 Août interzonaire portant une granulation très dense, semblable à celle des aires interambulacraires. — Au-dessous de la partie pétaloïde, à l’ambitus et à la face inférieure, l’ambulacre se rétrécit à peine, mais les zones porifères deviennent linéaires, formées de petits pores arrondis, très rapprochés, presque superposés, fortement obliques avec l’interne adoral. Ces paires de pores très rapprochés s’'espacent sensiblement à la partie inférieure, où la portion inter- zonaire se couvre de tubercules serrés, scrobiculés. Phyllodes composés de péripodes qui s’écartent un peu de la ligne droite et se disposent en deux triades obliques, puis se déve- loppent sur deux rangs, dont l’un marginal, formé de pores très serrés, s'arrête brusquement à la rencontre du bourrelet interam- bulacraire. La rangée interne avec pores superposés, plus espacés, atteint seule l’infundibulum péristomien. Les péripodes des rangées internes s'ouvrent sur des demi-plaques intérieures, qui attei- gnent parfois les pores de la rangée marginale, mais non le bord de l’ambulacre. Tubercules très petits, scrobiculés, couvrant toute la surface du test, plus gros et moins serrés en dessous. Aire interambulacraire impaire dépourvue de zone lisse à la face inférieure. Fig. 22. Dishe 3 Fig. 22. — Apex du Phyllobrissus Cerceleti, d'après un échantillon de la collection de M. Peron. Les sutures des plaques ne sont que partiellement visibles. Fig. 23. — Apex du Phyllobrissus Gresslyi Agassiz (s. Calopyqus), d'après un échantillon du Néocomien de Venoy, près Auxerre, montrant d’une facon très nette la disposition relative des plaques. (Ces figures dessinées à la chambre claire sont grossies 6 fois). Apex central, sensiblement en avant du sommet, légèrement déprimé, compact, en grande partie envahi par le madréporide. Les sutures des plaques sont très difficiles à voir ; on peut cependant les apercevoir partiellement et constater que l'appareil est encore 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 87 composé. Ces plaques entourent le madréporide qui forme au centre un petit bourrelet spongieux, mais ne sépare pas les deux radiales postérieures. Péristome excentrique en avant, subpentagonal, s’ouvrant dans une dépression marquée du test et à l’extrémité d’un profond infun- dibulum ; il est entouré de bourrelets saillants que couvre une fine granulation miliaire et de phyllodes nettement constitués, peu allongés. Périprocte supère, ovale, s’ouvrant au sommet d’un sillon posté- rieur oblique, étroit et assez profond, nettement circonserit, qui s'étend sans s’élargir jusqu’à l’ambitus et l’échancre sensiblement. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — D'Orbigny a comparé cette espèce aux Clypeopyqus Paultrei et C. Robineaui (1) du Néocomien à poly- piers de l’Yonne. Elle est cependant très différente par sa forme générale plus renflée et obliquement tronquée en arrière, ses pétales formés de pores à peine inégaux, son floscèle très développé et la forme de son sillon anal. M. Pomel la rapproche de son côté des Nucleo- lites Fittoni Wright et Nucleolites Lamarcki Defrance. Cette dernière espèce du Danien de Valognes n’est connue que par la courte des- cription de Desor qui la réunit dans le Synopsis au N. dilatatus Agassiz, espèce purement nominale (Moule : M. 99). Le type serait de la collection Michelin et, d’après M. Desor, pourrait bien n’être qu’un échantillon très adulte du Nucleopygqus cor-avium Agassiz, du même horizon (Moule : T. 28), qui n’a jamais été complètement décrit ni figuré. D’après M. Desor, le N. Lamarcki serait plus renflé et aurait un floscèle rudimentaire bien moins développé que celui du Phyllobrissus Cerceleti. Quant au Clypeopygus Fittoni Wright (Brit. foss. Echin. Cret, p.247, pl. LVI, 1875) du Lower Greensand (Aptien) de l’île de Wight, il diffère nettement de notre espèce par des carac- tères que l’auteur anglais a déjà partiellement indiqués. La forme générale de son test est moins allongée, moins tronquée et plus dilatée en arrière, où l'aire interradiale impaire présente une saillie qui fait défaut chez le Phyl. Cerceleti. Les ambulacres du C. Fittoni sont aussi relativement plus développés, composés de pores plus inégaux, les externes plus allongés, tandis que ses phyl- lodes paraissent plus longues, moins nettement constituées; ses bourrelets péristomiens sont moins finement granuleux, son infun- dibulum est peut-être moins profond. Ce sont deux types certaine- (1) Dédiée au savant Entomologiste Robineau-Desvoidy, cette espèce doit s’ortho- graphier en conséquence Robineauï et non Robinaldinus. 88 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 90 Août ment très voisins, appartenant à la même coupe générique, mais suffisamment distincts comme espèce. Dans ses études sur les Echinides fossiles du département de l'Yonne (T. IE, p. 184 et suiv., pl. 64 et 65, 1863), M. Cotteau a signalé deux Nucleolites: N. Ricordeaui d’Orbigny (sub Trematopygus) et N. Ebrayi Cotteau, le premier des grès à Am. interruptus de l'Yonne, le second des couches à Am. Milleti de la Nièvre. La forme générale de ces oursins rappelle un peu celle du Phyll. Cerceleti. Cependant, en raison des caractères très différents de leur péristome, il ne me paraît pas possible que ces espèces puissent être confondues, même avec des jeunes de l’oursin de Grandpré. Le Phyllobrissus Duboisi Desor (s. Echinobrissus) du Valangien est encore une espèce qui présente des rapports intéressants avec la nôtre en raison de sa forme générale et de sa structure ambulacraire. Elle en diffère toutefois très nettement par son périprocte situé moins haut, au sommet d’un sillon marginal, son ensemble moins régulièrement déclive en avant, moins obliquement tronqué en arrière, son péristome moins enfoncé, son floscèle bien moins déve- loppé. Le Phyllobrissus Cerceleti est la dernière espèce d’oursin que d’'Orbigny ait lui-même publiée dans la Paléontologie française. J’ai sous les yeux l'échantillon de la collection Raulin décrit et figuré par lui. Les figures de la pl. 958 sont exactes, sauf la figure 6, qui reproduit mal la profondeur de l’infundibulum, la granulation des bourrelets péristomiens et le détail des phyllodes; elle exagère aussi la forme pentagonale de l'ouverture. Fig. 24.— Phyllode de l'ambulacre IT d’un P. Cerceleli de la collection de M. Peron, grossi 6 fois, montrant les dispositions des péripodes qui s'arrêtent contre les bourrelets péristomaux B, B sans atteindre le péristome S. Tour à tour balloté dans les genres Echinobrissus Breynius, Clypeopyqus d’'Orbigny, Nucleolites Desor non Lamarck, Antho- brissus Pomel, le Phyllobrissus Cerceleti semble avoir été reporté dans le genre où je le maintiens par M. le professeur Duncan 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 89 (Revision of the Gen. and groups of the Echinoidæ, p. 187 — 1889). On comprend l’embarras dans lequel les auteurs se sont trouvés pour classer une espèce qui, par l’ensemble de ses caractères, rentre mal dans les genres établis, et l’on s'explique facilement le parti pris par M. Pomel d’en faire le type d’un genre nouveau. Sa forme générale, sa structure ambulacraire, la disposition du sillon anal, surtout les caractères de son péristome ne permettent pas de la laisser parmi les Clypeopygqus. En raison de son floscèle bien développé, les auteurs qui confondent les espèces à larges ambulacres et phyl- lodes de Cassidulus, comme Echinobrissus sitifensis Gauthier, et les espèces à pores arrondis, subégaux, comme E. minimus Agassiz, pourraient seuls la placer parmi les Echinobrissus. Elle n’est pas davantage un Nucleolites de Desor, mais sa face inférieure la rap- proche des espèces crétacées pour lesquelles M. de Loriol a naguère créé le genre Asterobrissus ; elle n’a cependant ni la zone lisse de l’interradium impair, ni surtout les pétales fermés, lancéolés, à pores fortement inégaux de ces oursins. Elle est certainement plus voisine de certains Phyllobrissus et rentre parfaitement dans ce genre, surtout si on le limite, comme j'estime qu’on devra le faire, aux espèces à péristome régulier, pentagonal, pour rejeter parmi les Botriopyqus celles à péristome oblique, comme B. Co- quandi Cotteau (s. Pygaulus) = Phyllobrissus floridus Gauthier. En résumé, le Phyl. Cerceleti, qui rappelle le P. Duboisi par ses pétales peu développés, et par !son péristome muni de floscèles le P. Ebrayi Cotteau, me paraît susceptible de rentrer dans le genre créé par M. Cotteau sans qu’il soit nécessaire d’instituer pour lui une coupe générique nouvelle. LocariTÉs.— Le Phyllobrissus Cerceleti est rare à Grandpré, surtout en bon état de conservation, et jusqu'ici spécial à ce gisement. On l’a seulement recueilli dans le minerai jadis exploité au Bois-des-Loges. Muséum de Paris(d’Orbigny)—Collections Raulin,Peron, Lambert. 10. HOoLASTER LATISSIMUS Agassiz. 1840. (PI. IV. fig. 16-17.) Holaster latissimus Agassiz: Catal. Syst. Ectyp. foss. p. 2. — 1840. — — d’Orbigny : Paléont. franc. Terr. Crét., T. VI, p. 92, pl. 837 et 838 — 1853. — amplus d’Orbigny : ibid., p. 90, pl. 836 — 1853. — latissimus Desor.: Synopsis, p. 337 — 1857. _— — Cotteau : Etudes sur les Echin. foss. du dép. de l’Yonne, T. IL, p. 189, pl. 65, fig. 5, 9 — 1863. (Voir dans cet ouvrage la synonymie complète et ajouter) : 90 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 90 Août Cardiaster latissimus Agassiz? Wright : Brit. foss. Echinod. f. the Cret. form., p. 295, pl. 67, fig. 1-2, 1878. Longueur, 46 millim. ; largeur, 45 ; hauteur, 23. — Excentricité antérieure de l’apex, 10 °/, — du péristome, 30 2/0. Espèce d'assez grande taille, cordiforme, à peu près aussi large que longue, arrondie et échancrée en avant, rétrécie en arrière ; face supérieure peu renflée, déprimée en dessus, ayant sa plus grande hauteur un peu en arrière de l’apex; carène postérieure très atténuée. Sillon antérieur s'étendant de l’apex au péristome, angu- leux, échancrant fortement l’ambitus. Face inférieure onduleuse, déprimée vers le péristome, renflée vers le plastron avec bords arrondis. Côté postérieur obliquement tronqué, rentrant, avec un aréa sous-anal distinct. Sommet apical assez excentrique en avant. Ambulacres pairs à fleurs de test ou très légèrement déprimés, les postérieurs presque droits, composés de pores étroits, allongés, faiblement obliques; les antérieurs infléchis en avant près de l’apex, à branches inégales : celle d’arrière (IT a et IV b) plus développée, ayant ses cinq premières paires de pores semblables, arrondis, très rapprochés, les dix paires suivantes composées de pores inégaux, les internes moins allongés que les externes et plus obliques ; chez les paires suivantes, les pores redeviennent sensiblement égaux, transversalement allongés. Vers la 28e paire les zygopores s’espacent, les pores se raccourcissent et deviennent simples depuis la 30° jus- qu’au voisinage du péristome. La branche d'avant (II b et IV a) est bien plus étroite, formée de pores partout moins allongés, arrondis jusqu’à la 7 paire à partir de l’apex. Dans la partie péta- loïde de l’ambulacre, les pores faiblement conjugués, sans renfle- ment saillant du test entre eux, sont disposés par paires séparées de leurs voisines par une rangée de fins granules. Zone interporifère des ambulacres portant les mêmes ornements que les aires interam- bulacraires. — Ambulacre impair droit, aigu au sommet, logé dans le sillon, à zygopores assez ‘espacés, composés de deux très petits pores, arrondis, rapprochés, obliques avec l’interne adoral, séparés par un renflement granuliforme assez saillant. Zone interporifère garnie d’une granulation fine et homogène et de deux rangées assez régulières de petits tubercules, apparents surtout au voisinage de l’apex. Plaques interambulacraires relativement hautes, à sutures indis- tinctes. — Tubercules crénelés et perforés, scrobiculés, plus nom- breux et plus gros dans les aires interambulacraires de la face infé- rieure, épars ef moins développés en dessus, à l’exception de ceux qui avoisinent l’apex, ou bordent les carènes du sillon antérieur. — D 4 4 3 k 1 4 : 1 # . î j +. he és fn trs ire RS 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 91 Granules intermédiaires abondants, fins, serrés, homogènes, moins denses à la face inférieure. Plastron assez saillant, à faibles protubérances noduleuses posté- rieures et dont les plaques élémentaires ne sont distinctes sur aucun échantillon. Péristome transverse, s’ouvrant obliquement dans une dépression prononcée du test, excentrique en avant. Périprocte régulièrement oval, au sommet de l’area postérieur. Apex très allongé, présentant d’ailleurs les caractères ordinaires du genre, couvert de granules semblables à ceux de la surface du reste du test. Pas de fasciole. Il y a dans la disposition des granules, au point où pourrait passer la partie postérieure d’une bandelette marginale, une plus grande régularité; mais ces granules restent espacés, entremèlés de tubercules, et il est impossible de trouver sur les échantillons examinés, même les vestiges d’un véritable fasciole. Cette espèce est sujette à de profondes modifications en relation avec l'âge et semblables à celles que j'ai déjà signalées chez le Cardiaster pygmeus Forbes : (Lambert in Peron : Terr. de craie du bass. anglo-parisien, p. 265 — 1887). À la taille de 55 mill. les ambulacres pairs sont plus droits, plus effilés, leurs pores sont plus espacés, plus petits et bien moins allongés. Dans l’ambulacre IT, antérieur pair, les pores de la branche b, sont arrondis, ceux de la branche «a, sont eux-mêmes à peine transversalement allongés du côté externe. Mais à la taille de 23 mill. les ambulacres pairs sont encore moins développés et composés uniquement de petits pores ronds, très rapprochés, homo- gènes, faiblement obliques entre eux et à peine différents de ceux de l’ambulacre impair. Les jeunes s’éloignent ainsi tellement de l’adulte que j'avais d’abord pensé à en faire une espèce distincte (1); mais l’examen d'échantillons de taille intermédiaire démontre que les pores ambu- lacraires, arrondis et homogènes chez les jeunes, se diversifient à mesure que l'individu atteint son développement normal. L’un des échantillons de la collection de M. Raulin offre une monstruosité à signaler et qui résulte de la suppression dans l’apex des costales antérieures. Il n°y a plus chez lui que trois pores géni- taux, mais l’antérieur gauche s’ouvre hors de l’apex, dans l'aire interambulacraire et c’est l’ocellaire IT qui, plus développée que (1) M. Pomel les aurait probablement placés dans une autre tribu et dans son genre Cibaster. 92 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 90 Août de coutume et perforée par de nombreux hydrotrèmes, remplit la fonction ordinaire de la costale 2. Cette ocellaire II se trouve donc en contact direct avec l’ocellaire IT et l’apex est ainsi sensible- ment écourté. Fig. 25. — Apex d'un échantillon monstrueux de l'H. latissimus de la collection de M. Raulin, dessiné à la chambre claire et grossi 7 fois. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. L’H. latissimus, tel que je le com- prends, variable dans sa forme plus ou moins élargie, son ambitus plus ou moins arrondi, souvent rendu anguleux par compression est, comme l’a fait remarquer M. Cotteau, très différent de ses con- génères. Forbes paraît l’avoir jadis confondu {Voir Wright. loc. cit.) avec le /T. suborbicularis Defrance {s. Spatanqus) du Cénomanien inférieur, qui s’en distingue par sa forme plus allongée, plus dé- clive, son apex plus excentrique en avant, son périprocte enfoncé, son plastron plus saillant. Le H. suborbicularis de la Sarthe (H. cenomanencis d’Orbigny) un peu différent, à partie antérieure gibbeuse est encore distinct du H. latissimus. D'Orbigny, dans la Paléontologie française, a cité (Terr. Crét. T. VI, p. 97) l'A. suborbi- cularis comme ayant été rencontré par M. Raulin dans les grès de Grandpré. M. Raulin a bien voulu mettre à ma disposition sa belle coilection de fossiles de Grandpré et toutes les recherches faites pour retrouver cette espèce ont été vaines. Aucun des Holaster de Grandpré soumis par M. le professeur Raulin à d’Orbigny ne saurait être rapporté au AH. suborbicularis; ces échantillons dé- terminés par l’illustre paléontologiste portent seulement les noms de AT. latissimus et de H. amplus. La citation de d’Orbigny me 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 93 paraît donc être le résultat d’une erreur, et j'estime que le A. subor-- bicularis doit purement et simplement être rayé de la liste des Echinides de Grandpré. D'Orbigny rapportait d’ailleurs à deux espèces distinctes les Holaster de Grandpré indiqués à tort par lui comme provenant de l'étage albien. Mais je partage complètement l’opinion de M. Cotteau sur la nécessité de réunir aujourd’hui lH. amplus d’Or- bigny, à l'A. latissimus. D’après d'Orbigny l’H. amplus se distingue- rait par sa forme plus arrondie, moins large en avant, son pour- tour anguleux, sa face inférieure plane et ses zones porifères des ambulacres pairs moins inégales. Cependant, j'ai sous les yeux un AH. amplus déterminé par d’Orbigny lui-même, dont les zones porifères sont très inégales. La forme anguleuse de l’ambitus et l’aplatissement de la face inférieure de cet oursin doivent seulement être attribués à une déformation résultant d’un acci- dent de fossilisation. Par leur forme générale et celle de leur ambitus, d’autres échantillons de la collection de M. Peron se rapprochent aussi du type de l’H. amplus, mais ils sont également déformés, tandis que les échantillons les mieux con- servés ont tous les bords arrondis de l’H. latissimus. Dans ces conditions, aucune particularité de structure ne pouvant être invo- quée pour justifier la distinction proposée, j'estime que la réunion pure et simple de l’H. amplus à l’H. latissimus s'impose. Cette espèce étant dépourvue de fasciole marginale, c’est évidemment à tort que M. Wright l’a reportée, peut-être à l’exemple de Forbes, dans le genre Cardiaster. LocaLiTÉs. — L’H. latissimus est très rare à Grandpré, où il à cependant été plusieurs fois recueilli à l’ancienne mine du Bois des Loges. — Tranchée du chemin de fer (fragments). Muséum de Paris; collections Raulin, Peron, Lambert. Apparue dans les sables ferrugineux de Grandpré, cette espèce a un faible développement stratigraphique ; elle a cependant été signalée dans l’étage albien, où je l'ai recueillie à Seignelay (Yonne); elle se retrouve dans les couches inférieures de l’étage cénomanien du Havre et, d’après Wright, en Angleterre au même niveau, dans l’Upper Greensand. 11. EcxiNosparaGus BReyNiIusI d’Orbigny. 1840. (PI. IV. fig. 13-15). Toæaster Raulini Agassiz : in Sched. Echinospatagus Breyniusanus d’Orbigny : Paléont. franc. Terr. Crét. T. VI, p. 173, pl. 904. — 1853. 94 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 90 Août Toxaster — Desor : Synopsis, p. 356 — 1858. Echinospatagqus — Dujardin et Hupé : Hist. nat. des zoop. Echinodermes, p.594.—- 1862. Miotoxaster Breyniusianus Pomel : Genera des Echin. viv. et foss., p. 44. — 1883. Echanlillon A, figuré dans la Paléont. française ; longueur, 27 millim.; largeur, 25 millim. Echantillon B, longueur, 20 millim. ; largeur, 19 millim. ; hauteur, 14 millim. Excentricité de l’apex, 0/0: Espèce de taille moyenne, presque aussi large que longue, arron- die et échancrée en avant, rétrécie et tronquée en arrière ; face supé- rieure haute, renflée, ayant sa plus grande élévation entre l’apex et le périprocte, déclive en avant, subacuminée en arrière; centre ambulacraire postérieurement excentrique; face postérieure verti- calement tronquée; face inférieure à bords arrondis, faiblement convexe, légèrement déprimée vers le péristome. Sillon antérieur assez profond près du sommet, atténué au-delà. Ambulacre impair droit, à zygopores assez espacés, pores arron- dis, à peu près égaux, l’interne un peu plus petit, plus adoral, séparé de l’externe par une cloison saillante, granuliforme. Ambulacres pairs très inégaux, correspondant à une faible dé- pression du test, nettement flexueux, les antérieurs doubles des postérieurs, composés de branches inégales : celles d'avant étroites, formées de pores égaux, arrondis, très rapprochés, con- jugués, devenant ovoides et légèrement en chevron seulement à l'extrémité de la partie pétaloïde de l'aire; les branches pos- térieures sont au contraire formées de pores nettement allon- gés, conjugués, inégaux : les internes plus petits que les exter- nes. Chaque paire est séparée de la voisine par une rangée irré- gulière de granules; espace interzonaire étroit. Les ambula- cres postérieurs très courts, composés de pores à peu près homogènes, transverses, mais faiblement allongés. Au delà de la partie pétaloïde, les pores s’espacent, s’amoindrissent et semblent se perdre dans la granulation du test. L'état des échantillons ne permet de les examiner ni à la face inférieure, ni au voisinage du péristome; les pores infra-anaux (1) paraissent eux-mêmes peu développés. (1) J'ai déjà donné ce nom (Note sur le développ. de l'Echinospatangus neoco- miensis, p. 7), à l'exemple de M. Loven (Etudes sur les Echinoïdées, p. 10) aux pores tentaculaires toujours bien développés à l'extrémité du plastron des Spatan- giformes et si souvent circonscrits par un anneau fasciolaire. Le nom de pores épisterniens leur conviendrait mieux, mais j'ai reculé devant cette innovation. 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 95 Tubercules très petits, mamelonnés, perforés, à peine scrobiculés et épars en dessus, plus développés, plus nombreux et entourés d’un cercle de granules en dessous. Granulation intermédiaire fine et homogène, très dense en dessus, entourant les tubercules en dessous. Apex compact, d’après son empreinte, mais dont les détails ne sont visibles sur aucun échantillon. Péristome inconnu (transverse ? d’après d'Orbigny). Périprocte ovale, élevé, s’ouvrant à la partie supérieure d’un area peu distinct. Radioles de la face inférieure visibles sur un échantillon, grèles, allongés, aciculés, longs de 2 millim. 1/2, garnis sur la tige de fortes stries longitudinales. Collerette nulle ; bouton bien développé, _ paraissant lisse, anneau légèrement strié ; facette articulaire à peine crénelée. J'ai sous les yeux deux échantillons à peu près complets de cette espèce, ceux-là même qui ont été étudiés par Louis Agassiz et par d’Orbigny. La précieuse étiquette qui les accompagne porte inscrit de la main d’Agassiz le nom de Toxaster Raulini (1) que d'Orbigny a rejeté sous le prétexte qu’il y avait déjà un Toxaster Roulini Agassiz (s. Holaster) des terrains crétacés de l’Amérique méridionale. Agassiz n'ayant d’ailleurs pas publié son Toxaster Raulini, d'Orbigny avait incontestablement le droit de donner à l'espèce le nom nouveau d'Echinospatagus Breyniusanus, inscrit par lui au verso de l'étiquette. Pour décrire son espècé, d’Orbigny s’est aidé des deux échantillons de M. Raulin, dont l’un est assez fortement écrasé, et il faut recon- naître qu'avec sa sagacité habituelle le savant paléontologiste en a tiré un merveilleux parti. Mais son dessinateur a été moins heureux : Il s’est livré dans le dessin des figures de la planche 904 à un travail de restauration considérable en utilisant surtout le plus petit échan- tillon. Cependant les caractères du sillon antérieur et du péristome sont l’œuvre de M. Levasseur qui n’a pas tenu un compte suffisant de l’écrasement de la région antérieure chez ses modèles. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES.— M. Desor, rejetant le genre Heteraster de d’Orbigny, en a fait une simple section de ses Toraster et y a placé notre espèce sans que l’on puisse s'expliquer pourquoi, car chez l'E. Breyniusi l’'ambulacre impair, loin d’avoir des pores alternes et hétérogènes, les a bien homogènes et semblables à ceux du E. Ricordeaui Cotteau. Aussi M. Pomel le rapproche-t-il avec raison dans son Genera de cette dernière espèce, pour en faire un type de son (1) La lettre « du mot Raulini est parfaitement formée. 96 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 90 Aoùt genre Miotoxaster en modifiant d’ailleurs irrégulièrement le terme spécifique. J’ai indiqué ailleurs (Note sur le développ. de l’Echin. neocomiensis, p. 16 — 1889) les motifs qui m'ont décidé à ne pas admettre le genre Miotoxaster. Le E. Recordeaui, qui remonte jusque dans l’Aptien supérieur de Gurgy (Yonne), diffère de l'espèce de Grandpré par sa forme géné- rale moins acuminée en arrière, Son apex moins excentrique, son sillon antérieur plus accusé à l’ambitus, son périprocte propor- tionnellement moins élevé et par les détails de ses ambulacres : l’impair est plus large, les pairs sont plus flexueux, bien plus longs, à branches moins inégales; leur partie pétaloïde est compo- sée à la même taille de pores plus nombreux. Chez un E. Ricordeaur de 27 mill. de longueur, la partie pétaloïde des ambulacres com- prend : pour [ vingt-deux paires de pores et pour IT trente-deux paires. Sur un £. Breyniusi de même taille on ne compte plus que treize paires de pores pour Let vingt-trois paires pour EL. Il y a là un caractère différentiel très saillant qui imprime à chaque espèce une physionomie nettement particulière. On remarquera enfin que les radioles des deux espèces paraissent eux-mêmes bien distincts. Le Spatanqus argilaceus Philips, que d’Orbigny avait voulu réunir au E. Ricordeaui est une forme différente, un Holaster d’après la figure # pl. II du Geology of Yorskshire et suivant l’opinion de Forbes (Mem. Geol. Surv. Dec. IV, pl. V, p. 4, notes, 1852). M. Wright le considère d’ailleurs comme une espèce purement nominale et 11 ne saurait être confondu avec l'E. Breyniusi. D'Orbi- gny avait parfaitement compris que ce dernier était plutôt voisin du £. Collegnoi Sismonda (sub Toxaster) de l’Aptien; mais il a déjà indiqué les différences qui séparent les deux espèces. L’E. Collegnor moins élevé, moins acuminé en arrière, a ses pétales ambulacraires sub excavés, plus flexueux, plus développés; les antérieurs pairs, un peu plus longs, sont composés de pores moins inégaux, ceux de la branche d’avant (IL. b. et IV. à.) plus allongés; l’ambulacre impair a ses pores peut-être un peu moins espacés, faiblement allongés. c Le Miotoxaster exilis de Loriol, de l’Urgonien du Portugal, diffère du E. Breyniusi par sa taille, sa forme générale, son apex central, ses ambulacres à fleur de test, etc. L’E. radula Gauthier, de l’Albien d'Algérie, se distingue facilement par la structure homogène de ses ambulacres pairs; c’est une forme à comparer plutôt avec E. Col- legnoi qu'avec E. Breyniusi. Le Greensand anglais à fourni un certain nombre d’Echinospa- tagus; aucun d’eux ne saurait être confondu aveé le notre. Wright | | NU . 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 97 nous dit en effet que son ÆE. Quenstedti, de forme voisine, mais dont l’apex est plus excentrique en arrière, a ses ambulacres à fleur de test et non flexueux ; c’est un type qui n’a même pas la physionomie générique des Echinospalaqus. Quant à l'E. Renevieri, de forme générale différente, ses ambulacres pairs sont plus excavés, plus longs et composés de pores plus homogènes. LocaLirés. — L’E. Breyniusi est fort rare à Grandpré. L’étiquette des échantillons de M. Raulin soumis à d’Orbigny porte au verso comme indication de localité : « Vouziers » inscrit de la main de M. Raulin. Cependant le savant professeur m’a affirmé que ces deux oursins, d’après ses souvenirs, provenaient des sables ferrugineux de Grandpré et qu'il ne se rappelait pas avoir trouvé d’Échinides dans le Gault de Vouziers. La gangue ferrugineuse qui accompagne ces échantillons, leur couleur, leur aspect général, portent la preuve évidente de leur origine; ils proviennent certainement des sables ferrugineux inférieurs aux couches à nodules phosphatés et 4m. mamillaris de la base de l’étage albien, probablement du gisement des Talmats, sur la route de Vouziers. J’ai d’ailleurs recueilli moi- même un échantillon de cette espèce au Bois des Loges, dans le minerai, et aucun doute ne peut exister sur son véritable niveau stratigraphique. . Collections Raulin, Lambert. RÉSUMÉ. Les Sables ferrugineux de Grandpré m'ont offert onze espèces d’Echinides : _ Cidaris plexa Lambert. Goniocidaris farringdonensis Wright (s. Cidaris). — arduennensis Lambert. Diplopodia Renevieri Cotteau (s. Pseudo-diadema). Polydiadema Cotteaui Lambert. Hernidiadema rugosum Agassiz. Peltastes Lardyi Desor (s, Hyposalenia). Discoides Peroni Lambert. Phyllobrissus Cerceleti Desor (s. Nucleolites). Holaster latissimus Agassiz. Echinospatagus Breyniusi d’Orbigny. % Sur ce nombre, trois étaient inconnues avant mes recherches, deux avaient été déjà signalées, mais rapportées à d’autres espèces; XX 7 98 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 2 Sept. une, G. farringdonensis, n'avait pas encore été rencontrée en France. Cette faunule échinitique est très intéressante : à côté de sept espèces propres, elle en offre une, G. farringdonensis, qui lui est commune avec les Sponge-gravels de Farringdon (Angleterre). — Deux espèces : Diplopodia Renevieri et Peltastes Lardyi relient les sables de Grandpré à l’Aptien de la Perte du Rhône; la dernière se retrouve en outre dans les couches à Terebratella Astieri de l’'Aptien inférieur del’Yonne. Enfin,une espèce, Holaster latissimus, a été signa- lée dans l’étage albien. Si l’on retranche les sept espèces spéciales, on voit que sur quatre, la majorité, 3, sont aptiennes de l’Ain et de Farringdon. Les considérations paléontologiques, d'accord avec les observa- tions stratigraphiques, conduisent donc à rapporter les grès et sables ferrugineux de Grandpré à l'étage aptien. La présence d’un Echinospataqus rattache encore cet horizon aux terrains néoco- miens ; mais d’autres types, comme Gomiocidaris arduennensis, Diplopodia Renevieri, Discoides Peroni, analogues à des formes céno- maniennes voisines, telles que Cidaris vesiculosa, Diplopodia vario- laris, Discoides subuculus, impriment à la faune un caractère plus moderne. Cette affinité de la faune échinitique de Grandpré avec la faune cénomanienne a déjà été signalée; elle forme un argument de plus pour relier les minerais de l’Argonne aux Farringdon-gra- vels, que les premiers observateurs avaient cru jadis devoir syn- chroniser avec le Tourtia. L'étude des Échinides vient ainsi confir- mer des conclusions depuis longtemps présentées par M. Barrois (Crét. des Ardennes, p. 242), admises aujourd’hui par M. de Lappa- rent (Traité de Géol., p. 920), et tendant à placer les sables ferrugi- neux de l’Argonne dans l’étage aptien supérieur, sur l’horizon de l'argile à plicatules. EXPLICATION DES PLANCHES (Sauf indications contraires, toutes les figures sont de grandeur naturelle). PLANCHE II, Fig. 1. Fragment de radiole du Cidaris plexa Lambert, de la collection de M. Peron. — 44 le même grossi. » 2, Plaque interambulacraire recueillie au Bois-des-Loges et attribuée au C. plexa (Coll, Lambert). 1892 LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L'APTIEN DE GRANDPRÉ 99 » » » 3. Goniocidaris farringdonensis Wright (sub Cidaris) du Bois-des-Loges, vu de profil (Coll. Lambert). 4. Le même vu en dessus, 5. Le même vu en dessous. 6. Interambulacre du mème, grossi, pour montrer la disposition des granules scrobiculaires, les crénelures des tubercules supérieurs et les fossettes angulaires ou suturales. 7. Portion d’ambulacre du même, grossi, montrant la disposition irrégulière des granules miliaires. 8. Une plaque interradiale du même, grossie, avec radioles des granules adhé- rents. 9, 10, 11. Trois radioles trouvés à côté du même. — 9 portion de tige grossie. — 114 sommet d’un radiole grossi. 12, Fragment de radiole de la même espèce (Coll. Peron). — 124 Facelte arti- culaire grossie. 13. Goniocidaris arduennensis Lambert, de la collection de M. Peron, vu de profil. 14, Le même vu en dessus. 15. Le même vu en dessous. 16. Interambulacre du même, grossi, pour montrer la disposition des fossettes, 17. Portion d’ambulacre du même, grossi. 18. Radiole du G. arduennensis, recueilli au Bois-des-Loges (Coll. Collet). 19, 20, 21. Autres radioles de la même espèce et du même gisement (Coll. Lam- bert). — 204 et 214 sommets de deux de ces radioles, grossis. PLANCHE III. Fig. 1. Diplopodia Renevieri Cotteau (sub Pseudodiadema) de la collection de M. Raulin, vu de profil. 2. Le même vu en dessus. 3. Le même vu en dessous, 4. Diplopodia Renevieri recueilli à Négremont et montrant la forme de l’apex (Coll. Lambert). 5. Individu jeune de la même espèce (Coll. Peron). 6. Fragment d'un individu très adulte, avec six rangées de tubercules interam- bulacraires égaux (Coll. Lambert). 7. Moule intérieur en phosphate de chaux, de la même espèce. (Coll. Peron). 8,9. Radioles attribués au D, Renevieri de la collection de M. Peron. — 8a, 94, les mêmes, grossis. 10. Diplopodia Renevieri Cotteau, de Négremont (Coll. Lambert). Variété à zones miliaires plus larges et très voisine du D. Malbosi Agassiz (sub Tetragramma). 11. Polydiadema Cotleaui Lambert, de la tranchée du Chemin de fer, vu en dessus (Coll. Lambert). 12. Le même vu en dessous. 43. Portion supérieure, grossie, d’un ambulacre et d’un interambulacre du même, pour montrer la disposition des granules et la structure 5-sociée des plaques ambulacraires. 14. Autre échantillon des mines de Ne montrant la forme et l’étroitesse 100 0] » 14. LAMBERT. — ÉCHINIDES DE L’APTIEN DE GRANDPRÉ 2 Sept. de l’apex. Variété à petits tubercules secondaires voisine du P. Rhodani Agassiz (s. Diadema), de la collection Lambert. . Le même vu en dessous. . Le même vu de profil. . Portion d’ambulacre et d’interambulacre du même, grossie. PLANCHE IV. . Peltastes Lardyi Desor (sub Hyposalenia), variété de la collection de M. Peron vue en dessus. . Le même vu en dessous. Le même vu de profil. Ambulacre du même, grossi, pour montrer la rareté des verrues intermé- diaires chez cet échantillon. . Hemidiadema rugosum Agassiz, du Bois-des-Loges vu en dessus (Coll. Peron). 5a Le même, grossi, pour montrer la forme de l’apex et l’aspect sculpté du test. . Plaques ambulacraires et interambulacraires du même, grossies, pour montrer la disposition des fossettes scrobiculaires. Discoides Peroni Lambert, de la tranchée du Chemiso de fer, vu en dessus (Coll. Lambert). . Le même vu en dessous. . Le même vu de profil. . Portion d'ambulacre et d’interambulacre du même, grossie, pour montrer la disposition des tubercules, . Jeune individu de la même espèce et du même gisement. Le périprocte est en partie visible de profil (Coll. Lambert). . Face inférieure vue intérieurement d’un autre individu de la même espèce recueilli au Bois-des-Loges et montrant le bourrelet péristomien avec les côtes internes du test (Coll. Lambert). . Echinospatagus Breyniusi d'Orbigny, vu en dessus. Type de l’espèce déjà figurée dans la Paléontologie française (Coll. Raulin). Ambulacre II, grossi, du même, . Autre individu de la même espèce, vu de profil. Second type de l'espèce. (Coll. Raulin). . Holaster latissimus Agassiz, jeune, de moyenne taille, vu en dessus (Coll. Raulin). . Ambulacre II du même, grossi, avec pores encore subcireulaires, ou fai- blement allongés. . Phyllobrissus Cerceleti Desor (sub Nucleolites) de la collection de M. Peron, vu en dessus. 1892 101 APERCUS RÉTROSPECTIFS sur LA GÉOLOGIE pe LA TUNISIE, Par M. A. POMEL. Au printemps de 1877, lors de l’agitation soulevée par la question de la prétendue mer saharienne à restaurer, convaincu que cette tentative constituerait, pour l’honneur et les finances de mon pays, un véritable désastre, je résolus d'aller chercher sur place des documents irréfutables pour combattre ce funeste projet, dont l’'apparente grandeur troublait bien des esprits. Mon objectif prin- cipal fut donc le seuil de Gabès, où devait se trouver le nœud de la question. J'ai dit ailleurs comment j'avais pu, sans encombre, grâce aux recommandations de M. Roustan, alors ministre de France à Tunis, et à l’accueil cordial de nos agents consulaires, accomplir un voyage difficile, pendant lequel j'ai eu seulement à regretter de me restreindre aux observations possibles au voisinage trop immédiat de la route. A Gabès seulement, notre vice-consul, M. Chevarier, en m’accompagnant lui-même, put me rendre facile et même agréable l’exploration du fameux seuil. Je ne tardai pas à faire connaître les résultats de mes études en ce qui concernait le projet de mer intérieure, confirmant mes pré- visions; mais ce ne fut qu’en 1884 que je pus publier les obser- vations détaillées relevées sur mon itinéraire. Quelques-unes se sont trouvées forcément incomplètes, en raison des conditions du voyage ; d’autres ont été contestées. Je me propose ici de répondre aux objections et de compléter ou de rectifier mes aperçus à l’aide des résultats d’explorations plus récentes, accomplies par leurs auteurs dans des conditions plus favorisées. 4 49 HAMMAM-EL-Lir ET DJEBEL Bou KOURNEN M. l'ingénieur Rolland, le premier, a élevé des doutes sur l’attri- bution que j'avais faite de certaines couches de ce massif à la craie moyenne, et notamment des calcaires coralliniformes des environs de Macéra à l'étage turonien; par analogie avec le massif du Zaghouan, il pensait qu’ils devaient plutôt représenter l'étage urgo-aptien, et les marnes sous-jacentes à bélemnites rentrer dans le vrai Néocomien. Heureusement, M. l'ingénieur Aubert a pu se 102 A. POMEL. — APERCUS RÉTROSPECTIFS 2 Sept. procurer un rudiste moins fruste que celui que j'avais recueilli, et qui a été reconnu par M. Douvillé comme un radiolite voisin du R. lumbricalis. L'hypothèse de M. Rolland ne s’est donc pas réalisée. J’ai pour mon compte certainement eu le tort de formuler l’idée, d’après des apparences de relief, que le terrain turonien se pro- longeait jusqu’au Dijebel Ressas, qui, depuis, a été reconnu pour appartenir au terrain jurassique dans sa masse principale, ainsi du reste que certaines parties du Djebel Bou Kournen, d’après M. Aubert. J'avais toutefois signalé d’autres apparences de discor- dances de stratification qui établissaient une réserve sérieuse dans cette appréciation. J'avais cru également pouvoir attribuer au. Cénomanien le substratum marneux des calcaires à rudistes, en raison de la concordance de stratification et des tronçons de bélem- nites que je n'avais pas su distinguer du B. ultimus. Ces couches appartiendraient au contraire au terrain néocomien supérieur. Je ne suis pas en mesure de le contester; mais il me semble y avoir encore lieu à réserves sur cette question ; car j'ai quelques raisons de croire à l'existence d’un Néocomien avec bélemnites plates et peut-être même d’un Gault à Belemnites minimus, placés à un horizon bien plus inférieur; c’est du reste ce que j'espère pouvoir bientôt vérilier. On comprendra que ces erreurs sont un peu excusables, quand on pensera qu’on est condamné, en quelque sorte, à simplement toucher barre aux pieds des escarpements et des dénudations, ou bien à interpréter des profils qui se montrent au loin plus ou moins nettement définis. M, le Mesle, qui y a consacré beaucoup plus de temps et dans des conditions bien plus favorables sous tous les rapports, a été encore bien moins heureux que moi dans ses recherches, puisqu'il a déclaré ne pouvoir donner aucune opinion sur la géologie du massif du Djebel Bou-Kournen, ce qui ne l’a pas empêché de dire qu’il l’interprétait d’une tout autre façon que moi. On comprendra qu'il m'est difficile de répondre à une pareille négation. Il paraît, du reste, que c’est un parti-pris et que ce géologue semble avoir eu pour objectif, dans la Mission d'exploration scien- tifique de la Tunisie, de contrôler et aussi de contester mes observations, et principalement lorsque sa science est restée en défaut en présence des mêmes faits observés. Ainsi en est-il au sujet du Djebel Ahmar, près de Tunis, où j'avais cru reconnaître la pré- sence du Gault, et où mon contradicteur n’a pu trouver que les éléments d’une autre négation. Depuis lors, l’un des Oursins que j'avais recueillis dans ce gisement et qui est devenu le type du 1892 SUR LA GÉOLOGIE DE LA TUNISIE 103 genre Homeaster, a été retrouvé dans le Djebel Mouzaia et dans des couches qui paraissent appartenir à la zone ambigue au Gault et au Cénomanien. 20 TERRAIN PLIOCÈNE DE KSOUR-SEF La région qui s'étend de Monastir à Ksour-Sef et à Mahédie, formant ce qu’on pourrait appeler la presqu'île du Cap Dimas, ne paraît pas avoir été visitée depuis moi par d'autre géologue et je n’ai pas à modifier ce que j'en ai dit. Mais je suis un peu surpris de trouver en note ce qui suit dans le Journal de voyage de M. le Mesle : « M. Pomel croit devoir faire passer les couches à » Pectunculus violacescens sous les argiles à huîtres de Kamarat {lisez » Kamart); j'aurai quelques réserves à faire à ce sujet quand j'aurai » trouvé une coupe plus probante que celle indiquée par le savant » et habile observateur. » Il faut avoir réellement un grand désir de contredire pour interpréter les faits de cette façon. Je n'ai pas pu dire que les calcaires à Pectunculus violacescens passaient à Kamart sous les argiles et grès à huitres, attendu qu’on ne trouve aucune trace de ces calcaires dans cette localité. D’un autre côté, mon contradicteur n’a point visité lui-même la région du cap Dimas, où j'ai constaté l’existence incontestable et en superposition directe de couches argileuses à bancs d’huîtres sur les molasses à pectoncles. Mon contradicteur aura très probablement confondu les gisements de Pectunculus violacescens des plages quaternaires émergées avec ceux du cap Dimas qu’il ne connaissait pas. Autre- ment il faudrait admettre que c’est par simple suspicion légitime qu’il arrive ainsi à me contredire. Ce qu’il y a de certain, c’est que la partie supérieure du terrain pliocène de la presqu'île du cap Dimas est constituée par des argiles à bancs de grandes huîtres; que ces argiles reposent sur les molasses à pectoncles dont la puissance est considérable, et qu'après un intervalle dontla composition est masquée par des éboulis, on constate la présence de couches à Terebratula ampulla, qui ne peuvent être que leur substratum. Que les couches de Kamart soient ou ne soient pas les analogues de celles de Bembla, cela ne change rien à la constitution du cap Dimas, telle que je l'ai établie et, en relisant ce que j’en ai dit, on se rendra compte que c’est par simple déduction analogique que j'ai proposé la concordance entre les éléments de ces formations de faciès dissem- blables dans les deux régions très distinctes entr’elles. 104 À, POMEL. — APERCÇUS RÉTROSPECTIFS 2 Sept. 9° QUATERNAIRE SUBATLANTIQUE ET PLAGES ÉMERGÉES J'ai donné dans diverses publications des détails circonstanciés sur les caractères et les relations de ces deux formations entr’elles ; je me dispenserais d’y revenir, si je ne croyais devoir ajouter des remarques sur des faits intéressants signalés récemment et discuter un point de taxonomie sur lequel les avis sont divergents. M. Aubert a signalé la présence des plages marines à Strombus mediterraneus à Zarzis et à Djerba; elles y sont représentées par des calcaires coquilliers de consistance et d’épaisseur variable, souvent recouverts par des terrains plus récents : dunes ou allu- vions. Ces calcaires sont nettement supérieurs à un calcaire, consi- déré comme d’eau douce, très développé dans l’extrême sud tuni- sien ; il y forme une sorte de couverture en carapace aux terrains sous-jacents et ne renferme pour tout fossile que des Helix indé- terminables. Ce calcaire est incontestablement le représentant de la carapace que j'ai depuis longtemps signalée comme se développant à la sur- face des atterrissements continentaux et même d’autres formations plus anciennes, par une sorte d’incrustation qui, en beaucoup de points, continue à se produire. Cette croûte, qui se moule en quel- que sorte sur toutes les ondulations de la surface, se lie d’une façon tellement intime au substratum qu’il est le plus souvent impossible d'y trouver une ligne de séparation; la désignation de lacustre n’est donc pas appropriée à son mode d’origine, et ne pourrait du reste être justifiée par des coquilles exclusivement terrestres; elle doit signifier que le dépôt n’est pas d’origine marine comme celui qui le recouvre. Les îles de Kerkena ont la même structure que celle de Djerba et on y a retrouvé les couches à Strombus mediterraneus plus ou moins développées sur la carapace calcaire ou sur les surfaces indu- rées de l’atterrissement continental dont j'avais déjà signalé la présence. Uniquement constituées par ces deux terrains, ces deux îles paraissent avoir fait partie d’un même tout, probablement aujourd’hui démantelé. Il est à constater que sur le continent en face, depuis le voisinage plus ou moins immédiat de Zarat au sud- est de Gabès, jusqu’auprès de Mellonga au sud de Ras Kapoudia, on ne trouve aucune trace de plage marine émergée ; le sondage de Sfax n’a rencontré sous 15 mètres d’alluvions que des graviers avec débris de calcaire de la carapace. Il semblerait donc que le rivage de la mer à Strombes était limité par une ligne droite nord- 1892 | SUR LA GÉOLOGIE DE LA TUNISIE 105 sud allant de Ras Kapoudia à Zarat en longeant le bord occidental des iles Kerkena et Djerba. On pourrait donc croire que là zone maritime actuelle située à l’ouest de cette ligne s’est affaissée, tandis que la zone contigue à l’est émergeait en un faible relief peut-être discontinu ou bien en partie détruit aujourd’hui. Les relations stratigraphiques de ces deux terrains ne laissent donc plus de doute sur l’ordre de leur succession. Les dépôts marins sont d’une date postérieure aux dépôts continentaux détritiques. Cette confirmation d’un classement qui ne laissait pas que de com- porter encore des incertitudes est un fait important. La présence de la carapace calcaire en couverture sur ces atterrissements sous les dépôts à Strombes, l’est peut-être plus encore; car elle témoi- one d’une extension assez grande de cette formation dans la région occupée aujourd’hui par la mer et d’une émersion de longue durée, étant donné que cette croûte ne peut se constituer que sous les influences atmosphériques, par une sorte d’incrustation in and. En outre, si c’est bien là son origine, on peut en déduire que ces influences étaient pendant cette longue durée en concordance avec un climat peu différent de ce qu'il est actuellement sur la côte barbaresque. La période d’accumulation de ces immenses détritus sur les surfaces continentales du Nord de l’Afrique, qui ne peut correspondre qu’à un régime de précipitations aqueuses exces- sives, a donc été suivie d’une période faisant contraste par sa sèche- resse relative. Jusqu'où s'étendait vers le nord et le nord-est ce terre-plein continental ? Est-ce lui qui a servi de chemin aux quelques bètes émigrées d’un continent à l’autre, par exemple à l’Elephas meridio- nalis et à l’Equus stenonis fossiles dans ces mêmes atterrissements continentaux ? On ne peut que répondre que l’hypothèse n’est pas inadmissible ; mais jusqu'à présent ce n’est qu’une hypothèse. Ce qui, toutelois, n’est pas contestable, c’est que des changements considérables se sont opérés dans les reliefs du sol, qui ont modifié très profondément les limites des mers et des terres, sans cependant que ces changements dans les reliefs aient dépassé les limites de simples ondulations ou bossellements d’une large amplitude. M. Mayer-Eymar y verrait peut-être de simples chan- gements dans le niveau des mers, la période des atterrissements continentaux correspondant aux mers basses, celle des couches à Strombes aux mers hautes et l’émersion de ces dernières à des mers basses. 1 J'ai: toujours considéré cette formation détritique continentale comme représentant la phase la plus ancienne de l’époque quater- 106 A. POMEL. — APERÇUS RÉTROSPECTIFS OS! naire, et c’est sous la rubrique de Quaternaire ancien qu’il en a été question dans les diverses publications où j'ai eu à m’en occuper; j'y ai plus récemment ajouté la désignation de subatlantique, qu’on pourrait transformer en subatlantien pour se conformer à une désinence passée en usage. Le fait principal qui a motivé pour moi cette attribution est la superposition de cette formation à un terrain pliocène incontestable, appartenant aux assisesles plus supérieures, et principalement celui de la postériorité du dépôt à des ridements du système des Alpes principales, contre lesquels il vient buter en liscordance. Or, pour moi, le surgissement dece système, compris à la manière d’'Elie de Beaumont, c’est-à-dire comme une action limi- tée dans le temps et dans sa direction, doit clore les temps ter- tiaires; car il marque en quelque sorte l'époque où les continents, du vieux monde au moins, se sont affranchis des bassins mari- times. En Barbarie, ce système de ridements n’estpas le dernier qui ait produit des mouvements de dénivellation sur les formations strati- fiées. Il en existe un autre au moins et le terrain subatlantien en porte des traces en de nombreux endroits, où il se relève souvent beaucoup sur le flanc des vallées avec des inclinaisons incompa- tibles avec les plans plus ou moins nets de stratification. Mais ces mouvements, que j'ai analysés ailleurs, sont d’une date postérieure aux ridements des Alpes principales et en sont indépendants; ils n'impliquent nullement que les dépôts qui en ont été affectés doi- vent être rapportés à la série des formations tertiaires. J’ai été longtemps sans avoir des renseignements sur la faune de ce terrain subatlantien ; des découvertes assez récentes ont fait connaître un certain nombre de débris de vertébrés, qui ont per- mis de constater à peu près avec cerlitude la présence de l’Elephas meridionalis et mème celle de son compagnon l’Equus stenonis, espèce à laquelle j'avais bien antérieurement attribué le nom de E. robustus d’après des pièces trouvées en Auvergne avec les osse- ments du même éléphant. Or, pour moi aussi, ces espèces appar- tiennent aux temps quaternaires et à la faune qui inaugure chez nous le régime animal qui à persisté jusquà notre époque. Cette consta- tation ne vient donc pas infirmer ma détermination chronologique. M. Aubert rapporte au Pliocène mon terrain subatlantien et il suit en cela le sentiment de MM. Rolland, Philippe Thomas et divers autres après Coquand. Il me semble qu’on peut en trouver la raison dans les considérations suivantes. On peut d’abord attri- buer une grande influence aux mouvements orogéniques subis par cette formation et parfois très énergiquement, les attribuant 1892 SUR LA GÉOLOGIE DE LA TUNISIE 107 au système des Alpes principales, quoique n’en ayant pas les caractères, mais par suite de cette croyance que ce système était le dernier qui ait exercé son action dans la région, ce que j'ai ailleurs démontré être erroné. La présence d’un Quaternaire incon- testable et de date assez ancienne sur la formation subatlantienne peut être aussi un argument d’une certaine valeur, lorsqu'on con- sidère le terrain quaternaire comme une unité taxonomique simple suivant une habitude assez générale; tandis qu’au contraire il constitue un groupe assez complexe embrassant des formations distinctes dont les relations stratigraphiques, pour être souvent difficiles à établir, n’en sont pas moins très nettes d’autres fois. Je peux en donner pour exemple la classification qui a été adoptée pour les relevés de la carte géologique détaillée de l’Algérie et publiée dans l’explication provisoire de cette carte. On peut aussi faire remarquer que l’expression de Pliocène, sans autre indication, n’a pas plus de valeur que celle de Eocène par exemple, qu’elle embrasse des formations bien distinctes et qu’elle n’a d'autre valeur que celle d’une synthèse. Il ne suffit pas de se faire ce raisonnement ; tel terrain est au-dessous du Quaternaire et même discordant, donc il est Pliocène ; car dans le même lieu et par exemple dans le massif du Cap Dimas, on pourrait aussi dire tel terrain (le même ici) estau-dessus du Pliocène et même discordant, donc il doit être Quaternaire. Il ne me paraît pas qu'aucun des auteurs qui ont qualifié le terrain subatlantien de Pliocène aient essayé de le synchroniser avec l’une des divisions stratigraphiques du Pliocène classique. Il semble qu'ici, comme pour le Quaternaire, on ait considéré le Pliocène comme une simple entité taxonomique; et cela ne suffit pas. Je n’ignore pas qu’en Europe on a attribué un certain nombre de gisements à Elephas meridionalis au Pliocène supérieur à Masto- don arvernensis ; mais j’ai bien des raisons pour suspecter ce rap- prochement qui, partout où j'ai pu le vérifier, résulte soit de rema- niements, soit de confusions entre gisements contigus et d'aspect concordant. Je ne verrais cependant aucune raison de refuser d'admettre que cette dernière espèce ait pu continuer à vivre à côté de la première; mais il faudrait non pas une espèce, mais l’ensemble de la faune pour justifier le synchronisme et il ne me paraît pas que le fait ait été constaté. En Angleterre, on a adopté une solution moyenne et appliqué le nom de Pléistocène à cette faune, qui se trouve ainsi considérée comme un entité taxonomique entre les périodes pliocène et quaternaire. C’est un système qui me paraît manquer de pondération, puisqu'il comporte une entité 108 A. POMEL. — APERÇUS RÉTROSPECTIFS 2 Sept. simple placée au même rang et entre deux groupes d’entités taxo- nomiques. Il a l’avantage de consacrer l'indépendance de la forma- tion et de ramener le désaccord à une simple question d’accolade, suivant que l’on voudra rattacher ce nouveau terme comme addi- tion au groupe inférieur ou au groupe supérieur. Ma préférence pour cette dernière solution se déduit de la discussion qui précède ; je pourrais ajouter que M. Mayer-Eymar est conduit aussi à placer en dehors du Pliocène l'horizon à Elephas meridionalis et que cette autorité n’est pas à dédaigner. Je ne puis donc pas me rallier à l'opinion soutenue par M. Rolland. A l’appui de cette conclusion je crois devoir rappeler que le Pliocène du cap Dimas comprend à Monastir la formation à Terebratula ampulla représentant le Plai- santien; puis à Knis et à Mahédie une série imposante de molasses à Pectoncles qui se place naturellement sur l'horizon de l’Astien ; puis encore à Bembla et à Ksour-Sef un horizon argileux à grandes Huiîtres, qui ne peut correspondre qu’au Pliocène d'Alger supérieur aux Molasses de Mustapha, et dont l'équivalent me paraît encore indéterminé dans les régions classiques d'Europe. Or, c’est encore aussi sur ce Pliocène très supérieur que vient s'appuyer à Ksour- Sef le terrain subatlantien assez fortement relevé comme lui, mais nettement discordant. A moins d'admettre un quatrième étage pliocène, il n’est pas possible d’y trouver une place convenable pour le recevoir. Il est, du reste, beaucoup mieux à sa place dans le groupe quaternaire. 49 TERRAIN ÉOCÈNE DU N.-O. DE LA TUNISIE. C'est dans un voyage bien plus récent que j'ai eu l’occasion d'étudier la partie de la Tunisie qui touche à la frontière algé- rienne et cela pour préparer les travaux de recherches relatifs à l’exécution de la carte géologique détaillée. Les diagrammes rele- vés par MM. Rolland et le Mesle au Dir-el-Kef se trouvant en désac- cord avec mes observations dans la région de Souk-Ahras, je suis allé étudier cette montagne au relief si singulier et j’ai pu me convaincre qu'il n’y avait pas deux systèmes de couches nummu- litiques séparées par un horizon marneux et appartenant à deux formations différentes, Suessonien et Parisien. À la station du Tarja, le calcaire à nummulites, blanc, plus ou moins cristallin, pré- sente, vers son milieu, une zone un peu marneuse qui se retrouve au Dir-el-Kef. Mais sur le contrefort extrème de cette montagne, où les coupes ont été relevées, la masse calcaire a été divisée par une faille, qui porte la partie marneuse et grumeleuse qui la recou- vre au niveau de la zone marneuse du milieu, et de là l'illusion de 1892 SUR LA GÉOLOGIE DE LA TUNISIE 109 deux bancs distincts, séparés par une assise marneuse qui ne dif- fère aucunement de celle qui est en superposition immédiate à la prétendue couche supérieure. C’est là, en effet, qu’est le principal gisement des nummulites libres à la surface même du banc cal- caire ; on les retrouve avec les Ostrea strictiplicata et autres fossiles disposés de la même manière à la surface des deux prétendus bancs différents; et ce sont absolument les mêmes espèces. La nature dé la zone marneuse réellement intercalée est du reste bien différente, homogène et non grumeleuse et presque sans Îos- siles. Le banc marno-grumeleux paraît çà et là sur le plateau en lambeaux plus ou moins étendus et la prétendue Ostrea crassissima en provient certainement; c’est une espèce distincte qui, au Djebel- Degma, n’est pas rareetse rencontre dans les mêmes circonstances. M. le Mesle revient sur cette question dans une publication posté- rieure, insérée au Bulletin de la société, pour affirmer que la coupe qu'il en a donnée n'est pas un schéma de fantaisie. Il me semble qu'il suffit de comparer sa figure à celle publiée par M. Rolland pour reconnaître que la concordance n’est pas aussi complète qu’il l’affirme. Sa comparaison avec le diagramme ci-joint expliquera en quoi elle diffère de la réalité. M. le Mesle trouve ensuite que la question de la détermination de la grosse huitre, dite Ostrez crassis- sima est de mince importance; il oublie sans doute que c'est uni- quement sur elle que repose l’hypothèse de la présence du terrain helvétien dans une région bien éloignée de tout gisement de cette formation. \ Dir-el-Kef vu du Nord-Ouest. o Marne calcaire grumeleuse : Ostrea strictiplicala, pseudocrassissima, pseudo- pygaulus. & Surface couverte de grandes nummulites libres. n Calcaire blanc gris cristallin contenant les mêmes nummulites. g Calcaire blanc grisâtre subcristallin, devenant marneux à la partie supérieure. p Calcaire phosphaté gris brun; Térébratulines, gros nautile. m Marnes argileuses noirâtres. S Calcaires et marnes sénoniens. J'ai en quelque sorte calqué ce diagramme sur celui donné par M. Rolland, pour qu’on puisse mieux apprécier en quoi ils diffèrent, comme interprétation, de la structure géologique de cette 110 A. POMEL. — SUR LA GÉOLOGIE DE LA TUNISIE 2 Sept. montagne. En parcourant le plateau, on peut constater l’exis- tence de plusieurs gradins semblables à celui occasionné par sa faille figurée, et c’est très probablement à cette succession qu'est due la pente de cette surface vers la ville. Partout où la roche nummulitique à été mise à nu par ablation de la cou- che marnogrumeleuse, on trouve la même abondance de gran- des nummulites libres et des Ostrea des deux espèces citées plus ou moins fragmentées. Il ne peut y avoir aucun doute, ce banc gru- meleux n’est pas intercalé dans la formation calcaire et il n’y pro- duit pas deux niveaux distincts de fossiles. Je puis invoquer ici le sentiment conforme de M. Aubert et l’opinion émise plus récem- ment par M. Philippe Thomas, que, dans toute cette région qui longe la frontière algérienne, il fallait renoncer à trouver un repré- sentant de l’Eocène moyen au-dessus du Suessonien ; très-probable- ment il en est de mème dans toute la Tunisie située au sud du bassin de la Medjerda. Quant à la région située au nord et dans le massif de Kroumirie, où se prolongent incontestablement les grès numidiens, qui repré- sentent l’Eocène supérieur, M. le Mesle n’y veut reconnaître rien de semblable, mais peut-être bien du Miocène ou du Pliocène, peut-être les deux. Quant à l’Eocène caractérisé, il ne l’a point rencontré dans la région. Cette déclaration n’est appuyée du reste d'aucune discussion d'observations stratigraphiques ou autres; c’est une simple assertion à laquelle il n’y a pas lieu d'accorder le moindre crédit. Il faut en dire autant pour une prétendue mine de calamine découverte par le même géologue aux environs de Souk-Ahras, pour laquelle une déclaration d'invention à été faite à son instiga- tion et qui ne reposait que sur la confusion d’un calcaire dolomi- tique avec du minerai de zinc. Le désagréable de l'affaire a été que le gouvernement de l'Algérie en a été avisé très officiellement par l’intermédiaire du ministre résident à Tunis et que le service des Mines et le service Géologique de l’Algérie ont été invités à aller reconnaitre cette découverte à 750 kilomètres d'Alger et n’ont pu que constater la déception de l’industriel qui s'y était laissé prendre. Je regrette d’avoir à divulguer de pareils faits; mais quand on se pose en redresseur de torts, il faudrait du moins s’étudier à ne pas donner prise soi-même à la critique. Je n’ai pas de prétention à l’infaillibilité, et, comme j'ai passablement écrit sur beaucoup de sujets, je dois m'être souvent trompé, ne demandant qu’à me rectifier; mais je voudrais avoir à répondre à autre chose qu’à des assertions sans faits à l'appui. variant Passe de Lens de int bn 1892 alt SUR LA POSSIBILITÉ DU TRANSPORT DES GALETS DANS L'APPAREIL DIGESTIF DES POISSONS, par M. Léon VAILLANT. Dans sa note sur les conditions dans lesquelles s’est effectué le dépôt de la Craie dans le bassin anglo-parisien, M. Charles Janet (1) s’arrête à l’idée que les galets trouvés loin des rivages dans cette formation, ont été transportés par des Poissons, qui les auraient accidentellement avalés, opinion très rationnelle, également adoptée par M. de Mercey. Il ne sera peut-être pas sans intérêt de mentionner ici certaines observations sur les animaux actuels, lesquels seraient de nature à éclairer cette question. L'auteur a déjà rassemblé certains faits propres à justifier sa manière de voir, et cite des observations, dont on trouve bon nom- bre dans Jes récits des voyageurs, sur le contenu hétérogène de l'estomac des requins, où se rencontrent souvent les objets les plus inattendus; tel est, en particulier, exemple qu’il emprunte au D: George Bennett (2). Toutefois ceci n’expliquerait peut-être pas d’une manière suffisante la présence de galets dans le tube digestif des Squales de l’époque secondaire. Tous ceux qui ont navigué sur les mers chaudes savent combien il est fréquent de voir ces pois- sons, surtout les Carcharias, et le plus fréquent de tous, le Carcharias glaucus Linné, venir en petites troupes auprès du navire, le suivant pendant de longues heures pour se précipiter avec avidité sur tout ce qu’on jette du bord. Étant donné l’empressement que mettent les différents individus à se prévenir pour saisir la proie, on s’explique facilement, dans ce cas, qu’ils puissent englouttr des morceaux de toile, des pots en étain, etc. Mais les pierres ou galets tombés sur le sol, sont-ils avalés aussi facilement par ces mêmes animaux ? Sans qu’on puisse le nier, cela doit cependant être regardé comme plus douteux, d'autant que les Squales, les Carcharias surtout, sont des poissons pélagiques ou de haute mer. Toutefois, il est incontestable qu’on a trouvé dans l’estomac de (4) Ch. Janet, B. S. G. F., 3° série, T. XIX, p. 903, 1891. (2) Ch. Janet, loc. cit., p. 905. 112 L. VAILLANT. — POSSIBILITÉ DU TRANSPORT DES GALETS 2 Sept. Squales de petites pierres; M.Janet invoque à ce propos (1) l'autorité d’un zoologiste, dont personne ne songerait à contester la compé- tence dans la question, notre collègue M. le Dr Sauvage. Seulement n’est-ce pas par une voie, je dirai, indirecte, que les cailloux par- viennent dans le tube digestif de ces Elasmobranches ? Si, en effet, pour ces derniers, on ne peut encore affirmer l'inges- tion de galets, comparables à ceux dont il est question dans le travail précité sur le dépôt de la craie, il en est tout autrement pour certains Poissons osseux ou Téléostéens chez lesquels le fait n’est pas abso- lument exceptionnel. Le laboratoire d’ichthyologie possède depuis assez longtemps deux pierres, qui sont évidemment des galets empruntés aux silex de la craie, tels qu'on les rencontre sur nos plages de Normandie et de Picardie. Le plus gros, irrégulièrement ovoide, mesure 103mm de grand diamètre et 68mm à 46mm de petit; son poids est de 447 gr. L'autre, de dimensions un peu moindres, rétréci en sablier vers son milieu où se voient des enfoncements anfractueux, n’a que 71mn de large sur 41mm à 30mm de petit diamètre et pèse 144 gr. Une étiquette à l’encre répétée textuellement sur chacun d’eux porte : «Ces deux galets ont été trouvés dans les intestins d'un même Turbot. Le petit tenait par sa partie rugueuse au moyen de pédoncules charnus à la paroi de l'intestin; le plus gros, situé plus au fond de l'intestin, était libre. » Il n’a pas été possible d'établir avec certitude par qui ces indications peuvent avoir été écrites ; il est à présumer qu’elles sont de la main du donateur. On n’a pas non plus d'indications positives sur le nom de ce dernier dans les registres d'entrée; ces objets auront sans doute peu fixé l'attention à cette époque, paraissant plutôt présenter un simple intérêt de curiosité, qu’une valeur réellement scientifique. Toutefois, sur le plus gros galet, on distin- gue, tracé au crayon : « Madame Rouillé, avenue Ulrich, 72» (2). Ce sont là, très vraisemblablement, le nom et l’adresse de la per- sonne par laquelle ces pierres furent données au laboratoire et cela, suivant toute probalité, de la fin de 1870 au mois de février 1875, laps de temps pendant lequel l'avenue actuelle du Bois de Boulogne porta la dénomination précitée. La suscription placée sur ces objets paraît due à une personne étrangère, sans doute, ‘aux sciences naturelles ; les pédoncules (1) Ch. Janet, loc. cit., p. 904. (2) Les deux premiers mots, surtout le mot madame, sont peu lisibles, j'ai pu les rétablir grâce à l'extrême obligeance du propriétaire actuel de l’immeuble, qui, sur ma demande, à bien voulu faire faire des recherches à ce sujet. | : È | 1 À | L po élrit È tèe ÉD n te PRE den) eo 1892 DANS L'APPAREIL DIGESTIF DES POISSONS 115 charnus, dont il est question comme faisant adhérer le plus petit d’'entr’eux à la paroi de l'intestin, ne sont probablement que du mucus concrété, comme on peut en rencontrer dans le tube digestif des Poissons; mais ce détail même, et ceux donnés sur la position réciproque des galets, témoignent assez que l’observation a été faite d’une façon très intelligente et avec grand soin. Au reste, depuis cette époque, plusieurs observations du même ordre, bien que se rapportant à une autre espèce de poisson, ont pu être recueillies. Ainsi on a remis au laboratoire d’ichthyologie du Muséum un galet également siliceux, aplati en palet irréguliè- ment quadrilatère, épais de 20mn sur 43nm et 45mn de large, pesant 94 gr. environ, trouvé aux Halles dans l’estomac d’un Congre du poids de 5 à 6 kilogr. Une marchande a assuré à M. Desgrez, commis de la Ménagerie, que dans les mêmes circonstances et d’un animal de cette même espèce, elle avait retiré un caillou du poids de 300 gr. Il est donc certain que le tube digestif des poissons osseux peut admettre des pierres, des galets, d’un certain volume. Pour les Téléostéens sur lesquels l'observation a été faite, on remarquera qu'il s’agit d'espèces bythophiles, c’est-à-dire vivant d'habitude sur le sol, ce qui expliquerait l’ingestion accidentelle de ces objets au moment où ces animaux engloutissent leur proie ; on ne peut guère croire en eftet que la chose soit volontaire, au moins n’en compren- drions-nous pas, à l'heure actuelle, l'utilité physiologique. Il serait ensuite possible que ces Poissons osseux avalés à leur tour par les Squales, fissent arriver les pierres dans l'estomac de ces derniers, on pourrait dire de seconde main. En résumé, et tout en attendant de l’avenir de plus nombreuses et plus complètes observations qui ne peuvent manquer de se multi- plier, l'attention une fois éveillée sur ce point, le transport de galets par les Poissons doit être regardé comme très vraisemblable. Quelles étaient les espèces qui, au moment du dépôt de la Craie, ont opéré ce transport, il est difficile de le dire, aussi bien que d'indiquer celles qu’on pourrait regarder plus spécialement comme de fonds; on ne connait en tous cas, jusqu'ici, de cette époque, ni Pleuronectes, ni Apodes. 114 15 Oct. FOSSILISATION DU TEST DES MOLLUSQUES APRÈS SÉJOUR DANS LE TUBE DIGESTIF, par M. CHAPER. A la suite d’une très intéressante communication sur les Condi- tions de dépôt de la craie (séance du 2 novembre 1891), notre confrère M. Janet a fait ajouter « pendant l’impression » une note (p. 913) qui me paraît appeler une observation rectificative. J'aurais voulu la présenter d'accord avec lui, et lui avais écrit à ce sujet. Des occu- pations urgentes le retiennent à Beauvais; je me permets donc de la présenter en mon nom personnel pour ne pas lui retirer le mérite de l’opportunité, persuadé d’ailleurs que M. Janet s’y associerait. Après avoir dit dans son texte que M. le Dr Sauvage lui avait signalé dans le tube digestif d’un squale (Acanthias vulgaris), de nombreux opercules de Tritonium undatum Linné, et confirmé ce fait dans la note en question d’après ses propres observations, M. Janet ajoute « mais nous n’avons jamais réussi à y trouver une » seule coquille de ce mollusque. Les Acanthias savent donc extraire » de sa coquille l’animal avec son opercule, et il en résulte un » mode de séparation et de dissémination qui pourrait peut-être » expliquer, dans certains cas, la séparation des aptychus d’avec » les coquilles chez les ammonites ». Pour expliquer le fait relaté dans la note dont il s’agit, il n’est à aucun degré nécessaire d'attribuer à un squale, dont tout le monde connaît la conformation, une aptitude contre laquelle sa bouche et sa tête protestent également. Chacun sait avec quelle rapidité un gastropode à l’état d'extension se contracte pour se mettre à l'abri, et quelles difficultés on éprouve à en extraire, même avec des instruments, autre chose que des lambeaux, tant qu’il est cru. Le squale, qui chercherait à attraper des parties charnues de Trito- nium undatum marchant sur le fond de la mer, risquerait donc fort, en effet, même en cas de succès, de se garnir l’estomac d’oper- cules plutôt que de chair. Et suivant l'expression vulgaire « Le jeu n’en vaudrait pas la chandelle. » Il opère d’une façon bien plus simple, bien plus sûre : il agit comme tous les poissons carnivores, et comme ses congénères en 4 “4 E 4 : À Î F 4 Î its." ai Pt ee UT UE OS ET LU NT 1892 CHAPER. — FOSSILISATION DU TEST DES MOLLUSQUES 115 particulier, dont aucun n’est organisé pour mâcher sa proie : il l’a- vale, laissant à son estomac, dont c’est la fonction, le soin d’en tirer parti. Celui-ci n’est pas apte comme l’estomac des ophidiens, comme celui de certains oiseaux, à se débarrasser des matières inutiles à la digestion en les expulsant par la bouche. Il faut donc que ces matières soient dissoutes, ou réduites en fragments assez menus pour pouvoir traverser le pylore, ou suffisamment ramollies pour suivre le même chemin. Dans l'espèce, c’est par dissolution que les sucs gastriques agissent sur le test du gastropode. Chez certains poissons, j’ai moi- même vérifié, au cours de mes voyages, que cette action est telle- ment rapide qu’elle précède la digestion proprement dite de la matière animale. Reste l’opercule. Est-il inattaquable aux sucs gastriques de l’Acanthias? Finit-il à la longue par se dissoudre”? J’opinerais pour la première hypothèse. Il y a là un doute qu'il ne serait peut-être pas sans intérêt de faire disparaître, ce qui serait facile à notre exceilent confrère M. le Dr Sauvage, dans son laboratoire de Bou- logne. Mème dans le second cas, il est bien certain que la résistance d’une semblable matière serait énormément supérieure à celle de la coquille et de la chair musculaire. Les exemples abondent pour prouver que les matières chiti- neuses, pileuses, cornées, écailleuses, sortent non altérées d’un séjour prolongé dans les sucs gastriques les plus énergiques. Tout le monde connaît les œgagropiles des ruminants, les résidus de la: digestion des petits rapaces nocturnes, grands amateurs de coléop- _tères, etc., et enfin les coprolithes des différents étages géologiques. Il est donc probable que le sort des opercules, impossibles à briser à cause de leur souplesse, sera d’être expulsés entiers et inaltérés par la voie digestive, lorsque l’accumulation d’un certain nombre d’entre eux l’exigera. Ce qui précède n’infirme en aucune façon l'observation de M. Janet (p. 908-909) relative à des amas coprolithiques de débris de mollusques et rayonnés. Ce qui se passe dans l’estomac des squales et d’autres poissons ne se passe pas dans l’estomac d’autres animaux. Il peut même en être chez certains poissons comme il en est, par exemple, chez le goëland, où les contractions d’un estomac puissant brisent les valves, cependant fort dures, de certains petits lamellibranches, dont la chair est alors digérée, après quoi le résidu est expulsé par l’æsophage, et forme ces petits tas de débris si communs sur nos plages du Nord. Les fragments de coquilles s’y 116 CHAPER. — FOSSILISATION DU TEST DES MOLLUSQUES 15 Oct. retrouvent inaltérés, non usés. Les paquets coprolithiques cités par M. Janet prouvent qu’il y avait alors des animaux dont les sucs gastriques, indifférents au calcaire, agissaient à la façon de ceux de l’estomac du goëland. Rien n'empêche d’ailleurs que l’action mécanique du muscle ait amené les fragments à un état de ténuité telle qu’ils aient pu traverser le pylore et suivre la voie naturelle. C’est encore là un point sur lequel M. le D' Sauvage pourrait cer- tainement fournir des exemples de comparaison. Je n’ajouterai plus qu’un mot au sujet des aptychus. Comme tous les céphalopodes décapodes, l’ammonite, animal de haute mer, ne disposant que de moyens de natation assez médiocres, devait avoir une densité moyenne très voisine de celle de l’eau de mer; il mourait généralement à l’état flottant. Si la mort survenait par l’ablation de tout ou partie du corps de l’animal (très peu pro- tégé par une coquille extrêmement fragile), l’aptychus était forcé- ment séparé. Mais la mort pouvait être causée par une simple blessure, par la vieillesse, et peut-être encore indirectement par suite d’une perfo- ration du test de la partie cloisonnée alourdissant l’animal, et l’obligeant à se laisser tomber au fond, où il périssait par excès de pression ou faute de pouvoir se procurer sa nourriture. Dans ces derniers cas, l'aptychus avait d’assez grandes chances de rester dans la dernière loge. Mais dans le premier cas deux hypothèses se présentent: ou l’'aptychus était avalé ou il ne l'était pas. Dans la seconde hypothèse il y avait dissémination. Dans la première il faut encore distinguer : le résultat sera.en effet très différent suivant que l’aptychus sera décomposable par les sucs gastriques ou ne le sera pas. En l’état de nos connaissances, il est difficile de nous prononcer sur la nature exacte de la matière constituante des aptychus avant la fossilisation, à supposer que tous aient eu une composition identique, ce qui est loin d'être certain. Après en avoir récolté un grand nombre, je crois que la très grande majorité de ceux qui sont parvenus jusqu’à nous contenaient avant fossilisation une quantité de calcaire suffisante pour qu’ils fussent désagrégés par les sucs gastriques, et en tous cas indéfor- mables. J'ai trouvé des couches où ils sont en très grande abondance. Il y en avait de brisés, mais les cassures étaient franches et nettes, ne permettant pas d'admettre l’action de sucs dissolvants: d'autre part, il n'existait aucune accumulation assimilable à un tas coprolithique | L | % 1 | he 5 ré 1892 CHAPER. — FOSSILISATION DU TEST DES MOLLUSQUES 117 ou au produit d’une régurgitation œsophagienne, et cependant les couches auxquelles je fais allusion étaient, avant leur transforma- tion en calcaires durs, composées des éléments les plus fins, et ne formaient qu’une vase molle excluant toute idée d’un transport mécanique d'objets d’un certain volume ayant une densité supé- rieure à celle de l’eau. Je ne crois donc pas que l’exemple cité au bas de la page 913 puisse contribuer à expliquer la séparation des ammonites et de leurs aptychus et la dissémination de ceux-ci. . 118 15 Oct. SUR LA CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT DANS LE BASSIN DE PARIS, par M. M. BERTRAND. (PL. V). On sait depuis longtemps que les terrains crétacés et tertiaires du bassin de Paris, non plus que ceux d’Angleterre, ne sont pas restés horizontaux, mais qu’ils ont été affectés d’une série d’ondulations, dont la plus marquée, celle du pays de Bray, rappelle même sur une moindre échelle les plis des régions montagneuses. Après les travaux de d’Archiac, ce sont surtout ceux de M. Hébert qui ont complété et coordonné nos connaissances sur ces plis ; M. Hébert a le premier montré qu'il y avait en réalité un double système de ridements, l’un, le plus important, à peu près parallèle à la vallée de la Seine, et l’autre, moins accentué, perpendiculaire à la même direction. Plus récemment, toutes les données acquises sur ces ondulations des couches tertiaires ont été réunies par M. Dollius dans un mémoire accompagné d’une carte qui montre avec une grande netteté l'allure et l'importance du phénomène de plissement. L'étude de ces ondulations n’a pas seulement un intérêt local; la carte de M. Dollfus fait bien ressortir l’analogie qu’elles présentent avec les accidents des régions plissées, au moins pour l’uu des traits essentiels de ces régions, je veux parler du parallélisme des chaï- nons, ou, si l’on veut, des ridements. Cette loi du parallélisme, qui avait déjà frappé de Saussure dans les Alpes, qui se montre avec tant d’évidence dans le Jura et dans les Appalaches, se retrouve aussi nettement dans le bassin de Paris, et l’idée vient alors natu- rellement que l’on pourrait bien, dans un cas comme dans l’autre, m'avoir affaire qu’à des manifestations inégales d’un même phé- nomène. L'idée d’un rapprochement entre les pays de plaines et les pays de montagnes n’exclut pas des différences profondes, qui sont connues de tous les géologues ; en s’exagérant, le ridement de l’écorce produit d’autres apparences et se complique peut-être d’autres phénomènes; dans les pays de plaines, au contraire, il se montre à nous en quelque sorte à l’état rudimentaire, et c’est là, par consé- quent, si l’analogie n’est pas trompeuse, que nous pouvons espérer, par une étude attentive et détaillée, arriver à en soupconner d’abord, 4892 M. BERTRAND. — CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 119 puis à en établir les lois. Une remarque importante, faite d’abord par Godwin Austen (1), vient d’ailleurs donner une nouvelle valeur à cette première analogie : la direction des plis récents semble d’une manière générale épouser celle des plis plus anciens; ainsi, dans le bassin de Paris, cette direction, quand on s’approche de la Bretagne, s’infléchit parallèlement aux plis des terrains primaires, et il en est de même au nord dans le voisinage de l’Ardenne. La même obser- vation se vérifie à l’ouest du bassin de Londres. Comme l’a fait dernièrement remarquer M. Gosselet (2), il n’y a là jusqu'ici qu’une induction, une probabilité séduisante, plutôt qu’une règle démon- trée. Cette induction eût cependant suffi à faire trouver cinquante ans plus tôt la prolongation du bassin houiller d’Anzin, et d’ailleurs elle s’est-trouvée encore confirmée par les connaissances plus pré- cises que l’admirable synthèse de M. Suess nous a données sur le dessin géographique des anciennes chaînes de montagnes. M. Suess a montré que les Pyrénées suivent à distance les contours des plisse- ments armoricains, comme les Alpes suivent ceux des plissements varisciques, en d’autres termes qu’on peut considérer l’ensemble des chaines alpine et hercynienne (3) comme un seul grand faisceau de chaïinons parallèles, ou au moins grossièrement parallèles. Pendant que l'effet principal de ridement se trouvait déplacé vers le Sud, des plis moins accentués, qualifiés de posthumes par M. Suess, se sont reproduits sur l'emplacement et dans la direction de la chaîne ancienne; ces ridements posthumes sont précisément les ondu- lations des terrains secondaires et tertiaires dans les bassins de Paris et de Londres. Sans préjuger la question d’une coïncidence exacte de position entre ces plis récents et les plis anciens, il y a là tout au moins un sérieux indice qui permet de prévoir un lien intime entre les différentes phases de déformation de l'écorce terrestre. L'époque à laquelle se sont dessinées ces ondulations des couches tertiaires a donné lieu à des appréciations souvent modifiées. M. de Lapparent a d’abord placé le soulèvement du Bray entre le dépôt des sables de Beauchamp et celui du Calcaire grossier ; M. Hébert a montré que le relèvement de la Craie à Beynes est antérieur au (1) Quart. Journal, t. XII, p. 62, 1856. (2) Ann. Soc. Géol. du Nord, t. XIX, p. 19. (3) Le mot de chaîne hercynienne, que j'ai proposé pour l’ensemble des plisse- ments carbonifères du Nord de l'Europe, a été critiqué non sans raison, puisque -le sens que je lui ai donné est une extension et, par suite, une déviation de son sens primitii. Je continue à l’'employer, sans le défendre, en attendant qu’on en ait proposé un meilleur. 420 M. BERTRAND. — CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 145 Oct. dépôt du calcaire pisolithique, mais aussi qu’on trouve la trace de plusieurs mouvements d’époques différentes, et que « la dépression qui (à l’Orme) vient se placer dans le prolongement de la fracture de la Seine, est certainement postérieure aux sables de Fontai- nebleau. » Plus récemment, M. Dollius a prouvé que l’accident du Bray inté- ressait, dans son prolongement, la série tertiaire tout entière, y com- pris les meulières de Beauce. C’est aussi à une époque récente, corres- pondant au dessèchement du lac de la Beauce, que M. de Lapparent a rapporté la formation des rides perpendiculaires au Bray. M. Clément Reid fixe approximativement l’âge du plissement prin- cipal des couches du Sud de l’Angleterre à la période miocène. Enfin, M. Dollius à émis l'opinion que l’âge des derniers plisse- ments du bassin de Paris pourrait un jour être reporté à la fin du Pliocène, « comme il a été démontré pour le Sud de l'Angleterre. » A côté de ces essais de fixation de dates précises, on voit dès le début une autre opinion se faire jour, c’est que les mouvements sont progressils, ou au moins que les plis résultent d’une série de mouvements superposés : Buckland, le premier, a remarqué que l’inclinaison des couches crétacées, quoique participant aux mêmes mouvements, était toujours moins grande que celle des couches jurassiques sur lesquelles elles reposent; j'ai déjà dit que M. Hébert indique à Beynes la superposition de plusieurs mouvements d'époques différentes. Enfin, M. Dollfus s’est prononcé avec une srande netteté, d’après l’étude de l’ile de Wight, pour l'hypothèse d’un soulèvement continu (1) : « Nous sommes revenus, dit-il, de l'examen de ces coupes, avec la conviction qu’un lent mouvement d’exhaussement de l’axe avait seul pu donner une semblable dispo- sition aux couches, que ce mouvement avait commencé après, et après seulement le dépôt de la craie et des premières assises ter- tiaires, et qu'il s'était prolongé jusqu’après les dernières couches tertiaires. » Dans les conclusions générales de la fin de son mémoire, M. Dollfus, il est vrai, semble adopter, pour le bassin de Paris, des vues opposées : «les couches crétacées, dit-il,ne paraissent pas s'être plissées entre le dépôt de leurs diverses zones; les assises tertiaires ne paraissent pas non plus s’être ondulées entre les divers hori- zons qui les composent. » Je n'ai naturellement pas l'intention de faire ici un relevé histo- rique, même sommaire, des différentes opinions émises sur ces questions ; ce que je voulais seulement rappeler, c’est que l'étude (1) Bull. Carte géol. de France.t. H, n° 14, p.51. 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 121 du bassin de Paris a mené, avec une vraisemblance de plus en plus grande, à dégager les trois idées suivantes : Les plis tertiaires suivent la direction des plis primaires auxquels ils sont superposés ; - Ces plis se sont formés progressivement, par suite de mouvements continus ou au moins lentement superposés ; Le système des plis principaux est accompagné d’un système de ridements perpendiculaires. Ce sont ces trois idées que je voudrais développer dans cette conférence ; je crois pouvoir apporter, en faveur au moins des deux premières, une série d'arguments nouveaux, assez précis pour entrainer à mes yeux une conviction complète. Si, comme je crois pouvoir le montrer, il ne s’agit plus, pour notre bassin parisien, de coïncidences approchées, mais de lois précises, on se trouvera naturellement appelé à penser que ces lois ne s'appliquent pas seulement au petit espace pour lequel elles sont vérifiées, mais qu’elles sont d’une application générale pour toute la géologie. J’exposerai d’abord le principe de la méthode dont je me suis servi, et qui se borne en somme à une interprétation plus complète des faits consignés dans les cartes géologiques. Quand un terrain repose transgressivement sur d'autres terrains plus anciens, comme cela a lieu pour le Crétacé sur tous les bords du bassin de Paris et sur ceux du bassin de Londres, la carte géologique permet de reconnaître, tout le long des affleurements actuels, quel est le terrain sur lequel en chaque point le Crétacé s’est déposé, c’est-à-dire le terrain qui, au moment de ce dépôt, affleurait au fond de la mer crétacée. Si l’on avait pour tous les points la nature de ce fond de mer, on en aurait par là même la carte géologique. Or, il se trouve dans la plupart des cas que le nombre des points connus est sufi- sant pour reconstituer les contours de cette carte avec une grande approximation, surtout si l’on suppose que le fond de mer avait été à peu près nivelé par la transgression crétacée. Il importe d'entrer dans quelques détails pour expliquer l'asser- tion précédente et pour légitimer l'hypothèse du nivellement ou de Pabrasion marine. Prenons par exemple la carte géologique des environs de Boulogne; les terrains jurassiques qui y ont été distin- gués sont, en nous bornant aux trois étages les plus récents : le Portlandien supérieur, le Portlandien inférieur et le Kimmeridgien. Sur ces terrains reposent de nombreux lambeaux de sables ferru- gineux et d’argiles bariolées, attribués au Barrémien: Quand ces lambeaux, comme cela a lieu en général le long de la côte, reposent 1422 M. BERTRAND.— CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 15 Oct. sur le Portlandien supérieur, c’est que les bancs du Portlandien supérieur formaient en ces points le fond de la mer crétacée; sur une carte géologique de ce fond de mer crétacé, tous ces points doivent être affectés de la teinte relative à cet étage. On peut rai- sonner de même pour tous les points où le Crétacé repose sur le Portlandien inférieur ; ils devront être affectés d’une autre teinte, et entre les deux, les points où les sables et argiles bariolés recou- vrent la ligne actuelle de contact des deux étages, sont des points de la ligne de séparation de ces deux teintes. Plus ces points sont nombreux, plus cette ligne pourra être tracée avec précision ; en joignant les points que l’on connaît par la ligne la plus simple possible, on connaîtra un minimum des sinuosités décrites par l’ancienne limite d’étages. On pourrait se demander tout d’abord si les mouvements subis postérieurement n’ont pas influencé ces courbes, et si le dessin qu’on en obtient ainsi n’est pas un dessin déformé. C'est ce qui pourrait arriver, s’il y avait eu dans la région des déplacements horizontaux d'amplitude appréciable, et encore faudrait-il que ces déplacements horizontaux aient été inégaux pour les différents points; car, évidemment, un déplacement d’ensemble serait resté sans influence sur la forme des courbes. Mais la géologie du Bou- lonnais est assez bien connue pour nous permettre d'affirmer que ni dans les temps secondaires, ni dans les temps tertiaires, il ne s’y est produit de semblables déplacements ; les ondulations qui ont affecté les couches se réduisent toutes à des mouvements sui- vant la verticale, qui n’ont pas modifié la projection horizontale des différents points ni celle des lignes qui les joignaient. La surface ancienne s’est modifiée, mais la carte n'a pas changé. C'est là que réside le véritable intérêt de la méthode; elle permet de faire abstraction des mouvements postérieurs, de les éliminer en quelque sorte. J'arrive maintenant à la seconde remarque, qui permet de donner plus de précision aux contours : là où le Portlandien supérieur existe encore aujourd’hui, même sans être recouvert par le Crétacé, il est évident que le Crétacé ne s’est pas déposé sur le Portlandien inférieur. Ce sont des points qui doivent être, sur la carte géolo- gique que nous cherchons à rétablir, affectés de la teinte du Port- landien supérieur, tout aussi bien que ceux où cet étage se montre recouvert par les argiles bariolées. On pourrait encore, il est vrai, supposer que ces points corres- pondent à des parties émergées, non recouvertes par la mer crétacée. 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 193 Un simple examen de la géologie actuelle permet de rejeter cette hypothèse: les dépôts crétacés (fig. 1) s'appuient, à mesure qu’on remonte vers le N.-E., sur des couches de plus en plus anciennes, Ltirnite des points où Le Or SANT Crétacé s est déposé sur CAE le Portlanden supérieur. GRISNEZ QT (fl EN 2 Zoroique. Re Cretace I] Les lettres ont lamëme simsfiontio UL gue dans la figure suivante . à LA (fé > D URSS (D À Er e AT il E A Sen : D. ak Ne er > rm last d dela Crèche SR" QUE UpiQp SN JFiner #2 ee ee E@rñiothun FNCRET TT x! 6 Cap /O le Fig, 1. — Carte géologique du Boulonnais. mais l’on n’a nulle part constaté qu'ils aient rempli des poches ou comblé des irrégularités du sol jurassique; cesoljurassique offre bien toutes les apparences d’une surface nivelée, d’une surface de dénu- dation marine, En vain objecterait-on que les argiles barrémiennes , 124 M. BERTRAND.— CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 15 Oct. présentent plutôt les caractères d’un dépôt de lagunes que ceux d’un dépôt franchement marin ; ces caractères sont d'abord douteux puisque les argiles ne contiennent pas de fossiles et semblent de plus avoir subi des altérations chimiques ; en tout cas, ces eaux de lagunes se seraient comportées au point de vue de la dénudation comme des eaux marines, car les mers crétacées qui ont suivi n’ont plus rien trouvé à niveler. Nulle part, en effet, dans la région où s'étendent les affleurements barrémiens, on ne cite de points où les étages crétacés plus élevés reposent directement sur le Juras- sique ; nulle part par conséquent on n’est en droit de supposer que des buttes jurassiques soient restées émergées au milieu des eaux barrémiennes. Le travail de dénudation a d’ailleurs été faible, puisqu’il s’est exercé sur des couches récemment émergées et sans doute progressivement amincies du côté du Nord-Est; on peut, à la rigueur, discuter l’opportunité de l'emploi dans ce cas du mot de dénudation marine, quoique pour ma part je le croie justifié. Mais, en tout cas, les dépôts crétacés se sont faits sur une surface nivelée et aplanie ; ce n’est pas une hypothèse, c’est un résultat d’obser- vation. | Ainsi, et en résumant ce qui précède, nous pourrons tracer la ligne qui, au moment des premiers dépôts crétacés, séparait les affieurements du Portlandien supérieur de ceux du Portlandien infé- rieur; il suffira (fig. 2) de joindre les points où le Crétacé repose actuellement sur la limite des mêmes terrains par une ligne assü- jettie à laisser à l’ouest tous les affleurements du Portlandien supé- rieur. En appliquant successivement la même règle aux différents étages jurassiques, on reconstitue la carte géologique du Boulonnais au début de la période crétacée. La figure 2 montre le résultat de ce travail très simple que chacun peut refaire et vérifier d’après la carte géologique. Les contours obtenus comportent deux causes d’erreur : la première résulte du trop petit nombre des points utilisés, celle-là amène seulement une simplification des contours, mais ne peut enlever aucune confiance aux traits qui se dessinent malgré cette simpli- fication. La seconde cause d’erreur provient de l'incertitude qui peut subsister sur la position exacte de certains contours de la carte actuelle ; il est clair en particulier que la superposition des sables et argiles bariolées au Portlandien ou au Kimmeridgien doit rarement s’observer dans des coupes naturelles, et que les limites du Crétacé doivent laisser une part plus ou moins forte à l’in- terprétation. Les points pourtant où ces contours ont été modi- | 0 0! Re PTS NON PE DE 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 125 fiés sur la seconde édition de la carte géologique ont dû l'être d’après des observations précises et semblent mériter une con- fiance particulière; mais surtout il est facile de se convaincre Et Ardardin supr 99 Gratier TOMSSANT 12256 Préanen fr FN Gérer CAP RAS CDS réguan F9, Zakonien CE eseantien El 0-oique Zalle —.——. Are enticinal — Are synchral Massif da Fort ES de la Créche NILA \ , n= Ÿ 142 Ÿ f ONE IT Se à SLLAL à N HAL Æ EN a 7 LA nel PT 4 F He . / ; À F4 #5 ee de ‘Sn ES +: AN CHE SVRES *? - Fig. 2. — Boulonnais. Carte géologique du fond de la première mer crétacée, que de légers déplacements dans les points de contact ne modi- fieraient pas sensiblement l’allure des courbes obtenues. Les petites inexactitudes, inévitables dans toute carte géologique, sont plutôt atténuées par la transformation qu’on lui fait subir. 126 M. BERTRAND.— CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 15 Oct. J’ai un peu insisté sur ces détails, à cause de la nécessité d'établir avec rigueur le point de départ. Il s’agit maintenant d'interpréter la carte obtenue. On voit d'abord que les terrains jurassiques se relevaient, non seulement vers le Nord-Est, mais aussi vers l'Est et vers le Sud- Ouest; les limites des étages dessinent des courbes concaves vers le Pas-de-Calais ; à la fin du Jurassique; l’aire du Boulonnais, au lieu d’être, comme actuellement, un dôme surélevé, présentait plutôt l’apparence d’un bassin affaissé. Mais en dehors de cette forme d’ensemble, les courbes dessinent des sinuosités, dont les plus importantes sont celles qui sont mar- quées au Sud de Wimille dans le contour du Portlandien supérieur, et au Sud-Ouest de Desvres dans le contour du Kimmeridgien. On ne peut proposer et admettre que deux explications : ou ces sinuosités correspondent à l’emplacement d’une ancienne vallée, ou elles correspondent à une ondulation des couches produites avant l'abrasion postjurassique. Mais si la ligne qui va de Desvres à Wimille était l'emplacement d’une ancienne vallée, dont l’érosion aurait accidenté les contours géologiques,ce seraient des terrains plus anciens que cette érosion aurait mis au jour, tandis que c’est le contraire qui a lieu. Les sinuosités sont donc dues à des plissements, ou, si l’on veut, à des ondulations préalablement formées par la surface des bancs. S'il n’y avait pas eu émersion et abrasion, ces ondulations pourraient exister sans que rien en trabît l'existence ; mais comme il y a eu dénudation, comme notre carte géologique correspond à la section des terrains par un plan à peu près horizontal, oh devait à priori s'attendre à ce que les ondulations des couches, s’il en existait de déjà formées, se trouvassent mises en évidence. C’est ce qui a lieu, et ce premier résultat est déjà d'un grand intérêt : les couches ont été plissées entre le dépôt du Jurassique et celui du Crétacé. Les axes des plis formés peuvent se tracer sans difficulté ; un pli synclinal, celui dont j'ai déjà parlé, va de Wimille à Desvres ; au Sud, on voit s’accuser un pli anticlinal qui se dirige du Nord de Boulogne vers Baincthun et vers Long Fossé, entre Desvres et Samer; un autre pli synclinal, que l'interruption des contours empêche de suivre, aboutissait vers le cap d’Alprech. De même au Nord, un pli anticlinal part du Nord de Wimille et va rejoindre, au-dessus de Crémarest, la haute vallée de la Liane ; enfin un dernier pli synclinal va passer entre Offrethun et Maninghem. Du côté du massif ancien de Ferques, les contours ne permettent pas d’inter- prétation certaine. | 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 197 On voit immédiatement que ces lignes sont en rapport avec les plis actuels, dans les endroits où ceux-ci sont exactement connus : le pli de la Crèche et celui de la haute vallée de la Liane étaient déjà commencés au début de l’époque crétacée. Mais ce n’est là encore qu’une coïncidence vague, il faut chercher jusqu’à quel point cette coïncidence se poursuit dans le détail. Or, le tracé des plis actuels du Jurassique dans le Boulonnais n’a pas été fait à ma connaissance jusqu'ici; ou du moins il ne l’a été que d’une manière approchée, sur des cartes d'ensemble à petite échelle (Hopkins, M. Dollfus). Ce tracé ne ressort pas d’ailleurs avec évidence de l’examen de la Carte géologique. La question m'a semblé avoir une assez grande importance pour en faire une étude spéciale, et je me suis arrêté à la méthode employée pour le pays de Bray par M. de Lapparent ; j'ai cherché à reconstituer la surface que forme actuellement la base des terrains crétacés, à en tracer les courbes de niveau, et à interpréter les sinuosités de ces courbes. Le problème est ainsi ramené à l'étude d’une surface topographique. Le choix, comme surface topographique, de la base des terrains crétacés, n’est pas fait arbitrairement ; d’après ce qui précède cette surface était sensiblement horizontale au moment du dépôt des couches barrémiennes: ce que son état actuel nous montrera sera donc l’ensemble des mouvements subis depuis l’époque crétacée, à l’exclusion des mouvements antérieurs. De même que l’étude pré- cédente nous a permis d'éliminer les actions crétacées et tertiaires, cette nouvelle étude nous permettra d'éliminer les actions jurassi- ques. L'ensemble des mouvements subis se trouve ainsi séparé en deux phases, qu’on peut analyser d’une manière indépendante. A l’aide des hachures de la carte d’Etat-Major et des courbes de niveau de la carte au ©, j'ai tracé sur la carte géologique les courbes de niveau du relief actuel. On obtient ainsi assez de points cotés de la surface cherchée pour en dresser les courbes de niveau; j'ai prolongé ces courbes un peu au-delà de la bordure crétacée, en me servant des cotes d’affleurement des étages supérieurs, combinées avec l'épaisseur moyenne de ces étages dans le voisinage. J'ai utilisé également les courbes de niveau de la base du Cénomanien, figu- rées sur la Carte géologique. Je ne prétends pas être arrivé ainsi à une exactitude rigoureuse: je crois que plusieurs détails pourraient être modifiés utilement par un topographe plus exercé; mais, malgré ces réserves, je n'ai aucun doute sur les traits principaux et sur les résultats que j'en ai tirés. 128 M. BERTRAND. — CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 15 Oct. Les courbes de niveau obtenues ont été reportées sur la figure 3. Le massif du Gris-Nez, dont je parlerai plus tard, a été laissé en blanc, l'absence du Crétacé dans ce massif ne permettant pas d’y CAP GRISNEZ( 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 133 des plis, qui s’est élevée à la fin du Crétacé, et qui s’est abaissée au début des temps tertiaires. La dénudation du Weald, si souvent citée, est, comme l’affirmait déjà Lyell, une dénudation marine, due à cette seconde période d’affaissement. J’ai tenu à mentionver ici le Weald, parce que ce second dôme de soulèvement empiète sur le Boulonnaïs, comme je vais le montrer, et que la considéra- tion en est nécessaire pour compléter l’étude de la région. La notion de ces dômes de soulèvement fait comprendre facile- ment l’origine et le mécanisme d’un grand nombre de failles, et particulièrement de celles du Boulonnais. Autour du dôme qui se soulève, certaines zones doivent suivre inégalement le mouvement d’exhaussement, et il peut se former ainsi, comme M. Suess l’a déjà indiqué pour les bassins d’affaissement, une ceinture périphérique de fractures, qui ne sont pas nécessairement continues, et qui, conjointement avec des flexures, entourent et limitent l’ellipse exhaussée. La faille méridionale (d’Alincthun et de Henneveux), semble, il est vrai, se prolonger un peu loin à l'Ouest, d’après la carte, pour être considérée comme dessinant ainsi une partie de la bordure, mais il faut remarquer que la prolongation occidentale n’accuse qu'une bien faible dénivellation et peut mème être consi- dérée comme à peu près hypothétique. On s’explique aussi par là comment la faille paléozoïque de Ferques u’a pas rejoué, pendant que se produisaient ces failles parallèles ; c’est parce que son empla- cement correspondait déjà à la partie saillante du dôme et non pas à sa retombée brusque. 11 me sembie intéressant de montrer que le réseau périphérique des failles se complète par une faille à peu près Nord-Sud, située dans le voisinage de la vallée de Witterthun. La carte géologique ne figure pas cette faille, je crois pouvoir prouver qu’elle n’est plus observable (dans une partie d’ailleurs où les affleurements sont très rares et très mal découverts), parce qu’elle a été compensée par un mouvement postérieur, de sens inverse. Le massif du Gris-Nez est très remarquable par l'absence de tout dépôt crétacé. M. Douvillé m'a dit qu'il le considérait comme un horst; je suis arrivé à une idée équivalente, quoique un peu plus complexe. Ce massif a, sans aucun doute, été recouvert par la mer crétacée ; en supposant même que les eaux barrémiennes aient pu respecter cet îlot délitable, au milieu de son voisinage nivelé, l'hypothèse serait inadmissible pour la mer de la Craie qui l’eût dénudé. Or, le Jurassique supérieur est conservé à son sommet; si, malgré sa cote élevée, il n’a pas été emporté par l’abrasion marine, d 134 M. BERTRAND.— CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 15 Oct. . c’est que cette cote élevée est due à un exhaussement postérieur. . Le massif du Gris-Nez a donc été recouvert, comme le reste du Boulonnais, à l’époque crétacée, Or, au pied oriental de ce massif, les argiles barrémiennes repo- sent sur le Bathonien; au sommet, puisque le Portlandien y existe encore, elles devaient reposer sur le Portlandien. Il faut donc qu'il y ait eu entre les deux une chute brusque (correspondant à une dénivellation d’au moins 200 mètres). On peut supposer que cette chute brusque se faisait par une faille, comme je l’ai marqué sur la carte, ou par une plongée rapide (flexure) ; le point a peu d’impor- tance. Ce qui en a davantage, c'est que cette chute brusque ne se retrouve plus dans la coupe actuelle. Une coupe qui irait du massif paléozoïque au sommet du plateau, ne nécessiterait, pour joindre les affleurements observables, qu'une inclinaison lente et graduelle des diverses couches. L'ancienne dénivellation n’existe plus ou ne semble plus exister. Il n’y a qu’une explication possible, celle que j'indiquais tout à l'heure; cette dénivellation a été compensée par un mouvement en sens inverse, produit à la même place ou à peu près à la même place. Mais si le premier mouvement n’est plus indiqué par la géo- logie du sol actuel, le second l’est, au contraire, avec une grande netteté; c’est la prolongation de la faille du Gris-Nez, que viennent de décrire en détail MM. Douvillé et Rigaux. Cette faille a, en effet, surélevé le massif du Gris-Nez, par rapport à la côte septentrionale, et la carte la montre se recourbant vers le Sud, comme pour entou- rer le massif; il suffit de la prolonger, avec une nouvelle et légère déviation, d’un kilomètre à peine, dans le massif oxfordien, pour lui faire jouer le rôle indiqué, et elle prend alors plus nettement encore le caractère d’une faille périphérique, entourant l'extrémité d’un autre dôme situé plus à l'Ouest. Mais ce dôme, nous le con- naissons : c’est le Weald, et nous pouvons par là même en déduire l’âge de la faille du Gris-Nez, qui date de la période d’élévation du Weald, c’est-à-dire de la fin de l’époque crétacée. J'ai tenu à donner en détail cette petite discussion, parce qu'elle montre avec quelle précision ces nouvelles considérations permettent parfois d’entrer dans l’analyse des mouvements du sol. Elle me servira tout à l'heure, d’ailleurs, de point de départ pour l’étude de l'extrémité du pays de Bray. Sans vouloir insister aujourd’hui sur le rôle de ces dômes de soulèvement et de leurs mouvements oscillatoires, je veux encore faire observer que l’aire de soulèvement ne coïncide pas nécessairement avec l’aire de l’affaissement subsé- | 1892 . DANS LE BASSIN DE PARIS 135 quent ; si, par exemple, cette dernière est plus étendue, il en résultera sur le pourtour du dôme une sorte de chenal plus ou moins profond. C’est, on le sait, ce qui se produit le long des côtes Ouest et Sud de la Norwège, et l’on trouverait là une explication satisiaisante de cette particularité encore inexpliquée. C’est ainsi encore qu’à l'aire de soulèvement de l’Ardenne et du Brabant, s’est substituée à la fin de l’époque tertiaire (peut-être après d’autres alternatives) une aire d’affaissement un peu déplacée vers le Nord et correspondant au pourtour de la mer du Nord; la formation de cette cuvette, si bien dessinée par les affleurements des couches pliocènes entre le Nord de la Belgique et Utrecht, explique la cote élevée des dépôts dies- tiens (Noires Mottes, Sud de l'Angleterre), qui sont restés sur le bord de la cuvette ; elle suffirait aussi à expliquer la chute brusque des couches crétacées au Sud de Caffiers, quoique pour ce dernier cas, on puisse, comme l’a fait M. Dollfus, attribuer cette chute brusque au phénomène distinct du plissement. On voit quelle importance semble appelée à prendre cette consi- dération des dômes de soulèvement, et combien il est indispensable d’en tenir compte dans l’analyse des plissements. En ce qui regarde le Boulonnais, on peut en retenir cette conséquence, intéressante au point de vue théorique: ce n’est pas tout le Boulonnais, comme il semble au premier abord, mais seulement le massif du Gris-Nez qui constitue l’empiètement du dôme du Weald sur le territoire français. Cette conséquence est d’ailleurs indépendante de la corres- pondance des plis de part et d’autre du détroit. Je reviens maintenant à l’étude des plis sur les bords du bassin parisien, et Je commencerai par la Sarthe, où j'ai naturellement pris pour base la carte géologique de Triger, au 1/40 000. J’ai appliqué la même méthode, c’est-à-dire que j'ai cherché là également à reconstituer les limites des affleurements des divers étages jurassiques au fond de la mer crétacée. Il est bon de rappeler que la transgression crétacée commence là, non plus comme dans le Boulonnais par des couches d’origine douteuse, mais par des couches franchement marines. La création d’une « plaine de dénu- dation », nivelée par l’envahissement de la mer, ne soufire donc plus là aucune difficulté, et est au contraire conforme à toutes les analogies. Or, comme la manière dont les argiles bariolées dans le Boulonnais ou les couches cénomaniennes dans la Sarthe se com- portent par rapport aux terrains jurassiques sous-jacents, est iden- tiquement la même, il en résulte un nouvel argument, à l'appui de ceux que j'ai donnés plus haut, pour admettre aussi dans le Boulon- nais la plaine de dénudation marine, 136 M. BERTRAND.— CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 15 Oct. La carte (fig. 4) montre l’allure des lignes qui, au moment du dépôt du Cénomanien, limitaient les étages bathonien, callovien, oxfordien et corallien. Comme pour le Boulonnais, on voit que ces ARGENTAN © CRE ee “à nn PEN D SANS EN D NEA C, ANR NOTE + Fr 4 $ )} NN e rt KENARKN S AA … OU 7 lens AS 7 PEANNNNNNR OR Paleoxoique. \ Sa TO NA ZANNNNVRNAEEN*] EH ère où On ea a HN NYI +1 MORTAGNE repose surde Corallzen. LD NAS NE de 4 EDS Zvnts où le Crétacé Z/ 7/4 \ ji or à “A repose sur l'Osférdien. % À ae RS: LE NE ,. CZ Rants où L Crétace. DENEOT 1e NN ENEN VV g + repose sur le (adlorren.. À a PANNE Belléme La EN \ à Net ni sw  1,55 LI NOGENTLE ROTROU} + \ NS PANEN NINÈN ESA OST NU É A VINS NRognètabti” MO Res N \ + NENARC ARNO “Bernard AS NN NAS ne \ + ù RE 1 ES 4 77) UNE TES AN + Guras- / 4 ES QS NX NES ne Ÿ + 7 sur Huisne. EN NUE + LÈ ESP + MANS NN AN RQ NAN Ne + QD DNA ve ; ER NN \ QUI ZQ NN Ÿ NN NN ANT ANNE Ed La ND à x SE NN ts NUE @ 2 NNHAX ÈCHE NS KP Durta Fig. 4. — Sarthe. Carte géologique du fond de la première mer crétacée. : | : | 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 137 terrains étaient déjà plissés ; les sinuosités, par places même très accentuées, des limites des terrains, ne peuvent laisser aucun doute à cet égard. Mais la détermination des axes de ces plis présente quelques incertitudes, parce que les lignes sont assez espacées, et surtout parce que les amorces des plis qu’il faut raccorder indi- quent des directions variables. En commençant par le Sud, on remarque une première inflexion bien marquée (limites du Bathonien, du Callovien et de l’Oxfordien) au-dessus de Durtal : c’est-à-dire que, sur l’emplacement de la vallée du Loir, auprès de la Flèche, le Cénomanien s’est déposé sur l’Oxfor- dien, tandis qu’un peu au Nord et au Sud il se déposait sur le Batho- nien. [l y avait donc là un pli synclinal, qui semble avoir été à peu près dirigé de l’Est à l’Ouest. De même, auprès de la Suze, on trouve l'indication d’un pli anticlinal et d’un pli synclinal bien marqués; la direction seulement en est déviée vers le Nord-Est, et le pli synelinal correspondait à la direction moyenne de la vallée de la Sarthe, entre le Mans et Malicorne. D’autres plis sont bien accusés au Nord du Mans, à Bellème et dans la continuation de la forêt de Perseigne ; et enfin, en sortant de la Sarthe, à Moulins-la-Marche et au Merle- rault. Pour ces derniers plis la direction se rapproche de l'Est. Il n’y à pas de raisons de croire que les failles de Bellème, de Mortagne et du Merlerault fussent déjà esquissées à cette époque. Enfin les contours du Corallien et de l’Astartien montrent, entre Montfort et Bouloire d’une part, et, d'autre part, près d'Ecommoy, des sinuosités qui indiquent l'existence d’un pli transversal, cor- respondant à la direction de la vallée de l’Huisne entre Nogent-le- Rotrou et Vouvray. Il faut chercher maintenant à comparer ces plis avec ceux qui affectent les terrains crétacés; mais ces derniers sont beaucoup moins bien connus qu’on ne pourrait le supposer. Les axes tracés par M. Hébert et après lui par M. Dollfus (axe du Merlerault, axe de Senonches), ceux surtout qui sont figurés sur la carte d’en- semble (au l/12000) de Guillier, me semblent avoir été influencés par l’idée préconçue d’alignements rectilignes. En joignant plu- sieurs points où un pli anticlinal est constaté, on peut obtenir une ligne complètement indépendante de la véritable direction des plis; sous cette forme l’écueil paraît trop grossier pour ne pas avoir été évité; mais si les plis ne sont pas rectilignes, on peut être amené à raccorder deux directions bien constatées, mais appartenant à deux plis différents, par une ligne qui les prolonge l’une et l’autre, et qui, pourtant, pour l’espace intermédiaire, est oblique à la direction vraie. 1438 M. BERTRAND. — CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 15 Oct. Il était donc désirable, là comme pour le Boulonnais, de ramener le problème à l’étude de la surface topographique de la base des terrains crétacés. C’est ce que j'ai essayé de faire; mais, soit par suite de défaut de points de repère assez nombreux, soit par suite d’inexactitudes dans la détermination des courbes de niveau, soit enfin parce que les plis se compliquent dans cette région d'accidents d’un autre ordre, je ne suis pas arrivé à tracer d’une manière satisfaisante le réseau des plis postcrétacés. J'ai obtenu une série d’amorces de plis bien accusés, et je n’ai pas pu relier avec certitude ces diverses amorces les unes aux autres. Ce travail incomplet n’a pourtant pas été sans résultat. Il laisse sans doute en suspens une question qui serait intéressante pour l’histoire véologique de la Sarthe, mais il m'a permis de constater que les terrains crétacés sont bien réellement -plissés sur l’empla- cement des plis plus anciens, de la fin de la période jurassique, et qu’ils le sont dans la même direction. Ainsi, les courbes de niveau de la base du Crétacé enveloppent également la vallée du Loir, au-dessous de la Flèche, et indiquent l’existence d’un pli synclinal, superposé au pli plus ancien. De même à la Suze l’inflexion de ces courbes, très nettement marquée, correspond à celle de l’ancienne limite de l’Oxfordien. En avant de la forêt de Perseigne, à Bellème, à Moulins-la-Marche et au Merlerault, il y a également coïncidence. Quant à l’ondulation signalée plus haut en face de la vallée de l’Huisne, on sait que cette vallée, de Nogent-le- Rotrou à Vouvray, correspond au pli synelinal le plus accusé de la région, figuré depuis longtemps sur les coupes de d’Archiac; ce serait, d’après Hébert et M. Dollius, un des plis perpendiculaires à la direction principale. Il est en tout cas bien remarquable de voir que l’ébauche en existait déjà à l’époque crétacée. ‘ Ainsi, quoique nous ne puissions pas, dans l’état de nos connais- sances, figurer avec certitude le réseau des plis crétacés et tertiaires dans la Sarthe, nous n’en arrivons pas moins à la même conclusion que pour le Boulonnais; les couches jurassiques ont été plissées avant l’envahissement de la mer crétacée, et partout où nous pou- vons constater l'existence de ces plis, nous pouvons vérifier que des mouvements semblables et de même sens se sont reproduits plus tard dans les couches crétacées. Il reste maintenant à examiner s’il ya un rapport entre l'emplacement de ces plis et de ceux des terrains paléozoïques sous-jacents. La coïncidence des plis anciens avec les plis récents a été signalée depuis longtemps pour l’axe du Merlerault, et dernièrement elle a I PE ER 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 139 été établie avec une grande précision par M. Le Cornu. La méthode que je propose m'avait d’abord semblé de nature à mettre en évidence des rapports analogues pour les plis situés plus au Sud; mais j'ai dû reconnaître qu'il y avait trop d'incertitude dans la reconstitution de l’ancienne limite de la base du Bathonien pour que cette limite püt être utilement employée. Il reste dès lors un trop grand intervalle inconnu, une trop large bande sur laquelle on manque de renseignements ou de repères, pour qu'un essai de raccordement détaillé entre les plis des deux systèmes puisse avoir une valeur sérieuse. Une chose pourtant frappe immédiatement : ces plis qu’on vou- drait raccorder n’ont pas la même direction. Ainsi, autour de Sablé, les plis paléozoïques sont dirigés du Nord-Ouest au Sud-Est, tandis que les plis plus récents seraient Est-Ouest à la Flèche et N.E-.S.0. à la Suze. Autrefois, quand la valeur absolue des direc- tions était considérée comme l’élément essentiel dans ces questions, cet argument aurait sufli pour conclure qu’on a affaire à deux systèmes indépendants; c’est l’idée d’ailleurs que, en dehors de toute prévention théorique, suggère un premier examen; mais une étude plus approfondie montre le problème sous un autre jour. La direction S.E. des plis paléozoïques, si bien marquée auprès de Sablé, ne se continue ni à l'Est, dans la prolongation des mêmes plis, ni au Nord dans les autres plis qui devraient s’aligner paral- lèlement. Le Dévonien qui limite du côté du Sud le bassin carboni- fère de Sablé se prolonge vers l’Est dans la vallée de la Sarthe, et le Dévonien qui limiteau Nord le même bassin se prolonge vers le Nord- Est dans la vallée affluente de la Vègre.Il faut en conclure que le bassin de Sablé, au lieu de se continuer dans la même direction S.-E. sous les terrains secondaires, se détourne vers l’Est,ou même vers le Nord- Est. Cette dernière direction est celle qui se retrouve plus au Nord dans la forêt de Sillé et dans la forêt de Perseigne, et le pli anticli- nal intermédiaire, entre la forêt de la Charnie et celle de Sillé, est orienté de l'Est à l'Ouest. Ainsi, tout le long de cette bordure paléo- zoïque, les plis n’ont pas de direction fixe ; les axes des plis décrivent des sinuosités qui font osciller leur direction de plus de 45 degrés autour de sa valeur moyenne. Ce même régime se poursuit vers le Nord jusqu’au Merlerault; les plis qui aboutissent au Nord d’Alen- çon avec une orientation N.-E., se retournent vers l’Ouest et même vers le Nord-Ouest quand on les suit du côté de l’Ouest. En d’autres termes, ils tendent à reprendre une orientation parallèle à celle du pli du Merlerault, vers lequel ils semblent converger en se rappro- 140 M. BERTRAND.— CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 145 Oct. chant de la bordure des terrains secondaires. Là encore le dessin des plis est un dessin ondulé ; les axes en décrivent une série de ventres et de nœuds ; et, quelle qu’en doive être l'explication théori- que, les ventres correspondent le plus souvent à l’existence de noyaux granitiques. Cette particularité est surtout bien marquée pour le massif elliptique du granite de Flers de l’Orne. Ainsi les plis paléozoïques sont, dans leur ensemble, légèrement divergents et forment éventail en arrivant près du bassin de Paris, ceux du Nord étant moyennement dirigés vers l'Est et ceux du Sud vers le Nord-Est. Mais de plus ces plis ne sont pas rectilignes; les uns et les autres s’écartent de leur direction moyenne par une série de sinuosités qui sont coupées obliquement par la ligne d’affleurement des terrains jurassiques. C’est à ce système complexe qu il faut comparer les plis du Jurassique et du Crétacé. En se plaçant à ce point de vue, et quelque imparfaites que soient les données, le raccord provisoire des plis anciens et des plis récents se fait facilement, d’une manière tout à fait conforme à i’idée de leur superposition exacte; le pli synelinal qui ramène le Silurien moyen (Ordovicien) au Sud de Châteauneuf, se dévierait vers l’Est pour aller passer à la Flèche et suivre un moment la vallée du Loir ; le pli de Sablé, qui se détourne vers le Nord-Est, comme nous l’a- vons vu, se raccorderait au pli de la Suze ou à un pli voisin paral- lèle. Le pli de la forêt de Perseigne, continué d’abord dans sa direc- tion Nord-Est, se retournerait vers l’Est au nord de Bellème, et le pli du Merlerault, au lieu de se poursuivre rectilignement vers Châteaudun, montrerait la même tendance à s’infléchir vers l'Est. La coïncidence des plis anciens paléozoïques et des plis plus récents apparaît donc comme très probable; c’est par l'étude minu- tieuse des affleurements jurassiques que pourra seulement s'achever la démonstration. L'étude des plis formés à la fin de l’époque juras- sique montre un grand nombre de coïncidences, sans aucun fait contradictoire; c’est là un résultat d'autant plus remarquable que le réseau des plis est plus complexe. Ce ne serait pas seulement la direc- tion générale et l'emplacement des plis qui resteraient invariables, la même règle s’appliquerait aux détails mêmes de leurs sinuosités. En s’élevant davantage vers le Nord, l’application de la même méthode montre qu’il y a encore eu, avant d’arriver à la mer, deux plis anticlinaux formés dans [es couches jurassiques avant le dépôt du Crétacé. Ces plis, comme les cuvettes synclinales qui les accom- pagnent, sont dirigés de l’Est à l’Ouest. C’est bien là aussi la direction des plis primaires dans le Sud du Cotentin. Enfin on voit s’accuser | | ] | | : 1892 ‘ DANS LE BASSIN DE PARIS Al le bombement de Bénerville, dans la direction même qu’assignent à ce même pli les courbes de niveau de la Craie, tracées par M. Dollfus (axe d’Aunay-sur-Iton). On voit en résumé que, malgré les incertitudes qui tiennent encore à l'insuffisance des données, l’étude de cette nouvelle région confir- me la loi qui s’accusait déjà dans le Boulonnais. Les plis qui se sont formés à l'Ouest du bassin de Paris à la fin du Jurassique se mon- trent partout en correspondance avec les plis des terrains primaires, reproduisant même les déviations locales de la direction d'ensemble. Quant aux plis plus récents, partout où on peut en reconnaître l’existence, ils coïncident avec les plis de la fin du Jurassique. Il serait très désirable que le réseau complet pût en être tracé avec certitude; il m’a semblé, d’après une première étude, très différent de ce qu’on a admis jusqu’à ce jour, et je ne doute pas qu'il ne doive fournir de nouvelles confirmations. La bordure du massif armoricain a pour continuation naturelle celle du massif paléozoïque du Sud de l’Angleterre, dans le Dor- setshire et dans le Devonshire.J”y ai poursuiviles mêmes recherches, et des résultats analogues s’en sont dégagés avec une égale netteté. Les points de contact du Crétacé avec les terrains sous-jacents y sont même plus nombreux, et permettent de déterminer avec plus de précision encore les contours de l’ancienne carte géologique. Là encore on trouve que les couches jurassiques ont été plissées avant le dépôt du Crétacé. La carte (fig. 5) met aussi en évidence l'existence, bien marquée dès cette époque, de nombreuses failles transversales, dont la plupart ont rejoué postérieurement. Mais le point important est de comparer les axes de ces plis antécrétacés à ceux des plis plus anciens des terrains primaires ou des plis plus récents des terrains crétacés et tertiaires. Pour les premiers, on peut dire seulement en gros qu’il y a con- cordance de direction ; d’une part, la distance est trop grande, et, d’autre part, je ne connais pas suffisamment le détail des plisse- ments paléozoïques du Devonshire pour avoir pu même essayer d’aller au-delà. Il en est autrement en ce qui regarde la coïncidence avec les plis tertiaires, qui est facile à vérifier et d’une admirable netteté. C’est d'abord le synclinal du Nord de l’île de Wight (ou du Solent Spithead), qui se dessine au Sud d’Abbotsbury, en parfaite coïnci- dence avec la cuvette actuelle des couches kimmeridgiennes. Le synclinal suivant est celui de Dorchester et du Sud du Hampshire. Puis une nouvelle voûte, bien marquée par les contours du Bajocien M. BERTRAND.— CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 15 Oct 442 1. et du Bathonien, se dessine en face de Molden Newton et se retrouve gis; on voit lui dans les contours du Lias au-dessus de Lyme Regis succéder, entre Crewkerne et Beaminster, une large cuvette qui est ; ES Znélanchien {potrts où le Cretaceé repose \ sur le fortlanden). LA Bothorien — Buyocien. «à É" | EM cratèn. ê Oxford er’. TT Lras. 2 Frlle A Ace antilinal TT Are syneliral. =S à “A 8) p SN 3) le; eng: À 4 = x PAR. S® 4 7 be A GENS LES Fe MC / \NO TT mt 2 l Frome ce L d rep NS L=— S A an =— à = STE NI = L SALISBURY se + TÈ de 4 sil Doutiiampton L Ÿ È Ÿ à Set smouthl er 2 2. F or . HE pe SES 4 j _ÈTS Fo eue NICHT le ET Fig. 5. — Dorsetshire. Carte géologique du fond de la première mer crétacée _— OS PONPRES RER LE = = . « 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 143 même subdivisée par un et peut-être deux ridements secondaires ; elle correspond au synclinal crétacé des Dorset Heights. Un dernier anticlinal, passant à Stalbridge, se trouve exactement en face de l’axe de Chichester, qui borde au Nord le bassin de Hampshire. Les ondulations des contours sont ensuite trop peu marquées au- dessus de la faille transversale de Mere, pour qu’on puisse en rien conclure de précis. Il faut arriver, auprès de Melksham, au-delà de la grande plaine de Salisbury, pour trouver l’existence bien accusée d’un nouvel anticlinal qui passe à Trowbridge et au-dessus de Frome, et va se raccorder avec l’axe paléozoïique des Mendip Hills. Cet anticlinal peut se suivre au Nord des North Downs dans les terrains tertiaires et crétacés, et on voit alors qu’il va passer au Sud du bassin de Londres, et par conséquent au Nord de Douvres, ce qui peut avoir un grand intérêt pour les raccordements des bassins houillers. Mais en se bornant à considérer la question spéciale que nous étudions, ce pli infracrétacé de Trowbridge prolonge d’une part un pli ancien et d’autre part uu pli tertiaire. C’est toujours la vérification de la même règle. En poursuivant jusqu’au Yorkshire cette restitution des contours géologiques de l’époque infracrétacée, on continue à trouver partout l’indicalion des plis formés à ce moment ; je rappellerai seulement que dans le Nord du Yorkshire ces plis postjurassiques sont bien connus et sont mis en évidence, sans transformation spéciale, par la carte géologique actuelle. Sur tout cet espace, Je n'aurais qu’un fait intéressant à mentionner, c’est l'indication très nette, près d'Oxford, d’un pli transversal, qui correspondrait au bord de la grande coupure transversale de la mer d'Irlande (embouchure de la Mersey), c’est à dire à une dépression synclinale indiquée depuis le Trias par la grande épaisseur des dépôts. Il me reste, pour terminer cet examen de la ceinture du bassin de Paris, à parler du bord septentrional du Plateau Central et du Sud de l’Ardenne. Pour cette dernière région, je me bornerai à dire que la même méthode met bien en évidence l'existence de plis formés entre le Jurassique et le Crétacé; mais, comme là les plis sont presque parallèles à la limite des terrains anciens, les plis plus récents sont masqués par la pente générale des couches vers le centre du bassin, et je n’ai pu par conséquent établir de comparaison comme pour les autres régions. Je signalerai seulement en passant le problème intéressant sur lequel l’application de la méthode pourrait donner quelques renseignements : peut-on à ce moment, c’est-à-dire au début du Crétacé, mettre en évidence une trace d’un 144 M. BERTRAND.— CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 15 Oct. commencement d’émersion des Vosges ? Sile mouvement d’émersion était déjà accusé, les limites reconstituées des différents étages jurassiques au fond de la mer crétacée doivent s’infléchir autour du massif actuel, et l’on peut aussi trouver, comme dans le Bou- lonnais, des failles parallèles à la direction générale du relèvement des terrains. En réalité, les données dont on dispose ne permettent pas de pousser les contours assez près du massif vosgien pour que ces contours fournissent une preuve complète et une solution défi- nitive : les portions de tracés obtenues restent parallèles au bord de l’Ardenne, sans déviation marquée vers le Sud; mais, si la carte géologique actuelle est exacte, les contours qu’on en déduit pour le début de l’époquecrétacée montrent l'existence d’une faille Nord-Est, dirigée parallèlement à la vallée de la Meuse, à l'Est de la forêt d’Argonne, entre Neuvilly et Varennes. Ce n’est là qu’un indice, mais cet indice tend à appuyer les arguments d’un autre ordre sur lesquels on s’est fondé pour rapporter l’émersion, au moins par- tielle, des Vosges à la fin de la période jurassique. Pour le bord du Plateau Central, le croquis ci-joint (fig. 6) mon- tre les résultats obtenus. Les plis de la fin de la période jurassique s’accusent avec une grande netteté, à l’Ouest dans les contours du Corallien et de l’Astartien, et à l’Est dans les contours des étages plus récents. Ces plis sont presque parallèles, ou du moins faible- ment obliques, à la limite des terrains cristallins ; c’est bien aussi la direction moyenne qui est reconnue dans ces terrains et qui résulte des mouvements paléozoïques. Quant à la position des plis plus récents qui affectent le Crétacé, elle est bien marquée sur la carte géologique, et coïncide exactement avec celle des plis anté- crétacés. Ainsi la vérification faite pour le Boulonnais se poursuit tout autour du Bassin de Paris, sur les bords du Plateau central aussi bien que sur ceux du Massif armoricain, et elle se retrouve en Angleterre sur le bord occidental du Bassin de Londres. Partout les couches jurassiques ont été plissées avant le retour de la mer crétacée ; partout ces plis coïncident, comme emplacement et comme direction, avec les plis plus récents qui ont affecté les ter- rains crétacés et tertiaires; partout cette direction commune prolonge ou accompagne celle des plis paléozoïques les plus rap- prochés. Il est clair qu’en présence de si nombreuses coïncidences, il est impossible de les considérer comme fortuites, il serait même diffi- cile de les expliquer, suivant la formule le plus souvent usitée, par ins dite ETES 145 DE PARIS DANS LE BASSIN 1892 une simple tendance des plis à se reproduire aux mêmes places ‘299P]919 JO 91QTW9Ad E ALIURE UDPUD FI 410] 27 «ANS 2S0d04 TID7247 7] 0 COPA —= AE 2 4 DURS OS0 OL DITFPAG NO SPAET KS) only ANS 250004 290702) 97 00 S2U107 [III] ERP LAN ALAN ANS / ‘ \ I °p puoy np onb1$01098 oJ4e9 ‘Aro — ‘9 ‘SI Sn9 -S- 2snaD-S AOTUOGAV XAOUAVILVHO NAGAOSSI © Un | XX 279$ Sales © E=HOZIIIA 6 Ze OE NIINVYONON Sans doute, d’autres vérifications sont désirables dans d’autres l’application de la même méthode pourra en fournir, par . ? r régions 10 XX 146 M. BERTRAND.— CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT #4 Nov. le simple examen des cartes géologiques, partout où il y a eu trans- gression marine, recouvrant des couches d’âge différent. Mais, dès maintenant, la conclusion me semble s'imposer ; ce que nous avons constaté tout autour des bassins de Paris et de Londres est la mani- festation d’une loi naturelle, loi précise et formelle, qu’on ne peut, par suite de cette précision même, supposer restreinte à ces régions, mais qui doit être une loi générale, régissant les déformations de l'écorce terrestre : les plissements se forment toujours aux mêmes places. On peut concevoir, sans diminuer la généralité de la règle, qu’un pli un peu large se subdivise postérieurement en plusieurs autres ; et c’est, je crois, ce qui a lieu ; c’est ainsi que s'explique- raient certains exemples constatés hors du bassin de Paris, de syn- clinaux récents superposés à un pli anticlinal plus ancien. Le point important, c’est qu’un dessin général, marqué depuis l'origine des temps géologiques, préside à la déformation de l'écorce terrestre. De plus, en continuant à généraliser les observations précédentes, on voit que ce dessin se traduit par un double réseau de courbes orthogonales. Ce qu’on sait des chaînes de montagnes permet au moins de conjecturer que ces réseaux se poursuivent en lignes continues tout autour du globe. J’indiquerai plus loin l'argument qui me semble créer au moins une forte présomption en faveur de cette idée. Ce réseau de plissements ne suffit pas à expliquer l’infinie variété des traits de la surface terrestre; sans parler des chaines de mon- tagnes, qui, au moins comme exagération du phénomène général, forment certainement un chapitre spécial de l’histoire des dislo- cations, il faut faire intervenir la notion des domes de soulèvement. Ce que j'ai dit de l’Ardenne et du Weald peut également se géné- raliser : à côté des plissements, et d’une manière à peu près indépendante, quoique bien probablement sous l’action des mêmes causes, des portions elliptiques de l'écorce se soulèvent et s’affaissent alternativement; cette nouvelle série de mouvements ne semble pas, contrairement à ce qui a lieu pour les plissements, se faire toujours aux mêmes places; elle semble aussi en général se faire plus rapidement que les autres. Les oscillations de ces dômes expliquent la production de la plupart des failles qui sont désignées sous le nom de failles d’affaissement, et qui seraient au contraire le plus souvent de vraies failles de soulèvement ; ces oscillations aug- mentent dans une énorme proportion le rôle des dénudations marines, et elles rendent moins étroite la correspondance des contours géographiques avec les courbes de déformation. mic sidi re D'ITS VÎ 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 147 On trouvera peut-être ces généralisations un peu hâtives; je les indique, en reconnaissant qu’on est en droit d'attendre de nouvelles preuves avant de les admettre, et je n’ai pas la prétention, dans ce court exposé, d'aborder une discussion qui embrasserait l’ensemble de l’histoire géologique. Mais la seule possibilité de ces généralisa- tions augmente grandement l'intérêt des règles trouvées pour le bassin de Paris, pour lequel on peutles considérer comme démontrées. J’aborde maintenant l’autre question que j'ai signalée au début comme posée depuis longtemps par l'étude de nos bassins ter- tiaires : le phénomène de plissement est-il continu ou intermittent ? Il est clair qu’à cette nouvelle question nous ne pourrons jamais faire de réponse mathématiquement prouvée ; les points de repère dont nous disposons en géologie sont séparés par de trop grands intervalles de temps, pour que nous sachions jamais si un phéno- mène que nous jugeons continu (comme celui de la sédimentation par exemple) n’est pas interrompu en réalité par de nombreux temps d’arrêt ou par des alternatives variées. En d’autres termes, nous ne pouvons jamais parler que de continuité relative. Sous cette réserve, je crois qu'on peut montrér que le phénomène de plisse- ment a été continu, dans la même mesure que le phénomène de sédimentation, auquel il se trouve lié d’une manière très intime. La méthode précédente ne nous donne Jusqu'ici à ce point de vue qu’un unique renseignement : les couches jurassiques ont été plissées avant le dépôt du Crétacé. C’est un point important, mais dont la portée est restreinte; on peut en effet considérer que la limite du Jurassique et du Crétacé correspond à une date particu- lière dans l’histoire de la terre, et que ce qui s’est passé à ce moment ne peut pas servir de règle pour les autres moments; d’ail- leurs, même sans invoquer ce point de vue spécial, un fait unique est évidemrhent insuffisant pour autoriser une conclusion générale. Il y a dans le bassin de Paris deux autres époques auxquelles on peut appliquer une méthode semblable ; c’est celle du Callovien et celle du début des temps tertiaires. On sait, pour le Callovien, qu’il y a au moins deux localités où son absence (par lacune ou par dénu dation) est bien établie; c’est d’une part l’axe du Merlerault, et d’autre part au Sud de Châteauroux, près d’Ardentes. Or, dans l’un et l’autre cas, c’est sur un anticlinai que manque le Callovien. Il est donc au moins bien probable que c’est par suite d’un plisse- ment du Bathonien qu’il y à eu émersion momentanée et dénu- dation des couches, et par conséquent que ces deux anticlinaux ont 148 M. BERTRAND. — CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 4 Nov. commencé à se former ou se sont accentués dans l'intervalle de temps compris entre le Bathonien et le Callovien supérieur. Les résultats relatifs à l’envahissement de la mer tertiaire seraient plus importants; mais malheureusement il est impossible jusqu’à nouvel ordre de les dégager des données insuflisantes qu’on possède. Il faudrait en effet savoir en chaque point sur quelle zone de la Craie reposent les terrains tertiaires; or, malgré les nom- breuses études de détail qui ont été faites pour la distinction de ces zones, on n’est pas encore arrivé, du moins pour la Champagne, à en tracer les limites sur les cartes géologiques. C’est seulement dans l’Artois que les derniers travaux de MM. Gosselet et Cayeux ont pu réaliser ce progrès. M. Cayeux a bien voulu, à ma demande, reporter sur une carte tous les points, situés entre Doullens, Cambrai et St-Quentin, où les sables tertiaires ont été reconnus reposant sur le Campanien, sur le Santonien, sur la zone à Micraster breviporus ou sur les marnes à Terebratulina gracilis. On peut ainsi, pour une région, un peu restreinte il est vrai, recons- tituer la carte géologique du fond de la mer tertiaire (fig. 7). On voit immédiatement que la Craie était déjà plissée à ce moment. Les points où le Campanien (Craie à Bélemnitelles) a été conservé, surmonté ou non de sables tertiaires, au Nord de Péronne, forment une zone allongée de l'Est à l'Ouest, limitée au Nord et au Sud par deux régions où le Tertiaire repose sur le Santonien; cette zone médiane représente donc une partie moins profondément dénudée par le nivellement général dû au retour de la mer tertiaire ; elle corres- pond à l'emplacement d’une cuvette synclinale, déjà formée dans les couches crétacées avant le dépôt du Tertiaire. On reconnait par la même méthode l’amorce de deux plis anticlinaux, près du Cateau-Cambrésis et près de Guise, et celle d’un second pli syn- clinal, du côté de Doullens. Ces amorces indiquent une double déviation des plis anté-tertiaires vers le Nord-Est et vers le Nord- Ouest; le dessin général de ces plis se traduit donc par une série de lignes concaves vers le Nord, enveloppant concentriquement la cuvette des terrains houillers de Valenciennes. Il faut maintenant comparer ces plis à ceux qui se sont formés postérieurement, c’est-à-dire à ceux qui affectent les terrains ter- tiaires dans la même région. Ce nouveau réseau de plis peut se déterminer par l’étude des ondulations de la surface de dénudation marine qui a précédé les dépôts tertiaires, ou en d’autres termes par l'étude des ondulations de la surface de la Craie. Ce travail a été fait par M. Dollfus, dans le mémoire que j'ai déjà plusieurs fois Be NM RS SN ESS 149 DE PARIS DANS LE BASSIN 1892 ‘09909 IOUI PJ 9P pUOy np onbIS01098 97189 "SIOUY — "L SIA P Le ALINHAÜ LS O(4VYINVI s/ Je 7 = CR NO CA Le # =. Fa we NN AE ) D) “ a Lusonÿ SŸ ss. PLAT 7 Z k? (À AU! N , DZ ° == e > © = S °—.——.. = rl Ô ANNON TI 7 7 _ >unedeg + . O > © SMATIN0OQ qrirpuks 2m = == JP UL}orqUuD DT te ‘77970079 FD OTDAI D) Ans 2s0dop 308 OUI01740 7 9} NO SJUIQT 772 7410 h@21q AISDIINÿY D IDD D} ANS SOI DID} 40] 9} NO SNAQT °92P29P 4" PPDA | I] D. SOULDU $97 ANS JUOSO To RE Far 2077407 S9qDS So) 0 T0 7 = SV 6 150 M. BERTRAND.— CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 4 Nov. cité. Maïs, au lieu de la carte de M. Dollfus, dont l'échelle est un peu petite, il est préférable, pour cette comparaison, d’avoir recours aux tracés de M. Cayeux, faits à plus grande échelle et d’après une étude spéciale de la région. M. Cayeux, il est vrai, a pris pour base de son étude la surface de la Craie glauconieuse, et les mouvements tertiaires ne sont plus ainsi isolés de ceux qui les ont précédés ; mais cela est sans inconvénient, puisqu'il s’agit de vérifier une coïncidence. Or, le pli synclinal de Péronne correspond exactement, sur une partie de son parcours, à un des plis indiqués par M. Cayeux ; du côté de l'Est seulement, il semble un peu s’en écarter. Mais M. Cayeux m'a lui-même fait remarquer que les données sur lesquelles il a pu se fonder laissent en plusieurs points une certaine indétermination, et après un nouvel examen de la question, le nouveau tracé lui a paru correspondre à une interprétation aussi acceptable que celle qu’il a préférée. Comme pour les exemples précédents, la coïncidence se vérifie avec un degré de précision au moins égal à celui des données sur lesquelles on opère. En tout cas, la Craie était plissée au début des temps tertiaires ; on peut même dire {sous la réserve possible d’une action de creuse- ment de vallées), qu'elle l'était probablement lors du dépôt du Calcaire pisolitique. Ce sont donc de nouveaux arguments en faveur de la continuité. J’indiquerai seulement, pour ne pas trop étendre mon sujet, que la même méthode appliquée à la Provence montre qu’il y a eu plissement entre l’Urgonien et les couches de Fuveau, et que l’anti- clinal du Léberon s’est déjà dessiné à cette époque, ainsi que celui de la Nerthe et celui de la Sainte-Beaume. C’est donc encore, pour un autre bassin, il est vrai, une nouvelle période où l’on trouve la preuve de la mobilité du sol sur l'emplacement des lignes de plis et de l’accentuation progressive des surfaces de déformation; c’est encore un indice en faveur de la continuité. Mais le nombre de ces indices, constatés par cette On restera toujours limité, parce que le nombre des transgressions l’est aussi. Il me reste à indiquer une nouvelle méthode qui permet de mul- tiplier ces arguments, et qui donne ainsi à la loi de continuité une grande probabilité. ÿ Cette méthode consiste à interpréter les coupes géologiques par une transformation analogue à celle que j’ai indiquée pour les cartes géologiques. De la coupe géologique actuelle, on peut en beaucoup de cas déduire la coupe géologique à une époque déterminée. 