> NE CE Lay PAPE OR ET ET P Ee + RE esse ra re dr RES RIRES ee à d per : ss pe Ed RS name , rene Pi | À | _ SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE | DE FRANCE NN . È MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS. BULLETIN SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE QUATRIÈME SÉRIE TOME DIXIÈME 1910 RRISGES PARIS SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 28, rue Serpente, VI° 1910 L] 4: Série, t. X. — 1910. — N°: 1-2 BULLETIN SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE! DE FRANCE CETTE SOCIÉTÉ, FONDÉE LE 17 Mars 1830 A ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE î PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832 QUATRIÈME SÉRIE TOME DIXIÈME FascicuLes 1-2 : Liste des Membres de la Société, -etc. : pp. v-xLvr. Prix et Fondations de la Société : PP. XLVII-XLVIL. Feuilles 1-6. — Planches I-IL. # : as 3 * # 238 Re ; PARIS : SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 28, rue Serpente, VI 1910 Mar 1910 &- EXTRAITS DU RÉGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE Arr. 2. — L'objet de la Société est de concourir à avancement de la Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la France, tant en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et l’agriculture. Anr. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Fran- çais et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n'existe aucune distinction entre les membres. | Arr. #.— Pour/faire pa*tie de la Société, il faut s'être fait présenter dans une de ses séances par dd : membres qui auront signé la présentation t et avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président. Anr. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre à Juillet. Pi Ù Arr. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (le 1° et le 3° lundi du mois). € Ï Arr. 42. — Pour assisler aux séances, les personnes étrangères à la. Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres. Arr. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun ouvrage déjà imprimé. Arr, #8. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent, AnT. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement déterminé. S Arr. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaquemembre. ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la Société qu’au prix de la cotisation annuelle. ArT. 58. — Les membres n'ont droit de recevoir que les volumes des années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les volumes correspondant aux années antérieures à leurentrée dans la So- ciété leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un tarif déterminé. £ Arr. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part. Anr. 73. — Chaque membre paye: 1° un droit d'entrée ; 2 une cotisation annuelle?. Le droit d'entrée est fixé à la somme de 20 francs. La cotisation annuelle est invariablement ficée à 30 francs. La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, étre remplacée par le versement en capital d’une somme fixée par la Société en assemblée générale (400 francs). er Sont Membres à Perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à : la Société un capital dont la rente représente au moinsla cotisation annuelle, (minimum : 1000 francs). . 1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne connai- #4 traient aucun membre qui pût les présenter, n’auront qu'à adresser une demande au Secrétariat, en exposant les titres qui justifient de leur admission. Le 2. Néanmoins sur la demande des parrains les nouveaux membres peuvent n’acquilter, la première année, que leur droit d'entrée, en versant la somme de 20 fr. Le Compte Rendu sommaire des séances de l’année courante leur est envoyé gratuitement : mais ils ne reçoivent. le Bulletin que la deuxième année et » n. doivent alors payer la cotisalion de 30 francs. Ils jouissent d’ailleurs des autres droils el privilèges des membres de la Société. ù ERRATA Page 92. La note infrapaginale 2 doit être reportée p. 93 el prendre le numéro 1. Page 93. La note infrapaginale 1 doit être reportée p. 92 et prendre le numéro 2. Page 94. Note infrapaginale, ligne 5, au lieu de: contour; lire: carton. Face à l'ExpricaTIoN pe LA PLANCHE XIV, lire, en haut, à droite sur la planche: PL. XIV au lieu de pu. XV. Face à l'EXPLIGATION DE LA PLANCHE XV, lire, en haut, à droite, sur la planche: pr: XV au lieu der. XIV. SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 1830. 1831. 1832. 1833. 1834. 1835. 1836. 1837. 1838. 1839. 1840. 1841. 1842. 1843. 1844. 1845. 1846. 1847. 1848. 1849. 1850. 1851. 1852. 1853. 1854. 1855. 1856. 1857. 1858. LISTE DES ANCIENS PRÉSIDENTS DE LA SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE (+indique les anciens Présidents décédés) MM. + Am Bové. 7 DE Roissy. ! f CoRDIER. 7 BronGnraRT (Alex.). DE BonNarp. - CoxsranT PrÉvosT. + Au Bout. + Érie pe BEAUMONT. CoxsTANT PRÉVOST. 1 PASSY: 7 CORDIER. + D’OrBiGny (Alcide). ! ? À a D ARCHIAC. + ELiEe DE BEaumoxr. DE VERNEUIL. + DurRÉNoY. + MicuEuN. qe en A | D ARCHIAC. 7 ELtE DE BEAUMONT. + Consranr Prévosr. + D'OuaLiIUs D'HALLOY. 7 DE VERNEUIL. Ÿ D'ARCHIAC. ELIE De BEAUMoNr. 7 DESHAYES. + Damour. | VIQUESNEL. Février 1910. À a | ea ES | T 7 BroNGNiART (Alex.). 1859. 1860. 1861. 1862. 1863. 1864. 1865. 1866. 1867. 1868. 1869. 1870. 1871: 1872. 1873: 1874. 1875. 1876. 1877. 1878. 1879. 1880. 1881. 1882. 1883. 1884. 1885. 1886. 1887. MAI. + Hé8err. + | ! + ne ! i | T ! : 1 LEVALLOIS. SAINTE-CLAIRE- Device (Ch.). DELESSE. GauprY (Albert). DAUBRÉE. GRUNER (L.). LARTET (Édouard). DE VERNEUIL. BELGRAND. DE BILLY. Gervais (P.). Hégerr. DE Roys (Marquis). CoTTEAU. JANNETrAZ (Ed.). PELLAT (Ed.). Tournour. GauDrY (Albert). D'AUBRÉE. 7 DE LapPaRENT (Albert) RE | 1 ie qe th mn FIsCHER. Douvizcé (Henri). Lory (Ch.). PARRAN. MALLARD. COTTEAU. GaupryY (Albert). Bull, Soc. géol. Fr. X, — A. VI SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE MM. MM. 1888. -- SCHLUMBERGER. 1899. DE MARGERIE (Emm.). 1889. + Héserr. 1900. -- ne LapparentT (Albert) 1890. + Bertranp (Marcel). 1901. Carez (Léon). 1891. + Muxter-CnaLuas. 1902. Hauc (Émile). 1892. Micnez Lévy. 1905. Boure (Marcellin). 1893. ZEILLER. 1904. Termier (Pierre. 1894. GOSSELET. 1905. -- PEron (A.). 1895. LiNper. 1906. -: Borstez (A.). 1896. DocLrus (Gustave). 1907. Cayeux (L.). TOO Barrois (Charles). 1908. Douvizcé (Henri). 1898. BERGERON (Jules). 1909. -- Jaxer (Léon). LAURÉATS DU PRIX VIQUESNEL MM. MM. 1876. + Munier-CHaLuas. 1890. BERGERON (J.). 1877: BarRois (Ch.). 1895. Haua (Emile). 1878. FABRE (G.). 1896. Cossmanx (M.). 1879. + Fonrannes (F.). 1898. GLANGEAUD (Ph.) 1880. + Here. 1900. CHorraT (Paul). 1881. OEnLERT. 1902. ROUSSEL (Joseph. 1882. VAssEUR (G.). 1904. PERVINQUIÈRE (Léon). 1883. Dozzrus (G.). 1906. Bresson (A.). 1884. LEENHARD. 1908. THEVENINX (A.). 1887. Micuez Lévy. LAURÉATS DU PRIX FONTANNES MM. MM. 1889. -- BEerrranD (Marcel). 1901. Paquier (V.-L.). 1S9T. BARROIS (Ch. ). 1903. GexriL (L.). 1893. KiLran (W.). 1905. Cayeux (L.). 1895. DELAFOND (Fr.). 1907 LEMoINE (Paul). 1991. BouLe (Marcellin). 1909. Jacor (Charles) 1899. Ficugur (E.). LAURÉATS DU PRIX PRESTWICH MM. M. 1903. TErMER (Pierre). 1909. Carez (Léon). 1906. Luarox (Maurice). ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE POUR L'ANNÉE 1910 BUREAU Président : M. Alfred Lacroix. Vice-Présidents : M. D. OEurerr. MM. L. M. VipaL. Me P. OEHLERT. M. Cossmanx. Secrétaires : Pour la France : : | Pour l'Étranger S M. Paul LEMOINE. M. Olivier CouFFox. Vice-Secrétaires : M. Paul Jopor. | _ M. Antonin LANQUINE. Trésorier : Archiviste : M. L. Care. | M. J. CoTTREAU. CONSEIL (Le Bureau fait essentiellement partie du Conseil [art. IV des statuts |) MM. G. Ramoxp. MM. M. Bouze. L. CAyEux. A. THEVENIN. Jules BERGERON.. Emm. DE MARGERIE. Léon BERTRAND. Aug. DorLor. Henri DouviLré. Henri BOURSAULT. Pierre TERMIER. Stanislas MEUNIER. VIII ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE COMMISSIONS Commissions de publication MM. A. Lacrorx, Paul Lemoine, O. Courron, L. Carez, J. CoTTREAU, membres du Bureau, font partie de ces Commis- sions. Bulletin. MM. Dorzrus, M. Boue, L. Cavyeux, Henri Douvizré, E. Hauc. Mémoires de Géologie. MM. E. Hauc, P. TERMIER, J. BERGERON. Mémoires de Paléontologie. MM. G..-Dozzrus, L. Cayeux, H. Douvizré, M. Bourr, Em. HauG, À. THEVENN. Commission de Comptabilité MM. P. Teruier, H. Douvizzé, A. DoLLor. Commission des Archives et de la Bibliothèque MM. ne MARGERIE, À. THEvEnIN, J. BLAYAC. Commission des Prix. #1 membres dont 29 habitant la Province où l'Étranger. Le Présipenr et les Vice-PRrÉSsIDENTS de la Société; Les ANCIENS PrésipexTs ; Les LAURÉATS des divers Prix de la Société et en outre : MM. Corot, NickrÈs, A. BiGoT, A. DE GROSSOUVRE, MourET. MEMBRES A PERPÉTUITÉ! BAROTTE (J.). BaziLce (Louis). CorrEAu (Gustave). DAUBRÉE (A.). DorLFus-Ausser (Daniel). FONTANXES (Louis). JACKSON (James). GauprY (Albert). GraD (Ch.). LAGRANGE (Docteur). LamoTHE (Colonel de). LevaLLois (J.). PARANDIER. PREsTwIcH (Joseph). ReymoxD (Ferdinand). RoBErTON (Docteur). TOURNOUËR. VERNEUIL (Édouard de). VIQUESNEL. Virer p'Aousr (Pierre-Théodore). BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ DE BALE (Suisse). COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DE PARIS A Lyon ET À LA MÉépirer- RANÉE, 88, rue Saint-Lazare, Paris. COMPAGNIE DES FORGES DE CHATILLON-ComuexTRY, 19, rue de la Rochefoucauld, Paris. COMPAGNIE DES MiNERAIS DE FER MAGNÉTIQUE DE Moxra-EL-HADip, 26, avenue de l'Opéra, Paris. COMPAGNIE DES MINES DE LA GRAND'Com8E, 17, rue Laffite, Paris. SOCIÉTÉ ANONYME DES HOUILLÈRES DE BESSsÈGEs Er Rogiac, 17, rue Jeanne-d’Arc, Nîmes (Gard). D Pt Ps D es D EE MEMBRE DONATEUR + Madame C. FoNrannes. 1. Sont membres à perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle (Décision du Conseil du ? novembre 1840). + Indique les membres à perpétuité décédés. LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES DE LA SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE AU A JANVIER 1910 (Le signe [P] indique les membres à perpétuité et l'astérisque * les membres à vie.) 1905 1889 1867 1908 1898 1905 1878 1902 1899 1895 1907 1904 1896 10 MM AGUILAR SANTILLAN (Raphaël), Secrétaire bibliothé- caire de l’Institut géologique national, 5*, del Ci- près, n° 2728, Mexico (Mexique). il ; Ù I AGUILERA (José-Guadalupe), Directeur de l'Institut séologique national, 52, del Ciprès, n°2728, Mexico (Mexique). AGUILLON, Inspecteur général des Mines, 7}, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris, VIIT. ALLAHVERDIIEW (Dimitri G.), Professeur au Gymnase, à Sliven (Bulgarie). ALLARD (Joseph-Alexandre), Ingénieur des Arts et Manufactures, Voreppe (Isère). ALLORGE (Maurice), Lecturer of Geology, the Univer- sity Museum, Oxford (Grande-Bretagne). ALMERA (Chanoine Jaime), 1, calle Sagristans, 4°, Barcelone (Espagne). Aupayrac (J. Hippolyte), Professeur honoraire, 6, slace Garibaldi, Nice (Alpes-Maritimes). Ï ) Auot (Henri), Ingénieur en chef au Corps des Mines, adjoint à la Direction de la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, #, rue Weber, Paris, XVI. ArcrowskI: (Henryk), 103, rue Royale, Bruxelles (Belgique). ARGAND (Émile), 10, rue des Terreaux, Lausanne (Suisse). ArrAULT (René), Ingénieur civil, Entrepreneur de sondages, 69, rue de Rochechouart, Paris, IX. ARTHABER (D' Gustav A. Edler von), Professear de Paléontologie à l'Université, 1x, Ferstelgasse, 3 Vienne (Autriche). ? 1903 SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XI AUBERT (Francis), Ingénieur en chef au Corps des Mines, 38, rue Lamartine, Clermont-Ferrand (Puy- de-Dôme). Augert (Frédéric), Château d'Oisème, près Chartres (Eure-et-Loir). AUBRUN, Ingénieur au Corps des Mines, 132 his, bou- levard Raspail, Paris, VI. AuLtT-Duuesxiz (d’), 228, rue du Faubourg-Saint- Honoré, Paris, VIII. AzéuA (Joseph), Licencié ès sciences, 14, rue de la Mairie, Pamiers (Ariège). © AzéuA (Colonel Léon), 5, rue de Vouillé, Paris, XV. BALL (John), Ph. D., Inspecteur en chef au Geolo- gical Survey, Le Caire (Egypte). BaLsAN (Charles), Manufacturier, Député de l'Indre, 8, rue de La Baume, Paris, VIII. BauBerG (Paul), 87-88, Kaiserallee, Friedenau, Ber- lin (Allemagne). BARDON (Paul), 9, avenue Perrichont, Paris, XVI. Barré (Commandant 0.), 10, avenue Henri-Martin, Paris XVI BarreT (Abbé), Doyen de Formeries (Oise). BaRRILLON (Léon), ancien Ingénieur en chef de la Compagnie des Mines d’Aniche, 12, rue Brémon- tier, Paris, XVI. Barrois (Charles), Membre de l'Institut, #1, rue Pas- cal, Lille (Nord). BARTHÉLEMY (François), 2, place Sully, Maisons- Laffitte (Seine-et-Oise). Bary (Émile de), Guebwiller (Haute-Alsace). BAssET-Bonxeroxs (Raoul), 24, rue Meslay, Paris, AU BAYLE (Paul), Directeur des mines et usines de la Société lyonnaise des Schistes bitumineux, Autun (Saône-et-Loire). BEAUGEY, Inspecteur général des Mines, Professeur à l'Ecole des Mines, Directeur des Chemins de fer de l'Etat, 1, rue de la Tourelle, Boulogne-sur-Seine (Seine). Bépé (Paul), Archiviste de la Compagnie des Phos- phates de Gafsa, Sfax (Tunisie). 1891 1899 1890 1908 1890 1891 1906 1884 1884 1884 1887 1865* 1896 rss > J0 LISTE DES MEMBRES Bei@Beper (David), Ingénieur, 125, avenue de Villiers, Paris NI BEL (Jean-Marc), Ingénieur civil des Mines, 90, rue d'Amsterdam, Paris, IX. BERGERON (Jules), Docteur ès sciences, Professeur à l'Ecole centrale des Arts et Manufactures, 157, boulevard Haussmann, Paris, VII. BerxarD (Augustin), Chargé de cours à l’Université (Faculté des lettres), 61, rue Scheffer, Paris, XVI. BERNARD (Charles-Em.), Ingénieur civil, 12, rue Rosa-Bonheur, Paris, XV. Béroup (Abbé J. M.), Mionnay (Ain). BEerrrAND (Léon), Professeur-adjoint de Géologie à l'Université (Ecole normale supérieure), Collabo- rateur principal au Service de la Carte géologique de la France, 38, rue du Luxembourg, Paris, VI. Bézier (T.), Conservateur du Musée d'Histoire natu- relle, 9, rue Alphonse-Guérin, Rennes (Ille-et- Vilaine). BIBLIOTHÈQUE de la ville d'Annecy (Haute-Savoie). BIBLIOTHÈQUE DE L'UniversiTÉ de Bâle (Suisse). BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE de Fribourg-en-Brisgau, Bade (Allemagne). BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE de Grenoble (Isère). BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE de Louviun, 22, rue Neuve, Louvain (Belgique). BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE de la Ville, boulevard äu Musée, Marseille (Bouches-du-Rhône). BiBLioTHÈQUE UNIVERSITAIRE de Montpellier (Hérault). BigcioraÈQue DE L'UxiIvERSITÉ de Strasbourg (Alsace- Lorraine). BiBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE de Médecine et Sciences, allées Saint-Michel, Toulouse (Haute-Garonne). BiGor (A.), Doven de la Faculté des Sciences, 28, rue de Geôle, Caen (Calvados). Biocux (Alphonse), 53, rue de Rennes, Paris, VI. Bizarp (René), Avocat, à Epiré, par Savennières (Maine-et-Loire). 1893 1897 1896 1892 1881 1882* 1855 1901 1909 1890 1857 1878 1900 1884* 1881 1887 1889 1903 1861 190% 60 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XIII Brayac (J.), Préparateur à l'Université (Faculté des Sciences), Répétiteur à l'Institut agronomique, 39 bis, avenue du pare de Montsouris, Paris, XIV. Boca, Licencié ès sciences, 5, rue Cassette, Paris, VE. Bortzz y Pocn (Arthuro), Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences de Barcelone, calle de las Cortès, Barcelone (Espagne). BocpaxowiTen (Ch.), Ingénieur des Mines, Ecole des Mines, Saint-Pétersbourg (Russie). BoissièrE (Albert), Ingénieur de la Compagnie pari- sienne du Gaz, 124, boulevard de Magenta, Paris, X. BoxaPaRTE (Prince Roland), Membre de l'Institut, 10, avenue d’Iéna, Paris, XVI. Boxxarpor (Léon), Varennes-le-Grand (S.-et-L.). Boxxes (F.), Professeur de Géologie et de Minéra- logie à l'Ecole des Mineurs, #4, place du Marché, Alais (Gard). Boxer (Pierre), 4, rue Schælcher, Paris, XIV. Booxe (Abbé René), Curé de Pouffonds, par Melle- sur-Béronne (Deux-Sèvres). Boreau-LaAyANADIE (Charles), 30, pavé des Chartrons, Bordeaux (Gironde). Borxemanx (L.-G.), Eisenach (Saxe- Weimar). 3ouBée (Ernest), Naturaliste, 3, place Saint-André- des-Arts, Paris, VI. Boure (Marcellin), Professeur de Paléontologie au Muséum national d'Histoire naturelle, 3, place Valhubert, Paris, V. BourG£aT (Chanoine), Professeur aux Facultés catholiques, 15, rue Charles-de-Muyssart, Lille (Nord). Bour&ery, ancien Notaire, Nogent-le-Rotrou (Eure- et-Loir). BoursauLr (Henri), Ingénieur du Service des Eaux au Chemin de fer du Nord, 59, rue des Martyrs, Päris IX. Boussac (Jean), 224, avenue du Maine, Paris, XIV. Bovrizuier (Louis), Roncherolles-le-Vivier, par Dar- netal (Seine-Inférieure\. Bouzaxquer, Ingénieur des Arts et Manufactures, 37, rue d'Amsterdam, Paris, VIII. 1903 1901 1909 1897 1905 1859 1880* 1904 1883 SÙ 90 LISTE DES MEMBRES Boyer (Joseph), Docteur en médecine, 13, place du Pont, Lyon (Rhône). Brazy (Adrien), Ingénieur civil des Mines, 21, rue Poussin, Paris, XVI. BRANNER (John Casper), Professeur de Géologie, Stanford University (California, Etats-Unis). Bravo (José), Ingénieur en chef des laboratoires du Corps des Ingénieurs des Mines, Professeur de Minéralogie et de Géologie à l'Ecole des Ingénieurs, Lima (Pérou). Bréox (René), Collaborateur au Service de la Carte géologique de la France, Semur (Côte-d'Or). Bresso (A.), Docteur ès sciences, Préparateur de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences), Besançon (Doubs). Brives (Abel), Docteur ès sciences, Collaborateur au Service de la Carte géologique de l'Algérie, chargé d’un cours à l'Université (Faculté des Sciences), Mustapha (Alger). BRONGNIART (Marcel), Licencié ès sciences, 29, rue Bonaparte, Paris, VI. BrouEr (G.), Chimiste de la station agronomique de Laon, avenue Brunehaut, Laon (gare) (Aisne). Brouwer, Ingénieur au Corps des Mines hollandais, Institut de géologie de Deft (Pays-Bas). BRüUNHES (Jean), Professeur de Géographie à l'Uni- versité, 314, rue Saint-Pierre, Fribourg (Suisse . BurckHARDT (Carlos), Géologue chef de section à l’Institut géologique national, 5, del Ciprès, n° 2728, Mexico (Mexique). BuREAU (Edouard), Professeur honoraire au Muséum national d'Histoire naturelle, 24, quai de Béthune, Paris Ve Bureau (Louis), Professeur à l'Ecole de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Gresset, Nantes (Loire-Inférieure). Bursaux, Ingénieur, Directeur du chemin de fer et de la mine de Metlaoui, par Gafsa (Tunisie). Busquer (Horace), Chef des Services des mines du Creusot, Collaborateur-adjoint au Service de la Carte géologique de la France, La Machine (Nièvre). 1882 1898 1895 1859 1882 1890 1891 1888 1879 1902 1902 1880 1904 1869* 1880 1903 1898 1903 1884 100 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XV CaLnerôN (D' Salvador), Professeur de Minéralogie à l'Université centrale, Madrid (Espagne). CauwBessepÈs (Félix), Ingénieur, 63, avenue de la Grande-Armée, Paris, XVI. Caxu (Ferdinand), 19, rue Campagne-Première, Paris "XIV: CaPeLLiNt (Giovanni), Sénateur, Professeur de Géo- logie à l'Université, Bologne (Italie). CaraLp (Joseph), Professeur de Minéralogie à l'Uni- versité (Faculté des Sciences), 21, rue Rémusat, Toulouse (Haute-Garonne). Carez (Léon), Docteur ès sciences, Ancien directeur de l’Annuaire géologique, Licencié en droit, 18, rue Hamelin, Paris, XVI. CARRIÈRE, 4°, rue Agrippa, Nîmes (Gard). Cayeux (Lucien), Professeur à l'Ecole nationale des Mines et à l'Institut national agronomique, 6, place Denfert-Rochereau, Paris, XIV. Cazior (E.), Chef d’escadron d'Artillerie, en retraite, 24, quai Lunel, Nice (Alpes-Maritimes). CuarGnox (Vicomte de), 14, rue Guérin, Autun (Saône-et-Loire). Cuaras (Adolphe), 45, rue de Pomereu, Paris, XVI. CHANEL (Émile), Professeur au Lycée, Président de la Société des naturalistes de l’Ain, Bourg (Ain). Cuapuis (Albert), ancien juge au Tribunal de Com- merce de la Seine, 229, rue du Faubourg-Saint- Honoré, Paris, VIII. CuareTON-CHAUMEIL (A.), 172, boulevard du Mont- parnasse, Paris, XIV. CuarReyrE (Abbé), à Alosiers, commune de la Fage- Saint-Julien, par Saint-Chély d’Apcher (Lozère) CHARTRON (C.), 1, rue Sainte-Marguerite, Luçon (Vendée). CHARVILHAT (G.), Docteur en médecine, #, rue Blatin, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). CHATELET (Casimir), 32, rue Vieux-Sextier, Avignon (Vaucluse). Cuaurarp (Jean), Docteur ès sciences, 17, rue Treil- hard, Paris, VIII. 110 Cnauver, Notaire, Ruffec (Charente). XVI 1883 1890 1906 1875* 1907 1904 1S880* 1854* 1908 1907120 1880 1873* 1904 1882 1882 LISTE DES MEMBRES CueLor (Emile), Licencié ès sciences, 82, rue Monge, Parme, Ve Ceux (Albert), Directeur de l'Observatoire de la Baumette, près Angers (Maine-et-Loire). CHevaLier (Marcel), Licencié ès sciences, ancien Préparateur à la Faculté des Sciences, 6, rue Alphonse-Daudet, Paris, XIV. CnorFAT { Paul), Collaborateur au Service de la Carte du Portugal, 113, rua do Arco a Jesus, Lisbonne (Portugal). CuupEau (René), Docteur ès sciences, 35, rue de l’Arbalète, Paris, V. CLéro (Maurice), 46, rue Saint-Placide, Paris, VII. CLroëz (Charles-Louis), Répétiteur à l'Ecole poly- technique, 9, rue Guy-de-la-Brosse, Paris, V. Coccai (J. Igino), Professeur de Géologie à l’Institut des Hautes rtudes, 51, via Pinti, Florence (Italie). Coëz (Edouard), Licencié ès sciences, 87, rue Denfert- Rochereau, Paris, XIV. CoLas (Ernest), Industriel, Bonnières-sur-Seine (Seine-et Oise). CoLLer (Pierre), Sainte-Menehould (Marne). CoLLor (Louis), Professeur de Géologie à l'Université (Faculté des Sciences), #, rue du Tillot, Dijon (Côte-d'Or). Couses (Paul), 1, rue de l’Assomption, Paris, XVI. COMMISSION DU SERVICE GÉOLOGIQUE DU PORTUGAL, 115, rua do Arco a Jesus, Lisbonne (Portugal). COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DE L'EST (LE PRÉSIDENT DU CONSEIL L'ADMINISTRATION DE LA), 21 et 23, rue d'Alsace, Paris, X. COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DE PARIS A LYON ET A LA MÉDITERRANÉE (LE PRÉSIDENT DU CONSEIL D'ADpui- NISTRATION DE LA), 88, rue Saint-Lazare, Paris, IX. COMPAGNIE DES FORGES DE CHATILLON, COMMENTRY ET Neuves-Maisoxs, 19, rue de La Rochefoucauld, Paris, IX. COMPAGNIE DES MINERAIS DE FER MAGNÉTIQUE DE Moxra-EeL-HaADiD, 58, rue de Provence, Paris, IX. CoupaGnie DES Mines DE LA GRAND'COMBE, 26, rue Laffitte, Paris, IX. 1908 1902 1903 1909 1873 1883* 1889 1906 1904 1902 1906 1896 1902* 1906 1875 1891 1869 1901 130 140 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XVII Coquipé (Eugène), Ingénieur-Agronome, agrégé de l'Université, 20, rue Thiers, Boulogne-sur- Seine (Seine). Corgix (Paul), 119, avenue de Wagram, Paris, XVII. Corn (Raymond), à Eybens (Isère). Corwer (Dr Jules), Professeur à l'Ecole des Mines de Mons et à l’Université de Gand, 86, Boulevard Dolez, Mons (Belgique). Corräzar (Daniel de), Ingénieur des Mines, Sous- Directeur du Service de la Carte géologique d'Es- pagne, 16, rue Velasquez, Madrid Espagne). Cossmaxx (Maurice), Ingénieur-chef honoraire des Services techniques de l’'Exploitation du Chemin de fer du Nord, 8, chaussée de la Muette, Paris, XVI. Coste, Ingénieur des Mines, Directeur des mines de Blanzy, Montceau-les-Mines Saône-et-Loire). Corrix (René), Licencié en droit, Directeur de la Compagnie parisienne des Asphaltes, 81, rue Jouffroy, Paris, XVII. CorTREAU (Jean), Licencié ès sciences naturelles, 252, rue de Rivoli, Paris, I. Corrrox, Agrégé des sciences naturelles, Professeur au lycée Ampère, Lyon (Rhône). Courrox (Olivier), Membre de la Commission d'His- toire naturelle d'Angers, 6, rue Furstemberg, Paris NL CouxiLLox, Chef du Service géologique de Cochin- chine, 13, rue de la Poissonnerie, Hanoï (Tonkin). Courry (Georges),°37, rue Compans, Paris, XIX: et, Chaulfour-lès-Etréchy (Seine-et-Oise). Couvar (Jean), Licencié ès sciences, Institut français (Archéologie), Le Caire (Egypte). Croisiers DE Lacvivier {C.), Docteur ès sciences naturelles, villa du Chêne-Vert, Vernajoul, Foix (Ariège). CureT (Albin), I Président à la Cour d'Appel, 21, rue de Boigne, Chambéry (Savoie). DaLe (T. Nelson), Professeur, U. S. Geological Sur- vey, 26, Elizabeth street, Pittsfield (Massachusetts, Etats-Unis). DALLEMAGXE (Henry), Ingénieur aux Mines de Ardi- turri, Pasajes (province de Guipuzcoa, Espagne). XVIII 1905 1906 1901 1907 1899 1874* LSTS 1873 1894 1870* 1896* 1892* 1901 1881 1899 1887 1904 1904 1880 150 160 LISTE DES MEMBRES DarLoxt (Marius), Collaborateur aux Services de la Carte géologique de la France et de l'Algérie, 56, rue de la République, Marseille (B.-du-R.). Dar Praz Georges), Université de Padoue (Ttalie). DaniLorr (Eugène), Saint-Pétersbourg (Russie). Darron {Nelson- H:), U. S. Geological Survey, Washington D. C. (Etats-Unis). DauTzEeNsEerG (Ph.),209,ruede l’Université, Paris, VIT. DavaL, ancien Greffier du Tribunal de Commerce, Saint-Dizier (Haute-Marne). Davy (Louis), Ingénieur civil des Mines, Chateau- briant (Loire-Inférieure). DELAFOND (Frédéric), Inspecteur général des Mines, Directeur de l'Ecolenationale supérieure des Mines, 60, Boulevard Saint-Michel, Paris, VI. DeLAGE (A.), Professeur de Géologie et de Minéra- logie à l'Université (Faculté des Sciences), Mont- pellier (Hérault). DeLaiRe (AlL.), Ingénieur civil des Mines, 12, rue de Clichy, Paris, IX. DeLavaRRe (Comte Maurice), 6, rue de Bellechasse, Paris, VIT; et Blois (Loir-et-Cher). DeLeBecQue (André), Ingénieur des Ponts et Chaus- sées, 36, boulevard des Tranchées, Genève (Suisse). DeLépixe (Abbé), aux Facultés catholiques, #1, rue du Port, Lille (Nord). Derérer (Ch.), Correspondant de l'Institut, Doyen de la Faculté des Sciences de l'Université de Lyon (Rhône). \ Deprar (Jacques), Docteur ès sciences, Coll. au Serv. de la Carte géol. de la France, Service des Mines, Hanoï (Tonkin). Dereims (A.), Docteur ès sciences, Laboratoire de Géologie, Sorbonne, Paris, V. Derwies (Me Vera de), Ecole de Chimie,Genève. DesBuissoxs (Léon), Chef du Service géographique au Ministère des Affaires Etrangères, 408, rue Sant-Honoré, Paris, VIII. Desprez DE GésincourT, Inspecteur des Eaux et Forêts, en retraite, 49, rue Albert-Joly, Versailles (Seine-et-Oise). 1866 1890 1907 1904 170 1881 1873* 1894 1905 1898 1893 1894 1903 1869* 180 1901* DE LA SOCIÉTÉ xÉOLOGIQUE DE FRANCE XIX Derroyar (Arnaud), Bayonne (Basses-Pyrénées). Devnier, Notaire, Cucuron (Vaucluse). Diexert (Frédéric), Docteur ès sciences, Chef du ser- vice local de surveillance des sources de la Ville de Paris, 8, place de la Mairie, St-Mandé (Seine). Dorré, Préparateur de Minéralogie à l'Université (Faculté des Sciences), 159, rue Brüûle-Maison, Lille (Nord). Doczrus (Adrien), Directeur de la Feuille des jeunes Naturalistes, 35, rue Pierre-Charron, Paris, VIIT. Dorrrus (Gustave-F.), Collaborateur principal au See de la Carte géologique de la France, #5, rue de Chabrol, Paris, X. Dorror (Auguste), Ingénieur, Correspondant du Muséum national d'Histoire Naturelle, 136, bou- levard Saint-Germain, Paris, VI. Douace (Henri), Directeur de la Société nouvelle des Charbonnages des Bouches-du-Rhône, 4, rue de la Turbine, Marseille (Bouches-du-Rhône). Doxcieux (Louis), Docteur ès sciences, Préparateur- adjoint à l'Université (Faculté des Sciences), 3, rue de Jarente, Lyon (Rhône). Doxxezax (Docteur Albert), 5, rue Font-Froide, Per- pignan (Pyrénées-Orientales). DorLopor (Chanoine H. de), Loeesent de Paléon- tologie à l'Université libre, 44, rue de Bériot, Lou- vain (Belgique). Douuerc (Jean), Ingénieur civil des Mines, Expert près les tribunaux, 61, rue Alsace-Lorraine, Tou- louse (Haute-Garonne), et boulevard Blaise-Dou- merc, Montauban (Tarn-et-Garonne). DouuERGUE, Professeur au Lycée, Collaborateur au Service de la Carte géologique de l'Algérie, 2, rue Manégat, Oran (Algérie). DouvizLé (Henri), Membre de l'Institut, Inspecteur général au Corps des Mines, Professeur à l'Ecole nationale des Mines, 207, boulevard Saint-Ger- main, Paris, VIT: Douviczé (Robert), Préparateur de Géologie à l'Ecole nationale des Mines, 37, quai de la Tournelle, Paris, Ne XX 1901 1893 1877 1886 1905 1889 1905 1902 1880 1907 1888 1904 1903* 1901 1905 1895* 1868* 1866* 190 LISTE DES MEMBRES Douxaur (Henri), Agrégé de l'Université, Professeur adjoint de Géologie et de Minéralogie à l'Univer- sité (Faculté des Sciences), 159, rue Brüle-Maison, Lille (Nord). Drevrus, Professeur au Lycée, Le Puy (Haute-Loire). Dur (André), Ay (Marne). Duuas (Auguste), Inspecteur honoraire au Chemin de fer d'Orléans, 6, rue Sully, Nantes (Loire-Infé- rieure). Duuorarp (Etienne), Industriel, 33, avenue d’Alsace- Lorraine, Grenoble (Isère). Düparc (Louis), Professeur de Minéralogie à l'Uni- versité, Genève (Suisse). Dusserr (Jean-Baptiste-Désiré), Ingénieur au Corps des Mines, 25, rue d’Isly, Alger (Algérie). DüuTERTRE (E.), Docteur en médecine, 12, rue de la Coupe, Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). DUVERGIER DE HAURANNE (Emmanuel), château d'Herry (Cher). EasrMANNX (Charles-Rochester), Conservateur de Paléontologie au « Museum of comparative Zoë- logy », del'Université Harvard, Cambridge (Mass., Etats-Unis). ÉCOLE NATIONALE DES Eaux Er Forèrs, rue Girardot, Nancy (Meurthe-et-Moselle). Eugry (Pierre), Attaché au Laboratoire de Géologie du Muséum national d'Histoire naturelle, 6, allée Garibaldi, Le Vesinet (Seine-et-Oise). EperY, Docteur en médecine, Alise-Sainte-Reine, par Les Laumes (Côte-d'Or). Espixas (Pierre), Directeur de la Société minière du djebel Felten,rue Casanova, Constantine (Algérie). EUCHèNE (Albert), 8, boulevard de Versailles, Saint- Cloud (Seine-et-Oise). EvrarD (Charles), Notaire, Varenne-en-Argonne (Meuse). Fasre (Georges), ancien élève de l'École polytech- nique, Conservateur des Eaux et Forêts, 28, rue Ménard, Nîmes (Gard). Farruax (Edward Saint-John), 10, via del Castel- lacio, Florence (Italie). DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Xx1 1880 200 Farcor (Emmanuel), Professeur de Géologie à l'Uni- 1908* 1867* 1908 1867 1908 1905 1884 1894 1887 1905 1965 1886 1907 1892 1873 1887 210 versité (Faculté des Sciences), 34, rue Castéja, Bordeaux (Gironde). FaLzLor (Paul), Rovéréaz, Lausanne (Suisse). Favre (Ernest), 8, rue des Granges, Genève (Suisse). Favre (François), Docteur ès sciences, 19, rue des Fossés-Saint-Jacques, Paris, V. Fayoz (Henri), Directeur général de la Société de Commentry-Fourchambault-Decazeville, 49, rue Bellechasse, Paris, VIT. FERRONNIÈRE (Georges) Professeur à la Faculté libre d'Angers, 15, rue Voltaire, Nantes (Loire-Infé- rieure). Fèvre (Lucien-Francis), Ingénieur en chef au Corps des Mines, 1, place Possoz, Paris, XVI. Ficeur (Émile), Professeur de Géologie à l'Univer- sité (Faculté des Sciences), Directeur-adjoint du Service de la Carte géologique de l'Algérie, 77, rue Michelet, (Mustapha, Alger). Firriozar (Marius), Percepteur, 9, rue Saint-Bié, Vendôme (Loir-et-Cher). Fixer (Achille), 117, boul. Malesherbes, Paris, VIII. Fiscer (Henri), Docteur ès sciences, 51, boulevard Saint-Michel, Paris, V. FLamanD (G. B. M.), Chargé de cours à l'Université (Faculté des Sciences), Directeur-adjoint du Ser- vice géologique (Territoires du Sud), 87, rue Michelet, (Mustapha, Alger). FreurY (Ernest), Ecole des Roches, Verneuil-sur- Avre (Eure). FLORES (Theodoro), Géologue à l’Institut géologique national, 5*, del Ciprès, n°2728, Mexico (Mexique). FLor, Professeur au Lycée Charlemagne, 24, rue des Ecoles, Paris, V. For y SaGuÉ (Abbé Norberto), rue Elisabets, 8-10, Barcelone (Espagne). Forrix (Raoul), Manufacturier, 24, rue du Pré, Rouen (Seine-Inférieure). Fouquer, 161, boulevard Haussmann, Paris, VIII. Fournier (A.), Docteur en médecine, Préparateur de Géologie à l'Université (Faculté des Sciences), 22, rue de Penthièvre, Poitiers (Vienne). Février 1910. Bull. Soc. géol. Fr. X. — B. XXII 1892 1895 1904 1874 1908 1889 1900 1901* 1908 1862 19 02 1889 1883 1892 1906 1884 1892 1909 220 230 LISTE DES MEMBRES Fournier (Eugène), Professeur de Géologie et de Minéralogie à l'Université (Faculté des Sciences), Besançon (Doubs). Fourrau (René), Ingénieur civil, Post-Office, box n° 52, Le Caire (Égypte). FReyDeN8erG (Henri), Capitaine d'infanterie colo- niale, Docteur ès sciences, 25, boulevard Pasteur, Paris, XV: FRiREN (Abbé A.), Chanoine honoraire, #1, rue de l'Evêché, Metz (Alsace-Lorraine). Frirez (P.-H.), Préparateur au Muséum national d'Histoire naturelle, 35, rue de Buffon, Paris, V. Frrrscn (D' Anton), Professeur à l’Université, Jâma, n° 7, Prague (Bohême). GaiLrARp (Claudius), Docteur ès sciences naturelles, Conservateur du Muséum de Lyon, 17, rue Cronstadt, Lyon (Rhône). GARDE (Gilbert), Préparateur de Géologie et de Minéralogie à l'Université (Faculté des Sciences), Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Garpé (Edmond), 28, rue Sainte-Colombe, Bordeaux (Gironde). GarriGou, Docteur en médecine, 38, rue Valade, Toulouse (Haute-Garonne). GAUTIER (Émile-F. ), Professeur à l'Université d'Alger (Faculté des Lettres) 4, rue Lagarde, Paris, V. Gaurier (Paul), Directeur du Musée Lecocq, Cler- mont-Ferrand (Puy-de-Dôme). GEanDEY (F.), 11, rue de Sèze, Lyon (Rhône). Gekie (Sir Archibald), D. Se., D. C. L., L. L. D., F.R.S.,F. G.S., Correspondant de l’Institut de France, Sheperd's Down, Haslemere (Surrey, Grande-Bretagne). Gexnevaux (Maurice), 12, rue Marceau, Montpel- lier (Hérault). GENREAU, Inspecteur général au Corps des Mines, en retraite, 2, rue Henri-IV, Pau (Basses-Pyrénées). GexriL (Louis), Maître de conférences à l'Université (Faculté des Sciences), Sorbonne, Paris, V. GEerwez (Gabriel), École d'agriculture de Saint-Ilan par Iffiniac (Côtes-du-Nord). 1889 1909 1881 1889 240 1889 1909 1892 1856* 1879 250 1906 1896 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXIII GEVREY (Alfred), Conseiller honoraire à la Cour d'Appel, 9, place des Alpes, Grenoble (Isère). Giaxoux (Maurice), Préparateur de Géologie et Miné- ralogie à l'Université (Faculté des Sciences) Gre- noble (Isère). Girarpor, Docteur en médecine, 15, rue Mégevand, Besançon (Doubs). GirauD (Jean), Agrégé, Docteur ès sciences, Maitre de conférences à l’Université (Faculté des Sciences) Coll. au Serv. de la Carte géol. de la France, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Giraux (Louis),11,rue Eugénie, Saint-Mandé (Seine). GivexcuY (Paul de), Ancien chef du Personnel de la Compagnie transatlantique, 84, rue de Rennes, Paris, VI. GLANGEAUD (Ph.), Professeur de Géologie et de Miné- ralogie à l'Université (Faculté des Sciences), Coll. princ. au Serv. de la Carte géol. de la France, 46 bis, boulevard de Lafayette, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). GopgiLe (Paul), Inspecteur-chef de Service sani- taire au département de la Seine, 9, boulevard Exelmans, Paris, XVI. GoperroY (R.), Ingénieur aux Mines de Landres- Pienne, par Audun-le-Roman (Meurthe-et-Mo- selle). ; Gozrier, École Benoit, Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse). GozuiEz (H.), Professeur à l'Université, 51, Muris- trasse, Berne (Suisse). Gorcerx, Mont-sur-Vienne, par Bujaleuf (Haute- Vienne). : GosseLer (J.), Correspondant de l'Institut, Doyen et Professeur honoraire de la Faculté des Sciences, 18, rue d'Antin, Lille (Nord). Gourpox (Maurice-Marie), Vice-Président de la Société Ramond, 7, rue Germain-Boffrand, Nantes (Loire-Inférieure). GourGUECHON, Ingénieur au Corps des Mines, 49, rue Claude-Lorrain, Paris, XVI. Goux, Agrégé de l’Université, Professeur d'Histoire naturelle au Lycée Condorcet, 35 bis, rue Charles- Chefson (villa Lachapelle, 41, Bois-Colombes (Seine). : XXIV 880 1877 TOTLE 1905 1895 1878 1887 1909 260 1891* 1905 1908 1890 1862* 1894 1903 1906 1854 1908 270 LISTE DES MEMBRES Gramonr (Comte Antoine-Arnaud de), Docteur ès sciences physiques, 179, rue de l'Université, Paris, VII, et Le Vignal, par Pau (Basses-P yrénées). Granp'eurY (Cyrille), Correspondant de l'Institut, Ingénieur civil, 12, rue d’Amance, Malzéville (Meurthe-et-Moselle). GranDipiEr (Alfred), Membre de l’Institut, 74 bis, rue du Ranelagh, Paris, XVI. GraANDipier (Guillaume), 2, rue Gœthe, Paris, XVE. GRENIER (René), Ingénieur des Mines, Pocaney, par Vertus (Marne). Grossouvre (A. de), Ingénieur en chef au Corps des Mines, Bourges (Cher). GROssOUvRE (Georges de), Lieutenant-Colonel au 66° régiment d'Infanterie, 15, place Zola, Tours (Indre-et-Loire). Groru (Jean), 61, rue Madame, Paris, VI. GuéBnarp (Adrien), Agrégé de Physique des Facul- tés de Médecine, Saint-Vallier-de-Thiey (Alpes- Maritimes). Guirserr (Louis), Officier d'Administration du Génie en retraite, Architecte, à Etables (Côtes-du-Nord). GuiLLAUME (M.), Ingénieur au Corps des Mines, 11, rue de Metz, Nancy (Meurthe-et-Moselle). Haas (Hippolyt), D. sc., Professeur à l'Université royale, 28, Moltkestrasse, Kiel (Holstein, Alle- magne). Hagers, Ingénieur des Mines, Professeur à l’Univer- sité, 4, rue Paul-Devaux, Liège (Belgique). HarLé (Edouard), Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, 36, rue Emile-Fourcand, Bordeaux (Gironde). Haruer (F.-W.),F. G.S , Oakland House, Cringle- ford, près Norwich (Norfolk, Grande-Bretagne). Harris (Gilbert-Denison), Professeur de Paléonto- logie, Cornell University, Ithaca (Etat de New- York, Etats-Unis). HauG (Emile), Professeur de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences), Laboratoire de géologie à la Sorbonne, Paris, V. Hem (Arnold), Professeur agrégé, 25, Hottinger- strasse, Zurich, V (Suisse). 1885 1896 1905 1869 1896 1902 1908 . 1878 1908 1903* 280 1889 1881 1892 1904 1901 1895 1899 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXV Hexry (J.), Docteur ès sciences, ancien Professeur à l'Ecole de Médecine, 37, rue Ernest-Renan, Besan- çon (Doubs). HERMANN, Libraire, 6, rue de la Sorbonne, Paris, V. Hozrwes (Dr. Rudolf), Professeur à l’Institut géolo- gique de l'Université, Heinrichstrasse, 61/63, Graz (Styrie). Horranne (D.), Directeur de l'École préparatoire de l’Enseignementsupérieur, 19, rue de Boigne, Cham- béry (Savoie). HorzaPrez (Dr. Eduard), Professeur de Géologie à l'Université, 30, Herderstrasse, Strasbourg (Alsace- Lorraine). Houez (Philippe), Ingénieur à Condé-sur-Noireau (Calvados). Huserr (Henry), Docteur ès sciences, Administrateur, adjoint des Colonies, 58, rue du Montparnasse- Paris, XIV. Hucxes (Thos. McKenny), F.R.S.,F.G.S., Profes- seur de géologie, Woodwardian Museum, Trinity College, Cambridge (Grande-Bretagne). Huor, Capitaine au 22° bataillon de Chasseurs, Albert- ville (Savoie). ILovaïisky (David), Musée de Géologie à l'Univer- sité, Moscou (Russie). ImBeaux (Edouard), Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Docteur en médecine, 18, rue Sainte- Cécile, Nancy (Meurthe-et-Moselle). Ixsrirur GEoGNosTIco-PALÉONTOLOGIQUE de l’'Univer- sité, Strasbourg (Alsace). INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE, 16, rue Claude- Bernard, Paris, V. Jacog (Charles), Agrégé des sciences naturelles, Maître de conférences à l’Université (Faculté des Sciences), 2, rue Sainte-Eulalie, Bordeaux (Gironde). Jaco8 (Henri), Ingénieur en chef au Corps des Mines, Directeur du Service de la Carte géologique de l'Algérie, 22, rue de Constantine, Alger. JACQUINET, Agent comptable de la Marine, 16, avenue Colbert, Toulon (Var). JÂKEL (Dr. Otto), Professeur à l'Université, 43, Inva- lidenstrasse, Berlin, N. W. (Allemagne). XX VI 1896 1877* 1907 1899 1907 1903 1900 1901 1897 1863 1873 1900 1908 1898 1895 290 300 LISTE DES MEMBRES Jaxer (Armand), ancien Ingénieur de la Marine, 4, rue Jacques-Cœur, Paris, V. Jaxer (Charles), Ingénieur des Arts et Manufactures, Docteur ès sciences, 71, rue de Paris, Voisinlieu, près Beauvais (Oise). Jopor (Paul), 2, rue Claude-Pouillet, Paris, XVIT. JoLEaup, Sous-intendant militaire, 16, plage du Prado, Marseille (Bouches-du-Rhône). JocEaup (Léonce), Collaborateur au Service de la Carte géologique de l'Algérie, 16, plage du Prado, Marseille (Bouches-du-Rhône). Jouy (Henri), Docteur ès sciences naturelles, Pré- parateur de Géologie à l'Université (Faculté des Sciences) 9, rue Desilles, Nancy (Meurthe-et- Moselle). Jorpan (Paul), Ingénieur au Corps des Mines, #4, rue de Luynes, Paris, VIT. JorisseN (Edward), Consulting geologist, Post Office, box 305, Johannesburg (Transvaal). Jourxowsky (Etienne), Ingénieur eivil des Mines, Préparateur de Géologie au Musée d'Histoire natu- relle de Genève (Suisse). Jourpy (Général Em.), Commandant le 11° Corps d'armée, Nantes (Loire-Inférieure). JOUSSEAUME, Docteur en médecine, 29, rue de Ger- govie, Paris, XIV. JUDENNE (Léon), 78, rue Lamarck, Paris. JULLIEX (Colonel), 63, rue de Boulainvilliers, Paris, XVI Kazrkowsky (Dr. Ernst), Professeur à l'Université, Directeur du Musée royal de Minéralogie et Géo- logie, 11, Bismarckplatz, Dresde, A, 14 (Alle- magne). KarAKkAscH (Dr. Nicolas Iwanowitsch), Conservateur du Musée géologique de l’Université impériale, Wassily Ostrow, Malyprospect, 14, Saint-Péters- bourg (Russie). KERFORNE (Fernand), Docteur ès sciences, Prépara- teur de Géologie et de Minéralogie à l'Université (Faculté des Sciences), 16, rue de Châteaudun, Rennes (Ille-et-Vilaine). 1881 1866 1909 1909 1876 1891 1904 310 1903 1905 1894 1908 1902* 1886 1888 1903 1881 1872* 320 1875 1901* 1873* DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XX VII Kictax (W.), Correspondant de l’Institut, Professeur de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences), 38, avenue Alsace-Lorraine, Grenoble (Isère). K&xEx (A. von), Geheimer-bergrath, Professeur de Géologie à l'Université, Gœttingue (Allemagne). Krenas (GC. A.), 5, rue Agathonos, Athènes {Grèce). Kuzniar (Wiktor), Warszawska, 5, Cracovie (Au- triche-Hongrie). LaBaT (A.), Docteur en médecine, villa des Gravières, Périgueux (Dordogne). LABORATOIRE DE GÉOLOGIE de la Faculté des Sciences de l’Université de Caen (Calvados). LABORATOIRE DE GÉOLOGIE de la Faculté des Sciences de l’Université de Paris, à la Sorbonne, Paris, V. LABORATOIRE DE GÉéoLoGtE de l'Ecole nationale d’Agri- culture de Grignon (Seine-et-Oise). LABORATOIRE DE GÉOLOGIE de l'Ecole normale supé- rieure, 45, rue d'Ulm, Paris, V. LABORATOIRE DE PALÉONTOLOGIE du Muséum national d'Histoire naturelle, 3, place Valhubert, Paris, V. LABORATOIRE DE GÉOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ (prof. Lohest), Liège (Belgique). Lacoix (Lucien), Capitaine d’Artillerie, ancien Pro- fesseur de Topographie à l'Ecole d'application de Fontainebleau. Lacroix (Alfred), Membre de l'Institut, Professeur de Minéralogie au Muséum national d'Histoire natu- relle, 8, quai Henri IV, Paris, IV. Lacroix (Abbé E.), Aumônier de la Marine, en retraite, 179, avenue du Roule, Neuilly-sur-Seine (Seine). La Cruz (Emiliano de), Ingénieur des Mines, Minas de Caralps, Ribas (prov. de Gerona, Espagne). LarLAMME (Mgr. Joseph-Clovis R.), Recteur à l'Uni- versité Laval, Québec (Canada). Laweerr (Jules-Mathieu), Président du Tribunal civil, 57, rue Saint-Martin, Troyes (Aube). LaoTue (Général de division de), Président du Co- mité d’Artillerie, 1, place Saint-Thomas-d'Aquin, Paris, VII. Lauortue (René de), 20, rue de l'Odéon, Paris, VI. LanDeRER (J.-José), 34, rue de Caballeros, Valence (Espagne). XX VIII 1908 1896 1896 1906 1909 LISTE DES MEMBRES LANQUINE (Antonin), Licencié ès sciences, 6, rue Pestalozzi, Paris, V. LanTEnois, Ingénieur en chef au Corps des Mines, Hanoï (Tonkin). LapouriNe DEmiborr (Prince). LapparEnT (Jacques de), Préparateur de Minéralogie à l'Ecole nationale supérieure des Mines, 90, Bou- levard Saint-Germain, Paris, V. LarGer (René), Docteur en médecine, Maisons-Lafitte (Seine-et-Oise). 1887* 330 Larasre (Fernand), Professeur honoraire de l’'Univer- 1897 1904 1886 1903 1894 1907 1893* 1908 1884 LOUE 1869* 1868* sité du Chili, Cadillac-sur-Garonne (Gironde). Larinis (Léon), Ingénieur, Seneffe (Hainaut, Belgique). Lausy (A), Collaborateur au Service de la Carte géo- logique de la France, Correspondant du Ministère de l’Instruction publique, 63, rue des Lacs, Saint- Flour (Cantal). Lauxay (Louis de), Ingénieur en chef au Corps des Mines, Professeur à l'Ecole des Mines et à l'Ecole des Ponts et Chaussées, 51, rue de Bellechasse, Paris Vite Laur (Francis), Ingénieur civil des Mines, 26, rue Brunel, Paris, XVII. LauRANS, Ingénieur en chef au Corps des Mines, 12, rue Théodule-Ribot, Paris, XVI. LAURENT (Armand), Agrégé de l’Université, Profes- seur au Lycée, Caen (Calvados). Lesoureux, Ingénieur-Agronome, Propriétaire à Ver- neuil, par Migné (Vienne). LECOINTRE (Georges), Château de Grillemont, par la Chapelle-Blanche (Indre-et-Loire). Le Core (Albert), Ingénieur des Ponts et Chaussées, 1, rue Picot, Paris, XVI. Le Covprey pe LA Forest (Max), Ingénieur des Amé- liorations agricoles au Ministère de l’Agriculture, 8, rue Boccador, Paris, VIII. Lepoux (Charles), Ingénieur en chef au Corps des Mines, Professeur à l’rcole des Mines, 250, bou- levard Saint-Germain, Paris, VIT. Léexuarp (Franz), Professeur agrégé à la Faculté de Théologie, Fontfroide-le-Haut, Montpellier (Hérault). 1883 1886 1880 1899* 1903 1909: 1899 1867 350 1906 1880 18583 190% LS 1878 1895 1906 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXIX Lecay (Gustave), Receveur del’Enregistrement et des Domaines, en retraite, 22, rue de Flahaut, Bou- logne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Leais (Stanislas), Ancien professeur au Lycée Louis- le-Grand, 22, avenue Reille, Paris, XIV, Laxcrassé (René), 50, rue Jacques-Dulud, Neuilly- sur-Seine (Seine). Le MarcHanD (Augustin), Ingénieur civil, 2, rue Traversière, aux Chartreux, Petit-Quevilly (Seine- Inférieure). Leone (Paul), Docteurès sciences, Chefdes Travaux de géologie au Laboratoire ral de l'École des Hautes Etudes, 96, boulevard Saint-Germain, PAT ave LericHe (Maurice), Maître de Conférences à l’Uni- versité (Faculté des Sciences), 159, rue Brûle-Mai- son, Lille (Nord). Léraxe, Docteur en médecine, 25, rue Demours, Paris, X VIT: Levar (Ed.-David), Ingénieur civil des Mines, 174, boulevard Malesherbes, Paris, XVII. Lez (Achille), Conducteur des Ponts et Chaussées, en retraite, Lorrez-le-Bocage (Seine-et-Marne). Luoume (Léon), Ingénieur civil, Directeur de la Sucrerie de Mayot, par La Fère (Aisne). Lissey (WilliamJr), D. Se., Professeur de Géographie physique, Directeur du Muséum de Géologie et d'Archéologie: Collège de New-Jersey, Pc (New-Jersey, Etats- Unis). La (Wenceslau de), Docteur ès sciences, Profes- seur de Géologie à l'Académie polytechnique de Porto, 17, praça da Trinidade, Porto (Portugal). Linaxowski (Miésislas), (Autriche-Hongrie). Linper (Oscar), Inspecteur général au Corps des Mines, Vice-Président du “Conseil supérieur des Mines, 38, rue du Luxembourg, Paris, VI. LippmanN, Ingén. civil, 47, rue de Chabrol, Paris, X. Lissagous, 10, quai des Marans, Mâcon (Saône-et- Loire). Lissox (Carlos L.), Ingénieur des Mines, Professeur de Micropétrographie al Ecole des Ingénieurs, Lima (Pérou). XXX 1879* 1901 1887* 1904 1889 1899 1861* 1889 1898 1906 1887 1885 1890 1900 1897 1891 1881 1906 360 310 LISTE DES MEMBRES Lopix, Inspecteur général au Corps des Mines, Pro- fesseur à l'Ecole nationale des Mines, 16, rue Desbordes-Valmore, Paris, XVI. Loxccas (Émile-Edouard), 2, avenue Girard, Mar- seille (Blancarde) (Bouches-du-Rhône). Loxquery (Maurice), Ingénieur civil des Mines, Ou- tréau, près Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Lori (Claude-Victor), Dax (Landes). Lory (Pierre-Charles), Chargé de conférences de Géo- logie à l'Université (Faculté des Sciences), 6, rue des Alpes, Grenoble (Isère). Lucrson (Maurice), Professeur à l'Université, villa des Préalpes, avenue Ch.-Secrétan, Lausanne (Suisse). Lyuax (Benjamin-Smith), 708, Locust street, Phila- delphie (Pensylvanie, Etats-Unis). Marre (J.), forges de Morvillars (Territoire de Bel- fort). Marver (Jacques), Ingénieur civil des Mines, 23, rue de la République, Saint-Étienne (Loire). Maxsuy, Géologue du Service géologique de l’Indo- Chine, Hanoï (Tonkin). MarGeriE (Emmanuel de), #4, rue de Fleurus, Paris, VI. MarreL (Edouard-Alfred), Directeur de « La Nature», Membre du Conseil supérieur d'Hygiène publique, 23, rue d'Aumale, Paris, IX. MarTiN (David), Conservateur du Musée, Gap (Hautes-Alpes), MarriN (Louis, Docteur en Médecine, Docteur en droit, Docteur ès sciences, Licencié ès lettres, 1, place Saint-Sulpice, Paris, VE. MarTowe (Emmanuel de), chargé de cours de Géo- graphie à l’Université (Faculté des Lettres), 248, boulevard Raspail, Paris, XIV. Marry (Pierre), Château de Caillac, par Arpajon (Cantal). MarriroLo (Ettore), Ingénieur au Corps royal des Mines, 1, via Santa-Susanna, Rome (Italie). Maucue (Albert), Licencié ès sciences, Contrôleur des Contributions directes, Arles-sur-Rhône (Bou- ches-du-Rhône). 1901 1876 380 390 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXXI Maurice (Joseph), Ingénieurcivildes Mines, Hacienda de Monte-Horcaz, par Villanueva de las Minas (province de Séville, Espagne). Maury (Commandant P.), Chef de bataillon au 25° régiment d'Infanterie, Cherbourg (Manche). Maury (E.), Préparateur de Physique au Lycée, 48, Route de Levens, Nice (Alpes-Maritimes). Mecquexeu (Roland de), Ingénieur civil des Mines, 16, rue du Pré-aux-Cleres, Paris, VIT. Ménix (Louis), 25, rue de la Citadelle, Arcueil-Ca- chan (Seine). MExGauD (Louis), 7, rue Lakanal, Toulouse (Haute- Garonne). MExGEL (0.), Directeur de l'Observatoire météorolo- gique, #5 bis, quai Vauban, Perpignan (Pyrénées- Orientales). MeriGeauLT (Emilien), Ingénieur au corps des Mines, Constantine (Algérie). Merce, Chef du Service des Mines, Tananarive (Madagascar). Meruier, Ingénieur des Chemins de fer fédéraux, square de la Harpe, 8, Lausanne (Suisse). Meuxter (Stanislas), Professeur de Géologie au Mu- séum national d'Histoirenaturelle, 3, quai Voltaire, Paris, VIL. Meyer (Lucien), Interprète assermenté près le Tribu- nal civil, 25, rue Denfert-Rochereau, Belfort. Micuaret (A.), Quartier de la Barre, allée des Pla- tanes, Toulon (Var). Micuez (Léopold), Professeur-adjoint de Minéralo- gie à l'Université (Faculté des Sciences), 54, bou- levard Maillot, Neuilly-sur-Seine (Seine). Micuez-Lévy, Membre de l’Institut, Inspecteur géné- ral au Corps des Mines, Directeur du Service de la Carte géologique de la France, 26, rue Spontini, PanseXVI Micuez-Lévy (Albert), Inspecteur-adjoint des Eaux et Forêts, Préparateur au Collège de France, 80, boulevard Flandrin, Paris, XVI. Mi (Mathieu), #8, avenue de Modenheim, Mulhouse, (Alsace-Lorraine). XXXII 1901 1893 1893 1902 1896 1897 1878 1906 1877 1908 1904 1897 1876 1895 1868 1903 1897 100 LISTE DES MEMBRES Mique E IrizAR (Manuel), Colonel du 1% régiment du Génie, Logrono (Espagne). MiqueL (Jean), Propriétaire, Baroubio, par Aigues- Vives (Hérault). Mircea (C.-R.), Ingénieur des Mines, 51, rue Romu- lus, Bucarest (Roumanie). Miremoxr (J.-B.-Alfred), ancien industriel, 3, rue Eugénie, Saint-Mandé (Seine). MocexGRAAFF (Dr. G. A. F.), Géologue, 43, Juliana Van Stolberglaan, La Haye (Pays-Bas). Moxop (Guillaume-H.), 32, rue Théophile-Gautier, Paris, XVI. Moxraiers (Maurice), Ingénieur civil des Mines, 50, rue Ampère, Paris, XVII, Morezzert (Lucien), 3, boulevard Henri IV, Paris, IV. MorGax (Jacques de), Ingénieur civil des Mines, Délégué général en Perse du Ministère de l’Ins- truction publique, 1, rue Alfred-Dorménil, Croissy- sur-Seine (Seine-et-Oise). Mori (Maurice), Attaché au Laboratoire de Géologie du Muséum national d'Histoire naturelle, rue Gam- betta, Thorignv (Seine-et-Marne). Moscoso (Francisco Eugenio de), Docteur en Méde- cine, Professeur d'Histoire naturelle à l'« Instituto de Senoritas », 45, calle de la Industria, San Pedro de Macoris (République dominicaine). Moureau (Abbé), Doyen de la Faculté de Théologie, 15, rue Charles-de-Muyssart, Lille (Nord). Mourer (G.), Ingénieur en chef des Ponts et Chaus- sées, 22, rue du Chifflet, Besançon (Doubs). MourGuEs, Préparateur de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences), Montpellier (Hérault). MourLon (Michel), Directeur du Service géologique de Belgique, Membre de l’Académie royale des Sciences, Palais du Cinquantenaire, Bruxelles (Bel- gique). Movurier (François), Docteur en Médecine, Licencié ès sciences, ancien interne des Hôpitaux, 5, rue de Monceau, Paris, VIII. 410 Mrazec (Louis), Professeur de Minéralogie et de Pétrographie, Laboratoire de Minéralogie, Univer- sitate, sala x1v, Bucarest (Roumanie). 1900 1898 1908 1904 1909 1881 1906 1909 1868* 1907 420 1886 1905 1877* 1909 1899 1892 1906 1893 1893 DÉ LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Xx XIII Munreaxu-MurGoct (Georges), Assistant de Minéra- logie à l'Université, Bucarest (Roumanie). Musée NATIONAL GÉOLOGIQUE d'Agram (Croatie, Autriche). NeGre (Georges), Houilles (Seine-et-Oise). NéGris (Ph.), Ingénieur, Ancien ministre des Fi- \ nances, Athènes (Grèce). Neyrer (André), étudiant, 2, chaussée de la Muette, Paris, XVI. NickLës (René), Professeur de Géologie à l'Université (Faculté des Sciences), 4, rue des Jardiniers, Nancy (Meurthe-et-Moselle). Nicou (Paul), Ingénieur au Corps des Mines, 2, rue de Senelle, Longwy-bas (Meurthe-et-Moselle). Nixcx (André), Ingénieur des Ponts et Chaussées, voie romaine, Bar-le-Duc (Meuse). Nivorr (Edmond), Inspecteur général au Corps des Mines, #, rue de la Planche, Paris, VIT. Noez (Eugène), Ancien élève de l'Ecole normale supé- rieure, 102, faubourg des Trois-Maisons, Nancy (Meurthe-et-Moselle). NoLan, 8, place du Marché, Neuilly-sur-Seine. Nopcsa (Baron Franz), Ujarad (Hongrie). OEurerr (Daniel-P.), Correspondant de l'Institut, Conservateur du Musée d'Histoire naturelle, 29, rue de Bretagne, Laval (Mayenne). . OEucerr (Me P.), 29, rue de Bretagne, Laval (Mayenne). : Orrrer (A.), Professeur de Minéralogie théorique et appliquée à l'Université (Faculté des Sciences), villa Sans-Souci, 53, chemin des Pins, Lyon (Rhône). O'Gormax (Comte Gaëtan), 21, avenue de Barèges, Pau (Basses-P yrénées). Ouiveina Macnano E Costa (Alfredo Augusto d'), Professeur à l'École rovale militaire, Lisbonne (Portugal). OPPexuemM, (Professeur-Dr Paul), 19, Sternstrasse, Gross Lichterfelde, près Berlin (Allemagne). OrnOKEz (Ezequiel), Ingénieur-géologue des Mines, 2%, General Prim, 43, Mexico (Mexique). XXXIV LISTE DES MEMBRES 1885 430 Oupri (Général), Ancien commandant de Corps d'ar- 1902 1893 1888* 1884 1899 1905* 1908 1ST8 1897 1907 1STS 1903 1902 1908 1889 1906 1881 440 mée, Durtal (Maine-et-Loire). PacHunpakt (D.-E.), Post-Office, box 316, Alexan- drie (Egypte). Paquier (Victor-Lucien), Docteur ès sciences, Pro- fesseur de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences), Toulouse (Haute-Garonne). Parris pe BreuIt, Docteur en droit, 18, rue de Rueil, Suresnes (Seine). PavLow (Alexis-Petrowitch), Professeur de Géologie à l'Université de Moscou, Maison de l'Université, 34, Dolgoroukovski pereoulok, Moscou (Russie). PELLEGRIN (Charles), Ingénieur civil, 43, rue Vital, Paris, XVI. PEREIRA DE SouzA (Francisco Luiz), Capitaine du Génie, 32, rua dos Lagares, Lisbonne (Portugal). PÉroux (Étienne), Capitaine d'infanterie de marine en retraite, 11, rue des Canus, Maisons-Laffitte (Seine-et-Oise). Perrier (Edmond), Membre de l’Institut, Directeur du Muséum national d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris, V. PERVINQUIÈRE (Léon), Chef des travaux pratiques de Géologie, chargé des conférences de Paléontologie à l'Université (Faculté des Sciences), 39, rue de Vaugirard, Paris, VI. Pessox-Diniox (Maurice), Ingénieur civil des Mines, 32, boulevard Malesherbes, Paris, VIII. Perirccerc (Paul), 6, rue du Lycée, Vesoul {Haute- Saône). Pirouter (Maurice), Licencié ès sciences, Salins (Jura). PissarrO (G.), Licencié ès sciences, 85, avenue de Wagram, Paris, XVII. Pocra (Dr.-Ph.), Professeur de Géologie etde Paléon- tologie à l'Université tchèque de Prague, 21, Karls- platz, Prague (Bohème). PorrauLr (Georges), Docteur ès sciences, Directeur du laboratoire d'Enseignement supérieur (Villa Thuret), Antibes (Alpes-Maritimes). Poisor (Paul), 27, rue du Rhin, Paris, XIX. Poxax (H. Athanase), propriétaire, Primarette, par Revel-Tourdon (Isère). 1908 1896 1902 1879 1909 1884 19097 1905 1891* 1901 1878 1893 1900 18917 1905 1904 1883 = ©Ot = 460 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXXV Porescu-Vorresti, professeur au Lycée de Buzau (Roumanie). Porovic-HarzeG (V.), Docteur ès sciences, Chef du Service géologique du Ministère des Domaines, 10, strada Bratiano, Bucarest (Roumanie). Porter (Victor), Ingénieur civil, 25, rue de la Quin- tinie, Paris, XV. Portis (Alessandro), Docteur ès sciences, Professeur de Géologie et de Paléontologie à l’Université, Rome (Italie). Prévost (Gustave), 65, boulevard Sébastopol, Paris, I. Prin (Fernand), Agrégé de l'Université, Professeur au Lycée Henri IV, 135, boulevard Saint-Germain, Paris, VI. PussExoT (Charles), capitaine d'artillerie, 91, rue Pasteur, Sainte-Catherine-sous-Briançon (Hautes- Alpes). Puzexar (Léon), Attaché au Laboratoire de Géologie du Muséum national d'Histoire naturelle, 106, rue de La Boétie, Paris, VIII. RACOVITZA (Émile G.), Sous-directeur du laboratoire Arago à Banyuls, 112, boulevard Raspail, Paris, VI. RamwBaup (Louis), Docteur en médecine, 16, boulevard Sébastopol, Paris, IV. Ramonp (Georges), Assistant de Géologie au Muséum national d'Histoire naturelle, 18, rue Louis-Phi- lippe, Neuilly-sur-Seine (Seine). Rausay (Wilhelm), Professeur à l'Université, Hel- singfors (Finlande). RaspaiLz (Julien), Docteur en médecine, 19, avenue Laplace, Arcueil-Cachan (Seine). RAVENEAU (Louis), Agrégé d'Histoire et de Géogra- phie, Secrétaire de la rédaction des Annales de Géo- graphie, 76, rue d’Assas, Paris, VI. ResouL (Paul), Conservateur adjoint des Collections géologiques à la Faculté des Sciences de l'Univer- sité, 6, rue Haxo, Grenoble (Isère). ReGxauLT (Ernest), Président honoraire du Tribu- nal civil, La Folie, Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne). Resaupry (Émile), Propriétaire, 14, rempart du Midi, Angoulême (Charente). XXXVI 1906 1873 1881 1903 1878 re = =) 1881 1888 1894 1905 : 1882* 1905 1879 1908 1894 1902 1904 480 1861* LISTE DES MEMBRES Rewz (Dr. Carl), Villa Laubmann, Kaufbeuren (Ba- vière, Allemagne). Rep (J.), Docteur ès sciences, Chargé de Cours à l'Université (Faculté des Sciences), 86, rue Saint- Savournin, Marseille (Bouches-du-Rhône). Réviz (Joseph), Pharmacien, Président de la Société des Sciences nat. de Savoie, Chambéry (Savoie). ReycrazrT (Jules-Marie), Ancien agent de la Société géologique de France, 85, rue du Cherche-Midi, Paris Vi Riaz (A. de), ancien banquier, 68, quai de Serin, Lyon (Rhône), Ricue (Attale), Docteur ès sciences, Chargé d'un cours complémentaire de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences), 56, avenue de Nouilles, Lyon (Rhône). RiGaux (Edmond), 15, rue Simoneau, Boulogne-sur- Mer (Pas-de-Calais). Rirrer (Etienne-A.), 1712, North Nevada avenue, Colorado Springs (Colorado, Etats-Unis). Roeix (Auguste), Corresp. du Muséum national d'Histoire naturelle, 105, rue Dareau, Paris, XIV. RoBixeAU (Théophile), ancien avoué, #, avenue Car- = Æ not, Paris, XVII. Roges (Ramiro), Géologue à l’Institut géologique national, Mexico (Mexique). RoLLaxp (Georges), Ingénieur en chef au Corps des Mines, 60, rue Pierre-Charron, Paris, VIII. RozLer, Président de l'Association des Naturalistes, 62, rue Voltaire, Levallois-Perret (Seine). Romax (Frédéric), Docteur ès sciences, Chargé d’un cours complémentaire de Géologie à l'Université (Faculté des Sciences), 2, quai Saint-Clair, Lyon. RomEeu (Albert de), Ingénieur des Arts et Manufac- tures, Chef des Travaux de Minéralogie au Labo- ratoire colonial du Muséum national d'Histoire naturelle, 70 bis, avenue d'Iéna, Paris, XVI. RorTHPLerz (A.), Professeur à l'Université, Palæon- tologisches Museum, Munich (Allemagne). RotTaweLz (R.-P.), Ingénieur, éditeur du Mining Journal, 253, Broadway [27, P. O., box 1833|, New-York city (Etats-Unis). 1885 1875 1898* 1905 1868 1885 1890* 1903 1904 1893 1868 1901 1878 1901 1890 1906 1879 490 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXXVII RoussEez (Joseph), Docteur ès sciences, Professeur au Collège, 5, chemin de Velours, Meaux (Seine- et-Marne). Roux (J.-L.), à l'Aiglon, Plan de Cuques (Bouches- du-Rhône). Rouyer (Camille), Docteur en droit, Avoué, 50, rue d'Autun, Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Roverero (G.), Professeur à l'Université royale, Musée de Géologie, 1, via Sta Agnese, Gênes ([ta- lie). SABATIER-DESARNAUDS, 9, rue des Balances, Béziers (Hérault). Sacco (Dr. Federico), Professeur de Géologie au Poli- tecnico, Professeur de Paléontologie à l’'Univer- sité, Castello del Valentino, Turin (Italie). SALLES, Inspecteur des Colonies, 23, rue Vaneau, Paris VII SANDBERG (Dr. C.), Ingénieur-géologue, 8, Velperbin- nensingel, Arnhem (Pays-Bas). SANGIORGI (Dominico), Docteur ès sciences, labora- toire de Géologie et de Minéralogie, Université Royale, Parme (Italie). SARASIN (Charles), Professeur de Géologie à l'Univer- sité, 22, rue de la Cité, Genève (Suisse). SAUVAGE (Emile), Docteur en médecine, Directeur honoraire de la station aquicole, Conservateur des Musées, 39 bis, rue de la Tour-Notre-Dame, Bou- logne-sur-Mer (Pas-de-Calais). SAvorNIN (J.), Chef des travaux de Géologie et de Minéralogie à l'Université (Faculté des Sciences), 62, boulevard Bon-Accueil (Alger). Sayn (Gustave), à Montvendre, par Chabeuil (Drôme). SCHARDT (A. Hans), Professeur de Géologie à Neu- châtel, Veytaux, près Montreux (Vaud, Suisse). Scamint (Dr Carl), Professeur de Géologie à l’Uni- versité, 107, Hardtrasse, Bâle (Suisse). SCHŒXERS, 25, avenue de Saint-Ouen, Paris, XVII. SEGRÉ (Claudio), Ingénieur en chef de l’Institut expé- rimental des Chemins de fer de l'Etat, Transtevere- Rome (Italie). Février 1910. Bull. Soc. géol. Fr. XI. — C. XX VIII 1906 1894 500 1866 1895 1904 1899 1881 1902 1893 1879 [P) 1884 1878 510 1899 1861* 1894. 1888 1902 LISTE DES MEMBRES SELDLITZ (W. von), Dr ès sciences, Assistant à l’Ins- titut géognosto-paléontologique de l'Université, Ruprechtsauerallee 11°, Strasbourg (Alsace-Lor- raine). SENA (Joachim C. Costa), Directeur de l'École des Mines d'Ouro-Preto (Minas-Geraes, Brésil). SEUNES (Jean), Professeur de Géologie à l'Université (Faculté des Sciences), 40, faubourg de Fougères, Rennes (Ille-et-Vilaine). SEvVAsTOsS (Romulus), Docteur ès sciences, 33, rue Särärie, Jassy (Roumanie). SIMEH (Francisco-Rodolpho), Directeur du Musée de l'Etat du Rio-Grande du Sud, 587, Andradas, Por- to-Alegre (Brésil). d SIMON (Auguste), Ingénieur, Directeur des Mines de Liévin (Pas-de-Calais). Six (Achille), Professeur au Lycée, 22, rue d'Arras, Douai (Nord). SkINNER (Lieutenant-Colonel B. M.), Peshawar (Indes britanniques). SKkOUPHOS (Th.), Conservateur du Musée minéralo- gique et paléontologique de l’Université, Athènes (Grèce). : SOCIÉTÉ ANONYME DES HouiLLÈRES de Bessèges et Ro- biac, 17, rue Jeanne-d'Arc, Nîmes (Gard). Société »'Émurariox de Montbéliard (Doubs). SocorrO (Marqués del), Professeur de Géologie à l'Université, #1, rua de Jacometrezo, Madrid (Es- pagne). SPiess, Chef de Bataillon, 7° régiment du Génie, Avignon (Vaucluse), STEFANESCU (Gregoriu), Professeur de Géologie à l'Université, 8, strada Verde, Bucarest (Rouma- nie). . STEFANESCU (Sabba), Professeur de Paléontologie à la Faculté des Sciences, 2, boulevard Coltei, Buca- rest (Roumanie). STEFANI (Carlo de), Istituto superiore, Piazza San Marco, Florence (Italie). STEHLIN (H. G.), Conservateur du Musée, Bâle (Suisse). 1886 1909* 1896 1903 1884 520 1896 186% 1907 1881 1893* 1904 1898 1883 1867 1884 530 1907 1872 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXXIX STEINMANN (Gustav), Professeur de Géologie et de Pa- léontologie à l'Université, 98, Poppelsdorferallee, Bonn (Allemagne). STEUER (Dr Alex.), Liebigstrasse, 37, Darmstadt (Allemagne). STÔBER (Dr F.), Chargé de Cours à l'Université, La- boratoire de Minéralogie, Institut des Sciences, rue de la Roseraie, Gand (Belgique). STREMOOUKHOFF (Dimitry), Conseiller à la Cour d'Ap- pel, Maison Oulianof, log 24, Zoubowsky boule- vard, Moscou (Russie). STUER (Alexandre), Comptoir français géologique et minéralogique, #, rue de Castellane, Paris, VIII. STÜRTZ (B.), Comptoir minéralogique et paléontolo- gique, 2, Reisstrasse, Bonn-sur-le-Rhin (Alle- magne). TABARIES DE GRANSAIGNES, Avocat, 30, rue de Civry, Paris, XVI. TassarT (L.-T,), Ingénieurdes Artset Manufactures, 97, boulevard Pereire, Paris, XVII. TermiER (Pierre), Membre de l'Institut, Ingénieur en chef au Corps des Mines, Professeur de Minéra- logie à l'Ecole des Mines, 164, rue de Vaugirard, Paris, XV. THEVENIN (Armand), Assistant de Paléontologie au Muséum national d'Histoire naturelle, 15, rue Bara, Paris, VI. THiéry (Paul), 57, rue Jeanne-d'Arc, Chaumont (Haute-Marne). Tor, à Marissel, près Beauvais (Oise). Taomas (H.), Sous-Ingénieur des Mines, Chef des travaux graphiques du £ervice de la Carte géolo- gique de la France, 62, boulevard Saint-Michel, Paris, VI. Taowas (Philadelphe), Docteur en médecine, Gaillac (Tarn). THouas (Philippe), Vétérinaire principal de 1"° classe de l'Armée, 15, rue de Decize, Moulins (Allier). Torxouisr (Dr A.), Professeur de Géologie et de Paléontologie à l'Université, Kônigsberg (Prusse). Toucas (Aristide), Lieutenant-Colonel en retraite, 30, rue des Saints-Pères, Paris, VI. XL 1909 1900 1905 1894 1859* 1876* 1909 1870 1898 1874* 1867 1902 1873 240 LISTE DES MEMBRES TourNIER (Gaston), Rédacteur en chef de l’Echo minier et industriel, 31, rue Lepic, Paris, XVIII. TournouEr (André), à Ver, par Ermenonville (Oise). Vacner (Antoine), Chargé de cours de Géographie à l'Université (Fac. des Lettres), Rennes ([.-et-V.). Varrier, Docteur en médecine, Docteur ès sciences, Chânes, par Crèches (Saône-et-Loire). VaizLantT (Léon), Professeur honoraire au Muséum national d'Histoire naturelle, 36, rue Geoffroy- Saint-Hilaire, Paris, V. VazLar (Jules de), ancien Maire du VI* arrondisse- ment, 1, rue Madame, Paris, VI. VazLor (Joseph), Directeur de l'Observatoire météo- rologique du Mont-Blanc, 5, rue François-Aune, Nice (Alpes-Maritimes). Vax DEN BroEck (Ernest), Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle, Secrétaire général hono- raire de la Société belge de Géologie, de Paléonto- logie et d'Hydrologie, 39, place de l'Industrie, Q". Î L'., Bruxelles (Belgique). VANDERNOTTE, Contrôleur des Mines, 21, avenue Reille, Paris, XIV. Vax KeuwpEN (Charles), 12, rue Saint-Bertin, Saint- Omer (Pas-de-Calais). VaouEz (J.), Directeur d'Ecole publique, Professeur de Géologie à l'Ecole coloniale Jules-Ferry, 35, allée d’Antin, Le Perreux (Seine). Vasseur (Gaston), Professeur de Géologie à l'Uni- versité (Faculté des Sciences), 29, boulevard d'Athènes, Marseille (Bouches-du-Rhône). VéLaix (Charles), Professeur de Géographie physique à l'Univ. (Fac. des Sc.), 9, rue Thénard, Paris, V. VermorEeL (Victor), Directeur de la Station viticole, Villefranche (Rhône). Viaray, Ancien Ingénieur de la Compagnie pari- sienne du gaz, Semur-en-Auxois (Côte-d'Or). Vipaz (Luis Mariano), Inspecteur général des Mines, ex-directeur de la Carte géologique de l'Espagne, Diputacion, 292, Barcelone (Espagne). VipaL DE LA BLACHE (Paul), Professeur de Géographie à l'Université (Faculté des Lettres), 6, rue de Seine, Paris, VI. 1905 350 560 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XI VizLaFANA (Andrès), Aide-géologue à l'Institut géo- logique national, Mexico (Mexique). ViLLARELLO (Juan D.), Géologue chef de section à l’Institut géologique national, Je, del Ciprès, n° 2728, Mexico (Mexique). Vixcey (Paul), Ingénieur-Agronome. Professeur dé- partemental d Agriculture de la Seine, 9, rue Eugène-Labiche, de XVI. Vincuon (Arthur), Avocat, 18, rue Notre-Dame- des-Champs, Paris, VE. ViscuntakOrr (Nicolas), Gagarinsky péréoulok, Propre maison, Moscou (Russie). Vues (Fred), Préparateur de Zoologie à l’Université (Fac. des Se.), 46, boulevard St-Michel, Paris, V. Voisix (Honoré), Ingénieur en chef des Mines, Direc- teur de la Compagnie des Mines de Roche-la- Molière et Firminy, Firminy (Loire). Vuzpran (André), Licencié ès sciences naturelles, villa des Bois, Lamballe (Côtes-du-Nord). WALLERANT (Fréd.), Membre de l'Institut, Professeur de Minéralogie à l'Université (Faculté des Scien- ces), 1, rue Victor-Cousin, Paris, V. Wecscn (Jules), Professeur à l’Université (Faculté des Sciences) 5, rue Scheurer-Kestner, Poitiers (Vienne). Wôscx (Karimierz), Docteur ès sciences, Assistant de Géologie à l'Université, 6, rue Sainte-Anne, Cracovie (Autriche-Hongrie). Wüonrer (Louis), Graveur, 4, rue de l'Abbé-de-l'Épée, Paris, V Zeir (Capitaine G.), Service géographique de l’Indo- Chine, Hanoï (Tonkin). Zexer (René), Membre de l'Institut, Inspecteur général des Mines, Professeur à l’école des Mines, 8, rue du Vieux-Colombier, Paris, VI. Zuser (Dr Rudolf), Professeur de Géologie à l'Uni- versité, Lemberg (Autriche). Zusovic (Jovan M.), Professeur à la Faculté des Scien- ces, 12, rue Kragujewaczka Ulica, Belgrade (Ser- bie). ZürcHErR (Ph)., Ingénieur des Ponts et Chaussées, Directeur général des travaux du Chemin de fer des Alpes bernoises, 45, Laubeckstrasse, Berne (Suisse). LISTE DES MEMBRES DE LA. SOCIÉTÉ DISTRIBUÉS GÉOGRAPHIQUEMENT Ain. Béroud {abbé). Chanel. Aisne. Brouet. Lhomme. Allier. d ee ee + + © + ve. ee © + © « Alpes (Hautes-). Martin (D.). Pussenot. Alpes-Maritimes. Ambayrac. Caziot. Guébhard (Dr). Maury (E.). Poirault (Georges). Vallot. Ardèche. Ardennes. Ariège. Azéma. Croisiers de Lacvivier. Aube. Lambert. EUROPE France. Aude, Aveyron. | Belfort (Terr. de). | Maitre. | Meyer. Bouches-du-Rhône. | Bibl. mun. de Marseille. Dalloni. | Repelin. | Roux. | Vasseur. | Calvados. | Bigot. Houel. Labor. Géologie Fac. de Caen. Laurent (Arm.). | Cantal. | Boule. Lauby. Marty. Charente. Chauvet. Rejaudry. | Charente-[nférieure. CCC CC Cher. Duvergier de Hauranne. Grossouvre (A. de). Corse. eee ee + 0 © © e © Côte-d'Or. Bréon. Collot. Epery (Dr). Vialay. Côtes-du-Nord. Guilbert. Gernez. Vulpian. Creuse. ee ee « © + © + © @ « 0 Deux-Sèvres. Boone (abbé). Dordogne. Labat (Dr). Doubs. Bresson. Fournier (E.). Girardot. Henry. Mouret. Soc. d'Emul. de Mont- béliard. Drôme. Sayn. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XLIII Eure. Indre. Balsan. Indre-et-Loire. Fleury. Eure-et-Loir. Aubert (Frédéric). Grossouvre (G. de). Bourgery. Lecointre. Finistère. Isère. 9. + + ° + 0 Allard. Bibl. Univ. de Grenoble. Gard. Corbin (Raymond). Bonnes (F.). Dumolard. Carrière. Gevrey. Cie des Mines de la|Gignoux. Grand'Combe. Kilian. Fabre (G.). Lory (P.). Soc. des Houillères de | Poncin. Bessèges. Reboul. Garonne (Haute-\. Jura. Bibl. Univ. Médecine et | Piroutet. Sc. de Toulouse. Landes. Caralp. Lorrin Doumerc. Fe Garrigou. Loir-et-Cher. Mengaud. Delamarre. Paquier. Filliozat. Gers. Loire. LESC RER Mallet. Gironde. Voisin. Fallot Dreyfus. Gardé. : "es clé Loire-Inférieure. Jacob (Charles). Bureau (Louis). Lataste. Davy. Hérault Han L Bibl. Univ. de Montpel- Ro à Dolage: Jourdy (Gus ll Gennevaux. Loiret. Pécnharde ne LR RES Miquel. Mourgues. Lot. Sabatier-Desarnauds. |-:--:.-...... Ille-et-Vilaine. Lot-et-Garonne LES RAC ERNEST Kerforne. , CAE Lozère. Vacher. Charreyre (abbé). Maine-et-Loire. Bizard, Cheux. Oudry. Manche. Maury. Marne. Collet. Dueil. Grenier. Marne (Haute-). Daval. Thiéry. Mayenne. OEhlert. OEhlert (Mn°). Meurthe-et-Moselle Éc. des Eaux et Forêts de Nancy. Godefroy. Grand’Eury. Guillaume. Imbeaux. Joly. Nicklès. Nicou. Noël. Meuse. Évrard. Morbihan. 9 0 + eo Busquet. Nord. Barrois. Bourgeat (abbé). Delépine (abbé). Dollé. Douxami. Gosselet. Leriche. Moureau (abbé). DIX XLIV Oise. Barret (abbé). Janet (Ch.). Thiot. Tournouër. eee ee cesse le esse Pas-de-Calais. Dutertre. Van Kempen. Legay. Lonquety. Rigaux. Sauvage. Simon. Puy-de-Dôme. Aubert (Francis). Bibl. Univ. de Clermont- Ferrand. Charvilhat (D”. Garde. Gautier (P.). Giraud (J.). Glangeaud. Pyrénées (Basses-). Détroyat. Genreau. Gramont (Comte de). O’Gorman (Comte G.). Pyrénées (Hautes-). 0e. eee © « « Pyrénées-Orientales. Donnezan (D A.). Mengel. Rhône. Boyer. e Depéret. Doncieux. Gaillard. Geandey. LISTE DES MEMBRES Offret. Riaz (de). Riche. Roman. Vermorel. Saône (Haute-). Pettclerc. Saône-et-Loire. Bayle. Bonnardot. Chaignon !de). Coste. Lissajous. Rouyer. Vaffer. Sarthe. Savote. Curet. Hollande. Huot. Révil. Savoie (Haute-). Bibliothèque d'Annecy. Seine. Les membres résidant dans le département de la Seine ne sont pas mentionnés. Seine-Inférieure. Boutillier. Fortin. Le Marchand. Seine-et-Marne. Lacoin (Capitaine). Lez. Morin. Roussel. Seine-et-Oise. Barthélemy. Colas: Courty. Desprez de Gésincourt. Euchène. : Lab. de géol. de l’Éc. de Grignon. Larger (D'). Morgan (de). Negre. Pérouxe Regnault (Edouard). Somme. sr... Tarn. Thomas (D' Ph.). Tarn-et-Garonne. sa etonelie se ons Noel Jacquinet. Michalet. Vaucluse. Chatelet. Deydier. Golfier. Spiess. Vendée. Chartron. Vienne. Fournier (A.). Lebouteux. Welsch. Vienne (Haute-). Gorceix. se ojetee le else else Yonne. Regnault (E.). DE LA Alsace-Lorraine. Bary (Em. de). Bibl. Univ. de Stras- bourg. Friren (abbé). Holzapfel. Inst. géogn.-paléont. de Strasbourg. Mieg (Mathieu). Seidlitz (von\. ‘ Allemagne. Bamberg. Bibl. univ. de Fribourg- en-Brisgau. Bornemann (L.-G.) Haas (H.). Jækel (Otto). Kalkowsky (E.). Kænen (von). Oppenheim (P.). Renz. Rothpletz. Steinmann. Steüer. Sturtz (B.). Tornquist. Autriche - Hongrie. Arthaber (von). Fritsch (Ant.). Kuzniar. Hc&ærnes. Limanowski. Mus. nat. géol. d'Agram. Nopcsa. Poéta. Wojcik. Zuber. Belgique. Arctowski. Bibl. de l'Univ. cath. de Louvain. Cornet. Dordolot (chanoine de). Lab. de géol. de l'Univ. de Liège. Habets. Latinis (L.). Mourlon. SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Stôber (F.). Van den Broeck. Bulgarie. Allahverdjiew. Espagne. Almera (chanoine). Bofill y Poch. Calderon. Cortazar (de). Dallemagne. Font y Saguë. La Cruz (de). Landerer. Maurice. Miquel e Yrizar. Socorro (M° del). Vidal (L. M.). Finlande. Ramsay (Wilhelm). Grande-Bretagne. Allorge. Geikie (Sir A.). Harmer (F.-W.). Hughes. Skinner. Grèce. Kténas. Néeris (Ph.). Skouphos. Italie. Capellini. Cocch1. Dal-Piaz. Fairman. Mattirolo. Portis. Rovereto. Sacco (Fed.). Sangiorgi. Segré. Stefani (de). Pays-Bas. Brouwer. Molengraaff. Sandberg. XLV Portugal. Cholfat. Comm. Serv. géol. Lima (Wenceslau de). Oliveira (d’) Machado e Costa. Pereira de Sousa. Roumanie. Mircea. Mrazec. Munteanu-Murgoci. Popescu-Voitesti. Popovici-Hatzeg. Sevastos (R.). Stefanescu (Gregoriu). Stefanescu (Sabba). Russie. Bogdanowitch. Karakasch (Nicolas). Iovaiskv. pavlow. tremooukhoff. Vichniakotf. Serbie. Zujovic. Suisse. Argand. Bibl. de l'Univ. de Bâle. Brunhes (J.). Delebecque (A.). Derwies (M! V. de). Duparc. Fallot (Paul). Favre (Ern.). Golliez. Heim. Joukowsky (E.). Lugeon. Mermier. Sarasin. Schardt (A. Hans). Schmidt (Carl). Stehhn. Zürcher, XLVI Algérie. Brives. Cie des Minerais de fer de Mokta-el-Hadid. Doumergue. Dussert. Espinas. Ficheur. Flamand (G. B. M.). Gautier (E.-F.). Sena (J.). Simeh (F.-R.). + Canada. Laflamme (Mgr J.C.K.). Rép. Dominicaine. Moscoso (de). Indes Britanniques. Skinner. LISTE DES MEMBRES AFRIQUE Jacob (Henri). Mérigeault. Savornin. Égypte. Ball (John). Couyat. Fourtau. Pachundaki. AMÉRIQUE États-Unis. Branner (J. C.). Dale (N.). Darton. Eastman. Harris (G. D.). Libbey. Lyman. Ritter. Rothwell. ASIE Tonkin. Counillon. Deprat. : Madagascar. Merle. Transvaal. Jorissen. Tunisie. Bédé. Bursaux. Mexique. Aguilar y Santillan. Aguilera. Burckhardt. Florès. Ordoñez. Roblès. Villafaña. Villarello. Pérou. Bravo. Lisson. Lantenois. Mansuy. Zeil (Cne). MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DÉCÉDÉS EN 1909 MM. A. Agnus. J. M. Colcanap. M. Gondin. MM. Ch. A. Gourbine. * Léon Janet. MM. L. Seguenza. G. N. Zlatarskti PRIX ET FONDATIONS DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Les prix dont la Société dispose sont décernés chaque année par une Com- mission constituée de la manière suivante : 1° Le Président et les Vice-Présidents de l’année courante; 20 Les anciens Présidents de la Société; 3° Les anciens Lauréats des Prix de la Société; 4° Cinq membres de province désignés par le Conseil dans sa première séance. Cette Commission se réunit dans le courant du premier trimestre. PRIX VIQUESNEL Le prix fondé en 1875 sous le nom de Prix Viquesnel et destiné à l’encou- ragement des études géologiques est biennal. Le lauréat, sans distinction de nationalité, doit être membre de la Société. Ce prix consiste en une médaille conforme au modèle adopté par le Con- seil de la Société et en une somme correspondant à ce qui sera disponible des arrérages du capital légué par Mme Viquesnel {environ 500 francs). Ce prix sera distribué en 1910. PRIX FONTANNES Le prix fondé en 1888 sous le nom de Prix Fontannes et destiné à récom- penser l’auteur français du meilleur travail stratigraphique publié pendant les cinq dernières années, est décerné tous les deux ans, alternativement avec le Prix Viquesnel. Ce prix consiste en une médaille d’or conforme au modèle adopté par le Conseil de la Société et d'une valeur d'environ 300 francs, et en une somme correspondant à ce qui sera disponible des arrérages du capital légué par Fontannes {environ 1 000 francs). Ce prix sera distribué en 1911. PRIX PRESTWICH Le Prix Prestwich, institué en 1902, en suite du legs fait à la Société par Sir Joseph Prestwich, est {riennal. Conformément aux volontés du testateur, ce prix doit être accordé à un ou plusieurs géologues, hommes ou femmes, de nationalité quelconque, membres ou non de la Société géologique de France, qui se sont signalés par leur zèle pour le progrès des sciences géo- XLVIIL PRIX ET FONDATIONS DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE logiques. Les lauréats devront être choisis, autant que possible, de telle sorte que le prix puisse être considéré par eux comme un encouragement à de nouvelles recherches. Ce prix consiste en une médaille d’or conforme au modèle adopté par le Conseil de la Société et d’une valeur d'environ 250 francs et en une somme d'environ 600 francs. La médaille n’est pas nécessairement attribuée à la même personne que la somme d'argent; le litre de lauréat n'appartient qu’au titulaire de la médaille. En conformité avec les intentions du testateur « il est loisible au Conseil de décider que les arrérages du legs seront accumulés, pendant une période n'excédant pas six années, pour être appliqués à une recherche spéciale portant sur la stratigraphie ou la géologie physique, la dite recherche devant être poursuivie, soit par une seule personne, soit par une commission. Faute d’un tel objet, les arrérages pourront être accumulés pendant trois ou six ans, selon que le Conseil en décidera, et être employés à tel but qu'il jugera utile ». Ce prix sera distribué en 1912. PRIX GAUDRY Ce prix qui sera distribué pour la première fois en 1911, est annuel. Conformément aux volontés du testaleur «les revenus dela somme léguée serviront tous les ans à donner une médaille d’or, sous le nom de médaille Albert Gaudry, à un paléontologiste ou à un géologue français ou étran- cer. Le restant de la somme qui n'aura pas été employé pour la médaille sera attribuée chaque année à un savant ayant besoin d’être aidé dans ses études ». La médaille est d’une valeur de 800 francs environ ; la somme distribuée de 400 francs. MISSIONS C. FONTANNES Me Veuve Fontannes a légué à la Sociélé un capital dont les arrérages (environ 1 000 francs) sont tous les ans mis à la disposition du Conseil de la Société, pour être affectés, sans aucune périodicité prévue, à des mis- sions utiles aux progrès des sciences géologiques. FONDATION BAROTTE Les sommes en provenant constituent une caisse de secours en faveur des géologues ou de leur famille. Elles sont distribuées par le Conseil, après enquête. . SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Séance du 10 Janvier 1910 PRÉSIDENCE DE M, A. DOLLOT, VICE-PRÉSIDENT Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le Président proclame membres de la Société: MM. Henry Regnard, secrétaire général de l'Association des Ingénieurs, Architectes et Hygiénistes municipaux de France, Suisse, Bel- gique et Luxembourg, à Paris, présenté par MM. Henri Dou- villé et Jules Bergeron. R. Humery, à Paris, présenté par MM. G. Ramond et Paul Combes. Trois présentations sont annoncées. On procède, conformément aux dispositions du règlement, à l'élection d’un président pour l’année 1910. M. A. Lacroix ayant obtenu 162 voix sur 178 votants est élu président pour l’année 1910. Le Secrétaire informe la Société que plusieurs de nos confrères ne pouvant assister à la séance ont cru pouvoir envoyer sous pli cacheté des bulletins de vote pour l'élection des vice-présidents et des membres du Conseil. Un autre membre demande par lettre la modification du système de scrutin employé actuellement; d'après lui, les élections actuelles sont faites exclusivement par les membres présents à la séance et les membres de province ne peuvent émettre leur opinion. M. G. Ramond prend la parole pour soutenir cette manière de voir. Le règlement ne prévoyant pas le vote par correspondance et la discussion sur ce sujet n'ayant pas été inscrite à l’ordre du jour, la Société procède au vote suivant la tradition etla question est renvoyée à l'examen du Conseil. Sont nommés successivement : Vice-présidents : M. D. OŒEurerr, Mme P. OEurerr, MM. Luis Mariano Vipaz, Maurice Cossuaxx. | Membres du Conseil: MM. Emm. de MarGeriE, À. Dorror, H. Bour- SAULT, Stanislas MEUNIER. Avril Bull. Soc. géol. Fr. X. — 1, Le) ii SÉANCE DU 17 JANVIER 1910 Séance du 17 Janvier 1910 PRÉSIDENCE DE M. A. LACROIX, PRÉSIDENT Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. A. Lacroix prend la parole en ces termes : « Mes chers confrères, « Un cruel destin m'a, pour quelques instants, pourvu d’un poly- morphisme heureusement fort rare, faisant de moi au début de cette séance de transmission de pouvoirs, l’introducteur et l'introduit. «Et, déjà, il me faut vous rappeler un deuil. «M. Léon Janer a été un président habile et dévoué; il laissera parmi nous le souvenir d’un confrère bienveillant, passionné pour cette géologie parisienne, qui tient une si grande place ici. Les faveurs de la politique ne lui avaient pas fait oublier qu'il était géologue. Venant après beaucoup d'autres honneurs, celui de vous présider lui parut enviable ; il lui fut précieux. « Permettez-moi de remercier en son nom, et un peu au mien, ses collaborateurs du bureau sortant; les vice-présidents, MM. Édouard et Louis Bureau, M. A. Dollot, puis notre dévoué trésorier, M. L. Carez, nos secrétaires, M. Paul Lemoine et M. Couffon, dont l’inlassable acti- vité a été intelligemment secondée par leurs collègues du secrétariat, MM. Jodot, Lanquine, par l’archiviste, M. Cottreau et enfin par M. Mémin. « Une tradition, aussi vieille qne la Société géologique elle-même, veut qu'en prenant possession de son fauteuil, votre nouveau prési- dent mette en opposition la grandeur de l'honneur que vous venez de lui faire et la modestie de ses mérites. Je n'aurais garde de manquer à cette louable coutume, mais je vous demande la permission de ne pas m'y attarder et d'y ajouter quelque chose. « En m'élevant à la présidence, vous avez, mes chers confrères, donné un bien mauvais exemple. Jusqu'à ce jour en effet, vous aviez réservé vos suffrages à des hommes ayant rendu de grands et longs services non seulement à la Géologie, mais encore à la Société géolo- gique de France. « Certes, je suis des vôtres depuis vingt-cinq ans, et rien de ce qui s'est passé ici depuis un quart de siècle ne m'a laissé indifférent; J'ai suivi vos travaux avec le plus vif intérêt, mais je dois reconnaître — et je m'en accuse — que je les ai suivis d’un peu loin. « Vous venez de me rappeler à l'ordre de fort galante façon, en me mettant dans la nécessité, un peu paradoxale, d’être sur-le-champ un bon président pour apprendre à devenir plus tard un membre pas- sable. J'apprécie toute l'élégance de la leçon et je vous donne l'assu- rance que c'est sans aucun effort que j'en profiterai. SÉANCE DU 17 JANVIER 1910 3 « J'ai le très grand plaisir de retrouver au Secrétariat et à la Trésorerie tous les collaborateurs que j'ai eu l'avantage d'apprécier l’an dernier. « Il m'est particulièrement agréable de souhaiter la bienvenue aux nouveaux vice-présidents. Dans un milieu où l'étude des lois de l’évo- lution est fort en honneur, vous avez voulu montrer qu'aucune hardiesse ne vous effrayait. Alors que dans une Société voisine, qui est notre aînée, on discute encore sur la question de savoir si les femmes géo- logues doivent être acceptées comme membres, vous avez appelé l’une d'elles à la vice-présidence. Vous avez tenu à témoigner ainsi votre estime pour une collaboration active à des travaux scientifiques hau- tement appréciés et en même temps remercier Mme OËEhlert du dévoue- ment et de la grâce qu’elle a mis à votre service pour la réussite de notre Réunion extraordinaire de 1909. Par un habile dosage, vous avez su compenser la présence d’un minéralogiste à votre tête en lui donnant pour vice-présidents un groupe de brillants paléontologistes et géologues. M. et Mme OEhlert, MM. Vidal et Cossmann voudront bien accepter mes félicitations cor- diales, Je vous parlais tout à l'heure detradition, il en est une qui tendait à s'introduire chez nous. Comme aux nations prospères, depuis quelques années, il est arrivé à notre Société d'avoir des soucis d'argent, et nos présidents successifs, dans leur allocution d'ouverture, n'ont pas manqué de vous en entretenir avec inquiétude. L'année qui vient de finir se solde par un petit excédent. Au risque de scandaliser fort notre cher Trésorier, je n'hésite pas à vous déclarer que j'en éprouve un profond regret. Ce n'est pas, hélas, en elfet, seu- lement grâce à l'habileté de M. Léon Carez que ce ul a été obtenu. Ua règlement intérieur a tout d’abord restreint la place don- née à chaque membre dans le Bulletin, puis nos Mémoires de Paléon- tologie n'ont guère paru l’an dernier, enfin, notre Bulletin n’a presque pas paru du tout. Une Société comme la nôtre n’est pas faite pour collectionner des obligations de chemin de fer, mais pour produire des travaux nom- breux et importants, fût-ce même aux dépens de ses économies. Il est urgent non seulement de regagner le temps perdu, mais encore de prendre de l'avance. Ces longs retards nenous sont pas tous imputables, il est vrai ; ils sont surtout le résultat d’une grève persistante de typo- graphes. Votre Conseil a jugé opportun de ane d'imprimeur ; nous avons tout lieu de penser que celui qui est due chargé de nos publications sera exact; mais, cela ne suffit pas, il faut que nous soyons exacts nous-mêmes. Ce changement d'imprimeur nous fournit une excellente occasion de prendre ou de reprendre de bonnes habitudes. Il existe, m'a-t-on dit, un règlement d'après lequel le manuscrit de toute communication doit être remis au plus tard quinze jours après la présentation ; un délai de huit jours est accordé aux auteurs pour la correction de leurs épreuves. Tout retard doit entraîner le report du SÉANCE DU 17 JANVIER 1910 = mémoire à la suite des travaux présentés à la séance suivante. C’est là un excellent programme, mais il faut le suivre. ; « Je sais que je puiscompter sur la ponctualité et le dévouement à toute épreuve de nos Secrétaires, vous pouvez compter sur la fermeté de votre Président pour faire appliquer strictement le règlement et si quelqu'un d’entre vous conçoit un peu de mauvaise humeur pour des mesures aussi impératives, 1l la chassera bien vite en pensant à la satisfaction que nous éprouverons tous à voir notre Bulletin paraître régulièrement. « Je terminerai par quelques mots sur une réforme mise à l'essai pour Ja première fois aujourd’hui. « Les habitudes ont beaucoup changé à Paris depuis la fondation de notre Société en 1832; les séances ont été tenues tout d'abord à 7 heures du soir; en 1875, elles ont été fixées à 7 h. 1/2, en 1880, à 8 heures, puis plus tard à 8 h. 1/2. Cette dernière heure gêne actuel- lement beaucoup des nôtres et les tient souvent éloignés de nous, quand elle n'est pas prohibitive pour eux. Saisi de la question, votre Conseil a pensé qu'il y avait quelque chose à tenter, et il a décidé, espérant satisfaire tout le monde — tâche bien ingrate et peut-être illusoire — de mettre à l'essai pendant trois mois une séance d’après- midi mensuelle. J'ai ouï dire que cette timide mesure avait soulevé quelques protestations ; permettez-moi de vous faire remarquer, mes chers confrères, que si la vie en commun a beaucoup d'avantages, elle entraîne des inconvénients. Dans un ménage harmonieux, chaque con- Joint fait des concessions à l’autre sans les lui jeter à la tête. Agis- sons de même, acceptons de bonne grâce cet inoffensif changement à nos habitudes, puisqu'il est souhaité par une portion importante de ceux qui désirent assister à nos réunions: pour conserver toutes nos aises, ne génons pas notre voisin. « L'un des charmes d’une Société telle que la nôtre est de réunir des hommes d’origine, de situation, d’occupations et d'âge différents dans une égalité parfaite de devoirs et de droits, gardons-nous d'établir parmi nous de petites chapelles, poursuivons en paix notre commun idéal de recherches scientifiques et si l'occasion se présente à nous de modifier, pour le perfectionner, quelque rouage de notre organisme, étudions la question sans esprit de conquête, dans le seul but de rendre notre demeure plus hospitalière pour le plus grand nombre possible. » Le Président transmet les remerciements de MM. Stanislas Meunier et L. M. Vipar. Le Président proclame membres de la Société MM. Albert Pinard, à Paris, présenté par MM. G. Grandidier et Paul Lemoine. Le Dr Pontier à Lumbres (Pas-de-Calais), présenté par MM. À. Lacroix et de Givenchy. Grandjean, Ingénieur au Corps des Mines, Professeur à l’École des SÉANCE DU 17 JANVIER 1910 5 Mines de Saint-Etienne, présenté par MM. Henri Douvillé et P. Termier, Une présentation est annoncée. M. A. Lacroix présente: 1° un volume intitulé « Minerais et minéraux du Tonkin : Contribution à l'étude de la minéralogie de l'Indo-Chine », par M. G. Dupouy, chimiste au Service des Mines de l’Indo-Chine {8°, 163 p., une carte) ; 2° une note qu'il a publiée dans la Géographie « Sur le travail de la pierre polie dans le haut Oubanghi » (XX, pp. 201-206, fig.). M. Couffon offre de la part de M. Hermann une intéressante réimpression fac-similé de l'ouvrage de CLarraur, paru en 1808, « Théorie de la figure de la Terre tirée des principes de l'hydro- statique », 2° édition (Paris, Hermann, 8°, 303 p., fig.). M. M. Boule fait hommage à la Société de l'agrandissement d'une des meilleures photographies d'Albert Gaudry. Il espère que le Conseil voudra bien faire placer, dans la salle des séances, le portrait d’un confrère illustre qui a si grandement honoré la Société et lui a donné tant de preuves morales et matérielles de son affection. A ce portrait sont jointes une notice nécrologique publiée dans l'Anthropologie et la liste des travaux scientifiques d'Albert Gaudry insérée dans les Nouvelles Archives du Muséum. M. M. Boule offre encore à la Société quelques tirés à part de ses dernières publications : 1° Deux notes parues dans les Comples rendus de l'Académie des Sciences ; l'une, sur l'existence d’une flore et d’une faune permienne à Madagascar ; l’autre sur la découverte, par le regretté capitaine Col- canap, de la houille dans notre grande possession africaine. L'auteur compte entretenir prochainement la Société de ces nouvelles décou- vertes et entrer dans quelques détails à leur sujet; 20 Un mémoire paru dans l’Anthropologte, sous le titre : « Observa- tions sur un silex taillé du Jura et sur la chronologie de M. Penck. » L'auteur s'attache à montrer, sans s'attaquer d’ailleurs au système géophysique du savant allemand, que M. Penck s'est complètement trompé dans ses rapprochements chronologiques, pour ce qui touche à la paléontologie humaine et aux données d’archéologie préhistorique ; 3° Une série de notes parues dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences et dans [Anthropologie sur l'Homme fossile de la Cha- pelle-aux-Saints, sur ses conditions de gisement, sur sa craniologie, sa capacité cérébrale, la morphologie de son squelette. On peut dire que la notoriété de ce fossile humain, le plus important qui ait été décou- vert ou décrit jusqu'à présent, est aujourd'hui mondiale. 6 SÉANCE DU 17 JANVIER 1910 M. Cossmann dépose, en son nom et au nom de M. Peyrot, son collaborateur, la première livraison d’une monographie inti- tulée : « Polos ie néogénique de l’Aquitaine. » C'est l'édition in-4° d’un travail publié dans les Actes de la Société linnéenne de Bordeaux, avec 3 cartes et 7 planches de fossiles. La faune de l'Aquitanien, du Burdigalien, de l'Helvétien et du Tortonien de la Gironde, des Landes et des Basses-Pyrénées n'a jamais été l’objet d'une étude d'ensemble, à part les travaux très anciens de Basterot et de Grateloup ; le but des auteurs est de combler cette lacune. Cette première livraison contient : une introduction, dans laquelle on s’est proposé d'indiquer où se trouvent les principaux gisements et à quel niveau on les place actuellement; un essai de classification complète de la classe des Pélécypodes, dans lequel M. Cossmann a repris la nota- tion des dents de la charnière proposée par Munier-Chalmas et Félix Bernard ; la description d'une centaine d'espèces, depuis les Clavagelles jusqu'aux Tellines exclusivement. M. Cossmann fait remarquer que de cette première livraison — et aussi de la seconde dont le manuscrit est déjà prêt — il semble se dégager deux faits importants qui se confirment au fur et à mesure de l'avancement du travail: 1° il parait y avoir une coupure très nette entre l'Oligocène (Gaas par exemple) et l’Aquitanien que beaucoup de géologues classent d'ordinaire comme Oligocène supérieur, tandis que la liaison entre l’Aquitanien et le Burdigalien s'affirme comme beau- coup plus intime; cette conclusion repose non seulement sur la déter- mination minutieuse des espèces, mais surtout sur l'apparition, dans l’'Aquitanien, d'un grand nombre de genres néogéniques dont il n’était pas question dans DÉCOne (Éocène et Oligocène\, de même que sur la disparition, dans l' Mt de rene groupes encore bien repré- sentés dans l’Éogène ; 2° il y a plus d’analogie entre cette faune de l’Aquitaine et delle encore sur les côtes du Sénégal !, qu'avec celle de la Touraine dont beaucoup d'espèces, — qu'on croyait iden- tiques à celles du Bordelais — sont nettement distinctes. M. P. H. Fritel offre un exemplaire du « Guide Géologique et Paléontologique » qu'il vient de publier ? Dans cet ouvrage l’auteur n’énumère pas moins de 450 localités, sur l'état actuel desquelles il donne des renseignements, surtout au point de vue des récoltes qui peuvent y être faites. L'emplacement des gise- . . Y . e o ments est précisé par un signe spécial placé sur les cartes qui accom- pagnent l’ouvrage ou sur les nombreux croquis intercalés dans le texte. Ces renseignements sont complétés par l'énumération précise des com- 5 12 1. Fait déjà mis en lumière par M. G. Dollfus. 2. 1 vol. in-$°, 356 p., 162 fig. dans le texte et 25 cartes (Les fils d'Emile Dey- rolle, éditeurs). SÉANCE DU 17 JANVIER 1910 munes, cantons, arrondissements et départements sur le territoire des- quels les gisements sont situés, par des itinéraires et l'indication de la ligne de chemin de fer et de Ja station la plus rapprochée desservant [e] la localité. Quand celle-ci offre des espèces spéciales, une liste de ces dernières accompagne les renseignements stratigraphiques sur leur gisement. M. P.H. Fritel offre les n°% # et 5 (avril et mai 1909) du Jour- nal de Botanique, contenant les deux premiers articles qu'il con- sacre à la révision de la flore des grès yprésiens de Belleu, le n° 541 (15 septembre 1909) du journal le Naturaliste, contenant la suite de son étude sur les Nymphéacées fossiles. Dans ce dernier article l'auteur démontre que les empreintes d'Hä- ring (Tyrol), interprétées par d'Ettingshausen comme fruits d'Euca- lyptus, sont en réalité les restes des cicatrices pétiolaires et radicu- laires qui ornent les rhizomes des Nymphéacées et plus particulière- ment ceux du genre éteint Anæclomeria Sar. W. Kilian. — Sur l'origine du groupe de l’Am. Percevali Unr. du Barrémien. L'examen des tours internes d’un échantillon exceptionnelle- ment bien conservé de cette espèce, provenant du Barrémien de Comps (Var), a permis à M. Kilian de constater que ces tours internes ont tous les caractères des Spiticeras valanginiens (et berriasiens) du groupe de Sp. diense SaAyx sp., Sp. conservans Ur. pp. Breveli Po. sp.; Sp. Karbense Pou. sp. La ligne cloison- naire des formes du groupe de Am. Percevali-Guerinianus, figurée par M. Uhlig, montre d'autre part des rapports étroits avec celle de certains Spiticeras (Sp. conservans Uux., Sp. Karbense Power sp.) et offre comme ces derniers un lobe siphonal très profond. Il convient donc de considérer la série de formes barrémiennes tour à tour attribuées aux genres Aspidoceras par M. Uhlig et Pachydiscus par MM. Haug et Kilian, comme ayant son origine dans les Spiticeras valanginiens. M. Kilian propose de désigner ces formes sous le nom de Paraspiticeras; ce genre comprendrait Parasp. Percevali Un. sp., Parasp. Guerinianum D'Or. sp. et Parasp. pachycyclum Un. Jules Welsch. — À propos de l'âge des grès à plantes de l'Anjou et des fossiles roulés en général \. J'ai vu, moi aussi, dans les sables et grès à Sabalites, des fossiles en mauvais état, brisés, usés et même roulés ; mais j'en possède qui sont en parfait état, et cela me suflit pour conclure qu'une assise qui renferme de nombreuses Rhynchonella vespertilio est sénonienne. 1. Voir B.S.G.F., (4), IX, 1909, séances des 22 nov. et 20 déc. 1909. 8 SÉANCE DU 17 JANVIER 1910 Tous ceux qui ont cherché des fossiles, dans certaines formations, savent qu'ils ne sont pas tous bien conservés, surtout dans les sables et les grès. C’est ainsi que, dans les faluns, la très grande majorité des fossiles de gisements que je connais est en mauvais état ; la plupart des exemplaires sont roulés et usés ; on choisit les meilleurs, et, en réalité, dans les collections, on n'a pas du tout l’image réelle d'un gisement. Du reste, il n’y a qu'à voir les fossiles figurés dans certains travaux paléontologiques pour constater combien d'exemplaires sont brisés, écrasés, usés ou roulés; et même, parmi eux, on en décrit comme types d'espèces ! Si tous les individus brisés, écrasés, usés ou roulés devaient être considérés comme n'étant pas en place, dans la formation où on les trouve, la géologie paléontologique serait toute à refaire. Sur le bord de la mer, aux Sables-d'Olonne et ailleurs, de nom- breuses coquilles actuelles sont déjà brisées, écrasées, usées ou rou- lées. J'estime qu'il en peut être de même dans une formation sableuse marine et sénonienne. A mon avis, la chose importante serait de figurer des fossiles d'âge bartonien (Sables de Beauchamp), pour ceux qui prétendent que les grès de l’Anjou sont de cet âge, ou même d'en trouver et d'en citer. Pareille conclusion pour ceux qui admettent l’âge lutécien. A propos de cette communication M. P. H. Fritel fait remarquer que l'abbé Boulay, dans une étude sur la flore des grès de Saint-Saturnin’, signale la présence dans ces grès de feuilles linéaires, rubannées, à nervation pennée, très serrée, qu'il désigne et figure sous le nom d' Apocynophyllum ligerinum. Or des empreintes becliment iden- tiques à ces dernières ont été rencontrées par M. Fritel, dans le Cal- caire grossier supérieur (banc vert) du Bassin de Paris : il considère même cette forme, avec Nerium _parisiense dont lle est voisine, comme l’une des plus caractéristiques de cette florule lutétienne. Jusqu'à présent cette forme paraît faire défaut dans les flores antérieures au Lutétien, ainsi d’ailleurs que le Nerium précité, qui au contraire est répandu dans les grès bartoniens des environs de Paris, à Beau- champ, par exemple. 1. Abbé BouLrax. Plantes fossiles des grès tertiaires de Saint-Saturnin. Journ. de Botan., t. IL, p: 155, pl. vi, fig. 7-11, 1888. NOUVELLE. NOTE SUR LA CUENCITA DE LA SEO DE URGEL PAR Marcel Chevalier. Dans une note précédente !, je signalais dans les environs de la Seo de Urgel (province de Lerida) et pendant la période mio- cène la présence de grands Mammifères analogues à ceux de la Cerdagne. Les recherches que j'ai pu faire au cours de l'été 1909 m'ont permis de découvrir de nouveaux échantillons. Ces derniers ont été étudiés au laboratoire de paléontologie du Muséum national d'Histoire naturelle et viennent confirmer et compléter mes premières observations. Dans un barranco situé presque sous le village d’Alas, dans des couches de lignite, intercalées entre des argiles rouge foncé, nous avons recueilli des Planorbes, des Limnées, des Helix, mal- heureusement difficilement déterminables. Nous y avons égale- ment recueilli une prémolaire supérieure d’Hipparion gracile Kavp. Mais c’est encore dans la colline du Firal, qui jusqu'ici avait déjà fourni les meilleurs échantillons de la région, que nous avons pu recueillir de nouveaux et très bons fragments fossiles. Tous sont remarquables par leur patine, la couleur rosée caractéris- tique qu'ils présentent, et proviennent des argiles bariolées roses et blanches de la base. Ces nouvelles pièces sont les suivantes : a. Une molaire supérieure gauche d’Aceratherium tetradactylum Larrer identique à celle de l'échantillon n° 2380 de la galerie de Paléon- tologie du Muséum. b. Deux fragments de molaires inférieures de lait d'un Rhinocéros, mais indéterminables spécifiquement. c. Trois fragments de bois, et une molaire de Cervulus Dicranocerus Kaup. d. Quatre incisives supérieures d'Hipparion gracile Kaur. e. Une série de cinq molaires supérieures gauches d’/. gracile Kaur (2°, 172 molaire, 3°, 2°, 1° prémolaire). f. Une série de cinq molaires supérieures droites d'/J. gracile Kavr (3e, 22, 1e molaire, 2°, 1'° prémolaire). Toutes ces molaires supérieures d'A. gracile possèdent une 1. Marcel Caevarier. Note sur la Cuencita de la Seo de Urgel. B.S.G.F., 1909, p. 158. 4) IX, { \ 10 MARCEL CHEVALIER 17 Janv. colonnette interlobulaire en forme d’ovale allongé et l'émail est très plissé comme chez les Æipparion d'Eppelsheim. Ainsi la présence simultanée de l'Hipparion gracile et de l’Aceratherium tetradactylum dans la cuencita de la Seo de Urgel, ne semble pas douteuse. L'abondance des restes d'Hipparion montre que dès le Torto- nien, ces solipèdes ont dû errer par bandes nombreuses dans les vastes pâturages qui entouraient le lac de la Seo ; il y avait com- munication relativement facile entre ce lacet ceux de la Cerdagne. L'étroit défilé de Torres, qui a dû exister dès cette époque, pou- vait être facilement franchi par tous les animaux de la région. LE CARBONIFÈRE D'OUM EL ASEL ET DE TAZOULT (SAHARA) PAR R. Chudeau. Le regretté capitaine Grosdemange! m'avait remis quelques fossiles qu'il avait amassés à Oum el Asel; en même temps ; D ADN CRE à Re ur qu'eux, j'ai étudié des échantillons, recueillis par E. F. Gautier et moi à Tazoult (Touat) en 1905 et qui ne sont parvenus à Paris qu'il y a quelques mois. E. F. Gautier a déjà donné quelques renseignements sur le gise- ment de Tazoult (Touat, 27° 16 lat. N. et 2° 30’ long. W.). Le seul point où l’on voit bien les assises est l’ensemble des deux mon- ticules qui forment la « Croupe de la Négresse » (fig. 1); les q D 5 ; assises qui plongent d'une vingtaine de degrés vers le Sud ont N Sebkkha Fig. 1. — CARBONIFÈRE DE TAZzOULT. 1, Calcaire bleu foncé, en bancs de 5 à 10 cm. Polypiers, Spirifer ; 2, Argiles, souvent couvertes d'éboulis: 3, Grès en plaquettes ; 4, Marnes et calcaires en bancs minces très fossilifères (Phillipsia); 5, Calcaire compact, 5 m., Polypiers: 6, Calcaire carbonifère au fond de la Sebkha; 7, Roche éruptive (ophite?), affleurement de quelques mètres carrés, qui ne semble pas troubler la concor- dance des assises; 8, Sable éolien ; 9, Grès crétacés, horizontaux, placage mio- pliocène (20-30 m.). — La coupe a environ 1 km. de long. environ 250 m. de puissance. Le fond de la sebkha montre assez fréquemment des lambeaux carbonifères qui, vers le Nord, dispa- raissent pour faire place au Dévonien. Vers l'Est, le Carbonifère est recouvert en discordance par des grès horizontaux apparte- nant au Crétacé, contre lesquels sont souvent plaqués des lam- beaux de Mio-Pliocène. Vers le Sud, le Carbonifère, souvent masqué par du Quaternaire, se prolonge fort loin; il se relie au Carbonifère de l'oued Botha, au Sud du Tidikelt*®; Gautier l’a retrouvé, en couches horizon- 1. Grosdemange a été tué le 30 novembre 1909, à Achourat, dans une rencontre avec un rezzou provenant du Sud marocain. (Bull. Com. Afr.,. janv. 1910, carte). 2. Ce Carbonifère n'a jamais été étudié sérieusement. E. F. Gaurier. Sahara algérien, 1908, p. 286 et suiv., fig. 54. 12 R. CHUDEAU 17 Janv. tales, à hasi Rezeg Allah, à 150 km. environ au SW. du Touat 650 km. NW. de Taoudenni, vers 25°51’ lat. N.et 3°25/ long. W. Sur Oum El Asel, il n'existe que quelques renseignements stratigraphiques très vagues, dus à O. Lenz qui signale dans l'Okar (Aokar, Aoukerr) des cailloux calcaires roulés, riches en fossiles paléozoïques : un peu plus loin, il indique que le pays de Saffi (Safia) est formé des mêmes calcaires bleu foncé qui couvrent le sol sous forme de larges plaques qui semblent horizontales (O. Lexz, Timbouctou, trad. Lehautcourt, 1886, IT, p. 71-72). On a des renseignements un peu plus précis sur le Carbonifère de la hammada EI Haricha, dont le pays de Salia n'est que l’ex- trémité occidentale. Mussel!' qui a pu l’étudier à El Biar, près Taou- denni, nous a appris que le Carbonifère en couches presque hori- zontales repose directement sur des schistes verticaux métamor- phiques (Silurien, Précambrien?) qui se développent largement au Nord de la hammada, dans l'Aoukerr. Comme au Sahara les noms de pays sont le plus souvent des noms communs dépendant de la nature du sol, il est vraisemblable que le pays de Safia, entouré lui aussi d'un Aoukerr, présente les mêmes conditions stratigraphiques. Les fossiles de ces divers gisements, tous ramassés à la surface, sont assez peu nombreux ; quelques-uns sont silicifiés; d'autres sont polis par le sable. Dans un cas comme dans l’autre, l'ornemen- tation devient peu nette; les déterminations sont souvent dou- teuses. J'ai pu cependant dégager d’un bloc de Tazoult quelques fossiles en meilleur état : ce gisement est très riche : situé sur une piste importante, il est d'accès facile. Haug (in Foureau, Doc. Sc. de la Mission Saharienne, 1905, p. 782-813) a figuré (pl. xv), de l’erg d’Issaouan, un certain nombre d'espèces qui se retrouvent à Oum el Asel ou à Tazoult et a donné pour elles des indications bibliographiques suffisantes. Il a montré, dans le même mémoire, que ce même Carbonifère était au moins indiqué depuis le Sud marocain jusqu'en Arabie (ps TP lEetsuve): Quant aux affinités zoogéographiques, si elles sont évidentes avec la Russie et l'Amérique du Nord, quelques espèces montrent aussi des relations avec l'Amérique du Sud. Naurizus (V&sTINAUTILUS) PAUCIGARINATUS Foorp. Foorp, Mon. Carb. Ceph. Ireland, p. 86, pl. xx1v. Tazoult. Un fragment qui ne diffère du type anglais que par » 4. Musser et G.B.M. Framaxo. Bull. Comité Afr. fr.; Rens. Col.,1902, p. 142 et p. 174, 1910 CARBONIFÈRE DU SAHARA 13 un plus grand rapprochement des cloisons ; il y a entre deux cloisons 3 mm. au lieu de à mm. | ORTHOCERAS Tazoult. Plusieurs débris. BELLEROPHON HIULCUS SOW. Tazoult. Plusieurs échantillons de petite taille. On sait que cette forme se retrouve dans le « Productus limestone » du Salt Range (B. Jonesianus be Kow). Cf. aussi B. stanoellensis. Ern. Er Jack, Geol. and Paleont. of New Gui- nea and Queensland, p. 289. Rezegallah. Un grand Bellerophon (3 em. 5 de large), malheu- reusement transformé en orbicules de silice, appartient certaine- ment au même groupe. BELLeroPHoN (Euvpuguus) Urn FLE. Tazoult. L'unique échantillon présente seulement une trentaine de côtes spirales, variété pour laquelle Cox avait créé le B. car- bonarius. Keyes (Paleont. of Missoury, 1894, II, p. 149) a montré qu'il fallait réunir ces deux formes. Le gisement de Tazoult a fourni en outre des Pleurotomaria, re oi Myalina, Nucula. DigrasuA 1rAITUBENSE LiHwyp O. Dersy. On the carboniferous Brachiopode of Itaituba, p. 1, plu, mret VL. Tazoult. Indiqué dans l’Oural par Tschernyschelf, et dans le Salt Range (Waagen) ainsi qu'en Belgique (de Konink). STREPTORHYNCHUS KING? Tazoult et Rezegallah. Plusieurs débris de grandes valves. ÂTHYRIS LAMELLOSA LÉVEILLÉ ? Oum el Asel. SPIRIFER TRIGONALIS MARTIN. Davipsonx. Mon. brit. Carb. Brach. p. 222. Tazoult. Quatre exemplaires se rapportent à cette espèce déjà signalée dans le Moscovien d'Égypte (Schellwien) ; l'un d'eux est identique au fossile de l’erg d'Issaouan figuré, sous le nom de Sp. rectangulus KUTORGA, par Haug (L. c., p. 802, pl. xv, fig. 7); j'ai pu comparer directement les deux échantillons. Il rappelle de très près aussi Sp. trigonalis Mar. var. bisulcatus Sow. figuré par R. Jack et L. Etheridge jeune (The Geol. and Paleont. of Queens- land and New Cie 1892, p. 250, pl. 9, fig. 15). Le bloc calcaire qui nent ces Sérifer contenait aussi une area cardinale de Syringothyris. 14 R. CHUDEAU 17 Janv. SPIRIFER. Groupe du S. S{riatus MARTIN. Trois échantillons de Oum et Asel, trop usés par le sable pour être déterminables. SYRYNGOTHYRIS WINCHELL. Tazoult. Oum el Asel. Les échantillons d'Oum el Asel se trouvent dans les mêmes plaquettes gréseuses que Pr. lineatus. Ils ont une tendance très marquée à se cliver en trois compartiments dont les deux laté- raux rappellent singulièrement des échantillons rapportés par O. Lenz et figurés par G. Stache (Denks. den K. Ak. der Wiüss. zu Wien, pl. 11, fig. 4 à 7). PRODUCTUS LONGISPINUS Sow. HauG, loc. cit., xv, fig. 9. Tazoult. Propucrus LINEATUS WA4G. HAuc, loc. cutxx fo te Oum el Asel. ù Waagen (Salt-Rang fossile. Productus Limestone, p. 668 et 676) est très affirmatif sur l'identité de l'échantillon figuré par Trautschold (Die Kalkbrüchevon Mjatschkowa, V, 1) avec son P. lineatus, malgré l'absence de stries concentriques sur l’échan- tillon du Moscovien russe. Les échantillons d'Oum el Asel se trouvent dans des blocs de grès avec des Syringothyris. Propucrus INrLATUS Mc CHESNEY. Hauc, ic. p-801/pl av: tipo Tazoult. Girty (The Guadalupian Fauna, Prof. papers, 58, 1908, p. 242) doute que les Pr. inflatus figurés par Tschernys- chew (1902) soient identiques à l'espèce américaine. O. Derby (L.c.,pl.1v, p.51) a décrit, sous lenom de P. Chandlessii, une espèce bien voisine de celle de Tazoult. Il est difficile de choisir entre toutes les variétés de P. semireticulatus Marr. Paupsi (fig. 2). Dans un bloc provenant de Tazoult, j'ai pu trouver une gla- belle et plusieurs pygidium dont trois au moins en bon état. Il est vraisemblable que le tout appartient à la même espèce. La glabelle très nette, à surface légèrement granuleuse, est bom- bée et tombe brusquement en arrière; elle est plus étroite en 1910 CARBONIFÈRE DU SAHARA 15 arrière qu'en avant (piriforme) ; les sillons latéraux font défaut; à chacun des angles postérieurs, un sillon oblique, profond, sépare un lobe basal. En avant de la glabelle, une marge, large de un mm., est lisse. Fig. 2. — Phillipsia (Griffithites) cf. sangamonensis Mrek et WORTHEN. , Glabelle de face ; 1* Glabelle de profil ; 2, Pygidiumde face ; 2° Pygidium de pro- fil ; 2b, section du pygidium X4, L'anneau occipital, nettement en contre-bas de la glabelle, en est séparé par un sillon bien marqué. Bien que les yeux et les joues fassent défaut, cette forme de la glabelle suffit à caractériser le sous-genre Griffithites PoRTLOCK, 1845. Pygidium arrondi, un peu plus long que large ; axe subconique, saillant, formé de 17 à 18 anneaux, se prolongeant jusqu'à la marge. {1 segments seulement sur les plèvres; marge très nette, large de 1 mm. lisse, comme d’ailleurs tout le pygidium. Ce Phillipsia semble au moins très voisin de P. (Griffithites) sangamonensis Mxer et WorTHex 1845, dont le type provient des Upper Coalmeasures de l'Illinois, tel qu'il est figuré par White (43 th. Report Geol. Surv. Indiana, 1884, p.174, XXXIX, # et 5), Vogdes (A classic and annotated Bibl. of the Pal. Crustacea, 1698-1892, to which is added a Cat. of N. Amer. Species, San Francisco, 1893) et Weller {A bibl. index of N. Amer. Carbon. Inv.— Bull. U.S. geol. Survey, 153, 1898) ont donné, pour l’'Amé- nique du moins, touteslesindications bibliographiques nécessaires. On peut remarquer que, dans le pygidium des Phillipsia, les divisions de l'axe sont en général un peu plus nombreuses que celles des plèvres. Cette indépendance des deux parties du pyg1- dium, médiocrement marquée dans les espèces anglaises, sauf Ph. Eichwaldi Fiscaer (Wocowarb, À Monog. Brit. Carb. Tri- bloites, 1883-84), semble s’accentuer beaucoup dans les formes plus jeunes. Ce caractère a’ amené Gemmellaro (1 Crostacer Calc. con Fusulina del Sosio, 1890) à créer le genre Pseudophil- lipsia dont le type Ps. elegans Ge. (p. 14, pl. m1, fig. À à 4), a un 16 R. CHUDEAU 17 Janv. pygidium avec 22 anneaux à l'axe et 15 sillons seulement sur les plèvres; chez Ph. perannulata Suuuar», du Permien des Gua- dalupe Mountains (New Mexico), les plèvres présentent 8 divi- sions et l'axe une trentaine : Girty en a fait le genre Anisopyge (The Guadalupian Fauna. Prof. papers, 58, 1908, p. 505. pl. xvi, fig. 14-19). FENESTELLA LONSDALE. Quelques débris à Tazoult. POTERIOCRINUS? De nombreux débris de tiges provenant de Oum el Asel, tout à fait comparables à ceux figurés par G. Stache ({. c., Vet VI) et Haug (4. c., XV,21-24, 26-27). Ils ont toutefois un diamètre à peu près double de ceux de l'erg d’Issaouan. CaninrA Micx. Groupe du C. gigantea Micu., Zaphrentis cylindrica Enw. el Haine. Tazoult. ZarurenNris RAF. et CLIFF. Groupe du Z. patula Micu. Tazoult, Oum el Asel et Rezegallah. AUPLEXUS SOW. Analogue à À. coralloides. Tazoult. CampPoruyzzum Es. et H. Tazoult. Lopuoruyziom Eo. et H. Tazoult. Tous ces Polypiers sont simples. Du gisement d'El Biar, Fla- mand ne cite que des Polypiers composés (Lifhostrotion). Il est impossible de fixer l'âge des couches de Rezegallah. Celles de Tazoult et d'Oum el Asel sont plus jeunes que celles de la région d'Igli qui sont dinantiennes ; elles présentent de grandes analogies avec celles de l’erg d’Issaouan que Haug considère comme appartenant au Moscovien (les végétaux ne laissent pas de doute pour cette attribution) et à l'Ouralien, tout au moins à l'Ouralien inférieur. G. B.M. Flamand, à propos des fossiles recueillis dans la hammada El Haricha par le capitaine Mussel, à 150 km. seulement d'Oum el Asel, pense, tout en faisant des réserves, qu'il y aurait à la fois le Dinantien et les termes supé- rieurs. Ceci parait peu acceptable : le Carbonifère de Taoudenni a tout au plus 150 m. de puissance ; les niveaux fossilifères n’en ont qu’une cinquantaine, ce qui est bien maigre pour placer tout le Carbonifère. 4910 CARBONIFÈRE DU SAHARA 17 Parmi les fossiles de Tazoult, de Taoudenni ou d'Oum el Asel, fort peu ont une signification stratigraphique précise. Les Mol- lusques, les Crinoïdes, les Polypiers ne donnent rien. Comme tous les êtres fixés, les Brachiopodes ont des formes mal définies, et dont l’évolution n'est pas claire. Le groupe du Pr.semireficulatus, auquel appartient le Pr. inflalus, se rencontre dans tout le Carboni- fère ; le Pr. lineatus existe à peu près certainement dans le Mosco- vien. Dans une région déterminée, ces mauvaises espèces peuvent avoir une valeur stratigraphique locale ; au Sahara, loin de tout point de repères, 1l est impossible de savoir si elles sont des races stratigraphiques (mutations), ou géographiques. Dans les régions bien étudiées, en Europe tout au moins, les Syringothyris, qui présentent un caractère générique précis, ne dépassent pas le Dinantien ; malheureusement, aucun des échan- tillons du Sahara touareg n'est déterminable spécifiquement. Le Phillipsia sembie bien indiquer un âge plus jeune que le Dinantien. Le Moscovien parait le plus vraisemblable pour Tazoult et Oum el Asel ; mais, sans doute, avant de rien affirmer, vaut-il mieux attendre que des matériaux, plus nombreux et mieux conservés, permettent une étude plus complète de la question. 11 Mai 1910, Bull. Soc. Géol, Fr. X. — 2. LE PUITS ARTÉSIEN DE MAISONS-LAFFITTE par Étienne Péroux. La loi de 1902 sur la salubrité publique ayant édicté les mesures à prendre en matière d'hygiène, la question d'alimentation en eau potable s’est posée et se posera encore longtemps pour beau- coup de communes, qui, plus ou moins déshéritées, ne pourront capter facilement des eaux potables réunissant toutes les qualités exigées par l'hygiène moderne. Maisons-Laflitte se trouve, au point de vue hydrologique, dans cette mauvaise situation. Cettecommune située sur une berge de la rive gauche de la Seine ne peut s'ali- menter à ce fleuve, dont les eaux sont polluées. Les eaux du sous- sol sont également inutilisables, ou trop calcaires et contaminées dans les nappes phréatiques du Calcaire grossier ou insuffisantes dans les sables de l'Argile plastique à une plus grande profondeur. Des essais de ces eaux faits en 1884 et 1896 n’ont donné aucune satisfaction, soit en qualité soit en quantité. Il restait une dernière ressource, celle de faire jaillir, par un puits artésien, l’eau des Sables verts en pression sous les argiles du Gault. C'est dans ces conditions qu'a été entrepris le forage qui fait l'objet de la présente communication. Après avoir consulté deux géologues, Léon Janet et M. G.F. Dollfus, la Compagnie des Eaux de Maisons-Laffitte décida le forage à la cote 26, sur les alluvions de la rive gauche de la Seine, d’un puits artésien, à grande profondeur, devant atteindre avec un dia- mètre de 40 cm. les nappes aquifères des sables verts de l’Albien!. L'entreprise fut remise à MM. Lefebvre frères de Quièvrechain. Ce forage comportait deux parties: 1° un forage à grand diamètre dans un puits déjà existant de 40 mètres de profondeur et de 70 cm. de diamètre, pour atteindre le Sénonien entre 70 et 80 mètres, bien au delà des nappes aquifères supérieures, par un tubage de 55 cm. en tôle d'acier de 6 mm., protégé de ces nappes sur toute sa hauteur par une enveloppe de béton et de ciment. 2° Continuation du forage jusqu'à la rencontre des eaux dans les Sables verts et tubage de 40 em. en tôle d’acier de # mm. Cimen- tage périphérique sur toute sa hauteur, de la base dans l'argile Jusqu'au sommet au niveau du sol. Les entrepreneurs commencèrent l'installation de leur chantier en août 1907. Ils attaquèrent l’ancien puits le 25 septembre 1907 1. Péroux. Sur le forage du puits artésien de Maisons-Laffitte. CR. Ac. Se., CL, p. 59, 3 janv. 1910. In. Sur la minéralisation et l’analyse chimique de l'eau du puits artésien de Maison-Laffitte. Id., p. 142, 10 janv. 1910. 1910 LE PUITS ARTÉSIEN DE MAISONS-LAFFITTE 19 pour le curer et y descendre des tubes de protection contre les éboulements. Ce puits avait été foré en 1884 et tubé jusqu'à 40 mètres. Un sondage de petite dimension avait été poussé jusqu’à 13 m.15. Envahi par les sables noirs de l’Argile plastique de 28 à 30 m., il avait été comblé jusqu’à cette hauteur de graviers et de cailloux. Le curage en fut difficile; le 18 octobre on dut descendre jusqu’à 32 m. 50 un premier tube de retenue de 65 em. pour s'opposer à la poussée du sable, puis quelques jours après un deuxième tube de 60 cm., qui fut arrêté à 42 m. 15. Le 16 novembre on atteint 50 m. 50 dans l'argile; les éboule- ments se succèdent sans interruption, détruisant le travail pré- cédent. Le 23 le tube de 55 cm. en tôle de 6 mm. est assemblé et descendu jusqu’à #5 m.50 reposant sur le dernier éboulement. Le 30 il atteint entre 60 et 62 m., le calcaire jaune pisolithique et, à 65 m., un calcaire siliceux très résistant. Le 3 décembre le forage atteint 74 m. 50; de nouveaux éboulements se produisent au pied du tube resté à 57 m. Le 14 le tube est descendu à 60 m. 85. Ce jour-là se produisit au N. du puits un affaissement subit du sol, produisant une excavation évaluée à 100 m°. Enfin le # janvier 1908, en pleine Craie sénonienne à silex très durs, le tube de 55 cm. repose définitivement à 74 m.12, le pied légère- ment ovalisé. Après recalibrage, du ciment est coulé à la péri- phérie sur toute sa hauteur. L’isolement des nappes supérieures à la Craie était atteint. Les soupapes ont remonté successivement les terrains sui- vants, qui malgré les éboulements, ont mis en évidence de 40 à 50 m., des sables gris, des lignites, des argiles grises et bigarrées. Entre 50 et 56 m. de la marne blanche; à 59 m. de l'argile et vers 62 m. du calcaire jaune pisolithique. A la pro- fondeur de 63 m. 87 on entre dans la Craie blanche avec silex blonds. Quelques débris de coquilles appartenant au Magas pumilus permettent de classer cette assise dans le Sénonien supé- rieur. Le 11 janvier le forage est repris au diamètre de 54 em. dans la Craie à silex blond. Le 15 le silex disparaît à 107 m. pour reparaître à 126 m. À 133 m. le silex domine, usant rapide- ment le trépan. À 144 m. rencontre d'un silex encore plus dur. Le 6 février, à 209 m., la Craie devient plus résistante : fréquemment le sondage doit être redressé. En février, l'avancement est d'environ # m. par Jour jusqu'a 264 m. 50. Ensuite le terrain offre successivement plus ou moins de résis- tance, suivant l'alternance des bancs de silex. A 305 m. 20 ÉTIENNE PÉROUX 17 Janv. l'avancement se ralentit. Cette craie se poursuit ainsi plus ou moins blanche et plus ou moins tendre avec lits de silex noirs Jusque vers 336 m., sans que la nature de la roche ou les débris fossilifères aient permis de tracer de subdivision dans cette partie moyenne et inférieure du Sénonien. Le 9 avril, à partir de 336 m., le sondage est entré dans une craie blanche un peu grise avec diminution progressive de silex, appartenant au Turonien. À 357 m., nouveau passage de silex très dur. A 390 m. 50, craie grise, très résistante au battage ; l'avancement n’est guère que de Î m. 25 par jour. De 395 à 400 m., le silex noir disparaît rapidement; à #01 m: 50 il a disparu entièrement et à #05 m. un débris de Terebralulina gracilis a confirmé cette attribution ‘géologique. De 425 à 430 m., la craie est devenue plus grise, même marneuse, toujours sans silex, et cette couche a pu être considérée comme la base du Turonien et le sommet du Cénomanien. À 450 m. une craie marneuse grise colle au trépan. Peu à peu, entre 455 et 484 m. la craie est devenue marneuse et franchement grise. Entre 497 et 500 m. a lieu la première rencontre de la Gaize. À 507 m., c'est une marne grise, tuffeau à Ostracées, et le 31 août 1908, à 520 m. 50, petit passage de sable gris. À 52% m. c’est une argile noirâtre avec sable très fin noir micacé qui, entre 527 et 528 m., se charge de pyrites et de fossiles et à 529 m. de grains fins de glau- come verdâtre avec un aspect franchement cénomanien. A cette profondeur, la marne grise est sableuse, très ébouleuse, se déta- chant en cassures conchoïdes. Le # septembre, par prudence, le forage est suspendu pour commencer la descente du tube de 40 cm. en tôle de # mm. Le 21 octobre, la colonne repose à 529 m., en pleine Gaize. On décida alors de la fixer définiti- vement et d'en assurer l'étanchéité en coulant du ciment Port- land depuis la base, serrée dans l'argile, jusqu'au sommet, au niveau du sol. Le 9 novembre cette opération du cimentage est com- mencée et terminée le 2 décembre, ayant nécessité 67 500 kil. de ciment. Le tube de 40 cm. se présente ainsi: depuis 529 m. à sa base dans la Gaize, il est cimenté sur tout son pourtour jJus- qu'au niveau du sol. En outre, depuis T4 m., en pleine Craie sénonienne, il est protégé successivement par un tubage de 55 em. en tôle d'acier de 6 mm. ; deux tubes de retenue concentriques de 60 cm. et de 65 cm. et enfin par la maçonnerie de l’ancien puits de 10 em. ; le tout noyé dans le ciment et la partie supérieure béton- née. Le sommet est couronné par un cône en fer, fixé par une collerette boulonnée, qui renferme toutes les têtes de colonnes, bétonné intérieurement lui-même et ne laissant émerger que le tube de 40 cm. 1910 LE PUITS ARTÉSIEN DE MAISONS-LAFFITTE 21 Le 8 décembre, le forage est repris à 530 m. 50 et continué pour recevoir un tubage de 35 cm. en # mm. L’avancement est en moyenne de un mètre par jour dans une argile collanteavec passages pyriteux. Vers 535 m. un banc fossilifère donne entre autres : Pecten BeaveriSow., P. orbicularis Sow., espèces caractéristiques de la Gaize, étage vraconien, intermédiaire entre le Cénomanien et l'Albien et que nous classons de préférence avec le Cénomanien. Le Pecten orbicularis avait été trouvé déjà dans la même couche ébouleuse, gaize siliceuse, dans les forages précédents de la Chapelle, de la Butte-aux-Cailles à Paris et à Carrières-sous- Poissy; l’assise est bien connue dans le pays de Bray, la Nor- mandie et dans tout le Sud de l'Angleterre. Plus bas, à 540 m., la sonde est entrée dans une argile noire compacte, micacée, plastique, nettement différente de la Garze. Le 3 janvier on descend 50 m. de tube de 35 em. qui est arrèté à 549 m. par un éboulement. Tous les essais tentés pour le déplacer restent vains. Le forage est repris à 551 m. 75 et con- tinué dans l'argile du Gault, noirâtre, parfois sableuse ou pyri- teuse. À 566 m. 50 on rencontre une couche mince de sable ocreux, argileux, riche en carbonates de chaux et de fer, que Je crois devoir signaler, comme l'indice de la proximité des nappes aquifères!. Enfin le 19 janvier 1909, à 569 m. 75, l'assise argileuse se termine brusquement par la rencontre de sables verts, glau- conieux et pyriteux d’où l’eau jaillit faiblement, 20 à 30 m° à l'heure. Le lendemain matin le débit a augmenté. Les jours sui- vants des éboulements se produisent ; le sable et l'argile remontent jusqu'à 551 m. au pied de la colonne de 35 cm. A la faveur de l’eau ascendante, l’arrachement de cette colonne de service est repris fréquemment, mais sans plus de succès qu'auparavant. On descendit alors un troisième tubage de 30 em. en tôle de # mm. tenu en tête, crépiné sur quelques mètres à la base et terminé par un sabot biseauté. Le 29 mars le tube pénétrait dans les éboulements jusqu'à 547 m. Des opérations suecessives de curage et de descente du tube le conduisirent à 570 m. Un nouvel éboulement l’arrète 24 heures. De 570 à 571 m. le sable remonté est blanc gris, formé de grains un peu plus gros de quartz, silex et moins glauconieux. À 573 m. le sable est encore plus gros, 3 mm. en moyenne et encore moins glauco- nieux que celui du lit supérieur. Le 6 avril le tube atteint 574 m. 40. L'eau jaillit abondamment et fournit environ # 000 m° en 21 heures. Débit jugé insuffisant en prévision des besoins de la 1. Cette particularité est à ma connaissance signalée pour la première fois. [RO] 19 ÉTIENNE PÉROUX 17 Janv. commune. À cette profondeur, le trépan bat sur un fond très dur. Après 5 heures 1/2 de travail opiniâtre l'avancement était presque nul. On remplaça alors la sonde en usage, par une plus lourde qui vint à bout de la résistance de cette roche. C'est un conglo- mérat gréseux, constitué de pyrites, de sables et graviers cimen- tés, de toutes dimensions, excessivement dur, ayant l'aspect du mâchefer, d'une épaisseur de 1 m. à 1 m.530. C’est sous cette table gréseuse que le forage de Passy avait trouvé son débit maximum. Confiant dans cette expérience, cette couche fut tra- versée. Le 12 avril à 5 heures du soir, à 575 m. 70, elle céda et le débit de l’eau diminua subitement environ des 2/3. Mais 20 minutes après, la sonde ayant atteint 576 m., un jullissementimpétueux d'eau boueuse, chargée d'argile, de lignites, de fossiles et de sables très fins, vert foncé, micacés, reprit consi- dérable, entrainant par sa force ascensionnelle de gros fragments de grès brisé et formant à l’orifice du tube de 30 em.un parabo- loïde de 73 em. de hauteur. Le débit fut évalué à 16 000 m° environ pendant les premiers jours ; il s'est maintenu depuis à 14000 m°. L'approfondissement fut poussé jusqu'à 576 m. 50. Le sabot de la colonne repose serré étroitement dans ce terrain dur à 576 m. Les sables de l'argile noire ont fourni les fossiles suivants appar- tenant au Gault (Albien) le mieux caractérisé! : Hoplites inter- ruptus BruG. ; Benettiæ Sow. ; Panopæa Beaumonti Gorpr.; Car- dium Raulini v'Ors. ; Nucula arduennensis D'Ors . Ils ont donné en outre, des pyrites, des nodules phosphatés, des cailloux noirs, des débris de fossiles, des fragments de bois, injectés de concrétions pyriteuses ; enfin un morceau de succin (ambre fossile) brisé; d'un volume de 8 m° et pesant 9 gr. 655. La cote négative réelle atteinte est donc : — 576 + cote 26 — — 590. Pendant plusieurs Jours, le puits rejeta dés quantités énormes de sable très fin, nettement vert, des débris de lignite et de l’argile pyriteuse, évaluées à une vingtaine de mètres cubes par 24 heures. Le 20 avril, l’eau contient encore en suspension { gr. 2112 par litre, de sable fin glauconieux, silice, mica, argile et sels ferreux. À partir du 2 mai, l’eau s’éclaircissant progres- sivement, des mesures de débit sont prises toutes les semaines dans un réservoir jaugé de 106 m*. Le débit ne varie pas, il est de 165 L. à la seconde. Le 26 et le 30 juillet sur une colonne de 15 m. de haut, et d’un diamètre de 40 em., plusieurs expérience sont été effectuées pour connaitre le niveau d'équilibre de la colonne jaillis- sante, d’après le débit à des hauteurs différentes par l'équation de 1. Détermination de M. G,. F. Dollfus. 1910 LE PUITS ARTÉSIEN DE MAISONS-LAFFITTE 23 la ligne droite, donnant les débits en fonction des hauteurs. Le niveau piézométrique a été trouvé de 31 m. 73, à la cote 26 — + 57,13 niveau d'équilibre. Débit au niveau du sol (+ 26) 165 L. et à 40 m. 80, 87 1. De grandes analogies, de divers ordres, rapprochent le puits de Maisons-Laffitte de celui de Passy. La cote de la table gréseuse qui maintient sous pression la nappe aquifère la plus importante des Sables verts est à Passy de + 53 — 580 — — 526; à Maisons, elle est de — 550. Ainsi qu'on peut s'en rendre compte par [6 tableaux dressés par M. Dollfus sur les puits artésiens de la Basse- Seine ! la fosse occupée par l’Albien s'accentue à l'W. de Paris pour se relever rapidement au NW. en suivant la vallée de la Seine. Tous ces puits sont autant de jalons qui indiquent ce relè- vement jusque sous les falaises de la Seine-Inférieure pour venir affleurer à proximité du Havre. Si tous ces forages avaient une similitude de construction, il serait peut-être intéressant de déter- miner graphiquement la courbe des niveaux piézométriques obser- vés à chacun des Jaillissements, pour la rapprocher de la ligne théo- rique conforme à la loi des pressions, menée de la cote moyenne des terrains d'infiltration des eaux, à l’orifice inférieur de leur sor- tie, supposé au-dessous de Ü sous les falaises de la Seine-Infé- rieure. Mais la diversité d'exécution de ces forages et les trop nom- breux facteurs de tous ordres qui te cdi tent ne le permet guère ; à simple titre d'indication, le niveau d'équilibre de celui de Maisons (57,73) est à 7 m. 50 environ au-dessous de cette ligne théorique, en admettant la cote moyenne 140 m. dans l'Aube. Les affleurements des sables verts de l’Albien qui s'étendent cir- culairement de l’Argonne jusque dans l'Yonne, constituent un vaste bassin d'alimentation, mais à des altitudes différentes : de 130 à 160 m. dans l'Aube et la Marne et jusqu'à 340 m. dans l’Ar- gonne. Or le forage du puits de Maisons a permis de constater qu'à la partie supérieure des sables du Gault, les eaux circulaient dans des couches peu épaisses de sable fin (0 m. 0002) vert glauco- nieux, ou blanc gris siliceux et plus gros (0 m. 003), d’un faible débit d’abord, pouvant progressivement aller jusqu'à 3 500 4 000 m° au plus en 24 heures. Ces différentes superpositions de sables aquifères, séparés par des lits d'argile, reposent sur un fond dur, agrégat cimenté, imper- méable, d'uneépaisseur de ! m.à 1 m.30.C'estune cloisonrésistante, maintenant sous pression la nappe peut-être la plus importante de l’Albien ? Elle à fourni les plus forts débits (jusqu’à 25 000 m° 1. G.F. Dozzrvus. Les puits artésiens de la Basse-Seine et de Paris. La Nature, 14 et 28 octobre 1905, pp. 306 et 541. 12 Æ ÉTIENNE PÉROUX 17 Janv. à Passy, 16 000 m. à Maisons) et circule dans un sable très fin (de 0 mm. 1à3) très glauconieux. La minéralisation des deux eaux est sensiblement la même, la température égale 26°,5. Ces nappes sont-elles séparées sur tout leur parcours ou, se mélangent-elles sur quelques points éloignés du bassin ? Les sables les plus fins et les plus ferrugineux occupent la partie supérieure de chaque nappe et, d'autre part, les couches, même les plus minces, se diffé- rencient les unes des autres par la grosseur des grains, leur colo- ration et leur teneur en minerais autres que la silice. Le tableau ci-contre résume la coupe du forage. Une étude complète sur la minéralisation et l'analyse chimique de l’eau de ce puits àrtésien a été donnée dans les Comptes rendus de l’Aca- démie des Sciences (10 janvier 1910). De l'examen des divers puits forés depuis un demi-siècle se con- firme le principe énoncé en 1862 par Michal, inspecteur général des ponts et chaussées, lors du forage de Passy : Zl y a un dia- mètre de tube ascensionnel qui fournira le maximum de débit qu'on peut obtenir à une hauteur donnée au-dessus de la nappe. Il ne faut donc guère s’écarter de cette secfion critique qui est fonction de l'épaisseur de la couche aquifère et de la grosseur des grains de sable entre lesquels l’eau circule, sous peine d'obtenir un mauvais rendement, ou une vitesse exagérée et un transport persistant de sable et d'argile. En outre, toutes les difficultés éprouvées dans les forages du bassin de la Seine (ainsi qu'autre- fois l’a signalé Dumas)! résident toujours soit dans les argiles qui se trouvent au-dessus de la Craie, soit dans celles qui se trouvent au-dessous. Mais celles-ci qui se trouvent à une grande profondeur ne sont pas les moindres à vaincre. C'est de l'appli- cation plus ou moins méthodique de ces précieuses observations dans l’entreprise et la direction, que peut résulter le plus ou moins de succès d’un forage artésien. On peut ainsi résumer les principales préoccupations qui doivent guider dans la pratique d'une telle entreprise : 1° Arrêter en pleine Craie sénonienne un premier tubage en forte tôle d’acier à grand diamètre, afin de lui donner une assise solide et le protéger sur une grande épaisseur, à l'aide de ciment et de béton, des nappes supérieures et contre les éboulements. Ceci obtenu, après avoir franchi les différents 1. Rapport à l’Académie des Sciences, 1861. 1910 Prof. en mètres 209,227 à 266 455,50 492, 50 497 à 501,50 507 52% 529 540 566,50 569, 75 570 à 571 573 573,40 à 575,5 576 576,50 LE PUITS ARTÉSIEN DE MAISONS-LAFFITTE Coupe du Forage Épaisseurs forérenr1s8s me Reine sables gris, lignites, argiles grises | Alluvions et bigarrées....... HR PAPE. à el manner blanche ti 4. Sparnacien } (1)6% m. ATOIICS A TR Ne calcaire /pisohithique 20. 7 Montien craie blanche à silex blonds. .... | beaucoupidehsiler ete" Con 972 m. IE STeR NOITCIR En ae he craie grise, moins de silex...... craie grise résistante, le silex devientirare, 1: ne craie marneuse grise, le silex a | Turonien 89 m. IS DATUR Mendes jarass craie marneuse grise plus résis- LANTERNE A eee. crorrcei craie marneuse grise grasse au \ battasen sn Fr Hans craie marneuse grise collante ... craie marneuse ‘plus grise..... . ( Cénomanien 82 m, passage dégdize li. marne grise, Tuffeau à Ostracées. } argile noirâtre et sable ) , très fin noir........ | PYFILEE ; : 2 argile plusnoireet sable | à Neon si Les NOM. | RERUEE ) argile plus noire, collante....... mince couche de sable ocreux.. sables verts glauco- nieux et pyriteux. sables blanc gris, nappes Plus Toros #2 aquifères | Albien 47 m. gros sable blanc, peu glauconieux...... conglomérat gréseux, très dur., sables verts très fins. Nappe très abondante en econ ue. la sonde est en plein sable. .... | ; 976 m. 1. De 49 à 60 m., les éboulements fréquents et le mélange des terrains n'ont pas permis la détermination de l'épaisseur des couches, qui a d’ailleurs été faite en 1884, ainsi que de 0 m. à 40, et donnée par M. G. F. Dorrrus, (Serv. Carte géol. Fr. CR. des collaborateurs, 1908.) 26 ÉTIENNE PÉROUX 17 Janv. terrains crétacés ; 2° pénétrer aussi loin que possible dans la Gaize et savoir arrêter le forage à temps ; 3° faire suivre le tube dans cette argile et l'arrêter dans l’argile du Gault (si le terrain ne s'est pas chargé lui-même de cette opération)! ; 4° puis le cimenter extérieurement sur toute sa hauteur. Si on attendait le jaillisse- ment de l’eau pour cette opération, il pourraiten résulter de graves mécomptes : 5° enfin, tenir prêt le tube du diamètre final en tôle d’au moins 4 mm., lanterné de 5 à 6 m. seulement à la base et terminé par un fort sabot biseauté. Continuer le forage et faire suivre ce tube tenu en tête jusqu'à la rencontre du conglomérat gréseux sur lequel 1l reposera, ou se serrera après le fonçage de cette couche (suivant le débit à obtenir). Les eaux ascensionnelles désagrégeront certainement l'argile qui s'éboulera surune certaine hauteur et laissera dénudé le pied du tube de captage. Mais celui- ci est solidement fixé à la base, et l'étanchéité du tubage devra être complète si les opérations précédentes ont été faites métho- diquement. 1910 SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910 21 Séance du 7 Février 1910 PRÉSIDENCE DE M." A: LACROIX, PRÉSIDENT Le procès-verbal de la précédente séance est lu et et adopté. Le Président proclame membre de la Société : M. R. Pitaval, ingénieur civil des Mines, à Paris, présenté par MM. Termier et Laur. Cinq nouvelles présentations sont annoncées. M. Jean Boussac présente, au nom de M. Haug et au sien, une note intitulée : « Revision du Nummulitique du Haut Ver- don (feuille d'Avignon à 1/320 000) » (B.S.CarteG.F., CR. des collaborateurs ; camp. 1908, juill. 1909, t. XIX, n° 122). C'est une étude comparalive du Nummultique autochtone des Basses-Alpes et du Nummulitique charrié des grandes nappes du Haut Verdon et de l'Ubare. M. Jean Boussac offre les notes suivantes : 1° «Revision du Nummulitique alpin (feuille d'Avignon, Nice et Antibes à 1/320 000) » {B. S. Carte G. F., CR. des collabora- teurs; camp. 1908, n° 122). ; C'est une revision générale du Nummulitique des Alpes Maritimes et d'une partie des Basses Alpes. L'auteur y discute les caractères de la faune de La Palarea, qu'il classe dans l’Auversien, et des faunes à Cerithium Diaboli qu'il considère comme représentant le faciès littoral du Priabonien. Il étudie ensuite la transgression graduelle des calcaires nummulitiques et les déplacements correspondants des faciès. 2° « Sur le Nummulitique des Alpes orientales » (CR. Ac. Sc., 22 nov. 1909). L'auteur étudie dans cette note la distribution des niveaux et des faciès du Nummulitique dans les différentes zones tectoniques des Alpes orientales. 3° « Le Nummulitique de la zone du Flysch à l'Est et au Sud-Est du Mercantour » (CR. Ac. Sc., 3 janvier 1910). L'auteur est amené à formuler à nouveau la conclusion que les zones de faciès du Nummulitique alpin sont obliques par rapport aux zones tectoniques. Il a constaté aussi qu'au fur et à mesure qu'on s'avance, en partant du Mercantour, vers les parties les plus internes du géosyn- clinal de la zone du Flysch, on a affaire à des niveaux plus anciens, 28 SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910 à des faciès plus schisteux, et à des épaisseurs plus grandes. Le Num- mulitique est transgressif sur le bord oriental du Mercantour, comme il l’est sur le bord occidental du même massif, d’après les travaux très exacts de M. Léon Bertrand. 4° « Du rôle de l'hypothèse en paléontologie stratigraphique » (Revue scientifique, 1° janvier 1910). M. Emm. de Martonne présente les notes suivantes : 1° « Sur l’inégale répartition de l’érosion glaciaire dans le lit des glaciers alpins » ; 2° « Sur la théorie mécanique de l'érosion glaciaire »; 3° « Sur la genèse des formes glaciaires alpines » (CR. Ac. Sc., 27 déc. 1907, 10 janv. 1910, 24 janvier 1910). M. O. Couffon présente le quatrième et dernier fascicule de la deuxième série de Palaeontoloqia Universalis. Ce fascicule ne comprend pas moins de 71 fiches représentant 35 espèces. M. Couffon espère que les membres de la Société géologique de France voudront bien lui continuer leur collaboration pour la troi- sième série dont le 1* fascicule (27 espèces) actuellement sous presse paraîtra prochainement. L. Pervinquière. — Sur la nature du plateau sous-marin de Rochebonne (Charente-[nférieure). On désigne sous le nom de Rochebonne un plateau sous-marin, situé à 65 km. environ à l'Ouest de l'Ile de Ré {Charente-Infé- rieure). Il s’allonge du NW. au SE., parallèlement à la côte, sur une longueur de 10 à 12 km., la ps étant de 2,5 à 3 ln Bien qu'il soit situé sur le prolongement de l'isobathe de 60 m., la profondeur de l’eau sur le banc n'est que de 20 à 40 m. ; plu- sieurs têtes de rocher s'approchent même beaucoup plus près de la surface ; c’est ainsi qu'il n’y a pas 5 m. d’eau au-dessus de l'écueil de la Congrée. Comme la mer est toujours très dure sur ce plateau et que plu- sieurs écueils sont un danger pour la navigation, le service des Ponts et Chaussées a placé des bouées Hnrnensts tout autour du banc et y entretient un bateau-feu. Récemment, on a décidé de remplacer celui-ci par un phare. Les travaux sont commencés mais ne peuvent avancer que très lentement à cause des difficultés spéciales de l’entreprise. Curieux de connaître la nature du substratum, je me suis adressé à M. Modelski, Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées à la Rochelle, lequel a eu l’amabilité de m'envoyer un échantil- lon de la roche du fond ; je suis heureux de l’en remercier. Cette roche est un granite, rendu légèrement schisteux par l'alignement pn SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910 39 plus ou moins vague du mica noir. Nous sommes vraisemblable- ment en présence d'un prolongement de la masse granitique de Belle-Ile et de l'Ile d'Yeu. Il m'a paru intéressant de signaler ce fait, car on a rarement l’occasion d'obtenir des renseignements précis sur la constitution géologique du fond de la mer. J. Couyat. — Sur un nouveau gisement de feuilles fossiles en Egypte. Dans la « Description de l'Égypte » des membres de la Com- mission scientifique qu'avait amenés Bonaparte, de Rozièresignale, sur les plateaux gréseux situés au Sud d’Assouan, la présence de feuilles fossiles bien conservées. M. Couyat en a trouvé un autre gisement au NE. d'Assouan, en face la gare de Geziret, dans les couches ferrugineuses intercalées au sommet du Grès nubien. Les échantillons, une vingtaine environ, sont bien conservés : les feuilles présentent des nervures intactes et seront déterminées ultérieurement. Parmi les nombreux débris végétaux que con- tiennent ces grès ferrugineux, on peut déjà distinguer quatre espèces différentes, dont des Roseaux brisés indéterminables. L'auteur en a trouvé l’an dernier, d'analogues, mais moins beaux, à Kalabché en Nubie. Cette trouvaille est d'un certain intérêt; car jusqu'alors rien n'avait été signalé de semblable dans le Grès nubien et l’on n’y avait même rencontré aucune trace d'organisme Jusqu'à ces dernières années où M. Ball! y a découvert deux spécimens d’Inoceramus Cripsi et M. Hume d’autres fossiles non encore déterminés. W. Kilian.— Sur la présence de Fagesia en Nouvelle-Calé- donie. L'auteur a eu l’occasion de déterminer un échantillon de Fage- sia recueilli par M. le missionnaire Maurice Léenhardt en Nou- velle-Calédonie où cette Ammonite servait d'amulette. Bien que l’exemplaire en question, qui paraît bien se rappor- ter à une variété un peu moins grossièrement costulée que le type de Fag.superstes Kossuar, rappelle aussi Steph. coronatum du Callovien, sa gangue assez semblable à celle des Xossmati- ceras que M. Kilian a signalés en 1908 à la Société, également d'après des échantillons rapportés par M. Maurice Léenhardt, rend extrêmement probable son attribution à Fagesia PERv. Il se confirme donc que le Crétacé supérieur du type indo-paei- fique existe en Nouvelle-Calédonie avec sa faune caractéristique. 1. J,. Bai. First of Assouan cataract, Caire, 1907, p. 67. TERTIAIRE DE LA PROVINCE DE SANTANDER (ESPAGNE) par Louis Mengaud!. Le Tertiaire de la province de Santander comprend deux bas- sins synclinaux. 1° Le bassin de San Roman, de dimensions assez réduites (10 à 12 kmq.)sur la côte à l'W. de Santander et à petite distance de cette ville. 2° Le bassin de San Vicente de la ur plus étendu. Il débute dans les Asturies (province d'Oviedo) à 5 km. environ à l'W. de Colombres (ria de Santiuste) pour se terminer entre San Vicente et Conullas à la ria de la Rabia. Sa longueur est voisine de 25 km., sa largeur est variable. Il présente des acci- dents réclamant une étude détaillée que je n'ai pu faire encore faute de cartes topographiques à échelle suffisante. Les termes inférieurs du Nummulitique ont été plus ou moins signalés et décrits par Guillermo Schulz?, de Verneuil?, A. Maestre #, Gascué’, Carez 6, Quiroga 7 et Mallada 8. On trouve d’abord des grès sans fossiles dans la partie sud du bassin de San Vicente, entre Barcenal et Roiz. En quelques points de la par- tie nord de ce même bassin (au voisinage du phare) et dans le bassin de San Roman, entre le Crétacé et le Nummulitique, il s’intercale un calcaire blanc à grain très fin, sublithographique (probablement lacustre) et qui ne m'a pas encore de de fossiles. Les premiers niveaux fossilifères doivent être rapportés au Lurécien: ils sont formés par un ensemble de calcaires compacts et de grès à ciment calcaire. 1. La Société géologique ayant bien voulu m'accorder une subvention pour continuer mes recherches dans la province de Santander, je crois utile d'exposer brièvement les résultats que m'a fournis l'étude du Tertiaire de cette région. 2. Guirrermo Scaurz. Vistazo geolôgico sobre Cantäbria. Bolelin oficial de Minas, n°* 34 et 35, 1845, et Anales de Minas, t. IV, 1846. 3. De Verneuir. Sur le terrain crétacé et le terrain à Nummulites des Asturies. B.S.G.F. [2], t. VI, p. 522, 1849. 4. A. Marsrre. Descripciôn fisica y geologica de la provincia de Santander. Madrid, 1864. 5. Gascué. Nota acerca del grupo nummulitico de San Vicente de la Barquera Boletin de la Comisiôn del Mapa geologico, &. IV, 1877, pp. 63-88. 6. Carez. Étude des terrains crétacés et tertiaires du Nord de l'Espagne. Paris, Savy, 1881, Thèse de doctorat. Gé Duo. Noticias petrogräficas. Anales de la Soc. esp. de Hist. nat.,t. XVI, 1887, p. 216-220. 8. Marrana. Explicacion del mapa geolégico de España. Sistemas eoceno, oli- goceno y mioceno, t. VI, pp. 19-20, Memorias de la Comisiôn del Map a geolo gico de España, 1907. 1910 TERTIAIRE DE SANTANDER at 1° A la base abondent les Alvéolines et Flosculines en compagnie de Miliolidés, d'Orbitolites complanatus Laux. et de Nummulites alacicus Leyn. En certains points, on trouve un banc à Algues calcaires (Coral. lines) analogues à celles que renferme la partie inférieure du Calcaire à Miliolites des Petites Pyrénées (Mancioux et Boussens). Dans cette zone, deux gisements ont fourni Assilina præspira H. Douvizé, forme de Saint-Barthélemy dans les environs de Bayonne. 2 Plus haut, la roche est pétrie d’Assilines (A. granulosa D'ArcH. et A. Leymertei v'Arcu.), d'Orthaphragmuna (surtout O. Archiaci Scuzuus.) et de nombreuses Nummulites (N. atacicus Levu,, N. lævi- gatus Lauk., N. aluricus Jorx et Levu., N. Lucasi Derr., N. Bron- gniarti p'Arcu. et Hume, N. irreqularis Desu., N. complanalus PAmK.:.etc.); 3° A la partie supérieure de ce niveau, on trouve un banc à très grandes Nummulites (NV. complanalus var. columbrensis ne VerNeuir) dont le diamètre dépasse souvent 6 em.!; 4 Sur ces calcaires à grandes Nummulites repose un grès tendre de couleur gris clair, renfermant à la base, et seulement en quelques points, des Orthophragmina ; 11 me paraît renfermer la partie termi- nale du Lutécien. Il est intéressant de signaler les analogies nombreuses entre ces couches et le Nummulitique de la Catalogne, des Petites Pyré- nées et de la Montagne Noire. Les niveaux supérieurs, caractérisés par un développement important de conglomérats, n'ont été que sommairement indi- qués par de Verneuil?. F. Gascué, en 1877, dans sa « Nota acerca del grupo Nummu- htico, etc. », citée plus haut, se borne à rappeler l'indication de de Verneuil et ajoute « qu'il ne peut affirmer autre chose, sinon que ce conglomérat est postérieur au groupe Nummulitique ». Depuis cette date, l'ensemble de ces dépôts a été négligé et même méconnu, car on l’a plutôt considéré comme appartenant au Crétacé. En réalité, de Verneuil avait observé rapidement peut- être, mais d'une manière exacte, ainsi que me l’a montré l'étude détaillée de la région côtière entre les rias de San Vicente et de la Rabia (Playa del Sable Meron, Cabo Oriambre, route de San Vicente à Conullas). di 1. Echantillons recueillis dans les tranchées du chemin de fer entre Roiz et San Vicente, puis au voisinage de Unquera, quelques kilomètres à l'Est de Colombres. 2. Lettre du 12 mai1849,in B.S.G.F.,[2], t. VI, p. 522; 1848-49. « Avant d'ar- river à San Vicente de la Barquera, nous avions vu dans les falaises qui bordent la mer, une série de conglomérats de grès, de calcaires argileux, avec quelques Nummulites et Orbitoides? comme à Biarritz.Ces couches doivent être supérieures au Calcaire nummulitique proprement dit ». 32 L. MENGAUD 7 Févr. Barrontex. — Cet étage débute par une série détritique d’abord grossière (conglomérats et poudingues) passant ensuite à des grès plus fins dans lesquels s’intercalent des marnes. Ces dernières finissent par constituer seules la partie terminale. Le tout est de couleur rouge- brique. C'est le premier niveau à conglomérats et ceux-ci sont remar- quables par les éléments qu'ils renferment. On y trouve des fragments de grès el de calcaires crétacés quelquefois très gros, tantôt anguleux, tantôt roulés, souvent fossilifères (sections de Toucasta, Polyconites, Orbitolines, etc.). On peut y recueillir des morceaux de calcaires à Orthophragmina et Nummulites, de petites Nummulites isolées, usées ou décortiquées, des galets siliceux roulés, de petits cris- taux de quartz, etc. Les marnes renferment Nummuliles contortus Desu. et N. striatus »'OrB. non roulées qui datent la formation et par suite le grès gris sous-jacent où les fossiles sont très rares, sinon absents. OLIGOCÈNE. — Il est constitué par un ensemble de grès et de marnes rouges reposant sur lg Bartonien qui dessine dans les falaises un petit synclinal. On peut l’étudier surtout à l'Est de San Vicente, dans la petite falaise qui s'étend entre le ruisseau de Meron et celui de Bederna et porte une maison crénelée connue sous le nom de « Casa de los Picos ». Sannoisien. — Les couches inférieures de l'Oligocène sont formées d'alternances de grès et de marnes parfois même de bancs de pou- dingues renfermant en abondance Nummuliles intermedius »'Arcn., N. Fichteli Micuesrormi et des débris de Polypiers, de Gastropodes et de Bivalves. Les marnes rouges, toujours riches en Nummulites et en débris, terminent cet étage. Stampien. — Il débute par un banc de conglomérat très grossier qui renferme des grès et des calcaires crétacés et des fragments importants de poudingues du niveau sous-jacent. Ce banc peu épais (3 à 4 mètres) supporte une nouvelle série de poudingues, grès et marnes rouges, dans lesquels on trouve très communément des Lépidocyclines asso- ciés à Numm. intermedius. La base grossièrement détritique de l'étage renferme, à côté des galets de provenances diverses, un très grand nombre de fossiles Nummulitiques roulés, usés, décortiqués, parmi les- quels de grandes Assilines (A. granulosa) et de grandes Nummulites lutétiennes(N.aturicus, N. Brongniarli,etc.). On trouve ici, remaniés, des échantillons des couches antérieures. Plus haut, on n'a plus que des marnes rouges ou grises dans lesquelles s'intercalent de minces lits gréseux. Lepidocyclina dilatata Micurrorrr y est abondant sous sa forme type et accompagné de plusieurs variétés. On trouve aussi Lepidocyclina præmarginata R. Douvirré, mais assez rarement, et enfin Lep. Raulini P. Lemoine et R. Douvirté est encore plus rare. A l'embouchure du petit ruisseau de Bederna on voit s'intercaler dans les marnes quelques bancs peu épais de lignite. 1910 TERTIAIRE DE SANTANDER ah Aquitanien. — Aux alentours du hameau de Repuente et sur la route de San Vicente à Comillas, en descendant vers la Ria de la Rabia, on voit des marnes semblables d'aspect aux précédentes et très fossilifères. Elles renferment la même faune à Lépidocy- clines que les marnes stampiennes, mais Nummulites intermedius a disparu et elles reposent en discordance sur les terrains sous- jacents. En outre des Foraminifères cités, on peut y recueillir des Polypiers branchus ou massifs et quelques Polypiers isolés voisins des genres Flabellum et Ceralotrochus, quelques Huitres, quelques Gastropodes (Cerithium, Scalaria, Dentalium, etc.) et des dents de Squales. Ces dernières couches, représentant le Tertiaire marin le plus récent de la province de Santander, sont tout à fait comparables par leur faune à celles de Saint-Géours de Marenne et surtout de Peyrère dans le bassin de l'Adour. M. Henri Douvillé fait observer le grand intérêt que présentent les observations de M. Mengaud qui ajoutent notablement à nos connais- sances sur le bassin tertiaire du Sud-Ouest. Les couches inférieures reproduisent le faciès bien connu du Lutétien pyrénéen. Mais M. Dou- villé serait disposé à placer les grès à Orthophragmina dans l'Auversien. Le Bartonien commence aveclesconglomérats qui jouentun rôle siimpor- tant dans les falaises de San Vicente ; ils sont surtout développés dans l'Oligocène à Nummulites intermedius qui renferme comme en Italie toute une faune de Lépidocyclines, Leépidocyclina dilatata, L. præmar- ginala. Dans les conglomérats cette faune est mélangée mécaniquement, non seulement avec des Nummuliles et des Orthophragmina éocènes, mais encore avec des Orbilolina crétacés; il faut s'attendre à rencontrer des mélanges analogues non seulement dans les formations littorales mais encore dans les régions de nappes ou de chevauchements. M. Douvillé a observé le premier cas à Peyrère et le second en Andalousie ; il persiste à penser que les mélanges signalés en Sicile ont une cause analogue. 12 mai 1910 Bull. Soc. géol, Fr. X. — 3, LA HYÆNA INTERMEDIA ET LES OSSEMENS HUMATILES DES CAVERNES DE LUNEL-VIEL PAR Édouard Harlé. L'an vu de la République française, l'exploitation d'une carrière de pierre, au lieu dit Mas-Gautier (Carte de l'État-Major), à 1 km. au Nord-Ouest de Lunel-Viel (Hérault), mit à découvert une galerie souterraine. Vingt-quatre ans plus tard, un visiteur y ramassa un ossement qu'il offrit à Marcel de Serres, professeur de géologie à la Faculté de la ville voisine de Montpellier. Marcel de Serres, comprenant tout l'intérêt de cette découverte, sollicita du gou- vernement une subvention pour faire des fouilles importantes. La subvention fut accordée, sous condition que tous les ossements appartiendraient à la Faculté des Sciences de Montpellier. Les fouilles furent exécutées dans cette galerie et dans deux autres découvertes tout auprès. Elles donnèrent beaucoup d’ossements qui furent étudiés et, en grand nombre, figurés, dans l'ouvrage « Recherches sur les ossemens humatiles des cavernes de Lunel- Viel, par Marcel de Serres, Dubrueil et Jeanjean, Montpellier, 1839 »!, publication précédée de plusieurs autres, des mêmes auteurs, dans les Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle, la plus ancienne dans le tome XVII, 1828. Ces galeries existent encore en entier. La plus grande, de 10 m. de largeur, est utilisée comme salle de bal pour la fête locale du lundi de Pâques et pour les mariages, grâce à l'amabilité de M. Bret, propriétaire du domaine où elles sont situées. Tous ces ossements sont quaternaires. Plusieurs appartiennent à des Hyènes : L'une, très voisine de l'Hyène rayée actuelle, a été appelée par Marcel de Serres, Hyæna prisca — une autre est, d'après lui, l'Hyène tachetée, Hyæna crocuta, du Quaternaire : l'Hyæna spelæa — enfin, une troisième qui lui semblait intermé- diaire entre ses deux autres espèces, a reçu de lui, pour ce motif, le nom de Hyæna intermedia ou « Hyène mixte ». L'étude des Hyènes de Lunel-Viel a été reprise par Paul Ger- vais qui, étant professeur à la Faculté des Sciences de Montpellier, avait tous les échantillons à sa disposition. Dans ses ouvrages 1. Il y est expliqué, p. 286, que le terme humatile est créé pour les ossements qui, antérieurs aux temps historiques, ne sont cependant pas assez anciens pour mériter la qualification de fossiles. On écrit souvent Dubreuil (et l'imprimeur l’a fait, malgré moi, dans une de mes notes récentes), mais c'est une erreur. Letitre porte Dubrueil, et avec raison, ‘ainsi qu'il résulte de l'enquête que j'ai faite à ce sujet à Montpellier. 1910 HYÆNA INTERMEDIA DE LUNEL-VIEL 35 « Zoologie et Paléontologie françaises », 2° édition, 1859 (p. 240, 241), et « Zoologie et Paléontologie générales », 1867-1869 (p. 24, 96 et 103), ce savant admet l'Hyæna intermedia, de Lunel-Viel, - qui, d’après lui, « ressemble à l'A. brunnea », et nie la présence dans ce gisement de l'Hyæna spelæa. Sur ce dernier point, il s'ex- prime ainsi dans le premier de ces ouvrages (p. 241) : « Après un nouvel examen, je réunis à cette espèce ({. intermedia), ainsi que je l'avais déjà fait, les individus signalés au même lieu (Lunel- Viel) comme appartenant à l'A. spelæa, dont l'espèce me paraît manquer Jusqu'ici à la caverne de Lunel-Viel. » Ayant eu l’occasion d'examiner des restes d'Hyènes rayées, au cours de mes études de plusieurs gisements quaternaires anciens, de climat chaud! j'ai voulu, dans un but de comparaison, me rendre compte des Hyènes de Lunel-Viel. Il m'a semblé, par l’exa- men des planches de l'ouvrage de Marcel de Serres, que certains échantillons d'Hyène de Lunel-Viel sont d'Hyæna spelæa et j'en ai été fort surpris, étant donné que Gervais, savant des plus com- pétents, a affirmé le contraire. En outre, la validité de l’Æ7. inter- media, à juger par les figures et la description de Marcel de Serres, m'a inspiré des doutes : il m'a semblé que cette Hyène ressemble tellement à l'A. spelæa qu'elle pourrait bien, somme toute, ne pas en différer spécifiquement. J'ai pensé que je ne pourrais tirer ces points au clair qu'en examinant les échantillons eux-mêmes. J'ai donc été à Montpellier, où, d'après l'ouvrage de Marcel de Serres, ils devaient se trouver, dans les collections de la Faculté des Sciences. Ils y sont en effet et j'ai pu les étudier à loisir, grâce à la très grande amabilité de M. Delage, professeur de géologie, suc- cesseur de Marcel de Serres, et à la complaisance de M. Mourgues, docteur ès sciences, préparateur. J'ai trouvé, à Montpellier, presque tous les échantillons de Lunel-Viel que Marcel de Serres a étudiés. Je n'ai constaté l’ab- sence d'autres pièces intéressantes que le crâne d'Hyène, dite 47. spelæa, de la planche v, les canines de Lion de la planche vrr, le maxillaire et la molaire de Rhinocéros de la planche xr, figures 1 et 3. Cette molaire est d’ailleurs remplacée par son moulage. J'ajoute que je n’ai pas su voir ou reconnaitre les deux os supposés d'Eléphant. L'incendie de l'exposition de Montpellier, en 1896, qui a détruit les nombreux et beaux ossements des sables de Mont- 1. Harré. Découverte d'ossements d'Hyènes rayées dans la grotte de Montsau- nés (Haute-Garonne). B S.G.F., (3), XXII, 1894, p. 234. Ib. Restes d'Hyënes rayées de la brèche d’Es-Taliens, à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). B.S.G.F., (3), XXIIT, 1895, p. 44. In. Faune de la grotte à Hyëènes rayées de Furninha et d'autres grottes du Por- tugal. B.S.G.F., (4}, IX, 1909, p. 85. 36 : ÉDOUARD HARLÉ 1 Fév: pellier et des autres gisements tertiaires de la région, appartenant à la Faculté‘, n’a eu aucune action sur les ossements de Lunel- Viel, parce que ceux, en petit nombre, qui figuraient à cette exposition, étaient près d'une porte et ont été sauvés. MM. Kunstler et Chaine, du Muséum de Bordeaux, M. Car- tailhae et MM. Roule et Jammes, du Muséum de Toulouse, M. Duboseq, de la Faculté des Sciences de Montpellier, ont favorisé mes comparaisons en me donnant aimablement accès aux échan- illons de leurs services. Je tiens à les en remercier. Marcel de Serres, qui a créé la nouvelle espèce Hyæna interme- . . 2 I . . . l dia ou « Hyène mixte », l’a ainsi définie (p. 81-82) : « Elle se rap- prochait tellement de l'Hyæna spelæa, qu'il semblait difficile de Le] Fic. Fic. 1-2, — Iyæna inlermedia. Carnassiére inférieure. l'en séparer... Un examen attentif nous a fait découvrir dans la carnassière inférieure un caractère spécifique, qui ne permet plus de confondre cette espèce avec les autres... » Et (p. 87-88) : « La carnassière inférieure de l'hyène mixte se rapproche assez, au premier aperçu, de celle de l'Hyæna spelæa, par les traits les plus généraux de son volume, la forme de ses deux lobes tranchans et celle de son talon. Mais, en l’examinant avec plus d'attention, l'on y observe de plus un petit tubercule de forme conique, très pointu, situé en bas et en dedans du lobe postérieur, à peu de distance de sa jonction avec le talon. Ce tubercule se trouve dans un parallélisme assez exact avec la partie la plus reculée du lobe postérieur de la carnassière. Sous l'influence de causes... que nous croyons indépendantes de l'usure des dents et de l’âge de l’indi- vidu, ce tubercule, le plus souvent remarquable par sa forme 1. M. Delage en a recueilli, depuis, de belles séries qui, sans remplacer les anciennes, y suppléent dans une bonne mesure. Lo —? 1910 HY ÆNA INTERMEDIA DE LUNEL-VIEL aiguë, est quelquefois mousse ». Marcel de Serres a figuré (pl. 1v, fig. 5 et 6), une carnassière inférieure de sa Hyæna intermedia vue par la face interne et par la face externe. J'ai constaté que, de tous les échantillons, c’est celui où Le petit tubercule est le plus développé. J'ai eru devoir faire dessiner soigneusement cette dent, vue en plan et vue par la face interne (fig. 1 et 2). Sur l'autre côté de la racine, est le mot mirte que Marcel de Serres y a écrit à l'encre. Le tubereule caractéristique est bien visible sur mes deux figures. Je possède des carnassières pareilles à celles-ci, ayant un tuber- eule semblable et aussi développé. Elles ont été recueillies, avec des restes nombreux d'Hyæna spelæa typique, dans des gisements quaternaires, à faune de climat froid, du Sud-Ouest de la France. J'ai voulu étendre mes investigations. Pour plus de sûreté, Je me suis astreint à ne tenir compte que d'échantillons où le petit tuber- cule est beaucoup plus développé qu'à celle des pièces de Lunel- Viel, marquées par Marcel de Serres Hy. mixte, où il est le plus faible. L'examen des échantillons du Muséum de Bordeaux (M.8.), de celui de Toulouse (m.r.) et de ma collection (c.H.) m'a permis de dresser la liste suivante de gisements ayant donné de ces car- nassières à tubercule : Grotte de La Chaise (Charente), avec Hyæna spelæa typique, Rhimo- céros tichorhine et Renne (c.H.). Grotte de Lavison, près Langon (Gironde), avec 1. spelæa typique, Felis spelæa, Elephas primigenius, Renne (n.8.). Grotte d'Haurets, à Ladaux (Gironde), avee A. spelæa typique et Rhinocéros tichorhine {c.n., récoltes Labrie). Grotte dans la carrière d'Aurensan, à Bagnères-de-Bigorre, avec /1. spelæa typique, Rhinocéros tichorhine et Renne (c.n.). Grotte de Gargas (Hautes-Pyrénées), célèbre repaire d'A. spelæa et Ursus spelæus {m.r.). Grotte de Lherm (Ariège), célèbre repaire d'/. spelæa, Felis spelæa, Ursus spelæus (n. r.). Grotte de Bouichéta (Ariège), avec 71. spelæa typique et Ursus spelæus (m.r.). Grotte de Roc-Traücat, à Saint-Girons (Ariège), avec /1. speliva typique, Rhinocéros tichorhine et Renne (c.n.). Grotte d’Eichel (Ariège), avec Æ. spelæa typique (c. n.) !. Si donc l’on admettait que le caractère qui à paru suffisant pour 1. Les échantillons, fort nombreux, ont été recueillis (surtout par M. Miquel, receveur des contributions) au fond d’un puits de 5 m. de profondeur, situé dans un recoin de cette petite grotte. Les Hyènes, circulant dans l'obscurité, étaient tombées d'autant plus facilement dans ce puits, que la partie verticale est précédée d'une pente raide formant entonnoir. 38 ÉDOUARD HARLÉ 7 Fév. créer l'H. intermedia est spécifique, on devrait étendre cette espèce à un grand nombre de gisements où elle a été méconnue jusqu'ici et qui ont donné, avec elle, de l'A. spelæa typique et des représentants de la faune quaternaire froide. Gervais, dans « Zoologie et Paléontologie françaises », 1859, (p. 2#1), a différencié ainsi l'A. intermedia : « La molaire carnas- sière inférieure est assez semblable à celle de l'A. fusca ou brun- nea d'Afrique... son talon étant analogue à celui de l'A. spelæa, mais avec la crête qui le relie à la grande aile postérieure, un peu plus saillante et en général plus simple; une pointe ou un tuber- cule plus où moins saillant sur la base postérieure interne de l'aile postérieure ». Il a ajouté que la carnassière supérieure est « à talon interne au niveau du lobe antérieur externe ». J'ai cher- ché, échantillons de Lunel-Viel en mains, à me rendre compte de ces caractères. J'ai exposé plus haut le résultat de cette compa- raison pour le tubercule ou pointe de la carnassière inférieure. Pour ce qui est du talon de cette dent, j'ai trouvé des échantil- lons d'A. spelæa typique où il est pareil. Enfin, si le caractère donné pour la carnassière supérieure a une réelle valeur spéci- fique, il résulte de ma comparaison, comme il a résulté de l'étude du tubercule de la carnassière inférieure, que l'Æ7. intermedia se trouve dans nos gisements et qu'elle y accompagne l'A. spelæa typique. Les pièces de Lunel-Viel que j'ai vues comprennent onze car- nassières inférieures des Hyènes en question. La carnassière que Ja figurée est celle où le petit tubercule est le plus accentué. L'une d'elles, appartenant à une mandibule sur laquelle Marcel de Serres a écrit à l'encre Jyène mixte, a ce tubercule tellement fable, arrondi et mal détaché que l'on pourrait presque contester son existence. D'autres exemplaires n'ont pas la moindre trace de ce tubercule et, parmi eux, la carnassière d'une belle mandibule sur laquelle Marcel de Serres a écrit Hyène tachetée. L'on a, en alignant ces onze carnassières, une gradation insensible entre celle qui est le plus 7. intermedia et celle qui concorde absolu- ment avec l'J. spelæa typique. Gervais, admettant l'A. interme- dia dans le cas le plus net, devait done être amené, comme il l’a été, à comprendre sous ce nom les échantillons qui ne diffèrent pas de ceux de l'A. spelæa typique. Ainsi, ni le caractère qui a servi à Marcel de Serres à créer l'A. int-rmedia, ni ceux qui, d'après Gervais, définissent cette espèce, ne suffisent à la distinguer de l'A. spelæa. Mais il v a encore d'autres ressemblances : À la mâchoire supérieure, de même que chez l'A. spelæa, la tuberculeuse est extrêmement 4910 HY ÆNA INTERMEDIA DE LUNEL-VIEL 39 petite et n'a qu'une racine (1 individu), ou même elle manque complètement (2 individus) et diffère ainsi de celle, très dévelop- pée, de l'Hyène rayée et de l'Hyène brune. À la carnassière supé- rieure, le rapport de la longueur du dernier lobe à celle de l'en- semble des trois lobes, varie (5 exemplaires) de 0,40 à 0,43. ILest, notamment, 0, #1 à celle de ces dents qui est figurée planche m1, figures 6 et 7, sous le nom de 7. intermedia et qui porte, à l'encre, sur sa racine, le mot mirte. J'ai trouvé que ce rapport varie de 0,29 à 0,34 chez l'Hyène rayée (9 individus actuels et 9 exem- plaires quaternaires) —de 0,34 à 0,35 chez l'Hyène brune {5 indi- vidus actuels) — de 0,40 à 0,47 chez l'A. spelæa 55 exemplaires). Tous les exemplaires en question de Lunel-Viel cadrent donc, en cela aussi, avec l'A. spelæa et un grand intervalle les sépare de ceux de l'Hyène brune et de l’Hyène rayée. Il m'a semblé intéressant de noter l'opinion de divers savants sur l'A. intermedia de Lunel-Viel : De Carisroz. Extrait publié dans Ann. Sc. nat., XIIT, février 1898: Paraït être l’'Hyène brune. ‘ Marcez pe Serres, DuerueiL et JEANIEAN. Étude publiée dans Mém. Muséum Hist. nat., XVII, 1828, et l.c., 1839 : Est très voisine de l'A. spelæa, mais se rapproche, par le petit tubercule, de l'Hyène brune. De Branvirce. Ostéographie, IT, 1839-1864, Hyènes, p. 49 : Est pro- bablement l'A. spelæa. Boyp Dawxins. On the Dentition of Hyena Spelæa. Vatural His- tory Review, 1865, p. 92, 94, 95 : L’Æ. intermedia, l'H. Perrieri du Pliocène et aussi l'Hyène brune, ne sont pas des espèces différentes de l’ZT. spelæa. Gervais. Zoologie et Paléontologie générales, 1867-1869, p. 96 et 103 : Ressemble à l'Hyène brune, qu'elle représente en Europe. Bus. Quaternary Fauna of Gibraltar, 1877, p. 79 : Représente cer- tainement l'Hyène rayée. Gaupry et Boure. Matériaux pour l'Histoire des Temps quaternaires, IV, 18992, p. 121, 122 : « Forme identique à l'Hyène brune. » Zrrres. Traité de Paléontologie, Mammalia, 1894, p.667 : C’est une Hyène rayée. TrousssarT. Cataloqus Mammalium, 1898-1899, p.319 : La comprend parmi les Hyènes rayées. Bouze. La Caverne à ossements de Montmaurin.Anthropologie, 1902, p- 313: « Il faut la regarder comme une de ces nombreuses formes intermédiaires qui unissent l’Hyène tachetée actuelle et sa variété des cavernes aux Hyènes pliocènes du même type. » Voici, d'après mes déterminations, la liste des Mammifères de Lunel-Viel. Pour la dresser, j'ai utilisé seulement les échantil- 40 ÉDOUARD HARLÉ 1 Fév. lons que j'ai vus, échantillons qui ont été déposés à la Faculté des Sciences de Montpellier par Marcel de Serres. Les os sont en bon état : malgré la présence des Hyènes, ils ne sont pas rongés. Les cotes que j'ai notées ne concernent jamais, sauf mention con- trare, des os dont les extrémités articulaires sont imparfai- tement soudées. Ces cotes sont au dixième de millimètre, parce que telle est l'indication donnée par mon appareil de mesure ; mais je dois faire observer que, pour bien des raisons, le chiffre des dixièmes de millimètres n’est pas certain. URSUS ARCTOS Laixx. — Quelques restes, dont plusieurs sont figurés à la planche 1, sont d'un Ours qui est très probablement un Ursus arctos, grand et robuste. Les deux exemplaires de la dernière molaire supé- rieure ont 37 mm. 5 et 44 mm. de longueur. Ces longueurs se ren- contrent chez les Ü. arctos, mais la seconde seule, non la première, chez les [/. spelæus que j'ai vus !. La surface de ces dents est malheu- reusement très usée. L’exemplaire de la tuberculeuse inférieure à une forme très allongée (longueur 24 mm. ; largeur 16 mm.)comme souvent chez l’'ÙÜ. arclos, rarement chez l'U. spelæus. Sa surface n’a pas cette accumulation de nombreuses petites saillies circulaires qui est rare chez l'U. arclos, fréquente chez l'U. spelæus. Un second et un troi- sième métacarpiens ressemblent beaucoup, en un peu moins massif peut-être, aux nombreux échantillons correspondants de l’U/. arctos de la grotte à Hyènes rayées de Furninha (Portugal) qu’il m'a été donné d'examiner, grâce à l’obligeance de M. Choffat. Ces deux métacarpiens ne semblent pas assez massifs pour être d'U. spelæus. Voici, pour cha- cun d'eux, la longueur totale et la circonférence minima : le second, 78 mm. et 38 mm. 5 ; le troisième, 81 mm. et 43 mm. M£LES TAXUS Scures. — Quelques restes sont d'un fort Blaireau. Longueur et largeur de la carnassière inférieure de la mandibule figu- rée planche 1 : 18 mm. 2 et 7 mm. 8. Longueur de l’humérus figuré sur la même planche : 112 mm. ; largeur de son extrémité inférieure : 33 mm. 5. D'après Marcel de Serres, (p. 67), les restes de Blaireau étaient nombreux. LUTRA CANADENSIS SABINE. — Le lot de Lunel-Viel comprend une mandibule de Loutre, munie de sa carnassière et des deux dents qui la 1. A l'U. arclos que j'ai trouvé à Montsaunés avec Macacus, Hyæna striala, Sus priscus, etc., la longueur de cette dent (2‘exemplaires) est 39 mm. 6 et 43 mm. A l'U. arcltos découvert par Delgado à Furninha avec A. striata, cette longueur varie (4 exemplaires) de 35 mm. $ à 38 mm.5. À un U.arctos de la grotte du Prince, près dé Monaco (13 exemplaires), de 31 mm.2 à 40 mm. 8. A l'U. arclos actuel (19 individus), de 28 mm. à 37 mm. A l'U. spelæus (42 individus du Sud-Ouest de la France), de 40 mm. 7 à 53 mm. 2. Toutes cotes que j'ai mesurées sur les échantil- lons. L'on trouvera de nombreuses cotes analogues dans Beitrage zur naeheren Kenn- tnis der Carnivoren aus den Sanden von Mauer und Mosbach, par Wilhelm vox REICHENAU, 1906. 1910 HYÆNA INTERMEDIA DE LUNEL-VIEL 41 précèdent, pièce que Marcel de Serres a figurée planche 11. J'ai comparé cet échantillon aux mandibules de 17 Loutres, dont deux de l'espèce actuelle dite du Canada, provenant des États-Unis (Montana et Flo- ride) et appartenant au Muséum de Bordeaux, et 15 actuelles de France. La mandibule de Lunel-Viel ressemble complètement à celles des deux Loutres du Canada. Elle diffère un peu de celles de mes Loutres de France. En effet, Loutre de Lunel-Viel et Loutres du Canada ont les dents plus grandes que mes Loutres de France — la carnas- sière, Rent plus large (rapport de sa largeur à sa longueur égal à 0,6 au lieu de 0,5) et avec détails accessoires généralement plus accentués — la prémolaire antérieure, placée plus obliquement, de manière à occuper moins d'espace suivant la longueur de la mandibule — elles n'ont que deux trous mentonniers, tandis que presque toutes mes Loutres de France en ont de trois à cinq. Sans m'exagérer la valeur de ces différences, je ne puis que constater que l'échantillon de Lunel-Viel ressemble davantage aux mandibules des Loutres du Canada !. Longueur et largeur de la carnassière : 14 mm. et8 mm.6. Distance de l'arrière de l’alvéole de la canine à l'arrière de l’alvéole de la tuber- culeuse : 38 mm. ». Canis Lupus Laxx. — Des restes, provenant de plusieurs individus, appartiennent à un Loup de taille généralement inférieure à celle du grand Loup du Quaternaire froid. Me de la carnassière inférieure (8 exemplaires) : de 22 mm. à 27 mm. Une des pièces est la mandibule droite (planche 11, fig. : 3). Elle n’apas” trace de la dernière tuberculeuse, fait qui a paru an à Bourgui- gnat pour créer, sur ce seul exemplaire, son Cuon Ediwardsianus, parce que cette dent manque aux Cuon ?. Mais ce fait est individuel et la mandibule n'est pas d'un Cuon, car sa carnassière et sa première tuberculeuse ont la même forme que chez les Loups (moins simple que chez les Cuon) et les ossements de Lunel-Viel comprennent une autre mandibule qui est identique sauf, en plus, la dernière tuber- culeuse en question *. CANIS VULPES Linx. — Quelques restes. HYÆNA STRIATA ZiMM., var. MONSPESSULANA DE Curisroz. — Les cavernes de Lunel-Viel ont donné une Hyène rayée qui a été publiée, en 1828, par Marcel de Serres, sous le nom de Hyæna prisca, et, en 1828 aussi, par de Christol, sous celui de Æyène de Montpellier (Hyæna monspessulana). C'est le nom de Æyæna prisca MARCEL DE SERRES qui a prévalu. 1. Une mandibule de Loutre que j'ai recueillie dans une grotte de la carrière d'Aurensan, à Bagnères-de-Bigorre, avec des restes d'Hyæna spelæa, Rhinocéros tichorhine et Renne, présente les mêmes caractères canadensis. 2. BourauiGxarT. Recherches sur les ossements de Canidæ constatés en France, à l'état fossile. pendant la période quaternaire, 1875, p. 52 à 57. 3. Harzé. Note sur des mandibules d'un Canidé du genre Cuon. Anthropologie, 1891, p. 134 et 135. ps [EU] ÉDOUARD HARLÉ TRE: Un résumé de l'étude faite par de Christol a paru dans les Annales des Sciences naturelles (t. XIII, février 1828, p. 141), sous le titre : « Extrait d'un Mémoire relatif à quelques espèces nouvelles d'Hyènes fossiles découvertes dans la caverne de Lunel-Viel, près Montpellier ; par MM. Jules de Christol et A. Bravard ». Dans ce résumé (p. 142), l'Hyène en question reçoit le nom de Æyène de Montpellier. J'ajoute que, d’après de Blainville (Ostéographie, Hyènes, p. 80), c’est par erreur que Bravard figure au titre. Le Mémoire a paru dans les Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de Paris, IV, 1898. Le travail de Marcel de Serres a été publié dans les Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle (t. XVIT, 1828, p. 269), sous le titre : « Mémoire sur les diverses espèces d'Hyènes fossiles découvertes dans les cavernes de Lunel-Viel (Hérault), par MM. Marcel de Serres, Dubrueil et B. Jeanjean. » L'Hyène en question y reçoit le nom de Hyæna prisca. J'observe que, quelques pages avant (p. 230), figure une « Lettre écrite de l'Ile de France sous la date du 18 octobre 1828 ». La publication n’a donc été faite, en réalité, qu’en 1829. J'ajoute que, au début du Mémoire (p. 269), les auteurs se plaignent des « observations publiées par différens géologues sur ces cavernes » avec « une appa- rence de priorité ». Je crois donc que la priorité appartient à de Christol. Je n'ai vu, parmi les restes de Lunel-Viel, que peu d'échantillons d'Hyène rayée. Ils appartiennent à trois ou quatre individus seulement. J'ai retrouvé presque tout ce que Marcel de Serres énumère dans son ouvrage. Carnassière supérieure. Longueur de l’ensemble des trois lobes et rapport de lalongueur du troisième lobe à cette longueur de l'ensemble : 32 mm. 6et0,33. Autre exemplaire : 32 mm. 7 et 0,32. Dans les deux cas, ce rapport est comme chez l'Hyène rayée, plus faible que chez l'Hyène brune. La carnassière inférieure (3 exemplaires) est pareille à celle de l'Hyène rayée, différente de celle de l’Hyène brune. Longueur et largeur : 23 mm. 3 et 12 mm. Autre: 24mm. 2 et 13 mm. Autre (quiest sur la pièce suivante) : 24 mm. 3 et 12 mm. 6. À.12 individus d'Hyène rayée actuelle, j'ai trouvé que la longueur correspondante est, pour la carnassière supérieure, de27mm. 6 à 33 mm. et, pour la carnassière inférieure, de 18 mm. 5 à 23 mm. D’après cela, l'Hyène rayée de Lunel-Viel était d'une taille égale ou un peu supérieure à celle des fortes Hyènes actuelles. Mandibule gauche. Longueur et largeur de la carnassière : 24 mm. 3 et 12 mm. 6. Longueur de l’ensemble des quatre molaires : 78 mm. Cette mandibule est celle qui a été représentée par Marcel de Serres (pl. 1v, fig. 1), à une échelle très réduite, figure qui a été copiée par de Blainville (Ostéographie, Hyæna, pl. vin), mais en la renversant, de manière à en faire une mandibule droite, et en augmentant l'échelle, ce qui a exagéré les imperfections du dessin. J'ai comparé les échantillons de Lunel-Vielà de nombreuses mâchoires et dents isolées d'Hyènes rayées actuelles (d'Algérie) et quaternaires 1910 HYÆNA INTERMEDIA DE LUNEL-VIEL 43 (de Montsaunés, Es-Taliens, Furninha). Je n'ai vu de différence bien appréciable que pour la seconde des quatre molaires, P,, dont j'ai deux exemplaires de Lunel-Viel. Cette dent y a des caractères que j'in- diquerai plus loin. J'ai représenté (fig. 3 et 4) l'exemplaire de la man- dibule gauche précitée, vu en plan et vu par sa face interne. Fi. 3. Fic. 4. FiG. 3-4. — Hyæna striala. Deuxième molaire. Gervais (Zool. et Pal. Fr., p. 241) a remarqué que la carnassière inférieure de l'Hyène rayée de Lunel-Viel est plus épaisse que celle de l'Hyène rayée actuelle. Mais je trouve que, aux trois exemplaires de cette dent provenant de Lunel-Viel, le rapport de la largeur à la longueur est 0,54 — 0,52 — 0,52, tandis que, chez l'Hyène rayée actuelle (9 indi- vidus), il varie de 0,58 à 0,49. Cette dent est donc parfois, au contraire, plus épaisse chez l'Hyène rayée actuelle que chez celle de Lunel-Viel”, Les Hyènes rayées que j'ai eu occasion d'examiner pourraient être réparties comme suit : 1. Hyène actuelle d'Algérie : La seconde molaire inférieure P, n'a, en avant, qu'un faible ressaut ou épaulement ou même, plus souvent, en est dépourvue — l'arrière de cette dent, vu en plan, est perpendi- culaire à sa longueur, il est en demi-cercle. 2. Hyène quaternaire, l'exemplaire d’'Es-Taliens ? et l’un des exem- plaires de Furninha : Trace de ressaut en avant — l'arrière, vu en plan, perpendiculaire comme chez l'actuelle — fortes dimensions (Longueur et largeur. Es-Taliens : 22 mm. 5 et 15 mm. Furninha: 23 mm. et 15 mm. 5). 3. Hyène quaternaire de Furninha, les neuf autres exemplaires de ce gisement : Ressaut notable en avant — terminée en arrière par une ligne oblique — dimensions intermédiaires entre celles des deux groupes précédents (Longueur d’un exemplaire, prise perpendiculairement à sa largeur : 20 mm. 7. Largeur : 13 mm. 8. Autre : 21 mm. 4 et 13 mm. 6}. 4. Hyène quaternaire de Lunel-Viel : Très fort ressaut en avant — terminée obliquement en arrière, comme celles du groupe précédent — 1. Le rapport 0,58 est celui de la carnassière gauche d'un crâne au Muséum de Bordeaux. Le rapport pour la carnassière droite du même individu est 0,55. Je profite de cette occasion pour signaler qu'un des crânes d'Hyène rayée actuelle que j'ai vus, crâne qui appartient au Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Montpellier, possède, à la mandibule droite, une prémolaire sup- plémentaire P;. C'est une petite dent conique, de 4 mm. de diamètre et de 4 mm. 5 de hauteur. Cette dent est un caractère ancestral qui reparait, car des Hyènes tertiaires la possèdent normalement. 2. Loc. cil., p. 46 et 47, fig. 1 et 2. Depuis, j'ai plus complètement dégagé cette dent de sa gangue pour mieux la mesurer, ÉDOUARD HARLÉ 7 Fév: ass = leur ressemble par ses dimensions (Mandibule de Lunel-Viel. Longueur de cette dent, prise perpendiculairement à sa largeur : 22 mm. Largeur : 13 mm. 5). Ces groupes sont bien rapprochés et l'examen d’un plus grand nombre d'échantillons ferait peut-être constater des exemplaires à caractères intermédiaires, rendant ainsi impossible toute division absolue. Caractères et groupes conserveraient néanmoins leur valeur au titre de tendances. Il arrive que le caractère distinctif d'une race, d'une variété, d'une espèce, n'est pas absolument constant, qu'il souffre exception, qu'il n’est, somme toute, qu'une tendance. HYÆNA CROCUTA ErRix, race INTERMEDIA MARCEL DE SERRES. — Kestes d'au moins huit individus'. J'ai montré plus haut que cette Hyène ne diffère pas ou diffère peu de l'/Z. crocula race spelæa. Je vais examiner cette question de plus près. Elle présente, en effet, un certain intérêt parce que, si l'A. spelæa des temps à climat froid est très com- mune et bien connue, l'Hyène dont il s’agit, contemporaine de l'Hyène rayée, datant par conséquent du Quaternaire plus ancien à climat chaud, est fort rare et n'a pas été, que je sache, étudiée en détail. J'ai comparé les échantillons de cette Hyène à de très nombreux échantillons d'A. spelæa (HI. crocuta, race spelæa), du Sud-Ouest de la France, et aux parties correspondantes de trois crânes d'A. crocuta actuelle, dont l’un appartient au Muséum de Toulouse et les deux autres (aimablement envoyés par M. Stehlin) au Naturhistorisches Museum de Bâle. Je n'ai pu utiliser pour cette comparaison toutes les dents de ces trois crânes, parce que plusieurs sont en médiocre état et parce que les deux carnassières supérieures du crâne n° 2019 de Bâle présentent cette curieuse anomalie d’avoir leur lobe postérieur complè- tement courbé en quart de cercle vers l'extérieur. à La longueur de l’ensemble des trois lobes de la carnassière supé- rieure de l'Hyène de Lunel-Viel (6 exemplaires) varie de 35 mm. 2 à 37 mm. 5. À 55 carnassières supérieures d'/7. spelæa que j'ai mesu- rées, elle varie de 37 mm. 5 à 45 mm. 5. A l'Hyène actuelle, elle est de 35 mm. et 37 mm. 2. La longueur de la carnassière inférieure varie de 27 mm. 5 à 30 mm.5 chez l’Hyène de Lunel-Viel (10 exemplaires) — de 28 mm. 4 à 39 mm. 7 chez l'A. spelæa 71 exemplaires, dont les deux extrêmes sont de la même grotte de La Chaise, Charente) — elle est 25 mm. 5, 26 mm. et 30 mm. chez l'Hyène actuelle. A en juger par ces dents, la taille del'Hyène de Lunel-Viel est donc semblable à celle des sujets forts de l'Hyène actuelle. Elle est égale ou inférieure à celle des plus petites Æ. spelæa. Le rapport de la longueur du dernier lobe de la carnassière supé- rieure à la longueur de l’ensemble de ses trois lobes varie de 0,40 à 1. J'ai constaté que le crâne qui est représenté planche nr, figure 1, sous le nom de À. prisca, c'est-à-dire d’une Hyène rayée, est au contraire d’une À. crocuta. Les deux molaires qui lui restent, P; et P:, ont tous les caractères qui différencient 71. crocuta de l'Hyène rayée. 1910 HYÆNA INTERMEDIA DE LUNEL-VIEL Sn 0,43 chez l'Hyène de Lunel-Viel (5 exemplaires) — de 0,40 à 0,47 chez l'A. spelæa (55 exemplaires) — au seul crâne d'Hyène actuelle où j'ai pu mesurer ces longueurs, il est 0,39 pour la carnassière gauche et 0,42 pour la droite. Le rapport de l'Hyène de Lunel-Viel est donc comme chez l'Hyène actuelle et comme chez les 1. spelæa où 1l est le plus faible. Le rapport de la longueur de la carnassière supérieure (ensemble des trois lobes) à la longueur de l’ensemble des deux prémolaires pré- cédentes est 0,88 et 0,95 chez l'Hyène de Lunel-Viel {2 exemplaires bien adultes) — chez l'A. spelæa il varie de 0,92 à 1,02 (8 individus bien adultes, mais il atteint 1,04 et peut-être encore davantage chez les sujets incomplètement développés) —il est 0,91 et 0,95 pour les deux Hyènes actuelles où j'ai pu l'évaluer. Le rapport de l'Hyène de Lunel- Viel est donc comme aux 71. spelæa chez lesquelles il est faible ou encore moindre. Îl est parfois aussi plus petit que chez l'Hyène actuelle. A l'Hyène de Lunel-Viel, le talon de la carnassière supérieure, tan- tôt s'avance plus en avant que le lobe antérieur (1 exemplaire, marqué mixte), plus souvent, au contraire, est complètement en arrière (4 exemplaires dont 2 paraissent du même sujet). Chez l’A. spelæa, c’est le premier cas qui est presque toujours réalisé: le second est rare. Chez l'Hyène actuelle, le seul crâne où j’ai pu observer ce point est dans le premier cas. La prémolaire supérieure P,, qui précède la carnassière, est de forme moins haute, moins hardie, chez l'Hyène de Lunel-Viel qu’elle n'est généralement chez l'A. spelæa. Elle est comme à la seule des trois Hyènes actuelles où son usure n’est pas trop forte pour en juger. A cette même dent, le rapport de la largeur à la longueur varie de 0,84 à 0,76 chez l'Hyène de Lunel-Viel (12 exemplaires) — chez l'A. spelæa, les exemplaires que j'ai vus sont relativement plus étroits, sauf deux de Bach (Lot) dont le rapport s'élève à 0,78 et 0,77 et deux d'autres gisements où 1l atteint 0,77 — aux trois crânes d'Hyène actuelle, ce rapport varie de 0,76 à 0,71. Cette dent est donc relati- vement large chez l'Hyène de Lunel-Viel, Une mandibule de Lunel-Viel, sur laquelle est écrit à l'encre Æyène lachelée, a, pour longueur de la carnassière, 30 mm. et, pour longueur de rensemble des quatre molaires, 84 mm., nombres dont le rapport est 0,35. À deux mandibules sur lesquelles est écrit Hyène mixte, ces longueurs et rapport sont 28 mm. et 80 mm. et 0,39 — 29 mm. 5 et 86 mm. 2 et 0,34 Chez l'A. spelæa (16 individus), ce rapport varie de 0,39 à 0,33. Aux trois crânes d'Hyène actuelle, il varie de 0,34 à 0,33. L'Hyène de Lunel-Viel rentre, à ce point de vue, dans les limites de l'A. spelæa. A la carnassière inférieure de l'Hyène de Lunel-Viel, le tubercule interne, dont il a été tant question, est placé, lorsqu'il existe, de sorte que son bord postérieur se projette (vu latéralement), sur la limite pos- térieure du lobe. Aux 1. spelæa que j'ai vues, il se projette tantôt de même, plus souvent un petit peu en arrière. Une des Hyènes actuelles 46 ÉDOUARD HARLÉ 1 Fév. (n° 2912 de Bâle) a ce tubercule, mais très petit et situé plus en arrière. La seconde prémolaire inférieure P, de l'Hyène de Lunel-Viel est comme aux sujets d'A. spelæa où elle est le moins élancée et comme au seul sujet actuel dont cette dent est peu usée. Son talon est peut- être un peu plus fort. La première prémolaire inférieure P, de l’'Hyène de Lunel-Viel (7 exemplaires) n'est pas plus large ou à peine plus large en arrière qu’en avant, tandis que, chez l’{7. spelæa, la largeur de cette dent est bien plus grande en arrière, sauf quelques rares exemplaires où elle l’est seulement un peu plus, comme à certains exemplaires de Lunel-Viel. A deux des trois Hyènes actuelles, cette dent ressemble davantage à celle de l'Hyène de Lunel-Viel; à la troisième, elle rappelle davantage celle de l/Z. spelæa. En outre, cette dent, chez l'Hyène de Lunel-Viel, a son talusintérieur moins concave qu'iln’est chez la plupart des Æ. spelæa et même chez l'Hyène actuelle. En résumé, l’'Hyène de Lunel-Viel diffère de l’/1. crocuta actuelle et de sa race spelæa, mais seulement par des nuances. On peut dire qu’elle rentre dans leur cadre avec tendance à en sortir. Le nom de F1. inter- media ne peut lui être conservé tout au plus qu’à titre de race. Si l’on donne des noms spéciaux à toutes les variations successives d'un type, leur nombre n'aura pas de limite. Il faut bien marquer par des bornes les kilomètres des routes, sans quoi l’on aurait peine à se reconnaître, mais il serait abusif d'en placer à tous les mètres, à tous les centimètres. La valeur des caractères de l’Æ. intermedia est illustrée par ce fait que j'hésite à attribuer à cette Hyène, plutôt qu'à l'A. spelæa, les deux maxillaires supérieurs et les deux mandibules de Bach (Lot) que possède le Muséum de Toulouse. Ces pièces, provenant d'au moins deux indi- vidus, ont cependant plusieurs de ces caractères et, parmi eux, la grande largeur de la prémolaire supérieure P,, définie par les rapports 0,78 et 0,77 que J'ai cités. F'ELIS LEO LinN., var. SPELÆA Gorr. — Restes d'au moins deux adultes et un jeune, figurés pl. vir. Sujets de taille grande et moyenne. FeLis PARDUS Lin. — Des-restes d'au moins deux individus sont de Panthère. La longueur de la carnassière de la mandibule (pl. 1x, fig. 1) est 20 mm. et celle de l'ensemble de ses trois molaires, 49 mm. FELIS CATUS Lin. ou espèce voisine — Restes peu nombreux. Lon- gueur de la carnassière et longueur de l’ensemble des trois molaires d'une mandibule : 7 mm, 8 et 21 mm. 5 — d'une autre mandibule : 8 mm. » et 22 mm. FELIS PARDINA OkEx. — Lynx, comme celui qui vit actuellement dans la péninsule ibérique, de petite taille et dépourvu de talon à la carnassière inférieure. Les échantillons de Serval que j'ai vus dans plu- sieurs Musées ont une taille plus réduite. Restes d’au moins quatre sujets. Canines avec profonds sillons. Lon- gueur de la carnassière et longueur de l’ensemble des trois molaires, à une mandibule : 13 mm. 5 et 32 mm. — à une autre : 15 mm. et 33 mm. 4. Longueur d’une autre carnassière inférieure : 13 mm. 3. 1910 HY ÆNA INTERMEDIÀA DE LUNEL-VIEL 47 RuiNoceroS MErCKkI Kaur. sieurs sont représentés PIE Assez nombreux échantillons dont plu- EqQuus CABALLUS Lin. — Échantillons fort nombreux (24 canons entiers, etc.). Sus scroPHA Linn., ordinaire et var. PRISCUS MARCEL DE SERRES. — Un crâne avec mâchoire inférieure, pièces superbes figurées planche x1; aussi, nombreuses dents et quelques os. Ce crâne, étudié, il y a peu d'années, par M. Stehlin, diffère de celui du S. scropha ordinaire par sa taille énorme, par la plus grande importance relative de ses dimen- sions transversales, par les proportions massives et la largeur de ses molaires!. Mais d’autres échantillons diffèrent moins ou pas de ceux du $. scropha ordinaire. GRAND BOVIDÉ (Bos ou BISON). — Restes très nombreux (24 canons entiers, etc.). CERVUS ELAPHUS Lin., moyen, etdes CZRVUS probablement £LAPHUS, petits. — Restes de plus de vingt individus. Marcel de Serres les à attri- bués à quatre espèces nouvelles : Cervus intermedius, C. coronatus, C. antiquus, C. pseudo-virqininus. Le C. intermedius me parait n'être autre que le C. elaphus, sujets de taille moyenne. Les autres sujets sont de petite taille. Le caractère « tout à fait distinctif » du C. antiquus, qui a motivé la création de cette espèce, est la présence d'un cône interlobaire aigu, non seulement entre le premier et le second lobes de la dernière molaire inférieure, face externe, mais aussi entre son second et son troisième lobes (p. 176 et 185; pl. xv, fig. 9). À mon avis, ce caractère n'est qu'individuel. En effet, parmi de nombreuses molaires de C. elaphus de la célèbre grotte à peintures d’Altamira (Espagne), de la station préhis- torique magdalénienne de La Machonie, à Condat (Dordogne), de la grotte de la Tourasse (Haute-Garonne), qui est une station préhistorique de l'extrême fin du Quaternaire, de la grotte de Montfort (Ariège), je possède des exemplaires de cette dent qui ont ces deux pointes et les ont proportionnellement aussi développées que l'échantillon type du C. antiquus. Je possède même, des grottes de la Tourasse et de Mont- fort, des exemplaires où la seconde pointe est, non seulement grande, mais divisée en deux très aiguës : belle matière, pour un Marcel de Serres, à créer encore une espèce nouvelle ! Le même échantillon type du C. antiquus présente une autre particularité qui ressort bien sur la figure : elle consiste en ceci que le troisième lobe forme un angle aigu vers l'extérieur de la dent. Mais une dernière molaire inférieure de C. elaphus d'une palafitte de Robenhausen, que je possède, présente aussi cette particularité. Le caractère qui a motivé la création du C. coronatus est une crête 1. H. G. Sreuunx. Ueber die Geschichte des Suiden-Gebisses. Abh. der schweize- rischen palæontologischen Gesells., XX VI, 1899, p.65 et262 — XX VIT, 1900, p. 391. 48 ÉDOUARD HARLÉ 1 Fév. saillante du frontal, du côté interne de la cheville osseuse qui supporte le bois (p. 175 à 178; pl. xvi, fig. 11). J’ai trouvé cette particularité à un crâne, du Muséum de Toulouse, qui est étiqueté C. elaphus. Des deux crânes de Renne du Muséum de Bordeaux, un la possède et l’autre en est dépourvu. Ce caractère n'a done peut-être pas grande valeur? Je ne sais pas davantage si l’aplatissement transversal du support d'un bois, qui a conduit Marcel de Serres à créer le C. pseudo-virgininus (p. 176 et 178; pl. xvi, fig. 15), est un bon caractère spécifique? Le bois, d’après le mauvais fragment qui en reste, était rugueux et à pier- rure développée, comme chez le C. elaphus. Les échantillons de Lunel-Viel que j'ai vus comprennent un certain nombre de portions de bois de Cervidés, sujets moyens et petits : elles ont la forme, la rugosité et le cercle de pierrures du C. elaphus. Ils com- prennent aussi la portion, entre bois, des crânes de cinq sujets, moyens et petits : j'y ai constaté que la suture pariéto-frontale a le même tracé que chez le C. elaphus, tracé qui diffère notamment de ceux du Daim et du Renne. Les exemplaires en bon état de la dernière molaire infé- rieure sont au nombre de 25 et leur longueur, mesurée à la base de l'émail, varie de 34 à 25 mm., d’une manière à peu près continue et sans que l'on puisse dire où finit le Cerf moyen et commencent les petits. Toutes les dents sont semblables à celles du C. elaphus. Tout au plus peut-on remarquer que, à quelques-unes des dernières molaires infé- rieures, petits exemplaires, le troisième lobe a une section relativement très faible et son puits disparaît dès le début de l’usure. Mais d'autres de ces molaires, petites aussi, ont ce troisième lobe et son puits de pro- portions ordinaires, de sorte que la réduction du troisième lobe et de son puits est peut-être, non un caractère spécifique, mais une ten- dance. Les canons, phalanges et autres os sont de formes semblables à ceux du C. elaphus. Je pense que les petits Cervidés appartiennent, comme les moyens, au groupe elaphus où qu'ils appartiennent à un groupe voisin. Je ne sais comment Rütimeyer (Hirsche, II, 1883, p. 104 et 105) a cru reconnaître du Renne parmi les échantillons de Lunel-Viel, car aucun n'appartient à ce Cervidé. Mandibule marquée à l'encre : C. pseudo-virqininus. Longueur de la dernière molaire, mesurée à la base de l'émail : 27 mm. {son troisième lobe à une section réduite et, quoique peu usé, n’a pas de puits). Lon- gueur maxima de l’ensemble des arrière-molaires : 65 mm.5 — de l’en- semble des prémolaires : 38 mm. — de l’ensemble des arrière-molaires et prémolaires : 103 mm. Cette mandibule a été représentée planche xv, figure 12, mais en réduisant beaucoup les dimensions du maxillaire (non des dents). Canons : Longueur — largeur maxima de l'extrémité supérieure — minima du corps — maxima de l'extrémité inférieure (Les deux canons* ont trace de la soudure de l’épiphyse inférieure : Antérieur » » » 45 mm.-7 924€ 4 ( 99 € — 9249 40 2239 39 — 296 3) 20,5 JS 207 31 16,8 32,7 * 1910 HYÆNA INTERMEDIA DE LUNEL-VIEL 9 Postérieur 288 39 24 45 en » » » 44 — 250 31 20 39 ie 249 30,2 20,2 35,6 — 244 30,9 19,8 39 Ovis (?). — Marcel de Serres a figuré (pl. xv) un canon postérieur qui, d’après lui, est de Mouton ou de Chèvre. À mon avis, cette pièce n'est pas de Chèvre, mais elle peut être de Mouton. Sa couleur diffère un peu de celle des autres échantillons. Longueur : 124 mm. 5. Lar- geur maxima de l'extrémité supérieure : 19 mm. — minima du corps de l'os : 10 mm. 5 — maxima de l'extrémité inférieure : 22 mm. 5. LEPUS CUNICULUS Laxx. — Restes nombreux de Lapin. Longueur du tibia (3 exemplaires) : 84 mm. — 89 mm. 5 — 92 mm. 6. L£epus TIMIDUS Linx. — J'ai vu aussi quelques restes de Lièvre. Leur couleur diffère un peu de celle des autres échantillons. CASTOR FIBER LaiNx. — Une mandibule figurée ‘pl. x). Sujet de taille moyenne. La couleur de cet échantillon n'est pas tout à fait la même que celle des autres. La faune que je viens de décrire est celle d'un climat chaud, datant du Quaternaire ancien. Je ne puis m'expliquer pour quelle cause les deux Hyènes de Lunel-Viel ont cessé de vivre en France. Ont-elles disparu par suite de la concurrence vitale ? Mais les Hyènes sont des ani- maux peu difficiles qui ont dû trouver, au moins la plupart, de quoi se nourrir. Ont-elles été exterminées par l'Homme ? Mais, actuellement, elles vivent et prospèrent dans des pays passa- blement peuplés. Pourquoi n'auraient-elles pas vécu, malgré l'Homme, comme les Ours et les Loups ? Faut-il accuser le chan- gement de climat ? Je ne le crois pas davantage. H. striata semble caractériser, en France, une phase chaude du Quaternaire, mais a disparu avant que le climat se soit beaucoup refroidi. Et cependant, aujourd'hui, cette espèce s'étend jusqu’à l'Est de la mer Caspienne, dans une région où l'hiver est des plus rigou- reux!. À. crocula pouvait supporter la chaleur, car elle a vécu en France, non seulement au temps de Lunel-Viel, mais dès la fin du Pliocène, et elle vit actuellement au Sénégal. Elle pouvait supporter le froid, car elle a coexisté chez nous avec le Renne. Le climat de froid intense de la fin du Quaternaire aurait dû amener, tout au plus, son recul momentané dans le Sud de la péninsule ibérique et de l'Italie, où la température a toujours 1. N. Zarounxoï. Recherches zoologiques dans la contrée Trans-Caspienne, Bull. Soc. imp. des Naluralisles de Moscou (n°!° série), IT et IV, 1889 et 1890. 12 mai 1910 Bull. Soc. géol. Fr, X, — 4. 50 ÉDOUARD HARLÉ 7 Fév. été trop élevée pour le Renne. La disparition des Hyènes est d’au- tant moins explicable qu'elles sont très résistantes et vivent de longues années dans nos climats, en ménagerie, bien que la captivité soit une circonstance défavorable. Il semble vraiment que les espèces et les races vieillissent comme les individus et que chacune soit arrivée avec une certaine possibilité de durée, qu'elle ne devait pas pouvoir dépasser, comme un enfant qui, dès sa naissance, a toute son évolution tracée d'avance et sa vie limitée à un siècle, sans que personne ait Jamais su pourquoi !. L'Hyène rayée actuelle d'Afrique ressemble beaucoup à notre Hyène rayée quaternaire et sa Hyène tachetée actuelle, Hyæna crocuta, est la même espèce que notre Hyæna spelæa. Mais il n’est pas certain cependant qu'elles en descendent. Deux frères jumeaux sont semblables entre eux à vingt ans, semblables entre eux à soixante ans, et, ayant les mêmes points faibles, ils sont la proie des mêmes maladies. Peut-être aussi arrive-t-1l que les branches d'une espèce reçoivent une même impulsion qui tend à leur faire suivre une même évolution? Peut-être ces Hyènes des- cendent-elles de souches communes plus anciennes? M. Delage a montré que le rocher dans lequel sont creusées les cavernes en question de Lunel-Viel est formé de bancs mio- cènes constitués, à peu près exclusivement, par des amas d’Algues à sécrétion calcaire, des Lithothamnium. Un diluvium alpin rouge, à cailloux gros et abondants, où la vigne produit le vin de muscat le plus exquis, recouvre le coteau qui surmonte ce rocher. Les Hyènes et autres animaux de ces cavernes vivaient donc à une époque postérieure à celle où ce diluvium a été transporté. Ces cavernes sont à 15 ou 18 mètres au-dessus de la mer, d’après Marcel de Serres (p. 2), et cette cote est confirmée par les indica- tions que j'ai recueillies sur place. Le niveau de la Méditerranée, à l’époque où vivaient ces animaux, ne pouvait donc pas être beaucoup plus élevé à Lunel-Viel que maintenant. 