1882 DANS LE BASSIN DE PARIS 151 Il suffit pour cela que dans cette coupe figurent des couches déposées sous une très faible profondeur d'eau. IL est clair alors que ces couches étaient horizontales au moment de leur dépôt. On regarde souvent, en gros et d’une manière générale, toutes les couches comme formées horizontalement ; on ne tient pas compte alors de la pente du fond de la mer, qui, étant ordinairement très faible, peut sans inconvénient être négligée dans beaucoup de questions, mais qui peut être comparable aux résultats des mou- vements que nous cherchons actuellement à évaluer. C'est pour cela qu'il est nécessaire de choisir des dépôts de très faible profondeur. Imaginons dans une coupe deux couches (a) et (b) qui satisfassent à cette condition, et développons horizontalement la couche supé- rieure (fig. 8). La seconde (b) prendra une position ordinairement Fig. 8. D RTL LT TT TT TM III LIL a ondulée et dont les ondulations dépendront de l'épaisseur variable des étages qui les séparent. Il suffira précisément pour obtenir cette position de porter en chaque point, au-dessous de la couche (a), une hauteur égale à cette différence d’épaisseurs. Mais, puisque par hypothèse la couche (b} était également horizontale au moment de son dépôt, les ondulations obtenues indiquent les mouvements subis par cette couche dans l'intervalle de temps qui la sépare de la couche supérieure. La figure obtenue donne la coupe des terrains au moment du dépôt de la couche (a). Au fond cette méthode revient tout simplement à faire un diagramme des épaisseurs relatives des terrains, en ayant soin de le terminer horizontalement au sommet par une couche d’eau peu profonde. Je donne depuis plusieurs années quelques-uns de ces diagrammes à mon cours, mais c’est seulement cette année que j'ai été frappé de la conclusion qu'ils mettent en évidence, et que l'énoncé même de la méthode fait prévoir, d’après ce qu’on sait de la variabilité des épaisseurs des couches : partout où la méthode est applicable, et, l’on peut presque dire, quel que soit l'intervalle de temps considéré, on trouve trace d’un ridement plus ou moins important produit dans cet intervalle. Je dois faire observer que c’est au fond cette méthode qu'ont employée, sans seulement en préciser l'application sous forme d’une 152 M. BERTRAND. — CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 4 Nov. règle définie, les géologues qui sont arrivés à la conclusion de la continuité dans la formation des plis. Ainsi M. Dollfus (1), après avoir constaté que, dans l’île de Wight, les couches tertiaires sont plus puissantes à mesure qu’on s'éloigne de l’affleurement crayeux, dit que les amincissements des couches, constatés par lui sur le flanc des anticlinaux, sont assez fréquents pour que le mouvement lent de formation des plis lui paraisse un fait démontré. C’est bien en eflet ce que mes diagrammes m'ont permis de cons- tater pour la Provence : amincissement général des couches sur les flancs des anticlinaux actuels, et par conséquent formation progres- sive de ces anticlinaux. Il convient d'ajouter seulement que l’amin- cissement n’atteint pas nécessairement toutes les couches ou plutôt tous les complexes de couches compris entre deux termes d’eau peu profonde, et qu’il ne se produit pas également le long de tous les anticlinaux. La méthode se montre à ce point de vue d’une sensibilité remarquable ; c’est dans les détails même de leurs alternatives répétées qu'elle peut faire espérer de reconstituer la marche des mouvements du sol, et je suis tout disposé à croire qu’elle montrera, comme me l’a indiqué M. Munier-Chalmas, que, si le phénomène de déformation est continu, l’accentuation des différents plis est intermittente ou du moins très différemment marquée aux différentes époques. C’est dans les régions où toutes les couches sont d’eau peu pro- fonde, dans les régions telles que le bassin tertiaire de Paris, par exemple, que cet examen peut surtout mener à une analyse détaillée des phénomènes; mais, par cela même que la méthode est sensible, il faut, pour l’appliquer utilement, des données nombreuses et précises. Je suis heureux de dire que M. Munier-Chalmas, d’une manière absolument indépendante de mes propres recherches, a déjà commencé à utiliser dans cette voie ses nombreuses observa- tions personnelles sur le bassin de Paris; les résultats importants qu'il a bien voulu me communiquer verbalement, et qui, je l’espère, seront prochainement publiés, l’ont conduit à des vues d'ensemble très analogues à celles que je viens de développer, et j'ai trouvé dans cet accord une précieuse confirmation de mes propres idées. Tout en laissant à M. Munier-Chalmas le soin de nous donner des notions plus précises sur cette histoire des mouvements tertiaires dans le Nord de la France, je crois intéressant de reproduire, comme exemple d'application de la méthode, le schéma, forcément (1) Loc. cit., p. 53. J'ai déjà fait remarquer que la conclusion de la fin du mémoire de M. Dollfus contredit sans explication celle qu'il formule à cette place. Sd omesbtonnn.à it haie id és Eté 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 159 un peu grossier, que je donne à mon cours (fig. 9); les épaisseurs relatives des étages y sont déter- minées approximativement d’a- près les coupes et mémoires pu- bliés; j'ai jugé inutile dans ce cas spécial d'y ramener à l’hori- zontalité la nappe supérieure des calcaires de Beauce. On voit sur cette coupe, sous réserve des modifications que pourra appor- ter la comparaison avec des coupes parallèles, que l’axe de Meudon à subi (comme on le sait d’ailleurs depuis longtemps) un exhaussement particulièrement accentué avant le dépôt de l’ar- gile plastique (Sparnacien); que c’est l’ensemble des synclinaux du Soissonnais et du Valois qui s’est accentué entre l’Yprésien et le Bartonien (sables de Cuise et sables de Beauchamp}; c’est seu- lement après leur dépôt, et pro- bablement après celui de l'Oligo- cène, que se serait accentué de nouveau, entre le Soissonnais et le Valois, l’axe de Compiègne. Le synclinal de l'Ile-de-France s’est creusé profondément à l’é- poque du gypse. L’amincisse- ment régulier des couches au- dessus de l’axe de l’Artois est purement schématique; il a été surtout figuré ainsi pour faire comprendre combien, pendant toute la période, il a suffi de fai- bles oscillations pour supprimer la communication avec la mer belge ou pour ne la laisser sub- sister que sous forme de ché- naux étroits. Bombement de l'Artois Soissonnais Valois Ile de France Fig. 9. — Plis du bassin de Paris. Brie Beauce 1454 M. BERTRAND. — CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 4# Nov. La coupe, telle qu’elle est figurée, ne permet aucune conclusion nette sur l’histoire du bombement du Bray. Je rappellerai seule- ment à ce sujet que c’est à 10 kilomètres seulement au Nord-Ouest de cette coupe que M. Munier-Chalmas a trouvé le Calcaire grossier reposant sur les tranches des Sables de Cuise. Il y aurait là l’indi- cation d’une accentuation relativement rapide de ce bombement à une époque bien déterminée. Je discuterai tout à l’heure, dans un résumé général relatif au bassin de Paris, la signification que je suis porté à attribuer à cette particularité intéressante. Pour en revenir maintenant à la continuité des plissements, on peut prévoir que l’interprétation des coupes, faites suivant le prin- cipe que je viens d'indiquer, apportera en sa faveur des arguments de plus en plus nombreux. Pour le moment, on peut seulement dire que cette continuité apparaît comme très probable, avec la restriction (due à M. Munier-Chalmas), que c’est le phénomène de déformation qui serait ininterrompu, la formation de chacun des plis pouvant être soumise à des temps d'arrêt ou à des alternatives de mouvement plus ou moins rapide. J'ajouterai encore un mot sur cette méthode des diagrammes d'épaisseur ; elle fait ressortir avec une netteté spéciale le lien bien connu qui existe entre les mouvements du sol et le phénomène de la sédimentation. Il me semble que cette liaison peut s’expliquer de la manière suivante : l'étude des montagnes nous apprend que l'écorce terrestre se déforme à peu près comme le ferait une matière plastique; ce résultat, mis hors de doute par les beaux travaux de M. Heim, peut s'expliquer, comme l’a fait M. Heim, par la gran- deur des forces mises en jeu, mais aussi, avec non moins de vraisemblance, par la lenteur des mouvements produits. Il n’est donc pas déraisonnable de supposer que la même règle de plasticité s’ap- plique autant aux petites déformations qu'aux grands mouvements orogéniques; par suite de cette plasticité, la surface tend à chaque moment à prendre une forme déterminée d'équilibre correspondant à la répartition des matériaux terrestres et à- la distribution des températures. Les déplacements de matière produits par la dénu- dation et par les dépôts contribuent à changer cette forme d’équi- libre, et par conséquent à modifier les mouvements de la surface; c'est dans ce sens que l’on pourrait dire, comme on l’a fait souvent, que le poids des sédiments peut contribuer à accentuer l’enfonce- ment des bassins synclinaux. Je vais chercher maintenant à compléter les considérations rela- tives aux bassins parisien et anglais par l'étude des mers qui les 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 155 bordent actuellement. L'étude des profondeurs des mers n’a pas été jusqu'ici introduite dans les recherches purement géologiques; je pense pourtant qu’on peut le faire avec une grande utilité. La forme du fond des mers n’est pas produite par des dénudations dues aux courants marins; je crois, malgré quelques observations faites dans les estuaires et dans quelques détroits où les courants sont rapides, que tout le monde est d’accord à ce sujet. Il se peut dans certains cas que cette forme ne soit que la reproduction, avec des reliefs affaiblis, d'anciennes formes continentales submergées ; dans le voisinage de certaines côtes granitiques il semble parfois en être ainsi; ce seraient des cas exceptionnels où l’envahissement de la mer aurait fait imparfaitement son travail ordinaire de dénu- dation et d’aplanissement. Mais en général toutes les mers, au moment où elles ont pris possession de leur emplacement actuel, ont nivelé leur fond, et par conséquent les formes de ce fond ne résultent que des mouvements postérieurs de la surface, c'est-à-dire précisément de cette série de mouvements que je viens de chercher à analyser. Les inégalités résultantes ont pu être masquées par la sédimentation, et nous ne savons pas dans quelle mesure ; mais il est clair que les apports de sédiments ont pu seulement modifier la courbure des surfaces, mais non pas en changer le sens; les creux ont été atténués, mais sont restés des creux, et les saillies sont restées des saillies (1). Il en résulte que la configuration du fond des mers actuelles peut, aussi bien que celle des anciens fonds de mer crétacés précédemment examinés, nous renseigner sur les mouvements du sol et sur les plis formés depuis l’époque de la submersion. Théoriquement cela ne peut faire aucun doute; prati- quement, des essais, en tout cas faciles à tenter, permettent seuls de voir si les causes d'erreur ou d’obscurcissement que je viens de signaler nuisent à l’utilité de la méthode. Les nombreux essais que j’ai déjà faits m'ont montré que la cause principale d'erreur était dans l'incertitude des contours de la plu- part des courbes de niveau portées sur les cartes marines ; les modifications apportées maintenant-presque chaque année par les explorations sous-marines sont d’une telle importance qu’elles (4) On a bien signalé, notamment dans la mer du Nord, du côté de la Hollande et du Pas-de-Calais, des ondulations dans la surface des dépôts, dues au phénomène même de sédimentation et à l'influence qu’exerce sur lui l'inégalité des courants. Il y a là, comme pour les dénudations produites par certains courants sous-marins, une action perturbatrice, dont dans certains cas il est peut-être utile de tenir compte. Mais il est évident que la part de ces genres d'actions est insignifiante, quand il s’agit d'expliquer d'une manière générale les inégalités des fonds de mer. 156 M. BERTRAND. CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 4 Nov. changent complètement la physionomie de régions entières. Il serait donc prématuré d'espérer qu’on puisse dès maintenant arriver à suivre les lignes de plissement au fond des grands océans, mais c’est déjà beaucoup de savoir que la chose sera possible un jour. Pour les mers continentales, il n’en est pas ainsi; quoique encore sujettes à des modifications, les lignes de niveau du fond peuvent être considérées comme assez bien connues pour légitimer un emploi immédiat de la méthode et pour donner confiance dans les résultats qu'on en tirera. Ces résultats ont un grand intérêt, puisque, d’après la règle énoncée plus haut, démontrée pour le bassin de Paris et par conséquent au moins applicable aux parties immédiatement voi- sines, les lignes de plissement se poursuivent toujours aux mêmes places. Cette étude doit donc fournir, non seulement une nouvelle vérification, mais aussi des renseignements précieux sur la conti- nuation et le raccordement des lignes de plissements. Commençons par la mer du Nord. J'ai fait le travail sur la carte des Iles Britanniques, de la 1r° édition de l'Atlas de Stieler, qui donne les courbes de niveau du fond, de 10 en 10 brasses. On sait que la mer du Nord est précisément une mer où la sédimentation est assez active (1); on pouvait donc craindre que la forme des plis ne s’en trouvàt masquée, Il n’en est rien; leur parcours est accusé par de nombreuses sinuosités ; il y a naturellement quelques incertitu- des, lorsque les lignes de niveau sont un peu espacées, pour faire le choix entre les sinuosités de deux courbes successives qu’il faut joindre l’une à l’autre; mais après quelques tätonnements, je suis arrivé à tracer un réseau qui tient compte de toutes les nombreuses inégalités de ces lignes, et qui se compose de deux séries de lignes strictement orthogonales (fig. 10). Cette perpendicularité des deux systèmes est bien remarquable, d’abord parce que les lignes sont très nombreuses, et que par conséquent l’angle régulier sous lequel elles se coupent ne peut pas être considéré comme un effet du hasard, et ensuite parce que ces lignes ne sont pas droites, mais fortement incurvées autour de leur direction moyenne. Ainsi, l’un des réseaux étant à peu près dirigé Nord-Sud, les lignes qui le forment dessinent une série de nœuds et de ventres avec des écarts de la direction moyenne, qui vont jusqu’à 45°; malgré cela, les sinuosités du second système s’ordonnent d’une telle manière, en relation avec les sinuo- (4) Je dois indiquer, sur cette question de la forme des fonds de la mer du Nord, de leur origine et de leur signification, une intéressante étude faite en 1848 par M. Harrison (Min. Proc. Inst. Civ. Engin. t. VIT), et signalée par M. Geikie dans son Text book of Geology (2° éd., p. 422 nn ot es éd dns en LES de dé A) EDINBOURG DANS LE BASSIN DE PARIS Carte des profond eurs de la mer du Nord. Fig. 10. 158 M. BERTRAND. — CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 4 Nov. sités du premier système, qu’il n’y a nulle part un écart appréciable de la perpendicularité. Il n’y à d’ailleurs pas moins (1) de 15 lignes verticales et de 20 lignes horizontales (qui n’ont seulement pas pu être toutes continuées sur toute l'étendue de la carte). Conformé- ment à ce que J'ai dit plus haut, le chenal profond qui longe la Scandinavie à l'Ouest ne figure pas parmi ces lignes et viendrait s’y ajouter d’une manière tout à fait indépendante. Quant à la signification géologique de ces lignes, elles arrivent à la côte anglaise en parfaite concordance de direction avec les plis connus, aussi bien avec les plis anciens du Nord qu'avec les plis récents du Sud. La vérification des idées émises est donc éclatante, dépassant même de beaucoup en précision tout ce qu’on était en droit d'espérer. Une remarque curieuse, c’est que les plis trans- versaux qui, sur la terre ferme, jouent un rôle si effacé, sont ici tout aussi bien marqués, et mème souvent mieux marqués que les plis longitudinaux. Passons maintenant à la Manche. Si la même méthode y est applicable avec le mème succès, elle aura un résultat d’un intérêt géologique immédiat, en nous permettant de déterminer la corres- pondance des plis français et des plis anglais. Le travail a été fait sur les courbes de niveau de la carte du génie, au rs: L'équi- distance de ces courbes est de dix mètres. Là également je suis arrivé, comme résultat de ce travail, à un réseau de lignes très sensible- ment orthogonales (voir planche V). Quelques divergences de détail seraient peut-être ici possibles, à cause du plus grand écartement des lignes de niveau (2); mais ces divergences ne pourraient cer- tainement porter que sur le détail, et le dessin général me paraît bien représenter la seule interprétation possible des irrégularités des lignes de niveau, si l’on se pose la condition de représenter ces inégalités par deux réseaux de courbes, orientés chacun dans une (1) 11 faudrait, pour être complet, joindre aux lignes tracées sur la figure toute une série d’autres lignes indiquant l'amorce de ridements secondaires, parallèles aux ridements principaux. Ces lignes ont dù êlre supprimées à cause de la petitesse de l'échelle ; celles qui subsistent sont les axes des plis qu'on peut suivre sur une assez grande longueur, (2) Il y a à l'Est de la Manche une autre cause d'incertitude : une des lignes de dépression les mieux marquées suivant à 20 kil. environ la côte anglaise, entre Hastings et Brighton, coupe obliquement les autres lignes du réseau, et au milieu des deux systèmes orthogonaux, apparaît comme un élément étranger. sans nul rapport avec les autres. (L'axe de cette dépression a été marqué en pointillé sur la carte). IL semble qu'il y ait là, comme pour la dépression qui longe la Scandi- navie, une action d’un autre ordre à faire intervenir. On pourrait songer à une érosion, datant de la période (quaternaire) d’émersion du Pas-de-Calais. D ei, 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 159 même direction d'ensemble. Un de ces réseaux (dont les lignes sont plus multipliées que les plis connus sur la terre ferme), va également, sur les côtes de France et sur celles de l’Angleterre,aboutir en parfaite concordance de direction avec les plis connus, sauf pour la partie de la côte voisine du pays de Bray. Cette exception, au milieu de toutes les coïncidences, constitue une anomalie, dont il me sera, je crois, facile de rendre compte. Remarquons d’abord, à l’appui du tracé de notre réseau, que dans le Pas-de-Calais les ridements transversaux, en continuation avec ceux de la mer du Nord, se présentent en ondulations très serrées et avec une netteté qui ne laisse aucune part à l’interpré- tation. Ce sont ces ridements qui produisent les fameux écueils de Colbert et du Varne. Il est intéressant de rappeler que les derniers sondages faits pour l'établissement d’un pont sur la Manche ont montré (1) que dans le voisinage du Varne les couches crétacées ne reposaient pas sur le Portlandien supérieur (probablement sur le Portlandien moyen). Il faudrait en conclure, d’après les idées déve- loppées plus haut, que le ridement du Varne existait déjà au début de l’époque crétacée. Les plis longitudinaux sous le détroit sont déterminés par les indentations des courbes de niveau pressées autour des écueils. Le tracé ainsi obtenu montre que, contrairement à ce que l’on a ordi- nairement toujours admis, la boutonnière jurassique du Boulonnais ne correspond qu’à la partie tout à fait septentrionale du Weald ; l’axe anticlinal central du Weald (axe de Hastings) viendrait aboutir en France au Sud de Montreuil (axe de Campagne-les-Hesdin de M. Dollius), et l’axe du Midi du Weald correspondrait à l’axe de Gamaches. Du côté de l’Ouest, ce sont au contraire les plis longitudinaux qui sont bien marqués par la fosse centrale de la Manche et par les rides allongées à peu près parallèlement au rivage. Ce n’est pas, comme on le suppose toujours depuis le travail de M. Barrois, le synclinal du Nord de l'île de Wight, mais le synclinal du centre de la Manche qui viendrait aboutir à Dieppe, à l'Ouest du pays de Bray. Les plis transversaux, dont l'intérêt pratique est moindre, se disposent en lignes ondulées perpendiculairement aux précédents. Je me suis moins spécialement occupé de la partie de la côte voisine de la Bretagne; mais il ne m’a pas semblé jusqu'ici que de ce côté les nombreuses inégalités du fond pussent se grouper sui- (1) Pont sur la Manche, second mémoire justificatif, Paris 1891. Rapports de MM. Renaud et Duchanoy. 160 M. BERTRAND. — CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT #4 Nov. vant des réseaux réguliers. On serait là en face d’un de ces cas, dont j'ai signalé la possibilité, où la dénudation marine a été incomplète et où les inégalités de l’ancien sol continental n’ont pas été nivelées. En combinant les données de la carte de M. Dollfus pour le centre du bassin, et, pour les bords du mème bassin comme pour la partie recouverte par la Manche, les données nouvelles qui résultent des développements précédents, où arrive à un tracé (carte, fig. 11) qui nous renseigne, avec une probabilité bien voisine à mes yeux de la certitude, sur la prolongation exacte des plis paléozoïques au-dessous du manteau secondaire et tertiaire. Il faut seulement, pour lever une dernière objection, expliquer comment à l'Ouest du pays de Bray, c’est-à-dire auprès du pli le plus net et le mieux mar- qué de la région parisienne, on trouve une exception à la règle générale. D’après ce que j'ai dit plus haut, il y a une explication qui s'offre naturellement à l’esprit : le pays de Bray serait un dôme de soulèvement, comme le Weald, auquel il ressemble si étroite- ment et auquel il a tant de fois été comparé. Des raisons très sérieu- ses me paraissent pouvoir être invoquées en faveur de cette idée. La première d’abord et la plus immédiate est la forme des cour- bes de niveau (surface topographique dressée depuis longtemps par M. de Lapparent). On peut ajouter les remarques suivantes. Les plis déterminés au Sud de Trouville par la carte géologique du fond de la mer infra-crétacée (1) se dirigent tous vers l'Ouest, c’est-à-dire à peu près parallèlement à la faille de Blangy et de Cormeilles. Il devient donc très vraisemblable que cette faille est la continuation de celle qui jalonne le cours de la Seine entre Vernon et Louviers, et que, comme céla est reconnu pour cette dernière, elle suit la direction d’un pli anticlinal; l’axe de Meudon et de Beynes irait ainsi aboutir vers Bénerville. Si maintenant l’on observe le réseau complexe des failles entre Rouen, Pavilly, Lillebonne et Fécamp, on voit que ce réseau polygo- nal entoure une partie surélevée. Il n’y à ni là, ni dans le prolon- sement d'aucune d’elles, de pli assez accusé pour qu’on puisse y voir des failles de plissement; leurs seules analogies possibles sont donc avec les failles que j'ai décrites dans le Boulonnais, c’est-à-dire avec les failles périphériques déterminées autour de l’extrémité (1) La carte donnée dans ce travail (fig. 4) ne s'étend pas assez loin au Nord pour montrer ce résultat; on la vérifiera facilement en joignant sur la Carte géologique détaillée (feuille de Lisieux), d'après la méthode indiquée, les points où le Crétacé repose sur la limite de deux étages (Oxfordien et Corallien, Corallien et Astartien). 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 164 d’un dôme. La faille qui longe l’Ouest du Bray, quoique présentant les caractères d’un pli-faille, pourrait être rapportée au mème NU e Île de a Fig. 11. — Bassin de Paris. Axes des ondulations tertiaires. réseau: sa correspondance probable avec celle de Rouen a depuis longtemps été indiquée par M. de Lapparent (1). Le réseau (1) B. S. G. F. 2° sér., t. XXIX, p. 236. NX 1 162 M. BERTRAND. — CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT # Nov. périphérique, dont d’ailleurs la continuité n’a rien de MÉRRE se complèterait sous la Manche. Enfin, j'ai déjà dit qu’au Sud du pays de ne de Survilliers, le Calcaire grossier reposait en discordance sur les tranches des Sables de Cuise. Il y a là l’indice d’un mouvement bien brusque par rapport à l’idée qu’on peut se faire sur l’histoire ordinaire de la formation des plis. Les soulèvements en dôme, sans être pour cela instantanés, semblent toujours, comme je l’ai fait remarquer plus haut, correspondre à des mouvements plus rapides. La discor- dance signalée, unique dans le bassin de Paris, correspondrait aussi à un fait qui y serait également exceptionnel pendant la durée des temps tertiaires. Ce n’est pas là sans doute une preuve définitive, mais c’est un argument qui, s’ajoutant aux autres, contribue à me faire regarder la solution comme la plus satisfaisante. L’abaisse- ment subséquent qui aurait permis à la dénudation marine, admise pour le Weald, de s'exercer semblablement sur le Bray, doit s'être étendu à une région beaucoup plus vaste; car il n’a altéré ni la forme ni la saillie relative du dôme; si cette dénudation par retour de la mer a réellement eu lieu, il est impossible, faute de docu- ments, d'en fixer l’âge (1). Ce n’est d’ailleurs pas ici le lieu de débattre ces nouvelles ques- tions. Ce que je voulais montrer dans cette note, c’est comment l’histoire des mouvements du sol dans le bassin de Paris se déduit de deux lois très simples, que je crois applicables à toute la géolo- gie : formation progressive des plis à des places invariables (sauf la subdivision possible d’un même pli par des plis secondaires), et superposition à ce phénomène d’oscillations séculaires de segments elliptiques, dont la position est au contraire variable. Peut-être ces mouvements ne sont-ils pas les seuls, et de nouvelles discussions ou de nouvelles observations pourront nous montrer dans l’avenir des exceptions, apparentes ou réelles, qui seront à discuter. Je ne crois pas qu’elles soient jamais de nature à infirmer des conclu- sions fondées sur tant de faits indépendants et concordants; en tout cas, ce qu'on peut affirmer, c’est que ces règles simples expli- quent, pour nos régions, tous les faits connus. Je m’arrêterais ici et ne sortirais pas du cadre que je m'étais (1) On pourrait du moins, en revenant à l'ancienne opinion de M. de Lapparent, fixer la fin de la période d’élévation à la fin du Calcaire grossier; mais comme le montre la divergence de l'observation avec celle de Survilliers, il n’est pas certain que la période d'élévation se soit arrêtée en même temps pour tout Fensemble du dôme. 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 163 d’abord tracé, si je n’avais pas, dans une note antérieure (1), annoncé quelques résultats plus généraux, auxquels je ne voudrais pas sembler avoir renoncé. J’ai dit dans cette note que, si l’on ne pou- vait espérer établir qu'après une longue et sérieuse discussion le réseau des courbes suivant lesquelles se poursuit la déformation de l'écorce terrestre, on pouvait du moins, d’après un tracé provi- soire, arriver à la conviction qu'il doit se continuer tout autour du globe, formé partout par un double système de courbes orthogo- nales; je considérais les chaînes de montagnes comme épousant alternativement les courbes de l’un et de l’autre système et enfin j'indiquais que les points vers lesquels les courbes méridiennes paraissent converger ne semblent pas coïncider avec les pôles actuels, mais seraient plus voisins des pôles magnétiques. Je n’ai encore eu qu'un temps très insuffisant à consacrer à ces nouvelles recherches, et d’ailleurs, comme je l’ai expliqué, elles ne peuvent pas aboutir à des résultats certains, tant que les profondeurs des mers ne seront pas connues avec plus de précision. Il faudrait d’abord, dans toutes les régions dont la géologie est bien connue, chercher à multiplier les points de repère, les sommets du réseau, comme je viens d’essayer de le faire pour le bassin de Paris; il fau- drait ensuite, à l’aide des cartes marines, prolonger dans les mers côtières les courbes amorcées, et c’est alors seulement qu’on pour- rait, avec les points de départ et d'arrivée bien établis sur les côtes, s’aventurer, sans trop de crainte de s’y égarer, sur les grands océans; et encore, même si les profondeurs étaient partout déterminées exactement, y aurait-il à tenir compte des changements qu'appor- tent dans leur distribution les phénomènes volcaniques. Je ne doute pas pour ma part que ces phénomènes volcaniques ne soient en relation avec les déformations de l'écorce ; mais en tout cas on ignore absolument si c’est suivant une loi déterminée, et encore plus quelle est cette loi. Il ne serait même pas impossible que les éruptions eussent pour résultat de produire des saillies, au moins temporaires, sur la place des synclinaux, et la plupart des saillies océaniques sont précisément dues à des soulèvements volcaniques. Il ne faut donc pas se dissimuler que les causes d’erreurs abondent et que le problème, en tout cas, est de ceux qui ne peuvent se résoudre que par tâtonnements et par approximations successives. Le tracé provisoire auquel je suis arrivé et que j’ai montré à la Société, ne pouvait être qu’une ébauche; je me bornerai, au sujet de cette ébauche, à quelques courtes remarques. (1) C.R. Ac. Sc., Mai 1892. 464 M. BERTRAND.— CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE DE PLISSEMENT 25 Nov. La continuité des grandes chaînes récentes, telle qu’elle a été établie par M. Suess, restera toujours, malgré l'existence probable de quelques traits déviés suivant les méridiens, le point de départ de tout essai de ce genre; c’est comme un cadre bien défini, auquel devra s'adapter le dessin plus détaillé des lignes de déformation. Ces premières lignes fondamentales mettent bien en évidence l'importance des ondulations ou renflements locaux (nœuds et ventres), déjà constatés en petit autour du bassin de Paris. De plus, la notion que j'ai développée, de la permanence des lignes de plissement, permet de comparer et de raccorder des soulèvements d'âge différent ; c’est ainsi que le raccordement des Appalaches avec l’Est des Montagnes Rocheuses m'a paru s'imposer, au moins avec une grande vraisemblance, amorçant un parallèle qui irait se fermer du côté du Groenland. Les Andes, au contraire, sauf la branche septentrionale du Venezuéla, feraient partie du réseau méridien, ainsi que l’Oural et que la chaîne côtière de l'Australie. Avec ces points de départ, on peut commencer l'étude des profondeurs des Océans. Les chaînes d’iles du Pacifique, depuis longtemps signalées par Dana, fournissent des points de repère précieux. Quelques lignes méridiennes sont assez bien indiquées dans l'Océan indien ; mais dans l’Atlantique, malgré la présence du Rücken bien connu, divisé en deux branches rectangulaires, l'interprétation demeure problématique. Certains traits, d’ailleurs, sont faits pour surprendre, et même pour inspirer quelque mé- fiance ; ainsi la dépression transversale méditerranéenne, le fameux petit cercle de Lowthian Gren, incliné à 23° sur l’axe des pôles, perdrait son caractère d’homogénéité : l’isthme de Panama ne correspondrait pas à la Méditerranée. Par contre, c’est avec une véritable satisfaction que j'ai vu les courbes méridiennes converger successivement vers un point situé au-dessus de l’île Patrick, où leur place est géographiquement marquée par une série de canaux (ou dépressions) rayonnants. Ce point aurait été dans l’origine et serait encore, en faisant abstraction des déformations, le sommet de l’ellipsoïde primitif; c'est autour de lui qu’oscillerait la posi- tion du pôle magnétique. Ce n’est là, je tiens à le répéter, qu'un enchaînement d’hypo- thèses et non une énumération de résultats acquis; si je rappelle sommairement ces hypothèses à côté du travail plus précis dont le bassin de Paris a été l’objet, c’est pour indiquer la voie où de nou- velles recherches peuvent s'ouvrir avec chances de succès. Les plissements dans les bassins de Paris et de Londres se sont toujours sétacdiet. sc + 1892 DANS LE BASSIN DE PARIS 165 reproduits aux mêmes places; tel est le résultat précis que j'ai voulu mettre en lumière. Les exemples sur lesquels est fondée la vérification sont trop nombreux pour qu’il y ait là une coïncidence fortuite, et pour que la règle locale ne soit pas une règle générale ; telle est à mes yeux la conséquence qui s’impose avec évidence. Si cette conséquence est fondée, il existe à la surface de la terre un réseau de lignes, dont la place est fixée depuis l’origine des temps géologiques, et suivant lesquelles se poursuit la déformation de l’écorce. La détermination de ces lignes peut se faire sur les conti- nents d’après l’examen des données géologiques; elle peut se pour- suivre dans les Océans d’après l’examen des profondeurs, et cette détermination devient le problème capital de cette partie de la géologie, qui s'occupe de la déformation de l’écorce terrestre. 166 25 Nov. 1892 SUR LA CLASSIFICATION DES TERRAINS MIOCÈNES DE L'ALGÉRIE ET RÉPONSE AUX CRITIQUES DE M. PERON, par A. POMEL. MM. Cotteau, Peron et Gauthier viennent de publier le dixième fascicule des Echinides fossiles de l’Algérie. J'y suis assez malmené et très souvent critiqué sur les travaux de stratigraphie et de paléontologie que j'ai publiés sur l’Algérie. Je pense que M. Cotteau y est à peu près étranger et je ne saurais le mettre en cause. Pour les questions zoologiques, je ne crois pas être contredit en en attri- buant la rédaction à M. Gauthier, avec lequel je ne suis point d'accord au point de vue de la taxonomie. Je crois que, dans une classification naturelle, on doit tenir compte de tous les degrés d'organisation qui peuvent se présenter dans une série d'êtres organisés. M. Gauthier paraît n’admettre que des genres et des espèces el ne pas comprendre qu’on a besoin de noms pour désigner les types dont on parle : sous-genres, sections, sous-sections, et il m'a maintes fois reproché de créer des genres insuffisamment caractérisés, comme si toutes les coupes taxonomiques devaient et pouvaient ètre de même poids. Sur ces questions, toute discussion serait impuissante à nous mettre d'accord ; et je ne l’essayerai pas. Je ne crois pas qu’en ces questions mon autorité soit inférieure à la sienne. La partie stratigraphique a pour auteur réel M. Peron, qui com- mence par me faire beaucoup trop d'honneur en m'attribuant celui d’avoir débrouillé le chaos des formations tertiaires moyennes et supérieures de l’Algérie et d’avoir su y distinguer les assises suçces- sives qui les composent. Mais il diminue le mérite primitivement reconnu quand il traite des questions de synonymie. Je dois donc reprendre cette question et faire remarquer que je puis être surpris qu'avant de traiter à fond un pareil sujet, M. Peron ne se soit pas entouré de tous les documents utiles à cette discussion, surtout lorsqu'on remarque que c’est dans un recueil comme celui des Comptes-rendus de l’Académie des Sciences qu'il aurait dû les chercher. Mais cela remontait déjà bien loin. C’est depuis l'automne de 1851 que je me suis livré aux études qui m'ont permis, non seulement de mettre un certain ordre dans | A. POMEL. — CLASSIFICATION DES TERRAINS MIOCÈNES DE L'ALGÉRIE 167 la classification des formations miocènes et pliocènes, mais encore d'améliorer très notablement celle de plusieurs autres parties de la série géologique de l'Algérie. Or, dès le début, j'ai été en quelque sorte obligé par la force des choses, étant privé de tout document bibliographique et poussé du reste dans cette voie par l’ensei- gnement d'un maître vénéré, à me restreindre à la stratigraphie orographique. Je ne le regrette nullement, car c'est à cela que j'ai dû les résultats les plus prompts et les plus certains, bien faits pour m'’inspirer la plus entière confiance en ces principes. J’y suis arrivé uniquement par la reconstitution des reliefs successifs et celle des anciens bassins de dépôt. Voici les documents relatifs aux questions de priorité : Le nom de terrain cartennien (de Kar Tennæ-Ténès) se trouve pour la première fois dans une lettre adressée à Elie de Beaumont, communiquée par lui à l'Académie des sciences et insérée dans les Comptes rendus du 20 septembre 1858, page 480, dont voici la reproduction : SUR L'AGE GÉOLOGIQUE DU VERCORS « ...... Mes observations en Algérie fixent cet âge dans la période miocène, entre deux terrains restés jusqu’à ce jour confondus dans l'étage des faluns et des molasses en raison de leurs fossiles. » « L'un de ces terrains se compose de poudingues et de grès cal- carifères, passant de l’un à l’autre, supportant des marnes plus ou moins gréseuses, brunes, à délitescence conchoïde. On trouve dans les couches inférieures Turritella turris, Pecten latissimus, Ostrea crassissima, Clypeaster marginatus. Les poudingues sont portés sur la crête d’un chaînon hien caractérisé du Vercors. Le type bien déterminé du terrain se montre aux environs immédiats de Miliana et de Ténès. » « L'autre terrain repose indifféremment sur les couches créta- cées, sur les marnes ou seulement sur les poudingues du précédent. Le Gontas, à l’est de Miliana, fournit le type le mieux caractérisé de ce terrain. Il y est en stratification complètement transgressive avec le précédent. Notre terrain inférieur, que je nomme Car- tennien, s’est certainement déposé après la formation des montagnes du système du Tatra; mais ile est antérieur à l’étage des molasses marines. Peut-être reconnaîtra-t-on des représentants du terrain cartennien parmi les dépôts horizontaux et si discontinus, rangés en Europe dans le terrain falunien (Gironde?) ». , C’est également dans une lettre subséquente adressée à Elie de 168 À. POMEL. — CLASSIFICATION DES TERRAINS MIOCÈNES DE L'ALGÉRIE Beaumont, communiquée par lui, à l'Académie des Sciences et insérée aux Comptes-rendus du 29 Novembre 1858, page 853, que j'ai employé le nom de terrain sahélien, tiré de Sahel (ceinture, rivage) qui s'applique en Berbérie à bien d’autres lieux qu’à Alger, en voici la reproduction : NOTE SUR LE SYSTÈME DE MONTAGNES DU MERMOUCHA ET SUR LE TERRAIN SAHÉLIEN. « .. Les argiles et les grès, qui forment le couronnement de ce terrain (Molasses marines) sont presque portés au faîte de la mon- tagne bien connue de Monzaïa. Les terrains dont le dépôt a suivi cette révolution, ne forment plus que des collines peu élevées ; ils se composent de marnes argileuses et de quelques grès et molas- ses, dont les fossiles assez nombreux existent pour le plus grand nombre dans les couches de la Superga et les autres dans les marnes subapennines. Ces terrains se sont déposés au pied d’une ride du système du Mermoucha, qui a fortement redressé notre terrain cartennien. La détermination de ces terrains doit donc fixer l’époque de la formation de rotre système de montagnes qui lui est immé- diatement antérieur. ; » Malheureusement on est loin d’être d’accord à cet égard. Tandis que les uns le font miocène, d’autres l’identifient aux marnes suba- pennines et les caractères paléontologiques connus ne donnent pas entièrement raison aux premiers, quoique dans cette hypothèse on puisse le comparer aux dépôts du Tortonese, qui offrent une asso- ciation de fossiles des deux faunes. Mais je remarque que la partie inférieure et marneuse du dépôt, dont les fossiles nombreux sont ceux de la Superga, est la plus puissante et se distingue nettement, tandis que les poudingues et molasses qui forment la partie la plus supérieure ne renferment que des espèces semblables à celles du vrai Pliocène. » Ces deux terrains ont éprouvé ensemble l’action peu énergique d’un soulèvement moderne, celui des Grandes-Alpes, qui masque un peu leur faible discordance. Cependant, cette discordance est évidente aux environs d'Oran, où les couches inférieures ont subi des inflexions suivant une directionwparallèle au système des Alpes occidentales, sans que les couches supérieures y aient participé. Nous pouvons en conclure que la partie supérieure de ce terrain représente bien l’âge pliocène. De là il découle que la formation immédiatement postérieure au Mermoucha ne se rapporte ni aux A. POMEL. — CLASSIFICATION DES TERRAINS MIOCÈNES DE L'ALGÉRIE 169 molasses marines, ni au terrain pliocène et qu'elle constitue un terrain nouveau, que je nomme Sahélien, de la région où il est le mieux caractérisé. Ce terrain, dernier terme de la série miocène, se confine sur le rivage de la mer ». On pourrait encore trouver dans le même volume des Comptes- rendus de l’Académie des Sciences, à la page 949, une autre note ayant pour titre: Nouvelles remarques sur les subdivisions des terrains miocènes, dans laquelle d’autres arguments viennent appuyer ma thèse. Il résulte de ce qui précède que, dès l’année 1858, j'avais fait connaître trois unités stratigraphiques parfaitement indépendantes les unes des autres dans la série miocène, dite falunienne, ayant chacune leur bassin de dépôt particulier souvent transgressif. Une seule de ces unités me paraissait alors sûrement assimi- lable à l’un des horizons établis en Europe, celui de l’Ostrea crassissima typique et c’est pour cela que je lui ai assigné le nom d’Helvétien, avant, je dois l'avouer, de savoir qu'il avait été déjà donné au même horizon. Ayant uniquement établi ma classification sur des caractères stratigraphiques, J'étais assez embarrassé d'établir des concordances avec les classifications établies en Europe et pour lesquelles des documents comparables me faisaient défaut. Dans les comparaisons que j'ai pu faire, je n’ai eu d’autre intention que d’indiquer des analogies possibles, mais point du tout des identités, sachant combien il faut se défier des listes ou catalogues de fossiles dont les déterminations sont trop souvent systématiques, lorsqu'elles ne sont pas erronées. J'ai dû faire dans cette voie, et j'ai en effet plusieurs fois fait fausse route, en raison surtout de l’imperfection de mes éléments de comparaison. Mais ces erreurs n’ont modifié en rien le classement que j'ai établi. Jai pu aussi dans des explorations rapides, trompé par des faciès analogues, faire des attributions erronées de gise- ments à certaines parties de la série; mais ce sont des erreurs que je m'attache tous les jours à rectifier et dont seuls sont exempts les travailleurs qui ne sont pas astreints à exprimer une opinion par des tracés graphiques plus ou moins provisoires. Toutefois ces erreurs ne peuvent en aucune manière infirmer la classification que j'ai proposée, qui, s’améliorant tous les jours au point de vue des détails, se trouve déjà appliquée à une vaste étendue de pays, et y trouve une confirmation dont je puis être fier. Je ne pense pas que l’on puisse contester maintenant la légiti- mité de ma réclamation de priorité pour le nom de Cartennien. Le 170 A. POMEL. — CLASSIFICATION DES TERRAINS MIOCÈNES DE L'ALGÉRIE Turritella turris est un des fossiles caractéristiques, qui était déjà connu, mais je conviens que les trois autres fossiles cités dans ma note pouvaient bien ne pas aider à la détermination de l'horizon paléontologique. Le Pecten latissimus n’est peut-être pas étranger à ce terrain; mais il remonte jusqu’au Pliocène. L’Ostrea crassissimua n'est pas l’espèce typique, mais une espèce ou variété particulière, que j'ai signalée dans des publications ultérieures. Enfin, le Cly- peaster marginatus est certainement le résultat d’une erreur de détermination du C. confusus, que j'avais tirée des listes publiées par Ville. Mais, je le répète ici, la création de ce type de terrain reposait uniquement sur les caractères stratigraphiques, dont seuls je pouvais répondre. La question de Sahélien n’est pas aussi simple à traiter. Mes droits de priorité priment certainement ceux de Pareto, mais non ceux de M. Mayer, qui, alors, m'étaient inconnus, en tant qu’assi- milation de ce terrain au Tortonien. Mais si l’on doit accepter l'identification du type algérien au Messinien de M. Mayer ou Zancléen de Seguenza, proposée par M. Peron, il n’en est plus de même, et le nom de Sahélien prime ces deux derniers. C’est un peu en raison de ces incertitudes que je n’ai pu me décider à abandonner DEP PES Z d 2e) 4 33 XE . Plateau: &'Cran Ravian clans Î L 7 AA pi à innou el Fix LL, q Quaternaire ancien (Elephas atlanticus ?). a Couche à Potamides Basteroti dans une érosion du Pliocène (1). p Pliocène inférieur (grès coquilliers à la base, sable au haut). S Sahélien : partie marneuse supérieure passant aux calcaires vers l’O. S1 Sahélien : calcaire et schistes marneux (craie d’Ehrenberg). S2 Sahélien : grès micacé à débris de trachytophyre. S3 Sakélien : marnes grumeleuses et bréchoïdes très fossilifères, Bryozoaires, etc. ce Cartennien : couches de poudingues redressées. t Schistes et calschistes phylladiformes, préjurassiques ? le nom que j'ai proposé. En effet, il définit nettement l’unité strati- graphique à laquelle il est appliqué. Sa formation est immédiate- ment postérieure aux plissements du système des Baléares (olim Mermoucha), qui a mis fin à la formation helvétienne et elle est antérieure aux ridements du système des Alpes occidentales, qui (1) La lettre a, oubliée dans la coupe, doit être placée dans l'érosion du Pliocène. A. POMEL. — CLASSIFICATION DES TERRAINS MIOCÈNES DE L'ALGÉRIE 171 est en général considéré comme ayant clos la série des formations miocènes. Il suffira de jeter les yeux sur le diagramme ci-joint figu- rant les relations du Sahélien avec le Pliocène inférieur, pour apprécier l'importance des discordances qui en résultent entre ces deux terrains et qui ne permettent pas de les réunir dans une même série. Ce profil, présentant plus de 12 kilomètres de développement, a dû être sectionné pour la justification de l’impression; prolongé à l'Est, il figurerait le Pliocène développé sur une étendue semblable à flanc de montagne en forme d’étroite corniche vers les Djebel Khar et Krichtel, et en s’élevant de plus en plus. Du côté de l'Ouest, il s'étend en une corniche semblable au dessus des bains de la Reine. Dans ces deux parties, il s’est affranchi des formations miocènes qu’il recouvre depuis la forêt de Pins jusqu’au cap Cañastel. La manière dont ce Pliocène bute contre les couches sahéliennes redressées suivant la direction des Alpes occidentales indique bien que le Djebel Santo servait de limite à cette partie de son bassin de dépôt. J’ai indiqué en ” a” la position stratigraphique du dépôt à Potamides Basteroti et à Hipparion du puits Karoubi; n’affleurant nulle part, ses limites sont inconnues; mais on sait que l’érosion à travers le grès pliocène, qui lui sert de bassin, a pénétré jusque dans le terrain sahélien. Le classement de ce dernier terrain dans la série miocène ne me paraît pas être contredit par la présence dans ses couches de fossiles tels que Cardita Jouanneti, Ancillaria glandiformis. Je suis donc encore autorisé à croire que quel que soit le sort réservé au Sahélien au point de vue de sa parenté avec le Tortonien, il sera difficile de le faire sortir de l’accolade des terrains miocènes. Or, il ne parait pas en être de même pour le Messinien, si tant est qu’il ne puisse pas être distrait de la série pliocène; cet argument plaide peu en faveur de la similitude. On argue de la faune des poissons d'Oran, qui serait identique à celle de Licata, beaucoup moins qu’on le dit du reste. Mais ce gisement de Licata est certainement au-dessous des couches pliocènes à congéries et il ne me paraît pas du tout démontré qu’il doive suivre le sort de ce dernier terrain. En tout cas, je ne trouve parmi mes polypiers sahéliens aucung des formes décrites par Seguenza comme propres au Zancléen. J’y trouve au contraire des espèces tortoniennes : Ceratotrochus multispina. A la vérité, M. Peron cite comme trouvé dans le Sahélien d'Oran le Terebratula ampulla qui n’y existe pas ; l’espèce qu'on y trouve possède de gros plis qui l’en difiérencient, et qui dans le type 172 À. POMEL. — CLASSIFICATION DES TERRAINS MIOCÈNES DE L'ALGÉRIE pliocène sont toujours obsolètes. La citation de congéries ne m'étonne pas moins; car l’ensemble de la faune y est par trop foncièrement marine pour qu’une espèce de ce type s'y trouve autrement que très accidentellement. C’est un argument qui ne tient pas. En définitive, le Sahélien ne peut donc disparaître de la nomen- clature, s’il est vrai qu’il ne soit que l’équivalent du Messinien ou Zancléen, puisque ces derniers sont ses cadets de beaucoup. Il ne me parait pas non plus destiné à être abandonné pour la dénomina- tion de Tortonien, tant qu’il ne sera pas démontré que l’unité strati- graphique qu'il désigne n’est pas en discordance avec les entités paléontologiques qu’on lui compare, et qu’au contraire, la concor- dance est complète, ce qu’en l’état, je ne puis pas admettre. Je reconnais que, préoccupé des différences lithologiques que présente le Sahélien de la vallée de Chellif et d'Oran, où j'avais d’abord pris mon type stratigraphique, et entraîné peut-être par l'exemple de Pareto, j'ai eu le tort d'attribuer au Sahélien les couches pliocènes inférieures à Terebratula ampulla du Sahel d'Alger, qui ne sont pas toujours faciles à première vue à distinguer des marnes sahéliennes qu’elles recouvrent. Cette confusion se trouve dans ma description du massif de Miliana et dans mon Sahara, publications qui se sont suivies de près et à une époque où Je n’avais encore pu étudier que superficiellement la contrée. Dès 1881, après une étude plus détaillée, j'avais pu rectifier cette attribution erronée et revenir simplement à la classification de 1858. De même, j'avais pu constater que les grès à Clypéastres d’El Biar n'étaient pas les représentants des grès sahéliens du pays du Gamra, mais bien le Cartennien réduit à des lambeaux épars. La carte provisoire que M. Pouyanne et moi avons présentée au Congrès de l'association pour l'avancement des sciences tenu à Alger en témoigne, ainsi que le texte explicatif qui, suivant l’habi- tude de librairie, porte la date 1882. De pareilles erreurs ou confu- sions n’infirment pas les constatations taxonomiques. Elles sont inévitables et paraïîtront surtout excusables, quand on réfléchira à la somme de travail complexe que nécessite l’exécution d’un pro- gramme de l’étendue et de l’importance de celui qui nous incombe dans une région si vaste et si dépourvue de documents graphiques que l’est l’Algérie, et si pauvre en ressources matérielles à l’usage des explorateurs. Au surplus M. Peron, qui me critique, a parcouru et étudié des régions de l'Algérie où se trouvent très bien représentés les divers terrains dont il est question dans cette note. Il en a même figuré no dd A. POMEL. — CLASSIFICATION DES TERRAINS MIOCÈNES DE L'ALGÉRIE 173 des coupes et aucune d’elles ne témoigne qu'il se soit rendu compte des relations stratigraphiques de ces formations. Depuis lors, que je sache, il n’a point fait d'apparition en Algérie pour lui permettre de rectifier ses idées par des observations directes. Il ne lui est resté probablement d’explorations déjà anciennes que des souvenirs, entachés de confusions, et cependant il n’hésite pas à se porter en réformateur sur des questions et sur des faits qui lui étaient restés incompris. Je n’ignore pas qu'il a eu des collaborateurs tout disposés à aller sur place lui recueillir des documents pour servir de base à sa controverse. Ceux qui lui ont été fournis manquent de l’autorité nécessaire à un pareil débat et ne constituent souvent que des asser- tions sans valeur. J’ai déjà eu occasion, à propos de la Tunisie et pour me défendre contre l'esprit de parti de l’un d’eux, de faire ressortir son peu d'autorité en stratigraphie. J'aurai sans doute bientôt l’oc- casion de discuter la compétence d’un second adversaire et peut- être à expliquer les raisons de cette hostilité. Je prie que l’on m'excuse de m'être laissé entraîner à une polémique désagréable ; mais j'ai cru devoir me défendre contre des imputations qui, si elles étaient justifiées, autoriseraient à me taxer d’une légèreté contraire à mon caractère; ce contre quoi je dois énergiquement protester. Je n’ai rien à ajouter ici, à propos des objections contre mon classement des terrains pliocènes et quaternaires, à ce que j’en ai dit dans ma dernière note sur la Tunisie, ou dans ma Description stratigraphique générale de l'Algérie. Je n’essayerai pas de répondre aux détails descriptifs donnés par l’auteur, souvent d’après des documents d'emprunt erronés ou mal compris ; cela m'entrainerait trop loin et je laisse aux observateurs futurs le soin des rectifica- tions qui ne ressortiront pas de mes travaux ultérieurs ou de ceux de mes collaborateurs. Je ne saurais passer sous silence une note à propos de l’exposé de M. Peron communiquée par M. Depéret à la Société sur la compar- raison des formations néogènes algériennes avec celles du S.-E. de la France et des contrées méditerranéennes les plus voisines. Je ne contesterai pas la grande autorité ni les profondes connaissances de M. Depéret sur la géologie des contrées de l’Europe dont il parle; mais il me parait que ces considérations générales auraient besoin de reposer sur une connaissance plus pratique de la géologie algé- rienne que celle que l’on peut acquérir uniquement par les livres et non sur des bases aussi fragiles et aussi contestables que celles de 174 A. POMEL. — CLASSIFICATION DES TERRAINS MIOCÈNES DE L'ALGÉRIE l'ouvrage en question; elles perdent par conséquent la majeure partie de leur importance et il serait sans intérêt de les réfuter dans ce qu’elles ont d’hypotnétique. Les tendances aux généralisations de système sont une des mala- dies de beaucoup de géologues, et moi-même je n’y ai point échappé et en ai pu apprécier les inconvénients. Il est cependant utile d'y trouver une occasion de synthèse, quand on peut s’appuyer sur des faits certains et bien établis. Mais dans le cas que je discute, il faut que les documents mis en œuvre aient été bien insuffisants ou bien inexactement interprétés pour avoir donné lieu à des appréciations au moins très discutables sur la répartition géographique des diverses formations et sur leurs relations stratigraphiques, sur le plateau numidien par exemple. J’explore l'Algérie depuis plus de. quarante années; je l’ai au moins parcourue en géologue dans toutes ses parties, et j'ai l’étonnement de découvrir dans son exposé des faits que je n’ai su ni voir ni apprécier, mais que l’auteur a sans doute pu découvrir de son cabinet, puisqu'il n’a jamais visité le pays. Qu'il me permette de lui donner le conseil de traverser la Méditerranée, autant pour rectifier d’après des observations directes ses appréciations, que pour nous éclairer de sa science. Je crois devoir déclarer, en terminant cette discussion, et à propos des limites entre le Miocène et le Pliocène, qu’en taxonomie je n'accorde quelque importance, et même toute importance, qu’à. l’unité stratigraphique, qui, seule, en réalité, peut être déterminée avec quelque précision. Les groupements de ces unités en séries sont absolument systématiques et ne répondent le plus souvent qu’à des abstractions de l'esprit en rapport avec des tendances à la syn- thèse. Je me garderai de les condamner, parce qu'elles rendent réel- lement des services. Mais je peux déclarer que ces unités d’accolade n’ont d'existence réelle que sur les tableaux que nous en dressons dans nos livres et que l’usage n’en est pas sans inconvénient, lorsque l’on à à considérer les unités stratigraphiques qui confinent aux limites de ces groupes. Je n’en citerai qu’un exemple : Pour M. Depéret, le terrain à Elephas meridionalis de Saint-Prest et autres lieux d'Europe doit être considéré comme du Pliocène supé- rieur ; pour M. Mayer-Eymar, dont M. Depéret déclare accepter les vues, c'est du Pléistocène associé en groupe avec un terrain incon- testablement quaternaire. Cette expression de Pliocène supérieur ne peut donc conduire qu’à la confusion, et du reste, elle ne m'a jamais paru justifiée par le degré d'évolution de la faune qui lui est particulière. | Ê 7 3 4 re PIS ALT 175 CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU TERRAIN TERTIAIRE D’ALSACE /Suile). KLEINKEMBS ET LE LAC SUNDGOVIEN, par MM. Mathieu MIEG, & BLEICHER et FLICHE,. BIBLIOGRAPHIE J. Delbos et J. Koechlin-Schlumberger : Descrip. géol. et min. du Haut-Rhin, tome II. — J. Delbos : L'Alsace pendant la période tertiaire, Revue des cours scientifiques, 5 mars 1870. — P. Fliche : Les Flores tertiaires des environs de Mulhouse, note présentée à la Soc. industrielle de Mulhouse dans sa séance du 31 mars 1886. — D: Fürster : Die Gliederung des Sundgauer Tertiärs, Mittheilungen der Commission für die geol. Landes-Unters. von Elsass-Lothringen, Band I, Heft III, 1888. — Dr Fôrster : Die Insekten des Plattigen Steinmergels von Brunstatt, Abh. z. geol. Specialk. v. Els-Lothr. Band IIT, Heîft V, 1891. — D' Fôrster : Die oligocanen Ablag. b. Mülhausen i. E., Mitth. d. Comim. für die geol. Landes-Unters. v. E.-L. Band I, Heîft I. — Daubrée: Poissons fossiles dans le tertiaire moyen de Mulhouse, Mémoires de la Soc. du Musée d’hist. naturelle de Strasbourg, Tome V, liv. 1, 1858. — Mathieu Mieg, G. Bleicher et Fliche : Contribution à l’étude du terrain tertiaire d'Alsace et des environs de Mulhouse, Bull. Soc. Géol. Fr., 8 série, t. XVIII, p. 392. — Ch. 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BLEICHER ET FLICHE 25 Nov. der Vorwelt. — Paul Fischer : Manuel de conchyliologie et de paléontologie conchyliologique. — F. Fontannes : Description som- maire de la faune malacologique des formations saumâtres et d’eau douce du groupe d’Aix, dans le Bas-Languedoc, la Provence et le Dauphiné, 188%, gr. in-8° avec 7 planch.et un tableau synoptique.— F. KE. Edwards : A. Monograph of the eocene mollusca or Descr. of shells from the older tertiaries of England, Part IL, Paleontogra- phical Society, 1852. — J.-B. Greppin : Jura bernois et dist. adj. Mat. p. la carte géol. de la Suisse, 1870, p. 159-161. INTRODUCTION Dans une première publication, nous avons donné la description stratigraphique et paléontologique de la série des dépôts oligocènes du bassin tertiaire sundgovien (1), accompagnée d’une étude sur la Melania Lauræ Math. et ses principales variations. La proximité des collines du Sundgau de celles du Grand-Duché de Bade, et la présence dans ces dernières de couches à fossiles d’eau douce, nous a engagés à poursuivre nos recherches de l’autre côté du Rhin, afin de pouvoir comparer entre eux ces dépôts voisins, et tracer les limites du lac sundgovien-badois. Nous commencerons par une description détaillée des importants dépôts de Kleinkembs suivie de celle du petit bassin gypseux de Bamlach; puis nous étudierons, dans le Sundgau, l’affleurement d’Altkirch et le curieux gisement de travertin que nous avons découvert à Roppentzwiller, et nous terminerons par des considé- rations générales sur le mode de formation du lac sundgovien- badois. KLEINKEMBS Kleinkembs, petit village situé sur la rive badoise du Rhin, en face de Kembs, de Sierentz et des collines du Sundgau, est abrité par une série de collines tertiaires qui s'étendent vers le N. parallèlement au Rhin vers Rheinweïler, et au-delà jusque vers Mülheim. Des recherches consciencieuses et maintes fois répé- tées depuis deux ans aux environs de Kleinkembs nous ont permis d'étudier avec soin ces dépôts si intéressants et si variés. (1) Contribution à l'étude du terrain tertiaire d'Alsace et des environs de Mul- house, par Mathieu Mieg, G. Bleicher et Fliche; B. S.G.F., % série, T. XVIII, p. 392. +, RE te et PE ire = 1892 TERRAIN TERTIAIRE D'ALSACE 411 Les collines de Kleinkembs étant presque entièrement plantées de vignes ou recouvertes par la végétation, ce n’est que par l'étude des tranchées de chemin de fer, des affleurements divers et des nom- breuses petites carrières ouvertes de tous côtés, que l’on peut se faire une idée exacte de la succession des couches tertiaires de la région. Les observations nouvelles que nous avons pu faire complèteront ét rectifieront sur certains points celles déjà publiées par le D' Fôrster (1); les coupes partielles ainsi que la coupe générale de ce travail pourront être comparées à la coupe d'ensemble que le D: Fôrster a donnée déjà en 1888, et nous espérons pouvoir faire ainsi la lumière sur ces dépôts, dont l'étude et le classement ne manquent pas de difliculté. Les dépôts oligocènes de Kleinkembs s'appuient contre le massif de calcaire oxfordien d’Istein (2) qui s'enfonce en coin entre les formations tertiaires de Kleinkembs et d’Efdelringen ; ils semblent— comme ceux des environs de Mulhouse et du Sundgau — commencer par de puissantes couches de marne bleue, d'épaisseur inconnue, sur lesquelles repose le calcaire à Helania Lauræ. Ce dernier est absolument semblable, au point de vue paléontologique et minéra- logique, à celui de Brunstatt et du Sundgau ; il contient identique- ment la même faune de mollusques: Helania Lauræ Math. à laquelle s'appliquent les remarques déjà faites pour celle du Sundgau (5). Conservée avec le test, très-abondante dans les niveaux inférieurs et moyens, elle se retrouve encore, en petite quantité, soit à l’état rabougri, soit à l’état normal, dans les niveaux supérieurs marneux et gréseux où abonde la Limnea marqinata. On trouve à Kleinkembs les deux formes suivantes : 1° La forme normale, grande, ordinaire, conforme aux fig. 17-17, planche XVII de Sandberger, atteignant 14 à 17 tours de spire, allant dans son ornementation de la varice aux tubercules, aux épines rudimentaires sur le retour de la spire; apparentée comme (1) Die Gliederung des Sundgauers Tertiars v.eD" B. Fürster ; Müillh. der Com. für die geol. Land-Unters. v. E. L., Band 1], Heît. II, p. 137-140. Voy. aussi J. Greppin, ouv. cité p. 159-161. (2) On peut voir dans le petit ravin qui descend de Kleinkembs, au dessus du pont du chemin de fer, le calcaire à Melania Laurcæ, recouvert par la terre végétale plantée de vignes, venir buter contre les parois abruptes du calcaire oxfordien dans lesquelies ont été ouvertes autrefois des galeries de mines pour l'exploitation du fer en grains (älteres bohn-erz) d'âge éocène. (3) Voir : Cont. à l'étude du ter. tert. de l'Als. et des environs de Mulhouse, par MM. Mathieu Mieg, G. Bleicher et Fliche, p. 397-403. XX 12 178 M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE 4 Déc. forme ancestrale aux formes méridionales de la Helanoides albigensis et de toutes les variétés qui s’y rattachent, aux formes méridionales de la Melania Escheri var. aquitanica Noul. Cette catégorie comprend quelques formes naines. 20 Forme de Morvillars (Mel. Escheri var. Meriani) à tubercules saillants, réunis en côtes longitudinales plus ou moins arquées. Nous avons remarqué sur bon nombre d'exemplaires de la Melania Lauræ, qui atteint une taille maximum de 60m», une tendance à l’exagération des tubercules, comme M. Fabre l’a cons- taté pour les formes du bassin d’Alais. La forme à peine striée, ornée de stries transversales, apparentée avec Melania fasciata Sow. du calcaire siliceux de Lampertsloch, ne paraît pas exister à Kleinkembs. Megalostoma mumia et Auricula alsatica Mer., abondants dans les couches inférieures et moyennes. Melanopsis Mansiana Noul. Beaux échantillons avec le test, assez abondants dans les couches inférieures. Valvata circinata Mer. sp., assez rare dans les couches inférieures. Helix. Paraissent fort rares. Planorbes. Les formes qu’on peut y deviner sont : Planorbis patella Sand. (1) et PI. Chertieri Desh. Cette dernière espèce paraît plus assurée que la première. Linnées. D’assez petite taille, et assez peu fréquentes dans le calcaire inférieur à M. Lauræ, se rapportent à Limnea marginata Sand. Cette espèce devient très abondante et de grande taille dans les bancs calcaires associés à l’horizon marneux gréseux qui forme la partie supérieure du calcaire à M. Lauræ. Quelques exemplaires de Limnées de très petite taille paraissent devoir se rapporter aux formes désignées sous le nom de £. politus Mer., L.subpolitus And.(2) avec les réserves faites dans notre précédent travail. Cypris lisses et de forme étroite et allongée, se rencontrent dans les couches inférieures. Les ossements de Palæctherium medium, de Pal. magnum et de tortues, assez fréquents dans notre Sundgau, n’ont pas encore été rencontrés à Kleinkembs; ils sont en général rares dans l’Oligocène du grand-duché de Bade, où M. Schumacher cite une mâchoire inférieure de Pal. magnum Cuv. trouvée dans le grès calcaire de Pfaffenweiler (3). (1) Landund Süsswasser conchylien der Vorwelt, p. 324. (2) Ou. cité p. 79. Taf. III, fig. 9. (3) Geol. Führer der Umgebung von Freiburg von D' G, Steinmann und D' Fr. Græ&ff, Freiburg i B. 1890, p. 72. nn RTS LS 1892 TERRAIN TERTIAIRE D'ALSACE 179 Li Nulle part visible sur plus de quelques mètres d'épaisseur dans les quelques carrières situées le long de la voie du chemin de fer et dans les vignes au N. de Kleinkembs, le calcaire à Melania Lauræ (connu dans le pays sous le nom de Stinchstein, calcaire fétide) est assez variable au point de vue minéralogique. A la base, il est argileux-terreux, puis compact; il contient, avec des traces végétales charbonneuses, des sporanges de Chara, de minces couches de lignite, dont une de 20 à 30 centimètres d'épaisseur a été exploitée près du pont du chemin de fer, il y a un certain nombre d’années. Dur, compact et de couleur foncée dans les couches inférieures et moyennes, il est de couleur plus claire, presque blanche, dans les couches supérieures qui ‘deviennent argilo-calcaires ou passent à des grès plus ou moins bréchoïdes qui contiennent parfois (maison des vignes du Wolf et route de Blansingen) à côté de Mel. Lauræ de taille ordinaire, une faune de Mel. Lauræ de forme rabougrie comme celle de Kôtzingen. L’épaisseur du calcaire à Melania Lauræ paraît être de 20 à 30 mètres suivant les points; maximum à l'endroit de la maison des vignes du Wolf,elle diminue à mesure qu’on se dirige vers le Nord et vers Rheinweiler, par suite du passage latéral du calcaire à M. Lauræ aux couches argileuses à Limnea marginata qui le surmontent et constituent un horizon supérieur où Melania Laurœæ ne se rencontre plus qu’en petite quantité. Pour faire mieux comprendre cette succession et ce passage d’un horizon à l’autre, nous allons donner deux coupes prises le long de la voie du chemin de fer au Nord de Kembs; la première avec la succession des couches à la partie supérieure du calcaire à M. Lauræ, la seconde avec l'horizon supérieur marneux-gréseux et bancs calcaires à Limnea marginata qui fait immédiatement suite à la précédente. Coupe à la partie supérieure du Calcaire à Mel. Lauræ, prise le long de la voie entre Kleinkembs et la carrière du Buchholtz. La succession des couches de bas en haut est la suivante : Bancs de calcaire fétide, grisàtre avec Cyclostoma mumia, Mel. Laurae de petite taille, Auricula alsatica . . . 0720 Calcaire bréchoïde, blanchâtre, tecletes vale Santa ube à de du calcaire moyen et supérieur de la carrière du Buchholtz. . . 0,20 PATES. AU IREM RS RE er eee ES DS TR er re MA OT) A2 CD Ve: BANOTeRELS UNREAL ARE CUS ee 0 4156a10;20 Dane ide icalcair ere EN ERP PAR Rae Lee Er TEST) 180 | M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE 4 Déc. Coupe prise le long de la voie dans la carrière du Buchholtz, comprenant l'horizon supérieur à Limnea marginalu. La succession des couches de bas en haut est la suivante : Allernances de bancs de calcaire marneux, gris-verdätre, sub- compact, avec bancs légèrement sableux et caillouteux vers le sommet, contenant de rares limnées . .: . « . . |. . . . «+ 41780 Arpile 0eme SRE RE NÉS ET SE a 0:09 1° banc fossilifère Et calcaire jaunâtre, sub-compact, légèrement marneux, avec de nombreuses Limnea marginal Sand., Limnea longiscata Brongn., rares M. Lauræ et Helix indétecminables ere NL FT OMR A PERTE RTE EURO CE A 0025 ATOLLE ERA ET RROE, SPS AR INT ES PRET ER TPE SEE D DT Banc de talciirereris SLA ENG TMMETRAN RETRO ATEILe SC NPIUE \ : 0,20 2° banc fossilifère PTE Ce “Hate once noir due le bas, passant au gris-jaunâtre et enfin au blanc crayeux. Il ren- ferme de nombreuses Limnea marginala Sand, parfaitement con- servées, Limnea longiscala Brongn. et Melania Lauræ de grande et moyenne taille, de bonne conservation. : . . . . . . . . 1,00 Amel BIS Lie, die M LR RP Qt bi l Poe ee vies De O AU A) Banc descalenire CrAVEURAUS ES POULE D RC AS CO 0 MS ANRan ane He BreS en OEM RS RE ENS E SECE N EEN R eee Re, NA AE EE TN DATE ee TR NET IAE) Le banc n° 2 et les assises au-dessus s’observent plus facilement un peu au-delà de la carrière du Buchholtz en remontant vers le nord du côté de la Rüssmatt et de Rheinweiler. Les fossiles contenus dans le banc calcaire inférieur n° 1, légère- ment marneux, sont beaucoup moins bien conservés que ceux du banc supérieur n° 2 qui est beaucoup plus dur et compact. Ces bancs sont très riches en Limnées dont l’espèce, de beaucoup la plus commune,serapporte’assez exactement à Limnea marginata Sand. (1), et à ses variétés se rapprochant de £. longiscata Brongn. Cette espèce, dont nous possédons une dizaine d'échantillons, provenant du banc supérieur n° 2, bien conservés, en partie avec le test, mais seulement avec une partie de la bouche, est allongée avec sept tours de spire, à plis d’accroissement assez prononcés, bouche de forme ovoïde et incurvée; elle est très variable dans sa forme et — comme l’a justement fait remarquer Andreae (2) — elle appartient bien au groupe de la £. longiscata Brongn. dont on trouve des échantillons absolument typiques à Kleinkembs et des variétés à Altkirch, Niedersteinbrunn et à Brunstatt. Quelques exemplaires, d’une forme plus étroite et plus allongée, avec 7 à 8 tours de spire, rappellent à la fois L. elongata de Serres (1) Sandberger : Land und Sw.c., p. 335, Taf. 18, fig. 7 (2) Andreae : Ein Beit. zur Kent. des Els. Tertiärs, p. 78 1892 TERRAIN TERTIAIRE D’ALSACE 181 var. galesensis Font. (1), et L. longiscata Brongn. var ostrogallica Font. (2). Enfin, quelques formes plus ovoïdes et moins allongées pour- raient appartenir au groupe de la L. palustris et de la subpalustris Thom. Ce que nous savons de ce groupe à l’époque actuelle permet de supposer que déjà à l’époque tertiaire il était capable de varier dans une large mesure. Melania Lauræ Math. Du banc supérieur n° 2, dans lequel se rencontrent, à côté de jeunes individus, des exemplaires de forme normale, grande, ordinaire, avec partie de test bien conservée, 14 à 17 tours de spire allant de la varice aux tubercules. Valvata circinata Mer. sp. (3), quelques exemplaires assez rares. Quelques rares Helix indéterminables, planorbes rares et de petite taille. Le plongement sensible vers le N. du calcaire à M. Lauræ de Kleinkembs et des bancs calcaires de Buchholtz dont nous venons de donner la coupe, est démontré par ce fait que le banc inférieur fossilifère à Limnées qui se trouve au-dessus de la voie du chemin de fer se rencontre déjà au-dessous, à 50 mètres plus au nord, dans les vignes de l’Ackerwey, où une fouille récente le met à découvert. La présence de Mel. Lauræ de grande et moyenne taille dans le banc fossilifère supérieur de la carrièré de Buchholtz permet de considérer cet ensemble de couches marneuses et de bancs calcaires comme se rattachant intimement au calcaire à Melania Laure. Ce niveau supérieur avec ses argiles, ses calcaires et ses bancs de grès nous parait semblable aux niveaux supérieurs du calcaire à Mel. Lauræ du Sundgau (Altkirch, Luemschwiller, Kôtzingen, Niederspechbach, Niedersteinbrum) et ne saurait en aucune façon être comparé au gypse de Bamlach et à celui de Zimmersheim qui forment chacun un petit bassin bien spécial, comme on le verra plus loin d’après la description du gypse de Bamlach. La coupe de la carrière du Buchholtz montre que les calcaires à Limnea marginata se terminent par des argiles et des bancs de grès auxquels succèdent directement les argiles et les calcaires schisteux des marnes à Cyrènes. Cet horizon, dont la puissance est de 8 à 12 mètres, comprend des marnes, des marnes dures, des schistes marno-calcaires plus ou moins compacts, des calcaires gréseux-schisteux, des calcaires (1) Fontanés : Faune malac., pl. V, fig. 41-43, p. 41. (2) Fontanes : loc. cit., pl. V, fig. 46-51, p. 42. (3) Andreae : loc. cit., pl. I, fig. 6. 182 M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE & Déc. durs marno-schisteux, avec plusieurs bancs de grès. L'ensemble de ces couches marno-schisteuses rappelle par ses caractères pétrogra- phiques et paléontologiques les marnes à Cyrènes des environs de Mulhouse (Bornkappel, Zillisheim, Bruebach, etc.) La faune comprend : Mollusques : Mytilus socialis Al. Braun. Très abondants partout, forment de véritables lumachelles dans les schistes marno-calcaires compacts du Stapfel et de la Rüssmatt. Hydrobies. Très abondantes partout. De nombreux exemplaires conservés avec la bouche se rapportent exactement à Bythinia Dubuissoni Bouillet, d’autres se rapprochent de Nystia plicata d’Arch. et Vern. Cyrena semistriata Desh. De petite et moyenne taille, comme celles des environs de Mulhouse, assez abondantes à la Rüssmatt, plus rares au Horni. Planorbes. Petits planorbes semblables à ceux des environs de Mulhouse, peu abondants à la Rüssmatt et au Horni. Cerithium incrustatum Schloth. Bien semblables à ceux des environs de Mulhouse. Plusieurs empreintes très nettes avec 5 à 6 tours de spire, de la Rüssmatt. Cypris. Lisses, de forme ovale et allongée; très abondants, principalement à la Rüssmatt. Poissons : Paralates Bleicheri Sauvage. Plusieurs exemplaires bien entiers, des écailles et des vertèbres isolées, de la Rüssmatt; écailles et fragments incomplets, du Stapiel. Crustacés isopodes : Spheroma margarum Desm. Assez rares à la Rüssmatt (1). Crustacés amphipodes : Gammarus? Assez abondants au Stapfel. Insectes : Des insectes se rencontrent dans les calcaires marno-schisteux de la Rüssmatt ; ils ne sont pas abondants, mais en général bien con- servés et nous espérons que de nouvelles recherches nous permet- tront d’en trouver un nombre suffisant pour être décrits (2). Nous (1) Nous n’avons pu constater leur abondance signalée par le D’ Fôrster, ouv. cité p. 165. (2) Les fouilles que nous avons faites au ravin de la Rüssmatt, depuis la rédaction de ce Mémoire, nous ont fait découvrir un bon gisement avec insectes, plantes, Paralates, ete., dont la description, avec une coupe géologique complète, paraîtra en automne dans la Feuille des Jeunes Naturalistes. Les insectes se rencontrent à plusieurs niveaux, mais principalement dans des schistes calcareux, ou gréseux, de peu d'épaisseur. Le niveau supérieur de notre nouveau gisement correspond à celui des calcaires marno-schisteux à insectes et à plantes décrit dans le présent travail. 1892 TERRAIN TERTIAIRE D'ALSACE 183 citerons en attendant : Une empreinte et contre-empreinte bien conservée de Diptère (mouche) avec les ailes et les pattes, ne possé- dant plus que le thorax (long. 2mm, larg. 1,7 mm), appartient au genre Protomya ou à celui voisin des Plecia et se rapproche beau- coup de Plecia rhenana Heyd, signalée par le Dr Fôster à la Born-. kappel (1), ou peut-être également de Plecia grossa Heyd (2). Une empreinte et contre-empreinte d'Hyménoptère(long.5mn)avec ses ailes entières, appartient probablement au genre Attopsis et se rapproche d’Attopsis nigra Heer (3). à Une élytre droite de Rhynchophore (long. 4mm, larg. 2mm) paraît se rapporter au genre Cleonus. Quelques autres empreintes d’insectes, indéterminables, se rapportant aux Hémiptères et aux Coléoptères. FLORE. La flore des marnes à cyrènes de Kleinkembs présente un intérèt spécial comme terme de comparaison avec les flores oligocènes voisines du Sundgau, et fournit des indications intéressantes pour l’histoire de la végétation alsato-badoise à l’époque tertiaire. Les fossiles végétaux se rencontrent dans deux gisements différents : 4° dans la localité 7m Stapfel, au milieu des calcaires gréseux schis- teux avec Hydrobià Dubuissoni ; 2° au ravin de la Rüssmatt (4) dans des schistes marno-calcaires durs, riches en Mytilus socialis, hydro- bies, Cyrena semi-striata, etc. La flore de ces deux gisements présente dans l’ensemble la plus grande analogie; c’est la même composition générale quant aux proportions des grands groupes et aux familles; et si la flore du Stapfel est plus riche, cela tient plutôt à ce que, à la Rüssmatt, les fossiles végétaux sont moins nombreux. La principale différence qui existe entre ces deux localités provient sans doute de l’état du lac au moment où ces dépôts se formaient. La Rüssmatt paraît avoir eu momentanément des eaux moins profondes, plus habitées par les végétaux que celles du Stapiel; la présence des algues, des (4) Voy. D' Fürster : Die Insekten des Plat. Steinm von Brunstatt ; Abh, =. geol. Specialk. vol. E. L. Band III, Heît V, 1891, p. 471, pl. XIV, fig. 14. (2) Id. — page 476, pl. XIV, fig. 17. (3) Id. — p. 440, pi. XII, fig. 11 et 17. (4) Ces calcaires gréseux, sableux, forment des bancs minces, — se retrouvant à notre nouveau gisement de la Rüssmatt —, qui reposent sur des grès ferrugineux et des bancs de calcaire dur avec Mytilus socialis, hydrobies. Des calcaires marneux avec Lymnées écrasées (horizon de L. marginata) se trouvent en dessous. 182% M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE & Déc. Characées, des Prèles, l'abondance des Rhizocaulées sont là pour le prouver, D’assez nombreuses empreintes, pouvant être rapportées avec certitude à des traces de vers, paraissent également confirmer cette manière de voir. Les fossiles végétaux de Kleinkembs sont en général très frag- mentés, comme ceux des environs de Mulhouse, auxquels ils ressemblent d’ailleurs complètement par leur état de conservation. Un grand nombre sont indéterminables, mais il est facile de faire les constatations suivantes : les cryptogames vasculaires font presque totalement défaut, les conifères sont représentés par plusieurs genres et d’assez nombreux échantillons, les monoco- tylédones et les dicotylédones proviennent évidemment d’une flore très variée. Les premières sont plus rarement déterminables que les secondes, cependant il est visible qu’elles sont représentées en notable partie par des formes à feuilles étroites ou assez étroites, ce qui semblerait indiquer la présence d’espèces terrestres ; cependant des fragments de rhizomes, et d’autres organes de végétaux fran- chement aquatiques — comme on en trouve plus particulièrement à la Rüssmatt — paraissent avoir appartenu à des plantes ayant vécu sur place. La localité 1m Stapfel a permis la détermination des espèces sui- vantes : Fougères. Un fragment de fronde, très bien conservé, dont l’attri- bution à cette classe est absolument certaine. On trouve quelque chose de semblable parmi les Asplenium, sans que, sur un aussi petit fragment et en l’absence de fructification, on puisse affirmer en rien l'attribution à ce genre. Ce fragment présente de l'intérêt, à cause de la remarquable rareté des cryptogames vasculaires, des fougères en particulier, dans les dépôts des environs de Mulhouse et dans celui de Kleinkembs. Conifères. Plusieurs feuilles isolées semblables à celles qui, dans la liste de la Bornkappel, avaient été attribuées, avec beaucoup de doute, au Sequoia Tournali, ne font que confirmer qu'il s’agit sans doute de tout autre chose. *(1) Glyptostrobus europæus Heer. Empreinte et contre-empreinte médiocre d’une ramule. “Libocedrus salicornioides (Ung.) Heer. Un très beau fragment de ramule. (1) Les espèces, ou genres, marqués d'un astérisque ont déjà été signalés à la Bornkappel et dans les autres gisements des environs de Mulhouse. 1892 TERRAIN TERTIAIRE D'ALSACE 185 *Podocarpus. Deux fragments de feuille d’une espèce probable- ment nouvelle, déjà signalée à la Bornkappel. Monocotylédones. *Rhizocaulon. Quelques empreintes très médiocres semblent devoir être rapportées à ce groupe. Cyperites sp. Un grand fragment de feuille. Poacites. Une espèce nouvelle représentée par un épillet, assez semblable au P. resituus Sap. des gypses d'Aix, mais certainement différent. Scirpus deperditus Heer. Une feuille. *Juneus retractus Heer. Sous les réserves déjà faites pour la Bornkappel. *Sparganium. Espèce voisine du S. styqium. *Palma. Fragment d’une feuille de palmier, trop petit pour être déterminé génériquement. Dicotylédones : *Salix. Une capsule, espèce nouvelle ou, plus probablement, fruit non encore décrit d'une des espèces déjà connues par leurs feuilles. *Myrica kakeaefolia (Ung.) Sap. Deux fragments de feuilles dont la détermination générique est certaine, l’espèce est plus douteuse quoique très probable ; ce serait dans tous les cas une forme du même groupe. Ulinus. Une samare médiocrement conservée peut être rapportée avec quelque doute à ce genre ; ce serait une espèce nouvelle. “Cinnamonum. La détermination générique est certaine, quant à l'espèce, ce n’est certainement pas le C. polymorphum, et l’attribu- tion au C. lanceolatum Heer paraît la plus probable. Acerates. Un grand fragment de feuille, ce pouvait être aussi bien un Gomphocorpus. Erica. Une feuille d’une espèce nouvelle. Rhododendron. Une feuille très bien conservée semble appartenir à une espèce non encore décrite de ce genre. Pterospermites. Une, peut-être deux graines d’une espèce nouvelle. *Dodonea. Un fragment de feuille non déterminable spécifique- ment. lex. Un fragment de feuille probablement de l’Ilex stenophyllum, sans qu’on puisse l’aflirmer. *Cæsalpinia Haidingeri Ett. Détermination générique aussi cer- taine que le comporte ce genre à l’état fossile, l'espèce est plus douteuse. *Mimosa. L'espèce nouvelle déjà trouvée à la Bornkappel et à Zimmersheim. 186 M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE 4 Déc. Un fruit et une écaille gemmaire n’ont pu être rapprochés d’au- cune forme, soit vivante, soit fossile, déjà décrite. La localité du ravin de la Rüssmatt a fourni les espèces suivantes : Acotylédones : Enteromorpha. Espèce nouvelle, voisine, mais distincte de l'E. sta- gnalis Heer, sous réserve des doutes que laisse presque toujours, plus ou moins, une détermination d’algue faite sur une simple empreinte. Chara medicaginula Brongn. ou une espèce très voisine, repré- sentée par un assez grand nombre de fructifications. *Equisetum sp. représenté par un fragment de gaîne qui permet d'affirmer la présence du genre, mais qu’on ne peut déterminer spécifiquement. Gymnospermes. — Toutes sont des conifères. *Sequoia Couttsiæ Heer. Un petit rameau feuillé. *Libocedrus salicornioides(Ung.)Heer.Quatre fragments de rameau. *Chamaecyparis voisin de C. Massiliensis Sap., s’il ne lui est pas identique, un rameau et peut-être un galbule. *Podocarpus ! eocenica? Feuille. Monocotylédones : *Rhizocaulon sp. Six échantillons plus ou moins bons paraissent appartenir à ce genre, quelques-uns avec grande certitude. C’est avec le Rh. gypsorum Sap. qu'ils ont les plus grandes affinités, mais il y a peut-être là deux espèces, et dans tous les cas les échantillonssont trop incomplets pour permettre une attribution spécifique rigoureuse. *Palma. Un fragment de feuille semble appartenir certainement à un palmier, sans que sa petite dimension permette une détermi- nation plus précise. Dicotylédones : Populus. Une belle bractée appartient à ce genre. Salix? Une capsule pas complètement certaine d’attribution. *Betula n. sp. voisine de B. Weissii Heer ; une feuille entière bien conservée. Myrica banksiafolia (Ung.) Sap.? et M. salicina Ung. ? représentés chacun par un fragment de feuille qui n’est pas assez complet pour permettre une détermination spécifique certaine. *Osyris? Un rameau et un fruit paraissent appartenir à ce genre, mais ils sont trop mal conservés pour permettre une affirmation. *Cinnamomum sp. Trois fragments de feuilles, c’est probablement le C. Rossmässleri, sans qu’on puisse rien affirmer. Eugenia. Probablement une nouvelle espèce, représentée par une belle feuille qui offre de grandes analogies avec les plus grandes du groupe assez hétérogène nommé £. hueringiana Ung. 1 à È “ £ 1892 TERRAIN TERTIAIRE D’ALSACE 187 “Coesalpinia norica Ung. ou une espèce très voisine, représenté par un foliole. | Existence probable des genres : chène, houx et d’une Ampélidée. De l'étude de la flore de Kleinkembs, il résulte qu’elle possède beaucoup de genres et même d'espèces communes avec la flore oli- sgocène des environs de Mulhouse, et présente les mêmes caractères généraux que nous avons indiqués plus haut. L'absence presque totale du genre Pinus dans tous les gisements, sundgoviens et badois, est aussi particulièrement remarquable. Il est du reste intéressant de retrouver dans les marnes à Cyrènes de Kleinkembs, la même faune de mollusques, la même flore, les mêmes crustacés, le même Paralates et les mêmes insectes que dans les dépôts oligocènes des environs de Mulhouse. On peut ainsi identifier, avec plus de garan- ties de précision que précédemment, ces dépôts dans lesquels on ne connaissait l’existence commune que de Mytilus socialis, d’Hydrobies et de crustacés isopodes (Sphéromes) (1). A l'horizon saumâtre des marnes à cyrènes de Kleinkembs, succède un ensemble de couches des plus variables présentant une alternance maintes fois répétée de conglomérats, de grès, de calcaire, de grès — avec passage de l’un à l’autre — d'argile, avec intercalation, vers le sommet, de calcaire compact plus ou moins travertineux. Ces calcaires forment deux petites masses : l’infé- rieure, qui atteint 1"40 à 2 mètres d'épaisseur, suivant les points, est fossilifère à la carrière de Barbrunnen et contient Helix deflexa Al. Braun var. y minor; la supérieure, dont l’épaisseur est variable et est de 270 au maximum, ne renferme plus que quelques rares helix. Cet horizon étant généralement recouvert de vignes, de bois ou de végétation, on ne peut songer à en donner une coupe com- plète prise sur un seul point; nous avons donc choisi deux coupes parallèles, se complétant l’une l’autre et prises dans la direction du village de Blansingen : la première de la Rüssmatt à la carrière de Barbrunnen et au-dessus, la seconde du Horni ou Obere-Wolf à la carrière du Steinkeller. 1° Rüssmat-Barbrunnen : - Si du ravin de la Rüssmatt on monte vers la carrière de Bar- brunnen, on constate que les plaquettes calcaires des marnes à cyrènes se poursuivent à travers le chemin supérieur bordé de vignes, jusqu’au tournant de ce chemin qui mène directement à la carrière (2). À partir du tournant jusqu’à la carrière — cachés par (1) Voy. D' Fôrster, op. cit. p. 139. (2) L’affleurement le plus inférieur des marnes à Cyrènes se montrant au niveau de la voie ; on peut admettre une épaisseur d'environ 8 à 10 mètres pour ces marnes. 188 M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE 4 Déc. les bois du Buchholtz — on rencontre, sur une épaisseur d’environ dix mètres, des argiles, des grès, des conglomérats et des grès cal- caires. La carrière de Barbrunnen a été exploitée il y a environ trois ans pour l’endiguement du Rhin près de Rheinweiler. La coupe de cette carrière prise de bas en haut est la suivante : Calcaire compact, jaunâtre, légèrement travertineux avec tendance 0"70 environ. à passer au grès. PARU HAS CSN ORNE AP DDR LME À ME GréS FAUNE Rene EC TEE 2e Nr RTE EE OMC » Grès argileux, tn DU APR LOUE ARTS TR A ET PRE re NCIS » Calcairestraveninenx USED SU CNE AR EP SR RO » Aredenune-verdalress int 1 ve ER Le te Ce en Ue » Grès dur, gris-jaunâtre. . . . ; 0e 10:09 ) Connibineeuts à gros et pelils clments mieux Fe ire) de jaspe,tcalcédoine. ."c». = . 0,10 » 1) Grès calcaire, blanc- AS à ane Are e Ses datés avec Helicitdeftemu Al.#Braunt(rares) Aer RARE eee 0028 » ATeile 0 LT rte nec Pen fee A en A0 » 2) Grès calcaire gris- ne M). LA AP bn D MA AN DRE Rien 2 cANU OÙ » Bancideralealé rave tineUx TEE NT MERE 0 ID » Argile Fariolée, lie de vin, jaune, ougrise . . . . 1,40 » 3) Bancs de caleaire compact gris, plus ou moins ts avec Helix deflexa Al. Braun, etc.; parfois d'aspect travertineux ou contenant des traces de fer; les banes supérieurs fendillés et légère- ment marneux, criblés de petils trous et canaux microscopiques imprésnésde caléitesou de fer: 1, OR AE RIRES et PA SD NEA lérrevésolale pi RAT eee Pr SN ER RE Te TEE ne CO) » Les calcaires compacts n° 3 sont caractérisés par la présence d’une petite Helix de forme déprimée qui correspond exactement à Helix deflexa AT. Braun, var. y minor (Helix Noæ Nob. Thomà) (2). Cette petite espèce déprimée (depresse-globosa), avec 5 tours de spire à perforation cachée par un épaississement de l’ombilic, à stries d’accroissement nombreuses, presque égales, assez fines et souvent dichotomes, à bouche oblique en demi-lune avec péristome réfléchi formant sillon, appartient bien à cette variété de petite taille de l’Helix deflexa Al. Braun, mentionnée par Sandberger et décrite par Thomä sous le nom de Helix Noæ. Nous l'avons comparée avec des exemplaires de la collection Koechlin-Schlumberger, étiquetés 1. deflera AT. Braun, var. y minor (2) par Rœmer, — l’ancien (1) Un fragment de grès avec Helix deflexa AI. Braun, se nblable au grès (n° 2) trouvé non en place, paraît provenir de ce banc. (2) Voy. Sandberger : Die Conch. des Mainz. Tertiärocck.. Erst-Liefl., p. 28 et pl. IV, fig. 7, 7a-d, — D' C. Thomäà : Jahrbücher des Ver. für Naturkunde im Her- zsogthum Nassau, Heît IT, p. 135, Tab. IL, fig. 5 a et b. 1892 TERRAIN TERTIAIRE D'ALSACE 189 conservateur du musée de Wiesbaden — et nous avons trouvé une analogie parfaite entre nos échantillons et ceux de Hochheim. Assez variable dans sa forme (1), cette espèce n’est pas très abon- dante dans les calcaires compacts (n° 3) de la carrière de Bar- brunnen, mais des recherches répétées nous ont permis d’en récolter une trentaine d'échantillons dont plusieurs possèdent encore la bouche et une grande partie du test qui est assez mince. Helix deflexa AI. Braun est citée par Sandberger (ouvr. cité p. 29) comme très abondante dans le Landschneckenkalk de Hochheim, et comme se trouvant dans les environs de Landau, dans le gypse d’eau douce de Hohenkôven — partie badoïise voisine du lac de Constance — ainsi que dans le groupe fluvio-lacustre de Vermes et de Tramelan, près de Delémont, etc. L'espèce vivante la plus voisine est /elix muralis Müller, que l’on trouve en Italie et en Sicile. Aucun de nos échantillons ne se rapporte à Helir rugulosa var. Mart. citée par le Dr Fôrster (2) comme caractéristique des calcaires supérieurs de Kleinkembs (calcaire à Helix cf. rugulosa du Docteur Fôrster); cette espèce, très voisine de Helix subsulcosa Thom, est beaucoup plus globuleuse, à stries d’accroissement fortement mar- quées, et appartient à un tout autre genre que la nôtre, le genre Pachystoma qui se rapproche des espèces vivantes H. (Pachystoma) baracoensis Guttierez et sagraina d’Orb. Les calcaires de Barbrunnen nous ont encore fourni: Hyalina (Studer) Albers sp. Taille 2 1/4"°m,5 tours de spire, peut-être voisine de H. orbicularis v. Klein de Wurtemberg, mais nous n’oserions encore nous prononcer. Limnée ou Paludine de très petite taille (2m), Les bancs supérieurs fendillés de calcaire compact, recouverts de terre végétale, de la carrière de Barbrunnem sont les plus fossilifères. En continuant le chemin qui contourne la carrière et monte, à travers les vignes, vers le plateau de Blansingen, on peut apercevoir les couches qui font suite à ce calcaire; ce sont de bas en haut : Banc dersres selséparant entdalles AE RM 02 0lenviront 2 bancs de grès, chacun de 030 d'épaisseur . -. . . . . . . 0,60 » AR ETE D] UN EC ER ER DDR N RER ARR NS SR Ur » Au-dessus de ce chemin on rencontre des champs au milieu desquels on a ouvert l'automne dernier une petite carrière, vers la (1) Quelques échantillons moins déprimés, à tours de spire nettement séparés, se rapprochent de la forme A. deflexa Al. Braun, var. 4. communs. (2) D' Fôrster : Die Gliederung des Sundg, tertiärs, p. 171. 190 M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE 4 Déc. partie la plus élevée du plateau, à dix minutes de Blausingen. Cette fouille, située un peu au-dessous du Steinkeller, présente la coupe suivante : Merrevégétale 16.0 se Re IT OU We re ee COUT Calcaire dur compact, gris ones à 'ahés ferrugineuses, avec de rares Helixkide:petite taille Ne OMR ER D O0 environs La fouille n’a qu'environ 050, mais le calcaire doit avoir en ce point la même épaisseur qu’au Steinkeller: environ 2»50. Ce calcaire n’a encore fourni que de rares empreintes d’une petite Helix indéterminable mais qui paraît devoir se rapprocher de celle de Barbrunnen. 2 Coupe du Horni ou Obere-Wolf au Steinkeller. De la. maisonnette du Wolf à l’Obere-Wolf, les couches sont cachées par les vignes et la végétation. On peut apercevoir cepen- dant, au dessus de Ia maisonnette, un banc de grès de 0"20 environ d'épaisseur, surmonté des marnes à Cyrènes dont les plaquettes calcaires avec Mytilus socialis, Cyrena semistriata, Planorbes, etc., sont visibles dans un talus au tournant du chemin inférieur du Bois du Buchholtz. Les plaquettes des marnes à Cyrènes cessent un peu plus haut, et sont remplacées par des alternances de conglomérats, de grès calcaire, de calcaire argileux, qui sont partiellement visi- bles dans le bois. Nous avons relevé dans le chemin qui traverse ce bois les alternances suivantes : Grès calcaire jaunâtre Calcaire arpileux gréseux, "10 0076" 15) BOUDITEUE ET US mA NE NN ANA ER ET EE La carrière du Horni ou Obere-Wolf se trouve à l'extrémité supé- rieure de ce chemin, à la sortie du bois; on y relève de bas en haut la coupe suivante : Conglomérat passant au grès calcaire . . . . 1"20 environ Grès calcaire grossier passant à la brèche ru ñe S HAT AUBUIEUXS A0) QUuErtz 224,54 FM END" NELSON CREATION » ID ENIGRE AS à AM Ne PS PASURR CERN PRET EE QE NE ET TE (1) » Calcaire gris foncé avec parties gréseuses. . . FA 20)) » (A) Calcaire gris compact un: peu travertineux à taches PERS PINEUSES Le 2e RENE UN LE LUE METRE AE NES UT») » Aréiletéticonlomeérats ea ENT POINTS SR DC) » CLÉS MAS ATEN LITRES + De M EMT en 1e 8 ot AR ET RS SD EE (EC) » GrES PIus |erossier 2 TORRENT CRT ET AU A » GONSIOMETAEN ET ARE PT TN ET RE ET TE EE ET IE 0) » 1892 TERRAIN TERTIAIRE D'ALSACE 191 Les calcaires (A), quoique sans fossiles, peuvent être considérés comme analogues à ceux de Barbrunnen; on trouve sur le coteau planté de vignes qui fait suite à la carrière du Horni ou Obere-Wolf une nouvelle masse de calcaire compact d'environ 2"70 d'épaisseur, dont un affleurement est visible immédiatement au-dessus de la carrière, au sommet du coteau, et un autre au milieu des vignes où se dresse un bloc de 270 de haut. Le même calcaire se montre également un peu plus loin à la carrière du Steinkeller, où il est recouvert par 2 mètres d’argile avec intercalation d’un banc de grès de Om15. Ces calcaires, en général durs et compacts, sont parole travertineux ou gréseux, grumeleux, fendillés. Après avoir donné les coupes qui permettent de se faire une idée de ce que sont les couches supérieures de Kleinkeémbs, il nous parait utile d’insister sur le caractère travertineux que prend une partie des couches calcaires alternant avec les conglomérats. Des couches travertineuses existent notamment au Steinkeller, à la partie supérieure de la carrière üm Lette, à la carrière de Horni, à celle de Barbrunnen, enfin du côté de Rheinweiler, à la carrière de l’Eich- holtz. Il est probable que certaines de ces couches travertineuses ont la même origine et sont à peu près du même âge — c’est-à-dire post-tongrien — que les tufs de Roppentzwiller dans le Sundgau, que nous aurons l’occasion de décrire dans un prochain chapitre. Du fer sulfuré passé à l’état d’hydroxyde se rencontre parfois dans ce calcaire travertineux. Pour ce qui est des conglomérats de Kleinkembs, ils sont tantôt à ciment calcaire très dur, tantôt à ciment calcareux-argileux, parfois à peine liés entre eux. Ils présentent de nombreux passages au grès calcaire, au grès sableux ou siliceux.On n’yrencontre jamais de trace de calcaire lacustre des couches inférieures, et les débris de roches engénéral anguleux,denaturecalcaireousiliceuse,qu'’ils contiennent appartiennent en grande majorité aux roches jurassiques du pays de Bade. Ce sont principalement des calcaires oxfordiens d’Istein avec leurs rognons de calcédoine, de jaspe, des calcaires et des marnes provenant des autres étages jurassiques badois du côté de Kandern et de Liel. A l’horizon supérieur de Kleinkembs succèdent au N, de nouvelles alternances de conglomérats, de grès calcaire et d'argile qui forment les collines qui se trouvent dans la direction de Rheinweiler et dominent cette dernière localité. A la base de ces dépôts on retrouve une couche d'environ 3 mètres de conglomérats à gros éléments fortement cimentés, qui paraissent reposer transgressivement sur 192 M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE 4 Déc. les calcaires compacts et conglomérats de Barbrunnen, puis se continuent dans la carrière de l’Eichholtz par des calcaires compacts à structure parfois travertineuse alternant avec des argiles et des poudingues. En continuant à s'élever sur les collines qui dominent Rhein- weiler, on traverse quelques bancs de grès ferrugineux et des argiles sableuses «mélangées de rognons calcaires fendillés renfermant quelques traces végétales. On arrive ensuite vers le point le plus élevé de ces collines, à la carrière de l’Iselematt, dans laquelle des bancs épais (2 à 3" chaque) de calcaire compact alternent avec des argiles sableuses, et passent au conglomérat dans les couches supé- rieures qui se terminent par une dernière couche d'argile sableuse recouverte par du lehm fossilifère. D’après ce que nous venons d'exposer, on verra que si les dépôts tertiaires de Kleinkembs, jusques et y compris les marnes à Cyrènes, sont absolument similaires à ceux du Sundgau, il n'en est plus de même pour ceux qui se rencontrent au-dessus d’elles, par suite de l'apparition de ces conglomérats qu’on ne retrouve en aucun point du Sundgau. Comme nous l’avons déjà dit, dans le Sundgau les niveaux supérieurs argilo-gréseux et calcaire riches en limnées du groupe de la Z. marginata et de la L. longiscata doivent être iden- tifiés avec les dépôls marno-gréseux à Limnea marginata de Klein- kembs, qui sont à considérer comme représentant la partie supé- rieure du calcaire à Melania Laure. En résumé, les dépôts oligocènes de Kleinkembs comprennent : 10 à la base un étage lacustre, les calcaires à Melania Lauræ, avec deux divisions : l’inférieure composée de calcaires fétides avec Melania Lauræ ; la supérieure, marneuse avec quelques bancs de grès et quelques bancs calcaires caractérisés par Limnea marginata Sand., mais où se retrouve encore la Melania Laurœæ. 2° Un étage saumâtre avec Mytilus socialis, Cyrena semistriata, plantes, insectes, crustacés, Paralates Bleicheri, etc. 3° Un étage côtier et terrestre présentant une alternance maintes fois répétée de conglomérats, de grès calcaire, de grès, d'argile et de calcaire compact. Quelques bancs de calcaire compact avec Helir deflera A1. Braun var. y »#inor existent vers la partie supérieure de cet étage à Klein- kembs, que recouvre une nouvelle série de conglomérats, de grès, d'argile et de calcaire compact sans fossiles, qui forme les collines des environs de Rheinweiler. Nous donnons encore, en terminant ce chapitre, la coupe générale des dépôts oligocènes de Kleinkembs. PT. 7 1892 TERRAIN TERTIAÎRE D’ALSACE 193 Fig. 1. Iselematt Barbrunnen S ÉECIEE | Im Lette 5 , Horn ' Û ! Tranchée A l Ë : ‘de chernin de fer IOber mi ; Eichholtz Fe cnune VE Stapfel ! | Buchholtz (bois) i ï = : Rüssmatt : ë La Wolf MA 8 : i i # 9 è ee ñ * En A6 x ST RSS Le sa x 4 * + x + x * + + 2 AO rs * + Le 3 NES REA Per euro F + x + + + 2 x RENE x ñ + À ns ss À < + * * + x à + + + k + + + + + + + + + na + + x a ee à À + + RRQ x Coupe générale de Kleinkembs. 1. Calcaire à Melania Lauræ. Partie inférieure. Calcaire fétide. 2. Calcaire à > » Partie supérieure : Argile, bancs de calcaire à Limnea marginata Sand., etc., bancs de grès. 3. Marne, calcaire gréseux, schiste marno-calcaire avec Mytilus socialis, Cyrena semistriala, Hydrobies, Paralates Bleicheri, Plantes, insectes, crustacés. 4. Conglomérats, alternances de conglomérats, calcaires durs, grès calcaire. 9. Alternances de conglomérats, de grès calcaires, d’argile, de grès, avec bancs de calcaire avec Helix deflexa A1. Braun var. Y minor, vers le sommet. 6. Allernances de banes calcaires, d’argile gréseuse et de conglomérats, GYPSE DE BAMLACH Le gypse de Bamlach s’est déposé dans un petit bassin étroit et de forme allongée situé à peu près à égale distance entre Bamlach et Bellingen. Le gypse a été exploité il y a une trentaine d'années à environ 6 à 700 mètres de Bamlach, au bord du Vieux-Rhin qui, à cette époque — avant les travaux de correction du Rhin — avait encore suffisamment d’eau pour faire marcher le moulin à gypse établi sur la rive. Des galeries d'exploitation de 100 mètres de longueur, percées dans le talus de 20 à 25" qui surplombe le Rhin, descendaient en forte pente jusqu’au gypse dont les couches plon- gent nettement vers le S.-E. (vers la chapelle de Bamlach) avec inclinaison marquée dans la direction de Bellingen. Les eaux du Vieux-Rhin, très basses durant l’automne dernier, nous ont permis de relever aussi exactement que possible — vu XX 13 194 M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE 10 Déc. l’état d’'éboulement des berges du fleuve — Ia coupe suivante prise du haut en bas (1) : Be es RO A LOF YITONE l'errasse Sable et gravier ua en) ne 500) HRAISAIE Diluvium rhé à l'état d ol l Epaisseur : vi nan à lé de congloméra 16 à 18 environ. (récente nagelfluh) avec cailloux roulés des AIDES CONS UE MR RS RS VTT een + ) Grès fin siliceux grisâtre, très dur . . . . 0,15 » ? Gréssjaunatre Pr 0,10 » Grès sableux micacé, ne h gris au Le un Grès à feuilles de avec feuilles de Cinnamomum, elec . . . 0,40 » Cinnamomum Grès jaunâtre passant à un sable grossier for- Epaisseur : mé de fragments auguleux de calcaire ju- 1795. D'ASSIQUES ON PRE PE COR UE NI 'AENT RS 0,30 » Grès sableux grossier avec veines argileuses et lits de sable grossier composé de frag- ments anguleux de calcaire et de quartz. . 17e Grès fin sableux, grisâtre, légèrement schisteux 0,30 environ s Argile jaune-verdâtre, compacte . . . : ae » Argile grise passant au gris-verdâtre, eue ment schisteuse, avec traces végétales char- Gypse bonneuses, fer sulfuré. . . HAE » 4 Bancs de gypse fibreux avec Dance Ho intercalés renfermant de petites veines de Epaisseur connue : 8 à 10" re ù ignite : Etre Éeiprémien de MEURT Re 0",30 » Lersecond défense TE 0,60 » Léroisiemeden RER OL STE NAS En » lerquatrième) des SENTE ER RE THÉSUME) L’argile grise qui est au niveau du lit du Vieux-Rhin à Bamlach, disparaît par suite du plongement et est remplacée par les grès à feuilles aux environs de Bellingen. Les renseignements relatifs au nombre et à l'épaisseur des couches de gypse nous ont été fournis par un ancien ouvrier des carrières. Le gypse de Bamlach, dont nous possédons des échantillons, est blanc, fibreux (fasergyps) entièrement semblable à celui de Zim- mersheim. L’analogie qui existe entre ces deux gisements est si grande que l’on est naturellement amené à les considérer comme étant du même âge et contemporains tous deux du gypse de Mont- martre. Un coup-d’œil jeté sur la carte, montre du reste que (1) Si quelques approximations dans l'épaisseur des couches ont dû être admises à cause de l’état d'éboulement des berges, l'ensemble de la coupe n’en est pas moins parfaitement exact. - 1892 TERRAIN TERTIAIRE D'ALSACE | 195 Bamlach est situé directement en face de Zimmersheim, à une distance. d'environ 12 kilom. en ligne droite. Le petit bassin de oypse de Bamlach-Bellingen équivaut à peu près, comme étendue, à celui de Zimmersheim-Habsheim-Rixheim ; ils ont tous deux même direction SO-NE, même origine saumâtre; l’analogie entre les deux se complète par ce fait que les grès à feuilles de Cinnamomum sont superposés au gypse à Bamlach, et que cette superposition existe également à Habsheim où certains puits rencontrent le gypse après avoir traversé les grès à feuilles. Ces grès, riches en mica noir, ressemblent beaucoup à ceux de Habsheim et de Dornach, quoique un peu moins sableux et plus fortement cimentés ; ils contiennent à peu près les mêmes espèces végétales dont nous donnons ci-dessous la liste : Acotylédones cellulaires — absentes ; peut-être un champignon épiphyte sur une feuille coriace. Acotylédones vasculaires. Un fragment de rhizome qui paraît appartenir aux genres Pteris ou Polypodium, etc., sans que d’ailleurs il soit possible de risquer aucune attribution spécifique; un autre rhizome beaucoup plus incomplet paraît se rapporter au même type. Gymnospermes. Absence totale. Monocotylédones. Un seul fossile se rapporte certainement à cet embranchement; c’est un fragment de rhizome grêle, noueux, aux articulations de largeur variable. On en trouve d’analogues chez plusieurs monocotylédones, ainsi chez les Potamogeton, Scheuchzeria, etc., mais il est impossible de faire une attribution générique ou même familiale certaine. Dicotylédones : Salicinées. Salix angusta Al. Br. Quatre fragments de feuilles plus ou moins considérables, et plus ou moins bien conservés. Cupulifères. Quercus myrtilloides Ung. Une feuille très bien conser- vée. Deux autres empreintes, l’une très fragmentée, l’autre d’une feuille entière, paraissent aussi appartenir à des chênes, mais sans que, en leur état, on puisse rien affirmer. Myricées. Myrica longifolia Ung. ? Un grand fragment de feuille ; la détermination semble probable, mais l'échantillon est trop médiocre pour qu’on puisse se prononcer. Laurinées. Cinnamomum Scheuchzeri Heer. Dix-neuf échantillons portant trente et une feuilles à tous les états, depuis le plus médio- cre, jusqu’au meilleur; des fragments d’inflorescences appartiennent sans doute aussi à cette espèce. 196 M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE 10 Déc. Cinnamonrum lanceolatum Heer. Deux échantillons portent de grands fragments de feuilles. Nous maintenons cette espère parce qu’elle est généralement admise, mais en admettant l'opinion de Schenk qu’il y a de fortes réductions à faire parmi les Cinnamomum fossiles, et que celui-ci doit-être une simple variété du précédent ou même être constitué-par des feuilles inférieures du rameau. Cinnamomum polymorphum Heer. Trois échantillons portent qua- tre grands fragments de feuilles. Laurus Sp. Extrémité d’une feuille dont la nervation est assez bien conservée, peut-être Le L. princeps ou le L. primigenia. Daphnoïdées. Daphne sp. nov. Une belle feuille. Protéacées. Banksia helvetica Heer. Une feuille entière semblable à une des figures de Heer; mais celle-ci représente-t-elle un type unique et surtout est-elle vraiment une Protéacée? Ericinées. Leucathoe (Andromeda) vacciniæfolia Ung. Empreinte et contre-empreinte en assez bon état d’une feuille entière. On peut se demander si elle difière de l'A. protogea? Cornées. Cornus sp?? Empreinte d’un grand fragment de feuille (extrémité supérieure); analogie de forme, de grandes nervures avec les Cornus, mais la nervation fait défaut, ou bien est trop mal con- servée pour qu’on ne fasse pas les plus grandes réserves. Malpighiacées. Banisteria sp. nov. Une samare de très petite taille appartenant à ce genre ou à un genre voisin. Rhamnées. Paliurus tenuifolius Heer. Une feuille presque entière. Cedrélacées. Cedrelospermum sp. Une graine de petite taille appar- tenant à l’ancien genre Embothriles maintenant rapproché avec raison par M. de Saporta des Cedrela. Legquminosites. Acacia? Deux extrémités de gousses appartenant certainement à une même espèce paraissent devoir se rapporter à ce genre, mais ces échantillons sont trop incomplets pour permettre une affirmation autre que leur attribution à une gousse de légumi- neuse, Quelques empreintes de folioles réunies sur un échantillon paraissent aussi appartenir à un Acacia, mais elles sont trop frustes pour qu’on puisse faire autre chose que les signaler. D'après cette énumération, les organes végétaux conservés sont en majorité des feuilles, parfois enroulées ou même perpendicu- laires au lit de la roche ; des fruits à péricarpe mince, parfois ailés ; des graines ailées; les quelques axes rencontrés sont des rhizomes grèles, des fragments d’axes d’inflorescences. Le bois, les écorces, les racines, sauf un ou deux fragments indéterminables, font tota- lement défaut. _ ts tint imite" cite cf Ru dass 1892 TERRAIN TERTIAIRE D’ALSACE 497 Les espèces de la florule de Bamlach ne sont pas très caractéris- tiques, cependant l’ensemble à un faciès bien franchement miocène. Quant aux conditions de dépôt et à la physionomie que présentait cette végétation, voici ce qui semble le plus probable : il ne paraît pas y avoir eu une seule espèce ayant vécu sur place dans l’eau; l'apport même par une eau courante est des moins probable, sauf en ce qui concerne le rhizome de monocotylédone, d’ailleurs com- plètement dépourvu de racines. Il s’agit évidemment de débris apportés par le vent d’une plage très voisine. Le sable devait être exondé une partie de l’année, car certaines feuilles ont l'aspect de celles qui sont enfouies par le vent dans du sable plus ou moins sec. Le rivage devait être bordé par une végétation forestière, en notable partie formée d’arbustes,danslaquellelescamphriers jouaient le rôle le plus important. Cette végétation était cependant assez variée et dénotait un climat encore chaud. L’absence totale de conifères doit tenir à ce que ceux-ci habitaient la montagne plus éloignée et elle corrobore ce que nous disions plus haut d’un apport exclusif, par le vent, des débris végétaux enfouis dans les grès de Bamlach. SUNDGAU. Nos recherches dans le Sundgau ont porté particulièrement sur l'extrémité O. et S.-0. du bassin lacustre sundgovien, dans les environs d’Altkirch et de Roppéntzwiller, à l’effet de rechercher s’il n’y existait nulle part des dépôts pouvant être comparés à ceux qui nous ont donné Helix deflexa à Kleinkembs. Si, à Altkirch, nous n’avons rencontré dans les niveaux supérieurs, au-dessous d’assez forts bancs de grès et d'argile, que des calcaires à Limnées surmontant les couches à Melania Lauræ comme à Kôtzingen, Niedersteinbrunn, Niederspechbach, en revanche, à Roppentzwiller nous avons découvert une formation tuffacée, avec conglomérats à noyaux calcaires renfermant différentes sortes d’Helix, qui nous paraît correspondre aux niveaux supérieurs à Helix deflexa de Kleinkembs. Nous allons décrire successivement ces gisements en commençant par Altkirch. ALTKIRCH. Les carrières où s’exploitent la pierre à chaux et au-dessous les grès calcaires en dalles, pour pierres de taille, sont situées à une hauteur de 340 à 350 mètres sur la colline qui est au N. d’Altkirch dans la direction d’Aspach. De la gare, le chemin passe à côté du 198 M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE 40 Déc. cimetière, puis monte directement jusqu’à un chemin boisé où est établi un four à chaux à droite, et à gauche duquel se trouve une série de carrières dont nous allons donner la coupe d’ensemble : Fig. 2. | 2ème carrière Fcarrière fcarrière 2°" carrière Drrection de gauche de ue \ Direction , d'Aspach ; ! Four ' : du cimetière à chaux É d'Altlareh Coupe des carrières au N. d Altkirch, Terre végétale. A Grès calcaire sableux, légèrement schisteux. B Argile. C Grès calcaire compact. Argile. D Carrières de droite. — Calcaire compact rognoneux à faune rabougrie de Limnées et de Planorbes (rares), mélangé d'argile, auquel succèdent des bancs de calcaire riches en Limnées et en Planorbes généralement écrasés. Carrières de gauche. — Calcaire compact sans fossile, tacheté dans le bas, auquel succède. (5 #s) un banc de calcaire riche en Limnées et en Où à © D = © Planorbes. 6 Argile avec un banc mince de grès à traces végétales charbonneuses, 7 E Calcaire argileux-gréseux, sans fossiles, servant pour la fabrication de la chaux. 7 bis Calcaire gréseux. 8 F Grès exploité comme dalles, contenant des empreintes végétales (tiges et rhizomes). D’après la coupe ci-dessus, les grès et les argiles qui forment les hr: 1892 TERRAIN TERTIAIRE D’ALSACE 199 bancs supérieurs des carrières de gauche ne sont représentés dans les carrières de droite que par la partie la plus inférieure du banc de grès calcaire (C) à l’état de débris (Rümstein). Les grès (A) sont sableux, calcaires, un peu schisteux et de dureté variable; les grès (C), en général compacts, de couleur grise ou brunâtre, parfois ferru- gineux, ont une tendance à passer soit au calcaire pur, parfois travertineux, soit à des grès calcaires d’aspect brèchoïde. Ces derniers présentent la plus grande analogie avec ceux que l’on rencontre à Kleinkembs, sur le chemin de Blansingen, au-dessous des plaquettes des marnes à Cyrènes. Ces mêmes grès existent aussi à la partie supérieure du coteau situé au S.-E. d’Altkirch (1); on les retrouve à Emlingen et à Luemscheviller. L’argile (B) est déposée irrégulièrement et forme des sortes de lentilles au milieu des grès. Elle contient des veines noires charbonneuses dans la première carrière de gauche; dans la seconde, où elle atteint 2050 d'épaisseur, elle est tantôt verdâtre, tantôt jaunâtre et renferme des noyaux de calcaire blanc pulvérulent. Les assises (D) (5et 5 bis) sont absolument semblables à celles que l’on rencontre à Kôtzingen, Niedersteinbrunn, Niederspechbach, etc. Elles sont argileuses dans le haut avec bancs minces rognoneux de calcaire dur compact, avec faune rabougrie (Limnées et Planorbes assez rares); à ces bancs argilo-calcaires succèdent des bancs cal- caires, durs, parfois un peu argileux, avec traces charbonneuses, qui contiennent de nombreuses Limnées et Planorbes en général écrasés et mal conservés. Les échantillons de bonne conservation sont des Limnées de taille moyenne, plutôt petite, de forme allongée, plissées à la suture, qui rappellent beaucoup celles que l’on trouve à Niedersteinbrunn et Niederspechbach. On peut hésiter pour cer- taines formes entre L. marginata Sand. et L. fusiformis Sow.; nous devons ajouter que plusieurs de nos échantillons appartiennent cer- tainement au groupe de la Limnea longiscata Brongn., et se rappro- chent beaucoup de la forme intermédiaire de croissance décrite par F. E. Edwards (2) sous le nom de Zimnea longiscata Brard., du calcaire d'eau douce oligocène (Sextien) de Binstead (ile de Wight) ainsi que de celui de Headon Hill. 2 (1) Voir J. Delbos et J. Koechlin-Schlumberger. — Descrip. géol. et min. du Haut- Rhin, tome Il, p. 35 et 36. Voir aussi pour les coupes des carrières au N. d’Altkireh : D' B,. Fôrster : Die Glie- derung des Sundg. Tertiärs; Mitth. der Com. für die geol.Unters. von E. L., Band, Heît III, p. 151-153. (2) Voy. F. E. Edwards : A. mon. ofthe Eocène Mollusca Part. IT ; Paleontol. Sociely, 1852, p.85, pl. XI, fig. 3 et 3b, L. longiscala Brard. L. longiscata, Brongn, 200 M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE 10 Déc. Quant aux Planorbes qui accompagnent les Limnées à Altkirch, étant donné leur mauvais état de conservation, nous ferons les mêmes remarques que pour celles des autres gisements de calcaire d’eau douce du Sundgau, et ne citerons qu'avec doute Planorbis patella Sand. et PI. Chertieri Desh., cette dernière espèce paraissant plus assurée que la première. Nous n’avons pas, malgré nos recherches, réussi à constater à Altkirch la présence de la forme rabougrie de Melania Lauræ, pas plus que celle du Strophostoma anomphalum Sand., signalée par le D: Fôrster (1). Les fentes et les fissures des bancs argileux calcaires (D) ont été sur certains points traversées par des sources qui ont formé un dépôt de calcaire blanc spathique, stalagmitique (Zuckerstein), englobant des fragments de calcaire compact. Un dépôt de ce genre s’observe sur 2 mètres environ d'épaisseur, à l'entrée de la seconde carrière de droite dans la direction d’Altkirch. Le calcaire à chaux E est un calcaire argileux-gréseux, sans fossiles. Le grès F exploité pour dalles est sableux, finement micacé, ana- logue aux grès à plantes de Niederspechbach, de Niedersteinbrunn et de Luemschwiller. Il renferme également d’assez nombreuses empreintes végétales consistant en de longues tiges et en rhizomes qui portent encore la trace des cicatrices radiculaires. Si l’on compare les dépôts des environs d’Altkirch, de Kôtzingen, de Niedersteinbrunn, de Niederspechbach à ceux de Kleinkembs, on trouvera leurs analogues à la partie supérieure des calcaires à Melania Lauræ de ce gisement, dans les couches argileuses, avec bancs de grès et de calcaires riches en Limnea marginata, plutôt que dans la série à Heliæ deflexa A1. Braun, où dominent les sables grossiers et les conglomérats. ROPPENTZWILLER. À 4 ou 500 mètres au S. du village de Roppentzwiller, sur la rive gauche de l’IlI, en face de l'établissement Schlumberger-Steiner (2), à l’endroit appelé Ebertsburg-Wald, se trouve un petit gisement de calcaire exploité autrefois pour moellons. Cette ancienne carrière est située à la cote d'environ 365 mètres, et fait partie de la colline (1) D: Forster : op. cit., p. 152. (2) Noùs tenons à remercier M. Victor Schlumberger dont l’obligeant concours a facilité nos recherches à Roppentzwiller, | - 1892 TERRAIN TERTIAIRE D'ALSACE 201 boisée de l’Eberts-Winckel. Nous y avons relevé la coupe suivante : TORONCAAIS SFR AN A RES ERE S OL LE GENE Par a as Vi environ. Argile. Se TP SES TAC CARE Sc 6 Sc LE UE 0,15 > (A) Banes de 7 à 8 cent. de calcaire travertineux compact. . . 0,30 à 0,40 » (B) Tuf présentant généralement l'apparence d'un conglomérat à pâle calcaire, crayeuse; les couches inférieures entièrement for- MÉCSUELCONSIOME TA ee el ne PAPE AURAS SUR NS 00 LU» D'après les fouilles que nous avons fait faire, ce tui se continue sans doute encore en-dessous, sur plusieurs mètres d'épaisseur. Les couches plongent de 8 à 10 degrés dansla direction du S.auN. Les bancs (A) sont des calcaires travertineux compacts, à struc- ture zonée, le plus souvent enduits de croûtes ferrugineuses qui se fondent parfois dans le calcaire. La roche (B)est formée par une pâte calcaire crayeuse, d'apparence oolithique, englobant des noyaux calcaires plus ou moins arrondis dont la taille varie de 1 millimètre jusqu’à 4 centimètres de diamètre, la moyenne est de 1 à 2 centimètres. Ce calcaire se dissout dans l’acide chlorhydrique en laissant un petit dépôt argilo-ferrugineux. Les noyaux, le plus souvent grossièrement arrondis, et encroûtés d’hydroxyde de îer, sont formés du même calcaire tuflacé que la pâte, tantôt crayeux, pulvérulent, tantôt plus dur et imprégné d’hydroxyde de fer qui leur donne une teinte rougeûtre. La roche que nous venons de décrire n’est pas sans analogie avec celles d’autres pays. On en rencontre une toute semblable au point de vue minéralogique à Binstead (1) près de Ryde, au N. de l’ile de Wight, où les bancs de calcaire d’eau douce remplis de Limnea longiscata Brard., passent à une roche à nodules calcaires arrondis dont la taille varie de 12/" jusqu’à 2 et 3 centimètres de diamètre ; des L. longiscata se trouvent entre les nodules. Les fentes de la roche tuffacée de Roppentzwiller sont remplies de cristaux de calcite et de taches de manganèse. Des fossiles terres- tres fortement encroûtés se rencontrent dans la pâte entre les nodules calcaires. Ces fossiles sont : Helix (Gonostoma) phacodes nob. (2). Cette petite espèce, de (1) Les calcaires d’eau douce de Binstead à L. longiscata Brard., comme ceux de Headon Hill, appartiennent à l’Oligocène, au Sextien. Nous employons ce dernier terme, puisque, d’après le D'F. Sacco, le nom de Ligurien est destiné à disparaitre de la science géologique. — Voir: L'âge des formations ophiolitiques récentes, par le Dr F. Sacco ; Bull. Soc. belge de géol. et de paléont. Tome V, année 1891 Mémoires. Séance du 27 Octobre. (2) Voir : D' Thomä : Op. cit. Heft Il, p. 142, Tab. III, fig. 8 a et b. — Sandberger : Conch. des Mainz. tert. Beckens. Lief. I, p. 33, pl. IT, fig, 11 a et €, 9 02 M. MIEG, G. BLEICHE ET FLICHE 10 Déc. forme lenticulaire, est de beaucoup la plus abondante à Roppentz- willer ; elle est parente, quoique de plus petite taille, avec la forme que l’on trouve actuellement vivante en Grèce, Helix lens Kér. Helix moguntina Desh. var. (1). Plusieurs exemplaires d’'Helix se rapportent, quoique avec quelques doutes, à des variétés de cette espèce. Deux autres espèces d’Helix sont trop mal conservées pour se prêter à une détermination, surtout en l’absence de la bouche. Pupa sp. Quatre exemplaires (haut. 5 à 6mm) à spires composées de 7 à 8 tours qui augmentent insensiblement, à péristome réfléchi et arrondi, présentent d’assez grandes analogies avec Pupa (Orcula) doliolum Brug. et appartiennent certainement au même groupe. Des recherches ultérieures nous permettront sans doute de com- pléter cette liste dans un prochain travail (2). Les calcaires traverti- neux avec nodules de Roppentzwiller ne sont autres que des tuis, produits par des sources chargées d’eau calcaire qui agglutinaient les coquilles des mollusques terrestres vivant dans leurs envi- rons. Les tufs paraissent postérieurs à la molasse tongrienne qui se trouve du même côté de VIII à quelques centaines de mètres plus au S. vers Roppentzwiller et qui était exploitée autrefois dans plusieurs carrières. Le ruisseau du Grumbach, situé un peu au- dessous de celles-ci, coule dans un ravin profond qui montre, sur environ 12 mètres d'épaisseur, des alternances d’argile et de bancs de grès molassique brunâtre très dur, qui plongent assez fortement vers Roppentzwiller. Considérations générales sur le mode de formation du lac sundgovien-badois. A l’origine de nos dépôts sundgoviens, nous trouvons une vaste dépression limitée au sud par les formations jurassiques émergées du massif de Ferrette, au nord par les Vosges, à l’ouest par les collines jurassiques des environs de Belfort, à l’est par les calcaires jurassiques d’Istein et du Grand-Duché de Bade. Cette dépression mit sans doute un temps fort long à se combler si l’on en juge par l’épaisseur des dépôts d'argile de couleur variée, de sable plus ou moins pétrolifère et d’argile à gypse et à sel que les (1) Sandberger : Op. cit., Lief. I, p. 36, P. IV, fig. 5" et 5° et fig. 4 et G. (2) Depuis la rédaction de ce mémoire, nous avons encore trouvé : Cyclostoma sp. voisin de €. bisulcatum v. Liethen, un exemplaire; plusieurs Helix sp. se rapprochant de H. rugulosa v. Mart. 1892 TERRAIN TERTIAIRE D'ALSACE 205 sondages profonds(2502 maximum)de Dornach(1), de Niedermorsch- willer, du Hasenrain, de Hirzhach n’ont pas réussi à traverser. Ces dépôts appartiennent tous à l’Oligocène le plus inférieur, ainsi que la marne bleue (2), d'épaisseur inconnue, qui forme la base de notre calcaire d’eau douce sundgovien. Dans cette dépression marneuse en partie comblée, vinrent se rassembler les eaux qui descendaient du massif calcaire de Ferrette et des calcaires jurassiques émergés d'Istein et du Grand-Duché de Bade, pour former un grand lac. L'identité parfaite qui existe entre les dépôts oligocènes du Sund- gau et ceux de Kleinkembs — ceux des niveaux supérieurs exceptés — nous à engagés à les réunir comme faisant partie d’un même lac dont les limites s’étendaient entre Altkirch, Mulhouse, Bellingen, Kleinkembs, Sierentz et Stetten. Nous avons essayé de tracer les contours de ce lac sur la petite esquisse de carte au —", réduite photographiquement, jointe au présent travail, et dressée d’après la carte géologique du Haut-Rhin de Koechlin-Schlumberger et Joseph Delbos. Le Dr A. Andreae (3), avant nous, avait déjà donné, d’après Koechlin-Schlumberger, une carte indiquant la répartition des gisements du calcaire à Melania Lauræ dans le Sundgau ; on la consultera avec fruit, et l’ajoutant à notre esquisse, on pourra se rendre compte de la façon dont se groupent les principaux dépôts oligocènes sundgoviens (fig. 3): les dépôts inférieurs franchement calcaires «a et a!, riches en Melania Lauræ se trouvent un peu partout, mais principalement dans la partie N. et dans la partie centrale du lac; les formations argileuses, sableusesetcalcairesa?,horizon supérieur du calcaire à Melania Laurœ, riches en Limnées et Planorbes de toutes tailles avec faune rabougrie de Melania Laure, sevoient dans la partie S.-0.etS. dulac;legypsede Zimmersheim et celui de Bamlach b forment deux petits bassins argileux sur les bords N. et N.-E.; les marnes à Cyrènes c, riches en Mytilus socialis, Cyrena semistriata, hydrobies, plantes, insectes, poissons et crustacés, se groupent en triangle allongé dans les par- ties N.-0. et centrale du lac et dans la partie E. aux environs de Kleinkembs; les grès à feuilles d occupent un triangle très allongé dans la partie E et S-E du lac et dans son prolongement E vers (4) Voir : Notice sur quelques sondages aux environs de Mulhouse, par MM. Ch. Zundel et M. Mieg ; Bull. soc. ind. de Mulhouse, 1877. Note sur un sondage exécuté à Dornach en 1869, par M. M. Mieg. B.S.G.EF., 3e série, t. XVI, p. 256. (2) Voir : Contribution à l'étude des terr. tertiaires d’Als. et des envir. de Mulhouse par MM. Mieg, G. Bleicher et Fliche. B. S. G. F., 3° série, t. XVII, p. 392. (3) Voir: Ein Beit. zur Kentn. des Els. Tertiars, von D' A. Andreae; Abh. zur geol. special karte von E.-L., Band. II, Heîft III, p. 67, MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE 10 Déc. Fig. 3: Carte indiquant les limites et les principaux dépôts oligocènes du lac sundgovien badois (d’après la carte géologique du dép. du Haut-Rhin AU DOC TT de Kæchlin, Schlumberger et Delhos), MULHOUS E Z serez Ë TP rÉ #0 R : er rA Le] un Li) Le) D 002. a0 ARAEIESS PR & CN) ep C ie aise AREA s O7. + LS © à Q Éorrkappel Zrirkershem * d? Ç ga PBarebach #7, "QE pue / Pre "Dicceilers Li der Fire O 6 Phttherbahe ET az” Per Le Pus“ +. Harth ot sortira Ve 72 + H : +) d U/£ chrheër © 86, ad ;. ÿd 0 Oaæ ge Ostenbats * ja otrngen" 2 + légers ol, Pie de Dos TA [e) Lutxbac} “ e BALE) 9 Æoppent:mrller LISES Fa t,. Horizon inférieur en majorité calcaire, riche en Melania Lauræ, Megalo- stoma mumia,Auricula alsatica,etc. a. Calcaire à Melania Lauræ Math. { @. Horizon supérieur, argilo-gréseux et b. . Marnes à Cyrènes riches en Mytilus socialis, Cyrena semistriala, plantes, calcaire, riche en Limnées : L. mar- ginata, L. longiscala, etc. Planor- bes, faune rabougrie de Melania Lauræ, Plantes. Gypse de Zimmersheim, de Bamlach. insectes, Paralates Bleicheri, etc. d. Grès à feuilles. a . Schistes à Amphysiles et à Meletta. Conglomérats, grès, calcaires à Helix deflexa Al. Braun. — Limites du lac. | — — + + Limites des dépôts. [ 4 3 1892 TERRAIN TERTIAIRE D’ALSACE 205 Bamlach. Les schistes à Amphysiles e sont situés dans le mème triangle S-E, et f représente les conglomérats et les calcaires à Helix deflexa Al. Braun des couches supérieures de Kleinkembs, et les tufs de Roppentzwiller. Les eaux de ce lac avaient sans doute un écoulement vers le N-E et ce régime fluvio-lacustre aux eaux tempérées et riches en cal- caire convenait évidemment à l'épanouissement des mollusques terrestres et fluviatiles qui se développèrent avec une grande abon- dance, particulièrement les Mélanies (Melania Lauræ Math.), qui se mirent à varier à l'infini comme forme, taille et ornementation, ainsi que nous l’avons prouvé dans notre précédente note (1). A côté de Melania Lauræ se multipliaient les Megalostoma mumia, les Auricules, et en beaucoup moins grand nombre des Planorbes et des Limnées, des Melanopsis et des Helix, etc. Les Paleotherium medium, P. magnum, des tortues — Testudo Lauræ F. et B. — habitaient les bords du lac sur les fonds duquel se développait une végétation de Nymphaea, Sparganium, etc., qui, avec les plantes terrestres des rives, ont donné naissance à des dépôts de lignite, d’ailleurs peu importants (Ilfurth, Flachslanden, Frôüningen, Brunstatt, Rixheim). Les sédiments correspondant à cette période de calme, fins, généralement calcaires, se déposaient lentement dans le fond du lac et y ensevelissaient de nombreux débris végétaux et animaux. Les lentilles siliceuses qui se fondent dans le calcaire argilo-gréseux au voisinage des argiles ligni- teuses (Riedisheim, Rixheim) paraissent avoir été formées dans un milieu riche en débris végétaux et en organismes microscopiques. Ces silex (2) contiennent, en eftet, d’après trois coupes minces que nous avons étudiées, deux de Riedisheim, une de Rixheim, de nombreuses formes organiques, attribuables à des diatomées, (1, fig. 4), à des algues pluricellulaires à membrane assez épaisse, (2, fig. 4), à des grains de pollen de conifères, probablement de pin, (5, fig. 4), à des coquilles embryonnaires de Mollusques gastropodes, ou à des fragments de coquilles tronquées de Mélanies formés des premiers tours de spire, (4, fig. 4), à des débris de tissu ligneux, se présentant sous la forme de fibres dissociées noires, d’écheveaux même, terme extrème de la macération dans les eaux (1) Mieg, Bleicher et Fliche : Contribution à l'étude du ter.-tertiaire d'Alsace, B. S. G. F., 3° série, t. XVIII, p. 395-403. (2) Les lentilles siliceuses passant à des calcaires marneux avec traces de silice, que nous avons étudiées dans les derniers temps à Rixheim, sont très riches en fossiles et renferment en grand nombre : Megalostoma mumia, Valvata circinata et des Limnées. . 206 M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE 10 Déc. du lac, de débris végétaux dont nous trouvons des preuves partout. En outre, les coupes montrent que le silex n’est pas homogène, mais formé par l’agglutination de particules siliceuses arrondies très petites, qui ont enveloppé dans une sorte de réseau les débris organiques du fond du lac, laissant par places de petites lacunes dans lesquelles on trouve de petits cristaux de pyrite de fer octaé- Fig. 4. — Silex tertiairés lacustres de Riedisheim et Habsheim. — 1, 2, 3, 4, organismes déterminables ; 5, indéterminables (Dessiné à la chambre claire). — Gros. 80 fois. drique ou à forme de cube émarginé et de grands cristaux de calcite, les uns comme les autres souillés de limonite. Les dépôts lents et réguliers de calcaire d’eau douce, à en juger par ceux de Brunstatt, de Rixheim, de Riedisheim, etc., prirent peu à peu une grande extension en même temps qu'une grande épaisseur. Mais il arriva un moment où les conditions changèrent : à + 1 à : 1892 TERRAIN TERTIAIRE D'ALSACE 207 à l’est et au sud-est du bassin d’eau douce, par suite des crues et de l’apport de sédiments sableux et terreux, les eaux perdirent de leur pureté et de leur richesse en caleaire; ce fut l’arrêt de l’épa- nouissement de la Melania Lauræ, qui disparut peu à peu ou ne se développa plus que sous une forme rabougrie, comme à Kôtzingen, faisant place à des espèces qui s’accommodaient mieux d’un milieu vaseux et palustre, telles : les Limnées, L. marginata Sand., L. lon- giscata Brongn., lès Planorbes, qui prirent alors un grand dévelop- pement (Altkirch, Niedersteinbrunn, Niederspechbach, Kôtzingen, Kleinkembs). Les sédiments sableux et marneux alternèrent alors avec des sédiments calcaires ; il est également probable que — comme nous avons pu l’observer à Kleinkembs — un passage latéral se produisit en certains endroits entre les dépôts calcaires et les dépôts palus- tres ; ou bien on peut supposer qu’un fond palustre, où se dévelop- paient les Limnées et les Planorbes, existait parfois à côté d’eaux calcaires favorables à l’épanouissement de la Melania Laure. Quant à la végétation, elle paraît avoir pris un grand dévelop- pement pendant la période palustre, si l’on en juge par le nombre et la variété des espèces végétales que renferment les grès de Niederspechbach, de Niedersteinbrunn, de Luemschwiller et d’Altkirch (ces deux dernières stations ne contenant que des tiges et des rhizomes), auxquelles se rattachent, comme transition -à la période suivante, les riches dépôts végétaux de Riedisheim et de Rixheim. Vers la fin de la période pendant laquelle se déposait le calcaire à Melania Lauræ, des changements plus considérables se produi- sirent encore. Par suite du manque d'écoulement des eaux du lac, ou de leur mélange avec les eaux marines qui commençaient à envahir la contrée, un régime saumâtre se substitua partiellement au régime lacustre; il en fut ainsi dans la partie N. et N.-E. du lac, en deux points, où des dépressions marneuses permirent la forma- tion de petits bassins saumâtres entre Zimmersheim et Rixheim, Bamlach et Bellingen. Selon toute probabilité, le dépôt du gypse et des argiles à gypse — dont l’épaisseur connue est d’environ 40m à Zimmersheim — est dû à l’évaporation et à la concentration des eaux salées de ces petits bassins. Ces eaux s’avancèrent ensuite vers le centre et la partie N.-0., ainsi qu’à l’Est à Kleinkembs, où elles formèrent un bassin de forme allongée, parallèle à la vallée supérieure de l’Ill, s'étendant en longueur des environs de Mulhouse aux environs de Luemschwiller, en largeur de Bruebach à la Born- kappel. Il paraît probable que ce bassin s’étendait aussi sur la rive 208 M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE 10 Déc. gauche de l’Ill aux environs de Didenheim et de Niederspechbach où se rencontrent des traces des mêmes dépôts. Les Cyrènes, Cyrena semistriata, les Hydrobies, Mytilus socialis, de petits Planorbes, des Crustacés amphipodes et isopodes, Spheroma margarum Desm., se développèrent en grande abondance dans ces eaux saumâtres, avec quelques rares Cérithes (à la Bornkappel, à Bruebach, à la Hohe- birge, près Mulhouse, à Brunstatt, Zillisheim et Kleinkembs). Sur les bords, et aux environs de ce bassin, s’'épanouissait une végétation luxuriante et vivaient de nombreux insectes dont les restes ont été admirablement conservés au milieu de sédiments argileux et calcaires très fins amenés par de petits cours d’eau dans lesquels pullulaient des petits poissons d’embouchure, le Paralates Bleicheri (Bornkappel, Brunstatt et Kleinkembs). Des dépôts généralement marneux se formèrent dans ce bassin ; aussi n'est-il pas étonnant que les marnes à Cyrènes occupent assez souvent les dépressions du calcaire à Melania Lauræ, et lui soient toujours superposées, bien que ce calcaire forme généralement la cime des collines du Sundgau. Delbos (1) a dit, et nous répétons après lui, que l’invasion de la mer tongrienne en Alsace à trouvé le calcaire à Melania Lauræ émergé sous forme d’ile. Les dépôts marins se sont formés tout autour du rivage de celle-ci et surtout dans la partie E. et S.-E. Ce n’est que vers la fin de cette période qu’un affaissement se pro- duisit dans le triangle occupant la bordure E. et la partie S.-E. du bassin d’eau douce, permettant aux grès à feuilles et aux schistes à Amphysiles de se déposer au-dessus du calcaire à Melania Lauræ dont ils occupent généralement les parties les moins élevées. Tou- tefois, à Zimmersheim , ainsi que dans le bassin de Bamlach- Bellingen (voir notre coupe), on constate la superposition des grès à feuilles aux argiles à gypse. La disposition en ligne droite de ces grès fait croire à l'existence d’un cordon littoral de dunes qui se serait formé peu à peu tout autour du rivage de la mer tongrienne; quant au mode de dépôt, l'étude de la florule de Bamlach rend très probable l'hypothèse d’un enfouissement dans du sable humide, ou sous une mince lame d’eau, de débris végétaux amenés par le vent d’une plage probable- ment très voisine. Des témoins de ce rivage nous sont fournis par les argiles et grès sableux à végétaux terrestres de Bâle et de Huningue, riches en empreintes végétales charbonneuses (troncs, (1) Delbos : L'Alsace pendant la période tertiaire. Revue scientifique du 5 mars 1870, 1892 TERRAIN TERTIAIRE D'ALSACE 209 rhizomes, sporanges de chara) (1). D’après l’opinion personnelle de feu M. le professeur Ab. Muller, de Bâle (2), ces grès à végétaux et ces marnes appartiennent au faciès vaseux et terrestre de l'étage tongrien et se trouvent immédiatement au-dessus des marnes et des grès tongriens à faune marine (3) qui affleurent au S. de Bâle à Bottmingen, Binningen, Therwyl, etc. _ Ici s'arrête la série des dépôts de notre lac sundgovien, dont la profondeur paraît ne pas avoir été très considérable et n’avoir pas dépassé 100 à 150 mètres au maximum; cependant nous trouvons encore à l’Est du bassin, à Kleinkembs, une série importante de conglomérats, de grès, d'argile et de calcaire à Helix deflexa AI. Braun, post-tongriens. Le régime des érosions, commencé dès l’époque tertiaire, et qui s’est continué à travers l’époque quaternaire, a produit de sensibles modifications dans notre bassin alsacien-badois : les matériaux meubles et détritiques — calcaires et marnes — ont été enlevés et emportés par les courants diluviens en même temps que s’opéraient le creusement et le comblement de la vallée supérieure de l’Ill, entre Altkirch, Didenheim et Mulhouse (4), ainsi que celui de la vallée du Rhin entre le Sundgau et le Grand-Duché de Bade. (1) D'après les notes et les échantillons que nous avons recueillis lors des son- dages exéculés à Bâle et à Huningue et lors de la construction des nouveaux ponts, il existe en dessous du gravier quaternaire des grès siliceux à végétaux et des argiles bleues d'épaisseur inconnue d’âge tongrien. Le sondage de la pile gauche du pont du Rhin à Bâle, poussé jusqu’à 10® au-dessous du zéro du limnimètre, a donné le résultat suivant : 0" du limnimètre — 1,14 — 1,80 gravier. Epaisseur . . . .l . 0"66 — 2,50 — et argile. Epaisseur. . (0,70 — 6,60 grès sableux, siliceux, à ,em- preintes végétales charbon- neuses, sporanges de chara, BDAlSSeUR ES 10 — 9,60 Marne bleue. Epaisseur . . . 3,20 (2) Voy. : Geol. Skizze des Kantons Basel, v. Prof. Alb. Müller; Beit. z. geol. Karte der Schweiz. 