1. Stromer, dans un intéressant mémoire, dont je n'ai eu connaissance qu'au moment de corriger mes épreuves, a énuméré et discuté, avec nombreuses réfé- rences, les diverses causes que l’on peut supposer pour la disparition des espèces (Fossile Wirbeltier Reste aus dem Uddi Fâregh in Aegypten. Abh. Senckenber- gischen nat. Gess., XXIX, 1905). La CRAIE ET LE TERTIAIRE DES ENVIRONS DE Royan par Henri Douvillé‘. SOMMAIRE. — [. Craie de Royan; elle forme des falaises interrompues par des conches et des baies, obstruées par des dunes. Actions d’érosion super- ficielles, littorales, sous-marines; exceptionnellement développées dans le voisinage des sables kaoliniques. Conditions biologiques du dépôt : banc de Pycnodonta vesicularis, Rudistes pleuroconques, Bryozoaires très abon- dants ainsi que les Foraminifères (Orbiloides media. O. apiculata, Sidero- lites Vidali, Pseudorbitolina Marthæ, n. gen. n. sp.). — Il. Tertiaire de Saint-Palais; les calcaires inférieurs riches en Echinides et en Forami- nifères (Orbitolites complanatus, Lituonella Roberti, Milliolidés); leurs ana- logies fauniques avec les calcaires de la basse Loire d'âge auversien et avec le calcaire de Saint-Estèphe ; les sables supérieurs et leur prolongement, les grès de Vallières, à Num. miocontortus, sont bartoniens et représentent l'équivalent marin de la molasse du Fronsadais. — Variété de Lituonella Roberti formant passage à Chapmannia qassinensis. I. CRAïE DE Royan. DESCRIPTION GÉNÉRALE DES FALAISES ET PHÉNOMÈNES D'ÉROSION. — On sait que la craie de Royan constitue sur la rive droite de la Gironde une série de falaises pittoresques qui se succèdent depuis Talmont jusqu'à la Grande Côte, sur une longueur d’envi- ron 25 km.; elles sont interrompues de distance en distance par des vallées transversales aboutissant à des plages de sables fins ; les plus larges portent le nom de « conches » et les moins importantes celui de « baies ». Ces vallées s'ouvrent au Sud- Ouest, c’est-à-dire dans la direction des vents dominants; sous leur influence les plages de sable fin donnent naissance à des dunes qui obstruent plus ou moins le débouché des vallées. Les falaises elles-mêmes sont formées par des bancs assez régu- liers de calcaires crayeux dont la dureté est inégale et qui, par suite, résistent différemment aux agents d'érosion, de là les aspects si variés que représentent ces falaises : il me suffira de citer le Sphinx de Talmont, les hautes falaises de Meschers avec leurs grottes et leurs anciennes carrières et surtout les rochers si décou- pés de Vallières où les grottes et les couloirs présentent une extraordinaire complication. Sur toute cette côte les effets des érosions diverses peuvent être étudiés avec une grande facilité : ce sont d’abord les érosions dues aux agents atmosphériques qui produisent la désagrégation des roches superficielles et leur dissolution partielle ; les résidus 1. Cette note a été présentée à la séance du 17 janvier 1910. 52 HENRI DOUVILLÉ 7 Fév. 2 de ces actions sont grossièrement mélangés et sous l'influence de la végétation produisent la terre végétale. Celle-ci est 1c1 plus ou moins sableuse, on y distingue des débris calcaires particulièrement résistants, par exemple des fragments de fossiles, des graviers de sable quartzeux et des morceaux de silex divers. Mais nulle part, au contact de la roche sous-jacente, on n'observe la formation d’une argile plus ou moins analogue à l'argile à silex. Les érosions dues à l’action des vagues sont très intéressantes à observer sur la côte au Nord de la conche de Pontaillac : les bancs de craie y sont criblés de ces curieuses cavités connues sous le nom de « marmites de géants » ; on en observe de toutes les tailles depuis quelques centimètres de diamètre jusqu'à un mètre et plus et à mer basse on voit au fond de chacune d'elles le petit amas de galets qui est l'agent du creusement; il est à remarquer que ce sont de simples galets calcaires et d’une faible dureté. Plus loin, après Saint-Palais, J'ai déjà signalé un autre exemple d'érosion très remarquable! : le sommet de la craie, au contact du calcaire éocène, est arasé suivant une surface tout à fait plane: c'est vraisemblablement l'effet d’une érosion sous-marine sous une épaisseur d’eau assez grande. Il faut ajouter que ce n'est certai- nement pas une surface de délit ; nulle part dans les falaises les séparations des bancs crayeux ne présentent cette netteté et cette régularité. Sur une foule de points on observe très nettement l’action ordi- nare des vagues élargissant progressivement les diaclases et d'une manière plus ou moins irrégulière, mais jamais on n’ob- serve des effets comparables à ceux que présentent les rochers des Vallières; l’inténsité des actions de dissolution est ici tout à fait exceptionnelle et elle paraît bien en relation avec un dépôt d'une nature exceptionnelle et localisé en ce point, je veux par- ler des sables et argiles blanches kaoliniques dont j'ai déjà entre- tenu la Société; elles remplissent ici une grande cavité en enton- noir creusée dans la craie et que les vagues n’ont encore que par- tiellement déblayée. Sur les parois les actions de dissolution de la craie sont mises en évidence par la présence de fossiles silici- fiés, isolés dans l'argile, et à la partie supérieure on observe les lambeaux presque continus d’une couche de grès tertiaire à ciment sihiceux, tandis que dans ce grès lui-même des diaclases présentent des enduits porcelanés de silice rappelant les dépôts geysériens. Je ne reviendrai pas sur la question de l’origine de ces dépôts, 1. Henri Douvirzé. Limite du Crétacé et de l'Éocène dans l'Aquitaine, B.S.G.F. [4], VE, p. 43, 1906. 4910 CRAIE ET TERTIAIRE DE ROYAN 53 j'insisterai seulement sur ce fait qu'ils sont étroitement localisés et en outre qu'ils sont accompagnés de phénomènes de dissolution exceptionnels et de formation d'argile à silex. CARACTÈRES DE LA FAUNE FOSSILE. — Les caractères paléontolo- giques restent à peu près les mêmes dans toute l'étendue de ces couches : celui qui frappe le plus tout d’abord c’est la présence de grands bancs très réguliers d’Ostrea (Pycnodonta) vesicularis que l'on peut suivre sur de grandes distances. On observe en outre quelques Echinides, principalement aux environs mêmes de Royan et de Saint-Georges, et des Rudistes en individus isolés. Ceux-ci présentent des formes très particulières, ou bien ils ont une base très élargie qui leur permet de rester dressés, c'est le cas du Lapeirousia crateriformis pes Mourixs, ou bien ils sont couchés sur le côté antérieur comme les Præradiolites Hœninghausi Des Mourixs, Bournonia Bournoni nes Mouus, B. royanus D'OrB. etc. Le plan de la commissure n'est alors ni horizontal comme dans les « pleuroconques », ni vertical comme dans les « orthoconques », il est oblique, de là le nom de « plagioconques » que j'ai proposé dans une note précédente, pour les Rudistes vivant couchés sur le fond de la mer; il repré- sente en réalité une adaptation à des conditions de vie spéciale : ce sont des Rudistes vivant sur un fonds vaseux et dans des eaux tranquilles, par suite à une assez grande profondeur, tandis que les Rudistes primitifs étaient essentiellement des animaux litto- raux et vivant dans les eaux agitées; c’est cette agitation qui a été précisément la cause de leur fixation, point de départ du groupe lui-même. La présence de ces Rudistes pleuroconques, de même que celle des grands bancs de Pycnodontes, montre que la craie de Royan nest pas une formation littorale mais s’est déposée à une pro- fondeur assez grande, profondeur que l’on peut évaluer au moins à une centaine de mètres ; on sait que sur nos côtes, au large d’Ar- cachon, Pycnodonta cochlear Por, très voisin de l'espèce crétacée, est abondante par 65 brasses de profondeur, soit 120 mètres envi- ron tandis qu'elle se trouve au-dessous de 200 mètres sur les côtes de Banyuls. Un autre caractère qui vient confirmer ces conclusions c'est la rareté des Gastéropodes représentés seule- ment par de rares lusus de grande taille (F. Espaillaci) rappe- lant les Fulqur, et par quelques Pleurotomaria. À côté des grands fossiles que nous venons de signaler, il en 1. Henri Douvisré. Classification des Radiolites, B. S. G. F. [4], II, 1902, p. 461. 54 HENRI DOUVILLÉ 7 Fév: est d’autres de plus petite taille mais dont l'importance est con- sidérable, et qui constituent la véritable caractéristique de ce dépôt. Ce sont d'abord les Bryozoaires qui présentent une abon- dance extrême dans les couches les plus élevées; d'Orbigny y signale 19 espèces, notre confrère M. Canu en a recueilli 27 en 1900, dans une seule excursion dans les couches supérieures de Foncillon et ce nombre doit être porté à une soixantaine ainsi qu'il résulte de l'étude ci-après que notre confrère a bien voulu nous communiquer. Or on sait que cette abondance de Bryo- zoaires a été signalée vers 60 m. de profondeur sur les côtes de Banyuls, et de 60 à 80 m. au large de Marseille. Ajoutons enfin un dernier élément représenté par les Forami- nifères, et dont l'apparition à Talmont détermine la limite infé- rieure du Dordonien. Les formes les plus abondantes et les plus connues sont les Orbitoïdes et en particuliér O. media D'Ors. signalée depuis longtemps par d'Orbigny; elle est caractérisée par les côtes rayonnantes plus ou moins discontinues qui ornent sa surface; c'est sous cette formef que se présentent d'abord les « piliers » si caractéristiques dans toute la famille des Orbi- toïdés ; ils s’arrondissent du reste très vite et l'espèce précédente s'associe alors à l'O. apiculata, où les piliers ont pris leur forme arrondie ordinaire. Un examen attentif m'a montré que deux autres formes de Foraminifères accompagnaient d’une manière constante Îles espèces précédentes; elles sont seulement beaucoup plus petites, ce qui explique qu'elles ne semblent pas avoir été signalées jus- qu'à présent. C'est d’abord un Foraminifère de forme nummuli- toïde voisin de certaines variétés du Siderolites denticulatus Dou- vILLÉ de la craie de Maëstricht, dont le contour est simplement ondulé?. Il se rapproche encore plus du Siderolites Vidali Dou- VILLÉ; comme ce dernier il est mamillé, granuleux au centre et présente des côtes infléchies en arrière ; mais sa taille est beau- coup plus petite et son diamètre n'est que de 2 mm. tandis que l’espèce espagnole atteint 5 mm. 7; on pourrait considérer l'espèce de Royan comme une race minor. Une troisième forme m'a paru constituer un genre nouveau : c'est une espèce très singulière qui est convexo-concave et qui au premier abord ressemble tout à fait à une petite Orbitolina de 1. Ilest curieux de retrouver dans la craie supérieure de l'Inde une forme à côtes rayonnantes encore plus nettement caractérisées ; elle a été décrite et figu- rée par M. VrepexsurG (Records geol. Surv. of India, vol. XXX VI, part. 3. 1908) sous le nom de O. media n'Ors., var. fenuistriala (p. 198, pl. xxv). 2 NBA AGEN) VIe pl vin fie 61e LEE e (Sy < 1910 CRAIE ET TERTIAIRE DE ROYAN HE 2 à 3 mm. de diamètre. Le côté convexe (fig. 1 D) présente de fines lignes d’accroissement concentriques ; du côté opposé on distingue sur tout le pourtour une sorte de limbe venant entourer la par- tie centrale concave. Sur ce limbe lui-même on observe un léger sillon annulaire plus rapproché du côté interne et qui paraît formé par une succession de dépressions punctiformes, d'où partent des sillons rayonnants. FiG. 1. — Pseudorbilolina Marthæ. — A, échantillon type de l'espèce vu sur la face inférieure ; B et C deux autres échantillons vus du même côté; D vue de la face supérieure d'un quatrième échantillon. — Gr. 10 fois env. Localité : Vallières, Examinée au microscope la surface externe (fig. 2) présente un très fin réseau dont les mailles ont environ 30 y de largeur, c’est donc un Foraminifère à test réticulé ou alvéolé, ce caractère le Fic. 2. — Pseudorbitolina Marthæ, détail de la surface. — Gr. 40 fois env. rapprocherait encore des Orbitolines, mais la structure interne est bien différente : les sections sont assez délicates à exécuter, le test étant crayeux et peu résistant; elles montrent d'abord que le test est sableux et formé par la réunion de très petits 56 HENRI DOUVILLÉ TOFÉve grains calcaires; au sillon circulaire du limbe correspond un canal annulaire qui devait communiquer avec l’extérieur par les dépressions punctiformes que j'ai signalées. De ce canal prin- cipal partent des canaux secondaires rayonnants qui s’élargissent Fi, 3. — Pseudorbitolina Marlthæ. Coupe axiale, montrant les canaux annulaires, les canaux rayonnants et les trabécules de la surface externe. — Gr. 27 fois. en se rapprochant de la surface externe; à leur extrémité ils sont complètement fermés par la lame réticulée qui forme la surface externe. Les sections perpendiculaires à l’axe montrent que ces canaux se bifurquent probablement à plusieurs reprises en s’éloi- gnant du point de départ. Ce sont ces canaux tubulaires qui pro- duisent les sillons rayonnants de la partie externe du limbe. Les canaux principaux se succèdent régulièrement depuis la périphérie jusqu'au sommet de la coquille ; chacun d'eux corres- pond à une couche de canaux rayonnants ; cette disposition est bien visible sur les coupes parallèles à l'axe (fig. 4). F1G. 4. — Pseudorbilolina Marthæ. Coupe parallèle à l'axe, montrant les couches successives des canaux rayonnants. Les canaux rayonnants des couches successives ne semblent pas communiquer entre eux ; les communications s'effectuent sim- plement entre les grands canaux par la rangée d'ouvertures cor- respondant au sillon circulaire du limbe. Je désignerai ce Foraminifère sous le nom de Pseudorbitolina Marthæ; n. gen.etn. sp. Les affinités de cette forme singulière sont assez difficiles à éta- blir ; la rangée unique d'ouvertures indique qu’elle doit être rat- tachée aux Orbitolites du type simple, la partie essentielle de la coquille est constituée par l'ensemble des canaux principaux et comme ceux-ci ne sont pas subdivisés par des cloisons transver- sales, 1l faudrait rapprocher cette forme des Cyclolina du Céno- manien; mais elle en différerait par le développement tout à fait anormal de la couche superficielle alvéolaire se transformant en 1910 CRAIE ET TERTIAIRE DE ROYAN 57 une série de canaux tubulaires rayonnants. Ce serait sur une échelle beaucoup plus grande quelque chose d’analogue aux couches superficielles des Marginopora. En outre toute la coquille a pris une forme dissymétrique, la couche principale est devenue conique et les couches superficielles ne se sont développées que du cotérexterne: On peut alors définir de la manière suivante le nouveau genre : Pseudorbitolina, n. gen. Coquille convexo-concave, constituée par un test sableux, finement réticulé sur la face supérieure qui est ornée de fines lignes d’accrois- sement ; la face inférieure présente sur son pourtour un limbe annu- laire avec une seule rangée d'ouvertures correspondant à un canal principal annulaire; des canaux analogues se succèdent régulièrement jusqu’au sommet. Entre ces canaux et la surface externe se développent tout un système de canaux rayonnants tubulaires, disposés en couches successives correspondant aux bandes d’accroissement. Espèce type : Ps. Marthæ, n. sp. du Dordonien de Royan (Tal- mont, Suzac, les Vallières, Saint-Sordolin). Ce genre se distingue d'Orbitolina par son limbe présentant une seule rangée d'ouvertures dans un sillon circulaire, tandis que dans Orbitolina, le limbe fait défaut et les ouvertures sont dispo- sées suivant des rayons de la base. En résumé on voit que la craie de Royan est nettement carac- térisée par ses Foraminifères, par l'abondance de ses Bryozoaires, par ses bancs de Pycnodonta vesicularis Lamk., par la rareté des Gastropodes et par ses Rudistes plagioconques. Ces couches se sont déposées à une profondeur moyenne d’une centaine de mètres ; les couches supérieures à Bryozoaires pouvant correspondre à 70 mètres, tandis que les couches les plus inférieures doivent des- cendre jusqu'à 150 ou 200 mètres; c’est la profondeur qui corres- pond à ce qu’on peut appeler la zone supérieure des Pycnodontes. Elle se distingue assez facilement de la zone littorale proprement dite ou zone des Alques, dans laquelle abondent les Gastropodes et où se développent les Huitres du genre Osfrea proprement dit (groupe de l’O. edulis). Il faut ajouter que le dépôt de la craie de Royan est immédia- tement précédé par celui de la craie à Micraster, Ananchytes et Spongiaires siliceux qui affleure à Talmont même, au Caillau. D'après ce que nous venons de voir il semble que ce faciès, qui est le faciès ordinaire de la craie blanche, correspond simplement à des profondeurs dépassant 200 mètres. 5e HENRI DOUVILLÉ FH) RENE IT. TERTIAIRE DE SAINT-PALAIS. Malgré les travaux importants dont il a été l'oblet. l’Âge de ce O . . J } Oo dépôt est resté encore un peu incertain. M. Vasseur, dans sonimportant mémoire de 1884! arésumé tous les travaux de ses devanciers et fait voir combien les opinions avaient varié sur l’âge de cette formation, depuis celle de d'Or- bignv et de Delbos qui la rapprochent des couches du Phare de Biarritz Jusqu'à Raulin qui la met sur le niveau des sables du Soissonnais. M. Vasseur parallélise très justement ces couches avec le calcaire d’Arthon, mais il les place au-dessous des calcaires de Blaye, ce qui est beaucoup plus contestable. Les cinq espèces de Mollusques qu'il signale dans ces couches se trouvent soit dans le Calcaire grossier, soit dans le Calcaire grossier et les Sables moyens, soit à Arthon; ils sont en tout cas trop peu nombreux pour appuyer une conclusion quelconque. Les Echinides étudiés par Cotteau jouent un rôle plus important. Si on combine l'étude publiée par cet auteur à la suite de la note de M. Vasseur, et celle qu'il à faite plus tard? des Échinides éocènes de la Loire-infé- rieure, on voit qu'il a reconnu dans les calcaires de Saint-Palais 21 espèces dont 13 sont spéciales à ce gisement et 8 se retrouvent dans d’autres localités ; 5 de celles-ci ont été reconnues à Arthon, une dans l'Éocène de l'Ariège, une à la Gourèpe et une dans les calcaires de Saint-Estèphe. C'est en somme avec les calcaires d’Arthon que les analogies sont les plus marquées comme l'avait bien indiqué M. Vasseur. Les Foraminifères viennent confirmer cette manière de voir. Les Nummulites planulatus et Alveolina oblonga se trouvent bien à la base du dépôt du côté du Bureau, mais M. Vasseur a montré très justement que ces fossiles se trouvent dans des frag- ments incontestablement remaniés d’un calcaire gréseux verdâtre ; ils indiquent donc seulement que les calcaires en question sont postérieurs à l’Yprésien. Dans le calcaire lui-même et bien en place, M. Vasseur cite Orbitolites complanatus, Alveolina et des Miliolites ; dans une note précédente, j'ai signalé en outre une Lituola que j'ai décrite un peu après # en collaboration avec Schlumberger sous le nom de 1. Vasseur. Sur le terrain tertiaire de Saint-Palais près Royan (Ch.-Inf.). Ann. Sc. géol.,t. XVI, 1884. 2. Vasseur. Bull. Soc. sc. nal. de l'Ouest de la France, t. 1, 1891. 3. H. Douvirté. Éocène de Royan, B. S.G.F. [4], I, 1901, p. 627. 4. H. Douvizzé et ScHLUMBERGER. Sur deux Foraminifères éocènes, B. S. G. F. [4], 1905, p. 291. 1910 CRAIE ET TERTIAIRE DE ROYAN 59 Lituonella Roberti; c'est de beaucoup le fossile le plus abondant et le plus caractéristique, or il se retrouve dans la plupart des gisements de la basse Loire, Arthon, Coislin, Saint-Gildas-des- Bois, avec Orbitolites complanatus et Alveolina elongata. C'est donc toujours avec le gisement d’Arthon que les analogies fau- niques sont les plus marquées. Or dès 1898 M. G. F. Dollfus?, rendant compte du fascicule nt des « Mollusques éocéniques de la Loire-Inférieure » de M. M. Cossmann, arrivait à la conclusion que cette formation devait être remonté jusque dans l’Hocène supérieur, dans le Bartonien. Plus récemment M. Boussac faisait voir que cette faune se retrou- vait en Angleterre au niveau du Bartonien inférieur, à Numm. variolarius LAMK., qui est devenu l’Auversien, et au-dessous du Bartonien proprement dit à Numm. wemmelensis DE LA Harpe et V.pEn Broecx. C’est donc dans l’Auversien également qu'il faudra placer le calcaire de Saint-Palais, c’est-à-dire au-dessus du cal- caire de Blaye et ainsi s’expliquerait naturellement les différences si marquées qu'on observe entre la faune échinologique des deux gisements. J'ai pu d’ailleurs obtenir une vérification directe de cette manière de voir : dans un échantillon du calcaire de Saint-Es- tèphe de Poyanne®, recueilli par le capitaine Croizier et qui m'a été obligeamment communiqué par M. Fallot, j'ai retrouvé Lituo- nella Roberti associé à de grands exemplaires d'Orbitolites com- planatus tout à fait analogues à ceux de Saint-Palais. Dans ma note citée plus haut de 1901, j'avais montré que le dépôt de Saint-Palais avait été moins isolé qu'il ne semblait et qu'on retrouvait en débris à la surface du sol des silex avec Alvéo- 1. J'ai recueilli à Saint-Palais une variété de cette espèce qui se distingue par sa forme conique surbaissée et par le peu de développement de la partie spiralée ; elle forme un passage à Chapmannia qassinensis Sizv., toujours beaucoup plus petite (1 mm. 5 au lieu de 5 mm.) et à spirale encore moins marquée. L'analogie de ces deux formes avec Dictyoconus BLANCKENHORN ne parait pas douteuse, bien que cette dernière forme ait seule le test réliculé : cette expression ne doit s’ap- pliquer en effet que dans le cas où la couche superticielle présente un réseau très fin subdivisant le toit des logettes comme dans Orbilolina; ce réseau est très visible sur la figure (pl. 1x, fig. 5) que nous avons donnée du Dictyoconus, en la regardant à la loupe. Rien d'analogue ne paraît s'observer ni sur Lituo- nella, ni sur Chapmannia. Malgré ‘cette diffirence de détail ces trois genres constituent un groupe bien caractérisé qui dérive de Lituola. Il est donc bien différent d'Orbitolina et de Pseudorbilolina qui se rattachent à Orbitolites. La structure est en effet très différente et l'analogie des formes extérieures provient de l'adaptation à un même genre de vie. 2. G. F. Dozrrus. Journ. Conch., XLVI, p. 328. 3. Cette localité se trouve sur la rive droite de la Gironde à peu près à moitié chemin entre Blaye et Bourg, immédiatement au Sud de Marmisson, de Roque-de- Tau et de Villeneuve, localités signalées par M. Linder dans sa note sur les terrains tertiaires du Médoc et du Blayais (CR. Soc. linn. de Bordeaux, 6 et 23 août 1873). 60 HENRI DOUVILLÉ 7 Fév. lines, Orbitolites, Nummulites et Miliolites, qui témoignaient de l'existence dans cette région d'anciennes couches tertiaires aujourd'hui disparues. Les principaux types étaient les silex à Numm. planulatus et Alveolina oblonga provenant de couches yprésiennes, et ceux à Orbitolites complanatus, Alveolina elon- gata et Miliolites à rapprocher des couches de Saint-Palais et peut-être aussi partiellement de celles de Blaye. On rencontre avec ces silex des grès à ciment siliceux représentant les sables grossiers qui, à Saint-Palais, recouvrent les calcaires. J'ai déjà dit qu'un lambeau très important de ces grès se trouvait conservé à la partie supérieure de la grande poche de sables kaoliniques que l’on observe dans la falaise, au Nord du phare de Saint- Georges. Dans ces grès on observe quelques rares fossiles, une Osfrea du groupe de O. flabellula Lauk. et des Nummulites radiées. J'avais tout d’abord désigné cette dernière espèce sous le nom de N. Ramondi (auct.) et j'indiquais en note que la vraie N. Ramondi de Defrance était probablement différente. Grâce à la complai- sance du savant professeur de Caen, notre confrère M. Bigot, j'ai pu en effet examiner le type de cette espèce provenant du Mont- Perdu et J'ai reconnu son identité avec Assilina Leymeriei p'Arcuiac et Haine; le nom de Defrance très insuffisamment défini devait donc être abandonné. Dans ma deuxième note j'ai alors donné à l'espèce des grès des Vallières le nom de N. biarritzensis b'ARCHIAC, d’après de la Harpe, mais ce nom ne peut davantage être conservé. En effet N. biarritzensis ou plus exactement N. biaritzana a été praposé par d’Archiac en 1837 pour des échantillons ayant 6 mm. de diamètre et constituant par leur accumulation des lits subordonnés aux calcaires marneux des falaises de Biarritz. C'est donc en réalité une des espèces du niveau supérieur et elle a bien été comprise ainsi par les auteurs anciens, notamment par Delbos et Kœchlin-Schlumberger. D'Archiac lui-même dans sa coupe de Biarritz ne la signale que dans les couches du Phare. En 1846, le même auteur dit encore que c’est une des espèces les plus répandues dans les falaises de Biarritz mais il ajoute que N. alacicus LEYMERIE ne parait pas différente, et 1l la signale aux environs de Bayonne dans le Lutétien, comme il l’avait déjà signalée au Marboré. La confusion est dès lors complètement éta- blie : d'Archiac la cite en 1850 à la Fontaine de la Médaille, à Bos d’Arros, etc., en même temps que dans les couches supérieures de Biarritz. De la Harpe (1879-1881) cherche à débrouiller ce chaos : les Nummulites radiées des niveaux supérieurs deviennent 1910 CRAIE ET TERTIAIRE DE ROYAN 61 les AN. Bouillei-Tournoueri et vascus-Boucheri; celles des niveaux moyens sont rapprochées de N. contortus-striatus, tan- dis que N. hiarrilzensis-Guettardi caractérise le niveau inférieur à la Gourèpe et à Handia, où elle est du reste peu commune. Or, cette interprétation est certainement en opposition avec la pre- mière définition de d'Archiac et elle doit être écartée, d'autant plus que le nom de afacicus LEYMERIE s'applique sans doute possible à l'espèce du Lutétien. Le nom de hiarritzensis très insuffisamment défini et mal compris même par son auteur, se trouve dès lors complètement évincé por un des noms que nous venons de citer, sans qu'on puisse savoir exactement par lequel. Mais quel nom fallait-il donner alors à l'espèce du grès des Vallières? J’ai cherché d'abord à me procurer un plus grand nombre d'échantillons, j'ai exploré minutieusement avec un aide dévoué, tous les blocs accessibles dans la falaise et j'ai pu réunir ansi une douzaine d'échantillons. Je les ai ensuite examinés très attentivement avec mon fils qui avait de son côté fait une étude spéciale des Nummulites des niveaux supérieurs de l'Italie ; il nous a été facile de reconnaître que par la raideur de ses filets cette espèce se rapprochait de N. contortus, mais elle est plus petite, plus plate et à spire plus lâche et elle se rapproche tout à fait de N. miocontortus fréquente à Biarritz, à l'Atalaye c’est-à- dire à la base de l'Oligocène. Sans faire remonter jusque là les grès de Vallières, c'est néanmoins une indication que les couches et par suite les sables supérieurs de Saint-Palais appartiendraient à un niveau relativement élevé, au sommet de l’Eocène par exemple, ce qui concorde bien avec l’âge auversien des calcaires sous-jacents. [ls représenteraient l'équivalent marin de la mol- lasse du Fronsadais. J'ai été conduit plus haut à à rapprocher les calcaires de Saint- Palais du calcaire de Saint- -Estèphe et Je dois rappeler que N. intermedius a été signalé à ce niveau ; je n’ai malheureusement pas pu vérifier le Fin On sait que partout en France on constate une invasion de la mer; c’est-à-dire un affaissement du sol au commencement de l’Auversien, c'est à ce moment que l’on observe à Biarritz les dépôts les plus profonds à Pentacrines et à Éponges siliceuses. Cette invasion de la mer expliquerait les actions d'érosion et de remaniement observées à la base des couches de Saint-Palais. F. CANU TARN: eî to III. — Liste DES BRYOZOAIRES DE LA CRAIE DE Royan PAR EF. Canu. Cette liste a été dressée d’après : 1° Les originaux des figures de d'Orbigny provenant de Royan même; 2% les échantillons des collections de l'Ecole des Mines; 3° les spécimens recueillis par M. Canu en 1900 et faisant partie de sa collection. Le nombre des espèces absolument certaines est donc ainsi de 60. Cette liste pourrait être d’ailleurs augmentée d’après : 1° les spéci- mens cités par d'Orbigny comme venant de Royan, mais seulement après une vérification rigoureuse; ce sont surtout des espèces cosmo- polites; 2° par la description des espèces nouvelles recueillies par M. Canu. Les comparaisons entre étages ont été faites d’après les spécimens, d’une très belle collection des Charentes communiquée très obligeam- ment par M. de A. Grossouvre. Les citations de localités faites par d'Orbigny ou indiquées dans sa collection auraient besoin d'une vérification rigoureuse. MEMBRANIPORIDÆ Membranipora prolifica »'Ors. (sub Biflustra). Pal. fr. ter. crétacé (— lacrymopora »'Ors.). Coniacien et Santonien des Charentes. — girondina »'Ors. (sub Biflustra), loc. cit. — rustica D'Or8. loc. cit. Campanien des Charentes. — regularis D'Ors. (sub Biflustra), loc. cit. Rare, Camp. et Sant. des Charentes. — royana D'Or. (sub Biflustra), loc. cit. Commun dans le Campanien des Charentes. — argus »'Onrs. (sub. Biflustra), loc. cit. Rare dans le Camp. du Bassin de Paris et des Charentes. — polymorpha D'Ors. (= Flustrella polymorpha »'Ors., F1. reqularis D'Or8., Fl. irregqularis n'Onrs.), loc. cit. Com- mun dans le Campanien du Bassin de Paris et des Cha- rentes. ONYCHOCELLIDÆ Onychocella santonensis »'Or8. (sub Eschara), loc. cit. Commun dans le Santonien et le Campanien des Charentes. — piriformis Goipr.,Petref. Germ. Très rare dans le Campanien de Suède, des Charentes, Maëstrichtien du Limbourg, du Cotentin. — Chloris »'Ors. (sub Eschara), loc. cit. Rare. — royana D'Org (sub Vincularia), loc. cit. (l'original de d'Orbi- gny est usé). Membranicellaria Calypso »’Ors. (sub ÆEschara), loc. cit. (c’est probable- ment Eschara Ellisi HAc.). Très rare, Campanien des Cha- rentes. Escharipora Circe »'Ors. loc. cit. 1910 BRYOZOAIRES DE ROYAN 63 Escharipora rhomboidalis n'Ors., loc. cit. Smiltipora procera HaGEenow (sub Vincularia. Bryoz. d. Maest. Kreidehild.) Très rare, Maëstrichtien du Limbourg. OPEsIULIDÆ Gargantua hippocrepis Gorbr. (Petref. Germ.). Très rare, Coniacien du Bassin de Paris; Santonien du Bassin de Paris, des Cha- rentes; Campanien de Rugen, de Suède, du Bassin de Paris, des Charentes; Maëstrichtien du Limbourg : Danien de Faxoe. — Urania »'Ors. (sub Cellepora), loc. cit. Très rare, Campanien des Charentes. Rhagasosloma Camilla »'Ors. (sub Eschara), loc. cit. Le type parait usé. — Aglaia D'Or. (sub Eschara), loc. cit. (Alcyone). — Callirhoe »'Or8. (sub Eschara), loc. cit. Maëstrichtien de Sainte-Colombe (Manche). — Charonia D'Or8. (sub Eschara), loc. cit. Rare, Campanien des Charentes. — Cepha D'Ors. (sub Eschara), loc. cit. Très rare, Campanien des Charentes. — girondica »'Ors. (sub Eschara), loc. cit. C’est très proba- blement ÆEsch. Nysti Hac. Commun, Campanien des Charentes. — Delarueana »'Or8. (sub Eschara), loc. cit. Commun, Campa- nien des Charentes, CosTuLinx Cribrilina pupoides »'Ors. (sub Reptescharella), non HaGEex. Campanien des Charentes, — Neptuni »'Ors. (sub Escharipora), loc. cit. — Arge D'Ors. (sub Escharella), loc. cit. — ovalis »'Ors. (sub Semiescharipora), loc. cit. Steginopora rustica »'Ors. (sub Reptescharipora), loc. cit. Porinin# Acropora filiformis »'Ors. (sub Porina), loc. cit. Commun, Campanien de Rugen, du Bassin de Paris, du Danien de Faxoe. Porina Ehrenbergi HAGenow in Geinitz (Grundriss der Verst. Kunde). Très commun, Campanien de Rugen et du Bassin de Paris. — filograna Gozpr. (sub Eschara), Petref. Germ. Commun, Campanien de Rugen, de la Suède, du Bassin de Paris, des Charentes; Maëstrichtien du Limbourg : ; Danien de Belgique. DrAsSTOPORIDÆ Rides onor royana »'OrB. Pal. fr. crassa D'OrB. Pal. fr. Mesenteripora laxipora »'Ors8. Pal. fr, Entalophora pustulosa D’'Ors. Pal. fr. Très commun, Campanien des Cha- rentes. — triangularis D'Or8. (sub Bidiastopora). Pal, fr. Très rare. ep) Æ F. CANU 7 Fév. Spiropora verticillata Goinr. (Sub Cériopora), Petr. Germ. Rare du Néo- mien au Danien; Miocène d'Australie; Coniacien, Santonien, Campanien des Charentes. P£ETALOPORIDÆ Petalapora royana n'Ors. (sub Cavea). Pal. fr. Très commun, Campanien des Charentes. Sparsicavea Carantina »'Ons. Pal. fr. Commun, Turonien des Charentes et du Bassin de Paris, Coniacien, Santonien du Bassin de Paris et d'Angleterre. Danien de Faxoe. — dichotoma Gorpr. (sub Ceriopora), Petref. Germ. Très rare ; Campanien de Suède, de Rugen; Maëstrichtien du Limbourg, de Sainte-Colombe (Manche). CLAuUsIDÆ Clausa obliqua »'Ors. Pal. fr. Spiroclausa spiralis Gorpr. (sub Ceriopora), Petref. Germ. Très rare; Campanien des Charentes, Maëstrichtien du Limbourg et de Sainte-Colombe. InMONEID# Reticulipora girondina n'Or8. Pal. fr. Rare. Bicrisina cultrata »'Ors. Pal. fr. Rare. Idmonea ramosa »'Ors. Pal. fr. Rare, Maëstrichtien du Limbourg et de Sainte-Colombe. — cf. normaniana D'Ors. (sub Crisisina), Pal. fr. Rare, Coniacien du Bassin de Paris, Maëstrichtien de Sainte-Colombe. Tubigera disticha Gorvr. (sub Retepora), Petref. Germ.; D'Or. Pal. fr. Rare, Coniacien et Santonien du Bassin de Paris ; Campanien de Rugen et du Bassin de Paris ; Maëstrichtien du Limbourg, Danien de Faxoe. HorNERIDÆ Hemicellaria royana D'Ors. (sub Reteporidea), Pal. fr. Commun, Campa- nien du Bassin de Paris et des Charentes ; Maëstrichtien de Maurens (Dordogne). — ramosa D'Or8. (sub Releporidea), Pal. fr. Rare, Campanien des Charentes. Sulcocava lacryma n'Ors. Pal. fr. Espèce douteuse. TasoNoïipÆ Actinopora dislicha HaGexow (sub Defranceia), Bryoz. Maëst. Kr. Très rare; Coniacien du Bassin de Paris et d'Angleterre; Santo- nien du Bassin de Paris et des Charentes: Campanien du bassin de Paris, d'Angleterre et de Suède; Maëstrichtien du Limbourg ; Danien de Suède. Multitubigera gregaria v'Ors. Pal. fr. 1910 BRYOZOAIRES DE ROYAN 65 FASCIGERIDÆ Plethopora ramulosa »'Or8. Pal. fr. Rare, très commun dans le Campa- nien des Charentes. Osculipora truncala Gorpr. (sub Relepora), Petref. Germ. Rare, Coniacien d'Allemagne, Campanien de Suède, Maëstrichtien du Lim- bourg, Danien de Faxoe. Homæsolen gracilis n'Ors8. (sub Truncatula). Pal. fr. Rare, Santonien et Campanien du Bassin de Paris; Camp. de Rugen. — ramulosus Lonsbaze in Dixon Geol. Sussex. Rare, Turonien. Coniacien et Santonien de France et d'Angleterre; Campanien du Bassin de Paris, d'Angleterre, de Rugen et des Charentes ; Maëstrichtien de Sainte-Colombe. GALEIDÆ Lichenopora elalior n'Or8. Pal. fr. Très rare, Coniacien du Bassin de Paris; Santonien des Charentes; Maëstrichtien du Limbourg. Multicavea magnifica »'Or8. Pal. fr. Très rare, très commun dans le Campanien des Charentes. Multicrescis tubulosa D'Or8.(sub Semicrescis). Pal. fr. Rare, Coniacien des Charentes; Santonien du Bassin de Paris; Campanien des Charentes. ELribx Melicertites royana Warers, Ann. Mag. nat. Hist. A8M (d'Orbigny a con- fondu cette espèce avec Mel. magnifica); Commun ; très com- mun dans le Campanien des Charentes. Affinités. — La faune maëstrichtienne de Royan continue la faune campanienne des Charentes, dont elle contient 27 espèces sur 60. Considérant que 8 autres espèces se retrouvent dans le Campanien septentrional, elle contient donc au moins 60 °/, du nombre des espèces de l'étage immédiatement inférieur. Avec le Santonien des Charentes les affinités sont plus éloignées, car 6 espèces seulement sont communes aux deux étages. Avec le Coniacien des Charentes il n’y a plus que trois espèces communes, D'après ces chiffres, il est facile de constater la différence considé- rable de faune qui existe entre l'Emschérien et l'Aturien. Si nous comparons maintenant la faune de Royan avec celle du Maëstrichtien et du Danien des régions seplentrionales, nous consta- tons 20 espèces communes, malgré l'éloignement des mers et le peu de communications qu'elles avaient entre elles. Cette considération et les différences observées avec le Campanien même des Charentes jus- üfient donc pleinement le classement de la localité de Royan dans le Maëstrichtien. 13 mai 1910 Bull, Soc. géol. Fr. X. — 5. CONCLUSIONS D'UNE ÉTUDE SUR L'OLIGOCÈNE DES APENNINS DE LA LIGURIE par Gaetano Rovereto:. On a traité plusieurs fois, dans ce Bulletin, de l'Oligocène de la Ligurieet du Piémont ; je crois donc opportun d'indiquer briève- ment les conclusions auxquelles je suis arrivé en étudiant l'Oli- gocène sur les deux versants des Apennins de la Ligurie. Parmi les faits acquis, le plus important est d’avoir pu établir que, dans la Ligurie, la faune à Nummulites finit presque avec le Sannoisien, et que les couches supérieures, tout en restant ton- griennes, à Lépidocyclines et avec très peu de Nummulites, appartiennent au Stampien. Les gisements à seules Lépidocyclines du château de Miogla et ceux de Varazze donnent la preuve stratigraphique de ce fait, parce qu'ils sont placés au sommet de la série sannoisienne ; le gisement de Millesimo en donne la preuve paléontologique, parce qu'il est riche, non seulement en Lépidocyclines, mais encore en Mollusques, en Bryozoaires, en Echinodermes ; et ces espèces exeluent l'Aquitanien dont on pourrait, par l'absence de Nummu- lites, supposer la présence. Il s'ensuit que partout où l’on a recueilli des Lépidocyelines, j'ai constaté le Stampien; à la Morera près de Ponzone, à Carapezzo près de Dego, et dans les endroits cités plus haut ; et nulle part je n’ai trouvé un fait stratigraphique et paléontologique qui soit contraire à cette conclusion. A Millesimo et à Ponzone, j'ai en outre obtenu la preuve que le Stampien existe sous deux faciès : l'un arénacé littoral, l’autre marneux côtier, et ceci, non seulement à cause des inter- calations dont on a des exemples à Millesimo, mais aussi parce que les marnes sont placées entre les grès apparemment inférieurs et l'Aquitanien supérieur. Jusqu'ici le Stampien indiqué par les auteurs ne comprenait que des couches de faciès marneux?, les- quelles sont stampiennes en partie seulement et dans certaines localités, car Cassinelle donne la preuve paléontologique que toutes ces marnes sont sannoisiennes, tandis que Mioglia et Dego démontrent que l’on a un ensemble de marnes sannoisiennes infé- rieures au Stampien et séparées de celui-ci par un faciès arénacé stampien. En outre, à Cassinelle on a la démonstration stratigra- phique directe que les marnes sannoisiennes sont hétéropiques avec 1. Cette note a été présentée à la séance du 17 janvier 1910. 2, F. Sacco. Il bacino terziario del Piemonte. Torino, 1892. 4910 OLIGOCÈNE DES APENNINS DE LIGURIE 67 les couches arénacées, et cela par le mode de substitution latérale de deux faciès. Le seul gisement stampien à faciès arénacé indiqué Jusqu'ici était celui de Costalupara près de Dego, parce qu'il contient des Lépidocyelines; maintenant je puis assurer paléontologiquement et stratigraphiquement que ce gisement, où les Lépidocyclines sont jointes aux Nummulites, est sannoisien ; par conséquent les Lépidocyclines apparaissent pour la première fois dans le Sannot- sien. En effet j'ai retrouvé les Lépidocyclines même dans les couches de base sûrement sannoisiennes de Spigno, de Mioglia et de Sassello ; dans cette dernière localité, les couches à Lépidocy- clines et Nummulites sont remplacées latéralement par des couches à Nummulites seulement. Il fallait aussi déterminer chronologiquement la base de l'Ol- gocène : c'est ce que J'ai fait en corroborant l'étude de la série de Cassinelle avec celle du bassin de Santa Giustina. A Santa Gius- tina il existe dans les couches les plus profondes une faune de Potfa- mides, ayant un caractère néogénique; cette faune exclut tout niveau supérieur de l'Éocène et notamment le Sestien déjà indi- qué'; à Cassinelle la même faune est remplacée latéralement par des bancs à Nummulites, dans lesquels se trouvent les espèces oli- gocènesles plus caractéristiques, mêlées à quelques espèces éocènes, et de là la démonstration que les couches de base, avec le caractère ancien de leurs Nummulites et le caractère récent de leurs Pota- mides, sont décidément sannoisiennes. Je n'ai trouvé nulle part trace du Bartonien, que d’autres ont déjà indiqué en se basant sur la présence de Nummulites éocènes. À part de très rares exceptions, les fossiles cités jusqu'ici par les auteurs comme provenant de Carcare, Dego, Spigno, Squaneto, Reboaro, Pareto, Giusvalla, Mioglia, Sassello, Cassinelle, Belforte, Tagliolo, Mornese, Grognardo, appartiennent au Sannoisien ; par contre ceux de Millesimo et les autres localités à l'Ouest de ce village, sont stampiens, et ceux de Santa Giustina sont les uns stampiens, les autres sannoisiens. D'après de nouvelles observations, et ayant établi que les marnes et les sables entre Cosseria et Millesimo appartiennent au Stampien, il résulte que la vaste étendue arénacée à rares Lépi- docyelines qui couvre le sommet des montagnes entre Millesimo, Cengio et Cairo Montenotte, jusqu'ici rapportée au Tongrien, est aquitanienne, comme aussi celle qui est au Sud de Roccavignale et qui offre un faciès de dune. l.6F.Sicco. B. Si G:F., (3), XVII, 1888, p. 218: GS G. ROVERETO 7 Fév: Les questions chronologiques se rattachant à la présence des Nummulites et des Lépidocyclines méritent d’être mentionnées spécialement. Tandis que l’Oligocène ligurien manque d'Ortho- phragmina, la plupart de ses Nummulites, que l’on trouve dans le Sannoisien, se voient dans le Wemmelien et quelques-unes aussi dans l’Auversien et le Lutécien. La N. Tchihatcheffi et la N. con- torta appartiennent au Lutécien ; la N. intermedia, bien connue, appartient à l’Auversien, la N. Fichteli, la N. vesca, la N. Bouchert, la N. Tournoueri, déterminées par Mi!° Clelia Parisch et par le docteur P. Prever, appartiennent au Wemmelien. Plus dignes de remarque sont les Lépidocyclines dont la présence a été reconnue certaine dans le Stampien et dans le Sannoisien; à celui-ci appar- tiennent : L. dilatata, L. Schlumber geri, L. Raulini, L. Morgagni, L. liofaloi, qui passent toutes dans le Stampien, et il s'y ajoute L. Mantelli, L. Shaperi, L. sumatrensis, L. himerensis, L. pla- nulata (déterminées par M. Prever). C’est, comme on voit, un ensemble très remarquable, dans lequel, à des espèces considérées comme spéciales au Miocène, s'ajoutent des espèces stampiennes et même des espèces éocènes, si l’on peut soutenir l’éocénité des formes siciliennes. On voit donc pourquoi je ne me suis pas basé exclusivement sur les Foraminifères pour fixer les assertions chronologiques, et pourquoi, au contraire, J'ai toujours cherché à associer l’étude de ces organismes inférieurs avec celle des autres fossiles, et particu- lièrement avec celle des Mollusques. Il est utile de donner ici la liste des fossiles du Stampien, déli- mité abstraction faite des faciès; cette liste n’a pas encore été dressée. Nummuliles intermedia Micurr. Lepidocyclinasumatrensis Brany. — Bouilleive LA HARPE. — himerensis Cuec- — Tournouërt DE LA CHIA. HaRPE. _ planulala Cnec- Lepidocyclina dilatata Micurr. CHIA. ne Schlumbergerti Heleroslteqina reticulata D'Ors. Leu. et Douv. Operculina complanala Basr. ee Raulint Leu. et Æchinolampas cassinellensis be Douv. Lor. Le Morgani Leu. et __ affinis AGass. Douv. — similis AGASS. ess liofaloi Cneccenia. Clypeaster pentagonalis Micurr. = Mantelli Morr. Schizaster ircinalis AGass. — Chaperi Leu. et Cypræa splendens Aucr. Douv. Conus ineditus Micurr. 1910 Volutilithes appenninica Micarr. Turritella conofasciata Sacco. — lurris BasT. Protoma excathedralis Rov. Vermetus obligotransiens Sacco. Strombus radix BRONGN. Potamides margaritaceus Br. Cerithium Iqghinai Micurr. Cassis appenninica SAcco. = Jsselr SACCO. Melongena laxecarinata Micurr. Clanculus cerberi Brocx. Solarium carocollatum Lamx. OLIGOCÈNE DES APENNINS DE LIGURIE 69 Pinna Deshayesi MAver. Modiola laurinensis var. Box. Pectunculus obliteratus Desu. Lithodomus Deshayesi Sow. Area Sostleri FA. Crassalella carcarensits Micurr. : Chama longriana Rov. Cardium peracutum Rov. Venus tongriana Rov. — Aglauræ BroNGx. Meretrix incrassala Sov. — stilpnax Rov. Lucina Rollei Micurr. Psammobia Fischeri Hire. et EN. Thracia Bellardu Picr. Pholadomya Puschi Gorpr. et var. Nerita Plutonis var. Basr. Bulla simplex Fucus Dentalium appenninicum Sacco. Oestra meridionalis Rov. = usselrt Roy. — Brongniarti Bronx. A l'Est d’Acqui, entre l'Aquitanien et le Sannoïsien, le Stampien manque; on n’en a trouvé de trace certaine ni à Belforte, ni à Tagliolo, ni à Mornese, où il y a de riches localités fossilifères. Les fossiles de Cassinelle sont indubitablement sannoisiens ; ceux de Belforte indiquent un passage à un niveau supérieur, d'où l’on pourrait supposer que la série est ici compréhensible, parce qu'il y avait eu peut-être en cet endroit une mer profonde et par conséquent une sédimentation moindre. Le Sannoisien par contre manque vers l'Ouest, à partir de la côte gauche de la vallée de la Bormida de Spigno, et ceci pourrait indiquer un retard dans l'invasion de la mer oligocène le long du versant septentrional des Alpes liguriennes. La carte ei-jointe représente approximativement l'extension du Stampien et du Sannoisien sur le territoire ligurien. Ayant fait une revision de la faune des calcaires de la vallée du Ravanasco (Acqui), et une nouvelle étude de la faune des cal- caires à Lithothamnium et des mollasses de Ponzone, et ayant aussi reconnu la position stratigraphique de ces formations, Je puis assurer qu'il est exact de rapporter, comme l’a fait de Alessan- dri, ces roches de base du Miocène à l'Aquitanien, et que dans la région d'A equi la série est complète; en commençant par le San- noisien on passe sans interruption au Stampien et à l'Aquitanien. Les principaux fossiles que J'ai recueillis dans ces calcaires sont les suivants : 50 G. ROVERETO 7 Fév. Plicalula miocenica Micurr. T'urrilella vermicularis Br. Pecten burdigalénsis Lan. Cidaris belqica Corr. Chlamys Holgeri Gen. Spalanqus corsicus AGass et Des. _ scabriuscula Mar. Serpula subanfracta Rov. — Malvinæ Dus. Lithothamnium torulosum Güns. Comme je me suis aussi occupé de la série miocène de la vallée de la Scrivia, je peux affirmer que le Langhien doit être attribué au Miocène inférieur ; c'est pourquoi on ne peut pas le considérer comme un faciès de mer profonde du Miocène moyen. Ce dernier à © Acqui © Visone sl Gragnardo = => Voltri Saliceto © FiG. 1. — Carte schématique de l'EXTENSION DE L'OLIGOCÈNE DANS LA LIGURIE occibENTALE. Le pointillé représente le Stampien, les hachures le Sannoisien. — 1/500 000. commence avec les couches helvétiennes qui en constituent le faciès littoral de base, comme les calcaires et les mollasses d'Acqui représentent le même faciès pour le Miocène inférieur. Les localités que j'ai visitées ne m'ont pas toutes fourni de fos- siles d'où l’on puisse tirer des notions stratigraphiques certaines. Il en est ainsi, parexemple, des environs de Bagnasco et du bas- sin de Cadibona. À Bagnasco on observe le remplissage d'un sil- lon côtier par l’action fluviale et marine, avec du sable et des boues arénacées dans lesquels les fragments des roches les plus L 1910 MiIOCÈNE INFÉRIEUR E È OLrcoc ] | OLIGOCÈNE DES APENNINS DE LIGURIE TABLEAU DU SYSTÈME OLIGOCÈNE DE LA LIGURIE AQUITANIEN CHATTIEN STAMPIEN SANNOISIEN FAGIÈS LITTORAUX et semi-continentaux Calcaires et mollasses à Lithothamnium avec Chla- mys Malvinæ, Ch. Holgeri, de Acqui, Ponzone, Visone, Spigno, etc. Grès quartzeux à faciès de dune de Bric Spagora (Roccavignale); grès et mollasses à Lépidocyclines (L. Mantelli, L.dilatata) de Roccavignale, Cengio, Cai- ro; mollasses de Tagliolo, Mornese, etc. Couches à Lithotham- nium et à Cymopolia de Varazze ; marnes, sables su- périeurset banc à Polypiers de Santa Giustina ; cou- ches à Lépidocyclines de Castello di Mioglia, Pon- zone, Millesimo, Molere. FAGIÈS cÔTIERS Marnes à Tellina aquila- nica, Amussium anconila- num, À. duodecimlamella- lum. Partie supérieure des marnes argileuses sans fos- siles de Mioglia, Pareto, etc.; marne fossilifère de Millesimo. a ——— Grès du Bric Lochera à Belforte : marnes etlimons à Ferussina anastomæfor- mis de Santa Giustina, Sas- sello, Carcare. Marnes li- gnitifères à Anthracothe- rium magnum de Cassi- nelle, Couches arénacées très fossilifères à Lépidocy- clines et Nummulites de Dego, Sassello, Cassinelle, Mioglia, Squaneto, Gius- valla, Mornese, etc. ; récifs frangeants de Sassello et de Cassinelle; marnes et mollasses à feuilles fos- siles, Potamides et Cyrènes de Santa Giustina, Sassel- lo, Cassinelle, Grognardo, Cairo, Montenotte, conglo- mérats et cailloutis du Haut Apennin, de Porto- fino, Celle, etc. Marnes argileuses à Phola- domya Puschi, Cardita Lau- ræ, Latrunculus Caronis de Cassinelle, etc. Marnes sans fossiles inférieurs du bord septentrional de l’Apennin. -1 [2 G. ROVERETO résistantes (les quartzites et les porphyres) sontréduits partielle- ment à l’état de cailloux, vers la base de la formation on a un ensemble de marnes blanches, tendres, contenant un des plus riches gisements de phyllites ohigocéniques, auquel s'ajoutent près de Bagnasco et vers Nocetto quelques bancs de lignites. Dans cette lignite on a récolté le Tropidiscus lignitarum Micurr., qui est commun dans les lignites de Cadibona, de Vico- forte Mondovi, de Roccaforte, qui sont probablement toutes con- temporaines. Or comme dans cette région, le long des Alpes ligu- riennes, le Sannoisien marin manque, il est probable qu'il manque aussi le Sannoisien semi-continental, et que par conséquent Bagnasco appartient au Stampien, d'autant plus que vers l'Est ce supposé Stampien est couvert directement par les couches aquita- niennes de M. Spagora. Le bassin de Cadibona!, dont les couches marines alternent avec les couches fluviales et les couches lacustres, a été probablement une dépression côtière, tantôt lagune, tantôt lac, dont les restes d'Antracotherium et d’Aceratherium, notés jusqu'ici, ne sont pas suffisants pour établir s'il s’agit de Sannoisien, lou de Stampien, on peut-être même d'Aquitanien. Les coquilles fossiles trouvées dans ces lignites sont la Lymnæa antracotheriorum Sacco et le Tro- pidiscus lignitarium Micatr., communs dans tous les gisements lignitifères de l'Oligocène perialpin dont on vient de parler. 1. F. Sacco. Loc. cit., B.S. G. F., (3), XVII, 1888, page 229. — Réun. extr. Soc. géol. de Fr. à Turin et à Gênes, Zd. (4), V, 1905, pp. 864 et 869. ÉTUDES GÉOLOGIQUES SUR LA FEUILLE DE MAULÉON (BASSES-PYRÉNÉES) par L. Carez. PLANCHES 1 et 11 Introduction. Les six volumes de la Géologie des Pyrénées françaises !, dont le dernier a été présenté à la Société géologique dans la séance du 6 décembre 1909, contiennent l'exposé détaillé de tout ce qui était connu sur la géologie de la région pyrénéenne française 11 y a environ deux ans, c'est-à-dire au moment où j'ai remis à l'impres- sion le manuscrit du dernier fascicule. Bien que j'aie eu soin d'insérer à la fin de chaque chapitre un résumé des matières qui y sont contenues, les vues d'ensemble sont assez difficiles à découvrir et c'est pour faciliter au lecteur une tâche qu'il trouve- rait peut-être un peu ardue, que je vais faire pour lui ce travail et dégager de ce monceau de documents les conclusions générales et l'histoire de la chaîne. Dans une première communication, je ferai connaître la cons- titution et la structure de la feuille de Mauléon ; dans une seconde, j'exposerai les conclusions générales de l'étude des Pyrénées et mes idées sur la genèse de cette chaîne de montagnes ; enfin une troisième sera consacrée à l'examen des théories émises par M. Léon Bertrand, dont la manière de voir, comme on le sait déjà, est en contradiction absolue avec la mienne. Si je commence par exposer à la Société la géologie de la feuille de Mauléon, c'est d'abord que la région comprise sur cette feuille était jusqu'à ces derniers temps presque inconnue : des travaux préliminaires de MM. Stuart-Menteath et Seunes étaient à peu près les seuls à consulter. Mais c'est surtout parce que les observations que l’on peut faire sur cette feuille sont particulièrement instructives et permettent d'expliquer par ana- logie ce qui serait sans cela difficile à comprendre sur les feuilles voisines. Nous avons été chargés, M. Fournier et moi, d'achever les relevés de la Carte géologique de Mauléon ébauchée par M. Seunes ; ils sont maintenant complètement terminés sur le terrain et la gravure est en cours. M. Fournier a étudié le Primaire et moï- même tous les autres terrains : aussi, dans l'exposé que je vais 1. L. Carrez. La Géologie des Pyrénées françaises, 6 vol. in-1°, 3 900 p., 29 pl. Paris, Imprimerie nationale, 1903-1909. 74 L. CAREZ 71 Fév. faire, tout ce qui aura trait aux massifs primaires sera emprunté aux études de M. Fournier !. Généralités. La feuille de Mauléon comprend au Sud une région monta- gneuse, assez peu élevée d’ailleurs, ear elle n'offre qu'un seul sommet, le pic d'Orry, s'élevant au-dessus de 2000 mètres ; vient ensuite une zone de hautes collines et enfin au Nord de la feuille, une région de collines basses (sommets entre 200 et 400 mètres) ayant néanmoins l'aspect d’un pays accidenté par suite du grand nombre et de la faible altitude des vallées (#7 mètres à Saint-Palais). Les zones géologiques sont au nombre de quatre : 1° Une zone de Crétacé supérieur occupant les abords de la frontière espagnole à partir de la vallée d’Aspe jusqu'à l’extré- mité occidentale de la feuille ; cette aire de Crétacé supérieur se poursuit fort loin en Espagne. 20 Une zone primaire qui va de Laruns à Esterençuby. Après avoir été très développée sur les feuilles de Tarbes et Luz, elle se rétrécit au point de disparaître même complètement sous le Trias entre les vallées d'Aspe et de Lourdios par abaissement de l'axe de l’anticlinal, mais le Primaire revient au jour aussitôt après le passage de cette vallée et occupe une surface d’affleure- ment de sept à huit kilomètres de largeur. 3° Une zone de Jurassique et de Crétacé inférieur, large dans la vallée d'Ossau et surtout dans la vallée d’'Aspe où elle s'étend de Lurbe à Bedous ; elle se rétrécit vers l'Ouest, constitue le massif des Arbailles et aboutit à Saint-Jean-le-Vieux. Elle englobe un affleurement de Primaire à Hosta. &o Une zone de Crétacé supérieur et d'Éocène qui occupe toute la moitié septentrionale de la feuille. Description sommaire des terrains. GxeIss ET MICASCHISTES. — Ils n'existent pas dans la grande bande primaire mais affleurent seulement dans de très petits pointe- ments au milieu des sédiments du Crétacé supérieur dans l'angle nord-ouest de la feuille. Ces pointements se rattachent à un massif important de la feuille de Saint-Jean-Pied-de-Port. Orpovicien et GorHLaNDIEN. — MM. Fournier et Bresson rap- portent à l'Ordovicien, des schistes satinés ainsi que des quart- 1. Pour tout ce qui concerne la bibliographie, je prie le lecteur de se reporter aux divers volumes de la Géologie des Pyrénées françaises. =? [SL 1910 GÉOLOGIE DE LA FEUILLE DE MAULÉON zites de couleur foncée très compacts, et au Gothlandien des schistes très noirs maclifères ayant fourni en un point des Mo- nograptus. Il est à remarquer que ces deux terrains n'existent que dans les lambeaux de recouvrement des environs de Sainte- Engrace et sont absolument inconnus en place aussi bien sur la feuille d'Urdos que sur celle de Mauléon. C'est là un fait difficile à expliquer. DÉVONIEN INFÉRIEUR (COBLENTZLEN).— Schistes etgrauwackes avec Streptorynchus, Spirifer, Atrypa reticularis, Orthis striatula et Fenestelles. Ce terrain est bien développé auprès de Laruns, mais il disparaît promptement sous le Carbonifère par abaissement d’axe ; on n’en retrouve plus qu’un affleurement auprès de Larrau. DévoniEN MOYEN ET SUPÉRIEUR. — C'est le calcaire de Geteu à Tornoceras cf. retrorsum et Polypiers. Il n’est connu que dans la vallée d'Ossau et manque auprès de Larrau où le Dévonien infé- rieur est directement recouvert par le Carbonifère. DixANTIEN. — Calcaire gris-bleu avec quelques Crinoïdes ou cal- caires blanc-grisâtre, jaunâtres ou rosés ; ils passent à de véri- tables griottes. Les fossiles y sont nombreux : Glyphioceras, Prolecanites, Phillipsia. L'étage comprend aussi des schistes et des quartzites. CARBONIFÈRE SUPÉRIEUR. — Schistes, grès schisteux et grès. An- nularia, Asterophyllites, Nevropteris (espèces stéphaniennes) dans la vallée de la Bidouze. Permiex.— Le Permien est principalement composé d'une masse énorme de poudingues que M. Fournier divise en deux : à la base poudingue polygénique à éléments variés parfois de très grande taille ; à la partie supérieure poudingue quartzeux à galets arron- dis, qui serait, d’après M. Fournier, en transgression sur le pré- cédent. D2s schistes rouges et violacés, des argilolites rutilantes forment les couches les plus récentes du Permien. Un fait très remarquable est la faible extension géographique de ces poudingues permiens malgré leur puissance colossale : à l'Est ils ne dépassent pas la vallée d'Aspe et au Nord ils n'existent déjà plus dans l’affleurem2nt permien d'Hosta qui n’est composé que de grès avec rares poudingues. À l'Ouest, ils se continuent sur la feuille de Saint-Jean-Pied-de-Port mais n'existent pas sur celle de Bayonne où il n'y a guère, comme à Hosta, que des grès. Il est difficile de dire avec certitude quelle était la provenance des eaux torrentielles qui ont déposé ces formidables amas de cailloux ; leur prompte disparition au Nord indique bien qu'elles 76 L. CAREZ 1 Fév. venaient du Sud, mais tout le versant espagnol est couvert par les couches crétacées transgressives. Trias. — Ce terrain, ordinairement peu puissant dans les Pyré- nées, est relativement très développé dans la partie méridionale de la feuille où il repose indifféremment sur tous les étages des terrains primaires ; il est composé de cargneules, de calcaires dolomitiques et de marnes bigarrées, principalement rouges ; on y trouve du gypse très mélangé de marnes et du minerai de fer sur lequel on a fait des essais d'exploitation. Le Trias se montre en outre à Gotein et à Lasseube au milieu du Crétacé ou à sa limite supérieure ; ilest, dans ces points, com- posé presque exclusivement de marnes versicolores. Il est constamment traversé par des amas d’ophite. INFRALIAS. — Calcaires dolomitiques en plaquettes minces ; pas de fossiles sur la feuille. LrAS INFÉRIEUR (HETTANGIEN ET SINÉMURIEN). — Calcaires et brèches, ces dernières parfois à couleurs vives et alors exploitées comme marbre (bois de Bergoueits, entre Lichans et Licq-Athe- rey). Cette assise, sans fossiles déterminables, diminue d'épais- seur de l'Est de la feuille (30 m.) aux environs de Lecumberry et de Bussumarits (quelques mètres). CHARMOGTHIEN. — Dans la partie orientale, le Charmouthien est marneux et facile à distinguer du Lias inférieur; à l'Ouest, il devient calcaire comme ce dernier. Il renferme quelques Ammo- nites ; son épaisseur est d'une vingtaine de mètres. Le ToarGIEN subit les mêmes transformations que le Charmou- thien dont il se sépare difficilement ; il ést peu puissant. Hildo- ceras bifrons. BAJocIEN et BarHonIEN. — Ces étages sont représentés dans la moitié orientale par des dolomies noires où brunes, grenues ou pulvérulentes avec bancs de calcaires blancs ou bleuâtres, sou- vent bréchoïdes et zones marneuses. C’est le faciès que l’on est habitué à rencontrer tout le long de la chaine des Pyrénées. Au contraire, dans la moitié occidentale de la feuille, ces étages sont représentés par des calcaires et des marnes à la base des- quels j'ai recueilli Ammonites Parkinsoni du Bajocien. CaALLOVIEX. — Marnes à Reineckeia anceps, Perisphinctes Backe- riæ, Hecticoceras lunula. OxFoRDIEX. — Neuvizien. Calcaires et marnes à Cardioceras cordatum. Argovien. — Calcaires et marnes à Perisphinctes Martelli. 1910 GÉOLOGIE DE LA FEUILLE DE MAULÉON —+ + Jusqu'à ce jour, il était admis que le Callovien et l'Oxfordien manquaient absolument dans la région pyrénéenne sauf à Cambo, et encore pour l'Oxfordien, M. Seunes n'avait indiqué sa pré- sence que d'après deux fossiles assez peu probants : Belemnites hastalus qui se trouve déjà dans le Callovien et un Perisphinctes indéterminable. Les découvertes récentes faites par M. Fournier et par moi montrent que le Callovien et l'Oxfordien avec ses deux sous-étages ont pénétré plus loin vers l'Est que l'on ne le pen- sait jusqu'à ce jour et ont laissé des dépôts indiscutables dans les environs de Lecumberry et d'Hosta. APTIEN. — Directement sur l'Argovien repose l’Aptien composé principalement de calcaires compacts, semi-eristallins, gris clair, entremêlés de quelques lits marneux. Les fossiles y sont extrêmement nombreux mais rarement déterminables : Toucasia santanderensis, Toucasia sp., Orbito- lines. paisseur : 800 mètres. ALBIEN. — Schistes calcaréo-marrieux très foncés, le plus souvent presque noirs ; intercalation de calcaires, de conglomérats fins peu épais. Faune nulle. Puissance : 1000 mètres. CÉNOMANIEX. — Ce terrain est représenté dans la région méridio- nale par un calcaire compact souvent rosé, à Caprines, Polypiers, Orbitolines, disposé en lambeaux épars sur le Primaire, de Sainte- Engrace à Esterençuby. Ces calcaires sont fréquemment accom- pagnés de conglomérats ; dans les galets, j'ai trouvé auprès du pic d'Erroçaté des Alvéolines cénomaniennes. Il faut donc admettre qu'il y a eu des mouvements importants pendant la durée du Cénomanien puisque les couches de la base de l'étage ont été reprises sous forme de galets dans les conglomérats de la partie supérieure. Dans la partie septentrionale de la feuille, le Cénomanien occupe une surface considérable : il n'est pas exagéré de dire qu'il couvre le tiers de la carte. Il est composé des roches les plus diverses : alternance de petits bancs calcaires gris-bleu très régu- liers et de marnes fissiles, bancs de silex tabulaire, brèche fine et vacuolaire, marnes conchoïdes bleuâtres, conglomérats parfois très puissants mais d’étendue limitée. En dehors des Fucoïdes, très abondants, il n'a été trouvé comme fossiles qu'Orhitolina conica, et encore en un petit nombre de gisements. Le Cénoma- nien repose indistinctement sur tous les terrains depuis les schistes cristallins jusqu'à l'Albien, montrant ainsi qu'il y a eu à cette époque une transgression très importante. Autour des pointe- ments de roches plus anciennes, il y a très fréquemment des 78 ù D. CAREZ I 1 Fév. conglomérats uniquement formés des débris du terrain sur lequel repose le Cénomanien ; on doit forcément en conclure que la mer de cette époque était peu profonde et parsemée d’ilots ou de bas- fonds que les flots démantelaient et réduisaient en galets. Les mêmes faits se constatent d’ailleurs jusque sur la feuille de Pamiers, comme je l’ai déjà fait connaître TurontEx. — Cet étage n’est pas bien individualisé ; ] "y rapporte dans le quart nord-est de la feuille des grès jaunes micacés inter- calés de marnes et de calcaires et montrant des empreintes d'Algues et des organismes problématiques. La seule raison du classement que je propose est que ces grès sont situés entre le Cénomanien et le Sénonien dans une série qui ne parait pas comporter de lacunes. Peut-être une partie du puissant ensemble que je comprends dans le Cénomanien doit-elle en être détachée et constituer le Turonien : e’est la solution adoptée par M. P. Termier sur la feuille de Saint-Jean-Pied-de-Port. L'absence de fossiles ne permet pas de se prononcer avec certitude dans un sens ou dans l'autre Dans la région méridionale, au Sud de la zone primaire, les premières assises crétacées sont des calcaires compacts gris clair, parfois avec silex, épais de 200 mètres environ et produisant à chaque vallon de véritables cañons, dont quelques-uns remarqua- blement pittoresques. Les seuls fossiles que j'y ai recueillis sont des Lacazina ; mais ces calcaires sont l'équivalent certain des calcaires des Eaux- Chaudes qui renferment des Hippurites turoniennes. Je les rap- porte en conséquence au Turonien et au Sénonien inférieur. SÉNONIEN. — Dans cette même région, au-dessus du calcaire com- pact, se voient des marnes schisteuses alternant avec des bancs calcaires ou gréseux généralement minces ; parfois calcaires blancs rosés (pic d'Orry), calcaire très dur bleu clair à cassure con- choïde et brèche fine (Phista d'en haut). Cet ensemble est extrè- mement puissant, sans que l'on puisse chiffrer son épaisseur à cause des nombreux plissements et cassures qui l'ont affecté ; il n’a offert que de rares fossiles : Coraster, Operculina, Orbi- toïdes, Fucoïdes. Je le considère comme représentant à la fois le Sénonien supé- rieur et le Danien. | Sur le quart nord-est de la feuille, on voit à la suite des couches que j'ai classées dans le Turonien, une alternance de couches gré- seuses et calcaires, ces n eres devenant prédominantes 1 qu'on s'élève dans la série. La partie inférieure de cet ensemble +} Læ 1910 GÉOLOGIE DE LA FEUILLE DE MAULÉON est probablement santonienne ; quant à la partie supérieure com- posée de calcaire marneux de coloration grise ou parfois bleuâtre, elle contient des fossiles qui la classent dans le Campanien : Pachydiscus Jacquoti, Inoceramus Cripsü, 1. impressus, Galeola cuneata, Slegaster altus, St. Bouillei, St. Cotteaui, St. Heberti, Coraster beneharnicus, Offaster cuneatus. DANIEX. — J'ai déjà dit que je rapporte en partie à cet étage les schistes marneux de la frontière ; pour le Nord-Est, j'y rattache des calcaires blanes conchoïdes, durs, formant une petite crête aux environs de Lasseube et renfermant Coraster beneharnicus, C. Municri, Tholaster Munieri, Ananchytes Douvillei, À. pyre- naicus, Hamites recticostatus. La séparation de cette zone et de celle à Stegaster est loin d'être aussi nette et aussi tranchée qu'on l’a dit quelquefois. LUTÉCIEN. — Les premières couches tertiaires sont constituées par des argiles marneuses bleuâtres dans lesquelles je n'ai pas trouvé de fossiles auprès de Lasseube, mais qui en renferment au contraire en plusieurs gisements situés à l'Est de Navarrenx. J'y ai recueilli : Nummulites atacicus, N. irreqularis, Assilina granulosa, Operculina ammonea, Orthophragmina Archiaci. Ces fossiles indiquent le Lutécien moyen comme à Bos d'Ar- ros ; le Lutécien inférieur serait représenté par des marnes sans fossiles ; le Lutécien supérieur également par des marnes sans fossiles, ou bien il correspondrait à une lacune rendue très vrai- semblable par la discordance des poudingues. BARTONIEN. — Au-dessus des marnes à Nummulites et en discor- dance, vient le poudingue dit de Palassou composé de gros galets _calcaires de provenance régionale. Je le rapporte au Bartonien comme la partie supérieure de celui des feuilles de Foix, Pamiers et Quillan, mais rien sur la feuille de Mauléon ne permet de préciser son âge. MiocÈxe. — Le poudingue bartonien est surmonté par places, par un autre cailloutis tout à fait différent, presque uniquement composé de quartzites très roulés accompagnés de quelques galets de granite. Ce second cailloutis appartient au Miocène. PriocÈxe.— J'ai rapporté au Pliocène, comme l’a fait M. Termier sur la feuille voisine, quelques dépôts de cailloux qui couronnent des buttes auprès de Saint-Jean-le-Vieux et se trouvent à une altitude supérieure de 65 à 75 mètres à celle du fond de la vallée, alors que les dépôts alluviaux les plus élevés parmi ceux que je classe dans le Quaternaire ne sont pas à plus de 50 mètres. 80 L. CAREZ "M Sen: QuarerNaiRE. — Les dépôts alluviaux sont rares, comme tou- jours, dans la partie montagneuse ; dans les zones de collines, ils ne sont bien développés que dans les vallées d’Aspe à partir de Lurbe, d'Ossau en aval d'Arudy, dans la vallée du gave d’Olo- ron qui résulte de la réunion des deux précédentes et dans la vallée du Saison. Je ne parle pas de la vallée du Gave de Pau qui entame à peine l'angle nord-est de la feuille. Dans les vallées d’Aspe, d'Ossau et d'Oloron, j'ai pu distin- guer quatre groupes séparés par des terrasses ; cela ne veut pas dire d’ailleurs que localement, il ne soit pas possible d'en constater un plus grand nombre, car les terrasses ne sont pas d’une régu- larité absolue : tantôt il s'en produit de nouvelles qui durent peu, tantôt même celles que l’on peut suivre le plus générale- ment se confondent pendant un certain parcours. Le niveau le plus élevé (a), par conséquent le plus ancien, n'existe pas dans la vallée d’Aspe ; il commence à se distinguer auprès de la gare de Buzy à 360 mètres environ pour se continuer jusqu'à la limite de la feuille d'Orthez où il se trouve à l'altitude de 150 mètres environ, soit à 50 mètres au-dessus de la rivière actuelle. Les cailloux de ce niveau sont souvent décomposés, surtout le granite qui y est d’ailleurs assez rare. Vient ensuite un niveau (b) inférieur de 20 à 35 mètres air pré- cédent, la différence d'altitude entre les deux devenant plus grande à mesure que l'on descend vers l'aval; 1l est très déve- loppé dans la vallée d’Aspe où il forme notamment le grand pla- teau qui va d'Arros à Moumour. Ses cailloux, beaucoup plus frais que ceux de la terrasse a, se composent en grande partie de gra- nite. Le niveau suivant (c) n'existe pas dans la vallée d’Ossau entre Buzy et Oloron, cette vallée avant été barrée à ce moment par les dépôts glaciaires, comme on le verra plus loin ; 1l est séparé du niveau À par un ressaut de 15 mètres. Cette terrasse se trouve entre 6 et 10 mètres au-dessus de la rivière. Le quatrième niveau d n'existe pas dans la vallée d'Ossau en amont d’Oloron, il est ailleurs peu développé, les rivières cou- lant le plus souvent entre deux berges escarpées couronnées par le niveau c. | Dans la vallée du Saison, les niveaux b et ec se confondent ; quant au niveau 4, dont les dépôts sont presque cantonnés sur la rive gauche de la vallée, il monte jusqu'à 60 et même 70 mètres au-dessus du niveau actuel ; peut-être y aurait-il heu de séparer 1910 GÉOLOGIE DE LA FEUILLE DE MAULÉON s1 les plus élevés et de les rattacher au Pliocène comme ceux des environs de Saint-Jean-le-Vieux. Les dépôts glaciaires n'existent sur la feuille que dans la vallée d'Ossau ; toutes les indications contraires sont, pour moi, inexactes et se rapportent à des amas de blocs dont l'état angu- leux n'implique pas du tout une origine glacrure !! La principale moraine, située entre Arudy et Buzy, barre complètement la vallée et c'est elle qui a obligé le gave d’Ossau à quitter son ancien lit pour se frayer un nouveau passage à tra- vers les schistes crétacés jusqu'à Oloron. Cette moraine est for- mée d'un énorme amoncellement de blocs anguleux de granite très frais, atteignant jusqu'à 20 mètres cubes. La colline sur laquelle est bâtie la ville d'Arudy et qui est dis- posée en travers de la vallée est aussi une moraine, quoique moins bien caractérisée que la précédente ; en amont il n'y à plus que des dépôts glaciaires peu étendus sauf dans les deux vallées latérales du Benou à l'Ouest et de Féas à l'Est (feuille de Tarbes) qui sont l’une et l’autre remplies de boue et de cailloutis glaciaires jusqu'à l'altitude de 900 à 1000 mètres, le mamelon- nage des roches montant jusqu'à 1200 mètres. Les dépôts glaciures de Buzy reposent sur le niveau d'allu- vions D ; ils sont vraisemblablement contemporains du niveau e, c'est-à-dire qu'ils datent d'une époque peu éloignée, la fin du dépôt des alluvions anciennes d’après la nomenclature du Ser- vice de la Carte géologique. Quant aux traces glaciaires du Benou et de Féas, elles proviennent d'une première extension des gla- ciers, plus ancienne. Mes nouvelles observations ne font donc que confirmer ce que J'ai dit antérieurement ?, à savoir qu'il y à eu dans les Pyrénées deux extensions glaciaires, la première datant de la fin du Pliocène, la seconde survenue entre l’époque du Rhinoceros Mercku et de l'Hyena brunnea et celle de l'Ursus spelæus et du Renne. Roches ÉRUPTIVES. — Il me reste à indiquer les roches érup- lives qui affleurent sur la feuille. Ce sont : Des microgranulites en filons dans le Carbonifère. Des ophites qui se présentent en amas aussi nombreux qu'im- portants dans le Trias qu'elles accompagnent toujours. Mais cette roche se rencontre aussi dans le Permien et elle a traversé, en de nombreux points, l’Albien et même le Cénomanien. 1. Voir L. Carez : Note sur les enseignements de la catastrophe de Bozel. B.S. GAREAA) NE 1905 p.510! 2. Voir La Géologie des Pyrénées françaises, fascicule 11, p. 979, el fascicule 11, p. 1640. 17 Mai 1910 Bull. Soc. géol. Fr. X. — 6. 82 L. CAREZ k 1 Fév Des lherzolites à la base du Lias (Sud-Est de Haux, Bielle). Des serpentines dans le Lias moyen du Bois de Launde près Lourdios, et dans le Cénomanien du col d'Urdach. Des monzoniles néphéliniques traversant le Cénomanien entre Arudy et Saint-Christau, ainsi qu'au Sud de Buziet. Structure. PuissemenTs. — Le premier anticlinal en partant du Sud est l'anticlinal, ou pour mieux dire l'aire anticlinale de Larrau I!, qui doit être considéré comme l'axe de la chaine. Venant de l'Est, il passe à Laruns, au Sud de Bedous, au Nord de Larrau et pénètre sur la feuille de Saint-Jean-Pied-de-Port vers Esterençuby ; au début il est dans le Dévonien, mais par suite de l’abaissement de son axe, il n’est plus jalonné que par le Carbonifère, puis le Trias, entre les vallées d'Aspe et de Lourdios ; l'axe se relève alors et fait apparaître le Permien, le Carbonifère et même un peu de Dévonien auprès de Larrau. La direction est d'abord est-ouest, puis s'incline un peu au Nord; la direction générale est est-sud-est-ouest-nord-ouest. Son flane méridional très irrégulier chevauche le Crétacé supérieur vers le Sud sur toute la largeur de la feuille, tandis que son flanc nord, constitué par les terrains secondaires inférieurs, est renversé ou même chevauche vers le Nord. L’anticlinal suivant IT bis, IT, est l’anticlinal de Sarrance. Il apparaît un peu à l'Est du col d’Aran, marqué par un affleure- ment de Lias puis de dolomie jurassique, de Lias et de Trias ; à la traversée de la vallée d’Aspe, le pli cesse par plongement brusque à l'Ouest, mais 1l est relayé par un autre pli qui fait apparaître Le Trias au col de Launde et se continue jusqu'au signal d’Arette où un nouvel abaissement brusque fait plonger le Trias, le Lias, la dolomie et le calcaire aptien sous l'Albien. À partir de là, il est malaisé à suivre au milieu des affleurements albiens, mais on le retrouve à Restouil sur la rive droite du Saison où se montre un bombement d’Aptien, puis,sur la rive gauche de cette rivière 1l se relève vivement pour amener au jour l’un après l’autre l’Aptien, tout le Jurassique, le Permien et le Carboni- fère (pointements de la Bidouze et d'Hosta). À l'Ouest, l’anticli- nal est encore jalonné par les affleurements triasiques et liasiques de Jaxu. Ce pli est renversé et chevauchant vers le Sud dans la région de Sarrance, renversé au contraire au Nord vers Hosta. Sa direction moyenne est est-sud-est-ouest-nord-ouest. 1. Voir les planches [et IT. 1910 GÉOLOGIE DE LA FEUILLE DE MAULÉON 1183 Vient ensuite l’anticlinal ITT ou anticlinal de Bielle. Il sort de la feuille de Tarbes, passe à Bielle où affleure un peu de Trias, puis perd par chevauchement son flanc méridional et, sous forme de pli monoclinal à inclinaison nord, passe à Mail-Arrouy pour se terminer brusquement par un plongement très rapide sous le village de Lurbe où l’Albien descend jusqu'au fond de la vallée d’Aspe. Sur la rive gauche de la vallée il se relève non moins brusquement pour former le dôme de Pédeher (Jurassique et Aptien) et disparaître définitivement. Entre le col de Marie- Blanque et son extrémité occidentale, ce pli est constamment chevauchant vers le Sud. Sa direction est est-ouest, puis sud-est- nord-ouest. En continuant vers le Nord, on trouve l'anticlinal V ! ou de Belair, marqué par un affleurement d’Albien avec quelques poin- tements d’Aptien, au milieu du Cénomanien ; il fait suite au bombement du pic de Rébenacq sur la feuille de Tarbes. Enfin je citerai l’anticlinal IV ou de Domezain qui pourrait être la réapparition de celui de Belair et qui fait affleurer l’Albien au milieu d’une grande étendué de Cénomanien. CHEVAUCHEMENTS ET RENVERSEMENTS. — Le premier chevauche- ment dont j'ai à parler est le plus important de la feuille ; c’est celui du Primaire et du Trias de l’anticlinal de Larrau sur le Cré- tacé supérieur de la frontière ; c'est ce que j'appelle le chevau- chement de Sainte-Engrace. IL est indiqué sur les coupes par l'indice Fe. IL commence sur la feuille d'Urdos et se continue à travers toute la feuille de Mauléon ; mais son maximum d'inten- sité et de netteté se trouve entre Sainte-Engrace et Larrau. C’est là que l’on voit, au bois de Salatcé, l'avancée vers le Sud du Trias sur le Crétacé supérieur, puis du Primaire sur le Trias et le Crétacé supérieur. La forme des contours, le fait que toutes les parties basses sont constituées par le Crétacé supérieur, et les sommets par le Primaire ou le Trias, ne laissent aucun doute sur l'existence du chevauchement. Si toutefois il restait encore une hésitation dans l'esprit, elle serait levée par l'étude du charriage de Lacoura qui a déjà été signalé par MM. Bresson et Fournier et qui est le recouvrement le plus incontestable que je connaisse (pl. I, fig. #). Le sommet est constitué par différentes assises primaires : Permien, Gothlandien et Ordovicien?, ayant emmené avec elles un peu de calcaire cénomanien, tandis que tous les flancs de la montagne, sur une épaisseur considérable, sont for- 1. Cet anticlinal n’est pas compris dans l'étendue des coupes de la planche IT. Voir pl. xxxvr1 du fascicule vr de ma Géologie des Pyrénées françaises. 2. Je cite le Gothlandien et l’Ordovicien, d’après MM. Bresson et Fournier. 84 L. CAREZ 1 Fév. més par le Crétacé supérieur (Danien, Sénonien et Turonien). Comme d'autre part, tout le versant espagnol est constitué par le Crétacé supérieur et le Tertiaire, le lambeau de recouvrement de Lacoura ne peut venir que du Nord et l'on est en droit d'affirmer que la bande primaire et triasique de Larrau chevauche le Cré- tacé vers le Sud, c'est-à-dire vers l'axe géographique de la chaîne. Il y a toutefois un point qui me semble difficile à expliquer : c'est la présence de l'Ordovicien et du Gothlandien dans le lam- beau de recouvrement, alors que ces terrains sont absolument inconnus en place, non seulement dans toute l'étendue de la feuille de Mauléon, mais aussi sur celle d'Urdos. Le massif de Bergon (pl. Il, fig. 10) est formé par toute la série des couches comprises entre le Permien et l’Aptien inclus, reposant en discordance sur le Carbonifère et se présentant en couches presque horizontales. Or, à une petite distance et plus au Nord, le sommet 1910 près du col d’Arrioutort montre le Crétacé supérieur reposant directement sur le Carbonifère et le Dévonien. Si ce Crétacé supérieur est en place, ce qui semble bien probable, comment se fait-il que le Jurassique et le Crétacé inférieur manquent en ce point, alors qu'ils existent plus au Sud au pic Bergon? Supposer, entre l’Aptien et le Turonien, une érosion suffisante pour faire disparaître une épaisseur de couches aussi considérable que l'ensemble du Trias, du Jurassique et de l'Aptien, semble une hypothèse bien invraisemblable ; aussi la solution qui paraît la plus probable serait de considérer le massif de Bergon comme un lambeau charrié. Mais le charriage serait certainement venu du Nord, ce qui ne cadre pas avec la direction des plis couchés que je vais décrire maintenant. Sur ce Crétacé supérieur du sommet 1910, se voit, en recou- vrement, un petit lambeau de Carbonifère, M. Fournier, qui l'a découvert, pense qu'il vient du Nord ; cela semble probable mais non certain, car le Carbonifère existe aussi au Sud, à une dis- tance, il est vrai, beaucoup plus grande. Passons maintenant au Nord de la bande primaire, le long de laquelle il y a, du pie Lauriolle au col d’Aphanicé, renversement ou chevauchement vers le Nord. Le pie Montagnou (pl. IL, fig. 9) est constitué par du calcaire aptien avec un peu de dolomie juras- sique au sommet et repose sur le Gault sur les trois quarts de son pourtour. I y a donc là un pli couché au Nord avec renver- sement complet; j'ai déjà donné dans le Bulletin une photographie de la racine de ce pli. Un peu plus à l'Ouest se trouve le plateau 1. L. Carez. Note sur une coupe des montagnes des environs de Bedous (feuille de Mauléon). B.S.G.F., (4), V,p: 517. 1910 GÉOLOGIE DE LA FEUILLE DE MAULÉON 85 d'Ourdinse dont j'ai déjà donné une description ! et où l'on voit de bas en haut (pl. Il, fig. 8) : Aptien, Albien, Aptien, Dolomie jurassique, Aptien, Dolomie jurassique, Lias moyen (en dehors de la ligne de coupe). C'est la continuation du même pli couché au Nord, avec une complication un peu plus grande. A l'Ouest de la vallée d’Aspe, la montagne de Layens (pl. I, fig. 6) montre de bas en haut : Albien, Aptien, Lias inférieur, Trias ; c’est un pli couché au Nord avec suppression de couches par chevauchement. En continuant à suivre la bande jurassique et aptienne, on trouve jusqu'à la vallée du Vert de Barlanès, des couches très voisines de la verticale, inclinées tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre ; mais un peu plus au Nord se montre un lambeau de Trias, Lias et Aptien allant de Pène-Arrouye au pic d’Arguibèle (pl. I, fig. 5) et entouré de tous côtés par les schistes albiens sur lesquels il repose incontestablement sur une grande partie de son pourtour. Je le considère comme un lambeau de charriage venu du Sud. A l'Ouest du Vert de Barlanès, le calcaire aptien de la bande en place est nettement couché au Nord sur l'Albien, mais il se redresse bientôt pour devenir à peu près vertical et disparaitre ainsi que le Jurassique et le Trias au méridien de Montory. A partir de ce point jusqu'au Saison, ce sont en effet les schistes albiens qui viennent au contact immédiat du Primaire (pl, I, fig. 4); mais en même temps un lambeau composé de Trias, de Jurassique et d'Aptien se voit de Montory à Etchebar à quelque distance au Nord de la limite du Primaire. Ce lambeau qui est incontestablement superposé au Gault — au moins à ses deux extrémités ; c’est moins net à la traversée de la rivière — semble avoir été détaché de la place qu'il occupait pour être lancé au Nord en glissant sur les schistes. Quoi qu'il en soit, c'est incontestablement un lambeau de recouvrement venu du Sud. A partir du méridien d'Etchebar, la bande de Secondaire infé- rieur reparait au contact du Primaire et se continue jusqu'au col d'Aphanicé, très étirée, souvent renversée au Nord etayant envoyé quelques lambeaux de Lias en recouvrement sur l'Albien; après le col d’Aphanicé, les couches reprennent leur pendage normal. Il y à donc sur toute la bordure septentrionale de la bande primaire des renversements, des plis couchés au Nord et même des lambeaux de recouvrement détachés de leurs racines. Plus au Nord, on rencontre le chevauchement de Sarrance 1. L. Carez. Note sur une coupe des montagnes des environs de Bedous (feuille de Mauléon). B.S.G.F., (4), V, p. 517, 86 L. CAREZ 7 Fév. (pl. IF, fig. 8). Le flanc méridional de l’anticlinal de ce nom, à peu près régulier dans sa partie orientale, se renverse déjà au Sud au signal de Sarrance, lequel est formé de calcaire aptien repo- sant sur l'Albien ; après le passage de la vallée, la ligne limi- tant l’Albien devient extrêmement sinueuse et toutes les zones du Secondaire inférieur de la région viennent successivement en contact avec lui : Aptien, Dolomie, Lias supérieur et moyen, Lias inférieur, Trias avec ophite. L'Albien occupe le fond de tous les vallons et est incontestablement surmonté par les autres terrains ; il y a donc chevauchement vers le Sud. Aucune autre explica- tion ne me paraît acceptable, car au signal d’Arette, comme sur tout le flanc nord de l’anticlinal, l'Aptien s'enfonce régulière- ment sous le Gault ; 1l est impossible de considérer ces affleure- ments de Secondaire inférieur comme un vaste lambeau de char- riage semblable à ceux d’Arguibèle et de Montory, car il faudrait comprendre dans ce charriage tout le Gault et le Cénomanien de la feuille ! L'anticlinal de Bielle présente un phénomène analogue (pl. I, fig. 6, 7, 8 et 11). Régulier dans sa partie orientale — autant du moins que les dépôts glaciaires permettent de s’en assurer — ce pli ne tarde pas à perdre son flanc méridional, et entre le col de Marie-Blanque et Lurbe on peut voir sur le flanc nord de la vallée de Barescou, de bas en haut : Schistes albiens très puis- sants, Lias inférieur, Lias moyen et supérieur, dolomie formant le sommet du pic Mail-Arrouy. Il y a donc superposition du Jurassique à l'Albien et ce ne peut être que par chevauchement vers le Sud pour les mêmes raisons exposées ci-dessus pour l’anticlinal de Sarrance. En effet à partir de Lurbe et sur tout le flanc nord du pli, l'Aptien est régulièrement recouvert par l'Albien et ce dernier par le Cénomanien ; de plus la bande de Juras- sique et Aptien se continue fort loin à l'Est sur la feuille de Tarbes. Le dôme qui s'élève à l'Ouest de Lurbe (pic Pédeher, pic Bisarce) chevauche aussi l’Albien au Sud (pl. IL, fig. 7). Plus au Nord, il n'y a plus de grands accidents ; les couches du Crétacé supérieur des environs de Lasseube et Navarrenx sont seulement ou verticales, ou renversées au Nord-Est, TRANSGRESSIONS ET DISCORDANCES. — La région dont je m'occupe ici semble avoir été constamment en mouvement, tant les discor- dances entre les divers étages sont nombreuses. La première transgression est celle du Carbonifère qui repose indifféremment sur le Dévonien supérieur ou sur le Dévonien inférieur ; puis vient celle du Permien sur le Houiller, suivie 1910 GÉOLOGIE DE LA FEUILLE DE MAULÉON 87 d'après M. Fournier d’une autre Hans euesston entre le Permien inférieur et le Permien supérieur. Ensuite : transgression du Trias qui repose aussi bien sur le Dévonien que sur le Permien ou le Carbonifère Transgression aptienne. Contrairement à ce qui résulte de mes études dans le reste de la chaîne, Je crois qu'il y a ici transgres- sion de l’Aptien qui repose tantôt sur l'Oxfordien, tantôt sur le Lias, tantôt même, dans l'angle nord-ouest, sur le gneiss. Transgression du cénomanien, la plus importante de toutes. Cet étage en effet s'est déposé indifféremment sur tous les ter- rains, y Compris même le Permien et le Houiller de la bande de Larrau. Transgression lutécienne, peu marquée. Transgression bartonienne. Les poudingues de cet âge reposent tantôt sur le Lutécien, tantôt sur le Crétacé supérieur. Transgression miocène, Sur cette longue série de transgressions, celles qui ont le plus d'importance sont celles du Permien, du Cénomanien et du Bar- tonien. En résumé, du Sud au Nord, quatre anticlinaux principaux d'intensité décroissante : I. Anticlinal de Larrau ; IT, Anticlinal de Sarrance ; IIT. Anticlinal de Bielle ; IV. Antichinal de Belair. Le premier passe sur la feuille de Saint-Jean-Pied-de-Port où il se relève (apparition du Silurien) ; les trois autres disparaissent plus ou moins brusquement vers l'Ouest. Il y a diminution rapide de l'effort orogénique de l'Est à l'Ouest de la feuille. Les trois premiers anticlinaux ont leur flanc méridional che- vauchant vers le Sud, c'est-à-dire vers l'axe de la chaîne. De plus, l’anticlinal de Larrau à son flanc nord renversé au Nord: il est donc chevauchant à la fois au Sud et au Nord. L'abaissement d’axe de ces divers plis n'est pas situé sur une même ligne méri- dienne : tandis que pour le premier, le point bas est à une petite distance à l'Ouest de Bedous, pour les trois suivants, il se trouve vers le méridien d’'Aramits. Hydrographie. Ici comme dans toutes les Pyrénées, les grandes rivières tra- versent la région montagneuse à peu près perpendiculairement à la direction des couches ; dans la zone des collines, 1l en est 88 L. CAREZ 7 Fév. généralement de même, mais la plus importante d’entre elles fait exception à la règle. A partir d'Arudy en effet, la vallée du Gave d'Ossau — vallée aujourd'hui abandonnée en partie comme nous allons le voir — se portait au Nord-Ouest suivant la direction des couches. Une autre anomalie est à signaler: la rivière d’Iraty qui prend sa source dans la bande primaire de Larrau au pic Mendibel, se porte vers le Sud en traversant la ligne de faite, assez abaissée il est vrai en cet endroit, et passe en Espagne pour aller se jeter dans le Rio Aragon, affluent de l’Ebre. Je reviens au Gave d'Ossau dont l'histoire est intéressante. Au début de son existence, c'est-à-dire probablement vers la fin du Miocène ou pendant le Pliocène, cette rivière, dont la vallée était à peine ébauchée, passait au-dessus du seuil actuel de Sévi- gnacq et coulait vers Pau en. suivant la vallée actuelle du Néez qui se trouve à peu près exactement sur le prolongement de la haute vallée d'Ossau. A la fin du Pliocène, pour une raison que je ne puis préciser, peut-être par suite d'une première obstruction glaciaire, le gave d’Ossau s'est creusé un nouveau lit dans la direction d'Oloron où 1l a rencontré le gave d’Aspe ; il a ouvert là une large vallée dans laquelle il a déposé les alluvions des niveaux à et b. Puis la seconde période glaciaire a fait avancer jusqu'à Arudy le glacier d'Ossau qui a déposé entre Arudy et Buzy la puissante moraine dont J'ai déja parlé, moraine qui à barré complètement la vallée; le gave ne pouvant franchir cet obstacle s'est dévié à l'Ouest et s’est creusé non pas une vallée à proprement parler, mais un simple sillon extrême- ment étroit (de 5 à 25 mètres) dans les schistes cénomaniens jus- qu'à la rencontre de la vallée d'Aspe. Le gave d'Ossau, dans cette partie, présente un bon type de rivière Jeune. Histoire géologique de la région. J'ai déjà fait remarquer que les transgressions multipliées dont on peut constater l'existence montrent que cette région a été presque continuellement en mouvement, mais je ne retiendrai ici que les plus importantes manifestations des forces orogéniques. C'est au début du Permien que la chaine montagneuse a été ébauchée, comme le prouvent d’une part la discordance bien constatée de ce terrain sur le Carbonifère et le Dévonien, d'autre part la formation de ces énormes amas de cailloux qui nécessitent l'existence de bas-fonds dans une mer peu profonde ou même de terres émergées. Les mouvements de la fin du Primaire n’ont pas eu beaucoup d'intensité bien que le Trias repose parfois directement sur le 1910 GÉOLOGIE DE LA FEUILLE DE MAULÉON 89 Carbonifère et même sur le Dévonien ; mais à la fin de la période triasique il s'est produit un exhaussement de la bande primaire qui a servi de rivage méridional aux mers du Jurassique et du Cré- tacé inférieur. En effet on ne trouve actuellement aucun témoin des terrains de ces âges — sauf le pic Bergon — sur la bande primaire ou au Sud de cette bande; ce fait peut s'expliquer de deux manières, ou par l'absence de dépôt ou par une érosion qui aurait fait disparaître toute trace des couches jurassiques et cré- tacées inférieures avant l’époque cénomanienne. La première hypothèse me paraît de beaucoup la plus probable. Pendant le Jurassique, un exhaussement général s’est produit, en progressant de l'Est à l'Ouest, de sorte qu'à la fin de l'Oxfor- dien, tout le pays était exondé; il est resté hors des eaux jusqu'à l'Aptien, époque à laquelle un mouvement inverse s'est produit, mais ce fut aussi un mouvement d'ensemble qui fit revenir la mer à peu près exactement à l'emplacement qu'elle occupait pendant la période jurassique : la transgression aptienne est insignifiante. Quant à l'Albien, il est concordant avec l'Aptien. A la fin de l'Albien, ont eu lieu des mouvements importants et complexes : les dépôts cénomaniens en ellet sont en discor- dance complète sur l’Albien et reposent indifféremment sur tous les terrains, y compris le Primaire de la bande de Larrau et même le gneiss des environs d'Armendarits; ils entourent et recouvrent partiellement toute une série d'ilots d'ophite, de Lias, de Crétacé inférieur, qui faisaient saillie au fond de la mer cénomanienne par suite de mouvements du sol et de grandes érosions. Il est à remarquer, comme je l'ai déjà dit, que plusieurs des récifs de la plaine sont entourés de conglomérats produits à leurs dépens, ce qui implique une faible profondeur d'eau ; or la diffé- rence d'altitude entre les couches cénomaniennes de la partie nord de la feuille et celles qui reposent sur la bande primaire de Larrau est actuellement de 1200 mètres. Cette différence ne pouvait pas exister lors de leur dépôt, ee qui démontre que la surrection de la partie élevée de la chaîne est postérieure au Céno- manien. Elle a dû commencer à se produire dès la fin de la période cénomanienne pour la partie occidentale de la feuille, car on ne trouve aucun dépôt postérieur au Cénomanien sur le Primaire des environs de Larrau, mais on sait qu'il y en a auprès du col d'Arrioutort et que le Turonien, le Sénonien et le Danien atteignent des altitudes considérables sur les feuilles d'Urdos et de Luz, Je crois pourtant que dès le Turonien les mers espagnole et 90 L. CAREZ 7 Fév. française ne communiquaient plus, et qu'il existait dès cette époque une crête, encore peu élevée, située au Nord du col d'Ar- rioutort et d'Eaux-Bonnes dont les dépôts crétacés appartiennent au bassin espagnol. Le Crétacé supérieur et la partie inférieure de l'Éocène ont été une période de calme, qui a pris fin lors du Bartonien; il s’est produit à cette époque des mouvements indiqués par la trans- gression du Bartonien, et surtout par la production de ces amas de cailloux roulés dont quelques-uns, assez rares, proviennent du Primaire et des roches éruptives de la haute chaîne actuelle. C'est à la fin de l'Éocène que se placent les grands mouvements qui ont produit les plissements et les chevauchements que j'ai décrits ainsi que la surrection générale de la chaîne par un mou- vement d'ensemble dont la notion s'impose. Les plissements, chevauchements et charriages, quelle que soit leur ampleur dans la région, ne peuvent en effet expliquer à eux seuls la formation des Pyrénées. C'est alors, et alors seulement, que les Pyrénées sont devenues une chaine de montagnes. M. Emm. de Margerie demande à M. Carez si les deux plis de Bielle et de Sarrance, au lieu d'être enracinés sur place, ne représenteraient pas plutôt les extrémités plongeantes de digitations émanant d’une masse de recouvrement située dans la partie méridionale de la feuille de Mauléon. Passant aux phénomènes d’érosion fluviale et de remblaiement gla- ciaire, il rappelle ensuite que les faits observés par M. Carez au débou- ché de la vallée d'Ossau, et qui, d'ailleurs, sont d’une parfaite netteté, ont été depuis longtemps signalés par M. le professeur Penk, dans un mémoire dont la traduction française a paru à Toulouse, en 1885. M. L. Carez répond qu'il considère comme absolument impossible d'admettre que les plis II et IIT soient des parties d'une masse de recouvrement venue du Sud. Sur le deuxième point, il fait remarquer à nouveau qu'il s’est abs- tenu dans cette note de rappeler les travaux antérieurs, l'ayant déjà fait très copieusement dans la « Géologie des Pyrénées françaises », à laquelle il renvoie le lecteur. LES ROCHES ALCALINES DE TAHITI PAR À. Lacroix !. PLANCHES III ET 1V. I. Données géologiques. — IT. Roches grenues. — III. Roches microgrenues ou microlitiques en relation avec les roches grenues. — IV, Roches vol- caniques. — V, Conclusions. Les roches non coralliennes du Pacifique central et oriental sont considérées comme de nature uniquement volcanique et d'autre part, les pétrographes, qui défendent la théorie de l'existence de deux faciès dans les roches éruptives, le faciès pacifique et l’atlantique, rattachent au premier toutes les roches volcaniques de cette vaste région. Les roches, qui font l’objet de cette note, présentent un double intérêt. Je vais montrer en effet, d'une part que des roches gre- nues jouent un rôle important dans la constitution de Tahiti et d’une autre que ces roches, ainsi que l’ensemble des laves de la même ile, présentent des caractères qui les rattachent d’une façon indiscutable au type atlantique. Quelques mots d'introduction sont nécessaires pour expliquer l'origine des matériaux qui vont être décrits. Lorsqu'en 1898, une partie des collections d'histoire naturelle constituant l’ancien Musée colonial furent transportées au Muséum national d'Histoire naturelle, quelques échantillons échurent à mon Service. Mon attention fut attirée par deux cail- loux roulés, indiqués comme provenant de la rivière de Papenoo, à Tahiti: l'un d'eux appartenait à un type pétrographique qui m'était alors inconnu et que je devais retrouver peu après en grande abondance parmi les roches à néphéline de la région d'Ampasindava, dans le Nord-Ouest de Madagascar. Dans la monographie consacrée plus tard à cette dernière province pétro- graphique, j'ai montré? que la roche en question appartient à cette intéressante famille, que j'ai décrite sous le nom de monzonite néphélinique. En 1901, un distingué zoolosiste du Muséum, M. Seurat, ayant été chargé d'une mission pour l'étude de la pêche des Huitres perlières à Tahiti et aux îles Tuamotu, je lui remis un fragment de cette roche, en le priant de rechercher son gise- 1. Note présentée à la séance du 21 juin 1909. 2. A. Lacroix. Les roches à néphéline de Tahiti. CR. Ac. Se., CXXXIX, p. 953, 1904. A. Lacrorx. Note sur la minéralogie de Tahiti. Bull. Soc. franc. minér., ENVIE pe 21221904 00 92 A. LACROIX 7 Fév. ment. Avec une obligeance et une intelligence extrêmes, M. Seu- at a procédé à l'exploration, hérissée de difficultés, de toute la vallée de Papenoo et particulièrement de sa partie haute. Il est parvenu ainsi, non seulement à trouver le gisement en place de la roche en question, mais il y a recueilli une collection nombreuse d'échantillons volumineux, dans laquelle j'ai trouvé d'autres roches intéressantes, dont j'ai donné déjà une courte description préliminaire !. Depuis cette époque, M. Seurat est rentré en He et m'a fourni quelques renseignements topographiques, qui m'avaient manqué jusqu'alors. J'ai différé jusqu’à présent la publication de la présente note, dans l'espoir d’intéresser à Tahiti quelqu'un à ces recherches, et de compléter ainsi certains des renseigne- ments géologiques, qui vont être donnés plus loin. N'ayant pu réussir dans ce dessein, je me décide à publier ce travail, malgré les lacunes qu'il présente. À la suite de la description de ces roches grenues, je donnerai un court aperçu de la constitution minéralogique et chimique des roches volcaniques de l’île et ferai voir qu'en outre des types basaltiques, qui paraissent dominer et qui étaient seuls connus jusqu'ici, il existe aussi des roches alcalines, des phonolites et des types extrêmement curieux de hauynophyres. Les documents étudiés proviennent, les uns des collections du Muséum | collec- tions Vesco (1846) et Ribourd 1850]; les autres des récoltes de M. Seurat, ainsi que, de celles de M. et de Mme Brouard. Je tiens à remercier les unset les autres de l’obligeance avec laquelle ils ont bien voulu se mettre à ma disposition pour ces recherches pétrographiques. I. Données géologiques. Les roches grenues, qui vont être décrites, appartiennent à destvpes variés, syénites néphéliniques, monzonites néphéliniques, gabbros néphéliniques, gabbros esseritiques, tinguaites, campto- niles, etc. J'ai recherché dans les publications, qui ont été faites sur l'Océanie, si je n'y trouverais pas trace de travaux concernant ces roches et j'ai constaté que si leur véritable nature n'a pas été reconnue, leur existence dans la vallée de Papenoo, sous forme de caulloux roulés, n'était pas restée ignorée. 1. À. Lacroix. Les roches alcalines de la RRQ pétrographique d’Ampasin- dava. Nouvelles Archives Muséum, 4° série, I, p.133, 1902. 1910 ROCHES ALCALINES DE TAHITI 03 J. D. Dana a signalé en effet! l'existence de fragments non en place de syénites (feldspaths voisins de l'albite et hornblende) et d'une roche, qu'il a appelée basalte trachytique gris et qu'il considérée comme intermédiaire entre le basalte commun et cette syénite. Dans sa description de Tahiti, G. Cuzent? a écrit : « Parmi les cailloux roulés de la vallée de Papenoo, se rencontrent quelques fragments de roches à base de feldspath et amphibole ou feldspath et pyroxène, ainsi que des débris d'une roche verte, susceptible d'un beau poli, mais dont le gisement n'est pas connu. » Cette dernière roche est A et la tinguaite, qui sera décrite plus loin. Dans ses « Observations géologiques sur Tahiti et les îles basses de l'archipel des Paumotus », le général Ribourt * a consacré les lignes suivantes à la question qui nous occupe. « Tahiti est donc d'origine volcanique, et les roches qu'on y trouve appartiennent presque exclusivement à cet ordre de terrain. Cependant, dans une excursion que J'ai faite au fond de la grande vallée de Pape- noo, Jai trouvé sur divers points des fragments de roches gra- nitiques à l'état de cailloux roulés ; je n'ai pas pu remonter jus- qu'au gisement de ces roches, mais le point de la vallée où Je les a rencontrées m'a donné à penser que ce gisement devait se trouver au centre même de l'ile, et dépendre du massif qu'on appelle Orohena ». Ribourt, alors capitaine d'état-major, a habité Tabiti de 1849 à 1850 ; il en a rapporté une petite collection de roches, qui fait partie du Service de géologie du Muséum, où j'ai pu la consulter, grâce à l’obligeance de mon collègue M. Stanislas Meunier. Elle ne au milieu de bre échantillons de basaltes, plusieurs des roches grenues qui vont être décrites plus loin. Il est possible que les roches grenues ne soient pas localisées à Tahiti, mais qu'elles existent aussi dans quelques-unes des îles voisines, ou tout au moins qu il se trouve des roches grenues dans quelques-unes de celles-ci. Voici, en effet, un passage extrait d’un hvre de W. Ellist, qu'il faut retenir, en faisant cependant des réserves sur les dénominations pétrographiques, l'auteur, en effet, n'était pas minéralogiste et l'ouvrage en question n'est pas de nature scientifique. 1. J. Daxa. U. S. Exploring Expedition during the years 1838-1842, under the command of Ch. Wilkes, X. Geology, p. 1849. 2. Tahiti, 1860, p. 24. 3. Risour. Obs. géol. sur Tahiti et les îles basses de l'archipel des Paumotus. Bull. Soc. Géogr., Paris, (6°), XVI, p. 22, 1878. 4. W. Ercis. Polynesian Resear ches. London, 1831 12p12> 9% A. LACROIX 7 Fév. « In Borabora, there are masses of rocks, apparently composed of feldspar and quarz ; and in Maupiti, besides the common vesi- cular lava and the basalt common to all the islands, a species of granite ! is found in considerable abundance, which presents an anomaly as striking in the geology of these islands, as that furnished by the existence of carbonate of lime in the island of Rurutu, where garnets are also obtained ». Lorsque M. Seurat m'a communiqué ses documents, travail- lait à mon laboratoire, M. le capitaine Courtet, revenant de la mission Chari-Tchad. Cet officier a passé autrefois plusieurs années à Tahiti et y a fait un relevé (resté inédit) de la vallée de Papenoo, qu'il m'a remis. Nous y avons situé les renseignements recueillis par M. Seurat. La petite carte ci-jointe (fig. 1) est la réduction de ce document, que notre confrère, M. Desbuissons, a bien voulu mettre au net. La vallée de Papenoo, la plus importante de Tahiti, est une grande coupure, de direction sensiblement Nord-Sud, au fond de laquelle coule la rivière Vai-Tuoru ; il est assez difficile de la remonter; elle est en effet, extrêmement encaissée et envahie par la luxuriante végétation tropicale. Son lit est en outre encombré de blocs de basalte et des roches grenues qui nous occupent. La description, que m'en a donnée M. Seurat, m'a rappelé certaines vallées étroites de la Martinique. Les basaltes en coulées, ou en filons, lesconglomérats et les tufs basaltiques constituent exclusivement les falaises, qui encaissent cette vallée, jusqu'à environ 15 km. de la mer. Tous les ruis- seaux descendant des vallées secondaires, qui y aboutissent, ne roulent jusqu’en ce point que des galets de basalte ; mais, à partir de là et pour préciser, un peu avant d'arriver au confluent de la rivière principale avecla Vai-Navenave, l’un de ses affluents de droite, son lit est encombré d'énormes blocs de roches grenues à néphéline, qui paraissent en place. Les berges sont cependant encore constituées par des tufs et des conglomérats basaltiques, recouverts par une coulée de basalte. La vallée a, en ce point, une 1. Je viens de recevoir de M. Brouard une collection de roches, qu'il a bien voulu me faire recueillir dans l'île ; elle renferme plusieurs des types décrits dans cette note, avec, en outre, un échantillon d'un granite rose à biotite, étiqueté, Tautira ;: c'est le nom d'une localité située dans la partie septentrionale de la presqu'île de Taïarapu (sur la petite pointe visible sur le contour de droite de la fig. 1), mais comme elle est sur le bord de la mer, et que je n’ai pas de renseigne- ments sur le point où a été recueilli cet échantillon, il est à craindre qu'il ait été apporté comme lest par un bateau. Aussi n’en ferai-je pas état, jusqu’à ce que j'aie reçu à son sujet les.informations que j'ai demandées. S'il provient du sol de l’île, il y aurait là un fait d'une grande importance, sur lequel je ne manquerai pas de revenir ultérieurement. 1910 NMatarea M'Uru Fa a ROCHES ALCALINES DI M {Tetufera = M] TAHITE 95 Papara res ME Moua : Tamaïts ES 2x rett “a M! Tehsmas P. Farefenua i DÉS E & Titiaa 3 S È î ; S F es È Passage défaharuu © $ S ES es CS Ÿ ÿ » , © ee, $ CEE Ke © = ar rocrare °M{Mauru ps fo fo P Te nono A Te hopua | Fr Terape P Reretia CR + 2 À ° = b dE Le. 5 | dec Ce, $ ; PTenupa WMakina eo A ni Den = . LBPAT Se à S MtAra-Maoro À È y T & ge Tears [s N Se a Ê ra ol ie dl Ÿ LUE ge & La à ® CPP AT SES FR SE pas Ka ? è Lans) 5 ë A CAT CARO S à 3 _ 3 & À EN 4 Ÿ CINE A y Les cascades sont formees par les 3 vents tombant dans Le A Re # Ÿ/& er. ù se Var- Tuoru s “6 0° 4 à & Æ'Toopuu MAIL Echelle : Ë He 19007 500 [4 u 2 Hilomètres Reconnaissance faite par M.H Courtet: en 1886. LUE rocsce grenses. Roches grenues vues en place CS LA ji HAHINANU ue Taatehau PE CEE Fe 47 #9 Fi. 1. — Carte de la Varcés De PAPrExoo à Tahiti. Tout est volcanique à l'exception de la portion en hachures. A. LACROIX 7 Fév. ) er) direction NE.-SW. et le pic de Tetufera (1800 m.) se dresse au fond du paysage. L Le lit dela Vai-Navenave est rempli d'un mélange de blocs de syvénites et de basaltes. Çà et là, les blocs de roches néphéliniques ont plus de 10 mètres de côté ; ils paraissent être en place. A 1 km. environ du confluent, ils disparaissent et sont rempla- cés par du basalte. Un autre affluent de droite de la Vai-Tuoru, le Tehoi, présente les mêmes particularités. Plus en amont, la rive droite du Vai-Tuoru (et en particulier le piton de Teti), jusqu'au confluent de la rivière avec son affluent de gauche le Maroto, est constituée par les mêmes roches néphéli- niques, recouvertes çà et là par des basaltes. En remontant pen- dant quelque temps le lit du Maroto, M. Seurat n'a pas tardé à voir disparaître complètement les roches de couleur claire, le haut de la vallée étant uniquement constitué par du basalte. En résumé, il résulte des recherches de M. Seurat que la basse vallée du Vai-Tuoru est constituée uniquement par des coulées et des produits de projection basaltiques, que son cours supérieur, à partir de 15 km. de la côte et le cours inférieur de ses affluents de droite, la Vai-Navenave et le Tehoi, et desonaffluentde gauche, le Maroto !, traversent un massif néphélinique, qui paraît mesu- rer environ à km. x 2 à 3 km. (fig. 1). Ces roches sont locale- ment recouvertes par des basaltes, qui forment exclusivement les hautes falaises dominant le fond de la vallée et constituent l’arête centrale de l'île. L'épaisseur de la végétation a empêché à M. Seurat de démèler les relations mutuelles des différentes roches qu'il a recueillies, mais l'examen des blocs qu'il m'a envoyés permet d'affirmer que les roches gabbroïques sont les plus anciennes. Elles se trouvent en enclaves dans plusieurs échantillons de syénites, que J'ai entre les mains et je donne ici (pl. II, fig. 1) la photographie d’un fragment du gabbro néphélinique, traversé par un filon mince de syénite néphélinique à biotite. J'ai plu- sieurs blocs semblables. La même planche représente d'autre part (fig. 2) un bloc de camptonite, englobant des fragments de mon- zonite néphélinique. La planche IV fait voir un filonnet de syénite néphélinique traversant une monzonite néphélinique et englobant des frag- ments de roches basiques. Il eût été intéressant de pouvoir définir plus complètement les relations mutuelles des syénites et des monzonites néphéliniques. 1. Une source d'eau ferrugineuse se trouve dans cette vallée, - TABLEAU INDICATEUR DES JOURS DE SÉANCE 2 EN 1910 Les Séances de la Société Géologique de France se tiennent habituellement les 1* et 3° LUNDIS de chaque mois au siège de la Société qu Janvier Février Mars Avril Mai Juin Novembre Décembre des Séances. 8" 1/2 soir 10 | fl | 7 | n | 2 6 7 | 5 5 soir | 7 | es Jos las 23 | 20 | 21 | 10 Le Secrétariat et la Bibliothèque sont ouverts tous les jours de 4 heure 1/2 à 6 heures 1,2. TIRÉS A PART La Société ne donne pas de tirés à part des notes publiées dans son + Bulletin; toutefois, les auteurs ont le droit d’en faire faire à leurs frais ; la demande doit en être faite sur le manuscrit, le Secré- taire se charge de veiller à leur exécution. Tarif des tirés à part sur papier du Bulletin. 25 ex. | bOex. | 75 ex. 1100 ex. | 150 ex. 1200 ex. [250 ex. 16 pages..... 5,50! 7 » 8,50/10 » 43 » [16 » 119 » He Le 5 »| 6,25] 7,50! 8,75/10,25/12,75/15,25 Brochage JS = L2 » | 235l5,80| 6,25] 7,95) 0,2510,75 compris ot 3350 4» /|2,50) 2,50) 600) 7,50 D 2,501 9,75] 3 »| 3,251 3,75] .4,28| 4,75 - COUVERTURE Imprimée, titre spécial... 4 »1 4,501 5 » 1] 5,50 6,50! 7,501 8,50 Passe-partout avec titre de la HOHE EN PR APR MAUR 3 »|1 3,50| #4 » | 4,501 .,5,50! 6,50! 7,50 Papier couleur sans impres- SLONRCR RE di ne re 0,50! 0,75] 4 » | 1,25! 1,75] 2,25) 2,75 PAYEMENT DES COTISATIONS Les Membres de la Société doivent acquitter leur cotisation dès le 1 Janvier s'ils veulent recevoir régulièrementles publications de la Société. En cas de retard, les cotisations sont recouvrées à domicile et la quit- tance est majorée des frais d’encaissement, # TABLE DES MATIÈRES (TOME X, Fasccuces 1-2). È Pages Liste des anciens Présidents de la Société géologique de France................ w Liste deslaureats duPri Viquesnele ee the eee Eee enter VI Histeidestlaureats dusPrix RONtANNESE NN PR Re NP vi Pistedes lauréats du Prix Prestwich #4... PR a te le ae vI Bureauret Gonseilide la Société pour LOTO RE RE EP RE ER vil Composition des Commissions pour 1OTO ER RRRERR ne VII Membres a perpétuité nt CR RE NE IX Membre-donaleur RS RS En EU IX Liste générale alphabétique des membres de la Société....:....:..... Se x Liste des membres de la Société distribués géographiquement: .................. XLII Membres de la-Societé décédés en 1909 0 mt XEVI Prix et Fondations de-la Société.............)...... RSR EC CS ME D EXT NIE Séance du 10 janvier 1910 Proclamalion de nouveaux membres : MM. Recnaro, R. HumEny................. 1 Elections des membres du Bureau et du Conseil pour 1910............,........... L G. Ramowp. — Obs. au sujet du vote par corr nn > n4. La biréfringence est plus forte dans la partie verte que dans la brune ; il existe aussi des différences dans l’écartement des axes 1910 ROCHES ALCALINES DE TAHITI 401 optiques qui est variable d'ailleurs: il est voisin de 100° (2 E) dans les régions brunes et peut devenir presque nul dans la zone verte dans laquelle la dispersion est forte. Il en résulte que dans Îles sections perpendieulaires à la bissectrice aiguë négative la bordure des cristaux est presque toujours éteinte. L'amphibole brune appartient au groupe de la barkévicite; par la petitesse de l'angle de ses axes et par sa couleur, le type périphérique se rapproche d'une amphibole sodique connue dans diverses syénites néphéliniques (Montréal, Pouzac). Le feldspath alcalin est de l’orthose ou de l’'anorthose, souvent dépourvue de facules. Le plagioclase très abondant, maclé sui- vant les lois de l’albite et de Carlsbad, est toujours basique et appartient au labrador où à la bytownite ; il sert de centre aux grandes plages de feldspath alcalin, qui sont orientées sur lui, aussi les sections perpendiculaires à la bissectrice aiguë permet- tent-elles de déterminer avec précision la position du pôle du plagioclase conjugué. Le sphène est constant et abondant ; il a toujours des formes nettes. Dans un des échantillons que j'ai étudiés, il présente un genre de pseudomorphose, qui mérite d'être signalé. Ses contours sont constitués par des cristaux (p, b!?) bleus d'anafase, qui forment aussi des grappes au milieu du squelette du sphène, rempli par de la calcite, qui déborde en dehors de la pseudomorphose. On peut suivre tous les intermédiaires entre le sphène intact et des pseudomorphoses complètes. Ce genre de transformation ne semble pas avoir été observé Jusqu'ici dans le sphène des roches alcalines. L'apatite est très abondante en longs cristaux, parfois creux, pouvant atteindre plusieurs millimètres et se trouvant fréquem- ment inclus dans le sphène, le pyroxène et l'amphibole. Quant à la néphéline et à la sodalite, souvent intactes, d'autres fois en voie de transformation en muscovite, elles forment d'or- dinaire des cristaux automorphes. La structure de cette roche varie entre la grenue et la foyaïtique ; cette dernière s'observe surtout dans les types à grains fins de passage à la syénite. Les feldspaths sont les derniers éléments cristallisés. Les minéraux colorés ont une grande tendance à se grouper par paquets au lieu d'être indépendants les uns des autres, comme dans les syénites. Il me reste, en dernier lieu, à signaler la fréquence de l’anal- cime, qui apparaît comme le minéral le plus récent, surtout dans les types à faciès foyaïtique. Dans les roches à gros éléments, elle est parfois macroscopique et se distingue alors des autres minéraux par sa limpidité et son absence de couleur. 102 A. LACROIX 71 Fév. Je donne en à l'analyse de la monzonite néphélinique, en b celle d'une syénite néphélinique, très riche en barkévicite de Nosv Komba (Madagascar), c et d de monzonites néphéliniques de la même région. Ces analyses, faites par M. Pisani, sont extraites de mes mémoires des Nouvelles Archives du Muséum. Enfin en e se trouve l'analyse de l’essexite de Salem Neck (Essex County, Mass.), par M. Dittrich (in Rosexrusen. Elemente der Gesteins- lehre, p. 196, 1910). S © Q & e SIDE TEEN ME 47,50 S15410 48,50 46,40 47,9% ATOS 1997 24-410 21.30 21,60 17,4% Fée 020 PERS 3,39 0,91 0,95 4,07 6,84 ÉeO RS NE NERE 4,7% Elie) 5,49 4,95 6,51 MgO SR DEA RER 3,60 2,81 4,10 2,15 2,02 GaO res 6,92 530 7,42 8,44 1,47 Na O Ar UE »,25 6,35 4,85 6,29 0,63 KO FN nRNRLe 3,47 4,21 3,21 2,14 210) 1 AO Een 2,96 1,38 1,72 1504 0,20 PÉOPE EE 0,4% » » 0,26 1,04 (6) RÉ RS EEE ») tr » » ») HO SERRES 2525 0.87 242 4,25 2,04 100,49 99,66 99,66 100,2 9 Toutes ces roches sont à rapporter à l'essexose (IL. 6. 2. 4). 3° CGrABBROS NÉPHÉLINIQUES (théralites). Ces roches, elles aussi, présentent une grande ressemblance avec les types similaires de Madagascar ; elles sont à grains moyens et riches en minéraux colorés. L'examen microscopique y montre, en plus des minéraux de la roche précédente, de l'olivine et beaucoup de biotite, en moins le sphène et le feldspath alcalin, sauf dans des termes de passage avec les monzonites. L'olivine est généralement arrondie, l'au- gite au contraire, automorphe, ainsi que la biotite, tandis que la barkévicite, d'ordinaire peu abondante, forme souvent des facules ou des plages irrégulières dans le pyroxène. La biotite est d'un brun rouge extrêmement foncé, l'écartement des axes (2#E) atteint 40°; le plan des axes optiques est parallèle à g' (010). Elle forme aussi quelquefois des groupements dentelli- formes dans le pyroxène ; celui-ei, souvent maclé suivant h! (100), est de l’augite titanifère, très nettement pléochroïque dans les teintes violette et jaune verdâtre. Le plagioclase est une bytownite, zonée sur les bords de types acides et parfois même d'anorthose ; des cristaux aplatis suivant g! sont empilés les uns sur les autres : ils englobent, au moins en partie, les éléments colorés et sont eux-mêmes moulés 4910 ROCIHES ALCALINES DE TAHITI 103 par de grandes plages de néphéline et de sodalite. Dans certaines variétés à moins grands éléments, ces feldspaths prennent une structure ophitique. Quand ces roches sont très riches en éléments ferromagnésiens, et qu'elles contiennent de l'anorthose, elles passent aux essexites grenues. La composition a est celle du gabbro à néphéline. Je donne en D celle de la même roche, provenantde Nosy Komba (Nouv. Arch. Muséum, op. cit.); ces deux analyses sont dues à M. Pisani ; en c) l'analyse d’un gabbro à hornblende de Salem Neck (Essex County), par M. Washington (J. of Geol., VIX, p. 63, 1893). a b C SOS Ne te re 1510 2600. 5e AD a. 19,30 18,20 18,99 PÉDI n Rt 1,85 3 T8 RÉ Une Re ne 8,70 À 6,80 9,78 MAO NU dite 5.30 8,97 4,68 CAD ne ne rue 9,81 43,40 9.19 ND re 4,32 4,42 3.78 ROM ant 1,58 1,45 2 12 OS NES MNT 3.49 2,98 19% POMPES Re De | 0,57 n: A: » RO RE 0,75 0,93 0,40 100,47 100,75 99,98 Ces roches sont à rapporter au type salemose (II. 6. 3. 4). 4° GABBROS ESSEXITIQUES. Le terme le plus basique de cette série est constitué par une roche ne différant guère par ses caractères extérieurs de la pré- cédente, sauf dans le cas où 1l s’y présente en abondance de grandes plages d’amphibole noire, atteignant Î em. de côté. La structure grenue s’accentue ; l’augite, l’olivine et la horn- blende, parfois accompagnées de biotite, deviennent les éléments prédominants ; elles sont généralement dépourvues de formes géométriques. Le feldspath est de la bytownite ou du labrador- bytownite ;1l n'existe ni orthose, ni feldspathoïdes. La titanoma- gnétite et l’apatite sont abondantes. Cette roche a été rencontrée en gros blocs, traversés par des veines d'aplite néphélinique ; elle est identique à tous égards à celle de La région d'Ampasindava, que j'ai décrite anté- rieurement sous le nom de gabhro dioritique. Il me semble préférable aujourd'hui de la désigner sous le nom de gabbro essexilique, pour rappeler ses affinités avec les roches de la famille des monzonites néphéliniques, Je donne ei-contre en a 104 A. LACROIX 1 Fév. l'analyse de la roche de Tahiti et en D celle de Madagascar emprun- tée à un mémoire antérieur. Toutes deux ont été effectuées par M. Pisani. a b DLORS SRE ET RE SL EN PO 41,50 45,40 AI2OS EN TRS HE RAURe 12,31 18,60 Fé OS SNS En de ane »,20 0,77 FeOrE NN SPRL 8,46 6,70 MÉO RIRE ee EE 11,29 7,45 CAO EE RE RS RE Re 14,05 13,20 NAS OS AE es 2,06 2,31 KO PEER EC RER RENE Res 0,48 1,25 TO EEE D RAS RE vtr 4,78 2,82 P20 26 NRA eaR RAC En 0,06 » PO EM Dares UT ete ee 0,50 1,00 100,69 99,50 Ces deux roches re rapportent à la même case vide de la clas- sification chimicominéralogique (II. 6.4.3): je propose de les dési- gner sous le nom de papenoose. 9° PHÉNOMÈNES DE CONTACT DES SYÉNITES NÉPHÉLINIQUES. a. Contacts avec les qgabbros. — J'ai étudié plusieurs blocs à grands cristaux d'amphibole, traversés par des filons ou des filon- nets de syénite néphélinique à biotite, atteignant un décimètre ou ayant moins d'un centimètre d'épaisseur. La structure de la syénite, surtout quand les filons sont de petite dimension, a une tendance à devenir microgrenue. Plusieurs des blocs atteignent la grosseur de la tête; dans toute sa masse le gabbro se montre transformé; loin du con- tact seuls la hornblende et le mica présentent des modifications que, paranalogie avec ce qui est connu dans les enclaves similaires des roches volcaniques, on doit considérer comme dues unique- ment à des actions calorifiques. Ces minéraux sont simplement cerclés de magnétite, seule ou associée à de petits grains d’augite. Au contactimmédiat, il existe toujours des traces de phénomènes dynamiques ; tous les éléments normaux de la syénite sont plus ou moins brisés et en quelque sorte dissociés par un mélange très finement grenu d’orthose et de néphéline, qui s’insinue aussi dans toutes leurs fentes. Il est possible de suivre la conti- nuité de ces filonnets avec la syénite, dont ils ne diffèrent que par la diminution progressive des éléments et par l'abondance de magnétite entourée de larges croûtes de biotite néogène. Les minéraux du gabbro subissent, en outre, des modifica- 1910 ROCHES ALCALINES DE TAHITI 103 tions plus ou moins complètes ; l'épigénie progressive de la bio- tite, de l’'amphibole en augite et magnétite est constante et la proportion d'augite Fe plus g nn que loin du contact ; les cristaux d'olivine sont cerclés par un mélange de grains plus gros d’augite et de magnétite ; souvent ce des minéral moule le pyroxène. Ces pseudomorphoses du péridot, dont il est possible de suivre les étapes successives, permettent d'expliquer une particularité, qui sera étudiée plus loin dans un autre contact. Quand un feldspath est brisé, à son contact avec la microsyé- nite injectée, ses bords sont souvent cicatrisés par de l’orthose néogène. Poe l'injection est intense, les débris de la roche ancienne flottent dans une grande quantité de magma microsyénitique et ils simulent des “phénocristaux très ébirodée d’une roche por- phyrique. Cet envahissement d’une roche solidifiée par un magma fluide rappelle les faits que j'ai observés! dans l'étude des maté- riaux de construction andésitiques constituant les murs de Saint- Pierre à la Martinique, fondus par le grand incendie consécutif à la destruction de la ville par l Sun de la Montagne Pelée, en 1902. Des moellons d'andésite à hypersthène étaient réunis par du mortier fait avec de la chaux de Polypiers et du sable volcanique, riche en titanomagnétite et en hypersthène. Le mortier a joué le rôle de fondant et par sa fusion avec les moellons voisins a donné naissance à un magma très fluide, qui a coulé et s'est consolidé sous forme de stalactites. On y retrouve, à peine corrodés, les phénocristaux de l’andésite (hypersthène, plagioclases zonés), englobés par un mélange très cristallin de plagioclases basiques et d'augite titanifère : une pâte basaltique s'est donc substi- tuée à une pâte andésitique sans modifications profondes des phénocristaux. Pour revenir aux contacts de Tahiti, on voit qu'ils sont caracté- risés par des actions mécaniques limitées au contact immédiat, par des actions chimiques et calorifliques s'’observant également au voisinage immédiat du magma injecteur, alors que les actions calorifiques seules sont observables à un décimètre de celui-ci. b. Injection de syénite néphélinique dans des brèches. — Les brèches, dont il s’agit (pl. IV) sont surtout constituées par des blocs de monzonites néphéliniques (a) et par de petits fragments anguleux 1. À. Lacrorx. La Montagne Pelée et ses éruptions. Paris, 1904, p. 679. 106 A. LACROIX 7 Fév. de diverses roches microlitiques (e), parmi lesquelles se remarque 1° une sorte d'andésite à hornblende (grands microlites de plagio- clases acides, granules de magnétite, avec quelques phénocris- taux de hornblende), que je n'ai pas vue ailleurs ; 2° le microgab- bro du deuxième tvpe décrit plus loin. Cette brèche est traversée par une veine de syénite néphélinique, à disposition symétrique, ayant environ un à deux cm. de diamètre et rappelant les veinules que j'ai signalées à Madagascar dans un contact de cette même roche avec des brèches calcaires. Cette veine, représentée au milieu de la planche IV, est grise sur ses bords (c), blanche dans sa partie axiale. Sur les bords, elle est constituée par de l'orthose très aplatie suivant gl, implantée sur les parois. Les lames de ce feldspath renferment dans leurs intervalles un peu de néphéline et d'augite ægyrinique, qui leur sont par suite posté- rieures. La partie axiale de la veine est constituée par des eristaux moins aplatis et enchevêtrés d'une microperthite d'orthose et d'al- bite, englobant des cristaux automorphes d'augite ægyrinique et de néphéline (en voie de transformation en calcite), de sphène et de titinomagnétite. Les intervalles miarolitiques de ces feldspaths sont partiellement remplis par de l'analeime. Par places, ces veines syénitiques sont séparées de la brèche par une zone de même composition, mais microlitique ; 1l en part des apophyses de quelques millimètres d'épaisseur (on en voit une en dsur la planche IV); les unes serpentent dans la brèche en conservant des contours nets, alors que les autres (q) ont fusé entre les éléments de celle-ci, les moulant, s'injectant même dans leurs fissures capillaires, ce qui implique une extraordinaire flui- dité. Toutes ces apophyses sont caractérisées par l'aplatissement très marqué des feldspaths, qui deviennent parfois extrêmement petits; la roche est alors une sorte de phonolite, à éléments très fins, enchevêtrés. Les fragments de monzonite de la brèche ont subi des modifi- cations du même ordre que celles indiquées plus haut : transforma- tion de l’amphibole, bordure orientée de l'orthose néogène autour des feldspaths anciens, surtout dans les petits fragments noyés au milieu de la masse injectée. Les roches microlitiques, probablement plus poreuses, ont subi des transformations en général plus profondes. L'amphibole a souvent entièrement disparu ; elle est remplacée par le mélange grenu d'augite et de magnétite, qui envahit toute la roche. Dans quelques échantillons cependant, la biotite est seulement ponc- tuée de magnétite. 1910 ROCHES ALCALINES DE TANHITI 107 ut. Roches microgrenues ou microlitiques en relation avec les roches grenues (Roches filoniennes). Il est possible de donner la démonstration directe du mode de gisement de quelques-unes des roches que Je désigne sous cette rubrique, puisque je possède des blocs de syénites ou de monzo- nites traversés par elle sous forme de minces filonnets. Mas il en est d’autres, pour lesquelles on ne peut juger que par analogie. Ces roches sont à rapporter au groupe des tinguaites et à celui des camptonites-monchiquites. 1° TiNGUAITE. Cette roche paraît être assez abondante dans la vallée de Papenoo sous forme de blocs compacts, très durs, résistant mieux à l'alté- ration que les roches basiques qui laccompagnent. Sa couleur est le vert poireau ; sur sa cassure inégale, on ne distingue à l'œil nu que de rares phénocristaux de feldspath. L'examen microscopique montre un feutrage d'aiguilles d'ægy- rine extrèémement fines, enveloppées par de petites plages irrégu- lières de néphéline et d'orthose, qu'il est difficile de distinguer avec précision lesunes des autres autrement que par l'attaque à l’aide d'un acide. Quelques rares phénocristaux de néphéline et d’orthose, ces derniers, maclés suivant la loi de Carlsbad, complètent cette roche, qui contient très exceptionnellement des microlites d'amphibole brune et quelques phénocristaux de sphène de petite taille. L'anal- cime secondaire remplit des cavités. Mes échantillons ont tous été recueillis dans la vallée de Papenoo: M. Courtet m'a parlé d'une roche, qui l'avait jadis frappé par sa couleur et sa compacité et qui appartient probablement au même type : elle se trouverait en abondance dans la vallée de Vai-Pupu, aboutissant à la pointe Vénus, c'est-à-dire à l'Ouest de la vallée de Papenoo, mais aucun échantillon n'en à été recueilli. 2 b c d e SO 0 56,40 58,10 58,61 58,25 52,60 ALORS 21,41 ADSL 212801272100 22;80€ Fe0221655: 1,04 2,36 1,76 0,48 2,43 eo ren 1,50 1,77 1,77 3,92 2,00 MODERNES 0,51 0,73 0,62 0,99 4,09 GROS 0,96 0,66 0,30 1,60 1,67 Na OS rer 9,61 7,81 9,45 8,01 9,42 KÉTO 'Rre 5,36 5,51 5,21 5,86 5,21 MO ES Mar 0,25 0,06 » 0,06 0,26 GRR ent tr. tr. tr. tr. » HO ES Le 2,50 1,75 0,75 0,62 2,12 99,54 99,85 100,27 100,09 99,60 108 A. LACROIX 7 Fév. En regard de la composition chimique (a) de cette tinguaite, je donne celle b, et c, de deux syénites néphéliniques, d, d’une micro- foyaite et e, d'une finguaite de la région d'Ampasindava, toutes à ægyrine ; cesanalyses sont empruntées à mes deux mémoires anté- rieurs, dans lesquels sont donnés d'autres résultats similaires, obtenus également par M. Pisani. Ces roches sont à rapporter à la miaskose ([.6.1.4). 20 CAMPTONITES, MONCHIQUITES. Ces roches ont un faciès basaltique, mais paraissent très cris- tallines, même à l'œil nu. Elles ont pour caractéristique commune de renfermer en extrême abondance des microlites allongés de l’'amphibole qui caractérise les roches grenues ; celle-ci s'y trouve parfois en moins grande quantité sous forme de phénocristaux ; elle est ou non accompagnée de microlites et de phénocristaux d’augite, violacée ; enfin, la titanomagnétite est abondante. Suivant les échantillons, ces divers microlites sont extrêmement fins ou atteignent quelques dixièmes de millimètre de longueur. La caractéristique différentielle des camptonites et des monchi- quites réside dans ce que les premières renferment des microlites de plagioclases généralement basiques, et les secondes seulement une pâte d’analeime ; il existe des passages entre ces deux types. Comme certaines des roches de Madagascar que j'ai antérieure- ment décrites, beaucoup de celles qui nous occupent contiennent des traces d'un élément blanc disparu, qui, par sa structure fibreuse, rappelle la néphéline altérée des roches grenues. Quelques types renferment exceptionnellement de rares phé- nocristaux de bytownite. Ces roches basiques sont beäucoup moins fraîches en moyenne que les précédentes ; elles renferment des cavités remplies de calcite et de diverses zéolites (christianite, mésotype, cha- basie, etc.). Un échantillon de camptonite englobe une très grosse enclave à faciès gabbroïque; elle est essentiellement constituée par de orands cristaux de bytownite maclés suivant les lois de l’albite, de Carlsbad, de la péricline et de Baveno et présentant des formes extérieures distinctes ; ils sont accompagnés de non moins gros octaèdres de titanomagnétite. Tous les intervalles de ces deux minéraux sont remplis par de grands microlites cristallitiques, parfois groupés à axes parallèles, d’amphibole brune et d'un 1910 ROCHES ALCALINES DE TAHITI 109 plagioclase voisin de l’andésine ; il semble avoir existé un peu de verre, actuellement transformé en analcime, en calcite ou en une chlorite à allongement positif et à biréfringence de clinochlore. La netteté des formes de ces feldspaths basiques, quelquefois bordés par une fine zone acide, ne permet pas de considérer cette roche comme un gabbro, qui aurait été en partie refondu ; je la regarde comme une enclave homoeogène synmorphe de la camptonite. La composition chimique de cette dernière est la suivante : 0 TC EE 46,10 A1203 19,91 RÉ OBE Ac R du 210 HOUR SR ne EN der 5,02 Mo OS ann rm ee ne: 3,30 CAO RP ne A es cree 6,95 Na OR RE As ee nan 6,10 K20O.. TS er 3,02 RO ne en eee en ë 3,02 PEUR SERRE eee der le 0,25 Éd tte Mn 2,99 100,01 Cette roche présente une grande analogie chimique avec la mon- zonite néphélinique; comme celle-ci, elle se rapporte à l'essexose (II.6.2.4). 3° MIcROGABBROS. Je désigne sous ce nom des roches offrant deux types. L'un a l'aspect extérieur d’un basalte riche en phénocristaux d’augite : il forme des veines dans un gabbro essexitique. Ce microgabbro renferme de nombreux phénocristaux d'augite et d'olivine automorphes, quelques grands microlites, plutôt que des phénocristaux de labrador. Ces minéraux sont disséminés dans une pâte très finement grenue, constituée par de petits grains d'augite et de magnétite prédominants, englobés par un peu d’un plagioclase trop petit pour pouvoir être déterminé. Enfin, dans cette pâte, sont disséminées en grande abondance des paillettes poecilitiques de biotite. L'analyse de cette roche est donnée plus loin et l’on verra qu'elle montre une composition chimique presque identique à celle du gabbro essexitique. La roche, qui vient d’être décrite, renferme des enclaves d'une autre variété de microgabbro, qui, à l'œil nu, ressemble à une diorite à grains très fins. On y distingue au microscope des grains d'olivine, qui sont tous entourés d'une auréole d'augite, de l’augite en cristaux indépendants, du labrador aplati, de la titanomagné- tite entourée de biotite et enfin des lamelles indépendantes de bio- 410 A. LACROIX 1 Fév. tite; l’augite moule ophitiquement les microlites de feldspath, mais sans Jamais constituer de grandes plages; cette roche doit être un débris de filon ou une forme de bordure du gabbro essexi- tique. L'analyse suivante a été faite par M. Pisani sur le premier type de microgabbro. SO RE OR SR A le 44,26 AO ONE A nee 13,32 Fer PEU CA ren tete 4,60 Re OPEN RE ARR LCR NRA Ae Re 8,19 ME OA NMSS ANn Te 9,42 GaO Us CR CR UT RD PARU à 10,95 INA OS SES AT AA AR Sc Set tee 2,40 ROUE DRE RU RON no MN 0,99 STD RARE Ad Et Ua A EE x 5,02 PRIOR URSS NE 0,45 HO RE RP TR RS le a ei RD ME a Re 0,37 99,97 = Cette composition range ce gabbro dans la camptonose (TIT.5. 3.4), type chimicominéralogique réalisé par un grand nombre de gabbros, de basaltes, etc. 4° PHÉNOMÈNES DE CONTACT DES ROCHES PRÉCÉDENTES. Les échantillons de gabbro en contact avec le microgabbro et ceux de monzonite néphélinique'en contact avec des camptonites présentent des phénomènes métamorphiques, qui sont compa- rables à ceux décrits dans le paragraphe des syénites, mais ils sont limités à des actions calorifiques. a. Contact du microgabbro et du gabbro. — À un décimètre du contact, l’amphibole, le mica et l’olivine présentent les modi- fications décrites plus haut. Au contact immédiat, la fusion et la recristallisation sont presque complètes, l’agrégat néogène fine- ment grenu d'augite et de magnétite s’est en outre introduit sous forme de filonnets dans toutes les fentes des minéraux non transformés et particulièrement dans celles des feldspaths. Dans quelques échantillons, les plages de mica et d'amphibole incomplètement transformées renferment des agrégats d'augite moulée par de la magnétite, rappelant un peu certains chondres de météorites ; par analogie avec les échantillons décrits page 105, ils doivent être, sans aucun doute, considérés comme le résultat d'une transformation totale de l'olivine. 1910 ROCHES ALCALINES DE TAHITI til b. Contact des camptonites et des monzonites néphéliniques. — J'ai examiné des plaques taillées au contact d’enclaves de mon- zonites néphéliniques et de camptonites (pl. IT, fig. 2); elles montrent que ces dernières roches possédaient une extrême flui- dité au moment de leur mise en place ; elles ont envoyé en effet dans les enclaves ; des veinules de quelques millimètres d'épaisseur et celles-ci, à leur tour, se sont diffusées dans toutes les fissures de la roche grenue, l'imbibant littéralement, remplissant parfois des félures, ayant moins d’un dixième de millimètre. La portion camp- tonitique injectée possède toujours une cristallinité très faible. Souvent les seuls éléments individualisés sont les microlites d'amphibole ; on constate généralement une augmentation du pig- ment ferrugineux sur les bords des fissures. De nombreux frag- ments de la monzonite sont englobés et corrodés ; leurs silicates sont fréquemment fondus et transformés, comme dans les eris- taux décrits plus haut, en petits grains d’augite et de magnétite, Enfin, à quelques centimètres de distance du contact, tous les cristaux d’amphibole de la monzonite sont bordés d'une cou- ronne de magnétite et d'un mélange de magnétite et d'augite, montrant que le minéral a commencé à fondre sous l'influence du réchauffement dû à l'injection du magma. IV. Roches volcaniques. Je ne me propose pas de décrire les roches volcaniques auss complètement que celles qui viennent d'être passées en revue. Je m'attacherai surtout aux types qui n'avaient pas encore été signalés, les phonolites, les hauynophyres et les picrites. IT est vraisemblable qu'une étude plus complète des basaltes, faite plus particulièrement au point de vue chimique, permettrait d'y établir des subdivisions plus nombreuses et peut-être d'y trouver des types néphéliniques. I faudrait, pour cela, avoirdes séries d'échan- tillons recueillis méthodiquement en place, alors que les nom- breuses roches, que j'ai examinées, ont été ramassées dans les rivières et sont par suite dépourvues d'indications de gisement précis. Il m'a paru inutile d'entreprendre un travail plus com- plet sur de semblables matériaux, et je me suis contenté de faire analyser les deux types les plus fréquents. 1° PHONOLITES. Les collections Vesco let Ribourt renferment un grand nombre 1. La collection Vesco renferme aussi des échantillons de phonolites, iden- tiques à ceux de Tahiti, provenant de l'ile de Raïiatéa (les sous le Vent), située à environ 200 km. au NW. de Tahiti. 1 412 ; A. LACROIX 1 Fév. d'échantillons de phonolites; aucun d'eux malheureusement ne porte d'indication précise de gisement. Le seul échantillon situé, que j'ai examiné, m'a été envoyé par M. Brouard, avec l’indication Vaïrao, localité d'où proviennent une partie des hauynophyres décrits plus loin. Les roches de ce groupe présentent d'assez grandes différences de caractères extérieurs, mais celles-ci s’effacent au microscope. Parmi ces phonolites, les unes sont assez compactes, peu fissiles, d'un brun verdâtre, les autres sont grisâtres, très fissiles ; elles possèdent un éclat satiné dù aux lamelles de feldspath, mises en évidence par un commencement d'altération. Les phénocristaux d'orthose sont toujours assez abondants. La composition minéralogique est la suivante : I. Sanidine, augite, amphibole {en partie résorbée en magné- tite et augite titanifère). IT. Néphéline, sanidine avec nombreuses macles de Carlsbad, augite. La néphéline est peu abondante, les cristaux nets sont moulés par les feldspaths ; ils ont souvent disparu par altération. L'augite est légèrement verdâtre, elle se transforme localement en augite ægyrinique ; elle constitue des grains, des cristaux allongés, et parfois de petites plages, englobant les feldspaths. Çà et là, se rencontrent quelques lamelles poecilitiques de biotite. Des minéraux secondaires : analcime, sphène, sidérite, sont assez abondants. L'analyse a a été faite par M. Pisani sur l'échantillon provenant de Vaïrao. Je donne comme terme de comparaison en b, l'analyse de la syénite néphélinique de Saline County (Arkansas), par W. A. Noyes (in J. F. Wiruiaus, The igneous rocks of Arkansas, I, p. 135,1891),etenc, celle du trachyte à acmite de Sixteen Mile Creek (Crazy Mountains, Montana), par W. H. Melville (in Wozrr et Tarre, Bull. Mus. Compar.Zool., Cambridge, XVI, p. 231. 1896). a b c SONT 60,50 59,62 62,17 AO er Net 18,20 18,67 18,58 FO No 1,34 ei 245 RD eee 1,89 DD 1,05 OA de 1,18 0,84 0,73 Ca OPERA Een iles) 1,80 450% NO nn 7,25 6,93 7,86 KO ie nee k,45 5,63 3,88 MO res 0,92 : F BIOS NES MES Ar » » 0,11 Dr ie 2,30 0,80 1,70 1910 ROCHES ALCALINES DE TAHITI 113 Dans la classification minéralogique, cette roche est à rappor- ter à la nordmarkose (1.5.1.#). 2° HAUYNOPHYRES. Ces roches se trouvent dans la vallée de Papenoo et dans le voi- sinage de Vaïrao; je ne sais dans quelles conditions géologiques. Elles doivent être abondantes dans ce dernier gisement, si J'en juge par le nombre et les dimensions des galets roulés, que je dois à l'obligeance de Mme Brouard. Il y a lieu d'y distinguer deux types, possédant le caractère com- mun de renfermer d'abondants phénocristaux de hauyne, qui, dans les échantillons de Vaïrao, atteignent 2 em. 5 de plus grande dimension, quand les rhombododécaèdres sont allongés suivant l'axe ternaire et qui n'ont pas moins d'un centimètre de diamètre, lorsque ceux-ci ont un développement normal. Par contre, l'as- pect de ces deux types est assez différent. Type I. Ce type est constitué par une roche noire, à aspect très vitreux, possédant une cassure luisante et ne renfermant que quelques cavités, qui sont généralement de grande taille. L'examen microscopique ne montre que de la hauyne, de l’augite et de la titanomagnétite, disséminées dans du verre. Même en lames minces, la hauyne est d’un bleu extrêmement intense ; elle est souvent entièrement dépourvue d’inclusions ferrugineuses ; quand celles-ci existent, elles sont peu nombreuses, localisées sur les bords ou disposées en couronnes concentriques. Elle se trouve uniquement en cristaux porphyriques dans les échantillons provenant de la vallée de Papenoo; elle abonde en outre en petits cristaux dans la pâte de ceux de Vaïrao. L'augite forme des microlites très allongés suivant l'axe vertical ou des cristallites filiformes ; elle est brunâtre et à peine pléochroïque. La tita- nomagnétite est octaédrique. La hauyne, en rhombododécaèdres souvent très allongés suivant un axe ternaire, et alors plus ou moins creux, est en partie de formation intratellurique, mais sa cristallisation a dû continuer pendant l’épanchement du magma, car si souvent les microlites d'augite sont accolés sur les faces de ces cristaux, ces derniers en renferment parfois d'autres en inclusions. L'indice de réfraction est de 1,500 pour la lumière du sodium. Le verre, quiest fort abondant, est très hétérogène ; sa couleur par place d’un brun clair, devient progressivement presque inco- lore ; çà et là, la roche renferme destaches, dans lesquelles le verre est tout à fait incolore et alors extrêmement riche en ponctuations ou en fines aiguilles de magnétite, tandis que ces formations cris- 18 juillet 1910. Bull. Soc. géol, ErrX. —5: 114 A. LACROIX 7 Fév. tallitiques manquent dans le verre coloré. Enfin, dans quelques échantillons, le verre brunâtre a complètement disparu. Type IT. Ce type, réalisé par un gros bloc provenant de Vaïrao, est constitué par une roche scoriacée ; les cristaux d’hauyne, au lieu de posséder la belle couleur bleue, observée dans le type précédent, a pris (généralement au centre des cristaux) une teinte verte, qui me parait due à un commencement d'altération. Ces portions vertes présentent en lumière polarisée parallèle une biréfringence très faible, complètement absente dans les portions bleues du même minéral. L'examen microscopique met en évidence une composition minéralogique plus complexe que dans le cas précédent. Les phé- nocristaux sont encore uniquement constitués par la hauyne, qui, sur ses bords, est riche en inclusions ferrugineuses; la pâte microlitique est formée par un feutrage d’aiguilles cristallitiques d'augite ; il existe en outre une quantité considérable de cristal- lites de sphène, d'ægyrine, et enfin de cristaux et non plus des cristallites de magnétite. Le verre est incolore ; il renferme des cristaux globuleux de leucite, à contours vagues, caractérisés par la disposition zonaire de leurs inclusions d’augite. Enfin, il existe de grands microlites lamelleux de feldspaths, qui sont les derniers cristaux formés, car ils englobent poeciliti- quement une très grande quantité de cristallites d’augite et de sphène ; ils sont assez irrégulièrement distribués dans la roche. Ce feldspath ne peut être que de l’orthose (ou de l’anorthose) ; il est très aplati suivant g! (010); les sections de la zone perpendi- culaire à cette face sont toutes maclées suivant la loi de Carlsbad et s'éteignent rigoureusement suivant la trace de celle-ci. Les faces g! n'ont malheureusement pas de contours géométriques préeis et le clivage p (001) ne s’y montre pas distinct; elles sont perpendiculaires à la bissectrice aiguë et celle-ci est positive ; les axes optiques sont assez peu écartés pour ne pas sortir du champ du microscope. Ce minéral paraît donc se rapporter à cette variété d’orthose à signe optique anormal, que M. Dupare a ren- contrée dans des roches de toute autre nature et qu'il a appelée isorthose; malheureusement, la petitesse des cristaux et leur richesse en inclusions ne permettent pas de les isoler; d’après la composition chimique de la roche et l'abondance assez grande de la leucite, ce feldspath doit certainement appartenir à un type très sodique. Dans la nomenclature minéralogique, le type I doit être consi- déré comme une augitite à hauyne et le type IT comme un pas- sage de cette roche à une leucitite phonolitique à hauyne. Je les 1910 ROCHES ALCALINES. DE TAHITI 145 réunis sous le nom de hauynophyres ; ce sont là des types pétro- graphiques fort rares, qu'on ne peut guère comparer, au point de vue minéralogique, qu'à des roches de Melfi (Vulture) dans la Basilicate, de San Antäo au Cap Vert, et du volcan d'Etinde dans le Cameroun. Ilest à remarquer toutefois que ces diverses roches renferment de la néphéline et que celles de Tahiti n'en contiennent pas, mais tous les échantillons que j'ai eu en mains sont imcontesta- blement des formes de refroidissement brusque et la composition chimique donnée plus loin montre à l'évidence qu'une cristallisation plus avancée de la pâte restée vitreuse aurait pu donner naissance à ce minéral, mais en moindre quantité que dans les roches qui viennent d'être énumérées. Je donne ci-contre les analyses: a du type I de Papenoo, » du même type de Vaïrao, c du type IT de Vaïrao, toutes trois par M. Pisani; d du hauÿnophyre de San Antäo, par M. Doelter (Die Vulcane der Cap Verden, 1882, p. 121); e de Melfi, par Rammelsberg (Zeitschr. d. d. geol. Gesell., XIII, p. 273, 1896); f et g d'Etinde par M. Dittrich (in Escu. Sifzungs. der Akad. Berlin, p. 299, 1901). a b c d e Je q SiO?... 49,52 4870 46,95 41,09 42,46 39,30 39,37 AÏOS.. 19,40 19,12 19,00 18,35 18,49 13,66 16,50 Fe?03, 2,08 2,40 4,65 (,,g0 335 7,42 2,28 FeO... SA me 00e) 6,31 4,53! 8,033 MgO... DA de 20 op A6 3,64 4,46 4,48 CaO.. Ga 608 GB 8,70: 18,10. 14,37..40,22 Na0.. RD US 6100 8700 710 1.5;78.0 #18 K20.. SSSR 328 20900. 1 09,f4t : 4,58. 4414, : 9,98 TiO?... 300209 51000718 ù » 262 301 P20ÿ,. » » » » » 0,13 0,13 SO, 0418 2010.89 110,550 910 RE » 217 214 Cl ONE 0 13 002 00,25: 101827, 0,2870.0:00 ONE ND 02,80. LS M6 2291. 4,59 411 100,14 100,19 99,99 100,65 99,92 99,762 100,07* Au point de vue chimicominéralogique, les hauynophyres de Tahiti se rapportent à l'essexose (II. 6. 2. #). On voit que la com- position chimique diffère peu de celle des hauÿnophyres de Melfi qui, cependant, par suite d’une teneur moindre en silice entrai- nant une richesse plus grande en feldspathoïdes, appartiennent à la vulturose (IT. 7.2. #). Quant aux hauÿnophyres d'Etinde, non Y compris 0,08 MnO. Y compris 0,15 CO?. Y compris 0,06 MnO. . Y compris 0,64 CO2. ii © D R 116 A. LACROIX 7 Fév. seulement ils sont beaucoup plus pauvres en silice et en alumine, et généralement en alcalis, mais encore, ils sont beaucoup plus calciques et magnésiens; ils se rapportent à la camerunose (II. 7. 2. 4) et à l'éfindose (II. 7. 3. 4). Au point de vue minéralogique qualitatif, ces hauynophyres africains sont très analogues à la roche de Papenoo, à cause de l'abondance de leurs microlites filiformes d'augite, mais ils renferment des phénocristaux d’augite et d’apatite, qui manquent dans les types tahitiens. 3° BASALTES. Les basaltes paraissent de beaucoup les roches volcaniques les plus abondantes. Les échantillons, que j'ai examinés, proviennent de la côte ouest de Panaauia à Papeete (notamment de la vallée de Punaruu) etde la côte nord, depuis Papeete jusqu'à Tiarei, ainsi que de toutes les vallées qui y aboutissent et en particulier de celle de Fautaua et de celle de Papenoo, enfin de toutes les côtes de la presqu'ile de Taïarapu. Il existe des types variés. a) Basaltes à plagioclases. — Les échantillons étudiés pro- viennent de la vallée de Papenoo et de la région du Tiarei ; dans quelques-uns d’entre eux, l'aspect extérieur rappelle celui du basalte demi-deuil de la Banne d’Ordanche au Mont Dore. A l'œil nu, on distingue des phénocristaux automorphes de labra- dor, très aplatis suivant g! (010), maclés suivant les lois de Carls- bad et de l'albite, ainsi que de grands cristaux d’augite, aplatis et souvent maclés suivant h! (100); 1l existe enfin de l’olivine. Ces minéraux sont distribués dans une pâte compacte, noire ou rubéfiée. Dans une variété scoriacée, les phénocristaux de labra- dor {densité : 2,72) sont moins nombreux, mais atteignent 2 cen- timètres de plus grande dimension. Au microscope, la pâte se résout en microhtes de labrador, d'augite titanifère violacée, souvent cristallitique, en titanoma- wnétite, accompagnés suivant les échantillons, de fort peu ou de beaucoup de verre. L'analyse suivante a été faite par M. Pisani sur un échantillon de la vallée de Papenoo. Je donne comme comparaison l’ana- lyse de roches auvergnates, celle (b) du basalte des plateaux au NW.du Meynial (Mont Dore) et celle {c) du gabbro un peu néphé- linique, intrusif' dans la brèche andésitique plhiocène de la Font- aux-Vaches (Cantal), toutes deux par M. Pisani : 4. A. Lacroix. Sur l'existence de roches grenues intrusives pliocènes dans le massif volcanique du Cantal. CR. Ac. Se. CXLIX, p. 546, 1909. 1910 ROCHES ALCALINES DE TAHITI 117 a b c SOS LEP LT RAS 44,25 42,51 46,31 AIO SSP 16,27 17,85 © 14,90 LEE 0 HSE CRE QU PA Ur a 41550 3,81 4,77 ROONE TE NENU RRE E 10,30 7,174 8,98 MOSS UELARRRR e 6,51 9,#1 8,15 EaO ME LEE ARR Ta RE 10,14 10,80 9,51 Na OCT RARE RS 3,24 2,714 4,06 KO RS ER TEE Rae 1,98 1550 1,62 TOME rer res 3,05 2,62 3,00 POESIE AE 0,63 0,45 0,32 COS ATEN VE CE IT 2,40 0,2% 1,38 100,87 99,74 100,00 Dans la classification chimicominéralogique toutes ces roches sont à rapporter à la limburgose (TT. 6. 3. 4). b) Basaltes à olivine et augite. — Ce type, qui paraît très répandu, rappelle par son aspect le basalte porphyroïde du Cantal; dans une pâte noire continue, ou vacuolaire, se dis- tinguent de gros cristaux d'olivine et d’augite atteignant un centimètre. Ces basaltes ne présentent aucune particularité bien remar- quable; la grande variabilité de la cristallinité de leur pâte parait due à des variations de conditions de refroidissement et leur énumération manquerait d'intérêt, puisque Je n’ai aucun renseignement sur les conditions de gisement ; je me conten- terai donc d'indiquer que ces roches sont tantôt à grains très fins, tantôt à grands éléments ; dans ce dernier cas, la roche devient holocristalline. Par la réduction du nombre et des dimensions des phénocris- taux, ces basaltes passent à des {ypes compacts, lorsque la pâte est à grains fins ou à des basaltes doléritiques, quand les dimen- sions des éléments microlitiques deviennent assez grandes. Les proportions relatives des plagioclases et des éléments colorés paraissent subir aussi d'assez grandes variations et il est possible que certaines des roches très zéolitisées aient renfermé des felds- pathoïdes ; il me semble vraisemblable qu'une étude chimique de ces basaltes permettrait d'y mettre en évidence d'assez nombreux types chimicominéralogiques. Je renvoie à ma note du Bulletin de la Société française de Mine- ralogie pour l’'énumération des nombreuses zéolites que renferment tous les types basaltiques de l’île, et particulièrement ceux dont il vient d'être question en dernier lieu. Je signalerai seulement le fait intéressant que dans quelques échantillons, autour de HS A. LACROIX : 7 Fév. cavités tapissées par ces zéolites (notamment la christianite), les microhites d'augite ont pris la belle couleur jaune d'or et la biréfringence assez grande du pyroxène qui caractérise le sperone (leucitite) du Latium et certains des blocs de leucittéphrite, méta- morphisés par action pneumatolitique, qui ont été rejetés par l'éruption du Vésuve de 1906. L'analyse suivante, faite par M. Pisani, donne la composition du type moyen de ces basaltes à grands cristaux d'olivine et d'augite; l'échantillon analysé provient de la vallée de Papenoo. DORE EN RES Re 44,75 APOBECRRT ER T Re 13,22 Fer RES ETS PR Ps 1,20 FeOR EP Ten ee ti 10,50 Me OP SR PS ne 10,85 CAO AN AR eee 11,50 N'a ON ERREURS PR RER enr 4,95 KG IE PSS nent M en eq 1,27 DOPEAENNERE LAN t Eee 3,45 POSE ET SR APE RE PR ET Ma 0,38 HORS Re AE RE AE 4,62 100,69 Ce basalte est à rapporter au type assez banal de l'auvergnose (HT. 5. 4.8 (4)}, et il n'est pas sans intérêt de rapprocher de cette composition chimique deux roches fort différentes au point de vue minéralogique, l’une (a) est le gabbro essexitique de Sülvs- berget Gran (Norvège) (analyse de Särnstrôm, in BRôGGEr. Quater. J. Geol. Soc., L. p.19.1894), l'autre (b) d'une de ces pyroxénolites dépourvues de feldspaths, riches en spinelle, que j'ai décrites sous le nom d’ariégites (CR. VIII Congrès géol. intern. Paris, p. 833, 19071), et qui, une fois fondues, donnent par recuit une roche felds- pathique microlitique ; cette dernière roche toutefois ne contient pas de TiO?. a b DO RE nee 47,00 42,68 AIO MIRE ER EPA 15,20 18,36 Fe OR ere Eee 5,09 5,27 FeO: Es TRI ORENR Ree 6,59 7,02 Mo O NME 8,76 12,89 CAO FE ER Se 12,60 10,05 NASO EE M PRET RE Er 4,45 1,69 RO re 0,66 0,1 OPEL SRE AT A RER 2,30 » SORT MS TMS 0,30 2,50 100,812 99,72 1. A. Lacroix. Étude minéralogique des produits silicatés de l’éruption du Vésuve. Nouvelles Arch. Muséum, IX, p. 74 et p. 94, 1907, 2, Y compris 0,26, MnO, 1910 ROCIIES ALCALINES DE TAHITI 119 4° PICRITES FELDSPATHIQUES. Je désigne sous ce nom des roches à faciès basaltique, extraordi- nairementriches en phénocristaux d'olivine automorphes ou arron- dis, qui constituent près de la moitié de leur masse et se touchent par place les uns les autres; ils sont accompagnés d'augite. Au microscope, on constate que ces phénocristaux sont entou- rés par de gros microlites d'augite violacée (surtout sur les bords), par de grands microlites de bytownite, qui sont englobés par l'augite ou la moulent. L'ilménite forme parfois des lamelles sur lesquelles sont régulièrement implantés de petits cristallites d'oli- vine, qui simulent par leur disposition les dents d'une scie. La structure varie Jusqu'à la grenue par l'intermédiure de la struc- ture ophitique; localement, se trouvent des nids d'une dernière génération de cristaux, constitués par des microlites plumeux de plagioclases et d’augite. Cette roche holocristalline passe structu- rellement à des roches comparables à des diabases. Je donne en à l'analyse par M. Pisani d'un échantillon prove- nant de la vallée de Papenoo, en b, celle de la péridotite de Cotton Wood Gulch {Custer Country, Colorado) (W. Cross. Proc. Colorado Scient. Soc., Il, p. 245, 1887) et en c l'analvse de la pierite de Medenbach (Hesse). b c SL ru nez et 43,85 46,03 39,58 AO A rte 9,07 9,27 7,25 Here Pi Rire me » 2,12 4,44 JRUE(C PS DIE RE En EEE Poe 10,75 10,341 10,46 MODE Deer re 23,40 25,04 24,75 Pages Pure me 7,90 3,53 4,83 NO Mas es "et 41,30 1,48 0,97 1010 FA RENNES PR 0,54 0,87 0,99 NOR ee 0 1,88 » 0,32 AR RARE EN PRE 0,38 0,17 ) HORS MBA CAR 1,62 0,64 5.68 100,69 400,09 99,27 Dans la classification chimicominéralogique, cette analvse se rapporte à la cusférose [IV (4). 1. 1. 2]. Cette roche offre un très grand intérêt; au point de vue chi- mique, elle ne peut être considérée comme un basalte ; elle est évidemment la forme d'épanchement d'une péridotite un peu feldspathique ; on doit la regarder comme la forme récente des Picrites, connues jusqu'à présent seulement en association avec 1, Y compris MnO — 0,40, 120 A. LACROIX 7 Fév. les diabases paléozoïques (Erzgebirge, Vogtland saxon, Fichtel- gebirge, Ecosse, etc.) et avec les feschénites crétacées de la Moravie. Toutes ces roches sont toujours plus ou moins altérées, aussi les picrites de Tahiti acquièrent-elles un intérêt spécial en fournissant ce type pétrographique dans un grand état de fraicheur. , Il est intéressant de signaler ce fait, qu'en Moravie, comme à Tahiti, les picrites font partie d'une série pétrographique com- prenant des roches à néphéline (teschénites pro parte). Il me semble probable que l'examen chimique de certaines des roches basaltiques, très riches en péridot, de l'archipel des Gambiers (Mangavera en particulier) et de la Réunion les fera rattacher, elles aussi, au groupe des picrites. v. Conclusions. Le présent travail comporte des conclusions particulières à Tahiti et d'autres d’un ordre plus général. I. — Il est facile de voir que toutes les roches de Tahiti pré- sentent un air de famille fort net. Celui-ci apparaît déjà au point de vue minéralogique dans les roches grenues, qui renferment à peu près toutes des feldspathoïdes et qui, toutes, sont caractéri- sées par la présence d'une hornblende barkévicitique, se retrou- vant d'une façon essentielle ou accessoire dans toutes les roches microgrenues. Des feldspathoïdes existent aussi dans une partie des roches volcaniques. Au point de vue chimique, si l’on considère à part chacune des trois séries établies plus haut en fonction de la structure et du gisement : roches grenues, microgrenues ou microlitiques, on constate une évolution parallèle. La silice, l’alumine et les alcalis d'une part, le fer, la magnésie, la chaux et le titane d’une autre, constituent deux groupes, variant en sens inverse ; il n’y a d'exception que dans le terme le plus basique des roches volca- niques, dans lequel une brusque augmentation de la magnésie est accompagnée d’une chute du titane et de la chaux. Bien que les proportions relatives des alcalis subissent de grandes variations (continues) dans les trois séries !, leur rapport subit des fluctua- tions relativement peu considérables?, la soude prédominant toujours sur la potasse ; une exception seulement à cette règle 1. Les teneurs extrêmes en alcalis sont 14,97 (tinguaite) et 1,84 (picrite) °/.. La teneur moyenne pour l’ensemble des 15 analyses est de 8,2 °/.. r9 NaO (gabbro essexitique) et 0,82 (syénite néphélinique à hornblende). 2. La moyenne du rapport — 0,61 (en poids), avec comme extrèmes 0,23 SIDE AlO:. Fe?0*. FeO.. Mgo.. CaO... Na°0. K°0.. MO2% P2O2E HO Fe Of 71,34 FeO.. 1,59 MgO. 1,18 CaO 1,75 Na 120 K°0. 4,45 1024310702 140 DE » SO*, » EL » HO 2,30 Tin- guaite 56,40 21,41 1,04 1,50 MMA 6 141 6-2: Nordmar-| Mias-| 3 Bo- kose BQVE 9,5 kose 6,6 Roches grenues Syén. néph. à bio- amphi- Monz. Gabb. tite bole néph. néph. 52,251 51,31 47,501 45,10 18,70! 20,70 19,97| 19,30 2,55| 3,10 3,39/ 1,55 3,69| 2,50 4,74] 8,70 1,781 1,02 3,60! 5,30 3,95| 3,57 6,92| 9,81 5,10| 6,50 5,25| 4,32 6,62| 5,38 3,27|14:58 2,29] 1,92 2,96| 3,49 0,20 0,44| 0,57 2751003485 2,25| 0,75 99,881 99,85 100,491100,47 Roches microgrenues Camp- tonite 46,10 19,91 2,75 5,02 3,30 6,95 6,10 3,62 3,02 0,25 : 2,99 100,01 Roches microlitiques (volcaniques) Hauynophyres AJ DOM ST DEA GAS 19,40 19,12 19,00 2,08 2,40 4,65 BB ANT LE 3260 2,12 41,54 9,20 616 25006 61 ANT 85 4 6510 3,85: 3,45 3,62! SSD 2 87 1 21TS » » » 0,41 0,83 0,55 0,15 0,13 0,25 0,50 92,80 4,38 100,14 100,19 99,99 IL.6.2.4 11.6. Essexose 3.4 rola- Salé- nose mose 18 26 23 39 ROCHES ALCALINES DE TAHITI Micro- gab. 44,26 13,32 4,60 8,19 9,42 10,95 IHL:5: 3.4 Camp- tonose 121 Gabbro essexil. 41,50 12,31 5,20 8,46 11,29 14,05 2,06 0,48 4,78 0,06 0,50 100,69 Bas. Bas. àoliv. Pi- feldsp etpyr. crite ! 44,95] 44,75 43,85 16,27| 13,22 9,07 1,50! 1,20 ; 10,30! 19,50 10,75 6,51| 10,85 23,40 10,14| 11,50 7,90 3,24| 4,95 1,30 1,98| 1,27 0,54 3,65| 3,45 1,88 0,63| 0,38 0,38 » » » » » » 2,40| 1,62 1,62 100,87|100,69 100,69 IEL:6: |\LIT.5. |TII.6: TV (4 3.4 |4.3(4)14.3 (4)| F2 Lim- | Au- | Pape- Custé- bur- ver- |[noose rose gose |gnose 42 54 61 68 122 A. LACROIX 7 Fév. s'observe pour la syénite néphélinique à biotite', qui semble n'exister que sous forme de filons minces. Le tableau de la page 121?, mettant en regard d'une façon appro- priée l’ensemble des analyses, montre qu'un type chimicomi- néralogique est représenté dans les trois séries géologiques con- sidérées ; c'est l’essexose, constituant, dans les roches grenues, les types pétrographiques prédominants, c'est-à-dire les syénites né- phéliniques à amphibole et les monzonites néphélin'ques, dans les roches microgrenues, les camptonites, dans les roches micro- litiques, les hauijnophyres. On ne saurait douter que ce nesoient là trois modalités d'un seul et même magma. Pour les autres types, il y a parenté non moins évidente, mais pas identité cepen- dant. Quand, au lieu de classer ces trois séries, en se basant sur des conditions de gisement, on ne considère plus que la composi- tion chimique, la série résultante devient continue. Si l'on tient compte de ce fait que les roches étudiées ont été recueillies par des naturalistes distingués, mais non par des géologues et suivant les circonstances d'un itinéraire fixé avec d’autres préoccupations, on sera plus frappé encore de cette continuité et il ne semble pas téméraire de penser que des recherches méthodiques sur le terrain permettraient de la resserrer encore. Il serait possible dès à pré- sent de mettre en évidence un dernier terme de l’évolution mag- matique de l'extrémité basique de la série, en ajoutant aux ana- lyses celle des nodules à olivine, qui se rencontrent dans les roches basaltiques de Tahiti; elle montrerait l'accentuation de la chute de la chaux et du titane avec l'augmentation de la teneur en magnésie. Je me bornerai pour l'instant à ces considérations, me propo- sant de discuter cette question plus à fond au cours d’une étude d'ensemble, que je prépare, sur les roches alcalines de Mada- gascar, dans lesquelles on rencontre des analogies frappantes ‘avec les roches qui nous occupent ici. IT. a. — L'existence de roches grenues en place à Tahiti a une très grande importance au point de vue général. La présence d'aucune roche analogue n'a été Jusqu'ici, à ma connaissance, démontrée dans cette partie de la Polynésie. Des recherches stra- 1. Les analyses données page 98 montrent que la forme microlitique de cette syénite serait très vraisemblablement une phonolite leucitique ou une leucitté- phrite à orthose. On a vu plus haut que la leucite apparaît à Tahiti dans les hauÿ- _nophyres, bien que ceux-ci soient plus sodiques que potassiques. 2. Dans ce tableau, les éléments accessoires des analyses ont été négligés sans que le total ait été modifié : pour le complément, voir à la description des roches. 1910 ROCTES ALCALINES DE TANITI 123 tigraphiques précises sont nécessaires pour fixer les relations de ces roches avec la série volcanique, car s'il peut se faire qu'elles soient intrusives au milieu de ces dernières, 1l est fort possible aussi qu'elles représentent un substratum ancien de l’île, auquel cas leur existence constituerait un argument précis en faveur de l'hypothèse d'un ancien continent pacifique effondré !. A ce point de vue, il est bon de remarquer que, si l'on fait la ré- serve, Jusqu'à plus ample informé, des roches granitiques signa- lées par Ellis à Borabora, la région la plus rapprochée de la nôtre où l'on ait signalé des roches grenues est l'île Viti Levu dans l'archi- pel de Viti{Fiji,, qui se trouve à 3200 km. à l'Ouest de Tahiti. M. Wichmann? y a signalé autrefois des syénites néphéliniques, qui, à certains égards, ne sont pas sans analogie avec celles qui nous occupent. b. — J'ai parlé plus haut des idées modernes sur les faciès atlantique et pacifique des roches éruptives. Dans un livre récent’, M. Harker a bien mis en évidence les faits sur lesquels elles sont basées. Si je suis tout à fait d'accord avec mon savant collègue sur l'attribution au faciès, dit pacifique, de la bordure entière du Pacifique, je pense qu'il y a lieu de faire les plus sérieuses réserves en ce qui concerne la poussière d'îles du Pacifique central et méridional. Je viens de montrer en effet que les roches de Tahiti sont alca- lines ; ainsi que je l'ai dit plus haut, des phonolites existent aussi à Raïatéa, dans les îles de la Société. Les nombreuses collections rapportées des îles Marquises au Muséum montrent que les {rachytes à biolite jouent un rôle important dans la constitution de Nouka Hiva. Des frachytes sont connus à l’île de Pâques, à l'ilot de Clip- perton. Depuis longtemps, M. Wichmann a fait connaître * les néphé- linites à mélilite et hauiÿne de l'île Oahu et plus récemment, 1. Dans un mémoire ancien, Jardin a signalé (Essai sur l'Histoire naturelle de l’Archipel de Mendana ou des Marquises. Mém. Soc. se. nat. Cherbourg, IV, p. 58, 1856) l'existence dans les tufs volcaniques de Nouka Hiva, (îles Marquises), d’enclaves de leptynites à grenat; la petite collection, donnée par ce voyageur au Muséum, ne renferme pas cette roche. Ces échantillons ont été déterminés par d'Orbigny;il y a lieu de noter que dans la nomenclature de cet auteur le mot de péridotite, dont il a qualifié plusieurs des roches de la collection, signifie basalle riche en olivine et ne désigne pas ce que les pétrographes modernes appellent une péridotite. 2. WicaMaxw. T'schermak's Min. u. petr. Mitt., V, p. 1, 1882. 3. HarkEr. The natural History of igneous Rocks, 1909, p. 90. 4. Wicamanx. Nephelin-Basalt von den Sandwich-Inseln (Neues Jahrbhuch Min., 75, p.172). 124 A. LACROIX 7 Fév. M. Whitmann Cross a décrit' à Hawaï des frachytes alcalins (nordmarkose-umptekose), remarquablement voisins de la pho- nolite de Vaïrao. Enfin, M. Weber vient de décrire? toute une série de roches alcalines (trachytes, phonolites, trachydolérites, néphélinites) provenant des îles Samoa. Il me paraît donc vraisemblable que l'étude attentive des roches volcaniques du Pacifique nous ménage des surprises pour l'ave- nir et que beaucoup de celles qui, comme les basaltes de Tahiti, considérées individuellement et sans étude chimique semblaient devoir être rapportées à une série calcique (pacifique), se ratta- cheront plus ou moins directement à la série alcaline (atlantique) que je viens d'étudier. Il semble donc que l’on soit, dès maintenant, en droit de se demander si les analogies pétrographiques de cette immense région ne doivent pas être cherchées plutôt du côté des roches volcaniques de la Nouvelle-Zélande et de la partie la plus voi- sine de l'Antarctique (Terre Victoria) que de celui de la ceinture andésitique cireumpacifique. Aussi, peut-être est-il préférable de conserver la vieille déno- mination de roches alcalines et de roches alcalinocalciques, plutôt que d'employer des dénominations géographiques pouvant dans certains cas prêter à l'équivoque. 1. Wuirmanx Cross. An Oceurrence of Trachyte on the Island of Hawaï. (J. of Geol., XII, p. 510, 1904). 2, Weger. Abhandl. K. Bayer. Akad. Wiss, XXIV, Bd. Il, p. 290, 1909. SUR LA DÉCOUVERTE DU TRIAS MARIN A MADAGASCAR PAR Henri Douvillé. On a découvert il y a peu de temps dans le Nord de Mada- gascar, à la limite du massif cristallin et des terrains sédimen- taires, un filon aurifère riche qui est activement exploité. M. Paul Lemoine nous a fait connaître ! d'une manière très exacte la constitution géologique de la région : il signale des alter- nances de grès et d’argiles surmontés par les calcaires du Lias supérieur, qui couronnent la grande falaise de l'Andrafiamena remarquablement alignée dans la direction E.N.E. Cette même direction se retrouve dans les deux grandes dépressions qui s'étendent au Sud de cette falaise et que M. P. Lemoine attribue aux couches d’argiles intercalées dans l’énorme épaisseur des . sédiments gréseux. Je rappellerai seulement les deux assises infé- rieures distinguées par notre confrère : à la base, les grès des Monts Boriravina ou grèsinférieurs et au-dessus les argiles dd’ Ambararata. On comprend facilement que la découverte de mines d’or riches a eu pour premier résultat, une exploration minutieuse de toute la région, exploration qui consiste essentiellement à ramasser ou à faire ramasser par les indigènes tous les cailloux qui se ren- contrent à la surface du sol. C'est ainsi qu'a été découvert un niveau fossihifère très intéressant représenté par des nodules (ou miches) à empreimtes de Poissons, provenant des argiles ou schistes argileux d'Ambarata. Un certain nombre de ces nodules ont été envoyés au Muséum de Paris et au Muséum de Londres : ces derniers échantillons viennent d'être étudiés et décrits par M. Smith Woodward? qui y a reconnu deux espèces nouvelles Ecrinesomus Dironi et Cœla- canthus madagascariensis qu'il considère comme permiennes, rapprochant ainsi ce gisement des couches à Glossopteris indica et à Reptiles, signalées précédemment par M. Marcellin Boule’ dans le Sud de l’île (à l'Est de Tulléar) et attribuées également au Permien. A la suite de cette note M. Bullen Newton décrit deux petites empreintes de Mollusques provenant du même gisement, comme Planorbis Dixoni et Naïadites madagascariensis ; nos deux confrères de Londres considéraient ces couches comme des dépôts d’eau douce. 1. P. Lemoixe. Études géologiques dans le Nord de Madagascar, 1906, p. 108 el suivantes. 2. Ann. and Mag.of nat. Hist., série 8, vol. V, janvier 1910, pl. L. 3. M. Boure. Sur l'existence d'une faune et d'une flore permiennes à Mada- gascar, CR. Ac. Sc., 2 mars 1908. 126 HENRI DOUVILLÉ 1 Fév: J'ai reçu moi-même des envois de ces fossiles recueillis par deux de mes anciens élèves MM. Callens et Bordeaux, ingénieurs civils des Mines, et chacun de ces envois présentait avec les miches à Poissons déjà signalées, des empreintes incontestables d'Ammonites. M. Callens a eu l’heureuse idée de rapporter un nombre con- sidérable de nodules (plus de 300); j'ai pu alors les briser et les examiner minutieusement. Ces nodules n’ont pas tous la même forme, on distingue d'abord facilement les nodules plats ou mniches à Poissons, qui reproduisent souvent grossièrement la forme du fossile contenu. Les nodules les plus fréquents ont une forme beaucoup plus arrondie et quand on les casse, on observe presque toujours au centre une cavité cylindroïde irrégulière remplie d’une poussière grise, brune ou noire. De cette cavité rayonnent des fentes assez larges qui se rétrécissent rapidement vers l'intérieur ; c'est le caractère des Septaria. Les sections mon- trent que les lits des couches ambiantes se prolongent réguliè- rement au travers des nodules, elles s’infléchissent seulement autour de la cavité centrale, ce qui indique que celle-ci devait correspondre à un corps résistant ; sa nature reste malheureuse- ment tout à fait énigmatique : c'était bien vraisemblablement un corps organisé, mais sa surface n'offre que des plis ou des rides irréguliers ne présentant aucun caractère précis. Parmi ces nodules, les uns sont de couleur claire grise ou Jau- nâtre, et sont assez légers ; ils happent fortement à la langue ; 1ls paraissent formés uniquement d'argile durcie. Ils présentent quelquefois à la périphérie des empreintes d’Ammonites : le test a disparu en laissant un espace vide nettement délimité; il en est de même des cloisons qui ne sont que très exceptionnellement conservées, lorsque par suite de cassures accidentelles, la gangue a pu pénétrer à l’intérieur des chambres. Ces Septaria sont done manifestement décalcifiés. Il en est d’autres de même forme mais de couleur plus foncée et beaucoup plus durs qui sont certai- nement silicifiés; mon collègue et ami M. Chesneau, professeur à l'Ecole des Mines, a bien voulu analyser un de ces nodules; il contient : SIUCC SR ARE RE eee 11,9 Arpileetiacide Htamiquer "LE RET NE 5,2 Peroxvde de TeR etat 11,1 Chaux (pas à l’état de carbonate)......... 0,7 Ma GnéSte sn RC RAR ee traces Acide-phosphoriquen" "cree fortes traces Perle auteur Eee te cn de 4,5 99,4 ICE TRIAS MARIN A MADAGASCAR 127 La proportion assez forte d'oxyde de fer pourrait indiquer l'existence d'une quantité notable de carbonate de fer dans le nodule primitif. En outre on constate assez fréquemment dans la poussière de la cavité centrale l'existence de quartz ceris- tallisé en aiguilles simples ou enchevêtrées. Je citerai encore comme nodules de nature exceptionnelle un gros nodule à Poisson recueilli par M. Bordeaux et qui, par sa structure fibreuse, rappelle les miches à Trilobites de la Montagne Noire; et enfin des nodules formés presque entièrement de limo- nite : ceux-ci renferment des fragments d'Ammonites de grande taille (Jooanniles?) et de nombreuses empreintes de Lamelli- branches (Mytilus..….). C'est dans les nodules de couleur claire que l’on rencontre ordinairement les empreintes d'Ammonites; elles ne sont pas très communes et comme Je l'ai déjà dit les cloisons ne sont que très exceptionnellement conservées. Malgré cela et grâce au très grand nombre d'échantillons qui m'ont été communiqués, j'ai pu reconnaître un certain nombre de formes caractéristiques ; j'ajouterai que les empreintes sont toujours nettes et non défor- mées; mais la nature poreuse de la gangue décalcifiée et sa faible dureté habituelle rendent souvent difficile l'observation des détails. La plupart des Ammonites de ‘ce gisement sont de petite taille ; elles sont lisses et présentent seulement des lignes d’accrois- sement ; exceptionnellement deux échantillons sont ornés de fines côtes spirales. A. FORMES LIssEs D'après la disposition des cloisons, ces formes appartiennent à deux groupes bien distincts : le premier est caractérisé par une succession de lobes et de selles nombreux et étroits, les uns régu- Hèrement arrondis, les autres bi- et trifurqués ; il fait donc partie de la famille des Medlicottidés. Le second a des selles arrondies et des lobes denticulés comme les Cératites et doit être rangé dans la famille des Meekocératidés. I. MepricorTinés. — Ce groupe ne comprend qu'une seule espèce, plate et bicarénée, à ombilic fermé, le plus grand échantillon atteint 5 em. de diamètre (fig. 1) : les cloisons ont pu être obser- vées sur un échantillon plus petit de 20 mm. environ de diamètre (fig. 2) : au rayon de 8 mm. (ce qui correspond à un diamètre de 14 mm. environ) la cloison présente la disposition suivante 128 HENRI DOUVILLÉ 7 Fév. (fig. 3) : au milieu un lobe principal (premier latéral) trifide ; du côté externe trois lobes adventifs bifides de grandeur progressi- vement décroissante ; du côté interne un deuxième latéral bifide, puis une série de lobes accessoires dont le premier seul, bifide, est conservé. Les caractères sont ceux du genre Cordillerites HYATT et Suiru!; mais quelques différences sont à signaler, d’abord le deuxième lobe latéral est bifide, tandis qu'il est toujours trifide dans les échantillons américains : en outre dans ces mêmes échan- tillons les trois lobes adventifs bifides ne se rencontrent que dans les échantillons adultes ayant un diamètre bien plus grand que ceux de Madagascar (loc. cit., pl. Lxxi1, fig. 6), 5 ou 6 fois plus environ : au diamètre de 12 mm. (pl. Lxxi, fig. 4) il n'y a encore nat 3 Fic. 1. — Cordillerites cf. angulatus H. et Su. (gr. nat.). — Fic. 2. — Autre échantillon (gr. 2 fois). — Fic. 3. — Cloison (gr. 4 fois). L, premier lobe latéral, l, second lobe latéral. que 2 lobes adventifs, dont l'un seulement est bifurqué et au diamètre de 80 mm. (loc. cit., pl. Lxvin, fig. 3), 3 lobes adven- tifs, dont 2 bifurqués. Les échantillons de Madagascar auraient donc une évolution plus rapide ou représenteraient une race naine, devenant adulte à une taille plus petite. La forme générale est du reste à très peu près celle du Cor- dillerites angulatus H. et Su. (loc. cit., p. 110), qui caractérise les « Meckoceras beds » du Trias inférieur de l’Idaho (Etats- Unis). 1. Hyarr et Sir. Al triassic Cephalopoda genera of America, Professionals Papers, Geol. Surv. U.S. A., n° 40, 1905, p. 109. 1910 TRIAS MARIN A MADAGASCAR 129 IT. MeexocérarTinés. — L'étude de ces formes est très difficile paree que les échantillons que j'ai pu étudier sont ou incomplets ou de très petite taille, de sorte qu'ils pourraient ne pas être adultes. 1° Je signalerai d'abord un fragment relativement gros à surface à peu près plane, présentant 3 cloisons incomplètes (fig. #) : elles sont du type franchement cératitoïde, et composées de selles arrondies et de lobes assez grossièrement denticulés. On peut distinguer à peu près surement le premier lobe latéral L, puis le second latéral /, plus court et enfin un premier lobe aeces- soire court et large à 3 ou 4 denticules : au delà on distingue une amorce bien nette d'une selle auxiliaire bien déve- sl loppée : c'est d'après Diener le caractère du genre ÆAoninchites; mais dans l'état ES ei très incomplet de la cloison il est impos- Cal 2 L sible d’exclure les genres Aspidites et bio l Hedenstræmia qui présentent également la certaines analogies dans le tracé de leurs Fenc Cloison de Ko: cloisons ; ces trois genres sont du reste ninchiles (?) (gr. 2 fois). très répandus dans le Trias inférieur du Spiti ‘ et se retrouvent également dans celui de l'Idaho, on pour- rait comparer en particulier la eloison de l’espèce de Madagascar avec celle de l'Hedenstræmia Kossmati Hyarr et Suiru (loc. cit., p.101, pl. zxvu, fig. 7) des « Meekoceras beds » du Trias infé- rieur de l’Idaho. 2° La forme la plus abondante dans les Septarta est repré- sentée par de petites Ammonites de T à 8 mm. de diamètre assez plates et bicarénées (fig. 5); l'ombilic médiocre a une largeur égale au quart du diamètre total; la cloi- son très simple est encore au stade Leca- nites, c'est-à-dire que les selles et les lobes “ cu ns sont arrondis (fig. 6) : on distingue deux aa selles à peu près de même importance, la selle externe et la première latérale, et une troisième selle beaucoup plus Fic. 5. — Meekoceras (?) petite ; le lobe siphonal est large et divisé (gr: 2 fois). — Fig. 6. — 4 lobul : t ne Cloison de l’espèce pré- en deux lobules paraissant un peu arron- éédente (gr. 6 fois). dis, le premier latéral. L est large et très arrondi, le second latéral / a la même forme mais il est un peu plus petit. 1. Krarrr et Diexer. Lower triassic Cephalopoda from Spiti. Paleontologia indica, série XV, vol. VI, pl. vi. 19 juillet 1910. Bull, Soc. géol, Fr. X. — 9. 130 HENRI DOUVILLÉ 7 Fév: D'après les dimensions de l'ombilic encore assez étroit, je ratta- cherais plutôt cette espèce aux Meekoceras qu'aux Lecanites tou- jours plus déroulés ; elle représenterait une espèce jeune ou encore incomplètement évoluée. D'après sa forme générale on pourrait la comparer soit au W. gracilitatis Wire du Trias inférieur de l'Idaho, dont l'ombilie est un peu plus étroit et la cloison plus évoluée, soit plutôt aux Meekoceras du Spiti et en particulier au M. jolinkense Krarrr et Diexer (loc. cit., pl. 1v, fig. 2). Du reste les cloisons des Meekoceras de ce niveau sont souvent incom- plètement évoluées, le premier lobe latéral seul étant denticulé, tandis que le second est arrondi. 3° Une autre série de petites formes ordinaire- ment groupées (fig. 7) se distingue de la précé- dente par son plus grand ombilic atteignant un (Co tiers du diamètre total, et par la section des tours qui est elliptique ; la taille atteint 6 à 8 mm. La cloison est du même type (fig. 8), la selle externe et la première latérale sont arrondies et bien déve- loppées, la deuxième latérale est plus petite mais bien individualisée; les deux lobes latéraux sont simples et arrondis, le lobe siphonal peut être un peu moins large que dans l'espèce précédente ; tout l’ensemble de la cloison a une direction assez oblique, la partie voisine de l'ombilie étant un peu plus avancée que le reste de la cloison. MRC EE GTOUPE Avant de connaître la cloison nous avions attri- de Lecanites (gr. 2 fois). bué cette espèce au genre Üphiceras ; ce n’est que tout dernièrement que nous avons reconnu qu'elle É présentait les caractères des Lecanites: mais A) l'ombilie est encore un peu plus étroit que dans les formes habituelles : c'est ainsi qu'il n'atteint Fi6. 8. — Cloison que les 10/27 du diamètre total dans les formes de l'espèce pré- ]e$ moins déroulées du Calcaire à Cératites de cédente (gr. 6 fois). l'Inde. B. FORME ORNÉE DE CÔTES SPIRALES, A. Céraririnés. — Un échantillon incomplet (fig. 9), de # cm. de diamètre, présente des tours arrondis et un ombilic de lar- geur moyenne, atteignant le tiers du diamètre total. L'ornemen- tation se compose de fines côtes spirales assez rapprochées sur la région externe, puis s'espaçant progressivement et disparaissant vers le milieu des flancs. Les cloisons ne sont pas conservées. 1910 TRIAS MARIN A MADAGASCAR 131 Cet échantillon ressemble tout à fait au Ælemingites Russelli Hyarr et Surrn, des « Meckoceras beds » du Trias inférieur de l'Idaho, par son mode d'ornementation et la largeur de l'ombilie ; les plis transverses font défaut, mais les auteurs indiquent qu'ils n'apparaissent que sur l'adulte; toutefois les deux formes ne sont pas identiques, l'espèce américaine étant comprimée dans la région externe, tandis que l'échantillon de Madagasear est plus arrondi et présente une section régulièrement ovale. Tous les échantillons que nous venons de passer en revue proviennent des Septaria de la région d'Andongazo et ont été recueillis par M. Callens sur la rive droite de la Mahavava un peu au Sud de Bobasatra ; nous venons de voir que les formes analogues se trouvent toutes dans le Trias inférieur de l'Inde, de FiG. 9. — Flemingites (gr. 1,5). l'Himalaya ou de l'Idaho, les analogies sont surtout frappantes avec ces dernières couches, c’est là seulement où le genre Cordillerites a été signalé. L'âge des couches à Septaria, ou des argiles d’Amba- rata se trouve ainsi nettement déterminé comme triasique infé- rieur. La présence de Meekoceras peu évolués, à cloisons de Zeca- nites indiquerait plutôt un niveau bas dans le Trias inférieur, mais il ne peut être question du Permien supérieur, le genre Medli- cottia caractéristique de ce dernier niveau étant remplacé par une forme bien plus évoluée, Cordillerites. Il est du reste à peu près certain qu'il existe dans la région étudiée plusieurs niveaux fossilifères ainsi qu'il résulte des remarques suivantes : 1° Le niveau des miches à Poissons est distinct de celui des 132 HENRI DOUVILLÉ 1 Fév. Septaria, et M. Priem qui en a examiné les fossiles pense, comme M. Smith Woodward, qu'ils montrent plus d’analogies avee les formes permiennes qu'avec les espèces triasiques. 2° M. Bordeaux m a communiqué des échantillons de grès mica- cés grossiers pétris par places de Myophoria ; ils ont été recueillis par M. H. Perrier de la Bathie, le botaniste bien connu, qui a pu suivre cette couche à l'Ouest d'Andranomafana (près Ankatoko) jusqu'à Ankitokazo : elle disparait au delà du Mamoro et paraît être inférieure aux schistes à Seplaria. 3° Un échantillon de ces schistes présente une empreinte d'Ammonite, malheureusement écrasée et indéterminable. 4° Le même explorateur a recueilli des empreintes d’Ammo- nites à la surface supérieure de petits nodules qui paraissent dif- férents et des micheset des Septaria. Ces empreintes représentent Fic. 10. — Cladisciles (gr. 1,5). le moulage de la surface interne du dernier tour seulement, mais sur l’une d’elles (fig. 10) des corps étrangers fixés sur la coquille ont conservé en deux points l'empreinte de la surface externe, qui montre que celle-ci était ornée de fines côtes spirales : l’'ombilic est étroit et la section des tours rectangulaire. Il semble donc bien qu'il s'agisse d’un Cladiscites qui indiquerait la pré- sence du Trias supérieur. Ces empreintes ont un diamètre de 35 mm. environ. 5° Un gros nodule de limonite déjà signalé plus haut et recueilli également par M. de la Bathie montre un fragment d'une grosse Ammonite rappelant par sa forme et par ses sillons les Joannites ; elle pourrait indiquer également un niveau géologique plus élevé que celui des couches à Septaria. Malheureusement c'est un 1910 TRIAS MARIN A MADAGASCAR 133 fragment de la chambre d'habitation et il n'y a pas traces de cloisons. Le reste du nodule présente de nombreuses empreintes de Lamellibranches (Mytilus). Les affleurements de ces couches fossilifères correspondent à la première des deux dépressions ENE. signalée par M. P. Lemoine (fig. 11) ; il existe encore au-dessus tout un système de grès, d'argiles et de conglomérats formant deux falaises successives également dirigées ENE., d'abord celle d'Andavakoera, puis celle d'Andrafiamena, couronnée par des calcaires attribués par M. P. Lemoine au Lias supérieur; M. Callens y a constaté la pré- sence d'Ammonites et de Spiriferina, ce qui semble bien confir- 526 Æ \ SNS MO Le Mes L°2 D T Antsrasta 2 M'Bejofo R Fi, 11. — Carte indiquant l'emplacement (+++) du Trias marin à Madagascar. — 1/750 000. mer leur analogie avec les calcaires toarciens découverts précé- demment par M. Villiaume et par M. Gauthier. Toute cette région est du reste coupée d'accidents parallèles à la direction que je viens d'indiquer, failles et filons de roches éruptives, précédemment étudiées par M. P. Lemoine et déter- minées comme des syénites néphéliniques, et filon quartzeux auri- fère exploité dans les grès triasiques à Ranomafana et dans les terrains cristallins près d’Andavakoera. M. Haug insiste sur le grand intérêt paléogéographique que pré- sente la découverte du Trias marin à Madagascar. La segmentation du continent de Gondwana date donc, non pas du début du Juras- sique comme on était fondé à le croire jusqu'ici, mais probablement de la fin de l'époque permienne. SUR LA TECTONIQUE DE L'ILE D’'ELBE pAr Pierre Termier. PLANCHE v La stratigraphie de l’île d'Elbe n'a fait, à ma connaissance. aucun progrès depuis les travaux, très importants et très conscien- cieux, de M. B. Lotti. Nous devons à cet auteur une excellente monographie! des terrains de l’île, publiée en 1886, une carte géologique ? à l'échelle de 1/25 000 qui est véritablement admi- rable de précision et d’exactitude et qui date de 1884, et quelques notes plus récentes, sur des questions de détails qui ne touchent pas au problème de la structure. Je prendrai la stratigraphie telle que nous la connaissons par M. Lotti. Elle a certainement besoin d'être précisée sur certains points ; mais elle suflit, dans son état actuel, à la discussion du problème tectonique. Ce problème tectonique ne pouvait pas se poser en 1884, ni même en 1886. Personne, à cette époque, n'aurait songé à con- tester la stabilité et la solidarité des diverses unités géologiques qui forment l'île d'Elbe. La question de la structure de cette ile n’a pris naissance que le jour où, M. Steinmann ayant parlé des nappes de l’Apennin *, la seule vue des contours géologiques de la région de Bastia, tracés en minute par M. Maury, m'a sug- géré, presque invinciblement, l'idée d'expliquer par des char- riages* les anomalies tectoniques de la Corse orientale. L'ile d'Elbe m'est apparue alors comme très intéressante ; et cet inté- rêt a encore grandi, et même est devenu très pressant, quand nous eûmes, M. Maury et moi, constaté que la Corse orientale est bien, en effet, comme je l'avais supposé, un pays de nappes. J'ai visité l’île d'Elbe au mois de mai de 1909, et j'ai résumé, dans trois notes ‘à l’Académie des Sciences, les observations que j'y ai faites et les conclusions tectoniques auxquelles je suis arrivé. Je me propose de développer 1ei ces trois notes, ‘en les éclairant de quelques figures ; et de préciser sur quelques points mes conclu- sions, qui, A erenices les mêmes en ce qui concerne l'île d'Elbe, 1. B. Lorrr. Descrizione geologica dell'isola d'Elba. Memoriÿe descrittive della Carla geologica d'Italia, Rome, 1886. 2. In. Carta geol. dell'isola d'Elba. Zbid., Rome, 1881. 3. G. STEINMANX. Alpen und Apennin, Monatsber.der deutsch. geol. Gesells.1907, Der 4. P. Terwier. Rapports tectoniques de l’Apennin, des Alpes et des Dinarides, B:S.G.F.,(4),t. VIL, 1907, p. 421-493. 5. P. Termier. Sur les granites, les gneiss et les porphyres écrasés de l'ile d'Elbe: CR. Ac. Sc., t. CXLVIIL, p. 1441. — Sur les nappes de l’île d'Elbe; ibid., t. CXLVIII, p.1648. — Sur les relations tectoniques de l'île d'Elbe avec la Corse et sur la situation de celle-ci dans la chaîne alpine ; tbid., t. CXLIX, p. 11. 1910 TECTONIQUE DE LILE D ELBE 135 se sont un peu étendues, et ont un peu évolué dans mon esprit, en ce qui concerne la structure générale de la région tyrrhénienne. Je supposerai que le lecteur a sous les veux la carte géologique de M. Lotti. LES TROIS SÉRIES DE L'ILE D'ELBE. Ily a, dans l'ile d'Elbe, trois séries de terrains, différentes ét indépendantes, séparées par des surfaces de charriage : la série I, ou série profonde, riche en granite et en microgranite, dans laquelle l'Éocène, gréseux, calcaire et marneux, est dépourvu de roches vertes et injecté de microgranite ; la série IT, intermé- diaire, formée de schistes lustrés identiques à ceux de Corse, avec cipolins et serpentine ; la série 111, supérieure, faite d'une suite sédimentaire qui commence au Silurien, se termine à l'Éocène, et comprend, dans sa partie haute, une formation puissante de roches vertes (formation ophiolitique). Voici (fig. 1) comment se juxtaposent en plan et comment se superposent en coupe verticale les trois séries en question. FiG. 1. — CARTE TECTONIQUE 9E L'ILE D'ELBE, el coupe par le plan vertical passant par la ligne AB. Échelle d'environ 1/300 000. PF, Portoferrajo; PL, Porto Longone; RM, Rio-Marina: CP, Monte Capanne ; CL, Calamita ; Ci, Capoliveri; F, Monte Fabbrello ; C, Monte Castello ; O, Monte Orello : G, Ghiaje; AB, ligne suivant laquelle est faite la coupe; RTUV V'XYZ7" WVW/', lignes d'affleurement des deux surfaces decharriage, souvent confondues. — Lesflèches simples indiquent le plongement des assises ; les doubles flèches, de sens contraires, les assises verticales ou balancées de part et d'autre de la verticale, — I, IT, ITT, les trois séries de terrains. 136 PIERRE TERMIER 7 Fév. Je dirai tout à l'heure où et de quelle manière il est nettement visible que IT flotte sur I, et que IT flotte sur IT ou sur [ : mais je veux d'abord préciser les caractères des trois séries. SÉRIE I. — Dans le domaine occidental, à l'Ouest de la ligne RTU, la série I apparait seule. Elle a tous les traits d'une série autochtone ;: et même son allure est parfaitement tranquille. Elle comprend le granite du Monte Capanne {granite classique de l'île d'Elbe, avec filons d’aplite et de pegmatite à minéraux variés) ; sur ce granite, qui a la forme d’un dôme. un complexe Re ner périclinalement vers la mer, et, du côté de l'Est, plongeant sous l'Éocène : enfin l'Évcëne, é ble d'injections microgranitiques. Le complexe métamorphique (m!' et m° de M. Lotti) est fait de schistes micacés à andalousite et staurotide, de marbres à grenat, diopside et wollastonite, de schistes amphiboliques, enfin de roches vertes identiques à celles de la formation ophiolitique (serpentine, euphotide et diabase). Il est traversé par des filons d'aplite et des dykes de microgranite. À l'Est, les couches méta- morphiques s’enfoncent ee nent et en bre. sous les assises éocènes. Je crois, comme M. Lotti, que ce complexe doit son métamorphisme au an. Est-ce de l'Eocène? Est-ce un terrain plus ancien que D'É ocène ? Il ne me semble pas que l'on puisse répondre avec certitude. L'attribution à l'Éocène est cependant plus probable, en raison de la présence des roches vertes. L'Éocène de la série I, dépourvu de roches vertes dans tout le restant du domaine occidental occupé par cette série, et à peu près complètement dépourvu de telles roches dans tout le domaine oriental, commencerait à devenir ophiolitique dans la région du Monte Capanne. L'Éocène non métamorphique forme, avec le microgranite qui le perce et l'injecte, les collines qui ondulent entre le bord est du massif granitique et la ligne RTU. C’est le complexe e’, e”, e‘ de M. Lotli : macignos, ou psammites, à Fucoïdes; schistes gris ; calcaires marneux dits alherese: calcaire blaneà grandes Nummu- lites. La modification de ces divers termes, au contact du micro- granite, est souvent nulle, ou à peine sensible: elle ne dépasse Jamais le simple durcissement par silicification. Le microgranite a deux faciès différents : un faciès porphyre (p de M. Lotti), à grands cristaux de quartz et de feldspath ; un faciès eurite (&u de M. Lotti), qui fait de la roche une pierre compacte, blanche, avec des grains, rares et petits, de quartz hyalin. Ces deux types se mélangent. Il ne paraît pas douteux 1910 TECTONIQUE DE L'ILE D'ELBE 137 que le microgranite ne soit une forme filonienne et intrusive du granite du Monte Capanne. La tourmaline, très abondante dans les veines d'aplite et de pegmatite du granite, est fréquente dans le microgranite, surtout dans les variétés euritiques. Dans le domaine sud-oriental, la série [ présente le même Éocène, habituellement dépourvu de roches vertes, injecté des mêmes porphyres et des mêmes eurites. Mais cet Eocène repose sur un substratum différent, un substratum formé essentiellement de granite, de gneiss ou de microgranite écrasés et laminés. C'est ce que j'appellerai l’éfage mylonitique. Entre les mylonites et l'Éocène, il y a parfois des micaschistes ; et parfois aussi un terrain sédimentaire qui mesure de quelques mètres à plus de 50 mètres de puissance, et qui a tous les caractères pétrogra- phiques d’un Trias alpin semi-cristallin. Voyons tout cela d’un peu plus près. Les mylonites, ce sont les prétendus gneiss présiluriens (pr!) de M. Lotti. Il y a la dedans des gneiss incontestables, parfois à peine laminés : mais, ce qui domine, c'est le granite écrasé, et, avec lui, de faux qgneiss qui sont des microgranites laminés. Comme 1il arrive dans tous les complexes mylonitiques, on observe, au milieu des mylonites de l'île d'Elbe, des témoins intacts d'un granite identique au granite du Monte Capanne — témoins parfaitement observés et distingués par M. Lotti —, et d’autres où l'écrasement commence et donne à la roche l'aspect d'une protogine. C'est aux environs de Porto Longone que les roches sont écrasées au maximum. Elles ressemblent alors aux mylonites corses, et à celles des environs de Saint-Étienne que nous avons, M. Friedel et moi, signalées et sommairement décrites. Ce sont des roches informes et chaotiques. Le mica noir a dis- paru. Dans une sorte de pâte vert sombre, ou vert sale, ou rouil- lée, ou noirâtre, qui n’agit presque pas sur la lumière polarisée, des débris de feldspath et de quartz apparaissent, isolés ou grou- pés, semés capricieusement, anguleux ou arrondis, quelques-uns entraînés dans des files d’allure indécise, ou même dans des sortes de tourbillons. Quand les débris sont un peu gros, ils se montrent constitués par du granite presque intact, et ces frag- ments de granite presque intact, enveloppés dans les produits de l’écrasement du même granite, ont toute grosseur et toute forme. En les suivant attentivement, on voit beaucoup d’entre eux se fondre, sur une partie de leur périphérie, dans la purée ambiante. L’aplite à tourmaline, qui formait, au sein du granite, d'innombrables veinules, a mieux résisté que le granite à l'écra- sement; mais les veines de cette roche plus résistante ont été 138 PIERRE TERMIER 7 Fév. disloquées, tordues, tronçonnées, éparpillées, et leurs lambeaux, curieusement déchiquetés, ressortent en blanc sur le fond noi- râtre, ou verdâtre, ou rouillé, de la mylonite. Dans toute cette région de Porto Longone, les vrais gneiss sont rares ;: on cons- tate seulement une apparence générale de stratification dans la mylonite, apparence qui est due au laminage. Tous ces faits s'observent admirablement sur la route entre Mola et Porto Longone, ou dans les falaises à l'Est de ce dernier village. L’épaisseur du granite écrasé, dans cette région, est d’au moins 80 mètres. Les microgranites laminés sont plus intéressants encore. Jamais je n'avais vu d'aussi beaux exemples de la production, par laminage, de roches d'apparence gneissique. Ils constituent la chaîne des collines sur la rive droite de ruisseau de Valdana, depuis le point 20 de la carte jusqu’à la plage du Lido. On les exploite dans une petite carrière près du point 20: et ce sont eux encore que l'on traverse, sous l'Eocène, quand on monte du Lido à Capoliveri. Enfin, ce sont des microgranites laminés qui forment les falaises de part et d'autre de la plage d'Ortano. Au Nord de cette plage, ces faux qneiss ont plus de 150 mètres de puissance, et on les suit jusqu'au Porticciolo, près de Rio Marina. Les mylonites microgranitiques sont des roches très claires, blanches ou grises, d'aspect leptynitique. Elles montrent des clivages garnis de mica blanc et une tranche zonée, æillée, glan- duleuse, à amandes de quartz et de feldspath. Le laminage est beaucoup plus intense dans la région d’Ortano que sur les bords de la Valdana!. Dans les types les moins laminés, on voit encore la structure porphyrique : une pâte microgranitique très fine, où s'esquissent des trainées de séricite; de gros orthoses, un peu kaolinisés, cassés ; des tourmalines brisées ; des quartz fendus et dispersés. Les orthoses sont arrondis, écrasés et usés sur leurs bords. Quand le Jlaminage augmente, la pâte est transformée en un schiste quartzo-sériciteux très fin ; les quartz anciens ont disparu; les gros orthoses ne sont plus que des files de débris, ressoudés par du quartz où par un minéral inconnu, en houppes Jaune ver- dâtre, polychroïques et très biréfringentes. A la limite, la roche devient très schisteuse, avec des zones extrêmement minces, les unes de petits quartz, les autres de mica blanc et de débris 1. Dans ma note de juin 1909 à l'Académie, j'exprimais des doutes sur la nature des faux gneiss d'Ortano, parce que je n'avais pas encore étudié ces roches au microscope. L'étude micrographique m'a démontré péremptoirement leur identité avec les mylonites de la Valdana. 1910 TECTONIQUE DE L'ILE D'ELBE 139 d'orthose. Il n'y a que l'observation des types intermédiaires qui puisse établir l'origine mécanique de ces mylonites exagé- rées; mais, comme l'on trouve tous les types intermédiaires, tous les passages entre le porphyre à peine laminé et la roche schisteuse, à mica blanc, la plus semblable à un gneiss authen- tique, il ne reste aucun doute sur la véritable nature des faux gneiss d'Ortano. Sur le rivage sud du golfe de Porto Longone, on observe beau- coup de gneiss, et qui sont certainement de vrais gneiss, sillon- nés d’ailleurs de veines d’aplite à tourmaline. La nouvelle route qui monte de Calanuova au Poggio Delfino permet d'étudier ces gneiss, horizontaux dans leur ensemble, ou plongeant faiblement à l'Ouest, mais souvent très contournés et froissés dans le détail. Leur épaisseur, dans la région que je viens de dire, est d’au moins 200 mètres. Ils sont quelquefois écrasés, mais rarement d'une façon aussi complète que le granite. Habituellement, ils sont simplement laminés, ce laminage se traduisant par l'apparition de joints de friction, onduleux, et grossièrement parallèles au zonage du gneiss, et par la torsion, la dislocation et l’éparpille- ment des veines d’aplite. Des gneiss analogues, plus ou moins laminés, quelquefois même écrasés, mais qui sont encore de vrais gneiss, forment le promontoire rocheux qui domine à l'Ouest le vallon de Mar di Cervisi. Les gneiss du Poggio Delfino sont surmontés par un énorme étage de micaschistes à mica blanc, d'un type banal, épais de 500 mètres au moins, et peut-être de 1000 mètres. Ces mica- schistes constituent toute la partie haute de la presqu'île de la Calamita. La large arête de la montagne, entre le Poggio Del- fino et les abords immédiats de Capoliveri, est faite, exclusive- ment, de micaschistes, qui plongent au Nord-Ouest, de plus en plus fortement au fur et à mesure que l'on avance vers ce vil- lage. Les assises ne manifestent aucun signe d'écrasement ; mais elles sont souvent violemment contournées. Les amandes de quartz y sont très nombreuses, Il n'y a pas de veines d’aplite : celles-ci, fréquentes dans les gneiss, ne semblent pas avoiratteint l'étage de micaschistes. Sur le versant méridional de la pres- qu'ile, la limite des micaschistes et des gneiss descend jusque très près dela mer, peut-être même jusqu'à la mer entre la Punta Morcone et l’Innamorata. Cela tient à ce que les assises, sur ce versant méridional, plongent comme la montagne, et souvent même plus rapidement que la montagne. Get étage micaschisteux, qui surmonte, dans la presqu'ile de la Calamita, l'étage mylonitique, n'apparaît pas ailleurs. Je ne 140 PIERRE TERMIER 7 Fév. crois pas que l’on puisse l'assimiler à la série métamorphique qui entoure le Monte Capanne. Dans celle-ci, comme je l'ai dit plus haut, le métamorphisme semble être d’origine granitique : au lieu que les gneiss et les micaschistes de la presqu'ile de la Calamita paraissent appartenir à une véritable série cristallo- phyllienne, indépendante du granite sous-jacent et sans doute très ancienne. Ge qui contribue encore à me faire admettre la grande ancienneté de cette série cristallophyllienne, c'est la pré- sence, sur elle, et entre elle et l'Éocène, d’un terrain sédimen- taire ayant tous les caractères pétrographiques d’un Trias alpin semi-cristallin. Ce terrain sédimentaire est l'étage pr? de M. Lotti. Il a son maximum d'épaisseur à la Punta della Calamita, est encore bien développé aux environs et surtout au Sud de Capoliveri, et appa- raît une dernière fois, très réduit, sur la rive droite de la Val- dana, près du point 20 de la carte. Il manque totalement dans la région de Porto Longone et de l'Ortano. A la Calamita et à Capoliveri, il surmonte les micaschistes: dans la Valdana, 1l sur- monte le microgranite laminé. À Capoliveri, 1l est surmonté par l'Éocène : dans la Valdana, 1l s'enfonce sous les Schistes lustrés (série IT); à la Calamita, il n'a rien au-dessus de lui. Les car- gneules, d'un blanc rosé à l'extérieur, d'un jaune foncé à l'inté- rieur, dominent au sud de Capoliveri, alternant avec des dolomies blanches cendreuses, des marbres blancs, et des schistes luisants vert clair ; le tout a une épaisseur de 50 à 60 mètres et un aspect hautement triasique. À la Calamita, l'épaisseur de ce Trias pro- bable peut atteindre 80 mètres : les marbres blancs, souvent d’une blancheur parfaite, dominent : et il y a avec eux des dolo- mies blanches, peu cendreuses, et quelques bancs de cargneules et de schistes verts. Enfin, l'affleurement de la Valdana, épais de 30 ou 40 mètres, est uniquement formé de dolomie blanche en plaquettes, saccharoïde et souvent tout à fait cendreuse. Les cipolins de la plage du Lido, rapportés par M. Lotti au terrain en question pr?, me paraissent avoir tous les caractères des cipo- lins des Schistes lustrés (pr°). Trompé par la superposition for- tuite, dans la Valdana, du terme pr au terme pr?, M. Lotti a cru à la continuité de l'étage dolomitique et marmoréen et de l'étage des cipolins. Ces deux étages appartiennent, pour moi, à des séries différentes (I et IT), et sont séparés par une surface de charriage. J'ai dit que l'Éocène de la série 1, dans le domaine sud-orien- tal occupé par cette série, est dépourvu de roches vertes. Cette absence de roches vertes est habituelle : elle n’est cependant pas 1910 TECTONIQUE DE L'ILE D'ELBE 141 absolue. Il y à un affleurement de serpentine à la sortie de Capo- liveri, sur le chemin de la Calamita, et cette serpentine parait intercalée entre les cargneules (Trias ?) et l'Éocène. De même, un des deux îlots Gemini, entre l’Innamorata et la Calamita, est formé de serpentine et 6 diabase : et ces roches vertes semblent reposer sur le Trias qui constitue l'autre îlot. L'Éocène de la série I, habituellement sans roches vertes, parait donc en renfer- mer quelques rares amas, ou quelques coulées, à sa base, dans la région de la Calamita. C’est une nouvelle raison de croire que la série métamorphique qui entoure le Monte Capanne, et qui renferme les mêmes roches vertes, est de l'Éocène rendu cristal- lin par le voisinage du granite. Les phénomènes d’écrasement, dans la série T du domaine sud-oriental de l’île, ne sont pas absolument cantonnés dans les granites, les gneiss et les microgranites. Ils apparaissent aussi de is ÉObène, mais plus rarement. Au Nord des maisons de Capo- liveri, sur la route même, il y a des brèches de friction à blocs de grès macigno et à blocs de porphyre. D’autres brèches, ayant la même origine mécanique, affleurent, le long de la route, au Nord du Fosso del Buraccio, en plein Eocène, ou au contact de l'Eocène et du microgranite. Série II. — La série II comprend les deux termes pr° et pr’ de la carte de M. Lotti, c’est-à-dire : des micaschistes luisants, à zones calciteuses, et des cipolins rubanés. Elle comprend aussi les serpentines appelées par M. Lotti présiluriennes et désignées sur la carte par le symbole s !. Ce complexe est identique, pétro- graphiquement parlant, aux Schistes lustrés de la Corse ; et cette identité n'a pas échappé à M. Lotti!, qui signale l'apparition du même complexe aux îles Gorgona et Ciel et au cap Argenta- rio. Comme nous savons re hui que les Schistes hote és de la Corse orientale (schistes de Bastia, calcschistes micacés du Bas-Golo, cipolins de Brando, roches vertes diverses) ne sont point différents des Schistes lustrés des Alpes, la série IT de l'île d'Elbe doit être tenue, jusqu'à preuve du contraire, pour une série métamorphique compréhensive embrassaut tous les terrains du Trias supérieur à l'Eocène. Les Schistes lustrés affleurent assez largement sur la côte est de l’île d'Elbe, entre Rio Marina et Terranera. Presque horizon- taux, ils reposent sur les faux gneiss de l'Ortano ou sur le granite écrasé de la sériel: et ils s’enfoncent sous la série IT. Leur épaisseur est très variable ; et ils forment, en somme, une /en- 1HBAÉOTrI LOC. Cit. p.24. 