1884, p.43 et 44. (3) Ces grès à faune marine avec: O0. cyathula, P. subobovatus, Cyrena semi- striata, Cerithium plicalum, ainsi que nous avons déjà eu l’occasion de le dire dans notre précédente note, ont été étudiés par le professeur Goutzwiller, de Bâle. (4) Des fragments anguleax de calcaire d’eau douce se rencontrent assez fré- quemment dans le Diluvium quaternaire de Mulhouse, XX 14 210 M. MIEG, G. BLEICHER ET FLICHE. — TERRAIN TERTIAIRE. 17 Déc. APPENDICE Nous profitons de l’occasion qui nous est offerte pour donner un supplément à la flore de la Bornkappel étudiée par l’un de nous. Gleichenia sp. Un fragment de rhizome de Nymphæa. Une écaille fructifère de bouleau. Banksia helvetica Heer. Acacia nov. Sp. Andromeda protogea ? Ilex stenophyllum Ung ! Zizyphus protolotus Ung. Calice de Diospyros. Nous avons également, depuis notre dernière note, trouvé à la Bornkappel de nouvelles empreintes de Cerithium incrustatum, et un exemplaire d’un assez grand Planorbe (1 cent. de diamètre), ce qui prouve bien le caractère mixte de cette formation. 1892 241 SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS DES ENVIRONS DE DOULLENS, ÉTAGE SÉNONIEN ET TERRAINS SUPERPOSÉS, 2% Note). par M. Henri LASNE J’ai eu l’honneur, il y a deux ans, de présenter à la Société Géologique un premier travail sur ce sujet. J’ai pu depuis cette époque étendre le rayon de mes recherches. De nouveaux gisements ont été découverts, dont l’étude m’a permis de confirmer et de com- pléter le résultat de mes remarques antérieures. À la suite de ma première communication, MM. Gosselet et Cayeux ont bien voulu me faire quelques observations, auxquelles j'ai répondu, devant la Société géologique du Nord. L’année dernière, MM. Renard et Cornet ont publié, à l’Académie Royale de Belgique, un important mémoire, ayant pour titre: Recherches micrographiques sur la nature et l’origine des roches phosphatées, et M. de Mercey a fait, devant notre Société, une communication: Sur les Gîtes de Phosphate de chaux de Picardie. Le présent travail a donc pour but d’exposer les nouvelles obser- vations que j'ai pu faire, et de répondre aux opinions qui ont été présentées depuis là publication de ma première note. CHAPITRE Ier. CRAIE À Micraster cortestudinarium. Les assises qui constituent la base de cet étage subissent de grandes modifications. Elles sont constituées, aux environs de Doullens, de bancs souvent durcis, contenant de petits rognons de phosphate de chaux, très peu abondaänts, et de rares formes organiques (Foraminifères et autres) phosphatées ou silicifiées. En outre, on y rencontre, en très minime proportion, des fragments microscopiques de minéraux détritiques, et plus abondamment des minéraux formés dans la craie même, tels que des concrétions 212 H. LASNE. — SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS 17 Déc. siliceuses (opale) à texture cariée (1) et un minéral en petits frag- ments anguleux, à éclat résineux, de couleur brun rougeâtre plus ou moins foncé, ayant la composition d’un silicate d’alumine hydraté, renfermant un peu de potasse. On sait, d'autre part, que dans le Cambrésis, à Briastre, Quiévy, Neuvilly, etc., ces mêmes assises sont chargées de grains de glau- conie et de phosphate, donnant ainsi une roche fortement colorée en vert. La décalcification de cette roche, pénétrant jusqu'aux assises sous-jacentes de craie blanche à Micraster breviporus, a creusé des poches tapissées de phosphate glauconieux. A cause du mélange de glauconie, ces phosphates ne dépassent pas le titre de 39 0/0; néanmoins, ils ont donné lieu à d'importantes exploitations. Ces poches sont analogues à celles que j'ai décrites aux environs de Doullens ; cependant, elles sont généralement beaucoup moins profondes et diffèrent par de nombreux détails. La craie verte est coupée de quelques bancs de silex qui se retrouvent dans le phosphate; il s’y rencontre en outre, intercalés, des bancs d'argile à silex. Comme dans la Somme, le phosphate est surmonté d’une couche régulière d’argile à silex entiers, restée en place. Au-dessus se trouvent des sables tertiaires, dont la stratification est très netle, surtout dans la partie supérieure, et qui se sont effondrés. Enfin, vient le limon des plateaux. Comme dans la craie à Belemnitelles, les grains de phosphate ont presque tous revêtu la forme d’organismes, notamment de Forami- nifères ; on reconnaît aussi quelques Foraminifères parmi les grains de glauconie : mais ces dernières formes sont beaucoup moins nettes. La modification de la base de la craie à Micraster cortestu- dinarium se fait progressivement; c’est ainsi qu’un peu à l’ouest du méridien de Péronne, à Curlu, Combles, Bouchavesnes, on voit débuter ce nouveau faciès ; il se poursuit en s’accentuant vers l’Est, comme on peut le reconnaître dans une importante carrière située entre Roizel et Templeux-le Guérard. La modification est presque complète sur les bords du haut Escaut, à Vendhuille et Ossu. On arrive ainsi progressivement à la composition de la craie du Cam- brésis. Nous voyons donc, peu à peu, la glauconie remplacer, mais avec une bien plus grande abondance, le minéral brun, à éclat résineux, qui existe seul dans l'Ouest; en même temps le phosphate, à peine représenté d’abord par quelques rares nodules, devient de plus en (1) La plupart de ces fragments ne sont autre chose que des tests d’Inocerames, injectés de silice dans les intervalles des fibres calcaires. 1892 DES ENVIRONS DE DOULLENS 213 plus abondant, et moule des organismes microscopiques. Autre caractère important : les fossiles, les Oursins surtout, sont _pyriteux ; aux environs de Doullens, je n’en ai pas trouvé un seul ayant subi cette modification qui est, au contraire, générale à l'Est et au Nord de Roizel, jusque dans le Cambrésis. Tout ces faits démontrent une modification latérale dans la composition des eaux de la mer où se produisait la sédimentation : d’oxydante dans l'Ouest, la réaction des eaux était devenue réduc- trice : il s’est déposé un calcaire d’où pouvaient se séparer la glau- conie et la pyrite. Il me paraît naturel d'admettre que cette modifi- cation était corrélative à l'existence de courants marins, de régime bien établi, véhiculant dans ces régions des eaux chargées simulta- ment de phosphate de chaux et de protoxyde de fer. CHAPITRE Il. CRAIE A BÉLEMNITELLES 4° Observations stratigraphiques. De même qu'aux environs de Doullens, dans la contrée qui s’étend de Suzanne à Villeret c’est uniquement B. quadrata qui se rencontre dans la craie phosphatée, à l’exclusion de B. mucronala. J'ajouterai qu’en descendant vers la base de la craie phosphatée, B. quadrata diminue d’abondance, et je ne serais pas surpris qu’elle manquât complètement dans les premières assises. Quoique je ne donne pas encore à ce sujet une affirmation positive, il y a là une indication, corroborée par la présence, dans les assises de la base, d’Actinocamax verus, auquel se joignent un Micraster et un Echino- conus qu’on ne rencontre pas dans les assises plus élevées. D'un autre côté, un gisement dont je n’ai pas encore parlé, celui d'Hardivillers, près de Breteuil, fournit des indications ayant une signification inverse. B. mucronata se développe: elle est de taille normale, et son abondance relative ({ B. mucronata sur 6 B. quadrata) me porte à croire que la craie phosphatée d’Hardivillers est à un niveau plus élevé que celle de Doullens. Cette opinion se confirme en ce que d’autres fossiles ont aussi subi une évolution : le type des Ananchytes s’est notablement modifié ; Ostrea vesicularis, au lieu de n'avoir que 2 centimètres comme à Doullens, atteint 5 à 6 centi- mètres; on sait qu’à Mons, à un niveau où B. quadrata a disparu, cette huître mesure souvent 10 à 12 centimètres de diamètre. 214 H. LASNE. — SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS 11 Déc. Ce sont là, sinon des preuves absolues, au moins de grandes probabilités pour que le niveau de Breteuil soit géologiquement plus élevé que celui de Doullens. Je crois donc qu'il faut se garder d'attribuer à un niveau identi- que toutes les craies phosphatées à Bélemnitelles du Nord de la France, comme on l’a fait jusqu'ici. Il serait, au contraire, très important d'y reconnaître des différences, ce qui ne me paraît pas impossible d’après les observations précédentes. Entre le niveau de Doullens, situé tout à fait à la base de la craie à B. quadrata, et descendant peut-être même un peu plus bas, et celui de Mons, qui occupe le sommet de la craie à B. mucronata, viendrait se placer le niveau intermédiaire d’'Hardivillers, près Breteuil. Au-dessus de la craie phosphatée, on n’observe aux environs de Doullens que quelques lambeaux de craie blanche à silex : les argiles à silex seules témoignent de l’existence en ce point de puis- santes assises de craie supérieure. Je n’avais d’ailleurs trouvé aucun fossile, sauf quelques Ananchytes en silex dans les argiles de décalcification. Sur les rives de la Somme, notamment à Suzanne et Eclusier, on peut reconnaître, au-dessus de la craie phosphatée, deux étages de craie: le premier blanc et tendre, injecté de bioxyde de manganèse, le supérieur, plus puissant, jaune, souvent durci et noduleux ; tous deux contiennent B. quadrata. Entre Eclusier et le Moulin de Frise, la falaise offre une bonne ESE ONO re El Niveau du canal : 46", Fig. 1. — Coupe du Moulin de Frise à Eclusier (Somme). — CP, Craie phosphatée; CBS, Craie blanche supérieure ; CJ, Craie jaune; P, Poche magnésienne. coupe, dont l'observation est facilitée par plusieurs carrières. Coupées dans la direction est-ouest, les couches forment à Eclusier un petit anticlinal (fig. 1). La craie phosphatée est surmontée de la craie blanche et de la craie jaune, dont on ne voit pas le sommet, 1892 DES ENVIRONS DE DOULLENS 215 La puissance réunie de ces deux étages atteint et sans doute dépasse 60, On y trouve quelques rares exemplaires de B. qua- drata. Cette coupe présente en outre une poche dans la craie jaune, poche remplie de rognons magnésiens et sur laquelle je reviendrai. Ces deux étages de craie sont précisément ceux que je réclamais, sans les avoir encore observés directement, pour fournir par leur décalcification les matériaux des deux couches d'argile à silex qui tapissent la surface de la craie ou du phosphate dans les poches; la première noire, la seconde rouge et plus puissante. Or, j'ai trouvé, à Orville, dans l’argile rouge, un document inté- ressant, qui prouve que les assises de craie étaient en ce point plus épaisses encore, du moins géologiquement. C’est un silex dans lequel est enchassée une Bélemnite. L’alvéole est moulé en silex; la partie postérieure est conservée, mais, fait assez rare, je crois, complètement épigénisée en silice. Elle est parfaitement recon- naissable : c’est B. mucronata. 2° Examen microscopique. Quoique des observateurs plus compétents se sent de pour- suivre cet examen en détail, il est indispensable que j’en dise quel- ques mots, parce que cela importe à la question de l’origine des dépôts phosphatés. J’ai déjà dit, dans ma première note, qu’il était facile de recon- naître dans la craie phosphatée un certain nombre de Foraminifères, au milieu de nombreuses formes ovoïdes, de détermination dou- teuse, mais où néanmoins l’épigénie de formes organisées me paraissait évidente. J'ai reconnu depuis, sur des coupes minces, que ces formes ovoiïdes, atteignant souvent plus d’un millimètre de lon- gueur, sont constituées de phosphate translucide mais non concré- tionné, et englobent souvent dans leur masse un ou même plusieurs petits Foraminifères. Quand on examine avec soin une coupe mince, on reconnaît que les Foraminifères isolés, très nombreux, sont entourés d’une couche de phosphate translucide concrétionné, formant autour de l’objet vu sous le microscope comme une auréole brillante qui l’enveloppe complètement. L'intérieur des loges est au contraire soit vide, soit rempli de phosphate bien plus fortement coloré et bien moins translucide, qui semble plus voisin de l’état amorphe. Tous ces corps phosphatés sont noyés en proportion très variable dans une pâte de craie blanche, soit presque amorphe, soit plus rarement nettement-cristalline. Quelques Foraminifères sont restés calcaires. Il resterait encore à définir un certain nombre de formes, parmi 216 H. LASNE. — SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS 17 Déc. lesquelles les unes sont encore des moulages d'organismes micros- copiques, soit des Algues, soit des Radiolaires, soit des formes indéterminées. Enfin, il existe, en proportion relativement faible, des fragments anguleux, translucides, dans lesquels MM. Renard et Cornet reconnaissent des débris d'os et de dents. Je crois que ces fragments anguleux sont des débris de nature très diverse; peut- être même pourrait-on reconnaître dans quelques-uns d’entre eux des essais de cristallisation. Les fragments pour lesquels l'identification avec les débris osseux est évidente sont peu abon- dants, et cette remarque est surtout décisive en ce qui concerne l’émail des dents, qui résiste si bien aux causes de destruction. Il serait étrange, d’ailleurs, qu’on ne trouvât pas quelques-uns de ces débris, puisque des os entiers et des dents de poissons existent dans le dépôt, non pas cependant en proportion notable, si on en évaluait le poids relatif. Je tiens seulement à insister sur cette constatation que la proportion de débris osseux microscopiques est tout à fait négligeable. On me permettra une petite réclamation relativement à une opinion formulée par M. de Lapparent, en rendant compte du mémoire de MM. Renard et Cornet. À l'avis de notre éminent collè- gue, les données résultant de ces observations apportent des lumières nouvelles à la question de l’origine des phosphates et ren- versent complètement mon opinion émise dans l’ignorance de ces faits. Il faut distinguer. Que MM. Renard et Cornet aient décrit bien plus minutieusement que je ne l'avais fait moi-même les résultats de l'examen microscopique, c’est ce qui ne fait pas l’ombre d’un doute; mais, ayant dès l’origine observé avec grand soin au microscope la craie grise et les phosphates qui en dérivent, je savais, et j'ai dit à plusieurs reprises, que la plus grande partie des formes observées étaient des formes organisées. C’est donc en pleine connaissance de cause, et non dans l'ignorance des faits, que j’ai formulé les conclu- sions de mon premier Mémoire, qu’elles soient justes ou mal fondées. MM. Renard et Cornet supposent que les Foraminifères et autres organismes calcaires ont été rejetés sur le rivage et transformés en phosphate par les débris de Poissons et de Reptiles marins auxquels ils se sont trouvés mélangés; puis, cette transformation accomplie, que le phosphate ainsi constitué a été entraîné vers la haute mer par les vagues et les courants et a pu aller se déposer à une grande distance du rivage, soit 200 à 400 kilomètres, 1892 DES ENVIRONS DE DOULLENS 247 Il y'a là, à mon avis, une double impossibilité, tant au point de vue chimique qu’au point de vue mécanique. a) Parmi les matériaux rejetés sur le rivage et exposés à l’action des eaux dissolvantes, ce sont les éléments calcaires qui auraient disparu les premiers, et par suite leur forme ne se serait pas con- servée. Pour que ce résultat puisse être obtenu, il eût fallu, non pas que les différentes matières fussent déposées pêle-mêle comme il est supposé, mais que les éléments calcaires se trouvassent baignés par un liquide ayant préalablement dissous de l’acide phosphorique ; enfin, pour que ces éléments ne fussent pas dissous, il eût été néces- saire que ce liquide eût déjà partiellement perdu une partie de sa puissance dissolvante par son appauvrissement en acide carboni- que, et füt sur le point de laisser précipiter spontanément le phos- phate qu’il contenait. b) Certains grains de phosphate, de forme ovoïde, atteignent plus d’un millimètre dans leur plus grande dimension ; la majeure partie de la masse est composée de grains de 5/10 à 1/10 de millim.; enfin, on trouve des éléments beaucoup plus petits et des plaquettes exces- sivement minces. La densité de ces matériaux phosphatés est com- prise entre 2,90 et 3,00, suivant leur degré de pureté. J’ai mesuré la vitesse de chute de ces divers grains dans l’eau, et jai trouvé les résultats suivants : Les plus gros tombent avec une vitesse voisine de 200% par seconde, Les grains de 1" environ avec une vitesse de 100mm — Les grains de 0,50 à 0,10 — de 50 à A10mm — Enfin les grains les plus fins ne parcourent que 3mm — et même moins. Comme règle empirique, on peut dire que des grains fins dont la densité est voisine de 3, abandonnés dans l’eau calme, parcourent en une seconde 100 fois leur diamètre. Comment imaginer des circonstances telles que des grains tom- bant avec une vitesse de plus de 700" à l’heure puissent être main- tenus longtemps en suspension, et ainsi véhiculés à de grandes distances ? Cela paraît tout à fait impossible, surtout quand on a essayé de le réaliser artificiellement : quelque énergique agitation qu’on imprime au liquide, les gros grains ne tardent pas à gagner le fond où ils s’entassent en un sable résistant comme celui d’une plage. En admettant même que de pareilles circonstances se soient produites, comment expliquer qu’il n’y ait pas eu, au lieu du dépôt, un certain triage mécanique dont en réalité on ne trouve pas trace? Bien au contraire, non seulement les grains de grosseur aussi différente que possible sont intimement mélangés, mais encore 218 H. LASNE. — SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS 47 Déc. ils sont empâtés en proportion très variable avec de la craie blanche composée d'éléments impalpables. Quelle que soit la proportion de craie blanche interposée entre les grains phosphatés, on trouve indifféremment les gros grains dans les craies riches ou dans les craies pauvres. La substitution de l’eau de mer à l’eau pure ne modifie pas ces : observations : si, dans le cas des argiles, elle active la précipitation en provoquant, comme toutes les solutions salines, une coagulation particulière, dans le cas actuel elle agit seulement par sa densité qu'il est impossible de supposer suffisante’ pour retarder sensi- blement la chute de particules dont la densité est voisine de 3. Quoique j'attribue la formation des roches sédimentaires d’une époque déterminée aux éléments dissous ou entraînés mécanique- ment aux dépens des roches émergées de la même époque, je ne veux pas repousser de parti-pris l'apport provenant de sources éruptives; mais il me paraît que la proportion de matière ayant cette dernière origine est incomparablement moindre que celle qui dérive de la première. En ce qui concerne les rapports du phosphate et de la craie, je ne puis admettre l’origine éruptive locale comme le voudrait M. de Mercey : des sources, chargées d'acide phosphorique ne peuvent pas traverser de grandes épaisseurs de calcaire sans abandonner au contact du carbonate de chaux le phosphate qu'elles tiennent en dissolution. Or, c’est ce qui aurait dû arriver à l’époque de la B. quadrata. En admettant même que ces sources eussent été assezabondantes pour pousser jusqu’à la surface le phosphate qu’elles contenaient, elles auraient laissé des traces de leur passage sur les roches antérieures : or, malgré l’extension des exploitations, qui ont découvert, en bien des points, la craie blanche sous-jacente, on n’a encore trouvé aucune trace de semblables cheminées. D'ailleurs, quand même on admettrait la venue de sources phosphatées au fond de la mer, la forme spéciale prise par le dépôt serait inexpli- cable. M. de Mercey me reproche de faire venir de loin ce qu’on peut trouver bien plus près en profondeur. Je ferai observer que le transport ne coûte rien, étant opéré par le dissolvant lui-même. : Les rivières et les courants marins sont des chemins qui marchent. 3° Accidents magnésiens. Avant de terminer ce chapitre, je dirai un mot des accidents magnésiens sur lesquels M. de Mercey revient fréquemment, J'ai 1892 DES ENVIRONS DE DOULLENS 219 déjà signalé une poche de cette nature qui existe entre Eclusier et le Moulin de Frise, sur les bords de la Somme. La butte de Bimont, près Breteuil, consiste dans un accident analogue, mais encore mieux caractérisé. On y rencontre des rognons de densité médiocre, assez colorés à la surface, jaunâtres à l’intérieur, constitués de deux matières, qu’on peut séparer presque complètement avec quelque ménagement, l’une faiblement agrégée, empâtant les parties dures qui constituent la seconde. A côté de ces rognons se trouve un sable bien curieux : débarrassé, par lévigation, d’un peu d’argile qui l'accompagne, il se montre au microscope entièrement constitué de rhomboèdres jaune elair, d’une régularité remarquable, chacun d’eux présentant en son centre un petit noyau rhomboédrique coloré en brun foncé. Mais les plus petits cristaux ne présentent pas cette particularité. Le tout repose sur des bancs de calcaire durci, corrodé et creusé de poches. Les phénomènes d’altération superficielle ont évidem- ment joué un rôle dans l'isolement des composés magnésiens de la roche calcaire où ils étaient d’abord disséminés. Le mécanisme est analogue à celui qui a isolé le phosphate de la craie grise ; on sait - en effet que le carbonate double de chaux et de magnésie résiste mieux à l’action des acides faibles que le carbonate de chaux. Cela n’explique pas, il est vrai, la présence du carbonate de magnésie dans la roche elle-même ; mais sans vouloir encore émettre une opinion définitive, je ferai pourtant remarquer que, comme la chaux, comme le phosphate, la magnésie fait partie des roches granitiques; qu’elle aussi a été dissoute par les agents météoriques, et qu'une fois parvenue dans la mer, elle a dû obéir à ses réactions spéciales, en vertu desquelles elle à pu se localiser dans les régions où les circonstances se trouvaient favorables à sa précipitation. On sait d’ailleurs que l’eau des fleuves actuels tient en dissolu- tion une proportion assez notable de magnésie et qu’il n’est pas de calcaire où une analyse attentive n’en décèle une certaine quantité. Il n’y aurait donc nulle difficulté à imaginer telle circonstance où le carbonate double de chaux et de magnésie se précipite en plus grande abondance, exactement à la façon du phosphate. L'accident magnésien d’Eclusier est supérieur à la craie phos- phatée de cette localité; celui de Bimont paraît au contraire infé- rieur à la craie grise d'Hardivillers dont il est voisin. S’il était démontré que ces deux accidents, dont l’analogie est frappante, sont au même niveau géologique, cela viendrait corroborer la posi- 220 H. LASNE. — SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS 47 Déc. tion géologiquement supérieure de la craie grise d’Hardivillers ; malheureusement l’absence complète de fossiles à Bimont ne per- met pas d’être affirmatif. Voici une analyse complète du sable rhomboédrique de Bimont, purifié par lévigation. La matière a été desséchée à froid sur l'acide sulfurique. ee SAGE ee 0.68 ; Résidu insoluble À \jumine.… 0%2) 1-20 Matières organiques et pau. .<::-7.1...44. 00h 0.81 ACIO6 CARD ANE à 2. ne eee RSR ne eee 44.60 CR ER RL NE ER 2e da D en AT SENS 34.02 MACRO ne tante ein ne A Ce ce PO RS NA 16.23 SESUUIOLVAE ATP: 2 de are does tia ne dieu 0:92 AUMINE LE 2 pee en DR Su Me SU TE ARENA 2,25 Acide PhOSPHDPUTUE: 2.07 tea En a SAR En 0.08 100.16 POIdS SNÉCHIQUE 25 25 00e SAUCE - 2.841 Le résidu insoluble est noir, mais il blanchit complètement à la calcination. Sa coloration est due aux matières organiques. On reconnaît, d’après cette analyse, que le sable rhomboédrique de Bimont est un composé bien défini, ayant pour formule : 3 (CaO, CO?) + 2 (MgO, CO). Le petit rhomboèdre brun-foncé, qui occupe le centre, est coloré par de la matière organique ; c'est toujours cette matière organique, soluble dans les alcalis, d'où les acides la précipitent, analogue aux matières humiques, que nous retrouvons dans tous les phos- phates et tous les calcaires sédimentaires. Elle me paraît militer fortement en faveur de l’hypothèse qui attribuerait la même origine aux accidents magnésiens. Au cours des phénomènes de décalci- fication, une oxydation simultanée s’est produite qui a détruit la matière brune à partir de la surface : cette oxydation a atteint le centre dans les plus petits cristaux, mais n’y est pas encore parve- nue dans les plus gros. & Fossiles. J'ai déjà signalé la présence de Actinocamax verus dans les couches de la base de la craie phosphatée. Jusqu’à présent, je n’ai rencontré ce fossile qu’en une seule localité, près d’Orville (le Rideau d’'Halloy), où il est rare. B. quadrata ne se trouve pas avec lui; elle me paraît d’ailleurs absente des couches inférieures de craie phosphatée dans tous les points où j'ai pu examiner ces 1892 DES ENVIRONS DE DOULLENS 294 couches avec soin. Ce fait, qui ne m'avait pas frappé d’abord, à cause des grandes variations qu’on constate dans l’abondance de ce fossile d’un point à un autre, finit par se dégager avec une netteté de plus en plus grande. Cependant, mon attention n’ayant été éveillée sur ce fait qu’à la fin de l’automne dernier, je réserve encore une conclusion définitive (1). J’ai également trouvé quelques Céphalopodes moulés en craie phosphatée. Ce sont des débris imparfaits parmi lesquels M. de Grossouvre à pu reconnaitre Scaphites hippocrepis. J'ai également trouvé quelques cloisons appartenant à Baculites et Crioceras, mais indéterminables comme espèces. Pas d’Ammonites proprement dites. CHAPITRE III PHÉNOMÈNES DE DÉCALCIFICATION. — PHOSPHATE DES POCHES. — ARGILE À SILEX ENTIERS. — SABLE DE REMPLISSAGE. 1° On se rappelle que dans ma première note, j’exposais, suivant une opinion qui m'était commune avec beaucoup de géologues, que le phosphate des poches et les différentes couches d’argile emboîtées les unes dans les autres provenaient de la décalcification de la craie sous l’action dissolvante des eaux météoriques, chaque assise de craie ayant abandonné suivant la nature des matériaux insolubles qu’elle renfermait une couche différente de terrain décalcifié. Ces idées me paraissent être de plus en plus généralement admises. En ce qui concerne plus spécialement le phosphate, j'ai reconnu avec plaisir que M. de Mercey, abandonnant en partie ses anciennes idées, admet, dans sa dernière note, que la séparation du sable phos- phaté est postérieure au dépôt de la craie phosphatée, et contem- poraine de la formation du bief à silex. Ce savant englobe sous le nom de bief à silex les différentes argiles de décalcification. Son explication peut se résumer ainsi : le bief s’est formé, et à son contact la craie s’est creusée de poches qui se sont tapissées de phosphate dans les parties où elles attei- gnent la craie phosphatée. Comment le bief s’est-il formé? Quel a été son mode d’action sur la craie sous-jacente? En vertu de quelles réactions a-t-il creusé (1) Dans une excursion faite récemment en compagnie de notre collègue, M. de Grossouvre, ces observations se sont trouvées pleinement confirmées, 299 if. LASNE. — SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS 47 Déc. des poches, et pourquoi le phosphate s'est-il séparé à son contact ? Autant de questions qui mériteraient d’être résolues, mais qui ne sont même pas soulevées. Une telle explication est loin de satisfaire l’esprit. Les phénomènes de décalcification, au contraire, qui se sont pro- longés depuis l’émersion définitive, et qui se poursuivent encore sous n0s yeux, ne me paraissent laisser subsister aucune difficulté. 20 Je passe maintenant à la description de faits de détail qui me semblent mériter queique intérèt parce qu’ils jettent un certain jour sur le mode de formation des silex et démontrent que tous ne se sont pas formés dans la craie, mais qu’une partie est de date bien plus récente. On se rappelle que la craie grise des environs de Doullens est très pauvre en silice, qui n’entre dans sa composition qu’à l’état d’une trace d'argile et de quelques menus fragments d’opale, et de silicate d’alumine hydraté en petits grains d’éclat résineux, les mêmes que dans la craie blanche, mais en plus faible proportion encore. Dans tous les cas, on n’y a pas trouvé un seul silex tout formé, si petit soit-il. Aussi c’est avec étonnement que j'ai reconnu dans la couche de phosphate sableux de véritables silex. Ils occupent, quand ils se présentent, la partie inférieure de la zone superficielle que j'ai décrite comme étant altérée, en partie dissoute, et souillée d’infil- trations argileuses entraîinées des terrains supérieurs. Dans la même zoue, on trouve en même temps des rognons pyriteux, plus ou moins complètement oxydés, de formes noduleuses ou bran- chues. Ces silex revêtent extérieurement deux formes : plaquettes dispo- sées suivant les inflexions du phosphate, ou boules presque sphéri- ques, marquées d’impressions en creux formant un ou plusieurs ombilics, creuses à l’intérieur et incomplètement remplies d’une farine siliceuse. La coupe mince montre au microscope une pâte de silex blond, dans laquelle sont emprisonnés de nombreux grains de phosphate, parmi lesquels on reconnaît beaucoup de Foramini- fères. Ces silex, dont la pâte ne difière en rien des silex de la craie, sont donc formés aux dépens des matériaux dissous par les eaux d'infiltration dans les couches décalcifiées supérieures : la silice, entraînée en pseudo-solution, lors de la décomposition des silicates, s’est déposée au contact des dernières traces de calcaire dans la couche de phosphate séparé, en englobant les grains à formes bien connues. 1892 DES ENVIRONS DE DOULLENS 293 Parmi les silex de la couche d'argile rouge, se trouvent de nombreuses formes rappelant extérieurement le bois fossile : je n'avais vu là qu’une simple analogie. Mais j'ai trouvé récemment à Beauval un fragment dont la nature n’est pas douteuse : c’est bien du bois fossile ayant conservé sa structure intérieure. Malheureu- sement, le terrain était remanié, et il m'est impossible d’affirmer si l'échantillon provient de l'argile rouge de décalcification ou du bief à silex cassés. Ce fragment porte des traces de taret et renferme dans ses fissures de petits cristaux de quartz. Il me semble évident que ce silex s’est formé ici encore au sein même de l'argile et ne préexistait pas dans la craie. J'avais signalé le phosphate concrétionné qui s’est formé au som- met des poches creusées dans la craie blanche dans les points où la craie grise a été complètement dissoute. J'en ai retrouvé de nom- breux exemples beaucoup mieux développés. L’analogie de ces con- crétions avec celles que forme le phosphate du Lot est très grande: nous ne trouvons pas ici toutefois de colorations vives et variées. En coupes minces, l’aspect concrétionné est très remarquable. Une de ces concrétions a englobé un silex cassé, ce qui démontre l’âge relativement récent de cette formation. 30 Sable de remplissage. Je puis comparer maintenant ce qui se rapporte aux environs immédiats de Doullens avec des points plus éloignés. Sans nous écarter jusqu'aux localités où les diverses assises ter- tiaires sont bien différenciées, nous trouvons à chaque pas, sur les bords de la Somme et de l’Escaut, des sables bien stratifiés. Les couches de nature et de nuance variées se sont affaissées par effon- drement dans les poches de la craie sous-jacente, avec interposition d'argile à silex entiers. Quand on se rapproche de Doullens, on voit peu à peu ces carac- tères disparaître. Par exemple, à Toutencourt, on ne trouve plus de sables stratifiés; mais on peut observer, au sommet de l'argile à silex entiers, une couche de silex à patine verte, comme on en connaît à la base de l’Eocène. Ces mêmes silex se rencontrent encore, mais plus rares, à Raincheval, Puchevillers et Beauval. Les derniers témoins de ces formations, qui se retrouvent en abondance à Hérissart et deviennent plus rares à Beauquesne, sont les grès lustrés en gros fragments mamelonnés. Entre Beau- quesne, Orville et Beauval, ces grès lustrés disparaissent. Dans les fouilles si étendues et si multipliées faites dans ce périmètre, je n’en connais que deux exemples: l’un à Beauval et l’autre à Orville; 224 H. LASNE. — SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS 47 Déc. or, tous deux se trouvent dans l’affaissement dû à la petite vallée que j'ai décrite sous le nom de vallée Toussaint et qui, presque nivelée à la surface aujourd’hui, a dû présenter autrefois une grande impor- tance, comme en témoignent de nombreux faits relatés à ce sujet dans ma première communication. J’insiste donc sur ce point qu’on ne rencontre à Beauval, Orville et Terramesnil, dans les poches de la craie, aucune trace d’un dépôt antérieurement stratifié et plus tard effondré. Au contraire, le sable de remplissage est constitué d’une façon évidente par le produit du lavage de l'argile à silex par les eaux superficielles. Il s’est accu- mulé ainsi, au fur et à mesure du creusement, des matériaux plus ou moins sableux, plus ou moins argileux, d’aspect et de coloration différents entre deux poches voisines. On reconnaît l’action capri- cieuse des eaux sauvages, mais aucune trace de dépôt régulier. Dès qu’on a dépassé, vers le Nord, la vallée de l'Authie, on retrouve les grès lustrés, puis les sables originairement stratifiés. Je dois joindre à ces considérations quelques remarques d’un autre ordre : dans la région que j’ai en vue, les poches sont bien plus profondes, le phosphate séparé bien plus pur et bien plus riche que dans les points où la formation est encore recouverte, comme sur les bords de la Somme, par des dépôts tertiaires strati- fiés. Comparez à cet égard Beauval ou Orville aux environs de Curlu, où pourtant la craie phosphatée originelle n’est ni moins riche ni moins pure. Si donc la région dont je m'occupe a été recouverte de sédiments postérieurs à ia craie, ces sédiments ont été complètement enlevés. Mais quand on réfléchit que ce point se trouve justement au nœud de deux anticlinaux, on ne voit pas beaucoup de difficulté à admettre que la mer éocène, qui, au voisinage, ne possédait assurément qu’une très faible profondeur, comme en témoigne la nature des dépôts, l’a laissé à découvert; cette surface aurait constitué un îlot de faible relief, où un bras de mer aurait pénétré par la vallée Toussaint et formé dans cette dépression les grès lustrés dont j’ai signalé les rares vestiges. Quant aux petits galets roulés dont M. de Mercey m’aceuse d’avoir méconnu la nature, je ferai remarquer que cet auteur ne paraît pas s'être rendu compte de leur position : ils sont placés tout à fait au sommet du sable de remplissage, en contact intime, et souvent partiellement mélangés au bief à silex cassés. Il me paraît impos- sible de les ranger dans les sédiments tertiaires, malgré leur ana- logie avec certaines formations de la base de l’Eocène, 1892 DES ENVIRONS DE DOULLENS 295 D’après les explications qui précèdent, on voit qu'on ne peut fixer l’âge de l’argile à silex entiers et des divers terrains dus à la décal- cification. Ce phénomène débute dès qu’il y a émersion, c’est-à- dire dès que les terrains calcaires sont soumis à l’action des eaux d'infiltration. Il se continue encore sous nos yeux, si bien que, à l’inverse de tous les autres terrains, ce sont les parties les plus profondes dont la formation est la plus récente. La formation de l'argile à silex entiers, restée appliquée sur la craie dont elle dérive, comprend donc toute la période qui débute à l’émersion définitive pour se continuer indéfiniment. CHAPITRE IV. ONDULATIONS DE LA CGRAIE. Des faits très importants ont été mis en évidence sur des points nombreux par le progrès des exploitations. 19 Le maximum de puissance, et en même temps lemaximum de richesse de la craie phosphatée, correspond toujours à un ancien thalweg, auquel le plus souvent un thalweg actuel est subordonné. Je vais citer quelques exemples de ce fait auquel je ne connais pas d'exception. À Orville, une partie importante du gisement est situé sur une vallée qui prend son origine vers Beauquesne. Je reproduis (fig. 2) Fig. 2. — Vallée d'Orville (Pas-de-Calais). — CBI. Craie blanche inférieure ; CP == Craie phosphatée. CBS, Craie blanche supér®. [77] Phosphate. [7773 Agiles. 1 Echelle des longueurs des hauteurs —— 1 15000? 2000 la coupe Est-Ouest prise transversalement à cette vallée. À l'Ouest, vers le thalweg ancien (le thalweg actuel se trouve reporté vers l'Est), XX 15 226 H. LASNE. — SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS 2% Déc. on observe la craie grise sur une grande épaisseur, soit 25" envi- ron, et on n’en voit pas le sommet. Son titre atteint 40°. En remon- tant la pente, au point où on commence à apercevoir quelques traces de craie blanche supérieure, la craie grise n’a plus que 20m de puissance et son titre s’abaisse vers 30°. En s’éloignant encore de quelques centaines de mètres, on voit l'épaisseur de la craie phosphatée se réduire à 5 ou 6" en même temps que sa richesse descend à 15 ou 20°. Il n’est pas douteux qu’on connaisse le sommet de la couche, car on rencontre de nombreux lambeaux de craie blanche supérieure. Un peu plus au Nord, la couche de craie phosphatée reprend une grande puissance et une grande richesse dans la vallée Toussaint; il paraît en être de même dans la vallée de l’Authie; mais là, elle a été fortement entamée par les érosions, et il ne reste aucune trace de craie blanche supérieure. A Beauval, nous observons exactement la mème chose, si nous coupons transversalement la vallée; ici, c’est le flanc Est qui s’est le mieux conservé; cependant l'Ouest a gardé quelque importance, il n’est pas négligeable comme l'Est d’Orville, de chaque côté, nous pouvons faire la mème constatation : diminution progressive de puissance et de richesse à mesure que l’on s’écarte du thalweg. Au sud de Beauval (le bois de Milly), nous trouvons un second maximum sur une vallée secondaire en prolongement de la vallée Toussaint. A Vaux-Eclusier, si nous coupons transversalement la vallée de la Somme par une coupe N-S, perpendiculaire à la coupe de la fig. 1, nous constatons des faits analogues. Sur la rive droite, formant une presqu'île surbaissée, nous voyons la craie phosphatée apparaitre au-dessous du niveau du marais, à l'altitude de 48, au lieu dit la Fontaine ferrée. On peut suivre son affleurement le long d’un grand rideau, dù d’abord à un affaissement, puis faconné par le courant de la Somme, et qui atteint jusqu’à 60" de hauteur. Peu à peu, la craie grise, d’abord puissante de 20 à 25" et titrant près de 50e, s’amincit, s’appauvrit et finit par se réduire au lit de nodules durcis qui, là comme partout ailleurs, en constitue la base. Cette base s'élève de 45 à 120" sur une longueur de 3 kil. environ du Sud. au Nord. Sur l’autre rive, les faits sont les mêmes ; mais là, nous nous trouvons dans la convexité d’une boucle, en présence d’une falaise, dont j'ai donné la coupe longitudinale. A 1.500 environ vers le Sud, on retrouve au fond d’une carrière ouverte, dans une petite vallée, la craie grise surélevée, amincie et appauvrie. ee 1892 DES ENVIRONS DE DOULLENS 297 J'ai eu l’occasion d’étudier de très près le gisement d'Hardivillers, près Breteuil. Ma tâche s’est trouvée facilitée par des puits creusés par ceux qui m'avaient précédé dans cette localité, et notamment par M. de Mercey. Je donne (fig. 3) une coupe trans- versale qui résume ce travail. Nous retrouvons le caractère général d'augmentation de puissance et de richesse vers le thalweg, à tel point qu’au centre du bassin la puissance atteint 16 mètres et la richesse 35 à 40°. Or, en ce point, le sommet de la craie grise est enlevé. Sur le flanc du coteau, en remontant SSD _ . #40". ES TRES es RE re 100" ST es NOUS RO ASE Ra es AN LR SR AR Fig. 3. — Coupe d’'Hardivillers, près Breteuil (Oise). — Légende de la figure 2. Les lignes pointillées représentent les puits. 1 1 : des hauteurs —. Sa SAN TETE Echelle des longueurs vers le N.-0., on rencontre plusieurs rideaux qui ont dénivelé la craie : le titre s’est abaissé à 25° et la puissance à 8". La craie supé- rieure surmonte la craie phosphatée. Plus haut encore, vers le Bois Plantis, la craie grise se réduit bientôt à la couche noduleuse qui en constitue la base, et cette couche elle-mème affleure sur le flanc opposé. En même temps, sa richesse descend à 5° ou 6°. Il est à remarquer que partout la richesse du banc noduleux de la base diminue en même temps que celle de la craie qu’il supporte. En dehors de ces faits, analogues à ceux que j'ai signalés ail- leurs, nous trouvons ici des particularités qui font de ce gisement un type à part. Une coupe perpendiculaire à la précédente donnerait des résultats analogues quoique moins nettement marqués : le gisement présente donc la forme d’une cuvette; de plus il semble avoir subi une compression latérale qui a augmenté d’une façon anormale l’épais- seur au centre. Il y à encore une remarque à faire : la décalcification et la sépa- 228 H. LASNE. — SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS 2% Déc. ration du phosphate, qui ailleurs porte sur les parties élevées, s’est faite ici, au contraire, dans les parties basses, c’est-à-dire après l'érosion qui a enlevé la craie blanche supérieure au fond de la vallée; mais cette décalcification relativement tardive est très peu avancée, et Ja quantité de phosphate sableux très faible par rapport à ce qu’on a trouvé à Beauval et à Orville. De tous ces faits, il résulte avec évidence que ces thalwegs exis- taient déjà à l’état d’ébauche à.l’époque de la B. quadrata et qu’ils ont constitué le lieu de dépôt de la craie phosphatée. Avant de pousser plus loin la conclusion, il est nécessaire d'exposer d’autres particularités remarquables. 90 Discordance à la base et au sommet de la craie phosphatée. J'ai déjà indiqué à plusieurs reprises qu’un banc durci et nodu- leux, parfois très riche en phosphate, tapissait la craie blanche inférieure partout où elle est surmontée de craie phosphatée. C’est une véritable corrosion qui a détruit les assises de craie blanche sur une épaisseur parfois assez grande, surtout au voisinage des thalwegs : par ce fait, les déclivités préexistantes se sont trouvées accrues. L'un des exemples les plus frappants de ce fait m'a été fourni par une carrière située en face de la Grenouillère, près de Curlu, sur la rive droite de la Somme. Cette carrière est ouverte dans la craie blanche inférieure, surmontée de craie grise. Le banc noduleux Fig. #. -— Carrière à la Grenouillère, près Curlu (Somme). — Discordance à la base de la Craie phosphatée. forme voûte et coupe les assises de craie blanche sensiblement horizontales (fig. 4). La craie grise supérieure suit la forme de cette voûte, mais la courbure va en diminuant à mesure qu’on s'élève dans les assises. Il y à donc là une discordance importante, due non pas seulement à une érosion mécanique, mais aussi et surtout à une corrosion chimique: tel a été le premier effet des eaux acides chargées de 41892 DES ENVIRONS DE DOULLENS 229 ‘phosphate, qui, dans les premiers temps du régime qui les a ame- nées dans cette région, sont venues au contact direct de la craie qu’elles ont rongée et métamorphisée. Cette action a contribué pour sa part à diminuer l’épaisseur de la craie à Micraster au voisinage des thalwegs, diminution qui s’est encore accentuée comme je l’ai expliqué par l’action actuelle des eaux souterraines retenues par les couches turoniennes de nature marneuse et formant, vers 35" d'altitude, un niveau d'eau dont l'abondance augmente au voisinage des thalwegs souterrains. 90 Discordance au sommet de la craie phosphatée. Au sommet de la craie phosphatée, les phénomènes sont très différents : c’est une dénudation d’origine purement mécanique qui a porté surtout sur les parties les plus élevées, accumulant sur d’autres points du sable phosphaté en couches horizontales plus ou moins puissantes, sortes de bancs de sable, au-dessus desquels la sédimentation a déposé les assises de craie blanche supérieure. Il me paraît probable que cette érosion est même un peu postérieure à la fin du dépôt de la craie phosphatée, car j'ai observé à Beauval des assises de craie blanche d’un mètre d'épaisseur perforées de trous d’un centimètre de diamètre environ; ces tubulures se sont remplies ultérieurement de sable phosphaté. Ce phosphate est d’ailleurs beaucoup moins riche que le phosphate des poches, et tout à fait analogue à celui qu'on peut extraire de la craie phos- phatée en la délitant et la lévigeant, c’est-à-dire qu’il renferme encore une très forte proportion de carbonate de chaux, en grains durcis, que la lévigation ne peut enlever et qui ne cèdent qu’à un traitement chimique. Ces phénomènes de dénudation ne sont pas accusés seulement par les bancs de sable phosphaté charriés en certains points et qui expliquent les épaisseurs exceptionnelles de phosphate accumulées dans des gisements privilégiés ; mais encore on peut en reconnaître des preuves directes, dont je donne, dans la fig. 5, un exemple pris au bois de Milly, près Beauval. On voit en ce point les couches de craie phosphatée, affaissées au voisinage d’une diaclase sur laquelle étaient échelonnées de nombreuses poches : le sommet est nette- ment arasé et recouvert de craie blanche à stratification horizontale. 4° Discordance et phénomènes divers dans l'épaisseur de la craie phosphatée. Nous retrouvons, quoiqu’accusés avec beaucoup moins de netteté, les mêmes faits entre les différentes assises de craie phos- phatée : tantôt c’est un banc de nodules intercalé et qui corres- 230 H. LASNE. — SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS 24 Déc. pond à la corrosion chimique de la base; tantôt c’est un lit de phosphate sableux séparant deux bancs de craie grise, et tout à fait analogue à la dénudation du sommet. D'autres faits méritent encore l'attention. Très fréquemment, on voit les bancs de craie phosphatée se terminer en coin vers la pente, accusant ainsi une série de transgressions et de régressions. Il arrive aussi en différents points que la craie n’est pas homo- Fig. 5. — Le Bois de Milly, près Beauval (Somme). — Discordance au sommet de la Craie phosphatée. sène, mais composée de deux natures tout à fait distinctes, très nettement séparées et se pénétrant intimement : tantôt il semble qu’on ait affaire à un pétrissage de deux pâtes hétérogènes, tantôt au contraire à un remplissage de vides creusés dans un dépôt antérieur. En résumé, des plissements de la craie, qui se sont exagérés depuis, existaient déjà avant l’époque de la B. quadrata. Les thalwegs se sont approfondis par une corrosion chimique por- tant surtout sur les parties basses : il s’est formé sur les surfaces ainsi mises à nu un banc durci, où de nombreux Spongiaires, des Serpules, des coquilles diverses se sont trouvés épigénisés en phos- phate : ce banc, parfois très riche, surtout dans les déclivités, n’est pas phosphaté au même degré dans les parties plus élevées. C’est alors que le dépôt de la craie phosphatée a commencé : je rappelle que cette craie est composée de grains de phosphate microscopiques, constitués en majeure partie de formes organiques diverses, d’abord calcaires, mais épigénisées avant leur dépôt. Ces grains sont empâtés avec plus ou moins d’abondance dans de la craie blanche en tout semblable à la craie ordinaire. Les fossiles n’ont subi aucune altération superficielle. Les bancs sont plus épais vers lé fond de bateau et se terminent parfois en coin; quelques- uns semblent avoir subi un pétrissage; danse les joints, on trouve parfois du sable séparé; ailleurs un cordon de nodules rappelle le banc durci de la base. 1892 DES ENVIRONS DE DOULLENS 231 Il semble donc que les courants qui amenaient dans la mer les eaux phosphatées aient été dirigés par les thalwegs préexistants, et que ces eaux à réaction chimique énergique, venant au contact de la craie, l’aient d’abord corrodée; puis, l’action dissolvante se ralentissant, l’épigénie de la surface s’est produite : ces actions ont eu leur maximum d'intensité vers les parties basses, où, en raison de l’action directrice du thalweg, le courant était moins diffus. Plus tard, cette action directrice se faisait encore sentir; mais il y avait, entre le courant phosphaté, moins dense parce qu'il provenait d’eau douce encore incomplètement mélangée avec l’eau salée, et la surface de la craie, interposition d’eau de mer normale. Sans quoi l’épigénie directe de la craie aurait continué, pendant qu'il n’en est rien, puisqu’au contraire les grains phos- phatés sont empâtés dans de la craie blanche. C’est pourquoi je suis convaincu que la phosphatisation des organismes calcaires a eu lieu avant leur dépôt. La puissance et la richesse plus grandes du dépôt s’expliquent précisément par l’action directrice du thalweg. Ceci me paraît impliquer une mer peu profonde. De plus, les formes en coin que j'ai remarquées dans les couches, le pétrissage qui peut expliquer la structure de quelques bancs, portent à croire que la boue crayeuse, déposée sur des pentes, a pu glisser lentement vers les parties basses. Des alternatives se sont produites qui, tantôt, ont ramené les eaux phosphatées au contact de la craie, et ont donné naissance aux bancs de nodules analogues au banc durci de la base, tantôt ont interrompu la sédimentation et formé les petits lits de sable interposés. Comme je l’ai expliqué, la fin de la période est marquée par une dénudation mécanique, provoquant, par lévigation, la séparation du sable phosphaté. Ce nouveau régime à été sans doute amené par le mouvement du sol qui, modifiant l’orographie générale, à conduit ailleurs le courant phosphaté. Cette dernière discordancé est - nivelante, au contraire de la première, qui avait exagéré les dépres- sions. 5° Alignements des gisements de craie phosphatée. De nouvelles découvertes ont été faites l’année dernière; l’état actuel de la connaissance des gisements de craie phosphatée a été donné dans la carte annexée au mémoire de M. de Mercey. Ce n’est pas sur une seule ligne droite que se groupent les difé- rents gisements connus, à moins d'admettre des écarts de 20 à 25 232 H. LASNE. — SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS 24 Déc. kilomètres, comme le fait M. de Mercey qui les croit subordonnés pour la plus grande partie à l’anticlinal de l’Authie. Si encore ces écarts étaient irréguliers, on pourrait, à la rigueur, les attribuer à la largeur de la bande ; mais il n’en est rien, comme il est facile de le reconnaitre. En réalité, les gisements se groupent sur deux lignes droites : la première est dirigée à 142°; elle passe un peu au Nord d’Auxi-le- Château, par Queux, Haravesnes, Rougefay, Buire, Nœux; entre Beauval, Orville et Terramesnil; par Beauquesne, Raincheval, Puchevillers, Toutencourt, Ribémont; plus loin, on n’en connaît pas le prolongement. A Ribémont, elle rencontre la seconde ligne qui est presque exactement Est-Ouest, faisant ainsi un angle de 50° avec la première. Cette ligne passe par Suzanne, Vaux-Eclusier, Curlu, Hem-Monacu, Bouchavesnes, Templeux-la-Fosse, Hargi- court, Villeret, Fresnoy-le-Grand et Etaves. En prolongeant cet alignement vers l'Ouest, on rencontre le gise- ment de Dreuil-Hamel, près Hallencourt; je signalerai sur cette même ligne quelques traces de phosphate rencontrées à Cardon- nette, au nord d'Amiens, comme pour relier cette station éloignée. Les écarts à droite et à gauche de ces deux alignements ne dépas- sent pas quelques kilomètres. Tout en constatant ces faits, je ne voudrais pas cependant y attacher une importance exagérée. Le seul gisement bien connu qui reste en dehors est celui d'Har- divillers, près Breteuil, ce qui vient confirmer son attribution à un groupe distinet dont il est jusqu'ici l'unique représentant. En résumé, ces directions paraissént complètement indépen- dantes des accidents parallèles au Pays de Bray, qui ont imprimé son caractère actuel à toute cette partie du Nord de la France. Ce sont des plissements antérieurs, dont j'ai déjà décrit le premier, et dont le second a été emprunté par la Somme sur la partie de son cours comprise entre Péronne et Corbie; la direction de l’Artois est venue se superposer à ces mouvements antérieurs. 6° Lesobservations que je viens de relater ont notablement modi- fié mon opinion sur l’allure des plis de la craie. En voyant la craie phosphatée affleurer vers Doullens de 100 à 110m, pendant qu’elle descend à 45m sur le bord de la Somme, on est tenté de considérer ce fait comme marquant l’opposition de l’anticlinal de l’Authie et du synclinal de la Somme. Mais par un examen plus rigoureux on reconnaît que la notion est beaucoup moins simple. En eftet, si nous prenons les points culminants au lieu des points bas, nous voyons qu'ils sont les mêmes de part et d'autre, soit environ 130" | £ | 1892 DES ENVIRONS DE DOULLENS 233 autour de Doullens, et vers Hardecourt, à quelques kilomètres seu- lement au Nord de la Somme. Je donne, fig.6, la coupe schématique, abstraction faite des accidents locaux. Quoique, dans la réalité, les . pe) à à F = à œ 5 Com è à % # S 3 u à à = Q Le) © à eA = > AE De D 4150" SELS ET = D Man Le lie LPS SEEN AT MERS er CE Marco de ls ter 0 st ART et Fig. 6.— Coupe schématique.— Comparaison des Vallées de la Somme et de l’Authie, coupes des vallées de l’Authie et de la Somme ne soient pas en pro- longement, une pareille disposition n’a plus du tout la signification que je lui avais prêtée. La couche de craie phosphatée présente une erande déclivité au voisinage des vallées et sa base s’abaisse pour ainsi dire proportionnellement à l'importance du thalweg; mais à peu de distance elle disparaît, près du sommet, et il est impossible de dire ce que serait devenue à sa place une couche continue. Cependant, comme les étages inférieurs de la craie n’affleurent pas au fond des vallées d’érosion intermédiaires, il n’est pas douteux que s’il y a bombement, il est de peu d'amplitude, et nullement en rapport avec la continuation des pentes observées sur le flanc des vallées. En résumé, les grandes déclivités des couches sont limitées au voisinage 2mmédiat des thalwegs. CHAPITRE V QUELQUES OBSERVATIONS RELATIVES AUX RÉACTIONS CHIMIQUES. À l’appui de leur opinion, MM. Renard et Cornet supposent au phosphate de chaux des propriétés colloïdes. Il existe, en effet, parmi les minéraux, quelques substances insolubles qui peuvent, du moins en apparence, être maintenues en solution anormale : telle est la silice récemment séparée des silicates par l’action d’un acide; tel est encore l’oxyde de fer, séparé de ses sels avec certaines pré- cautions. À la dialyse, ces substances ne traversent pas la membrane 234 H. LASNE. — SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS 2% Déc. et peuvent ainsi, tout en restant en solution, être isolées des sels qui s’y trouvaient mélangés. Ces propriétés ont fait dire avec beau- coup de justesse à M. Berthelot que ces corps sont alors à l'état de pseudo-solution. La moindre influence les coagule. Le phosphate de chaux ne présente en aucune façon ces carac- tères; jamais on n'en trouve de trace dans une liqueur alcaline ou neutre : c’est un type d’insolubilité. Les acides, même les acides faibles, le dissolvent il est vrai, mais en le décomposant. Ce n’est plus du phosphate tricalcique qui existe dans la solution, mais un mélange d'acide phosphorique, de phosphate acide, et du sel de chaux de l’acide dissolvant. Le carbonate de chaux, ajouté à une solution de phosphate dans un acide, sépare complètement l’acide phosphorique à l’état de phosphate de chaux. L'action est lente, parce que le réactif est solide, et qu’il faut que l’acide carbonique produit s’élimine par diffusion; mais au bout d’un temps suffisant, la précipitation est complète. De cette observation, confirmée d’ailleurs par des expériences directes, il résulte que le phosphate de chaux se dissout après et se précipite avant le carbonate de chaux. J'ai donné, dans mon précédent mémoire, un certain nombre d'analyses des phosphates des environs de Doullens. Tous renfer- ment du phosphore et du fluor dans le même rapport que l’apatite : ce sont des fluophosphates définis; tous contiennent une matière organique brune analogue à l’acide humique. J'ai ajouté que les phosphates du Lias et du Gault, ainsi que ceux des environs de Mons, présentaient ces mêmes caractères: obser- vations que je crois très importantes, au point de vue de l’origine des phosphates, comme caractérisant spécialement la sédimen- tation chimique. Depuis, en effet, j'ai analysé des phosphates d’autres provenances, et les différences de composition que j'ai constatées dénotent une différence d’origine confirmée par les conditions mêmes des gise- ments. Tel est un ossement d’Halitherium provenant du gisement de Gourbesville (Manche), dont nous a entretenus M. de Lapparent, et que je dois à l’obligeance de ce savant. Voici la composition après dessiceation sur l’acide sulfurique : Eau et matières organiques.............. A | Avide-casbonique;..ss. une RER SEPT 3.70 M DhROSphOrIqUE,s 48 PRE RTE } . | | 1892 DES ENVIRONS DE DOULLENS 235 Acide se Shen ART EL MAO TIE 1.143 Chaux MALUS. AT NAT GR Pr EE Re 49.68 Me en DIE LAN DA RES EAP SES LERR NES AT ARE Le 0.10 one de Fe MEL CRE NE SNA Th LE AE 2.11 Alumine..:.. MALE EXO AS SRE AR RES CAS Le CLS AA 0.20 Fluorure de calcium ....... RARE TRE SAS 1.03 Chlorure de calcium.......... Re CHR OA SOUTERRAIN IMENTAMUPITAEE GUERRE re 0.21 Potasse tite seins SRE Sa ae PNEU Per 0 06 Totals ms eur Re O0 O2 Poids spécifique : 3.003. Les bases saturent exactement les acides: mais la proportion du fluor n’a plus aucun rapport avec celle qui existe dans les phos- phates sédimentaires : à cette teneur en acide phosphorique corres- pondrait 6.85 de fluorure de calcium. Encore la faible proportion de 1.03 qui s’y rencontre présente-t-elle cette particularité de n'être que partiellement soluble (0.47) dans l’acide chlorhydrique. Le reste (0.56) est resté dans le résidu insoluble qui s’en trouve presque entièrement constitué. C’est la première fois que je rencontre un pareil fait qui me semble indiquer que le fluorure n’est pas ici entièrement combiné au phosphate. L'absence complète de silice constitue aussi un fait remarquable. Enfin la matière organique est toute différente : ce sont des fila- ments d’un rouge vif, d’incinération très difficile. On voit combien profondément tous ces caractères difièrent de ceux des phosphates de sédimentation chimique. Or, nous avons affaire ici à des os bien caractérisés, un peu modifiés cependant par la fossilisation, en ce sens que leur carbonate de chaux est partiellement épigénisé et que les cavités ont été injectées de phosphate. Des phosphates concrétionnés provenant d’Andalousie, dont j'espère pouvoir bientôt entretenir la Société, m'ont encore fourni une composition différente, ne présentant plus que des traces de fluorure, et contenant une matière organique toute spéciale. Or, j'aurai à exposer les raisons qui me font croire que ces phosphates ont une origine organique. Ces différences viennent donc confirmer l’opinion que je défends, sur la genèse des phosphates stratifiés du Lias, du Gault et du Sénonien. Il m'est impossible de dire si le phosphore et le fluor restent combinés, en dissolution dans l’eau carboniquée; mais le fait qui ressort de ces études, est que, lors de la précipitation par 236 H. LASNE. — SUR LES TERRAINS PHOSPHATÉS. 24 Déc. la saturation ou le départ de l’acide carbonique, ces deux corps forment avec la chaux un composé bien défini; au contraire, ils se trouvent séparés dans les phosphates formés sous l'influence des phénomènes de la vie. Il semble donc que la composition des phos- phates permette de reconnaitre s’ils ont une origine organique, ou bien s'ils doivent leur formation à une précipitation, ou à une épigénie (substitution) chimique. D'un autre côté, la localisation du phosphate en amas puissants, à partir de l’époque sénonienne, qui contraste avec. la dissémination caractéristique des époques antérieures, me parait impliquer les apports dans la mer d’un grand fleuve provenant d’un continent étendu. Les eaux, partiellement mélangées à l’eau de mer, et suivant le trajet des courants marins, ont d’abord déposé leurs maté- riaux détritiques et argileux, puis, perdant progressivement leur acide carbonique, soit par le contact de l’air, soit par suite de la végétation qu’elles pouvaient nourrir, se sont trouvées amenées au point où le fluophosphate ne pouvait plus rester en solution. C’est alors qu’elles ont épigénisé les tests de Foraminifères et d’autres organismes calcaires, et ont formé autour des concrétions. Les grains phosphatés ainsi constitués se sont mélangés dans la sédi- mentation au carbonate de chaux provenant de l’eau de mer normale. 1892 237 SUR LE GISEMENT ET LA STRUCTURE DES NODULES PHOSPHATÉS DU LIAS DE LORRAINE, par M. BLEICHER. (PL VI). Il existe en Lorraine(Meurthe-et-Moselle, Meuse, Vosges) plusieurs niveaux de nodules phosphatés dans le terrain du Lias. Le plus anciennement connu est celui de Sandaucourt (Vosges), décrit pour la première fois par M. l’ingénieur des mines Bra- connier (1). | Il appartient au Lias inférieur à Ammonites bisulcatus et Gryphea areuata, et les conclusions de l’auteur sur son origine sont les suivantes (2): « Le phosphate de chaux s’est déposé au fond de la » mer, peut-être sous forme de coprolithes, en même temps que les » bancs de calcaires du Lias, en se concrétionnantautour de centres » d'attraction ; l’isolement des nodules est dû à l’action dissolvante » continue des pluies qui ont mangé le calcaire en respectant le » phosphate de chaux ; les nodules, une fois isolés, ont pu être trans- » portés à une certaine distance et accumulés par les mêmes eaux » qui ont déposé les argiles d’alluvion et les grains de minerais » manganésiières. » En suite de cette explication, il y a lieu de s’attendre à trouver » le phosphate de chaux dans Meurthe-et-Moselle au même niveau » géologique. » Quelques détails complémentaires sur les conditions de gisement, sur la teneur en acide phosphorique des nodules phosphatés de diverses provenances (Vosges, 60, 62, jusqu’à 80 0/, de phosphate de chaux; Meurthe-et-Moselle, Meuse, Ardennes, maximum 44 °/), se trouvent dans le T. II de la Bibliothèque de l’enseignement agricole, de MM. Muntz et Girard (3), qui placent ces gisements dans le Lias moyen. 1 Nos propres recherches sur le Lias de Meurthe-et-Moselle et d’une partie du département des Vosges permettent d’y ajouter un troi- 140150: 938 BLEICHER. — NODULES PHOSPHATÉS DU LIAS DE LORRAINE 24 Déc. sième niveau de nodules phosphatés dans le Lias supérieur de Meurthe-et-Moselle, sur le prolongement de celui qui est indiqué par les géologues allemands en Lorraine annexée (1), et de com- pléter ces données par des renseignements précis : sur le niveau géologique de ces nodules ; sur les conditions de gisement ; sur leurs caractères extérieurs et leur structure microscopique. NIVEAU GÉOLOGIQUE DES NODULES PHOSPHATÉS. Le tableau suivant, donnant la composition lithologique et paléontologique des trois étages du Lias lorrain, permettra de saisir d’un coup-d’œil l'ensemble des gisements phosphatés. LIAS INFÉRIEUR. — ÉPAISSEUR, 60m, x Calcaire à Ammonites angulatus Schlot. 1". Calcaire marneux (chaux hydraulique) et marnes à Gryphea arcuata Lam., calcaires et marnes sableuses à Ammonites bisulcatus Brug., avec nodules phos- phatés engagés dans la roche, non exploitables. Calcaires marneux et marnes sableuses à Belemnites brevis Mill., avec nodules phosphatés (moules de fossiles) non exploitables. LIAS MOYEN. — Épaisseur, 80-109. a) Marnes à Hippopodium ponderosum Sow., avec nodules phos- phatés exploités dans le département des Vosges. b) Calcaire ocreux à Ammonites Guibalianus d’Orb., avec nodules phosphatés abondants, exploités dans le département des Vosges. Marnes sableuses avec Waldheimia numismalis Lamk. Calcaires marneux à Ammonites Davæi Sow., avec rares nodules phosphatés, exploités dans le département des Vosges. Marnes à nodules de calcaire marneux à Belemnites clavatus Blainv., Ammonites margaritatus d’'Orb., avec rares nodules phos- phatés non exploitables. Grès médioliasique avec Plicatula spinosa Sow., Ammonites spi- natus Brug. LIAS SUPÉRIEUR. — ÉpaIsseur, 100-120m. Marnes schisteuses à Posidonomya Bronni Woltz. Marnes à grands nodules de calcaire marneux avec Ammonites (1) Erlauterungen zur geologischen Nebersichtskarte, 1887, Strasbourg, p. 40. 1892 BLEICHER. — NODULES PHOSPHATÉS DU LIAS DE LORRAINE 299 bifrons Brug.; vers la partie supérieure, marnes à nodules phos- phatés avec Ammonites Raquinianus d’Orb., non exploitables. Marnes avec grands nodules de calcaire marneux avec Ammonites Thoarcensis d'Orb., Astarte Voltzii Hoenning. Marnes sableuses et minerai de fer avec Trigonia navis Lamk. Ce tableau, conforme aux données de la plupart des géologues lorrains, ne correspond pas au synchronisme des assises liasiques tel qu'il est compris par les auteurs de géologie générale. Les assises a) et b) du Lias moyen, marnes à Hippopodium, et calcaire ocreux à Amm. Guibalianus, sont compris par les géologues lorrains dans le Lias moyen, malgré une faune qui est généralement considérée comme caractéristique du Lias inférieur: Ammonites obtusus Sow., A. stellaris Sow., A. oxynotus Qu., A. Dudressieri d’Orb., 4. Boucaultianus d'Orb., Spiriferina WalcotiiSow,Waldheïmia cor Lamk., Gryphea obliquata Sow., etc. C’est dans ces assises du Lias moyen, tel que le comprennent les géologues lorrains, et dans le département des Vosges, que les nodules phosphatés sont abondants et deviennent exploitables. Dans les environs de Nancy, en Meurthe-et-Moselle, elles atteignent environ 45 mètres de puissance ; mais, au-dessous, les parties supé- rieures du Lias inférieur comme, au-dessus, les marnes sableuses à Waldheimia numismalis et les calcaires marneux à Am. Davæi du Lias moyen n’en sont pas complètement privés. Dans le Lias inférieur, se rencontrent même les nodules phos- phatés les plus intéressants à étudier au point de vue de leur struc- ture microscopique. Les marnes à Bel. clavatus et Amm. margaritatus sont désignées dans le tableau précédent comme contenant des nodules phosphatés. C’est vers la partie supérieure de l’horizon qu'ils affleurent avec Belemnites Fourneli d'Orb. Plus haut encore, dans le grès médioliasique, on en retrouve, mais ils sont alors caractérisés par leur taille assez grande, leur couleur noire, leur centre d'attraction qui est souvent un fragment de crustacé décapode macroure, tandis que dans l’horizon à B. Four- neli, les nodules sont rarement de la grosseur d’une noix, lisses, arrondis, pétris de fossiles de petite taille, coquilles bivalves et univalves, Cypris. En signalant ce gisement, nous devons ajouter que la proportion de ces nodules dans les marnes est trop faible pour qu’ils puissent jouer un rôle industriel. Il en est de même, dans nos régions, des nodules phosphatés de la base du Lias supérieur qui ont été signalés en Lorraine 90 BLEICHER. — NODULES PHOSPHATÉS DU LIAS DE LORRAINE 24 Déc. annexée (1). Dans les nombreux affleurements que nous avons pu étudier, surtout aux environs de Nancy, la zone qui les contient atteint au plus 2 mètres, mais on la retrouve facilement à cause de l'abondance des petits nodules gris à surface cariée, riches en fossiles et surtout en Amm. Raquinianus d’Orb., qui font contraste par leur couleur sur la marne noire encaissante. CONDITIONS DE GISEMENT. Les accumulations de nodules phosphatés dégagés de la roche encaissante et réunis par places, dont parlent MM. Muntz et Girard, n’ont jusqu'ici été indiquées que dans les affleurements du Lias moyen du département des Vosges, et les recherches des géologues en Meurthe-et-Moselle n’ont pas encore abouti à la découverte de pareils gisements dans leur région. La cause en est peut-être aux conditions spéciales de gisement des nodules phosphatés dans cette partie de la Lorraine. En effet, depuis les environs de Metz, jusque vers les confins des départements de Meurthe-et-Moselle et des Vosges, c’est-à-dire sur environ 75 kilom. de longueur en ligne directe, suivant les affleu- rements des couches à phosphate du Lias (a, b, du tableau), règne un calcaire compact épais de 0,80 à 4n., le calcaire ocreux b, qui se délite difficilement, et recouvre les marnes à Hippopodium a. Ce calcaire, riche en nodules phosphatés, comme les marnes sous- jacentes, les protège contre la dénudation. Mais comme il disparaît vers le département des Vosges, en se transformant latéralement en une marne sableuse plus facile à déliter, le lavage des couches a et best devenu possible, et c’est là où les produits de ce lavage ont été accumulés, que l’exploitation des nodules phosphatés est devenue rémunératrice. ) Les causes de destruction, tant anciennes ou quaternaires que modernes, ont alors pu agir sans rencontrer aucun obstacle, sur un terrain composé exclusivement de marnes sableuses ferrugi- neuses, sans interposition de calcaire. . C’est ainsi que l’on peut expliquer aux environs d’Oëlleville, de Totainville (Vosges), laccumulation de nodules phosphatés sur une épaisseur de 30 centimètres, au-dessous de 2"50 de marne grasse sableuse, ferrugineuse, recouverte de terre végétale. Cette marne est un résidu de la dénudation, comme la couche de nodules elle-même, et les deux réunies représentent le lavage d’une série de (A) Erlauterungen zur Geologischen Nebersichtskarle, etc. {887.Strasbourg, p.40. | 1892 BLEICHER. — NODULES PHOSPHATÉS DU LIAS DE LORRAINE 2#1 couches de 25 environ, à en juger par ce que nous savons cle l'épaisseur normale des horizons géologiques dans lesquels se trouvent répartis les fossiles de la zone phosphatée. Ce sont, pour les marnes à Hippopodium : Ammonites raricostalus Ziet., A. planicosta (capricornus) Sow.; pour le calcaire ocreux : Ammonites obtusus Sow., A.planicosta(capricornus) Sow., À.raricos- tatus Ziet., Gryphea obliqua Sow., Pholadomya Voltzii Ag., Cardinia hybrida Ag., Pleuromya striatula Ag., Spirifer rostratus Schlot., Sp. Walcotti Sow., Waldheimia cor Lamk., etc.; pour les marnes à W. numismalis et les calcaires marneux à Anum. Davæi: Waldheimia numismalis Lamk., Ammonites DavæiSow., Anim. fimbriatus Sow., etc. Si, dans la partie supérieure du Lias moyen à Belemnites Fourneli, comme dans la partie inférieure du Lias supérieur à Ammonites Raquinianus, pareilles accumulations ne se rencontrent nulle part, on peut l’attribuer à la rareté relative de ces nodules dans les marnes, et pour le Lias supérieur spécialement, à sa situation topographique sur les pentes des collines jurassiques. Cette zone n’est généralement abordable que sur des affleurements très limités, d’où son peu d’importance. La terre végétale de nos départements de l’Est bénéficie cependant, dans une certaine mesure, de la pré- sence de ces nodules phosphatés, qui ne peuvent être utilisés comme engrais minéraux par l’industrie. A la sortie de leur gangue calcaire ou marneuse, ils sont géné- ralement durs et de couleur gris foncé, par suite de la présence d'une matière bitumineuse qui les imprègne ; mais, au bout d’un certain temps, sous l'influence des agents atmosphériques, ils blan- chissent, deviennent poreux, légers et friables. Il semble qu’il y ait eu une sorte de lixiviation des nodules par les eaux chargées d'acide carbonique, Car on ne s’explique pas autrement leur porosité et la disparition du test des fragments de coquilles bivalves si abondants dans les nodules frais, qui laissent des vides caractérisés par le moulage de leurs stries et ornements dans les nodules exposés depuis longtemps aux agents atmosphériques. Dans ces conditions nouvelles, les nodules sont facilement décomposables en terre végé- tale, et celle-ci a profité du phosphate qui y a été accumulé en plus ou moins grande proportion. On sait depuis longtemps que les terres à blé des départements de Meurthe-et-Moselle et des Vosges, suivent exactement les affleurements du Lias et spécialement ceux du Lias moyen. XX 16 242 BLEICHER. — NODULES PHOSPHATÉS DU LIAS DE LORRAINE .27 Déc, CARACTÈRES EXTÉRIEURS ET STRUCTURE MICROSCOPIQUE Les nodules phosphatés des trois étages du Lias diffèrent beaucoup au point de vue de leur apparence extérieure, et cette différence se poursuit dans leur structure microscopique. On peut y distinguer : 1° Des nodules formés évidemment de moules de fossiles bivalves, univalves, de Polypiers mème (Montlivaultia). Le test a toujours disparu, le moule de fossile est souvent blanchâtre, léger, poreux, rempli de débris de moules de petites coquilles, ou de leurs débris, le test ayant également disparu et laissé un vide à sa place. 2 Des nodules formés d'organismes plus difficiles à reconnaitre à première vue. Ce sont les plus communs dans le Lias inférieur à Gryphées arquées et à A. bisulcatus; dans le Lias moyen ils existent, mais deviennent plus rares. Ils peuvent être observés engagés dans la roche encaissante de calcaire marneux (Xeuilley, Meurihe-et-Moselle), ou dégagés dans les déblais des carrières, ou encore dans la terre végétale à la surface des champs. Ce sont des nodules de forme ovoïde ou cylindrique, atteignant rarement la taille d’un petit œuf de poule. Bien dégagés de leur gangue et nettoyés à l’eau, ils ont l'apparence extérieure de Spon- giaires, grâce à leur canal central de large section et à leur forme générale. Ce sont ou des individus isolés, ou des colonies formées de plusieurs individus, embranchés l’un sur l’autre (PI. VE fig. 6). Ces nodules sont particulièrement intéressants à étudier, soit au moyen du simple polissage de faces taillées longitudinalement et transversalement, soit au moyen de coupes minces. Le polissage permet d’apercevoir le canal central sur toute la longueur du corps du spongiaire, et de délimiter assez nettement les parois du corps, tout en renseignant sur sa structure microsco- pique (fig. 1, 2). Celle-ci n’est conservée que par places où l’on aperçoit à la loupe un quadrillage régulier, qui parait être formé, d’après les coupes minces, par des spicules en croix dont les branches sont soudées en réseau avec les spicules voisins, comme cela se voit chez les Spongiaires Dictyonines hexactinellides (fig. 3, 4). Dans nos préparations, il semble en effet qu'au croisement des quatre bran- ches des spicules, il existe un mamelon qui indique la place nee spicules usés par la préparation. Nous donnons cette appréciation sous toute réserve, car la subss tance constituant les spicules est calcaire et non siliceuse comme 1892 BLEICHER. — NODULES PHOSPHATÉS DU LIAS DE LORRAINE 243 dans le cas des Hexactinellides, tout en écartant cependant l’idée que ce peuvent être des Polypiers pierreux, en raison de la régu- larité du squelette spiculaire de la forme générale et de l’apparence des nodules. Partout où cette structure microscopique n’a pas été conservée, le corps de l’animal, comme sa cavité centrale, est formé de calcaire phosphaté et de débris extrêmement abondants de coquilles bivalves ou univalves et de Foraminifères (fig. 1 et 5). Un de ces nodules, pourvu encore de son eau de carrière et frai- chement énucléé de sa gangue calcaréo-marneuse, a été analysé par notre collègue, M. le professeur Schlagdenhaufen, qui y a trouvé 4,80 °/, de phosphate de chaux anhydre. A en juger par la forme extérieure de certains nodules du Lias inférieur trouvés épars dans la terre végétale, sur les pentes où ils ont été exposés longtemps aux agents atmosphériques, ces nodules provenant de la minéralisation de Spongiaires doivent être assez répandus, mais il paraît impossible de reconnaître leur vraie nature, à moins de les avoir fraîchement sortis de leur gangue (1). Ils diffèrent par leurs caractères extérieurs et intérieurs de ceux qui ont été retirés des grandes profondeurs par M. Murray. En effet, s’ils sont revêlus par places d’une couche ferrugineuse, jamais ils ne sont mamelonnés comme les nodules manganésiens du natura- liste anglais. La croûte ferrugineuse n’est pas continue, et le chalu- meau n’y décèle aucune trace de manganèse. A l’intérieur, ni couches concentriques, ni corps central minéral ou organique, rien qu’une masse calcaréo-phosphatée englobant des débris microsco- piques d'organismes tels que coquilles, Foraminifères. Nous attribuons la formation de cette croûte ferrugineuse à un phénomène postérieur à la formation des nodules au fond des mers jurassiques. C’est du minerai de fer quaternaire déposé à la surface des nodules par les eaux de lavage de la masse de marne sableuse et ferrugineuse superposée qui contient, d’après l’analyse micros- copique que nous en avons faite, de la pyrite plus ou moins épigé- nisée en limonite, de la limonite, des oolithes ferrugineuses iden- tiques à celles du minerai de fer du Lias supérieur de Lorraine, du type Chamoisite, et des paillettes de minerai de fer noir fortement attirable à l’aimant, attribuable à la Berthierine. Ce déplacement du fer a pu se produire en même temps que l’enrichissement des (1) Dans les sondages de l’Hirondelle, au large des Açores, la drague a rencontré, à une grande profondeur, un banc de Spongiaires vivants superposé à un banc de ces mêmes organismes à demi fossilisés, (Communication de M. de Guerne). 944 BLEICHER. — NODULES PHOSPHATÉS DU LIAS DE LORRAINE 27 Déc. nodules en phosphate, qui est tel que les roches encaissantes ayant une teneur d’au plus 4,40 °/, en phosphate de chaux, d’après les analyses de M. le professeur Schlagdenhaufen, les nodules exploités dans les Vosges auraient, suivant MM. Muntz et Girard, de 62 à 80 °/o de ce minéral. Les nodules phosphatés de cette catégorie recueillis à Oëlleville- Totainville montrent sur les coupes une pâte calcaréo-phosphatée amorphe, mêlée de débris microscopiques de test de coquilles, de spicules de Spongiaires à un seul axe, de Foraminifères. Dans une seule de nos préparations provenant d’un nodule cylindrique du Lias inférieur de Xeuilley, résultant de la décomposition d’un de ces Spongiaires cupuliformes dont le canal central, plus résistant que le corps marno-Calcaire, a seul résisté, il existe un débris d’écaille de poisson ganoïde reconnaissable à ses caractères extérieurs comme à sa structure microscopique. Le traitement par l'acide chlorhydrique étendu donne de meilleurs résultats. Il permet d'isoler des Foraminifères plus ou moins entiers (fig.7, f.); des spicules ramifiés de Lithistides, g.; de grains de quartz plus ou moins gros, h; des débris de test de coquilles de Mollusques avec leur quadrillage fibrillaire, i; de fragments j d'organismes indéterminables. Au cours de la préparation, certains de ces orga- nismes se sont colorés en vert clair par suite, probablement, de l'absorption du protochlorure de fer produit aux dépens de la limo- nite sur laquelle à réagi l’acide chlorhydrique en excès. Ce fait est intéressant car il montre la facilité particulière avec laquelle le test des Foraminifères se laisse pénétrer par des principes chimiques colorants. 3° Les nodules blancs grisâtres, légers, poreux, mamelonnés, cupuliformes ou arrondis, et de la taille du poing, sont les plus recherchés dans les exploitations des Vosges. Ici, pas de traces de structure organique en apparence, mais en réalité ces nodules se rattachent à la catégorie 2, dont ils constituent le terme le plus complètement minéralisé. La pâte blanche crayeuse présente de nombreuses vacuoles qui résullent de la disparition de débris orga- niques, tels que coquilles, qui ont laissé leur moulage avec leurs stries d’accroissement et ornements. On peut les comparer au calcaire crétacé phosphaté des gisements de la Somme, et particulièrement à ceiui de Doullens, avec cette différence que les coquilles y sont souvent entières, tandis que dans nos nodules des Vosges, il n’y a que des débris. La structure de ces nodules nous confirme dans l’idée d’une BLEICHER. — NODULES PHOSPHATÉS DU LIAS DE LORRAINE 24!) lixiviation prolongée ayant pour résultat leur enrichissement en phosphate. En effet, si on les compare avec les nodules fraichement tirés du sol, on est frappé de leur porosité, de leur décoloration presque complète, au milieu d’une argile fortement colorée par la limonite. Ajoutons enfin que leur structure est la même que celle des moules de coquilles de Polypiers, qui constituent la première catégorie des nodules de notre essai de classification. Les coupes microscopiques ne donnent ici aucun résultat ; au milieu de la pâte calcaréo-phosphatée, on n’aperçoit que les grains quartzeux et quelques débris d’oolithes ferrugineuses qui ont échappé à la destruction par les agents atmosphériques. Les nodules phosphatés de l'horizon de la Belemnites Fourneli du Lias moyen appartiennent à la catégorie n° 3. Ils sont généralement oris, de petite taille, atteignant rarement la grosseur d’une noix, arrondis, marqués de sillons plus ou moins profonds sur leur surface extérieure, qui est souvent couverte de débris d'organismes adhé- rents, tels que coquilles, articles d'Encrines. Dans leur intérieur on découvre des moules de Bivalves, de Brachiopodes, et sur un seul échantillon nous avons constaté un moulage linéaire en relief d’une annélide ?, à en juger par les apparences d’axe et d’appendices qu’on peut y reconnaitre. Les coupes microscopiques montrent au milieu d’une gangue calcaréo-sableuse à peine phosphatée, des lames de mica, des débris animaux, surtout de Foraminifères. Quant aux nodules phosphatés:du Lias supérieur de l’horizon de l’Ammonites Raquinianus, dont la teneur en phosphate de chaux est de 13,5 °/, d’après les analyses de M. le professeur Schlagdenhaufen, ils appartiennent également à la catégorie n° 3. Ils sont aussi généralement de petite taille, mais de forme irrégu- lière, et leur surface est toujours profondément burinée de sillons larges et profonds, ou plus étroits, et de traits fins entrecroisés. Leur couleur est grise, leur gangue est souvent ferrugineuse, et ils englobent des fragments de fossiles tels que Anim. Raquinianus, A. insignis, A. bifrons, Belemnites tripartitus, etc. Sur leur cassure, qui estgris noirâtre, on aperçoit des sections de petits fossiles gastropodes ou bivalves, et des sections plus ou moins circulaires blanchâtres de cylindres de différents calibres qui s’enchevêtrent dans l'intérieur du nodule. Les sillons et les perfo- rations cylindriques extérieures correspondent à ces cylindres ou tiges de substance marno-sableuse. Les coupes ne donnent ici aucun résultat, la roche ne pouvant être amenée à une transparence par- 96 BLEICHER. — NODULES PHOSPHATÉS DU LIAS DE LORRAINE 27 Déc. faite à cause de la limonite et de la matière bitumineuse qui l’im- prègnent. Dans le résidu obtenu par l’action de l’acide chlorhydrique, il n’y a rien à signaler. Ces nodules phosphatés du Lias supérieur ont donc une structure toute différente de celle de leurs congénères du Lias moyen et du Lias inférieur. Leur richesse en phosphate est due aux couches marines fossilifères encaissantes auxquelles ils ont dû soutirer ce minéral. Il n’y a pas eu d’enrichissement comme dans les amoncellements de nodules DRERPRAIES du Lias moyen des Vosges. Quoiqu'il en soit, ils appartiennent à un dépôt de mer assez agitée, à en juger par l’abondance des fragments de Bélemnites et d'Ammonites roulées qu’on y rencontre. En résumé, et comme conclusion, on peut affirmer que sur fois niveaux de nodules phosphatés échelonnés de la partie inférieure du Lias inférieur, jusqu’à la partie inférieure du Lias supérieur, un seul, celui de la base du Lias moyen, tel que le comprennent les géologues lorrains, peut dans notre région de Lorraine donner lieu à une exploitation fructueuse. La couche de nodules de ce niveau n’a guère plus de 030 d'épaisseur, et résulte du lavage d’une grande épaisseur de marnes sableuses et ferrugineuses, à en juger par les fossiles qu’oh y trouve accumulés. Ce lavage a dù se faire à l’époque quaternaire ét s’est accompagné de la formation de concrétions ferrugineuses; on peut lui attribuer l'enrichissement des nodules phosphatés. Les nodules phosphatés du Lias inférieur et du Lias moyen peuvent être des moules de coquilles, de Polypiers formés d’une matière calcaréo-phosphatée englobant des débris d'organismes microscopiques; des organismes entiers plus ou moins bien conservés, tels que Spongiaires, caracté- risés par leur apparence extérieure ; des restes de réseau de spi- cules; ou simplement des masses plus ou moins arrondies de matière calcaréo-phosphatée cimentant des fragments de coquilles, de Foraminifères, des spicules de Spongiaires, rarement des débris de Vertébrés. Les nodules phosphatés sortis récemment de leur gangue peuvent seuls être utilisés pour une étude microscopique. L'exposition à l'air, le lavage naturel dans certains cas, ont fait disparaître toute trace d'organisation. Les nodules phosphatés du Lias supérieur ont une apparence et une structure spéciale, 1892 BLEICHER. — NODULES PHOSPHATÉS DU LIAS DE LORRAINE 247 Ils sont plus petits, plus irréguliers que ceux du Lias moyen. L'Ammonites Raquinianus d’Orb. les accompagne toujours à l'état de débris empâtés dans les nodules; les organismes microscopiques y sont rares ; par contre, des cylindres de substance marno-calcaire de couleur claire se détachent sur leur section, ou ont laissé leur empreinte à leur surface sous la forme de sillons. Leur teneur en phosphate de chaux, d’après un échantillon de Malzéville (Meurthe-et-Moselle), est de 13,5 °/.. Ils ne sont pas exploitables industriellement, en raison de leur faible proportion dans les marnes et de leur situation topogra- phique sur les pentes des collines. Aucun des nodules phosphatés du Lias de Lorraine n’a ni les caractères extérieurs, ni les carac- tères intérieurs de coprolithes. Ils ne ressemblent pas non plus aux nodules phosphatés des récents sondages des naturalistes anglais, car s'ils contiennent généralement des débris d'organismes de différente nature, ceux-ci ne sont pas plus que les débris minéraux qu’on y rencontre assez volumineux pour jouer le rôle de centres d’attraction. Les uns et les autres sont de très petite taille et disséminés irrégulièrement dans la masse des nodules. EXPLICATION DE LA PLANCHE VI Fig. 1. — Coupe suivant le grand axe, grossie deux.fois, d'un nodule phosphaté du Lias inférieur de Xeuilley (Meurthe-et-Moselle) : a) gangue calcareo-marneuse du Spongiaire : b) corps du Spongiaire; c) canal central; d) réseau de spicules; e) gros Foraminifère engagé dans le canal central. Fig. 2. — Coupe en travers, grossie deux fois, d’un nodule phosphaté de même type et de même provenance : a, b, c, d ont la même valeur que dans la fig. 1; du canal central partent les canaux rayonnants du Spongiaire. Fig. 3 et k. — Portions du réseau spiculaire quadrillé fortement agrandies. Fig. 5, — Fragment de gros Foraminifère échoué dans le canal central du Spongiaire, He de Fig. 6. — Nodule phosphaté de la base du Lias moyen du Col du Mauvais Lieu, près Ludres (Meurthe-et-Moselle), formé d'une colonie de Spongiaires, grandeur naturelle. Fig. 1 .— Résidu minéral et organique d'un nodulephosphaté de Totainville (Vosges), du Lias moyen,après traitement par l’acide chlorhydrique étendu ; f.Foraminifères ; g.spicules de Lithistides ?; h. grains de quartz ; i. fragments de test de coquilles de Mollusques avec leur structure fibrillaire réticulée; j. débris d'organisme indéterminable. Dessiné à la chambre claire. Gross. 50 fois. Fig. 8. — Nodule phosphaté du Lias supérieur de Clévant (Meurthe-et-Moselle), gran- deur naturelle. CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE GÉOLOGIQUE DU ROUERGUE ET DE LA MONTAGNE NOIRE, par J. BERGERON (1). Depuis la publication de mon travail sur le massif ancien situé au Sud du Plateau Central (2), j'ai continué l’étude géologique de. cette région. J’ai été amené ainsi à compléter certaines observations et à modifier quelques-unes des opinions que j'avais émises. Ce sont les résultats de ces nouvelles études, plus particulièrement de celles relatives à la Montagne Noire, que je désire résumer ici. D'une manière générale je n’ai pas eu à modifier la classification que j'avais adoptée dans mon premier travail. Pour éviter les redites, je me contenterai donc de signaler les horizons dans lesquels jai pu observer quelques faits nouveaux, et d'exposer ces faits. Jusqu'ici il m'a été impossible de placer une ligne de séparation entre le Cambrien et le Précambrien. Si l’on se reporte à la série cambrienne de l’Ouest de la France, le Cambrien devrait commencer bien au-dessous des calcaires que j'avais pris comme premier hori- zon. Mais je ne puis encore me prononcer, n'ayant observé aucune discordance dans toute la série comprise entre les gneiss et le Paradoxidien. Peut-être faudra-t-il faire rentrer une partie des Schistes à séri- cite qui occupent les deux versants de la Montagne-Noire dans le Cambrien et même dans les niveaux inférieurs de l’Ordovicien (3). En effet, sur le versant septentrional, dans la région de Dourgne, certains schistes qui, par leur position et leur aspect, pourraient être identifiés à ceux du Paradoxidien, bien qu'on n’y ait encore trouvé aucune trace d'organisme, passent aux Schistes à séricite en prenant l'aspect gras et miroitant qui caractérise ces derniers. D'autre part, sur le versant méridional, d’autres schistes, miroi- tants et rappelant beaucoup ceux de la partie supérieure des schistes à séricite, renferment des débris de Trilobites de l’Arenig inférieur. (1) Ce travail a été présenté dans la séance du 18 janvier 1892. Le manuscrit a élé déposé au Secrétariat le 5 Août 1892, (2) Annales des sciences géologiques, T. XXII. Août 1889. (3) Conformément à la nomenclature adoptée par M. Munier-Chalmas dans son cours à la Faculté des Sciences, j'emploie les noms de Cambrien, Ordovicien et Goth- landien pour les assises renfermant respectivement les faunes primordiale, seconde el troisième, celle-ci ne comprenant plus que l'étage E de Bohème. + tal to ts sono. Ni, dé - 1892 J. BERGERON. — ROUERGUE ET MONTAGNE NOIRE 249 Il semble donc qu'en certains points le métamorphisme ait atteint des couches assez élevées dans la série, sans que, d’ailleurs, il soit possible de préciser la cause de ce métamorphisme. J'ai signalé précédemment (1) l’erreur que j'avais commise en attribuant au Cambrien certains calcaires que j'avais rencontrés au milieu des Schistes à séricite ; c’est ainsi que la coupe que j'ai donnée des environs de Citou (2) doit être complètement modifiée. Les calcaires appartiennent au Dévonien et se trouvent dans le prolongement d’un synelinal passant à l’ouest de Ferrals et de Cassa- snoles, comme le pensait M. de Rouville (3). Mais d’autres calcaires, interstratifiés au milieu des schistes et plus rapprochés de l’axe de la Montagne Noire, doivent rester dans le Cambrien; ils offrent les mêmes caractères lithologiques que ceux de même âge que l’on peut observer dans la Mayenne. Entre les Schistes à séricite et le Paradoxidien, tel que je l’ai décrit (4), existe une série fort épaisse de phyllades généralement colorés en vert, plus rarement en rouge violet. J'y ai trouvé, du côté de Pardailhan, des débris de Paradoxides de très grande taille, appar- tenant au groupe du P. rugulosus ; ils rappellent beaucoup les grandes formes de Paradorides que j'ai rencontrées à Faillières. Peut-être est-ce le même niveau, mais avec un faciès un peu difiérent de celui que je connaissais et rappelant les phyllades classiques. Ces phyl- lades forment de longues et larges bandes s’étendantsur les deux ver- sants de la Montagne Noire ; mais jusqu’à présent, c’est seulement près de Pardailhan que des débris de Trilobites y ont été rencontrés. Ces phyllades sont parfois siliceux; parfois mème certains bancs passent à de vrais quartzites. Les assises qui, par leur position, correspondent aux couches à Olenus, ne m'ont encore donné aucun fossile déterminable. Par contre, le sous-étage qui forme la base de l’Ordovicien et que j'ai assimilé à l’Arenig inférieur, a fourni, depuis la publication de mon premier mémoire, un certain nombre d'espèces nouvelles qui sont venues confirmer l'assimilation que j'avais faite. Il semble bien que tout ce sous-étage soit caractérisé par la présence de Bellerophon Œhlerti qui se rencontre de la base au sommet; mais les autres fossiles paraissent se grouper en plusieurs horizons dont la super- position directe ne s’est jamais montrée à moi dans des conditions } . G. F., 3° sér., T. XIX.— C. R. Somm., p. XLVIII. ) Ann. des Sc. Géol., T. XXII, p. 46, fig. 6. BIS GG. E;, 3 sér., D. XVIIT,' p.8. ) Ann, Sc. Géol., T. XXII, p. 78. Le 950 J. BERGERON. — CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE GÉOLOGIQUE 27 Déc. satisfaisantes. Cependant la comparaison de plusieurs coupes locales m'a amené à admettre comme très probable la succession suivante : A la base ce sont des schistes d’aspect gras, dont les fossiles sont contenus, le plus souvent, dans de petits nodules siliceux extrème- ment durs. Les formes les plus fréquentes sont Calymene Filacovi Mun.-Chalm. et J. Berg., Megalaspis Filacovi Mun.-Chalm. et J. Berg., Asaphelina Barroisi Mun.-Chalm. et J. Berg., Agnostus Fer- ralsensis Mun.-Chalm. et J. Berg., Cystidées, Astéries, etc. C’est le premier horizon que j'aie décrit de ce sous-étage de l’Arenig infé- rieur (1). Puis viendrait un niveau de schistes plus argileux que les précé- dents, renfermant encore des Agnostus, Æglina?, Remopleurides, Ampyx, Dalmanites, Acidaspis? (2), etc., et des Graptolites (3) parmi lesquels j'ai reconnu des formes appartenant au genre Didymo- graptus (4). Au-dessus se montre un horizon peu épais, 2 à 3 mètres, de schistes noirs ampéliteux, caractérisés par la présence, en assez grande quantité, d'un Amphion très voisin sinon identique à Amph. Lindaueri Barr. de l’étage di de Bohème. Enfin l’Arenig inférieur se termine par des grès argileux, très micacés, qui sont connus depuis longtemps par l’abondance des empreintes mécaniques qu’on y recueille (5). C’est l'horizon à Vexillum Rouvillei Sap. et à Bilobites (Cruziana) Monspeliensis Sap., dont j'ai déjà signalé la position (6). Les différentes coupes que j'ai relevées soit dans la vallée de la Dourbie, soit dans les ravins que traverse le sentier qui va de Cabrières à Péret, ne laissent aucun doute sur la superposition relative de ces deux derniers horizons. Ces différents niveaux se poursuivent sur tout le versant méridio- nal de la Montagne Noire; j’ai pu les reconnaître jusqu’au point où ils disparaissent sous les dépôts secondaires et tertiaires, au sud-ouest de Caunes, dans l'Aude. Près de cette dernière localité, un de nos confrères, M. Sicard, vient de découvrir un gisement fossi- lifère très important de ce sous-étage. ) Ann. Sc. Géol.,T. XXII, p. 87. (2 Be SG. 3 sér., T'XVIIT;' p: 364. (3) De Rouville. B. S. G. F., 3° sér., T. XVII, p. 176. (4) B. S. G. F., 3 sér., T. XVIII, p. 177. M. Ch. Barrois, qui a eu entre les mains des exemplaires mieux conservés que les miens, vient de donner (Ann. Soc. Géol. du N.,t. XX, p. 85), une liste des espèces de Graptolites qu'il a reconnues dans ce niveau. (5) De Saporta. — Les Organismes problématiques des anciennes mers, 1885, p. 43. (6) Ann. Sc. Géol., T. XXII, p. 88. 1892 DU ROUERGUE ET DE LA MONTAGNE NOIRE 251 Sur l’Arenig inférieur reposent des grès, d'épaisseur assez va- riable, qui correspondent aux Grès armoricains. J’ai déjà décrit (1) ce sous-étage; je n’y reviendrai pas. Mais je crois intéressant de signaler ce fait que si l'épaisseur maxima peut atteindre 60 mètres, en beaucoup de points elle est bien moindre. En certaines localités la masse de grès se réduit à un simple banc qui peut passer inaperçu au milieu des schistes. Ceux-ci, en eflet, sont inférieurs (Arenig infé- rieur) et supérieurs (équivalent des schistes d'Angers) à ces grès ; pour peu qu'il y ait eu des refoulements les grès disparaissent complètement et, comme les caractères lithologiques de ces schistes d'âge différent sont les mêmes, il en résulte qu’on ne peut distin- ouer ces niveaux l’un de l’autre. C’est d’ailleurs ce qui se voit dans les environs de Cabrières. Je n’ai rien à ajouter à ce que j’ai déjà dit relativement aux autres sous-étages de l’Ordovicien (Silurien moyen) et au Gothlandien (2) (Silurien supérieur). La base du Dévonien est encore mal connue; l’absence de tout fossile déterminable est la cause de cette ignorance. Au S.-0. de Cabrières s'étend le plateau du Falgairas constitué surtout par des dolomies; mais sous ces dolomies apparaissent par places des grès qui, comme aspect, rappellent beaucoup certains bancs à Orthis Monnieri du Dévonien inférieur de la Mayenne. Peut-être est-ce le mème niveau ? J’y ai recueilli quelques débris de grosses Encrines d’ailleurs indéterminables. M. de Rouville a signalé la présence du niveau à Pleurodyctium problematicum (3). Il semble done que le jour ne soit pas éloigné où la partie inférieure du Dévonien, depuis le Gédinnien jusqu'au Coblencien inférieur inclusivement, pourra être reconstituée. À partir du Coblencien supérieur inclusivement, la série dévonienne est complète. Je l'ai déjà établie (4) et je n’en parlerais pas, si des travaux récents n'étaient venus encore confirmer la classification que j’ai admise dès mon premier mémoire et qui, lors de son apparition, fut vivement attaquée. Au pie de Bissous, près Cabrières, se voit un calcaire cristallin blanc dont la place dans la série dévonienne a été longuement débattue. Sa position stratigraphique me l'avait fait ranger dans le Dévonien moyen. Pour M. Frech (5), qui identifiait sa faune à celle de Konieprus, en ) Ann. Sc. Géol., T. XXII, p. 95. ) Ann. Sc. Géol., T. XXII, p. 99 et p. 109. S) BASIC HS 2 nSer. Te EX VITE -pD'AUT 6: ) Ann, Sc. Géol., T. XXII, p.138. ) Die Palæozoischen Bildungen von Cabrières — Zeilschr., d. d. geol. Ges., 1887, p. 360. 952 J. BERGERON. — CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE GÉOLOGIQUE 27 Déc. Bohême, ce calcaire devait appartenir à l’étage du Dévonien infé- rieur. Les récents travaux de M. le Prof. Novack (1) sur le calcaire de Konieprus montrent que celui-ci se trouve à un niveau plus élevé qu'on n'avait cru jusqu'ici (Dévonien moyen et peut-être même base du Dévonien supérieur) et en même temps qu'il corres- pond à un faciès coralligène, ce qui viendrait à l’appui de ma manière de voir (2). Je n’ai aucun fait nouveau concernant le Dévonien supérieur et le Carbonifère. Je n’ai également aucune modification à introduire dans le chapitre relatif au terrain houiller ; mais dans les différents bassins on s’est mis à faire des recherches et il est bien possible que je sois amené un jour à modifier les hypothèses que j'ai émises relativement à leur mode de formation. En 1890, j'ai eu le plaisir de guider MM. Grebe et de Reïinach dans une étude qu’ils sont venus faire des dépôts permiens du Rouergue et de la Montagne Noire; de mon côté, je suis allé dans les bassins de la Nahe, de la Sarre et de Darmstadt, où ces Messieurs ont bien voulu me conduire. De ces études comparatives faites en . commun (3), il résulte que les assimilations que j'ai déjà exposées avec les niveaux permiens de l'Allemagne restent vraies dans leur ensemble; mais elles peuvent être précisées davantage. D’après les travaux de M. Grebe et du regretté Prof. Weiss, sur les bassins de la Sarre et de la Nahe (4), on peut faire dans le Permien les sub- divisions suivantes : A la base sont les couches de Cusel qui font suite immédiatement aux assises d’'Ottweiler du Houiller tout à fait supérieur. Cet étage (5) (1) Vergleichende Sludien an einigen Trilobiten aus dem Hercyn von Bicken, Wildungen, Greifenstein und Bôhmen. — Palæontologische Abhandlungen. N. Folge, Il, partie 3. (2) A propos de la faune du Pic de Bissous, je tiens à faire la rectification suivante: la figure 2b de la planche V du tome XXII des Ann. des Sc. Géol., représente un pygidium de Lychas el non de Cheirurus. (3) M. de Reinach, dans un récent mémoire : « Das Rothliegende im Süden und Westen der franzôüsischen Centralplateaus» in Zeitschr. d.d. geol. Gesell. 1892, p.243, a exposé les faits qu'il avait observés dans le Rouergue:il avait bien voulu me commu- niquer son manuscrit, dont je n’ai eu d'ailleurs connaissance qu'après avoir fait ma communication à la Société. Nous sommes d'accord sur les points essentiels, mais nous différons sur quelques interprélations, ainsi que je l’indiqué dans le présent travail. (4) Erläut. zu Blatt Wadern, 1890. (5) Pour faciliter la comparaison des niveaux permiens des provinces rhénanes et du midi de la France, j'ai dressé un tableau (p. 256) qui permet de reconnaitre le parallélisme des séries permiennes des deux régions. 1892 DU ROUERGUE ET DE LA MONTAGNE NOIRE 253 débute par des grès et des schistes, parfois avec minces lits de houille ; dès la base on y rencontre les mêmes Poissons et les mêmes plantes que dans les couches qui le terminent; le tout forme un ensemble très puissant. La flore est constituée par une association de formes houillères et permiennes. Dans le midi de la France, l’étage de Cusel n’est représenté, pour moi, avec certitude, que dans le bassin de Decazeville, mais son épaisseur est bien moindre que dans le bassin de la Sarre ; c’est dans ces couches que se trouvent les Poissons dont j'ai signalé la présence dans les schistes supérieurs de la Vaysse (1). Peut-être les lambeaux de grès et de schistes gré- seux disséminés le long du bord oriental du massif ancien du Rouer- gue, et que l’on rapporte au Houiller, appartiennent-ils à cet étage ? Leur étude a été Complètement négligée et rien ne permet de tran- cher la question de leur âge. Peut-être est-ce encore à cet horizon de Cusel qu’il faut rapporter les premières assises permiennes qui, dans la région de Gages, recouvrent le Houïiller supérieur; c’est l'opinion de MM. Grebe et de Reinach, qui s’en rapportent aux caractères lithologiques, car on n’y à encore trouvé aucun fossile. Dans les provinces rhénanes, l'étage suivant ou de Lebach com- mence par des schistes versicolores, ou bien encore par un grès riche en végétaux, notamment en Walchia, d'où son nom de Wal- chiensandstein. L’étage se termine par une série de schistes tantôt gris, tantôt noirs, ampéliteux, riches en débris de Poissons (Palæoniscus, Acanthodes) et de Crustacés (Gampsonix, Phyllopodes, Ostracodes). Les schistes noirs ont un aspect tout particulier ; leur cassure est terne et rappelle beaucoup l'apparence de la suie. Cet étage se retrouve dans le midi de la France avec tous ses caractères ; la base est toujours constituée par les grès à Walchia, avec débris d’autres végétaux, notamment de Schisopteris. C’est bien le même faciès que le Walchiensandstein. On le retrouve dans tous les gisements permiens du Rouergue. Ces grès sont recouverts par des schistes noirs ampéliteux renfermant de nombreux débris de Peissons(Palæoniscus,Acanthodes) et d’abondants Ostracodes. Ce sont les mêmes schistes noirs caractéristiques de l’étage de Lebach; je les ai rencontrés d’ailleurs partout où se voit le Permien inférieur ; en Allemagne et en France ils sont identiques les uns aux autres. Parfois il y a des calcaires noirs intercalés à ce niveau, au milieu des schistes. C’est le cas dans le Rouergue (2). (1) Ann. Sc. Géol., T. XXII, p. 240 (2) J’ai donné (Ann. Sc. Géol., T. XXII, p. 339) une coupe du Permien prise der- rière l'auberge d’Alboy. Coquand, le premier, avait figuré une coupe de cette 25% J. BERGERON. -- CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE GÉOLOGIQUE 27 Déc. Dans les environs de Brive, la série permienne est très déve- loppée; elle a été l’objet d’études approfondies de la part de M. Mouret, qui va en publier une monographie détaillée (1). D’après une première description donnée par cet auteur et d’après ce que j'ai vu moi-même dans une course rapide que j'ai faite avec lui dans les environs de Brive, il y a toute une série de couches, qui correspon- drait à l'étage de Cusel; puis viennent les grès du Gourd du Diable dont M. Zeiller (2) a donné'une étude, il y a quelques années, et qui sont assimilables au Walchiensandstein ; ils sont surmontés par des schistes noirs caractéristiques de la partie supérieure de l'étage de Lebach. Sur les schistes de Lebach reposent, en Allemagne, les assises dites de Tholey, constituant ce que l’on appelait autrefois les cou- ches de Lebach supérieures. Les éléments qui entrent dans leur composition sont dus en grande partie aux roches éruptives (por- phyres, porphyrites, mélaphyre) qui sont venues au jour à cette épo- que et aussi au moment oùse déposaient les schistes de Lebach. Avec ces couches de Tholey commence la série d'assises qui correspond, pour moi, au Permien moyen ou Rothliegende; en Allemagne, il débute par une suite de conglomérats que l’on a pu différencier les uns des autres, grâce aux roches éruptives qui entrent dans leur compo- sition. Puis les conglomérats deviennent quartzeux ; ils passent à des grès qui deviennent rouges et qui alternent bientôt avec des marnes rouges schisteuses. Les conglomérats et les grès de la base corres- pondent aux étages de Sôtern et de Wadern ; quant aux grès rouges, ils constituent l’étage de Kreuznach. MM. Grebe et de Reinach ont reconnu dans les environs de Rodez du côté du champ de tir, dans les environs de Bennac et enfin du côté de Camarès, les couches de Tholey et de Wadern. Je ne suis pas convaincu que le faciès des conglomérats des deux régions soit identique. Mais en laissant de côté toute question de similitude de faciès, il est certain qu'en Allemagne, comme dans le Rouergue, le Rothliegende conmence par des conglomérats ou des grès. Ce sont localité ; il déclarait avoir trouvé, dans des calcaires gris qui surmontent les schistes et les grès, des ossements de reptiles permiens. Tout en interprétant les faits autrement que lui, je m'en élais rapporté à son assertion relativement aux fossiles de ces calcaires; mais mes dernières études m'ont permis de reconnaître que ces calcaires sont liasiques. (4) Je reçois pendant la correction de ces épreuves, le mémoire de M. Mouret (Bassin houiller et permien de Brive. Études des gîtes minéraux de la France). Les descriptions détaillées qu'il renferme ne font que confirmer les assimilations que j'expose ici. (Note insérée pendant l'impression). (2) BIS GP, 8"/sèr.; MIT, p:193. 1892 DU ROUERGUE ET DE LA MONTAGNE NOIRE 255 des conglomérats du côté de Rodez, ce sont des grès grossiers du côté de Decazeville et des grès fins à Lodève; dans ce dernier cas ils se rapprochent des grès de Sütern. Dans les grès fins, qui se débi- tent en dalles assez minces pour former des ardoises, on trouve la belle flore de Lodève. Les couches de Wadern n'existent pas pour moi avec leur faciès allemand. Elles sont peut-être représentées par des bancs de grès grossiers qui passent insensiblement aux grès rouges, à éléments fins, qui sont identiques à ceux qui, en Allema- gne, constituent l’étage de Kreuznach. Mais dans le Rouergue, ce dernier étage gréseux est surmonté par une épaisseur considérable de couches alternantes de grès fins et de marnes rouges, au milieu desquelles apparaissent des lentilles de calcaire noir. Celles-ci existent bien en Allemagne dans l’étage de Kreuznach, mais elles y sont rares, tandis que dans le Rouergue elles sont extrêmement abondantes. Rien de ce que j’ai vu ne m'a permis de décider si c’est là un faciès du Rothliegende supérieur, ou du Zechstein ; MM. Grebe et de Reinach, bien compétents en la matière, ne connaissent rien de semblable dans aucun de ces deux étages ; cependant je serais porté à en faire l’équivalent du Zechstein, étant donné que cette série repose sur l’étage de Kreuznach bien caractérisé et que ce faciès calcaire ne se connaît guère que dans le Zechstein. Mais ce sont là des arguments de médiocre valeur, je le reconnais. Dans le tableau du Permien que j'ai donné précédemment (1), il faudrait modifier les assimilations que j'ai faites avec les hori- zons reconnus à Autun. Depuis la publication de mon Mémoire ont paru, sur cette dernière région, un travail de M. Delaïond (2) et la note de M. de Reinach (3), d’après lesquels on peut vraisem- blablement admettre que l’horizon d’Igornay Sally et une partie de l'horizon de Comaille Chambois doivent rentrer dans l'étage de Cusel, tandis qu’une autre partie de l’horizon de Comaille Chambois correspondrait au Walchiensandstein. L’horizon supérieur offre les mêmes caractères que la partie supérieure de l’étage de Lebach telle que je l’ai décrite. Quant au Rothliegende, il serait représenté par l'équivalent de l'étage de Kreuznach. Bien que je n’admette pas une identité absolue d'horizon à horizon entre le Permien des provinces rhénanes et celui du midi de la (1) Ann. Sc. Géol., T. XXII, p. 25. (2) Bassin houiller et permien d’Autun et d'Épinac, 1889. (3) Op. cit. M. de Reinach a reconnu dans ce bassin tous les horizons des provinces rhénanes. 27 Déc. ÉOLOGIQUE r ‘empêcher d'être frappé des traits de tent entre eux. Il est certain que ces dépôts ont je ne puis m 1 EXIS GERON. — CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE G ndant _ J n J. BE litude qu ) 25( France, cepe simi 2 ‘SUOSSIOd LE S2]SI49S "10Sn7 *s1497402 *8Qar) 79 FPIQUUOTSUOT|-2Y9S 19 DAYIIDM LR SAN) “DUY91D A S9A| ‘UTJSPUESUITHIIE M Ÿ uerunmn y ‘DUIUYIST ‘SNISUODI ‘SUOS "SNISUUOMINT ‘S0POYI |-Dd SPOYIUNIY RSA |-st0q op Sarrreoo ve saal -UNIY V SIIOU S9JSI9S/-IIN9Y S91} SAIUU SJSIH9S|-FINOJ S91] SIIOU S9JS19S ‘28497 *(S2SI0pAIY) Suaru *sDÜ1b ‘109 9p -19d Xnv]9894 P SUI S919|SOUO.r) 29AL SAIISSOIS SOA) *SIDISSOIS S919) ‘A9[OUL ‘U19)0S *UI9PE MA opuosotIq}0 ‘s29nN01 SoUIEU 19 Sad) ‘S98N01 SAUIBU 19 Sadr) *S29n0I SAUIBU 79 Sa4r) :UJBUZNAaIY *ITOU 91109[b9 *ITOU 241P9[89 9p *2IIP9189 op nod op soueq xnoiquousaiy |soueq sonbjonb 994e 598 u19,SU9297 29AP SAUIBUI J9 SUI S9A19 4 |29AB SAULBUI J9 SUIJ S919 4, |-NOI SOUIEU J9 SUIJ S9IL) 4 “AHVN] VIT A4 LA ‘HAAGO'T ‘HN94INO “ATIAUZVOI( A4 NISSV AYUUVS VT Aa SNISSY 1892 DU ROUERGUE ET DE LA MONTAGNE NOIRE 257 dü se former dans des conditions analogues de la région du Taunus jusqu’à celle des Pyrénées. Mais jusqu’à présent il est impossible de dire quelles furent ces conditions. J’ai dit plus haut qu'il yavait eu, en Allemagne, des éruptions de roches microlithiques durant l’époque permienne. M. de Reinach a eu l'obligeance de me faire voir dans les environs de Naunburg des filons de mélaphyre traversant la série de Lebach et la métamor- phisant. Les mêmes phénomènes de métamorphisme peuvent s’ob- server également dans les schistes de la série de Lebach des environs de Lodève; mais, dans cette région, ils ont été produits par des filons de basalte passant à des limburgites, et datant très probablement de l’époque pliocène. Les seules roches que l’on puisse rapporter au mélaphyre se trouvent au N. de Decazeville et il est impossible de préciser leur âge : elles sont, ainsi que je l’ai déjà dit (1), posté- rieures au Houiller, mais antérieures à l’Infralias. Elles présentent cette particularité d’être à hypersthène comme les mélaphyres de la vallée de la Nahe et les deux roches sont identiques au point de vue pétrographique; mais je ne veux en tirer aucune conclusion relati- vement à l’âge des mélaphyres de Decazeville. J’ai déjà signalé la discordance angulaire du Trias sur le Permien, sa régression dans le nord et sa transgression dans le sud-ouest par rapport à ce dernier terrain (2); mais, depuis, j'ai pu constater encore, dans les environs de Lamalou, une transgression des assises correspondant au Muschelkalk, par rapport aux niveaux inférieurs. J'ai étudié ces derniers avec soin et j'ai reconnu la succession suivante. Le Trias débute par un conglomérat qui est à éléments calcaires, sur le versant méridional de la Montagne Noire, où il se trouve dans le voisinage des calcaires dévoniens ; c’est ainsi qu'il se présente dans les environs de Cabrières et dans les environs de Neffiez et de Gabian, où il recouvre directement le Permien infé- rieur, ce qui me l'avait fait assimiler, dans cette dernière région, au Rothliegende. Ce conglomérat sert de base à une série de grès rouges, violets, verts et blancs, avec quelques intercalations mar- neuses et rares bancs calcaires vers la partie supérieure. J'avais assimilé ces grès aux Grès bigarrés et j’avais rapporté les bancs calcaires au Muschelkalk ; mais à la suite de mon voyage en Alle- magne et des renseignements que m'a donnés M. Grebe, qui a étudié (1) Ann. Sc1Géol, T. XXI, p. 295. (2) Ann. Sc. Géol., T. XXII, p. 321. XX 17 258 J. BERGERON. — CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE GÉOLOGIQUE 7 Janv. avec tant de soin le Trias de la vallée de la Moselle, je suis porté à considérer cette série gréseuse avec ses bancs calcaires comme appartenant à l’horizon que les Allemands désignent sous le nom de Zwischenschichten (couches intermédiaires) et qui est compris entre les Grès bigarrés et le Muschelkalk. Le conglomérat de base représenterait donc à lui seul, et en partie seulement, le Grès bigarré. Sur les Zwischenschichten repose une masse de grès blancs, plutôt d’arkoses, qui est recouverte à son tour par les marnes irisées. Il faut donc admettre que ces grès blancs correspondent au Muschelkalk. Ce n’est pas le seul point où il en soit ainsi; on a déjà reconnu ce faciès détritique, pour le même étage, sur le bord oriental du Plateau central, comme sur le bord méridional du massif de l’Ardenne. Quant aux marnes irisées, elles offrent les mêmes caractères lithologiques qu’en Allemagne. Tels sont, au point de vue stratigraphique, les résultats de mes dernières études, résultats que mes travaux ultérieurs auront encore à compléter. De plus, j'ai continué également à étudier la Montagne Noire au point de vue de la tectonique. L’allure générale de cette région est bien, ainsi que je l’ai déjà signalé (1), celle d’un anticlinal; mais de chaque côté du massif gneissique, qui forme l’axe, se voient de grandes bandes parallèles de calcaires et de schistes, qui correspondent à autant de plis ayant affecté à la fois le Silurien et le Dévonien. Ce dernier terrain occupe le plus souvent les synclinaux, tandis que le Silurien forme les anticlinaux. Mais comme il est assez rare de voir les charnières des plis, il est difficile au premier abord de se rendre compte de cette disposition. L'étude de ces bandes est encore compliquée par ce fait que les plis, qu'ils soient synclinaux ou anticlinaux, plon- gent vers le S., sur le versant S., et vers le N. sur le versant N. On a donc affaire à deux séries de plis isoclinaux, correspondant respectivement à chacun des flancs du grand anticlinal de la Mon- tagne Noire, et couchées sur la masse de gneiss. De plus, dans les plis, on constate la disparition de certains hori- zons comme s'il y avait eu des arrêts dans la sédimentation. Ces lacunes ne dépendent pas d’un accident stratigraphique, mais bien plutôt d'un accident dynamique : le laminage qui a dû se produire lors de la formation de ces plis ou lors de leur glissement lorsqu'ils se sont couchés, a fait disparaître certaines assises ; de là des contacts (1) Ann. Sc. Géol., T. XXII, p. 305. ME 1893 DU ROUERGUE ET DE LA MONTAGNE NOIRE 259 anormaux que j'ai pris le plus souvent pour des failles et que j'ai représentés ainsi sur la carte qui accompagne mon mémoire. De pareilles lacunes par étirement ont été déjà signalées en Pro- vence par M. M. Bertrand, notamment dans le massif d’Allauch ; c'est même après en avoir vu quelques exemples bien nets, lors de la réunion de la Société géologique au Beausset, que j'ai pu inter- préter ces lacunes qui m’avaient beaucoup embarrassé. Il est encore une autre difficulté qui résulte du métamorphisme partiel de cer- taines couches, métamorphisme dû à des injections siliceuses et sur lequel je reviendrai dans une communication ultérieure. J'ai commencé l’étude détaillée des plis du versant méridional ; j'ai pu les suivre sur de grandes longueurs; d’ailleurs le relief du sol donne des indications qui facilitent ce travail. Les anticlinaux, constitués le plus souvent par des schistes, forment des crêtes déchiquetées qui font contraste avec les synclinaux calcaires dont le relief n’est jamais accusé ; il en résulte que l’on peut, à distance, se rendre compte d’une manière approximative de la nature litho- logique du terrain à son simple aspect. Je ne suis pas encore assez avancé dans cette étude, qui est fort longue, pour pouvoir formuler dès maintenant des conclusions géné- rales. Pour le moment, je me contenterai de signaler quelques-uns des principaux accidents. Les plis sont sensiblement parallèles entre eux et à la direction générale de la Montagne Noire. Si dans son ensémble ce massif est orienté N.600E., on peut cependant reconnaître que les bandes, dont j'ai parlé, décrivent plutôt un arc de cercle de très grand rayon, la partie S.0. ayant une direction N.N.E., tandis que la partie N.E. est orientée E.N.E. Parfois il y a tendance au chevau- chement des plis les uns sur les autres comme au S.E. d’Olargues ; d’autres fois le chevauchement est complet, ainsi que je l’ai reconnu à Cabrières. Dans la première de ces régions, la bande calcaire qui passe au niveau du sommet dit Signal de Naudet, se trouve à une altitude bien supérieure à celle de la bande calcaire qui lui fait immédia- tement suite vers le Nord. L’allure des couches amène à penser qu’il a dû y avoir une poussée venant du sud-est et refoulant les couches méridionales sur celles situées plus au nord. D'ailleurs ce mouvement de poussée a amené des dislocations dans les assises paléozoïques de la région, dislocations dont a dû profiter l’Orb pour se frayer un passage à travers toutes les bandes qui constituent le versant méridional de la Montagne Noire, et pour suivre un 260 J. BERGERON. — CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE GÉOLOGIQUE 7 Janv. cours perpendiculaire à celui qu’il avait eu jusqu'alors (vallée de l’Orb et du Jaur, entre Bédarieux et Saint-Pons). A Cabrières, les accidents se voient mieux ; mais ils n’en sont pas plus faciles à interpréter. Dans cette région, qui est située à l’extré- mité orientale de la Montagne-Noire, le massif primitif n’a plus formé un môle résistant sur lequel sont venus se coucher les plis déjà mentionnés ; aussi ceux-ci ont-ils pu se former avec toute l’am- plitude que comportait l'effort qui les avait fait naître. Là les poussées sont venues du nord aussi bien que du sud. Le pli le plus curieux est celui qui, situé au N. de Cabrières, forme une crête orientée N. E.-S. 0. et dont la partie la plus élevée a reçu le nom de pic de Bissous (482%) ou encore de Cabrières. C’est un pli couché que j'ai reconnu sur une largeur de près de 5 kilomètres; il oftre un exemple frappant de ces lacunes, dont j'ai parlé précédemment, ce qui avait encore compliqué l'interprétation de cet accident. Dans les points où la série présente son maximum de développe- ment, ce sont les marbres griottes qui reposent sur des schistes du Silurien moyen; sur ces griottes viennent les calcaires à Cardiola retrostriata, puis ceux à Gon. intumescens, enfin les calcaires blancs dont j'ai parlé plus haut et qui forment un abrupt de 40 à 50" de haut. Vers le N. et en retrait, apparaît la dolomie du Dévonien infé- rieur. J'ai énoncé la succession des assises de bas en haut ; la série est, ainsi qu’on peut le voir, complètement renversée. Les marbres griottes, ainsi que les autres assises du Dévonien supérieur, n’ap- paraissent qu’au pic même de Bissous et se prolongent vers l’est jusqu'au niveau d’une métairie située au milieu de la plaine du Caragnas. Ils forment donc une bande étroite relativement à la lar- seur du pli couché qui s'étend de la métairie dite Mas Boussière, jusque près de Villeneuvette. Mais les calcaires blancs que j'ai attribués au Dévonien moyen s'étendent depuis la vallée de la Boyne jusqu’au point où s’arrête le Dévonien supérieur vers l’est; ils ont donc vers l’ouest une extension plus grande que le Dévonien supé- rieur et c’est eux qui, dans cette région occidentale, reposent direc- tement sur les schistes du Silurien moyen. Quant au niveau à Spirifer cultrijugatus, il se rencontre tout le long du pli renversé reposant, vers l’ouest, sur les calcaires blancs, et vers l’est, sur le Silurien moyen, à partir du point où cessent le Dévonien moyen et le Dévonien supérieur ; ces lacunes sont dues au rabotage qui s’est produit dans la série renversée lorsque le pli a glissé sur le Silurien. Les érosions ont donné lieu, d’autre part, à une erreur qui se ve 1893 DU ROUERGUE ET DE LA MONTAGNE NOIRE 261 trouve dans mon premier mémoire; elles ont par places enlevé le Dévonien moyen et inférieur, de sorte que sur le versant N. du Pic de Bissous on voit affleurer des couches du Dévonien supérieur au milieu du Dévonien moyen; j'avais supposé que ces affleurements étaient dus à la superposition des couches à Goniulites intumescens sur les calcaires blancs, et dans ces conditions le Pic de Bissous correspondait à un anticlinal, alors qu’en réalité il correspond à une moitié, la moitié renversée et fortement érodée, d’un anticlinal couché. Dans la même région de Cabrières se reconnaissent encore les plis couchés, avec lacunes, du massif de Tourière et du col du Pigeonnier, ainsi que les plis des Japhets que j'ai déjà décrits. A ces plis sont venues s'ajouter des failles qui ont amené des effondrements tels que celui de la région de Bédarieux; mais je crois qu’il sera préférable de revenir sur tous ces phénomènes de dislocation lorsque je pourrai donner dans son entier une étude sur la dynamique de cette partie orientale de la Montagne Noire. Cepen- dant, jai pensé qu'il était intéressant de montrer dès à présent comment l'étude de la région alpine a pu faciliter l’étude d’un massif isolé où les dislocations sont encore compliquées d’érosions qui, bien souvent, n’ont laissé subsister que quelques lambeaux de recouvrement. 7 Janv. TO) O3 né OBSERVATIONS SOMMAIRES SUR LE BOULONNAIS ET LE JURA, par M. abbé BOURGEAT. J'espérais pouvoir adresser aujourd’hui à la Société un exposé complet de quelques-unes des observations que j’ai pu faire cette année tant dans le Boulonnais que dans le Jura méridional. Mais comme le temps me fait défaut, je demande qu’il me soit permis d’en faire un résumé succinct. BOULONNAIS Au sujet du Boulonnais, je signalerai deux observations pure- ment stratigraphiques. L'une concerne le Dévonien, l’autre les dépôts qui remplissent les poches du Primaire et qui supportent les assises du Bathonien. 10 Le Dévonien me paraît d’abord avoir dans la région de Ferques une épaisseur plus grande que celle qui lui est assignée par M. Rigaux. On trouve, en effet, en additionnant les chiffres donnés par notre éminent confrère dans sa notice sur le Bas-Boulonnais, que cette épaisseur n'est que de 630 à 640 mètres. Or, si l’on admet d’une part le nombre de 1,500 mètres, auquel il évalue la largeur de la zone dévonienne, et de l’autre l’inclinaison de 30° qu’il assigne aux couches, on arrive, par un calcul trigonométrique bien simple, à une épaisseur de 750 mètres. Je crois même que cette épaisseur est un minimum. Il me semble ensuite que, dans tout ce Dévonien, depuis le calcaire de Blacourt jusqu'aux calcaires de Ferques inclusivement, il est bien difficile d'établir des subdivisions rigoureuses. Toute la série se pré- sente comme une formation récifale offrant de la base au sommet les enchevêtrementsles plus curieux de faciès. Dans la zone du calcaire de Blacourt, dont il existe un beau récif entre la ferme de la Cédule et le chemin de îer de Caffiers vers Marquise, on rencontre déjà des forma- tions schisteuses accusées par des dépressions humides servant de lits à de petits ruisseaux. Une de ces dépressions traverse même presque normalement la zone des calcaires dans les pâturages de la ferme de Blacourt en allant du ruisseau vers Bainghen. Il y en a aussi dE Le 1893 OBSERVATIONS SOMMAIRES SUR LE BOULONNAIS ET LE JURA 263 d’obliques et d’ondulées, soit à l’est, soit à l’ouest de la Cédule. Les schistes de Caffiers qui supportent le calcaire me paraissent aussi tantôt y former une pointe avancée, tantôt leur céder la place, comme si les calcaires avaient déjà commencé à se former en certains points, alors que les schistes n'avaient pas encore fini de se déposer en d’autres. Les schistes de Beaulieu qui surmontent le calcaire de Blacourt, ou plutôt qui commencent déjà avec lui, ne se trouvent guère à l’état de schistes que dans la partie orientale de la bande dévo- nienne, c’est-à-dire du côté du chemin de fer. À mesure que l’on s’avance vers l’ouest du côté de Conderousse, ce sont les dolomies et les’calcaires dolomitiques qui en prennent la place et qui, entre les Noces et le chemin de Guines à Marquise, acquièrent un déve- loppement prépondérant. Plus loin, vers Blacourt, les dolomies s’effacent peu à peu et l’on n’a bientôt plus qu’une large bande de calcaire plus ou moins entremêlée de schistes, rattachant le cal- caire de Blacourt à celui de Ferques. Le calcaire de Ferques, à son tour, très puissant vers l’ouest, s’atténue peu à peu, mais d’une façon très irrégulière, à mesure que l’on se reporte vers Beaulieu. Il devient dolomitoïde et ne se montre plus guère qu’en lentilles noyées dans des assises calcareo-schis- teuses entre le Hure et Beaulieu. Les calcaires et les dolomies, mais plus encore les dolomies que les calcaires, se montrent pétris de Polypiers, comme l’a déjà fait observer M. Gosselet. Il est facile d’en faire ressortir la trame en les polissant et en les attaquant par l’acide étendu. Les cavités que l’on rencontre dans beaucoup de ces dolomies rappellent absolu- ment celles que l’on trouve dans certains massifs à Polypiers du Jura. Dans le Boulonnais comme dans le Jura, c’est l’intérieur des Polypiers qui est eu creux. La seule différence est que dans le Jura le calcaire est souvent pur, tandis que dans le Boulonnais il est dolomitique. Or, si dans le Jura le phénomène des cavités existe sans qu'il yait de la dolomie, l'intervention des eaux dolomitiques venant d’en haut ou des eaux dolomitiques venant d’en bas ne doit pas être nécessaire à sa production comme quelques-uns l’ont pensé. Je crois donc que les récifs coralliens du Boulonnaiïis se sont simplement for- més dans des eaux plus ou moins chargées de magnésie et que ce sont les eaux d'infiltration qui ont produit les cavités après coup. Dans le Jura, d’ailleurs, il n’est pas rare de voir, à côté de formations coralligènes purement calcaires, des formations coralligènes qui contiennent de la magnésie. Il semble même que ce soit le cas le 964 BOURGEAT.— OBSER VATIONS SUR LE BOULONNAIS ET LE JURA 7Janv. plus commun lorsque ces formations affectent la forme de lentilles, comme cela a surtout lieu à la cluse de la Balme. A Valfin d’ailleurs, où les assises construites sont du calcaire presque pur, on trouve presque immédiatement au-dessus d’elles des dolomies caverneuses qui paraissent aussi d’origine organique. Je n’ai pas besoin d’ajouter qu’en admettant pour le Dévonien du Boulonnais les variations de faciès que je viens d'indiquer, je me dispense de recourir aux failles pour expliquer l’effacement des schistes du côté de Blacourt. Je n’ai rien vu jusqu'ici, ni dans le pendage des couches, ni dans le relief extérieur du sol, qui m’indi- quât l'existence de ces failles. En ce qui concerne les dépôts qui remplissent les poches dû Pri- maire, je crois devoir y signaler dans les sables lignitifères sans fossiles de M. Sauvage, l’existence de rognons gréseux et ferrugi- neux à la surface d’une carrière nouvelle qu'on ouvre entre Leu- linghen et l’ancienne carrière des Anglais. Ces rognons renferment quelques fossiles en mauvais état qui appartiennent presque tous aux stations sableuses. J’ai cru y reconnaître : Pleuromya arenacea Agass. Pleuromya angusta Agass. Pleuromya meridionalis Dumortier. Cypricardia brevis Wright. Astarte Lurida Sow. Gervilia oblonga Moore. Leda Diana d’'Orb. | avec Neritopsis et Mytilus indéterminables. A ne prendre que les noms, ce serait une faune de passage entre le Lias et le Bajocien. Il est à désirer que de nouvelles recherches éclaircissent ce point sur lequel je n’ose encore me prononcer, vu l'insuffisance de cette unique observation. JURA. Mes remarques sur le Jura toucheront peu à la stratigraphie ; c’est sur l’orographie que j’insisterai davantage. Au point de vue stratigraphique je noterai seulement deux parti- cularités. La première concerne les formations crétacées de Lains, où les phosphates du Gault ont été dernièrement l’objet d’une tentative d'exploitation. Cela m’a permis d’y recueillir des fossiles et de m'en faire adresser un grand nombre par les personnes du pays. Or, dans PR POSE | î | 1893 BOURGEAT.— OBSERVATIONS SUR LE BOULONNAIS ET LE JURA 265 ce niveau de phosphates, on trouve pour ainsi dire tous les fossiles du Gault réunis, depuis l’Aminonites mammillaris, qui y est très abondante, jusqu'aux Ammonites varians et inflatus, qui n’y sont pas rares, en compagnie du Scaphites œqualis. Y a t-il eu là une sédi- mentation régulière, et faut-il admettre que durant tout le temps qui sépare l’Ammonites mammillaris du Scaphites æqualis, il ne s’est formé à Lains que l'épaisseur de 1°50 d’assises que mesurent les phosphates, ou bien vaut-il mieux admettre que le Gault de Lains n’est que le produit d’une érosion qui aurait mélangé les niveaux fossilifères ; je ne saurais le dire, et toutefois les lambeaux de sable que J'ai rencontrés près de Germagnat et de petit Corent, et qui rap- pellent ceux de Lains, me font croire à une érosion. La seconde remarque stratigraphique que j'aie à faire est relative à la rareté de l’Inoceramus sulcatus dans le Jura. J’ai plus de 300 exem- plaires d’Inoceramus concentricus trouvés en différents points de cette région. Je n’en possède que trois de l’Inoceramus sulcatus, dont un seul de Lains. Quant à l’orographie de la région, voici les faits principaux que je crois devoir signaler. 1° Les renversements de couches, sous la forme de V couchés vers le Nord-Ouest, y sont nombreux et se poursuivent en devenant plus rares jusqu'aux limites de, la plaine bressanne. Le dernier que j'aie constaté dans cette direction est celui de Saint-Jean-d’Etreux qui rejette le Bajocien et le Bathonien par dessus les assises calloviennes et qui se poursuit au-dessous du château de Coligny, comme l’a figuré Benoit dans une coupe adressée en 1857 à la Société Géologi- que. Le plus important de tous sans contredit est celui de la grande chaine de la Faucille et du Réculet,qui s’accentue progressivement à mesure que l’on s’avance de Mijoux vers Chezery et qui, par suite d’une exagération dans la poussée, s’est brisé à la jonction des deux branches avec glissement vers l’ouest, donnant ainsi naissance à une faille curieuse dont M. Schardt a publié plu- sieurs coupes. C’est sur cette faille que prennent naissance, ainsi que je l’ai fait connaître il y a quelques années, les nombreuses sources de la vallée de la Valserine. Après ces deux plis en V, les plus importants à signaler sont ceux de la combe du Lac vers les Hautes Molunes de la chaux Berthaud, de Vaucluse, des côtes de Bienne, de la combe du Grandvaux, de St-Lupicin, d’'Etinal, de Menssia, de Crenans et d'Arinthod. 2° Les failles, rares dans les hautes chaînes, et produites le plus souvent par l’exagération des plis, prennent une importance consi 966 BOURGEAT.— OBSERVATIONS SUR LE BOULONNAIS ET LEJURA 7 Janv. dérable dès que l’on a dépassé la rivière d’Ain. Elles sont surtout nombreuses entre Orgelet et Beaufort, où la réapparition fréquente du Bajocien avec ses silex donne lieu aux terres à bruyères que l’on désigne sous le nom de rippes. Plusieurs de ces failles se poursuivent vers le sud-ouest avec une remarquable continuité. Je citerai surtout celle qui prend naissance près de Grande-Fontaine, non loin d’Augisey, et qui se prolonge en ligne brisée jusque vers l’abbaye de Sélignac, dans l’Ain. 30 Malgré le nombre de plis et de renversements que j'ai constatés dans le haut Jura, il ne m’a pas été possible, en les mesurant, d'obtenir pour la contraction de l'écorce les chiffres que donnent certains auteurs. Ainsi, entre St-Claude et Genève, elle ne m'a pas paru dépasser 3,000 mètres, tandis que d’après M. Heim, cité par M. de Lapparent dans sa géologie, elle serait de 5,000 mètres au moins. Voici les chifires que j'ai obtenus, en suivant divers profils de la région la plus tourmentée : 40 Entre le revers oriental de la Dôle et les lacs d’Ilay, 4.800 mèt. pour une zone de 30 kilomètres. 2% Entre le revers oriental de la Faucille et les lacs d’Etiral 3.850 mètres pour un parcours de 26 kilomètres à vol d’oiseau. 30 Entre le revers oriental du Reculet et les environs de Moirans, 4.100 mètres pour un parcours de 27 kilomètres à vol d'oiseau. 4 Entre le revers oriental du Grand Credo et les vallées de l’Ain, 3.700 mètres pour un parcours de 27 kilomètres à vol d'oiseau. Comme au delà de Moirans, d’Etival et du lac d’Ilay les plis sont plus rares et moins sañlants, il suffirait, ce me semble, d'ajouter 3 ou 400 mètres à ces chiffres pour avoir une valeur approchée de la contraction produite sur toute la largeur du Jura. Encore cette valeur serait-elle plutôt trop forte que trop faible, car dans tous les calculs que j’ai faits, j’ai supposé que les couches inférieures, celles du Bajocien par exemple, présentent les mêmes inflexions que celles du Crétacé. Mais il est bien certain qu’elles sont moins infléchies, comme en témoignent les étirements ou les renflements subis par les marnes oxfordiennes et par les marnes de l’Hauterivien. 5° La plupart des failles sont jalonnées par les entonnoirs que l'on nomme empossieux ou bien encore par des sources. La plus remarquable sous ce rapport est celle de Grande-Fontaine que j'ai précédemment citée. Pendant une grande partie de son trajet, elle met en contact l’Oxfordien avec le Bajocien; ce n’est que vers son mére Mat bé ce dos vs 5 *. dis cb Tes a - ESPRIT ER 1893 BOURGEAT.— OBSERVATIONS SUR LE BOULONNAIS ET LE JURA 2067 milieu, à la hauteur de Loisia, que les deux lèvres en sont à peu près au mème niveau. [l en résulte que les eaux qui tombent sur l’'Oxior- dien s’engouffrent presque immédiatement sous la lèvre bajocienne ; elles circulent ainsi sous terre parallèlement à la faille jusqu’à Loisia, où leur réapparition donne lieu à la source vauclusienne du Suran. En circulant ainsi le long de la faille, elles y produisent des excavations et y déterminent des affaissements lents, dont l’effet est pariois très curieux. Pour n’en citer qu’un exemple, je rappellerai qu’il y à à peine une quarantaine d’années les maisons d'Embrie- land, situées vis-à-vis Augisey, n'étaient pas visibles de ce dernier village. On commença par en apercevoir la toiture, puis on en vit les fenêtres, puis enfin le seuil. Actuellement, elles sont tout à fait à découvert. Auâisey A. — Oxfordien. B. — Bathonien. C. — Zone à Ostrea acuminala. D. — Saillie bajocienne cachant autrefois les maisons d'Embrieland. F. — Faille. Le fait s'explique facilement par la figure ci-jointe: on y voit en eftet qu’il suffit qu'entre Augisey et Embrieland, le massif bajocien qui limite la faille à l'Ouest vienne à s’affaisser et descendre au- dessous de la ligne qui réunit les deux localités pour que les mai- sons primitivement cachées deviennent visibles. C’est sans doute par des mouvements d’affaissements de cette nature que s’expli- quent les prétendus phénomènes d’exhaussement signalés plus au nord dans les environs de Monnet la Ville. Tous les habitants d’Au- gisey que l’on interroge ne soupconnent pas en effet qu'il s’agit ici d’un affaissement. Ils sont unanimes à dire que le sol d'Embrieland s'est élevé. J’ajouterai à la remarque que je viens de faire sur ces affaisse- ments que c’est par eux ou, en d’autres termes, par les ravinements souterrains, que s'expliquent la plupart des cirques ou des creux en amphithéâtre que l’on remarque soit dans le Jura, soit dans le voi- 968 BOURGEAT.— OBSERVATIONS SUR LE BOULONNAIS ETLEJURA 7Janv. sinage de la Serre. M. Jourdy, qui a étudié ceux de Mont Roland, près de Dôle, et du Mont Crépion, aux environs de Chatenois, les attribue à un concours très compliqué de forces qui auraient agi à l’époque du soulèvement de la région. J’ai eu récemment l’occasion de les étudier avec soin, et j'ai constaté que ceux du Mont Roland jalonnent un cours d'eau souterrain qui va sourdre sur le Lias du moulin de Joux, et que ceux du Mont Crépion indiquent aussi la direction des eaux souterraines qui descendent de cette montagne pour jaillir près de Chatenois. Dans le Jura proprement dit, ces cirques d’effondrement sont très visibles aux environs de Chamberia, au-dessus des eaux souter- raines qui s’engoufirent au milieu des prairies pour reparaître à Nancuise. On les constate aussi entre Graveleuse et Chanelet, au- dessus des eaux qui s'engagent sous le Jurassique inférieur pour aller ressortir à Gizia. On les rencontre enfin dans le faible recou- vrement de Jurassique supérieur qui s'étend entre Lains et Monta- gna-le-Templier et sous lequel s’amassent les eaux souterraines qui alimentent le cours d’eau que l’on désigne du nom de Bief des Creux. C'est aussi à des affaissements de cette nature que sont dus les cirques de Courtefontaine entre la Serre et le Jura. Tous ces affaissements peuvent varier de forme et d'amplitude suivant le débit du cours d’eau souterrain, l’épaisseur et le degré de résis- tance des couches qui y participent. Aussi, est-il téméraire de vou- loir y découvrir des lois mathématiques comme on l’a tenté quel- quefois. 6° La dernière remarque que j'aurais à faire a trait à l’époque du soulèvement du Jura. Depuis longtemps on a constaté qu'il existe dans les hautes chaînes des lambeaux de mollasse relevée. J’en ai trouvé moi-même quelques-uns dans les vallées de Leschères et de Grand-Essart, qui ont participé aux plis du Jura. Je dois à l’obli- geance de M. l’abbé Beyroux la connaissance de deux autres gise- ments mollassiques sur les frontières de la Bresse. Le premier est près du cimetière de Coligny à l’état de sables lignitifères avec dents de ZLamna. Le second est à Ceyseriat, encore à l’état de sables grossiers surmontés d’une grande épaisseur de poudingues. Tous les deux sont relevés, mais l’épaisseur considérable de poudingues de Ceyzeriat et les lits de sables qui les surmontent encore semblent indiquer que la sédimentation s’est continuée plus longtemps de ce côté, c’est-à-dire vers la plaine bressanne, que dans les hautes chaï- nes, que par conséquent l’émersion ne s’y effectuée que plus tard, c’est-à-dire durant le Pliocène. Ce qui me semble justifier cette ( TPE TE Cet HE 1893 BOURGEAT. — OBSERVATIONS SUR LE BOULONNAIS ET LE JURA 269 manière de voir, c’est un fait géographique auquel je crois qu’on n’a pas apporté jusqu’à ce jour toute l’attention qu’il mérite. Je veux parler de la direclion d'écoulement des eaux dans la Bresse. Lorsqu'on jette en effet les yeux sur une carte de cette région, on voit que tous les cours d’eau qui y prennent naissance, depuis la Seille jusqu’à la Veyle, s’éloignent promptement du pied du Jura pour aller se perdre dans la Saône qui longe sur une grande partie de son parcours les escarpements cristallins ou jurassiques du Maconnais. Or, comme la plupart des formations superficielles de la Bresse sont pliocènes, cette dissymétrie du bassin n’existerait pas, ou tout au moins serait-elle beaucoup moins accentuée si la région n'avait pas été lentement et progressivement relevée durant le Pliocène. Il existe là pour le Jura ce qui existe pour les Alpes en regard du Rhône. Avant les beaux travaux de Lory et de Fontannes qui ont constaté que le Pliocène du Dauphiné se relève vers le massif Alpin, on pouvait déjà conclure à ce relèvement par le fait que le Rhône est rejeté loin des Alpes au contact des formations cristallines du Plateau central. Pour en revenir au Jura, je rappellerai que déjà, en 1883, M. de Chaignon a fait remarquer, dans son étude des puits aux environs de Condal, que les marnes pliocènes à lignites, si communes en cette région, se rencontrent à une cote plus élevée aux Granges Vides, près de Saint-Amour, que plus à l’ouest du côté de la Saône. 