142 PIERRE TERMIER 7 Fév. tille irrégulière, puissante au maximum de 200 mètres, et finis- sant en pointe vers le Sud, près de Terranera. Au Nord, à Rio Marina, la lentille se prolonge sous la mer. La serpentine, sou- vent laminée, est au sommet de la lentille ; le milieu est formé par des micaschistes fissiles, mous, noirs ou gris, ou Jaunissants, plus ou moins calciteux : la base est faite de cipolins rubanés, parfois épidotifères, entièrement semblables à ceux de Brando ou de Corte, en Corse. Ils reparaissent un instant sous le Monte Fabbrello près de la Casa Marchetti : non pas seulement, comme l'indique la carte de M. Lotti, à l'état de serpentine, mais aussi à l’état de mica- schistes calciteux. Enfin, la série IT affleure au Nord-Ouest de la plage du Lido, entre les mylonites de microgranite de la plage et le Silurien qui forme une bande continue près du sommet des collines. La base est faite de cipolins blanes, gris ou verts, à zones micaschisteuses, partiellement confondus par M. Lotti avec les marbres (tria- siques ?) de la Calamita, mais en réalité très différents de ces marbres. Au-dessus, viennent des micaschistes mous, avec zones calciteuses assez rares, et, dans le haut, quelques bancs de marbre. Tout au sommet, il y a une lentille de serpentine, lami- née sur les bords, qui s'enfonce sous le Silurien. Toutes les assises de la série plongent à l'Ouest, ou au Nord-Ouest, sous un angle faible. SÉRIE IT. — La série ITT est une suite de terrains sédimentaires non métamorphiques ; suite régulière quant à l’ordre de super- position et aux faciès de ses divers termes, mais très irrégulière quant à leurs épaisseurs, et où l'allure lenticulaire est habituelle et évidente. La base est formée par les schistes noirs siluriens, à Ortho- cères et Monograptus. Puis viennent les schistes sombres de Rio Marina, sans fossiles, rapportés au Carbonifère par M. Lotti (pm! de la carte); puis les grès du Verrucano (pmè), dont la partie supérieure, quartziteuse, est peut-être triasique. Des cargneules apparaissent ensuite, très caverneuses, avec des cavités remplies de dolomie cendreuse ; et, comme des calcaires rhétiens fossili- fères les surmontent, je tiens ces cargneules pour triasiques. Il y aurait ainsi, dans la série III, un Trias peu épais, formé de grès blancs quartziteux et de cargneules, très différent du Trias (hypothétique) de la série I. M. Lotti a réuni les cargneules à l'Infralias (i de la carte), et les grès blancs au Verrucano. Au-dessus du Rhétien vient le Lias (calcaires à Arietites à la 1910 TECTONIQUE DE L'ILE D'ELBE 143 base, schistes versicolores à Posidonomya Bronni au sommet. C’est le terme 1° de la carte. Puis, la série est couronnée par un complexe très puissant, ophiolitique, rapporté par M. Lotti à l'Éocène. Cet Éocène est presque identique à l’Eocène ophioli- tique corse, dont l’âge est bien établi; mais les couches calcaires à Nummulites et Orthophragmina de la Corse n'ont pas été retrouvées dans la série III de l'île d'Elbe. I n’y a, dans le complexe en question, ni grès macigno, ni injections microgranitiques. De sorte que ce Sade _ for différent de l'Eocène de la série I. M. Lotti y distingue, de bas en haut, quatre termes : des schistes, avec TE marneux, et rares empreintes de Fucoïdes (e') ; des roches vertes (serpen- tines à la base, euphotides au-dessus, diabases tout en haut); des jaspes et tuile à Radiolaires (e?); des calcaires très mas- sifs, de couleur claire, blancs ou roses, sans fossiles (e*). Ces divers termes peuvent manquer, à tour de rôle ; mais leur ordre de succession est invariable. Quand l’Éocène de la série III est superposé au Lias, il n’y a pas, entre eux, de discordance angulaire bien sensible, Dans toute la série TIT, il y a concordance approximative ; et l'allure lenticulaire, d’origine mécanique, introduit, dans le détail, tant de petites discordances et d’apparences transgressives, que l’on ne peut rien dire de plus. Près de Porto Longone, le complexe éocène de la série IT repose directement sur le granite écrasé, par suppression de toute la partie inférieure de la série III, de toute la partie haute de la série I, et de la série II tout entière. Enfin, les deux Éocènes, celui de la série III (ophiolitique) et celui de la série I (microg ranitique), viennent au contact sur une assez grande longueur d’affleurements, d’abord à l'Ouest du Monte Castéllo. puis au col Reciso, et on aux Ghiaje, près de Portolerra]o. Ce contact des deux séries est pour moi, comme Je le dirai plus loin, un contact tectonique. M. Lotti y a vu un contact ordinaire; et, pour lui, l’Éocène microgranitique est, purement et een superposé à l’ Éocène ophiolitique. RAPPORTS TECTONIQUES DES TROIS SÉRIES. Je viens à l'objet principal de ma note, qui est d'établir l'anor- male superposition des trois séries ci- ee définies, leur super- position par charriage. IL faut, pour cela, suivre la ligne des contacts (ligne RTU V V'XY Z ZW W! de la petite carte sché- matique de la p. 135); et c'est ce que je vais faire, mais en pre- nant d'abord cette ligne au Monte Fabbrello, qui est son point le plus intéressant. 144 PIERRE TERMIER 1 Fév. More FaBgrezLo. — Le Monte Fabbrello est une colline dont le sommet est à 130 m. au-dessus de la mer et qui se dresse un peu à l'est de la route de Portoferrajo à Porto Longone, près du col où est bâtie la Casa Marchetti. Là est le nœud de la géo- logie elbaine. M. Loti en a parfaitement compris l’importance et a montré que la coupe de cette colline était une énigme tec- tonique !. À cette époque, 1884-1886, plus de deux ans avant l'explication par Marcel Bertrand de l'anomalie du Beausset, on ne pouvait guère avoir l’idée d'un recouvrement. M. Lotti a tenté de résoudre la difficulté par l'hypothèse d’une faille ; et c'est ainsi que tout le monde faisait alors. Cette faille, marquée sur la carte par un trait volontairement imprécis, est désignée dans le texte sous le nom de faille du golfe de Portoferrajo. En réalité, il n'y a pas de faille; mais l'on observe le chevau- W M. Fabbrello ; E FiG. 2. — Deux coupes parallèles à travers le MonTE FABBRELLO. Échelle : 1/12 500 env. — G, Microgranite, souvent laminé; E, Grès et calcaires éocènes ; L, Micaschistes calciteux (schistes lustrés) ; P, Serpentine (pérido- tite) des schistes lustrés; S, Silurien ; V, Verrucano (Permien); Li, Lias de la série IL ; O, formation ophiolitique de la série IT. La coupe placée en haut de la figure est la plus septentrionale des deux. chement du Silurien sur l'Éocène, et l’on voit, entre le Silurien, base de la série III, et l'Éocène, sommet de la série I, s'interea- ler, par grosses lentilles irrégulières, les Schistes lustrés de la série IT et leur serpentine (fig. 2). Pour bien voir la structure du Monte Fabbrello, il faut suivre la mauvaise route qui, de la Casa Marchetti, s'élève à l'Est vers la Casa Traditi. À 500 ou 600 m. de la Casa Marchetti, à un col, 1B:LOoTrr, loc-cit., p.287 1910 TECTONIQUE DE L'ILE D'ELBE 145 un sentier se détache de cette route à gauche et contourne le versant est. Voici ce que l’on observe, en suivant d’abord la route, ensuite le sentier. Les assises, dans l’ensemble, sont horizontales ou plongent faiblement au Nord-Ouest. On 2e d'abord dans le Silurien : ; puis, le Silurien se relevant un peu, la route coupe la serpentine : ; puis on rentre dans le Silurien. Brusquement, à 350 ou 400 m. de la Casa Marchetti, le Silurien se relève, et l’on voit s’enfoncer sous ce terrain, avec intercalation d’une brèche de friction èt d’une lame de quelques centimètres de serpentine, les calcaires et les grès de l'Eocène (alberese et macigno). Un peu plus loin, le som- na de cet Eocène est formé d’un banc de microgranite com- pact, du type appelé eurite par M. Lotti. Plus loin encore, les terrains s’abaissent, on rentre dans le Silurien, qui descend même en contre- ice de la route : là, dans un ravin, on peut voir les schistes noirs siluriens reposer sur l'Éocène. La route rentre ensuite dans l'Éocène, qui forme le col où le sentier qui va vers le Nord se détache de la route. À quelques mètres au Nord de ce col, le contact Éocène-Silurien redescend, et l’on traverse le banc d’eurite blanche qui est le sommet de l'Éocène. Puis, entre cette eurite et le Silurien, une lentille s’interstratifie, rapidement gros- sissante vers le Nord, et faite de micaschistes et caleschistes micacés, avec bancs de calcaires cristallins ferrugineux. Un peu plus au Nord, la serpentine reparaïît, entre le Silurien et cette lentille de Schistes lustrés. Quant aux sédiments éocènes, mêlés d’intrusions microgranitiques, qui s’enfoncent ainsi sous les Schistes lustrés et sous le Silurien, ils reposent eux-mêmes, au Sud du Monte Fabbrello, sur du microgranite laminé formant le sommet de l'étage mylonitique (pr! de la carte). Ce drone si net, du Silurien sur l'Eocène, ne peut pas être considéré comme un accident local. Tout le long du Fosso di Valdana, au Sud du Monte Fabbrello, l'allure des trois séries reste la même. La série I, Eocène reposant sur du microgranite laminé, plonge doucement à l'Ouest sous le Silurien, lui-même continu et formant la base de la série III. Vers le point 20 de la carte, le sommet de la série I se constitue, non plus d’iocène, mais de Trias (dolomies cendreuses) ; et l’on voit reparaiître, entre série I et série IIT, une nouvelle lentille de la série II (schistes lustrés et serpentine), identique à celle du Monte Fabbrello. Somme toute, on observe constamment la même coupe — sauf les variations de détail introduites par l'allure lenticulaire de tous les étages — sur un parcours total de deux kilomètres et demi. 19 juillet 1910. Bull. Soc. Géol. Cr X, — 10: 146 PIERRE TERMIER 71 Fév. Les GHiAye. — Aux Ghiaje (point G de ma carte schéma- tique), près de Portoferrajo, les deux séries I et ITT viennent au contact, et ce contact est une surface extraordinairement con- tournée et ployée, jalonnée par des hrèches de friction. La série IT n'apparaît pas, et les brèches n'en montrent aucun débris. Ces brèches ont été signalées par M. Lotti'. Elles affleurent sur la plage même et sont aisément observables ; mais’ le cro- quis de M. Lotti n'en donne qu'une idée très imparfaite. En venant de Portoferrajo, et suivant la plage de l'Est à l'Ouest, on voit affleurer successivement : une serpentine mas- sive ; une brèche de serpentine écrasée, formant un banc verti- cal de 2 m. de puissance ; des schistes et calcaires éocènes, du type de l'étage e' de M. Lotti; une nouvelle brèche, épaisse de plus de 3 m. et formant un banc très contourné, brèche dont les débris sont de roches vertes, de sédiments éocènes et de micro- granite ; enfin le microgranite, par où commence la série I, désormais continue. Le deuxième banc de brèche est tantôt ver- ücal, tantôt presque horizontal, avec des plongements à l'Ouest ou au Sud dans les régions intermédiaires. Les calcaires compacts, blancs ou roses, de l'Éocène, super- posés à la formation ophiolitique et marqués e* sur la carte de M. Lotti, — calcaires qui affleurent largement à l'Est des Ghiaje — ne viennent pas jusqu’à ce contact. La série IIT, près de la surface qui la sépare de la série I, est représentée par les termes inférieurs de l'Éocène et par les roches vertes, réduits, les uns et les autres, à de faibles épaisseurs et très évidemment écrasés. C’est une raison de penser que, quels que soient d’ail- leurs les contournements de la surface de friction, la série III, d'une façon générale, est, ici comme au Monte Fabbrello et dans la Valdana, posée sur la série I. Suivons maintenant la ligne RTU... de ma carte schématique au Sud de la rade de Portoferrajo, le long de la dépression du col Reciso. Nous verrons, sur tout ce parcours jusqu’au point U, persister les caractères du contact des Ghiaje : surface verticale, ou balancée de part et d’autre de la verticale, ou très contour- née ; présence fréquente de brèches de friction ; superposition de III à I constamment indiquée par l'allure synclinale de TIT près du contact. LES DEUX VERSANTS pu coL Reciso. — En allant de San Gio- vanni à l'Acona, par le col Reciso, on suit la limite des séries III et [. La série IT ne se montre pas. M. Lotti a décrit le contact 1. B. Lori, loc. cit., p. 155 et fig. 34. 1910 TECTONIQUE DE L'ILE D'ELBE 14 =) comme si [II plongeait sous I, et comme si toutes les assises inclhinaient à l'Ouest. Mais le contact est parfois vertical, et par- fois plongeant à l'Est; et, le long de ce contact, entre les cal- caires compacts e* et l'étage alberese-macigno-porphyre ef, on observe le retour très fréquent des roches vertes, écrasées, lami- nées, où tout au moins réduites à l’état de petits lambeaux. Le 237 Ce FiG. 3. — Quatre coupes à travers la dépression du cor Reciso. Echelle : 1/12 500 env. — 48, surface de charriage. G, Microgranite: E;, Éocène de la série [ (alberese et macigno); O, roches vertes de la série I ; F3, calcaires compacts éocènes superposés aux roches vertes. La coupe supérieure, dans le dessin, est la plus au Nord : elle passe un peu au Sud de la Casa del Duca. La deuxième passe par la chapelle Santa-Lucia (237) ; la troisième, à 400 m. au Nord du col Reciso ; la quatrième, à 750 m. au Sud de ce col. gisement des Nummulites e‘, indiqué par M. Lotti comme com- pris entre e* et ef, est en plein étage ef. Les petits lambeaux e 148 PIERRE TERMIER 1 Fév. dessinés sur la carte près de Casa del Duca ne sont pas posés sur la serpentine, mais sortent de cette serpentine à la façon de boutons anticlinaux : ce sont des apparitions de la série I dans deux petites fenêtres de la série IT. Il va sans dire que ces coupes sont en partie hypothétiques. Je ne puis naturellement répondre que de ce qui se voit à la sur- face. Elles traduisent l'interprétation que je me suis donnée — et qui me paraît la seule plausible — des faits observables. En gros, la surface de séparation des deux séries est une surface onduleuse, dont les quatre lignes 4£ donnent une idée grossière. J'insiste beaucoup sur les apparitions anficlinales de la série I au travers des ophiolites ; et aussi sur l'allure synclinale des calcaires compacts superposés aux roches vertes. Ces deux faits, qui m'ont semblé évidents, suffisent à prouver la superposition de IT à I. Et si IIT est superposé à I tout le long de la ligne R TU de ma petite carte schématique (fig. 1, p. 135), comme nous savons déjà qu'il en est de mêmede l’autre côté du Monte Orello, le long de la ligne VX Y, il en faut nécessairement conclure que IT n'a pas de racines, et que II flotte sur I, ou sur des lambeaux discontinus de la série II emprisonnés çà et là dans la surface de charriage. Entre Santa-Lucia et la Casa del Duca, à l’affleurement de la surface de charriage présumée, au contact vertical du microgra- nite et de la serpentine, on observe, sur le chemin, des brèches de friction entièrement semblables à celles des Ghiaje. VERSANT OUEST DU MonTE CASTELLO. — Entre les points Y et Z de ma petite carte schématique (fig. 1, p. 135), les deux séries l'et IIT se touchent encore, et dans des conditions fort analogues à celles que je viens de décrire. Ce n’est pas [ qui repose sur III, comme M. Lotti l'a admis ; c’est IT qui flotte sur I. Le contact est souvent vertical : il est même quelquefois renversé : mais allure synclinale de la série III au voisinage de ce contact, et le fait que, au Sud du Monte Castello, entre les points Z et Z' de la figure 1, le contact se raplanit peu à peu et montre IIT, presque horizontal, reposant sur 1, ne laissent place à aucun doute. Entre Magazzini et la Casa Fantolini, le contact est caché sous les alluvions. Près de la C. Fantolini, les jaspes et schistes rouges (e° de M. Lotti), faiblement inclinés vers l'Est, ou presque horizontaux, reposent certainement sur l'Eocène ef (alberese et macigno). Plus au Sud, dans le ravin escarpé qui vient du point 278 de la carte, et au delà du col, près du point 276, on a les coupes suivantes (fig. 4): 1910 TECTONIQUE DE L'ILE D'ELBE 139 Le retour, non signalé sur la carte de M. Lotti, des schistes sombres inférieurs aux roches vertes, et des roches vertes elles- mêmes, au contact de la série alberese-macigno, a une très grande importance. C’est le phénomène déjà décrit dans la région du col Reciso. Il s’observe nettement sur le passage de la pre- mière coupe de la figure #, au point où la route change de ravin en contournant une sorte de promontoire. WVSW ENE F1iG. 4, — Trois coupes dans le versant occidental du More CASTELLO. Échelle : 1/12 500 env. — 26, surface de charriage; G, Microgranite ; E:, Éocène de la série I (alberese et macigno) ; S, Schistes, O, Ophiolites, J, Jaspes, Es, cal- caires éocènes compacts de la série ITI. La coupe supérieure, dans le dessin, est la plus au Nord : elle passe par le point 177 qui est au Sud de la Crocetta. La deuxième passe par le point 278 ; la troisième, un peu au Nord du point 276. Entre les points 278 et 276, le synclinal de calcaires compacts E, est presque vertical et très serré. De plus, il s’accidente d’un repli anticlinal aigu qui ramène, au milieu des calcaires, une étroite bande de serpentine, longue d’environ 300 mètres. Sur le bord ouest des calcaires E,, à l’affleurement de la surface que je considère comme une surface de charriage, il y a des brèches de friction, à débris de porphyre ou à débris de serpentine. Les caractères du contact sont done exactement les mêmes que dans la dépression du col Reciso et sur la plage des Ghiaje. 150 PIÈRRE TERMIER 1 Fév. Au Sud du point 276, vers la Casa Ciollini, le contact se raplanit beaucoup. Sous l'étage alberese-macigno on voit appa- raitre des lambeaux lenticulaires de Trias (dolomies cendreuses), reposant eux-mêmes sur le granite écrasé. Toute cette série I, alberese-macigno, Trias, granite devenu schisteux par écrase- ment, faiblement inclinée vers l'Est, s'enfonce sous les roches vertes de la série IT et reparaît, au delà de ce synclinal de roches vertes, vers la Casa Pontecchio. Enrre Porto LONGoNE ET Rio Marixa. — Il nous reste à suivre la partie de la ligne ZZ'W de la figure 1 (p. 136) qui est comprise entre les environs immédiats de Porto Longone et Rio Marina, et à parler de la réapparition des Schistes lustrés (série IT) Nord de Terranera Dans cette région orientale de l'île, la série I se réduit à l'étage mylonitique de res : granite écrasé de Porto Longone, micro- granite transformé en faux qneiss d'Ortano. Il y a cependant un Et affleurement d'1,ocène (alberese et macigno), eñ de M. Lotti, près du cimetière de Porto Longone; et cet affleurement pré- sente un grand intérêt tectonique, car l'Éocène en question s’en- fonce nettement sous la serpentine, base de la série IIL. Ses ‘apports avec le Lias, qui, un peu plus à l'Est, apparaît lui-même sous la serpentine, sont malheureusement inobservables. S'il y a réellement du Lias tout auprès du cimetière, comme l'indique la carte, l'Éocène ef doit s’enfoncer, à l'Est, sous ce Lias!. Au Nord des mines de fer de de de le granite écrasé, for- mant des sortes de bancs qui plongent faiblement au Nord, s’en- fonce sous la série IIT; mais la base de cette série, à partir de la Casa Rosario, s’est brusquement augmentée de toute une len- tille de terrains inférieurs à l'Éocène., Le Lias s’y est montré d'abord; puis l'Infralias, puis les cargneules triasiques; puis les schistes noirs siluriens. Et cette lentille s’enfle rapidement vers le Nord. Bientôt le Verrucano s'y glisse; mais il reste lui-même lenticulaire et sporadique. Enfin, vers Rio Marina, un terme nou- veau apparait, sous le Verrucano et tout à la base de la série, le Silurien s'étant écrasé lui-même jusqu'à disparition : ce terme nouveau, ce sont les schistes sombres de Rio (pm! de M. Lotti), probablement carbonifères. En même temps,:la série s’augmente, entre le Lias et les roches vertes, de tout un étage de schistes à 1. Je n'ai vu moi-même en cet endroit, entre le cimetière (qui est sur la ser- pentine) et la Casa Boschetto (bâtie sur le granite) que du granite écrasé ; et il m'a bien semblé que, sur la grande route, le granite écrasé vient au contact de la serpentine. 1910 TECTONIQUE DE L'ILE D'ELBE 451 Fucoïdes (e! de la carte). La série III est donc à peu près com- plète‘entre la plage d'Ortano et celle de l'Ottone, près de Magaz- ziñi-: mais tous les termes ont des puissances incessamment et brusquement variables ; et cette allure lenticulaire, évidente à la seule inspection de la carte géologique, persiste jusqu'au eap della Vite, extrême pointe nord-est de l'ile. C'est tout justement dans la région de Terranera, où s’épa- nouit ainsi la base de la série III, que les Schistes lustrés, les cipolins et la serpentine de la série IT font leur réapparition. Les micaschistes caleiteux naissent sous le Silurien, entre ce terrain et le granite écrasé, et, très rapidement, s’épaississent. La ser- pentine, au sommet, les cipolins à la base, naissent à leur tour : et désormais les trois termes seront constants jusqu'à ce que, près de Rio Marina, ils s'enfoncent dans la mer. Toute cette série Il est parfaitement interstratifiée entre la série IIT et les faux gneiss de l'étage mylonitique. La serpentine est fréquemment écrasée et devenue schisteuse. La plongée des assises est, en moyenne, d'une vingtaine de degrés vers l'Ouest ou le Nord- Ouest. _ Tels sont les rapports tectoniques des trois séries. Ils ne peuvent s'interpréter que par une superposition anormale. [II n'a pas de racines à l'île d'Elbe ; TI flotte sur I ou sur IT, et forme deux synclinaux dissymétriques, à bords occidentaux redressés, zigzagués, étirés et garnis de brèches de friction, et à bords orientaux doucement plongeants et beaucoup moins étirés. II n'a pas non plus de racines à l’île d'Elbe ; IT flotte sur I ; mais IT, sans doute originellement peu puissante, est réduite à l'état de lentilles, dont la plus grosse, à l’île d'Elbe, n'a guère que 200 m. d'épaisseur maxima. Enfin, la série 1, substratum des deux autres séries, présente çà et là, dans la région sud-est de l’île, des traces indéniables d'écrasement et de laminage. Rien, cependant, n'autorise à affirmer que, dans son ensemble, elle soit charriée, Il n'est pas impossible qu'elle soit autochtone: mais l'on n’en sait rien. Tout ce que l’on sait, c'est qu'il y a eu déplacement relatif de TT et de IT par rapport à I. Ce déplacement des deux autres séries par rapport à la série profonde, tantôt a laissé celle- ei presque impassible, et c’est le cas de la région du Monte Capanne, tantôt l’a affectée de décollements superficiels, avec transport plus ou moins lointain, laminage et écrasement des lambeaux décollés. L'île d'Elbe est donc pays de nappes (pl. V). Elle nous montre deux nappes (III et IT) flottant sur une série I, peut-être autochtone, mais fatiguée elle-même, et comme rabotée, par le 152 PIERRE TERMIER 7 Fév charriage de ces deux nappes au-dessus d'elle. Rien n'indique que celles-ci soient des plis couchés, à la façon de la plupart des nappes des Alpes. On n'y voit aucune charnière; on n’y voit, non plus, aucun paquet renversé. L'ensemble des deux nappes et de la série profonde est affecté d’ondulations secondaires, à large courbure, dont les axes sont dirigés du Sud au Nord et ennoyés vers le Nord. Ce plissement secondaire, d'allure géné- rale très simple, ne s'exagère et ne devient un froissement à plis serrés et aigus que localement, et, par exemple, près du col Reciso, ou aux Ghiaje, ou encore dans le versant ouest du Monte Castello. RAPPORTS DE L'ILE D'ÉLBE AVEC LA CORSE ET L'APENNIN. Les nappes de l'île d'Elbe (séries III et IT) prolongent les nappes de la Corse orientale. Dans la Corse orientale, nous avons établi, M. Eugène Maury et moi?, l'existence d'une nappe supérieure, comprenant : à sa base, une lame de granite écrasé; au-dessus de cette lame, des dents de Houiller et de Permien, du Trias et du Lias à Robe quasi-briançonnais ; enfin, de Éhocene avec roches vertes, et des schistes et grès à Fucoïdes probablement oligocènes. Cette nappe supérieure — dédoublée dans la région de Corte, d'après les der- niers travaux de M. Maury — repose sur le complexe des Schistes lustrés, qui est lui-même au moins partiellement charrié, qui comprend des intercalations puissantes de granite alcalin laminé (protogine des auteurs), et dont le substratum réel, en Corse, est inconnu. L'identité est telle entre la formation ophiolitique de la nappe supérieure corse et le complexe à roches vertes de la nappe II de l’île d’'Elbe; elle est telle, aussi, entre les Schistes lustrés de Bastia et du Bec et les Sohisles lustrés elbains, que l'on ne peut pas douter de l’intime liaison de IIT (Elbe) avec la nappe supérieure corse, et de IT (Elbe) avec la nappe corse des Schistes lustrés. Les nappes elbaines ne sont autres que les nappes corses: et cette conclusion s'accorde avec les présomptions que nous avions, M. Maury et moi, tirées de l'étude des nappes corses, présomptions très fortes en faveur du déplacement vers l'Est de la nappe supérieure par rapport aux Schistes lustrés. Il y a cependant de notables différences stratigraphiques entre 1. Consulter la coupe schématique de la planche V, menée à travers la Corse et pie d'Elbe. P. Terrier et E. Maury. Sur les nappes de la Corse orientale, CR. Ac. Sc., (re GXLVT, p. 1426. ea ES 1910 TECTONIQUE DE L'ILE D 'ELBE 153 les nappes corses et les nappes elbaines : mais elles s'expliquent aisément par la distance de 60 ou 70 km. qui sépare les deux pays. De la Corse à l’île d'Elbe, la nappe supérieure perd sa lame granitique de base, s'enrichit d’un terme silurien, remplace son terme houiller par un complexe de schistes sombres d'âge pro- bablement un peu plus ancien, son Trias et son Lias quasi-brian- çonnais par des termes de même âge et de faciès moins alpin, en tout cas moins briançonnais. Le complexe des Schistes lustrés, de la Corse à l’île d'Elbe, diminue beaucoup d'épaisseur et perd les grandes masses de granite alcalin qui sont, en Corse, insé- parables de ce complexe. Les nappes elbaines se prolongent elles-mêmes vers l'Italie, et avec elles, la série profonde {série I) qui les supporte. Dans celle-ci et dans celles-là, on voit, d’ailleurs, les détails stratigra- phiques varier graduellement de l'Ouest à l'Est. La série I garde en Italie son granite et son microgranite, et garde aussi son Éocène très particulier (alberese et macigno); mais elle s'enrichit et se complète peu à peu, par l’adjonction d'un Permien puissant (verrucano), par l'épaississement de son Trias, par l’adjonction, surtout, de termes secondaires nouveaux, jurassiques et crétacés. Cette série profonde italienne apparaît dans un grand nombre de fenêtres, ouvertes à travers les nappes apennines !; c'est elle qui s'enfonce, plus loin, sous les terrains néogènes de la région adriatique, et qui revient au jour dans le Monte Gargano, la Pouille et toute la région sud de la péninsule, Elle forme le socle de l'Apennin; et elle forme aussi, sur le bord de l'Adriatique, les extrêmes chainons des Dinarides?. Il ne semble pas y avoir de discontinuité tectonique entre le pays dina- rique plissé et ce pays profond, évidemment très peu plissé, sur lequel se sont traînées les nappes elbaines et apennines. On peut, si l’on veut, considérer ce dernier pays comme autochtone, à la condition de se souvenir que c’est là un simple moyen de fixer les idées et d’éclaircir le langage. Dire qu'il est autochtone, c'est dire que l'on attribue hypothétiquement aux nappes qui le sur- montent, ou qui l'ont jadis surmonté, un mouvement absolu égal au mouvement relatif dont nous pouvons constater l’existence et mesurer, au moins grossièrement, l'amplitude. Mais, tout au fond, nous ne savons pas ce qui a bougé et ce qui est resté tran- quille : et peut-être les deux termes entre lesquels nous obser- 1. G. STEINMANN, loc. cül. 2. En. Suess. Das Antlitz der Erde, Bd IIT, 15* Abschnitt, passim; et Karet I (Gliederung Europas). 15% PIERRE TERMIER 1 Fév. vons un déplacement relatif ont-ils bougé tous deux, en sens inverses. Les Schistes lustrés (série IT), qui reparaissent, d'après M. Lotti, dans les îles Gorgona et Giglio, et au cap Argentario, ne semblent pas aller bien loin en Italie : ou du moins, s'ils se pro- longent dans l’Apennin toscan, c’est en perdant très vite leur cristallinité et en prenant l'apparence deschistes monotones, mais faiblement métamorphiques. Ces schistes monotones renferment toute une formation ophiolitique, identique à celle de la série HI de l’île d'Elbe. Dans la nappe apennine, ou dans les nappes apennines, Jetées sur la série profonde, il me parait actuelle- ment impossible de dire ce qui appartient à la série IT et ce qui appartient à la série III, les faciès des deux séries tendant vers l'identité au fur et à mesure que l’on marche vers l'Est. On sait que dans les schistes monotones, faiblement métamorphiques, riches en roches vertes, de l’Apennin, M. Sacco a trouvé des fossiles crétacés. Cela suflit — puisque cette formation compréhen- sive ophiolitique repose sur les macignos éocènes de la série | — pour prouver que ces schistes monotones à ophiolites sont, dans l’Apennin, à l'état de nappe. Il y a liaison certaine entre cette nappe, ou ces nappes, et les nappes de l’île d’'Elbe. On ne peut pas pousser plus loin les conclusions. Sur le sens du déplacement relatif, il ne reste pas de doute. Si l’on suppose la série [ autochtone et immobile, II et III sont venus de l'Ouest et ont cheminé vers l'Est. Avant ce charriage, les faciès [, IT et IIT se succédaient régulièrement de l'Est à l'Ouest. En venant du pays dinarique, antérieurement aux grands mouvements de l’âge tertiaire, et en marchant vers l'Ouest, on aurait successivement marché : sur la série I, caractérisée sur- tout par son Éocène, fait d’alberese et de macignos et dépourvu de roches vertes; sur la série IT, géosvnclinale et de faciès com- préhensifs, de plus en plus riche en roches vertes, affectée d’un métamorphisme graduellement croissant jusqu'à une région médiane, puis graduellement décroissant ; enfin sur la série LI, encore très riche en roches vertes, mais où les faciès peu à peu se différencient et s’individualisent, en redevenant néritiques, et dans laquelle le Secondaire offre, sur une certaine étendue, des ressemblances indéniables avec le Secondaire briançonnais. La série [IT a elle-même pour base les granites et les gneiss qui forment aujourd'hui la Corse occidentale : et c’est donc enfin à ce pays de granites et de gneiss, à cette Corse cristalline, que notre marcheur hypothétique, venu du pays dinarique, eût abouti. © 1910 TECTONIQUE DE L'ILE D'ELBE 155 Cherchons maintenant à nous rendre compte de l'amplitude du charriage, de la grandeur du déplacement relatif de la nappe la plus haute (111) sur la série profonde (1). L'évaluation ne peut être, bien entendu, qu'assez grossière. Elle reste cependant inté- ressante. L'Éocène de la série I, à l'ile d'Elbe, est très pauvre en roches vertes, mais il n'en est pas absolument dépourvu : et, si l’on admet que l’auréole métamorphique du Monte Capanne appar- tient à l'Eocène, ce qui est très vraisemblable, c'est au Monte Capanne que l’rocène, pour un observateur marchant vers l'Ouest, commencerait à devenir ophiolitique. Le Monte Capanne était, avant le charriage, assez près, suivant toute vraisemblance, du bord oriental de la zone occupée par la série IT, de la zone des Schistes lustrés. Les témoins actuels les plus orientaux de la formation ophiolitique apennine sont situés près des sources du Tibre. Leur distance actuelle au Monte Capanne est d'environ 190 km. : et c'est là, évidemment, un minimum absolu de l'am- plitude du charriage. Ces derniers témoins ophiolitiques, ces derniers lambeaux de la nappe apennine, ou des nappes apennines, sont enclavés dans des schistes peu métamorphiques, dans des schistes du faciès compréhensif et du faciès géosynclinal, sans aucun doute, mais qui sont loin d'avoir la cristallinité des vrais Schistes lustrés. Ils viennent donc, nôn pas de la région du Monte Capanne, mais d’une région séparée jadis du Monte Capanne par toute la largeur de la zone des véritables Schistes lustrés. Je ne sais pas cette largeur ; mais je ne crois pas qu’elle ait pu, être infé- rieure à 80 km., et je regarde, par conséquent, la somme de ces deux nombres, c’est-à-dire 270 km., comme étant encore une évaluation minima du déplacement relatif {ofal, du déplace- ment de IIT sur I. Ce déplacement relatif total se décompose en un mouvement de IT sur IT et en un mouvement de Il sur 1. Ce qui est probable, c’est que le déplacement total a été d’en- viron 300 km.; et dorénavant j'adopterai, pour la commodité du langage, cette évaluation ronde. Les travaux de M. Maury nous apprennent que l'Éocène ophio- htique de la Corse, dans la région de Palasca, est lié indissolu- blement à la Corse cristalline. La Corse cristalline fait donc partie de la série III de l’île d’'Elbe; elle a participé au mouve- ment dont je viens de calculer l'amplitude. En d'autres termes, si l’on voulait remettre tout en place et rétablir l’état de choses antérieur au charriage, il faudrait : ou bien, laissant [ immobile, reporter IT vers l'Ouest d'un nombre 156 PIERRE TERMIER 1 Fév. mal déterminé de kilomètres, et III, vers l'Ouest aussi, d'environ 300 km., III, entraînant, dans son recul vers l'Ouest, toute la Corse cristalline et la plus grande partie de la Sardaigne: ou bien, laissant la Corse cristalline et la Sardaigne immobiles, et avec elles la série III, déplacer les Schistes lustrés vers l'Est d'au moins 250 km., et déplacer aussi, vers l'Est, le pays profond I d'environ 300 km. RÔLE DE LA (CORSE DANS LA FORMATION DES CHAÎNES TERTIAIRES DE LA RÉGION TYRRHÉNIENNE,. Le pays profond {série I) de l’île d'Elbe se poursuit, à travers la péninsule italienne, jusqu'aux premiers arcs dinariques. Il représente un fragment non plissé du pays dinarique. Le mouvement relatif, d'environ 300 km. d'amplitude, que nous constatons aujourd'hui, grâce à l’île d'Elbe, entre la série III et la série profonde I, n'est donc autre chose que l'avancée des Dinarides. Dans le Nord de la région adriatique, les Dinarides poussées du Sud au Nord, ou du Sud-Est au Nord-Ouest, ont recouvert le pays alpin ; et j'ai attribué depuis longtemps ! au mouvement de ce {raîneau écraseur la transformation des plis de la région alpine en des nappes multiples, empilées et laminées, toutes fuyant vers le Nord, le Nord-Ouest ou l'Ouest, et fuyant jusqu'à plus de 150 km. de leurs racines. Il est possible que cette avancée des Dinarides par-dessus les Alpes ait atteint 300 km. ; mais nous ne savons encore rien de précis à cet égard. En tout cas, l’avan- cée ? est certaine. Il est certain aussi que les Alpes ont été recou- vertes par les Dinarides ; et l'évaluation de 150 km. paraît bien être un minimum, du moins en ce qui concerne la région située entre Venise et Vienne. Dans la région tyrrhénienne, les Dinarides, poussées de l'Est à l'Ouest, se sont avancées vers l'Ouest, par-dessous la zone des Schistes lustrés ; et la zone des Schistes lustrés elle-même, sui- vant ce mouvement, s’est avancée vers l'Ouest sous la Corse sédimentaire et la Corse cristalline, jusqu'à ce que le chemine- ment total du pays dinarique par rapport à la Corse eût été d’en- viron 300 km. Ou, ce qui revient au même, la Corse cristalline, pressée en profondeur par les Dinarides, s’est avancée sur elles, 1. P. Termter. Les nappes des Alpes orientales et la synthèse des Alpes, B.S. G.F., (4), 1903, t. III, p. 761. 2. Jene parle, bien entendu, que d’un mouvement relatif. Nous ne savons pas si les Dinarides ont réellement bougé, et si ce ne sont pas plutôt les Alpes qui ont reculé sous le pays dinarique. 1910 TECTONIQUE DE L'ILE D'ELBE 157 comme si elle rejaillissait sur le pays dinarique, entraînant ‘dans son mouvement vers l'Est la zone des Schistes lustrés, et tout le pays sédimentaire situé à l'Ouest de cette zone, et parcourant ainsi, au-dessus du pays dinarique immobile, une distance totale de 300 km. environ. Les nappes apennines, comme celles de l'île d'Elbe, sont des témoins de cet immense rejaillissement. Ainsi, dans la région alpine, les Dinarides chevauchent les Alpes; dans la région tyrrhénienne, les Dinarides sont chevau- chées par la Corse et la Sardaigne, par les nappes elbaines et apennines. lei et là, les déplacements relatifs totaux ont des grandeurs comparables. Cette différence profonde entre le régime apennin et le régime alpin ne peut être attribuée qu'à la barrière opposée par le massif corso-sarde à l'avancée superficielle des Dinarides. Le massif corso-sarde, aujourd'hui ruiné, occupait autrefois une grande partie de la Méditerranée occidentale. L'ile de Minorque, si différente des autres Baléares, lui appartenait pro- bablement. Eduard Suess! vient de nous montrer que ce massif était lui-même, avant les mouvements tertiaires, un fragment des Altaïdes, c’est-à-dire un fragment de la chaîne anté-permienne, resté debout, demeuré à l'état de horst au milieu d’une vaste aire affaissée. Quand est survenue la grande striction, ce horst, sans doute fort élevé, n’a pas été couvert par les Dinarides. Il a continué de les dominer; et les Dinarides, ne pouvant le recou- vrir, se sont avancées, en profondeur, sous le massif, inébranlé en apparence, mais en réalité sapé par la base ; à moins que le mouvement absolu n'ait été inverse, et que le horst, pressé par la base, ne se soit déversé, ou n'ait rejailli, dans sa partie haute, sur le pays dinarique immobile. Je cherche depuis plusieurs années la place de la Corse dans la chaine alpine?. Il me semble maintenant que la Corse est en marge de cette chaîne; et que la chaîne alpine se poursuit au Nord et à l'Ouest de la Corse, mais avec des caractères qui, précisément à cause de la présence de la Corse dans la marge, ne sont plus iden- tiques à ceux des Alpes. Les Alpes sont caractérisées, jusqu'un peu au Sud de la Ligurie, c’est-à-dire jusqu’à ce que la Corse appa- raisse en marge de leur aire, par leurs nappes multiples, issues de plis couchés, empilées les unes sur les autres, étirées, laminées, et fuyant très loin de leurs racines. Au delà des Alpes de Ligurie, 1. Eo. Suess. loc. cit., Bd III, 15 Abschnitt, passim. 2. P. Teruier. Rapports tectoniques de l’Apennin, des Alpes et des Dinarides, B.S.G.F., (4),t. VIT, p. 421-493 ; ef Sur les relations tectoniques de l'île d’Elbe avec la Corse et sur la situation de celle-ci dans la chaine alpine, CR. Ac. Se., CCXCIX%p. 11° 158 PIERRE TERMIER 1 Fév: en Provence, dans les Pyrénées, dans l'Est de l'Espagne, cette allure se simplifie et se rapetisse: 1l y a des nappes encore, mais peu nombreuses et peu étirées, et qui ne paraissent pas avoir cheminé très loin. À tout ce prolongement de la chaine tertiaire au Nord et à l'Ouest de la Corse, il a manqué, pour devenir de véritables Alpes, l'entrainement et l’écrasement par les Dina- rides : et je ne crois pas que l’on puisse imaginer, en faveur de mon hypothèse du fraîneau écraseur, d’argument plus fort que cet argument très inattendu. La Corse — et, quand Je dis la Corse, je veux dire tout le fragment corso-sarde des Altaïdes — marque donc, dans la marge méridionale de la chaîne alpine, le passage des vraies Alpes à ces Alpes dégénérées et amoindries que sont les montagnes de la Provence, les Pyrénées, les chaînons tertiaires espagnols. La Corse, d'autre part, est une barrière entre le régime alpin et le régime apennin de la grande chaine tertiare. Le régime apen- nin commence dans la Corse orientale et dans l'île d'Elbe; il se continue par l'Apennin tosean et par l’Apennin central, puis par la Calabre et la Sicile. C'est lui encore qui règne dans tout l'Atlas méditerranéen. Ce régime apennin est caractérisé par le chevauchement du massif corso-sarde sur le pays dinarique. Si l’on admet l'immobilité du pays dinarique, les nappes apen- nines ont marché sur les Dinarides, de l'Ouest vers l'Est, ou du Nord vers le Sud. Je comprends dès lors le peu de ressemblance qu'il y a entre les nappes apennines et les nappes alpines. Ce sont des choses très différentes, et quant à leur essence même. Les nappes alpines, tout au moins dans les vraies Alpes, sont des plis couchés, empi- lés les uns sur les autres et laminés par le passage au-dessus d'eux d’une masse pesante. Les nappes ‘du régime apennin me paraissent être des lambeaux de poussée, des sortes de copeaux, détachés de leur substratum naturel, et glissant, par simple translation, sur ce substratum ou les uns sur les autres. Pour employer la nomenclature que je proposais en 1906, les nappes alpines sont nappes du premier genre; les nappes apennines sont nappes du deurième genre. Dans les nappes apennines, la compression des assises et par suite leur plasticité paraissent avoir été bien moindres que dans les nappes alpines: et c'est sans doute pour cela que les brèches de friction et les roches mylonitiques, rares dans les Alpes, jouent un si grand rôle dans la Corse orientale et à l’île d'Elbe. Les anomalies tectoniques de 1. P. Terrier. La synthèse géologique des Alpes, in Deux conférences de géo- logie alpine, p. 37: Paris, Béranger, 1910. 1910 TECTONIQUE DE L'ILE D ELBE 159 la Tunisie et de la région de Constantine, que j'ai proposé d’ex- pliquer par des phénomènes de charriage, paraissent toutes simples dans un régime apennin, dans un régime où la série sédi- mentaire se divise, par des surfaces voisines de l'horizontale (sur- faces listriques d'Eduard Suess !), en des sortes de copeaux qui se déplacent les uns sur les autres. Aucune des objections qu’on a faites à ma théorie des nappes tunisiennes et constantinoises ne subsiste, si ces nappes sont de simples lambeaux de poussée, au lieu d’être d'immenses plis couchés, venus on ne sait d’où. C’est ainsi que nous avançons, lentement et un peu à tâtons, dans la connaissance de la Méditerranée occidentale. La Corse et l’île d'Elbe nous ont appris beaucoup de choses; et, depuis deux ans, grâce à ces deux îles, bien des conceptions vagues ou fautives se sont éclaircies ou redressées. Il n’est pas jusqu'à la différence d'âge des nappes, dans les vraies Alpes et en Provence, quine paraisse maintenant explicable. Cette différence me semblait autrefois confondante, Noussavons, maintenant que les nappes provençales (ou encore pyrénéennes, ou encore espagnoles) n'ont pas exactement la même histoire que les nappes alpines. Nous savons que les nappes alpines, prépa- rées sans doute et commencées en même temps que les nappes provencçales par la striction générale de toute la zone alpine, ont été achevées et singulièrement allongées par un phéno- mène postérieur, probablement très brusque, qui a manqué sur la Provence, sur les Pyrénées et sur l'Espagne: je veux dire l'avancée des Dinarides par-dessus le pays alpin. Rien d'’éton- nant, dès lors, que les dates d'achèvement des nappes, dans les vraies Alpes et en Provence, soient différentes, et que les nappes alpines nous paraissent bien plus jeunes. Au contraire, il semble y avoir contemporanéité, non pas seulement entre les nappes provençales et les nappes pyrénéennes, mais entre celles-ci et les nappes corses et elbaines : et cela se conçoit aussi très bien. L'avancée des Dinarides, en profondeur, sur le massif corso- sarde, aurait été la cause déterminante de la striction de la zone provençale : et des plis, couchés vers le Nord, se seraient formés en Provence, en même temps que, de l'autre côté de la barrière corse, des lambeaux de poussée recouvraient le pays dinarique. Somme toute, le débordement du pays dinarique sur le pays alpin, au Nord, aurait été le dernier stade de l’his- toire dela chaîne tertiaire. 1, En. Suess, loc cil., Bd III, 23°° Abschnitt. 160 TECTONIQUE DE L'ILE D'ELBE 7 Fév. Ce qu'il faudrait savoir, à présent, c'est d’abord en quel point de la Ligurie, et de quelle manière, se fait la transition du régime alpin au régime apennin ; c'est ensuite comment se rejoignent — s'ils se rejoignent — les deux régimes au Sud-Ouest de Minorque. Ce dernier problème n’est autre que le problème du Rif maroeain. Je n'en vois guère, à l'heure actuelle, de plus intéressant pour l'histoire générale de la chaîne tertiaire dans la Méditerranée. M. Haug se rallie très volontiers à la nouvelle interprétation des relations tectoniques entre l’île d'Elbe et la Corse, que M. Termier vient d'exposer avec son autorité habituelle. Il lui semble en effet bien préférable de chercher les racines de la nappe des Schistes lustrés dans la zone axiale de la Corse, que de les placer entre cette île et l'ile d'Elbe, comme le faisait M. Termier en 1907. Séance du 21 février 1910 PRÉSIDENCE DE M. A. LACROIX, PRÉSIDENT Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. Le Président annonce le décès de M. Philippe Thomas dont les travaux sur la Tunisie et les Phosphates sont si universelle- ment connus qu'il est inutile de les rappelerici. M. Pervinquière a représenté la Société aux obsèques de notre regretté confrère. Le Président proclame membres de la Société : MM. Louis Gustave Numile, ingénieur civil, à Paris, présenté par MM. Colas et P. Lemoine. Le docteur Polo, à Nantes, présenté par MM. Louis Bureau et A. Dumas. Lucien Hamelin, sondeur de la maison Lippmann, à Paris, pré- senté par MM. Stanislas Meunier et Courty. Eugène George, licencié ès sciences, à Paris, présenté par MM. Haug et Pervinquière. E. Callens, ingénieur civil des Mines, à Paris, présenté par MM. Henri Douvillé et Robert Douvillé. Une nouvelle présentation est annoncée. Le général Jourdy adresse un exemplaire du numéro du 15 janvier 1910 de la Revue générale des Sciences contenant un article dont ilest l’auteur: « Orogénie systématique et Tectonique positive. » Cet article fait suite à l’article intitulé « La loi de position en Géologie » (Rev. gén. des Sc., 30 juillet 1909). Le Secrétaire donne lecture d’une lettre du Directeur du labo- ratoire de géologie et de minéralogie de l'Université de Grenoble annonçant que l'appareil sismologique de la Faculté des Sciences de Grenoble cessera de fonctionner à partir du 15 février 1910. Les communications relatives à ce service devront être adressées aux observatoires sismologiques de Besançon ou de Marseille. 19 juillel 1910. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 11. 162 SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1910 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE TECTONIQUE DU HAUT-ATLAS MAROCAIN rar Louis Gentil. A la suite d’un premier voyage au Maroc (1904-1905) j'ai appelé l'attention des géologues et des géographes sur l'extrémité occidentale du Haut-Atlas marocain. J'ai fait ressortir, à diverses reprises, comment il fallait renoncer à la conception de l’explora- teur anglais J. Thomson qui arrêtait la haute chaîne au col des Bibaoun et à la vallée de l’ouad Semnara, soit à une distance de 80 à 100 km. des côtes. J'ai, en effet, montré comment il fallait voir, dans les anticlinaux descendus des hauteurs de plus de 2000 m., avec abaissement d’axes très accusé, la trace des plis alpins jusqu'au bord de la mer et par suite le prolongement de l'Atlas jusqu'au cap R'ir. Sans discuter les arguments qui m'ont amené à formuler cette conclusion, M. Brives a, dans un gros ouvrage sur le Maroc qu'il a fait paraitre l'été dernier, formellement pris parti pour la conception de Thomson; mon confrère se borne seulement à affirmer «que les plis anciens de l’Atlas ne vont pas se terminer à la côte ouest vers Agadir »!, ce que je n'ai jamais dit; ce qui n'aurait pu être, d' er. la preuve que j'eusse invoquée en faveur du pr olongcment de la chaine tertiaire. : Mes observations nouvelles me permettent de confirmer, en mieux précisant, ce que J'ai exposé concernant ce côté intéres- sant de l’histoire de la grande chaîne africaine. Il existe deux séries de plis bien distincts dans la zone littorale du Sud-Marocain. Les uns, comme celui du djebel Hadid, du cap Tafetneh, de Tagragra, de Bou Zergoun, sont des brachyanticli- naux qui surgissent de la région tabulaire crétacée et font appa- raître le Jurassique et parfois même le Trias (djebel Hadid, cap Tafe- tneh, etc.). Les autres, comme celui du cap R'ir et celui d'Aga- dir, descendus des sommets du Haut-Atlas, peuvent se pour- suivre sur de grandes étendues jusqu'à la côte, où ils dispa- raissent sous la mer. Ces deux derniers plis doivent être considérés comme continuant la haute chaîne qui vient ainsi plonger sous l'Océan entre le cap R'ir et la forteresse d'Agadir. Il faut donc admettre que la chaîne du Haut-Atlas se pour- suit non seulement jusqu’à la côte atlantique, mais en profon- deur, par ennoyage de ses plis sous les eaux de l'Océan, pour réap- paraître aux Canaries et aux Iles du Cap Vert et bien au delà, 4. À. Brives. Voyage au Maroc. Alger, 1909,p. 559. SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1910 PLUIE dans les Antilles, marquant ainsi le passage du grand géosyncli- nal méditerranéen. Je me propose de revenir assez prochainement sur cette ques- tion. J'aurai également à insister sur un fait que je me borne à citer aujourd'hui à savoir que tous les plis tertiaires de l'Atlas occi- dental sont déversés vers le Nord tandis que, ainsi que je l'ai fait remarquer dans mes publications antérieures, les plis carbonifères (chaine hercynienne) sont généralement, dans l'Atlas, déversés en sens contraire. Ce déversement des plis alpins porte invariablement sur les plis continus dont le type est celui du cap R'ir ou sur les brachyanti- clinaux de la région tabulaire lesquels, sans appartenir à la chaîne proprement dite, résultent des mêmes efforts orogéniques que les premiers. S1 l'on songe que toute la région située au Nord de l'Atlas n'a plus été plissée depuis le Trias', on est frappé de voir que tout se passe comme si le Haut-Atlas avait des tendances à venir s'écra- ser sur la Meseta marocaine, sorte de pilier résistant de l'écorce terrestre. Ce fait ajoute encore aux caractères alpins déjà indiscutables, et sur lesquels j'ai maintes fois insisté, des plis récents de l'Atlas marocain, malgré la grande disproportion des efforts orotecto- niques qui ont simultanément édifié les Alpes d'Europe d'une part, les Alpes du Maroc de l'autre. ESTES D'ELEPHAS PRIMIGENIUS SOUS LE SABLE DES LANDES par Édouard Harlé. M. Dubalen, conservateur du Musée de Mont-de-Marsan, m'ayant signalé qu'il avait trouvé des restes d'Elephas primi- genius en dessous du Sable des Landes, j'ai été examiner les échantillons et visiter le gisement. Les échantillons sont au Musée de Mont-de-Marsan. Ils appar- tiennent, d’après moi, aux animaux suivants : | Elephas primigenius BLuu. — Une mâchoire inférieure, avec ses molaires, et deux molaires supérieures, pièces provenant toutes d’un même individu. En outre, quelques os, dont un humérus d’un sujet extrèmement jeune. Les molaires sont en très bon état: Leur usure est peu avancée. Voici la description d'une des molaires supérieures. Nombre des lames, 1. L. Genis. Rapport surune mission scientifique au Maroc en 1908. Nouv. Arch. des Miss. scientif., t. X VIII, p. 29-71, et B.S. G.F.,1X, 1909, p. 224, : 16% SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1910 compris talons : 22 (il manque peut-être, en outre, un talon posté- rieur). Longueur totale mesurée perpendiculairement aux lames : 220 mm. Il en résulte que l'écartement moyen de deux lames consécu- tives, d’axe en axe, est 10 mm. Largeur maxima : 87 mm. Longueur, de bas en haut, de la plus longue lime : 185 mm. Épaisseur de l’émail : 1 mm. 5. L'émail n’est généralement pas festonné. Les figures des lames ont la forme ordinaire chez l'ET. primigenius. Le nombre des lames prouve que cette molaire est la dernière, M3, et ses dimensions montrent que le sujet, bien qu'adulte, n’était pas grand. Rhinoceros. — Un sabot de doigt médian. Equus. — Portion de canon. Tous ces échantillons ont été recueillis à 1 km. de Magescq (Landes), dans l'exploitation d’argile à tuiles de M. Desbons, tout contre et à droite de la route de Dax à Magescq, à une cen- taine de mètres après la borne kilométrique 11 (à 15 km. de Dax). Ils étaient dans une argile bleue, surmontée par une couche com- pacte de 2 m. de Sable des Landes qui forme la surface du sol et qui contient, dans le haut, un banc d’alios. L'emplacement du gisement fait partie du plateau du Sable des Landes, plateau en pente douce et couvert d'une forêt de pins maritimes. On doit done conclure, comme M. Dubalen, que les restes d'El. primigenius étaient recouverts de Sable des Landes et qu'ils sont par conséquent plus anciens que lui. Les premiers El. primigenius datant du Quaternaire ancien (Forest-Bed), le dépôt de ce sable à Magescq remonte, tout au plus, à cette époque : il est donc quaternaire. Je oncle que M. Linder et, plus tard, M. Fallot ont admis que le Sable des Landes est quaternaire, conclusion qu'ils ont basée sur la découverte d’Helix nemoralis et de Cyclostoma elegans, sous quelques mètres d'un sable qui lui fait suite, à Léognan (Gironde), et sur des considérations géné- rales !. Depuis les débuts du Quaternaire, cette région, ainsi que Je l'ai montré?, n’a jamais été sensiblement plus bas que maintenant. D'autre part, notre gisement est à environ 40 mètres d'altitude. Ce gisement n'a donc jamais été recouvert par la mer, d’où résulte que l'apport du Sable des Landes qui le surmonte n'est pas un phénomène marin. Il n’est pas dû non plus au vent, car ce sable contient quelques grains de plusieurs millimètres de longueur, comme bien souvent le Sable des Landes : dans le 1. Lioer. Communication à la Société linnéenne de Bordeaux, le 15 décembre 1869. FazLor. Notice relative à une carte géologique des environs de Bordeaux, 1895. 2. Hank. Observations sur laltitu de du département de la Gironde pendant le Quaternaire. B,S.G.F, 1894, p. 532. SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1910 163 sable de nos dunes, tous les grains sont petits. Mais je ne puis naturellement savoir si cet apport est le dépôt tout à fait pri- mitif où un remaniement ancien. C’est une réserve qu'il est prudent de faire pour une matière aussi facile à déplacer que le Sable des Landes. Je suis d'ailleurs porté à croire qu'à une cer- taine profondeur sous l'argile bleue, il y a aussi du Sable des Landes, dont l'apport, qu'il soit primitif ou non, est naturelle- ment antérieur. Je profite de cette occasion pour signaler une autre découverte intéressante de M. Dubalen : Dans l'exploitation d'argile à tuiles de M. Duboy, à 1 km. et demi au Sud-Ouest d'Horsarrieu, près Hagetmau (Landes), M. Dubalen a recueilli quelques restes qui, d'après les déterminations faites de concert par M. Stehlin et moi, sont d'un Anoplothériné, probablement le Diplobune Quercyi Ficuor, et d'un Plagiolophus de la taille de P., annectens. C'est du Sannoisien. Ces curieux échantillons appartiennent aussi au Musée de Mont-de-Marsan. DE L'ACTION DES POUSSÉES VENANT DU SUD SUR L’ALLURE DES ASSISES PALÉOZOIQUES DU NORD-OUEST DE LA FRANCE rar Jules Bergeron. J'ai signalé dans la région de Camaret près Brest! une série de faits d’où j'ai conclu que la presqu'île armoricaine avait subi deux sortes d'efforts : les uns venus du Nord auraient produit le charriage qui faisait l’objet de ma note; les autres agissant du Sud au Nord auraient provoqué des failles. Cette différence dans les effets n'implique pas des causes différentes : les char- riages venus du Nord peuvent n'être que des contre-coups d'efforts agissant du Sud vers le Nord. Actuellement je ne puis démontrer qu'il en est ainsi; mais 1l m'a paru intéressant de rechercher les traces de ces derniers efforts dans les terrains anciens de la Bretagne. On sait que la presqu'île armoricaine est traversée du Nord-Ouest au Sud-Est par trois bandes de terrains paléozoïques, avec faunes caractéristiques, allant du Cambrien au Carbonifère inclusivement. Elles correspondent à autant de plis synclinaux dont le bord méridional, ainsi que l'ont établi les beaux travaux de M. Charles Barrois, est limité par une faille inverse. Celle-ci est le résultat d'une poussée venant du Sud. Mais pour l'établir il convenait de voir comment se comportaient les terrains primaires au contact ou au voisinage de ces failles limites. I m'a paru qu'il était préférable de choisir, parmi les terrains primaires, les sédiments carbonifères parce que, en plusieurs points, ils renferment de la houille qui a été exploitée. Dans ce cas, les travaux souterrains fournissent des renseignements, introu- vables ailleurs, sur l'allure des couches. Malheureusement ces gites sont pauvres et le plus souvent ils ont été abandonnés ; on n'en possède que rarement les plans et encore ces plans n'ont- ils pas toujours été tenus à jour par les exploitants. Il en résulte que nous n'avons sur ces dépôts que des renseignements assez vagues ; parfois cependant il est possible d'en tirer parti, ou du moins J'ai essayé de le faire. Des trois plis armoricains, le plus méridional est jalonné par 1. J. BerGERoN. Sur l'existence probable de nappes de charriage en Bretagne, Bull. Soc. géol. Fr., [4], IX, 1909, pp. 13-19. 1910 PALÉOZOÏIQUE DU NW. DE LA FRANCE 167 les exploitations houillères de Chantonnay, Faymoreau et Saint- Laurs ; on le désigne souvent sous le nom de synelinal vendéen. Le pli médian renferme les bassins de Plogolf, Kergogne et Ancenis; il disparaît vers le SE. au delà d'Ancenis sous les dépôts secondaires. C’est le synclinal de Plogoff-Ancenis. Enfin le troisième pli, le plus septentrional, passe par Brest, Quimper et Laval. Il ne renferme que le lambeau houiller qui à été exploité à Saint-Pierre-La-Cour; il est désigné sous le nom de synclinal de Quimper. On ne possède sur les dépôts houillers du synelinal vendéen que peu de documents. Fournel en donna une première des- cription en 1836. Il décrivit les caractères lithologiques des affleurements et parla de la forte inclinaison des couches vers le Sud. Près de la localité de la Margelle, un puits aurait ren- contré le Houiller avec un plongement vers la localité du petit Lay, c'est-à-dire avec un plongement vers le NE. Fournel en conclut que, en profondeur, il y a torsion des couches. Il donne de cet accident une coupe qui ne laisse aucun doute sur ce qu'il veut dire (op. cit., pl. 1v, fig. 3). D'une manière générale, l'allure des couches est celle d'un synclinal; cependant, près de Faymoreau, celles-ci seraient pliées à angle droit par rap- port au plongement général. De plus, à l'extrémité de ce ph, les couches seraient brisées, en lambeaux discontinus. Je n'ai pu vérifier l'exactitude de ces dires, mais il n'est pas douteux que Fournel n'ait déjà reconnu que l'allure en fond de bateau du bassin vendéen était plus apparente que réelle. De plus, Fournel admettait l'existence d'une faille importante dont « la largeur, dit-il, augmente à mesure que l'on s'enfonce davantage en profondeur ». Le croquis que donne l’auteur à l'appui de cette manière de voir n'est pas clair et je crois qu'il y a eu erreur de sa part, non en ce qui concerne la faille, qui existe bien, mais en ce qu'il a cru que deux couches qui divergent étaient deux lam- beaux d'une même couche intéressée par une faille. Cette manière d'expliquer les faits résulte de ce qui se voit à Saint- Laurs (voir plus loin p. 170). Dans le cours de son étude, Fournel! décrit soigneusement les couches constituant le bassin, mais pas une fois il ne donne d'éléments de comparaison entre les assises des deux côtés du bassin et cependant il en admet l'allure synelinale. Il note quelques faits intéressants : par exemple dans l'exploitation de 1. Fourxez. Étude des gites houillers et métallifères du bocage vendéen, 1856, in-4°, Atlas in-folio, - 168 JULES BERGERON 21 Fév. la Blanchardière, l'inchinaison des schistes de transition serait en sens inverse de celle du terrain houiller (op. cit., p. 89). Il y a en effet une indépendance très remarquable entre l'allure des couches de houille et celle de leur substratum. De plus, Fournel mentionne qu'un puits de 18 mètres de profondeur à rencontré un repli du Houiller; à Faymoreau, comme à la Blanchardière, les travaux d'exploitation ont été entrepris sur un pareil accident (op. cit., p. 101). Enfin :l fait remarquer que les schistes pré- sentent des renflements subits entre les lits de houilie qui, par contre-coup, offrent dans une même couche de grandes varia- tions d'épaisseur. Si J'insiste tant sur les observations de Fournel c’est qu'elles sont fort exactes, bien supérieures, à ce point de vue, à celles qui ont été faites après les siennes et qu’elles donnent des rensei- gnements sur d'anciens travaux aujourd'hui abandonnés. Plus de quarante ans plus tard, M. Devillaine, ancien directeur des Mines de Vendée, consigna dans un mémoire étendu les résul- tats des recherches qu'il avait faites dans la région en collabo- ration avec M. Bally, de Faymoreau'. Depuis l’époque de l’ap- parition du mémoire de Fournel, de nouveaux travaux avaient été exécutés dans le bassin. Vers 1840 on ouvrait les exploita- tions d’'épagne et de Saint-Laurs. Enfin en 1876 un sondage placé près de la Caillère, au lieu dit le Vraud, avait rencontré le Houiller sous cinquante mètres de Jurassique. Il établissait ainsi d'une façon certaine que les sédiments houillers des différentes concessions de la grande bande de la Vendée, dont les affleure- ments sont séparés par des dépôts ] RNURE se continuent les uns les autres. Mais l’auteur ne donne aucun renseignement sur la composi- tion ni sur l'allure du Houiller. Pour lui, il y aurait eu succession de dépôts formant cuvettes empilées les unes dans les autres. Ces assises d’ailleurs appartiendraient à des formations diffé- rentes, renfermant chacune un certain nombre de couches de houille. Puis postérieurement au dépôt de ces sédiments, 1l se serait produit au N. et au S. un double soulèvement, dû suivant M. Devillaine à des éruptions. Une pression exercée du N. au S. aurait couché les assises houillères et y aurait produit une série d'accidents tels que : écrasements, refoulements du charbon par places, enfin rejets. Si l’on se reporte à la coupe passant par le puits Sainte-Clotilde de la concession de Saint-Laurs (fig. 2, p.171), 1. Léon Devizraine. Notice sur le bassin houiller de la Vendée, Bull. Soc. Ind. min., [2], XX, 1881, p. 535, 1910 PALÉOZOIQUE DU NW. DE LA FRANCE 469 on comprend ce que l’auteur a observé sans l'expliquer : en pro- fondeur les couches sont sensiblement parallèles entre elles tandis que, près du jour, certaines semblent se renverser puisque du plongement $S., elles passent, sur le bord méridional du bassin, au plongement N. Ce serait cette dernière allure qui aurait fait considérer le bassin vendéen comme étant un synelinal. À une époque plus récente, M. Barrois, dans un mémoire ! qui n avait pas pour but spécial l'étude de ce bassin, signalait ses relations avec une faille qu'il désignait sous le nom de faille de Chantonnay ; son bord S. serait relevé tandis que son bord N. serait affussé. C'est dans la dépression résultant de cette cassure que se seraient conservés les sédiments houillers et jurassiques. Ayant eu occasion de m'occuper du Houiller de Saint-Laurs, ja constaté que l'étude aux affleurements était très difficile par suite de l'abondante végétation du pays. Mais j'ai eu communi- cation de coupes relevées 1l y a plusieurs années au niveau de trois puits ; bien que très convaincu de leur inexactitude?, je crois bon de les reproduire et de chercher à les interpréter parce qu'elles mettent en évidence certains faits importants qui doivent être vrais ; c'est ainsi qu'aucune dislocation, aucune faille n'y a été tracée, mais les couches ayant été arrêtées là où les exploi- tants les avaient perdues on peut reconnaitre ainsi ces accidents. Parfois les couches sont indiquées comme se raccordant les unes aux autres et formant une sorte de lacis: le fait n’est pas probable; il faut bien plutôt admettre que c'est là une inter- prétation, personnelle au dessinateur, du fait que les couches sont très irrégulières comme je le dirai plus loin. Dans toutes les coupes on peut distinguer deux faisceaux de couches® : celui qui occupe la partie méridionale du bassin ou faisceau méridional, qui plonge vers le N.: l'autre correspond à la partie septentrionale de ce même bassin ; c’est le faisceau septen- trional, qui plonge vers le S. Il en résulte que les deux fais- ceaux semblent devoir se rejoindre en profondeur de manière à former un synclinal ainsi qu'il a été généralement admis ; mais il n'en est rien ; en profondeur, au contraire, les deux faisceaux deviennent sensiblement parallèles. Les coupes sont certaine- ment exactes sur ce point, puisque c'est également l'allure obser- vée dans le bassin houiller de Chalonnes (voir p. 174). 1. Bareois. Répartition des îles méridionales de la Bretagne et leur relation avec les failles d'étirement. Ann. Soc. Géol. du NL eV p: 211897. 2. Il ne m'a pas été possible de vérifier ces coupes par moi-même parce que les travaux qui ont permis de les établir ont été abandonnés depuis longtemps et ne sont plus praticables. 3. Voirfigures 1, ? et 3. Toutes ces figures sont la reproduction de calques qui m'ont été communiqués. 170 JULES BERGERON 21 Fév. Pour une même coupe, les couches des deux faisceaux pré- sentent des compositions chimiques et des caractères litholo- giques différents; on ne peut cependant en conclure que les couches des deux faisceaux ne se font pas suite, car étant donné le mode de formation des dépôts houillers, un même horizon peut présenter de grandes variations dans sa composition, comme dans son allure. En direction les couches de houille sont affectées de serrées et de renflements : parfois des banes de grès semblent pénétrer dans S N Fig. 4. — Coupe NS. passant par le PuITs SAINTE-CLAIRE. — 17/3 000. les lits de houille qui forment autour des grès un vrai réseau charbonneux comme s'il y avait eu intrusion. Examinons maintenant chacune de ces coupes, en nous avan- cant du Nord-Ouest au Sud-Est. Coupe NS. passant par le puits Sainte-Claire (fig. 1). — La. partie supérieure de cette coupe confirme pleinement ce que J'ai dit de l'impression que l’on éprouve relativement à l'allure des couches; l'étude de détail montre qu'il y a là une fausse apparence 1910 PALÉOZOÏQUE DU NW. DE LA FRANCE 171 de synclinal, La veine # du faisceau méridional vient buter contre la veine 3 du faisceau septentrional ; cette dernière veine d’ailleurs au niveau de 290 mètres environ se termine brusquement. D'autre part la veine 5 du faisceau méridional, après s'être avancée vers le Nord, comme pour rejoindre une des veines du faisceau sep- tentrional, prend une direction verticale au niveau du puits qui la traverse sur une certaine longueur. Elle disparait d’ailleurs brus- quement. D'une manière générale, en profondeur, les deux fais- 3oc Fig. 2. — Coupe NS. passant par le purrs SAINTE-CLoTiDE. — 1/3 000. ceaux tendent à devenir parallèles en se rapprochant de la verti- cale. Le changement d’allures en profondeur est plus sensible pour les couches du faisceau méridional que pour celles du faisceau sep- tentrional. Car, après avoir plongé vers le Nord, elles s’inflé- chissent de manière à devenir verticales ; il y en a même une, la veine 7, qui aurait une tendance à prendre un plongement S. Il me semble que tous ces faits pourraient s'expliquer ainsi : il 172 JULES BERGERON 21 Fév. y aurait eu, postérieurement au dépôt des couches houillères dans un synclinal, renversement du flanc méridional de ce pli, puis cassure sensiblement suivant son axe; cette cassure passerait par les points où j'ai signalé la terminaison brusque des couches de houille et aussi par le point où la veine # du faisceau méri- dional bute contre la veine 3 du faisceau septentrional. En pro- fondeur, cet accident passerait entre les deux faisceaux. Le fait que les couches du faisceau méridional ont subi un changement de plongement me porte à penser que la poussée a dû se faire sentir du Sud vers le Nord et qu'il a pu y avoir remontée du fais- ceau sud sur le faisceau nord. Coupe NS. passant par le puits Sainte-Clotilde (Hig. 2). — Cette coupe a été relevée à 800 mètres de la précédente, en allant vers l'Est, On y reconnaît toujours un faisceau N. et un faisceau S. D'après l'ancien directeur, les veines portant les mêmes numéros ne se correspondent pas d'une coupe à l’autre ; cette opinion était fondée sur le fait que la composition des charbons n'était pas la même. Cette raison n’est à coup sûr pas suffi- sante ; mais dans le doute sur l'assimilation possible entre ces couches, je ne la ferai pas etje cherchera à interpréter la coupe en elle-même. L’allure des couches du faisceau méridional est plus nette que dans la coupe précédente : après avoir présenté un plongement nord, elles prennent un prolongement sud, tandis que le faisceau septen- trional conserve son plongement sud. Cela me confirme encore dans mon opinion que la poussée venait du Sud. — Dans la partie haute de la coupe, quelques minces couches des deux faisceaux ont été reliées. entre elles de manière à former un synelinal, mais l'existence de ce pli n’est rien moins que prouvée. Par contre certains faits sont bien établis : c’est la disparition vers le Sud de la veine # N. qui n’a pas été reliée à la veine 4S. bien que les extrémités de toutes deux fussent très voisines : c’est la preuve que les exploitants ont bien constaté qu'il n’y avait pas raccord entre elles. Il y a donc là certainement passage d’une faille. De plus entre les veines # N.et 5 N. passe un conglomérat qui s'arrête brusquement vers le Sud et dont l'interruption aussi brusque ne peut s'expliquer que par une faille. Enfin plus profon- dément les deux faisceaux deviennent et restent encore sensible- ment parallèles entre eux. La faille soupçonnée passerait entre les deux faisceaux et couperait le conglomérat et la veine 4 N. Il est à remarquer que dans le faisceau septentrional la veine 6 N. présente des gondolements avec des renflements, accidents qui accompagnent souvent les refoulements. 1910 PALÉOZOIQUE DU NW. DE LA FRANCE 173 Dans la coupe du puits Sainte-Clotilde, nous retrouvons donc très vraisemblablement une faille passant encore entre les deux faisceaux ; enfin l'allure déjà signalée dans la coupe précédente s'accentue pour le faisceau méridional : il prend l'aspect d'un anticlinal couché sur le faisceau septentrional. S. N. PES ——————— ———, Fig. 3. — Coupe NS. passant par Le rurrs SAINT-LAURENT. — 1/3 000. Coupe NS. passant par le puits Saint-Laurent (fig. 3). — Ce puits est situé à 1200 mètres du précédent; c’est le plus oriental de la concession de Saint-Laurs. Les couches de houille y sont moins puissantes que dans les autres régions déjà étudiées, sauf dans la partie supérieure où se voient, pour ainsi dire, deux amas en contact formant un V. Il est à remarquer que la branche septentrionale se prolonge en profondeur de quelques mètres au- 124 JULES BERGERON 21 Fév. dessous de la branche sud. Il y a là un accident qui trouverait son explication dans le passage d’une faille au point de rencontre des deux branches ; celles-ci appartiendraient à des couches différentes, mais ramenées par faille au contact l'une de l’autre. Il est d’ail- leurs impossible de rapporter ces couches à aucune de celles vues dans les coupes précédentes. En résumé dans cette coupe on retrouve encore une faille très vraisemblablement située dans le prolongement de celle signalée dans les deux autres coupes. L'anticlinal couché qui correspond au faisceau méridional n'est plus représenté que par la partie des couches qui plonge vers le Sud; le genou du pli, s'il existait, se trouverait à une cote bien supérieure à celle qu'il occupait dans la coupe précédente; il a du être enlevé par érosion. De l'étude de ces trois coupes, on peut tirer les conclusions suivantes : Le bassin vendéen présentait primitivement la forme d’un synclinal orienté NW.-SE. Sous l'action de forces venues du Sud, sensu lato, le flanc méridional de ce pli s'est renversé sur le flanc septentrional en se ployant de manière à esquisser un anticlinal tel que celui observé aux puits Sainte-Clotilde et Sainte- Claire (fig. 2 et 1). De plus, une faille orientée comme le bassin, suivant la direction NW.-SE. aurait permis au flanc méridional ainsi plissé de glisser sur l’autre flanc. Il semble bien qu'il y ait là une faille parallèle à celle signalée par M. Barrois, faille qui borde le bassin vers le Sud et qui est inverse. Le pli Plogoft-Ancenis renferme également des dépôts houillers formant une grande bande d'une centaine de kilomètres de long et de 9500 mètres de large à Ancenis. Elle a été l’objet de plusieurs concessions. Celle qui est la plus connue parce que c'est la seule actuellement exploitée est la concession de Chalonnes. M. Fages en à donné vers 1854 une coupe dans laquelle on voit un grand luxe de détails ; néanmoins d’après le dire des exploitants actuels, elle ne serait pas exacte. Cette coupe a été reproduite par plusieurs auteurs : LARIVIÈRE, Angers et l'Anjou (Congrès de l'A. F. À. S.); Général Jourpy, Le sillon de Bretagne (Bull. Soc. Sc. Nat. de l'Ouest de la France (2), IX, p.37, pl. xn). D'autre part Roland-Banès a donné de ce bassin plusieurs études !. Plus récemment M. Davy a cherché à mettre au point nos con- 1. Rocanp-Banës. Notice sur le terrain anthracifère des bords de la Loire aux environs de la Haie-Longue entre Rochefort et Chalonnes(Maine-et-Loire). Ann. Soc. linnéenne du Département de Maine-et-Loire, 1° année, vol. I, pl. ui, fig. 1. Notice sur le terrain anthracifère de Maine-et-Loire et de la Loire inférieure au double point de vue géologique et industriel. Recueil des publications de la Sociélé nationale havraise d'Études diverses pour l’année 1872. PI, 1, fig. 2, p.51. 1910 PALÉOZOIÏIQUE DU NW. DE LA FRANCE = = naissances sur le bassin de Chalonnes'. Enfin M. O. Couffon publie actuellement une série d'études très documentées sur les Mines de Charbon en Anjou?. De l'examen de tous ces documents on peut conclure que dans la partie supérieure, près des affleurements, les couches qui appartiennent encore à deux faisceaux semblent avoir l'allure d'un pli synclinal; mais en profondeur il n’en est plus rien : elles ont un plongement qui s'’accuse progressivement, elles finissent par devenir verticales. [l en est ainsi jusqu'à la profondeur de 586 mètres, point le plus bas atteint par les exploitants. C'est une allure absolument comparable à celle que nous avons observée dans le bassin de Saint-Laurs. Mais il y a encore d’autres ana- logies : des deux faisceaux de couches le faisceau méridional pré- sente encore des traces de ploiement bien plus accusées que dans le faisceau septentrional. Les couches y sont ondulées, avec de nombreux accidents tels que crochons, déchirures, etc. ; par places les couches de houille s’épaississent ; ce sont des amas formant les bouillards ou brouillards des ouvriers. La description que M. Davy a donnée de ces couches pourrait s'appliquer à celles de Sant-Laurs. M. le général Jourdy considère l'allure singulière de ce bassin comme caractéristique de ce qu'il appelle un synclinal crevé, c'est-à-dire effondré dans une fosse située à la partie inférieure du pli et résultant du plissement des couches. J'avoue ne pas bien comprendre par suite de quels phénomènes aurait pu se pro- duire un vide au niveau d'un synclinal, région où d'ordinaire il y a un maximum de compression. IL n'est pas possible, d'après les descriptions, de se rendre compte si, dans ce bassin, il y a une faille entre les deux faisceaux comme dans celui de Saint-Laurs. Nous ne possédons d’ailleurs aucun renseignement précis sur le faisceau septentrional qui parait n'avoir été que peu, sinon même pas du tout exploité. Mais dans ce même pli d'Ancenis nous savons qu'il existe plusieurs failles d'ailleurs très bien reconnues. De Nort à Ancenis, il est divisé en deux synclinaux entre lesquels passe une grande faille orientée EW. qui longe le bord méridional du synelinal houiller ; elle amène au jour le Précambrien et le Grès armoricain : c'est une faille inverse dont la lèvre méridionale s'est élevée par rap- port à la lèvre septentrionale. A l'Est de Chalonnes le géosyncli- nal d’Ancenis est également affecté de deux synclinaux ; on y voit 1. Davy. Ce que l’on croit savoir aujourd'hui sur la constitution des environs de Chalonnes-sur-Loire. Bull. Soc. d'Études scientifiques d'Angers, 1905. 2. Revue de l'Anjou. N°° de juin, juillet, août, septembre, novembre 1909, jan- vier, mars 1910. 3. Op. cit., p 88. 176 JULES BERGERON 21 Fév. encore une faille ramener le Précambrien au contact du Houiller sur le bord méridional du pli. Donc dans le pli d'Ancenis une poussée, venant du Sud, a pro- voqué la formation d'une faille inverse, comme dans le pli ven- déen, mais ici la faille a intéressé des assises stéphaniennes. Le pli de Brest-Laval-Sablé ne renferme qu'un bassin houiller, celui de Saint-Pierre-la-Cour, sur l’allure duquel je ne possède aucun renseignement. Ce qui en est connu, c’est que le Houiller y repose en discordance de stratification sur les assises primaires plus anciennes. Si pour ce pli, je ne puis avoir recours à l'allure du Houiller, du moins l'allure des couches plus anciennes présente un grand intérêt ainsi que J'ai pu m'en rendre compte sur place. J'ai recoupé ce pli à plusieurs reprises, notamment à Saint-Jouan- sur-Ille et à Saint-Germain. Là, les grès armoricains redressés jusqu'à la verticale forment un véritable mur sur le bord sud du synclinal. En réalité, sous l’action d'une poussée venue du Sud, il y à eu formation d’un antichinal dont le flanc septen- trional est presque vertical; puis une faille s’est produite de telle sorte que le pli s’est rompu en même temps que le flanc méridionai subissait un exhaussement:; autrement dit, il y a eu faille inverse. Puis les érosions ont fait disparaitre les couches du flanc méridional aussi bien que la partie axiale de l'anti- clinal; cette dernière étant constituée par des schistes pré- cambriens a été facilement attaquée. Finalement il n’est resté que le flanc septentrional du pli, parce qu'il était formé par des grès. armoricains plus résistants que les schistes. Il se dresse main- tenant comme un véritable mur vertical, parfois avec un léger devers vers le Nord. C’est ce même pli dont M. D. P. OŒEhlert! à étudié récemment la terminaison orientale du coté de Sablé. IL a signalé l'existence de couches redressées sous l’action d'une poussée venant du Sud; de plus il a attiré l'attention sur le fait qu'il y a même eu déver- sement vers le Nord des couches plissées : « parfois, dit-il, les couches deviennent presque horizontales avec chevauchement dans cette même direction ». Dans l'intérieur du pli, absolument comme il a été vu dans le pli d'Ancenis, 1l s'est encore formé, au Nord de Laval, sous l’action de cette même poussée venant du Sud, un double pli « dont l’anti- clinal sud s’est transformé par places en pli-faille ». Du côté de Sablé, les accidents dus à cette même poussée semblent être plus 1. D. P. OEurerr. Tectonique des terrains paléozoïques au NW. et au N. de Sablé (Sarthe), CR. Ac. Sc CXL VIII, p. 391. 15 Février 1909. 1910 PALÉOZOÏQUE DU NW. DE LA FRANCE 177 nombreux et plus importants. D'après ce que dit: M: D:.P. OEhlert, il y aurait même eu, sous cette même action, de vrais charriages venant du Sud. 7. Puits.263.2 JS | DV es PRES M am à Se RU | À co] # a ex en œ = Ex _ [| œ n n c en © re TI £ ere CO Die > A o | le] et, Len =) 5 © = O © Ce E -0 Eye D HR £ = CA ES Ne xt ee je n rs] 7. S = ra 1. Depuis que ces lignes ont été écrites, la Société géologique a tenu sa réunion extraordinaire dans la Mayenne {septembre 1909), Nous avons été à même de constater l'exactitude de tous les faits signalés par M. D. P, OEbhlert. Il est certain que les poussées venant du Sud ont produit dans l'intérieur du bassin des phéno- mènes de plissement, de renversement et même peut-être de chevauchement plus importants que ceux signalés dans la note précitée (voir Compte Rendu sommaire n° 13, 1909) [Note insérée le 30 janvier 1910}). 29 juillet 1910. Bull, Soc. géol. Fr. X. — 12. 178 JULES BERGERON _ 21 Fév. Dans ce pli de Quimper-Laval-Sablé l'action prédominante des forces venant du Sud est de toute évidence. On retrouve des traces de cette même poussée encore plus au Nord, en Basse-Normandie. Les grès armoricains forment au niveau de Domfront une grande bande orientée sensiblement EW. Les couches y sont parfois redressées jusqu'à la verticale, mais avec un plongement très marqué vers le Nord; c'est encore un anticlinal à flanc septentrional parfois très raide. Ce pli s’est évi- demment formé sous un effort de poussée venant du Sud. Il en est de même pour la bande passant par Le Chatelier. On y trouve plusieurs exploitations de minerai de fer notamment celle de Larchant. Les travaux d’ exploitation ont permis d'y reconnaitre l'allure donnée par la figure 4. Aux affleurements les couches de grès armoricains inférieures au minerai de fer plongent vers le Sud. Une galerie faite à 40 mètres de profon- deur et dirigée vers le Sud a rencontré le minerai à 68 mètres du puits, tandis que l'ouverture de ce puits n'était distante des affleurements que de 64 mètres. Il y a donc eu comme dans les exemples cités par M. OEhlert, un véritable déversement des couches vers le Nord. On peut retrouver encore plus au Nord des traces de cette même poussée, par exemple sur la bordure méridionale du bassin de Falaise : là encore les grès armoricains, fortement redressés avec un plongement nord, correspondent aux restes d'un anti- clinal comparable à ceux dont j'ai parlé précédemment. Mes études ne m'ont pas conduit dans une région plus septen- trionale de la Basse Normandie ; mais je ne doute pas, étant donnée la généralité des faits signalés dans tous les synclinaux du Nord-Ouest de la France, que ces mêmes poussées venues du Sud ne se soient fait sentir dans toute cette région. La similitude des plis carbonifères de l'Ouest et de l'Est de la France a été signalée depuis longtemps, aux points de vue de l’âge comme de le composition géologique. Mais d’après les faits que je viens de signaler il y a de plus similitude d’allure. En effet dans les deux régions, c'est sous l’action de forces venues du Sud (sensu lato) que les couches se sont plissées et parfois déplacées. Mais en Bretagne comme en Normandie, il semble que les char- riages n'aient intéressé le plus souvent que des assises plus anciennes que celles constituant les nappes reconnues dans le Nord de la France et dans le bassin de Sarrebrück‘. Cette diffé- 1. J. BerGEerox. Le Bassin houiller de Lorraine. CR. mensuels de la Soc. de l'Industrie minérale. Réunion du 4 juillet 1906, p. 302. 1910. PALÉOZOÏIQUE DU NW. DE LA FRANCE 179 rence s'explique si l’on tient compte du fait que les plis de l'Ouest ont été soumis à des érosions de bien plus longue durée que ceux du Nord et de l'Est qui ont été recouverts par des sédiments datant de la fin de l’époque primaire et d’une grande partie de l’époque secondaire. Par suite de ces longues érosions, une grande épaisseur des couches supérieures de la série primaire a dû dis- paraître. Quant à l'allure des bassins houillers de Saint-Laurs et de Chalonnes, elle serait comparable à celle des bassins du Nord et de Sarrebrück, si les couches de l'Ouest de la France avaient une inclinaison moindre et s'il y avait eu un mouvement de plus grande amplitude de la part du faisceau sud, sur le plan de la faille ; c'est une question d'intensité différente dans l'effet, mais la cause est la même. £ Si l’on peut attribuer avec certitude tous les accidents tecto- niques que J'ai signalés dans l'Ouest de la France à des poussées venant du Sud, par contre il ne semble pas qu’ils se soient tous produits en même temps et je serais très porté à croire que, lorsqu'il y a eu des charriages, ils ont été antérieurs à certaines failles inverses. Mais c'est là une question qui mérite d'être traitée pour elle-même et que je reprendrai dans la suite. , LES NAPPES AQUIFÉÈRES DE FRANCE ESSAI D'HYDROGÉOLOGIE CONFÉRENCE FAITE A LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE LE 6 pÉcEMBRE 1909 PAr Ed. Imbeaux. (Extrait) I. — TERRAINS PRIMITIFS OU ARCHÉENS, ET TERRAINS VOLCANIQUES Les terrains primitifs (gneiss, granite, porphyre, syénite, etc.) sont généralement imperméables dans la profondeur, mais ils sont souvent découpés de finès fissures au voisinage de la sur- face. L'abouchement de ces fissures sur les flancs ou dans le fond des vallons donne dès lors naissance à des sources nombreuses, mais faibles, dont les eaux ne sont pas toujours suffisamment bien filtrées ; de plus, il est à craindre, comme cela arrive dans les Vosges, que des habitations situées au-dessus de la source n'y déversent leurs eaux usées et purins. C’est pour ces raisons qu'il est bien difficile de recueillir un grand volume d’eau potable dans les sources des terrains granitiques et que les villes de Stras- bourg, Mulhouse, Thann ont finalement renoncé à chercher leur approvisionnement dans les Vosges. Les fissures semblent descendre jusqu'à une trentaine de mètres de profondeur, notamment au voisinage de la mer : il existerait aux environs de cette cote une sorte de fente horizon- tale, à la limite de la zone qui est influencée par les différences de température diurnes et annuelles, et on aurait chance d’y trouver de l’eau. C'est ainsi que Nordenskjold obtint (en 1894) 44 puits réussis et seulement un insuccès à la station de pilotes d'Arkô, de 32 à 35 mètres de profondeur {comme ils étaient creusés avec un perçoir garni de diamants, on les appela les puits de diamant). En France, des puits foncés dans les porphyres fissurés de l’Esterel ont été suffisamment abondants pour ali- menter les villas d'Agay. Les deux systèmes de fissures des gra- nites du cap Land’s End, en Cornouailles, sont aussi très carac- téristiques. Mais s'il n’y a pas de nappe à proprement parler dans le gra- nite, on trouve souvent un peu d'eau, voire même une petite nappe phréatique, dans les produits de décomposition des roches feldspathiques qui remplissent les dépressions et le fond des val- 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 181 Limoges Rennes {‘privutit ” + ++ + + rt ++ Hit 4 ou 4 +++ ph ÉTHT +++ + + + pts +4 EL + LE Feb ral UE 25 st + + + +++ 5 ne 5:77 21 7 49, "Fe star +1 (E DR AN = 7 722 NES ApRAAN TT À EE EX MARNE LIL ER, RTE CAO 7 à Ÿ + Er eurent ER ++ + 4 sel RE ME AU 4 ST + pe AE RE DR LL ter + TT En A Pal BEL PE A Ne 1 Fat SL CE EE NN VE ” - - ++ rtatenn se Et Tac ok 47 à Tlvartr Fig. 1. — Drainages en terrains granitiques pour l’ALIMENTATION DES VILLES BRETONNES !. 1, Terre de prairie et tourbe ; 2, Cailloux roulés et argile; 3, Tuf grani- tique ; 4, Granite; 5, Maçonnerie de pierres sèches; 6, Remblai en sable et gravier; 7, Remblai en mousse; 8, Remblai avec les matériaux de la fouille ; 9, Maçonnerie de béton de ciment ; 10, Chape en ciment; 11, Maçonnerie de moellons avec ciment; 12, Remplissage en éclats de pierres: 13, Remblai en sable de mer. 1. Les clichés qui illustrent cette note ont été pour la plupart prètés par la maison d'édition Dunod et Pinat. 182 ED. IMBEAUX 21 Fév. lées. Ces produits sableux, appelés arènes, sont souvent drainés pour l'alimentation des localités voisines. Les villes du massif armoricain, telles que Rennes, Lorient, Quimper, Vitré, Fougères, Limoges, ont fait ainsi des ds très étendus (fig. 1.), des- cendus jusque dans le granite en place : malheureusement ces Cap- tations restant fort peu profondes, les eaux sont exposées à une facile contamination (il faudrait protéger toute la surface), et de plus on n'a aucun moyen de retenir les eaux surabondantes des périodes pluvieuses pour parer au manque d’eau en sécheresse. Les roches primitives règnent surtout dans les régions monta- gneuses, Alpes, Pyrénées, Vosges, auxquelles il faut ajouter le Morvan, le Massif Central, avec une grande extension vers l'Ouest, dans la Creuse et le Limousin et une sorte de prolongement jusqu'au Sud du Tarn et au Nord de l'Hérault, la grande pres- qu'ile armoricaine, enfin la zone du littoral du Sud-Est (de Cannes un peu au delà de St-Tropez) et la Corse. Les terrains volcaniques n’occupent que des espaces moindres et disséminés, dont les massifs du Cantal et du Puy-de-Dôme. Celles de ces roches qui sont compactes comme les trachytes et les basaltes ne donnent à leur surface que de très petites sources dans les creux et vallons (comme pour le granite); mais il y a généralement une nappe importante à la limite entre le terrain ne et la couche sous-jacente (d'ordinaire imperméable ou imperméabilisée par le métamorphisme), et cette nappe peut être artésienne. Bien des villages d'Auvergne se sont ainsi bâtis à la limite du basalte et de l'argile sableuse qui est en dessous ; mais le fat est plus net encore pour les coulées de lave, la lave étant très poreuse et laissant filtrer l'eau dans toute sa masse jusqu'au substratum. Tout le monde connaît les sources de Royat (pour Clermont-Ferrand); on peut citer aussi celles de la coulée du Tartaret à Murols, Sachapt et Neschers, celles du Puys de Barme, du Puy de Pariou, du Puy de Gravenoire, des Puy de Jumes et de Coquille (sources de Saint-Vincent), du Puy de la Nugère (sources de Volvic et de Saint-Genès), les sources du lac Pavin, ete. IT. — TERRAINS PRIMAIRES OU PALÉOZOÏQUES 1° PRÉCAMBRIEN, CAMBRIEN ET SICURIEN. — D'après une étude détaillée d'une grande région tout autour de Nantes, qu'a faite récemment M. l'ingénieur Michel, ces terrains extrêmement schis- teux et compacts sont presque absolument imperméables dans le Maine, la Vendée et une partie de la Bretagne ; de plus, les quelques eaux profondes du Silurien conservent un goût d'argile désa- 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 183 gréable. Aussi la ville de Nantes, pour avoir de l’eau de source convenable et en quantité suffisante, serait-elle obligée de recourir au massif de granulite qui règne au Sud-Est, de Cholet à Bressuire, Dans le reste-de l'Armorique, dans les Cévennes, les Pyré- nées et les Ardennes il en est de même en général. Dans le Coten- tin, d'épaisses couches calcaires s'intercalent dans les phyllades de Saint-Lô et contiennent de l’eau, quand elles ne sont pas pro- tégées contre les infiltrations par une couche schisteuse supé- rieure ; il en est de même des bancs calcaires et dolomitiques cambriens aux environs de Granville. Dans la région de Cherbourg, une étude de MM. Bigot et Lecornu nous apprend qu'il y a d'assez belles sources, capables d'alimenter Cherbourg, dans les grès feldspathiques cambriens de Couville et de la Hague : le dessus de ces grès est décomposé sur-plusieurs mètres en arènes aquifères, et de plus, le grès lui- même est fissuré sur une certaine profondeur, ce qui donne des sources dans les vallées. Les grès siluriens, tels que le grès armoricain, le grès de May, le grès de Domfront sont tellement compacts qu'ils touchent au quartzite ; ils se comportent dès lors au point de vue aquifère quand ils sont épais comme les roches granitiques ; toutefois ils sont souvent subdivisés en bancs minces par des couches schisteuses, Dans les Pyrénées seulement, le sommet de la formation devient plus calcaire (calcaires à Cardiola) et peut contenir une nappe. 20 DÉVONIEN, CARBONIFÈRE ET PERMIEN. — a) Ardenne et bas- sin franco-belge (voir tableau ci-contre). — Le Dévonien et le Carbonifère règnent surtout dans le grand massif de l'Ardenne et dans le bassin houiller franco-belge qui s'appuie sur son flanc nord-ouest. La question des eaux souterraines est liée intime- ment à celle des plissements (ridement de l'Ardenne) qu'a subis ce massif vers la fin de l’époque silurienne ; les plis ont formé une série de creux courant parallèlement, dans lesquels les couches dévoniennes et carbonifères se sont emboîtées en conservant la même forme. Comme ces couches contiennent deux puissantes assises calcaires, le Calcaire dévonien et le Calcaire carbonifère, et que ces calcaires très fissurés (il y a parfois des bétoires, entonnoirs, pertes d'eau, etc.) laissent descendre l'eau jusqu'à leur base, 1l résulte de là que cette eau doit s'accumuler dans le fond des synclinaux calcaires, puis glisser lentement suivant la pente longitudinale de ces thalwegs souterrains. Si maintenant une vallée ou une fille vient recouper ces synclinaux, ilest clair qu'elle donnera naissance à des sources abondantes : ainsi prennent naissance les sources des vallées encaissées du Condroz (Cal- 184 ED. IMBEAUX 21 Fév. caire dévonien), les sources de la région de Modave dans la vallée du Hoyoux (Calcaire carbonifère), celles du Bocq, de l'Ourthe, ete. L'eau souterraine est donc plutôt localisée dans une série de creux (fig. 2 et 3), qu'uniformément répartie en forme de nappe continue. B& Terram houle C2 Cacare carboifère y Partie supémeure du Famemmen SD QE dose F1G. 2. — Disposition et coupe du HouiLLer INFÉRIEUR, du CALCAIRE CARBONIFÈRE et de la PARTIE SUPÉRIEURE DU FAMENNIEN DANS LE MASSIF PRIMAIRE BELGE. Stats èe detre sg S an p} D RS S F1G. 3. — Coupe du DévoniEx et du CarBoniFËRE suivant la galerie captante d'Arx-LA-CHAPELLE. Les grès et grauwackes du Coblentzien sont métamorphiques et constituent des roches voisines de l’arkose ; ils ne sont pas perméables, mais se comportent comme les terrains granitiques 185 | | | M OO EU -SOUST0 AA one op osoyae Jo utd9z 9p onsurpnoq 2% $ “dur Sur a anete lens Je se a gere se:"c etes eg sis />2e) 0 xneig 9pP A IDICEC U9IUULPIr) gps soper{ud 39 symdoïpuot 9p s9S149S |:z00,4 2p sopruuesd 9 sa8nou s27S149S Tarats rene ele etats lee ane c XN9ILA 9P J9 % : PS 154 anus E L ù EN Se Sr nov ] fé sa BA pas A an SP ANSE] AUFIEA ï SLELNNE)E RE 40 U 6p je 102 oi Ledié FR DANO S as 14 wanvugs ny 2dden £ Re ï se 3 1.$ PÉAE SD SALE ED TE) AT EM AT Et nn ARE C2 EE SES SEA TT nest SE n A7 ap SAS ST à EX sam canzb sa ms addeÿ à SA GRETA NE6 P ATP ÉAI ; (umSSLOÇ np Fo ET auuaisail adden "SHMHATIOV SHIAVN SAS 9P LE HONVUX VI 44 LSM/I HA SVIHE-VuAp np onbrewaouos odno9 — ‘6 ‘O1 (puesfus aqeawnod) azrroyno ATDII9[ es à ty es - LT vrnbson 200) 3 nr Ana yos PT (aqesuodut) mio uroog sa19/inbn soddoy a? L So A o RE È E SE Zæ Êoz 287 où 2Ÿ Ÿ Æ3 + È m 3 Var ? 43 2% T È À i 5 m: ua SU HAUREULS ES Dm Su m Sa EE L 2m °m nm mè È .m QE S Ce] m = HS Ro SHARE RS ASIE œ & 8S = E QBeRS î= è = À SY Fe ë ê : m So Zz S N > SE E &z à VS doi À © : El RSIÈrS ESS ses Rs nn S Le] S PS 2% SZ 0 = ie ES œ = [& El 3 M S Z pol = Rire nie NOUS EE È 8 subie à me À Sie à ë = à à Se : a" 5 RS SOLS MP = < = a Ê. Eu & 2: À S & m [1 à À x 2 = nm es m 2 ni : 189 Coupe détaillée Frofond Orifice de la formation ferrugineuse de la profondeur 5702 à 64.85 Bof sne MArNES MICAESES 57.02 A 5722 calcarre 767 CET Vers] EP LL He] calcaræ 5799 calcaire ferrugrneus 5934 gs marne bleuatre 60.36 mMinerat de fer couche superieure 61,16 ce LL ZZ SH 6177 SINIKKKK miners! marneux 32/7 minerar de fer couche moyenne Calcarre bayocien 62.76 6310 CEA are | 63.75 on CZZZZZ marne couche je Hs minerar de Ver marnes supralasiques Calcarre bleuatre et hits MArreUux Fic. 7. — Détails de la composition du CALCAIRE BAJOCIEN et de la FORMATION FERRUGINEUSE AUX ENVIRONS DE NANCY. … Côté Ouest {Grand versant) Nappe bajocianme ë | / Ka D une Ë 3 ÉÉLLÉÉF, Hoas DZ ce ï 7 ÿ LU 4 à 2 TL. = ohasique pr F5 g vs LRÉSESES 7 TUE pp — . 8. — Coupe de la VALLÉE DE LA MEURTHE et du PLATEAU DE MaALzÉVILLE PRÈS NANCY, 190 -sonSueeds 8 aureoreo 07 suep oddenN ‘(appuour) 2p symd) sjao4 sa1qus sop (2 Jo 19 ouquo ouuoisgque) oddeN *SJJDA SO[qES SOI suep neo 4ossed qjuossre] mb soqrarn) £ *2Z1Pn) U[ 2P SUOTIEA S2] SUPP S991nN0$ S9)1)94 -2ZIE2) EL JUPJUOULNS OUIBU 2p 9u9n09 oun Ans 9SN9IUUOINE]A are EP op oseq ve] e oddeu opuean ‘[arAw 1 9p sooanos] uotu -Oan JL, np oseq er 8 oquequodur addex * AUIEU ans soddeu sinoisntq 2p sourq Sp ‘[ouue À er op soounos] (ouuais9 -18 9479 qnod oddeu 97799) eseq er r oprSie p oyon09 oun ans oddeu opurrrn ‘quoanos onbueu 98679 999 Ava a AVAHAIN ‘SIUVA A4 NISSVA AG LISA AILUVd V ‘diur *ssi} ‘dut -diut ‘uuod “dut | | | | | nod un 09 & OC SSI] 0€ R 0 “dtut "SSI OGI V OF "Ssy Ge PCT SST} aus 9 (s s “ouu9 Cours deau superñciels œmsse ___d* ___ souterrains æ æ æ © Faille Loue « F1G. 9. — Plan et coupe de la région alimentant la SOURCE D'ARCIER A BESANÇON (d’après Fournier). 1, Bajocien; 2, Bathonien ; 3, Oxfordien ; 4, Rauracien ; 5, Jurassique supérieur. tiennent les belles sources de Kopstal que vient de capter et relever mécaniquement la ville de Luxembourg. Il en est de même pour le grès de Virton sur la marne, de Strassen, dans le Luxembourg belge. Vers le Sud, le Jurassique descend d’une part jusqu'en Bour- gogne, d'autre part jusqu'aux plissures caractéristiques du Jura 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 193 franco-suisse, où le Crétacé inférieur entremêle ses bandes lon- gitudinales à celles des étages jurassiques. Dans toute cette zone, comme d'ailleurs dans beaucoup d’autres, les calcaires du Mus- chelkalk, du Bajocien et plus encore du Bathonien, du Corallien et du Portlandien étant très fissurés sont caverneux et donnent naissance dès lors à des sources vauclusiennes. Leurs eaux ne sont donc pas toujours bien filtrées et les exemples ne manquent pas de sources de ces niveaux ayant causé des épidémies. Je citerai à ce sujet les belles études de M. Fournier! sur les eaux de Besançon. On y voit les eaux engouffrées dans les entonnoirs du plateau rauracien de Nancray (fig.9), traverser les marnes oxfordiennes et circuler dans les fissures des calcaires bathonien et bajocien sous-Jacents, pour ressortir en partie à la source d'Areier par une faulle (prolongement de Montfaucon) qui met ces derniers caleures en contact avec le Jurassique supé- rieur : il n'y a pas moins de quatre bassins fermés, et M. Four- nier à montré que celui de Creux-sous-Roche ne communique pas seulement avec Arcier, mais encore (en basses eaux du moins) avec la source du Maine située à 15 km. vers le Sud. C'est donc d'un véritable réseau souterrain qu'il s'agit, avec plusieurs points d'engoulfrement et plusieurs émissions, pouvant jouer différemment suivant l'abondance et le niveau des eaux. Avant de quitter le Jura, je signalerai encore la perte du Doubs à Arçon, près Pontarlier, et la réapparition de ses eaux à la source de la Loue (odeur d'absinthe à ladite source lors de l'incendie de l'usine Pernod à Pontarlier) ; les sources si caractéristiques des vallées fermées appelées « bouts du monde » (source de la Réverotte et source du Dessoubre); la source de Pontet, près de Mouthier (Doubs) au-dessous de la caverne des Faux-Monnayeurs et la source de Baume-les-Messieurs (près Lons-le-Saunier) avec ses trois orifices superposés, etc. ete. Revenant vers l'Ouest, on rencontre successivement les vallées de la Haute-Marne, de l'Aube, de la Haute-Seine, de l’'Arman- çon, du Serain, de la Cure et de l'Yonne. Toutes ces régions occupées dans leur partie sud par le Bathonien moyen et dans la partie nord par le Séquanien et le Portlandien, ont été étudiées d'une part par MM. Diénert et Guillerd, d'autre part par M. Le Couppey de la Forest, comme recherches de nouvelles eaux pour Paris?. 1. Rapport du 12 mars 1902 sur les causes de contamination de la source d'Ar- cier; Recherches spéléologiques dans la chaîne du Jura. Mémoires de la Société de Spéléologie; CR. Ac. Sc., CII. 2. Travaux de la Commission de Montsouris, 1901-1903, 20 juillet 1910. Bull, Soc. géol. Fr. X. — 13. 194 ED. IMBEAUX 21 Fév. Beaucoup de sources de ces régions sont aussi des réapparitions : l'abime de Châteauvillain (pertes dans la forêt) ; la grosse source dans le village de Montigny-sur-Aube (ruisseaux s’engouffrant près de Louesne); dans les environs de Châtillon-sur-Seine, les Douix, les Abimes, le Breuil, la fontaine Barbe (une faille prin- cipale dans le Bathonien moyen doit déterminer les pertes de l'Ource vers Crépan, de la Seine à Buncey, de la Laignes à Vil- lesmes-en-Duhesmois ; la grande forêt de Châtillon au Sud-Est de la ville absorbe toutes les eaux pluviales). En remontant les vallées de l'Yonne et de ses affluents, on rencontre des couches de plus en plus anciennes, le pendage se faisant vers le NW., c’est-à-dire toujours vers Paris. À Augv, un peu à l'amont d'Auxerre, on trouve une grosse source résul- tant des deux failles de Quenne et de Saint-Bris ; les affleure- ments du Kimméridgien sont surmontés des calcaires portlandiens mais les eaux qui coulent sur le Kimméridgien rentrent dans terre quand elles arrivent sur les calcaires lithographiques du séquanien formant le fond de la vallée. Un peu à l’amont, les sources d'Escolives viennent nettement du Séquanien ; celles de la Place du Callovien ; les groupes de sources de Vermenton, de Reigny et de Druyes du Rauracien surmontant les marnes oxfor- diennes ; celles de Crisenon et de Réchimey du Bathonien. b) Jura-Trias à l'Ouest du bassin de Paris et dans les Charentes. A l'Ouest du bassin de Paris, le Jurassique est bien moins déve- loppé qu'à l'Est : la bande du Bajocien ne s’élargit qu'au Nord, d'Argentan à Caen et Baveux, en s'adossant au massif primaire armoricain et plongeant vers l'Est. Les caractères des calcaires sont semblables à ceux de la région de l'Est (sources de Moulines qui alimentent Caen, de Barbeville pour Bayeux, etc.). Au Sud du massif armoricain, une assez grande étendue de Jurassique s'étale dans les Charentes et dans le Poitou: les couches plongeant (assez fortement d'abord, puis plus faiblement) vers le Sud, on trouve les terrains les plus anciens au Nord. Ainsi on trouve au pied de la falaise bajocienne : les sources du Vivier à Niort (la caserne Duguescelin est bâtie juste au-dessus) ; la source Saint-Martin à Saint-Maixent (le cimetière et une par- tie de la ville sont bâtis au-dessus), les sources de Fleury déjà captées par les Romains et amenées à Poitiers. À Ruflec, les eaux de la source du Lien passent sous le plateau callovien-batho- nien (épais de 20 m. seulement) qui porte la ville et corres- pondent à une perte de la Péruse ; la réapparition de la Boutonne à Chef-Boutonne vient aussi du même niveau géologique. Le Corallien et l’Astartien (Séquanien) règnent aux environs de 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 195 la Rochelle (fig. 10) : on y trouve un niveau d’eau très constant à la base des calcaires à Montlivaullia sur ce qu'on appelle le banc bleu (imperméable). Plus au Sudle Kimmeridgien (pierre chenine) est imperméable ; mais les calcaires portlandiens donnent nais- sance à des résurgences comme celle de la Touvre (réapparition du Bandiat et de la Tardoire) qui alimente Angoulême. c) Jura-Trias dans le reste de la France. — Les terrains secon- daires forment comme une demi-couronne autour du massif du Plateau Central dans sa moitié sud, avec deux expansions impor- tantes correspondant aux causses du Lot et aux causses de l'Aveyron. Le Trias y est peu développé : dans l’arrondissemen £ Crète 3 3 3 Sue GATE. | ë QE A Coteaux AE FE} Ê Set à s el 4 À | Bn (4rale marme ss és al Hautes mers _° <<< SE nAÿre ne Ex douce . Basses mers ; ES Calcaire séquanien”"< el (fissuré) EE. _JZonfr4 diffusion du sol (ave décroissance) RES ci = RE = BË ÏB Dia EE PE e vers Le HE si ee ne 9 | “ Êr Er Pa Le) : l 7e see ‘Tranche d'exu. 5 FA “terrine ea ae” douce retemepar à 2 fe ,, les hautes mers Ses L=, i sr TT Nr se F1G. 10. — Coupes longitudinale et transversale d’un VALLON CALCAIRE (SÉQUANIEN) DES ENVIRONS DE La ROCHELLE. du Vigan et dans l'Aveyron, les marnes irisées arrêtent les eaux qui ont traversé le Lias et l'Oolithe presque entièrement calcaires et donnent naissance à de grosses sources, telles que celles des Fous, d’Arre, de la Fouzette (au pied du causse de Blandas) ; les grès triasiques de la région de Brives sont caverneux ; les calcaires magnésiens du Muschelkalk, là où ils existent, sont très aqui- fères. Dans le Lias, le calcaire à Gryphées arquées est un niveau d'eau général, mais le Charmouthien et le Toareien sont d'ordi- naire imperméables : la fameuse perte de Bramabiau (ruisseau \e Bonheur) se fait dans les calcaires bruns infraliasiques, entre le Causse Noir et le Mont Aigoual. 196 ED. IMBEAUX 21 Fév. C’est surtout l’Oolithe qui est ici caverneuse et fissurée : Les grosses sources contaminées comme celle des Chartreux à Cahors, celle de la Sauve (Gard), de Bonnette (Lot-et-Garonne) abondent. Les causses sont aujourd'hui bien connus, grâce aux explorations de MM. Martel et Gaupillat. Dans ceux du Lot, on trouve : 1° à la base, une falaise de dolomies inférieures très fissurées ou de cal- caires compacts stratifiés (Bajocien); 2° des calcaires plus ou moins argileux (Bathonien); 3° des dolomies supérieures (Batho- nien); #° en haut, les strates assez minces du Callovien et de l'Oxfordien, faciles à désagréger (ce qui explique la facilité d’a- grandissement des ouvertures des avens). Enfin, en outre d'une bande très étroite au pied des Pyrénées, il ne reste plus guère à signaler que le grand massif jurassique du Sud-Est, remontant jusqu’assez loin au Nord dans les Alpes. Dans la partie montagneuse, le Bajocien et le Bathonien prennent souvent le faciès schisteux et deviennent imperméables ; mais dans le Var et les Alpes-Maritimes, l'Oolithe donne naissance à de nombreuses grosses sources dont plusieurs alimentent les villes du littoral. Ainsi Fréjus, Fayence, Saint-Raphaël se par- tagent les eaux des sources de Laugier (Oolithe inférieure) déjà captées par les Romains dans le vallon de la Siagnole ; Grasse distribue les sources du Foulon {Bajocien); Cannes, Vallauris et Le Cannet viennent d'amener les sources du Loup (les deux sources de Gréolières paraissent sortir du Crétacé, mais les eaux proviendraient plutôt du Jurassique supérieur par cassures ascen- dantes; quant à la troisième source, dite de Bramafau, elle vient du Bajocien); Antibes et Vence boivent les sources du Riou et des Sourcets qui naissent du Jurassique supérieur dans la haute vallée de la Cagne; à Nice, la source de Sainte-Thècle provient du massif d'Oolithe supérieure (surmontée du calcaire glauco- nieux du Cénomanien) situé à l’Ouest du mont Agel: à Toulon, enfin, le puits du Ragas et la source de la Foux (qui donne quand le puits déborde) sont alimentés par le massif du Grand Cap (Jurassique supérieur et Urgonien). La fameuse source de Fontaine-l’Evêque ou de Sorps, qui Jail- ht près du Verdon et débite de 3 à 15 mc. par seconde, parait ramener au Jour les eaux tombées sur la grande étendue de Port- landien située à l'Ouest et au Sud-Ouest (les deux Plans de Can- juers, où il y a des avens). C'est dans ces calcaires blancs [épais de 500 m.) que s'ouvrent les cañons du Verdon, et des pertes de cette rivière, du Jabron et de l’Artuby paraissent alimenter aussi la source. À Sorps, les calcaires viennent buter contre la formation miocène des poudingues de Riez, à galets impression- 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 197 nés. La source a des trop-pleins appelés les Garruby, étagés de 11 à 35 mètres au-dessus d'elle et n’entrant en fonctionnement qu'à certains moments : on a songé à régulariser son débit par un serrement. d) Crétacé dans le Bassin de Paris. — Nous connaissons déjà le Crétacé de la Champagne : on voit par le tableau donné précé- demment que le Crétacé inférieur ne donne que fort peu d’eau, la nappe la plus remarquable étant celle des sables verts albiens qui s'alimente aux affleurements, devient artésienne et se retrouve sous Paris entre 500 et 700 m. (puits artésiens de Gre- nelle, Passy, de la place Hébert, de la Butte-aux-Cailles, de Mai- sons-Laffitte). : VILLENEUVE t ; e L'ARCHEVÉQUE © Vulaineso à De DE | Ve $ + ae sur- Van? RUE Ù Az 2Y $C d Armentièr ns Ne PÉedeS!Philibere STde Crilly Q GS ALLO h eil M & S'de Theil wi; 5 j = e Source. [e] [7 S 5 » Usine. SE = Ë = Lee Aguedac enr souterraur. = 2 ce S “Ze Cochepres Kilomitres . 3 gg ÆOVILLENEUVE-SUR- YONNE F1G. 11. — Carte des SOURCES DE LA VANNE. Le Crétacé supérieur (Turonien et Sénonien) contient deux grandes nappes, chacune à la base d’un de ces étages (les sources du Sénonien prennent le nom de Sommes !). Ces nappes alimentent un grand nombre de puits, et les villes d'Épernay et de Châlons-sur-Marne ont eu l'avantage de trouver à une cinquantaine de mètres de profondeur la nappe de la base du: Sénonien assez artésienne pour se rapprocher à quelques mètres de la surface. 1. Rappelons que Belgrand avait songé à amener à Paris les sources de la Somme-Soude ainsi que celles de la vallée du Grand-Morin (fontaines de Chaïlly et de Mauperthuis), mais les variations de débit des première s étaient trop grandes (elles ont été à sec en 1893), et le niveau des secondes était trop bas. 198 ED. IMBEAUX 21 Fév. Le Crétacé occupe encore une vaste région au Nord du bassin de Paris, une bande assez large à l'Ouest et une bande plus mince au Sud de ce bassin. C’est dans ces bandes périphériques que naissent au Sud-Est les sources de la Vanne et celle du Loing et du Lunain, à l'Ouest celles de l’Avre et de la Vigne. La commission de Montsouris a étudié en détail toutes ces régions qui, grâce à elle, sont aujourd'hui admirablement connues. Je ne ferai qu'en esquisser l'hydrogéologie. 1° Région des sources de la Vanne (fig. 11). En voici la descrip- tion que donne Léon Janet : Presque toutes les sources captées par la Ville de Paris se trouvent dans la vallée de la Vanne, sur la rive gauche, entre Saint-Benoît et Noé; la source de Cérilly jaillit dans un vallon latéral à environ 5 km. de la Vanne; quant aux sources de Cochepies, qui forment un groupe tout à fait à part, elles sont situées dans la vallée du ruisseau Saint-Ange, à 2 km. de l'Yonne. Les vallées de l'Yonne et de la Vanne sont bordées par des coteaux qui les dominent d'environ 150 mètres, constitués presque entièrement par de la craie. Les plateaux sont recouverts par de l'argile à silex, des lambeaux discontinus de terrains tertiaires et un peu de limon. Le fond des vallées de l'Yonne et de la Vanne est garni d’alluvions. Une mince couche d'éboulis garnit les pentes des coteaux. Les assises géo- logiques, à peu près horizontales, présentent cependant un relèvement marqué vers le Sud-Est. Dans la vallée inférieure de la Vanne, la craie qui constitue les coteaux voisins appartient au Sénonien et comprend principalement de la craie à Micraster, recouverte par une faible épaisseur de craie à Bélemnites. C’est une craie blanche, tendre, traçante et renfermant d’assez nombreux silex, en bancs horizontaux, moins nombreux dans la craie à Micraster que dans la craie à Bélemnites. Cette craie est recouverte, surtout dans les vallées et sur les pentes, d'une certaine épaisseur de craie remaniée, constituée surtout par des fragments de craie Jaunie et du limon. Dans la vallée de l'Yonne, à la hauteur de Sens, les coteaux sont constitués par les mêmes terrains; mais, en raison du relèvement général des couches vers le Sud-Est, on trouve en remontant la vallée des terrains de plus en plus anciens. C’est ainsi que l'on voit apparaître à la base des coteaux, la craie marneuse (Turonten) à partir de Ville- neuve-sur-Yonne, et la craie glauconieuse (Cénomantien) à partir de Joigny. L'épaisseur totale des assises de craie est de 300 à 400 mètres; elles reposent sur les argiles de Brienne, appartenant à l'éfage alhien, qui n’affleurent pas dans la région. L'argile à silex est assez épaisse sur les plateaux où elle atteint 10 à 20 mètres, et n'a qu'une puissance insignifiante sur les pentes. Elle résulte de l’action sur la craie des eaux ee qui, dépourvues de 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 199 chaux, mais contenant de l'acide carbonique, dissolvent le carbonate de chaux, en laissant comme résidu l'argile et les rognons de silex ; elle n'a pas d'âge déterminé et se forme dans toutes les périodes géolo- giques où une surface crayeuse se trouve émergée; il s'en produit encore de nos jours. Le contact de la craie et de l'argile à silex, en raison même de ce mode de formation, est très irrégulier, et présente une série de poches à parois souvent presque verticales. Les thalwegs qui aboutissent à la vallée de la Vanne et à celle de l'Yonne sont souvent à sec jusqu'au voisinage de leur débou- ché dans la vallée principale. Toutefois quelques-uns sont, en certains points, parcourus par des cours d'eau, peu importants, mais pérennes. L'eau de ces ruisseaux disparait souvent pour reparaître un peu plus bas et disparaître à nouveau; la même vallée présente successivement des zones de sources, où zones émissives, et des zones de pertes, ou zones absorbantes. Dans la vallée du ru Galant, qui débouche dans l'Yonne, près de Ville- neuve-sur-Yonne, on peut distinguer quatre zones émissives, séparées par trois zones absorbantes. L'argile à silex, l'argile plastique et le limon des plateaux ne sont pas assez continus et ne renferment pas de couche assez nettement imperméable pour retenir une nappe d'eau importante. Les eaux pluviales qui tombent sur les plateaux s'infiltrent lentement dans ces terrains ; les lentilles argileuses qu'ils renferment retiennent quelque temps les eaux en donnant de petites nappes secon- daires, mais celles-ei finissent par gagner le substratum crayeux. La craie, qui serait à peu près imperméable si elle était compacte, est, comme presque partout, découpée par un réseau de diaclases, où les eaux pénètrent et cireulent facilement en formant une véri- table nappe. Le niveau piézométrique de cette nappe est déter- miné par la cote et la distance des thalwegs voisins : 1l est très peu différent de ces thalwegs à leur voisinage et se relève pro- gressivement, à mesure qu'on s'en éloigne, pour aller sous les plateaux. En même temps les variations du niveau piézométrique dans les saisons sèche et pluvieuse sont beaucoup plus fortes sous les plateaux qu'au voisinage de la vallée de la Vanne ; dans le premier cas elles peuvent atteindre 15 à 20 mètres, tandis que dans le second cas elles ne paraissent pas dépasser 2 à 3 mètres. Ce sont les eaux cireulant dans les fissures de la craie séno- nienne qui alimentent les sources captées par la Ville de Paris. Les sources sont des sources de thalweg, c'est-à-dire que leur émergence n'est pas déterminée par l'affleurement d'une couche imperméable, mais par l'existence d'une dépression géographique telle que le niveau piézométrique de la nappe souterraine est plus élevé que le niveau du sol. 200 ED. IMBEAUX 21 Fév. C'est probablement cette seule considératien du niveau piézo- métrique qui permet d'expliquer les successions de zones émis- sives et absorbantes que l'on rencontre dans une même vallée. Lorsque la surface piézométrique de la nappe est plus élevée que la surface topographique, on a une zone émissive ; lorsqu'elle est plus basse, on à une zone absorbante. Pour expliquer une succession de zones de cette nature, il suffit que les courbes d'intersection des surfaces piézométrique et topographique, d'une part, d'un cylindre vertical ayant pour directrice la ligne de thal- weg, d'autre part, se coupent en un certain nombre de points. Les recherches ultérieures ont démontré l'existence dans la craie de larges cavernes, placées sur le trajet de véritables ruis- seaux souterrains et creusées par les eaux (surtout par les eaux antédiluviennes plus abondantes que celles d'aujourd'hui) : M. Le Couppey de la Forest est descendu dans un bon nombre de ces puits-cavernes (La Guinand, puits Guérée, puits Savinien- Morissat, puits du Vaumorin, puits et caverne du presbytère des Bordes, ete.). De nombreuses expériences à la fluorescéine et à la levure de bière ont prouvé la communication de tous ces puits et cavernes avec la nappe des sources, en sorte que toute cause de pollution introduite par un de ces points menace directement la pureté de l’eau des sources. Les cavernes souterraines s'éboulent parfois en produisant à la surface des entonnoirs d’effondrement ou mardelles. Ici ces phé- nomènes d’effondrement ne se sont pas produits avec la même intensité que dans la région de l'Avre, et les grandes mardelles sont relativement rares : cela tient, d'une part, à ce que les dif- férences de niveau entre les vallées et les plateaux sont beau- coup plus fortes, en sorte que les cavernes se trouvent générale- ment à une plus grande profondeur, d'autre part à ce que l'argile à silex est peu épaisse, et qu'il est beaucoup moins ‘fréquent qu'une caverne arrive en contact avec une poche d'argile à silex, ce qui amène presque sûrement un effondrement. Cependant le nombre des mardelles de petite dimension est encore assez grand. Lorsque l'orifice de ces mardelles se trouve plus bas que la sur- face piézométrique de la nappe souterraine, elles donnent nais- sance à une source (mardelles-sources) : lorsqu'il est plus élevé, elles absorbent les eaux, si elles se trouvent dans un thalweg (mardelles-bétoires) et n’ont pas de rôle hydrologique appréciable, se bornant à recevoir en cas d’averse les eaux des champs voi- sins, si elles se trouvent sur un plateau. Les mardelles-bétoires ne sont pas les seuls points d'absorp- tion des eaux; celles-ci disparaissent aussi parfois dans des bé- 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 201 toires d’affouillement, creusés de haut en bas, et dans des lifs poreux, où l'eau gagne par d’étroites fissures la nappe souter- raine. C'est ce dernier mode de perte qu'on rencontre le plus souvent dans la région de la Vanne. 2 Région des sources du Loing et du Lunain (fig.12). — Con- tinuons à citer Léon Janet : Les sources en question forment deux groupes, celles des Bignons de Bourron et du Sel dans la vallée du Loing, et celles de Saint-Tho- mas et des Bignons du Coignet dans la vallée du Lunain. Les vallées du Loing et du Lunain au droit de ces sources ont été creusées dans la craie blanche (étage sénonten), et dans les assises tertiaires, constituées principalement, en partant de la base, par des NE Parts Fi. 12. — Carte des sources pu LoG ET pu Lunain. A, Chantréanville ; B, La Joie; C, Le Sel; D, Bignons-de-Bourron; E, Saint- Thomas; F, Bignons-du-Coignet; G, Villemer. argiles accompagnées de conglomérats atteignant une grande épaisseur près de Nemours, mais très réduits à Montigny-sur-Loing (étage spar- nacien), puis par des travertins siliceux bréchiformes, parfois mar- neux et tendres, mais le plus souvent très durs, puissants d'environ 30 mètres, surmontés par des calcaires sannotsiens, exploités sous le nom de pierre de Souppes ou de Château-Landon. Les travertins siliceux intercalés entre le Sparnacien et le San- noisien avaient, jusqu'à présent, été, à cause de leur aspect litho- logique, considérés comme Ludiens ; mais ladécouverte que nous avons faite en 1899 de fossiles (Limnæa longiscata, Planorbis gontobasts), dans un banc se trouvant à 10 mètres au-dessus de l'argile sparna- cienne, a montré que les 20 ou 25 mètres de calcaires siliceux et mar- neux se trouvant au-dessus devaient seuls être maintenus dans le Ludien, etque les calcaires existant au-dessous représentaient le Bar- tonien seul, ou associé au Lutétien. 202 E, IMBEAUX 21 Fév. Ces assises géologiques, à peu près horizontales, se relèvent cepen- dant nettement vers l'Est. Les alluvions sont constituées, à la base, par un diluvium pléis- tocène, composé de sables plus ou moins grossiers et de graviers rou- lés dont les éléments comprennent des silex de la craie très nombreux, quelques fragments de grès de Fontainebleau, et de calcaires siliceux ludiens ou sannoisiens. On trouve, dans le diluvium de la vallée du Loing, de gros blocs de conglomérat sparnacien de Nemours. Le diluvium pléistocène est recouvert par une couche de tourbe d'âge relativement très récent. Il repose sur une couche de craie jaune remaniée au-dessous de laquelle on trouve la craie sénonienne en place. Les eaux des sources qui nous occupent circulent dans des dia- clases de la craie sénonienne et se font jour à travers la craie remaniée et les alluvions. Le bassin d'alimentation de ces sources n’est pas bien connu. On a dit que certaines sources de la vallée du Lunain n'étaient que les réapparitions des pertes de la rivière supérieure, mais le fait ainsi présenté paraît inmexact, et tout ce que l’on peut avancer avec quelque vraisemblance, c'est que les pertes du Lunain contribuent à alimen- ter la nappe de la craie donnant naissance aux sources. Ajoutons qu’en 1901, M. Diénert a reconnu l'existence de quelques mardelles sur le plateau entre Loing et Lunain, et de nombreux bétoires capables d'engou/ffrer toute la rivière dans la vallée du Lunain. La fluorescéine versée dans deux de ces bétoires est apparue dans plu- sieurs sources, entre autres dans celle de Villemer, qui paraît la moins sûre de celles captées par la ville de Paris et mérite d'être aban- donnée. 3° Régionde l'Avre et de la Vigne (fig. 13). — Cetterégion, des sources de l’Avre supérieure et de ses affluents jusqu'à Verneuil, est faiblement inclinée vers le Nord-Est. Les assises géologiques plongent égale- ment vers le Nord-Est, mais avec une pente un peu plus forte, si bien qu'en descendant le cours des rivières supérieures on trouve des assises de plus en plus récentes. Le Cénomanien, représenté au sommet par des sables quartzeux (Sables du Perche) et à la base parla craie glauconieuse, est en affleu- rement au Sud d’une ligne passant par Randonnai, Irai, Saint-Maurice, Moussonvilliers, Reveillon et la Ferté-Vidame. Le Turonien, constitué par de la craie marneuse, repose sur le Cénomanien au Nord de la même ligne. Le Sénonien, constitué par de la craie blanche, recouvre l'étage turonien à partir d'une ligne passant par Baslines, Rueil-la-Gadelière et Brezolles. L’Argile à silex recouvre d'un épais manteau les craies cénoma- nienne, turonienne et sénonienne, et constitue le sol de la région recouverte d'Alluvions modernes dans la partie haute des vallées de l’Avre supérieure et de ses affluents. Elles rendent, là où elles existent, le sol à peu près imperméable. 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 203 On comprend dès lors comment les eaux de surface de la zone supé- rieure imperméable rentrent en terre au contact de la craie turo- nienne fissurée (zone des bétoires), et comment elles ressortent plus bas CHF, ÿ Yu D. Ÿ à: Q & à % " TN À ne dri "es «a \ N QU ae HAN A Ÿ _ SNS ire ne T E ‘ VAE, pe PL) Lu Mo nr né À ur du QE D, KES S Legende Bétoires 5 RER | Puits ou sources non colores. + Courbes 1sochronocduumatiques …_.— = 0° colorés ….@ Fra. 13. — Carte des SOURCES DE L’AVRE ET DE LA VIGNE et expériences de Marboutin à la fluorescéine. (zone dés sources) lorsque le niveau piézométrique devient supérieur à celui du sol. Comme la nappe oscille en hauteur suivant les condi- tions météorologiques on conçoit ainsi que certaines mardelles qui sont ire a Lo Bassin del 204 ED. IMBEAUX 21 Fév. absorbantes quand la nappe est basse deviennent débitantes (sources) quand elle est haute (fig. 14). C'est ainsi que, dans la vallée de l’Avre, tous les entonnoirs d’effon- drement situés au-dessus de La Lambergerie sont des bétoires ; que ceux situés entre La Lambergerie et Le Poëlay donnent naissance à des sources tarissant l'été, et pourraient, à ce moment, absorber l’eau qui leur arriverait; enfin que ceux situés au-dessous du Poëlay et dans la vallée de la Vigne donnent des sources pérennes ou du moins ne tarissant qu'à la suite de périodes de sécheresse tout à fait exception- nelles. Le nombre de ces entonnoirs d’effondrement est considérable ; il en existe plus de cent. Quelques-uns ont jusqu'à 25 mètres de diamètre et 0 mètres de profondeur. On voit quelles dimensions considérables one des ® ô É ÿ Ce Jeneimpermeale -- 2x0" ee RE ue PE #1 À Ë pe ë | Ë ES DA re - sol TD E 3 [ "J — ES J É 2 à v 5 13 ® I E) 8 £ à RER ES a 4 ë Le à > 7) turomenne Souterram F1G. 14. — Coupe géologique longitudinale et coupe transversale suivant la vazLéE DE L'Avre (de la source de l'Avre supérieure jusqu’au Breuil). ont, dans certains points, les cavernes souterraines servant à la cireu- lation des eaux. On n'a pas souvenir, dans le pays, de l'époque à laquelle se sont pro- duits la plupart de ces entonnoirs d’effondrement, mais quelques-uns ne datent que de peu d'années. Les cavités souterraines vont d’ailleurs-en grandissant constamment, le carbonate de chaux dissous dans les eaux des sources étant, comme nous l'avons déjà dit, en majeure partie emprunté à leurs parois. Il en résulte que de nouveaux entonnoirs se produiront encore, et il serait parfaitement possible qu'un jour un effondrement s’effectuât juste au- dessous d'une maison et déterminât un grave accident. 4910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 20; Nous devons faire remarquer toutefois que, quelque important que soit le rôle hydrologique des entonnoirs d’effondrement, ce n'est pas uniquement à eux que doivent leur existence toutes les pertes d'eau et toutes les sources. Certains bétoires se trouvent en effet dans des lits poreux, où l’eau pénètre facilement dans l'argile à silex, puis gagne la nappe souterraine par des diaclases de la craie. De même ces dia- clases de la craie peuvent amener dans l'argile à silex, et au Jour, les eaux de la nappe souterraine lorsque le niveau piézométrique de la nappe est plus élevé que celui du sol. Un peu plusau Nord, M. Diénert (Travaux de la même Commission) a également étudié l'hydrologie des vallées de l'Eure et de l’Iton. Les _sources de Pacy-sur-Eure, de Fontaine-sous-Jouy sont, comme nous en avons vu précédemment, des sources de thalweg, dont les eaux remontent par une véritable cheminée verticale. Le courant des Bos- cherons, étudié en détail, parait bien communiquer avec l’Iton {très souillé), par des portions absorbantes du lit, et aussi en temps de crue par des bétoires. Encore plus au Nord et au delà de la Seine, nous trouvons larégion normande, qui va se terminer par les falaises crayeuses de la Manche entre Le Havre et l'embouchure de la Somme. Ces falaises sont très intéressantes à Étretat, Yport : on y voit les fissures qui les divisent, et les sources qui naissent au pied et à différentes hauteurs sont nom- breuses ; 1l y en a même qui naissent en dessous du niveau de la mer (source captée à Yport). Nous devons signaler une belle étude de MM. Dollfus et Fortin sur l'hydrologie des environs de Rouen et l'origine des sources alimentant cette ville. La vallée du Robec est ouverte dans le Cénomanien et les coteaux sont formés par le Turonien surmonté du Sénonien (fig. 15) : les bancs de ces derniers sont très fissurés et si nous ajoutons que le vallon de Fontaine-sous-Préaux est l’abouchement dans la vallée du Robec d'un synclinal et probable- ment d'une cassure venant directement du village d'Isneauville, on sera porté à penser que les eaux usées de ce village se sont sans doute mêlées aux sources de Fontaine et les ont contaminées à diverses reprises. Les sources sortent de la craie turonienne, qui contient à sa base et dans son milieu des bancs assez argileux pour arrêter l’eau. Voicidu reste, d'après M. Dollfus, lasuccession et l'épaisseur des couches de cette région (en allant de haut en bas) : Limons du Pléistocène supérieur (1 à 10 m.), limon des pla- teaux (2 à 6 m.), Diluvium de la Seine (2 à 7 m.), sable blanc ou jaune éocène (1 à 6 m.), argile à silex éocène (2 à 20 m.), craie du Sénonien moyen (14 m.), craie du Sénonien inférieur (30 m.), craie blanche du Turonien supérieur (25 m.), craie blanche du Turonien moyen (30 m.), craie grisâtre et marneuse du Turonien 206 ED. IMBEAUX 21 Fév. inférieur (25 m.), craie glauconieuse du Cénomanien supérieur (20 m.), craie sableuse et sables gris et verts (15 m.), argile grise ou gaize du Cénomanien inférieur (10 m.), sables verts albiens et gault (15 m.), gris et sables jaunes ou bleuâtres portlandiens (12 à 20 m.), argiles et marnes du Kimméridgien (60 m.). JLimon de Lavage ÿ . Dimiunr Isneauvills Chemm defer Roncheroles Fontaine sous FPréaux Robec laRobinette lamon des plateaux 160 Sburce 158 15% 1 Apgie à silex No. Sénonien.Crase blanche Taramen sup érieur Tuvomien moyen Craemarneuse Turanen mférieur Cénomenien Craie gaucomeuse Abion (Sables du Cault J FT Jarassique (Portlanihien Knsévidgien]) Coupe transversale de la VALLÉE pu RoBEc À FONTAINES-S0US-PRÉAUX. Echelles KHauteurs1:6000 Lonqueurs 1: 60-000 Plateau du Plateau du Platozu k Plateau Plateau Mesral Gremichon Mont Perrexx dTsneauville Seinc de Gargan de Longpaon Vallon Vallon de Vallée duRobec Cressammere deS'Marüun Fontaine-soasPreaux etdel'Eauplet de S'Hartm Eglise Fgrage Tè TEMartainvillei0 1 140 19 60 Ok 150 50 150 60 60 6 Gl ; 80 10 J Cressomusre | Sogrce Godaille Source: de Lmgpam D DES de Pat n | i [ 1 | JT ARE l (cn li PA ET LEA 66 ge Eten] 1 1 l (l 0 1 ; 1 l 1 | | ! l | u es N Ti ï ï | ll | t F [ t [l l D il l l | [ | | (l | l 1 ! l l l | ( TES ER RCE COR EE ER €} F1G. 15. — Coupe longitudinale de la vazLéE pu Roc et des COTEAUX DE LA RIVE DROITE. ORIGINE DES SOURCES DE ROUEN (d’après MM. Dollfus et Garnier). e) Crétacé au Nord du bassin de Paris. — Sauf la partie dévo- nienne de l'arrondissement d’Avesnes, le Boulonnais et le pays de Bray où réapparaît le Jurassique, les départements du Nord, du 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 207 Pas-de-Calais, de la Somme, de la Seine-Inférieure et la moitié Nord-Ouest de l'Oise sont entièrement formés par la craie que recouvre par endroits des lambeaux d'Eocène ou des lambeaux souvent plus étendus d’alluvions ; le Crétacé repose sur le Carbo- nifère. Les couches vont d'ailleurs en plongeant vers le Nord ou le Nord-Ouest. C’est la terre classique des puits artésiens. D'après Gosselét, dans les trois départements du Nord, on trouve les nappes suivantes (dont plusieurs sont artésiennes) en allant de la profondeur vers la surface : a) Nappe du calcaire carbonifère, généralement dans l’assise de la dolomie. Crétacé. — b) Nappes, mais peu constantes et peu étendues, dans les sables du Gault et dans les marnes à Belemnites plenus du Cénomanien (La Capelle, Nouvion, Guise). c) Nappe des marlettes (souvent plusieurs nappes dans les mar- lettes), au-dessus des dièves imperméables (base du Tronien). d) Plusieurs nappes parfois dans la craie à silex cornus (sommet du Turonien) sur des bancs de marne. e) Nappes du tun (base du Sénonien). Aux environs de Lille, il y a 2 couches de tun séparées par quelques mètres de craie sableuse et une nappe à la base de chaque tun. f) Nappe de la craie blanche à Micraster (Sénonien) ou craie fendillée, pouvant être artésienne sous l'argile de Louvil (eaux de Roubaix-Tourcoing, Dunkerque, Douai, etc.). Tertiaire. — q) Nappe des sables landéniens (sables de Bra- cheux) sur l'argile de Louvil. h) Nappe des sables yprésiens (près de Mons-en-Pévèle) sur l'argile plastique. i) Nappe des sables de Cassel (base du Parisien) sur l'argile des Flandres. J) Nappe des sables de Diest (Pliocène) sur l'argile à Pecten corneus. Quaternaire. — k) Nappe des sables de Bourbourg. l) Nappe des dunes, le long de la côte. m) Nappe des alluvions dans le fond des vallées. Dans toute la Flandre le sol étant recouvert d'une couche argileuse peu perméable, les sources sont rares. Ailleurs elles résultent des affleurements des nappes ci-dessus dans les vallées: il faut souvent s'adresser aux nappes profondes par des forages. En Belgique, le Hervien (Sénonien) contient à la base une couche d'argile, très importante au point de vue aquifère : cette couche empêche l'eau de descendre dans le terrain houiller et constitue une nappe dans la craie (alimentation de la ville de 208 ED. IMBEAUX 21 Fév Liège). Notons que les couches crétacées et tertiaires de la moyenne et de la basse Belgique DOOSEA toutes régulièrement vers le NNW. avec une pente de 5 mètres par kilomètre : les nappes ont donc leur écoulement dans le même sens. Mis il faut maintenant mentionner les nouvelles vues de M. Gosselet! sur la situation et l'écoulement de l’eau dans la craie : elles s'appuient sur les données hydrologiques obtenues lors du creusement des puits des concessions de Lens et de Cour- rières. La figure 16 résume un certain nombre de ces données, les chiffres à droite des coupes indiquant les profondeurs, et ceux à gauche les venues d’eau en mètres cubes rencontrées aux différents Niveaux. M. Gosselet reconnaît toujours bien que la craie est le plus sou- vent fissurée ou fendillée et que le réseau de ses fissures contient en général de l’eau ; mais 1l n'est pas nécessaire qu’il y ait des bancs argileux intercalés pour arrêter l'eau, il suffit que la craie soit restée compacte dans certains bancs (qui sont alors durs) : c'est ce qui constitue notamment l’imperméabilité du {un ou meule ?. Ainsi à la fosse n°9 de Lens, l’eau très abondante d’abord diminue brusquement au-dessous du banc dur de 28 mètres; à la fosse n° 2 de Courrières, on a mis une trousse au niveau du banc dur à 24 mètres et on n'a presque plus d’eau en dessous ; au n° 8 de Courrières il suffit du passage de la craie fendillée qui règne jusqu'à 10 mètres à une craie plus compacte pour ramener la venue d’eau de 1680 mètres cubes à l'heure à 345. Inversement l’eau trouve des lieux d'élection et de facile pas- sage dans certaines couches où la craie parait avoir été remaniée et prend un aspect de conglomérat : c’est ce que Gosselet appelle la craie congloméroïde, et 1l pense que cette structure est le résul- tat du passage d'eaux anciennement beaucoup plus abondantes qu'aujourd'hui. L'exemple des fosses 1 et 10 de Lens et 9 de Courrières montre combien cette craie est plus riche en eau que les autres bancs : elle est là nettement séparée de la craie fendil- lée supérieure. L'eau se trouverait ainsi distribuée dans la craie sénonienne en gites situés à différentes hauteurs et déterminés par la situation des bancs congloméroïdes : ces gîtes communi- quent entre eux, mais assez difficilement, par les cassures verti- cales. Il n'y aurait plus ainsi à proprement parler de nappes super- 1. J. Gosserer. Les nappes aquifères de la craie au Sud de Lille. Annales de la Société géologique du Nord, séance du 1‘ juin 1904. 2. Les puits de Lille et environs descendent généralement entre deux bancs de tun, séparés par une couche sableuse aquifère. Dans les fosses de Lens et Courrières, il n’y a plus qu'un banc de meule, Fosse N°1 Fosse N°9 Courrières Lens Fosse N°9 : Terre ss æ artee Ps Craie en fED 850 SRE 5 bimon è Eau Craie Craie teridre fragmentare ébouleuse TE Craie solide 18 ae Ë pS EEE] 7180 Craie 22 / 5 21 plus férme 8 Craie Fi Crae cœglanéroids ns rs De — 3 Epano dur 21 881 28 ; Gas DS 29 Dane dur + Craie à sûex 33 Crae ||83 compacte Craie Ile sohde " : aie grise 30 de 39 z0 152 Meule r19 Craie grise 515 z8 tendre ; Dora k Biens J5à RO ISC . Sss Neule . g ER : XD ne mate Meule Ses HR 58 Fosse N°9 Pints de Guermanez i 1 Jamon 1 Limon ù | Courrières Terrerapportée 3 Terre végétale Tetiare liman Je limm crayeux 36 8 Craie Limon crayeux g asilex avec silex Limm|, avec débris RAT Le 12 Craefine Ion de crae L.]_ tanéinée 8 1 Su Cr 1uæ [l 15 Craie dure ae Re 2285] <| 2 | if Crae à silex 5 Se ris à cOmus 26841 1, be / D Craiefne à silex Banc de silex @ù 23 300 22 Craie grise ae 2% conglame | 2) Craejaune zude 356] S |25,6 Ha ser = ei 29 Tuu blanc 6 28 Fe Ao0 Craie dure ee 1800 ___ gaie ME E 2] coglomerade ous 0 Crete ne laucatifére sRiecupans 33 Craie ferme sn Meuls Fi, 16, — Etudes de Gosselet sur LES VENUES D'EAU DANS LA CRAIE À AUX ENVIRONS DE LILLE, 21 juillet 1910. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 14. 210 ED. IMBEAUX 21 Fév. posées, ni d'artésianisme, mais seulement des niveaux piézomé- triques variables dépendant pour chaque gite aquifère des cassures avec lesquelles il est en relation. D'un autre côté, M. Gosselet a remarqué que la craie conglomé- roïde n'existe pas sous les plateaux et qu’on la trouve surtout dans les vallées et vallons ; 1l en est du reste de même pour la craie fendillée riche en eau. On est ainsi conduit à placer les ouvrages de captage dans les dépressions de la surface (vallées), ces dépressions traduisant sans doute ce qui s’est passé dans la profondeur (affaissements ?). C'estainsi qu'il explique qu'un forage d'essai fait à Carnin (sur un plateau) par la ville de Lille n’a donné que peu d’eau tandis que le puits de Guermanez situé à 300 mètres au Sud de l’usine d'Emmerin a donné plus de 5000 mètres cubes par jour. f) Crétacé dans le Sud de la France. — Au Sud de la région jurassique des Charentes, s'étend une vaste région crétacée, entre Charente et Dordogne. C’est le Cénomanien qui y domine : il comprend d'abord une assise de grès et sables glauconieux aqui- fères (deuxième partie de la galerie de Rochefort), puis des cal- caires fissurés (calcaires à sphérulites) également aquifères (pre- mière partie de la galerie de Rochefort). La craie glauconieuse (à Micrasler), épaisse de 60 mètres, et la craie à Ostfrea vesicula- ris (55 mètres) ont aussi de l'eau à leur base. Les sources du Cluzeau et de l'Abiîime qui alimentent Périgueux sont d’un de ces niveaux, mais doivent leur naissance à une faille. En dehors de l’étroite bande jurassique et crétacée qui flanque le versant nord des Pyrénées (une bande symétrique occupe le versant espagnol), il ne reste plus guère à examiner que le grand massif crétacé du Sud-Est, lequel va du revers ouest des Alpes au Rhône et déborde même dans l’Ardèche, le Gard et l'Hérault. lei encore c'est le Crétacé inférieur qui domine : 1l devient cal- caire (Urgonien) et donne naissance à de grandes nappes et à de grosses sources, dont les fontaines de Vaucluse, de Nimes, du Lez, de Sassenage (Grenoble), des Gillardes dans le Dévoluy !, du Brudoux dans le Vercors? sont des types classiques. Il faut y ajouter les sources d'Eure, de Tavel, de Gourdagne, de Bourg- 1. Le massif du Dévoluy (Hautes-Alpes) est formé par le Crétacé supérieur (Sénonien) et le Crétacé inférieur (Néocomien) reposant en stratification discor- dante sur le Corallien et l'Oxfordien. Les eaux qui tombent sur la grande surface d'absorption située au pied du Puy Ferrand, laquelle est criblée d'orifices appe- lés chouruns, ressortent à la source double des Gillardes, dans la cluse de la Baume, au Nord du massif : les couches plongent fortement vers le Nord. 2, Le Vercors (entre le Drac, l'Isère et la Drôme) est au contraire formé exelu- sivement par le Néocomien : il est aussi criblé de trous appelés pots ou scialets. La source du Brudoux vient des infiltrations du plateau de Fondurle, 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 211 Sant-Andéol, du Groseau au pied du Ventoux, ete. Les sables, grès et calcaires glauconieux de l'Albien sont aussi perméables dans le Gard et donnent naissance à de nombreuses sources (Campagnac, Blanzac, Salazae, ete). Voici d’après mes études avec M. Torcapel les quatre niveaux d’eau du Néocomien et de l'Urgonien aux environs de Nîmes. PUR Ta CLP 722 DD DS PASS f Aptien LD Marnes aptiennes (imtpermeables) ;15 Niveau d'eau Donzérinsss |\ Calcaires rocheux D? 5002 ARE Couches marneuses : Fe corralhgenes à Chama ammoma. Niveau d'eau Ê re e) — LZ 5e Barutélien Z Matnes et calcaires marneux à AMmmomites P ép° 920 77 : difcilis (rmp Cruasien Cacares rocheux à Ammonites cruasensis ép” 150 — 37° Niveau d'eau > ne autérivien 42 Calcare marneux à Crioceras Duvah (imp) U/L a = ép° 400 TRE Nivcan d'eon Caicaires rocheux à Ammonites radiatus 6 K Harnes et calcaires marnewx 8 mm.cryptoceras (imp) 8 ZZZZ x Ne Pn -© Valanauienl” CL Harnes à Belemruites latus (imp \ & || io" Z.Courue Le Crétacé supérieur de la Provence contient également plu- sieurs niveaux d'eau. Les grès ferrugineux et calcaires marno- gréseux sont un peu perméables et donnent de nombreuses sources, mais petites. Les calcaires à Hippurites, grès et calcaires gréseux du Turonien et du Sénonien, renferment plusieurs nappes sur les couches argileuses intercalées, notamment une nappe importante sur les sables et argiles réfractaires à Ostrea columba (sources de Saint-Victor, des Oules, de Sabran, de Bagnols, etc.) — ; enfin, les calcaires et marnes de Rognac, de Fuveau et de Piolenc (Danien) forment un ensemble perméable (les cou- ches lignitifères du bassin de Fuveau, dans la vallée de l'Arc, entre Aix et Marseille, contiennent des eaux abondantes qui gènent beaucoup l'exploitation des mines.) Il faut ici donner quelques détails sur les fontaines de Vaucluse, de Nîmes, du Lez. Fontaine de Vaucluse. La célèbre fontaine à été étudiée par MM. Bouvier, Lefèbvre, Dyrion ‘ et Pochet?. La Fontaine est l’exutoire d’un vaste bassin de calcaire urgo- 1. Dyrion. Bull. Hydraulique agricole, 1894. 2. Pocuer. Bull. Hydraulique agricole, 1901. 212 ED. IMBEAUX 21 FEV: nien de 70 km. de longueur, qui s'étend jusqu'à Sisteron, et aurait 1450 km. carrés. La figure 17 en montre la coupe géologique. Les eaux traversent facilement les calcaires, fissurés et perfo- rés (avens), et sont arrêtées par les marnes hauteriviennes du Néo- comien : elles cheminent ainsi vers l'Ouest, de bassins en bas- sins souterrains, réunis par des déversoirs ou des siphons, jus- qu'à ce que par le conduit remontant d’un dernier siphon elles butent contre les marnes lacustres et reparaissent au jour au pied d'un banc rocheux de 200 mètres de hauteur. La Fontaine de Vaucluse est en somme une exsurgence fermée, ascendante, Montagne de Iure RS à KA SRE SASUEE R © £ SENS = = RS È 8 $ 27 3 SA S ann S 3 RER AS à è | io | È ' 5 ! ee Ÿ F3 a 2 Le s Valbelle s SE |. S Ë SA 10 Murs 8 & goo! JAN NUS ! NS [oo à i : S 1 7] { /'/mer RL À Darance (Rivière) Niveau de la mer ji FiG. 17. — Coupe en long (de Sisteron à Avignon) du BASSIN DE LA FONTAINE DE VAUCLUSE (d’après Dyrion). unique, calme, et de recoupement topographique au bout d’une vallée et au pied d’une falaise (M. Martel). Le débit varie de # à 150 mètres cubes par seconde. IL y aurait grand intérêt à pouvoir le régulariser; mais il serait dangereux pour cela de chercher à réduire l’orifice en crue, parce que sous les pressions intérieures l’eau pourrait se créer d’autres sorties. M. Dyrion a proposé de créer une galerie allant capter l’eau à 4 mètres en dessous du niveau le plus bas d'émission : on utiliserait ainsi une tranche qui reste à présent en réserve dans le sol. 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 213 Fontaine de Nîmes. lei c'est encore une faille qui fait buter les eaux du calcaire de Cruas (Urgonien) contre les marnes subapen- mines relevées brusquement et les force à venir au jour (fig. 18). Les débits ne paraissent pas bien connus. La ville de Nimes utilise une partie des eaux, mais elles sont sujettes à être contaminées, et le nombre des bactéries y est parfois supérieur à 1000 par cen- timètre cube (après les pluies notamment). È 3 ÈS Se S £ Li & Ê SES l grêle des ECS alc AE > ar EH Uteripie eZ S u à Fond d& Tua @ a D D NNKK allon du côte à = Z / U 1 D FLE DS Q] À SR 7 LL LL , ne 4 + = : = @ Ville de LD LE LS Nes CD LPO ÉEÉLERTITR Si , MTÈES = ÿ WW, 7 È Se = SK + 4, DU LL — = = NIK — Eu ë SZ US LEE 7 RSR S as OO RS &Ÿ ABS © à CCD LL RS NIK UE À de LL S///LLLLLL Ÿ Ÿ es 3 CES & NAPPES NI Marnes AE QE Sr LS Z LL ù NK DEN & s— Se 7, ù NS subapenmnes ë EE à à 2 NN (impermeable) Se ENS NS = LI RK RK NS FiG. 18. — La Fonraxe pe Nîmes et sa production par une faille. Conpes longitudinale et transversale. P : : : PEL Source du Lez. — L'étude géologique du bassin d'origine de la source du Lez qui alimente Montpellier a été faite par MM. Delage et Mourgues. « Le Lez sort d'une formation essentiellement constituée par une alternance de calcaires et de marnes. Cette formation repré- sente le Néocomien inférieur, c’est-à-dire l'étage berriasien. Elle s'étale sur une grande surface et elle a subi des mouvements vio- lents qui l'ont fortement plissée et disloquée. Elle absorbe, à très peu près, la totalité des eaux pluviales qui tombent directe- ment à sa surface. Ces eaux s'y accumulent à de certaines profon- deurs et y sont retenues par les assises marneuses plus ou moins imperméables, ainsi que l’attestent les puits qu’on a creusés un peu partout dans la région. 21% ÉD. IMBEAUX 21 Fév. « Il y a lieu de remarquer qu’en dehors du Lez, aucun ruis- seau important ne sert d'écoulement aux eaux en question. Celles- ei sont-elles l'unique source d'alimentation du Lez? C’est pos- sible, étant données et l'étendue de l'affleurement berriasien et la quantité d’eau moyenne enregistrée annuellement par le plu- viomètre. « Cependant, au premier abord, on ne peut se défendre de supposer qu'une partie des eaux du Lez lui vient de bien plus loin en amont de sa source et en dehors du réservoir berriasien. Cette supposition, d’ailleurs toute gratuite Jusqu'à présent, est surtout provoquée par ce fait que le Lez, au contraire de la plu- part des autres cours d’eau, est déjà à sa source une rivière toute faite, c’est-à-dire que son débit y est considérable. « Outre les eaux de pluie, la formation berriasienne reçoit encore une masse d'eau importante, c’est celle du ruisseau le Lirou, dont la source est aux Matelles à quelques kilomètres en amont de celle du Lez. Le Lirou sort du Jurassique supérieur ou étage tithonique. Dès sa sortie, il se déverse entièrement dans les couches berriasiennes, où 1l coule ensuite souterrainement et superficiellement jusqu'à son embouchure dans le Lez. « Si donc l'apport de la pluie, d'une part, et l'apport du Lirou, de l’autre, ne fournissent pas toute son eau au Lez, il semble certain qu'ils contribuent pour une bonne part à son alimenta- tion ; et, lorsqu'on se place au point de vue de la contamination de ce ruisseau, 1l devient évident que les foyers d'infection peuvent être et sont en réalité si multiples qu'il est impossible d'arriver à les faire disparaître ». Le débit de la source du Lez qui paraît varier de 600 à 10.000 litres par seconde n'a pu être mesuré exactement d'une façon suivie à cause des difficultés qu'auraient présentées de telles mesures. On s’est contenté de noter régulièrement le niveau de l’eau dans le bassin, sur une échelle dont le zéro se trouve à S0 centimètres environ au-dessous du couronnement du barrage : ce niveau est évidemment en rapport avec le débit de la source. IV. —TERRAINS TERTIAIRES. Les terrains tertiaires, alternances de couches relativement minces de sable, d'argile et de calcaire, sont beaucoup plus variables de composition d’un lieu à un autre que les terrains plus anciens. Il est donc difficile d’en donner une description d’en- semble, mais il sera bon de rappeler que les sables étant géné- 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 245 ralement désagrégés, sont toujours très perméables, et que les calcaires étant en bancs peu épais laissent d'ordinaire passer l’eau comme au travers d’un cri- ble et filtrent généralement mal: l'importance des nappes dépend ER LL 4 0 LL surtout, bien entendu, de l’éten- Ë K IK | due des affleurements du terrain à | A | perméable. 5 h RQ | INR Bassin de Paris. — La grande \ IN | S étendue de terrains tertiaires qui EN RÈ : = règnent dans ce bassin a été bien # KR = étudiée; l'hydrogéologie en est EE N | è ligurée schématiquement dans le Éd ù É tableau ci-dessous, qui indique : IN £ également les divers niveaux d’eau 2 : | z qu'on rencontre sous Paris! (fig. ii IR 4 19). ii VA : Comme on le sait, en raison eue È de l'étendue de leurs affleure- nn ‘ A ments et de leur épaisseur relati- 2 4 É vement grande aux environs de À A SE Paris, les sables du Soissonnais sur si À LD l'argile plastique d'une part?, les à a a 1 Aù : 5 sables de Fontainebleau sur la É ”à HE: EN 4 marne à Huîtres de la base ou plus su 14 Ag = souvent sur les glaises vertes ja LIRE ë 5 d'autre part*, donnent naissance de Lo E = à deux grandes nappes aquifères, il ie AT à dont l'eau, filtrée par les sables, É \! NP Ê doit être de tous points excel- Ce de É lente. On pourrait certainement, Net = en choisissant des points conve- | si ! nables, saigner ces nappes par de dé à { A EN * & 1. Évice Géranps : Paris souterrain, 1 ù 3 s De On peut citer comme caractéristique £ ) R £ de ce niveau la belle ligne de sources de la E Ÿ i vallée de l'Oise près Pont-Sainte-Maxence À EU EST EU TR (fig. 20). Da À IN NH 3. MM. Ramond et Dollot ont bien étudié EE HE l'effet des eaux de cette nappe du Stampien ë L L À sur l’éboulement du tunnel de Meudon pen- dant sa construction : l’éboulement s’est produit quand on s’est trop approché de la base des sables de Fontainebleau trés aquiféres (fig. 21 et 22). 216 ED. IMBEAUX 21 Fév. belles captations souterraines : c'est ce qu'avait songé à faire la ville de Compiègne. La surface de la Brie, occupée par les meulières et marnes (Travertin moyen), est généralement imperméable et présente de nombreuses mares, [l en est de même de la grande forêt d'Or- léans (argile à silex du Burdigalien). Ces régions sont donc l'op- posé de la grande forêt de Fontainebleau qui ne contient pas d'eau à la surface, le sol laissant tout pénétrer dans la profon- deur. £ = La grande lentille de gypse qui aux environs de Paris va de Meulan à Château-Thierry, donne de nombreuses sources à son pourtour, mais les eaux sont généralement très dures : sources ESS [DrA] 7 04 Que An ue We N= Age = AUS ne LE n } nou nr st aast | Ce Le : Me, «| A AN Aria NS ce un Z$ Sables A FiG. 20, — Ligne de SOURCES DES SABLES YPRÉSIENS SUR L'ARGILE PLASTIQUE près Pont-Sainte-Maxence. de la vallée de l’Yvette (30° à 44°), sources de Rungis et d’Ar- eueil (38°), sources du Val Fleury à Meudon, sources de Saint- ‘Cloud, Garches et Montretout (30° à 60°), sources de la côte de Marly (48°), fontaine à Tonquin dans la vallée d'Yères (30°), ete. Les calcaires tertiaires ne sont pas moins caverneux et fissurés que les calcaires jurassiques : je vais en donner trois remar- quables exemples. 1. Les Sables moyens, du niveau de Beauchamp, contiennent souvent aussi une belle et bonne nappe : M. Maurice Morin la déclare constante et parfois arté- sienne sous le plateau d'Aulnay (Seine-et-Marne), tandis que les niveaux au-dessus des marnes à Pholadomyes et au-dessus des glaisesvertes sont les moins réguliers ctles moins abondants. Bull. Soc. géol. Fr., (4), VIT, 1908. \ | ; | OL He ADEME Axoyouof 2p SQ4S 79 SO[{eS | (uotuppue"]) tn ‘(Irano7 op opte) oprsure, Le hs (ar YO “uiod NN ee :XNOUOBT OP So[qeS |... Rte a Li oun ans 28879 | 2p ose ej e 9queaoduut odde e drnecessnceeeponmessssee k E 1J£ DUR = 6B79 I 9 [ EI R 9FUE7 N (l ra k . 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SOUTEN Je orne LA EE snos ‘AU 41) S9JU0A SOSIPIS S9[ ANS J10S E\« ‘soapinpz e souder saf ans J10s ‘oddeu opuear) [69 e opel ‘waod l- potes een BOITOULEIUOM: OP ISO1dES \ ee °S2H09S SOPI[PA : 9SISSB 97700 9SI9APIJ NBO/T loge e gel ‘wuod RE ce ne On ER | :++---(o0n80g 2 : qu \-ouquoyy 9P SOI9I[NOU SOQUUUT E DATBOTEE) op Le < eye c | ‘dur Je ne en rs ef) NP 2SSEIIOIN IL vo) uotueymby "SAnot. 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IMBEAUX 21 Fév. PREMIER EXEMPLE. — fiégion des sources de la Dhuis (alimen- tant Paris). — D'après M. Le Couppey de la Forest. - 44: 1207 50 ÉPOQUE = Terre vegetaie ACTUELLE d'mons QUATERNAIRE “Meulière - coillasse Re T7 TT enveloppée dans l'argile Jables jaunes, rougeatres, verdètres bleuatres,&*, argileux (à la base) "Sables de lontarneblest Le S FAMPIE N Marnes & huitres -, , Argrle verte & > VS: SR ie Marnes verdîtres 9 VE S: Q Marne blanche nie è « a Marnes bleues gYpseuses = u S Q Ÿ ù Z u “ è Q KR & + Q F1G. 21. — Coupe verticale des terrains traversés par le TUNNEL DE MEuDoN. Lessources de la Dhuis sont les plus anciennes des sources captées à grande distance de Paris. Achetées en 1859, elles virent leurs eaux intro- duites dans l’aqueduc le 2 août 1865, et la distri- bution régulière dans Paris en commença le 1 octobre de la même année. Situées à plus de 130 kilomètres de Paris, à l'altitude de 128 mètres, elles alimentaient à elles seules, avant leur capta- tion, le ruisseau de la Dhuis, petit affluent du Surmelin, qui lui-même se jette dans la Marne, rive gauche, entre Chà- teau-Thierry et Dor- mans, un peu en amont de la station de Mézy du chemin de fer de l'Est. Elles produisent environ 20000 mètres cubes par Jour. D'après les indications de la Carte géologique (feuille de Meaux), com- plétées par cellesqu'avait bien voulu nous fournir Léon Janet, le périmètre d'alimentation de la Dhuis devait être sensi- blement compris au Nord et au Sud, entre deux lignes est-ouest, consti- tuées l’une par le syncli- nal secondaire de Ja source de la Dhuis et l’autre par lantichinal secondaire du Bois-du-Tartre. En outre, il devait être limité par des lignes souterraines de partage d’eau qui restaient à définir, mais 219 E FRAN( à ) DE ES n D] AQUIFT S nl nl NAPPE 1910 + $ z ERA 2p 910) d83/0 * U07 0 , Soscf 04 ATIATHI *(soardnj8urA sinoqneu) 0110 19 PUOWUEBU ININ AU KOGATN HG IHNNAL np opeurpn8uor odno (RS 9 LA DESERT PRRAT 22 DEOR SET E D L e 12017 7 CE: CES z 1_OO0!1 e&e (er: 9 $ 0 naodns , Ÿ S1SS DS" (SEA DEN AIN I y y ee = EN F F E al ù NE G Te cEnirs 10 YA Ze, — a ofinde odd] 2 ‘vorje/ae p RL rrrrrere HOT ELSE RP SP 20'y+LE 1d V0Helée D SIf Ar *$67 d & Sù neèpaulejuo] 2p Sages | Ÿ À Fi Fm Fu nà as 30 NOTIVA W Ov 1 S L'NT72 0) Een £ z A Ë & O0/*0€ 34 "uoryessep 57104 0m WE 7,4 %, 2 V oyropsveg- long Dé NO) 06 __&6 $ woÉeueg cop oo, ap 2107 syenbiq ——— Sap|PAUI-SIJE4 220 ED. IMBEAUX 21 Fév. dont les positions extrêmes étaient, à l'Est, la vallée de Verdon et, à l'Ouest, la vallée du ru de Chézy. Cette région ainsi délimitée mesure environ 92 kilomètres carrés. Recouverte en partie par de nombreux bois (forêt de Rougefosses, bois de Pargny, bois Milon), elle est assez peu peuplée. Le sol y est constitué par du limon des plateaux, des calcaires et meulières de Brie (Tongrien), des argiles vertes (Tongrien), des marnes et calcaires supragypseux (Ludien), du calcaire de Champigny (Ludien) et des marnes à Pholadomya ludensis (Ludien). 1° Limon des plateaux. — Le limon des plateaux est relativement perméable. Il peut atteindre 5 à 6 mètres d'épaisseur et couronne les hauteurs entre les cotes 180 et 210. 29° Calcaires el meulières de Brie. — Cette assise n’a que 4 à 5 mètres d'épaisseur maxima. Quelquefois elle est détruite en partie et se réduit à 1 mètre. Elle se présente presque partout sous l'aspect d'une argile gris rougeâtre très imperméable empâtant des blocs de meulière. 3° Arqiles vertes. — Les argiles vertes constituent une couche de 2 mètres d'épaisseur entourant d’une façon presque continue l’affleu- rement des calcaires de Brie. En certains points, cependant, elles ont . été enlevées par la dénudation. Encore plus imperméables que les terrains précédents elles déterminent un niveau d'eau peu important. Les rares hameaux qui ont été construits sur le limon des plateaux sont tous alimentés en eau par des puits descendant jusqu'à ce niveau. La profondeur totale des puits rencontrés montre l'épaisseur des deux terrains, limon des plateaux et calcaire de Brie, qu'on a eu à traverser avant d'arriver à la nappe. Quelques-uns de ces puits sont un peu plus profonds. Ils ont été ainsi creusés plus loin afin de servir, en quelque sorte, de citernes ; car, la nappe des argiles vertes venant à tarir en été, il importe de constituer des réserves d'eau. On a alors creusé certains puits jusqu'à l'extrême limite desargiles vertes, c'est-à- dire presque jusqu'au contact avec les terrains plus perméables sous- jacents. Tous ces puits contiennent une eau provenant des égouts des terres et des cours des fermes avoisinantes : ils présentent les plus mauvaises garanties hygiéniques. On rencontre, en outre, quelques rares sources s'alimentant à cette même nappe. Nous citerons la source de la Sauvagerie et les deux sources dites les Queues. Ces sources tarissent du reste dès les moindres sécheresses et leurs eaux se perdent dans le sol presque immédiatement après leur émergence, dès qu'elles arrivent sur les couches supé- rieures du Ludien. Aussi toutes les vallées de la région, dont les argiles vertes forment le haut, sont-elles en temps ordinaire complè- tement sèches. 4° Marnes et calcaires supragypseux. — Ces terrains ont une assez grande étendue et ont une puissance moyenne de 7 à 8 mètres. Peu marneux dans leur partie supérieure et composés surtout d'alternances de lits de marnes blanches grumeleuses et de petits bancs de calcaire blanc, ils sont perméables en bien des points et se laissent traverser 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 221 par les eaux si ces dernières ruissellent lentement. Aussi toutes les vallées qui sont tracées sur cette formation sont-elles dépourvues de cours d'eau en temps ordinaire. Mais dès qu'il arrive de grandes chutes pluviales, le terrain se sature et les eaux ravinent le sol, donnant naissance à des ruisseaux au cours rapide. Les eaux, en dehors de ces époques exceptionnelles, s’infiltrent en terre mais n’y pénètrent pas profondément : elles sont retenues à une faible distance par des lits marneux plus compacts. Tous les puits forés, soit dans l'argile verte, soit dans le haut du gypse, s'alimentent à une nappe retenue par ces marnes blanches. Ces différents puits n'ont pas un régime beaucoup meilleur que ceux que nous avons vus s’alimenter aux argiles vertes. S'ils ne tarissent pas tous en été comme ces derniers, ils baissent souvent beaucoup. On observe également quelques sources sur ces terrains; nous signa- lerons : fontaine de Corrobert, source des Champs-Martin, fontaine Launay, fontaine de Montfrobert, source de la Charmoise, source du château la Marlière. 5° Travertin ou calcaire de Champigny. — Cette assise constitue la plus grande partie du sous-sol de la région considérée. Puissante de 20 à 25 mètres, elle se présente tantôt sous la forme d’un calcaire blanc avec nodules de silex exploité pour la fabrication de la chaux, tantôt sous la forme d’un calcaire siliceux très dur aux géodes de cal- cédoine, fournissant des matériaux d'empierrement. Sa partie supé- rieure a subi souvent une meuliérisalion analogue à celle que l’on observe pour l'étage de Brie. Ce travértin, très perméable, est sillonné de fissures. Les eaux sou- terraines y circulent avec une grande facilité et y déterminent la for- mation de vides ou de cavernes atteignant des capacités de plusieurs mètres cubes. Lors de l'exécution des travaux du chemin de fer de Mézy à Montmirail'ou lors des sondages géologiques effectués aux environs de la source de la Dhuis, on a eu l’occasion de mettre à jour certains de ces vides. Quelquefois ces cavités, par suite de la rupture de leurs parois, donnent naissance à des effondrements. Deux cas peuvent alors se produire. Si c'est le calcaire de Champi- gny ou même des assises supragypseuses plus calcaires que marneuses qui affleurent au-dessus des points où les effondrements se produisent, ces derniers se propagent jusqu'à la surface du sol et on est en pré- sence de bétoires ou de mardelles pouvant absorber les eaux superfi- cielles, Si au contraire, les formations précédentes sont recouvertes par des marnes blanches ou des argiles vertes, ces terrains étant très plastiques plient sans se désagréger. L’effondrement ne se manifeste plus que par un affaissement qui ne met pas en communication les eaux superficielles avec les eaux souterraines. Une exploration très minulieuse de la région considérée a révélé à M. Le Couppey de la Forest l'existence de 18 bétoires ou effondre- ments et des expériences à la fluorescéine lui ont montré qu'un certain nombre d'entre eux communiquaient avec les sources captées : cepen- [EZ 1 [ES ED. IMBEAUX 21 Fév. dant les eaux de la Dhuis paraissent moins facilement contaminables que celles de l’Avré et de la Vanne. DEUXIÈME EXEMPLE. — Ætude d'une rivière asséchée dans le calcaire de Beauce. — I s’agit de la rivière l'OEuf, près de Pithi- viers, dont le débit est allé en diminuant jusqu’à laisser de nombreux moulins à sec vers 1875. La question a été étudiée soigneusement par M. Debauve. Son bassin appartient à deux formations géologiques très différentes, la partie supérieure aux argiles du Gâtinais et la partie inférieure au calcaire lacustre de Beauce. Le plateau ondulé qui s'étend de Nemours à Chartres est formé par les sables de Fontainebleau et le calcaire de Beauce, terrain éminemment perméable, aussi n'est-il arrosé que par huit rivières; la principale est l'Essonne, dont l'OEuf est l'affluent. Au contraire, le Gâtinais est, comme le montre la carte, sillonné d’une multitude de cours d’eau qu'il est inutile d'énumérer ; ce pays tire son nom des gâtines, ou mares, dont il était autrefois recouvert et qui ont en partie disparu, par suite des drainages et des travaux effectués pour l'écoulement des eaux superficielles. La séparation entre les argiles du Gâtinais et le calcaire de Beauce est indiquée par une ligne qui passe entre la forêt d'Orléans et Pithi- viers, c'est-à-dire entre cette ville et l'origine de la rivière de l’OEuf. Ce cours d’eau a donc deux modes d'alimentation; dans la partie haute, terrain imperméable, il est uniquement alimenté par l'écoulement superficiel; dans la partie inférieure, terrain éminemment perméable, il ne faut compter que sur le produit des sources. L'origine de la rivière se trouve non pas dans des sources, la nature du sol s'oppose à leur existence, mais dans une série d'étangs qui reçoivent l'égout du versant nord-est de la forêt d'Orléans ; ces étangs sont munis de bondes de vidange qu’on ne lève que pendant l'hiver et qui emmagasinent pour l'été une certaine quantité d’eau. La suppres- sion de ces réservoirs n'améliorerait pas le régime du cours inférieur de la rivière et n'aurait pour effet que de priver d’eau pendant l'été les parties hautes du bassin. À mi-chemin environ entre la forêt d'Orléans et Pithiviers, le lit ou plutôt le fossé qui sert de lit à la rivière passe du terrain sablo-argi- leux au calcaire de Beauce. Pendant l'hiver, quand les eaux atteignent ce point de séparation, elles sont absorbées comme si elles passaient dans un crible; pendant l'hiver de 1875, la rivière présentait un assez fort débit tant qu'elle restait sur le terrain imperméable, mais, dès qu'elle atteignait le calcaire, elle s'évanouissait, et après quelques centaines de mètres de parcours, il ne restait pas une goutte d’eau. Il faut une humidité prolongée pour que les eaux, coulant en abondance dans la partie supérieure du bassin, arrivent jusqu’à Pithiviers. Après 3 ou 4 kilomètres de parcours sur le calcaire de Beauce, la vallée s'accuse davantage et la tourbe apparaît : elle repose sur le tuf calcaire, et son épaisseur atteint jusqu'à 8 mètres. La présence de la to) © 1910 NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE 29° tourbe indique bien la nature du cours d’eau : il est à très faible pente et n’est alimenté que par les eaux souterraines ; il n’y arrive pour ainsi dire pas d'eaux superficielles, car la tourbe ne se développe pas dans les eaux troubles. En effet, les plateaux de la Beauce ne con- servent jamais d'eaux superficielles; on ne voit nulle part une flaque d’eau dans les champs, qui s'assainissent en quelques heures à la suite des plus grandes pluies. Les vallées secondaires elles-mêmes ne portent trace d'aucun ruisseau; mais, à leur point de rencontre avec la vallée principale, on trouve en général une source assez importante. Les autres sources sont réparties le long du thalweg de la vallée principale; elles sont nombreuses à cause de la nature éminemment perméable du sol. A l’amont de Pithiviers, les sources, jadis pérennes, ont disparu; on les retrouve à leur ancien emplacement, mais au moins à 1 mètre au-dessous de leur orifice primitif.‘Il ÿ a donc eu abaissement progres- sif de la nappe d'eau qui les alimente. Ces sources n'existaient, bien entendu, que sur la formation calcaire ; dans la partie supérieure du bas- sin, notamment dans la forêt d'Orléans, on trouve des sources nom- breuses, mais elles sont insignifiantes et dispersées : on les rencontre aussi bien dans le voisinage des faîtes que dans les dépressions. Vu la nature générale du sol, elles tiennent en effet à des causes locales et accidentelles : 1l existe çà et là des veines de sable plus ou moins pur qui drainent la surface argileuse et qui abandonnent le produit de ce drainage, lorsqu'on les coupe ou lorsqu'elles apparaissent au jour. Ce n’est pas sur ces faibles suintements qu'il faut compter pour l’ali- mentation d'une rivière; ils sont incapables de produire le moindre ruisseau. j S1 la rivière de l'OEuf est asséchée, cela tient uniquement à l'abais- sement du niveau de la nappe souterraine qui alimentait les sources ; cette nappe se déverse maintenant à une altitude moindre qu'autre- fois, et le niveau des sources pérennes s’est abaissé en même temps qu'elle. TROISIÈME EXEMPLE, a) Eaux du val d'Orléans et sources du Loiret: — Les sources du Loiret ont de tout temps attiré l'attention. Les deux bien connues sont les sources bouillonnantes dites du Bouil- lon et de l'Abîme qui ne débitent jamais moins ensemble de 500 litres par seconde. Avant 1672, l'Abîme existait seul; mais le cours souter- rain a crevé la voûte de son lit en un autre point, et il en est résulté le Bouillon ou la source du Loiret, bien connue des touristes, et remar- quable par son bouillonnement très accusé en eaux basses. Pendant les gelées de décembre 1871, M. Sainjon a étudié une autre source bouillonnante, qui a disparu à la première crue, et qui s'était ouverte à Orléans même sur la rive gauche de la Loire. Le gouffre avait 12 mètres de profondeur et on apercevait nettement au fond les roches calcaires, ainsi que des couches d'argile verte. La ville de Paris a songé à capter et amener les eaux souterraines du Val d'Orléans, et une étude complète de ces eaux a été faite par *SAVTRIQ,A TVA np 9nbI801098041pAU 9189 — ‘68 ‘OL ° SAJSPIEN NO STUSUÉIDUSF ET + Sa)anos H SUPOISÉ.p SUIS f UIJNOH ND f A Po XNOULSIILETA enboazrÉergL£, to 19 © 1910. NAPPES AQUIFÈRES DE FRANCE M. Marboutin et Léon Janet et figure aux rapports de la Commis- sion de Montsouris (1900-1902). Nous en donnerons un résumé emprunté en grande partie à celui que M. Jules Bergeron a donné dans les Mémoires de la Société des Ingénieurs civils (janvier 1904) (fig. 23 à 26) : al deLoire ; i Fr TE w | | Gas Sénomiame | al La | ; Eee 18 l À ‘E : 4 à ÉE £É dE de ds | 5 ÊE 4 bé d El à À EX 2 S 8 ES 7 LE FiG. 24, — Coupe Nord-Sud, passant par ORLÉANS ET VIERZON. E à | Ë k à | R SE = S 19208 à = 5 iu9pDe)T 2 © A x SISU9JA1OTU PUVIJUPAVE) a T " HA 7 19)]001 Ée = # 1Y2PqUHIUIS 2 à É d : s © 2 7 © - À S =) Dezbiz E st 6 = = p: = | vosn/ à HLHV PJUUIUNIE *() ci \SHATIN TJ HAMOT sprovab res J'IHIASHNOLG WN}IEAJUOIGNS HDOU HLI10Q LVAUT) HLHVH SATA NT ‘(ueunpong 'g *S) AAUALIIONY 1910 COUCHES A O0. ACUMINATA ET FULLER’S EARTH 261 lent du Fuller’s Earth anglais, mais un dépôt, formé dans des conditions analogues, et correspondant au Bajocien supérieur. Ce terme Vésulien semble donc être d’une utilité médiocre, comme un certain nombre d’autres servant à désigner des faciès régionaux et dont la nécessité est contestable. Je ne vois pas ce qui pourrait m'empêcher, si je voulais suivre l'exemple donné, de créer un nom de plus pour le faciès à fossiles siliceux de Sennecey-le-Grand. Je crois done pouvoir établir le tableau comparatif ci-contre, mais en faisant observer qu'il faut laisser, au point de chan- gement des zones, suivant les régions, une certaine latitude ; car il n’est évidemment pas possible d'établir un parallélisme pour ainsi dire tracé à la règle. Je dois à l’obligeance de M. S. S. Buckman la série des zones anglaises : les zones des autres régions sont données d’après les divers ouvrages cités précédemment, et aussi en grande parte d’après mes observations personnelles. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES PHÉNOMÈNES DE CAPTURE DANS LE BASSIN PARISIEN PAR À. Guillerd. M. W. M. Davis! a signalé les phénomènes de migration des lignes de faites et de capture qui se sont accomplis vers les temps tertiaires en Champagne. Nous ne rappellerons que brièvement ces événements dans la limite où M. Davis les a étudiés et qui, ainsi considérés, intéressent les rivières du Surmelin, du Petit et Grand Morin. M. Albert de Lapparent? a rattaché ces modifications à l'époque géologique qui a suivi la vidée sur la Loire du grand lac oligocène de Beauce et a vu par une série de relèvements vers le NE. le fond de l'ancienne pénéplaine porté à la cote 180-210 où on la trouve aujourd'hui. A la suite de ce déplacement négatif du niveau de base les rivières ont commencé un nouveau cycle creusant à nouveau leurs anciens lits et s’allongeant sur le territoire asséché. Le travail d’érosion s'est poursuivi d'une façon inégale en raison des condi- 1. M. Davis. La Seine, la Meuse et la Moselle. Annales de Géographie, V, p.25, 1895. 2. A,DE LAPPARENT. Géographie physique. nm 62 A. GUILLERD 21 Fév. 12 tions génétiques des territoires déterminant ou accentuant la falaise d'Ile-de-France qui domine la plaine crayeuse de Cham- pagne. M. Davis a montré qu'entre la-Marne et l'Aube, trois rivières ont dû exister : la première était constituée par les eaux du Sur- melin prolongé par la Soude, la deuxième comprenait le Petit Morin continué par la Somme et le ruisseau de Vaurefroy et la troisième réunissait le Grand Morin, le ruisseau des Auges et la Maurienne. Alors que ces cours d’eau cherchaient à entamer la falaise ter- tiare très résistante, à la faveur d’un facile affouillement de la craie, le long de la falaise, deux affluents subséquents se formaient qui devaient être la Somme-Soude tributaire de la Marne et la Superbe affluent de l’Aube. Nous n’entrerons pas dans le détail des procès par lesquels la Somme-Soude décapitait le Surmelin et le Petit Morin, la Superbe capturait le tronc supérieur du Grand Morin dont une partie, le ruisseau des Auges, devenait obséquente, ni les formes topographiques qui justifient et expliquent ces phénomènes. C'est entre le Grand Morin et le Montois, au bord oriental de la falaise, que se placent nos observations. Un affluent du Grand Morin, l’Aubetin qui s’y jette à Pom- meuse et prend sa source à Saint-Genest-Bouchy, offre sur les 64 km. de son cours tous les caractères d’une rivière déchue. L'Aubetin n’est plus guère pérenne que sur le tiers inférieur de son cours, et sur la partie antérieure 1l est plus ou moins obstrué par les apports des petits affluents latéraux. Entre Courtacon et Augers, sur plusieurs kilomètres, il entretient une zone maréca- weuse. D'une façon générale sa vallée est tout à fait dispropor- tionnée avec l’insignifiant cours d’eau qui la parcourt actuelle- ment; elle est, de plus, marquée par un alluvionnement assez puissant que n’explique pas son importance actuelle. Fait digne de remarque, cet alluvionnement se poursuit notablement en amont des sources actuelles de lAubetin. Tout fait pressentir une rivière amoindrie par un phénomène de capture. En effet, en considérant la Noxe, affluent subséquent de Seine, nous voyons que cette rivière, à allure torrentielle, est venue par érosion régressive entamer la falaise tertiaire en voie de soulève- ment. C’est par une véritable coupure, signe d’une modification récente, qu’elle remonte de la vallée de Seine à la fontaine Van- noise qui est sa source pérenne. Mais en poursuivant le thalweg en amont de cette source, nous le voyons entamer à son tour le 1910 CAPTURES DANS LE BASSIN DE PARIS 263 plateau, entrer en pleine formation ludienne, jusqu'aux environs de « La Forestière » vers un point les « Aïglots », abime long de 300 m. sur 100 m. de large et 20 m. de profondeur. Ce gouffre, le plus remarquable, croyons-nous, du Bassin pari- sien, se {trouve précisément à notre sens, au « coude de capture » où l'Aubetin a été décapité par la Noxe de ses eaux supérieures qui lui étaient fournies par les ruissellements et les étangs de la forêt de la Traconne. Comme on le voit ce phénomène de capture superficielle à été aggravé par une capture souterraine, la rela- tion existant entre la perte des Aiglots et les sources de la vallée de la Noxe ne faisant aucun doute, ainsi que nos diverses obser- vations—relations de turbidité, température, résistivité électrique — nous l'ont démontré. Il est possible que la capture prépondérante ait été souterraine comme dans le cas de stade moins avancé que M. Fournier a décrit sur le ruisseau de Serre affluent de l'Aveyron et se perdant au profit de la vallée du Lot". Nous avons pu voir en effet, au cours de cette dernière saison humide, la région de La Forestière, écouler sur la Noxe, venant de la forêt de Traconne, environ 1000 litres à la seconde, dont 500 passaient par la voie souterraine. Les Aiglots à eux seuls absorbaient environ 3 à 400 litres et 150 s’échappaient directe- ment du gouffre gorgé par le « détourneur subséquent ». A la suite de l’ablation de ses eaux de tête et comme il est général, l’'Aubetin s'est raccourei au-dessous du coude de capture. Son thalweg est de nouveau très affirmé à 3 km. de ce point et à peine un seuil de 12 m. sépare les troncs principaux des deux cours d’eau. Les ruissellements affluents qui remontent ces pentes ne sont, par endroits, séparés sur quelques centaines de mètres à peine, que par des différences de cote de 2 m. Si comme on le pense généralement, on peut voir, dans la dis- tance qui sépare le cours d’eau amoindri du coude de capture, une expression de l’âge du phénomène, nous estimons que la décapi- tation de l’Aubetin doit être relativement récente ainsi que l'absence d’un ruisseau obséquent au coude de capture en témoigne également. É Enfin nous avons dit qu'une tradition très tenace dans la région veut que l’Aubetin ait été une rivière puissante ?. Nous pensons 1. E. Fournier. Sur un nouvel exemple du phénomène de capture des cours d’eau superficiéls par érosion souterraine. B. S. G.F., (4), t. IT, 1902, p. 380. 2. Jusqu'en 1695, l'Aubetin a entretenu l’une des plus grandes nappes d’eau du gouvernement général de la Champagne. V. Pressigr. Formation simultanée du Plateau et des Vallées de la Brie. 264 A. GUILLERD 21 Fév. que ces souvenirs rapportés par les hommes doivent avoir leur explication dans le fait que la capture souterraine des Aiglots a pu s'effectuer dans l’origine au profit de diaclases qui ramenaient le produit engouffré à des zones émissives tributaires du même versant ; puis progressivement ces diaclases ont entraîné les eaux x 6 À É à : jusqu'aux couches de l’Argile plastique qui affleurent dans la val- lée de la Noxe: et il est à penser que le drainage souterrain el Il to) ? Goufre ° /a forestière Goufre, Goufre des Aiglots fre des Aïg D NY £ mme France / mms Ÿ ‘2/315e Fig. 1. — Région des sources de l'Aubetin et de la Noxe. grossi par des captures nouvelles, s'effectuera de plus en plus en faveur de cette vallée. L'Aubetin paraît d'ailleurs menacé sur d’autres points plus en aval et il est permis de prévoir, pour un avenir encore éloigné sans doute, la disparition de ce petit cours d'eau comme entité hydrographique. Fossiles DE LA CHaouîa (MAROC OCCIDENTAL) RECUEILLIS PAR M. PAUL JoRDAN PAR Henri Douvillé. M. Paul Jordan, ingénieur au corps des Mines, m'a remis un certain nombre de fossiles qu'il a recueillis dans la région est et nord-est de la Chaouia. On sait que cette région est située sur le prolongement d’une grande bande de terrains paléozoïques qu'on peut suivre depuis le Sous et qui est dirigée NNE. Le premier point fossilifère observé à l'Est de Casablanca est situé un peu au Nord de Sidi Nador, au pied du plateau crétacé ; il est constitué par des grès calcaires à Orthis; sur le plateau même au Sud de la Kasba ben A hmed affleurent les calcaires à silex déjà signalés par M. Louis Gentil, avec Spirifer Rousseaui VErx., Sp. Trigeri Verx., Uncinu- lus subwilsoni D'Ors. Ce faisceau de couches vient couper au NNE. l'Oued Zamren et l'O. el Atteuch ; dans la première de ces vallées, M. Jordan a observé immédiatement au Nord du Fort du 8 Mars des grès à Orthis en couches bien réglées, dans lesquels est intercalé un banc de calcaire noir schisteux épais de 2 à 3 mètres, puis un peu au delà un calcaire à Encrines. Plus loin, au Sud-Est du Fort Youlas, à la montée du plateau de Tafrent, se montrent des calcaires à Polypiers (Zaphrentis? Metriophyllum) et à Chonetes. Le gisement le plus intéressant est situé à l'Est du Fort Gur- gens, dans les escarpements de la rive droite de l'Oued Dalia, un peu en amont de la Zaouia de Sidi Amor : c'est un calcaire à texture grossièrement cristalline riche en Brachiopodes : Spirifer secans BARR., Afrypa prisca SCHL. (très commun), Unci- nulus subwilsoni D'Ore8., Rhynchonella subacuminata ROEMER, Pentamerus. C'est une faune bien différente de celle de la Kasba ben Ahmed, et rappelant celle de Konieprus. En continuant à s'avancer dans la direction du NNE, M. Jor- dan a constaté que les couches s’'infléchissaient dans la direction du NNW. en suivant la vallée de l'Oued Cherrat ; sur le flanc droit de cette vallée au Sud-Est et au Nord-Est du Camp Boul- haut, il a recueilli dans des calcaires noirs deux Trilobites très intéressants, T’hysanopeltis speciosa Conrap et Asaphus cf. fecun- dus BARR. 266 HENRI DOUVILLÉ 21 Fév. La première de ces espèces est tout à fait caractéristique du gisement de Konieprus; rapprochée du gisement précédemment cité du Fort Youlas, elle montre le développement dans toute cette région de cette faune particulière considérée aujourd'hui comme un simple faciès du Dévonien inférieur. Il serait intéres- sant de fixer ses rapports stratigraphiques avec le gisement de la Kasbah ben Ahmed à Spirifer Rousseaut. Sur le plateau crétacé du Sud, M. P. Jordan a recueilli quelques échantillons intéressants : c’est d'abord, un peu à l'Est de l’affleure- ment dévonien, un calcaire grenu blanc avec Neithea æquicostata, Pycnodonta cf. vesiculosa, Pterodonta qui paraît devoir être attri- bué au Cénomanien ; près de la Kasbah même, dansles terres rouges de la surface, il a été ramassé une Ammonite assez usée ayant l’ap- parence d'un Acanthoceras. En la cassant avec précaution il a été possible de dégager les tours internes qui montrent (au diamètre de # centimètres) un ombilie étroit de 8 millimètres autour duquel on distingue une couronne de 7 gros tubercules allongés, de chacun desquels partent 2 ou 3 grosses côtes un peu infléchies en avant dans la région siphonale. Au tour suivant les tubercules ombilicaux disparaissent, mais les côtes persistent. Cette forme est voisine des Fagesia et en particulier de F. fhevestensis PERON ; elle est bien certainement turonienne. On voit que ces observations viennent confirmer entièrement celles qui avaient été faites antérieurement par notre confrère M. L. Gentil !: elles les complètent en montrant l'extension dans la région nord du faciès de Konieprus. M. Louis Gentil est heureux d'apprendre les belles trouvailles de l'in- génieur Paul Jordan, en Chaouia, etl’importance des déterminations de M. Henri Douvillé. La faune dévonienne de l’oued Cherrat confirme la détermination d'âge qu'il a donnée aux calcaires qui se poursuivent dans cette vallée, elle appuie également la faune coblentzienne qu'il a découverte à Djemà Salinin *. M. Gentil est également heureux de voir constatée, par un observa- teur distingué, la disposition tournante de la chaîne hercynienne qui, après avoir longtemps suivi une direction varisque, prend brusque- ment une direction armoricaine dans les Chaouïa ?. En ce qui concerne le plateau crétacé des Mzab il se félicite de voir confirmée par des fossiles l'existence présumée du Cénomanien sous le Turonien du plateau de Settat. Quant à l'Ammonite turonienne de Ben Ahmed, rapportée par M. Jordan, elle appuie la détermination, avec figures, donnée par J. Wal- 1. L. Genis. Rapport sur une mission scientifique au Maroc. Nouvelles archives des Missions scientifiques, X VIIT, 1909, p. 33-34. DPVÉOC ACL. De 40-44 1910 FOSSILES DE LA CHAOUIA 267 ther, sous le nom d’Acanthoceras Pferli, à un exemplaire trouvé un peu au Nord de la Qasba par le voyageur von Pfeil. Walther a rappro- ché cette Ammonite de Acanthoceras Footeanus Srozr. citée par M. Choffat dans le Turonien du Portugal t. SUR LA PRÉSENCE DU CRÉTACÉ AUX ÎLES CANARIES PAR J. Cottreau Er Paul Lemoine. La géologie des Iles Canaries a déjà été beaucoup étudiée?. Les volcans modernes forment presque entièrement ces îles; cepen- dant Leopold von Buch* y a signalé des roches anciennes (diorite, diabase) formant le soubassement de l'archipel; C. Gagel* les à récemment étudiées, puis Doelterÿ a mentionné l'existence de schistes et de calcaires à Mazo, l’une des îles du Cap Vert. On con- naît d’ailleurs l'existence de Tertiaire (2° étage méditerranéen) à Madère, aux Açores, à la grande Canarief. Jusqu'à présent, à notre connaissance, le Crétacé n’a Jamais été signalé dans ces archipels. Aussi, en lisant un récent travail sur la flore des Iles Canaries7, fort intéressant au point de vue des conclusions d'ordre biologique qui s'y trouvent®, l’un de nous a-t-il été frappé de l’assertion qui s’y trouvait de l'existence de dépôts du Crétacé supérieur. Il a immédiatement écrit à l’auteur pour lui demander des rensei- gnements sur cette découverte. Voici ce que M. Pitard a bien voulu lui répondre : « J'ai signalé avec certitude auprès de Las Palmas et à l’île de Fer (Hierro) des couches très probablement crétacées, remplies de 1. Joacaim GRar von Preis. Begleitworte zur Routenkarte meiner Reisen in Marokko. Mitt. d. Geog. Gesells. zu Iena, XXI Band, 1903, p. 59-60, fig. 2-3. 2. Pour la bibliographie, voir Suess, La Face de la Terre, édition française, Paris, A. Colin, t. II, 1900, p. 214-215. 3. Leoporn von Bueu. Physikalische Beschreibung der Kanarischen Inseln. Berlin, 1825, p. 291-292. 4. C. Gacer. Uber das Grundgebirge von La Palma. Monalsher. d, d.deutschen geol. ges., LX, 1908, n° 2, pp. 25-31, 1 pl. (2 photos). 5. C. Doerrer. Die Vulkane der Cap Verden und ihre Produckte. Gratz, 1882. 6. À. Rorarzerz et V. Simonezur. Die marinen Ablagerungen auf Gran Canaria. Zeitschr, d. deutsch. geol. ges., XLIT, 1890, pp. 677-736, pl. XxXxv-XXXvI. 7. Prranp et Prousr. Les Iles Canaries. Flore de l'Archipel. Paris, Klincksieck, 502 pp., 27 fig., sans date (préface de mars 1908; paru probablement fin 1908). 8. Pauz Lemoine, La flore des Iles Canaries et la théorie de l'Atlantide. La Géo- graphie, XX, n° 15, juillet 1909, pp. 44-47. 268 J. COTTREAU ET P. LEMOINE 21 Fév. Bryozoaires à Las Palmas! et peut-être même riches en autres fossiles que je n’ai pas eu le temps de chercher. « À Hierro, les assises calcaires étaient riches en moules internes de Mollusques divers... je possède seulement un Oursin régulier, facilement déterminable...; il vient de Valverde, à Hierro, et plus particulièrement de Barranco de la Caleta, en compagnie de bivalves, Crassatella et autres. « Ce même terrain ou tout au moins un étage crétacé doit exis- ter dans l’île de Fuenteventura, près Puerto de Cabras; car mes échantillons de Lichens rupicoles végétaient sur un calcaire blanc. Or aux Canaries les roches éruptives recouvrent à peu près tout. o /Larizarot a {de Palma {fuerteventurs 5 VE ES (y de lener/fe vÉ Cr. hs Palmas (€) () CJu by 3 Valverde 1 Hierro (l de Fer) Grande Canarie FiG. 1. — Carte schématique des Iles Canaries avec l'indication des gise- ments crétacés (Cr.)"et tertiaires (T). Près de cette même ville, on remarque des grès très fossilifères, à faune probablement miocène. « L'archipel aurait donc eu un socle sédimentaire et aurait émergé non pas au Pléistocène, mais se serait en presque tota- lité effondré à cette époque : l'activité volcanique correspondrait donc à un affaissement, comme toujours, et non à une émersion de cette région. » Seul, l Ours nous a été communiqué. L'existence du Crétacé aux Iles Canaries n’a pas seulement un 1. I s’agit peut-être là des couches miocènes signalées par Rothpletz et Simo- nelli. 1910 CRÉTACÉ AUX ILES CANARIES 269 intérêt au point de vue de la géologie de cet archipel. Il en a aussi un au point de vue de la paléogéographie ; car les Canaries constituent un Jalon nouveau qui relie les gisements crétacés du Maroc, désormais bien connus, dont les plus méridionaux et les plus voisins des Canaries sont ceux de l’oued Sous et le gisement de Dakar au Sénégal qu'ont fait connaître Peron! et M. Chau- tard?. Il apparaît donc de plus en plus indiscutable que la mer cré- tacée s'étendait fort loin dans l'Atlantique et que la séparation en deux parties du continent africano-brésilien est antérieur à cette époque. L'unique Oursin, d’ailleurs assez bien conservé, recueilli par M. Pitard, appartient au genre Discoidea et à l'espèce Discoidea pulvinata Desor : c'est une variété de grande taille qui se carac- térise ainsi : DISCOIDEA PULVINATA DEsor var. major, 1847. — Discoidea pulvinata Desor. Catal. raisonné des Echinides, p. 89. 1858. — Discoidea pulvinata Desor. Synopsis des Echin. foss, p. 179. 1899. — Discoidea pulvinata Des. in Fourrau. Revision des Echinides fossiles de l'Egypte, p. 626. Mém. de l'Institut Egyptien. 1901. — Discoidea pulvinata Des. in Fourrau. Notes sur les Echinides fossiles d'Egypte. Institut Égyptien, série IV, vol. 2, p.16, pl. 1, fig. 10-12. Discoidea pulvinata var. major, des Canaries, mesure : dia- mètre, 32 mm.; hauteur, 24 mm. De grande taille, renflé à l’ambitus, il présente une face supé- rieure légèrement subconique et une face inférieure pulvinée à bords arrondis. Le pourtour est franchement sub-polygonal, au lieu d’être arrondi comme chez l'espèce type de plus petite taille provenant d'Égypte. L'Échinide des Canaries est un peu usé à la face supérieure qui ne montre pas tous les détails de l'appareil apical. Les aires ambulacraires atteignent une largeur de 5 mm. à l'ambitus : sur les échantillons d'Egypte elles ne dépassent pas 3 à # mm. Les zones porifères sont droites, les paires de pores ne se multiplient pas près du péristome ; à peine quelques-unes accusent-elles à cet endroit une très légère déviation. 1. PErox. Au sujet de l'existence du Crétacé supérieur au Sénégal. B.S. G.F., (4), V, 1905, p. 166-169. 2. J. Caaurarp. Observations au sujet de la note de À. Peron sur le Crétacé supérieur du Sénégal. Zhid., p. 628. 270 J. COTTREAU ET P. LEMOINE 21 Fév. Par suite d'usure, les tubercules ne se distinguent qu’à la face inférieure et au voisinage de l’ambitus. Près du péristome il y a deux rangées ambulacraires de tubercules scrobiculés, cré- nelés et perforés qui se multiplient rapidement de sorte qu’on compte à l’ambitus Jusqu'à six rangées verticales. L'espèce d'Egypte ne présente pas plus de quatre rangées de tubercules dans les aires ambulacraires. La même observation s'applique aux aires interambulacraires. Discoidea pulvinata var. major des Canaries montre au voisinage de l’ambitus dix-huit rangées verticales de tubercules interambu- lacraires formant dans chaque plaque une rangée linéaire sauf le second et le quatrième à partir des zones porifères qui sont plus haut que les autres. Discoidea pulvinata d'Egypte ne possède que dix rangées verticales de tubercules interambulacraires, le second A B C Profil. Face supérieure. Face inférieure. Fic. 2. — Discoidea pulvinata Desor var. major. Nora. — La ligne blanche qui se remarque sur le périprocte indique son contour vrai, le test ayant été brisé sur une partie de la bordure, tubercule seul étant plus haut que les autres. De très fines gra- nulations remplissent les intervalles entre les tubercules. Le péristome mesure 7 mm., on y remarque de belles entailles branchiales. Le périprocte ovale est acuminé vers l'ambitus. Il faut enfin noter des renflements très apparents dans les aires interambulacraires dus à la présence des cloisons internes carac- téristiques des Discoidea : ces renflements observés et signalés par M. Fourtau sont encore plus sensibles sur cet échantillon. En résumé le Discoidea pulvinata des Canaries diffère de celui d'Égypte uniquement par son contour franchement pentagonal, ses aires ambulacraires plus larges, ses tubercules plus nombreux. Ces caractères différentiels sont dus à la taille plus grande de l'individu. Discoidea pulvinata est done représenté aux Canaries par une variété de grande taille. + = 1910 CRÉTACÉ AUX ÎLES CANARIES 2 Locazrré. Valverde, Hierro (île de Fer), Groupe des îles Canaries. Niveau. Discoidea pulvinata se trouve en Égypte dans le Céno- manien moyen avec Ærogyra africana et également au même niveau en Algérie. L'extension de cette espèce aux Canaries est importante car elle prouve l'existence du Crétacé supérieur, pro- bablement Cénomanien ou Turonien qui n'avait pas encore été signalé dans ces îles. M. Louis Gentil apprend avec un réel plaisir la belle découverte de MM. J. Cottreau et P. Lemoine sur la présence du Crétacé aux Iles Canaries. Elle arrive à point pour donner un commencement de véri- fication à l’idée qu'il a émise dans ses communications, d’un ennoyage sous l'Océan des plis tertiaires de l'Atlas marocain entre la côte d'Aga- dir et les îles espagnoles. On ne connaissait Jusqu'ici dans ces dernières que du Néogène et de l'Éocène, et l'existence du Cénomanien à Hierro est capitale au point de vue spécial de la précédente communication de M. Gentil. NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LA STRATIGRAPHIE ET LA TECTONIQUE DE LA CORSE ORIENTALE Par M. Eugène Maury. Je me propose, dans cette note, d'exposer les observations que j'ai faites, depuis deux années, en parcourant la Corse orientale. Ces observations me permettent de préciser la stratigraphie ; et elles viennent toutes à l'appui des conclusions tectoniques aux- quelles nous avons, M. P. Termier et moi, été conduits dès 1908. I. HisroriQuE Parmi les travaux les plus complets qui ont été publiés sur la géologie générale de la Corse, il faut citer ceux de MM. Hollande et Nentien. Les travaux antérieurement publiés ne sont que de courtes notes, citées et résumées par ces deux auteurs. L'ouvrage de M. Hollande! nous donne des renseignements assez précis sur la bande infraliasique et sur les divers niveaux miocènes. Mais les coupes trop schématiques ne fournissent qu'une idée imparfaite de la stratigraphie et surtout de la tecto- nique de la Corse. M. Nentien, dans son ouvrage?, s'est occupé presque exclusi- vement des roches éruptives et des schistes cristallins, qu'il a étudiés avec beaucoup de soin au point de vue minéralogique ; mais sa carte géologique de la Corse à 1/320 000 publiée par le Service de la Carte géologique de France est une œuvre synthé- tique vraiment remarquable. Cette carte a été pour moi un guide précieux dans mes recherches pour la confection des cartes détaillées à 1/80 000. Depuis lors et jusqu’à la fin de 1907, plusieurs notes ont été publiées sur les terrains sédimentaires de l'île. Moi-même, depuis plusieurs années que je m'occupe de la géologie de la Corse, j'ai publié diverses notes ; mais, rédigées à la suite de chaque cam- pagne, elles ont besoin d'être reprises et corrigées, car au début de mes recherches, au milieu d’une stratigraphie si confuse et si compliquée, j'ai eu des idées inexactes et erronées sur la tecto- nique des régions étudiées. A la fin de 1907, M. P. Termier a été 1. Horraxne. Géologie de la Corse. Ann. des Sciences géol., IX, 1877. — Sur les gites métallifères. Sur les terrains tertiaires. Le littoral de la Corse s'élève depuis l'époque quaternaire. Terrains sédimentaires de la Corse. B.S. G. F., (3), . IV, 1875-1876, pp. 30, 34, 86, 431. 2, Nenriex. Études sur la constitution géologique de la Corse. Mém. Serv. Carte géol. France, 1897. 1910 STRATIGRAPHIE ET TECTONIQUE DE LA CORSE 213 amené, par la considération de la minute, tracée par moi, des contours géologiques de la feuille de Bastia, à l'hypothèse de l'existence de grands charriages dans la Corse orientale. Il a exposé cette hypothèse iei même; et nous l'avons longuement diseutée, lui et moi, par correspondance. Au printemps de 1908, j'ai pu me convaincre que cette idée était exacte, et que toute la tectonique corse, jusque là obscure, s’éclairait dès que lon y introduisait la notion des grandes nappes. Dans une première note, j'ai fait connaître! qu'il existait en Corse des nappes de recouvrement analogues à celles des Alpes dans les Schistes lus- trés de la région de Bastia, ces Schistes lustrés étant d’ailleurs le prolongement au Sud de la zone des Schistes lustrés du Piémont et de la Ligurie, auxquels ils ont été assimilés pour la première fois par M. Haug*?. Bien que je n’aie pu établir encore comment sont disposées exactement ces diverses nappes, moins simples que je ne croyais au premier abord, il n'est pas douteux pour moi que l’on a une succession de nappes empilées, dans le com- plexe des Schistes lustrés. Mais ily a plus. Des terrains sédimentaires triasiques et infra- liasiques se trouvent en superposition directe sur les schistes lustrés, alors que ceux-ci représentent, comme dans les Alpes, une série compréhensive renfermant tout au moins les niveaux inférieurs du Secondaire, et comprennent peut-être aussi les divers niveaux crétacés et peut-être même la base de l'Éccène. IL y a donc une nappe supérieure aux Schistes lustrés, reposant sur eux par une surface de charriage. En mai 1908, M. P. Termier observa que la base de cette nappe supérieure, le long de la sur- face de charriage, est formée par une lame de granite écrasé, lame dont l'épaisseur varie de zéro à plusieurs centaines de mètres. Quelques mois après, je pus constater l'exactitude de cette observation décisive, et je retrouvai à St-Florent le granite écrasé, vu par M. P. Termier à Ponte-Leccia et à Maceimaggio. Dès lors, le charriage n'était plus une hypothèse. Sur la zone des Schistes lustrés de la Corse, il y a des lambeaux, plus ou moins vastes, d’une nappe charriée, à la base de laquelle on trouve du granite *. Si les lambeaux de granite sont très réduits et rendus le plus 1. E. Maury. Sur la présence de nappes de recouvrement au Nord et à l'Est de la Corse. CR. Ac. Sc., CXLVI, p. 945, 1908. 2. Eu. Hauc. Études sur la tectonique des Alpes Suisses. B.S. G.F., (3), XXIV, p. 552, 1896. 3. P. Terwier et E. Maury. Surles nappes de la Corse orientale. CR. Ac. Sc., t. CXLVI, 1908, p. 1426. 19 novembre 1910 Bull. Soc. géol. Fr. X. — 18. EUGÈNE MAURY 21 Fév.” 10 + > souvent méconnaissables à première vue, à St-Florent et au Cap Corse ; ils sont très développés dans la région de Corte que ie lee ensuite. Depuis lors, M. Deprat ! a signalé plus au Sud des phénomènes semblables. Enfin, J'ai constaté que le phénomène de charriage est complexe, et que la nappe de terrains non métamorphiques est parfois double. Je vais exposer l'allure de ces nappes à la base desquelles on trouve toujours le granite écrasé ou laminé. Nous verrons com- ment ce granite se relie au granite qui forme la région occidentale de l'île. Mais auparavant je veux donner un aperçu des divers étages sédimentaires. IT. STRATIGRAPHIE Au-dessus des granites qui constituent les deux tiers de la sur- face de la Corse, on ne trouve d’autres terrains primaires plus anciens que le Carbonifère Le Dinantien se trouve aux environs de Galeria, où j'ai signalé pour la première fois la présence de marnes à Productus semire- ticulatus associés à des calcaires à Encrines déjà connus. Les autres lambeaux de Carbonifère sont nombreux dans la partie occidentale où une couche de charbon a été exploitée à Osani ; on en trouve aussi à Mausoleo, à Moltifao et à Asco sur le bord du Tartagine et de l'Asco. Ils représentent le Wesphalien avec des poudingues et des grès et le Stéphanien avec des ardoises à végétaux et assises charbonneuses surmontées encore par des grès. Le Permien est peu distinct; à Osanti il est sous la forme de conglomérats porphyriques et dans les environs de Ponteleceia et de St-Florent il est intimement uni aux conglomérats du Trias inférieur où apparaissent des argiles violacées plus où moins gré- seuses. Ensuite apparaît la série secondaire depuis la base du Trias jusqu'au Lias. Cette série qui forme en dehors du Tertiaire (Eocène et Miocène) une série complète non métamorphique, ne repose Jamais directement sur le Carbonifère : elle est toujours sur les gneiss et granites. Le faciès des divers termes ressemble au faciès briançonnais de ces mêmes terrains dans les Alpes françaises. En dehors des fossiles de la lumachelle infraliasique depuis long- temps connus, il n'existe que les Bélemnites du Lias dans les eal- caires qui la surmontent. Comme ces terrains ont participé aux J. Derrar. Sur la persistance, à travers toute la Corse, d'une zone de contacts anormaux, etc. CR. Ac. Sc., 12 octobre 1908. 1910 STRATIGRAPHIE ET TECTONIQUE DE LA CORSE 219 grands mouvements de charriage avec le granite sous-jacent, la stratification est très confuse entre les divers étages. Des sup- pressions et des amincissements d'assises produits par les lami- nages intenses donnent une physionomie bien particulière à toute cette série sédimentaire Nous avons pu cependant y distinguer : 1° Le Trias inférieur, en général bien développé, formé à la base par les quartzites blancs de la base du Trias des Alpes, mais dont les affleurements sont très réduits ; puis des conglomérats et des grès avec des éléments formés aux dépens de toutes les roches cristallines anté- rieures et jamais n1 schistes lustrés, ni roches vertes. 2° Le Trias moyen formé par des calcaires très durs et très compacts ayant l'aspect marbré et moucheté du calcaire coquillier de Provence. 3° Le Trias supérieur formé par des argiles jaunâtres et des barres de cargneules parfois bien développées ; mais les argiles ont le plus souvent disparu par le laminage et il n'en existe qu'un ou deux lam- beaux au Nord de Soveria. 4 L'Infralias bien représenté et toujours fossilifère, constitué par des calcaires magnésiens jaunâtres et la lumacbelle. Cette lumachelle contient des fossiles que l’on ne peut reconnaître qu'accidentellement, car ils sont en bien mauvais état. On y reconnaît cependant l'Avicula contorta PorrL., la T'erebralula qregarea Suess, des Pentacrines et des débris d’une Plicatula. 5° Au-dessus de cet Infralias on trouve un calcaire le plus souvent bréchoïde d'épaisseur très variable où J'ai trouvé des Bélemnites à formes liasiques près de Poggio d'Oletta. Ce calcaire existe aussi à Corte et à Ponteleccia. Il cube souvent, trait pour trait, à la Bréche du Télégraphe (W. Kilian) du Lias briançonnais. Au-dessus de cette série 1l n'existe plus de terrains sédimentaires en dehors des Schistes lustrés qui puisse être attribué aux terrains secondaires. Le terme le plus ancien que l’on trouve ensuite en Corse est le Calcaire nummulitique superposé à Palasca à un puissant pou- dingue ne contenant que des éléments cristallins mais surtout du porphyre L'Éocène est très développé dans la région de Palasea-Costifao où toutes les zones éocènes que l’on trouve en Corse sont repré- sentées. Dans ces régions, comme nous le verrons plus tard, l'Éocène n’est limité à sa ee par une surface de friction, que sur sa bordure orientale : sa bordure occidentale est rente ne les gneiss et les granites. Le Calcaire nummulitique passe souvent à des dalles schis- teuses et à des grès ; 1l comprend comme fossile caractéristique 976 EUGÈNE MAURY 21 Fév. Nummulites crassus Bourée associés à d'autres formes et des Orthophragmina du Lutétien moyen. Au-dessus de cet horizon bien délimité au point de vue strati- graphique, on trouve de nouveau un puissant poudingue, mais contenant des éléments calcaires récifaux qui résultent de quelque banc démantelé et remanié sur place. Il y a souvent des interca- lations gréseuses, schisteuses avec marnes noires et même des calcaires (calcaire de San-Colombano). Ce poudingue est sur- monté toujours d'une barre de 30 mètres d'épaisseur d'un calcaire récifal métamorphisé le plus souvent, où on trouve des débris indéterminables de Polypiers et de Bryozoaires. Enfin ce calcaire se termine par des schistes à Fucoïdes. En outre, il existe dans ces assises de grands massifs de roches vertes (gabbros, diabases, etc.). La stratification de cette zone est assez régulière sur la bordure du massif cristallin à l'Est d'Olmi-Capella ; mais plus à l'Est, ainsi qu'à Moltifao, à Corte, à Piedigriggio et à Soveria la str atification est tout à fait confuse et snbles à celle des terrains secondaires non métamorphiques avec lesquels l Éocène a participé aux grands déplacements horizontaux. Enfin, le Miocène à stratification tout à fait régulière repose en discordance sur tous les terrains que nous avons cités. Il est pos- térieur à la formation des nappes. Il existe à St-Florent, Pon- teleccia et Aleria. En ce dernier point, les derniers mouvements qui ont produit la surrection de la chaîne des Alpes n'ont pres- que pas donné de plissements, nettement accusés cependant, dans le Miocène de St-Florent et de Ponteleccia. III. ZONES STRATIGRAPHIQUES Examinons maintenant comment sont distribués à la surface de l’île tous les terrains dont nous venons de parler. La partie occidentale de l’île comprend les granites francs traversés par des filons de granulites et supportant le Carboni- fère qui a été aussi traversé par les éruptions porphyriques. Puis, en allant vers l'Est, nous trouvons une bande de granite alcalin laminé (protogine des auteurs) se différentiant nettement du gra- nite de la zone occidentale de la Corse. Ce granite, bien étudié par MM. Termier et Deprat !, résulte du laminage du granite nor- mal par suite d'actions orogéniques puissantes. M. Deprat * a étudié avec soin ses transformations et il montre. qu'il se diffé- rencie de plus en plus du granite normal à mesure que l’on 1. Termier et DeprarT. Le granite alcalin des nappes de la Corse orientale. CR. Ac, Sc., CXL VII, 1908, p. 206. 14910 STRATIGRAPHIE ET TECTONIQUE DÉ LA CORSE 277 s'éloigne vers l'Est. Cette zone des granites laminés forme une bande orientée NNW.-SSW., de plusieurs kilomètres d’épais- seur, séparant la Corse en deux régions qui sont géologiquement et minéralogiquement dissemblables. Elle s'étend au Sud jusque dans la région du Fiumorbo et vers le Nord elle se termine en coin dans les gneiss de Moltifao et de Vallica. Ensuite vient une bande de largeur plus inégale, mais orientée de même, comprenant le granite écrasé avec sa couverture sédi- mentaire non métamorphique que nous avons étudiée plus haut. Puis on trouve la zone des Schistes lustrés qui s'étendent jus- qu à la côte orientale et enfin les terrains miocène, pliocène et pléistocène qui, en dehors des lambeaux de Ponteleccia et Saint- Florent, forment une bande le long de la côte, On a donc ainsi les diverses zones suivantes en allant de l'Ouest à l'Est : 1° Zone des granites normaux et du gneiss avec filons de granulite et de porphyre ; 2° Zone du granite alcalin laminé ; 3° Zone du granite écrasé supportant les terrains sédimentaires non métamorphiques antérieurs au Miocène ; 4 Zone des schistes lustrés avec calcschistes et roches vertes ; 9° Zone des terrains miocène, pliocène et quaternaire. Nous allons examiner ensuite comment se comportent ces diverses zones dans l'étude de la tectonique. En même temps qu'une carte qui donne d'une manière géné- rale la configuration des diverses zones dans la partie que nous avons étudiée, J'ai tracé cinq coupes (fig. 1,3, 4, 5, 6) à travers toutes ces zones qui donnent une idée de la continuité tectonique en passant de l’une à l’autre, elles sont numérotées en allant du Sud au Nordet sont toutes approximativement dirigées de l'Est à l'Ouest. La coupe de la figure 2 représente seulement un détail de la coupe de la figure 1 dans la région de St-Florent et à une plus grande échelle. IV. TEcroniQuE Réqion de Ponteleccia, Corte et l'Ostriconi. — C'est aux envi- rons de Ponteleccia que l’on peut le mieux se rendre compte de la disposition de la lame de granite écrasé superposée aux Schistes lustrés ; et c’est là que le granite en question a été, pour la première fois, observé par M. P. Termier. En suivant la route de Ponteleccia à Morosaglia, on traverse pendant environ quatre kilomètres les gabbros et euphotides avec quelques lambeaux de ‘ssious 79 jeuudou oqruean 4 : (our$ojoxq) ourwer urçeoçe opruean ‘AUX foseaoo ssrous 99 oqruean) À fanomoqut seu, ‘9. { anomodns Jo uoKow sen, ‘71 :onbisereaqur oppoyoeuum' ‘7 {soqiu -WI9g R onbiser| oxtmoren) ‘7 {soquoA Soyoor ‘Q { Sat)Sn] Sas140S ‘77 { SnSSEU9 *N & onbrquuunn ‘7 {anorodns DU9IO 79 : OOPUIDA 9p onSUIpnOg ‘52 SOPIOONX PR S07STU0S OU : OUQIOIN ‘EU ETUI À SIMNOQ ‘V { SAUUIIOUE SUOTANI[Y ‘#E {S9JU90991 SUOTANIY 1e — ‘€ EL 'ÀT { ‘AU9 000 GGL/T — ‘IUBp9aq ou ET R O18881porg 9p odn0on — € "SL v \ lu 26) UEPES W obbubpazy , 4 Attttttttith Le RL DHHHHHEEA HE EL AU TR HEH ES LE / 4++t+t+tt Al a 10910//;$ 70 7 &LIE AO ES W 88/0.p 266% L F4 ! { ie ‘ i D 77777 CIE) T /09 NP 704 à 16 AA°N 000 0Fc/1 — ‘dou 8139 83o10.p 019304 + (eosepeq saud) ouniq 2p [09 np odn07 — ‘F1 ‘SIA v eo, p 660$ : , OUPS 2P [07 : e283/7 Y 001150 N:07-3 S-02/ALSI RE M 219 An) IL fanomoqur seu ‘4 € * : SO1JSN] S$27S149S ‘77 ‘ SUSSPAO °N 000 O0T/t — asa/b1s07 2p 1004 So01-3 JaU / 8p NESAIN PE lu 0SS/) : 3 210/66 y OLEY) à W {8 E) 3p. - DELAI 7 T 1 ' : 2 ; 1 1 i 1 1 i i (wDYZ) : e/U0}}8 ' 4 ounjesen LORS Se 3 dns 39 uaKouwu seu, ‘7 *(our$ojoxq) purtuer umeoye ojruean U] {osero9 SSTOUS J9 oJIu ? ‘onbiserqçeaqur oppoyoeumt ‘9 { sajtuwotog e onbiser] 9ABOTET) ‘] : S9JI9A SOUIOU ‘{) e onbrqnutun "79 fooeuo À ap 2NSUIPnO ‘39 { SOPIOON P S97SI40S ‘ç2W ?: AUQOOUN ‘Yu UM — 9 PF ‘OI 44 + HA ALENT RP NN ue ‘0oeu9 À Ad oS9[81S107) 9p JUO4 ne Open 4 np odnon — ‘9 ‘BUT +++ 4 4 4 = PSE SN EME PENSE vo UaU E 3D à 44444 ar Pr AAAAEE LE 7: 2008 NS AN EN EN EE Tu 2 93 000 OS/T — ‘eru GuL9L) : lu 685) e900/21/ 02H/NQ-UES [07 014298/EZ0/ 27 ou ne) eco AA 0799S ou ej 8 auouy#rse) 9p 2dn0n — ‘+5 81 LUE 1 TT [l \ + + 4 0109 obus PY Eu 20007587 \. \ rt ES Set 4 M 280 EUGÈNE MAURY 21 Fév. Schistes lustrés ; mais au delà du vallon qui descend du col de Riscamone le granite écrasé apparaît sur les Schistes lustrés. Si nous suivons cette limite vers l'Est à partir de ce point, on voit qu'elle passe aux cols de Riscamone et Bocca Cerna après avoir coupé plusieurs fois la route nationale. Partout le granite est nettement superposé aux Schistes lustrés, ou aux roches vertes qui accompagnent ces derniers. L'inclinaison de la lame granitique est de 20° environ vers l'Ouest. Son épaisseur à l'Ouest varie de 50 à 100 m.; mais vers l'Est elle se réduit considérablement et tombe à # ou 5 m. vers Bocca-Cerna. Au-dessus des Schistes lustrés à partir du col de Riscamone en nous élevant jusqu'à la cime (fig. 3) de Pedani, nous voyons reposer sur les granites toute une série sédimentaire non méta- morphique depuis le Trias inférieur jusqu'aux calcaires liasiques ; les quartzites du Trias n'apparaissent pas dans cette coupe, mais on en rencontre des lambeaux reposant sur le granite le Ing de la route à l'Ouest du col. L'épaisseur et la disposition des assises ne sont pas très régulières ; elles sont très mal stratifiées et les inclhinaisons varient beaucoup. Elles ont bien le caractère de roches sédimentaires profondément plissées et charriées, toutes déplacées les unes par rapport aux autres. Vers l'Est, d’une manière générale, l'épaisseur des assises se réduit beaucoup au col de Bocca-Cerna. La limite du granite et des Schistes lustrés se dirige vers le Sud-Ouest, mais bientôt le granite et le Trias infé- rieur disparaissent et, à la traversée de la Casaluna, les calcaires du Trias moyen reposent sur les Schistes lustrés séparés de ceux- ci par une brèche de friction où on trouve surtout des débris de Trias inférieur. Du point de la route nationale où nous avons remarqué d’abord le granite sur les Schistes lustrés, la limite de recouvrement s’infléchit vers le Sud et les granites deviennent à peu près hori- zontaux : sur la rive droite de la Casaluna s’intercalent entre le granite et les gabbros, des grès éocènes. Le granite disparait bientôt et à la traversée de la Casaluna le Trias moyen repose sur les grès éocènes. Le long de la route qui va de Francardo à Saint-Laurent, un peu avant l’'embranchement de la route de Gavignano, Les terrains superposés à l’Éocène et aux Schistes lus- trés ne sônt formés que par le Trias moyen. Toutes les autres assises manquent, le Trias inférieur et le granite ont disparu par étirement. Nous avons bien ici tous les caractères d’une nappe, résultat d’un pli couché fortement étiré, dont l’axe est formé par du gra- nite recouvert par des terrains secondaires non métamorphiques. 1910 STRATIGRAPHIE ET TECTONIQUE DE LA CORSE 281 La disparition du flanc oriental est complète et souvent par suite des étirements il existe aussi des suppressions de eouches et même le granite disparait à son tour. Il nous reste à examiner maintenant l’origine de ce lambeau de nappe charriée. Après avoir traversé la Casaluna, les couches de calcaire triasique qui forment uniquement la nappe, remontent vers l'Ouest et le grès éocène disparaît, de sorte que le Trias repose directement sur les gabbros. Mais au col de la Croix de Settonia, le Trias fait place à l'Eocène représenté ici par des cal- caires récifaux et les schistes à Fucoïdes. La largeur de la bande éocène n'a plus que 500 ou 600 m. de large (fig. 4). Si nous suivons la bordure est de cet KEocène, nous voyons qu'elle se dirige vers le Sud à flanc de coteau des escarpements qui dominent la rive gauche de la Casaluna au-dessus des villages de Aïti, Lano et Rusio. L'Éocène qui recouvre les Schistes lus- trés est formé à peu près complètement par des grès, mais le long de cette bordure apparaissent à chaque instant des petits lambeaux formés de roches granitiques ou triasiques qui attestent que vers l'Ouest il existe en profondeur entre l'Éocène et les Schistes lustrés, soit du granite, soit du Trias. D'ailleurs, après avoir franchi la crête de Mte Piano Maggiore, la limite descend au Sud de Sainte-Lucie de Mercurio, au col S-Martino et entre les grès éocènes et les Schistes lustrés se montrent des gneiss profondément métamorphisés très développés à Castellare de Mercurio où ils sont nettement superposés aux Schistes lustrés. Aux environs de Sainte-Lucie le gneiss est surmonté çà et là par des lambeaux éocènes avec poudingues, calcaires et grès dis- tribués très irrégulièrement. La bordure s'infléchit ensuite vers l'Ouest et traverse la vallée du Tavignano où la limite est très visible sur la route de Corte à Piedicorte di Gaggio. Ensuite sur la rive droite du Tavignano elle est cachée en partie par les allu- vions du fleuve, mais elle réapparaît au-dessous de Corte après avoir traversé la rivière et ce sont alors Les schistes éocènes avec les roches vertes qui forment la limite. Abandonnons pour l'instant cette bordure et prenons à la Croix de Settonia la limite vers le Nord des schistes à Fucoïdes et des gabbros. Cette limite suit approximativement le ravin de Paduri de direction est-ouest jusqu'au fleuve de Golo un peu au Nord de Francardo. Ensuite cette limite s’enfouit sous les pou- dingues miocènes et il n'est plus possible de suivre sa trace. Mais à côté de la ligne de chemin de fer, un peu après le chemin de Piedigriggio, entre le Miocène et les gabbros apparaît de nouveau l'Éocène séparé de ceux-ci par une forte brèche de fric- 282 EUGÈNE MAURY 21 Fév. tion où domine le granite écrasé (fig. 3). Cette limite se suite jusqu'aux environs de la gare de Ponteleccia où elle disparaît encore sous les alluvions. Mais sur la route de Calvi, un peu après l'intersection des lignes de Bastia et de Calvi, nous retrou- vons un lambeau de schistes éocènes recouverts par des alluvions anciennes el superposés aux Schistes lustrés. Cette bande forme une digitation très amincie de l'Éocène. (64 ant disparaît néanmoins et il faut aller à Piedigriggio pour revoir, sur la route de Piedigriggio au Golo, les granulites recouvrant 1e schistes. Il est certain que les poudingues miocènes empêchent de suivre à partir de Francardo la limite exacte des terrains superposés aux Schistes lustrés, mais les granites qui contournent les poudingues à l'Ouest sont Aectee reliés à Francardo et à Piedigriggio, et on peut par suite tracer avec assez d’exactitude la bordure des terrains recouvrant les Schistes lustrés. À Piedigriggio, le granite et la granulite sont très réduits, mais ils sont recouverts datent par la série paca secondaire analogue à la série du M. Pedani (fig. 3). Au col de Pastoreccia la bordure devient très nette, le granite très écrasé et peu épais est recouvert directement par les ae du Trias jus- qu'au col (cote 501 de la Carte de l État- major) ; le Trias inférieur disparait etil n’en existe que quelques lambeaux entre le granite et les calcaires. Après ce col jusqu'à l'Asco, des gneiss et du granite écrasé sont plus épais et forment la bordure Après la traversée de l’Asco et au confluent de cette rivière avec le Tartagine, c'est la granulite, formant un grand massif depuis Moltifao, qui repose sur les Schistes lustrés. Les schistes sont presque verticaux et forment une bande étroite entre les granites laminés de la chaîne du Tenda. Cette bande devient de plus en plus étroite, ayant à peine quelques mètres au Nord de la gare de Pietralba ; elle repose directement sur les granites du Tenda et elle est recouverte par les granulites écrasées. Ensuite elle disparait à peu près or et et au col Sainte-Marie de Pietralba, l’Eocène superposé à la granulite repose sur le granite laminé du Tenda séparé nent par une brèche de granite écrasé. Les Schistes lustrés situés en profondeur n'apparaissent qu’au- dessous du village de Lama où ils s'étendent de plus en plus (fig. 1) dans la région des Agriades. L'Éocène repose directe- ment sur eux, mais il est séparé de ceux-ci par une forte brèche de friction bien visible aux maisons de Pietramonete. Aïnsi la bordure que nous avons suivie depuis Corte en passant 1910 STRATIGRAPHIE ET TECTONIQUE DE LA CORSE 283 par Castellane-de-Mercurio, Aïti, la digitation de Pedani, puis Piedigriggio et Pietralba jusqu’à lénnie de JO on est né Dar du granite écrasé ou du gneiss laminé et supprimé très le] 'e] souvent, supportant une série sédimentaire non métamorphique Ï constituée par des terrains triasiques et jurassiques et par de F l'Éocène. Ces terrains peuvent être directement superposés aux P Schistes lustrés par suppression du granite interealé. Nous allons examiner maintenant comment les terrains ainsi superposés aux Schistes lustrés sont en relation avec les granites laminés de la grande zone située à l'Ouest de Corte et avec le granite normal. Entre l'embouchure du Regino et la vallée de l'Asco il y a continuité entre le granite normal de l’île Rousse, la granulite et le granite laminé de Moltifao. Les terrains dima lies qui leur St superposés sont exclusivement de l Éocène (fig. 1). I ya lieu d'examiner deux situations différentes de cet Kocène suivant qu'on l’examine au Nord ou au Sud. Jusqu'à la chapelle S- Rocco près Castifao, l Éocène est formé à la base par un poudingue enraciné dans les gneiss et les granites sans éléments calcaires et par suite si lÉocène du bassin Novella-Castifao est enraciné sur sa bordure ouest, la partie qui repose sur les Schistes lustrés est charriée. Nous avons ainsi un sens du mouvement sur lequel se sont déplacés les terrains sédimentaires et les granites sous-jacents. Le déplacement aux environs de Moltifao est très net sur la bor- dure ouest. Le poudingue disparait et les calcaires nummulitiques reposent sur les granites, ou même le Houiller. Plus au Sud apparaissent au col de S-Pancrazio près Popolasca les Schistes lustrés recouverts à l'Est par les granulites de la pointe Ciufello (fig. 3). Ils sont également inclinés de 60 m. vers l’Est et paraissent reposer sur les granites laminés du M. Traunata, mais un peu au Nord ils s’enfouissent sous ces granites qui sont reliés aux granulites. D'ailleurs à Castiglione (fig. #) les Schistes lustrés sont très réduits. À peine ont-ils une centaine de mètres et ils sont recouverts à l'Est et à l'Ouest par les granites. À Castirla, sur la rive droite du Golo, si nous suivons la limite est des granites et des Schistes lustrés, on voit que cette limite passe au col d’'Ominanda et ensuite vient rejoindre à Corte la bordure que nous avons examinée plus haut. Il s'ensuit encore une fois que tous les granites et leur couver- ture sédimentaire sont bien directement superposés aux schistes lustrés sur une largeur de plusieurs kilomètres. Cela constitue bien une nappe telle qu'on la définit et dont l’origine se trouve dans la région granitique des granites laminés sur la bordure des 284 EUGÈNE MAURY UE 21 Fév. gneiss de Vallica. Il existe à Castiglione une fenêtre faisant appa- raitre sous la nappe le substratum fourni par les Schistes lustrés. Au col de San-Quilico on observe au Sud (fig. 5) une autre fenêtre de Schistes lustrés, où a été commencée une exploitation de minerais de cuivre, au contact des gabbros et des Schistes lustrés ; mais entre ces schistes et la nappe il existe encore de l'Éocène comme sur la rive droite de la Casaluna. Nous appellerons nappe supérieure cette nappe caractérisée à la base par des granites écrasés. Région de Venaco. — Aux environs de Venaco nous trouvons aussi du granite écrasé, mais la disposition des divers terrains n'est pas du tout la même. Si nous examinons la coupe est-ouest (fig. 6) passant par le village de Venaco on voit au-dessus du granite laminé du Monte Cardo un poudingue à gros éléments contenant des roches cristal- lines et aussi des blocs de calcaire cristallin analogue au calcaire qui se trouve dans le poudingue supra-nummulitique du col San- Colombano près Palasca. Ce poudingue est fortement laminé et il est surmonté en un point par un lambeau de calcaire marmo- réen analogue aussi au calcaire qui se trouve dans la région de Novella- Cctieo sur toutes les assises éocènes. Ai dessus vient une bande de granite écrasé surmonté de Schistes lustrés primi- tivement attribués à l'Éocène, mais qu'il n'est pas possible de séparer du complexe des Schistes lustrés. Si l’on suit vers le Nord cette limite des Schistes lustrés et du granite écrasé on ne voit aucun changement jusqu'au passage du Fiumorbo, mais vers le Nord on voit la bande de granite écrasé diminuer beaucoup et les Schistes lustrés viennent s’enfouir sous le granite écrasé de la nappe supérieure. Les Schistes lustrés sont ici très réduits. Le poudingue de Venaco se lamine considérablement ainsi que le granite sur lequel 1l repose et au-dessous de ce granite on ren- contre encore des Schistes lustrés. Ce granite est séparé des Schistes lustrés par une forte brèche de friction. Ainsi donc le poudingue de Venaco compris entre deux bandes de granite écrasé constitue le fond d’un synelinal et le synclinal vient finir en pointe dans les Schistes lustrés eux-mêmes recouverts par une nappe de granite écrasé. Vers le Sud, le poudingue disparait aussi en coin de le granite écrasé et lex deux bandes de granite se réunissent un peu après la traversée du Vecchio et 1l n’est plus possible de les séparer jusqu’au Fiumorbo. À Venaco on ne voit pas les Schistes lustrés au-dessous des poudingues et du granite. Ce n'est que vers Corte où ils apparaissent sous leur couverture granitique et aussi en un point très petit sur le bord de la montée de la route 1910 STRATIGRAPHIE ET TECTONIQUE DE LA CORSE 285 du Vecchio à Vivario, tout près de la barrière du chemin de fer. Par suite, la coupe (fig. 6) que nous avons indiquée au début à Venaco peut être facilement interprétée ainsi : le synelinal de Venaco n'est qu'un synclinal dans la nappe supérieure dont il n'est plus de trace à l'Est de Venaco. Ainsi donc le granite écrasé de Venaco forme au milieu des schistes lustrés une écaille très aiguë et très écrasée qui constitue une deuxième nappe granitique. La superposition la plus complète et avant l'érosion était formée par une nappe de Schistes lustrés reposant sur du granite laminé (c'estainsi que se présentent toujoursles Schisteslustrés de la base), puis une nappe de granite écrasé pouvant contenir des assises tertiures non métamorphiques, ensuite une nouvelle nappe de Schistes lustrés et enfin une nouvelle nappe de granite écrasé avec sa couverture sédimentaire non métamorphique. Cette nappe supérieure n'existe pas à Venaco, mais si l’on suit la rivière de Tavignano à 40 km. plus haut, à l'Est, on voit sur la bordure du Miocène d’Aleria un débris de cette nappe supérieure formé par du granite associé à de l’éocène à roches vertes. Au Nord de Corte, le granite écrasé de Venaco n'existe plus, mais on trace entre les Schistes lustrés et la nappe supérieure des débris d'Éocène considérablement laminés (col de San Quilico et bords de la Casaluna) qui sont des restes de la nappe granitique éocène de Venaco, mais profondément étirés. Région de Saint-Florent. — Considérons la coupe est-ouest (fig. 2), tracée suivant l’arête de la colline qui passe par Poggio d'Oletta jusqu'à Saint-Florent. Au col de San Antonio situé sur l’arête du cap Corse jusqu'aux premières maisons de Poggio d'Oletta, on voit constamment les Schistes lustrés avec interca- lation de serpentine et de gabbros. Dans le village même de Poggio ils plongent de 45° sous le granite laminé sur lequel se trouvent les autres maisons du village. En descendant, on trouve constamment le granite jusqu'à la route d'Oletta à Bastia par le col de Teghime et ensuite superposés à ce granite apparaissent encore les Schistes lustrés avec de nombreux calcaires. Ce gra- nite occupe ici l'axe d'un anticlinal, car si nous suivons ses affleu- rements vers le Nord et vers le Sud, nous voyons qu'ils plongent de tous côtés sous les Schistes lustrés qui l'entourent complète- ment. Au-dessus des Schistes lustrés et des caleschistes on trouve une forte brèche de friction où domine le granite écrasé surmonté par les grès et conglomérats du Trias inférieur. Ensuite, sur un petit col on trouve le calcaire du Trias moyen qui occupe le fond d’un 286 EUGÈNE MAURY 21 Fév. petit synelinal dans les grès triasiques. Puis réapparaissent les grès triasiques, les calcaires du Trias moyen, les cargneules, la lumachelle avec Avicula contorta et les calcaires bréchoïdes très cassants dans lesquels j'ai trouvé des Belemnites du Lias moyen. Ce Lias occupe le sommet du monticule ayant l'altitude 217 sur la Carte de l'Élat-major. Ces calcairés très inclinés sont recouverts, mais beaucoup plus bas, par des poudingues éocènes, des calcaires cristallins et des grès éocènes aux roches vertes. On ne voit pas trace de Calcaire nummulitique et les poudingues sont ceux que l’on trouve habituellement au-dessus des assises fossi- lifères. Enfin l'Éocène est recouvert en discordance par le Miocène de Saint-Florent jusqu'à la mer. Dans le port même de Sant- Florent on retrouve les Schistes lustrés et la série complète que nous avons vu d’un côté du Miocène ne se retrouve plus. Cette coupe est la plus complète que l’on puisse donner de toute la région de Saint-Florent; il manque, comme nous l’avons vu, les Calcaires nummulitiques qui apparaissent plus au Sud, les marnes et argiles jaunâtres du Trias supérieur et aussi les quartzites blancs du Trias que nous verrons plus au Nord. Suvons maintenant dans cette direction la brèche de friction qui comprend du granite écrasé, c'est-à-dire la limite entre le Trias inférieur et les Schistes lustrés; le granite ne se trouvera plus que près de la chapelle ruinée sur la mauvaise route de Saint- Florent à Poggio d'Oletta; partout ailleurs le Trias inférieur repose directement sur les Schistes lustrés avec une brèche de friction plus ou moins grande. Cette limite disparait sous le Miocène près du couvent ruiné de Farinole et le Miocène repose directement sur les Schistés lustrés et les serpentines, débordant par-dessus toute la série secondaire et éocène. Le long de la route de Saint-Florent à Poggio d'Oletta où existe un lambeau de granite écrasé, 1l existe Le quartzites du Trias qui manquent dans la coupe; il existe aussi en descendant vers l'Ouest une sorte d’anticlinal du Trias inférieur dans lequel appa- raissent des lambeaux de Carbonifère avec des lydiennes et du Permien et des lambeaux de granite écrasé, le tout très confus. Vers le Sud, à partir de Poggio d’Oletta, nous retrouvons tou- jours le Trias inférieur sur les Schistes lustrés et bientôt, près de la propriété de Tuda, nous retrouvons encore sur cette limite du gra- nite écrasé. Au-dessus de l’Infralias et du Lias très réduit appa- raît ici le Calcaire nummulitique à Nummulites cf. lævigata. Bientôt après toutes les assises s’enfouissent sous les alluvions del’Aliso et sous le Miocène. Cette limite se continue cependant, et on voit à l'Ouest, l'Éocène gréseux surmonté des calcaires cris- t 1910 STRATIGRAPHIE ET TECTONIQUE DE LA CORSE 28 tallins de Tramontireposer sur les Schisteslustrésetles caleschistes. Cette limite se dirige vers le Nord et s'enfonce sous le Miocène au point où elle coupe la route de Sant-Florent à Oletta. Nous devons donc noter dans cette région l'allure spéciale de toutes ces assises sédimentaires ; leur épaisseur varie d'un point à un autre avec rapidité, surtout pour les assises calcaires; la stra- tification est souvent confuse et, ce qui domine, ce sont les sup- pressions et l’amincissement des couches. Toutes ces assises reposent sur les Schistes lustrés bien stratifiés et elles sont séparées de ceux-c1 par du granite écrasé. Nous avons donc un lambeau de la nappe supérieure qui a été préservé de l'érosion dans un synclinal produit par les plissements post-miocènes qui ont plissé les Schistes lustrés ainsi que la carapace de granite et de roches sédimentaires non métamorphiques. On voit ainsi qu'à mesure que l’on s'éloigne de l’axe du gra- nite laminé de l’arète centrale de la Corse, l'épaisseur de granite écrasé diminue par suite des étirements qui laissent ce granite en arrière, À Patrimonio, M. Rovereto! a signalé dans les calcaires situés au-dessous des grès et conglomérats triasiques, des traces de Gyroporella. Ce calcaire a été bien souvent étudié et, en l'absence de fossiles, il avait été attribué par M. Hollande au calcaire carbo- nifère. Il est évident que cette bande calcaire, continuation de la base calcaire du col de Teghime, fait partie du complexe des Schistes lustrés et n’a aucun rapport avec la série sédimentaire qui le surmonte. Si l’on peut trouver une faune plus complète que celle qu'a signalée M. Rovereto et si l’on peut attribuer ces cal- caires au Trias, on aura ainsi une base pour étudier les Schistes lustrés, quoique ces calcaires paraissent appartenir à une nappe surmontant les Schistes lustrés et n'avoir aucun rapport direct avec les assises sur lesquelles ils sont placés. Région du Cap Corse. — À l'extrémité du Cap Corse sur la côte est, à Maccinaggio même, ilexiste trois lambeaux en grande partie formés de grès et poudingues éocènes contenant aussi aux îles Finocchiarola des schistes noirs du flysh. Tous ces lambeaux reposent sur les Schistes lustrés, mais dans le lambeau au Sud de Maccinaggio, à l'entrée du village, on trouve à la base entre les grès et les Schistes lustrés, du granite écrasé bien visible des deux cotes de l'Éocène sur la roûte même qui longe la côte. On trouve aussi mélangées avecl'Éocène qui n’a aucunetrace de stratification, des roches ee. de calcaire triasique. Au Nord de D 1. Roverero. Sull’eta degli sciste cristallini della Corsica. Ac. R, Soc. Torino, 1905, vol. XLI. î 288 Ldela Giraglia (Cap Corse) Échelle. __1 600.000 A + + r+t++tt ts il L+ttt++t+ kot Ù dhytt+t+++4 8 Foret AAHHEHEREHEEEÉ mpa H+++++ pt RES EH HEATH EE + NE CA RCE EAU LI EAN L EH HE EEE EHHEHR CPR ET ES RSR RSS ER H++++t+tHEtt+t+s | Es Ch++ttttttt++ ++ ten AH HE EEE ERA N++++++ti#=7 Fe + Et +4 +++4+++ 8 ++Vibt+r Ob pete HET + #40 De M EH + got tt +t Qt +tit +++ COUPE TES + + 6 DURS MS deep QU : ONE EE fedora DNA RRAEATTOnE Lrtererten +-ph RES Un A 1o Wibit++tt th C d'Ominandas, tt +++ TT ttrte tee] +++ +++++++ +++ +++t++# HHHHHEEEEH Ra +++ +++ 1+++++ ++ ++++Et+ ++ . LOUP, DORE PRÉRANENERE EE | LE VI. Vie: : + +++ HE FETTR Ra, Pont de Corsiglese ++H+++H+E HET s es Ca HERHEEEEEFRA 1 HHHEHHHEEE ARTS R b HHHHEEEHEETHÈER Fe HER HER EEK LU HHHEHEEHRHETÉHEES \ HÉHEHEHEETER, HEHEHEEEEHEH F Bopsemans del. +++ HE +++4 Fig. 7. — Esquisse géologique de la Corse nord-orientale. Le lrait renforcé indique la bordure desnappes sur les Schistes lustrés, lt. Même légende que pour les coupes. t-, |, série secondaire non métamorphique du Trias au Lias : e, Éocène et Oligocène ; Mpa, Miocène, Pliocène et Pleistocène. 1910 STRATIGRAPHIE ET TECTONIQUE DE LA CORSE 289 il existe dans l'Éocène un gros paquet de calcaires probablement infraliasiques séparé des Schistes lustrés par une brèche de fric- tion où se trouve du granite écrasé et du Trias inférieur. Enfin le lambeau le plus au Nord et le plus étendu est presque exclu- sivement formé d'Éocène : il est séparé des Schistes lustrés par de petits fragments de calcaire magnésien infraliasique, mais Je n'y ai pas trouvé du granite écrasé. Il est évident que l’on a ici comme à Saint-Florent un lam- beau de la nappe supérieure; le granite écrasé est extrêmement laminé et très réduit et les terrains sédimentaires sont extrême- ment modifiés sans trace de stratification, ce qui est très naturel, puisque c’est un reste de la nappe la plus éloignée de sa racine. A l'Ouest de Maccinaggio, entre Ersa et Centuri, on trouve du gneiss très amphibolique qui occupe la position d’un anticlinal couché vers le Sud sur les Schistes lustrés. Ce bombement est entouré complètement par les Schistes lustrés. Au Sud et au Sud- Ouest, le gneiss est séparé des Schistes lustrés par du granite peu écrasé mais très laminé néanmoins. On a ici un prolongement du granite sur lequel reposent les Schistes lustrés, prolongement du granite de la chaîne du Tenda et de celui de Poggio d’Oletta. V. CONCLUSIONS. AÀ.— La Corse est un pays de nappes, comme nous l'avons dit, M. P. Termier et moi, dès 1908. On a vu par l'étude stratigraphique, qu'il existe des granites plus ou moins écrasés reposant sur les Schistes lustrés et leurs roches vertes. Cette lame granitique supporte une couverture de roches sédimentaires allant du Houiller et de l'Éocène moyen à l'Oligocène. Nous savons aussi que le granite associé aux gneiss de Vallica est antérieur au Houiller et aux porphyres qui ont recoupé le Houiller. Comme les Schistes lustrés, par leur struc- ture et leurs caractères pétrographiques, doivent être entièrement assimilés aux Schistes lustrés du Piémont, reconnus comme étant secondaires, nous avons ainsi des terrains plus anciens s’éta- lant sur une grande étendue au-dessus de ces Schistes lustrés. C'est ce qui constitue une vraie nappe que je regarde comme un anticlinal très étiré et couché, dans lequel ne subsiste qu’un seul côté du pli. L’étendue de cette nappe, du col d'Ominanda à Rusio, est de 15 km., mais si nous y comprenons les lambeaux de Saint-Florent et de Maccinaggio, nous avons un développement de la nappe sur une étendue de 50 km., car, plus au Sud, sur le bord de la plaine orientale nous avons un témoin de cette nappe 21 novembre 1910 Bull. Soc. géol. Fr. X. — 19. 290 EUGÈNE MAURY 21 Fév. par la présence du granite écrasé reposant sur les Schistes lus- trés. Ainsi donc toute la Corse orientale a été recouverte par cette nappe que j'ai appelée nappe supérieure. Nous avons aussi tous les caractères d’une nappeet d’une action dynamique intense par l’écrasement du granite et aussi par le laminage des assises sédimentaires non métamorphiques. Les assises ne sont pas régulièrement disposées ; elles ont glissé les unes sur les autres et les contacts des divers affleurements sont tout à fait dispa- rates. J'ai déjà signalé à Soveria le désordre dans lequel se trouvent toutes ces assises, leur réduction par laminage et souvent leur suppression. Au-dessous de cette nappe supérieure se trouve une deuxième nappe, exclusivement formée par de l'Éocène, qui apparait par lambeaux en divers points au-dessous de la nappe supérieure et qui est reliée intimement avec elle. Ensuite vient la nappe formée par les Schistes lustrés avec calc- schistes et roches vertes et enfin au-dessous vient la nappe pro- fonde formée par du granite laminé et du gneiss (gneiss amphibo- lique et granitique de Centuri). A quelle époque géologique se sont formées ces nappes? Etant donné que les schistes à Fucoïdes, considérés comme oligocènes, ont été charriés en même temps que les autres terrains suppor- tés par le granite, il est évident que la formation de ces nappes est postérieure à ces terrains. En outre, comme la base du Miocène, le Burdigalien de Saint-Florent s’est déposé ensuite en discor- dance sur ces nappes ; ce Miocène est postérieur aux nappes et nous avons ainsi une limite assez précise pour fixer l’âge de for- mation de ces nappes à la fin de l’Oligocène. Ces nappes, ainsi que le Miocène, ont été plissées ensuite avec les derniers mouvements alpins ; mais ces plissements ont été de simples ondulations sans formation de plis couchés ni charriés ; à peine si on observe une légère dissymétrie dans les anticlinaux. C'est dans les synclinaux que se sont conservés des lambeaux de la nappe supérieure tels que ceux de Saint-Florent et de la cime de Pedani. Nous pouvons aussi établir que la nappe supérieure corse est bien la nappe la plus supérieure de toutes celles qui se sont déroulées à l'Est, car, immédiatement après la formation de ces nappes, la mer miocène a recouvert toute la région et l'érosion n'a pu faire disparaître les autres nappes qui auraient pu se for- mer au-dessus de celle-là. L'érosion n’est entrée en jeu que pour faire disparaitre, après le Miocène, la plus grande partie de la cou- verture des Schistes lustrés supportant le Miocène. Ce dernier ne 1910 STRATIGRAPHIE ET TECTONIQUE DE LA CORSE 2 Ce) æ s’est conservé qu'en de rares points, Saint-Florent et Ponteleccia dans le fond de synclinaux. B.— La Corse orientale fait partie de l’Apennin. — M. P.Ter- mier a exposé récemment!, dans son étude sur l’île d'Elbe, les relations de la Corse avec les Alpes et l'Apennin ; je n'ai rien à dire contre ces conclusions qui se déduisent de l'étude tectonique de ces deux iles. Je crois cependant que la bande autochtone qui doit être considérée comme l'axe tectonique des Alpes, doit se trouver en Corse même dans la région occidentale granitique; elle peut se prolonger au delà, mais cette région occidentale fait partie de l'axe tectonique. Je crois que cette région autochtone commence immédiatement à l'Ouest de la chaîne des granites laminés qui se trouve à l'Ouest de Corte. Cette chaîne a été d’abord formée par striction violente déterminant des plis étroits très ser- rés qui se sont ensuite étalés vers l'Est avec leur couverture sédi- mentaire sous forme de nappes de charriage. C’est donc dans ce granite laminé et aussi dans le granite normal que se trouve l’origine des nappes corses et aussi probablement des nappes supérieures de l’Apennin. C’est un vrai pays de racines et nous avons pu établir plus haut que la nappe supérieure se relie direc- tement à l'Ouest de Palasca à la zone des granites et des gneiss où elle s'enracine. Nous avons vu, et on peut le voir par les diverses coupes (fig. 4, 5,6), que les Schistes lustrés apparaissent à Corte, Castirla et Castiglione, comme ayant l’aspect d’un anticlinal ; cela provient de ce que la nappe des Schistes lustrés a été plissée et leur termi- nauison synclinale à l'Ouest s’est relevée pour se présenter sous forme d’un anticlinal. Ceci nous indique que les Schistes lustrés ne s'étendent plus au delà ; c’est bien l'extrême limite de la région charriée et bientôt à l'Ouest se trouve la région autochtone non charriée. Il est vrai qu'au-dessous de la nappe profonde de gra- nite laminé du Tenda il peut exister une deuxième nappe de Schistes lustrés et se prolonger plus à l'Ouest; mais en aucun point elle n'apparait. Cette zone des granites laminés représente la zone externe du géosynclinal alpin car elle était recouverte avant la formation des nappes par la zone secondaire à faciès briançonnais, tandis que la zone axiale des Schistes lustrés se trouve située entre la Corse et l'Italie. Nous savons que l’axe tectonique des Alpes se confond dans le Piémont avec la zone axiale des Schistes lustrés 1. P. Terumier. Sur les relations tectoniques de l’île d'Elbe avec la Corse et sur la situation de celle-ci dans la chaîne alpine. CR. Ac. Se., t. CLIX, p. 11, 5 juillet 1909. 292 EUGÈNE MAURY 21 Fév. tandis qu'ici 1l se trouve à l'Ouest, coupant ainsi obliquement les zones stratigraphiques, comme l’a indiqué M. Termier !. Il devait donc exister entre la Ligurie et la Corse une région aujourd’hui occupée par la mer où l’axe tectonique des Alpes était situé dans la zone des terrains secondaires à faciès briançonnais. Il serait intéressant de trouver en Ligurie la région qui constitue cet axe tectonique. Déjà M. Rovereto® à vu aux environs de Savone des granites protoginiques charriés sur les Schistes lustrés ce qui doit être probablement un prolongement de la nappe supé- rieure de la Corse. Ainsi donc tandis que dans le Piémont il n'existe jusqu'ici que les nappes alpines se déroulant vers l'Ouest sans trace de nappes apennines, 1l n'existerait en Ligurie et il n'existe certainement en Corse que des nappes se déroulant vers l'Est; les nappes alpines devraient se trouver en pleine Méditerranée. Cette axe tectonique se prolonge en Sardaigne par le massif grantique du Nord et nous trouvons à l'Ouest de ce massif grani- tique des terrains secondaires à peine ondulés (Trias à faciès alpin) ; ces terrains bien stratifiés font partie nécessairement de la région autochtone. Le faciès alpin de ce Trias résulte de ce que la mer triasique était beaucoup plus profonde en allant vers le Sud et le faciès briançonnais a fait place au faciès alpin, bordure sud-ouest du géosynclinal des Schistes lustrés. C. — Je veux ajouter quelques conclusions stratigraphiques. Comme on ne trouve pas sur le granite autochtone d’autres ter- rains sédimentaires secondaires postérieurs au Lias, il s'ensuit que la Corse, jusqu'à l'Eocène moyen, était émergée, du moins pour la région granitique actuelle et il existait à l'Est une mer secondaire dans laquelle s’accumulait les sédiments qui ont formé les Schistes lustrés. Ce n’est qu'à l’éocène moyen qu’une trans- gression s’est produite et on trouve alors sur la bordure granitique des terrains éocènes ; ce rivage éocène nous le trouvons à Palasca constitué par un puissant poudingue. Mais tandis que l'Eocène sur la bordure granitique n’a pas été métamorphisé, à mesure que l’on s'éloigne vers l'Est il commence à prendre l'aspect des Schistes lustrés et 1l s'intercale de grandes quantités de roches vertés (gabbros et serpentines de la Navaccia). Il restera encore de cette étude d’autres points à préciser à mesure que l’on connaîtra mieux la stratigraphie de la Corse et que l’on étudiera plus attentivement divers points où d’autres 1. P. Termier. Loc. cit. 2. Roverero. La Zona diricoprimento del Savonese et la questione dei calces- ciste. B. S. G. ital., vol, XX VIII, 1909, fasc. 11. 1910 STRATIGRAPHIE ET TECTONIQUE DE LA CORSE 293 phénomènes pourront se constater, mais il n’en est pas moins évident que les lignes générales que nous avons données de la tec- tonique de la Corse seront conservées. Je me propose moi-même, au fur et à mesure de mes travaux pour l'élaboration des feuilles géologiques du Service de la Carte géologique de France, de pré- senteravec plus de détails et corriger tout ce qui, dans cette étude, demande beaucoup plus de précision. Déjà on peut consulter les deux feuilles de la Carte géologique qui viennent d’être publiées : Bastia et Luri, et bientôt je pourrai donner sur les feuilles de Corte et Bastelica un complément, pour ces régions, de la stra- tigraphie et de la tectonique de la Corse orientale. M. P. Termier, après avoir présenté la note de M. Maury et insisté sur l'importance des résultats exposés dans cette note, fait remarquer qu'un seul point reste obscur dans la tectonique corse, les rapports entre l'immense complexe des granites alcalins ns (protogine des auteurs s) et la Corse granitique incontestablement autochtone. C'est en étudiant ces rapports que l'on saura si la Corse granitique est un pays de racines, comme l'admet provisoirement M. Maury, ou sil faut y voir, comme M. Termier lui-même le pense, un pays {ransporlé, d'un mouvement d'ensemble, sur une région de Schistes lustrés et de granites alcalins. Séance du 7 mars 1910 PRÉSIDENCE DE M. A. LACROIX, PRÉSIDENT Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. Le Président proclame membre de la Société : M. J. Pourbaix, ingénieur, à Mons, présenté par MM. À. Lacroix et Paul Lemoine. Trois nouvelles présentations sont annoncées. M. Paul Lemoine présente au nom de M. Camille Rouyer une note : « Origine géologique de la Fosse Dionne à Tonnerre et des sources voisines » (Bull. Soc. Sc. hist. et nat. de l'Yonne, 2e sem., 1908, paru en 1909, 8 pp., 1 pl., carte). La Fosse Dionne a toutesles apparences d'une source vauclusienne; elle sort d’une fissure dans le calcaire de Tonnerre (Séquanien). Des observations ont montré à l’auteur que les crues de cette source com- mencent environ 18 heures après le commencement des pluies et que le maximum de la crue est atteint environ 48 heures après. Il pense que la source de Soulangis à une origine analogue. Il faut ajouter àces renseignementsque la crue de la Fosse Dionne en janvier 1910 a eu une importance exceptionnelle et a causé l’inondation d'une partie de la ville de Tonnerre. M.J. Boussac dépose sur le bureau, au nomde M. Arnold Heïm, les deux notes suivantes : 1° Über die Stratigraphie der auto- chthonen Kreide und des Eocäns am Kistenpass, verglichen mit der Facies der helvetischen Decken (Beitr. Geol. Karte Schrveiz. (2), XXIV, p. 21-45, 6fig., Berne, 1910) ; 2° Neue Untersuchun- gen über die Senonbildungen der ôstlichen Schweizeralpen (Abh. schweiz. pal. Gesells., XXXVI, 61 p., 2 fig., 2 pl. Zürich, 1909) (en collaboration avec M. J. Bôhm). M. Pierre Termier offre un exemplaire d'une plaquette qui vient de paraître à la Jibrairie Béranger et qui est intitulée : « Deux conférences de géologie alpine ». C'est la réimpression pure et simple, mais avec un avant-propos explicatif, de deux con- férences déjà anciennes : l’une, sur les Schistes cristallins des Alpes occidentales, faite en 1903 au Congrès de Vienne ; l’autre, sur la Synthèse géologique des Alpes, faite en 1906 à Liège. SÉANCE DU 7 MARS 1910 295 M. L. Pervinquière dépose sur le bureau les numéros de la Revue scientifique contenant les articles suivants: « Les Crus- tacés du Carbonifère d'Écosse et la phylogénie des Crustacés » ; « Résultats scientifiques de l'expédition Shackleton » (où il résume, d'après l'édition originale anglaise, les données acquises, dont quelques-unes ne sont pas mentionnées dans la traduction française) ; « Notice nécrologique sur Philippe Thomas ». M. Pervinquière rend compte de son voyage à Moulins où il a représenté la Société aux obsèques de notre regretté confrère, et transmet à la Société les remerciements de Mme Philippe Thomas. M. Lissajous. — Présentation de notices sur quelques fossiles intéressants du Jurassique du Mäconnais. L'auteur décrit, entre autres, une Ammonite excessivement curieuse du Bathonien inférieur à laquelle il a cru devoir donner un nom de genre. Il espère que les spécialistes voudront bien lui donner leur avis. Le Bathonien mâconnais est en effet fort riche en Céphalopodes dont beaucoup ne paraissent pas avoir été étudiés. A. Riche. — Sur la nosilion stratigraphique de Creniceras Renggeri OpPr. Le Bulletin de la Société géologique ([4], IX, p. 79) de 1909 renferme une note de M. le chanoine Bourgeat sur le Jura, où il signale (p. 81) l'existence, à Saint-Claude, de marnes à Creni- ceras Renggeri OP. sp. entre le Callovien et les couches à Spongiaires de Birmensdorf. On pourrait alors en conclure à la présence de l’Oxfordien inférieur dans cette localité, ce qui ne me parait pas exact. Creniceras Renggeri, représenté par une variété à ombilic un peu plus ouvert que dans le type, se rencontre en effet à Saint- Claude, mais surtout dans le Bas-Bugey, dans les couches de Birmensdorf même. Ma conclusion est que cette espèce, au moins ladite variété, n’est nullement caractéristique de l'Oxfor- dien inférieur (zone à Cardioceras cordatum), puisqu'elle passe dans l’Oxfordien supérieur (zone à Ochetoceras canaliculalum). Je compte insister plus longuement sur ce fait intéressant dans une prochaine note. QUELQUES REMARQUES A PROPOS DU JEUNE DES AMMO- NITES (PROPLANULITES) MUTABILIS SOWERBY ET AMM. (A ULACOSTEPHANUS) PSEUDO-MUTABILIS DE LorioL PAR Robert Douvillé. Dansune communication précédente (B.S.G.F., (4), IX; 1909, p. 234) nous avons indiqué que l'espèce callovrenne Proplanulites Koenigi devait être considérée comme une forme à côtes non inter- rompues sur la région siphonale. A l'appui de cette façon de voir nous avons décrit et figuré des échantillons provenant d’Argences (Calvados) [Bull. Su linns ide Norm:.12) MTL ep: 191 1909! dont les jeunes sont complètement périsphinctoïdes. Seule la ligne suturale, qui présente déjà les caractères de celle de l'adulte (ligne suturale inverse, très différente de celle des Perisphinctes) permet de définir cette forme Jeune. a D ce d e f qg FiG.1. — a, b,c. Aulacostephanus pseudo-mutabilis ne Lorior; d,e, Proplanu- lites Hector n'Ors.: f, g, P. mutabilis Sow. Échantillon de Chablis (Yonne) (ancienne coll. Rathier) Gr. nat. — Il serait possible que les formes à côtes interrompues fussent des mâles bien que l'une de celles à côtes continues (d, e,) montre (?) des traces d'apophyses jugales. Cette espèce est reliée dans le temps, par diverses formes intermédiaires, à l'espèce kiméridgienne Propl. mutabilis. Cette dernière forme est ornée de côtes fines non interrompues sur la région siphonale, La variété à grosses côtes a été figurée {sans deseription)par d'Orbigny, sous le nom d'Ammonites Hector | Pal. franc., terr. jurass., pl. 215] et, du reste, rapportée inexactement par cet auteur au jeune de l'Amm. Erinus b'Ons. Les deux espèces A. Hector et A. mutabilis sonttrès voisines et souvent peu dis- tinguables l’une de l’autre. 1910 AMM. MUTABILIS ET PSEUDO-MUTABILIS 297 Nous avons indiqué précédemment (loc. cif.; Bull. Soc. linn. Norm.) qu'à ces formes à côtes non interrompues sur la région siphonale correspondaient des formes à côles interrompues possé- dant à peu près exactement la même ornementation des flancs. Ces formes sont bien connues au moins dans le Kiméridgien et sont rangées dans le genre Aulacostephanus dont l'Amm. pseudo- mutabilis pe Loroz est la forme française la plus connue. En comparant les figures données par d’Orbigny d’'Amm. Hector D'OR8. et d’'Amm. mutabilis Sow. in D'Or. — pseudo-mutabilis DE LorioL | Pal. franç., terr. jurass., pl. 214 et 215] on constate immédiatement l’analogie complète d'ornementation que pré- sentent ces deux formes [une toute petite différence dans la gran- deur de l'ombilic mise à part]. Les échantillons sur lesquels nous désirons attirer l’attention ont été donnés à l'École des Mines par M. le colonel Jullien (fig. 1). Ce sont des jeunes et leur intérêt réside en ce fait qu'ils montrent parfaitement, dès 2 ou 3 cm. de diamètre, une diffé- renciation aussi nette que possible entre formes à côtes non interrompues et formes à côtes interrompues. Les premières doivent être rapportées à l'espèce Am. mutabilis Sow. ou à sa variété à grosses côtes Am. Hector D'Orr., les secondes à l'espèce Am. pseudo-mutabilis be LoroL. Ces exemples joints à celui du jeune à forme périsphinctoïde des Propl. Koenigi Sow. d'Argences montrent que les deux groupes de formes sont parfaitement différenciés dès le jeune. Nous ne savons pas encore à quelle forme à côtes interrom- pues correspond dans le Callovien inférieur Propl. Koenigi. Il serait très séduisant de considérer les formes à côtes inter- rompues | À. pseudo-mutabilis] comme les mâles des formes à côtes non interrompues [ Am. mutabilis, Am. Hector]. Nous sommes du reste les premiers à remarquer que certains jeunes à côtes interrom- pues présentent des races d'apophyses jugales, ce qui est généra- lement considéré comme un caractère de mâle et viendrait à l'encontre de notre hypothèse. On sait en effet que les formes ækotraustiques, généralement considérées aujourd'hui comme les formes mâles d'autres genres, portent souvent sur tout ou partie du test un sillon assez pro- fond à l'emplacement du siphon. Il se pourrait que les côtes inter- rompues franchement (comme chez les AReineckeia calloviennes!, les Aulacostephanus kimméridiens et les Hoplites s. s. du groupe de lautus de l’Albien) fussent un caractère de mâle. 1. Remarque de notre confrère le Colonel Jullien. OBSERVATIONS SUR LE NUMMULITIQUE DES AÂLPES SUISSES par Arnold Heim. Sommaire : Introduction. — 1. Le passage du Lutétien autochtone au Priabonien autochtone. —2. Le Nummulitique au Nord dulac de Thoune. — 3. Le Nummulitique des nappes des Diablerets et du Wildhorn. — 4. Questions paléontologiques. INTRODUCTION. — En terminant mon mémoire sur le Nummu- litique des Alpes Suisses!, J'ai ajouté deux mots qui se peuvent traduire de la façon suivante : « Le travail était difficile, et je sens bien qu'il doit y avoir encore beaucoup d'erreurs à corriger. Je m efforcerai de les découvrir moi-même, et j'accepte- rai avec reconnaissance toute correction ». Il y à un an que mon mémoire est paru, et les critiques attendues ont été publiées par deux savants géologues qui s'occupent spécialement du Nummulitique de la Suisse, et dont la manière d'interpréter les synchronismes est contraire à la mienne. L'un est mon vénéré maître Maurice Lugeon de Lausanne? l’autre est mon ami Jean Boussac de Paris. Je tiens en grande estime ces travaux à deux points de vue : ils élu- cident les points difficiles des questions théoriques, et ils ajoutent en même temps des observations nouvelles sur le Nummulitique des Alpes occidentales de la Suisse, qui sont de haute impor- tance. C'est là une lacune de mon mémoire qui vient d’être com- blée. Tout d’abord, je constate que, outre les faits observés, une quantité de mes idées viennent d’être «cceptées sans modifica- tions. Le débat a pour objet les synchronismes des couches num- mulitiques de la Suisse orientale avec celles de la Suisse occidentale et des Alpes françaises. D'après les recherches de MM. Lugeon et Boussac il y a bien sûrement dans mon mémoire des erreurs de synchronismes qui doivent être corrig'es. Cependant, il ne 1. Annocn Hein : Die Nummuliten und Flyschbildungen der Schweizeralpen Versuch zu einer Revision der alpinen Eocaen-Stratigraphie. Abhandl d.Schweiz. pal. Ges., 190, vol. XXXV, 301 p., 26 fig. 8 pl., Zurich, mars 1909. 2, M. Lucsox : Le Nummulitique de la nappe du Wildhorn entre le Sanctsch etla Kander. Eclogæ geol. helv. 1909, vol. X, n° 6, p. 737-739. 3. Jean Boussac : Les méthodes stratigraphiques et le Nummulitique alpin, B.S.G.F., (4), IX, 1909, p. 30-33. — Observations sur le Nummulitique des Alpes suisses. B. S. G. F., (4), 1909, IX, p. 179-196, pl. 1v. 1910 NUMMULITIQUE DES ALPES SUISSES 299 s’agit là pour moi que de détails, tandis que les grandes lignes de mon interprétation doivent être maintenues. 1. LE PASSAGE Du LUTÉTIEN AUTOCHTONE AU « PRIABONIEN » AUTOCHTONE. — M. Boussac est d'accord avec moi que la grande masse du Flysch des Alpes orientales de la Suisse est d’âge lutétien. Le Flysch autochtone se continue, d'après moi, de l'Est au delà de la Reuss jusqu'à Engelberg, en surmontant les couches inférieures du Nummulitique que j'ai désignées après Kaufmann sous le nom de « Pilatusschichten ». D'après M. Boussac, au contraire, l'immense Flysch lutétien de la Suisse orientale devrait être plus ancien que les « Pilatusschichten » d'Engelberg, parce que celles-ci contiennent là des Nummulites Fabianü PREv. J'ai basé mes synchronismes principalement sur quatre profils détaillés que j'ai relevés au Kistenpass, au Kammerstock près Linthtal; au Schlossherg près d'Engelberg et au Pilate- con M. Boussac reproduit A ne en en grande échelle les trois premiers sans s'occuper du quatrième (/. c., pl. vi, fig. 5-7), en prenant « le même figuré pour les mêmes formations lithologiques». J'estime qu'on peut bien, dans la nature, distinguer des grès différents, tels que les grès qui forment des intercalations dans les « Dachschiefer », les grès du groupe de Taveyannaz, les grès des couches inférieures nummulitiques (Pilatusschichten). De même on peut distinguer les schistes gris à Globigérines des « Dachschiefer » qui représentent un niveau plus élevé. En repro- duisant comme M. Boussac les prolils, on pourrait démontrer un peu partout que des couches non identiques ne se correspondent pas?. Ces trois profils mis l’un directement auprès de l'autre donnent l'impression d'une semblable exagération des hauteurs que me reproche avec raison M. Boussac pour la figure (p. 147) de mon mémoire qu'il reproduit (pl. vi, fig. #). Je renvoie le lecteur à la figure que J'ai donnée antérieurement{B.8S.G.F.,(%), IX, 1909, p. 26). J'avoue, cependant, qu'il est possible que les couches à N. Fabiani d' Engelberg puissent correspondre non aux « Pilatus- schichten » ere A mais aux « Pilatus- schichten » supérieures. Mais la chose principale c’est pour moi que ces couches sont surmontées d’abord par des schistes (Schistes à Globigérines), puis par des grès du groupe de Taveyannaz et des 1. Voiraussi: ArxozD Hem. Sur le Nummulitique des Alpes suisses. B.S. G.F., (4), IX, 1909, pp. 25-29. 2. Le faux conglomérat que cite M. Boussac (p. 182) doit être exclus des « Pila- tusschichten, » qui n'atteignent, au Schlossherz, non plus 90, mais environ 0 m. 300 ARNOLD HEIM 7 Mars Dachschiefer à Poissons. Et je répète que, au canton de Glaris, les « Dachschiefer » à Poissons sont recouverts normalement par les couches du Blattengrat à faune d’'Einsiedeln, tandis qu’à Engel- berg les mêmes « Dachschiefer » représentent un niveau plus élevé que les grès à Nummulites Fabianii et les couches à Cérithes. Je ne pousserai pas plus loin ces questions, puisque l'été pro- chain donnera l’occasion pour de nouvelles recherches sur le terrain. l 2. Le NumuuiriQue AU Norp pu LAC Dé THoune. — M. Bous- sac vient de nous donner d’après ses observations sur le ter- rain, une coupe dessinée montrant les changements de faciès du Nummulitique entre Sigriswyl Grat et le Harder, accompagnée d’un texte explicatif. Ces changements avaient bien attiré mon attention, mais les observations me semblaient trop incomplètes et la tectonique entre Beatenberg et le Harder trop compliquée pour donner plus qu'une description sommaire et incomplète des changements de faciès !. J’estime qu'il est presque impossible de mesurer les épaisseurs normales des couches nummulitiques dans les environs de Sundlauenen et jusqu'au Harder, et c'est pour cela que le profil donné par M. Boussac reste pour cette région plus ou moins hypothétique. Je ne suis pas persuadé que les calcaires à Lithothamnium qui, au «flanc occidental du massif du Waldego » forment des intercalations dans des schistes, sont les représentants du «Ralligmarmor ». Elles pourraient être consi- dérées comme plus élevées. Du reste, d’après ce que je puis juger, je suis parfaitement d'accord avee la manière de voir de M. Bous- sac en ce qui concerne les changements de faciès au Nord du lac de Thoune dans le profil transversal?. Le contact du Crétacique et de l'Éocène est une hipénaccordence symétrique très netteÿ. 3. LE NUMNULITIQUE DES NAPPES DES D'IABLERETS ET DU WILDHORN. — C’est presque en même temps qu'ont paru les deux notes sur le Nummulitique de la nappe du Wildhorn de MM. Lugeon et Boussac. Ces deux géologues ont fait ensemble des excursions dans cette région en 1908 et 1909, et ils arrivent en général à des résultats concordants. Voici ce qu'écrit M. Boussac du Nie- 1. Nummuliten-und Flyschbildungen, p. 30-31,154. Voirenoutre, ArxozD HEIN : - Dber die Beatusthühlen am Thunersee. Vierteljahrsschr. d. nat. Ges. Zürich, 1909, p. 52-63. 2. A la page 183, M. Boussac indique d'après moi une épaisseur du Hohgant- sandstein inférieur du Sigriswylgrat de 1 à 2 m. au lieu de 25 m. comme je l'ai noté aux pages 34 et 37. 3. Par erreur d'écriture j'ai indiqué à la page 174 de mon mémoire « asymme- trische Paenaccordanz » au lieu de « symmetrische Paenaccordanz ». 1910 NUMMULITIQUE DES ALPES SUISSES 301 senhorn (nappe du Wildhorn) : «Le fait capital c'est qu'au- dessus de ces « grès du Niederhorn » ! viennent les couches à Cérithes, épaisses de 3 m., formant iei une intercalation lenticulaire ». Il se base dès lors sur le synchronisme de ces couches à Cérithes célèbres des Diablerets. M. Lugeon, cependant, nous dit du même endroit : « Les couches à Cérithes ne sont plus représentées que par des bancs dont le parallélisme avec ces couches ne peut pas être démontré péremptoirement ».J'ajouterai que, pour moi, la dé- monstration stratigraphique de l'identité du «grès du Niesenhorn » avec le « grès du Niederhorn » — Grès du Hohgant, ne me parait pas encore sullisante pour prouver que les couches à Cérithes des Diablerets représentent un niveau stratigraphique plus élevé que les couches à Cérithes du Sigriswylergrat. Mettons maintenant ces questions de côté et acceptons sans réserve les parallélismes discutés par M. Boussac, en admettant qu'ils peuvent être justes. Eh bien, je me suis trompé, et les couches à Cérithes des Diablerets sont plus jeunes que les couches à Cérithes du Sigriswylergrat. « Sa méthode purement stratigraphique » — dit M. Boussac — a donc conduit M. Arnold Heim à une interversion complète de la succession des faunes ; bien que la paléontologie seule ne soit pas suffisante, elle n'eût _ point cependant permis une pareille erreur. Mais la paléontologie et la stratigraphie bien comprises sont toujours d'accord ». Evi- demment cela semble être une erreur, mais pour moi une erreur de détail ; laméthode purement paléontologique en fait de plus grandes. C'est que, d’après ma conviction non ébranlée, les couches supé- rieures à grandes Nummulites {couches d'Einsiedeln) recouvrent l’ensemble des couches « priaboniennes » à petites Nummulites aussi bien que les couches inférieures à grandes Nummulites. J'accepterai que les couches à Cérithes, dans le tableau syn- chronique de mon mémoire (p. 141), doivent être déplacées légè- rement, mais sans changement de la partie supérieure de la même et dernière colonne qui se rapporte aux Diablerets. Qu'il me soit permis de remarquer encore que je n'ai pas donné la position des couches à Cérithes du lac de Thoune sans faire de réserves (p. 140) et que j'ai insisté sur ces mots vers la fin de mon mémoire (p. 298) : Il faudrait, autant que possible, qu'un seul et même observateur ait observé et comparé les faits dans la nature. Or, c'est là le point faible de mon mémoire, puisque, étant conva- lescent, je n'ai pas pu faire de nouvelles observations dans les 3. Grès du Niesenhorn — Grès du Niederhorn (oberer Hohgantsandstein) d'après M. Boussac. 302 ARNOLD HEIM 7 Mars Alpes occidentales de la Suisse. Je n'avais plus alors, comme base de comparaison, que les travaux de Renevier sur les Diablerets. MM. Lugeon et Boussac nous ont apporté des observations nou- velles. Leur « argument péremptoire » nous apprend qu'il faut placer lescouches à Cérithesnon dansles « Bürgenschichten » (Pila- tusschichten inf.), mais à la partie supérieure des « Pilatusschi- chten » ou « Hohgantschichten ». Dès lors, il faut reprendre la question du synchronisme des couches à Cérithes des Diablerets avec ceux du massif de l’Aar. La bipénaccordance symétrique, dans la région du Wildhorn, est, d’après ces recherches, aussi nette qu’au Nord du lac de Thoune. k. QUESTIONS PALÉONTOLOGIQUES. — M. Boussac me reproche de m'être basé sur « de vieilles listes données par de vieux auteurs ». Je n'avais pas l'intention de faire une revision des faunes de Mollusques déposées dans les musées de la Suisse. Il s’agit en grande partie de moules mals conservés et prove- nant de gisements non suffisamment déterminés. Il fallait done bien faire un aperçu rapide des travaux qui existent. Un des points de départ principaux est l'attribution de l’âge lutétien de la faune d'Einsiedeln, que personne ne discute aujourd’hui. Quant à la faune des Diablerets, M. Boussac semble m'avoir mal compris. J'ai bien connu et cité plusieurs fois les travaux de M. Oppenheim, et je ne conteste nullement l'avis de'M. Oppen- heim et de M. Boussac quela faune des Diablerets corresponde à la faune célèbre de Priabona. Mais je dis que les recherches sur le Nummulitique de la Suisse m'amènent à attribuer un âge lutétien à ce Priabonien par suite de la superposition stratigraphique des couches d'Einsiedeln aux couches priaboniennes. Puisque les étages chronologiques de l'Éocène ont été établis dans le bassin de Paris, je propose aux paléontologistes modernes de comparer de nouveau les faunes alpines directement aux faunes du bassin de Paris. On verra ensuite le peu de certitude des parallélismes des couches nummulitiques de la région alpine avec ceux du bassin de Paris. Au lieu de parler couramment d'un Priabonien comme représentant l'Éocène supérieur du bassin de Paris, ce que je ne puis pas croire, j'aimerais voir reprendre la preuve pour ce synchronisme. Je ne puis encore moins accep- ter le droit de parler, dans les Alpes Suisses, d'un Auversien, nom établi d'après les sables d'Auvers dans le bassin de Paris. Traitant ensuite de la question chronologique des Nummulites, M. Boussac s'appuie principalement sur NV. Fabian comme 1910 NUMMULITIQUE DES ALPES SUISSES 303 seule Nummulite caractéristique du. « Priabonien ». C’est là un progrès de ne plus prendre comme caractéristique les autres petites Nummulites comme N. Boucheri et N. contortus-stria- tus que j'ai trouvées, aux environs du lac des Quatre-Cantons, mêlées avec des grandes Nummulites. N. Fabianti n'est connue dans la Suisse que de peu d'endroits ; elle est beaucoup moins répandue que les autres Nummulites. Ce sont là les meilleurs fossiles caractéristiques pour établir des synchronismes !, Nous devons à M. Boussac d’avoir trouvé, en 1908, la première A. Fabian de la Suisse. J'avoue et j'avouais dans mon mémoire que les changements de faciès ne suffisent pas pour faire comprendre la localisation de N. Fabiantü. Par contre je demande à M. Boussac pourquoi on ne trouve pas dans le « Ralligmarmor » du Sigriswylgrat, la N. Fabianii, puisque ces calcaires correspondent d’après lui-même, comme faciès et comme âge au calcaire à petites Nummulites des Diablerets et du Klein Hôrnli qui contient ce Foraminifère en abondance. Mon ami répondra ne les trouvera peut-être encore au Sigriswylgrat. cut M. Boussac critique ma manière d'interpréter la localisation des petites Nummulites et des grandes Nummulites, en parlant d'une province franco-alpine et d’une province hel- veto-bavaroise. « Etranges, ces provinces zoologiques qui s’ac- colent ainsi l’une à l’autre dans un même géosynelinal. M. Arnold Heim avoue du reste qu'il ne s’en explique pas les raisons ». Evidemment, on ne peut, au fond, ni s'expliquer ces « provinces » ni la marche d'une nappe de recouvrement ; mais ce n’est pas là une raison suflisante pour dire qu'elles n'existent pas. Je me rends bien compte que la répartition des deux faunes dites faune lutélienne et faune priabonienne est très compliquée, que la der- nière n'est pas exclusivement répandue, mais typique dans les Alpes françaises et la Suisse française, et que les deux peuvent, comme dans la Suisse occidentale, se superposer?. Depuis les découvertes de MM. Lugeon et Boussac dans les Alpes occidentales de la Suisse, la question de la faune à petites Nummulites se transforme un peu. En avouant que, à Engel- berg, les grès à Nummulites Fabianii pourraient, comme dans la Suisse occidentale, représenter les « Pilatusschichten » supé- rieures (et non les « Pilatusschichten » inférieures) on pourrait dire 1. Comme par exemple Pelloceras {ransversarium parmi les Ammonites. 2. Dans mon mémoire, j'ai remarqué (p. 295) qu'il ne s'agit pas de provinces ordinaires telles qu'on les applique en général, et que la désignation de province est peut-être mal choisie. 304 ARNOLD HEIM 7 Mars que la Nummulites Fabianii serait localisée dans les Alpes Suisses, à ce niveau des « Pilatusschichten » supérieures, dans les- quelles on n'a, jusqu'à présent, pas encore trouvé de grandes Nummulites. Ces couches sont recouvertes par un ensemble puissant et peu ou point fossilifère de grès de Taveyannaz et de « Dachschiefer », qui supportent eux-mêmes le second grand niveau à grandes Nummulites, les couches d'Einsiedeln. En constatant que les lignes principales de mon interpréta- tion des synchronismes ne sont pas rejetées, je renouvelle l'expression de ma reconnaissance envers MM. Lugeon et Boussac, dont les travaux ont effacé une erreur de mon mémoire. Comme ce ne sera pas la seule, j'espère que de nouvelles corrections apporteront une clarté parfaite sur ces questions qui sont les plus difficiles de la stratigraphie alpine. M. Boussac ne croit pas utile de prolonger, en ce moment, la dis- cussion avec M. Arnold Heim; il a dit, dans sa dernière note, tout ce qu'il avait à dire dans l'état actuel de la question. Mais il a observé, l'été dernier, des faits nouveaux, tout à fait en faveur de sa manière de voir, et qui changeront la face de la discussion. L’exposé de ces faits constituera sa réponse à M. Arnold Heim. M. Boussac, toutefois, est heureux de constater que, dès maintenant, son savant confrère de Zurich a modifié ses idées sur la position strati- graphique des couches à Cérithes des Diablerets, et qu'il veut bien les considérer comme plus récentes que les grès du Hohgant. PRINCIPAUX RÉSULTATS D'UNE RÉCENTE MISSION. AU Maroc (ÉTÉ-AUTOMNE 1909). par Louis Gentil. J'ai parcouru en 1909, au Maroc, trois régions différentes : le pays des Zaër, la région de Fès et le Sud-Ouest marocain. 1° Le pays des Zaër, jusqu'ici inexploré, forme le prolonge- ment des Chaouïa ; il appartient encore à la Mese{a marocaine. La pénéplaine primaire n’y est pas recouverte par le Crétacé qui s'arrête à la limite des Smâla, au Nord du Tâdla. Dans la par- tie orientale, chez les Guefian, elle montre un relief de rajeu- nissement dans des schistes, des quartzites et des calcaires paléo- zoïques recouverts par les couches rouges, avec roches volca- 1910 RÉSULTATS D'UNE RÉCENTE MISSION AU MAROC 305 niques, du Permo-Trias ; on retrouve là, la structure des Mdakra ". Enfin une ellipse granitique (granite à mica noir avec cortège de granulites), qui a fortement métamorphisé les schistes paléo- zoïques, forme un plateau qui rappelle, par ses arènes et son modelé, certaines parties du Morvan. Au point de vue tectonique, les vestiges de la chaîne hereynienne offrent un grand intérêt. J'ai montré que cette chaîne prenait, dans le Nord des Chaouïia, une brusque direction armoricaine pour aller s'effondrer sous les eaux de l'Océan entre Bouznika et Rebat?. Chez les Zaër, au contraire, la chaîne primaire prend une direction nettement varisque par suite d’une virgation de ses plis vers le NE. des Chaouia : elle semble se poursuivre encore dans le massif montagneux des Zaïan que j'ai pu toucher sans pouvoir le pénétrer dans la vallée supérieure de l’ouad Grou. C'est à cette limite que semble d'ailleurs s'arrêter la Meseta marocaine. La zone littorale des Zaër, chez les Mzarà, est couverte par le Pliocène avec les mêmes faciès que dans la zone littorale des Chaouia. Le Miocène à grandes Huîtres du 2° étage méditerranéen affleure sur la bordure orientale et se trouve en continuité vers le Nord, avec le Miocène de la vallée de l’'ouad Bou Regreg. Enfin la zone des terres fertiles se poursuit sur les calcaires gréseux pliocènes des Mzarà, comme dans les Chaouïa. 2° La région de Fès est très intéressante. Le Jurassique, reconnu depuis longtemps aux djebel Zalar’ et Zerhoun, ne paraît pas très fossilifère ; mais une étude stratigraphique détaillée s’im- pose qui, en amenant la découverte de beaux gisements, offrira beaucoup d'intérêt, surtout dans le Zerhoun. Une ascension dans ce massif m'a permis de voir que le Jurassique des environs de la capitale marocaine forme une série de dômes et de cuvettes synclinales rappelant ainsi la structure du Rif occidental que j'ai observée entre le dj. Kelti, Tétouan et le Mont aux Singes. A ce point de vue, Fès se trouve encore dans la zone plissée du Rif. La région a été envahie par la mer miocène dès le début de l'Helvétien ; on y rencontre d'abord des argiles épaisses à grandes Huitres, surmontées de bancs de poudingues, puis de grès argilo- sableux. Enfin des marnes et calcaires marneux blanchâtres couronnent cette série concordante. Les argiles sont helvétiennes et les conglomérats tortoniens : 1. Louis GenrTis. Rapport sur une mission scientifique au Maroc en 1908. Nouv. Arch. Miss. scientif., t. XVIII, p. 29-47. 2. Loc. cit., p. 43-44. 25 novembre 1910 Bull. Soc. géol. Fr. X,. — 20. 306 LOUIS GENTIL 7 Mars quant aux couches blanches elles ne peuvent représenter qu'un faciès du Tortonien ou plus vraisemblablement le Sahélien. Le Miocène inférieur n'existe pas, du moins sur le parcours que jai suivi entre Fès et Kçar el Kebir, par la nzala Beni Amar. Il semble bien, ainsi que je le faisais entrevoir depuis deux années, qu'il y ait transgression du Miocène moyen et du Miocène supé- rieur dans le détroit Sud-Rifain lequel, rétréci au seuil de Taza, s'est étalé vers l'Ouest jusqu'à Larache et sur la Meseta marocaine. Il est impossible d'admettre avec M. Brives la grande exten- sion des affleurements triasiques dans le R’arb, cet auteur ayant confondu avec le Trias gypseux, les argiles helvétiennes dans les- quelles on trouve seulement, de loin en loin, des pointements exigus de Trias lagunaire, avec ou sans roches ophitiques, tel qu'il se montre fréquemment dans le Tell algérien. Et cette confusion de mon savant confrère entache assez gravement les déterminations stratigraphiques de sa carte géologique, du moins suivant la route que J'ai suivie ! de Fès à Tanger par Kçar el Kebir. 3° Dans le Sud-Marocain j ai excursionné chez les Abda, puis jai gagné Mogador en recoupant l'ouad Tensift et le djebel Hadid. Le pays des Abda appartient encore à la Mese{a marocaine ; le Pliocène y recouvre le Crétacé ou des niveaux élevés du Juras- sique, et partout il supporte des firs ou des hamri. J'ai en outre parcouru, entre Mogador et Agadir, l'extrémité occidentale du Haut-Atlas, région dont j'avais rapporté, à mon premier voyage (1905), d'importants documents paléontologiques, surtout du Crétacé. Je n'ai malheureusement pas pu revoir à loisir tous les gisements que j'avais antérieurement trouvés à cause de l’état d’hostilité des tribus entre elles, par contre, j'ai décou- vert de nouveaux points fossilifères assez nombreux, qui me per- mettront de préciser mes premières données stratigraphiques et de les compléter. C’est ainsi que J'ai pu constater que le Juras- sique dont j'avais signalé la présence dans les anticlinaux qui descendent vers le littoral atlantique, est beaucoup plus déve- loppé que je le supposais. Enfin, au point de vue tectonique, j'aiapporté sur la structure du Haut-Atlas occidental de nouvelles données, ainsi que le montre ma précédente communication. 1. A. Brives. Voyages au Maroc, Alfred Jourdan, Alger, 1909, feuille IIT. PRINCIPAUX RÉSULTATS GÉOLOGIQUES DE LA MISSION LEGENDRE AU PAYS LoLo (SETCHOUAN, CHINE). par LE docteur Legendre Er Paul Lemoine. Le pays lolo, que le Dr Legendre a exploré, est habité par des populations à peu près indépendantes de Chinois ; 1l se trouve au SW. de la province de Se-Tchouan. Son étude offre donc un certain intérêt au point de vue français; car on peut penser qu'il rentrera dans notre zone d'activité commerciale. Cette région était absolument neuve au point de vue géolo- gique. Seul un itinéraire de Loczy la borde au Nord et un itiné- rare de Leclère passe à 130 km. au Sud. Elle a 400 km. de lon- œueur et 250 km. de largeur; le Dr Legendre n'a pas parcouru moins de 2000 km. Le dépouillement des renseignements con- signés sur ses carnets pendant tous ses voyages et leur com- paraison avec les échantillons rapportés! a permis dé dresser une carte géologique au 1/500 000 de cette région. On a distingué les groupes suivants? : 1) graniles, granulites, pegmatites, gneiss, ete. ; 2) Schistes ef micaschistes, souvent accompagnés de filons aurifères ; 3) Cipolins ; 4) Porphyres très développés en plusieurs points ; 5) Grès, quelquefois intercalés de roches éruptives ou traversés par elles; des subdivisions y seront établies ; 6) Calcaires formant tous les hauts plateaux du pays lolo et déterminant l'apparition d'un paysage très carac- téristique (tours, donjons, etc.). La position de ces grès et surtout de ces calcaires dans l'échelle stratigraphique ne laisse pas d’être assez préoccupante. La division supérieure des grès (grès de Tchen-Tou) a bien fourni quelques fossiles à Loczy. Ces fossiles lui ont permis d'attribuer à ces grès un âge liasique en certains points, triasique en d’autres. Mais, en ce qui concerne les calcaires, nous n'avons aucune donnée d’âge. Bien plus, les calcaires signalés dans les régions environnantes par Loczy ou par Leclère se trouvent, soit intercalés dans les grès, soit en dessous d'eux. Cependant ceux qu'a vus le Dr Legendre sont, presque partout, nettement au- dessus des grès. Localement, en plusieurs points, ils sont comme effondrés au milieu d’eux. 1. Ces échantillons sont déposés dans les collections de Géologie du Muséum ; M. Stanislas Meunier a bien voulu en confier l'étude à M. Paul Lemoine. 2. Il n'y a malheureusement aucun fossile parmi les échantillons rapportés, de sorte que les distinctions sont purement lithologiques. 7se-Ta-Ti PEÂIN » Profiln°2 £ SI KEINE ++ ic. 1. — Carte et coupes g An! / LEGENDRE ET P. LEMOINE Br 4o-Pa é 2 Calcaires Gres : En ee ÿ # polins Granites des ologiques schématiques du Pays Loro. — 500 000 env. 1 Mars Schistes de Ya-Tcheou Porphyres Mricaschisles - limites gpproxtmatives formaelions Raccords h ypothetiques & 1910 MISSION LEGENDRE EN CHINE 309 La répartition géographique des accidents tectoniques est assez intéressante. On constate d’abord l'allure NS. des grands aceidents de la feuille. L'axe anticlinal, occupé par le granite qui va de Ning-Yuan-Fou à Tsé-Ta-Ti, a nettement cette direction. Il est bordé à l'E. par un pays gréseux ou calcaire, à l'W.: par une bande de micaschistes extrêmement curieuse, recoupée quatre fois, qui a toujours à peu près la même largeur et qui est jalonnée en un grand nombre de points de son parcours par des filons de quartz aurifère. Au milieu de ce grand anticlinal granitique se trouve un synclinal secondaire occupé par des grès. Le synclinal gréseux coïncide d'une façon très nette avec le grand sillon rectiligne qu'occupe la rivière Ngan-Ning. Ces accidents NS. sont d’ailleurs bien connus plus à l'W. et paraissent être la caractéristique tectonique de cette portion de l'Asie. Un autre accident assez net sur la carte a une direction tout autre, presque EW. ; il coïncide avec la grande chaîne appelée Ta-Pao- Chan par le Dr Legendre et qui prend tout son développe- ment au col du Ta-Siang-Ling ; cinq itinéraires ont recoupé sur une longueur de plus de 100 km. des pointements de por- phyres, de granites, de cipolins, à des altitudes très élevées. Il paraît séparer deux bassins assez nets : au N., le bassin de Tchen- Tou où la partie supérieure du système gréseux (grès rouges de Tchen-Tou) occupe la plus grande surface ; au S., le pays Lolo, où les masses calcairés ont subsisté au-dessus des grès, donnant à ce bassin un aspect montagneux très accentué. Il faut ajouter de plus que les grès rouges de Tchen-Tou, très développés dans le premier bassin, paraissent plus réduits dans le second, tandis que des grès psammites, à leur base, prennent un développe- ment considérable. Le détail de l'allure tectonique présente de très grosses diffi- cultés. Une série de failles amènent le calcaire à des aititudes plus ou moins élevées et le mettent en contact brusque avec un terme quelconque du système gréseux. De plus les calcaires ne paraissent pas reposer toujours sur les mêmes terrains; il à semblé au Dr Legendre en contact tantôt sur les grès rouges de Tchen-Tou, tantôt sur les psammites, tantôt même, directe- ment sur les porphyres. C'est là avec la recherche de fossiles, l’un des problèmes que le Dr Legendre aura à résoudre lors de son prochain voyage dans le pays Lolo, mais dès à présent les résultats d'ensemble ont paru assez importants pour être exposés ici. Séance du 21 mars 1910 PRÉSIDENCE DE M. A. LACROIX, PRÉSIDENT Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. Le Président proclame membres de la Société : MM. Charles Marquet, ingénieur civil des Mines, à Asnières, pré- senté par MM. A. Lacroix et de Romeu. Jean de Cardaillac, substitut du Procureur de la République, à Grenoble, présenté par MM. Kilian et-David Martin. Th. Beugnot, licencié ès sciences, vétérinaire-major au 32° régiment d'artillerie à Orléans, présenté par MM. Haug et Lanquine. Une nouvelle présentation est annoncée. M. L. Cayeux offre à la Société les tirés à part suivants : 1° « Découverte de l'Elephas antiquus à l’île de Délos (Cyclades) » (CR. Ac. Sc., CLXVIII, p. 1089-1090, 1908); 2° « Le quartz secondaire des minerais de fer oolithique du Silurien de France et son remplacement en profondeur par du fer carbonaté » (Zbid., CLXIX, p. 1095-1097, 1909); 3° « Évolution minéra- logique des minerais de fer oolithique primaires de France » (Ibid, p. 1388-1390); 4° « Prolongement des minerais de fer oolithique siluriens de la presqu'île armoricaine sous le Bassin de Paris » (Zbid., CL, p. 134-135, 1910); 5° « Les Algues cal- cures du groupe des Girvanella et la formation des oolithes » (Ibid., p. 359-361). M. Joleaud envoie une note intitulée : « Géologie et Paléon- tologie de la Plaine du Comtat et de ses abords. Description des terrains quaternaires. Fascicule 1 (Soc. linn. de Provence, mém. no 2). L'auteur a conclu de l'étude stratigraphique des terrasses situées au- dessus des lits actuels et des forages effectués dans les dépressions alluvionnaires que le niveau des eaux continentales ne s’est pas abaissé d'une façon progressive et continue jusqu'à son altitude actuelle. A plusieurs reprises, les vallées de la région envisagée ont été creusées très au-dessous de la cote des cours d’eau de notre époque. Ces varia- tions d’allure qui paraissent avoir été en rapport avec les grands mou- vements positifs et négatifs de la mer quaternaire ont déterminé des phénomènes de capture intéressant tout particulièrement les cours inférieurs de la Durance et de la Sorgues-Aurèze. « SÉANCE DU 21 MARS 1910 : 314 Ph. Négris et Const. À. Ktenas. — Sur l'âge triasique du cal- caitre de l’Acrocorinthe. L’Acrocorinthe et les collines de Pente-Skouphia à l'Ouest sont formées de calcaires récifaux semicristallins blancs, alternant avec une formation composée de jaspes et de schistes avec bancs d'un calcaire noir rempli d'organismes oolithiques (près de la première porte de la forteresse); cette formation contient aussi des roches ophitiques. Le calcaire des deux collines les plus méridionales de Pente- Skouphia contient des coraux que M. le professeur À. Rothpletz a rapporté au genre Thecosmilia, très semblables d’ailleurs au Lithodendron des formations triasiques alpines ; d'autre part une empreinte d'Ammonite provenant de la même localité a été rapportée par le même savant à la famille des Arcestes ; M. Roth- pletz a reconnu aussi que les organismes oolithiques qu'on trouve aussi bien dans les calcaires noirs que dans le calcaire blanc de l’Acrocorinthe, formant dans ce dernier des agglomé- rations sombres, sont très semblables à ceux du calcaire de Marmolata et d'Esino. Les formations de l’Acrocorinthe pos- sèdent donc un âge friasique. La présence, d’après M. Renz (Zur Geologie Griechenlands, 1909, p.88), de Gyroporelles, probablement de Gyroporella vesicu- lifera GÜMBEL, dansle calcaire du Parnasse qui contient des coraux identiques à ceux de l’Acrocorinthe confirme cette manière de voir. M. Négris a retrouvé en outre les mêmes coraux plus au Sud au chaînon de Sikiona dans un calcaire au-dessous du couvent de St-Nicolas. Mais si l’âge du calcaire de l’Acrocorinthe doit être reculé, au Nord de l’isthme la présence de nombreux Rudistes dans le cal- caire au Sud-Ouest de Mégare confirme l’âge crétacé du calcaire du Mt Gerania, du moins dans la partie orientale, comme Gau- dry l'avait déjà constaté. A. de Grossouvre. — ()hservations sur les Creniceras Renggert et Cr. crenatum. Ces deux espèces, très analogues et cependant faciles à distin- guer en raison du mode différent d’enroulement de leurs tours, ont été parfois confondues : ainsi on a signalé la première dans les marnes à petites Ammonites ferrugineuses des environs de Niort, alors que s'y rencontre seulement Le Cr. crenatum. Jusqu'à présent Je n'ai trouvé ces deux espèces que séparément et toujours à des niveaux bien distincts. 312 SÉANCE DU 21 MARS 1910 La première seulement dans les zones inférieures de l’Oxfor- dien telles que je les ai définies dans le Bulletin n° 58 des Ser- vices de la Carte géologique de la France: zone à Am. Mariæ et zone à Am. Suessi (cette dernière espèce souvent confondue avec le vrai cordatus). Le Cr. crenalum ne se montre qu'au-dessus dans les zones à Am, cordatus el à Am. canaliculatus. Le nom d’Am. cordatus doit être réservé uniquement au type défini par Sowerby, lequel correspond aux formes de l’oolithe ferrugineuse de Neuvizy : mais au-dessus du niveau caractérisé par cette espèce aussi bien qu'au-dessous existent des mutations qui doivent être distinguées. En particulier, dans la zone à Am. canaliculatus on trouve, assez rarement il est vrai, une espèce qu'au premier abord on peut confondre avec l’ Am. cordatus, mais qui en est fort différente sous bien des rapports. SUR QUELQUES VERTÉBRÉS FOSSILES DU SUD DE LA TUNISIE PAR M. Boule. Notre très regretté confrère Ph. Thomas m'avait prié de déter- miner quelques ossements fossiles du Draà-el-Djérid au Sud de la Tunisie. Ces ossements lui avaient été envoyés par M. Bour- saux, qui les tenait lui-même de l’auteur de leur découverte, M. le Dr Gobert. Ces documents offrent un double intérèt : ils permettent de fixer l’âge d’une formation importante et sur le degré d’anti- quité de laquelle les géologues ne sont pas d'accord; ils nous révèlent en outre une curieuse association de types africains et de types asiatiques. La masse principale de l'isthme qui sépare le chott el Djérid et le chott Rharsa est formée par des sables siliceux, blancs, par- fois argileux et gypsifères, surmontés de grès ferrugineux, faci- lement désagrégés par les agents atmosphériques et riches en bois silicifiés. Ce puissant atterrissement recouvre de vastes espaces dans le Sud tunisien et dans le SE. algérien. Tissot en faisait du Pliocène; Pomel et Ficheur l'ont placé dans leur « Oligocène continental ». Ph. Thomas lui avait assigné un âge mio-pliocène et cette vue est confirmée par les fossiles que j'ai examinés. Les plus intéressants sont quelques dents de Merycopotamus, curieux artiodactyle de certains dépôts des Siwaliks où il était 1910 VERTÉBRÉS FOSSILES DE LA TUNISIE 313 jusqu'ici étroitement localisé. J'ai trois arrière-molaires supé- rieures qui ressemblent extraordinairement aux arrière-molaires des Merycopotamus dissimilis Farc. et CaurL. J'ai aussi quelques prémolaires qui paraissent assez différentes de celles de cette der- nière espèce, de sorte que le Merycopotamus tunisien devra pro- bablement recevoir un nom nouveau. J'ai aussi une cheville osseuse de corne de Ruminant, formée d’un tissu compact, qui ressemble beaucoup soit à une corne de Tragocerus amaltheus, soit à une corne del’Hemitraqus perimen- sis décrit par Lydekker et trouvé dans l'île de Périm avec Dinotherium et Acerofherium. Le même lot comprend quelques ossements d’Antilopes de quatre tailles et probablement de quatre espèces différentes, impossibles d’ailleurs à déterminer. La plus grande atteignait presque'la taille de Palæotragus Roueni de Pikermi ; la plus petite avait les dimensions d’une Gazelle. Enfin une portion de la partie antérieure d’une mandibule de Crocodile peut être rapportée à l’une des deux espèces des Siwa- liks : Crocodilus sivalensis Lyp. ou Cr. palæindicus Farc. Malgré leur petit nombre, ces documents sont des plus pré- cieux. Ils révèlent d'abord, dans une région jusqu'ici peu explorée, l'existence de gisements de Vertébrés fossiles, gisements qui pourront fournir, un jour ou l’autre, de précieux matériaux d’études. Ensuite ils permettent d’assigner à une vaste formation géologique de l'Afrique du Nord une date plus certaine que celles jusqu'ici entrevues, et de la considérer comme à peu près syn- chronique des formations continentales qui Jalonnent, sur une étendue immense, les gisements des Siwaliks, de Maragha, de Pikermi, de Samos, du Léberon, du Puy-Courny, de diverses localités espagnoles, ete. Enfin l'existence, dans l'Afrique du Nord, de types de Mammi- fères essentiellement asiatiques, comme les Merycopotamus et les Hemitraqus, mélangés avec de nombreux Ruminants de la faune éthiopienne, comme les Antilopes, est aussi un fait nouveau très digne de remarque. Il est de nature à nous fortifier dans l'idée qu'à l'époque de la formation des sables à végétaux sili- cifiés (aussi bien en Afrique que dans l'Inde où Merycopotamus dissimilis se trouve dans des fossil wood sands) l'Asie et l'Afrique étaient réunies par de vastes étendues continentales. Nous savons d'ailleurs que des relations, peut-être encore plus étroites, exis- taient en même temps entre l'Asie et l'Europe, ce qui n'a rien de surprenant, mais encore entre l'Europe et l'Afrique, la faune de Pikermiayant un caractère essentiellement africain. SUR LE PERMIEN DE MADAGASCAR PAR M. Boule. J'ai déjà fait connaître, par deux notes à l’Académie des Sciences, comment le capitaine Colcanap, correspondant du Muséum, avait, sur mes indications, exploré les formations de base de la série sédimentaire du SW. de Madagascar et avait eu la bonne fortune d'y trouver les traces d'une flore et d’une faune permiennes. J'ai dit aussi comment, quelques mois après, il avait découvert de la houille dans ces mêmes terrains. Je donnerai plus tard une note détaillée sur les observations stratigraphiques de notre très regretté confrère. En attendant je désire consigner ici quelques renseignements sur les principaux fossiles que j'ai reçus de lui. On sait que les terrains rapportés par moi au Permien, mais qui comprennent peut-être du Carbonifère à la base et du Trias au sommet, sont formés d’un complexe très épais de schistes, de grès et de conglomérats. Ces derniers renferment parfois de très gros blocs noyés dans une roche qui a les caractères des tillites de l'Afrique du Sud et d'autres pays où l’on a décrit des forma- tions glaciaires de l'ère primaire. On sait aussi que l’un des pre- miers échantillons que j'aie reçus de la vallée de la Sakamena pré- sente une belle et très nette empreinte de Glossopteris indica. Les Poissons, dont je n'avais fait que signaler l'existence, com- prennent plusieurs formes. L'une d'elles se rapporte au genre nommé Afherstonia par M. Smith Woodward et ce fait est des plus intéressants, parce que le genre Afhers{onia n'était connu jusqu'ici que de la partie inférieure de la formation de Karoo et de certains dépôts houillers des Nouvelles-Galles du Sud. Un de mes échantillons montre bien la forme générale, le suspenso- rium oblique, les grandes écailles dorsales, les sculptures des écailles, etc., caractéristiques d’un genre qui paraît être exclusi- vementantarctique et qui établit ainsi un lien paléogéographique des plus curieux entre l'Afrique du Sud, Madagascar et l’Aus- tralie. C'est à tort que M. Smith Woodward a cru pouvoir rappro- cher ces Poissons permiens de la région SW. de Madagascar d’autres Poissons provenant des schistes argileux à filons auri- fères du NW. J'avais parlé de ces Poissons dans mon cours public du Muséum en 1909 et je les avais rapportés au Trias, ce 1910 SUR LE PERMIEN DE MADAGASCAR 313 que paraît confirmer l'étude récente de M. Henri Douvillé sur les Céphalopodes qui les accompagnent. La belle et nombreuse collection de Quadrupèdes fossiles, que je dois à l'habileté et au dévouement du capitaine Colcanap, ren- ferme plusieurs types. Malheureusement tous les échantillons, d'une conservation admirable d’ailleurs, sont privés de têtes, ce qui rend leur détermination très difficile. Je veux toutefois signa- ler, parmi les plus faciles à définir, quelques formes qui pré- sentent un intérêt stratigraphique considérable. J'ai de belles portions de colonnes vertébrales d'un quadru- pède, probablement amphibien, au corps allongé et à très longue queue, ayant appartenu au genre Urocordylus où à un genre très voisin. Urocormdylus a été décrit par Huxley du terrain houiller de l'Irlande ; par Fritsch, du Permien de la Bohème ; par Cope — quoique sous des noms différents — du terrain houil- ler de l'Ohio. J'ai déjà appelé l'attention sur la présence, dans les couches à Glossopteris, du squelette d’un Reptile voisin de l’Hatleria actuel et, par suite, des fossiles rhynchocéphales du Permien de divers pays (France, Saxe, Thuringe, Afrique du Nord, etc.). Les nom- breux échantillons que je possède aujourd'hui dévoilent l'exis- tence de plusieurs formes de ce groupe, représentées par des individus de divers âges, et confirment l’étroite parenté de la plupart des Reptiles permiens de Madagascar avec l'Hatteria de la Nouvelle-Zélande, qui n'est peut-être qu'un survivant dégradé de ce groupe. D'autres empreintes sont remarquables par la gracilité des os, qui ont dû être creux comme le seraient de petits os de Dinosau- riens. Je n'ai pas besoin d'insister sur l'intérêt que pourra pré- senter, un jour ou l’autre, l'étude d'échantillons bien conservés de cette catégorie. Enfin, je dois ajouter que Colcanap m'a adressé de nombreux fragments osseux isolés et provenant de la partie tout à fait supé- rieure du complexe gréso-schisteux. Parmi ces échantillons se trouve une portion de mandjbule d'un Amphibien stégocéphale de la taille d'un Æryops. Notre spécimen ressemble beaucoup à ceux du Trias et aussi à une mandibule, qui serait très grosse, de notre Actinodon. Ces couches supérieures peuvent done appartenir encore au Permien. Quoi qu'il en soit, la présence d'un Stégocé- phale de grande taille à Madagascar agrandit encore l'aire de répartition de ces animaux répandus à la même époque dans les régions les plus diverses et les plus éloignées du globe. 316 M. BOULE 21 Mars M. A. Lacroix s'associe aux regrets exprimés par M. Boule sur la mort du capitaine Colcanap. Ce vaillant officier ne bornait pas ses recherches à la paléontologie. Il à fait d'intéressantes observations sur la pétrographie du pays Mahafaly et a fourni à M. A. Lacroix les éléments de leur étude. Les roches dominantes sont des gneiss parmi lesquels abondent des leptynites. Toutes ces roches sont riches en grenat almandin et en graphite qui y remplace souvent les micas ; 1l existe en outre en très srande abondance des cipolins riches en minéraux magnésiens (fors- térite, chondrolite, spinelle, phlogopite, ete.) et aussi de nombreuses roches silicatées basiques (gneiss à pyroxène, à amphibole, pyroxé- nites, roches à scapolite, etc.). Toutes ces différentes roches constituent les galets des conglomé- rats permiens dont vient de parler M. Boule. NOTE SUR LA (GÉOLOGIE DU SOUDAN par René Chudeau. I. Sénégal : 1° Le régime du fleuve ; 2° Les barrages du Sénégal. — IT. Le bassin de Tombouctou : 1° Les schistes anciens; 2° Les grès de Bandiagara; 3° Les ter- rains crétacés ; 4° Les alluvions du Niger:5° Les produits latéritiques ; 6° Tecto- nique. L I. — SÉNÉGAL. 1° Le régime du fleuve. — Le régime du Sénégal commence à être connu dans ses grandes lignes !; quelques points peuvent avoir un intérêt géologique. On sait que le Sénégal, formé par la réunion du Bakoy, du Bafing et du Baoulé coule jusqu'aux chutes de Mafou (près de Médine, à 12 km. en amont de Kayes) en pays montagneux et en terrain imperméable. Plus loin, il ne reçoit, près de Bakel, qu'un seul affluent sérieux, la Falémé. Toutes ces rivières prennent naissance dans des régions où, chaque année, il pleut beaucoup pendant quelques mois; en aval de Bakel, il ne reçoit presque plus rien. De Kayes (km. 904?) à Diouldé Diabé (km. 416), le fleuve coule dans un pays moyennement accidenté et présente de nom- breux barrages. En aval de Diouldé Diabé, il pénètre en plaine; même dans cette dernière partie de son cours, lelitest habituel- lement bien encaissé; aux basses eaux la hauteur des berges varie de 8 à 10m. dans la partie amont, de 2 à 3 dans la partie aval. Du voisinage de Bakel (km. 780) jusque près de Dagana (km. 164) sur une longueur de 600 km. le fleuve est doublé par une série de faux-bras (marigot de Doué, etc.) ; les thalwegs, morts aujourd'hui, qui, partant du Ferlo, aboutissent au lac de Guiers, semblent d'anciens bras du Sénégal”. Quelques lacs (Cayar sur la rive droite, Guiers sur la rive gauche) régularisent d’une manière très imparfaite les crues du fleuve. Grâce à la hauteur des berges, le Sénégal ne couvre habituel- lement pendant les hautes eaux que quelques kilomètres à droite 1. Harper. Le régime du fleuve Sénégal. Bull. Soc. Géog. Afr. occ. fr., I, 4, Déc. 1907,p. 243-267, 1 planche. 2. L’embouchure du Sénégal se déplaçant fréquemment, toutes les distances sur le fleuve sont comptées à partir de Saint-Louis (pont Faidherbe). 3. Capitaine Varrier. Revue des troupes coloniales, Janvier-Mars 1905. 318 RENÉ CHUDEAU 21 Mars et à gauche de son lit mineur; par place cependant il s'étale beaucoup plus largement, comme dans le Gorgol (Kaeïdi, km. 513) et surtout le long du littoral de Mauritanie: en 1908, l’eau du Sénégal est venue jusqu'à la sebkha de Moulakcheb [100 km. au N. de Biack, 150 au N. de Saint-Louis |! ; les nombreux cadavres momilfiés de Poissons d'eau douce, de Cychlidées surtout, qui cou- vraient le soi, confirmaient pleinement les indications des indi- gènes. Le régime du Sénégal est très irrégulier : la erue débute à Kayes en juin etatteint son maximum en septembre (15 ou 16 m. pour les crues normales); elle n'est plus que de 8 à 9 m. à Podor, vers le 10 octobre, et de 1 m. 30 à Saint-Louis, vers le 1°" novembre. A Kayes, le débit varie de 5 à 10 me. par seconde à l'étiage ; pendant la crue, il atteint # à 5 000 me. A Paris, les chiffres extrêmes observés sont 40 me. et 2 400 (crue de 1658). Pendant les basses eaux, la marée se fait sentir Jusqu'à Diouldé Diabé (km. 416) par l'inversion du courant ; près de Boghé (km. 350) on a observé, en mai 1906, que le fleuve montait de 15 em. en morte eau et de 36 en vive eau. L'eau du Sénégal, qui est à peu près douce à Saint-Louis de septembre à novembre, est salée jusqu’à Richard Toll (km. 142) en avrilet à plus de 200 km. de Saint-Louis, en amont de Dagana, en mail. Malgré la faiblesse du débit à l’étiage et le peu de pente du Sénégal?, l'évaporation Joue un rôle important dans cette péné- tration de l’eau de mer. Le capitaine Mathy a établi, par une sériede mesures concordantes, que le coefficient moyen journalier del’éva- poration était de 12 mm. ; toute l’eau qui passe en saison sèche à Kayes serait complètement évaporée au bout de 400 km. envi- ron; des suintements le long des berges permettent au Sénégal de cheminer un peu plus loin, mais il n’atteint pas la mer; d'où la rentrée d’eau salée. C'est en somme l’exagération du cas du Nil qui n’amène à la Méditerranée qu'une très faible fraction de l’eau qui est tombée sur son bassin supérieur. 1. D'après les renseignements indigènes, les crues arrivent fréquemment jus- qu'à Ijder, à 160 km. au Nord de Biack. 2, À Kayes, la plateforme du chemin de fer est à la côte 37,50 ; elle domine d'une vingtaine de mètres les barrages du fleuve. Cela fait donc, à l'étiage, à peine 20 m. de dénivellation jusqu'à l'embouchure, à plus de 900 km. de Kayes, soit environ 2,2/1000 000, de pente moyenne, moins que le Pô à son embouchure ; de Diouldé Diabé (416 km.) à la mer, elle n'est plus que de 0,5/100 000. 1910 GÉOLOGIE DU SOUDAN 319 2° Les barrages du Sénégal. — De nombreux barrages sont de simples bancs de sable, d’autres sont rocheux. J'ai pu exa- miner quelques-uns de ces derniers. À Diouldé Diabé, la roche est un calcaire en bancs horizontaux de couleur claire avec parfois une patine foncée. Ce calcaire est surmonté de grès tendres et de formations latéritiques. Un peu plus loin, le village de Daouabel, sur la rive nord du fleuve, est bâti sur un plateau limité par une falaise de 4 à 5 m. formée de calcaires blancs avec quelques rognons de silex. Ce sont des formations récifales appartenant probable ment à l'Éocène. Au microscope, un échantillon de Diouldé montre une section des Lifhothamnium : 11 y a aussi des débris de Bryozoaires et des baguettes d'Oursins. À Kaeïdi!, au confluent du Sénégal et du Gorgol, des grèstendres bariolés ont une puissance de 8 à 10 m. Ils sont souvent blancs avec taches violettes ou jaunes, parfois Jaunes ou rouges. Autour du village, les mêmes grès forment une série de plateaux (+ 20 m.) disposés en demi-cercle ; Le poste est bâti sur un plateau semblable, auprès du village. Ces grès sont souvent recouverts de produits latéritiques ; ils sont parfois aussi sursilicifiés à la surface et rap- pellent des quartzites. Les hauteurs de Djeoul et de Dindin que je n'ai vues que de loin m'ont semblé identiques à celle de Kaeïdi. Ces grès horizon- taux, probablement éocènes, se montrent de ea à autre jus- qu'au coude d’Orndoldé. À partir de Manaëli, les crêtes de quartzites très redressées deviennent fréquentes ; les phyllades et les micaschites plus alté- rables sont moins souvent visibles. La direction des affleurements est un peu variable ; le barrage de Diaoura [756 km. | est orienté NW.-SE. plongeant 40° SW. ; à Bakel [780 km. | les quartzites sont NS.: à Yafera, les micaschites plongent de 45° vers le Nord; leurs do . sont ENE.- WSW. À Diagourtoura la même roche affleure NE.-SW., avec plongement de 30° vers NW. À Goutioubi [825 km.}, un peu en amont de la Falémé, se montrent des schistes brun-chocolat par- fois barioléset des quartzites (affleurement NS., plongement vers W). Jusqu'à Kayes les schistes semblent former partout le fond du pays: les accidents topographiques principaux sont formés par des roches éruptives (porphyres de Solou). Les barrages de Kayes sont formés par un granite amphibo- lique, celui d'Ambidédi par une arkose. 1. Entre Daouabel et Kaeïdi, la roche de Kern est un grès noir, à ciment ferru- gineux, du type latéritique. 320 RENÉ CHUDEAU 21 Mars II. — Le Bassin DE TomMBoucrou. 1° Les schistes anciens. — Les schistes anciens sont bien représentés dans le bassin de Tombouctou. Ils occupent une surface considérable dans le Gourma, dont la mare de Gossi occupe le centre. Ils sont constitués surtout par des schistes argileux dont l’alté- ration superficielle donne naissance à des plaines horizontales, très plates, sans réseau hydrographique. En mettant à part quelques grandes mares souvent permanentes (Gossi, Hékia) qui ont pro- bablement une origine tectonique, la plupart des points d’eau secondaire que l’on rencontre entre Hombori et Bamba semblent avoir une origine humaine: ce sont des mares artificielles, des ébauches de citernes. +707 FiG. 1. — CRÈTE D'HExIA. Phyllades et quartzites contenant l’un et l’autre de nombreux cristaux de pyrite. Affleurement N 1/4 NW. Plongement 60° W. De loin en loin des crêtes de quartzites émergent des schistes; deux d’entre elles, proches de Hombori, élevées d’une centaine de mètres, portent les villages de Tondibougou et de Bélix. Des crêtes aussi importantes se trouvent au Nord de la mare d'Hékia ; onen connaît quelques autres de même altitude {capitaine Aynard, capitaine Gagin). Beaucoup sont moins élevées : 25 m. près de Gossi, # ou 5 seulement près de la mare d’Amoura. Ces quartzites sont concordantes avec les schistes et font par- tie du même ensemble comme le montre la coupe (fig. 1). Ces schistes renferment aussi quelques lentilles calcaires (fig. 2). L'une d'elles est exploitée depuis fort longtemps un peu au NW. de Bélia. La bande exploitée a #0 ou 50 m. de large sur un kilomètre de long de l'Est à l'Ouest ; les travaux consistent en trous de quelques mètres carrés de surface et profonds de 1 m. 50 à 2 m. ; on enlève les dépôts argilo-sableux qui cachent le calcaire à surface très érodée etqui semble avoir été longtemps exposé au ruissellement (je n'ai pas vu d'indices d'usure par le sable). 1910 ) GÉOLOGIE DU SOUDAN 321 L'exploitation a pour but la fabrication des bracelets de bras (abedj) portés par tous les Touaregs et beaucoup de peuplades noires, aussi ne cherche-t-on à extraire que de petits morceaux de marbre. À Hombori où les bracelets sont fabriqués, ils valent en moyenne 50 centimes et l’on en fait environ 1500 par an. Le Gourma conserve des caractères analogues vers le Sud jus- qu'à Dori et peut-être jusqu’à l’Atacora ; il y a lieu toutefois de remarquer que le métamorphisme est plus accentué vers le Sud comme vers l'Est et que les roches éruptives (basiques surtout) jouent un rôle important. Notons aussi, à proximité de l'Atacora, l'existence d’un plateau gréseux analogue à celui de Bandiagara. Dans le Mossi, plaine dont l'altitude varie entre 300 et 400 m. on trouve de puissants massifs de roches granitiques et des assises W regorge 0 FREE Fi. 2. — La cHaine DE Houpori, vue de Bélia. a et b. Quartzites de Bélia ; c, Plaine ensablée, couverte d'une végétation de parc. en général peu épaisses de gneiss et de micaschites ; quelques dômes granitiques surmontés de frontons gréseux forment les seuls reliefs (pic de Naouri, 600 m., pie de Bouyolo, 650)!, Vers l'Ouest, suivant une ligne NS. allant en gros de Tom- bouctou à Douenza, les terrains schisteux du Gourma disparaissent sous les alluvions du Niger ; au Sud du plateau du Bandiagara, il y à aussi de puissantes masses argileuses d’alluvions ; cepen- dant on a trouvé, au fond de quelques puits entre Bandiagara et le Mossi, des gneiss et des micaschistes qui semblent indiquer que toute cette partie de l’Afrique a la même structure (Vuillet). Au Sud de cette plaine argileuse apparaissent les terrains cris- tallins supportant par place des plateaux gréseux. Au Nord du Niger, entre le puits d'El Arouk et Bou Djebeha, le petit désert pierreux d'El Hadjeirat domine de 2 à 3 m. la val- lée (?) où se trouve EL Arouk ; sa largeur de l'Est à l'Ouest est 1. Marc. Le Pays Mossi. Paris, 1909, p. 72-77. 21 novembre 1910. Bull. Soc. géol. Fr. X,. — 21. 322 RENÉ CHUDEAU 21 Mars d'une quarantaine de kilomètres. Il est formé de bandes de gneiss, des micaschistes, de phyllades avec de rares bancs de quartzites quisont en saillie de 1 à 2 m. seulement ; le même type se retrouve dans l’Adrar des Iforas. En quelques points se trouvent des grès tendres horizontaux et des lambeaux latéritiques, reposant sur les schistes verticaux. À 60 km. au N. de Tombouctou, la crête de quartzite de Ta- drart est peut-être le prolongement méridional d'El Hadjeirat. O. Lenz signale entre Araouan et Taoudenni, une plaine étendue, couverte de gros blocs de pierre qui sont presque exclusivement des fragments de quartz blanc et grès qui relient peut-être El Hadjeïrat avec les terrains schisteux de l’Aouker décrits par Mussel au Nord de Taoudenni. 0 Hombor Tondibaugou F1G. 3. — Coupe ne HomBoRI À LA CARRIÈRE DE MARBRE. q, Quartzites ; ph, Phyllades ; c, Calcaires, Les cotes sont comptées à partir du poste de Hombori (indiqué par un pavil- lon), et dont l'altitude est probablement voisine de 260 m. Enfin au SW. de Tombouctou, sur la rive gauche du Niger, vers Niodougen et Sumpi, on connaît des quartzites feldspa- thiques, métamorphisées et d'aspect ancien !. 2° Les grès de Bandiagara et de Hombori. — Depuis la rive droite du Bani jusqu’à Hombori, sur une longueur de 300 km., s'étend un plateau constitué essentiellement par des grès presque horizontaux ?. Il y a toutefois un léger plongement vers l'Ouest: à quelques kilomètres à l'Est de Sofara (260) (sur le Bani, à 40 km. au Sud de son confluent avec le Niger), la table du plateau est à quelques mètres seulement au-dessus de la vallée ; à Douenza (180 km. de Sofara), le plateau est à 500 m., enfin à Hombori (300 km. de Sofara), les grès atteignent l'altitude 1000 m.?. 1. O. Lexz. Timbouctou, trad. Lehaucourt, Paris, 1887, II, p. 82 (3 juin 1880). 2. Lacroix in DEespLaGxes. Le Plateau Central nigérien, Paris, 1907, p. 10. 3. Le plus fort plongement que j'ai noté, est de 15° vers le Nord, auprès de Dé ; encore a-t-il un caractère local. 1910 GÉOLOGIE DU SOUDAN 323 Ce plateau, assez étroit du Nord au Sud (60 km. plus), est découpé en plusieurs tronçons, nombreux et de petite taille vers l'Est, au dela de Douenza ; à Hombori même quelques-uns des tronçons sont de véritables aiguilles. Cette plus grande inten- sité de l'érosion est en rapport avec l'altitude (fig. 3). La masse principale de ces grès, le plateau de Bandiagara au sens strict, est limité de tous les côtés sauf à l'Ouest vers le Bani par une falaise élevée présentant presque partout une muraille verticale d'une soixantaine de mètres, pratiquement infranchis- sable, sauf le long de quelques ravins. De Douenza à Hombori les plateaux sont séparés par de larges vallées à fond argileux, transformées en marécage pendant la saison des pluies. Bien que les quartzites et les schistes verticaux n'apparaissent nettement qu'un peu à l'Est de Simbi-Dissi, au voisinage de la chaîne de Hombori, il est vraisemblable que le sous-sol de ces vallées appartient aux schistes anciens (fig. 3). Les grès qui constituent ces plateaux sont de couleur claire ; comme grains, ils sont très variables et passent parfois à des poudingues. Au point de vue minéralogique, ce sont des quart- zites contenant rarement autre chose que du quartz, sauf du côté de Hombori où certains bancs sont des arkoses!. RQ Q S Q & È ® SE ê © Ë = S Sa & S ES .® ; $ À È 6007 à ê 3007 s FiG. 4, — Le PLATEAU DE BANDIAGARA., P, Puits ; s, Source (altitudes au-dessus du niveau de la mer). La coupe (fig. #) montre la forme de la falaise qui limite le plateau : presque partout l'aspect est le même. La muraille ver- ticale par laquelle elle débute a en général de 60 à 80 m. de haut: elle est creusée de distance en distance de cavités qui semblent être des marmites latérales. Un grand nombre de ces cavités, actuellement inabordables pour la plupart, sont occupées par des tombes anciennes. Cette paroi verticale est d’une grande aridité et ne porte ni arbre, ni herbe; au-dessus, la végétation reparait. Même en cer- 1. A. Lacroix, in Despracxes, Le Plateau central nigérien. Paris, 1907, p. 10. 324 RENÉ CHUDEAU 21 Mars tains pointsassez rares, au-dessus de Kanikombolé par exemple, il existe une source ou plutôt un suintement (fig. #). Ceci rend vraisemblable l'existence d’un niveau imperméable, argileux, trop laminé aux affleurements pour être visible au milieu des grès et cette impression est confirmée par l'étude des puits : dans la plaine, au Sud du plateau, pendant la saison sèche on ne trouve d'eau que dans des puits de 25 à 30 m. Sur le plateau, les vil- lages ont des puits profonds de 5 à 10 m. Des grès très analogues à ceux de Bandiagara se retrouvent plus au Nord dans le lac Debo, d’où émergent plusieurs rochers, et surtout dans la région de Goundam où des plateaux gréseux atteignant tout au plus 100 m. pour les plus hauts bordent le lac Fati, le lac Télé, le Faguibine, etc. Les quartzites en couches horizontales qui constituent ces plateaux de Goundam sont de couleur claire, à grain très variable, parfois très fin, plus souvent grossier (1 à 2 em.). La stratification est fréquemment entrecroisée. Les bancs bien lités n’ont le plus souvent que quelques décimètres d'épaisseur, de sorte que les falaises verticales sont l'exception : j'en ai noté une seule, haute de 15 à 20 m. au sommet du plateau, près d’Alfao. On connaît au Soudan un grand nombre de régions caractéri- sées par des plateaux gréseux horizontaux. L'absence des fos- siles empêche de fixer leur âge. Par leur allure générale et leur forme topographique, ils rap- pellent très exactement les tassili éodévoniens de l'Ahenet ; ils semblent aussi très analogues aux grès de la Montagne de la Table (Capformation), qui sont eux aussi dévoniens. 3° Les terrains crétacés. — Les terrains crétacés, si développés dans la région de Tahoua! (Tamaské, etc.), sont représentés sur les bords du fleuve par des grès blancs, maculés de rouge et de violet, les grès du Niger qui de Niamey à Bourem forment, sur les deux rives du fleuve, de nombreuses falaises et de nom- breuses collines, hautes d’une vingtaine de mètres. Sur la rive gauche, ces grès s'étendent très loin vers l'Est, et vont passer sous les calcaires à Cardita Beaumonti de l'Adrar de Tahoua. Sur la rive droite, ils ne s’éloignent du fleuve que de quelques kilomètres. Au Nord du Niger, on connaît avec certitude le Crétacé qui borde l'Adrar des [foras, où il forme l’Adjouz, et qui s'étend vers l'Ouest au moins jusquà Mabrouka. On a signalé des fossiles 1. Garpe. Sur l’âge des terrains fossilifères de l'Adrar Doutchi. B.S.G.F.,(4),1X, 1909, p. 389. 1910 GÉOLOGIE DU SOUDAN 325 auprès d'Ormaïort au Nord de Bamba. Dans l'itinéraire que j'ai suivi de Bamba à Bou Djebeha, on traverse d’abord une région argileuse où Les débris de quartz et de quartzites sont fréquents ; _c’est probablement la suite de la plaine du Gourma. Mais le pays est très ensablé et l'on voit fort mal. Les puits sont très profonds (50 m.) ; ils sont muraillés avec des grès ferrugineux. Toutefois, auprès du puits de Rezaf, les tombes d’un cimetière sont entou- rées de cercles de pierres où à côté des grès dominants, se trouvent des marnes blanches dont je n'ai pu savoir la prove- nance, mais qui ont dû être prises au voisinage ; Rezaf serait donc probablement dans le Crétacé et par suite toute la région au Nord de Bamba. 4° Les alluvions du Niger. — Depuis Koulikoro jusqu’au voi- sinage de Sansanding, le Niger est généralement encaissé entre des berges hautes de 5 à 6 m. au moins aux basses eaux. Son lit est parfois semé d'îles également élevées et qui ne couvrent que par les grandes eaux (à 25 km. en aval de Nyamina par exemple). Ces berges sont habituellement de couleur grisâtre, argilo- sableuses, résistantes et percées partout de cavités labyrinthi- formes de 2 à 3 mm. de diamètre et que l’on peut probablement attribuer au travail des Termites. On sait que Passarge, dans le désert de Kalahari, attribue un rôle considérable aux animaux fouisseurs. Ces alluvions dures sont probablement anciennes ; du moins voit-on, en certains points, des traces de vallées de petits affluents du Niger qui les entaillent de un mètre, et qui sont comblées par des alluvions plus récentes ou du sable d’origine éolienne. De Sansanding jusqu'au voisinage de Bamba, les berges dis- paraissent ; au moment des crues, le fleuve déborde d'une cen- taine de kilomètres à droite et à gauche, ne laissant émerger que quelques ilots. En tous temps, d’ailleurs, cette zone d'inon- dation, le Macina, dont le lac Debo occupe le centre, est sillon- née par de très nombreux bras du fleuve dont on a parfois com- paré les ramifications à celles d'un delta. La zone d'inondation qui couvre actuellement environ # mil- lions d'hectares a été autrefois plus étendue. Depuis Tombouctou jusqu'à Bou Djebeha et Araouan, l'Azaouad est une plaine très horizontale où les seuls reliefs sont des chaînes de dunes hautes de quelques mètres. . A. la suite de A. Chevalier, j'avais signalé l'existence à Tom- bouctou de Mollusques marins (Warginella Egouen, etc.), qui, par les détails donnés, semblaient prouver que la mer quater- 326 RENÉ CHUDEAU 21 Mars naire avait pénétré jusqu’au moyen Niger. D’après les renseigne- ments que j'ai pu recueillir à mon dernier passage !, les Wargi- nella ont servi autrefois de monnaie sous le nom de « Koroni » ; elles proviennent du Sahel. Ces informations indigènes recueillies par Dupuis Yacouba, sont confirmées par un examen direct du terrain : Toutes les carrières connues autour de Tombouctou et de Kabara, ne renferment que des Mollusques d’eau douce. Entre Tombouctou et Araouan (450 km.), six puits profonds d’une cinquantaine de mètres ont été creusés tout récemment ; à Araouan et à Bou Djebeha, quelques puits venaient d’être curés au moment de mon passage. J’ai pu voir les matériaux de déblais de tous ces puits, ainsi que les échantillons envoyés à Tom- bouctou. On ne trouve jamais que des dépôts d’alluvions, des sables, des grès tendres, des argiles; comme fossiles, quelques débris de Poissons et de nombreux Mollusques d’eau douce. Aucune forme n'est marine ?. Ces Mollusques recueillis au Nord du Niger, sont surtout (déter- mination de Germain) : Planorbis Bridouxi BourGuiGnar. P.(Isidora) Vaneyt GERMAIN. Planorbula tchadiensis Germain. Limnæa africana RurrerL. Physa (Pyryophysa) Dunkeri Melania tuberculata Muzzer. GERMAIN. Unio (Nodularia) sp. P. (Isidora) strigosa MarTix. Corbicula Lacoini Germain, etc. C'est en somme la faune typique du Tchad, plutôt que celle du Niger, qui est caractérisée par Ætheria, Spatha, etc. . Il s’agit donc de dépôts d’eau stagnante, de marécages en relation avec le Niger et non pas d’une faune d’eau vive. On peut remarquer en outre que ces Mollusques, qui se rencontrent un peu partout entre les dunes, présentent, en certains points seulement, pour toutes les espèces, des variétés naines : la nappe d'eau présentait donc des conditions de vie assez variables. Ce caractère de la faune lacustre semble donc indiquer que ce n'est pas de ce côté qu’il faut chercher l'ancien lit du Niger, que 1. R. Caupgau. Non existence probable de la mer de Tombouctou. B.S.G.F., (4), IX, 1909 p. 387. 2, Les calcaires sont assez rares ; cependant, à une vingtaine de kilomètres au SE. de Bou Djebeha, on trouve à la surface du sol de très nombreux fragments calcaires, plus ou moins ciselés par le sable et qui semblent le dernier résidu d'un banc continu (calcaire lacustre intercalé dans les alluvions). 3. L. GEermaix. Mollusques fluviatiles recueillis dans l'Azaouad. Bull. Macot N.1909, 6, p. 371. — Mollusques fluviatiles recueillis près de Kabarah Bull. Muséum, H. N. 1909, 7, p. 469. 1 L910 GÉOLOGIE DU SOUDAN 32 quelques légendes recueillies à Tombouctou faisaient passer à Araouan !. Il est vraisemblable toutefois que c'est l’eau du Niger qui alimente tous les puits situés entre Tombouctou et Araouan. Leur profondeur s'accroît rapidement. Autour de Kabara (port de Tombouctou, à 7 km. de la ville), elle est voisine de Î m. 50; à Tombouctou même elle varie de 8 à 15 m. [Huchery, in litte- ris] ; à Agonegifal (35 km. au Nord de Tombouctou) elle est de 42 m. et se maintient au voisinage de 50 m. jusqu'à Ara- ouan (260 km. au Nord de Tombouctou) ; elle atteint 55 m. à Bou Djebeha. La quantité de pluie qui tombe au Nord du Niger est insignifiante ; plusieurs années d'observations donnent pour Tombouctou une moyenne de 250 mm. et la pluie va en décroissant vers le Nord; les chiffres précis font défaut, mais on sait que quand par hasard il pleut à Araouan, tous les habi- tants, craignant la chute de leur toiture, quittent leurs maisons et vont recevoir l’averse dans la rue. L’évaporation est considé- rable ; elle dépasse certainement le chiffre indiqué pour le Séné- gal (12 mm. par jour). Malgré cela, tous les puits ont un bon débit : pendant les grandes caravanes, on alimente journelle- ment, à Araouan et à Bou Djebeha, 1 500 chameaux dont cha- cun boit de 75 à 100 litres. A Araouan les puits, d'après les traditions recueillies et vérifiées par le Capitaine Grosdemange, présentent des crues régulières : l’eau y est très basse à partir du mois de mai, elle commence à monter en octobre et atteint son maximum en novembre (+ 4 ou 5 m.). Pour Bou Djebeha, les observations sont moins pré- cises, mais l’eau toujours fortement magnésienne, devient, de mai à septembre, difficile à supporter même pour les Ksouriens qui y sont habitués depuis leur enfance. On sait que la plupart des puits de la région présentent des variations analogues, mais les données manquent de précision. 1. Les Maures, qui sont des demi-civilisés, ne sont pas absolument inconscients de la Géologie ; il est très possible que certaines de leurs légendes aient été inventées pour expliquer la présence de fossiles. À propos d’un fait qui s’est passé au Touat au x° siècle, un chroniqueur saha- rien qui écrivait vers le milieu du xvne, El Hadj Ahmed ben Youcef et Tinilani, raconte ce qui suit : « Les eaux courantes étaient à cette époque abondantes, ainsi que le prouvent les érosions profondes qui sont restées dans les roches dures de leurs rives jusqu'à nos jours. L’abondance des eaux est aussi démontrée par ce que l’on voit dans certains monticules dont les couches sont pleines de coquilles d’escargots et de mollusques d’eau, ainsi que cela est connu et se voit spécialement à l'Est du village de Tasfaout, près de la colline qui fait face au Timmi, » A. Manrrix. Les Oasis sahariennes, 1008, p. 63. Les Cardium et les Melania de Tasfaout sont certainement très antérieurs au x*° siècle. 328 RENÉ CHUDEAU 2 Mars Ces changements de niveau des puits semblent en relation avec les crues du Niger; dans la région de Tombouctou l’étiage se présente au commencement de Juin, la crue débute vers le 15 juin et atteint son maximum (+ 6 m.) en Janvier. On sait, depuis les travaux de Figaret et Villatte!, que la région du Faguibine est en contrebas d’une dizaine de mètres sur le lac Fati en communication constante avec le Niger et qui n’est qu'à 7 km. du lac Télé, branche sud du Faguibine. Même s'il y a eu erreur dans le nivellement, il ne saurait y avoir de doute sur le sens de la pente : le Télé est alimenté par le marigot de Goun- dam qui s'embranche sur le Niger au voisinage de Tombouctou ; au début de la crue l’eau y coule avec une vitesse très notable de l'Est à l'Ouest pendant 80 km. et son cours est interrompu par plusieurs rapides bien marqués. Il semble donc bien que ce soit du côté de Faguibine qu'il faille chercher l’ancienne route du Niger vers le Nord ; il est bien probable qu'il y a conservé encore un lit souterrain. On ne voit pas trop autrement comment Oualata qui est un gros centre pour- rait être alimenté en eau. À EI Ksaïb (à 300 km. environ au Nord du Faguibine), dans le Djouf qui est une des parties les p lus sèches du Sahara, d'après les renseignements indigènes recueillis par le Capitaine Grosdemange, on trouve abondamment de l’eau dans du sable qu'il suffit de creuser de 1 m.ou 2m; ce type de point d’eau (oglat, tilmas) n’est connu jusqu'à présent que dans les alluvions des oueds à cours souterrain bien alimenté. Autour de Bandiagara, dans les ruisseaux importants, les blocs de grès qui se trouvent au fond du lit et sont inondés chaque année pendant l'hivernage sont recouverts d’une patine noire très brillante ; partout ailleurs la patine est grise ou noire. Le même fait se présente sur les blocs de roches éruptives, en particulier dans le lit du Niger. 9° Produits latéritiques. — Dans la partie de la région de Tombouctou que j’ai traversée cette année, il y a fort peu de roches éruptives, partant, pas de véritables latérites. Les autres produits latéritiques sont assez fréquents. Dans les berges du Niger, à Segou par exemple, on trouve des roches assez dures, de véritable pierre, de couleur brun rouge. Elles semblent provenir des argiles grises alluvionnaires dont elles ont conservé les perforations : elles forment des bancs len- ticulaires de 25 cm. à 30 cm. d'épaisseur, parfois davantage, qui se trouvent au niveau du fleuve pendant l’étiage. 1. VirrartTe. Le régime des eaux dans la région lacustre de Goundam. La Géo- graphie, XV, 1907, p. 253-260. 1910 GÉOLOGIE DU SOUDAN 329 Quelques-unes de ces latérites forment des récifs dans le Niger, à Ségou par exemple. On observe des grès ferrugineux, auprès de Bandiagara tout au moins, dans le fond de petites cuvettes peu marquées où ils forment des affleurements de quelques mètres carrés; on en observe aussi souvent dans des ruisseaux secondaires, mais habi- 1 H F1G. 5. — Patine et grès ferrugineux PRÈS DE BANDIAGARA. n, Patine noire ; {, Grès ferrugineux. tuellement à plusieurs décimètres au-dessus du fond, le long des berges ; 1l est vraisemblable que ces grès ne se forment plus actuellement, du moins d'une manière habituelle (fig. 5). Ceei est confirmé par un petit fait observé auprès de Ningari (50 km. à l'Est de Bandiagara) : à quelques mètres au-dessus de la vallée qui domine le village, on observe des marmites de géants; il y en a aussi dans la vallée actuelle, où le ruisseau ne coule que quelques jours par an. Les grès ferrugineux ! tapissent le fond des marmites qui sont à | ou 2 mètres au-dessus de la vallée; il n'y en à pas dans les autres. Il est vraisemblable que ces localisations du phénomène laté- ritique sont en relation avec des variations de climat. D'autres grès latéritiques sont intéressants à un autre point de vue. À Ningari, à 200 m. au Sud du campement, un petit pla- teau, à sommet bien horizontal, s'élève à 7 ou 8 m. au-dessus des grès anciens ; son sommet montre un banc de grès rouges dont les débris couvrent complètement les flancs ; à 2 km. à l'W. de Dé, une série de mamelons (+ # m.) montre la même apparence ; on peut voir cependant par place, sous la latérite, un grès grossier, blanc, très friable, sans analogie avec Îles quartzites du plateau primaire. On retrouve, à 10 km. à l'Est de Dé, sur la piste de Saoura, un plateau latéritique de même struc- ture (+ 10 m.). Jusqu'à Hombori, on peut suivre des formations analogues, toujours situées à une dizaine de mètres au-dessus 1. Des grès ferrugineux analogues tapissent souvent les diaclases. 330 RENÉ CHUDEAU 21 Mars des vallées principales. De Hombori à Bamba, on rencontre encore très fréquemment des grès latéritiques parfois puissants de 2 m. (à R’arouz par exemple) et toujours en couches horizon- tales. Ces grès passent parfois à de véritables poudingues, à quelques kilomètres au Sud-Est de Bamba, où ils reposent sur des schistes verticaux. Entre Belia et Tinarabor, on observe très nettement leur contact avec des quartzites verticales ; s'il est admissible que certaines de ces latérites aient emprunté leurs élé- ments aux phyllades, la chose devient chimiquement invraisem- blable pour les quartzites. Je ne crois pas que l’on puisse expliquer ces formations ferru- gineuses autrement que comme le résidu d'assises horizontales (Crétacé supérieur ?) dont elles seraient la dernière trace. Les latérites que l’on observe de Bamba à El Hadjeirat ont proba- blement la même origine. 6° Tectonique. — Au point de vue de l'architecture du sol du Soudan, deux points peuvent dès maintenant être signalés. On sait que d’une façon à peu près constante, les grands acei- dents africains ont une orientation NS., une direction sub-méri- dienne, suivant l'expression de J.-B.-M. Flamand. J'ai déjà signalé antérieurement (Sahara Soudanais, Paris, 1909) que le long du Niger, les rapides de Labezzanga dessinent un syncli- nal d’axe EW., où se sont conservés des grès et des schistes, contemporains peut-être des grès de Bandiagara. Le lieutenant Marc a bien voulu m'envoyer quelques renseignements sur la route d'Ansongo à Dori, renseignements que je transcris « d’'Ansongo à Fombalyo (mare) (35 km.), dunes ; on aperçoit vers l'Est quelques dômes granitiques. À 2 km. au Sud de Fom- balgo, on voit un banc schisteux plongeant d'environ 30° vers le Nord et dont l’affleurement est normal à la route. Ces roches, verdâtres, sont probablement des chloritoschistes. On ren- contre ensuite un grand nombre de variétés de gneiss ayant tou- jours la même orientation. A partir d'Inhangour (à 55 km. de Fombalgo), les couches plongent de 45°, parfois davantage : ce sont surtout des gneiss à amphiboles. A moitié chemin entre Inhangour et Markoï (mare), qui sont à 33 km. l'un de l’autre, commence un chaos de roches éruptives qui se continue jusqu'à Koredienna (à 32 km. de Markoï). À quelques kilomètres au Nord de Markoï, il y a quelques plateaux gréseux du type si commun au Soudan. À partir de Koredienna jusqu'à Dori (#1 km.) il y a beaucoup de dunes et l'on ne voit plus rien ». M. de Gironcourt, quia parcouru récemment une partie du Gourma, a remarqué aussi cette direction E W. que j'ai retrou- 1910 GÉOLOGIE DU SOUDAN 331 vée à Hombori et jusqu'au voisinage de la mare de Gossi. M Crossberger et le Capitaine Gagin m'ont signalé entre Hombori et ne bouctou un certain nie de crêtes de quartzites d'orien- tation NW.-SE. que faute de renseignements plus précis, je n'ai pas pu indiquer sur le croquis (fig. 6). Les indications relatives au Mossi sont empruntées à Marc'; celles de Fada N’Gourma et Araovan 250 La & A drar des Bou Ljebehs Ÿ À PQ Ÿ & {forass A a +5 Q 71 si + 1 A Il ; ES SOIF 2 , — 5 : noel Limite Nord £ 4: » Tabankort --- tu Crétacé . > yora 680 € S Ce ® 4 5 NOTE +/00 _ 4 V£ unes : ao 15 LS @* , 80° SMénaka & ombon LÉ LA 260 Ve Te Labezzanga : 29 a F Le Æ 45° ï é Ars 7 + AE Dunes à o Dori 206 . î\ @ CA 5 ni Se ?” (y C7 \ 5 $ > (lle, LRËN Poussouma PE ce ss D Où 4 Koury ŒY 5% / / P 4 se à 2 © 325 a S pen adouga Fada N'Gourma 2 = X/,300 o Karimama = \ 160 / 2. Pic de Naouri N & K 150 FBorsemans" del. Fic.6. — Esquisse de la RÉGION DE TomBoucrou. — 1/8 000 000 env. de l’Atacora à Hubert?. Au Nord du Niger, les directions des affleurements ont été relevées par E.-F. Gautier * pour l’Adrar des Iforas et par moi pour l'Hadjeirat et le Tadrart. Malgré les nombreuses lacunes que présente la cartogra aphie du Gourma, il y a certainement vers le 15° lat. N., une virga- tion importante qui correspond peut-être à une zone de moindre 1. Marc. Le pays Mossi, Paris, 1909. 2, Thèse. Paris, 1908. 3. R. Caupeau. D'Alger à Tombouctou, La Géographie, XV, 1907, p. 201. 332 RENÉ CHUDEAU 21 Mars résistance de l’écorce, zone dont l’affaissement a permis aux mers du Crétacé supérieur, de pénétrer jusqu’au centre du Soudan. Les mares de Gossi et d'Hekia ne peuvent guère être expli- qués par l'érosion ; elles ont une origine tectonique, en relation avec la virgation signalée. | Le second point est plus hypothétique ; on sait qu'un chapelet de hautes régions commence aux hauts plateaux miocènes de Medéah et se continue par le M’zab, le Tadmaiït et l'Ifetessen jusqu'à l'Ahaggar'. Ce grand accident anticlinal, très accusé, d'orientation subméridienne est, semble-t-il, un trait tout à fait essentiel de l’orographie nord-africaine. Au Sud de l’Ahaggar, le chapelet de hauteurs se bifurque, laissant, entre ses deux branches, la vallée du Taffassasset. La branche orientale est bien indiquée par l’Aïr et les massifs de Zinder et d'Alberkaram ; la branche occidentale semble jalonnée par l'Adrar des Iforas, les schistes de Tosaye et du Gourma ; la haute altitude (1 000 m.) qu'atteignent à Hombori les grès de Bandiagara semble en relation avec la même zone anticlinale. 1. E. F. GAUTIER, Sahara algérien. Paris, 1908, p. 299. Séance générale du 31 mars 1910 PRÉSIDENCE DE M. A. LACROIX, PRÉSIDENT Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. A. Lacroix prononce le discours d'usage. M. Louis Gentil donne lecture de son rapport sur l'attribution du Prix ViQuEsxEL à M. Robert Douvillé. M. Robert Douvillé reçoit la médaille du Prix VIQUESNEL et remercie la Société. M. Charles Barrois donne lecture de son rapport sur l’attri- bution du Prix Danron à M. J. Gosselet. M. J. Gosselet remercie la Société en ces termes : « Je suis profondément reconnaissant à la Société géologique de France pour la haute distinction qu'elle vient de m'accorder. Je remer- cie notre Président de ses paroles aussi cordiales qu'élogieuses, J'en suis extrêmement touché. Ce prix qui m'est décerné par mes collègues, par mes collaborateurs, dans des circonstances si flatteuses, sera le couronnement de ma longue carrière. Comme votre rapporteur l’a dit, si je me suis occupé des questions de Géologie appliquée, c'est que je professais dans un pays où l'Industrie et la Science sont intime- ment liées Chaque jour l'industriel vient demander des conseils au géologue et chaque jour le géologue profite dans un intérêt scienti- fique des travaux industriels. Je suis heureux que ces circonstances m'aient permis de réaliser le vœu de mon vénéré maitre Constant Prévost, le fondateur de la Société géologique de France. Il avait fait inscrire dans le programme de la Société, qu'elle devait favoriser en France l'application de la Géologie à l'Industrie et à l'Agriculture. La récompense qu'accorde aujourd'hui la Société géologique à des études de géologie appliquée encouragera nos jeunes confrères à persévérer dans cette voie où ils serviront à la fois la Science et les progrès maté- riels du Pays. » | Discours DE M. A. Lacroix MES CHERS CONFRÈRES, Tous les ans, à pareille époque, le président de l’année écou- lée, sortant pour quelques quarts d'heure du rang dans lequel il était rentré, vient de cette place rappeler mélancoliquement le souvenir de ceux de nos confrères qui nous ont quittés pour toujours et jeter un regard sur les événements, heureux ou mal- heureux, qui ont signalé son principat évanoui. Cette pieuse tradition est interrompue aujourd'hui. C'est un président, non pas virtuel, mais réel, qui vous parle, puisque notre président de 1909 est au nombre de ceux, dont le souvenir doit remplir cette séance. Encore une fois, J'ai le douloureux devoir d'adresser un adieu ému à M. Léon JANET, mais, mieux que moi, M. Gustave Dollfus, qui fut un peu son maître et beaucoup son ami, saura trouver les paroles qu'il faut dire sur notre regretté confrère. Comme de coutume, la mort a frappé à de nombreuses reprises dans nos rangs ; nous avons encore perdu MM. Gondin, Gourbine, Agnus, Colcanap et l’un de nos membres étrangers, M. Zlatarski. M. Marius Goxpiw, ingénieur civil, s'était consacré depuis l’ex- position de 1900 à la propagation en France des méthodes amé- ricaines de sondage. Comme fondateur de la société du puits artésien de Vincennes, il s'occupait activement d'installer des distributions d’eau potable dans les villes et les villages. Il a trouvé une mort tragique dans un accident d'automobile, près d'Arpajon. M. GoURBINE, ingénieur civil des mines, ancien sous-préfet, était notre confrère depuis plus longtemps (1889). C'était un ama- teur éclairé de géologie et de paléontologie et si notre bulletin n'a rien reçu de lui, il n’en a pas moins bien mérité de notre science par la libéralité et la bonne grâce, avec laquelle il com- muniquait à ses collègues les fossiles de choix qu'ilsavait habile- ment réunir. Je viens de prononcer le mot d’amateur, voulez-vous me per- mettre de vous dire mon sentiment sur ce terme brülant, que dans la plupart des sociétés savantes — et la nôtre ne fait peut- 4910 A. LACROIX 335 être pas exception — beaucoup de personnes n'entendent pronon- cer qu'avec une sorte de pudeur un peu ombrageuse, comme s'il y avait une hiérarchie dans la façon d’aimer la science. Je suis à l'aise pour le faire, car, si Je suis tout à fait ce que l'on est convenu d'appeler un professionnel, ce qui est considéré comme l'inverse de l'amateur, je suis, par contre, fils et petit-fils d'amateurs des plus caractérisés et je m'en honore. Parisien d'adoption, J'ai été élevé en province — vous voyez qu'il ne me manque rien — dans la plus extraordinaire maison que puisse rêver un naturaliste; de la cave au grenier inclus y étaient entassées des collections de tout ce qu'il est possible de collectionner en histoire naturelle et en archéologie, Le souci des gens de la maison était de recueillir ce qui, dans un ordre quelconque, se rapporte au présent ou au passé de la petite patrie, de l’étudier, sans préoccupation de publication scientifique, dans les limites de moyens extrêmement restreints et de le faire servir au plus grand nombre. C’est ainsi que, dès mon enfance, j'ai vu observer autour de moi, réfléchir sur les relations des choses et collectionner ; c’est ainsi que j'ai appris ce qu'est la solidarité qui lie les gens d'étude, en voyant des savants, grands ou petits, puiser avec satisfaction dans les tiroirs paternels et aussi parfois aider à les remplir. Et cette expérience personnelle, que je m'excuse de mettre ainsi à vif devant vous, m'a donné infiniment d'estime el aussi de respect pour tous ceux qui, sans aucun souci de carrière, d'avantages personnels, sans aucune des facilités de travail, que nous donnent nos laboratoires officiels, sans aucune autre préoc- cupation que celle de satisfaire la curiosité de leur esprit et de faire mieux connaître leur pays, se livrent à l’étude de l'histoire naturelle en général et de la géologie en particulier ou s’aban- donnent simplement à la passion de collectionner. Explorant souvent un espace restreint, mais l’explorant avec ténacité et avec l’aide du temps, de tels hommes, ces amateurs pour les appeler par leur nom, réunissent des matériaux souvent fort précieux qui, sans cette longue patience, seraient restés insai- sissables ; leur documentation, leur expérience, sont donc d’une utilité de premier ordre pour ceux qui, étudiant les questions plus générales, ne peuvent consacrer qu'un temps trop limité à beau- coup de questions particulières. Je pense que vous avez tous dans l'esprit des exemples de ce que j'avance et si quelqu'un d’entre vous avait conservé des doutes à cet égard, je l'engagerais à aller chercher dans les carrières de granite de Nantes, les magni- 336 A. LACROIX 31 Mars fiques cristaux d'apatite et de bertrandite, je parle de ce que je sais bien, qui sont parmi les joyaux du musée d'histoire natu- relle de Nantes et que mon ami Baret a mis une vie à réunir. Dans une société scientifique, les amateurs sont d'une utilité primordiale, c’est à leur nombre que peut se mesurer le rayon- nementde la science qu'elle cultive ; ilsla servent par leur influence personnelle, bien souvent ils aident à son recrutement en suscitant des vocations parmi les jeunes gens qui les entourent et ce seul résultat n'est-il pas une œuvre aussi méritoire que la publication de quelques notes ou mémoires? Du reste, là, pas plus qu'ailleurs, 1l ne semble y avoir de fixité dans l'espèce ; il existe des passages insensibles entre le type uniquement collectionneur et celui qui est spécialisé dans l’en- seignement ou la science pure et c'est l'honneur d’une société comme la nôtre de compter parmi ses savants de grande enver- gure des hommes appartenant à toutes ces catégories de géologues, si véritablement catégories 1l y a. Vous avez saisi à demi mot où j'en voulais venir. La Société géologique de France a été brillante dans le passé ; elle le res- tera dans l’avenir, j'en ai la conviction profonde : elle forme un bloc, et celui-e1 doit sa solidité à la nature des matériaux dissem- blables qui le constituent. Tous y ont leur fonction et leur utilité; travaillons à maintenir intact le ciment qui les réunit et qui est fait de notre commun amour de la science et de notre vieille Société géologique. Mais, revenons à nos morts. Instituteur épris des sciences naturelles, M. Aaxus dut à une rencontre fortuite avec Munier-Chalmas sa vocation géologique et paléontologique. Après quelques études à la Sorbonne, 1l vint travailler dans le laboratoire de Gaudry au Muséum et entreprit de compléter la monographie des Insectes de Commentry, laissée inachevée par la mort de Ch. Brongniart. Notre Bulletin renferme plusieurs notes de lui sur ce sujet. Poussé par l'esprit d’aven- ture et aussi par la nécessité de vivre, il partit, il y a quelques années, pour le Pérou; il ne devait pas en revenir. C’est aussi au delà des mers, que nous a été enlevé CoLcanaP à 44 ans à peine; sa mort m'a particulièrement affligé, car J'ai été quelque peu mêlé à ses débuts dans la géologie et je n'avais cessé depuis lors d’entretenir avec lui des relations d'amitié. Né en Bretagne de parents pauvres, Colcanap, devenu orphelin dès le bas âge, a connu toutes les misères de l’enfance solitaire. Engagé dans l'infanterie coloniale, sans bagage scientifique, il ne 1910 SÉANCE GÉNÉRALE 331 tarda pas par son zèle, son respect de la discipline, sa manière de servir, à attirer sur lui l'attention bienveillante de ses chefs. Travailleur acharné, c'est à travers les rudes péripéties de ses campagnes coloniales qu'il conquit l’épaulette et en 1900, il était parvenu au grade de capitaine. Colcanap était une de ces natures sensibles et bonnes que l’ad- versité améliore; malgré un certain fond de misanthropie, qui lui faisait préférer à’ toutes autres les fonctions actives de la brousse, c'était un camarade loyal, désintéressé et sûr. En 1904, un autre officier de l’armée coloniale, M. Villiaume dirigeait des sondages dans un cercle voisin de celui d’Analalava, que commandait Colcanap, et recueillait ces merveilleux docu- ments pétrographiques, qui m'ont permis de faire connaître la série vraiment unique des roches alcalines de la partie nord- ouest de la grande île. Passionné pour ses recherches, M. Villiaume s’évertuait à faire des prosélytes autour de lui; il entraïna le capi- taine Colcanap à recueillir des roches et à me les envoyer. J'ai ainsi reçu de lui des collections précieuses, qui permettront plus tard de discuter la prolongation vers le Sud de la province pétrographique d'Ampasindava. Mais le cercle d'Analalava ren- fermait de trop belles Ammonites et des Dinausauriens trop ten- tateurs, le démon de la paléontologie ne devait pas tarder à entrainer Colcanap à faire des infidélités aux roches éruptives et à le conduire dans sa véritable voie. Mis en rapport avec le laboratoire de paléontologie du Muséum, 1l commença une série d’envois remarquables, qui se poursuivirent, quand, en 1904, il fut envoyé dans le cercle de Mevatanana. L'hiver de 1905-1906 fut employé par lui à perfectionner au Muséum son instruction géologique et paléontologique ; ce fut alors qu'il entra dans notre Société, à laquelle il donna aussitôt une note sur le cercle dont il venait de quitter le commande- ment. Il prit ensuite la direction du cercle des Mahafaly, dans le Sud-Ouest de l’île et continua au Muséum, dont ilétait devenu le correspondant et le missionnaire, l'envoi de collections paléon- tologiques admirablement préparées ; elles ont fait l’objet de tra- vaux de plusieurs de nos confrères, MM. M. Boule, A. Thevenin, Paul Lemoine, Robert Douvillé, J, Cottreau : j'ai moi-même décrit quelques roches curieuses recueillies par lui dans cette région. Sur les conseils de M. Boule, il explora la base des terrains sédimentaires, que celui-ci avait parallélisés, par simple intui- tion d’ailleurs, avec la formation de Karoo de l'Afrique australe ; les premières récoltes de Colcanap consistèrent en Poissons, en 22 novembre 1910 Bull. Soc. géol. Fr. X..— 22. 338 A. LACROIX 31 Mars Reptiles et en une feuille de Glossopteris, qui permit d'affirmer l'existence à Madagascar d’une faune et d’une flore permiennes. Poussé par M. Boule à explorer à fond cette région pour y cher- cher la houille, il finit par y trouver le précieux combustible. L'avenir dira ce que vaut au point de vue pratique cette décou- verte, mais ce n’est pas devant une assemblée de géologues, tels que vous, qu'il est nécessaire d’insister sur son importance théo- rique ; d’ailleurs, les nombreux et riches documents paléontolo- giques, recueillis depuis lors par notre regretté confrère, permet- tront à M. Boule de vous parler souvent encore de lui. Ses succès avaient engagé Colcanap à entrer dans l’adminis- tration civile, ce qui lui donnait plus de facilités pour ses recher- ches scientifiques. Il venait d'être nommé administrateur inté- rimaire de la province de Betroka quand, au printemps de 1909, il fut brusquement atteint par un accès de fièvre bilieuse héma- turique, auquel les fatigues excessives d’un trop long séjour colo- nial ne lui permirent pas de résister. Sa profonde connaissance des indigènes, son esprit d'équité, sa droiture et ses talents d'administrateur l’ont fat regretter autant par le département des colonies que par les géologues. Son nom restera inséparable des progrès de nos connaissances géologiques sur Madagascar. C'est encore lui rendre hommage que de faire servir le chagrin que nous cause sa perte à exprimer la gratitude que les géologues doivent aux officiers et souvent aux soldats de notre armée colo- niale. Sur tous les points du globe ils sont toujours au premier rang, lorsqu'il y a des services à rendre et en particulier à rendre à la géologie; toutes les expéditions scientifiques officielles et beaucoup de recherches scientifiques particulières trouvent en eux d’inlassables collaborateurs. J’en parle en connaissance de cause eten prononçant ces paroles, mon souvenir ému se reporte à huit ans en arrière, à une époque troublée, où dans des cir- constances particulièrement difficiles, j'ai moi-même puisé à cette admirable réserve d'énergie et de dévouement. La vie de Georges ZLATARSKI a été remplie tout entière par la géologie. Né le 25 janvier 1854, à Tirnovo, la vieille capitale de la Bulgarie, il y est mort Le 9 août 1909. Dès sa sortie de l’univer- sité de Zagrebe, où il fit ses études, il fut, en 1880, nommé géo- logue officiel ; en 1890, il devint chef du service des mines et en 1894, il prit la direction du service géologique de la Bulgarie. Le 16 avril 1897, il est nommé professeur ordinaire à l’École des hautes études, aujourd'hui Université de Sofia; la haute 1910 SÉANCE GÉNÉRALE 339 autorité qu'il sut prendre dans les dernières fonctions est attestée par ses élections successives au décannat, puis au rectorat. Ardent patriote, Zlatarski à consacré son œuvre à l'étude de la géologie stratigraphique de son pays, qui lui doit plus qu'à tout autre : le Trias, le Jurassique, le Crétacé et le Miocène l'ont plus particulièrement occupé ; tous ses travaux sont écrits en langue bulgare avec des résumés en français et parfois en alle- mand. Son œuvre capitale est une carte géologique de la Bulgarie à 1/300000, dont les quatorze premières feuilles ont paru et dont les six dernières vont être publiées par son collaborateur M. Bontcheff. l M. Zlatarski était doué d’une très grande activité, d’un carac- tère gai et aimable, il savait faire naître la sympathie autour de lui; il recherchait les occasions de se rendre utile, et de toutes les façons possibles, à la jeunesse studieuse, ainsi qu’en témoigne la création d’une société d'assistance aux étudiants peu fortunés de son université. Sa perte sera particulièrement ressentie par notre Société, dans laquelle il était entré en 1887 ; il comptait parmi nous de nombreux amis appréciant hautement et son carac- tère et son œuvre. Pendant l’année écoulée notre Société ne s'est pas départie de son habituelle activité, malheureusement, toutes nos publications ont subi des retards considérables dus à une longue grève de typographes. Nous devons de la gratitude à nos secrétaires pour les efforts qu'ils ont faits dans le but d’atténuer dans la mesure du possible cette situation déplorable ; nous vous demandons de vous armer encore de patience pour tout ce qui concerne 1909 ; la régularité des publications de 1910, confiées à un nouvel imprimeur, vous récompensera, du moins je l'espère, de votre bon vouloir. Nos confrères M. Louis Gentil et M. R. Chudeau ont continué leurs courageuses explorations du Maroc et de la Mauritanie et nous avons la satisfaction de les voir de retour parmi nous avec une riche moisson d'observations nouvelles. Notre réunion extraordinaire à Laval a été particulièrement brillante par le soin avec lequel avait été préparé un excellent livret-guide, parle nombre et la qualité de ceux de nos confrères qui y ont pris part, par l'intérêt des discussions qui l'ont signalée, et enfin par les attentions délicates, dont les excursionnistes ont été l’objet de la part des organisateurs. Suivant la tradition, aux élections de janvier, vous n'avez oublié rien de tout cela, mais, comme cette année, votre gratitude était double, vous l'avez 340 A. LACROIX 31 Mars exprimée deux fois ; je suis heureux de cette circonstance qui m'a donné pour vice-présidents M. et Mme OEhlert. L'année 1909 a apporté de fort nombreuses distinctions hono- rifiques aux membres de la Société géologique de France. Les beaux travaux de M. Termier sur la tectonique des Alpes lui ont ouvert les portes de l’Institut, où il a l'honneur d'occuper la place de notre regretté maître Albert Gaudry. Une pluie de décorations est venue surprendre les géologues peu habitués à pareille aubaine. En juillet, c'est notre trésorier M. L. Carez, qui a vu enfin récompenser une carrière déjà longue, toute de dévouement désintéressé à la géologie ; son ruban rouge a fêté l'apparition du dernier volume de son grand ouvrage sur les Pyrénées. La rosette de la Légion d'honneur a été attribuée à M. Martel pour les services qu'il a rendus au Ministère de la guerre dans l'étude des questions d’eau potable; il est bon de signaler que cette promotion a été faite au titre de géologue. Comme suite à l'inauguration du monument élevé au Muséum à notre grand Lamarck, une importante promotion dans la Légion d'honneur, réservée aux naturalistes, a compris beaucoup des nôtres. M. Edmond Perrier comme commandeur ; MM. Boule et Stanislas Meunier, M. Vaillant, aujourd'hui l'un de nos doyens, puisqu'il est entré dans la Société en 1859, comme offi- ciers, MM. Haug, Kilian et Nicklès comme chevaliers. Je suis heureux de leur renouveler à tous nos cordiales félicitations. Le nombre de distinctions accordées cette année aux géologues par l’Académie des Sciences a été exceptionnel ; nous constate- rons avec satisfaction que tous les lauréats sont membres de la Société géologique. Le grand prix des Sciences physiques a été décerné à M. Ar- mand Thevenin pour un travail répondant à une question posée : les stades d'évolution des plus anciens Quadrupèdes trouvés en France. Nous souhaitons tous de voir paraître bientôt son impor- tant mémoire. Le prix Delesse a récompensé l’ensemble des travaux de M. Ph. Glangeaud, aussi bien ceux consacrés au Jurassique et au Crétacé de l'Aquitaine, que ceux qu'il poursuit aujourd'hui avec succès sur la chaine des Puys. M. Léon Bertrand a reçu le prix Victor Raulin, fondé comme le précédent par un de nos anciens confrères, pour son ingé- meuse contribution à l'histoire stratigraphique et tectonique des Pyrénées orientales et centrales. Le nouveau prix Joseph Labbé est destiné à récompenser les 1910 SÉANCE GÉNÉRALE 341 auteurs de travaux géologiques ou de recherches ayant efficace- ment contribué à mettre en valeur les richesses minières de la France, de ses colonies et de ses protectorats. Il à été attribué à M. G. Rolland pour ses études relatives au bassin minier de Meurthe-et-Moselle. Les belles explorations du Sahara de MM. E. F. Gautier et R. Chudeau ont valu à leurs auteurs le prix Saintour. Le prix Wilde a été donné à M. Joseph Vallot pour l’ensemble des travaux qu'il a accomplis dans le massif du Mont-Blanc. Enfin, M. Charles Janet, qui n'est pas seulement géologue, mais aussi zoologiste distingué, à vu ses remarquables obser- vations sur les Fourmis couronnées par le prix Cuvier. Vous n'ignorez pas que le prince Roland Bonaparte a donné à l’Académie des Sciences une somme importante, qui doit être dis- tribuée d'une façon originale et digne des plus grands éloges ; elle doit servir non à récompenser, mais à aider des travaux scienti- fiques. Pour la première fois, l’an dernier, un géologue a figuré sur la liste des bénéficiaires de ce fonds, c’est M. Cayeux : nous lui devrons bientôt une contribution approfondie sur la nature et l'origine des minerais de fer paléozoïques des États-Unis. Je termine cette allocution, que les succès de beaucoup d’entre vous ont contribué à rendre trop longue, en proclamant les noms des lauréats de la Société géologique elle-même. J'ai plaisir à féliciter M. Robert Douvillé, qui porte un nom respecté et aimé parmi nous, d’avoir été désigné par ses travaux pour le prix Viquesnel ; c’est d’un heureux présage au début de sa carrière de géologue. Il pouvait sembler à M. Gosselet que tous les honneurs sus- ceptibles d'atteindre un homme, qui a rendu de très longs et de très glorieux services à son pays et à la science, avaient été accu- mulés sur sa tête. La Société géologique est heureuse et fière de pouvoir lui offrir une distinction nouvelle et qui restera unique. Elle lui ira certainement droit au cœur, car elle lui est conférée par ses pairs, en dehors de toute considération extérieure. Un de nos confrères mort récemment, auquel nous devons avoir une reconnaissance toute particulière, M. Danton, nous a légué une somme de quatre mille francs devant constituer un prix, donné une seule fois, à l’auteur de la découverte géologique la plus utile à l'industrie. Votre commission des prix a eu à examiner et à discuter les mérites de plusieurs savants de grande valeur, pouvant être mis 342 A. LACROIX 31 Mars en ligne pour cette récompense ; elle à été à peu près unanime à se réunir sur le nom de M. Gosselet; je veux laisser au plus brillant des élèves de l'École de Lille, à mon confrère et ami, M. Ch. Barrois, le plaisir de vous expliquer pourquoi. Qu'il me soit permis seulement de dire que je considère comme l’un des honneurs de ma présidence d’avoir à présenter vos félicitations respectueuses et cordiales au vénérable doyen des maitres de la géologie française et de pouvoir joindre à la vôtre l'expression de mon admiration, à la fois pour son caractère et pour son œuvre. RAPPORT SUR L'ATTRIBUTION DU PRIX VIQUESNEL par Louis Gentil. La tâche de la Commission des prix a été cette année, en ce qui concerne l'attribution du prix Viquesnel, particulièrement difficile en raison du grand nombre des candidatures qui se recommandaient à des titres divers. Huit noms ont été prononcés mais la plupart des suffrages se sont néanmoins, dès la première séance, réunis sur celui de M. Robert Douvillé, dont les travaux avaient été déjà sérieusement discutés, l'an dernier, à propos du Prix Fontannes. Le principal travail qui ait retenu l’attention de la Commission est |’ « Esquisse géologique des Préalpes subbétiques », travail présenté en Sorbonne par M. Robert Douvillé, en 1906, comme sujet de thèse de Doctorat. Notre jeune confrère a d'abord précisé sur plusieurs points la stratigraphie de cette région andalouse. Il a suivi les niveaux du Crétacé inférieur et moyen signalés par M. Nicklès plus à l'Est et les documents qu’il a rapportés sur l’Aptien à faciès récifal de Jodar, sur un Barrémien à Æolcodiscus spéciaux, sur une belle faune vraconienne, laisseront une trace durable dans la connais- sance géologique des dépôts secondaires de la Péninsule 1bé- rique. Il s’est, en outre, attaché plus spécialement à la description des terrains tertiaires, à peine esquissée par ses devanciers. Il a montré dans l'E Dacone de Montefrio la coexistence d'éléments autochtones tels que Nummulites montefriensis et d'éléments ubiquistes ou immigrés comme Assilina præspira et A. granu- losa. La répartition de ces dépôts éogènes avait été mal indiquée OS 1910 PRIX VISQUESNEL 34 sur les cartes antérieures et leur extension a dû être considéra- blement réduite. On avait, autrefois, presque constamment con- fondu l'Éocène avec le Miocène inférieur (Aquitanien et Burdi- galien) à Lépidocyclines, niveau pour la première fois reconnu et dont le rôle capital pour la géologie andalouse a été parfaitement mis en relief par M. Robert Douvillé. Enfin ce dernier a décrit dans la vallée moyenne du Guadalquivir un Plaisancien qu'il a rapproché de celui bien connu de Los Tejares. Mais à côté de ces données stratigraphiques importantes le plus grand intérêt de ce travail réside dans la tectonique des Préalpes subbétiques que l'auteur a, malgré de grandes difficultés, su mettre en lumière. Profitant de cartes topographiques à 1/50 000 avec courbes de niveau, notre lauréat a montré avec clarté, tant sur sa carte d'ensemble qu’en s’aidant de planches phototypiques et de pano- ramas coloriés, que la région subbétique offre un empilement de plusieurs nappes, caractérisée chacune par ‘un faciès spécial du Jurassique. La tête plongeante de l’une d'elles est bien visible tandis que des lambeaux de gypse jalonnent et rendent indis- cutables, concurremment avec les renversements, les plans de charriage de la seconde. Ces phénomènes tectoniques relient ceux qui ont été signalés par M. Nicklès dans la Sierra Sagra à ceux dont l'existence, dans la province de Cadix, semble très probable à simple lecture de la carte géologique espagnole, par suite du recouvrement du Trias gypseux par des terrains mésozoïques divers absolument quel- conques, jurassiques et crétacés. L'importance de tels faits ne peut échapper. La thèse de M. Robert Douvillé ajoute une belle page à l'œuvre si glorieuse pour la science française de la Mission d’Andalousie. On ne peut se dissimuler en outre qu'elle est appelée à rendre de grands services à ceux qui, dans un avenir plus ou moins éloi- gné, pourront parcourir le prolongement en Afrique de la Cordil- lère bétique, le Rif ou Petit Atlas de Ptolémée. Les récentes observations au Maroc ont apporté quelque con- firmation stratigraphique à l'idée générale du grand maitre Edouard Suess de la continuité, en Espagne, de cette chaîne nord-marocaine et quelques faits saisis au hasard d'explorations un peu difficiles, sembleraient indiquer que le Rif, comme la Cordillère bétique, offrirait également peut-être, des nappes poussées vers l'extérieur de la chaîne ; mais il serait encore bien prématuré de se prononcer. 344 LOUIS GENTIL 31 Mars Quoiqu'il en soit, si des circonstances plus favorables permet- taient un jour de jeter quelque lumière sur ce côté si intéressant de l'Histoire de la Méditerranée occidentale, il ne faudrait pas oublier la part qui est due, à notre jeune confrère, dans l’évolu- tion de nos idées sur la structure de la chaîne tertiaire hispano- africaine. Mais la thèse de doctorat de M. Robert Douvillé n'est pas le seul travail que la Société ait voulu récompenser. Nous venons de voir que l’un des résultats stratigraphiques les plus importants de l'étude des Préalpes subbétiques était la décou- verte du Miocène inférieur (Aquitanien et Burdigalien) à faciès marin, caractérisé par des Lépidocyclines. C'est d'ailleurs une monographie de ce genre de Foraminifères, faite en collaboration avec M. Paul Lemoine, quiavaitincité notre confrère àentreprendre des recherches en Andalousie ; il s'attacha dans la suite à pour- suivre leur étude. Dans une série de notes insérées dans notre Bulletin il fait con- naître un certain nombre de formes nouvelles, il étudie la varia- tion morphologique du genre, sans négliger la répartition verti- cale de ces organismes, sur la valeur stratigraphique desquels MM. Henri Douvillé et Schlumberger avaient antérieurement appelé l'attention. C’est ainsi qu'il fixe au sommet du Burdigalien le gisement de Lepidocyclina marginata Micn. du Miocène des Bouches-du-Rhône, forme particulièrement intéressante à cause de son aire de répartition et parce qu’elle caractérise notamment les couches classiques de la Colline de Turin et de Rossignano Monferato. Par l'étude des couches similaires de Sicile il soulève une discussion aussi intéressante que courtoise avec les profes- seurs di Stefano et Checchia Rispoli, de Palerme, Il déclare anormales et erronées les successions relevées par nos confrères italiens et montre plus tard qu'il convient d'expliquer ces ano- malies par une « structure en écailles », apportant ainsi, en même temps qu'une preuve de la valeur stratigraphique des Lépidocy- clines, un exemple de complexité tectonique à rapprocher des remarquables découvertes de MM. Lugeon et Argand en Sicile. M. Robert Douvillé ne s’est paslimité, dans l’étude des Forami- nifères, à ce seul genre Lepidocyclina, il a également revisé les formes de Nummulites de Madagascar ; puis il a porté son acti- vité sur quelques groupes d'Ammonites. Les collections de l'École des Mines lui offrent d’intéressants matériaux relatifs à la faune de Truxillo (Pérou). Il étudie avec M. de Mecquenem le beau gisement callovien du lae d'Ourmiah et, 1910 PRIX VISQUESNEL 345 comme suite à ce travail, décrit la riche faune de Céphalopodes récoltée à Argences par M. Bigot. Toutrécemment sa détermination des Céphalopodes néocomiens et berriasiens rapportés des environs de Lima par le capitaine Berthon, lui montre la grande répartition, dans l'Amérique du Sud, d’un nouveau genre d'Hoplitidés, le genre Favrella. Mais la plus importante des communications récentes de notre confrère est celle où il signale la présence des genres Simbirskites et Polyptychites dans le Mésozoïque argentin. C’est la première fois que ces genres, jadis considérés comme presque exclusive- ment boréaux, sont signalés dans l'hémisphère austral. Peut-être doit-on y voir, à la suite de M. Haug, une confirmation des vues paléographiques de Neumayr, une province australe formant dans l’'Hémisphère sud le pendant de la région volgienne dans l'Hémi- sphère nord. Ces travaux paléontologiques auraient déjà fixé l'attention de la Commission des Prix si | « Esquisse géologique des Préalpes subbétiques » n'avait suffi, par l'importance des données strati- œraphiques et tectoniques qu'elle renferme, à rallier la grande majorité de ses suffrages. C’est pour cette double raison, Messieurs, que votre Commis- sion vous à proposé M. Robert Douvillé comme lauréat du Prix Visquesnel. RAPPORT SUR L'ATTRIBUTION DU PRIX DANTON Par Charles Barrois. Un coup d'œil sur la liste de nos lauréats, religieusement insé- rée chaqne année en tête de nos volumes, montre que la Société géologique aime donner ses prix aux jeunes. Elle a besoin du concours des jeunes talents. L'avenir est si largement ouvert devant notre science ! D'ailleurs elle s’accommode de l’enthou- siasme et des audaces de la jeunesse, et sait distinguer ceux qui lui donnent pour l'avenir les espérances les plus hautes. S1 le choix de la Société s’est arrêté cette fois exceptionnelle- ment sur un de ceux qui ont réalisé ses espérances et grande- ment mérité sa reconnaissance, c’est qu'elle s’est trouvée dans l'obligation, aux termes du testament de notre confrère J. D. Danton, de décerner en 1910 le prix qu'il créait, — et qui ne serait décerné qu'une fois, — à l'auteur, français ou étranger, de la découverte géologique la plus utile à l'Industrie, à l'auteur d'une œuvre de longue haleine. La Société eut ainsi à dresser, avant de fixer ses suffrages, une liste des géologues, des prospecteurs, de tous ceux d’entre nous qui, par leurs théories, par leurs explorations, ou par l’appli- cation des lois connues de la géologie, avaient contribué à l'essor de l’industrie de notre temps. Elle reconnut dès l’abord, qu'un grand nombre de géologues avaient participé à la découverte des gisements de phosphate de chaux, si précieux: aux industries agricoles, à l’ouverture de bassins houillers ou pétroliers, ces grands réservoirs de force, à la mise en valeur de nombreux gîtes de minerais usuels ou de métaux précieux, éléments des industries métallurgiques. Et dans ce nombre immense de recherches utiles à l’industrie, faites par des géologues, elle a cherché celle qui parût la plus honorable pour la géologie même. Elle a vu dans la région du Nord de la France, étudiée par M. Gosselet, un exemple intéressant de ce que la géologie avait fait pour l’indus- trie nationale, en contribuant à la découverte du bassin houiller qui produit les 2/3 du charbon français, et elle a élu M. Gos- selet, lauréat du prix Danton. M. Gosselet voudra bien me pardonner de retracer iei un rapide historique de la série d'observations géologiques qui ont per- mis à nos ingénieurs d'extraire annuellement, de dessous les morts-terrains du Nord, 27 millions de tonnes de charbon, et fournir à l'industrie son plus précieux élément. 1910 PRIX DANTON 347 Le Nord de la France est un pays de plaines fertiles,où rien ne pouvait attirer l'attention du mineur. Un épais limon recouvre des nappes horizontales de craie, et l’uniformité du paysage n'est interrompue que par quelques rochers de grès dévonien, perçant le manteau crétacé, en quelques ravins de l’Artois et du Bou- lonnais. La première observation géologique, utile à l'industrie, qui y fut faite, remonte à 1716 et est due à Desandrouin. Ce cher- cheur avait constaté la direction EW du bassin houiller qui affleure en Belgique, ainsi que son enfoncement progressif à l'Ouest, et avait conclu, conformément aux lois géologiques, que l’on devait retrouver dans cette direction, sous les morts-terrains, aux envi- rons de Valenciennes, la continuation des couches houillères. Il fit des sondages et découvrit en 1717 la houille maigre à Fresne, près Valenciennes. Se rappelant alors la position, connue en Bel- gique, des houilles maigres et celle des houilles grasses au Sud de celles-ci, il établit de nouveaux sondages au Sud des premiers et découvrit en 1734 la houille grasse d’Anzin. A dater de ce moment, jusqu’en 1847, de nombreux sondages de recherches furent poussés dans la direction marquée par Desaudrouin, vers Douai et Arras ; d’abord heureux, ils devinrent invariablement stériles à l'Ouest de Douai. Une nouvelle obser- vation géologique devenait nécessaire pour orienter les chercheurs dans la bonne direction. Quelques sondages heureux de la Com- pagnie de l’Escarpelle ayant appris en 1847 que l'axe du bassin changeait de direction vers Douai, pour s’infléchir brusquement vers le NW., Dusouich vit dans les rochers de grès dévonien, dont il avait reconnu l'alignement et les caractères, dans les ravins de l’Artois, la continuation des couches qui, dans le Condros, forment la limite méridionale du bassin houiller. Dusouich, auteur de la Carte géologique du Pas-de-Calais, traça ainsi la limite au Nord de laquelle allèrent s’aligner tous les sondages qui ouvrirent le bassin houiller du Pas-de-Calais. L’étendue du bassin houiller paraissait fixée en 1860, quand M. Gosselet publia les recherches qui devaient permettre de l’étendre encore, en précisant les conditions stratigraphiques de son gisement. Désignant sous le nom de bassin de Namur le synclinal houiller belge, et sous celui de bassin de Dinant, le pli synclinal qui le borde au Midi, dans l'Ardenne, M. Gosselet recon- nut que ces deux bassins au lieu d’être séparés, comme on le croyait, par un relèvement anticlinal dévonien, offraient entre eux un axe silurien. La découverte qu'il fit des faunes siluriennes (Gembloux, Condros) lui permit d'annoncer qu'un très grand accident, une faille de plusieurs mille mètres de rejet, séparait 348 CHARLES BARROIS 31 Mars les bassins de Namur et de Dinant, attendu que le Silurien y arrivait au contact du Carbonifère, supprimant la presque tota- lité du Dévonien. | Quelques années plus tard, M. Gosselet établissait que cette grande faille du Condros était oblique, et saisissant l'importance tectonique et industrielle de cette disposition, il concluait que le bassin de Dinant avait été poussé le long du plan incliné de cette faille sur le bassin de Namur, recouvrant ainsi, sous la masse des terrains plus anciens, le bord méridional de ce dernier bassin. Il restait pour pouvoir généraliser et appliquer cette notion au bassin houiller français, à le repérer exactement par rapport aux bassins synelinaux de Dinant et de Namur : c’est ce que fit M. Gosselet, en prouvant par la succession stratigra- phique et l'étude paléontologique des diverses zones dévoniennes du Boulonnais, qu'elles continuaient rigoureusement celles du bord nord du bassin de Namur, et qu'il ne fallait pas par consé- quent poursuivre au Nord de cette ligne la continuation du bas- sin franco-belge. On sait que les sondages exécutés par les Compagnies de Liévin et les nouvelles compagnies concessionnaires du Pas-de- Calais sont venues vérifier la justesse de ces prévisions, en reconnaissant, au Midi du bassin, la présence du terrain houiller sous les terrains siluriens fossilifères et sous le vieux grès rouge caractérisé par ses P{eraspis et autres Poissons. Ainsi les théories géologiques de Désandrouin, de Dusouich, de M. Gosselet, ont tour à tour exercé un rôle directeur sur les recherches qui ont amené la découverte des richesses du bassin houiller du Nord, et ces trois noms restent attachés, pour tou- jours, à l’histoire du développement économique et industriel de la France. L'application que M. Gosselet a faite de sa science a ainsi été un honneur pour la géologie, et on peut se demander ce qui vaut le mieux dans son œuvre, des services rendus à la science appliquée ou à la science pure, puisque, sans ses travaux sur l’Ardenne, les grandes théories modernes sur la synthèse des Alpes n’eussent peut-être pas vu le jour? Marcel Bertrand n'écrivait-il pas en 1884 !, à l’occasion des Alpes de Glaris : « J’ai essayé simplement d'étendre aux Alpes l'explication, si simple et si rationnelle, que M. Gosselet a donnée pour le Nord ». Cependant les services rendus aux charbonniers, s'ils nous 1. Marcel BERTRAND. Rapports de structure des Alpes de Glaris et du bassin houiller du Nord. B.S. G. F.,(3), XII, 1883-1884, p. 318. 1910 PRIX DANTON 349 semblent les plus grands, ne sont pas les seuls dont les indus- triels soient redevables à M. Gosselet. Il existe dans le Nord une importante industrie de marbres ; M. Gosselet a fixé le gisement et l'extension de leurs différentes variétés dans les diverses zones du Dévonien et du Carbouifère. Les ardoises des Ardennes sont les plus fines etles meilleures de France ; M. Gosselet a pu tracer sur une carte, à grande échelle, le parcours de leurs diverses veines. Les phosphates crétacés des Ardennesetdu Nordont longtemps suffi seuls à la consommation de la France ; M. Gos- selet a pu classer tous leurs gites d’après leur âge, fixer la posi- tion de leurs différents lits, fait connaître leurs poches, leurs dispositions lenticulaires et indiqué leurs relations avec leur mode d’origine. Par là, il a facilité la découverte de gisements nouveaux de marbres, d'ardoises, de phosphates. Au milieu de la population dense et industrielle du Nord de la France, l’eau est devenue de nos jours une richesse de première nécessité, autant et peut-être plus que la houille ; M. Gosselet à pu, mettant en œuvre des observations accumulées par lui au cours d'un demi-siècle, tracer des cartes hypsométriques des niveaux aquifères superposés, correspondant respectivement dans cette région aux surfaces souterraines des terrains primaires, des étages turonien, sénonien et landénien. L'importance de ce travail a paru telle au savant Directeur de la Carte géologique de France que, sollicité de participer à l'Exposition internationale de Bruxelles, M. Michel-Lévy a cru ne pouvoir faire plus d’hon- neur au service qu'il dirige qu'en le faisant représenter à Bruxelles par la carte hypsométrique du Nord de M. Gosselet, à côté de la nouvelle carte géologique des Pyrénées. La Société géologique, en confiant au plus ancien élève de M. Gosselet le soin de présenter ce rapport sur ses titres à la recon- naissance de l’industrie, a rendu à mon impartialité un hommage dont je la remereie d'autant plus vivement qu'elle connait la viva- cité des sentiments qui attachent ses anciens élèves à la personne de M. Gosselet. Aussi bien, un avis plus indépendant, et en même temps plus éclairé que celui des élèves du maitre a été porté sur la valeur de l'œuvre que la Société a voulu récompenser ; 1l a été donné dans une lettre écrite il y a quelques années au Comité qui fêtait le cinquantenaire scientifique de M. Gosselet ; nous la trouvons insérée dans une plaquette commémorative. Vous vou- drez relire cette lettre, qui émane de la Société de l'Industrie minérale, et est signée par les ingénieurs, métallurgistes et industriels les plus qualifiés du pays : elle eut une influence décisive sur l'attribution du prix Danton, par la Société géologique : 350 CHARLES BARROIS 31 Mars Cher Maître. — Les membres du Bureau du District Nord de la Société de l'Industrie minérale, réunis aujourd'hui à Douai, se font les interprètes des sentiments de tous leurs collègues en s’associant aux félicitations qui, dimanche dernier, vous ontété adressées de tous les points de la France et du monde. Les directeurs et ingénieurs des charbonnages ‘du Nord et du Pas-de-Calais ; les métallurgistes et les industriels qui utilisent les matières minérales ou qui recherchent des eaux pour leurs usines, ont eu sisouvent recours à vos précieux conseils qu'il serait trop long d’énumérer iei tous les services que vous leur avez rendus. Nous ne retracerons pas non plus votre carrière si bien remplie, vos amis se sont acquittés de ce devoir le jour de votre Cinquantenaire ; mais nous retiendrons cependant de votre œuvre hors de pair ceux des travaux qui se rapportent à l’industrie minière, devenue si impor- tante dans notre région. Votre grand ouvrage sur l'Ardenne expose avec une clarté saisis- sante le mécanisme de la formation et du remplissage de l'antique bassin de Dinant et du bassin de Namur qui, formé un peu plus tard, a reçu le trésor houiller. On parcourt avec vous les rivages de ces mers anciennes ; on assiste au gigantesque plissement qui a poussé le premier bassin par-dessus le second, et, bien que ces montagnes d’un autre âge aient été nivelées, puis enfouies sous le manteau crétacé, vofre science les reconstitue et nous offre la vision des sommets dis- parus. Vous revenez souvent sur ce sujet de prédilection : dans votre travail sur la structure générale du bassin franco-belge; dans votre Esquisse géologique du Nord de la France ; dans vos études sur le terrain houiller de la même région; dans vos nombreuses communi- cations à la Société géologique du Nord, vous multipliez les preuves et vous imposez la conviction. De belles et importantes découvertes résultent des faits géologiques que vous avez établis ; tout récemment encore la constatation du pro- longement vers le sud du bassin houiller du Pas-de-Calais, au-dessous de votre faille eifélienne, donnait une nouvelle et éclatante confirma- tion de l'exactitude de vos savantes déductions. Vous avez ainsi, Cher Maître, non seulement bien mérité de la science, mais encore rendu à l'industrie française, et par suite au pays, d'inappréciables services. Veuillez donc agréer l'expression de la gra- titude et de la profonde reconnaissance des membres de notre Société qui, plus que personne, ont été à même d'apprécier la haute portée de vos magistrales conceptions. Due La UM NE ni \ a. P'Pett FPhot. 1827 -1908 ALBERT GAUDRY NOTICE NÉCROLOGIQUE PAR Armand Thevenin. Parmi toutes les théories scientifiques brillamment soutenues au dix-neuvième siècle, il en est une plus importante que les plus fécondes hypothèses de la mécanique ou de la physique, c'est la théorie de l’évolution, car, au delà des laboratoires, des sociétés scientifiques et des académies, elle à pénétré dans tous les esprits ; s'étendant à toutes les conceptions humaines, cher- chant à interpréter les phénomènes sociaux les plus complexes, à résoudre les questions philosophiques les plus obscures, elle a mis en question les croyances séculaires qui guidaient l’huma- nité. C’est un paléontologiste, l’un des membres les plus éminents de votre compagnie, un de vos anciens présidents, c’est Albert Gaudry qui a le plus activement contribué dans notre pays au triomphe des théories évolutionnistes. Son nom demeurera tou- Jours au premier rang des naturalistes et des penseurs. Quand la mort à rompu les liens affectueux qui pendant plus d'un demi-siècle l'avaient uni à cette société, un concert de louanges s’est élevé pour glorifier son œuvre. Il semble qu'en toute contrée, en toute langue, les termes de l'éloge aient été épuisés, du Nord au Sud de notre pays, de la Russie à l'Amérique pour retracer les travaux et la vie de celui que les paléontolo- gistes du monde entier se plaisaient à appeler « leur maitre vénéré ». Votre Société, fidèle au pieux usage de louer ses membres illustres en séance solennelle, à pourtant voulu qu'un des élèves d'Albert Gaudry tente aujourd’hui encore de le faire revivre devant vous. Ce n'est pas ma voix qui s'élèverait ici si les savants les plus éminents n'avaient, au milieu des honneurs funèbres, déjà prononcé d’éloquents adieux, si le disciple bien aimé d'Albert Gaudry, continuateur de son œuvre, n'avait à maintes reprises loué le professeur illustre et retracé enfin lon- guement sa carrière dans l’amphithéâtre même où il avait long- temps enseigné. Venu l’un des derniers dans le laboratoire du vieux maitre, a de la disproportion entre ses travaux et ma pau- vreté ne je me tairais si je ne craignais qu ‘emporté par le mouvement vertigineux de la science, aueun de nous n'ose plus 352 ALBERT GAUDRY 31 Mars retracer dans quelques mois cette belle figure de naturaliste. trop vite estompée dans un lointain radieux et, que jamais plus la vie d'Albert Gaudry ne soit rappelée dans cette Société géolo- gique à laquelle il fut si profondément attaché. Le 19 novembre 1849, rue du Vieux-Colombier, dans une petite salle de l'hôtel de Luynes aujourd'hui disparu, où se pres- saient les membres de votre jeune Société, d’Archiac prenait place au fauteuil présidentiel assisté de Bayle, secrétaire, et proclamait comme membre nouveau : Jean Albert Gaudry, atta- ché au Muséum d'Histoire naturelle, tandis qu’un grand jeune homme blond rougissait imperceptiblement entre ses deux par- rans : Alcide et Charles d'Orbigny. Déjà cette union passagère de d’Orbigny, d’Archiac et Bayle semblait le prédestiner à l'étude des animaux fossiles bien peu en honneur pourtant encore, puisque Constant Prévost protestait quelques mois auparavant, dans la même salle « contre les abus que l’on fait chaque jour de plus en plus des applications de la paléontologie à la géologie ». Le nouveau venu qui pendant cinquante-neuf ans devait si assidûment suivre vos séances et jeter un tel éclat sur la science française, était né en 1827, dix ans seulement après que William Smith avait proclamé, en Angleterre, la possibilité de fixer l’âge des terrains au moyen des fossiles et trois ans avant la mort de Cuvier. Son père, avocat célèbre autant pour l'élévation de son carac- tère que pour la clarté de sa parole et pour la précision de sa dialectique, était issu d’une modeste bourgeoisie de robe fort éprouvée par la Révolution. Il avait connu les débuts pénibles qui si souvent font éclore le talent et quoiqu'en 1849 il fût entouré de considération au Palais, bientôt même bâtonmier illustre, il n'avait pas cherché à fixer la fortune; son carnet, conservé par le barreau, montre que pour les plus importantes affaires civiles, cinq cents francs étaient de rares honoraires. Mais Albert Gaudry avait grandi dans une famille riche de qualités précieuses : franchise, désintéressement, amour du travail, esprit de sacrifice, culte du devoir. Il avait été tendrement aimé par une mère au grand cœur et à la douce sagesse, enlevée trop jeune à son affection et dont 1l me parlait encore, les larmes aux veux, à soixante-quinze ans, car elle lui avait fait connaître Îles charmes de la grâce féminine en même temps qu'elle lui avait appris la bonté. Dans cette famille d'élite, l'esprit scientifique était inséparable des qualités littéraires ; c’est l’un des ancètres d'Albert Gaudry 1910 NOTICE NÉCROLOGIQUE 353 qui trouva, au milieu du xvi siècle, la méthode de sommation des piles de boulets, qui exerce maintenant la sagacité des jeunes mathématiciens ; c’est son grand-oncle, Philippe Lebon d'Hum- bersein, qui fut l'inventeur malheureux de l'éclairage au gaz. Les naturalistes, qui accordent aujourd'hui avec raison tant d'im- portance à l’hérédité, n’hésiteront pas à reconnaitre là quelques- unes des causes du suecès d'Albert Gaudry. Sa famille pater- nelle, d’origine lorraine, lui avait transmis les grandes vertus un peu ternes de nos populations de l'Est, tandis qu'ildevait sans doute aux ancêtres espagnols de sa mère les qualités plus bril- lantes. S'il est permis de continuer cette comparaison des théories modernes de l’évolution et de la formation d’un grand esprit évolutionniste, on peut trouver, frappante, dans l’œuvre de Gau- dry, l'influence du milieu. Son père, curieux de sciences natu- relles (car on l'était alors vraiment plus qu'aujourd'hui), avait formé un herbier et une collection de minéralogie qu'Albert Gaudry, devenuillustre, aimait à montrer pieusementàses hôtes; il emmenait son jeune fils dans ses promenades aux environs de Paris et le conduisait tout enfant aux plâtrières de Montmartre d'où rayonnait brillante encore la gloire de Cuvier, évocateur des anciens habitants du globe. L'exemple de son beau-frère Alcide d'Orbigny attire d’ailleurs aussi, peut-être à son insu, le jeune Gaudry vers les sciences de la nature, vers l'étude des fossiles, tandis qu'il apprend de son père et de son grand-père maternel, avocat illustre également, le culte de la forme littéraire, la nécessité du choix des arguments et la clarté du style. Élève brillant d’un collège très chrétien, il est et demeura toujours épris de philosophie ; il a soif d’idéal et ne redoutera pas de pousser ses recherches jusqu'aux confins de la science et de la métaphysique. Attaché au Muséum, il apprend avec Constant Prévost et Charles d’Orbigny l’invraisemblance des cataclysmes universels, des révolutions du globe, en même temps que la précision stricte dans les recherches géologiques et vous savez, Messieurs, quel intérêt il n’a cessé de porter jusqu'à sa mort à toutes vos séances, aux discussions que suscitent ici toutes les parties de l’histoire de la terre. En étudiant l’évolution du monde animé, il n’a jamais cessé d'être géologue autant que zoologiste. | La carrière s'’ouvrait donc brillante devant le jeune savant dont d’Archiac proclamait l'admission. Dès 1850, il publiait 22 novembre 1910. Bull. Soc. géol. Fr. X, — 23. 354 ALBERT GAUDRY 31 Mars dans notre Bulletin sa première note; elle y fut suivie de plus de cinquante autres, car tous ses travaux, tous les événements de sa vie ont eu ici leur écho ; la Société géologique de France lui est toujours apparue comme une famille scientifique étroitement unie: « sentant combien notre vie est éphémère, disait-il, nos jeunes confrères vénèrent davantage leurs anciens, qui bientôt peuvent leur être enlevés et les anciens, désireux que leur œuvre se continue, s'intéressent aux succès des jeunes comme à leurs propres succès. » Par ces sentiments, notre Société est devenue l’une des plus prospères ; gardons-les précieusement. Albert Gaudry est vice-secrétaire, en 1852, quand il fait hom- mage à votre bibliothèque des deux thèses de doctorat qu'il vient de soutenir à vingt-cinq ans, à l’âge où tant de nos meilleurs étu- diants n'exercent maintenant que leur mémoire. L'une de ces thèses, géologique, traite de l'Origine des Silex de la Craie; elle montre la variété des connaissances et la clarté d'esprit de son jeune auteur; mais, en bon candidat, celui-ci tente surtout de concilier les diverses opinions, car il estime « qu’elles ont été émises par des hommes trop expérimentés dans la science pour ne pas avoir chacune une part de vérité ». On retrouvera toujours dans ses œuvres cette courtoisie envers ses devanciers, cette préoccupation de mettre en lumière les travaux d'autrui. Il dépen- sera plus tard son talent d'écrivain pour rendre hommage à ses prédécesseurs d’Orbigny ou d’Archiac, à son ami de Saporta, à son collaborateur Fischer, à son savant protégé Bernard Renault; sans cesse il exposera avec bienveillance dans les conseils les efforts des débutants même, qu'il ne cessera d’appeler « ses cama- rades ». Pour ses adieux à la vie scolaire il voulut d’ailleurs montrer la double curiosité de son intelligence attentive aux êtres animés autant qu'au monde minéral, et sa seconde thèse, Sur les pièces solides des Stellérides, montre mieux encore que la première son talent délicat d’observateur et la tendance synthétique de son esprit. Des voyages avec son père en Allemagne et en Angleterre l'avaient mis en relations avec les plus illustres géologues de cette époque. Il aimait à rappeler qu'il avait connu Buckland et de la Bèche, quand il apporta à une séance de la Société géolo- gique une note sur le gisement de Stonesfield, prélude lointain des études sur les Mammifères qui illustrent son nom. Mais 1l était attiré surtout vers les régions d'Orient, par son éducation classique, par les échos enthousiastes de la guerre de 1910 NOTICE NÉCROLOGIQUE 355 l'indépendance grecque, par l'exemple des membres illustres des expéditions d'Egypte ou de Morée qu'il avait connus au Jardin des Plantes. En 1853, il part pour Chypre avec M. Damour, fils du miné- ralogiste, pour accomplir dans cette île une mission géologique et agronomique. Son attachement à la Société géologique est tel qu'à sept cents lieues, il veut vivre de sa vie et fait connaître par lettres aux séances les résultats de ses explorations. C'est dans les Mémoires de la Société qu’il publiera en 1862 la Géologie de l'Ile de Chypre accompagnée d'une carte si précise que, qua- rante ans plus tard, M. Jukes-Browne, ayant, avec plus de faci- lité, dressé la même carte, a tenu, exemple rare, à faire pro- clamer à l’une de vos séances l’identité de ses tracés avec ceux de son devancier. Dans ce mémoire comme dans les Recherches scien- tifiques en Orient qui l'avaient précédé, Albert Gaudry, esprit merveilleusement cultivé, sait faire part égale à la science spé- culative et à ses applications. Sa vocation va être irrévocablement fixée quand, au retour de Chypre, après avoir visité les tombeaux géants des civilisations d'Orient, l'Égypte et le Liban, 1l s'arrêtera à Athènes. Avides de nouvelles comme au temps d’Alcibiade, les Grecs s’entrete- naient des ossements fossiles récemment découverts au pied du Pentélique. Le jeune savant fut conduit par le baron de Forth Rouen, diplomate français, non loin de Marathon, au bord d’un ravin bordé de lauriers-roses, dominé par des abrupts de marbre blanc, près d’un hameau dont le nom, Pikermi, grâce à ses tra- vaux, allait devenir illustre. Pourtant 1l revient en France et reprend sa place au bureau de votre Société comme secrétaire fort actif; mais, bien décidé à retourner en Attique, à fouiller le gisement entrevu, il obtient bientôt une mission de l’Académie des Sciences et repart. C’est l’époque de la guerre de Crimée, les brigands dévastent la campagne aux portes même d'Athènes et, en débarquant au Pirée, Albert Gaudry apprend qu'ils viennent de saisir un capitaine français et d'obtenir 30 000 drachmes pour sa rançon. Avec autant d’obstination que de douceur, il écarte les amis prudents qui lui déconseillent de se mettre en route ; il part pour plusieurs mois, avec quelques gendarmes, s’installe dans la moins misérable masure du hameau de Pikermi et commence ses fouilles. Elles sont souvent pénibles, mais la -joie des décou- vertes quotidiennes, la beauté du paysage, soutiennent le cou- rage du jeune naturaliste, tandis que son âme, éprise de bonté, s'attache aux modestes ouvriers qui l’aident : « La perspicacité 356 ALBERT GAUDRY 31 Mars et la finesse sont l’un des traits particuliers du peuple grec, écrit-il. Combien ai-je passé d’agréables soirées dans des cabanes plus misérables que nos dernières masures de France, apprenant de mes hôtes des détails curieux sur leur vie, leurs mœurs, les productions et les petites industries de leur pays ! » Les Comptes rendus de l'Académie des Sciences autant que votre Bulletin enregistrent, au retour, les premiers et brillants résultats de ces fouilles. Le mariage d'Albert Gaudry avec mademoiselle Hittorf, fille d'un architecte célèbre, membre de l’Académie des Beaux-Arts, auteur de l'Architecture antique de la Sicile et de l'Architecture polychrome chez les Grecs, entoura le naturaliste, arrivant de Pikermi, d'artistes et d'hommes de lettres aussi épris que lui- même de l’art classique, et la fréquentation quotidienne de ces fervents disciples du Beau imprima sur le style de son œuvre entière une marque profonde, qui nous a tous charmés. Bientôt, en 1860, il repart pour la Grèce emmenant avec lui sa jeune femme et 1l y demeure sept mois. Ses fouilles à Pikermi ont une importance inconnue ; précurseur des grands explora- teurs de l'Amérique du Nord, il rapportera des milliers d’osse- ments. Quelle joie d’exhumer ces êtres multiples dont les osse- ments fossiles ont contribué à enfanter la légende de Deucalion ou celle de Phénicè et de ses compagnons changés en pierre par Persée qui leur présente la tête de Gorgone ou celle des monstres horribles vaincus par Hercule et Thésée. : Il ne peut contenir son enthousiasme d’amant de la nature : « Aux heures où le soleil monte ou s'abaisse, alors que les pre- miers plans sont cachés par la pénombre et que les montagnes se parent de mille couleurs » il croit contempler « quelque tableau d’une beauté trop grande pour des yeux mortels ». Et la classique prière d’'Iphigénie chante en sa mémoire : « Que n’ai- je la voix d’Orphée pour animer les pierres... » Mais il aura mieux qu'Orphée la vertu persuasive, car 1l va rapporter aux savants étonnés, non des phrases sonores, non des mots, mais des faits, et la Société géologique comprend toute l'importance de ses découvertes, quand elle appelle Gaudry à la présider en 1863, à trente-six ans. Chacune de ses notes à l’Académie ébranle le dogme de la fixité des espèces, apporte une preuve nouvelle à l'appui de la théorie évolutionniste que l’Origine des espèces de Darwin vient de remettre en lumière tout en suscitant d’ardents combats, cependant que les idées des grands précurseurs français Lamarck et Geoffroy-Saunt-Hilure semblent momentanément oubliées. 1910 NOTICE NÉCROLOGIQUE 357 Tandis que Gaudry présente aux naturalistes les formes inter- médiaires, jusqu'alors hypothétiques, entre des familles, des genres ou des espèces, les derniers disciples de Cuvier, éblouis jusqu'à l’aveuglement par le talent descriptif de leur maitre, refusent de le suivre dans la voie nouvelle. A l’Académie des Sciences, au Muséum, à la Société géologique même, dans la petite salle de la rue de Fleurus où Hébert et d’Archiac échangent de vifs propos pour des faits infimes, plus d'un illustre confrère traite de chimères les idées et les observa- tions du jeune paléontologiste. Mais, toujours aimable et toujours aimé, il est écouté de tous avec la plus grande attention quand, le 23 avril 1866, il offre à la Société Les deux dernières livraisons de son œuvre : Animaux fossiles ef Géologie de l’Attique et en expose les conclusions qui sont encore maintenant les principes directeurs de la Paléon- tologie des Mammifères. Certain que les changements du monde animé se sont accomplis par de lentes transformations, il esquisse les arbres généalogiques des Rhinocéros, des Chevaux, des Eléphants, des Ours, des Hyènes ; mais il a pourtant l'esprit scientifique trop développé pour croire, ainsi qu'on le lui a reproché parfois, que ces tableaux ne sont pas provisoires ; 1l sait et 1l proclame « que chaque pas de la science les modifiera ». Il constate que les espèces ont une longévité d'autant moins grande qu'elles sont d'une classe plus élevée » et il met en évi- dence dès cette époque « l'importance des migrations de faunes ». La partie descriptive de ce grand ouvrage, modèle de clarté, de méthode, de conscience scientifique aurait suffi à mettre Albert Gaudry au nombre des meilleurs naturalistes de son temps ; mais 1l savait qu'un amas de matériaux n’est pas un édifice; l'horizon s'était brusquement illuminé devant lui, il croyait avoir aperçu la brillante Vérité et hardiment, simplement, il la montrait telle qu’il l’avait entrevue. Cette date du 23 avril 1866 est grande dans l'histoire de l'évolution. Albert Gaudry reçoit alors les félicitations de Darwin, de Lyell, mais il va connaître la lutte dans son propre pays: car la personnalité de Cuvier domine encore la science, écrase de sa puissance les travaux de ses continuateurs. La grande intelligence de l’auteur des OÜssements fossiles n'a pas manqué un demi-siècle auparavant d'examiner « pourquoi les races actuelles ne seraient pas des modifications des races anciennes que l’on trouve parmi les fossiles, modifications qui auraient été produites par les cir- constances locales et le changement de climats » et l’auteur du Discours sur les Révolutions du globe concluait que « si les 358 ALBERT GAUDRY 31 Mars espèces ont changé par degrés, on devrait trouver les traces de ces modifications graduelles ; entre le Palæotherium et les espèces d'aujourd'hui, on devrait découvrir quelques formes intermédiaires ». Ge sont de telles formes intermédiaires que Gaudry présentait aux zoologistes qui venaient d'affirmer, chan- geant en obstination la prudence de leur maître, que : « De quelque côté que l’on envisage la question, l’immutabilité des espèces est le grand fait, le fait que tout démontre. » Le Ministre de l'Instruction publique, Duruy, séduit par les conceptions d'Albert Gaudry, le charge d’un cours libre à la Sorbonne, mais cet enseignement trop peu orthodoxe va être étoulfé à tout prix ; le professeur de géologie accuse le malheu- reux paléontologiste, dont nous avons tous connu le soin méti- culeux, de mettre du désordre dans la collection de la Faculté ; un jour même, le jeune professeur constate que son cours est rayé de l'affiche officielle, sans qu'il en ait été averti, par un doyen d'autant plus opposé à la nouvelle orientation de la paléon- tologie, qu'il vient d'apprendre la démission du ministre Duruy. La chaire de Paléontologie du Muséum devient vacante en 1868. Albert Gaudry, aide-naturaliste depuis 1853, est prêt à en gravir les degrés, mais la même opposition veille et lui fait pré- férer Edouard Lartet, vieillard, qui n’a jamais enseigné. La guerre, l'invasion, le siège, interrompent les travaux scien- tifiques ; votre société tient pourtant ses séances sous l’éner- gique présidence de Paul Gervais. Albert Gaudry montre à tous sa haute conception du patriotisme, en soutenant les esprits par un cours qu'interrompent les obus ou en quittant le triste diner de famille où chacun, l’âme anxieuse, apportesafrugale ration, pour courir à la porte de Châtillon faire simplement son devoir en face des balles ennemies. Mais le deuil de la patrie rend plus fervent le culte de la vérité. Après le bruit du canon, après le sang versé, dans la douleur, le travail reprend ; c’est une grande époque de foi scientifique et Gaudry prépare, en même temps que ses amis Fischer et Tour- nouer, un ouvrage sur les fossiles qu'il a recueillis quelques années plus tôt au pied du Mont Léberon en Provence. Il y trace de main de maître le tableau complet de la succession des faunes de Mammifères qui ont vécu en France pendant le Tertiaire ; 1l y montre, notion féconde, que la séparation des étages géologiques est due surtout à des déplacements de faunes produisant une apparente discontinuité dans l’évolution régulière des êtres animés. 1910 NOTICE NÉCROLOGIQUE 359 Cependant Édouard Lartet est mort en 1871 , quelques mois après sa nomination, sans avoir professé. Le temps parait venu enfin pour Gaudry d'exposer la science des fossiles dans l’amphithéâtre du Muséum où depuis vingt ans d’autres voix se font entendre. Mais sa doctrine semble trop hardie encore. Pourquoi cette philoso- phie dans la science? Que ne revient-on à l’enseignement des- criptif ancien ? D'où vient cette témérité de discuter les dogmes immuables? Pendant une année entière, l'assemblée des Profes- seurs du Muséum s'oppose au maintien de la chaire de Paléontolo- gie. Puis elle tente de charger Schimiper, de Strasbourg, d’un cours de botanique fossile, mais le savant Alsacien refuse avec dignité pour ne pas contribuer à la suppression d’un enseignement devenu indispensable. Le courant d'idées provoqué par les livres de Darwin l'emporte enfin et,le 8 juin 1872, Albert Gaudry est nommé professeur au Muséum. Dans le bâtiment où Cuvier fonda la science des ossements fos- siles, dans la salle où pour la première fois de Blainville pro- nonça le mot de Paléontologie, 1l commence à exposer avec ardeur les « enchaîinements » qui relient les créatures des anciens jours aux créatures actulles. Son esprit de haute généralisation, son langage très pur, le soin minutieux apporté à la préparation de chaque leçon, charment et persuadent son auditoire sans cesse plus nombreux. Pour la deuxième fois, la Société géologique choisit Albert Gaudry comme président en 1878, quand paraît le premier volume de ses « Enchainements du Monde animal dans les temps géologiques » où 1l présente à tous les naturalistes, à tous les pen- seurs, cet enseignement fécond. Sur la table du philosophe le plus spiritualiste, dans la bibliothèque du novateur le plus hardi, dans le laboratoire du savant le plus observateur, dans la chambre de l'étudiant le plus humble, ce livre apporte la conviction ferme que la théorie de l’évolution n’est pas un scintillement de mots mis une doctrine fondée sur des faits incontestables, écrite dans les plus anciennes archives, au sein même de la terre. Ce serait offenser la mémoire du vieux maitre d’ébaucher ici l'analyse de son œuvre capitale. Nous l'avons tous méditée, depuis ceux qui ont connu les armes diverses employées contre le transformisme jusqu'à ceux qui n'ont pas trente ans et que le doute n'a pas effleuré. Alors commence pour Gaudry l’époque triomphale. Les géo- logues de toutes nations, pour la première fois réunis en congrès, entourent le savant éminent qui les salue au nom de notre société. 360 ALBERT GAUDRY 31 Mars Cope lui apporte d'Amérique la confirmation de sa doctrine. Les défenseurs ardents de l’évolution admirent le faisceau de preuves qu'il a réunies ; ses plus violents adversaires faiblissent devant le tableau grandiose de ces transformations « où Dieu a mis, dit-il, l'empreinte de son unité ». Dans le pays de Buffon, de Lamarck, de Geoffroy-Saint- Hilure, par une contradiction étrange, l'opposition cédait plus lentementet ce ne fut pas sans quelques égratignures académiques que Gaudry put devenir membre de l’Institut en 1881. Si le nouvel académicien était connu surtout par ses travaux sur les Mammifères de l’ère tertiaire, il savait que ses confrères venaient de consacrer aussi ses efforts pour déchiffrer les premiers feuillets si lacérés et les dernières pages si confuses de l’histoire des Vertébrés. Le Bulletin de la Société géologique et les Comptes Rendus de l’Académie montraient combien il avait patiemment étudié les plus anciens Amphibiens et Reptiles des schistes permiens d'Autun mettant en évidence à la fois leurs caractères primitifs et leur diversité. Dès 1859 il avait inscrit son nom d’une façon impérissable parmi les fondateurs de l’Archéologie préhistorique, en apportant à l’Académie des Sciences, jusque là sceptique, des silex taillés recueillis par lui-même à Saint-Acheul avec des débris de Mam- mifères éteints. Alors que l'étude du terrain quaternaire parais- sait vaine à plus d’un géologue, il avait en 1866 entretenu la Société géologique des ossements trouvés dans les alluvions de la Seine et de la Marne ; puis ce furent ceux de Louverné dans la Mayenne, de Santenay dans la Côte-d'Or, de Rochebertier dans la Dordogne et Jusqu'à ceux de Chine ou de l'Alaska. En publiant les Matériaux pour l'histoire des temps quaternaires, pendant que les préhistoriens faisaient paraître les Matériaux pour l'his- toire primilive de l’homme, il préparait l'union féconde de la paléontologie, de la géologie et de la préhistoire pour résoudre le passionnant problème de l’origine de l'humanité. Lorsque pour la troisième fois, exemple unique, la Société géologique demanda à Gaudry de présider ses séances en 1887, elle admirait la persévérance acharnée avec laquelle il poursuivait la formation d’une grande collection paléontologique et la créa- tion d’un Musée destiné à rendre sensible aux yeux les multiples changements du Monde animé dans les temps géologiques. Elle savait que d'efforts inlassables avait coûtés déjà une galerie pro- visoire de paléontologie ouverte au Muséum deux ans plus tôt près des vieux bâtiments qui, sous Louis XIV, abritaient les Nou- veaux Convertis. US LE. 1910 NOTICE NÉCROLOGIQUE 361 - Plus qu'aucun autre naturaliste Albert Gaudry, à sa nomina- tion, avait pu méditer le chapitre où Darwin traite « De l’insulli- sance de nos collections paléontologiques »,car un arrêté minis- tériel venait d'attribuer au professeur d'anatomie comparée, Paul Gervais, la direction absolue de la collection d’ossements fossiles, arrachant même au malheureux paléontologiste les fossiles recueillis par lui à Pikermi. Professeur-Administrateur au Muséum, il n'avait pour professer que la collection d'Invertébrés de d'Or- bigny acquise par l'état en 1858 et il n'administrait aucune salle de Musée. Sept ans plus tard, en 1879, Paul Gervais meurt et justice est enfin rendue au professeur de Paléontologie ; grâce à l'initiative éclairée du directeur Frémy, les collections d’ossements fossiles lui sont remises. Dès lors aucune démarche ne lui parait vaine, aucune lettre inutile; il veut créer en France une galerie de paléontologie publique qui sera une histoire, une philosophie tangibles. Il déploie toutes les ressources de la persuasion et toutes les forces de la persévérance et parvient d'abord à linstal- lation d’une galerie provisoire, puis à la création du Musée que vous connaissez tous, objet d’admiration pour les naturalistes et pour le peuple avide de s'instruire, inauguré en 1898 et déjà beau- coup trop exigu. En traçant le plan d’arrangement du Musée si ardemment rêvé votre président de 1887 écrivait : « J'aimerais que pour terminer notre galerie, on plaçàt une statue représentant une figure humaine, figure douce et bonne, figure d'artiste et de poète, admirant dans le passé la grande œuvre de la création et réflé- chissant à ce qui pourrait rendre le monde encore meilleur ». Dans quel miroir a-t-il entrevu ce portrait? N'’êtes-vous pas cer- tans de l'avoir connu ici, ce penseur épris de Vérité, de Beauté, de Bonté? Et si un jour l’image de Gaudry peut être placée dans le Musée qu'il a créé, n'est-ce pas la fin de son rêve qui se réali- sera ? | Vous avez connu, lecteurs de toutes ses œuvres, sa philosophie simple et douce. Elle n’a pas varié depuis ses recherches à Pikermi jusqu'au jour où il l’a condensée en un Æssai de Paléontologie philosophique. Profondément spiritualiste, 1l pouvait appliquer aux incessantes mutations des êtres animés les vers du poète : L'œil y voit un monde L'âme y trouve un Dieu L'histoire du monde lui à montré « une unité de plan qui se poursuit à travers tous les âges annonçant un Organisateur 362 ALBERT GAUDRY 31 Mars immuable » et l’idée de découvrir quelque chose de ce plan a dirigé toutes ses recherches ; 1l a constaté les changements sans vouloir en chercher les causes immédiates ; 1l n’a pas arrêté son esprit aux théories darwiniennes, sentant peut-être leur insuffi- sance pour expliquer par la seule sélection naturelle le progrès incessant des êtres et prévoyant peut-être aussi leur exagération dans les sciences sociales ; ce n’est pas dans la lutte et la misère qu'un organisme peut s'améliorer, mais dans le calme et la fécon- dité. L'esprit de l’auteur des £nchaînements aurait été plus enclin à admettre les conceptions mécaniques des disciples de Lamarck, si ses aspirations ne l’avaient sans cesse élevé vers l’Infini. Pour lui, tout dans le monde est harmonie. Depuis l’ère des Trilobites jusqu'au développement de l'humanité, il a découvert des enchaîinements : « Qui dit enchaïînement, a-t-l écrit, dit union, qui dit union dit amour; la grande loi de la vie est une loi d'amour. » Cette loi d'amour, ce culte de la Bonté, ont dominé surtout ses dernières années. C’est alors qu'il eut la grande joie de pré- sider le Congrès géologique international à Paris en 1900, de sentir vibrer autour de lui la sympathie des géologues du monde entier, depuis longtemps acquise par sa rare courtoisie au cours de ses nombreux voyages en Europe et même en Amérique. À soixante-treize ans il n'avait épargné n1 temps ni peine pour unir les savants étrangers dans une commune admiration de « notre douce France » et pour aider à ces travaux internationaux qui doivent débarrasser la Science des voiles épais de l’érudition et la faire apparaître belle d’une beauté auguste. Albert Gaudry vient d’être promu commandeur de la Légion d'honneur, il est membre de la Société Royale de Londres, il va être Président de l’Académie des Sciences; mais, Ce qu'on appelle nos beaux jours N'est qu'un éclair brillant dans une nuit d'orage. pour la seconde fois un deuil cruel va atteindre son cœur aimant. Ü a terminé la dernière leçon de son enseignement et quitté l’amphithéâtre pour prendre quelque repos à sa villa de Versailles quand, en y arrivant, il voit tomber à ses pieds, morte, la com- pagne dévouée qui si activement venait d'aider à son triomphe et qui si doucement avait su atténuer le chagrin d'un premier veu- vage. C’est le retour affolé à Paris, dans la nuit, dans la voiture même qui vient de l’amener, près de la créature aimée qui déjà n'est plus et qu'il veut croire vivante encore ; puis, c’est la cruelle séparation, montrant au grand savant que tout est vain dans la solitude sauf le culte du Bien et la recherche du Vrai. 1910 NOTICE NÉCROLOGIQUE 363 L'admiration fervente de ses élèves, de ses amis, de ses con- frères sut pourtant projeter sur sa vie assombrie l'éclair d'une véritable apothéose en célébrant, le 9 mars 1902, son cinquante- naire scientifique dans Île Nes qu'il avait créé. Au premier rang des savants français et étrangers, réunis pour fêter le maître de la paléontologie, votre président annuel rappelait alors avec émotion les liens intimes qui depuis près de cimquante-trois ans umissaient Albert Gaudry à la Société géologique de France. Enfin, après trente années d'enseignement éloquent, il résigna ses fonctions professorales, heureux d'entendre résonner dans l’amphithéâtre et dans le laboratoire la voix du disciple de pré- dilection dont il appréciait depuis près de vingt ans les travaux et l’affection. La vieillesse, cependant, épargnait son corps autant que sa belle ne C'était plaisir de voir sa stature élégante, son visage souriant encadré d’une admirable chevelure baucies ro il continuait à venir chaque jour au Muséum, aussi nl qu'au temps de sa jeunesse, dans ce laboratoire où l’entourait un affectueux respect, où il donnait à tous l'exemple du travail, sur- prenant même les plus jeunes par le soin minutieux apporté à la forme de ses ouvrages, n'épargnant aucune peine pour cacher à ses lecteurs toute son énorme besogne de recherche, modèle de probité scientifique. C'est alors que revenant aux études de paléontologie humaine du début de sa carrière, 1l appliqua à l'examen de la dentition de l'homme quaternaire de Grimaldi son expérience et sa sagacité. C'est alors surtout qu'il montra les caractères si spéciaux des Mammifères tertiures de Patagonie, dont le fils de son ami Tournouër avait, sur ses conseils, rapporté en France une riche collection. À quatre-vingts ans passés, il terminait un mémoire sur le Pyrotherium, l’un des plus étranges Mammifères de ce « monde antarctique » si différent des faunes d'Europe, d’Asie et de l'Amérique du Nord. De cruelles douleurs physiques le retenaient, depuis plusieurs mois, loin de son cher laboratoire, loin de vos séances. Dans son cabinet de travail, longtemps si hospitalier, ses amis l’entouraient, frappés d’admiration par la grandeur de son caractère et par son inaltérable bonté. Pour les sages, suivant le mot de Montaigne « philosopher c’est apprendre à mourir » et dans les souffrances les plus aiguës, s’efforçant de sourire à ses amis, il cherchait à comprendre encore l’universelle harmonie proclamée dans son œuvre. Vous avez voulu lui causer une suprême joie en le nommant, 93 © rs ALBERT GAUDRY 31 Mars peu de temps avant sa mort, comme exceptionnel hommage, membre de votre conseil où il avait si utilement siégé à des titres divers pendant quarante-quatre ans, défenseur ardent de toute idée généreuse et vous avez même décidé qu'une délégation spé- ciale lui témoignerait, en annonçant cette élection, l'admiration de la Société géologique pour son œuvre tout entière. Au delà de la mort, il demeurera parmi nous puisqu'il a désiré qu'en son nom vous honoriez, par une médaille d'or, un savant éminent et que vous aidiez, par une subvention, un débutant modeste : ainsi d'année en année, à cette séance, le souvenir de l'auteur des Enchaîinements du Monde animal se perpétuera 1c1 comme celui d’un grand homme de science et d’un grand homme de bien. Son œuvre est aussi belle que fut pure son âme, elle est aussi féconde que son exemple est précieux. Si rapides que soient les progrès de nos connaissances, le rayonnement des travaux d'Albert Gaudry ne sera pas éteint quand auront disparu ses élèves, ses confrères ou ses amis et son nom demeurera parmi ceux qui, traçant une voie nouvelle à la Science, ont fait preuve de génie. LISTE DES PUBLICATIONS D'ALBERT GAUDRY ! (1850-1909). I. — PALÉONTOLOGIE GÉNÉRALE. PALÉONTOLOGIE PHILOSOPHIQUE. — EVOLUTION. 