270 7 Janv. NOTE SUR LES POISSONS DU TERRAIN PERMIEN DE L'ALLIER par M. H. E. SAUVAGE. (PI. VID. Nous avons décrit en 1878 (1), sous le nom de Palæoniseus Delessei et d'Onchus simplex, deux poissons trouvés par M. Delesse à Buxière- les-Mines (Allier), dans des schistes que nous rapportions au terrain houiller et que M. de Launay a montré appartenir au terrain permien. En 1888, M. de Launay, dans son « Etude sur le terrain permien de l’Allier » a signalé les deux espèces décrites par nous. Etudiant la faune des grès de Bourbon, l’auteur indique que les schistes papier, intercalés dans les grès, « contiennent très fréquemment des empreintes de poissons, en particulier à la carrière de la Queue de l’Etang, près de Bourbon ; ces poissons, comme ceux de Buxières, appartiennent au genre Palæoniscus ». M. de Launay, ayant bien voulu nous confier l’étude des poissons recueillis par lui dans l’étage des schistes de Buxière, nouslui avons transmis la note suivante : « Les poissons recueillis par M. de Launay dans les schistes per- miens de l’Allier appartiennent aux deux groupes des Ganoïdes et des Chondroptérygiens. » Parmi ces derniers, nous avons à signaler la présence du genre Onchus (0. simplex Svg.), du genre Hybodus, connu par un fragment d’ichthyodorulithe, et du genre Diplodus. » Les Ganoïdes sont représentés par les deux sous-ordres des Acanthodiniens et des Lepidosteidiniens. Parmi ces derniers, deux genres rentrant dans la famille des Palæoniscidées, les genres Amblypterus et Elonichthys, ont été trouvés dans l’étage permien de l'Allier. Le genre Elonichthys est connu par quelques débris; le genre Amblypterus est représenté par les Amblypterus Delessei Sauvg. sp. et Amblypterus anqustus Ag. sp. Quelques débris indi- quent dans le Permien de l’Allier la présence de genre Acanthodes. Le genre Conchopoma nous est connu par quelques fragments qui semblent indiquer une espèce distincte de celle qui a été décrite par Kner sous le nom de Conchopoma gadiforme, espèce du Rothlie- gende de Lebach. » (1) Note sur les poissons fossiles. B. S. G. F., 3 sér., t. VI, p. 626. sn 1893 SAUVAGE. — POISSONS DU TERRAIN PERMIEN DE L’ALLIER 271 M. de Launay note, en outre, que l’on recueille « très fréquem- ment dans les schistes, à Saint-Hilaire, des sortes de disques aplatis, de 2 à 3 centimètres de diamètre, et de 8 à 10 millimètres d'épaisseur, isolés au milieu d’un banc qui ne contient pas d’autres galets. Ces disques sont formés d’une concentration de boue argi- leuse autour de diverses matières organiques et presque toujours autour d’un coprolithe, reconnaissable sur certains échantillons aux écailles de poissons qu’il renferme, ainsi qu’à ses spires encore visibles (1). » Depuis que nous avons publié notre première note, M. de Lau- nay nous a adressé une nouvelle collection de poissons, dont les espèces sont les suivantes : ACANTHODES Sp. D’après M. Smith Woodward (2), l’aiguillon que nous avons décrit sous le nom d’Onchus simplex (3)est l’épine pectorale d’un Acanthodes voisin de À. Wardi Eg.; il fait remarquer que des épines semblables de petite dimension ont été trouvées dans le terrain houiller de la Nouvelle-Ecosse. Les épines d’Acanthodes ne sont pas rares dans les schistes bitu- mineux de Buxières-les-Mines. La longueur de l’épine varie de 13 à 58 mill.; l’épine est légèrement arquée ; le bord postérieur est plus épais que l’autre, un sillon, d’abord assez large, parcourt l’épine dans toute son étendue, le long du bord antérieur; la surface de l’épine est ornée de cinq ou six côtes peu espacées et de stries longi- tudinales peu marquées. HyBopus sp. (PI. VIL, fig. 2). M. L. de Launay a recueilli aux Bourrus, près Souvigny, dans des grès appartenant au niveau des grès de Bourbon, un fragment d’ichthyodorulithe de la taille de Hybodus ensatus du Lias. Le rayon est orné d’arêtes saillantes, arrondies, au nombre de douze sur chaque face, un peu plus larges que les sillons qui les séparent; le bord postérieur de l’aiguillon ne porte pas d’épines; la racine est longue, finement striée. (1) De Launay: Compte-rendu de l'excursion de Moulins à Souvigny (Réunion extraordinaire dans l’Allier). 2. S. &. F., 5° sér., t. XVI, p. 1697, 1890. (2) Cat. of the fossil fishes in the British Museum, t. II. p. 9. (CPP SAGESSE AVI D 02 ED Eee 972 SAUVAGE. — POISSONS DU TERRAIN PERMIEN DE L'ALLIER 7 Janv. Nous avons hésité pour savoir si le rayon que nous figurons doit être rapporté aux Onchus ou aux Hybodus; parmi les espèces décrites par Agassiz, il ressemble, un peu, il est vrai, à Onchus sulcatus, du Calcaire carbonifère de Bristol, mais Agassiz pense que cette espèce pourrait se rapprocher beaucoup des Hybodus: bien que ces derniers ne soient connus, jusqu'à présent, que des terrains secondaires, nous pensons cependant que l'ichthyodorulithe recueilli dans l'Allier doit être rapporté aux Hybodus. DiPLODUS sp. (PI. VIL, fig. 3-4). On trouve aux Bourrus, grès de Bourbon, des dents qui indiquent à ce niveau la présence du genre Pleuracanthus. Egerton (1) a montré, en effet, que les Diplodus sont les dents du Poisson dont l’ichthyodorulithe avait été décrit par Agassiz sous le nom de Pleu- racanthus ; il se pourrait, dès lors, que les dents de Diplodus prove- nant de l’Allier, appartinssent au Pleuracanthus Frossardi Gaudry, du terrain permien d’Autun. La dent que nous figurons a les cônes latéraux cylindriques, tubulés, s’amincissant peu à peu vers le sommet; ces cônes sont à peine recourbés ; leur surface est lisse, brillante; le cône médian est très réduit, en forme de bouton. La base de la dent est assez large, 5 mill. ; la longueur des cônes latéraux est de 11 millim. Une autre dent (fig. 4) doit être rapportée au genre Thrinacodus John et Warthen (2) qui diffère des Diplodus par le développe- nent du cône médian, caractère inconstant, ainsi que l’a montré Cope (3). Les cônes latéraux sont très développés, l’un à 40 millim. de long, l’autre 23; le cône médian, large à la base, a environ 18 millim. de long. CONCHOPOMA Sp. Un opercule recueilli dans les schistes bitumineux de Buxière indique une espèce voisine de Conchopoma gadiforme, recueilli par Kner (4). Cet opercule est de forme allongée, plus large que haut, (1) Ann. Mag. Nat. hist. XX (1857), p. 423. —S. Woodward: Cat. foss. fishes Brit-Mus.. {t-11p. (2) Pal. Illinois, t. VI, 1875. (3) Proc. Amer. Phil. Soc. 1884. Trans. Amer. Phil. Soc., t. XVI, 1887. (4) Ueber Conchopoma gadiforme und Acanthodes aus dem Rothliegenden, der unteren Dyas, von Lebach bei Saarbrucken in Rheinpreussen (4k, d. Wissensch, 1868). VOS CPL 1 1893 SAUVAGE. — POISSONS DU TERRAIN PERMIEN DE L'ALLIER PATES avec le bord postérieur plus allongé que l’antérieur; le bord infé- rieur est arrondi; la face, brillante, est ornée, le long du bord inférieur, de lignes assez saillantes; la partie centrale porte des vermiculations plus ou moins régulières. ELONICHTHYS ? (PI. VII, fig. 5). C’est avec doute que nous rapportons à ce genre des écailles trouvées dans les schistes de Buxière. Ces écailles, qui proviennent d’une partie un peu reculée du corps, sont ornées de stries sail- lantes, formant un élégant dessin, Comme chez les espèces figurées par Traquair {Elonichthys semistriatus, E. caudalis, E. oblongus). AMBLYPTERUS DELESSEI Sauvg. (PÉNIT ie) Palæoniscus Delessei Sauvage; B.S. G. F., 3° sér., T. VI (1878) p. 626, pl. XII. Nous avons décrit cette espèce d’après un exemplaire recueilli par Delesse à Buxière-les-Mines et conservé dans la collection de l’Ecole normale supérieure. Depuis, M. de Launay nous à commu- niqué trois exemplaires recueillis dans la même localité, de telle sorte que nous pouvons compléter la description de l’espèce. Le corps est un peu allongé, la hauteur étant comprise près de trois fois deux tiers dans la longueur totale et près de deux fois et demie dans la longueur, sans la caudale ; la forme générale est celle de Amblypterus Voltzii Ag., du Permien de Muse, mais un peu plus allongée; la ligne du dos et celle du ventre sont peu arquées ; le pédicule caudal est peu robuste, sa hauteur faisant le tiers de la hauteur maximum du corps. La tête, un peu plus longue que haute, a le profil supérieur bombé; sa longueur est contenue trois fois dans la longueur du corps, caudale non comprise. Le museau est obtus; la bouche est fendue jusqu’au niveau postérieur de l’œil, dont le diamètre est contenu trois fois dans la longueur de la tête. Le maxillaire supérieur est large à son extrémité postérieure ; la mandibule est forte ; les rayons branchiostèges sont robustes ; le suspensorum est un peu oblique. Tous les os de la tête sont lisses. L’opercule est un peu obliquement placé, intermédiaire entre ce que l’on remarque chez les Amblypterus typiques et chez les Palæoniscus; l’inter- opercule a une forme sensiblement carrée. XX 18 974 SAUVAGE.— POISSONS DU TERRAIN PERMIEN DE L'ALLIER 27 Janv. Les écailles sont lisses, de forme carrée, disposées en séries à peine obliques. Les écailles de la partie inférieure du corps sont un ‘peu plus petites que celles du tronc; elles diminuent peu de grandeur dans la partie postérieure du corps; les écailles qui garnissent le lobe inférieur de la caudale sont plus petites que celles qui recouvrent le lobe supérieur, ces dernières diminuant régulièrement de grandeur, tout en ayant une forme losangique. En avant de la dorsale, les écailles ont une forme un peu ovalaire; elles sont plus allongées en arrière de la nageoire. On compte 58-40 écailles dans une série longitudinale et une vingtaine d’écailles dans une série transversale entre l’origine de la dorsale et l’espace qui sépare les ventrales de l’anale. Le tube de la ligne latérale est court. La dorsale occupe tout l'intervalle qui sépare les ventrales de l’anale ; plus haute que longue, la nageoire se compose d’une ving- taine de rayons, qui sont recouverts d’écailles; trois écailles, de forme allongée, se voient à la base de la nageoire. L’anale, plus développée que la dorsale, est un peu plus longue ; on y compte 22-24 rayons; la nageoire est recouverte de grandes écailles ; en avant de l’anale on voit une écaille plus grande que les précédentes et de forme ovalaire, en arrière de la nageoire sont quelques grandes écailles de forme lancéolée, portant une crête médiane saillante. La caudale est robuste, très hétérocerque, le lobe supérieur étant deux fois plus long que l’inférieur ; la nageoire fait près du tiers de la longueur totale du corps. Le long du lobe supérieur on voit 4-5 écailles lancéolées, puis de petits fulcres; les fulcres sont plus petits au lobe inférieur qu’au supérieur. Les pectorales ont disparu sur tous les exemplaires que nous avons pu examiner. Il ne reste qu’une empreinte vague des ven- trales, suffisante toutefois pour que l’on puisse constater que ces nageoires s’attachent à égale distance de l’extrémité postérieure de la tête et de l’origine de la caudale, Les principales dimensions, prises sur l’exemplaire le mieux conservé, sont : Longueur totale du corps...... rc Onm,175 ) sans la caudale...... On,148 Hauteur maximum du corps......... 0m,048 » du pédicule Caudalie ea Om,014 Longueur de la tête...... SLIDE aors Om,038 1893 SAUVAGE. — POISSONS DU TERRAIN PERMIEN DE L'ALLIER D) Longueur de la dorsale...... A ER On,025 Hautenrde tadorsale. 2eme 0,020 Moneneunudelanale.. 40. pm PO 1H Hautenerde anale 4eme Om,024 Long. du lobe supérieur de la caudale. 0n,055 » inférieur RE, 0®,030 Voisine de Amblypterus Voltzii Ag., l'espèce que nous venons de décrire en diffère par le corps plus allongé, les séries d’écailles moins obliques, la dorsale plus avancée relativement aux ventrales, les petites écailles de la partie inférieure du tronc formant un moins grand nombre de séries, le suspensorium plus oblique; également voisine de Amblypterus obliquus Heckel et Kner, des schistes bitu- mineux du nord de la Bohème, 4. Delessei en diffère par la dorsale insérée plus près de l’anale et par l’absence de rangées de petites écailles ên avant des ventrales. AMBLYPTERUS ANGUSTUS A, Palæoniscus angustus Agassiz. Rech. sur les poiss. foss. L. IT, p. 57; pl. IX, fig. 1-5. Amblypterus anqustus E. Sauvage. Poiss. foss., in Etudes des gîtes minéraux -de la France ; Bassin houiller et permien d’Autun et d'Epinac; p. 13, pl. IL, fig. 5; pl. VI, fig. 2. Cette espèce, dont le type est du terrain permien, sous-étages moyen et supérieur de Muse et de Millery, près d’Autun, a été recueillie par M. de Launay dans les schistes minces, schistes papier, intercalés dans les grès de Bourbon : l’espèce ne paraît pas être rare au Pontet (Allier). Le corps est allongé, le pédicule caudal robuste. La ligne latérale est arquée à partir du milieu de la longueur du corps, puis se relève un peu pour se terminer au pédicule caudal; le tube est saillant, plus long pour les écailles de la partie posté- rieure du corps. Les écailles sont relativement grandes jusque dans la partie postérieure du corps; elles sont lisses ; ainsi que l’a noté gassiz, «un des caractères de l’espèce, c’est que les grandes écailles des côtés ne correspondent pas les unes aux autres par leurs bords supérieur et inférieur, mais que ces bords aboutissent sur le milieu, ou à peu près, du bord postérieur de la série précédente. » Nous comptons 38-40 écailles à la ligne latérale, 7 en dessous de cette ligne, au niveau des ventrales. L’opercule est grand, orné au bord de quelques stries concentriques peu saillantes. 976 SAUVAGE. — POISSONS DU TERRAIN PERMIEN DE L'ALLIER 27 Janv. La dorsale s’insère en avant de l’anale; ces deux nageoires ne sont pas recouvertes de grandes écailles ; en avant de la dorsale se voient trois écailles plus grandes que les autres; une écaille ovalaire est à la base de l’anale. EXPLICATION DE LA PLANCHE VII Fig. 1. — Amblyplerus Delessei Svg, grandeur naturelle. Fig. 2. — Hybodus sp., grandeur naturelle. Fig. 3. — Diplodus sp., id. Fig. 4. — Id. (Thrinacodus), grandeur naturelle. Fig. 5, — Ecailles d'Elonichthys grossies. 1893 2174 ÉTUDE SUR LES AMMONITES DES ÉTAGES MOYENS DU SYSTÈME JURASSIQUE, par Émile HAUG. ( Bon ère Note). PI. VIII-X. Je publie aujourd’hui la première note d’une série qui doit com- prendre des études sur les Ammonites des étages moyens du système Jurassique, études entreprises tant dans un but stratigra- phique que dans un but purement paléontologique. Je compte faire connaître ainsi successivement un certain nombre d'espèces nouvelles ou encore peu connues, que j’ai rencontrées au cours de mes études sur les terrains Jurassiques de la vallée du Rhin, du Jura, des Chaînes Subalpines de la Provence et du Dauphiné. Acces- soirement, je ferai rentrer dans le cadre de ces notes des espèces de régions voisines, du Jura Souabe, du bassin de Paris, voire même de régions plus éloignées, pour peu qu’elles me paraîtront se rattacher intimement à des formes de régions que j'ai étudiées au point de vue stratigraphique, ou pour peu qu’elles jetteront une lumière nouvelle sur les relations paléontologiques de ces mêmes formes. Dans cette première note, je m’occuperai spécialement de quel- ques groupes dont la position systématique a été souvent discutée et que je crois devoir rattacher au genre Sonninia. Quelques-uns de ces groupes ont déjà été traités en détail par M. Buckman dans sa belle monographie des Ammonites de l” « Inferior Oolite » d’Angle- terre ; je me suis surtout attaché à étudier l’extension de ces groupes dans le Bajocien du Continent et j'ai été amené, dans plusieurs cas, à des conclusions paléontologiques différentes de celles auxquelles était arrivé mon savant confrère et ami. J’ai fait suivre les deux premières notes d’un essai sur la répar- tition, dans la série des zones bajociennes, des différentes espèces 918: E. HAUG. — GENRE SONNINIA 97 Janv. étudiées, essai qui conduit à motiver la classification du Bajocien que j'ai proposée dans un travail récent (1). Les matériaux que j'ai eus entre les mains proviennent du Bajo- cien des Basses-Alpes, du Var, de la vallée du Rhin, des environs de Nancy, du Calvados, de la Souabe et du Nord de l’Allemagne. Ils m'ont été obligeamment communiqués par M. Douvillé, conser- vateur des collections géologiques de l'Ecole des Mines; par M. Benecke, directeur de l’Institut géognostico-paléontologique de l’Université de Strasbourg et du Service de la Carte géologique d’Alsace-Lorraine; par M. Daime, directeur du Musée de Digne ; par M. Gustave Sayn, de Montvendre, possesseur de la collection du regretté Garnier, de Digne ; par M. de Grossouvre, de Bourges, et par M. G. Bœhm, de Fribourg-en-Brisgau. Enfin, j'ai trouvé de nombreux échantillons dans les collections du Laboratoire de géologie de la Faculté des Sciences, placé sous la direction de M. Munier-Chalmas, qui a bien voulu aussi me communiquer des pièces de sa collection particulière et qui n’a cessé, au cours de ce travail, de m'aider de ses précieux conseils. J’adresse à toutes les personnes précitées mes plus chaleureux remerciements. Les planches qui accompagnent ma note sont des phototypies faites par le procédé Pilarski, d’après des photographies prises directement sur les échantillons et retouchées par M. Sohier. Les bois intercalés dans le texte sont tous obtenus par la réduction photographique de dessins faits, les uns à la chambre claire, les autres sur des photographies de cloisons, d’après le procédé ima- giné par MM. Munier-Chalmas et Nicklès. I. — Genre SONNINIA Bayle, 1879. En 1878, M. Bayle établit, sans en indiquer les caractères, pour le groupe de l’Ammonites Sowerbyi, une nouvelle coupure générique, à laquelle il donna le nom de Waagenia, déjà employé dans la même année par Neumayr. Aussi, ce nom fut-il remplacé l’année sui- vante par celui de Sonninia. Tandis que précédemment on avait rattaché le groupe de l’Am- monites Sowerbyi au genre Harpoceras, M. Zittel et l’auteur du pré- sent travail considérèrent Sonninia comme un simple sous-genre (1) E. Haug : Les chaînes subalpines entre Gap et Digne. Contribution à l’histoire géologique des Alpes françaises. Bull. Serv. Carte géol. Fr., t. HI, no 21, 197 p., & pl., 1891. FE 1893 : E. HAUG. — GENRE SONNINIA 279 d’Hammatoceras. Ce n’est qu’en 1889 que M. Buckman (1), dans sa remarquable étude sur « la descendance de Sonninia et d’Hamma- toceras », proposa de placer le groupe de l’Ammonites Sowerbyi dans le voisinage du genre Amaltheus. Mais, en même temps, il envisageait Sonninia comme un descendant d’une forme du groupe de l’Amaltheus spinaïus qui se trouverait encore dans le stade unispiné. Un examen approfondi des tours internes de Sonninia propin- quans Bayle et de ceux de l’Amaltheus margaritatus coronatus Qu. du Lias moyen me donna bientôt la conviction que l'assimilation du genre Sonninia aux Amalthéidés était bien fondée (2). Par contre, je fis la remarque qu'il n’était pas nécessaire d’avoir recours à une forme unispinée du groupe de l’Amaltheus spinatus pour expliquer l’origine de Sonninia, Amaltheus coronatus présentant suffisamment de caractères communs avec les jeunes Sonninia pour que l’on puisse considérer cette espèce comme la forme ancestrale du genre bajocien. Récemment, M. Buckman (3) s’est sensiblement rapproché de ma manière de voir, tout en faisant intervenir une forme hypothétique non carénée, unispinée, qui aurait donné nais- sance d’une part à Amaltheus, de l’autre à Sonninia, Witchellia et Zurcheria. Je ne vois pas la nécessité d’intercaler, dans la série phylogénique des Amaltheidae, le genre Zurcheria, qui n’est proba- blement qu'un rameau latéral d’Haplopleuroceras et d'admettre l’existence d’une forme ancestrale non carénée des Amaltheidae, d'autant plus que cette famille paraît se rattacher directement à celle des Arietidae. Les caractères communs au groupe de l’Amaltheus margaritatus et aux Sonninia proprement dits et qui nécessitent leur réunion en une même famille sont les suivants : Premiers tours renflés, moyennement embrassants, dépourvus de carène, ornés d’une seule rangée de tubercules latéraux (Buckm. The Descent of Sonninia, pl. XXII, fig. 23, 25). Carène bordée de deux sillons dans le jeune âge chez tous les Sonninia et chez l’Amaltheus coronatus Qu. Tubercules implantés au-dessus du milieu des côtes, dans le voisinage de leur point de bifurcation, souvent sur un certain nombre d’entre elles seulement. Adultes généralement dépourvus de tubercules. Cloisons composées de selles très étroites, profondément découpées. Premier lobe latéral (1) S. S. Buckmann, The Descent of Sonninia and Hammatoceras. Quart. Journ. Geol. Soc., 1889. Vol. XLV, p. 651-663, pl. 22. (2) Annuaire géol. univer, t. VI. p. 835. 1891. (3) À Monograph of the Inferior Oolite Ammonites, Palaeontogr. Soc., 1886, p.288. 280 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 27 Janv. beaucoup plus profond que le deuxième. Lobes auxiliaires à peu près parallèles aux lobes latéraux (contrairement à ce qui a lieu par exemple dans Hamimatoceras) (1). Les différences qui permettent de distinguer le genre Sonninia du genre Amaltheus sont les suivantes : Dans les Amaltheus margaritatus et spinatus la carène est cordée, c’est-à-dire qu’elle se compose de chevrons obliquement super- posés, visibles tant sur le moule interne que sur le test. Cette struc- ture de la carène provient du mode d’accroissement de l’apophyse ventrale du péristome, qui est recourbée à son extrémité vers l’intérieur de la loge d'habitation. Dans les Sonninia proprement dits, la carène est lisse, le plus souvent elle est creuse et sa lumière est séparée du siphon par une lame calcaire. Dans quelques espèces, par exemple dans Sonninia mesacantha (Waag.), cette lame calcaire n’existe pas. Malgré les grandes ressemblances que présentent les cloisons d'Amaltheus et celles de Sonninia, il existe un caractère qui parait assez constant pour permettre de distinguer avec certitude les deux genres. Dans Amaltheus, le lobe anti-siphonal se termine par deux pointes symétriques (Quenst. Ammon., pl. 42, fig. 21); dans Son- ninia, par contre, au moins dans les espèces que j'ai pu étudier à cet effet, ce lobe se termine par une pointe unique. D'autres caractères d’une grande importance taxonomique nous échappent malheureusement. L’aptychus de Sonninia est inconnu ; il serait très intéressant de savoir si, comme dans Amaltheus, c’est un anaptychus. Les ornements en spirale, si caractéristiques de l’'Amaltheus margaritatus, n’ont pas encore été signalés chez les Sonninia proprement dits, mais nous verrons plus bas qu'ils existent dans une section voisine. Enfin, le péristome des vrais Sonninia est encore inconnu, mais la marche des côtes du Sonninia Sowerbyi Mill. et du Sonninia propinquans Bayle permet d'admettre qu’au moins dans ces deux espèces, l’apophyse ventrale était forte- ment prolongée en avant, comme dans Amaltheus. (1) Pour se rendre compte des affinités intimes qui relient Sonninia avec Amal- theus, il suffira de comparer les figures de cloisons de ces deux genres publiées par différents auteurs, par exemple les fig. 5 et 10, pl. XXII, de Buckman, loc. cit., ou encore une figure quelconque de cloison de Sonninia avec les dessins donnés par Kæchlin-Schlumberger (pl. III, fig. 6-8) des cloisons de l'Amaltheus marga- rilatus dans sa note intitulée : « Description d'une variété de l’'Ammonites spinatus et variations dans les lobes de l'Ammonites margaritatus » (B. S. G. F. 2: sér., t. XII, p. 118-128). Je suis heureux de retrouver une occasion de renvoyer le lecteur à ce remarquable travail. 1893 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 281 A côté du groupe du Sonninia Sowerbyi, qui constitue le genre Sonninia s.str., l’on peut ranger dans le genre Sonninia un certain nombre de groupes aberrants, que l’on pourrait considérer comme autant de sous-genres. Les matériaux que j’étudie dans le présent travail peuvent être répartis dans les groupes provisoires suivants : Groupe du Sonninia Sowerbyi — Sonninra s. str. » » pingquis. » » sulcata. » ) Schlumbergeri — ? PoœxciLomorPaus Buckm. Je vais passer successivement en revue ces divers groupes et les espèces que je leur rapporte. a. Groupe du Sonninia Sowerbyi. Je n’ai pas l'intention d'étudier ici les nombreuses espèces qui constituent ce groupe, d'autant plus que les prochaines livraisons de la Monographie de M. Buckman doivent lui être entièrement con- sacrées. Un grand nombre de ces formes sont encore inédites (1), l’évolution individuelle de la plupart d’entre elles est encore inconnue et celles qui ont été décrites par d'anciens auteurs sont loin d’avoir été caractérisées d’une manière suffisante pour qu’il soit toujours possible de les reconnaitre avec certitude. C’est donc avec une véritable impatience que l’on doit attendre la continua- tion de la savante Monographie de M. Buckman. On y trouvera une série de formes extrèmement variées, avec laquelle les séries des localités du Continent ne peuvent soutenir de comparaison. Ainsi, la septième livraison, qui vient de paraître, contient 22 espèces nouvelles de la seule zone à Harpoceras concavum. En Normandie, le genre Sonninia fait son apparition, avec quelques types inédits, dans la partie supérieure de la zone à Harpoceras Murchisonae, ainsi que vient de le montrer M. Munier-Chalmas. Le principal dévelop- pement du genre a lieu dans les zones à Harpoceras concavum et à Sphœæroceras Sauzei; la zone à Wütchellia Romani ne contient plus qu’un petit nombre de Sonninia s.str. et ce sont quelques-unes des espèces de ce niveau que je vais décrire ici, étant donné l'intérêt (1) La plupart des espèces décrites jusqu'à ce jour se trouvent dans les ouvrages suivants : W. Waagen, Ueber die Zone des Ammonites Sowerbyi. Geognostich palaontolo- gische Beitrage von Benecke. Vol. 1, p. 507-668, pl. 24-34. Munich 1867. F,-A. Quenstedt, Die Ammoniten des Schwäbischen Jura, vol, 11. Der braune Jura. Stuttgart 1886, 1887. 282 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 27 Janv. qu’elles présentent au point de vue de la discussion de la valeur stratigraphique de la zone. SONNINIA SOWERBYI (Mill.). Je n’ai pas l’intentiou de discuter ici les caractères de l’Ammoni- tes Sowerbyi, ni de donner la synonymie de cette espèce. si souvent citée, mais aussi si souvent confondue avec des formes voisines. M. Buckman, qui doit s’en occuper dans une des prochaines livraisons de sa Monographie, ayant eu l’obligeance de m'envoyer un moule en plâtre de l'échantillon figuré par Sowerby, j'ai pu déterminer quelques exemplaires avec une approximation suffi- sante, quoique aucun d’eux ne soit parfaitement conforme au type de l’espèce. Aux environs de Digne, Sonninia Sowerbyi paraît occuper le même niveau qu’en Angleterre, c’est-à-dire la zone à Sphæroceras Sauzei, mais il y est très rare. J'ai sous les yeux trois échantillons de petite taille, provenant de la forêt de Haye, près Nancy (coll. Schlumberger, Sorbonne), qui sont excessivement voisins du type de Sowerby. SONNINIA PROPINQUANS Bayle. 1878. Waagenia propinquans Bayle. Expl. carte géol. IV. Atlas. pl. $4, fig. 1-6. C’est une des espèces qui, dans le jeune âge (Bayle, loc. cit. fig. 5, 6), présentent le plus de ressemblances avec Amaltheus mar- garitatus coronatus ; elle conserve ses tubercules latéraux jusqu’à un diamètre d'environ 3 centimètres. À partir de cette taille, les tubercules latéraux font place aux tubercules du pourtour de l’om- bilic, qui ne sont autre chose que des épaississements de la nais- sance des côtes correspondant à leur groupement par deux ou par trois. Les sillons qui bordent la carène dans le jeune âge persistent jusqu’au diamètre de deux centimètres et disparaissent ensuite complètement. Sonninia propinquans est une espèce assez abondante dans la zone à Sphœroceras Sauxzei des environs de Bayeux. C’est également l’es- pèce la plus commune au même niveau dans les environs de Digne et de Gap. Elle s’y trouve à l’état de moule interne calcaire et géné- ralement écrasé. En outre de ces exemplaires calcaires, j'ai sous les yenx un moule ferrugineux des tours internes de la même espèce qui, d’après le mode de conservation, provient de la zone à 1893 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 283 Witchellia Romani de Beaumont, près Digne (musée de Digne), et qui est absolument identique avec les exemplaires de Bayeux. Sonninia propinquans serait donc une des espèces communes à la zone à Sphœæroceras Sauzei et à la zone à Witchellia Roman. SONNINIA CORRUGATA (SOW.). PNA Te 1825. Ammoniles corrugatus Sow. Miner. Conch., pl. 451, fig. 3. 1867. » patella Waag.Z. d. Amm. Sowerb., pl. 25 (2), fig. 2, 3. 1889. Sonninia corrugala (Sow.) Buckm. On Jurassic Ammonites. Geol. Mag. N. S. Dec. III, vol. VI, p. 202. M. Buckman a constaté l'identité de l’Amm. corrugatus Sow. et de l’Amm. patella Waag. et a montré quels changements dans l’orne- mentation cette espèce subit au cours de son évolution individuelle ; je ne puis que renvoyer le lecteur à ses observations. Sonninia corrugata est une espèce assez commune dans la zone à Sphæroceras Sauzei des environs de Bayeux; elle occupe le même niveau dans le Sud de l'Angleterre et dans les environs de Gap. À Gingen, Wurtemberg, elle se trouverait, d’après Waagen, un peu plus bas que Sphæroceras Sauzei et polyschides. M. Gustave Sayn a eu l’obligeance de me communiquer deux échantillons ferrugineux (pl. VII, fig. 1, 2) provenant de la zone à Witchellia Romani de Beaumont, près Digne (coll. Garnier), qui sont tellement voisins des Sonninia corrugata de Bayeux, que je ne puis me résoudre à les en séparer spécifiquement, quoiqu’ils présentent de légères différences dans les allures des côtes. Les deux exem- plaires de Digne représentent du reste deux variétés distinctes. J'ai donné le nom de Sonninia superstes (1) à une forme de la zone à Sonninia Romani de Mietesheim, Alsace, qui n'est également qu’une variété de Sonninia corrugata. Groupe du Sonninia pinguis. SONNINIA PINGUIS (Rœm.) PI. VII, fig. 5. 1836. Ammonites pinguis F.-A. Rœm. Versteiner. d. Norddeutsch. Oolithen. Geb., p. 186, pl. 12, fig. 13. ? 1866. > deltafalcatus Brauns (non Quenst.) Nachtr. z. d. Stratigr. u. Pal. d, Hilsmulde. Palaontogr. t. XII., p. 256, pl. 37, fig. 7-9. (1) Neues Jahrb. Beïl.-Bd. II, p. 660. 284 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 27 Janv. 1885. Harpoceras pinque (Ræm.) Haug, Beiträge zu einer Monographie der Ammo- nitengattung. Harpoceras. N. Jahrb. Beil.-Bd. HT, p. 674, p. p. non tab. XII, fig. 4. Espèce carénée à tours renflés, d’abord plus épais que hauts, puis à section circulaire et très peu embrassants, dans le jeune âge ; à section elliptique et recouvrant plus du tiers du tour précédent, à partir de 2 centimètres de diamètre. Ombilie ouvert, peu profond. La carène est creuse, assez élevée, une lame calcaire en sépare la lumière de la partie chambrée de la coquille. Sur le moule interne la carène est relativement saillante et se trouve bordée de deux sillons peu profonds, qui disparaissent probablement dans l'adulte. L’ornementation externe du test est inconnue, l’ornementation interne se traduit sur le moule par des côtes, plus ou moins accu- sées, souvent moins vigoureuses que sur l'échantillon figuré, légè- rement flexueuses, simples ou groupées deux par deux en V avec renflement à la base. Les tubercules font entièrement défaut dès le jeune âge. L'adulte de Sonninia pinquis Rœm. est inconnu, mais il est pro- bable qu’il présentait une certaine ressemblance avec l’Amm. Tes- sonianus falcatus de Quenstedt (Amm., pl. 63, f. 10). Cloisons (fig. 3) relativement découpées, lobeexterne profond ; pre- mier lobe latéral à branches symétriques et branche médiane très allongée ; deuxième lobe latéral beaucoup plus petit, à trois pointes; deux petits lobes auxiliaires. Selle externe large, divisée en deux parties égales, mais à découpures non symétriques. Selle latérale très étroite, très dissymétrique ; selle suturale très peu découpée, selle interne très allongée et très étroite. Lobe interne profond, terminé par une pointe unique. Ces cloisons sont tout à fait celles des Sonninia du groupe du Sonn. Sowerbyi, aussi me semble-t-il impossible de séparer généri- quement Sonn. pinquis et les autres espèces du groupe du Sonn. jugifera du genre Sonninia, quoiqu’elles ne présentent pas dans le jeune âge les tubercules caractéristiques. Le stade jeune est com- plètement oblitéré et Sonn. pinguis porte, dès les premiers tours, une ornementation en tous points comparable à celle des tours dépourvus de tubercules, caractérisant le stade moyen de l’évolu- tion individuelle de Sonn. propinquans et corrugata. Il suffit de comparer les fig. 2 et 5 de la pl. VIIT pour s'assurer de cette analogie. Le même mode d’ornementation se retrouve dans certaines espèces du groupe du Sonn. sulcata, mais ces formes ne possèdent pas la carène creuse, qui existe toujours dans l’espèce de Rœmer. 1893 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 285 Sonninia pinguis se rapproche, par l’absence de tubercules et par les sillons qui bordent la carène, de Sonninia furticarinata (Qu.); elle s’en distingue par des côtes beaucoup plus vigoureuses et par la moins grande largeur du premier lobe latéral (v. plus bas). Enfin, M. Waagen a déjà rapproché son Amm. gingensis de l’Anm. pinquis Rœm., mais la première de ces espèces présenterait un léger tubercule au point de bifurcation des côtes, qui ferait défaut chez la deuxième. Sonninia pinguis a été très mal figuré par F. A. Rœmer; en revanche, la description très claire qu’en donne cet auteur ne laisse aucun doute sur son identité. L'espèce est généralement signalée comme caractéristique de la zone à Witchellia Romanti (Zone à Amm. Humphriesianus auct.) du Nord-Ouest de l’Allemagne, mais cette indication demanderait à être vérifiée. Le type de Rœmer provient de Hildesheim, l’échan- tillon figuré par Brauns, de Mainholzen (Brunswick). C’est égale- ment de cette localité que viennent de petits échantillons pyriteux des collections de l’Ecole Nationale des Mines, de la Sorbonne et de l’Université de Strasbourg, que j'ai entre les mains, entre autres l'échantillon figuré. J'ai signalé dans la zone à Watchellia Romani de Beaumont, près Digne (coll. G. Sayn), des fragments d’ammonites ferrugineuses que ‘j'ai rapportées au Sonninia pinguis. L'identité entre les échantil- lons de Digne et ceux de Mainholzen n’est pas aussi absolue que je l’avais cru au premier abord. Les côtes sont toujours plus flexueuses que dans l'espèce de. Rœmer, la section des tours est tantôt la même, tantôt plus ogivale, les cloisons ne sont pas non plus iden- tiques (v. fig. 4). Je crois donc que l’on pourra, avec des matériaux meilleurs que ceux que j'ai à ma disposition, distinguer dans la zone à Wäitchellia Romani de Beaumont deux espèces nouvelles, dont l’une au moins, la forme plate, s'élève dans la zone à Cosmoceras subfurcatum (Mairaigues, près Digne). D'autre part, j'ai sous les yeux deux fragments de moules ferru- gineux qui me paraissent absolument identiques avec Sonninia pin- quis, mais qui proviennent d’un niveau inférieur à celui de Beau- mont. Ils ont été trouvés avec Sonninia jugifera dans la zone à _Harp. concavum des Côtes-Chaudes, près Digne. Ce fait confirme mes doutes sur le niveau que l’on assigne d’ordinaire à l’Amm. pinquis dans l’Allemagne du Nord. 286 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 27 Janv. SONNINIA FURTICARINATA (Quenst.) PI VIITARE MS; 1856. Ammonites furticarinatus Quenst. Der Jura, p. 120, pl. XIV, fig. 6, 7. 1861. » furlicarinatus Quenst. Epochen der Natur, p. 566. 1867. » furticarinatus Qu. Waag. Z. d. Amm. Sowerbyi, p. 90, pl. 26 (3), fig. 3. 1885. Harpoceras pingue Haug (non Ræm.) Beitr.z. Monogr. Ammonitengatt. Harp. N. Jahrb. Beil.-Bd. 11, p. 674. p. p., pl. XII, fig. 4. 1886. Ammoniles furticarinatus Quenst. Ammon. d. Schwäb. Jura, p. 553, pl. 6, fig. 5-7, non 8. Espèce carénée, à tours aplatis, recouvrant la moitié ou les deux tiers du tour précédent, plus larges que hauts dans le jeune âge, plus hauts que larges dans l'adulte (v. Quenst. Amm., pl. 68, fig. 6), à ombilic peu profond, limité dans l’adulte par une surface à pic, séparée des flancs par une arête obtuse. La carène est creuse, très élevée, une lame calcaire en sépare la lumière de la partie chambrée de la coquille. Sur le moule interne la carène est peu saillante ; elle est bordée de deux méplats très nets, qui ne disparaissent que sur les échantillons de grande taille. L’ornementation externe du test est inconnue, l’orne- mentation interne se traduit sur le moule par des côtes flexueuses, simples ou groupées deux par deux, peu saillantes, de valeur iné- gale, disparaissant dans l’adulte. Cloisons (fig. 2) relativement simples, formées de selles toujours assez larges à la base, et présentant un lobe externe assez étroit, un premier lobe latéral très large à trois branches inégales, un deuxième lobe latéral beaucoup moins développé, beaucoup plus étroit, et suivi de deux lobes auxiliaires. La partie interne de la cloison est inconnue. La selle externe est profondément divisée en deux parties à peu près égales, la selle latérale et la selle suturale ne présentent que des découpures périphériques. Tours internes, dernière loge et péristome inconnus. Grâce aux figures données par Quenstedt, dans son grand ouvrage sur les Ammonites du Jura de Souabe, la forme adulte de Sonninia furti- carinata est à présent bien connue. Les photographies que je donne ci-joint (pl. VIIL fig. 3, 4) de deux échantillons de plus petite taille complèteront les connaissances que nous avons de cette espèce. La forme la plus voisine de Sonninia furlicarinata est Sonninia gingensis Waag. ; elle s’en distingue par des côtes plus vigoureuses dans le jeune âge et par des tours moins embrassants. Sonninid pinquis, qui appartient au même groupe, présente également des 1893 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 287 côtes plus accusées dans le jeune âge et des tours moins aplatis que Sonninia furticarinata. Par son ornementation, l'espèce de Quenstedt se rapproche beau- coup de Sonninia læviuscula (Sow.), qui constitue le type du genre Witchellia de Buckman, mais les espèces de cette section conservent jusque dans l’adulte les sillons qui bordent la carène. Sonninia furticarinata Qu. n’a été rencontré, jusqu’à présent, que dans quelques localités du Wurtemberg (Piullingen, Oeschingen) et à la Stuhlsteige, dans le Randen, dans les argiles à fossiles pyri- teux de la zone à Wäitchellia Romani. SONNINIA JUGIFERA (Waag.). 1867. Ammoniles jugifer Waag. Zone des Amm. Sowerbyi, p. 90, pl. 26 (3), fig. 1. 1885. Harpoceras jugiferum (Waag.) Haug. Beitr. Monogr. Ammonitengatt. Harp. p. 676. Espèce dont l’évolution individuelle est encore incomplètement connue, caractérisée dans l’âge moyen par des côtes flexueuses, souvent groupées deux par deux,et par les deux méplats qui accom- pagnent la carène. On pourrait être tenté, d’après ces caractères, de ranger l'espèce de Waagen dans les Harpocératidés ou dans le genre Wätchellia, mais les cloisons (fig. 1) sont celles des Sonninia proprement dits. Lobe siphonal profondément divisé en deux parties symétriques par une selle siphonale simple ; premier lobe latéral très large, divisé en trois parties inégales : deuxième lobe latéral étroit, pré- sentant seulement des découpures de deuxième ordre et suivi de deux petits lobes auxiliaires. Partie interne de la cloison inconnue. Selle externe très développée, divisée en deux parties inégales ; selle latérale étranglée à la base, très dissymétrique; selle suturale très large, présentant une première partie qui reproduit grossiè- rement et en plus petit la selle latérale et qui est séparée d’une deuxième partie beaucoup plus simple par un premier lobe auxi- liaire, légèrement oblique par rapport aux deux lobes latéraux ; une troisième partie est située sur la suture mème ; les parties internes sont inconnues. Le type de Sonninia jugifera provient de Gingen (Wurtemberg), du niveau à Harpoceras discoides, situé au sommet de la zone à Harpoceras concavum. À Mietesheim (Alsace), on a recueilli autrefois des échantillons correspondant bien au type figuré par Waagen, mais leur niveau exact n’est pas connu. L’exemplaire dont j'ai 288 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 97 Janv. figuré les cloisons provient de Digne et doit avoir été trouvé «au-dessous des couches de Beaumont », c’est-à-dire probablement dans la zone à Sphæroceras Sauzei. SONNINIA ALSATICA Haug. PEN To NS 1885. Harpoceras alsaticum Haug. Beitr. Monogr. Ammonitengatt. Harp. p. 671. En établissant cette espèce, je renvoyais à une figure de Quen- stedt (Jura, pl. 53, fig. 9), qui est inexacte, à en juger par la nouvelle figure que l’auteur a donnée du même échantillon (v. Quenst. Amm. d. Schwäb. Jura, p. 508, pl. 63, fig. 10). Pour éviter tout malen- tendu, je donne ci-joint une photographie du type de mon espèce, quelque mal conservé qu’il soit. Sonninia alsatica est très voisin de Sonninia jugifera Waag., caractérisé comme lui par deux méplats bordant la carène (sur le moule interne). Les tours internes des deux espèces paraissent également offrir de grandes ressemblances. Mon espèce se distingue de celle de Waagen par des côtes simples et droites, assez espacées. Sonninia alsatica n’est encore représenté que par un exemplaire unique, provenant de la zone à Witchellia Romani de Mietesheim, Alsace (coll. Serv. Carte géol. Als.-Lorr.). L'on peut ranger dans le groupe du Sonninia pinquis les espèces suivantes : Sonninia falcata n. nom. (Ammoniles Tessonianus faleutus Quenst. Ammon. pl. 63, fig. 10). » pinquis (Ræm.). ) gingensis (Waag.). » furticarinata (Qu.). » n. sp. (de Beaumont, près Digne). » jugifera (Waag.). » alsatica (Haug). Les caractères communs à toutes ces espèces sont les suivants : tubercules médians absents dès le jeune âge; côtes groupées deux à deux en V, légèrement flexueuses; sillons sur le bord de la carène, dans le jeune âge ; cloisons très découpées, comme dans Sonninia, lobes et selles plus larges que longs, seulement dans les formes à ombilic étroit. La lumière de la carène est séparée des cloisons par une lame calcaire à tous les stades de l’évolution individuelle (carène 1893 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 289 dorsocave), excepté dans les deux dernières espèces. Les sillons qui bordent la carène disparaissent entièrement dans l’adulte, excepté dans ces deux mêmes espèces où ils font place à deux méplats. Sonninia falcata, S. gingensis et S. furticarinata paraissent cons- tituer une série continue à ornementation de plus en plus atténuée, à tours de plus en plus embrassants et de plus en plus aplatis. C’est Fig. 2, — Sonninia furticarinala nt (Quenst.). PI. VIII, fig. 3. fi Va Fig. 3.— Sonninia pinguis (Rœm.) 7 PI. VIII, fig. 5. NC 7 Fig.4.— Sonninia n.sp.afl. pinguis È Rœm. Zone à Witchellia Romani. NX Beaumont. Fig. 1.— Sonninia jugifera (Waag.) Bajocien inf. Digne. Fig. 1-4. — Cloisons de Sonninia, grossies environ 3 fois. une série parallèle à celle qui mène d'Ammonites Sutneri Branco à Amm. læviusculus Sow. et que M. Buckman considère comme le type de son genre Witchellia. On pourrait être tenté de ranger également le groupe du Sonn. pinguis dans cette section, mais ses relations avec les Sonninia proprement dits sont trop intimes pour que l’on puisse s'arrêter à cette solution. Le groupe du Sonn. Sowerbyi et celui du Sonn. pinguis ne diffèrent l’un de l’autre que par l’absence complète de tubercules latéraux dans ce dernier. Les Sonninia CÊ. corrugata, figurés pl. VII, fig. 4 et 2, à tubercules marginaux disparaissant de très bonne heure, constituent de véritables passages morphologiques entre les deux groupes. XX 19 290 E. BAUG. — GENRE SONNINIA 2 Fév. Groupe du Sonninia sulcata. Je réunis sous le nom de groupe du Sonninia sulcata une série d’espèces dont la forme extérieure difière essentiellement de celle des Sonninia proprement dits, mais qui s’en rapprochent par les cloisons et par les tours internes du cheî de file. SONNINIA SULCATA (Buckm.) ID ESSAE SONT CU 1889. Lillia sulcata Buckm. Monogr. Infr Ool. Amm., p. 109, pl. XXII, fig. 32, 33. Espèce largement ombiliquée, aplatie; présentant dans tout le cours de son évolution individuelle une carène arrondie, peu éle- vée, bordée de deux sillons dans le jeune âge et de deux méplats dans l’adulte. Dans le jeune âge, les tours sont plus larges que hauts et sont à peine embrassants; ils prennent peu à peu une section carrée ou subcireulaire, puis deviennent plus hauts que larges et rectangulaires et recouvrent environ un quart du tour précédent. Les tours internes sont ornés de côtes flexueuses simples ou groupées deux par deux; six à huit côtes environ par tour présentent sur le milieu de leur hauteur un gros tubercule arrondi, au-dessus duquel la côte se bifurque. A1 centimètre de diamètre, ces tubercules dispa- raissent entièrement et les côtes se groupent régulièrement deux par deux. À un âge encore plus avancé, les deux côtes partent d’un épais- sissement commun, qui, peu à peu, se transforme en un véritable tubercule, situé sur le bord de l’ombilic. Puis, au voisinage du péristome, les côtes s’atténuent considérablement, surtout sur le milieu des flancs, en même temps que les méplats qui bordent la carène disparaissent presque entièrement. La dernière loge atteint environ les trois quarts de la longueur du dernier tour. Elle se termine par un péristome présentant une apophyse ventrale très peu développée et deux grandes expansions en forme de spatules. En outre de ce péristome de la dernière loge, on observe sur quelques échantillons des traces des anciens péri- stomes, qui se traduisent par des étranglements sur le moule, cor- respondant à des varices internes du test. L'un de ces étrangle- ments est très nettement visible sur l’exemplaire photographié pl. IX, fig. 1; il présente la même inflexion que les côtes et se trouve limité postérieurement par une véritable arête. Cloisons (fig. 5) relativemient découpées. Lobe siphonal pro- 1893 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 291 fond ; premier lobe latéral à trois branches inégales : deuxième lobe latéral beaucoup moins développé; un seul lobe auxiliaire externe, un interne; lobe latéral interne très dissymétrique; lobe antisi- phonal terminé par une pointe unique. Selle externe large, divisée en deux parties à peu près égales, mais non symétriques; selle latérale étroite, très dissymétrique ; selle suturale divisée en deux parties très + Fig. 5. — Sonninia sulcala (Buckm.) PI. IX, Vi? fig. 1. Gross. 3/1. Fig. 6. — Sonninia Buckmanti n. sp. Pi. IX, fig. 4. Gross. 4/1, Fig.7.— Sonninia Schlumbergeri n. sp. PL. X, fig. 6. Gross. 7/1. Fig. 5-7, — Cloisons de Sonnini«. dissemblables, l'une reproduisant assez exactement la selle latérale, l’autre très peu découpée et divisée en deux parties inégales par un lobe auxiliaire interne ; selle interne très allongée, très étroite, très dissymétrique. La présente espèce, assez répandue dans les collections de fossiles bajociens de Normandie, est généralement considérée comme nou- velle. Je crois toutefois qu’elle peut être rapportée à une espèce décrite par M. Buckman sous le nom de Lillia sulcata. L’exemplaire figuré par l’auteur anglais est plus renflé que ne le sont générale- ment ceux des environs de Bayeux ; les sillons bordant la carène y persistent jusque dans l’adulte (1), maïs l’ornementation est abso- (4) M. Buckman, auquel j'ai communiqué des épreuves des trois planches jointes au présent travail, m'a présenté de précieuses observations au sujet de quelques- unes des espèces figurées. Il m’écrit que, pour lui, échantillon représenté pl. IX, fig. 1, appartient à une espèce distincte de Sonninia sulcata. Je me rends parfai- tement compte des différences qui existent entre les deux types, mais il me semble qu'elles sont dues simplement à des variations individuelles, comme le sont, en général, dans les Ammonites, les différences résultant du mode d’enroulement et dela forme des tours. 292 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 2 Fév. lument identique. L'étude que j'ai pu faire des tours internes et des cloisons de l’espèce montre que l’on n’a pas affaire à une forme du genre Lillia, maïs bien à un Sonninia. Sonninia sulcata traverse trois stades successifs : le premier, s’arrètant au moment où les échantillons atteignent au maximum 1 centimètre de diamètre, peut être qualifié de stade Sonninia ; au deuxième stade, qui correspond à des échantillons de 1 à 2 centi- mètres de diamètre, la forme des tours et l’ornementation rappel- lent complètement Sonninia pinquis (Ræm.); enfin, dans l’adulte, l'espèce présente des caractères d'ornementation que nous retrou- verons dès le jeune àge dans Sonninia deltafalcata (Qu.). Sonninia sulcata(Buckm.)se distingue de Sonninia ZurcheriDouv. par ses tours moins embrassants, par ses côtes régulièrement dis- posées deux par deux et partant d’un tubercule marginal dans l’adulte et par sa carène accompagnée de deux sillons. Les deux espèces sont très voisines dans le jeune âge et présentent le même péristome en spatule avec apophyse ventrale arrondie. Sonninia sulcata (Buckm.) est une espèce essentiellement carac- téristique de la zone à Sphæroceras Sauzei. Buckman la cite, il est vrai, bien qu'avec doute, de sa « Humphriesianum-zone », de Brad- ford-Abbas; mais, dans les environs de Bayeux et à Evrecy,'près Caen, il ne peut y avoir de doute sur son niveau, c’est une des espèces qui accompagnent le plus fréquemment Sonninia corrugata Sow., Sonninia propinquans Waag., Cœloceras Bayleanum Opp., Sphæro- ceras Sauzei d'Orb. M. Gourbine l’a rencontrée dans les mêmes cou- ches à la Grange Saint-Gelais près Ecoché, Deux-Sèvres (coll. Ecole des Mines), je l’ai retrouvée également à ce niveau dans les envi- rons de Digne ; la collection de la Sorbonne contient un exemplaire de Valaury, près Solliès-Toucas (Var). Quant à Sonninia Zurcheri Douv. (1), c’est une espèce caractéris- tique de la zone à Sphæroceras Sauxzei. Elle à été trouvée aux environs de Toulon, à Auduze (Gard) et dans la forêt de Haye, près Nancy (coll. Schlumberger, Sorbonne). SONNINIA BUCKMANI D. Sp. PI. IX, fig. 4. Espèce carénée, à tours renflés sur les flancs, recouvrant près de la moitié du tour précédent, à section elliptique. Test dépourvu d’ornements sur la face externe, présentant sur la face interne des (1) M. Buckman n'écrit que cette espèce et « Harpoceras Boweri > Buckm., ne sont nullement identiques, comme je l'avais cru, d’après lexamen des figures, 1893 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 293 ondulations, qui se traduisent sur le moule par des côtes fines, flexueuses, inclinées en avant, disposées deux par deux, très rapprochées dans le jeune âge et s’écartant en s’atténuant dans l’adulte. Carène assez saillante et arrondie, bordée sur le moule interne de deux légers méplats. Cloisons (fig. 6) assez simples. Lobe siphonal et premier lobe latéral également profonds ; premier lobe latéral à trois branches inégales, la branche externe bifide ; deuxième lobe latéral beaucoup moins développé, également à trois branches inégales; un seul lobe auxiliaire externe ; les lobes internes inconnus. Selle externe large, divisée en deux parties à peu près égales, mais non symétriques ; selle latérale beaucoup plus courte que la selle externe, divisée en deux parties à peu près égales ; partie externe de la selle suturale très large et régulièrement festonnée ; partie interne inconnue. La dernière loge atteint les trois quarts de la longueur du dernier tour. Elle se termine par un péristome à apophyses latérales relati- vement courtes et surmontant des échancrures latérales internes très ouvertes. Sonninia Buckmani n. sp. se distingue de Sonninia sulcata par ses tours plus embrassants, ses côtes plus fines et plus rapprochées, ses cloisons moins découpées et l’absence de sillons sur le bord de la carène. Il diffère de Sonninia Zurcheri Douv. par ses côtes beau- coup plus fines et fortement projetées en avant et non en arrière. Les tours internes sont inconnus, mais paraissent conserver le stade Sonninia unispiné beaucoup moins longtemps que les deux espèces voisines. Sonniniu Buckmani n. sp. a été trouvé par M. Schlumberger avec Sonniniu Sowerbyi dans la zone à Sphæroceras Sau ei de la forêt de Haye, près Nancy (coll. Sorb., 2 ex.). J’assimile également à cette espèce un échantillon provenant du même niveau de Mietesheim, Alsace (coll. Carte géol. d’Als.-Lorr.). SONNINIA DELTAFALCATA (Quenst.) PMR NS SO MP EEN EE Le] 1856. Ammoniles deltafulcatus Quenst. Der Jura, p. 394, pl. 53, fig. 7, 8. 1886. » dellafalcutus Quenst. Amm. d. Schwäb. Jura, p. 559, pl. 68, fig. 13-16. Forme discoïde, carénée, à ombilic large et peu profond, à tours aplatis et à section elliptique, se recouvrant à moitié dans le jeune âge, à peine au quart dans l’adulte. Côtes flexueuses, groupées deux 2094 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 9 Fév. par deux (d’où le nom de deltafalcatus), visibles sur le test et sur le moule interne, mais remplacées sur la dernière loge de l’adulte par de fines stries d’accroissement. Carène peu saillante, bordée tou- jours de deux méplats. Cloison (pl. IX, fig. 9) peu découpée, même dans l’adulte. Lobe sipho- nal étroit, divisé en deux parties symétriques par une selle siphonale peu développée; premier lobe latéral divisé en trois branches très inégales, dont l'inférieure est plus ou moins atrophiée, tandis que la moyenne est très allongée ; deuxième lobe latéral beaucoup moins développé que le premier; deux petits lobes accessoires. Selle externe large, divisée par un lobule en deux parties très inégales dans le jeune âge, presque égales dans l’adulte ; selle latérale aussi longue que la selle externe, mais beaucoup plus étroite, dissymé- trique et simplement festonnée; selle suturale divisée par deux lobes accessoires externes en trois selles secondaires externes à peine découpées. Partie interne de la cloison inconnue. Dernière loge atteignant environ deux tiers de tour. Péristome avec apophyse latérale en spatule dans certains exemplaires, simple dans d’autres. Peu d’espèces ont reçu autant d’interprétations différentes que Sonninia deltafalcata; on a désigné sous ce nom des Sonninia pinguis, des Sonninia furticarinata, des Witchellia Roman, etc. ; Quenstedt lui-même a confondu plusieurs espèces très dissem- blables sous le nom de deltafalcatus. Il est nécessaire de recourir à la figure originale de son « Jura »; cette figure et la figure 43, pl. 68 des « Ammoniten des schwäbischen Jura » représentent les deux variétés de l’espèce, la variété à ombilic très ouvert dans l'adulte, à laquelle appartiennent les échantillons que j'ai fait représenter, pl. IX, fig. 8, 9, et la variété à tours embrassants dans l’adulte, pl. IX, fig. 5. J’ai fait figurer, pl. X, fig. 2, un jeune individu présentant des côtes très accentuées et nettement groupées deux par deux, et, pl.IX, fig. 8, un exemplaire certainement adulte, car l’orne- mentation s’atténue sur le dernier tour et les méplats qui bordent la carène ont à peu près entièrement disparu. L'exemplaire, pl. IX, fig. 9, atteint des dimensions exceptionnelles; au voisinage de la bouche les côtes deviennent falculiformes, tout en se rapprochant et en s’atténuant. Sonninia deltafalcata présente, surtout dans sa variété à ombilic large, une ressemblance frappante avec Grammoceras toarcense d'Orb. et j'ai été, pendant un certain temps, tenté de rapprocher ces deux formes. L'examen des cloisons et l’étude des rapports avec F 1893 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 295 Sonninia suleata m'a prouvé que la ressemblance ne pouvait être due qu’à une convergence. La largeur du lobe latéral supérieur, sa division en trois branches inégales et la présence de deux lobes auxiliaires sont des caractères qu’en effet l’on ne retrouve pas dans le sous-genre Graminoceras. L'espèce la plus voisine de Sonninia deltafalcata est Sonninia sulcata (Buckm.). Ces deux formes présentent la même disposition deux par deux des côtes flexueuses, les mêmes méplats bordant la carène, le même péristome. Les tours internes pourvus de tuber- cules latéraux (stade Sonninia) ne se retrouvent pas dans Sonninia deltafalcata, qui possède dès le jeune âge l’ornementation caracté- ristique de Sonninia sulcata adulte. C’est encore un nouvel exemple d'évolution individuelle raccourcie. Sonninia deltafalcata se dis- tingue de plus de Sonn. sulcata par l'absence complète de tubercules à la naissance des côtes, par des flancs moins aplatis, plus arrondis, et surtout par une selle latérale moins étranglée. Sonninia deltafalcata se rapproche également, surtout dans le jeune âge, de Sonninia pinguis. L’exemplaire jeune, figuré pl. X, fig. 2, présente exactement la même ornementation que cette espèce et ne s’en distingue que par une carène beaucoup plus saillante sur le moule interne. La variété à tours embrassants de Sonninia deltafalcata est très voisine par la section des tours et par le mode d’enrounle- ment de Sonninia Buckmani n. sp., mais elle s’en distingue par des côtes plus grossières, plus espacées, moins fortement projetées en avant et existant aussi bien sur le moule interne que sur le test, tandis que, dans Sonninia Buckmani, le test est entièrement lisse. D'autre part, dans Sonninia Buckmani la selle latérale est beaucoup plus courte que la selle externe, tandis qu’elles sont égales dans Sonninia deltafalcata. Sonninia deltafalcata est une espèce qui n'a encore été rencon- trée jusqu’à présent que dans la zone à Wätchellia Romani du Wur- temberg. Les échantillons que j'ai étudiés sont tous à l’état calcaire et ont conservé en partie le test. [ls proviennent des localités de Pfullin- sen, d'Eningen et de Neufïen (coll. Inst. géogn.-pal. Strasb.). J'ai réuni dans le groupe du Sonninia sulcata les espèces sui- vantes : Sonninia sulcata (Buckm.) Haug. » Zurcheri Douv. » Buckmani n. sp. » deltafalcata (Qu.). 296 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 2 Fév. Les deux premières de ces espèces présentent encore sur les tours internes des tubercules latéraux semblables à ceux des Son- ninia proprement dits. Sonninia Buckmani et S. deltafalcata, par contre, ne possèdent plus trace de tubercules et montrent dès le jeune âge l’ornementation caractéristique de l’adulte de Sonninia sulcata. On pourrait être tenté de séparer génériquement le groupe qui nous occupe des Sonninia proprement dits; j’exposerai plus loin les raisons qui me portent à ne pas adopter cette solution. uroupe du Sonninia Schlumbergeri. SONNINIA {? POECILOMORPHUS] SCHLUMBERGERI D. SP. PI. VII, fig. 6. Espèce carénée, discoïde, à ombilic peu profond, à tours très peu embrassants, à section circulaire dans le jeune âge, elliptique dans l’adulte. La carène est large, peu élevée et existe également sur le moule interne; elle est bordée de deux légers sillons. Les côtes sont simples, égales, flexueuses, elles s’élargissent vers la partie externe. Les tours internes présentent de distance en distance des tuber- cules arrondis, implantés sur les côtes. Cloisons (fig. 8) très simples. Selle externe divisée en deux parties à peu près égales par un lobule accessoire ; premier lobe latéral à trois pointes très inégales; selle latérale peu découpée ; deuxième lobe étroit, terminé par une pointe unique ; selle suturale présentant un lobe auxiliaire légèrement oblique. Partie interne de la cloison inconnue. La dernière loge ne montre aucune modification dans l’ornemen- tation ; elle atteint environ les trois quarts du dernier tour. Le péristome (mal conservé du côté qui a été photographié) présente une apophyse latérale aiguë, correspondant à une courbure plus considérable des côtes au voisinage de la bouche. L’extrémité de l’apophyse ventrale n’est pas conservée. Par ses tours internes tuberculés, Sonninia Schlumbergeri se rapproche nettement des espèces typiques du genre. L’ornementa- tion des tours externes, par contre, est toute particulière et rappelle celle de l’Ammonites cycloides d'Orb. Sonninia Schlumbergeri provient de la zone à Sphæroceras Sauzei de la forêt de Haye, près Nancy (coll. Schlumb., Sorb., 1 éch.). 1893 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 297 SONNINIA [POECILOMORPHUS] CYCLOIDES (d’Orb.) 1845. Ammonites cycloides d'Orb. Pal. franc. Terr. jurass. Céphal., p. 370, pl. 121, fig. 1-6. 1885. Hildoceras cycloides (d'Orb.) Haug, Beitr. Monogr. Gatt. Harpoc. p. 639. 1889. Pæœcilomorphus cycloides (d’Orb.) Buckm., Monogr. Inf'. Ool. Amm. p. 117. pl 22; fig:1-29 pl. A fe 31, 32: Pour tout ce qui concerne le mode d’enroulement, l’ornementa- tion et les nombreuses variétés de cette espèce si polymorphe, je ne puis que renvoyer à la remarquable monographie de M. Buckman ; je ne veux discuter ici que la position systématique de l'Ammonites cycloides et ses relations probables avec Sonninia Schlumbergeri. Par son ornementation, il présente une ressemblance frappante avec Hildoceras Mercati (Hau.) du Lias supérieur et t'est en effet dansle genre Hildoceras que je l’ai placé autrefois. M. Buckman adopte une manière de voir analogue en réunissant l’espèce de Hauer et l’espèce de d’Orbigny dans un même genre Pœcilomorphus. La découverte de Sonninia Schlumbergeri me permet d'émettre une autre opinion, qui est mieux en harmonie avec la position stratigra- phique de l’Amm. cycloides et qui est basée sur la grande ressem- blance qui existe entre son ornementation et celle des tours adul- tes de Sonninia Schlumbergeri. Si l'on applique à cette dernière espèce la théorie de la fixation précoce par l’hérédité des caractères d’adulte, sibien mise en lumière par M. Hyatt et déjà féconde en résul- tats intéressants, on est en droit d'admettre qu’une espèce dérivée par filiation directe de Sonninia Schlumbergeri présentera dès le jeune âge les caractères de l’adulte de cette espèce, les stades jeunes se trouvant supprimés, grâce à l’évolution raccourcie. L’Ammonites cycloides répond parfaitement à cette condition et tout porte à le faire envisager comme une mutation de Sonninia Schlum- bergeri. L'étude des cloisons n’est pas défavorable à cette nouvelle manière de voir. Déjà dans Sonninia Schlumbergeri, les lobes sont très peu découpés, contrairement à ce quia lieu d'ordinaire dansles Sonninia» et la largeur de la selle externe est surtout frappante. Dans Amm. cycloides, les cloisons sont assez variables, les selles sont toujours larges et dépourvues de découpures profondes, les terminaisons des lobes se rapprochent plus ou moins du type Sonninia, selon les variétés. Sur l’un des échantillons que j'ai sous les yeux, le premier lobe latéral présente les trois pointes inégales caractéristiques de Sonninia Schlumbergeri et la pointe médiane est également très 298 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 2 Fév. allongée. Le deuxième lobe latéral est encore plus variable, mais, dans la plupart des échantillons, il est tout à fait dissymétrique, contrairement à ce qui a lieu dans les Harpoceratidés. La question de savoir si l’Amam. cycloides doit constituer le type d’un genre spécial Pœcilomorphus, ou s’il doit être rangé dans le genre Sonninia me paraît tout à fait secondaire. La meilleure solu- tion est peut-être celle qui consisterait à considérer Pæœcilomorphus comme une section du genre Sonninia. RÉSUMÉ J'ai réuni dans le genre Sonninia quatre groupes distincts, mais présentant un certain nombre de caractères communs. Les deux premiers groupes que j'ai étudiés, ceux du Sonninia Sowerbyi et du Sonninia pinguis, sont, en outre, reliés par des passages insensibles et paraissent n’avoir qu’une valeur tout à fait provisoire. Le seul caractère qui les distingue est l’absence de tubercules médians sur les tours internes du deuxième groupe. Ces formes sans tubercules doivent être considérées comme des types présentant dès le jeune âge les caractères d’adultes des Sonninia typiques; ce sont les derniers termes d’une série, dans laquelle les tubercules disparaissent, au cours de l’évolution individuelle, à un stade de moins en moins avancé. Il est probable que cette disparition complète des tuber- cules se présente dans plusieurs séries parallèles. Les travaux de M. Buckman préciseront certainement ces faits. Dans tous les cas, l’absence de tubercules sur les tours internes ne peut constituer, à elle seule, un caractère générique et l’on doit considérer les formes du groupe du Sonninia pinquis, aussi bien que celles du groupe du Sonninia Sowerbyi, comme des Sonninia normaux. Le groupe du Sonninia sulcata, par contre, renferme des formes anormales de Sonninia. Sonninia sulcata (Buckm.) possède, dans ïe jeune âge, une ornementation identique à celle des Sonninia les plus typiques et aucun caractère ne permettrait de les distinguer de ces derniers. Il en est de même de Sonninia Zurcheri Douv., qui présente également sur les tours internes les tubercules médians caractéristiques de Sonninia. Nous avons vu également que les jeunes de Sonninia deltafalcata (Qu.) difiéraient à peine de Sonninia pinquis (Rœm.). Jusqu'à un diamètre de 1 à 3 centimètres, les espèces du groupe du Sonninia sulcata sont en tous points semblables à des Sonninia 18051 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 299 normaux ; mais, à partir de cette taille, les caractères se modifient complètement, L’ornementation s’atténue, les sillons qui bordaient la carène disparaissent et font place à des méplats, qui, eux-mêmes, finissent par se perdre. Les tours sont de moins en moins embras- sants et l’ombilic s’élargit. Tandis que, dans les Sonninia normaux, les tours prennent une section ogivale ou s’aplatissent et conservent leur enroulement normal en atteignant des dimensions considé- rables, les formes du groupe du Sonninia sulcata ont subi un arrêt dans le développement et présentent à une très faible taille des caractères d'adultes. En même temps, le péristome présente une apophyse latérale, qui n’existe jamais dans les Sonninia normaux. L'évolution de la cloison est également restée stationnaire : les dernières sutures de Sonninia deltafalcata sont moins découpées que les sutures de la plupart des Sonninia normaux de taille égale ; les sutures de Sonninia Buckmani sont d'une simplicité extrême. Le premier lobe latéral ne montre généralement plus la symétrie bila- térale caractéristique des Sonninia (« cruciform arrangement » Buckm.): il est toujours trifide, mais la pointe interne tend à s’atro- phier et à jouer le rôle d’une branche latérale de la pointe médiane (fig. 5, 6). Le premier lobe latéral est alors en apparence bifide. Tous ces caractères sont des caractères régressifs et l’on pourrait être tenté de considérer le groupe du Sonninia sulcata comme une série régressive, suffisamment distincte des Sonninia normaux pour que l’on puisse songer à établir pour elle une coupure générique nouvelle. Toutefois, l’on ne peut manquer d’être frappé du parallé- lisme qui existe entre les espèces du groupe du Sonninia sulcata et certaines espèces de Sonninia normaux. Sonninia sulcata (Buckm.) et Sonn. Zurcheri Douv. correspondent à des Sonninia à tubercules, tels que Sonn. propinquans Bayle et Sonn. Sowerbyi (Mill.), qui se rencontrent dans les mêmes assises. Les tours internes de Sonn. Buckmani n. sp. sont trop mal connus pour qu’il soit possible de dire de quelle espèce de Sonninia normal ils se rapprochent le plus ; mais j'ai indiqué plus haut la ressemblance frappante que Sonninia deltafaleata (Quenst.) présente dans le jeune âge avec Sonninia pingquis (Rœm.). De même que le groupe du Sonn. pinguis comprend des espèces qui ont perdu dès le jeune âge, par suite de la fixation précoce de caractères d’adulte, les tubercules latéraux visibles encore sur les tours internes de leurs ancêtres; de même, Sonn. deltafalcata est dépourvu, dès le jeune âge, des tubercules que possé- dait encore sa forme ancestrale, Sonn. sulcata. Sonn. deltafalcata se trouvant associé, dans les mêmes couches et dans les mêmes loca- 300 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 2 Fév. lités, à des Sonninia du groupe du Sonn. pinguis, tels que Sonn. furticarinata (Quenst.), le parallélisme est manifeste. L’on voit donc qu'à chaque forme régressive du groupe du Sonn. sulcata corres- pond une forme normale du groupe du Sonn. Sowerbyi ou du groupe du Sonn. pinguis. On se trouve en présence d’un véritable dimorphisme, tout à fait analogue à celui que M. Munier-Chal- mas (1) a signalé entre les formes de grande taille de Cæloceras (Cadomites) à péristome simple et les petites formes à péristome muni d’apophyses jugales (Normannites). Pour expliquer ce dimorphisme, ainsi que le parallélisme entre les « genres » Oppelia et Œcotraustes, Distichoceras et Horioceras, Neumayria et Creniceras, etc., M. Munier-Chalmas à recours à une brillante hypothèse, qui jette un jour tout nouveau sur la classifi- cation des Ammonitidés. Il arrive au résultat que le dimorphisme constaté dans certains genres est un dimorphisme sexuel. Les formes normales de grande taille seraient les femelles, les formes qui ont subi un arrêt dans le développement seraient les mâles (2). En appliquant cette théorie au genre Sonnimia, on est amené à considérer les Sonninia normaux comme les femelles, les Sonniniu du groupe du Sonn. sulcata comme les mâles. Ces derniers sont encore très imparfaitement connus, mais il faut espérer que des recherches ultérieures permettront de retrouver pour un plus grand nombre de femelles les mâles correspondants. Dans les considérations qui précèdent, j'ai laissé entièrement de côté le groupe du Sonninia Schlumbergeri. I est clair que l’espèce- type, de mème que l'Amm. cycloides, appartient à une série régres- (4) Munier-Chalmas : Sur la possibilité d'admettre un dimorphisme sexuel chez les Ammonitidés. B. S. G. F. 3° sér. t. XX. C. R. Ssomm. p. CLXX-CLXXIV. (2) Ilest bon de rappeler iei que Quenstedt avait eu, lui aussi, et précisément à propos de l'Anun. deltafalcatus, l'idée d'un dimorphisme sexuel (V. Ammon. IH, p. 560). Il avait constaté que tous les échantillons de son espèce avaient conservé la dernière loge, mais que les uns portaient des oreillettes au péristome, tandis que les autres en étaient dépourvus. Je ne crois pas que la présence ou l'absence d'oreillettes chez l'Amm. deltafalcalus permette de répartir les échantillons de celte espèce entre les deux sexes. Contrairement aux indications de Quenstedt, j'ai observé un échantillon relativement de grande taille (pl. IX, fig. 9) qui, à en juger par l'allure des dernières côtes, portait des apophyses latérales, tandis que d’autres échantillons, beaucoup plus petits, ont un péristome simple. Ce fait s'explique fort bien si l'on considère les péristomes sans apophyses comme des péristomes temporaires et les échantillons qui les présentent comme des échan- tillons qui n’ont pas atteint toute leur croissance; Landis que les péristomes à apo- physes latérales seraient des péristomes définitifs. Tous les exemplaires de Sonninia dellafalcata paraissent devoir èlre considérés comme des mâles et l'exemple de dimorphisme sexuel donné par Quenstedt se trouve être très mal choisi, 1893 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 01 sive; mais il est absolument impossible, à l'heure actuelle, d’indi- quer des formes normales qui leur correspondraient et dont ces deux espèces pourraient être considérées comme les mâles. Dans ces conditions, il vaut mieux détacher le groupe en question des Sonninia proprement dits et les ranger dans un sous-genre Pœcilo- morphus. Ces formes mises à part, on peut caractériser le genre Sonnimia par la diagnose suivante (1): Dimorphisme sexuel très prononcé. Coquille de taille moyenne ou de grande taiile chez le mâle, toujours de petite taille chez la femelle. Tours plus larges que hauts dans les premiers stades, à section circulaire dans l’âge moyen et dans l’adulte de certaines espèces, à section elliptique ou ogivale dans ladulte de la plupart, quelquefois même complètement aplatie. Le degré d'enroulement des tours et la largeur de l’ombilic sont en relation directe avec la forme des tours, les espèces à ombilic large et à tours peu embras- sants présentant une section plus ou moins circulaire, les espèces à ombilic étroit et à tours très embrassants étant d'ordinaire en même temps très aplaties. Chez les mâles, l’ombilic est toujours large et les tours sont généralement moins embrassants dans l’adulte que dans le jeune âge. l Ornementation composée d’abord uniquement d’une rangée de tubercules latéraux, sans traces de côtes (Buckm. Monogr. pl. XLIX, fig. 8) (stade bréphique Buckman et Bather) (2). Lorsque les côtes font leur apparition, les tubercules sont comme implantés dessus, mais seulement sur un certain nombre d’entre elles; les côtes sont ou simples ou bifurquées et trifurquées et la bifurcation est indé- pendante des tubercules. Ce stade (stade néunique ou adolescent) peut persister jusque dans l’adulte, mais il fait place le plus sou- vent à un stade où les tubercules font entièrement défaut (stade éphébique ou de maturité). Les tubercules peuvent faire entièrement défaut dès le jeune âge et, dans ce cas, le stade néanique est omis, par suite d’un raccourcissement de l’évolution. Enfin, les côtes s’atténuent graduellement et les tours finissent par devenir entière- ment lisses. Ce dernier stade (stade gérontique ou sénile) apparaît d'ordinaire quand les espèces ont atteint une grande taille, mais il se présente, dans certaines formes, de très bonne heure et à une faible taille. Dans les mâles, on retrouve exactement le même type (1) Empruntée en partie à Buckman, Monogr., p. 313-316. (2) S S. Buckman andF. A. Bather : The terms of Auxology, Zoologischer Anzei- ger, n° 405, 406. 1892. 302 E. HAUG. — GENRE SONNINIA 2 Fév. d’ornementation, avec les mêmes stades, apparaissant dans le même ordre. La carène apparaît à peu près en même temps que les premières côtes. Elle est souvent accompagnée, dans le jeune âge, de deux sillons, qui ne persistent pas longtemps et font place peu à peu à des méplats, qui disparaissent à leur tour. Elle est creuse et sa cavité est d'ordinaire séparée du siphon par une lame calcaire (« carène dorsocave »), qui toutefois fait quelquefois défaut chez les femelles et paraît n’exister jamais chez les mâles. Dernière loge atteignant environ deux tiers de tour. Péristome simple et parallèle aux côtes, chez la femelle; muni, chez le mâle, d’une apophyse latérale en spatule, quelquefois précédée d’un étranglement. Aptychus inconnu. Cloisons relativement simples dans les premiers stades de l’évo- lution individuelle et conservant cette forme simple chez les mâles; très découpées, chez les femelles, dans l’adulte, et présentant tou- jours des selles très étroites. Lobe siphonal étroit et profond, divisé en deux parties par une petite selle siphonale; 4er lobe latéral très développé, divisé toujours en trois branches, tantôt à peu près symétriques et disposées en croix, tantôt présentant une atrophie de la branche interne, surtout chez les mâles; 2me lobe latéral beaucoup plus étroit et beaucoup moins profond que le premier, divisé également en trois branches; deux lobes auxiliaires très réduits; lobe antisiphonal étroit et profond, terminé par une pointe unique. Selle externe très développée, mais le plus souvent très étranglée par des lobules secondaires, toujours divisée en deux parties à peu près égales; deux selles latérales beaucoup plus étroites que la selle externe, également divisées en deux; selle siphonale large, à trois divisions; selle interne étroite et très allongée. on ot fn tant} Des «nt ne EEE rose: “onde à 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 303 ETUDE SUR LES AMMONITES DES ÉTAGES MOYENS DU SYSTÈME JURASSIQUE, par Émile HAUG. (Deuxième Note). II. — Genre WITCHELLIA 1885. Ludwigia p. p. Douvillé. Zone à Amm. Sowerbyi de Toulon. B. S. G. F., 3° sér., t. XIII, p. 26. 1885. Gruppe des Harpoceras corrugatum p. p. Haug, Beitr. z. Monogr. p. 673 (93). 1889. Witchellia Buckm. Monogr. p. 82. 1889, Witchellia Buckm. On the descent of Sonninia, p. 658. 1892. Dorselensia Buckm. Monogr. p. 302. M. Buckman à proposé le nom de Wätchellia pour un genre voisin du genre Sonninia, mais s’en distinguant par la présence constante, sur le moule interne, de deux sillons bordant la carène et persis- tant dans l’adulte, par des côtes fortement projetées en avant sur le côté ventral et par des cloisons simples à lobes non étranglés à la base. Comme Sonninia, Witchellia comprend surtout des espèces à carène cloisonnée, c’est-à-dire creuse et dont la lumière est séparée des loges par une lame calcaire. Le type du genre Wätchellia est l’'Amm. lœæviusculus Sow. (non Douv.). L'espèce la moins évoluée du genre, tel que le comprend M. Buckman, est Wätchellia Sutneri (Branco); elle passe à W. læviuscula par une série de formes intermédiaires, encore inédites, qui acquièrent un ombilic de plus en plus étroit, des tours de plus en plus élevés et qui perdent leurs côtes à un âge de moins en moins avancé (Buckman). En outre de cette série de formes, qui constitue une véritable espèce collective, legenre Wütchellia comprend, d’après M. Buckman, entre autres espèces, Amm. jugifer Waag. et Amm. deltafalcatus Quenst., qui appartiennent certainement à d’autres groupes, ainsi que nous l'avons vu plus haut. 304 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 2 Fév. M. Buckman dit avoir constaté la présence de tubercules sem- blables à ceux de Sonninia sur les tours internes de certains Witchellia. Ces tubercules auraient disparu graduellement par suite de la fixation précoce par l’hérédité du stade adulte. Je suis par- faitement convaincu des relations étroites qui relient Wätchellia avec Sonninia et je ne doute pas que la forme ancestrale de Witch. læviuscula ait porté des tubercules latéraux implantés sur les côtes, mais je n’ai pu, ni dans cette espèce ni dans aucune espèce voisine, en constater la présence. En réalité, l'absence de tubercules internes peut être indiquée comme un caractère des Witchellia. Je ne pense pas toutefois que tous les Sonnininae dépourvus de tuber- cules doivent être rangés dans le genre Witchellia; nous avons vu que les tubercules font entièrement défaut dans le groupe du Son- ninia furticarinata, qui, par tous ses caractères, est très intimement lié aux Sonninia à tubercules et qui se distingue très nettement par ses cloisons et par son oruementation du groupe du Watch. læviuscula. Les Sonninia sans tubercules exclus, le genre Wät- chellia se trouverait réduit à l'unique groupe du Wäitchellia lævius- eula, c’est-à-dire à une « bonne espèce », si, d’autre part, je ne me voyais obligé de lui réunir une importante série d’autres espèces, pour laquelle M. Buckman a créé le genre Dorsetensia (1). Dorsetensia a pour type Amm. Edouardianus d’'Orb. et comprend en outre un certain nombre de formes qui gravitent autour de l’Amm. Romani Opp. D’après M. Buckman, le genre se distinguerait de Witchellia par l'absence complète de tubercules ou de côtes noduleuses et par le fait de ne présenter de carène creuse que dans l’adulte. « Dans Wüitchellia la carène creuse est en corrélation avec des tours très ouverts, des côtes vigoureuses et des sillons ventraux; tandis que ces sillons ventraux persistent sur le moule interne quand les espèces sont presque lisses. Ceci n’est pas le cas dans Dorsetensia, qui perd ses sillons ventraux bien avant que la carène creuse fasse son apparition ». J'ai eu entre les mains des matériaux considérables comprenant à peu près toutes les espèces décrites et quelques espèces nouvelles des groupes de l’Amm. Romani et de l’Amm. Edouardianus; leur étude m’a montré que ces deux groupes étaient intimement reliés par des formes de passage au groupe du Wätchellia læviuscula et (1) Je ne puis me ranger à l’avis de M Buckman qui fait dériver son genre Dor- setensia (Amm. Edouardianus et groupe de l’Amm. Romani) du genre Haplopleu- roceras, caractérisé par la présence de deux rangées de lubercules, dont on ne retrouve jamais de traces dans l'évolution individuelle des espèces du groupe de l'Ammoniles Romani. er, 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 30) qu'aucun caractère absolu ne permet de distinguer le genre Dorse- tensia du genre Witchellia. Les caractères distinctifs sont des caractères d’ordre purement spécifique. Dans les deux « genres », les tubercules sont en réalité absents dès que la coquille a quitté le stade embryonnaire. Les sillons qui, dans le jeune âge, bordent souvent la carène, peuvent persister ou bien disparaître à n'importe quel stade de l’évolution individuelle et cela dans un « genre » comme dans l’autre. Dans les deux cas, les côtes sont flexueuses et, quand elles sont groupées deux par deux, elles le sont de la même manière que dans le groupe du Harpoceras aalense ; elles sont toujours fortement projetées en avant sur le côté ventral. Dans « Dorsetensia », comme dans « Wüitchellia », les tours sont généralement aplatis et l’enroulement est extrème- ment variable. Dans « Wätchellia », la carène est d'ordinaire cloi- sonnée (« hollow carina »}, mais la cloison peut disparaître dans certaines espèces; il en est de même dans « Dorsetensia », où la cloison peut exister dans le jeune âge et disparaître dans l’adulte, ou vice-versa. Dans les deux cas, les côtes disparaissent entière- ment dans l’adulte et ce caractère sénile peut se présenter sur des échantillons de très petite taille dans certaines espèces des deux « genres ». Le seul caractère tiré de l’ornementation qui permette de dis- tinguer le groupe du Wätchellia lœæviuscula des groupes de l’Amim. Romani et de l’Amm. Edouardianus est celui de la persistance, jusque dans l’adulte, des deux méplats ou sillons bordant la carène. Mais il est vraiment impossible de baser un genre, ni même un sous-genre, sur cette différence. Les caractères tirés de la cloison ne sont pas moins identiques dans les deux « genres » et les différences entre les cloisons du groupe de l’Amm. Edouardianus et celles du groupe de l’Amm. Romant sont plus fortes que celles qui séparent les cloisons de chacun de ces groupes de celles du groupe du Wätchellia lœviuscula. Je me vois donc contraint à réunir les genres Wäütchellia et Dor- selensia de M. Buckman en un seul genre Wälchellia, qui com- prendra les quatre groupes suivants : Groupe du Wätchellia læviuscula. » » Sayni. » » Roman. ) ) Edouardiana. XX 20 306 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 2 Fév. Groupe du Witchellia læviuscula. Le groupe du Wätchellia læviuscula est représenté, parmi les matériaux que j'ai étudiés pour le présent travail, uniquement par Fig. 8. — Wilchellia punctatissima n.sp. PL IX, fig. 7. Gross. 6/1. j | a he À Fig.9.—Wilchellian.sp. aff. lævius- \ je NEA : / 4 5 $ cula. Bajocien inf. Gross. 4/1. \ Une sp. PL. X, fig. 7. Gross. 6/1. ne _ Fig. 11. — Witchellia Edouardiana Pie (d'Orb.) Bayeux. Gross. 3/1. Re Fig. 12. — WWitchellia complanata : (Buckm.). Oeschingen, Wurtem- ET ) i Fig. 10. — WWilchellia regrediens n. RUE . berg, Gross. 3/1. IN Fig. 13. — Wilchellia liostraca (Buckm.). PL. X, fig.6.Gross.5/1. Fig. 14. — Wilchellia complanata {Buckm.). PL X, fig. 4. Gross. 4/1. Fig. 8414. — Cloisons de H'itchellia. quelques échantillons de Witchellia læviuscula d'Angleterre, par le type de Witchellia Sutneri (Branco), par une espèce nouvelle, encore inédite, que M. Munier-Chalmas a recueillie en Normandie, dans les couches à Wüitchellia de la base du Bajocien (1) et qui se (14) V. plus bas, Conclusions stratigraphiques. 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 907 retrouve à Dundry (coll. Sorbonne) et par Wätchellia punctatissima n. sp. J'ai donné plus haut les caractères de l’ornementation du groupe du Wätch. læviuscula et m'abstiendrai d’entrer dans plus de détails à ce sujet, étant donné surtout que l’une des prochaines livraisons de la Monographie de M. Buckman contiendra une étude complète du groupe, basée sur des matériaux bien plus riches que les miens. Les caractères de la cloison sont les suivants (fig. 9) : Lobe siphonal à deux pointes peu profondes et peu divergentes: 1er lobe latéral à trois branches très inégales, la branche inférieure étant peu différenciée de la branche médiane ; 2me lobe latéral beau- coup plus étroit, à trois pointes symétriques; {er lobe auxiliaire reproduisant en plus petit le 2e latéral ; 2 lobe auxiliaire très peu développé, situé immédiatement au-dessus de la suture ombilicale, Selle externe divisée en deux parties à peu égales ; {re selle latérale beaucoup plus étroite, nettement dissymétrique; 2° selle latérale semblable à la première, mais plus petite ; selle ombilicale, simple. Partie interne de la cloison inconnue. Quand l’ombilic se rétrécit et que les tours gagnent en hauteur, la selle ventrale et le 1er lobe latéral se développent considérable- ment en largeur. Je m'occuperai dans les paragraphes suivants des relations qui unissent le groupe du Witch. lœviuscula aux groupes du Wätch. Romani et du Witch. Edouardiana, et ne décrirai ici qu’une seule espèce que je considère comme nouvelle. WITCHELLIA PUNCTATISSIMA ND. SP. PI. IX, Fig. 6, 7. Tours à section elliptique, se recouvrant à moitié. Ombilic bordé par un léger méplat. Carène très saillante, saillante également sur le moule, où elle est bordée de deux méplats, qui se creusent, à l'approche du péristome, sur léchantillon type et forment deux sillons. Côtes flexueuses, plates, groupées deux par deux ou simples, peu saillantes sur le moule interne. Test présentant de fines ponctua- tions en creux, disposéesen spirales concentriques. Péristome incom- plètement conservé, dernière loge atteignant deux tiers de tour. Cloisons très simples (fig. 8). Lobe siphonal peu profond, divisé en deux branches divergentes par une petite selle siphonale très -simple. Premier lobe latéral à trois pointes à peu près symétriques; deuxième lobe latéral très étroit, réduit à une pointe unique; deux 308 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 2 Fév. petits lobes auxiliaires mal visibles (non représentés sur la fig. 8). Selle externe large, divisée par un lobule en deux parties très inégales, une partie externe peu développée, non découpée et une partie interne, légèrement découpée par plusieurs petits lobules; deux selles latérales plus étroites et plus simples que la selle externe. Partie interne de la cloison inconnue. Cette diagnose est basée sur trois échantillons provenant de la zone à Witchellia Romani de Pfullingen et d’Eningen (Wurtemberg), qui sont à l’état calcaire et ont conservé en partie leur test. L'espèce est certainement nouvelle et je propose de l’appeler Wäitchellia punctatissima. Elle est voisine de Witch. læviuscula Sow., mais s’en distingue par des tours beaucoup moins aplatis et par un ombilic beaucoup plus large. Dans le jeune âge, elle se rapproche beaucoup de Witch. complanata. Elle présente, enfin, une certaine ressemblance avec Son- ninia deltafalcata (Quenst.),qui se rencontre dans les mêmes couches, mais qui s’en distingue par ses côtes disposées en V, et non sou- dées deux par deux, et par son ornementation atténuée sur la der- nière loge. , L'apparition, vers l’extrémité de la dernière loge, de sillons bor- dant la carène, qui manquent entièrement à un stade avancé, indique un retour sénile à un caractère propre aux espèces les moins évoluées du groupe. C’est un exemple de ce que MM. Buckman et Bather appellent le stade hypostrophique. Les fines ponctuations en creux, disposées sur le test en spirales concentriques, se retrouvent également dans Amaltheus margari- tatus (v. Quenst. Ammon. I, pl. 40, fig. 5, 8) et dans Asteroceras obtusum et stellare (v. Wright, Lias Ammon., pl. 21, 22). Groupe du Witchellia Sayni. Je réunis provisoirement dans un même groupe un certain nombre d'espèces qui présentent des caractères intermédiaires entre ceux du groupe du Wätchellia læviuscula et ceux des groupes du W. Romani et du W. Edouardiana et qui paraissent voisines des formes ancestrales communes à ces deux groupes. Je vais étudier successivement ces différentes espèces. WIiTCHELLIA SAYNI D. Sp. 1885. Ludwigia corrugala Douv. Z. à Amm. Sow., p. 26, pl. I, Non Sow. Miner. Conch. Vol. V, p. 74, pl. 451, fig. 3. 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 309 La mauvaise figure que Sowerby a donnée de son Ammoniles corru- gatus a donné lieu aux interprétations les plus diverses, aussi n’est- ce que l'étude de l'échantillon original qui a permis à M. Buckman d'établir que le type de Sowerby était identique avec lAmmonites patella Waag., qui devra donc porter dorénavant le nom d'Amm. corrugatus où Sonninia corrugata (Sow.) Buckm. L'espèce décrite et figurée par M. Douvillé sous le nom de Zudiwi- gia corrugata et provenant des « couches à Amm. Sowerbyi » des environs de Toulon devra, par conséquent, être dénommée à nou- veau; je propose de l'appeler Witchellia Sayni. Les cloisons — ainsi qu’on peut en juger par la figure donnée par M. Douvillé d’après un échantillon de Toulon (loc. cit. fig. 7) — sont beaucoup plus simples que celles de n'importe quelle espèce du groupe du Wütchellia læviuscula et, en particulier, à taille à peu près égale, plus simples que celles des échantillons de Dundry, figurés pl. I, fig. 1, 2 de la note de M. Douvillé. Ceux-ci sont beau- coup plus voisins de l'espèce de Sowerby et constituent une espèce différente de Witchellia Sayni. WITCHELLIA ROMANOIDES (Douv.) 1885. Ludwigia romanoides Douv. Z. à Amm. Sow., p. 28, pl. IL fig, 5, 4. Je ne cite ici que comme mémoire cette espèce, fort bien étudiée par M. Douvillé, qui a fait ressortir déjà les affinités qu’elle pré- sente avec «Ludwigia corrugata»( Witchellia Sayni nob.) et les diffé- rences qui séparent les deux formes. Witchellia romanoides constitue une forme aberrante et très différenciée du genre Witchellia. L’orne- mentation est restée la même; les méplats qui bordent la carène ont disparu; la surface qui borde l’ombilic est séparée des flancs par un biseau très net; les cloisons, tout en conservant le même type (v. Douv. loc. cit. fig. 6, 7,9), sont plus profondément décou- pées que dans n'importe quelle autre Wätchellia. Dans Wätchellia Romani, par contre, la cloison atteint le maximum de simplicité. Witch. romanoides n’a été rencontré, jusqu’à présent, que dans la « zone à Amm. Sowerbyi » des environs de Toulon. WITCHELLIA D. Sp. afi. Sayni. 4 Parmi les matériaux des couches à Wätchellia, de la base du Bajocien proprement dit, que M. Munier-Chalmas a découvertes 310 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 2 Fév. récemment en Normandie (1), se trouve une espèce très voisine de Witchellia Sayni n. sp. Elle se. distingue de cette dernière par ses tours plus aplatis sur les flancs et par le méplat bordant l’ombilic, qui apparaît à un diamètre bien moindre. Dans le jeune âge, la carène est séparée des loges par une cloison, qui disparaît dans l’adulte, de sorte que le moule interne possède une carène très saillante. L'intérêt qui s'attache à cette espèce réside dans le fait qu’elle peut être considérée comme un précurseur de Wütchellia Edouar- diana (d’Orb.), présentant des cloisons moins réduites et des côtes encore groupées deux par deux. WITCHELLIA ND. Sp. Ph Xe L'échantillon provenant des couches à Witchellia Romani de Beaumont, près Digne, que j'ai fait figurer pl. X fig. 3, se distingue de l’espèce précédente par son ombilic beaucoup plus étroit et taillé à pic et par sa carène beaucoup moins saillante, sur le moule interne, et bordée de deux légers méplats. Les couches à Witchellia de Normandie renferment également une espèce voisine de celle de Beaumont, mais caractérisée par des . côtes régulièrement groupées deux par deux et tout à fait semblables à celles du Witchellia læviuscula et du Witchellia complanata (pL.IX, fig. 5). Dans l'espèce de Normandie le creux de la carène est séparé des loges par une lame calcaire, qui n’existe pas dans Wätchellia complanata. On voit, par ce qui précède, que le groupe du Wätchellia Sayni est encore très insuffisamment connu; mais on peut espérer que les travaux de M. Buckman sur les faunes du Bajocien anglais et ceux de M. Munier-Chalmas sur les couches à Witchellia du Calvados permettront de se rendre compte des variations de ce groupe, encore entièrement inconnu il y a quelques années et d’autant plus impor- tant qu’il relie le groupe du Wäitchellia læviuscula aux deux groupes qu’il nous reste à étudier. Groupe du Witchellia Romani. 4885. Ludwigia p. p. Douv. Z. à Amm. Sow. de Toulon, p. 28. 1885. Gruppe des Harpoceras corrugatum p. p. Haug, Beitr. z. e. Monogr. d. Ammoniteng. Harp. p.673. 1892. Dorsetensia (p.p.) Buckm. Monogr. Infr. Ool, Amm. p. 302. (1) C. R. somm. S."G. Ft. "XX, p. CLxY. ue 5 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 311 Le groupe de l’Amm. Romani comprend quelques espèces assez variables quant à la forme externe, mais reliées entre elles par des passages insensibles et caractérisées par un type remarquablement constant de cloison, qui peut être décrit comme il suit : Lobe siphonal très peu profond; premier lobe latéral très large, à trois branches, dont l’inférieure très réduite; deuxième lobe laté- ral beaucoup plus étroit, également dissymétrique; premier lobe auxiliaire relativement développé, à trois pointes ; deuxième lobe auxiliaire très peu profond et suivi quelquefois d’un troisième, situé sur le bord de l’ombilic. Selle externe extraordinairement large, divisée par un lobe adventif en deux parties presque égales ; selle latérale beaucoup moins large, simplement festonnée, dissy- métrique; selle suturale décomposée en plusieurs selles secon- daires, dont la première reproduit en plus petit la selle latérale et dont les deux ou trois suivantes restent entières. Partie interne de la cloison inconnue, Quelque particulier que soit ce type de cloisons, il se rattache intimement à celui du groupe du Wüitchellia læviuscula (v. Douv. loc. cit. fig. 6, et fig. 9 du présent travail). Le premier lobe latéral présente, dans les deux cas, la même dissymétrie; le deuxième lobe latéral et les lobes auxiliaires sont également conformés de même. La seule différence fondamentale que présentent les deux cloisons réside dans la selle externe, qui est beaucoup plus large dans toutes les formes du groupe du Witch. Romani que dans n'importe quelle espèce du groupe du Witch. læviuscula. Le groupe du Witch. Romani se rattache également très intime- ment par son ornementation à ceux du Wätchellia Sayni et du Wit- chellia læviuscula. Les côtes sont flexueuses, légèrement infléchies en avant, toujours groupées deux par deux, et présentent une res- semblance frappante avec celles des Grammoceras. Les tubercules qui, d’après M. Buckman, existent encore quelquefois dans le jeune de certains Wüitchellia, ne se rencontrent plus jamais dans le groupe du Witch. Romani. Les sillons bordant la carène, que l’on rencon- trait presque toujours sur le moule interne dans le groupe du Witchellia læviuscula, et cela jusque dans l'adulte, ont entièrement disparu dès le jeune âge dans tout le groupe de l’Amm. Romani. . Quant au caractère tiré de la présence ou de l’absence d’une lame calcaire isolant la carène des loges, il ne constitue certainement pas un caractère distinctif d'ordre générique: il peut exister ou faire défaut dans le groupe du Witch. lœæviuscula ; dans celui du Wätch. Romani, il se présente dans quelques espèces (« Dorsetensia subtecta, 912 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 2 Fév. liostraca, tecta » Buckm.) pendant une partie de leur évolution individuelle. Le groupe du Witch. læviuscula et celui du Witch. Romani se succèdent dans le temps ; le premier est surtout représenté dans un niveau particulier situé à la base de la zone à Sphæroceras Sauzei : le deuxième caractérise la zone désignée par Oppel sous le nom de zone à Amm. Humphriesianus et pour laquelle j’ai proposé le nom de « zone à Sonninia Romani ». Comme nous l’avons vu plus haut, les deux groupes sont réunis par des formes de passage telles que Wüitchellia n. sp. aff. Sayni ; l’on est donc en droit de conclure que le groupe le plus récent dérive du plus ancien par filiation directe. Le groupe du Witchellia Romani comprend les espèces suivantes : Witchellia complanata (Buckm.). ) Romani (Opp.). » liostraca (Buckm.). ) tecta (Buckm.). » crassicarinata n. Sp. Selon que l’on est partisan d'espèces très restreintes ou que l’on attribue à l’espèce des limites plus vastes en y comprenant un cer- tain nombre de variations, l’on peut considérer ces différentes formes comme autant d’espèces distinctes, ou bien les réunir en une espèce collective Witchellia Romani, qui comprendra plu- sieurs « variations », telles que Wäitch. Romani var. complanala et Witch. Romani var. liostraca. Au point de vue stratigraphique cette solution paraît préférable, certaines variations se trouvant bien plus fréquemment que le type, tout en occupant le même niveau. WITCHELLIA COMPLANATA (Buckm.). PI. X, fig. 4, 5. 1886. Ammmonites deltafalcatus Quenst. Amm. Schw. Jura, pl. 68, fig. 10 non 9, 11-17. 1892. Dorselensia complanala Buckm. Monogr. Inf. Ool. Amm. p. 306, pl. 53, fig. 1-10, pl. 54, fig. 1-2. Cette espèce, quoique assez répandue, a été décrite pour la première fois par M. Buckman; je renvoie le lecteur à l’excellente diagnose que cet auteur en a donnée et je décrirai séparément les échantillons de trois régions différentes que j'ai entre les mains. Les types de M. Buckman proviennent de la « Humphriesianum- 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 313 zone », c’est-à-dire de notre zone à Wätchellia Romani, de Sherborne et d’Obornre, Dorset. L’échantillon représenté pl. X, fig. 4 est celui que j’ai mentionné dans mon travail sur «les chaînes subalpines entre Gap et Digne », p. 74, sous le nom de Sonninia n. sp. aff. Edouardi d’Orb.; il pro- vient de la zone à Cosmoceras subfurcatum du quartier de Mairaigues près Digne, etse trouve à l’état de moule pyriteux. Il se rapporte très bien par son ornementation à l'échantillon figuré par M. Buck- man, loc. cit. pl. LIL, fig. 10; sur le tour externe, la bifurcation des côtes est à peine indiquée, les deux branches restant pour ainsi dire soudées. Les cloisons sont très bien conservées, j'en donne une reproduction photographique fig. 14. Le premier lobe latéral présente les trois pointes inégales, carac- téristiques des Sonnininae, la selle suturale est très nettement divi- sée en deux parties par un lobe auxiliaire. Wüitchellia complanata existe également dans la zone à Wätch. Romani de Beaumont, près Digne, mais je n’en connais qu’un exemplaire fort mal conservé (coll. Garnier). Dans la partie inférieure du Jura brun à de Quenstedt,c’est-à-dire dans la zone à 4mm. Humphriesianus d’Oppel, ou dans notre zone à Witch. Romani, on rencontre dans le Wurtemberg une espèce, connue dans les collections sous le nom d’Amm. Romani et que je crois pouvoir rapporter à Witchellia complanata. J’ai sous les yeux des échantillons (moules internes calcaires, recouverts partiellement du test) appartenant aux collections de l’Institut géognostico-paléontologique de l’Université de Stras- bourg et provenant des localités de Pfullingen et d’'Eningen; de plus, M. de Grossouvre a bien voulu me communiquer un échan- tillon de sa collection, provenant d’Oeschingen. J’ai pu me faire ainsi une idée assez nette de l’évolution individuelle de l’espèce. Le plus petit exemplaire présente exactement la même ornemen- tation que celui de Mairaigues, mais il est un peu plus renflé et a déjà sa dernière loge, quoiqu'il n’aie que 18 millimètres de dia- mètre. La fig. 5 de la pli. X. représente un exemplaire plus âgé, égale- ment pourvu de sa dernière loge. Les tours sont très aplatis, les côtes sont peu accusées, mais nettement bifurquées. Je n’ai pu, faute de place, figurer les deux échantillons de grande taille d’Eningen et d’Oeschingen. Voici leurs dimensions com- parées : 914 E, HAUG. — GENRE WITCHELLIA 2 Fév. OESCHINGEN ENINGEN Diametre total er Perret 68 mm. 76 mm. Larseur de MOnbiliCe 7-60 41.2 0/0 34.2 0/0 Hauteur du dernier tour....... 21 mm. 26 mm. Epaisseur du dernier tour..... 143.5 mm. 16.5 mm. Degré d'enroulement........... 0.21 0.25 Il résulte de ces mesures que l’exemplaire d’Oeschingen possède des tours moins embrassants que celui d’Eningen. On peut d’ail- leurs constater la mème variabilité dans l’enroulement sur les types de M. Buckman, avec lesquels les échantillons de Souabe peuvent être identifiés sans peine. L’ornementation est rigoureusement la même et s’atténue sur la dernière loge dans les échantillons des deux localités. Dans ceux de Souabe, le péristome n’est pas conservé. Je représente fig. 42 les cloisons de l'échantillon d’Oeschingen. J'ai à signaler encore un bel exemplaire de Sully près Bayeux, provenant de couches situées à la limite de la zone à Sphæroceras Sauzei et de l’Oolithe ferrugineuse (zone à Cosmoceras subfurcatum), occupant par conséquent la position de la zone à Wüitchellia Romani. Il possède le même enroulement que le type figuré par M. Buckman pl. LIV, fig. 1, mais les côtes, également flexueuses et projetées en avant, sont très effacées sur la partie externe et disparaissent entiè- rement, sur le moule aussi bien que sur le test, dès le diamètre de 45 millimètres. Voici d’ailleurs les dimensions de cet exemplaire : Diamètre LOtal MERE oo ibmdedononr es 93 mm. Larseuride lomPhilie ere er Deer 33.33 0/0 Largeur de l’ombilic au diamètre de 50 mm... 50 0/0 Hauteur du Tente DUREE cer Peer re 32 mm. EnASSeUr UNUeRMeRMIOUReEre ete eee 19 Degré d’enroulement à l'extrémité de la spire. 0.27 Degré d’enroulement à 66 mm. de diamètre... 0.419 On voit par ces mesures que les tours sont beaucoup plus embras- sants dans l'adulte que dans le jeune âge. A partir du dernier tour, la spirale se modifie et devient bien plus ouverte, comme c’est le cas également, quoique à un moindre degré, dans l’un des types de M. Buckman (loc. cit. pl. LIL, fig. 3). Le péristome n’est pas conservé sur l’exemplaire de Sully, quoi- que la dernière loge soit presque entière et quoique les modifica- tions que présente le test dans le voisinage du péristome soient nettement visibles. La carène disparaît entièrement et fait place à des bourrelets, passant sur la partie externe et dirigés parallèle- ment à l’apophyse ventrale du péristome. Cette particularité n’est pas visible sur les types de M. Buckman, qui n’avaient pas atteint de mount à MS 1893 . E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA A) une taille assez considérable poùr que la dégénérescence sénile à laquelle elle correspond ait pu se produire. Enfin, j'ai encore sous les yeux un échantillon de Wätchellia complanata, de 60 mm. de diamètre, très voisin de celui de Sully, mais à côtes beaucoup plus atténuées. Il provient de Coulmy (coll. Terquem, Ec. des Mines), mais je n’ai pu retrouver la position géo- graphique de cette localité. Witchellia complanata a évidemment toujours été confondu avec Wütchellia Romani (Opp.)et j'ai été longtemps tenté de l’iden- tilier avec cette espèce. L'examen d’un moulage du type d’Oppel, conservé dans les collections de l’Institut géognostico-paléontolo- gique de l’Université de Strasbourg, m'a permis de constater quelques légères différences. Dans l’espèce de M. Buckman les côtes, régulièrement Bifurquées, sont toujours flexueuses et projetées en avant; dans Wätchellia Romani, par contre, elles sont presque droites et du reste un peu moins accentuées. La carène est plus saillante dans l’espèce d’Oppel que dans la plupart des échantillons de Wätchellia complanata que j'ai eus entre les mains, mais ce caractère n’est pas absolu, car la carène est très nettement séparée des flancs, même sur le moule interne, dans l'échantillon de Coulmy, par exemple. Enfin, à taille égale, Witchellia complanata a les tours beaucoup moins élevés et moins embrassants que Witchellia Romani. Toutelois, il est fort probable que l’on trouvera des passages entre les deux formes et que l’on se verra obligé de les réunir en une espèce, auquel cas Witchellia complanata deviendrait Witchellia Romani var. complanata. WITCHELLIA ROMANI (Opp.). 1856. Ammonites Romani Opp. Juraform., p. 370. 1862. » Romani Opp. Pal. Mitth. I, p. 145, pl. 46, fig. 2. 1886. » deltafalcatus acutus Qu. Amm. Schw. Jura, pl. 68, fig. 11. Le type de l’espèce d’Oppel provient de la «zone à Amm. Hum- phriesianus » d'Oeschingen, Wurtemberg. Il est très difficile de trouver des exemplaires qui lui soient conformes. Parmi les matériaux du Jura Souabe que j'ai entre les mains, il n’y en a qu’un seul ; tous les autres se rapportent plutôt à Wätchellia complanata (Buckm.), dont Watchellia Romani paraît n’être qu’une variété aberrante. Deux échantillons ferrugineux à l’état de fragments provenant de Beaumont, près Digne, correspondent très bien à la figure d’Oppel. Enfin, un échantillon de la Cride, près Saint-Nazaire, Var, (coll. Sorb.) présente les mêmes côtes presque droites que Witchellia 316 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 2 Fév. Romani, mais se distingue du type par un méplat très accusé bordant l'ombilic et limité vers les flancs par une arête obtuse. WITCHELLIA LIOSTRACA (Buckm.). 1892. Dorselensia Sublecta Buckm. Monogr. Inf'. Ool. Amm. p. 309; pl. LIV, f. 3-5; DIMINUE 1892. » liostraca Buckm. Ibid, p. 310; pl. LIL, f. 11-16 ; pl. LV, Î.3-5; pl. LVI, fig. 1. F 21892. Hammatoceras anacanthum Ublig in Neumayr u. Uhlig, Ueber die von H. Abich im Kaukasus gesammelten Jurafossilien. Denkschr. d.math.-naturw. CI. d. hais. Akad. d. Wiss. vol. LIX, p. 45, DIN 80 _Witchellia subtecta doit être considéré comme une forme de pas- sage entre Witchellia complanata et Witchellia liostraca ; il ne dit- fère de cette dernière espèce que par des tours un peu moins embrassants. L’exemplaire ferrugineux de Beaumont, près Digne, que j'ai fait représenter pl. X, fig. 6, paraît être le jeune de Wätchellia subtecta, en particulier du type figuré par Buckman, loc. cit. pl. LIV, fig. 4, 5. Les tours internes présentent des côtes fines, flexueuses, projetées en avant comme dans Wütchellia complanata. Sur le tour externe, ces côtes ont déjà presque disparu. La carène est saillante et tranchante sur le moule interne, de sorte que la « carène creuse », caractéristique de l’adulte, n’existait pas encore à la taille de mon échantillon. Les cloisons sont admirablement conservées (fig. 13) et montrent tous les caractères des cloisons du groupe du Witchellia Romant poussés à l’extrème. Un exemplaire de la zone à Witchellia Romani des environs de Fribourg, grand-duché de Bade, que M. G. Bœhm a bien voulu me communiquer, est parfaitement conforme à l’échantillon de Witchel- lia liostraca figuré par Buckman pl. LV, fig. 4. Il est trop mal conservé pour que je puisse en donner une photographie. M. Uhlig a décrit récemment, sous le nom de Hammatoceras ana- canthum, une forme extrêmement voisine de Wätchellia subtecta et liostraca, provenant du Bajocien de Tschirkat, Daghestan. Le mode d’enroulement est exactement celui de Wäitch. liostraca, les stries d’accroissement sont identiques à celles de Wüitch. subtecta (Buckm. loc. cit. pl. LV, fig. 2). La carène creuse et les stries en spirale rap- prochent également l'espèce de M. Uhlig des deux espèces de M. Buckman. Les cloisons de Hamm. anacanthum présentent quelques caractères propres au groupe du Witch. Romani, entre autres le premier lobe latéral dissymétrique et les lobes auxiliaires, 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 317 mais M. Uhlig figure une selle externe beaucoup plus étroite que dans ce groupe, contrairement d’ailleurs à ce qu’il indique dans le texte. Je n’ose donc me prononcer sur l'identité des deux types. WITCHELLIA CRASSICARINATA N. SP. PI. X, fig. 10, a, b, c. Forme à tours renflés, embrassant la moitié du tour précédent. Carène obtuse et passant insensiblement aux flancs. Test entière- ment lisse sur sa surface externe, présentant sur sa surface interne, au moins dans la dernière loge, des dépressions insensibles, qui se traduisent sur le moule par des côtes flexueuses à peine visibles. Cloisons et péristome inconnus. Witchellia crassicarinata se rapproche beaucoup de W. Romani par son mode d’enroulement et par son ornementation très atté- puée. Il s’en distingue par des tours moins aplatis et par sa carène très épaisse. C’est une espèce qui réalise dès le jeune âge le stade sénile des Wüitchellia. Witchellia crassicarinata n’est connu encore que par un échan- tillon unique, provenant de l'Oolithe ferrugineuse de Bayeux (Ecole des Mines). Groupe du Witchellia Edouardiana. Je réunis, sous le nom de groupe du Watch. Edouardiana, un petit nombre d'espèces, qui se distinguent des autres Wätchellia par leurs côtes généralement simples et non fasciculées, mais qui, par tous les autres caractères, se rapprochent beaucoup du groupe du Witchellia Sayni. Je suis actuellement à même de faire connaître, d’une manière précise, les caractères de deux espèces du groupe: Witchellia Edouar- diana (d’Orb.) et W. regrediens n. sp., espèces reliées peut-être par des formes de passage. Les planches du présent travail étaient déjà tirées, lorsque M. Munier-Chalmas eut l’obligeance de me commu- niquer un échantillon de l’Oolithe ferrugineuse de Bayeux, qui devra constituer une espèce nouvelle, voisine, par le mode d’enrou- lement, de Witch. regrediens, mais remarquable par les deux sillons nettement accentués, qui bordent la carène et par ses côtes moins flexueuses. Enfin, l’Ammonites Tessonianus d’Orb. paraît également appar- tenir au groupe qui nous occupe, mais les tours internes et les cloisons en sont inconnus. 918 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 2 Fév. WITCHELLIA EDouARDIANA (d’Orb.). PL. X, fig. 8. 1845. Ammoniles Edouardianus d'Orb. Pal. franc. Terr. jur. Céph., p.392, pl. 190, fig. 3-5. 1885. Ludwigia Edouardi d'Orb.. Douv. Z. à Amm. Sow. Toulon. B. S. G. F., sert XIII D O1. 1885. Harpoceras Edouardi (d'Orb.). Haug Beitr. Monogr. Harp., p. 674. 1892. Dorsetensia pulchra Buckm. Monogr. Inf. Ool. Amm., p. 306, pl. LIL, fig. 25-27. Non Dorsetensia Edouardiana Buckm., ibid., p. 304, pl. LIT, fig. 8-24. Le type de l’Amm. Edouardianus d’Orb. est une forme à tours aplatis, se recouvrant à moitié, à carène très aiguë, même sur le moule interne, à ombilic bordé par une surface verticale limitée vers les flancs par une arête. Les côtes sont simples, rarement groupées deux à deux, flexueuses, légèrement projetées en avant. Elles s’atté- nuent généralement dans l’adulte et la dernière loge devient alors presque entièrement lisse. Les cloisons (fig.11)sont peu découpées etformentuneligne inclinée en arrière par rapport au rayon. Le lobe siphonal est divisé en deux parties symétriques par la selle siphonale ; le premier lobe latéral présente trois pointes, dont la supérieure est la plus développée et est elle-même divisée en deux; le deuxième lobe latéral est très peu profond et est suivi d’un petit lobe auxiliaire. La selle externe est assez large, elle est divisée en deux parties inégales, dont la plus grande est en dedans; la selle latérale est dissymétrique et festonnée sur son bord supérieur ; la partie externe de la selle sutu- rale est divisée par un lobe auxiliaire en deux selles secondaires très peu découpées. La partie interne des cloisons est inconnue. J'ai tenu à donner en détail ces caractères, pour la plupart déjà indiqués par d'Orbigny, car l'espèce me paraît avoir été confondue par M. Buckman avec une forme voisine, tandis que le pulchra de cet auteur présente tous les caractères de l’Amm. Edouardianus, dont il n’est que l’adulte. Witchellia Edouardiana est une espèce assez rare dans l’Oolithe ferrugineuse des environs de Bayeux. M. Buckman en signale un exemplaire unique, le type de son Dorsetensia pulchra, de la « Hum- phriesianum-zone » d’Oborne, Dorsetshire. Jusqu'à présent, elle n’a encore été signalée d’une manière certaine dans aucune autre localité. VWITCHELLIA REGREDIENS ND. SP. PISTE Are 1892, Dorselensit Edouardiana Buckm. Monogr. Inf'. Ool. Amm. p. 304, pl. LIE, fig. 8-24, non d'Orb. 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 919 Je distingue sous le nom de Wätchellia regrediens une espèce très voisine de Witchellia Edouardiana (4’Orb.), à laquelle M. Buck- man a réservé à tort ce dernier nom et qui se distingue de l’espèce de d’Orbigny par quelques caractères essentiels et surtout très constants. Les tours présentent une section elliptique, ils se recouvrent tout au plus au tiers. La carène est très élevée, même sur le moule interne ; elle est bordée de deux légers méplats. Les flancs ne sont pas limités vers l’ombilic par une surface verticale, sauf sur le der- nier tour. Les côtes sont toujours simples, généralement presque droites et s’infléchissent assez brusquement en avant vers la partie externe en s’atténuant considérablement.Lescloisons(fig.10)sonttrès peu découpées jusque dans l’adulte, les caractères des lobes et des selles sont les mêmes que ceux de Wätchellia Edouardiana. sauf pour le premier lobe latéral, qui est nettement divisé en deux pointes, quelquelois de longueur presque égale ; la pointe située vers l’ombilic présente toutefois toujours un petit lobule latéral et qui n’est autre chose que la troisième pointe atrophiée. Ce caractère, joint à ceux du moindre recouvrement des tours, de l’absence - d’une surface verticale bordant l’ombilic et des côtes plus droites, permet de distinguer facilement Wäitchellia regrediens n. sp. de Wtchellia Edouardiana, d'autant plus que les formes de passage entre les deux espèces paraissent être assez rares. Witchellia regrediens se rencontre dans les mêmes localités que Witchellia Edouardiana. En Angleterre, il est limité à la « Hum- phriesianum-zone » du Dorset et du Somerset; en France, il ne se rencontre que dans l’Oolithe ferrugineuse des environs de Bayeux. Les deux espèces se trouvent donc, jusqu'à présent, exclusivement sur les côtes de la Manche. RÉSUMÉ Les relations qui unissent les quatre groupes constituant le genre Witchellia sont de toute autre nature que celles qui existent entre les différents groupes du genre Sonninia. J'ai montré plus haut qu'il y a entre chacun d’eux des liens de filiation et que les deux groupes parallèles du Witch. Romani et du Witch. Edouardiana sont reliés au groupe du Witch. læviuscula par le groupe du Witch. Sayni. Jusqu'à présent, il est impossible de distinguer,parmi les Witchellia, des formes que l’on puisse à bon droit attribuer à l’un ou à l’autre des sexes. Si le dimorphisme sexuel existe dans le genre Wätchellia, il est beaucoup moins accusé que dans le genre Sonninia. On pour- 320 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA rait tout au plus songer à considérer Witch. regrediens, forme régressive munie d'une apophyse jugale (Buckman, Monogr.,pl. 52, fig. 15)comme le mâle de Witch. Edouardiana ou peut-être de Watch. Tessoniana; mais provisoirement il vaut mieux avoir recours à une autre interprétation. Le lobe latéral supérieur bifide de Wätchellia regrediens n. sp. constitue un caractère qui se retrouve dans tout un groupe d’Ammo- nites du Lias moyen (1), comprenant « Harpoceras » erythrœæum Gemm.,H1.demonenseGemm., galatense Gemm. etcalliplocum Gemm., et que je rattache au genre Tropidoceras Hyatt, à cause des passages qui relient cesespèces à Tropidoceras Masseanum (d’Orb.). L’ornemen- tation, de même que le mode d’enroulement de ces Tropidoceras rap- pelle également d’une manière frappante celle du groupe du Wätch. Edouardiana ; il est difficile de trouver un exemple plus manifeste de convergence ou plutôt de répétition de formes à coquilles iden- tiques dans des séries différentes et dans des terrains différents. La ressemblance dans les cloisons s’explique facilement si l’on considère le groupe du Tropidoceras calliplocum et celui du Witchellia Edouardiana comme deux séries régressives. Dans les deux cas, les formes à cloisons simples dérivent par dégénéres- cence insensible de formes à cloisons profondément découpées (Tropidoceras Masseanum, Sonninia). Le caractère du lobe latéral supérieur bifide va en s’accentuant de plus en plus; il est plus marqué dans Tropidoceras culliplocum que dans Tropid. demonense, par exemple ; il est très net dans Witchellia regrediens, tandis qu'il n'existe pas encore dans Witch. Edouardiana; enfin, il n'apparaît que graduellement au cours de évolution individuelle du Watch. regrediens, à peine indiqué dans le jeune, très accusé dans l'adulte. Il est curieux de constater que d’autres formes régressives, telles que Scaphites constrictus d’Orb. (Pal. franc. Terr. crét. Céph. pl. 129, fig. 11) du calcaire à Baculites (Maëstrichtien) du Cotentin, sont également caractérisées par un lobe latéral supérieur bifide. La dégénérescence se traduit encore par des tours de moins en moins embrassants. Ici de nouveau, Witchellia regrediens corres- pond parfaitement à Tropidoceras calliplocum. Dans une série régressive, l’évolution suit la marche inverse de celle des séries progressives, dans lesquelles il existe une tendance bien marquée à la formation de coquilles à tours de plus en plus em- brassants(Ex. séries Ceratites nodosus — Cer. semipartitus; Amaltheus (1) Gemmellaro, Sui fossili degli strati a Terebratula Aspasia di Galati, p. 40-45, pl. V-VII, 1884. 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 321 margaritatus coronatus — A. Engelhardti; Witchellia Sutneri — W. læviuscula; Hoplites radiatus — 4H. Leopoldinus; Sonneratia Dutem- plei — S. Cleon, etc.). Le groupe du Wätchellia Edouardiana est une série régressive, dont le premier terme devait se rapprocher de la forme que j'ai fait reproduire pl. X fig. 3 et dont le dernierterme est Wütchellia regrediens. Le groupe du Wätchellia Romani, par contre, est une série progressive, dont le premier terme est Wütch. complanata Buckm. et dont le dernier terme est Witch. tecta Buckm. La diagnose du genre Witchellia peut être établie de la manière suivante : Dimorphisme sexuel probablement très peu accusé. Coquille de petite taille ou de taille moyenne. Enroulement variable, tours à section circulaire ou ogivale, souvent très aplatis. Ornementation composée d’abord uniquement d’une rangée de tubercules latéraux, qui disparaissent d'ordinaire très rapidement au cours ultérieur de l'évolution individuelle, pour faire place à des côtes flexueuses, quelquefois simples, mais le plus souvent groupées deux par deux et soudées sur la moitié environ de leur hauteur. Le test présente quelquefois de fines ponctuations en creux, disposées en spirales concentriques. L’ornementation disparaît entièrement dans l’adulte. La carène est d'ordinaire accompagnée, dans le jeune âge, de deux sillons ou méplats, qui peuvent persister dans l’adulte ou bien disparaître à un stade assez précoce. Elle est creuse et sa cavité est souvent séparée du siphon par une lame calcaire ( « carène dorso- cave » ), qui peut ne pas exister dans le jeune âge et apparaître dans l’adulte ou vice-versa. La carène disparaît elle-même entiè- rement chez certaines formes qui sont entrées dans un stade de dégénérescence sénile. Dernière loge ne dépassant guère un demi-tour de spire. Péri- stome généralement simple, quelquefois pourvu d’apophyses laté- rales. Aptychus inconnu. Cloisons moyennement découpées, selles toujours peu étranglées. Lobe siphonal large et peu profond, divisé en deux branches diver- gentes par une selle siphonale assez large; premier lobe latéral très large, toujours divisé en trois branches le plus souvent inégales, la branche interne étant très peu développée et se comportant comme une branche latérale de la branche médiane, d’où il résulte une bifidité apparente ; deuxième lobe latéral beaucoup plus étroit et moins proiond que le premier, également à trois pointes ; deux lobes auxiliaires très réduits. Selle externe large, souvent très large, toujours divisée en deux parties à peu près égales; deux selles XX 21 329 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 10 Mars latérales beaucoup plus étroites que la selle externe, sans divisions profondes ; selle siphonale large. Partie interne de la cloison encore inconnue. On voit par cette diagnose que, contrairement à ce que je croyais avant d’en avoir entrepris l'étude approfondie, le genre Witchellia présente un certain nombre de caractères qui, d’ailleurs, n’ont rien d’absolu, et qui permettent de le distinguer facilement du genre Sonninia. L'absence complète des tubercules latéraux, dans les stades qui suivent le stade bréphique de M. Buckman, est un caractère qui se retrouve également chez un certain nombre de Sonninia. Les côtes, lorsqu’elles sont groupées deux par deux, sont disposées en V dans le genre Sonninia, tandis que dans Witchellia elles sont soudées sur près de la moitié de leur hauteur ; ce qui revient à dire que les côtes sont bifurquées. Les sillons ou les méplats qui bordent la carène se trouvent souvent dans les Witchellia à une taille où ils ont depuis longtemps disparu dans les Sonninia. Les cloisons sont moins profondément découpées dans Wüitchellia que dans Sonninia et les lobes et les selles y sont bien plus développés en largeur. Le plus grand nombre des espèces du genre Wüitchellia présentent une très grande ressemblance avec certains Harpocératidés, surtout avec le groupe du Harpoceras aalense, et c’est à côté de ce groupe qu’elles avaient été rangées. La cloison fournit un excellent carac- tère distinctif entre deux sections si semblables au point de vue de l’'ornementation. L'origine du genre Witchellia est aussi hypothétique que celle du genre Sonninia; ces deux genres apparaissent brusquement dans les mers de l’Europe occidentale à l’époque de l’Aalénien supérieur, sans que l’on en connaisse la moindre trace dans des couches plus anciennes. Mais les nombreux caractères communs reliant Sonninia et Witchellia permettent de leur assigner une origine commune et l’on est en droit de considérer également Wäitchellia comme un rameau issu de la famille des Amaltheidae. On peut invoquer, à l'appui de cette hypothèse, la grande analogie que présentent les côtes bifurquées de Witchellia avec celles d'Amaltheus margaritatus, ainsi que la présence, sur le test de certains Witchellia, de fines ponctuations en creux, disposées en spirales concentriques, carac- tère qui se retrouve dans cette même espèce, mais qui existe égale- ment dans le genre Asteroceras Hyatt. 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 323 CONCLUSIONS STRATIGRAPHIQUES. La tribu des Sonnininae est essentiellement caractéristique de l’étage bajocien, dans son acception la plus large. Elle apparaît d’abord avec le genre Sonninia s. str., qui n’est connu encore ni dans la zone à Harpoceras opalinum, ni dans la partie inférieure de la zone à Harp. Murchisonae et qui ne commence à prendre un développement considérable que dans la zone à Harpoceras concavum, dans le Sud de l’Angleterre, présentant une telle variété de formes qu'il est nécessaire d’admettre que le genre avait parcouru déjà une assez longue évolution avant de faire son apparition sur les bords de la Manche. J’ai donné plus haut les raisons qui me faisaient, avec M. Buckman, considérer le genre Sonninia comme un descendant des Amalthéidés vrais. Cette famille, qui a pris un premier essor avec le genre Amaltheus (excel. Oxynoticeras) dans la partie supérieure du Lias moyen, à disparu ensuite complètement des mers d'Europe avec le Toarcien. Elle a dû continuer à vivre dans une province géologique inconnue pour ne reparaître qu'après la fin de cet étage. Cette époque d’éclipse des Amalthéidés coïncide exactement avec l’époque pendant laquelle une partie de la faune méditerranéenne a pu s’acclimater dans l’Europe occidentale avec les genres Lytoceras, Hammatoceras, Lillia, etc. L'arrivée des Sonninia coïncide à peu près avec la disparition de ces genres, mais elle n’a pas lieu simultanément dans toutes les régions de l’Europe occidentale. D’après des recherches récentes de M. Munier-Chalmas (1), les premières Sonninia apparaissent en Nor- mandie dans la partie supérieure de la zone à Harpoceras Mur- chisonæ. Dans le Sud de l’Angleterre le genre n’est pas encore connu à ceniveau, mais il prend un très grand développement dans la zone à Harp. concavum, qui a fourni à M. Buckman une trentaine d’espèces nouvelles. A la partie supérieure de cette zone et associées à Harp. discites Waag., l'on observe, d’après M. Buckman, à Sher- borne, des couches qui renferment une faune particulière, compre- nant entre autres les espèces décrites par Waagen dans son mémoire classique sur la zone à Amm. Sowerbyi. En Souabe (Gingen) et dans le Nord de l’Allemagne (Dohnsen), les premières Sonninia (S. adicra, polyacantha, fissilobata, gingensis, jugifera) apparaïitraient donc à la partie supérieure de la zone à Harp. concavum dans un niveau spécial, associées également à Harp. discites. Dans les régions (1) B.S. G. F., & sér., t. XX. C. R. somm., p. CLXI-CLXX. 324 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 10 Mars méridionales, c’est-à-dire aux environs de Gap et de Digne (1), au Cap San Vigilio, etc., le genre Sonninia fait encore entièrement défaut dans la zone à Harp. concavum et ce n’est que dans la zone suivante à Sphœæroceras Sauzei qu’il fait son apparition. En raison de cette arrivée des Sonninia dans les différentes régions de l’Europe occidentale à des époques différentes, il n’est pas possible d’attacher à cette arrivée une valeur fondamentale dans la classification des couches inférieures du Dogger.M. Buckman place la limite entre son groupe « Toarcian » et | « Inferior Oolite » au-dessus de la zone à Harpoceras concavum et au-dessous de la zone à Sphæroceras Sauzei; c’est également à ce niveau que j'ai placé, dans mon mémoire sur les chaînes subalpines entre Gap et Digne, la limite entre le Bajocien inférieur et le Bajocien moyen, tout en insistant sur la possibilité de faire du Bajocien inférieur un étage indépendant sous le nom d’étage aalénien, solution à laquelle je m'arrête aujourd'hui (2). Le Bajocien proprement dit peut être divisé en deux sous-étages, le Bajocien inférieur (ancien Bajocien moyen), qui comprendra la zone à Sphæroceras Sauzei et la zone à Witchellia Romani, et le Bajocien supérieur, ou zone à Cosmoceras subfurcatum, dans laquelle M. Buckman(3)distinguelestroisniveaux suivants: Cadomensis-zone, Truellei-zone et Zigzag-zone, que l’on n’a pas encore pu séparer sur le Continent. Beaucoup d'auteurs distinguent au-dessous de la zone à Sphæro- ceras Sauzei une « zone à Amm. Sowerbyi ». Si ce terme doit être conservé dans la série des zones jurassiques, il ne peut l’être sous ce nom, car, ainsi que l’a reconnu M. Buckman, le vrai Sonninia Sowerbyi se trouve en Angleterre uniquement dans la zone à Sphæ- roceras Sauzei. C’est à Quenstedt et à Oppel que remonte l’établisse- ment d’une zone à Amm. Sowerbyi, maïs c’est M. Waagen qui, le pre- mier, a étudié la faune, la position stratigraphique et l’extension (1) Aux Côtes-Chaudes, près Digne, on a trouvé toutefois dans un niveau à Ammo- nites ferrugineuses, qui paraît situé à la partie supérieure de la zone à Harp. con- cavum, des fragments bien conservés de Sonninia pinguis Ræm., de Sonninia Jugifera Waag. et de Witchellia n. sp. Si la détermination du gisement est exacte on pourrait en conclure que, dans les Basses-Alpes, ces espèces, qui appartiennent à un rameau latéral du genre Sonninia, font leur apparition avant les Sonninia proprement dits, ce qui indique une fois de plus que la différenciation des groupes des Sonnininae s’est faite avant l’arrivée de la tribu dans nos régions. (2) E. Haug, Sur l'étage Aalénien, B.S.G.F., 3° sér.,t.XX.C.R. somm.,p. CLXXIV. (3) The Ammonite Zones of Dorset and Somerset. The British Association Meeling. Cardiff, 1891. 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 925 géographique de cette zone. Malheureusement M. Waagen confondit sous le même nom plusieurs horizons paléontologiques différents : la zone à Harpoceras concavum du Jura, les couches à Harp. discites de Gingen et de Dohnsen, la zone à Sphœæroceras Sauzei du Cal- vados, J'ai dit plus haut que les couches à Harp. discites constituaient, d’après M. Buckman, la partie supérieure de la zone à Harp.concavum, et il est possible qu’elles devront être distinguées un jour comme une zone ou sous-zone spéciale. Jusqu'à présent, l’on ne peut faire davantage que de constater la grande extension, dans toute l’Europe occidentale, de la zone à Harp. concavum(1) (s. lat.), sans en pour- suivre les subdivisions. La question de savoir si l’on peut établir entre la zone à Harp. concavum et la zone à Sphæroceras Sauzei une zone indépendante est assez délicate. M. Buckman a signalé, à ce niveau, à Dundry (2) un banc riche en espèces du genre Wäitchellia, qu’il considère comme la base de la « Sauzei-zone ». Tout récemment M. Munier-Chalmas à retrouvé le même banc, exactement au même niveau, dans le Calvados. On pourrait être tenté de considérer ces « Wäitchellia-beds » comme une zone indé- pendante, distincte de la zone à Sphæroceras Sauzei, mais jusqu’à présent on n’a pu séparer les deux niveaux dans aucune localité de l’Europe centrale et méridionale. Ces couches à Wäitchellia seraient caractérisées par l’abondance du genre Witchellia et par l’apparition ou la réapparition des genres Haploceras, Oppelia, Cœloceras, Sphæ- roceras dans les mers de l’Europe occidentale. La section des Wit- chellia apparaît tout de suite avec une variété de formes telle qu’il faut admettre que le type était déjà nettement différencié du type Sonninia proprement dit avant son arrivée dans les mers de nos régions. Witchellia paraît surtout abondant dans le Sud de l'Angleterre et en Normandie; dans les régions plus orientales les représentants de cette section sont beaucoup plus rares. Branco signale le Wät- chellia Suineri dans la « Zone des Amm. Sowerbyi » de Metz. Il se pourrait que ces couches correspondissent aux « Witchellia- beds » d'Angleterre. Je suis également porté à croire que les calcaires oolithiques de la forêt de Haye, près Nancy, qui ont fait l’objet d'importantes (1) E. Haug, Chaines subalpines, p. 162. (2) Monograph, part. VI, p. 295, 1891, 326 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 10 Mars recherches de la part de M. Schlumberger, représentent également ce niveau. Voici les Ammonites que j'ai pu déterminer dans la collection de M. Schlumberger, aujourd’hui à la Sorbonne : Sonninia cf. Sowerbyi Mill. (jeunes). » Zurcheri Douv. » Buckmani Haug. » Schlumbergeri Haug. Witchellia sp. indét. Enfin, il est possible que les couches des environs de Toulon décrites par MM. Zurcher et Douvillé (1) sous le nom de « zone à Amm. Sowerbyi » constituent elles aussi un équivalent des « Wit- chellia-beds ». Les deux espèces les plus communes, Wüitchellia Sayni Haug (— Ludwigia corrugata Douv.) et Witchellia (?) roma- noides Douv.,se trouvent précisément au même degré d'évolution que certaines formes encore inédites des couches à Witchellia du Dorset- shireet du Calvados. SonniniaZurcheriDouv.etS.cf. Sowerbyi(jeunes) se rencontrent dansles calcaires de la forèt de Haye, que j’attribue au même niveau. Quant à Sonn. adicra Waag., c'est une espèce du niveau à Harp. discites, qui assigne bien aux couches de Toulon un horizon inférieur à celui du Sphær. Sauxei. Les échantillons de Sphæroceras Brocchii et de Sphær. Sauxei de Toulon, décrits par M. Douvillé, ne sont pas assez typiques pour infirmer notre conclu- sion. Enfin, Zurcheria Ubaldi et Oppelia præradiata ne fournissent aucun renseignement sur l’âge précis des couches qui nous occu- pent. Il n’est possible, ni dans les Basses-Alpes, ni en Souabe, ni en Alsace, ni dans l’Allemagne du Nord, de recueillir le moindre indice sur l’existence d’une zone indépendante à Witchellia. Dans la zone à Sphæroceras Sauzei, Sonninia et Wüitchellia conti- nuent à se développer ; mais le nombre des espèces et des individus est beaucoup moins considérable que dans la zone précédente et les deux genres jouent dans la faune un rôle très secondaire à côté des genres Oppelia, Cæloceras et Sphæroceras, qui, pour la première fois, apparaissent en abondance dans l’Europe centrale. Ce n’est que dans quelques localités, en Angleterre, sur les côtes du Calvados, aux environs de Gap et de Digne, que quelques espèces, notamment Sonninia propinquans, Sonn. corrugata, Sonn. sulcata, se trouvent en nombreux individus. La zone à Witchellia Romani, la zone à Amm. Humphriesianus d'Oppel, a souvent été confondue avec la zone à Sphœr. Sauzei ou (4) B.S. G. F. 3° sér., t. XIII, p. 9-44. 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA a 27 avec la zone à Cosmoceras subfurcatum. Elle est reliée en effet avec chacun de ces deux horizons par un certain nombre d'espèces com- munes, mais elle est également caractérisée par quelques espèces propres. Je me suis surtout attaché, dans le présent travail, à faire connaître ces espèces; il me reste à étudier leur répartition géo- graphique et leurs relations stratigraphiques. C’est en Souabe que l’on peut prendre le type de la zone à Wit- chellia Romani. En effet, tandis que dans beaucoup d’autres régions elle avait échappé jusqu'à présent aux investigations des auteurs, elle a été distinguée ici de bonne heure par Quenstedt et par Oppel. Quenstedt (1) distingue dans son « Brauner Jura à » les niveaux suivants : Giganteus-Thone, Ostreenkalke, Coronatenschicht, Bifurcatenschicht. Ce dernier horizon représente la zone à Cosmoceras subfurcatum. Les espèces caractéristiques de la zone à Wätchellia Romanti-se trou-. vent dans les deux niveaux inférieurs, tandis que la « Coronaten- schicht » contient surtout Cæloceras Blagdeni, Cœl. Braikenridgei et déjà Cosmoceras baculatum. C’est donc une couche de passage au Bajocien supérieur. Le Jura brun à présente en Souabe deux faciès distincts, un faciès d’oolithes ferrugineuses, développé surtout dans le nord et dans le sud de l’Alpe, et un faciès argileux, carac- téristique des environs de Tübingen. C’est surtout ce deuxième faciès qui est riche en Ammonites, conservées soit à l’état de moules pyriteux, soit à l’état d'échantillons calcaires pourvus de leur test. A côté d’un gros Lytoceras, qui paraît être le Lyt. Eudesianum d'Orpb., et du Cœloceras pyritosum Qu. (Amm. Humphriesianus pyritosus Qu. Ammon. pl. 66, fig. 4), l’on trouve les espèces suivantes, que j'ai étudiées dans le présent travail : Sonninia furticarinata (Qu.). ) deltafalcata (Qu.). Witchellia Romani (Opp.). » punctalissima n. Sp. » complanata Buckm. Ces espèces sont essentiellement cantonnées en Souabe dans la zone à Wütchellia Romani, mais Witch. Romani et Witch. complanata ont seuls été trouvés, jusqu’à présent, dans d’autres régions. (1) Der Jura, tableau II. Ammon., p. 522. 328 E. HAUG. -- GENRE WITCHELLIA 10 Mars Dans le Nord de l’Allemagne, la « zone à Amm. Humphriesianus » a été souvent citée, mais elle n’a pas encore été suffisamment bien séparée des autres niveaux bajociens. J'ai déjà exprimé plus haut mes doutes au sujet de la position stratigraphique de Sonninia pinguis. Il ne reste donc comme indice paléontologique de la présence de la zone à Wüitch. Romani dans l'Allemagne septentrio- nale que les figures de Witchellia données par Brauns (Palaeontogr. t. XIIL, pl. 37, fig. 5, 10-12). La vallée du Rhin est une des régions où, sous le nom de « zone à Amm. Humphriesianus », la zone à Wüitchellia Romani a été distin- guée depuis longtemps (1). Elle est développée à l’état de calcaires marneux à oolithes ferrugineuses, qui font suite aux calcaires bleus à Sphæroceras Sauzei et polyschides. Aux environs de Fribourg- en-Brisgau on a trouvé des Ammonites que M. Bæœhm a bien voulu me communiquer et que j'ai reconnues être les Wätchellia Romani Opp.et Witch. liostraca Buckm. En Alsace, je n’ai pas encore pu constater la présence du genre Wätchellia, mais les environs de Mietesheim ont fourni plusieurs espèces intéressantes, parmi lesquelles je citerai : Sonninia superstes Haug. » cf. jugifera Waag. » alsatica Haug. Cœloceras pyritosum (Quenst.) Haug. Cette dernière espèce est également caractéristique de la zone à Witchellia Romani de Souabe. En Lorraine, dans le Jura et en Bourgogne, le Bajocien inférieur (ou Bajocien moyen, si l’on n’accepte pas l'étage aalénien) est généra- lement représenté par des calcaires à entroques, dans lesquels les Ammonites sont rares. Il n’est donc pas étonnant que dans ces régions les différentes zones du Bajocien n'aient pas encore été séparées les unes des autres. Une des localités où la zone à Wätchellia Romani est le mieux représentée est celle de Digne (Basses-Alpes), où les couches à Ammo- nites ferrugineuses de Beaumont sont connues depuis longtemps. J'ai donné dans un travail récent (2) une liste assez complète des fossiles de ces couches. Depuis, j'ai étudié à nouveau les Sonnininae et j'ai pu y reconnaitre les espèces suivantes : (1) Oppel, Juraformation, p. 337-338. — Lepsius, Beiträge zur Kenntniss der Jura- formation im Unter-Elsass, Leipzig, 1875, p. 27. — E. Haug, Dépôts jurassiques du Nord de l’Alsace. B. S. G. F.,3 sér., t. XIV, p. 59. = (2) Chaînes subalpines, p. 70. 