1861. Sur la longévité inégale des animaux supérieurs et des animaux infé- rieurs dans les dernières périodes géologiques. B. S. G.F., (2), XVIII, p. 408. 1866. Des animaux fossiles de Pikermi au point de vue de l'étude des formes intermédiaires. C.R. Ac. Sc., 19 février 1866. 1866. Résumé des recherches sur les animaux fossiles de Pikermi. B. S. Go N) XXII pp '009: 1869. La théorie de l’évolution et la détcrmination des terrains. — Les migrations animales aux époques géologiques. Rev. Cours scienti- fiques, 18 décembre 1869. 1. Cette liste est la reproduction, groupée par matières, de celle qui a été publiée par M. Marcellin Boule dans les Nouvelles Archives du Muséum, 5° SR, 1909, pp. CI-CXXVI. __—— 1910 1878. 1883. 1888. 1890. 1896. 1859. 1866. 1886. 1886, 1889. 1895. AIO 1901. 1901. 1901. 1902. 1903. NOTICE NÉCROLOGIQUE 365 Les enchaïinements du monde animal dans les temps géologiques, Mammifères tertiaires. Grand in-8°, 312 gravures. Résumés dans B.S.G.F., (3), VI, p. 151, et dans Arch. Zool. expérimentale et générale, NILE po: Les enchaîinements du monde animal. Fossiles primaires. Grand in-8°, 317 p., 285 fig. Résumé dans les C.R. Ac. Sc., 4 décembre 1882 et 12 février 1883. Les ancêtres de nos animaux dans les temps géologiques. In-16, 296 p., Paris, J.-B. Baillière. Les enchaînements du monde animal. Fossiles secondaires. Grand in-8°, 322 p., 403 fig. Paris, Masson et Cie. Résumé dans Rev. sc. du 1° mars 1890. Essai de Paléontologie philosophique. Grand in-8°, 320 p., 204 fie., Paris, Masson et Ci°. Résumé dans Revue des Deux Mondes, 15 février et 1°r mars 1896. . Sur la marche de l'évolution en Patagonie. B. S. G. F., (4), II, p. #73. 5. Sur les migrations des espèces dans les temps géologiques. B. S. G, F., (4), V,p. 74. Il. — PALÉONTOLOGIE HUMAINE. Contemporanéité de l'espèce humaine et de diverses espèces ani- males aujourd'hui éteintes. C.R. Ac. Sc., 8 octobre 1858. Un deuxième tirage de ce travail a été fait en 1861 Sur les instruments humains et les ossements d'animaux trouvés par MM. Martin et Reboux dans le Quaternaire de Paris. B. S. G.F., (2), XXIV, p. 147. Sur un bois de Renne orné de gravures, que M. Eugène Paignon a découvert à Montgaudier. C.R. Ac. Sc., 19 juillet 1886, figuré dans La Nature, 7 août 1886. La grotte de Montgaudier. C.R. Ac. Sc., 22 novembre 1886. Sur le creusement des vallées et le remplissage des cavernes dans leurs rapports avec l'ancienneté de l'Homme. Congrès intern. d'Anthrop. d'Archéol. préhist., session de Paris, 1889, p. 57. Le gisement de San Isidro, près de Madrid. L’Anthropologie, VI, p. 615. Sur la similitude des dents de l’homme et de quelques animaux. L'Anthropologie, XIT, p. 93. Id. Deuxième note. L’Anthropologie, XII, p. 513. Représentation d'animaux fossiles. B. S. Hist. nat. d'Autun, 1901, p. 49. Sur la difficulté de fixer l’âge des dépôts où l’on rencontre les indices de l’existence de l’homme. L’Anthropologie, XII, p. 163, et Congrès intern. d'Anthr. et d'Arch. préh., session de Paris, 1900. ; Fouilles de Baoussé-Roussé. Etude d’un nouveau type humain par M. Verneau. La Nature, 10 mai 1902. Traduction dans Smithsonian Report pour 1902, p. 451, Washington, 1903. Contribution à l’histoire des Hommes fossiles. L’Anthropologie, XIV pl 306 1907 1907. 1907. 1860. 1860. 1860. 1861. 1861. 1861. 1861. 1862. 1862. 1863. 1864. 186%. 186%. 186#. 1865. ALBERT GAUDRY 31 Mars . Les fouilles entreprises dans les Grottes de Grimaldi sous le patro- nage du Prince de Monaco. P.V. Soc. Hist. nat. Autun, 190%. Sur le berceau de l'humanité. Congrès intern. d'Anthrop. et d'Arch. préh. CR., 13° session, Monaco, I, p. 162. Sur l'avance du menton. Congrès ea d'Anthrop. et d’'Arch. préh., 13° session, Monaco, II, p. 373. IT. — MaAMMiFÈRESs FOSSILES. 55. Sur les premières fouilles paléontologiques entreprises à Pikermi (Attique), ‘par M. Gaudry, d’après les ordres de l'Académie des Sciences. C.R. Ac. Sc., 19 novembre 1855. . Sur'les résultats des fouilles entreprises au mont Pentélique (Attique) par M. Gaudry. C.R. Ac. Se., 11 février 1856. | 56. Sur les résultats des recherches paléontologiques entreprises dans l'Attique sous les auspices de l’Académie (en collaboration avec E. Lartet). C.R. Ac. Sc., 4 août 1856. . Résultats des nouvelles fouilles exécutées sous les auspices de l'Académie à Pikermi (Grèce). Lettre à M. le Secrétaire perpétuel. C.R. Ac. Sc., 17 septembre 1860. Résultats des fouilles exécutées en Grèce sous les auspices de l’Aca- démie (Dinotherium et Helladotherium). C.R. Ac. Sc., 26 novembre 1860. Résultats des fouilles exécutées en Grèce sous les auspices de l’Aca- démie (suite) (Metarctos et Leptodon). G.R. Ac. se., 10 décembre 1860. Note sur quelques os gigantesques provenant des nouvelles fouilles entreprises en Grèce. B.S. G. F., (2), XVII, p. 91. Note sur les Antilopes trouvées à Pikermi (Grèce). B. S. G., F. (2), XVIII, p. 388, avec 3 pl. Résumé dans CR. Ac. Se., 11 février 1861. Note sur les Carnassiers fossiles de Pikermi (Grèce). B.S. G.F., (2), XVIII, p. 527, avec 2 pl. Un extrait dans les C.R. Ac. Sc., 15 avril 1861. Résultats des fouilles entreprises en Grèce sous les auspices de l’Académie (Girafe). C.R. Ac. Sc., 22 avril 1861. Note sur la Girafe et l'Helladotherium trouvés à Pikermi (Grèce). B. S. G:F.;(2), XVIH, p. 587 avec 4 pl. Sur les Singes fossiles de Grèce. CR. Ac. Sc., 26 mai 1862. Animaux fossiles et Géologie de l’Attique. 2 vol., grand in-4°, 476 p., 75 pl. Carte géologique de l’Attique au 1/1200000. (La publica- tion de cel ouvrage a duré de 1862 à 1867). Sur les liens que les Hyènes fossiles établissent entre les Hyènes vivantes. B.S. G. F.,(2), XX, p. 404. Des liens qui unissent les Mastodontes trilophodons et tétralopho- dons: BSNG AR (0) XXE pe 105! Des liens qui semblent unir plusieurs Rhinocéros fossiles aux Rhino- céros vivants. B. S. G. F.,(2), XXI, p. 233. Remarques sur les liens qui semblent exister entre les Palonlothe- rium et les Palæotherium. B. S. G. F.,(2), XXI, p. 312. Note sur les Hipparions. B. S. G. F.,(2), XXII, p. 21. Remarques sur les Paloplotherium. Nouv. Arch. Muséum d'Iist. nat., in-4°, avec { pl. 1873. 1875. 1875. 1876. 1876. 1876. 1876. 1880. 1881. 1882. 1883. 188#. 1885. 1885. NOTICE NÉCROLOGIQUE 367 . Animaux fossiles du Léberon (Vaucluse). C.R. Ac. Se., 15 avril 1872. . Sur une dent d'Elephas primigenius trouvée par M. Pinard dans l'Alaska. C.R. Ac. Sc., 18 novembre 1872. Cette note a été repro- duite avec figures dansles Voyages à la côte Nord-Ouest de l’Amé- rique, par M. Alphonse Pinart, in-#°, 1875. Sur des ossements d'animaux quaternaires que M. l'abbé David a recueillis en Chine. B. S. G. F.,(2). XXIX, p. 177 avec une gravure et Journ. de’Zool. I, p. 300. . Sur des ossements fossiles que MM. Chaeretis et Engelhard ont recueillis dans les provinces danubiennes. B. S. G. F.,(2), p. 1#2. 13. Sur les fossiles qualernaires recueillis par M. OEhlert à Louverné (Mayenne). B. S. G. F.,(2), p. 254. Un extrait de cette note a paru dans les C.R. Ac. Sc., 10 mars 1873. . Animaux fossiles du mont Léberon, ouvrage fait en collaboration avec MM. P. Fischer et R. Tournouër. Un volume grand in-#°, de 180 p. avec 21 planches. Des extraits de cet ouvrage ont paru dans le B. S. G. F.,(3), I, p. 201 et p. 232, et sous forme de brochure intitulée: Considéralions sur les Mammifères qui ont vécu en Europe à la fin de l'époque miocène, Paris, Savy, 1873. Sur l’Anthracotherium découvert à Saint-Menoux (Allier). B.S.G.F., (3), IT, p. 36 avec 1 pl. Sur quelques indices de l'existence d'Édentés au commencement de l’époque miocène. CR. Ac. Se. 29 novembre 1875. Sur de nouvelles pièces fossiles découvertes dans les phosphorites du Quercy. CR. Ac. Sc., 6 décembre 1875. Cette note et la précé- dente ont été reproduites avec une planche dans le Journ. de Zool. de Paul Gervais, IV, 1875. Sous le titre : Sur quelques pièces de Mammifères qui ont été trouvées etc... Matériaux pour l'histoire des temps quaternaires. 1°" fascicule in-4° avec gravures intercalées dans le texte et 11 pl. de fossiles. Un extrait de ce travail a été inséré danr les C.R. Ac. Sc., 22 mai 1876, etdanslerB;S, G.:E.,(8);1V,:p: 451. Sur un Hippopotame fossile découvert à Bône (Algérie). B.S. G. F., (3), IV, p. 501 avec 1 planche. Id. GR:'Ac. Sc., CXXIIL, p--90: Les animaux quaternaires de la montagne de Santenay. B.S. G. F., (3), IV, p. 682. Matériaux pour l’histoire des Llemps quaternaires, 2° fascicule. De l'existence des Saïgas en France à l'époque quaternaire, In-4° avec Z pl. Un résumé de ce mémoire a paru dans les Arch. Zool. expé- rimentale, VIT, p. 405. Sur un gisement de Rennes auprès de Paris. C.R. Ac. Sc., 21 novembre 1881. Sur des débris de Mammouth trouvés dans l'enceinte de Paris. C.R. Ac. Sc., 26 juin 1882. Note sur le Tyludon Hombresü. B. S. G. F., (3), XII, p. 137. Sur un Sirénien d'espèce nouvelle trouvé dans le bassin de Paris. B.S. G. F., (3), XII, p. 372, avec 1 pl. et C.R. Ac. Sc., 31 mars 1884. Sur les Hyènes de la grotte de Gargas découvertes par M. Félix Regnault. C.R. Ac. Sc., 9 février 1885. Sur les Dinocératidés que M. Marsh a recueillis dans l'Éocène du Wyoming. C.R. Ac. Se., 19 octobre 1885. ALBERT GAUDRY 31 Mars . Le petit Ursus spelæus de Gargas. C.R. Ac. Sc., 14 mars 1886 et La Nature, 21 mai 1887. . Sur l'Elasmotherium. C.R. Ac. Sc., 7 novembre 1887. . Matériaux pour l’histoire des temps quaternaires,3° fascicule. L'Elas- motherium (en collaboration avec M. Marcellin Boule). In-4° avec 4 pl. Paris, Masson et Cie. . Sur les dimensions gigantesques de quelques mammifères fossiles. C.R. Ac. Se., 30 juillet 1888, et La Nature, 2x novembre 1888. Restauration du squelette du Dinoceras. C. R. Ac. Sc., 24 juin 1889. Sur les Mastodontes trouvés à Tournan, dans le Gers, par M. Marty. C.R. Ac. Sc., 24 juin 1889. . Le Dryopythecus. C. R. Ac. Sc., 24 février 1890. . Le Dryopithèque. Mém. S. G. F., Paléontologie, n° 1, in-4°, avec 1 pl. Résumé par l’auteur dans La Nature, 5 juillet 1880. . Remarques surle nom générique d'Hipparion. B. 8. G.F., (3), XVNHIT, p. 189. . Sur le fossile décrit par M. de Zigno sous le nom d’Anthracotherium monsvialense. B.S. G.F., (3), XVIII, p. 255. . Surune mâchoire de phoque du Groenland trouvée par M. Michel Hardy dans la grotte de Raymonden. C. R. Ac. Se., 25 août 1890. 1. Remarques sur quelques fossiles du musée de Florence. B. S. G. F., (A XIX D. 228. . Quelques remarques sur les Mastodontes à propos de l'animal du Cherichira. Mém. S.G.F., Paléontologie, n° 8, 1891, avec 2 pl. 2, Sur le Singe de Montsaunès découvert par M. Harlé. C.R. Ac. Sc., 30 mai 1892. . Matériaux pour l'histoire des temps quaternaires, #° fascicule. Les oubliettes de Gargas (en collaboration avec M. Marcellin Boule). In-4°, avec 5 pl., Paris, Masson et Cie. . L'éléphant de Durfort. Extr. du volume commémoratif du Centenaire de la fondation du Muséum, in-# avec 1 pl. Reproduit en 1894, dans le B. Soc. d'Etude des Sc. nat. de Nimes, 189%, n° 3, p. 52. . Sur les fossiles recueillis à Montsaunès par M. Harlé. C. R. Ac. Sc., 23 avril 1894. . La dentition des ancêtres des Tapirs. B. S. G. F. (3), XXV, p. 315. . Sur le Neomylodon. C. R. Ac. Sc., 25 septembre 1899. 1899. Résumé d’un travail de M. Erland Nordenskjold. C. R. Ac. Sc., 26 décembre 1899. 1899. Surle Neomylodon de Patagonie. B. S. G. F., (3), XXVII, p. 496. 1900. Sur une découverte de peau fossile en Patagonie. B. S. G.F., (3) XXVIII, p. 208. 1902. Recherches paléontologiques de M. André Tournouër en Patagonie. B. Hist. nat. Autun. Procès-verbaux, 1902. 1902. Observation sur les Lophiodon. B. S. G. F., (4), IT, p. 34#. 1904. Fossiles de Patagonie: Dentition de quelques Mammifères. Mém. S. G.F., Paléontologie, n°31, avec 42 fig. 1905. Sur les attitudes de quelques animaux tertiaires de la Patagonie. C. R. Ac. Sc., 20 novembre 1905. 1906. Fossiles de Patagonie. Les attitudes de quelques animaux. Ann. de Paléontologie, I, p. 1. 1906. Fossiles de Patagonie. Étude sur une portion du monde antarctique. Ann. de Paléontologie, 1, p. 100, et C.R. Ac. Sc., 18 juin 1906. ns eus 1910 1908. 1909, 1866. 1867, 1568. 1875. 1876. 1878. 1878. NOTICE NÉCROLOGIQUE 369 Fossiles de Patagonie. De l’économie dans La Nature. Ann. de Paléontologie, II, p. #1. Un résumé de ce travail a été inséré dans les C.R. Ac. Sc., 4°7 juin 1908. Fossiles de Patagonie. Le Pyrotherium (mémoire posthume). Ann. de Paléontologie, VI, p.1. IV.— Oiseaux, REPTILES, AMPHIBIENS ET POISSONS FOSSILES,. 2, Note sur les débris d'oiseaux et de reptiles trouvés à Pikermi (Grèce), suivie de quelques remarques de paléontologie générale. B.S. G. F.,(2), XIX, p. 620, avec 1 pl. Un extrait de cette note a paru dans les C. R. Ac. Sc., 3 mars 1862. Sur le Reptile découvert par M. Frossard à la partie supérieure du terrain houiller de Muse, près Autun (Saône-et-Loire). C.R. Ac.Sc., 20 août 1866. Mémoire sur le Reptile découvert par M. Frossard, à Muse. Nouv. Arch. Mus.,in-4° avec une planche in-folio. Un extrait de ce mémoire a été inséré dans le B.S. G. F., (2), XXIV, p. 397. Sur l’Actinodon Frossardi de Muse. B. S. G. F., (2) XXV, p. 576. Sur la découverte de Batraciens dans les terrains primaires. B. S. G. F., (3), IL, p. 299, avec 2 pl. Un résumé de cette note a été publié dans les C.R. Ac. Sc., 15 février 1875. Les Reptiles des schistes bitumineux d'Autun. B.S. G.F p. 720 avec 1 pl. Sur un grand Reptile fossile l’Eurysaurus Raincourti, C. R. Ac. Sce., 22 avril 1878. : Les Reptiles de l’époque permienne aux environs d'Autun. B. S. G. F., (3), VII, p. 62. Un extrait de ce mémoire a été inséré dans les CR. Ac. Sc., 16 décembre 1878, sous le titre : Les Reptiles des temps primaires. 1 (3); I, . Sur un Reptile très perfectionné trouvé dans le terrain permien. C. R. Ac. Sc., 18 octobre 1880. . Sur un nouveau genre de Poisson primaire. C.R. Ac. Sc., 21 mars 1881, et La Nature, 7 mai 1881. . Sur les plus anciens Reptiles trouvés en France. C. R. Ac. Sc., 16 mai 1881. . Sur de nouvelles pièces que M. Gaston Planté a recueillies dans les argiles ligniteuses du Bas-Meudon. B.S. G. F.,(3), X, p. 236 avec figures. . Nouvelle note sur les Reptiles permiens. C. R. Ac. Se., 3 novembre 1884. . Nouvelle note sur les Reptiles permiens. B. S. G. F.,(3), XIII, p. #4, avec 2 pl. . Sur les similitudes que plusieurs Reptiles ont eues dans divers pays du monde vers la fin des temps primaires. C. R. IIIe Congrès géol. intern., Berlin 1885. . Sur un nouveau genre de Reptile trouvé dans le Permien d’Autun. Bas rG (8), XIV,p#450% avec 1pl. et CR, Ac. Sc., 30 août 1886. . L’Actinodon. Nouv. Arch. du Mus. d'Hist. nat., 1887. (e,2] novembre 1910. Bull. Soc. géol. Fr. X, — 24. 1888. 1891. 1892, 1892, 1903. ALBERT GAUDRY 31 Mars 5. Découverte d’une Tortue gigantesque par M. le Dr. Donnezan. €. R. Ac. Sc., 19 décembre 1887. Les Vertébrés fossiles des environs d’Autun. Mém. Soc. d'Hist. nat. d'Autun, 1888, 90 pages et6 planches. L'Ichthyosaure de Sainte-Colombe. C.R. Ac. Sc., 27 juillet 1891. L’Ichthyosaurus Burgundiæ. B. S. Hist. nat. Autun, V, 1892. Réimprimé en 1893 dans le B. Soc. des Sc. de l'Yonne, p. 35. Les Pythonomorphes de France. Mém. S. G. F.,Paléontologie, no40 1892etiC;R#Ac- Sc, S8aoubt 1802; Note sur une mâchoire de Tortue des sables de Cuise. B.S. G.F., (3), TTE*p>2190: V, — INVERTÉBRÉS. 52. Mémoire sur les pièces solides des Stellérides. Thèse de zoologie pour le doctorat ès sciences naturelles. In-4°, avec 5 pl. Ann. Sc. nal.,(3), Zoologie, XVI. Sur les coquilles fossiles de la Somma, royaume de Naples. B.S. G. 1H (2) SX DS 200: 3. Sur un Ancyloceras de la-Craie de l’Aube. B.S. G. F., (2), X, p. 300. VI. — GÉoLoGre. . Note sur la dolomitisation des calcaires autour de Stolberg (Bas- Eiffel). B. S. G. F., (2), VILL, p. 105. . Sur quelques tubulures dont l’origine a été rapportée à des dégage- ments de gaz et qui pourraient être dues à la filtration des eaux. B'S. GE. (2), VILL;p..558° . Sur l’origine et la formation des silex de la craie et des meulières des terrains tertiaires. Thèse de géologie soutenue pour le docto- rat ès sciences naturelles. In-40, Paris, 1852. 3. Coupe des terrains d’Anzin (faubourg de Valenciennes, Nord). B:$S.- Ï $ ) ; Ge) pret . Note sur Stonesfield, près Oxford (Angleterre). B. S. G. F.,(2), X,: p.991. . Sur la géologie de l’île de Chypre. Lettre à M. Alexis Damour. B. S.: CFE) XI be A0: 53, Sur les environs du Bosphore de Thrace. B. S. G. F., (2), VI, p. 13. 3, Sur la composition géologique de Chypre. B. S. G. F., (2), XI, p. 120. . Note sur le mont Pentélique et le gisement d'ossements: fossiles situé à sa base. B. S. G, E., XI, p.359. Un.extrait de cette note a paru dans les C. R. Ac. Sc., séance du 29 mars 1854. . Sur la couche ferrugineuse fossilifère de la montagne de Crussol: (Ardèche). B.S. G. F., (2), XI, p. 730. }* . Recherches scientifiques en Orient. Partie agricole. Un vol. grand in-8°, avec 8 planches et une carte agricole de l’île de Chypre au 1/250000°. La carte a été faite en collaboration avec M. AMÉDÉE Damour. Analyse des relations publiées sur les éruptions volcaniques de l'île: d'Hawaïi (Sandwich). B. S. G. F., (2), XII, p. 306. 1867. 1883. 18806. 1891. 1866. 1868. NOTICE NÉCROLOGIQUE 3 —+ En . Résumé des travaux qui ont été entrepris sur les terrains anthraci- fères des Alpes de la France et de la Savoie. B. S. G. F., (2), XII, p. »50. . Note sur l’état du Vésuve en août 1855. C. R. Ac. Sc., 17 novembre 1855. . Sur la forêt d'Agate du Caire. B. S. G. F°, (2), XII, p. 728. . Description des tremblements de terre qui ont dernièrement détruit de fond en comble la ville de Thèbes, en Béotie. C.R. Ace. Sc., T janvier 1856. . Histoire géologique de la contrée où vécurent les animaux enfouis à Pikermi (Attique). C. R. Ac. Sc., 11 août 1856. . Sur la découverte de l’Osfrea Leymerii à Wissant (Pas-de-Calais), avec une coupe des falaises crétacées de Wissant. B.S. G.F., (2) XVII, p. 30. . Résultats géologiques des recherches entreprises en Grèce sous les auspices de l’Académie. C. R. Ac. Sc. 1859, . Géologie de l'ile de Chypre. Un volume in-#° de 165 p., avec 70 gra- vures intercalées dans le texte, 2 pl. et la carte géologique de l’île au 1/250 000€. Mém. S. G. F., (2), VII. . Les Quadrupèdes n'appartiennent pas toujours au même âge géolo- gique que le terrain où ils sont enfouis. B. S. G. F., (2), XXIV, p. 736 avec une coupe. Des lumières que la géologie peut jeter sur quelques points de l'histoire ancienne des Athéniens. Br. in-8° de 32 p., Paris, Savy, 1867. Note sur l'ouvrage de M. le marquis de Saporta intitulé : A propos des. Alques: fossiles.:B: S.:GF.; (3), °X1;-p 156 et: G.R:Ac Sc, 15 janvier 1883. Sur l’âge de la faune de Pikermi, du Léberon et de Maragha. B. $S. Ga) XIIE p. 288. Excursion dans les Montagnes Rocheuses. Similitudes dans la marche de l’évolution sur l’ancien et le nouveau continent. B. S. G. F.,(3}, XIX, p. 936 et 1024. . Excursion dans les Montagnes Rocheuses. C. R. Ac. Sc., 2novembre 1891, et La Nature, 28 novembre 1891. . Le Congrès géologique international de Saint-Pétersbourg. C.R. Ac. Sc., 18 octobre 1897. . Sur l'importance des caractères paléontologiques pour les divisions géologiques. Congrès géol. intern. Pr.-verb. des séances, p. 154-156. VII. — Cours, CONFÉRENCES, ARTICLES DE REVUES. . Une mission géologique en Grèce. Rev. des Deux Mondes, 1°" août 1857. . L'île de Chypre, souvenirs d’une mission scientifique. Rev. des Deux Mondes, 1°" novembre 1861. . Animaux fossiles aux environs d'Athènes (Conférence à la Sorbonne, 22 décembre). Brochure in-80, et Rev. des Cours scientifiques, 30 déc. 1865. La Géologie du bassin de Paris. Rev. des Cours scientifiques, 11 août 1866. Leçon d'ouverture du cours annexe de Paléontologie à la Faculté des sciences, Brochure in-8°, Rev. des Cours scientifiques. 1877. 1877. 1879. 1882. 1883. 1884. 1885. 1885. 1885. 1885. 1886. 1890. 1892. 1893. 1895: 1898. 1898. 1900. 1906. 1907. 1907. ALBERT GAUDRY 31 Mars . Cours de Paléontologie au Muséum, leçon d'ouverture. Brochure in- 80. Rev. des Cours scientifiques. %. Les Étres des temps primaires, leçon faite au Muséum. Brochure in-8°, Paris, 1874. Sur la paléontologie des Western Territories. American Na turalist, XI, n° 3,1877, p. 184. Les Enchaînements du monde animal dans les temps géologiques. Rev. des Deux Mondes, 1° septembre 1897. Géologie de l’île de Chypre. La Nature, %5 janvier 1879. Sur un gisement de Rennes auprès de Paris. La Nature, 27 janvier 1882. Échantillon de fourrure du Mammouth au Muséum. La Nature, 29 décembre 1883. La Paléontologie à Londres. Rev. scientifique, 1°r mars 1884. La Paléontologie au Muséum. Rev. scientifique, 16 mai 1885. Nouvelle galerie de Paléontologie. Brochure in-8°. Paris, Gauthier- Villars, 9 p. La nouvelle galerie de Paléontologie au Muséum d'Histoire Natu- relle. C. R. Ac. Sc., 9 mars 1885, et Science et Nature, 16 mai 1885. La Paléontologie en Allemagne. Rev. scientifique, 7 novembre 1885. Traduction anglaise dans le Geological Magazine, (HT), XI p. 556. Les Dinocératidés. La Nature, 2 janvier 1866. Les progrès de la Paléontologie. Rev. générale sciences pures et appliquées, 15 août 1890. Projet d’une galerie de Paléontologie. Rev. Scientifique, 20 février 1892. Conférence de Paléontologie pour les voyageurs. Rev. Scientifique, 8 juillet 1893. La Société d'Histoire naturelle d'Autun, L'Annuaire géologique uni- versel. La Nature, 1 décembre 1895. Statue de Van Beneden et fêtes de Malines. La Nature, 6 août 1898. Le nouveau musée de Paléontologie. Rev. des Deux Mondes, livr. du 15 octobre 1898. Notice sur la galerie de Paléontologie du Muséum. Guide publié à l’occasion du Congrès géol. intern. de 1900, à Paris. Le Service de la Carte géologique de France. La Nature, 10 février 1906. Patagonia and Antarctica. Science, 13 septembre 1907, p. 350. Institut de France. Instructions pour l'expédition antarctique orga- nisée par le D' Charcot. Paléontologie. Paris, in-16, p. 19. VIII. — Norices BIOGRAPHIQUES. Discours. . Alcide d'Orbigny, ses voyages et ses travaux. Rev. des Deux Mondes, 15 février 1859. . Notice sur la vie et les travaux du commandant Rozet. Br. in-8, de 12 p., Paris, Martinet, 1859. . Notice surles travaux scientifiques du vicomte d’Archiac.B.S. G.F., (3), II, p. 230. 78. Notice sur les travaux scientifiques de M. Albert Gaudry. Br. in-#° de 51 pages, Paris, Émile Martinet, 1878. 1910 1881. 1887. 1890. 1893. 1893, 1895. 1896. 1896. 1897. 1898. 1900. 1900. 1900. 1900, 1901 1902. 4902, 1903. 1903. 1903. 1904. 1904. 1906. 1906, —? 25 NOTICE NÉCROLOGIQUE 3 Notice sur les travaux scientifiques de M. Albert Gaudry. Br. in-4° de 56 pages, Paris, Émile Martinet, 1881. Hommage à M. de Lacaze-Duthiers. Discours de M. Gaudry. Rev. scientifique, 19 mars 1887. Discours prononcé aux funérailles de M. Hébert, le 8 avril 1890. Br. in-4°, Publication de l'Acad. des Se. Discours prononcé aux funérailles de J.-B. Stahl. Rev. scientifique, 2 décembre 1893. Discours prononcé aux funérailles de Paul Fischer. La Nature, 9 décembre 1893. Le marquis Gaston de Saporta. La Nalure, 2 février 1895. Un naturaliste français. Le marquis de Saporta. Rev. des Deux Mondes, 15 janvier 1896. Discours prononcé à l’assemblée générale de l'Association amicale des anciens élèves de Stanislas, 24 janvier 1896. Br. in-8°, impri- merie F. Levé. Rapport sur l'attribution du prix Fontannes, à M. Marcellin Boule, en 1907: B. SG, Ka), XXV,p, 241. Notice sur les travaux scientifiques de Victor Lemoine. B. S. G.F. (3), XXVI, p. 300. Discours prononcé aux funérailles d'Emile Blanchard, le 1% février 1900. Br. in-4°. Publication de l'Ac. des Se. Discours prononcé aux funérailles d'Alphonse Milne Edwards. Br. in-4°, Public. de l’Ac. des Sc. Discours prononcé aux funérailles d'Édouard Jannetaz. Br. in-80. Discours d'ouverture du Congrès géologique international de 1900 à Paris. Congrès géol. intern., Paris, 1900. P.- V. des séances, p. 127. Philippe Lebon d'Humbersin, inventeur du gaz. La Nature, 12 octobre 1901. Discours prononcé à l’occasion de son jubilé, le 9 mars 1902. In Jubilé de M. Albert Gaudry. Br. in-8°,imprimerie Lahure, 1902, et B. S. Hist. nat. d'Autun, 1902. Henri Filhol. La Nature, 10 mai 1902. Discours prononcé au banquet de la Société philomatique le 9 février 1903. B. S: philom.de Paris (9), V, p. 9. Discours prononcé {à l’inauguratien du monument des deux frères Haüy. Br. in-4°, Publication de l'Institut. Discours prononcé à la séance publique annuelle de l’Académie des Sciences, le 21 décembre 1903, par M. Albert Gaudry, président. Br. in-4°, Publicalion de l'Acad. des Sciences. Notice sur Bernard Renault. La Nature, 29 octobre 1904. Notice sur le Marquis de Nadaillac. L’Anthropologie. XV, p. 608. Discours prononcé à l'inauguration du monument de Bernard Renault. P.-V. Soc. Hist. nat. Autun, 1906. L'œuvre de Piette. Rev. scientifique, 1°" décembre 1906. 37% ALBERT GAUDRY 31 Mars Discours ET NOTICES SUR L'OEUVRE D'ALBERT GAUDRY 1902. 1903. 1904. 4908. 1908. 1908. 1908. 1908. 1909. 1909. 1909. 1909. 1909. 1910. Jubilé scientifique de M. Albert Gaudry (9 mars 1902). Paris, Masson et Cie, 80 p. (Discours de MM. Perrier, Marcellin Boule, Liard, etc….). Éminent living geologists : Prof. Jean Albert Gaudry. Geol. Magaz., décembre, IV, vol. X, pp. 49-51. M. Bouze. La Paléontologie au Muséum et l’œuvre de M. Albert Gaudry. Rev. scientif., 28 mai 1904. Cu. Barnrois. Albert Gaudry (1827-1908). Ann. Soc. géol. du Nord, XXVII, p. 287. F. Bassani. Commemorazione di Alberto Gaudry. Rendic. reale Accad. della Sc. di Napoli. M. Boure. Albert Gaudry. l’Anthropologie, XIX, pp. 604-612. H. Douvirzé, À. Micnez Lévy, Epmonp Perrier. Discours prononcés aux funérailles d'Albert Gaudry. Publ. de l'Ac. des Sc. A. THevenix. Albert Gaudry, 1827-1908. La Nature. 5 décembre 1908. Easrmanx. Jean-Albert Gaudry. Science, XXIX, n° 734. G. Dozrrus. Albert Gaudry. Nécrologie. Journ. de Conchyl., LVIT, p. 274. X. Girror. Notice biographique sur Albert Gaudry. Bull. Soc. Hist. nat. Autun. GzanGeauD. Albert Gaudry et l'évolution du monde animal. Rev. gén. des Sc., 3 mars 1909. M. Pavrow. A la mémoire d'Albert Gaudry (en russe). Bull. Soc. Nat. de Moscou. A. Taevenin. Albert Gaudry (1827-1908). Revue scientifique, 22.jan- vier 1940. LÉON JANET NOTICE NÉCROLOGIQUE Par G.}F. Dollfus. C'est avec un sentiment de profonde tristesse que j'ai accepté de vous retracer la vie scientifique de notre ami Léon Janet. C'est un peu le monde renversé que ce soit moi qui vienne vous parler de lui. Plus Jeune, plus robuste, plus riche de tous les dons de la vie, nous étions en droit de croire que sa carrière géologique n'était qu'à ses débuts et qu'il arriverait quelque jour notre doyen d'âge après avoir été notre président. Courbés sous le poids de la destinée, nous ne pouvons chercher de consola- tion que dans l'étude des œuvres accomplies, honorer nos défunts que par le souvenir des services qu'ils nous ont rendus. Léon Janet est né à Paris le 6 décembre 1861, il est entré à l'École polytechnique en 1879 et en est sorti au premier rang en 1881. Ingénieur à Valenciennes en 1884, il s'était fait présenter membre de la Société géologique dès 1882 sous les auspices de ses maîtres Daubrée et de Chancourtois. Il entrait comme colla- borateur à la Carte géologique de France en 1892 et passait ingénieur en chef le {®" juin 1901. Bientôt après, succédant à son oncle, il devenait député du Doubs et trésorier de notre Société de 1899 à 1901. Réélu député en 1906, membre de la commission du Budget, vice-président de notre Société en 1908, président en 1909, il succombait brusquement à Paris le 29 octobre 1909, après une très courte maladie. Les travaux géologiques de Léon Janet se rapportent exelusi- vement aux terrains crétacés et tertiaires du Bassin de Paris. Revenu ingénieur à Paris en 1890 après un séjour de quelques années dans le Nord, 1l se met aussitôt à l’étude, cherchant à s'orienter dans le dédale, plus apparent que réel, des couches parisiennes, appelé comme collaborateur à la Carte géologique de France pour la feuille de Meaux, il se trouva en présence d’une région où la série tertiaire est la plus complète et la plus facile à étudier, grâce à la grande coupure de la Marne. Son premier travail est relatif aux grès de Fontainebleau ; il montre par une série d'analyses que ce sont partout des grès siliceux, que la quantité de chaux qu'ils renferment n’est que de quelques millièmes et que seuls les grès cristallisés en rhom- boèdres, qui sont une rareté minéralogique, renferment 30 °/, de 376 LÉON JANET 31 Mars carbonate de chaux. Peu après, il applique aux grès de Beau- champ, reconnus dans la. région de Meaux, les études faites ailleurs sur les grès de Fontainebleau et il démontre que ce sont également des grès siliceux disposés par bandes un peu irrégu- lières, mais suivies, orientées de l'Ouest à l'Est, séparées par des interbandes purement sableuses, permettant de prévoir à l'avance les points où ces utiles matériaux pourraient être recherchés avec chances de succès ; déjà cette note a son côté pratique, utili- taire, et elle marque bien le caractère général qu'auront les autres travaux de Janet. Notre confrère aborde aussi à ce moment l'étude des gypses du bassin de Paris, étude qu'il devait continuer jusqu'à sa mort sans avoir pu la terminer, laissant d'importants matériaux qui seront prochainement publiés, nous en avons le bon espoir. La carte de Meaux terminée, Janet se trouve conduit à une des applications les plus utiles de la géologie, à l'examen de la circulation des eaux souterraines, à la question de l'alimentation en eau potable des villes et des villages. Il examine avec un soin spécial les régions qui fournissent des eaux à Paris : le bassin de la Dhuys, l’adduction de l’Avre, celle de la Vanne, surtout la circonscription du Lunain et de la vallée du Loing; 1l indique les mesures de protection à prendre, le soin à donner pour un bon captage au-dessous du niveau hydrostatique, les aqueducs qu'il faut faire imperméables pour éviter le mélange des eaux pol- luées en cours de route. Ses voyages l’amènent à des constata- tions géologiques notables, il découvre le calcaire de Saint-Ouen fossilifère près de Montigny-sur-Loing, tout à fait inconnu si loin au Sud du bassin ; il conduit les membres du Congrès géolo- gique international réunis à Paris, en 1900, au moment de l'Ex- position universelle, tant aux travaux de capture des sources du Lunain, que dans les grandes carrières du gypse parisien à Argen- teuil et à Romainville. A cette époque, il découvre que certaines couches de gypse ex- ploitées à Bagneux (Seine) et dans quelques localités au Sud de Paris sont intercalées dans le calcaire de Saint-Ouen et n’appar- tiennent pas au même horizon géologique que le gypse de Chatillon, Montmartre, Argenteuil, comme étant situées bien plus bas dans la série des assises parisiennes. Il rapproche ces gvpses d'autres bancs de gypse et d'anhydrite situésencore plus bas dans la série, non exploités, mais reconnus par des forages au Sud de Paris, intercalés dans les couches du calcaire grossier supé- rieur, dans les caillasses, et il s'accorde avec Munier-Chalmas pour voir leur trace dans les lits de quartz carié, épigénique, dents 1910 NOTICE NÉCROLOGIQUE 371 quiaffleurent à flanc de coteau dans bien des vallées parisiennes, résidu trahissant la présence de lits gypseux, dissous, altérés, transformés. Reprenant ensuite la question d'un complément d’adduction en eau potable pour la ville de Paris, il examine le projet d’un emprunt à faire à la Loire, mais il en montre aussitôt les dif- ficultés, la prise médiocre qu'on pourrait y faire à l'époque la plus nécessaire, la qualité inférieure des eaux, et il imagine la filtration des eaux de Loire, en cours de route, à travers les sables de Fon- tainebleau ; il refait plus tard la même proposition pour l’eau de l'Oise à prendre à Méry-sur-Oise, à déverser sur la butte sableuse de Frépillon et à recueillir à cinquante mètres en con- trebas après parfaite épuration. Mais la difficulté, qui a paru insurmontable, est la reprise des eaux déversées après leur filtra- tion, elle a empêché de donner aucune suite à ces projets théorique- ment excellents ; il estime, d'une manière générale, que les travaux de captage doivent être faits par galerie pour les sources d'affleurement, et par puits simples pour les sources de thalwegs. La note sur la roche du Breuillet est tout à fait précieuse, Janet indique par des coupes probantes que cette roche est insé- rée à la partie supérieure de l'étage de l’Argile plastique, qu’elle appartient au Sparnacien, que c'est en réalité une arkose, renfer- mant 95 °/, de silice et 2 à 3 °/, d'acide titanique, ayant été formée par la destruction de roches primaires cristallines et pouvant être considérée comme l'apport d'un ancien grand fleuve descen- dant du Plateau Central. Dans l’entre-temps, il bataille avec M. A. de Grossouvre sur l’Argile à silex, il établit par des coupes prises dans les tranchées de l’adduction de l'Avre que la véritable argile à silex est un simple produit de l’altération de la craie et qu'elle est complète- ment indépendante des formations tertiaires : sableuses, gré- seuses ou graveleuses qui peuvent la surmonter. C’est le moment où Janet s'occupe le plus activement à la Société géologique, prend partaux discussions qui suivent les diverses communica- tions, et apporte le concours de son grand bon sens, de sa belle mémoire et de sa connaissance pratique du terrain. D'un autre côté les études de Janet sur le gypse le conduisent à une classification de ses assises basée tant sur la paléontologie que sur la stratigraphie qui n’est pas acceptée sans difficultés, 1l démontre l'inutilité de l'étage ludien créé par Munier-Chal- mas, c'est pour lui du Bartonien supérieur, rien de plus ; en 1903, 1904, 1907, 1908 il revient sur cette question, il montre que la faune du calcaire de Saint-Ouen remonte à Pargny-la- 378 ‘LÈON JANET 31 Mars Dhuys: jusqu'au contact de la base du calcaire de Champigny, c’est-à-dire au moins jusqu’à la seconde masse du gypse, et 1l ne semble pas qu'il y ait à revenir sur cette condamnation du Ludien. commeindividualité distincte. L'analyse chimique reste toujours l’un de ses meilleurs moyens d'investigation et l’une de ses dernières notes est Justement sur la composition des nodules de l'argile verte supra-gÿpseuse ; dans ces couches dites aussi « Marnes strontianifères », le strontium fait souvent défaut, les nodules sont simplement du carbonate de chaux, mais d’autres fois on y trouve jusqu à 25 °/, de sul- fate de baryte ; dans l'Est, les marnes vertes renferment la même faune fossile que les marnes à Cyrènes qui leur sont inférieures ce qui précise leur classification dans l'Oligocène inférieur. Nous sommes à l’époque où les travaux législatifs sont venus arrêter les études géologiques de Léon Janet, et il ne gardera dans son domaine avec la question des gypses dans le Bassin de Paris et leur remplacement latéral par le calcaire de Champi- gny, que les consultations aux communes en Seine-et-Marne pour leur approvisionnement en eaux potables ;1l y a là toute une série de rapports inédits, trop spéciaux pour être publiés ou pour qu'ilsoit possible d'en donner une analyse, mais qui sont une application savante et désintéressée de la géologie au bien public. Il est enfin un dernier genre d’études géologiques sur lequel Janet n’a rien publié mais qui le retenait spécialement, c'est l'examen, au point de vue géologique, des grands projets des travaux publics, chemins de fer, canaux, ete. ; dans ce domaine il avait donné ses conseils pour l'établissement de la nouvelle ligne ferrée de Paris à Chartres et nous avons trouvé dans ses papiers de nombreux matériaux destinés à l'établissement d’un profil géologique général en long montrant tous les détails de la région; nous espérons également que des mains amies arriveront à grouper ces notes pour en soigner la publication. Janet était géologue, il aimait cette science, aussi bien dans ses théories que dans ses applications ; lui, si minutieux, si exact, il s'assimilait rapidement toutes les données des questions afin de les porter en avant par quelques nouveaux progrès, tout cela posé- ment, sincèrement, avee une honnêteté si parfaite qu'il a désar- mé d'avance ceux qui auraient pu être ses contradicteurs ; dans le domaine spécial qu'il occupait si bien parmi nous, sa place est restée vacante. 1910 1900. 1900. 1903. 1904. 1904. 190%. 190$. 1909, NOTICE NÉCROLOGIQUE 379 BIBLIOGRAPHIE DES TRAVAUX DE LÉON JANET . Sur la composition chimique des grès stampiens du bassin de Paris, CR. somm. Soc. géol. France, 3 décembre. P. CLXI-CLXIV. 4. Revision de la Feuille de Meaux. Bull. Serv. Carte géol., VII, p.10. 5. Revision de la Feuille de Meaux. Bull. Serv. Carte géol., VIT, p. 14. 5. Sur l'allure des grès bartoniens dans la région de Château-Thierry. BASAC. F, (3), XXIV, p. 19:52, 4 pl. . Revision de la feuille de Meaux. Bull. Serv. Cart. géol., IX, p. 7 et 9. . Revision de la feuille de Meaux (fin), p. Fe Étude des gypses du bassin parisien, p.172. Bull. Serv. Carte géol., . Étude des gypses du bassin de Paris. Bull. _ v. Carte géol., XI, p. 137. . G.. Dorrrus et L. Janer. Carte géologique de France, feuille de Meaux, au 80 000° avec notice explicative. . Note sur l'existence de l'étage Bartonien dans la vallée du Loing entre [e] Nemours et Montigny. B. S. G. F.,(3), XXVII, p. 590-592. . Étude géologique des sources de l'Avre. Enquête géologique sur les conta- q minations er oite peuvent être exposéésles eaux de la Vanne. Commis. scient. Observ. Montsouris, 1, p. 199-215, p. 385-395. Conférence de géologie appliquée sur le captage et la protection des sources d'eaux potables. B.S. G.EF.,(2), XX VIII. p. 522-548, fig. Travaux de captage des sources des vallées du Loing et Au Lunain (Œxcur- sion à Montigny-sur-Loing). Étude des gypses parisiens (Excursions à Argenteuil et à Romainville). Livret- Guide VIIE Congrès géol inlern., VIII, p. 9-30, 2 pl., p. 31-36, fig. - Sur le Hg et la protection “des sources d'eaux potables. CR. Ac. Se. 23 juillet, 4 p. . Sur l'âge des gypses de Bagneux (Seine). B.S.G.F., (3), XX VIII, p. 159-163. . Étude des gypses du bassin parisien. Bull. Serv. Carte géol., XIT, p. 102 et 184. . Géologie et hydrologie de la région du Loiret. Aperçu géologique et hydro- logique des sources des vallées de l'Yonne et de la Cure. Commis. se. Obs. Montsouris, Il, p. 531-552, p. 610-612. 1. Étude géologique des gypses du bassin parisien. Bull. Serv. Carte géol., XIII, p.163. . Étude sur l’approvisionnement de Paris par les eaux de la Loire. Commis. sc. Obs. Montsouris, II, p.31. 2. Observation sur la catastrophe de la Martinique. Sur le charriage des ter- rains des hautes cimes des Alpes. B.S.G.F.,(4), IE p. 395-433. . Note sur la position stratigraphique, la nature et la formation de la roche du Breuillet. B.S.G.F., (4), III, p. 622-629. . Surla formation de l'argile à silex. Sur la classification des couches à Pho- ladomya ludensis. B.S.G.F., (4), LL, p. 185, 388, 442. Étude des gypses du bassin parisien. Bull. Serv. Carte géol., XV, p. 156. Position des sables à Teredines. Suppression de l'étage ludien. Position stratigraphique des gypses de Vitry. B.S.G.F., (4), IV, p. 725, 730, S14. Sur l'existence du sulfate de baryte dans les glaises vertes. CR. somm. Soc. géol. ÊT.;.p. 175: Étude des gypses du bassin parisien. Bull. Serv. Carte géol., XVI, p. 156. Observation sur le Bartonien et le Ludien. B.S.G:F., (4), ‘AE, p. 411, CR. somm., 16 mars, p. 62. A/locution présidentielle. — Sur le Travertin de Champigny. B.S.G.F., (4) IX, p. 6, 19. : CHarLes Louis PERCEVAL DE LorioL LE FoRrT NOTICE NÉCROLOGIQUE PAR J. Lambert. Le confrère que la mort nous a ravi le 23 décembre 1908, ancien Vice-Président de notre Société, était certes un savant éminent, mais en même temps il représentait au milieu de nous une intéressante figure du passé, le Gentilhomme naturaliste. Il s’est montré surtout un modèle de vie ordonnée et de travail, tandis que ses hautes qualités morales, sa bienveillance, sa bonté et son aménité, une modestie rehaussée par l’étendue de ses con- naissances attiraient invinciblement la respectueuse affection de tous ceux qui ont eu l'honneur de l’approcher et dont quelques- uns ont eu le bonheur de devenir ses amis. Né en 1828, Charles Louis Perceval de Loriol appartenait à une noble famille genevoise, française par ses origines ! ; il fut élevé en partie dans le canton de Genève, en partie dans celui de Vaud et c’est entre ces deux pays que s'est partagée sa longue existence. Sa carrière fut d'abord orientée vers l’agricul- ture et il s’y est exercé successivement en Suisse, puis en Lorraine; mais cette profession ne donnait complète satisfaction ni à ses goûts pour l'Histoire naturelle, ni à ses aspirations pour l'étude des problèmes scientifiques. Au début de sa carrière, de Loriol s'était trouvé à Genève en rapport avec un paléontologue justement célèbre, alors dans tout l'éclat de son talent, Pictet de la Rive, qui exerça sur lui une influence décisive. Il devint d’abord son élève, bientôt son collaborateur et le continuateur de sa méthode scientifique, s’at- tachant, comme son maître, par des séries de monographies locales, à résoudre le problème d'une exacte connaissance d’une faune fossile déterminée. Dans une situation de fortune qui assurait son indépendance, à l'abri des soucis matériels, il s’est tenu, comme le disait. M. Choffat, en dehors des fonctions officielles, même de l’enseigne- 1. Les de Loriol paraissent en effet originaires de la petite ville de Loriol, en Dauphiné; on les voit, au xiv° siècle, Seigneurs et Barons, occuper en Bresse des situations importantes dans la Magistrature, l'Armée et le Clergé. La branche protestante, seule existante aujourd'hui et à laquelle appartenait notre confrère, émigra en Suisse, lors de la révocation de l'Édit de Nantes (1685). 1910 NOTICE NÉCROLOGIQUE 381 ment et, ne briguant pas les honneurs, sa vie s'est écoulée tranquillement, au milieu de sa nombreuse famille, entre la Science et les bonnes œuvres. En 1858 il publie en collaboration avec J. Pictet son premier ouvrage : Description des fossiles du terrain néocomien des Voi- rons. Pendant les années suivantes 1l continue à s'occuper des fossiles des terrains crétacés inférieurs et 1l décrit ceux du Néo- comien du Salève, ceux de la formation d’eau douce de Villers- le-Lac, ceux du V cien d’'Arzier, ceux de l'Urgonien du Lan- déron; puis il couronne ces travaux en terminant r une des œuvres les plus importantes de son maître : la Description des fossiles du terrain crétacé de Sainte-Croix. Ces premiers mémoires furent plus généraux et comprenaent à la fois la description des Mollusques ‘ celle des Échinodermes. Plus tard il les spécialisa davantage, en sorte que l’on doit faire de son œuvre deux grandes parts, l’une consacrée à la paléontologie des Mollusques du Jurassique supé- rieure, l’autre à l'étude des Échinodermes vivants et fossiles, La dialité devint ainsi en quelque sorte la caractéristique de son existence et de ses travaux scientifiques. I passait l'hiver à sa résidence de Frontenex où étaient accu- mulées ses collections et sa bibliothèque relative aux Mollusques et aux Brachiopodes. C'est là qu'il a rédigé ses nombreux mémoires sur le Jurassique supérieur. Mais la belle saison le ramenait au Chalet des Bois, dans le canton de Vaud, à la fron- tière de notre charmant pays de Gex. Au milieu de ce pare aux eaux vives, aux larges pelouses encadrées de chênaies séculaires, il avait donné les à ses admirables collections d'Échinodermes et à la partie de sa bibliothèque les concernant. Du Chalet des Bois sont sortis ses grands travaux sur les rchinides et sur les Crinoïdes, travaux qui ont donné à son nom une célébrité uni- verselle et l’ont placé à côté de ceux des Agassiz et de ses deux amis Desor et Cotteau. Moins que la communauté des travaux, une sympathie natu- relle et une affection réciproque ont longtemps uni de Loriol et Cotteau, et en écrivant ces lignes je ne puis oublier que je dus à l'amitié de l’un le bienveillant accueil et les affectueux conseils de l’autre. Qu'il me soit donc permis de réunir ici ces deux amis dans l'expression de mes sentiments de tristesse et de regrets. Pour apprécier les travaux de de Loriol sur le Jurassique supé- rieur il faut se reporter à l’époque déjà lointaine des diseussions de Pictet et d'Hébert sur le Tithonique.Débrouiller le chaos que présentaient ces questions, tel fut le but auquel notre confrère 382 DE LORIOL 31 Mars consacra avec une fidèle persévérance la moitié des quarante dernières années de sa vie. Procédant avee méthode et sériant les difficultés pour les résoudre graduellement, 1l commence par l'étude des étages les plus supérieurs pour descendre suecessive- ment l'échelle stratigraphique. Il prend comme point de départ les faunes relativement mieux connues du bassin de Paris, parti- culièrement du Boulonnais qui se relie plus étroitement aux faunes anglaises. Quand il à ainsi posé les bases de l’édifice, il aborde, mieux armé, les régions plus litigieuses de l’Argovie et du Jura. Il étudie ainsi à fond la faune d'un pays avant de passer à l'examen de celle d’un autre; mais toujours et partout il aime à se cantonner dans sa spécialité, l'étude paléontologique; il entend cependant ne la jamais séparer de l'étude stratigraphique et s’en remet à des collaborateurs du soin de faire connaître les terrains qui renferment les restes des animaux dont il nous donne les descriptions. Ces collaborateurs furent presque tous des géologues connus, Jaccard, Pellat, Cotteau, Royer et Tombeck, Gilliéron, Schardt, l'abbé Bourgeat, Choffat, Koby, Girardot, auxquels il me fit l'honneur de m’associer lorsqu'il entreprit la Monographie de la faune du Séquanien de Tonnerre. Son œuvre débute en 1866 par l’étude de la faune de l'étage Portlandien de Boulogne-sur-Mer, bientôt suivie (1868) par celle de la faune du Portlandien de l'Yonne. En 1872 il aborde les étages supérieurs du Jurassique de la Haute-Marne, puis il revient (1874) sur les faunes des étages supérieurs du Jurassique du Boulonnais avant de décrire la faune des couches à Ammonites tenuilobatus de Baden (1876-1878), publiée dans les Mémoires de la Société paléontologique Suisse qu'il venait de fonder en 1874. Dès lors les fascicules de ses Monographies se continuent et appa- raissent presque chaque année. C’est ainsi qu'il fait successive- ment connaitre les faunes des couches à Ammonites tenuilobalus d’Oberbuchsitten et de Wangen (1880-1881), des couches coralli- gènes de Valfin (1886-1888), du Jura bernois (1889-1892), du Séquanien de Tonnerre (1893), du Rauracien du Jura bernois (1894 et 1896), de l'Oxfordien de la même région (1896-1901), puis de lOxfordien du Jura lédonien (1900-190#). Il avait d’ailleurs entre temps et suivant les occasions publié quelques autres Monographies, témoins de l’étendue de ses con- naissances paléontologiques et d’un réel intérêt scientifique, comme son Etude sur la faune du Gault de Cosme (1882), celle relative aux Couches à Mytilus des Alpes vaudoises (1883) et sa Note sur quelques Brachiopodes crétacés du Caucase (1896). 4940 NOTICE NÉCROLOGIQUE 383 Dans ces divers travaux chaque espèce déjà connue ou nouvelle est l'objet d'une étude très complète ; ses variations sont minu- tieusement constatées ; elle est comparée à ses voisines et sa syno- nymie est rapportée avec un soin scrupuleux. Pour donner une idée de l'importance de cette œuvre je me bornerai à rappeler qu'elle est pour ainsi dire condensée dans la publication de 360 planches, presque toutes du format in-4°, dont 67 pour des espèces de divers terrains et les autres consacrées aux espèces du Juras- sique supérieur, 90 pour le bassin de Paris et plus de 200 pour le Jura. L'auteur a ainsi constitué un véritable trésor, où longtemps le géologue viendra puiser pour contrôler ses découvertes et appuyer ses déductions sur des bases paléontologiques assurées. S1 de pareils travaux ne peuvent être considérés comme une œuvre de vulgarisation, 1l faut reconnaître cependant que leur auteur, par la clarté de son style et la simplicité des termes employés, a eu le grand talent de toujours rester à la portée de tous. J'ai pu moi-même le constater fréquemment en mettant aux mains des débutants ses ouvrages dont les premiers sont malheureusement devenus trop rares. Après avoir parcouru ces livres excellents, des personnes, d’ailleurs étrangères aux études paléontologiques, ont pu elles-mêmes déterminer les fossiles qu'elles avaient récol- tés avec une telle exactitude qu’en revoyant leurs déterminations j'ai eu rarement quelques erreurs à relever. On a dit que de Loriol, confiné dans ses études paléontolo- giques, se désintéressait des observations stratigraphiques. Cela peut être vrai pour certains ouvrages des dernières années de sa vie, bien qu'il ait prouvé le contraire en joignant toujours à ses descriptions de faune une notice géologique. En général, il aimait à parcourir lui-même la région étudiée et, s'il laissait à des col- laborateurs le soin de décrire le terrain, il se préoccupait vivement des questions stratigraphiques. En me reportant à des souvenirs déjà lointains de plus de quarante années, je me rappelle avec quelle attention il examinait les diverses assises du Portlandien de l'Yonne et en discutait les synchronismes lorsque, bien Jeune encore, J'eus l'honneur de lui faire visiter les carrières et les ravins des environs d'Auxerre. Les travaux de de Loriol sur les Échinodermes ne sont pas moins importants et constituent un monument scientifique de premier ordre. Né dans la patrie de LouisAgassiz et de Desor, notre confrère n'avait là qu'à suivre une sorte de tradition illustre; il a suivi la voie et s’est montré digne de ses devanciers, s’il ne les a surpassés. Élève de Pictetet bientôt collaborateur de Desor, il s'est 384 DE LORIOL 31 Mars longtemps montré le gardien vigilant des anciennes méthodes, cherchant, moins à multiplier les espèces, qu'à bien connaitre celles déjà créées et à mieux préciser leurs caractères et leurs limites. Avec ce jugement sûr qui était une des caractéristiques de son talent, il s’est longtemps elforcé de faire rentrer les formes nouvelles dans les cadres des anciens genres, plutôt que de com- pliquer la nomenclature par la multiphcation de ces derniers. Si un jour il a dù céder au courant déchainé par l'invasion des genres de Pomel, il l’a fait sans se laisser entrainer, en suivant avec sagesse des règles dont rien n’a pu le détourner; il a ainsi donné à tous un exemple utile et rendu à la Science un service éminent. En dépit des décisions des Congrès, il était resté solidement atta- ché à la vieille nomenclature et était de ceux qui regardent comme profondément regrettable le défaut de sa stabilité. Il pensait qu'un nom connu, employé par les meilleurs auteurs, est préférable à un terme tombé dans l'oubli et réintégré en vertu du principe de priorité. Il déplorait que l’on n'ait pas admis dans la législation de la nomenclature scientifique une sorte de prescription ne permet- tant plus de modifier en Echinologie les noms donnés par Lamarck et par Louis Agassiz. Cette question fut souvent entre nous le sujet de courtoises et amicales discussions, dont je garde un sou- venir ému en pensant à l’exquise delire de mon interlo- cuteur et aux formes charmantes dans lesquelles l’éminent paléon- tologue daignait entourer ses réponses à son humble correspon- dant. Comme je le disais, de Loriol a donné ses premières deserip- tions d'Echinodermes dans des ouvrages généraux sur les faunes du Néocomien du Salève, du Valangien d’Arzier et de l’Urgonien du Lardéron, mais ses premières études séparées remontent à 1863 avec sa De escription de deux Échinides nouveaux de l'étage nummulitique d'Égypte. Les Échinodermes fossiles de l'Egypte et de la Syrie devaient rester un de ses objets d’études favoris et, après d'importants mémoires publiés à leur sujet, il s’en occupait encore au déclin de sa carrière, laissant sur eux ses œuvres pos- thumes. Collaborateur de son maître Pictet de la Rive il décrivait dans ses Mélanges paléontologiques les Échinides de Berrias, puis ceux d’Aisy et de Lémenc, avant d'entreprendre en collaboration avec Desor un ouvrage qu'il devait continuer seul, l'Echinologie helvé- tique (1868- 1876), une des meilleures Re ons qui . été don- née sur les Échinides fossiles et qui seule aurait suffi à illustrer le nom de son auteur. Entre temps il faisait paraître des Notes sur quelques Astérides du Néocomien de Neuchâtel, sur trois espèces 1910 NOTICE NÉCROLOGIQUE 385 vivantes de Cidaridæ : il discutait avec Hébert les caractères et les limites de l’Aolaster lœvis et décrivait les Echinodermes rap- portés de Crimée par E. Favre, avant d'entreprendre sa Mono- graphie des Crinoïdes fossiles de la Suisse (1877-1879), sorte d’in- troduction à un travail de plus longue haleine, le plus considé- rable qui ait été accompli sur les Crinoïdes secondaires, publié dans la Paléontologie française, les Crinoïdes du terrain juras- sique, en deux volumes avec 1200 pages et 229 planches (1882- 1889). En même temps notre confrère donnait deux importants mémoires sur les Echinides fossiles d'Egypte, lun en français, l’autre en allemand (1881), puis des Notes sur les Échinides fos- siles de Camerino (1882) et sur les Échinodermes vivants recueillis à l'Ile Maurice (1883-1895). Enfin il commençait la publication de ses Notes pour servir à l'étude des Echinodermes, dont le 13° et dernier fascicule a paru en 1905, recueil précieux, illustré de 45 planches in-4°, où l’auteur a consigné pendant plus de vingt ans ses observations diverses sur les Stellérides, les Astéries et les Échinides vivants et fossiles. De Loriol, en effet, ne fut pas seu- lement un paléontologue; très convaincu que pour bien com- prendre les animaux fossiles 1l faut connaître ceux qui sont encore actuellement vivants, il n'a jamais négligé les études z00- logiques. C’est ainsi qu'il a successivement décrit les Échino- dermes de Maurice, des côtes de la Patagonie, de l’île d’'Amboine et de diverses autres régions, les uns recueillis pour lui par l’un de ses fils, les autres communiqués par ses correspondants. En 1887 il entreprit sa Description des Échinodermes fossiles du Portugal, dont lestrois parties (1887-1896) forment un ensemble de 280 pages et 53 planches in-4°. Il continuait d'ailleurs après ce grand travail à nous donner des Notes pleines d'intérêt sur les Echinides fossiles d’Angola, sur quelques Échinodermes de Cirin, sur ceux du Burdigalien des Angles, Ueber neuen fossilen Seestern. À la veille de sa mort il remettait encore à l’Institut Egyptien le manuscrit de sa Note sur quelques Stellérides du Santonien d’Abou-Roach et au directeur de la Revue Suisse celui de ses Notes sur quelques Echinides fossiles de Syrie, publié par les soins de son ami M. R. Fourtau. Et ainsi, pendant un espace d’un demi-siècle, il a fait paraître sur les Échinodermes un ensemble de près de 4000 pages et de 561 planches. Au nuheu d'un nombre considérable d'espèces nouvelles il nous à révélé des types particulièrement intéressants pour la connaissance générale des Echinodermes, comme Glyptechinus Rochati, Leiopedina cf. Samusi, un des rares Endocysta à pores 28 novembre 1910. Bull. Soc. géol. Fr. X, — 25 29: 386 DE LORIOL 31 Mars inégaux, Conoclypeus conoideus d'Égypte, pourvu de ses auri- cules, Endodiadema lepidum, Gymnodiadema Choffati, un des Échinides les plus remarquables du Portugal, Heterodiadema ouremense, lyrina jonqueiroensis, dont la position générique reste à préciser, Diclidaster Gevreyi, Pomelia Delqadoi, devenu le type du genre Lefortia Cossmanx, Trochodiadema abramense, Echinometra miocenica, précurseur d'un groupe aujourd’hui si répandu dans les mers chaudes, Phaleropyqus Oppenheimi, le grand Aulacocidaris Michaleti, Trochoechinus Zumo/feni et Idio- cidaris Lamberti, sorte de Peltastes simplement pourvu de pri- maires. L'œuvre scientifique de de Loriol est comme on le voit des plus considérables ; résultat de cmquante années de travail inces- sant, elle est répartie dans plus de soixante-dix ouvrages for- mant une masse de près de 8000 pages et de plus de 900 planches, la plupart dans le format in-4°, parues surtout dans les Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève et dans ceux de la Société paléontologique Suisse. Pour mieux apprécier l’activité scientifique de notre Confrère, il importe de rappeler qu’il fut un des fondateurs de la Société paléontologique Suisse et que depuis 1874, pendant 35 années, il a assumé la charge de l’administration et de la surveillance de ses importantes publications. L'organisation si éminement démo- cratique de cette Société, fonctionnant sans siège social et sans frais généraux, sous le simple contrôle d’un rédacteur-tréso- rier, assisté de trois membres, nous révèle à la fois l'esprit pra- tique et le dévouement absolu à la Science de notre regretté con- frère. Depuis 1872 il avait d’ailleurs accepté une autre fonction toute d’abnégation, comme membre de la Commission du Musée d'Histoire naturelle de Genève. L'obligeance était d’ailleurs un des traits caractéristiques du caractère de de Loriol: ses nombreux correspondants ont tous conservé le souvenir de sa bienveillance et de la complaisance avec laquelle, au milieu de ses nombreuses occupations, il trou- vait encore le temps de déterminer leurs fossiles. J'espère d’ail- eurs que cette partie de son œuvre ne restera pas entièrement dans l'oubli et je me propose de publier un jour les notes qu'il a bien voulu m'adresser en déterminant péôur moi une série de Cri- noïdes, d'Astéries et d’Ophiures de la Craie de Sens. Jusqu'à la fin notre confrère a continué ses travaux et quelques mois avant sa mort, admirant sa verte vieillesse, sa démarche encore assurée et l’activité de son esprit, je ne pouvais penser mans 1940 NOTICE NÉCROLOGIQUE 387 que j'étais à la veille de perdre cet excellent ami. Au mois de novembre encore, de son écriture fine et assurée il s’entretenait de mes travaux et m annonçait l'envoi d'un précieux exemplaire de Phormosoma. Mais si ses amis pouvaient se faire illusion, lui semblait se rendre compte que ses Jours étaient comptés et, sans tristesse, heureux au milieu des siens, avec la sérénité et le calme recueillement du sage, il renonçait aux projets d'avenir, dispo- sait en faveur du musée de Genève d'une partie de ses collec- tions et attendait avec soumission à ses décrets l’heure où il plai- rait à Dieu de le rappeler à lui. Animé en effet de convictions rehgieuses, qui ont en quelque sorte dominé sa vie, mais que le travail, la Science et l'âge avaient encore développées et affermies, comme il avait vécu, il est mort en chrétien, le 23 décembre 1908, dans sa 81° année, profondément regretté des siens et de tous ceux qui avaient l'honneur de le connaître, mais nous laissant une partie de lui-même dans l’œuvre durable et féconde édifiée par son intelligence et son travail. LISTE DES PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES de P. de Loriol Le Fort. 1858. Description des fossiles du terrain néocomien des Voirons, par J. Picrer et P, ne Lorio. Matériaux pour la Paléontologie Suisse (2), in-4° avec 2 pl. coupes, 15 pl. fossiles, atlas in-folio. 1861. Description des Animaux invertébrés fossiles contenus dans l'étage Néocomien moyen du Mont Salève. In-4°, 214 p., 22 pl. 1863. Description de quelques Brachiopodes crétacés. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. de Genève, t. 17, in-4°, 11 p., 1 pl. 1863. Description de deux Échinides nouveaux de l'étage es MES d'Égypte. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. de Genève, in-4°, 7 p., 1 pl. 1865. Étude géologique et paléontologique de la formation d' eau douce infracrétacée du Jura et en partie de Villers-le-Lac, par de LorroL et Jaccarp. In-4°, 68 p., 3 pl. 1866, Description des fossiles de l’Oolithe corallienne, de l'étage Valengien et de l'étage Urgonien du Mont Salève. In-40, 100 p., 6 pl. (Ouvrage publié in Favre : Recherches géologiques dans les parties de la Savoie, du Piémont et de la Suisse voisine du Mont Blanc.) 1866. Monographie paléontologique et géologique de l'étage Portlandien des environs de Boulogne-sur-Mer, par de Lorioz et PeLLar. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. de Genève, t. 19, in-4°, 200 p., 11 pl. 1867. Échinides de Berrias (in Picrer : Étude paléontologique sur la faune à Terebratula dyphyoides de Berrias (Ardèche). Mélanges paléont., 2° Liv. X), in-4°, 6 p., { pl. 388 DE LORIOL 31 Mars 1868. Échinides d’Aisy et de Lémenc (in Picrer : Étude provisoire des fos- siles de La Porte de France, d’Aisy et de Lémenc. Mélanges paléont., 4e liv., X), in-40, 10 p., 1 pl. 1868. Monographie des couches de l'étage Valengien des carrières d’Arzier (Vaud). Matériaux pour la Pal. Suisse (4), I, in-4°, 110 p., 9 pl. 1868. Monographie paléontologique et géologique de l'étage Portlandien du département de l'Yonne, par de Lorioz et Correau. Bull. Soc. de Sc. hist. et nat. de l'Yonne (2), I, in-4°, 260 p., 15 pl. 1868-1869. Monographie paléontologique et stratigraphique de l'étage Urgo- nien inférieur du Landéron, par de LorioL et GizcirÉéRoN. Nouv. Mém. Soc. Helv.des Sc. nat., Bd, XII, in-4°, 122 p., 8 pl. 1868-1872. Échinologie helvétique, 1"° partie. Échinides de la période Jurassique par Desor et de Lorioz. In-4°,4%1 p., atlas in-f. de61 pl. 1872. Description géologique et paléontologique des étages Jurassiques supérieurs de la Haute-Marne, par de Lorror, Royer et TomBecx. Mém. Soc. linnéenne de Normandie, XVI, in-#°, 539 p., 26 pl. 1873. Description de quelques Astérides du terrain Néocomien des envi- rons ie Neuchâtel Mém., Soc. Sc. Nat. de Neuchätel, V, in-%, 19 p., 2 pl. 1873. Échiiologie helvétique, 2° partie. Échinides de la période Crétacée. Matériaux pour la paléont. Suisse, (6), in-4°, 398 p., 33 pl. 1874. Monographie paléontologique et géologique des étages supérieurs de la formation Jurassique des environs de Boulogne-sur-Mer, par de Lorio et PELLAT. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. de Genève, t. 23, in-4°, 326 p., 26 pl. 1874, Description de trois espèces d'Échinides appartenant à la famille des Cidaridæ. Mém. Soc. nat. de Neuchätel, In-4°, 16 p., 3 pl. 1875. Coup d'œil sur la faune Échinitique de la Suisse !. 1875. Description des fossiles du terrain crétacé de Sainte-Croix et de ses environs, par J. Picrer et G. Campicne. Matériaux pour la Paléont. Suisse (2) et suiv. 1860-1875 (ouvrage terminé par P. pe Lortor). In-4°, 5 parties avec 298 pl. 1875. Note sur l'Holaster lœvis DE Luc. B. S. G. Fr., (3), IT, p. 555, in-#, 124 D: 1875-1876. Échinologie helvétique, 3° partie. Échinides de la période Ter- tiaire. Mém. Soc. Paléont. Suisse, vol. IT, in-#°, 142 p., 23 pl. 1876. Note sur quelques espèces nouvelles appartenant à la classe des Échinodermes. Mém. Soc. de Phys. el Hist. nat. de Genève, t. 24, in-4°, 17 p., 2 pl. 1876-1878. Monographie paléontologique des couches de la zone à Ammo- niles tenuilobatus de Baden (Argovie). Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. III, IV et V, in-4°, 200 p., 23 pl 1877. Étude stratigraphique sur la partie sud-ouest de la Crimée avec la description de quelques Échinodermes, par Favre et pe LorioL (Description des Echinodermes, in-#°, 9 psp): 1877-1879. Monographie des Crinoïdes fossiles de la Suisse. Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. IV, V et VI, in-4°, 21 pl. 1878. Sur le Pentacri inus de Sennecey-le- Grand, in-40, 3 pl. 1870. Note sur les Échinides recueillis dans les “expéditions du Challenger et du Blake. AFAS. Montpellier. In-8°, 4 p. 1. Je ne puis donner d’autres renseignements sur cet ouvrage dont je ne con- nais que le titre. 1910 NOTICE NÉCROLOGIQUE 389 1880. Description de quatre Échinodermes nouveaux, Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. VII, in-#°, 15 p., 1 pl. 4880-1881. Monographie paléontologique des couches de la zone à Ammo- niles lenuilobatus d'Oberbuchsitten et de Wangen. Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. VII et VIII, in-4°, 120 p., 14 pl. 1881. Monographie des Échinides contenus dans les couches nummuli- tiques de l'Égypte. Mém. Soc: Phys. et Iist. nat. de Genève, t. 27, in-4°, 148 p., 11 pl. 1881. Étude sur le développement paléontologique et embryologique (des Échinides). — Traduction française d’une note d'Alexandre Agas- siz. In-8°, 43 p. 1881. Eocæne Echinoideen aus Aegypten und der Libyschen Wüste. Paleontographica N. F. X. 14 (XXX), in-4°, 59 p., 11 pl. 1882. Description des Échinides des environs de Camerino (Toscane), pré- cédé d’une notice stratigraphique par Canavari. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. de Genève, t. 28, in-4°, 32 p., 3 pl. 1882. Étude sur la faune du Gault de Cosne. Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. IX, in-40, 118 p., 13 pl. 1882-1884. Paléontologie française. Terrain jurassique, t. XI, 1 partie. Crinoïdes, in- se, 627 p., et atlas de 121 pl. 1883. Étude Daléontoloeique et stratigraphique sur les couches à Mytilus des Alpes Vaudoises, par pE Lomoz et Scnarnr. Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. X, in-4°, 140 p 13 pl, l°carte. 1883. Catalogue raisonné des Échinodermes recueillis par M. V. Robillard à l'ile Maurice. 1 Échinides. Mém. Soc. Phys. et Hist, nat. de Genève, t. 28, in-40, 64 p., 6 pl. 1884-1902. Notes pour servir à l'étude des Échinodermes, 1° série. Les dix fascicules composant cet ouvrage ont successivement paru dans le Recueil Zool. Suisse, 1, n° 4, 1888, el IV, n° 3, 1887, dans les Mém. de la Soc. de Phys. et Hist. nat. de (renève, vol. suppl. 1890, n°8, 1894:%t. 32, 2e -part. n°9, 1897; 133, 26 part. n° 11899 et dans la Revue ue de Zoologie et Annales du Musée d'Hist. nat. de (renève, t. II, fase. 4, 1894: t. V, fasc. 2, 1897; t. VIII, 1900, Les deux der- niers no ont été édités à part: Bâle et Genève, 1901 et 1902, in-4°, 370 p., 35 pl. 1884. Catalogue raisonné des Échinodermes recueillis par M. de Robillard à l’île Maurice. II Stellérides. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. de Genève, t. 29, in-49, 83 p., 16 pl. 1885. Rapport sur les Crinoïdes pédonculés recueillis par M. le D' P. Her- bert Carpenter. Arch. des Sc. Phys. et nat. de Genève, 3° partie, t. 13, n° 4, p. 346, in-8°, 16 p. 1885. Échinologie helvétique. Premier supplément. Mém. Soc. Pal, Suisse, vol. XI, in-40, 25p., 3 pl. 1886-1888. Étude sur les ] Mollusques des couches coralligènes de Valfin (Jura), précédée d’une Notice stratigraphique par l'abbé E. Bour- GEAT. Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. XIII, XIV et XV, in-4°, 369 p., 40 pl. 1886-1889. Paléontologie française. Terrain Jurassique, t. XI, 2° partie, Crinoïdes. In- 8e, 580 p. et atlas de 108 pl. 1887. Note sur quelques ‘Échinodermes fossiles des environs de La Rochelle, Ann. Soc. Sc. nat. de La Rochelle, vol. 23, in-8°, 20 p., 3 pl. 1887-1888. Recueil d’études paléontologiques sur la faune aus du Portugal, vol. II. Description des Échinodermes. In-4°, 122 p.,22 pl. 390 DE LORIOL 31 Mars 1888. Notes sur la Géologie de la province d’Angola. Arch. des Sc. Phys: et nat., t. 19, p. 67, in-8°, 5 p. 1888. P. CHorr AT et P. DE Look : Matériaux pour l'étude stratigraphique et paléontologique de la province d'Angola. Description des Échi- nides par P. DE Lorior. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. de Genève, t. 30, n° 2,in-4°, 18 p., 3 pl. 1889-1892. Étude sur les Mollusques des couches coralligènes du Jura ber- nois, avec notice stratigraphique par E. ÉE., Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. XVI, XVII, XVIIT-et XIX, in-4°, 420 p., 37 pl. 1890. Description de la faune Jurassique du Portugal. Échinodermes. In- 4°, 109 p., 18 pl. 1893. Descriplion des Mollusques et Brachiopodes des couches séqua- niennes de Tonnerre, avec une étude ns par J. Lam- BERT. Mém. Soc. Pal. Sn vol. XX, in-4°, 213 p., 12 pl. 1893. Échinodermes de la Baie d’ Amboine, Revue Suisse . Zoot el Ann. du Mus. d'Hist. nat. de Genève, t. I, in-#°, 68 p., 3 pl. 1894, Étude sur les Mollusques du Rauracien inférieur du Jura bernois, avec une notice stratigraphique par E. Kosy. Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. XXI, in-4°, 130 p., 10 pl. 1894, Catalogue raisonné des Échinodermes recueillis par M. de Robillard à l’île Maurice. IIT, Ophiurides et Astrophylides et Supplément, Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. de Genève, t. 32, 1'e partie, n° 3, in- 40, 64 p., 3 pl. 1895. Étude sur quelques Échinodermes de Cirin. Arch. Mus. Hist. nat. de Lyon, t. VI, in-4, 8 p., 1 pl. 1895. Supplément aux rene r ce de la Baie d'Amboine. Revue Suisse de Zool, se Ann. du Mus. d’Iist. nat. de Genève, t. III, fase. 3, in-4°, 2 p., 2 pl. 1896. Étude sur les Muse du Rauracien supérieur du Jura bernois. 17 supplément. Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. XXII, in-4°, 52 p., 10 pl. 1896. Descriptions des Échinodermes tertiaires du Portugal. In-4°, 50 p., 43 pl. 1896. Note sur quelques Brachiopodes crétacés recueillis par M. E. Favre dans la chaîne centrale du Caucase et dans le Néocomien de la Crimée. Revue Suisse de Zool. et Ann. Mus. Hist. nat. de Genève, vol IV fasc.41n-80,-29/p#21ple 1896-1897. Étude sur les Mollusques et Brachiopodes de l'Oxfordien supé- 1897. rieur et moyen du Jura bernois, accompagnée d’une Notice strati- graphique par E. KoBy. Mém. Soel Pal. Suisse, vol. XXIII et XXIV, in-40, 158 p., 17 pl. Description de quelques Échinodermes (du Burdigalien des Angles). BS3G: Fe 3) EX pe 1148 An28024b 0 Se 1898-1899. Études sur les Mollusques et Brachiopodes de l’Oxfordien infé- 1900. 1900. rieur où zone à Ammonites Renggeri du Jura bernois, accompa- gnée d’une notice ae one par E. Kosy. Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. XXV et XXVI, in-4°, 220 p., 12 pl. Étude sur les Mollusques et Brachiopodes de l'Oxfordien inférieur du Jura lédonien, accompagnée d'une notice stratigraphique par À. Girarpor. Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. XX VII, in-4°, 196 p., 6 pl. Ueber einen neuen fossilen Seestern. Mitteilungen des Gros. Badis- chen Geol. Land. Bd, IV, heft. 1, in-8°, 6 p., 1 pl. 1910 NOTICE NÉCROLOGIQUE 391 1901. Étude sur les Mollusques et les Brachiopodes de l'Oxfordien supé- rieur et moyen du Jura bernois, accompagné d’une notice stratigra- phique par E. Kosy. Premier supplément, Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. XX VIII, in-4°, 119 p., 7 pl. 1902-1904. Étude sur les Mollusques et les Brachiopodes de l'Oxfordien supérieur et moyen du Jura lédonien, accompagné d’une notice stratigraphique par À. Girarpor. Mém. Soc. Pal. Suisse, vol. XXIX, XXX et XXXI, in-40, 304 p., 27 pl. 1902-1905. Notes pour servir à l'étude des Échinodermes, 2° série, in-40, 146 p., 10 pl. (Les trois premiers fascicules ont été publiés à Genève, Bàle et Berlin en 1902, 1904 et 1905.) 1903. Rectification de nomenclature : Revue crilique de Paléozoologie, iéjannée, p.227 1906. Rectification de nomenclature : Revue critique de Paléozoologie, 10®année, p.71, 1908. Note sur deux Échinodermes fossiles. Revue Suisse de Zool. et Ann. Mus. Hist. nat. Genève, t. XVI, fase. 2, p. 151, in-8°, 8 p., 1 pl. 1909. Note sur quelques Stellérides du Santonien d'Abou-Roach. Bull. Institut Égyptien, 5° sér., t. [T, fase. 2, p. 169, in-8°, 16 p., 3 pl. 1909. Note sur quelques espèces d’Echinides fossiles de Syrie. Revue Suisse Ann,-Soc, Zool. Suisse et du Muséum d'Hist. nat. de Genève, t. XVII, fasc. 1, p. 219, in-8°, 30 p., 1 pl. (publié par les soins de M. R. Fourrau). Séance du 4 avril 1910 PRÉSIDENCE DE M. A. LACROIX Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le Président donne lecture de la lettre suivante que M. J. Gosselet vient de lui adresser : « M. LE PrésinenT, — la Société géologique de France m'a fait le très grand honneur de me décerner le Prix Danrox. J'en suis fier et je ne saurais trop exprimer ma reconnaissance envers la Société. Mais mon âge m'ôte l'espoir de pouvoir employer la somme léguée par M. Dan- ton à des travaux qui feraient progresser la Science. J'ai pensé que cet appoint pourrait au contraire venir utilement à des géologues plus jeunes. Je prie donc la Société de vouloir bien conserver l'argent pour établir un, deux ou plusieurs prix, comme elle le jugerait à propos, qu'elle décernera, à des époques fixées, à des {ravaux de Géologie appli- quée, conformément au désir de M. Danton. À Il me restera l'honneur, que j'estime très grand, d’avoir été le premier lauréat de la Société dans le domaine de la Géologie appli- quée. » Le Président, en communiquant cette lettre, exprime à M. Gosselet toute la gratitude de la Société pour une libéralité qui n’étonnera aucun de ceux qui connaissent le désintéressement de notre illustre confrère. Elle permettra de donner une récompense et un encouragement à quelques-uns de ceux qui se sont consacrés à ces recherches de Géologie appliquée, qui doivent tant à M. Gosselet. Et c'est encore un nouveau titre à la reconnaissance des géologues que vient de se créer le vénéré maître de Lille. Le Président proclame membre de la Société : L'Institut géologique de l'Université de Cracovie présenté par MM. A. Lacroix et Paul Lemoine. Deux nouvelles présentations sont annoncées. M. A. Lacroix offre la 2° partie du tome III de sa « Mimé- ralogie de la France et de ses Colonies ». Ce volume est entièrement consacré à l'étude des azotates et des car- bonates. Sur ses 415 pages, près de la moitié (170 pages et 267 figures) est consacrée à la description de la calcile. Comme dans les précé- dents volumes, l’auteur s'est attaché surtout à mettre en évidence toutes les conditions de gisements d'un même minéral et à déterminer les particularités de forme cristalline qui se présentent dans chacune de celles-ci. La calcite se prête d'une façon particulière à une recherche de cet ordre: les géologues, étudiant les formations sédimentaires, SÉANCE DU # AVRIL 1910 393 trouveront dans les observations exposées dans cetouvrage des indica- tions précises sur un grand nombre de gisements ; mais M. A. Lacroix est persuadé qu il n'a fait qu'effleurer un vaste sujet, pour lequel il souhaite d’avoir des continuateurs. M. G.F. Dollfus présente un travail descriptif sur les Mol- lusques du Pliocène ancien du Portugal qu'il vient de terminer en collaboration avec M. Berkeley Cotier 1, La faune étudiée a été découverte, il y a peu d'années, par M. Paul Choffat ; d'autres gisements ont élé ajoutés depuis, ce sont des lam- beaux médiocres bordant irrégulièrement la côte entre Lisbonne et Porto, disposés comme en terrasse, ravinant les formations les plus A Nérses: partiellement recouverts par des dunes. La première partie qui est présentée ne comprend que les Pélécy podes ; les Gastropodes for- meront un volume plus important, suivi des considérations paléonto- logiques générales. C'est le premier dépôt authentique décrit du Pliocène inférieur (Plaisancien), dans le bassin atlantique européen. Des couches litto- rales analogues ont été signalées au Maroc par M. Louis Gentil, mais rien ne peut leur ètre comparé dans le Golfe de Gascogne, peut-être quelques dépôts du Cotentin appartiennent à cet âge; lent dans la mer du Nord, le Corallin Crag en Angleterre ët one sables en Belgique, à Diest et à Anvers sont aussi Hlacanne. La position stra- tigraphique n'est pas douteuse, lesnouveaux dépôts de Aguas-Santas, Negreiro, Nadadoiro, Selir do Porto, Famalicäo, Senhora da Victoria, Monte-Real ravinent à Alfeite, à l'embouchure du Tage, les dépôts du Miocène supérieur. Sur 77 espèces étudiées, 57 sont encore vivantes, soit une proportion de 35°/,,une seule nousa paru entièrementnouvelle, Donax Limai, mais on a été conduit à délimiter bon nombre de varié- tés. Pour chaque espèce on a recherché avec soin le type primitif, la formeet les figures originales, puis les variétés indiquées par les auteurs, et c'est seulement quand ce cadre a été bien circonscrit que l’on a cher- ché la place que les formes portugaises devaient y occuper. Quelques espèces se rattachent au Miocène, car beaucoup d'espèces passent de l’Aquitanien aux mers actuelles, sans modifications bien appréciables. G. F. Dollfus. (Cher). Nous sommes très mal renseignés surla circulation des eauxsou- terraines dans la grande plaine du Berri, aussi le forage qu'a fait entreprendre le Département de la Seine pour l'établissement d’un asile agricole de malades à Chézal-Benoît est pour nous d'un très Prod intérêt. Voici les chiffres qui nous ont été donnés par les entrepreneurs, MM. Arrault et Brochot, qui ont bien Sur un forage profond à Chézal-Benoît 1. Le Pliocène au Nord du Tage (Plaisancien). Comm. Serv. géol. Portugal, 4, 128 p.,9 pl. en phototyp., Lisbonne, 1909. 39% SÉANCE DU # AVRIL 1910 voulu nous communiquer une collection étendue d'échantillons permettant le classement des assises. Épaiss.: Profondeurs : Altitude : 178 m. Éimon, durcràlatbase eee 1,50 0,00 à 1,50 Diluvium \ Sable jaune, graviers, cailloux des ps de quartz, grains sidéroli- | thIQUeES 2 Ar EMA er enr 0,70 1,50 2,20 Argile grise et jaune, sèche, COMPACTE RE SAUCES Nes 2,60 2,20 4,80 Mie Argile dure panachée, grise, jaune . et rouge, grains ferrugineux... 7,82 4,80 12,62 és NE pate HS ter ? ? 3 rgile rouge avec minerai de fer | pisolithique, nodules grossiers. 6,49:542:62%-210;05 Argile sableuse avec veines JAUNES NE RENE Ta nee 0:50:-2249% 45 72,49:69 Calcaire très dur, lithographique, jaune clair avec quelques filets Corallien marneux Jaunes entre les bancs. 12,15 19,65 31,80 j” Calcaire blanc, demi-dur, avec hlets marneuxieris te 5,19: 91,80 2%99 Calcaire très dur, jaunâtre...... 19/25%-737,59 #00 ;00 Calcaire gris et brunâtre et marne Oxfor dien DIÉU Er PRES Re Re 1,39 0020680 10#41D > | Calcaire et marne bleuâtres en héisralterness a tee 48,38 64,15 112,53 Calcaires marneux gris et argile Callovien TAUTO RSS ete er tee 02 41880 hs Calcaire jaune oolithique, avec | oolithes ferrugineuses à la base. 60,20 113,30 173,50 Calcaire jaune compact sec...... 0,40 173,50 173,90 Calcaire blanc oolithique, nids de Daftonien AS A a nn 6,20 173,90 180,10 eue Calcaire jaune ccmpact....... Se 3,80 180,10 183,90 d: | Calcaire oolithique très dur, quel- ques oolithes ferrugineuses... 7,20 183,90 191,10 Marne et calcaire bleu, débris fossilifères (Belemniles, Tere- Parhomen bratula).. de PPT tue 13,00 191,10 204,10 RUE Calcaire marneux gris dur. .....… 5,70 204,10. 209.80 ju Marnes et calcaires, quelques oolithes, débris fossilifères. ... 4,40 209,80 214,20 Calcaire oolithique blanc et jaune assez tendre La DAS 9,07 214,10 223,27 Bathonien Calcaire marneux jaune, sans inférieur RAOOTITR ES. 7 SEAL MERE ANNE 4,78 223,27 225,05 ju | Calcaire oolithique jaune, assez tendre, quelques silex, quelques lits marneux blanchâtres,....… 10,80 225,05 235,85 SÉANCE DU #4 AVRIL 4910 395 On n'a pas atteint les couches du Bajocien. Il n’y a eu ni sables de la Sologne, ni calcaire lacustre du Berri. L’argile sidé- rolithique a tous les caractères d’un résidu de décalcification de roches disparues. L'eau a été rencontrée à 15 m. 60 de profon- deur {niveau hydrostatique local), et s’est maintenue à ce niveau jusqu'à 182 m. de profondeur, puis elle a baissé lentement en même temps que l’approfondissenent pour se maintenir à 26 m. de profondeur en fin de travail. On n’a en réalité rencontré aucune nappe; une pompe dont l'aspiration était à 90 m. de profondeur a pu donner 15 m° à l'heure, une pompe descendant à 120 m. est en installation, on en espère 20 m°. Comme on est descendu beaucoup au-dessous du niveau de la mer, l'absence d’eau ne peut être attribuée qu'à la compacité des couches ou à l’absence de toute assise sableuse littorale; les côtes étaient alors lointaines. En admettant que l'étang de Coulan à 3 km. au Sud repose sur l'Oxfordien marneux à l'altitude 183, on trouve une pente de 20 m. par km., soit 2 °/,, de toutes les couches vers le Nord, plongement important ; on peut même se demander si les couches jurassiques se sont déposées originairement suivant une telle inclinaison, ou si elles se sont redressées postérieurement à leur dépôt? Nous ne voulons pas traiter incidemment une question aussi grave qui conduirait à des considérations nouvelles sur l’an- cienne extension des mers jurassiques. Nous pouvons dire cependant que ce mouvement d’élévation du Jurassique et du Plateau central de la France aurait pris place entre le Portlan- dien et l’Aptien ; car dans la région de Graçay, dont nous avons fait une étude récente, on voit que le Jurassique supérieur avait déjà été décapé avant le dépôt des premiers sédiments du Cré- tacé et que le sous-sol avait déjà une structure bien définie quand de nouveaux plis ont affecté tout l’ensemble. L'antichinal dit de Graçay ne passe d’ailleurs pas à Graçay, mais à Genouilly, à 5 km. plus au Nord, et le synclinal sud correspondant passe à Reboursin entre Graçay et Vatan. C. Chartron. — Sur le forage d'un puits, pour l'alimentation en eau de la ville de Marans (Charente-Inférieure). La ville de Marans est située sur les dernières assises de l’Ox- fordien qui ressemble, en ce point, à un îlot calcaire, séparé des autres formations du même âge, par le grand synclinal qui a formé le golfe du Poitou. Cet ilot est entouré de toute part par les alluvions modernes. Un généreux donateur gratilie cette ville d’un service d’eau. 396 SÉANCE DU #4 AVRIL 1910 Le forage entrepris à ce sujet traverse tout l'Oxfordien, dont la puissance paraît être au moins de 113 m. À ce niveau l'aspect du terrain et la composition des roches ne paraissent pas encore devoir changer. Car en comparant les résidus des sondes aux calcaires et marnes du Callovien des environs, sur lequel repose l'Oxfordien, on ne trouve aucune res- semblance (en tenant compte toutefois, de l'aspect trompeur des roches). Nous n'avons rencontré dans ces résidus, entre 60 et 81 m., que des tiges de Balanocrinus (Pentacrinus) pentagonalis Gorp- FUSS. À cette profondeur, 113 m., on n'avait pas encore un niveau d'eau suffisant, exigé pour un service devant alimenter une ville de 5000 habitants environ. Georges Negre. — Sur une couche dite « terre potassique » près Saulces-Monclin (Ardennes). J'ai été dernièrement appelé à exécuter des sondages dans le domaine de Maindois, près Saulces-Monclin (Ardennes) pour y étudier les deux zones phosphatées des Sables verts inférieurs. Le domaine est situé dans les bas-fonds humides à l'altitude moyenne de 92 m. Dans ces gisements phosphatés, les nodules où « coquins » accompagnent les grains verts de glauconie, ils sont très durs, porcelainés et renferment souvent de la pyrite de fer. La première zone à nodules se trouve à 4 m. de profondeur sur une épaisse couche d’argile panachée compacte et une marne verte grisâtre sableuse très glauconieuse. La seconde couche, dans la gaize, sous l’assise du Gault, est à 19 m. environ de la surface du sol. Entre ces deux zones phosphatées, il existe une couche argi- leuse, gris bleuâtre, épaisse de 0 m. 20 à O0 m. 25, dite « terre potassique ». De nombreuses analyses ont été faites et la moyenne nous a donné : Oxyde de potassium 12,96 ; acide phosphorique 1,79; chaux totale 4,035 ; silice, alumine, ete., 91,215. Sous cette couche on rencontre un lit de minerai de fer en grains semblable à celui des gisements exploités dans les minières de canton de Grand-Pré, notamment dans celle de la Grande- Décombre près Mareq. Nous attribuons cette présence anormale de potasse à la décom- SÉANCE DU # AVRIL 4910 397 position lente de la glauconie qui, dans des conditions mal défi- nies, est instable et se transforme en une matière ocreuse. M. Spurr d'une part et M. Cayeux d'autre part ont démontré que certains gisements de limonite doivent leur formation à la décomposition de la glauconie. Je rappellerai que certains phosphates des couches argileuses glauconieuses du Cénomanien contiennent 3 °/, de matières organiques et # à 6 °/, de potasse soluble, notamment les phosphates de Pernes en Artois, mais ici, les nodules sont plus tendres, poreux et très friables, ce qui pourrait expliquer l'assi- milation de la potasse située au-dessus et qui les atteint par filtration. Je reviendrai ultérieurement sur ces faits intéressants. L. Cayeux. — liemarque sur la genèse de minerais de fer par décomposition de la glauconie *. Dans la communication ci-dessus sur une couche dite « terre potas- sique près Saulces-Monclin (Ardennes) », M. G. Negre a noté que « M. Spurr d'une part et M. Cayeux d'autre part ont démontré que certains gisements de limonite doivent leur formation à la décom- position de la glauconie ». Je crois devoir faire remarquer que le minéral identifié par M. Spurr ? à la glauconie s'en éloigne beaucoup, aussi bien par ses caractères optiques que par sa composition chi- mique. C'est un silicate hydraté d’alumine et de fer — non potassique — tandis que la glauconie des sédiments anciens renferme jusqu'à 8 °/, de potasse. Ce minéral qui parait Jouer un rôle considérable dans la genèse de certains minerais précambriens de la région des Grands Lacs en Amérique, se range tout naturellement dans le groupe des chlorites, représenté dans les minerais de fer oolithique primaires et secondaires de notre pays, par la bavalite, la berthiérine et la chamosite. En conséquence, le gisement de minerai de fer de l'Aptien de Grand- pré, engendré, comme Je l'ai établi#, par la décomposition plus ou moins profonde de la glauconie, est le seul gîte de cette espèce, actuel- lement connu. M. Georges Negre ‘ fait observer au sujet de la remarque de M. Cayeux, que l'attribution erronée à la glauconie du minéral qui à 1. Observation présentée à la séance du 18 avril 1910. 2. J.E. Spurr. The Iron-Bearing Rocks of the Mesabi-Range, in Minnesota. Geol. and Nat. Hist. Surv. of Minnesota, Bull. n° 10, 1894. 3. L. Caveux. Genèse d’un minerai de fer par décomposition de la glauconie, CR. Ac. Sc. CXLII, p. 895-897, 1906. 4. Observation présentée à la séance du 2? mai 1910. 398 SÉANCE DU # AVRIL 1910 engendré des minerais de fer dans la région des grands Lacs en Amé- rique, est imputable à M. Spurr. I s et borné ne sa note, comme l'ont fait avant lui MM. Collet et Lee!, à rappeler la principale con- clusion du mémoire de M. Spurr, sans pouvoir s'assurer de l'identité du minéral identifié à la glauconie. OBSERVATIONS SUR QUELQUES POINTS DE LA GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE LA CAPELLE-MARIVAL (LOT) signalés par M. Paul LEMOINE PAR G. Mouret. M. Paul Lemoine a publié une note intéressante sur quelques points de la géologie des environs de la Capelle-Marival (Lot)?. Je connais cette région, que j'ai parcourue autrefois pour l'étude de la carte au millionième, et J'ai eu l’occasion, depuis la publica- tion de la note de M. Paul Lemoine, de l’explorer assez complète- ment en vue de la revision des contours du coin NE. de la feuille de Gourdon, et de la préparation de la carte à 1/320 000. Le résultat de ces explorations et de celles poursuivies, avec les mêmes objectifs, sur la feuille de Figeac, feront l’objet d'un mémoire spécial; je me propose seulement ici, en confirmant l'exactitude générale des faits observés par notre confrère M. P. Lemoine, de présenter quelques observations sur certains des points qu'il a traités. Diorite d'Anglars. — Cette roche, dont M. P. Lemoine a déter- miné exactement les affleurements, ne diffère pas des granites amphiboliques si développés sur les feuilles de Tulle, de Brive et de Figeac. Elle ne perce pas les grès triasiques, comme il est dit dans la notice explicative de la feuille de Gourdon ; son âge est plus reculé, et comme celui des autres granites de la région, il est antérieur à l’époque stéphanienne. 1. W. Cozzer et Gabriel Lee : Recherches sur la glauconie Proc. of the Royal Soc. of Edinburgh, vol. XXVI, p. 225, 1905-1906. 2. Paul Lemoine. Note sur quelques points de la géologie des environs de La Capelle-Marival. B.S. G.F.,[4], IX, 1909, p. 129 (paru le 15 mars 1910). 1910 GÉOLOGIE DE LA CAPELLE-MARIVAL 399 M. P. Lemoine fait, avec juste raison, observer qu'il ne s’agit pas d’un pointement de d'iorite traversant les couches encaissantes, mais d’un métamorphisme intense des couches. Ce fait est général ; nulle part, dans la partie sud-ouest du Plateau Central, les roches granitiques, à considérer leur gisement, ne se présentent avec un caractère intrusif, et ne peuvent, à proprement parler, être qualifiées du nom de roches éruptives.En beaucoup de points les masses granitiques, granite à mica noir, granite à mica blanc ou granite à amphibole, apparaissent avec évidence comme formées aux dépens de la roche encaissante, qu'il y at eu ou non apport interne, et sans que cette transformation de schiste ou de gneiss en granite ait été accompagnée d'aucun mouvement tel que celui qui pourrait résulter de la venue d’une masse en fusion, Bien souvent, des traces de la roche préexistante, sinon la roche elle-même, se différencient au milieu des masses de granite avec leur orientation normale, et quand des apophyses de granite se développent au milieu des schistes, elles n’altèrent nullement la direction de la foliation. Si l’on considère en masse les terrains granitiques, aucun fait ne tend à montrer dans la région en question, que ces grandes masses sont venues déchirer ou bouleverser les couches primi- tives. Ce sont à proprement parler des produits secondaires. La diorite d'Anglars ne fait pas exception à la règle. Elle résulte bien, comme l’a vu M. P. Lemoine, je ne dirai pas d’un métamorphisme, car il y a probablement plus qu’un changement de structure, mais d'une transformation de schistes sériciteux, Ou peut-être amphiboliques. La zone granito-gneissique dont elle paraît dépendre est plus continue que ne le figure la petite carte de M. P. Lemoine et ne disparait qu'au Nord d'Aynac, sous les grès du Trias. Elle ne se relie pas au massif amphibolique de la Gineste, du moins à la surface. Terrain houiller. — M. Lemoine est porté à placer les grès houillers du Pateau au niveau de ceux du Bois-Bordet. J'ai déjà donné, dans un des Bulletins du Service de la Carte géologique, une description assez détaillée du Bois-Bordet, de laquelle il résulte que les couches du Poujatel et du Pateau seraient à la base de la formation. Quant aux couches du Bois-Bordet, elles seraient à un niveau supérieur, séparées des couches inférieures par une épaisse série de nappes andésitiques. Au Sud, près du Bourg, on n'observe plus que les tufs andé- sitiques supérieurs; ce sont eux qui ont fourni, sans doute, les / éléments des argiles rouges traversées par la route du Bourg à Malepeyre et qui appartiennent à la base des grès triasiques. En ce point, d'ailleurs, la distinction des grès triasiques et houillers est assez difficile à faire, les faciès étant très analogues. Les grès triasiqnes occupent le faîte Jusqu'au puy voisin du col (478), et l’on y observe de vagues empreintes végétales. M. P. Lemoine est disposé à admettre que le terrain houiller doit s'étendre souterrainement du Bois-Bordet Jusqu'au Sud d’'Aynac où il affleure sur un espace assez grand, et 1l pense que le Houil- ler supérieur pourrait peut-être un jour, vu la présence du Per- mien, être découvert sous les dépôts Jurassiques de la région. On verra plus loin ce qu'il faut penser de l'existence du Per- mien. Quant à l’âge exact des dépôts houillers, il n’est guère possible de le préciser en raison de la rareté de la flore fossile connue. Quoi qu'il en soit, les probabilités ne sont guère en faveur d’une grande extension souterraine des dépôts houillers, n1 de leur richesse en charbon. J'ai insisté ailleurs sur la discontinuité des dépôts permiens et houillers du bassin de Brive. À Gorbas, au milieu même du bassin, ou à Lissac, à grande distance de ses rivages, les grès permiens reposent directement sur les diabases anciennes ou sur les schistes cristallins sans aucune interposition de grès houillers. Dans la vallée du Lot, au Sud de Faycelles (feuille de Figeac), j'ai observé la superposition directe de grès triasiques au granite !. Il est donc certain que les grès houillers ne s'étendent pas uni- formément sur le substratum cristallin. La discontinuité des bassins houillers du Sud-Ouest semble être la règle, soit que les érosions ante-triasiques aient fait dis- paraître une continuité primitive, soit plutôt que les dépôts houillers, qui ne sont en réalité que des deltas le long des anciens rivages du massif central, aient toujours été localisés. Les chances que les terrains houillers de Malepeyre et d'Aynac se relient l’un à l’autre sont donc moins grandes, à mon avis, que ne le pense notre confrère. La façon même dont le terrain houiller d'Aynac s'adosse, à l'Est, au massif schisteux, au Terral, ne fait pas présumer que ce terrain s’étende plus à l'Est. J'ajoute que les travaux de recherches entrepris jusqu’à pré- sent sur les divers affleurements des terrains houillers de la région n'ont fait que révéler la rareté des couches de schistes et 1. Voir la coupe (p. 93) des Comptes rendus des collaborateurs pour la campagne de 1906 (B. Service Carte yéol. de la Fr., XVII, 1905-1906). AS: * G. MOURET. | HE 4 Avril TIRÉS A PART La Société ne donne pas de tirés à part des notes publiées dans son Bulletin; toutefois, les auteurs ont le droit d’en faire faire à leurs frais; la demande doit en être faite sur le manuscrit, le Secré- taire se charge de veiller à leur exécution. Tarif des tirés à part sur papier du Bulletin. 25 ex. | 50ex. | 75 ex. |100 ex. 1150 ex. [200 ex. [250 ex. | 16 pages... 5,50! 7 »| 8,50/10 » [13 »116 » [19 » do 5 » | 6,25] 7,50] 8,75110,25/12,75|15,25 Poe 4 »| 4,75] 5,50! 6,25] 7,75] 9,25110,75 CONMTPITS DR 3 » | 3,50! # » | 4,50! 5,50! 6,50] 7,50 Diva 2,90 2,759 » 13,201 -3,79) 4,950 475 COUVERTURE Imprimée, titre spécial... 4 »9 4,509 5 » 1 5,50] 6,50! 7,50] 8,50 Passe-partout avec titre de la TOLE ST. MA nee 3 » | 3,50) #4 » | 4,50] 5,50! 6,50| 7,50 Papier couleur sans impres- SON PACA 000,724 524,25/479h02/25E2,75 TABLE DES MATIÈRES (TOME X, Fascicuce 5). Séance du 21 février 1910 (suite). Marcel Lissajous, — Couches à Ostrea acuminata et Fuller’s Earth (fin)... .... A. Guillerd. — Contribution à l'étude des phénomènes de capture dans le Bas- SIN DAPISIEN (ED) ee a ea ne na de do ee a one nd ie 261 Henri Douvillé. — Fossiles de la Ghaouîa (Maroc occidental) recueillis par M. BA TO AN Rene des à nee 265 J. Gottreau et Paul Lemoine. — Sur la présence du Crétacé aux îles Canaries CE re RS annee LE En TROT e ee ir Cl Te el ee D 267 ÉouisGenrins Observations RS Me Re Penn ei it Se Veste de 271 Eugène Maury. — Note préliminaire sur la stratigraphie et la tectonique de la Gosse orientale (700) sn EST Re Re ne tr re re ne 272 Pierre TEerMIER. — Observations: 40 CS PR CR RNA A RE 293 Séance du 7 mars 1910 Proclamation d’un nouveau membre : M. J. PourBaix.............,............... 294 P. Lemoine, C. Rouxer. J. Boussac, À. Hem, P. Termier, L. PErv INQUIÈRE, M. Lis- SAJOUS. — Présentations d'ouvrages da EN NON EU AE RU LR ND ee ent Die . 294-295 A. Riche. — Sur la position stratigraphique de Creniceras Renggeri OPpP....... 205 Robert Douvillé. — Quelques remarques à propos du jeune des Ammonites (Proplanulites) mutabilis Sowersy et Amm. (Aulacoslephanus) pseudomutabilis DEBORIOL EN TE M) ete D NME Men ere ne RE PE 296 Arnold Heim. — Observations sur le Nummulitique des Alpes Suisses. ........ 298 Je Boussac.--1ObsServations 2 RNA RER Re Re Rs ee Re 304 Louis Gentil. — Principaux résultats d'une récente mission au Maroc (été- automne Alo00) ARR NE NT Pare Se Re re ee nn Ce 304 D’ Legendre et Paul Lemoine. — Principaux résultats géologiques de la mis- sion Legendre au pays Lolo (Setchouan, Chine) (/ carte, 2 fig.).........:........ 307 Séance du 21 mars 1910. Proclamation de trois nouveaux membres : MM. Cu. MARQUET, JEAN DE CARDAILLAC, TH BEUGN OT TS RS RS RE NN es tn Re de UE A 310 L. Cayeux, L. JorsauD — Présentations d'ouvrages...............,.....:........ 310 Ph. Négris et Const. A. KHtenas. — Sur l âge triasique du calcaire de l'Acro- corinthe rte ts ir ns Sert ARS Re le 31 A. de Grossouvre.— Observations sur les Creniceras Renggeri et Cr. crenatum 311 M. Boule. — Sur quelques Vertébrés fossiles du Sud de la Tunisie............. 313 M. Boule. — Sur le Permien de Madagascar... ................................ 314 A EACRODC RO bSeRVaAtOons is de ce RU ee Re ere 316 René Ghudeau. — Note sur la géologie du Soudan {6 fig.)...................... 332 Séance générale du 31 mars 1910. Robert Douvice, J/Gosserer. = Remerciements. intense 333 A. Lacroix. — Discours d'usage....:........... RD RE en RO A ECS Ce D ANR 0 334 Louis GENriz. — Rapport sur l'attribution du prix Viquesnel..................,.. 342 Charles Barrois. — Rapport sur l'attribution du Prix Danton................. .. 346 Armand Thevenin.— Albert Gaudry : notice nécrologique (portrait en fron- LiSpiCe) TN nn eo SD A A ARE M ONE A ee mr SE 300 G. F. Dollfus. “iteon danoi oh HÉCROIOBIQUE vase de oo eue 375 J. Lambert. — Charles Louis Perceval de Loriol le Fort.................... 380 Séance du 4 avril 1910. J. Gosser£T. — Création d’un prix pour les travaux de géologie appliquée........ 392 Proclamation d'un nouveau membre. — Institut géol. de l'Université de Cracovie. 492 A. Lacroix, G.F. Dorcrus, BERKELEY CoTTER. — Présentations d'ouvrages........ 393 G.F. Dollfus. — Sur un forage profond à Ghézal-Benoît (Cher)................. 303 GC. Chariron. — Sur le forage d’un puits pour l'alimentation en eau de la ville . de Marans (Gharente-Inférieuré):.222220 0e ee CR ee enr 395 Georges NEGRE. — Sur une couche dite « terre potassique » près « Saulces-Mon- Clin tATdenNeS) Es in Ces ee EUR Rene SR RSS RES ee 396 L. Cayeux. — Remarque sur la genèse des minerais de fer par décomposition de la SLAUCORTERES Re RE NT SU AT NON ES SERRE MR AR 397 GeorsesiNEGRE "Observations: : 220221 TR AR ren) Pete Tee 397 G. Mouret. — Observations sur quelques points de la géologie des environs de la CGapelle-Marival (Lot) (à suivre).................. RE RÉ de ANT S OU 398 MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS Le gérant de la Soc. géologique : L. M£mn. QUE rt 4° Série, t. X. — 1910. — N°6 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE __ DE FRANCE | CETTE SOCIÉTÉ, FONDÉE LE 17 MARS 1830 A ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832 QUATRIÈME SÉRIE TOME DIXIÈME FASCICULE 6 : Feuilles 2639 2 Pliuche M PARIS SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 28, rue Serpente, VI 1910 PUBLICATION MENSUELLE Janvier 1911 spa. EXTRAITS DU RÈGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE Arr. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l'avancement de la Géologie en général et particulièrement de faire connaîlre le sol de la France, tant en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et l’agriculture. Arr. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Fran- çais etles étrangers peuvent également en faire partie. Il n'existe aucune distinction entre les membres. ART. 4. — Pour faire partie de la Société, il faut s’être fait présenter dans une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation et avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président. Arr. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre à Juillet. Arr. 39. — La Société se réunit deux fois par mois {le 1°" et le 3° lundi du mois). ART, 42. — Pour assisler aux séances, les personnes étrangères à la Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres. Arr. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun ouvrage déjà imprimé. ART. 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent. ART. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement déterminé. ART. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaque membre. ART, 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la Société qu'au prix de la cotisation annuelle. ArT..38. — Les membres n'ont droit de recevoir que les volumes des années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les volumes correspondant aux années antérieures à leurentrée dans la So- ciété leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un tarif déterminé. ART. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part. ; Arr. 73. — Chaque membre paye: 1° un droit d'entrée ; 2 üne cotisation annuelle? Le droit d'entrée est fixé à la somme de 20 francs. La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 franes. La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, étre remplacée par le versement en capital d’une somme fixée par la Société en assemblée générale (400 francs). Sont Membres à Perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle (minimum : 4000 francs). 1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne connaî- traient aucun membre qui püt les présenter, n'auront qu’à adresser une demande au Secrétariat, en exposant les titres qui justifient de leur admission. 2. Néanmoins sur la demande des parrains les nouveaux membres peuvent n'acquitier, la première année, que leur droit d'entrée, en versant la somme de 20 fr. Le Compte Rendu sommaire des séances de l’année courante leur est envoyé gratuitement; mais ils ne reçoivent le Bulletin que la deuxième année et doivent alors payer la cotisation de 30 francs. Ils jouissent d’ailleurs des autres droits et privilèges des membres de la Société. FRERES RE 1910 GÉOLOGIE DE LA CAPELLE-MARIVAL 401 l'absence de la houille. Tous les affleurements connus sont improductifs et beaucoup d'argent a été dépensé sans qu’on ait Jamais trouvé de couches exploitables. Il faut aller dans le bassin de Saint-Perdoux, qui n’est pas précisément un bassin littoral, mais plutôt un remplissage de lac, pour trouver quelques minces couches plus ou moins schisteuses mais sus- ceptibles d'exploitation, et exploitées effectivement. Permien. — M. Paul Lemoine pense que l’on pourrait compa- rer aux argiles, grès, et psammites rouges du Permien moyen de la feuille de Figeac, des argiles rouges, associées au Houiller de la région dans des conditions toujours assez bizarres. Il en conclut à l'existence probable du Permien dans la région. Les argiles et psammites permiens de la feuille de Figeac appar- tiennent au bassin de Rodez et nese rattachent pas au bassin de la Capelle-Marival. Dans mon travail sur le bassin houiller et permien de Brive (p. 19), j'avais admis que le Permien existe dans la région de Figeac, voisine de celle de la Capelle-Marival. J'avais assimilé au Permien, en raison simplement d’analogie de faciès, comme le fait M. P. Lemoine, certains grès gris schisteux analogues aux grès à Walchia du Permien, qui affleurent, non loin de Figeac, sur la route de Maurs. J'avais encore assimilé, par la même rai- son, au Permien, des grès violacés et des argilolithes rouges qui apparaissent dans les tranchées de la voie ferrée de Cahors à Capdenac, entre Toirac et la Madelaine. En réalité, ces grès, ces argiles, sont associés aux nappes andésitiques comprises dans les terrains houillers des environs de Figeac (vallon des Carmes). Elles appartiennent incontesta- blement au Stéphanien, et le Permien n’affleure pas dans la région de Figeac. Il n'apparaît pas davantage dans la région voisine, autour de la Capelle-Marival et d'Aynac. Les argiles rouges qui ont attiré l'attention de M. P. Lemoine sont associées tantôt au Houiller, tantôt au Trias, tantôt aux couches rhétiennes. Leur faciès n'est pas caractéristique du Permien, pas plus que celui des grès rouges qui, dans une partie du bassin de Brive, appartiennent au niveau le plus supérieur du Houiller, d'après leur flore. Les discordances de stratification que M. P. Lemoine a pu observer tiennent au régime torrentiel des dépôts. Parfois, aussi, quand les argiles se présentent à la séparation des grès triasiques et houillers, leur attribution de niveau peut devenir incertaine. C'est le cas sur le chemin de Cahuac à la Bardine, où l’on passe 7 janvier 1911 Bull Soc: géol: Er. X=— 96: 402 G. MOURET 4 Avril des grès et schistes houillers aux grès et poudingues triasiques par l'intermédiaire d’argiles rouges sans pouvoir dire, faute de coupe suffisamment étendue, où finit le Howiller, où com- mence le Trias. Il ne faut pas oublier non plus, que, quoique les sédiments triasiques proviennent le plus souvent de la destruction des schistes cristallins, parfois ils se sont formés sur place aux dépens des grès et argiles du Houiller, dont ils prennent alors plus ou moins le faciès. Trias de Leyme. — M. P. Lemoine fait observer que le Trias de Leyme, situé à l’intérieur du massif cristallin, est limité par faille au Sud, ce qui est exact !, mais il admet, sans doute d’après les tracés de la feuille de Gourdon, que le Trias remonte du fond de la dépression de Leyme, cote 463, jusque sur les hautenrs situées au Sud, vers la cote 587. Je n’ai pu constater cette continuité d’affleurement. D’après mes explorations, le Trias existe bien sur la hauteur, mais il forme deux ou trois ilots détachés les uns des autres, et séparés des dépôts de Leyme. L'un de ces îlots rappelle par sa situation les dépôts de Leyme, en ce qu'il est limité au Sud par une faille parallèle à celle de Leyme. I est probable, d’ailleurs, que le terrain est beaucoup plus faillé qu'il n'apparaît. La destruction des grès triasiques qui devaient à l’origine recouvrir toute la région ne permet plus de constater toutes les fractures, ni d'apprécier l'étendue réelle de celles encore apparentes. La faille de Leyme est encore visible à 1 800 mètres à l'Ouest de Leyme, mais au delà on perd sa trace au milieu des schistes. Il est possible qu'elle se prolonge jusqu’à la rencontre d’une grande faille NS. passant près d'Aynac, de même qu'à l'Est, elle pourrait se rattacher à celle de Terrou. Mais elle peut aussi ne constituer qu'une simple boutonnière. Failles. — À en juger par les tracés de la feuille de Gourdon, tous les terrains sédimentaires constituant la bordure du massif central se présenteraient en affleurements continus sans qu'aucune dislocation soit venue rompre cette continuité. La petite carte annexée à la note de M. P. Lemoine ne figure également aucune fracture. Dans la réalité, toute cette bordure sédimentaire est disloquée par des fractures multiples de directions variées et dont plusieurs 4 1. Le tracé de cette faille était déjà figuré sur la carte annexée à mon « Aperçu sur la géologie de la partie sud-ouest du Plateau Central ». 1910 GÉOLOGIE DE LA CAPELLE-MARIVAL 403 ont une grande importance. Par elles se trouvent modifiés d'une manière assez sensible les tracés de la feuille, et les conclusions qu'on pourrait tirer de la carte sur la genèse du régime hydro- graphique actuel. Cette question des failles, question qui intéresse une région plus étendue que celle étudiée par M. P. Lemoine, fera l’objet d'une autre communication, Je me contenterai ici de signaler que les failles bordières de la région d’effondrement de la Capelle-Marival, failles dont parle M. P. Lemoine, se réduisent, à part quelques rejets transver- saux, à une faille unique, dont une partie est figurée sur la carte annexée au compte rendu des collaborateurs de la Carte géologique pour la campagne de 1903, et qui, d’après mes nouvelles explo- rations, se prolonge au moins jusqu'à Flaujac, à en juger par un affleurement des couches les plus inférieures du Bajocien, sinon du Toarcien. Bassin de Terrou. — Le bassin liasique de Terrou occupe, comme Je l’a indiqué sur la feuille de Figeac, d’après des tracés qui remontent à vingt-cinq ans, une région d’affaissement. Il est limité à l'Ouest par une faille contre laquelle s'adossent les grès secondaires surmontés par des calcaires de l’Infralias. Ces calcaires d’après la carte (feuille de Figeac) seraient traversés par la route de Terrou à Molière, au NW. du village de Plagnes. Mais con- trairement à cette indication de la carte, M. Paul Lemoine aurait observé, en ce point, des terrains anciens et 1l suppose qu'il y a là peut-être une simple erreur du coloriage de la carte. Je me suis reporté à mes minutes quiindiquent bien la présence des calcaires du Lias. Il s’agit là d’une bande étroite que longe la faille etqui a peut-être échappé aux observations de M. P. Lemoine. D'ailleurs la présence des terrains anciens à un niveau supérieur à celui des grès serait anormale. Mes souvenirs sont trop anciens cependant, pour que Je puisse affirmer l'existence du Lias en ce point et il est à la rigueur possible, soit que la faille subisse au point en question une déformation dans son tracé rectiligne, soit que les terrains anciens aient été soulevés et viennent affleu- rer en contrehaut des grès de l’Infralias. 1. Plusieurs aussi prolongent les failles que j'ai relevées sur d’autres feuilles. Séance du 18 avril 1910 PRÉSIDENCE DE M. A. LACROIX Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le Président proclame membres de la Société : MM. le D' Marian Salopek, Conservateur du Muséum national de géologie et paléontologie d’'Agram, présenté par MM. Popescu- Voitesti et Louis Gentil. Émile Segaud, élève de l'École nationale des Mines, à Paris, pré- senté par MM. Humery et Paul Combes. Une nouvelle présentation est annoncée. M. Pierre Termier offre à la Société un exemplaire d’un article intitulé « Le dernier volume de l’Antlitz der Erde d'Eduard Suess » qui vient de paraître aux Annales de Géographie (numéro du 15 mars 1910). L'article comprend deux parties : une analyse rapide des dix-huit chapitres dont est formé ce dernier volume de l’œuvre magnifique du maître viennois, et un essai de critique qui, après avoir embrassé le livre tout entier, se particularise sur les deux chapitres relatifs aux Alpes. L. Cayeux. — fouilles de Délos (Cyclades) et les applications de la géologie à l'archéologie. L'auteur résume quelques-unes des observations qu'il a faites à Délos, sur les applications de la géologie à l'archéologie, au cours de 5es deux dernières missions, dans la Méditerranée orientale (1906 et 1908). L'exploration détaillée de la côte occidentale de l’île a permis de suivre, pour ainsi dire pas à pas, le rivage antique, très dif- férent durivage actuel en ce point, et de reconnaitre quele dessin de la côte a été rectifié par des remblais à base de tessons de poteries, sur une longueur de plus d’un kilomètre. Des fouilles entreprises dans le Port Sacré ont dégagé un ensemble de quais, en grande partie démolis, édifiés à des époques différentes et dont les ruines se trouvent presque toujours au-dessous du niveau actuel dela mer. Une petite portion de ces quais, conservés 1. Le sujet sera traité avec tous les détails qu'il comporte dans un volume spécial de la publication consacrée aux fouilles de Délos. 1910 SÉANCE DU 18 AVRIL 1910 405 avec leur dallage et une borne d’amarrage, s'élèvent jusqu’à un mètre au-dessus du niveau moyen de la mer et fournissent un des meilleurs arguments que l’on puisse invoquer à Délos, en faveur de la fixité du niveau de la Méditerranée depuis l'Anti- quité. À ce sujet, M. Cayeux passe en revue quelques-uns des faits d'observation qu'il a réunis à Délos même et qui concourent à démontrer cette fixité. Ces fouilles complétées par l'étude du môle qui protégeait le Port Sacré, au Nord, conduisent à cette conclusion que ce port, considéré comme un abri naturel, aménagé par les Anciens, est au contraire un port, artificiel en tous points, créé pour les besoins du sanctuaire d’Apollon. Sa construction sur le bord d’un chenal, suivi par un courant très violent, est de nature à don- ner une très haute idée de la technique des Anciens, en matière de travaux maritimes. Tous les voyageurs qui ont exploré Délos l’ont présentée comme une terre dépourvue d’eau. Or l'étude hydrologique qui en a été faite en 1906 a révélé l'existence d'une nappe aquifère très riche, emprisonnée dans du granite et du gneiss fendillés, nappe qui contribuait pour une large part à l’alimentation de la ville, ainsi que la découverte ultérieure de nombreux puits l’a vérifié. Les recherches entreprises pour retrouver le cours inférieur de l’Inopos, perdu au milieu des ruines, ont démontré que les eaux dece torrent s’étalaient à l’origine sur une partie du sanctuaire, sur l’em- placement du Lac sacré, etc., et que des travaux d'endiguement et de captage avaient transformé le torrent en une source d’eau potable pour la ville et livré aux architectes toute la partie basse du cours d’eau, jusque là couverte par des eaux marécageuses!, Enfin l’auteur insiste sur l'extrême variété des matériaux qu'on rencontre sur le champ de fouilles et sur le grand intérêt qui s'attache à la détermination précise de leur origine. La solution de ce problème intéresse au plus haut degré la question des rela- tions des villes antiques avec les contrées voisines. M. Cayeux termine son exposé, en notant que Directeur et Membres de l'École française d'Athènes sont aujourd’ hui con- vaincus que le concours d'un géologue est nécessaire pour l'étude d'une foule de questions qui se posent au cours des fouilles archéo- logiques. Des géologues seront appelés de temps en temps à suivre les grands ous de l'École ; ils auront ainsi l'occasion de visi- ter Het pays d'Orient et d'en étudier la géologie. 1. La dent d'Elephas antiquus découverte à Délos a été extraite des alluvions anciennes de l'Inopos (Voir L. Caxeux : Découverte de l'Elephas anliquus à l’île de Délos, Cyclades, CR. Ac. Sc., CLX VIII, p. 1089-1090, 1908). LES BRÈCHES OSSEUSES A PERFORATIONS DE LITHODOMES DE LA GROTTE DU PRINCE PAR Marcellin Boule. J'ai eu l’occasion d’insister à diverses reprises, devant la Société, sur l'intérêt que présente, au point de vue de l’histoire générale du Pléistocène méditerranéen, la stratigraphie de l’une des célèbres grottes de Grimaldi, la grotte du Prince !. J’ai fait voir qu'il y a eu, dans cette caverne, superposition de deux formations fossilifères d'origines bien différentes : une for- mation marine à Sérombus bubonius (— S. mediterraneus) et des formations continentales, dont les plus inférieures; renfer- mant la faune du Pléistocène inférieur à ÆElephas antiquus et Hippopotamus, reposent directement sur le terrain d’origine marine. J ai essayé de démontrer qu'après le dépôt de la plage à Strombus bubonius, la mer s'était retirée assez loin et que, dans son retour ou ses retours offensifs, elle n'avait jamais dépassé le seuil de la Grotte du Prince, dont tous les dépôts de remplis- sage d'origine subaérienne, formés parfois de produits très meubles, de cendres pulvérulentes, sont restés intacts. Cette dernière conclusion, ne cadrant pas avec certaines vues purement théoriques de divers auteurs, a été combattue par M. Flamand ?. Ce géologue, ayant observé, sur la paroi ouest de la Grotte du Prince, des brèches osseuses perforées par des Litho- domes, a déclaré que cette constatation « prouve bien nettement l'existence d’un mouvement positif succédant à la constitution de la brèche osseuse à faune chaude, c’est-à-dire postérieur à la grande oscillation négative de l’époque de l’£lephas antiquus ». En réponse à M. Flamand, j'ai rappelé* qu'il y a, dans la Grotte du Prince, des témoins d’un remplissage très ancien, antérieur à la plage marine et à tous les dépôts fossilifères pléistocènes, probablement d'âge pliocène, et qui s’étendait bien au delà des limites extérieures du cône de remplissage 1. M. Boue. Note sur les grottes des Baoussé-Roussé, près de Menton, B. S. G. F., (4), IV, 1994, p. 19 et V, p. 76. Voir aussi M. Bouze. Les Grottes de Grimaldi. L’'Anthropologie,t. X VIT, 1906, pages 257-289 et Les Grottes de Grimaldi. F4) V1, 4006 p2#537: SES RG PA) VE M906 M p- "553 © 1910 BRÈCHES DE LA GROTTE DU PRINCE 407 pléistocène. Des témoins de cette vieille brèche, très résistante, sont restés soudés, sur de nombreux points, à la paroi calcaire. Je disais que si les perforations des Lithodomes, observées par M. Flamand sur des blocs de brèche, sont bien dans le ciment de celles-ci, et non dans les cailloux calcaires qui la composent, e'est que ces blocs appartiennent à la brèche anté- quaternaire. Il me paraissait, en tous cas, difficile de recourir à l’explica- tion proposée par M. Flamand et je ne pouvais que répéter ce que j'avais dit plusieurs fois et ce que j'avais écrit dans mon mémoire détaillé : « La réalité d’un mouvement positif de la mer, postérieur au mouvement négatif qui a suivi la formation des plages à Strom- bus mediterraneus, ne saurait être niée puisque c’est ce mouve- ment positif qui a ramené la mer dans ses limites actuelles, mais 1] est certain que la mer n'a pu dépasser de nouveau le seuil général des grottes de Grimaldi, c'est-à-dire l'altitude de 10 mètres environ. Les dépôts meubles de remplissage de la Grotte du Prince et de la Barma di Baousso da Torre, ainsi que les cendres des foyers (même les plus inférieurs) n’ont, en effet, présenté aucune trace de remaniement ou de brassage par les flots, » Et j'ajoutais qu'il ne s'agissait pas ici d'observations faites en passant, au cours d’une visite rapide ou superficielle, mais d’un examen prolongé pendant les années qu'ont duré les fouilles dans la Grotte du Prince. Quelques jours après, M. Flamand! répliquait en insistant sur deux faits, qui ne répondaient pas d’ailleurs à mon objection prin- cipale : 1° les perforations de Lithodomes sont bien dans le ciment résistant de la brèche ossifère ; 2° l’un des échantillons présen- tés à la Société montre précisément un Lithodome ayant perforé un fragment d'os. Enfin, le 28 mars 1907, M. Ch. Depéret, me remerciant « des intéressantes rectifications » que j'avais dû apporter, quelques jours auparavant, aux détails erronés donnés par lui sur la Grotte du Prince, mais ne tenant aucun compte des arguments que J'avais opposés à l'interprétation de M. Flamand, déclarait que l« observation capitale » de son collègue « démontre définiti- vement que la ligne de rivage est remontée à + 13 m. au moins après le dépôt du Quaternaire inférieur et même, selon toute 1. G. B. M. FLamann. Réponse aux remarques de M. M. Boule. B. S. G. F., (4), VII, 1907, p. 7. 408 MARCELLIN BOULE 18 Avril vraisemblance, après le dépôt de tout le remplissage de la grotte ». « À mon avis, dit-il en terminant, il n’y a plus de discussion utile sur ces faits. » Plus j'avance dans la carrière, moins Je crois aux solutions absolues et définitives des problèmes scientifiques. Dans le cas actuel, j'aurais pu penser moi aussi, comme mon confrère de Lyon, que j'étais seul en possession de la vérité et qu'il n’y avait « plus de discussion utile » sur la question controversée. Je ne l'ai pas pensé, mais j'ai attendu, pour reprendre la parole, une occasion de revoir la Grotte du Prince et de vérifier la coupe donnée par M. Flamand. Cette occasion m'a été offerte par les fêtes d'inauguration du Musée océanographique de Monaco. Le pro- gramme de ces fêtes comprenait une visite aux grottes. Quelques jours avant, avec l’aimable et toujours dévoué concours de MM. de Villeneuve et Lorenzi, J'ai fait rafraichir les coupes de la grotte et le jour de la visite officielle, j'ai eu le plaisir de montrer à de nombreux géologues les faits importants qu'il me reste à exposer. L'argumentation de M. Flamand peut se résumer de la façon suivante : 1° La brèche osseuse, dont on observe des lambeaux soudés à la paroi ouest de la caverne, est percée par des Lithodomes. 2° Cette brèche repose sur les dépôts de la plage marine à Strombus mediterraneus ; elle lui est donc postérieure. 3° Cette brèche représente la couche n°2 des coupes détaillées, c'est-à-dire une couche séparant les foyers E et D à faune chaude. Conclusion. — Il est évident que la mer est revenue dans la Grotte du Prince après le dépôt de cette couche n° 2, c'est-à-dire après les premiers dépôts continentaux du Pléistocène inférieur. Cette argumentation est résumée graphiquement dans la coupe publiée par M. Flamand et que je reproduis ici (fig.1). Or cette coupe est inexacte ainsi que j'ai pu le faire constater à MM. Haug, de Margerie, Penck, Obermaier, Breuil et autres géologues qui ont visité la grotte avee moi le 31 mars 1910. Reprenons les divers points de l'argumentation de M. Flamand. 1° Sur le premier point, je suis entièrement d'accord avec lui : la brèche osseuse, dont on observe un lambeau soudé à la paroi ouest de la grotte, est percée par des Lithodomes : les perfora- tions sont très nettes, très nombreuses et plusieurs de mes com- 4910 BRÈCHES DE LA GROTTE DU PRINCE 409 pagnons d'excursions ont pu en emporter de beaux échantillons pour leurs collections. 2 La seconde affirmation n'est pas exacte. Cette brèche ne repose pas sur la plage marine et ne lui est pas postérieure, comme l'a affirméM. Flamand et comme il l’a figuré sur sa coupe. Les nouveaux sondages que j'ai fait exécuter sous mes yeux ont prouvé que la plage venait buter à la fois contre la paroi calcaire de la grotte et contre le lambeau de brèche, Il apparaît dès lors clairement que c'est dans la mer qui a formé la plage marine qu'ont vécu les Lithodomes dont les perforations s'observent à la fois sur la paroi calcaire et sur les brèches soudées à cette parot. La plage marine est donc postérieure à la brèche. Gelle-ce1 se poursuit d’ailleurs à l’état de lambeaux isolés, toujours soudés à la paroi et souvent percés de Lithodomes, en de nombreux points de la muraille calcaire, souvent à des hauteurs considérables, notamment vers l'extérieur où je l'avais signalée (voir monmémoire détaillé, p. 125). 3° Par suite, et contrairement à l'assertion n° 3, la brèche per- forée ne saurait être confondue avec la couche de remplissage pléistocène n° 2 de mes coupes, laquelle couche n° 2 est com- prise entre le foyer le plus inférieur de la grotte, ou foyer E, et le foyer suivant, ou foyer D. La lecture attentive de mon mémoire détaillé eût évité à M. Flamand la confusion qu'il a commise. En effet, la brèche per- forée a des caractères pétrographiques tout différents de la couche 2. Tandis que cette dernière est formée par une terre rouge, eail- louteuse et qu'elle est complètement stérile au point de vue paléon- tologique, la brèche perforée forme une roche compacte, à ciment calcaire, riche en ossements brisés et tellement dure qu'on à dû employer la poudre pour la faire sauter. Elle adhère si fortement à la paroi calcaire qu’on ne peut l'en détacher sans détacher en même temps des morceaux de cette parol. J'ai pu montrer à mes compagnons d'excursion de petits témoins encore en place dela couche 1, du foyer E, de la couche 2, du foyer D et de la couche 3. Ils offraient la disposition repré- sentée figure 2. Mes savants confrères ont pu palper el écraser entre leurs doigts des cendres du foyer E, restées en place sous un encorbellement de la brèche perforée, et reconnaître que le simple bon sens suffirait pour faire admettre que ces cendres pulvéru- lentes n’ont pu se déposer au point où on les voit aujourd'hui qu'après le départ définitif des eaux marines. Je leur a montré également des restes de la couche 2, formée d'éléments 410 MARCELLIN BOULE 18 Avril meubles et au-dessus, ce qui reste encore du foyer D surmonté par les dépôts meubles de la couche 3. Ces diverses observations sont résumées dans la coupe de la figure 2, où j'ai figuré en pointillé la suite des couches du rem- plissage pléistocène, telles qu'elles existaient avant les fouilles, et dont on ne voit plus que des lambeaux accrochés en quelque sorte à la paroi calcaire et à la vieille brèche d'âge préquaternaire Br. Blocs de brèche Pr ccumule FiG. 1. — Coupe de la GROTTE pu PRINCE, d'après M. Flamand. B.S. G.F., (4), VI, 1906, p. 541. Je devais entrer dans tous ces détails, parce que la question discutée dépasse la portée d'une vaine polémique personnelle. Divers géologues veulent que certaines plages émergées des rivages méditerranéens correspondent à un mouvement positif du Pléistocène supérieur de + 15 à20 m.Je ne m'oppose pas en prin- cipe à cette vue, mais je demande, pour l’admettre, des preuves plus sérieuses que celles qui ont été fournies jusqu'ici. Et mon exi- gence est d'autant plus légitime que la Grotte du Prince me four- nit, par contre, des faits très clairs, sans aucune ambiguïté et en complète opposition avec les théories de mes contradicteurs. Et je me crois plus fermement que jamais autorisé à répéter que sur le rivage de Grimaldi, tout au moins : 1° La Méditerranée, soit à la fin du Pliocène, soit à l'aurore 1910 BRÈCHES DE LA GROTTE DU PRINCE all du Pléistocène, atteignait, dans la grotte du Prince, l’altitude d'environ 25 m. 2° Que le niveau de cette mer s’est abaissé peu à peu jusqu’à la cote + 12 m., où elle a édifié les dépôts coquilliers à Sfrom- bus bubonius qui recouvrent le plancher de la grotte. 3° Que ce retrait s'est poursuivi jusqu'à une limite indétermi- Z Marnes cretacees FiG. 2. — Coupe détaillée prise à la GROTTE pu PRINCE. née et que, pendant ce temps, la faune chaude de Mammifères du Pléistocène inférieur a laissé ses débris dans les premiers dépôts de remplissage de la caverne. 4° La mer est revenue prendre possession des terres émergées. Mais ce mouvement positif, dont la réalité ne saurait être niée puisque c'est lui qui à ramené la mer dans ses limites actuelles, n'a pas permis à celle-ci de dépasser le seuil général des grottes de Grimaldi, c’est-à-dire l'altitude de 10 m. environ. Pour ce qui est de la généralité probable ou possible de ces phénomènes dans tout le bassin de la Méditerranée, je ne peux que renvoyer à mon mémoire détaillé (p. 145 et suiv.). NOTE SUR LES NAPPES DE CHARRIAGE DE LA RÉGION DE CAMARET (FINISTÈRE) PAR L. Azéma. En 1909, M. Jules Bergeron a soupçonné la vérité en publiant une note sur l'existence probable de nappes de charriage en Bretagne!. De notre côté nous avons publié la même année une note sur la tectonique de la pointe occidentale du Finistère dans laquelle il ne nous a pas paru rationnel de faire intervenir à ce moment des nappes de charriage ?. C'est à la suite d’une excursion faite avec M. Bergeron dans la région de Camaret, en novembre 1909, que nous avons été amené à partager les idées de ce savant géologue sur l'existence de nappes de charriage dans cette intéressante région. Nous avons donc entrepris de nouvelles études qui nous ont suggéré les conclusions développées dans la présente note. L'adoption de la théorie des nappes de charriage explique d’une façon lumi- neuse et jusque dans leurs plus petits détails les faits observés dans la région de Camaret. Si nous avons été amené à modifier les idées émises dans notre première publication, c’est que nous estimons que les questions de parti pris sont incompatibles avec la science dont le seul objectif doit être la recherche de la vérité. Dans la région de Camaret, l'examen des falaises qui, de la pointe du Toulinguet, s'étendent vers le SE. jusqu'à l’anse de Dinan et vers l'E. jusqu’à la Mort-Anglaise, donne lieu à des constatations importantes. Pour en faciliter la description, nous diviserons ce long développement de falaises en plusieurs tron- çons. 4° Ponte pu TourinGuer. — La haute falaise située à l’W. du phare du Toulinguet comprend, au milieu des puissantes assises du Grès armoricain S', une bande de 25 m. d'épaisseur com- posée alternativement de schistes noirâtres et micacés et de grès siliceux. L'épaisseur des lits schisteux varie de 2 à 5 em. et celle des lits de grès de 10 à 30 cm. ; on compte plus de 150 ?) couches dans l'épaisseur totale de la bande. 1. J. BERGERON. Sur l'existence probable de nappes de charriage en Bretagne. BSAGUE NE) MHO00 IX pr 13: 2. Azéma. Note sur la tectonique de la Pointe occidentale du Finistère, Bull. Soc. Sc. nat. de l'O. de la France, (2), IX, 1909, p. 159. Pire da Zoulinga el ei Zeac eo b Îte Foalu y el ; Men d'afa 1910 NAPPES DE CHARRIAGE DE CAMARET 413 La direction stratigraphique des roches est de 120° avec pen- dage de 50° au NE. La bande schisteuse se prolonge sur une longueur de 350 m., parallèlement aux falaises S. de la pointe, jusqu'à hauteur d'une faille transversale où elle disparaît après s'être piissée et redressée. L'extrémité SW. de cette faille, voisine du mur PE Ga Gouin Een ER Anse de(amaret . LS Barbie. a ve o Phare CA < ”. 4 Bi + PÉdeRènffi ES # Line Pie SE pis de É* Pre frrlzen qe Anse dé Dinan. FiG. 1. — Carte de la RÉGION DE CAMARET. — 1/60 000, d'enceinte du fort, est très apparente ; il n’en est pas de même de l'extrémité opposée, cachée qu'elle est par les éboulis de la crête rocheuse qui ferme à l'W. l'anse de Port-Naye. Le massif rocheux, qui continue la falaise à l'E. de la faille, est également constitué par du Grès armoricain S', dont les lits peu visibles ne concordent plus avec ceux de la pointe du Toulin- guet. Direction générale 30° avec pendage de 60° à l'E. La falaise rocheuse disjointe et brisée est de nouveau faillée et per- cée de nombreuses excavations qui constituent les fameuses grottes du Toulinguet. Ce massif a été considéré comme consti- tuant le flanc W. de l'antichinal dit de Port-Naye. Nous avons reconnu dans une précédente étude, qu'il se soudait autrefois à la colline de Lagatjar, par-dessus le Précambrien de l’isthme de Port-Naye, en raison de la direction de ses lits rocheux. En définitive, 1l existe un changement de faciès entre les rochers de la pointe du Toulinguet et ceux du flanc W. de l’an- AU L. AZÉMA 18 Avril ticlinal de Port-Naye. Les premiers, plissés à 120°, englobent la série d’îlots et d’écueils qui s'étendent vers le large jusqu’à la chaussée de la Vandrée et vers la terre jusqu'au dôme de la Mort-Anglaise. Quant aux solutions de continuité, qui existent dans cette ligne, elles résultent des effets de l'érosion. Les seconds, c'est-à-dire les rochers de l’anticlinal de Port-Naye, constituent comme nous le verrons plus loin, le bord frontal d’une nappe de charriage. 20 ANSE DE PEN HAT. — Le rivage, qui borde cette anse, est formé de dunes mouvantes, qui recouvrent les schistes précam- briens X. Ceux-ci se prolongent, comme nous l'avons vu dans une étude antérieure, sous les deux massifs de Grès armoricain du Toulinguet à l’W. et de la colline de Lagatjar à l'E. Il est probable que la solution de continuité entre ces deux massifs n'existait pas autrefois ; cet intervalle devait être recouvert par les débris rocheux de la nappe de charriage en mouvement et balayés depuis par les dénudations. Mais, fait digne de remarque, la bande de contact avec la pointe du Toulinguet, quoique forte- ment tourmentée, est restée en place, tandis que la partie inter- médiaire a disparu. 3° Poixre pe PEN Hir. — Cette pointe limite au S. la longue colline de Lagatjar qui se prolongeait autrefois plus avant dans la mer par les rochers des Tas de Pois qui en sont les derniers vestiges. Le fait capital à retenir est la présence dans la partie médiane de la formation de la même bande de schistes et de grès que nous avons observée à la pointe du Toulinguet. Cette bande que l’on peut étudier dans les grandes cassures voisines de la batterie de Kerbonn, se prolonge sans interruption de la pointe de Pen-Hir au S. jusqu à la pointe du Grand Gouin au N. Les lits de schistes et de grès de la bande, presque verticaux au S., s’inchinent de plus en plus en remontant vers le N. où finale- ment ils ont un pendage de 45° E. IL est permis de conclure de cette disposition que le massif de Grès armoricain, S’, de la colline de Lagatjar, appartient à la même formation que celui de la pointe du Toulinguet. Si aujourd’hui le premier a pour direction 20° avec pendage de 80° à l'E., et le second 120° avec pendage de 50° au NE., c'est qu'ils ont été dérangés de leur position primitive. Il semble rationnel d'admettre, en raison de la proximité du massif granitique du Léon, qui constitue par la ligne « pointe St-Mathieu-Brest » le rivage N. du bassin intérieur et auquel vient s'appuyer, sous A Pen Air Chem de 1910 NAPPES DE CHARRIAGE DE CAMARET 415 l'Iroise, l’assise de Grès armorieain « pointe du Toulinguet-la Mort Anglaise » que, seul, le massif de Lagatjar a effectué un déplace- ment angulaire d’une amplitude de 100° environ lors de son mouvement de translation. Le résultat de ce déplacement a été de placer la colline de Lagatjar à cheval sur l’anticlinal de Port- Naye qu’elle recouvre en stratification discordante. 4° ANSE DE PEN Hir. — Les falaises qui contournent cette anse présentent la plus belle coupe géologique des terrains paléo- zoïques de la Bretagne. La série des étages du Silurien et une portion du Dévonien inférieur y sont représentées. Toutes ces couches, malgré des différences notables dans les directions et la présence de gondolements qui résultent de l'inégale compres- sibilité des schistes et des grès, sont disposées en stratification concordante. _Ravinr Cainarelt FiG. 2 — Coupe suivant le plan ABCD de la figure 1. — 1/22500. d', Dévonien ; S#, Gothlandien; S3, Ordovicien supérieur; $,Ordovicien moyen; S', Ordovicien inférieur; Sc, Schistes ; X, Schistes précambriens. Les schistes d'Angers S°, et les grès de Saint-Germain $, ont un pendage de 45° SE. Quant au Gothlandien S‘, composé de schistes plastiques et compressibles, il est resserré à la base et, au contraire, épanout en éventail dans la partie supérieure où il forme des crochons que nous avons essayé de représenter dans la coupe. F1G. 3. — Détails de la coupe du Gothlandien de la figure 2, — Même légende. Les couches les plus rapprochées du grès de Saint-Germain participent au même pendage que lui, mais plus à l'E., les têtes de couches se redressent de plus en plus et finalement se ren- versent avec plongement vers le NW. Le calcaire dévonien d', qui vient ensuite, est complètement renversé et a également un plongement vers le NW. L'assise suivante, formée de grès en lits de 40 em. envi- ron, à comme direction 100° avec pendage de 30° au N. Cette 416 L. AZÉMA 148 Avril assise recouvre le calcaire dévonien en stratification discordante et constitue un contact anormal. Quoique dépourvu de fossiles, ce grès doit être rapporté au Grès armoricain S', conformément à l'opinion de M. Bergeron; car il possède un faciès lithologique identique à celui du massif de la Tavelle dont il sera question plus loin. Ces dispositions nous permettent de conelure que toute la série des couches siluriennes s’est déplacée sous l'influence d'une force extérieure qui a plaqué successivement toutes ces assises sur le Grès armoricain de la colline de Lagatjar en bandes concordantes. Quant à la couche de Grès armoricain S!, qui recouvre en stratification discordante le calcaire dévonien d', elle constitue le front de poussée et la force restante dont elle était animée a suffi pour lui faire effectuer son chevauchement sur le calcaire dévonien. La ligne de séparation entre ce dernier et le grès qui le sur- monte suit la bordure occidentale du plateau de Penfrat ainsi que l'indique M. Barrois dans sa carte géologique. Faille NW. ne Zaille ss ÉAEA Kersanlon FiG. 4. — Détails de la coupe de l'Ordovicien de la figure 2. — Même légende, 5° PoinTe DE LA TAVELLE. — Le massif de Grès armoricain Si, de la pointe de la Tavelle est constitué par des grès en lits de 0 m. 40 d'épaisseur environ. La direction générale est de 20° avec pendage de 30° EES. — Cette direction est la même que celle de la colline de Lagatjar ; ces deux massifs gréseux sont donc parallèles. La pointe de la Tavelle est limitée vers le N. par une falaise qui se prolonge sur 300 mètres de longueur jus- qu'àune petite crique limitée par deux faillesespacées de 200 mètres et que M. Bergeron 2 distinguées sous le nom de faille N et de faille S. — La falaise comprise entre ces deux failles se compose de lits alternatifs de schistes et de grès ondulés, plissés et faillés dont le faciès est semblable à la bande de schistes et de grès que nous avons signalée comme étant intercalée dans le Grès armori- cain de la pointe du Toulinguet et de la colline de Lagatjar. 1910 NAPPES DE CHARRIAGE DE CAMARET Pa —) M. Bergeron, qui a donné de cette falaise une description détail- lée, sur laquelle nous ne reviendrons pas, a attribué au Dévonien inférieur ce lambeau de terrain qui, dit-il. s’est trouvé enclavé dans l’assise de Grès armoricain soit par un mouvement d'exhaus- sement de sa part, soit par un mouvement d’abaissement des grès. Pour nous, cette portion de la falaise n’est autre qu'un frag- ment de la bande de schistes et de grès intercalée dans le Grès armoricain ; sa présence anormale sur ce point est la conséquence du chevauchement du Grès armoricain sur le calcaire dévonien dont nous avons parlé plus haut. Les surfaces de contact des deux assises taillées à 45° ont facilité la pénétration du calcaire dans la masse du grès de sorte que le calcaire, en pénétrant en orme de coin dans la partie schisteuse du Grès armoricain, a déterminé son exhaussement et son apparition à l'extérieur à la faveur d’un hiatus qui s’est produit dans les lits supérieurs. Une autre hypothèse, plus vraisemblable peut-être, serait d'attribuer cette anomalie de constitution à une poussée de kersantite dont un filon existe au bas de la falaise. En conséquence, le massif de la Tavelle, qui fait partie du grand massif de Grès armoricain du centre de la presqu'ile de Crozon, doit être considéré comme le propulseur du mouvement qui a transporté la nappe de Camaret sur l’anticlinal de Port- Naye. Dans l'exécution de ce mouvement, la bordure du grès a chevauché sur le calcaire dévonien. 6° Poivre DE PortzGtex. — La pointe de Portzguen, ainsi que celle de la Tavelle, fait partie d'un massif de Grès armoricain S!, affectant la forme d'un triangle dont la base, fortement entamée par la mer (anse de Dinan), est reliée par l'extrémité E. à l’an- üclinal de Crozon, dont l'angle au sommet (Penfrat) est inter- calé entre l'antichinal de Port-Naye et le dôme de la Mort Anglaise et dont les côtés latéraux présentent des contacts anor- maux. Le massif considéré que nous appellerons Penfrat-Kerloch’ forme deux plis anticlinaux. au N. Penfrat-le-Restou, au S. la Tavelle-Kerloch'. Le synelinal qui sépare ces deux anticlinaux contient une par- üe de l’assise des Schistes d'Angers S?, pincée dans les grès. Cette assise pousse des ramifications entre la Tavelle et Portz- guen jusqu aux falaises du rivage et plus au S. par le défilé de 7 janvier 1911. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 27. 418 L. AZÉMA 148 Avril Kerloch sur le revers S. du mamelon 61. Ces détails ne figurent pas sur les cartes géologiques. Les lits de Grès armoricain de la pointe de Portzguen ont une direction de 40° avec pendage de 55° au SE. Cette direction de 40° est supérieure de 20° à celle des grès de la pointe de la Tavelle et inférieure également de 20° à celle des grès du mamelon 61. Donc, sur le bord S., l'angle de la direction des grès du plateau Penfrat-Kerloch va en augmentant dans le sens de l'W. à l’E., c'est-à-dire en se rapprochant du centre de la presqu'île de Cro- zon où tous les anticlinaux de même nature ont une direction constante de 60°. Ces changements de direction sont la loi dans les nappes. En définitive, la disposition des plis anticlinaux, de même que la direction irrégulière des lits de roches, indiquent que des pres- sions considérables se sont exercées aussi bien de l'E. vers l'W. que du S. vers le N. Ces dispositions montrent que la nappe a pu se modeler au point de vue de ses reliefs sur un substratum bos- sué, plissé, ou bien encore qu’elle a pu, elle-même, être ondulée sous l’action de poussées postérieures à son charriage. T° RivaGE pu NORD DE LA RÉGION DE CAMARET. — L'examen de la falaise qui, de la pointe du Toulinguet, s'étend vers la Mort- Anglaise sur le bord septentrional de la région de Camaret, donne lieu aux constatations suivantes : La falaise N. de la pointe du Toulinguet, taillée dans le sens des plans de stratification du Grès armoriçain, se compose d'immenses plaques rocheuses inclinées de 50°. Non loin du bord, derrière la petite caserne du Fort, on remarque une couche de galets de 10 à 15 cm. d'épaisseur, interstratifiée dans le grès. Ces galets, dont la grosseur varie de 2 à 15 em., tranchent en noir sur le blanc de la roche. Examinés en plaques minces, ils sont constitués par des grains de silicé cimentés par de la silice souillée par de l'argile et de l’oxyde de fer. Nous retrouverons des galets identiques à la Mort Anglaise, falaise située à l'E. de Camaret ; nous aurons l'occasion de revenir sur ce fait important. La falaise de l’anse de Port-Naye de 15 mètres de haut est constituée par les schistes précambriens X, qui ne présentent rien de particulier ; il en est de même de la grande falaise de la pointe du Grand-Gouin, qui donne cependant un profil remar- quable de la colline de Lagatjar. Le rivage de l’anse de Camaret, quoique encombré de con- structions, permet d'apercevoir l'extrémité N. de toutes les 1910 NAPPES DE CHARRIAGE DE CAMARET 419 couches que nous avons reconnues autour de l’anse de Pen-Hir ; ce sont : les Schistes d'Angers S?, qui apparaissent au Courijou, près de la pointe du Grand-Gouin; les Grès de Saint-Germain 5, qui forment la petite falaise rocheuse de Notice au fond du port de Camaret ; les schistes du Gothlandien S', qui apparaissent sur les bords du ruisseau à l'E. du port ; enfin, le Dévonien d’, qui s'étend depuis la sortie de Camaret jusqu'au ruisseau qui coupe la falaise entre le port et la Mort-Anglaise. I est à remarquer que les sédiments composés de schistes tendres et friables comme $? et Si, sont creusés par des thalwegs, tandis que les grès durs et compacts, comme S! et S3, corres- pondent aux éminences. La Morr-ANGLAISE est la haute falaise de Grès armoricain située à l'E. de l’anse de Camaret. Cette falaise est rompue en son milieu par un épanchement de diabase qui a déplacé les deux tronçons. Ceux-ci ne peuvent, en conséquence, donner une indication précise sur la position primordiale de la falaise. La pointe de Sainte-Barbe qui, au contraire, prolonge dans la mer l'extrémité N. de la falaise à laquelle elle est rattachée par des lits de grès ployés, nous donne la direction primitive du massif. Cette He est Justement identique à celle des rochers de la pointe du Toulinguet ; de plus, l’on trouve dans les bancs supé- rieurs de la MO nelane le lit de galets dont nous avons signalé la présence dans les roches situées au N. de la petite easerne du Fort. Ces constatations permettent d'établir que la falaise de la Mort-Anglaise appartient à la même assise que celle du Toulinguet : sur ce point, elle aurait été ramenée au jour par un bombement. Enfin, le plateau de Grès armoricain Penfrat-Kerloch’, dont le bord septentrional est peu distant de la Mort-Anglaise, délimite, vers le NE., une série de plis synclinaux et anticlinaux dont les déchirures superticielles amènent les contacts anormaux que l’on y constate. CONCLUSION. — Si nous condensons toutes les observations que nous venons de faire au cours de la présente étude, il devient relativement facile d'expliquer les phénomènes orogéniques qui ont donné à la région de Camaret son aspect actuel. Les sédiments paléozoïques déposés dans le bassin intérieur breton, qui était limité au N. par le massif granitique du Léon et au S. par celui de Cornouaille, ont été affectés par le plisse- ment hercynien qui a été un paroxysme, ayant donné à la Bre- 420 L. AZÉMA 18 Avril _tagne son aspect définitif. Les terrains de la presqu'ile ont été plissés à 60°, c'est-à-dire parallèlement à la bordure S. du Léon (rivage N. de la rade de Brest et vallée de l'Elorn). C’est, sans doute, ce plissement qui a donné naissance à l’anti- clinal de Port-Naye. L'assise de Grès armoricain, peu élastique, s'est rompue à hauteur de cet anticlinal. La cassure s’étendait SSY D de Los/inarch Pornte de Dinar Carte de la RÉGION pe Dixax et coupe suivant AB. — 1/30000. Même légende. suivant une ligne jalonnée par la Mort-Anglause, Pointe du Tou- | linguet, ilots et récifs au S. de l’Iroise et chaussée de la Vandrée. D'autre part, si l’on tient compte de la faille, presque parallèle à la cassure, qui s'étend de la pointe de Dinan à l’anse de Mor- 1910 NAPPES DE CHARRIAGE DE CAMARET % to Eee gat, en limitant au N. une zone d’effondrement !, on en conclut que les portions de sédiments paléozoïques enclavées entre ces deux failles se sont trouvées sur les bords de la nappe et, dans ces conditions, au heu de progresser avee la nappe en un tout compact, elles ont pu, à cause du jeu existant entre les compar- tüments, effectuer un déplacement angulaire qui les a portées en travers sur l’anticlinal de Port-Naye. En résumé, 1l existe deux nappes ou deux débris de nappes de charriage dans la région de Camaret : une première nappe, qui, après avoir effectué un déplacement angulaire, a été portée entre la pointe du Toulinguet et le massif de la Tavelle ; une seconde nappe qui, constituée par le massif de la Tavelle, s'est avancée dans la dépression comprise entre l’anticlinal de Port-Naye et le dème de la Mort-Anglaise sous l'influence d'un mouvement de translation venu du SE. (Crozon). Le mouvement de la première nappe a été subordonné à celui de la seconde. Ces dispositions confirment l'opinion de M. Jules Bergeron qui estime que l’allure du Paléozoïque de la presqu'ile de Crozon est celle d’une nappe avec des déchirures, des chevauchements de débris de nappes ayant évolué sur le substratum précambrien. En définitive, la théorie si séduisante des nappes de charriage appliquée à la région de Camaret permet d'expliquer, sans fiction, sa contexture compliquée, qui, jusqu’à présent, avait défié toute interprétation basée sur les errements anciens. M. J. Bergeron relève dans la communication de M. Azéma trois points qui lui paraissent particulièrement intéressants. Ce sont d'abord deux corrections à introduire dans la coupe donnée par lui de la 1. La partie des falaises qui s'étend de la pointe de Dinan (Grès armori- cain) à la pointe de Lostmarch (Gothlandien) appartient à un lambeau de l'assise dévonienne reposant sur le Gothlandien. A la pointe de Dinan, une faille sépare le Gothlandien d'une étroite bande de Grès armoricain dans laquelle des fragments de l'ordovicien moyen sont restés engagés. Il n'est pas douteux que le Grès armoricain, qui a même direction et même pendage que celui du massif de la pointe de la Tavelle, se soudait à ce der- nier par-dessus l'anse de Dinan. A la pointe de Lostmarch une seconde faille sépare le Gothlandien de l’Ordovi- cien supérieur, L'assise dévonienne comprend le Gédinnien (schistes et quartzites de Plougas- tel) et une portion du Taunusien (grès de Gahard) caractérisée par un banc de grès blanc de 10 à 20 m. d'épaisseur riche en Orthocères. L'étude du plissement de cette partie du rivage, qui se dessine par la trace blanchâtre du grès sur la couleur sombre des roches encaissantes, est pleine d'intérêt, car elle montre l'énergie des forces qui ont plissé ces assises au milieu desquelles le Dévonien s’est effondré. L'examen du planet de la coupe de la figure 5 dispense de loute description. L. AZÉMA 18 Avril ES Lo) [Ro] falaise s'étendant de la pointe de Pen Hir à la pointe dela Tavelle !. Là où le Gothlandien est renversé sous la nappe des Grès armoricains de la Tavelle, existent des bancs calcaires dévoniens, également renver- sés, signalés déjà par M. Barrois, mais qu'il n'avait pas figurés. En second lieu dans la nappe de Grès armoricains de la Tavelle, il y a entre les deux failles qu'il a désignées sous les noms de faille Nord et faille Sud, un complexe de feuillets gréseux et schisteux dont M. Azéma, a bien établi l’âge silurien et non dévonien. Le troisième point est de beaucoup le plus important. M. Azéma qui avait combattu ? l'existence de la nappe de la Tavelle, l'admet com- plètement maintenant, à la suite d'une excursion faite ensemble à l'automne dernier. Pour M. J. Bergeron, comme pour M. Azéma, les assises siluriennes de Lagatjar et de la Mort-Anglaise appartiennent à une même bande, mais celle-ci serait affectée de deux anticlinaux entre lesquels il y aurait eu une dépression occupée par la nappe de la Tavelle correspondant au plateau de Restou et de Kerloch. Sur les cartes géologiques, ce plateau est circonserit vers le N. par des tracés de failles qui indiquent en réalité des contacts anormaux, comme sont ceux des nappes avec les terrains qui les entourent. 1. J. BeRGERON. Sur l'existence probable de nappes de charriage en Bretagne. BISUG: EF: (4) 1X,1909 p.16, fig: 4 2. Azéma. Note sur la tectonique de la pointe occidentale du Finistère. B. Soc. Se. nat. de l'Ouest de la France, (2), IX, 1909, p. 166. Séance du 2 mai 1910 PRÉSIDENCE DE M. D. ŒHLERT, VICE-PRÉSIDENT Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le Président communique une lettre de M. le chanoine Almera annonçant la mort de notre confrère M. l'abbé N. Font y SAGuë. Le. Président proclame membre de la Société . M. Mansard, à Paris, présenté par MM. A. Stuer et A. Lacroix. Deux présentations nouvelles sont annoncées. Le Président fait connaître qu'au nombre des prix qui ont été décernés par la Société de Géographie dans son Assemblée générale du 22 avril dernier figurent les récompenses suivantes, attribuées à des membres de la Société géologique de France. Prix Herbet-Fournet (6 000 fr. et médaille d’or), à M. Louis GENTIr, pour ses explorations au Maroc (1904-1909). — Prix Pierre-Félix Fournier (1 300 fr. et médaille spéciale), à M. Emm. ne MARTONNE, pour son « Traité de Géographie physique ».— Prix Francis Garnier (médaille de vermeil), à M. le capitaine G. ZEIL pour ses explorations aux fron- tières de la Chine. — Prix William Huber (médaille d'argent), à M. J. Révir, pour ses études sur les Alpes françaises. En outre, le Prix Conrad Malte-Brun (médaille d’or) a été décerné à M. Bailey Willis, pour ses travaux sur la géologie de la Chine; le Prix Jules Girard (médaille d'or), à M. Léon Collet pour ses tra- vaux sur les dépôts marins ; le Prix Auguste Logerot (médaille d'or), à M. le D' Legendre pour ses explorations dans l'Ouest de la Chine et le Prix Jomard (Monuments de la Géographie), à M. Raymond Weill pour son ouvrage : « La presqu'île du Sinaï ». M. Em. Haug offre le deuxième fascicule du tome IT de son « Traité de Géologie ». Ce volume de 468 p. avec 110 fig. ou cartes dans le texte comprend la suite de l'étude des Périodes géologiques : le Jurassique et le Cré- tacé. Une bibliographie copieuse complète ces deux chapitres. Enfin, l'éditeur Armand Colin a, comme pour les fascicules précédents, fait reproduire d’une façon remarquable 20 planches hors texte. M. O. Couffon offre un tiré à part. de sa note : Guide du géo- logue en Anjou. I, Chalonnes, Saint-Aubin-de-Luigné, Montjean, Saint-Pierre-Montlimart (Bull. Soc. Natural. parisiens, 1908, V), 39 p., 3 pl., 29 fig., dans le texte. 42% SÉANCE DU 2 MAI 1910 Dans cette note l’auteur donne les programmes des journées d’ex- cursion aux environs de Chalonnes, indiquant les points particulière- ment intéressants tant au point de vue tectonique que paléontologique et industriel. L'étude de chaque gisement paléontologique comporte, outre l'indication du point fossilifère, une liste complète de la faune rencontrée Jusqu'à ce Jour. M. O. Couffon attire l'attention des membres présents sur le 1° fascicule de la 3° série de Palaeontologqia Universalis (58 fiches, 31 planches, 27 textes) dû à la collaboration qu'ont bien voulu Jui apporter MM. Paul Lemoine, Chelot, Robert Douvillé, Depéret et Reman, Sacco et surtout M. Jean Boussac. M. L. Cayeux offre de la part de l’auteur le mémoire suivant : E. Fleury : Le Sidérolithique suisse. Contribution à la connais- sance des phénomènes d’altération superficielle des sédiments (Mém. Soc RribScNat Géolet Géoqrs s-N1/260!p:, 1909 L'étude de cette formation embrasse celle de tous les phénomènes d’allération superficielle et des dépôts de nature très variée, ferrugi- neux ou non, qui en sont le résultat. M. Fleury décrit le Sidérolithique suisse, envisagé successivement au point de vue géographique, lithologique, straligraphique et paléon- tologique ; puis il expose les nombreuses hypothèses émises sur l’origine de ce terrain et ses vues personnelles sur la question. I] dis- tingue deux phases dans la genèse du Sidérolithique proprement dit : la première, qui n'est autre que l'élaboration des matériaux du Sidé- rolithique, se résume en une « latérisation des roches calcaires », la seconde consiste en une transformation de la latérite primitive qui prend peu à peu les caractères du Sidérolithique actuel. M. Fleury donne à sa théorie de la sidérolification le caractère d'une hypothèse, appuyée sur des faits d'observation et d'expérience, que des recherches complémentaires préciseront et corrigeront s'il y a lieu. Marius Filliozat. — Le Turonien de Villedieu. Le calcaire dur de La Ribochère, qui forme la base de la craie de Villedieu, repose sur une craie sableuse, jaunâtre, à nom- breux moules de Calianassa et de Pélécypodes, dont la faune diffère un peu de l’assise à Terebratulina Bourgeoisi, avec laquelle elle a été confondue. Elle renferme pourtant des espèces qui lui sont propres : Onychocella meandrina »'Ors., 0. Dorylas »'Ors!., Baculites sp., Pycinaster sp.° se la forme zoariale se rapproche beaucoup de celle d'Onychocella acasla. . Les plaquettes marginales de cette espèce, qui sera décrite ultérieurement, rs fortement aplaties à la partie supérieure de leurs facettes articulaires. SÉANCE DU 2 MAI 1910 0198 C'est cette assise qui, près de Tours, à Fondettes, au con- fluent de la Loire et de la Choisille, forme la berge encore visible, perpendiculaire au pont de la Motte, ainsi que la base de la colline, qui, en face, à quelques mètres de là, sur la route de Tours à Langeais, domine la vallée. A Château-du-Loir, dans le ravin de Goulard, cette même assise recouvre une craie micacée, glauconieuse, à Æ£xrogyra columba var. gigas, moules de grosses Turritelles, qui, elle- même, reposesur une craiegrisâtre, sableuse, à nombreux rognons de silex diversiformes, renfermant Membranipora janieresensis, et dont la partie supérieure est remplie d'Exogyra turonensis. Cette dernière assise constitue, près de Sougé, au lieu dit Saint-Amador, la partie supérieure du coteau. On la voit recou- vrir, un peu plus loin, à La Billette, la craie très fossilifère à Terebratulina Bourgeotsi. L. Carez. — fésumé de la Géologie des Pyrénées". M. L. Carez expose le résumé de la géologie des Pyrénées françaises d’après ses travaux personnels et ceux de tous les géologues qui ont étudié cette région. Il fait connaître la composition, la nature des sédiments et l'étendue géographique pour chacun des terrains qui se montrent soit dans les Pyrénées, soit dans la zone sous-pyrénéenne. Il s'occupe ensuite de la structure, notamment des plis (direction et âge), des failles, des chevauchements et charriages, des trans- gressions et discordances. Il insiste sur ce fait que si les chevau- chements et renversements se portent généralement de l'axe de la chaîne vers la plaine, il en existe aussi d'incontestables en sens inverse ; 1l déclare également que les chevauchements sont extrèmement fréquents, mais qu'il n'y a pas de grands char- riages ayant cheminé sur une étendue horizontale considérable. Il donne ensuite un aperçu de l'étendue des mers aux diverses époques géologiques et termine par l’histoire géologique de la chaine. M. Léon Bertrand aurait à formuler de nombreuses observations, relatives aux conclusions stratigraphiques et tectoniques de la synthèse pyrénéenne que vient d’esquisser M. Carez. Mais, pour beaucoup d’entre elles, il ne ferait que répéter ce qu'il a dit dans ses publications antérieures, et 1] prépare lui-même un essai de coordination de même ordre, qui mettra en lumière les divergences de ses interprétations et 1. Une note détaillée sera insérée u.térieurement. 326 SÉANCE DU 2 MAI 1910 de celles de M. Carez. Il se réserve, toutelois, de développer les obser- vations qu'il jugera nécessaires, lorsque la communication de M. Carez sera imprimée et qu'il pourra alors faire allusion à un texte précis et définitif ; d'autre part, il attendra, pour défendre ses propres conclu- sions, que M. Carez les ait combattues dans la communication qu'il vient d'annoncer pour une prochaine séance. M. L. Garez prend acte de ce que vient de dire M. L. Bertrand au sujet de la direction variable des chevauchements et renversements sur un même versant de la chaine. Cette adhésion à une manière de voir contraire à celle qui est professée par de nombreux géologues rendra plus facile la tâche de M. Carez, lorsqu'il s'efforcera de démontrer dans une prochaine communication la non-existence de certains charriages. M. E. de Martonne ne croit pas que les géographes puissent main- tenant admettre que les plissements des Pyrénées attribués à l Éocène par M. Carez représentent les derniers mouvements du sol auxquels cette chaîne doit sa configuration actuelle. Il n'est pas concevable qu'une chaîne de plissement éocène ait conservé jusqu'à présent des reliefs de 2? 000 à 3 000 m. ; l'érosion aurait dû les aplanir, à moins que des mouvements du sol ultérieurs n'aient rajeuni le relief. M. E. de Martonne serait heureux de savoir si la connaissance approfondie des Pyrénées que possède M. Carez lui permettrait de donner des indices de pareils mouvements. Quant à lui, les faits morphologiques qui lui sont connus dans les Pyrénées centrales et orientales lui font concevoir des mouvements du sol assez récents comme très vraisem- blables. Il n’est pas rare en effet de trouver dans les Pyrénées Jusqu'à des altitudes très grandes des surfaces d'érosion anciennes, sans rap- port avec la tectonique, comparables aux anciens niveaux d'érosion qu'il a révélés dans les Karpates. Ces surfaces séniles sont découpées par des vallées jeunes. On ne peut guère s'expliquer cette disposition que par des mouvements postérieurs au plissement éocène, mouve- ments qui ont pu être des mouvements d'ensemble, bombements et gauchissements, peut-être avec plis ou failles marginales. M. E. de Martonne est persuadé que lorsqu'on entreprendra l'étude morpholo- gique détaillée des Pyrénées orientales on sera amené à une concep- tion qui ne différera probablement pas beaucoup de celle-là. Il serait intéressant de savoir si la géologie peut dès à présent apporter quelques faits à l'appui de cette hypothèse. M. Carez répond que l'absence de plissements ou même de mouve- ments d'ensemble de quelque importance pendant les temps miocènes ou pliocènes paraît bien démontrée par l'allure régulière et l'horizontalité des couches postérieures au Ludien-Sannoisien aux abords desP yrénées. Il y a eu toutefois un mouvement d’exhaussement post-miocène du côté de l'Atlantique, post-plioeène du côtéde la Méditerranée, puisque l'on trouve des dépôts marins de ces âges à une petite distance des côtes actuelles; mais ces mouvements d'ensemble n'ont eu qu'une 1 EN] SÉANCE DU 2 MAI 1910 4 faible amplitude (quelques dizaines de mètres au plus) et n’ont causé ni phissements, ni dislocations. 0. Mengel'!'. — En réponse aux questions posées ci-dessus par M. E. de Martonne, je crois devoir rappeler tout d’abord que dès janvier 1907, dans une note intitulée « Essai sur le creusement des val- lées de la Tet et du Tech » (48° Bull. Soc. Agr. Sc. et Latt. des Pyr. Orientales) j'appelais l'attention, pour la première fois, je crois, sur les traces de divers stades d’érosion qu'offre le profil dés ailees de la Tet et du Tech. Je distinguais alors deux paliers, que je considérais comme les indices de deux phases principales d’érosion, corrélatives d'abaissements successifs du niveau de base. J'ai retrouvé, depuis lors, les mêmes paliers sur le revers méridional des Pyrénées, dans la région de Ribas notamment, où le phénomène est des plus nets. De plus dans une note en cours de publication : Tour d'horizon géologique sur les environs de Banyuls-sur-Mer, je mentionne quelques captures d'anciennes vallées : par exemple celle de la vallée éteinte de Tortella-Beudà par la vallée actuelle de Besalü avec palier de cailloutis intermédiaire; celle de la partie supérieure de la vallée de Raimbeau par la vallée des Abeilles. Et je considère ces divers phénomènes comme liés à des mouvements d'ensemble du sol, accompagnés peut-être de bossellements partiels qui auraient, locale- ment, donné lieu à quelques discordances dans la stratification des dépôts post-éocènes. Ces manifestations sont assez fréquentes dans l’ancien golfe pliocène du Roussillon. C’est ainsi que dans la tranchée du tunnel de Bouleter nère on peut voir une assez grande épaisseur d’alluvions caillouteuses quaternaires horizontales reposer en discordance complète sur des limons sableux pliocènes inclinés vers l'Est de 30° environ. La nature des dépôts, aussi bien que la régularité d'épaisseur et le plongement des strates dénotent une sédimentation originelle horizontale plutôt que torrentielle. Je rappellerai aussi le plongement quasi-paradoxal des cailloux pliocènes ou pléistocènes de la Cerdagne (Osséja) vers l'extérieur du bassin. Je me propose d’ailleurs de revenir ultérieure- ment sur ces questions intéressantes. 1. Obs. présentées par M. Léon BERTRAND à la séance du 23 mai 1910. LES FILONS D'OR ET LES ROCHES ÉRUPTIVES DE LA RÉGION D ANDAVAKOERA A MADAGASCAR Par L. De Launay!. Deux ingénieurs récemment revenus de Madagascar, MM. Bordeaux et Callens, ont bien voulu me communiquer les échan- tillons de roches et de minerais recueillis au cours de leurs mis- sions dans la région d’Andavakoera et les accompagner de ren- seignements sur leur provenance. L'examen de ces échantillons me parait conduire à quelques conclusions intéressantes sur la formation des filons aurifères. Bien qu'il soit très délicat de don- ner une appréciation métallogénique sur un gisement que l'on n'a pas visité soi-même, et surtout quand ce gisement, comme dans le cas présent, est encore uniquement connu à ses affleure- ments, Je crois pouvoir (en restant, bien entendu, sur le terrain strictement scientifique) conclure d'observations qui ne sont pas toujours concordantes, un certain nombre de faits précis, dont l'exposé sera fait brièvement ici. D'une façon générale, les roches dont il va être question m'ont été toutes remises par M. Bordeaux. Les échantillons de quartz aurifères proviennent : les uns de M. Bordeaux qui a fait une étude plus générale de l'ensemble du pays; les autres de M. Callens qui a porté une attention très minutieuse et prolongée sur quelques points par- tüculiers. En ce qui concerne la géologie générale de la région considé-- rée, nous possédons, dans les belles études géologiques de M. Paul Lemoine sur le Nord de Madagascar, un document très jrécieux, que complètent, d'une façon magistrale, pour la pétro- graphie d'une région voisine, lesmémoires de M. A. Lacroix sur la province d'Ampasindava. M. Henri Douvillé, dans une com- munication récente, a annoncé en outre la découverte si impor- tante du Trias fossilifère. Les renseignements que je possède permettent d'ajouter à ces travaux quelques détails nouveaux. 1. Note présentée à la séance du 21 février 1910. 1910 OR ET ROCHES ÉRUPTIVES À MADAGASCAR 429 GÉOLOGIE DE LA RÉGION. — On sait qu'il existe, vers Andava- koera, à une centaine de kilomètres au Sud de Diego-Suarez, une zone oblique NE.-SW. de sédiments comprenant du Jurassique inférieur, du Lias, et, d'après la dernière communication de M. H. Douvillé, du Trias, quise prolongeauSW. vers Ampasindava. Cetet zone repose, vers le Sud, en discordance, sur des micaschistes et gneiss et plonge en moyenne vers le Nord. Elle est recoupée par un certain nombre d'accidents et de failles, en rapport avec lesquels sont des roches éruptives, des filons métallifères et de nombreuses sources thermales. C'est assez loin au SW. dans la région d'Ampasindava et de Nosy-Bé que se trouve la remar quable province pétrographique de roches alcalines étudiée par M. À. Lacroix; mais M. P. Lemoine avait déjà reconnu et signalé, dans la vallée de la Loky, entre Ambodibonare et Ambarata, des roches du même genre!. Dans l'intervalle, les échantillons de M. Bordeaux montrent l'extension d’une série pétrographique analogue, dont nous aurons à chercher la relation avee les gise- ments aurifères. Le croquis de carte très schématique (fig. L), que m'a remis M. Bordeaux et dans lequel il ne faut chercher aucune précision géo- graphique, montre les relations de positions de ces divers élé- ments stratigraphiques et pétrographiques. Si nous laissons de côté les falaises du Nord à terrains plus récents (falaise jurassique d'Andraliamène, puis falaise d'Andavakoera) qui n'intéressent pas notre étude actuelle, on a, d’abord, dans le Nord, une grande dépression, fréquemment marécageuse, allongée dans le sens NE.-SW., où coulent, d'une part la rivière Loky vers l'Est, de l'autre la Manandjeb vers l'Ouest. Cette dépression est occupée par les sédiments gréseux et schisteux du Lias et du Trias fossi- lifère, mis en contacts anormaux par des accidents dont l'étude détaullée reste à faire. Certains de ces grès, formés par la des- truction immédiate des roches cristallophylliennes voisines, sont très micacés. L'ensemble a bien les caractères d'une érosion lit- torale. Puis vient, au Sud, le massif de schistes micacés et mica- schistes, avec schistes cristallins, amphibolites (souvent grenati- fères), schistes à glaucophane, gneiss, ete. traversé par des peg- matites à tourmaline, des granites et quelques microgranulites que les prospecteurs prennent souvent pour des quartz aurifères, Ce massif s'étend sensiblement plus loin au SW. vers Ambakirane que ne l’accuse la belle carte de M. P. Lemoine. Comment se fait le contact des sédiments triasiques et des ter- IMÉOC ACL FD 160. 2 Ma L. DE LAUNAY 430 ‘XNV9pPIOT “IN ded uredio} o[ ans soie suorperituisse Xne JU9pUOdS91109 ; S9TT — ‘2JIOIAIMAEE PE 9JIXOSSOOMIN ‘LL ‘ourato e onbryrydo oseqeiq ‘or { oqruogsoq ouuo8 ojqorag, ‘6 { sojuudoar ‘8 ‘ougxou{d re ojruo4g ‘1 Sosexd-J1o4 zjten0 ‘9 ‘ oyçeseg ‘c { oroquqdue re ajuudor ‘6 ‘onbrurouydou oyiouoyqa ‘à ‘orxossooxoru ee quessed ajlUOZUON ‘# Jo L : So[euou} Sooanos ‘GS ‘sarou syre47 sop aed sonbipur Ju0s 40 p SUOII S9T *000 009/1 — ‘VUHONVAVANY,A NOIDAH EP] 9p onbi}eL9U0S oj4e7) — TJ OI J0g-i40quiy Me bé HR DR le :@:: # HE Ë g 7 no > EJ20YENEPUY —— 7 Ou0Jpue}ISt N aueurmn e “ubad : res . ae 2 : AOUISTEUE AS JAI & SStaub \ ur a un effondrement. à deaux croit . Bord M ylliens ? Le rôle des accidents verticaux talloph; . : Trains cris incontestable mi ces accidents, 1 en effet , semble , par que dans la région ; mais il est à remar quer ab EP ©, © pi 2 5 & [ob] = NS © DEC El = (cg (SR?) SEC (ao) T un (el ed le mieux étudié, celui sur lequel se trouve la r d'Andavakoera, passe obliquement du Tr A ème son maximum lien au lieu de suivre leur contact et prend m de richesse en or au voisinage de l'intersection. Il en est de 1910 OR ET ROCHES ÉRUPTIVES A MADAGASCAR 431 même des traînées de roches éruptives que l’on trouve dans l’un comme dans l’autre système. Nous ne voyons donc pas, dans ce qui nous a été communiqué, les preuves d'un effondrement mettant ces deux groupes de terrains en contact ; mais nous sommes beau- coup plus disposé à admettre des dislocations, obliques sur leur contact superficiel, ayant affecté à la fois les uns et les autres. On peut expliquer de cette manière le fait signalé par M. Bordeaux, de témoins argileux froissés et laminés, qu'il a retrouvés sur les sommets de micaschistes et qui, pour lui, sont la preuve cer- taine d’un effondrement. Ce système de dislocations est certainement complexe et se compose, non pas d’une fracture unique, mais d’un système de fissures parallèles, qui prennentune allure simple dans les terrains cristallins et s'éparpillent en faisceaux ou stockwerks, eomme cela arrive toujours, dans les sédiments gréseux et schisteux. On a, d’après M. Bordeaux, des fractures, tantôt rectilignes, tan- tôt sinueuses, avec rejets successifs. Cette remarque peut présen- ter de l'intérêt, étant donné la riche minéralisation d’une de ces fissures, dont on peut espérer rencontrer l'équivalent dans quelque fissure parallèle ; mais 1l ne faut pas se hâter d’en conclure la pos- sibilité de trouver de l'or dans toutes les veines quartzeuses de la région, qui ont suscité des enthousiasmes absolument injustifiés, et dont la plupart ont, en réalité, un remplissage tout différent. Le long des fractures principales, qui sont dirigées NE., nous rencontrons trois groupes de phénomènes : roches éruptives, filons métallifères, tantôt auro-argentifères, tantôt plombifères ou zincifères, et sources thermales. On peut d’abord remarquer, au Nord, comme nous allons le dire, d’'Ambodibonara à Andava- koera, sur la principale traînée aurifère, une série de dykes éruptifs présentant des roches alcalines de la famille des syénites néphéliniques, à types microgrenus, ophitiques et microlithiques. Vers le Sud, à Andranomafane et au mont Tsiram-goto, une autre trainée de roches différentes est caractérisée par l’associa- tion du labrador et de l'olivine. Les quartz qui l’accompagnent ne sont pas aurifères. Les petites venues d'or qu'on a signalées de ce côté sont toutes différentes des premières et semblent ren- trer dans le type ordinaire de Madagascar. En second lieu, la traînée aurifère riche se trouve à Andimakomby, Andavakoera, etc, vers le contact du gneiss et du Trias qui paraît superposé à ce gneiss, à cheval sur les deux formations, offrant, au moins en apparence, une relation de position avec les roches à néphéline qui vont être examinées. Enfin des séries de sources thermales suivent les deux alignements de roches éruptives et, sans avoir à 432 L. DE LAUNAY > Ma mon avis un rapport direct avec les minerais, démontrent pour- tant l'existence de fractures persistantes relativement profondes et récentes, où du moins réouvertes récemment. Nous allons exa- miner successivement les roches éruptives et les filons aurifères pour chercher la relation des uns avec les autres. Roches éruptives et filons sont ici au moins post-liasiques. M. Lemoine a démontré ailleurs que ces roches étaient post-kimeridgiennes. Peut-être pourrait-on les rajeunir beaucoup plus. En tout cas, le type des Hlons aurifères (comme celui des roches associées) est un type récent, un type superficiel, très différent de ce qui a été trouvé antérieurement à Madagascar, et dont on doit chercher les termes de comparaison dans l'Ouest américain, la Nouvelle-Zélande, etc: Roches ÉRUPTIVES. — Les roches éruptives récentes, que j'ai pu examiner en lames minces et que J'ai essayé de repérer sur le croquis ci-joint d'après les indications de M. Bordeaux, com- prennent deux groupes tout à fait distincts. Le premier, caractérisé par la présence accidentelle de la néphéline et par une amphibole noire du groupe de la barkévicite, est formé de roches alcalines sodiques présentant des structures diverses. C'est celui qui consti- tue la ligne d'affleurement la plus septentrionale et qui a peut-être une relation avec les filons aurifères d'Andavakoera. Le second est, au contraire, caractérisé par la présence de l’olivine et se pré- sente plus au Sud dans la région du Tsiram-Goto et d’Andra- nomafana. Le contraste entre ces deux roches s’accuse par leur teneur en alcalis. Deux analyses, qui seront données plus loin, indiquent : dans une roche du premier groupe, 11,46 d'alcalis dont 6,56 de soude ; dans une roche du second, #,66, dont 3,36 de soude. Néanmoins on voit que les secondes marquent encore une prédominance de la soude. Les unes comme les autres sont criblées de pyrite, magnétite et hématite secondaire. Deux groupes de roches analogues, mais dont l’un beaucoup plus sodique, ont déjà été rencontrés simultanément par M. A. Lacroix dans la province plus méridionale qu'il a étudiée. Nos roches du premier groupe sont de la même famille que celles étudiées par M. À. Lacroix, mais s’en distinguent par la rareté de la néphéline. J’indiquerai rapidement les principaux caractères pétrographiques des roches étudiées, en les classant, d’après ces caractères, conformément à la nomencla- ture adoptée dans le mémoire de M. A. Lacroix. a) Les types les plus fréquents du groupe sodique sont des roches microgrenues présentant l'association de l’orthose et du plagioclase : des monzonites pouvant passer aux esséxites diabasiques où micro- 1910 OR ET ROCHES ÉRUPTIVES A MADAGASCAR 433 essexites. Elles paraissent former plusieurs trainées au NE, de la carte (1, 4, 11). À l’œil nu, ce sont des roches à grain fin d’un gris parfois rosé, où la pyrite est souvent très visible et où se voient, tantôt de grands cristaux noirs (11), tantôt des grains plus fins (4) de barkévicite. Dans le n°1, on a un agrégat microgrenu d’orthose et de labra- dor avec biotite. Certains cristaux de plagioclase présentent de belles associations des macles de l'albite et de la pericline. Dans le n° 4, les éléments sont plus gros et forment un type de transition à l’esséxite proprement dite. Les grands cristaux de barkévicite, très pléochroïques et souvent maclés, sont enve- loppés par un agrégat d'orthose et labrador. Les inclusions d'apa- tite sont fréquentes dans l’amphibole. Dans le n° 11, la pâte microgrenue est, au contraire, très dis- tincte des phénocristaux et passe à un type microlithique. Les phénocristaux sont surtout formés de barkévicite, avec un peu de biotite, d'orthose et de labrador. Dans la pâte, le labrador domine. Les inclusions d’apatite sont nombreuses. b) Il existe des phonolithes néphéliniques (2) et d'autres roches du même groupe passant, par la prédominance des plagioclases, (3) à des téphrites. La roche 2, qui présente tous les caractères extérieurs des pho- nolithes gris, forme des filons de 2 mètres de puissance sur l’épe- ron du Mont Machatsinjé (Loky). Elle à la structure normale des phonolithes avec uneallure très fluidale. Un semis d'augite verte et de sanidine s’y présente dans une pâte microlithique de sanidine, ohgoclase, augite et néphéline. La roche 3, qui forme des filons dans les gneiss et schistes triasiques, au Nord et au Sud du mont Mahebenofo, abonde en cristaux de barkévicite visibles à l'œil nu. Elle est mélanocrate. Au microscope, on voit la barkévicite abonder dans les deux temps. Les microlithes dominants sont du labrador, ce qui nous fait rattacher cette roche aux téphrites. On peut, Jusqu'à un certain point, rapprocher des bostonites étudiées par M. Lacroix la roche leucocrate 9 qui, dans la même région, forme un alignement sur la rive gauche de la Loky, près d'Anaborano. Cette roche n’a pas à l'œil nu la blancheur ordinaire des bostonites, mais est d’un ton rosé. Au micros- cope, elle apparait formée par un agrégat microgrenu d’orthose et d’anorthose avec grands cristaux de sanidine. Son analyse, fate par M. Pisani, a donné 4,90 de potasse et 6,56 de soude, La chaux fait défaut. Les analyses données par M. A. Lacroix pour 10 janvier 1911. Bull. Soc. géol. Fr: X. — 28. 434 L. DE LAUNAY 2 Mai diverses bostonites (loc. cit., p. 55) varient de 3,88 à 5,11 de potasse et de #,69 à 5,67 de soude. Notre roche serait donc assez sensiblement plus sodique. La présence de l'anorthose la dis- tingue en outre des bostonites. Enfin nous rattacherons encore hypothétiquement au même groupe la roche 8, qui forme le toit d'un filon quartzifère à Anda- vakoera. Cette roche grise, transformée en argile à la surface, est malheureusement très altérée comme cela arrive fréquemment le long des filons métallifères. C'est une roche à microlithes d’or- those, d'oligoclase et d'augite décomposée avec un peu de biotite. c) Le second groupe de roches, localisé dans la région du mont Tsiram-goto et d'Andranomafane, comprend les roches 5 et 10. La roche 5 est une roche noire à aiguilles blanches de felds- path très visibles à l'œil nu. Au microscope on y voit deux temps extrêmement distincts, avec phénocristaux de labrador présentant des macles de Baveno et d’olivine, microlithes de labrador et d’au- gite. C'est un beau type de basalte. L'analyse par M. Pisani à donné 1,30 °/, de potasse et 3,36 de soude. Enfin la roche 10 de la même région, analogue à la précédente à l'œil nu, présente, avec les mêmes éléments minéralogiques, une structure ophitique qui la ferait rattacher aux diabases ophi- tiques à olivine très voisines des basaltes. Le labrador y offre les mêmes macles de Baveno. On peut encore signaler, dans la région de Sambirane, au Sud- Ouest, une syénite à pyroxène et du quartz prase de teinte verte à inclusions de muscovite. QuarTz AURIFÈRES. — Les quartz aurifères du groupe d'Andava- koera remplissent des filons minces, qui peuvent cependant atteindre par exception 30 em. à 50 cm., mais qui, plus géné- ralement, se réduisent à un faisceau de fissures minéralisées ayant { à 2 em. et empâtant des fragments de la roche encaissante, parfois silicifiée. Ces filons sont connus, soit dans les gneiss et micaschistes, soit dans les grès. Les parties riches y semblent disposées par colonnes étroites, légèrement inclinées à l'Ouest ; ce sont les « shoots » ordinaires de tous ces quartz aurifères, surlesque lss’accusent, plus peut-être encore que les conditions du dépôt primitif, les effets des remises en mouvement, qui ont dû se concentrer sur certains chenaux de prédilection. La forte teneur en argent de l'or natif, qui est au titre de 750, apporte un indice en faveur du rapprochement avec le groupe auro-argentifère à gangue quartzeuse, partout en rapport avec des roches érup- tives récentes. 1910 OR ET ROCHES ÉRUPTIVES A MADAGASCAR 435 Les quartz très superficiels (ou même les galets roulés de quartz) que l’on a seuls exploités jusqu'ici pour en retirer l'or natif, sont, d'après les échantillons que j'ai vus, très fréquemment cristallisés en aiguilles apposées sur les deux parois des fissures minces et laissant souvent un vide central, avec des interstices dans lesquels on trouve des cristaux d’or dont M. A. Lacroix a commencé l'examen cristallographique. Les quartz les plus riches apparaissent en outre cloisonnés de minces enduits d’or natif,qui tapissent des fissures et sont dus à une remise en mou- vement superficielle. Leur caractère de dépôt hydrothermal est incontestable. Ils sont brunis ou roussis par de l’oxyde de fer qui prouve l'existence de la pyrite en profondeur : cette présence de pyrite pouvant être à rapprocher de ce que nous avons dit sur l'abondance du même minéral dans les micro-esséxites. Comme dans la plupart des dépôts nettement hydrothermaux que l’on peut supposer s'être formés à une faible profondeur par un véri- table circulation d'eaux chaudes (évidemment chargées iei de soude par les roches voisines), il y a constamment imprégnation latérale dans les grès. Un fait intéressant à signaler est l'abondance de la barytine stérile sur les affleurements. Cette barytine occupe parfois des alignements ininterrompus de plusieurs kilomètres. J'ai, à diverses reprises, insisté sur la concentration ordinaire de la baryte, qui se manifeste dans les altérations superticielles pour cesser souvent à faible profondeur, et ce n’est pas ici le lieu de reprendre la discussion de cette question délicate. On peut sup- poser qu'une grande partie de cette baryte a été empruntée aux roches cristallines, qui en contiennent, pour la plupart, des pro- portions sensibles ; et des analyses portant sur les roches de la région pourraient être intéressantes à cet égard. En tout cas, elle remplit constamment ici les fissures centrales des filons de quartz, accusant ainsi son dépôt postérieur. Il ne faut pas, d'ailleurs, s'imaginer, comme on l’a fait, que cette baryte annonce la présence de l'or. On la retrouve aussi sur les filons plus méridionaux, et stériles en or, du Tsiram Goto et de Bobandrange. | Outre le quartz, l'or natif très argentifère et la pyrite aurifère, y a-t-il d’autres éléments dans les filons envisagés ? On a fait, à cet égard, une distinction, qui, d’un point de vue industriel, est tout indiquée, mais qui l’est peut-être moins sion se contente d'envisager la métallogénie, entre ces filons riches en or et des filons plombifères, zincifères ou pyriteux que l’on trouve abon- 436 L. DE LAUNAY | 2 Mai damment sur la même traînée de fractures en allant vers le Sud- Ouest, près Antsiasia, et dont un équivalent a été signalé par M. Villiaume beaucoup plus loin vers le Sud, mais également dans le Lias, près de Nosy-Bé !. Nous serions disposé à rapprocher cette galène et cette blende de la pyrite aurifère comme éléments loca- lement concentrés d’une même venue profonde, et l’on trouve- rait un peu de galène, de blende ou de pyrite cuivreuse en s’en- fonçant sur les parties les plus riches en or que nous n’en serions pas surpris. L'existence de l'anglésite avec des traces d’arséniate de plomb et de carbonate de cuivre sur certains affleurements, qui nous est signalée par M. Callens, en serait un indice et accuserait, en même temps, l’altération superficielle, à laquelle ont été soumises les parties connues des filons. D'autre part, dans la région SW. qui, industriellement, paraît tout à fait inexploitable pour or, mais où on connaît de la galène, il existe accidentellement encore des quartz à or natif dont M. Callens nous a montré des échan- tillons et qui contribuent à montrer l'unité métallogénique de toute cette venue. Pratiquement, on connaît, jusqu'ici, une zone aurifère de 15 km. de long, dont 2 surtout ont donné de très brillants résultats dans les concessions Mortages et Grignon. De l'Ouest à l'Est, à Rana- mafana, on a trouvé un filon-brèche, ou stockwerk à veines quart- zeuses aurifères de 3 à 6 mètres de large dans les argiles bleues et grès violacés.du Trias à faible plongement Nord. Puis, à la mine d'Andavakoera, qui a été la plus riche, on a eu, dans le Cristal- lophyllien gneissique, des filons verticaux particulièrement nets et riches que les travaux indigènes jalonnent sur 7 km. de long. Enfin, à Andimacombi, une lentille de 100 m. de long dans les micaschistes, s’est trouvée, par suite de la latérisation qui l'a mise en relief et de son inclinaison à 60° sur la pente du terrain, affleurer avec une apparence de largeur exagérée : son épaisseur réelle étant de 20 em. à 60 em. RELATION POSSIBLE DE L'OR AVEC LES ROCHES ALCALINES.— En résumé, les filons aurifères d’Andavakoera paraissent, et c’est là leur inté- rêt théorique, représenter un type tout à fait nouveau à Mada- gascar, presque nouveau dans l’ensemble des formations aurifères connues. Il est actuellement impossible d'affirmer leur relation d’origine avec les roches alcalines. Cependant le rapprochement des unes et des autres sur un même système de fractures recou- pant les mêmes terrains est bien frappant, étant donné d'autre i. Pauz LEMOINE, loc. cit., p. 156. 1910 OR ET ROCHES ÉRUPTIVES A MADAGASCAR 437 part le caractère minéralogique des filons qui tend à les faire assi- miler avec ceux que l’on trouve, en d’autres régions, associés à des roches éruptives tertiaires. Nous sommes, dès lors, conduits à examiner s'il existe ailleurs des termes de comparaison avec ce genre de gisements et à étudier d’une façon beaucoup plus générale quels sont les types métallogéniques divers ordinairement associés à ce groupe des roches néphéliniques. __ Comme analogie de gisement aurifère, nousnevoyonsguère qu’un cas pouvant être cité, — et encore l’analogie est-elle bien vague, — c’est celui de Cripple Creek au Colorado, où de très nombreuses et riches veines minces aurifères, caractérisées surtout par lasso- cation du tellurure d’or avec la fluorine, sont de même en rela- tion avec un système de roches à néphéline et de phonolithes. L'analogie, répétons-le, est très imparfaite, puisque nulle trace de fluorine ni de tellure n’a encore été signalée dans les filons d’An- davakoera. Peut-être pourrait-on citer aussi, mais avec plus de restrictions encore, le gisement d’or de Rossland en Colombie, associé avec des monzonites ou syénites. Si nous passons à la métallogénie générale des roches à néphé- line, on peut tout d’abord considérer les ségrégations relative- ment fréquentes de ces roches, caractérisées : avant tout, par le développement parallèle du fer et du titane; souvent, par le développement connexe de l’apatite ; parfois par la cristallisation du graphite. En ce qui concerne les minerais de fer et titane, J'ai autrefois étudié, après M. Vogt!, les cas d’ilménites titanifères et de tita- nomagnétites développés dans des syénites néphéliniques (Alnü en Suède, Sao Paulo au Brésil, Magnet Cove en Arkansas). On peut, à propos du fer, remarquer qu'il existe très vraisem- blablement une série de grands amas ferrugineux associés avec des roches sodiques un peu plus acides, mais néanmoins dépourvues de quartz libre: Gora Blagodat et Vissokaya Gora dans lOural ; Kirunuvara en Laponie suédoise, ete. ?. Ces amas ne sont généralement pas titanifères: cependant les albitophyres et syénites, dans lesquels sont encaissés les gîtes de Kirunu- vara (roches tenant 6 à 7°/, de soude et environ 60 °/, de silice) contiennent couramment 1,5°/, d’acide titanique, titane qui ici n’a pas passé dans le minerai. D’autre part, la concentration du 1. L. De Lauxay. Notes sur la théorie des gîtes minéraux. Le rôle du titane. Ann. des Min., janvier 1903, p. 17 et 49. 2. La description de ces gisements sera donnée dans un volume actuellement sous presse, sur les Richesses minérales et la Géologie de l'Asie. Voir pour Kiru- nuvara : L. De Lauxax. L'origine et les caractères des gisements de fer scandinaves, Ann. des Mines, juillet 1903, 438 L. DE LAUNAY 2 Mai titane s’est faite constamment dans des roches du même genre sous la forme de sphène abondant (syénite néphélinique de Pouzac (Hautes-Pyrénées), syénite néphélinique du mont Batougo au Sud du Baikal, ete.). À Ampasindava même, M. A. Lacroix a signalé que l’augite était souvent titanifère. Comparés avec des cas de ségrégations analogues des roches plus basiques, ces cas montrent qu'avec l'acidité croissante du magma, une portion du titane a dû s’éliminer ; ils accusent, d’autre part, une certaine ana- logie métallogénique entre les roches très sodiques mais neutres et les roches plus acides : analogie que nous allons voir se pour- suivre dans des cas où l’on met d'ordinaire en avant l’interven- tion des « minéralisateurs volatils », et où la fluidité purement ignée, communiquée par la soude, accentuée également par ces fondants remarquables que constituent les fluorures, à pu sur- tout intervenir pour faciliter les séparations. Nous rappellerons encore que les syénites éléolithiques norvé- giennes sont le siège des minéraux rares : gadolinite, cérite, com- posés d’yttrium, cérium, etc. Enfin, dans le même travail, pré- cédemment cité, sur la théorie des gites minéraux, j'ai signalé la présence relativement fréquente du graphite en amas volumineux dans des syénites néphéliniques, où 1l s'accompagne de sphène : ces gisements semblant explicables, sans emprunt aux terrains encaissants, par des carbures du magma igné, dont on retrouve la trace dans bien des filons de granulite, pegmatite ou quartz. Jusqu'ici, nous n’avôns rencontré, comme minerai métallique proprement dit associé aux roches sodiques, que le fer, dont le polymorphisme et la banalité ne permettent pas d’affirmation précise. Mais, si, au lieu de considérer une ségrégation interne, nous envisageons un départ en fumerolles à partir de ces roches, nous allons voir leurs émanations fréquemment caractérisées par une abondance de fluorures, avec accompagnement de sulfures, au milieu desquels l'or trouve sa place. Revenons d’abord sur le cas de Cripple Creek. Cette région auri- fère, dont on connaît l'énorme richesse, est caractérisée par des phonolithes et basaltes à néphéline, avec lesquels la venue, bien que recoupant des terrains divers, semble en relation nette. On a même eu là de véritables cheminées aurifères de 2 à 9 m. de diamètre à l’intérieur du basalte. Ces minerais, outre l’as- sociation caractéristique du tellurure d’or et de la fluorine dans le quartz, renferment de la pyrite aurifère, de la galène, de la blende et de la stibine. On retrouve, au mont Judith, en Montana, la même associa- tion de minerais au contact direct de calcaires et de microsyé- 1910 OR ET ROCHES ÉRUPTIVES A MADAGASCAR 439 nites passant à des types microlithiques. En ce qui concerne les gisements d’or proprement dits, on peut encore remarquer que l’or d'Andavakoera est remarquablement riche en argent, dont l’or brut de ces filons renferme jusqu’à un quart : ce qui établit un rapport avec le groupe si important des filons quartzeux auro- argentifères, presque partout associés à des roches tertiaires microlithiques au Comstock en Nevada, en Nouvelle-Zélande, en Transylvanie, à Schemnitz, ete. Enfin, nous trouvons, sans quitter Madagascar, un certain nombre d'observations dues à M. A. Lacroix !, qui concourent àmon- trer le développement d’émanations fluorées, avec accompagne- ment de sulfures métalliques, autour de roches semblables à celles d'Andavakoera, Il a signalé, à ce propos, la production de fluorine dans les terrains métamorphisés au contact et le développement de galène dans les granites à aegyrine, et rap- proché ces phénomènes de ceux qui ont marqué les contacts de roches analogues, au mont Saber (Yémen); en Corse; à San Peters Dome (Colorado), où il s’est produit de la cryolite; enfin, dans les contacts classiques de syénites néphéliniques et de eal- caires à Magnet Cove et Alnô. Sa conclusion est qu’un métamor- phisme exomorphe, caractérisé par un apport abondant d’alcalis, manifeste, en même temps, l'intervention d’émanations fluorées et sulfurées. À Andavakoera, nous avons vu des filons de quartz auro- argentifères, qui en profondeur, contiendront sans doute de la pyrite avec d’autres éléments jusqu'ici inconnus, géographique- ment associés à des roches sodiques ; nous trouvons, en outre, dans les mêmes cassures filoniennes, de la galène. Nous pouvons donc, tout en attendant, pour être affirmatif, les résultats de l'exploitation en profondeur, supposer une relation d’origine, qui contribue à classer ces filons aurifères dans un groupe très diffé- rent de ce qu'on a vu jusqu'ici à Madagascar : les types ordinaires de Madagascar étant d’ailleurs représentés dans la même région un peu plus au Sud. 1ALOc cit: pp 91et23;. SUR LE FOISONNEMENT DE L'ANHYDRITE ET DES GYPSES TRIASIQUES AU TUNNEL DE (GENEVREUILLE HaAUTrE-SAONE Par Maurice Morin ! Genevreuille, petite station de la ligne de Paris à Belfort, à une quaranlaine de kilomètres de cette dernière ville, près de Lure, est précédée, du côté Paris, par un souterrain de 600 m. de longueur, creusé à l'origine ainsi qu'a la sortie dans les « Marnes irisées », et dans la partie centrale, sur 409 m., dans les gypses et anhydrites qui forment la base de ces marnes. Ce souterrain, depuis sa construction, de 1853 à 1858, a été pour la Compagnie des Chemins de fer de l'Est, un motif perpé- tuel d’ennuis. Je donnerai tout d’abord quelques mots d'historique, pris dans le travail de M. Siégler, ingénieur en chef de la voie à la Compagnie de l’Est?, qui vaudront mieux que toute appréciation. Dans le gypse, roche dure, on s'était contenté de piédroits de 0 m. 50 d'épaisseur, et d'une voûte de 0 m. 80. On ne tarda pas à constater des écrasements de maçonnerie résultant de fortes poussées du gypse. La plate-forme, qui n'avait pas été munie d’un radier, se soulevait de ( m. 06 en dix jours. En 1859, on fit des drains longitudinaux à 1 m. 80 en contre- bas de la plate-forme, et l’on construisit un radier, ayant de 0 m. 60 à 0 m. 90 à l’axe et de 1 m.10 à 1 m. 50 sur les bords lje donne ces chiffres pour bien faire remarquer la puissance énorme de la poussée). Il était déjà nécessaire de refaire les piédroits disloqués. Le radier n'était pas terminé que déjà les piédroits, contrebu- tés à leur base par le radier et au sommet par la voûte, mena- çaient de se rompre en leur milieu sous une énorme poussée. Il fallut se hâter de faire une coupure sur toute la longueur du radier pour permettre à la base des piédroits de se déplacer. En 1860, on commença l'exécution d’une galerie, à 8 m. en contre-bas du tunnel, dans le but d’assainir le terrain environ- 1. Note présentée à la séance du 21 février 1910. 2. M. SiéGrer. Travaux de réparation des tunnels ; I. Tunnel de Genevreuille, Revue générale des Chemins de fer et des Tramways, novembre 1907, p. 8. 1910 TUNNEL DE GENEVREUILLE 441 nant l'ouvrage. Cette galerie, d’où partent de petites ramifications transversales, a produit une amélioration notable en évacuant les eaux et en ventilant le tunnel. Elle joue de plus le rôle de soupape de sûreté, Les boisages assemblés d'une façon spéciale cèdent sous la poussée et s'écrasent, on redéblaie l'épaisseur de gypse nécessaire pour redonner à la galerie ses dimensions nor- males et on refait les boisages. Malgré cette galerie, le gonflement de la roche ne fut qu’atté- nué, les piédroits continuaient à s’écraser et chaque année, on était obligé d’en reconstruire une partie. En 1886, on employa un système qui consiste à reculer devant l'avancement du gypse. Les piédroits continus sont remplacés par des piliers et dans le fond des niches produites de cette façon ainsi que derrière les piliers, on bourre de la pierre sèche. On est averti du gonflement par le bombement du fond des niches; on enlève alors la pierre et l’on va donner de l'air derrière les piliers en enlevant une certaine épaisseur de gypse. Nous ne donnerons pas de plus amples détails sur ce système, dû à M. Siégler, si ce n’est que, depuis qu'une partie du souterrain est ainsi cons- truite (1894), on n'a eu que peu de réparations à faire sauf tou- tefois en 1903, où une forte poussée se produisit dans les marnes à la sortie du souterrain ; la cause de cette poussée est d’ailleurs différente de celle traitée 1e1. Aujourd'hui, le gypse continue à travailler dans le tunnel, et l’on est quelquefois obligé de retirer de la roche sous la voie parce que celle-ci tend à se soulever. Quelques échantillons qui me furent d'abord envoyés, étaient pour la plupart très altérés, aussi n’ai-je pu en tirer un grand profit, sauf qu'ils donnèrent à l'analyse 21 °/, d’eau. Quelques- uns étaient intercalés de filets de marne. Sur la proposition de M. Siégler, je me rendis sur les lieux en mars 1909, pour examiner sur place le mode de gonflement et les circonstances où il se produisait. Dans la galerie inférieure, il me fut très facile d'examiner le gypse et Je pus me rendre compte que les marnes n'étaient pour rien dans l'augmentation du volume, puisque c'étaient les parties les plus compactes qui travaillaient le plus. En ces points, des madriers étaient littéralement pulvérisés par la poussée. C’est surtout au point d'arrivée de l'eau que le phénomène se produit avec le plus d'intensité. Les couches de gypse, ordinairement horizontales, sont contournées, brisées, redressées, quelquefois même pulvérisées par la pression. Les figures 1 et 2 donnent une faible idée de ces accidents. 449 MAURICE MORIN 2 Mai La figure 1 a été prise au bout d’une galerie latérale ; la figure 2 représente le toit d'une de ces mêmes galeries dont une partie s'était éboulée, ce qui a permis de prendre un croquis des couches situées au-dessus de celle formant le toit. Le phénomène du gonflement a dû s'accomplir très vite, puisque les points les plus accidentés sont ceux où les couches sont en contact avec les eaux arrivant du tunnel supérieur dans les galeries latérales, et que ces mêmes assises étaient horizon- tales lors du creusement de la galerie, d’après de nombreux témoignages. De ces observations on pouvait conclure que le facteur prinei- pal du travail du gypse était l’eau ; il restait à chercher pourquoi. ASTRA PS SA] NON x SR FOTO NA XX go ; ee XXXX OX < OS e ss î . TEST F1G. 1. — Front d’une galerie FiG. 2. — Contournements des couches du toit d’une latérale au point d'arrivée galerie au km. 401.503. Les eaux d'infiltration arrivent des eaux. sur toute la surface du toit. Les hachures croisées in- diquent les nodules et veines d'anhydrite; AB, an- cienne ligne du toit. Je recueillis à cet effet de nombreux échantillons de gypse complètement gonflé, à l’état intermédiaire et non encore attaqué. Ï.— L'analyse du gypse attaqué a donné 21 °/, d’eau. Son exa- men microscopique a montré, au milieu de cristaux de gypse enche- vêtrés en tous sens par la torsion, des petits fragments de marne et des parties de gypse paraissant amorphe. L'aspect est variable, soit gris avec des cassures en tous sens, soit blanc grisâtre et se pulvérisant entre les doigts. Ce dernier aspect est dû à un écra- sement partiel produit par la pression. IL. — Dans le gypse à l'état intermédiaire, c'est-à-dire dont l’at- taque est commencée, J'ai trouvé de 8 à 13 °/, d’eau (11 °} en 1910 TUNNEL DE GENEVREUILLE 443 moyenne). Au microscope, il paraît formé d'un magma de cristaux de gypse et d’anhydrite, de gypse amorphe et quelquefois de marne. III. — Le gypse intact, dont j'eus beaucoup de mal à me procurer un échantillon, ne donna qu'une très petite quantité d’eau. Exa- miné au microscope par M. A. Lacroix, il s’est montré formé de veines d'anhydrite intercalées de filets très minces de gypse et quelquefois de filets de marne. Les cristaux d'anhydrite, comme ceux des gypses précédemment décrits, sont très petits. Une partie de cette roche a été très finement concassée, et abandonnée dans un courant d’eau très faible pendant plusieurs Jours. Il est resté comme résidu un dépôt d’une poudre très fine, qui s'est montrée entièrement formée de cristaux microscopiques d’anhydrite. Cette poudre était assez abondante. La roche intacte est compacte, souvent très dure, sa couleur est grise, avec des veines plus blanches, elle contient souvent des veines ou des nodules d'anhydrite colorés en rose, et dans les fissures, des lamelles de gypse. Ces nodules et ces veines sont, soit compacts, soit en cristaux fibreux. Indépendamment de ces trois roches examinées, on trouve à Genevreuille tous les intermédiaires entre le gypse compact et la marne pure. Les marnes et le gypse sont ordinairement disposés par couches horizontales ; d’autres fois, ils sont intimement mélangés, sans stratification apparente. J'ai également vu des marnes pétries de petits cristaux, ce qui leur donne un aspect porphyroïde analogue à celui de quelques-unes de nos marnes du gypse des environs de Paris. La brusquerie du gonflement des couches de Genevreuille ne s’accordait pas très bien avec le peu de facilité d'hydratation de l’anhydrite. Les remarques faites dans la galerie de Genevreuille, m'ont permis d'éclairer cette question. En effet, 1l est facile de remarquer que les parties formées d’anhydrite presque pure (côté Est de la galerie d'écoulement) sont très peu attaquées, même où l'écoulement de l'eau est le plus fort), c'est à peine si l’on remarque quelques fentes à la superficie de la roche. Au contraire, dans les endroits où le gypse est déjà arrivé dans un état intermédiaire, c’est-à-dire quand il contient environ {1 °/, d’eau, le travail de la roche atteint toute sa puissance. D'après ces observations, il paraît assez simple d'expliquer la marche du phénomène : les eaux d'infiltrations, assez abondantes malgré la grande épaisseur de marne et d'argile qui recouvre le Tranchè: ee colè Paris 000, AAA MAURICE MORIN 2 Ma gypse, agissant lentement sur l’anhydrite, l'ont amenée progressi- vement à cet état intermédiaire que nous venons de reconnaître comme point de départ du gonflement brusque. Cette combinai- son de l’eau a pu être très longue et a déjà probablement amené un gonflement comme on le démontrera plus loin. Une fois en cet état, le gypse paraît subir un arrêt dans son hydratation, la cause ne me parait pas facile à déterminer; il pourrait se faire que la pression des 200 m. de terrain qui sur- montent le gypse y fût pour quelque chose. L'ouverture du tunnel, en grande partie près de la surface du banc de gypse comme on peut le voir sur le profil ci-joint (fig. 3), a eu pour résultat de faire cesser cette pression dans les couches environnantes, et l'augmentation de volume a continué très rapidement par suite de la combinaison d’une nouvelle quan- tité d'eau. Il en est de même pour la galerie inférieure. L'’aug- n ” /} CARNET Marne mr Tranchee ) 172: D/1 in en Ne FiG. 3. — Profil du gypse dans le souterrain de Genevreuille, d’après un document communiqué par la Compagnie de l'Est. mentation de volume peut atteindre 40 °/, d’après mes constata- tions. On conçoit qu'avec un pareil gonflement les parois du tunnel ne puissent résister; il forme en sorte soupape de sûreté, et le souterrain se reboucherait promptement, si une surveillance con- tinuelle ne permettait pas d'y remédier à temps. Une grande amélioration pourrait être amenée, en exécutant à la surface du sol des drainages pour recueillir les eaux pluviales et en captant les sources qui circulent au-dessus de la voûte par des galeries supérieures. C’est par ce gonflement de l’anhydrite que l’on peut expliquer la stratification en dôme observée au-dessus de quelques lentilles de gypse triasique ; stratification qu'on avait cherché à expliquer par des combinaisons chimiques que l’examen de la roche ne permet pas d'admettre Km 402 084 NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LA FAUNE ET LA FLORE DU CALCAIRE DE BRIE EN SEINE-ET-MARNE PAR Maurice Morin. En 1908, j'ai découvert à Thorigny (Seine-et-Marne), la pré- sence de Vertébrés, dans une marne ligniteuse violacée, assez argileuse et correspondant à la base du Calcaire de la Brie ?. Cette couche est située à 6 m. de profondeur, sous divers bancs de marne, de calcaire et de silex. Les débris de Vertébrés con- sistent en ossements dont la presque totalité est écrasée et dont on ne pourrait tirer aucun parti, si les dents qui les accom- pagnent n'étaient pas mieux conservées. En outre des Vertébrés, était également signalée à cette époque, la présence au milieu des blocs de silex situés dans cette marne, ainsi que dans le silex en banc qui la surmonte, de véritables nids de coquilles lacustres d'une conservation parfaite. Parmi les Reptiles, on notait la présence d’une Tortue et d’un Crocodile. Les Mammifères étaient, à cette époque, représentés par un seul genre, Æntelodon magnum Axmarp, dont on possédait plusieurs molaires, prémolaires et canines assez bien conser- vées. Les coquilles lacustres avaient fourni sept espèces apparte- nant aux quatre genres Limnæa, Planorbis, Nystia et Bithinia. Après ces découvertes, les fouilles s'étaient trouvées arrêtées par suite de l'épuisement des fonds de recherches provenant d’une subvention accordée par M. Stanislas Meunier, Professeur de Géologie au Muséum. La subvention qu'a bien voulu m'accorder en 1909 la Société géologique de France, m'a permis de reprendre ces fouilles in- terrompues. La récolte a été relativement bonne et a sensiblement élevé le nombre des Vertébrés et Invertébrés connus dans ce gise- ment. Sans avoir, dans cette note préliminaire, l'intention de décrire cette faune en détail, la réservant pour des notes spéciales, je 1. Note présentée à la séance du 21 février 1910. 2. P. Jonor et Maurice Morix. Indice de la présence de la faune de Ronzon dans le calcaire de Brie à Thorigny (S.-et-M.). Bull. du Muséum d'Histoire Nalu- relle, 1908, n° 1, p. 78. 446 MAURICE MORIN 2 Mai donnerai cependant une courte description de chacune de ces espèces qui, pour une partie, sont entièrement nouvelles. Les Vertébrés comprennent quatre Mammifères et deux Rep- tiles. Les Mammifères présentent un Ruminant, Gelocus com- munis et trois Pachydermes ; Entelodon magnum, Paloplotherium minus et un Rhinocéridé nouveau !. Gelocus communis AyYmarD. — Ce Ruminant est représenté par deux molaires. Les racines manquent comme la plupart du temps, mais la couronne est très bien conservée. Entelodon magnum Axu. — C'est le fossile dont les restes se sont montrés les plus abondants dans le gisement. Les échan- tillons paraissent présenter, avec l'espèce type, quelques petites différences. Je n'ai trouvé qu'une molaire, appartenant à la col- lection de Paléontologie du Muséum, qui soit comparable dans tous ses détails avec la dent correspondante des échantillons du Calcaire de Brie. Je ne crois pas cependant que les différences entre letype et notre fossile soient assez importantes pour amener une distinction spécifique, tout au plus pourra-t-on en faire une variété. L’'Entelodon est représenté jusqu’à présent par plusieurs canines dont deux presque entières atteignent 13 cm. de longueur; un assez grand nombre de prémolaires tant supérieures qu'infé- rieures et des arrière-molaires qui, moins nombreuses, ne pré- sentent, d’après un examen sommaire, que des molaires supé- rieures. Paloplotherium minus Ayu. — Nous possédons de cette espèce plusieurs dents, mais deux seules sont bien conservées, dont une arrière-molaire inférieure droite. Les matériaux de cette espèce sont encore en trop petit nombre pour pouvoir donner lieu à une étude fructueuse, mais jusqu'à présent je n'ai pu. remarquer aucune différence avec le type de l'espèce. Enfin le Rhinocéridé trouvé il y a peu de temps est sans con- teste la pièce la plus intéressante découverte jusqu'à aujourd'hui. C'est une dentition inférieure presque complète; il y manque les incisives, une canine et une prémolaire Ce Rhinocéridé est caractérisé par sa taille très petite, le peu d'élévation de la couronne de ses dents, ét un bourrelet basal très développé. L'os maxillaire est complètement pourri et je n’ai pu en sau- 1. Le nombre des Mammifères est aujourd'hui de 6. Les nouvelles trouvailles sont celles d’un grand Rhinoceros représenté par quelques molaires incomplètes et d’un Ruminant représenté par une molaire non encore étudiée (note ajoutée pendant l'impression). PT td 1910 CALCAIRE DE BRIE EN S.-ET-M. 4 ES 1 ver qu'un fragment, contenant une racine de canine, mais insuf- fisant pour atteindre les alvéoles des incisives s’il en existait. Cette absence de la partie antérieure de la mâchoire, jointe au manque de molaires supérieures, rend très difficile la détermina- tion du genre, et je crois que jusqu'à ce que de nouvelles décou- vertes soient venues donner des matériaux qui tranchent la ques- tion, il est préférable de dire que l’on se trouve en présence d’un Rhinocéridé très petit, possédant les caractères dentaires de Ace- rotherium Gaudryi de Brons (Cantal), mais intermédiaire comme taille entre ce dernier et Æyracodon nebracensis de l'Amérique du Nord. En effet, si l'on compare la longueur de la série des molaires et des prémolaires entre Acerotherium Gaudryi et le Rhinocé- ridé du Calcaire de la Brie, on remarque une forme presque iden- tique, mais la longueur de la série dentaire chez Acerotherium Gaudryi est bien plus forte. Le contraire se produit si l’on fait la même comparaison avec Hyracodon nebracensis, la forme des dents est également rapprochée, mais c’est ce dernier qui est le plus petit. L'espace occupé par les prémolaires et les molaires de ces trois espèces est donné ci-après! : Rhinocéridé du A. Gaudryi HT. ë i audryi Calc. de Brie nebracensis RTE 2 R R Longueur [Rapport | Longueur | Rapport! Longueur [Rapport Long. des prémolaires. 0,079 | 0,038 | 0,0761 1) » » Long. des molaires. 0,098 | 1,119 | 0,0796 dl 0,065 | 0,817 Je n'entreprendrai pas iei l'étude de ces dents qui, jointes aux autres matériaux, feront l'objet d'une étude d'ensemble sur la faune du Calcaire de la Brie ; mais je dirai cependant quelques mots de cette mâchoire. La série dentaire gauche est presque complète (je rappelle ici qu'il n’est question que des dents, la partie osseuse étant tota- lement écrasée.) La canine et les quatre prémolaires ont leurs couronnes intactes ainsi que les deux premières molaires ; la par- tie postérieure de la dernière molaire manque. La série droite est en plus mauvais état; la canine et la pre- mière prémolaire manquent complètement, les trois autres pré- molaires sont intactes. La première molaire n'est représentée 1. Les mesures de H. nebracensis et A. Gaudryi ont été prises sur les échan- tillons du Muséum obligeamment communiqués par M. le professeur Boule. 438 MAURICE MORIN 2 Ma que par sa partie moyenne et une grande partie du lobe anté- rieur. Les parties antérieures des deuxième et troisième molaires sont abîmées. Malgré ces quelques défauts la mâchoire pourra être étudiée facilement, les parties manquant d'un côté se com- plétant heureusement par l'autre. Les Reptiles n'ont pas encore été étudiés. Une Tortue de entière, mais malheureusement engagée dans un bloc de silex pu cependant être déterminée génériquement, grâce à li parties qui ont pu être dégagées suffisamment. Énelnee plaques marginales et une vertèbre ont pu être mises à jour. Elle fait par- tie du genre Emys. Comme je l'ai dit plus haut, quelques dents de différentes grandeurs appartenant à un Crocodile ont été également trou- vées, mais aucune étude n’a pu en être faite jusqu'ici. Ces dents sont assez fréquentes dans la roche qui surmonte la couche fos- silifère. Les Gastropodes sont relativement bien représentés. On peut y reconnaître au moins cinq genres qui sont Nystia, Bithinta, Limnæa, Planorbis et Succinea ; ce dernier n'a pas encore été signalé dans le Calcaire de Brie, il y est d'ailleurs très rare et je n'en ai encore trouvé que trois individus". Le genre Nystia ne paraît comporter qu'une seule espèce qui serait Nystia Duchasteli; le genre Bithinia serait représenté par au moins deux espèces. Limnæa est le genre le plus riche, et pourrait bien atteindre une dizaine d'espèces dont beaucoup paraissent nouvelles. Planorbis comprend trois ou quatre espèces et enfin le genre Succinea n'en montre qu'une, mais qui n'a probablement pas encore été décrite, aucune espèce de ce genre n'ayant jamais été signalée dans le Calcaire de Brie. Enfin pour terminer l'énumération de la faune du Calcaire de la Brie, j'y signalerai la présence de nombreux Ostracodes. Ces petits Crustacés m’ont montré un assez grand nombre de formes, dont plusieurs assez abondantes. Ils paraissent appartenir pour la plupart au genre Cypris. La flore paraissait assez riche, si l'on en juge par la diversité de formes des empreintes trouvées dans les calcaires remplaçant quelquefois le banc siliceux. Malheureusement, ces empreintes sont très mal conservées etleur détermination est impossible. . Je viens de découvrir des représentants des genres Helix, Clausilia, Verligo, et re autrés Gastropodes terrestres. Ces genres n ‘ont jamais été signalés dans ie Calcaire de Brie (nole ajoulée pendant l'impression). 1910 CALCAIRE DE BRIE EN S.-ET-M. 449 Il n’en est pas de même pour les Chara, j'ai trouvé, en lavant la marne des poches à coquilles, de grandes quantités de graines très bien conservées, ainsi que de petites tiges creuses, épaisses au plus de 1 millimètre et quelquefois dichotomées. Ces tiges sont ornées soit de filets longitudinaux plus ou moins granuleux, soit defilets spiraux, soit enfin de granulations. D’après M. Fri- tel ces tiges appartiennent à des Chara. Par cette description, on voit que la connaissance de la faune et de la flore du Calcaire de Brie fera un grand pas par l'étude des matériaux recueillis dans la carrière de Thorigny. Ce gisement a présenté aussi de l'intérêt au point de vue miné- ralogique. Des cristaux de quartz, atteignant un centimètre de longueur ont été quelquefois trouvés dans les cavités des blocs de silex. M. Gaubert, assistant au laboratoire de Minéralogie du Muséum, a déterminé des cristaux d'anhydrite de 5 mm. de lon- gueur, en contact avec des ossements de Tortue engagés dans un silex. La marne sableuse contenant les coquilles et située à l’intérieur des blocs de silex a, par sa dissolution dans l'acide chlorhydrique, laissé un résidu formé d’argile et d'une multitude de cristaux de quartz bipyramidés, soit admirablement réguliers, soit de formes diverses. Il n’est pas rare de rencontrer de véri- tables nids d'oxyde de manganèse et de fer hydraté ; j'ai trouvé un fragment de sidérose. Enfin, on peut souvent remarquer, à la surface des calcaires fragmentaires qui surmontent les bancs siliceux, la présence d'une efflorescence blanche qui, au micros- cope, se montre entièrement formée d'aiguilles entrelacées de car- bonate de chaux. Enfin, la roche siliceuse prend souvent, quand elle est brisée par la dynamite, la forme et les angles des rhom- boëdres de calcite. J’ai pu observer ce fait souvent et en conclure que la roche siliceuse n’était qu'une pseudomorphose du calcaire. J'ajouterai pour terminer avec le gisement de Thorigny que les découvertes que je viens d'énumérer sont venues confirmer, s il en était encore besoin, l’assertion de M. le Professeur Boule qui, dans sa Géologie du Velay, émettait l'opinion que le Cal- care de Brie était, dans la stratigraphie parisienne, le représen- tant des Calcaires de Ronzon!. 1. Les recherches géologiques et hydrologiques dans le département de Seine-et- Marne, auxquelles une partie de la subvention que la Société géologique m'avait accordée était destinée, n’ont pu être terminées cette année. De nombreux points de détail ont pu être fixés, mais j'en réserve la description pour un travail d'en- semble. 9 janvier 1911. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 29. SUR LES FAILLES COURBES DE LA LISIÈRE DU JURA ENTRE SALINS ET BESANÇON Par l'abbé Bourgeat. J'ai fait remarquer, il y a deux ans, qu'une partie des failles courbes que Marcel Bertrand avait signalées aux environs de Salins ' — celles qui courent de Salins à Marnoz à peu près de l'Est à l'Ouest — n'existent pas en profondeur et ne sont que le résultat d’un charriage glaciaire. Il n’en est pas de même de celles qui se montrent entre Besan- çon et Salins à peu près perpendiculairement aux précédentes. Celles-làa sont bien de véritables failles. Elles accompagnent d’une façon intermittente la grande faille de Salins, Saint-Thiébaud, Ivrey, Ronchaux, Vorges, Larnod et Beurre qui est connue depuis longtemps. C'est sur la lèvre occidentale de cette faille qu'elles se montrent. Elles consistent surtout dans la superpo- sition en quasi-concordance de stratification, sans aucune interpo- sition du Jurassique moyen, du Jurassique inférieur sur du Juras- sique supérieur. Les deux exemples principaux qu'en cite Marcel Bertrand sont celui du bois de Méhaut à l'Ouest de Saint-Thiébaud, au pied du mont Poupet, et celui du moulin Caillet, près de Vorges, aux deux tiers à peu près de la distance de Salins à Besançon. Il cite aussi près de Salins, au voisinage de Saint-Thiébaud, au contour de la route qui monte de Salins, en vue de ce dernier village, un exemple qui lui semble plus complexe encore. Là, un lambeau de Bajocien repose sans intermédiaire sur du calcaire à Gryphées arquées et se trouve surmonté lui-même immédiate- ment de bancs plus blancs, de calcaires compacts quiressemblent beaucoup à ceux du Portlandien, visibles, en position normale, à quelque distance plus bas. C'est cette superposition anormale du Portlandien sur le Bajo- cien qui avait le plus préoccupé Marcel Bertrand. IL avait eu recours, pour en rendre compte, à un phénomène de poussée gigan- tesque qui aurait entrainé à de grandes distances vers l'Ouest le Jurassique supérieur par-dessus les assises plus anciennes. I suflit, pour s’en faire une idée, de jeter les yeux sur la figure 1. M. BerTranD. Failles de la lisière du Jura. B.S.G.F., (3), X, 1881-82, p. 114 et suivantes. Sr > 1910 FAILLES ENTRE SALINS ET BESANCON 4 14 de son mémoire. Cette poussée du Jurassique supérieur, 1l l’appliquait encore au cas du bois de Méhaut, comme le montre la figure 13 du même travail. Seulement au bois de Méhaut, ce n'est pas le Portlandien qui surmonte le Bajocien, mais bien le Bajocien qui s'étend au-dessus du Jurassique supérieur. C'est la même chose au moulin Caillet dont Marcel Bertrand dessine la carte à la figure 2 de sa note, sans en donner l'explication. Il me semble que pour résoudre ces questions, le meilleur est de prendre d’abord le cas le plus simple, celui du seul contact anormal du Bajocien par-dessus le Jurassique supérieur. Le cas spécial du Bajocien sur le calcaire à Gryphées, avec calcaires blancs en superposition sur le Bajocien, doit venir ensuite. Pour rendre compte des premiers phénomènes je partirai d’une coupe qui est bien visible en ce moment : celle du nouveau chemin de La Chapelle à Ivrey. Elle se présente un peu au Nord du bois de Méhaut, et elle traverse à peu près les mêmes for- mations. Ce qui la rend très visible, c’est une route qu'on a ouverte récemment entre les deux villages et qui coupe en tran- chées presque toute la série des assises. Si nous montons de La Chapelle nous trouvons d’abord l’Astar- tien, puis le Rauracien, puis l'Oxfordien qui forme un léger bombement ou anticlinal planté en vignes. Plus haut le Rauracien se présente à nouveau, puis l’Astar tien, puis le Virgulien après quoi l'on atteint une sorte de falaise astartienne et rauracienne. Le pendage des couches plus accusé sur le bord oriental que sur le bord occidental montre que ce syn- clinal est dissymétrique, qu'il y a déja comme un renversement du bord oriental vers l'Ouest. Montant toujours, on repasse par l’Astartien, puis par le Vir- gulien, puis on trouve des assises plus ou moins bréchiformes ; après quoi le Virgulien se montre à nouveau surmonté de cal- caires très fortement fragmentés, où quelques lits marneux sont passés à l’état de schistes, et qui contiennent beaucoup de Poly- piers. Le tout supporte des marnes schisteuses dans lesquelles on trouve des Belemnites hastatus et les Perisphinctes de lOx- fordien. Là, toutes les couches plongent vers l’Estetla superposition de l'Oxfordien sur les calcaires à Polypiers qui ne peuvent être que rauraciens, comme la superposition de ces derniers aux assises à Ostrea virqula, montre qu’on a affaire ici à un synclinal nette- ment couché vers l'Ouest. Plus haut on trouve le calcaire à Gryphées surmonté normale- ment du Lias marneux, du Bajocien et du Bathonien (fig. 1). 452 BOURGEAT 2 Mai A Yvrey, M. Rollier avait bien remarqué la position anormale du Rauracien sur les autres assises Jurassiques supérieures. Dans la coupe qu'il en donne il note en effet une brèche rauracienne et du Portlandien immédiatement au-dessous de cette brèche. S'il avait cherché un peu dans les champs qui surmontent le Rau- racien 1l aurait trouvé des fossiles oxfordiens, et, en examinant les tranchées au-dessous, l'Ostrea virqula lui aurait montré que la série est toute entière renversée. EN) hapelle De lvrey FiG. 1. — Coupe de La Chapelle à Ivrey. k C0 hapelle \ La DES NS (l EE ent ci Fu \ S7hiébaud /2 furieuse FiG. 3. — Coupe de Saint-Thiébaud à la vallée de la Furieuse. Longueurs : 1/300 000; Hauteurs : 1/15 000. ce, Calcaire à Gryphées; {!, Lias marneux; bj, Bajocien; bt, Bathonien; 0, Oxfordien; j, Jurassique supérieur. Quoi qu'il en soit, pour en revenir à Ivrey, on remarque qu'à peu de distance vers le Nord, la grande ouverture ou bouton- nière du calcaire à Gryphées et du Lias se ferme. Le Bajocien, qui surmontait normalement le Lias, vient se superposer au Rau- racien renversé (fig. 2). 1. Routier (L.). Formations jurassiques des env. de Besançon. Act. Soc. jurass. Emulation., (8), III, Porrentruy, 1883, p. 201. 1910 FAILLES ENTRE SALINS ET BESANCON 453 C’est un glissement presque horizontal qui s'est produit mais un glissement d’un faible parcours. Voilà prise sur le vif la super- position du bois de Méhaut. Les coupes des figures À et 2 rendent bien compte du phénomène. Venons au bois de Méhaut. On y voit d'abord du calcaire à Polypiers à l'Ouest de Ia même faille au-dessous du Bajocien. Plus bas, encore à l'Ouest, on arrive à travers bois à des assises qu'on ne peut rapporter, comme Bertrand l’a du reste constaté, qu'au Port- landien supérieur et au Néocomien. Plus bas encore, après avoir coupé les tranches de calcaires sans fossiles, on atteint du Vir- gulien ; puis on voit les couches qui le supportent s'infléchir en synclinal vers le lit de la Furieuse pour se montrer ensuite rele- vées sur l’'Oxfordien du côté du château de Vaugrenans. L'apparition du Portlandien au-dessous du Rauracien et celle du Virgulien plus bas, au-dessous de calcaires qui n’ont rien de Portlandien, prouve qu'on retrouve bien là les deux synclinaux déversés de La Chapelle à Yvrey. La différence qu'il y à entre cette localité et celle du bois de Méhaut, c'est qu'au bois de Méhaut, par derrière le Jurassique inférieur, se montre encore le Lias. Pour l'expliquer, il suffit d'admettre qu'à Méhaut les assises bajociennes et bathoniennes se sont étirées ou tout au moins frag- mentées durant le charriage, et que les agents atmosphériques les ont enlevées dans la suite en arrière de la superposition. La grande faille de Saint-Thiébaud-Vorges sur la lèvre occi- dentale de laquelle se montre la superposition anormale est-elle une simple faille ou bien n'est-elle que l’exagération d'un anti- chinal? On peut adopter l'une ou l’autre hypothèse. Peut-être est- ce la première qui convient à Vorges, où je n'ai pas constaté de renversements de terrains; mais j'avoue que la seconde me parait s'harmoniser beaucoup mieux avec les renversements des syn- clinaux à Ivrey et au bois de Méhaut. C'est celle-là que M. Fournier avait adopté tant pour Vorges que pour Saint-Thiébaud. Ses coupes! ne laissent aucun doute sur sa manière de voir. Sans doute que s'il avait pu observer les renversements d'Ivrey, notre éminent confrère n'aurait pas hésité à donner une explication des superpositions bajociennes sur le Jurassique supérieur, plus simple que celle de Marcel Bertrand. Reste le lambeau de Bajocien qui repose sur le calcaire à Gry- phées, et qui est surmonté immédiatement de calcaires blanes compacts au chemin de Salins vers St-Thiébaud. 1. Fournier (E.). Étude sur la tectonique du Jura franc-comtois. B.S.G.F. (4), 1, 1901, p. 105. n BOURGEAT 2Ma CSI Qc CS Ces calcaires sont-ils du Portlandien comme le suppose Marcel Bertrand? Ils en ont la cassure compacte; mais Marcel Bertrand avoue n'y avoir trouvé aucun fossile. Je n’en ai pas recueilli non plus; seulement j'ai constaté que, non loin de là, à Pagnoz, le Bathonien présente à peu près les mêmes caractères. Dans le doute, il me semble plus naturel de penser que ce calcaire blanc n'est que du Bathonien. La superposition au Bajocien n'aurait done rien que de très normal. Quant au fait que le lambeau de Bajocien repose sur le caleaire à Gryphées, c’est, à mon avis, le résultat d'un simple éboulement. Le mont Poupet forme falaise au-dessus du Lias et la falaise est du Bajocien surmonté de Bathonien. De nombreux lam- beaux de ces deux terrains épars sur les pentes liasiques prouvent que les éboulements y ont été fréquents. Le lambeau en question ne serait qu'un des termes de cette série plus puissant que les autres. Il serait descendu jusqu'au calcaire à Gryphées précisé- ment parce qu'il était plus puissant. Marcel Bertrand, du reste, avec sa sagacité bien connue, n’exclut pas cette solution, puisque dans sa note il écrit qu'on pourrait « à la rigueur » supposer qu'on a affaire là à des éboulements. J'ajouterai pour terminer cette note, que les assises qui sur- montent le Virgulien dans la coupe de La Chapelle à Ivrey sont bréchiformes par place. Le Portlandien aurait donc là des traits de ressemblance avec le Portlandien bréchiforme de Trois Chatels et d'Auxon. SUR QUELQUES POISSONS DU CRÉTACÉ DU BASSIN DE PARIS Par Maurice Leriche. PLancne VI fig. 1-8. M. E. Haug, Professeur de Géologie à la Faculté des Sciences de Paris, a bien voulu me confier la revision d’une partie des collections paléichthyologiques de la Sorbonne. Parmi les Poissons crétacés conservés dans ces collections, il s'en trouve qui présentent un réel intérêt : ou bien du fait qu'ils n'ont pas encore été rencontrés dans le Bassin de Paris, ou bien à cause de leur présence à des niveaux dans lesquels ils n'avaient pas encore été signalés, ou bien enfin parce qu'ils nous font mieux connaître les caractères des espèces auxquelles ils appartiennent. C'est à ces Poissons qu'est consacrée la pré- sente note. La plupart des matériaux étudiés ont été recueillis dans le Néocomien de la Champagne. Ils font partie de la collection Tombeck, récemment donnée au Laboratoire de Géologie de la Sorbonne. Les autres proviennent du Crétacé supérieur (Cénomanien et Sénonien) du Pas-de-Calais et de la Marne. I. Poissons du Crétacé inférieur (Néocomien). Le Néocomien de la Champagne comprend, commeonlesait!, deux groupes de formations : Le groupe inférieur débute par une marne argileuse, noirâtre. Il se continue par une argile ferrugineuse, avec minerai de fer, à laquelle succèdent des sables et grès ferrugineux et, enfin, des sables blancs. Le groupe supérieur commence avec une marne bleue. Sur celle-ci repose le Calcaire à Spatangues, qui est surmonté parune marne argileuse, jaune. Le Calcaire à Spatangues est assez riche en restes de Poissons, 1. J. Corxuez. Mémoire sur les terrains crétacé inférieur et supra-jurassique de l'arrondissement de Vassy (Haute-Marne). Mém. S. G. F., (1), IV, 1° partie, p. 229; 1840. Æ oc mp] MAURICE LERICHE 2 Mai surtout en mâchoires et en dentures de Pycenodontidés. Sa faune ichthyologique a déjà été étudiée, principalement par Cornuel!. Par contre, les autres formations néocomiennes ne semblent avoir fourni, jusqu'ici, que peu de restes. Cornuel a seulement signalé, dans la marne argileuse, noirâtre (Néocomien inférieur) de Ville-en-Blaisois et de Doulevant-le-Petit (Haute-Marne), « quelques dents isolées de l’ycnodus et d'Hybodus et des frag- ments d’'Ichthyodorulithes » ?. Une bonne partie des matériaux de la collection Tombeck étu- diés ci-après provient soit de la marne argileuse, noirâtre, de la base du Néocomien inférieur, soit de la marne bleue, de la base du Néocomien supérieur. ; ASTERACANTHUS cf. ACUTUS L. AGASSIZz Pr VISE Les figures 1 et la de la planche VI montrent deux fragments d’une épine de nageoïre dorsale — et la forme probable de l’épine entière — d’un Asferacanthus. Ces fragments sont comprimés ; leur bord antérieur est subanguleux ; leur face postérieure, assez fortement convexe, porte deux rangées de tubercules qui se rap- 1. J. Corxuer.. Description de Poissons fossiles provenant principalement du calcaire néocomien de la Haute-Marne. B. S. G. F.,(3), V, 1876-1877, p. 601-626, pl. x1. J. Cornuez. Note sur de nouveaux débris de Pycnodontes portlandienset néo- comiens de l'Est du bassin de Paris. 7d., (3), VIII, 1879-18S0, p. 157-162, pl. 111, fig. 18-22 ; 1880. J. Cornuez. Nouvelle note sur des Pycnodontes portlandiens etnéocomiens de l'Est du bassin de Paris et sur des dents binaires de plusieurs d’entre eux. Jd. (3), XI, 1882-1883, p. 23-27, pl. 1, fig. 4-7, 10. En outre, Leymerie a figuré un vomer de Pycnodontidé provenant du Néoco- mien de l'Aube A, Leymerte. Mémoire sur le Terrain crétacé du département de l'Aube (suite). Mém. S. G. Fr., (1), V, p. 33, pl. xvin, fig. 6 ; 2842]. De même, P. Gervais a représenté plrsieurs restes de Poissons trouvés dans le Néocomien de la Haute-Marne, de l'Aube et de l'Yonne [P. GErvais. Zoologie et Paléontologie françaises, t. IT. Explication des planches : Poissons fossiles, p. 6, 7 (2° édition, 1859, p. 523, 524), pl. zxix, fig. 19, 22, pl. zxxvi, fig. 22 ; 1852]. Dans son mémoire sur les Vertébrés du Jurassique supérieur et du Crétacé du département de l'Yonne, M. Sauvage a décrit un certain nombre de restes de Poissons provenant du Crétacé inférieur (Néocomien, Barrémien, Aptien) [H.-E. SauvaGe. Étude sur les Poissons et les Reptilesdes terrains crétacés et jurassiques supérieurs de l'Yonne. Bull. Soc. Sc. hist. et nat. Yonne, XXXIIT, 1879, Sciences naturelles, p. 31, 35-44, 46, 51-53, 59, pl. 1, fig. 3-6, pl. ur, fig. 1, 3-5. 7-10, pl. ur, fig. 13, 14; 1880]. Enfin, M. Priem a récemment fait connaître, du Calcaire à Spatangues de la Haute-Marne, une forme d'otolithe, qu'il attribue dubitativement, sous le nom d’'« Otolithus » (Clupeidarum ?) neocomiensis PRiEM, à la famille des Clupéidés (F. Priem. Étude des Poissons fossiles du Bassin parisien, p. 37-38, fig. 11-14 dans le texte. Paris, 1908). 2. J. Cornuer. Description de débris de Poissons fossiles provenant principale- ment du calcaire néocomien du département de la Haute-Marne. B.S. G.F., (3) V,p. 606, note infrapaginale. 1910 POISSONS CRÉTACÉS DU BASSIN DE PARIS 457 ’ prochent à mesure qu'elles s'élèvent vers le sommet de l’épine. Les faces latérales sont ornées de nombreux tubercules allongés et disposés suivant des lignes longitudinales. Ces lignes s'élèvent en petites côtes dansle fragment de l’épine le plus voisin du som- met. L'épine entière devait être assez fortement recourbée en ar- rière. C'est avec la forme d'épine, du Bathonien d'Angleterre, décrite par L. Agassiz ! sous lenom d’Asferacanthus acutus, que l’épine du Néocomien du Bassin de Paris présente le plus d'analogie. Celle-ci se distingue à peine de celles du Jurassique anglais par sa forme un peu moins comprimée et par sa partie supérieure un peu moins atténuée. Gisement : Marne argileuse, noirâtre (Néocomien inférieur). — Localité : Doulevant-le-Petit (Haute-Marne). HYBODUS BASANUS EGERTON PL. VL, fig. 2. 1889. Hybodus basanus. A.-Suirn Woopwarp. Catalogue of the fossil Fishes in the British Museum, vol. I, p. 275, pl. x11, fig. 5. Un fragment d’épine de nageoire dorsale d'Hybodus (pl. VI, fig. 2) montre la partie de cette épine qui était enchâssée dans la chair, et la base de la partie émaillée, qui faisait saillie à l’ex- térieur. Ces parties sont étroites ; elles indiquent, pour l’épine entière, une forme allongée. Le bord antérieur est anguleux sur la partie qui était fichée dans la chair ; il devient obtus dans la partie qui faisait saillie à l'extérieur. La face postérieure est, dans l'une et l’autre partie, creusée d’un large et profond sillon. Les faces latérales sont ornées, dans la première partie, de fines stries longitudinales, anastomosées ; elles portent, dans la seconde, des côtes longitudi- nales, dont la force va en décroissant régulièrement d'avant en arrière. Le bord antérieur est lui-même occupé par une côte plus saillante encore que les côtes voisines. L'espace compris entre toutes ces côtes est finement chagriné. Cette épine du Néocomien du Bassin de Paris est identique à celle du Wealdien d'Angleterre que M. A.-Smith Woodward a figurée et rapportée à une espèce, Hybodus basanus EGERTON, dont les restes de la tête sont assez communs dans cette dernière formation. 1. L. AGassiz. Recherches sur les Poissons fossiles, €. III, p. 33, pl. vina, fig. 1- 3: 1837. 458 MAURICE LERICHE 2 Ma Gisement : Marne argileuse, noirâtre (Néocomien inférieur). — Localité : Doulevant-le-Petit. CESTRACION Sp. PL. VI, fig: 3 La présence du genre Cestracion, dans le Néocomien du Bas- sin de Paris, est indiquée par une petite dent, grossie deux fois dans la figure 5 de la planche VI. Cette dent est brusquement et obliquement tronquée à ses deux extrémités, antérieure et pos- térieure. Sa couronne est un peu surélevée ds la partie centrale ; elle porte une crête médiane, peu saillante, de laquelle partent de petits plis qui s’anastomosent et forment un réseau très fin recou- vrant toute la face orale. Cette dent est certainement très voisine de celles de Cestra- cion rugosus L. AGassiz!, du Crétacé supérieur, quoique sensi- blement plus petite. Pour décider si le Cestracion néocomien appartient ou non à la même espèce que le Cestracion du Crétacé supérieur, il faudrait disposer de matériaux qui manquent encore, pour l’un comme pour l’autre. Gisement : Calcaire à Spatangues (Néocomien supérieur). — Localité : Vassy (Haute-Marne). NOTIDANUS MUENSTERI L. AGASSIZ PL. VI fg.14. 1843. Nolidanus Muensteri. L. AGassiz. Recherches sur les Poissons fossiles, t. LT Sp 292 pli x VIe, 1849. Notidanus Muensteri. Beyrica et Friscamann. Zeitschr. deutsch. geol. Gesells.,vol. I, p. 434-437, pl. vr. 1858. Notidanus Muensteri. À. Quexsrepr. Der Jura, p. 783, pl. xcvi, fig. 33, 34. 1861. Notidanus eximius WaGxer. À. WaGner. Monographie der fossilen Fische aus den lithographischen Schiefern Bayern's. Abh. math. ph. Cl.k.-bayer. Ak. Wiss., vol. IX, p. 293, pl. 1v, fig. 2. 1886. Notidanus eximius. A.-Smira Woopwarp. On the Palæontology of the Sela- chian Genus Notidanus Cuvier. Geol. Mag. (3), vol. INT, p. 209, pl. vi, fig. 3-5. 1889. Notidanus Muensteri. A.-Suirx Woopwarp. Catalogue of the fossil Fishes in the British Museum, vol. I, p.158. La collection Tombeck renferme une dent de Votidanus bien conservée et d'assez grande taille (pl. VI, fig. 4). Le genre Noti- 1. L. AGassiz. Recherches sur les Poissons fossiles, t. IIT, p. 148, pl. xxu, fig. 98, 29; 1839. A.-Smirx Woopwarp. Catalogue’ of the fossil Fishes in the British Museum, vol. I, p. 335, pl. x1, fig. 29 ; 1889. M. Lericue. Revision de la Faune ichthyologique des Terrains crétacés du Nord de la France. Ann. Soc. géol. Nord, XXXI, p. 103, pl. 1m, fig. 3; 1902. 1910 POISSONS CRÉTACÉS DU BASSIN DE PARIS 459 danus, que l’on connaît a n'avait pas encore été Ron jusqu'ici, dans le Néocomien. La couronne de cette dent présente un cône principal relati- vement très développé, fortement couché sur la racine, et dont le bord antérieur est tout à fait lisse. Ce cône est suivi de trois cônes accessoires beaucoup plus petits, dont la taille décroit rapidement, mais régulièrement, d'avant en arrière. La racine est peu élevée Cette dent du Néocomien du Bassin de Paris ne peut être dis- tinguée spécifiquement des dents de la mâchoire inférieure de l'espèce jurassique, N. Muensteri L. AGassiz, quoique sa taille soit sensiblement supérieure à celle de ces dernières. Les dents de N. Muensteri sont en effet caractérisées par le grand dévelop- pement du cône principal, par l'absence de denticules au bord antérieur de celui-ci, et enfin par le petit nombre de cônes acces- soires, même dans les dents latérales de la mâchoire inférieure où ce nombre n'est jamais supérieur à quatre. Notidanus Muensteri est une espèce assez répandue dans le Jurassique supérieur — de l'Oxfordien au Portlandien inférieur inclus — de l'Allemagne du Sud et de la Suisse. Un individu entier, dans lequel les dents ont conservé leurs relations natu- relles, a été trouvé dans le Calcaire lithographique d’'Eichstädt (Bavière) ; il a été décrit par Beyrich et Frischmann. Gisement : Marne bleue (Néocomien supérieur). — Localité : Brousseval (Haute-Marne). ODONTASPIS MACRORRIZA COPE, mut. INFRACRETACEA LERICHE 1858. Odontaspis gracilis [non Lamna (Odontaspis, gracilis L. AGassiz]. F.-J. Picrer et G. Caupicue. Description des Fossiles du Terrain crétacé des environs de Sainte-Croix, 1"° partie, p.88, pl. xr, fig. 9-15, 17, 18 (non fig. 16). Les trois dents incomplètes, provenantduNéocomien dela Suisse, que L.Agassiz'a décrites sous le nom de Zamna(Odontaspis) gracilis, . caractérisées par leur couronne très comprimée, et à courbure sigmoïdale bien marquée. La face interne de la cou- ronne est lisse ; la base de la face externe est ornée de petits plis verticaux. A cette espèce, j'ai rapporté? une dent du Gault de la Meuse, qui ne se distingue des dents figurées par Agassiz que par sa taille plus grande et peut-être par la présence de quelques rares 1. L. AGassiz. Recherches surles Poissons fossiles, €. IIT, p. 295, pl. xxxvira, fig. 2-4. 2. M. Lenicue. Revision de la Faune ichthyologique des Terrains crétacés du Nord de la France. Ann. Soc. géol. Nord, XXXI, p. 108, pl. m1, fig. 14; 1902. = 460 MAURICE LERICHE 2 Mai plis verticaux, tout à fait à la base de la face interne de la cou- ronne. C’est avec un tout autre aspect que se présentent les dents du Crétacé inférieur et moyen (Néocomien, Aptien, Albien) de la Suisse rapportées par Pictet et Campiche à Odontaspis gracilis. Elles se distinguent immédiatement de celles décrites par Agas- siz : 1° par leur couronne beaucoup plus convexe à la face interne et par suite beaucoup plus massive ; 2° par la présence, sur cette face interne, de très fines stries flexueuses qui partent de la base et s'élèvent à une plus ou moins grande hauteur. Quelques-unes des dents représentées par Pictet et Campiche ont conservé leur racine. Celle-ci est très forte et porte une paire de denticules latéraux très développés et acuminés. Ces dents ont une grande analogie avec celles d'Odontaspis mäcrorhiza Cope', espèce que l’on rencontre à partir de l'Albien jusque dans le Sénonien supérieur. Elles en diffèrent à peine par les stries de leur face interne, qui paraissent être plus constantes et qui couvrent, en général, une surface plus étendue. Je les consi- dère comme une prémutation d'O. macrorhiza. Des dents de cette prémutation, réduites à leur couronne, font partie de la collection Tombeck. Gisement : Calcaire à Spatangues (Néocomien supérieur). — Localité : Vassy (Haute-Marne) ?. Iscuyopus THURMANNI Picrer et CAMPICHE ? PL. V1, fig. 5. La figure 5 de la planche VI représente la partie antérieure et interne d’une dent mandibulaire droite d'Ischyodus. Dans cette dent, le bord symphysaire, saillant, est accompagné d'un tritu- rateur (s), que l'usure à mis à nu sur toute sa longueur: Le triturateur antéro-externe (a.e) est long et étroit. Il fait fortement saillie sur le bord oral, qu'il rend très sinueux. Une profonde dépression sépare ce triturateur du bord symphysaire. Le triturateur médian (m) commence immédiatement derrière 1. Voir la bibliographie, la description et la figuration de cette espèce dans M. Lerice. Loc. cil., p. 109, pl. 11, fig. 18-27. 2, Si la provenance de la dent que Gervais [P. Gervais. Zoologie et Paléontolo- gie françaises, t. Il, Explication des planches: Poissons fossiles, p. 7 (2° éd., 1859, p. 524), pl. Lxxvi, fig. 22: 1852] a figurée et indiquée comme ayant été trou- vée dans le Néocomien de la Haute-Marne, était reconnue exacte, il y aurait, dans le Néocomien du Bassin de Paris, une seconde espèce de Lamnidé. Celle- ci appartiendrait au genre Olodus ou au genre Lamna; mais elle ne saurait être caractérisée d’après cette seule dent. 3. Voir la bibliographie, la description et la figuration de cette espèce dans M. Lerice. Loc. cit., p.125, pl. 1v, fig: 1, 2. 4910 POISSONS CRÉTACÉS DU BASSIN DE PARIS 461 le triturateur antéro-externe ; il est relativement peu développé et s'atténue régulièrement vers l'avant. Une dépression assez pro- fonde, surtout en avant, Le sépare du triturateur postéro-externe, dont l'extrémité antérieure {p.e) est seule conservée. La topographie de la face orale de la dent incomplète qui vient d'être décrite est identique à celle de la partie correspondante des dents mandibulaires d’/schyodus Thurmanni Pictrer et Can- PICHE. Cette espèce est assez commune en Angleterre, où on la ren- contre depuis le « Lower Greensand » jusque dans le Cénoma- nien. Elle n'avait pas encore été signalée à un niveau inférieur au Lower Greensand. Gisement : Marne argileuse, noirâtre (Néocomien inférieur). — Localité : Valcourt (Haute-Marne) !. GYRODUS SCULPTUS CORNUEL 1877. Pycnodus sculplus. J. Corxres. Description de Poissons fossiles provenant principalement du calcaire néocomien de la Haute-Marne. B.S. G.F., (3), V, p. 611, pl. xi, fig. 8-10. 1877. Pycnodus imitator Corus. J. Cornuez. Id. Id., (3), V, p.612, pl. xr, fig. 11. 1877. Pycnodus disparilis CornueL. J. Cornuez. Id. 1d., (3), V, p. 614, pl. xt, fig. 19, 20. 1879. Pycnodus (Typodus) Cotteaui Savage. H.-E. SauvaGe. Étude sur les Pois- sons et les Reptiles des terrains crétacés et jurassiques supérieurs de l'Yonne. Bull. Soc. Sc. hist. el nat. Yonne, XXXIII, 2° partie, Sciences naturelles, p. 36, pl. 11, fig. 1 (non pl. 1, fig. 3). 1879. Cosmodus sculptus H.-E. Sauvace. Id. Id., XXXIII, 2° partie, p. 49 (le nom seulement). 1879. Cosmodus imitator H.-E. Sauvace. Id. Zd., XXXIIT, 2° partie, p. 49 (le nom seulement). 1880. Pycnodus imilalor. J. Corne. Note sur de nouveaux débris de Pycno- dontes portlandiens et néocomiens de l'Est du bassin de Paris. B.S. G.F., (GMT p ter pl ur, 91819; 1880. Pycnodus sculptus. J. Cornuez. Id. 1d., (3), VIII, p. 157, pl. ui, fig. 20, 21. 1883. Pycnodus contiquidens [non P.(Typodus) contigquidens Picrer]. J. Cornuez. Nouvelle note sur des Pycnodontes portlandiens et néocomiens de l'est du bassin de Paris, et sur des dents binaires de plusieurs d’entre eux. /d., (SN IMP. 23; 1pl:Er fie 4, 5! 1883. Pycnodus asperulus Cornuez.J.Corxuer. [d. 1d., (3), XI, p.24, pl. 1, fig. 6,7. 1895. Gyrodus imilator. A.-SmiTrx Woopwarp. Catalogue of the fossil Fishes in the British Museum, III, p. 216 (le nom seulement). 1895. Gyrodus sculplus. A.-Surra Woonwarp. Id., III, p. 247 (le nom seulement). 1895. Cœlodus asperulus. A.-Suira WoopwarpD. Id., III, p.257 (lenom seulement). 1895. Gyrodus ? disparilis. A.-Smira Woonwanrp. Id., III, p. 283 (le nom seule- ment). 1. S'il s’agit de Valcourt, à l'Ouest de Saint-Dizier, il est probable que l’indi- cation degisement, donnée par l'étiquette quiaccompagne l'échantillon, est fausse, En effet, d'après la Carte géologique de France à 1/80000 (feuille 68), le Néoco- mien n'affleure pas sur le territoire de Valcourt, près Saint-Dizier ; parcontre, les argiles foncées du Gault — desquelles pourrait provenir la dent décrite plus haut — y couvrent une grande surface. 462 MAURICE LERICHE 2 Mai La détermination spécifique des dentures de Pycnodontidés offre souvent de grandes difficultés qui ont surtout pour cause le polymorphisme déterminé par l’âge. L'étude des espèces repré- sentées par un nombre important de mâchoires montre, en effet, que, dans le jeune âge, les différentes rangées de dents sont, en général, étroitement serrées les unes contre les autres; elles s’espacent ensuite peu à peu, à mesure que l'animal grandit. Comme conséquence de ce fait, on voit les dents des jeunes individus, gênées dans leur développement, présenter fréquem- ment une forme sensiblement différente de celle des dents des individus âgés. Un grand nombre d'espèces de Pycnodontidés sont certainement établies sur des différences de cette nature. Une autre cause d’erreur réside dans les modifications cons- tamment apportées par l'usure à l’ornementation des dents. Lei encore, on a souvent donné à ces modifications une valeur spé- cifique. Le Calcaire à Spatangues renferme un Gyrodus, pour lequel les noms spécifiques sont, semble-t-il, presque aussi nombreux que les exemplaires connus de sa denture spléniale ou vomé- rienne. Le nom spécifique le plus ancien, « Pycnodus » sculptus Cor- NUEL (J. Cornuel, 1877, p. 611, pl. xt, fig. 8-10), celui qui, par suite, doit être conservé, s'applique à deux spléniaux : un splénial gauche d’un individu jeune (fig. 8), un spléuial droit d’un indi- vidu plus âgé (fig. 9, 10). Dans ces spléniaux, les dents de la rangée interne sont petites et oblongues ; celles de la rangée principale sont placées très obliquement, par rapport à la symphyse; celles de la rangée intermédiaire occupent le flanc interne et le fond de la rainure longitudinale. L'ornementation de la couronne de toutes ces dents est celle que l’on rencontre habituellement chez les Gyro- dus; elle consiste, dans les dents encore intactes, en une papille centrale entourée de deux sillons concentriques qui sont paral- lèles au bord de la couronne et qui limitent un bourrelet, dont la surface est traversée par de petites rides rayonnantes. Le sillon externe est généralement plus superficiel que le sillon interne ; il est donc le premier à disparaitre, lorsque l’usureentame l'émail. Le type de « Pycnodus » imitator CorNuEL est un splénial droit d’un individu jeune, qui ne se distingue du petit splénial de « P. » sculptus figuré par Cornuel, que par l’état d'usure, un peu plus avancé, de ses dents. Le type de « Pycnodus » asperulus CoRNUEL est un splénial 1910 . POISSONS CRÉTACÉS DU BASSIN DE PARIS 463 droit de Gyrodus sculptus, dans lequel le progrès de l'usure a fait disparaître toute trace d’ornementation dans les dents de la rangée principale, et n'a laissé que le sillon interne dans les dents des rangées intermédiaire et externe. Enfin, le splénial gauche que Cornuel a rapporté, en 1885, à « Pycnodus » contiquidens Picrer est encore un splénial de Gyro- dus sculptus où, par suite du progrès toujours croissant de l’usure, toutes les dents, voire même celles des rangées intermédiaire et externe, sont devenues à peu près complètement lisses. Dans les spléniaux qui ontétéfigurés sous les noms précités, la forme des dents des rangées intermédiaire et externe est assez variable. Dans les spléniaux de petite taille (J. Cornuel : 1877, fig. 8; 1880, fig. 18), que l’on doit considérer comme provenant d'individus jeunes, les dents de la rangée intermédiaire, pressées par celles de la rangée externe contre les dents de la rangée prin- cipale, sont étirées dans le sens antéro-postérieur. Ces mêmes dents réagissent contre celles de la rangée externe, dont elles écrasent le bord interne. Dans les autres spléniaux (J. Cornuel : 1880, fig. 20 ; 1883, fig. 4, 6), qui, en général, sont de plus grande taille, et doivent avoir appartenu à des individus plus âgés, les rangées intermé- diaire et externe s’écartent l’une de l’autre et de la rangée principale. Les dents de la rangée intermédiaire deviennent alors sub-triangulaires ou sub-circulaires, et celles de la rangée externe, assez régulièrement ovalaires. Le vomer que Cornuel a décrit en 1877, sous le nom de « Pyc- nodus »‘disparilis a déjà été considéré par M. A.-Smith Wood- ward comme pouvant être celui d'un Gyrodus. Je pense qu'il appartient bien à ce genre, et il est rationnel, Jusqu'à preuve du contraire, de le rapporter à la seule espèce reconnue parmi les spléniaux de Gyrodus trouvés, jusqu'ici, dans le même terrain. Ce vomer est celui d’un individu jeune. À droite, ses rangées dentaires, intermédiaire et externe, sont pressées l’une contre l'autre et contre la rangée médiane. Les dents de la rangée inter- médiaire sont, de ce fait, étirées dans le sens antéropostérieur. M. Sauvage a décrit, en 1879, sous le nom de « Pycnodus (Typodus) » Cotteaui un vomer de grande taille, qui avait été trouvé dans les Marnes ostréennes (Barrémien inférieur) des environs d'Auxerre. Ce vomer semble être aussi celui d'un G1- rodus ; il a dù appartenir à un individu beaucoup plus âgé que celui dont provenait le vomer décrit par Cornuel. Ses rangées dentaires sont légèrement espacées et les dents des rangées intermédiaires, devenues libres, sont circulaires. 46% MAURICE LERICIHE > Mai La collection Tombeck renferme un fragment de vomer qui provient du Calcaire à Spatangues, et qui comprend : trois dents de la rangée médiane, trois dents de chacune des deux rangées intermédiaires et quelques traces de dents de la rangée externe gauche. Ce vomer devait présenter des caractères intermédiaires entre le vomer étudié par Cornuel et celui décrit par M. Sau- vage : les dents de ses rangées intermédiaires, moins pressées que dans le premier sur les dents de la rangée médiane, sont sub- circulaires. Il semble ainsi que les noms de « Pycnodus » disparilis et de « P. » Cotteaui désignent respectivement le vomer d'individus jeunes et âgés d'une même espèce, probablement de Gyrodus sculptus. Gisement : Calcaire à Spatangues (Néocomien supérieur). — Localités : Soulaines (Aube); Blumerey-Sommevoire, Vassy (Haute-Marne); Troisfontaines (Marne); Ville-sur-Saulx Meuse). MESODON cf. GIGAS L. AGassiz Cornuel! a rapporté à « Pycnodus » gigas L. AGassiz?, du Juras- sique supérieur, une dent, provenant du Calcaire à Spatangues, qui est remarquable par ses grandes dimensions; et dont la couronne est au moins deux fois plus large que longue. Il semble bien, en effet, qu'une espèce voisine de Mesodon qigas vivait dans le s poeme Bassin de Paris, à l’époque néocomienne. Fi. 1. — Mesodon cf. gigas L. : PRE Dans la collection Tombeck, se trouve Dent de la rangée principale une dent de très grande taille (fig. 1) qui dun SPÉRRTANne répond exactement aux caractères des Gisement : Calcaire à Spa- dents de la rangée principale des splé- langues. niaux de M. gigas. Cette dent est un Localité : Brillon (Meuse). : peu plus de deux fois plus large que longue ; elle est faiblement arquée ; l’une de ses extrémités, probablement l’externe, est légèrement atténuée. Gisement : Calcare à Spatangues (Néocomien supérieur). — Localité : Brillon (Meuse). 1.J. Cornuez. Description de débris de Poissons fossiles provenant principa- lement du calcaire néocomien du département de la Haute-Marne. B.S. G.F., (3), LVENp 26125 1874 2. L. AGassiz. Recherches sur les Poissons fossiles, t. Il, 2° partie, p.191, pl. LxxI, fig. 13, pl. LXxXII1 à, fig. 56-58. 14910 POISSONS CRÉTACÉS DU BASSIN DE PARIS 465 MicroDON Muensrert (L. AGassiz) Picrer et CAMPICHE PLV MS-26 1839-1844. Pycnodus Muenstleri. L. AGassiz. Recherches sur les Poissons fossiles, t. II, 2° partie, p. 197, pl. Lxxir a, fig. 26-29 (? fig. 30-39). 1839-1844. Pycnodus complanalus L. AGassiz. L. AGassiz. Id., t. If, 2° partie, p. 197, pl. Lxxrr à, fig. 40, 41, 45 (? fig. 42-44, 46-48). ? 1854. Pycnodus Muensleri. F.-J. Prcrer et Renevier. Description des Fossiles du terrain aptien de la Perte du Rhône et des environs de Sainte-Croix, p. 9, pl. I, fig. 2, 8. 42 1858. Pycnodus Muensteri. F.-J. Picrer et G. Camricus. Description des Fossiles du Terrain crétacé des environs de Sainte-Croix, 1" partie, p. 61, pl. vu, fig. 21-23. 1870. Pycnodus complanatus. H.-E. SauvaGs. Étude sur les Poissons et les Rep- tiles des terrains crétacés et jurassiques supérieurs de l'Yonne. Bull. Soc. Sc. hist. et nat. Yonne, XXXIII, 2° partie, p. 41, pl. 1, fig. 5. 1879. Pycnodus Muensteri. H.-E. Sauvage. Id. {d., XXXIII, 2° partie, p. 42, pleure 4{7pler Hg. 4) 1895. Anomæodus Muensteri (pars). A.-Smirx Woopwarb. Catalogue of the fos- sil Fishes in the British Museum ,vol. ITI, p. 264. 1908. Anomæodus Muensteri. F. Prigm. Étude des Poissons fossiles du Bassin parisien, p. 40 (le nom seulement), pl. 1, fig. 1. La détermination des restes de Pycnodontidés, déjà très dif- ficile lorsqu'il s'agit de mâchoires entières, devient le plus sou- vent impossible — en tout cas, toujours douteuse — lorsqu'on ne dispose que de dents isolées. Un certain nombre d’espèces établies par les anciens auteurs sur des dents isolées, restent ainsi sans valeur zoologique. Il est arrivé parfois que les noms avant servi à désigner de tels restes ont été repris par les auteurs qui ont suivi, pour d'autres restes plus complets, présentant de réels caractères spécifiques. C'est évidemment dans ces derniers restes que l’on doit aller chercher le type de ces espèces. Dans ce cas, je fais suivre le nom de l’espèce : 1° du nom, mis entre parenthèses, de l’auteur qui a créé le nom spécifique ; 2° du nom de l’au- teur qui a le premier caractérisé l'espèce. Ainsi, le nom de « Pye- nodus » Muensteri a été proposé en 1859 par L. Agassiz pour des dents isolées qu'il est impossible de caractériser spécifique- ment et qui proviennent du Grès vert de Ratishonne (Turonien). En 1858, Pictet et Campiche ont figuré, sous ce même nom de «P. » Muensteri, un fragment de denture spléniale présentant des caractères spécifiques. Ce fragment de denture (fig. 21 de Pictet et Campiche) devient le type de l'espèce, et celle-ci sera dési- gnée sous le nom de « Pycnodus » Muensteri (L. AGassiz) PICrETr et CAMPICHE. | C'est en partant de ce type qu'est établie la synonymie don- née plus haut, et c'est à l'espèce ainsi comprise qu'est rapporté 9 janvier 1911. Bull. Soc. géol. Fr. X, — 30. 466 MAURICE LERICHE 2 Mai TagzeaAu pes Poissons pu CRÉTACÉ INFÉRIEUR NÉOCOMIEN BARRÉMIEN Aptien U [77] le, TUE . o e d [| 2 ù . dE o & | e , © = lee 8 | à ee : =) È a NE Fe Eh or nur a 2 Er SU Sn e io ANA E AtRO ESA Nom des espèces. A RNA PASS SUMOMISOR)E RES NSSS an £ 2 ©. à a) —_ = Eu — A RE mn = 2 &o | 5 © | À COLE nl £ En — Ce) eo -$ 50 = ANS -< Te sn = rm © co n FD | D e = © < = + o © © cd Dee NI ret = © ED d AE Æ o |,0.86 = = > D'UN & = © © S ns a < =] q (] = = = el a œ de) un < = bo r = Lu Æ & [9 S Le) = ni = = Ë Eu >= Asleracanthus cf. acutus L. AGAES IA NI EC EN DTA ns : Hybodus basanus Ecrrron..| + : CeSTTACIONIED ANA ARCS en Notidanus Muensteri L. AGas- SIA ARE CE PNA ARE se : Odontaspis macrorhiza Coprs, mut. infracrelacea LERICHE.| . L ; un : : : : - | Ischyodus Thurmanni Picrer | + € | et CAMPICHE OUT +7? 4 à ; à É L î ; | Lepidotusmaæimus WaGner!.| . , RAT Nr de Lepidotus longidens Cor- NOEL en EN cie ie ‘ Athrodon profusidens Cor- NUE LP Nes ee LU Te è , 1. D'après Cornuel [J. Cornuez. Description de débris de Poissons fossiles pro- venant principalement du calcaire néocomien du département de la Haute-Marne. B.S. G.F., (3), V, p. 606-609: 1877]. 2. Le type de cette espèce [J. Cornuez. Note sur de nouveaux débris de Pycno- dontes portlandiens et néocomiens de l'Est du bassin de Paris. B. S. G. F., (3), VIT, p. 159, pl. ru, fig. 22; 1880] est un splénial gauche, à l’état de galet, qui provient peut-être du Calcaire à Spatangues. ‘ 3. C'est probablement à cette espèce que doit être attribué le fragment de splénial, provenant du Néocomien de l'Yonne, que M. Sauvage (H.-E. Sauvace. Loc. cil., p. 3, pl. 11, fig. 5) a figuré et décrit sous le nom de Pycnodus Couloni AG. 4. Le nom de Pycnodus Couloni a été donné par L. Agassiz (L. AGassiz. Recherches sur les Poissons fossiles, t. IL, 2° partie, p. 200; 1844) à des dents isolées, trouvées dans le Néocomien des environs de Neuchâtel (Suisse). En 1852, P. Gervais [P. GEr- vais. Zoologie et Paléontologie françaises, t. II. Explication des Planches : Poissons fossiles, p. 6(2° édition, 1859, p. 523) pl. Lxix, fig. 22] a figuré, sous le nom de Pyc- nodus, un splénial droit, provenant du Néocomien d'Auxerre, et auquel Pictet et Campiche (F.-J. Picrer et G. Campricne. Description des Fossiles du Terrain crétacé des environs de Sainte-Croix, 1° partie, p.57; 1858) ont étendu le nom de « P. » Cou- loni. Pour les raisons données plus haut, à propos de Microdon Muenstleri, je con- sidère ce splénial comme étant le type de Mesodon Couloni. 1910 POISSONS CRÉTACÉS DU BASSIN DE PARIS 467 (NéocomrEN, BARRÉMIEN, APTIEN) DU BASSIN DE PARIS. EE NÉOCOMIEN BARRÉMIEN Aptien REPAS 5 [220 : ä d E * ED à «b] ® a = ERERS 8 & . æ El = un M s ve = _ o < = Dave Ÿ = 2, : 5 EL = Ropliouss e à coton e = - 5 ele Le Nom des espèces. orlsars [10 = a D in |}eD Se 3 un D Sn fs à SZ da ie) F Ci} CN EM re re nd PRE LEA CN ON LES © & F © &o | © À à =) Es Je £ -a BDs = 4 -T EDP CON ME A EE A EL DE SI RE = Er © |— 2 os | ob) ei o cn n | & nl SION _ & < CIE EE cv à les SA es 2 AIRES Eu 60 & «2 © = < = elle Cp! = Ce el Gyrodus sculptus CoRNUEL...| . TA ea I Mesodon cf. gigas L. AGassiz.| . ! À 2 Een rs Mesodon robustus COoRNUEL?.| . ; : ; D EN Mesodon aultissiodorensis SAU- NPA GES etes ARE TT RENE nc —— Mesodon Couloni (L. AGassiz) Picrer et CAMPICHE#.,..... TE te Microdon Muensteri (L. AGAs- siz) Picrer et Campicne....| . Pr ES Den FETE an Microdon varians CORNUEL...| . x NE Anomæodus ? Ricordeaui Sau- MANGER + Ellipsodusincisivas CorNuEL".| . , : à : ie Protosphyrænà sp..:..:.\.. ë HAE ER : : , _ Clupeidarum ? neocomiensis BRTEME USA a EN à : ; + Leymerie a figuré, comme « pharyngien de Pycnodus », un vomer qui a été trouvé dans le Néocomien de Vendeuvre (Aube) et quiest probablement celui d’un Mesodon, peut-être de M. Couloni |A. Levmerre. Mémoire sur le Terrain crétacé du département de l'Aube (suite). Mém. S. G. F., V, p. 33, pl. xvui, fig. 6; 1842]. Gervais a donné de ce vomer une figure qui est symétrique de celle de Leymerie [P. Gervais. Zoologie et Paléontologie françaises, t. II. Explication des Planches: Poissons fossiles, p.6 (2° édition, 1859, p. 523), pl. Lxix, fig. 19 ; 1852]. 5. Plusieurs autres Pycnodontidés ont été signalés dans le Néocomien du Bassin de Paris ; mais, les débris qu'on en connaît ne sont guère déterminables : Le type de « Pycnodus » heterolypus Cornuez [J. Corxuer. Description de débris de Poissons fossiles provenant principalement du calcaire néocomien du département de la Haute-Marne. B. S. G. F.,(3), V, p. 613, pl. xx, fig. 12] est un fragment de vomer, peut-être d'un des Mesodon néocomiens connus par leurs spléniaux. Pycnodus quadratifer Cornuez [J. Cornuez. Id. JId., (3), V, p. 615, pl. xx, fig. 21, 22] est fondé sur un débris indéterminable. On ne peut considérer comme établie la présence de Cæœlodus Mantelli L. Acassiz et de Microdon Hugii L. A&assrz, dans le Néocomien du Bassin de Paris, d'après les restes insuffisants que leur a rapportés Cornuel [J. Cornuez. Id. Zd., (3), V, p. 616, | pl. x1, fig. 23. — J. Cornuez. Note sur de nouveaux débris de Pycnodontes port- landiens et néocomiens de l'Est du bassin de Paris. B.S.G.F.,(3), VIII, p. 160]. 468 MAURICE LERICHE 2 Ma le splénial droit qui est figuré sous le n° 6 de la planche VI, et qui appartient à la collection Hébert. La denture spléniale de « Pycnodus » Muensteri ne se distingue pas de celle des Wicrodon ; elle présente les caractères suivants : 1° Les dents de la rangée interne sont petites et circulaires. 2° Celles dela rangée principale sont arrondies au bord interne, souvent obliquement tronquées au bord externe. Les plus pos- térieures atteignent une largeur qui comprend au moins trois fois leur longueur. - 3° Les dents de la rangée intermédiaire sont très petiles, à peine plus grandes que celles de la rangée interne : elles sont circulaires ou légèrement ovalaires. 4° Enfin, les dents de la rangée externe — dont une seule est conservée dans le splénial figuré (pl. VI, fig. 6) — sont trans- versalement ovalaires et un peu plus grandes que celles de la ran- gée intermédiaire. « Anomæodus » confertus A.-SmirH Woopwarp!, du « Cam- bridge Greensand » (— Vraconnien), est établi sur un splénial qui est presque identique à ceux de M. Muensteri. Un seul carac- tère les distingue : l'élargissement, relativement moins rapide chez le premier que chez les seconds, de la rangée dentaire prin- cipale, en allant de l'avant vers l'arrière. Gisement : Calcaire à Spatangues (Néocomien supérieur). — Localité : Sermaize (Marne). Enfin, quelques dents incomplètes, réduites à leur moitié inférieure, et rappelant celles du genre Protosphyræna, ont été rencontrées dans le Calcaire à Spatangues, à Vassy (Haute- Marne). Elles sont comprimées, lisses, arrondies aux bords an- térieur et postérieur. Résumé ET CONCLUSIONS J'ai été amené, par l'étude des matériaux de la collection Tom- beck, à reviser la faune ichthyologique du Crétacé inférieur (Néo- comien, Barrémien, Aptien) du Bassin de Paris. Cette étude et cette revision sont résumées dans le tableau des pages 466 et 467. La faune ichthyologique du Crétacé inférieur du Bassin de Paris a de grandes affinités avec celle du Jurassique moyen et supérieur. Elle est remarquable par l'abondance des Pycnodon- tidés, qui tous, ou presque tous, appartiennent à des genres très répandus dans le Dogger et dans le Malm. 1. A.-Smiru Woonwanrp. À Synopsis of the Remains of Ganoid Fishes from the Cambridge Greensand. Geol. Mag., (4), Il, 1895, p. 209, pl. vur, fig. 3. 1910 POISSONS CRÉTACÉS DU BASSIN DE PARIS 469 Le genre Asferacanthus, qui vient s’éteindre dans le Néocomien, est représenté, dans le Néocomien du Bassin de Paris, par une espèce qui semble avoir vécu depuis le Bathonien. Notidanus Muensteri, du Calcaire à Spatangues, se rencontre dès l’'Oxfordien. Si l’on compare cette faune du Crétacé inférieur à celle du Cré- tacé moyen et supérieur, on voit qu'elle se distingue immé- diatement de cette dernière par le très faible développement des Lamnidés. Les Lamnidés, qui, à partir de l’Albien, vont prendre une place prépondérante dans toutes les faunes ichthyo- logiques marines, ne sont guère représentés, dans le Crétacé inférieur du Bassin de Paris, que par une. espèce (Odontaspis macrorhizsa mut. infracretacea), laquelle y est d’ailleurs fort rare et passera, en se modifiant légèrement, dans le Cré- tacé moyen et supérieur. Enfin, l'absence, dans le Crétacé inférieur, du genre Ptychodus, si caractéristique du Crétacé moyen et surtout du Crétacé supérieur, vient encore accentuer les différences qui séparent les deux grandes faunes crétacées. En résumé, la faune ichthyologique du Crétacé inférieur du Bassin de Paris apparaît comme une survivance de la faune juras- sique. À ses nombreux éléments à affinités jurassiques, s'ajoutent seulement quelques formes très rares, qui vont s'épanouir brus- quement dans le Crétacé moyen et supérieur. II. Poissons du Crétacé supérieur (GCénomanien et Sénonien). ELASMODUS GRASSUS HÉBERT PL. VI, fig. 7. 1854. Aptychus crassus.E. Hépserr. Tableau des fossiles de la Craie de Meudon. Mém. S. G.F., (2), V, p. 368, pl. xxvin, fig. 8a, 8b. 1906. Elasmodus crassus. M. Lericne. Contribution à l'étude des Poissons fos- siles du Nord de la France et des régions voisines. Thèse de doctorat et Mém. Soc. géol. Nord, V, p. 70. Hébert a décrit, comme aptychus, des fossiles de la Craie de Meudon, à Belemnitella mucronata, que j'ai récemment reconnus pour être des dents mandibulaires d'Elasmodus. Les deux exem- plaires figurés par Hébert sont des fragments de dents mandibu- laires gauches d'individus de grande taille. Les collections géologiques de la Sorbonne renferment une dent mandibulaire gauche d'Elasmodus, qui a été recueillie par V. Le- moine à Sézanne (Marne), dans la Craie à Belemnitella mucro- nata. Cette dent (pl. VL fig. 7) est incomplète : il lui manque sa \ ? O Il , partie externe et le grand triturateur médian. Sa face inférieure, ayant perdu la mince couche osseuse qui la revêétait, montre le tissu lamelleux dont sont constitués les triturateurs (fig. Ta). 470 MAURICE LERICHE 2 Ma Quoique de beaucoup plus petite taille que les deux dents de Meudon figurées par Hébert, celle de Sézanne appartient incon- testablement à la même espèce (Elasmodus crassus HéBerr). Les dents mandibulaires de cette espèce sont minces, forte- ment incurvées dans le sens transversal et prolongées, à l’angle antéro-interne, en un bec très proéminent. Leur face symphy- saire (fig. 7) est très étroite. Leur face orale (fig. 7), entre le bord symphysaire et le grand triturateur médian, est assez fortement concave. Elle présente, le long du bord antérieur, une étroite bande amincie qui rend ce bord tranchant. La face inférieure {lig. Ta) est assez régulièrement convexe. Les lamelles du triturateur symphysaire sont falciformes. Par suite de leur brusque changement de direction à une certaine distance du bord symphysaire, elles forment, dans leur ensemble, deux bandes longitudinales, d’inégale largeur et parallèles à ce dernier bord. Dans la bande interne, qui est la plus étroite, elles sont dirigées transversalement, assez écartées, légèrement arquées, avec leur convexité tournée vers l'avant. Dans la bande externe, elles sont beaucoup plus rapprochées et fortement incli- nées d'avant en arrière et de l’intérieur vers l'extérieur. Les lamelles des petits triturateurs situés entre le triturateur symphysaire et le triturateur médian sont assez écartées, plus ou moins flexueuses et dirigées transversalement. Les dents mandibulaires de l'Elasmodus du Sénonien supérieur du Bassin de Paris se distinguent nettement, par leur épaisseur beaucoup moins considérable, de celles d'Elasmodus Greenou- ghiL. Acassiz', du Maëstrichtien de la Belgique. Elles sont plus voisines des dents mandibulaires de l'espèce paléocène et éocène, E. Hunteri Ecertox ; elles en diffèrent cependant par leur épais- seur moindre, par leur incurvation plus prononcée, par leur bec plus allongé, enfin, par leurs lamelles symphysaires, dont la bande interne est plus large et dont l’écartement, dans cette même bande, est plus grand. CYLINDRACANTHUS CRÉTACEUS Dixon PL Vers: 1850. Cœlorhynchus cretaceus. F. Dixon. The Geology and Fossils of the Ter- tiary and Cretaceous Formalions of Sussex (2° édition, 1878, p. 406) (le nom seulement), pl. xxxn, fig. 10. 1. L. AGassiz. Recherches sur les Poissons fossiles, t. IIL, p. 350, pl. xz, fig. 11- 16; 1838-1843. A.-Suturx WoopwarDp. Notes on some Fish-remains from the Lower Tertiary and Upper Cretaceous of Belgium, collected by Monsieur A. Houzeau de Lehaie. Geol. Mag, (3), NII, 1891, p. 112, pl. ur, fig. 17. 4910 POISSONS CRÉTACÉS DU BASSIN DE PARIS 47 J'ai trouvé un fragment de rostre de Cylindracanthus au milieu d'un lot de fossiles recueillis par M. Carin, préparateur à la Faculté des Sciences de Lille, dans le tourtia ! cénomanien d’Aix- Noulette (Pas-de-Calais). Ce fragment (pl. VI, fig. 8) est très légèrement déprimé ; sa section est presque circulaire; sa surface est couverte de fines cannelures longitudinales ; il est parcouru par un petit canal central. On peut, par ce ni se repré- senter le rostre entier. Celui-ci devait être de au rostre, trouvé dans la Craie supérieure d'Angleterre, que Dixon a fete. sans description, sous le nom de Gate aches crelaceus. Le rostre de l'espèce crétacée se distingue de celui de l'espèce commune dans l'Eocène, Clindratenthus rectus L. AGassiz, par la plus grande finesse dé ses cannelures, Les Cylindracanthus, dont la position systématique fut long- temps discutée, sont, comme je l'ai montré?, de vrais Xiphiidés. Cylindracanthus cretaceus est la plus ancienne espèce du genre, actuellement connue. Le tourtia d'Aix-Noulette, qui ap- partient au Cénomanien inférieur, est la plus ancienne formation dans laquelle cette espèce a été rencontrée NOTE SUR LES POISSONS NÉOGÈNES DE LA CATALOGNE par Maurice Leriche. PLANCHE VI, fig. 9. M. le chanoine J. Almera a eu l’obligeance de réunir, pour m'en confier l'étude, tous les restes de Poissons rencontrés jusqu'ici dans les formations néogènes de la Catalogne. Ces restes consistent surtout en dents de Raïes et de Requins. Ils appartiennent aux espèces suivantes : TRYGON CAVERNOSUS ProBsT Sous les noms de Raja cavernosa Prost, R. rugosa Prost, R. strangulata Prorsr, À. rhombidens Prost, le pasteur Probst : 1. Sous le nom de tourtia, on désigne, dans le Nord de la France, le gravier de base des formations crétacées, en particulier du Cénomanien et du Turonien. 2. M. Lericue. Note préliminaire sur des Poissons nouveaux de l'Oligocène belge. Bull. Soc. belge Géol., Pal.. Hydr., XXII, 1908, PV., p. 382-383. 3. J. Progsr. Beiträge zur Kenntniss der fossilen Fische aus der Molasse von Baltringen. Jahreshefte des Verelns für valerländische Nalurkunde in Würltem- berg, XXXIII, p. 75-80, pl. 1, fig. 1-13, 16; 1877. 472 MAURICE LERICHE 2 Mai a décrit et figuré des dents de Trygon, provenant de la Mollasse miocène de Baltringen {Wurtemberg), qui paraissent avoir appar- tenu à la même espèce. Ces divers noms correspondent à diffé- rentes formes de dents, qui sont simplement fonction de la posi- tion différente de ces dents sur les mâchoires. Dans les dents de Trygon cavernosus, la face orale ou anté- rieure de la couronne est légèrement convexe, lorsqu'elle n’a pas encore été atteinte par l’usure. Son bord postérieur forme une sorte de bourrelet qui fait saillie sur la face postérieure. Celle- ei est partagée par un pli obsolète en deux faces planes ou faiblement concaves. Fi. 1.— Trygon caver- ï nosus PRoBST. Les branches de la racine sont, dans les Dent latérale, grossie sept dents médianes, fortes et un peu diver- : Fe sentes ; dans les dents latérales, elles sont Etage : Helvétien. [e] AAC € je Localité : San-Pau d'Ordal relativement moins développées et parfois (province de Barcelone). 3 Leu près complètement cachées par la face postérieure de la couronne. Une dent (fig. 1) provenant de l'Helvétien de San Pau d'Ordal (province de Barcelone) présente tous les caractères des dents latérales de Trygon cavernosus. MYLIOBATIS sp. Le genre Myliobatis n'est représenté que par des fragments de dents médianes, spécifiquement indéterminables. ; Hecvérien. — Localités: Rocas de l’Averno de Can Batista, San Sadurni de Noya (province de Barcelone), Vilafranca (Pana- dès, province de Barcelone). RHINOPTERA sp. Des dents isolées de Rhinoptera sont caractérisées par leur forme allongée et parleur couronne plate etmince. Par leurs dimen- sions, elles indiquent une espèce d'assez grande taille. Plusieurs espèces de Rhinoptera ont été signalées dans le Néo- gène, mais elles n’ont pu encore être nettement définies. Ilest, par suite, impossible, actuellement, de rapporter, avec certitude, à l’une ou à l’autre de ces espèces, les dents trouvées dans leNéogène de la Catalogne. Hezvérien. — Localités : San Pau d’Ordal (Pariadès, province de Barcelone), San Sadurni de Noya (province de Barcelone). 1910 POISSONS NÉOGÈNES DE LA CATALOGNE 473 Quelques épines de Trygonidé ou de Myliobatidé ont été ren- contrées dans l'Helvétien (Rocas de l’Averno de Can Batista et San Pau d'Ordal). Leur face antérieure est lisse et assez fortement bombée; elle est parcourue, dans sa partie inférieure, par un sillon longitudinal, médian. Les denticules marginaux sont assez gros et courts. ODONTASPIS ACUTISSIMA L,. AGASSIZ BURDIGALIEN. — Localités : Altafulla, Vilaseca (province de Tarragone). HELVÉTIEN. — Localité : San Sadurni de Nova (province de Barcelone). PLAISANGIEN. — Localité : Papiol {province de Barcelone). ODONTASPIS CUSPIDATA LL. AGASSIz ToRTONIEN. — Localité : Montjuich, près Barcelone. O XYRHINA HASTALIS L. AGAssIZ BüRDIGALIEN. — Localités : Altafulla, Calafell, Vilaseca (pro- vince de Tarragone). TOoRTONIEN. — Localité : Montjuich, près Barcelone. C'ARCHARODON MEGALODON L. AGASssIZz BuüuRDIGALIEN. — Localités : Barä, Calafell (province de Tarra- gone). HELvÉTIEN. — Localité : Montjos (province de Barcelone). ToRTONIEN. — Localité : la Granada (Panadès, province de Barcelone). Cette espèce a aussi été rencontrée dans le Miocène de Mahon (îles Baléares). CARCHARIAS (APRIONODON) sp. BURDIGALIEN: — Localité : Vilaseca (province de Tarragone). SPHYRNA PRISCA L. AGASsIz Cette espèce, dont le type provient du Miocène de l'ile de Malte, est assez commune dans le Miocène de la Catalogne. Les dents bien conservées montrent que les crénelures des bords de émail, toujours très fines, s'étendent jusqu'à la pointe de la couronne. 474 MAURICE LERICHE 2 Mai BURDIGALIEN. — Localité : Calafell (province de Tarragone). Hecvérien. — Localité : San Sadurni de Noya (province de Barcelone). PLAISANGIEN. — Localité : Papiol (province de Barcelone). HEMIPRISTIS SERRA L. AGASssIz Hervérien. — Localités : Beguda-Hortons | Panadès, province de Barcelone), San Sadurni de Noya (province de Barcelone). Des dents isolées (canines et molaires) de Sparidés ont été rencontrées dans le Burdigalien | Barä (province de Tarragone)|, dans l’'Helvétien [Rocas de l'Averno de Can Batista, San Sadur- ni de Noya, Vilovi (province de Barcelone)| et dans le Tortonien (Montjuich, près Barcelone). T'ETRAODON, Sp. PL. VI, fig. 9. Le fragment de demi-mächoire de Tefraodon qui est figuré sous le n° 9 de la planche VTest l’un des restes les plus inté- ressants qu'ait fournis le Miocène de la Catalogne. L'étage et la localité d’où il provient sont malheureusement inconnus. Ce fragment représentela partie antérieure et tranchante d’une demi-mâchoire, celle où les lames dentaires sont mises à nu. Ces lames, qui sont superposées et bien visibles à la face externe, ne sont découvertes, à la face interne, que sur une faible étendue. Le bord oral est assez tranchant. Cette demi-mâchoire se distingue de celles de Tetraodon Scillae (ex L. Agassiz) LAWL£EY ! — espèce assez répandue dans le Pliocène de la Toscane — par sa moins grande épaisseur et par son bord oral plus tranchant, décrivant, dès la symphyse, une courbe régulièrement concave. Les espèces qui viennent d'être signalées dans les terrains néogènes de la Catalogne sont, à l'exception de Tetraodon sp., les éléments ordinaires de la faune ichthyologique du Néo- gène de l’Europe méridionale et occidentale, et de l'Amérique. 1. R. Lawzex. Nuovi studi sopra ai Pesci edaltri Vertebrati fossili delle Colline Toscane, p. 80, pl. LIT, fig. 3 a-c ; 1876. COUPE DU VERSANT MÉRIDIONAL DES PYRÉNÉES AU NORD DE LA PROVINCE DE BARCELONE par O. Mengel. J'ai signalé aux Comptes rendus de l’Académie des Sciences (17 mai 1909) l'existence sur le revers méridional de l'extrémité orientale des Pyrénées d’un accident tectonique remarquable. Dans les Comptes rendus des collaborateurs de la Carte géolo- gique (campagnes 1908 et 1909), j'en ai poursuivi l'étude depuis la Seo de Urgel jusqu’à Amélie-les-Bains, et j ai essayé quelques conclusions sur les causes probables du plongement vers le Nord de la bordure primaire de la zone centrale. Voici, en attendant une étude plus complète, une succession succincte des terrains que donnerait une coupe NS. normale à cet accident, prise de la Sierra de Catllaras au Puig Llansada en passant par la Pobla de Lillet, village situé au Nord de la pro- vince de Barcelone. 1. — Grès, poudingues et conglomérats formant les hautes falaises de « Turé de les Dameses ». De l'Ouest à l'Est, suivant une bordure d’abord sensiblement WSW.-ENE. vers le Monastir de la Pobla de Lillet, cette formation détritique vient successivement en contact, par superposition normale ou renversement, avec un Primaire métamor- phique comprenant notamment des griottes dévoniens ! et reposant sur le soubassement granitique de Serrat Negre, puis avec le Sénonien, le Garumnien, le Trias, le Nummulitique, le Trias et de nouveau, Jusque vers Figueras, le Nummulitique. A partir de 500 mètres à l'Est du Monastir la ligne de contact, soit avec le Trias (cargneules, calcaires noirs et en plaquettes, gypses rosés très froissés à quartz bipyramidés et à axinite), soit avec le Nummuli- tique, est marquée par une bande de gypse blanc très homogène et peu contourné. Ce gypse affleure à Campdevanol, San Juan de las Aba- desas, Olot, Tortella, Beuda, Besalu, etc. Il se trouve stratigraphiquement placé entre le Lutécien moyen et l'Oligocène. 2, — Marnes jaunâtres et rosées avec calcaires blancs compacts ou bréchoïdes; on a ici une zone de friction. Plus à l'Ouest, cette zone moins comprimée donne le Garumnien à lignite de Malaneu. 3. — Calcaires noduleux à Rudistes alternant avec des bancs mar- neux à Orbiloïdes ; ils sont sensiblement verticaux, 1. Pour M. L. M. Vidal, le métamorphisme se serait exercé sur les conglomérats qu'il considère comme crétacés (Nota acerca del sistema cretaceo de los Pirineos de Cataluña », 1878). Pour ma part, je n'ai point remarqué d'action métamorphique sur ces conglomérats et je suis plutôt porté à les ranger dans l’Oligocène. 476 ù O0. MENGEL 2 Ma 4. — Calcaires jaunâtres et marnes grises gréseuses à Æippuriles radiosus Des Mour., Apricardia, sp., Hemipneustes, etc. suivis de cal- caires à Exogyra pyrenaica, et Rhynchonelles. 5. — Marnes gréseuses avec brèches provenant de grès sous-jacents à radioles d'Oursins ; marnes jaunes ou rosées avec plaquettes de gypse fibreux ; grès bruns et barres de calcaires blancs avec quelques nodules concrétionnés (donnent les pics de Catllaras) ; plaquettes de calcaires marneux séparés par des bancs de lignite. 6. — Calcaires blancs marneux, pétris de Rhynchonelles globuleuses. Ils renferment quelques Hippurites identiques à ceux de la zone 4. A ces calcaires succèdent des calcaires de même texture mais à concré- tions siliceuses et abondamment pourvus en £xogyra pyrenaica. C’est un niveau constant que j'ai retrouvé à Cerdañola, la Nou. 7. — Calcaires gréseux brun jaunâtre ; niveau également constant, retrouvé à Falgars, Cerdañola. 8. — Calcaires bleus, blanc jaunâtre à la surface, pétris d'Orbiloïdes. Ce calcaire à Orbitoïdes me parait être un niveau très important, aussi bien par la netteté de sa situation dans la série, que par sa con- tinuité. Je l'ai vu de La Pobla de Lillet à Falgars, de la station de Baga à Cerdañola et de la station de Figols à La Nou'. 9. — Calcaires blancs à Polypiers, Cyclolites, Hippurites, Sphæru- lites. Ces calcaires renferment par places des Miliolidés et quelques rares sections d'Alvéolines. Je vois en eux l’équivalent des calcaires crétacés à Alvéolines que j'ai déjà signalés à Figueras et San Miguel de Culera. ; De 6 à 9 le plongement est NNW. 10. — Brèches calcaires avec étroites bandes de marnes jaunâtres ou rosées, visibles par places seulement ; c'est la réapparition des affleurements garumniens 2 et 5. 12. — Calcaires en dalles du Lias. Ils sont très développés au Sud de La Pobla de Lillet où ils constituent, avant leur disparition à l'Est sous le Crétacé, les abrupts des Espadats de Vilardell. Je les ai trouvés également à l'Est de la station de Baga, à la station de Serchs, et à la Baga de la Torra où ils se relient au Lias connu venant de Gosol. 12. — Plaquettes de l’Infralias. 13. — Plaquettes marneuses avec gypse rosé à cristaux de quartz bipyramidés. 14. — Cargneules et calcaires noirs du Trias ; ces derniers en affleu- rements très discontinus et généralement verticaux (on les trouve notamment au confluent du rio del Roquerol et de l’Arija, entre Baga et Guardiola, au col de la Escriga, entre la station de Figols et celle de Serchs). 15. — Marnes bleues avec bandes de calcaires marneux ou de grès du Lutécien moyen à Nummulites Lucasanus Derr., Assilina granu- losa. J'ai remarqué au contact avec le Trias quelques lambeaux de cal- caires à Alvéolines du Nummulitique; leur présence ici me semble 1. Il est très développé également plus à l'Ouest du col de Nargô à la Penella. 1910 VERSANT MÉRIDIONAL DES PYRÉNÉES 477 d'ordre tectonique. Le village de La Pobla de Lillet repose sur des marnes grises et calcaires marneux bleuâtres plongeant au Sud, et s'étage entre les deux paliers sur lesquels j'ai déjà attiré l'attention. Ici le palier inférieur est à 20 mètres du lit actuel de la rivière et le palier supérieur à 60 mètres. 16. — Calcaires et marnes jaunes, rougeâtres et parfois rutilantes, à Ostrea stricticostata Raur., et à lumachelles de petites Huïîtres lisses ; c'est un niveau constant sur tout le revers méridional, au moins jus- qu’à San Juan de las Abadesas. 17. — Calcaires à ciment (Clot del Moro). 18. — Calcaires et marnes à Assilina Leymerier D'Arcu. 19.— Plaquettes marneuses à Operculina ammonea Leyn. 20.— Calcaires bleus à Ostrea uncifera Lexu., à individus de grande taille (14 em.), très nets à Forat de Covertré près San Juan de las Abadesas. 21. — Calcaires bleus compacts à Milolites et à lumachelle de petites Huîtres lisses. 22: Alternance de barres calcaires (dont la première est celle du Salt del Pas de l'Os) et de bandes marneuses, légèrement rutilantes ou jaune verdâtre. 23. Alternance de marnes rouges et de grès rouges du Trias infé- rieur. Cette formation est parfois légèrement discordante avec la pré- cédente : entre la Fageda et Arols par exemple. 24. — Pointements de microgranites et d’orthophyres faisant par- tie de l'alignement Camprodon-Pla de San-Tirs". 25. — Schistes micacés noir bleuâtre, souvent gréseux, alternant avec des poudingues renfermant de nombreux fragments de lydiennes. 26. — Affleurement au milieu de cette dernière formation d’une bande EW., de 4 à 5 mètres d'épaisseur, composée de schistes carbu- rés et de calcaires noirs à Orthocéres et à (astropodes identiques à ceux du Gothlandien d'Ortodo. Ces schistes et calcaires sont accompa- gnés d'une brèche de calcaires jaune-cire ou rosés en plaquettes qui rappellent les plaquettes du Dévonien inférieur du Martinet. Je montrerai ultérieurement dans une série de coupes englobant la succession que je donne actuellement, que l'apparition de ce Gothlando- Dévonien au milieu du Carbonifère est jusqu'à un certain point indé- pendante de la formation suivante n° 29, et doit être considérée plutôt comme une conséquence du renversement des couches que j'ai déjà signalé à Nava, au Nord-Est du Puig Llansada. 27. — Calschistes rosés, puis calcaires amygdalins gris à Clyménies, Orthocères et Encrines (pseudo-griottes de Bellver et de San Juan de las Abadesas). 28.— Lits de lydiennes, ayant parfois jusqu’à trois mètres d'épaisseur. 29. — Griottes roses et calcaires à Polypiers du Dévonien supérieur. 1. Une course récente m'a montré que cette ligne d'affleurement des micro- granites se poursuivait à l'Ouest par Gramos jusqu'à Bahen, pénétrant ainsi, avec le Carbonifère qui l'accompagne, au milieu de la zone ophitique Gerri-Sort. 478 O. MENGEL 2 Ma Les fossiles que j'ai recueillis sont à l'étude. M. Toucas à qui j'ai soumis, entre autres, un beau spécimen d'Hippurite de la couche n° 4 y a déjà reconnu l'Orbignya radiosa Des MouL. que M. L. M. Vidal avait d’ailleurs déjà signalé en cette région. _ Les Hippurites de la couche n° 9 non encore déterminés, s'éloignent sensiblement des précédents pour se rapprocher, quelques-uns, de 1. Heberti. Cette couche me paraît être celle où M. L. M. Vidal signale 1. organisans et H. bioculatus. Sans attendre la détermination complète de mes fossiles et en me laissant guider par celle qu’en a faite pour le Crétacé M. L. M. Vidal, je crois pouvoir dès maintenant donner la classification provisoire suivante des formations post-liasiques dont je viens de parler. 1 est l'Oligocène. De 15 à 21 on a l’ Éocène. 2, 5,10 et 22 représentent le Garumnien {auct). — 2 et 10 en synclinaux écrasés et 5 formant un synelinal à flanc nord renversé. Les synclinaux 2 et 5 se rejoignent dans la région du vieux castel de la Pobla par une terminaison périclinale sur les couches 3 et 4. 4, 6, 7 et partie de 3, représenteraient le Maëstrichtien. 8, 9,le Campanien supérieur. Le Crétacé a été étudié par plusieurs auteurs, par M.L. M. Vidal et M. L. Carez notamment, et plus complètement que Je ne le fais ; mais aucun, je crois, n’a signalé les couches à Orbitoïdes en cette région. M. Eusebio Sanchez, qui le premier a parlé du pointement gra- nitique de Serrat Negre, n'avait point remarqué le Primaire méta- morphique qui l'accompagne, et que je signale } je crois pour la première fois ; j'ai même reconnu dans son voisinage des traces de grès et marnes rouges du Trias, mais non métamorphiques. Les formations 12 à 14 n'avaient pas davantage été signalées, que je sache, dans les régions de la Pobla, Baga et Serchs. Le gypse à cristaux de quartz bipyramidés a bien été mentionné sous le nom de gypse éruptif, mais sans être rapporté au Trias. Cette couche gypseuse me paraît avoir eu, au point de vue tec- tonique, un rôle très important sur lequel je reviendrai ultérieu- rement. En certains points les formations infrasecondaires n'affleurent pas, elles sont alors recouvertes par le Crétacé qui vient directement en contact anormal avec le Lutécien!. De 15 à 23 on à une série normale à plongement sud. À partir de 25 c’est le plongement nord qui prédomine. En 25, 26 et 28 on reconnait le Carbonifère, mais en série renversée et recouvert par le Dévonien également renversé. 1. Cel ensemble se trouve entre Surroca et S. Juan de las Abadesas, mais en série localement renversée. Séance du 23 mai 1910 PRÉSIDENCE DE M. A. LACROIX, PRÉSIDENT Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le Président proclame membres de la Société : MM. Émile Gaudriot, ingénieur des Arts et Manufactures, à Paris, pré- senté par MM. A: Lacroix et L. Mémin. E. Chabanier, ingénieur, chef de laboratoire aux usines de la NM tien à NA (Aveyron), présenté par MM. A. Dereims et Louis Gentil. Quatre présentations sont annoncées. M. Emm. de Margerie offre, de la Les de l’auteur, l'ouvrage de M. le Général HOMba ut blule : « Topologie ; Étude du Terrain ! ». Ces deux beaux volumes, destinés principalement aux topographes militaires, intéresseront aussi les géologues à cause des très nombreuses reproductions de levés à grande belle: exécutés en France et dans l'Afrique du Nord, et pour la plupart édite. quien forment comme le fond ; Den hent directeur du Service géographique s’est surtout attaché, dans le texte, à donner un commentaire raisonné de cette remarquable collection, au point de vue de l’origine des accidents du sol, M. Emm. de Margerie présente le 1° fascicule de la Geolo- gische Rundschau, Zeitschrift für Allgemeine Geologqie, organe de la Geologische Vereiniqung dont le siège est à Francfort. Cette nouvelle Revue de Géologie générale, qui paraîtra tous les deux mois, est rédigée par MM. G, Steinmann (Bonn), W. Salomon (Héidelberg) et O. Wilckens (Bonn), et publiée par la maison W. Engelmann à Leipzig (abonnement : 12 marks). Elle comprendra des articles de fond, consacrés particulièrement à la mise au point des questions de Tecloniones de Pétrographie, de Morphologie, de Géo- logie chimique, de Métallogénie, de Stratigraphie comparée, etc., ainsi que des comptes rendus d'ouvrages groupés par matières et une chro- nique donnant des nouvelles de l’ ao e enents des Sociétés Savantes, UC Dans le numéro qui vient de paraître, et qui porte la date du 26 avril 1910, figure un travail de A. Tornquist sur Les Alpes el les 1. 2 vol. in-4°, x-674p., 264 pl. Paris, 1909-1910. Publication du Service géogra- phique de l'Armée. 480 | SÉANCE DU 23 MAI 1910 Apennins en Sardaigne et en Corse, où il est fait usage dans une large mesure des récentes études de nos confrères, MM. Deprat, Maury et Termier., M. le Prof. Steinmann y commence en outre la publication d’un mémoire sur Les phénomènes orogéniques et les roches mas- sives dans les Cordillères de l'Amérique du Sud. Suivent une série d'articles sur Les progrès de l'Analyse des roches, le Métamorphisme de contact, la Géologie du Pétrole, la Structure des Alpes dans le dernier volume de l'Antlitz der Erde, etc. M. Louis Gentil offre un tiré à part de quatre notes publiées dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences : 1° « Sur la constitution géologique du massif des Beni Snassen (Maroc) » (séance du 22 juin 1908) ; 2° « Sur la formation du détroit de Gibraltar » (séance du 3 mai 1909); 3° « Résultats stratigra- phiques d'une mission en Chaouïa (Maroc) » (séance du ÎT mai 1909) ; 4° « Sur l'extension dans la Chaouïa des tirs ou terres fertiles du Maroc occidental » (14 juin 1909). M. de Launay offre un mémoire sur la « Métallogénie de l'Asie Russe » {204 p. et 5 pl. dont 2 en couleurs). Ce mémoire, paru dans les Annales des Mines, forme deux chapitres d’un ouvrage actuellement à l'impression sur « les Richesses minérales et la géologie de l'Asie », où l’auteur s'est proposé d'interpréter la for- mation des gîtes métallifères par la géologie générale et de déterminer les lois qui régissent les provinces régionales métallogéniques d’après leurs rapports avec les accidents orogéniques, leur profondeur de cris- tallisation et leur âge. M. Léon Bertrand a été très étonné, à la lecture du Compte Rendu sommaire de la dernière séance, d'y trouver imprimé le texte d’une réplique de M. Carez à la suite des observations que lui-même avait faites à la longue communication de celui-ci. Il regrette de n'avoir pas entendu cette réplique, qu'il n'aurait pas laissée sans réponse, car il ne peut accepter de laisser M. Carez prendre acte d’une adhésion à l'idée générale de chevauchements de même valeur dans les deux sens sur un même versant des Pyrénées: il suffit de se reporter au mémoire qu'il a publié dans le Bulletin du Service de la Carte géologique et présenté à la Société, pour savoir, sans ambiguïté, que son opinion à cet égard n'est pas conforme à celle de M. Carez. M. Léon Bertrand tient à bien affirmer que, dans ses observations à la suite de la com- munication de M. Carez (qu'il ne faut pas confondre avec la commu- nication qu'il a faite ensuite au nom de M. Mengel), il s'en était tenu strictement à ce qui figure dans sa note imprimée et qu'en particulier, il n'avait fait aucune allusion aux idées de M. Carez sur la tectonique pyrénéenne, qu'il se réserve de discuter plus tard, en même temps que divers points de la synthèse stratigraphique à laquelle celui-ci a abouti. RE dt de RE SÉANCE DU 23 MAI 1910 481 G. Ferronnière. — Potamides cf. Basteroti M. DE S. à Saint- Jean-la-Poterie (Morbihan). Lors d’une excursion à Redon, j'ai reconnu parmi des fossiles recueillis par M. Herpin, professeur au Collège de cette ville, à Saint-Jean-la-Poterie, un Pofamides cf. Basteroti M. pe S. de même forme que ceux du Redonien du Pigeon-Blanc. Ces fossiles ont été recueillis lors du creusement d’un puits, lequel a fait connaître que les argiles à poteries avec nodules! à la base desquelles se trouvent les fossiles surmontent des sables rouges probablement en continuité avec ceux de la vallée voisine de la Bousselaie. Ph. Glangeaud. — Les phénomènes volcaniques et les phé- nomènes glaciaires dans les monts du Forez. Les monts du Forez offrent une série de particularités (notam- ment une dissymétrie géographique et géologique) sur lesquelles j'ai déjà attiré l'attention? mais ils présentent aussi d’autres caractères que Je désirerais mettre brièvement en lumière, I. — Le versant oriental qui domine le bassin de Montbrison, grande cuvette tertiaire, tassée à sa base, est criblé de chemi- nées volcaniques et de restes de coulées qui ont déjà fait l’objet d’études de Grüner et Le Verrier. Ces cheminées sont encore plus nombreuses qu'on ne le supposait, car l’activité volcanique s’est manifestée sur ce versant jusque près de l'axe de la chaîne. On n'avait Jamais signalé d’éruptions volcaniques sur le ver- sant occidental. J'ai été assez heureux d’y trouver une douzaine de pointements basaltiques échelonnés du Sud au Nord sans compter ceux qui se montrent à l'extrême Nord du Forez aux environs de Vichy. On peut donc dire que les deux flancs du Forez ont été volca- niques, mais à des degrés divers. On ne manquera pas d’être frappé du fait : que si l'ampleur des phénomènes volcaniques a été plus grande sur le versant oriental que sur le versant occidental, cela semble bien dû à la différence d'extension des territoires effondrés aux pieds de la chaîne, ter- ritoire beaucoup plus grand à l'Ouest {bassin de Montbrison), qu’à l'Est (petit bassin d'Ambert). II. — Les deux versants des monts du Forez présentent immé- 1. Ces nodules sont composés, non de carbonate de strontiane comme l'indique M. Vasseur, mais simplement de carbonate de chaux. 2. Pn. GLaxGraup. Architecture de la partie centrale des monts du Forez. CR. Ac. Se., CL, 1910, p. 804. — Les formations archéennes, l’ancienne couverture et les plissements des monts du Forez. 1d., p. 942. 10 janvier 1911, Bull. Soc. géol. Fr. X. — 31, 482 SÉANCE DU 23 MAI 1910 diatement sous leur axe orographique une série de cirques débou- chant par des émissaires plus ou moins longs dans les deux bassins précités (cirques de la Chamba, de Valcivières, de la Rodarie, de Chalmazel, ete.). J'ai observé que ces cirques, dominés par des hauteurs atteignant une moyenne de 1400 m. et s’élevant jusqu’à l'altitude 1640 m., offrent dans leur ensemble deux séries de méplats échelonnés, se reliant étroitement et permettant de concevoir qu’ils ont fait partie de deux séries de cuvettes emboîtées, à fond peu incliné. Ces méplats sont réunis actuellement par des parois à pentes raides. Les vallées qui débouchent de ces cirques présentent des carac- tères analogues. Il m'a paru que si l’on peut expliquer ces caractères topogra- phiques par deux cycles d’érosion, en relation avec des change- ments de niveau de base des cours d’eau, il était peut-être plus vraisemblable de songer à l’action glaciaire. Dans ce cas, on aurait eu alors dans les monts du Forez deux phases qlaciaires (auges des cirques, méplats des vallées) séparés et suivis par deux phases de surcreusement. Je n’ai pu constater jusqu'ici l'existence de dépôts morainiques sur le versant occidental mais j'espère être plus heureux sur le versant oriental où l’on observe des dépôts dits alluviaux très développés !. L'hypothèse glaciaire dans les monts du Forez est d’ailleurs si plausible qu'elle s'impose à l’esprit. Cette chaîne montagneuse possède, en effet, un relief compa- rable comme étendue à celui du massif du Mont-Dore {courbes au- dessus de 1 300 m.) et beaucoup plus accentué que ceux du Cezallier et de la chaîne de l’Aubrac. Or, dans ce dernier, en parti- culier, qui présente un relief plus faible que celui des monts du Forez, MM. Fabre et Boule ont montré que les phénomènes gla- ciaires ont été très importants. On ne peut donc douter que les glaciers n’aient recouvert les monts du Forez aux mêmes époques. L. Mengaud. — Sénonien supérieur des environs de Santander. La côte rocheuse qui se développe à l'W. de Santander, après les plages du Sardinero, est formée par une série de grès jau- nâtres ou gris-bleu, plus ou moins calcaires, représentant le Sénonien à faciès néritique. 1. J'ai constaté dans une récente exploration du Forez des caractères glaciaires indiscutables : forme en berceau et profil en escalier des vallées, gradins de con- fluence, cascades, tourbières dansles cirques glaciaires et enfin de vraies moraines, SÉANCE DU 23 MAI 1910 483 Maestre! en 1864 puis Mallada? en 1904 ont donné une liste des fossiles de ces couches. Plus récemment Jimenez de Cisneros* a indiqué, en plus des Echinides déjà cités aux environs du phare de Cabo Mayor, Galerites albogalerus KLEIN, puis une Alectry- onia voisine de À. larva, une Exogyra et une Nerila ressemblant à N. rugosa (Olostoma ponticum D’'ARCH.) L'année dernière, au mois de septembre, une excursion faite dans ces parages m'a donné un certain nombre d'échantillons qui me permettent de confirmer entièrement les découvertes de mon confrère espagnol auquel revient le mérite d'en avoir le premier donné connaissance. Il me semble utile, toutefois, d'ajouter quelques détails en précisant les points fossilifères et d'indiquer certaines comparaisons intéressantes. Sur le plateau du phare de Cabo Mayor, qui domine la mer de 80 mètres environ, abondent les fossiles siliceux. En plus des Spongiaires, connus et signalés par tous ceux qui ont visité ce point, on trouve de nombreux moules d'Echinocorys et le sol est jonché de rognons de calcédoine. Dans l’ensemble ce gisement rappelle beaucoup celui de la métairie du Paillon près Saint-Martory (Petites Pyrénées de la Haute- Garonne). A l'W. du phare, dans la falaise, les grès (plongeant vers l'W.) sont remplis de débris d'Inocérames, d'Huiîtres, de Polypiers et de Bryozoaires. A la hauteur du sémaphore et près du pont naturel (Puente forado) on peut recueillir: Nerita (Desmieria) rugosa HoenINGn. et /lemipneustes pyrenaicus Héserr typiques. Un peu plus à l'E., vers le Cabo de Lata, on trouve des Galerites très voisines des Galerites d'Auzas (Petites Pyrénées) et de nombreuses Orbitoides qui paraissent être Orbitoides socialis Levy ?. Il y a donc au sommet du Sénonien de Santander une faune maëstrichtienne très nette présentant les plus grandes analogies avec celle du même âge des Petites Pyrénées. Au-dessus du Maëstrichtien, avant d’atteimdre le Nummuli- tique (Lutécien) de San Pedro del Mar, on trouve des calcaires spathiques, puis des calcaires blancs sublithographiques rappelant assez les calcaires lithographiques à faune de Rognac connus 1. À. Massrre. Descripeiôn fisica y geolôgica de la provincia de Santander. Junta general de estadistica. Madrid, 1864. 2, L. Marrapa. Explicacion del Mapa geolôgico de España, t. V. Sistemas, infracretäceo y cretäceo. Madrid, 1904, Comisiôn del Mapa geolôgico. 3. D. Jimexez DE Cusxeros. Boletin de la Real Soc. esp. de Hist. nat. Febrero 1910, p. 131 à 134. 4 Les Orbitoïdes ont été déterminées au laboratoire de géologie de la Faculté des sciences de Toulouse par M. le professeur Paquier par comparaison de coupes minces des échantillons cantabriques avec des exemplaires de Saint-Marcel, d'où provenaient des types de Leymerie. 484 SÉANCE DU 23 MAI 1910 depuis longtemps dans les Petites Pyrénées. Une étude ultérieure montrera si ee rapprochement provisoire doit être conservé. Louis Gentil et Jean Boussac. — Sur la présence du Pria- bonien dans le Nord du Maroc. M. Gentil soumet à la Société une carte géologique du Nord du Maroc. Dans les environs de Tanger et, d’une manière générale, entre la côte atlantique et la chaîne de l’Andjera,se développe une succession épaisse débutant par des calcaires marneux gris, sur- montés d’argiles schisteuses avec lits calcaires ou gréseux et se terminant par des grès siliceux, parfois micacés, fins ou grossiers, entremêlés d’argiles schisteuses bariolées en rouge ou en vert. Cette formation dont la puissance totale atteint ou dépasse 400 m. est considérée, depuis le voyage de Coquand au Maroc en 1845, comme appartenant à l'Eocène, à cause de la présence de Chon- drites Targiont Srerx., C. intricatus STERN., signalés par cet au- teur? Depuis, les voyageurs qui se sont succédé, notamment Bleï- cher, ont confirmé cette détermination ; mais on n'avait pas apporté de ce faciès flysch de Tanger d'autres documents paléon- tologiques que des empreintes d’Algues qui ont permis de citer de nouvelles espèces comme Zonariles alcicornis F. O., Chon- drites arbuscula F. O., ete.?. Les empreintes sont très fréquentes aux environs immédiats de Tanger, surtout dans les calcaires marneux exploités comme pierre à chaux; mais leur valeur stratigraphique est des plus précaires. L'un de nous, à son premier voyage au Maroc, en 1904-1905, a pu parcourir la région de l’Andjera située à l'Est de Tanger. Il a observé au djebel Stitouira des lentilles d’un calcaire gréseux, pétri de petites Nummulites. Des surfaces polies de cette roche ont permis à M. Boussac de reconnaitre de nombreuses Ürfho- phragmina toutes petites, semblables à celles qu'on trouve par- tout dans le Priabonien, de constater l'absence complète des grandes espèces de Nummulites, d'Orthophragmina et d'Alvéo- lines de l’Éocène moyen, et enfin la présence de Nummulites Fabianii Prever. Cette dernière espèce suflit à elle seule pour démontrer qu'il s’agit indubitablement du Priabonien. Les faits qui précèdent ont une certaine importance. La série 1. Coquand plaçait cetensemble dans les grès etcalcaires à Fucoïdes. B.S. G. FES (2°), IV, p. 1230-1935, 1847. >, En. Boxner. Contribution à la flore tertiaire du Maroc septentrional. CR. Ac. Sc., 9 avril 1906. SÉANCE DU 23 MAI 1910 485 argilo-gréseuse que nous venons de citer et qui recouvre de grandes surfaces dans le Nord du Maroc, s'étend en effet à d’im- menses étendues dans tout le Nord-Africain, formant tout un complexe désigné, sans autres documents paléontologiques que des empreintes d’Algues signalées en plusieurs points .en Algé- rie, sous le nom de Ligurien, Numidien, etc. Leur limite infé- rieure est souvent définie par leur superposition à des calcaires nummulitiques de l'Eocène moyen mais leur limite supérieure est le plus souvent indéterminée. Il nous parait intéressant de signaler avec certitude dans ce complexe la présence du Priabonien. M. J. Boussac insiste sur la présence de N. Fabianii dans les calcaires à Lifhothamnium intercalés dans les grès de l’And- jera et pense qu'il s'agit bien là du Priabonien. J. Boussac. — Observations sur l'âge des grès de Numidie el sur la faune du Cherichira. Il est vraisemblable qu'il n’y a pas seulement du Priabonien, mais bien d’autres choses dans les grès de Numidie, d'Algérie et de Tunisie; il y a certainement de l'Oligocène comme l’a fait remarquer M. L. Pervinquière, dès 1900; mais il y a plus : toute la faune dite « priabonienne » découverte par le commandant Flick dans les grès du dj. Batene el Guern et dj. Cherichira étudiés depuis par M. Pervinquière ! est certainement oligocène. Ces grès renferment, entre autres fossiles : Scutella striatula MarceL DE SERRES, du Stampien de Bordeaux {calcaire à Astéries); Clypeaster biarritzensis COTTEAU, du Stampien de Biarritz (Lou Cout) et du Piémont : Dego, Cassinelle, Sassello, etc.; Latrun- culus caronis BRONGNIART sp. (Nassa) de l'Oligocène du Vicentin, du Piémont et de Clumanc; Pecten arcualus Broccni sp., qui apparaît dans le Priabonien, mais est surtout développé dans l’'Oligocène de Biarritz, du Piémont et du Vicentin. Une telle faune ne peut pas être placée plus bas que l'Oligo- cène et est vraisemblablement stampienne. J. Boussac. — Sur la présence du Priabonien en Égypte. Répondant à une observation de M. Henri Douvillé, M. J. Boussac dit que la faune du Cherichira n'est pas connue jus- qu'à présenten Egypte. Les couches de l’oasis d'Aradjet du lac Sittrah, classées par Blankenhorn dans l'Oligocèneinférieur, sonten 1. Cette faune se retrouverait même en Algérie, à Boghari, d'après M. Pervin- quière. 486 SÉANCE DU 23 MAI 1910 réalité priaboniennes. On y cite d'habitude Nummulites interme- dius »'ArcHIAC; or le dessin de la Harpe quireprésente cette forme d'Égypte est précisément devenu la figure type de N. Fabian PRevER ; on y trouve aussi des Orfhophragmina, et Clypeaster Breunigi LAURE qui existe dans le Priabonien du Vicentin. On a là une véritable faune priabonienne, inconnue jusqu'à présent dans l'Afrique du Nord en dehors des environs de Tanger. Louis Gentil. — Sur la structure du Haut-Atlas marocain. La tectonique du Haut-Atlas occidental a fixé l'attention de nombreux voyageurs, parmi lesquels : Maw, J. Thomson, O. Lenz, Fischer, M. Brives et M. Paul Lemoine, et il me semble pos-. sible, après mon dernier voyage jusqu'à Agadir, de donner une idée de la structure de cette grande chaîne. Des mouvements calédoniens sembleraient indiqués par la pré- sence fréquente d’un conglomérat à la base du Dévonien, mais cette donnée mérite d’être corroborée par de nouvellesobservations. Lachaïîne hereynienne, par contre, a laissé des traces manifestes, et son âge carbonifère supérieur est déterminé par la superpo- sition discordante du Permien au Dinantien fossilifère. Ses plis sont en général déversés vers le Sud, ils sont dirigés NNE. dans la partie occidentale, NW. au delà du col de Telouet, à peu près NS., dans la région de Tikirt; si bien qu'il faut admettre, dans la région inexplorée du djebel Bou Ourioul, une convergence de ces plis de même âge. La chaîne hercynienne n'a pas tardé à être démantelée, trans- formée en une vaste pénéplaine qui embrassait non seulement la région de l'Atlas, mais toute la Meseta marocaine, ainsi que je l'ai montré l’an dernier. Puis un morcellement de cette chaine car- bonifère, concomitant des puissantes éruptions permiennes (et peut-être aussi du Trias inférieur), de trachytes ,d'andésites et de basaltes, intéressait l'emplacement actuel du Haut-Atlas qui était en même temps envahi par les mers Jurassiques. Un mouvement encore mal défini produisait ensuite, par un jeu des fractures de la fin du Primaire, la surrection d’un massif, for- mant ilot dans les mers du Crétacé inférieur, que je désignerai du nom de nassif central du Haut-Atlas. Il a été décapé de sa couverture secondaire et il est entouré par des dépôts arénacés ou lagunaires du Crétacé inférieur tandis qu'à l'Ouest se suc- cèdent les différents niveaux crétacés qui m'ont fourni les riches faunes déterminées par M. W. Kilian. Il semble bien que ces faunes marquent le bord méridional du géosynclinal qui contournait à l'Ouest la Meseta marocaine pour is (e2) 1 SÉANCE DU 23 MAI 1910 aller se relier avec le géosynclinal dinarique dont les traces, indis- cutables dans la région de Tanger, établissent la liaison avec les dépôts similaires du Tell algérien. La transgression cénomanienne a recouvert, au moins partielle- ment, la première ébauche de l'Atlas, tandis qu’à partir du Turo- nien les mers crétacées sont en régression. Des plis tertiaires sont venus se superposer aux plissements carbonifères et leur allure a été déterminée par le bord fracturé des anciens plis après le morcellement de la chaîne hercynienne, de sorte que la première ébauche du Haut-Atlas date de la Jin des lemps primaires. Il s’est établi un régime d’anticlinaux et de synclinaux paral- lèles à la direction générale de la chaîne et dont la structure rap- pelle, dans la zone littorale, le régime plissé décrit par E. Ritter dans le djebel Amour et les Oulad Nayl:/e Haut-Atlas fait suite à la chaîne saharienne de même que le Rif semble former le pro- longement de l'Atlas tellien. Les plis tertiaires sont, en outre, poussés vers le Nord de sorte que je suis amené à voir dans le Haut-Atlas marocain un subs- tratum primaire, anciennement plissé avec déversement de ses plis vers le Sud et une couverture secondaire, jurassique ou cré- tacée, qui a subi plus tard des mouvements tertiaires avec déver- sements produits en sens contraire, vers le Nord. Après la grande phase des plissements tertiaires 1l s’est produit, par rémission des forces tangentielles, des tassements sur les deux versants, de part et d’autre du massif central du Haut-Atlas déjà dessiné au début du Crétacé. Ainsise sont formées les régions effondrées d'architecture tabu- laire de Haouz de Marrakech au Nord, du Sous et du Draa au Sud; et la décompression qui en est résultée a, par un nouveau jeu des plis carbonifères, provoqué une fendance à la structure en éventail de l'axe de la chaîne. C’est très vraisemblablement à ce moment que le revers méridional de la chaîne a été le théâtre des imposantes éruptions trachytiques et phonolitiques dont j'ai révélé l'existence au djebel Siroua, à la naissance de l’Anti-Atlas. Si l’on parcourt le Haut-Atlas de l'Est vers l'Ouest, on voit les plis tertiaires passersur le massif central puis s'abaisser rapidement vers la côte et finalement s'enfoncer sous les eaux de l'Océan. Les deux anticli- naux du cap R'ir et d'Agadir forment le prolongement de la haute chaîne et vont s'ennoyer sous l'Atlantique pour réapparaître aur îles Canaries, tandis que les brachyanticlinaux qui sur- gissent plus au Nord, jusqu'au djebel Hadid, sont en dehors du Haut-Atlas proprement dit. L'âge des divers plis de l'Atlas est 488 L. GENTIL 23 Mai récent ; le Plaisancien a, au même titre que des grès tortoniens à Ostrea crassissima, été plissé. Le chenal qui sépare l'archipel des Canaries du Continent afri- cain s’est formé, de même que le détroit de Gibraltar, par l’effon- drement d'une aire d'ennoyage, mais à une époque plus récente, pliocène supérieure ou quaternaire. Des observations minutieuses sur les côtes sud-marocaines où j'ai constaté la présence d’une série de plages, soulevées de 0 à 100 m., et aux îles Canaries, pourraient remettre en question l’histoire de l'Atlantide-et des Atlantes de Platon si, contrairement à l'opinion des philosophes qui ont commenté son œuvre, cette histoire n'est pas un mythe. NOTE SUR LES FRACTURES DE LA LIMARGUE ENTRE SAINT- VINCENT ET Boussac (Lor) PAR G. Mouret. La région de la Limargue forme une bande d’une largeur moyenne de six kilomètres, comprise entre le Massif Central et le Causse de Gramat. Nous n'envisagerons ici que la partie située sur la feuille de Gourdon et s'étendant, par conséquent, de la grande faille de Padirac au Nord, à la vallée du Célé au Sud !. Cette région est occupée par des grès houillers, représentant probablement plusieurs deltas, et par la série des étages secon- daires, depuis les grès dits triasiques, jusqu'aux couches à À. aalensis ?. Tout ce complexe serait, d’après notre confrère M. E. Fournier (notice géologique de la feuille de Gourdon), affecté de quelques ondulations dirigées normalement au pendage général vers le SW. et les couches se présenteraient ainsi avec une allure festonnée, leurs affleurements restant cependant disposés en zones concen- triques régulières, ainsique le figure la carte géologique de Gourdon. Telle est bien, en effet, dans l’ensemble, l'allure générale ; elle rappelle celle des affleurements du bassin parisien. 1. Mes observations relatives à la partie de la Limargue comprise sur la feuille de Figeac ont été publiées dans le Bulletin des Services de la Carte géologique de France. 2. Sur la carte annexée à cette note, les couches à A. aalensis, composées de calcaires, sont englobées avec les couches bajociennes du Causse. dde. be de 1910 ; LES FRACTURES DE LA LIMARGUE 489 Mais j'ai reconnu, en poursuivant des explorations détaillées, commencées depuis longtemps, et que Je viens de terminer, que les masses sédimentaires ont été grandement disloquées, comme partout ailleurs sur la bordure du massif ancien. Il existe, outre une multitude de petites fractures dificiles à observer en raison de leur faible rejet, des failles importantes qui interrompent la continuité des affleurements et altèrent la régularité de leur succession ; la même couche peut, en effet, reparaître plusieurs fois du Sud-Ouest au Nord-Est, malgré le plongement général vers le Sud-Ouest. Ces failles sont, les unes transverses à la direction des couches, les autres parallèles ou à peu près, à cette direction et à la limite des terrains anciens. Failles transverses. — La plus importante des failles trans- verses est la faille de Padirac (feuille de Brive), que j'ai depuis longtemps signalée. Elle se poursuit, vers l'Est, jusqu’à la faille NS. de St-Vincent, qui limite le Massif Central. Il est pos- sible qu'elle soit due au mouvement qui a produit celle-ci; je n'ai pas en tout cas, au milieu des schistes cristallins, observé son prolongement à l'intérieur du massif, et peut-être se raccorde- t-elle purement et simplement à la faille de St-Vincent. Parallèle à la faille de Padirae, et avec le même regard nord, est la faille d'Alvignac (feuille de Brive) ; celle-ci, moins étendue, et avec un rejet bien inférieur, se prolonge quelque peu sur la feuille de Gourdon, en s’infléchissant vers le Sud-Est. Grâce à cet inflexion, les affleurements toarciens d’Alvignac se trouvent rat- tachés sans interruption, par Lavernhe, à ceux de Gramat. Puis vient la faille transverse d’Aynac. Elle n’a ni la longueur, ni le rejet important de la faille de Padirac. Elle intervient cepen- dant dans la détermination des contours géologiques. J'ai, en 1904 !, signalé l’amorce de cette faille, à l'Est d'Aynac. Depuis j'ai reconnu qu'elle se prolonge beaucoup vers l'Ouest, en changeant brusquement de direction à la traversée de la vallée de l’'Aynac. Elle coupe ensuite le contrefort élevé de Frayssefont où les calcaires infraliasiques sont juxtaposés aux grès houillers, puis elle décrit un contour au Nord d’Albiac, en suivant une ligne de faîte vers Palarel. Elle ramène ainsi au Jour, au Sud d'un lambeau toarcien, les calcaires infraliasiques dont les couches plongent au Sud de 45°. Le lambeau toarcien occupe, d’ailleurs, un petit synclinal parallèle 1. Comptes rendus des collaborateurs pour la campagne de 1903. Bull. Serv. Carte géol. Fr., p. 61-62. 490 G. MOURET 23 Ma à la faille dont il est séparé par un affleurement très mince (par- fois 50 cm.) de calcaires à Pecten æquivalvis. La faille d’'Aynac, dont le regard est au Nord ou au Nord-Ouest, se prolonge à l'intérieur du massif ancien, vers le Nord-Est. J'ai pu la suivre jusque près de Laubresprie ; au delà, elle se perd dans les schistes, et comme son rejet diminue à partir d'Aynac, il est à supposer qu'elle ne se prolonge pas beaucoup dans cette direction. A l'Ouest elle s’efface vers Viller. Au Sud de la faille d'Aynac est la faille transverse de la Capelle-Marival, ou du Bourg. J'en ai tracé l’amorce sur la feuille de Figeac, et j'ai pu la suivre à l'Ouest jusqu'à Flaujac (feuille de Gourdon) sur seize kilomètres de longueur. À Flaujac, la feuille de Gourdon figure un petit dôme toarcien. Je n’ai pu observer cet étage, mais J'ai reconnu, en tout cas, la base du Bajocien, juxtaposé à des couches bien supérieures, peut- être bathoniennes, de sorte qu’il n’est pas douteux que la faille s'étende au moins jusque là. Le dôme observé par M. Fournier ne serait qu'une moitié de dôme. Dirigée NS. à l'Ouest de la Capelle-Marival, elle changeensuite de direction, passe au Nord de l’église de Bourg, et coupe en biais le Pech de Vic, hauteur remarquable qui domine toute la con- trée, et qui forme d’ailleurs, ainsi que ses abords, un massif singulièrement disloqué. Le regard de la faille de la Capelle est encore au Nord. Les failles transverses que je viens de citer affectent les ter- rains de la Limargue, mais il en est d’autres situées à l'intérieur du Massif Central, et dont j'ai pu reconnaître l'existence grâce à des lambeaux de grès et calcaires respectés par l'érosion. Parmi celles-ci, outre la faille de Terrou, déjà citée et qui ne paraît pas dépasser les limites de la feuille de Figeac, j'ai à eiter la faille de Leyme, dont le regard est au Nord, et dont le rejet doit atteindre, malgré le peu de longueur de cette faille, 60 à 100 mètres. J'ai reconnu aussi l'existence d’une petite faille parallèle à celle de Leyme, avec regard nord, la faille de Cap de Bos, située sur un faite. Comme celle de Leyme, elle limrte au Sud, un dépôt de grès secondaires. Failles parallèles. — Les failles du second système se succèdent d'une manière presque continue, mais sans se rattacher les unes aux autres. Toutefois elles restent connexes aux failles transverses. 1910 LES FRACTURES DE LA LIMARGUE 491 J'en ai, autrefois, signalé deux, la faille de la Gines{e, au Sud de celle de Padirac, et la faille de Frontenac au Sud du Célé. Entre ces failles s’insèrent celles de Rueyres, de Fons ou Issept, et de Reyrevignes. La faille de la Gineste, dont l’amorce est figurée sur la feuille de Brive, traverse le massif de granite amphibolique de Saint- Vincent, et se prolonge plus au Sud qu'il n'est indiqué sur la feuille de Gourdon, en subissant un changement brusque de direction vers Aynac, qu'elle atteint sans doute, si, comme on me l’a dit, l'entrée du village se trouve sur les calcaires. La faille de la Gineste, sert, au Nord, de limite au massif ancien. Son regard est à l'Ouest. La faille de Rueyres est courte ; cependant elle joue un grand rôle dans la détermination des contours géologiques ; c’est à Rueyres que, par la disparition des affleurements d’une bonne partie.des couches du Lias et de l'Infralias, la Limargue atteint son minimum de largeur. Le causse ne se trouve plus qu’à 1 500 mètres du massif ancien. Au Nord la faille de Rueyres se prolonge par un pli monocli- nal qui se rattache vers Palarel, à la faille d'Aynac. Au Sud, on perd ses traces vers Théminettes, au milieu des calcaires du causse. Son regard est à l'Ouest. La faille de Fons a une importance assez grande par sa lon- gueur et son rejet. Son regard est au Nord-Est. Je lai signalée ! sur la feuille de Figeac, mais elle n’y est pas figurée, la feuille géo- logique étant déjà publiée. Elle se prolonge, sur la feuille de Gourdon, jusqu'au vallon de Sonac. Au delà de ce vallon, on observe bien une fracture située en prolongement, avecle même regard et qui se rattache à la faille de la Capelle, mais d’après ce que nous avons pu observer, cette fracture ne traverserait pas le vallon, et ne se relierait pas à celle de Fons. Le long de la faille de Fons, sur la feuille de Gourdon, les calcaires de l'Infralias forment un mince affleurement au milieu des couches marneuses ou calcaires du Liasien et du Toarcien. Parallèlement à la faille de Fons, et avec le même regard, mais sur une longueur plus petite, et avec un rejet moindre, s'étend, de Sonac à Assier, la faille d’Assier, grâce à laquelle un lambeau bajocien surgit brusquement au milieu des argiles du Lias supérieur. 1. Comptes rendus des collaborateurs pour la campagne de 1905. Bull. Serv. Carte géol. Fr., 1906, p. 81. 492 G. MOURET 23 Mai La faille de Reyrevignes a la même direction et le même regard que celle de Rueyres, dont elle est la copie; elle se rattache aussi par un monoclinal à une autre faille, celle de Fons. Au Sud, elle se prolonge Jusqu'à la tranchée du Pournel, sur la ligne de Brive à Capdenac, mais elle ne paraît pas se relier à la faille de Fron- lenac. Celle-ci, la seule faille figurée sur la feuille de Gourdon, l’est seulement jusqu'à Boussac. En réalité, elle se poursuit au NW. jusqu'à la route de Figeac à Espédaillac, puis à partir de cette route, elle s'infléchit brusquement vers l'Est, et vient mourir près du Pommier (feuille de Figeac). | La faille de Frontenac, au Sud du Célé‘, se poursuit sur la feuille de Figeac où elle a été bien tracée par M. Thevenin. Je signalerai toutefois, qu'en certains points de son parcours, elle s'interrompt et passe à un pli monoclinal. Au delà de Foissac, on perd sa trace dans les calcaires du Causse, mais elle ne paraît’ pas devoir dépasser la ferme de la Jounade. À la faille de Frontenac, est subordonnée une courte fracture transverse passant par la Condamine au Sud de Boussac, et dont le regard est au Sud. Celle-ci, et d’une manière générale, toutes les petites frac- tures subordonnées aux grandes failles transversales, ont un rejet assez considérable, relativement à leur longueur. CoNCLUSIONS Je tirerai des observations qui viennent d'être rapportées les conclusions suivantes : La bordure sédimentaire du Plateau Central, de la faille de 1. En ce qui concerne les failles de la région située au Sud du Célé, j'ai déjà fait connaître dans les Bulletins du Service de la Carte géologique, celles qui ne dépassent pas la vallée du Lot. Je profite de l'occasion pour signaler celles des fractures de la région située au Sud de cette vallée, qui ne sont pas figurées, ou ne le sont qu'incomplètement sur la feuille de Figeac. Je citerai la faille d'Ols qui débute vers le Pech-le-Long (feuille de Figeac) et se poursuit par celle de Rodez où elle s'infléchit vers le Sud-Ouest et où je l’ai suivie jusqu’à la Vialatte; son regard est à l'Ouest. Une autre faille, à peu près de même direction, débute vers le village de Sept- fonds ; je l'ai suivie jusqu'au village du Colombier (feuille de Rodez). Vers Salvagnac, une courte faille transverse, avec regard NW., n'apporte pas grand changement, malgré son rejet relativement considérable, à la direction des affleurements. Dans la région de Capdenac, les tracés de la Carte géologique comportent quelques modifications. Notamment la faille de Naussac doit être prolongée jus- qu'au parallèle de Capdenac-gare. Son tracé doit être, en outre, modifié autour de Naussac. J'aurai à signaler d’autres observations sur les fractures de la région; je les réserve pour un mémoire en préparation sur la géologie des environs de Figeac. 1910 LES FRACTURES DE LA LIMARGUE 493 Padirac à la vallée du Célé n’est pas plissée, mais seulement fai- blement ondulée et comme partout ailleurs, de Nontron à Saint- Antonin, elle est disloquée par des failles. Certaines de ces failles ont une direction transverse à la direc- tion des couches. Elles se prolongent, en faisant un crochet vers le Nord, dans la partie actuellement dénudée du massif ancien *. À l'Ouest, elles ne s'étendent guère. Celle d'Aynac n'atteint même pas la région du Causse. Le regard de ces mêmes filles estau Nord, donc opposé au regard de la plus importante des filles du Sud-Ouest, celle de Meyssac (feuille de Brive et de Périgueux). Entre cette faille de Meyssac et celles de la Limargue s'étend une région affaissée, traversée par la vallée de la Dordogne, région qui entame obliquement le massif ancien. = Mons N À /e Piteau 0 nn 1 es ne À pH a LG £ | Aa) FiG. 1. — Coupe entre Moxs £T LE PATEAU. 1, Schistes cristallins ; 2, Houiller ; 3, Trias; 4, Infralias; 5, Lias; 6, Bajocien. D’autres failles sont dirigées nord-sud, avec regard à l'Ouest (failles de la Gineste, de Rueyres, de Reyrevignes). D’autres encore (fulles de Terrou, de Fons, d'Assier) sont diri- gées du NW. au SE., avec regard au Nord-Est, opposé par con- séquent au sens du plongement des couches. Enfin la faille de Frontenac à même direction, mais avec regard au SW. Ainsi donc, dans la région considérée, de même qu'au NW. de cette région, on trouve la preuve que le bassin de l'Aquitaine est dû à des mouvements d’affaissement, qui ont mis en relief la partie sud-ouest du massif des schistes anciens. Mais ce faisant, les couches n'ont pas seulement pris un pendage général vers l'Ouest, elles se sont fracturées suivant diverses directions. Les fractures les plus importantes ne sont pas, d'ailleurs, comme on pourrait le croire à priori, parallèles aux affleurements : 1. Failles de Padirac, Aynac, la Capelle-Marival. 49% MOURET 23 Mai les failles transverses semblent découper plus profondément les terrains. À ces cassures transverses nécessairement isolées les unes des autres, se rattachent par l’intermédiaire de plis monoclinaux, les fractures parallèles aux couches. Dans l'ensemble, toutes ces cassures forment un réseau discon- [c} Padirac Ë Ë ë “ N : 1 HDI 1Lop SE / F Bo : Dre Le î Ft Hs RE 3 Ru Es Bjsrele 7 “ KT Vier RSR ii o HE “Albisc Sul k Hg : : k IV » à Mie JPA Fe \e7 Par] _— FES HRÉRRE lHospitsl® NE LÉ 2 | " Hé Hi N'Avépres dé Æsendelrs AA 2e DE IL F 9 HAHRRE sh Anglars es LL Gr. 2 HE ÉHHRRNAHNN à Hit HE ps | a Lläpelle-Marivar, e Carte des FAILLES DE LA LIMARGUE entre Saint-Vincentet Boussac. I. Massif Central. II. Grès houillers et secondaires. III. Infralias. IV. Lias moyen et supérieur. V. Bajocien-Bathonien, Échelle : To 250000 Les failles sont indiquées par un double trait; la lèvre abaissée est indiquée par le trait le plus fin. — On a compris dans le Causse le niveau cal- caire du Toarcien supérieur. Ÿ Prés de Pidirac ë C4 ” Hp. NS Va At Era] i ERNST ie CRE ; RAY HE] /] À | z p 5 FE FO /TS J'Cér !/ \ = o Audelle Sen HU J'ÉS}mon.e tinu. Leurs rejets ne sont pas très considérables, et sauf pour la faille de Padirac, ne dépassent pas 50 à 60 mètres. Cela suffit, d’ailleurs, pour troubler la régularité des affleurements des divers étages de terrain. 1910 LES FRACTURES DE LA LIMARGUE 495 En relation avec ce réseau, qui occupe une zone relativement étroite, le long de la bordure du Plateau Central, est le fait du fort pendage des couches vers le Sud-Ouest. On peut même à ce point de vue distinguer deux zones, ou mieux deux lignes con- centriques suivant lesquelles les pendages sont le plus prononcés, pouvant atteindre jusqu’à 40°. L'une correspond à la limite du Massif Central, l’autre à celle du Causse. Ce sont là deux lignes d’affaissement brusque, deux plis monoclinaux. La première de ces lignes correspond aux limites du Massif Central à l’époque du Houiller supérieur. Elle se trouve done prédéterminée par des mouvements très anciens, et du reste, le bassin de l’Aquitaine, au moins dans sa partie septentrionale, a toujours existé à partir du Stéphanien. Cette première ligne est dessinée topographiquement par le relief du massif des schistes anciens, qui limite l'horizon. La seconde est dessinée par un bourrelet, formant la ceinture du Causse, et il est assez remarquable que, dans la région, la crête de ce bourrelet n’est pas occupée par les couches solides du Bajocien, mais par les argiles du Toarcien, ou tout au plus par les schistes marneux à À. aalensis. La coupe schématique de la figure 1, prise entre Mons près Assier, et le Pateau près la Capelle-Marival, illustre l'allure que nous venons de décrire et figure la forme du bord de la cuvette d'Aquitaine. La carte de la figure 2 met en évidence l'indépendance complète du réseau des failles et du réseau hydrographique. En aucun point de la Limargue le tracé des vallées ne concorde avec une direction de faille !. 1. On remarquera aussi, qu'à part les vallées profondes de l’Alzou et du Célé, tous les cours d’eau de la Limargue, en abordantle Causse, prennent un cours sou- terrain. M. Fournier (Bull. des Serv. de la Carte géol., n° 78) a présenté des obser- vations intéressantes au sujet du tracé de ces cours d’eau dont certaines parties ont été explorées par M. Martel. Je signalerai à ce sujet, qu'en m'aidant de la carte à courbe de niveau à 1/40000 j'ai pu reconstituer le tracé des anciens cours d’eau à la surface du Causse de Martel, indépendamment des traces qu’ils ont laissées par le dépôt de matières meubles. Il semble possible de faire le même travail pour le Causse de Gramat, et il serait intéressant de comparer les tracés ainsi obtenus aux tracés que l’on attribue, encore un peu hypothétiquement, aux cours d’eau souterrains dela région du Causse de Gramat. LE SIPHON DES AMMONITES ET DES BÉLEMNITES PAR F. Grandiean. Le siphon des Ammonites et des Bélemnites est connu, dans ses caractères essentiels, par les travaux d’un grand nombre de paléontologistes parmi lesquels il faut citer surtout Barrande !, Sandberger?, Hyatt* et Branco*. Certains traits remarquables, comme par exemple la nature chimique si particulière de la paroi siphonale, sont cependant restés dans l'ombre. J'insisterai, dans ce travail, sur le rôle du phosphate de chaux dans la constitution de la coquille et je passerai en revue, en même temps, certains traits de structure qui n'ont pas encore été signalés, ou dont l'étude n'a pas été faite avec toute l'attention qu'ils méritent, c'est-à-dire pour les Ammonites : la structure du siphon et les organes qui lui sont souvent attachés — le prosiphon de Munier-Chalmas — la division fréquente de la première loge en deux moitiés symétriques dépourvues de communication — l'existence constante d’une première varice de position très peu variable; ef en ce qui concerne les Bélemnites : la forme de la ter- minaison siphonale, ne pénétrant pas dans la protoconque, sans cœæcum renflé ni prosiphon et complètement différente de celle qu'on observe chez les Ammonites — enfin le passage graduel de la cloison primitive en phosphate de chaux à la cloison cal- caire de l'adulte *. I. NATURE CHIMIQUE DU SIPHON. 1° Chez les Ammonites. — L'enveloppe solide qui entourait le siphon membraneux, enveloppe que l’on peut qualifier elle-même de siphon pour simplifier le langage, a toujours été considérée comme calcaire. J'ai été très surpris de constater, contrairement à l'opinion commune, qu'elle est actuellement formée, dans tous les gisements, par du phosphate de chaux amorphe chimiquement 1. Barranpe. Études générales. Céphalopodes, 1877. >. SanpserGEr. Betrachtungen über Sipho, Siphonaldute, Eizelle etc... von Nautilus, Clymenia, Goniatites und Ammonites. Schrift. der oberh. Gesellsch. für Natur und Heilkunde. 3. A. Hyarr. Fossil Cephalopods of the Museum of comparative Zoülogy, Embryology. Bull. of the Museum of comp. Zoël. vol. IT, n°5. 4. W.Braxco. Beiträge zur Entwickelungsgeschichte der fossilen Cephalopo- den. Palaeontographica, t. 26, 1"° partie, et t. 27, 2° partie. 5. Je tiens à remercier ici MM. H. et R. Douvillé ainsi que MM. Depéret, Riche et Roman de l’obligeance avec laquelle ils ont mis à ma disposition une partie des matériaux de cette étude. tem: du Un OS É NOÉDECT |. ER nt SES RREESE 1910 SIPHON DES AMMONITES ET DES BÉLEMNITES 497 comparable à celui qui constitue les dents fossiles des Vertébrés. La matière siphonale se distingue nettement de la caleite du test par les seuls caractères macroscopiques : la cassure est con- choïdale etbrillante, sans aucune trace de clivage ; la couleur varie du gris clair au noir suivant les gisements et les espèces. Elle est le plus souvent brune, plus sombre que le test. Les esquilles sont transparentes ou seulement translucides sur les bords à la manière des éclats de phosphorite ou de silex. Au microscope, dans une section mince d’Ammonite, le siphon se fait remarquer par sa couleur jaune ou brune toujours plus sombre que la calcite du test ou des cloisons !. Entre nicols croi- sés la différence s’accentue : la caleite paraît avec sa haute biré- fringence; le siphon est au contraire complètement noir; la matière siphonale est donc isotrope ?. Cette isotropie est un carac- tère précieux qui suffit pratiquement à déceler le phosphate de chaux, car elle n'appartient, parmi les minéraux ordinaires des sédiments, qu’à deux autres substances : l’opale et la himonite, lesquelles ne sont pas en question ici. Quant aux matières cor- nées entièrement organiques, elles ne se sont conservées que dans des gisements très exceptionnels. Il est d’ailieurs facile de contrôler chimiquement les résultats de l'examen optique; un petit fragment de matière siphonale se dissout complètement dans l'acide azotique, en dégageant quelques bulles de gaz carbonique, mais seulement au début de l'attaque. La dissolution s'achève sans effervescence et la liqueur limpide obtenue donne un abondant précipité jaune avec le réactif molyb- dique. La matière siphonale est donc formée surtout de phos- phate de chaux mélangé d'un peu de carbonate. Dans un échantillon de grande taille d'Orynoticeras Guibalia- num D'Ors., provenant d'Essey (près de Nancy), j'ai pu réussir à extraire, par triage au microscope, une quantité de matière siphonale suffisante pour une analyse quantitative. Le siphon était noir par réflexion, brun par transparence en lame mince. La couleur foncée n'était pas due à des matières organiques, car une longue caleination ne l'a passensiblement modifiée. Voici les résul- tats rapportés à 100 p. de matière desséchée à 115° : Phosphaterdeschauxs us fe Rat ane. 84 | Carbonatesde chaux ee MERE RE || 9,5 Éléments non dosés 100 1. Hyarr (loc. cit., p. 83) et Branco (loc. cit., 2° partie, p. 54) ont observé cette différence de couleur, sans en reconnaître la cause. 2. J'ai observé exceptionnellement une anisotropie par bandes floues semblable à celle que montre le phosphate des dents. Cette biréfringence très faible, à limite indécise, ne peut être confondue avec celle de la calcite,. 11 janvier 1911. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 32. 498 F. GRANDJEAN 23 Mai Cette composition ne diffère pas sensiblement de celle des os ou des dents fossiles de Vertébrés supérieurs. J'ai constaté qualitativement la nature phosphatée du siphon, tant par les caractères optiques que chimiques, dans les espèces suivantes dont je cite en même temps le gisement : a. GISEMENTS CALCAIRES : Goniatites Listeri W. Marrix (Lower Coal Mea- sures de Shore, Littleborough, Lancashire) ; Ægoceras planicosta Sow. Arietites Kridion Heuz. [Lyme-Regis]; Dactylioceras commune Sow.{Grand- Cour. Belgique}; Lioceras subplanatum Orrez [Vieux-Pont, Calvados]; Lytoceras jurense ZieTex (Uhrviller, Alsace); Lioceras lylhense Youxc el Biros (Whitby) ; Ludwigia opalina Reix. [Gundershoffen| ; Neumayria sp. [Crussol| ; Acanthoceras rhotomagense DErr. [craie cénomanienne, Rouen]. D. MiNERAI DE FER DE LA VERPILLIÈRE : Hildoceras bifrons Bruc., Phyllo- ceras heterophyllum Sow. c. GISEMENTS PYRITEUX : Cardioceras cordatum Sow. ; Oppelia lunula ZIETEN (Villers); Oppelia hectica Harru. (Lautlingen) ; Peltoceras athleta Parrxres, Oppelia Henrici »'Ors. (La Billode); Hoplites neocomiensis D'Ors. ; Phyllo- ceras semisulcatum D'Ors. (marnes de la Drôme). Cette liste, que l’on pourrait allonger indéfiniment, et dans laquelle j'ai laissé de côté, systématiquement, tous les terrains phosphatés où l’on pourrait croire à une épigénie, suffira, je pense, à convaincre de la généralité du fait, et l’on doit nécessairement en conclure que le siphon était déjà en phosphate de chaux dans l’'Ammonite vivante. Le siphon manque quelquefois dans les Ammonites fossiles parce qu'il était faiblement lié aux parois. On le retrouve souvent dans la même loge, dans une position quelconque, mais toujours dans un état de conservation remarquable, certainement plus parfait que celui du test calcaire. L'exemple des Ammonites à remplis- sage de pyrite, dont le test est fréquemment pyriteux lui-même, et dont le siphon est resté intact, est typique. On sait d’ailleurs, d'une manière générale, que le phosphate de chaux s’altère plus rarement que le calcaire, dans le sol. 2° Chez les Bélemnites. — La matière qui constitue le siphon des Bélemnites est identique à celle du siphon des Ammonites. On observe la même couleur brune plus sombre que la calcite du phragmocône, la même cassure, la même absence de clivages, la même isotropie, les mêmes caractères chimiques. 3° Chez le Nautile. — Le seul Nautile que j'ai pu étudier dans de bonnes conditions {Nautilus lineatus Sow. de l’oolithe ferru- gineuse de Bayeux) m'a montré une paroi siphonale bien diffé- rente des précédentes. Elle est grise, assez opaque, à bords flous et formée par de petits grains de carbonate de chaux à polari- sation d'agrégat. Le siphon, dans cette espèce, ne devait pas Pr: 1910 SIPHON DES AMMONITES ET DES BÉLEMNITES 499 être entouré d’une muraille compacte comme il arrive chez les Ammonites et les Bélemnites. Il était simplement enveloppé par une membrane organique, incrustée de granules calcaires comme dans le Nautile actuel. Les siphons d’'Ammonites et de Bélemnites ne constituent vrai- semblablement pas les seuls exemples de formations phospha- tées dans la classe des Céphalopodes. Plesioteuthis prisca Rüpr. de Solenhofen, que l’on rapproche d'ordinaire des gladius de Cal- mars, est constitué lui aussi, en majeure partie, par du phos- phate de chaux. Je n'ai eu toutefois entre les mains qu’un seul échantillon de cette espèce et je ne sais si le fait est général. La nature chimique particulière du siphon étant maintenant bien établie, nous étudierons sa structure et ses rapports avec le test chez les Ammonites, puis chez les Bélemnites. IT. AMMONITES Le siphon a le plus souvent dans l'adulte une courbure régu- lière. Toutefois, si l’'Ammonite possède une carène crêtée, le siphon peut suivre les ondulations de cette carène (Oxynoticeras oæynotum Quensr. Chez les formes pourvues de côtes traversant le plan médian sans s'interrompre, le siphon peut présenter trois manières d’être suivant la distance plus ou moins grande qui le sépare du test : 1l peut suivre les ondulations de la coquille (Cæœloceras Humphriesi Sow.), en être indépendant (Peltoceras athleta Puiz. jeune) ou enfin s’orner du côté ventral d'une ligne de gros points enfoncés, placés sous chaque cête (Deroceras Desplacei »'Or8.). La surface lisse du siphon est en réalité striée en travers par des lignes en creux très peu marquées {!, fig. 1). Ces stries sont les traces extérieures des plans de séparation du phosphate ; ces plans de séparation discontinus qu'il ne faut pas confondre avec des clivages, coupent toujours très obliquement la surface (sous un angle d'environ 45° dans le plan médian) de telle sorte que le siphon se brise d'ordinaire en petits éléments obliques. Les sections minces montrent fréquemment dans l'épaisseur du siphon, quand cette dernière est suffisante, trois zones dis- tinctes à limites indécises. La zone médiane, la plus constante et la mieux développée, est jaune ou brune par transparence et chargée de granules plus opaques, répandus dans sa masse d’une manière homogène. L’externe, à peu près constante elle aussi, montre des couches concentriques contiguës inégalement colorées, inégalement chargées de granules. L’interne, mal différentiée, 500 F. GRANDJEAN 23 Mai n'est parfois indiquée que par une apparence plus trouble: il peut y reparaïtre une division en couches concentriques. Les deux zones extérieure et intérieure sont généralement plus sombres que la médiane. Toutes sont parfaitement isotropes. L'existence des couches concentriques permet d'affirmer que la sécrétion du siphon se produisait avec le même genre de discontinuité que celle de la coquille elle-même. ORGANES ATTACHÉS AU SIPHON. — Ces organes sont des lames de phosphate de chaux. On peut en observer de trois sortes : 1° Dans chaque loge,une rnembrane siphonale, située dans le plan médian et fixée par son extrémité inférieure à la pointe du goulot siphonal. Cette membrane n'a pas été signalée jusqu'ici, du moins à ma connaissance. 2° Dans chaque loge, de minces lames de consolidation liant le siphon aux parois et aux cloisons. 3° Dans la loge initiale, des lames de formes particulières relativement plus développées et attachant le cœcum siphonal aux parois internes de la protoconque. Ces organes sont les cônes siphonaux de Hyatt ou le prosiphon de Munier-Chalmas. 1° Membrane siphonale. — Je ne l'ai observée que dans trois Ammonites : Lioceras lythenses (de Whitby), Arietites Kridion (de Lyme Regis) et Oxynoticeras Guibalianuim. Je la décrirai dans cette dernière espèce. L'unique échantillon sur lequel ont été faites les observations suivantes était celui même, de grande taille et de parfaite conser- vation, qui a permis l'analyse chimique de l'enveloppe sipho- nale. Toutes ses loges étaient remplies de belle calcite transpa- rente. La figure 1 montre la forme et la disposition de la membrane. Elle est en phosphate de chaux brun sombre, identique à celui du siphon. Sa surface est ornée de lignes très fines, en creux, ondulées, semblables à celles que l'on voit sur la surface du siphon (/, fig. 1). Leur direction générale est perpendiculaire au bord libre. Ces lignes correspondent également à des plans de séparation coupant très obliquement la surface de la membrane. Celle-ci est constituée par deux lames très minces qui se séparent tout près du siphon en limitant très nettement un espace pris- matique triangulaire, actuellement rempli par de la calcite (fig. 2, k). Les deux lames se raccordent tangentiellement à la surface siphonale: elles semblent se continuer sur cette surface et for- mer la couche la plus extérieure de la paroi. Le bord interne de cette membrane n'est bien limité qu'à sa 1910 SIPHON DES AMMONITES ET DES BÉLEMNITES 501 base vers le goulot siphonal ; plus haut il devient souvent irré- gulier et la membrane elle-même s’infléchit vers son extrémité en dehors du plan médian comme le montre la figure 2. J'ai observé cette même inflexion beaucoup plus accentuée dans des échan- üllons d’Am. lythensis et Kridion relativement jeunes, et dont les membranes siphonales étaient excessivement minces. Elle ne doit pas surprendre de la part d'un organe aussi délicat qui n'était soutenu pendant la fossilisation que sur une faible partie de son contour. Chez Oxyn. Guibalianum la membrane siphonale occupe en longueur les 2/3 en- viron de la t grandeur Pr d'une loge. Je l’ai ob- servée, avec les mêmes ca- ractères, dans trois / loges suc- cessives de de l'échantil- lon précité. FiG. 2. — Coupe normale à la L'exis- figure précédentepassantpar fence d’un zy:; m,membrane siphonale: s, paroi du siphon; f, test. Grossissement 11/1. tel organe suscite un FiG. 1. — Oxynoticeras Guiba- ru CHIOUS lianumv'Onz.(carrièred'Essey, problème. Si l'enveloppe compacte prés Nancy}.Coupedansleplan phosphate de chaux a pour seul médian montrant deux goulots siphonaux successifs g:,92, diri- gés vers l'avant, et la mem- brane siphonale m. L'enve- loppe du siphon s et la mem- brane ne sont pas coupées. La ligne pointillée ab représente l'arête médiane de l'espace pris- matique triangulaire compris entre la membrane et le siphon (voyezfig. 2). 1, l', striesde l'en- veloppe siphonale et de la mem- brane. Grossissement 4/1. rôle de séparer le siphon membra- neux d'avec le vide des loges inhabi- tées, comment concevoir l'utilité de la membrane siphonale si fortement liée au siphon et qui ne parait en être qu'un appendice ? Il faut admettre que cette membrane exis- tait dans le corps même de l'animal dont elle représente un organe impor- tant ; sa liaison intime avec la paroi siphonale conduit donc à penser que celle-ci se prolongeait elle- 502 F. GRANDJEAN 23 Ma même à travers le corps de l’Ammonite. La paroi siphonale se serait formée dans la loge d'habitation, pendant tout le cours de l'existence et non pas seulement pendant la période de formation d’une nouvelle loge. On sait du reste que la pro- longation de Ia cavité siphonale jusqu’au péricarde a été établie par Owen pour le Nautile actuel ?. 2° Organes de consolidation qui se répètent dans toutes les loges. — Ces organes sont assez variés, mais leur extrême ténuité n'a permis qu'exceptionnellement leur bonne conserva- tion. Le plus fréquent est la membrane qui joint le siphon à la cloison vers le point où celle-ci se recourbe en avant pour for- mer le goulot siphonal. Cette mince lame de phosphate de chaux est disposée normalement au plan de symétrie ; la figure 3 en repré- sente en m la section médiane chez Amm. opalinus. Je l'ai trouvée dans un grand nombre d'espèces et de gisements. D'autres liens, assez fréquem- ment observables, attachent le siphon à la paroi interne des loges au voisinage du plan médian. La figure 4 les représente en section transversale chez Lytoceras juren- se. Le siphon se trouve fixé au test un peu comme une conduite FiG. 3. — Ludwigia opalina Re. suspendue au plafond d'une gale- (Asselfingen). Coupe du siphon . dénelelplantde syétti au SU Les couches les plus externes sage de la 36° cloison; p, ligaments de la paroi siphonale s’échappent en phosphate liant le siphon à la tangentiellement et viennent se paroi ventrale ; m, ligament en 9 phosphate liant le siphon à la fixer à la coquille par des rami- cloison; x, prolongementantérieur fications dichotomes. Dans des du goulot siphonal ; &, prolonge- ue - ment postérieur. Grossissement COnditions favorables on peut voir 72/1. les traces extrêmement fines de ces lamelles à la surface du moule. 1. Zittel a décrit et figuré des Ammonites dont le siphon se prolonge un peu dans la loge d'habitation. Palaeont. Milth. d. Mus. d. k. Bayer Slaales. Bd. 2 AR 1. Cephalopoden der Stramberger Schichten, 1868, p. 80. PI. x, 192094. 2. Owen, R. Memoir on the pearly Nautilus {Londres 1832). Voyez aussi une note du professeur Verrizz dans le Text book of Paleontology de Zittel (traduc- tion Charles R. Easrmax. Vol. I, 1900, p. 508). 1910 SIPHON DES AMMONITES ET DES BÉLEMNITES 503 Elles forment, de part et d'autre du plan médian, deux bandes strices (fig. 5) de faible largeur, particulièrement faciles à observer dans le genre Lytoceras et chez certains Phylloceras. Les stries des deux bandes, bien qu'assez irrégulières, dessinent nettement dans leur ensemble un V très aigu dont l'ouverture est dirigée vers l'arrière de l'animal. Elles peuvent être à peu près longitudinales et parallèles au siphon. Parfois certains feuillets s’écartent nota- blement du plan médian et viennent se fixer à la cloison anté- rieure de la loge, au fond des deux lobules les plus profonds RTE NC TE or du lobe siphonal | Holcostepha- 2: nus Kaschpuricus TRAUTSCH, Lioceras lythenses, Desmoceras Spetc...]. Enfin un dernier type d’orga- nes de consolidation est consti- tué par des lamelles répétées, perpendiculaires au plan de symétrie, qui partent de la face ventrale du siphon et s’atta- Fi. 4. — Lyloceras jurense ZiFTEN chent à la paroi des loges. Je (Uhrviller, Alsace). Coupe transver- ne lo lobeerycec que Aer Se _ du siphon Donna les eo attachentautest. — à, b,c,couches du peu de formes. La figure 3 les test, en calcite; s, paroi du siphon, en montre en p dans Amm. opali- phosphate ; l, couche de phosphate adhérant à la couche a. Grossissement nus. Elles sont homologues du 3:n. prosiphon de l’ovisac. 3° Appendices du siphon dans la protoconque. — Les organes décrits précédemment s’observent dans les loges de l’adulte ; les premières loges ne Les montrent Avant point. La protocon- Dr or que au contraire en a De contient de relative- D'emene. — ce = RE —— ire ment très dévelop- és, destinés sans Fic. 5. — Surface du moule de Lytloceras jurense pés, | de Lytoceras jurense, doute à consolider entre deux cloisons, sur Ja ligne siphonale ; C& C, cloisons ; bb', bandes striées ; d, dépression occupée le fragile CECI antérieurement par la lame de phosphate marquée phonal. sur la figure précédente. Grossissement 2/1. A. Hyatt a décrit ces organes sous le nom de cônes siphonaux chez Ægoceras planicosta qui en possède plusieurs et chez Goniatites Listeri et G.diadema quin'en possèdent qu’un seul !. Munier-Chal- IA Hyamr, loc: cit., p. 66,86 et 98 Pl:urr, fig. Let pl. nr, fig. 5. 504 F. GRANDJEAN 23 Mai mas!, vers la même époque, signalait la présence chez les Ammonites et la Spirule d’un prolongement calcaire du cœcum siphonal, prolongement qu'il proposait d'appeler prosiphon et qui aurait remplacé le siphon pendant la période embryonnaire. J'ai reprisl'étude de ces organes, délaissée depuis longtemps, et j'ai pu réussir à observer leurs formes chez plusieurs espèces. Les figures 6 à 10 dessinées d’après des coupes minces exäctement médianes, et observées par transparence, résument mes obser- vations ?. Les prolongements du cœcum siphonal sont des bandelettes plus ou moins larges et non pas des cônes prenant contact sur tout leur pourtour avec la paroi interne de la protoconque. Le nom de cône siphonal est donc impropre. La disposition de ces bandelettes est exactement la même chez les Goniatites et les Ammonites. Elles sont toujours parfaitement distinctes du cœcum lequel possède toujours sa paroi propre contrairement à l’affirma- tion de Hyatt pour Gontatites diadema et G. Listeri*. Les bande- lettes sont toujours pleines et par conséquent sans communica- tion avec la cavité siphonale ; je n’ai jamais observé la disposi- tion en tube creux dont parle Munier-Chalmas*. Quant au pré- tendu rôle embryonnaire du prosiphon, il ne peut être sérieuse- ment défendu ; la multiplicité de l’organe dans beaucoup d'espèces suffit, je pense, à écarter cette hypothèse. Le nombre très insuffisant des formes connues ne permet pas de tracer encore l’évolution générale de ces appendices dans le groupe des Ammonites. Il semble cependant qu'on puisse dis- tinguer deux types : Dans le premier, la bandelette principale est relativement courte et ne dépasse pas le tiers du diamètre de l’ovisac, dans le plan médian. Sa largeur est relativement grande, toujours infé- rieure cependant à celle du cœcum siphonal (fig. 6, 1). A ce type appartiennent : Goniatites Listeri du Carbonifère, muni d’une seule bandelette (fig. 6), Arietites Kridion (fig. T), Ægoceras pla- 1. Muxier-Cnazmas. Sur le développement du phragmostracum des Céphalo- podes et sur les rapports zoologiques des Ammonites avec les Spirules. CR. Ac. Sc. LXX VII, p. 1557, 1873. 2. Le prosiphon est assez difficile à observer et Branco (loc. cit. 2° partie, p. 65) avoue n'avoir jamais pu l'obtenir. On ne doit lerechercher que dans les Ammonites d'une conservation exceptionnelle. L'oolithe ferrugineuse de Bayeux, les calcaires marneux de Gundershoffen et d’Asselfingen, Lyme Regis, les coal balls de Little- borough sont des gisements favorables. La grande difficulté est d'obtenir une coupe exactement médiane, car l'épaisseur du prosiphon perpendiculairement au plan de symétrie ne dépasse guère 25 à 30 1. 3 MATTMNOCEMCUE., p868PIE ur Met 3e bib" 4. MuniEr-CHALMAS, loc. cil., p. 1559. 20 SIPHON DES AMMONITES ET DES BÉLEMNITES 1910 *SOAISS900NS SUOSIO[O * * ‘£9 49 ‘19 { OUIOQUI 97948 E : WN9%09 NP 977919 pue NO uouydisoad ‘d { uoydis ‘& ‘onbuosoqoid no oes140 ‘O — ‘oruqouss ap uejd of ed adn07 *JJ — ‘UVAIQUO [ 9P OTEAJUIA 9987 BI SIDAPA] K gouoredsuva] «ed uoydis np on A'TI *J/90T JUOWOSSISSONN) * Il (: (y8noxoqo}}ri) NILHVIN * AA 2497817 S971JP1U0r7) — ‘9 ‘OI 8) du Lias inférieur et s multiples. Le genre Cardioceras, margarilalus (fig. nicosta, Amaltheus ette l , pourvus de bande de l’Oxfordien, semble se placer dans ce groupe. moyen 506 F. GRANDJEAN 23 Mai FiG. 7. — Arieliles Kridion Her. (Lyme Regis). Grossissement 141/1. Coupe dans le plan de symétrie. Légende de la figure 6. FiG. 8. — Amaltheus margaritatus »'Ors. (St-Cyr au Mont d'Or). Grossissement 106/1. Coupe dans le plan de symétrie. Légende de la figure 6. L'autre type de soutien du cœæeum siphonal ne s’observe que | chez des Ammonites plus récentes. La bandelette est toujours unique, très longue, supérieure à la moitié du diamètre de l’ovi- sac, dans le plan médian. Elle rencontre la protoconque sous un angle bien marqué en s’y fixant quelquefois par plusieurs rami- 1910 SIPHON DES AMMONITES ET DES BÉLEMNITES 507 FiG. 9, — Ludwigia opalina Re. (Gundershoffen). Grossissement 106/1. Coupe dans le plan de symétrie. Légende de la figure 6. (er } De FiG. 10. — Sphæroceras Brongniarti Sow. (Oolithe ferrugineuse de Bayeux). Grossissement 190/1. Coupe dans le plan de symétrie. Légende de la figure 6. fications radiciformes. Elle est très étroite dans sa partie médiane et s'élargit à ses deux extrémités (fig. 11). Tels sont Parkin- 508 F. GRANDJEAN 23 Mai sonia Parkinsoni Sow. (fig. 11), Cœloceras Humphriesi Sow., Sphæroceras Brongniarli Sow. (fig. 10), Cosmoceras Garanti D'Ors., du Bajocien. Les genres Perisphinctes et Peltoceras appar- tiennent aussi à ce groupe. Il y a, bien entendu, des passages. Le genre Ludwigiaparexemple (Am. opalinus REIN.) est bien plus voisin du premiertype par ses bandelettes sipho- nales nombreuses, mais la principale d’entre elles dé- passe un peu en longueur la moitié du diamètre de FiG. 11. — Parkinsonia Parkinsont Sow. AR (Oolithe ferrugineuse de Bayeux). Grossis- l'ovisac (fig. 9). sement 70/1. ARÈTE INTERNE ET SOUDU- x Vue du cœcum (R) et de sa bandelette (p) à ES DEUX MIË travers la face ventrale de la protocon- LES s PREMRES que ; ©, 1° cloison. La ligne pointillée CLOISONS. — Les figures 6 est le contour apparent de l'embryon. à A1 montrent en outre plusieurs particularités de la structure des Ammonites qui méritent d'attirer l'attention. La première cloison n’est pas placée exactement à l'entrée de la spire. La paroi interne de la protoconque se prolonge un peu au delà en une arête, désignée sur les coupes par la lettre a. Cette arêle interne existe dans tous les genres mais sa grandeur varie beaucoup. Elle est très longue chez Arietites Kridion (fig. T), à peine indiquée au contraire chez Ludwigia opalina (fig. 9). Quand on fait une coupe mince, on rencontre la saillie a un peu avant de toucher la paroi siphonale ; elle apparaît progressivement dans l'usure et prend d'ordinaire son maximum de développement dans le plan de symétrie. Un autre fait digne de remarque est la soudure des deux premières cloisons au bord interne dans le plan médian. Cette soudure s'observe dans le plus grand nombre des Ammonites du Jurassique et du Crétacé et elle est si parfaite que la première loge parait totalement supprimée dans le plan de symétrie (fig. 8, 9, 10). Cette première loge est donc divisée en deux moitiés symétriques qui ne communiquent pas entre elles. Ce caractère n'existe pas, d'ailleurs, dans les formes anciennes. Chez Gonia- lites Listeri les deux premières cloisons sont parfaitement dis- tinctes dans le plan médian, bien que leurs extrémités se touchent au contact du siphon (fig. 6). Elles sont encore distinctes, mais plus rapprochées chez Arietites Kridion du Lias inférieur (fig. 7). 1910 SIPHON DES AMMONITES ET DES BÉLEMNITES 509 Chez Amaltheus margaritatus du Lias moyen il y a déjà soudure, mais celle-ci se traduit encore par un dédoublement (fig. 8). Elle ne le fait plus dans les autres formes plus récentes que j'ai étu- diées (fig. 9 et 10) et il devient nécessaire, pour voir la première loge, d'observer les cloisons en dehors du plan de symétrie !, ÉVOLUTION DES GOULOTS SIPHONAUX. — La faible épaisseur des diverses parties de la coquille, au début du développement, rend très difficile l'étude de leur structure. La paroi de l'ovisac et des premiers tours ainsi que les cloisons sont formées d'une couche centrale en carbonate de chaux, ordinairement limpide et inco- lore, bordée de part et d'autre par deux couches externes plus minces, Jaunes et troubles. Ces deux couches externes semblent amorphes; elles ont la même apparence que la paroi siphonale et comme celle-ci est en phosphate de chaux, J'admettrai que les deux couches externes en sont formées également?. La lame calcaire centrale est particulièrement épaisse dans la région de la protoconque où s'attachent le cœcum siphonal et ses bande- lettes. Elle est très mince au contraire dans les premières eloi- sons*, et se termine, dans l'épaisseur de la paroi siphonale par un élargissement en collerette qui présente d'ordinaire, en coupe médiane, la forme de la figure 12. Cet élargissement comprend un pro- longement antérieur + et un prolonge- ment postérieur w. Dans les premières NE a Le e . YA & cloisons on voit ces prolongements cal- 7"... P=c | Ë . n 4 F=70 EI] caires se développer peu à peu aux me dépens du phosphate de chaux qui les fic. 19. — Section médiane entoure ; mais la pointe du prolonge- du siphon au passage d'une t tar ous nÉasee des premières cloisons. — HSNNSDOS CEIEUT DÉD GA RO nn Ke te) $, paroisiphonale en phos- dans la paroi siphonale qui l'enveloppe phate: c, cloison ; 4, pro- de toutes parts tandis que le prolon- longement antérieur du t ter: L décae 1 goulot siphonal calcaire : gement antérieur s’en dégage plus ou prolongement posté. moins vite et se contente d’entourer rieur, extérieurement le siphon. Cette disposi- tion persiste même dans les Ammonites presque adultes où w est + rudimentaire (fig. 3). Hyatt, qui a signalé ce fait, en déduit que les 1. Cependant la cloison qui résulte de cette soudure locale des deux premières est toujours plus épaisse que la troisième. 2. Ces couches sont peut-être multiples. On verra plus loin que les premières cloisons de Bélemnites, quand elles sont pourvues d’une lame calcaire interne comprennent en outre six couches distinctes de phosphate de chaux. La distinc- tion ne m'a pas paru possible dans les Ammonites que j'ai étudiées. 3. Chez quelques espèces il semble même que cette lame puisse disparaitre tout à fait comme il arrive avec certaines Bélemnites. 510 F. GRANDJEAN 23 Ma deux prolongements sont d'origines très différentes. On peut cons- tater cependant dansles premières cloisons que z présente la même disposition que w par rapport à l'enveloppe siphonale (fig. 12). Les deux premiers goulots siphonaux sont toujours en contact ou même confondus ; les prolongements x et w y sont assez peu marqués et je n'ai jamais observé que la première cloison soit nettement rétrosiphonée, pas même chez Gon. Listeri. Dans cette dernière espèce le prolongement 4 a disparu dès la deuxième cloison et ne reparaît plus. Dans Arietites Kridion il est moins développé que w dès la troisième cloison et l’Ammonite passe nettement par un stade rétrosiphoné pendant le premier tour ; plus tard 4 et w se déve- loppent simultanément; puis enfin 4 prend l'avantage, w s’affai- blit peu à peu et les goulots siphonaux présentent une apparence analogue à celle de la figure 3. Dans Amnaltheus margaritatus . (de Saint-Cyr au Mont d'Or) « et w sont à peu près de même importance pendant le premier tour; au deuxième tour w est notablement plus long que x; au troisième ils sont redevenus presque égaux et dès lors w décroît peu à peu. Le stade rétro- siphoné est ici mal marqué, dure très peu, et n'apparaît pas dès l'origine. Il semble que ce dernier cas soit celui de la plupart des Ammonites du Jurassique et du Crétacé !. Toutes les Ammonites présentent longtemps des goulots sipho- naux construits comme l'indique la figure 3. Le prolongement antérieur 4 est très développé, mais on y voit encore un reste du prolongement postérieur w, enveloppé par le phosphate du siphon. La saillie w s'amoindrit plus tard en se déplaçant vers l'avant jusqu'au voisinage de la pointe. Enfin elle s’efface et dis- paraît. Ces modifications se produisent à des âges très variés suivant les espèces. Il serait intéressant d'étudier comparative- ment, dans les divers groupes, les vitesses du développement ontogénique d’un goulot siphonal. Cas particulier du genre Phylloceras. — Les goulots sipho- naux dans le genre Phylloceras présentent cette singularité de posséder un nent postérieur w très long Re plus long que «. La figure 13 représente une es médiane d’un goulot siphonal Le Phylloceras Nilssoni »'Ors., de la Verpillière, à la soixante-dixième cloison, quand l’Ammonite atteint un dia- mètre de 22 mm. On remarquera l’épaississement en crochet du phosphate, à la 1. On constate en outre, comme l'a fait remarquer Branco (loc. cit., 3° partie, p. 52 et 53, pl. 1x, fig. 9) que l’évolution est plus rapide sur la face ventrale du siphon que sur la face dorsale, au moins au début du développement. 1910 SIPHON DES AMMONITES ET DES BÉLEMNITES 511 pointe de w. Je ne sais si de tels goulots siphonaux persistent dans les Phylloceras de grande taille! Ils existent en tout cas dans ce genre à une période du développement où les autres AÂmmonites du Secon- daire que j'ai examinées ne conservent plus que des traces du prolongement pos- térieur ? (fig. 3). Phylloceras Loscombi Sow. fait exception ; il pos- sède des goulots siphonaux £ # ordinaires et se différencie très nettement à ce point de vue d'avec les autres espèces du même genre (Ph. Nils- soni D'Or8., Ph. heterophyl- lum Sow., Ph. semisulcatum $ p Ors., etc.). M. Wadasz a ne ere et été conduit récemment, par Ve Sie) Section ti édiane d'un ae une voie toute différente, à siphonal grossie. — c, soixante-dixième séparer les espèces du grou- cloison; {,test; 4, prolongement antérieur ; : Ar w, prolongement postérieur; $s, paroi pe d'Am. Loscombi d'avec siphonale en phosphate. les vrais Phylloceras, et à les rattacher aux Amaltheidés*. Le genre Phylloceras présente une autre particularité : quand le test est enlevé on voit presque toujours dans le plan médian, sur la région ventrale, un sillon étroit profondément marqué qui prolonge la ligne de suture d'une cloison presque jusqu’à la cloison suivante (fig. 14, s). Ce sillon s'arrête brusquement un peu avant cette cloison, au point K {fig. 14). En effet le siphon, assez distant du test, lui est hé par une lame de phosphate de chaux continue, soudée à son enveloppe, et dont la figure 15 montre en / la section transversale. Quand on enlève le test, le phosphate de cette lame s’enlève en 1. Des goulots siphonaux analogues, mais munis d'un prolongement « notable- ment moinsaccusé, s'observent pendant le développement de plusieurs Ammonites jurassiques. 2. Branco a observé la partie calcaire de goulots siphonaux très voisins de celui de la figure 13 dans trois espèces du Trias : Phylloceras disputlabile Zrrr.; Sage- ceras Haidingeri Hauer ; Cladiscites sublornatus Moss. (loc. cit., 2 partie, p. 54, pl. x, fig. 3]. 3. Wapasz. Entwickelungs geschichte Differenzierung in der Familie Phyllo- ceratidae. Féldtant Kézlôny, Bd. XXXVII, en allemand, p. 399 à 405, 1907. 512 F. GRANDJEAN 23 Ma même temps, ce qui forme le sillon. On constate en outre que le point K marque l'extrémité postérieure du prolongement o. TRACE DE EA PREMIÈRE BOUCHE. — Branco! a fait remarquer la fréquence : — ile HN des varices dans les très | jeunes Ammonites et Go- SF | \ ) niatites et il signale ce fait Fc. 15. — Phylloceras coup de formes qui ne très surprenant que beau- de SE PSE montrent aucune varice F1G. 14. — Phyllo- phon, équidistante de dans l'adulte et même ceras Nilssoni deuxcloisons;S,siphon; dans le jeune, en présen- (La Verpillière). l, test: 1, lame de phos- Moulemontrant phate prolongeant la Cet cependant une ou plu- deuxcloisons(la paroi siphonale jusqu'au sieurs au début de leur “ et la 70°) et test. Grossissement 53/1. développement, sur le e sillon s de la à L face ventrale. premier ou le deuxième tour. On peut générali- ser et préciser cette observation de Branco de la manière sui- vante : Toutes les Ammonites et Goniatites montrent, sur leur premier tour, une première varice fortement sculptée, dont la position varie très peu malgré l’extrème diversité des espèces. Pour avoir une idée de l’amplitude de cette variation, j'ai mesuré sur les coupes médianes d'un grand nombre d'Ammonites, l'angle + d'involution correspondant à la première varice. Par exemple l'angle des deux droites OA et OV (fig. 16), O étant le centre de l’ovisac, A le milieu du contact du siphon avec la paroi de la protoconque et V le milieu de la première varice. On trouve presque toujours un angle compris entre 270° et 290°?. Les valeurs extrêmes obser- vées sont 4— 260° (Acanfhoceras Bergeroni SEUNES, Clansayes ; Amaltheus margaritatus, Saint-Cyr au Mont-d’Or) et 4 — 310° (certains Cæœloceras). Arcestes Klipsteini Moss. du Trias m'a donné, x — 340° ; et Goniatites Listeri du Carbonifère, 4 — 37°. L'angle 4 est donc plus grand dans les formes paléozoïques ; il a diminué dans les espèces du Jurassique et du Crétacé’. La figure 16 montre la position de la première varice chez (Goniatites 1. BrAnco, loc. cit.: 1"° partie, p. 46, et 2% partie, pp. 66 et 67. 2. Dans un gisement déterminé et pour une espèce déterminée l'angle « est presque constant. Le nombre des loges comprises dans cetangle peut, au contraire, varier assez notablement avec les individus. Il est clair que ces loges n'ont été construites qu'après la formation de la première varice. 3. Dans ces dernières formes je n'ai pu constater de relation entre la valeur de a et la grandeur de la loge d'habitation. Be CE g 1910 SIPHON DES AMMONITES ET DES BÉLEMNITES 513 Listeri et Hildoceras bifrons. La forme de cette varice, en sec- tion médiane, varie peu ; c'est toujours un brusque épaississement du test accompagné d'une ondulation plus ou moins marquée. Avant la première varice, le test est toujours parfaitement uni. Après elle la coquille peut s’orner brusquement et présenter des côtes aussi marquées que celles de l’âge adulte (par exemple chez Goniatites Listeri, fig. 16, 1) ; ce cas est une exception. Le plus souvent le test reste lisse et les premiers ornements n’ap- paraissent qu'à un stade plus avancé; mais on peut affirmer que la première varice, correspond toujours à un changement impor- FiG. 16. — Sections médianes montrant la première varice V et l'angle d'involution à correspondant. Grossissement 43/1. I. Goniatites Listeri W. Marin. Littleborough, & — 375°, IT. Hildoceras bifrons Bruc. La Verpillière, & — 270°. tant, car ou bien elle ne se reproduit plus dans le cours du développement, ou bien, si elle se reproduit dans le jeune ou dans l'adulte, c'est à des intervalles angulaires toujours très différents de x. En résumé, la première varice marque un stationnement de l'ouverture de la coquille ; le stationnement est nécessaire puis- qu'il s'observe dans toutes les espèces vers la même époque du développement. IT correspond sans doute au passage de la coquille non cloisonnée originelle à la coquille cloisonnée de l’adulte. Il marque la fin de la période embryonnaire. IT. Bércemnires La terminaison siphonale, chez les Bélemnites, n’a été l’objet d'aucune étude sérieuse. On suppose d'ordinaire qu'elle est sem- blable à celle d’un autre Céphalopode dibranchial, la Spirule, dont 4 11 janvier 1911. Bull. Soc. géol, Fr. X. — 33. 514 F. GRANDJEAN 23 Mai le siphon se termine par un cœcum pénétrant dans la protoconque et muni d'un prosiphon d'après Munier-Chalmas. En réalité tout FiG. 17. — Section médiane de Pseudobelus pistilliformis BLanv. du Néocomien de Saint-Hippolyte. —R, calcite du rostre; {, calcite de la conothèque; x, membrane en phosphate dechaux; S, cavité siphonale ; o, protoconque. Les parties figurées en gris sont en phosphate. Le reste en calcite. Grossissement 84/1. en présentant des caractères parti- culiers, l’extré- mité siphonale des Bélemnites est plus voisine de celle du Nau- tile que de celles des Ammonites et des Spirules. La foure 11 a été dessinée d’après des cou- pes minces de Pseudobelus pistilliformis BLaINv. du Néo- comien de Saint- Hippolyte. Elle montre la proto- conque globu- leuse (o) et les trois premières loges coupées exactement par leur plan de sy- métrie. La paroi propre du phrag- mocône ou cono- thèque (£), entiè- rement calcaire, incolore en plaque mince, est entourée par les couches concen- triques de calcite fibreuse du rostre (R). L’ovisac ainsi que les premières loges sont enveloppées de toutes parts, sans aucune solution de continuité, par une pellicule interne très mince, jaune et amorphe (x) qui est vraisemblablement en phosphate de chaux. Les premières cloisons représentées sur la figure sont elles-mêmes entièrement en phosphate de chaux et l’on y distingue nettement 5 couches, à savoir : les deux externes p, et p, (fig. 18, I), plus sombres que les autres, parsemées de granules opaques et qui représentent les pellicules (+) précédemment signalées, puis les 1910 SIPHON DES AMMONITES ET DES BÉLEMNITES 515 deux couches plus intérieures n, et n, homogènes et limpides, d’un Jaune assez clair par transparence, enfin au milieu la couche m chargée de particules noires etdontla struc- , LU) RE 5 ture semble poreuse. c A SR Au contact dela cono- de : = 73 Po thèque les deux cou- : ches piet P: S6 pour F1G. 18. — Constitution d'une cloison dans l'axe du suivent sur les parois phragmocône (Belemnopsis haslata BLainv, de Lau- latérales des deux tingen). ue I. premières cloisons. — Il. vers la 20° cloison. loges supérieure et m" (nu, Mu), Ni, No, Pi, ps, couches jaunes en phosphate inférieure (fig. 19): de chaux; €, calcite incolore. Grossissement 520/1. Les couches n, et n, s'élargissent un moment et se rejoignent puis s'arrêtent brusque- ment en laissant pénétrer entre elles une saillie (s, fig. 19, I) de I Il CZ Ma Fi. 19. — Constitution d'uue cloison au contact de la conothèque [Belemnopsis hastala de Lautlingen; coupe médiane du bord opposé au siphon]. I. Vers la 12° cloison. — II vers la 20°; R, calcite fibreuse du rostre ; {, conothèque ;5, saillie de la conothèque ; c, couche calcaire centrale ; pi, P:, M1, R:, couches de phosphate. Grossissement 360/1. la conothèque. La couche m inversement s’amincit, puis dispa- raît, puis reparaît au contact de la conothèque, entre la saillie s et les couches n,, na. L'enveloppe siphonale résulte d’invaginations cylindriques de la cloison, emboîtées les unes dans les autres (fig. 17 et 21). La couche m s’amincit et disparaît avant d'atteindre le recourbe- ment, comme le fait la couche c dans la figure 20, T. Les couches 516 F. GRANDJEAN 23 Mai n, et n, se soudent et se prolongent jusqu’à l'extrémité posté- rieure du goulot siphonal. La pellicule supérieure p, s'arrête au contact du siphon; P, se poursuit extérieurement au siphon jusqu'à sa rencontre avec la cloison précédente (fig. 20, I). Telle est la structure des premières cloisons ; nous verrons plus loin comment elles deviennent calcaires dans l'adulte. La cloison qui ferme l’ovisac, bien que possédant la même forme générale que les autres, présente une structure particulière. Elle est formée (fig. 17) par deux lames {toujours en phosphate) cour- bées en verre de montre et laissant entre elles un vide; la lame supérieure, la plus mince, est perforée par l'extrémité un peu étranglée du siphon ; la lame inférieure, plus épaisse, est absolu- FiG. 20. — Recourbement d’une cloison au passage du siphon (Belemnopsis has- lala). Coupe dans le plan de symétrie, le centre du phragmocône étant à droite. I. 12% cloison (C); V, cavité siphonale ; $, paroi siphonale provenant de la 13° cloi- son (C'); m, ni, Re, pi, ps, n, n', couches de phosphate de chaux; c, couche cal- caire centrale. Grossissement 320/1. IT. 25° cloison (C); V, cavité siphonale; S, paroi siphonale provenant de la 26° cloison (C');n,n', phosphate limpide ; m, 5, phosphate troublé d'inclusions noires ; c, couche calcaire centrale. Grossissement 180/1. \ ment lisse et continue. L'espace intermédiaire est occupé par le même remplissage que le vide siphonal, remplissage qui peut différer de celui des loges et de la protoconque par sa nature, ou par sa couleur, ou encore par les impuretés qui y souillent la calcite. Il semble donc que cet espace ait communiqué librement avec le siphon pendant la fossilisation. Cependant je l’ai trouvé parfois rempli d'une matière jaune d'apparence amorphe et poreuse, qui rappelle la couche médiane m des cloisons suivantes 1. Par exemple le siphon et la cavité de la première cloison sont occupés par de la pyrite: le reste par de la calcite. 1910 SIPHON DES AMMONITES ET DES BÉLEMNITES 547 ou le phosphate spongieux marqué & sur les figures 20, IT et 21. L'imparfait état de conservation des échantillons que j'ai étu- diés ne m'a pas permis de suivre, dans cette extrémité siphonale, les diverses couches de phosphate qui constituent normalement les cloisons et les parois du siphon, de sorte que je ne sais si l’on doit considérer la cloison qui ferme l’ovisac comme unique et simplement évidée au centre, ou si au contraire elle doit être considérée comme double et l’espace intermédiaire comme équi- valent à la première loge. La forme de l'extrémité siphonale paraît à peu près constante dans le groupe des Bélemnites. La figure 17 n'aurait besoin que de bien faibles modifications pour représenter les autres espèces étu- diées ; c'est-à-dire Megateuthis tripartita Scuzorrs. (de Salins, Jura); Belemnopsis sulcata Mizrer (de l’oolithe ferrugineuse de Bayeux) et Belemnopsis hastala BLAINV. (de Lautlingen). Dans toutes ces formes, il est certain que le siphon ne pénètre pas dans l’ovisac. Il n'y a ni cœeum, ni prosiphon!. Il faut donc éviter, à ce point de vue particulier, de rapprocher les Bélem- nites des Spirules et des Ammonites. La ressemblance est bien plus grande avec le Nautile dont le siphon se termine aussi au contact de la première cloison. Les goulots emboîtés dont se compose la paroi siphonale rappellent tout à fait la disposition du Nautile (v. Hyatt, loc. cit., pl. 1v, fig. 4). On peut en outre remarquer que les échantillons d'Orfhoceras dulce encore pourvus de leurs loges initiales trouvés récemment près de Prague par M. Poëta et figurés par lui? ont absolument l'apparence d’un phragmocône de Bélemnite terminé par son ovisac. La cicatrice des Nautilidés ne paraît pas être laissée par la chute de la proto- conque*. Formation de la cloison el des goulots siphonaux calcaires. — Nous choisirons comme type Belemn. hastata de Lautlingen où cette formation est particulièrement lente et s'observe plus aisé- ment. Les six premières cloisons ne contiennent point de couche calcaire ; on ne voit apparaître celui-ci qu’à la septième cloison sous forme d’une lame médiane c qui sépare la couche m en deux 1. On voit parfois dans la protoconque de fines membranes disposées comme l'indique la ligne pointillée L de la figure 17; ces membranes manquent le plus souvent et ne semblent pas avoir de position constante, pour une espèce donnée. Les Ammonites ne montrent rien de semblable. 2. Pocra. Ueber die Anfangskammer von Orthoceras. Centralblatt f. Min. Geol. Pal 1907: 3. Je n'ai pas observé de cicatrice, chez les Bélemnites, sur la lame inférieure de la première cloison. 518 F. GRANDJEAN 23 Ma couches m, et m,. Gette lame est très mince et n'existe que dans la zone centrale du phragmocône; elle s'épaissit graduellement dans les cloisons suivantes en même temps qu'elle progresse vers les parois. Simultanément, la saillie s de la conothèque (fig. 19 et 21) qui sépare les couches n, et n, pénètre lentement entre ces couches!. Le passage du calcaire au phosphate se fait tou- jours par une couche mm. La jonction des deux lames calcaires médianes se fait très vite du côté dorsal, dès la onzième cloison. Ultérieurement, le cal- caire continue à se développer tandis que les couches phospha- tées s’'amoindrissent. Celles- ci sont déjà très minces à la vingtième cloison (fig.18, I1) au centre du phragmocône ; elles sont plus épaisses sur les bords et y persistent long- temps encore après leur dis- parition à peu près complète R dans la zone centrale (fig. 19 41) Du côté ventral le siphon fait obstacle à cette jonc- tion. La lame calcaire issue de la conothèque ne se dé- veloppe qu'à peine (fig. 21). Celle qui est issue du centre du phragmocône se rapproche de l'entrée du c goulot siphonal puis y sta- FiG. 21. — Coupe médiane du siphon, à la tionne longtemps sans y en Res he ln pénétrer en _s'épaiseissant R,rostre; s, saillie de la conothèque : ce, peu à peu. C'est ce stade, 24° cloison; c', 25° cloison; ec”, 26° cloi- représenté par la figure 20 son ; 6, phosphate spongieux à inclusions \ ) ee noires. Tout est en phosphate, excepté (,, RE l'on observe le plus R, {, s et la lame médiane de la cloison facilement dans les sections c, en calcite. Grossissement 70/1. minces de Bélemnites. Le goulot siphonal est encore entièrement en phosphate; le calcaire limpide et incolore de la cloison passe au phosphate par l'intermédiaire d’une zone semée de particules noires, qui n’est autre chose que la couche 7n, localement plus développée. 1. On ne voit pas de ligne de séparation nette, au moins dans le jeune, entre la conothèque et la lame calcaire interne des cloisons. 1910 SIPHON DES AMMONITES ET DES BÉLEMNITES 519 La figure 22 représente un véritable goulot siphonal calcaire tel qu'il existe vers la 40° cloison chez. Bel. sulcata. On voit combien sa formation est tardive chez les Bélemnites. La différentiation graduelle des cloisons se suit ici sans aucune difficulté parce qu'elle est très lente. Cette lenteur varie d’ail- leurs beaucoup suivant les espèces. Ainsi Bel, sulcata (de Bayeux) possède déjà au milieu de sa deuxième cloison une mince lame calcaire qui n'apparaît dans Bel. hastata qu'à la septième. D'après ce qui précède aucun doute ne peut subsister, pour les Bélemnites, quant à l’ori- gine de la paroi siphonale. Malgré la complète |, différence de nature chimique qui existe dans NN — l'adulte entre le siphon et les cloisons du phragmocône, on peut certifier que ces deux ; , : à F1G. 22. — Goulot parties de la coquille proviennent de la même siphonal calcaire (c) paroi primitive en phosphate de chaux. La de Bel. suleata (de transformation graduelle en paroi calcaire Payeuxàlañoretor î son. Section mé- se produit de bonne heure pour les cloisons ; diane, l'axe du elle est extrêmement lente et incomplète pour Phragmocône étant M renl ] réete di ] re à droite. V, vide si- P siphonale, c’est-à-dire pour la partie ON pds lee des cloisons qui se recourbe vers l'arrière. te. Grossissement Elle aboutit au maximum à la formation d’un 90/1. goulot calcaire très réduit. On peut faire pour les Ammonites l'hypothèse d'une évolution semblable ; il faut alors admettre qu'elle est beaucoup plus rapide, carles Ammonites possèdent, dès l'origine, des goulots siphonaux calcaires qui n'apparaissent que très tardivement dans les Bélem- nites. L'hypothèse est justifiée d’ailleurs par plusieurs faits; notamment par la disposition des premiers goulots calcaires qui semblent se différencier au milieu du phosphate de la cloison et du siphon (fig. 12) et aussi par la manière d'être de la paroi siphonale qui entoure la collerette postérieure w et semble pro- longer la cloison vers l'arrière, tandis que la gaine du siphon pénètre simplement à l’intérieur de la collerette + et s'y termine (fig. 3 et 15). Il ne faut pas oublier toutefois que la paroi sipho- nale du jeune n’a pas du tout l’apparence d’une invagination de la cloison. Séance du 6 juin 1910 PRÉSIDENCE DE M. A. LACROIX, PRÉSIDENT Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le Président proclame membres de la Société : MM. Roux, ingénieur civil des Mines à la Compagnie des phosphates de Gafsa, à Redeyef (Tunisie), présenté par MM. Bursaux et Henri Douvillé. G. T. Haldeman, ingénieur des Mines, directeur de travaux à l'École des Mines de l'Université de Pittsburg (E. U.), pré- senté par MM. Paul Lemoine et L. Mémin. Ch. Cardot, pharmacien à Melisey (Haute-Saône), présenté par MM. Ch. Vélain et R. Zeiller. Mi: Juliette Jean, licenciée ès sciences naturelles, à Paris, présentée par MM. E. Haug et J. Blayac. M. Chautard adresse de très belles photographies de pay- sages volcaniques des Canaries. M. Louis Gentil offre : 1° un exemplaire d’une carte topogra- phique du Haut-Atlas occidental à l'échelle de 1/400 000 quil vient de publier chez l'éditeur H. Barrère!. Cette carte embrasse toute la partie de l'Atlas marocain comprise entre la côte atlantique et le méridien de Demnat. L'auteur a, dans sa construction, mis à profit les itinéraires de ses devanciers, notamment de J. Thomson, de la Martinière, N. Larras, qu'il a encadrés de ses levés de reconnaissance (1904-1905), parus antérieurement ?. Il montre tout le parti qu'il a pu tirer de ses observations géolo- giques, en tenant compte des lignes tectoniques, des formes de modelé, etc., dans l'élaboration de cette carte qui donne à l'Atlas, — sans pré- tendre à la précision qui ne sera obtenue que par des levés réguliers actuellement impossibles dans ces régions, — une physionomie toute différente de celle jusqu'ici connue. 2° Un tirage à part d’une note parue dans La Géographie et intitulé : « Le Maroc et ses richesses naturelles*. » C'est le fond scientifique d'une conférence faite à la Société de Géographie sous la présidence de M. Gaston Doumergue, Ministre de 1. Carte dressée et dessinée avec la collaboration de Marius Chesneau. Une feuille en quatre couleurs : 4 fr. 2, Itinéraire dans le Haut-Atlas marocain. La Géographie, XVII, n° 3, 1908, p. 177-200, fig. 44-57, pl. IT {carte en couleurs en deux feuilles). 3. La Géographie, XXI, mai 1910, p. 301-320, fig. 52-63. SÉANCE DU 6 JUIN 1910 5214 l’Instruction Publique et des Beaux-Arts où l’auteur a brièvement exposé les grands traits de la Géographie physique du Maroc et mon- tré tout le parti qu'on peut tirer en exploration, surtout en pays de montagne, d'une longue préparation géologique. Il a ensuite fait res- sortir les principales richesses naturelles du Maghreb en insistant plus particulièrement sur l'importance agricole de la zone atlantique par suite de la présence des {irs ou terres noires. M. Gentil aura bientôt l'occasion de revenir sur la question si inté- ressante de ces terres fertiles au sujet desquelles il a rapporté, de sa dernière mission, d’abondants documents. Il aura en outre à réfuter les arguments donnés récemment en faveur d’une théorie éolienne sur l’origine de ces sols, par M. le professeur Theobald Fischer !. M. Ph. Glangeaud offre, de la part de M. Taïilhandier, artiste peintre à Clermont-Ferrand, un exemplaire du panorama gran- diose et original dont on jouit du sommet du Puy-de-Dôme, panorama qui, on le sait, comprend la presque totalité des régions du Massif Central. Ce panorama tiré en 8 couleurs (200 cm. >< 16 cm.) est la reproduc- tion de la table d'orientation (faite par du précité) qui sera ins- tallée prochainement sur la tour de l'observatoire du Puy-de-Dôme ?. M. Ph. Glangeaud annonce aussi qu'une table d'orientation, sur lave émaillée de Volvic, va être installée au sommet du piton de la Banne d'Ordanche (Massif du Mont-Dore), par les soins du Touring-Club. Cette table figure à l'exposition de Clermont. Il signale l'innovation heureuse du Touring-Club qui à bien voulu lui demander une coupe géologique du célèbre volcan et une notice en 20 lignes sur le paysage que l’on aperçoit du sommet de la Banne d'Ordanche; notice et coupe figurent sur la table. C'est, à sa connaissance, la première fois que l'on essaye, de cette façon, d’éduquer le touriste en lui expliquant ce qu’il voit du sommet des montagnes. Cet exemple sera suivi sous peu dans d’autres régions du Mt Central. M. L. M. Vidal, de Barcelone, offre un tirage à part de sa note intitulée « Nota sobre un f6sil sa tramo Re nee del Mont- sech (Lérida) ». Cette courte note décrit des rameaux terminaux de Pagiophyllum cerinicum, pris à l'origine pour une Astéride par l'illustre paléonto- logiste von Zittel. 1. Tuesopazp Fiscaer. Schwarzerde und Kalkkriste in Marokko. Zeistsch. für praktische Geolog. XVII, Jahr. Mars 1910, p. 105-119. 2. Le panorama est en vente à Clermont, au Syndicat d'initiative d'Auvergne. PTIXSE2TS: no) [Ro] SÉANCE DU 6 JUIN 1910 M. L. Cayeux offre à la Société géologique de la part du Ser- vice de la Carte géologique de France, et en son nom personnel, le premier fascicule d'un mémoire en trois parties, consacré à l'étude micrographique des minerais de fer oolithique de France, publié par le Service des Topographies souterraines (vin-344 p., 19 planches et 37 figures dans le texte). L. Cayeux. — « Les Cavernes et les Rivières souterraines de Belgique étudiées spécialement dans ‘leurs rapports avec l'hy- drologie des calcaires et avec la question des eaux potables par E. Van DEN BrœcCR, E. À. Martez et E. RaniR ». [Compte rendu}. Le livre que j'ai l'honneur d'offrir à la Société géologique de la part des auteurs comprend deux volumes d'environ 1850 pages, illustrés de 26 planches et de 435 figures. Les savants qui ont attaché leur nom à cette œuvre considérable ont fait œuvre utile pour la Belgique. S'ils se sont attardés, à juste titre, à exposer les grandes lignes de la géologie de la région étudiée et à faire ressortir le grand intérêt des calcaires dévoniens et dinantiens, au point de vue spéléologique, ils n’ont pas oublié que dans un pays peuplé de travailleurs, d'industriels et de marchands, doué d’une vie économique intense et toujours en progrès, les applications doivent marcher de pair avec la théorie. La Belgique, avec sa population dense et sa faible superficie, a des besoins d’eau potable, chaque jour plus grands, auxquels il est de plus en plus malaisé de donner satisfaction. On conçoit que cette situa- tion de fait donne une importance capitale aux problèmes hydrolo- giques. Or les conclusions qui découlent de l'enquête approfondie de MM. Van den Brœck, Martel et Rahir sur les cavernes et les rivières souterraines de la Belgique, complétée par des analyses, des recherches micrographiques, voire même des expériences, ne tendent rien moins qu'à doter la contrée de nouvelles réserves d’eau, satisfaisant à toutes les exigences de l'hygiène. C’est en cela que leurs études ont un carac- tère utilitaire de premier ordre. On sait que d'une manière générale, les sources des calcaires fissurés sont frappées de proscription par les hygiénistes. Les eaux qui les ali- mentent ont subi une filtration insuffisante ou nulle, ou elles ne sont que des résurgences, c’est-à-dire des points de sortie de cours d’eau souterrains, en rapport avec des engouffrements d'eaux superficielles ; telle est réduite à sa plus simple expression la conception qui a long- temps paru l'expression de la vérité. Les recherches personnelles de M. Van den Brœck, englobées dans l'œuvre commune, apportent à ces idées un sérieux correctif. Elles nous apprennent que toutes les roches calcaires sont loin de se com- porter de la même manière. Si la plupart sont incapables de débarras- 1. Note insérée par décision du Conseil de la Société géologique. SÉANCE DU 6 JUIN 1910 523 ser de leurs impuretés diverses les eaux qui les traversent, il en est, au contraire qui, par suite de propriétés spéciales, favorisent l’élabo- ration d'eaux propres à l’alimentation. C’est le cas notamment pour les calcaires à entroques du Tournaisien et des dolomies carbonifères: Les innombrables fissures ou diaclases qui découpent les calcaires encrinitiques, par exemple, sont oblitérées par un fin résidu inso- luble, résultant de la destruction partielle du calcaire et doué d’un pouvoir filtrant. Les eaux, ralenties dans leur marche, abandonnent peu à peu les impuretés qui les souillent, engendrent des « rivières souterraines filtrées » et finalement des sources susceptibles de fournir des garanties absolues pour l'alimentation. Il y a de ce chef une différence radicale, et admirablement mise en lumière par M. Van den Brœck, entre les eaux qui émergent des cal- caires viséens au centre des bassins carbonifères et celles des calcaires tournaisiens sur le bord des synclinaux. Par cette découverte, M. Van den Brœck réhabilite une partie des sources issues des terrains cal- caires, et accroît ainsi dans une notable mesure la réserve d'eaux uti- lisables en Belgique. Est-il besoin d’ajouter que l'intérêt de ses obser- vations est loin d’être limité au domaine restreint qu’il a exploré. Les calcaires à entroques et les dolomies sont des roches fréquentes dans les formations sédimentaires : par là, sa thèse acquiert une portée générale pour l'hygiène publique. M. Ch. Depéret, à l’occasion des communications de M. Emm. de Martonne et de M. Mengel sur l'existence de mouvements du sol récents dans la réqion orientale des Pyrénées (ante, p. 426), fait remarquer qu'il a, dès 1885, dans son Mémoire sur le Bassin tertiaire du Roussil- lon, longuement décrit le relèvement intense des couches pliocènes marines dans les vallées du Tech et de la Têt, et qu'il a interprété ce relèvement comme l'indice d’un mouvement tectonique post-pliocène, affectant le Plaisancien et la partie inférieure, laguno-marine, de l’Astien. Mais ces mouvements post-pliocènes n'ont rien à voir avec la for- mation des paliers et des terrasses catllouteuses, d'âge pliocène supé- rieur et quaternaire, si admirablement développées en Roussillon et que l’auteur a aussi longuement décrites, soit dans le travail précité, soit dans la notice de la feuille géologique de Perpignan. Dans la vallée de la Têt, il a distingué, en allant des terrasses les plus basses vers les plus élevées, qui sont aussi les plus anciennes : 1° Une terrasse de 5 à 6 m. d'altitude au-dessus du thalweg actuel. 2° Une terrasse de 15-20 m. 3° Une terrasse de 30 m. 4° Une terrasse de 60 m. Il existe encore des niveaux plus élevés, en particulier dans le mas- sif de collines des Aspres, entre la vallée du Tech et celle de la Têt. La régularité de ces terrasses, leur parallélisme et leur équidistance rigoureuse sur de longues étendues, sont, aux yeux de l’auteur, une preuve formelle que la formation de ces terrasses ne peut s'expliquer 524 SÉANCE DU 6 JUIN 1910 par des mouvements du sol tectoniques ni même épéirogéniques. Il faudrait pour cela admettre une série répétée de mouvements d’exhaus- sement qui auraient néanmoins conservé le parallélisme des terrasses, hypothèse, à son avis, tout à fait invraisemblable. L'auteur pense qu'une seule hypothèse permet d'expliquer les faits observés, c'est celle d'un ahaissement progressif el saccadé du niveau de base marine. Pierre Bonnet. — Sur la Transcaucasie centrale. Nous avons pu, au cours d'un récent voyage effectué dans la Transcaucasie centrale, de Tiflis à Djoulfa, faire un certain nombre d'observations qui peuvent être résumées très rapide- ment de la façon suivante. Cette région est bien, comme l’a indiqué Abich, un ensemble montagneux dans lequel on peut distinguer trois massifs essen- tiellement différents au point de vue géologique, et dont l’orien- tation est sensiblement parallèle à celle du grand Caucase : 1° Le premier est celui de l’Anficaucase. La région parcou- rue par nous est en majeure partie constituée par des roches vertes (diabases, diorites plus ou moins transformées), avec cou- lées d’andésite et de labradorite, et quelques accidents trachy- tiques et rhyolitiques. Les formations sédimentaires paraissent très rares, contrairement à ce qu'indique la carte de M. Oswald ; nous n'avons rencontré qu'un seul gisement fossilifère (NW. du lac Goktcha), complètement insignifiant d'ailleurs. 20 Le second massif, séparé de l'Anticaucase central par le lac Goktcha (ou Sevan, mais non Sevanga), est constitué par le pla- teau volcanique d'Akhmangan. C'est une dépendance orientale du grand plateau arménien, immense socle recouvert d’appa- reils volcaniques récents. La région est remarquable par la fraîcheur du relief, la belle conservation des cônes, cratères et coulées, et présente une riche variété pétrographique, depuis les basaltes (cheires) jusqu'aux obsidiennes (la « Montagne de Verre», près d’Erivan). 3° Le troisième massif est celui du Charour-Daralagüz, qui n'est que la partie occidentale du Karabagh méridional., C'est un des témoins, épargné par les épanchements volcaniques, du rac- cordement des chaînes de l’Elbourz avec celles du Taurus. Ce massif, presque entièrement sédimentaire, est constitué par des terrains paléozoïques, secondaires et tertiaires, et forme, avec son prolongement géologique en Perse, une seule unité coupée en deux parties par la plaine effondrée de l’Araxe. C'est dans 4. F. Oswazp. A geological map of Armenia and its Border-ranges,etc., with an explanatory pamphlet. London, 1907. SÉANCE DU 6 JUIN 1910 525 cette plaine que se sont établies les lagunes miocènes qui ren- ferment, avec du gypse, des gisements considérables de sel gemme. Ce n’est que dans la région de Djoulfa qu’il y a conti- nuité entre les deux parties, persane et russe. Outre les formations déjà signalées dans cette région (Dévo- mien et Carbonifère au centre du massif, Permien près de Djoulfa, Crétacé supérieur au Nord, Nummulitique très étendu), nous y avons trouvé, aux environs de Djoulfa, des couches carbonifé- riennes à Fusulinelles, des couches triasiques (Werfénien-Vir- glorien) avec Ammonoïdés identiques à ceux de l'Inde, et des couches bajociennes avec Oppelia subradiata Sow. et Phylloce- ras Deslongchampsi BrasiL'. L'existence de ce Trias et de ce Bajocien encore inconnus dans ces régions confirme la continuité du géosynelinal mésozoïque alp-himalayen. Le Trias, en particu- lier, présentant à la fois des formes de l'Inde (Celtites dimorphus Waac., C. armatus WaaG.), et des caractères alpins (Wellen- kalk à Pseudomonotis cf. Clarai Bronx.), il n'y a plus de raison pour admettre avec Noetling l'existence à cette époque d’une barrière émergée séparant les deux provinces, alpine et hima- layenne. Le Paléozoïque (Dévonien et Carbonifère) se présente toujours plissé, mais il ne semble pas y avoir de mouvements hercyniens, contrairement à l'hypothèse de M. Oswald?, étant donné qu'à Djoulfa, le Carbonifère, le Permien et le Trias sont concordants et plissés ensemble. Le Jurassique et le Crétacé sont également phssés ; est-ce le même mouvement qui a englobé le Paléozoïque et le Secondaire, ou y a-t-il eu plusieurs mouvements, nous ne pou- vons encore le dire. Sur tous ces terrains paléozoïques et secon- daires redressés, le Nummulitique est discordant, transgressif, souvent avec conglomérat puissant (Djoulfa) ; il se présente géné- ralement peu soulevé, et les plissements alpins ne paraissent pas avoir présenté une grande intensité. Louis Gentil. — /Vouveaux itinéraires dans le Sud-Ouest maro- cain. Je me suis efforcé, dans ma dernière mission au Maroc, de relever comme par le passé, étant donné le manque de cartes ou leur insuflisance absolue, mes itinéraires géologiques. Les levés que j'ai l'honneur de présenter à la Société sont relatifs au voyage que j'ai effectué entre Safi, Mogador et Agadir. Ils apportent 1. CR. Ac. Sc. Séance du 14 mars 1910. 2. F. Oswazr. Zur tektonischen Entwicklungsgeschichte des Armenischen Hochlandes. Pelerm. Mitt., 1910. 526 SÉANCE DU 6 JUIN 1910 notamment des documents sur la région située à l'Est du méridien de la Qasba Guellouli qui n'avait jamais été visitée par un Euro- péen ; dé sorte que la lacune laissée en blanc (Région inexplorée) sur la carte à 1/400 000 du Haut-Atlas occidental que je viens de publier, sera comblée dans une deuxième édition. J'ai, comme précédemment, bridé mes itinéraires en mettant à profit des positions astronomiques déjà acquises que J'ai pu, en certains Cas, corriger par des levés assez minutieux suivant une méthode préconisée par tous ceux qui se sont occupés de topographie de reconnaissance, et par M. de Flotte de Roque- vaire, qui fait ressortir toute l’importance des itinéraires soignés et multipliés pour fixer des positions géographiques". Aussi suis-je très surpris des reproches qui me sont adressés par mon confrère, dans une revue allemande?, de n'avoir pas donné de positions astronomiques alors que j'avais à ma dis- position celles dont il admet l'exactitude, déterminées par des devanciers comme de Foucauld, de Segonzac et Larras. Je regrette, à ce sujet, que M. de Roquevaire n'ait pas répondu, ainsi qu'il y était invité, à la Commission de topographie très compétente du Club alpin français à la discussion soulevée au sujet de son travail « Cinq mois de triangulation au Maroc » et qu'il ait attendu l’occasion d’un mémoire de cartographie générale sur le Maghreb dans les Petermanns Mitteilungen pour m'adres- ser des critiquesqui paraissent assez peu justifiées. Mes nouveaux itinéraires font ressortir le contraste de modelé de la région d’architecture tabulaire située au Sud du Haut-Atlas et de cette dernière chaîne qui aboutit à la côte entre le cap R'ir et Agadir n Irir. Ils mettent en relief les brachyanticlinaux à flancs jurassiques du djebel Hadid et du cap Tafetneh qui sur- gissent du Crétacé horizontal ; enfin ils montrent échelonnés, le long de la côte, entre le cap R'ir et le Sous, des plages anciennes soulevées à des altitudes comprises entre Ü et 100 m. et le Plaisan- cien qui, affleurant au bord de la mer dans les environs de Mogador, se trouve porté à 200-250 m. dans la région plissée qui fait partie de la grande chaîne. Cette partie du Maroc se prête admirablement à des levés par sa structure géologique. Elle offrira le plus grand intérêt aux topographes le jour, encore lointain peut-être, où ces derniers pourront y opérer à leur aise comme dans tous les pays civilisés. 1. DE FLotrts DE RoQuevaine. Notice sur la carte du Maroc à 1/1 000 000. Henry Barrère, édit., 1904, p. 13-14. 2. DE FL OTTE DE Roquev AINE. Die HE De von Marokko. Pet. geogr.Mitt, mai 1910. SÉANCE DU 6 JUIN 1910 527 V.Paquier et L. Mengaud. — /Vofe préliminaire sur le Cré- tacé de la province de Santander. Des recherches entreprises depuis 1908 par l’un de nous dans la province de Santander nous permettent d'apporter une contri- bution assez importante à la connaissance des niveaux à Rudistes, encore peu étudiés, de la région cantabrique. Aux environs dt phare de Suances on peut relever, de bas en haut, la succession suivante : 1. Calcaires zoogènes clairs avec de nombreux T'oucasia de petite taille et Polyconites Verneurlr BAYLE sp. 2. Banc à Polypiers (1 mètre d'épaisseur environ). 3. Banc bréchiforme peu épais. Marnes grises avec intercalations de grès jaunes se terminant par un banc pétri d'Ostracés et de Serpules. 5. Calcaires durs à Caprina Choffati, Caprotines et Orbitolines. Plusieurs valves supérieures de C. Choffati Douv. tout à fait analogues au type portugais par leurs lames radiantes simples sur tout le pourtour. Valve inférieure montrant une large cavité accessoire accompagnant la lame myophore postérieure qui aboutit également à une large dépression ventrale. Caprotina sp. — Exemplaires de pelite taille à valve supérieure oper- culiforme. Une section naturelle montre la cavité accompagnant la lame myophore postérieure de la valve fixée. Orbitolina sp. — Analogues par leur aspect à O. discoidea A. Gras, mais toujours de plus grande taille ; certains exemplaires rappellent de la même façon O. conoidea À. GRAS. 6. Ensemble puissant de grès tendres à Orbhilolines semblables aux . . o . précédentes et bancs ligniteux assez minces alternant, dès la base, avec des marnes gris-noirâtre à débris d'Ostracés. Le principal intérêt de cette succession est de présenter un niveau à Caprina Choffati dont on verra plus loin la constance dans la région. Cette forme, qui n’était connue jusqu'à ce jour qu'en Portugal, semble caractériser ici un niveau presque immé- diatement superposé à des assises à faune urgonienne, ce qui fait présumer pour lui un âge albien. A l'Ouest de San Vote de la Barquera on peut observer, de bas en haut, la succession suivante : 1. Calcaires gris, durs et compacts à T'oucasia (forme au moins très voisine de 7. santanderensis Douv. Peut-être 7. Seunesi Douv. y est-elle aussi représentée ? On y trouve encore un curieux Præradio- lites du groupe de Pr. triangularis n'Ors. sp. C’est une forme de petite taille à valve inférieure montrant le pli ventral V très aigu et suivi des deux bandes surélevées E et S. 2, Calcaires gréseux à Polyconites Verneuili Bavre sp., /orto- pleura Lamberti Mux. Car. 528 SÉANCE DU 6 JUIN 1910 3. Calcaires durs, du phare de San Vicente, avec Caprina Ghof- fali Douv. et Orbitolina sp. représentées par des formes analogues à celles signalées plus haut, sauf une plus grande fréquence de la forme conique. Zone d'étirement. 4. Marnes à Micraster. Mieux encore que la précédente cette coupe montre avec la plus grande netteté la superposition immédiate du niveau à Caprina Choffati aux calcaires à Polyconites Verneuili et Horio- pleura Lamberti dont l’âge, controversé il est vrai, ne saurait être cependant plus récent que l’Albien inférieur. Il résulte donc du rapprochement de ces deux successions que l’âge alhien des calcaires zoogènes à Caprina Choffati ne saurait être mis en doute, au moins en ce qui concerne la région canta- brique. Enfin 1l convient également de revenir sur l’âge des calcaires d'Altamira de Santillane rapportés au Crétacé supérieur. En effet, outre de nombreuses Orbitolina discoidea À. Gras et O. conoidea A. G., on y rencontre de grandes Toucasia du groupe de T. san- tanderensis Douv. et des Zchthyosarcolites d'assez grande taille, bien reconnaissables à la forme de leurs canaux. On sait que ce dernier genre a déjà été signalé dans l’Urgonien de Bulgarie et d'Algérie. SUR LA POSITION EXACTE DE LA CRAIE DE (CHATEAUDUN PAR Marius Filliozat. Les escarpements de la vallée du Loir, en amont de Château- dun, ont déjà fait l’objet de plusieurs communications. En 1863, Hébert! signale les affleurements près du moulin du Croq-de-Marbot (commune de Marboué), et il place les 30 mètres de craie à silex, qui, à cet endroit, forment les escarpements du Loir, au même niveau que la craie à Micraster cortestudinarium (M. decipiens). En 1889, M. A. de Grossouvre constate que « cette coupe est d’un grand intérêt parce qu’elle présente Le pas- sage du facies de la craie de Villedieu à celui de la craie abys- sale du bassin de Paris, passage indiqué par un mélange de faunes des deux facies? ». En 1901, notre savant confrère par- 1. Héserr. Note sur la craie blanche et la craie marneuse dans le bassin de Paris et sur la division de ce dernier étage en quatre assises. B.S.G.F., (2), XX. 1863, p. 616 et 619. 2. À. de Grossouvre. Sur le terrain crétacé dansle Sud-Ouest du bassin de Paris. B.S.G.F., (3), XVI, p. 509. TABLEAU INDICATEUR DES JOURS DE SÉANCE EN 1911 Heures des Séances LE lov du Lundi. SRE Février | Mars | Avril | Mai | Juin [ami Décembre 8" 1/2 soir 6e )e):) le): Cinqgheures| 16 20 20 24 18 15 | 19 | 20 La Séance générale aura lieu le Mardi 6 Juin, à 4 heures. Le Secrétariat et la Bibliothèque sont ouverts tous les jours non fériés de 1 heure 1/2 à 6 heures 1/2. PAYEMENT. DES COTISATIONS Les Membres de la Société doivent acquitter leur cotisation dès le 4e Janvier s'ils veulent recevoir régulièrement les publications de la Société. En cas de retard, les cotisations sont recouvrées à domicile et la quittance est majorée des frais d’encaissement. TABLE DES MATIÈRES (TOME X, Fasacure 6). Séance du 4 avril 1910 (suite). Pages G. Mouret. — Observations sur quelques points de la géologie des environs de laCapelle-Marival (Eot)-(suite) er RS RE Re A ent Res re Rs nn 401 Séance du 18 avril 1910. Proclamation de deux nouveaux membres : MM. le D' M. Saropek, Em. SEGAUD. 404 PA TERMER. Présentations d'ouvrages... 40/2 ASS end 404 L. Cayeux. — Fouilles de Délos (Éyclades) et les applications de la géologie à l’ar- ChÉOIOGIE ns Pen SR es RE SR et ne ee LE te LS 404 Marcellin Boule. — Les brèches osseuses à perforations de Lithodomes de la Grotte du Prince:(2 fig} Ve Men eee tt 106 L. Azéma. — Note sur les nappes de charriage de la région de Camaret (Finis- LÈRE) (Oo fqe) 0 ne er Mt nt ee ne ter CE LS dla a Sel 412 1 BERGERON. Observations A a ne ae à 421 Séance du 2 mai 1910. NECrO loge EN FONT EX SAGUE RUE een si deu etes de neue 423 Proclamation d'un nouveau membre : M. MANSARD............... ee. 423 Em. HauG, O. Courrox, E. Fieurx. — Présentations d'ouvrages. Herr. 423-424 Me Rrrrrozar- = Lesluronien duWaulle diese 22088 mere PR 426 Carrez Résume de la géologie des Pyrénées 2. AP RENE Ne 425 Léon BERTRAND, E. de MaRToNNE, O. MexGez. — Observations............... 495-497 L,. de Launay. — Les filons d'or et les roches éruptives de la région d'Andava- Koeraa Madagascar (carte)... Die Re te eee . 428 Maurice Morin. — a le foisonnement de l’anhydrite et des gypses triasiques au tunnel de Genevreuille (Haute-Saône) (3 fig.).......... . ................... 440 Maurice Morin. — Note préliminaire sur la faune et la fore du Galcaire de Brie-en Seine-et-Marne PS CN en LS AE 445 Abbé Bourgeat. — Sur les failles courbes de la lisière du Jura entre Salins “et Besancon 9/19) er Anne tee ere RSR 496 Maurice Leriche. — Sur quelques Poissons du Crétacé du Bassin de Paris [pl. VI (fe 128) 0 RG A tn D ee 454 Maurice eo. —_ Note surles Poissons néogènes de la Catalogne [pl. VI, TR A nome ann D TO A Don ei Done A Nono vob 00 Modo 47% 0. oder = Coupe du versant méridional des Pyrénées au Nord de la pro- vince de-Barcelone::227 22e Er NE SL NA Re Te 475 Séance du 23 imai 1910. Proclamation de deux nouveaux membres: MM. E. Gauprior, E. CHABANIER. ..... 479 G:! BerTHauT, Emm. de MarGerie, L. Genrir, Dé LaunNay. — Présentations d’ou- NA OR RS OR OR D ER ME OS à DE CHR A A cou DIE HO eo on nice DD dot 479-486 Léon Baniainn. — Obaaoatione PE AR TR D EU ED tree A de 480 G. FeRRONNIÈRE. — Potamides Basleroti à St-Jean-la-Poterie (Morbihan). ANA ES TAB Ph. Glangeaud. — Les phénomènes volcaniques et les phénomènes glaciaires dans les monts du FOr2. 2 02 dd A8 L. MexGaun. — Sénonien supérieur des environs de Santander................... 482 L. Gentil et J. Boussac. — Sur la présence du Priabonien dans le Nord du MATOS Sn ne na a den dan de 0e ee So 484. MeBoussac: -—Observabons Ne A AE A ne en 483 J. Boussac. — Observations sur l’âge des grès de Numidie et sur la faune du ChéTICiTA Se nn en nr etre et a 48% J. Boussac. — Sur la présence du Priabonien en Egypte..............:........ 485 L. Gentil. — Sur la structure du Haut-Atlas marocain....................... . 486 G. Mouret. — Note sur les fractures de la Limargue entre St-Vincent et Bous- sac (Lot)(1 carte, 1 fig.)........ SR cote A NE D ODA D EE 488 F. Grandjean. — Le siphon des Ammonites et des Bélemnites (22 fig.)......... 496 Séance du 6 juin 1910. Proclamation de quatre nouveaux membres : MM. Roux, Hazpeman, Ch. Carpor, MERE TÉ JEANNE AA Ce AT CE CERN nn MON ed et AS 520 CaaurArDp, L, GenTiz, TaïzHanDiER, Ph. GLanGsaup, L. M. Vipaz. — Présenta- HONS d'OUVLASES EN TNT ANR Ne De CT ee OC e et le SN LP Te É 524 Ch. DEpérer. — Sur l'existence de mouvements du sol récents dans Ja région otentale des PyTÉMEES Se RE M Re Re ee en een 522 LACiseux == Presermlations d'ouvrages. in eee en etre ee 099 Pierre Bonnet. —Sur la Transcaucasie centrale......................... ES ADD L. Gentil. — Nouveaux itinéraires dans le Sud-Ouest marocain............... 525 V. Paquier et L. Mengaud. — Note préliminaire sur le Crétacé de la pro- vince de Santander..... A ND AA AO 2 PI ID Doc 00 527 M. Filliozat. — Sur la position exacte de la Craie de Châteaudun (à . DD MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS Le ot de la Soc. géologique : L. MEN. 4° Série, t. X. — 1910. — N°7 x | BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE CETTE SOCIÉTÉ, FONDÉE LE 17 MARS 1830 _ A ÉTÉ AUTORISÉE-ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832 QUATRIÈME SÉRIE TOME DIXIÈME FASCICULE T : Feuilles 34-44. — Planches VII-XI Leone st SA a DEC 18 1912 PARIS Hationst Muse + SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 28, rue Serpente VI 1910 © «à PUBLICATION MENSUELLE E Mai 1911 EXTRAITS DU RÉGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE Arr. 2. — L'objet de la Société est de concourir à act de la Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la France, tant en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et l’agriculture Arr. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Fran- çais et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n'existe aucune distinction entre les membres. ART. 4#.— Pour faire partie de la Société, il faut s’être fait ace dans une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation ! et avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président. Arr. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre à Juillet. Arr. 39. — La Société se réunit deux fois par mois {le 4°" et le 3° lundi du mois}. ArT. 42. — Pour assisler aux séances, les personnes étrangères à la Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres. Arr. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun ouvrage déjà imprimé. Arr. 48. — Aucune communication ou discussion ne-peut avoir lieu sur des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent. Anr. 50.— Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement déterminé. Arr. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaque membre ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la Société qu'au prix de la cotisation annuelle. Arr. 58. — Les membres n’ont droit de recevoir que les volumes des années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutelois, les volumes correspondant aux années antérieures à leurentrée dans la So- ciété leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un tarif déterminé. Arr. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part. ART. 73. — Chaque membre paye: 1° un droit d'entrée ; 2° une cotisation annuelle?. Le droit d'entrée est fixé à la somme de 20 francs. La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs. La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée par le versement en capital d’une somme fixée par la Société en assemblée générale (400 francs). Sont Membres à Perpétuité les personnes qui ont donné ou lue à la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle (minimum : 1000 francs). 1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne connai- traient aucun membre qui püût les présenter n’aüront qu'à adresser une demande au Secrétariat, en exposant les titres qui justifient de leur admission. 