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 329 Sonninia cl. corrugata (SOwW.). ) propinquuns Bayle. » n. Sp. afl. pinquis (Ræœm.). Witchellia n. sp. indét. (pl. X, fig. 3). » Romant (Opp.). » liostraca Buckm. Pœcilomorphus cycloides (d’Orb.). Les couches à Ammonites ferrugineuses des environs de Digne correspondent parfaitement aux couches à Witchellia Romani de Souabe et sont recouvertes, comme en Souabe, par un banc à Cælo- ceras Blagdeni Sow. et Cœloceras Braikenridgei, dans lesquelles je n’ai pas rencontré de Sonnininae. I] me reste à dire quelques mots des représentants de la zone à Witchellia Romani dans le Sud de l’Angleterre et en Normandie. M. Buckman a décrit, jusqu'à présent, comme fossiles de la « Humphriesianum-zone » un certain nombre d’espèces dont voici la liste : Dorsetensia Edouardiana (d’Orb.) (= Wäütch. regrediens n. sp.). » pulchra Buckm. (= Witch. Edouardiana d’Orb.). » complanata Buckm. ) subtecta Buckm. » liostraca Buckm. » tecta Buckm. Pœcilomorphus cycloides (d'Orb.). Witchellia complanata se retrouve seul, parmi ces espèces, dans la zone à Witch. Romani de Souabe et les Sonninia furticarinata et deltafalcata, de même que Witch. Romani, font entièrement défaut en Angleterre. Il est probable que les « Humphriesianum-beds » du Dorsetshire représentent un niveau un peu plus élevé que les couches à Wüitchellia Romani de Souabe et des environs de Digne ; il se pourrait même qu’elles correspondissent à la base de la zone à Cosmoceras subfurcatum. Dans le Calvados, en effet, Wätchellia Edouardiana (d’Orb.), Witch.regrediensn.sp., Witch. complanata (Buckm.), Wit ch.crassica- rinata n. sp., Pœcilomorphus cycloides (d'Orb.) se trouvent dans l” « Oolithe ferrugineuse » associés aux espèces les plus caractéris- tiques de la zone à Cosm. subfurcatum. Cependant, l’on doit tenir compte du fait que L’ « Oolithe ferrugineuse » du Calvados est très peu épaisse et que l’on n’a pu, jusqu’à présent, y établir de subdivi- sions. Il se peut que la base seule corresponde aux « Humphriesia- num-beds » d'Angleterre, et que l'on puisse distinguer au-dessus, 390 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 10 Mars comme en Angleterre, des « Cadomensis-beds » et des « Truellei- beds ». Dans ce cas, la base de l’ « Oolithe ferrugineuse » devrait être rangée dans la zone à Witchellia Romani, dont la plus grande partie paraît avoir été enlevée par un ravinement. La zone à Witchellia Romani est donc essentiellement caracté- risée par la présence des Wütchellia du groupe du W. Romani. Les Sonninia du groupe du Sonn. Sowerbyi s'y rencontrent pour la der- nière fois avec des espèces identiques à celles de la zone à Sphæro- ceras Sauzei ou au moins très voisines. Les espèces du groupe du Sonninia pinquis et du groupe du Sonninia suleata sont également proches parentes des espèces de cet horizon. Enfin, la zone à Wat- chellia Romani est intimement reliée au niveau sous-jacent par plu- sieurs espèces, telles que: Oppelia præradiata Douv., Sphæroceras polymerum (Waag.), Cœloceras Baylei (Opp.), Cœl. Humphriesianum (Sow. type), sans parler des Phylloceras. Les Sonnininae sont excessivement rares dans la zone à Cosmocer as subfurcatum proprement dite. Ils font entièrement défaut dans la « Parkinsoni-zone » d'Angleterre; ils n’ont pas été signalés dans les couches équivalentes de Souabe; dans les environs de Digne, je ne connais que deux échantillons qui ont été trouvés, associés au Cosm. subfurcutum, à Mairaigues. Ce sont : 1° un fragment de Son- ninia n. sp. aff. pinguis; 2° l’exemplaire de Witchellia complanata Buckm., figuré pl. X, fig. 4, et que j'ai cité précédemment sous Île nom de Sonninia n. sp. aff. Edouardi d’Orb. Tous les faits que je viens d'exposer montrent que la distribu- tion stratigraphique des Sonnininae est bien en harmonie avec la classification du Bajocien que J'ai proposée de concert avec M. Munier-Chalmas. APPENDICE HARPOCERAS CAPILLATUM Denckmann PLUX, fe. le 1887. {mmoniles capillatus Denckmann, Ueber die geognostischen Verhältnisse der Umgegend von Dôrnten. Abh. x. geol. Specialk. v. Preuss. Vol. VIIT, n° 2, p. 60, pl. IV, fig. 3. J'ai longtemps considéré comme une forme voisine de Wätchellia Romani un exemplaire fort bien conservé qui figure dans les col- lections du Service de la Carte géologique d’Alsace-Lorraine avec l'étiquette « zone à Anvm, Sowerbyi, Mietesheim », En effet, la res- 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 331 semblance avec Wütchellia crassicarinata n. sp. est frappante. J’ai mis côte à côte, sur la pl. X de la présente note, l'échantillon en question et le type de cette espèce. Les cloisons étant invisibles dans les deux cas, la distinction n’est pas facile à établir. Les seules différences entre les deux échantillons résident dans la carène, qui est beaucoup plus grosse, plus obtuse, dans le type de Wätchellia crassicarinata que dans l’exemplaire de Mietesheim, et dans les stries d’accroissement du test, qui sont très nettes chez ce dernier et font entièrement défaut dans Wäfchellia. Ces stries sont exacte- ment parallèles au péristome, qui est fort bien conservé. Elles coïncident exactement avec celles del’Ammonites capillatus Denckm. et je n’hésite plus à donner ce nom à l’échantillon qui nous occupe, tous les autres caractères concordant fort bien. L’espèce de Denck- mann provient de la zone inférieure du Lias supérieur du Hanovre, il en résulterait donc que la détermination du niveau de l’exem- plaire de Mietesheim est inexacte. J’ai cru néanmoins devoir figu- rer ce dernier, afin de montrer à quel point pouvait aller la con- vergence entre les Harpocératidés et les Amalthéidés du genre Witchellia. Du reste Ammonites capillatus est une espèce tout à fait isolée, que l’on ne peut rapporter qu'avec doute au genre Har- poceras. HARPOCERAS Afl. AALENSE Ziet. Pl'IX f2242/a;th} ? 4886. Harpoceras aalense Vac. Ool. Cap. S. Vigilio, p. 20, pl. VIT, fig. 11. ? 1886. Ammoniles Murchisonae intralaevis Quenst. Amm.. pl. 59, fig. 10, 11. 1891. Harpoceras n. sp. aff. aalense Ziet. Haug, Chaînes subalpines, p. 65. J’ai fait figurer, à cause du grand intérêt stratigraphique qu’il présente, l'échantillon de la zone à Harp. concatum du ravin de la Pierre, près Digne, dont j’ai fait mention dans mon mémoire sur les chaînes subalpines entre Gap et Digne. La forme est très voisine de Harp. äalense Ziet., de la zone à Harp. opalinum ; elle s’en distingue par ses côtes fasciculées plus fortement coudées et par un méplat sur le bord de l’ombilic. Ces caractères sont toutefois tellement subtils qu’ils ne me paraissent pas suffisants pour établir, dès à présent, une nouvelle espèce. Le groupe du Harp. aalense s'élève donc d’une manière certaine jusque dans la zone supérieure du Bajocien inférieur (Aalénien), maisil paraît s’arrêter à ceniveau, pour faire place à des Ammonites presque identiques par leur forme extérieure, mais provenant d’une souche complètement différente. La comparaison des fig. 12 et 5 { Wätchellia complanata) de la pl. X 332 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 10 Mars permet de se rendre compte du degré que peut atteindre la conver- gence entre les genres Harpoceras et Wüitchellia. Des formes analogues à celle que j'ai fait figurer se rencontrent dans l’Aalénien du cap San Vigilio et dans la zone à Harp. Murchi- sonæ de Souabe. EXPLICATION DES PLANCHES. Tous les échantillons sont représentés de grandeur naturelle. PI-VAT: Fig. 18, 4b, — Sonninia cf. corrugata (Sow.). Moule ferrugineux. Zone à Wul- chellia Romani, Beaumont, près Digne. Coll, G. Sayn. Fig. 24, 2b, — Sonninia ci. corrugata (Sow.). Moule ferrugineux. Zone à Walt- chellia Romani, Beaumont, près Digne, Coll. G. Sayn. Fig. 34, 3b, 3. — Sonninia furtlicarinata (Quenst.). Moule pyriteux. Zone à Wilchellia Romani. Pfullingen, Wurtemberg. Coll. Université de Strasbourg. Fig. 48, 4b, — Sonninia furticarinata (Quenst.). Moule pyriteux. Zone à Wit- chellia Romani. Stuhlsteige, Randen. Coll. Univers. Strasb. Fig. 5%, 5b, — Sonninia pinguis (Rcem.). Moule pyriteux(?). Zone à Witchellia Romani. Mainholzen, Brunswick. Coll. Ecole Nationale des Mines. Fig. 68, 6b, — Sonninia [Pœcilomorphus] Schlumbergeri n. sp. Zone à Sphæro- ceras Sauzei. Forêt de Haye, près Nancy. Coll. Schlumberger, Sorbonne. PIFAIXE Fig. 1, 1p, 28, 2b, 3. — Sonninia sulcala (Buckm.). Moules internes calcaires. Zone à Sphæroceras Sauxei, Bayeux. Coll. Ec. des Mines. Fig. 44, 4b, — Sonninia Buckmani n. sp. Moule interne calcaire avec test partiel- lement conservé. Zone à Sphæroceras Sauzei. Forèt de Haye, près Nancy. Coll. Schlumb. Sorb. Fig. 5a, 5b. — Sonninia deltafalcata (Quenst.). Var. Moule interne calcaire de la partie cloisonnée avec test partiellement conservé. Zone à Witchellia Romani. Pful- lingen, Wurtemberg. Coll. Univers. Strasb. Fig. 6°, 6b, 7. — Watchellia punctatissima n. sp. Moules internes calcaires avec test partiellement conservé. Zone à Witchellia Romani. Piullingen, Wurtemberg. Fig. 8a, 8b, 9ù, 9b, —_ Sonninia deltafalcata (Quenst.). Moules internes calcaires avec test partiellement conservé. Zone à Witchellia Romani. 8, Neuften, 9, Eningen, Wurtemberg. Coll. Univers. Strasb. PIX Fig. 1. — Sonninia alsatica Haug. Moule interne calcaire. Zone à Wiütchellia Romani Mietesheim, Alsace. Coll. Carte géol. Alsace-Lorraine, Strasbourg. Fig. 2a,2b, — Soninnia deltafalcata (Quenst.). Moule interne calcaire. Zone à Witchellia Romani. Pfullingen, Wurtemberg. Coll. Univers. Strasb. Fig. 3. — Witchellia n. sp. indét. Moule ferrugineux. Zone à Wilchellia Romani. Beaumont, près Digne. Coll. G. Sayn. Fig, 44, 4b, — Witchellia complanata Buckm. Moule ferrugineux. Zone à Cosmoceras subfurcatum. Mairaigues, près Digne. Coll. Sorbonne. Fig. 5a, 5b, — Witchellia complanata Buckm. Moule calcaire, test partiellement 1893 E. HAUG. — GENRE WITCHELLIA 3933 conservé. Zone à Witchellia Romañi. Piullingen, Wurtemberg. Coll. Univers. Strasb. f Fig. Ga, Gb, 6°. — Witchellia liostraca Buckm. Moule ferrugineux. Zone à Wil- chellia Romani. Beaumont, près Digne. Coll. G. Sayn. Fig. 7a, 7b, 7, — Witchellia regrediens n. sp. Moule calcaire. Oolithe ferrugi- neuse. Saint-Vigor, près Bayeux. Coll. Ec. des Mines. Fig. 8a, 8b, 8. — Witchellia Edouardiana (d'Orb.). Moule calcaire. Oolithe ferrugineuse. Saint-Vigor, près Bayeux. Coll. Ec. des Mines. Fig. 9. — Sonninia sulcata (Buckm.). V. pl. IX, fig. 1-5. Fig. 10, — Wäitchellia crassicarinala n. sp. Echantillon calcaire avec le test. Oolithe ferrugineuse. Bayeux. Coll. Ec. des Mines. Fig. 11. — Harpoceras capillatum Denckm. Surmoulage calcaire. Lias supérieur. Mietesheim. Coll. Carte géol. Als.-Lorr. Strasb. Fig. 12. — Harpoceras cf. aalense (Ziet.). Moule ferrugineux. Zone à //arpoceras concavum. Ravin de la Pierre, près Digne. Coll. G. Sayn. Sur la pl. X le nom de Dorsetensia est à remplacer par celui de Witchellia. 394 10 Mars SUR LA GÉOLOGIE DU CHABLAIS, par M. Maurice LUGEON (1). La géologie de la contrée comprise entre la partie moyenne de la vallée du Giffre (Haute-Savoie) et la vallée de la Dranse de Morzine, jusqu’à la frontière franco-suisse, a été étudiée primitivement par A. Favre et dernièrement par M. A. Jaccard. Toute cette région fait partie de la première zone du versant nord des Alpes, la zone du Chablais. Les terrains qui la composent sont compris entre les roches cristallines anciennes et le Flysch éocène. Les roches cristallines affleurent dans sept pointements. Elles constituent des klippes perçant la nappe de Flysch du plateau des Gêts. Nous en avons personnellement découvert une nouvelle, formée de serpentine, près des châlets du Tourne. Ces pointements et leurs roches ont été récemment étudiés par M. Michel Lévy. Le Houiller supérieur se rencontre à Taninges. Le Trias, très abondant, forme plusieurs anticlinaux plus ou moins faillés depuis le col de Pavon à Matringes. Il affleure en une longue bande ininterrompue partant de Taninges par Verchaix, le col de la Golèze, le col de Cou (Val d’Illier). Tous les calcaires dolomitiques de cette région appartiennent au Trias sans exception; aucun d’entre eux n’est éocène ou jurassique, même ceux de la pointe d’Orchez. Le Lias, outre son faciès habituel, est représenté par des cal- caires, des schistes et des brèches dans la région avoisinant le plateau des Gêts et les Hauts-Forts. Le Jurassique, dans la région extérieure, est analogue aux faciès habituels préalpins. Il est surtout représenté par la célèbre brèche du Chablais, classée par Favre dans le Lias, par Studer et M. H. Schardt dans l'Éocène, par MM. Renevier et Jaccard dans le Juras- sique; conformément aux idées toujours soutenues par notre maî- tre, M. Renevier, la brèche est régulièrement comprise entre le Lias et le Flysch. (1) Note présentée dans la séance du 7 novembre 1892. — M. Maurice Lugeon, assistant à l’Université de Lausanne (Suisse), n'étant pas membre de la Société, cette note a été insérée conformément à une décision du Conseil en date du 24 novem- bre 1892. 1893 M. LUGEON. — SUR LA GÉOLOGIE DU CHABLAIS 399 Nous avons pu arriver à la distinction de trois niveaux dans cette brèche du Chablais. Un niveau inférieur représenté par une brèche à gros éléments, alternant avec des bancs de calcaire cristallin gris ou noir, très rares dans la partie supérieure. Un niveau de schistes siliceux, ferrugineux, rouges et verts, avec bancs et brèches intercalés, et de schistes gris exploités pour ardoi- ses (Morzine, Montriond). Un niveau supérieur constitué par des brèches à éléments plus ténus et avec bancs de calcaires gris ou noirs rarement cristallins. Ces bancs calcaires sont particulièrement abondants dans la partie supérieure. Ces trois niveaux représentent probablement le Dogger, l’Oxior- dien et la partie inférieure du Malm. Le Crétacique est représenté par le Néocomien et les calcaires sénoniens (Sewer-Kalk) bréchiformes sur quelques points. Le Flysch termine la série stratigraphique et paraît transgressif. Il contient aussi des brèches, comme celle de Châtillon. Ce qui frappe le plus dans l’examen de la carte géologique de cette région, c’est la torsion des chaînes. Elles décrivent toutes un arc de cercle autour d’un point placé dans le plateau des Gêts, où affleurent les roches anciennes. De plus une ligne tectonique remarquable sépare brutalement les faciès préalpins des faciès alpins de la deuxième zone alpine. Cette ligne de dislocation passe par le col de Cou (Val d’Illiez), le col de la Golèze, arrive un peu à l’ouest de Samoens, traverse la vallée du Gifire, passe entre Chà- tillon et St-Sigismond et rejoint la vallée de l’Arve, séparant le Môle de la chaîne du Bargy. À quelle cause doit-on attribuer cette torsion et le contact brutal des Préalpes avec les Hautes Alpes calcaires, et de même, quelle est la cause de la formation de la brèche? Nous avons pu, au fur et à mesure de nos recherches, discuter ces faits avec M. Michel Lévy, séjournant dans le pays. C’est en nous aidant de ses conseils que nous sommes arrivés à une conception des accidents de cette région tourmentée. Nous arrivons aux hypothèses suivantes : Les sept pointements cristallins du plateau des Gêts indiquent, dans la profondeur, l'existence d’une chaîne ancienne, comme l’ont démontré MM. Michel Lévy et Rittener. Ce massif, couvert d’un grand revêtement triasique, a dû se soulever depuis l’époque du Lias, et par l’écroulement de ses falaises, constituer l’immense 330 M. LUGEON. — SUR LA GÉOLOGIE DU CHABLAIS 10 Mars épaisseur de brèches jurassique et liasique. La formation la plus ancienne de la brèche doit donc se retrouver le plus près possible des pointements cristallins. Or, c’est ici le cas, la brèche y apparaît dans le Lias. Cette émersion cessa au Crétacique et, à l’époque du Flysch, l'immersion commença; l'érosion fut puissante et atteignit les affleurements de la roche ancienne. C'est peut-être à la présence de cette chaîne ancienne qu’est due la différenciation des faciès du Crétacique préalpin et alpin. Lorsque arriva la poussée alpine de la fin de l’Éocène, la chaîne ancienne résista, dans la partie des Gêts, et le massif, dans son mou- vement d’ensemble,força les chaînons de la partie S. O0. des Préalpes à subir une torsion; de leur direction primitive N. E.-S. O., il les moula dans une direction N.-S., puis N. O.-S. E., jusqu’à la pointe d’Orchez. Cette poussée occasionna plusieurs plis-failles d’une grande intensité, entre autres celui de Matringes. Mais la chaîne ancienne fit plus. Elle résista au mouvement alpin en forçant les Préalpes de la région par nous étudiée, & se déverser en plis-failles sur les Hautes Alpes. Au col de Cou (Val d'Illiez) on trouve, pincé entre les quartzites du Lias et le Flysch, un lambeau de calcaire dolomitique ferrifère; au col de la Golèze, sous le Lias normal, se trouve du Crétacique supérieur reposant lui-même sur le Flysch. Ces quelques constatations nous semblent confirmer l’idée d’un pli-faille déversé contre les Hautes Alpes calcaires et sur elles sur plusieurs kilomètres de longueur. Presque partout le contact se fait entre le Lias et le Flysch. C’est le cas général de tous les plis très accentués des Préalpes, comme l’a justement fait remarquer M. Schardt. Le pli-faille est presque constamment en regard avec le pli du Bostan. M. Schardt ne pense pas que les pointements cristallins des Gêts aient une racine dans la profondeur. Pour cet éminent géologue, ces pointements seraient des fragments de roches arrachés dans la profondeur et transportés à la surface avec les plis du Flysch. Cette manière de voir peut être juste; nous serions portés à l’accepter, mais ce transport, s’il a existé, n’a pas dû être bien étendu et l’existence d’une ancienne chaîne reste quand même un fait extrè- mement probable. Nos différentes opinions ne manqueront pas d’être très discutées. Cette courte notice n’ayant été écrite que pour prendre date, un travail paraîtra ultérieurement avec plus de détails et d’explica- tions, 391 NOTES SUR LA GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE BAYONNE par M. CH. GORCEIX. (1) PIEXT Le présent travail sur les environs immédiats de Bayonne est loin de donner la géologie définitive de cette région ; commencé il y a plus de quatre ans et poursuivi presque journellement jusqu’à l’année dernière, il n’est pas terminé. Ne prévoyant pas le moment où je pourrai l’achever, Je crois pouvoir donner dès maintenant un résumé des faits déjà acquis, sans, cependant, tirer des conclusions qui exigeraient la connaissance exacte d’une région plus étendue que celle que j’ai pu étudier jusqu'ici. Comme j'avais constaté, dans les différentes cartes géologiques publiées sur la région, des erreurs notables, je me suis astreint à ne consigner que le résultat de mes propres observations en ce qui concerne la direction des couches et les limites des terrains, laissant en pointillé celles qui ne sont pas encore exactement déterminées. Quant à la classification des terrains, elle est faite surtout d’après la stratigraphie, que je crois être arrivé à débrouiller à peu près dans cette région, sans l'introduction de failles nombreuses et sur- tout sans idées préconçues sur l’âge de certaines couches, comme les marnes gypseuses et salifères, par exemple. (A). Alluvions modernes comprenant : 19° Les dunes qui sont surtout développées au nord de l’Adour en une longue bande parallèle à la côte, et qui recouvrent à peu près exactement tout le pays qui a été successivement parcouru par l'embouchure de l’Adour à différentes époques ; leur limite sud est à peu près une droite joignant l’extrémité des falaises de la Cham- bre-d’Amour, à 1 kilomètre au nord du phare St-Martin, au coude de l’Adour à Blanc-Pignon. On les rencontre encore au sud dans les différentes échancrures de la côte à Biarritz, Chabiaque-Mouli- gna, Ilbarritz où elles ont une importance assez considérable, et à l'embouchure de l’Ouhabia. 20 Les alluvions des fonds des vallées qui pénètrent assez loin à l’intérieur du pays et doivent présenter une grande épaisséur à (1) Communication faite dans la Séance du 7 Novembre 1892. Manuscrit parvenu au Secrétariat le 148 Octobre 1892. XX 22 LS 338 CH. GORCEIX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE BAYONNE 10 Avril certains endroits; ainsi, dans l’Adour, à Bayonne. la construction du pont du chemin de fer a permis de les reconnaitre à plus de 20" au-dessous du niveau de la mer. Cette grande épaisseur ne doit cependant pas appartenir, entièrement du moins, à l'ère moderne, car elle accuse un affaissement du sol qui a fait remonter le niveau de base d'une quantité correspondante. Néanmoins, tous les fonds des vallées de la région qui sont parfois fort larges et presque hori- zontaux sont recouverts d’alluvions modernes; avant les travaux d’endiguement des cours d’eau, ces vallées étaient inondées très souvent et ont dù l’être davantage pendant toute la période où l’'Adour se jetait au Vieux-Boucau, allongeant ainsi son cours de plus de 50 kilomètres. (B). Alluvions post-éocènes.— J'ai dû comprendre sous cette déno- minpation générale toutes les alluvions qui se sont déposées entre la fin de la période nummaulitique et l’ère moderne, faute de pouvoir assigner à chacune d’elles un àge bien certain et une limite bien nette. C’est une étude à faire complètement; car, si on peut en bloc différencier certaines grandes périodes, il est difficile dans chaque cas particulier, en présence de nombreux remaniements, de savoir exactement en face de quel dépôt on se trouve. (C). Nummaulitique. — Ce terrain, dont la falaise de Biarritz montre une coupe très nette, disparaît à peu près complètement sous les alluvions jusqu'aux vallées de la Nive et de l’Adour, en amont de Bayonne. Dans le sud du département des Landes on en rencontre de nombreux affleurements. _ J'aurais voulu, et c’est surtout à cela que je m'étais attaché, étudier complètement les différentes couches de ce terrain ; le temps m'a manqué pour l’achever; je crois, cependant, qu’il devrait se diviser en deux étages : L’étage supérieur comprendrait toutes les couches de la ville et du phare de Biarritz; il aurait été déposé après les grands mouve- ments, suivis de fortes érosions, qui ont accompagné l’émergence de l’ophite; les plissements qu’on rencontre dans cet étage sont relati- vement faibles et en discordance complète avec l’étage inférieur. Il semblerait donc devoir entrer dans l’Oligocène plutôt que dans l’Eocène. L'étage inférieur comprenant le reste du Nummulitique présen- terait trois grandes divisions ; une première, marneuse, Correspon- drait.à la côte des Basques ; une seconde, à bancs alternatifs mar- neux et calcaires, serait représentée par la partie sud de la falaise de Chabiague à Handia ; quant à la troisième, à bancs calcaires et gré- 1893 cH. GORCEIX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE BAYONNE 399 seux, on ne la rencontrerait dans la région qui nous occupe qu’au nord de Béhéréharta {vallée de la Nive). J'ai évité de les désigner par des noms d'espèces de nummulites, l'étude de ces foraminifères n'étant pas suffisamment avancée pour permettre de désigner les espèces caractéristiques d’une façon certaine. Dans la carte, je n'ai même maintenu que trois divisions: N3 cor- respondant à l’étage supérieur, N2 et N1 pour les divisions de la falaise sud de Biarritz, laissant ainsi de côté et dans le vague les couches les plus basses signalées au nord de Béhéréharta, qui, jus- qu'à présent, n’ont pu être classées que d'après de forts mauvais échantillons d’une nummulite qui, à ma connaissance, n’a été décrite nulle part. 4° N3 — Cet étage montre sur la falaise un synclinal dont l’axe est exactement au-dessous du phare St-Martin ; on le retrouve au fond de l’Adour, près de son-embouchure et au Boucau à différents points de la berge de l’Adour, et au fond de petites vallées adja- : centes ; il disparaît sous la citadelle où plusieurs sondages poussés jusqu’au niveau de l’Adour sont restés dans le sable des Landes. Il réapparaît à 2 kil. 5 en amont de Bayonne pour former la berge nord de l’Adour jusqu’au château Saubis où les étages N2 et Ni lui font suite mais en discordance. C’est un peu après le passage à ces cou- ches inférieures que se trouve un pointement de calcaire rosé danien qui, jusqu’à présent, n’a été signalé par personne et sur lequel nous reviendrons. Sur la rive gauche de l’Adour on retrouve cet étage, dans le quartier de Mousseroles, avec une inclinaison vers le N. N. E. Ce serait le flanc sud du synelinal signalé au phare de St-Martin. 20 No et N1. — Toute la côte, depuis la pointe de Biarritz jusqu’à Handia, correspond à ces couches qui paraissent au sud ne pas dépasser la voie ferrée d’Espagne; toute la dépression jalonnée par les lacs et les marais que longe la ligne est creusée dans cet étage où les affouillements sont faciles. Comme le précédent, à part quel- ques affleurements vers le tunnel de la Négresse, il disparaît sous les alluvions jusqu’à la Nive, où il reparaît entre le château Wey- mann et Marrac avec un plongement vers le N.-N.-E. Sur la rive droite de la Nive, cet étage occupe une assez grande étendue et pré- sente des plissements très énergiques qui arrivent Jusqu'au renver- sement et qu’explique le voisinage de l’ophite. Le terrain crétacé lui fait suite et ce n’est qu'après Lahonce que le Nummulitique appa- raît à nouveau sur les deux rives de l’Adour, où on les rencontre longtemps avec une interruption entre Urt et Guiche. 340 cH. GORCEIX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE BAYONNE 10 Avril (D). Danien. — J'ai compris dans cet étage les mêmes couches que M. Seunes, en maintenant comme lui la division en deux assises, bien qu’en certains points la différence soit difficile à éta- blir. Ce sont des calcaires très marneux avec des lits de marnes de couleurs variables pour la partie inférieure, et un calcaire plus com- pact à cassure conchoïde généralement coloré en rose pour la partie supérieure. Le Danien forme en grande partie la falaise de Bidart; il apparaît à Castel-Biarritz, un peu au sud d’Handia, forme dans la falaise un synclinal, refermé sur lui-même après un étirement qui fait dispa- raitre presque complètement l'assise inférieure, puis un anticlinal et enfin un synclinal sous les fours à chaux. Fig. 1. (ee) Fours à chaux + S7fa édelerm e & Castel Biarritz = Ouhabra MNveau 2 "2 N 0 Hana ( . { = —= —— 4 \ 4 V=— Coupe ne 3 de la planche XI, — Coupe de Ia falaise de Bidart. Mème légende que pour la carte (PI. XI). Dans la coupe de la falaise de Bidart (coupe n° 3) que nous avons faite avec soin sur une carte à grande échelle, le plissement indiqué ci-dessus est représenté; comme on le voit, le Danien y apparaît sans faille au-dessus du calcaire à silex. En mesurant avec soin les directions des couches, on reconnaît que leurs variations se pro- duisent dans l’intérieur d’un même étage et que les étages différents sont en concordance parfaite; des mesures éloignées, jointes à la nécessité de faire apparaître le Trias, ont pu jusqu'ici faire croire le contraire. On rencontre de nouveau le Danien, au-dessous du Num- mulitique, au fond d’un synelinal qui suit à peu près la route d’Oloron après St-Pierre d’Irube. Ce synelinal est très net et partout on voit le Danien en concordance au-dessus du calcaire à silex. Le flanc sud de ce synclinal, caché en partie sous le Nummuli- tique, reparaît au nord du Château de Larralde, au-dessus d’un anti- clinal de calcaire à silex. On le retrouve aussi sur le flanc N.-E de la voute de Mouguerre en concordance parfaite, puis en divers points de la berge sud de l’Adour et, comme je l’ai dit plus haut, en un point de la berge nord. L'étude à cet endroit n’est pas assez com- plète pour me permettre de rattacher ensemble ces difiérents lambeaux. pl db ET TS ES SL ST LES 514. 1e 1893 cH. GORCEIX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE BAYONNE o41 x (E). Sénonien et Turonien. — Je rattache à ces étages, qui ne paraissent pas distincts, le calcaire compact ou plus ou moins mar- neux à bandes de silex des environs de Bayonne. M. Seunes la placé dans le Cénomanien; mais comme la trace des couches figu- rées sur sa Carte ne coïncide pas du tout avec le résultat de mes observations, et que partout j'ai trouvé ces calcaires en concor- dance et au-dessous du Danien, je suis obligé de les mettre dans le Sénonien-Turonien. M. Stuart-Menteath, en partant du sud, les avait aussi placés dans le Sénonien ou le Turonien ; mais, se basant sur des observations faites dans larégion du cap Figuier, il les croyait supérieurs aux couches que M. Seunes et moi placons dans le Danien. Il se pourrait fort bien qu'il y ait au cap Figuier un de ces renversements fréquents dans les Pyrénées et sur lesquels MM. Schrader et de Margerie viennent d'attirer l’attention, ou une confusion dans l’assimilation de son Flysch de Bidart et du Danien:; je lui ai signalé le fait et probablement une étude plus approfondie arrivera à nous mettre d'accord. Sur la falaise de Bidart, le Sénonien apparaît en deux endroits ; le plissement indiqué dans la coupe n° 3 montre comment il a pu Fig. 2. LI à = D n E ël = & al Le = _£: ge E ES pe ee & È Plateau de s 7 F StPirre d'Irrube LES Te Coupe n° 2. — Coupe parallèle à la côte passant par Sainte-Barbe. reparaître en apparence au-dessus du Danien vers Castel-Biarritz. La voûte renversée à l’extrémité nord est très visible, j'ai pu la photographier; quant aux couches horizontales qui suivent, je les considère comme le sommet de la voûte qui aurait glissé, ainsi que l’aspect topographique me l’a prouvé. La direction de ces couches, qui varie du N.0.-S.E. à E.-0. quand on va du nord au sud, devient, aprèsl’Ouhabia,E.N.E-0.S.0, à peu près parallèle à la côte et à la limite N. du massif granitique du Labourd ou à celui du Guipuzcoa. Surlarive droite dela Nivenousavons vu qu’ilformaitsous Château- Larralde un anticlinal pincé par son extrémité ouest entre deux épan- chements ophitiques; le plissement est très énergique à cet endroit; 342 CH. GORCEIX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE BAYONNE 10 Avril il forme ensuite un grand synclinal au-dessous du Danien, après avoir été sur une certaine longueur en contact par faille avec le Nummulitique; sous Mouguerre, il forme une vaste voûte et dispa- raîit sous le Danien presque au bas du versant S.-0. du ruisseau d'Eyheraberry. Cette voûte a été percée par l'érosion sous Belsus- sary el laisse voir une partie du terrain sous-jacent. La limite Est de ce terrain est à 4 kilomètres environ avant Bris- cous et reparaît à 1 kil. 5 environ avant ce village. Fig. 3. > 3 ; : Ë = a 8 È En E £ £ al > La À " Ke! el £ £&- R& 1 R Coupe n° 1. — Coupe N.-S. à l’ouest'de Mouguerre. (F). Cénomanien. — J'ai enlevé à cet étage tel qu'il avait été défini par M. Seunes les calcaires et marnes à silex qui se rencon- trent, dans la région qui nous occupe, toujours au-dessus de la for- mation schisteuse et argilo-gréseuse très mouvementée qui forme le sous-sol de la partie aride et recouverte surtout d’ajoncs et d’ar- bres rabougris désignée sous le nom de Landes dans les Basses- Pyrénées, landes qui forment une bande de 10 kilomètres environ de largeur au sud de Bayonne entre la mer et la Bidouze. Les cartes publiées jusqu’à ce jour indiquent ces landes comme recouvertes à leur sommet par des alluvions ; je crois que c’est une grosse erreur; c’est en vain que je les ai cherchées et fait chercher; ces régions présentent peu d’attraits aux géologues qui ont dû jusqu'à présent copier les uns sur les autres sans vérification. La culture se serait certainement emparée de ces alluvions qui sont très fertiles, si elles avaient existé. Je serais très reconnaissant à ceux qui pourraient en avoir vu dans les landes d’Hasparren, par exemple, de me les signaler dans la carte au 1/80,000e, (G). Gault. — Le Gault ne paraît être représenté dans la région qui nous occupe que par des lambeaux très peu étendus; l’un constitue la partie supérieure de la colline Ste-Barbe à Ustaritz; l'autre, en partie recouvert par les alluvions, se trouve de partet d'autre du chemin de Bayonne à Arcangues et dans l’angle que forme la route d’Ustaritz. (H). Urgo-Aptien.— Au-dessous des lambeaux ci-dessous et con- 4893 CH. GORCEIX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE BAYONNE 313 firmant l’hypothèse qui les attribue au Gault, on trouve deux affleu- rements déjà signalés et dont les fossiles assez nombreux ne lais- sent aucun doute sur leur âge. L’Urgo-Aptien est l'étage le plus ancien que j'ai rencontré dans la région considérée. D’après M. Seunes, on le retrouverait en ban- des minces au nord du Jurassique qui borde le pied de la chaine. Comme on le voit par l’examen de la carte (PI. XI) et des coupes ci-jointes, tous les terrains sédimentaires, saufle Turonien, qui ne se sépare pas nettement du Sénonien, depuis l’Urgo-Aptien jusqu’à l’Oli- gocène, se retrouvent dans la plaine sous-pyrénéenne des environs de Bayonne, et généralement dansleur ordre normal. Les plissements y sont nombreux, mais les failles proprement dites sont rares ; le travail n’est pas assez avancé pour permettre de les représenter. Il ne me reste plus qu’à examiner l’ophite et les marnes gypsifères et salifères pour avoir passé en revue tous les terrains des environs de Bayonne. L’ophite, dont je n’ai pas pu relever tous les pointements aussi nombreux que peu étendus, dans les bois de St-Pée, paraît cepen- dant présenter une région de groupement comprenant une bande de 6 à 7 kilomètres parallèle à la limite N. du massif granitique de Labourd et s'étendant d’Ascain à Ste-Marie avec un soulèvement plus ou moins grand et probablement des solutions de continuité. Il semble donc que la matière éruptive ait profité d’un plissement dépendant du massif granitique pour se faire jour et ait greffé sur ce plissement principal des plissements locaux et nombreux. Au pied de la falaise de Bidart, un peu au N.-0. de la chapelle Ste-Magdeleine, M. Stuart-Menteath a signalé depuis longtemps des blocs d’ophite qui, selon lui, auraient été apportés Ià par la mer. Ces blocs, au nombre d'une dizaine, ont jusqu’à 0"70 de long et se trouvent au milieu des éboulis daniens; à cet endroit, la mer ne rejette que des galets très petits, de sorte que cette circonstance, jointe à la situation de ces blocs, rend difficile cette explication. J'avoue que mes recherches dans la falaise n’ont pu m'en faire découvrir en place et que je ne puis présenter aucune autre expli- cation, bien que celle-ci me paraisse douteuse. En ce qui concerne les marnes gypseuses et salifères de cette région, je ne puis les considérer comme triasiques ; nulle part la stratification ne l’indique et l’absence complète de fossiles ne peut donner aucun renseignement. On les voit, au contraire, toujours en contact avec le Sénonien, généralement au-dessus et d'autant plus accusées que la masse ophitique voisine est plus considérable ; 24h CH. GORCEIX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE BAYONNE MAOAvril et sans admettre complètement la manière de voir à ce sujet de MM. de Freycinet et Crouzet qui en faisaient un étage salifère du Cré- tacé, je pense, comme M. Stuart-Menteath, qu’il y a là une trans- formation chimique locale que la pression et la température élevée dues à l’éruption ophitique ont pu activer. Je me hâte d'ajouter que ce travail est encore trop incomplet et trop restreint pour qu'on puisse en tirer des conclusions aussi importantes ; mais il peut montrer, en le comparant aux travaux antérieurs, que la simplicité est plus grande qu’on ne Pavait cru tout d’abord et que là plus qu'ailleurs, il faut suivre avec soin les couches et ne pas joindre les affleurements au hasard, en faisant passer la théorie avant les faits d'observation. 1893 . 945 SUR L'AGE DU GRANITE DES PYRÉNÉES OCCIDENTALES par M. STUART-MENTEATH (1). Dans une note récente (2) j'ai soutenu, contre les observations de M. J. Seunes, que le soubassement des collines au nord de Sare est Jurassique, comme je l'avais représenté dans ma carte géologique de 1891 (3) et non pas Précambrien, comme il est représenté par M. Seunes (4). Dans ma carte récente (5) j’ai cependant représenté la partie orientale de la prolongation de cette même bande comme Crétacé inférieur, car, bien qu’elle contienne des pointements incon- testables de Jurassique, je n’avais pas terminé à ma satisfaction la délimitation du Crétacé inférieur superposé. Ce qui est absolument certain, c’est que toute la bande représentée par M. Seunes comme Précambrien, sur une longueur de quinze kilomètres, est ou Juras- sique ou Crétacé inférieur, et en grande partie certainement Juras- sique. Puisqu'il ne s’agit de rien moins que de l’âge du granite des Pyrénées Occidentales, je donnerai en peu de mots mes raisons. La coupe ci-jointe suit la même ligne que la coupe fig. 5 de la thèse de M. Seunes (6). Sare à Chäteau aa Flysch du Crétacé, bb Calcaire corallien du Crétacé. cec Conglomérat du Cénomanien. dd Schistes satinés. gee Calcaires du Lias. hh Gypse et cargneules. 00 Ophite. Lt Marnes et grès du Trias. (4) Communication faite dans la Séance du 7 Novembre 1892. Manuscrit parvenu au Secrétariat le 4 Novembre 1892. (2) Compte-Rendu sommaire S. G. F. du 7 mars 1892. GRBEESANGENE SUISÈL., TUNIS D 302" (4) Annales des Mines, VIII: série, tome XVIII. (O)ÉBAS ENG PRE NS EST ATX IX Up n017e : oc: YCit- PI IL, fig. 5. 346 STUART-MENTEATH. — AGE DU GRANITE DES PYRÉNÉES OCCIDENTALES On voit par cette coupe que les failles, ainsi que la disposition des terrains dans la coupe de M. Seunes, sont inadmissibles et en con- tradiction avec mes relevés de la région. Les collines entre Sare et St-Pé sont en réalité formées par un synclinal présentant le flysch du Crétacé supérieur au centre, et, des deux côtés, les conglomérats et calcaires à Orbitolina concava d’'Orb., reposant sur des schistes satinés qui recouvrent le Lias et le Trias. On sait que dans les Pyré- nées comme dans les Alpes, les schistes satinés abondent dans les . terrains secondaires et surtout dans le Jurassique. Les schistes satinés de la coupe ne sont pas plus souvent verticaux que les. marnes du flysch ; ils sont habituellement en concordance parfaite avec le Lias et le Cénomanien, mais les conglomérats de ce dernier accusent une discordance qui est accusée précisément de la mème manière lorsqu'ils reposent directement sur les calcaires crétacés ou sur les marnes fossilifères du Lias. Là où les conglomérats sont absents, on trouve le flysch passant insensiblement aux schistes satinés, les bandes de silex du flysch passant peu à peu à des filets de quartz par une série de stades intermédiaires. A gauche d’Amotz, on voit un pointement de calcaire corallien crétacé, englobé dans les schistes satinés. De pareils massifs se trouvent souvent ainsi englobés et prouvent que les schistes satinés comprennent des ter- rains crétacés aussi bien que des terrains jurassiques. En effet, ces schistes satinés, comme les marnes irisées ophitiques, et comme les marbres blancs à graphite, sont un effet de métamorphisme qui peut se développer à des niveaux différents et leurs limites ne correspondent pas en détail avec les limites des horizons paléonto- logiques. La seule manière de justifier une classification de ces schistes dans le Paléozoïque serait de classer les conglomérats cénoma- niens dans le Trias. M. Seunes, à qui j'avais dit que les conglomérats à l’ouest et à l’est d’Amotz sont cénomaniens, a reproché aux « géologues du pays » une confusion entre les deux conglomérats, mais sans amé- liorer la situation. A l’est d’Ainhoa, il a dessiné une large bande de Trias qui est presque entièrement du Cénomanien. Le Trias passe à l’est par Urdax, comme je l’ai dessiné pour la carte de MM. Carez et Vasseur ; et dans ma petite carte du 2 novembre 1891 on doit bifter, et faire rentrer dans le Crétacé, le petit massif isolé de Trias que j'ai figuré, par un oubli, à l’est d’Ainhoa. J'ai pu m’assurer que ces grès et conglomérats ne sont pas autre chose que le prolongement de ceux qui englobent le calcaire à Caprina adversa d’Orb. à STUART-MENTEATH.— AGE DU GRANITE DES PYRÉNÉES OCCIDENTALES 9341 En suivant la bande de schistes satinés vers l’est, on trouve au nord-ouest d’Ainhoa un filon de pegmatite de cinq à six mètres d'épaisseur courant de l’ouest à l’est en concordance avec les schis- tes, qu'il a profondément métamorphisés. C’est l’avant-coureur des cent mille filons de pegmatite qui ont produit le massif gneissique et granitique du Labourd, qui est un morceau de la plaine sous- pyrénéenne profondément métamorphisé, comme d’ailleurs Dufré- noy l’a parfaitement reconnu. Sur ce massif, j’ai montré à M. Seu- nes des fragments de Cénomanien, entre Cambo et Espelette. II a représenté, d’une façon que je ne puis admettre, la moitié du phé- nomène, sans faire allusion à la moitié la plus importante. Plu- sieurs de ces massifs présentent tous les stades de métamorphisme, depuis le calcaire cénomanien normal jusqu’au marbre blanc à cristaux de graphite; aucun ne présente la moindre preuve de superposition discordante sur le terrain métamorphisé; et tous sont en contact avec la pegmatite. Habituellement ils sont pénétrés par des filons de pegmatite, et j'ai même montré à M. Seunes un cas de pénétration net en petits filets par l’ophite qui est très fréquent sur les bords du massif granitique.Ge calcaire, pénétré par l’ophite, est, en plaque mince, semblable à tous les cas classiques de la pénétration des diabases dans les calcaires secondaires. Beaucoup plus loin à l’est, j'ai signalé entre Asson et Pouzac (1) des phénomènes semblables à ceux que Je viens de décrire. Et à l’ouest j'ai donné plusieurs coupes (2) montrant l'intercalation du calcaire cénomanien fossilifère dans le granite des Trois-Couronnes (ou Haya). Le Crétacé supérieur au sud de Sare se prolonge en forme de synclinal à travers tout le bassin de Véra et à travers le granite de la Haya, jusqu’auprès de St-Sébastien. Je l’avais constaté il y a plus de dix ans ; mais des déterminations fausses de fossiles m'ont fait attendre jusqu’à ce que j'ai eu trouvé des échantillons incontes- tables de Spherulites foliaceus Lamk. dans le calcaire de Vera. Le désir d'obtenir des déterminations paléontologiques absolument indépendantes de toute idée préconçue est excusable. Dans le but de perfectionner la science géologique, cette tentative m'a valu bien des déboires, même celui de me voir accusé de classer dans le Corallien jurassique des calcaires que J'avais toujours crus crétacés, que j'avais nettement décrits comme cénomaniens, mais que M. Hébert et M. Munier-Chalmas avaient déclaré jurassiques (3). (1) B.S.G: T., 3° série, t. XVI, p. 48. PRBNS NC UE: 3sérient XI p.031: (3) Sur l'étage corallien des Pyrénées, par M. Hébert, B. S. G. F,, 3° série, ex pe 170: 348 STUART-MENTEATH. — AGE DU GRANITE DES PYRÉNÉES OCCIDENTALES Le granite des Pyrénées Occidentales a fait son apparition avant, pendant, et après la déposition des conglomérats et calcaires céno- maniens, Car ces conglomérats, alternants avec les calcaires, con- tiennent de nombreux fragments du granite, et sont en même temps pénétrés par des pointements intrusifs de la même roche. Ils con- tiennent encore des blocs de porphyre quartzifère et d’ophite,et sont souvent pénétrés par des pointements et filons d’ophite. La venue de l’ophite et du granite a eu lieu en même temps, en grande partie, bien que l’ophite ait probablement continué plus tard. L’ophite n’est pas essentiellement associée au Trias. Dansles Pyrénées Occi- dentales, le flysch couvre habituellement l’ophite jusqu’au pied des montagnes. Là, avec l’affleurement du Trias, on commence à distinguer les ophites, et les failles qui suivent la bordure des vraies montagnes ont favorisé l'émission des roches ignées. Mais, lorsque le Trias occupe de grandes étendues, ces étendues ne sont pas plus fréquemment étoilées de pointements ophitiques que les roches paléozoïques. Dans le Carbonifère, le Dévonien et le Silurien, les filons d’ophite abondent, mais ils échappent facilement à l’observa- tion, vu la couleur des schistes, et la circonstance que ces ophites se présentent rarement en grandes masses mais habituellement en filons de un à cinq mètres d'épaisseur. Au microscope ils sont par- faitement caractéristiques, mais très souvent porphyritiques par cristaux d’albite ou d’orthose. Dans le Paléozoïque, comme dans le Crétacé, ils accompagnent les granulites, et se présentent d’ailleurs habituellement en groupes. Dans l’absence des granulites ils sont très constamment accompagnés de filons de quartz. Leur relation avec les gisements métallifères est fort douteuse. Je terminerai par deux exemples des résultats pratiques que la géologie peut fournir à la science des gisements métallifères auxquels j'espère fournir un jour quelques indices nouveaux comme fruit des travaux que je poursuis journellement. La préparation de la carte géologique au 200.000: et les relevés au 5.000e et au 10.000° néces- sités par de pareilles études dans des pays où tout est à faire, me laissent peu de temps pour des résumés anticipés, mais les deux exemples suivants pourront être utiles. 1° Les gisements principaux de fer carbonaté des Pyrénées Occi- dentales sont, par suite de ma constatation du métamorphisme du Cénomanien, identifiés en âge et en circonstances de gisement avec ceux de Bilbao, surtout en vue du rapport de mon savant confrère M. Habets, qui résume tous les travaux précédents sur Bilbao. Le granite coupe ces gisements, et il ne faut jamais calculer sur leur persistance en profondeur au delà de la surface du granite. M ee EEE STUART-MENTEATH. — AGE DU GRANITE DES PYRÉNÉES OCCIDENTALES 349 20 Le filon de plomb argentifère de San Narciso, le plus impor- tant du Guipuzcoa, est coupé, non seulement par le granite mais encore par un horizon calcaire qui semblait être le Dévonien au- dessous du Trias. Or, le calcaire dévonien est très favorable aux gisements métallifères, et le granite, dans plusieurs régions, même des Pyrénées, contient des filons de galène. En faisant une carte géologique au 20.000: du pays en question, j'ai pu m’assurer que le prétendu Trias n’est. pas autre chose que le grès cénomanien, que les schistes satinés qui encaissent le filon sont les schistes satinés crétacés et que le calcaire qui coupe le filon est crétacé. Ainsi le phénomène rentre dans l’ordre. La microgranulite post-cénoma- nienne coupe un filon formé antérieurement ou presque en même temps; le calcaire crétacé est défavorable à la continuité d’une fis- sure formée dans les schistes; et le tout a le caractère incertain des gisements métallifères du Crétacé. 350 QUELQUES OBSERVATIONS SUR LE CRÉTACÉ SUPÉRIEUR à DANS L'INTÉRIEUR DU BASSIN DE L’AQUITAINE, ET SES RELATIONS AVEC LES TERRAINS TERTIAIRES, par M. E. FALLOT. (1) Lorsque l’on examine une carte géologique du bassin de l’Aqui- taine, celle de MM. Carez et Vasseur par exemple, on remarque, au milieu des formations tertiaires et quaternaires qui en occupent le fond, une série d’affleurements appartenant au terrain crétacé. Ces affleurements sont disposés suivant des lignes à peu près paral- lèles entre elles et orientées de l'E. S. E,. à l’0. N. O., c’est-à-dire suivant une direction qui est sensiblement celle de la chaîne des Pyrénées (2). En les comptant du nord au sud, nous trouvons successivement les quatre lignes suivantes : 1° Celle de Villagrains-Landiras (Gironde); 2° Celle de Roquefort-Créon (Landes); 3° Celle de St-Sever (Landes); 4° Celle de Tercis-Benesse (Landes). Plus au sud, nous arrivons sur les formations crétacées du Béarn qui font partie de la chaîne pyrénéenne elle-même. Aujourd’hui mon intention est d'étudier particulièremont la pre- mière de ces lignes d’affleurements, de donner quelques aperçus sur la deuxième et de montrer quels rapprochements on peut établir, soit entre ces deux premières lignes, soitentre elles et les deux autres. Ï. — PREMIÈRE LIGNE. — VILLAGRAINS-LANDIRAS. Cette première ligne comprend les deux lambeaux crétacés de Villagrains et de Landiras, placés tous deux dans la partie sud-est du département de la Gironde. (A). Villagrains. — Le lambeau crétacé de Vilanine est connu (1) Ce travail a été présenté et: déposé à la Séance du 21 Novembre 1892. (2) M. Raulin avait déjà fait cette observation dans sa « Note sur quelques pro- tubérances crétacées de la partie occidentale de l'Aquitaine ». Actes Acad., Bor- deaux. 1862. E. FALLOT. — CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 991 depuis fort longtemps. Découvert en 1840 par M. Pigeon, ingénieur des Mines, il a été décrit tout d’abord dans une note annexée à un rapport de Des Moulins inséré dans les Actes de la Socièté Linnéenne de Bordeaux (1). Plusieurs échantillons « d’'Ananchytesovata » trouvés par cet observateur, ainsi que l'aspect minéralogique de la roche, l’avaient poussé à rapporter ces couches au terrain crétacé. Il y signalait aussi le Tragos pisiforme Goldf. et un osselet d’Asterias stratifera Ch. des Moulins. Pedroni (2) semble y avoir rencontré les mêmes fossiles; il y indique aussi des Térébratules, des Huîtres et le « Micraster bufo Ag. » (?) Plus tard Delbos (3) décrit la Craie de Villagrains dans laquelle il cite les mêmes fossiles que Pigeon, avec l’Inoceramus reqularis en plus, et il la considère comme un prolongement de la craie de la Chalosse ; il ajoute qu’elle est analogue à la craie grise à silex de la Saintonge et du Périgord. A la même époque, M. Raulin (4) y signale l’Ananchytes striata et An. Gravesi, et la compare à la craie blanche du bassin de Paris. Le même auteur revient sur le même sujet en 1862 (5) dans un travail fort important sur les protubérances crétacées de l’Aquitaine. Il note assez exactement la disposition et le plongement des couches et cite une série de fossiles qui se rapportent pour la plupart à des Échinides déterminés par M. Cotteau : Cyphosoma Delaunayi Cott., Salenia Heberti Cott., Echinoconus Raulini d'Orb., E. subeonicus d’Orb., E. minimus Cott., Ananchytes ovata Lam., Ananch. striata Lam., Ananch. conica Ag., Offaster pilula Desor, Hemiaster nasutulus Sorignet (6). Ajoutons à cela Spondylus striatus Defr., Ostrea vesi- cularis Lam., Terebratula carnea Sow., T. striatula Mant., Orbi- toides media d’Arch., et des Inoceramus. Bien que l’auteur ne se soit pas prononcé sur l’âge de ces couches, il était bien évident que l’on avait affaire à un niveau très élevé du terrain crétacé. En 1872, M. Linder (7) reproduit les parties importantes de la note de M. Raulin et ajoute que les couches supérieures de Peyot rappellent celles de Talmont et les assises les plus élevées de Miram- (1) Actes Soc. Lin. Bordeaux, t. XL, p. 464. (2) Actes Soc. Lin. Bordeaux, t. XIV, 1845. G) BYS° G.F.;2%sér., t IN;p: 713, 18/7. (4) Ibid., t. V, p. 121, 1848. (5) Actes Acad. Bordeaux, t. XXIV, p. 212, 1862. (6) M. Cotteau cite ces espèces dans son mémoire sur les Echinides des Pyrénées, in-8° 1863. (5) Actes Soc. Lin. Bordeaux, t. XXVIL p. 496. / 352 E. FALLOT. — CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L’AQUITAINE 10 Av. beau. Un peu plus tard il figurait l’affleurement sur la carte géolo- gique (feuille 191) et le désignait sous la rubrique C7, ce qui aurait indiqué le Sénonien et non le Danien, alors que lès fossiles caracté- ristiques cités se rapportaient plus particulièrement à ce dernier étage (Orb. media, par exemple). En 1886, j’eus l’occasion de visiter la localité de Villagrains avec la Société Linnéenne de Bordeaux et je rédigeai immédiatement un compte-rendu de cette excursion qui parut dans la séance du 7 avril de la même année (1). Dans cette note je signalai la présence, à la base des couches, de plusieurs espèces intéressantes telles que Inoceramus (cf. Cuvieri et Lamarcki), un gros Ananchytes (cf.striatus Goldf.), l'Echinoconus Raulini d'Orb., et enfin un Micraster que je déterminai comme Micraster corangquinum Ag. J’attribuai donc ces couches inférieures au Sénonien (Santonien supérieur, probable- ment) et j’ajoutai que les couches supérieures ne m’avaient fourni aucune espèce déterminable, mais que la présence d’espèces telles que l’Echinoconus gigas Cott. dans certaines collections (Faculté des Sciences de Bordeaux, Sorbonne) me portait à croire à l’existence d'assises plus élevées (Campanien ou Danien) auxquelles corres- pondraient les couches supérieures que je n’avais pu déterminer Ma note incomplètement reproduite dans le Bulletin de la Société géologique de France (séance du 7 juin 1886) avait pour but d'attirer l’attention sur les assises inférieures au sujet desquelles j'avais des documents personnels nouveaux que j'avais cru intéressant de publier de suite et elle laissait dans l’ombre l’âge des assises supérieures. M. Hébert (2) voulut bien me rappeler alors — ce que je n’ignorais pas, pour les avoir vus bien souvent dans les collections de la Sorbonne — qu’il avait rapporté de Villagrains des ÆEchinoconus gigas et quelques autres espèces (Salenia seutigera, Anänchytes ovata var. de Ciply) qui, pour lui, indiquaient la base du Danien. Depuis, je suis retourné plusieurs fois à Villagrains et j'ai pu à la longue compléter mes connaissances au sujet de cette localité intéressante et difficile à étudier faute d'affleurements; ce n’est que cette année que j'ai pu arriver, grâce à deux petites exploitations nouvelles, à vérifier de visu une succession que je soupçonnais déjà depuis longtemps, mais que la nature des lieux rend particulière- ment difficile à observer. En effet, le Gua-Mort, le long duquel les couches crétacées affleu- (1) Procès-verbaux, Soc. Lin. Bordeaux, 1886, p. XXXIII. (2) S. G. F., Compte-rendu sommaire du 21 juin 1886. # 1893 E. FALLOT.— CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 993 rent, coule au milieu d’une véritable forêt vierge, et de plus le sable des Landes vient à chaque instant recouvrir le sous-sol, de manière à ne laisser apercevoir que des lambeaux de roche insignifiants. Les couches les plus inférieures visibles se montrent dans les berges du ruisseau à environ 100-200 mètres en aval de l’emplace- ment qu'occupait autrefois le moulin dit de la Nère (1). C’est un cal- caire blanc et friable, un peu crayeux, et c’est là, au-dessous du lit du ruisseau, en soulevant quelques pierres, qu'a été trouvé, par M. Durègne, le Micraster sus-nommé. J'ai, depuis cette SIDE soumis l’échantillon à plusieurs leon tologistes éminents el j'ai recueilli sur lui autant d'avis différents. L'un l’a déterminé sans hésitation Micraster cor anquinum, l’autre l’a rapproché — sans être catégorique du reste — du W. Heberti de Lacv.; enfin un troisième a exprimé l’idée que ce pourrait être une forme jeune du Wicraster aturicus Héb. de Tercis (2). Ce qui me con- firmerait dans cette dernière opinion c’est la présence à ce niveau, à quelques centimètres au-dessus du point d’où provenait le Micras- ter (3), d’un gros Ananchyte que j'avais d’abord rapproché de l’Echi- nocorys striatus Goldf. et que J’assimile aujourd’hui sans hésitation à une forme un peu petite de l’Echinocorys Heberti Seunes. Or, on sait que cette espèce caractérise, comme le Wicraster aturicus, un niveau très élevé du Sénonien de Tercis (calcaire de la grande carrière de Hontarède).Les couches les plus inférieures de Villagrains appartien- draient donc bien au Sénonien supérieur ou Campanien. C’est là aussi que nous avons recueilli, MM. Benoist, Degrange-Touzin et moi, plu- sieurs Echinoconus Raulini d'Orb., espèce spéciale à Villagrains. Peut-être monte-t-elle un peu plus haut que ce niveau inférieur. C’est également en ce point, dans la paroi de la berge du ruisseau (rive gauche), que j'ai recueilli des Inocérames en débris (voir plus haut), le Spondylus lineatus Goldf., une Térébratule (T. carnea Sow.), un Offaster (0. cf. pilula Desor) et une baguette de Cidaris. (1) La carte du département au COUT indique ce point sous le nom de la Peyrotte ; il existe là un pont de bois sur le ruisseau. Il ne faut pas con- fondre la Nère dont je parle ici avec la Nère située plus en amont sur le ruisseau de la Gravette. (2) IL ne diffère guère en effet du Micraster aturicus que par sa taille qui est plus petite et par l’enfoncement de l’ambulacre impair. (3) Le Micraster a été trouvé au-dessous du niveau de l’eau; depuis j'en ai rencontré plusieurs débris au même endroit et j'en ai recueilli également un beaucoup plus petit, cassé par le milieu, et semblant appartenir à une espèce différente ; les autres fossiles, Echinocorys, Inocérames, Echinoconus Raulini ont été recueillis au-dessus du niveau de l’eau. XX 19 CD 354 E. FALLOT.— CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 15Av. Plus en amont, à l'emplacement du moulin de la Nère (la Peyrotte), et un peu au-delà, je n'ai trouvé que des calcaires usés, démantelés, sans fossiles, mais en descendant le cours du ruisseau on peut se faire une idée de la succession des couches. Le point où elles sont le plus visibles se voit à peu près au niveau du confluent du Gua- Mort avec le ruisseau de Labadie, dans un escarpement de la rive droite. Ici la roche est jaunâtre, d’un aspect un peu terreux, et ren- ferme en abondance le Tragos pisiforme Goldf. J’y ai trouvé aussi des débris de Salenia, de Cidaris et d’Echinocorys et enfin, au pied de l’escarpement, l’Echinocorys Heberti Seunes, de grande taille mais roulé; au bord de l’eau j'ai recueilli aussi des débris de Nautile, un morceau d’Ammonite indéterminable appartenant sans doute au genre Pachydiscus et un très petit Echinoconus silicifié. En continuant à suivre le Gua-Mort en aval, sur la rive gauche, on aperçoit quelques petits affleurements et des traces d'anciennes exploitations et l’on arrive bientôt au pont de Villagrains (route de Bordeaux). J'avais ramassé, à l’abreuvoir qui est en amont du pont sur la rive droite, deux Echinocorys roulés, de forme un peu acuminée, mais sans pouvoir déterminer leur niveau, lorsque cette année, au mois de mars, dans une excursion faite en compagnie de M. L. Reyt, préparateur à la Faculté des Sciences de Bordeaux, je fus assez heureux pour les trouver en place dans une petite exploitation située à 50 mètres environ en aval du pont sur la rive droite. On avait essayé d’y ouvrir une carrière, mais la pierre étant extrèmement friable, on a de suite abandonné cet essai. Avec ces Echinocorys vul- garis Breyn. var. acuminée (1) nous trouvàmes quelques échantillons de l’Echinoconus gigas Cott. (2), des Offaster, une Ostrea vesicularis Lam. de grande taille et quelques Tragos. Ce niveau, étant douné l’inclinaison des couches vers le N.-E., est manifestement supérieur à celui de la Peyrotte (la Nère). Une autre tentative d'exploitation en amont du pont, sur la même rive droite, dans une roche analogue et à peu près au même niveau que la précédente, ne nous a fourni que deux Echinocorys semblables aux (1) Ces Echinocorys ont le contour ovale caractéristique de l’Ech. ovatus de la craie de Meudon, mais leur hauteur étant beaucoup plus considérable, il en résulte une forme acuminée qui les en différencie nettement. (2) Je rapporte à cette espèce des échantillons de très grande taille trouvés par moi. M. Cotteau avait déterminé ÆEchinoconus subconicus, var. major, certains échantillons qui lui avaient été communiqués par M. Raulin. Ceux que nous possédons sont notablement plus larges et plus surbaissés. 1893 E. FALLOT.— CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L’AQUITAINE 999 précédents, écrasés, et quelques boules de silice puvérulente (1). J'avais déjà observé des concrétions à peu près analogues dans les couches de la grande carrière (aujourd’hui abandonnée) qui se trouve en pleine forêt, à 200 mètres à l'Est de la grand’route de Hostens, peu avant le petit pont situé près du confluent du Gua- Mort et de la Gravette. Dans les déblais de cette carrière, j'ai vu quel- ques débris de Gastéropodes (Rostellaria) et d’Acéphales indétermi- nables. Je crois que les couches situées en ce point sont à peu près au niveau de la partie supérieure de l’escarpement indiqué plus haut vers le ruisseau de Labadie et au niveau des couches à concrétions siliceuses en amont du pont de la route de Bordeaux. En revenant à ce pont et en suivant le Gua-Mort en aval, on ne rencontre guère que des affleurements insignifiants jusqu’au mou- lin de Peyot. Là, la craie est jaunâtre, dure, presque semi-cristal- line avec une cassure à bords translucides et, dans les blocs rame- nés du fond du ruisseau un peu en aval du moulin, jai pu voir des coupes se rapportant sans doute à des Orbitoides: elles sont de taille moyenne et fort minces : quelques-unes sont petites, mais je n’y ai jamais trouvé l’Orbitoides media d’Arch. qu’on y a citée et je persiste à croire que sur ce point les déterminations qui ont été faites sont erronées. Si maintenant nous jetons un coup-d’œil d'ensemble sur la Craie de Villagrains, nous voyons que la succession est la suivante. (Voyez la coupe). 4. Calcaire dur, translucide, à Orbitoides, de Peyot. 3a Calcaire tendre, jaunâtre, friable, à Echinoconus gigas Cott., Echino- corys vulgaris Breyn. var. acuminée, Ostrea vesicularis Lam. de la carrière du Pont de la route de Bordeaux. 3. Calcaire friable à concrétions siliceuses et Echinocorys vulgaris var. acuminee. 2, Calcaire jaunâtre à Tragos pisiforme Gold., Salenia, Cidaris, etc. (Con- fluent du ruisseau de Labadie. 1. Calcaire blanchâtre, crayeux (100 mètres en aval de la Peyrotte) avec Micraster (m) à la base, puis Echinocorys Heberti Seunes, Inocé- rames et un peu plus haut Echinoconus Raulini d'Orb. Cette succession est des plus intéressantes ; elle nous montre en bas un niveau que l’on peut sans aucun doute rapporter au Sénonien supérieur ou Campanien, en haut un niveau qui appartient au Danien inférieur (Maestrichtien ou Dordonien) et entre les deux des couches de passage parmi lesquelles je range au moins dans (r) Du reste les silex ne sont pas très rares dans la craie de Villagrains ; ils sont généralement blonds. 396 E. FALLOT,— CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L’AQUITAINE 15Av. le Maestrichtien les assises 3 et 34, à cause de l’Echinocorys et à cause de l’Echinoconus gigas que Leymerie indique à Ausseing en compagnie de la Nerita rugosa et des Hemipneustes. Quant à la cou- che n° 2, elle ne me paraît pas présenter de caractères paléontolo- giques suffisants pour lui attribuer un âge bien net; elle sert de lien entre les couches 1 et 3. En voyant cette succession si graduelle, on peut se demander si Leymerie n’avait pas raison en plaçant dans le Sénonien supérieur COUPE INDIQUANT APPROXIMATIVEMENT LA DISPOSITION DES ASSISES CRÉTACÉES LE LONG DU GUA-MORT À VILLAGRAINS S.0 N.E. > Pont de Ht Villagrains La Peyrotte { R' de Bordeaux } Mouhn de Pevot 4: ES m Zone à Micraster. sa Calcaire à Echinoconus gigas. 1. Calcaire blanchâtre à Echinocorys 4. Calcaire compacte à Orbitoïdes. Heberti. 5. Calcaire d’eau douce (Aquitanien). 2. Calcaire jaunâtre à Tragos pisi 6. Sable des Landes. Jorme. 3. Calcaire à concrétions siliceuses. Le plongement des couches a été un peu exagéré. son calcaire nankin correspondant au Maestrichtien. M. Seunes, d’une part (1), MM. Reyt et Dubalen (2), d’autre part, adoptent aujourd’hui cette manière de voir. Je reviendrai du reste plus loin sur les assimilations et le synchro- nisme des assises crétacées supérieures dans la région du Sud- Ouest. Les couches crétacées sont recouvertes partout par le sable des Landes ; ce n’est que par intervalles qu’elles affleurent. Nulle part, dans l'exploration très minutieuse que j’ai faite, je n’ai vu de trace des assises tertiaires qu’en un point, à 200 mètres environ en amont du moulin de Peyot sur la rive droite du Gua-Mort. C’est un cal- caire grisâtre rempli de moules de Bytbinies avec quelques Pota- mides. C'est peut-être la couche indiquée par Tournouër (3) qui dit avoir rencontré avec M. Gosselet à Haut-Villagrains « un calcaire d’eau douce également horizontal de 0m30 à 0"40 d'épaisseur avec CCR NAC SC, 't "xx, px) EBDI: (2) Notice géologique et agronomique sur la protubérance crétacée des en- virons de St-Sever, in-8°, Mt de Marsan 1892. G)'B SG F7 2sEr. 1. XX p, 1050. D 1893 E. FALLOT.— CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 997 les Planorbes, les Limnées, les Hélix ordinaires, la Paludina Du- buissoni, les Potamides Lamarcki et quelques petits Cérites..….…. Ce calcaire lacustre, isolé de ses relations habituelles, est-il le premier ou le deuxième calcaire lacustre ? » (1) J’ai lieu de me poser la même question, mais je n’ai aucun document qui me permette de la résoudre. Quoiqu'il en soit, c’est bien à l’Aquitanien qu’on à affaire ici. (B). Landiras. — L’affleurement de Landiras a été signalé pour la première fois par M. Raulin (2), qui l’avait découvert en 1848. T1 en donna la description très exacte, mais sans se prononcer sur son âge, en 1862 (3).Tournouër le cite également (4) et M. Benoist (5) en dit quelques mots à propos d’une excursion de la Société Linnéenne à Budos en 1878. C’est un peu en amont du Moulin de Perron, sur le ruisseau de Tursan, que la craie fait son apparition. Une assez grande carrière sur la rive gauche du ruisseau, malheureusement peu profonde, en montre les assises presque horizontales, fortement usées et corro- dées à leur surface. De là la craie s'étend jusqu’au nord de Coudéou et dans la direction de Verduc. C’est un calcaire généralement très compact, suberistallin, blan- châtre, jaunâtre ou quelquefois rosé, rappelant beaucoup par sa texture l’assise n° 4 de Villagrains et renfermant de grosses Orbi- toides qui, encore ici, n’ont rien de commun avec l’Orbitoides media (que je n’y ai jamais trouvée jusqu'ici) signalée par M. Raulin. Ces Orbitoïdes de la largeur d’une pièce d’un franc, quelquefois plus, sont extrêmement épaisses; elles ne ressemblent pas à l’Orbitoides gensacica Leym. qui est également de grande taille, ni à aucune de celles que l’on trouve dans les assises sous-pyrénéennes de Mon- léon et Gensac et des localités de même âge. Le calcaire de Landiras est très pauvre en fossiles; j’y ai vu quelques traces de Gastéropodes et surtout de Polypiers. J’ai pu déterminer parmi ceux-ci le Diplocténium cordatum Goldf. et le Cyclolites cancellata Goldf., tous deux de la Craie de Maëéstricht. Mais, ce qui est beaucoup plus important, j'ai été assez heureux (1) Tournouër a ici en vue les deux calcaires de l’Agenais, l’inférieur ou calcaire blanc, le supérieur ou calcaire gris. (2) Sur le champ d’études d’une Société d'histoire naturelle séant à Bor- deaux. Mém. Soc. Sciences physiques et naturelles de Bordeaux t. I, p. 18, 1854). (3) Actes Académie Bordeaux, p. 215. (4) B.S.G.F., 2° sér. t. XIX, p. 1059. (5) Actes Soc. Lin. Bordeaux, t. XXXII, p. XCIII. 358 E. FALLOT.—CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 15 Av. pour trouver dans la grande carrière un échantillon — un peu usé ilest vrai — d’Hemipneustes pyrenaicus Héb.. Ces quelques fossiles suffisent pour montrer que la Craie de Lan- diras — au moins la partie exploitée jusqu’à ce jour — appartient au Maestrichtien. Je crois devoir la considérer comme étant à peu près au même niveau que la couche la plus supérieure (n° 4) de Villagrains (calcaire compact à Orbitaides), et cette constatation montre que le lambeau de Landiras est bien la continuation de celui de Villagrains. Les rapports du Crétacé avec le Tertiaire dans la protubérance de Landiras sont très difficiles à voir. Tournouër (1) indique la succession suivante en allant vers Paulin : 1° Le calcaire à Astéries ; 2° Des argiles à 9strea producta ; 3° Le calcairelacustre avec Planorbes, Limnées, Paludina Dubuis- sont ; 4° Un gisement coquillier, riche en Cérites et Cyrènes; 9° Une roche jaune calcaire en plaquettes irrégulières. Je n’ai pu retrouver jusqu'ici cette série d’une façon bien nette. Le calcaire à Astéries (Tongrien), comme l’a du reste indiqué M. Raulin (2), existe au nord et au nord-est du lambeau crétacé ; mais vers le sud-est en allant vers Coudéou, il nous a semblé qu’on trouvait déjà le grès de Bazas (Aquitanien). Quoiqu'il en soit, vers Chourriou, on rencontre dans les vignes des débris de calcaire grisâtre avec Planorbes, Limnées et Bythinies qui appartiennent manifestement à l’Aquitanien, ainsi que de très nombreux Cérites qui sont d'un niveau peut-être un peu supérieur à celui des espèces d'eau douce. Nous y avons recueilli : Cerithium plicatum Brug. — papaveracum Bast. — corrugatum Bast. — subelavatulatum d’Orb. — submargaritaceum d’Orb. : Corbula sp. Cyrena Brongniarti Bast. Ostrea producta Raulin et Delbos. Plus haut, en montant au Tuco de la Motte, nous avons trouvé : Cerithium plicatum Brug. ; — submargaritaceum d'Orb. (1) Loc. cit., p. ro59. (2) Actes Acad. Bordeaux, 1862, p. 216. 1893 E. FALLOT.— CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 999 Cerithium corrugatum Bast. — girondicum May. Cardita rustica May. Corbula sp. Ostrea producta Raulin et Delbos. Tout cet ensemble appartient done bien à l’Aquitanien et a plu- tôt les caractères de l’Aquitanien supérieur que ceux de toute autre zone de cet étage, dont la faune marine ou saumäâtre est du reste peu variable d’une assise à l’autre. IT. — DEUXIÈME LIGNE. — RoquerortT-CrÉéoN (Landes). J'ai publié l’an dernier avec M. L. Reyt (1) une note sur le Crétacé de Roquefort et ses relations avec quelques assises tertiaires affleurant dans cette localité. Dans cette note, nous rappelons les travaux antérieurs de MM. Raulin, Tournouër, Hébert et Jacquot et nous établissons : 1° Que le CRÉTACÉ SUPÉRIEUR Comprend : A. — Le Cénomanien formé de trois assises : Calcaires supérieurs à Caprinelles (gare de Roquefort). Marnes à Ostrea biauriculata Lamk et Ost. flabellata d'Orb. (tranchées du chemin de la gare). Calcaires inférieurs à Caprinelles (Bramepan et Cousseilhat). B. — Une série de calcaires plus ou moins crayeux, blanchâtres, sans fossiles, représentant probablement le Turonien et le Sénonien. C.—Le Danien inférieur ou Maestrichtien, formé de couches crayeuses à Orbitoides media, développé dans Roquefort même, sur les bords de la Douze. 20 Que le TERTIAIRE Comprend : A. — Le Tongrien composé de deux assises : 2 Un grès légèrement micacé à Numinulites intermedia d’Arch. et N. Fichteli Micht. affleurant sur les bords de la Doulouze. 1° Un calcaire blanc (équivalent du calcaire à Astéries), in- férieur à la couche précédente et nous ayant fourni le Cerithium Ocirrhoe d’Orb. à Batan et le Turbo Parkinsoni Bast. à Roquelort (grotte du quartier de la Fontaine) (2). (1) Actes Soc. Lin. Bordeaux, t. XLIV, p. 1358. (2) En ce dernier point les deux couches semblent en quelque sorte se fusionner. 360 E. FALLOT. — CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 15 Av. B. — L’Aquilanien, bien développé sur les bords de l'Estampon en amont de Roquefort, aux lieux dits Garrouzin, la Clotte, Nabias, Tierrouge, et comprenant uue série de grès à faune marine (grès de Bazas), surmontés d’argiles saumätres avec argiles à Bythinies intercalées et de nouveaux grès à Cérites, le tout représentant sans doute l’Aquitanien moyen et supérieur, et reposant très probablement sur une argile blanche visible à la fontaine de Tierrouge (Aquitanien infé- rieur ?): Pour en finir avec le Tertiaire, je dirai que les grès à Nummulites intermedia de Batan se suivent le long de la Doulouze et de la Douze jusqu'à Roquefort, où ils se terminent, derrière la prison, en biseau sur la Craie à Orbitoides et presque en concordance, avec un plongement vers le Sud à peine indiqué. J’ignore actuellement si ces grès existent plus en aval et plus en amont que les points que je viens d'indiquer, mais j'ai de fortes raisons pour le croire. Quoiqu'il en soit, ces faits concordent peu avec les observations de M. Jacquot qui attribue peu d'importance à ces grès, les figure sur la carte sous la forme d’un pointement isolé à Batan même (1) et indique l’Aquitanien tout le long de la Craie dans l’espace précité. Quant à l’Aquitanien, il m’a été impossible jusqu'ici de saisir ses rapports soit avec le Crétacé (sur lequel il repose probablement sans intermédiaire, en amont de Roquefort sur l’Estampon), soit avec le Tongrien. Une série de contre-temps (pluies diluviennes ou inondations) nous a empêchés à deux reprises de poursuivre nos observations à ce sujet. Je reviens au Crétacé et je fais tout d’abord remarquer que la succession relevée par nous n’est pas tout à fait celle indiquée et figurée par M. Jacquot (2). En effet, ce dernier place le Danien directement en concordance sur le Cénomanien, ce qui serait difli- cile à expliquer, et de plus il a pris pour du Danien l’assise supé- rieure à Caprinelles de la gare de Roquefort. Depuis l'impression de notre travail, nos eflorts ont porté sur l'observation des couches supérieures au Cénomanien et principa- lement sur celles qui sont intermédiaires entre cet étage et le Danien. Ces couches sont exploitées surtout dans les carrières qui (1) Feuille de Montréal, n° 216. (2) Statistique géologique etagronomique du départementdes Landes (coupe de Cazalis à Roquefort et texte, p. 332 et suivantes) et carte au de feuille de Montréal, n° 216. Lane tes 14893 E. FALLOT. — CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 301 avoisinent le chemin de fer, et qui sont généralement ouvertes au milieu des vignes jusque vers Grebigne; elles ne nous ont fourni malheureusement aucun fossile, mais nous persistons à croire que les couches qui les forment sont inférieures au calcaire à Orbitoides media d’Arch. Si maintenant nous poursuivons notre route à travers les exploi- tations situées à l’ouest de Roquefort sur la rive droite de la Douze, nous constatons que le Danien inférieur forme une traînée qui s'étend depuis les carrières de Castets (sur l'Estampon, rive droite) jusque vers la métairie du Cros. A Castets, la carrière est abandonnée ; les couches supérieures sont jaunâtres, les inférieures plus blanchâtres. Nous y avons récolté avec l’Orbitoides media d'Arch., une Terebratella, des baguet- tes de Cidaris, Henuaster nasutulus Sorignet, des fragments d’aires ambulacraires appartenant à un Échinide de grande taille et de nombreux osselets d’Astéries. Il est plus que probable que c’est cette carrière à laquelle M. Hébert (1) fait allusion, lorsqu'il signale à l’entrée du chemin de Badeho des couches à Pyrina ovulum Ag., Nucleolites minor Des. sp., Hemiaster nasutulus Sorign., Leiosoma Tournouëri Cott. Ces Échinides avaient engagé le savant professeur à ranger ces couches dans le Sénonien, mais la présence des Orbi- toides media que nous avons recueillies en abondance nous forcent à les placer dans le Maestrichtien. Les carrières de Badeho sont entaillées dans les mêmes couches très riches en Orbitoïdes. Il en est de mème à St-Jean où nous avons trouvé, avec l’Orbitoides media, d’autres Orbitoides de grande taille, la Janira striatocostata Goldf. et des Hemipneustes en mauvais état (H. pyrenaicus, Héb. ?) Ces couches sont encore exploitées à Sendié, où le plongement vers le sud est assez marqué. En allant vers le nord, ces Orbitoïdes disparaissent, et, étant donné le plongement des couches, on peut conclure que l’on se trouve dans des assises plus anciennes et par conséquent inférieures au Maestrichtien. Dans la carrière de Lauron nous avons recueilli une empreinte de Trigonia, dans la carrière de Dubiau, un grand Car- dium du groupe du C. Moutonianum d'Orb., et dans la carrière de Destouet de nombreux moules intérieurs d’Actéonelles. La base de cette dernière carrière est ouverte dans un calcaire très blanc, un peu saccharoïde, qui rappelle celui de Jouansalle, près Audignon, mais nous n’y avons pas trouvé le Radiolites lumbricalis qui carac- (1) B. S. G.F.,3 sér., t. IX, p. 65. 362 E. FALLOT.— CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 15 Av. térise cette localité et qui a engagé M. Hébert à rapporter cette dernière assise au Turonien. Ajoutons cependant qu’à Jouansalle le niveau à Actéonelles est supérieur au niveau à Radiolites lumbri- calis et parfaitement distinct de celui-ci. à Nous croyons également que les couches exploitées dans les vignes, immédiatement à gauche de la route de Bordeaux, au sortir de Roquefort, appartiennent à un niveau inférieur au Maestrichtien ; nous n’yavons trouvé que quelques petits Rudistes indéterminables. T1 résulte de toutes ces observations qu'entre le Cénomanien et le Maestrichtien à Orbitoides media, il existe une série de couches que l’on ne peut classer d’une façon définitive mais qui, à n’en pas douter — comme nous l’avions pressenti — doivent représenter le Turonien et le Sénonien. COMPARAISON DES DEUX PREMIÈRES LIGNES D’AFFLEUREMENTS. Les deux premières lignes d’affleurements crétacés que nous venons de décrire sont assez dissemblables : la première (Villa- grains-Landiras) ne possède que les couches du Sénonien et la base du Danien, tandis que la deuxième (Roquefort-Créon) renferme des couches allant au moins du Cénomanien jusqu’au même Danien inférieur. Comme analogie importante au point de vue du Crétacé, je signalerai la présence des Hemipneustes à Roquefort (St-Jean) et à Landiras (Perron), et enfin l’absence complète du Danien supérieur (Garumnien). Comparées à la craie de la bordure nord du bassin de l’Aquitaine, les couches de Roquefort présentent certai- nement avec elle de grandes affinités. Le Cénomanien est presque en tous points semblable dans les Charentes et à Roquefort. Les couches à Orbitoides media du Danien inférieur rappellent aussi, jusqu’à un certain point, le faciès de mème âge de Royan ; mais, dans cette dernière localité, les bancs d’huîtres (0. vesicularis), les nombreux Rudistes indiquent certainement une mer moins pro- fonde (1). Au point de vue des couches tertiaires, la comparaison est peut- être plus facile à établir entre les deux lignes. Dans l’une comme dans l’autre, nous trouvons contre les couches crétacées soit le Tongrien (Landiras, Roquefort), soit l’Aquitanien (Villagrains, (1) On peut considérer comme étant sur le prolongement du Crétacé de Roquefort, le petit lambeau indiqué par M. Jacquot à Colègne (Gers) et remarquable par la présence du Radiolites ingens d’Orb. de la craie de Royan. G 4 + ë eat PRE SE PRTREE 1893 E. FALLOT. — CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 363 Landiras, Roquefort). Tous deux ont des faciès analogues dans les deux lignes, l'Aquitanien surtout. Quantau Tongrien, si le calcaire inférieur de Batan près Roquefort rappelle le calcaire à Astéries, les couches supérieures (grès à Nummulites intermedia) ont un cachet tout différent. Paléontologiquement, elles rappellent les couches à Nummulites qui surmontent à Gaas les faluns à Natica crassatina Desh., mais ici le faciès est argileux jusqu’en haut. L’Eocène semble manquer dans les deux premières lignes d’affleu - rements crétacés ; cependant, je dois rappeler que Tournoüer indique au contact de la craie supérieure fossilifère des carrières de Badeho (près Roquefort) une roche nummulitique différente des grès à N.intermedia (qu'il y avait reconnue) et qui contient des « Alvéolines, des Orbitoïdes et des Nummulites particulières (Alveolina oblonga? d’Orb., Num. Ramondi Defr., N. Leymeriei d'Arch., N. Guettardi d’Arch. » Toutes nos recherches sur ce point sont restées vaines; nous n’avons pas trouvé la roche indiquée par Tournouër. J’ajou- terai que sur le prolongement de la ligne Roquefort-Créon, à Barbotan (Gers), un sondage récent a fourni à M. Billiot (1) des exemplaires de la Numanulites planulata d’Orb. et de la N. elegans, SOW. COMPARAISON DES DEUX LIGNES SEPTENTRIONALES AVEC LES DEUX LIGNES MÉRIDIONALES. Si maintenant nous comparons les deux lignes d’affleurements que nous venons d'étudier avec les deux lignes plus méridionales, 1° St-Sever, 2 Tercis-Bénesse, nous trouvons des particularités fort intéressantes. Ainsi les couches inférieures de Villagrains nous rappellent les assises les plus supérieures du Sénonien de Tercis ; l’Echinocorys Heberti, comme aussi le Wicraster aturicus sur les par- ticularités duquel j’ai insisté plus haut, est une preuve très nette en faveur de ce rapprochement. Le Cénomanien de Roquefort, du moins le calcaire à Caprinelles, nous rappelle le calcaire à Rudistes de la Cabe, près Tercis, et celui d’Audignon. J’ai indiqué plus haut les rapprochements qu’il y avait peut-être lieu de faire entre les calcaires à Actéonelles (Turonien) de Jouan- salle, près d’Audignon, et certains calcaires des environs de Roque- fort (Destouet). Pour le Danien inférieur, la présence des Hemipneus- tes constitue un lien étroit entre les couches de Landiras, de Roquefort et d’Audignon. Bref, ces quatres lignes d’affleurements ont assez de (r) Actes Soc, Linn., t. XLIV p. XXX et t. XLV p. CX. TABLEAU indiquant le synchronisme des Assises crétacé ? et | | Nes VILLAGRAINS- ROQUEFORT. É SOUS-ETAGES LANDIRAS s Garumnien 4 (es) D te PO LE PO ut signe SE POSER 2 « Calcaire à grandes Orbitoïdes Calcaire A et Hemipneustes de Landi- à Maestrichtien Éd ilec ra POÉBHSES Orbiloides media Calcaireà Echinoconus gigas ci (ibid). Hemipneustes. — |Calcaire à concrétions sili- ceuses. Calcaire jaune à Tr'agos pisiforme. A Campanien V|Calcaire blanc crayeux à a Echinocorys Heberli (ibid). Calcaire 2, Zone à Micraster (ibid). © A crayeux a Sotonigns blanchâtre Coniacien sans AM TS fossiles caractéristiques. Z Angoumien ({) © pa Ligérien = Es Calcaire supérieur à Capri- nelles. ; fabell : Marnes à Ostrea flabellal«, CSP NE) O. biauriculala. Calcaire inférieur à Capri- nelles, A Des EN Couches à Horiopleura Lam- #9 ? GAULT berti ! APTIEN ? (1) Je réunis sous le nom d'Angoumien, les étages Angoumien et Provenci rangé dans cet étage des couches qui en Provence sont bien supérieures au Prove (2) Je résume ici la succession de Tercis-Angoumé, surtout d’après le remarq ins les lignes d’affleurements du bassin de l’Aquitaine. 3° Ligne SAINT-SEVER,. (MM. Reyt et Dubalen). Calcaires compacts ou marmoréens (Faune nouvelle). Dolomies et brèches dolomitiques (Faune nouvelle). Calcaires compacts à Orbitoïdes et Hemip- neustes de petite taille. Marnes avec bancs calcaireset Hemipneustes de grande taille. Marnes avec nombreux Orbitoides /0. gen- sacica) et Thécidées. 4° Ligne TERCIS et ANGOUMÉ (? Calcaire à Echinocorys semiglobus et Micraster Lercensis. Calcaire à Echinoconus sulcatus et Pachydiscus Jacquoti. Calcaires marneux à silex et Echinocorys Arnaudi ? Calcaires marneux et marnes à Echinoco- rys Heberti. Calcaires avec bancs de silex et O. vesi- cularis. Marnes et calcaires marneux à Micraster cor anguinum. Marnes et calcaires marneux très glauco- nieux à la base, à grandes Rhynchonelles. Calcaires compacts à Actéonelleset Nérinées. Calcaires sublithographiques et Calcaires à Radiolites lumbricalis. Calcaires marneux à Inocérames. Marnes à Ostrea flabellata, O.biauriculata. Calcaires à Caprinella triangularis. Dolomies à Toucasia et grandes Janires, Marnes à Echinides, Acéphales,Gastéropodes. Marnes à Céphalopodes déroulés (Hamites, Belemniles). Calcaire à silex et Echinocorys Arnaudi. Calcaire bleu à Echinocorys Heberti et Micraster aturicus. Calcaire bleu à Micraster cor colum- barvum. Calcaire blanc à grands ÆEchinocorys vulgaris, à forme surbaissée. Calcaire à Rudistes du Moulin de Barbe et de Tercis. Calcaire de la Cabe à Toucasia laevigala, Sph. Fleuriausi. Calcaire de Vinport à Horiopleura Lamberti. iand; le nom de Provencien me paraît, en eftet, défectueux, puisque Coquand a Charentes. ail de M. Arnaud, et mes propres observations. _ 3 Ligne ÉTAGES 1'e Ligne 2 Ligne et SAINT-SEVER. INS- sous-éraces | VILLAGEAINS ROSUEEORT. (MM. Reyt et Dubalen). Calcaires compacts ou marmoréens (Faune nouvelle). Dolomies et brèches dolomitiques (Faune nouvelle). Garumnien 4 Ligne TERCIS et ANGOUMÉ () ———————— | Calcaire à Echinocorys Ssemiglobus et Micraster Lercensis. Calcaires compacts à Orbitoïdes et Hemip- neustes de petite taille. Marnes avec bancs calcaires et Hemipneustes de grande taille. Marnes avec nombreux Orbitoides {0. gen- . sacica) et Thécidées. Calcaire à Orbiloides media et Henipneusles. Calcaire à grandes Orbitoïdes et Hemipneustes de Landi- ras et calcaires à Orbitoides de Villagrains. Calcaireà Zchinoconus gigas (ibid). Maestrichtien Calcaire à Echinoconus sulcatus et Pachydiscus Jacquoti. — = Calcaire à concrélions sili- ceuses, Calcaire jaune à pisiforme. Calcaire blanc crayeux à Echinocorys Heberli(ibid). Zone à Micraster (ibid), Calcaires marneux à silex et £chinoc oryS Anaudi ? Calcaires marneux et marnes à Zchinoco- Tys Heberti, Calcaires avec bancs de silex et O. vesi- cularis. Tragos Campanien Calcaire Calcaire à silex et £Zehinocorys Arnaudi Calcaire bleu à Echinocorys Heberti el Micraster aturicus. Calcaire bleu à Wicraster cor colume- barium. Calcaire blanc à grands £chinocorys vulgaris, à forme surbaissée. crayeux Marnes et calcaires marneux à Micraster cor anguinum. Hire et calcaires marneux très glauco- UX à la base, à grandes Rhy nchonelles. blanchâtre Santonien- Coniacien sans A Calcaires compacts à Actéonelleset Nérinées. Des sublithogr Radiolites Lumb Calcaires m fossiles caractéristiques: aphiques et Calcaires à ricalis. arneux à Inocérames, | Angoumien (1) Ligérien Calcaire à Rudistes du Moulin de Barbe et de Tercis. Msn ies Calcaire supérieur à Capri elles Mar nes à Ostred flabellula, 0. biauriculata. | Calcaire inférieur à Capri M Ne Ostrea flabellata, O.biauriculata. (aires à Caprinella tr iangularis. Calcaire de la Cabe ü Toucasia laevigala, Sph. Eleuriaust. nelles, Do = lomies à Toucasia et grandes Janires. EE eura Lan Couches à Horiopl berti? Calcaire de Vinport à Horioplewra Lambert. et Marnes à Echinides ‘Acéphales,Gastéropodes. an, En gels déroulés (Hamites, oumien et Pro périeuresall d'après le s sous le nom RM ESulen les étages Ang La des couches qui en Provence sont bien Su Fe succession de Tercis-Angoumé, surtout * Arnaud »€tmes propres observations. le : En de Provencien me paraît, eneflet, défectueux, puisque Coquand a 366 E. FALLOT.— CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 15 Av. ressemblance pour que la comparaison de leurs assises constitutives soit utile à faire et c’est ce que nous avons essayé de montrer dans le tableau ci-contre. Deux points nous frappent encore : c’est 1° l’absence du Danien supérieur dans les deux premières lignes, son développement dans les deux dernières ; mais ici nous devons ajouter que cet étage s'y présente avec des faciès absolument distincts, plutôt littoral dans la protubérance de St-Sever, pélagique dans celle de Tercis; 2° la présence du Crétacé inférieur dans les deux dernières lignes, son absence dans les deux premières(1}), et encore ici devons-nous faire remarquer l'apparition dans la protubérance de St-Sever d’un faciès vaseux à Céphalopodes, contenant surtout des Hamites et dans lequel jai été assez heureux pour rencontrer le premier un échantillon de Belemnites. Ce faciès, étrange dans le bassin de l’Aquitaine, est rap- porté avec doute à l’Aptien par MM. Reyt et Dubalen (loc. cit.) qui l’ont découvert dernièrement. Quant au Tertiaire, ce qui fait la grande analogie entre les deux lignes méridionales, c’est la présence de l’Éocène, qui, le long de la protubérance de St-Sever, se trouve en concordance avec le Danien supérieur (Garumnien) dont il a suivi les mouvements. Le Tongrien, très net sur les bords de la ligne de Tercis (affleurements de Gaas, de Lesperon) est fortement en discordance sur les autres assises. Quant à l’Aquitanien, il se trouve également dans le même cas et tout à fait indépendant du Tongrien, comme on peut le voir à Banos (protubérance de Sever) où il vient s’appliquer à peu près horizon- talement contre les assises relevées du Crétacé supérieur. , TECTONIQUE. Il serait intéressant de grouper maintenant tous ces faits et d’en tirer des conclusions sur l’histoire des mouvements qu’a subis le bassin de l’Aquitaine. En réfléchissant à la disposition des quatre lignes d’affleurements crétacés que je viens de passer en revue, on arrive immédiatement à l’idée qu’elles représentent autant de rides ou de plis anticlinaux, sensiblement parallèles à la chaîne des Pyrénées. C’est ce que je, n’ai cessé d’enseigner dans mes cours à la Faculté des sciences de Bordeaux. De tous ces plis, le plus net est celui de St-Sever. Il suffit de jeter (1) Hébert aurait cependant rapporté un Horiopleura Lamberti des environs de Roquefort; nous n’avons pu retrouver cet horizon. 1893 E. FALLOT.— CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 907 un coup-d’œil sur la carte géologique dressée par MM. Dubalen et Reyt pour s’en donner une idée. Seulement une grande faille (1) dirigée de l'E. à l’O., de Puzacq aux sources de la Peyradère à St-Aubin, c'est-à-dire parallèlement à la direction du pli, vient sin- oœulièrement compliquer cet accident si simple par lui-même. « Cette faille met les assises sénoniennes du revers septentrional en contact avec les couches infra-crétacées, cénomaniennes, turo- niennes et sénoniennes qui, après s'être voûlées suivant la ligne anticlinale, plongent vers le Sud sous un angle exceptionnellement supérieur à 15° (2) ». M. de Margerie, dans un ouvrage récent (3), admet, après M. Jacquot, que la ride de St-Sever se rattache par Monléon à celle de Propiary. Pour que l’opinion de MM. Jacquot et de Margerie fût exacte, il faudrait que la ligne de St-Sever s’incurvât fortement vers le S.-E. La ligne Tercis-Benesse se présente aussi manilestement comme un pli anticlinal (4). M. de Margerie pense, comme M. Seunes l’a figuré sur sa carte, que cette ride s’incurve fortement vers le S.-E. pour prendre une allure sinueuse très singulière. Cette manière de voir rejette en dehors de l’anticlinal le massif de Bastennes qui sem- ble,au premier abord, relier la ligne de Tercis à celle des Petites- Pyrénées; je n’insiste pas sur cette observation au sujet de laquelle je n’ai aucun document spécial. La ligne Roquefort-Créon-Colègne est bien parallèle à la ride de St-Sever et, par analogie, on peut admettre qu’elle figure un pli anticlinal; mais celui-ci est beaucoup plus difficile à démontrer. Si on se référait simplement à la carte publiée par M. Jacquot (5), 1l serait malaisé d’admettre cette idée. Mais, ainsi que je l’ai dit plus haut,les affleurements crétacés ont été indiqués et déterminés d’une façon défectueuse par l’auteur,et dans l’état actuel de mes connais- sances — bien que je ne puisse donner encore une carte détaillée de cette ride — rien ne s'oppose à y voir un pli anticlinal parallèle au précédent. C’est l’opinion que M. de Margerie s’en est faite (6) lorsqu'il écrit que « le trait caractéristique de ces deux anticlinaux (x) Dubalen et Reyt. Loc. cit., p. 7. (2) Ibid. et page suivante pour les failles secondaires. (3) Aperçu de la structure géologique des Pyrénées. (Club Alpin, t. XVII, 1891.) (4) Seunes. Recherches géologiques sur les terrains secondaires, etc., de la région sous-pyrénéenne, pl. VI, fig. 32 et 33. (5) Feuille de Montréal. (6) Loc. cit. p. 38. 368 E. FALLOT.— CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 15A. (il s’agit de St-Sever et de Roqueïort) surbaissés est de présenter un versant peu incliné en regard des Pyrénées, un revers abrupt au contraire dans la direction opposée. » Cette assertion est exacte pour le pli de St-Sever qui est compli- qué d’une grande faille; mais j’avoue que pour Roquefort, je ne vois pas jusqu'ici que le versant sud soit moins abrupt que le versant nord — au contraire. Du reste les saillies formées par le Crétacé de Roquelort sont insignifiantes et ne peuvent en aucune façon se comparer à celle de St-Sever. J’ajouterai de plus que la ride de St-Sever ne forme en aucune façon, comme le dit M. de Margerie, la limite septentrionale du terrain nummulitique (1). Celui-ci existe peut-être à Roquefort (Tournouër), à coup sûr à Barbotan (sondages) et les forages arté- siens de la Gironde montrent surabondamment que ce terrain s’est étendu largement au Nord de ia ligne précitée. Quant à la ligne Villagrains-Landiras,dont M. de Margerie ne parle pas, elle est encore moins saillante que la précédente ; il faut une attention extrême pour découvrir, sous le sable des Landes, les bom- bements crétacés qu’elle forme. Quoiqu'il en soit, elle n’en existe pas moins comme un pli anticlinal orienté de la même façon que les autres, parallèlement à la direction de la chaîne pyrénéenne, parallèlement aussi à la bordure crétacée de la partie septentrionale du bassin (2). Il nous resterait à examiner l’histoire des mouvements qui ont amené la disposition si curieuse de ces quatre rides dans l’intérieur du bassin de l’Aquitaine. Il est infiniment probable qu’elles ont une origine fort ancienne et que la suite des phénomènes n’a fait qu’accentuer leur disposi- tion. Leur histoire ne semble du reste pas tout à fait la même. Un fait frappe tout d’abord, c’est que les deux rides septentrionales semblaient exister à la fin du Maestrichtien ou appartenaient à une terre émergée à cette époque; en effet, elles ne présentent aucune (1) Je pense qu’il prend le terme de Nummulitique comme synonyme d’Eocène ; car en lui donnant son acception rationnelle (Eocène et Tongrien) l’assertion de M. de Margerie serait encore plus inexacte, les Nummulites intermedia et Fichteli étant abondantes à Roquefort et dans le calcaire à Astéries du Bordelais. (2) À cette occasion, je ferai remarquer que ces rides crétacées de l’Aqui- taine ont une direction qui rappelle les plis du Poitou étudiés par M. Welsch (G. R. Ac. Sc. 13 Juin 1892) et les ondulations de la Craie signalées par M. Hébert dans le bassin de Paris. (Voyez B. S. G F., »° sér., t. XXIX, p. 443) et si bien analysées dernièrement par M. Marcel Bertrand (B.S. G. F. t. XX, p. 118). 1893 E. FALLOT. — CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L’'AQUITAINE 909 trace de Garumnien. Les deux autres, au contraire, nous offrent un développement plus ou moins remarquable de cet étage. Il est pro- bable que la mer garumnienne ne s’étendait pas beaucoup au-delà du versant nord de la protubérance de St-Sever. Si je m’en rappor- tais à mes propres observations, les deux rides septentrionales sem- bleraient être restées à sec pendant la période éocène; ce fait est très net pour la ligne Villagrains-Landiras; il est douteux pour Roquefort, où Tournoüer (1) aurait vu quelques Nummulites éocènes que nous n'avons pu retrouver, M. Reyt et moi. Si on fait abstraction de ce dernier fait qui indiquerait un mouvement à la fin de l’Eocène à Roquefort, on est frappé de la similitude de l’histoire de ces deux rides septentrionales. On serait assez tenté d’admettre au premier abord qu’elles for- maient, à l’époque tongrienne et à l’époque aquitanienne, des sortes de récifs contre lesquels la mer serait venue butter ; on peut même se demander si les alignements crétacés n’ont pas joué un rôle dans la distribution des mers tongrienne et aquitanienne. Tournouër leur attribue en tous cas une grande importance dans la distribution des faciès tongriens (2). Cependant, en ce qui concerne le Tongrien, la manière dont il vient se placer (à Roquefort du moins)sur le Maestrichten, la légère inclinaison, peu différente de celle de la Craie, qu’il présente vers le Sud, derrière la prison de cette ville, m'engage à être moins affir- matif et à croire qu’il a pris part à des mouvements probablement postérieurs aux plissements principaux, mais qui n’en sont pas moins très réels. Les deux rides méridionales présentent à la fois le Garumnien et l’Eocène; elles n’ont donc fait définitivement hernie que postérieu- rement à cette dernière époque ou vers sa fin, et sous ce rapport elles se lient beaucoup mieux aux derniers mouvements pyrénéens que l’on considère généralement comme postérieurs aux poudin- gues de Palassou. La disposition des assises tongriennes autour de la protubérance de Tercis-Bénesse et dans la région sous-pyrénéenne en général indique manifestement que ces accidents auraient eu lieu avant leur dépôt. Je ne puis examiner ici, d’une façon spéciale, la question du Tongrien; cét étage n’est pas toujours horizontal, il s’en faut de beaucoup, mais les mouvements qu’il a subis doivent probablement être considérés comme différents des mouvements (:) Loc. cit. (2) BASIC ESS ÉrS EN Xp: 07: XX 24 310 E. FALLOT.— CRÉTACÉ SUPÉRIEUR DU BASSIN DE L'AQUITAINE 29 AV. qui ont affecté les Pyrénées proprement dites (1). Je me propose de traiter plus tard cette question. En résumé, les quatre plis anticlinaux que nous venons d’envi- sager ont une histoire encore obscure, mais les deux plis septen- trionaux semblent plus anciennement formés ou avoir fait partie d'une terre plus anciennement émergée que les deux plis méri- dionaux dont l’évolution se rattache plus intimement à celle de ia chaine pyrénéenne elle-même. (1) Je rappellerai cependant que les assises de la Chambre-d’Amour à Biarritz, que l’on pourrait peut-être considérer comme infrà-tongriennes à cause de certaines particularités de la faune, sont en concordance et se lient intimement avec l'Eocène supérieur à Operculina ammonea et Eupatagus ornatus et qu’elles ont par conséquent subi les mouvements pyrénéens. VIT 1893 371 SUR LA GÉOLOGIE DES ENVIRONS D'EAUX-BONNES par M. STUART-MENTEATH (1) Une excursion de deux jours m’ayant permis de compléter sur quelques points mes observations sur la vallée d’Ossau, je résume brièvement les faits acquis. Dans la petite coupe ci-jointe, fondée sur une coupe au 80,000me présentée en 1885 à la Société des Sciences et Arts de Pau, et qui a déjà été entre les mains de plusieurs membres de la Société Géolo- gique, J'ai représenté par une ligne ponctuée la base du système Crétacé. Les massifs représentés au-dessus de cette ligne sont cré- S Pie de Ges: 4 IN £ p h DS 4 N — = — VA le A FREE 4 ue asset pa : 5 fi RE nes A Arudy *.Castet; EL Aste. Gêre- Béost. 1 runs Ex Boimes Eanx Chaudes . tacés : au-dessous se trouvent une petite épaisseur de Jurassique et des traces de Trias, puis le Calcaire carbonifère ou marbre de Jeteu. La stratification suit la ligne ponctuée, mais elle est transgressive vers le sud, de manière que le Cénomanien repose presque directe- ment sur le granite à la terminaison sud de toute la coupe. Depuis Arudy jusqu’à Asté, le Crétacé inférieur, pétri de Rudistes et contenant l’Orbitolina conoidea Gras, est largement développé. Entre Asté et Béost le Calcaire carbonifère fait un pli, passant à une grande hauteur au-dessus de Gère Belesten. M. J. Seunes, ayant trouvé une Goniatite à Gère Belesten, a supposé que le Dévo- nien avait une épaisseur de troigà quatre kilomètres, quele marbre de Jeteu devait en former la partie moyenne, et s’est empressé d'annoncer à l’Académie des Sciences que tout le travail « des auteurs » tant dans la vallée d’Ossau que dans les Pyrénées et l'Espagne, était renversé et remplacé par une nouvelle classification du Dévonien dont il était le seul auteur (2). Dans cette classification, (1) Communication faite dans la séance du 5 Décembre 1892. Manuserit parvenu au Secrétariat le 2 Décembre 1892. (2) C. R. Ac. Sc., 9 Février 1891. — C. R. som. S. G. F., 16 Février 1891. 372 STUART-MENTEATH. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS D'EAUX-BONNES 29 AV. les griottes, bien caractérisés à Bagés-Béost, et recouverts par le Calcaire carbonifère de Jeteu, étaient rangés vers la base, les deux tiers du Dévonien venant au-dessus. Dans le calcaire de Jeteu, Coquand a signalé « des fossiles d’une conservation irréprochable » qui ont paru suffisants à cet observa- teur exercé pour constater son âge carbonifère. M. Nicholson a «cru reconnaître » trois espèces caractéristiques du Carbonifère. M. Jacquot a pleinement admis cette classification, et M. OEhlert l'avait déjà confirmée (1). Pour ma part, bien qu’une longue expérience m’ait convaincu que les polypiers des Pyrénées ne sont pas étudiés, et bien que les échantillons de Jeteu aient perdu la structure inté- rieure, j'ai pu reconnaître sur place des affinités très nettes avec les espèces suivantes, dans les échantillons que j'ai ramassés avec M. Braly au pied des carrières de Jeteu. Lasmocyathus aranea d’'Orb. Campophyllum compressum Ludwig. Amplexus coralloides Sow. Cyathophyllum caespitosum Goldf. Favosites polymorpha Goldf. Entroques, probablement de Poteriocrinus. L’abondance et le développement des Amplerus était surtout caractéristique. Connaissant bien le Dévonien des Pyrénées Occidentales, il est étrange que je n’aie jamais vu rien de semblable dans ses développe- ments les plus complets. Mais connaissant tout aussi bien les tra- vaux criginaux de M. Seunes, je ne m'étonne nullement qu’il a tout fondé sur un fossile sans faire aucun cas de la stratigraphie. On voit des traces de Trias près Castet, et on y trouverait probablement des Goniatites au-dessous, ce qui donnerait au Dévonien, selon la stratigraphie de M. Seunes, une épaisseur de 8,000 mètres. J'ai indiqué sur la coupe cinq failles, qui sont accompagnées d'ophite, et ont quelque peu dérangé la régularité des plis strati- graphiques. Les ophites de la région @nt été étudiés par M. Genreau, M. J. Kuhn et M. Beaugey. La présence abondante de l’analcime, facilement reconnaissable en bonnes plaques minces, est assezremar- quable dans les gisements d’Arudy. Rien ne justifie la classification de ces roches par M. Seunes comme «roches récentes » difié- rentes en âge des autres ophites des Pyrénées-Occidentales. Au sud de Laruns, le prolongement du système de plis qui carac- térise la vallée d'Ossau, ainsi que les autres vallées à l’est et à (DPBENS AGE NS NSET., XI tp; 425 etit XI D 147: 1893 STUART-MENTEATH. —GÉOLOGIE DES ENVIRONS D'EAUX-BONNES 379 l’ouest, explique facilement la situation de «la dalle » de M. Jac- quot, que j'ai classée avant 1885 dans le Crétacé, et comme conti- nuation de la bande crétacée du milieu de la vallée d’Aspe. Je l’ai ainsi dessinée pour la carte de MM. Carez et Vasseur, et, en parlantdu défilé d’Accous, j'ai dit : « Le calcaire crétacé supérieur suità lest,en formant la gorge du Hourat » (1). M. Jacquot à soigneusement cons- taté l'identité de la dalle du Hourat avec la dalle d’Accous (2). Dans cette dernière, M. Seunes, aidé par MM. Liétard et Cadier, a pu reconnaitre l'exactitude incontestable de mes observations, bien que les fossiles trouvés précisément au défilé d’Accous ne soient pas à eux seuls très satisfaisants (3). C’est, en effet, sur la stratigraphie, et non pas sur le hasard des fossiles, qu'il faut surtout se baser dans la géologie des montagnes, et mes observations sur la vallée d’Aspe n'étaient que la suite et la continuation de l’étude minutieuse des régions environnantes. On sait que les fossiles sont ordinairement introuvables précisément aux points difficiles, et presque toujours dans la géologie souterraine où l’exactitude est spécialement de rigueur. Mais à part l'identité de la dalle du Hourat avec la dalle crétacée du défilé d’Accous, il y a là continuité de la dalle du Hourat avec le Crétacé des Eaux-Chaudes, dont je possède un échantillon très com- plet de Hippurites cornuvaccinum (4). Il faut une prévention bien arrêtée pour nier l’évidence de cette continuité. Quant aux fossiles trouvés dans la dalle, aux Eaux-Bonnes, par M. OEhlert et soumis à M. Nicholson, j’affirme que ce dernier s’est trompé en les revisant et que sa première impression était vraie. Je suis d'autant moins gèné pour l’affirmer que les travaux de M. Nicholson m'ont servi de guide précieux pendant bien des années et que les polypiers du Crétacé des Pyrénées ne sont pas connus et ont particulièrement attiré mon attention. J’en ai trouvé (à côté de Rudistes du Crétacé inférieur, et même à côté de Rudistes du Cénomanien) qui ont été déterminés comme incontestablement paléozoïiques par la plus émi- nente autorité de mon pays en la matière. Au dessus du Pont-d’Enfer, au sud des Eaux-Chaudes, le calcaire à Hippurites repose sur quelques mètres de marnes schisteuses, recouvrant un banc de calcaire fétide pétri d’'Ostrea stet d’Orb. Cette dernière couche est plaquée sur la surface rongée et irrégulière BANS RCE MERS ET ER NMIE DANS DE B. S. G. F., 3° sér., t, XVIII, p. 665. CUR:"Ac: Sc, 11 janvier 1892, p- 87- BASSES NSER PET EX VIE ED: 20: 374 STUART-MENTEATH.— GÉOLOGIE DES ENVIRONS D'EAUX-BONNES 25 Av. du granite, et elle a englobé des blocs roulés du même granite. C’est à peu près la même relation que dans le Labourd. M. Braly m'a montré des échantillons d’un schiste à plantes fossiles qui se trouve plus loin, séparé du calcaire supérieur par un banc de conglomérat et séparé du granite par un banc de calcaire noir. Ces plantes ne pré- sentaient rien de caractéristique du Carbonifère, et m’ont paru plutôt appartenir à la couche ligniteuse qui, partout dans les Pyrénées Occidentales, est placée entre le conglomérat de la base du Cénoma- uien et les couches à Orbilolina conoidea Gras. Coquand a signalé dans le calcaire immédiatement au dessus de cette couche à plan- tes, des Nérinées et la Caprina Toucasi. La base du calcaire à Hippu- rites est donc très probablement identique avec le Cénomanien à Nérinées et Caprines que j'ai signalé au sud de St-Jean-Pied-de- Port (1). C’est encore probablement le métamorphisme du conglo- mérat et du calcaire à Ostrea aquila par l’ophite qui a produit le prétendu Trias du Col de Lurdé. J'ai eu le grand avantage d’être accompagné par un confrère de de la Société Géologique dans les courses rapides qui m'ont permis de confirmer mes observations précédentes sur la vallée d’Ossau. M. Braly, ingénieur de la mine d’Aar, est déjà connu des géologues. Profitant de son expérience, j’ai pu faire une ample moisson de fossiles, et j'espère qu'il publiera bientôt ses observations, exactes et consciencieuses, sur la structure des régions les plus inaccessi- bles des environs des Eaux-Bonnes, ainsi que sur les filons qui en forment la partie la plus difficile à mettre en lumière d’une façon instructive. P.S. — M. Liétard, dont j'ai eu des nouvelles par l'entremise d’un ami qui a continué mes recherches aux Eaux-Chaudes, a certaine- ment reconnu, après un examen rigoureux et des hésitations qui lui font honneur, l'identité de la dalle du Hourat avec le Crétacé. M. de Margerie lui a rendu justice dans son Aperçu de la Structure géolo- gique des Pyrénées. (Annuaire du Club Alpin Français, 1892.) (4) B. S: G. F., 3% sér., t. XVI. p. 23. Note ajoutée pendant l'impression. — L'Ostrea aquila d'Orb. trouvé aux Eaux Chaudes est noté sur place dans mon carnet comme 0. Boussingaulli. On peut dire avec certitude qu'il appartient aux formes qui sont intermédiaires entre ces deux espèces. 1893 919 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES TERRAINS TERTIAIRES D'ALSACE (Suite). NOTE COMPLÉMENTAIRE SUR LE GISEMENT DE ROPPENTZWILLER ET LE GISEMENT A INSECTES ET A PLANTES DE KLEINKEMBS par MM. Mathieu MIEG. G. BLEICHER et FLICHE (1). BIBLIOGRAPHIE D: F. Sandberger : Die Conchylien des Mainzer Tertiarbeckens. — Mathieu Mieg, G. Bleicher et Fliche : Contribution à l’étude du terrain tertiaire d'Alsace (suite); Sundgau et Grand-Duché de Bade, B. S. G. F. 3 série, tome XX. — Mathieu Mieg : Excursions géologiques en Alsace et dans les pays voisins : Une excursion à Kleinkembs-Istein, Feuille des Jeunes naturalistes, HI série, n° 265- 266. ROPPENTZWILLER. Dans notre précédent travail (2) nous avons donné une descrip- tion du gisement de calcaire tuffacé de Roppentzwiller, que nous avions considéré comme post-tongrien et appartenant à peu près au même niveau que les calcaires à Helir deflexa de Kleinkembs. Grâce aux recherches nouvelles que nous avons faites à Roppentz- willer dans le courant de cette année et à l’obligeante collaboration de M. le professeur Sandberger, nous sommes aujourd’hui à même de fournir des renseignements absolument précis sur l’âge de ce curieux dépôt tertiaire et sur les particularités qu'il présente. En explorant sur la rive gauche de VII les environs de Roppentz- willer, on constate que les calcaires tuffacés de l'Ebertsburg se poursuivent sur un périmètre d'environ 1 1/2 kilomètre carré entre Roppentzwiller et le Kuhwald dans la direction de Vieux-Ferrette. Dans cette zone, les morceaux de calcaire épars que l’on ramasse dans les champs prouvent, non seulement l’extension du calcaire (1) Communication faite dans la séance du 19 Décembre 1892. Manuscrit parvenu au Secrétariat le 12 Décembre. (2) Mathieu Mieg, G. Bleicher et Fliche : Contribution à l'étude du terrain ter- tiaire d'Alsace (suite) ; Sundgau et Grand-Duché de Bade, B. S. G. F., 3° sér., tome XX°, p. 175. 3176 MIEG, BLEICHER ET FLICHE. — TERRAINS TERTIAIRES D’ALSACE 25 Av. 3 tuffacé de l’Ebertsburg, mais encore que — sur un espace relative- ment restreint — il existe un passage latéral de ces calcaires à fossiles terrestres à des calcaires à fossiles lacustres. Les points les plus favorables à cette constatation sont les champs situés en face de l’Ebertsburg, à droite de la route de Roppentzwiller à Vieux- Ferrette et qui sont coupés en travers par le ravin dans lequel est encaissé le ruisseau du Grumbach. Ce ravin, de même que les carrières ouvertes autrefois dans les champs, entaille les argiles et les grès tongriens sans stratification apparente, tandis que la surface labourée des champs est couverte de fragments de calcaire dont la majorité, d’origine lacustre, renferme en abondance Planorbis declivis, de petites Limnées indéterminables et quelques Helix (H. rugulosa). Il y à donc ici superposition évidente des calcaires lacustres au- dessus des grès tongriens. Les calcaires lacustres, dont on rencontre des blocs ayant jusqu’à 10 à 12 centimètres d'épaisseur, variables de couleur et d'aspect, sont en majorité compacts et très durs, souvent fendillés, parfois gréseux où contenant des noyaux argileux. Leur aspect minéra- logique est très analogue à celui des calcaires supérieurs de Klein- kembs. À côté de ces calcaires d’origine évidemment lacustre se rencontrent aussi quelques blocs d'apparence travertineuse, ooli- thique, avec quelques rares Cionella lubricella. (4) Les passages latéraux qui se sont produits dans les niveaux supé- rieurs des calcaires de l’Ebertsburg et de ses environs prouvent que des sources abondantes jaillissaient en ce point à l’époque miocène. Ces sources alimentaient sans doute un petit bassin, peu profond, dans lequel de minces dépôts lacustres ont pu se former, tandis qu’au point de jaillissement — à l’Ebertsburg — les tufs et les travertins acquéraient une épaisseur relativement assez considé- rable. C’est ce que nous avons pu constater par une importante fouille que Messieurs Schlumberger-Steiner et C viennent de faire exécuter — dans le but de capter les sources actuellement encore abondantes — à la base de l’Ebertsburg, à environ 12 à 45 mètres au-dessous de la carrière de ce nom, sur la gauche de la colline. Cette fouille a traversé, au-dessous de 1m d'argile, une (1) A. Andreae (Notice sur le tertiaire en Alsace, Zahrb. v. Min. 1882, Bd. IL.) cite Cionella formicina Bonis dans le calcaire lacustre de Buxwiller ; quant au genre Pupa nous avons récemment constaté sa présence dans les calcaires à Limnea marginala Sand. de la carrière du Buchholtz à Kleinkembs. RL cs ns | 1893 MIEG, BLEICHER ET FLICHE., — TERRAINS TERTIAIRES D'ALSACE 3117 épaisseur d'environ 3"50 de calcaire travertineux, noduleux, sans fossiles, passant au conglomérat avec minces couches d'argile intercalées, dont l’ensemble forme la base des calcaires tuffacés de l’Ebertsburg. La roche, en général à pâte très dure, colorée par l’oxyde de fer, renferme de nombreux nodules ferrugineux, qui parfois atteignent une grande dimension ; ils se rencontrent égale- ment isolés dans l’argile. De puissantes sources jaillissent à ce niveau. Les passages latéraux qu’il nous a été possible d’observer aux environs de Roppentzwiller sont très instructifs; ils fournissent un exemple de la difficulté que présente l’étude des formations ter- tiaires en général et de celles du Sundgau en particulier. On ne saurait en effet apporter trop de prudence au classement de terrains dans lesquels, sur un espace relativement très restreint, on voit des couches à fossiles terrestres passer à des couches à fossiles lacustres. Après avoir prouvé que les calcaires à fossiles terrestres et lacustres de Roppentzwiller étaient postérieurs aux grès tongriens, il nous reste à examiner si les ‘fossiles qu’ils renferment sont assez typiques pour leur assigner un niveau précis dans la série des terrains tertiaires. Les fossiles que nous avons recueillis à Roppentzwiller ont été soumis à M. le professeur Sandberger (1) de Wurzbourg qui, grâce à sa grande compétence,a réussi à en déterminer la grande majorité. Voici, par ordre de fréquence (2), la liste de ces espèces d’après M. le professeur Sandberger : Helix sublenticula Sandb. Helix rugulosa v. Martens. Helix Ramondi Brongn. Cionella lubricella AI. Braun. Helix osculum Thomae. Cyclostoma antiquum Lam. Du calcaire lacustre : Planorbis declivis Al. Braun. (1) Nous tenons à remercier ici le savant professeur D' Sandberger pour son obligeance et sa bienveillante collaboration. (2) Helix sublenticuia représentée par 32 échantillons soit 38 ‘/, environ. Helix rugulosa » DAT » D 0920/6 » Heliæ Ramondi D. » 44 » » 16,50, » Cionella lubricella » JS » DOME » Helix osculum » DES » D 73,016 » Cyclostoma antiquum » DNA ». Dr MD ) 378 MIEG, BLEICHER ET FLICHE. — TERRAINS TERTIAIRES D'ALSACE 25Av. « Ces fossiles, nous écrit le Dr Sandberger, sont tous caracté- » ristiques (Leitversteinerunyen) du calcaire lacustre du Miocène » inférieur de Hochheim près Mayence, Fontainebleau, Ehingen » dans le Wurtemberg, et des environs d'Agen dans le sud de la » France, c’est-à-dire de ma zone à Helir Ramondi. » Notre gisement de Roppentzwiller contient donc une série de fossiles caractéristiques du calcaire à fossiles terrestres (Landsch- neckenkalk) de Hochheim (1) — bassin de Mayence —, parmi les- quels Helit Ramondi caractérise également une série de dépôts miocènes (aquitaniens) de la France depuis les calcaires blancs de l’Agenais jusqu'aux calcaires à hélices de l’Orléanais, aux couches lacustres, quelquefois à l’état de conglomérat, de la vallée de la Saône, etc. Il se place donc à la base du Miocène inférieur (système allemand), au niveau — ou peut-être un peu au-dessus — du calcaire de Beauce supérieur. Roppentzwiller est donc le premier gisement miocène (système allemand) connu dans le Sundgau et en Haute-Alsace. Nous ajouterons que les calcaires lacustres supé- rieurs à Helix Zippei Reuss de Kleinkembs (2) sont, ainsi que nous l’avions déjà indiqué dans notre précédent travail, à peu près équivalents à ceux de Roppentzwiller. KLEINKEMBS Les fouilles que nous avons fait faire dans le courant de l’année 1892, au ravin de la Rüssmatt (Rüss-Graben), nous permettent de donner des renseignements complets sur le gisement à insectes, débris de plantes, Paralates, etc., dont nous avions annoncé la découverte dans notre dernier travail (3). La coupe que nous avons pu relever dans le ravin du Rüss-Graben est la suivante : COUPE DU RAVIN DE LA RÜSSMATT (RÜSS GRABEN). La succession des couches de bas en haut est la suivante : (1) Sur le Landschneckenkalk de Hochheim, sa position stratigraphique; voy. D'F, Sandberger : Die Conchylien des Mainzer Tertiarbeckens, Schlussheît, p. 442-446 et tableau synchronique final. (2) Dans la seconde partie de cette note, relative à Kleinkembs, nous donnerons des renseignements complémentaires sur cet étage. (3) Mathieu Mieg, G. Bleicher et Fliche : B. S. G. F.3° sér. Tome XX’, p. 175. Voir aussi : Mathieu Mieg : Excursions géologiques en Alsace et dans les pays voi- sins. Une excursion à Kleinkembs-Istein. Feuille des Jeunes naturalistes, III: série, n°s 265 et 266. 1 1893 MIEG, BLEICHER ET FLICHE. — TERRAINS TERTIAIRES D’ALSACE 979 Le n° 4, la plus inférieure, étant au niveau de la voie ferrée : N° 1. Argile dure, rognoneuse et concrétionnée avec traces char- DONNEUS ES RER A EU En ee Are Ge ele ee ete eee 0"90 environ. 2. Grès calcareux-marneux d'apparence tuffacée...,.......... 0,20 » MATE dlUre COMPACT NN EU . 0,30 » 4. Argile sableuse, grise, schisteuse, avec quelques feuillets renfermant des traces charbonneuses, ...............,... 0,30 » b. Calcaire marneux, gris ou jaunâtre, riche en Littorinelles, Néritines, Cyrena semi-striata, Cypris, élytres d’Insectes, traces de Crustacés isopodes, débris de plantes........... 0,40 » 6. Argile avec rognons calcaires grisätres, légèrement phos- DRALES AAA DANN ENEUNE AE NA Er PI 1 » 7. Calcaire gréseux devenant argileux, compact, jaune ou bleu, riche en débris de plantes avec Néritines, élytres d’Insestes, Crustacés tisSopodes 2e An EnesPrEne CAN En A LOI A 0,30 » 8. Argile et sable argileux noir, ligniteux .................... 0,06 » 9, Calcaire dur, bréchoïde, TLÉSICOMPA CHAN RS net 0706 > 10. Grès bleuâtre, dur, à traces charbonneuses................. 0, 40 » HMMCalcarenduEs aunatre | bréchoide Pen ERA CAIRN 0,22 » DS NAN ARS A MAN SENS AND SARA RES SA PE A 0,25 Ù HaGresisableux brun atne ss IMPR ER RUN ERNRE ee NEE 0,30 » PA PAL OT OO pe RNA a LA RNA PAG A LE A A VE uen ANA ue 0,10 » To MALN EL QUPe rs AIR ER Aa NE ee ne AE er tr Es 0,20 » HOMPATS IEEE ECEE Pete Ta la en li eletete DHEA AOC DE oo 0,35 » PMR eue RAR ARS RER ee ll et EN ER a A 0, 30 » 18. Grès sableux, ferrugineux, bleu ou brun. ................. 0,45 ) HO RATE TE NRA ee re na ne EN EN A On se Pie 0,15 » 20. Calcaire marneux, compact, avec traces de plantes.... .... 0, 20 » PL oi EG ETS RAA tEA NA ee CS NE CES EE PA ER NT 0,10 ) PPMBLESISADIEUX Te LEUBINEUX. etre male en E 0, 30 ) Ro RON D AN OS en EE EP EAU PRE EAN ot NUS RE ER 0,20 » 24. Schistes à Insectes, Paralates Bleicheri, Littorinelles, etc. o Schistes argilo-gréseux, fissiles, jaunâtres ou brunâtres avec = 3 \ parties dures feuilletées, riches en Insectes, débris de SE | plantes, Paralates, plumes d’Oiseaux, avec banc gréseux £ AURSOMMEL- PE PIC ECE Dao 00 0e MARNE ARE TA PR MAR AEDre 0,15 » 2 È Argile schisteuse avec feuillets minces remplis de traces = È MécétalesiCharbOnneuses PPS PAPER POP RUE 01080 ) PHACAlCAITE Tes UT TE RE AR AE SRE PAR EN RAS Te 0,03 » 26. Grès sableux micacé, schisteux, très riche en débris de plantes avec élytres d’Insectes (horizon du Stapiel) ....... 0,10 ) STMRALTIlLe Sete et ae D LA ALES on SFA ERP VAT EE RP ee 0,30 » 28. Calcaire dur marno-schisteux ou gréseux passant au schiste argileux, fissile, riche en débris de plantes,avec Paralates Bleicheri, Insectes......... PNA ET PRSA e OE 0,06 » DOMPATOT IEEE de sine eeutet ue DD Era DAT OI CE A ACIDE CRE 0, 30 ) SUPGLESISA Deux DTUNAITES A EEE UNS AR buaee tt (Den » Ici se termine la coupe visible dans le lit du ruisseau au ravin de 380 MIEG, BLEICHER ET FLICHE. — TERRAINS TERTIAIRES D’ALSACE 29 Av. la Rüssmalt, mais une fouille faite un peu plus haut nous a prouvé qu'au-dessus du grès n° 30, il existe un banc de 0"55 d'épaisseur de calcaire dur, argilo-marneux, riche en Littorinelles, débris de plantes, etc. Ce banc est surmonté sans doute par plusieurs autres, assez épais, de marne et de calcaire dur, marneux-schisteux (1) renfermant abondamment Mytilus socialis, Littorinelles, Cyrena semistriata, etc.; leur ensemble, au-dessous du conglomérat, peut atteindre environ 4 à 5 mètres d'épaisseur (2). Un affleurement de ces couches supérieures existe au Wolf sur la route de Kleinkembs à Blansingen ; on y rencontre en effet, au-dessus d’un banc de grès semblable au n° 30 de notre coupe : N° 1. Bancs de calcaire argileux schisteux imprégné d'oxyde de fer, avec feuillets marneux, riche en débris de plantes dans Tetpa ss A AE PE at Pot TERRE Ro ne RENE 0"85 environ, 2. Calcaire dur marno-schisteux, riche en Cypris, Littorinelles, HYATODIQ ED DUISSON TE EAN RER ENTER ee ee 0,35 ) Si l’on examine plus en détail les schistes à Insectes du Rüss- Graben (n° 24 de notre coupe), on voit qu'ils forment deux bancs séparés par de l'argile dont l’ensemble atteint 15 centim. d'épaisseur. Le banc inférieur argilo-schisteux, d’une épaisseur de 6,3 centim. environ, contient dans ses feuillets inférieurs Paralates Bleicheri Sauv. et de nombreuses larves d’Insectes, vers le milieu, des empreintes végétales, des Sphéromes, et dans sa partie supé- rieure des débris de plantes et des Insectes assez abondants. Le banc supérieur argilo-gréseux, d’une épaisseur de 3,8 centim. envi- ron, dont la partie inférieure schisteuse épaisse de 1,2 centim. à à 1,4 centim. est riche en Insectes, en débris de plantes, Paralates, plumes d'oiseaux, constitue le principal niveau à Insectes. La collection d’Insectes que nous avons pu réunir au Ruüss- Graben, à la suite de fouilles et de recherches répétées, fera l’objet d’une étude spéciale. Les Diptères, Hyménoptères, Coléoptères, et particulièrement les deux premiers ordres, y sont représentés par d’assez nombreux genres et espèces ; quant aux Orthoptères, ils n’y font pas non plus défaut. Une très belle empreinte avec contre- (1) Cela paraît d’autant plus probable que les calcaires marneux sortis des vignes de la Riñssmatt et amoncelés en tas renferment Mytilus socialis, Cyrena semis- triata, Hydrobies, etc. Un passage de ces calcaires aux conglomérats se fait sans doute dans le haut. (2) Un Bryozoaire, du genre Retepora, que nous avons trouvé associé aux Bythi- nies et aux Littorinelles dans les niveaux supérieurs des marnes à Cyrènes du Rüss-Graben, prouve que la mer ne devait pas être bien éloignée au moment où se formaient ces dépôts. 1893 MIEG, BLEICHER ET FLICHE. — TERRAINS TERTIAIRES D'ALSACE 981 empreinte de 3 centim. de long sur 1 1/2 centim. de large, deux autres moins bonnes, se rapportent avec certitude à des plumes d’'Oiseaux. C’est la première fois, à notre connaissance, que la pré- sence de plumes d’Oiseaux est signalée dans l’Oligocène du bassin sundgovien-badois. Les empreintes végétales très nombreuses et très variées, étudiées par l’un de nous, ont fourni les résultats suivants : Les fossiles végétaux de Rüss-Graben sont en meilleur état que ceux des autres localités appartenant, dans l’Alsace méridionale, au même horizon; non pas que les empreintes soient plus nettes, mais elles sont plus complètes et les feuilles de Dicotylédones présentant quelque étendue y sont en particulier moins rares. L'ensemble des fossiles, de ceux qui sont déterminables comme de ceux dont on ne peut indiquer l’espèce ni même sûrement le genre, dénote une végéta- tion très variée. Le nombre considérable des Monocotylédones bien évidemment aquatiques rencontrées, le fait qu’elles ont laissé non seulement des débris de leurs feuilles mais leurs rhizomes, leurs racines, leurs tiges, quelquefois leurs inflorescences, Le tout mélangé et couvrant des plaques de la roche, montre qu’au moment où les dépôts se formaient, l’eau du lac ne devait pas avoir une très grande profondeur, et que sur le fond se développait une riche végétation de plantes aquatiques. Non loin du bord, il y avait une forêt dont les débris, lorsqu'ils étaient légers, étaient facilement transportés par le vent dans le lac; c’est ce que montre l’abondance des feuilles et surtout des graines et des fruits légers, des samares en parti- culier, qui n’ont évidemment pas subi un long transport par les eaux. D’autres débris cependant ne sont pas arrivés par cette voie, amenés certainement par une rivière ou tout au moins par un ruisseau, Car on trouve des organes, bois, graines lourdes, qui n'auraient pu être transportés par le vent. L’abondance du Paralates Bleicheri, petit poisson d’'embouchure, semble également corroborer le fait de l’existence d’un cours d’eau. Comme toutes les flores oligocènes bien connues, celle qui a laissé des traces de son existence à Ruüss-Graben présentait une très grande variété dans sa composition; on y trouvait de grands arbres tels que les Sequoia parmi les Conifères, et probablement une partie au moins des chênes parmi les Angiospermes; des arbustes et des arbrisseaux, les Hyrica par exemple. Les espèces arborescentes ou arbustives habitaient surtout, d’après ce que nous connaissons de leurs congénères actuels, les terrains qui n'étaient pas soumis immédiatement à l'influence du lac, des rivières ou des 382 MIEG, BLEICHER ET FLICHE. — TERRAINS TERTIAIRES D’'ALSACE 25 Av. ruisseaux; cependant le Glyptostrobus europaeus habitait les bords de ceux-ci comme le fait l’espèce asiatique existant encore aujour- d'hui, et quelques autres espèces avaient sans doute le même habitat, en sorte que la forêt se reliait au lac et venait toucher les herbes aquatiques dont il a été question plus haut. Quel était le tapis végétal qui couvrait le sol au-dessous des espèces ligneuses? comme toujours, nous sommes fort imparfaite- ment renseignés sur ce point, notons cependant la présence de deux fougères bien caractérisées, fait d'autant plus intéressant que ces végétaux sont en général très rares dans les dépôts tertiaires de la région. Quant aux indications que fournissent les fossiles végétaux de Ruüssgraben relativement au climat sous lequel ils ont vécu, à leurs affinités avec les autres flores fossiles, elles corroborent ce que nous ont appris les fossiles recueillis dans d’autres localités similaires de la région; peut-être, autant qu'on en peut juger sur une étude encore incomplète, accuse-t-elle une prédominance de l’élément archaïque sur les formes les plus récentes. Il a été impossible d'achever la détermination de tous les fossiles recueillis; voici ce qu’on peut considérer comme acquis dès à présent : ACOTYLÉDONES CELLULAIRES : Sphaeria voisin du S. Frogii Heer, sur un fragment de feuille de monocotylédone. Phyllerium non encore décrit, sur une pinnule de Chrysodium. ACOTYLÉDONES VASCULAIRES : Lygodium sp., voisin des plus petits échantillons du L. Gaudini Heer et mieux encore du L.distractum Sap., sans que l’exiguité des fragments de pinnules qui représentent cette fougère à Rüss-Graben permette de rien dire de plus. Chrysodium minus Sap.? Le genre paraît certain, l’espèce est plus douteuse à cause de la faible portion de fronde de cette fougère. GYMNOSPERMES CONIFÈRES : Sequoia Couttsiae Heer. Strobiles et assez nombreux fragments de ramules. Glyptostrobus europaeus (Br.) Heer. Grands ramules avec un strobile à l’extrémité de l’un d’eux, et plusieurs fragments de ramules. Cette espèce est moins abondamment représentée que la précédente, mais il faut dire que les courtes extrémités de ramules présentent parfois quelque inexactitude de détermination. Libocedrus salicornioides (Endl) Heer. Un fragment de ramule. Pinus (s. str.). Deux grands fragments de feuilles appartiennent très probablement à un pin à deux feuilles. 1893 MIEG, BLEICHER ET FLICHE. — TERRAINS TERTIAIRES D'ALSACE 989 Abies. Des feuilles éparses paraissent appartenir à cegenreentendu dans le sens le plus large. MONOCOTYLÉDONES : Phragmites. Quatre grands fragments de feuilles avec nervation très bien conservée, au moins sur deux d’entre eux, appartiennent à ce que Heer a rattaché à ce genre et à une espèce nouvelle. Il semble d’ailleurs certain qu'il s’agit de végétaux différents des Phragmites actuels; un fragment de rhizome pourrait être rapproché de ces feuilles. Poacites. Assez grand fragment de feuilles qui n’est pas sans quelque analogie avec le P. conchoides Ett. de Bilin, tout en étant nettement différent de ce dernier. } Cyperites. Trois fragments de feuilles dont un très grand appar- tenant à une espèce nouvelle; un fragment de rhizome avec ses racines pourrait aussi se rattacher à une Cypéracée. Juncus. Un fragment de tige paraissant distincte de tout ce qui jusqu’à ce jour a été rapporté à ce genre. Rhizocaulon. Deux fragments d’inflorescences avec des épillets, le tout bien conservé, dénotent une espèce distincte de celles du midi de la France, se rapprochant plutôt de R. polystachium. Un fragment de feuille peut être rapporté au même genre mais avec plus de doute. Podostachys sp. Un épillet. Palmiers. Deux grands fragments de feuilles appartiennent à des palmiers, sans qu’ils soient assez complets pour qu’on puisse les rapprocher des espèces fossiles déjà décrites. Cependant l’un d’eux indiquant nettement une feuille flabelliforme pourrait bien être le Sabal dont les fragments d’axes d’inflorescences décrits sous le nom de Palmarachis ont été rencontrés dans d’autres dépôts du même âge en Alsace. Typha latissima A1. Br. Grands fragments de feuilles. Sparganium. Deux grands fragments d’axes d’inflorescences et aussi une empreinte de feuille, voisine des S. Stygium Heer et S. sirictum Sap. Naiadopsis dichotoma Heer. Il y a identité entre l’empreinte et la figure de Heer, ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit en réalité d’une seule et même plante. | DICOTYLÉDONES : Myrica kakaefolia (Ung.) Sap. Belle empreinte de feuille presque complète. Myrica elongata Sap. ou une espèce très voisine; une feuille presque entière. 384 MIEG, BLEICHER ET FLICHE.—TERRAINS TERTIAIRES D’ALSACE 25 AV. Alnus. Une samare. Quercus Drymeia Ung. ou une espèce voisine ; grand fragment de feuille. Querceus modesta Heer. Feuille à nervation très bien conservée. Quercus. Espèce voisine du Q. Kutschlini Ett. de Bilin et, à un moindre degré, des espèces de la même section trouvées par M. de Saporta à Gargas et à Armissan. Daphne. Espèce nouvelle voisine du D. Minila Sap. Cinnamomum lanceolatum Heer. Plusieurs fragments de feuilles plus ou moins étendus se rapportent à cette espèce. Cinnamomum Rossmaäsleri Heer? Empreinte et contre-empreinte d’une feuille. Dyospyros ! brachysepala AT. Br. Un grand fragment de feuille; la détermination générique paraît certaine, l'attribution spécifique ne l’est pas autant, parce que l’organe n’est pas complet, elle est toute- fois très probable. Aralia (Paratropia?). Espèce nouvelle représentée par une très belle feuille entière à nervation très bien conservée, qui rappelle VA. ligetium Sap. d’Armissan, tout en s’en distinguant nettement. Hiroea hermes Ung. ou une espèce voisine; cinq samares ; la seule raison de douter de l'attribution à l’espèce d’'Unger c’est qu'elles sont plus petites. Quant à l'attribution aux Hiroea, nous la jugeons inexacte; le rapprochement avec les Tincinalia proposé par M. d'Ettinghausen est plus naturel sans être complètement satis- faisant. Fragments de bois de dicotylédones en trop mauvais état pour être déterminés. Nous profitons de l’occasion qui nous est offerte pour donner des renseignements complémentaires sur l'horizon supérieur de Klein- kembs. Les calcaires lacustres de la carrière de Barbrunnen, qui font partie de cethorizon, sont caractérisés par une Helix de petite ou de moyenne taille, de forme déprimée, que nous avions iden- tifiée avec Helix deflexa A. Braun var. minor. Le professeur Sandberger, de Wurzbourg, qui a bien voulu examiner les fossiles que nous avons recueillis dans les niveaux supérieurs de la carrière de Barbrunnen, à trouvé qu’ils se rappor- taient exactement à Helix Zippei Reuss, du Miocène inférieur de la Bohème. D’après ce que nous écrit le savant professeur, la détermination de l’espèce, presque certaine avec les moules, est devenue absolu- ment sûre, grâce aux empreintes des coquilles dont l’une, par sa AS93 MIEG, BLEICHER ET FLICHE. — TERRAINS TERTIAIRES D'ALSACE 9385 bouche et sa sculpture, se rapporte avec une certitude absolue à Helix Zippei Reuss. À côté d’Helix Zippei Reuss, espèce prédomi- nante et caractéristique, se rencontrent encore quelques rares exemplaires d’une très petite Helir qui, d’après M. Sandberger, se rapporterait à Helix lepida Reuss (H. Sandbergeri Desh.) autant qu’on peut en juger sur des moules non entièrement dégagés de la pierre. Helix lepida Reuss, comme Helix Zippei Reuss, appartient au . Miocène inférieur de la Bohème, de Hochheim, de Fontainebleau. L’horizon supérieur avec calcaire lacustre et terrestre de Klein- kembs, par ses fossiles, appartient donc bien nettement au Miocène inférieur (système allemand) ; il est sans analogie avec les dépôts tertiaires du lac sundgovien qui rentrent tous dans l’Oligocène. Ce n’est qu’en dehors des limites du lac, à Roppentzwiller, que l’on trouve un dépôt de calcaire à fossiles terrestres et lacustres à Helix Ramondi, etc., qui, ainsi que nous l’avons indiqué précédemment, doit être classé dans le Miocène inférieur. XX 25 906 20 Mai UN FORAGE A DIVES (CALVADOS) par MM. Ed. LIPPMANN et G. F. DOLLFUS (1) Le forage exécuté à Dives dont nous allons examiner les résultats n’a pas répondu complètement aux prévisions géologiques. On pou- vait croire cependant que la succession stratigraphique en Nor- mandie était parfaitement connue, et qu’il suffisait de relever l’épais- seur de chacune des strates pour atteindre une probabilité très grande. D'autre part, le résultat donné par les faits une fois établi, on lui trouve une explication nouvelle, logique, qui concorde encore mieux avec les données générales que ne le faisaient les probabi- lités premières. Ce forage, qui avait pour but une recherche d’eau abondante et pure, a été fait pour la Société de l’'Elmore française, usine d’affinage de cuivre située sur le bord de la Dives et près de son embouchure, en face du village; il a été entrepris sur un remblai, à l'altitude de 2m70 au-dessus du niveau de la mer. Voici l’'énumération des cou- ches rencontrées : FORAGE DE DIVES. ALTITUDE 2.70 M. AU DESSUS DE LA MER Épaisseur 1 M4 /Remblai 0, a A NO: COR M DEEE 2, Terre végétale sableuse . . . . 1.50 à 2.00 0.50 Pleistocène . 3. Sable marin à Cardium edule. . 2.00 à 7.00 5.00 4. Cailloux et sables fluviatiles. . . ‘7.00 à 8.70 1.70 5} MiTuiricalcairen(?) Ne NS 7 DA NO STAUAGE 6. Argile marneuse assez plastique . 9.30 à 12.10 2.80 7. Argile marneusegriseà grosnodules 12.10 à 17.60 5.50 8. Argile grise compacte,foncée . . 17.60 à 25.50 7.90 9. Tablette de calcaire dur . . . . 25.50 à 26.35 0.85 Callovien . . { 10. Argile marneuse grise, ferme . . 26.35 à 28.80 2.45 11. Marne argileuse tendre gris clair . 28 80 à 34.70 5.90 12. Calcaire marneux gris fossilifère . 34.70 à 41.90 7.20 13. Argile sableuse verdâtre,compacte. 41.90 à 43.63 1.73 14. Marnegriseavectablettes gréseuses. 43.63 à 46.70 3.07 (1) Communication faite dans la séance du 19 décembre 1892. Manuscrit déposé le même jour. 1893 LIPPMANN ET DOLLFUS.— UN FORAGE A DIVES 387 Épaisseur 45. Grès gris très dur. . . EL TOMATE A OZOS 16. Argile marneuse grise avec AUS 47.68 à 48.38 0 70 17. Marne blanchâtre avec pyrites . . 48.38 à 49.82 1 44 18. Marne grise compacte. . . . 49.82 à 79.85 30.03 19. Calcairemarneux certe 79.85 à 85.47 5.62 panoysen © ©: { 20. Marnegriseetbruneenplusieurslits 85.47 à 95.30 9 83 (ETES 21. Marne grise, lits coquilliers. . . 95.30 à 96.25 0.95 22. Marne brune, foncée. . . MID 20 410815 081700 23. Marne dure et calcaire fossilitère 98.15 à 98.93 0.78 24. Alternance de marne blanchâtre " | de calcaire jaunâtre tendre . . 98.93 à 112.05 13.12 25. (Calcaire très dur, gris bleuâtre, à Bryozoaires . . . . . 112.05 à 114.90 2.85 26. Calcaire gris clair plus die . . 114.90 à 141.60 26.70 27. Calcaire gris bleu très dr . . . 141.60 à 144.40 2.80 28. Calcaire marneux bleuâtre tendre 144.40 à 144.90 O0 50 Bathonien . . { 29. Calcaire très dur,gris bleu en plu- SIEUTSAITES RE EME 4 00 AM O CON E70 30. Marne blanchâtre . . . . . . 159.60 à 159.80 0.20 31. (Calcaire blanchâtre fin . . . . 159.80 à 160.60 0.80 32. Argile marneuse blanche nn paciel 160.60 à 171.60 11.00 33. Argile blanchâtre compacte, , . 171.60 à 192.00 21.60 . 34. (Calcaire dur bleuâtre à débris de | Crinoïdes en plusieurs lits , . 192.00 à 202.30 10.30 35. Calcaire à oolites ferrugineuses, . 202.30 à 203.55 1.25 36. Calcaire oolitique bleuâtre . . . 203.55 à 203.70 0.15 \ 37, Calcaire oolitique grisâtre . . +. 203.70 à 204.60 0.90 38. Marne grise avec quelques oolites, fossilifère : Ammonites. . . . 204.60 à 208.80 4.20 39. Argile compacte bleue . . . . 208.80 à 208.90 0.10 40. Marne bleuâtre à Belemnites. . . 208.90 à 211.30 2.40 41. Marne bleue oolitique fossilifère. . 211.30 à 215.00 3.70 42. Marne sableuse avec débris gréseux et schisteux, petits cailloux de ŒUAT ERA ANAN . 215.00 à 216 14 1.14 43. Argile rouge inaneiree ao d' al- tération du rocher primaire . . 216.14 à 219.12 2.98 4h. Schiste argileux verdâätre . . . 219.12 à 220.25 1.13 45. Schiste gréseux très dur avec filons de quartz EE NE 00220 25) a002674 016749 46. Argilerougeetjaune,schistes pourris 226.74 à 228.45 2,64 47 Grès schisteux verdâtre, très dur, ganglions de quartz et pyrite. . 228.45 à 229.00 0.53 Bajocien. . . Toarcien. . . Silurien . . . PLEisTocÈNE. — Nousappellerons d’abord l’attention sur les dépôts quaternaires, puissants de 8270 et qui peuvent se classer en trois niveaux. C’est, à la base, un lit de gros cailloux de silex fluviatiles avec sables diluviens, qui se trouve actuellement à 6 mètres au-des- 338 LIPPMANN ET DOLLFUS. — UN FORAGE A DIVES 20 Mai sous du niveau de la mer, et qui n’a pu se former que dans des con- ditions très différentes, lorsque le volume de la Dives et son cou- rant étaient beaucoup plus forts, la mer plus éloignée et la terre sensiblement plus élevée qu’elle n’est aujourd’hui. A la partie moyenne règne un lit de sable marin, puissant de 5 mètres, et qui renferme des coquilles marines semblables à celles encore vivantes sur la plage voisine de Beuzeval : Cardium edule, Donax vitta- lus, etc. Cette assise nous indique une incursion marine, un affais- sement du sol lors du Pleistocène moyen. Au sommet, nous retrou- vons une terre végétale sableuse qui nous prouve une période continentale et une nouvelle oscillation qui a rejeté la mer à son emplacement actuel, faisant regagner à la terre un peu moins de terrain que l’assise marine moyenne ne lui en avait fait perdre. On sait que des faits analogues ont déjà été signalés sur les côtes de la Manche ; par exemple un forage, déjà ancien, exécuté sur la place principale au Hâvre, a traversé 18 mètres de silex roulés, de sables et argiles d’alluvion avant d'atteindre le terrain jurassique, et ce contact se trouvait à 11 mètres au-dessous du niveau actuel de la mer (1). CALLOVIEN. — La sonde est entrée dans les terrains secondaires à — 6 mètres, dans une marne d’un gris bleu, assez pure, semblable à celle visible dans la falaise près de Dives et appartenant au Callo- vien-Oxfordien. D’après tous les auteurs, la base de la falaise appar- tient à la zone à Ammmonites Athleta que M. Hébert considérait comme le sommet du Callovien, et que M. Deslongchamps attribuaïit à la base de l’Oxfordien (2). Aujourd’hui M. Munier-Chalmas est disposé à relever beaucoup la base de l'Oxiordien qui se trouverait très réduit, et la zone à Amm. athleta arriverait comme Callovien moyen. Le forage n’a pas donné d’Ammonites, mais on a rencontré dans l’épaisseur des marnes grises, et à divers niveaux, à 42 mètres, à 81 mètres, à 98 mètres, des débris d’Ostrea et de Térébratules qui, sans être caractéristiques d’un niveau déterminé, suffisaient à prou- ver qu’on restait bien dans le Callovien. Ce système s’est continué jusqu’à une profondeur de 112 m. révélant une puissance qui excédait très sensiblement les prévisions qui avaient donné le chiffre de 20 à 25 mètres. Cette grande épaisseur ne doit pas cependant nous surprendre, car un forage, fait il y a quelques années à Lisieux et par conséquent dans la même région géologique, avait (1) Dufrénoy et Élie de Beaumont. — Description géologique de la France T. I, p. 200. (2) Bull. Soc. Linn. Normandie. ke Série, T. 3, p. 95, 1890 1893 LIPPMANN ET DOLLFUS. — UN FORAGE A DIVES 389 rencontré plus de 200 mètres de marnes grises et bleues qui avaient été attribuées, par MM. Delesse et de Lapparent, au Callovien-Oxfordien (1). BATHONIEN. — À 112 mètres, on a rencontré brusquement un calcaire très dur, d’un gris bleuâtre, parfois oolitique, avec nom- breux fragments de Bryozoaires, qu’il était facile de reconnaître pour le Calcaire de Rauville : la grande oolite des anciens géologues qui fut improprement désignée parfois sous le nom de Calcaire à Polypiers. Nous avons pu déterminer : Heteropora conifera, Diasto- pora lamellosa, Spiropora cespitosa, etc.,abondants à tous les niveaux, et le forage jusqu’à 159 mètres de profondeur n’a constaté que des changements insignifiants dans la dureté et la couleur de la roche; cette masse de 45 mètres dépassait sensiblement l'évaluation primitive. | Au-dessous on est entré dans un système marneux el calcaire par petites couches, reconnaissable pour les Marnes de Port-en- Bessin, nommé Fuller’s earth par les Anglais ; M. Deslongchamps a montré depuis longtemps que les couches argileuses de Port étaient remplacées latéralement, en s’approchant de Caen, par des bancs calcaires épais, connus sous le nom de-Pierre de Caen, jau- nâtres et oolitiques, un faible lit marneux bleuâtre se maintenait seulement à la base (2). Ces marnes qui, dans l’arrondissement de Bayeux, sont un niveau d’eau important et qui sont très hydrau- liques en Angleterre, se sont trouvées presque sèches et sans valeur à Dives ; à Caen déjà, où elles se trouvent à une faible profondeur, leur capacité hydraulique est des plus médiocres et insuffisante pour l’alimentation (3). Le forage n’a pas recueilli de fossiles dans ces couches caracté- risées par l’Ostrea acuminata, bathoniennes pour les uns, bajo- ciennes pour les autres, et qui constituent l'étage Vesullien (1879) d’après M. Mayer-Eymar, de Zurich. L’épaisseur des Fuller’s de 159 à 192 mètres, soit 33 mètres, a justifié presqu’exactement les prévisions fournies par la coupe des falaises. BaJocieN. — En arrivant à 192 mètres, on est retombé sur un calcaire gris bleuâtre, dur, analogue à celui du Bathonien, mais pétri de débris de Crinoïdes et sans Bryozoaires. [rrégulièrement (1) Revue de Géologie, Tome XIV, p. 147, 1878. (2) Deslongchamps. Etudes sur le Terrain Jurassique inférieur de la Normandie, 1804-00 (3) Lecornu. Bull. Soc. Linn. Normandie. 