2, Néanmoins sur la demande des parrains les nouveaux membres peuvent n'acquilter, la première année, que leur droit d'entrée, en versant la somme de 20 fr. Le Comple Rendu sommaire des séances de l'année courante leur est envoyé gratuitement; mais ils ne reçoivent le Bulletin que la deuxième année et doivent alors payer la cotisation de 30 francs. Ils jouissent d’ailleurs des autres droits et privilèges des membres de la Société. OUI SE COS TRES 1910 CRAIE DE CHATEAUDUN 529 vient enfin à distinguer dans cette coupe, deux horizons paléontologiques : A la base, un banc calcaire à Terebratula semiglobosa, Spondylus spinosus, Micraster decipiens, Echinocorys sp. ; Au-dessus, une craie à silex à Pecten quadricostatus, Mylilus Bour- geoisi, Cyphosoma magnificum, Catopyqus elongatus, Spondylus spinosus, Rhynchonella plicatilis, Rhynchonella limbala, Cidäris clavigera. Rapprochant ces deux horizons du calcaire dur de Lavardin (où il avait trouvé un échantillon, très empâté, de Micraster du type du decipiens) et de la craie à Micraster {uronensis, qui, dans la même localité, paraissait lui être superposée, M. de Gros- souvre coneluait que le niveau inférieur du Croq-de-Marbot cor- respondait à l’assise à Micraster decipiens et que le niveau supé- rieur était synchronique de l’assise à Micraster luronensis, repré- sentant ainsi le « faciès latéral de la partie moyenne et de la par- tie supérieure de la craie de Villedieu » !. J'ai eu l’occasion, depuis quelques années, de revoir plusieurs fois cette coupe des environs de Châteaudun et de reconnaître le parallélisme de son assise inférieure avec la zone n° # à Crania ignabergensis de la craie de Vendôme?. Quelques espèces y sont, en effet, particulièrement abondantes et caractéristiques : Rhagasostoma andromeda »'Ors. Melicertites punclatum D'Ors. Onychocella acasta D'Ors. Rhynchonella sp.*. O.cytherea »'Ors. Terebratula semiglobosa Sow. Entalophora madreporaceaGorvr. Cranta 1qnabergensis Rerz. Semiclausa angulosa »'Ors. Bourqueticrinus elliplicus Mis. A Nogent-le-Rotrou, dans la carrière du Fourneau de la Plante, dont la coupe a été naguère signalée par Triger, j'ai constaté que ce même niveau se trouvait être immédiatement superposé à la craie turonienne. L’assise à Crania ignabergensis est donc bien un faciès latéral du calcaire dur de Villedieu #. J'arrive ainsi, par une voie différente, aux mêmes conclusions 1. A. de Grossouvré. Recherches sur la Craie supérieure. Mém.Carte géol. dela France, 1,1901, p. 344. 2, M. Fivrrozar. La zone à Marsupites dans la craie de Vendôme, 1906, p. 10-11. Bryozoaires crétacés de Vendôme. B. S. G. F.,(4), VII, 1907, p. 392. 3. Cette espèce est intermédiaire entre Rhynchonella plicatilis Sow. et Rhynchonella Cuvieri »'Ors., tout en se rapprochant un peu plus de la premiére, dont elle diffère toutefois par son lobe médian bien plus rectangulaire (larg. 7 mm.) et par son moins grand nombre de côtes se coupant obliquement. 4. Voir à ce sujet mes observations sur la craie des environs de Vendôme. Bryozoaires crétacés de Vendôme. B. S. G.F.,(4), VII, 1907, p. 395. 28 avril 1911. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 34. 530 M: FILLIOZAT 6 Juin que M. de Grossouvre quant au parallélisme de l'horizon inférieur du Croq-de-Marbot avec l’assise à Micraster decipiens. L'établissement du synchronisme du niveau supérieur des envi- rons de Châteaudun présentait beaucoup plus de difficultés en rai- son de la présence, parmi ses rares fossiles, d'espèces particulière- ment propres au bassin de Paris. Je suis néanmoins parvenu à y découvrir un certain nombre de bonnes espèces, et j'ai pu ainsi établir une corrélation absolue entre cet horizon supérieur et les zones que J'ai précédemment définies". Ce niveau supérieur du Croq-de-Marbot, qui consiste en un calcaire blanc-jaunâtre, légèrement sableux, renferme notam- ment, avec de très rares échantillons de Crania ignabergensis : Rhagasostoma andromeda »'Ors. Plicatula Barroisi Per. R. lanceolata. Firioz. Cidaris clavigera Kox. Membranipora quadrangularis C. sceptrifera Maxr. D'OR8. Metopaster Parkinson Fors. M. (Crassimarginalella) ledensis M. uncatus Fors. Fizzroz.? Bourqueticrinus elliphicus Mur. Ce niveau correspond donc exactement aux zones 2 et 3 de l’assise à Crania ignabergensis des environs de Vendôme, dont la continuité en amont de Châteaudun se trouve ainsi parfaitement établie. Ces conclusions se trouvent, du reste, corroborées par les observations de M. L. Cayeux, qui, ayant soumis à une étude micrographique très sommaire des échantillons de roches prove- nant des deux horizons des environs de Châteaudun, constate « que bien que d'âge différent, « ces craies » n’ont entre elles que des caractères communs». Or, nous venons de voir qu'elles appar- tiennent à une même assise et sont d’un âge peu sensiblement dif- férent. Il n’est done pas surprenant de constater entre elles l’iden- tité de caractères si remarquablement observée par M. Cayeux. En résumé: La craie des environs de Châteaudun, constituée par deux horizons distincts, est seulement un faciès latéral de la base de la « craie de Villedieu » ; elle représente, en partie, au Croq-de-Marbot, l’assise à Crania ignabergensis : l'horizon infé- rieur correspondant exactement à la zone 4 et l'horizon supérieur aux zones 3 et 2. 1. M. Finriozar. Nouveaux Bryozoaires cheilostomes de la craie. B. S. G. F., (4), VIII, 1908, p. 554. 2, L'examen de quelques échantillons présentant des avicellaires bien conser- vés me fait placer cette Membranipore dans le sous-genre Crassimarginatella. 3. L. Caveux. Contribution à l'étude micrographique des terrains sédimentaires, 1897, p. 40$. LES MINERAIS DE FER OOLITHIQUE PRIMAIRES DE FRANCE: PAR L. Cayeux. La France est particulièrement riche en minerais de fer ooli- thique. Ils apparaissent dès le Silurien, puis on les voit prendre un développement considérable au début des temps secondaires, pour disparaître définitivement à l’époque infracrétacée, aussitôt que la glauconie entre en scène. Les minerais paléozoïques dont je vais résumer très briève- ment l'histoire, dans la présente note, sont très répandus dans le Silurien de la presqu'île armoricaine et rares dans le Dévonien. On n’en connaît pour le moment aucune trace, ni dans le Carbo- nifère, n1 dans le Permien. Ces minerais se répartissent de la manière suivante : Minerais siluriens : 1) Grès armoricain et Schistes à Calymènes de l’Armorique ; — dévoniens : 2) Gédinnien de Bretagne ; —— — : 3) Coblenzien de Normandie; — — : 4) Eifélien de l’Ardenne franco-belge. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES MINERAIS SILURIENS. — La for- mation silurienne est de beaucoup la plus intéressante au point de vue économique. Elle seule renferme des minerais soumis à une exploitation régulière depuis longtemps, et l’on sait par des explorations récentes que l'importance et la valeur des gîtes sont incomparablement plus grandes qu'on ne l'avait supposé jusqu'à ce jour. Les minerais siluriens font partie de synclinaux hercyniens, échelonnés du Nord au Sud, comme il suit : 1) Synclinal de May-sur-Orne (Calvados). 2) Bassin d'Urville (Calvados). 3) Bande de Falaise, comprenant, entre autres lambeaux exploités, celui de Saint-Remy (Orne). 4) Synclinal de Bagnoles, Domfront et Morlain avec son embran- chement de La Ferrière-aux-Etangs. 5) Bassin de Laval. 1. Cette note résume quelques-unes des conclusions d’un volume que l’auteur vient de publier sous le titre : Les minerais de fer oolithique de France. Fasc. I : Minerais de fer primaires (Étude des Giles minéraux de la France, VIII — 344 p# 37 figures dans le texte, 19 planches dont 4 cartes et 15 planches en héliogravure). 532 L. CAYEUX 6 Juin Le minerai qui est réduit à une seule couche d’une épaisseur moyenne de 2 m. 50 dans les trois synclinaux du Nord et la bande de La Fer- rière-aux-Étangs en forme plusieurs au Sud. L'auteur de cette obser- vation capitale, M. OEhlert, en a compté jusqu’à cinq dans la bande de Bagnoles-Mortain. 6) Bassin de l'Anjou, comprenant selon M. Davy! six bandes dis- tinctes, représentant au moins onze horizons différents et une épaisseur totale de minerais que l’on peut fixer provisoirement à environ 16 mètres. 7) Minerais de Bretagne (Morbihan). Ces minerais oolithiques sont interstratifiés tantôt dans le grès armoricain, tantôt à la limite de cet horizon et des schistes à Calymènes, tantôt dans les schistes à Calymènes. Au total vingt-sept concessions ? avaient été instituées au 1°" janvier 1909; beaucoup d'entre elles ne sont pas encore livrées à l'exploitation. La plus ancienne, accordée à la suite des recherches de l'ingénieur Danton, date de 1874. STRUCTURE ET COMPOSITION DES MINERAIS SILURIENS ET DÉVONIENS. — Les différents minerais siluriens et dévoniens, considérés sous le rapport de leur structure, peuvent être répartis en trois groupes distincts. On y reconnait : 1) Des minerais oolithiques proprement dits; 2) Des minerais qui ont été oolithiques, à un moment donné de leur existence, mais qui ont cessé de l'être ou qui le sont encore dans quelques-unes de leurs parties. 3) Des minerais, communément appelés oolithiques et qui ne ren- ferment le plus souvent que des débris organiques roulés. 1) Minerais oolithiques proprement dits. — Tout minerai de cette catégorie se résout en oolithes plongées dans un ciment d'importance variable, avec ou sans restes organiques. A) Oolithes. — Les oolithes ferrugineuses, construites sur le type des oolithes calcaires, ont une composition très variable. Elles sont exclusivement constituées soit par du fer carbonaté, soit par de la chlorite (bavalite, etc.), soit enfin par de l’héma- tite, rouge en profondeur et brune à la surface, mais le plus souvent leur composition est mixte. Exemples : Une oolithe carbonatée à l’intérieur est chloritisée 1. L. Davy. Notice géologique sur l'arrondissement de Segré (Maine-et-Loire) in Bull. Ind. min., (2), IX, pp. 537-634, pl. xxI-xx1v, 1880. 2. Des sept concessions qui ont été accordées pour les minerais dévoniens une seule, celle de Diélette (Manche), sera bientôt livrée à l'exploitation. La plus ancienne remonte à 1811. 1910 MINERAIS DE FER OOLITHIQUE PRIMAIRES 533 à la périphérie, et la séparation des deux substances en présence se fait de telle manière que la bavalite est secondaire et dérive manifestement du fer carbonaté. Une oolithe est mi-partie chloriteuse et mi-partie hématisée. L'hématite rouge est cantonnée dans la zone marginale, ou appa- raît simultanément un peu partout comme un produit d’altération de la bavalite. Des individus réunissent les trois substances. Dans certaines oolithes du minerai de May, la sidérose est au centre, la chlorite occupe la zone moyenne et pénètre dans la sidérose comme si elle l’avait envahie par corrosion ; quant à l’hématite rouge, elle se développe de la surface vers le centre en rongeant la matière verte. Il en résulte que la constitution des oolithes ferrugineuses est souvent telle qu'un élément renferme des témoins d’une série de compositions qu’il a présentées, au cours deson histoire, et qu'il les montre du centre vers la surface, suivant un ordre qui est celui de leur ancienneté. Chacun des éléments en question résume et condense, sinon toute l’histoire des oolithes, du moins quelques-unes de ses principales phases. J'ai été ainsi amené à distinguer dans l'histoire des oolthes ferrugineuses trois périodes successives : a) Genèse d’oolithes carbonatées ; b) Transformation partielle ou totale, suivant le cas, des oolithes carbonatées, en oolithes chloriteuses ; c) Formation d'oolithes ferrugineuses par décomposition d'oolithes chloriteuses. Ajoutons que le passage direct de la sidérose à l’hématite rouge a été observé maintes fois. à B) Ciment. — Les observations relatives à la composition des oolithes s'appliquent à la gangue des minerais. Le ciment est carbonaté, chloritisé, hématisé et dans la majorité des cas, il réunit deux, trois composés ferrugineux et même davantage. Son histoire est la même, dans ses grandes lignes, que celle des oolithes, à la différence près, que son évolution minéralogique est presque toujours en retard sur celle des corps oolithiques. Ex. : Une foule de minerais hématisés par leurs oolithes sont carbonatés par leur gangue. C) Organismes. — Les rares organismes observés en compa- gnie des oolithes appartiennent aux mêmes groupes et présentent les mêmes conditions de fossilisation que ceux des minerais de la troisième catégorie. 534 L. CAYEUX 6 Juin 2) Minerais non oolithiques. — Des minerais, originellement oolithiques, ont été profondément modifiés au cours de leur évo- lution et ne montrent plus une seule oolithe à l'œil nu. Ce sont invariablement des minerais métamorphiques. De ce nombre sont les minerais siluriens de l’Anjou et du Morbihan (Sainte- Brigitte), les minerais gédinniens de Bretagne (L'Hermitage) et ceux du Coblenzien de la Haute-Normandie {Diélette). Le développement de la magnétite dans ces dépôts en a trou- blé l'évolution minéralogique et généralement détruit la totalité des formes oolithiques. Deux cas sont à considérer : A) Le fer magnétique se fixe uniquement sur l’emplace- ment des oolithes qui sont alors représentées par de véritables sphérules massives, sans trace de structure concentrique. C'est l'exception. B) Le fer oxydulé envahit à la fois les oolithes et le ciment, cristallise en octaèdres ou en grains, comme si le milieu était homo- gène et en détruisant d'autant plus la structure première de la roche qu'il est plus abondant. A la limite, elle cesse d’être dis- tincte, sauf en de très rares points où l’on peut déceler une por- tion du contour oolithique, un espace interoolithique à contour curviligne, un noyau oolithique, etc. Les organismes sont épigénisés de la même manière. J'ai noté en particulier la présence de restes d'Encrines et de Bryozoaires transformés en fer magnétique. Il en résulte que le développement de la magnétite en grande masse efface partiellement ou en totalité la structure oolithique des minerais, résultat qui les différencie de tous les autres, au point que leur origine n'avait pas été soupçonnée. 3) Minerais organogènes dits oolithiques. — 1 y a dans l'Eifé- lien de l'Ardenne, en particulier, des minerais qui ont toujours été confondus avec les roches oolithiques, malgré l’absence souvent complète de restes oolithiques. Les éléments figurés, identifiés aux oolithes, sans le secours du microscope, sont des débris orga- niques roulés et arrondis. Au point de vue minéralogique, ces organismes se comportent comme les oolithes ; ils sont. ici, carbonatés, là, chloriteux, ailleurs, hématisés, et à leur exemple, ils sont le plus souvent de composition mixte. Quant à la dérivation des matières qui en épigénisent le test et à leur ordre d'apparition, ils restent con- formes, en tous points, à ceux des oolithes. Toutefois, 1l y a entre les uns et les autres une notable différence en ce que les orga- nismes eiféliens sont restés partiellement calcaires . 1910 MINERAIS DE FER OOLITHIQUE PRIMAIRES 35 De ce qui précède, il est permis de conclure, sans réserve, que les minerais pseudoolithiques de cette catégorie sont, les uns d’an- ciens calcaires à Entroques, les autres des calcaires à Entroques et à Bryozoaires. Des minerais siluriens d'Amérique (Clinton), qui offrent avec les nôtres la plus grande similitude de composition et d'évolution, sont d'anciens calcaires à Bryozoaires. Par addition d’oolithes, en nombre de plus en plus élevé, ces minerais organogènes passent par toutes les transitions aux minerais exclusivement oolithiques. Il n’est pas superflu de remar- quer que la coexistence des organismes et des oolithes entraine pour tous la même composition minérale. L'évolution des uns et des autres se fait parallèlement. Les Encrines et les Bryozoaires ne sont pas les seuls groupes représentés dans les minerais. On trouve avec eux des Algues et notamment des Alques calcaires, répandues à profusion dans cer- tains minerais de La Ferrière-aux-Étangs (Orne). Ce sont des tubes microscopiques, cylindriques, irréguliers, contournés, repliés maintes fois sur eux-mêmes et comme pelotonnés. Décou- vertes en 1878 par H. S. Nicholson et R. Etheridge ! dans le cal- caire silurien de Girvan (Écosse) et désignés sous le nom de Girvanella, ces Algues ont été rencontrées dans des roches pri- maires et secondaires, tantôt à l'état libre, tantôt engagées dans des oolithes calcaires. Leurs relations avec les oolithes calcaires sont telles qu’un savant anglais M. Wethered? en a conclu que les oolithes calcaires résultent de la croissance et de l'enroule- ment de tubes de Girvanella, autour d'un corps étranger faisant l'office de noyau. Bref, les oolithes calcaires auraient une origine organique et seraient même des productions du règne végétal. L'étude des Girvanella des minerais de fer, loin d'apporter des arguments à l'appui de cette thèse originale, la contredit en tous points. Elle démontre avec évidence que les Girvanella sont des algues perforantes, développées dans une infime proportion des oolithes, si l’on envisage la totalité des individus passés en revue, et qui travaillent, non à former des oolithes, mais à les détruire. SILICIFICATION DES MINERAIS. — La silice fait partie intégrante de tous les minerais analysés, et l’on sait qu’elle est tellement répandue dans certains minerais, qu'il peut en résulter une notable dépréciation des gîtes, au point de vue économique. Elle figure dans la roche sous trois formes différentes : 1. H. A. Nicnorson and R. ErneriGE jun. A Monograph of the silurian Fos- sils of the Girvan District, in Ayrshire, t. I, 1878, p. 21 et 24, pl. IX, fig. 24. 2, E. B. Weraeren. The Formation of Oolite. Quart. Journ. Geol. Soc., vol. 51, p. 205, 1895. 536 L. CAYEUX 6 Juin 1) Un petit nombre de minerais renferment du quartz clas- tique, toujours en faible proportion; quelques minerais de Bre- tagne (Coatquidam) riches en grains de sable, font exception. 2) Tous les minerais chloriteux ou hématisés sont plus ou moins siliceux. Ils le sont par la bavalite qui est un hydrosilicate de fer et d’alumine. Lorsque la matière verte disparaît, pour faire place à l’hématite, il reste le plus souvent au sein de l’oolithe un squelette siliceux, rendu invisible par l’oxyde de fer opaque. 3) Les minerais de fer, tant siluriens que dévoniens, ont été quartzifiés à des degrés très divers. Aucun de leurs éléments essentiels n'échappe à la silicification. Le quartz secondaire qui envahit les oolithes a son gisement favori sur l’emplacement des noyaux. Le même gîte réunit des individus dont les uns ont un nucléus de quartz et les autres un noyau de sidérose, avec une infinité d'intermédiaires entre les deux types. Le quartz apparaît d’abord au sein des noyaux de fer carbonaté, à l’état de menus éléments qui s’aceroissent peu à peu et finissent par prendre toute la place de la sidérose. Il est rare que ce dernier minéral ait été remplacé dans sa totalité; de petites inclusions tantôt clairsemées, tantôt innombrables, sont restées au milieu du quartz, en témoignage de son origine secon- daire. Par exception, l’oolithe tout entière est remplacée par un agrégat de quartz en forme d’ovoïde. Le quartz secondaire est représenté par des éléments de la taille des grains de sable dans le ciment d’un nombre très notable de minerais. Leurs dimensions souvent uniformes, la régularité de leurs contours et jusqu à leur répartition de le eme au premier abord, sur leur origine. Les nombreuses inelusions qu'ils a toujours, télés que la sidérose, la bavalite, le fer oligiste et d’autres encore, ne laissent aucun doute quant à leur origine à la fois secondaire et in situ. Lorsque la quartzifi- cation de la gangue est poussée très loin, les grains de quartz, au lieu de rester isolés, se soudent et donnent naissance à de petites plages de quartzite. Le quartz qui envahit ainsi toute la roche, avec une apparence parfois clastique, est non seulement d’origine secondaire mais tar- dive. Le fait ressort indubitablement de la nature même de cer- tains minéraux qu'on y trouve englobés et de ses relations avec les corps ferrugineux qui l'entourent. Le quartz secondaire empri- sonne de la pyrite de fer et de la limonite qui sont par excel- lence, dans tous les gisements considérés, des minéraux formés sous l'influence d'actions météoriques; de plus, il moule tous les éléments avec lesquels il est en contact, y compris la pyrite et la limonite. + 0 1910 MINERAIS DE FER OOLITHIQUE PRIMAIRES 537 Dans les minerais organogènes, il épigénise des colonies entières de Bryozoaires. Quand le quartz secondaire, en grands éléments ou en agrégats pénètre dans les restes d'Encrines dont la struc- ture réticulée est conservée par de l'hématite, il emprisonne les mailles du réseau cellulaire dans ses grains et cristallise sans leur porter la moindre atteinte. Des observations de détail ont établi que, dans un gisement tel que celui de La Ferrière-aux-Étangs (Orne), la distribution verti- cale du quartz secondaire est En de la distance à la surface. Au sommet du gîte, les grains sont relativement nombreux ; puis le quartz se charge de sidérose, en quantité d'autant plus grande que la profondeur augmente. Ils cèdent bientôt la place à des éléments de sidérose avec inclusions de quartz ; celles-ci se font de plus en plus rares, et à une centaine de mètres du sol les grains de quartz sont en majeure partie remplacés par des élé- ments de sidérose ; 1l y a même à celte profondeur des échan- tillons qui ne sont pas du tout quartzifiés. La quartzitication diminue avec la profondeur, tel est le fait capital mis en lumière par ces observations. Il en découle une conséquence pratique. La disparition progressive du quartz secon- daire sera compensée par un enrichissement équivalent en fer carbonaté. Tout porte à croire qu'il en sera de même pour tous les minerais siluriens non métamorphiques de l’Armorique. ÉVOLUTION MINÉRALOGIQUE DES MINERAIS PALÉOZOÏQUES. — Les organismes de différente nature qui entrent dans la composition des minerais siluriens et dévoniens nous fournissent un point de départ indiscutable pour établir l’enchaînement des métamor- phoses auxquelles ils ont été soumis. J'ai observé dans ces mine- rais, et parfois en nombre considérable, des débris de Bryozoaires, de Brachiopodes, de Mollusques, d'Encrines et des Algues cal- catres. Personne ne peut révoquer en doute que ces organismes étaient calcaires à l'origine. Or, je l'ai déjà dit, ces organismes ont subi une évolution identique à celle des oolithes. La règle est que la sidérose, la bavalite et l'hématite rouge, qui en épigé- nisent le test, se ln dans le temps, avec la possibilité d'un passage doi du fer carbonaté au fer hématisé comme dans les corps oolithiques. La conclusion que le dépôt minéralisé était originellement calcaire peut s'étendre, à la rigueur, aux minerais à la fois ooli- thiques et organogènes, où l’on constate toujours qu'une composi- tion donnée pour les oolithes implique la même composition pour les organismes qui les accompagnent. Mais dès qu'on se 538 L: CAYEUX NAT 6 Juin trouve en présence de minerais, exclusivement oolithiques, il n’y a point de raisons a priori pour les faire dériver de calcaires. L'évolution minéralogique des organismes, à test primitivement calcaire, parallèle terme à terme à celle des oolithes, crée tout au moins une forte présomption en faveur d'un point de départ identique pour les deux groupes de matériaux. Cette présomption se change en preuve, croyons-nous, dès que l’on fait entrer en ligne de compte la présence du calcaire à l’intérieur de quelques oolithes siluriennes de Normandie, la diffusion du carbonate de chaux dans les minerais eiféliens de l’Ardenne et la multitude d’oolithes restées partiellement calcaires dans le minerai silurien de Clinton (États-Unis). Faut-il étendre cette conclusion aux seuls minerais qui contri- buent à l’étaver, et qui sont d’ailleurs nombreux, ou l’appliquer à tous nos minerais oolithiques primaires? Je n'hésite pas, pour ma part, à y voir l'expression d’une règle absolument générale. Si elle paraît souvent en défaut, c’est parce que beaucoup d’échan- tillons, d'évolution trop avancée, n’ont gardé aucune trace de leur composition minéralogiqueinitiale. Bref l’histoire des oolithes me parait calquée d’un bout à l’autre sur celle des organismes, et la plus grande partie de nos minerais oolithiques primaires se sont déposés sous la forme de calcaires oolithiques. Il convient d'ajouter que les minerais paléozoïques se prêtent, moins que tous les autres, à la démonstration que les minerais de fer oolithique étaient calcaires à l’origine, aussi bien par leurs oolithes que par leurs organismes et que l'étude des minerais secondaires apportera de nouveaux et solides arguments à l’appui de cette théorie. PROLONGEMENT DES MINERAIS DE FER OOLITHIQUE SILURIENS DE LA PRESQU ÎLE ARMORICAINE SOUS LE Bassin DE Paris. — Il est démon- tré qu’à l’époque silurienne, la mer qui couvrait une grande par- tie de l’Europe était limitée à l'Ouest par un continent, situé sur l’emplacement de l'Atlantique Nord. Pour la presqu'île armoricaine, en particulier, cette notion ressort avec évidence des transformations subies par les sédi- ments siluriens, quand on les suit de l'Est à l'Ouest. L’accrois- sement d'épaisseur, parfois considérable, de plusieurs formations détritiques cambriennes et ordoviciennes, le grand développement des poudingues de la base du Cambrien et la disparition progres- sive des calcaires de la vallée de la Laize, dans la direction de l'Ouest, sont autant de faits témoignant de l'existence d'un rivage du côté de l'Atlantique. 1910 MINERAIS DE FER OOLITHIQUE PRIMAIRES 539 Si l’on figure sur une carte de France, au millionième, les gîtes exploitables ou exploités de minerais de fer oolithique siluriens de la presqu'île armoricaine, on constate qu'ils se groupent tous en bordure du Bassin parisien. Il en résulte que les conditions favorables à la genèse des dépôts qui sont devenus, avec le temps, des minerais de fer, n’ont été réalisées qu'à une grande distance de la terre ferme. À cet égard, les minerais siluriens se com- portent exactement comme les calcaires de la vallée de la Laize : les urs et les autres se développent dans la presqu'île armori- caine, en fonction de l'éloignement des rivages. Les sédiments, transformés en minerais de fer, correspondent, au même titre que les marbres cambriens, à des conditions de sédimentation exceptionnelles pour la région considérée. Deux faits indiscutables découlent, en effet, des recherches auxquelles je me suis livré. Ces dépôts étaient oolithiques à l’origine, et les matériaux détritiques sont restés en moyenne presque totalement étrangers à leur genèse, alors que tout le Silurien armoricain est d'origine clastique. Ces conditions particulières de sédimen- tation ont donné naissance à des calcaires oolithiques à l’époque ordovicienne, à une grande distance de la côte, comme elles ont engendré des calcaires durant le Cambrien. Ce sont ces mêmes calcaires oolithiques qui, après de multiples métamorphoses, sont devenus des minerais oolithiques de composition très variée. Il est acquis, en toute hypothèse, que les minerais siluriens en question sont étroitement cantonnés à l'Est de l'Armorique et que certains gites sont exploités, ou simplement explorés, sous le bord occidental de la couverture de terrains secondaires du Bassin de Paris. Où s'arrête le minerai de fer oolithique dans la direction de l'Est? Il doit s'étendre bien loin sous le Bassin parisien, si l’opi- nion que j'ai exprimée sur la nature première des dépôts ferru- gineux est conforme à la vérité. Il y a même une raison de sup- poser que son épaisseur est susceptible d'augmenter graduelle- ment, mais Jusqu'à une distance inconnue. Je suis guidé en cela par l'idée théorique suivante : Les minerais dérivent de calcaires. Or il est infiniment probable que la formation calcaire s’épanouis- sait vers le large, et partant que les minerais qui en occupent la place se développent pareillement dans la même direction. Mon hypothèse est-elle fondée, les gisements connus ne sont, dans leur ensemble, que l'extrémité de gîtes qui ont leur prinei- pal développement sous le Bassin de Paris. Il semble résulter d'observations que j'ai faites dans la con- cession de La Ferrière-aux-Étangs {Orne), que l’enfouissement 340 L. CAYÉUX 6 Juin des minerais, sous une grande épaisseur de terrains secondaires, n'aurait qu'une faible répercussion sur leur composition. La seule modification notable porterait sur les substances introduites dans le dépôt par l'intermédiaire des eaux météoriques. L’interpo- sition d'un niveau imperméable entre le minerai et la surface rendrait la quartzification faible ou nulle. Certaines réserves s'imposent, lorsqu'on envisage la question au point de vue pratique. Il convient de ne chercher le minerai qu'en s’aidant de toutes les lumières de la Géologie. Le suivre de proche en proche, dès qu'il disparait sous les terrains secon- daires, est assurément la méthode la moins failhible. Il faut compter en profondeur avec toutes les dislocations qui accidentent les bassins de Normandie et avec le relèvement et l'interruption possibles des synclinaux. L'épaisseur des terrains secondaires à franchir, la difficulté de déterminer l'emplacement des sondages, etc., doivent également entrer en ligne de compte. En formulant ces réserves, mon dessein n’est point de décourager les velléités de recherches dans le domaine à explorer, mais d'inviter à la prudence ceux qui seront tentés de s'engager dans cette voie. LES ARGILES DE BADEN (AUTRICHE) ET LES MARNES DE CABRIÈRES D’AIGUES (VAUCLUSE)! par J. Cottreau. Au cours d’un récent voyage en Autriche où Je visitai en com- pagnie de mon confrère et ami, M. Paul Jodot, les principaux gisements miocènes du bassin de Vienne (premier et deuxième étages méditerranéens), je fus amené à explorer la localité clas- sique de Baden. Situé à 25 kilomètres environ au Sud de Vienne, Baden s'étend au pied d’escarpements montagneux, formés par la masse com- plexe du calcaire de la Leitha (faciès récifal ou littoral) et, en quelques points, par la dolomie ?. Argiles de Baden. — Dans la plaine, en suivant la route de Vôslau, on rencontre à quelques centaines de mètres hors de la ville (cote 226 -env.) plusieurs tuileries. Les excavations dont le fond est toujours occupé par l’eau, atteignent parfois une profon- deur d’au moins dix mètres : nous avons examiné deux de ces exploitations en pleine activité entre Soos et Baden, notamment la tuilerie Edouard Philipp. On y voit l'argile fine de Baden, gris- bleuté, très homogène, présentant fréquemment du gypse en très petits cristaux : elle est recouverte en ce point par des formations diluviales, graviers, gros blocs du calcaire de la Leitha ou de roches diverses. M. P. Jodot a vu, immédiatement au-dessus de l'argile, des Melanopsis pontiens (Lyrcæa vindohonensis PARTS CH) dans des sables argileux jaunes appartenant aux couches à Con- géries. On sait, en outre, que les formations du Leithakalk ont été rencontrées en de nombreux forages sous les argiles de Baden qui plongent elles-mêmes légèrement vers le Sud*. Si la stratigraphie est, somme toute, assez peu satisfaisante dansles tuileries de Baden, la faune y est très riche et offre d'in- téressantes observations paléontologiques. Il y a là une forma- tion bathyale, accusée par le faciès lithologique rappelant de façon frappante celui des argiles bleues plaisanciennes, accusée aussi par la faune bien connue de Baden où abondent notamment, 1. Travail fait au Laboratoire de Paléontologie du Muséum d'Histoire naturelle. 2, D. Srur. Geologische Special-Karte der Umgebung von Wien. Blatt IV (Baden und Neulengbach). 1891. 3. Tu. Fucus. Excursion aux environs d'Atzgersdorf, Baden et Vôüslau. Livret- Guide du Congrès international de Géologie à Vienne, 1905. Ce Æ= 19 J. COTTREAU 6 Juin en compagnie des Dentales, Turritelles, Amussies, Foramini- fères, de nombreux Pleurotomes. Cette faune, dont l’âge est rapporté au Tortonien supérieur, a été comparée aux marnes de Cabrières d'Aigues dans le bassin du Rhône, notamment par M. le Professeur Depéret qui écrivait en 1893 : « On est autorisé à affirmer à la fois par la stratigraphie et la paléontologie, le parallélisme exact de l'horizon de Baden et encore plus de Gainfahren et de Grinzing avec celui de Ca- brières !. » D'autre part, en 1878, Fontannes, parlant des marnes de Cabrières, s'était exprimé ainsi : « Par l’ensemble de ses fos- siles, le groupe des marnes et sables à Cardita Jouanneti me parait correspondre aux assises qui, dans le bassin de Vienne, sont subordonnées à l'argile de Baden, c’est-à-dire à la partie inférieure et moyenne du deuxième étage méditerranéen, les couches de Baden renfermant de nombreuses espèces qui, dans le bassin du Rhône, ne font leur apparition que dans les marnes et faluns du groupe de Saint-Ariès ? ». Ayant entrepris l'étude comparative et détaillée au point de vue paléontologique des gisements autrichiens de Gainfarn’, Vôüslau, Baden, étude qui confirme pleinement le synchronisme des dépôts de Baden et de Cabrières reconnu en particulier par M. Ch. Depéret et admis par tous les géologues, j'ai pu préei- ser les relations existant entre ces deux gisements au point de vue du faciès et de la faune, j'ai été amené en outre à synchro- niser avec les argiles de Baden et les marnes de Cabrières (Torto- nien supérieur) les marnes bleues de Carnot (Algérie), rapportées jusqu'à présent à la partie inférieure de l'étage sahélien de Pomel. Marnes de Cabrières d'Aiques. — À Cabrières, la stratigraphie est très nette. Dans le ravin du Vabre qui fournit Fa meilleure coupe, on observe de bas en haut‘ : 1° Les marnes de Cabrières reposant sur la mollasse de Cucu- ron avec plusieurs bancs de galets. 2° A la partie supérieure des marnes un banc de galets avec de gros Pélécypodes abondants. 3° Au-dessus un banc à Ostræa crassissima dans une argile bleue très fine. 1. C. DErérer, Sur la classification et le parallélisme du Système Miocène. B.S. G.F., (3), XXI, p. 224, 1898. 2. FonTannes. Terrains néogènes du plateau de Cucuron, p. 59, 1878. 3. Le nom de cette localité orthographié autrefois Gainfahren, notamment par M. Hôürnes sur la carte indiquant les principaux gisements fossilifères du bassin, de Vienne, s'écrit actuellement Gainfarn sur les cartes d'état-major. 4. Voir la coupe détaillée du torrent du Vabre, in Dexnrer. Notice géologique et agronomique de la région de Cucuron. Mém. Ac. Vaucluse, (2),t. IT, 1902. 1910 ARGILES DE BADEN ET MARNES DE CABRIÈRES 543 Le régime saumâtre et palustre du Pontien commence immé- diatement après ce bane à Ostræa crassissima. Ce sont : 1° Des marnes grises qui ont fourni en un seul point une faune de très petits Pélécypodes à notre confrère, M. Deydier, qui a bien voulu me montrer cette coupe. 20 Des marnes contenant en abondance Lyrcæa Narzolina Bo- NELLI, des Bithynies, Planorbes, Limnées et Helir Christoli; 3° Des calcaires blanes à Æelix Christoli ; 4° Les limons rouges du Luberon avec conglomérat où M. Gau- dry retrouva la faune de Pikermi. Les marnes de Cabrières ont un faciès lithologique très dif- férent des argiles de Baden : ellessont gris noirâtre, très sableuses, non homogènes, contenant plusieurs bancs de galets roulés. La faune est également fort différente de celle de Baden comme on pourra le constater d’après les listes de comparaison ei-Jointes. Nous n'avons pas à Cabrières un dépôt bathyal, mais un dépôt néritique, qui devient même franchement littoral à la partie supérieure se terminant par un banc d'Huitres qui précède le régime pontien. Il était donc intéressant de rechercher dans le bassin de Vienne les couches correspondant exactement comme faciès et comme faune à nos marnes de Cabrières. Ayant consulté à ce sujet les travaux géologiques et les listes de fossiles publiés par M. Hôrnes, R. Hürnes et Auinger, Th. Fuchs, X. Schalfer, D. Stur, J'ai reconnu que des dépôts exactement comparables au double point de vue du faciès et de la faune aux marnes de Cabrières existent effectivement dans le bassin de Vienne, mais à Gainfarn et Vôüslau, non à Baden. Couches de Gainfarn.— Près de Gainfarn, situé à 6 km. envi- ron au Sud-Ouest de Baden, cote 264 environ, on voyait de haut en bas, d'après une coupe relevée en 1870 par D. Sturf. 49 Formationsdiluviales. Conglomératet gravier du Leithakalk, 18m. env. ; 20 Couches à Huitres, 1 m. environ ; 3° Sables marneux contenant à la partie supérieure Vermelus arenarius, à la partie inférieure Ancillaria glandiformis et Turritelles, 6 à 7 m.; 4° Sables jaunes très fossilifères, 1 m. environ; 5° Sables marneux sans fossiles 9-10 m. Cette coupe est comparable dans l’ensemble à celle des marnes de Cabrières et il est à remarquer qu’elle se termine également par un banc d'Huitres. 1. E. Srur. Beiträge zur Kenntniss der stratigraphischen Verhältnisse der marinen Stufe des Wiener Beckens. Jahrb. d.kais. kôn. Reichs.; XX, p. 329, 1870. 544 J. COTTREAU 6 Juin Les couches de Gainfarn ont une faune franchement néritique contenant, comme à Cabrières, avec de gros Pélécypodes à la par- tie supérieure (entre autres Megacardita Jouanneti'), des espèces qui vivent dans les eaux peu profondes non loin du rivage. Les Pélécypodes y sont aussi nombreux que les Gastéropodes, tandis que, dans les argiles de Baden, on ne compte plus que 33 espèces de Pélécypodes pour un ensemble d'environ 240 Gasté- ropodes. Il faut d’ailleurs noter l'absence absolue, dans les argiles de Baden, des grands Pélécypodes appartenant aux genres Car- dita et Cardium. Le genre Venus n'est représenté à Baden que par une petite espèce, Venus multilamella Lamk. (rare), le genre Lucina par trois petites espèces également rares, Lucina (Myr- lea) spinifera Moxt., Lucina (Loripes) dentata Basr., Lucina (Cardiolucina) Agassizi Micur. Je dois ajouter que, sur 242 espèces de Gastéropodes signalées dans les argiles de Baden, 121 espèces sont inconnues dans les couches de Gainfarn : 10 Pélécypodes sur les 32 espèces citées à Baden ne se retrouvent pas non plus à Gainfarn. Cette grande différence entre la faune de Baden et celle de Gainfarn est due uniquement aux conditions lithologiques dif- férentes de ces deux dépôts. J’estime qu'il faut considérer les couches de Gainfarn comme synchroniques de celles de Baden, Gainfarn étant le faciès néritique, Baden le dépôt bathyal de la même mer, ce quise confirme par la coupe relevée à Vüslau. Couches de Vüslau. — A mi-distance environ de Baden et de Gainfarn, aux environs de la cote 246, on voit à Vôslau, d’après M. Th. Fuchs?, au-dessus de l'argile gris-bleuté à faune typique de Baden, des couches sableuses avec graviers et conglomérats renfermant « la faune typique du Leithakalk, faciès de Gainfah- ren ». Ce « Tegel » supérieur de Vôslau, jaune, sableux, a été, en 1874, l’objet d’une étude détaillée de D. Stur * qui donne une liste de fossiles et, dans sa conclusion, s'exprime ainsi : « Le Tegel jaune supérieur de Vôslau n’a de commun avec la faune du Tegel de Baden que 5 espèces, chacune représentée par un seul exemplaire. 1. Megacardila Jouannetli des marnes de Cabrières n’est pas la forme type à côtes convexes, mais la variété læviplana Der. caractérisée par ses côtes déprimées, parfois à peine accusées, son test très épais près du bord antérieur, s’amincissant vers le bord postérieur. 2. TH. Fucus. Loc. cit. 3. D. Srur. Ueber den gelben oberen Tegel in der Tegelgrube von Vüslau. Verhandl, der k. k. geol. R. A., VIII, p. 336, 1874. 1910 ARGILES DE BADEN ET MARNES DE CABRIÈRES 545 Pleurotoma bracteata Brocc. Cerithium spina Parrscou. — Coquandi et Lamarcki Scalaria amæna Prix. BELL. SR Turbonilla costellala GRarT. «Ce Tegel contient 32 espèces de Mollusques qui se rencontrent à la fois à Baden, à Guainfarn, à Enzersfeld. « La faune du Tegel jaune supérieur de Vôslau contient envi- ron 68 espèces qu'on rencontre habituellement dans les deux niveaux supérieurs à Gainfarn, Enzersfeld, Gründ, Pôtzleinsdorf, Speising et Steinabrünn. « La grande abondance de gros bivalves tels que Venus umbo- naria Lawk., V. Dujardini Hôrxes., Cyfherea pedemontana AG., fait considérer la partie supérieure du Tegel de Vôüslau comme équivalent de Pôtzleinsdorf et Speising. Plusieurs autres petits Gastropodes recueillis seulement à Steinabrünn rapprochent le Tegel jaune de Vüslau de ce niveau !. « Les espèces suivantes qu'on rencontre dans le Leithakalk : manquent enfin complètement dans le Tegel jaune supérieur de Vôslau. Pecten latissimus Brocc. . Cardila Jouanneti Basr. Spondylus crassicosta Lamx. Nullipora ramosissima Reuss sp. » En résumé, on distingue dans la faune du Tegel supérieur de Vüslau : 1° Un petit nombre d'espèces ubiquistes qui se rencontrent abondamment, aussi bien dans le faciès bathyal de Baden que dans le faciès néritique de Gainfarn. Ce sont notamment : Murex(Tubicauda)spinicostaBroNx. Arca (Anadara) diluvii Lamx. Natica millepunctata Lamx. Cassidea(Semicassis) saburon ? Lamk. — catena var. helicina Brocc. (in D. Stur). Fusus longiroster Brocc. Chenopus Uttingeri Risso. 2° Un autre lot beaucoup plus important comprend des espèces qui se trouvent à l’état de rareté dans un milieu qui ne leur est pas favorable ; 3° L'absence de certaines grandes espèces de Pélécypodes vivant plus près du rivage dans des eaux plus chaudes. Le fait important à retenir, c’est la constatation à Vôslau de la faune de Gainfarn passant graduellement à la faune de Baden, l’une étant Le faciès néritique, l’autre le faciès bathyal de la même mer. 1. L'absence de Cardila Jouanneli dans le Tegel supérieur de Vôüslau est peut- être douteuse. car elle existe à Gainfarn. 2. Dans ses « Essais de Paléoconchyologie comparée » (5° livraison, p.125, 1903), M. Cossmann indique Buccinum saburon Linx. comme étant le type du genre Semicassis. Cassis saburon Laux. devient Cassidea {Semicassis) saburon. J'ai pu étudier des Cassis de Baden : ils correspondent exactement à la variété que Defrance a dénommée Semicassis lœvigata (Voir in Palæontologia Universa- lis : Cassis (Semicassis) lœvigala Derr., série IT, fase. IV, n° 137). Semicassis saburon est une espèce vivant actuellement. 29 avril 1911. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 35, 546 J. COTTREAU 6 Juin à a a 5 Tableau comparatif ' des espèces communes aux 5 e 4 É gisements de & £ 8 É SERRE Conus (Lithoconus) Mercati Brocc..........-... C R R — 1 (Ghelyconus) clavatus LAur 71000 RR RR | RR Ancillaria (Baryspira) glandiformis Lamk....... CC CC CC CC Cypræa sanguinolenta GueL.?.................. : R Ovulatspella Ame) See Re eee RRSUPRR Eratorlænis DONOV NA AUTRES PAM CRAN PE C R R RR Ringicula (Ringiculella) buccinea Desn......... RR R R CC Miiratäpertaÿ Bertin See REZ RR R ns NUSUION MAS MBROCCR NET ARENA C R = CDN US AP AMR NEA PATRICE Ce C R R Terebratacuminata BORSON AREA UNE CRUE C R C C Nassa (Amycla).semistriata Brocc. ?............ si C R — (Peridipsaccus) eburnoides Mar. *........ R RRPIERRE TN ARE = Dujardin DESHS NUE RAR C CC C Triton (Lampusia) affine Desn ................. RR R R R Murex (Chicoreus) Dujardini Tourn.6........... C R R R Ocenebra (Vitularia) lingua bovis Basr........... XX R R MurerilatulabmsMionrenenembe tre te cr RnE RR RR Murex vindobonensis HORNe 2 on Le R R R Huile TUSUGU la BST EN PACE LAN RS C R RR | RR Hasciolante Tarbelliana GATE een RR RR | RR Cancellaria (Solatia) Westiana GRAT............ RR RR Pleurotoma (Genotia) ramosa BAsT.............. C R RR RR — (Clavatula) asperulata Laux.7.,......| C EG |NaC CC — (Perrona) Jouannetli Des Mouz...... CC CC C — (Drillia) obeliscus Des Mouz.8....... à R C CC — granulato-cincta MünsT............. R CC RR Cerithium {Terebralia) lignilarum Eicaw........ R RR RR Turritella (Protoma) cathedralis BRONGT......... R R — (Archimediella) bicarinata Ercnw.®..... C C C RR 1. Explication des signes employés dans ce tableau : X<._ signifie existe (le degré de fréquence ou de rareté n'étant pas précisé). C — commun. CC signifie très commun. R — rare. RR — très rare. * indique une forme repré- sentative. 2. La forme représentative à Cabrières est la Cypræa præsanguinolenta Fonr. assez rare. 3. Nassa semistriala Brocc. type n'existe pas à Cabrières, c'est la variété Nassa semistriala var. cabrierensis F. et T. qui y est très commune. 4. Nassa (Peridipsaccus) eburnoides MATH. — Buecinum Caronis BRONGT. 5. Nassa Dujardini Desu. existe à Cabrières avec cinq variétés dont deux sont citées comme très rares. 6. Murex Dujardini Tourx. — Murex aquitanicus Grar. 7. I existe à Cabrières, avec l'espèce type commune, deux variétés. 8. La forme représentative, commune à Cabriéres, est le Pleurotoma(Drillia) pseudo- beliscus F. et T. de petite taille. 9. M. Sacco a établi pour cette espèce une variété subunocineta. 1910 ARGILES DE BADEN ET MARNES DE CABRIÈRES 547 u) r are £ |: A Liste des espèces communes aux gisements de = 2 7 2 < $ r (à) (é F à Turrilella (Zaria) subangulata Broccnr. ........ R R R R Aenophora Deshayesi\Michr.. 110.4... 1. R R Trochus (Forskalia) fanulum Guez............. RR RR RR Solariumesimplez BRONN. 1... :. ii... R RR Vermetus (Pelaloconchus) intortus Lamk......... R CC R AJEORDISAW 00dt- HORNES 120 22 on > Re) RR Sigaretus haliotideus LiNn.?2................,... R Natica (Polinices) redempta Micur .............. (ele CC n(Nevertia)JosephintaRisso.; 1.2... R R Eulininsubulata DONOyI M Li RR R fissoaNAlvanta) curta Durs ln Eau R Bulla (Tornatina) Lajonkaireana Basr3.......... RR Crepidula (Janacus) unguiformis Lamk.......... (e Galiptræa-chinensis LINNY 2e C RR Capulus (Amathinoides) sulcosus Broce. *…. X< Hissurellas lala Dern nr Re ee 2. R Gastrochæna dubia PENNANT .................... RR SAICA Ua) a PCLCANDINN PMR RE TL Le R R Sph@nta anatina BAsr.. li... RR Gorbularcarinata Dur. res. 0 En an. Corbula gibba Orivr ! Lutraria (Psammophila) oblonga CHEMNS........ R RR Tellina (Peronæa) planata Linn.7................ R Psammobia (Psammocola) Labordei Basr$.... .. R Donat intermedia Hônnes®.….................... RR Venus (Ventricosa) multilamella Lamk.......... 2 X< * Venus (Circomphalus) plicata Guez............. C & — (Clausinella) Basteroti Desn. ............. R R — (Omphaloclathrum) subrotunda Derr 10... CC A CR PP RS ARR Ni ARE NS En 1. Cette espèce a été signalée à Cabrières, comme étant très rare, par Fontannes. Je n’en ai vu aucun exemplaire. 2. D'après M. Sacco, Sigaretus haliotideus Linx. = Cryplostoma strialum de Serres. 3. Cette espèce est citée comme trés rare par Stur dans le Tegel jaune supérieur de Vüslau. 4. Espèce citée par Stur sans degré de fréquence dans le Tegel jaune supérieur de Vôslau. 5. D'après M. Sacco, Saricava arctica L. in Hürves, Foss. Moll. tert. Beck. Wien, IL, p. 24, 25 — Savicava rugosa (L.) Pennr. L'espèce est rare à Cabrières et n’a été || citée qu'avec l’épithète cfer. 6. Stur cite un seul exemplaire du Tegel supérieur de Vôslau. 1. Trois exemplaires signalés dans le Tegel supérieur de Vüslau. 8. Cité à Vôslau par Stur (Tegel supérieur). 9. Donax intermedia HürNES n'est cité qu'à unseul exemplaire à Vôslau par Stur. Une variété de cette espèce existe à Cabrières. 10. M. G.F. Dollfus a fait remarquer que Venus subrotunda Der. avait la priorité sur Venus clathrala Dus. cité par Fontannes et Hôrres. : 548 J. COTTREAU 6 Juin Liste des espèces communes aux gisements de GAINFARN Meretrix (Callista) pedemontana Ac.l......:... ns (Amiantis) gras) LAMR ESPN Cardium (Ringicardium) hians Brocc®........... — (Parvicardium) papillosum Pour :.:.::: Chame gryphina LAMR ES EVE AMEL — FgryphoidesiLINN MEME NASA OS, CC Lucina (Codokia) Haidingeri HôRN.....:........ < C — (Dentilucina) borealis LiNN.....:........ R R R —.\ (Loripes) dentata'DEFR :...1..11../. 054 R R R R Erycine AusStraca ORNE RE era XX RR Cardita {Actinobolus) antiquatus var. Partschi GOLDRI SE LE ne Re MR ee rt R X R — (Megacardila\ Jouanneti Basr var. lœviplana DEP A A RES UT SA a ne DR SR PA CC C Nucula:nucleus LINN-E: 1,000 RE een RR << Sp XX Leda (Ledina) fragilis GHEMN.................. RR X< 2 X Pectuneculus-glycimeris LINNS.:.: 440.2 20, C ; : Arcal(Pectinarca) BretelaktBAsr 20 ne X R — :(Fossularca) lactea LINN......:........... R X R = (Anadara) diluvu:Lamk een a X< >< X< X< — — Luronica Due PRE RME en CG C R Pinna pectinata LiNx. var. Brocchii »’Ors. 10... À R R R Chlamys gloriamaris Dus. var. longolœvis Saccotl.| C D< 1. Merelrir pedemontana AG. est cité par D. Stur comme fréquent dans le Tegel supérieur de Vôüslau qui — Gainfarn. Il est très probable que cette espèce se trouve également dans cette dernière localité, mais ni M. Hôrnes, ni Th. Fuchs nel’y indiquent. À Cabrières Meretrix pedemontana est représenté par une variété pour laquelle Fon- tannes a proposé le nom de var. cucuronensis. 2. Venus umbonaria Lawx.=— Meretrix (Amiantis) qgigas LAMx., espèce citée commela précédente par Hôürnes et Stur à Vôüslau dans le Tegel sableux. 3. Cardium hians Brocc., très rare, d’après Stur, dans le Fegel supérieur de Vôs- lau, a pour forme représentative à Cabrières Cardium Darwini MAYER excessivement voisin et également très rare. Mayer considérait que cette espèce était encore vivante actuellement. Pour M. Sacco, Cardium Darivini Max. Cardium indicum Lamx. actuel. 4. À Cabrières, Chama gryphina Lamx. appartient à la variété inversa Bronx. 5. Un seul exemplaire cité par D. Stur dans le Tegel supérieur de Vüslau. 6. Cardila Partschi Gozvr. existe à l’état de variété à Cabrières. 7. La CardilaJouannetides marnes de Cabrières n’est pasl’espèce type, c’est la variété lœviplana DEPERET qui, d'après M. Sacco, est une forme essentiellement tortonienne. S. Pectunculus glycimeris Linx. a pour forme représentative à Gainfarn et Vôslau Pectunculus (Axinea) pilosus Linx. que plusieurs auteurs, et tout récemment M. J. Dollfus, considèrent comme devant être réuni au Pectunculus glycimeris Linx. 9. L'espèce des marnes de Cabriëres est une forme très évoluée. 10. M. Sacco considère que la Pinna Brochü figurée par Hôrnes constitue une va- riété spéciale pour laquelle il a proposé le nom de Pinnà pectinala Linn. var. vindo- bonensis. 11. Chlamys gloriamaris Dus. var. longolœvis Sacc. — Pecten substriatus v'Ors. ni Hôrnes. i 1910 ARGILES DE BADEN ET MARNES DE CABRIÈRES 549 GE EE ORPI EN GE RE EEE U] gs e £ » 7. Liste des espèces communes aux gisements de = je 2 > 5 2 > FA O ds) Pestulainytaune PAIE, Aa rt ef Le RR RR ONtrerEdiqita nas Diet en Nr Anomia ephippium Linné var, ruguloso-s{riata BRoccAIM Bron MUR de on Le 2< 1. Fischer et Tournoüer ont figuré provenant des marnes de Cabrières,une variété leberonensis. 2, Anomia ephippium Linw., espèce très polymorphe, existe à Cabrières ainsi que la var. ruguloso-costata — Anomia costata in Hürnes (pars. Anomia ephippium Lin. var. costala Br. existe dans le bassin de Vienne, mais non dans le bassin du Rhône d’après M. Sacco. PP EEE ETES AA DEPUIS SRE IEEE UE ES Récapitulation des Gastropodes et Pélécypodes de Cabrières d'Aigues, Gainfarn, Vôslau, Baden et des espèces communes entre ces gisements. Faunes des Gastropodes et Pélécypodes Gisements GASTROPODES ! PÉLÉCYPODES Total CABRIÈBRES D'AIGUES (liste dressée par 165 131 296 M. Deydier.) GAINFARN (liste de MM. M. Hôrnes 193 64 257 et Th. Fuchs). VÔsLAU | (listes de M. Hôürnes 85 (Tegelsup'). | 48 (Tegel sup’). 133 (Tegel sup’). et D. Stur). 118 (Tegel inf). | 11 (Tegelinf'). 129 (Tegel inf). BADEN (listes de M. Hôürnes, Hôrnes 242 33 275 et Auinger, Th. Fuchs, X. Schaffer). 550 J. COTTREAU 6 Juin Gastropodes et Pélécypodes communs aux gisements de GAINFARN VOÜSLAU GaINFARN | CABRIÈRES | CABRIÈRES | CABRIÈRES et et et et et et VÜsLAU BADEN BADEN GAINFARN VÔÜSLAU BADEN GIE E = GPS 'GPIRES a = Total Q Caractères paléontologiques des couches argileuses de Baden. — La faune des argiles de Baden est particulièrement intéres- sante. C'est une des dernières faunes marines appartenant au Miocène. Elle offre donc, comme il est normal, les caractères d’une faune de passage : apparition et abondance d’un certain nombre de types inconnus ou rares antérieurement, disparition ou raréfaction de types abondamment représentés dans les faunes plus anciennes, enfin mutations de quelques autres espèces. Je donne ici la liste des Gastéropodes et des Pélécypodes les plus abondamment représentés à Baden en les faisant suivre de la lettre M ou de la lettre P suivant qu'ils caractérisent plus spécialement le Miocène ou le Pliocène. Conus (Conospira) Dujardini DeEsu. M. Ancillaria (Sparella) obsoleta Brocc. M. sup. — (Baryspira) glandiformis Lau. M. sup. Cassis (Semicassis) lœvigata BruG. P: Chenopus Uttingeri Risso. pe Murex (Tubicauda) spinicosta Bronx. Met P. Cyphonochilus fistulosus Brocc. Met P. Natica millepunctata Lamx. M'etP? — catena var. helicina Brocc. P Fusus longiroster Brocc. P. Bathyloma cataphracta. Brocc. P. Drillia Allionit BELL. IE Drillia spinescens PArrscH. M sup. — obeliscus pes Mouz. M. Pleurotoma (Clavatula) asperulata Lamx. M. — monilis Brocc. 1 — rotata Brocc. Met P. — spiralis DE SERRES. M. Rissoa Lachesis Basr. M. Entalis badensis PaArrscx. M. Cardita (Coripia) scalaris Sow. P: 1910 ARGILES DE BADEN ET MARNES DE CABRIÈRES 551 Arca (Anadara) diluvii Lamx. MP: \ Amussium crislatum Bronx. IP L'absence de grands Pélécypodes est évidemment due à la profondeur du dépôt, profondeur attestée par les autres groupes. . L’abondance des Pleurotomes est, on le sait, caractéristique des _argiles à faciès bathyal. Les Foraminifères abondent et sont très variés. On ne trouve pas dans les argiles de Baden des Polypiers composés tels que les Astréens, les Dendrophyllia, qui se rencontrent à Cabrières, mais des Polypiers simples tels que des Flabellum. Les Échinides sont d'une grande rareté : M. Jodot a pu, néan- moins, recueillir une radiole de Cidaridé, genre qui ne vit qu'à une certaine profondeur !. L'ensemble de cette faune présente déjà de très grandes affi- nités avec la faune des argiles bleues plaisanciennes qui offrent également un faciès bathyal. Caractères des faunes de Cabrières et de Gainfarn. — Les faunes de Cabrières et de Gainfarn ont, semble-t-il, un cachet plus ancien, surtout quant aux Pélécypodes abondants dans ces deux dépôts. Plusieurs espèces appartiennent au Tortonien où même à l'Hel- vétien. Telles sont, en exceptant les espèces qui présentent des mutations : Corbula carinata Duy. Venus (Omphaloclathrum) subrotunda DErr. — (Clausinella) Basteroti Desu. Lucina (Codokia) Haidingeri Hür. Lucina (Loripes) dentata DErr. Chlamys gloria-maris Dus. var. longolævis Sacc. Arca (Anadara) turonica Du. Kellya austriaca HR. Sphænia (Saxicava) analina. La même observation se fait pour quelques Gastéropodes : c’est ainsi qu'à Gainfarn et même dans le « Tegel » supérieur de Vôs- lau se trouvent plusieurs espèces des sables helvétiens de Gründ, entre autres Âelix {uronensis. Par contre certains Pélécypodes communs à Cabrières, Gain- farn ou Vôslau sont déjà identiques aux espèces pliocènes des sables d’Asti. Je citerai par exemple Tellina (Peronæa) planata x très abondante à Cabrières dans le conglomérat supérieur des 1. On trouve assez abondamment dans les marnes de Cabrières de très petites radioles présentant à la loupe de fines cannelures longitudinales tout à fait sem- blables à celles des Echinus, Sphærechinus ou Strongylocentrotus lividus vivant sur nos côtes à une faible profondeur. 352 J. COTTREAU 6 Juin marnes au-dessous du banc à O. crassissima” qui ne se distingue pas de la Tellina planata d'Asti. D'autres espèces déjà connues, mais rares ou de petite taille dans l'Helvétien, se rencontrent communément avee de plus grandes dimensions, telle l’Easto- nia rugosa CHENN. très commune à Cabrières, qui y atteint la taille des échantillons d’Asti. Il faut citer comme plus spéciale- ment caractéristiques du Pliocène (Astien) 2 Gastrochæna dubia PENNANT. Corbula gibba Oxrvr. Venus (Circomphalus) plicata? Guez. Leda (Ledina) fragilis CHEN. Meretrix (Amiantis) gigas Lamx. — (Callista) pedemontana DErr. Cardium (Ringicardium) hians Brocc. Pinna pectinata Linn. var. Brocchii »'Ors. Ce mélange de Pélécypodes, dont certaines espèces sont encore helvétiennes, tandis que d'autres offrent déjà tous les caractères de leurs congénères astiennes, ne peut s'expliquer que par la similitude dans les conditions où se sont formés les dépôts sableux helvétiens et astiens* qui ont dû se faire à une faible profondeur et accusent une température chaude. Les argiles de Baden à faciès bathyal ont dû se déposer dans les mêmes conditions que certains dépôts plaisanciens de pro- fondeur à faune plus froide tels que les argiles bleues ou grises subapennines, argiles de Biot, Cannes, la Gaude, etc. Dépôts synchroniques des argiles de Baden dans le Bassin Méditerranéen. — Quels sont, dans le bassin méditerranéen, à l'époque du Miocène supérieur, les dépôts comparables au double point de vue du faciès et de la faune aux argiles de Baden ? J'ai démontré que, tout en étant synchroniques, les marnes de Cabrières ne correspondent exactement ni comme faciès, m1 comme faune aux argiles de Baden. Les couches correspondant comme faciès et comme faune à ces argiles, c’est-à-dire le Torto- nien supérieur à faciès bathyal n’est pas connu jusqu'à présent dans le bassin du Rhône. 1. L'Ostrea crassissima de Cabrières formant banc au-dessus des marnes est beaucoup moins épaisse que la forme helvétienne. C'est une forme évidemment évoluée, plus grêle, à talon très allongé. 2, Venus plicata de Cabrières est la forme astienne différant de la forme hel- vétienne par ses dimensions plus grandes et ses lamelles plus nombreuses et ser- réese 3. Ce fait n’est pas isolé. M. Ph. Thomas, entre autres, a signalé dans les marnes supérieures à O. crassissima des environs de Boghar (Algérie) une faune « dans laquelle abondent les types de l’Astézan classique et dont le faciès est au plus tor- tonien » B.S.G.F., (3), XX, p. 13, 1892. 1910 ARGILES DE BADEN ET MARNES DE CABRIÈRES 553 Dans d’autres régions du bassin méditerranéen, certains dépôts paraissent devoir être comparés aux argiles de Baden. M. Suess, dans son magistral ouvrage « La face de la Terre ». parlant du bassin méditerranéen à l’époque pontique, s'exprime ainsi !: « En Algérie, les travaux de Pomel, et plus récemment ceux de M. Brives, ont montré qu'il existait dans la vallée du Ché- lif un étage de marnes, parfois accompagnées de gypse, conte- nant une riche faune marine plus récente que le second étage méditerranéen (Tortonien) et plus ancienne que le Pliocène (Plai- sancien). Il s’agit donc là d’un étage intermédiaire inconnu dans les autres régions méditerranéennes, étage qui doit représenter vraisemblablement tout ou partie des étages sarmatique et pon- tique de l’Europe orientale. » Après avoir consulté les listes de fossiles et les documents publiés par M. Brives ?, j'aiété frappé des rapports que présentent les marnes bleues de Carnot avec Vôüslau et en partie le gisement de Baden*. Il y a aussi des analogies faunistiques avec Gainfarn et Cabrières: 1° Au point de vue stratigraphique. — Les marnes bleues à Den- tales et Pleurotomes de Carnot reposent en discordance sur des grès tortoniens à O. crassissima de même que les argiles de Baden reposent sur le Leithakalk tortonien et les marnes de Cabrières sur la mollasse de Cucuron tortonienne. 2° Au point de vue faciès . — Les marnes de Carnot présentent, d’après M. Brives, des intercalations sableuses et des poudingues à la bordure des marnes et à tous les niveaux. De même, à Ca- brières d'Aigues, les marnes sableuses présentent des bancs de galets roulés à différents niveaux. À Baden, il y a aussi, à la par- tie supérieure, des couches sableuses qui, à Vôslau, contiennent la faune de Gainfarn et constituent ce que D. Stur a appelé le « Tegel supérieur Jaune ». La présence de nombreux petits eris- taux de gypse dans les argiles de Baden est à noter. 3° Au point de vue de la faune. — M. Brives a donné une liste de la faune marine de Carnot comprenant 91 espèces, dont 62 Gastéropodes et 29 Pélécypodes. J’ai indiqué dans le tableau ci-contre les espèces communes aux différents gisements de Baden, Gainfarn, Vôslau, Cabrières d’Aigues et Carnot. 1. En. Suess. La face de la Terre, traduction Emm. de Margerie, t. II, p. 501 (note infrapaginale), 1900. 2. À. Brives. Les terrains miocènes du bassin du Chélif et du Dahra. Fossiles miocènes. Thèse, 1897. 3. M. Welsch a faitobserver qu'il avait déjà proposé de paralléliser les marnes de Carnot et celles de Baden. La note de notre confrère m'avait échappé et je suis heureux de rectifier ici cette omission (Note ajoutée durant l'impression). J. COTTREAU 6 Juin De CS D SP PE TE RL IL EE PE E £ = É A GasrTéroPopes et PÉLÉCYPODES! Z £ E Ê & 2 communs aux gisements de S £ = ñ Ê < (de 5 + Conus{Lilhoconus) Mercati Brocc. x X X K — pelaqicus BROCC "0e X< x — “PuschitNlIcRTe see nene X x < XX < —/10)s0le(aNDROGCG. 1... x À x Ringicula (Ringiculella) buccinea DESH ASTRA a AR ne D >< X < Columbella nassoïdes Bezz...... : X x X Nassa (Amycla) semistriata Brocc. X x X 2 Nassa mutabilis LiNN......::..... Se De Cassis saburon Lamk. (Semicassis DIT IA). Se RE SR RE nue x ne Dee X sp. ROStELLARLA SD SRE Lecce X R.dentata Triton heplagonum Brocc. var. py- LS T. hepla-|T. hepta- X RENALCUMAEONTE Re gonum | gonum Ranella marginala MART......... X X X Pirula reticulata Lamk. var. subin- LORIE AA AN ARS Se dns nenee >< Fusus lamellosus Bors..,........ X< X Fusus cf. longirostris Brocc..... x F.longi-|F. longi-|F. longi- rostris | rostris | rostris Cancellaria(Svellia)\varicosa Brocc. < >< 2e Dolichotoma cataphracta Brocc.. x x es x Sureula recticosta BELL... ........ x D — dimidiala Brocc .... X X XX Genotia ramosa BAST...-. 0.00 < x << X LS Pleurotoma turricula Brocc..... << << x — (Clavatula) cf. inter- Ostr ea callifera, lit cal careux blanchätre'à la base: 5.44... 0,90 DHATenTCPbleUe COMpACIe RES dE eus tra 1,00 STAMPIEN. { 4 Argile brunâtre schistoïde...................... 0,40 3 Argile sableuse avec débris grossiers. ........... 0,60 2 Sable jaune grossier, fossilifère................. 0,40 | 1 Sables gris grossiers avec grès irrégulier, dents de Poissons, Halitherium, Ostrea callifera...... 2,50 PERMIEN. O0 Grès-arkose, blanchâtre, profondément raviné, CR DIOLÉ SUD PAR ARE ne Can 3 à # m. Les couches 1 et 2 sont d'épaisseur variable et à l'extrémité de Ja carrière la couche argileuse 3 est en contact direct avec le grès permien. Les débris de base restent les mêmes. V. Coupe à Eckelsheim. Entre Kreuznach et Alzey, à 10 km. de chacune de ces villes, vaste sablière dite du Steigerberg, altitude de 158 m., plateau à 220 m. [ROTOORVE SCALE NE Le Re 0,60 7 Sable blanchi, demi-fin, assez pur............... 1,00 6 Sable jauni, analogue au supérieur.............. 1,50 5 Sable blanc, fin;:pur, stratifié 2...,.......1.12 1,20 # Sable gris, assez gros, avec galets variés, souvent IMéS LOS LT te EE RE DU 2,00 STAMPIEN. ( 3 Sable jaune, demi-fin, fossilifère................. 1,00 2 Sable gris à stratification oblique, fossiles très fra- DOS te ne ET TR ES ane Ne à à 1,30 1 Sable gréseux en bancs irréguliers, galets de grès et de mélaphyre, Ostrea callifera, O. cyathula, O. rhenana var., Pecten pictus, P. inæqualis, P. cf. multistrialus 2,20 CC Les couches sont inclinées au Nord, les grès du Mittel-Roth- liegendes sont exploités au S. à une faible distance. VI. Coupe à Wüllstein. Village sur l'Apfel à 8 km. au SE. de Kreuznach. Plusieurs sablières vers le Schloss. 590 GUSTAVE F. DOLLFUS 6 Juin Stsable fin blanchatte MEME PRE OMC 0,30 2 Sable demi-fin, grisätre, avec fossiles roulés Ostrea callifera, O. cyathula, O. rhenana var., STAMPIEN. Isogonum Sandbergeri, Pecten pictus, P. Hening- haustesi le Cercre Re A NT DEP PR EE ; 1,00 1 Sable grossier très graveleux à la base, galets VATIOGSENE NN NUE RAA AT ERT ER TRE SRE ne 5,00 PerMiEN. Porphyre à pâte blanchätre ou rosée, cristaux blan- châtres confus ; profondément raviné, exploité, NAN 0) LEA RE D Ge A NC sr 3,00 VII. Coupe à Wüllstein _ A peu de distance de la précédente. 72 TT South pee Pphyre À NT ISES TT FiG. 1. — Coupe à WôLLSTEIN. lTerrefvésétale Mimoneusez Free Re 0,60 AS ATOlEtSRISe AenHIIÉeR ErreR ET Re rPe 0,20 5 Sable gris et jaune avec blocs de grès arrondis... 3,90 £-Grèssaune dur tabulaire RER etre Re 0,40 3:54 bleDIAN C2 He RER EE El Rene 1,20 STARS Sable jaune à stratification oblique, débris fossili- fères ROSirCA CAT ORA SA RE EME ARR 1,00 Sable tresigraveleux/#rossier 0 / Rene 1,50 Porphyre fortement raviné. Toutes les couches sont inclinées fortement au Nord. Dans la plaine de Kreuznach! les grès permiens barytiques et feldspathiques, accompagnés de mélaphyres de couleur claire, pointent de divers côtés ; ils sont surmontés par des sables très argileux qui ont été marqués spécialement comme « Septarien- 1. SANDBERGER. Sur l'âge des couches tertiaires du bassin de Mayence. Coupe in B.S.G.F., (2). XVII, p. 155 (1860) — Sreuer. Uber Tertiar und Diluvium. ps en der Niederheissischen Géolog. Vereins von 4 bis, 8 april 1909, p. 25-41, 5 pl. 1910 BASSIN DE MAYENCE 591 thon » sur la Carte géologique, mais qui se trouvent en réalité sur le prolongement des sables d’Alzey ; la faune est la même, et M. Lepsius en a donné, en 1883, une liste très étendue qui nous à permis de compléter celle de nos récoltes. Faune slampienne de Kreuznach. Voluta (Lyria) modesta MEriAx. Voluta (Volutilithes) Rathieri Hes. Chenopus speciosus Scui. sp. (Strom- bites). Pleurotoma (Surcula) belgica Gor». — (Hemipleurotoma) Du Chasteli Nysr. Pleurotoma(Hemipleuroloma) Sand- bergeri Desu. (P. Selysi de K.). Fusus (Streptochaelus) elongatus NYSE Fusus (Streptochaetus) Konincki Nysr. Fusus (Streptochaetus) Waeli Nysr. Murex (Favartia) Deshayesi Nysr. — Pauwelsi DE Ko. Typhis Schlotheimi Bevr. Lampusia flandrica DE Kox. (Tri- ton). Cassidaria Frissoni Lavizre. (C. no- dosa auct. non Soz.). Cerithium dissitum Desn. (Hemice- rithium). Tympanotomus trochlearis Lamk. sp. Benoistia Boblayi Desu. (Cerithium). Biltium sublima »'Ons. (Cerithium). Nalica (Helicina) achaténsis REcLuz, — (Megatylotus) crassatina Lamx. Trochus (Elenchus) rhenanus Mt- RIAN. Calyptra striatella Nysr. Rissoia Michaudi Nysr. Corbula (Agina) subpisum »'Ors. Cyprina rotundata AL. BRAUN Cytherea incrassata Sow. — splendida MériAN. Cardium scobinula MÉérrAN. — cingulatum Gorp. Lucina (Jagonia) squamosa Lamk. Cardila Omaliusi Nysr. Pectunculus obovatus Lam. — angusticostalus Laux. (P. obliteratus DEsu.). Arca Sandbergeri DEsn. Pecten pictus Go». — Hæœninghausi Der. Ostrea cyathula Lamx. (Cerithium). — callifera Lam. Cette liste complète celle de Weinheim qui est sur le même horizon, elle s'enrichirait beaucoup si nous y avions fait figurer les espèces découvertes dans les îlots tertiaires du Hardtwald comme à Waldblockheim, région que nous n'avons pas visitée, mais qui est très riche au point de vue paléontologique. Cette faune est tout à fait la même que celle de Klein-Spauwen et de Boom en Belgique, que celle de Jeur et Morigny dans le bassin de Paris et que celle de Bressancourt, Courgenay, etc., du Jura bernois, de la Haute-Alsace, de Bade et des environs de Bâle, c’est une faune d’une admirable netteté et aujourd’hui l'un des meilleurs horizons marins du Tertiaire (Oligocène moyen) sur lequel il n’y a plus guère à discuter. Au point de vue de la géologie générale, il faut mentionner encore que M. Grebe, en 1889 (Jahrb. geol. Land.), a suivi des dépôts graveleux importants appartenant aux sables d’Alzey sur les deux rives du Rhin au N. de Bingen, sur les quartzites du Bingerwald 599 M0 GUSTAVE F. DOLLFUS 6 Juin et jusqu'à Lahnstein, bien au-dessus de l'altitude des graviers des terrasses du Pléistocène ancien et prenant la direction du Wes- terwald. En montant au Nord du Bassin, on retrouve le Stampien sous la forme d’argile à Leda, dans une immense carrière, à Flôrsheim sur la rive droite du Main, à 8 km. à l'Est de Kastel-Mayence. VIIT. Coupe à Flürsheim. Grande carrière exploitée pour fabriquer du ciment. Diluvium graveleux, terrasse moyenne............ 4,00 { Argile gris foncé, bleuâtre, compacte, mal stratifiée, STAMPIEN. | à Re À avec gros nodules (Seplaria), fossiles variés.... 12,00 L'exploitation s'arrête à un niveau d’eau, à la côte 91 m. qui est en équilibre avec la rivière voisine du Main. Le plateau est à 122 m., les couches paraissent horizontales, elles sont surmon- tées en arrière par les couches à Cyrènes, elles sont séparées à l'Ouest par une faille verticale considérable du calcaire à Cérithes qui est au même niveau et horizontal à moins de 400 m. de distance. On trouve : Leda Deshayesi, Lucina tenuistriata, Nucula Du Chasteli, ossements de Poissons, d’'Halitherium Schinzi:; certains lits qui paraissent sableux sont formés d’un amas de Foraminifères qui ont été décrits principalement par Reuss, Alec. d'Orbigny, Bornemann ; l'épaisseur est ici de 65 m. Les argiles à Leda s’'avancent ensuite au Nord vers Francfort. Quelques localités, comme Eltville sur la rive droite du Rhin, ont fourni des débris végétaux ; à Wiesbaden les argiles ont été atteintes à 228 m. de profondeur ; à Vilbel une contre faille du Taunus ramène de la profondeur l'argile à Leda, reposant sur le Permien, avec énormes Ostrea callifera. A l'Est de Francfort sur les feuilles de Hanau, de Windecken et de Staden, il existe encore des îlots tertiaires argileux ou sableux subhorizontaux pincés entre le grès permien et le basalte, appartenant toujours à l'Oligocène moyen; les argiles ont fourni des Foraminifères, et les sables plus ou moins graveleux ou calcareux des Osfrea callifera ! ou des Cerithium plicatum. 1. 1819, Ostrea callifera Laux. (0. hippopus Lx. pars 1806). 1850, O. Collini Mérran in A. Braux. Darstellung Mainzer Tertiarbeckens, 2 Auflage F. Walchner’s Geognosie, p. 36. 1862, O. callifera Lau. Desmayes. Animaux sans vertèbres du Bassin Paris, IT, p.110. 1864, O. callifera Lx. F. SaxpserGer, Die Conchylien des Mainzer Tertiarbeckens Pepe cv fe 6: pl xx v tie 1e 1891, O. callifera Lx. Cossmaxx. Révision sommaire faune oligocène marine Étampes. J. conchyl. xxx1, p. 46. 1884, O. callifera Lx. Vox Kozxex. Die bivalven der Casseler. Tertiar-Bildun- 1910 BASSIN DE MAYENCE 593 En Wettéravie l'argile à Leda est surmontée par des bancs épais de lignites ; elle disparaît sous les basaltes du Vogel Gebirge mais nous la retrouverons aux environs de Kassel et de Marbourg. MARNES D'OFFENBACH À CYRENA CONVEXA Les Marnes à Cyrènes du bassin de Mayence (Cyrenen Mer- gel) succèdent normalement à l'argile à Leda, et l'horizon sépa- ratif est très difficile à fixer ; c'est bien la suite de la même assise, car les éléments saumâtres apparaissent peu à peu cédant la place eux-mêmes à des dépôts purement lacustres et ligniteux. Non seulement cette partie terminale est bien marquée par ces dépôts modifiés, mais on y observe finalement un ravinement important qui me paraît destiné à jouer un rôle de premier ordre dans la classification. Les géologues locaux, MM. H.C. Weinkaulf, Grooss, Boettger !, Lepsius, etc., ont fait de grands efforts pour subdiviser la masse, souvent fort épaisse, des couches à Cyrènes, ils ne sont pas entièrement d'accord, car beaucoup de leurs subdivisions sont purement locales ; en gros, on peut dire que les couches à Cyrènes débutent par des marnes sableuses marines dont la faune est celle des sables de Weinheim, elles se poursuivent par des marnes saumâtres à Cérithes, des marnes à Cyrènes, et finale- ment se terminent en quelques points par des marnes calcareuses lacustres à Limnæa fabula. Voici quelques coupes que nous avons examinées en avançant du Sud vers le Nord du Bassin. IX. Coupe à Rossloch Entre Alzey et Erbes-Büdesheim. Alt. 280 m. MérreVéSétale ren PRE Rs dns 1,00 | 3 Argile marneuse verdâtre (avec une bande de ; | rognons de carbonate de chaux à la base)........ 1,10 STAMPIEN. | 9 Calcaire blanchâtre (local) pétri de Cerithium plica- : (Marnes tum, Tympanotomus margaritaceus, ete......... 0,90 à Cyrènes). l Argile verdâtre avec nombreux fossiles, Cyrena conveæa, Cerilh. plicatum, Tymp. margarilaceus. 2,00 gen (O0. Speyer) pl. 25, fig. 4-6; pl. 23, fig. 9-10; pl. 24, fig. 11 ; pl. 26 der-Kaufungen, Ahnegraben. Appartient au groupe des Giqantostrea Sacco, 1897. 1. O. BozrrGer. Ueber die Gliederung der Cyrenen Mergelgruppe im Main- zer Becken. Bericht Senckenb. Natur-Gesell., 55 p. Francfort, 1875. fi L'eNie- 1e mai 1911. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 38. 59% GUSTAVE F. DOLLFUS 6 Juin Toutes les couches plongent de 5 à 8° au NE. Entre Volxheim et Hackenheim, dans les vignes, à quelqueskilo- mètres auSE. de Kreuznach, on voit au-dessus des sables marins d'Alzey une argile verte un peu marneuse très fossilifère, sans que le faciès de l'argile à Leda s'intercale visiblement entre ces assises. Nous y avons recueilli les espèces suivantes : Faune des Marnes à Cyrènes d'Hackenheim. Tympanotomus margarilaceus Broccui sp. (Muricites). — conjunctus DesnAYes (Cerithium). Cerithium (Pirenella) plicatum BruG. var. Galeotti Nysr. — — — — var. papillosum SAND8. Polamides Lamarcki BronG. nomb. var. Nerilina alcodus Sans. Stenothyra pupa Nysr. (Paludina). Bithinella helicella À. Braux (Littorinella). Cyrena convexa BroNGnrarT (C. semistriata Desu t}. Corbulomya crassa SANDs. Poronia (?) rosea Saxps. (Genre douteux). Tout à fait au sommet du coteau M. Boettger signale : Limnæa fabula BroxG., Hydrobia elongata Faus., H. aquitanica C. MAYER, Amnicola glaberrima BoETTGEr. Les Marnes à Cyrènes présentent toute une série d’affleure- ments sur la rive droite de la vallée de la Wies, affluent de la Nähe : Sulzheim, Saint-Johann, Horweïler, parallèlement aux affleure- ments des sables marins d'Alzey; elles présententun très grand déve- loppement dans la vallée de la Selz, petit affluent gauche du Rhin ; on peut en voir des affleurements à Selzen, Sorgenloch, Nieder- Olm, Stadeken, Elsheim ; dans ces deux dernières localités on trouve intercalés des sables jaunes micacés fortement inclinés au NW. et puissants de 20 m. au moins, avectoute une faune marine ; quelques bancs gréseux renferment des empreintes de feuilles (Cinnamomum). I y a encore les localités de Sauer-Schwaben- heim, Gr. Winterheim, Ober Ingelheim. A la station de Nieder-Ingelheim une très grande et impor- tante carrière nous a donné la succession suivante : 1. Il me paraît indispensable de restituer à cette espèce le nom plus ancien de Brongniart comme nous avons fait dans le bassin de Paris, car il ne paraît plus res- ter aucun doute que ce ne soit bien le Cytherea convexza BroxGT., 1822. Descrip. géol. env. Paris. 1910 BASSIN DE MAYENCÉ 595 X. Coupe à Nieder-Ingelheim. PI. VI, fig. 2. Station entre Bingen et Mayence, rive gauche du Rhin. Alti- tude : environ 100 m. DiPenresvénetaler ir eue Ji Re IE 0,30 Diruviuu. 4 Sable graveleux très mélangé (Terrasse de Mos- DAC nn de ons PPS ee ma NES 1,20 s sAtToilemmanneuse verte, 20. 4e a M 1,20 mi Couche de lipnite-brunâtre.:. 4 2e 2. Lo 0,80 (Marnes k , | 4 Argile marneuse grise et verte stratifiée, fossiles à Cyrènes,. DATE MISIDIE SUP, NA ENTER AA A 10,00 Les couches du calcaire à Cerithium (calcaire de Hochheim) sont visibles au-dessus, dans le coteau, à Ober Ingelheim vers 180 m. d'altitude, ravinées à l'altitude 220 par les ables d'Eppelsheim. J'ai ca dans les marnes vertes à Ingelheim : Tympanotomus margaritaceus Broc- Hydrobia elongata FAusAS sp. CHI. Bithinella helicella À. Braun. Cerithium plicatum Bruc. Cyrena convexa BRoNGT. sp. Potamides Lamarcki BronGr. Un petit banc de marne calcaire blanche intercalé dans la couche ligniteuse m'a donné : Limnea inflala BroxGr. Ancylus Senckenberqi Borrrerr. Planorbis,2 esp., peu déterm., écra- sées. Mais c'est surtout à Lôrzweiler, à 5 km. au N. d’Oppenheim sur le Rhin, que les coquilles fluviatiles et terrestres sont connues ; dans les Marnes à Cyrènes, avec empreintes végétales, on cite : Patula multicostata, Archæo:sonites subverticillus, Helir Sand- bergeri, Pupa lamellidens et beaucoup d’autres espèces décrites par M. Boettger; la plupart de ces formes passent dans les couches à Cérithes de Hochheim et c'est certainement la considération de la présence de ces espèces qui a conduit MM. Lepsiuset von Kœnen à distraire les couches à Cyrènes des argiles à Zeda pour les clas- ser avec les couches de Hochheim, mais la faune marine qui les accompagne est sibien celle des sables d’Alzey, la succession des lits est si insensible, le ravinement terminal, au contraire, est si bien marqué, que, tout bien considéré, nous réunissons comme M. Steuer et M. Mordziol les couches à Cyrènes au véritable Stampien, admettant sans difficulté des affinités entre l’'Oligocène moyen et l'Oligocène supérieur, étages différents d’une même période. 596 GUSTAVE F. DOLLFUS 6 Juin Les Marnes à Cyrènes continuent à plonger vers le Nord et à Weisenau, près de Mayence, on les retrouve à la base des grandes carrières du calcaire à Cérithes. XI. Coupe à Weisenau Carrière du Sud. RE A Ta. 2 2 Ya — Ts PE ni FiG. 2. — Coupe à WBIsENAU. . Calcaire à Corbicules. 5 Calcaire mal stratifié à Corbicula AU TASSE PSN EE AE Re 8,00 Z / 4 Calcaire jaune, dur, en bancs continus, Cerith. di à = Claire plicatumitiquelquestHeire RER 2,00 E d 3 Calcaire jaunâtre, tendre, très irrégulier, tuf- nl Le , Rs SIUCenthes face Gérithes Rene PET Re RER RER 11,00 bd érithes. arr ci à atifié 2 Calcaire blanchätre, mal stratifié, avec quel- \ ques lits marins à Foraminifères............ 200 SrAMPIEN, Marnes à Cyrènes. 1 Marne argileuse verte, assez bien stra- tifiée ; faune saumâtre à Cyrenaconvexæa. 1,80 La ligne de Jonction entre la marne verte (n° 1) et le calcaire blanchâtre tuffacé (n° 2) est extrêmement nette, c'est un change- mentabsolu de régime, une limite stratigraphique très évidente que nous verrons se transformer en un ravinement à Offenbach. Les Marnes à Cyrènes se poursuivent au Nord sur la rive droite du Main, au bas du coteau à Hochheim, elles ont été rencon- trées dans le forage de Wiesbaden et se montrent en affleurements clairsemés, masqués par un puissant Diluvium, jusqu'à Francfort ; au delà du faubourg de la rive gauche du Main nommé Sachsen- hausen, on observe la coupe suivante, à Offenbach. 1910 BASSIN DE MAYENCE 597 XITL. Coupe à Offenbach Carrière à Tempelseemühle, plaine à l'altitude de 1 15 m. P Sables graveleux irréguliers. 2 4 RARES L É : : ï ‘ : KasséLiEN {| # Calcaire jaune, tendre, oolithique, avec Cerith, plica- (Calcaire tum, lits de Foraminifères, Cailloux de quartz à laiteux à la base. 3,00 4 Li cr " 3 a 1 è Cérithes) | 3 Gros sable gris graveleux ; ravinement. 0,50 SrAMPIEN |. ae STAMPIEN | 2 Argile stratifiée brune. 0,20 (Marnes ; ; ; ë : 1 Argile vert clair, cassante, cristaux de g Ypse, Cyrènes) poupées calcaires. 5,00 FiG. 3. — Coupe à OFFENBACH. Cette carrière est très remarquable, elle montre qu'il existe un ravinement entre les Marnes à Cyrènes etle calcaire à Cérithes qui vient au-dessus et qui est ici franchement marin à sa base. Ce ravinement qui ne fait que s’accentuer en s’avançant vers l'Est est le principal accident stratigraphique de la série tertiaire du bassin de Mayence, et il nous paraît devoir former la limite entre l'Oligocène moyen et l’Oligocène supérieur. Toutela grande plaine de Francfort cache sous une grande unifor- mité des accidents tectoniques importants; des forages ont mon- tré que les couches n'étaient pas seulement plissées comme on pensait autrefois, mais qu'elles étaient aussi franchement fail- lées. Aiünsi, sous les pavés, à Francfort, on trouve l'argile rupélienne sur une épaisseur de 105 à 115 mètres en contact direct sur le mélaphyreet les grès du Permien,avec une eau minérale sodique trèsriche, tandis que c’est le banc de calcaire à Cérithes qu'on trouve au niveau du sol à 2 km. à l'Est; l'amplitude de la dénivellation est de 200 m. au moins, c’est le prolongement de la faille de 598 GUSTAVE F. DOLLFUS 6 Juin Darmstadt en bordure de l’'Odenwald sur la rive droite du Rhin. C'est à Seckbach, à 7 km. au NE. de Francfort, qu'ont été trouvés, dans les marnes à Cyrènes, les ossements d'Hyopota- mus seckenbachensis décrit par M. Kinkelin, espèce qui passe dans le genre Anthracotherium pour M. Stehlin, de taille plus faible et probablement un peu plus ancien que l'A. Cuvieri. Plus au Nord dans les villages de Gross Karbenet de Klein Kar- ben nous allons voir le calcaire à Cérithes franchement marin, sableux et graveleux à la base, reposer sur les marnes à Cyrènes occupant le bas du coteau et le fond de la vallée. Les couches à Cyrènes sont finalement signalées par Ludwig à Friedberg et à Pfaffenhof jusqu'à la région basaltique ; des forages les ont révélées aux environs de Windecken et de Hanau et on constate d'importantes couches de lignite à leur sommet. Voici les sub- divisions d'ordre local proposées dans la masse de 50 à 60 m. que forment les Marnes à Cyrènes. 5 Marnes à coquilles d’eau douce de Pastenheim et lignites de Wetteravie. Marnes À L : En : - à 4 Argile verdâtre à Cyrena conveæa, C. plicatum franchement x saumâtre. Cyrènes : : NT d'Offen 3 Argile verte marneuse à /sogonum Sandbergeri et C. plicatum var. papillosum. bach. a ù à a a Le Marne sableuse à Chenopus tridactylus (rare). 1 Marne sableuse et sables d'Elsheim à Corbulomya Nysti, Pec- tunculus obovatus, Ostrea cyathula. . Nous empruntons à M. Boettger une liste! succincte des princi- pales espèces de l'horizon à Chenopus (Chenopussand) pour mon- trer sa liaison intime avec les Sables d’Alzey et même limpossi- bilité de leur attribuer une classification différente. Borsonia decussala BEYR. Cytherea splendida Mérran. Fusus elongatus Nysr. Cyprina rotundata Ar. Br. Typhis cuniculosus Nysr. Isocardia substransversa D'Or. Lampusia flandrica DE KoN. Cardium cingulatum Gorpr. Cassidaria Frissoni LAVILLE. — scobinula MERrAN. Cominella cassidaria A. Braux.(Buc- Lucina (Divaricella) undulata Lam. cinum Gossardi var. ?). Leda gracilis DEsn. Nalica achatensis REcLUz. Pectunculus obovatus Lam. Trochus rhenanus MErtAN. Avicula stampensis Desn. Rissoa Michaudi Nysr. Ostrea callifera Lamx (var. mayor). Corbula Henckeliusi Nysr. — cyathula Lamx. Tellina Nysti Desn. Pecten pictus Gozpr. Cytherea incrassala Sow. 1. BosrrGer. Ueber die Gliederung der Cyrenen Mergel gruppe im Mainzer-Bec- ken. Frankfurt, 1875, p. 55. 1910 BASSIN DE MAYENCE 599 M. Carl Koch! signale en outre dans les Cyrenen Mergel de la feuille d’'Eltville les espèces suivantes qui montrent bien l'union de toutes ces assises. Cerithium plicatum var. GarEoTrI. Sphaenia papyracea SANDB. Potamides Lamarcki,BRoxcG. Poronia rosea SANDB. Tympanotomus margarilaceus Cyrena subarata BRoNN. Brocc. Isogonum Sandbergeri Desu. (Perna) Cerithium abbreviatum Ar. Br. Lithodomus delicatulus Desu. OLIGOCÈNE SUPÉRIEUR (ETAGE KASSELIEN) CALCAIRE DE FLGRSHEIM A CERITHIUM PLICATUM gt HELIX RAMONDI. (— Cerithien Kalk — Landschneken Kalk) — Hochheim Kalk. Le calcaire à Cérithes du bassin de Mayence est facile à étu- dier, car il est l’objet- d’une grande exploitation industrielle pour la production des ciments. Au Sud, il couronne les hauteurs aux environs d'Alzey, ainsi que les collines de Wôrrstadt, d'Hilbersheim, mais son épaisseur est réduite, il plonge au NE. comme toutes les autres couches, il prend une puissance notable en s’approchant de Mayence; il s'étend longuement sous la plaine, entre Mayence et Francfort, et pénètre en Wettéravie où il devient franchement marin et passe latéralement aux sables de Kassel, couvert par les basaltes. Il paraît reposer normalement au Sud sur les couches à Cyrena convexa, mais ce contact devient graveleux près de Hochheim, et en montant au N., à Offenbach et à Gross Karben, se transforme en un ravinement puissant quidétermine son isolement de l’assise précédente. Au sommet le calcaire à Cérithes devient de plus en plus saumâtre et 1l passe à une marne calcaire à Corbicules par une transition stratigraphique insensible, la séparation n'étant mar- quée que par l'apparition et la disparition de certains Mollusques, question que nous étudierons plus loin avec détails. . XIII. — Coupe à Weisenau. PL. IX, fig. 3. Vaste carrière exploitée par la Société des Ciments, genre Portland, de Mannheim, rive gauche du Rhin, à 2 km. au SE. de Mayence. Terre végétale et limon brunâtre.…..........., 0,20 10:Limon = YLoessicalcairé mere tn 1,50 (Anciennes fouilles avec poteries romaines) 1. Erlauterungen zur Geol. Specialkarte von Preussen. Feuille 67, n° 59, p. 31. Berlin, 1880. 600 GUSTAVE F. DOLLFUS 6 Juin Faille de premier ordre Kasselien { Oligocene superieur)| Slampien ligocen 7 (Oligocène moyen) a Argile a Leda == || Sbes mans Permien QI Couches de Lebach | Sables de Kassel ——— Faille secondaire le : DARMSTA | | | | Fleistocene Albisheim + ; Lt Te nn] A WORMS FiG. 4. — Carte géologique-schématique du Bassix DE MAYENCE. — | 1910 a gr ER BASSIN DE MAYENCE 601 Pcéisrocène 9 Graviers rhénans diversement cali- brés et très variés — Ancienne ter- rasse, ravinement intense ; Épaisseur Varia Plein ss 0,40 8 Calcaire jaune, tendre avec profu- | À sion d’I.inflata ; quelques bancs | Calcaire Es SRSpee ES ; endurcis avec Corbicula Faujasi; a . . : quelques lits marneux, gris, non Corbicules. - £ CONNUS eu et 10,00 7 Banc calcaire pétri de Corbicules. 0,30 6 Calcaire tuffacé blanc, grumeleux, tendre, mal stratifié — Cerith. £ TOUEE OU ARE RON RES ET IDE 9,00 = 5 Calcaire massif, plus solide, gru- a meleux avec filets argileux dis- à : continus. Banc principal....... 4.00 # | Calcaire : : Pins - . 4 Calcaire gris sableux à Cérithes.. 3,20 à : Fe Céritl 3 Calcaire marneux stratifié... ...... 0,60 srithes. : 3 5 se 2 Marne grise et verte à C.plicatum. 0,30 1 Calcaire jaune et bleu sans stra- tification. Un sondage de 13 m., fait au fond de la fouille, n’est LS . . \ se | pas sorti du calcaire à Cérithes. Hauteur totale ste. Le... 44 m. Entre le calcaire à Cérithes et le calcaire à Corbi- cules le passage est continu ; il ya seulement l’appa- rition du Corbicula Faujasi et de Hydrobia inflata en grande abondance. Le calcaire à Cérithes est un calcaire très pur, tuffacé, sans solidité, sans strati fication précise; il se présente plutôt comme une pré- cipitation chimique que comme un sédiment aqueux. Les couches plongent de quelques degrés au N. seu- lement; cette pente suffit cependant pour que dans la carrière située au Sud, à 1500 m. environ, on puisse constater à la base l'apparition des couches à Cyrènes dont nous avons donné précédemment la coupe XI. Les fossiles marins sont encore assez nombreux à la base, en paquets très irréguliers; parfois 11 y a des lits de Zsogonum Sandbergeri, de Mytilus, Modiola, d’autres fois ce sont de petits nids de coquilles ter- restres (Helix, Pupa) qui sont évidemment des apports flottés d’un affluent fluviatile voisin. | Il y a encore des blocs agglutinés de tubes de Phryganes et des tablettes couvertes de Cypris faba qui offrent une grande analogie avec les couches du | | Bou" ie | GuSTAVE F. DOLLFUS Faille de Premier ordre Kasselien Sables de Kassel { Oligacéne SUperTEUr) Faille secondaire Argle a Cyrenes Slampien £ (Olgocène my) => | Argile a Lede (0/9 | Sables marins 2 en LL Couches de Lebach € à Lt F6. 4. — Carte géologique-scl 1ématique du BASS IX pe Ms BASSIN DE MAYENCE PLÉISTOCÈNE 9 Caleaire | à { | nl Z = 5 el] n n < * | Calcaire à Cérithes. Graviers rhénans diversement cali- brés et très variés — Ancienne ter- rasse, ravinement intense; Épaisseur MAR ADI RTS A ET ne Me S Calcaire jaune, tendre avec profu- sion d'A. inflata ; quelques banes endurcis avec Corbicula Faujasi: quelques lits marneux, gris, non CORTE Re 7 Banc calcaire pétri de Corbicules. 6 Calcaire tuffacé blane, grumeleux, tendre, mal stratifié — Cerith. HER CU RUN ER TE Ra 5 Calcaire massif, plus solide, gru- meleux avec filets argileux dis- continus. Banc principal... 4 Calcaire gris sableux à Cérithes.. 3 Calcaire marneux stratifié... 2 Marne grise et verte à C. plicatum. 1 Calcaire jaune et bleu sans stra- tification. Un sondage de 13 m., fait au fond de la fouille, n'est pas sorti du calcaire à Cérithes, Hauteurtotale.............. QU 0,40 10,00 0,30 9,00 1,00 3,20 0,60 0,30 #4 m. Entre le calcaire à Cérithes et le calcaire à Corbi- cules le passage est continu ; il y a seulement l'appa- rition du Corbicula Faujasi et de Hydrobia inflata en grande abondance. Le calcaire à Cérithes est un calcaire très pur, tuflacé, sans solidité, sans strati fication précise; il se présente plutôt comme une pré- cipitation chimique que comme un sédiment aqueux. Les couches plongent de quelques degrés au N. seu- lement; cette pente suffit cependant pour que dans la carrière située au Sud, à 4500 m,. environ, on puisse constater à la base l'apparition des couches à Cyrènes dont nous avons donné précédemment la coupe XI. Les fossiles marins sont encore assez nombreux à la base, en paquets très irréguliers; parfois il y a des lits de Zsogonum Sandbergeri, de Mytilus, Modiola, d'autres fois ce sont de petits nids de coquilles ter- restres (/elir, Pupa) qui sont évidemment des apports flottés d'un affluent fluviatile voisin. Il y a encore des blocs agglutinés de tubes de Phryganes et des tablettes couvertes de Cypris faba qui offrent une grande analogie avec les couches du 602 GUSTAVE F. DOLLFUS 6 Juin calcaire de la Limagne. On a trouvé à Weisenau des ossements d'Anthracotherium minus et de quelques autres Vertébrés dont la revision serait fort utile. On trouvera des coupes très détaillées dans Ludwig (1865) et dans Lepsius, mais la succession des bancs est purement locale et toutes ces coupes ne sont guère comparables d’une année à l’autre. Dans la localité célèbre de Hochheim, à 5 km. à l'Est de Kas- tel-Mayence, on ne voit plus grand chose, les carrières sont abandonnées et il faut chercher beaucoup pour trouver peu, mais à Flürsheim, à 2 km. plus à l'Est, de vastes exploitations donnent une coupe complète et des fossiles en abondance. XIV. — Coupe à Flôrsheim. Carrière exploitée par la maison Dyckenhoff et Sohn de Falkenberg. PLÉéISTOcÈNE : Graviers grossiers, très altérés, terrasse moyenne... 1,20 7 Calcaire jaunâtre, grenu, tendre, à C. plicatum. 3,00 > 6 Alternance de calcaire tendre et de bancs plus KASSELIEN fermes AAéDLIS MENU Men ne Perte Ne 2,60 5 Calcaire très tendre, malstratifié à Cerith. plicatum, Calcaire Neritina, Algues calcaires: H\REi HN te 1,00 à 4 Calcaire pétri de 1sogonum Sandbergeri........... 0,40 Cérithes | 3 Calcaire jaune, grenu, avec paquets de coquilles ter- restres (Helix, Pupa, Pomatia) Helix Ramondi abondante US An AL DNA er A En ee A NP 3,20 2:Délit lisniteux MOI ER PRE CRE Er NN A 0,10 | 4 Calcaire blanchàtre tendre, un peu marneux...... 2,60 La formation se continue au-dessus sur une forte épaisseur, la vallée est à 91 m., le plateau à 126 m., les couches sont sensible- ment horizontales ; une grande faille dont nous avons déjà parlé est observable à peu de distance à l'Est, elle amène en contact les argiles bleues à Leda. Un forage, à Hochheim même, a trouvé sous le calcaire à Cérithes, les couches à Cyrènes sur 100 m. d’épusseur, au-dessous le Rupelthon sur 200 m. et a atteint finale- ment le grès permien vers la cote — 250, au contact duquel on a obtenu une eau chaude, très minéralisée, très voisine de l’eau de Wiesbaden. Dans une carrière sur la route de Wicken, un peu au Nord, la base du calcaire à Cérithes a été autrefois observée par M. C. Koch avec un gros conglomérat de cailloux de quartz. Si, continuant vers le Nord, nous examinons les environs de A ane 1910 BASSIN DE MAYENCE 603 Francfort, les terrasses d’Offenbach nous offrent de grandes exploitations dans lesquelles nous avons pu voir le contact infé- rieur du calcaire à Cérithes (coupe XIT) sur les marnes à Cyrènes, et son contact supérieur ‘coupe XV) avec sa couverture de cal- caire à Corbicules. Pénétrant en Wettéravie, le calcaire à Cérithes a été atteint par de nombreux forages aux environs de Windecken (A. von Reinach). Et un peu au N. une coupe très importante, classique, est visible au village de Gross Karben. Les fouilles sont situées sur le côté gauche de la vallée, vallée bien trop large pour le faible cours d’eau qui la parcourt aujourd’hui. XV. — Coupe à Gross Karben. 2 - e ° 2 23 Ê ° its Hi Ne 17 Fi. 55. — Coupe à Gross KARBEN. Terre végétale..... SA ST RSS De On US OS MERE 0,40 7 Calcaire Jaunâtre, grenu avec quelques grains de quartz blanc, lits avec nombreux /sogonum Sand- bergert et 'Cerithiumsplicalumes FU 3,00 6Narne blanche pure Ass SR Are Re 0,50 Calcaire | 5 Calcaire blanchätre, un peu marneux, à fentes ver- à ticales,: FPofamides Lamarcki, Helix..:.:,. 1 1540 Céritnesmihæ4Banc de calcairerdlur Meme ER MER en 0,10 Di LIR DATOER VOTES MR MATeS Re RATE 0,20 2tBanc-de calcaire dupe APE EU TR sr 0,08 1 Sable graveleux blanchätre lié aux couches précé- dentes, €. plicatum, Neritina, visible sur... ... 3,50 Dans le bas de la coupe, le calcaire à Cérithes devient un sable à Cérithes, les marnes à Cyrena convexa sont visibles à quelque distance en contrebas et un forage profond à Gross Karben étudié par M. Steuer, en 1908, a montréle sable à Cérithes fossilifère sur cent mètres d'épaisseur reposant sur des couches ligniteuses 60% GUSTAVE F. DOLLFUS 6 Juin qui n'ont pas été percées. Toutes les couches sont faiblement inclinées vers le Nord. Une petite faille oblique vient déniveler, de quelques mètres la section tout entière !. Une très bonne coupe de Klein Karben a été donnée par Ludwig dès 1855 avec une liste étendue de fossiles (Geol. special Kart. Grossherzogthum Hessen, sect. Friedberg, p.22, 25). La faune est bien celle du calcaire à Cérithes, mais avec quelques éléments marins plus abondants, elle prépare le faciès purement sableux des sables marins de Kassel. Une seconde carrière montre en abondance Tympanotomus submargaritaceus et T. conjonctus, Cytherea incrassata. Ludwig a trouvé : Helix deflexa, H. pulchella etil a suivi la formation au N. | jusqu’à Friedberg oùellese cache sous les basaltes ainsi qu’à Assen- | heim, Hombourg et même Munzenberg sur la route de Geissen. Faune du Calcaire de Flérsheim | (Cerithien Kalk, Landschnekenkalk)?. Colonne 1 Espèces communes avec les couches à Cyrènes.... A | — 2 — — — les couches à Corbicules.... C — 3 — _ — _ à Hydrobies.. : . W — 4 Espèces signalées dans le calcaire d'Etampes, Kas- SCENE PRE RP RE RS ME TEE E — 5 Espèces signalées dans le calcaire de Pithiviers, AUITADICN (VAL) RCE A RARE ANR ANR E — 6 Espèces signalées dansle calcaire blanc de l’Agenais, RASSETER RS R e en ln Re B — 7 Espèces signalées dans le calcaire gris de l’Agenais, AQUILADIENA (YPO) ere Pr RARES SR G G. (Oleacina) subsulcosa Tu. sp. cf. G. rugulosa. Sc. M... B.. PI. v. , G. (Oleacina) . Sandbergeri. Tom. 1. A. Sreusr. Bericht über die. Excursion nach den Aufschlüssen in Tertiaer von Gross und Klein Karben und Offenbach. Bericht des Oberreinischen Geol. Vereins, mit profil. Stuttgard, 1904. 2. Nous avons groupé en une seule liste toute la faune malacologique du calcaire à Cérithes en une revision soigneuse, sans tenir compte des espèces non figurées, de celles fondées sur des échantillons uniques, ou de gisement stratigraphique douteux, et dans deux colonnes nous avons fait figurer les espèces communes aux couches à Corbicules et aux calcaires à Hydrobies afin d'en montrer les rap- ports étroits. 1910 BASSIN Tuomx (Achatina). PI. 1, fig. 11 Vitrina puncticulata SBc. L. u. S. PILES SRE TE TER ERE TERRES Archaeozoniles verticilloides À. Bra. Z.subverticillus SBa. PL.1, fig.6-7 À. Haidingeri Reuss. (Helix). L.u.S. PI. xxiv, fig. 26, incl. semiplanus? Nanina stenotrypa À. B. (Helix). L. DSP Cu pe 22e le Ar. Omphalosagda Goldfussi Tu. sp. (Héhio) ErrurS Pl: xxnr fes 21 Hyalinia deplanata Ta. sp. (Heliær. SGAM PIS ar fo 9e ro H. impressa SanpB8G. L. PI. xxim, fig. 23. La même que précédente ?. Trochomorpha imbricata À. B. (He- hr) Lau-S-Pl xx, fie: 201. Strobilus diptyx BorrrGer. L. u RlExxITT, fig: E ane À. B. (Helix). SAND. MPlSTIr fie: d Patula . mullicostala Tu. DANAG PL TR M AE nr he P. nana À. B. (Ielix) Sanos. L. u. SPC no den Een, disculus À. B. (Helix). JADE A Ra PA Li AR RER ERRRE RNERES res P. euglypha Reuss (Helix). L. u. S. ASS STE RES HAE eee P? paludinæformis A.B. (Helix)] L. UPS PI ER Xe PO AE Li. Helix (Gonostoma) osculum Tu. [1. Dometi DEnaIN.] et var. Jungi BorrePlEen etais He (Gonostomne) ihuoluta TH. L.u.S: IN SOS TARN VERRE RER H, (Gonostoma) phacodes Tu. L. u. So ER or ER PRES RE H, (Gonostoma) sublenticula Ssc. H. lapicidella Tu. L. PL. xxu, fig. 20... H, (Vallonia) Sandbhergeri Desn. H [lepida Reuss|? /1. pulchella A Bimon Muce Pl. rrr fig, 6,2. I. (Fruticicola) leptoloma AD: (HE. crebripuncla Sec.] 1. similis Tn. non An. PL. 11, fig. 6 [1. Bartayresi NouLET 18547] sen a 0 ie AT AT de H. (Fruticicola) villosa Tu. Sanns. M.B.PLu,fig.#[ 1. Lemani Bronc. 1810?) lie 0 lele os ets te jai see ele) 8 JP DE MAYENCE 605 E A C | W B G? G C | W B W À WE W E A CRIE IE C | W RE G W G COPANAUDE G GC | W B W |. E H. (Frulicicola) lepidotricha A. B. Sanp. L. u. Suss. R1. xxr1, fig. 21.. H. (Coryda) subsulcosa Taom. non H. rugulosa, H. colorata var..... H: (Macularia) deflexa A. B., H. alloiodes Taom. PL. 11, fig. #..... H. (Macularia) hortulana Ta, SanDs. AG 0 GR TA ES ARE RE CN RUE H. (Hemicyclus\ densipapillata Ss6. SUPp Pl RRXV, MIE EIRE ANR H. (Plebecula) Ramondi BrG., L. US AP ERXL Og E la ANEAnN RRIRSe H. (Parachloraea) oxystoma Tu. Lu rs Pl xx Ro PEN IE H. (Cyrtochilus) affinis TH. v. expansilabris S8c. sp. disting.?.. H. (Galactochilus) pomiformis À. B. cf. H. Mattiaca. PI. xx, fig. À H: (Galactochilus) Has STEIN. D'ANDB:: PLUIE 2e RIRE (Geotrochus) no. A D L. u. SPLIT fe TO EN IER An H. (Xerophila) subconspurcala San. ESS AD ROBES EPS Buliminus(Petræus) gr acilisT, Sb. L ue OS. PILPXXIIE fie. 2 s Cionella (Zua) lubricella À. B. sp. SAND M PIE VS ge 9.0 nee (Zua) splendens SBG. L. LE RE 0 à 9 LAN EM SN EUR CHENE Pupa (Torquilla) subvariabilis SAN- DBG Le 00 Pl XXI A0 Tee (Charadrobia) cylindrella À. B. Liu. SPL RES fe Te MERE P. (Orcula) subconica Ssc. L. u.S. PI. xxiu, fig. P. (Nequlus) lineolatus Braun. [P. IT. C. P, suturalis]. PI. vi, fig. 1. Sanps. Bass May. Plv, oser P. (Leucochilus) lamellidens Sec. PSS SPL ERXTIE EN D MORE RER Pupillaimpressa S8G. L.u.S. PI. xxin, LV DES SPORE SEA An AE CAE Prsubtilissima. A B:0L//u; SPL: ROC D Os Ee ee Lies ee MINE P. quadrigranata À. B., [P. parvula Desu.] Sanps. M. B. PI. v, fig. 14. Pupa (lthsmia) cryptodus A. B. SAND. M. Supp. PI. xxxv, fig. 7... P. (Vertigo) callosa Reuss cf. P. alloedus SBc. PI. xxxv, fig. 10... GUSTAVE F. DOLLFUS À NT A ECS EN Po SES ET AO A Pr B C CA E B B W B W E GA NVUINE GUY OME A CHIPNVAICE C | W CA NN EC 41910 BASSIN DE MAYENCE DA OO ET SN Aer pie de.ore : SM P. (Vertigo) didymodus A. B. let var. /issidens] L. tu.:S, PI. xxinr RO RE a met die C | W D trigonostoma À :B;, L’u.:S. PERRET ET OS EE sonne < PAS te 2) tiarula À..B., L.:u-5. PARC TO A ns ea aus o he P(s:g8.?) microhelix Ssc., L. u.|. SL xx, fo 18, nie rive Clausilia (Canalicia) articulata Ssc. US PLPxxUIT Pie, 4e C.{(Laminifera) rhombostoma Borr., PUS PIERRE He Dre C. protacta, C. collarifera, C. Koch, C. recticostala Bortrr. (Non figu- HELD) AA ARE RER RE CR Carychium nanum Save. L. u.S. PIERRE OS ee ESS) . 2 Carychiopsis costulatus Saxp8. L. u. SAP fite AO PSE, Limnea Thomæi Reuss.[L. Boettgeri DEGrANGE-Touzin] Pl. 1v, fig. #4 OMPDA CI TASER Se nette vus L.fabulum Broxc. et L. fabula Desu. A.S.V. PI. 45, fig. 17-19..| À Planorbis cornu BroNG. — P. cor- TICULUTRÉL HOME Len à à 85 0 à nu A) °C AW P. (Segmentina) dealbatus A. B., RS API ne OS TL ; Cu FEV P. (Segmentina) declivis À. B., L. (SEA Te ER RER : CIW Ancylus decussatus Reuss, SAND8. DURS PI XIV, fig 2.34, 0 Valvala gracilis Saxps., L. u. $. IAE SG PP RSR Moitessieria microceras À. B., L.u.s. REED MALO Dan à duce jate the des 2 re à Hydrobia elongata Fausas, non Turbo ventrosus MoxraGu, nec Cyclostoma acutum Drap........ À C | W H. obtusa Saxo. (Lilorinella). PI. vr, 1 SR MR SRE SP E H. aturensis Nour. DEGRANGE Touzix 1S93%D: D0- BG: P. 1208 se ; C Acicula limbata Reuss. L.u.S. PI. : D TO One Sr uial aie dpi diee Megalostoma pupa À. B. (Cyclost.) SAND LATE PE. de À NN œ we, es) we) (es (we) 608 GUSTAVE Pomatia labellum Tu. (Cyclost.) pu SP ER MeANr Per Cyclostoma nt BronG. L. u:. SPL xXIV Ie Sir rophostoma ne inatum À. B. L. 9.0Pl xt fo "t51 Cr ee utriculus SRG IE AU SABLES 10.02 9 RS NOR Stenothyra compressiuscula NAT Nemäatura pupa SanD. non Nysr:. S. ue Fupws- Liu Se PIE IT, DEMONCEOIC ED OO ONE DR ATEN Pr TE EN PAPA EscheriBroncr., SAND. PI. vi, A es PS NN RAS ETAT tn Liltorina Maguntina À. Br., San». PI. D QU Le LS PR AS NA R N ARUE 1 nids Bozrrcer cf. L. loxos- LOnta BAM, Re Nes Re Neritina callifera Saxd., Pl. vu, JTE DUREE RS RARE CES SORT EUR N. squamulifera Ssc., L. u.'S. Pi. OO PR UN OS LE RS CP EE ER TS N. pachyderma S8c., Saxo. PI. vu, LP PES DO SA USE AS PE QU Nerita rhenana THomx, SAND8. VEN fo MEbiete certe Bulla (Roæania) declivis À. B., San». MO R Pl xxx Supp:, 230% Cerithium plicatum-pustulatum SAx- DB SERA LOS SR AN RAA C. plicatum-enodosum San. M.B. PI. 10 QE VOA ISERE ER NE ae LES C. plicatum-Galeotti SaxD. M.B. PI. 1x) DDR RAA EAN E RPR PA IRE: Tympanotomus (Potamides) submar- ‘garilaceus À. B., San». PI. vin, fig. #. Clava Rathii A. B. (Cerithium) [C. Merceyi Cossmanx]; Sano. PI. 1x te ed OS BEEN MERE RER Portes Lamaréki Bronc., SAN5. MSBPE vor, ose seen PB (@)Narcuatum SBct, SAND PL HO SNN LS ER A à UE Slenomphalus cancellatus Tu.sp., Th. (Fusus). PL. 1v, fig. 8 (non Rapana Coss.) Me parait un bon sous- SÉNTENe M EUTDURE ES TU Psammobia tenuis DEsx............ Corbulomya sphenoides S8c GrrelongalanSBo rer nee Cytlherea incrassata Sow = F. DOLLFUS 6 Juin il 2 3 4 5 6: 7 E B G A TD G C (6 C (6 A E 6 C E B G (6 E B G A E c E B A E B C A E B 4910 BASSIN DE MAYENCE 609 MAPRAUTASTIBRONGT ANS. Moi. GNU Dreissensia Brardi Faus, sp....... Ge | EY Modiola Brauni C. et L.[ M. angusta Braux non RormEr] Isogonum rugosa Lunw., — Perna Deshayesi MAvER: ef nie ne. ; : , Ho 1. Sandbergeri Drsu. — Perna He- berti Cossmanx et LamBErrT...... A - 6 E? Sphærium (Cyclas) pseudocornea Reuss 4 Totaux : espèces.... 107:1 13 | 32 | 30 | 23 Le 1 D ne Le maximum d’affinités de cette faune malacologique est avec les couches à Corbicules etavec celles à Hydrobies, environ 30 07/0 ; avec le calcaire d'Étampes dans le bassin de Paris et avec le cal- caire blanc de l’Agenais dans l’Aquitaine il y a encore environ 20 0/0 d'espèces communes. En ce qui concerne les Vertébrés, les relations du calcaire de Flürsheim sont tout à fait intimes avec le calcaire de Saint-Gé- rand-le-Puy que nous classons dans l'Oligocène supérieur ou Kasselien. Une revision soigneuse faite par M. Max Schlosser de Munich des éléments anciens examinés par H. de Meyer l’a conduit à y reconnaitre : Aceratherium lemanense Pomez. Palæochærus Meisneri H. de M. Dremotherium Feignouxi Po. Amphitragulus pl. sp. Herpesles Lemanensis Po. Amphicyon pl. sp. Espèces et genres bien caractéristiques, communs aux deux régions et qui n'ont encore rien de miocénique. M. Filhol, dans sa revision des Mammifères de Saint-Gérand, ajoute trois espèces aux analogies déjà connues. Tilanomys veisenoviensis H. de Meyer — Lagodes picoides PoueL. — Steneofiber Escheri H. ne M. (Chalicomys). = St. viciacensis P. Gervais. — Lutra Valetoni E. Gxor. — Stepha- nodon mombachiensis H. ne M. Toute cette faune semble africaine, elle est de petite taille, elle présente une grande unité et elle contraste absolument avec le faune de grande taille, d'origine mal connue, qui arrive en Europe au Miocène avec les Anchitherium, les Mastodontes et les Dinotherium. 2 mai 1911. Bull Soc, géol: Fr. X° — 39: 610 GUSTAVE F. DOLLFUS 6 Juin Dans tous les groupes paléontologiques, d’ailleurs, l’affinité du calcaire à Helix et Cerithium de Klôrsheim et de Weisenau avec le calcaire de Saint-Gérand-le-Puy dans le Bourbonnais a été remarqué: M. Vaillant, dans une étude des Crocodiliens (Ann. Sciences. géol., IT, 1872), indique le Diplocynodon Rateli PomeL 1827 comme espèce commune. Alphonse Milne Edwards dans son grand travailsur les Oiseaux, autant qu'il en peut juger sur les matériaux incomplets du bas- sin de Mayence, conclut à une identité complète : Palælodus ambiquus, Tringa gracilis, Anas Blanchard. Enfin Oustalet, dans ses recherches sur les Insectes fossiles, dit que les calcaires marneux supérieurs d'Auvergne doivent être placés à peu près au niveau des Lignites du Rhin (faune de Rott). CALCAIRE DE WEISENAU A CORBICULA FAUJASI {Corbicula Schichten). Le calcaire, souvent marneux, à Corbicules occupe une grande étendue dans le bassin de Mayence, il couronne, sur une faible épaisseur il est vrai, les collines des environs nord d’Alzey (alti- tude 240 m.), il surmonte le calcaire à Cérithes à Ingelheim à 220 m. et prend tout son développement auprès de Mayence, nous l'avons indiqué dans la coupe de Weisenau, et 11 va plonger sous le calcaire à Æydrobia au NE. à Biebrich-Wiesbaden. On en connaît quelques lambeaux à Oppenheim près de la faille de la rive gauche du Rhin et près de Darmstadt le long de la faille de la rive droite. Aux environs de Francfort nous avons relevé la coupe suivante : XVI. Coupe à Offenbach-sur-le-Main Bieberberg, à l'Est de la coupe XII. PLEISTOCÈNE. Sable graveleux descendant dans des puits naturels de 3 à # m. dans le calcaire; de0,40 à. 3,00 4 Calcaire jaunâtre, avec lits argileux verdàtres Calcaire discontinus, quelques bancs sont pétris de C. E à plicalum, Dreissensia Brardi, Neritina sp. a | Corbicules. Corbicula Faujasi, Hydrobia elongata, IH. A ODA EN NEA ARE TS RAR RER 6,00 4 Caleaice \ 3 Calcaire blanchâtre, tuffacé sans stratification. 2,80 = VUS ] 9 Calcaire suboolithi n lits confus 6,00 : alce que enthNtsiConius tee , Bet | 1 Calcaire grenu, jaunâtre, Cerith. plicatum, pa- quets de Foraminifères vers la base....... 4,00 Une fouille a fait découvrir encore 20 m. de calcaire à Cérithes au-dessous de ce niveau. La distinction stratigraphique à Offenbach comme à Weisenau ce AT, Là 1910 BASSIN DE MAYENCE 611 entre le calcaire à Cérithes et le calcaire à Corbicules est toute conventionnelle, et cependant le plus grand nombre des géologues de la région ont tracé ici la limite entre l'Oligocène supérieur et le Miocène inférieur. Nous allons voir que la paléontologie, pas plus que la stratigraphie, ne permettent de conserver cette classification. Les couches à Corbicules montent au Nord, souvent ravinées par les sables du Miocène ou du Pléistocène, on les retrouve au loin au NE. à Münzenberg au-dessus de la grande masse sableuse avec grès et conglomérat qui fait suite aux sables de Kassel, vers 200 m. d'altitude ; le Corbicula Faujasi! est accompagné de IT. elongata*?. On trouvera dans une note publiée au Journal de Conchylio- logie une étude sur les Hydrobies anciennes typiques; nous y montrons que À. elongata FausAs (Bulimus) n’est en rien syno- nyme de À. ventrosa MonraGu (Turbo), ni de H. ulvæ PENNawr (Turbo), ni de H, acuta DraparnanD (Cyclostoma), ce sont autant d'espèces différentes. Faune du calcaire à Corbicules de Weisenau (Corbicula-Schichten). Colonne 1 Espèces communes avec les couches à Cyrènes À (Stampien). — — le calcaire à Cérithes F (Kasselien). — — le calcaire à Hydrobia W (Kasselien). — — le calcaire d'Étampes E (Kasselien). — — lecalcairede Pithiviers P(Aquitanien). — — lecalcaire blancde l’Agenais B(Kasse- lien). — 7 — — le calcaire gris de l’Agenais G (Aqui- tanien). © À © D Glandina cancellata Sans. M. B., A ÉSR EE FR A EE ON S ME RE A FA AVE Mae RE s G. (Oleacina) subsulcosa Tn., Acha- tinante lt fin, 42227 F . Archæozoniles verticilloïdes À. Br. — 1. increscens/TH:, p.499. À Fe WE le : B Strobilus uniplicatus A. Br. (Helix) SANDB:, M. B. Plernit fo A ù F Hyalinia deplanata Tn. (Helir) Tu. prl40 ct: H. cellarta Murr, 420 : JR PANNE à Helix (Gonostoma) osculum Tu., THo- MARIE D 4 ea ee Sale HA RRNNE UE 1. Les Corbicules (Megerle v. Mudhlfeld 1811) sont un sous-genre des Cyrènes caractérisé par la fine denticulation des dents latérales de la charnière ; l'habitat est également fluviatile. 2. F. Kixxerix. Eine Episode aus der mittleren Tertiarzeit des Mainzerbeckens, 1890, 612 GUSTAVE F. DOLLFUS H. (Gonostoma) involuta Tu., Tuomx, 19 EE TA AR AE ER ETES de H. (Vallonia) Sandhergeri Desu. [H. lepida Reuss var ?] Reuss., PI. 11) fe DOS RTOSSIC) AT REP H. (Fruticicola) leptoloma À. B. IT. Bartayesi Nourer] — H. crebri- DUNCLATA SRG MEANS Re H. (Coryda) Girundica Nour. Borr- ACER PI Ex re so M2 Tee H. (Coryda) subsulcosa Tn., Tao. Pl fe): ent AT ANNRnnre H. (Tachea) Moguntina Desx. (et var. Kincklinr B.) L. u. Suss., PL xxv, H. (Macularia) deflexa À. B., L. u. SUSS PIE XIV Ro DIR RL RE Pupa (Leucochilus) quadriplicatum. Fu. Suss. Pl xxv fn 24700 P. (Leucochilus) didymodus BRAUN. [P. Fischeri Des. P. Munieri Des, P. bifida Desu.]Sano. M. B. 1e RE ee fe ne de EU ete de P.(Pupilla) quadrigranata À. B.,[P. parvula Desu.et var.] L. u. S. PI. RIT, OS 0 PR TP en eee P.(Ithsmia) cryptodus A. B., L. u. SP IE em Re P.(Ithsmia) retusa À. Br., L. u.S. PI. xxx, p. 28. [P.Noulelt| "en nt. P. (Leucochilus) gracilidens Saxo. L. u. S. p. 600, Boerr. PL. 1v, p. 12-153. P. (Vertigo) ovatula Sann., cf. P. cal- lose Borrr: PA D OMR Re P. (Vertigo) angulifera Boerr. PI. IV, no 107 PRE METRE ue P. (Vertigo) callosa Reuss. (et var. alloædus) Pl VOST LEE P. (Vertigo) obstructa À. B., L.u.s. 1 AS A 1 RAT A CA ERA Clausilia bulimoides À. B., THouzx, PRIVATIDes 0 RER ARRETE Cionella (Zua) lubricella À. B., L.u. SPIRITUEL Carychium nanum A. B., L.u. S. 1e Tree NES RARES ENS DES Planorbis cornu BronGr. (Var. soli- dus) 1810, Ann. Mus. PI. xxu, fig. 6. P. (Segmentina) dealbatus À. B. San. Mayence, PI. vir, fig. 10... À? A — T — — — — — W W ï G B G B G B G G 1910 BASSIN DE MAYENCE | 613 1 2 3 4 5 6 7 P.(Segmentina) declivis À. B., SaNps. JOIE RE RE à 8 PSS ERA : EU : P B | G Limnea pachygaster Taomzx, PL 1v, Ho Me SDITe res COUTIC Le... N À W E À B L. subpalustris Taomx [L. cornea Bronc?] Tuouzx. PI. 1v, fig. 9...| . É WI E É B | G L. subbullata Sanps. (Un moule seu- lement) May. M. B. PL. vu, fig. 5...| . ; W L. minor TaomaE, p.157=—L. Dupuyi Borrr-#non NoUrEt. er... . + M beE : BAG Ancylus Senckenbergi Boztr. Fauna Corp Bec one Ar . AUNN. Gundlachia francofurtana Bozrr. 1rreRauna CG PlExx nee foed Vivipara pachysloma S8c. sp. (Palu- dina) use Ple ZLOAIDESENE CEE COR NME Ne Ie S Calcaires massifs tendres sans silex. 70 2 Ë ; el T: Calcaires et marnes de couleur claire.| 150 É T: Calcaires et marnes de couleur foncée.| 200 2 U Marnés foncées, bancs gréseux, luma- al Chelles sr Rene RATS mere 150 = V Calcaires et marnes en lits minces... 200 EE LL 1910 GÉOLOGIE DE REDEYEF (TUNISIE) 649 7 Rhinoceros tichorinus. Helix melanostoma. Le Silex taillés du type chelléen. ‘ 1 Galets à Nummulites. ! Niveau de l’Helix Tissoli. Niveau de la Gryphea qingensis d'H. Souatir. Bois silicifiés, dents de Crocodiles, Os d’Antilopes (niveau de la faune de Tozeur! à Merycopotamus). Ostrea multicostata, Carolia. à s O. multicostata, gros Bivalves. \ 1} Ll . . 4 \ O. multicostala, O. bellovacina, Re À . . Ê . \ O. strictiplicata, Thersitea, Dyrosaurus. Lo À . c: . . . \ \ O. punica, O. strictiplicala, Cardita. HE \ ® 1 e . . . . ' ‘ \ Exogyra Overwegi, Roudairia Drui. UNE l\ \ \ \ KW Inoceramus Cripsii. \ Lopha Gauthieri, L. Bursauæi, L. Rouxi, R. Drui, : Libycoceras Ismaeli, Lopha Villei, À Orbitoïdes Tissoti, Arnaudiella. it & Lopha Nicaisei, Orbitoides Tissoti. i-Bryr, — Haut et long. 1/60 000. Pour la légende voir le tableau ci-contre T Tissotia Fourneli, T. Tissoti, Pachydiscus, is Pyrina Bleicheri, Hemiaster Fourneli. À M Hemiaster Fourneli. L Lopha semiplana, Pycnodonta Costei, \\ Liostrea Boucheroni. As . — Coupe du Dyese Fr Durania Arnaudi, D. gaensis. ns / . nn 2 450 7 < 650 ROUX ET HENRI DOUVILLÉ 20 Juin constituée par des calcaires marneux et des marnes de couleur claire ; elle est nettement caractérisée par une faune d'A mmonites appartenant aux genres Tissotia et Pachydiscus, mais presque toujours d’une conservation médiocre; le premier de ces genres bien caractérisé par ses selles entières et sa selle externe subdi- visée par un petit lobule, paraît représenté par deux espèces différentes que l’on peut rapprocher des 7. Fourneli BAYLE et T. Tissoti Baye. Les Pachydiscus atteignent souvent une très grande taille : un fragment de dernier tour a 17 centimètres de largeur sur 12 d'épaisseur ; un petit échantillon assez bien con- servé peut être rap- porté à P. selbiensis PERVINQUIÈRE. On peut , citerenoutre danscette couche Pycnodonta vesicularis LAMK., Sale- nia, Hemiaster verru- cosus Coo,, H. Four- neli Coo., Rhyncho- nella. A lapartie supérieure on distingue un calcaire marneux phosphaté ca- ractérisé par Pyrina Bleicheri Taomas et GAUTHIER. ATURIEN. (S, R, Q, P}). — Cet étage com- prend à la base un Fra. 3. — Coupe au Nord du Ds. BET — 1/3 000. puissant massif de cal- Voir la légende dans le texte. ; è caire tendre sans silex (S), dont d'épaisseur atteint 70 mètres. Il présente à la base quelques Spongiaires siliceux et des Salenia indiquant un niveau assez profond ; une assise plus élevée est caractérisée par Lopha Nicaisei ; vers le milieu commencent à apparaître les Orbitoïdes et un peu plus haut abondent les grands Foraminifères à forme de Nummulites, Arnaudiella Grossouvrei Douv. Il faut signaler en outre des moules de Lamellibranches et de Gastropodes, de grands Spon- dyles (Sp. cf. hippuritarum) et Lopha dichotoma BAYLE, variété étroite et allongée. L'apparition des Orbitoïdes à un niveau relativement bas, à la base de l’Aturien, est certainement en relation avec le peu de Hé 1910 GÉOLOGIE DE RÉDEYEF (TUNISIE) 654 profondeur du dépôt, comme l'indique leur association avec des Bryozoaires. C'est donc plutôt un caractère de faciès qu'un carac- tère paléontologique. Les Orbitoïdes paraissent du reste de types variés et quelques individus rappellent les formes de Royan. Au-dessus affleure un ensemble de marnes foncées (R) dont l'épaisseur atteint de 70 à 100 mètres, et qui comprend les couches suivantes de bas en haut (fig. 3). 10. Lumachelle à Plicatules (Pl. Locardi Tn,, Spondylus cf. Dutem- plei, Pycnodonta vesicularis. 9. Calcaire très gréseux pétri par places de Foraminifères : Orbiloides Tissoti ScnLums., Arnaudiella Grossouvrei H. D., et de Bryozoaires: Peri- pora distans H4G., Onychocella Ellisi Hac., O. stigmatophora? Gorpr., Porina filograna Gorpr., Smitlipora cf. canalifera Hac., Cribrilina, Enta- lophora, Idmonea (d'après les déterminations de M. Canu). 8. Marnes avec lumachelles (Lopha Villei Coo., L. dichotoma Baye). 7. Calcaire très fossilifère (Callianassa, Baculites, Turritella, Neithea striatocostata Gozpr., N. subgranulata Munsr., Plicatula hirsuta Coo., PI. Locardi Tu. et P., Exogyra Matheroni Onrs., Terebratula Nauclasi Coo., T. Brossardi Tu. et P., Eschara lamellosa Ta, et P. (non Ors.)., Reptoflustrina involvens Tu. et P., Smittipora. Hemiaster Fourneli Coa., Cidaris subvesiculosa Ors., Orbitoides Tissoti ScaLums., Arnaudiella Gros- souvrei H. D. 6. Calcaire marneux à Libycoceras Ismaeli Zrrr. 5. Marnes de couleur foncée (Spondylus Dutemplei Ors.). 4. Calcaire dur à Orbiloides Tissoti, c'est le niveau le plus élevé où ce fossile ait été rencontré (Echinobrissus cf. sitifensis Coo.). 3. Marnes de couleur foncée. 2. Lit de calcaire jaune. 1. Marnes de couleur foncée. La partie moyenne de l’Aturien est représentée par des cal- caires et des marnes de couleur plus claire {(Q), épais de 35 à 50 mètres. 10. Calcaire. 9. Marne. 8. Calcaire. 7. Marne. 6. Calcaire à Echinobrissus. 5. Calcaire marneux à Lopha Villei Coo., Roudairia Drui Mux. Cu., Cardium cf. elongatum Coo. 4. Lumachelle à Lopha Gauthieri Tu. et P. 3. Lumachelle à Exogyra Matheroni Ors. | 2. Calcaire marneux (Terebratula n. sp., Hemiaster Fourneli Coo.) 1. Lumachelle à Lopha acanthonota Coo., L. Bursauæxi, H. D., L. Rouæi, H. D. (Ces deux espèces nouvelles sont décrites dans la note précédente). L’Aturien se termine par une assise bien connue dans la région, celle des calcaires à Inocérames (P). Son épaisseur est de 50 à 70 632 ROUX ET HENRI DOUVILLÉ 20 Juin mètres. Ce sont des calcaires massifs avec silex à la base, dans lesquels on a recueilli Znoceramus Cripsiüi MaTH., var. radiosa, Exogyra Matheroni Ors., Ex. pyrenaica Ors. DantEN (0). — On attribue à cet étage un ensemble de marnes foncées avec lits calcaires et gréseux et couches de phosphate, surmonté par des marnes grises à ovoïdes calcaires. Ce complexe a une épaisseur de 30 mètres environ ; sa composition a déjà été donnée par M. Bursaux, ingénieur en chef des Mines de Gafsa!. Dans la région de Négrine la composition de cet étage est la suivante, de bas en haut : 6. Marnes à Exogyra Overwegi Bucu. 5. Banc de grès. 4. Couche à petits fossiles (signalée par Thomas à Metlaoui). 3. Banc calcaire avec Lopha Bomilcaris Coo., L. Tissoti Tu. et P. var. falciforme, Plicatula cf. instabilis Sroriczxa, Smittipora. 2. Marnes de couleur foncée. 1. Marnes grises à boulets calcaires. S. N. ee ju N. F1G. 4. — Coupe de l'entrée nord du cor pu ZARIF EL Ouar (chaîne de Négrine). Échelle des longueurs et des hauteurs 1/6 000. Voir la légende dans le texte. La faune de ces couches, bien que peu variée, a un caractère nettement crétacé. Lopha Bomilcaris Co. est très voisin de Z. Villei Coo.; Exogyra Overwegi Bucx. a été citée par Zittel dans les couches aturiennes, enfin Ph. Thomas a également signalé dans ces mêmes couches un fossile maëstrichtien, Omphalocyclus macropora. Plus récemment il a été trouvé à ce niveau plusieurs échantillons de Roudairia Drui Mux.-CHaALx. La limite supérieure de l’étage est placée par MM. Bursaux et Ph. Thomas au-dessus d’une couche mince, riche en sulfate de strontiane. Éogène. — Eocèxe (N,M,L,K,J9). — Aucun caractère précis ne marque la limite inférieure de ce terrain qui succède au Crétacé enstratification concordante. Ph. Thomas indique (loc. cit. p. 698) 1. In Pu. Taomas, loc. cit., p. 692, fig. 108, et p. 699, fig. 109. 1910 GÉOLOGIE DE REDEYEF (TUNISIE) 653 comme première assise un banc de calcaire lumachelle à ciment calcaréo-siliceux très dur, pétri de fragments d’Ostracés, dans lequelil a pu reconnaitre Pycnodonta A rchiacin' Org. (mutation ter- ture de P. vesicularis), Ostrea punica THouas, Cardita, etc. On peut distinguer dans l’ensemble des assises éocènes cinq systèmes de couches désignés par les lettres N, M, L, K, J. Le sous-étage inférieur N, ou calcaires inférieurs à silex, est constitué de la manière suivante dans la région de Négrine fig. L). 12. Calcaire siliceux avec Cardita Coquandi Locar», et Cardita sp. 11. Lumachelle à Osfrea punica avec Callianassa, Mesalia, Lucina Lelour- neuæi Locarp, Vulsella cf. dolabrata Des. 10. Calcaire siliceux. Calcaire marneux. . Calcaire à Osfrea punica. --Gypse. Calcaire siliceux à fausse stratification. Calcaire à Ostrea strictiplicata R. et D. Calcaire marneux. Calcaire à Osfrea stricliplicata. . Calcaire marneux. 1. Calcaire très blanc à O. strictiplicala. CO He O7 Où = C0 © 19 Caractères de cette faune. — La Cardita Coquandi a été rap- prochée de la C. libyca ZiTTEL' provenant des couches à Exogyra Overwegi ; cette dernière espèce de Cardite a été décrite et figurée par Quaas ? ; si on examine attentivement les nombreuses figures données par cet auteur, il semble qu'elles présentent des diffé- rences notables; en prenant pour type la forme à côtes simples (loc. cit., fig. 16) on voit que ces côtes sont à section rectangu- laire et plus larges que le sillon qui les sépare ; ces dispositions se retrouvent jusqu'au bord. En outre la région postérieure de la coquille correspondant aux ouvertures siphonales, et qu’on peut appeler « zone siphonale », présente cinq à six petites côtes. Examinons comparativement les formes éocènes : elles sont très bien conservées et on peut en distinguer trois types : 1° Une variété à côtes arrondies ou plus souvent triangulaires, avec carène fréquemment noduleuse, ayant à peu près la forme de C. Coquandi (Locard, pl. vu, fig. 8) mais plus grande; elle a en effet 45 mm. de longueur au lieu de 26, avec une largeur de 35 mm., et en outre les sommets sont beaucoup plus obtus; la zone siphonale est lisse, 1. Geol. Pal. d. libysche Wuste. Palæontographica, vol. 30, 1883, p. 70 et 72. 2. Die Fauna der Overwegisch. Palæontographica, vol. 30, 2° partie, 1902, p. 203; pl. xxui, fig, 13-21; pl. xxxu, fig. 3-6. 654 ROUX ET HENRI DOUVILLÉ . 20 Juin 20 Une variété ayant la même ornementation mais plus étroite et plus allongée, 47 mm. de longueur sur 28 de largeur ; elle ressemble un peu à C. depressa Locarp. On pourrait la désigner comme var. angusta. 30 Une forme beaucoup plus arrondie et plus large, ayant à peu près la forme de C. planicosta, mais les côtes sont à section rectangulaire comme dans C. libyca. On compte six à sept côtes médianes larges et de la forme que nous venons d'indiquer, et six côtes antérieures plus arrondies et noduleuses; en outre on distingue six côtes fines sur l’aire siphonale. Ses dimensions sont 54 mm. de longueur (diam. antéro-postérieur) sur 56 de largeur (diam. dorso-ventral). On voit ainsi que les deux premiers types (du groupe de C. Coquandi) se distinguent de C. libyca par la forme de leurs côtes et l'absence de côtes sur l’aire siphonale, tandis que le troisième tout en ayant à peu près la même disposition de côtes, a une forme tout à fait différente. Les espèces éocènes sont donc bien distinctes de la forme crétacée. Les Huîtres fournissent le caractère le plus net; les couches crétacées inférieures présentent principalement des Lopha et des Exogyra ; or ces deux genres disparaissent presque complète- ment et sont remplacés par un grand développement du genre Ostrea proprement dit (strictement réservé pour le groupe de l'O. edulis, caractérisé par une valve inférieure costulée et une valve supérieure simplement lamelleuse). L'examen d'échantillons très nombreux nous a montré qu'il était possible de les rapporter à 10. multicostata Desn. et à l'O. strictiplicata Decsos et RauLiN. Nous ferons observer : 1° Que la forme multicostata est nettement caractérisée par ses côtes fines et nombreuses, dichotomes. 20 Qu'il existe une deuxième forme distincte de la précédente, devenant gryphoïde lorsque la surface d'adhérence est peu développée, à côtes dichotomes, mais plus grosses et moins nombreuses que dans l'espèce précédente, c’est l'O. strictiplicala. 3° On trouve principalement, dans les couches de phosphate, de très grands individus rappelant par leur ornementation l'O. bellovacina, mais qui paraissent dériver de O. strictiplicata. On pourrait les distinguer comme variété phosphalica. 4° I] peut exister quelques échantillons à crochet légèrement exogyroïde, mais nous n'avons pas rencontré de formes réellement identiques à l'O. bogharensis. En résumé les deux espèces mnulticostala et strictiplicata paraissent s'être développées simultanément dans l Éocène infé- rieur de la région de Gafsa ; non seulement dans le sous-étage N, mais encoré dans les sous-étages plus élevés. Le deuxième sous-étage M correspond à la zone phosphatée : il comprend cinq couches de phosphate, séparées par des lits cal- 1910 GÉOLOGIE DE REDEYEF (TUNISIE) 655 caires ou marneux, la couche inférieure 5 est très noduleuse, on y trouve Pycnodonta Archiaci OrBiany et Terebratula Kichsi GaLeorri, les couches 3 (Cardita gracilis Locarp) et # sont de simples filets, 2 et 1 au contraire sont des couches épaisses ; dans leur intervalle on trouve T'hersilea verrucosa LocarD, Ostrea strictiplicata var. phosphatica, Cardium sp. (du groupe du C. hians Brocc.) Les couches de phosphate elles-mêmes sont très riches en ossements de Vertébrés, Reptiles, Tortues et Poissons. Les Reptiles sont particulièrement intéressants: Ph. Thomas! a décrit et figuré en 1909 sous le nom de Crocodilus phosphati- cus une série d’ossements comprenant une dent bicarénée de type crocodilien, une vertèbre biplane de grande taille et des fragments de gros ossements. Peu après Pomel?, n'ayant pas eu connaissance du travail précédent, décrivait des vertèbres ana- logues provenant des couches synchroniques de Tebessa, sous le nom de Dyrosaurus thevestensis ; mais ilen reconnaissait presque immédiatement l'identité avec l'espèce décrite par Ph. Thomas qui devenait alors Dyrosaurus phosphalicus ; 11 signalait l'ana- logie de ce genre avec les Champsosauridés. Nous avons pu examiner un assez grand nombre de ces débris, dents, fragments de crânes, vertèbres et os long plus ou moins brisés. Les ver- tèbres sont de dimensions très variables depuis #,8 jusqu'à 10 em. de longueur, elles sont toujours subbiplanes et légèrement dépri- mées au milieu de la surface articulure:; des dents entièrement dégagées avec leur racine ont 60 mm. de longueur et 17 de dia- mètre maximum; elles sont pointues, bicarénées et présentent à la base une cavité conique. Il est à remarquer qu’on n’a pas trouvé de plaques dermiques. Notre confrère M. Thevenin qui a entre- pris l'étude de ces curieux fossiles pense que tous ces débris pro- viennent d'une seule et même espèce qui aurait alors pour carac- tères d’avoir des dents de Crocodile et des vertèbres biplanes ; il faut ajouter qu'elle n'était pas cuirassée. Or ces caractères rap- prochent ce type des Plésiosauridés et non des Champsosauridés ; il viendrait alors se placer dans le voisinage des Cimoliasaurus Læeipy de la Craie supérieure d'Amérique. Un autre point de rapprochement avec ces mêmes couches est indiqué par l'existence dans ces assises d’un deuxième type d’une taille gigantesque, qui jusqu’à présent n’est représenté que par trois dents, ou plus exactement par trois moulages de la cavité 1. Descr. de quelques fossiles nouveaux ou critiques, etc... Expl. scientifique de la Tunisie. 1893, p. 38. 2. CR. Ac. Se. , CXVIIT, p. 1309 (11 juin 1894) et p. 1396 (18 juin). 656 ROUX ET HENRI DOUVILLÉ 20 Juin inférieure des dents, auxquels sont encore adhérents quelques portions de dentine; ils avaient été recueillis il y a longtemps déjà, par l'ingénieur Prost et paraissent avoir appartenu au même ani- mal. Deux de ces moules présentent des dents de remplacement : l’une d'elles bien développée montre que son extrémité était obtuse, arrondie, dépourvue de carènes et à surface ornée de rides fines, avec du très légères costules longitudinales ; par ses chnoiees cette dent Eole celles des ed es. Si l’on essaye de res- taurer ces dents, on voit qu'elles devaient avoir au moins 12 cm. de longueur sur 3,7 de diamètre ; c'était donc un animal gigan- tesque et qui fait penser aux Reptiles de 15 m. de fat trouvés par Cope dans la Craie supérieure du Kansas. La persis- tance de ces types secondaires dans les couches de phosphate est un argument sérieux en faveur de l’âge relativement ancien de ces nie et de leur attribution à la es de l'Éocène inférieur. Au-dessus des couches de phosphates, affleurent 50 m. environ de calcaires siiceux L, dits « couches du toit ». Voici leur com- position dans la chaîne de Négrine (de bas en haut) : 5. Toit proprement dit, formé de couches calcaires avec banc de silex meulière de couleur foncée (Ostrea multicostata Des). 4. Calcaires marneux à gros Bivalves, contenant à la base deux couches de phosphate pauvre. 3. Calcaire à rognons de silex noirs. 2. Calcaire marneux en plaquettes. 1. Calcaires avec géodes siliceuses, Ces couches sont surmontées par 150 m. environ de gypses stratifiés K, puis par un dernier système J principalement mar- neux et n'ayant guère qu'une vingtaine de mètres d'épaisseur. Il est composé comme suit : 9. Marnes. 8. Couche de phosphates (ép. 0 m. 15). 7. Marnes (ép. 2 m 6. Calcaire à nodules de phosphates avec Ostrea mullicostata, et Carolia HRSRQUtRE CanTR. (ép. 1 m. 50). se Marnes (ép. Sn): . Calcaire à nodules phosphatés avec petites O. multicostala. 3. Marnes. 2. Gypse. 1. Marnes vertes gypseuses avec soufre et pyrites. Quelle assimilation est-il possible de faire entre les groupes de couches que nous venons de distinguer et les étages habituelle- ment admis? La continuité entre le terrain erétacé et les couches tertiaires indique que la base doit correspondre à l'Éocène le plus 1910 GÉOLOGIE DE REDEYEF (TUNISIE) 657 inférieur ou Landénien : nous rangerons dans le même étage les: couches à phosphates, à cause des types archaïques de Reptiles qu'on y rencontre. La présence des Pycnodonta associés à des Ostrea indique une profondeur de #0 à 50 m. Où faut-il placer la limite entre l'Éocène inférieur et l'Éocène moyen? M. Pervinquière a rangé encore les couches à Numm. Rollandi et N. irr egqularis re l'Éocène inférieur, mais ces espèces sont certainement plus évoluées, plus récentes que N. planulatus qui seul appartient à l'Éocène inférieur. Il faut donc placer ce grand niveau à Nummulites dans le Lutétien, c’est-à- dire à la ne de l’'Éocène moyen, qui comprendrait en outre, d'après M. Pervinquière, les couches à Carolia. Les couches J du sommet de la coupe correspondraient vraisemblablement à cet étage bien qu'elles renferment encore 0. multicostala ; Les gypses K seraient l'équivalent des calcaires à Numim. irrequla- ris et par suite lutétiens inférieurs et les calcaires du toit L viendraient se placer sur le niveau de l’Yprésien. Néogène (I, H,G, F,E). — Sur l'Éocène repose, en stratifica- tion discordante, une série de dépôts dont l’âge n'avait pas encore été établi d’une manière définitive. On peut y distinguer de bas en haut les formations suivantes : À la base, un conglomérat quartzeux puis un puissant sys- tème sableux (H) atteignant environ 150 mètres d'épaisseur, composé d’abord de sables jaunes avec banc de grès noir et lits de marnes vertes, puis, au-dessus, des sables blancs très purs et très fins associés à des grès de même couleur; ils sont surmontés d’un système argileux d’une puissance un peu supérieure, dans lequel on peut distinguer plusieurs assises : 1° des marnes vertes, sableuses, à dragées (G), — 2° des argiles rouges ou brunes, pures à la base (F,), devenant sableuses au sommet (F,). Les fossiles sont assez rares; à la partie inférieure de H on rencontre assez souvent des bois silicifiés, et quelquefois des osse- ments d'Antilopes, des défenses de Proboscidiens et des dents de Crocodiles ; c’est une formation fluviatile. M. le Dr Gobert qui a étudié tout particulièrement ces couches, a reconnu qu'elles étaient également bien développées plus au Sud, dans la région de Tozeur, et y a recueilli une série d'ossements qui ont été soumis à notre confrère M. Boule!; d’après ses déterminations, cette faune com- prend des dents de Merycopotamus, une corne et des ossements d’Antilopes, et une portion de mandibule de Crocodile, toutes ces 1. Bull. Soc. géol. de Fr., (1), X, 1910, pp. 312-813. 3 mai 1911. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 42. 658 ROUX ET HENRI DOUVILLÉ 20 Juin formes se rapprochant beaucoup des espèces caractéristiques des dépôts des Siwaliks. Le savant professeur du Muséum en conclut que ces dépôts de la Tunisie méridionale sont à peu près synchroniques des gisements de Pikermi, du Léberon, etc. et il leur attribue un âge mio-pliocène comme l'avait déjà fait Ph. Thomas pour certains dépôts à Hipparion de la province de Constantine. Ces argiles et sables sont recouverts par des couches (F,) à Helix Tissoti BaYAN, bien développées dans la plaine de Tamerza ; si on se reporte aux coupes figurées plus haut, on voit qu'elles ont suivi les mouvements de soulèvement des couches plus anciennes et qu'elles sont fortement relevées, par exemple sur le flane nord du Djebel Bliji,-ou même complètement redressées sur le flane sud de la même chaîne. Il en est de même dans la région au Sud du Djebel bou Dinar, où ces formations rem- phssent le synclinal qui succède au pli couché des couches cré- tacées. Lorsqu'on suit ce synclinal vers l'Est on voit les couches sableuses (H) disparaître en biseau sur la tranche relevée des assises crétacées, les couches G et F? sont toujours surmon- tées par les couches F,, à Helir, et elles présentent à Henchir Souatir un banc d'Ostrea gingensis ; les deux valves sont souvent en connexion, ce qui montre que ces fossiles sont bien en place et n’ont pas été remaniés ; nous avons ainsi la Jonction des for- mations continentales et des formations marines. La coupe d'Hen- chir Souatir peut être comparée à celle du Chérichira où les couches à Gryphea crassissima et à Mastodontes sont également surmontées par des couches à ffelix; ici l'âge miocène de la formation n'est pas douteux, à cause de la présence de la Gryphea crassissima et des Mastodontes. L'Helir qui caractérise la couche supérieure est l'A. Desoudini, et l’un de nous! a rappelé récemment les rai- sons pour lesquelles cette espèce est incontestablement mio- cène. Il n’est guère possible de douter que la couche marine d'Hen- chir Souatir à Gryphea gingensis ne soit le prolongement de la couche marine du Chérichira à Gr. crassissima, ce qui entraine l'assimilation des couches à elix des deux localités : il en résul- terait que l’Helix Tissoti serait du même âge que l’H. Desoudini, Cette conclusion infirme celle de la note citée plus haut, conclusion qui s’appuyait sur une coupe précédemment publiée et où l'A. Tissoti était indiquée comme inférieure aux couches 1. C!. Juuuex et H. Douvizzé. Sur les couches lacustres de la province de Constantine. B.S.G.F., (4), IX, p. 11 (18 janv. 1909). 4910. GÉOLGGIE DE REDEYEF (TUNISIE) 659 à Gr. crassissima: c'est en réalité cette dernière observation ! qui se trouve infirmée, et l'A. Tissoli redevient à peu près con- temporaine de l'A. Semperi Grosse, dont elle ne diffère guère que par sa taille beaucoup plus grande. Il en résulte que toutes ces couches à Helix représentent en réalité le sommet du Miocène, ce quiest bien d'accord avec la forte inclinaison qu'elles présentent en beaucoup de points ; elles sont dès lors synchroniques des limons à #1. furonensis Des. qui, en Touraine, surmontent le dernier banc à Gryphea crassissima, et des limons de Cucuron qui surmontent le Miocène marin et au pied desquelsse sont déposées les couches à Congéries pliocènes. Les couches à Merycopotamus seront alors l'équivalent con- tinental d’une partie des couches marines à Gr. crassissima, et leur âge est miocène supérieur { Pontien). Les couches à Helix sont surmontées par des argiles rouges à lits de gros galets (E) principalement formés aux dépens des couches à Nummulites, et qui sont vraisemblablement en dis- cordance avec les couches plus anciennes: elles seraient alors pliocènes. On ne rencontre plus, au-dessus, que des dépôts quaternaires présentant à la base un cailloutis à ciment souvent gypseux avec silex chelléens (D); dans ces dépôts on distingue une couche de terre noire avec Helix melanostoma, qui ne vit plus aujourd’hui dans la région. Dans les couches sableuses supérieures (C) on a trouvé une mâchoire de Rhinoceros fichorhinus. M. Pervinquière est convaincu que l'Éocène inférieur et l'Éocène moyen (probablement dans sa totalité) sont représentés dans la chaîne de Gafsa. La discordance indiquée par Ph. Thomas et le fait que la plupart des fossiles de Gafsa connus en Europe appartiennent à l'Éocène moyen, lui avaient fait penser que l Éocène inférieur faisait défaut, comme dans la région de Thala. Un voyage ultérieur lui a montré que cette discordance n'existait pas ; d’ailleurs, Thomas n'en parle plus dans son dernier ouvrage. M. Pervinquière est heureux de constater que M. H. Douvillé place maintenant les couches à //elix Tissoli au-dessus du Miocène moyen, suivant l'opinion de Thomas, Pervinquière et divers autres auteurs, et non plus dans l'Oligocène. M. Pervinquière accepte très volontiers l’âge 1. Le type de H. Tissoli provient des poudingues rouges qui affleurent au N. de la plaine d'El Outaïa (Bayxax. Études faites dans les coll. de l'École des Mines, 1er fasc. 1870, p. 3, pl. x, fig. 5, 6) et qui ont d’abord été considérés comme plio- cènes. M. Ficheur les a placés plus tard au sommet de l'Oligocène, dans l'Aquita- nien (B.S. G. F., réunion extr. en Algérie, 1896, p. 1183) et indique qu'ils sont recouverts en discordance par les assises miocënes du Cartennien, 660 A. MERLE ET E. FOURNIER 20 Juin pontien des grès et poudingues qui sont en discordance sur les mol- lasses du deuxième étage méditerranéen au Cherichira, au Trozza, etc. Il n’est pas douteux, en effet, que ces couches ne soient le prolonge- Ï ) , 5 ment des grès du Djérid qui renferment la belle faune étudiée par M. Boule. Cela explique pourquoi on les voit parfois verticales. SUR LE TRIAS MARIN DU NORD DE MADAGASCAR par À. Merle er E. Fournier. La partie la plus septentrionale de l’île de Madagascar est constituée, comme on le sait, par des couches crétacées (Montagne des Français, environs de Diégo-Suarez) et des basaltes (Mon- tagne d'Ambre). Cette série s'appuie, au Sud, sur le Jurassique, qui forme les contreforts septentrionaux de la chaîne des Monts Andrafiamena. Ce Jurassique est constitué par des calcaires mar- neux hydrauliques. Un peu au Sud d’Ambondrafé, une couche marneuse à fourni un Aibolites hastalus, ce qui indique la pré- sence de l'Oxfordien dans cette série. Ces calcaires reposent en concordance sur des grès, à éléments quartzeux relativement fins et peu roulés, formant au Sud une falaise à pic, jalonnée par les sommets d'Andavakoera et d'Ambohipiraka. La limite septen- trionale de ces grès a été indiquée, avec beaucoup de précision, par M. Paul Lemoine !. Ces grès appartiennent au Lias : M. Callens y a trouvé des Ammonites et des Spiriférines?. Au pied de cette falaise, s'étend une large bande gréso-schisteuse renfermant des nodules à Poissons et à Ammonites. Cet horizon avait été rapporté au Lias par M. P. Lemoine. M. Henri Douvillé* a pu reconnaitre, dans les nodules rapportés par MM. Callens et Bordeaux, un certain nombre d’Ammonites triasiques : Cordille- riles cf. angulatus Hyarr et Suiru, Meekoceras cf. gracilitatis Wire, Ophiceras Dieneri H. et Su., Flemingites cf. Russell H. et Su., Cladiscites ?, Johannites ? et des Myophories, dans les couches inférieures. Un grand nombre de nodules avaient aussi fourni des Poissons, parmi lesquels M. Smith Woodward a reconnu deux espèces 1. Paul Lemoixe. Études géologiques dans le Nord de Madagascar. Annales Hébert, 1906. 2. Henri Douvizré. Sur la découverte du Trias marin à Madagascar. B. S. G.F. (4), X, 1910, p. 125-133. 3. [n., ibid. 1910 TRIAS DE MADAGASCAR 661 nouvelles : Ecrinosemus Dironi et Cœlacanthus madagascariensis. Nous avons pu examiner un très grand nombre de ces nodules qui peuvent être répartis en quatre groupes, très différents au point de vue de leur composition. 1° Nodules légers, argilo-siliceux, ferrugineux, renfermant à l'intérieur une cavité fusiforme, remplie tantôt d'une matière argilo-siliceuse avec un peu de calcaire, tantôt une poudre argilo- siliceuse noire ou brun rouge, renfermant de l’oxyde de fer, beaucoup de manganèse et un peu de cobalt. Nous reviendrons tout à l'heure sur la nature de cette cavité centrale. Ces nodules renferment un nombre incalculable de jeunes Ammonites, très rarement des Poissons. 2° Nodules siliceux, plus durs, moins argileux, plus schis- toïdes, sans cavité centrale ni matière pulvérulente ; les uns assez globuleux, renferment des Ammonites, les autres, plus plats et plus allongés, renferment les Poissons. 3° Nodules siliceux, très clairs, à cassure conchoïde, faisant feu sous le marteau, parfois micacés à l’intérieur, renfermant parfois des Ammonites. 4° Septaria de grande taille, argilo-siliceux avec veinules de calcite : les cloisons et le test des Ammonites y sont toujours transformés en calcite, ce qui permet la préparation des cloisons. Nous avons retrouvé, dans les nodules siliceux, les Ophiceras cf. Dieneri et des Tirolites et, dans les Septaria, de nombreux Otoceras. Parmi les Poissons nous avons reconnu des Cœlacanthus, des Palæoniscides, des Platysomes, des Stylodontes (Dapedius et Amblyurus?) des Sphærodontes (Lepidotus?) et des Saurodontes (Pholidophorus et Pholidopleurus). Toute cette faune vient donc confirmer l'attribution que M. Henri Douvillé fait de ces couches au Trias inférieur. Les types pré- sentent des affinités non seulement avec le Trias inférieur de l'Amérique duNord, mais aussi avec celui de l'Himalaya et notam- ment avec ses termes les plus inférieurs (couches à Ofoceras Woodiwardi). Le morcellement des plateformes indo-africaines a donc commencé beaucoup plus tôt qu'on ne l'a cru pendant longtemps. Les nodules légers, argilo-siliceux, poreux et de couleur jau- nâtre, renferment tous, comme nous l'avons vu, une cavité de nature énigmatique. Ayant ouvért un nombre considérable de ces nodules, nous fûmes frappés de ce fait que cette cavité présen- tait une forme très constante et que ses parois offraient, sur cer- 662 A. MERLE ET E. FOURNIER 20 Juin tains échantillons, des stries et des traces charbonneuses, ne pouvant laisser aucun doute sur son origine organique. Cette cavité se compose de deux parties : une partie ovoïde allongée, légèrement comprimée latéralement, parfois un peu incurvée et une autre partie plus petite, grossièrement ellipsoïdale ou pyriforme, paraissant former une sorte de pédoncule et sépa- rée de la précédente par un étranglement; dans certains échan- tillons écrasés, cette partie pédonculare est repliée sous l’autre. Or, en examinant la gangue argilo-siliceuse qui entoure la cavité et forme le nodule, nous avons découvert, dans tous les échantillons, un nombre considérable de jeunes Ammonites : beaucoup d'entre elles simplement réduites à leur loge initiale ou à leurs deux ou trois premières loges, les plus développées ne comportant qu'un très petit nombre de tours. Ces Jeunes Ammo- nites étant des organismes extrêmement délicats et par consé- quent de conservation très difficile, 1l est de toute évidence que leur groupement, en nombre aussi considérable, autour de cavités d’origine organique foutes semblables entre elles, ne peut être un effet du hasard et qu'il y a une corrélation étroite entre l'existence de la cavité et la présence des jeunes Ammonites. Dès lors, deux hypothèses se présentent à l'esprit : ou bien l'organisme qui a donné naissance à la cavité centrale a servi de nourriture aux Jeunes Ammonites, qui auraient été ainsi attirées en grand nombre au même point par sa présence, ou bien les jeunes Ammonites ont pris naissance à la surface de cet orga- nisme et s’y sont développées pendant leurs premiers stades d'évolution. La première hypothèse est plus qu'improbable; car, si l'orga- nisme qui a donné naissance à la cavité centrale avait servi de nourriture aux Ammonites, il ne serait pas conservé d'une façon aussi régulière et aussi constante; on trouverait, à son voisinage, aussi bien des Ammonites adultes que des jeunes et probable- ment aussi d’autres animaux ; enfin, cet organisme n'aurait pas toujours la même forme, car ilest bien difficile d'admettre que des Céphalopodes aient été aussi exclusifs dans le choix de leur alimentation. La seconde hypothèse, au contraire, explique bien tous les faits constatés et coïncide en outre avec tout ce que nous savons sur le développement des Céphalopodes et sur celui de certains Gastro- podes pélagiques. On peut en effet comparer l'organe qui a donné naissance à la cavité énigmatique au flotteur des Janthines, déerit dès 1616, par Fabius Columna, sous le nom de spuma cartilagi- nea : on sat que ce flotteur est réuni à l'animal par un pédoncule 1910 TRIAS DE MADAGASCAR 663 qui peut se détacher. A. Adams, Wallich et Fischer ont ainsi trouvé, en pleine mer, des quantités de flotteurs isolés. Ces flot- teurs portent les œufs. Chez les Céphalopodes, on connaît aussi le mode de dissémi- nation des œufs des Calmars (Loligo vulgaris). Ces œufs forment des masses oblongues, réunies par un pédoncule pour former un paquet à structure verticillée. Chacun des éléments de ce paquet, avec son pédoncule, présente une structure très comparable à celle de la cavité énigmatique des dits nodules. La présence de petites Ammonites, déjà munies de leur coquille, concorde bien aussi avec ce que nous savons du développement des Céphalo- podes. Kôülliker a, en effet, démontré que le phénomène de seg- mentation du vitellus est partiel et que le développement de l'embryon se fait dans une aire germinative spéciale, d’où se forme un sac vitellin distinct relativement grand. Aristote avait même déjà constaté, chez la Seiche, que cet animal naît « de ce corps blanc (son vitellus) et y est attachée par la tête comme les Oiseaux sont attachés au leur par leur ventre ». Si l’on ouvre d’ailleurs des œufs fécondés et mûrs de Seiche, on peut en détacher aisément le jeune animal, qui est déjà suscep- tible de nager et même de rejeter du noir de sa poche à encre; le développement de l’Argonaute est analogue. On n'a mal- heureusement encore aucun document précis sur celui du Nautile. Il semble donc, si l’on admet notre interprétation, que le déve- loppement des Ammonites ait présenté, sur plusieurs points, des affinités étroites avec celui des Céphalopodes actuels, qui diffère d'une façon essentielle, non seulement de celui de tous les autres Mollusques, mais même de celui de tous les autres Trochozoaires. Ce flotteur, sur lequel les jeunes Ammonites se sont dévelop- pées, a été le point de départ du phénomène de concrétion ayant donné naissance au nodule et la destruction de la matière orga- nique constituant ce flotteur a donné naissance à la cavité. 1 y a deux ans, M. Drouhard, qui a fait un long séjour à Mada- gascar, avait fait don au Laboratoire de Géologie de Besançon d’un assez grand nombre de nodules siliceux, assez analogues à ceux que nous venons de décrire. Ces nodules ne renfermaient, à pre- mière vue, aucun fossile déterminable : ayant repris leur examen nous y avons retrouvé les cavités énigmatiques et les jeunes Ammonites. Les deux localités les plus fossilifères des schistes de la région d'Andavakoera sont : Berezika, pour les Ammonites et Bobasa- trana, pour les Poissons. 664 A. MERLE ET E. FOURNIER 20 Juin De la même région, proviennent de grosses concrétions apla- ties, à structure identique à celle des « gâteaux » de l’Ordovicien de Cabrières. Nous n'y avons pas trouvé jusqu'ici de fossiles. Cet ensemble repose sur des Schistes micacés et des Gneiss. L'ensemble du Cristallophyllien, du Trias et du Lias est recoupé par des fractures importantes, accompagnées de sources thermales, de filons quartzeux et de roches éruptives, notamment de téphrites, leucotéphrites, phonolithes, monzonites et essexites, très chargées de pyrite. Ces roches ont déjà été étudiées par MM. de Launay et Lacroix !. Les filons de quartz, associés à de la barytine, renferment d'importants gisements auri- fères. On y trouve aussi de la pyrite de fer et de cuivre, de la galène et de la blende. L'or est surtout associé aux quartz, mais M. Merle a aussi trouvé un échantillon de barytine, avec gros grains d’or visibles. L'or est tantôt associé aux sulfures, tantôt libre, il est disséminé en grains ou en feuillets dans la partie quartzeuse, souvent en minces filaments dans les alvéoles pro- duites par la dissolution de la pyrite et de la galène; il est associé à une forte proportion d'argent. L'origine hydrothermale de ces filons aurifères est évidente. y Bobasalrara MiArñaatakeers lll8e du Rodo Montagne Ambre Le N VU L $ V Ro Q RQ F0 RS Due Bereziha FiG. 1. — Coupe de la RÉGION DE L’ANDAVAKOERA. — Échelle 1/1000000 environ. Schistes cristallins et gneiss; f, Filons aurifères; {, Trias (schistes à nodules); l, Grès du Lias; j, Calcaires et calcaires marneux du Jurassique ; Cr, Crétacé; 6, Massif basaltique. La coupe de la figure 1! indique, d’une façon schématique, la structure géologique de la région entre Mangily et Antsirane (Diégo-Suarez). M. Henri Douvillé a pu reconnaître parmi les fossiles que lui a communiqués M. Merle, un bel échantillon de Tirolites pré- sentant des tubercules très saillants, qui disparaissent dans l'adulte. LAVOir BAS NGUFE AE) EXC MOTO, pp. 428-480 Séance supplémentaire du 27 juin 1910. PRÉSIDENCE DE M. M. COSSMANN, VICE-PRÉSIDENT Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le Président annonce que les fonds provenant du legs V° Fon- tannes, en 1910, viennent d'être partagés entre MM. M. DarLonti et À. LANQUINE. M. Ph. Glangeaud offre à la Société la deuxième édition de sa brochure « Les volcans d'Auvergne ; leurs caractères, leur genèse, leur évolution ! ». La première édition de cette brochure épuisée en un an et demi a obligé l'auteur à faire une deuxième édition qui est revue, augmentée et présente beaucoup de figures nouvelles. M. Pierre Termier offre un exemplaire d’une note qu'il vient de publier, en collaboration avec M. Jacques de Lapparent, dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences. Cette note est relative à « la monzonite de Fontaine-du-Génie, près Cherchel (Algérie) », et aux « micromonzonites de la région avoisinante ». Elle a pour principal objet de rappeler l'attention des lithologistes et des géologues sur les roches éruptives, d'âge tertiaire, du pays de Cherchel, signalées depuis longtemps, sommairement décrites par MM. J. Curie et G. Flamand il y a une vingtaine d’années, et retom- bées dans l'oubli. La province pétrographique de Cherchel est un admirable sujet de thèse. M. Pierre Termier offre de la part de notre confrère M. W. von Seidlitz, deux notes de géologie alpine : « Sur les granites écrasés /mylonites) des Grisons, du Vorarlberg et de l’Allgäu » (CR. Ac. des Sc.); et « Der Aufbau des Gebirges in der Umge- bung der Strassburger Hütte an der Scesaplana ». Cette dernière note a été publiée à Strasbourg dans le volume consacré au 25° anniversaire de la section « Strasbourg » du Deutschen und OEs- terreichischen Alpenverein. L'une et l’autre sont de très importantes contributions à la connais- sance du pays de nappes situé entre la vallée du Rhin et le massif de l'OŒEtztal, sur les confins des Alpes suisses et des Alpes orientales. M. Paul Lemoine présente une note : « Résultats géologiques des sondages profonds du Bassin de Paris » (Bull. Soc. Industrie Minérale). 1. 60 p.,32 fig., 1 pl. hors texte, 2fr. Hermann, Paris. 666 SÉANCE SUPPLÉMENTAIRE DU 27 JUIN 1910 Il y a relevé les résultats publiés de la plupart des sondages qui, dansle Bassin de Paris, ont dépassé la Craie et il a essayé d'interpréter leurs résultats. Quelque provisoire que soit cet effort, il espère qu'il sera utile pour orienter les recherches futures. M. Louis Gentil offre une note intitulée « Une Leçon de géo- graphie physique sur le Maroc » (Revue annuelle de Géogr., 1909). L'auteur a exposé dans cette note les grands traits de la géographie physique du Maghreb, en insistant plus particulièrement, sur les régions de cette partie de l'Afrique qu'il a parcourues. Léon Carez. — Examen comparatif de ses conclusions et de celles de M. Léon Bertrand sur la structure des Pyrénées. L'auteur reprend l'examen des théories tectoniques de M. L. Bertrand en s'attachant particulièrement aux coupes de la feuille de Foix. Après avoir rappelé les observations générales présentées à la dernière séance, observations qui s'appliquent aussi bien à la feuille de Foix qu à celle de Quillan, M. L. Carez étudie les différentes coupes de la planche v de M. L. Bertrand. Il montre que l'idée de considérer les terrains secondaires des environs de Rabat et de Massat comme des « fenêtres » indiquant l'existence de nappes superposées est tout à fait insoutenable. Ces terrains en effet, au moins pour la «fenêtre » de Rabat, ne peuvent être séparés de ceux qui sont rapportés à d’autres nappes, ni comme faciès, ni comme allure tectonique ; ils ne peuvent non plus passer sous les massifs primaires situés au Nord, car ils en sont séparés par des lignes de contact verticales ou inclinées au Sud. La seule exception à cette règle se voit entre Aleu et Biert sur une petite longueur. M. L. Carez insiste ensuite sur l'impossibilité de faire du Pech Saint-Sauveur un synclinal charrié, rattaché aux nappes Z et À, alors que cette montagne est constituée par un anficlinal absolument typique et dont les deux flancs s’enfoncent régu- lièrement sans aucune déviation jusqu'au fond de la vallée de l'Ariège. M. L. Carez passe ensuite a la « fenêtre » d’Arbas sur la feuille de Bagnères-de-Luchon. Il déclare que le Cénomanien, loin de s’enfouir sous les terrains plus anciens, comme le croit M. L. Bertrand, repose sur eux de la manière la plus indiscu- table, en discordance très accentuée. La disposition si particulière des couches cénomaniennes d'Ar- bas est le résultat de la grande transgression qui s’est produite à cette époque et dont l’auteur a déjà donné tant de preuves. SÉANCE SUPPLÉMENTAIRE DU 27 JUIN 1910 667 L'auteur discute ensuite la question de l’origine que pourraient avoir les prétendues nappes charriées. Il montre d’abord qu'il est tout à fait impossible de les faire venir du versant méridional où le Jurassique et le Crétacé inférieur n'affleurent qu'entre les vallées du Llobregat et de l’Esera, recouverts qu'ils sont partout ailleurs par le Crétacé supérieur transgressif ; puis il fait sentir toute l’invraisemblance qu'il y a à chercher leur origine dans la zone primaire centrale où ne se trouve aucun vestige de couches Jurassiques ni crétacées inférieures, pas même dans le pli faille de Mérens. R. Chudeau. — /Vote sur la Mauritanie. Le capitaine Dupertuis' m'a remis quelques échantillons de roches recueillis au cours de la colonne de Mauritanie de 1909. Un mamelon important, la Koudia d'Idjil, situé au SE. de la sebkha, est formé surtout de quartzites et de micaschites: beau- coup d’entre eux présentent des taches d’ocre. Malgré l'absence de renseignements sur les conditions de gisement de ces roches, il s’agit certainement de terrains sédimentaires métamorphiques qui semblent très comparables à ce que, au Sahara, j'ai rapporté au Précambrien et au Silurien. La carte de Quiroga (Ann. Soc. española Hist. nat., XVIII, pl. v), qui place Idjil au milieu d'un massif de granite, est done à rectifier sur ce point. Du Ksar Teurchan {30 km. au N. d’Atar) proviennent de très nombreux cristaux de quartz, très limpides et non roulés (lon- gueur À à 2 cm.) ; ils ont été recueillis à la surface d’un plateau dominant le Ksar. ; À Aguielt en Naja (200 km. au S W. d’Atar), dans l’'Amatlih, le sol est couvert de dunes mobiles entre lesquelles on trouve des cailloux à peine rouiés, indiquant la proximité de la roche en place; ce sont surtout des quartzites dont l’un est remarquable par l'abondance du mica blanc. À côté des quartzites, il y a des produits ferrugineux (latérite). Le capitaine Dupertuis m'a encore indiqué à N'Tid (50 km. NE. d'Atar), au pied du plateau de Chinguetti, des pierres vertes et des marbres. Malgré leur caractère incomplet, ces données sont d'accord avec celles de Quiroga et de Dereims?, qui nous ont apprisle grand développement des schistes cristallins dans le Sahara occidental. 1. Bull. du Comité de l'Afrique française, mai-juin, 1910, une carte. 2. Bull. Soc. géol. Fr.,(4), IX, 1909, p. 71. 668 SÉANCE SUPPLÉMENTAIRE DU 27 JUIN 1910 On sait aussi d'après les données de Dereims et les photogra- phies du colonel Gouraud! que l’Adrar Tmar est un plateau formé de grès horizontaux, très analogue au Mouiïdir Ahnet. Les indications relatives à N'Tid montrent que ce plateau s’étend peu vers le Nord. Ch. Depéret. — Sur l’âge des marnes de Carnot (Algérie). Dans le Compte Rendu sommaire du 6 juin 1910, M. J. Cottreau « a été amené à synchroniser, à la fois au point de vue du faciès et de la position stratigraphique, les marnes bleues de Carnot avec les argiles de Baden et les marnes de Ca- brières » et à les ranger en conséquence dans l'étage tortonien. Je suis d'accord avec notre confrère au point de vue du faciès de ces marnes bleues, qui est en effet un faciès {ortonien, mais il m'est impossible d'accepter ses conclusions au point de vue de l’âge. J'ai, le premier, exprimé l'opinion que les marnes de Carnot représentent un étage marin miocène plus récent que le Torto- nien et M. Brives, après une étude soignée de leur faune, exécu- tée au laboratoire de l'Université de Lyon, a confirmé entière- ment ce point de vue et démontré que la faune de Carnot est intermédiare entre la faune tortonienne et la faune plaisan- cienne. Cette conclusion s'appuie non seulement sur l'absence dans le Sahélien de Carnot des espèces les plus caractéristiques du Tor- tonien, telles que Pleurotoma Jouanneti, Pyrula condita, Ceri- thium dertonense, Pecten planosulcatus ete., mais aussi sur l’ap- parition de formes à affinités toutes pliocènes comme Nassa limata, Nassa semistriata, Dentalium delphinense, Pecten Jacobæus, Pecten reghiensis, etc. Enfin une preuve pour moi encore plus décisive résulte du fait, bien mis en lumière par M. Brives, que la plus grande par- te des espèces de Carnot représentent non pas les formes miocènes typiques, mais des mutations intermédiaires entre celles-ci et les formes représentatives du Pliocène. Je n'ai, pour ma part, aucune hésitation à regarder la faune de Carnot comme plus récente que le Tortonien et à la considérer en conséquence comme représentant le faciès marin d'une partie tout au moins du Miocène supérieur (Sarmato-Pontique). M. J. Cottreau a donné une note détaillée, insérée dans le Bulletin, où 1l développe les raisons qui l'ont amené à paralléliser les marnes de Baden, de Cabrières et de Carnot, 4. Illustration, 14 juin 1910. SÉANCE SUPPLÉMENTAIRE DU 27 JUIN 1910 669 G. B. M. Flamand. — Observations à la communication sur les brèches osseuses à perforations de Lithodomes de la Grotte du Prince, faite par M. M. Boule à la séance du 18 avril dernier (CR. sommaire n° 9). M. Flamand attend, pour connaître en détail ces nouvelles obser- vations, la publication de ia note détaillée qui doit paraître au Bulle- tin : toutefois, il croit devoir rappeler qu'il y a quatre ans (1906), lors de sa visite aux Baoussé-Roussé, la brèche osseuse à perforations de Lithodomes, qui à fait l’objet de ses remarques, reposait direc- tement soit sur la plage marine [dépôt noté (2) soit sur le dépôt noté (1), épaisseur 0 m. 10, superstratum de la précédente !|, et qu'elle se montrait encore sous un volume qui ne laissait pas d'être considérable (9 mètres cubes au minimum), tant en place (paroi occidentale), qu’à l’état de blocs (déblais), provenant du dégage- ment de la grotte, arrêté au niveau de la plage marine (cf. Bull. Soc. géol. Fr., (4), VI, p. 537, 1906; ibid., VII, p. 7, 1907.) 1. Voir : Coupe longitudinale de la grotte du Prince, dressée par M. Tschirret sous la direction de MM. M. Boule et L. de Villeneuve, programme d’excursion aux Baoussé-Roussé, p. 3 (XIII* session Congr. intern. Anthropologie et Arch, préhist. Monaco, avril 1906). RÉSUMÉ DE LA GÉOLOGIE DES PYRÉNÉES FRANÇAISES! PAR L. Carez. Le travail que je présente à la Société n’est pas en réalité un travail nouveau : c’est la réunion en un seul ensemble des résumés disséminés dans les six volumes de ma « Géologie des Pyrénées françaises ». J'en ai modifié seulement quelques parties à la suite des recherches faites depuis l'apparition de ces différents volumes dont le premier est déjà vieux de huit années ; J'y ai ajouté la discussion des théories tectoniques de M. Léon Bertrand. J'ai banni de.cette note toute bibliographie, et je prie le lec- teur de se reporter pour tout ce qui concerne les travaux sur la région à la « Géologie des Pyrénées françaises » ; mais il est bien entendu que le présent résumé n'est pas uniquement le résultat de mes recherches. Description sommaire des terrains. PRIMAIRE. — La faune la plus ancienne qui ait été rencontrée est celle de l’Ordovicien ; elle est connue en des points peu nom- breux mais répartis sur toute l'étendue de la chaîne ; elle se trouve aussi dans les Corbières. Il est vraisemblable que des terrains antérieurs existent : l’état très métamorphique des sédiments dans une grande partie de la haute chaine ne permet pas de s’en assurer. Le Gothlandien se montre fossilifère dans les mêmes points que l’Ordovicien. Le Dévonien a fourni des faunes de toutes ses grandes divi- sions depuis la feuille d'Urdos jusqu’à celle de Foix, et proba- blement aussi dans le massif du Canigou; le Dévonien moyen et supérieur existe aussi dans les Corbières. Le Carbonifère inférieur (Dinantien) a fourni des fossiles marins depuis la feuille de Mauléon jusqu'à celle de Foix ; quant au Carbonifère supérieur (Westphalien et Stéphanien) avec sa faune terrestre, il a été reconnu de la Rhune à Durban en passant par Hosta, le Plan des Étangs et la vallée de la Neste d’Aure. Le Permien est généralement formé de couches détritiques, 1. Cette note n'est que le résumé d'un travail beaucoup plus développé destiné aux Mémoires. 1910 GÉOLOGIE DES PYRÉNÉES FRANÇAISES 671 parfois très puissantes (feurlles de Mauléon et Saint-Jean-Pied-de- Port), mais sans fossiles, On a attribué aussi à cet étage des schistes marins de Fréchet d'Aure et de Saint-Girons, d’après des fossiles d’un état de conservation tellement défectueux qu'il est permis de douter de leur détermination. SECONDAIRE. — Le Trias est composé, dans la partie médiane de la chaîne, d’argiles versicolores avec gypse et sel, entremé- lées de cargneules rares; aux deux extrémités les cargneules deviennent plus abondantes et les calcaires apparaissent. Il n’a été signalé dans ce terrain qu'un seul fossile : Lingula tenuis- sima provenant d'Ascain. Le Lias se divise en : Infralias, fossilifère en quelques points peu nombreux, mais espacés sur toute la chaîne ; Lias inférieur à l’état de calcaires et brèches sans fossiles ; Lias moyen et supé- rieur, fossilifères partout. Ces deux dernières divisions se pré- sentent à l’état de marnes avec quelques banes calcaires sur la plus grande partie de Ja région considérée ; ils deviennent cal- caires à l'Ouest. Le Bajocien n’est fossilifère qu'à l'Ouest du méridien de Tar- dets etle Bathonien à Hasparren et Cambo seulement. Partout ailleurs ces deux terrains sont à l’état de dolomie noire ou brune. L'Oxfordien, avec fossiles marins, commence à se montrer dans le massif d'Ahusquy et se continue de là jusqu'à l'Océan ; peut- être dans le reste de la région, est-il représenté par la partie supérieure de la dolomie sans fossiles. Les étages suivants du Jurassique font incontestablement défaut. Durant la longue période d'émersion qui s’est produite pen- dant la fin du Jurassique et le commencement du Crétacé, il s'est formé de la bauxite dans la partie médiane (feuilles de Foix et Pamiers). Crétacé inférieur. — La bauxite est directement recouverte par les calcaires ou les marnes de l’Aptien {(Gargasien). Ces couches, comme celles de l’Albien qui les accompagnent partout, s'étendent d'une mer à l’autre avec des caractères uni- formes : l’Aptien principalement calcaire, l’Albien surtout mar- no-schisteux. Toutefois ce dernier devient gréseux vers Ascain et Sare, accusant ainsi un caractère littoral que l’on s’attendrait plutôt à trouver à une plus grande distance de l'Océan. Crétacé supérieur. — Le Cénomanien a, lui aussi. laissé des 7. 3 ») L. CAREZ 27 Juin [er] 1 2 sédiments marins sur toute la longueur de la chaîne, mais avec un caractère très prononcé de mer peu profonde. Le Turonien n’est bien individualisé que dans les Corbières ; quant au Sénonien, il occupe une bande à peine interrompue par les dépôts miocènes du Lannemezan et n'est formé que de sédi- ments marins (marnes et calcaires avec Ammonites, Hippurites et Oursins), mais indiquant le voisinage des côtes. On y voit en effet des grès à végétaux, des débris de bois, des lits de pou- dingues, etc. Le Sénonien se présente sous deux faciès différents séparés par le Lannemezan; le faciès occidental est caractérisé par l’abon- dance des Stegaster ; l'autre montre une faune d'Hippurites et de Micraster. La dissemblance des faunes des deux moitiés de la bande sénonienne septentrionale est telle qu'on pourrait penser au premier abord que les couches de l'Ouest n'ont pas de repré- sentants marins à l'Est : je ne crois pas cette hypothèse admis- sible. Il ne me paraît pas non plus probable qu'il y ait eu un seuil émergé séparant les deux mers méditerranéenne et atlan- tique à l’époque sénonienne. Pendant le Danien, il ne s’est formé dans les Corbières et la région de Foix, que des dépôts de plage ou des dépôts lacustres. Les couches marines de cet âge commencent vers Sainte-Croix- de-Volvestre et envahissent tout l'étage seulement au delà du méridien de Saint-Gaudens. TerriaiRE. — Le Thanétien, le Sparnacien et l'Yprésien manquent depuis Biarritz jusqu'au Lannemezan ; plus à l'Est, je rattache au Thanétien le calcaire à Miliolites, étage en majeure partie marin, quoique renfermant quelques intercalations lacustres qui deviennent plus importantes au Nord-Est, notamment sur la feuille de Narbonne. Quant au Sparnacien et à l'Yprésien, ils sont assez mal caractérisés. Le Zutélien inférieur et le Lutétien moyen sont marins par- tout, mais avec des différences de faciès analogues à celles indi- quées ci-dessus pour le Sénonien. Tandis qu'à l'Ouest, le Lutétien inférieur est représenté par des couches à Nummulites lævigatus et aturicus, à l'Est il est constitué par les couches à Turritelles des Corbières qui n’ont pour ainsi dire pas une espèce commune avec les précédentes. De même je classe dans le Lutétien moyen les assises à Num- mulites aturicus, Lucasi, etc. de Biarritz et Bos d’Arros, alors que dans les Corbières, le même niveau contient, avec de nom- breux Cérithes et Turritelles, Nummulites atacicus, N. Ramondi, Assilina Leymeriei. 1910 GÉOLOGIE DES PYRÉNÉES FRANCAISES 673 Comme la série lutétienne est complète etexclusivement marine, dans la région des Basses-Pyrénées et des Landes il n’est pas possible de supposer que les couches des Corbières corres- pondent à une lacune dans l'Ouest; on se trouve bien en présence de deux faciès de sédiments de même âge. Mais à cette époque la séparation en deux bassins distincts par une crête située vers le Lannemezan est beaucoup plus probable que lors du Sénonien : en effet les assises du Lutétien inférieur et moyen diminuent d'épaisseur en approchant de ce point. Elles sont très réduites à la traversée de la Garonne vers Boussens. Le Lutélien supérieur est lacustre dans l'Est (poudingues et marnes avec bancs à Lophiodon et Bulimus Hopei) ; au Sud de Pau, il est encore représenté par des poudingues, sans fossiles toutefois, et c’est seulement dans les environs d'Orthez et de Peyrehorade qu'il commence à devenir marin. Il se continue ainsi jusqu à la Gourèpe au S. de Biarritz (couches à Nummulites aturicus, N. Lucasi, N. complanatus, Assilina exponens, etc.). La différence entre les faunes marines du Lutétien moyen et du Lutétien supérieur est d’ailleurs assez fugace. Le Bartonien est formé de poudingues lacustres aux mêmes points où le Lutétien supérieur se présente sous ce faciès; puis, d'Orthez à la Côte des Basques, il est représenté par des marnes bleues à Nummulites contortus, N. striatus, Orthophragmina Fortisi, Serpula spirulea. Enfin je classe dans le Ludien-Sannoisien, d'une part les cal- cares lacustres de Mas Saintes Puelles et de Miraval à Palæo- therium et Dactylius lævolongus ; de l’autre, les couches à Num- mulites Bouillei, N. vascus, N. intermedius, Euspatanqus orna- tus, Natica crassatina de la côte de Biarritz à partir du Port- Vieux vers le Nord, de Gaas, Lesperon, Tuc du Saumon, ete. Je ne vois rien qui puisse être rapporté à cet étage sur les feuilles de Saint-Gaudens, Tarbes, Luz et Mauléon. Afin de maintenir cet article dans les limites voulues, je ne m'occuperai pas ici des roches éruptives, qui feront l’objet d'un chapitre dans le travail inséré aux Mémoires. Structure. ÂXE DE LA CHAINE. — Dans une chaîne de montagnes comme les Pyrénées, où les mouvements orogéniques ne se sont pas bornés à des plissements simples, mais où, bien au contraire, les chevauchements sont innombrables, l'axe est souvent fort diffi- cile à suivre et son tracé un peu hypothétique. Sous cette réserve, 3 mai 1911. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 43. 67% L. CAREZ 27 Juin je considère comme l'axe de la chaîne une ligne qui part de l'affleurement silurien des Aldudes sur la re de Saint-Jean- Pied-de-Port pour aboutir au Cap de Creus. Sa direction qui est aussi celle de la chaîne elle- -même, est Nord 101° Est. Pris. — Les plis, dans leur ensemble, ont la même direction que la chaîne, et cela quel que soit l’âge des couches qui en sont affectées : 1l n’y a pas une direction pourles plis du Primaire et une autre pour ceux du Secondaire et du Tertiaire. Il est bien évident d’ailleurs que je ne parle ici que des directions moyennes: il peut exister localement des déviations allant jusqu'à 90°, mais sans importance générale. Toutefois, ce que je viens de dire ne s'applique pas aux Petites Pyrénées, n1 aux Corbières. On remarque en effet qu'entre Foix et Quillan le faisceau de plis qui constitue les Pyrénées et ses annexes présente un maximum de contraction ; à partir de cette zone les plis septentrionaux s'éloignent de la direction moyenne des Pyrénées pour se dévier vers le Nord, ceux du versant atlantique de quelques degrés seu- lement, ceux du versant méditerranéen d’une quantité beaucoup plus considérable puisque certains d’entre eux deviennent N-S. dans la région de Narbonne. L'ensemble présente assez bien l'aspect d'une botte de paille fortement serrée en son milieu : le lien passerait entre Foix et Quillan. Dans la partie occidentale, il y a peu de plis : on ne voit guère jusqu'à Tardets que deux anticlinaux, dont l’un est l’axe de la chaine. En avançant vers l'Est on constate l'apparition successive de plis nouveaux, la plupart du temps par un relèvement brusque de leur axe. Sur le versant septentrional, les plus rapprochés de l'axe viennent au jour les premiers ; sur le versant méridional tout un groupe apparaît simultanément dans la région d'Urdos. Le nombre et l'importance des plis augmentent jusqu’au méri- dien de Salies du Salat ; ils diminuent ensuite momentanément, mas au méridien de Quillan la complexité reprend et il se forme deux groupes de plis, l'un se portant au NE., l’autre au SSE. ; ces deux groupes enserrent la région déprimée de Perpignan. Il est à remarquer que la terminaison du faisceau de plis pyré- néens s'opère ici d'une façon toute différente de ce que nous avons constaté sur le versant atlantique : de ce côté-ei, le nombre et l'intensité des plis ne diminuent pas progressivement, mais ceux du groupe méridional se continuent soit jusqu'à la mer, soit jus- qu'au bassin pliocène de Perpignan, tandis que ceux du groupe 1910 GÉOLOGIE DES PYRÉNÉES FRANCAISES 675 septentrional persistent dans la direction NE. jusqu’à leur dispa- rition sous le Miocène ou les alluvions. Fairces. — Les failles verticales et rectilignes, les seules auxquelles on réserve parfois aujourd’hui le nom de failles, — à tort selon moi —, sont très rares dans les Pyrénées et sans importance pour la structure générale. Il n'en est pas de même des failles obliques ou failles de chevauchement qui tiennent une place de premier ordre dans les Pyrénées. Leur étude est liée à celle des chevauchements eux- mêmes. CHEVAUCHEMENTS ET RENVERSEMENTS. — Je ne puis songer à en donner ici l'énumération qui, en l’absence de carte, serait abso- lument fastidieuse et inutile ; je eiterai seulement les deux plus importants : celui de Saint-Engrace vers le Sud et celui de Bélesta- Padern vers le Nord. Ce dernier n’est pas un chevauchement unique, mais 1l se compose d’une série d'éléments distincts qui se relaient en quelque sorte en se recouvrant de l'Ouest à l'Est. L'étude de tous les chevauchements pyrénéens. conduit aux conclusions suivantes : La plupart d’entre eux se portent vers le Nord, mais il y a de nombreuses exceptions, parmi lesquelles je citerai en dehors du grand chevauchement de Sainte-Engrace, ceux des environs de Gavarnie, d'Eaux-Chaudes, de Sarrance, de Bielle, de Cagire, du Pech de Foix, qui tous, sont plus ou moins exactement diri- gés au Sud. Les renversements sans chevauchement sont aussi générale- ment vers le Nord, mais dans cette catégorie d'accidents comme dans la précédente, il y a des exceptions. TRANSGRESSIONS ET DISCORDANCES. — Les transgressions sont les suivantes : 1. Transgression permienne, très accentuée à l'Ouest, moins nette ailleurs. Sur la feuille de Mauléon, le Permien repose indif- féremment sur le Carbonifère ou le Dévonien. 2. Transgression aplienne. Peu importante et n’existant que dans la partie occidentale. 3. Transgression cénomanienne. La plus importante de toutes; surtout remarquable à l'Ouest, elle se suit pourtant Jusque sur la feuille de Quillan. 4. Transgression du Crétacé supérieur. Le mouvement d’affaissement a continué pendant le Turonien et le Sénonien et 676 L. CAREZ 27 Juin des dépôts de ces étages ont débordé le Cénomanien en plusieurs endroits (les Corbières, zone frontière de Luz, Urdos et Mauléon). 5. Transgression lutétienne et 6. Transgression bartonienne peu importantes et limitées à la partie occidentale. ÉTENDUE DES MERS. — Je n'insisterai pas sur le détail de l'étendue de chacune des mers successives ; on le trouvera avec cartes à l'appui dans les Mémoires. Je ferai seulement remarquer que, peut-être dès le Permien, certainement depuis le Trias, il existait déjà une crête émergée s'étendant sur toute la longueur de la chaine. Cette crête a été recouverte en partie (dans les Pyrénées orientales d’une part, à l'Ouest du haut Gave de Pau d'autre part) par le Crétacé supérieur seulement : aucune des mers triasique, liasique, jurassique, crétacée inférieure, éocène n'a passé par-dessus les Pyrénées. À toutes ces époques, les mers française et espagnole ne communiquaient que par l'emplacement actuel de l'Océan et de la Méditerranée. Le golfe de l’Aquitaine, esquissé momentanément lors de l’'Oxfordien, reste seul couvert par la mer à dater du Lutétien supérieur ; les eaux marines se retirent peu à peu vers l’Ouest depuis cette époque jusqu'à l’époque actuelle. Histoire géologique de la chaîne. Jusqu'au Dinantien inclus, la mer devait couvrir toute la région ; il n’y a aucun indice de mouvement du sol. Un premier exhaussement en masse s’est produit alors, laissant subsister une suite de lagunes dans lesquelles se sont accumulés des restes de plantes terrestres et parfois de la houille. À la fin du Houiller, il y a eu quelques mouvements qui, sans présenter une très grande importance, ont été suffisants pour qu'une discordance indiscutable, surtout à l'Ouest, se soit mani- festée entre le Houiller et le Permien. Deux lignes de crêtes étaient ébauchées dès cette époque : l’une allant des Corbières au S. du Mas d'Azil, l’autre suivant à peu près la ligne de faîte actuelle des Pyrénées sauf à l'Ouest où elle devait passer un peu plus au Sud. La première n’a pas été recouverte par les eaux permiennes ; la seconde l’a été au moins en grande partie, mais par des eaux douces probablement. L'exhaussement s’est légèrement accentué avec le Trias : la mer n'empiétait que fort peu sur le rivage actuel et encore du 1, Sice n’est tout à fait à l'extrémité occidentale. 1910 GÉOLOGIE DES PYRÉNÉES FRANCAISES 677 côté de l'Atlantique seulement ; partout ailleurs, il n'y avait que des lagunes où l'évaporation amenait la production du gypse et du sel. Ces eaux saumâtres ne recouvraient ni la partie centrale des Corbières, ni la partie médiane des Pyrénées. Un affaissement s’est produit au début du Jurassique et des dépôts marins se sont effectués depuis l'Infralias jusqu'au Toar- cien, dans un détroit qui faisait communiquer les deux mers et s'élargissait à ses extrémités : les Corbières restaient émergées ainsi que la plus grande partie de la crête des Pyrénées. Un exhaussement progressif à repoussé la mer à l'Est sur l'emplacement de la Méditerranée actuelle, à l'Ouest jusqu'au méridien de Tardets pendant le Bajocien et Le Bathonien, jusqu’à celui d'Aussurucq à l’époque oxfordienne. L'émersion a ensuite été complète pendant tout le reste du Jurassique et le début du Crétacé ; puis au commencement de l’Aptien (Gargasien), la mer a occupé à nouveau presque exactement l'emplacement qu'elle couvrait pendant le Lias. Peut-être seulement s'étendait-elle un peu plus vers le Nord dans la partie occidentale, mais elle n'avait aucune communication directe avec l'Espagne et conti- nuait à contourner les Corbières par le Sud. Le fait que, malgré la lacune énorme qui a précédé son dépôt, l'Aptien a occupé le même emplacement que le Jurassique et qu'il le recouvre presque partout en concordance, montre que tous les mouvements qui se sont produits entre le Permien et l’Aptien ont été des mouvements d'ensemble, élevant ou abais- sant toute la région sans modifier les rapports de ses diflérentes parties. Entre l’Albien et le Cénomanien, les mouvements ont été plus complexes : à l'Ouest les dépôts marins du Cénomanien prennent un grand développement et recouvrent même la partie axiale de la chaîne, tandis qu’au milieu et à l'Est, ils sont reje- tés vers le Nord, perdant du terrain vers les Pyrénées propre- ment dites pour en gagner du côté de Camarade et des Corbières. Il y à donc eu affaissement de la région occidentale du massif primaire de Camarade ainsi que des Corbières et exhaussement de la partie axiale orientale. C’est de cette époque que datent les plissements qui ont surélevé les massifs primaires de Milhas, des Trois-Seigneurs et du Saint-Barthélemy. L’affaissement de la partie occidentale n’a pas été de longue durée et dès l’époque sénonienne, il n’y avait plus de communi- cation directe entre les deux versants; l'emplacement occupé par la mer sénonienne est rejeté au Nord de celui où s'était GE. 4 L. CAREZ 27 Juin déposé le Cénomanien depuis l’Atlantique jusqu'à Foix. Au delà vers l'Est, il n’a pas sensiblement varié. Par contre, la mer sénonienne espagnole a gagné du terrain et recouvert des parties exondées depuis fort longtemps soit à la Manère et Amélie, soit surtout sur les feuilles de Luz, Urdos et Mauléon où elle atteignait Eaux-Bonnes et Argelès. L'affaissement s’est maintenu pendant tout le Danien sur les feuilles de Luz et Mauléon où cet étage est entièrement marin; dans la région d'Amélie et dela Manère, la mer a encore occupé le pays pendant la partie inférieure du Danien, puis elle s’est retirée pour être remplacée par des eaux douces. Au contraire, au Nord de la chaîne l’exhaussement qui avait déjà commencé dans les Corbières à la partie supérieure du Sénonien, a continué et a repoussé la mer jusqu'au delà de la Garonne à Saint-Martory. Il est à remarquer que le massif primaire de l’Alaric, resté exondé depuis le Carbonifère, a commencé à s’abaisser par rap- port aux Corbières, car 1l a reçu des dépôts lacustres du Danien. Pendant l’Éocène inférieur, émersion de toute la partie occi- dentale française et espagnole ainsi que la région de la Manère et d'Amélie ; de Saint-Gaudens aux Corbières, dépôt de couches alternativement marines et lacustres se prolongeant jusqu'à la Montagne Noire. À cette époque, les eaux, — marines ou lacustres, — ont cessé de contourner par le Sud le massif pri- maire des Corbières pour passer au Nord de ces montagnes. Il y a donc eu continuation du mouvement de bascule ébauché à l’époque danienne, mouvement qui a relevé la région de Sou- graigne-Padern et abaissé celle de l’Alaric où la mer lutétienne s'est largement étendue. Au début du Lutétien, il s'était d’ailleurs produit un affaisse- ment général qui à fait revenir la mer sur toute la longueur de la chaîne, avec un rivage méridional à peu près le même que celui de la mer danienne. L’affaissement s’est fait sentir également sur le versant méri- dional où l’on constate la présence du Lutétien au Mont Perdu aussi bien qu'aux environs de la Manère: il n'est pas arrivé jus- qu'à Amélie. Dès la fin du Lutétien moyen, un nouvel exhaussement a chassé définitivement la mer de toute la partie orientale, depuis la Méditerranée jusqu'au delà de Pau: le golfe aquitanien du Lutétien supérieur dépassait à peine Orthez. Pendant le Bartonien, on ne constate pas de modifications 1910 GÉOLOGIE DES PYRÉNÉES FRANÇAISES 679 notables, mais à la fin de cet étage, l'exhaussement a continué et le rivage du Ludien, déplacé vers le Nord-Ouest, passe approxi- mativement par Biarritz, Pouillon et Roquefort. Tous les mouvements reconnus entre le Cénomanien et le Ludien ont été des exhaussements et affaissements d'ensemble, non accompagnés de plissements ; c’est seulement à l’époque ludienne, ou au plus tôt à l’époque bartonienne, que d’énergiques actions orogéniques se sont fait sentir, produisant les plis et accidents que j'ai indiqués dans les paragraphes précédents. Postérieurement au Ludien, les Pyrénées, définitivement constituées, sont entrées dans une période de calme et n'ont plus subi que des mouvements d'ensemble de faible amplitude: le contour des mers miocène et pliocène diffère très peu de celui des mers actuelles. Non existence de plusieurs nappes de charriage superposées. La conclusion de mes études, au point de vue de la structure, est que, dans les Pyrénées, il n'existe que fort rarement des plis couchés complets, à flanc renversé conservé, mais que par contre les chevauchements par écaille sont d'une prodigieuse fréquence. Certains d’entre eux se poursuivent sur une grande longueur, par- fois avec relais, mais avec une faible amplitude dans le sens du mouvement de translation et une forte inclinaison de la surface de contact qui les sépare de la masse chevauchée. Quelques-uns de ces chevauchements, par l'amplitude de leur mouvement de translation, la position voisine de l'horizontale de leur surface de contact avee le substratum ou le détachement de leurs racines, peuvent mériter le nom de charriages; mais ils sont peu nombreux. Je citerai la montagne de Tauch, le pic de Bugarach, les accidents desenvirons de Tarascon, de Bagnères- de-Bigorre, de Gavarnie et le massif de Lacoura près Sainte- Engrace. Je considère au contraire comme en place tous les massifs primaires sans exception ainsi que le Pech de Foix et la mon- tagne Saint-Sauveur. La conception de M. Léon Bertrand est tout autre! ; 1l admet l'existence de quatre nappes de charriages distinctes, fréquem- ment superposées les unes aux autres et se portant toutes, sans 1. L. Berrrann. Contribution à l'histoire stratigraphique et tectonique des Pyrénées orientales et centrales. Bull. des Services de la Carte géologique de la France, t. XVII, p. 365, 1907. 680 L. CAREZ | 27 Juin. aucune exception, du Sud au Nord. Ces nappes de charriages comprennent tous les massifs primaires séparés de la zone pri- maire centrale, à l'exception des Corbières, notamment le Pri- maire de Bessède, le massif du Saint-Barthélemy, celui de Milhas, etc. Ainsi d'un côté, chevauchements très nombreux, mais de faible amplitude, dirigés le plus souvent au Nord, mais parfois aussi en sens inverse; de l'autre, vastes nappes de charriage empilées les unes sur les autres, se portant toutes au Nord et s'étendant sur toute la longueur de la région étudiée par l’auteur (feuilles de Quillan, Foix et partie de celle de Bagnères-de- Luchon). Tels sont les deux systèmes en présence. Certes la théorie de M. Léon Bertrand est très séduisante et parfaitement admissible pour toute personne qui examine ses coupes sans pouvoir les contrôler sur le terrain. Mais il en est tout autrement pour celui qui, comme moi, parcourt depuis trente-deux ans la chaîne des Pyrénées, et je n'hésite pas à dire que dans les coupes de M. L. Bertrand, la part de l'imagination est trop grande, alors que celle de l'observation est trop réduite; que nulle part on ne peut voir les superpositions de séries ou de nappes qu'il indique, et que les inclinaisons de couches telles qu'il les figure sont le plus souvent différentes de la réalité soit pour le sens du plongement, soit pour son intensité. Certes dans toute coupe, dans toute description, il y a forcé- ment une part d'interprétation, mais 1l ne faut pas que cette part soit prépondérante ni surtout que l'interprétation soit en désaccord avec les faits. Or c’est ce qui arrive dans les coupes de M. Léon Bertrand. Pour le démontrer, il faudrait prendre successivement chacune de ses coupes, ou tout au moins les plus importantes d'entre elles et les examiner en détail; c’est ce que je ferai dans le mémoire complet. Ici je tiens seulement à affirmer qu'en aucun point il n'est possible de voir les superpositions de nappes figu- rées sur les coupes, pas plus que les nombreux contacts voisins de l'horizontale. Provenance des prétendues nappes charriées. — Cette question est à peine effleurée dans les travaux de M. L. Bertrand; elle a pourtant une importance primordiale et méritait d'être traitée plus complètement. Un premier point hors de doute, c’est que ces nappes ne pour- raient provenir du versant ol de la chaîne. On sait en 1910 GÉOLOGIE DES PYRÉNÉES FRANCAISES 681 effet qu'il n'existe d’affleurements jurassiques ou crétacés infé- rieurs sur ce versant qu'entre les vallées du haut Llobregat et de l'Esera, et encore, dans cette partie, ont-ils des faciès diffé- rents de ceux des terrains de même âge compris dans les pré- tendues nappes. En dehors de cette région restreinte, soit à l'Est, soit à l'Ouest, le Crétacé supérieur repose directement par trans- gression sur le Trias ou le Primaire. À l'Est, il est même impossible de chercher l’origine des nappes plus loin vers le Sud que le Canigou, puisque le petit lambeau de terrains secondaires conservé à Amélie-les-Bains nous montre que le Jurassique et le Crétacé inférieur ne se sont jamais dépo- sés en ce point, le Crétacé supérieur reposant directement sur le Trias ou tout au moins sur le Lias inférieur. Il faut done faire venir ces quatre nappes de la zone primaire centrale, c’est-à-dire d'une région où il n'existe actuellement aucun vestige de terrains secondaires, pas même dans le pli- faille de Mérens. Cela me paraît dépasser les limites permises de l'hypothèse, d'autant plus que nous avons la preuve qu’à l'Ouest du Gave de Pau, le Crétacé supérieur s’est déposé direc- tement sur le Primaire de la zone centrale, sans intercalation de Crétacé inférieur ni de Jurassique. Il est done impossible qu'au- eune nappe de charriage contenant ces terrains soit venue de la zone primaire centrale, pas plus que du versant méridional. Dira-t-on que cette partie occidentale de la chaîne est soumise à un régime différent de celui du reste des Pyrénées? Ce serait évidemment insoutenable. Si les nappes de charriage se suivent depuis la Méditerranée jusqu'à la vallée du Gave de Pau, soit sur une longueur de 250 kilomètres, avec la régularité que leur attribue M. L. Bertrand, elles doivent incontestablement se con- tinuer au delà vers l'Ouest. La feuille de Mauléon présente en effet comme celle de Foix et Quillan les phénomènes de clevau- chement vers le Sud que l’on déclare ne pouvoir être expliqués que par des charriages venus du Sud. Je considère en conséquence qu'il est impossible de trouver un lieu d’origine pour les grandes nappes charriées du versant nord des Pyrénées et que c’est un puissant argument à ajouter aux autres pour rejeter leur existence. | SUR QUELQUES POINTS DE LA GÉOLOGIE DU NORD DE L'ARAGON ET DE LA NAVARRE pAr L. Carez # Ayant terminé mes études sur le versant nord des Pyrénées, Jai repris avec plus de détails les recherches sur le versant méridional que j'avais ébauchées il y a une trentaine d’années. La connaissance de cette partie de la chaîne est encore trop incom- plète, — elle n’a guère fait de progrès depuis trente ans, — pour permettre d'étendre au territoire espagnol les vues d'ensemble, maintenant possibles pour la France : aussi est-il intéressant de combler les nombreuses lacunes qui existent encore. C’est dans ce but que j'ai fait en 1909 et 1910 plusieurs excur- sions dans le Nord de l’Aragon et dans la Navarre. J'en donne quelques résultats dans cette note préliminaire. I. RéÉGIon DE JACA ET CANFRANC. La Peña de Oroel, à quelques kilomètres au Sud de Jaca, est située dans l'axe d'un synclinal où affleurent les couches les plus récentes de la région, tandis que le col de Somport est dans le Primaire ; aussi une coupe menée de l’un à l’autre de ces points donnera-t-elle toute la série des assises. Au départ du col de Somport on rencontre divers terrains primaires que je n'ai pas étudiés mais qui, d'après M. Bresson, se rapportent au Dévonien, au Carbonifère et au Permien ; ils se continuent jusqu’à deux kilomètres et demi au Nord de Canfranc. Là commence le Secondaire, reposant en discordance très accen- tuée sur le Primaire et montrant successivement (fig. 1)!: 1. Calcaire blanc avec Polypiers et Sphérulites. — 20 mètres. 2. Calcaire gris jaunâtre marneux, à bancs alternativement durs et tendres. Nombreux fossiles, à la base, gros Echinocorys; au-dessus, Ostrea vesicularis Laux., O. larva Lanx., Orbitoides, Rhynchonella. — 400 mètres. 3. Calcaire très blanc. Polypiers, Lithothamnium, Orbitoïdes. — 30 mètres. 4. Calcaire bleu. Alveolina, Flosculina, Assilina à Santa Elena. — 90 mètres. 1. Toutes les déterminations des Foraminifères cités dans cette coupe et dans le reste du travail sont dues à M. Henri Douvillé que je remercie de son obli- geance. 1910 NORD DE L'ARAGON ET DE LA NAVARRE 683 5. Calcaires marneux avec petits bancs de US calcaires ou de grès; quelques gros bancs de LE calcaires compacts. — 1500 mètres. Plusieurs Fa niveaux fossilifères dont quelques-uns recon- nus seulement en dehors de la ligne de coupe : F BE ANS del a. Assilina granulosa D'Arcu., A. Leyme- wo riei D'ArcH., Orthophragmina Archiacti Douv. : b. Assilina granulosa »'Arcu., A. Leyme- à = riei D'ArcH., Vummulites Lucast DErR., 2 N. Lamarcki, Orbitolites complanalus ui Laux., Orthophragmina Archiaci Douv., Alveolina oblonga »’Onrs. c. Nummuliles crassus Bousée, N. aturi- " eus? Jorx et Leyuerie, NV. Lucasi DErr., N. atacicus ? Leym., Assilina granu- losa n'Arcun., Orthophragmina Archiact ù Douv., Alveolina ohlonga »'Ors. PE mn 1/150 000. 6. Marnes bleues sans fossiles. — 1000 mètres. RD : É Lo 7. Alternance de marnes, calcaires et grès, le tout bleuâtre ou brunâtre. Très nombreux w fossiles : Pecten, Turritella, Euspatangus, à Nummulites contortus Desn., N. s{rialus D'Ors., Serpula, Orthophragmina Pratti Micu. Vers le village de la Peña, sur le flanc méri- dional du grand synelinal: Serpula spirulea Lamk., Orthophragmina stellata D'Arcn. — 90 mètres. 8. Calcaire très marneux et marnes jaunes À à marbrures rouges et violettes; quelques conglomérats. — 300 mètres. 9. Poudingues principalement calcaires, for- mant des abrupts. — 400 mètres. . 1. — Coupe du Cor ne SoMPoRT À LA PENA DE OROEL. 2 Cette succession ne diffère pas beaucoup, en dehors des modifications de groupe- ments, de celle que j'ai donnée il y a trente ans !; pourtant j'avais à tort placé Assilina granulosa entre Nummulites aturicus et les marnes bleues à Serpula spirulea. Mes nouvelles recherches me conduisent à vieil- lir la zone à À. granulosa qui est plus ancienne que celle à NV. afuricus. Mais les progrès faits dans l’étude du E. de Canfranc 17100 ER Fic <—— Somport N 1215 7, Primaire 1. L. Carez. Etude des terrains crétacés et ter- tiaires du Nord de l'Espagne, Paris, 1881. 68% L. CAREZ 27 Juin Nummulitique d’autres régions depuis cette époque permettent une classification plus rigoureuse. Les couches 1 à 3 appartiennent au Crétacé supérieur, 1 pro- bablement au Campanien, 2 et 3 au Danien, comme les couches identiques du Marboré qui se trouve d’ailleurs sur le prolonge- ment de la bande passant par le castillo de Hecho, Canfranc, Santa Elena. Comme dans la partie voisine du territoire français, rien ne représente l'Éocène inférieur : 4 est déjà lutétien (Lutétien infé- rieur ?). 5a et b sont lutétiens moyens, ÿc lutétien supérieur ; 6 et 7 sont bartoniens, 8 et 9 ludiens-sannoisiens. On remarquera combien le faciès de l'Éocène est voisin de celui des environs d’Orthez et de Bayonne, l'épaisseur étant toutetois beaucoup plus grande ; il est par contre bien plus marin que dans Peñas de Santo Dominga F,B#ofEMA nf del. F1G. 2. — Coupe de la PEXA DE Santo DouiNGo. — 1/100 Ouu. la plus grande partie de la bande du versant français. Je ferai observer en outre que les poudingues commencent 1e1 plus tard qu'en France où ils se montrent dès le Lütétien supérieur depuis la feuille de Mauléon jusqu’à celle de Narbonne. La petite échelle de la coupe (fig. 1) n'a pas permis de figurer exactement l'allure des couches dans la vallée de Canfranc ; la complication est beaucoup plus grande qu'elle n’est représentée dans cette coupe schématique. On peut voir notamment sur le flanc gauche de la vallée, un peu au Nord de Puente de Torrigos, un IE petit pli couché PR Al IT. SierrA DE SANTO DOMINGO ET DÉFILÉ DE LA PEKA. Au Sud du synclinal d'Oroel, les couches se relèvent et l’on voit apparaître un anticlinal qui constitue le dernier chainon élevé avant la plaine de l'Ébre. Ce chaînon commence à la Sierra de Peñas de Santo Domingo, passe au défilé de la Peña et se continue vers l'Est par Morron de Gratal. La coupe de ce chaïnon entre Longas et Biel est la suivante (fig. 2): 1910 NORD DE L'ARAGON ET DE LA NAVARRE 685 . Calcaires marneux du LubiEN-SANNOISIEN avec rares poudingues. Marnes bleues BARTONIENNES. — 400 mètres. Calcaire à Alvéolines. LurétIen. — 50 mètres. Grès souvent rouges ou ferrugineux, calcaires marneux jaunes ou gris, marnes rouges, etc., avec fossiles assez nombreux dans cer- taines couches : Sphérulites, Bélemnites, Ostrea, ete. L'aspect général est saumâtre, néanmoins la présence de Sphérulites et de Bélemnites indique que certaines couches au moins sont franchement marines. DanitEN (et CaAMPANIEN ?). — 300 mètres. 5. Calcaire à Alvéolines. LUTÉTIEN. 6. Marnes bleues avec quelques bancs de calcaires tendres ; nom- breux fossiles. BARTONIEN. — 400 mètres. 7. LUDIEN-SANNOISIEN. rive Un peu plus à l'Ouest, une coupe passant par Salinas-de-Jaca et San Felices, montre (fig. 3) : 1. Calcaires marneux et poudingues du LuDIEN-SANNOISIEN . 2. Marnes bleues BARTONIENNES. S. N. San Felices Salinas ©. de Villalangua 15 15 ,, : | 21818 F EEE m8 7 TE A EEE y u le 1 EL NOEZAE li 1 1 m F1? sw 9 \iE | NN SIT 1 QUE | F AORREMANS del FiG. 3.— Coupe par SALINAS-DE-JAGA. — 1/100 000, 3. Calcaire gris dur avec Nummulites aturicus Joy et Levuerie, N. Lucasi DErr. — 40 mètres. 4. Marnes grises. — 50 mètres. 5. Calcaire rosé. — 10 mètres. 6. Marnes. — 40 mètres. D'ANIEN. 7. Grès brun et calcaire. — 25 mètres. 8. Marnes. — 60 mètres. } 9. Marnes rouges et vertes; cargneules. Trras. 10. Calcaire blanc compact. 11. Marnes rouges. | 12. Grès jaunes. 13. Marnes rouges. 14. Calcaire blanc, puis gris et marneux; dans cette dernière partie : Orthophragmina Fortisit v'Arcu. (énormes), Orth. stellata D'Arcu. LUTÉTIEN. — 25 mètres. 15. Marnes bleues. BARTONIEN. — 150 mètres. 16. Calcaire blanc, marneux à la base avec grandes Orlhophrag- mina, Nummulites, Miliolites, BarrToxiEx ? ou LurTéTiIEN revenant par € l'effet d’un synclinal secondaire ? — 20 mètres. | DANIEX. — 80 mètres. 686 L. CAREZ 27 Juin 17. Calcaires marneux gris à marbrures roses. — 1500 mètres. FAILLE. 18. Calcaire blanc à marbrures roses. — 60 mètres. 19. Grès brun. — 40 mètres. 20. Marnes rouges. — 30 mètres. 21. Calcaire gréseux dur, gris un peu rosé. Alveolina oblonga »p'Ors., Flosculina. — 30 mètres. 22, Marnes bleues BARTONIENNES. -— 190 mètres. 23. Calcaire gris bleuâtre, un peu marneux. Orlhophragmina sella p'ArCH., O. stellala n'Arcu. — 20 mètres. 24. Calcaires marneux gris à marbrures roses, puis poudingues. LUDIEN-SANNOISIEN. Cette deuxième coupe est importante en ce qu'elle montre le Trias avec sources salées apparaissant dans le fond du vallon de Salinas, recouvert en discordance par le Danien et le Nummuli- tique presque vertical. C'est la répétition de ce que j'ai décrit en France à Betchat dans un massif qui occupe sur le versant septentrional une posi- tion homologue à celle du massif de Santo Domingo, à la bordure de la plaine. Il y a entre les deux coupes ci-dessus plusieurs affleurements très restreints de Trias se montrant dans les mêmes conditions ; l’un d'eux est accompagné de Lias, car j'y ai recueil Terebra- tula subpunctata DAv., Spiriferina. Après la traversée du Gallego, le Trias affleure plus largement sur le chemin de Sarsamareuello à Anzanigo ; 1l est accompagné de calcaires, très probablement liasiques. Un autre point à noter dans cette coupe est l'inchinaison au Sud de la faille de chevauchement entre les couches 17 et 18; le sens de la poussée est donc vers le Nord, c’est-à-dire vers l'axe de la chaîne. Un fait analogue se voit dans la vallée du Gal- lego, un peu au Nord de Riglos. III. BRACHYANTICLINAL DE TIERMAS. J'avais indiqué dès 1881 l'existence d’une faille au Nord de Tiermas ; mes récentes excursions ont confirmé son existence mais ont montré une complication plus grande que je ne l'avais supposée autrefois. Il existe au N. de Tiermas une montagne abrupte, la Peña mayor, dont la coupe est la suivante du Nord au Sud (fig. k) : 1. Marnes bleues BARTONIENNES, 2. Calcaire à Nummulites. Nummulites atluricus Jozy et LEeym., Lucasi Derr.. LUTÉTIEN. 4910 NORD DE L'ARAGON ET DE LA NAVARRE 687 3. Grès blanc, sans fossiles. DantEN (?). 4. Grès brun à Orbitoïdes. D'ANIEX. 5. Calcaire rosé à Hippurites. Æippuriles Vidali Marn.. Campa- NIEN. FAILLE. 6. Marnes bleues BARTONIENNES, SE N. Peña Mayor Vallee de: Castillo Tiermas LB 09 EnANS del F1G. 4. — Coupe de la PEXA Mayor, — 1/100 000. Les calcaires nummulitiques s'étendent seulement depuis la rivière l'Irati, — qui les traverse dans un très beau cañon, — jusqu'auprès de Villaréal ; à leurs deux extrémités, ils s’enfoncent sous les marnes bleues. L'affleurement crétacé ne se présente que sur les trois quarts de cette étendue. La Peña mayor est donc un brachyanticlinal faillé, avec léger chevauchement au Sud. Cet accident amène au jour des couches dont l'existence dans cette région n'avait jamais été signalée : le Danien marin et le Campanien à faciès hippuritique. IV. Puis au Norp p’'HECHo. J'appellerai l'attention sur un pli couché que j'ai reconnu aux abords du castillo d'Hecho. Ce pli, parfaitement visible à cause FBogfEmans del FiG. 5, — Coupe au Nord d'Hecno. — 1/75 000. 1, Calcaire blanc campanien; 2, Calcaire gréso-marneux danien:; 3, Calcaire à Alvéolines (Lutétien) ; 4, Calcaires et marnes (Lutétien). de la différence de coloration du calcaire blane compact du Cam- panien et du calcaire gréso-marneux jaune brun du Danien, est couché vers le Nord, c'est-à-dire vers l'axe de la chaîne, 688 L. CAREZ 27 Jum Cet exemple ajouté à tous ceux que j'ai cités sur le versant français, montre qu'il faut définitivement rejeter pour les Pyré- nées, l'axiome d’après lequel tous les plis couchés, chevauche- ments et charriages se dirigeraient de l'axe de la chaine vers la plaine. V. Exvirons D'ESTELLA. Mes études aux environs d'Estella m'ont amené à modifier profondément la carte géologique de cette région (fig. 6). IH. LELEEEEEEEFAAEEE, LITI/gartittttEntE, LEE = HET lle lieell DECHEEET RARE DURE DEPOT EEE 2 UEEER LEUR RER: SEA NN | ini S: ER AZquetaliiiiiiiitn LEUR EEE EEE EEE EEE EEE FBORGEMANS del, Fi. 6. — Carte géologique des ENVIRONS D'ÉSTELLA. — 1/400 000. Calcaires marneux et pou- dingues. Ludien-San- Cénomanien. noisien. Lutétien. Ml Trias. Sénonien (et Turonien?) Ophite. 0 Le premier point sur lequel j'attirerai l'attention est l'existence de plusieurs affleurements triasiques d’une certaine étendue. Ils sont constitués par des marnes souvent rouges, très gypseuses, des cargneules, des brèches avec calcaires noirs et parties ver- millon; c'est le faciès typique du Trias pyrénéen. J'y ai même trouvé les quartz bipyramidés comme sur le versant français. Ces affleurements triasiques sont percés de pointements ophi- tiques dont quelques-uns déjà reconnus avaient été indiqués comme traversant le Tertiaire. C’est une erreur certaine et je ne doute pas que la suite de mes recherches ne m'amène à faire la 1910 NORD DE L'ARAGON ET DE LA NAVARRE 689 même rectification pour les autres pointements ophitiques mar- qués à l'Ouest de Pamplona sur les cartes espagnoles : il n'y a pas d’ophites tertiaires. A l'Ouest d'Estella, au kilomètre 5 de la route de Vitoria, appa- raissent des grès gris micacés, tendres, entremêlés de marnes de même couleur, micacées également. Le tout est rempli d'Orbito- lina concava LAMK. et présente une teinte générale gris-fer bien spéciale. C'est le Cénomanien que j'avais d’ailleurs déjà reconnu en 1881, mais contrairement à ce que je pensais à cette époque, il n'apparaît pas ici par faille; il s’est déposé en discordance sur le Trias. Au-dessus du Cénomanien viennent des marnes bleu clair, avec rognons calcaires représentant le Sénonien et peut-être aussi le Turonien !. Ces marnes sont couronnées par un calcaire com- pact dans lequel je n'ai pas réussi à trouver de fossiles détermi- nables. : Au Nordsont d'autres calcaires remplis de Nummulites (Nummu- lites aturicus JoLx et LEYNERIE, N. crassus Bouge, N. complanatus D'ArCH., V. Lucasi Derr.), dont je n’ai pas encore éclairci le mode de contact avecles marnes sénoniennes et enfin, en discordance sur le tout, viennent les calcaires marneux tendres et les poudingues du Ludien-Sannoisien. Cet étage est parfois difficile à séparer du Trias parce que, lorsqu'il repose sur ce terrain, ses premières assises se sont formées aux dépens des argiles rouges triasiques sous-jacentes. C'est ce qui explique comment on a pu mécon- naître l’existence du Trias dans cette région. L'étude des environs d’Estella montre donc : l’existence du Trias avec ophite ; — l'absence de Jurassique et de Crétacé infé- rieur, le Cénomanien reposant directement sur le Trias ; — l’ap- parition du Cénomanien qui manque plus à l'Est; — la non existence d’ophites éocènes ; — la transgression du Ludien-San- noisien sur tous les terrains antérieurs. RÉSUMÉ Dans la partie septentrionale, de Biescas à Hecho, le Campa- nien transgressif repose directement sur le Primaire : tous les terrains intermédiaires manquent et l’on est en droit de supposer qu'ils ne se sont jamais déposés. Le Danien est marin et l'Eocène, 1. J'ai rapporté de ces couches de nombreux Oursins dont l’étude n'a pasencore été faite. 