4 Sér. T. III, p. 22, 1888. 390 LIPPMANN ET DOLLFUS. -— UN FORAGE A DIVES 20 Mai oolitique, cette assise ne mérite guère le nom d’oolite blanche qu’on lui a donné dans les points où elle affleure dans le Calvados ; les quelques articles de Pentacrines et fragments d'Ostrea ne sont point des fossiles probants, mais ils accompagnent bien la position stratigraphique de l’assise qui n’est coupée par aucun lit marneux, mais qui repose sur un horizon caractéristique, car les oolites ferrugi- neuses apparaissent, et ce représentant de l’oolite inférieure est bien intéressant ; il se retrouve avec une épaisseur toujours médiocre, sur une vaste étendue, avec des caractères minéralogiques identi- ques. M. Deslongchamps a tracé dans l’oolite ferrugineuse trois horizons caractérisés par la présence de trois espèces d’Ammonites : 40 A. Sowerbyi, 2 A. Humphriesianum, 3° 4. Parkinsoni : le forage a rencontré trois couches différentes, mais en l’absence des fossiles nous ne saurions dire si ce sont les trois horizons de M. Deslong- champs. Ce calcaire est, à Caen, un niveau d’eau important; on a même été tenté d’y chercher les éléments d’une alimentation d’eau complète pour cette ville; on pouvait supposer qu’à Dives la situation serait la même ; contre toutes prévisions, l’oolite ferrugineuse, dite de Bayeux, s’est montrée stérile. IL semble que les marnes, quand elles ne sont pas accompagnées de sables, et qu’elles se trouvent comprimées à une grande profondeur; se laissent difficilement tra- verser par les eaux. ToARCIEN. — Sous l’oolite, on est entré directement dans le Lias à 204 mètres de profondeur ; il était formé de marnes grises et bleues en partie oolitiques qui n’ont pas tardé à nous livrer des fossiles de nature à nous fixer exactement sur leur âge : Ammonites Levisoni Simp., 4. communis Sow., (4. Hollandrei d’Orb.), 4. undu- latus Stahl, Belemnites Tessonianus d'Orb., Pentacrinites basaltifor- mis Gold. Ces espèces sont caractéristiques du Lias supérieur véri- table. Le Belemnites Tessonianus d'Orbigny est une petite espèce très curieuse pourvue d’une côte au milieu de deux sillons, et fondée sur des échantillons provenant d’Amayé-sur-Orne (Calvados), et dans des couches dont la position, comme Lias supérieur, n’est pas dou- teuse. Eugeniacrinus Deslongchampsi de Loriol, recueilli vers la même profondeur (208 mètres) est une espèce de Lias de May (Calvados). Le forage s’est poursuivi dans les mêmes marnes, et à 210 mètres on a traversé un lit rempli de Belemnites. À 213 mètres la sonde a rapporté : Ammonites Lythensis Yung et Bird, voisin de l’A. compactile Simp. (1), Amm. (cf.) Eseri Oppel, Belemnites Quenstedti (1) Haug. B.S.G. F. 3 Sér. Tome XII, p. 250, 1884. ù 5 4 1893 LIPPMANN ET DOLLFUS. -— UN FORAGE A DIVES 391 Oppel (Mayer), toutes espèces caractéristiques du Lias supérieur. On pouvait s'attendre à voir défiler ensuite la série du Lias moyen, puis le Lias inférieur, quelques parties du calcaire à Ostrea arçcuata et O. cymbium, le calcaire d’Osmanville et les grès sinému- riens, puis le Trias, le Permien, le Houiller, connu dans le golfe de Bayeux et dans le bassin du Cotentin ; mais, à 215 mètres, les marnes du Lias supérieur se sont chargées de débris primaires, de petits cailloux de quartz, de fragments de schistes et on est entré à 216 mètres dans une argile limoneuse rouge qui avait l’apparence d'un produit d’altération de la tête des roches primaires, et qui n’était pas sans analogie avec la marne rougeûtre à Leptena de May qui pénètre dans les anfractuosités du grès silurien. La Malière, le Calcaire gris cendré pâle avec grains de chlorite et rognon siliceux des géologues normands (1), manquait entre l’Oolite et le Lias; cette couche à Ammonites Murchisoni, l’étage - Aalénien de Mayer (1864), dont la classification, soit dans le Toarcien; soit dans le Bajocien, a donné lieu à de récents débats, n’est point apparue; c’est cependant une des couches les plus étendues de la série jurassique du Calvados, puisqu'elle s'élève, discordante au Sud, jusqu’à 180 mètres d'altitude au-dessus de Croïzille en Cinglais. SILURIEN. — On peut se demander à quel étage du Primaire appar- tenait la roche dure atteinte au fond du forage : c'était une masse stratifiée quartzo-schisteuse qui, examinée au microscope en plaque mince, montrait des grains de quartz émoussés, agglutinés par un ciment siliceux et disposés par bandes dans un schiste brunâtre, rougeûtre et verdâtre. IL faut écarter le Cambrien, dont les schistes classiques, au sud de Caen, ont des caractères bien nets ; ce ne sont pas non plus le Grès Armoricain ni les phyllades d'Angers ; mais il existe dans l’étage des Grès de May (Calvados), et notamment à Etanvaux (2), des bandes schisteuses colorées qui ont la plus grande analogie avec les débris retirés du forage; en l’absence de tous fossiles, et avec les réserves que comporte une assimilation basée seulement sur une similitude minéralogique, nous classerons cette roche dans le Silurien moyen. C’est un fait très intéressant de retrouver à Dives comme à May un récif avancé du Silurien dans la mer Jurassique, autrefois battu par la mer du Lias. Ce cap, contrairement à tout ce qu’on pou- vait prévoir, divisait le Calvados en deux bassins distincts : bassin (1) Deslongchamps. B. S. G. F., 2° série, T. XVI, p. 675, 1859. (2) Lecornu. Sur Je Silurien des vallées de l'Orne et de l'Odon. Bull. Soc. Linn. Normandie, 4° sér., T. I, p. 19, 1888. c 392 LIPPMANN ET DOLLFUS. — UN FORAGE A DIVES 20 Mai de Bayeux à l’Ouest, bassin de Lisieux à l'Est ; c’est bien une crète qui s’avançait entre les deux bassins, car de part et d'autre nous connaissons des forages plus profonds que celui de Dives qui n’ont point rencontré les roches anciennes. Dans le golfe de Bayeux, le puits Fumichon au nord de Littry, de 238 m.,le sondage d’Angleville, de 264 m., se sont arrêtés dans le Houiller supérieur ou le Permien sans en atteindre la base. Dans le golfe de Lisieux, le forage près la gare, dont nous avons déjà parlé, à 220 m., n’avait pas encore atteint la base du Callovien.Il résulte de ces considérations que c’est à tort qu'on aurait compté sur un prolongement sérieux, à l'Est, du bassin houiller de la Manche et du Calvados, qui aurait passé dans un synclinal le long de la côte pour venir s’enfoncer sous la Seine inférieure, et traverser la France en écharpe ; nos espérances sont diminuées et la géographie souterraine nous apparaît moins simple que nous nous plaisions à le supposer. Dives est à 29 kilomètres au N.N.E. de Feugerolles, l’affleure- ment primaire le plus voisin, qui s'élève à 50 mètres d’altitude, mais à 6 kilomètres de ce point, le primaire au dessous de la ville de Caen est à — 35 mètres. Si la pente des couches devenait régu- lière entre Caen et Dives, elle serait de 7 mètres 76 par kilomètre, analogue à celle indiquée par M. Hébert pour le Jurassique. Nous ne voulons pas dire, bien entendu, que c’est la bande silurienne de May qui a été touchée à Dives ; car, étant donné les nombreux plissements connus des couches primaires, et la rencontre du Cambrien à Caen, on peut admettre que les diversétages du Silurien, orientés en bandes Est-Ouest, sont plusieurs fois repliés dans cet espace. La manière dont la roche arrivait pulvérisée sous le trépan et réduite même en menus fragments au découpoir, nous prouve que le Silurien était en couches redressées au fond du forage. Les travaux de recherches d’eau ont été naturellement arrêtés sur le Silurien, car il n’y avait plus aucun motif rationnel pour pré- voir une circulation d’eau dans les couches primaires; on peut dire cependant que ces grands efforts n’ont pas été complètement infructueux: entre chaque étage géologique on a observé une petite venue d’eau et les tubages ont été disposés de telle sorte qu’on a pu collecter ces diverses nappes et donner à l’usine une alimentation suflisante qui ne peut aller qu’en s’améliorant. 1893 393 SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS DU MASSIF DU BOU-THALEB (CONSTANTINE), par E. FICHEUR. (1) PI. XII Le Djebel Bou-Thaleb est un des tronçons les plus remarquables de la chaîne importante désignée sous le nom de Monts Hodnéens, qui borde au Nord le bassin du Hodna et sépare cette vaste dépres- sion de la région des plateaux de Sétif. C’est un massif compact, nettement circonscrit, limité au Nord par la plaine des Rir'ha, au Sud par celle du Hodna, entouré à l'Est par la dépression des Ouled-el-Azem qui le sépare du massif voisin des Ouled-Derradi) ; du côté de l'Ouest, c’est la vallée de l’Oued-Soubella qui interrompt faiblement la communication avec le chaïînon voisin des Ouled- Thébenn et des Ayades. Ainsi défini, le massif est constitué, dans sa partie centrale, par le Bou-Thaleb proprement dit, à l'Ouest par le Djebel-Soubella, et à l'Est par le Djebel-Mouëssa ; il s'étend, dans une direction O.S.-0. à E.N.-E., sur une longueur d’environ 36 kilomètres avec une largeur moyenne de 11 à 12 kilomètres. Ses lignes saillantes présentent des reliefs très accusés, des crêtes profondément den- telées, dont les découpures pittoresques forment un magnifique fond de tableau à l’horizon de Sétif, dont elles se trouvent éloi- snées de 55 kilomètres, en ligne droite, au Sud. La partie centrale, la crête du Bou-Hellèle, est surtout remarquable par son aspect de château-fort flanqué de tourelles hardies : c'est un des anneaux les mieux caractérisés de toute la chaîne, et ses pics culminants qui dépassent 1900 mètres ne le cèdent en altitude qu'aux cimes élevées du massif du Chellala, dominant Batna, à l’extrémité orientale de la chaîne. L’attention des géologues a été attirée sur le Bou-Thaleb par les remarquables études de M. Brossard, qui, dans son important Mémoire sur les régions méridionales de la Subdivision de Sétif (2), y (1) Communication faite dans la séance du 24 Novembre 1892. Manuscrit parvenu au secrétariat le 20 Décembre 1892. (2) Brossarn. — Essai sur la constitution du sud de Sétif (Mém. Soc. Géol. de France, 2° série, t. VIII, Mém. n° 2) 1866. 394 E. FICHEUR. — SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS 20 Mai a pris des exemples nombreux de chacun des étages jurassiques et crétacés, dont il donne la description. La Carte au 200,000: et les précieux renseignements que nous laisse ce travail m'ont été d’une très grande utilité. M. Peron a étudié la région à plusieurs reprises, principalement en vue de la faune des étages crétacés ; il a eu la bonne fortune de découvrir, en compagnie de M. Le Mesle, les assises tithoniques de l’Oued-Soubella, dont il a donné la des- cription détaillée (1), à l’appui d’une opinion qui tendait à réunir cet étage au Crétacé. Dans ses ouvrages suivants (2), M. Peron est revenu sur cette manière de voir, plaçant ces assises dans le Jurassique; puis, sur les Terrains crétacés, il nous à donné des coupes importantes avec de nombreuses listes de fossiles. Les observations de notre savant confrère sur le Crétacé inférieur sont d’une remarquable exactitude, et ses descriptions, toujours d’une grande netteté, sont un excellent guide que j’ai eu plaisir à suivre. J’ai entrepris, pour le service de la Carte Géologique de l’Algérie, de nouvelles études sur ce massif, et j'ai fait, à plusieurs reprises, d’assez longs séjours durant les mois d’Aoùût et Septembre 1890. Ainsi que le faisait remarquer M. Peron, les gîtes n’y sont tou- jours pas nombreux, bien qu’il se soit produit une amélioration, par suite de l’augmentation du personnel forestier; mais le versant sud est toujours difficile à explorer, et plusieurs questions de détail, en ce qui concerne le Jurassique, sont encore à élucider. En outre, la température élevée de la saison de mon exploration, sur les dernières pentes en bordure à la plaine du Hodna, ne m'a pas permis d'étudier les lambeaux miocènes échelonnés au pied des contreforts. Grâce à l’extrèême obligeance de M. Bouvaist, Inspecteur des Forêts à Sétif, j'ai eu la possibilité de séjourner dans les maisons forestières de ce cantonnement; j'ai eu, en outre, la bonne chance de rencontrer M. Langlois, garde général, qui m'a fait un accueil plein d’empressement. Dans toutes les maisons forestières, j'ai trouvé la plus complète obligeance et une hospitalité parfaite; aussi je suis heureux de saisir l’occasion de renouveler, à tous, mes remerciements pour le concours qu’ils m'ont prêté, en facilitant ainsi ma tâche. J’ai eu à ma disposition, pour mon travail stratigraphique, une (4) A. PERON. — 1872. Sur l'étage tithonique en Algérie (B. S. G. F., 2° sér. t. XXIX, p. 180). (2) A. PERON. — Essai d’une description géol. de l'Algérie. — 1885. » Echinides fossiles de l'Algérie (fascic. 2, 3, 4) 1876-80. 1893 DU MASSIF DU BOU-THALEB [CONSTANTINE) 395 carte au 50,000e, du Service des forêts, qui m'a été communiquée avec empressement par M. l’Inspecteur Bouvaist. Cette carte m'a permis d'indiquer les limites de chaque étage et de suivre les accidents géologiques dans tout le massif. La carte jointe à cette note (PI. XII) est.une réduction, au ;.:-1-, de celle que j'ai dressée. Une description détaillée de ce massif serait du plus grand intérêt ; les lignes stratigraphiques y sont d’une extrême netteté, et les changements latéraux de faciès peuvent se suivre de proche en proche; c’est un travail que je me réserve, lorsque j'aurai pu compléter certaines observations de détail. Je me propose, dans cette note, d'indiquer seulement les grandes lignes, en insistant sur les caractères propres du Crétacé moyen et supérieur. APERÇU STRATIGRAPHIQUE. — L’arête principale, qui occupe sen- siblement la partie médiane, jalonne l’axe d’un grand pli anticlinal dirigé à peu près de l’0.S.-0. à l’E.N.-E. dans la majeure partie de la chaîne. Dans la partie occidentale, Djebel Soubella, cet axe se coude presque à angle droit et s'oriente N.N.-0. A l'Est, à l’extré- mité du Djebel-Mouëssa, par suite d’une torsion lente des couches, linclinaison des strates a lieu vers E.N.-E., perpendiculairement à l’axe. Cet axe renferme les crêtes culminantes, qui sont disposées en trois tronçons interrompus, séparés par de profonds ravins. Ces chaînons saillants sont constitués par les calcaires compacts, plus ou moins dolomitiques, du Jurassique inférieur (Bajocien-Batho- nien), qui forment une série de pics, de crêtes dentelées, aux flancs escarpés. On trouve d'abord, à l’Ouest, le Djebel-Soubella, masse compacte constituée de plusieurs chaînons, disposés suivant les trois côtés d’un triangle : au Nord, le Taguersmount (1850 mèt. environ), aux flancs boisés, et le Djebel Bou-Iche ; au Sud-Ouest, le Djebel Bridji; au Sud-Est, le Djebel Bou-Rièche; cet ensemble forme le plus gros noyau de calcaires bathoniens du massif. Il est séparé, à l'Est, par le ravin d’Anouel, de l’arête étroite, mais pittoresque- ment découpée, du Bou-Hellèle (1900 mètres), qui se trouve, à son tour, isolée par le ravin de l’Oued Bou-Thaleb, de la crête de l’Afchan. Le sommet culminant de cette dernière, connu sous le nom de Saure Afghan (1932"), présente l’aspect d’une pyramide aux flancs abrupts, entourée d’aiguilles dentelées; il est couronné par un poste de télégraphie optique. Ce sont-là les seuls îlots de calcaires bathoniens; à l’est de l'Afghan, la crête s’abaisse : c’est le Djebel Mouëssa, qui n’est constitué que de terrains crétacés; parmi les sommets culminants, le Tafliount atteint 1641 mètres. 396 E. FICHEUR. — SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS * 20 Mai Ces tronçons de l’arête démantelée n’en constituent pas moins l’axe principal, au Nord duquel les couches plongent invariable- ment au Nord, et au Sud, s’inclinent vers le Sud. Ce n’est que dans les zones intermédiaires, dans les lacunes de cette arête, et dans les parties immédiatement voisines, que les assises jurassiques qui occupent ces dépressions, ont éprouvé des plissements secondaires, qui me paraissent antérieurs et indépendants de l’action générale qui a affecté les terrains crétacés. Il est au moins remarquable de constater, qu’à partir de la limite des terrains jurassiques (extrè- mité est de l’Afghan), le bombement anticlinal du crétacé est d’une parfaite régularité. Les deux coupes ci-jointes (Fig. { et 2), tracées à l’échelle d’après la carte, montrent la disposition des étages sur les deux versants du massif. La fig. { donne la coupe la plus complète en suivant l’un des sentiers les plus fréquentés, de la maison forestière principale au Hodna, par la vallée du Bou-Thaleb. La figure 2 indique compa- rativement la difiérence d’allure des couches en des points à peine éloignés de 5 kilomètres. Le détail des couches est donné plus loin dans la description du Néocomien. Le bombement anticlinal est très régulier dans le Djebel Mouëssa, mais l’inclinaison des couches est toujours plus accentuée au Sud que sur le versant nord. Cette inégalité d’inclinaison est encore plus frappante entre le ravin d’'El-Hamma et celui d’Anouel (ver- sant Sud), où les strates sont redressées à la verticale, tandis que sur le flanc nord le relèvement des couches s’atténue progressi- vement à mesure qu'on s'éloigne de l’axe (fig. 1). Par suite de cette dislocation en tronçons de l’arête bathonienne, l’axe géographique se trouve reporté un peu au Nord; il est constitué par une chaïne continue, légèrement oblique par rapport à cette arête, et dont l’orientation se rapproche de la direction Est-Ouest. Cette ligne de crêtes, formant ligne de partage des eaux, présente une certaine régularité dans son relief, qui se maintient entre des altitudes variant de 1700 mètres à l’Ouest à 1500 mètres à l’Est. Elle à son point d'attache à l'Ouest au Djebel Bou-Iche, vient se souder partiellement au flanc nord de l’Afghan, et forme la crête du Djebel Mouëssa. Le flanc sud de cette arèête présente un escarpe- ment continu, parfois très abrupt, formé par les tranches des bancs Sénoniens, puis Urgo-aptiens ou Néocomiens, invariablement incli- nés au Nord. 397 _ DU MASSIF DU BOU-THALEB (CONSTANTINE) 1898 DS PRS TULITUPULOULE) UOLLLD TP OV TUDOLULOO ODN] LT 77 ‘ATI2U29 OWQQ ‘oJueparoid e[ 2p ASH P IDI GR ‘essonony joqoiq 91 ed odnon — ‘z ‘SM LULOTUDIIOYY 2709 2222 “te LEZ RADARS ZT smomaog ; “.. 2S0I] 30987) De 1T9ZUT ur200T RTS ee QUe]SUOT JO D ur 209€ TDOTIY JO essonom [oqofq i ; sinaqney S9p 9 SAN9nSUOL S9P 20494 “UPUSIV,I 14 ‘JOIRUL-N0G np JISSEU np aje4gu98 odn07 — *‘F 'SIA Gi A L’ AS \ enmbassDun/’ ! \ Ca \ UOQUL 00007 UOIUDP OYY | 2229 PLORLOUI$ PAON UONOBIF J97M CLOS 0 LO Y ULOS DAON 398 E. FICHEUR. — SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS 20 mai De l’un quelconque des points culminants de l’arête centrale, principalement de l’Afghan, on peut suivre dans toute son étendue cette crête remarquable, à peine entaillée par quelques dépressions qui permettent l’accès facile d’un versant à l’autre. Au Nord s'étend une dépression, sensiblement parallèle à cette crête; c'est la vallée de l’Oued Aras, qui dans la partie supérieure porte le nom d’Oued Feré (ou Feraire) ou d’Oued Charen. Cette vallée est bordée au Nord par une arête continue, qui s’abaisse assez régulièrement de l’Est (Ktef Makrouze 1400), à l'Ouest (Ras-Sisly, 11002). Sur tout ce versant, les lignes de strates sont d’une grande régularité ; cette région, n’était son éloignement des centres, pourrait être présentée comme exemple typique d’ensei- gnement stratigraphique; les divers détails de structure y sont remarquablement dessinés. Sur le versant sud, les trois ravins principaux, du Hammam, à l'Est, du Bou-Thaleb, au centre, d’Anouel, à l’Ouest, perpendicu- laires à l’axe principal, découpent en tronçons la série d’arêtes secondaires que forment les bancs redressés des assises rigides du Crétacé inférieur. Avant d'étudier avec quelques détails la constitution des étages Cénomanien et Sénonien, dont les particularités de structure ont fait déjà l’objet d’une Note à l’Académie des Sciences (1), je passe- rai rapidement en revue, en ajoutant mes observations personnelles à celles de mes devanciers, les terrains jurassiques et infra-crétacés. TERRAINS JURASSIQUES. La série la plus complète est celle qui a été indiquée par M. Brossard, et dont M. Peron à donné une coupe, suivant le contrefort qui domine la rive droite de l’Oued Anouel. Il n’existe aucune couche visible au-dessous des calcaires dolo- mitiques de l’arète centrale. On trouve : 10 Des calcaires, plus ou moins dolomitisés, massifs, à stratifi- cation en général indistincte, sauf dans les grandes lignes visibles à distance. Ces calcaires sont puissants et présentent de nombreu- ses modifications dans leur texture et leur coloration. Ils sont abso- lument pauvres en fossiles; M. Brossard a eu la bonne fortune d'y rencontrer Ammonites Parkinsoni Sowerby et Amm. Ferryi Reynès, qui dénotent le Jurassique inférieur (Bajocien-Bathonien). Ce faciès dolomitique présente la plus grande analogie avec les (1) Ficaeur. — Sur un facies particulier du Crétacé dans le massif du Bou-Thaleb: (C. R. Ac. Sc., 19 mai 1891). ’ . ; Le dns 1893 DU MASSIF DU BOU-THALEB (CONSTANTINE) 399 assises de même âge dans l’Ouest de l’Algérie (Saïda), où j'ai pu les étudier récemment. Il y a certainement une différence absolue d'aspect avec les calcaires liasiques des hautes crêtes du Tell (Djurjura, Babors, Ouarsenis). Ces calcaires dolomitiques renfer- ment, au Djebel Taguersmount et au Djebel Bou-Iche, des filons de galène exploités anciennement. J’ai indiqué plus haut l’extension et la situation des zones occu- pées par ces calcaires bathoniens. La situation de ces îlots rocheux, entourés partiellement par les autres formations jurassiques, et sur le versant nord,en majeure partie par les dépôts crétacés, implique une indépendance complète par rapport aux formations postérieu- res, qui toutes viennent recouvrir en discordance ces masses calcaires ravinées. La succession des assises jurassiques au-dessus de ces calcaires est loin d’être régulière, et ce n’est que sur une zone trèsétroite, immédiatement au Nord-Ouest du village d’Anouel, que les couches de l’étage Callovo-Oxfordien viennent s’adosser au Bathonien. Sur cette bordure même, la présence de plusieurs îlots rocheux isolés de la masse principale, formant des pointements bien nets au milieu des masses oxfordiennes, ne laisse aucun doute sur le ravinement des calcaires bathoniens. En outre, il suffit de s'éloigner à une faible distance à l’Ouest d’Anouel pour voir les assises supra-oxfordiennes reposer sur le Bathonien. Cette discordance de l’étage Callovo-Oxfordien par érosion sur le Bathonien existe également à Saïda, contrairement à l’interpré- tation qui en a été donnée par M. Welsch, dans la coupe publiée dans sa Thèse (1) (fig. 11, page 61), coupe qui est à rectifier entiè- rement. 2 Il est difficile d'établir une séparation nette au milieu de l’assise des marnes verdâtres et rouges, avec calcaires rognonneux rouges et lie-de-vin, qui représentent l'étage Callovo-Oxfordien. Les couches inférieures (Callovien) ont donné à M. Brossard Amm. anceps Reinecke, Amm. Backeriæ Sow. Les marnes rouges au-dessus d’Anouel renferment: Amm. tortisulcatus d'Orb., A. biplex Sow., Belemnites hastatus Blainv., indiquant nettement l’Oxfordien. Je tiens à signaler la grande analogie de faciès de ces couches rouges avec les marnes, qui, à l’Ouarsenis, m'ont donné, dans les couches à A mm. transversarius, le mélange des espèces oxfordiennes avec Pygope diphya (2). (1) J. Wezscx. — Les terrains secondaires des environs de Tiaret et de Frenda, 1890. (2) Ficaeur. — Sur la situation des couches à Terebr. diphya dans l’Ouarsenis B. S. G.F., 3° sér., t. XIX, p. 556, 1891. 400 E. FICHEUR. — SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS 20 Mai 3° Au-dessus, en concordance, marnes grises et calcaires mar- neux gris friables, avec Amm. plicatilis, de nombreuses Ammonites ferrugineuses complètement déformées et boursouflées, et des tronçons de Bélemnites. &o Calcaires durs en bancs bien réglés, intercalés de marnes grises, renfermant des Ammonites ferrugineuses déformées et des concrétions ferrugineuses. »° Calcaires durs, de nature rognonneuse, avec bancs de calcaire lithographique ; ces couches, à stratification très nette, intercalées de petits lits marneux, se succèdent sur une grande puissance. Ces assises, bien que d’un faciès un peu différent, me paraissent devoir se placer au niveau des calcaires tithoniques de l’Oued Soubella ; je n’ai recueilli ici que des fragments d'Ammonites et de Bélemnites peu déterminables, de petites Térébratules, mais rien de caractéristique. 6o Calcaires marneux blancs et marnes blanches dont l'aspect tranche sur les couches sous-jacentes, et qui rappellent entièrement les strates surmontant les calcaires tithoniques de l’Oued Soubella. Au-dessus viennent les marnes à Ammonites ferrugineuses de la base du Néocomien (Teniet Courass). 4 Toute cette série est entièrement concordante depuis la base du Callovien; j’attribue à l’Oxfordien supérieur les marnes grises de l’assise 3. La succession des assises calcaires 4, 5, 6, puissante de plus de 250 mètres, représente le Jurassique supérieur, qu’il est difficile de séparer en zones distinctes, par suite du manque de fossiles caractéristiques. Des recherches minutieuses et prolongées ‘amène- ront peut-être des résultats plus précis. TITHONIQUE DE L’OUED SOUBELLA. — À dix kilomètres à l'Ouest, la série jurassique de la rive gauche de l’Oued Soubella présente une succession assez différente dans sa composition lithologique. Aux flancs du Djebel Bridji, formé de calcaires bathoniens, on observe, du N.-E. au S.-0., la série suivante : 1° Puissante assise de marnes grises et calcaires marneux for- mant dépression; les pentes sont boisées et broussailleuses ; l'épaisseur de cette assise atteint au moins 120 mètres. 20 Calcaires à faune tithonique, formant l’arête du Djebel Mnendiet, sur une épaisseur d’environ 70 mètres. Ce sont des alternances de bancs calcaires et de marnes grumeleuses, fortement inclinés au Sud, qui constituent une série d’échelons en retrait, à l’apparence de murailles imbriquées, dont les diverses arêtes sont Res 1893 DU MASSIF DÜ BOU-THALEB (CONSTANTINE) 401 découpées de la manière la plus pittoresque. Les bancs supérieurs sont des calcaires lithographiques; l’assise débute par un banc puissant de calcaire dur, noirâtre, sans fossiles, Les fossiles sont abondants dans les couches marneuses, le long du chemin de l’Oued Soubella. La coupe détaillée a été donnée par M. Peron (Géologie de l'Algérie, page 29), avec des localisations de gisements, dont je n’ai pu vérifier l'exactitude. 3° Calcaires marneux blancs et marnes d’une épaisseur d’environ 50 mètres, surmontés par les marnes néocomiennes. La comparaison avec la succession d’Anouel présente de grandes difficultés; il n’y a d’analogie absolue que dans les calcaires supé- rieurs ; la majeure partie de la série calcaire d’Anouel paraît corres- pondre ici à un faciès marneux. D'autre part, on peut remarquer ici l'absence des marnes rouges de l'Oxfordien, et la superposition des marnes grises aux calcaires bathoniens. J’ai recueilli, dans les couches tithoniques de Soubella, la faune suivante : Perisphincies transitorius Oppel sp. très abondant, caractéristique. Perisph. senex Opp. sp. Perisph. eudichotomus Opp. sp. Perisph. colubrinus Reinecke sp. Perisph. cf. Lorioli Zittel Hoplites carpathicus Zitt. Hoplites Calisto d'Orb. sp. Phylloceras Calypso d'Orb. sp. — Phyll. silesiacum Opp. sp. (D) Phylloceras semisulcatum d'Orb. sp. — Phyll. ptychoicum Quenstedt (1) Haploceras elimatum Opp. sp. Haploceras Grasi d'Orb. sp. — Hapl, tithonium Opp. sp. (1) Haploceras leiosoma Opp. sp. Lytloceras quadrisuleatum d’'Orb. sp. Lytoceras Juilleti d'Orb. sp. — Lyloc. Sutile Opp. sp. Holcostephanus pronus Opp. sp. Aspidoceras Rogozniciense Zeusch. sp. Aptlychus punctalus Voltz. Belemnites sp. Sphenodus, dent. Pygope janitor Pictet, abondant. Holectypus afer Per. Gauth. Infraclypeus Thalebensis Per. etGauth. Metaporhinus convexus Cotteau, extrêmement abondant. Collyrites carinata Desmoulins. Spongiaires. Au Teniet-Afohan, gisement signalé par M. Peron sur le flanc Ouest de l’Afghan, les couches tithoniques sont fortement redressées, et paraissent s'appliquer contre les calcaires bathoniens ; j'y ai recueilli : Perisphinctes senex Perisph. colubrinus Haploceras elimatum Haploceras Grasi Phylloceras sp? Lytoceras Juilleti Oppelia sp? Pygope janitor Holectypus afer Metaporhinus convexus Collyrites carinata Infraclypeus Thalebensis (1) Fide Kiran. — Mission de l’Andalousie, 2° volume, Fossiles tithoniques.— mp. - nat. 1890. XX 26 402 E. FICHEUR. — SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS 20 Mai Ces calcaires à Janitor de Teniet Afghan se relient aux couches qui, un peu à l'Ouest, dans le fond du ravin du Bou Thaleb, sur- montent la série des calcaires jurassiques supérieurs (voir fig. 1). Cette série jurassique supérieure présente le même faciès que dans le contrefort d’Anouel. Avant de passer à la série crétacée, je tiens à insister sur la dis- cordance qui sépare le Jurassique supérieur du Néocomien infé- rieur. Cette discordance a été indiquée par M. Brossard, et méconnue par-M. Peron, qui s’est appuyé sur la continuité de la série pour discuter la limite à établir entre le Jurassique et le Crétacé (1). Il est certain que, dans la coupe du contrefort d’Anouel donnée par M. Peron (2), les marnes du Néocomien inférieur paraissent en concordance sur les calcaires marneux blancs qui terminent la série jurassique ; il en est de mème sur la rive gauche de l'Oued Soubella. Mais au voisinage même de cette coupe de Soubella, sur la rive droite, on voit nettement, sur le flanc opposé, les bancs calcaires tithoniques recouverts en discordance par les marnes néocomiennes qui empiètent sur les calcaires marneux supérieurs et viennent s'appliquer sur les tranches des calcaires à Janitor. On peut suivre cette discordance sur la bordure Ouest des escarpements jurassiques de la rive droite, et on voit le Néocomien inférieur s’adossant aux calcaires bathoniens à une faible distance au Nord. En face du village d’Anouel, sur le flanc du Djebel Bou-Hellèle, on constate également la présence des marnes néocomiennes sur les calcaires jurassiques supérieurs, bien réduits d’épaisseur, et sans l’intercalation des calcaires marneux blancs que l’on voit disparaître peu à peu à l'Est de Teniet-Courass. D'ailleurs, sur la majeure partie de la bordure néocomienne, on constate une transgressivité bien marquée des marnes à Ammonites ferrugineuses sur les divers étages de la série jurassique, et le plus souvent, notamment sur les deux versants du Bou Hellèle, les marnes néocomiennes reposent directement sur les calcaires batho- niens ; il en est de même sur le pourtour oriental de l’Afghan. Mes observations me permettent d'affirmer qu'il est partout facile dans ce massif d'établir une ligne de démarcation nette entre les assises néocomiennes et les formations jurassiques. On trouvera encore dans ce fait une anomalie flagrante par rapport aux régions classi- ques si bien étudiées du Dauphiné et de l'Ardèche, où la continuité 1) PERON. — Sur l'étage tithonique en Algérie (B. S. G. F., 2° sér., t. XXIX, 1872). (2) PERON. — Géologie de l'Algérie, p. 46. L t A , 1893 DU MASSIF DU BOU-THALEB (CONSTANTINE) 403 des assises jurassiques et crétacées a donné lieu à tant de discussions sur la limite de chaque système; dans notre région, la séparation concorde avec des accidents stratigraphiques qui ne peuvent laisser subsister aucune hésitation. CRÉTACÉ INFÉRIEUR. La succession des assises de cette série a été nettement définie par M. Brossard, puis par M. Peron, qui a donné des descriptions détaillées des zones fossilifères, avec une précision rigoureuse. On peut, d’une manière générale, suivre la succession complète et concordante des couches, depuis la base du Néocomien jusqu’à l'étage du Gault inclus. Cette superposition n’est complète que sur le versant nord, à partir de l’Oued Afghan. Les différentes assises de chaque étage sont sujettes à des modifications latérales très fré- quentes, et variant principalement d’un versant à l’autre. L’assise inférieure me parait exister d’une manière constante avec des caractères uniformes ; elle se montre partout où la super- position du Néocomien aux formations antérieures se présente d’une façon nette. On peut l’observer principalement sur le versant nord de l’Afghan, où ses marnes forment une dépression remar- quable, connue sous le nom de Merdja (prairie marécageuse) de l’Afghan ; sur le flanc sud-est, autour du village des Ouled Sifian; dans la dépression comprise entre l’Afghan et le Bou-Hellèle ; à l’extrémité ouest de cette dernière arête, d'où elle s’étend en bande continue au sud de la région jurassique d’Anouel; puis à l’Oued Soubella, etc. C’est un horizon remarquable, composé de marnes grises avec plaquettes gréseuses, qui, en beaucoup de points, se montrent riches en Ammonites ferrugineuses et en Bélemnites plates ; c’est certainement l'équivalent des marnes à Ammonites ferrugineuses du Valanginien (Couches à Hoplites Roubaudi de M. Kilian), — L’épaisseur varie entre 60 et 80 mètres. J'ai recueilli dans cette assise, à Teniet Courass (gisement signalé par M. Peron) : J Belemnites latus Blainv. très abondant | Holcostephanus Astieri d’Orb. sp. Bel. polygonalis Blainv. Silesites Seranonis d'Orb. sp. Bel. binervius Raspail Phylloceras picturatum d'Orb. sp. Bel. conicus Blainv. Phylloc. Thetys d'Orb. sp. Bel. bipartitus Blainv. Ammonites Ixion d’Orb.sp. et plusieurs Hoplites neocomiensis d’'Orb. sp. autres indéterminées. Haploceras Grasi d'Orb. sp. Lucina sculpta Phill., et Echinides Haploceras Nisus d'Orb. sp. ferrug. indéterminables. .— [«b] = tea E 0 © ‘JUEPI09SIP USIUEHOUYT) (} *JUEPIOIU09 J[NE9 of} mn UD) +4 un = . 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Marnes et calcaires avec Discoidea cylindrica, Amm. Rhotomagensis, Hemiaster, etc. CÉNOMANIEN 2. Calcaires durs, différents de ceux du Kef Melah, | 3. Alternances marno-calcaires. P. Poudingues sénoniens. précise la situation de ces calcaires à Rudistes, nettement intercalés en lentilles dans le Cénomanien, et à différents niveaux. Cette dis- position n’avait pas encore été signalée d'une manière aussi évidente, dans les nombreuses études faites sur le Cénomanien d'Algérie. Des calcaires de même faciès, de même constitution, ont été rattachés à l’étage Turonien, en plusieurs points de la province de Constantine. Les relations stratigraphiques difficiles à établir, l’absence de bonnes coupes naturelles, n’ont pas permis sur d’autres points de préciser l'âge de ces calcaires. J’ai moi-même signalé comme Turoniens les calcaires compacts à Rudistes du Djebel Anini, du Guergour (N. O. de Sétif). Ces calcaires, que j'ai revus depuis, présentent cette disposition lenticulaire, et atteignent une puissance bien supérieure à celle des bancs que je viens de signaler. Je n’in- siste pas davantage sur cette observation indiquant toutes les réserves qu’il y a lieu de faire au sujet de l'attribution à l'étage Turonien des calcaires à Rudistes, formant des récifs plus ou moins isolés dans les chaînes du Tell de Constantine. Cette attribution a été donnée par Coquand, qui exagérait, comme une partie des géologues de cette époque, la tendance à localiser les formations récifales à Rudistes dans un même étage Turonien. Les points que je viens de signaler ne me paraissent pas avoir 1893 DU MASSIF DU BOU-THALEB (CONSTANTINE) A1 été l’objet d'observations antérieures ; cependant, M. Brossard indique, dans le massif du Bou Thaleb, le Turonien constitué par des calcaires à Rudistes {Sphærulites Desmoulinsi, ete.) Ces calcaires sont placés dans une coupe du Foum Bou Thaleb. En étudiant le Cénomanien sur ces points, j'ai pu m'assurer que ces calcaires à Rudistes, d'aspect absolument identique à ceux de Tinzert, cons- tituent les lentilles de formation récifale dans le Cénomanien. Sur cette bordure nord du Bou-Thaleb, le Cénomanien se pro- longe sur le flanc du Ktef Makrouze (sommet culminant qui se trouve à l’Est du Ktef désigné sous ce nom dans l’une des coupes de M. Peron); l’assise inférieure, marneuse, repose en concordance sur le Gault; l’assise supérieure, formée de bancs calcaires avec lits marneux, se relève sur les pentes inférieures de l’escarpement du flanc est, et se trouve tronquée obliquement, après ravinement par les conglomérats et argiles rouges de la base du Sénonien (voir plus loin la fig. 7). Le Cénomanien sur le versant Sud. — Sur le flanc nord du massif, je n’ai pas constaté de discordance entre le Cénomanien et le Gault, et la série crétacée du Djebel Mouëssa est continue et régulière, sans accidents stratigraphiques depuis la base du Néocomien jusqu’à la partie supérieure du Cénomanien. Il en est de même sur le versant nord-est, où le Cénomanien vient former les dernières collines dominant la plaine d’atterrissement de Sidi-bel-Azem. Ces atterrissements quaternaires empiètent sur les couches du Céno- manien et du Gault et viennent s’adosser directement aux calcaires rhodaniens, dans la dépression qui sépare le Djebel Mouëssa du Djebel Gueiss. Sur le versant sud du massif, le Cénomanien forme une bande étroite qui s'étend au pied des escarpements calcaires à Réquiénies. On peut étudier cet étage au Foum-el-Hamma, au Foum-bou-Thaleb, où il a été signalé par M. Brossard. Au flanc des calcaires rhodaniens verticaux (voir la coupe, fig. 1), on voit s'appuyer des marnes grises et jaunes avec intercalations de calcaires marneux dont les couches sont inclinées à 30 ou 35° au Sud. Ces marno-calcaires sont riches en fossiles ; j’ai recueilli au Foum-bou-Thaleb : Ostrea flabellata d'Orb. Cardita sp. O. Delettrei Coq. Plicatula Fourneli Coq. O. Luynesi Coq.; O Larteti Coq. Hemiaster Gabrielis Per. Gauth. Peclen Dutrugei Coq. Hemiaster proclivis Per. Gauth. Peclen virgatus Nilson. Parasmilia Ediwardsi Coq., etc. On voit ces couches marno-calcaires s’intercaler d’une bande de 419 E. FICHEUK. — SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS 20 Mai calcaires blancs à Rudistes, qui forme la dernière barrière du défilé du Bou-Thaleb. Ces calcaires ont la même origine que ceux que je viens de signaler ci-dessus. Immédiatement à l'Ouest du Foum-bou-Thaleb, on peut suivre cette bande marno-calcaire cénomanienne, qui s'étend en discor- dance remarquable sur les tranches verticales des calcaires à Tou- casia. Le Cénomanien recouvre ainsi successivement les différentes strates de l'étage Rhodanien et, en-dessous du village de Beni-Alem, on voit le Cénomanien au contact du Néocomien gréseux. Cette situation remarquable du Cénomanien a été reconnue par M. Brossard, qui l’a attribuée à une faille (voir la carte jointe à son mémoire). Mais il y a là une discordance très nette que l’on peut suivre au-delà de Beni-Alem, et sur le chemin d’Anouel, au Teniet Sabbath; les bancs calcaires rhodaniens sont tronqués et recouverts obliquement par le Cénomanien. Ce point est assez riche en fossi- les ; j'y ai rencontré : Ostrea flabellata d’Orb. Turrilella Deleltrei Coq. O. olisiponensis Sharpe. Rostellaria Dutrugei Coq. O. cf. Biskarensis Coq. Heterodiadema libycum Cott. O. Luynesi Coq. Hemiaster proclivis Per. et Gauth. O. Larteti Coq. (var. de 0. suborbi- Codiopsis doma Desor. cula Lamk.). Salenia sp. Plicatula Fourneli Coq. Goniopyqus Sp., Plicat. Bainensis Coq. etc. Trigonia distans Coq. Puisque je suis amené à parler de Beni-Alem, je suis heureux de constater la parfaite exactitude de l’observation citée par M. Bros- sard, du renversement des calcaires urgo-aptiers sur la rive droite du ravin. Sur ce versant, on peut voir, du Nord au Sud, les couches néocomiennes, d’abord inclinées à 50° au Sud, se redresser, devenir verticales, et les bancs urgo-aptiens dépasser la verticale et se déverser au Sud, en recouvrement apparent du Cénomanien. La série est continue, sauf la discordance signalée du Cénomanien ; J'attribue cette accident stratigraphique, absolument local, à une disposition en éventail ; le déversement vers le sud étant dû à la situation en surplomb des bancs rigides urgo-aptiens par rapport aux marnes cénomaniennes. Du reste, sur le flanc opposé du même contrefort, à l'Ouest, la même série, que coupe le sentier d’Anouel, présente en succession nette les bancs urgo-aptiens verticaux, surmontant les strates inférieures dont l’inclinaison s’abaisse gra- duellement jusqu à présenter une pente de 35 à 40° pour le Néoco- mien à Polypiers et Échinides (Hauterivien supérieur). C’est à 1893 DU MASSIF DU BOU-THALEB (CONSTANTINE) 413 une exagération de ce redressement qu'est dû le renversement local sur le flanc opposé. Le Cénomanien traverse en bande étroite le Foum Anouel, et disparaît à l’Ouest sous les atterrissements quaternaires qui empiètent sur la majeure partie de la surface occupée par les ter- rains crétacés. En résumé, on peut suivre, d’une manière à peu près continue, le Cénomanien formant ceinture sur les pentes inférieures du massif du Bou-Thaleb, au Nord-Est, à l’Est et au Sud. Le terrain paraît en concordance au Nord et à l'Est, sur le Gault, et au Sud, où le Gault n'apparaît pas, le Cénomanien discorde nettement sur les assises infracrétacées. En outre, la présence des ilots de récifs à Rudistes au milieu des marnes cénomaniennes, sur les deux ver- sants, semble indiquer le voisinage d’un rivage plus ou moins escarpé. Il est permis de présumer que l’arête centrale du massif (Jurassique et Infracrétacé) était en partie émergée à l’époque Céno- manienne, et qu’elle formait une sorte de promontoire. La situation des couches cénomaniennes par rapport à l’Infracrétacé, montre que les assises inférieures avaient subi une action de plissement, à la suite duquel elle avaient été démantelées par les érosions. Cette dislocation des couches anté-cénomaniennes sur le versant Sud est intéressant à rapprocher de la continuité dans la sédimen- tation sur le versant Nord. L’inclinaison bien plus accentuée des strates sur le versant Sud, dans toute l’étendue du massif, paraît indiquer que la poussée latérale contre l’arête centrale jurassique s’est exercée avec plus d'intensité au Sud qu’au Nord. ÉTAGE SÉNONIEN. Au dessus du Cénomanien existe une formation remarquable, détritique à la base, calcaire à la partie supérieure, que je rattache dans son ensemble au Sénonien. Les poudingues surmontés des calcaires ont été considérés par les précédents observateurs comme se rapportant directement à l'étage sous-jacent. M. Brossard les considère comme albiens et M. Peron a conservé cette opinion, qu’il développe avec détails, dans sa coupe de la maison forestière, en considérant même ce faciès détritique comme l’un des caractères de l'étage Albien en Algérie. En examinant la question au point de vue stratigraphique, il peut paraître étonnant que des observateurs aussi habiles aient méconnu les relations de discordance qui établissent une barrière entre les poudingues et le Gault sous-jacent. On me permettra, à ce A EA E. FICHEUR. — SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS 90 Mai sujet, de protester contre la méthode défectueuse qui consiste à relever une ou plusieurs coupes sur des points déterminés d’un massif, et à en déduire des conclusions d’une exactitude absolument relative. Si, dans quelques cas, les déductions sont vérifiées par l'observation, elles peuvent, au contraire, amener des erreurs regrettables, surtout par l’application qui en est étendue à des con- sidérations d’un ordre général, pour lesquelles les opinions émises à l’aide de documents de cette valeur sont au moins prématurées. Lorsque l’on remonte la vallée de l’Oued Aras, ou mieux, si l’on examine le versant sud de cette vallée de l’un des cols qui donnent accès au Nord dans le Bou-Thaleb, on est frappé de la grande extension d’une série de terrains rouges, formant des ondulations boisées de pins, dont l’aspect général contraste d’une manière absolue avec les assises si nettement stratifiées, à coupes si régu- lières, que présentent les arêtes au Nord et au Sud. Au premier abord, la nature de ce terrain évoque l’idée de dépôts tertiaires, conglomérats puissants et marnes rouges, si fréquents dans les assises miocènes (Cartennien principalement) et qui sont surtout remarquables dans les alluvions miocènes du flanc du Djurjura. C’est peut-être par suite de cette analogie de faciès que la carte géologique de Tissot (carte provisoire de Constantine 1881) indi- que une large bordure de terrains miocènes sur les versants de l’'Oued Aras, indication qui a été reproduite, d’après cette source, sur la carte géologique de l’Algérie (édition de 1889). La situation et le développement si remarquables de ces pou- dingues offraient à mes études un problème intéressant dont j'ai eu facilement la solution, en poursuivant à l’Est et à l'Ouest les relations de ces couches avec les formations sous-jacentes. J’examinerai d’abord la coupe indiquée par M. Peron, la plus facile à relever, au nord immédiatde la maison forestière del’Afghan. Les marnes grises et calcaires marneux de l’assise 5 présentent une épaisseur irrégulière ; on les voit se développer un peu au Nord, dans la dépression de Taîrint : ce sont les premières couches fossi- lifères de cette série ; on y trouve de nombreux polypiers simples, Trochosmilia sp. (?)engagés dans le calcaire, et impossibles à déter- miner. Cet horizon à Polypiers est très remarquable à la base des bancs calcaires de cet étage ; avec ces polypiers, on trouve de nom- breuses petites huîtres: Ostrea corny-arietis Coquand, qui, selon M. Peron, est une variété de Ostrea plicifera. Les couches calcaires et marnes de l’assise 7 renferment des moules de gastropodes et de bivalves : 1893 DU MASSIF DU BOU-THALEB (CONSTANTINE) 415 Natica Gervaisi Coq. Pterocera Cotteaui Per. et Thomas. Pterocera Fourneli Coq. | Pterocera Meslei Per. et Thomas. | Turritella sp.; Voluta sp.; Venus sp., etc. Santonien de Medjès-Foukani. Indiqués dans l'étage Danien de Tunisie. Ces fossiles se rencontrent dans les bancs assez élevés au-dessus des calcaires 6 ; ils indiquent nettement le Sénonien. Je n’ai rien reconnu au-dessus de ces couches pouvant se rapporter à la même série. Les relations des marnes grises inférieures avec le Gault mon- trent le ravinement des calcaires de cet étage, en remontant le sen- Fig. 5. — Coupe relevée à la maison forestière de l’Afghan. 44 Kef Araouen à 4. Marnes grises et verdâtres, rouges à la partie supérieure. Épaiss. 20 à 25 . 2. Poudingues rouges. ) 4 3. Poudingues calcaires mieux stratifiés passant à l’assise 4. Epaiss. 50 ", 4. Calcaires grossiers mêlés de galets. 5. Marnes grises et calcaires marneux en petits bancs, en zones irrégulières, avec petites Huîtres et Polypiers, 60 à 70r. 6. Calcaires durs en bancs bien réglés, formant escarpements, 20 à 25". 7. Calcaires et lits marneux avec fossiles (moules de Gastéropodes et de Bivalves), s'étendant sur 60 à 80 mètres d’épaisseur. tier qui conduit de la maison forestière à Teniet m’Kaïa. On peut voir presque immédiatement à l'Est, dans le petit ravin, les bancs calcaires bien nets et réguliers tronqués latéralement, de sorte que les marnes qui, sur une certaine surface, reposent sur le plan incliné d’un banc calcaire à Ammonites inflatus, viennent s’appli- quer sur la tranche latérale de ce banc, puis s’étendre sur des cou ches de niveau inférieur. C’est là un fait de ravinement d’une évidence absolue, qu’il n’est possible d’expliquer ni par un glisse- ment, ni par une faille. Cette première constatation devait d’abord éloigner toute idée de rapprochement entre le Gault et son supers- tratum. La même discordance s’accentue à peu de distance à l’Est, où les 416 E. FICHEUR. — SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS 20 Mai poudingues reposent directement sur les tranches des calcaires albiens. Cette zone marneuse inférieure est très irrégulière ; elle se réduit à un lit d’argiles limoneuses rouges mêlées de débris caillouteux, qu'ilest difficile de séparer des couches conglomérées. Aussi je suis porté à voir dans ces marnes la dernière trace de l’assise marneuse du Cénomanien inférieur, qui se termine à moins de 1500 mètres à l'Est. Cette hypothèse, que je n’ai pu vérifier faute de fossiles, aurait, comme conséquence importante, d'indiquer sur ce point une discordance entre le Gault et le Cénomanien. A l’ouest de la maison forestière, la discordance des poudingues est rendue frappante par la situation qu’occupent ces couches au sommet de mamelons élevés, dont les flancs sont formés par les calcaires du Gault. Voici ce qu’on observe à 2 kilom. à l'Ouest. Fig. 6. — Coupe par le Drà el Ahmar. Hamacha % L_ RSSIS Dra el Ahmar GS as = A LLDS) \ CD ou REY SA LL OL Feré) 1 = PEER CLP QUE © 7 o : ce | LEE 1 3 9 Le 2 LIL z IL LS re à LS SIT HE o Z Zee æ LA DC Crete. Æodanrer / 1. Poudingues et argiles rouges, conglomérats peu cohérents. 2. Conglomérats et grès grossiers bien stratifiés. 3. Poudingues calcaïres et argiles rouges. PuISsANCE c Ë 2 TOTALE 4. Calcaires durs. 4 M environ 160 m. } 5. Calcaires bariolés empâtant des galets (poudinguiformes). 6. Calcaires durs en gros bancs formant l’arête, prolongement de ceux du Ktef Araouen. \ 7. Calcaires et marnes à Gastropodes. Le faciès est un peu différent de celui des couches du Ktef Araouen; cette variation est due à l’inégale répartition des couches conglomérées, qui remplacent ici les marnes à polypiers. Les coupes que l’on peut relever sur les deux versants de l’Oued Aras, en descendant la vallée, montrent le passage latéral des con- glomérats à des grès grossiers et à des calcaires poudinguiformes en bancs compacts présentant l’aspect de calcaires massifs. Au-dessus de ces couches détritiques, se montrent, d’une manière invariable, les calcaires durs du sommet de l’arête, qui s'étendent 1893 DU MASSIF DU BOU-THALEB (CONSTANTINE) 417 avec une remarquable régularité d’une extrémité à l’autre de cette crête, du Ktef Makrouze au Ras Sisly. En même temps, les poudingues inférieurs se relèvent peu à peu en altitude, s'étendant en discordance sur toute la série des calcai- res urgo-aptiens ; ils prennent un grand développement en puis- sance au Sud du Calcoul Anouer, et remontent à la crête qu'ils traversent dans une dépression (Teniet Islem), à une altitude d’envi- ron 1580 mètres. Toutes les coupes que l’on peut relever dans les ravinements qui permettent de suivre en profondeur les bancs infracrétacés, permet- tent de constater la superposition discordante des poudingues, qui se sont étendus sur les couches arasées. Ce fait bien établi, il nous reste à préciser la limite inférieure que nous retrouverons dans la partie Est, où les coupes données ci-dessus (fig. 3) au Nord d’Aïn-Tinzert montrent la discordance des poudin- gues sur les couches cénomaniennes. Voici d’abord les relations avec le flanc du Ktef Makrouze. Fig, 7— Coupe du. Ktef Makrouze. : . L Echelle : 20000 Ktef Makrouze #00 SE. S LeT L Oo S Col LED e 2 S SE DA b ‘ LL 77 4 << Se à CAL CLS ASUS de CA Lise TL Æodarae MOTO D EP AS CÉNOMANIEN : «. — Marnes à Ostracées. b. — Calcaires et marnes. SÉNONIEN : 1. — Poudingues et argiles rouges. 2. — Marnes grises et calcaires marneux à Polypiers. 3. — Bancs calcaires du Ktef Araouen. On voit nettement sur le flanc Sud que les poudingues et argiles rouges s'appliquent latéralement sur les calcaires cénomaniens arasés ; leur situation par rapport à ces bancs calcaires si réguliers, les érosions manifestes de ces calcaires, les lacunes qui s’y observent avec le remplissage par les dépôts détritiques, offrent aux yeux la démonstration la plus indiscutable de la discordance des poudin- gues sur le Cénomanien. En suivant ce versant vers l’Ouest, on voit le Cénomanien disparaître peu à peu, se réduisant d’abord à l’assise marneuse inférieure dont l'épaisseur diminue de plus en plus jusqu’à l’ablation complète. XX © = AE E. FICHEUR. — SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS 20 Juin Ces poudingues se rattachent d’une manière visible, bien qu'il y ait une interruption, à ceux du Nord d’Ain-Tinzert. Il résulte de ces faits que les poudingues reposent en discordance manifeste sur le Cénomanien supérieur. Revenons au Teniet-Islem, à l'Ouest : en ce point, sur une largeur de 700 à 800 mètres, la crête est formée par des poudingues rouges, qui s'étendent sur le versant Sud, dans cette zone de mamelons boisés comprise entre les escarpements du Djebel Bou-Iche et les crêtes rocheuses de Bou-Hellèle. Cette région de dépressions rela- tives présente le plus grand développement en épaisseur des poudingues et argiles rouges qui atteignent plus de 150 mètres. Ce sont de véritables dépôts de comblement, qui s'appuient à l'Est sur les couches néocomiennes, repliées en anticlinal sur le flanc de Bou Hellèle. Ces poudingues se poursuivent ainsi jusqu’à proximité du village d’Anouel, où ils se mettent en relations avec les marnes rouges oxfordiennes, puis sur le flanc du Kef Dnebienne, à l'Ouest, où ils s'appuient contre les calcaires bathoniens. A partir de Teniet Islem, la crête est couronnée par les calcaires sénoniens, inclinés régulièrement au Nord, et présentant au Sud un puissant escarpement qui paraît former barrière à la dépression d’Anouel. Fig. 8. — Coupe relevée à l’Ouest du Teniet Islem. 170012 pe SE Ras Seki N.0. . Poudingues et argiles rouges, épaisseur 150 mètres. Grès rouges et verdâtres avec lits argileux. . Grès et poudingues. 4. Calcaires poudinguiformes. 5. Marnes et calcaires marneux à Polypiers. 6. Calcaire dur en gros bancs (1 escarpement). 7. Couche marneuse à Ostrea uncinella Leymerie. 8. Marnes et calcaires avec quelques couches conglomérées. 9. Calcaire dur en gros bancs (2° escarpement). Q 10. Calcaires gréseux à Cerithium Encelades, etc. Ces couches supérieures (calcaires gréseux) forment le talus le 1893 DU MASSIF DU BOU-THALEB (CONSTANTINE) 419 plus élevé, qui, en s’inclinant au Nord-Ouest, constitue le plateau du Ras Seki. On y rencontre de nombreux fossiles à l’état de mou- les, presque partout le Cerithium Encelades Coq. A 2 kilom. à l’Ouest, sur cette crête (Ras Seki), à peu de distance du flanc rocheux du Djebel Bou-Iche, j'ai recueilli, dans la même couche, dans ces calcaires gréseux : Ostrea: Matheroni d'Orb. Turritella sp. O. cornu-arietis Coq. — plicifera. Pyrula sp., identique à une forme de Ostrea cf. Peroni Coq. Medjès-Foukani. 0. ci. uncinella Leymerie. Cerilhium Encelades Coq.Très commun. Plicatula hirsuta Coq. Hemiaster, indéterminable. Janira sp., Cardita sp., Venus sp. Hemipneustes n. sp., différent des Natica Gervaisi Coq. Hemip. africanus et H. Delettrei. Nerila Fourneli Bayle. Cette faune donne lieu à quelques observations. 4° D'abord les Gastropodes : Natica Gervaisi, Nerita Fourneli, Cerithium Encelades, Pyrula sp. sont identiques aux espèces que l’on rencontre à Medjès Foukani, à la base du Santonien. En parti- culier, je signale l’identité absolue des moules de gros Cerithe avec ceux de Medijès, variété distinguée par Coquand sous le nom de Cerithium portentosum (voir Perron, Mollusques fossiles de Tunisie). 2° Les espèces du genre Ostrea sont considérées comme caracté- risant le Campanien, ainsi que Plicatula hirsuta. Avec ces formes sénoniennes se rencontre Hemipneustes, espèce différente des Hemipn. africanus et Delettrei considérées comme caractéristiques du Danien. Je considère ces couches comme représentant le Sénonien moyen (Campanien). Au voisinage de ce point, et au contact des calcaires bathoniens du Bou-lche, les calcaires sénoniens sont repliés en anticlinal dont la voûte est remplacée par une faille N.-0. à S.-E., presque normale à la direction de la crête. (Voir plus loin fig. 12). Sur le versant Nord, les calcaires sénoniens forment un plan faiblement incliné au Nord; les couches, d’une régularité parfaite, sont interrompues par les érosions des ravins qui mettent à décou- vert les couches gréseuses et conglomérées sous-jacentes. Sur les flancs de ces ravins, les bancs calcaires montrent leurs escarpe- ments, dont le plus remarquable s'étend sur le flanc Ouest du ravin, désigné sous le nom de Chabet el Akra. La corniche calcaire, puissante de 60 à 80 mètres, présente, au flanc de la montagne, une zone d’une admirable netteté, qui se découpe sur ces flancs 420 E. FICHEUR. — SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS 20 Juin boisés, comme une tranchée oblique, que l’on distingue à une cer- taine distance, au Nord, dans la plaine des Rirha. & 2, Djebel Bou Iche y SAN AL \ Ho 4 Sur tout le flanc du massif batho- À JA nien, les calcaires sénoniens viennent 3 ER s'appuyer directement, et non par Ë qe Ê < + faille, comme l'avait compris M. Bros- NE {= sard. Au confluent du Chabet el Akra È 4 5 et de l’Oued Aras, les bancs sénoniens 4 l: viennent rejoindre les strates qui LE: forment l’arête de la crête Nord; il . est nettement indiqué que, par suite = seulement de l'érosion des calcaires L supérieurs, les poudingues et grès ont À été mis à découvert sur de grandes Fi 2 surfaces. LS = En descendant la vallée de l’Oued JEUNES Æ Aras, on pénètre dans le couloir étroit # LI ; 2 découpé dans ces bancs calcaires séno- #4 NESA, = niens, faiblement inclinés au Nord. 4 ff AWHSN à Les bancs inférieurs poudinguifor- L NW NUS £ mes passent à une zone de calcaires /,{ LINKS £ marneux riches en Polypiers, malheu- (/J [NI © reusement empâtés et indétermina- A de lL 4 1 - bles; cette zone me paraît l'équivalent o f1} QE = des marnes à Polypiers du Ktef 7 1 SA À 3 Araouen et du Ras Seki. AUCATIE Ne S € É Ras Sisly.— Les calcaires du plateau SR | ; LAS, = de Ras Sisly, cités par M. Peron, sont Q al £ dans le prolongement immédiat des NE Se | _ précédents. Ils ont été attribués, com- YU S me ceux du Ktef Araouen, à l'étage A = Albien ; cependant M. Peron y signale un gros Cerithe, peu difiérent du Cerithium Encelades de Medjès-Fou- kani. Ces calcaires forment un plateau légèrement mamelonné, entaillé par la gorge de l’Oued Sisly, dont la vallée est un cañon typique,offrant de chaque côté, sur trois kilomètres, la corres- pondance régulière des strates séno- 1893 DU MASSIF DU BOU-THALEB (CONSTANTINE) 421 niennes. Cette gorge permet de relever la succession complète de ces couches; les escarpements de la partie Sud, par suite de l’incli- naison des couches contraire à la pente de la vallée, présentent des gradins superposés sur 100 mètres au moins. Ici, comme sur tout le flanc du Bou-Iche, les couches inférieures s'appuient directement sur les calcaires bathoniens; mais sur la rive droite de l’Oued Soubella, les poudingues s’adossent aux cou- ches néocomiennes inférieures. Fig. 10. — Coupe de la sortie des gorges de l'Oued Sisly de chaque côté du ravin. IN ESt. Kef Rehem Ras Sisly 1912 . Poudingues rouges en couches dures. . Grès grossiers surmontés de calc. gréseux (c. à Polypiers). . Calcaires en gros bancs (1° escarpement). . Calcaires et marnes à stratification très nette (ec. à Cérithes). . Calcaires durs en gros bancs (2° escarpement). D = CS] Su + Cette coupe est en tous points comparable à celles que nous avons étudiées ci-dessus. On peut suivre sur une faible distance le relè- vement graduel et progressif des couches de poudingues, qui sont verticales contre le substratum (Bathonien ou Néocomien). Sur les flancs du mamelon calcaire qui domine à peu de distance à l'Ouest, j'ai recueilli, dans les couches 4 : Echinobrissus subsilifensis Per. et Gauth. Hemiaster cf. Brahim Per. et Gauth. Cerilhium Encelades Coq. var. (Cerith. portentosum Coq.). Id. id. même forme qu'à Medjès. Fusus cf, Bleicheri Per. et Thomas (Moll. de Tunisie). Pyrula sp., le même qu’à Ras Seki. Plicatula hirsuta Coq. Ê Janira sp., Pinna sp., Tellina, Cardium, etc. C’est certainement le même horizon que celui de Ras Seki ; on retrouve presque partout, à la base, les calcaires marneux à Poly- piers, riches en fossiles à l'entrée de la gorge, et le Cerithium Encelades est commun dans ces couches. Je ne puis quitter cette partie de la région sans signaler un 422 E. FICHEUR. — SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS 20 Juin accident stratigraphique remarquable de ces calcaires sénoniens. A 1 kilom. environ au Sud-Est de la coupe précédente, on observe la disposition suivante : Fig. 11. — Plissement du Sénonien au Djebel Bou-Rhinga. lord. Bou-Ilche Cet exemple de plissement aigu, avec renversement complet des calcaires sénoniens, au contact du Bathonien, surtout en présence de la grande régularité de stratification de ces calcaires, est, je crois, un indice assez probant de la torsion produite par la pression latérale contre le massif dolomitique. Cet accident est à rapprocher du redressement vertical des couches de poudingues de la coupe précédente (Fig. 10), qui a, sans nul doute, la même origine. Ces deux résultats de l’action de poussée peuvent être mis en opposition avec la parfaite régularité des strates sénoniennes et avec l’absence de tout accident stratigraphique sur de grandes surfaces (Fig. 9). Versant Sud. — Au débouché de Foum-Anouel, suivant le chemin du Hodna, on trouve au-dessus de la bande cénomanienne signalée plus haut, une assise de poudingues rouges compacts très durs, passant à des calcaires gris, et reposant en discordance sur le Cénomanien. Ces couches sont fortement redressées et constituent une dernière arète au-dessus des collines miocènes. Bien que je n’aie pu étudier suffisamment ces couches, je n’hésite pas, d’après l’ana- logie de faciès, à y voir le représentant de nos poudingues sénoniens, qui auraient ainsi laissé des traces sur le versant Sud. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. — De l’ensemble des faits signalés dans l’étude précédente, il résulte que: 1° La succession des poudingues rouges, grès, marnes et bancs calcaires du versant Nord du Bou-Thaleb doit être rattachée à une formation unique, détritique à la base, calcaire à la partie supé- TIÉUTÉ. 1893 DU MASSIF DU BOU-THALEB (CONSTANTINE) 423 20 Cette formation est nettement discordante sur le Cénomanien ; elle s'étend sur toute la série des couches crétacées qui ont été arasées et dont les débris ont constitué le poudingue de la base, que l’on peut suivre sur plus de 30 kilomètres. 30 Les couches fossilifères, appartenant à l’assise supérieure, caractérisent le Sénonien; on y trouve un mélange d'espèces du Santonien et du Campanien, et même du Danien. 4° On peut admettre l’émersion du massif après l’époque céno- manienne, et le ravinement par des érosions considérables de toute la partie Nord-Ouest des assises crétacées. Une lacune importante dans la sédimentation a été suivie d’un retour violent de la mer sénonienne, qui a édifié ces puissantes assises de conglomérats dans les dépressions existantes. Cette première partie du Sénonien est une période d'agitation, pendant laquelle les apports caïllouteux alternent avec des sédiments argilo-arénacés, et même des calcaires souvent pétris de galets et blocs roulés. — La variabilité des assises indique que les dépôts conglomérés diminuent rapidement d'épaisseur à une faible distance de la limite actuelle des poudin- gues, qui s'éloigne peu du rivage probable de cette mer Sénonienne, battant en falaise les strates crétacées et jurassiques. Puis vient une période de calme, pendant laquelle s’édifient ces bancs réguliers de calcaires et calcaires marneux du Sénonien supérieur. Cette constitution du Sénonien se poursuit vers l’Ouest, dans le massif des Ouled Thébenn, et au Nord, où ces couches viennent en relation avec le Cénomanien du Bordj Messaoud. Je suis porté, d’après ce qui précède, à considérer tout cet ensemble comme représentant le Sénonien (Santonien et Campa- nien) ; il est probable que nous avons ici l’équivalent de la série sénonienne de Medjès-Foukani (1) au moins jusqu'aux bancs cal- caires à Heterolampas du Kef Matrek, dont l'aspect rappelle absolument nos calcaires de l’Ouest Aras. La présence des fossiles considérés comme santoniens et cam- paniens associés à des Hemipneustes, laisse un doute sur l’attribu- tion de ces couches supérieures au Danien. J’ajouterai que j’ai vu, chez M. Reuss, Ingénieur des Ponts et chaussées à Sétif, un Hetero- lampas Maresi provenant de cette région, mais dont la situation exacte n’a pu être précisée. On sait, du reste, que la limite proposée par M. Peron entre le Campanien et le Danien (Dordonien) est loin d’être nettement établie pour les couches de Medjès; ici je ne saurais lithologiquement séparer cet ensemble de couches calcaires. (1) Voir PERoON : Géologie de l'Algérie, p. 124. 424 E. FICHEUR. — SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS 20 Juin Je laisse de côté l’hypothèse de l'attribution au Turonien de l’assise détritique inférieure. Cet étage, partout où il a été indiqué, se trouve toujours concordant sur le Cénomanien, dont il est le plus souvent difficile de le séparer, tandis que la lacune entre le Cénomanien et le Sénonien me paraît, d’après mes études pour- suivies de proche en proche, prendre un caractère de généralité, au moins dans le Tell Algérien. | J'ai signalé la discordance manifeste, après érosion puissante, parfois ablation totale, qui sépare le Sénonien du Cénomanien dans la région d’Aïn-Bessem (1). J'ai indiqué, en outre, dans ma Descrip- tion de la Kabylie, que cette discordance est générale dans la région des Babors, et au Nord de Sétif, dans le Guergour. Les observa- tions plus récentes que j'ai faites dans l’Atlas Métidjien ont con- firmé les mêmes relations. Il en est ainsi notamment sur les flancs Ouest du Pic de Mouzaïa ; le Cénomanien est le plus souvent très réduit d'épaisseur sous le Sénonien, parfois entièrement enlevé, de sorte que le Sénonien repose sur le Gault. Des observations analogues, avec coupes intéressantes, ont été faites par nos deux nouveaux collaborateurs à la Carte géologique de l'Algérie, M. Blayac dans la région de Tablat (pour la Carte détaillée au 50,000) et M. Répelin, dans la région des Soumata entre le Mouzaïa et le Zaccar (feuille de Marengo). Cette discordance est générale pour le Sénonien à faciès pélagique de la chaîne littorale. Il était d'autant plus intéressant de retrouver ici cette discordance aussi nettement accusée, et marquée par une puissante accumulation de sédiments littoraux. J’ajouterai que j'ai reconnu récemment (juillet 1892) dans le Nord du massif de l’Aurès, des indices bien marqués d’une action iden- tique au début du Sénonien. Sur le contrefort qui s’étend au Nord de l’Oued Taga, entre Lambesse et Médina, le Sénonien débute par des poudingues et des grès grossiers, passant peu à des calcaires gréseux à fossiles sénoniens ; ces couches sont surmontées du système marno-Ccalcaire à Ostrea proboscidea, O. Costei, Plicatula Ferryi, Hemiaster Fourneli, etc. Sur d’autres points de la chaîne voisine des Hauts-Plateaux, dans l’Ouest de l’Algérie, les mêmes relations de discordance ont été signalées. M. Welsch a indiqué une discordance bien marquée entre le Sénonien et le Cénomanien dans la région de Tiaret (2), et, (1) Ficaeur : Sur le Crétacé d'Aïn-Bessem (B.S. G.F., 3° sér., t. XVII, Nov. 1888). (2) J. Wezscu : Les terrains crétacés des environs de’Tiaret (C. R. Ac. Sc. 8 Avril 1889). 1895 DU MASSIF DU BOU-THALEB (CONSTANTINE) 425 en outre, la présence de poudingues dans les couches sénoniennes, en trangressivité sur le Jurassique de la bordure méridionale du Sersou. Bien que M. Welsch ait cru devoir, à deux reprises (1), modifier cette manière de voir pour attribuer au Turonien des couches qui renferment une faune partout sénonienne en Algérie (suivant l’opinion compétente de M. Peron), et cela, sans études nouvelles sur le terrain, je suis absolument porté à admettre la première opinion qu’il a formulée. Cette discordance, que l’auteur indiquait comme un fait nouveau (oubliant de tenir compte des faits que j'avais signalés dans la région d’Aïn-Bessem), est entière- ment d'accord avec les observations que je viens de signaler. Cette indépendance du Sénonien a, du reste; été reconnue en bien des régions ; dans les Pyrénées-Orientales, en Suisse (Alpes Vau- doises), M. Renevier indique l’émersion après le Cénomanien. On pourra s'étonner de l’absence du Turonien dans le Bou- Thaleb. Cet étage, dont l’existence me paraît de plus en plus pro- blématique dans le Tell algérien (Alger et Constantine), semble manquer sur les points où la discordance sénonienne est aussi manifeste. Il faut compter, il est vrai, avec les puissantes érosions anté-sénoniennes; mais l’absence totale peut au moins laisser des doutes. J'en suis ramené à l’hypothèse que j'ai émise au sujet d’Aïn-Bessem : l’émersion partielle de la région après le Cénoma- nien, et pendant la durée du Turonien, permettant les puissantes érosions qui témoignent au moins d’un intervalle important entre les deux séries de dépôts. D'autre part, la situation de ces poudingues dans le Sénonien ne permet plus d'attribuer, avec M. Péron, un caractère détritique aussi marqué à l'étage Albien d’Algérie (2). C’est certainement d'après les coupes du Bou-Thaleb que notre savant confrère place dans le Gault de puissantes assises de poudingues, qui ne me paraissent pas avoir été signalées ailleurs à ce niveau. Ce sont là des conséquences d’une importance assez grande pour Ja géologie algérienne, qui justifient les développements que j'ai donnés à cette question. TERRAINS MiocÈNEs. — Lambeau Helvétien du Djebel Bou-Iche. — Le versant Sud du Bou-Thaleb, au pied des escarpements crétacés, est formé par des collines doucement ondulées qui s’abaissent pro- (1) J. Wezscu : Les terrains secondaires de la région du Tiaret (1890). Thèse de doctorat. — Id. Terrains crétacés du Sersou (B. S. G. F., 16 juin 1890). (2) PEroN, loc. cit. p. 62. 426 E. FICHEUR. — SUR LES TERRAINS CRÉTACÉS 20 Juin gressivement à la plaine quaternaire du Hodna. Les collines sont formées de lambeaux miocènes plus ou moins ravinés et recouverts d’alluvions anciennes. La température élevée de l’été dans un pays inhabité et privé d’eau, ne m'a pas permis d'étudier ces couches miocènes, dont l’étude détaillée reste à faire sur tout le pourtour du Hodna. Les bancs calcaires qui forment la dernière coupure de l’Oued Soubella, signalés par M. Peron (loc. cit. p. 170), me paraissent x x appartenir à l’Helvétien. Ce sont des calcaires à Mélobésies et : Clypéastres (faciès récifal de l’Helvétien inférieur) analogues à ceux de la vallée du Cheliff (Inkermann, St-Aimé). Un lambeau de ces mêmes calcaires, qui me paraît, malgré une grande lacune, se rattacher à ces bancs de FOued Soubella, existe dans la partie élevée du massif entre le Kef Dnebienne et le Bou- Iche, à la Merdja d’Anouel, à une altitude qui varie de 1550 à 1750 mètres. Je tiens à signaler ce lambeau intéressant, d’une étendue de 2 kilomètres, dont l’allure est indiquée par la coupe suivante : Fig. 12. — Coupe du plateau d’Aïn-Tafrint (Merdja d’Anouel). Pour RE A 1 . 1600® Nord Aïn Tafrint D Fe . “ie . MP forestière Calcaires dolomitiques bathoniens. . Poudingues puissants . Calcaires à voûte rompue par une faille | 4. Calcaires blancs à Mélobésies et Hétérostégines (Helvétien). Sénonien. CO RO re Les couches sont nettement disposées en fond de bateau et s’ap- pliquent directement sur le Bathonien. Ce sont des calcaires blancs à Mélobésies (Lithothamnium) ren- fermant en abondance des Hétérostégines, du même type que celles de l’Helvétien inférieur de l’Oued-Fodda. On y observe des frag- ments d’Echinides insuffisants pour la détermination. Ces calcaires forment une dépression avec plusieurs sources, origine d'une zone de pâturages (Merdja d’Anouel) sur laquelle se trouve la maison forestière d’Aïn-Tafrint. 4 La présence de cet îlot, à cette altitude, indique l’affaissement | | | 1893 DU MASSIF DU BOU-THALEB (CONSTANTINE) 427 de la partie occidentale du massif à l’époque miocène, puis l’émer- sion consécutive à ce dépôt. La crête du Bou-Thaleb n’a ainsi acquis son relief qu’à la suite du mouvement post-helvétien, qui a une si grande influence sur la formation des grandes rides de l'Atlas. Je n'ai rencontré, malgré mes recherches, aucun lambeau de Miocène marin sur le versant Nord du massif ni dans la plaine des Rirha, contrairement aux indications laissées par Tissot. PLIocÈNE. — À Ras-Sisly, les calcaires sénoniens sont ravinés et recouverts de couches conglomérées rougeâtres, poudingues et grès grossiers avec limons rouges, de nature alluvionnaire, dont les couches, faiblement inclinées au Nord, vont passer sous les atter- rissements quaternaires. On trouve en assez grande abondance, dans ces couches rouges, des Hélix, des Bulimes, voisins du Bulimus Bavouxi Coq. du Pliocène des environs de Constantine. Je suis porté à voir, dans ces couches, une nappe d’atterrissements pliocènes, prélude des grandes formations continentales des pla- teaux de la région de Sétif. 428 20 Juin M. ParraAN, au nom de la Commission de comptabilité, donne lec- ture du rapport suivant: RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ Votre Commission a fait directement, sur les livres de la Société, le relevé des recettes et des dépenses du 17 novembre 1890 au 31 décembre 1891, l'exercice comprenant ainsi exceptionnellement quatorze mois, en conformité des décisions de votre Conseil. Ce relevé se résume dans le tableau suivant. (Tableau n° 1). Elle a fait ensuite le même travail sur le compte rendu du Tréso- rier et obtenu ainsi les résultats suivants. (Tableau n° 2). Elle à constaté ainsi la parfaite concordance des chiffres présentés par M. le Trésorier avec ceux de la comptabilité. M. le Trésorier explique dans son rapport qu’en tenant compte de l’arriéré au 31 octobre 1891, arriéré qu'il évalue à 4,490 fr. 50, les dépenses pendant les douze premiers mois de l’exercice ont excédé les recettes correspondantes de 3,432 fr. 73 et que cet excédant est dù principalement aux frais de publication du bulletin, qui ont dépassé notablement les prévisions. Il fait ressortir avec raison que si les deux mois supplémentaires ont amélioré cette situation, cette amélioration est plus apparente que réelle, car elle à été produite, en majeure partie, par le versement de cotisations anticipées empruntées à l’exercice suivant. En fin de compte, l’excédant des dépenses sur les recettes est fixé par M. le Trésorier à 118 fr. G5. Pour l’exercice allant du 4er janvier au 31 décembre 1892, M. le Trésorier propose un budget qui se solde en équilibre, en admettant dans les recettes et en cotisations anticipées une somme de 2,010 francs, par analogie avec celle de l’exercice écoulé. Nous devons faire remarquer que l’anticipation, réalisée dans les deux derniers mois de 1891, doit être attribuée à ce que le report de la clôture de l'exercice au 31 décembre était resté sans doute ignoré de beaucoup de sociétaires, et on ne voit pas de raison pour que ce chiffre des anticipations se maintienne. En réalité, le report de la clôture de l’exercice au 31 décembre a constitué, en faveur des 4 1 L 1 . Ê F \ . 1893 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ : 429 sociétaires pour l'exercice écoulé, un abandon de cotisations de deux mois. Nous croyons donc qu'il ne faut compter que d’une manière assez éventuelle sur les 2,010 francs de cotisations anti- cipées prévues au budget. Si l’on veut maintenir l'équilibre, il serait prudent de réduire d'autant la dotation des publications figu- rant pour le chiffre de 14,692 fr. 55. Pour l'avenir, il faut tenir compte de la réduction qui se pro- duira très probablement dans le chiffre des sous-locations et cher- cher les moyens de compenser cette réduction par la création de ressources nouvelles, car il serait, pensons-nous, bien difficile de réaliser des économies importantes sur les dépenses actuelles de la Société. L’exactitude et la précision des comptes présentés par M. le Tré- sorier doivent faire, de notre part, l’objet d’une mention spéciale. En remplissant avec autant de distinction la tâche laborieuse qu’il a acceptée, il a donné une nouvelle preuve de son dévouement aux intérêts de la Société. La Commission, propose, en conséquence, d'approuver les comptes et budgets présentés par M. le Trésorier et de lui voter des remerciements. Paris, le 30 avril 1892. [1 C. PARRAN et FAYoL. Le Président, au nom de la Société géologique, s'associe à la Commission de comptabilité, pour remercier le Trésorier de son dévouement. en nt a SE . ot: nes SE. ‘1859 18101 LG‘TGG'G'U = .— =} ca) = NI *SaITPU -Ip1o sajdtuo9 xne « co‘ z67'e *XNI9 Æ -Jds sajduioo xne « aT'6TT' - E ‘reJ1des ajdwuo9 ne sojqeorrdde 06‘088: 1° £ : JIns eWW09 2$0dU1099p 9s 8 LG‘zCG'G l'A 9P SNSSOpP-19 9SSI29 U9 9PIOS 9'T [ea] PRE 22 EE — D Jar 9cS"6E Ge" 6€ = |es‘o6z'6 19767" 6 = LG‘cG6'G |'991910XAHT 9P UIJ EI R 9SSIV9 UH LIFROBRT EE Se RP 99 DNS x] Ë 9P JU2UIIIUAUIUON NE 9SSIE9 US © ÜU CO SES D Cned en nc) EN (0 07‘ 06% OT DOUCE EAST RENTE) < -WU899( JE NE SIQUIAON «FT N( __ |[-W999({ JE NE 91QU9AON x N OCT DER GL°Y0' 0€ En © eL‘egs' 08 ER TERRE er 9140190 GL'‘T£0 0€ .. RASE RSS EST 9140] a JE NE (OGST 21ŒU9AON «f nq -90 JE NE O6STI 2I{U9AON wf nn S1SN1d434 S1111914 “(SIOUL FL JUVU9IAMO0) JGSI-06SE 99H419X HI 9P S0JdUI09 SOp PUMSPY Tu neeraex, 430 431 » Di ù RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITI 1893 CE CE Go 00‘0Lc'£ **°"(91pio anod) suory -B9O[-SNOS S9P S9}J999 2V LG “) 0... 0 + * xne199ds 2C'9cC GE ———— sado) S9P 9SSIP9 00‘0Lz'£ | ‘‘'‘(o1pio anod) so11m7u90 00089 ut de -Snos Sar vd 99Âed 97810} sojduio9 Sop 9sSIva u UO1L90] EJ 9P XH np arJitq CY'ECY NS 2 x IdOUS L9‘GCE de oP sojdui09 Sap 9ossie9 u C7‘ G98 QU Te NNbIooUs (ANS 7) RON OR OO EE) sajduwu09 sop 9SSIL9 U9 9JS9Y -9dss9]dtu09 S9pS211999 4 00‘00£'T û e . 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UE » » » 1.700 » » Total des Recettes . . | 22.262,23 21.600 » | 22.828 50 81.842. D 21.200 » Frais généraux à re- EHnCHer, re. 2.2 _ 8.241,38 10.100 » 9.949,48 10.926,40 10.000 » Dotalion des publica- LIST NES TARN 14.020,85 11.500 » | 12.879,02 16.315,60 11.200 » En caisse au commen- cementdel’exercice 2.663,62 3.468,80 3.480,30 3.480,30 3.492,95 ne | memes | ennnenenenennnnenee Actif disponible. . . . | 16.684,47 14.968,80 16.359,32 19.795,90 14.692,55 1893 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ et projet de budget pour 1892 LE RE EEE 433 TOTAL ÉGAL... s DÉPENSES 1889-90 1° Frais Généraux Personnel - appointe- MENMTS Me US. 1.500 » Personnel-gratification 300 » Ponerienectiiiiner). 2.535,30 Chauffage et éclairage. 737,49 MObDIMER APP NS LE 487,79 Bibliothèque... 550,85 Frais de bureaux. 52300 Port du Bulletin 985,08 Port de lettres 415,20 DINCRS MEME URSS EMI 206,40 TOrAr..: 8.241,38 2° Fraïs des Publi- | cations | Le 1 Bullet Hope Arri 5:628, | Réun. exiraord. | ee Exercice Bulletin. . 193 6 courant (| Réun. extraord. 0642-00 Compte-rendu somm. 542,7 Mémoires. %rau 1:823,50 13.037,19 3° Dépenses extraor- HAAITES re 0. 178,52 En caisse en fin d’exer- CICR mures 3.468,80 16.684,47 é 1890-91 PREVUES € UE pour 1890-91! X, 51 oct. | Nov.-31 Déc. 1.500 » 1.500 » 1.750 » 300 » 200 » 200 » 4.600 » | 4.364,65 | 4.410,40 750 » 775,60 913,10 450 » 619,90 676,65 600 » 556,10 572,05 500 » 538,45 629,79 800 » 1 083,30 1.391,87 400 » 201,09 322,39 200 » 54,89 60,19 10.100 » 9.949,48 10.926,40 | > 1.251,40 |xvi11.509,90 | 1.509,90 1.200 » [xvit 609,20 609,20 È xIX 6.206,19 8.446,65 .657,80 | 4 ; at 0 ym3.280,15 | 3.280,15 340 » 127,25 547,75 1.513,60 1.404,85 1.404,85 14.968,8) | 13.437,50 | 15.798,50 » 504,85 504,85 » 2.416,97 3.492,09 » 16.359,32 19.795,90 PRÉVUES pour 1892 XIX 2.200 » »» XX “ 11.922,55 XIX 450 » nel 14.692,55 ) » | » | 14.692,55 PP CN 28 TS Co LS 10 Juillet, SUR LA DÉCOUVERTE DU PALÆONICTIS EN AMÉRIQUE par M. OSBORN (1). Une des plus intéressantes découvertes paléontologiques de ces derniers temps est celle d’un exemplaire de Palæonictis, trouvé dans les Wahsatch Beds des Montagnes Rocheuses. Ce grand carnivore éocène était connu jusqu’à présent par deux maxil- laires inférieurs trouvés dans le Suessonien de France et sur lesquels de Blainville a créé l'espèce Palæonictis gigantea. Les seules formes découvertes dans les explorations antérieures du Wahsatch d'Amérique qui soient semblables au Palaeonictis sont les restes d’Amblictonus sinosus Cope. l L'expédition qui a été envoyée l’été dernier par le Muséum d’his- toire naturelle de New-York, sous la direction du D'J. L. Wortman, a recueilli une belle collection de fossiles du Wahsatch comprenant un squelette presque complet de Coryphodon et les membres de l’Heptodon, petit périssodactyle inconnu jusqu’à présent. Le Dr Wortman a trouvé, en un point, des fragments de crâne et des dents de carnivore; avec une grande patience, il réunit tous les débris qui se trouvaient dans un rayon de plusieurs pieds et les transporta dans des sacs jusqu'à une rivière distante de quinze milles. Là, il tria tous les matériaux recueillis et eut le bonheur de découvrir toutes les dents supérieures et une grande partie de la face avec les mâchoires inférieures complètes. Si je mentionne ces faits, c’est qu’on suppose généralement à l'étranger que les fossiles sont extrêmement nombreux dans les Montagnes Rocheuses et que les collections peuvent s’y faire très rapidement : c’est l'inverse qui à lieu. Faire des recherches de fossiles dans les couches inférieures de l’'Eocène constitue un travail toujours très difficile et souvent dangereux, avec beaucoup de fatigues et de nombreuses privations. En étudiant ces débris au Musée, j'ai reconnu qu'ils apparte- naient à un animal très semblable au type de Palaeonictis que, grace à l’amabilité de M. le Professeur Gaudry, j'ai pu étudier avec (1) Cette note a élé présentée à la Société géologique dans la séance du 16 mai 1892. L'auteur n'étant pas membre de la Société, la note a été insérée après décision du Conseil cn date du 30 juin 1892. 1893 OSBORN. — DÉCOUVERTE DU PALÆONICTIS EN AMÉRIQUE 439 grand soin au Muséum d'Histoire naturelle de Paris. Une comparai- son attentive avec les figures de Blainville m'a confirmé dans cette manière de voir, et, pour moi, je ne doute pas que l’échan- tillon recueilli ne soit très voisin du type européen; comme jl présente avec lui quelques différences d'ordre spécifique, je propo- serai de le distinguer sous le nom de Palaconictis occidentalis. Le crâne est remarquablement félin dans ses proportions ; sa taille est à peu près celle du puma américain (Felis concolor). Les deux traits les plus saillants sont le raccoureissement de la région faciale et la réduction des vraies molaires postérieures. Cràâne de Palaeonictis occidentulis, vu de profil. 1/5 de grandeur. — Collection du Musée américain d'histoire naturclle de New-York. L'arcade zygomatique est large, le foramen infra-orbital est très grand : toute cette région erânienne ressemble à celle du chat et est bien plus raccourcie que dans les créodontes antérieu- rement décrits. On trouve également beaucoup de ressemblance avec les Félidés dans la forme, le nombre et les proportions des incisives infé- rieures et supérieures, dans la forme des canines, dans l’absence des vraies molaires postérieures. Mais la ressemblance la plus frappante réside dans ce fait que la quatrième prémo- 436 OSBORN. — DÉCOUVERTE DU PALÆONICTIS EN AMÉRIQUE 10 Juillet laire supérieure et la première molaire inférieure sont en voie de transformation en dents carnassières, quoiqu’elles soient dans les stades primitifs d'évolution que le Professeur Cope a qua- lifiés de « trituberculaire » et de « tuberculo-sectorial, » Il ne peut y avoir aucun doute sur l’homologie-de ces dents. La troisième molaire supérieure a disparu depuis longtemps ; la seconde molaire supérieure est réduite à une dent tuberculeuse rudimentaire, semblable à la première molaire supérieure dans les chats vivants ; la première molaire supérieure est déjà plus petite que la quatrième prémolaire. Dans la mâchoire inférieure, nous trouvons une petite première prémolaire comme dans Palaeonictis gigantea ; les autres prémo- laires croissent rapidement en volume; la première molaire est en forme de triangle portant trois denticules avec un large talon avec également trois pointes (hypoconide, hypoconulide et ento- conide). La seconde molaire inférieure diffère de celle de Pal. gigantea en ce qu'elle est plus simple et qu’elle porte un seul denticule étroit au lieu de trois. La formule dentaire du Palaeonictis est donc 3 l 4 2 j: he ie Pr. M: Cette découverte jette une yive lumière sur d’autres formes, et en particulier sur le genre Amblictonus Cope dont les caractères étaient restés très obscurs à cause du mauvais état du type. Nous constatons qu’il est très voisin du Palaeonictis et qu’il s’en distingue par sa molaire supérieure unique et le talon rudimen- taire de la deuxième molaire inférieure. Le Patriofelis Leidy des Bridger beds (Eocène moyen) est également voisin de la forme que nous décrivons. Le D' Wortman croit que Palaeonictis est un des ancêtres longtemps cherchés des Félidés, et beaucoup de faits militent certainement en faveur de cette manière de voir, comme par exemple la structure des dents, à l’exception d’un ou deux carac- tères de peu de valeur. Nous devons probablement réserver notre opinion jusqu’à la découverte de la structure des pattes qui a tant d'importance. Il est certain toutefois que Palaeonictis est plus voisin des chats qu'aucun autre créodonte. dE TIRE PT, à bn - cotés 437 SUR LE COMBLEMENT DES LACS PYRÉNÉENS, par M. E. BELLOC. RÉPONSE A UNE RÉCLAMATION FAITE PAR M. J. VALLOT, A LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE, SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1892 (1). A propos d’une note Sur certaines formes de comhlements observées dans quelques lacs des Pyrénées, présentée par moi-à l’Académie des Sciences le 18 Juillet 1892, M. J. Vallot a formulé une réclamation de priorité devant la Société Géologique de France, (séance du 7 Novembre 1892), disant: qu’il avait publié, en 1887, une brochure intitulée: Comblement des lacs pyrénéens, dans laquelle il fait les mêmes remarques, donne la même théorie et étudie spécialement aussi le lac d’Estom, pris comme exemple, avec planches à l’appui. En réponse à cette réclamation, je tiens à dire d’abord, que cette brochure n'ayant pas été publiée, que je sache, dans aucune revue spéciale, n’était pas arrivée jusqu’à moi, et que, par conséquent, je n’en connaissais ni la forme, ni le contenu, lorsqu’a été présenté à l’Académie le résultat de mes recherches personnelles, faites directement dans un grand nombre de lacs pyrénéens, bien que je n’aie pris comme exemple, en cette circonstance, que le lac d’Estom et celui de Lourdes. | Du reste, je puis ajouter que, eussè-je connu le mémoire de M. Vallot à ce moment là, la question de priorité ne serait pas pour cela même établie, ayant traité tous les deux un sujet appar- tenant au domaine public, et nos opinions respectives différant complètement sur les points principaux, au contraire de ce que dit M. Vallot. Le fait du comblement des lacs par les avalanches n’est pas d'observation récente; le célèbre Ramond et Palassou ne l’igno- raient pas. L’ingénieur F. Pasumot raconte d’une manière circons- tanciée comment, « le 4 Juin 1762, une énorme avalanche de neige fut tout-à-coup précipitée dans le lac d’Oncet pendant la nuit. » Dralet, ayant déjà fait les mêmes remarques que M.Vallot, écrivait, (1) M. Émile Belloc n'étant pas membre de la Société, cette note a été insérée conformément à une décision du Conseil en date du 23 janvier 1893. 438 E. BELLOC. — COMBLEMENT DES LACS PYRÉNÉENS 10 Juillet en 1873, que, « quand le lac est glacé, il tombe dessus tant de glaçons et de débris que le plancher s'enfonce. »y Le D' Jeanbernat, dans un travail remarquable, publié en 1874, n’avait eu garde, non plus, d'oublier cette question importante, à laquelle il consacre plusieurs pages qui débutent ainsi: « Le comblement des lacs s'opère par deux procédés différents : l’un accidentel, brusque et intermittent, c’est l’'éboulement qui entasse en une seule fois dans le bassin d'énormes masses de débris, etc.....» Nous lisons encore, dans le très attachant récit d’une Soirée d'hiver au lac de Gaube, 3 Décembre 1879, de l'intrépide explorateur pyrénéen, le comte Henri Russel : « Quand le lac est bien pris... sa glace porte alors sans fléchir, non-seulement des sapins, mais des rochers que l’avalanche y précipite en masse furieuse, et qui ne disparait qu'à la débâcle. » Bien avant 1885, — époque à laquelle j'ai entrepris une série d’explorations sous-lacustres dans ia haute région d'Où, continuées avec mon nouvel appareil de sondage, à fil d'acier, jusqu’en 1888, — ces curieux phénomènes de comblements, dus aux avalanches, lorsque la surface est glacée, avaient attiré mon attention. Plu- sieurs fois j'en donnai publiquement l'explication détaillée, entre autre à la Société des Études du Comminges ; mais attachant fort peu d'importance à la question de priorité, pour un fait si simple, appartenant depuis longtemps au domaine publie, et dont tous les montagnards connaissent l’origine, je ne songeai pas à prendre date, je l'avoue. En 1889, en exposant le résultat de mes nombreux sondages et dragages exécutés dans la région d'OÔ, devant les délégués des Sociétés savantes réunis à la Sorbonne, je fis également part de mes observations sur ces formes de comblement, en produisant à l'appui des photographies, des coupes et des plans cotés. Cette étude à été publiée dans le Bulletin de Géographie historique et des- criptive du Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, et dans la Revue pyrénéenne. Enfin ayant eu dernièrement, pour la première fois, l’occasion de lire la brochure de M. Vallot, et de citer ce travail au congrès de l'Association Française à Pau, (Septembre 1892), j'ai pu me con- vaincre que, S'il y a une seule manière d'expliquer un fait géologi- que simple en lui-même, il y a plusieurs façons de l’étudier. Dans sa notice, M. Vallot nous apprend que c’est en se plaçant à une certaine hauteur verticale au-dessus d’un lac, pour observer par transparence la configuration du fond, qu’il a pu dessiner les PTT, 1893 E. BELLOC. — COMBLEMENT DES LACS PYRÉNÉENS 439 croquis jqints à son travail. J’estime que par cette facon de procé- der, on ne peut guèrs obtenir que des figures schématiques. Mes recherches, au contraire, exigent un soin tout particulier et l'emploi de méthodes scientifiques d'une précision absolue, comme, par exemple, les très nombreux sondages (148 points en moyenne par 10,000.) que j'ai exécutés pour relever les fonds des lacs. C’est là sans doute ce qui explique que, d’accord ou à peu près sur le résultat des observations faites au-dessus du plan de surface des eaux, nous soyons d'avis diamétralement opposé (quoi qu’en dise mon sympathique confrère), sur la plupart des questions relatives aux phénomènes qui se produisent au-dessous. M. Vallot a remarqué, à une certaine distance du bord, «un entassement de pierres, Suivant-les sinuosités de la rive dans toute sa longueur »; tandis que mes plans montrent des séries de « talus immergés, séparés du rivage par des trous coniques en forme d’entonnoir. » Le «bourrelet » de neige sur lequel D de passe pour attein- dre la surface glacée du lac « qu’elle crève par son poids. » (voir Pasumot, déjà cité) devient pour moi un cône de névé à axe oblique, autour duquel les avalanches « formeront .une sorte de couronne rocheuse, dont les éléments, privés de leur support glacé au moment du dégel, couleront à pic. » « Quant à la pente [de l’entassement] tournée vers le milieu du lac, elle est nécessairement plus faible », selon M. Vallot; d’après mes mesures et mes coupes, cette pente est conforme à la théorie généralement admise, c’est-à-dire plus déclive du côté de l'endroit le plus creux. (voir A. de Lapparent, Traité de Géologie, 1° édition, page 79). Enfin, mon honorable confrère est d'avis que les lacs « se rem- plissent par le milieu, les bords restant intacts ; » et ma communi- cation dit formellement que « c’est surtout par les bords que le com- blement se produit dans la plupart des lacs de montagne. » De ce qui précède, il résulte donc : 1° Que les observations relatives au comblement des lacs par les avalanches, lorsque la surface est glacée, datent de plus d’un siècle; 2° Que mes recherches personnelles ont commencé bien avant la publication de M. Vallot sur ce sujet; 3° Que loin d’avoir emprunté les théories fort ingénieuses de cet observateur érudit, théories que je regrette de n’avoir pas connues plus tôt, mes conclusions diffèrent absolument des siennes, dans la plupart des cas. Conséquemment, la réclamation de priorité formulée par lui me paraît manquer de fondement. 440 10 Juillet SUR LES PLISSEMENTS DES COUCHES SÉDIMENTAIRES DANS LES ENVIRONS DE POITIERS, par M. Jules WELSCH (1). Le détroit du Poitou est constitué par des terrains secondaires et des terrains tertiaires qui relient le Bassin de Paris au Bassin d'Aquitaine ; il est resserré entre les massifs anciens de la Vendée.et du Limousin. Ces deux massifs sont reliés entre eux par un barrage souterrain de roches anciennes à peu de profondeur, comme le montrent de nombreux pointements de roches granitoïdes et por- phyroïdes, de $chistes cristallins et quartzites (2). Les terrains secondaires du Poitou comprennent divers étages du Lias et des terrains oolithiques, avec des terrains crétacés au nord de Poitiers. Les étages inférieurs du Lias ne sont guère visibles que sur les bords des massifs anciens du Limousin et de la Vendée, mais le Lias supérieur (marnes bleues à Ammonites toarcence, Belem- nites tripartitus, Belemnites trreqularis, etc.) forme une assise remar- quablement continue dans tout le détroit poitevin. Le Lias supérieur est recouvert par des calcaires des étages Bajocien et Bathonien, for- mant l’axe du détroit au-dessus du barrage ancien. De chaque côté viennent ensuite les assises du Jurassique jusqu’à la zone à Amm. bimammatus. Au ñord de Poitiers, avant Châtellerault, commence le Crétacé du bassin de Paris, comprenant l'étage Cénomanien et l'étage Turonien. ; Les couches tertiaires comprennent une formation de calcaires lacustres avec argiles à meulières, qui est peut-être éocène, des sables argileux bariolés à minerai de fer (sidérolithique), un gise- ment isolé de falun miocène au Moulin-Pochard, près de Mirebeau, enfin des alluvions des plateaux problement d’âge pliocène. J’ajouterai que les grandes transgressions du Lias, du Cénoma- nien et du Miocène moyen sont visibles dans la région. Ces divers terrains stratifiés sont ondulés par deux systèmes de plis ; le premier système est dirigé à peu près du S.-E. au N.-0., le deuxième est plus ou moins orthogonal au précédent. (1) Communication faite dans la séance du 19 Décembre 1892. Manuscrit parvenu au Secrétariat le 28 Décembre 1892. (2) J'ai indiqué l'ensemble de ces pointements sur une petite carte dans un « Essai sur la géographie physique du seuil du Poitou, » publié dansles 4nnales de géographie, du 15 Octobre 1892. rétine shoes 52 POSE. PTE p S % L : 1893 JULES WELSCH 441 L — PLISSEMENTS DU PREMIER SYSTÈME. Le premier faisceau comprend, du Sud au Nord (1): 1° Pli anticlinal de Montalembert, qui a 80 Kms environ depuis Saint-Claud (Charente) jusqu’à Saint-Maixent (Deux-Sèvres). Il part du plateau limousin vers Roumazières ; il passe à 3 Kms au nord de Saint-Claud, au Ris de la Combe (2), où la voûte anticlinale brisée a été creusée par les eaux et laisse voir la roche cristalline à 8 Kms environ du Massif Central. La route de St-Claud à St-Laurent de Céris entame cette roche granitoïde que l’on voit décomposée en arène sur la rive gauche du Ris un peu avant le pont ; autour de ce point, on voit différents étages du Lias (3), On retrouve ce pli dans la vallée de l’Argentor, entre Nanteuil en vallée, Champagne-Mouton et Vieux-Ruftec. Les étages du Lias, surtout le Lias supérieur, sont visibles dans cette région, au milieu des plateaux constitués par les calcaires jurassiques et les terrains tertiaires ; 11 y a aussi des traces de dislocations et des failles dont parle Coquand. Dans la vallée de la Lisonne, sur la rive droite, entre Bois-Régnier et les anciennes forges d’Aizie, on voit les calcaires du Jurassique moyen plonger au Nord; un puits creusé dans le vallon entre Bois- Régnier et Chadeuil a montré des roches bleues du Lias supérieur. Après la vallée de la Charente, l’anticlinal a surélevé toute la région qui s'étend par Sauzé et Lezay jusqu’à Melle, Niort et Saint- Maixent. Les pentes raides sont vers le Nord; le pli se résout en faille quelquelois. Sur la crête de Montalembert à Sauzé, on trouve les marnes bleues fossilitères du Lias supérieur, avec peut-être du Lias moyen, (1) M. de Longuemar, dans ses travaux sur la géologie du département de la Vienne (1866-1872), a donné de nombreux renseignements sur certaines parties de la région dont je m'occupe i:i; j’ai puisé de nombreux faits admirablement observés. dans ses études géologiques el agronomiques sur le département de la Vienne (1870-1872) et dans sa carle géologique au — publiée en 1866, IL a indiqué un certain nombre des plissements de la région, après d’Archiac, et les travaux d'Élie de Beaumont et Dufrénoy pour la grande carte ane de la France. Notre confrère, M. Boissellier, a aussi donné des renseignements sur quelques- uns de ces plis et en a indiqué d'autres plus au Sud, dans sa note: Sur Les plisse- ments du sol dans le massif Vendéen, le détroit du Poitou et le bassin de la Charente (Assoc. françcuise, Toulouse, 1887). (2) Ce gisement est indiqué sur la carte géologique de la Charente, par Coquand. (3) Voir Coquand : Description de. la Charente, t£. 1, p. 191. a 442 JULES WELSCH 10 Juillet portées à l'altitude 190, tandis qu’à une distance de 1500n$ environ vers le Nord, on trouve au sud de Limalonges les calcaires callo- viens avec Anun. anceps et Amm. macrocephalus à l'altitude 130. La dénivellation du Lias atteint 100 mètres ; en effet, dessous le Callo- vien de Limalonges et de la gare de -Saint-Saviol, en descendant sur les bords de la Charente, on traverse toute la série des calcaires à silex du Bathonien et du Bajocien ; près du Moulin de Roche, une petite carrière ouverte par la compagnie d'Orléans pour l'instal- lation du service d’eau de la gare de Saint-Saviol, vers l’alt. 100, montre des couches supérieures au Lias. C’est ce que l’on peut constater un peu plus loin dans les carrières de Comporté, où le Lias supérieur n’est pas visible à l’alt. 100 ; mais il n’est pas loin, d'après les fossiles que j’ai recueillis. Il y de nombreuses tuileries qui utilisent les marnes bleues sur la crête de Montalembert à Sauzé; ces tuileries dépendent des villages du Teil de Limalonges et du Teil d’Aubanie, qui sont au bas des pentes. On voit là de nombreux amas de silex du Bathonien et du Bajocien, mais je n’ai pas vu la roche en place; il faut aller au sud-ouest de cette crête pour voir ces étages dans les carrières de Vaussais, au sud de Sauzé et près du pont de Montjean sur la Péruse. D'une façon très générale, on peut dire que les assises callovo- oxfordiennes sont à l’alt. 130 au Nord de la crête, tandis que ces couches affleurent à 150 environ au Sud. A partir de Sauzé, en allant vers Saint-Maixent et Niort, les vallées montrent encore des affleurements du Lias supérieur et même des roches cristallines, par exemple, au nord de Melle, — dans le vallon de Chambrille au sud de la Mothe Saint-Héraye, — dans la vallée de l’'Hermitain, schistes du Moulin Douhault, et roche de la Pierre au Diable, — plus au sud dans la vallée du Lam- bon, — près Surimeau, au nord de Niort, etc. Dans cette région, notre confrère, M. Fournier, a montré que l’anticlinal s’est dédoublé en deux, et qu'il y a un synclinal secon- daire depuis la Crèche par Echiré à Saint-Maxire et au-delà (4). Dans le voisinage de cet anticlinal, on a indiqué depuis longtemps et même exploité des gisements de galène argentifère dans les cal- caires liasiques près d’Alloue (Charente), de Melle, dans la vallée de l’Hermitain, etc. Depuis la Charente jusque vers la Sèvre, les parties élevées (1) Études géologiques des chemins de fer du Poitou, 1891. 4 ms ul qi HP Cent an CPP ao" de À top + à Mn DOUTE NO CNT TE). bn de em band £ nue de 1893 PLISSEMENTS DES ENVIRONS DE POITIERS UE) portent une terre rouge à Chataïgniers, qui est probablement une dépendance du sidérolithique. 2 Synclinal de Lezay-Avon. — Sa plus grande largeur atteint 25 kil. Il forme une région affaissée de Civray jusqu’à Saint-Maïxeat; on y trouve surtout le Callovien à A. macrocephalus et A. anceps, l'Oxfordien à A. Martelli, A. canaliculatus, A. transversarius, Belem- nites hastatus, et les couches à 4. bimammatus, signalées par M. Toucas (1). Il n'y a pas de Jurassique plus supérieur. Dans ce bassin, les assises oxfordiennes ont tout à fait le faciès des couches de même âge que l’on retrouve au sud de l’axe de Mon- talembert. Elles ont moins d’analogies avec celles du bassin pari- sien qui se trouvent au nord de Poitiers. Entre le Mothe Saint Héray et Saint Maixent, le pli anticlinal est resserré et tout à fait visible. [l à été signalé depuis longtemps par la plupart de ceux qui ont étudié cette région (2). On y trouve les marnes et calcaires lacustres du Poitou. Entre Sauzé et Vanzay, ce même synclinal renferme des argiles rouges à minerai de fer et blocs de meulière probablement sidéro- lithiques. C’est une formation analogue à celle qui existe sur les parties élevées de l’anticlinal de Montalembert. Le plissement serait postérieur à ces couches. D’après M. Fournier, ce synclinal se continuerait par celui de Saint Laurs, Vouvant et Chantonnay, dans le Massif Vendéen ; en tous les cas, les deux axes synclinaux, d’âges si différents, sont exac- tement dans le prolongement l’un de l’autre. | On remarquera que les axes synclinaux et anticlinaux des ter- rains secondaires sont déviés plus à l’ouest au moment où ils arri- vent près du massif ancien de Vendée, au lieu de conserver leur direction N.-0. J’ajouterai que le synclinal de Lezay-Avon forme la majeure partie du bassin intermédiaire de M. Boissellier, entre le Bassin de Paris et le Bassin d'Aquitaine. C’est une zone curieuse dont les eaux s’écoulent à la fois par la Charente, la Sèvre Niortaise, et le Clain. « 30 Anticanal de Champagné Saint-Hilaire.— 11 compte 66 kil. de longueur environ depuis Availles-Limousine jusqu'à Ménigoutte (1) B. S. G. F.. 3° série,,t. XIII, p. 420-437, 1855. (2) Voir E. Garran. B. S. G. F., 1" série, t. XIV, p. 615, pl. XH. — 1842-43, Cacarié : Description géologique des Deux-Sèvres. — 1857, Baugier et Saurzé : Études géologique des tranchées du chemin de fer de Poitiers à La Rochelle. — 1885, Toucas : B. S. G. F.,%8* série, t. XIIL, p. 421 et suivantes. 44% JULES WELSCH 10 Juillet (Deux-Sèvres); il répond à la partie la plusétroite du détroit poite- vin. Il part d’Availles sur la Vienne, relève les couches du Lias supérieur à Joussé sur le Haut-Clain et forme la région élevée de Champagné Saint-Hilaire. C’est une colline allongée suivant la direction S.E.-N.0.,atteignant l’alt. 19%, tandis que le plateau envi- ronnant est en moyenne à l’alt. 150. Le substratum paraît être une roche porphyrique, dont on voit un gisement au Nord, à l’alt. 180; les marnes bleues du Lias supérieur se voient à l’ancienne tuilerie de la Croix de l’Houme, à l’alf. 182, et diverses assises du Lias moyen à 194. Les calcaires à silex du Bajocien et du Bathonien ne dépassent guère l'alt. 146; le pli a abouti à un réseau de faille (1), mais en beaucoup de points, près de-Sommières et près d'Anché, on voit les calcaires jurassiques se relever vers Champagné. Le sidérolithique du Poitou, ainsi que les marnes blanches et calcaires lacustres (Eocène ou Oligocène) paraissent se relever autour de ce massif; malheureusement, la stratification est si peu distincte dans ces roches qu’on ne peut rien affirmer. L’axe de l’anticlinal coupe ensuite le Clain à Voulon; il y a là un effondrement des assises jurassiques produit par un synclinal perpendiculaire ; le Lias supérieur est à l’alt. 108 environ. Au-delà, on remarque des cassures sur la rive gauche de la Dives de Couhé, le Lias supérieur se relève à 135 sur le coteau de Pilon, où on voit des marnières, puis l’axe passe par un sillon remar- quable de Brossac au sud de Lusignan et il aborde le département des Deux-Sèvres à Ménigoutte où les roches cristallines commen- cent. Il se continue par l’anticlinal de Mazières en Gatine de M. Fournier. 4° Synclinal de Viconne. — I embrasse une région large de 148 kil. environ depuis Voulon jusqu’à Ligugé, le long du Clain qui lui est à peu près perpendiculaire. Ce synclinal est peu prononcé, mais s'aperçoit nettement le long de la vallée du Clain. Les berges sont formées à la base par les marnes bleues du Lias supérieur, et sur les pentes par les calcaires à silex du Jurassique moyen. Ces dermæiers forment quelquefois de véritables falaises au-dessus des pentes douces des marnes liasiques, par exemple, à la station d’Iteuil et au sud du tunnel des Bâchés. Au delà, il y a une couverture de terrainstertiaires ; ce synclinal paraît répondre au synclinal des micaschistes au sud de Parthenay. (M. Fournier). . (1) Voir à ce sujet la Carte géologique au 1/80.000°, feuille de Poitiers, par M. Rolland, \ Nord Carte des phissements des couches sédimentarres dans les environs de POITIERS . TOURS Echelle 1 1.000.000 Saumur © Aontreu } laye- Descartes < at _— ri 0/0 LOUrOIL Montmorillo (e) Were pie #. AU TN RON . 1893 PLISSEMENTS DES ENVIRONS DE POITIERS 451 cien inférieur descend à l'altitude 100, tandis qu’à Asnois et Chatain, il était à l’altitude 150 environ. Sur le Clain, entre Sommières et Château-Garnier, on trouve le Bathonien dans ce synclinal, entre les assises du Bajocien et du Lias supérieur visibles le long des berges, sur les deux flancs du pli (1). Le Callovien, constitué par des calcaires blancs crayeux un peu schistoïdes, est aussi conservé dans ce synclinal depuis Civray jusqu’à Sommières. Un peu plus au Nord, sur la Clouère, entre Brion, près Gençay, jusqu’à Artron, près Usson, ce synclinal se poursuit; on retrouve également le Bathonien limité par le Bajocien en aval et en amont (2). Il y a là une sorte de golfe bathonien, dont parle M. Rolland. Ce synclinal est très difficile à suivre vers le Nord. On peut y rapporter, sur la Vienne, les dislocations que l’on constate dans les couches vers Bellefonds, et sa source; en face, sur la rive gauche, à l’Écotière, il y a aussi une dénivellation des couches Jurassiques. Ce synclinal est probablement en relation, par Monthoïron, avec le synclinal de la Haye-Descartes, sur la Creuse; ce synclinal paraît très profond, le Turonien descend dans la rivière, entre Port de Piles et la Guerche, où on voit les sables verts cénomaniens. 3 Anticlinal du Clain. — IL passe à Montalembert où le Lias supérieur est porté à 190 mètres d'altitude. Près de la gare de Saint- Saviol, les emprunts du chemin de fer montrent un relèvement assez sensible des calcaires à silex blonds du Bathonien supérieur; ils atteignent l’alt. 135. L’axe passe ensuite à Champagné Saint- Hilaire, où le Lias moyen est presque horizontal, tandis que le Tias supérieur est incliné fortement à l'Ouest: en effet, plus Join, à Voulon, il est à 108 seulement. Au sud-ouest de Champagné, dans la vallée du Clain, entre Says et Villemonnay, le Lias inférieur apparait dessous les autres étages du Lias. Plus au Nord, sur le plateau qui s'étend à l’est du Clain, de la Villedieu à Smarves, les couches du Lias supérieur sont fortement relevées vers Fontjoise, Aslonnes, les Roches-Prémaries; les puits sont peu profonds et les sources nombreuses à Fontjoise, à Smar- (1) Voir Carte géologique détaillée au 1/80.000°, feuille de Poitiers (M. Rolland), et aussi Rolland : Oolithe inférieure du Poitou (B. S.G. F., 3" série, t. XIII, p. 399, Séance du 9 avril 1885). (2) Rolland, id., p. 401. 452 JULES WELSCH 10 Juillet ves, aux Efles, près Gizay. Les couches plongent vers la vallée du Clain. L’axe passe à l’est de Poitiers et coupe le Clain, avant Châtelle- rault, en abordant la région crétacée. Il a déterminé là une cassure dans le tuffleau turonien, qui est l’origine de la vallée que suit le Clain pour aller au Nord. Le Turonien est surélevé sur la rive gauche, vers Beaumont, par rapport au château du Fou, près Vouneuil ; sur la rive droite, la dénivellation est de 20 mètres environ. L’axe se prolonge par l’affleurement des calcaires jurassiques de Châtellerault, et l’affleurement des sables cénomaniens de Port de Piles. J’ajouterai que ce pli est peut-être en relation avec les inflexions ou cassures des couches crétacées, signalées par M. de Grossouvre, sur la ligne du chemin de fer de Tours, à 2 kil. au sud de la station de Sainte-Maure (1). Je crois probable aussi qu'il se continue, dans la vallée de la Loire, près Tours, à Rochecorbon, où il y a un relèvement de couches crétacées, signalé depuis longtemps et dont une coupe a été donnée par M. Renevier (2), 4° Synclinal du Clain. — TI est très resserré vers Voulon et Vivonne, jusqu’à une largeur inférieure à 12 kil., mais il s'ouvre assez fortement au Nord et au Sud; il est immédiatement à l'Ouest de l’anticlinal précédent. Il passe à l’ouest dé Sauzé; près de là, dans les carrières de Vaussais, on voit le Bathonien inférieur ou le Bajocien supérieur, à une altitude très inférieure à celle du Lias de Montalembert. La région basse de Sainte-Soline à Lezay et Rom est en rapport avec ce pli. Plus au Nord, à Voulon, les couches du Lias sont effondrées vers l’alt. 100, tandis que si on remonte la vallée du Clain, au delà d’Anché, sur l’anticlinal précédent, on trouve ces couches à l’alti- tude 130, vers Villemonnay et Says. Au contraire, à l'Ouest, vers Pilon, dans la direction de Celle-l’Evescault, des marnières montrent le Lias supérieur à 1435 mètres. Le synclinal se confond avec la vallée du Clain, au delà de Voulon jusqu’à Poitiers. Il passe à Vivonne:; et si on remonte la vallée de la Vonne, vers l’Ouest, jusqu’à Celle-l’Evescault, on cons- (1) B. S. G. F., 3 sér., t. XVII, p. 502: Crétacé du Sud-Ouest du bassin de Paris, (2) B. S. G. F.,2: sér., t. XI, p. 483-490, 1854: Note sur la géologie des environs de Tours. on hits titi 1893 PLISSEMENTS DES ENVIRONS DE POITIERS 453 tate encore le relèvement du Lias supérieur, plus rapide que celui du cours d’eau. Au nord de Poitiers, la vallée de l’Auzances et le vallon des Lourdines montrent nettement le relèvement, à l'Ouest, de calcaires crayeux calloviens, exploités dans les carrières de Château-Gaillard et autres points; c’est le flanc ouest du synclinal. L’axe passe ensuite au nord de Jaulnay, où la rivière la Palu montre, par sa vallée, que les sables cénomaniens sont relevés vers Vendæuvre. 5 Antichinal de Mirebeau. — On peut distinguer un anticlinal à l'Ouest de l’axe précédent. Dans la vallée de la Vonne, à l’est de Lusignan, près Celle l’'Evescault, le Lias supérieur est relevé jusqu’à plusieurs mètres au-dessus de la vallée. Plus au Nord, dans la vallée de la Boivre, il en est de même à Montreuil-Bonnin. L’axe peut se suivre dans la région crétacée ; en effet, à Mirebeau, on constate un relèvement des couches turoniennes jusqu’à l’alt. 150 et au-delà, par Coussay, Monts sur Guesnes (146), tandis que ces couches s’abaissent à l'Ouest vers Loudun à 100 m. environ. C’est l'axe de Mirebeau qui paraît avoir relevé le plus fortement les assises crétacées (étages Cénomanien et Turonien), dans le nord de Poitiers, car sur la rive droite du Clain, le tuffeau turonien descend jusqu’à 120 et 125, tandis qu'il a près de 140 à Beaumont; sur l’anticlinal du Clain, 135 à Vendœuvre et 150 à Mirebeau, pour s’abaisser à l'Ouest jusqu'à 110 vers Tourtenay, à la limite des trois départements de Maine-et-Loire, Vienne et Deux-Sèvres. Je pense que l’anticlinal se poursuit au Nord par le relèvement du Jurassique à Ceaux et mème jusqu’à Huismes, au sud du con- fluent de l’Indre et de la Loire, où le Cénomanien se montre dessous le Turonien, d’après la carte géologique de Loches (M. Rolland). Ge Avant le Massif Vendéen, on trouve encore la trace d’un synclinal, large de 15 à 18 kil. dans sa partie étroite; il passe à l’ouest de Lusignan. Il y a là un réservoir d’eau important aux sources de Jazeneuil, Font de Cé et Gabouret; en effet, la vallée de la Vonne montre le relèvement du Lias supérieur, un peu à l’est vers Celle-l’'Evescault et aussi à l’Ouest, sur le Massif Vendéen | à Sanxay. Au Nord, ce synclinal coupe la vallée de la Boivre, vers Lavausseau 154 JULES WELSCH 10 Juillet et Benassais ; il y à aussi un réservoir d’eau dans cette région, comme le montrent les sources abondantes de Fleury, près” Montreuil-Bonnin. Au-delà, ce synclinal est très difficile à suivre. En général, le faisceau des plis de ce second système paraît diverger vers le Sud et aussi vers le Nord, tandis qu’il est resserré dans la partie étroite du détroit du Poitou, entre les massifs anciens du Limousin et de la Vendée. Le principal de ces plis est l’anticlinal du Clain qui coïncide avec la ligne de séparation des faciès des couches jurassiques sur le versant du bassin de Paris, à partir du Bajocien inférieur. En effet, le Bajocien supérieur est représenté par des calcaires siliceux et des calcaires dolomitiques, à l'Ouest, dans la vallée du Clain, tandis que, vers l'Est, à partir de Verrières et de Lussac sur la Vienne, il devient sableux, et ces dolomies sableuses paraissent former tout l'étage vers la Trimouille. Le Bathonien comprend des calcaires blanc jaunâtre ou blanc grisätre, avec silex et polypiers dans la vallée du Clain, tandis que les calcaires à oolithes milliaires commencent à se montrer sur la rive droite du Clain, occupent presque tout l'étage sur les bords de la Vienne, et le forment complètement sur les bords de la Gartempe et au nord de Ja Trémouille, sur la Benaise. Le Callovien est formé, à l'Ouest, de calcaires blanc crayeux, tandis que le faciès oolithique se développe dès Lavoux, entre Poitiers et Chauvigny, pour occuper tout l'étage sur les berges de la Vienne, et de la Gartempe. L'Oxfordien comprend les calcaires gris de Bonnillet, au nord de Poitiers, et des calcaires argileux grisâtres feuilletés et quelquefois sublithographiques dans la vallée du Clain, tandis que plus à l'Est, ce même élage est représenté par des calcaires siliceux ou des cal- caires grossiers à silex noirs et faune coralligène ; l’ancien étage Corallien, sur les bords du Clain, près de Châtellerault, montre des calcaires blanc grisätre schistoïdes et des calcaires sublitho- graphiques, tandis qu’à l'Est, on a descalcaires coralliens à Diceras sur la Vienne, la Gartempe et la Creuse. LIL. Au point de vue des résultats généraux à tirer de cette étude, en particulier, au point de vue de Ja géographie physique, je ferai remarquer que certains synclinaux du second système coupent les 1893 PLISSEMENTS DES ENVIRONS DE POITIERS 455 anticlinaux du premier faisceau en des points où passent aujour- d’hui certaines rivières, comine le Clain et la Charente. Cette dernière rivière coule au Nord-Ouest jusqu’à Civray, ensuite elle va au Sud, à travers l’anticlinal de Montalembert ; elle passe en réalité dans une région abaissée par un synclinal, car les couches du Lias supérieur n’atteignent pas l’altitude 100 dans cette vallée, tandis qu’à Asnois et Châtain, elles sont à 150, et à Montalembert à 190. De mème pour le Clain, qui coupe à Voulon l’axe de Champagné, pour suivre ensuite un synclinal jusqu’au nord de Poitiers. Ceci est intéressant à rapprocher des études de M. Marcel Bertrand et de M. G. Dollfus, exposées dans les Comptes-rendus som- maires des séances de la Société Géologique des 4 et 25 avril 1892. Au point de vue de l’âge, ces plissements affectent certainement des argiles rouges à minerai de fer que je considère comme une dépendance du sidérolithique ; ils ont eu lieu aussi après le dépôt de la formation lacustre du Poitou, dont l’âge est incertain, en tous les cas, éocène ou oligocène. Mais ces mouvements ont eu lieu, je pense, avant la grande transgression des faluns, car il y à un gisement de Miocène helvé- tien, au Moulin Pochard, près Mirebeau, qui montre que l'aspect général des environs de Mirebeau était le même qu'aujourd'hui à cette époque reculée. Ce gisement repose sur le contact du Jurassique et du Crétacé à l'altitude 116 et en contrebas du Crétacé de Mirebeau dont l'altitude atteint et dépasse 150. Ces plis tertiaires sont exactement dans le prolongement des plis plus anciens reconnus dans le Massif Vendéen; ce résultat est d'accord avec les travaux de M. Marcel Bertrand. Les ondulations du second système sont probablement en relation d’äge avec les ondulations à grandes courbures, étudiées dans le Massif Central par M. Michel Lévy (1). L'étude des principaux synelinaux montre de plus qu'ils forment des régions afjaissées autour des anticlinaux qui sont restés en place, au moins en certains points. C’est ainsi que Champagné Saint-Hilaire et Montalembert présentent le Lias supérieur à une altitude à peu près égale à celle des affleurements de cette assise autour du Limousin. Le porphyre de Champagné a servi de môle (horst) pendant l’affaissement des couches environnantes. Je vais citer quelques chiffres pour montrer qu’en certains points (4) B. S. G. F., 3 série, t. XVIII, p. 668. Réunion extraordinaire à Clermont-Ferrand et au Mont-Dore, 1890. 456 JULES WELSCH. — PLISSEMENTS DES ENVIRONS DE POITIERS 10 Juillet du détroit poitevin, les couches sont restées au moins au niveau des affleurements actuels vers le Limousin et la Vendée. Le Lias inférieur, avec l’Infralias supérieur, se montre vers 160 à l'Est; il est à 180 à Champagné et à 145 vers Ménigoutte, sur le Massif Vendéen. Le Lias moyen est à 170 près de Chardat-Pressac, tandis qu’il est à 190 à Champagné et à 145 près Sanxay, contre le Massif Vendéen. Le Lias supérieur est à 185 à Availles, 190 à Mouterre, contre le Limousin, à 180 sur la colliné de Champagné, à 190 sur le côteau de Montalembert et vers 165 et 170 contre le Terrier du : Fouilloux, près de Parthenay. en nn late tt" in et ET EL f SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE RÉUNION EXTRAORDINAIRE DANS LES CORBIÈRES et les parties adjacentes des Pyrénées du Dimanche 11 au Lundi 19 Septembre 1892. Les membres de la Société qui ont pris part à la session sont : MM. AGxeEL (d'), BERTRAND (M.), BoISSELLIER, CAREZ (L.), CHAIGNON (de), DurAND, FÈVRE, FICHEUR, GENTIL, GOUMET, GROSSOUVRE (A. de), GUÉBHARD, HUMBERT, JEAN, MM. LANGLASsÉ, L’HOTE, MARGERIE (de), PELLAT, RAVENEAU, REYMOND, SAVIN, SICARD, TABUTEAU, TARDY, VipAL DE LABLACHE, WOoHLGEMUTH, ZURCHER. La Société a été accompagnée dans quelques-unes de ses courses par : M. GABELLE, délégué de la Société d'Etudes scientifiques de l’Aude. LISTE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS GEOLOGIQUES RELATIVES A LA RÉGION VISITÉE, Dressée par L. CAREZ. 4814. Juzra. — Dissertation sur les eaux minérales connues sous le nom de Bains de Rennes. — Toulouse. 1832. TourNAL. — Sur les roches volcaniques des Corbières. (B. S. G. F., ). 1%série €; Il; p.361 XX 30 1832. 1833. 1833. 1834. 1834. 1838. 1841. 1841. 1843. 1844. 184%. 1844. 1845. 1845. 1847. 1848. 1849. 1850. 1850. 1850. LISTE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS GÉOLOGIQUES TourNaz. — Observations sur les montagnes des Corbières et des Pyrénées-Orientales. /B. S. G.F., l”° série, t. III, p. 113). BERTHIER. — Analyse de l’eau salée de Sougraigne. / Ann. des Mines, 3° série, t. V, p. 533.) CAzAINTRE. — Notice sur les eaux thermales et minérales de Rennes. — Toulouse. FAUvVERGE.— Note sur les marbres des environs d'Estagel./L’Institut, 1834, p. 34). VÈNE. — Rapport sur le terrain présumé salifère de Fourtou et de Sougraigne. / Ann. des Mines, 3° série, t. VI). SERRES, M. DE. — Notice géologique sur le département de l’Aude. (Actes Soc. linnéenne Bordeaux, 1"* série, t. X). MICHELIN, HARDOUIN. — Existence des terrains tertiaires dans les Corbières. Observations de d'Orbigny, Coquand. /B.S.G. F., 4" série, t. XII, p. 256). RozLAND pu Roquan.— Description des coquilles fossiles de la famille des Rudistes qui se trouvent dans le terrain crétacé des Cor- bières (Aude). A. LEYMERIE. — Lettre à M. de Beaumont sur les couches à fossiles tertiaires des Corbières. — Observations de Dufrénoy, d’Archiac, A. d'Orbigny, Lyell, Michelin, Rivière. /B. S. G. F., 1” série, ONE D SA) DuROCHER. — Essai pour servir à la classification du terrain de tran- sition des Pyrénées et observations diverses sur cette chaîne de montagnes. /Ann. des Mines, 4° série, t. 6, p. 15-112, 2 pl.). A. LeyMerie. — Sur le terrain à nummulites (Épicrétacé) des Cor- bières et de la Montagne-Noire (Aude). /B. S.G. F., 2° série, LI EE À LEYMERIE. — Mémoire sur le terrain à nummulites des Corbières et de la Montagne-Noire. (Mém. Soc. Géol. France, 2° série, t. 1). A. LEYMERIE. — Lettre sur le terrain à nummulites des Corbières. — Observations d’'E. de Beaumont. (B. S. G. F., 2° série, t. IL, p.270, —C. RAC Sc. LC'XXL p 921): A. LEYMERIE. — Nouvelles observations sur les terrains à nummu- lites et épicrétacé /B. S. G. F., 2° série, t. III, 13). A. LEYMERIE. — Observations sur le terrain nummulitique. — Observations de Boubée, Dufrénoy, E. de Beaumont, de Verneuil, Deshayes. /B.S. G. F., 2° série, t. IV, p. 560). V. RauLix. — Faits et considérations pour servir au classement du terrain à nummulites. — Observations de d’Archiac, Tallavignes, Boubée, Rozet. /B. S. (Gr. F., 2° série, t. V, p. 114). V. RAULIN. — Quelques mots encore sur le terrain à nummulites des Pyrénées. /B.S. G. F., 2° série, t. IV, p. 531). A. LEYMERIE. — Observations critiques sur une note de M. Raulin intitulée : Quelques mots encore sur le terrain à nummulites. (B:15:(. F.,2"série st. VIE p: 90): FAUVERGE. — Observations sur le terrain à nummulites du départe- ment de l'Aude. /B. S. G. F., 2° série, t. VII, p. 633). V. RAULIN. — Réponse aux observations critiques de M. Leymerie au sujet de la note intitulée: Quelques mots encore sur le terrain à nummulites. — Observation d'Hébert. /B. S. G. F., 2° série, t. VII, p. 644). 1853. 1853. 1854. RELATIVES A LA RÉGION VISITÉE 459 À. LEYMERIE. — Note sur quelques localités tertiaires de l'Aude et particulièrement sur certains gîtes épicrétacés. /B. $S. G. F., AR SÉRIEMNtE END ol): CAZAINTRE. — Analyse des eaux thermo-minérales de Rennes (Aude), in-8°, 15 p., Limoux, chez Boute. D’ArcHIAC. — Coupe géologique des environs des Bains-de-Rennes (Aude) et description de quelques fossiles nouveaux ou impar- faitement connus des environs des Bains-de-Rennes. — Observa- tions de C. Prévost, de d'Omalius d'Halloy. /B. S. G.F., 2° série, XD 185); . NoGuës. — Notice géologique sur le département de l'Aude. — Carcassonne. . D'Arcrac. — Résumé d’un essai sur la géologie des Corbières. (L'Institut, 29 août, 5 et 12 sept. 1855). J9. D'ARcHIAC.— Résumé d’un essai sur la géologie des Corbières. /B.S. G. F., 2° série, t. XIII, p. 12). . V. RAULIN. — Observation au sujet du résumé d'un essai sur la géologie des Corbières par M. d’Archiac. Observations de d'Archiac. {B. S. G. F., 2° série, t. XIII, p. 170). . À. LEYMERIE. — Considérations géognostiques sur les échinodermes des Pyrénées, des Corbières et de la Montagne-Noire, des falai- ses de l'Océan (Biarritz et Bidart) et des Landes. (B.8S. G. F., 2%série, it. NII p.995). . À LEYMERIE. — Extrait d’un mémoire sur le terrain jurassique des Pyrénées françaises. (B. S. G. F., 2° série, t. XIII, p. 671. — C. R. Ac Sc., t. XLIT, p. 730.— Hist. des Progrès, t. VI, p. 541-548). . À. F. Nocuës.— Terrain houiller des Corbières. /B. S. G. F., 2° série, XIV D TS) . D'ArcHrAc. — Études géologiques sur les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales (résumé)./B. S. G. F., 2° série, t. XIV, p. 460). . CAZAINTRE. — Observations médicales relatives à l'emploi de l’eau salée de la Salz, à Rennes-les-Bains. — Limoux. . D’ArcHrac. — Les Corbières : Etude géologique d’une partie du département de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. /Mém. Soc. Géol. France, 2° série, t. VI, 2° partie). . À. F. Nocuës. — Sur un grès rouge des Pyrénées et des Corbières. (B.S. G. F., 2° série, t. XVI, p. 769). . E. DumorrTier. — Lettre à M. d’'Archiac (sur divers fossiles recueillis dans le terrain crétacé des Corbières). (B. S. G.F., 2° série, t. XVI, p. 863). . H. Coquaxp. — Rapports qui existent entre les groupes de la craie moyenne et de la craie supérieure de la Provence et du Sud-Ouest de la France. — Observations de de Verneuil, Bayle. /B. S. G. F., 2° série, t. XVIII, p. 133). . À. F. Nocuës.— Recherches sur le terrain jurassique des Corbières. CBS CR 2 brie Lt XIX p.501) . À. F. NoGuËs. — Sur les gypses secondaires des Corbières./B. S. GE, 2série, t..XX, p. 12). . E. HÉBERT. — Le terrain crétacé des Pyrénées (1 partie)./B. S. G.F., 2 série, t. XXIV, p. 329). 460 LISTE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS GÉOLOGIQUES 1867-72. H. MaGnax. — Notes sur divers points de la géologie de l'Aude. (Bull. Soc. Hist. naturelle de Toulouse). 1870. H. MAGxaAN. — Sur le terrain de craie des Pyrénées françaises et 1870. 1871. 1872. des Corbières et notamment sur la partie inférieure de cette for- mation. (©. R. 4c. Sc.,t. LXX). H. MAGNAN. — DHécuaents relatifs à la connaissance de la partie inférieure du terrain de craie (Néocomien, Aptien et Albien), des Pyrénées françaises et des Corbières. (Bull. Soc. Hist.nat. Toulouse, t. IV, p. 41). . H. MAGNAN. — Sur la partie inférieure du terrain de craie (Néoco- mien, Aptien, Albien) des Pyrénées françaises et des Corbières. (B.S. G. F., 2° série, t. XXIX, p. 41). . F. CaAYRoL,— Note sur l'étage du Gault dans les Corbières.(B.S.G.F., 2° série, t. XXIX, p. 68). F. CayroL. — Note sur la Clape (Aude) et sur le terrain crétacé infé- rieur des Corbières. /C. R. Ac. Sc., t. LXXIIT, p. 51). H. MAGNAN. — Sur la base des formations secondaires (Permien et Trias) dans les Corbières et dans le chaînon qui les réunit à la Montagne-Noire. / B. S. G. F., 2° série, t. XXIX, p. 315. — C. R. Ac. Sc., 1872). 2, H. MaGNAN. — Mémoire sur la partie inférieure du terrain de craie des Pyrénées françaises et des Corbières. /Mém. Soc. Géol. France, 2° série, t. IX, n°3). 2. H. MAGNAN. — Observations à propos de deux notes de M. Cayrol sur le terrain crétacé de la Clape et des Corbières. /C. R. Ac. Sc. 1872). 2. Cayroz. — Recherches sur le terrain crétacé inférieur de la Clape et des Corbières. /Ann. Sc. Géol., t. II). 372. E. HéBerT. — Documents relatifs au terrain crétacé du Midi de la France (2° partie). /B. S. G. F., 2° série, t. XXIX, p. 393). . M. Gourpon. — Aperçu sur la géologie de Rennes-les-Bains. / Bull. Soc. Hist. nat. Toulouse. . H. MAGNAN. — Matériaux pour une étude stratigraphique des Pyré- nées et des Corbières. /Mém. Soc. Géol. France, 2° série, t. X, ne 1): . M.Gourpox.— Remarques sur les rudistes de Rennes-les-Bains.(Bull. Soc. Hist. nat. Toulouse, 1875-76, p. 170). . M. GourpoN. — Stations thermales de l’Aude : Rennes-les-Bains, Campagne, Alet. — Guide médical et topographique. —Toulouse. . À. PERON. — Note sur la place des calcaires à échinides de Rennes- les-Bains (Aude) et sur la classification du terrain turonien supé- rieur. /B. S. G.F., 3° série, t. V, p. 469). . À. PERON. — Obéetvatibne sur la faune des calcaires à échinides de Rennes-les-Bains et sur quelques fossiles du terrain crétacé supérieur. /B. S. G. F., 3 série,t. V, p. 499). . H. ARNAUD. — Sync ions de l'étage Turonien dans le Sud- Ouest et dans le Midi de la France. /B. SG. série. t. NE p. 233). . H. Coquaxb.— Observations sur la note de M. Peron sur les calcaires à échinides de Rennes-les-Bains. /B.S. G. F., 3 série, t. VI, p. 326). 1878 RELATIVES À LA RÉGION VISITÉE 461 . A. LeymERIE. — Observations sur le mémoire de M. Peron sur les calcaires à échinides de Rennes-les-Bains./B. S. G. F., 3° série, t. VI, p. 616). . A. Toucas. — Du terrain crétacé des Corbières et comparaison du terrain crétacé supérieur de la France et de l'Allemagne. (B.S. CAES 3° série, t. VIII, p. 39). . E. HéBErT. — Sur le terrain crétacé des Corbières. /B. S. G. F., asérie. t. VIII, p.81). 19. A. Toucas. — Note sur le terrain crétacé des Corbières. /4ss. fr., Congrès de Montpellier). . À. LEYMERIE. — Aperçu géologique des Pyrénées de l'Aude. / Revue Sc. nat. Montpellier, 2° série, t. I-Il). . E. HéBerr. — Le terrain crétacé des Pyrénées (2° partie). [B.S. G.F., 3° série, t. IX, p. 62). . À. Toucas. — Note sur la craie supérieure des environs de Sougrai- gne (Aude). /B. S. G. F., 3° série, t. IX, p. 355). . A. LEYMERIE. — Description géologique et paléontologique des Pyré- nées de la Haute-Garonne, in-8°, XVII-1010 p., Toulouse, chez Privat. . Vicuter. — Études stratigraphiques sur les formations secondaires et primaires des Pyrénées de l'Aude. / Revue Sc. nat. Montpellier, 3° série, t. ID). >, ARNAUD. — Niveau du Micraster brevis. (BB. S. G. F., 3 série, t. XI, p. 18). . ViGuiER. — Observations sur le mémoire de M. Virlet d’Aoust relatif aux marbres de l'Aude. /B. S.G. F., 3 série, t. XI, p. 303). . Virzer p’Aousr. — Réponse aux différentes objections de M. Viguier, relatives à sacommunication sur les marbres de l'Aude./B.S.G.F., 3° série, t. XI, p. 315). . VIGUIER.— Présentation d’une carte géologique de l’Aude./B.S.G.F., 3° série, t. XI, p. 330). . H. ARNAUD. — Position des Hippurites dilatatus et Hippurites bio- culatus dans la série crétacée. /B. S. G. F., 3° série, t. XII, p. 138). . RousseL. — Note sur le Crétacé supérieur et le Tertiaire des dépar- tements de l'Ariège et de l'Aude. / Bull. Soc. Ariégeoise Sc., Lettres et Arts). . JACQUOT. — Sur la constitution géologique des Pyrénées ; le système triasique. /C. R. Ac. Sc.) . ViGureR. — Sur la position du poudingue de Palassou dans l’Aude. {B.S. G. F., 3° série, t. XIV, p. 382). . C. DE Lacvivier. — Etudes comparatives des terrains crétacés de l'Ariège et de l'Aude. /B. S. G. F., 3° série, t. XIV, p. 628). . A. Toucas. — Observations au sujet de la note de M. de Lacvivier sur les terrains crétacés de l’Ariège et de l'Aude. /B. S. G. F., 3° série, t. XV, p. 152). . Vicuier.—Sur l’Albien supérieur des Corbières. /B.$. G. F.,3° série, t. XV, p. 451). . Vicuier. — Études géologiques sur le département de l'Aude (Bassin de l'Aude et Corbières). 462 1887. 1887. 1887. 1SS7. 1888. 1888. 1888. 1888. 1888. 1889. 1859. 1889. 1589. 1889. 1889. 1889. 1590. 1890. 1891. iS91. 1891. 1891. 1891 LISTE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS GÉOLOGIQUES L. Carez. — Observations sur une note de M. Viguier, sur l’Albien supérieur des Corbières. /B. S. G. F., 3° série, t. XV, p. 458). ViGuiEr. — Réponse aux observations de M. Carez à propos de l’Albien supérieur des Corbières. Observations de M. L. Carez. [B:S. Gr, 30série, XV (p:#408); RoussEeL. — Etude sur le Crétacé des Petites Pyrénées et des Cor- bières. /B. S. G. F., 3° série, t. XV, p. 601). G. CorrEAU. — Catalogue des échinides recueillis par M. Roussel dans le terrain crétacé des Petites Pyrénées et des Corbières, (BUS: GIE. 3" série EX NV p71690): C. de Lacvivier. — Contribution à l'étude des terrains crétacés de l'Ariège et de l'Aude. (B. S. G. F., 3° série, t. XVI, p. 246). RousseL. — Réponse à MM. Viguier et de Lacvivier. (B. S. G. F., 3° série, t. XVI, p. 331). Rousse. — Sur l’âge des calcaires cristallins des Pyrénées. /B. 5. G.*F.,:3" sérient. XVI p: 820); RoussEL. — Sur la composition du Danien supérieur et de l’Eocène des Petites Pyrénées, des Corbières et de la Montagne-Noire./45s. fr., Congrès de Toulouse). H. DouviLLé. — Faune coralligène supérieure à l’Urgonien./B. S. G. F., 3° série, t. XVII, p. 233). L. CarEez. — Notes sur les couches dites triasiques des environs de Sougraigne (Aude). ;/B. S. G. F., 3° série, t. XVII, p. 372). H. DouvizLé. — Sur quelques rudistes du terrain crétacé inférieur des Pyrénées" (B 1SMG E onséne ten VIEp 627): DE LACviviEr. — Réponse à M. Roussel. /B. S. G. F., 3° série, t. XVII, p. 549). L. CAREZ. — Phénomènes de recouvrement dans les Petites Pyrénées de l’Aude. /B. S. G. F., 3° série, t. XVII, p. 654). L. CAREz. — Sur l'existence de phénomènes de recouvrement dans les Petites Pyrénées de l’Aude. /C. R. Ac. Sc., t. CVIII, p. 1181). L. CaREz. — Note sur l'existence de phénomènes de recouvrement dans les Pyrénées de l'Aude. / Bull. Carte géol. France, n° 3). P. G. DE Rouvie ET M. ViGuiEr. — Explication de la carte géolo- gique de l’Aude, in-8°, 254 p. — Montpellier. E. DE MARGERIE. — Note sur la structure des Corbières. / Bull. Carte géol. France, tIl n°417, \p.283); E. JacQuor. — Sur les couches dites Crétacé inférieur des environs de Sougraigne./B. S. G. F., t. XVIII, p. 672 et t. XIX, p. 112). RoussEL. — Sur la permanence de l'effort orogénique dans les Pyré- nées pendant les temps géologiques. C. R. Ac. Sc.,t. CXIT, p. 1086). RoussEeL. — Observations sur les terrains secondaires et les ter- rains primaires des Corbières. Observations de M. L. Carez./B.S. G.F.,t. XIX, p.27 et 184). Roussez. — Sur l’âge d'un granite porphyroïde des Pyrénées- Orientales. /C. R. Ac. Sc., t. CXII, p. 1471/et 1473). RoussEL. — Sur l’âge de certains granites des Pyrénées. /Ann. S. G. Nord, t. XIX, p. 263). . L. CAREZ. — Sur l’âge des couches qui entourent la source de la pals (Aude). [B..$. G. F., t. XIX, p. 15 et 480). RELATIVES A LA RÉGION VISITÉE 463 4891. L. CarEz. — Sur quelques points de la géologie des Corbières. (BAS. G.F., t. XIX, p. 101 et 702). 1891. C. DE Lacvivier.— Note sur le Trias de l'Ariège et de l'Aude. / Bull. Carte géol. France, t. IL, p. 2717). 1891. A. DE GROSSOUVRE. — Etude sur la craie supérieure. La craie des Corbières. / Bull. Carte géol. France,, t. LIL, p. 333). 4891. A. Toucas.— Note sur le Sénonien et en particulier sur les couches à Hippurites. Observation de M. L. Carez. /B. S.G.F.,t. XIX, p. % et 506). 4892. J. Rousse. — Sur la composition des terrains primaires des Pyré- nées. /Ann. S. G. Nord, t. XX, p. 44). 4892. E. BAICHÈRE. — Remarques sur le Danien des Corbières (Aude). (Feuille Jeunes Nat., 22° année, p. 110). 464 SÉANCE DU 11 SEPTEMBRE 1892 Séance du 11 Septembre 1892, à Rennes-les-Bains. Les membres de la Société se sont réunis à neuf heures et demie du soir, dans l’un des salons de l'Hôtel de la Reine. M. Zürcher, vice-président de la Société, déclare la session extraordinaire ouverte. Il saisit l’occasion qui lui est donnée d'exercer ses fonctions de vice-président, pour exprimer à la Société Géologique sa reconnais- sance pour l'honneur qu’elle a bien voulu lui faire et auquel il a été très sensible. Il est procédé à la nomination du bureau pour la durée de la session. Sont élus : Président : M. L. Carez. Vice-présidents ; MM. de Grossouvre et Ficheur. Secrétaires : MM. de Margerie et Zürcher. Trésorier : M. Langlassé. Le Président soumet à la Société le programme des excursions, qui est arrêté de la manière suivante : Lundi 12 Septembre. — Déjeuner à neuf heures. — A dix heures, départ à pied pour la Montagne des Cornes, par Montier- rand, le Petit Lac, les Crouzils, les Croutets, Sougraigne. Primaire, Cénomanien fossilifère, Turonien, Sénonien jusqu'au grès d’Alet inclus, Gisements célèbres de la Montagne des Cornes (Hippurites, Micrasters, Ammonites, etc.). Mardi 13 Septembre. —A six heures du matin, départ à pied pour Rennes-le-Château ; descente sur la route de Couiza. — Retour en voiture à Rennes-les-Bains. Coupe du Crétacé supérieur et du Tertiaire inférieur, depuis le Turonien jusqu'au calcaire à Milioles ; pli-faille de Rennes-le-Château ; zone étirée ; Primaire. A midi, départ en voiture pour Sougraigne.— Montée à pied à la source de la Sals ; Col de Capella, Le Linas, Bugarach. — Retour à Rennes-les-Bains en voiture. Carbonifère, Trias, Urgonien, Cénomanien, Turonien, Sénonien. — Toutes les couches crélacées très fossilifères. Discordance du Crétacé sur le Trias. Absence du Jurassique. Dîner et coucher à Rennes-les-Bains. PROGRAMME DES EXCURSIONS 465 Mercredi 14 Septembre. — De Rennes à Bugarach en voiture. — Ascension du Pic. — Recherche de fossiles autour de Bugarach. — Déjeuner à Bugarach. Vallée de Lauzadel. Base du Pic de Bugarach. Montée de Cugarou. — Retour en voiture à Rennes avec arrêts au Mas (Faille de Saint- Ferriol) et à la Viallasse (Gisement de l’Hippurites corbaricus). Recouvrement du Sénonien par l’Urgonien et le Jurassique. Juras- sique dolomitique, Urgonien, Cénomanien, Turonien, Sénonien fossi- lifères, Faille de St-Ferriol, Voûte de Laferrière. Diner et coucher à Rennes. Jeudi 15 Septembre. — Départ en voiture pour Coustaussa. — De là à pied à Luc. — En voiture à Alet. — Déjeuner à Alet. — À une heure, départ à pied par la rive gauche de l’Aude. — Retour en voiture à Quillan. Coupe du Tertiaire et du Crétacé supérieur (gisements de Couiza); Primaire; Faille-limite des Corbières au Nord. Nouvelle coupe du Tertiaire. Dîner et coucher à Quillan. Vendredi 16 Septembre. — De Quillan à Saint-Just en voiture par Saint-Ferriol et Grane. — A pied, vallée du Bézu, Saint-Louis. — Reprise des voitures au col Saint-Louis, traversée de la forêt des Fanges. — Retour à Quillan par les gorges de Pierre-Lys. Trias, Infralias, Lias, Urgonien, C'énomanien, Turonien; très nombreux gisements fossilifères. Failles de St-Ferriol et de St-Louis ; Voüle de Si-Martin. Diner et coucher à Quillan. Samedi 17 Septembre. — Départ à cinq heures en voiture pour Campagna-de-Sault. — Gorges de Saint Georges, Montagne d’Ourthizet, Fontanes, Bessède, Marsa. — Déjeuner à Aunat. — Reprise des voitures à Marsa pour se rendre à Saint-Paul-de- Fenouillet. Gisements paléozoïques fossilifères, Schistes cristallins, Jurassique (dolomies, calcaires [ossilifères, calcaire cristallin, conglomérats, etc), Gault, Faille oblique, avec recouvrement, de Fenouillet-Marsa. Diner et coucher à Saint-Paul-de-Fenouillet. Dimanche 18 Septembre.— Le matin, repos. — A midi, départ par le pont de la Foux, Ansignan, Lesquerde. — Retour à Saint-Paul. Faille de Lesquerde, contact des Schistes cristallins et du Crétacé; ° 466 SÉANCE DU 12 SEPTEMBRE 1892 métamorphisme ? de ce dernier, Trias avec gypse, Urgonien, Gault. Diner et coucher à Saint-Paul. Lundi 19 Septembre. — Départ en voiture à six heures par Prugnanes; pic de Chalabre, Cubières, Camps. — Déjeuner à Cubières. — Retour par les gorges de Saint-Antoine de Galamus. Faille de Saint-Louis, lambeaux calcaires de Camps et Cubières ; Jurassique avec zones fossilifères, Urgonien, zone à Horiopleura Lam- berti, Guult fossilifère, Sénonien à Micraster, gisement d'Hippurites corbaricus. Séance de clôture. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Président proclame membres de la Société : MM. Paul Pierrottet, professeur de physique, 15, rue de Tour- non, à Paris, présenté par MM. Dagincourt et Chelot. Delebecque, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, à Thonon (Haute- Savoie), présenté par MM. Martel et de Launay. [L annonce ensuite la présentation de deux nouveaux membres, La séance est levée à dix heures et demie. 4" Séance du 12 Septembre 1892, à Rennes-les-Bains PRÉSIDENCE DE M. CAREZ La séance est ouverte à huit heures du matin. Par suite des présentations faites dans la dernière séance, le Président proclame Membres de la Société : M. Germain Sicard, au château de Rivière, par Caunes (Aude), présenté par MM. Jean et de Margerie ; M. Leonhele Savin, Capitaine-Trésorier au 15° régiment d'Infanterie, à Carcassonne (Aude), présenté par les mêmes. M. de Margerie présente, au nom de M. Franz Schrader et au sien, une nouvelle carte géologique de l’ensemble des Pyrénées à l'échelle de 1 : 800,000°, en une feuille. fl résume les principales con- clusions du texte explicatif accompagnant cette carte, au point de vue de la structure générale de la chaîne. DE GROSSOUVRE. — CRÉTACE SOUS-PYRÉNÉEN 467 M. Carez fait remarquer tout l'intérêt des travaux de coordina- tion tels que celui qui vient d’être présenté par M. de Margerie ; on y voit nettement indiquée, pour la première fois, la disposition inverse et symétrique des failles et des plissements sur les deux versants des Pyrénées. M. de Grossouvre fait la communication suivante : M. Roussel et moi venons de passer dans la région sous-pyré- néenne une huitaine de jours employés à explorer la formation cré- tacée qui se développe depuis Cazères jusqu'ici. Grâce à la profonde connaissance que mon savant Compagnon a des moindres détails de la constitution géologique des Pyrénées, nous avons pu, dans ce petit nombre de jours, faire une série d'observations importantes. M. Roussel étant forcé, par des circonstances particulières, de ne pas assister à notre réunion, je viens vous rendre compte des faits qui peuvent intéresser plus particulièrement la Société. Bien qu'il soit prématuré d'aborder aujourd’hui l’exposé d'observations aussi récentes, puisque nous avons seulement terminé hier soir nos courses, nous ne pouvons cependant passer sous silence les points qui concernent la région que la Société va traverser. Comme M. Roussel et moi n’avons puencore préciser en détail, d’un commun accord, les résultats théoriques qui peuvent découler de nos obser- vations et qui ne seront bien établis qu'après l'étude complète des matériaux paléontologiques recueillis, je crois devoir dès mainte- nant déclarer qu’il est possible, qu’en certains points de cet exposé, je ne traduise pas exactement la pensée de mon compagnon de voyage et que dès lors je n’engage que ma propre responsabilité. La formation crétacée qui s'étend de Celles, par Saint-Sirac, Ley- chert, Villeneuve d’Olmes, Benaïx jusqu'aux environs de Belesta, paraît constituer un pli anticlinal dont l’aile nord est formée de couches à Hippurites, Echinides, Polypiers, etc., et dont l’aile sud comprend, à la base, les couches à Rudistes de l’aile nord, puis les orès de Celles recouverts par des calcaires marneux à Micraster brevis, puis des calcaires à Rudistes se développant sporadiquement. Au-dessus viennent des marnes et des grès, puis des conglomérats présentant par places des lentilles calcaires avec Caprines, Orbito- lines, radioles de cidaris, etc. Si la série des couches était normale, il faudrait admettre que ces dernières assises occupent un niveau élevé dans la série séno- nienne, car, d’après les travaux de M. Douvillé, les bancs à Hippu- rites qui forment le noyau du pli se placent à peu près sur l’horizon des bancs à Rudistes de Sougraigne et de la Montagne des Cornes. 468 DE GROSSOUVRE. — URÉTACÉ SOUS-PYRÉNÉEN Cette hypothèse parait assez peu vraisemblable en raison de l'apparence cénomanienne de la faune qui accompagne les Caprines et les Orbitolines. D’autres faits viennent encore à l'encontre : ainsi M. Roussel nous a montré la Rhynchonella Cuvieri bien typique dans une couche à Caprines qui se trouve au N. 0. de Serrelongue. De plus, à Gabachou, il existe, à un niveau supérieur aux couches à Caprines, des dolomies jurassiques; entre ces dernières et les pre- mières on voit apparaître par places, notamment au Pouchou et à Saint-Genès, l’Urgonien et le Gault Dès lors l’hypothèse d’un ren- versement semble beaucoup plus vraisemblable que celle d'une série normale, et on devrait considérer la formation crétacée de Leychert et Benaïx comme un paquet de couches renversées et plissées comprises entre une barre calcaire jurassique au Nord et une masse de calcaire dévonien au Sud. Dans la région de Bugarach et Saint-Louis on observe Je faits analogues. Au pied de la masse de calcaires et dolomies du pic de Bugarach, on voit une série d'assises marneuses qui se poursuivent sur le versant nord de la Serre de Malabrac. Cette série est continue, et on peut par suite affirmer qu'il n’y a là aucune faille verticale, ou tout au moins aucune faille importante. Or, ces assises marneuses renferment par places des lentilles gré- seuses dont le noyau central est un grès grossier, sans fossiles, passant latéralement à une roche moins grossière, puis à la marne. C’est autour du grès grossier que M. Roussel a trouvé des Caprines et des Orbitolines. Au-dessous, dans la vallée de la Blanque, se développent des marnes, des grès et des bancs calcaires à Hippu- rites : nous avons recueilli avec soin des fossiles aux divers niveaux, et lorsque les déterminations définitives auront été faites, il nous sera possible d'établir avec précision l’ordre de succession des faunes. Je me bornerai à signaler ce point particulier que M. Roussel a pu faire constater hier à notre confrère M. Carez, qui avait eu l’amabilité de nous accompagner, à savoir l'existence vis-à-vis Lauzadel d’un banc à Caprines à peu près en contact avec un banc d'Hippurites, parmi lesquels j'ai cru reconnaître avec certitude Hippurites corbaricus. Ici encore, nous pouvons donc faire les deux hypothèses précé- demment émises, ou supposer un renversement, ou admettre un âge sénonien très récent pour les couches à Caprines. Cette dernière hypothèse paraît encore moins vraisemblable ici qu’à Leychert, car, d’après les résultats stratigraphiques généraux DE GROSSOUVRE. — CRÉTACÉ SOUS-PYRÉNÉEN 469 obtenus pour la région, il y a eu émersion vers la fin de l’époque sénonienne. D'autre part, bien que les couches à Caprines ne renferment réellement aucun fossile bien décisif et que leséchantillons recueillis appartiennent, en dehors des Caprines et des Orbitolines, à des espèces d’une détermination difficile et souvent incertaine, pour laquelle nous n’avons pas en ce moment sous les yeux les matériaux de comparaison nécessaires, nous devons cependant avouer que si nous trouvions ces couches dans une tout autre position, nous n’hésiterions pas à les classer dans l'étage cénomanien, en raison de l’apparence cénomanienne de la faune. Eafin il faut observer que dans ces couches on ne trouve aucun fossile vraiment sénonien, et qu'inversement dans les assises nettement et franchement sénoniennes de la région on n’a jamais trouvé non plus ni Caprines ni Orbitolines. On est donc conduit à admettre de préférence que ces assises sont cénomaniennes, et en conséquence qu’on a là une série ren- versée, superposée à une série normale : en un mot, que les assises de Saint-Louis et de la vallée de la Blanque appartiennent à un grand pli synclinal couché, dont l’aile inférieure est formée par les couches albiennes, cénomaniennes, turoniennes et sénoniennes, en superposition normale dans le pli de Cugarou. Citons encore un autre fait à l'appui de cette opinion : lorsque l’on se dirige du village de Parahou-le-Grand vers le Sud, c’est-à-dire lorsque l’on monte directement du village vers la Serre de Malabrac, on rencontre successivement, de bas en haut, des assises à Hippurites bioculatus, des marnes à Micraster brevis renfermant des Nautiles et des Ammonites (malheureusement en échantillons indétermi- nables ou appartenant à des espèces nouvelles), puis des marnes sans fossiles, et plus haut des marnes avec grès fossilifères à Orbi- tolines, Ostrea carinata?, Ostrea lateralis, Rhynchonella, etc. On est porté naturellement à considérer cette coupe comme montrant en bas le Santonien (couches à H. bioculatus), puis au-dessus le Coniacien (couches à Micraster), le Turonien (marnes sans fossiles) et le Céno- manien (marnes avec grès à Orbitolines),et à voir dans cette succes- sion une série renversée. L'hypothèse d’un pli synclinal renversé concorde bien d’ailleurs avec le fait signalé dès 1889 par M. Carez pour le pic de Bugarach, dont il a considéré la masse principale comme formée de calcaires urgoniens et jurassiques constituant un lambeau de recouvrement. Je suis ainsi amené à regarder cette masse calcaire comme le noyau d’un pli anticlinal couché, superposé au pli synclinal défini précé- 470 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES demment, cet anticlinal se raccordant avec le synclinal de Saint- Paul-de-Fenouillet. M. Carez fait remarquer combien les faits signalés par M. de Grossouvre sont en harmonie avec ses propres observations. Il insiste sur l’importance des recherches poursuivies avec tant de persévérance dans la région par M. Roussel. En ce qui concerne la région Bénaïx-Leychert, il rappelle que l'existence du renversement avait déjà été indiquée par M. de Lacvivier ; les études faites par M. Carez dans cette région en 1891 et 1892, ne lui laissent aucun doute sur l'exactitude de l'hypothèse à laquelle s'arrête M. de Grossouvre; il fait néanmoins ses réserves sur quelques points de détail et se demande comment on peut expliquer la station normale des Hippurites au pont de Villeneuve d'Olmes. Cette objection à l'hypothèse d’un renversement a déjà été soulevée par Hébert lors de la réunion de Foix en 1882. M. Carez expose ensuite les grands traits de la structure des Corbières et fait connaître en détail l’ordre de succession des couches. Puis il indique les particularités les plus remarquables de l'itinéraire que doit suivre la Société : COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES par L. CAREZ. PI XIITEARXNVITS J'ai désigné sous le nom de Corbières la région que la Société doit visiter dans la réunion extraordinaire de cette année ; mais en réalité, une partie seulement de nos courses auront lieu dans ce que l’on doit comprendre, à mon avis, sous cette dénomination. Pour les géographes, les Corbières sont un massif montagneux qui se soude aux Pyrénées au col de Saint-Louis, pour s’étendre vers l'Ouest jusqu’au cap Leucate, et au Nord, jusqu'auprès de Lézignan. Il me paraît difficile d'admettre cette définition : si cette manière de voir s’'appuyait sur un usage local constant et bien établi, on devrait l’accepter, tout en regrettant que les limites de ce massif fussent aussi arbitraires. Mais il me semble au contraire que les habitants ne donnent pas à la dénomination de Corbières ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 471 une signification bien précise, et qu’il est préférable de modifier la définition des géographes. Pour moi, il n’y a pas lieu de comprendre dans les Corbières la chaînede Saint-Louis — Saint-Antoine-de-Galamus quiest,aussi bien au point de vue orographique que par sa composition géologique, la continuation directe et évidente du massif des Fanges. Or, ce dernier, pour tout le monde, fait partie des Pyrénées ; l’abaissement de quelques mètres au col Saint-Louis ne suffit pas pour permettre de considérer la continuation orientale de la chaîne comme faisant partie d’un autre massif ; c’est d’ailleurs l'opinion de la plupart des géologues qui se sont occupés de cette région. La limite septentrionale me paraît devoir rationnellement com- mencer à mi-chemin entre Limoux et Alet, pour se diriger sur Albas ; elle suivrait ainsi le pli-faille qui termine l’affleurement des terrains anciens et les met en contact avec le Tertiaire. De cette façon, le Mont Alaric resterait en dehors des Corbières, ce qui est contraire à l’opinion générale. A l'Ouest, j’adopte volontiers le cours de l’Aude comme limite; mais à l'Est, il n’est pas naturel de faire continuer les Corbières jusqu’à la mer. On sait en effet, qu'après avoir suivi pendant une longue distance une direction Est-Ouest, les crêtes s’infléchissent brusquement vers le méridien de Tuchan, pour prendre une direc- tion sensiblement N. E.; il n’y a aucune interruption, ni orogra- phique, ni géologique, permettant de séparer les monts Peyrou et Perillou des chaines de Saint-Antoine-de-Galamus et de Lesquerde, tandis que leurs rapports avec le massif de Mouthoumet sout absolument nuls. Je crois donc devoir appliquer la dénomination de Corbières à une partie seulement de ce qui est le plus souvent désigné sous ce nom ; le massif serait limité par le cours de l’Aude, de Belvianes à Vendemies, puis au Nord par une ligne tirée de ce point, par Villerouge et Albas, jusqu’à la Berre. La limite remonterait alors le cours de cette rivière, pour se diriger vers Tuchan, puis de là, à Padern, Saint-Louis, et revenir à Belvianes.Le massif ainsi délimité aurait une individualité que ne possèdent en aucune facon les Corbières des géographes. Lorsque l’on jette les yeux sur une carte dela région (voir pl. XII), on est frappé de la direction rectiligne E.-0. des crêtes et des dépressions qui les séparent. C'est là le trait dominant de l’oro- graphie ; nous aurons à en chercher l’explication dans les phéno- mènes géologiques dont ce pays a été le théâtre. On trouve en effet, + 472 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES en allant du Sud au Nord, la chaîne de Lesquerde, la vallée de Saint-Paul-de-Fenouillet — Marsa, la chaine de Saint-Antoine-de Galamus — les Fanges, la dépression de Bugarach — Soulatge, la crête de la source salée, la vallée de Sougraigne, la chaîne du Cardou — Miïlobre de Massac, la vallée d’Arques et enfin la chaine de Roquetaillade (Alet) à Durban, après laquelle commence la plaine tertiaire. Il est à remarquer que la direction dominante que je viens d’in- diquer pour les accidents orographiques n’est suivie par aucun des cours d’eau principaux, ni même par les rivières d'ordre secon- daire : ainsi l'Aude, le plus important des cours d’eau de la région, se dirige pendant la majeure partie de son trajet du Sud au Nord, c'est-à-dire qu’elle coupe successivement toutes les crêtes, générale- ment formées pourtant de roches très dures ; elle nesuit, à peu près, la direction des couches que dans la vallée de Gesse, entre Fontanes et les gorges de Saint-Georges. Elle semble choisir de préférence les points les plus élevés et les plus durs pour s’y frayer un étroit pas- sage (gorges de Saint-Georges, gorges de Pierre-Lys, etc.). Il en est de même de l’Agly; après avoir pris sa source dans la vallée de Camps-Cubières, elle la quitte bientôt pour se porter au Sud, en traversant dans une gorge étroite et profonde la chaîne de Saint-Antoine qui est constituée par des calcaires très résistants. Elle parvient ainsi dans la vallée de Saint-Paul-de-Fe- nouillet, formée de marnes du Gault facilement délitables ; et pour- tant, au lieu de suivre cette dépression qui semblerait tout indiquée pour se rendre à Estagel, l’Agly perce la chaîne urgonienne de Lesquerde et serpente au milieu des schistes cristallins. La Salz est un exemple moins frappant de la règle que nous venons de poser ; depuis le point où elle joint la route d’Arques, elle suit en effet grossièrement la direction des couches. Mais aupa- ravant, elle avait traversé le massif primaire du Cardou qu’il lui aurait été facile d'éviter. On sait d’ailleurs que le mème phénomène, bien que difficilement explicable à mes yeux, se rencontre fréquemment dans d’autres régions : je l’ai constaté dans la basse vallée du Rhône dont les affluents, l’Ardèche et la Cèze notamment, semblent rechercher de préférence les massifs de calcaires compacts. Les Corbières sont connues pour leur aridité et leur manque presque absolu de végétation ; en effet, les roches y sont la plupart du temps à nu; on n’y rencontre ni forêts, ni cultures, mais seule- ment quelques touffes clairsemées de buis et de bruyères. Je pense ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 473 que cet aspect désolé ne provient ni de la nature du sol, ni du climat, mais d’un déboisement inconsidéré et des dégâts causés de longue date par les troupeaux. La chaîne de Saint-Antoine me paraît donner de ce fait une démonstration évidente ; si, au nord de Saint-Paul et de Caudiès, elle est absolument dénudée, un peu plus à l'Ouest, elle supporte la magnifique forêt des Fanges dont le sol est constitué par les mêmes roches que la partie aride de la chaine. Plus au Sud, les forêts du Bac Estable et de Resclause, dont le sous-sol est jurassique, con- traslent avec le désert de pierres du nord de la Tour-de-France, formé des mêmes assises. Dans les Corbières proprement dites, il n’existe que quelques cultures de céréales peu importantes et donnant de très médiocres résultats ; au contraire, dans la conque de Quillan et dans la vallée dé Saint-Paul, la culture de la vigne est très développée, principa- lement sur les marnes du Gault qui, par suite de leur peu de con- sistance et de leur facile désagrégation par les eaux, occupent les parties basses et abritées des vents froids. Cette circonstance, jointe à la coloration foncée de la roche, permet de cultiver aussi avec succès, l'olivier, l’amandier et le figuier. Je signalerai encore un trait qui ne manque pas de frapper ceux qui parcourent le pays, peut-être encore plus sur la rive gauche de l’Aude que dans la région spécialement considérée : c’est la fréquence de la coloration rouge qui existe dans les couches du Trias, du Crétacé supérieur et du Tertiaire inférieur, et qui donne un aspect tout particulier aux plateaux de Nébias et de Rennes-le- Château, aux environs d’Arques, etc. Il est à remarquer que cette coloration se poursuit en Espagne aux mêmes niveaux (environs de Tremp, Talarn, Aren, etc.). DESCRIPTION SOMMAIRE DES TERRAINS (1) I. — Schistes cristallins (2). — Ce terrain occupe une vaste étendue au sud de Saint-Paul-de-Fenouillet, aux environs de Les- querde,Ansignan,Caramany, Montalba, Campoussy, etc., constituant (1) Je me suis servi dans la rédaction de ce qui va suivre, non seulement des observations que j'ai faites depuis plusieurs années pour le Service de la Carte géologique détaillée de la France, mais aussi de ce qui a été publié par tous les géologues qui se sont occupés de la contrée. La liste bibliographique qui se trouve en tête de ce compte-rendu, permettra au lecteur de se rendre compte de la part prise par chacun à l'étude du pays ; aussi ne ferai-je aucun renvoi dans le courant de cet article. (2) Les diverses roches provenant de ces terrains ont été soumises à l’examen de M. Lacroix. XX 31 474 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES deux bandes séparées par les terrains plus récents des environs de Pezilla, Vira, etc. Les surfaces qu’il occupe ont été rapportées au granite par la plupart des géologues, et sont encore coloriées comme granulite sur la carte au 1: 1.000.000 de la France récemment publiée; pourtant, sur ma carte au 1 : 500.000: (feuille de Perpi- gnan), parue en 1889, j'avais déjà rapporté aux schistes cristallins toute la surface en question (1). La bande méridionale commence à Neffiach et Ille-sur-la-Tet, pour se diriger à l’Ouest en passant entre Sournia et Prades, et entrer dans l'Ariège vers Quérigut. Elle est composée en majeure partie d’un gneiss à grands cristaux d’orthose, d’une très grande uniformité de composition (Sournia, Campoussy, Montalba); en s’avancant vers le Sud, on voit ce gneiss, d'aspect ancien, faire place à d’autres variétés plus feuilletées, probablement plus récentes. Il n’y existe pas de micaschistes à ma connaissance. Plusieurs filons de rocheséruptives percent le gneiss; je citeraile granite ancien de Sainte-Colombe et de Roquefort, la pegmatite à tourmaline de Campoussy, la leptinite sur la route de Sournia à Prades, etc. Cet affleurement de gneiss est recouvert au Sud, avant Prades, par des schistes argileux (Précambrien ?). La bande septentrionale débute vers Montner, au S. O0. d’Estagel, et se poursuit par Caramany, Lesquerde, Ansignan, Saint-Martin, jusqu’au sud de Fenouillet; là, elle disparait sous les couches secondaires, pour se montrer seulement dans quelques points isolés qui jalonnent le raccordement de cet affleurement avec le massif du Saint-Barthélemy dans l’Ariège. Je citerai le cirque de Salvezines, les environs de Bessède-de-Sault, de Galinargues, etc. La composition de cet affleurement est à peu près la même que celle du précédent; pourtant le gneiss à gros cristaux n’occupe guère que la partie méridionale, et le reste est formé de gneiss feuilletés représentant la partie supérieure de la formation (Saint- Martin, etc.). On trouve quelques lits de micaschistes, mais ils ne constituent pas une formation distincte du gneiss dans lequel ils sont intercalés. A leur extrémité orientale, les gneiss sont recouverts par des schistes argileux (Rasiguières, Montner) auxquels ils passent insensiblement ; les éléments cristallins se mélangent de bandes (1) Voir pour la distribution des terrains, la carte au 1 : 320,000° (pl. XITT) que M. le Directeur du Service de la Carte géologique détaillée a bien voulu m'autoriser à publier, ainsi que les planches de coupes (pl. XIV et XV). ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 415 argileuses, d’abord peu fréquentes, puis de plus en plus abondantes, et font place à des schistes argileux sans aucune trace de cristal- linité. Les roches éruptives sont assez répandues dans cet affleurement, mais elles n’occupent jamais qu’une faible surface et se présentent toujours en filons ; signalons le granite ancien de Lansac et de la route d'Ansignan, en face Tenduret, la granulite de Saint-Martin, de Las Bordes (Fenouillet), la pegmatite de Lansac et de la route d’Ansignan, la pegmatite à tourmaline de Planèze. On voit aussi en divers points des filons de quartz avec fer; Jen reparlerai plus loin. Comme je l’ai déjà dit, le gneiss se termine vers Fenouillet où il est recouvert par les couches secondaires; à partir de ce point, on n’en trouve plus que des affleurements discontinus. Le premier se voit au Cortal Bès ; il est de peu d’étendue et montre, outre les gneiss, une tourmaline à grenats et une amphibolite. .. En s'avançant vers l'Ouest, on rencontre le petit lambeau de Cortal Malar (col de Trilla), puis on arrive au Cirque de Salvezines, dépression grossièrement circulaire d’environ deux kilomètres de diamètre, complètement entourée de murailles calcaires jurassiques très élevées (846 mètres de différence de niveau entre le village de Salvezines et le pic des Carabatets, à peine distant en projection de 1500 mètres). Cet affleurement est constitué en grande partie par des gneiss feuilletés, souvent très micacés (partie supérieure de la formation), avec filons de granulite. Le gneiss de cette région est souvent très décomposé et réduit à l’état d'arène. On l’exploite comme sable pour constructions. De là il faut se rendre à Bessède-de-Sault pour rencontrer de nouveau les schistes cristallins ; ils y occupent une bande irrégu- lière, longue de huit kilomètres, commençant au Roc de la Trebine pour se continuer jusque vers Galinargues ; on n’y voit que la partie supérieure de ces couches, celle qui est au contact des schistes argileux. Les filons de granulite sont abondants à Bessède-de-Sault; à Galinargues, on remarque de l’amphibolite. Un autre affleurement très réduit se dessine au sud de Rodome ; il est à peine séparé du précédent par une bande étroite de Juras- sique. Plus à l'Ouest, je ne connais plus de schistes cristallins avant le massif du Saint-Barthélemy ; il y a seulement un pointement de pegmatite entre Belfort et Niort, et un autre d’une roche qui parait composée uniquement de feldspath au sud de Roquefeuille. 476 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES Il. —— Groupe primaire. — Région méridionale. — Les terrains primaires se montrent au contact des schistes cristallins, d’une part à Rasiguières, Montner, Col de la Bataille, d'autre part au sud de Montfort, d’où ils se continuent par une bande ininterrompue, mais assez étroite, jusque dans l’Ariège; enfin un affleurement limité se voit à Bessède-de-Sault, au point où j'ai déjà signalé les gneiss injectés de roches éruptives. À Rasiguières-Montner,le Primaire se compose de schistesargileux dans lesquels il n’a jamais été rencontré de fossiles et qui semblent succéder directement aux schistes cristallins. Comme je l’ai déjà fait remarquer, il y a un passage insensible de l’une à l’autre de ces formations, l'apparition des éléments cristallins se faisant peu à peu : on remarque des bandes argileuses intercalées au milieu des dernières assises des schistes cristallins. Cette observation me paraît démontrer l’âge très ancien de ces schistes (Précambrien). Il est à noter que les schistes cristallins sont renversés sur les schistes argileux, de Lansac à la Tour-de-France ; la succession est au con- traire normale entre la Tour et Caladroi. Au sud de Montfort, on trouve des schistes argileux noduleux, semblables à ceux que M. Lacroix considère comme précambriens dans l’Ariège; ils reposent sur les schistes cristallins et sont sur- montés au Nord par des schistes avec bandes calcaires qui, d’après les observations de divers géologues et notamment de MM. Viguier et Roussel, appartiennent au Silurien, au Dévonien et même au Carbonifère. \ Ces trois systèmes forment une bande continue, passant au sud de Sainte-Colombe, dans la forêt de Navarre, la forêt de Gesse, à Fontanes, Campagna-de-Sault, Niort, etc. Quant à l'ilot de Bessède, entouré de calcaires secondaires, il est constitué par des schistes analogues à ceux de Montfort et de Rasi- euières ; Je les rapporte au Précambrien. Région septentrionale. — Les terrains primaires se montrent en outre dans les Corbières proprement dites dont ils forment le massif central; comme je ne les ai pas étudiés, je me bornerai à rappeler en quelques mots les résultats, encore bien incomplets, des recherches de divers géologues (d’Archiae, Viguier, Roussel, etc.). La majeure partie de ce massif semble constituée par le Dévonien (calcaires et schistes); il y existe également du Silurien et du Car- bonilère. Ce dernier, comprenant des poudingues, des schistes et des grès, serait très développé dans la région du Cardou qui pré- sente aussi des calcaires à Goniatites dévoniens. ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 477 Le Houiller, exploité à Ségure, près Tuchan, n'est pas connu ail- leurs dans la région; quant au Permien, son existence est douteuse; il ne se montrerait, en tout cas, qu’à l'extrémité orientale du massif. IIT. — Groupe secondaire.— SysTÈME TRIASIQUE.— Ce terrain a donné lieu à de nombreuses controverses dans ces dernières années; mais la discussion me paraît maintenant terminée, et la manière de voir que J’expose ici est, je crois, définitive ; pourtant quelques géologues persistent à rapporter au Crétacé certaines assises que je classe dans le Trias. Le Trias n’occupe dans la région que des surfaces très restreintes, à la partie médiane des anticlinaux ; ses allures étranges, son indé- pendance absolue par rapport au Permo-Carbonifère et au Juras- sique expliquent les divergences d’opinion à son égard; ses affleu- rements se montrent suivant des alignements E -0., comme c’est le cas général dans la région, pour toutes les formations. Le premier point qui en présente, en partant du Sud, est situé sur les bords de l’Agly entre Rasiguières et Caramany : ce lambeau, très peu étendu, se compose de quelques marnes versicolores avec gypse reposant directement sur les schistes cristallins. En remontant vers le Nord, on trouve au sud de Saint-Paul-de- Fenouillet la carrière de gypse du Pont de la Foux, qui est ouverte dans des couches triasiques surmontées par l’Infralias. Le gypse est exploité sur une épaisseur de 5 à 6 mètres ; il est intercalé de marnes grises et contient des quartz bipyramidés; on ne connaît pas son substratum. Il existe aussi, entre Lesquerde et la chaîne calcaire qui limite la vallée de Saint-Paul, un lambeau de cargneules qui doivent probablement être rapportées au Trias; elles reposent directement sur les schistes cristallins. Enfin, en suivant le même alignement vers l’Est, on trouve au lieu dit Mas del Menut, une autre exploitation de gypse située entre le Jurassique et le Gault, au contact d’une faille assez importante : on ne peut voir sur quoi repose cette masse de gypse, mais elle est surmontée par le Jurassique du massif de la Tour-de-France. L’af- fleurement est très réduit et présente les mêmes caractères que celui du Pont de la Foux. Après avoir traversé le grand synclinal de Saint-Paul, on ren- contre une nouvelle bande d’affleurements triasiques au nord de la chaîne de Saint-Antoine-de-Galamus. Le premier lambeau à l’Ouest consiste en quelques marnes rouges visibles au Col Saint- Louis, au-dessous de l’Infralias ; passant de là aux environs de la métairie de Campeau, au pied sud du Pic de Bugarach, on constate 478 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES l'existence dans une partie déprimée, de ces argiles rouge-brun qui caractérisent le Trias dans toute la région ; elles renferment des quartz bipyramidés. Là encore le substratum de ces argiles n’est pas visible ; elles sont recouvertes par le Jurassique. A partir de ce point, on trouve des affleurements de distance en distance, toujours très étroits, au sud du Pic de Chalabre, à l’entrée septentrionale des gorges de Saint-Antoine, au chemin de Saint- Paul à Duillac, au sud de Cucugnan, et l’on arrive ainsi à Padern et Tuchan où le Trias occupe de vastes surfaces et se charge de petits bancs calcaires et de quelques conglomérats. La bande suivante se montre aux environs du Bezu dans la vallée de Saint-Just; le Trias y est toujours composé d’argiles présentant les caractères habituels dans la région, et renfermant du oypse (exploité à la Jacotte) et du quartz. Ses affleurements sont très limités et il est recouvert directement par le Crétacé inférieur. Quant à l’affleurement de Saint-Ferriol, indiqué par M. Jacquot dans deux notes successives et sur la carte géologique au 1 : 4.000.000: je puis affirmer maintenant qu’il n’existe pas. M. Jacquot déclare d’ailleurs ne l’avoir pas visité personnellement et l’avoir signalé d’après les renseignements transmis par un correspondant ; ce dernier aura évidemment confondu les couches rouges du Garum- nien avec celles du Trias. C’est du reste une erreur facile à com- mettre, ces deux terrains ayant, comme je l’ai déjà fait remarquer, une constitution très peu différente. La bande qui vient ensuite est celle de la source de la Salz : elle occupe encore l’axe d’un anticlinal. Au point où la rivière sort de la « boutonnière », il existe quelques schistes noirs qui paraissent devoir être rapportés au Carbonifère et qui formeraient en ce point le substratum des couches triasiques. Ces dernières se pour- suivent sans interruption depuis l’extrémité occidentale de la bou- tonnière, au sud de Sougraigne, jusqu’à la Montagne de Tauch, auprès de laquelle elles s’étendent beaucoup et viennent rejoindre la bande de Padern. Signalons aussi l’important affleurement des Baillesats, au nord de Cubières ; c’est une dépendance de la bande de la Salz, dont il n’est séparé que par une lisière de Cénomanien. Telle est l’énumération complète des affleurements du Trias dans la région ; ils sont tous composés d’argiles rouge-brun ou versico- lores, avec gypse, quartz bipyramidé et sel par places, sans aucune trace de fossiles. Les autres roches que l’on y rencontre, telles que cargneules, calcaires en bancs minces, calcaires magnésiens, con- glomérats, ne constituent que des accidents sans importance. ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 479 Il me paraît par suite impossible de reconnaître ici les divisions habituelles du système ; mais faut-il voir dans ces gisements un représentant du Keuper seul, ou considérer que les couches que je viens d’énumérer sont l’équivalent, avec un faciès uniforme, de l’ensemble du Trias ? La première hypothèse me parait la plus vraisemblable, bien qu’on ne puisse invoquer d’argument péremp- toire en sa faveur ; il existe en effet une discordance et une lacune certaines entre les assises primaires et les argiles rouges triasiques. SYSTÈME JURASSIQUE. — Ce système occupe trois bandes dans la partie orientale de la région et deux seulement dans la partie occi- dentale, par suite de la réunion en une seule des deux bandes méridionales. La première, en commençant par le Sud, débute vers Bélesta-de-la-Frontière où elle est fort étroite, puis se dirige à l’Ouest en passant entre Sournia et Vivier, entre Sainte-Colombe et Axat où elle constitue les gorges de Saint-Georges, entre Fontanes et Joucou, et pénètre dans l'Ariège vers Belcaire. La deuxième, venant du Nord Est, passe à Estagel, entre Planèze et Maury, puis, après une interruption de quelques kilo- mètres, elle reparaît vers Saint-Arnac, et se poursuit par Saint- Martin, pour rejoindre à Fenouillet la bande principale dont j'ai indiqué ci-dessus le parcours. Signalons aussi, entre les deux zones, les lambeaux isolés visibles au sud et à l’ouest de Lansac. La bande septentrionale commence vers le col de Saint-Louis et se prolonge à l’Est sans interruption, constituant la partie nord de la chaîne de Saint-Antoine-de-Galamus sur toute sa longueur ; après avoir dépassé Paziols, cette bande s'incline vers le Nord-Est, et se poursuit dans la direction de Narbonne. Plus au Nord, il n’y a aucune trace de Jurassique entre le Primaire et le Crétacé. Dans la chaîne de Saint-Antoine, le Jurassique comprend, à la base, des calcaires en plaquettes ou en lits minces, souvent mar- neux, avec cargneules, jaunes ou noirâtres, contenant Avicula contorta et d’autres petits lamellibranches : c’est l’Infralias, facile à reconnaître bien que, jusqu’à présent, les fossiles n’aient été recueillis qu’en un seul point, au Col de Saint-Louis. Au-dessus viennent des calcaires compacts gris, qui doivent, d’après leur position, être rapportés au Lias inférieur, mais qui n’ont fourni aucun fossile caractéristique. Puis se montrent des alternances de calcaires jaunes, quelque- fois oolithiques, et de marnes, renfermant des Bélemnites très abondantes, des Térébratules, des Ammonites, etc. : c’est le Lias 480 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES moyen très bien caractérisé. Je citerai les espèces suivantes ; Belemnites sp., Montagne de Capronne, Pierrecol près Paziols, etc., Ostrea cymbium Lk., Montagne de Capronne, Terebratula punctata, sud-ouest de Montgaillard, Ter. subpunctata Dav., Pierrecol, Ammonites margaritatus, Rhynchonella tetraedra, sud-ouest de Mont- gaillard, etc. Je n’ai jamais constaté la présence du Lias supérieur, mais M. Roussel indique cet étage vers Montgaillard, avec Ammonites bifrons, Trochus subduplicatus, etc. On trouve, en continuant à monter la série des couches, une assise de dolomie noire ou brune qui est directement recouverte par le Crétacé. On n’y rencontre aucun fossile, et rien ne peut per- mettre de préciser son âge, puisque les zones entre lesquelles elle est comprise appartiennent respectivement au Lias moyen ou supé- rieur et au Crétacé; on ne peut qu’émettre une hypothèse pour son attribution à l’un quelconque des étages du Jurassique moyen ou supérieur. Néanmoins, en tenant compte de ce fait que la dolomie semble succéder directement et sans lacune au Lias, et que, d’autre part, on n’a jamais signalé de Jurassique supérieur certain dans aucune partie des Pyrénées, il me paraît probable que la dolomie noire appartient au Jurassique moyen et que le Jurassique supé- rieur n’est pas représenté. Cette composition du Jurassique, que l’on peut considérer comme normale, ne se retrouve pas dans les autres bandes. Pourtant, à la base, on remarque ces mêmes calcaires en plaquettes avec cargneules qui représentent l’Infralias (Pont de la Foux, Mas del Menut), et l’on peut également retrouver par places la zone fossilifère du Lias moyen (La-Tour-de-France, Bessède-de-Sault, etc.); mais la plus grande partie de la masse est constituée par des calcaires marneux noirs, des brèches souvent rougeûtres, des calcaires cristallins gris ou des calcaires marbres blancs. L'enchevêtrement des calcaires noirs et des calcaires marbres me fait penser que ce ne sont pas deux assises distinctes, mais que les calcaires cristallins proviennent de la transformation des premiers, probablement causée par la pression que ces couches ont subie. Je ne crois pas que ce méta- morphisme doive être attribué à l’influence des éruptions, car il n’y a dans la région que les filons de quartz et de fer qui soient venus au jour pendant la période secondaire : l’ophite, dont l’âge est si discuté, n’existe pas ici, et les autres roches éruptives sont beau- coup plus anciennes. Les brèches à éléments calcaires sont égale- ment devenues cristallines, ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 481 Jusqu’à présent, il n’a été recueilli dans tout cet ensemble aucun fossile, à l’exception de ceux du Lias moyen ; comme, d’autre part, l’aspect des couches est tout particulier et ne rappelle pas ce qui se voit dans la première bande, il est bien difficile de savoir avec pré- cision à quel niveau l'on a affaire. Pourtant je crois que ces deux bandes méridionales sont certainement jurassiques et probablement liasiques. Le marbre de Saint-Béat dans la Haute-Garonne, est tout-à-fait semblable à celui des Pyrénées-Orientales et appartient au même âge. SYSTÈME CRÉTACÉ. — Crétacé inférieur. — Le Crétacé inférieur forme une bande qui traverse la feuille de Quillan de l’Est à l’Ouest, à peu près en ligne droite. Venant de la feuille de Perpignan, il passe entre Estagel et Paziols et occupe la longue vallée de Saint- Paul-de-Fenouillet ainsi que les deux crêtes qui la limitent au Nord et au Sud; la largeur moyenne du Crétacé inférieur dans cette partie est de cinq kilomètres. Vers le méridien d’Axat, ce terrain prend plus d’extension ; au Sud, il s’avance jusqu’à l’entrée des gorges de Saint-Georges, tandis qu’au Nord il dépasse Quillan, présentant ainsi une largeur de plus de douze kilomètres. A l’Ouest, la bande se rétrécit peu à peu et passe sur la feuille de Foix, au sud de Belesta. En dehors de cet affleurement, le Crétacé inférieur se voit encore à la Montagne de Tauch, au sud de Fourtou, à la source de la Salz et enfin dans la vallée du Bezu : ce dernier point est le prolonge- ment oriental de la conque de Quillan. Le Crétacé inférieur se divise en deux étages bien distincts : l’un principalement calcaire, l’Urgo-Aptien, l’autre, composé de marnes noires, qui doit être rapporté au Gault. Quant au Néocomien, il ne me parait pas représenté, bien que l’opinion contraire ait été sou- vent soutenue ; mais, en l’absence de tout fossile de cet âge, il est, selon moi, bien plus naturel de penser qu’il y a dans la région une lacune correspondant au Néocomien, de même que j'en ai admis une pour les derniers étages du Jurassique. Ce que je considère comme urgo-aptien ne dépasse pas d’ailleurs l’épaisseur qui peut être raisonnablement rapportée à cet étage. Urgo-Aptien. -— La roche dominante de ce terrain est un calcaire compact, semi-cristallin, gris-clair sur cassure fraîche et blanchis- sant à l’air. En l’absence de fossiles, cas fréquent dans la région, il est souvent difficile de distinguer ces calcaires de ceux du Lias ; 482 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES pourtant, d’une façon générale, ces derniers sont gris foncé et pré- sentent une cassure conchoïde, tandis que les calcaires crétacés ont une teinte plus claire et une cassure droite. Mais ces caractères ne sont pas absolus. L’Urgo-Aptien contient aussi des marnes, rares dans la partie orientale, mais devenant plus fréquentes à partir du méridien de Caudiès ; elles remplacent latéralement le calcaire et forment une partie du massif des Fanges et de celui de Quirbajou-Coudons ; ces marnes ont presque toujours une coloration grise qui permet de les distinguer facilement de celles du Gault. Des bancs de grès jaune s’intercalent en outre à divers niveaux dans ces mêmes massifs. Les fossiles sont très abondants par places dans le calcaire com- pact, mais presque impossibles à extraire ; au contraire, dans les marnes et les grès, ils manquent presque complètement. Les Orbi- tolines (0. discoidea, O0. conoidea) et les Requiénies existent partout ; j'ai recueilli en outre : Toucasia carinata. — Lescale. Horiopleura Baylei. — Montagne de Tauch. Ostrea sinuata Sow (1). — Malabrac, Sainte-Eugénie, entre Fenouillet et Caudiès, nord de Fosse, nord de Cau- diès, sud de Maury, le Bezu, nord du château de Puylaurens, Montmija, etc. Ostrea macroptera.— Ouest de Quirbajou, norddeSaint-Just. Cidaris hirudo. — Nord de Saint-Just. C. subvesiculosa. — Sud de Le Bezu, entre Musereau et Sainte-Eugénie. Echinospatagus Collegnii (2). — Est de Malabrac. Pseudodiadema Malbosi. — Id. Un banc grumeleux à la limite supérieure de l’étage, développé entre les gorges de Saint-Antoine et le château de Quiribus, contient : Horiopleura Lamberti. Toucasia sp. ind. Ostrea macroptera. Cardita Dupin. Terebratella Delbosi. Zeilleria tamarindus. Zeilleria sp. (4) J'avais cru d'abord que cette huître devait être rapportée à l'Ostrea aquila, mais l’examen d’un grand nombre d'échantillons, fait avec l’aide de M. Douvillé, m'a porté à l’assimiler plutôt à l'Ostrea sinuata. (2) Tous les oursins cités dans ce travail ont été déterminés par M. Gauthier, à qui j'adresse mes plus vifs remerciements pour son extrême obligeance. ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 483 Rhynchonella latissima Dav. Cidaris pyrenaica. Nombreux Polypiers. Gault. — Depuis longtemps déjà on rapporte au Gault ce que l’on est convenu d’appeler les « marnes noires » de Quillan et de Saint- Paul ; c’est en réalité un calcaire noir, avec concrétions, facilement délitable, de sorte que ses affleurements se trouvent toujours dans les parties basses, vallée de Saint-Paul, conque de Quillan, etc. Sa composition est très uniforme ; il contient pourtant des bancs assez fréquents de grès jaunes ou rougeâtres (nord de Saint-Paul et Maury, entre Laval et Quillan, sud de Puylaurens, etc.). Les fossiles y sont d’une extrème rareté si l’on excepte toutefois une zone visible dans la vallée de Saint-Paul, à deux cents mètres environ au Sud de la limite du calcaire urgonien de la Montagne de Capronne, zone qui renferme des ammonites déterminables et relativement abondantes. J’y ai recueilli : Ammonites fissicostatus. — Nord de Saint-Paul. Ammonites Milletianus. — Id. Plicatula aspera Sow. — Id. , Prugnanes. Trigonia Archiaci d'Orb. — Id. Id. Tr. Constantii d'Orb. — [d. Id. Tr. Fittoni. — Entre Maury et Quiribus. Idonearca (Cucullea) fibrosa Sow. — Id. Je citerai également : . Plicatula radiola. — Marnes au-dessus de Saint-Just. Nucula bivirgata Fitton. — Nord de Quillan. Rhynchonella suleata. — Entre Musereau et Sainte-Eugénie. Ringinella lacryma Michelin sp.—Est de laJacotte (Le Bezu), et un certain nombre d’espèces non déterminées. Cette faune indiquerait le Gault le plus inférieur; quelques espèces même, comme Ammonites fissicostatus, sont aptiennes. Il est donc absolument impossible de considérer comme appartenant au Gault les couches à Horiopleura Lamberti qui sont recouvertes, sans aucun doute, par celles dont je viens d'indiquer la faune; j'ai déjà insisté sur ce point à plusieurs reprises. Il ne faut pas songer à distinguer ici les différents horizons du Gault ; il me paraît toutefois probable que le Vraconnien, dont la faune est inconnue dans la région, est compris dans la partie supé- rieure des marnes noires : celles-ci représentent tout ce qui se trouve entre l’Aptien et le Cénomanien sensu stricto. 48% LIL. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES Crétacé supérieur. — Cette subdivision du terrain crétacé ne se voit que dans les Corbières proprement dites : aucun affleurement n’est connu plus au Sud. Elle occupe une bande qui s'étend de Padern jusqu'au delà des Bains de Rennes et envoie un prolongement dans la direction de Saint-Louis. Les couches les plus élevées de la formation se re- trouvent seules dans une dépression des terrains primaires, entre Mouthoumet, Couiza et Alet. Cénomanien. — Cet étage commence à se montrer, reposant sur le Primaire, à l’est de Montierrand et se continue, interrompu seu- lement par quelques rejets, jusqu’à Padern et à la Montagne de Tauch ; en outre, il entoure les affleurements triasiques de la source salée et des Baillesats. Il occupe également les deux flancs de la vallée du Bezu et se montre enfin, dans une situation anormale sur laquelle je reviendrai, autour du Pic de Bugarach, au sud de la vallée de Saint-Louis et au sud de Cubières. Le Cénomanien est essentiellement composé par des grès calca- rifères à Caprinules et à Caprines formant crête; néanmoins il présente aussi quelquefois des marnes, surtout dans la partie occi- dentale, notamment au flanc sud de la vallée du Bezu où cet étage prend un grand développement. Il débute souvent (source de la Salz, Tipliès dans la vallée du Bezu) par un conglomérat contenant des petits cailloux de quartz noir. Aux Baillesats, l'étage est entiè- rement marneux et présente seulement quelques boules de calcaires avec Ostreu carinata, Caprines, etc. Les fossiles sont abondants; nous citerons en premier lieu Caprinula Roissyi, Orbitolina concava, qui se trouvent partout ; cette dernière espèce ne se distingue pas facilement de certains individus d’Orbitolina discoidea de l'Urgo-Aptien, mais elle atteint générale- ment une plus grande taille. On trouve en outre : Caprina sp. Plicatula aspera Sow.— Coume-de-Bec (Espèce du Gault). Ostrea carinata Lk. — Extrémité nord de la vallée de la Salz, les Baillesats. Ostrea flabellata Lk.— Est des Baillesats, Montagne de Tauch. Holaster nodulosus Goldf. — Montagne de Tauch. Discoidea subuculus. — Défilé de Padern. Dans la partie méridionale (Saint-Louis, Cubières), les grès cal- caires à Caprines et Caprinules ne forment plus une bande continue, mais seulement des rochers isolés au milieu de marnes bleues très ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 485 semblables à celles du Turonien et du Sénonien. C’est d’ailleurs avec ce même faciès que le Cénomanien se retrouve dans l'Ariège et dans la Haute-Garonne. Turonien. — Le Turonien recouvre partout le Cénomanien; il n’y a donc qu'à se reporter à ce que j'ai dit ci-dessus pour avoir une idée de sa répartition géographique. L’étage comprend généralement deux divisions calcaires séparées par une assise de grès fin à restes de plantes. Les fossiles y sont d’une excessive rareté, à l’exception des Hippurites et des Polypiers ; la distribution verticale de ces derniers est encore trop peu étudiée pour que leur détermination puisse avoir plus qu’une importance locale. Il n’est pas de même heureusement des Hippurites dont un certain nombre d'espèces sont maintenant bien connues grâce aux remarquables travaux de M. Douvillé. J’ai distingué dans le Turonien deux niveaux d'Hippurites, sans prétendre que chacun d’eux corresponde à une couche rigoureuse- ment déterminée ; on sait, en eftet, que les Rudistes ne forment pas des bancs continus mais qu’ils se présentent en amas limités dont le raccordement précis n’est pas possible. C’est donc un ensemble que je désigne sous le nom de niveau inférieur et de niveau supé- rieur, et non une couche spéciale. Le niveau inférieur renferme : Hippurites petrocoriensis Douv. — Vallée du Verdouble près Rouffiach, le Bezu, entre le Linas et le Col de Capella. Hippurites resectus Def. — Entre le Linas et le Col de Ca- pella, de Cubières aux Baillesats, le Bezu. Hippurites giganteus d'Hombres-Firmas. — Combe Ouest de Sougraigne à Bugarach, entre le Linas et le Col de Capella. F Hippurites inferus Douv. — Nord de Camps. Hippurites Moulinsi d'Hombres-Firmas. — Nord de Camps. Janira quadricostata Lk. — Le Bezu. Quant au niveau supérieur, qui est situé à 25 ou 30 mètres au dessous de la limite de l'étage, il contient : Hippurites Moulinsi d'Hombres-Firmas.— Moulin de l’Agly. Hippurites gosaviensis Douv. — S. O0. de Bugarach (1). (1) J’ai recueilli cette espèce sur les marnes sénoniennes; je l’ai considérée comme provenant des calcaires qui forment crête au Sud. Mais il n’est pas impossible que son gisement soit sénonien. 486 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES Janira quadricostata Lk. — Rouffiach. Ostrea vesicularis Lk. — Moulin entre Sougraigne et El Caoussé. Des cailloux de quartz blanc se montrent en certains points, dans les assises turoniennes supérieures (voûte de Laferrière, etc.), et les transforment localement en une sorte de poudingue. Dans la partie méridionale des affleurements, le faciès du Turo- nien change assez brusquement : dans la région de Saint-Louis notamment, il ne reste plus qu’une masse de marnes bleues, difii- ciles à séparer aussi bien des couches du Cénomanien que de celles du Sénonien. Les calcaires à Hippurites existent encore au nord de la vallée du Bezu et se suivent jusqu'’auprès de Lauzadel; mais les crêtes qu'ils forment cessent à partir de ce point, ce qui rend très difficile la distinction des divers horizons. Dans le vallon de Lauzadel, auprès de la Tuilerie, ainsi qu’à Largence, près de Saint-Louis, on trouve un banc à Actéonelles vers la limite supérieure du Turonien. Sénonien. — Le Sénonien des Corbières a donné lieu à de nom- breuses discussions ; son existence, en tant qu'étage marin, était niée par quelques géologues. Aujourd’hui personne ne conteste plus sa présence, mais on n’est pas encore complètement d’accord sur les rapports de ses diverses zones avec celles des autres bassins, Il recouvre partout le Turonien et, par suite de son peu de résis- tance à l'érosion, constitue les parties basses de la région ; on le trouve aux environs de Cucugnan, Duillac, Cubières, Bugarach, Saint-Louis, Sougraigne, Rennes-les-Bains. Ilest constitué par une masse puissante de marnes bleues, dans lesquelles se développent sporadiquement des bancs de calcaires à Hippurites. - A la Montagne des Cornes, on trouve en partant de la base : 4. Marnes bleues ou jaunâtres renfermant les fossiles suivants, à la base surtout : Micraster brevis Desor. Holaster integer. Ananchytes n. sp. Neithea striato-costata Goldf. sp. (1). (1) Cette espèce serait, pour M. de Grossouvre, N. seplemplicata Nilson sp. Quoi qu’il en soit de cette question de nomenclature, les échantillons de la Montagne des Cornes sont identiques à ceux de la Dordogne, de Ciply et surtout d’Orglandes, c’est-à-dire à des fossiles appartenant à des horizons très élevés du Crétacé. ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 487 Janira quadricostata Lk. Ostrea vesicularis Lk. Spondylus spinosus LKk. Rhynchonella difformis d'Orb. Ammonites Pailletteanus d’Orb. Amm. Bourgeoist. 9, Calcaire formant crête au nord du Petit Lac, avec Hippurites abondants mais difficiles à extraire (10 m.) : H. sublaevis ? Ammonites texanus à la base. 3. Marnes bleues. 4. Calcaire à Hippurites supérieur ; c’est le niveau ordinairement visité par ceux qui se sont rendus à la Montagne des Cornes. Il est excessivement riche en Hippurites (Hipp. bioculatus Lk.,H. dilatatus Def., H. galloprovincialis Math., H. corbaricus Douv., H. organisans Desm., etc.), et renferme encore Neithea striato-costata Goldf. sp. 5. Marnes bleues correspondant au niveau fossilifère du Moulin- Tifiou, dans la vallée de la Salz. J’appelle l’attention sur ce point parce que cette dénomination, due à d’Archiac, a été employée depuis de façons très diverses et pourrait prêter à confusion. Du côté de Sougraigne, la zone 2 n’existe plus ; mais, par contre, on trouve un peu plus haut une autre zone à Hippurites qui se déve- loppe au milieu des marnes n° 3. Elles contient : Hippurites dilatatus Defr. var. H. bioculatus Lk. Janira quadricostata Lk. Si l’on passe alors au sud du bombement de Laferrière, les gise- ments sénoniens d’Hippurites deviennent beaucoup plus rares : je citerai d’abord les gisements d’Hippurites corbaricus de la Viallasse et de Cubières. Les coupes dans ces deux localités ne présentant pas de points de repère qui permettent de les comparer à celle de la Montagne des Cornes, l’étude paléontologique seule peut aider à connaître la position précise de ces gisements ; aussi je les rapporte à la zone 4 de la Montagne des Cornes, M. Douvillé ayant trouvé une ressemblance plus grande entre les échantillons de Cubières et de la Viallasse et ceux de la zone 4, qu'avec ceux des autres zones. Dans la région de Saint-Louis, il y a, d’après M. Roussel, un représentant du niveau à Hippurites bioculatus; jy ai recueilli aussi en plusieurs points (Route de Laval à Saint-Louis, Parahou), des Rhynchonella Cuvieri très abondantes. Je rappellerai enfin que des Bélemnitelles ont été trouvées à la 488 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES Montagne des Cornes par plusieurs collectionneurs ; maïs ceux qui les ont ramassées n’ont pas remarqué à quel niveau précis elles appartenaient. Il n’y a donc pas lieu de s'appuyer sur cette décou- verte pour établir des divisions dans le Sénonien ni un synchro- nisme avec les autres bassins crétacés ; c’est un fait qu’il importe de ne pas perdre de vue. Danien. — Les marnes du Moulin-Tiffou sont le dernier horizon marin du Crétacé; on trouve au-dessus : 1. les grès d’Alet ; 2. les marues rouges inférieures ; 3. le calcaire lithographique ; 4. les marnes rouges supérieures. Je rapporte ces quatre horizons au Danien. Ce terrain occupe la plus grande partie du plateau compris entre Rennes-les-Bains et la vallée de l’Aude, et se prolonge au-delà de cette rivière jusqu’à Puivert ; plus au Nord, il se montre dans un synclinal des terrains primaires, entre Mouthoumet et Alet. 1. Grès d'Alet. — Le grès d’Alet est un grès quartzeux tantôt fin, tantôt grossier, renfermant par places de gros galets de quartz laiteux. Ilest épais de 20 mètres environ et ne contient aucun fossile, mais montre quelquefois des traces charbonneuses. 2. Les marnes rouges inférieures sont des marnes argileuses, d’une couleur rouge vif, sans fossiles, d’une épaisseur de 40 mètres. Elles contiennent quelques bancs de poudingues multicolores. 3. Calcaire lithographique. — Je conserve à cette assise le nom sous lequel Leymerie l’a fait connaître dans la Haute-Garonne parce qu’il est commode, bien qu’inexact; les roches qui la composent ne sont pas susceptibles en eflet d’être employées pour la gravure. Elle est formée d’un calcaire compact, gris sur cassure fraîche, devenant très blanc à l’air, variant de 15 mètres d'épaisseur (route de Couiza à Alet), à 2 mètres (Rennes-le-Château) et 1 m. 50 (Arques). On n’y connaît aucun fossile dans la région ; mais auprès de Lavelanet, on y a recueilli quelques mollusques d’eau douce, d’ailleurs indéterminables. 4. Les marnes rouges supérieures sont tout-à-fait pareilles à celles de l’assise 2, et renferment du gypse exploité en de nombreux points. Les conditions de dépôt, momentanément modifiées pen- dant que se formait le calcaire lithographique, sont redevenues ce qu’elles étaient auparavant et ont produit des couches de même nature. Groupe tertiaire.— SysrÈME ÉOGÈNE.— Si l’on excepte quelques très petits lambeaux de Calcaire à Milioles respectés par l’érosion ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 489 sur le plateau de Rennes-le-Château, le Tertiaire est confiné dans le synclinal primaire de Mouthoumet-Couiza, dontil occupe la partie la plus rapprochée de l’Aude. A l’ouest de cette rivière, il prend une grande extension et se joint aux dépôts de même âge de l’Ariège. Il comprend les divisions suivantes : À. Calcaires à Milioles. — Calcaire tantôt grossier, tantôt marneux ou compact, caractérisé par l’abondance des Foraminifères. Il est généralement marin; pourtant, auprès de Luc, il présente à sa partie supérieure une petite couche de calcaire avec Limnées et graines de Chara. Son épaisseur est de 25 mètres environ. Les fossiles qu’il renferme sont à l’état de moules, partant le plus souvent indéterminables ; je citerai : Lucina corbarica Leym. 2. Marnes multicolores, principalement rouges, quelquefois jaunes ; elles ressemblent beaucoup aux marnes du Crétacé supérieur dont elles diffèrent par leur coloration moins accentuée. Aucun fossile connu ; gypse exploité auprès de Couiza, à Gallué (Rouvenae, etc.). Epaisseur moyenne : 100 mètres. 3. Calcaires à Cérithes. — Assise calcaréo-gréseuse, formant crête au-dessus des marnes précédentes et constituant le passage des couches lacustres aux couches marines que je vais décrire ci-dessous. Sa faune se compose d’une seule espèce de Cérithes, ce qui montre. bien son caractère saumâtre : Cerithium cf. subacutum des sables de Cuise (1); elle contient aussi de gros fragments de bois percés par les Teredo. 4. Marnes à Turritelles. — Immédiatement au-dessus de l’assise 3, Commence une série de marnes bleu-clair avec quelques bancs calcaréo-gréseux un peu plus durs; elle est franchement marine. Sa faune, très riche, présente les premiers fossiles incontestablement tertiaires (Nummulites) que l’on trouve dans la série de l’Aude. Je citerai les espèces suivantes : Turritella trempina L. Carez. — figolina Id. — rodensis Id. Trochocyathus sinuosus Al. Brongn. Operculina ammonea Leym. Nummulites globulus Leym. N. Leymeriei d’'Arch. (1) L'état de conservation des échantillons ne permet pas une délermination rigoureuse. Peut-être est-ce cette espèce qui a été dénommée par Leymerie C. aurignacicum, les échantillons d’Aurignac provenant du même niveau que ceux des environs de Couiza ; mais la description et la figure sont trop défectueuses pour que je puisse proposer une assimilation même douteuse. XX 22 490 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES 5. Calcaire formant une seconde crête et renfermant Ostrea unci- fera Leym., Velates Schmiedelliana Chemn. sp. et de nombreux fossiles non encore étudiés. Les assises suivantes, qui d’ailleurs n'existent pas dans la région que doit parcourir la Société, sont très peu connues. SYSTÈME PLIOCÈNE. — Je terminerai enfin cette nomenclature des terrains stratifiés en signalant un très petit lambeau d’argiles sableuses, bien litées, bleuâtres, avec petits galets alignés de Gault, surmontées par un sable argileux, puis par un calcaire blanc à Limnées. Il se voit, plaqué contre le Gault, dans la vallée de Saint- Paul, auprès de Prugnanes. Les espèces recueillies sont indéterminables, mais comme je ne connais aucune couche crétacée ni tertiaire inférieure à laquelle ce lambeau puisse être rapporté, et que d’ailleurs le fait qu’il repose en discordance sur les marnes du Gault, antérieurement dénudées, lui assigne un âge très récent, je crois pouvoir considérer le petit affleurement de Prugnanes comme pliocène. Roches éruptives. — Les seules roches éruptives de la région sont celles que j'ai indiquées en traitant des schistes cristallins: il est à remarquer que l’ophite, si fréquente dans la plus grande partie de la chaîne pyrénéenne, manque absolument ici. Il iwe reste pourtant à parler des filons de quartz avec oxyde de fer que l’on voit en différents points de la partie méridionale de la région. L’un d’eux, dirigé Est-Ouest, vient au jour entre Belesta-de-la- Frontière et Montalba, au milieu des schistes cristallins, à peu de distance du contact de ces derniers avec les schistes précambriens. Un deuxième filon est celui de Rasiguières, très riche en fer et donnant lieu à une exploitation importante. IL apparaît dans les schistes précambriens et est dirigé N., quelques degrés E. Un autre suit, à une faible distance, la faille qui limite au Sud la vailée de Saint-Paul ; il se montre en plusieurs affleurements dis- continus dans les schistes cristallins depuis le Pont de la Foux jusqu’au delà du Col de Pourteil. Sa direction est à peu près Est- Ouest comme celle du premier; mais ce qui rend ce filon particu- lièrement intéressant, c’est que, au nord-ouest de Lesquerde, il se trouve en contact avec un lambeau de Trias ; l’excursion du 18 sep- tembre permettra d'étudier les rapports de ces deux roches. Plu- sieurs petites exploitations ont été ouvertes sur ce filon. Quelques autres filons de fer existent encore en différents points ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 491 du grand affleurement de schistes cristallins, vers Saint-Arnac ainsi qu'entre Saint-Martin et Sournia ; ils ne paraissent pas avoir de direction fixe ou même dominante et ne présentent pas de particu- larités spéciales, à l’exception de celui qui se voit à l’extrémité orientale du grand coude que fait la route de Saint-Paul à Saint- Martin. Celui-ci traverse d’une façon certaine le Jurassique. Comme d’autre part, le Crétacé n’est jamais atteint par ces roches, la venue au jour de ces filons date du milieu de l'époque jurassique. On trouve encore des filons de fer à Sarrat-Gros près Rodome, au contact des schistes précambriens et du calcaire jurassique, ainsi qu’à la tour d’Espezel. Durocher et plus récemment M. Roussel ont soutenu qu’il exis- tait du granite d'âge secondaire perçant les couches crétacées, à Saint-Martin pour l’un, vers Lesquerde d’après l’autre. Mes obser- vations sont en contradiction formelle avec celles de ces géologues : le granite est beaucoup plus ancien que le Secondaire et a été con- fondu par eux avec les filons de quartz que je viens de décrire. Le point signalé par Durocher était situé dans une galerie de mine de cuivre, à deux kilomètres environ à l’ouest de Saint- Martin : les travaux étant maintenant abandonnés, il n’est plus possible de vérifier directement les assertions de ce géologue ; mais on peut, par l’examen des déblais, s'assurer que la galerie était ouverte dans un filon de quartz et non dans le granite. En outre, le terrain sédimentaire traversé appartient au Jurassique (Lias), et non au Crétacé, comme le croyait Durocher. En ce qui concerne le filon de Lesquerde, la course du 18 fera voir ce qu'il faut en penser ; quant à moi, je considère comme démontré que, dans la région quinous occupe, le granite ne pénètre . jamais les couches secondaires, mais que des filons de quartz et de fer, d’une orientation générale E.-0., se montrent en différente points, traversant tous les terrains jusqu’au Lias inclusivement. Je crois ces filons antérieurs au Crétacé. STRUCTURE DES CORBIÈRES ET DE LA PARTIE ADJACENTE DES PYRÉNÉES La structure de la région qui fera l’objet des courses de la Société, est des plus compliquées : non-seulement les plissements et les failles sont très nombreux et se présentent dans les conditions les plus diverses, mais en outre, les renversements sont fréquents ; j'en ai signalé dès 1889,et les études nouvelles ne font que confirmer leur importance. 492 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES Un fait qui frappe de suite celui qui étudie la géologie de ce pays, c'est que jamais on ne trouve la succession régulière et complète des terrains dont j'ai donné ci-dessus la nomenclature. Les exemples abondent : je citerai la bande jurassique de Sournia qui est en contact avec les schistes cristallins, sans interposition de Primaire ni de Trias ; les affleurements de la Source salée où le Trias est directement recouvert, soit par l’Urgo-Aptien, soit par diverses assises du Crétacé supérieur ; les environs de Montferrand qui montrent le Cénomanien, puis le Turonien, reposant sur le Primaire, sans intercalation de Trias ni de Jurassique. Trois hypothèses différentes peuvent être mises en avant pour expliquer ces faits : 1° Les terrains manquants ne se sont jamais déposés aux points où les lacunes sont constatées. 2° Leur absence est le résultat de phénomènes mécaniques. 3° Ils ont été enlevés par érosion avant le dépôt des couches plus récentes. Les deux premières hypothèses ont chacune leur application dans les Corbières ; quant à la troisième, elle ne me paraît pas pouvoir être invoquée. Je reviendrai sur ces points lorsque j'aurai terminé l'examen des faits. Plissements. — Les plissements ont une importance capitale dans la région : c’est à leur existence et aux phénomènes secon- daires qu’ils ont produits que l’on peut rapporter presque tous les faits observés. On trouve successivement en allant du Sud au Nord (voir pl. XIII bis) : I. Le synclinal de Pezilla-Sainte-Colombe. 1. L’anticlinal d’Ansignan — Saint-Arnac — Salvezines — Bessède-de-Sault, comprenant le synclinal secondaire de Lansac. IT. Le synclinal de Saint-Martin — Forêt du Bac Estable. IT. Le synclinal d’Artigues. 2. L’anticlinal de la chaîne de Lesquerde, Axat, Marsa. IV. Le synclinal de Maury, Saint-Paul-de-Fenouillet, Caudiès. 3. L'anticlinal de Saint-Antoine-de-Galamus, Forêt des Fanges, Forêt de Callong. V. Le synclinal de Cucugnan,Cubières, se subdivisant à l'Ouest en: V a. Synclinal de Saint-Louis. V b. Synclinal de Bugarach. Ces deux derniers sont séparés par : 4, L’anticlinal du Bezu. 9. L’anticlinal de la Source salée (voûte de Laferrière de d’Archiac). ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 493 VI. Le synclinal de Sougraigne, Rennes-les-Bains. 6. L’anticlinal du Cardou. VIT. Le synclinal d’Arques. 7. L’anticlinal de Missègre. Je vais passer successivement en revue ces différents plissements, que le lecteur pourra suivre soit sur la carte (pl. XIIT), soit sur les différentes coupes (pl. XIV et XV) où ils ont été indiqués par les mêmes numéros que dans l’énumération ci-dessus (chiffres arabes pour les anticlinaux, romains pour les synclinaux). I. SYNCLINAL DE PEZILLA-SAINTE COLOMBE. Ce synclinal est formé de Jurassique (Lias), reposant sur les schistes cristallins ou sur le Primaire, Les couches qui le consti- tuent ont été rapportées tantôt au Paléozoïque, tantôt au Crétacé; mais je n’hésite pas à les considérer comme liasiques. Le contact entre le Lias et les schistes cristallins semble en certains points avoir lieu par faille ; néanmoins, de l'examen complet des faits, il résulte qu'il faut voir là un plissement très aigu, ayant agi sur des terrains discordants. Dans cette zone, en effet, l’absence d’une grande partie du Primaire et du Trias parait due à une discor- dance originelle ; le Lias s’est déposé directement sur les gneiss ou le Précambrien et s’est trouvé postérieurement pincé dans un pli de ces terrains. Il est à remarquer toutefois que les couches secon- daires ne sont pas dirigées parallèlement à leur contact avec les schistes cristallins ; ce n’est donc pas un plissement simple et régulier. En avançant à l'Ouest, ce synclinal perd de son individualité et de son importance ; il persiste néanmoins au sud des affleurements anciens de Salvezines, Bessède et Aunat, jusqu’à l’extrémité occi- dentale de la feuille de Quillan. 4. L’ANTICLINAL D’ANSIGNAN-SAINT-ARNAC est formé par les schistes cristallins jusqu’au droit de Fenouillet ; à partir du méridien de ce village, les terrains anciens n'apparaissent plus que dans certains points dénudés (cirque de Salvezines, environs de Bessède, etc.), mais le plissement n’en persiste pas moins jusqu’auprès de Roquefeuille. Je signalerai ici les synclinaux secondaires de Lansac, qui montrent deux alignements de calcaires-brèches du Lias ou de couches tria- siques dans les schistes cristallins (fig. 18, p. 530) ; les faits semble- raient au premier abord pouvoir être expliqués par un effondrement et une double faille : mais en examinant les schistes cristallins dans l'intervalle, entre les divers lambeaux secondaires, je n’ai pu y voir aucune trace de cassure, 49% L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES Je pense par conséquent qu’il existe là un plissement très éner- gique, ayant enfermé le Jurassique et le Trias entre deux murailles de gneiss. II. SYNCLINAL DE SAINT-MARTIN. — Ce plissement se fait sentir d’abord vers Estagel et affecte le massif situé au nord de la Tour- de-France, composé de Jurassique et de Trias reposant sur les terrains anciens. Mais, entre le Capitoul et Saint-Arnac, les schistes cristallins se montrent seuls, de sorte qu’il est difficile de s’assurer de la position du pli. C’est seulement au nord de ce dernier village que l’on voit apparaître de nouveau le Jurassique et le Trias ; ils sont, comme dans les affleurements de Lansac, pincés entre deux murailles de schistes cristallins; mais il est à noter que la direction des couches secondaires n'est pas parallèle à celle de leur contact avec les roches anciennes. En effet, le gypse exploité dans la carrière dite du Pont de la Foux indique un bombement, de sorte que la partie médiane du lambeau secondaire est plus ancienne que ses bords. Il est encore à noter que ce bombement est oblique à la direc- tion générale de l’affleurement. Cet ensemble de faits amène à cette conclusion que, si la présence des couches secondaires est bien due à un pli synclinal du gneiss, d’autres accidents doiventêtre invoqués pour expliquer la structure de ce lambeau telle qu’elle est représentée sur la fig. 19, p. 530. Le pli de Saint-Martin ne garde d’ailleurs pas longtemps son caractère ; il devient monoclinal, puis couché (pl. XIV, fig. 1, pl. XV, fig. 4, 3, 2); il se confond en outre partiellement avec le pli de Pezilla, comme je l’ai déjà fait remarquer. Sur la route de Salvezines à Puylaurens, le contact du Juras- sique et du Crétacé (Gault) se fait par une surface verticale, mais le renversement commence presque aussitôt : au nord de la forêt de Callong, on voit déjà des parties calcaires s’avancer sur les marnes, mais c’est surtout à partir des gorges de Saint-Georges que le phé- nomène se montre nettement. A l’entrée de ce défilé, on peut cons- tater que le calcaire jurassique repose sur le Gault (fig. 14, p.527), la limite des deux formations a d’ailleurs des allures absolument incompatibles avec l’existence d’une faille verticale. La démonstration de l’existence d’un recouvrement est encore plus complète entre Bessède et Labeau ; là on peut voir, comme le montre la figure 15, le Gault, incliné de 45° au Sud, passant sous le Jurassique qui est précisément fossilifère (espèces du Lias moyen) en un point très rapproché. Si toutefois il restait encore un doute, il serait levé par l’examen ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 495 des lambeaux isolés de calcaire jurassique qui constituent le Pech de Nadiou et le rocher de Langlade (pl. XV, fig. 4) et qui reposent obliquement, avec la dernière évidence, sur les marnes noires du Gault qui les entourent de tous côtés. Sur le prolongement de ce même contact, il paraît très vraisem- blable que le recouvrement se continue dans la région d’Espezel- Belcaire. Le plateau d’Espezel, d’une altitude moyenne de 900 mètres, est couvert de prairies ; dans les points où le sol est visible, on constate qu’il est composé de marnes schisteuses noires qui paraissent bien appartenir au Gault : la vallée du Rebenti, qui coupe le bord du plateau en le séparant de celui d’Aunat, montre d’ailleurs que cette assimilation est exacte. Or, au milieu de cette plaine, sur- gissent un certain nombre de monticules calcaires plus ou moins étendus, qui appartiennent au Jurassique (pl. XV, fig. 2). Pour expliquer leur présence dans cette position, il est nécessaire de sup- poser que ce sont des lambeaux de recouvrement ayant glissé sur la surface du Gault, comme au Pech de Nadiou, etc.; mais l’absence complète de coupes rend impossible la démonstration rigoureuse de cette hypothèse. Par suite de ce recouvrement, un autre synclinal vient de suite à côté de celui-ci dans la partie occidentale, sans qu'il y ait d’anti- clinal intermédiaire visible; c’est le synclinal d’Artigues (III), entièrement formé de Gault. Il commence vers Fenouillet, pour se continuer jusque sur la feuille de Foix. 2. ANTICLINAL DE LA CHAÎNE DE LESQUERDE. — Ce pli commence à se dessiner au sud de Maury; il devient bientôt monoclinal et se continue ainsi jusqu à Fenouillet. A partir de ce village, il se change en une voûte bien caractérisée passant sous le château de Puylaurens et traversant la vallée de l’Aude au nord d’Axat; il passe ensuite à Cailla, Marsa et disparaît un peu après Joucou. Il est formé en majeure partie par t’Urgo-Aptien et renferme aussi du Gault. IV. SYNCLINAL DE SAINT-PAUL-DE-FENOUILLET. — Ce synclinal est un des plus nets et des plus réguliers de la région: et pourtant d’Archiac, dans son étude sur les Corbières, avait méconnu sa nature et avait pensé que les couches qui forment le fond de la vallée de Saint-Paul étaient plus anciennes que celles qui consti- tuent ses flancs. Cette erreur, causée par un phénomène local que la Société verra au Pont de la Foux, a été reconnue depuis long- temps déjà et il n’est pas douteux qu'il ne s’agisse là d’un synclinal très net. Le Gault s'y montre seul d’un bout à l’autre. 496 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES Après avoir traversé l’Aude, le pli de Saint-Paul se rétrécit beaucoup etest momentanément très réduit ; mais vers le méridien de Marsa, il a déjà repris une certaine importance et il se maintient ainsi jusqu’au pied du Saint-Barthélemy (feuille de Foix). 3. ANTICLINAL DE SAINT-ANTOINE-DE-GALAMUS. — Celui-ci a une grande importance, à la fois par sa constance, par la hauteur de ses massifs et par les phénomènes de recouvrement qu’il a produits en se couchant au Nord. Il traverse la feuille de Quillan de part en part, de Paziols à l’Est jusqu’à Belesta ; au-delà de ce village, le pli devient moins net et se confond avec les précédents. Le pli de Saint-Antoine est monoclinal, avec inclinaison au Sud, sur une grande partie de son parcours ; il est formé d’Urgo-Aptien au Sud, puis de Jurassique et quelquefois de Trias. À partir du Col de Saint-Louis, la voûte se complète peu à peu, et aux gorges de Pierre-Lys, l’anticlinal est complet, mais tellement aigu qu’il est difficile de reconnaître où se trouve son axe ; toutes les couches qui le constituent sont verticales. A l’extrémité occidentale, il reprend l’allure monoclinale avec inclinaison au Sud. Les renversements de ce pli sont nombreux ; le plus important est celui du Pic de Bugarach. J’ai déjà indiqué, il y a quatre ans, les caractères généraux de la structure de ce pic ; mais je crois utile d’y revenir pour en compléter la description en tenant compte des faits qui ont été signalés par M. Roussel. Le Pic de Bugarach (Voir pl. XIV, fig. 2) est formé en majeure partie par des dolomies brunes ou noirâtres, contre lesquelles se trouvent plaqués au Nord, par l’intermédiaire d’un banc marneux, des cal- caires blancs à Orbitolines et Ostrea sinuata, qui représentent, à n’en pas douter, l’Urgo-Aptien. Au Sud, on voit au-dessous, ou plutôt en arrière des dolomies, un calcaire noir jurassique, puis, auprès de Campeau, les argiles rouges du Trias. Si l’on rapporte les dolomies au Jurassique moyen, comme je crois être autorisé à le faire, on a donc en partant de la vallée de Saint-Paul, la succession suivante : Urgo-Aptien — Dolomie jurassique — Calcaires du Lias — Trias — Calcaires du Lias — Dolomies — Urgo-Aptien — Sénonien. Si les observations qu’il est possible de faire se bornaient là, on pourrait croire qu’il s’agit d’un pli anticlinal ordinaire, dont l’axe se trouverait vers Campeau et qui serait limité au Nord par une faille. Mais on sait (voir la Carte, pl. XIIT) que le Pic de Bugarach forme un cap s’avançant de trois kilomètres environ au Nord de la chaîne, et qu’il est complètement entouré par les marnes sénonien- nes, sauf à son point d'attache avec la chaîne de Saint-Antoine. ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 497 Il devient, dès lors, tout naturel de penser que le Pic de Bugarach est une portion de la chaîne de Saint-Antoine déversée sur le syncli- nal de Cubières — Saint-Louis. Et, en effet, si la superposition directe du Jurassique sur le Crétacé supérieur est rarement visible, il y a pourtant des points où elle est très nette, comme celui que j'ai signalé en 1889 auprès de Lauzadel; de plus, il existe sur le pourtour N. O.du Pic, un banc discontinu de grès à Caprines céno- manien : l’existence de cette couche dans la position indiquée sur la figure montre bien que l’on a affaire à un renversement compliqué d’étirements et de suppression de couches. Tandis que, vers Lauzadel, le Sénonien est recouvert directement par la dolomie du Jurassique moyen, au-dessus de Bugarach, au contraire, on trouve en partant de la base les marnes bleues sénoniennes, puis le Cénomanien recouvert par la masse proprement dite du Pic composée d'Urgo-Aptien, de calcaire et de dolomie. Dans le premier point, l’étirement a fait disparaître le Turonien, le Cénomanien et tout le Crétacé inférieur; dans le second, le Turonien et le Gault font défaut. Les faits que je viens de rappeler me paraissent très suffisants pour démontrer l’existence du pli couché de Bugarach sans laisser place au moindre doute ; si néanmoins il était resté une hésitation dans l’esprit de quelques personnes, elle serait certainement levée par la connaissance du résultat des recherches récentes. On a, en effet, maintenant la preuve que ce recouvrement se continuait autrefois dans la région de Saint-Louis où l’on retrouve, en difiérents points au sud de Lauzadel et de Saint-Louis, la suite de la bande cénoma- nienne dont je viens de parler, toujours comprise entre le Sénonien à la base et le Jurassique à la partie supérieure. De plus, aux envi- rons de la métairie de Benazet, on rencontre quelques blocs de calcaires et de grès à Caprines dispersés à la surface du Sénonien ; ils indiquent qu’autrefois un manteau de Cénomanien devait recou- vrir entièrement les couches plus récentes; il n’en reste plus main- tenant que quelques rares témoins. A l’est du Pic, on constate aussi des faits analogues; le Pic de Chalabre, les buttes de Camps, de Cubières et de Duillac démontrent bien l'existence d'un pli couché, quoiqu'il y ait encore dans cette partie de nombreux points de détail à élucider. J’y reviendrai dans le compte-rendu de la course du 17 septembre. V. SyYNCLINAL DE CUCUGNAN-CUBIÈRES. — Ce synclinal est constitué par les marnes du Sénonien, et en partie recouvert par le pli couché dont il vient d’être question ; il passe sous le Pic de Bugarach où 498 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES il se bifurque: sa branche méridionale se continue vers Saint-Louis, tandis que la branche septentrionale, toujours composée de marnes sénoniennes, se prolonge jusqu'aux Gavignauds, où elle disparait pressée entre l’anticlinal du Bezu et le synclinal de Sougraigne. 4. L'ANTICLINAL Du BEzu se développe à l’ouest du Pic de Buga- rach, entre les deux branches du synclinal de Cubières. Composé, vers sa partie centrale, de Trias, il montre les divers étages du Crétacé se succédant régulièrement sur son flanc sud. Quant au flanc nord, il est très réduit et les couches y sont étirées : on y constate néanmoins la présence du Gault, du Cénomanien et du Turonien au ruisseau du Mas. En ce point, les couches sont verti- cales : à partir du Bezu, elles sont renversées au Nord sur des couches plus récentes. La limite septentrionale de la conque de Quillan est le prolon- sement, devenu monoclinal, du pli du Bezu; quant à la conque elle-même, elle fait suite au synclinal de Saint-Louis; mais il ne m'a pas été possible, jusqu’à présent, de me rendre compte de la manière dont se fait le passage du Sénonien au Gault, entre Saint- Louis et Laval. 5. ANTICLINAL DE LA SOURCE SALÉE (voûte de Laferrière de d’Ar- chiac). — Cet anticlinal commence au pied de la Montagne de Tauch et se poursuit à l'Ouest jusqu’au-delà de la Viallasse; il disparaît alors entre les deux synclinaux de Sougraigne et de Bugarach, qui se confondent en un seul. Il est formé principalement par le Turonien; mais dans les parties érodées on aperçoit le Cénomanien, parfois l’Urgo-Aptien, le Jurassique, le Trias, et même le Permo-Carbonifère. À son extrémité occidentale, le pli de la Source salée est une voûte parfaite, dont le flanc nord est seulement un peu plus abrupt que celui du côté opposé ; mais bientôt la retombée septentrionale devient encore plus rapide, puis elle disparaît complètement, et au-delà de Fourtou, l’anticlinal se confond avec celui du Cardou (fig. 5 à 8 ci-après, p. 515-516). VI. SYNGLINAL DE SOUGRAIGNE. — Ce plissement prend naissance au nord de la source de la Salz, entre l’anticlinal de la Source salée et celui du Cardou; il ne se poursuit que sur une très faible longueur, vers l'Ouest, car au méridien de Rennes-le-Château, il n'y à plus qu'un vaste plateau non plissé entre les anticlinaux du Bezu et du Cardou. Le synclinal de Sougraigne ne comprend que du Crétacé supérieur. ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 499 6. ANTICLINAL Du Carpou. — Ce pli débute à l’Est, entre Massac et Mouthoumet, où il est confondu, comme je l’ai déjà fait remar- quer, avec celui de la Source salée, mais il s’en sépare bientôt et vient passer au Mont Cardou. Dans cette première partie, il est formé d’un axe de terrains primaires sur lequel reposent, au Sud, les terrains crétacés supérieurs, tandis que la retombée nord, se résolvant en faille, met en contact avec le Primaire les étages les plus élevés du Crétacé ou même du Tertiaire. A l’ouest du Cardou, le Primaire disparaît et l’anticlinal est uniquement constitué par le Crétacé et par le Tertiaire; son flanc nord se poursuit très nettement, toujours fortement incliné, et passe au sud de Couiza, d'Esperaza et de Rouvenac. Quant à la retombée méridionale, elle est momentanément interrompue, les couches qui constituent le plateau de Rennes à Saint-Ferriol étant, comme je l’ai déjà fait remarquer, à peu près horizontales. Mais à peine après avoir traversé la vallée de l’Aude, l’anticlinal se reforme, passe entre Brenac et Rouvenac, à Puivert, à Villac-Aguil- lanes et à Dreuille, sur la feuille de Foix. Dans cette dernière partie, le pli affecte la forme d’une voûte parfaitement régulière, à flancs modérément inclinés ; les parties médianes sont constituées par le grès d’Alet, et les bords, par le Tertiaire inférieur. VIT. LE SYNCLINAL D’ARQUES est une dépression du massii primaire, remplie par le Crétacé supérieur (Danien) et le Tertiaire inférieur. Il commence à se faire sentir vers Albières et se creuse de plus en plus en avançant à l'Ouest; après la traversée de l’Aude, il com- prend la majeure partie du bassin tertiaire qui s'étend vers Chalabre. 7. Enfin la série se termine par l’ANTICLINAL DE MIssÈèGRE, important bombement de Primaire qui limite au Nord le massif des Corbières et cesse brusquement à l’Ouest, à peu de distance du cours del’Aude. Tels sontles plissements de la région que la Société doit parcourir; on voit qu'ils sont tous dirigés sensiblement E.-0., et que tous les anticlinaux sont dissymétriques, leur retombée septentrionale étant beaucoup plus rapide que l’autre ; c’est toujours au Nord de ces plis que se trouvent les couches verticales, étirées ou renversées et même quelquefois les failles. Failles.— Les failles verticales sont très rares; par contre, celles qui résultent de l’exagération des plis sont assez nombreuses. 500 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES 4. — La première que je signalerai, en commençant par le Sud, est la faille de Lesquerde qui se poursuit à l'Ouest jusqu’à Belcaire ; sa lèvre septentrionale est constamment formée par l’Urgo-Aptien ou le Gault, tandis que sa lèvre méridionale se compose successive- ment de schistes cristallins, de Trias et de Jurassique. Son obliquité est facile à observer en un grand nombre de points: gorges de Saint-Georges, Sud de Marsa, etc. (Voir les figures 14, p. 527 et 15, p. 528). 2.— Vient ensuite la grande faille de Saint-Louis, qui suit le flanc nord de la chaîne de Saint-Antoine-de-Galamus sur toute sa longueur; elle est liée aux phénomènes de recouvrement les plus intéressants de la région et contourne le Pic de Bugarach en deve- nant à peu près horizontale. Elle cesse à l’Ouest vers le méridien de Saint-Julia-du-Bec ; elle met en contact l’Urgo-Aptien, le Juras- sique et même le Trias au Sud, avec le Crétacé supérieur au Nord. 3. — La faille de Saint-Ferriol semble prendre la place de celle de Saint Louis ; elle commence en effet au pied du Pic de Bugarach en mettant en contact le Turonien et le Sénonien ; puis, en se portant vers l'Est, elle prend peu à peu de l’importance et sa lèvre méri- dionale est bientôt constituée uniformément par le Crétacé infé- rieur, tandis que la lèvre opposée montre successivement tous les étages du Crétacé supérieur, puis le Calcaire tertiaire à Milioles. Sur la rive gauche de l'Aude, c’est le deuxième étage tertiaire qui est en contact avec l’Urgo-Aptien, et il acquiert une telle puis- sance qu'il est vraisemblablement replié plusieurs fois sur lui- même. Il se présente là un phénomène semblable à celui qui semble donner aux marnes sénoniennes de Saint-Louis et de Cubières une épaisseur infiniment plus forte que celle qu’elles possèdent réellement. 4. — La faille de la Source salée est, comme les précédentes, l’exagération d’un pli anticlinal sur son flanc nord (pli de la Source salée) ; elle n’est pas très étendue et ramène le Permo-Cairbonifère ou le Trias au niveau des différents étages du Crétacé supérieur. 5.— La faille du Cardou se voit sur le flanc nord du massif du Cardou ; elle commence au sud d’Albières et se continue jusqu’au droit de Rennes-le-Château, où elle se résout en pli. Sa lèvre méri- dionale est d’abord formée par le Primaire, puis successivement par différentes zones du Crétacé supérieur; sa lèvre septentrionale est constamment occupée par le Crétacé supérieur ou le Tertiaire. Une autre faille, à peu près parallèle à celle que je viens de décrire, se montre au nord du synclinal d’Arques. Elle n’a qu’une faible importance, ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 501 6. — Faille de Roquetuillade. Enfin, la dernière faille au Nord est celle qui limite le massif primaire et se continue à l’Ouest jus- qu’à la rivière la Corneille. Je ne l’ai visitée que dans cette dernière partie, où elle sépare deux horizons du Tertiaire inférieur. Ces six cassures, liées aux plissements, sont toutes dirigées sensi- blement E.-0., comme les plis eux-mêmes. Quant aux failles proprement dites, elles n’ont qu’une importance très secondaire au point de vue de la structure générale; elles sont, d’ailleurs, le plus souvent,assez difficiles à suivre et ne sont visibles que lorsqu'elles affectent des roches dures, tandis qu’elles passent inaperçues dans les marnes ou les argiles. Leur direction varie de N.-S. à N. E.-S. O., cette dernière étant de beaucoup dominante. Il est à remarquer que c’est la direction des plis dans la zone côtière entre Narbonne et Estagel. Les prin- cipales failles à signaler de cette catégorie sont celles des environs d’Alet, de la bande Brenac-Esperaza, du plateau de Rennes-le- Château, des environs d’Arques, de la région de Fourtou, de Rouf- fiach, etc. Ce système est limité à la partie septentrionale de la région ; il n’affecte ni la chaîne de Saint-Antoine-de-Galamus, ni toute la partie située au Sud de cette crête. Tous ces accidents, plissements et failles, sont postérieurs au dépôt de tous les terrains de la région (à l’exception toutefois du petit lambeau pliocène de Prugnanes), c’est-à-dire post-éocènes ; l’absence de tout dépôt miocène ne permet pas de fixer à leur âge une limite supérieure. HISTOIRE GÉOLOGIQUE DU PAYS Le dépôt des schistes cristallins et des différents horizons du Primaire, jusqu’au Carbonifère inclusivement, a dù s'effectuer partout; aucune ride prononcée n’existait encore. Il est à remar- quer, toutefois. que le Silurien entre Montfort et Niort renferme une couche constante de conglomérats dont la présence semble indiquer l'existence d’un rivage peu éloigné; rien ne permet de marquer son emplacement probable. A la fin de la période primaire, au contraire, l’émersion paraît avoir été à peu près complète; seuls, les environs de Tuchan étaient occupés, pendant les époques houillère et permienne, par un lac d’une étendue restreinte. Au début de la période secondaire, la situation était complète- B02 LL. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES ment changée; le massif de Mouthoumet restait émergé et se reliait très probablement à la Montagne Noire, tandis que la partie méri- dionale des Corbières, toutes les Pyrénées et la zone côtière (Tuchan, Durban) étaient recouvertes par les eaux saumâtres qui ont déposé les argiles et les gypses du Trias. L’étendue du lac triasique est figurée sur la planche XVI; je l’ai tracée en m’appuyant sur l’absence de tout dépôt de cet âge dans la partie centrale des Corbières où les différents étages du Crétacé ou du Tertiaire reposent toujours directement sur le Primaire, ainsi que dans la plaine de Lézignan. Par contre, une série de témoins relient les argiles de la Source salée aux affleurements du versant méridional des Pyrénées (Campeau, Pont de la Foux, Caramany, Amélie-les-Bains, Coustouge). Les eaux marines du Lias ont succédé à celles de l’étage précé- dent, sans qu’il se soit produit de changements importants dans la configuration générale du pays : la grande île de Mouthoumet- Montagne Noire existait toujours et conservait à l’Est à peu près les mêmes limites ; au Sud, elle avait pris une certaine extension. En effet, ni à la Source salée, ni dans la vallée du Bezu, il n’existe de Jurassique entre le Trias et le Crétacé, et je crois que cette absence doit être attribuée à une lacune dans les dépôis et non à un phénomène mécanique subséquent, tout en reconnaissant qu'il est bien extraordinaire de rencontrer des couches du Lias franche- ment marines et n'ayant nullement l’aspect littoral, à trois kilo- mètres à peine des points que la mer jurassique ne parait pas avoir atteints (Voir la planche XVI). A Amélie-les-Bains, il n’y a pas de Jurassique entre le Trias et le Crétacé; j’admets, par suite, que les Albères et le Canigou devaient être émergés. Mais il n’en était pas de même, à mon sens, des Pyrénées proprement dites; bien que, par suite de discor- dances, les affleurements liasiques soient très rares dans la partie orientale du versant espagnol, on en rencontre néanmoins quelques lambeaux qui ne permettent pas de douter que la mer du Juras- sique inférieur n'ait recouvert cette région et rejoint par dessus la chaîne les gisements français. Quant au massif du Monseny, qui était déjà émergé pendant le Trias, il semble s'être agrandi à l’époque liasique. Les documents relatifs au Jurassique moyen sont trop peu précis pour qu'il soit possible de tenter une restauration des mers de cette époque; on sait, en effet, qu’il n’a jamais été trouvé dans la région pyrénéenne aucun fossile jurassique appartenant à un étage ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES b03 plus récent que le Lias, si ce n’est dans la partie occidentale, et qu’on ne peut affirmer l’âge des dolomies que j'ai rapportées au Jurassique moyen. Pendant le Jurassique supérieur et les premiers temps du Crétacé, toute la région pyrénéenne et sous-pyrénéenne était émergée; on n’y connaît aucun dépôt qui puisse être rapporté à ces époques. Au moment de l’Urgo-Aptien, un envahissement de la mer s’est produit dans la partie méridionale des Corbières, mais le massif de Mouthoumet est resté en dehors des eaux comme pendant les époques triasique et Jurassique : le rivage était presque le même que celui du Trias, bien que la terre ferme fût un peu plus avancée vers l'Est. Le tracé de ce rivage septentrional ne présente pas de difficulté ; mais il n’en est pas de même de la limite méridionale à attribuer à la mer urgo-aptienne. Il n’y a pas d’affleurement de cet âge en France, au sud de la chaîne de Lesquerde, et on n’en connaît pas en Espagne, à l’est des environs d’Orgañia, dans la vallée du Segre. Aussi me paraît-il probable que la mer n'occupait plus, comme à l’époque liasique, le détroit de Figueras, mais que les Albères, une partie des Pyrénées orientales et le Monseny formaient une grande ile dont le rivage passait par Rivesaltes, Prades, Puycerda, Baga, Cardona et Martorell. Il ne faut pas oublier pourtant que l’Urgo- Aptien disparaît à l’est d’Orgañia sous les terrains plus récents, par suite d’une discordance, absolument comme le Jurassique, et que l’on ne connaît pas de dépôts littoraux de cet âge. En ce qui concerne le Gault, je persiste à penser, malgré des affirmations contraires réitérées, qu’il fait défaut sur tout le ver- sant espagnol, où rien ne rappelle, ni comme aspect, ni comme faune, les marnes noires de Quillan et de Saint-Paul. Je crois que la mer du Gault, abandonnant complètement le versant méridional des Pyrénées, n’occupait plus, en France, qu’un détroit d’une faible largeur joignant Rivesaltes aux environs de Foix et de Tarascon- sur-Ariège. Le massif de Mouthoumet était, comme toujours, émergé, et rien n'autorise à penser que la chaîne pyrénéenne pro- prement dite était alors sous les eaux. L'époque cénomanienné,'on s’en souvient, est caractérisée dans la région par l’existence, à sa base surtout, de poudingues à élé- ments de grosseur très variable, suivant les localités, mais augmen- tant d'importance à mesure que l’on s’avance vers le Sud; je citerai les conglomérats visibles entre Montségur et Montferrier (Ariège), dont les éléments atteignent des dimensions de plusieurs mètres cubes. Il semblerait y avoir là l’indication de mouvements très 504% L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES importants et pourtant l’emplacement de la mer à cette époque ne parait pas différer sensiblement de celui qui était occupé par les eaux albiennes : le rivage de l’ile de Mouthoumet était reporté de quelques kilomètres au nord, mais la limite méridionale s'était rapprochée et devait passer au nord du massif de Saint-Barthé- lemy. Quant à la partie centrale de la chaîne, elle était exondée, ainsi que tout le versant espagnol. A l’époque turonienne, le massif de Mouthoumet reste émergé, comme nous l'avons vu depuis le commencement des temps secon- daires; mais le mouvement d’affaissement de la partie occidentale, qui avait commencé pendant le Cénomanien, s’est accentué et les dépôts turoniens ont débordé, vers Rennes, les couches sous- jacentes. Il n’existe pas de Turonien dans la partie centrale de la chaîne: en ce qui concerne le versant espagnol, la question de la présence de cet étage n’est pas résolue. On en a souvent indiqué, mais c'était lorsque l’on pensait que les Hippurites étaient cantonnées dans le Turonien; les études récentes ayant montré que ces fossiles sont au moins aussi fréquents dans le Sénonien, ce n’est que par une détermination précise des espèces que l’on pourra arriver à la certitude à cet égard. Ce qui me paraît le plus probable, c’est que la mer occupait à peu près la même surface qu’à l’époque urgo- aptienne et que toute la région sud-orientale (Perpignan, Gerona, Berga) était émergée. Les recherches futures montreront s’il n’y aurait pas lieu d’aller plus loin et d'admettre qu’il n’y a pas plus de Turonien que de Cénomanien sur le versant espagnol. L'époque sénonienne correspond au maximum d’affaissement, aussi bien en France qu’en Espagne; toutefois, le mouvement de submersion du massif de Mouthoumet, constaté pendant les périodes précédentes, n’a pas continué; les dépôts marins du Sénonien ne dépassent pas, au Nord, ceux du Turonien. En Espagne, il n’en est pas de même; tandis que la présence du Turonien était au moins douteuse, le Sénonien forme au contraire une bande très importante qui disparaît sous le Tertiaire à une faible distance seulement de la Méditerranée; elle est reliée d’ailleurs aux affleu- rements des Corbières par le lambeau d’Amélie-les-Bains. Je crois par suite que toute la chaîne pyrénéenne était recouverte par la mer à l’époque sénonienne, à l’exception toutefois du chaînon des Albères qui paraît avoir constitué une île de peu d’étendue. Le rivage méridional se trouvait à une certaine distance au nord du massif du Monseny dont les contreforts ne contiennent aucun dépôt sénonien. ET DE LA RÉGION ADJACENTE DES PYRÉNÉES 505 Le Danien, dans les environs d’Arques et d’Alet, déborde beau- coup le Sénonien et repose directement sur le Primaire; mais comme il est uniquement constitué par des couches terrestres ou lacustres, je crois que malgré cette extension plus grande, il y a eu à cette époque un relèvement général de toute la partie orientale des Pyrénées, relèvement plus accentué en France où le Danien ne devient marin que vers Sainte-Croix (Ariège), qu’en Espagne où l’on rencontre les Hemipneustes dès les environs de Berga. La ressemblance absolue des couches sur les deux versants des Pyrénées, qu'elles soient lacustres ou marines, ne permet pas de douter qu’elles n’aient été déposées dans un même bassin, et qu’à cette époque encore le soulèvement des Pyrénées n’était même pas ébauché. Au Nord, un changement important s’opérait alors ; tandis que, jusqu’au Sénonien inclus, j’ai admis que le massif de Mouthoumet était relié directement à la Montagne Noire, à l’époque danienne, au contraire, la dépression de Carcassonne commençait à se former et était couverte par les eaux lacustres (couches du mont Alaric ; affleurement de Villardebelle, etc.). Le début de l’époque tertiaire est marqué par un aflaissement très prononcé : les eaux marines ont envahi tout l’espace précé- demment occupé par le Danien, marin ou lacustre, ne laissant émergées que l’ile de Mouthoumet, définitivement séparée de la Mon- tagne Noire, l'ile du Monseny en Espagne et probablement aussi celle des Albères-Canigou. Mais toute la chaîne pyrénéenne actuelle était submergée, comme le prouve la présence des dépôts éocènes marins sur les sommets les plus élevés (Mont Perdu). Tout au plus pourrait-on admettre que l’île des Albères se prolongeait à l’Ouest jusqu’au méridien de Puigcerda, mais la communication directe des environs de Tremp avec les Corbières pendant l’Eocène inférieur me paraît incontestable. Pendant le dépôt de l’Eocène moyen, il ne s’est produit que des changements peu importants malgré l’existence de quelques conglo- mérats indiquant le début du mouvement d’exhaussement. C’est à l’époque de l’Eocène supérieur seulement que le mouve- ment s’est accentué et que la chaine pyrénéenne s’est brusquement formée ; aussi les dépôts de cet âge affectent-ils un caractère torren- tiel des plus marqués et sont-ils souvent discordants, surtout en Espagne, sur les terrains plus anciens. Les dépôts miocènes, soit marins, soit lacustres, ne pénètrent ni dans les Pyrénées ni dans les Corbières ; aussi paraît-il naturel de XX 33 906 L. CAREZ. — COMPOSITION ET STRUCTURE DES CORBIÈRES penser que le relief était, dès le début de cette période, fort peu différent de ce qu'il est aujourd’hui. Tel est le résumé de l’histoire géologique de la partie orientale des Pyrénées ; il montre que les massifs anciens ne se trouvent pas dans la chaîne actuelle, mais bien à une certaine distance en dehors : ce sontles Corbières d’une part, et le Monseny de l’autre. Quant à l'emplacement des Pyrénées proprement dites, c'était un point bas constamment submergé jusqu’à une période très récente des temps séologiques. DISCORDANCES Il est facile maintenant, en se reportant à la Carte géologique et aux explications que je viens de donner, de voir à quelle cause doivent être attribuées les lacunes qui sont si fréquentes dans la région : le plus grand nombre provient de ce que les terrains manquants ne se sont jamais déposés aux points où leur absence est constatée. Mais il y a aussi des discordances par transgression entre la plupart des étages, par suite de la modification de l'étendue des différentes mers : entre le Primaire et le Trias, entre le Jurassique (moyen?) et l’Urgo-Aptien (très importante), entre le Gault et le Cénomanien, entre le Cénomanien et le Turonien, entre le Sénonien et le Danien. La séance est levée à neuf heures. 2° Séance du 12 Septembre 1892, à Rennes-les-Bains PRÉSIDENCE DE M. CAREZ, PUIS DE M. DE GROSSOUVRE. La séance est ouverte à huit heures et demie du soir. Le Président annonce une présentation. M. Carez résume les observations faites pendant la journée. COURSE DU LUNDI 12 SEPTEMBRE En quittant l'Hôtel de la Reine, la Société a traversé la Sals et pris le chemin de Montferrand. Le village de Rennes est situé sur le Turonien ; mais à très peu de distance, on est entré dans une série marneuse bleuâtre constituant la majeure partie du massif L. CAREZ. — COURSE DU Â2 SEPTEMBRE 1892 507 dit Montagne des Cornes et à la base de laquelle se voit en abon- dance le Micraster brevis. Le chemin de Montferrand se maintient à peu près à la limite du Turonien et du Sénonien jusqu’à l’approche du village; il traverse alors le Turonien calcaire, puis une assise de grès qui forme assez constamment la partie moyenne du Turonien. Ce grès repose direc- tement sur les schistes primaires, sans qu’il y ait ni Cénomanien, ni Trias, ni aucun des autres étages intermédiaires. Après avoir monté quelque temps sur les schistes primaires, la Société a traversé un conglomérat, puis est rentrée dans le Crétacé à un kilomètre environ à l’Est de Montferrand. On a commencé à recueillir en ce point quelques Caprinules; c’est là que se trouve l’extrémité occidentale de l’affleurement cénomanien des Crouzils. On s’est alors dirigé, en restant constamment sur les grès turoniens, vers le gisement des Crouzils, très riche en Caprinula Roissyi et autres fossiles cénomaniens ; là encore, il n’existe ni Crétacé infé- rieur, ni Jurassique, ni Trias; on voit le Cénomanien reposer directement sur le Primaire. La Société est descendue alors à Sougraigne, pour remonter Fc. 4 1. Primaire. 2. Cénomanien : calcaires et marnes avec Caprinula Roissyi. 3. Turonien : grès, puis calcaires, peu fossilifères. Polypiers abondants à la partie supérieure. & à 8. Sénonien. 4, Marnes bleues micacées, à Micraster brevis, Amm. Paillelteanus, etc. (Voir ci-dessus p. 486). 5. Calcaire formant crête du côté du Petit Lac, avec 4mm. lexanus, Hippurites sublævis?, etc. — Amim. lexanus sur son prolonge- ment dans les marnes bleues de Sougraigne. 6. Marnes bleues micacées avec bancs calcaires se développant du côté de Sougraigne.Amm. syrtalis à la base, puis Hippurites dilalatus. 7. Banc calcaire pétri d'Hippurites (Voir la liste p. 487) surtout vers la Tuilerie, Bordeneuve, etc. 8. Marnes bleues avec abondants Gastropodes et Lamellibranches (faune dite du Moulin Tiffou). 9. Danien : grès grossier (grès d’Alet). e nsuite vers le Petit Lac,etétudier ainsi en détail la série sénonienne, On a constaté que dans la partie septentrionale de la Montagne des 508 L. CAREZ. — COURSE DU 12 SEPTEMBRE 1892 Cornes, il existait, au-dessus de l’assise à Micraster brevis et Amm. Pailletteanus, deux niveaux de calcaires à Rudistes séparés par des marnes gréseuses; dans le premier on ne trouve qu’un petit nombre d'espèces: Hippurites dilatatus, H. sublævis?, etc.; dans le second, au contraire, surtout du côté de la Tuilerie, les Hippurites sont d’une abondance prodigieuse. On y a recueilli Hippurites dilatatus, H. sulcatoides, H. bioculatus, H. corbaricus, etc. Cette dernière, quoique moins abondante que les autres espèces citées, se ren- contre néanmoins avec une certaine fréquence. Le banc inférieur ne se poursuit pas dans la direction de Sou- graigne (voir fig.1);il ne tarde pas à se perdre dans les marnes bleues. Aussi est-il assez difficile de savoir à quel niveau précis de la coupe de Sougraigne il correspond. Pourtant, il a semblé à la plus grande partie des membres présents que les couches correspondant au niveau du calcaire du Petit Lac affleuraient vers le fond du ravin auprès de Sougraigne ; c’est en ce point que M. de Grossouvre a recueilli Am. teranus. Am. syrtalis a été trouvée par le même géo- logue dans des couches un peu plus élevées, recouvertes elles-mêmes par le premier niveau à Hippurites de la montée des Croutets. Celui-ci serait par suite un peu supérieur au niveau du Petit Lac. Après avoir constaté que le grès d’Alet couronne le plateau des Croutets et qu'il est séparé du banc supérieur à Hippurites par une vingtaine de mètres de marnes, les membres de la Société ont ramassé de nombreuses Hippurites le long du chemin qui mène du Petit Lac à la Tuilerie, et sont rentrés à Rennes en traversant de nouveau la série des marnes à Micraster. M. de Grossouvre ajoute que l’on ne retrouve aucun niveau à Hippurites en allant vers la vallée de la Sals. Certains des grès de la série paraissent franchement marins ; d’autres, au sommet, seraient des dépôts de rivage; on peut réserver à ces derniers le nom de grès d’Alet, qui désignerait ainsi un faciès plutôt qu’un étage. M. Carez pense que le véritable grès d’Alet correspond à un niveau stratigraphique déterminé, bien que certains horizons arénacés s’intercalent à plusieurs reprises dans la série inférieure. M. de Grossouvre ne croit pas que les niveaux conservent d’une manière absolue les mêmes caractères lithologiques, d’un bout à l’autre des Corbières. M. Carez insiste sur la continuité du grès d’Alet, et son épaisseur à peu près uniforme, de la vallée de l'Aude à la Haute-Garonne; L. CAREZ. — COURSE DU 12 SEPTEMBRE 1892 509 il croit devoir, en conséquence, le maintenir comme une division distincte dans la série des terrains de la région. M. de Grossouvre reconnait que le grès d’Alet, si l’on restreint cette dénomination aux couches qui ne sont pas d’origine franche- ment marine, ne remplace pas latéralement les marnes, ainsi qu'il avait cru pouvoir l’affirmer dans une récente publication. M. Reymond demande à M. Carez son opinion sur les conglo- mérats que la Société a observés au contact des terrains primaires et du Cénomanien au nord de Sougraigne. M. Carez pense que ces conglomérats appartiennent à la série paléozoïque (Carbonifère), dans laquelle ils ont été fréquemment signalés. Les conglomérats qui se voient à la base du Cénomanien dans beaucoup de points ont un aspect très différent ; la gangue de ceux dont il est maintenant question présente une étroite ressem- blance avec les schistes primaires. Enfin, le fait qu'ils ne se voient qu'en ce point seulement à la base du Cénomanien montre qu’ils sont indépendants de ce terrain. M. de Grossouvre signale les poudingues des environs du col Saint-Louis, dont les éléments sont volumineux et qui ren- ferment des fossiles crétacés inférieurs, isolés au milieu de couches à faciès plus vaseux que celles des environs de Rennes, situées plus au Nord. 11 demande à M. Carez si l’on peut reconnaître la prove- nance des cailloux de quartz blanc qui constituent les poudingues intercalés à différents niveaux dans le Sénonien. M. Carez répond qu'il ne connaît pas de matériaux de cette nature dans le massif paléozoïque des Corbières. D'autre part, les Pyrénées proprement dites ne devaient pas encore être émergées à l’époque où se formaient ces poudingues. La série étudiée par la Société présente de grandes ressemblances avec celle du nord de l'Espagne, ce qui parait indiquer une mer continue dans l'inter- valle. Les cailloux de quartz blanc proviendraient de la Montagne- Noire. M. Bertrand fait remarquer que la présence du quartz n’est pas suffisante pour prouver que les éléments de ces poudingues proviennent réellement du Plateau Central. Ce fait démontre seule- ment que le pays d’origine était fort éloigné. M. Ficheur demande à quel étage de la série crétacée corres- pond le maximum de transgression dans la chaîne des Pyrénées ? 510 L. CAREZ. — COURSE DU 12 SEPTEMBRE 1892 M. de Grossouvre répond, qu'outre la transgression cénoma- nienne, il y a lieu d'admettre une grande transgression sénonienne, bien visible dans tout le nord et l’ouest de l’Europe. M. Ficheur ajoute que les indications fournies par les cartes géologiques montrent que le Sénonien seul paraît s’être étendu par la vallée du Tech (lambeaux d’Amélie-les-Bains, de Coustouges, etc.) et avoir traversé en cet endroit la chaîne, ce qui correspon- drait à une transgression importante au début de la période sénonienne. Cette transgression peut être rapprochée d’une extension remar- quable de la mer sénonienne en Algérie sur les formations anté- rieures, avec des discordances angulaires bien marquées, précédée d’une érosion puissante. Cette discordance se manifeste d’une manière remarquable dans le massif du Bou-Thaleb, où le Sénonien débute par une puissante formation de poudingues et de grès, en discordance sur toute la série des étages crétacés. M. Carez pense que malgré l’existence de conglomérats à blocs volumineux à la base du Cénomanien, la transgression qui a marqué le début de cet étage n’a pas eu une grande importance dans la région, comme on peut s’en rendre compte par l’examen de la planche XVI. Au début du Sénonien au contraire, la distribution des terres et des mers a été complètement modifiée ; toute la chaîne pyrénéenne était immergée à l’exception peut-être des Albères, mais la ressemblance entre les couches de la Pobla de Segur, etc. et des Corbières est telle, à l’époque sénonienne, qu’il paraît.nécessaire d'admettre une communication directe. M. Zürcher (1) fait une communication relative à l'existence, dans les environs de Toulon, d’une masse de recouvrement cons- tituée par des phyllades, accompagnés de Houiller et de Permien inférieur, et reposant sur des couches plus récentes composées de Permien supérieur et surtout de Trias. Il montre qu’en suivant la ligne de discontinuité sinueuse qui sépare les phyllades et les terrains qui leur sont immédiatement supérieurs, des affleurements du Permien supérieur et du Trias, on peut constater partout une disposition des couches en synclinal déversé plus ou moins complet, et que cette disposition ne peut s’expliquer autrement que par un pli couché à grand recouvrement, (1) Cette communication sera publiée dans les Notes et Mémoires, t. XXI, ZURCHER. — RECOUVREMENT AUPRÈS DE TOULON 511 en présence des constatations faites au tunnel du pont de la Clue et que M. M. Bertrand et lui ont récemment signalées (1). Aucun fait ne vient d’ailleurs contrarier cette manière de voir, et on peut même observer directement, dans la falaise de Sicié, la superposition efiective des phyllades au Permien, près de la char- nière synclinale du pli. Le phénomène constaté est d’ailleurs très probablement un point particulier de la faille de recouvrement qui paraît limiter au Nord la plus grande partie du massif des Maures, ainsi qu’on peut l’observer près de Gonfaron. Un caractère intéressant de la surface de discontinuité qui sépare la masse de recouvrement de Toulon du substratum, est l’existence de plissements dont elle a été l’objet après sa formation, et qui dessinent deux anticlinaux très nets. C’est là un phénomène analogue à celui que M. M. Bertrand a signalé dans la masse de recouvrement du Beausset (2). A défaut de faits précis permettant d'établir l’âge des deux plis- sements successifs ainsi reconnus, cette similitude avec une région voisine permet de supposer que les deux grands déplacements horizontaux sont contemporains, ainsi que les plissements secon- daires qui ont modifié les dispositions primitives. M. Tardy s'étonne que Charles Martins ait pu se méprendre sur la nature réelle des miroirs de faille des environs de Toulon, en les regardant comme des polis glaciaires. M. Bertrand relève l’analogie des faits signalés par M. Zürcher avec ceux qui ont été exposés dans la dernière séance par M. de Grossouvre: certaines anomalies, qui paraissent insolubles au premier abord, s'expliquent facilement, dans un cas comme dans l’autre, en admettant que les masses de recouvrement ont été elles- mêmes soumises à un plissement postérieur. M. Carez donne quelques renseignements sur la course que la Société doit faire à Rennes-le-Château et à Sougraigne. La séance est levée à dix heures. (1) C. R. Ac. Sc., 1 mai 1891. (2) B.S.G, F., % série, t XIX, p. 10%. 512 L. CAREZ. — COURSE DU 13 SEPTEMBRE 1892 Séance du 14 Septembre 1892, à Rennes-les-Bains. PRÉSIDENCE DE M. CAREZ, PUIS DE M. FICHEUR. La séance est ouverte à huit heures et demie du soir. Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, le Président proclame membre de la Société : M. Gentil, Préparateur à la Faculté des Sciences d'Alger, pré- senté par MM. Pomel et Ficheur. M. Carez rend compte des excursions faites à Rennes-le-Château, aux sources de la Sals et au Pic de Bugarach. COURSE DU MARDI 13 SEPTEMBRE Le mardi 13 septembre, les membres de la Société sont partis de Rennes-les-Bains par le petit chemin qui se dirige sur Rennes-le- Château; ils ont quitté presque de suite le Turonien pour pénétrer dans les marnes bleues sénoniennes peu fossilifères. Après les avoir suivies assez longtemps, on a fait un détour à l'Est pour monter au point 544 de la carte de l’État-major, où on a pu recueillir des fossiles très abondants de la zone à Micraster brevis. L’isolement de ce monticule a permis également de se faire une idée de la structure de toute la partie basse du pays (Rennes-le-Château, Nebias, Alet). De ce point, la Société s'est dirigée vers Rennes-le-Château en recoupant successivement les marnes bleues qui ne renferment ici aucun banc de Rudistes, le grès d'Alet, les marnes rouges inférieures comprenant à leur sommet un banc important de conglomérat, le calcaire lithographique très-réduit, une nouvelle série de marnes rougeâtres et enfin le calcaire à Milioles formant un petit mon- ticule sur lequel est bâti Rennes-le-Château. Dans cette première partie de la course, les couches se mon- traient soit horizontales, soit très peu inclinées; il n’en devait pas être de même en descendant sur Coustaussa. C’est en effet entre les deux villages que passe le prolongement de la faille du Cardou, et bien qu’elle soit près de disparaître en se résolvant en un pli monoclinal, elle occasionne en ce point des accidents importants. La Société a pu constater, en effet, que dans le ravin qui descend au N.-E. de Rennes, le calcaire lithographique L. CAREZ. — COURSE DU 13 SEPTEMBRE 1892 119 se trouve en contact avec le Sénonien, peut-être même avec les bancs les plus élevés du Turonien, et que l’on rencontre successivement, en continuant à descendre, les diverses zones jusqu’au Calcaire à Milioles inclus, dans une position presque verticale. Il est à remar- quer en outre que tous les terrains sont en quelque sorte laminés dans cette partie et réduits à une épaisseur infime ; le grès d’Alet notamment n’atteint pas deux mètres de puissance. La coupe de Rennes à Alet (pl. XV, fig. 1), rend compte de l’allure des couches en ce point. En outre, si on la compare à la coupe d’Esperaza à Pailhard (fig. 2), on voit que la faille du Cardou, d’une amplitude Esperaza: 2. Marnes rouges linférieures. — 3. Calcaire lithographique. — 4. Marnes rouges supérieures. — 5. Calcaire à Milioles. — 6. Marnes à Turritelles. — 7, Quater- naire. déjà très-réduite au droit de Rennes-le-Château, est remplacée par un plissement brusque, avant la vallée de l’Aude. Après avoir pris les voitures sous Coustaussa, la Société s’est arrêtée à la bifurcation des routes d’Arques et de Rennes-les-Bains pour examiner un contournement en S du Calcaire à Milioles au contact de la faille du Cardou (fig. 3). 1.8Primaire. — 2. Marnes rouges ‘inférieures. — 3. Calcaire lithographique. — 14. Marnes]rouges supérieures.— 5. Calcaire à Milioles.— 6. Marnes tertiaires. Dans l’après-midi, la Société s’est rendue en voiture à Sougraigne ; de là elle a suivi le chemin qui mène aux sources de la Sals et qui se maintient assez longtemps dans les marnes bleues sénoniennes. On a recoupé ensuite le Turonien incliné au Nord et formé de deux D14 L. CAREZ. — COURSE DU 13 SEPTEMBRE 1892 bancs calcaires séparés par un grès grossier qui a une grande ressemblance lithologique avec le grès d’Alet; les Hippurites ne sont pas abondantes en ce point. Au-dessous se voient des calcaires et des grès qui appartiennent au Cénomanien et renferment des Caprinules et nombre d’autres fossiles. Ces couches forment une voûte et s’inclinent un peu au Sud ; elles reposent alors sur des schistes noirs qui ont été rapportés au Carbonifère par divers géologues. Immédiatement au contact de ces schistes, commencent les argiles rouges avec quartz bipyramidé qui occupent tout le fond de la « boutonnière » de la Sals ; elles sont très fréquemment recouvertes de débris de calcaires divers, provenant soit des falaises voisines, soit de l'effondrement de la voûte qui recouvrait autrefois tout l’espace occupé aujourd’hui par les argiles rouges. Les sources salées sortent de ce terrain, qui renferme en outre du gypse; on en a extrait une certaine quantité en faisant des recherches pour trouver la masse de sel qui doit exister évidemment à une assez faible profondeur, mais qu'il n’a pourtant pas été possible de découvrir. Ces argiles, dont l’âge a été très discuté, ont paru à la majorité des géologues présents appartenir indubitablement au Trias ; pour- tant quelques personnes ont pensé qu’elles devaient être rattachées au Crétacé. La falaise méridionale de la boutonnière montre deux assises se distinguant bien, même à distance : un calcaire compact blanc à la base et un calcaire gréseux jaune au sommet. Le premier appartient à l’Urgo-aptien, ainsi que le démontrent les fossiles qu’il renferme; il n'est d’ailleurs pas continu et disparaît promptement dans les deux directions visibles. Le deuxième appartient au Cénomanien ; la Société a pu le voir à la montée du col de Capella, où il comporte un certain nombre de subdivisions et renferme des Caprinules et des Orbitolines en abondance. Au-dessous apparaît le Turonien, régulièrement incliné au Sud et renfermant plusieurs niveaux de Rudistes ; le premier, qui est le plus important, contient surtout Hippurites resectus; quant au deuxième, il se montre à peu de distance des maisons du Linas et correspond à celui du Moulin de l’Agly, près Camps. Au Linas commence le Sénonien avec les marnes à Micraster brevis, que la route suit dans la direction de Rennes jusqu’en face du hameau de la Viallasse; sur tout ce parcours, on rencontre des fossiles abondants, L. CAREZ. — COURSE DU 13 SEPTEMBRE 1892 515 La figure 4 représente la coupe de la boutonnière de la Sals : salée ANT 1. Schistes noirs à apparence ancienne, rapportés au CARBONIFÈRE. . Argiles généralement rouge-brun, avec gypse, quartz bipyramidé, source salée. — TRras. 3. Calcaire blanc, compact, cristallin, avec les fossiles habituels de l'URGO-APTIEN. 4. Conglomérat à petits éléments avec silex noirs anguleux et Orbilo- lina concava. 5. Marnes à Orbitolina concava, sur le versant sud. Du côté opposé, calcaire à Caprotines (espèces de Sicile), puis grès grossier. 6. Calcaire à Caprinula Roissyi, Toucasiu, etc., puis sables et grès. 7. TURONIEN, principalement gréseux et peu fossilifère au Nord, formé de deux bancs calcaires à Hippurites séparés par une assise gré- seuse au Sud (Voir ci-dessus p. 485). 8. Marnes SÉNONIENNES à Micraster brevis. 9 CÉNOMANIEN Après la Viallasse, la route coupe une magnifique voûte formée par le Turonien, et désignée par d’Archiac sous le nom de voüte de Laïerrière, puis elle rencontre les marnes bleues et le grès d’Alet ; ce dernier constitue le fond d’un synclinal et se relève avant le Moulin Tifiou, où les marnes bleues reparaissent. Les figures ci- dessous montrent l’allure du pli de Laferrière entre la route de Rennes à Bugarach et la source salée (fig. 5 à 8 et 4). Fc. 5. Coupe à 1500 mètres à l'Est de la précédente, 516 L. CAREZ. —- COURSE DU 14 SEPTEMBRE 1892 KiIG. 76 Coupe à 1500 mètres à l’Est de la précédente. 4. Trias. — 2. Cénomanien. — 3. Turonien. — 4. Sénonien, — 5. Danien (Grès d’Alet). COURSE DU MERCREDI 14 SEPTEMBRE Le mercredi 14, la Société est partie en voiture pour Bugarach ; arrivés auprès du cimetière, les membres ont mis pied à terre et ont commencé l’ascension du Pic. Après avoir cheminé longtemps sur les marnes sénoniennes, on est arrivé au pied d’un escarpement de calcaire blane, avec Orbi- tolines et autres fossiles de l’Urgo-aptien. À quelques mètres au-dessous, on a constaté l’existence de grès avec Orbitolines qui appartiennent évidemment au Cénomanien. Le sentier monte ensuite dans une dépression, qui correspond au contact du calcaire urgo-aptien avec la dolomie et les calcaires foncés qui forment la plus grande partie de la masse du Pic et représentent le Jurassique. Quelques couches marneuses se voient à la base de l’Urgo-aptien. Parvenus au sommet, les membres de la Société ont pu se rendre compte de la structure de la région, quoique le temps brumeux n'ait permis de voir que les parties relativement rapprochées. Le recouvrement des marnes sénoniennes par les calcaires urgo- niens et les dolomies jurassiques a paru la seule explication plau- sible des faits observés. L. CAREZ. — COURSE DU 14 SEPTEMBRE 1892 517 La course de l'après-midi dans le vallon de Lauzadel n’a fait que confirmer cette opinion; on y a constaté l’existence des grès calcaires à Caprines signalés par MM. Roussel et de Grossouvre, ainsi que la superposition évidente de la masse du Pic sur les marnes du Crétacé supérieur (voir la coupe générale pl. XIV, fig. 2). Au retour, la Société s’est arrêtée au ruisseau du Mas, qu’elle a remonté sur 500 mètres environ pour examiner une faille horizon- tale. Les calcaires turoniens forment en ce point plusieurs murailles verticales très élevées ; or, en examinant le fond du ravin, on voit que ces murailles n’ont pas de pied et reposent sur des marnes gréseuses avec Micraster brevis ; le contact se fait par un « miroir » presque horizontal. 11 y a donc là un exemple de poussée que la situation verticale des murailles calcaires rend assez étrange. Cet accident est représenté sur la figure ci-dessous : Fia. 9. . Calcaire compact noirâtre Urgo-Aptien. . Marnes bleu foncé du Gault avec bancs calcaires. . Calcaires gréseux à Caprines, divers Rudistes et Orbitolina concava. . Marnes et calcaires marneux bleus, schisteux à la base, en petits lits alter- nants. Cénomanien. . Calcaire à Hippurites (H. petrocoriensis). . Calcaire marneux. . Calcaire à Hippuriles (H. gosaviensis). . Marnes bleues à Micraster brevis (Sénonien). & 2e D D I O 0 Le temps a manqué pour s'arrêter au gisement de la Viallasse, où M. Roussel a rencontré l’Hippurites corbaricus : on a pu toutefois constater que les blocs calcaires désagrégés où se rencontrent les Hippurites se trouvent à une notable distance au-dessus de la base des marnes sénoniennes. M. Bertrand a rappelé que la Société avait pu observer dans le Jura, il y a quelques années, des accidents identiques à celui du Mas. Il a ensuite demandé à M. Carez si les bancs de poudingues 518 L. CAREZ. — COURSE DU 14 SEPTEMBRE 1892 observés à l'Est de Rennes-le-Château ne devraient pas être attri- bués à l’étage des Calcaires lithographiques plutôt qu'à celui des Marnes rouges inférieures. Pour la boutonnière de la Sals, les bancs à Rudistes observés entre le Trias et le Cénomanien n’appartien- draient-ils pas au Gault, comme on l’a reconnu dans l’ouest des Pyrénées, plutôt qu’à l’Urgonien ? M. Carez répond qu’il n’a pas attaché d'importance particulière au banc de conglomérat qui se voit au contact du calcaire lithogra- phique, des couches semblables existant à différents niveaux dans les argiles rouges inférieures ou supérieures au calcaire lithogra- phique. Il s’est borné à séparer sur la carte cette dernière assise parce qu’elle est très importante au point de vue du relief du sol ; les caractères lithologiques sont d’ailleurs les seuls dont on puisse se servir pour faire des divisions dans ces assises, car la sédimenta- tion est continue et les fossiles y font défaut. Quant aux calcaires blancs de la source salée, rien ne permet de les séparer de ceux de la chaîne de Saint-Antoine, qui sont inférieurs au Gault d’une manière indubitable. Quelle que soit d’ailleurs la solution adoptée en ce qui concerne l’âge de ces calcaires, il existe toujours une lacune dans la série de la source salée; d'après M. Carez, elle correspondrait au Gault, tandis qu’en admettant l'hypothèse de M. Bertrand, ce serait l'Urgo-aptien qui ferait défaut. M. Bertrand ajoute que la découverte du Cénomanien au pied du Pic de Bugarach vient confirmer définitivement l’hypothèse proposée par M. Carez pour expliquer la structure. de cette mon- tagne. La discordance mécanique entre la masse de recouvrement et les couches recouvertes constitue une différence qu’il y a lieu de noter avec les coupes des plis couchés de la Provence. L'existence de Caprines au pied du Pic de Bugarach ne cons- titue pas, d’ailleurs, un argument suffisant pour faire attribuer au Cénomanien toutes les marnes des environs de Lauzadel, qui sem- blent au contraire en grande partie sénoniennes. M. de Grossouvre pense qu’il pourrait exister dans les marnes voisines du Pic de Bugarach des couches représentant le Gault. II présente ensuite quelques observations sur le gisement des cristaux de quartz bipyramidé dans la région. Sans nier d’une manière absolue que les terrains de la source salée puissent être triasiques, il fait observer que, si l’on se reporte aux coupes données par M. Roussel, il existe plus à l’Est des marnes L. CAREZ. — COURSE DU 14 SEPTEMBRE 1892 519 rouges à quartz bipyramidé intercalées entre le Jurassique et le Crétacé. Il rappelle qu’en descendant du Pic de Bugarach, il a montré à plusieurs de ses confrères des blocs de grès à Orbitolines renfer- mant en abondance des cristaux de quartz bipyramidé bien intact et bien frais; on ne peut donc supposer qu’ils aient subi un long transfert et par suite qu’ils aient pu être empruntés aux couches triasiques situées sur la bordure du bassin de sédimentation. En effet, les assises cénomaniennes du pli couché viennent d’une région plus méridionale dans laquelle le Trias n’est pas connu ou, en tout cas, est masqué par le Jurassique et le Gault. Il semble donc bien établi par les observations précédentes que tous les gisements de quartz bypyramidé ne sont pas triasiques. M. Bertrand fait remarquer que le faciès des marnes rouges avec quartz bipyramidé ne s’observe jamais que lorsque le Cénoma- nien affleure au centre d’un pli anticlinal, là par conséquent où il se trouve amené en contact avec des roches d’âge différent. M. Zürcher constate qu'il existe une ressemblance frappante entre les roches de la Sals et le Trias authentique de la Provence. M. Ficheur note, au contraire, d'importantes différences avec les gypses d'Algérie, dont l’âge n’est pas triasique. M. Wohlgemuth pense que la présence de schistes anciens au centre de la boutonnière de la Sals constitue une présomption en faveur de l’âge triasique des marnes rouges adjacentes. Le sel semble venir de ces marnes, dont l'épaisseur doit être assez considérable. M. Carez, répondant à M. de Grossouvre, dit que le Trias pré- sente une grande extension horizontale dans la région : si, des sources de la Sals, on se dirige vers l'Est, dans la direction de Tuchan, on voit les couches qu'il rapporte au Trias passer sous le Lias, qui vient s’intercaler entre les roches salifères et la série crétacée ; leur âge ne saurait être douteux. Il est à noter d’ailleurs que plusieurs des espèces signalées comme cénomaniennes aux sources de la Sals par M. Roussel, appartiennent réellement à l’Urgo-Aptien. Enfin, il n’est pas exact de dire que le Trias n’est pas connu dans la région du pli couché de Bugarach; on le voit très développé à Campeau, au sud du Pie, et les quartz bipyramidés y abondent. Il n’est pas douteux, d’après lui, que les quartz, très rares d’ailleurs, recueillis dans le Cénomanien, ne soient remaniés du Trias,. 520 M. BERTRAND. — OBSERVATIONS M. Bertrand fait remarquer la grande ressemblance de la série sénonienne des Corbières avec celle de la Provence, examinée l’année précédente par la Société; ce sont de part et d’autre, pen- dant tout le temps de l’établissement du régime marin, les mêmes alternances de marnes micacées, de calcaires gréseux et de grès plus ou moins grossiers avec des bancs souvent lenticulaires de calcaires à Hippurites. Le parallélisme qui s'offre naturellement à l’esprit, au premier examen, est de faire correspondre la barre supérieure de la Mon- tagne des Cornes à la barre de la Cadière, et les grès d’Alet à la série saumâtre de Fuveau; c’est la solution qu’a soutenue en der- nier lieu M. Toucas. Mais l'étude des Rudistes, faite par M. Douvillé, et celle des Ammonites, dont M. de Grossouvre nous a montré le gisement, viennent contredire cette opinion. L’Ammonites polyopsis, associé, comme au Beausset, à la Lima galloprovincialis (Lima ovata des auteurs), se trouve bien au-dessous de la barre hippuritique supérieure, qui pourrait ainsi fort bien être campanienne, ainsi que le prétend M. Toucas, tandis que celle de la Cadière, malgré l’analogie de faciès des faunes, resterait san- tonienne. En d’autres termes, les mêmes conditions de dépôt marin, avec une faune de même nature (probablement transformée sur place), auraient continué à se produire dans les Corbières, alors que le régime lacustre était déjà établi en Provence. C’est de la même manière d’ailleurs que les termes supérieurs, qui sont encore lacustres dans les Corbières, s’entremèêlent, comme on sait, d’alter- nances marines dans la Haute-Garonne, pour devenir exclusive- ment marins à l’Ouest des Pyrénées. Ces passages latéraux sont la conséquence naturelle de l’exis- tence d’un golfe étroit ouvert vers l'Atlantique. Quoique les bords de ce golfe aient pu momentanément reculer plus ou moins loin dans la vallée du Rhône ou du côté de l'Espagne, il n’en a pas moins formé pendant tout le Crétacé supérieur une province géo- graphique bien définie et étroitement limitée. La grande analogie des dépôts au point de vue lithologique et l’émersion progressive à partir du fond du golfe s'expliquent ainsi sans difficulté. Les mêmes analogies se retrouvent pour la série lacustre : les premières marnes rouges et les brèches associées (qui ont fourni d’ailleurs un gros fragment d’os de reptile) correspondraient, avec une bien moins grande épaisseur, aux grès à reptiles de Fuveau, et le calcaire lithographique ne diffère que par l’absence de fossiles L. CAREZ. — COURSE DU 14 SEPTEMBRE 1892 D21 du calcaire de Rognac. Si l’on s’en rapportait à ces assimilations, la partie supérieure des argiles rouges garumniennes correspondrait aux argiles de Vitrolles, dont la carte géologique a fait en Provence la base du Tertiaire. M. de Grossouvre demande à M. Bertrand s’il croit à une communication directe entre le golfe crétacé supérieur de la Pro- vence et des Pyrénées et le bassin de Paris ? M. Bertrand pense que cette communication n’avait lieu que par l’Aquitaine, au moins pendant la période turonienne. M. de Grossouvre qui, dans des travaux précédents, avait nié l'existence du Campanien marin dans la région des Corbières, déclare revenir sur cette opinion, à la suite d'observations qu'il vient de faire : il y aurait réellement, dans la région, des couches marines correspondant à la base des couches à bélemnites d bassin de Paris. À propos de l'assimilation avec les couches du bassin de Paris. M. Carez fait observer que les quelques bélemnites signalées à la Montagne des Cornes ont été recueillies par des personnes sans instruction géologique : on ne connaît rien de précis sur le gise- ment de ces fossiles. M. Carez croit que le moment n’est pas encore venu d'établir un parallélisme de détail entre les deux séries de dépôts. Pour la Haute-Garonne, le synchronisme suivant lui paraît au contraire définitivement établi : HAUTE-GARONNE AUDE Calcaires à Milioles Calcaires à Milioles Calcaires blancs à Micraster tercensis Marnes rouges supérieures. et sables. Calcaire lithographique. Calcaire lithographique. Calcaire blanc à Hemipneustes et Marnes rouges inférieures. Orbitolites. Calcaire nankin. Grès d’Alet. Marnes bleues à Echinocorys et Ostrea Marnes bleues à Micraster. proboscidea. Une discussion à ce sujet s'engage ensuite entre MM. Carez, de Grossouvre et Bertrand. La séance est levée à dix heures. XX 34 522 L. CAREZ. — COURSE DU 15 SEPTEMBRE 1892 Séance du 16 Septembre 1892, à Quillan. PRÉSIDENCE DE M. CAREZ, PUIS DE M. FICHEUR. La séance est ouverte à neuf heures du soir, dans l’une des salles de l'Hôtel des Pyrénées. M. Carez résume les observations faites dans la course de Cous- taussa et Alet, puis dans celle de Saint-Ferriol, Le Bézu et Saint- Louis. COURSE DU JEUDI 15 SEPTEMBRE Le jeudi 15, la Société s’est fait conduire en voiture sur la route de Rennes à Couiza, au-dessous de Coustaussa ; montant alors un peu à l'O. du village, on n’a pas tardé à rencontrer les marnes à Turri- telles qui occupent le fond du synclinal de Couiza. Ces couches renferment principalement des Turritelles, des Trochocyathus, des Operculines et des Nummulites; elles appartiennent à l’'Éocène inférieur ou moyen, sans que leur position précise dans la série ait pu jusqu’à présent être établie avec certitude. Les comparaisons avec les régions classiques sont en effet rendues très difficiles par suite de l’absence d'espèces communes. Ense portant au Nord, la Société a vu successivement(pl. XV, fig.1) 4° Une assise calcaréo-gréseuse avec bancs à Cérithes à la base (n° 18). 20 Une épaisse série de marnes rougeâtres ou jaunâtres avec bancs de conglomérats (n° 17). 30 Le calcaire à Milioles, présentant auprès de Luc, à sa partie supérieure, une petite zone lacustre (n° 16). 4 Les marnes rouges supérieures (n° 45). 5 Le calcaire lithographique (n° 14). 6° Les marnes rouges inférieures avec le banc de conglomérats déjà vu vers Rennes-le-Château (n° 13). 7° Le grès d’Alet (n° 12). Un peu avant le village d’Alet, apparaît le Primaire, en contact avec le grès d’Alet. L’après-midi a été consacrée à l'étude des couches crétacées supé- rieures et tertiaires de la rive gauche de l'Aude, ainsi que de la faille qui limite au Nord le massif primaire des Corbières et se poursuit à l'Ouest jusqu’au delà du ruisseau de Roquetaillade. che L. CAREZ. — COURSE DU 16 SEPTEMBRE 1892 523 En passant à Couiza, la Société s’est arrêtée quelques instants chez M. Gabelle et a examiné avec grand intérêt la collection locale réunie par cet habile chercheur ; elle s’est ensuite rendue à Quillan en voiture. COURSE DU VENDREDI 16 SEPTEMBRE Partis de Quillan par la route de Limoux, les membres de la Société ont bientôt tourné à droite pour prendre le chemin de Laval, puis celui de Saint-Ferriol. Cette première partie de la course a fait traverser le Gault, qui constitue tout le fond du bassin de Quillan ; on n’y a pas rencontré de fossiles, mais vers la base, on voit apparaître quelques bancs calcaires remplis de Polypiers, puis une masse calcaire plus continue qui constitue la partie supérieure de l’Urgo-aptien, ren versée sur le Gault. Au village même de Saint-Ferriol passe une faille importante, prolongement de celle du Mas, qui met en contact le Gault au Sud 1. Calcaire Urgo-Aptien? — 2. Marnes schisteuses noires du Gault (et de l’Urgo- Aptien ?). — 3. Calcaire lithographique. — 4. Marnes rouges supérieures. — 5. Calcaires à Milioles. — 6. Marnes à Micraster. — 7. Grès d’Alet. avec le Garumnien au Nord; cette faille, exagération du pli du Bézu, joue un rôle très important dans la structure de la région. La coupe ci-contre (fig. 10) passant par le point culminant à Fic. 11. Fig. 12. 1. Urgo-aptien. — 2. Marnes rouges inférieures. — 3. Calcaire lithographique. — 4. Marnes rouges supérieures. — 5. Calcaires à Milioles. D24 L. CAREZ. — COURSE DU 16 SEPTEMBRE 1892 l’ouest de Saint-Ferriol, montre l'allure de cette faille dans laquelle sont tombés des lambeaux de Sénonien et de grès d’Alet. Les figures 11 et 12 font voir les plissements du calcaire lithogra- phique, occasionnés par cette même faille sur la rive gauche de l’Aude, la première sur le bord même de la vallée, la deuxième un peu plus à l'Ouest. Après avoir suivi quelque temps les couches garumniennes, on est arrivé auprès du Bézu où l’on a pu constater le renversement des calcaires turoniens sur les marnes à Micraster, du côté Nord du pli, ainsi que l'apparition des argiles rouge-brun à quartz bipyra- midé du Trias. Fi. 13. . Trias. Marnes rouge-brun à quartz bipyramidé et gypse. . Calcaires compacts urgo-aptiens avec Rhynchonelles, Polypiers, Oursins, etc. . Marnes noires du Gault. . Banc calcaire. Marnes noires du Gault. . Calcaire gréseux à Caprines, Cénomanien. OR CO 20 = ns e 7. Calcaire turonien à Hippurites pelrocoriensis, H. resectus. 8. Marnes sénoniennes à Micraster brevis. 9. Grès d’Alet. & 10. Marnes rouges inférieures. | = 11. Calcaire lithographique. l = Bien que la forme et la situation de certains affleurements de ces couches soient assez difficiles à expliquer, il a semblé à la Société qu’elles devaient être rapportées avec certitude au Trias et qu’elles marquaient l’axe de l’anticlinal du Bézu. Il est à noter que cet axe ne coïncide pas avec la partie médiane de la vallée, mais se trouve rejeté contre son flanc nord. Une carrière de gypse de mauvaise qualité a été ouverte dans le Trias près de la Jacotte ; il est directement recouvert par le Gault. La Société est ensuite descendue le long du ravin du Mas pour constater l’existence en ce point du Cénomanien fossilifère ; puis elle est remontée vers Sabourau en traversant d’abord le Gault, puis une voûte d’Urgonien et de nouveau le Gault incliné au Sud (fig. 9, p. 517). En rejoignant le chemin qui se dirige vers Saint-Louis, on a pu L. CAREZ. — COURSE DU 16 SEPTEMBRE 1892 525 recueillir dans les marnes albiennes un très grand nombre d’'Huitres atteignant une taille colossale (0. sinuata Sow.), ainsi que quelques autres fossiles, Huîtres, Ammonites, etc. La crête qui sépare la vallée du Bézu de celle de Saint-Louis est formée par un calcaire gréseux cénomanien incliné au Sud ; il ren- ferme quelques Caprines. Au-dessus, dans la direction de Saint- Louis, on ne voit qu’une longue série de marnes bleues à peine interrompue par quelques bancs gréseux ; cette série représente le Turonien et le Sénonien, sans que la séparation de ces deux étages ait été faite jusqu'à présent. Les bancs calcaires à Hippurites que l’on peut suivre jusque vers Lauzadel cessent à peu de distance à l’ouest du ruisseau la Blanque. La Société a examiné ensuite, auprès de la métairie de Benazet, un point où l’on voit un banc gréseux à Hippurites, et à côté des blocs avec Caprines. Ce gisement anormal des Caprines, dont la découverte est due à M. Roussel, a donné lieu à diverses interpré- tations ; l'explication qui paraît la plus vraisemblable est celle qui a été proposée par M. Bertrand. Le calcaire à Caprines, qui ne forme pas une couche, mais se réduit au contraire à quelques blocs isolés, serait un témoin de l’ancienne extensidn du recouvrement auquel est dû le Pic de Bugarach. Une étude détaillée des environs est nécessaire pour que l’on puisse formuler à cet égard une conclusion définitive, mais il paraît bien certain que les Hippurites et les Caprines n’existent pas dans le même banc. La Société a ensuite cheminé dans des marnes bleues en se diri- geant sur Parahou, puis vers le col de Saint-Louis. La très grande rareté des fossiles n'a pas permis jusqu’à présent de diviser cet ensemble très puissant et dont une partie au moins appartient au Sénonien. En arrivant au col, la Société a vu quelques grès qui pourraient représenter le Cénomanien, puis des calcaires en plaquettes inter- calés de marnes rouges et de cargneules : c’est l’Infralias, qui est ici fossilifère. Des calcaires sans fossiles viennent au-dessus, puis des dolomies noires et des calcaires, et enfin un calcaire encore foncé mais devenant de plus en plus clair : c’est l’Urgo-aptien, qui cons- titue la majeure partie du sol de la Forêt des Fanges (PI. XIV, fig. 1). En descendant au Sud, on voit que l’Urgo-aptien n’est pas tou- jours composé de calcaires compacts, mais qu’il est en partie formé de calcaires marneux et de grès à Orbitolines intercalés dans les calcaires auxquels ils passent latéralement. Enfin, un peu avant de rejoindre la route de La Pradelle à Quillan, on trouve les marnes noires du Gault. 526 L. CAREZ. — COURSE DU 16 SEPTEMBRE 1892 L'obscurité a empêché de bien voir les gorges de Pierre-Lys, qui sont formées par une voûte très aiguë d'Urgo-Aptien semblable à celui de la forêt des Fanges, c’est-à-dire constitué par des calcaires compacts entremêlés de marnes et de quelques grès. Un peu avant Belvianes, on retrouve le Gault qui se continue jusqu’à Quillan. M. Bertrand demande à faire quelques réserves au sujet du nom d'Urgonien appliqué par M. Carez aux couches vues en descen- dant de la forêt des Fanges. Ce terme est généralement appliqué, aujourd’hui, à un faciès, et non plus à un étage : son emploi serait justifié s’il ne s'agissait que de calcaires à Rudistes analogues à ceux d'Orgon ; mais quand il y a aussi, comme dans le cas actuel, des intercalations marneuses, la dénomination d’Urgonien doit être évitée. M. Carez fait remarquer que c’est là une simple question de nomenclature. En ce qui le concerne personnellement, il croit d’ailleurs que l’Urgonien est un étage parfaitement défini, dont rien ne justifie la suppression; il ne voit pas, en outre, par quel terme on pourrait le remplacer. Ce ne pourrait être par le nom de Barrèmien, qui s'applique à un faciès à Ammonites tout à fait inconnu dans la région pyrénéenne. D'ailleurs, il a employé le mot d’Urgonien sans y attacher d'importance et croit préférable de lui substituer celui d’'Urgo-Aptien, qui s'applique très bien aux terrains considérés. M. Carez donne ensuite quelques renseignements sur la course que la Société doit faire aux gorges de Saint-Georges, Gesse, Ourthizet et Marsa. La séance est levée à neuf heures et demie. Séance du 19 Septembre 1892, à Saint-Paul de Fenouillet. PRÉSIDENCE DE M. CAREZ. La séance est ouverte à six heures du soir, dans le salon de l’Hôtel Saint-Pierre. M. Carez rend compte des trois dernières excursions de la Société (Marsa, Lesquerde et Ansignan, Cubières et Saint-Antoine- de-Galamus). L. CAREZ. — COURSE DU 17 SEPTEMBRE 1892 527 COURSE DU SAMEDI 17 SEPTEMBRE En partant de Quillan à cinq heures du matin, la Société a traversé de nouveau les gorges de Pierre-Lys, puis s’est dirigée vers Axat. Un peu après la bifurcation de la route de Saint - Paul, on a pu voir une voûte formée par les bancs durs de la partie inférieure du Gault; ce dernier se poursuit jusqu’à l’entrée des gorges de Saint-Georges, lesquelles sont creusées dans un calcaire gris ou cristallin blanc, quelquefois bréchoïde, qui appartient au Lias. Le contact entre le Lias et le Gault se fait au moyen d’une faille oblique qui amène le premier de ces terrains en recouvrement sur le second. La figure 14 montre cette superposition anormale à l’entrée des Gorges de Saint-Georges. Fi. 14. 1. Gault. — 2. Lias. Vers Gesse, le Lias fait place à des terrains très différents ; ce sont des calcschistes verdâtres ou rouges qui doivent certainement être rapportés au Primaire (Dévonien ?). Un peu avant d'arriver au ruis- seau de Campagna-de-Sault, on voit des conglomérats et des schistes ardoisiers ( Silurien ? ) presque verticaux, mais pourtant un peu inclinés vers le Sud. Si l'attribution au Dévonien et au Silurien indiquée ci-dessus est exacte, il y aurait un léger renver- sement vers le Nord (1). En remontant le ruisseau jusqu’au village de Campagna, on reste dans les mêmes schistes qui sont exploités un peu au nord du village dans une petite carrière ; entre le village et la carrière, on trouve de puissantes assises de conglomérats. (1) Voir à ce sujet la communication de M. Roussel, ci-après, p. 536, 528 L. CAREZ. — COURSE DU 18 SEPTEMBRE 1892 En continuant à monter le col de Crampel, on voit les schistes devenir plus calcaires et renfermer alors des fossiles assez abondants, mais en très mauvais état; ce sont surtout des Orthocères. Descendant alors de ce point sur Aunat, laSociété a d’abord traversé une forêt qui ne permet pas de voir la succession et qui repose évidemment sur les calcschistes reconnus antérieurement auprès de Gesse. Ces couches sont directement recouvertes par les calcaires jurassiques qui occupent le fond d’un petit synclinal,mais ne tardent pas à faire place de nouveau à des schistes primaires occupant un certain espace au sud d’Aunat. Enfin le calcaire jurassique paraît de nouveau à quelques kilomètres avant le village. En quittant Aunat, la Société s’est dirigée vers l'Est et a cheminé quelques instants sur des calcaires dolomitiques noirs appartenant encore au Jurassique ; puis presque aussitôt est apparu un nouvel affleurement de schistes primaires traversés par de nombreux filons de pegmatite : le village de Bessède est construit sur cet affleure- ment. Après avoir constaté l’existence des fossiles du Lias moyen dans un grès marneux jaune, les membres de la Société sont descendus vers Labeau, et ont examiné la superposition du Lias sur le Gault, bien visible un peu au sud du hameau de Labeau (fig. 15). APUTAS 7 AGaulr La faille qui a occasionné ce phénomène est la même que celle qui a été traversée le matin à l'entrée des gorges de Saint-Georges. La Société a ensuite regagné les voitures à Marsa et s’est rendue à Saint-Paul-de-Fenouillet en cheminant constamment sur le Gault. COURSE DU 18 SEPTEMBRE La course du 18 septembre a d’abord fait traverser, au pont de la Foux, la crète calcaire urgonienne qui limite au Sud la vallée de Saint-Paul-de-Fenouillet. Une petite faille oblique semble en ce L. CAREZ. — COURSE DU 18 SEPTEMBRE 1892 529 point faire passer le calcaire au-dessus des marnes du Gault (fig. 16); mais cet accident, tout local, n’a d’autre résultat que de faire disparaître quelques-unes des couches les plus inférieures du Gault, sans que la succession visible en un si grand nombre d’autres points puisse être révoquée en doute. FiG. 16. 4. Schistes cristallins. —2, Calcaire urgo-aptien. — 3. Marnes noires du Gault. Le calcaire occupe une centaine de mètres, et une nouvelle faille fait apparaître les schistes cristallins ; plusieurs sources thermales prennent naissance en ce point. La coupe de l’Urgo-aptien est beaucoup plus intéressante le long de la route de Fenouillet à Caudiès de Saint-Paul; on y voit (fig. 17): Fi. 17. N D.de Laval 3157 * . Schistes cristallins. . Calcaire compact gris. Jurassique. . Marnes noires du Gault. . Calcaire compact gris-clair, avec très nombreux fossiles à test noir, visibles seulement en coupe. Toucasia?, Ostrea, etc. . Calcaires plus ou moins marneux avec très nombreux petits fossiles, Janira, ete. A la partie supérieure : Orbitolina conoïdea et discoidea, grosses Ostreu, etc. . Calcaire dur formant une crête secondaire, avec Terebratula. . Marnes noires du Gault, avec quelques bancs plus calcaires et résistants. — Polypiers dans les bancs durs. w RU URGO-APTIEN IQ La Société a suivi alors la rive droite de l’Agly, qui coule dans les schistes cristallins (gneiss) traversés par de nombreux filons de granite et de pegmatite. Ces schistes se continuent au Sud jusqu’au 530 L. CAREZ. — COURSE DU 18 SEPTEMBRE 1892 delà d’Ansignan, mais sur le chemin on rencontre deux affleure- ments de terrains différents pincés entre des murailles verticales de gneiss. Le premier au Sud (fig. 18), est formé d’une brèche- conglomérat presque entièrement calcaire, bien que contenant aussi quelques débris de gneiss et quelques galets de quartz; le F ++ He PAPAS M NE RE à + LR 0 re PO + Lo ++tt ++ + + + + + + 1. Schistes cristallins. — 2. Calcaires et brèches du Lias. deuxième, qui se prolonge à l'Ouest jusque vers Fosses, est cons- titué par un calcaire en petits bancs qui rappelle l’Infralias; on y a rencontré une Bélemnite. Ces deux lambeaux doivent être attribués soit au Trias, soit plutôt au Jurassique, et être considérés comme occupant la partie médiane de synclinaux très-aigus. La Société a ensuite visité la carrière de plâtre dite du Pont de la Foux et a pu y recueillir quelques quartz bipyramidés ; ce gisement occupe un anticlinal dont les côtés sont formés par des calcaires en plaquettes accompagnés de cargneules et ayant l’aspect habituel de l’Infralias (fig. 19). Fig. 19. 1. Trias. — 2. Jurassique. — 3. Schistes cristallins. Prenant alors la route de Lesquerde, on est bientôt arrivé à une exploitation de minerai de fer ; le filon dans lequel cette carrière est ouverte se poursuit à l'Est, et affleure au milieu des cargneules triasiques, qu’il semble avoir traversées. Mais la Société n’a vu aucun L. CAREZ. — COURSE DU 19 SEPTEMBRE 1892 531 affleurement de granite et par conséquent aucun phénomène de métamorphisme occasionné par cette roche éruptive. Le Trias, formé de cargneules, a d’ailleurs les caractères qui lui sont habituels. Quant à l'Urgo-aptien qui se trouve en certains points au contact du filon de fer, il n’a pas subi la moindre altération. Après avoir passé la crête urgo-aptienne au col de Lesquerde, la Société a retrouvé les marnes du Gault et est rentrée à Saint-Paul- de-Fenouillet. M. Bertrand fait remarquer que les brèches calcaires vues le long de l’Agly, près de Saint-Arnac et d’Ansignan, présenteraient un faciès bien insolite du Trias dans la région, et que ce faciès se trouverait bien rapproché du faciès normal, représenté par les marnes et gypses que M. Carez a ensuite montrées au sud du Pont-de-la-Foux. Au-dessus de ces gypses venait une série de bancs bien lités, tout à fait semblables à l’Infralias de Provence, et dans les éboulis de l’escarpement voisin, formé par les calcaires superposés (prolongation de ceux où M. Ficheur a trouvé une Bélemnite) on a vu des morceaux de brèche identique à celle d’Ansi- gnan. Il demande s’il n’y aurait pas là une raison pour rapporter toutes les brèches au Jurassique. Pour le filon de quartz et d’hématite de Lesquerde, M. Bertrand, en suivant le pied des éboulis, a vu très nettement les ramifications de ce filon alterner avec les bancs de cargneules en place. On a vu de loin que ce filon semblait s'arrêter avant la muraille urgonienne; il y aurait peut-être moyen de préciser plus exactement l’âge de ce filon, qui est certainement postérieur au Trias. Ce sont sans doute ces pénétrations de quartz filonien dans le Trias et peut-être dans le Jurassique qui ont donné lieu à l’opinion d’une pénétration du granite dans ces terrains. COURSE DU 19 SEPTEMBRE Après s'être rendus en voiture à Prugnanes, les membres de la Société ont commencé l'ascension du Roc Paradet. Ils ont bientôt quitté le Gault pour pénétrer dans les calcaires urgoniens qui, à leur partie supérieure, sont encore entremèêlés de quelques marnes. Des traces de fossiles sont très abondantes dans cet étage ; mais il n’a pas êté possible de détacher de la roche autre chose que des Orbitolines. L’épaisseur de l’Urgonien est considérable ; puis apparaissent des calcaires plus foncés avec quelques dolomies ; c’est le Jurassique, dans lequel on ne rencontre pas en ce point la zone fossilifère du 532 L. CAREZ. — COURSE DU 19 SEPTEMBRE 1892 Lias moyen. En descendant dans la dépression qui sépare le Roc Paradet du Pic de Chalabre, on voit des calcaires en plaquettes avec cargneules représentant l’Infralias, puis des argiles rouges triasiques ; quant au Pic de Chalabre, bien qu’il n’ait pas fourni de fossiles jusqu'à présent, il semble appartenir au Turonien, comme les autres lambeaux à situation anormale vers lesquels on s’est ensuite dirigé. Après avoir traversé une dépression occupée par les marnes bleues sénoniennes, les membres de la Société ont visité successi- vement les différents lambeaux calcaires qui se voient aux environs de Camps et de Cubières et qui ont été décrits par M. Carez. On a pu y recueillir d’assez nombreuses Hippurites, et constater que le contact des calcaires et des marnes sous-jacentes se faisait suivant des plans dont la direction est très différente de celle du plongement des couches sénoniennes. Le premier lambeau visité est le plus occidental ; il repose par une surface sensiblement horizontale sur les marnes sénoniennes très fortement inclinées au Sud ; le deuxième, sur lequel est édifié le village de Camps, se présente à peu près dans les mêmes condi- tions. Le troisième, figuré ci-contre d’après une photographie (fig. 20), est incliné au Nord et repose sur le Sénonien incliné d’en- viron 50° au Sud comme le montrent les bancs de grès qu’il ren- ferme. La discordance est des plus nettes et le calcaire (1) est sur tout son pourtour posé sur les marnes (2). Il n’en est pas tout à fait de même du quatrième qui est repré- senté par sa face septentrionale sur la fig. 21. De ce côté, le calcaire paraît bien aussi tout à fait indépendant des marnes; il en est de mème encore sur les faces orientale et méridionale. Mais au S. O., L. CAREZ. — COURSE DU 19 SEPTEMBRE 1892 533 le calcaire semble s’incliner au Sud et passer sous les marnes que rien ne permet de séparer des assises sénoniennes. Bien que ce point spécial soit jusqu’à présent inexpliqué, il est difficile de ne pas admettre que les lambeaux calcaires de Camps et de Cubières sont turoniens et reposent sur le Sénonien ; ce sont les témoins de l’extension orientale du pli couché qui a produit les phénomènes constatés les jours précédents au pic de Bugarach et dans les environs de Saint-Louis. Il est à remarquer toutefois qu'aucune des Hippurites recueillies dans ces différents lambeaux n’a pu jusqu’à présent être déterminée, et que leur àge turonien n’est par suite pas absolument démontré. Après avoir visité le gisement d’Hippurites corbaricus qui se trouve entre Camps et Cubières, la Société est descendue à ce dernier village. L’après-midi a été occupée à se rendre de Cubières à Saint-Paul- de-Fenouillet par la nouvelle route ouverte dans les gorges de Saint-Antoine-de-Galamus. Entre Cubières et l’entrée des gorges, on voit une série de marnes bleues avec quelques bancs calcaires ou gréseux, présentant une inclinaison constante au Sud. Les premières assises sous le village de Cubières appartenant au Sénonien à Micraster brevis, il paraîtrait que tout l’ensemble dût être sénonien; or, à quelque distance du village, on voit des Caprines en abondance. Le retour du Cénoma- nien nécessite l’existence d’une faille ou d’un pli couché ; mais l’accident qui a produit cette succession anormale n’a pu être suivi au milieu de ces masses de marnes le plus souvent sans fossiles. On est ensuite entré dans la gorge ; après quelques marnes de couleurs diverses qui pourraient peut-être indiquer le Trias, on a vu des calcaires en plaquettes avec cargneules, représentant l’Infralias ; puis vient une longue série de calcaires, généralement de couleur foncée, qui présentent des contournements et des plisse- ments des plus compliqués. Il est impossible d’y voir aucune ligne de démarcation, et pourtant, en approchant de la sortie du défilé, vers l’ermitage de Saint-Antoine, on aperçoit de nombreuses coupes de Rudistes indiquant que l’on se trouve dans l’Urgo-aptien. L’uni- formité d'aspect de ces calcaires, l’absence de toute couche mar- neuse, sont des points importants à noter. A la sortie des gorges, du côté de Saint-Paul, on a recueilli un certain nombre de fossiles (Cidaris, Rhynchonelles, etc.) dans une couche grumeleuse formant la limite de l’Urgonien et du Gault; c’est cette couche qui a fourni à très peu de distance l'Horiopleura Lambert. 534 L. CAREZ. — COURSE DU 19 SEPTEMBRE 1892 En descendant vers Saint-Paul, on marche constamment sur les marnes du Gault, dans lesquelles la Société a pu recueillir quel- ques Ammonites à 100 mètres environ de la base des marnes. M. Bertrand présente quelques observations sur les difficultés qui restent à éclaircir au sujet de la situation des lambeaux à Hippurites de Camps et de Cubières. Les deux premiers lambeaux à l'Ouest sont certainement superposés au Sénonien ; M. Carez a montré deux points où les calcaires horizontaux arrivent presque au contact de grès très inclinés; en d’autres points, au contraire, la superposition paraît normale et il semble même y avoir passage graduel aux assises sous-jacentes. L’apparence générale serait bien celle des lambeaux de recou- vrement ; il faut pourtant se souvenir que, d’après une ancienne observation de M. Carez, l’Urgonien à Orbitolines se trouverait à la base du plus occidental de ces lambeaux, et que, par consé- quent, les couches n’y seraient pas renversées. Pour le troisième massif, le plus oriental, celui que traverse l’Agly, la disposition, comme l’a fait remarquer M. Carez, est toute différente. Ce massif se termine par un escarpement vertical, qui semblerait indiquer une faille, et il plonge au Sud sous les couches à Micraster, qui viennent successivement au contact des divers bancs d’Hippurites comme par un recouvrement transgressif. Pour attribuer à ce massif la même origine qu’aux précédents, il faudrait supposer qu’une partie de la nappe de recouvrement, primitivement horizontale, ait été là pincée dans un synclinal postérieur, couché vers le Nord. Rien, dans les autres faits observés, n’autorise cette explication compliquée, et il semble plus naturel de rattacher ce troisième lambeau à l’anticlinal dont les couches à Caprines, rencontrées à la sortie de Cubières, nous ont montré l’existence. On comprend mal seulement comment ces trois lambeaux, composés de couches si semblables entre elles et si différentes de tout ce qui les entoure, ont pu être amenés juste en face l’un de l’autre par des causes aussi dissemblables. Il y a là évidemment un point qui demande de nouvelles recherches. M. Carez n’a pas pu retrouver, malgré des recherches assidues, les Orbitolines qu’il avait vues lors de son premier voyage à Camps; aussi serait-il disposé à croire que le bloc dans lequel il avait recueilli ces fossiles avait été apporté accidentellement en ce point. Il rappelle qu’il a ramassé des Micraster brevis en plusieurs endroits, L. CAREZ. — COURSE DU 19 SEPTEMBRE 1892 539 entre les lambeaux calcaires et la chaîne de Saint-Antoine; le Cénomanien découvert au sud de Cubières n’a donc qu’une faible extension. M. Ficheur déclare que la superposition directe ne lui a pas paru aussi nette, le long de la coupure de l’Agly, que sur le bord des lambeaux, où elle est évidente. M. Bertrand, au nom des membres de la Société, remercie M. Carez des courses et des explications qui ont rendu la session si intéressante à tous égards; il le félicite des progrès importants qu’il a fait faire à la géologie des Corbières et de la partie adjacente des Pyrénées, en insistant notamment sur l’intérêt que présente la découverte du pli couché de Bugarach, au point de vue de l’inter- prétation de la structure générale du pays. Après avoir remercié à son tour la Société, en exprimant le plaisir qu’il a éprouvé à conduire ses collègues sur le terrain des recherches qu’il poursuit depuis une dizaine d'années, M. Carez prononce la clôture de la réunion extraordinaire de 1892. La séance est levée à six heures et demie. 996 NOTE SUR LE PRIMAIRE DE CAMPAGNA-DE-SAULT par M. Joseph ROUSSEL Dans les environs de Campagna-de-Sault, existe une importante formation primaire disposée en plis anticlinaux. N S. Ruissean de Husson Campagua Tnt s\e f\sl Lu. Fe Campagna de Sault N S. ic d'Ourthizet Pic d'Insilic; Port de Païlhères ie Le PL u nn pan 3 AC 3 2h\ 28e? Lerrainc SecOnLAT ES On observe : . Schistes et poudingues; . Schistes avec lentilles de calcaire amygdalin et de calcaire à Orthocères ; . Dolomie, calcaire et schistes; . Calcaire à Goniatites et schistes a . Schistes noirs avec lentilles de calcaire à Orthocères du Silurien supérieur ; Schistes ardoisiers avec lentilles de calcaire et de poudingue. eV CGE Oo Les schistes ardoisiers 1 représentent le Silurien moyen, autrement dit Ordovicien ou Armoricain; car, en certains points des Pyrénées, ils en renferment la faune caractéristique. Ils alternent, à l’ardoi- sière de Campagna, avec de puissantes lentilles de calcaire et des poudingues à galets de schiste, de quartz et de gneiss (le granite n’y est point représenté). L’étage 2 est fossilifère : on y trouve principalement Orthoceras Bohemicum, Cardiola interrupta et Scyphocrinus elegans. Les plus beaux fossiles sont sur le sentier qui longe la rive gauche du ruis- seau de Campagna, en amont du village, près de l’ardoisière. J. ROUSSEL. — NOTE SUR LE PRIMAIRE DE CAMPAGNA-DE-SAULT 531 Le calcaire à Goniatites 3 existe à ce niveau dans les Pyrenées, en un grand nombre de points: c’est un fait nouveau. À Campagna, ce calcaire est bien caractérisé sur le bord de l’Aude et sur le che- min de Campagna à Fontanes, à 200 mètres au sud du pic coté 1861 m., situé à l'Ouest de celui d’Ourthizet ; il est sous forme de lentilles qui alternent avec des schistes. L’étage 4 n’a pas une composition constante. Tantôt il se pré- sente sous la forme d’une dolomie noire à l’air et rude au toucher ou sous celle d’un calcaire blanc à l’air et doux au toucher. Tantôt ces dolomies et ces calcaires passent à des schistes qu’on a de la peine à distinguer de ceux du Silurien ; car, comme ceux-ci, ils renferment des lentilles de calcaires et de poudingue à galets de schistes et de quartz. Les dolomies et les calcaires sont très déve- loppés sur les bords de l’Aude ; mais on les voit passer, par degrés, au schiste, lorsqu'on s’avance du côté de l'Ouest ; de telle sorte qu’à Campagna, sur la rive droite du ruisseau, il n’en reste dans l’aile sud du pli que quelques lentilles pour servir de repère. Dans l’aile nord de la ride, la dolomie se prolonge jusqu’à la rivière de Rebenty. Les dolomies et les calcaires se remplissent de tiges d’Encrines et de Fénestelles, notamment sur le chemin de Fontanes, à l’ardoisière, au Pic d’Ourthizet, au pic coté 1861 m., etc. Cet étage 4 représente, probablement, le Dévonien supérieur. L’étage 5, que j'attribue au Carbonifère, renferme de très impor- tantes lentilles de calcaire à Goniatites et quelques lentilles de calcaires à Orthocères. Ces derniers fossiles sont ordinairement empâtés et frustes. Cependant il est un point où l’on peut les recon- naître : on le trouve en suivant le sentier de la rive gauche du ruisseau de Campagna, à partir du confluent de ce ruisseau et de l'Aude, quelques pas après avoir passé la vieille masure qui existe en ce lieu. Il renferme des poudingues par endroits, notamment à Fontanes. . Les schistes 6 sont ceux qui, dans les Pyrénées, constituent la plus grande partie du Carbonifère. Ils sont le plus souvent accom- pagnés de poudingues à galets de schiste, de quartz et de gneiss. Sur les bords de l’Aude, les étages 3, 4, 5 et 6 sont seuls visibles. Pour trouver les étages 1 et 2, il faut aller jusqu’à Campagna. En ce lieu, les couches dévoniennes sont fortement déviées, les plis s’élargissent et le Silurien apparaît en masses puissantes sous le Dévonien. MONA UT" SL En" ETAT ‘rot UN EeR Hi # Li ML TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES CONTENUS DANS LES COMPTE-RENDUS SOMMAIRES GompnositionduBureauretidu Conseil 0.0.0. iurme eee enr MUNIER CHAEMAS EE EEPATIOCU ONE MER NL EN A EN ARE Micnez LÉVY. — Id I RO OMS HIDE EDR AS AUPPENNS pr AN RENE Pauz Caorrar. — Sur l’âge du rocher de Gibraltar.......,.,.......... BERGERON. — Présentation d'articles de M. l'abbé Jaime Almera........ Id. — Faits nouveaux observés dans le Rouergue et la Montagne NON SR RE A en AL Ca er Ne DEpéRET. — Sur les formations néogènes de l'Algérie et du sud-est de TA ETAN CE NN pa A ee UT CALE L LR ENS ana EE AU O CORRESPONDANCE. — Société statistique de l’Isère.......,.......,.....,., DE GROSSOUVRE. — Sur la Craie des Corbières...,.......,,....,........ P'ICAREZ = IPrésentationtd ouvrage tee ete rene Id. — Observations sur le Crétacé des Corbières..........,,..,.. DE GROSSOUVRE. — Observation sur une coupe à Bayeux.............. DE LAPPARENT. — Présentation d’une note....,........, ,..... ....... DOPDRUS = NODSERVATIONS ER AN CENT EPA CIN een. URL ee RER NPARCELEBERTRAND TU SL Ne ele een en letete Le ee le Dee sn ea ee TP DE LAPPARENT. — Observations sur un travail de M, Suess au sujet du compte-rendu géologique de l’expédition dirigée dans l’Afrique orientale par le comte Teleki.,...,........ HROUCAS AE Notersurile Berriasien- eee ects Le Eee nie GAUDRI Présentation douvrare NE EME Ri etes crerttie COTTEAU. — Id. PT RS RE re te PS Tee ete lee Douvizzé — Sur une Tissotia du Turonien moyen.....,..........,..,.. MUNIER=CHALMAS Observations EMA PSC RER PR CN. Douvizzé. — Considérations sur la classification des Bélemnites....,..., Munier-CHaALMAs. — Remarques au sujet de la note précédente....... DE LaPPARENT.— Réponse à M. Cayeux sur l’épithète de terrigène appli- quée à 14\Craie. none An tn nes el KüsTAN, — Réponse amune note de M STOUCAS EEE 2 eee ec MUNIER=CHATGMAS. —=\ObServVations eee NORME ER CR. SCHLUMBERGER. — Présentation d’une note............................ NCAREZ — Présentation d'OUVrATE. 2er En ee Mer eos OHABER =PrésentationtdiunenolLe re CPR ERP eneeecr LASNE. — Complément à sa communication de 1890 sur les terrains phos- phatés des environs de Doullens.........,.,.....,..,..:.. DE LAPPARENT. — ODSENVALIONS 06.0 else else ce le cesesece PAGES VIIL VIII XII XVI XVII XVII XIX XIX XXI XXII XXIIL XXIIL XXIV XXIV XXV XXVI XX VII XXIX XXIX XXX XXXI XXXI XXXII XXXII 540 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES SALVADOR CALDERON. — Observations à la note de M. G. Rolland sur l'his- toire géolorique TUiSaNaArAr.--. erer- rer Sruart-MENTEATH. — Sur le prétendu Albien et Précambrien des Bas- ses-PyrÉNÉES. Fete ce ces dennunidee LEBEScONTE. — Comparaison des couches siluriennes de Sillé-le-Guil- laume avec celles de Bretagne et de Normandie...... D. P. OExERT. — Réponse à la note précédente........ .............. DE GROSSOUVRE. — Sur les cloisons des Ammonites........,........... DE GROSSOUVRE. — Observation sur l'Ammonites procerus, auct........ J. LAMBERT. — Sur les Echinides des sables ferrugineux (Aptien) de Grandpre Ardennes) cree -c Here Roussez. — Sur l’âge de l’Hippurites corbaricus.........,.,........... GAREZ. —)ODSeLVALIDNS..- 20 - Mhememetre ere-crrec-creer creer DE LAPPARENT. — Observations sur une note de M. Bigot relative au granite du nord-ouest delJersey Mere Cru, J. BERGERON. — Présentation d’un article de M. Jaime Almera......... Munier-CHazMAs. — Communication relative à la partie nord du Plateau Central RER EE REA ANEPE EE C LENS Micuer LV = 10)SerRVALION EE RE EME ER ER CRE ire mere MuNIER CHALMAS. — nation relative à inc des phosphates de la Somme et à la formation de la Craie... Id. — Observations sur la Craie proprement dite........ DENAPPARENTS —— ODSERVAIONS FR --Reree -occke-errerc-r-Hhier eece Marcez BERTRAND. — Sur l’origine des poudingues de la Ciotat........ Hauc. — Communication sur quelques groupes d’Ammonilidés du Bajocien et sur leur répartition dans les zones qui consti- tuent cet élage.. MAO AR TRAIT AS CU DE GROSSOUVRE. — Sur le niveau de PHippurèies COTbATricus. ..... 7. KiLian. — Sur la présence dans les marnes valanginiennes à Hopliles Roubaudi du Diois, de Oxynoticeras heteropleurum, Neum. CDUDIR IN israel esesshe-cepets vie itehe7e CORRESPONDANCE. — Société Solo) du Norû ls TNA Tele Qt MarceLz BERTRAND. — Sur la continuité des plissements dans les bas- Sins détParis et deEondres mt A Eee. 0e DE LAuNAY. — Observations sur des plissements dans la mer Egée.... Tarpy. — Action de la pluie sur les calcaires et les phosphates de CHAUX RE ME Peer -Lercrreeceeeeceeher Peer CORRESPONDANCE. — Société géologique du Nord......... Se elec Ete DEPéRET. — Présentation d’une note et d’un Mémoire.................. MuniEr-CuaLMas. — Sur l'anticlinal de Beynes et sur la dôme de la MAUR MR NI RE RAS ete DozLzrus. — Observations. ds th IR LR Pt MER er ee DE GROSSOUVRE. — Sur one des ae use de chaux sédimentaires. CoRRESPONDANCE. — Société d'histoire naturelle de Toulouse........... MarcELLIN BouLe. — Présentation d’ouvrage............... FDP TOO Douvizzé. — Communication sur des Rudistes recueillis dans les cou- ches crétacées'des Corbières MEME Re meet L. Carez. — Observations... Re PAC CE ÉCOLOS DO Munier-CHALMAS. — Sur Panel denBeynes HP cercle G. Ramonp., — Dérivation des sources de la vallée d'Avre............. XXXII XXXVI XXXVII XXXIX XXXIX XLI XLII XLIII XLIIT XLIV XLV XLV XLVII XLVII XLIX L LI LIT LIV LV LVI LVII LXVI LXVI LXVII LXIX LXXI LXXIV LXX VII LXX VIII LXX VII LXXIX LXXXI LXXXI LXXXII DES COMPTES-RENDUS SOMMAIRES 541 MUuNIER=-CHALMAS, — Observations. ..…....2...4LiLe.ehr Diner LXXXIIL Toucas. — Sur l’âge de l’Hippuriles corbaricus. A MAIRE AE CAE ME LXXXIV Douvizzé. — Observations....... D AIS PHBASE DHEA AE NE HOT DIRES MR AT D UNE ECV, CAREZ. — Id. 27 0 SORA AS PA Mot co ES HE ECO A 0 D LXXXVI ALBERT GAUDRY. — Présentation d' ouvrages. den e ee DIX XVII ET XX VIII CoTTEAU. — TARA LIL OPA EX AS SAUNA USE MERE LXXXIX FROSSARD. — I. SAR 0 D'ART e CROSS EEE LXXXIX Micnez-LÉvy. — Présentation de notes....,.....,... ,...,,....... du ele LXXXIX Id. — Sur les sédiments qui se devdonnent dans l'ouest de la France, au sommet des schistes de St-Lô et entre ces derniers et les grès armoricains.........,........ XC MarceLz BERTRAND. — Continuation des plis tertiaires du bosse de Paris dans le Crétacé de la Sarthe................. : XCI DE GROSSOUVRE. — Sur la Craie de Bimont, près Breteuil (Oise). ....... XCII Toucas — Sur l'âge des niveaux à Hippurites de Leychert et Benaïx.. XCVII CORRESPONDANCE. — Société Géologique du Nord.........,...,......,.. XCVII GosseLer et D' HorioN. — Sur les calcaires de Visé.....,.,..,..,.,..... XCVIIT DE LAPPARENT. — Présentation d’ouvrage...........,...,.........,... XCIX BouLEe. — Sur les terrains pleistocènes du nord de la France et des envi- rons de Mons (Belgique)...... Dodo OS BA CAS D DO IS OUI XCIX DE LAPPARENT: Présentation d'unemnmote 401... unes. CII MicneL-LÉvy. — Présentation d’ouvrages........,..... MO SO ES SAS CII ParRAN. — Rapport de la commission de comptabilité................. CII BERGERON. — Sur les terrains anciens de la Bohème et du Hartz........ cuII OBHPERL == ODSeRVATIONS PEER TR NN RS me R ee eee Reis CIV Munier-CHALMAS et DE A ARENT. — Projet d'échelle stratigraphique BénÉraAle Et en ner CLe CIV GOSSELET. — a cv Micnez-Lévy. Id. CIE BED PROS De AE LES ic AN AU PI LP AE OR ET ÉTN ENe cv J. Wezscx. — Sur les Dion des couches sédimentaires des envi- FONSIde POITIERS RSR Ne An RUN NPA CV Harpe Sunlase des alluvionsidelGhelles 2.42. te tee CVI CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL. — 6° Session. Suisse, en 1894...... CVII Réunion extraordinaire de la Société dans les Corbières..........,,.... GX DE MARGERIE. — Présentation d’une carte............. 1005 ba 8660000 CXIII CAREZz. — Observations. RCE A EE EN ER ER ML Dee EE PSN CXIN DE GROSSOUVRE. — Crétacé. de Cazères à Rennes- Re Be ANNEE MEN CXIII CAREZS-UObDSeRVALIONSS MMA Len brain eo Me eee Ua CXVI Id. — Course du ne eente nbre à DRAP ESA TOO 0e done CXVII DE GROSSOUVRE, CAREZ, REYMOND, PS FicHEur. — Observations. CXIX ZürcHER. — Masse de recouvrement aux environs de Toulon........... CXX TARDYS —\0bServalions 2 RER PR RE ete Mt eee SAN tale CXXI MÉBERTRANDN = Id REP a en eee pe Re ne CXXI CAREZ. = Courses des 13/et{Alseptembre "cree... CXXII M. BERTRAND, CAREZ, DE GROSSOUVRE, ZüRCHER, Grau, Ne UV, = 1DDSELVATIONS ee RE DE A Re A CXXV CAREZ. — Courses des 15/et16/Septembre...... 14.0... CXXVIN M. BERTRAND, CAREZ. — Observations. ...................... Me sal CXXXI CAREZ Courses ttes A7 MSISepIeMhre eee re En ercerec-cous CXXXI MÉSBERTRAND A TODSELVATIONS EE ee RE NE NN EN E ere À CXXXIV D42 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES CAnEz. — Course du 19 septembre." "0-0 .-2..-t4-0e..e-cerrer M. BerrraANp, CAREz, FicHeur. — Observations. ......,,............... Josepn Roussez. — Note sur le Primaire de Campagna-de-Sault ....... DE JAPPARENT. —— PLéSeDtatiOn MOUVEADE.- re -mes-eereem teen CossMANN. — Id. A0 0100 ODA A0 LOU JTOVALLOT: — Réclamation (de Priorité. Chers e-c-reh-Lerr-re LEMOINE. — Pièces osseuses nouvellement recueillies dans l’Eocène infé- rieur .de Bernay. .-:c--s:- ec cree Po-rcer eee ALBERT GAUDRY. — Présentation d’un mémoire de M”° Pavlow......... ZELEr. — Présentation d'ouvrages. mme 0 eme seeletlsenteesse DE LAPPARENT. — Id. aa me tes dem lee e ee eee DEPÉRET. — Id. AAA US Man 0 AUD Oo OO M Uo TOO Id. — Note sur la classification et le parallélisme du système MioCenE M eee PEN eur er one ee RTE Ficaeur. — Sur les terrains crétacés du massif du Bou-Thaleb (Constan- line) serre 2erc-onemertle chic cerearccrhirieeententi Tarpy. — Sur la multiplicité et la cause des Glaciers.....,......,..,... DE LAPPARENT. — Présentation d'une Note..." eme. Bourse — Présentation dBIdeUXENOLES M PRE ere Ere EC rPPLCrE CE Id. — Communication sur quelques points de la géologie du Cantal. Id. — Sur une station humaine de l’époque du Renne, aux envi- rons de SChAHONSe.. 2-2 Mer oereer Crete eee Munier-CHALMAs. — Etude SHre ea Poe jurassiques de Nor mandies NPA MTL CRUE etes EC LINSe delete Id. — Sur la possibilité d'admettre un arc sexuel chez les PAMMONIPIAES Re eee certe Ce. HauG. — Communication sur l'étage Aalénien....,................,... SCHLUMBERGER. — Réponse à une réclamation del hate Dino ven STUART-MENTEATH. — pu la dalle des Eaux-Chaudes et de la vallée Bin, — Collections rad par les ombres de la commission de laManche tee Frreerner chere tite creer CORRESPONDANCE. — Société de Stalistique de Le LEA ut art ALBERT GAUDRY. — Présentation d'ouvrage... er. COTTEAU. — Id. BP MAD Da MiTo otre à ARS à FELIX BERNARD. — Id. electron ctolelee mec HauG. — Sur la continuation vers le Sud des plis de la Dent du Midi. MarceL BERTRAND. — Observations à la note de M. Haug .............. MIicREL LÉvVY:— (Observations A ME ER MERE ENNEMI DozLFrus ET LiPPMANN. — Sur un sondage exécuté à Dives (Calvados). MarCEL BERTRAND. — Observations.. tres Nate PURE AT RATER MaruiEeu MieG, BLEICHER et FLICHE. — pe le Téntire He Roppentzwiller (Alsace)et de Kleinkembs (Grand- Duché debate) EEE Tree Toucas. — Sur le Sénonien supérieur des Corbières...,................ FIN DE LA TABLE DES COMPTES-RENDUS SOMMAIRES CXXXIV CXXXVI CXXX VII CXL CXL CXLI CXLII CXLIII CXLIV CXLIV CXLIV CXLV CLVII CLVII CLIX CLIX CLIX CLX CLXI CLXX CLXXIV CLXXV CLXXVI CLXX VII CLXX VIII CLXXXIIT CLXXXIU CLXXXIV CLXXXIV CLXXX VIII CLXXXIX CLXXXIX CxC CXCI CXCI TABLE GÉNÉRALE DES NOTES ET MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME Pages Puicippe THomas. — Etage miocène et valeur stratigraphique de l'Ostrea cras- sissima au Sud de l’Algérie et de la Tunisie........... W. Kizian. — Sur l'existence du Jurassique supérieur dans le massif du Grand'Galibrer/ (fo) (PL D) NET EC ER nee Tee din Josepx Roussez. — Note sur l'âge de l'Hippurites corbaricus des Pyrénées... CozLor. — Sur une carte des environs de Barcelone, de M. J. Almera ....... J. LAMBERT. — Recherches sur les Echinides de l’Aptien de Grandpré (23 fig.). (RISRTETN I) PR nel RAR DpDaopGoocoao A. PoMEL. — Aperçus rétrospectifs sur la géologie de la Tunisie (1 fig). LÉON VAILLANT. — Sur la possibilité du transport des galets dans l'appareil digestif des Poissons..........,........, APT DUB M. Cuaper. — Fossilisation du test des mollusques après séjour dans le tube CONRAD ENS ei PE De Sr APE TA AE SE SA OR LEE D GA b eD Marcez BERTRAND. — Sur la continuité du phénomène de plissement dans le bassinide Paris (1e) (PI ND ER PE PER Pr er A. POMEL. — Sur la classification des terrains miocènes de l'Algérie et réponse aux critiques de M. Peron (1 fig.)................ © MarmiEu Miec, G. BLEICHER et FricHe. — Contribution à l'étude du Tertiaire d'Alsace (suite); Kleinkembs et le lac Sundgovien (4 fig.).., HENRI LASNE. — Sur les terrains phosphatés des environs de Doullens, étage Sénonien et terrains superposés (2* note) (6 fig.).... BLeicher. — Sur le gisement et la structure des nodules phosphatés du Lias derPorrane)(Pl AVI) "ERCRC ADD L0b 0 00 0 00 0 00 0 2640040008 010 J. BERGERON. — Contributions à l'étude géologique du Rouergue et de la Montagne) Noires eee NE PRET Da Do DE BouRGEAT (Abbé). — Observations sommaires sur le Boulonnais et le Jura (ii) éoocesonce Dogahacora bnbdodsobocoocasonens Do oc H. E. Sauvage. — Note sur les Poissons du terrain permien de l'Allier GHENIT)6 Hoovocosanec SO BC RD ÉTENE dÉeee DES e 000 EuiLe HauG. — Etude sur les Ammonites des étages moyens du système jurassique (1° note : Genre Sonninia) (7 fig.) (PI. VIII-X).. Id. — 2° note : Genre Witchellia (7 fig.) (PL. X)............... A Maurice LuGEoN. — Sur la géologie du Chablais............... .... D BA QE Cu. Gorceix. — Notes sur la géologie des environs de Bayonne (PI. XI) BTE) Poe roMece ue DU D DT DA 80 US ot 6010 0 Do MS ANA RARE STUART-MENTEATH, — Sur l’âge du Granite des Pyrénées Occidentales (1 fig.). 3 21 D44 TABLE GÉNÉRALE DES NOTES ET MÉMOIRES FALLOT. — Quelques observations sur le Crétacé supérieur dans l’intérieur du bassin de l’Aquitaine et ses relations avec les terrains tertiaires (UM D) AE couaouc ADD à TO SE One deb Da 0 mate Grepôtre . SruArT-MENTEATH. — Sur la géologie des environs d'Eaux-Bonnes. .... LES Marmieu MieG, BLEICHER et FLICHE. — Contribution à l'étude des terrains ter. tiaires d'Alsace (suite). Note complémentaire sur le gisement de Roppentzwiller et le gisement à insectes et plantes de KICIn KB, Et veu en eur NE DISC perce E. LippmanN et G. Dozcrus. — Un forage à Dives (Calvados)........ Fodnoanc Ficheur. — Sur les terrains crétacés du Massif du Bou-Thaleb (Constantine) (PIEXIDIA2 She) CET Er HD o man costhi sie ele ee rh croee ParRAN. — Rapport de la commission de comptabilité... .........,,........, OssorN. — Sur une découverte du Palaeonictis en Amérique (1 fig.)....... E. BELLOC. — Sur le comblement des lacs pyrénéens.............,..... Had S de J. WeLscn. — Sur les plissements des couches sédimentaires dans les envi- rons ide Poitiers (He) eee ere CARS Oopad dd 00 ge Réunion extraordinaire de la Société dans les Corbières. .......... holresteh DE MARGERIE. — Présentation d'une Carte... Asa t Ho 408 DE GROSSOUVRE. — Crétacé de la région sous-pyrénéenne......... DE O a oo CAREZM=—=IODSerVALIOnS.. Eee seen SEA EE nee JREUe Id. — Composition et structure des Corbières et de la région adjacente | des Pyrénées (PI. XIII à XVI)... D LS DO) TER APE SH Id Coursetdu lundi? septembre (He M) MP EC ER een rec .e DE GROSSOUVRE, CAREZ, REYMOND, M. BERTRAND, FICHEUR. — Observations... ZürcHER. — Sur une masse de recouvrement aux environs de Toulon. ..... . TARDYEMOMBERTRAND. —\ODSELVALIONS Ace ee RTL ec er ce CaREz. — Courses des 13 et 14 septembre (fig. 2-9) ........ ...... eee M. BERTRAND, CAREZ, DE GROSSOUVRE, ZÜRCHER, FICHEUR, WOHLGEMUTH. — Observations... . dr een een ler DR tre TE oÜeb Carez. — Courses des 15 et 16 roc (HEAAO TS) ET A EC EE rer. M. BERTRAND, CAREZ. — Observations...,........... nee Dodo de CAREZ. — Courses des 17 et 18 septembre (fig. 14- 19) DATE ere TS nc M. BERTRAND. — Observations. ...... nec Bal 000 og a ddoD cils entente CaREz. — Course du 19 septembre (fig. 20-21). ..... ..... Last es ee M. BERTRAND, FICHEUR. — Observations........ FEAR ae MIN tn ets dans le set be J. RousseL. — Note sur le Primaire de Campagna-de-Sault (3 fig.)........,.... FIN DE LA TABLE DES NOTES ET MÉMOIRES. 350 371 ACID RN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE TABLE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS POUR LE VINGTIÈME VOLUME (TROISIÈME SÉRIE) Année 1892 Les numéros des pages en chiffres romains se rapportent aux comptes-rendus sommaires, ceux en chiffres arabes aux Notes et Mémoires ALMERA, J. Présentation d'articles de M. l’Abbé —, par M. Bergeron, x et A XLv. — Sur une carte des environs de Barcelone de M. —, par M. Collot, 32. Aalénien. Communication sur l'étage—, | A/Sace. Contribution à l'étude du Ter- : o ; tiaire d’ — (suite). Kleinkembs et le plu: CERET Edo cu par MM. Mieg,Bleicher Albien. Sur le prétendu — et Précam- et Fliche, 175. — Contribution à l'étude brien des Basses-Pyrénées, par M. des terrains tertiaires d’ — (suite). Stuart-Menteath, xxx VI. Note complémentaire sur le gisement Fe £ SU de Roppentzwiller et le gisement à Algérie. Sur les formations néogènes Insectes et Plantes de Kleinkembs, par de l’—et du Sud-Est de la France, MM. Mieg, Bleicher et Fliche, exct et par M. Depéret, xi1 — Etage miocène 978. et valeur stratigraphique de l’Ostrea crassissima au sud de | — et de la | Amérique. Sur une découverte du Pala- Tunisie, par M. Ph. Thomas, 3. — Sur eonictis en Amérique, par M.Osborn, la classification des terrains miocènes 434. de l — et réponse aux critiques de | 4 : : Ammonites. Sur les cloisons des -—, par M. Peron, par M. Pomel, 166. M. de Grossouvre, xxxix. — Ubserva- Allier. Note sur les Poissons du terrain tions sur l'Ammonitesprocerus,auct., permien de |’ —, par M. E. Sauvage, par M. de Grossouvre, xLI. — Etude 270. sur les — des étages moyens du sys- tème jurassique. Genres Sonninia et Alluvions. Sur l’âge des — de Chelles, Witchellia, par M. E. Haug, zur et par M. Tardy, cv. 2714. 546 TABLE DES MATIÈRES Ammonitidés. Sur la possibilité d'ad- mettre un dimorphisme sexuel chez les —, par M. Munier-Chalmas, cLxx. Aptien. Recherches sur les Echinides de 1 — de Grandpré, par M J. Lam- bert, xLir et 3è. Aquitaine. Quelques observations sur le Crétacé supérieur dans l'intérieur du bassin de | — et ses relations avec les terrains tertiaires, par M. Fallot, 350. Aspe. Sur la dalle des Eaux-Chaudes et de la vallée d — par M. Stuart- Menteath, CLxxvI. Avre (vallée d'). Dérivation des sources de la —, par M. G. Ramond, Lxxxn. B Bade (Grand-Duché de). Sur le Ter- tiaire de Roppentzwiller (Alsace) et de Kleinkembs (—) par MM. Mieg, Blei- cher et Fliche, exc1 et 175. Bajocien. Sur quelques groupes d'Am- monitidés du — et sur leur répartition dans les zones qui constituent cet étage, par Haug, Lu. Barcelone. Sur une carte des environs de — de M. J. Almera, par M. Collot, 32. Bayeux. Observation sur une coupe à —, par M. de Grossouvre, xIx. Bayonne. Note sur la géologie des environs de —, par M. Ch. Gorceix (PI. XI), 337. Belgique. Sur les terrains pleistocènes du nord de la France et des environs de Mons (—) par M. Boule, xcix. Bélemnites. Considération sur la classi- fication des —, par M. Douvillé, xxv. BezLoc. Sur lecomblement des lacs pyré- néens, 437. Benaix (Ariège). Sur l’âge des niveaux à Hippurites de Leychert et de —, par M. Toucas, xcvir. BERGERON. Présentation d'articles de M. J. Almera, x et xzv. — Contributions à l'étude géologique du Rouergue et de la Montagne Noire, x et de 248, — Sur les terrains anciens de la Bohême et du Hartz, cr. BERNARD, F. Présentation d'ouvrage, CLXXXIV. Berriasien. Note sur le —, par M. Tou- CAS, XXII. BerrRanp, M. Sur l’origine des poudin- gues de la Ciotat, 11. — Sur la conti- nuité du phénomène de plissement dans le bassin de Paris, Lvn et 118. — Observations sur une note de M. Haug, CLXXXvVII. — Observations, XX, CxIx, CXXLMCX AV ICRA, ACXX XIV OR X AVIS exc, 508, 511, 520, 526, 531, 533. Beynes. Sur l'anticlinal de — et sur le dôme de la Mauldre, par M. Munier- Chalmas, LXXI et LXXXI. Bicor. — Observations sur une note de M. — relative au granite du Nord- Ouest de Jersey, par M. de Lapparent, XLIV. Bimont (Oise). Sur la craie de — près Breteuil, par M. de Grossouvre, xcn. Bccicuer.Sur le gisement et la structure des nodules phosphatés du Lias de Lorraine, 237 — Voir MixG, BLEICHER et FLICHE. Bohême. Sur les terrains anciens de la — et du Hartz, par M. Bergeron, cm. Bou-Thaleb (province de Constantine). Sur les terrains crétacés du massif du —, par M. Ficheur, czvu et 393. Boure. Sur les terrains pleistocènes du nord de la France et des environs de Mons (Belgique), xeix.=— Sur quelques. points de la géologie du Cantal, crix. — Sur une station humaine de l’épo- que du Renne aux environs de Schaf- fouse, cLx. — Présentations d'ouvra- ges, LXXVIII. CLIX. Boulonnais. (V. BOURGEAT). BourGEAT (ABBÉ). Observations sommai- res sur le Boulonnais et le Jura, 262. Bretagne. Comparaison des couches siluriennes de Sillé-le-Guillaume avec celles de — et de Normandie, par M. Lebesconte, xxx vII. C Calcaires. Action de la pluie sur les — et phosphates de chaux, par M.Tardy, LX VI. CaLpEeRoN (D' Salvador). Observations à la note de M. G. Rolland sur l’histoire géologique du Sahara, xxxHr. Calvados. Un forage à Dives (—) par MM. E. Lippmannet G. Dollfus,cLxxxIx et 386. k Compagna-de-Sault. Note sur le Pri- maire de —, par M. J. Roussel, exxxvIt et 536. Cantal. Sur quelques points de la géo- logie du —, par M. Boule, cLix. TABLE DES MATIÈRES CaREz. Observations sur le Crétacé des Corbières, xix. —Composition et struc- ture des Corbières et de la région adjacente des Pyrénées, 470. — Comp- tes rendus des Courses de la Réunion extraordinaire dans les Corbières, EXVIII, CXXII. CXXVII, CXXXIV, 506, 512, 522, 527, 531. Présentations d’ouvra- ges, XVII, XXXI. — Observations, XL, LXXXI, LXXXVI, CXIIT, CXVI, CXIX, CXXV, exxxi, Cxxx VI, 470, 508, 518, 521, 526, 534. Cazères. Crétacé de — à Rennes-les- Bains, par M. de Grossouvre, exnr. Cernay. Pièces osseuses nouvellement recueillies dans l'Eocène inférieur de —, par M. Lemoine, cxLII. Chablais. Sur la géologie du —, par M. Maurice Lugeon, 334. Cnaper. Fossilisation du test des Mol- lusques après séjour dans le tube digestif, 114 — Présentation d'ou- vrage, XXXI. Chelles. Sur l'âge des alluvions de —, par M. Tardy, cvr. CHOrFAT, P. Sur l’âge du rocher de Gibraltar, 1x. Ciotat (La) Sur l’origine des poudingues de —, par M. M. Bertrand, LI. CorrLor. Sur une carte des environs de Barcelone de M. J. Almera, 32. Congrès géologique international. 6° Session. Suisse ; 1894, cvir. Constantine (Province de). Sur les ter’ rains crétacés du massif du Bou-Tha- leb (—) par M. Ficheur, czvu et 393. Corbières. Crétacé des, — par M. de Grossouvre, xvir et 467, — Observa- tions sur le Crétacé des Corbières par M. Carez, xix. — Sur des Rudistes recueillis dans les couches crétacées des —, par M. Douvillé, LxxIx. — Sur le Sénonien supérieur des —, par M. Toucas, cxcr. — Réunion extraordi- naire de la Société dans les — ex et 457. — Composition et structure des — et de la région adjacente des Pyré- nées, par M. Carez, 470, CossMANN. Présentation d'ouvrage, CxL. Correau. Présentation d'ouvrage, xx, LXXXIX, CLXXXI, Crétacé. — des Corbières, par M. de : Grossouvre, xvir et 467.— Observations sur le — des Corbières, par M. Carez, xix. — Réponse à M. Cayeux sur l’épi- thète de terrigène appliquée à la Craie, par M. de Lapparent, xxvin. — Com- munication relative à l'origine des phosphates de la Somme et à la for- 947 mation de la Craie, par M. Munier- Chalmas, xzvur. — Observations sur la Craie proprement dite par M. Munier- Chalmas, xx. — Sur des Rudistes recueillis dans les couches — des Cor- bières, par M. Douvillé, LxxIx. — Sur la Craie de Bimont, près Breteuil (Oise) par M. de Grossouvre, xcir. — Sur les terrains crétacés du massif de Bou- Thaleb (Constantine), par M. Ficheur, czvur et 393. — Sur le Sénonien supé- rieur des Corbières, par M. Toucas, cxcI. — Quelques observations sur le — supérieur dans l’intérieur du bassin de l’Aquitaine et ses relations avec les terrains tertiaires, par M. Fallot, 350. D Derérer. Sur les formations néogènes de l'Algérie et du Sud-Est de la France, x1r. — Note sur la classification et le parallélisme du système miocène,CxLv. — Présentations d'ouvrages, LxIx et CXLIV. Dimorphisme. Sur la possibilité d’ad- mettre un — sexuel chez les Ammoni- tidés, par M. Munier-Chalmas, CLxXX. Dives (Calvados). Sur un forage à —, par M. Lippmann et G. Dollfus,cLxxxIX et 386. Dozrrus et LippMAnN. Un forage à Dives (Calvados), czxxxix et 386. DocLrus. Observations, xx el LXXIV. Doullens. Sur les terrains phosphatés des environs de —, par M. Lasne, Etage sénonien et terrains superposés, xxx et 211. Douvizcé. Sur une Tissotia du Turonien moyen, xxiv. — Considérations sur la classification des Bélemnites, xxv. — Sur les Rudistes recueillis dans les couches crétacées des Corbières,LxxIx. — Observations, LXxxv. E Eaux-Bonnes. Sur la géologie des envi- rons d’ —, par M. Stuart-Menteath, 371. Eaux-Chaudes. Sur la dalle des — et de la vallée d’Aspe, par M. Stuart-Men- teath, CLXXvI. Echinides. Recherches sur les — de l’'Aptien de Grandpré, par M. Lam- bert, Lx et 38. Egée (Mer) Observations sur des plisse- ments dans la —. par M. de Launay, LXVI, 048 Eocène. Pièces osseuses nouvellement recueillie dans | — inférieur de Cer- nay, par M. Lemoine, cxur. F Fazcor. Quelques observations sur le Crétacé supérieur dans l’intérieur du bassin de l’Aquitaine et ses relations avec les terrains tertiaires, 350. Ficxeur. Sur les terrains crétacés du massif du Bou-Thaleb (Constantine), cLvI1 et 393 — Observations, cxix, CXXV, CXXXVI, 910, 519, 523. Fricae. V. Mic, BLEeIcHEeR et FLICHE. Fossilisation.— du test des Mollusques après séjour dans le tube digestif, par M. Chaper, 114. France (Nord de la). Sur les terrains pleistocènes du — et des environs de Mons (Belgique), par M. Boule, xax. G Galets. Sur la possibilité du transport des — dans l'appareil digestif des Poissons, par M. L. Vaillant, 111. Galibier (Massif du Grand). Sur l’exis- tence du Jurassique supérieur dans le — , par M. W. Kilian, 21. Gaupry. Présentations d'ouvrages, xx11, LXXXVII, CXLIN, CLXXXIII. Gibraltar (Rocher de). Sur l'âge du rocher de — , par M. Paul Choffat, 1x, Glaciers. Sur la multiplicité et la cause des — , par M. Tardy, czvur. Gorceirx Cu. Note sur la géologie des environs de Bayonne, p. 337: GossEeLET. Observation, cv. GossEeLer et D' Horion. Sur les calcaires de Visé, xcvin. Grandpré (Ardennes). Recherches sur les Echinides de l’Aptien de — , par M. J. Lambert, xcu et 38. Granite. Observations sur une note de M. Bigot, relative au — du nord-ouest de Jersey, par M. de Lapparent, XLIV. — Sur l’âge du — des Pyré- nées occidentales, par M. Stuart- Menteath, 345. Grès armoricain. Sur les sédiments qui se développent dans l’ouest de la France au sommet des schistes de St-Lô et entre ce dernier et le —, par M. Michel Lévy, xc. GROSSOUVRE (DE). Sur la Craie des Cor- bières, xvu. — Observations sur une coupe à Bayeux, xix. — Sur les cloi- TABLE DES MATIÈRES sons des Ammonites, xxxIx. — Sur l’'Ammonites procerus, x. — Sur le niveau de l’Hippuriles corbaricus. LIV. — Sur l’origine des phosphates de chaux sédimentaires, LXXVIL. — Sur la Craie de Bimont, près Breteuil (Oise), xcir. — Crétacé de Cazères à Rennes-les-Bains, cxir. — Crétacé des Corbières, 467. — Observations CXIX, CXXV, 508, 521. H Harlz. Sur les terrains anciens de la Bohême et du —, par M. Bergeron, CHI. Hauc. Etude sur les Ammonites des élages moyens du système jurassique, Li et 277. — Sur l'étage aalénien CLXXIV. — Sur la continuation vers le sud des plis de la dent du Midi, CLXXXIV. Hippuriles. Sur l’âge des niveaux à — de Leychert et de Benaïx par M. Tou- cas, XCVIL IHippuriles corbaricus. Sur l’âge de l — des Pyrénées, par M. J. Roussel, XL et 29, — Sur le niveau de l —, par M. de Grossouvre, Liv. — Sur l’âge de l' —, par M. Toucas, LXXXIV. Hoplites Roubaudi. Sur la présence dans les marnes valanginiennes à —, du Diois. de Oxynoticeras hetero- pleurum, Neum. et Uhlig, par M. Kilian, Lv. Horion (D). V. GosseLer et D'J. HorioN. Jersey. Observations sur une note de M. Bigot relative au granite du Nord- Ouest de —, par M. de Lapparent, XLIv. Jura. Observations sommaires sur le Boulonnais et le —, par M. l'abbé Bourgeat. 262. Jurassique. Etude préliminaire des ter- rains — de Normandie, par M. Munier- Chalmas, czxI1. — Sur l'existence du — supérieur dans le massif du Grand- Galibier, par M. Kilian, 21. — Etude sur les Ammonites des étages moyens du système —., par M. Haug. Lui et 277. K Kician. Réponse à une note de M. Toucas, XXIX. — Sur la présence dans les marnes valanginiennes à Hoplites Roubaudi du Diois, de Oxynoticeras heteropleurum, Neum. et Uhlig, Lv. — Sur l'existence du Jurassique supé- rieur dans le massif du Grand-Gali- bier, 21: TABLE DES MATIÈRES Kleinkembs. Contribution à l'étude du tertiaire d'Alsace (suite) — et le lac Sundgovien, par MM. Mieg, Bleicher et Fliche,175. — Note complémentaire sur le gisement de Koppentzwiller et le gisement à Insectes et Plantes de —, par les mêmes, excI et 375. E Lamgerr. Recherches sur les Echinides de l’Aptien de Grandpré, x2uu et 38. LAPPARENT (DE). Observations sur un travail de M. Suess au sujet du compte-rendu géologique de l’expédi- tion géologique dirigée dans l’Afrique orientale par le comte Teleki, xx. — Réponse à M. Cayeux sur l’épithèle de terrigène appliquée à la Craie, xxvII. — Observations sur une note de M. Bigot relative au granite du nord-ouest de Jersey, xL1v. — Présen- talions d'ouvrages, XX, XCIV, CII, CXLIV, CL, CLIV. — Observations, XXII, L. — Voir Munier-Chalmas et de Lapparent. Lasne. Sur les terrains phosphatés des environs de Doullens, étage sénonien et terrains superposés (2° note) xxxII et 211. Launay (DE) Observations sur des plis- sements dans la mer Egée, LxvI. LeBesconte. Comparaison des couches siluriennes de Sillé-le-Guillaume avec celles de Bretagne et de Normandie, XXXVI. LEMOINE. Pièces osseuses nouvellement recueillies dans l’Eocène inférieur de Cernay, CxL1I. Leychert (Ariège). Sur l’âge des niveaux à Hippurites de — et de Benaïx, par M. Toucas, xcvir. Lias. Sur le gisement et la structure des nodules phosphatés du — de Lorraine par M. Bleicher, 237. LippMANN. Voir DozLzruss et LIPPMANN, Londres (Bassin de). Sur la continuité des plissements dans les bassins de Paris et de —, par M. Marcel Bertrand, Lvir et 118. Lorraine. Sur le gisement et la struc- ture des nodules phosphatés du Lias de —, par M. Bleicher, 237. Lugeon, M. Sur la géologie du Chablais, 334. 049 M MARGERIE (nE). Présentation d’une Carte, ext et 466. Mauldre (La). Sur l’anticlinal de Beynes et sur le dôme de —, par M. Munier- Chalmas, LxxI. Micnez Lévy. Sur les sédiments qui se développent dans l’ouest de la France, au sommet des schistes de Saint-Lô et entre ces derniers et les grès armoricains, xc. — Présentations d’ou- vrages, LXXXIX, CI. — Allocution, vur. — Observations, XLVII, CV, CLXXXIX. Mic (Marx), BLeicner et FricHe. Con- tribution à l’étude du Tertiaire d'Alsace (suite). Kleinkembs et le lac Sundgo- vien, 175. — Note complémentaire sur le gisement de Koppentzwiller et le gisement à Insectes et Plantes de Kleinkembs, cxci et 375. Miocène. Note sur la classification et le parallélisme du système, — par M. Depéret, cLxv, — Etage — et valeur stratigraphique de l'Ostrea crassissima au suu de l'Algérie et de la Tunisie, par M. Philippe Thomas, 3. — Sur la classification des terrains — de l'Algérie et réponse aux critiques de M. Peron, par M. Pomel, 166. Mollusques. Fossilisation du test des — après séjour dans le tube digestif, par M. Chaper, 114. Mons (Belgique). Sur les terrains pleis- tocènes du nord de la France et des environs de —, par M. Boule, xcix. Montagne Noire. Contributions à l'étude géologique du Rouergue et de la —, par M. Bergeron, x et 248. Munær-CHazMas. Communication rela- tive à la partie nord du plateau cen- tral xzv. — Communication relative à l'origine des phosphates de la Somme et à la formation de la Craie, XLvVII.— Observations sur la craie proprement dite. — Sur l’anticlinal de Beynes et sur le dôme de la Mauldre, LxxI. — Sur L'anticlinal de Beynes, LXXXI. — Etude préliminaire des terrains juras- sique de Normandie, c£xi. — Sur la possibilité d'admettre un dimorphisme sexuel chez les Ammonitidés, CLXX.=— Allocution vu. — Observations, XXIV, XXVI, XXIX, LXXXII. Munier-CHALMAS et DE LAPPARENT. Pro- jet d'échelle stratigraphique générale, CIY. 550 TABLE DES MATIÈRES N Néogènes (formations). Sur les — de l'Algérie et du sud-est de la France, par M. Dépéret, x. Normandie. Comparaison des couches siluriennes de Sillé-le-Guillaume, avec celles de Bretagne et de —, par M. Le- besconte, xxxvir. — Etude prélimi- paire des terrains jurassiques de —, par M. Munier-Chalmas, cLx1. (9) OEuLerr. Réponse à une note de M. Le- besconte, xxxix. — Observation, cIv- OsBorn. Sur une découverte du Palaeo- nictis en Amérique, 434. Ostrea crassissima. Etage miocène et valeur stratigraphique de l— au sud de l'Algérie et de la Tunisie, par M. Ph. Thomas, 3. Oxynoticeras heteropleurum. Sur la présence dans les marnes valangi- niennes à Hoplites Roubaudi, du Diois, de — Neum et Uhlig, par M. Kilian, LV. P Palaeonictis. Sur une découverte du — en Amérique, par M. Osborn, 434. Paris (Bassin de). Sur la continuité des plissements dans les bassins de — et de Londres, par M. Marcel Bertrand, Lvii et 118. ParraAN. Rapport de la Commission de comptabilité, cr et 428. Permien. Note sur les Poissons du ter- rain — de l'Allier, par M. Sauvage, 270. PERON. Sur la classification des terrains miocènes de l'Algérie et réponse aux critiques de M.—, par M. Pomel, 166. Phosphates. Sur les terrains phosphatés des environs de Doullens, étage séno- nien et terrains superposés (2° note), par M. Lasne, xxxn et 214. — Com- munication relative à l'origine des — de la Somme et à la formation de la Craie, par M. Munier-Chalmas, XLVIIL. — Action de la pluie sur les Calcaires et les — de chaux, par M. Tardy, LxvI. — Sur l’origine des — de chaux sédimentaires, par M. de Grossouvre, LXXVII. — Sur le gisement et la structure des nodules phosphatés a Lias de Lorraine, par M. Bleicher, 237. Plateau Central. Communication rela- tive à la partie nord du —, par M. Munier-Chalmas, xLv. Pleistocène. Sur les terrains — du nord de la France et des environs de Mons (Belgique), par M. Boule, xcix. Plissements. Sur la continuité des — dans les bassins de Pariset de Londres, par M. Marcel Bertrand, Liv et 118.— Observations sur des — dans la mer Egée, par M. de Launay, LxvI. — Sur les — des couches sédimentaires des environs de Poitiers, par M.J.Welsch, cv et 440. Pluie. Action de la — sur les calcaires et les phosphates de chaux, par M. Tardy, LxvI. Poissons. Sur la possibilité du transport des galets dans l’appareil digestif des —, par M. Vaillant, 111. — Note sur les — du terrain permien de l'Allier, par M. Sauvage, 270. Poitiers (Environs de). Sur les plisse- ments des couches sédimentaires dans les — par M. J. Welsch, cv et 440. PomEL. Aperçus rétrospectifs sur la géo- logie de la Tunisie, 101. — Sur la classification des terrains miocènes de l'Algérie et réponse aux critiques de M. Peron, 166. Poudingues. Sur l’origine des — de la Ciotat, par M. Marcel Bertrand, 1x. Précambrien. Sur le prétendu Albien, et — des Basses-Pyrénées, par M. Stuart-Menteath, xxxvI. Primaire. Note sur le — de Campagna- de-Sault, par M. Roussel, cxxx vu et 5306. Pyrénées. Note sur l’âge de l’'Hippurites corbaricus des — par M. J. Roussel, 29. — Sur l’âge du granite des — occi- dentales, par M. Stuart - Menteath, 345. — Sur le comblement des lacs pyrénéens, par M. Belloc, 437. — Composition et structure des Corbières et de la région adjacente des Pyré- nées, par M. Carez, 470. Pyrénées (Basses). Sur le prétendu Albien et Précambrien des —, par Stuart-Menteath, xxx vI. R Ramonp. Dérivation des sources de la vallée d’Avre, Lxxxu. — Collections rapportées par les Membres de la Commission de la Manche, cLXXvVI. nes TABLE DES MATIÈRES Renne (Epoque du). Sur une station humaine de |’ — aux environs de Schaffouse, par M. Boule, crx. Rennes-les-Bains. Crétacé de Cazères à —, par M, de Grossouvre, cxum et 467. REeymonD. Observations, cxix et 509. RozLAND, G. Observations à la note de M. — sur l’histoire géologique du Sahara, par M. S. Calderon, xxxu1. Roppentzwiller. Tertiaire d’Alsace (suite). Note complémentaire sur le gisement de —, par MM. Mies, Bleicher et Fliche, 375. Rouergue. Contributions à l'étude géo- logique du — et de la Montagne Noire, par M. Bergeron, x et 248. Rousse, J. Sur l’âge de l’Hippuriles corbaricus des Pyrénées, x et 29. — Note sur le Primaire de Campagna- de-Sault, cxxx vu et 536. Rudistes. Sur des — recueillis dans les couches crétacées des Corbières, par M. Douvillé, LxXxIx. S Sahara. Observations à la note de M. G. Rolland, sur l’histoire géologique du Sahara, par M. S. Calderon, XxxxuI. SAUVAGE. Note sur les Poissons du ter- rain permien de l'Allier, 270, Schaffouse. Sur une station humaine de l’époque du Renne aux environs de —, par M. Boule, cix. SCHLUMBERGER. Présentation d’une note xxx. — Réponse à une réclamation de priorité, CLXX VI. Sédiments. Sur les — qui se développent dans l’ouest de la France, au sommet des schistes de Saint-Lô et entre ces derniers et les grès armoricains, par M. Michel Lévy, xc. Sénonien. Sur les terrains phosphatés des environs de Doullens, étage — et terrains superposés, par M. H. Lasne, 211. Sillé-le Guillaume. Comparaison des couches siluriennes de — avec celles de Bretagne et de Normandie, par M. Lebesconte, xxxvur. Silurien (Voir Sillé-le-Guillaume). Société d'histoire naturelle de Tou- louse. Correspondance, LXXvVIIr. Société géologique du Nord, Corres- pondance, LVI, LXVIN, XCVII. 091 Société de statistique de l'Isère. Corres- pondance, XVI. Somme, Origine des phosphates de la — et formation de la Craie, par M. Munier-Chalmas, xLvir. Sonninia. Etude sur les Ammonites des étages moyens du système juras- sique. Genre —, par M. E. Haug, 277. Stratigraphie. Projet d'échelle strati- graphique générale, par MM. Munier- Chalmas et de Lapparent, c1v. STUART-MENTEATH. Sur le prétendu Albien et Précambien des Basses- Pyrénées, xxxvI. — Sur la dalle des Eaux-Chaudes et de la vallée d’Aspe, CLXXVI. — Sur l’âge du granite des Pyrénées occidentales, 345. — Sur la FSOIBIE des environs d'Eaux-Bonnes, Sundgovien (lac). Contribution à l’étude du tertiaire d'Alsace (suite), Klein- kembs et le —, par MM. Mieg, Blei- cher et Fliche, 175. T Tarpy. Action de la pluie sur les cal- caires et les phosphates de chaux, Lx vr. — Sur l’âge des alluvions de Chelles, cvi. — Sur la multiplicité et la cause des glaciers, cLvr. — Observations, exxI et 511. Tertiaire. Contribution à l'étude du — d'Alsace, par MM. Mieg, Bleicher et Fliche, cxcr, 175, 375. — Quelques observations sur le Crétacé supérieur dans l’intérieur du bassin de l’Aqui- taine et ses relations avec les terrains —, par M. Fallot, 350. THomas, PH. Etage miocène et valeur stratigraphique de l’Ostrea crassissi- ma au sud de l'Algérie et de la Tuni- sie, 3. Tissotia. Sur une — du Turonien moyen, par M. Douvillé, xx1v. Toucas. Note sur le Berriasien, xx11. = Réponse à une note de M. —, par M Kilian, xxiv. —Sur l’âge de l’'Hippu- riles corbaricus, LXXXIV. — Sur l’âge des niveaux à Hippurites de Leychert et de Benaïx, xcvur. — Sur le Sénonien supérieur des Corbières, cxCI. Toulon. Sur une masse de recouvrement aux environs de —, par M, Zürcher, CXX: 552 TABLE DES MATIÈRES Tunisie. Etage miocène et valeur strati- | graphique de l’Ostrea crassissima au sud de l’Algérie et de la Tunisie, par M. Ph. Thomas, 3. — Aperçus rétros- pectifs sur la géologie de la Tunisie, par M. Pomel, 101. Turonien.Sur une Tissotia du — moyen, par M. Douvillé, xx1v. À VAILLANT, L. Sur la possibilité du trans- port des galets dans l'appareil diges- tif des poissons, 111. Valanginien. Sur la présence dans les marnes — à Hoplites Roubaudi, du Diois, de Oxynoticeras heteropleu- rum, Neum et Uhlig, par M. Kilian, LY. VarLorT, J. Réclamation de priorité, CXLI. Visé. Sur les calcaires de —, par M. Gos- selet et le D' Horion, xcvim. W Witchellia. Etude sur les Ammonites des étages moyens du système juras- sique. Genre —, par M. Haug, 303. WELscH, J. Sur les plissements des cou- ches sédimentaires dans les environs de Poitiers, cv et 440. WouLGEMuTH. Observations, cxxv et 519. Z Zæizzer. Présentation d'ouvrage, CXLIv. ZürcHER. Sur une masse de recouvre- ment aux environs de Toulon, cxx et 510. — Observations, cxxv et 519. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS tomes TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES DÉCRITS, FIGURÉS, DISCUTÉS ET DÉNOMMÉS A NOUVEAU, ET DES SYNONYMIES INDIQUÉES DANS CE VOLUME (1). Acanthodes sp. Sauvage, p. 271. Amblypterus angustus, Agassiz, p. 275 . — Syn. : Pa- læoniscus angus- tus, Ag. : Rech. sur les poissons fossi- les. L. II. p. #5, pl. IX, fig. 1-d. — Am- blypterusangustus, E. Sauvage : Pois- sons fossiles in Etu- des des gîtes miné- raux de la France. Bassin houiller et permien d’Autun et d’Epinac; p. 13, pl. I, fig.5, pl. VL, fig. 2. Deleissei, Sauvage, p. 273, pl. VIL fig. 1 — Syn. : Palæoniscus. Delessei, Sauvage. (B. S. G. F.,3‘sér., T. VI, p. 626, pl. XI1). Cidaris plexa, Lambert, 1891, p. 38, pl. IL, fig. 1-2. Conchopoma sp., p. 272. Diplodus sp., p.272, pl. VIL fig. 3-4. Diplodia Renevieri, Cotteau (sub Pseudodiadema) , 1863, p. 58, PI. III, fig. 1-10. — Syn. : Diadema (Tetra- gramma) variolare Agassiz (pars) — non Cidarites va- riolaris Brongniart: Catalogueraisonné, p- 46, 1846.— Diade- ma variolare d’Or- bigny : Prod. de Paléont.strat.univ., t. Il, p. 142, no 327, 1850. — Diplopodia variolaris Desor, (pars.) : Synopsis des Echin. foss., p. 78, 4885. — Pseudo- diadema Renevieri Cotteau : Pal. Franc. Terr. crét., t. VII, p. 455, pl. 1188, 1863. — Pseudodiadema variolare Cotteau . (pars.) : Pal. Franc. Terr. crét,, t. VI, p. 488, pl. 1117, fig. 9 à 11, 1863. — Pseu- dodiadema Malbosi Wright : — non Agassiz nec Cot- teau : A. monog. Brit. foss. Echinod. fromthe Cret.form., p.91, pl. XX, fig. 1, 1868. — Diadema cf. varialore, Quens- tedt : Die Echni- den, p. 322, pl. LXXII, fig. 71, 1873. — Pseudodiadema Renevieri Cotteau ; de Loriol : Echin. Helv. Terr. crét., p. 1 pi NI 6-7, 1873. — Pseudo- diadema variolare Agassiz; Barrois : Mém. sur le terr. crét. des Ardennes, p-244,1878.— Tetra- gramma Renevieri Pomel : Genera des Echin., p. 105, 1883. Discoides gen., Klein, 173%, p. 77. Synon. : Echinites (pars), Leske, 1778. — Galerites (pars), Lamarck, 1816. — Discoidea, Gray, 1834. Pethodia, Po- mel, 14883. Echinites Duncan, 1889. (1) Les noms en caractères romains sont ceux que les auteurs placent en synonymie. XX 30 94 TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES Discoides Peroni Lambert 1891, p. Echinospatagus 78, pl. 1V, fig. 7-12. — Syn. : Discoidea subaceuta Agassiz; Michelin in Sauvage et Buvignier : Stat. Minéral. et Géol. du départementdesAr- dennes, p. 367, 1842. — Discoidea subu- culus Cotteau (pars) : Paléo.franc. Ferr. Crét. T. VII, p. 23, 1861. — Dis- coidea decorata Barrois : Mém. sur le terr. crét. des Ar- dennes. (Ann. Sc. Géol. Nord., T. V, p. 244.)1878. — Dis- coidea conica Bar- rois : ibid. Breyniusi, d’Orbi- gny 1840, p. 93, pl. IV, fig.1345.— Syn. : Toxaster Raulini Agassiz : in Sched. Echinospatagus Breyniusianus d’Or- bigny : Paléont. franc-sTerr Crete T. VI,p. 173, pl 904. 1853. — Toxaster Breyniusianus De- sor : Synopsis, p. 396,1858.— Echinos- patagus Breyniu- sianus Dujardin et Hupé : Hist nat. des Zoop. Echino- dermes, p. 594. 1862. — Miotoxaster Breyniusianus Po- mel : Genera des Echin. viv. et foss., p. 44. 1883. Elonichthys? p. 273, pl. VIX, fig. 5. Goniocidaris arduennensis Lambert, 4891, p. 44, pl. Il, fig. 13-21. » Farringdonensis, Wright (sub Cida- ris), 1868, p. 39, pl. Il, fig.3-12. — Syn. : Cidaris farringdo- nensis Wright : A. monog. on the Britt. foss. Echinod. from the cret:Mform..p. 68, pl. IL, fig. 6-8, 1868. — Cidaris far- ringdonensis Wright ; de Loriol: Echinol. Helvé- Hemidiadema tique, 2me partie : Echin. de la pér. crétacée, p. 51, pl. IL, fig. 31, 35, 1873.— Cidaris cf. farring- donensis, Barrois : Mém. sur le terr. crét. des Ardennes, p. 254, 1878. Harpoceras aff. Aalense, Ziet. p.331, 1. X, fig. 12, a. b. — Syn. : Harpoceras aalense Vac : Ool. Cap. S. Vigilio, p. 20, pl. VII, fig. 11. — Ammonites Murchi- sonæ intralævis Quenst: Amm., pl. 59, fig. 10, NH poceras n. sp. aff. aalense Ziet.: Haug, Chaînes subalpines, p.05. capillatum, Denck- mann, p.330, pl. X, fig. 11. — Syn. : Am- monites capillatus Denckmann : Ueber die geognostischen Verhältnisse der Umgegend von Dornten. (Abh. z. geol. Specialk. v. Preuss. Vol. VIII, no2, D 160, DIV fig. 3). gen. Agassiz. 1846, . 68 rugosum, Agassiz, p. 70, pl. IV, fig. 5 à 6. — Syn.: Hemidiade- ma rugosum Agas- siz : Catal. rais. des Echnides, p. 47, 1846. — Hemidiade- ma rugosum Agas- siz : d’Orbigny : Prod. de Pal. strat. II, p. 142, no 230 — 1850. — Hemidiade- ma rugosum Agas- siz : Desor: Syno- - psis, p. 08, 185. — Hemidiadema ru- gosum Agassiz Pictet : Traité de Paléont. T. IV, p. 245, 1857. — Hemi- diadema rugosum Agassiz : Dujardin et Hupé : Hist. nat. des chinod., p. 495, 1862. — Glypho- TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES cyphus rugosus Cotteau : Pal. Franc. TerrCrét: TT. VII p. 543, pl. 1128, fig. 16, 22, 1864. — Gly- phocyphus rugosus Cotteau : de Lappa- rent BAS MGR." DÉS OX D. 286, 1868.— Glypho- cyphus rugosus Cotteau : Barrois : Mém. sur le terr. crét. des Ardennes, p 244, 1878. — He- midiadema rugo- sum Agassiz : Po- mel : Genera des Echin. viv. et foss., p. 103, 1883. — Gly- phocyphus rugosus Cotteau : Duncan : Revision of the ge- nera and groups of the Echinoidea, p. 59)et 89, 1889: Hoiaster latissimus, Agassiz 1840, p. 89, pL. IV, fig. 16 17. — Syn.: Holasterla- tissimus Agassiz : Catal. Syst. Ectyp. foss. p. 2. 1840. — Holaster latissimus d’Orbigny: Paléont. franc. Terr. Crét. T. VI, p. 92, pl. 837 et 838, 1853, — Ho- laster amplus d’Or- bigny : ibid., p. 90, pl. 836, 1853.— Ho- laster latissimus Desor : Synopsis, p. 337, 1897.— Ho- laster latissimus Cotteau : Etudes sur les Echin. foss. du dép. de l’Yonne, T. II, p. 189, pl. 65, fig.5, 9, 1863 —(Voir dans cet ouvrage la synonymie Com- plète et ajouter) : Cardiaster latissi- mus Agassiz? Wright : Brit.foss. Echinod. f. the Cret. form., p. 2%, pl. 67, fig. 1-2, 1878. Hybodus sp., p. 271, pl. VIL fig. 2 Peltastes Lardyi Desor.1858 (sub. Hy- posalenia), p. 73, pl. IV, fig. 1-4. — Syn. : Hyposalenia Lardyi Desor : Synopsis, 999 p. 148, 1856.— Sale- nia acupicta Desor: Synopsis, p. 152. 1856. — Peltastes Lardyi Cotteau: Pal. Franc. Terr. Crét. TVICR D A06 pl 1024, 1861. — Peltas- tes Lardyi Cotteau, de Loriol : Echin. Helv. Ter. Crét,, p, HS ADI EXT Et eo RO; 1873 (Voir dans cet ouvage la synony- mie et y ajouter :) _Peltastes Meyeri Barrois (non Desor): Mém. sur le terr. Crét. des Ardennes, p- 244, 1878. Phyllobrissus Cerceleti Desor (sub Nucleolites), 1847, p. S4,pl. IV, fig. 18. — Syn. : Nucleolites subquadratus Mi- chelin (non Agassiz) in Sauvage et Buvi- gnier : Stat. minér. et géol. du départe- ment des Ardennes, p. 367, 1842. — Nu cleolites Cerceleti Desor : Catal. rai- sonné... des Echi- nod., p. 97, 1847.— Nucleolites Cerce- leti d'Orbigny: Pro- drome de Pal. strat. T. II, p. 142, n° 318, 1850.— Echinobris- sus Cerceleti d’Or- bigny. Note rectif. sur divers genres d’Echin. (Revue de Zool. 1854). — Clypeopygus Cerce- leti ne ce Pa- léontol. française, Terr MCCAIN, PAS LE LpIMN9I68 1856. — Nucleolites Cerceleti Desor: Sy- nopsis des Echin. ne p- 261, 1 — ypeo us Cer- cle BA: Mén. sur le terr. crét. des Ardennes. (Ann. Soc. Géol. du Nord. T. V, p. 244, 1878). — Anthobrissus Cerceleti Pomel : Class meth. et Ge- nera des Echin. viv. et foss., p. 60, 1883. 556 TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES Polydiadema gen. Lambert 188, On Jurassic Ammo- 48.— Syn. : Tiarella (pars) Pomel : Ge- nera des Echin. viv. et foss., p.104, 1883. — Plesiodiadema, Duncan (non Pomel, 1883) : Quat. Journ. vol. 41, n° 163, p. 419, 14885. — Plesio- diadema Duncan;de Loriol: Faune crét. du Portugal, T. Il, Echin., p.31, 1887.— Polydiademia Lam- bert: Note sur un nouveau genre d’E- chinide de la Craie de l'Yonne, p. 13, avr.1888.— Polydia- dema Lambert, Cot- teau : Echin. nouv. ou peu connus, 2° Sér asc. VIT SD 115, tr — re Pomel : AC J"sér. LL XV ND: 446, sept. 1888. — Placo- diadema Duncan : Revision of the gen. and groups of the Echin., p. 64, dé- cembre 1889.— Poly- diadema Lambert, Gauthier: Annuaire geol univ. Echino- dermes. T. VI, p. 957, 1891. Cotteaui, Lambert, 4891, p. 54, pl. I, fig. 11-17. Sonninia gen. Bayle, 1879, p. 278. Alsatica, Haug, p. 288, pl. X, fig. 4. — Syn.: Harpoceras alsati- cum Haug : Beitr. Monogr. Ammoni- tengalt. Harp, p. 677, 1885. Buckmani, n. sp., p. 292, pl. X, fig. £. Ste (Sow.), p. 222 VII, fig. 1-2. Due *Ammonites corrugatus SOW. : Miner. Conch,, pl. 451, fig. 3, 1825. — Ammonites patella Waag. Z. d. Amm. SOW., au 25 (2), fig. 2, 3,186. — Sonninia corrugata (So w.) Buck. » » » » Le (Geol. Mag. NS. Dec: Tr vol. VI, + 202, 1889). CRNOORES cycloides d’Orb., p. 297. — Syn.: Ammonit. Cy- cloides d’Orb. Pal. franc. Terr. jurass. Céphal., p. 370, pl. 121, fig. 15, 1845. — Hildoceras cycloi- des (d’Orb.) Haug. Beitr. Monogr. Gatt. Harpoc,, p.639,1885. — Pœcilomorphus cycloides (d’Orb.) Buckm. : Monogr. Infr, Ool. Amm., p. ve 22, fig. 1-22, De , fig. 91, 32, douter (Quenst), p. 293, pe IX, 1e 5, 8. Gi pl. X fig. Syn. : ter. deltafalcatus Quenst. Der Jura, p. 394, pl. 53, fig. 7.8, 1856. — Ammonites delta- falcatus Quenst. Amm. d. Schwäb. Jura, p. 559, pl. 68, fig. 13-16, 1886. furticarinata (Quenst.), P. 286, pl. VIIL, fig. 3-4. — Syn.: Ammoni- tes furticarinatus Quenst. : Der Jura, p. 120, pl. XIV, fig. 6, 7, 1856.— Ammo- nites furticarinatus Quenst. : Epochen der Natur, p. 556, 1861.— Ammonites furticarinatus Qu. : Waag. Z. d. Amm. Sowerbyi, p. 90, pl. 26 (3), fig. 3, 1867. — Harpoceras pingue Haug (non Rœm.): Beitr. z. Monogr. Ammoniteng. Harp. (N. Jarhb. Beil. ee III, p. 674, p XII, ee &, Es 3; P — Ammonites furtica- rinatus Quenst. : Ammon, d.Schwäb. Jura. p. 553, pl. 68, fig. 5-7, non 8. jugufera (Waag.), p. 287. — Syn. : Ammonites TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES jJugifer Waag.: Zone des Amm. Sowerb., p- 90, pl 26(3). fig. 1, 1887. — Harpoceras jugiferum (Waag.): Beitr. Monogr. Am- monitengatt. Harp. p. 676, 1885. Sonninia pinguis (Rœm }), p. 283. — Syn. : onites » » » pinguis F.-A.Rœm.: Versteiner. d. Nord deustsch. Oolithen. Geb., p. 186, pl. 12, fig. 13, 1836. — Am- monites deltafalca- tus Braun (non Qu.) Nachtr. z. d. Stra- tigr u. Pal. d. Hils- mulde.(Paläontozgr. t. XIII, p. 256, plL. 37, fig. 7-9, 18667. — Harpoceras pingue (Rœm.) Haug. Bei- träge zu einer Mo- nographie der Am- monittengat, Har- poceras (N. Jahrb. Beil.-Bd III, p. 674, pe p. non tab. XII, ig. 4, 1885). DrOreUEe Bayle. p. 282. - Syn. : Waggeria propinquans Ba yle : Expl. carte géol. IV. Atlas. pl. 84, fig. 1-6, 1878. (Pœæcilomorphus) Schlum- bergeri, n. sp., p. 296, pl. VIIT, fig. 6. Sowerbyi (Mill), p. 282. sulcata (Buckm.). p. 290, pl. IX, fig. 1-3, pl. X, fig. 9. — Syn.: Lillia sulcata Buckm. Monogr. Infr Ool. Amm., p. 409, pl. XXII, fig. 32, 33. Witchellia Gen., p. 303. — Syn. : Lud- wigia p.p. Douvillé: Zone à Amm. So- werbyi de Toulon. B. S. G. F.. 3° sér., t. XIII, p 26, 1885.— Gruppe des Harpo- ceras corrugatum pe p. Haug : Beitr. z. Monogr., p 673 (93), 1885. — Witchellia Buckm.Monog. ».82, 1889. — Witchellia Buckm. On the des- cent of Sonninia, p. 907 658, 1889. Dorseten- sia Buckm. Monog., p. 302, 1892. Witchellia complanuta (Buckm), p 312, pl. X, fig. 4-5. —Syn.: Ammonites deltafalcatus Qu.: Amm. Schw. Jura, pl. 6o, fig. 10 non 9, 11-17, 1886.— Dorse- tensia complanata Buckm. Monograp. ne Ool. Amm., 306, pl. 53, fig. Ê 18, pl. 54, fig. 1-2, 1892. crassicarinata, n. Sp., ne 317, pl. X, fig. 18, an ee BA er 8, pl. X, fig. 8 — ere : Ammo- nites Edouardianus d'Orb.: Pal. franc. Terr. jur. Céph., p.392, pl 130, fig. 35, 1845. — Ludwigia Edouardi d’'Orb. ; Douvillé:Z à Amm. Sow. Toulon, B.S. G.F., 3° sér., t. XIII, p- 31, 1885 — Har- poceras Edouardi (d’Orb ) Haug: Beit. Monogr. Harp., p. 674,1892.—-Dorseten- sia pulchra Buckm. Monoer. D Mol Amm., pP. pl. LIT, fig. Lo Lago! — DorsetensiaEdouar- diana Buckm.,ibid., P. A pl. LIL, fig. 8-24, ?. ro seb p. 306. liostraca (Buckm.), p.316. —Syn.: Dorsetensia subtecta Buckm. : Monogr. Inf. Ool. Don ere Te traca Buckm.. Ibid., p. 310 ; pl. LIT, fig. 11-16; “pl: LV, êg: 3-0 ; pl. LVI, fie. 1892.— sl ras anacanthum Uh- lig in Neumayr u. Uhlig: Ueber die von H. Abich im Kau- kasus gesammelten JDE TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES Jurafossillen. (Denkschr.d.math.- naturw. C1. d. kais. Akad. d. Wiss., vol. LIX, p: 45, pl. V, fig. 3, 1892). Wilchellia M QU DIS de 7, pl. IX, fig. 6-7 Po à 1 SD: D: 318, PL. X, fig. 7. —Syn. : DorsetensiaEdouar- diana Buckm.: Mo- nogr. Inf.Ool.Amm. p. 304, pl. LIL fig. 824, non d'Orb., 1892. Romani, p. 310. — Syn. : Ludwigia p. p. Douv. Z. à Amm. Sow. de Toulon, p. 28, 1885. — Gruppe des Har- poceras corrugatum p. p. Haug : Beitr. z. e. Monogr. d. Ammoniteng.Harp. p.673, 1885.— Dorse- tensia p. p. Buckm. Monogr. Inf. Ool. Witchellia Rimani, Amm.,p.302, 1892: » Opp. P. 315.— Syn.: Ammonites Roma- ni Opp.:Juraform., p- 370, 1856. — Am- mon. Romani Opp.: Pal. Mitth. I, p. 145, pl. 46, fig. 2, 1862, — Ammonites delta- falcatus acutus Qu. Amm. Schw. Jura. pl. 68, fig. 11, 1886. COR GORE (Douv.) 309. — Syn. AUE wigia romanoides Douv. : Z. à Amm Sow., p. 28, pl. LIL, fig. 3-4, 1885. Sayni, n. Sp., p. 308. — Syn.: Ludwigia cor- rugata Douv. Z. à Amm. Sow., p. 26, 1. 11, 1885. — Sow. iner. Conch. Vol. V; D: 074, 0ple41r fig. 3, non. n. sp. aff. Sayni, p. 309. FIN DE LA TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES nt et LISTE DES FIGURES INTERCALÉES DANS LE TEXTE. KiLrAN. — Fig. 1. Coupe transversale (théorique) du massif du Galibier, LAMBERT. Fig. entre le col du Galibier et le vallon des Mottes. 2, Coupe relevée du N-0 au S-E entre la base du roc Ter- mier et le col de la Ponsonnière . — 3 radioles du Goniocidaris arduennensis . Fig. 1. > =. CE ex . Plaque interradiale du Hemidiadema un : 5. Plaque interradiale du Glyphocyphus radiatus. . Apex du Pellasties Lardyi Desor . Apex d’un échantillon jeune de Peltastes He de la Type de zone porifère unigéminée du Cidaris ee @- cidaris) florigemma Phillips, d’après Wright 2. 3. 4. Autres types de zones porifères unigéminées. . Type de zone. porifère bigéminée du Diplopodia pen- tagonum M. Coy, d’après Wright. . Plaques bigéminées, trisociées du Salmacis sulcata Agassiz, d'après nature : Type de zone porifère trigéminée, danses Wright, prise sur le Pseudodiadema depressum, Agassiz près du péristome . Zone porifère trigéminée à ere Dinnctes 1 Stomechimus perlatus Desmarets . . Type de zone porifère plurigéminée du Loxechinus albus Molina, d’après nature. . Type de zone porifère toxogéminée du Stronguto- centrotus franciscanus A. Agassiz . . Type de zone porifère unigéminée et unisociée du Cidaris hystrix, d'après Loven 2. Zone porifère trigéminée du Stomechinus Der lotus Desmarets. . Zone porifère du Pedina Salteri À ñe Lo Xi ap es un échantillon de Leckhampton Faculté des Sciences de Lille. . Apex du Salenia mamillata Cotteau . Apex du Discoides Peroni . . Apex d’un autre échantillon, vu Pan la face tennes . Apex anormal dont les costales 3, 4 et 5 sont dépour- vues d’hydrotrèmes . Apex du Phyllobrissus Cer Pace 77 560 LISTE DES FIGURES Fig. 23. Apex du Phyllobrissus Gresslyi, Agassiz . Fig. 24. Phyllode de l’ambulacre II d'un Phyllobrissus Cerceleti Fig. 25. Apex d’un échantillon monstrueux de l’Holastler lalis- simus RE ES US PomELz. — Fig. 1. Dir-el-Kef vu du Nord- Quest RU D ESENERS MarcEL BERTRAND. — Fig. 1. Carte géologique du Boulonnais . ‘ Fig. 2. Boulonnais. Carte FRE Un du fond de la Dire mer crétacée : Fig. 3. Boulonnais. Courbes de niveau #2 É se ee Ts crétacés . Fig. 4. Sarthe. Carte SRatue db td de la on mer crétacée . Fig. 5. Dorsetshire. Carte Re Fi tond de à première HEPACRÉ ACER AE ENT Fig. 6. Berry. Carte géologique du fond de k nee mer crétacée . : Fig. 7. Artois. Carte Hate An Axe je la mer éocène, Fig. 8. Coupe schématique. Fig. 9. Plis du bassin de Paris . Fig. 10. Carte des profondeurs de la mer du Noa. Fig. 11. Bassin de Paris. Axe des ondulations tertiaires PomELz. — Coupe du plateau d'Oran . ë : : Mec, BLeicHer et Fiche. — Fig. 1. Coupe re oo Kleinkembs : Fig. 2. Coupe des carrières au Nord d’Altkirch . Fig. 3. Carte indiquant les limites et les principaux dépôts oligocènes du lac Sundgovien badois (d’après la carte géologique du département du Haut-Rhin au 550005 de Kæchlin, Schlumberger et Delbos) . . Silex tertiaires lacustres de Riedisheim et Habsheim. . Coupe du Moulin de Frise à Eclusier (Somme) . . Vallée d’Orville (Pas-de-Calais). . Coupe d’Hardivillers, près Breteuil (Oise) . Carrière à la Grenouillière, près Curlu (Somme). . Le Bois de Milly, près Beauval (Somme). . Coupe schématique.— Comparaison des vallées de la Somme et de l’Authie . ABBÉ BOURGEAT. — Coupe entre Augisey et nan : HauG. — Fig. 1-4 Cloisons de Sonninia, grossies environ 3 fois.— @) S. jugifera.— (2) S. furticarinata. — (3) S. pin- guis. (4) S. n. sp. aff. pinguis . . . Fig. 5-7. Cloisons de Sonninia. — (5) S. sulcata. — (6) s. Buckmani, n. sp. — (7) S. Schlumbergeri, n. sp. Fig. 8-14. Cloisons de Witchellia. — (8) W. punctatissima, n. sp. — (9) W. n. sp. aff. lœviuscula. — (10) W. re- grediens, n. sp. — (11) W. Edouardiana. — (12) W. complanata. — (43) W. liostraca. — (14) W. complanata sas F4. 0 OR Ch. Gorceix, — Fig. k Coupe de la falaise de Bidert ts . Coupe parallèle à la côte passant par Sinle Par e Fig. 3. Coupe N.-S. à l’ouest de Mongnerre Fig. LAsNE. — Fig. Fig. ol = [0e] DUR D NN => à 291 307 340 341 342 STUART-MENTEATH. LISTE DES FIGURES — Coupe de Sarre au Château de Saint-Pe,. FazLor. — Fig. 1. Coupe indiquant approximativement la disposition des assises crétacées le long du Gua-Mort à Villagrains STuART-MENTEATH. — Coupe d'Arudy eaux Eaux-Chaudes. FicHeur. — Fig. ; Coupe générale du massif du Bou-Thaleb, par PAfoan Fig. 2. Coupe par le Djebel-Mouessa, à 5 kil. à l'Est de la précédente : Fig. 3. Coupes relatives au ronbien, au no de a: maison forestière d’Aïn-Tinzert à Fig. # Coupe au nord de la vallée de Ter nioune ee Fig. 5. Coupe relevée à la maison forestière de l’Afgan . . Fig. 6. Coupe par le Drà el Ahmar. Fig. 1. Coupe du Ktef Makrouze. Fig. 8. Coupe relevée à l'Ouest du Teniet Ten Fig. 9. Profil des couches sénoniennes au flanc du Djebel Bou-Iche Fig. 10. Coupe de la sortie Fes. soes it T'Oued Sly ï chaque côté du ravin : Fig. 11. Plissement du Sénonien au Djebel Ba RH inga: Fig. 12. Coupe du plateau d’Aïn-Tafrint (Merdja d’Anouel). OsBoRN. — Kig. 1. Crâne de Palaeonictis occidentalis . . . . . . WELscH. — Carte des plissements des couches sédimentaires dans les environs de Poitiers . CAREZz. — Fig. 1. Coupe de Sougraigne au Petit ec Fig. 2. Coupe d'Esperaza à Pailhard Fig. 3. Contournement du Calcaire à Milioles Fig. 4. Coupe de la boutonnière de la Sals : Fig. 5. Coupe le long de la route de Rennes à Bo Fig. 6. Coupe à 1500 mètres à l'Est de la précédente. Fig. 7. Coupe au sud de Sougraigne : Fig. 8. Coupe à 1500 mètres à l’est de la nécédente Fig. 9. Coupe près du ruisseau du Mas . 6 Fig. 10-12. Coupes prises près de Saint-Ferréol . Fig. 13. Coupe passant par le Bézu . : Fig. 14. Coupe de l'entrée des gorges de Sim CLONES, Fig. 15. Coupe prise au sud du hameau de Labeau . . . Fig. 16. Coupe prise près du pont de la Foux. Fig. 17. Coupe le long de la route de Fenouillet à Caudiés de Saint-Paul . : ; Fig. 18. Lias foncé dans les hotes elite : Fig. 19. Carrière de plâtre du Pont de la Foux . . . Fig. 20 et 21. Lambeaux calcaires des environs de Camps et de Cubières . J. RoussEz. — Fig. 1. Coup: de Fontanes à Has nt . Fig. 2. Coupe de Campagna-de-Sault . . . 6 Fig. 3. Coupe du pic d’Ourthizet à Port de PA FIN DE LA LISTE DES FIGURES. LR M ER s , SAR ait FAT ait hat in nr: “ag ris nr Nat 68 FAR AREA CAE (fret RP paie Ho Le ge À LU AT AE EME FEAR cn SAGE Me ENT Er MAÉ RE #5: QE ” DDR NC EE QE 1 DT we mr JE, VER Hé En As We) MR RAN EN EN AE | Ent TANT CEON p'Rute NN PTE LUE DT ER 00 ess CM TS 4 nié FAR Ab es A ce tt vers. Dee à DA RATE : d Mar QUE + CNT 2: 6. PI. I. PI. IL. PI. IE. ÉESIDE) DESNAPANEEES — KizrAN, p. 21. — Gisement du Jurassique supérieur dans le massif du Grand-Galibier (Savoie). — J. LaMBerr, p. 38. — Fig. 1, fragment de radiole du Cidaris plexæa — J. Lambert, de la collection de M. Peron. — 1a le même grossi. — Fig. 2, plaque interambulacraire recueillie au Boïis-des-Loges et attribuée au C. plexa (Collection Lambert). — Fig. 3, Goniocidaris farringdonensis Wright (sub cidaris) du Bois- des-Loges, vu de profil (Coll. Lambert). — Fig. 4%, le même, vu en dessus. — Fig. 5, le même vu en dessous. — Fig. 6, Interambulacre du même, grossi, pour montrer la disposition des granules scrobiculaires, les crénelures des tubercules su- périeurs et les fossetttes angulaires ou suturales. — Fig. 7, portion d’ambulacre du même, grossi, montrant la disposition irrégulière des granules miliaires. — Fig. 8, une plaque inter- radiale du même, grossie, avec radioles des granules adhérents. — Fig. 9, 10, 11, trois radioles trouvés à côté du même. — Ja, portion de tige grossie. — 114 sommet d’un radiole grossi. — Fig. 12, fragment de radiole de la même espèce (Coll Peron), — 124, facette articulaire grossie. — Fig. 13, Goniocidaris arduennensis Lambert, de la collection de M. Peron, vu de profil. — Fig. 14, le même vu en dessus. — Fig. 15, le même vu en dessous. — Fig. 16, interambulacre du même, grossi, pour montrer la disposition des fossettes. — Fig 17, portion d’ambulacre du même, grossi. — Fig. 18, radiole du G. arduennensis, recueilli au Bois-des-Loges (Goll. Collet). — Fig. 19, 20, 21, autres radioles de la même espèce et du même gisement (Coll. Lambert). — 204 et 21a, sommets de deux de ces radioles, grossis. LAMBERT, p. 38 — Fig. 1, Diplopodia Renevieri Cotteau (sud Pseudodiadema) de la collection de M. Raulin, vu de profil. — Fig. 2, le même vu en dessus. — Fig. 3, le même vu en dessous. — Fig. 4, Diplopodia Renevieri recueilli à Négremont et mon- trant la forme de l’apex (Coll. Lambert). — Fig. 5, individu jeune de la même espèce (Coll. Peron). — Fig. 6, fragment d’un individu très adulte, avec six rangées de tubercules interambu- lacraires égaux (Coll. Lambert). — Fig. 7, moule inférieur en phosphate de chaux, de la même espèce (Coll. Peron).— Fig. 8,9, radioles attribués au D. Renevieri de la collection de M. Peron. 8a, Ja, les mêmes, grossis. — Fig. 10, Diplopodia Renevierb Cotteau, de Négremont (Coll. Lambert). Variété à zones mi- liaires plus larges et très voisine de D. Malbosi Agassiz (sue Tetragramma). — Fig. 1l, Polydiadema Cotteaui Lambert, de 564 PIAINE PI — Jd. LISTE DES PLANCHES la tranchée du Chemin de fer, vu en dessus (Coll. Lambert). — Fig. 12, le même vu en dessous. — Fig. 13, portion supé- rieure, grossie, d’un ambulacre et d’un interambulacre du même, pour montrer la disposition des granules et la structure 5-sociée des plaques ambulacraires.— Fig. 14, autre échantillon des mines de Négremont, montrant la forme et l’étroitesse de l’apex. Variété à petits tubercules secondaires voisine du P. Rhodani Agassiz (s. Diadema), de la collection Lambert — Fig. 15, le même vu en dessous.— Fig. 16, le même vu de profil. — Fig. 17, portion d’ambulacre et d’interambulacre du même, grossie. LAMBERT, p. 38.— Fig. 1, Peltastes Lardyi Desor (sub Hyposa- lenia), variété de la collection de M. Peron vue en dessus. — Fig. 2, le même vu en dessous. — Fig. 3, le même vu de profil. — Fig. 4, ambulacre du même, grossi, pour montrer la rareté des verrues intermédiaires chez cet échantillon. — Fig. 5, Hemidiadema rugosum Agassiz, du Bois-des-Loges vu en dessus (Coll. Peron). 5a, le même, grossi, pour montrer la forme de l'apex et l’aspect sculpté du test. — Fig. 6, plaques ambulacraires et interambulacraires du même, grossies, pour montrer la disposition des fossettes scrobiculaires. — Fig. 7, Discoides Peroni Lambert, de la tranchée du Chemin de fer, vu en dessus (Coll. Lambert). — Fig. 8, le même vu en dessous. — Fig. 9, le même vu de profil. — Fig. 10, portion d’ambulacre et d’interambulacre du même, grossie, pour montrer la dispo- sition des tubercules. — Fig. 11, jeune individu de la même espèce et du même gisement. Le périprocte est en partie visible de profil (Coll. Lambert). — Fig. 12, face inférieure vue inté- rieurement d’un autre individu de la même espèce recueilli au Bois-des-Loges et montrant le bourrelet péristomien avec les côtes internes du test (Coll. Lambert). — Fig. 13, £chinos- patagus Breyniusi d'Orbigny, vu en dessus. Type de l’espèce déjà figurée dans la Paléontologie française (Coll. Raulin) — Fig. 14, ambulacre II, grossi, du même. — Fig. 15, autre indi- vidu de la même espèce, vu de profil. Second type de l’espèce (Coll. Raulin). — Fig. 16, Holaster latissimus Agassiz. jeune, de moyenne taille, vu en dessus (Coll. Raulin). — Fig. 17, am- bulacre II du même, grossi, avec pores encore subcirculaires ou faiblement allongés.— Fig. 18, Phyllobrissus Cerceleti Desor (sub Nucleoliles) de la collection de M. Peron, vu en dessus. — MARCEL BERTRAND, p. 118. Carte des profondeurs de la Manche. PL VI. — BLelcHER, p. 237. Fig. 1, coupe suivant le grand axe, grossie deux fois, d’un nodule phosphaté du Lias inférieur de Xeuilley (Meurthe-et-Moselle) : a) gangue calcaréo-marneuse du Spon- giaire ; b) corps du Spongiaire; ec) canal central; d) réseau de spicules ; e) gros Foraminifère engagé dans le canal central. — Fig. 2, coupe en travers, grossie deux fois, d’un nodule phosphaté de même type et de même provenance : a, b, €, d ont la même valeur que dans la fig. 1; du canal central partent les canaux rayonnants du Spongiaire. — Fig. 3 et 4, ste Sat LISTE DES PLANCHES 565 portions du réseau spiculaire quadrillé fortement agrandies.— Fig, 5, fragment de gros Foraminifère échoué dans le canal central du Spongiaire fig. 1. — Fig. 6, nodule phosphaté de la base du Lias moyen du Col du Mauvais Lieu, près Ludres (Meurthe-et-Moselle), formé d’une colonie de Spongiaires, gran- deur naturelle, — Fig. 7, résidu minéral et organique d’un nodule phosphaté de Totainville (Vosges), du Lias moyen, après traitement par l'acide chlorhydrique étendu; f, Fora- minifères; g, spicules de Lithistides ?; h, grains de quartz; i, fragments de test de coquilles de Mollusques avec leur structure fibrillaire réticulée; j, débris d'organisme indéter- minable, Dessiné à la chambre claire. Grossi 50 fois. — Fig. 8, nodule phosphaté du Lias supérieur de Clévant (Meurthe-et- Moselle), grandeur naturelle. PI. VIL — SAUVAGE, p. 270. — Fig. 1, Amblypterus Delessei Svg. grandeur naturelle. — Fig. 2, /ybodus sp., grandeur naturelle — Fig. 3, Diplodus sp., grandeur naturelle. — Fig. 4, Diplodus (Thrina- codus), grandeur naturelle. — Fig. 5, Ecailles d’£lonichthys grossies. PI. VIII. — E. HauG, p. 277. — Fig. la, 1b, Sonninia cf. corrugata (Sow.). Moule ferrugineux. Zone à Witchellia Romani, Beaumont, près Digne, Coll. G.Sayn.— Fig. 22, 2b, Sonninia cf. corrugata (Sow..) Moule ferrugineux. Zone à Witc,ellia Romani, Beaumont, près Digne. Coll. G. Sayn. — Fig. 32, 3b, 30, Sonninia furticarinata (Quenst ). Moule pyriteux. Zone à Witchellia Romani.Pfullingen, Wurtemberg, Coll. Univers. de Strasbourg. — Fig. 4a, 4b, Son- ninia furlicarinata (Quenst.). Moule pyriteux. Zone à Wit- chellia Romani, Stuhlsteige, Randen.Coll. Univers. Strasb. — Fig. 5a, 5b, Sonninia pinguis (Roem.). Moule pyriteux (?). Zone à Witchellia Romañni. Mainholzen, Brunswick. Coll. Ecole Nationale des Mines. — Fig. 64, Gb, Sonninia [Pæcilomorphus] Schlumbergeri n. sp. Zone à Sphœæroceras Sauszei. Forêt de Haye, près Nancy. Coll, Schlumberger. Sorbonne. PI IX. —E. Hauc, p. 277. Fig. {a, {b, 22, 2b, 3, Sonninia sulcata (Buckm.). Moules internes calcaires. Zone à Sphæroceras Sauzei, Bayeux. Coll. Ec. des Mines. — Fig. 4a, 4b, Sonninia Buckmani n. sp. Moule interne calcaire avec test partiellement conservé. Zone à Sphæroceras Sauzei. Forêt de Haye, près Nancy. Coll. Schlumb. Sorb. — Fig. 5%, bb, Sonninia dellafalcata (Quenst.). Var. Moule interne calcaire de la partie cloisonnée avec test partiellement conservé. Zone à Wilchellia Romani. Pfullingen, Wurtemberg. Coll. Univers. Strasb. Fig. 6a, 6b., 7, Witchellia punctatissima n. sp. Moules internes calcaires avec test par- tiellement conservé. Zone à Witchellia Komani. Pfullingen, Wurtemberg.— Fig. 8a, 8b,9a,9p, Sonninia deltafalcata (Quenst). Moules internes calcaires avec test partiellement conservé. Zone à Witchellia Romani, 8, Neuffen, 9, Eningen, Wurtemberg. Coll. Univers. Strasb. PL. X. — E. Hauc, p. 277. Fig. 4, Sonninia alsatica Haug. Moule interne calcaire. Zone à Witchellia Romani Mietesheim. Alsace. Coll. 566 LISTE DES PLANCHES PI Re PI. Pl PI. IAE Carte géol. Alsace-Lorraine, Strasbourg. — Fig. 2a, 2, Sonninia deltaofalcata (Quenst.). Moule interne calcaire. Zone à Witchel- lia Romani. Pfullingen, Wurtemberg. Coll. Univers. Strasb. — Fig. 3, Wilchellia n. sp. indét. Moule ferrugineux. Zone à Wilchellia Romani. Beaumont, près Digne. Coll. G. Sayn. — Fig. %,4b, Wilchellia complanata Buckm. Moule ferrugineux. Zone à Cosmoceras sulfurcatum. Mairaigues, près Digne. Coll. Sorbonne. — Fig. 5à, 5b, Wilchellia complanata Buckm. Moule calcaire. test partiellement conservé. Zone à Witchellia Romani. Pfullingen, Wurtemberg. Coll, Univers. Strasb. — Kig. 68, 6b, Ge, Witchellia liostraca Buckm. Moule ferrugineux. Zone à Wit- chellia Romani. Beaumont, près Digne. Coll. G. Sayn.— Fig. 7a, 7b, 7, Wilchellia regrediens n. sp. Moule calcaire. Oolithe ferrugineuse, Saint-Vigor, près Bayeux. Coll. Ec. des Mines.— Fig. 8a, 8b, 8c, Wilchellia Edouardiana (d'Orb.). Moule calcaire. Oolithe ferrugineuse. Saint-Vigor, près Bayeux. Coll. Ec. des Mines. — Fig. 9, Sonninia sulcata (Buckm.). V, pl. IX, fig. 1-3. — Fig. 10, Witchellia crassicarinala n. sp. Echantillon calcaire avec le test. Oolithe ferrugineuse, Bayeux. Coll. Ec. des Mines. — Fig. 11, Jarpoceras capillatum Denckm. Surmoulage cal- caire. Lias supérieur. Mietesheim. Coll. Carte géol. Als.-Lorr. Strasb. — Fig. 12. ZZarpoceras cf. aalense (Ziet.). Moule ferru- gineux. Zone à /arpoceras concavum. Ravinde la Pierre, près Digne. Coll. G. Sayn. (Sur la pl. X le nom de Dorsetensia est à remplacer par celui de Witchellia). XI. — Ch. GorcEIx, p. 337. Carte géologique des environs de Bayonne. XII. — Ficneur, p. 393. Carte géologique du massif du Bou-Thalet. XIII et XIII bis.— CAREZ, p. 470. Carte géologique de la région parcourue par la Société pendant la réunion extraordinaire de 1892. XIV.— CarEez, p. 470. Fig. 1, coupe de Montfort à Alois. — Fig. 2, coupe de Rabouillet à Missègre par le pic de Bugarach. — Fig. 3, coupe de Sournia à Fort des Razouls. — Fig. 4, coupe de Vinça à Matofagino. XV. — CAREZz, p. 470. — Fig. 1, coupe de Rennes-le-Château aux environs d’Alet. — Fig. 2, coupe de Niort à Rivel. — Fig. 3, coupe d’Aunat à la route de Chalabre, près la Burgade. — Fig. 4, coupe du Clat à Roquetaillade. XVI. — CaREz, p. 470. — Carte des mers et des lacs secondaires et tertiaires dans la partie orientale des Pyrénées. FIN DE LA LISTE DES PLANCHES. re 2 DATE DES PUBLICATIONS DES FASCICULES QUI COMPOSENT CE VOLUME Fascicule 1 — (feuilles 1*-3*, 1-2, pl. D), juillet 1892. — 2—( — 4°, 3-7, pl. IT-IV), novembre 1892. — 3—( — D*-6*, 8-11, pl. V), décembre 1892. — k—( — 7*, 12-17, pl. VI), janvier 1893. — 5 - ( — 8*-9*, 18-21, pl. VII-X), mars 1893. — 6—( — 10*-12”, 22-26, pl. XI-XII), mai 18983. — T—( — 27-29, liste des dons) 1893. — 8—( — 29-34, pl. XIV-XVI), septembre 1893. ERRATA DU TOME XX Pages Lignes LXIX 12 Au lieu de Comte Gaetan O’Connor, lisez Comte Gaetan O’Gorman. 373 37 » Ostrea stet » Ostrea aquila. Ne pas tenir compte de la pagination de la liste des dons et remplacer pour cette liste les numéros 458-521 par les numéros 1-63. ELSPE DES OUVRAGES REÇUS EN DON OÙ EN ÉCHANGE SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE ” PISTE DES OUVRAGES REÇUS EN DONS OU EN ÉCHANGE PAR LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE du À Janvier au 21 Mars 1892 10 NON PÉRIODIQUES (Les noms des donateurs sont en italique) Almera Jaime. — Descubrimiento de otras dos faunas del silurico inférior en nuestros contornos, determinacidn de sus niveles y del de la fauna de los filadios rojo-purpurios de Papiol. 15 p., in-8&. Id. — Descubrimiento de las capas de « Congerias » en Castell- bispal. 8 p., in-80. Asonuma, J. — Topographical Map of Hokkaiïdo with Localities of useful Minerals. 1891. Baïff Boné. — Les eaux de l’Arve. — Recherches de géologie expé- rimentale sur l’érosion et le transport dans les rivières torrentielles ayant des affluents glaciaires. Genève, 1891, in-8°, 85 p., 9 planches. Baret, Ch. — Terrain métamorphique et-chimique de la Ville-au- Vay, près le Pellerin (Extr. Bull. Soc. Sc. natur. de l’Ouest de la France, p. 221-228, 1 pl.) Barrois, Ch. — Mémoire sur la faune du Grès armoricain (Extr. Ann. Soc. géol. du Nord, 1891), 105 p., 5 pl. et fig. dans le texte. Bertrand, L. — Note sur trois espèces du genre Scalpellum, du Calcaire grossier des environs de Paris (Extr. Bull. Soc. géol. de Fr., 1891), 6 p., 1 pl. et 2 fig. Bleicher. — Sur la découverte de coquilles terrestres tertiaires dans le tuf volcanique du Limbourg (Kayserstuhl, grand duché de Bade). (Extr. C.-R. Ac. Sc., 1891). Briart. — Étude sur les limons hesbayens et les temps quater- ; , <>, PT . “ / de Pouf A EE J/AGEO | Rés rX < Le «< ps PER © 1 * 460 DONS. — DU 4 JANVIER AU 21 Mars 1892 naires en Belgique. In-8°, 59 p. (Extr. Ann. Soc. Géol. de Belg.) Liège, 1892. Buchanan. — On the occurence of sulphur in Marine Muds and Nodules, andits bearing on their Mode of Formation. In-8, 39 p. (Ext. des Proc. of Roy. Soc. of Edinburgh) Edinburgh, 1891. Bukowski Gejza. — Kurzer Vorbericht über dù Ergebnisse der iu den Jahren 1890 und 1891 in südwestlichen Kleinasien durch geführten geologischen Untersuchungen. In-80, 22 p. (Ext. des Sitz. d. k. Akad. d. Wiss. in Wien.) Vienne, 1891. Caudéran Ht° et Marius Surgand. — Le Camp romain de Saint- Médard-en-Jalles (Extr. Rev. cathol. de Bordeaux, 1891), 32 p., 1 pl. Chaper. — Les mines d’or de l'Afrique Australe. (Rev. scienti- tifique. T. IX, N° 10). Collot. — L'homme et les animaux fossiles de l’époque quater- naire dans la Côte-d'Or (Extr. Rev. bourguignonne de l’Enseignem. supérieur, 1891, n°3). 21 p., 1 pl. Dijon. Forir, H. — Sur un faciès remarquable de l’Assise de Herve au S., au S.-W, et à l'E. de Henri-Chapelle. Liège, 1891, in-8° (Ext. des Ann. Soc. géol. de Belg. Tome XIX). 16 p. Id. — Relations entre l'étage landénien belge et les couches inférieures du système éocène du Bassin de Paris, d’après MM. Gosselet et Von Kæœnen. Liège, 1891, in-8°(Extr. Ann. Soc. géol. de Belgique). 6 p. Id. — Quelques particularités remarquables de la Planchette de Herve. Liège, 1891, in-8° (Extrait Ann. Soc. géol. de Belgique). 43 p. Fuscini, A. — Molluschi e Brachiopodi del Lias inferiore di Longs- bucco. In-8, 64 p. et 3 pl. (Ext. Bull. Soc. malac. d'Italie). Modène, 1892. Id. — Il Pliocené dei Dintorni di Cerreto-Guidi e di Limite ed i suoi Molluschi Fossili. — In-8°, 40 p. et 2 pl., Rome, 1891. Grossouvre (de). — Étude sur la Craie supérieure. La Craie des Corbières (n° 25. Bull. Services de la Carte géologique de la France.) Gümbel. — Geognostische Beschreibung der Fränkischen Alb. In-8°, 763 p. et 1 carte, Cassel, 1891. K.Jimbo, T. Ishikawa and S. Yokoyama. — Distribution of volca- noes in Hokkaïdo, 1891. (Carte). K. Jimbo. — Geological Map of Hokkaido. 1891. DONS. — DU 4 JANVIER AU 21 Mars 1892 AG1 Karrer Felix. — Führer durch die Baumaterial-Sammlung des k. k. naturhistorischen Hofmuseums, in-12. Vienne, 1892. Ministère de l’Instruction publique. — Mission scientifique au Mexique et dans l'Amérique centrale. Recherches zoologiques. Première partie. — Anthropologie du Mexique, par M. Hamy, p. 97-148, pl. 10-11, HOReLEAIE Septième partie. — Elude sur les Mollusques terrestres et fluviatiles, par MM. Fischer et Crosse, p. 257-312, pl. 49-52. Moureaux. — Sur l’anomalie magnétique du bassin de Paris. Munier. — Thèses présentées à la Faculté des Sciences de Paris. Etude du Tithonique, du Crétacé et du Tertiaire du Vicentin. Paris, in-8°, 185 p., 35 fig. (Don de la Faculté des Sciences). Ribeiro et Choffat.— Memorias de Carlos Ribeiro sobre los carvoes dos Terrenos mesozoicos do Districto de Leiria suas Visinhanças com uma introducçào e Annotaçoës de Paul Choffat. In-8° (Ext. Revista de Olras publicas e Minas, p. 257-331). Romanowski. — Matériaux pour la Géologie du Turkestan IIT. 1890, in-4°, 165 p., 20 pl. Sacco, Federico. — Sopra un cranio di Tursiops Cortesii (Desm.) var. Astensis Sacc., in-8, 12 p., 1 pl. (Ext. des Atti della Sc. di Torino, vol. XX VI. Turin, 1891. 1d. — L'âge des Formations ophiolitiques récentes, in-8, 36 p. (Ext. Bull. Soc. belge de géolog., T. V). Bruxelles, 1891. Schlumberger. — Description of a new species of Fabularia. (Tran- sact. Royal Society of South Australia, 1891). Sterry-Hunt. — Systematic Mineralogy based on a natural Classi- fication. New-York, 1891, 391 p. 2° PÉRIODIQUES. France. — Paris. — Comptes rendus hebdomadaires des séan- ces de l’Académie des Sciences. T. CXIII, n° 25-26. T. CXIV, nos 1-11. (T. CXIID). A. Lacroix : Sur une formation de cordiérite dans les roches sédi- mentaires fondues par les incendies des houillères de Commentry (Allier), p. 1860. — Wada : Tremblement de terre du 28 octobre 1891 dans le Japon Central, p. 1076. — (T. CXIV). J. Seunes : Sur le Crétacé supérieur de la vallée d’Aspe, son âge et ses relations, p. 87. — Al. de Tillo : Superficies absolues et répartition relative des terrains occupés par les principaux groupes géologiques, p. 246. — L. Cayeux : Sur la présence de nombreuses Diatomées dans les gaizes crétacées du bassin de 462 DONS. — DU 4 JANVIER AU 21 Mars 1892 Paris, p.375 — A. Lacroix : Sur l'existence de zéolites dans les calcaires juras- siques de l'Ariège et sur la dissémination de ces minéraux dans les Pyrénées, p. 377. — Marcel Bertrand : Sur la déformation de l'écorce terrestre, p. 402. — Georges Rolland : Sur le régime des eaux souterraines dans le haut Sahara de la province d'Alger, entre Laghouat et El Goléah, p, 508. — Journal des Savants. Nov.-décem. 1891. Janv.-fév. 1892. (1891) Daubrée : Geological Survey des Etats-Unis (2° article), p. 748-760. (1892). A. de Quatrefages : Théories transformistes, p. 44-58. — Daubrée : Geolo- gical Survey des Etats-Unis, p. 100-115. — Annales des Mines, 8e série, T. XX, 5° et Ge livr., 9% série, T. 1, {re et 2e livr. (9 série, T. 1), Chesneau : Note sur les tremblements de terre en Algérie, p. 6-47. — J. Thoulet : De l'action de l’eau en mouvement sur quelques minéraux, p. 118- 135. — J. de Morgan : Note sur les gîtes de naphte de Kend-é-Chirin (Gouvernement de Ser-i-Poul), p. 227-239. —Bulletin de la Société Philomatique de Paris, 8*série, T, IIE, n° 4. H. Filbol : Note concernant l'étude d’une tête d’Anthracotherium minimum, p. 162. — Id. : Note sur uné portion de mâchoire de Felis trouvée dans la caverne du Gros-Roc, près de Saintes, p. 177. — L’Anthropologie. T.II, n° 6. — Bulletin de la Société Française de Minéralogie. T. XIV, n° 7- 8 et T.. XV, n°1. F. Gonnard: Sur la hornblende de Perrier, près d’Issoire (Puy-de-Dôme), p. 222. — Id.: Sur une granulite de Farérolle, commune de Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme), p. 223. — Id.: Sur un gisement d’épidote à Rhesmes (Piémont), p. 225. — Id. : Observations au sujet d'une note de M. Jannettaz sur le feldspath orthose des basaltes de Royat, p. 226. — Jannettaz : Réponse à la note de M. Gonnard, p. 230. — G. Friedel : Sur une pyrite épigène renfermant du soufre, p. 230. — Mallard et Cumenge : Sur la Boléite, p. 283-293. — Mallard : Sur le grenat Pyrénéile, p. 293- 302. — Lacroix : Sur les déformations subies par les cristaux de quartz des filons de Pitourbes-en-Lordat (Ariège) et sur les minéraux formés par l'action de ces filons sur les calcaires paléozoïques, p. 307-314. — Id. : Sur les minéraux de Sani- dinites du Plateau Central de la France, p. 314-318. — Id. : Matériaux pour la Minéralogie de la France. p. 318-326 (T. 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Rolland : Sur le régime des eaux artésiennes de la région d'El Goléa, p.694. — Michel Lévy : Sur les pointements de roches cristallines du Chablais, p. 782. — Caralp : Le marbre de Saint-Béat : son âge, ses relations stratigraphiques, p. 784. — Mallard : Sur le fer natif de Cañon-Diablo, p. 812. — Daubrée : Observations relatives à la note de M. Mallard, p. 814. — Munier-Chalmas : Sur le rôle, la distribution et la direction des courants marins en France, pendant le Crétacé supérieur, p. 851. — Prince Roland Bonaparte : Mesures des variations de longueur des glaciers du Dauphiné (massif du Pelvoux), p. 860. — Chambrelent : La stabilité des dunes du golfe de Gascogne et les dangers dont elles sont menacées, p. 883. — G. Cotteau: Sur un genre nouveau d'Echinide crétacé, Dipneustes aturicus, Arnaud, p. 891. — De Mon- tessus de Ballore : Sur la recherche des conditions géographiques et géologiques caractérisant les régions à tremblements de terre, p. 933. — A. Lacroix : Sur les relations existant entre la forme et la nature dès gisements de l’Andalousite de l'Ariège, p. 955. — G. Capus : Sur le loess du Turkestan, p. 958. — A. de Tillo : Répartition des terrains occupés par les groupes géologiques d’après les latitudes et les longitudes terrestres, p. 967. — Bleicher et P. Fliche : Sur la découverte des Bactryllium dans le Trias de Meurthe-et-Moselle, p. 1038. — A.-E. Noguès : Sur les glaciers anciens de la Cordillère andine de Chilan (Chili), p. 1081. — Bleicher : Sur la structure microscopique des oolithes du Bathonien et du Bajocien de Lorraine, p. 1138. — J. Thoulet : Sur l'immobilité des eaux océaniques profondes, p. 1143. — A. Pomel : Sur le Bramus, nouveau type de rongeur fossile des phosphorites qua- ternaires de la Berbérie, p. 1159. — A. de Grossouvre : Sur les relations du Trias du sud-est de Paris, p. 1218. — E.-A. Martel : Sur la glacière naturelle du Creux- DONS. — DU 4 AVRIL AU 27 JUIN 1892 475 Percé (Côte-d'Or), p. 1222. — A. Gaudry : Sur le Singe de Monssaunès découvert par M. Harlé, p. 1236. — J. Gosselet : Sur les relations du terrain dévonien et du terrain carbonifère à Visé, p. 1242. — A, Lacroix : Sur la dioptase du Congo français, p. 1384. — J. Welsch : Les plissements des terrains secondaires dans les environs de Poitiers, p. 1441. — L. Mazzuoli : Sur la genèse des roches ophioliti- ques, p. 1443. — Journal des Savants, mars-avril 1892, — Annales des Mines, 9 série. T. I, livr. 3-5. Beaugey : Etude sur les sources minérales de Cauterets, p. 319. — Lodin : Etude sur les gites métallifères de Pontgibaud, p. 389. — Bulletin de la Société Philomathique de Paris. 8 série, T. IV, n° 1, — Bulletin de la Société française de Minéralogie. T. XV, nos 2-4. L. Michel : Sur quelques minéraux provenant de Condorcet (Drôme), p. 27. — FE. Gonnard : Notes pour la minéralogie du Plateau-Central, p. 28. — Id, : Sur la Cérusite de la Pacaudière, près Roanne (Loire), p. 35. — Id. : Sur la Cérusite de Roure (Pontgibaud), p. 41. — Ch. Frossard : La Pyrénéite, p. 58. — E. Jannettaz : Notes sur les calcaires noirs à Pyrénéite, p. 62. — Id. : Note sur la matière colo- rante des calcaires des Pyrénées, p. 101. — Mémoires de la Société Zoologique de France, T. V, n°s 1-3. — Bulletin de la Société Zoologique de France, T. XVII, n°5 2-5. — Bulletin de la Société Botanique de France, 2° série, T. XIII, avril-juin 1892. — Paléontologie Française. Livr. 26, Terrains tertiaires. Eocène. Echinides, T. IT, par M. Cotteau. Texte, feuilles 23 à 25; planches 297 à 308. .— Journal de Conchyliologie, 3° série. T. XXXI, n° 4. T. XXXII, mate + (T. XXXD). C. Mayer-Eymar : Description de coquilles fossiles des terrains ter- tiaires supérieurs, p. 317. — Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, 22 série. T. IV. 3° fascicule. — Bulletin de la Société d’Anthropologie de Paris, 4° série, T. I, 4e fascicule. — L’Anthropologie. T. LIL, nos 1-3. — Congrès international d’Anthropologie et d'Archéologie pré- historiques. Compte-rendu de la 2 session à Paris. — Annuaire Géologique universel. T. VIT, 4° fascicule. T. VII, cr fase. 476 DONS. — DU # AVRIL AU 27 JUIN 1892 — Comptes-rendus des séances de la Société de Géographie, 1892. n°s 6-11. — Bulletin de la Société de Géographie, 4me trimestre 1891. E. de Margerie : Congrès géologique de Washington, p. 506-537. — Bulletin mensuel du Club Alpin Français, 1892, nos 3-5. — La Nature, n°s 982-995. A. Ladureau : La Floride et ses phosphates, p. 289. — E. A. Martel : La grotte naturelle du Creux-Percé (Côte-d'Or), p. 401. — Le Naturaliste, n°s 122-127. k Henri Boursault : Empreintes problématiques du pays de Bray, p. 89. — Remy Saint-Loup : Les ancêtres de nos chiens, p. 102. — Stanislas Meunier : Sur quelques fossiles africains, p. 113. — E. L. B : La faune du Cambrien inférieur d'Amérique, p.128: — Ministère des Travaux publics. — Bulletin des Services de la Carte géologique de la France. T. III, nos 24-27. T. IV, n° 1. (N° 24). M. Bertrand : Le massif d’Allauch, 2 pl., 53 p. — (N° 25). A. de Gros- souvre : La Craie des Corbières, 16 p. — (N° 26). A. Jaccard : Etude sur les massifs du Chablais compris entre l'Arve et la Drance, 44 p. — (No 27). A. Michel-Lévy : Note sur la prolongation vers le sud de la chaine des Aiguilles Rouges, Montagnes de Pormenaz et du Prarion, 66 p., 3 pl. — (N° 28), Marcellin Boule : Description géologique du Velay, 259 p., 41 pl. — Ministère de l’Instruction publique : Revue des Travaux scientifiques. T. XI, n° 41. T. XII, n°1. Annuaire des Bibliothèques et des Archives pour 1892. Amiens. — Bulletin de la Société Linnéenne du Nord de la France, n's 234-236. Avignon, — Mémoires de l’Académie de Vaucluse. T. XI, 4e tri- mestre. Auxerre. — Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne, 3 série. Vol. XV. G. Cotteau : La Géologie aux Congrès de Fribourg et de Marseille, p. 79-106. Belfort. — Bulletin de la Société Belfortaine d’Emulation, 1892, n°44! Bleicher et E. Meyer : Sur une tourbière disparue de Froidefontaine, p. 74-78. Caen. — Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 1891, ge et 4e fasc. G. Lennier : Recherches sur le littoral du département de la Manche, p. 180. — Bigot : Observations à propos de la communication précédente, p. 182. — Lennier : Excursion géologique à Granville, p. 203. — Bigot : Communication sur la consti- DONS. — DU 4 AVRIL AU 27 JUIN 1892 411 titution géologique de la forêt de Perseigne, p. 220. — Id. : Observations à propos des considérations géologiques et paléontologiques sur les terrains des environs de Bellème et de Mamers de Bizet, p. 221. — L. Lecornu : Sur le minerai de fer de Saint-André, p.224. — Bigot : Sur des Brachiopodes fossiles de Normandie, p. 231. — Id. : Communication sur la position des calcaires à Wilsonia Henrici, de Bau- bigny, p. 231. Chambéry. — Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Savoie. LNVne 2: J. Revil : Notice sur les travaux de Gustave Maillard. Evreux. — Recueil des travaux de la Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres de l'Eure. 4e Série, T. VIEIL. Lille. — Annales de la Société Géologique du Nord. T. XX, 2e Livraison. L. Cayeux : Sur la présence de nombreuses Diatomées dans les gaizes juras- siques et crélacées du bassin de Paris, de l'existence de Radiolaires dans les gaizes crétacées de ce même bassin, p. 57. — Ch. Barrois : Observations sur le terrain dévonien de la Catalogne, p. 61. — Desailly : Coupe d'un puits creusé par la Com- Le] , pagnie des mines de Liévin, sur le territoire *d'Avion, p. 74. — Ch. 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Behrendsen : Zur Geologie des ostabhanges der argentinischen Cordillere, 4 pl. — Pohlig : Ueber das Valorsineconglomerat. — Karl Endriss : Zur Geologie der Kôhlen des Schwäbischen Albgebirges. Der Bau der Gutenberger Hôble,1 pl.— Ochsenius, C.: Die Bildung von Kohlenflôützen — Struckmaun : Ueber den Serpulit von Linden bei Hannover. — Wahnschaffe, F. : Mittheilungen über das Glacialgebiet Nordamerikas. Die Endmoränen von Wisconsin und Pennsylvanien. — Futterer : Die Enstehung der Lapinischen Seen., N° 8. Jackel, O, : Ueber Holopocriniden mit besonderer Berücksichtigung der Stram- berger Formen, 9 pl.— Frech, P.: Ueber das Devon der Ostalpen, 3 pl. — Osann, A.: Beiträge zur Kenntniss des Eruplivgesteine des Cabo de Gata. N° 4. Deecke : Der Granistock des Elsässer Belchen in den Südvogesen, 1 pl. — Wagner : Ueber einige Versteinerungen des unteren Muschelkalks von Jena, 1 pl — Gürich, G.: Ueber Placodermen und andere devonische Fischreste im Breslauer mineralogischen Museum. — Schauf, W. : Ueber die Diabaschiefern von Birkenfeld bei Eppenhain und von Vockenhausen im rechtsrheinischen Taunus, À pl. — Strom- beck : Ueber das Vorkommen Actinocamax quadratus und Belennitella mucronata. — Oppenhein: Die Gattungen Dreyssensia, Van Beneden und Congeria, Partsch, und ihre gegenseitigen Beziehungen und ihre Vertheilung in Zeit und Raum, 1 pl. Verhandlung der Gesellschaît für Erkunde, t. XIX, 1892, nes 1, 2, 9, 4 et 5. Zeitschrift. — Vol. XX VI, n° 6 (1891) et vol. XX VII, n° 1 (1892). Abhandlungen zur geologischen Specialkarte von Preussen und den Thüringischen Staaten, 3 vol. et 1 atlas, t. IX, fasc. 3 et 1 atlas; t. X, fasc. 8 (1891) ; nouvelle série, fase. 5 (1892). Frech Fritz : Die Devonischen Aviculiden Deutschlands. Ein Beitrag zur systemalik und Stammesgeschichte der Zweischaler avec atlas de 28 pl. — Kœænen von A. : Das Nordeutsche Unter-Oligocän und seine Mollusken-Fauna, 3° liv.: Naticidæ, Pyra- midellidæ-Eulimidæ, Cerithidæ, Turritellidæ, avec 13 pl. — Schlüter Clemens : Die Regulären Echiniden der norddeutschen Kreide, liv. 2. Cidaridæ, Salenidæ, avec 14 pl. Bonn. — Verhlandlungen der Naturhistorischen Véreines der Um, DONS. —— DU À AVRIL AU 27 JuIN 1892 479 preussischen Rheinlande, Westfalens und des Reg.-Bezirks Osna- brück, 28° année, 5° série, t. VIII, 2e fas. (1891). Follmann : Ueber die unterdevonischen Schichten bei Coblenz. — Schulte : Geo- logische und petrographische Untersuchungen der Umgebung der Dauner Maare (avec une carle géologique en couleur). — Busz k. Die Leucit-Phonolithe und deren Tufle indem Gebiete des Laacher Sees.— Bruhns W. : Die Auswürflinge des Laacher Sees in ihren petrographischen ungenetischen Bezichungen. Gotha. — Justus Perthes : D' A. Petermann’s Mittheilungen, t. XXX VIII (1892), n°s 2, 3, 4 et 5. Hergesell : Die Rotation der Erde unter dem Einfluss geologischer Prozesse. — Diener : Ueber das Anseifen der Geyser in Yellowstone National Park. Halle. — Leopoldina, 25e liv. (1889), 26e liv. (1890), 27: Liv. (1891). — Verhandlung der Kaiserlichen Leopoldinisch-Carolinischen Deutschen Akademie der Naturforscher, vol. 54, 55 et 56. J. G. Bornemann : Die Versteinerungen des Cambrischen Schichtensystems der Insel Sardinien nebst vergleichenden Untersuchungen über analoge Vorkomnisse aus andern Ländern. 2e Liv., vol. 56, p. 425-510, 10 pl. — Zincken : Das Vor- kommen der natürlichen Kohlenwasserstoff und der anderen, Erdgase. Stuttgart. — Neues Jahrbuch für Mineralogie, Geologie und Paleontologie, vol. 1, 2e et 3° liv. (1892). Doss, B. : Ueber den Meteoriten von Misshof in Kurland und die Ursachen der Schallphänomene bei Meteoritenfällen im Allgemein, 2 pl. — Weber, C. : Ueber Cratopleura holsatica, eine interglaciale Nympheacee, 2 pl. — Nordenskiôld, Otto : Chemische Untersuchung des hyun2by Meteoriten. — Sandberger : Die Flora der tiefsten Schichten des Infralias von Burgpreppach bei Hassiurt. — Nehring : Dilu- viale Saiga-und-Spermaphilus. Reste von Bourg (Gironde). — Jackel : Ueber Dichelodus Gieb. und einige Ichthyodorulithen, eine Entgegnund an Herrn A. Smith Woodward.— Eck : Mastodon aff. longirostris Kaup von Lahr. — Keilhack : Ueber das alter des Torflagers von Laueuburg an der Elbe. — Kayser : Ueber das Rothliegende der Gegend zwischen Battenberg und Lollar. — Beck : Ueber Brookit als Contactmineral. — Gümbel : Ueber die Bezeichnung Rôthelschiefer. — Kükenthal : Ichtlyosaurier und Wale. — Geinitz : Mittellias in Dobbertin in Mecklenburg. — Treadwell : Ueber die Zusammensetzung der Milarites. Beecker : Ueber die Entwickelung der Brachiopoden, 1 pl. — Doss : Ueber den Meteoriten von Misshof in Kurland und die Ursachen der Schallphänomene bei Meteorilenfällers in Allgemeinen, 2 pl. — Martin : Mammuthreste aus Niederland. — Mügge : Ueber den Krystallbau der pyrogenen Quarze.— Nathorst : Betrachtun- gen über das angebliche Vorkommen von Resten von organismen in Grundgebirge. — Nordenskiôld, Otto : Chemische Untersuchung des Ljungby-Meteoriten. — Rinne : Ueber die Beziehungen zwischen den Mineralien der Heulandit-und Desmingruppe, 4 pl. Weber : Ueber Cratopleura holsatica. Australie. — Victoria. — Reports and statistics of the Mining Department for the Quarter Ended 30th september 1891. : 480 DONS — DU 4 AVRIL AU 27 JUIN 1892 Autriche-Hongrie.— Vienne. — Berg-und Hüttenmännisches Jahrbuch der k. k. Bergakademien zu Leoben und Pribram und der kôüniglich ungarischen Bergakademie zu Schemnitz. Voi. XL, 4e liv. — Denkschriften der k. Akademie der Wissenschaften. Math. Naturwissenschaftliche Classe. XVII° vol. (1890). Naumann und Neumayr : Zur Geologie und Paläontologie von Japon, 5 pl — Nathorst : Beitrage zur mesozoischen Flora Japan’s, 6 pl. — Ettingshausen : Die fossile Flora von Schænegg bei Wies in Steiermark, I Thiel (Enthaltend die Crypto- gamen, Gymnospermen, Monocotyledonen und Apetalen) 4 pl. — Oppenheim : Die Land-und Süsswasserschnecken der Vicentiner Eocänbildungen. Eine palæontolo- gisch-zoographische Studie, 5 pl. — Rosiwal : Geologische Untersuchungen in cen- tralen Balkan. IT Petrographischer Theil. Zur kenntniss der krystallinischen Ges- teine, 3 pl. — Toula : Geologische Untersuchungen im ôstlichen Balkan, 7 pl. — Zlatarski : Ein geologischer Bericht über die Sredjna Gora, zwischen den Flüssen Topolnica und Strema (1 carte geologique). — Blanckenhorn : Das marine Miocän in Syrien. — Rodler und Weithofer : Die Wiederkäuer der Fauna von Maragha 6 pl. — Sitzungsberichte der kaiserlichen Akademie der Wissenschaf- ten. Mathematisch-Naturwissenchaftliche Classe. Abtheilung I (série verte), vol. XCIX, n°s 4-10, 1890. Tschermak : Die chloritgruppe (L Theil), 5 pl. — Kirtsch : « Rumpfit » ein neues Mineral. — Gerstendürfer : Die Mineraliem von Mies, in Bôühmen. — Ettingshausen C. Freih : Ueber fossile Banksia-Arten und ihre Beziehung zu den lebenden, 2 pl. Abtheilung IT. a. (série jaune), vol. XCIX, n° 4-10, 1890. Abtheilung IT. b. (série grise), vol. XCIX, n°° 4-10, 1890. — Verhandlung der k. k. geologischen Reichanstalt. 1891, nos 15-18. Jahn. Bemerkung zu F. Katzer’s Mittheilung : « Das pyropführende Diluvium im bôühmischen Mittelgebirge. » — Teller : Hastodon Arvernense aus südsteiermark. — Vacek : Ueber die geologischen Verhältnisse des Rosaliengebirges. — Bittner : Zur Geologie des Erlafgebietes. — Tietze : Die Perm-Buntsandsteinformation bei Krakau. — Paul : Geologische Aufnahmen in der Gegend südôstlich von Brünn. — Geyer : Bericht über die geologischen Aufnahmen in oberen Murthale. — 1892, n° 1-5. Vacek : Schôckelkalk und Semriacher Schieler. — Bittner : Zur Kenntniss der Bellerophonkalke Südtirols. — Katzer : Zur Qualificirung der « Bemerkungen » zum Referale über Mineralogisches und Geologisches von der Prager Landesauss- tellung. — Paul : Geologische Aufnahmen in der Gegend von Znaim. — Tietze : Ueber eine marine Einlagerung ein productiven carbon der Krakauer Gegend. — Tietze : Bemerkungen zu Prof. Penck’s Vortrag über die Formen der Landoberfläche. — Tsckerne : Meerschaum von Bosnien und Mähren., — Kramberger-Gorjanovie : Paludinenschichten in den Maria-Goricaer Kügeln in Croatien. — Foullon : Ueber . | | DONS. — DU 4 AVRIL AU 27 JUIN 1882 181 Goldgevinnungs, stätten der Alten in Bosnien. — Teller : Der geolog. Bau der Rogac- Gruppe und des Nordgehänges der Menina bei Oberburg in Südsteiermark. — Bukowski : Geologische Forschungen in westlichen Kleinasien. — Jahrbuch der Kaiserlich-Kôniglichen Geologischen Reichan- sanstalt., vol. 41 (1891), 2e et 5e Livr. Tietze : Beitrage zur Geologie von Galizien. — Ublig : Ueber Herbich’s Neocom- fauna ausdem Quelgebiete der Dimboviciora in Rumänien. — Hibsch : Die Insel älteren Gebirges und ihre nächste Umgebung im Elbthale nôrdlich von Tetschen. — Elterlein : Beiträge zur Kenntniss der Erzlagerstalte des Schnecbergs bei Mayrn in Südtirol, 1 pl. — Mâska : Die diluviale Fauna und Spuren des Menschen in der Schoschuwker Hôhle in Mähren, 1 pl. — Uhlig : Ergebnisse geologischer aufnah- men in den Kerpathen, 3° part. — Kriz : Die Hôhlen in den mährischen Devon- kalken und ihre Vorzeit, 2 pl. — Budapest. — Füldtani Kôzlôny (Geologische Mitthulungen). - Vol. XXI, n°s 10, 11 et 12 (octobre-décembre) 1891. Géza v. Bene : Ueber die geologischen Verhältnisse der Lyas-Kohlengruben von Resicza-Domän und ibrer Umgebung (1 pl.). — J. Lozka : Mineralanalysen. -— Staub : Neue Daten zur fossilen Flora von Felek bis Klausenburg, 4 pl.— Roth L. : Die Erdabrutschung bei Malak6, 1892, no 4. Nos 1-4, 1892. A. 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Telegd : Die Unmittelbare Umgebung von Steierdorf-Anina. — Julius Halaväts : Der nordôstliche Theil des Aranyos (Arinyes) Gebirges. — Schafarzik : Ueber dei geologischen Verhältnisse der Umgebung von Orsova, Jesselnitza und Ogradina. — Alexandre Gesell : Montanngeologische Aufnahme des Nagybanyaer Erzdistrictes. — Mittheilungen aus dem Jahrbuche der K. Ungarischen Geolo- gischen Anstalt, vol. IX, n° 6. 1891. Weisz, T. : Der Bergbau inden Siebenbürgischen Landestheilen. Cracovie. — Akademia Umiejetnosci w Krakowie. — Sprawoz- danie Komisyi Fizyjograficznej obejmujace poglad na czynnosci XX 31 482 DONS. — DU 4 AVRIL AU 27 JuIN 1892 dokonane w ciagu roku 1889 et 1890, oraz Materyjaly do fizjografic krajowej. Tom dwudziesty piaty et Tom dwudziesty szôsty. — Bulletin international de l'Académie des Sciences. Comptes rendus des séances de l’année 1892. Janvier à Mai. S. Kreutz : Sur les origines de la coloration bleue du sel gemme. — Rozprawy Akademii Umiejetnosci. 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Compte-rendu des excursions de la session extraordinaire de la Société Belge de Géologie, de Paléon- tologie et d'Hydrologie à Givet, les 7 et 8 septembre 1890. — Rutot : Une applica- tion de la Géologie à l'Archéologie. — Rutot : La constitution de l'étage paniselien dans la Flandre occidentale. Id. — Mémoires : D: J. Félix : Des Eaux thermales de Chaudfontaine (Belgique) et de leur action physiologique et thérapeutique. — De Munck : Note sur les formations quaternaires et éoliennes des environs de Mons. — J. Macpherson : Contribution à l'étude des mouvements anoléculaires dans les roches solides, 2 pl. — Ed. Pergens : Nouveaux Bryozoaires cyclostomes du Crétacé, 1 pl. Discours prononcés le 15 décembre 1890, aux funérailles de Jean Ortlieb, — Rutot : Edmond Hébert. — Annales de la Société Royale Malacologique de Belgique, T. XXV (4° série, t. V), 1890. Mémoires. Cotteau : Notice sur l'Hemipneustes oculatus (Drapiez), Cotteau, de la eraie de Ciply et les autres espèces du genre Hemipneustes, 4 pl — Rapport sur l’excursion de la Société royale malacologique à Folz-les-Caves, Jandrain, Wansin, Orp-le- Petit et Orp-le-Grand, les 24, 25 et 26 septembre 1887, 1 pl. Séances de la Société. E. Vincent : Sur une plaque appendiculaire observée chez le Corbula Henckeliusi. — Mourlon : Sur la découverte de nouveaux débris de Mosasauriens à Ciply. — Dollfus : Lettre à M. Velge sur le gisement de quelques Mammifères de l'Eocène parisien, — Réponse de M. Velge à la lettre de M. Dollfus. — Mourlon : Sar les VIP PT UT UP UN) PR y UE a éilnad à à À rod) Us. cé dripnne sc Sd à à DONS. — DU 4 AVRIL AU 27 JuIN 1892 483 dépôts rapportés par M. Velge à l'étage yprésien entre la Dyle et la Sennette. — Pelseneer : Axinus et Cryptodon. — D. Raeymakers et E. Vincent : Note sur deux puits artésiens creusés dans la banlieue de Bruxelles. — Vincent et J. Couturieaux : Quelques mots relatifs à l’âge yprésien accordé par M. Velge aux sables calcarifères entre la Dyle et la Sennette. — Vincent et J. Couturieaux : Deuxième note relative aux sables avec grès entre Genappe et la Sennette. — G. Velge : Réponse aux deux notes de MM. G. Vincent et Couturieaux relatives aux sables des environs de Nivelles. — G. Vincent et Couturieaux : Réponse à la note de M. Velge du 6 septem- bre 1890. — Vincent : Observations sur des fossilles recueillis à Anvers. Procès-verbaux des séances de la société royale Malacologique de Belgique, T. XIX (1891), p. LXXXIX-CXVI, Tome XX (1891), p. I-XXXIT. Liège. — Annales de la Société géologique de Belgique, t. XVII, Axe livr. 1891, 2e livr. 1891-92. Bulletin. Malaise : Sur la position probable de quelques roches cristallines du Brabant dans la série stratigraphique. — M. Lohest : Sur la position géologique des couches qui ont contribué à la formation des dépôts de phosphate de chaux de la Hesbaye. — L. de Koninck : Cinabre artificiel. — Cesaro : Etude des cristaux de cinabre obtenus par M. de Koninck par l’action de l'air sur une solution de sulfure mercurique dans le sulfure sodique. Observation sur la méthode employée par M. de Koninck pour la reproduction du cinabre. Idées sur le mode ile formation de la barytine de Rume- lange. Sur le mode de formation de la barytine. Barytine aciculaire de Bleyberg. Sur un minéral provenant de Quenast, qui est probablement de l’adulaire. — Dormal : Observations au sujet du Compte-Rendu de l’'Excursion de la Société dans la vallée de l'Orneau en 1889. — Dewalque : Deux fossiles nouveaux du Dévonien de l’Orneau. — Stainier : Découverte du cinabre en Belgique. — Stainier : Concrétions ferrugineuses de psammites du Condroz. — Cesaro Adulaire de Quenast. La prehnite de Quenast. — Dewalque : Sur quelques fossiles des ardoises de Warmifontaine (Neufchâteau). — Stainier : Les car- rières de calcaire dévonien de Rhisnes. Anthracite et blende dans les calcaires dévoniens de Rhisnes et de Bovesse. — Forir : Relation entre l'étage landénien . belge et les couches inférieures du système éocène du bassin de Paris, d'après MM. von Kœnen et Gosselet. — Cesaro : Cristaux de Vanadite présentant nettement les caractères du groupe dihexaédrique anormal. Cristaux de sidérose présentant le scalénoèdre e — 621. La Hatchettine et l’Ozocérite.— Delvaux : Découverte d’une molaire d'Elephas antiquus et de restes d'espèces quaternaires éteintes dans les alluvions stratifiées de la colline de Messin, par M. A. Lemonnier, ingénieur, directeur des usines de Bélian. Sur un caillou erratique, originaire du Saint- Gothard, recueilli près de Beverst, dans la vallée du Denier. — Stainier : Présence du crétacé à Gesves et aux environs de Namur. — Lohest : Sur le transport et le déplacement des cailloux volumineux de l’'Amblève. Mémoires. C. de La Vallée Poussin : Notes sur les rapports des étages tournaisien et viséen de M. E. Dupont avec son étage waulsortien. — Forir : Quelques particularités remarquables de la planchette de Herve. — Slainier : Etude sur l’assise de Rouil- 484 DONS. — DU 4 AVRIL AU 27 JUIN 1892 lon. Limite de l’Ahrien et du Burnotien sur le littoral du Condroz. Le poudingue de Nanine à Strud et à Dave. Les failles de Samson. Le terrain houiller à Salzinne- les-Moulins. Le grès blanc de Maizeroul, — Cesaro : Sur les notations compliquées des cristaux de calcite. — Delvaux : Sur un terme nouveau du quaternaire inférieur observé en Belgique. Etude stratigraphique et paléontologique du sous-sol de la Campine. Les puits artésiens du Hainaut occidental. Les cailloux de silex roulés, etc. — Max. Lohest : Sur la signification des conglomérats à noyaux schisteux des psammites du Condroz. — Charles de Stefani : Les terrains tertiaires supérieurs du bassin de la Méditerranée. Tome XIX. — {re livraison, 1891-1892. Bulletin. Cesaro : Sur les plans de fissure du gypse. Action de la calcite sur une solution de sulfate ferreux en présence de l'oxygène de l’air. Origine probable des oolithes. Production de cristaux de gypse. — De Dorlodot : Note préliminaire sur l'extension occidentale du Silurien de Sambre-et-Meuse et sur la terminaison orientale de la faille du Midi. — Malaise : Sur les affleurements nouveaux de roches feldspathiques entre Fallais et Grand Manil. — Lohest : Visite au musée de la Smithsonian Insti- tution à Washington. Sur un échantillon d’anthracite du musée de Columbia Collège à New-York. — Stainier : Origine des cailloux oolithiques des couches à cailloux blancs du bassin de la Meuse. Cornets emboîtés provenant d'Amérique. — Forir : De l'existence de sable blanc, tongrien inférieur (?) des argiles à silex et du sable hervien à Beaufays, Mémoires. Forir : Sur un faciès remarquable de l’assise de Herve au S., au S. O. et à l'E. de Henri-Chapelle. — Briart : Etude sur les Limons hesbayens et les temps quater- naires en Belgique. — Delvaux : Description stratigraphique et paléontologique d’une assise de sables inférieurs à l'argile yprésienne, représentant en Belgique les Oldhaven beds du bassin de Londres. États-Unis d'Amérique. — Cambridge. — Bulletin of the Museum of comparative Zoology at Harvard College, vol. XXII, n°s 1-4, 1892. 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Cartes nos 10, 16, 17, 18, 47, 49, 57, 67, 76, 717, 87, 94, 95, 100,.115. » Horizontal Sections. — N° 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. » Vertical Sections. — N° 2. IRELAND. Cartes nos 1, 2,3, 4:5,06,.1,-8,,9; 40, 14,421 14, 15, 16, 17, 18, 22, 23, 24, 25, 30, 31"02, 33, 43, 44, 55, 56. » Horizontal Sections.— Nos 28, 29, 30, 31, 33,34,936. MEMoIRs. Geology of Wight (21 Ed.). » parts of Cambridge et Suffolk. » Malleritang. » Flint, Mold et Rutlin. Pliocene Deposits of Britani. Vertebrate of Pliocene Deposits of Britain. Newcastle-upon-Tyne. — Transactions of the North of England Institute of Mining and Mechanical Engineers. Vol. XLI, part. III et IV, 1892. Hoskold : Notes upon the Mines in the Argentine Republic, South America. — J. L. Shaw : The Hematite Ores of Cumberland, 2 pl. — Kendall : The Iron Ores of Spain, 4 pl. Murton : Geology of the Coal-Field of Northumberland and Durham, 3 pl. Portland. — The Portland Catalogue of Maine Plants. 2e édition 1892. 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Ceéol.de France. k NOTE DE Portlanc SES Métis tm tn cet tite Conde eu 4. de à | Carte des profondeurs de La Manche. | | Le 1 Les traits fins indiquent les courbes de rveau du fond de la mer, F : de dx en dix rnetres. | Les traits plans foncés RC tndiquent les lignes de bombement du fond ÿ | : (axes arnticlinaux) Les traits des cols TNT erquent les Lignes de ‘ depresstor {ares synclraux 7 : La ligne porntillee «TT au sud d'Aastinas, indique une ligne de. depression tgne CA 7 A gui ne senble pas rentrer dans le reseau formée par les autres Lignes (peut-etre une € Le vallée sous-marine . h 4 CELL BERTRAND I Serce LXX P1. F1. Brighton BUÉOGNE In. ‘20 Ë À Je MONTREUIL À | () 4 erch © // Rs /, nn SE D 9’Trouville -s-Mer CAEN He Le ont. | st + NOTE, DE ME MARCEL, BERTRAND See ZX HN Portsmouth y: D eZ 10 “camp ex 7 | | Carte En durs de La Manche . _ GAP D'ANTIFER endiguent les courbes de raveau du fond de la mer, DT tudiquent les lignes de bombement du fond , s traits dsentins NT vudquent les lignes CRC ur /. aus d'Hustings, tndique une ligne de dépression 2 Le réseau formé par les autres lqnes (peut-étre une ON ÿ / N\ # ) ( . { | 7 S = { Trouville -s-Mer Bleichez me Série T. (Séance du O juin 1$o2) ne C / Qt AMuraliet Cie Procédé (r. Pilarski, AA CS 01" Gt heL EM Po FRS KE AS MINY K Doc de OC Jauvage Bull. Soc. Géol. de France Grenier Ti EIRE C0 , ù (Heauce du 27 Juin ( $92) Procédé G, Pilarski, A. Murat et Cie -Sohier correx. Poissons du Psrmien de l'Allier Motz de ON. 6. Haug SEE RC VIT (deauce du 21 lbats Sa?) CNY Sobier pholog. et correx. Procédé Pilarski, Murat et Ci : LR M. * - 4 " sie, PT Itote 02 SI. — Ç CO. 21 elbats 1802) Sohier photog. et correx. Procédé Pilarski, Murat et C leauce du 21 elbats 1$a2) ( (£ Pilarski, Murat et C Procédé Sohier photog. et correx. REA pt TASER Fo es DRASS a ET MERE N AT x à 4 Bull de. la Soe: Céol. de france. Le gende Alluvions rmnrodernes. {DPures, vallées) ” éd * post-éocènes. AVummulitique: Danier” Seronier. Cenomanten. F+ : ro +g+| Ophite, gypse. f LI A Fe FT] 3 TE ® o JC] Zryo-aptier, Cautt . HN S h ERNST @ el oo a Y° (2 Le 1 GO Echelle 85.650 LR ER TIQUE NS Fa Lee SK  RU S No O & . & : Æ Le @ Oo « Ds sen He Yo o a k) LÉ ©: © » CDS Co Se LS © © = « à © o 0 © © NÉE c 0 Ù K © o SE o © S à Ibarriès COQ SRE > o S) ° : Fe Mere (pb, -‘. Dis ,e. A mp, S'ADARE 1 a SEL RON D | No te \ +++ + +++ +++ +++ +++ + + +++ +) rt +++ +++++0++++# +++ +++ + ++iÙ JESérre, L'FX. PL-A7. Mi. | ToN °duo) ANT Dif A ÿ D} A 1 TT Se dl AO) su. afin + +,9+ + i j “A Lahonce it. Urcuit © | [IT f NU . ° OS A eee e 00 0 0 9° 2 NOTE DE M* GORCEIX PSE, ZE 27 DÉC ES 9 re RQ nie elaienes "1e Verte Lo N °dnor) # Co vi ste 2.5. UT ER à ee ne SRE se © + à Se eee + 0e © = Se eee, AA ele ur" » Co SC AC HR Tee ;e . j? L ahonce.* , } _À Dr. 40 CE NES t \ \tthsts+: ++0vsssse DRASS RER à De FDL TD POUF PU LP T SP 2024: : S'UOILONLD SOLLI)DI SÉÉIIL A np JULIE] 4 SO11007D) SLT 70 PTIQT UORRILOLT) ; FF FF ESS 0 SO: TT Cest] Ces] [ira CORTE) 77204) UOYÉD-0PL] 1102U10900$7 TLLLR) LD) EE ZZ VA ZZEZ 4, 377 ELA) 0er 9 0°: OThLOY}Ly 1 AL) 2 29 j#ns np 0 LIDU L01D70 À ous 02010 f 17) LOL Y 7 | UEUOYT HE as AN + + ue + + 2 AR (ax Fée + en À ( & ces n G Der T = X VGA É'RSERS Ÿ Ë ti Vars es Rare RENDU Q ° SEXY, AAA ES | DEN en Sp or ane © 9 e © opt à JJRAISIS Us à à: SAT FLY 45, vd ROC ENS de D 0 CUT 47 © \C TE to Met EN o VA AE A PT LOT PO ++uce + Fe \£ LAN PAT FEMELLES À CD Bo sat St +++ + +77 nÙ mp pe» a Der +0+ Fe PE 7 ad CL ! 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XIV. ‘ N B. DE Lo due OR FAT « = RTS TE Ver = Les Ge: J 2 rate nt GET US sr Ge T, wu 7.6C 04908 SIN ESS wu£tz SIOTV 7 «| à R S = | . “o ul . | ta ur LEZ 7 SINOZE} SAP JT 3 | - à < LS = Ë - T 8 à À. Fe © 1008 | | © : vs Ÿ : AN9LIQIUI JJNEL) T LS NP AJIJISSOF 2U07 L À à a S ur 906 FATOMENT EDIT ES SaUBUCNT Ê A porte RE" 4 ' LAURE 4 * re à : Jéfestes Vorrstaltins Wrussique noyer Cyo- aptier. | Gantb. 52 . | Gnomanten. arnes rouges supérieures. Culeuire à Hilioles. Marnes urtiolores Calcure à Cérithes THhaurnes à Tüurritetles . Culeare marin (Bocene moyen?) Lou Len] 2u990! NOTE DE MR L.CAREZ JeVèrie. TAN PE XIV. Mg.l Coupe de Montfort à Alois. N a El à à HI 2 I SE vb 5 VI a 6 VII z 2 2 & LE à à 5 È $ à SE 4 À Ê £ É 25 = Ÿ % = À Æ à È E 1 : 1 N G F & = |: LÔ 12 2 ; À al L 10 CT | Më. 2 Coupe de Rabouwullet à Missègre par le Pie de Bugarach. FE À Piclde EBufarach 1 Mi 2 Fr Go rire RU CH Cr ? ; Are Va 3 VE 5 VI 6 vil 7 È 22 D AE] LE Fée D:4 21 Misséÿre 592 6507 M8. 1; Coupe de Sourma à Fort des Razouls. ; N. £ É] “ à 5 Chaïnc de Saint Antorue £- El à = SE: À 1 3° de Calamus. V. & $ 6 vit DS RÉ a È jo) Ë E £ EP 2Èe É 5 £ Ë É = à Ë LES E) À 2 52 Le FI è ach 6997 de Vinça à Matofagmo. Saint-Arnac Il je Né W à Ë ë Las Ë 28 EL 5 < £ Echelles des { longueurs 1: 80,000 © j hauteurs 1:40,000!© à Maury 210 Zone fossilifére du Gault inférieur Jérdouble À. ) Route de Saint Paul RP ER Cranë chez LMidrer, re de Labbe y l'Epier + Dis SRE er M Se ST e. r CRIER LPO Te re L Se . LR 2", Fr. Fr ss “= EE LL. à dir » or un nn ee a HERRC dns u 88% a 2] 0j) HDOSSINOT + l . } | ‘, 1 5 \ i ‘ + L = [ FFT ï “ 1 ÿ À 3 = a 0 ER : y |] À t CA } | | 3 À EUR É s 1 y y “ 4 À î "dl | \ ïl re r L ñ 0 Ten” n : MATE # »4 Ua Hill de La Soc, Chole de France. NOTE DE M L.CAREZ J' réa T XX PL XV si Mig.1___ Coupe de Rennes-/e-Château aux environs d'Alet x. LECENDE CL PTON Dante Cz] P'nre Lu | Grés d'ftet EE = Es] Marnes rouges Zrrus PS à tférieurne Lis énféreur Calouire el (nfrulius Lthognghique. Mines rouiges Rennes -/e-Chäteau g: + re + 0. de Luc-sur-Aude Est d'Alet 383 Chemin de Veraza Loue} “6.2 Coupe de Niort à Rivel. M Il nil À Di 3-4 N: S a Belesta 6307 | EM] Zéxe moyen. Forèt de Sainte-Colombe percent 6 | Aruarque bris Gileaire nn | rroyen Mitivtes , Hiurnas l'rgo 107 + EE CRUE Bal ral releet Fe Gurte E # : 3 7 CA Route de Pui | Grtouire à | Gites AUDI DHUTIOL, S. Mg. 3 Coupe d'Aunal à Ja Roule de Chalabre près la Burgade N. Cnomertéen CU 1 | mens EU? £ 1267 3 Hrométde $ Callon vI 6 VII Pate L 00 | Gééorën marin + | Are moyen 2) Route de Quill à Belcaire 7 Route de Quillan à Puivert Route de Chalabre 5 Ë : e E 1 BA Ch longueurs 1:80.000 € | hauteurs 1:4#0.000! 16. # Coupe du Clat à Roquelaillade d NNE. 5 Ÿ 4 vi 6 VII Suequex de la Serre N457 1 Quirbajou 806% Aatagnue & Roquetaillade Ruisseau de La } Luissentt d. Auésswut de SBertrant Aude À. Orne has LHihrers roue dde 1 Mbke de lEpte, à. SeSérte, TAF. PU AVI 65 F = RSS n PS ézignan ex Ce FE S Æarbonne / EURE RE = LC À 4 Le EE = JR RARE É£ . EE Et de FÉ LERPRRN EN EN E LU houmet o L 7 | o Saznt-Paul-de-Fenourllet NE À, DR < CE NN 2e à TetR, un2 ju ent «q CN Lavti Ms una éTPIg NAN Amélie les Bains > o pe 2 Pp Bull de ta Sre Céol de France? NOTE DE M L.CAREZ SiSérie LA PAL G 6 EAST Caste/naudary- o Carcassonnco CARE DES MERS ET LACS SECONDAIRES ET TERTIAIRES AE > , dans la partie onentale des Pyrence Limouxo 8 rm UP brie q RO rerienet FFF o K CHEELOCCEP PTT Tr Per ET GET ll 1eg ET Er mer NT CT TNT dk Saint-Béat. TT Tu) en re) er TT PE” 6 L, CAREZ COTON dut LOS EL , PPT) br 1 Lutte N RER te CU DAS OU Po LIT Ie d À EVA 8 VI ET S Tet R, Ds dtia tu a ps dent Lérpign an Riva ges : oO ] Triasi Andorra riasique. Dee uttustus Pugcerda 2 Liasique. DEP TP 0 NT, D eme Urgo-aptien. TT EAN OT A TT 4 Albien. ut J'igrueras o 5 trrnetsrremnnns Vénomanien. G omomemom Iuronien. < \ DONNONUN NU tu > nn \es ki rinnremmmnnmes Sénonien. Auonenntro tee D'ANIEN - 9 mm ÉOcène inférieur. KRPCTINENTTITE ATP RMS “ Crochet Wire, rue dr 1486) de l'Epéel 4. ‘FAN nr AZ DU GS AL pepe on PRICAL OCIER WASHINGTON. ot ms D brrernn l i | Re pe ee, LE FRS LA EURE : mu ne rt, DE LA SOCIÈTÉ GKOTOGIQUE | DE FRANCE (CETTE SOCIÉTÉ, FONDÉE LE 17 MARS 1830, À ÉTÉ AUTORISÉE ET Un COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE, PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832) , L > 4 L _ TROISIÈME SÉRIE TOME VINGTIÈME ——— ÈEE< PARIS Ë Al -1P0E Dh LA SOCIÉTÉ ji rue des Grands-Augustins, 7 | 1892 É 5 [ r [1 Ë ù (Ye 1 j a een tn msn De en opte le A EE ED Dr hernie nee ee te de 8 «à TT NT" À 0 CR nt asie a dE À EE anne 2 em D Es À Ro nee " r + ve Re dt « HS rl ee AN EN os Dre À 2 2-9 24e mes à 2 LULU ARE 9088 01369 178 SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES ep -29-2 0 Le Wan er. 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