16 mai 1911, Bull. Soc, géol. Fr. X. — 44, 690 L. CAREZ 37 Juin marin également, présente une épaisseur considérable avee un faciès très voisin de celui.de la région de Bayonne. Dans l’anticlinal de Santo Domingo, le Trias et le Lias existent, mais ils sont recouverts directement par le Danien; la lacune, un peu moins importante qu'au Nord, correspond encore à tout le Jurassique supérieur au Lias et à tout le Crétacé jusqu'au Sénonien !. Le Danien de cette région est en partie marin, en partie lacustre ; quant à l’Eocène, il est bien moins développé qu'au Nord. Le Lutétien surtout est très réduit. Les calcaires marneux et les poudingues du Ludien-Sannoi- sien sont en discordance transgressive indiscutable sur les autres terrains. Ce fait est déjà connu depuis longtemps, mais il est bon de le rappeler car en France,sauf au Sud de Pau, il n’y a pas de discordance à ce niveau. En avançant vers l'Ouest, on trouve le Campanien à Tiermas, puis beaucoup plus loin, au delà d'Estella, tout le Sénonien, le Turonien probablement et le Cénomanien. Ce dernier repose sur le Trias; la lacune diminue done d’impor- tance dans cette direction, mais elle est encore loin d'être com- blée à Estella. Le point capital de la structure est l'existence d’une vaste aire synclinale à direction Est-Ouest, dont l'axe passe un peu au Sud de Jaca, et qui est comprise entre le Primaire de la crête-fron- tière d'une part et l’anticlinal de Santo Domingo de l’autre. Ce vaste synclinal, régulier dans l’ensemble, est affecté de plisse- ments secondaires fréquents, assez intenses pour amener des renversements et des chevauchements. Parmi ces accidents de second ordre, on peut citer le pli d'Hecho couché au Nord, le brachyanticlinal faillé de Tiermas, la faille avec chevauchement au Nord de Riglos. Le Trias apparaît en beaucoup de points, soit dans la Sierra de Santo Domingo, soit aux environs d'Estella. Partout (sauf en un seul point où j'ai découvert du Lias), il est surmonté en dis- cordance par différentes assises crétacées ou tertiaires. Il est curieux de retrouver lei ce mode de gisement si particulier du Trias, bien connu maintenant sur le versant septentrional des Pyrénées ; je crois qu'il est encore plus fréquent sur le versant espagnol et je persiste à penser que le sel de Cardona en est un exemple. 1. M. Mallada a bien indiqué dans cette région quelques lambeaux de Séno- nien et même un peu de Turonien, mais d’après des espèces peu probantes et mal conservées. CRE OBSERVATIONS SUR LA FLORE FOSSILE DES GRÈS THANÉTIENS DE VERVINS (AISNE) ET REVISION DES ESPÈCES QUI LA COMPOSENT PAR P.-H. Fritel. PLaNcHes XII FT XIII. Les restes de végétaux fossiles constituant la flore des grès intercalés dans les sables thanétiens sont encore peu nombreux et mal connus, par suite de leur mauvais état de conservation habituel. Étudiés d'abord par Watelet', ils furent postérieurement l'objet d'une note de M. Gosselet ?. En combinant les formes décrites ou simplement mentionnées par les auteurs on obtient l'ensemble suivant : Tæntiopteris affinis Vis. et Mass. Myrica angustissima War. Lygodium sp. Gosseer. — verbinensis War. Cryptomeria Bazinr War. — allenuala War. Pinus macrolepis an. BroxGx.mss, — curlicellensis War. Bambusium Papillon War. — Roginez War. Poacites Heeri War. — Roginer War. — obsoletus War. — prologeus War. — deletus War. Cyperites deperditus War. — carinalus WAT. Amomophyllum tenue War. Pasianopsis relinervis Sar. et Mar. Ficus sp. Gosserer. — sp. Goss. Laurus degener Goss. Platanus Papillont War. Stereulia verbinensis War. Grevillea verbhinensis War. Flabellaria raphifolia Srerxs. — minima WAT. = sp. GOSSELET. Dryandroides Roginer War. Stachycarpus eocenica Sr. Meux. ncorce et bois indéterminés. Le nombre des espèces qui composent cet ensemble, bien que peu élevé, doit être cependant réduit de près de moitié, plusieurs des empreintes distinguées spécifiquement par Watelet pouvant être réunies sous un même nom ; il est, de plus, nécessaire de modifier la plupart des déterminations génériques de cet auteur. 1. WarezeT. Description des plantes fossiles du bassin de Paris, 1866. 2. GossELET. Quelques remarques sur la flore des sables d'Ostricourt. Ann. Soc. géol. du Nord, X, p. 100; pl. v, 1882-83. 692 b.-H. FRITÉL 37 Juin Pour quelques-unes des espèces énumérées dans la liste précé- dente la vérification des déterminations .est devenue impossible par suite de la disparition des échantillons types et par le manque de descriptions suffisantes et de figures se rapportant à ces espèces. Tel est le cas pour les empreintes désignées sous les noms de : Tæniopteris affinis', Cryplomeria Bazini*, Pinus macrolepis, Amomophyllum tenue*. J'ai pu, au contraire, examiner à loisir les types de la plupart des autres espèces, grâce à l'obligeance de MM. le Dr Ganelon, conservateur du Musée de Vervins, et Tronquoy, auxquels J'adresse tous mes remerciements, ainsi qu'à M. le Professeur Lecomte qui a bien voulu me communiquer les échantillons appartenant au Muséum de Paris. C'est à la suite de cet examen que Je propose la revision sui- vante : Cryptogames LYGODIUN GOSSELETI n. sp. M. Gosselet, en signalant cette Fougère dans les sables d'Artres, ne lui donne pas de nom spécifique, il la compare à celle des sables de Bagshot et dit qu’elle en diffère par sa nervure médiane tellement atténuée qu'elle ne se distingue plus des nervures secondaires, caractère qui est en effet bien évident sur la figure donnée par l’auteur. Ayant comparé cette figure avec celle du Zygodium Kaul- fussi Hrer, du gisement anglais, J'ai constaté que les nervures sont plus serrées dans l'empreinte d’Artres, et bien que la médiane soit en effet moins visible sur le fossile du Nord, il y a cependant des échantillons de Bagshot qui me paraissent, sous ce rapport, extrêmement voisins de la pinnule figurée par M. Gos- 1. Pour Schimper (in Zrrrer. Traité Paléont., Il° partie, Paléophytologie, p. 182) le Tæniopleris affinis Visiani et MassaLoNGo, auquel Watelet rapporte une des empreintes de Vervins, serait vraisemblablement un Acrostichum, genre dont j'ai trouvé des représentants dans les argiles sparnaciennes des environs immé- diats de Paris. 2. Comme on le verra plus loin le Cryplomeria Bazini correspond très proba- blement à des rameaux du Doliostrobus Sternbergi, assez communs dans le même gisement. 3. Les feuilles que M. Watelet assimile à ce genre sont pétiolées, dit Schim- per, et s’éloignent beaucoup sous ce rapport des Amomum vivants. Pour ce der- nier, l'existence à l’état fossile du type Amomum est plus que douteuse. Schenk considère également ces restes comme absolument insuffisants pour prouver l'existence de Zingibéracées à l'époque tertiaire. Nous éliminerons donc cette espèce de la liste des plantes thanétiennes, 1910 GRÈS THANÉTIENS DE VERVINS 693 selet. Il est probable que la différence observée est due à ce que les empreintes représentent des faces différentes de la pinnule. Parmi les espèces vivantes le Lygodium Gosseleti peut être comparé, pour la forme générale, aux ZLygodium pennatifidum SwarrTz de la Malaisie et au Lygodium hastatum DeEsv. du Bré- sil et de la Guyane anglaise. Phanérogames gymnospermes DOLIOSTROBUS STERNBERGI (Gogpp) Mario Sous le nom de Poacites Heeri, Wate- let décrivit comme épillets de Grami- nées, des restes se rapportant à des rameaux de Conifères et qui, en dernière analyse, doivent être assimilés à ceux du Doliostrobus Sternbergi Mar. L'examen dela figure ci-contre (fig. 1) qui reproduit l’un des types du Poacites Heeri WaATE- LET ne laisse aucun doute à cet égard ; c'est sans doute à des organes similaires que fut appliqué, jadis, le nom de Cry- ptomeria (Cryptomeria Bazini War.) mais il est aujourd’hui impossible de vérifier l'identité de ces restes, les échan- FiG. 1. tillons se rapportant à cette espèce AURA EURE Ra a L Type du Poacites Heeri War. ayant été égarés. Grandeur naturelle. PFhañérogames angiospermes MONOCOTYLÉDONES Les Palmiers à frondes flabelliformes sont représentés dans les grès de Vervins par deux types distincts signalés, l’un par Watelet, l’autre par M. Gosselet,sous le nom commun de Flabel- laria raphifolia, mais qui en réalité appartiennent au groupe des Sabal. 694 P.-H. FRITEL 27 Juin SABALITES PRIMÆVA (SCHIMPER) nob. Schimper rapporte au genre Sabal l'espèce figurée par Wate- let, et lui impose le nom de Sabal primæva en faisant remar- : E 0 . ts e . quer, avec raison, qu'elle diffère du Sabal major par le nombre beaucoup moins considérable de ses segments et par son rachis plus court et presque tronqué à son sommet. A B Fronde du Sabaliles Chatiniana CRié, Fronde du Sabalites primœæva Scaimr., d'après Crié. d'après WATELET. ’ Il y a lieu de réunir à cette espèce le Palmier des grès de l’Anjou et de la Sarthe mentionné et figuré par L. Crié!, sous le nom de Sabalites Chatiniana (pl. p, fig. 22-235 du travail de Crié) ; la forme du rachis, la disposition et le nombre des segments étant les mêmes dans ces deux formes, comme le montrent les cro- quis ci-joints (fig. 2, À et B) donnés comparativement. SABALITES ANDEGAVENSIS (SCHIMPER) SAPORTA Le second type dont M. Gosselet a donné un bon dessin, en le rapportant à tort au Flabellaria raphifolia, c'est-à-dire à l'espèce 1. L. Crié. Recherches sur la végétation de l'Ouest de la France à l’époque tertiaire (Thèse de Doctorat), 1878, 1910 GRÈS THANÉTIENS DE. VERVINS 695 précédente, correspond exactement à la diagnose du Sabal andegavensis de Schimper!. Dans cette dernière espèce le rachis, au lieu d’être longuement prolongé comme dans le S. major, est au contraire subitement rétréci en un acumen lancéolé très court. Les rayons sont moins nombreux, puisque l’on n’en compte pas plus de vingt de chaque côté du rachis. LU dy, Z SI nn — =. 0) Fe | | Fic. 3. A B Fronde du Flabellaria hæringiana, Fronde du Sabalites andegavensis d'après Gosselet. Scime., d'après Crié.! Il suffit d'ailleurs de comparer les figures du S. andegavensis données par Crié (reproduite en B, fig. 3) avec celle de M. Gos- selet (fig. 3 À) pour se rendre immédiatement compte de la simi- litude qui existe entre les empreintes du grès de l'Anjou et celles du grès de Vervins. Les débris foliaires inscrits par Watelet sous les noms géné- riques de Poacites et de C'yperites ne sont, en réalité, que des fragments plus o1 moins réduits de segments de frondes de pal- miers, qu'il est d’ailleurs impossible, vu l'état de ces restes, d'attribuer plus spécialement à l’une ou l'autre des deux espèces mentionnées ci-dessus. En effet les empreintes qui se rapportent soit au Sabalites primæva, soit au Sabalites andeqavensis présentent des segments tellement semblables qu'il est impossible de les distinguer sur de simples fragments. Ce sont des lambeaux linéaires dont la largeur varie en raison de l’âge et du degré de développement de l'organe dont ils proviennent. 1, Scaiwper. Traité de paléontologie végétale, t, IT, p. 490: 696 P.-H. FRITEL 27 Juin Tous présentent une nervure médiane plus ou moins accen- tuée formant quelquefois une carène distincte (Cyperites carinatus et C. deperditus, fig. #) ou obsolète et quelquefois tout à fait effacée (Poacites obsoletus et autres). Cette nervure médiane est accompa- gnée de chaque côté par des nervures longitudinales, paral- lèles, dont le nombre peut varier dans une certaine mesure. Contrarrement à ce que représentent presque toutes les figures de Watelet ces segments de frondes n'ont point les bords parallèles : ils sont plus étroits à la base que dans leur partie médiane. Cette disposition absolument con- forme à celle des segments de frondes de Sabals oude Flabellaria se voit parfaitement sur la figure 1 de la planche XII qui reproduit l’échan- # pose tillon type du Poacites obsoletus de Watelet. Empreinte type au Cyperites carinatus À la suite des remarques précédentes, les de Watelet. (gr. =: ne FOURS “ nat:) Mus Hist. ati C0 Poacites que Watelet avait cru reconnaître Paris. dans les grès de Vervins, devront disparaitre de la liste des plantes thanétiennes. L'empreinte à laquelle le même auteur applique le nom de Flabellaria minima est vraiment trop fruste pour que l’on puisse tenter une détermination, même approximative. Mais il est indubitable qu'elle n'a rien de commun avec une fronde flabelliforme de Palmier. Le fragment de roche qui renferme cette empreinte est consti- tué par une sorte de tuf gréseux très friable qui n'a conservé qu'une impression très rudimentaire de quelques feuilles ou folioles disposées fortuitement en éventail. Ces organes, au nombre de quatre, sont mutilés à la base et au sommet et leurs bords n'existent plus. Probablement lancéolé linéaire, le limbe présente une nervure médiane beaucoup plus forte que les secondaires qui sont devenues absolument indiscer- nables. L'aspect et les dimensions et surtout la disposition de ces organes font supposer qu'ils ont pu appartenir à un Dewalquea, genre représenté dans le Thanétien par plusieurs espèces. Quoi qu'il en soit, la forme de ces folioles et l'absence com- plète des nervures longitudinales et parallèles accompagnant la médiane, qui se montrent toujours plus ou moins nette- ment sur les segments de frondes de Palmiers, interdisent toute comparaison entre ces dernières et le Flabellaria minima War. qui doit disparaître de la nomenclature. 1910 GRÈS THANÉTIENS DE VERVINS 697 _ Pour en finir avee les Monocotylédones je dirai quelques mots sur la mauvaise empreinte décrite par Watelet sous le nom de Bambusium Papillont. Schimper ! doutant déjà de la légitimité de cette détermination plaçait dans le genre Arundo ce prétendu Bambou dont il n’a certainement pas vu le type. Grâce à l’obligeance du Dr Ganelon, j'ai pu examiner cette empreinte, simple fragment de bois de Dicotylédone dont il est impossible de déterminer la nature exacte. Comme le montre la figure 2 de la planche XIT, ce fossile présente dans l’une de ses parties le moule en creux de la surface d’une écorce qui a disparu du fait de la fossilisation. Cette écorce est rugueuse, fissurée transversalement, sillonnée de craquelures qui forment à sa surface une sorte de réseau à mailles irréguliè- rement rectangulaires et qui d’ailleurs ne peuvent aider en rien à la détermination de ce bois. Quant aux nœuds (?) figurés par Watelet ils sont simplement dus à une fragmentation acciden- telle du bois. Il ne s'agit donc nullement d'un chaume et il n'y a pas lieu, à mon avis, de maintenir les noms de Bamhusium ou d'Arundo Papilloni, dans la liste des espèces thanétiennes DYCOTYLEÉDONES A PÉTALES MYRICA ACUMINATA UNGER PL. XII, fig. 3. Dryandroides acuminala ETriNGsx. — latifolius ErriNGsx. Parmi les matériaux qui m'ont été communiqués par M. le Dr Ganelon, je signalerai une empreinte qui me paraît nouvelle pour la flore thanétienne. Elle se rapporte à un organe, mutilé à ses deux extrémités mais qui peut être facilement reconstitué par la pensée. C'est une feuille (pl. XIT, fig. 3) lancéolée linéaire, atténuée aux deux extrémités, serratée sur les bords. Seule la nervure médiane est visible, elle est forte et épaisse, les autres nervures, sans doute noyées dans l'épaisseur du limbe, ne présentaient qu'un relief trop faible pour laisser leur empreinte sur le grain relativement grossier de la roche encaissante. 1. ScximpErR. Traité de Paléont. végét.,t. Il, p. 395. 698 P.-H. FRITEL 27 Juin On est frappé de la ressemblance qui existe entre cette feuille et celles du gisement de Monod fig. 5 B,5 C), rapportées par Heer au Dryandroides acuminata", espèce qui, à la suite de la décou- verte de ses fruits dans le Crétacé d'Atanakerdluck (Groënland), LT LR EEE COLE ARR hote NP a tant er 00 Po Vo D 24 4e B C FiG. 5 — Myrica acuminala. A. Type du Dryandroides lalifolius ErrinGsx. de Niederschæna. B. C. Feuilles du M. acuminala Ux6. de Monod. Grand, nat. fut réimtégrée dans le genre Myrica, où Unger l'avait primiti- vement placée. 1, Hesse. Flor. tert. Helv.,t. IT, pl, 99, fig. 8; pl, 400, fig. 2, 1910 GRÈS THANÉTIENS DE VERVINS 699 Or si l’on admet cette dernière interprétation, il faut égale- ment considérer comme Myrica le Dryandroides latifolius Errnasn. de la craie de Niederschæna (fig. 5 À) qui, plus encore que l'espèce précédente, semble voisin de l'empreinte des grès de Vervins. La forme générale du limbe est la même, le mode de denticu- lation des bords est identique, la nervure médiane présente une importance égale dans l’une et l’autre espèce où l’on observe aussi l'absence de toute nervation secondaire. D'Ettingshausen n'a pas manqué de faire remarquer combien son espèce crétacée était voisine du D. banksiæfolia et si l’on admet, avec Schimper, l'identité presque absolue de ce dernier avec Myrica (Dryandroides) acuminata, en compagnie duquel il se montre dans plusieurs gisements, 1l faut conclure que toutes ces empreintes, y compris celles de Vervins, représentent une Myricée éteinte, dont les affinités avec les formes actuelles sont assez difficilement appréciables. Je ferai remarquer en passant, que la présence du M. hbank- siæfolia UxG. vient d’être signalée par le Dr Langeron dans les travertins de Passignac (Charente) en compagnie d'espèces abso- lument identiques à celles de Sézanne, permettant de placer le gisement à plantes charentais sur le même niveau stratigra- phique. COMPTONIA SCHRANKI (STERNB.) BERRY PL. XII, fig. 4-5. Les restes désignés par Watelet sous le nom de Dryandroides Roginei paraissent assez répandus dans les grès de Vervins. Je reproduis planche XI, figure 4-5 les empreintes les plus caracté- ristiques pour montrer qu'elles ne peuvent être séparées du Comp- tonia Schrankii (Srerxe.) Berry, à la synonymie duquel il faudra ajouter le Dryandroides Roginei de Watelet. Ce dernier paraît également voisin du Dryandra cretacea VELEN, du Cénomanien de Bohême. DRYOPHYLLUM CURTICELLENSE (WATE LET) SAPORTA Les cinq Myrica signalés ici par Watelet doivent être réunis sous le nom de Dryophyllum curticellense, comme l’a proposé de Saporta". 1, p6 SaporRTA et Mariox. Loc. cil,, t. XLI, p. 53, 700 P.-H. FRITEL 27 Juin M. Gosselet a figuré des feuilles de cette espèce qui montrent combien ces organes étaient variables. Les feuilles les plus larges (pl. v, fig. 3 de la note de M. Gosselet) correspondent à la var. curticellensis (Myrica curticellensis de Watelet), les feuilles de moyenne largeur (fig. #\ à la variété Roginei (Myrica Roginei K Re RE | A B C D E FiG. 6. — Dryophyllum curlicellense (War.) Sar. et ses variétés. . Forme typique du D. curticellense. . Var. Roginei (Myrica Roginei War... . D. Var. angustissima (Myrica angustissima War.). E. Feuille des grès à Sabalites, rapportée par Crié au Myrica æmula HEer et appartenant au D. curticellense, var. angustissima. Tous ces dessins sont de grandeur naturelle. els War.) et enfin les feuilles longues et étroites (fig. 2) à la var. angustissima (Myrica angustissima WaT.). De plus, si l’on compare la figure de cette dernière variété, donnée par M. Gosselet, avec les feuilles figurées par M. Crié sous le nom de Myrica æmula on est frappé de leur ressemblance qui est particulièrement accentuée dans la figure 50, planche 1, de la thèse de Crié, représentant un organe considéré par Schenk comme se rapportant au genre Dryophyllum. 1910 GRÈS THANÉTIENS DE VERVINS DRYOPHYLLUM LAXINERVE SaAportA et Marion PI. XIL, fig. 6-7. En dehors de la forme angustissima du D. curticellense, dont il vient d’être parlé, on rencontre dans les grès de Vervins des fragments plus ou moins incomplets de feuilles très allongées, étroites, linéaires, atténuées aux deux ex- trémités et dont les bords sont découpés par des dents aiguës très fines et beaucoup plus espacées que dans le D. curticellense. Le limbe, assez épais, était de consistance co- riace (fig. 7). La nervure médiane est représentée par un sillon relativement large et profond, corres- pondant à un relief très prononcé; les ner- vures secondaires sont au contraire faiblement indiquées, bien qu'encore très visibles. Elles sont disposées par paires subopposées, espa- cées, par conséquent relativement peu nom- breuses, leur parcours est ascendant et elles montent en se courbant légèrement pour se rendre dans les dents marginales. La gros- sièreté du grès n’a pas permis la conservation du réseau tertiaire, qui devait être très ténu. Ces organes me paraissent extrêmement voisins des lambeaux de feuilles représentés par de Saporta et Marion sous le nom de Dryophyllum laxinerve et en particulier avec le fragment représenté par la figure 6 de la planche I de leur premier mémoire sur les plantes fossiles de Gelinden !. TG 7 Dryophyllum laxiner- ve SAPORTA et Marion. DRYOPHYLLUM LEVALENSE MARTY C'est également au genre Dryophyllum qu'il faut rapporter l'empreinte désignée par M. Gosselet sous le nom de Ficus et représentée par la figure 13 de la planche qui accompagne sa note sur les végétaux des sables d'Ostricourt. 1. DE Saporta et Marion. Essai sur l’état de la végétation à l'époque des marnes heersiennes de Gelinden. Mém. cour. Acad. roy. des Sc. el Let. de Bel- gique, XXX VII, 1873. 702 P.-H. FRITÉL 27 Jun M. Marty, avec beaucoup de vraisemblance, identifie cette empreinte avec son Dryophyllum levalense, du Montien du Hainaut . PASIANOPSIS RETINERVIS SaporTA et MaARioN M. Gosselet signale un échantillon de Lewarde, se rapportant à cétte espèce ; mais dans les matériaux que J'ai pu examiner, je n'ai pas rencontré d'empreintes qui puissent être assimilées au genre Pasianopsis. Des recherches ultérieures viendront très pro- bablement combler cette lacune, car cette espèce paraît commune dans les gisements du Nord de la France. peut-être devra-t-on y rapperter les empreintes désignées sous le nom de ZLaurus degener, qui me paraissent inséparables de celles du grès de Belleu décrites par Watelet sous le nom de Laurus belenensis, lesquelles ne peuvent se distinguer des feuilles du Pastanopsis retinervis SAP. comme je l'ai déjà démontré?. DiALYPÉTALES STERCULIA LABRUSCA..UNGER PL. XIL fig. 8. Comme de Saporta et Marion l'ont indiqué dans leur étude sur la flore thanétienne de Gelinden, cette espèce, très répandue dans le Tertiaire, est déjà représentée dans les grès de Vervins, car il convient de lui rapporter les empreintes décrites par Wate- let sous les noms de Sferculia verbinensis et de Sferculia Duchar- trei. Ces empreintes paraissent assez communes dans les grès dont il est ici question, et sont en général de petite taille. ARALIA (? OREOPANAX) PAPILLONI (WATELET) nob. PLESXTIT RS AE EE Platanus Papilloni War. : Descr. pl. foss. du bassin de Paris, p. 165, pl. 45, fig. 3, 1866. Les Araliacées quisemblent représentées par d'asseznombreuses espèces dans les gisements thanétiens de Gelinden et de Sézanne, ont aussi laissé des traces dans les grès de Vervins. _ 1. Marry. Études sur les vég. foss. du Trieu de Leval (Hainaut). Mém. Mus. roy. Hist. nat. de Belgique, 1907, p. 29. 2. Frirez. Revision de la flore fossile des grès yprésiens du bassin de Paris, Journal de Botanique (2°), t. Il, p.160, 1909. APRES 0 1910 GRÈS THANÉTIENS DE VERVINS 703 C'est en effet à cette famille qu'il faut rapporter les empreintes décrites, sous le nom de Plalanus Papilloni, par Watelet qui fit remarquer l’analogie présentée par ce; dernier avec les Platanus digitata et P. Sir d'Unger, sans qu'il soit possible cependant de les confondre. À mon avis, les feuilles de Vervins se rapprochent beaucoup plus de celles des Platanus jatrophæfolia et digitata, variétés de l'Oreopanar Hercules UxG., que des feuilles du P. Siri, qui ne représente qu'une variété du Sferculia Labrusca (St. Labrusca FiG. 8. — Orcopanar cf. aquisexliana px Saronra. Base d'une feuille avec son pétiole et accompagnée de nombreuses craines. (D'après un échantillon d'Aix en Provence, Muséum de Paris), Grand. nat. var. platinifolia Scumrer). Elles différent néanmoins de la variété digitata de l'O. Hercules par des lobes plus profondénent divi- sés, et par la plus grande largeur ‘des sinus qui séparent les lobes. Ceux-ci, plus étroits que dans l'espèce aquitanienne, sont plus rétrécis à leur base, et leurs bords paraissent absolument dépour- vus des denticulations, très peu accentuées il est vrai, mais qui existent cependant sur cette dernière ; l'état des empreintes ne permet pas du moins d'en constater la présence. <04 P.-H. FRITEL 37 Jum Si l'on compare l'espèce de Vervins à celle qui a été signalée à Sézanne par M. Langeron, on voit que les lobes en sont moins profondément divisés et plus élargis, qu'ils sont beaucoup moins acuminés au sommet, en un mot plus robustes que ceux de l'Oreopanax Sezannense. Les sinus sont aussi beaucoup plus larges et les bords portent des denticulations dont il est impossible de constater la présence sur l’O. Papilloni. Ge dernier paraît donc intermédiaire entre l'espèce de Sézanne et la variété aquita- mienne mentionnée ci-dessus. Il est également voisin de l’Aralia Kowalewskiana Sar. et Mar.' du Cénomanien de Bohême dont les feuilles ont la même forme et les mêmes dimensions mais dont le nombre des lobes varie de 3 à 7. On peut encore comparer, dans une certaine mesure, les feuilles de Vervins avec une empreinte des gypses d'Aix appartenant au Muséum de Paris. Cette empreinte (fig. 8) représente la base d'une feuille palmatilobée (5-7 lobes) encore munie de son pétiole, qui est très épais, etentourée de nombreuses graines qui ont appar- tenu à la même plante. Elle concorde parfaitement avec l’une des figures consacrées par de Saporta à l’Aralia aquisertiana, décrit dans la flore d’Aix?. La simple comparaison des figures ci-jointes permet de saisir les analogies qui existent entre cette feuille et celles du Platanus Papillon, que je propose d'inscrire, à la suite de cette discussion, sous le nom de Aralia (? Oreopanax) Papilloni. MyrTOPuYLLUM WARDERI LEsox Pi. XII, fig: 9. Les empreintes rapportées par Watelet au Ficus degener d'Unger, bien que très répandues dans les grèsthanétiens, sont, en général, trop mal conservées pour qu'il soit possible de les interpréter d’une manière satisfaisante. L'une d'elles, appartenant au Musée de Vervins et représentée planche XII, figure 9 et figure 9 B, permet néanmoins de se faire une idée assez nette de cette espèce, c'est précisément l’échan- tillon qui servit de modèle à l’une des figures bien imparfaites données par Watelet. 1. Saporra. Le monde des plantes, p. 199, fig. 1, et Edw. Baxer. Studien im Gebiete der Bühmischen Kreideformation: Arch. d. nalurw. Land. v. Bôhmen, 8. XI, n° 2, p. 119, fig. 118, 1901. 2. SaporTa. Dernières adjonctions à la flore fossile d'Aix en Provence, Il° par- tie, pl. x1-xn1, fig. 2. & Rédaction du Bulletin et des Mémoires. Les notes et mémoires ne sont publiés qu'après leur examen par la Commission du Bulletin. Les manuscrits doivent être déposés le jour même de la présentation. Ils doivent être écrits sur le recto seulement des feuil- lets très lisiblement. On soulignera d'un trait les mots qui doivent être imprimés en aliques, c'est-à-dire, entre autres, les noms de famille, genre, espèce, variété (en latin), et de deux traits ceux qui doivent être imprimés en PETITES CAPITALES. | Les noms de localités (avec indi- cation de la commune, etc.), et les noms d'auteurs gagneront à être calligraphiés en MAJUSCULES D'IMPRIMERIE pour éviter les erreurs], Noms spécifiques. Il ne doit être publié dans le Bulletin, les Mémoires et les Comptes Rendus aucun nom d'espèce ou de genre nouveau dont l’auteur n’a pas fourni une description accompagnée de figures. Le nom spécifique de tout fossile cité doit être suivi du nom de l’auteur qui a fait l'espèce. Ex. : Reineckeia pseudomutabilis De Lorioz. — Modiola sulcata Lux. Références. On indiquera d'abord le nom de laureur (souligné deux fois), puis le titre, absolument complet, de l'ouvrage; de plus, s’il y a lieu et sans aucune abréviation, le titre du périodique (souligné une fois), la série, le tome, l’année, la page. Exemples : H. Douvicré. Sur l'âge des couches traversées par le canal de Panama. B.S. G.F. (3) XXVI, 1898, pp. 587-600; p. 594, note 3. ImBeaux, Hoc, Vax Lynr et Psrer. Annuaire statistique et descriptif des distributions d'eaux de France, Algérie et Tunisie, Belgique, Suisse et Grand-Duché de Luxembourg. 8, Paris Dunod, 1903, 1738 p., p. 501. Les épures ou les épreuves photographiques des figures dans le texte doivent être présentées chacune sur un feurllet indépendant et accompagnées de leur légende comprenant l'indication de l'échelle et l'orientation. Ces légendes doivent être répélées dans le texte à l'emplacement de la figure. Ceux des auteurs qui présenteront des dessins destinés à être clichés directement devront fournir des épures au trait et à l'encre de Chine fraiche, sans teintes dégradées, sur du Bristol mince absolument blanc, ou sur du papier d'architecte ligné en bleu, conditions indispen- sables pour le clichage direct. Les dessins devront ètre 1/3 ou 1/4 plus grands que la repro- duction à en faire. La dimension finale ne devra pas dépasser la justification : soit 105 millimètres (en largeur) ou, exceptionnellement, 175 millimètres pour le Bulletin, et 150 millimètres (en largeur) ou, exceptionnellement, 220 millimètres pour les Mémoires. Enfin toutes les écritures des dessins seront faites au crayon bleu, et une liste des mots employés sera jointe pour éviter les erreurs d'orthographe toujours très difficiles à rectifier. Exceptionnellement les dessins ombrés, sur papier Gillot à très gros grain, et les épreuves photographiques sur papier brillant, virées au brun, pourront être reproduites dans le texte. Pour les planches hors texte il doit être fourni une esquisse en noir ou en couleurs de dimensions convenables. L'acceptation des planches phototypiques n’est discutée que sur la présentation d'une bonne épreuve photographique à l'échelle définitive. Dimensions maxima utilisables : en in-8°, Bulletin : 170 >< 110 millimètres ; en in-4°, Mémoires : 180 x 230 miHimètres. Exrrair DE L'ART. 18 pu RèGLeMenT : Les auteurs ont un délai de huit jours pour la correction de leurs épreuves. Ge délai expiré, le Secrétaire passe outre. TABLE DES MATIÈRES (TOME X, Fasccuze T). Séance du 6 juin 1910 (suite). Pages M. Filliozat. — Sur la position exacte de la Craie de Ghâteaudun (suite)...... 529 L. Cayeux. — Les minerais de fer oolithique primaires de France............. 5311 J. Cottreau. — Les argiles de Baden (Autriche) et les marnes de Cabrières d'Aigues (Vaucluse) (3-fableaux}).r #2. ie CN RSR tr rer 541 Ch. Depéret. — Études sur la famille des Lophiodontidés (planche VII)....... 58 J. Bergeron. — Observations sur la tectonique des Garpathes roumaines à propos d'un MéMOITE DÉCENL. 22 D cn cc cn eee 578 G. F. Dollfus. — Résumé sur les Terrains tertiaires de l'Allemagne occidentale. Le Bassin de Mayence (5 fig., 1 carte, tableaux, pl. VIIL et IX)................. 582 Séance du 20 juin 1910. Nécrologie. — M. TABARIÈS DE GRANDSAIGNES. é L. PérviNQuiËrE, Louis Genriz, Jean Boussac, Jules Werscn.— Présentations d’ou- NA AO En Cd DD D DO US ER En D ODA HOT S DID ro D UC IN HE tn dB D 0 DE 0-0 7 626-627 L. Carez. — Examen comparatif de ses conclusions et de celles de M. Léon Ber- trand sun lafstructure/dés Pyrenees niet rec cer 627 Léon BERTRAND, L. CaAREz. — Observations......:..:. A a 628-629 Poxrier. — Note sur l’Elephas primigenius de la vallée de l'Aa................... 629 Jules WELsCH. — Les marnes sableuses de Cabrières d’'Aygues (Vaucluse) et de Carnot (Ale ÉRIC) ER RS A SR NN en Nr DCS RE 629 V. Paquier. — Sur la présence du genre Petalodontia dans le Sénonien supé- rieur des petites Pyrénées de la Haute-Garonne.............................. 630 R. Larger. — De l'extinction des espèces par la « dégénérescence » ou maladie des Rameaux phylétiques. Introduction à une Paléopathologie générale. ...... 631 Henri Douvillé. — Observations sur les Ostréidés. Origine et classification (planches Net XT) ES ER RS RE en CR Te 634 LFCPERVINQUIÈRE. = Observations 20 en nr Re ee ele Re 645 H. Roux et H. Douvillé. — La Géclogie des € environs de Redeyef (Tunisie) (4 UPPER en Ge A ANA D IS Dee le NRA a no one n eo 646 LFPRRVINQUIERE: > Observations re Sr MN te er 659 A. Merle et E. Fournier. — Sur le Trias marin du Nord de Madagascar (LRQ NS TR OS SR Sn 660 HS Douvine "Observations tee enr ere RERO ER es 664 Séance supplémentaire du 27 juin 1910. Ph. GLanGeauD, P. Termier, J. DE LAPPARENT, W. von Sepzirz, Paul LEMOINE, Louis GEntins= Présentationsd'ouvrages PP Re Ce Lee. . 665-666 Léon Carez. — Examen comparatif de ses conclusions et de celles de M. Léon Ber- trand:sumla structure des Pyrénées: (Suite) ne Re Te RENE R 666 R.. Chudeau. — Nôte sur la Mauritanie’... 0 667 Cu: DEPÉRET. — Sur l'âge des marnes de Carnot (Algérie):...::....,.7...0 +. 0008 J. CoTTRE AUS Observations ae den cn CPC CC 668 G. B. M. FramanD. — Observations à la communication sur les brèches osseuses à perforations des Lithodomes de la Grotte du Prince, faite par M. Boule, le 18 avril LOTO NRA RS Aer ie CR SAR ee Re 669 L. Carez. — Résumé de la Géologie des Erronces francaises 4 670 L. Carez. -=Suraquelques points de la géologie du Nord de l’Aragon et de la Navarre tien... 0 Te NN) Ne 682 PH; Fritel. — Observations sur la flore fossile des grès thanétiens de Vervins (Aisne) et revision des espèces qui la composent (8 fig.) (à suivre)..:.......... 691 MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS Le gérant de la So. géologique : L. Mémin. 4° Série, t. X. — 1910. — N°8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE EE DE FRANCE CETTE SOCIÉTÉ, FONDÉE LE 17 MARS 1830 A ÉTÉ’ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832 QUATRIÈME SÉRIE TOME DIXIÈME FASCICULE 8 : Feuilles 45-54. = Planches XII-XIX. a en Sr ansentan Inst, (on | 2) DEC 18 1912 \ PARIS ation Musei SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 28, rue Serpente, VI fe G) Sy 1910 . 6 N PuBLICATION MENSUELLE- x JANVIER 19142 EXTRAITS DU RÈGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE ArT. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l’avaneement de læ& Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de læ France, tant en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels eb l’agriculture. Ant, 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Fran- çais et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n'existe aucune: distinction entre les membres. Arr. #.— Pour faire partie de la Société, il faut s'être fait présenter dans. une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation ? et avoir ébé proclamé dans la séance suivante par le Président, Anr, 38. — La Société tient ses séances habituelles à à Paris, de Novembre: à Juillet. AnT. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (le f°" et le 3° lundi du mois). ART. 42. — Pour assisler aux séances, les personnes étrangères à læ Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres. Anr. 46. — Les membresde la Société ne peuvent lire devant elle aucun ouvrage déjà imprimé. Arr, 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent: Arr, 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une- ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura élé préalablement déterminé, Arr. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaque membre. Arr. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la Société qu'au prix de la cotisation annuelle. Arr. 58. — Les membres n’ont droit de recevoir que les volumes des. années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Foutefois, les volumes correspondant aux années antérieures à leurentrée dans la So- eiélé leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un tarif Aéterminé. Arr. 60. — Quelle que soit la longueur des notes où mémoires insérés au Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part. Arr. 73. — Chaque membre paye: 1° un droit d'entrée ; 2 une cotisalion annuelle?. Le droit d'entrée est fixé à la somme de 20 franes. La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs. La colisalion annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée: par le versement en capilal d'une somme fixée par la Société en assemblée générale (400 francs). Sont Membres à Perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle: (minimum : 1000 francs). 1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne connaî- traient aucun membre qui püt les présenter n'auront qu'à adresser une demande au Secrétariat, en exposant les Litres qui justifient de leur admission. 2. Néanmoins sur la demande des parrains les nouveaux membres peuvent n'acquiller, la première année, que leur droit d'entrée, en versant la somme de 20 fr. Le Comple Rendu sommaire des séances de l’année courante leur est envoyé graluilement; mais ils ne reçoivent le Bulletin que la deuxième année et doivent alors payer la colisalion de 30 francs. Ils jouissent d'ailleurs des autres droils el privilèges des membres de la Societe. D + ED 1910 GRÈS THANÉTIENS DE VERVINS 705 C'est une feuille lancéolée sublinéaire, à bords simples, très longuement atténuée sur un pétiole très court, où même presque nul. Elle est mutilée dans sa partie supérieure, mais d’autres échan- FiG. 9. — Myrlophyllum Warderi Lesox. A. Feuille du Crétacé de Fort-Harker, Kansas. B. Feuille des grès thanétiens de Vervins, Aisne. C. Laurophyllum elegans Horriex, du Crétacé de Long-Island. De grandeur naturelle. tüllons montrent que ces organes se terminaient au sommet en une pointe obtuse. La consistance de ces feuilles devait être 8 novembre 1911. Bull Soc--ecol Fr X 149: 706 P.-H. FRITEL 27 Juin coriace ; la nervation pennée comporte une forte nervure médiane, presque égale dans toute la longueur du fragment qui est repré- senté ici. De cette médiane s’échappent, sous un angle moyen d'environ 50°, un grand nombre (on en compte 35-40 paires sur ce fragment) de nervures secondaires assez régulièrement paral- lèles et équidistantes ; opposées à la base de l'organe, elles tendent à devenir alternes vers le sommet. Ces nervures, presque : rectilignes dans la plus grande partie de leur parcours, se redressent assez brusquement vers la marge, se reliant alors les unes aux autres par camptodromie en laissant, entre les arceaux et le bord de la feuille, un espace libre dans lequel aucune ner- vure n’est visible. Quelques nervures intermédiaires s’intercalent à et là entre les précédentes ; des nervures tertiaires, d’ailleurs peu nettes, semblent former vers les bords un réseau peu étendu et à mailles allongées transversalement. Il me paraît impossible de confondre ces feuilles avec celles du Ficus degener d'Unger, espèce d'ailleurs mal définie et dont Ettingshausen fait un £lœodendron; elles s’éloignent également des organes figurés par M. Gosselet sous le nom de Zaurus dege- ner, dont la nervation paraît nettement différente. Je considère, au contraire, comme voisins des empreintes de Vervins, .certains fragments provenant du Crétacé supérieur d'Atane (Grôenland) décrits par Heer sous le nom de Proteoides crassipes, mais dans cette dernière espèce le pétiole est beaucoup plus développé: La ressemblance est encore plus frappante quand on compare l'espèce de Vervins avec les figures du Myrtophyllum Warderi décrit par Lesquereux et provenant du Crétacé de Fort-Harker (Kansas). Je donne (fig. 9 À), la copie d’une figure de Lesquereux à côté du dessin au trait exécuté sur une photographie du type de Watelet, également représenté (pl. XII, fig. 9). L'examen com- paratif de ces figures me dispensera d'’insister sur les analogies qui relient ces deux formes. A côté de celles-ci, j'en place une troisième (fig. 9 C) du Cré- tacé de Long-Island, décrite par M. Hollick sous le nom de Lau- rophyllum eleqçans et qui me paraît inséparable des deux précé- dentes. Je rappellerai que, d’une part, Hollick met en synonymie du Laurophyllum eleqans le Proteoides daphnogenoides H£Er, que Velenovsky rapporte de son côté, à l'Eucalyptus Geinitzi HEER, de la Craie de Moletein; tandis que Lesquereux rapproche les feuilles du Myrtophyllum Warderi de celles figurées par de Saporta, sous le nom de Myrtophyllum pulchrum, espèce tha- 1910 GRÈS THANÉTIENS DE VERVINS 70 + nétienne du Sud de la France!, et comparées par cet auteur au Myrtophyllum (Eucalyptus) Geinitzi de Heer. Tous ces auteurs ont été frappés par la similitude des caractères qui se montrent dans ces différentes espèces, il est done vraisemblable d'admettre qu'elles représentent un type éteint, ayant de grandes affinités avec les Myrtacées actuelles et en particulier avec certaines formes australiennes telles que Eucalyptus et Tristania. Quoi qu'il en soit, les feuilles du grès de Vervins ne peuvent être considérées comme appartenant au Ficus degener UNGER (Elæodendron) Errinéshausex. Le nom de Laurus degener que M. Gosselet leur applique ne saurait, non plus, leur convenir, c'est pourquoi Je propose de les rattacher aux Myrtacées, en les inscrivant, tout au moins provisoirement, sous le nom de Myr- tophyllum Warderi Lesox., espèce qui, parmi celles que je viens d’énumérer, me paraît la plus intimement liée par ses carac- tères aux empreintes thanétiennes. Le Myrtophyllum Warderi et l'Aralia Papilloni semblent perpétuer, dans la flore paléocène, les formes crétaciques du centre de l’Europe. STACHYCARPUS EOCENICA STANISLAS MEUNIER PI. XIL, fig. 10. Ce fossile, signalé pour la première fois par M. Stanislas Meunier? qui l’a recueilli dans le grès thanétien de Beuvy (Pas-de-Calais), est constitué par un épi fructifère conservé sur une longueur de 40 mm. Il présente un axe primaire assez volumineux (représenté sur l'empreinte par un vide cylindrique) autour duquel s'insèrent, suivant une ligne spirale, des corps sphéroïdaux dont le dia- mètre atteint environ 6 millimètres et qui sont au nombre de 14 sur l'échantillon, bien que celui-ci paraisse mutilé à l’une des extrémités. M. St. Meunier ayant publié une description assez détaillée de ce fossile, il serait superflu de revenir sur ce sujet. Néanmoins, je crois utile d'en donner une reproduction photographique accompagnée de figures schématiques montrant les coupes trans- versales (fig. 10 B) et longitudinales {fig. 10 C) de ces fruits. Dans ces coupes : r représente la roche encaissante, qui péné- trant par le sommet s (10 C) du fruit, en a comblé les loges | ; p représente les parois loculaires, en grande partie disparues sur 1. DE Saporra. Le monde des plantes, p. 356, fig. 113-114. 2. Le Naturaliste, n° 261, 15 janvier 1898. 708 P.-H. FRITEL 27 Juin le fossile, et 4 le vide laissé par la disparition de l’axe du fruit ; ap représente l'axe primaire de l'épi. Ces schémas donnent donc les seuls caractères structuraux quil soit possible de voir sur ces organes dont l'analyse, si elle pouvait être poussée plus loin, conduirait vraisemblablement à des rapprochements botaniques assez différents de ceux qui ont été proposés, mais qui n’en seraient pas moins prématurés, vu l'état de conservation défectueux de cet épi. V/, NY Li I , % 7 ! PU Fi. 10. — Slachycarpus eocenica STANISLAS MEUNIER. A. Portion de l’épi grossie deux fois. B. Coupe transversale d’un fruit. x< 4. C. Coupe longitudinale du même. x 4. CORTICITES STIGMARIOIDES (ETTINGSH. ) ENGELH. J'ai reconnu, parmi les échantillons du musée de Vervins, l'empreinte d’une écorce semblable en tous points à celle du Quadersandstein de Niederschôüna, décrite et figurée par d'Ettingshausen! comme tige de Najadée sous le nom de Cauli- nites stigmarioides et dont Engelhardt fit beaucoup plus tard le Corticiles stigmarioides?. 1. D'ErriNGsHausex. Kreideflora, v. Niederschôna in Sachsen. Sizungsb. d. K. Akad.d. Wissensch. z. Wien. Band LV, I, p. 238, pl. 11, fig. 1, 1867. 2. ExGezHarDT. Ueber bümh. Kreidepfi, p. 116. 4910 GRÈS THANÉTIENS DE VERVINS 709 Cette écorce constitue done un troisième lien entre la flore thanétienne et la flore crétacée citée précédemment, RÉSUMÉ En résumé, la flore des grès thanétiens du Nord de la France ne comporte qu'un nombre très restreint d'éléments qui, abstrac- tion faite des types douteux ou insuffisamment connus, se réduit aux espèces suivantes : CRYPTOGAMES 6. Comptonta Schrankir. 1. Lygodium Gosseleti 7. Dryophyllum curticellense. PHANÉROGAMES GYMNOSPERMES 8. — laxinerve. 2. Doliostrobus Sternberqi. 9. — levalense. PHANÉROGAMES ANGIOSPERMES 10. Pasianopsis relinervis. MoxocoTYLÉDONES DrALYPÉTALES 3. Sabalites primæva. 11. Sterculia Labrusca. 4. = andegavensis. 12. Oreopanax Papillon. DicoryLÉDonES 13. Myrtophyllum Wardert. APÉTALES 14. Sfachycarpus eocenica. D. Myrica acuminala. Cet ensemble, dont aucun des éléments ne paraît vraiment carac- téristique de l’époque thanétienne, sauf peut-être Sfachycarpus, présente un certain nombre de types, dont les uns se montrent déjà dans les flores crétacées et les autres dans les flores ter- tiares plus récentes et en particulier dans celles des grès de Belleu et des grès à Sabalites de l’Anjou et du Maine. On y constate, de plus, l'absence complète d'espèces des travertins de Sézanne (Marne), qui sont cependant synchroniques et dont le gisement est peu éloigné géographiquement. Il faut done admettre que les végétaux dont on retrouve les restes dans les grès du Nord de la France vécurent dans une station où les conditions d'habitat devaient être bien différentes de celles qui régnaient à Sézanne dans le même temps. Au contraire, ces conditions durent être réalisées de nouveau à l'époque yprésienne dans les environs de Paris et plus tard encore dans l'Ouest de la France. Séance du 7 novembre 1910 PRÉSIDENCE DE M. A. LACROIX, PRÉSIDENT, PUIS DE M. M. COSSMANN, VICE-PRÉSIDENT Le Président annonce les décès de MM. R. Basser-Bonneroxs, Félix CamBessenés, Eugène Danirorr, le colonel Manuel Miquec € Irzar et de M. Georges RozLaxn, ingénieur en chef au Corps des Mines, membre à vie de la Société depuis 1879. Le Président proclame membres de la Société : MM. Raymond Decary, à la Ferté-sous-Jouarre, présenté par MM. Sayn et Roman; Pierre Roux, ingénieur E. C. L. à Lyon, présenté par MM. Sayn et Roman. Le Secrétaire présente au nom de S. A.S. le Prince de Monaco, qui en fait don à la bibliothèque de la Société, la série complète des publications de l'Institut océanographique : 1° Résultats des campagnes scientifiques ; 2° Carte générale bathymétrique du fond des Océans; 3° Les grottes de Grimaldi (Baoussé-Roussé) ; 4° et 5° le Bulletin et les Annales de l'Insti- tul océanographique de Monaco, publiés avec le concours de M. Jules RicHarn. M. Léon Bertrand offre à la Société une brochure intitulée « La notion de faciès en Géologie ». Cette brochure comprend deux articles parus, l'été dernier, dans la Revue du Mois et qui résument l'introduction d’une série de leçons faites l'hiver dernier au Collège de France. Dans le premier de ces articles, l’auteur a rappelé les conditions auxquelles doit satisfaire la définition d'un faciès et examiné sommairement le rôle des faciès en stratigraphie, en particulier les causes d’erreur qu'ils peuvent intro- duire dans la détermination de l’âge des couches géologiques. Dans le second article, il a cherché à mettre en évidence les relations de la notion de faciès avec les grandes questions de la géologie et les lumières que cette notion peut jeter sur les grandes questions de métamorphisme, de granitisation, de tectonique générale, etc. M. Léon Bertrand présente ensuite une « Notice sommaire sur le panneau des Pyrénées françaises, du Sud de l’Aquitaine et de la Montagne-Noire », envoyé par le Service de la Carte géologique à l'Exposition de Bruxelles. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 190 711 Dans cette notice, ont été exposées sommairement les grandes lignes de la stratigraphie et de la tectonique des Pyrénées et des régions adjacentes figurant sur ce panneau, telles que l’auteur les conçoit d'après ses recherches personnelles et les travaux de tous les Colla- borateurs du Service qui ont contribué à l'établissement des feuilles de la Carte à 1/80 000 composant ce panneau. La liste des collaborateurs en question et la part respective que ces géologues ont prise à la con- naissance de nos régions du Sud-Ouest ont été indiquées dans l'intro- duction de cette notice, publiée par le Service de la Carte géologique. M. Robert Douvillé offre une note intitulée : « Lépidocyelines et Cycloclypeus malgaches! ». Dans cette note l’auteur étudie un certain nombre d'échantillons rapportés de Madagascar par M. Paul Lemoine. Il a cherché à préci- ser les communications qui existent normalement entre les loges et, dans le cas de la Lepidocyclina Mariæ n.sp., les caractères différen- tels permettant de distinguer ces perforations naturelles des perfora- tons en quelque sorte pathologiques produites par les Algues perfo- rantes désignées par Schlumberger sous le nom d’« Orbitophage ». M. G. Dollfus présente un extrait du Bulletin du Service de La Carte géologique de France contenant un sommaire de ses tra- vaux pendant l’année 1909. On y trouvera une coupe géologique des petites falaises des berges de la Loire entre Gien et Jargeau, un tableau de classification des couches tertiaires de la feuille de Bourges à 1/320 000, et de nombreux renseignements sur des recherches d'eaux et forages aux environs de Paris. M. Henri Douvillé présente une note : « Surla formation du limon des plateaux » (CR. Ac. Sc., 10 octobre 1910). Dans cette note M. Douvillé discute les hypothèses mises en avant pour expliquer la formation du limon; la nature compacte du dépôt et le cailloutis de base rappellent tout à fait les dépôts d'inondation, tandis que les formations éoliennes sont d'une nature toute différente. Mais à l'altitude élevée où on observe les limons, les inondations n'ont été possibles que si les vallées étaient comblées et elles n'ont pu l'être que par des glaces et des neiges; c'est la fusion de ces dernières qui a déposé les limons. Les habitants de la région refoulés par le développement progressif des glaciers n'avaient pu résister aux rigueurs de ce climat glacé, et c’est tout leur outillage que nous retrouvons sous forme de silex taillés dans les cailloutis de base. M. Douvillé montre ensuite une série de photographies de la car- rière Meuf à Gentilly exécutées par M. Dollot en 1900 ; les profondes 1. Ann. Soc. roy. Zool. et Malacol. de Belgique, XLIV, 1909, pp. 125-139. 712 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1910 cannelures parallèles observées à la surface du Calcaire grossier semblent bien dues à l’action des glaciers. Une autre photographie de la carrière de Côte-Côte à Dieppe montre la superposition des deux limons bien distincts ; le limon supérieur seul avec son cailloutis de base renferme les silex taillés habituels, le limon inférieur plus ancien serait d'âge pliocène : c’est du reste l’âge qui avait été généralement attribué à ces cailloutis de base. M. Emmanuel de Martonne présente une brochure intitulée : Atlas photographique des formes du Relief terrestre. Choix de documents morphologiques caractéristiques accompagnés de Notices scientifiques. Première circulaire du comité nommé pour en assurer l'exécution par le IX° Congrès International de Géo- graphie. » Cette publication répond à un vœu du dernier congrès internatio- nal de Géographie. L’atlas photographique projeté ue rendre aux géographes morphologistes les mêmes services que la Palaeontologia Universalis aux géologues. Il serait formé de planches séparées donnant chacune une représentation d’une forme type de relief. La commission nommée par le Congrès comprenait MM.J. Brunhes, Chaix, Brückner, W.M.Davis, Epper, E. de Margerie, E. de Martonne, Penck, J.de Scho- kalski, Vélain et Yokoyama, et avait pour mission de préparer un plan de l'ouvrage. La commission a choisi dans son sein un comité exé- cutif formé par MM. Brunhes, Chaix et E. de Martonne, qui a rédigé la brochure présentée. On y trouvera un essai de classement des formes du Relief réparties en séries suivant leur origine, qui ne sera peut-être pas sans intérêt pour les géologues et des indications sur les conditions de la publication projetée. Le comité exécutif serait heureux de rece- voir de nos confrères géologues soit des photographies pouvant être utilisées, soit des conseils sur l’organisation de l'ouvrage. M. Armand Thevenin fait hommage à la Société d’un mémoire intitulé : « Les plus anciens Quadrupèdes de France! Il a eu pour but de reprendre, à la lumière des nombreux travaux publiés récemment à l'étranger et avec de nombreux matériaux, l'étude des Amphibiens et des Reptiles paléozoïques magistralement décrits par Albert Gaudry, il y a trente ou quarante ans déjà. Les plus communs des Amphibiens d’Autun, les Protriton, appar- tiennent à coup sûr au même genre que les Branchiosaurus amblys- tomus de Saxe étudiés par M. Credner; ils ont présenté les mêmes métamorphoses et leur développement, beaucoup plus lent que celui des animaux actuels, a pu être suivi depuis des larves de 22 mm. jusqu'à des adultes, sans branchies, de 15 em. Leur adaptation au milieu 1. Extr. des- Annales de Paléontologie, t. V. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1910 713 lacustre est déjà si bien réalisée que les proportions générales de leur corps sont les mêmes que celles des Tritons de nos marais, Ce milieu varie peu et le type Amphibien urodèle a relativement peu changé. D'autres Amphibiens du Permien sont plus évolués qu'aucun Urodèle actuel, plus adaptés à la vie terrestre. Ce sont les ÆEuchirosaurus (dont Actinodon est le jeune et dont Sclerocephalus de Saxe, Eryops du Texas sont de très proches parents). La vie terrestre, avec ses changements brusques des conditions ambiantes, hâte l’évolution mais en même temps comporte, pour un sroupe, plus de chances d'extinction. Les Reptiles terrestres étaient très variés dès le Permien, quelques- uns avaient déjà une organisation compliquée. C'est un groupe qui évolue vite. On trouve en France les représentants de quatre ordres au moins : des Microsauriens (Sauravus proche parent de Scincosaurus crassus de Bohême mais plus évolué), des Cotylosauriens (voisins des Pareiasauridés), des Pélycosauriens primitifs (S{ereorachis) et des Protorosauriens (Aphelosaurus, Callibrachion, Haplodus, ce dernier identique génériquement à Palæohatteria de Saxe). M. Thevenin fait appel à l'activité des membres de la Société pour rechercher les ossements fossiles dans les affleurements du Permien, si étendus et à coup sûr fossilifères, du Midi de la France. Il souhaite aussi que le Trias de l'Est soit exploré pour y découvrir les nombreux descendants de ces fossiles paléozoïques, il est invraisemblable qu'il n'existe pas en France des gisements aussi riches que ceux du Wur- temberg et de la Bavière; il faut qu'ils soient signalés et fouillés. M. A. Lacroix a l'honneur d'offrir à la Société la première A ; Ï partie du tome IV de sa « Minéralogie de la France et de ses colonies » (Béranger éditeur). Ce volume est surtout consacré à l'étude des sulfates, des tungstates et des molybdates et parmi ces minéraux trois espèces; le gypse, la barytine et la célestite, occupent une place prédominante. L'auteur s’est particulièrement attaché à rechercher tous les modes de gisement de ces minéraux et à préciser les formes cristallines qu'ils présentent dans chacun d’entre eux. Les géologues s'intéresseront, il l'espère, aux nombreuses indications qui concernent les formations sédimentaires. Il compte pouvoir déposer sur le bureau avant la fin de l’année la dernière partie de cet ouvrage qui l’occupe depuis vingt ans. L. et J. Morellet. — Découverte d'une forme nouvelle de Dasycladacées dans les sables thanétiens de Chalons-sur-Vesles. Cette découverte porte à trois le nombre des Siphonées verti- cillées connues à cet étage. Cette Algue, assez voisine de Dactylo- pora Lawx., semble devoir être rangée, malgré sa calcification abondante, dans la famille des Bornétellées à cause de la dispo- 711% SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1910 sition latérale de ses sporanges. Les auteurs se proposent de la décrire en détail prochainement dans un travail d'ensemble qu ils préparent sur les Dasycladacées du Tertiaire parisien. Léon Bertrand. — Sur deux points de la géologie pyré- néenne : le Pech Saint-Sauveur et la fenêtre d'Arbas. N'ayant pas assisté à la séance du 27 juin dernier, je ne puis, dès maintenant, répondre comme je le voudrais aux critiques que M. Carez m’y a adressées et qui sont trop brièvement repro- duites au Compte rendu sommaire. Je serai donc obligé de remettre leur discussion complète au moment où elles auront été intégralement publiées au Bulletin; toutefois 1l est deux points précisés dans le Compte rendu sommaire que je puis dès mainte- nant discuter. C’est le cas pour la structure du Pech Saint-Sauveur, près de Foix. Je ne sais pourquoi M. Carez m'a attribué l'opinion que le pli du Saint-Sauveur est un synclinal, alors que je l’ai figuré comme un repli anticlinal d’un témoin d'une nappe charriée (pl. v, fig. 5 de mon mémoire). Cette structure anticlinale de la cluse de Foix saute aux yeux de l’observateur le moins géologue, et cet anticlinal de Foix a été figuré depuis longtemps par tous les géologues ariégeois. Il suffit d’ailleurs de se reporter à notre Bulletin ([4], VIII, p. 511-512) pour constater que, si j'y ai cri- tiqué le choix du point de vue duquel a été prise une photogra- phie de cet anticlinal publiée par M. Carez, je n’y ai jamais con- testé l'existence de ce pli. Mais j'ai cru pouvoir conclure, de l'étude générale du chaînon en question et de sa prolongation à l'Est de l'Ariège, que cet anticlinal, qui présente des anomalies, déjà reconnues par l'abbé Pouech en 1882 et traduisant une poussée tangentielle très intense, n’est enraciné qu'en apparence par la plongée de ses couches de part et d’autre de son axe. Je crois qu'à une certaine profondeur, au-dessous du niveau de l'Ariège, on rencontrerait une surface de charriage plus ou moins ondulée, séparant la masse plissée en question (qui montre, plus à l'Est, plusieurs replis, alternativement anticlinaux et syncli- naux, parallèles à celui-ci, mais obliques sur la direction générale du chaïnon) d’un substratum formé de couches plus récentes et d'allure entièrement indépendante, qui manquent d’ailleurs tota- lement dans le chaînon en question. Si j'ai conclu à l'existence de ce charriage, c’est d’abord, parce que, sur les deux bords de ce chaîinon, il existe des points où la superposition de la série secondaire inférieure plissée sur le Crétacé supérieur ou le Num- SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1910 715 mulitique estindiscutable!, et,ensecond lieu, parce que l'allure géo- métrique dela ligne de contact normal qui marque la séparation des deux séries indépendantes est exactement celle de l’intersec- tion de la surface topographique par une surface évidemment ondulée, mais sensiblement horizontale dans son ensemble. A moins donc d'admettre que les failles verticales de M. Carez aient Justement épousé toutes les sinuosités que les détails de l'érosion ultérieure détermineraient dans l'intersection d’une semblable surface, on est fondé à croire que c'est celle-ci qui représente vraiment la surface de séparation des deux séries de couches indépendantes. J'ai d’ailleurs déjà affirmé qu’en bien des points, les surfaces de contact verticales que figure M. Carez sont fortement inclinées sur cette direction ; d’autres effectivement très redressées, étant sensiblement parallèles aux couches qu’elles séparent, doivent être considérées comme le résultat de la défor- mation d'un plan de charriage devenu ondulé ou même forte- ment plissé. Passant ensuite à la fenêtre d’Arbas, je ne puis que me réjouir de voir M. Carez, qui avait formellement décrit comme primaires les couches de cette fenêtre (Géologie des Pyrénées françaises, III, p. 1305), accepter sans aucune discussion l’âge crétacé supé- rieur que Je leur ai attribué ; la question de savoir si les grès iden- tiques à ceux des fenêtres d'Oust-Massat et de Rabat sont céno- maniens ou sénoniens, comme ceux de Celles, est iei secondaire. Il me semble autrement intéressant de rechercher la raison pour laquelle M. Carez, dont la compétence en terrains pyrénéens n'avait évidemment pu méconnaitre cette identité, avait été amené à rejeter ces couches dans le Primaire, en les unissant aux gneiss et schistes anciens de Milhas. Cette raison me parait être celle qui m'a fait admettre l'existence de la fenêtre d’Arbas; ces couches, très froissées et entièrement indépendantes de leur ceinture de couches secondaires plus anciennes, forment le sub- stratum de celle-ci. C’est ce que M. Carez avait traduit en écri- vant que la zone occupée par ces dernières « est percée en son milieu par un bombement de terrains plus anciens, dont les affleurements sont surtout développés vers Milhas et Arbas » (loc. cit., p. 1798). Tandis que cette superposition ne peut être que tectonique pour la partie des terrains de cette boutonnière à rapporter au Crétacé, M. Carez l'avait alors considérée comme 1. Il est intéressant, à cet égard, de se reporter à la Réunion extraordinaire à Foix (1882) et de constater que les coupes 7 (pour le versant nord) et 20 bis et 21 (bord sud) sont très démonstratives à cet égard bien que leurs auteurs, MM. de Lacvivier et Hébert, aient naturellement figuré des failles. ; 716 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1910 normale et stratigraphique. Je suis donc étonné qu'il affirme maintenant que ce Crétacé, « loin de s’enfouir sous les terrains plus anciens, comme le croit M. Léon Bertrand, repose sur eux de la manière la plus indiscutable, en discordance très accen- tuée ». Le changement apporté dans l'âge attribué à ces couches ne peut avoir, en même temps, interverti leurs relations avec les couches avoisinantes. M. L. Carez répond en ces termes : Je ne crois pas utile de répéter actuellement ce que jai longue- ment exposé dans les quatre communications que j'ai Pen ana Société depuis un an; je déclare toutefois que je maintiens abso- lument tout ce que j'ai dit. Je répondrai seulement sur deux points. En premier lieu, il est bien évident que si j'ai attribué à M. Léon Bertrand l’idée que le pech de Foix était un synclinal, et non un anticlinal, c’est que j'ai trouvé cette opinion exprimée dans son principal travail sur la tectonique pyrénéenne. Notre confrère vient de nous exposer que j'avais mal compris ce qu'il avait voulu dire et que telle n'avait jamais été sa manière de voir : les pechs de Foix et de Saint-Sauveur constituent bien un anticli- nal pour lui comme pour moi.Je suis heureux de voir ainsi dispa- raitre l’une des divergences que je croyais exister entre ses vues et les miennes. En ce qui concerne la région d'Arbas, ‘il est bien exact que J'avais rapporté au paie dans le one volume de ma Géologie des Pyrénées francaises, une partie des terrains secon- daires des environs de ce village. Je m'étais alors laissé influen- cer par les listes de focciles siluriens publiées autrefois par Bleicher ; mais depuis l’époque déjà éloignée (1903) où je rédi- geais le teste de mon troisième ous des faits nouveaux, Dotaminen là découverte de Fucoïdes semblables à ceux du Crétacé supérieur de la région occidentale, m'ont amené à reconnaître que le Crétacé supérieur occupait une partie des environs d'Arbas. C'est la classification que J'ai adoptée dans mes communications du mois de juin dernier. W. Kilian. — Æécurrences glaciaires dans la gorge de Fort- l'Écluse. L'auteur fait connaître que l'étude attentive de la gorge de Fort-l'Écluse, entre Genève et Bellegarde, lui a permis de recon- naître nettement les traces, dans ce Abe, de plusieurs récur- rences glaciaires séparées par des dépôts d'alluvions interstadiaires SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1910 71 — et correspondant à des ruptures de pentes du profil transversal, indiquant plusieurs cycles d’érosion successifs. Il attire l'attention sur l'existence, sur la rive gauche du Rhône, en amont du pont de Collonges, d’alluvions anciennes inclinées vers l’amont et qui sembleraient indiquer des mouve- ments récents du sol. Ces alluvions font partie du complexe (interstadiaire) des allu- vions du Bois de la Bathie près Genève, qui pénètrent dans la gorge de Fort-l’ Écluse et supportent des moraines plus récentes. Ces alluvions sont dues à une phase de retrait (Laufens- chwankung de MM. Penck et Brückner) notablement postérieure au maximum würmien ; elles sont certainement (et contraire- ment à ce qui à été dit Jusqu'à présent) d’un âge plus récent que les alluvions sous-morainiques de Bellegarde et appartiennent à un système fluvio-glaciaire postwürmien déposé en contrebas du complexe de Belles e. ce dernier, antérieur au dernier sur- creusement de te l'E Ééluse: serait de l'époque würmienne. M. Kilian se propose de acer prochainement les documents qu'il a réunis sur le défilé de Fort-l'Ecluse et qui complètent les intéressants travaux de MM. Schardt et Douxami. L'étude du passage du Rhône à travers le Jura lui semble particulièrement probante pour démontrer une fois de plus la pluralité des glacia- tions alpines admises par Penck et Brückner ainsi que l'existence, à côté de l'érosion glaciaire, de creusements antéglaciaires, inter- glaciaires et ne te ei importants. W. Kilian. — Les {errains néocrétacés de Scanie. L'auteur, qui a pris part aux séances et à plusieurs des excur- sions si bien préparées et organisées du Congrès géologique inter- national de Stückholm, attire l'attention de ses confrères sur l'intérêt des courses que M. le Professeur Hennig a dirigées dans les terrains néocrétacés de Scanie et auxquelles à a eu te bonne fortune d'assister. La superposition des couches à Belemnitella mucronata sur les assises à Aclinocamar mamillatus mise en évidence par les tra- vaux de M. Hennig, y a été pour la première fois nettement cons- tatée dans une excursion publique de stratigraphes. Outre ce fait très important pour le parallélisme des zones du Crétacé supé- rieur, les excursionnistes ont pu récolter de nombreux fossiles (en particulier Pachydiscus Stobæi) dans la zone à Act. mamilla- tus à If6 et à Ignaberga, et dans le Danien des environs de Malmô ils ont pu voir ég Ge les dépôts paléocènes (étudiés par MM. Grœnwall et von Kœnen) reposer transgressivement sur la Craie danienne à Ananchytes. 718 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1910 La grotte de Balsberg et les gisements de Kaolin d'Tf6 ont été également visités. W. Kilian. — Les études glaciologiques dans les Alpes. M. Kilian a présenté, au nom de M. le Ministre de l’Agricul- ture, à la Commission internationale des glaciers, les résultats des études glaciologiques exécutées, sous les auspices de la Direction de l'Hydraulique et des Améliorations agricoles, dans les Alpes par MM. Flusin, Ch. Jacob et Offner aidés de M. Raffin, recherches dont il a fait ressortir toute l'importance, la précision et exposé les méthodes. M. Kilian a eu l’occasion de faire, à ce propos, l'historique des observations glaciologiques en France et de rappeler le rôle qu'ont eu dans les progrès de la connaissance de nos glaciers S. A. le prince Roland Bonaparte, puis pendant de longues années, sur l'initiative de MM. Kilian et Collet, et en y consacrant une part de son budget (de 1892 à 1903), la Société des Touristes du Dauphiné, enfin en dernier lieu et sous la direction de M. Dabat, le Ministère de l'Agriculture, grâce à l'appui duquel ont pu être exé- cutés et publiés les Mémoires et Cartes à grande échelle dont la Commission internationale des glaciers a hautement apprécié la valeur. Il a rendu également hommage à la Commission consul- tative d'Études scientifiques créée au Ministère de l'Agriculture ; à M. l'Ingénieur en Chef R. de la Brosse, directeur du Service de l'Etude des Grandes forces hydrauliques (Ministère de l'Agri- culture) qui se sont efficacement intéressés à l’organisation des campagnes glaciologiques dans les Alpes dauphinoises, inaugurées par la Société des Touristes du Dauphiné, enfin aux divers observateurs (MM. Bernard, Mougin, Girardin, Douxami, Des- champ et David-Martin) qui ont, en dehors de MM. Flusin, Jacob et Offner, prêté leur concours pour diverses régions françaises au service glaciologique patronné par le Ministère de l'Agriculture. J. Deprat. — Observations sur la géologie du Nord-Annam. Je viens d'étudier la belle série d'échantillons et les mappes rapportées du Nord-Annam par les officiers du Service géogra- phique. J’y ai reconnu une série identique à celle du Tonkin et la confirmation complète de mes observations antérieures! au sujet de l’âge des granites tonkinois et des formations cristallo- phylliennes. On peut dans cette partie de l’Indo-Chine (feuille de Pho-Bin-Gia), constater la présence de granites à biotite et 1. Sur les formations métamorphiques au Tonkin et sur la fréquence des types de laminage. CR. Ac. Sc., 15 nov. 1909. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1910 149 à muscovite, de gneiss et de micaschistes associés comme sur les feuilles de Son-La et de Yen-Bay, si consciencieusement levées par le capitaine Dussault, à une belle série de pyroxénites, amphibolites, cipolins, passant à des calcaires et à des schistes paléozoïques parfois métamorphiques (à disthène et andalousite). Sur le tout repose en discordance marquée une énorme série d’arkoses et de grès! supportant des schistes dans lesquels 1l a été recueilli des Myophories (M. cf. eleqans Duüxk.), lesdits schistes offrant un faciès yunnanais marqué. La série granitique et cris- tallophyllienne est donc incontestablement paléozoïque, comme M. Lantenois l'avait primitivement pensé. Ces observations ne font du reste que confirmer ce que l'on peut voir au Tonkin et la notion des granites d'âge secondaire doit être absolument éliminée. Dans la région qui nous occupe, le Trias moyen à Myophories est surmonté de marnes bariolées identiques à celles que j'ai pu observer récemment dans le Trias supérieur yunnanais et qui appartiennent bien à cet étage, car j'ai trouvé dans les échantil- lons rapportés des fragments d'Ammonites appartenant aux genres Paratibetites et Trachyceras. Je compte du reste aller étudier moi-même ces formations en détail. Au-dessous de la série précédente viennent des grès, quart- zites, schistes gréseux, probablement rhétiens, accompagnés de coulées et de bancs intrusifs interstratiliés de microgranites et de rhyolites, ainsi que de gabbros et diabases intrusifs et de labradorites interstratifiées. J. Deprat. — liésumé des résultats de la mission géologique du Yunnan (1909-1910). Ce court résumé est destiné à donner à nos confrères de la Société un aperçu des résultats importants acquis au cours de l'exploration du Yunnan. Tandis que mon excellent collabora- teur et ami M. Mansuy étudiait la ligne ferrée, j'ai conduit la Mission à travers tout le Yunnan oriental, multipliant les 1tiné- raires. J'ai limité mes recherches aux frontières du Kwei-Tchéou et du Kwang-Si à l'E. Au N. j'ai découvert et exploré au delà de Yunnan-Sen, un important massif atteignant une altitude de 4000 m., dans lequel le Haut Fleuve Bleu (Kin-Cha Kiang) s’est frayé une formidable vallée de plus de 3000 m. de profondeur, entre Kei-Tou et Niéou-Chan-Ping. Les difficultés sont grandes 1. Formés par le remaniement du substratum cristallin 720 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1910 pour y circuler avec une caravane, les cols étant fréquemment à 3200 et même 3600 m. d'altitude. La Mission a reconnu actuellement au Yunnan les étages sui- vants: [, Cambrien très puissant et fossilifère; 11, Ordovicien ; II, Gothlandien très réduit (zones de passage au Dévonien); IV, Dévonien supérieur bien développé: V, Eifelien et Givétien remar- quablement riches en fossiles ; VI, Dévonien supérieur avec une série d'horizons fossilifères très nets, très puissants; VIT, Carbo- niférien inférieur marin ; VIII, Carboniférien moyen à faciès gréseux passant dans sa partie supérieure à des couches marines se fondant (IX) avec l'Ouralien remarquablement riche en fossiles ; X, l’Artinskien calcaire continue insensiblement l'Ouralien ; il est également très fossilifère. Le reste du Permien est repré- senté par des grès gypsifères et salifères. XI, le Trias inférieur à faciès gréseux et marneux, lagunaire, contient des niveaux à plantes avec du charbon. XII, le Trias moyen et le Trias supé- rieur sont magnifiquement représentés. Les nombreux horizons reconnus dans chaque étage seront décrits en détail". Le Trias occupe une bande qui, venant de la frontière nord occidentale du Tonkin avec une direction NE., passe à l’W. du Nam-Ti, puis s'étrangle entre des fractures dans la région de Mong-Tseu pour aller s'épanouir largement par Pong-Pou, Wou-Tseng, Tcheou-P'an et Kwang-Si-Tchéou vers le Kwei- Tchéou. Il est limité, de chaque côté, par des terrains primaires passant d’une part au Nam-Ti et plissés en se moulant sur le grand massif cristallin d'Ha-Giang (Tonkin); de l’autre s’éten- dant largement vers le NW. : Les plis dirigés franchement NE. dans la région triasique et d'âge himalayen sont orientés NNE. avec fréquente inflexion N. dans la partie située entre Mong-Tseu et Yunnan-Sen. Les refoulements sont accusés et les charriages, par exemple du Cambrien sur le Carboniférien supérieur, sont fréquents. Au N. de Yunnan-Sen et d’Y-Léang, les directrices des terrains paléozoïques s’infléchissent de plus en plus au NNE., puis à l'E. et dans la région du haut Fleuve Bleu une puissante nappe charriée tibétaine, prolongement S. des Alpes du Sse-Tchouen, formée de Cambrien, de Dinantien et de Carbomiférien calcaire, moyen et supérieur, vient s’étaler sur ces plis en les couchant vers le SE. En somme le pays Lolo est poussé sur le Yunnan. Une analyse détaillée sera nécessaire pour exposer le mécanisme de cet ensemble de plissements qui atteint, aux abords des régions tibétaines, une ampleur extraordinaire. 1. Les fossiles très abondants seront décrits par M. Mansuy. —— — SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1910 721 J'ai pu reconnaître un réseau important de fractures dont les principales ont une direction voisine de NS. J'ai pu suivre la plus importante, celle que jalonnent les grands lacs de fracture de T'eheng-Kiang et de Tang-Che; des environs de Tong’Hai jusqu’au Fleuve Bleu, soit sur une longueur de plus de 300 km. Les roches éruptives sont largement représentées, surtout au N. de Yunnan-Sen, par d'énormes superpositions de coulées de labradorites avec tufs et cinérites, le tout d'âge permien, post- artinskien. La Mission à pu également faire des études intéressantes sur les gisements miniers yunnanais et notamment sur les gites de charbon. L: Colonel Azéma. — {Voile sur les grès à Sabalites de la Mayenne. Au cours de la réunion extraordinaire de la Société géologique de France, en 1909, les membres de la Société eurent l’occasion d'étudier dans la Mayenne, sous la savante direction de M. OEhlert, les sables et les grès (grès à Sabalites andegavensis) de l'Éocène. La carrière de la croix de Beaulieu, située sur la route d'Evron à Hambers, non loin de la ferme Delterie, présente une coupe complète de cet horizon. Les grès reposent sur des bancs grani- tiques et sont couronnés par la meulière lacustre. D'après des études antérieures, ces grès étaient considérés comme étant constitués par des grains de quartz réunis par un ciment calcédonieux et titanozirconifère à la dose de 10 à 12 pour 100. Il nous a paru intéressant de reprendre l’étude de ces grès, et les recherches faites au Laboratoire de Minéralogie du Muséum nous ont fourni des résultats qui s’écartent très sensiblement des données antérieures. Pour ce travail, M. OEhlert a bien voulu mettre à notre disposition les échantillons déjà étudiés. L'examen pétrographique permet de reconnaître que ces grès sont constitués par des grains de quartz et de feldspath réunis par un ciment calcédonieux. Les grains ont en moyenne un mm. de diamètre ; leurs arêtes émoussées indiquent un charriage lointain. Les grains de feldspath, épars en faible proportion dans la masse, expliquent la présence des éléments : fer, alumine, chaux, magnésie, potasse et soude que décèle l'analyse. Quant au ciment, il renferme en très petite quantité les minéraux habituels des granites : zircon, rutile, tourmaline, apatite, ete. Nous avons pu isoler quelques-uns de 9 novembre 1911. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 46. _ SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1910 nl 19 19 ces minéraux dont les cristaux mesurent environ 2 mm. de lon- gueur. Ces cristaux, à arêtes émoussées, sont en nombre infime puisque la proportion du titane n’atteint pas 1 pour 100 et celle de la zircone 0,1 pour 100. Les cristaux de zircon à axe vertical plus ou moins allongé, quelquefois riches en inclusions, présentent les formes habi- tuelles mb'et h'h'. Ceux du rutile, les formes mh'ate"?. La tour- maline ne se remarque qu'en petits fragments. En résumé, la constitution des sables et grès à Sabalites de la Mayenne résulte de la désagrégation de roches granitiques dont les éléments ont été charriés par des eaux courantes. Analyse des grès à Sabalites de la Croix de Beaulieu. {l ÉcHANTILLONS !. Not: No? AGIdéphôsphoriquer terre lraces traces STE RE ARR SE AN CeRE Re CR RE RE 94,15 92,75 ACIde tianiques. T7 RRL rAerReRrrRee 0,25 0,68 Desquioxydeide terne ei See ne 1,08 0,89 AURAS 2 ARE Re ee er 2,13 CHARS ME A RE A RTS 0,1% 0,20 Magnésren. mr er DT M TU TRE te 0,16 0,11 ZÆIRCOITEL LES TU NC Re ES 0,0# 0,08 Potasse. el/souden dt er Rent ne 0,18 » PRÉ AU FOUT OR A RO EN R RNTUe 1,99 20 MORALE Me er 99,76 99-54 1. In'a pas été tenu compte des débris de tourmaline signalés dans les grès. és SUR LA CLASSIFICATION DES HIPPURITES PAR À. Toucas. Dans la séance du 18 mai 1908, à la suite d’une communica- tion de M. Henri Douvillé sur le développement des Hippurites, Jai présenté quelques observations au sujet des types primitifs des Hippurites, me réservant de revenir sur cette question après la publication du mémoire. Aujourd hui, M. H. Douvillé cite, d'après moi, comme types primitifs, les Hippurites resectus et H. petrocoriensis. Or, dans une note communiquée dans la séance du 15 juin 1908, j'ai fait observer que les deux types primitifs des Hippurites étaient l'Hipp. primordialis et l'Hipp. præpetrocoriensis, tous deux apparus simultanément dans l'Angoumien inférieur, tandis que les Hipp. resectus et Hipp. petrocoriensis sont des formes plus récentes de l’Angoumien supérieur, dérivées des deux formes primitives. L'Hipp. primordialis est cette petite forme à pores linéaires que j'ai séparée de l'Hipp. Requieni MarneroN. Dans sa collec- tion, Arnaud l'avait étiquetée sous le nom d'Æipp. antiquus, pour bien indiquer quil considérait cette petite forme comme la plus ancienne, l'ayant recueillie tout à fait à la base de l’An- goumien inférieur, dans sa zone F, niveau auquel je l'ai retrou- vée moi-même en Provence et aux Corbières, tandis que l’Hipp. Requieni MarHerox est une forme beaucoup plus développée, occupant d’ailleurs dans la zone I le niveau le plus élevé de l'Angoumien supérieur. Comme l'Hipp. Requieni, V'Hipp. resectus DErRANCE est aussi une forme de l'Angoumien supérieur d'Uchaux. Sa valve supé- rieure est inconnue, mais M. H. Douvillé lui a rapporté une forme du même niveau, de Saint-Cirq (Dordogne), qui est pourvue de sa valve supérieure et que, de mon côté, j'ai fait figurer sous le nom d’Hipp. Requient, var. subpolygonia, à cause de la forme particulière de ses pores. 724 A. TOUCAS 7 Nov. Ainsi les deux types primitifs des Hippurites sont donc les Hipp. primordialis et Hipp. præpetrocoriensis, les deux seules formes que l’on trouve dans l’Angoumien inférieur, et non les Iipp. resectus et Hipp. petrocoriensis qui n'apparaissent que dans l’Angoumien supérieur, où elles sont associées à d’autres formes dérivées également de deux tvpes primitifs. L'existence dans l’Angoumien de ces deux niveaux d'Hippurites a une impor- tance tellement grande que, pour mieux les séparer, Arnaud avait cru devoir maintenir les deux étages de Coquand, lPAn- goumien pour ses zones F et G, le Provencien pour ses zones H et [. Je n'ai pas cru devoir conserver ce dernier nom qui pré- tait à confusion avec les niveaux plus élevés de la Provence, auxquels Coquand l'avait assimilé. Le nom d’Angoumien m'a paru suffisant pour distinguer le Turonien supérieur du Turo- nien inférieur, sans toutefois oublier que cet étage renferme deux niveaux d'Hippurites comme la plupart des autres étages de Coquand, notamment le Santonien et le Campanien. Il résulte de ces considérations que, si les lipp. primordialis et Hipp. præpetrocoriensis sont bien les deux types primitifs des Hippurites, on est forcé de conclure que ce sont là les deux formes qui ont servi de souche, la première aux Hippurites à pores linéaires et la deuxième aux Iippurites à pores réticulés, tandis que l'Hipp. resectus n'est qu'une mutation plus récente de l'Hipp. primordialis, dans laquelle les pores en s’arrondissant ont donné naissance aux formes à pores polygonaux qui dérivent ainsi des Hippurites à pores linéaires, tout en conservant sen- siblement les mêmes caractères internes. L'Hipp. reseclus ne peut donc pas être considéré comme le type ancestral des Hippurites, comme l’a admis M. H. Douvillé. Cette forme n'est en réalité qu'une mutation tellement voisine de l'Hipp. primordialis, forme primitive des Hippurites à pores linéaires, que M. H. Douvillé a reconnu lui-même que ses affi- nités étaient plus grandes avec cette forme qu'avec les Hippu- rites à pores polygonaux. L'origine des Hippurites étant ainsi établie d'après l’ordre d'apparition des types primitifs, il reste à savoir quelles sont les bases qui doivent servir à leur classification. Woodward à été le premier à distinguer deux grandes divisions dans les Hippurites. « L'existence, dit-il, du repli ligamentaire (arèête cardinale) dans le genre Hippurites est accompagnée par un si grand déplace- ment de l'appareil cardinal qu'elle justifie la séparation en un sous-genre de ces espèces dans lesquelles le repli ligamentaire manque et l'appareil cardinal est placé sur le côté de la coquille —? 1 OT 1910 CLASSIFICATION DES HIPPURITES au lieu d'être disposé normalement au test. » En désignant ce sous-genre sous le nom d'Orbignya, Woodward à pris pour {vpe l'Aipp. bioculatus, qui est précisément une forme à pores arron- dis dérivée, comme l'AHipp. resectus, d'une forme plus ancienne à pores linéaires, l'Hipp. præbioculatus. En 1887, Fischer, partant de ce principe, plaçait avec raison dans les Orbignya toutes les formes à arète cardinale non déve- loppée et créait le sous-genre Vacciniles pour les formes à repli ligamentaire développé, dans lesquelles l'appareil cardinal était placé presque normalement à la coquille, de sorte que, dans cette classification, les formes à pores linéaires correspondaient aux Orbignya et les formes à pores réticulés aux Vaccinites, les formes à pores polygonaux se trouvant réparties les unes dans les Orbignya, les autres dans les Vacciniles, suivant la forme de l’arête cardinale et la disposition de l'appareil cardinal. Cette classification, que j'ai adoptée dans mon mémoire, se trouve done basée sur la forme des pores et sur les caractères internes. De son côté, M. H. Douvillé a cru devoir former pour les Hippurites à pores polygonaux une section particulière, qu'il a désignée sous le nom d'Hippuritella, dont le type serait l'Æipp. Maestri et la forme primitive l'Aipp. reseclus, qu'il considère en même temps comme le type ancestral de tous les Hippurites. Or je crois avoir suffisamment démontré que le type ancestral était l'Hipp. primordialis, dont les pores sont linéaires, tandis que l'Hipp. resectus n'en est qu'une mutation plus récente, à pores plus ouverts, servant de liaison entre les Hippurites à pores linéaires et les Hippurites à pores polygonaux. Il n'est donc pas possible d'admettre que les Hippuritella constituent le tronc principal ayant servi d'origine aux Hippurites Voyons maintenant quelle est la valeur de cette section au point de vue des pores et des caractères internes. La transforma- tion des pores linéaires en pores polygonaux se fait de la même manière dans les Orbignya que dans les Hippuritella : ainsi le type des Orbignya, l'Orb. bioculata, a précisément les pores arrondis et n’est qu'une mutation plus récente de l'Orb. præbio- culata dont les pores sont linéaires. N'est-ce pas là une modifi- cation analogue à celle que je viens de montrer entre l'Hipp. resectus et l’Hipp. primordialis? Je pourrais citer d’autres exemples, notamment dans les groupes de l'OÜrh. organisans et de l'Orb. Toucasi, où l’on voit la même transformation des pores linéaires en pores polygonaux et cela quelquefois sur le même exemplaire. Il en est de même pour les caractères internes; ces caractères 726 A: TOUCAS 7 Nov. sont presque identiques dans les deux sections et l’évolution se fait de la même manière par la régression de l’arête cardinale : ainsi dans l'Aipp. Maestrei, type des Hippuritella, l'appareil cardinal est disposé, comme dans les Orbignya types, tout à fait contre la paroi interne de la coquille, presque normalement à l'axe de l’arête cardinale qui, très peu saillante dans la forme ancienne, disparait totalement dans la forme la plus récente, l’'Orb. Castroi. Aïinsiil n'y a aucun caractère qui puisse distinguer les Hip- purilella des Orbignya ; les formes à pores polygonaux se trouvent naturellement réparties dans la plupart des groupes des Orbignya. Je puis même ajouter que les mêmes pores se montrent dans le groupe de l'Hipp. sulcatus, dont fait partie l'Hipp. cor- nuvaccinum, lype des Vaccinites, de sorte que la section Hippuritella comprendrait en réalité des formes appartenant soit aux Orhignya, soit aux Vacciniles et, en réunissant ces formes dans une même section, on constituerait un groupe qui serait loin d'être homogène. Je continue donc à croire que c’est la répartition en ces deux grandes divisions, Orbignya et Vacci- niles, qui me paraît le mieux convenir à la classification des Hippurites, tout en distinguant dans les deux sections les divers groupes que .j ai établis d'après l'ensemble de leurs caractères. Il est certain que l’on pourrait, tout aussi bien que dans les Radio- litidés, établir des sections pour quelques-uns de ces groupes, notamment pour le groupe de l'Orb. canaliculata, dans lequel l'arête cardinale se développe de plus en plus au lieu de dimi- nuer Jusqu'au point de disparaître, comme dans les Orbignya types. Il en est de même pour le groupe de l'Orh. Toucasi, où la cavité accessoire antérieure, presque nulle dans les autres Orbinya, est devenue iei assez grande pour relever l'appareil cardinal et l’éloigner de la paroi interne de la coquille, sans toutefois atteindre l'inclinaison qu'il a dans les Vaccinites. Mais ces nouvelles sections ne feraient que compliquer inutilement la classification sans aucun profit au point de vue stratigraphique. Avant de terminer cette note, je tiens à répondre à l'objection présentée par M. H. Douvillé au sujet de l'absence de formes à pores linéaires dans la Province orientale. C’est là un fait qui est loin d'être prouvé, car bien que cette région ne soit encore qu'imparfaitement connue, on ne doit pas ignorer que l'Orb. Hrolica de Gosau fait partie du groupe de l'Orb. organisans, dont les pores sont linéaires. D'autre part, j'ai signalé dernière- ment, parmi les Rudistes de la Serbie, une forme qui ne peut être que l'Orb. bioculata. 1910. CLASSIFICATION DES HIPPURITES 727 Quant à l'origine commune de tous les Hippurites, bien qu'au pont de vue stratigraphique, nous n'ayons encore aucune donnée précise, les deux formes primitives des Orbignya et des Vacci- nites avant fait leur apparition simultanément dans l’Angou- mien inférieur, 1l est fort probable que c'est la petite forme à pores linéaires, l’Æipp. primordialis, qui doit être le type ances- tral commun, ses caractères internes se retrouvant dans les jeunes Vaccinites. En ce qui concerne les Radiolitidés, 1l me suffira de rappeler que, dans la troisième partie de mon mémoire (Sauvagesia et Biradiolites), J'ai mis ma classification en concordance avec celle de M. H. Douvillé afin de faciliter les recherches. Toute- fois J'ai une petite observation à faire au sujet du Durania Arnaudi, que M. H. Douvillé considère, à tort, comme une simple variété du Durania cornupastoris. La première de ces formes est moins évoluée et appartient au Turonien inférieur ou Ligé- tien, tandis que la deuxième en est une mutation à interbande beaucoup plus large et n’apparaissant que dans l’Angoumien en même temps que les Hippurites. Ainsi s'explique la présence seule du Durania Arnaudi dans le Turonien du Portugal, où l'on n’a trouvé aucune forme de l'Angoumien. En France, j'ai signalé cette espèce dans le Ligérien de la Provence et de l’An- jou ; elle paraît exister au même niveau en Tunisie. Au sujet de laclassification des Hippurites, M. Henri Douvillé répond qu'il lui semble toujours préférable de maintenir la division en trois groupes caractérisés par les pores polygonaux ({ippuritellr), réticulés (Vacciniles), ou linéaires (Orbhignya) ; ces trois groupes présentant entre eux des passages incontestables, aussi bien d'après les caractères des pores que d’après les caractères internes. Ces passages s'expliquent du reste aussi bien en admettant comme forme primitive les //1ppu- rilella ou les Orbignya. C'est par suite d’un lapsus qu'il a indiqué que M. Toucas admettait comme formes primitives les Æipp. Requient et H. pelrocoriensis, c'est À. præpelrocoriensis qu'il aurait dû dire ; ces deux formes figurent bien en effet au commencement du mémoire de notre confrère, et c'est plus tard qu'il a substitué Æ. primordialis à la première de ces espèces. Mais ces formes ne sont que les plus anciennes que nous counaissions, el elles sont déjà si évoluées qu'il semble impossible deles considérer comme réellement primitives. C’est dans le Turonien inférieur et moyen qu'il faudrait les rechercher, et à ce niveau nous ne connaissons pas encore de faune de Rudistes. 728 A. TOUCAS 1 Nov. C'est seulement quand nous aurons découvert ces précurseurs qu’il sera possible de savoir si les Orhignya dérivent des Æippuritella, ou si c'est l’inverse qui est la réalité. Jusque-là M. Douvillé persiste à penser que les /lippuritella sont moins spécialisés que les formes à pores linéaires, et qu'il est, en outre, plus facile d’en faire dériver les Vaccinites. LA CRAIE DE BLOIS ET LE NIVEAU A UINTACRINUS Par Marius Filliozat. Dans son important mémoire sur la Craie supérieure, notre savant confrère, M. A. de Grossouvre, donne un tableau très détaillé des zones à faunes d'Ammonites qui constituent le som- met de la carrière de la Ribochère, près Villedieu. M. de Grossouvre distingue, reposant sur le calcaire spathique, les différentes zones ci-après : À Zoxe E. — Craie noduleuse, à texture gréseuse, avec quelques silex à Spondylus {runcatus, Lima martlicensis, Vulsella turonensis, Pla- centiceras syrlale, Baculites incurvalus, etc. Zoxe D. — Craie tendre, glauconieuse, à Ostrea spinosa, O. santo- nensis, Rhynchonella vespertilio, Terebratulina echinulata, ete. Zone C. {onensis). Lit de Micraster (M. turonensis, M. intermedius, M. caren- Zoxe B. — Banc d'Ostracées avec Ammonites à la base, renfermant Ostrea proboscidea, O. plicifera, Mortoniceras Bourgeoisi, M. Ems- cheri, M. Bontantr. Ce sont ces zones qui correspondent à mon assise à Onycho- cella nerei, Rhagasostoma œgon. J'ai montré que cette formation était surmontée, dans les val- lées du Loir et de la Loire’, par l’assise à Onychocella cypræa, Marsupiles testudinarius, qui, à Vendôme, débute par une craie sableuse, jaunâtre, à ÆRhagasostoma parvicella, Melicertites sp., que recouvre un banc également sableux renfermant assez abon- 1. M. Finciozar. Bryozoaires crétacés de Vendôme. B. S. G.F., (4), VII, 1907, p. 391. La craie de Blois. CR: Ac. Sc., CL, p. 1274. 1910 CRAIE DE BLOIS 1129 damment Aosseliana crassa, Floridina Cottreaut, Smitlipora oculata, Coscinopleura vindocinensis!. Mais si à Vendôme et à Châteaurenault, jusqu'où se poursuit ce faciès particulier, la nature détritique des sédiments indique une formation néritique, plus au Sud et à l'Est, sur le bord de la Loire, les couches offrent, au contraire, un caractère franche- ment bathval. La roche, d’un blanc grisâtre, un peu marneuse, empâtant de nombreux silex spongiformes, est, en effet, beaucoup plus fine. Cette craie, sur laquelle, à Blois, coule la Loire, se montre à plu- sieurs endroits, sur le flanc des coteaux boisés qui bordent ce fleuve. On la retrouve un peu plus loin à Chaumont, sur la route de Rilly. C’est elle qui porte le bois de la Hardonnière, à Rilly, et qui, sur la route de Pont-Levoy, à deux kilomètres de Vallières- les-Grandes, constitue les anciennes marnières de Monboury. En se rapprochant de la Loire, on la voit encore dans le bourg de Mosnes, former, derrière les maisons, des escarpements de 10 à 12 m. de haut dans lesquels sont creusées de nombreuses caves. Il est tout particulièrement intéressant de retrouver, dans cette craie à faciès bathyal de la vallée de la Loire, associées à la plupart des espèces de la craie néritique de Vendôme et Château- renault, les espèces les plus typiques de la craie blanche à War- supites et plus spécialement du niveau à Uintacrinus, que J'ai récemment découvert dans la vallée de l’Eure?. Parmi ces espèces du bassin anglo-parisien, je citerai: FRha- gasostoma rimosa Mars., Onychocella disparilis D'Or8., Crassi- marginatella n. sp., Lituola nautiloides DrErr., Stauranderaster ocellatus Fors. Aïnsi, l’assise à Onychocella cypræa, qui renferme Spondylus spinosus, représente en Touraine la base de la craie à Marsupites du bassin anglo-parisien. D'autre part, cette assise à Onychocella cypræa, reposant sur l'assise à Onychocella nerei, dans laquelle Spondylus truncatus est généralement abondant à la partie supérieüre, Je suis encore amené à conclure que la craie à Spondylus spinosus de Vendôme et de Blois n’est pas, comme on a cru le voir, un faciès latéral de la partie supérieure de la craie de Villedieu, mais qu'elle cons- titue une assise bien distincte, supérieure à la craie à Spondylus truncatus de Villedieu. 1. À la partie supérieure, l'on distingue encore un calcaire blanchâtre, un peu pulvérulent, renfermant des spicules de Spongiaires et des Bryozoaires silicifiés. L'état de ces derniers indique évidemment qu'il s’agit là d’un phénomène pure- ment local. 2. M. Ficuozar. Découverte en France du niveau à Uintacrinus. AFAS. Toulouse, 1910. Rés. d. Trav., pp. 107 et 119. UN VIRGATITES DU (CAUCASE OCCIDENTAL ; ORIGINE MÉDITERRANÉENNE DE CE GENRE ; ATAXIOCERAS, PSEUDOVIRGATITES ET VIRGATOSPHINCTES. Par Robert Douvillé. Virgatites Panderi Eicuw.— Les collections de Paléontologie de l'École nationale des Mines possèdent un bel exemplaire de Virgatites Panderi Eicuw. rapporté autrefois du Caucase occi- dental (district de Maikop) par le baron de Baye. On sait que la diagnose originale de cette espèce a été donnée dans d'Eichwald (Lethæa rossica, p. 1085-1088), en 1865. L'auteur ne donne pas de figure d'ensemble de l'espèce, mais renvoie aux figures suivantes : Eichwald, Die Urwelt Russlands (1840), 1, 1v, 7; Fischer de Waldheim, Oryctographie du Gou- vernement de Moscou (1830), VIIT, 2 ;: d'Orbignv, Svst. Jurass. (Et. Oxfordien); Mollusques in Murchison, Verneuil et Keyser- ling, Géologie de la Russie d'Europe... (1845), XXXIIT, 1-5. La première figure en date est informe et doit par conséquent être rejetée ; la seconde correspond à un échantillon de petite taille, probablement un jeune, elle est insuffisante pour donner une idée précise de l'espèce. Celle du mémoire de d'Orbigny représente par contre un adulte d’une façon excellente et doit par conséquent être considérée comme la figure type, puisque c'est la première en date qui fixe clairement l'espèce. Elle illustre donc la diagnose type de d'Eichwald, diagnose qui est très claire et à laquelle il n’y à presque rien à ajouter. En voici les principaux passages : « Le test, légèrement comprimé dans son ensemble, est formé de tours déprimés et garnis transversalement de 22 à 38 côtes peu éle- vées, qui partent du bord ombilical, se dirigent un peu obliquement en avant et se bifurquent vers la moitié de la largeur des côtés ; elles se dirigent alors sans s’interrompre sur le dos, pour aller se terminer aux côtes du côté opposé ; le dos est arrondi et élargi ; la convexité commence déjà sur la moitié de la largeur des côtés ; l'ouverture est en croissant, plus large que haute, et fortement échancrée par le retour de la spire.... La coquille, de grandeur très variable, est caractérisée par ses tours déprimés, par ses côtes bifurquées sur le milieu des flancs et par de rares côtes simples, intercalées entre les côtes bifurquées, par deux ou trois arrêts d’accroissement en étranglements sur les tours, par son ombilic très large et très ouvert. Les tours suivants recouvrent ji ln : * D 1910 VIRGATITES DU CAUCASE OCCIDENTAL 131 les précédents jusqu'à la bifurcation des côtes, en sorte que l'ombilie ne montre que des côtes simples. Les côtes sont légèrement infléchies en avant ; les premiers tours, même les plus petits, sont déjà pourvus de côtes bifurquées et les derniers, surtout sur les plus grands indi- FiG. 1 — Virgaliles Panderi v'Ercuw. rapporté par le baron de Baye des environs de Maikop (Caucase occidental): grandeur naturelle. LR OX Fic. 2? — Ligne suturale du Virgatites Panderi rapporté du Caucase par le baron de Baye ; s' est la selle externe située juste en avant de la cloison dessinée com plètement; s", la selle externe de la 3° cloison située en avant de la même cloison complète. Le côté gauche de l'échantillon est un peu plus usé que le côté droit, c'est ce qui entraîne l’asymétrie de la cloison à partir de s comprise ; au contraire s' est à peu près normale tandis que s"” est de nouveau un peu usée. On remarquera le caractère inverse de la cloison, les selles et lobes descendant très peu vers l’ombilic. Grossissement — 2,7. vidus, présentent des côtes accessoires incomplètes, situées entre les bifurquées. L'ouverture est constamment plus large que haute, même dans les individus les plus jeunes ; elle est légèrement échancrée, car les tours ne sont pas très embrassants,,. » 732 ROBERT DOUVILLÉ 7 Nov. Cette diagnose type de l'espèce Panderi peut être considérée comme une description excellente de l'Ammonite rapportée par le baron de Baye. Nous ajouterons seulement que la cloison (fig. 2) est une cloison typique de Virgatites rappelant -tout à fait la cloison schématisée et simplifiée dans ses détails, de d'Orbigny. C'est une cloison de Perisphinctes devenue inverse, c'est-à-dire montant vers l’ombilic ; les divers éléments (selles et lobes) tendant à se placer perpendiculairement au rayon. Cependant la section de cette Ammonite est très basse et l'aspect général est tout à fait périsphinctoïde (fig. 1). lei le caractère de cloison inversée n'est sûrement pas en relation avec la forme de la section, qui est très basse, Il s’agit vraisemblable- ment d'un cas d’hérédité de caractère acquis. Les premiers Vir- gatites furent au début des Perisphinctes à section très élevée (genre Afaxioceras FoxtT.). La hauteur de la section a été cause de l'apparition du caractère de cloison inverse. Ces deux carac- tères voisinent chez le type du genre le Virg. virgatus, dont toute l’évolution est dilatée. On distingue donc dans cette espèce, comme l’a particulièrement bien figuré Michalski!, un stade vir- gatique normal, puis un stade de vieillesse où le caractère de division virgatique des côtes disparait presque entièrement et ne se manifeste plus que par de rares trifurcations remplaçant les bifurcations normales à ce stade. Le stade virgatique est plus ou moins longtemps réalisé dans les divers groupes de Virga- tites, autrement dit le stade de vieillesse du type du genre apparaît plus ou moins tôt. Dans le groupe du V. Panderi, le stade virgatique a complètement disparu. L’Ammonite reprend alors* la forme périsphinctoïde caractéristique de ses ancêtres éloignés. Du reste, cette étape de régression s'est certainement faite brusquement et sans que PAmmonite ait repassé par les stades parcourus à l'aller pour acquérir la forme typique du genre, stades qui correspondent probablement, comme nous le verrons plus loin, aux différentes espèces du genre Afarioceras. Virg. Panderiest, par sa sculpture, un véritable Perisphinctes. La trifurcation des côtes, toujours assez rare (une seule est visible sur l'échantillon du Caucase), se rencontre assez souvent sur les Perisphinctes du Lusitanien (voir notamment à ce sujet les nombreuses figures données par Choffat* sur lesquelles 1. A. Micuazski. Die Ammoniten der unteren Wolga-Stufe. Mém. du Comité géologique [russe], vol. VIIT, n° 2, 330 p. de texte russe et 13 pl., 1890, et Résumé en allemand, &hid., vol. VIII, n°2, 63 p., 1894. 2, Cuorrar, Ammonites du Lusitanien de la contrée de Torres-Vedras, 82 p., 20 pl., Lisbonne, 1893. 1910 VIRGATITES DU. CAUCASE OCCIDENTAL 133 notre confrère, M. Collet, a bien voulu attirer notre attention). Seul, le caractère de la cloison inverse indique qu'on est bien en présence d'une forme apparentée aux Virgaltites. C'est le seul qui se soit transmis, cas paléontologique bien net d'hérédité de caractère acquis. ORIGINE Des VIRGATITES. — Cette Ammonite porte une étiquette manuscrite ainsi hbellée : « Province de Kouban, district de Maikop. La montagne Atchechebock se trouve à quarante verstes du village Psebaï ». Je n'ai point su trouver sur les différentes cartes que j'ai pu consulter la position exacte de ce dernier village, mais l'indication « district de Maikop » permet déjà de tirer quelques conclusions de la présence en ce point d'un Vir- gatiles. On sait, en effet, que la faune portlandienne de la région cau- casienne est caractérisée par un curieux mélange d'éléments méditerranéens : Perisph. geron et Phylloceras lortisulcalum, cités par Uhlig!, des bords du fleuve Tuapse, sur le versant méridional du Caucase, et d'éléments de faciès russe : Virgatiles dorsoplanus, signalé par Carl Renz?, à Gunil(Daghestan); Aucella Sjogreni, par Uhlig ! dans le Caucase central ; Aucella Pallasi et volgensis par Semenow?*, dans la presqu'île de Mangyschlak. S'agit-il de Céphalopodes d’origine boréale immigrés par hasard dans les régions méditerranéennes ? Cela n'est pas probable, comme le fait remarquer M. Haug dans son récent Traité de Géologie, puisque les faciès à Virgatites sont Jusqu'ici inconnus dans le bassin de la Petchora. D'ailleurs, on rencontre dans les gisements jurassiques supérieurs de faciès méridional toute une série de formes qui, très vraisemblablement, sont les ancêtres directs des Virgalites, genre auquel il faut attribuer par consé- quent une origine essentiellement méditerranéenne. Ces formes sont des Perisphinctes à section élevée et à côtes polyfurquées, les « Polyploci » (auct.) ou groupe de l'Amm. polyplocus. L'élévation de la section du tour est très généralement accom- pagnée chez les Perisphinctes d’une extension de la ligne sutu- rale en largeur, comme le montrent les dessins excellents donnés 1. Neuuayer et Uauc. Ueber die von H. Abich in Kaukasus gesammelten Jura- fossilien. Denkschr. d. k. Akad. d. Wissensch., LXIX, p. 1-122, pl. 1-vi, Wien, 1892. 2. Carz Rewz. Der Jura von Daghestan. Neues Jahrb. f. Miner., t. IX, p. 71-85, 1904. 3. SEMEXOw. Faune des dépôts jurassiques de Mangychlak et de Touar Kyr. Travaux Soc. Nat. Saint-Pétersb., Géol., Minér., XXIV, p. 29-140, pl. 1-11, 1896. 734 ROBERT DOUVILLÉ 1 Nov. par Siemiradzki !, mais tandis que le mode de costulation normal dans le groupe : côtes rectilignes et bifurquées, se maintient dans le groupe de Per. Schilli ; dans celui de Per. polyplocus au con- traire, les côtes deviennent flexueuses et polyfurquées. Ce groupe de Perisphinctes à section élevée, à cloison propor- tionnellement distendue, à côtes polyfurquées, est représenté, dans le Jurassique supérieur, par les formes suivantes : Zone à Per. Achilles (Séquanien) : Afaxioceras? polyplocum Rri- NECKE (d'après Haug, Traité, p. 1049). Zone à Piclonia Orbignyi et à Aulacostephanus pseudomutabilrs (Kiméridgien): Alax. hypselocyclum Foxr., Lothart Orr., effrenatus, incondiltus Foxr. Zone à Aulacost. pseudomutabilis (Kiméridgien supér.) : Perisph. cf. polyplocus in Pavlow, Couches à Asp. acanthicum, VIL, 1, et P. lictor.abid: V2; Zone à Perisph. contiquus (Portlandien infér.) : Per. capillaceus For. Zone à Berriasella. Calisto (Portlandien supér. ): Per. seorsus, sCruposus ZITTEL. 1. Sremirabzki. Monographische Beschreibung der Ammonitengattung Peris- phinctes. Palæontographica, (3°), XLV, p. 69-360, pl. xx-xxxvr1, 1899. 2. Le terme Ataxtoceras a été imprimé pour la première fois dans l'explication de la planche x (fig. 1-4) de la « Description des Ammonites des Calcaires du château de Crussol (Ardèche) », par Fontannes, où ilest intercalé entre paren- thèses entre Perisphincles et hypselocyclus. Cette espèce est donc le type du genre Atatioceras FONTANNES, 1879. Cet auteur n'en donne du reste aucune diagnose explicite dans le texte de cet ouvrage, mais la même année (1879), en le présentant à la Société géologique de France (Bull. Soc. géol. Fr., (3°), VII, p. 418), il le définit assez clairement : [L'auteur] « croit qu'il serait convenable de distinguer plus nettement qu'on ne l'a fait jusqu'ici le groupe des Perisphincles Lothari, polyplocoides, inconditus, etc., de celui de Perisphinctes plicalilis ; 1 propose le nom d’Afaxioceras pour la Première de ces sections, caractérisée par l'allure particulière de la costulation, et plus encore par la disposition des cloisons et principalement des lobes auxi- liaires ». [Il ne parle plus de l'espèce hypselocyclus, mais il est certain qu'il a en vue, en créant ce nouveau nom de genre, tout ce qu’il a appelé « Groupe des Per. polyplocus » (Descr. des Amm. du Calc. du chäleau du Crussol, p. 65-71), cest-à-dire les Perisphincles polyplocoides, hypselocyclus Foxr., Lothari Orr., effrenatus, incondiltus Fonr., balnearius Lor. Ce groupe d'espèces parait bien homogène, sauf pour la dernière qui, en raison de sa section peu élevée et de la bifurcation régulière de ses côtes, ne paraît pas être un Alarioceras. On voit en tout cas que le genre est très bien fixé et correspond à un groupe des plus natu- rels où nous ferions volontiers rentrer Perisphincles seorsus et scruposus du Portlandien. Le genre Pseudovirgatites Verrers 1905, tomberait alors en syno- nymie devant Alarioceras FoNTANNES 1879. Si on voulait le conserver, il faudrait le réserver aux formes du Tithonique supérieur (zone à Berriasella Calislo) et le considérer comme le descendant direct d'Ataxioceras. L'utilité de ce genre Pseu- dovirgatiles nous parait au moins douteuse, mais nous nous plaisons à remar- quer que M. Vetters a l'un des premiers contribué à mettre en lumière le poly- phylétisme des Holcoslephanidés, en insistant sur les rapports étroits qui existent entre Virgatites et Perisphincles. ot 1910 VIRGATITES DU CAUCASE OCCID ENTAL 73 Nous ferons remarquer que ces deux dernières Ammonites possèdent une véritable ornementation virgatique, et la cloison de l'A. seorsus, figurée par Zittel (Cephalopoden der Stramber- gerschichten, 1868, pl. 24, fig. 1), est nettement inverse. Celle de l'A. scruposus, figurée en partie par Vetters (Die Tithonklip- pen von Niederfallabrunn, Beiträge..…., 1905) l'est également. Le groupe de Per. contiquus présente également une polyfur- cation virgatique des côtes, mais moins accentuée que dans les groupes précédents. Ce caractère est bien net sur les figures de Perisph. cf. simoceroides Fonr. (in Pavlow, Couches à A. acanth., VII, #, avec cloison imverse assez nette), Per. conti- quus Car. et pouzinensis Touc. (in Toucas, Et. de la faune des couches tithon. de l'Ardèche. B.S.G.F.; (3), XVII, 1890, pl. xvi), Per. Kokeni BEuRENDSEN (Z. Geol. des Ostabhanges d. argent. Cordill. Z. d. d. G., XLIV, 1891, pl. xxiv, fig. 1-2), Per. colubrinus Rex. (in Kilian, Miss. d'Andalousie, XXIX, 1-2), Per. rotundus Sow. (in de Loriol, Portlandien de l'Yonne, 1808 2t0 plir fie. D) Il y a là tout un petit groupe de formes d'aspect général bien périsphinctoïde, mais avec des côtes de temps en temps trifur- quées et des cloisons paraissant généralement inverses, qui pour- raient bien avoir les mêmes relations avec les Afaxrioceras du bassin méditerranéen, que le groupe de Virg. Panderi avec celui du Virg. virgatus. CONCLUSIONS Les Afaxioceras ont donné naissance par descendance directe aux Virgatiles russes. Les Afaxioceras émigrés vers le Nord, peut- êtreau Kiméridgien supérieur (Per. lictor Foxr.in Pavlow, Couches à Asp. acanth., VIT, 2), ne rencontrant plus là la concurrence des autres grands groupes de formes essentiellement méditerranéennes comme les Séreblites, les Spiliceras, les Perisphinctes du groupe Richteri, Lorioli, geron, ont pris vite une importance qu'ils ne possédaient pas dans les régions plus méridionales et sont bientôt devenus les éléments prédominants de la faune sous forme de Virgatites, plus ou moins périsphinctoïdes par suite d’un retour plus ou moins rapide à la forme ancestrale, comme nous l'avons fait remarquer à propos du groupe Panderti. POLYPHYLÉTISME DE UA € FAMILLE » DES HOLCOSTÉPHANIDÉS auctorum M. Kilian a depuis longtemps fait remarquer que cette famille (formée de genres ou genre formé de sous-genres, ce qui revient ‘Saquosgudor juoutuvepuoqe snjd o7 quos sr no suorSou so] suvp sodnoui8 sop our$r10 j JroA mb apoyjouu > ,© 8[ 9p ANoIBA op nod o1 Jo XNA S99 9OU9PIAY UO 91JJOU 0P 9JINOJIP EL NO, ‘oJUPpUOQE ouney ounp noqru ne s2940u oUWO9 quos a mb jo opugor e pddeyos quoanos quo nb ‘soex soa7 sow0] sop ed onb spquosoadox quos ou st soporod s09 DIJUF ‘UPIPUE[JIO ‘UOTAOTIET) = : : SOJUBSIP SQ417 JUoANOS ‘Soponod soxmx op uo,nb juotuessmoueda,p wnwixeu moy quouuord où sonbrouoSop{yd xneowuex s97) — ‘rJ0N ‘[auex sax otwuaoy| ‘(auntutuoo sax otux0}) siqemnuæid ‘dou 2ybiuoxy sopygnuejdoug |‘ Naraoïiv) ‘(wequoddiqg)) syiqepnu ‘dou °:!" 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Nous indiquons dans le tableau de la page 736 une filiation >ossible de deux des principaux genres d'Holcostéphanidés : Cras- Ï 5 Ï pedites et Virgatites, dérivant tous deux des Perisphinetes indif- férenciés du Méso-Jurassique par acquisition d'une ligne suturale inverse et d'une ornementation spéciale. On nous objectera, dans ce tableau, la descendance que nous voulons voir entre les Proplanulites du Kiméridgien inférieur et les Craspedites du Portlandien supérieur. Nous avons été nous- mêmes les premiers frappés de cette lacune mais nous ferons remarquer que les formes de passage sont souvent extrêmement rares, Nous ne connaissons que trois échantillons de Proplanulites kiméridgiens : les faunes de cet étage sont en général très pauvres dans le bassin anglo-parisien, le Portlandien inférieur est souvent à l’état saumâtre et ce n'est qu'à Speeton qu'on con- nait des Craspedites dans cette région. Les Proplanulites étant du reste une des formes calloviennes les plus répandues, il est très possible que Le passage Proplanu- lites-Craspedites se soit effectué ailleurs que dans le bassin anglo- parisien, par exemple dans le centre de l'Europe. Pour ce qui est des Virgatites nous ferons remarquer qu'une origine méditerranéenne cadre mieux avec leur grande répartition dans le Portlandien des régions andines (Rio Neuquen, Mazapil) qu une origine plus ou moins boréale, la Méditerranée ayant sûre- ment été à toutes les époques un chemin d'élection pour les migrations des faunes. Mais les Virgalites mexicains et argentins sont-ils bien des Virgatites? Dacqué ! le nie. Pour répondre à cette question 1l est nécessaire d'examiner un instant le genre Virgatosphinetes UnriG in litleris, terme employé cette année par deux auteurs, à notre connaissance, Dacqué (loc. cit.) et Marthe Furlani?. Ce terme n’a pas encore été défini par l’auteur, mais dans le fascicule 2 du volume IV de « The fauna of the Spiti shales » (Sér. XV, Himalayan Fossils, 1910), fascicule comprenant les pages 133-306, la dernière planche [xcr] possède comme figure 1 celle de Perisphinctes {Virgatosphinctes) Broilii n. sp. (dont la 1. E. Dacqré. Dogger und Malm aus Ostafrika. Beilraege 3. Pal. u. Geol. Oesterr. Ung., Bd. XXXIII, p. 12, 1910. 2. Marnrae Furvant. Die Lemes-Schichten. Ein Beitrag 7. Kenntniss der Jura- formation in Mitteldalmatien Jahrb.d.k.k. geol. Reichs. Anst. 1910, Bd. 60, 1 Heftép.ue: 9 novembre 1911. Bull, Soc. géol. Fr. X. — 47. ROBERT DOUVILLÉ 7- Nov. = Q diagnose est indiquée dans l'explication de cette planche xcr comme devant se trouver page 337, done dans le fascicule sui- vant, encore à paraître). Cette espèce parfaitement figurée et accompagnée d'un dessin de cloison bien net, doit être consi- dérée comme l'espèce type du genre Virgatosphinctes. Le terme ayant été employé la même année par les deux auteurs précités, il ne peut done y avoir ambiguïté sur la « date de naissance » de ce genre. Cette espèce Broili est, jusqu'au dernier tour et par ses carac- tères d'enroulement et de costulation, du groupe confiquus (voir notamment Per. ef. simoceroides For. in Pavlow, Couches à Asp. acanthicum, pl. vu, fig. #). Ce sont les mêmes côtes bi- ou trifurquées interrompues par des étranglements bordés toujours en avant d'une côte simple. Le seul caractère vraiment nouveau du Broilii est la polyfurea- tion des côtes qui paraît devenir normale à partir du dernier tour, polyfurcation constituant une ornementalion typique d'Ataæio- ceras. Nous ne parlons évidemment pas de la section très épaisse de l’Amm. Broilii, qui s'oppose aux sections généralement assez minces des Afarioceras. Ce caractère est essentiellement variable dans tous les groupes d’Ammonites et un genre qui n'en posséde- rait pas d'autre serait basé sur des fondements bien fragiles ! Les paléontologistes russes n'ont pas séparé du groupe du V. virgatus celui du V. Panderi, bien que dans ce dernier le stade virgatique caractéristique de lespèce type du genre ne soit pas réalisé. Il n'est pas plus nécessaire actuellement de séparer du wenre Afaxioceras le groupe du Per. contiquus. Mais il ne reste alors plus aucune raison de grouper en un nouveau genre les formes du groupe Broëlii ( Virqalosphinctes) et ce nouveau nom de genre doit done tomber en synonymie devant Afaxioceras. Cette façon d'envisager les choses aurait le grand avantage de souligner l'analogie des faunes méditerranéennes des Alpes et de l'Himalaya, analogie si bien mise en évidence par M. Kilian! à propos de Îa faune de Spiliceras indous de la zone à Hoplites Boissiertr. Il est intéressant également de remarquer que Burckhardt a fizuré? une Ammonite, Per, choicensis qui par tous ses caractères 1. W. Kirrax. Sur la présence des Spiticeras dans la zone à Hoplites Boissieri (Valanginien inférieur) du Sud-Est de la France. B.S. G. F., (4), VIII, p. 24-25, 190$. 2, BurckHaror. Beitraege zur Kenntniss der Jura und Kreideformation der Cerdillere. Palæontogr., L, 1903. 1910 VIRGATITES DU CAUCASE OCCIDENTAL 739 est un Afarioceras. Au contraire les formes qu'il a figurées sous le nom de scythicus Viscux. et mexicanus n. sp.! et celles que nous avons nous-mêmes ? rapportées à ces deux espèces nous paraissent être de véritables Virgatites et nous ne saurions invo- quer plus forte autorité à l'appui de cette manière de voir que celle du professeur Al. Pavlow auquel Burckhardt communiqua ses échantillons de Virqg. cf. scythicus de l'Argentine et qui ne parait pas avoir émis de doute sur leur détermination générique (Burckhardt 19053, p. 46). Nous ne pouvons donc admettre l'opinion de Dacqué qui range tous les Virgatites décrits par Burckhardt dans le genre Virgatosphinctes (pour nous Afarioce- ras). Cette dernière façon de faire aurait à nos veux le très grand inconvénient de masquer ce fait précis et très intéressant mis en lumière par les excellents travaux de Burckhardt, à savoir que les Afarioceras qui voisinent si rarement avec des faunes à carac- tère boréal en Europe (Niederfallabrunn) paraissent, en Amérique, coexister en nombre avecles Virgatites. C'est une nouvelle preuve de l’étroite parenté de ces deux genres. Mais sur le nouveau continent le tronc ancien Afarioceras a continué à vivre paralle- lement à sa branche Virgatites tandis qu'il était complètement remplacé par celle-ci dans le Nord de l'Europe. Tous ces faits curieux d'évolution sont évidemment masqués par une trop étroite acception du terme « genre » * 1. Burcknanpr. La faune jurassique de Mazapil, avec un appendice sur les fos- siles du Crétacique inférieur. Bol. Inst. geol. Mexico, n° 23, 1906. 2. Roserr Dorvirré. Céphalopodes argentins. Mém. Pal. Soc. géol. Fr., XVI, 1910. 3. Nous n'avons reçu le troisième fascicule du mémoire de M. le professeur Unric sur les Spitishales (partie comprenant la définition du genre Atfarioceras), que trop tardivement pour tenir compte de celle-ci dans celte note, Porc-ÉPIC QUATERNAIRE DES ENVIRONS DE MONTRÉJEAU (FTAUTE-GARONNE). rar Édouard Harlé. En janvier 1908, je fus aimablement informé par M. Car- tailhac que M. l'abbé Estinés, supérieur du collège ecclésias- tique de Polignan, près Montréjeau (Haute-Garonne), avait trouvé des ossements dans une carrière des environs. M. Estinés me montra libéralement les nombreux restes qu'il avait recueillis. Mais les circonstances ne lui laissèrent bientôt plus le loisir de s'occuper d'ossements fossiles. Je pris donc la suite de ses recherches et, dès le début, fus intéressé par certaines particu- larités. Je suivis avec soin l'exploitation de la carrière, j'y recueillis tous les ossements qu'elle mit à découvert et c'est ainsi que, dans les derniers jours de juillet 1910, la chute d'une grosse masse pierreuse, détachée par le carrier, me donna une belle ineisive de Porc-Épic. Le gisement de M. l'abbé Estinés est une carrière de pierre à bâtir ouverte au pied de la montagne du Picon, dans la commune de Gourdan, à 700 m. au Sud-Est de l’église !. En ce point, une large fente du calcaire compact, qui forme cette montagne, est remplie par un éboulement de blocs dont quelques-uns cubent plus de 10 me. Les intervalles des blocs sont presque entière- ment comblés par de la terre qui est en partie transformée, par des infiltrations, en une masse pierreuse. La dureté de cette gangue m'a beaucoup gêné. C’est ainsi que, d'une patte com- plète d'Ours, j'ai retiré seulement quelques débris et que j'ai dû abandonner en totalité un crâne entier d'Hyène. D'après mes déterminations, la faune de ce gisement du Picon est la suivante : URSUS ARCTOS Laxx., massif. — Molaires (dont une dernière pré- molaire inférieure), métacarpiens, etc., de plusieurs individus. MELES TAXUS SCHREB. CANIS LUPUS Laxx., de petite taille. — Les restes que j'ai recueillis el qui appartiennent à plusieurs individus comprennent, entre autres, une carnassière inférieure et une tuberculeuse inférieure, dont les détails prouvent que ce Canidé n'est ni un Cuon, ni un Chao La 1. La montagne du Picon est celle qui est située au Sud du village de Gour- dan et où la Carte d'État-Major indique un signal trigonométrique coté 633 m. ES Pres 1910 PORC-ÉPIC DE MONTRÉJEAU 7 carnassière inférieure, abimée en la seulptant hors de sa gangue, devait avoir environ 23 mm. de longueur. CANIS VULPES Linx. [YÆNA CROCUTA Erx£. — Nombreux restes dont je n'ai pu extraire qu'une faible partie. Cette Hyène n'est, d'après mes échantillons, ni grande, ni de type accentué, et j'ignore si elle appartient à la race spelæa Gorv., plutôt qu'à la race intermedia MarceL be SERRES. que J'ai eu occasion d'étudier dernièrement !. FELIS PARDUS Lan, de forte taille. — J'en ai trouvé un astragale el un 5° métatarsien. ÉLEPHAS PRIMIGENIUS BLum. — J'ai noté cette espèce d'après deux portions de molaires que j'ai vues chez M. l'abbé Estinés, J'aurais désiré examiner de nouveau ces échantillons, mais Je n'ai pu savoir ce qu'ils sont devenus à la suite de son départ. EQUUS CABALLUS Lin. SUS SCROPHA Lin. BOS ou BISON. CAPRA IBEX (?) Lin. — Quelques dents. CERVUS ELAPHUS Lan, de taille ordinaire. — Plusieurs sujets. CERVUS (DAMA ?) Linx. — J'ai recueilli au Picon quelques restes d'un Cervidé beaucoup plus petit : Une dernière prémolaire supé- rieure ; — une portion de mandibule avec ses trois prémolaires (qui occupent une longueur de 34 mm. 5) et sa première arrière-molaire ; — la portion inférieure d'un canon antérieur de sujet bien adulte (largeur maxima : 31 mm.3); — un canon postérieur entier, de sujet bien adulte (longueur : 240 mm. ; largeur maxima de l'extrémité supérieure : 29 mm.; de l'extrémité inférieure : 32 mm. 3; minima du corps : 17 mm. 5); — deux phalanges. Au second échantillon, les dimensions sont les mêmes qu'à la mandibule de Daim quaternaire de Bagnères-de-Bigorre, que j'ai publiée il y a quelques années ?. M. Boule ayant énuméré, tout récemment, plusieurs différences qui distinguent le Daim actuel du Cerf élaphe *, je vais en examiner l'application aux pièces du Picon. D'après M. Boule : les prémolaires supérieures sont relativement plus développées dans le sens transversal chez le Daim que chez le Cerf élaphe ; — les prémolaires inférieures ont la rainure de la muraille externe moins marquée ; — la goutlière médiane du canon 1. HanLé. L'Hyæna intermedia et les ossemens humatiles des cavernes de Lunel-Viel. B. S. G. F.,(4), X, 1910, p. 34. 2. HarLé. Daim quaternaire de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). L'An- thropologie, 1895, p. 369. La dernière molaire y a la paroi intérieure de son troisième lobe aussi épaisse que l’extérieure, caractère que j'ai constaté aux huit Daims actuels que j'ai vus, tandis que chez le Cerf (qui est d’ailleurs bien plus grand) la paroi intérieure est plus mince, sauf le cas de très forte usure. Mal- heureusement, cette dent manque à la portion de mandibule que j'ai recueillie au Picon. 3. Boure Les grottes de Grimaldi, t. 1, fase. II, pp. 210-211, pl. xx1v. ÉDOUARD HARLÉ 7 Nov. —) & 12 antérieur est plus effacée ; — le canon postérieur est plus dissymé- trique, comme si son 3° métatarsien s'était trouvé porté plus en avant et son 4° plus en arrière. Je trouve ces caractères du Daim à la pré- molaire supérieure, aux prémolaires inférieures et au canon antérieur du Picon, pas au canon postérieur qui a une forme différente de celle indiquée et figurée pour le Daim, mais fréquente chez le Cerf élaphe. Mais je suppose que ces caractères ne sont pas absolus, qu'ils cons- tituent des tendances et peuvent souffrir exception et j'en vois la preuve, précisément pour le canon postérieur, dans le squelette de Daim du Muséum de Toulouse, où cet os a le caractère Cerf autant que mon échantillon du Picon. Je pense donc que le pelit Cervidé du Picon peut être un Daim. En étudiant, il y a quelques mois, les ossements recueillis dans la grotte à Hyènes rayées de Lunel-Viel, j'ai vu de nombreux restes d'un petit Cervidé, qui ne parait pas être un Daim, et J'ai constaté queces resles ressemblent à ceux du Picon. Mais les dimensions des plus petits sont un peu supérieures. LEPUS CUNICULUS Lin. F1G. 1. — Incisive de Porc-Eprc. HYSTRIX de la taille de l'H. MAJOR Gervais. — La présence d'un Porc-Épic de forte taille est démontrée par l'incisive supérieure droite dont j'ai figuré la vue latérale extérieure, en vraie grandeur, et la coupe transversale, à une échelle double. Le seul autre Rongeur possible, qui ait des incisives de cette taille, est le Castor, car celles de la Marmotte sont plus petites. J'ai comparé les incisives supérieures du Castor(18 individusactuels) avec celles du Porc- Epic (14 individus actuels) et j'ai constaté les différences suivantes: 1° La bande d'émail, qui occupe la partie antérieure de lincisive, s'arrête, chez le Castor, au bord de la face extérieure, en se retour- nant à peine sur cette face, tandis que, chez le Porc-Épie, elle se replie jusqu'à la moitié environ de cette face. 2 Ce bord est à angle droit chez le Castor, tandis qu'il est large- ment arrondi chez le Porc-Epic. La même différence se trouve aussi, quoique à un bien moindre degré, au bord opposé de l'émail, c'est-à- dire à celui de la face intérieure, Æ US 1910 PORC-ÉPIC DE MONTRÉJEAU 743 30 La section transversale de l’incisive du Castor est relativement plus large par rapport à sa dimension d'avant en arrière (rapport de 13 à 0,93 chez le Castor et de 0,89 à 0,73 chez le Porc-Épic). L'incisive que j'ai recueillie au Picon a tous les caractères du Porc- Épic. J° ajoute que son émail, très lisse, est blanc comme l'est parfois celui des incisives de Porc- -Épie, r rarement celui des incisives, même qua- ternaires, de Castor. Ce Pore- Épic était de très grande taille : Ja sec- tion transversale de mon échantillon a 7 mm. 9 de largeur sur 8 mm. 8 d'épaisseur d'avant en arrière (rapport 0, 82). C'est autant et plus qu'à l'incisive supérieure de l'Hystrix major Gervais où la largeur est 4mm.1: Je dois dire que J ‘ai trouvé presque autant à quelques Porcs- Épics actuels, mais dont je ne peux préciser l'espèce ou vartété?. L'Elephas primigenius, qui fait partie de cette faune, est le seul Eléphant connu dans nos gisements de climat froid du Sud- Ouest de la France. Mais on a rencontré cette espèce dans cer- tains de nos gisements de climat chaud, par exemple dans les alluvions de la Charente, avec Ælephas antiquus, Hippopotame et silex chelléens *. Le Renne, si commun dans nos gisements de climat froid du Sud-Ouest de la France, manque jusqu'ici au Picon. Le petit Loup du Picon fait songer à nos gisements de climat chaud, car, ainsi que je l'ai souvent fait remarquer, le Loup de ces gisements est plus petit que le grand Loup, si commun dans nos gisements de climat froid et qui manque au Picon. Il est vrai que M. Studer a signalé des restes d'un petit Loup dans nos gisements quaternaires de climat froid, mais ils y sont très rares et leur taille est encore moindre #. Le Daim n'a été rencontré jusqu'ici dans nos gisements qu'à Bagnères-de-Bigorre, avec une faune mal définie. Sa présence semble incompatible avec un climat de froid extrême. D'ailleurs, dans nos gisements de climat froid, Je ne connais pas d'échan- tillons de petits Cerfs, tandis que j'en ai rencontré dans plusieurs gisements de climat chaud. Enfin, le Porc- E pie n'a été signalé jusqu'ici, en France, que dans doux gisements quaternaires : dans une brèche de l'île 1. Gervais. Sur une espèce de ns -Épie fossile dans les brèches osseuses de l'ile Ratoneau, près Marseille. CR. Ac. Sc., 10 octobre 1859, t. XLIX, p. 511. — us Zoologie et Paléontologie PR 1867-1869, pp. 76-78 . Ceci peut inspirer des doutes sur la validité de l'A. major, espèce basée sur sa ide taille. 3. Boure. Découverte de débris pistons d'Éléphants dans la ballastière de Tilloux (Charente). CR. Ac. Sc., 29 juillet 1895. 4. Sruper. Étude sur un nouveau Chien préhistorique de la Russie, L'Anthro- pologie, 1905, p. 269. uk ÉDOUARD HARLÉ 7 Nov. Ratonneau, à Marseille, par Gervais': — dans la grotte de Montsaunés (Haute-Garonne), où je l'ai trouvé avec Macacus, Hyæna striala, Rhinoceros Mercki?. Il est donc vraisemblable que la faune du Picon est de climat chaud, mais elle est probablement d'une époque différente de celle de Montsaunés : le règne de l'Hyène rayée semble passé, ilest remplacé par celui de l'Hyène tachetée. Peut-être est-elle à peu près contemporaine de l'Hyène tachetée et du Rhinoceros Mercki (avec, d'après Cabane,, silex moustériens) de Laroque (Gironde). Peut-être du Æh. Merckitrouvé dans la grotte de Sainte-Suzanne (Mayenne), à 4 m. seulement au-dessus du ruisseau *. Peut-être même de l'Hyÿène tachetée, race spelæa, et de la faune chaude, avec industrie moustérienne, de la base de la grotte du Prince, près de Monaco. On pourrait supposer par contre qu'elle est une faune de steppes, parce qu'un Porc-Épic vit encore actuellement dans les steppes de la Russie transcaspienne. Toutefois, la faune des steppes, très répandue dans le Sud-Ouest de la France, n'a pas été ren- contrée dans les Pyrénées, probablement parce que ces mon- tagnes ont toujours provoqué d'abondantes chutes de pluie: or, le Picon est dans les Pyrénées. Le Cerf, assez commun au Picon, est un animal de forêts. Enfin, 1l se peut que cette faune appartienne à plusieurs époques, car 1l existe encore maintenant, entre les blocs du gise- ment, de nombreux vides par lesquels un animal de la taille d'un Pore-Épice pourrait s’enfoncer au loin. Les terrasses d’'alluvions anciennes de la Garonne sont bien développées aux environs du Picon. Elles y ont été étudiées par M. Boule qui en a reconnu deux : l’inférieure et la supérieure, situées, en moyenne, l'une à 15 m., l’autre à 50 m. au-dessus de la Garonne actuelle et probablement contemporaines, l’infé- rieure, d'une faune froide, et la supérieure, de la faune de Mont- saunés ”. Pour repérer exactement le gisement du Picon par rapport à ces terrasses, Je l'ai rattaché, d'un coup de niveau, au passage à niveau n° 2 du chemin de fer de Bagnères-de-Luchon, 1. Gervais. Loc. cil. 2. Harcé. Porc-Épic quaternaire de Montsaunés (Haute-Garonne). B. S. G. F., (3), XX VI, 1898, p. 532. 3. GAubrY. Matériaux pour l'histoire des temps quaternaires, I, p. 26. 4. Boure. Les grottes de Grimaldi, t. I, fasc. II, pp. 86, 87, 101. 5. Boure. Le plateau de Lannemezan et les alluvions anciennes des hautes val- lées de la Garonne el de la Neste. Bull. Serv. Carte géol. Fr., n° 43, t. VI, 1894- 1895, p. 447. 4 Lo De 1910 PORC-ÉPIC DE MONTRÉJEAU 7 dont la maisonnette est munie d'un repère de nivellemeut. J'ai trouvé, ainsi, que l'altitude du gisement est #46 m. En rappro- chant cette cote de celles données par M. Boule, on voit que le gisement du Picon est à 20 ou 30 m. en contre-bas de la terrasse supérieure (p. 454 et pl. 1v, fig. 7) et à une dizaine de mètres seulement au-dessus de la terrasse inférieure (pl. 1v, fig. 1 et 7: le point au droit duquel se trouve le gisement est à 300 m. environ à gauche des points cotés #38, 63 sur la figure 1 et #41 sur la figure 7). Le gisement du Piconest donc bien plus récent que la terrasse supérieure ou terrasse de 50 m. Il n'est pas hors de propos d'ajouter que le point d’où pro- vient le Daim de Bagnères-de-Bigorre, situé dans la carrière d'Aurensan, au bord de l’Adour, n'est qu'à environ 15 m. au- dessus du niveau actuel des basses eaux de cette rivière. Depuis l'envoi de cette note, j'ai recueilli au Picon : 1° Des portions de trois molaires d'Elephas primigenius. Leurs lames sont bien plus écartées, d'axe en axe, que chez les sujets de chimat très froid. 20 Les deux défenses inférieures, énormes, d’un Sus scropha. D'après M. Stehlin (qui ne connaissait pas la provenance de ces échan- tillons) ce Sanglier date plus probablement du Quaternaire ancien que du récent et le climat dans lequel il à vécu pouvait être chaud ou tempéré, mais certainement pas très froid. OSSEMENTS DÉCOUVERTS PAR MM. DE CERRALBO, ALCADE ET CARBALLO, EN ESPAGNE rar Édouard Harlé. Dans mon « Essai d'une Liste des Mammifères et Oiseaux quaternaires connus Jusqu'ici dans la Péninsule Ibérique » (B.S. G.F., 0%), 1909, p.355, et Comptes Rendus sommaires, 8 novembre 1909), j'ai signalé les importantes découvertes de M. le Marquis de Cerralbo, à Torralba, province de Soria (Espagne), à 1110 m. d'altitude. M. de Cerralbo avait reconnu dans ce gisement des outils chelléens et des restes d'Eléphants énormes dont certains lui paraissaient appartenir à El. meridionalis. J'ai conclu alors de mon examen que les restes d'Eléphants appartiennent à un El. antiquus avee molaires à éléments massifs, et dont certains individus passent à l'El. meridionalis. J'ai reconnu aussi quelques restes d'Equus, c'est un caballus à tendance Sfenonis, d’un grand Bovidé, d’un petit Cerf. Je suis revenu dernièrement à Torralba. Les Eléphants décou- verts, qui étaient au moins dix lors de ma visite de l'an dernier, sont au moins quinze maintenant, Jeunes et vieux, d’après le nombre des mâchoires inférieures. Ceci ne doit pas étonner, car, il y à peu d'années, on voyait en Afrique et dans l'Inde, des troupeaux ou familles de cent Éléphants. Les sujets de Torralba appartiennent peut-être à une même famille, ce qui expliquerait les caractères un peu spéciaux que j'ai observés. Les plus grands individus dont j'ai mesuré les os devaient avoir # m. de hauteur et une forme massive. Une molaire supérieure, encore dans le maxillaire, a cet intérêt qu'elle constitue l'extrémité la plus anti- quus de la série. Sa longueur, mesurée suivant l'axe et perpen- diculairement aux lames, est 0 m. 40; sa largeur, 0 m. 085 seulement ; le nombre de ses lames, talons compris, 19 ou 20. Trois défenses atteignent 3 m. 13, 3 m. 19 et 3 m. 20 de lon- gueur suivant la ligne médiane et auraient un demi-mètre de plus si la pointe n'avait pas été brisée. J'avais émis l'idée, au sujet d’une pierre située contre un os compliqué dont elle épousait exactement la forme, que cette pierre et d'autres semblables sont dues à une action chimique postérieure à la formation du gisement et dans laquelle la matière organique de l'os doit avoir joué un certain rôle. Cette explication —) Æ —t 1910 ÉDOUARD HARLEÉ avait été combattue. Mais je suis obligé de la maintenir parce que j'ai constaté cette fois-ci, un crâne de Bos s'étant rompu sous mes veux, que sa cavité cérébrale et d’autres cavités situées sous le front sont remplies par la même qualité de pierre. Je ne prétends pas d’ailleurs que cette explication s'applique à toutes les pierres du gisement. D'après M. de Cerralbo et, plus tard, M. l'abbé Breuil, tous ces ossements sont les restes de repas des hommes qui utilisaient Îles outils chelléens. Il me semble, dans cette hypothèse, que ces hommes auraient dépecé les Éléphants et autres animaux à grands coups de leurs outils, et que les os devraient présenter, surtout aux Joimtures, quelques traces de ces coups violents d'instruments tranchants. Je n'ai pu en voir aucune. Je ne sais pas pourquoi 1} y à tant d'osse- ments accumulés sur cette petite surface. Les étés sont tres secs dans cette partie de l'Espagne. Ils ont pu l'être davantage. Peut-être, au temps où le fond de la vallée était encore à ce niveau, toutes ces bêtes sont-elles mortes de soif autour d'une mare qui s’est desséchée ? Pareil fait a lieu actuellement en Afrique et Gregory (The great Rift Valley, London, 1896, p. 268) en a donné une description émouvante (je traduis) : « Çà et là, autour d’une mare, le sol était littéralement blanchi par les ossements de Rhinocéros et Zèbres, de Gazelles et Antilopes, de Chacals et Hyènes. La mare se desséchant, ces ani- maux s'étaient pressés autour et s'étaient battus pour boire les der- nières gouttes d'eau ». Je profite de cette occasion pour signaler que don Hermilio Alcalde del Rio na envoyé une mandibule d’un Felis spelæa, de la taille des plus grands Lions actuels, qu'il a recueillie dans la grotte de Eria del Prao (c'est-à-dire, en dialecte local, grotte du Vacant du Pré), située près de la mer, à Balmori, dans la commune et à 7 km. à l'Ouest de Llanes, province d'Oviedo. Cette nouvelle découverte de don Hermilio étend, vers l'Ouest, l'habitat du Lion quaternaire, car on ne le connaissait que jusque dans la province de Santander. Enfin j'ajoute que don Jesus Carballo a eu l'amabilité de m'adresser une molaire de Mastodon, voisin du {uricensis Seniwz., qu'il avait trouvée à Sahagun, province de Leon. Séance du 21 novembre 1910. PRÉSIDENCE DE M. A. LACROIX, PRÉSIDENT Le Procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Le Président proclame membre de la Société M. Jean Morellet, à Paris, présenté par MM. Paul Lemoine et Lucien Morellet. M. L. Caveux présente au nom de M. Maurice Leriche, pro- fesseur à l'Université de Bruxelles, une Notice sur ses travaux scientifiques (4°, Lille, juin 1910) et les tirés à part des nom- breuses notes publiées récemment par notre confrère. M. L. Cayeux offre en son nom une note « Sur l'existence de calcaires phosphatés à Diatomées, au Sénégal » (CR. Ac. Sc., GEL p.108, 1910: L'auteur fait ressortir l'identité de composition organique entre les phosphates de Gafsa (Tunisie) et les pelites concentrations de grains de phosphate, observées dans un calcaire recueilli par M. Chudeau, cl Daoulalel, sur les rives du Sénégal, et rapporté avec doute à l'Éocène. Ces concentrations sont constituées par des grains de phosphate extraordinairement riches en dépouilles de Diatomées marines. D'où la probabilité que la zone phosphatée issue d'une boue à Diatomées avait originellement une très grande extension et la possibilité d'en retrou- ver de nouveaux témoins. M. Pierre Lory présente une note « Curieux phénomène d’érosion, Un cas d’inversion du relief » {IX® Congr. intern. Géogr., Genève, t. IT). M. Jodot présente au nom du D: O. Gouffon le fascicule 2 de la 3° série de Palacontologqia Universalis. Ce numéro entièrement consacré à Lamarek comprend vingt espèces. de fiches n°5 188 à 207 sont dues à MM. J. Boussac, G. F. Dozcrus, . GERMAIN, PAUL LEMOINXE, PERVINQUIÈRE. chaque fascicule sera autant que possible consacré à un seul auteur ancien. L'état d'avancement du prochain fascicule permet d'espérer sa distri- bution pour mars prochain. M. Henri Douvillé fait hommage de deux notes extraites des Comptes rendus de l'Académie des Sciences : « Comment les espèces ont varié » ; « Quelques cas d'adaptation ; Origine de l'homme. » SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1910 149 L'auteur montre que les animaux se modifient dès que leurs condi- lions de vie changent ; ils doivent alors s'adapter ou disparaitre. Chez les Lamellibranches, ces modifications résultent principalement de l'immobilisation de l'animal par fixation byssale, par soudure directe ou par habitat cavicole. Chez les Foraminifères, c'est la profondeur de l'habitat qui intervient ; chez les Echinides, les groupes de premier ordre correspondent à des habitats distincts. Les mêmes phénomènes d'adaptation se retrouvent chez les Mammifères ; le développement des Carnivores entraine pour les autres animaux la nécessité de leur échapper : les Chiroptères volent, les Insectivores sont fouisseurs ou cuirassés, les Pachydermes deviennent coureurs, les Primates sont grimpeurs et arboricoles. L'homme est un Primate devenu marcheur, et cette adaptation a été la conséquence du refroidissement de la fin du Pliocène, qui a amené la disparition de la forêt équatoriale, habi- tat des singes anthropomorphes. L'auteur n'avail pas eu connaissance d’une note de M. de Boury (Feuille des Jeunes Naluralistes, juillet 1910), qui a employé presque les mêmes termes que lui en parlant de l'évolution des Scalidæ. À propos de l’évolution par sauts brusques, l’auteur avait cité les travaux de Giard: M. le professeur Dollo lui a fait observer qu'il avait le premier, dès 1893, posé la loi de la discontinuité de l'évolution. G. Ferronnière. — Ærcursions dans la région ouest de la feuille de Nantes. Des excursions dans la région ouest de la feuille de Nantes m'ont donné les résultats suivants : Le Crétacé est représenté à Noirmoutier par des argiles blanches à Terebratula biplicata et Spongiures, avec, au sommet, des silex et des pyrites, puis des sables rouges. La même série, mais sans fossiles, se retrouve sur la côte de la Loire-[nférieure, aux Moutiers, où les sables rouges con- tiennent, en un point, des particules charbonneuses. À Challans, le puits de l'hôpital a traversé environ 15 m. d’'ar- oiles grises avec un mince lil de lignite à la base, reposant sur le micaschiste et surmontées par des sables rouges à Ostrea columba de petite taille. Des sables rouges à Osfrea columba de petite taille, Cidaris vesiculosa, Bryozoaires et Spongiaires se retrouvent sur d'assez nombreux points, particulièrement autour de Pornic. À Noirmoutier le grès à Sabaliles repose sur cette série cré- tacée, et forme de gros bancs brisés et souvent éboulés, à stra- tification entrecroisée. On retrouve, autour du bassin éocène d’Arthon, des blocs de grès très semblables d'aspect à ceux de Noirmoutier, mais sans fossiles: en deux points au Sud de ce bassin j'ai trouvé, près de 750 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1910 ces blocs, d'autres blocs de calcaire d'eau douce dans l’un desquels M. G. Dollfus a reconnu une Limnée du groupe de ZL. arenularia. Ces grès semblent se confondre eux-mêmes, à première vue, avec de très nombreux blocs siliceux, épars dans la région située entre le bassin d'Arthon et celui de Machecoul, et paraissant former la base de ces deux bassins. Ils contiennent Præscutella Cailliaudi et de nombreux fossiles marins. Je n'ai pu, jusqu'ici, en déterminer les rapports. LES PHÉNOMÈNES QUATERNAIRES ÉTUDIÉS PAR LES EXCURSIONS À, ET À, DU CONGRÈS GÉOLOGIQUE DE SUÈDE PAR P. Lory. À côté des questions tectoniques et pétrographiques, principal objet de l'excursion À,, les participants ont pu étudier les inté- ressants phénomènes quaternaires du Jämtland : leur connais- sance est due pour une grande part au professeur Hôgbom, qui guidait si remarquablement l’excursion. Particulièrement frappantes sont les ferrasses lacustres qui s'étagent, autour d'Âre notamment : corroborées par le sens des stries glaciaires et du transport des blocs, elles prouvent que la ligne de partage des glaces se trouvait beaucoup plus à l'Est que la ligne de partage des eaux actuelle, dans la région grani- tique de Bräcke. Quoique d'altitude bien modeste (350 mètres environ), cette bande a conservé des restes de la calotte glaciaire longtemps après qu'eurent été évacuées les vallées de la chaine- frontière, dont les sommets de 1600-1800 mètres portent cependant encore des glaciers. De là, des lacs de barrage glaciaire, dont le niveau s'est abaissé en même temps qu'ils gagnaient dans l'Est, à mesure que fonduit Le reste d'inlandsis. L'histoire de ces lacs est encore compliquée par les déplacements de leurs déversoirs (d'abord vers l'Atlantique, puis vers la Baltique), qui ont parfois, à l'Ouest de Storlien par exemple, laissé de remarquables vallées-mortes. Les congressistes ont vu nettement que, comme l'indiquait M. Hôügbom, le Norrland suédois se divisait à la fin de la dernière glaciation en 3 zones qui sont restées bien différenciées : à l'Est, sure envahie par la mer durant le retrait de la glace ; au centre, SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1910 351 zone axiale de l'inlandsis ; à l'Ouest, zone des lacs de barrage glaciaire. Celle-ci s’étudie dans des conditions encore meilleures en Laponie, aux environs du Torneträsk, où M. 0. Sjügren a con- duit l’exceursion À,. Les appareils littoraux, banquettes, talus de blocs et deltas, établissent qu'il s'est succédé, à mesure que le bord de linlandsis reculait vers l'Est et s’abaissait : 1° de petits lacs, isolés, dans les vallons descendant de la montagne ; 2° Un lac occidental, s'écoulant en Norvège par le seuil où passe la ligne de Narvik; 3° Un premier lac Torne, s’écoulant par la passe de Pälno : Ed. Suess a décrit le splendide canon mort qu'a creusé son émis- saire ; 4° Enfin, un lac s’écoulant vers le golfe de Botnie et s'abais- sant par degrés jusqu'au niveau actuel du Torneträsk. Ici, le retrait précoce des glaces de la chaine-frontière frappe d'autant plus que ses glaciers sont encore beaux et que le relief porte l'empreinte très fraiche de leur dernière extension, par exemple dans la vallée de Kärso, auge à parois abruptes qui pré- sente un palier long de plus de 10 km., en partie occupé par des lacs : c’est un excellent exemple de modelé dû à l'érosion glaciaire. Le fond est occupé par le glacier de Kärso, de type alpin. Les participants des deux excursions restent très reconnaissants à leurs guides, grâce à qui ils ont pu faire si rapidement con- naissance avec l’ensemble de ces phénomènes. L'’EXCURSION À, pu 11€ CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL rar Pierre Termier. L'excursion À, du Congrès géologique international de Stock- holm n'a pas duré moins de trois semaines, du 27 juillet au 17 août 1910. Elle s'est déroulée à travers la Suède septentrio- nale, en commençant par la province du Jämtland et finissant par la Laponie suédoise. Elle avait quatre objets : les charriages de la haute chaine scandinave: la région de roches éruptives située près de la côte et dans les îles du golfe de Bothnie, non loin de la ville de Sundsvall; les grands gites de minerai de fer de la Laponie, Gellivare et Kiürunavaara ; enfin, la géologie qua- ternaire et les phénomènes glaciaires. Préparée avec un som extrème, échurcie à lavance jusque dans ses moindres détails par un Livret-guide qui restera comme un modèle de ce genre de publications, l’excursion à été admirablement dirigée par MM. À. G. Hôgbom, professeur à l’Université d'Upsal, H]. Lundbohm, directeur de la Compagnie des mines de Luossavaara- Kürunavaara, et P. J. Holmquist, Chargé de cours à l'Ecole polytechnique de Stockholm. Une quarantaine de géologues, venus des pays les plus divers, y ont pris part. Le temps est resté, pendant tout le voyage, merveilleusement beau et sec. Je me propose, non pas de raconter tout ce que J'ai vu pendant ces trois semaines, mais de faire connaitre brièvement les impres- sions que Jai rapportées et qui concernent les charriages de la chaine scandinave et les gites de minerai de fer de la Laponie. Je ne parlerai, ni de la pétrographie des roches de la région de Sundsvall, ni de la géologie quaternaire. Sur ce dernier point, je ne me reconnais aucune compétence ; et quant aux roches de la région de Sundsvall, je n'ai vraiment rien à ajouter au fascicule du Livret-guide qui leur a été consacré. Les charriages de la chaîne scandinave. Tout le monde a sous les veux les grandes lignes de la ques- tion. Elles ont été dessinées avec beaucoup de précision par 1910 CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 15: ce SE) M. À. E. Tôrnebohm ! dans une communication au Congrès séologique international de Vienne, en 1903. Depuis les environs de Stavanger, au Sud-Ouest de la Norvège, jusqu'à la région septentrionale de la Laponie suédoise, sur une longueur totale d'environ 1200 kilomètres, et sur une largeur, dans le sens est-ouest, qui peut aller à près de 150 kilomètres, on observe la superposition au Silurien fossilifère d’un système de couches, presque horizontales ou faiblement ondulées, les unes clastiques et ressemblant au Précambrien, les autres franche- ment cristallophylliennes. Le fait a été signalé dès 1866, en Nor- vège, par Kjerulf, et dès 1872, en Suède, par M. Tôrnebohm : il n’a jamais été contesté. On a d’abord, et tout naturellement, considéré comme post-siluriennes, en dépit de leur métamor- phisme, les couches d'aspect précambrien et les assises cristallo- phylliennes ainsi superposées au Silurien fossihifère : et cette interprétation était encore récemment admise par quelques géo- logues, surtout en Norvège. Mais, en 1888 — moins d’une année après l'explication, par Marcel Bertrand, de l’anomalie straligraphique du Beausset, — M.Tôrnebohm proposait l'hypo- thèse du recouvrement par charriage. Avant suivi vers l'Ouest les assises cristallophyliliennes qui surmontent le Silurien du Jämtland, il les avait vues s’enfoncer sous le Silurien du bassin de Trondhjem, puis reparaitre de l’autre côté de ee bassin, avec les mêmes caractères pétrographiques, et plongeant toujours sous le Silurien : ces assises sont donc présiluriennes, et leur superposition au Silurien suédois est tout anormale. Les observa- tions ultérieures, étendues progressivement jusqu'à la Laponie, n'ont fait que confirmer M. Tôrnebohm dans cette idée d’un char- riage du Précambrien sur le Silurien suédois ; et c’est pour nous ‘convaincre de l'exactitude de la théorie de M. Tôornebohm que MM. Hôügbom et Holmquist nous ont conduits, l’un dans le Jämtland, l’autre sur la rive sud du Torneträsk. La démonstra- tion, comme on va voir, nous à paru décisive ; et le charriage de la chaîne scandinave est tout aussi certain et mérite de devenir tout aussi classique que les charriages de la chaine alpine. Je rappelle que M. Tôrnebohm a donné le nom de groupe de Seve à l’ensemble des couches d'aspect précambrien, où même d'aspect cristallophyllien, qui, dans le Jämtland et dans les régions voisines, recouvrent le Silurien fossilifère. Dans ce groupe de Seve, il y a des roches clastiques, par exemple des poudingues, 1. À. E. Tôrnesonm. Ucber die grosse Ueberschiebung im skandinavischen Faltengebirge. Comptes rendus du IX° Congrès géolog.internalional, Vienne,1903, 10 novembre 1911, Bull. Soc. gtol. Fr. X. — 48. 754 P. TERMIER 21 Nov. que l’on assimile à la sparagmile précambrienne, des mylonites résultant de l’écrasement ou du laminage de granites, de gneiss ou de porphyres, enfin des roches cristallophylliennes, qui sont des micaschistes, des gneiss et des amphibolites, et que M. Tür- nebohm à appelées schistes d'Are. En Laponie suédoise, M. Holmquist remplace le nom de groupe de Seve par celui de Hochgebirgshildungen, pour désigner l’ensemble des mylonites, des roches clastiques, des calcaires, des dolomies et des terrains cristallophylliens qui constituent les lambeaux de recouvrement posés sur le Cambrien fossilifère. Kierulf disait déjà, en 1866, Hochgebirgsquarzit et Hochgebirgschiefer pour les masses de faciès aberrant qu'il voyait surmonter le Silurien de la Norvège méridionale. Je rappelle encore que, du Jämtland à la Laponie, la région des recouvrements, qui coïncide avec la haute chaine scandinave, sépare deux bassins siluriens où les assises ont des faciès pro- fondément dissemblables. Le Silurien oriental est très fossihfère, peu épais, et sans aucune trace de métamorphisme. Habituellement, c'est une alter- nance de schistes et de calcaires, avec de rares banes de quartzites. Le terme principal est un calcaire à Orthocères, d'âge certainement ordovicien, au-dessous duquel on observe quelquefois des schistes noirs bitumineux à fossiles cambriens, et au-dessus duquel s'étend un Gothlandien très réduit, formé, de bas en haut, d’un quartzite à Phacops, d'un calcaire à Penta- mères et de schistes à Graptolites. Exceptionnellement, les quar- tzites envahissent tout l'étage ordovicien, qui se renfle alors jusqu'à avoir plusieurs centaines de mètres d'épaisseur. Dans les conditions ordinaires, l'éensemble Cambrien-Ordovicien- Gothlandien n'a pas plus de 100 mètres de puissance. Le Silurien occidental, celui sous lequel s'enfoncent les roches du groupe de Seve, celui qui s'étend, parallèlement à la côte, dans une grande partie de la Norvège, est très pauvre en fos- siles, et formé d'une énorme épaisseur d'assises presque exclusi- vement schisteuses, souvent métamorphiques. En territoire suédois, c'est le système des schistes de Kôüli, ayant, à sa base, parfois des conglomérats, parfois des amas de péridotite ou de rochés magnésiennes dérivées de la péridotite, et comprenant ensuite des termes métamorphiques, micaschistes fissiles et régu- lièrement lités, amphiboloschistes, ou simples phyllades. Dans la partie haute de ce complexe schisteux, le métamorphisme décroît ; et des bancs calcaires apparaissent, contenant des tiges d'Encrines très semblables à celles que l'on observe dans le cal- 1910 CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 755 caire à Penfamères du Jämtland. En territoire norvégien, les schistes, beaucoup moins métamorphiques, ont une épaisseur très considérable, et l'on voit s’intercaler, dans le système, de nombreux amas de roches vertes, et aussi des coulées et des tufs : çà et là, des fossiles se montrent, caractéristiques de l'Or- dovicien et du Gothlandien. C'est au faciès oriental qu'appartient le Silurien de Christiania mais, au Nord-Ouest de cette ville et avant d'arriver au pays de hautes montagnes, on observe, dans le bassin silurien, le passage graduel du faciès oriental au faciès occidental. C'est sur du Silu- rien à faciès occidental que reposent, dans le massif de Jotun, ou entre ce massif et la région de Stavanger, les lambeaux de recou- vrement les plus méridionaux. La limite stratigraphique des deux faciès ne coïncide done pas, dans la Norvège du Sud, avec le front démantelé de la nappe. Cette limite stratigraphique, dans la région autochtone, est dirigée, approximativement, du Sud au Nord, au lieu que le cheminement de la nappe s’est fait de l'Ouest à l'Est par le travers de la Laponie, du Nord-Ouest au Sud-Est par le travers de la province de Trondhjem, et du Nord au Sud entre Bergen et Stavanger. On connait dans plusieurs chaines de montagnes, et en particulier dans la chaine alpine, des exemples analogues de l’indépendance des limites de faciès et des grandes lignes de la tectonique : mais nulle part, à ma connaissance, l'indépendance n'est aussi complète qu'en Scandi- navie, où l’on voit la direction du bord oriental du géosyneclinal silurien couper la direction générale de la chaine sous un angle de près de 90 degrés. Ces généralités rappelées, je viens aux observations d'impor- tance capitale que nous avons faites pendant notre voyage. JAUTLAND !. — Le Silurien du Jämtland se présente d’abord avec des apparences tranquilles. Ses assises sont fréquemment horizontales ou très faiblement inclinées. Mais, à regarder de très près, on constate qu'il est souvent plissé, en plis fortement déversés vers l'Est où même complètement couchés, et que les roches de son substratum, porphyres où granites, sont parfois écrasées. À Offerdal, près d'Ange, et à Ristafallet près d'Häl- land, le Gothlandien se renverse sur lui-même: à Ostberget, près d'Ostersund, un anticlinal déversé fait affleurer, au nulieu du Silurien, une lentille du substratum porphyrique, et la roche 1. A. G. Hôücrou. Studies in the postsilurian thrust region of Jämtland. Livrel- guide du X1° Congrès géol. internal., n° 2, Stockholm, 1910. 756 P. TERMIER 21 Nov. qui affleure ainsi est une #7ylonite non douteuse ; le laminage des assises siluriennes, déjà très visible à Ristafallet, s’accentue au fur et à mesure que l’on va vers l'Ouest ; à Ullän, au pied de l'Âreskutan, les strates schisteuses du Silurien sont couvertes de minces pellicules de séricite, et zébrées de fortes stries paral- lèles au laminage. Tout indique que ce Silurien, évidemment autochtone dans son ensemble, a été rabolé ou brossé de l'Ouest vers l'Est ; les effets de ce rabotage ou de ce brossage se canton- nant généralement près de la surface, mais parfois aussi descen- dant jusqu'au substratum, comme si, par endroits, la masse tout entière du Silurien s'était légèrement déplacée sur ce sub- stratum immobile. J’insiste beaucoup sur la valeur de cette première indication, évidemment très favorable à l'hypothèse du charriage où du trainage d'une masse quelconque au-dessus du Silurien : et même je n'hésite pas à dire que, n'y eût-il plus aucun témoin de cette masse charriée ou traînée, je serais, quant à moi, convaincu de son passage. C'est sur ce Silurien du Jämtland qu'apparaissent les assises du groupe de Seve; et leur apparition, près d’Offerdal, sous la forme de lambeaux découpés et isolés par l'érosion, éveille immé- diatement l’idée d’une masse exolique, d’origine plus ou moins lointaine, transportée sur le pays silurien. Derrière ces premiers lambeaux, le front de la masse se dresse, comme une sombre falaise, démantelée et creusée de golfes profonds : et sur cette falaise s'entassent, en arrière, de véritables montagnes. C'est une tout autre contrée qui s'offre alors au voyageur, une contrée rude et âpre, monotone et désolée, où les roches deviennent de plus en plus cristallines et dures, pendant que l'altitude aug- mente et que la végétation s'appauvrit. Les premiers lambeaux rencontrés, près d'Offerdal, sont peu épais (100 à 300 mètres d'épaisseur) et limités par des escarpe- ments presque verticaux de 50, 60 ou 80 mètres, qui dominent fièrement le pays silurien. Ces escarpements sont formés de con- glomérats très durs, très pressés, souvent laminés, dont Îles galets sont de quartz, quartzite, granite rose, porphyre violacé, et dont le ciment est verdâtre. Il n’y a aucun galet qui rappelle les roches du Silurien authentique. L'aspect — sauf le laminage — est celui des conglomérats de la sparagmite précambrienne !. La surface de séparation des conglomérats et du Silurien sous- 1. La sparagmite est autochtone et bien développée en Dalécarlie et dans l'Härjedalen. Il n'est pas douteux qu'elle ne soit précambrienne. Elle repose elle- même en discordance sur les grès du Jotnien (A. G. Hôügbom), qui représentent un Précambrien beaucoup plus ancien. — 1910 CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL fi jacent est sensiblement horizontale. Les schistes siluriens sont froissés au contact, mais ne manifestent aueun métamorphisme. Au-dessus des conglomérats d'aspect sparagmitique, viennent des schistes quartzo-sériciteux, parmi lesquels 1l y à certainement des mylonites laminées: et enfin des micaschistes quartzeux à mica blanc, assez semblables aux quartzites à mica blane du Trias des grandes nappes alpines. Ces micaschistes, attribués par M. Hôgbom au groupe de Kôli, forment la partie haute du grand lambeau d'Ansatten. Près de Ristafallet, un très petit lambeau de la masse de recouvrement, haut de 50 ou 60 mètres, et posé sur le Silurien plissé, est formé, de la base à la cime, de schistes quartzo-sérier- teux ou quartzo-chloriteux très serrés, et de porphyre laminé. I] n y à plus de conglomérats. A six ou sept kilomètres en amont de Ristafallet, on entre dans la grande masse de recouvrement, désormais continue, mais percée de quelques fenêtres à travers lesquelles on voit le pro- longement, au-dessous de cette masse, du Silurien du Jämtland. Les terrains qui constituent la masse sont, pour la plupart, très métamorphiques. Dans l'ensemble, ils sont presque horizontaux, ou affectés seulement de larges ondulations ; dans le détail, ils sont quelquefois froissés et plissotés d'une façon intense, et d’ailleurs irrégulière et eapricieuse, un étage très froissé appa- raissant compris entre deux étages de couches à allure tout à fait tranquille. A la base de la masse, on observe, soit une lame de mylonite granitique ou gneissique (granite ou gnelss écrasé et laminé), soit des micaschistes tendres à grands cristaux infer- rompus de muscovite, et contenant de petits bancs calciteux. Puis vient la série — entièrement cristallophyllienne et épaisse d'au moins quinze cents mètres — des schistes d'Are (gneiss et amphibolites), surmontée elle-même par la série, également très puissante, des schistes de Kôli. Et tout cela, ondulé d’abord, puis faiblement incliné vers l'Atlantique, s’en va supporter, à l'Ouest, les assises siluriennes à faciès occidental, les assises silu- rennes du bassin de Trondhjem. L'Areskutan est l’une des hautes montagnes du pays de nappe: Son sommet est à 1419 mètres au-dessus de la mer ; sa base, sur la rive du lac d'Âre, est à 380 mètres. En partant de la sta- tion d’Are et faisant l'ascension par le chemin des promeneurs, ontraverse successivement : des gneiss et micaschistes quartzeux. parfois un peu pyroxéniques, alternant avec des amphibolites à grain fin ; puis un étage de gneiss à mica noir et à grenat, très grenatifère, parfois avec cordiérite et sillimanite, et dans lequel 758 P. TERMIER 21 Nov. les amphibolites se font de plus en plus nombreuses : enfin, l'étage du sommet, presque uniquement formé d’amphibolites. Les gneiss de l'étage intermédiaire sont fréquemment contournés et plissés. Ts contiennent de nombreuses enclaves amphiboliques, qui soulèvent un problème très difficile de pétrographie. Ces enclaves sont parfois rondes ou ovoïdes, souvent lenticulaires, quelquefois anguleuses avec des angles un peu arrondis ; elles sont entourées, soit d’une ceinture de grenats, soit d’une cein- ture blanche feldspathique. Les froissements du gneiss donnent aux enclaves des formes bizarres et compliquées. Les enclaves ovoïdes ont l'air de ségrégations basiques dans un magma; mais celles qui sont anguleuses ont parfois leur direction de zonage discordante sur celle du gneiss; et cela ne peut se comprendre qu'en admettant le déplacement, dans une masse encore pâteuse, d'enclaves originellement concordantes !. En tout cas, l'on ne peut pas échapper à cette conclusion que les gneiss de l’Aresku- tan sont passés par un état de fluidité ou de semi-fluidité, avant de cristalliser définitivement en gneiss. L'ensemble des assises de l'Areskutan forme un synclinal très ouvert. L'inchnaison des bancs, abstraction faite des froisse- ments de détail, dépasse rarement trente degrés. En descendant par le versant ouest, on retraverse toute la série cristallophyllienne, et l’on aboutit, vers la cote 800, au Silu- rien fossilhifère de la grande fenêtre du Mullfjället. Ce Silurien fossilifère plonge sous la série cristallophyllienne : 1l est lui- même laminé, et son inclinaison, près du contact, est celle même de la surface de contact, c'est-à-dire de la base de la nappe. J'ai naturellement porté toute mon attention sur cette surface de contact, espérant trouver là, ou bien une lame de mylonite, ou tout au moins une séparation bien tranchée entre la nappe et son substratum : et je dois dire que J'ai été tout d’abord un peu déçu. La coupe ouest de l'Areskutan est une de celles que pour- rait invoquer un adversaire de la théorie du charriage : elle montre admirablement les roches, depuis le sommet de la mon- tagne, jusqu'aux calcaires à Pentamères du ravin d'Ullàn ; et la première impression qu'elle donne est celle d’un passage, rapide, il est vrai, mais graduel, du faciès sédimentaire au faciès le plus métamorphique. Je dis première impression. Quand on y regarde de plus près, on reconnaît que la zone incertaine, la zone où l’on 1. J'ai parlé de ces curieuses enclaves et du problème qu'elles soulèvent dans ma Conférence au Congrès de Stockholm sur l'origine des lerrains cristallophyl- liens (Comptes rendus du XI° Congrès géol. international). 1910 CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 759 se demande si l’on est encore dans la nappe ou si l’on est déjà dans le substratum silurien, n’a pas plus de trente ou quarante mètres d'épaisseur : c'est là-dedans, évidemment, que passe la base de la nappe, le {hrust plane du Livret-guide. Au-dessous il n'y a que du Silurien, schisteux d'abord, puis calcaire, très laminé, mais non douteux ; au-dessus, il n’y a que des assises franchement métamorphiques. L'incertitude provient de ce que l'étage inférieur du système métamorphique, l'étage de base de la nappe, est formé de schistes bien Hités, non froissés, parfois un peu calcaires, souvent très quartzeux et ressemblant à des quartzites, et qui jouent, à s’y méprendre, un terrain sédimen- ture non métamorphique. Ces schistes ne renferment ni grenat, ni amphibole. Le métamorphisme s'y décèle seulement par l'abondance de la séricite, et la présence de grands cristaux de mica blanc, isolés et interrompus. Un peu plus haut, et très vite, apparaissent des marbres phylliteux, des chloritoschistes à noyaux feldspathiques, des gneiss fins un peu grenatifères, des amphibo- lites à grain très serré, bien litées, parfois avec boules ou lentilles de malacolite; et c’est ensuite la longue série des gneiss et des amphibolites, telle qu'on l’a traversée sur Le côté sud de la mon- tagne. En somme, sur le versant ouest de l'Areskutan, il y a, à la base de la nappe, sous l'énorme série des schistes d'Are, un étage particulier, épais d’une centaine de mètres, dont les assises ont le caractère commun d’être bien litées, en lits réguliers et d'allure très tranquille. La partie haute de cet étage est très franchement gneissique et amphibolique ; mais la partie basse, comme si le métamorphisme décroissait de haut en bas, est schisteuse, quartzeuse, parfois un peu calcaire, sans grenat ni amphibole, et sans autre caractère de métamorphisme que la pré- sence, çà et là, de grands cristaux de mica blanc, Comme cela repose sur du Silurien laminé, en parfaite concordance, et que ce Silurien est, lui aussi, par alternances, schisteux, quartziteux et calcaire, 11 v à incertitude sur la limite et le {hrus{ plane n'ap- parait pas de façon évidente. À la réflexion, l'on se rend compte qu'il n'y a là rien d’extraordinaire, et l'on se souvient que de semblables apparences de continuité, et tout aussi troublantes, sont connues dans tous les pays de nappes. A l'Ouest de l'Areskutan, souvre la fenêtre de Mullfjället dont je reparlerai dans un instant ; et au delà de cette fenêtre, on retrouve la série des schistes d’'Are, mais très amincie et bien- tôt surmontée par la série des schistes de Küli, L'amincissement 760 P. TERMIER . 24: Nov. des schistes d'ÀÂre va même jusqu'à la disparition de cet étage, à peu de distance au Sud de la station de Dufed : on voit alors la base de l'étage de Kôli, — composée de phyllades et de conglomé- rats, — reposer directement sur les roches du fond de la fenêtre. Plus loin vers l'Ouest, les schistes d’Are, gneiss et amphibolites, reparaissent, formant les hautes montagnes qui dominent au sud le lac d'Ânn. Entre Handôl et Storlien, nous avons suivi la limite des deux étages, Jalonnée par des amas de péridotite, de serpentine ou de tale. La série de Kôüli paraît concordante sur la série d’Are : elle se fait de plus en plus métamorphique, jusqu'à être formée de micaschistes et d’amphibolites: mais elle ne renferme pas de gneiss, et, près de Storlien, elle montre encore quelques de bancs de conglomérats. Sur les bords de la longue fenêtre de Storlien, ou du moins sur ses bords nord et ouest, on observe de nouveau l’amincissement, et mème la quasi-disparition, de l'étage d’Are, les micaschistes de de Kül venant presque au contact des mylonites granitiques et des quartzites siluriens. Au delà de Storlien, la voie ferrée pénètre en Norvège et descend vers Trondhjem : elle traverse une vaste région de schistes de Küli, de moins en moins méta- morphiques au fur et à mesure que l’on avance vers l'Ouest, et cest au Nord de la ligne de chemin de fer, dans les Kôlihaugen, que l'on voit, posées sur ces schistes à métamorphisme décrois- sant, quelques assises fossilifères, indubitablement siluriennes. Bien qu'il ne nous ait pas été donné de pousser nos explora- tions jusqu'aux montagnes des Kôlihaugen, nous avons pu, d'Âre à Storlien, nous faire une idée très exacte de la composi- tion de la masse de recouvrement. Cette composition est bien celle que nous annonçait et nous décrivait le Livret-Guide. La masse de recouvrement est, dans cette région, formée de terrains métamorphiques ; elle est d’allure tranquille, le plus souvent presque horizontale, mais l'épaisseur des étages dont elle se compose varie beaucoup et très rapidement. Nous y avons dis- tingué, de bas en haut, trois étages : un système peu épais de micaschistes quartzeux, parfois un peu calcaires, qui n'apparaît, semble-t-il, qu'au Sud-Ouest et à l'Ouest de l'Âreskutan : l'étage d'Are, entièrement cristallophyllien, dont la puissance varie, presque brusquement, de plus de 1500 mètres à zéro; l'étage de Kôlh, dont le métamorphisme, très inégal, est maximum près de Storlhen, et qui passe peu à peu, vers l'Ouest, au Silurien de Trondhjem. J'ai tendance à croire que l'étage infé- rieur, celui de la base de l'Âreskutan, est identique à l'étage de. 1910 CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 161 Kôli, et que c'est une lame de l'étage de Kôüli entraînée par le charriage : mais de cela je ne suis pas tout à fait sûr. Ce dont je suis sûr, c'est que toute cette énorme masse, dite de recouvrement, repose bien réellement sur le Silurien du Jämt- land. La preuve décisive nous a été fournie par les deux belles fenêtres du Mullfjället et de Storlien. La fenêtre du Mullfjället, qui s'ouvre dans la masse de recou- vrement immédiatement à l'Ouest de l'Areskutan, est une déchi- rure ovale, longue, du Nord au Sud, de 40 kilomètres environ, et large, au maximum, de 15 ou 18 kilomètres. Elle correspond, dans la topographie, à une dépression très marquée. Le fond en est formé de strates siluriennes, schistes, calcaires et quartzites, parfois fossilifères, ayant manifestement le faciès du Silurien oriental et plongeant, tout autour de la fenêtre, sous le Cristal- lophyllien environnant; mais, dans le centre de la fenêtre, une longue bosse anticlinale met au jour le substratum du Silurien, qui est ici formé de porphyre. Ainsi que je l'ai dit déjà, le Silu- rien est laminé, parfois replié sur lui-même. Dans le ravin d'UI- lân, les schistes à Graptolites montrent, dans leur chivage ardoi- sier, un peu de séricite secondaire ; et, sur les banes calcaires, on voit de grosses stries, parallèles au charriage de la nappe quiles surmonte. La fenêtre de Storlien est une très étroite et très longue déchi- rure, une sorte de boutonnière, allongée parallèlement à la fron- tière norvégienne, et mesurant près de 70 kilomètres du Nord au Sud tandis que sa largeur n'excède nulle part 12 kilomètres. Le fond de cette boutonnière est généralement formé de granite, très laminé et transformé, près du bord de la fenêtre et près de la base de la nappe surincombante, en une mylonite d'apparence gneissique, rappelant les Augengneis des Alpes. Mais l'on voit aussi, reposant sur ce granite, ou formant avec lui un système de plis très aigus, très serrés, isoclinaux, et même entièrement couchés, des quartzites et des schistes qui offrent la plus grande ressem- blance avec ceux de la base du Silurien du Mullfjället. Toutefois, on n'y à pas trouvé de fossiles. Une partie de ces assises sédi- mentaures est rapportée hypothétiquement, par M. Tôrnebohm, à la sparagmite précambrienne. En tout cas, que ces quartzites et ces schistes soient cambriens ou précambriens, ils n'en appa- raissent pas moins, dénués de tout métamorphisme, mais plissés et reployés sur eux-mêmes, et mélangés avec leur substratum granitique écrasé et laminé, au fond d’une fenêtre profonde, ouverte dans des assises cristallophylliennes presque horizon- tales . 762 P. TERMIER 21 Now. Tout cela ne m'a laissé aucun doute sur l'exactitude de la théorie de M. Tôrnebohm. Les plissements du Silurien; l’écra- sement, par places, et le laminage, çà et là, des roches porphy- riques et granitiques sur lesquelles ce Silurien repose ; l'allure de la grande masse de recouvrement, tranquille dans son ensemble, et parfois localement bouleversée; la forme lenticulaire que prennent, partout, les étages qui composent cette masse, et, en particulier, l'extrème rapidité avec laquelle varie, de 1500 mètres à zéro, l'épaisseur des schistes d'Àre ; la présence certaine, quoique très sporadique, de lames mylonitiques dans la base de la masse de recouvrement : telles sont, à mes yeux, les preuves vraiment démonstratives. La masse en question est une masse charriée, ou trainée, sur le bassin silurien du Jämtland. La direction et le sens du char- rage, ou du trainage, sont nettement indiqués par les plis et rephs du Silurien : la masse s'est déplacée, sur le Jämtland, de l'Ouest-Nord-Ouest à lEst-Sud-Est. L'amplitude- minima du transport est donnée par la distance, mesurée suivant cette direc- tion, entre la fenêtre la plus occidentale (Storlien) et le front orien- tal actuel des lambeaux de recouvrement les plus avancés, ceux de la pointe sud du Storsjün. Cette distance est d'environ 140 kilomètres !, Rive sub DU ToRNETÂSk (LAPONIE SUÉDOISE)?. — Nous voici maintenant à 600 kilomètres plus au Nord. Du Jämtland jusqu'ici, la continuité du phénomène de recouvrement a été, pas à pas, établie par les géologues suédois. Sur le même bassin silurien, nous allons voir reposer, avec tous les caractères d'un contact anormal, de massifs lambeaux de la même série cristallophyl- lienne. Cette anormale superposition a été signalée dès 1900 par M. Holmquist ; et cet auteur a décrit, en 1903, les chevauchements du Torneträsk. Le grand lac Torneträsk est à 340 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il est longé, sur sa rive sud, par la voie ferrée qui va de Küruna à Narvik. Entre les stations Torneträsk et Stordalen, cette rive sud est faite de roches archéennes, granite, syénite ou gnelss. Sur cet Archéen reposent les assises siluriennes. C’est du Silurien inférieur, autrement dit du Cambrien ; et du Cambrien, non seulement autochtone, mais d’allure absolument paisible et presque horizontale. Il à une épaisseur variable, qui atteint 1. Livret-quide, n° 2, pl. 3. 2. P. J. Hocueuisr. Die Hochgebirgsbildungen am Torneträsk in Lappland. Livret-quide du XI° Congrès géol. internat., n° 6, Stockholm, 1910. D 1910 CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 163 168 mètres sous le mont Luopahta Les conglomérats et grès de base renferment des galets du substratum archéen qui les porte : puis viennent des schistes, des grès, des quartzites, alternant entre eux, et ne présentant pas trace de métamorphisme. Dans une couche de schistes argileux, on a trouvé Arionellus primcæ- vus BrôäGEer, Ellipsocephalus Nordenskiôldi Lixes, et Obolus. Le Cambrien est surmonté par un banc très rocheux, formant escarpement de 20 ou 30 mètres de hauteur, dont la surface inférieure est parfaitement plane et plonge très légèrement vers l’ouest. Au contact, les schistes cambriens, sur une épaisseur de quelques centimètres, où de quelques décimètres, sont violem- ment froissés. Le banc rocheux est fait d’une mylonile compacte de couleur grise, ou gris-verdâtre, qui ressemble à un quartzite, à un phonolite, à un hälleflint ou à un pétrosilex. Cette mylonite est identique, d'aspect, au granile écrasé que l'on trouve, au fond des puits des mines de Montrambert, sous le terrain houil- ler de Saint-Étienne. Mais quand on l’étudie au microscope, on y reconnait des roches très variées, uniformisées par l'écrase- ment : du granite, de l’aplite granitique, de la syénite, de Ja dio- rite et même du gabbro, ces deux dernières roches fortement altérées et chargées d’épidote. Les géologues suédois ont distingué cette roche dès 1900, sous le nom de Xakirite, et M. Holmquist a signalé, en 1903, sa vérI- table nature et l'importance de son rôle géologique et tectonique". C'est avec grand plaisir que je rappelle ces dates. M. Holmquist a été, sans que d’ailleurs nous nous en doutions, notre précur- seur, Ce n'est qu'en 1906 que nous avons, mon ami (Georges Friedel et moi, commencé à publier les résultats de nos recherches sur les granites écrasés du Massif central français. Au-dessus de l’escarpement rocheux qui marque la base de la nappe, il y a d’autres bancs semblables, et l'épaisseur totale des mylonites, extrêmement variable comme il convient à de pareilles roches, peut atteindre près de 200 mètres dans le Luopahta, et même plusieurs centaines de mètres, un peu plus à l'Ouest, par le travers de la vallée de Vuotsi. Sur les mylonites, vient une puissante série cristallophyllienne, la série des ÆHochgebirgsbil- dungen de M. Holmquist, équivalent évident du groupe de Seve du Jämtland. Voici, rapidement décrite, en allant de bas en haut, cette série de terrains métamorphiques. Ce sont d’abord les Hartschiefer, phyllades quartzeux à eli- vage luisant, remarquablement plans et fissiles, montrant, çà et 1. Livret-quide, n° 6, p. 26 et 70. 764 P. TERMIER 21 Nov. là, quelques lits feldspathiques de couleur rose semblables à des veines interstratifiées de pegmatite, et montrant aussi, çà et là, de minces lits interstratifiés de dolomie jaunissante avec vei- nules et lentilles de calcite blanche. Au delà de l’Abiskojokk, les Hartschiefer perdent peu à peu leur aspect de phyllades et deviennent. soit des chloritoschistes, soit des micaschistes à séri- cite, avec de grands cristaux isolés et interrompus de mica blanc. En même temps, ils perdent leur allure régulièrement litée et plane. Ils m'ont alors beaucoup rappelé l'étage de base de l'Âres- kutan. L'épaisseur des Hartschiefer atteint au moins 500 mètres dans la région d’Abisko ; mais elle diminue très vite vers l'Ouest, et tombe à quelques dizaines de mètres aux environs de la sta- tion de Vassijaure. Au-dessus des Hartschiefer, viennent, soit des amphibolites, soit des marbres gris, un peu phylliteux, supportant eux-mêmes une puissante série de micaschistes à grenats. Les unes et les autres reposent sur les Hartschiefer en parfaite concordance. Les amphibolites ont plusieurs centaines de mètres d'épaisseur dans le massif de Pallimtjäkko qui s'élève, au Sud d’Abisko, jusqu’à l'altitude de 1800 mètres. À l'Ouest d’'Abisko, ce sont les marbres et les micaschistes grenatifères qui remplacent les amphibolites : et l'épaisseur de ce complexe est d'environ 600 mètres par le travers de la vallée de Kärsà. Les marbres sont à la base du complexe, formant tantôt un seul niveau, tantôt plusieurs bancs ou lentilles superposés. Au-dessus des marbres, quelques lits de phyllades charbonneux noirs alternent avec Les micaschistes gre- natifères. Enfin, par-dessus le système des micaschistes grenatifères, on voit encore. tout au sommet de la Vuottasreita et des montagnes voisines, un étage de micaschistes sans grenats, passant parfois à des gneiss. Entre les stations de Bjôrkliden et de Vassijaure, la voie ferrée est à une cote moyenne d'environ #20 et suit à peu près la base de la nappe. Le sommet des micaschistes supérieurs, dans le Käppasäive, est à la cote 1428. L'’épaisseur totale de la nappe, dans cette montagne du Käppasäive, est donc d'environ 1000 mètres. La lame de mylonites, puissante de 200 mètres au Luopahta, s’amincit Jusqu à disparaître au Nord-Ouest du Kaisepakte, repa- rait un peu plus loin, reprend brusquement une très grande épaisseur, puis de nouveau disparaît au nord de la voie ferrée. Elle se montre encore, dans les déchirures des Hartschiefer, Jusqu'à quelques centaines de mètres à l’ouest de la station 1910 CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 3 & ©e d'Abisko ; mais, au delà de l’Abiskojokk, il n'y a plus de mylo- nite, entre les Hartschielfer et les terrains autochtones, sur le versant nord du Käppasive. Il faut contourner le massif mon- tagneux et venir Jusqu'au sud de la Vuottasreita pour retrouver les roches écrasées. Dans l’ensemble, la nappe a une allure tranquille. Les terrains y sont largement ondulés, et le plus souvent presque horizon- taux. Mais 1l y a quelques complications de détail, comme les replis en Z dés micaschistes de la Vuottasreita, ou comme les multiples apparitions de quartzites cambriens (Blauquarz de M. Holmquist) dans les mylonites du Luopahta et de la base du Suoraäive. Les replis en Z dans la partie haute du système char- rié sont évidemment contemporains du charriage et se com- prennent aisément. L'affleurement, au milieu des mylonites, de quelques lames lenticulaires de quartzites cambriens, horizon- tales, ou plongeant faiblement et parallèlement à la surface de base du charriage, est une preuve que les mylonites forment un lambeau de poussée complexe, divisé, par deux ou trois surfaces de friction, en plusieurs lambeaux élémentaires. Mylonites et témoins de quartzites cambriens accrochés à ces mylonites ne font point réellement partie de la vraie nappe : ce sont de simples fragments du substratum de cette nappe, arrachés par elle, et transportés à plus ou moins grande distance de leur lieu d’origine. Il n'y a aucune relation nécessaire entre la grandeur du dépla- cement total de la nappe et le chemin parcouru par ces lambeaux _de poussée; et l’on comprend dès lors que les roches myloniti- sées soient, à l'écrasement près, très semblables aux roches archéennes intactes sur lesquelles elles reposent. À l'Ouest de la station de Bjôrkliden, le substratum de la nappe est presque partout le granite. Le Cambrien n'apparait plus que sporadiquement, sous forme de lambeaux très restreints de quartzites bleuâtres (hlauquarz) ou de grès blancs. M. Holmquist a beaucoup insisté, soit dans la rédaction du Livret-guide, soit dans les explications quil nous à données, sur ce fait que les lambeaux cambriens en question, tantôt reposent sur le granite ou les autres roches archéennes, tantôt sont pincés dans des replis de l'Archéen, replis fortement déversés ou même entière- ment couchés vers l'ouest. Les observations de M. Holmquist sont certainement très exactes. Mais le cas général m'a semblé être celui de la superposition régulière, et d’allure paisible, du Cambrien sur l'Archéen : et c’est ce que la carte géologique du Livret-guide montre bien pour la région située au Sud de la Vuottasreita. Les quelques cas anormaux où, dans les environs 766 P. TERMIER 21 Nov: de la voie ferrée, le Cambrien s'enfonce sous l’Archéen avec une plongée vers l'Est, m'ont paru pouvoir s'expliquer sans difficulté par le rabotage du substratum et l'entraînement, sous la nappe, de minces lambeaux d'Archéen, véritables copeaux détachés de ce substratum. Le plus souvent, ces copeaux se sont écrasés et ont donné des mylonites; quelquefois, comme dans les cas anor- maux en question, ils ont résisté à l’écrasement, et l’on voit alors un lambeau de gneiss, ou de granite, recouvrir, avec une plongée quelconque de la surface séparative, un témoin de quartzites cam- briens. Quoi qu'il en soit de ces détails, le charriage des Hochgehirgs- bildungen sur le Cambrien autochtone n'est pas contestable. En Laponie suédoise, comme au Jämtland, il y a eu transport, sur le bassin silurien, d'une puissante nappe, formée, pour la plus grande partie, d'assises précambriennes métamorphiques. Ce transport s'est fait de l'Ouest à l'Est. La grandeur du déplacement n’est pas exactement connue ; mais elle semble avoir été moindre que par le travers du Jimtland, et peut-être ce déplacement n'a-t-il pas excédé 50 kilomètres. J'avoue n'avoir pas très bien compris la pensée de M. Holmquist à l'égard de ee charriage. Il ne doute pas du déplacement relatif du bassin silurien et du Précambrien qui le surmonte; mais 1l n’admet pas volontiers le trainage, sur 50 kilomètres et peut-être plus, d’une masse épaisse d'au moins 1000 mètres: il objecte l'allure paisible du Cambrien et ce fait que ses assises ne sont ni écrasées ni laminées ; il objeete encore la quasi-identité pétrogra- phique des Æochgebirgshildungen et de certaines roches du substratum eristallin. Aucune de ces objections n’est capable d'arrêter un seul instant l'esprit d’un tectonicien qui a vu les Alpes. M. Holmquist semble indiquer une préférence pour un déplacement, en profondeur, et de l'Est vers l'Ouest, du bassin silurien et des roches archéennes sous le Précambrien. Mais Je ne vois pas de différence essentielle entre cette hypothèse et l'autre. Nous ne pouvons, en tectonique, connaître que les dépla- cements relatifs, et c'est uniquement pour la commodité du lan- gage que nous attribuons un sens au mouvement et que nous disons : « ceci à bougé, tandis que cela restait immobile ». On pourrait tout aussi bien renverser les rôles, CONCLUSION. — En résumé, je donne mon adhésion la plus for- melle aux idées de M. Tôrnebohm,. La haute chaine scandinave me parait, bien réellement et sans aucun doute possible, un pays de nappe. Sur le bassin silurien oriental, une masse énorme s’est avancée, 1910 CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 767 marchant de l'Ouest à l'Est en Laponie, du Nord-Ouest au Sud- Est dans la région médiane de la chaîne, du Nord au Sud dans la partie qui correspond aujourd’hui à la côte norvégienne entre Bergen et Stavanger. La longueur de cette immense masse en mouvement a dépassé 1200 kilomètres ; le chemin qu'elle à par- couru, probablement variable suivant les régions, à été d'au moins 140 kilomètres dans le pays qui est devenu le Jämtland, d'au moins 90 kilomètres dans le pays où s'est créé plus tard le Torneträsk. L'épaisseur des terrains transportés était sans doute très supérieure à 2000 mètres, puisqu'il y avait là, avec tout le Précambrien métamorphique, toute la série des assises du Silurien à faciès occidental; et puisque, après tant d'années, les débris de la nappe ont encore aujourd’hui jusqu'à 1600 mètres d’épais- seur, La date de ce grand mouvement n’est pas connue de façon pré- cise. La comparaison avec l'Ecosse, et diverses raisons tirées de la géologie scandinave et résumées par M. Tôrnebohm dans sa Note de 1903, font croire que tout était terminé à la fin du Dévonien. Au sujet de la nature même du charriage, voici ce que je pense. Rien, dans la constitution de la masse transportée, ne m'a paru impliquer l'existence de grands plis couchés superposés, comme il en existe dans les nappes des Alpes. La nappe scandi- nave me semble unique, et non pas complexe : encore bien qu'elle entraine, çà et là, accrochés à sa base, des lambeaux de poussée, ou des lames de charriage, tels que l'étage à apparences sédimen- taires de la base de l'Areskutan, ou tels que les mylonites de la Laponie suédoise. La nappe scandinave me semble être un trai- neau, déplacé par simple translation, et ayant glissé sur son substratum qu'il rabotait, écrasait et plissait ; et non pas un vaste pli couché avant glissé sur son flanc inverse et ayant peu à peu, par laminage et étirement, supprimé ce flanc inverse. En d’autres termes, la nappe scandinave me semble une nappe du deurième genre, pour employer la distinetion que j'ai proposée en 1906. J'ai montré, il y a quelques mois, que les nappes corses, elbaines et apennines, sont, suivant toute vraisemblance, des nappes sem- blables, des nappes du deuxième genre ; et J'ai opposé ces nappes du régime apennin aux nappes du régime alpin qui — à l'excep- tion d'un traîneau écraseur situé tout en haut et probablement en totalité détruit — sont des nappes du premier genre, ou des plis couchés superposés. La Scandinavie aurait, si Je ne me trompe, un régime apennin : elle jouerait, dans la chaîne calédonienne, le rôle des Apennins et de l'Atlas dans la chaîne tertiaire. Et les 768 P. TERMIER 21 Nov. Highlands d'Ecosse, par contre, dont le régime alpin vient d’être décrit avec tant de précision par M. E. B. Bailey, jouerait, dans cette même chaîne calédonienne, le rôle des Alpes. Les grands gîtes de Îer de la Laponie suédoise. Nous avons successivement visité les divers gites de Gellivare, puis l'énorme gisement de Kirunavaara. Je ne décrirai d’une facon méthodique ni celui-ci, ni ceux-là, renvoyant le lecteur € ? ? Ÿ ?) pour tous les détails techniques, aux deux fascicules # et 5 du Livret-guide:; et je me propose seulement de résumer ici mes 5 ; impressions en ce qui concerne les conditions géologiques et l'origine de Kirunavaara, d’abord, de Gellivare ensuite. 5 ) , KiTRUNAVAARA. — Le gîte de Kiruna ? — j’emploierai souvent, à le) Ù l'exemple des Suédois, cette appellation et cette orthographe sim- Ù D plifiées — est un amas de magnétite de dimensions vraiment colossales. Il se présente comme une couche d'épaisseur variable, dirigée nord-nord-est et plongeant vers l'Est sous un angle moyen de 55 degrés. Le minerai est massif, sans autre gangue habi- tuelle que l'apatite. La magnétite se mélange parfois d'un peu d’ohgiste. L'apatite ne manque Jamais: et elle est parfois très 5 Ï abondante, jusqu'à former le quart, en poids, du minerai. Les minéraux accessoires, assez rares en somme, sont le pyroxène , , [| V ÿ l’ouralite, la tourmaline, le tale, l'amiante, la calcite, la pyrite, le sphène. La teneur en fer du minerai fout-venant varie, habituel- lement, de 58 à 70 °/,. L'amas — ou la couche — affleure sur une longueur de 3 km. 500 dans la montagne de Kirunavaara. Divers sondages ont constaté le prolongement de ces affleurements, au nord et au sud, sous les dépôts glaciaires; et les recherches magnétiques ont indiqué que le gîte se poursuit encore quelque temps au delà des plus lointains sondages : si bien que l’on considère comme certaine une longueur de gite de 5 km. Un lac, Luossa- Jjärvi, sépare la montagne de Kiürunavaara d’une autre montagne, Luossavaara, située plus au Nord, et qui contient un amas de , Î magnétite en tout semblable à celui de Küruna, sauf qu'il est e) Ù beaucoup plus petit. L'amas de Luossavaara affleure sur 1000 ou 1200 m. de longueur. Il semble bien être sur le prolongement du gite de Kürunavaara ; mais, comme on le voit se terminer en 1. E. B. Baisey. Recumbent folds in the schists of the scottisch Highlands. Quart. Journ. geol. Soc., LXVI, 1910, p. 586-620 et pl. 43-44. 2. Hj. Luxosonn. Sketch of the Kirunadistriet. Livret-quide du XI° Congrès géol. internat., n°5. 1910 CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 169 pointe vers le Sud, son raccordement avec le grand gîte n’est que théorique. Il y a donc deux gites distinets, et non pas un seul. Le plus gros, Kiruna, est seul exploité pour le moment. La montagne de Kiürunavaara s'élève à 245 m. et celle de Luossavaara à 227 m. au-dessus du niveau du lac, qui est lui- même à 500 m. au-dessus de la mer. Il y a 4 km. 500 de distance entre les sommets des deux montagnes. La traversée horizontale du gite de Kiruna, dans la partie exploitée, est, en moyenne, de 96 m., ce qui correspond à une puissance moyenne de 78 m., du mur au toit. Mais, sur un point, la traversée horizontale atteint 195 m. Elle tombe à 50, et même à 40 m., vers les extrémités nord et sud de la partie bien connue. La traversée horizontale du gîte de Luossavaara est au maximum de 50 mètres. Le tonnage reconnu, dans le seul gite de Kiruna, est de près d'un demi-nulliard de tonnes. Le tonnage réel est certainement bien supérieur à cette évaluation : peut-être atteindra-t-1l un milliard de tonnes, L'amas de Kiruna est donc un des plus impor- tants gisements du monde, et nulle part encore on n'avait vu tant de minerai riche, concentré dans un espace aussi restreint !. Les conditions géologiques ont été très bien étudiées par MM. Bäckstrôm et Lundbohm, puis par M. Stutzer, et en dernier lieu par M. P. Geijer?. M. de Launay les à sommairement décrites en 190%, en faisant suivre sa description d’une discus- sion sur l'origine du minerai et la formation du gite*. La couche de magnétite est régulièrement intercalée entre des coulées trachytiques, au mur, et des coulées rhyolitiques, au toit. Les roches du mur (syenile-porphyry du Livret-guide) sont grises ou roses; elles montrent, dans une pâte compacte, des phénocristaux, relativement rares et assez petits, de feldspath, et d'augite ou d'ouralite. La pâte est faite de feldspath potassique, avee plus ou moins de hornblende et de magnétite ; elle est tantôt microlitique, tantôt sphérolitique. Très habituellement, la roche est criblée de cavités de forme irrégulière, aux parois arrondies, semblables à des soufflures, quelquefois vides, le plus souvent remplies par des agrégats à structure radiée de horn- blende et de sphène, ou par des mélanges, sans ordre, de ces 1. P. Nicou. Les gisements de minerai de fer de la Laponie suédoise. Annales des Mines, (10), t. XIV, 1908, p. 221 et suiv. 2. Per Greuer. Igueous rocks and iron ores of Kiïirunavaara, Luossavaara and Tuolluvaara, Stockholm, 1910. — Pour les travaux antérieurs, voir la bibliogra- phie du Livret-guide. 3. L. pe Launay. L'origine et les caractères des minerais de fer scandinaves Ann. des Mines, (10), t. IV, 1903, p. 49 et suiv. 10 novembre 1911. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 49. 710 P. TERMIER 21 Nov. deux minéraux avec d'autres, la magnétite, l'apatite, la biotite, l'orthose perthitisé. Pour M. Bäckstrôm, ces cavités sont réelle- ment d'anciennes soufflures de la lave, et leur remplissage est secondaire et d’origine pneumatolytique. Les roches du toit (QUane ROTDRUnS du Livret-œuide) ont une couleur plus elaire, rose, gris rose, gris de cendre, quelquefois rouge, et montrent de boue phénocristaux arrondis de felds- path rouge ou rose (perthite). Il n'y à pas de phénocristaux de quartz; mais le quartz est assez abondant dans la pâte, et la teneur moyenne en silice est d'environ 70 °/,, tandis que, dans les trachytes du mur, cette teneur est seulement de 60 °},. La pâte est entièrement cristalline, généralement microgranitique, rarement sphérolitique. La hornblende est rare. Les cavités ou amygdales si nombreuses dans les trachytes du mur manquent totalement dans les rhyolites du toit. La nature lavique des roches du toit est établie péremptoire- ment par l'existence, à Luossavaara, dans le complexe quartz- porphyry et à peu de distance du gite, de conglomérats rhyoli- tiques indiscutables, véritables coulées houeuses semblables, quant à l'aspect, aux brèches andésitiques du Cantal. Les débris, ou galets, sont presque tous de quartz-porphyry:; mais 1l y à aussi quelques fragments roulés de magnétite, et l'aspect de cette magnétite est identique à celui du minerai du gite. Ces conglo- mérats rhyolitiques portent dans le Livret-guide le nom d’agglo- merates. Ils alternent avec des coulées massives. On ne les con- nait pas sur le versant oriental de Kirunavaara, mais nous avons vu, au pied de ce versant, les affleurements d'un banc de quartz- porphyry à débris anguleux de magnétite. La magnétite de ces débris, comme celle des galets roulés des conglomérats rhvoli- tiques de Luossavaara, est identique à la magnétite des deux gîtes. Il est donc démontré que les quartz-porphyries sont des rhyolites, et que l'éruption de ces laves est postérieure à la con- solidation du minerai dans les deux gisements. La nature lavique des roches du mur n’est pas aussi évidente. M n'y a pas, parmi ces roches, de conglomérats trachytiques. Elles reposent, à l'Ouest de Kürunavaara et à quelques centaines de mètres du gite, sur une syénitaplite à grain fin! qui n'a plus aucun caractère de lave; et l’on dirait qu'il y a comme un pas- sage entre la structure porphyrique et la structure aplitique. Mais on peut très bien imaginer une syénitaplite eristallisant, à quelques dizaines de mètres re de la surface du sol, sous Syenile du Livret-guide. 1910 CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 77 =? = un manteau de trachytes déjà solidifiés. Et, d'autre part, le syenit-porphyry, par la fluidalité qu'il présente quelquefois, par ses amygdales de minéraux secondaires qui semblent corres- pondre à des soufflures, par la structure fréquemment sphéroli- tique de sa pâte, se rapproche beaucoup plus des roches d'épan- chement que des roches hypo-abyssiques. Ce qui complète la démonstration, et ce qui fait que, pour tous les géologues qui ont visité Kiruna, ou presque tous, la nature lavique des roches du mur ne fait pas doute, c'est l'exis- tence à l’ouest des syenit-porphyries, c’est-à-dire à leur mur, d'une série incontestablement sédimentaire, dite série de Kurra- vaara, qui plonge à l'Est comme les bancs de syenit-porphyry et semble parfaitement concordante avee eux. Il y a, dans cette série, des conglomérats alternant avec des tufs rhyolitiques ou trachytiques, et ces conglomérats reposent eux-mêmes sur une énorme série de roches vertes sodiques (soda-qreens{tones) parmi lesquelles on trouve des termes certainement voleaniques, des laves et des tufs. Les conglomérats eux-mêmes paraissent être, souvent, d'origine volcanique, et provenir de coulées boueuses sorties de volcans trachytiques. Les syenil-porphyries forment ainsi le couronnement d'une longue suite de coulées, de tufs, de conglomérats, alternant avec quelques termes sédimentaires : et l’on est done tout naturellement porté à les regarder comme des laves. Pour mon compte, je suis convaincu que ce sont bien des laves, et je les appellera dorénavant frachytes, et non plus syenit-porphyries. A l'Est des gîtes, et au toit des puissantes coulées de rhyo- lites, apparaît une autre série sédimentaire, concordante avec les coulées, et composée de quartzites, de grauwackes, de conglo- mérats et de schistes, alternant avec des coulées de rhyolite ou de trachyte, et des tufs plus ou moins altérés. C'est la série de Hauki. Près du gite de Luossavaara, cette série débute par une couche de magnétite. Elle paraît s'enfoncer elle-même, à l'Est, sous les rhyolites de Tuolluvaara. Ainsi, le sous-sol de la région de Kiruna est formé d'un énorme entassement de coulées volcaniques concordantes entre elles, pour la plupart trachytiques où rhyolitiques, entre lesquelles s'intercalent des conglomérats volcaniques et des tufs, et quelques sédiments clastiques. Le grand gite de Kiruna — comme aussi le gite de Luossavaara qui le prolonge — se présente comme une coulée d’une nature spéciale, intercalée dans cet entassement de coulées. Il y a une autre couche ou coulée semblable, de magné- 72 P. TERMIER 21 Nov. ä tite également, dans le toit du gite de Luossavaara, à la base de la série de Hauki. L'épaisseur de ce système de déjections volcaniques est à con- fondre l'imagination. Parle travers de Kiruna, la somme des lar- geurs des deux bandes, l’une trachytique, l'autre rhyolitique, qui comprennent entre elles le gite, est de 3 km. 500 : ce qui correspond à une épaisseur totale d'environ 2800 m. La puissance de l'étage sous-jacent, conglomérats de Kurravaara et soda-qreenstones, est au moins égale. Il ne semble pas, d’ailleurs, que les séries soient doublées où multipliées par le plissement : les couches et coulées sont redressées, mais non pas plissées, et les phénomènes d'étirement et de laminage, bien que très nets sur quelques points, n'ont, à mes veux, ni la généralité, n1 l'intensité qu'ils auraient dans un système isoclinal à plis multiples. Le minerai de Kiruna forme de nombreuses veinules et colonnes dans les trachytes de son mur ; au lieu qu'on le trouve, dans les rhyolites du toit, à l'état de débris, visiblement arrachés au gite. Ce minerai s'est donc formé dans l'intervalle de temps qui a séparé la fin de l'éruption trachytique du commencement de l'éruption rhyolitique. Deux ou trois filons de trachyte pénètrent dans le gîte, et l'un d'eux le traverse complètement ; mais ces filons recoupent aussi les coulées du mur. Ce sont des montées tardives d’un résidu de lave trachytique, montées postérieures à la formation du minerai et qui ne sont probablement pas par- venues jusqu'au Jour. Disons encore que, dans le minerai, l'apatite est certainement primaire. Dans certains mélanges, elle parait s'être consolidée avant la magnétite ; le plus souvent, les deux espèces minérales semblent avoir cristallisé simultanément. L'apatite, seule ou as- sociée à la magnétite ef à la tourmaline, forme aussi de nombreux filons, plus ou moins épais, d'allure très capricieuse, qui coupent les coulées de trachyte ou de rhvolite. Enfin, la magnétite, en dehors des grands gites qui ressemblent à des coulées, et en dehors des colonnes et veines qui traversent le mur des grands gites et confluent avec ces gites, forme des veines irrégulières dans les rhyolites du toit et dans une région peu étendue de la montagne de Kiruna. Ces veines irrégulières sont les schlieren de M. P. Geijer : elles ne paraissent pas se rattacher directement au minerai du gisement principal. Telles sont les données essentielles : volcanicité incontestable de l'ensemble: arrivée de la presque totalité du minerai et de la plus grande partie de l'apatite dans l’espace de temps compris entre les éruptions trachytiques et les éruptions rhyolitiques ; —? S 1910 CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL Ti: phénomènes pneumatolytiques importants, manifestés par la pré- sence de la tourmaline dans de nombreuses veines ou veinules, et par la production, dans les trachytes, de la hornblende et du sphène secondaires. Cela étant, on ne peut raisonnablement songer, pour expliquer l'origine des grands gites, qu'à deux théories : l'une, preumatoliy- tique; l'autre, magmalique. La première, énoncée d'abord par M. Bäckstrôm, a été développée, précisée et enrichie par M. de Launay'. La deuxième, indiquée pour la première fois par M. Hôgbom, vient d'être longuement discutée par M. P. Gerjer? ; et c’est elle, en fin de compte, qui a la préférence de ce jeune géologue, le meilleur connaisseur, en ce moment, de la géologie de Kiruna. Inutile de dire qu'aucune des deux théories ne va sans de grandes difficultés: «il faut bien admettre, a dit M. de Lau- nav, que, de toutes façons, la cristallisation d'une boule de deux nulliards de tonnes de magnétite entre deux porphyres a constitué quelque chose d’exceptionnel, » La théorie pneumatolytique, c'est l'arrivée, entre les deux séries d'éruptions que l’on suppose sous-marines, d'émanations de chlorure de fer qui, réagissant sur l’eau de mer, donnent un dépôt d'hématite. Cette hématite se transformera plus tard en magnétite, par métamorphisme, lorsqu'elle sera recouverte d'un manteau de laves. Peut-être aussi les émanations étaient-elles sulfurées, le sulfure de fer s’oxydant ensuite. La théorie magmatique, c'est la formation, en profondeur, dans le réservoir d’où viennent les laves, d’une énorme masse de magnétite phosphoreuse fondue”, cette formation se faisant par différenciation et laissant comme résidu un magma plus acide et moins ferreux, qui fournira plus tard les coulées rhyoli- tiques. À un certain moment, la magnétite phosphoreuse fondue s'est épanchée, et cette étrange lave a recouvert les coulées tra- chytiques antérieures. Quand elle a eu fini de s'épancher, et quand la surface supérieure du gâteau ferrugineux a été durcie, les rhyo- htes ont coulé à leur tour. Pour mon compte, c'est à cette dernière théorie que je me ral- he, ne me dissimulant pas, d’ailleurs, que le choix entre les deux est un peu affaire de sentiment. Outre que l'hypothèse magma- tique et volcanique rend compte, assez bien, de l’ensemble des phénomènes, elle explique mieux que l'autre les détails pétro- l'E LAUNAY. Loc. 'cil. p.89: 2. P. GeneEr. Loc. cil., p.253 et suiv. 3. La magnétite fond à 1270°, d’après M. A. Brun, de Genève. 174 P. TERMIER 21 Nov. graphiques de la structure du minerai. Comme le dit M. P. Geijer, les minerais que l’on trouve dans le gîte existent aussi, à l'état primaire, dans les roches volcaniques de la région; la structure du minerai est, quand il n'est pas tout à fait massif, une structure de lave, trachytoïde et fluidale, avec des formes squelettiques de la magnétite et une distribution ophitique de l'augite ; enfin, les veines et schlieren de magnétite, que l'on observe dans les laves de la région et dont l’origine magmatique n'est pas douteuse, renferment un minerai identique à telle ou telle variété du minerai des gites!. GELLVARE ?. — Les gisements de Gellivare sont multiples, mais tous dans lés mêmes conditions géologiques. Ce sont des amas de magnétite et d'apatite, de forme lenticulare, interstratifiés dans des gneiss. À la magnétite s'associe parfois un peu d’oligiste. L'apatite ne manque jamais. La teneur en phosphore du minerai exploité va jusqu'à 5 °/,. Le minerai est souvent très friable. La plupart des gneiss sont de couleur rose et ont /a compo- sition d'une syénile qui renfermerait très peu de hornblende. D'autres sont des leptynites à peu près dépourvues de micas ; d'autres renferment de la sillimanite; d’autres enfin, appelés mélabasites, sont très chargés de biotite. Au contact du minerai et des gneiss, il y a souvent des roches complexes, d'aspect chao- tique, bréchiformes, où se mélent, sans ordre, la hornblende, la biotite, l’orthose rose, le pyroxène vert sombre, l'apatite et la magnétite, plus rarement encore la caleite et le quartz. Ces roches bigarrées et bizarres sont le skarn des mineurs suédois. Des filons d’aplite et de pegmatite roses recoupent le tout, même le minerai, ou s'insinuent dansles banes et s'interstratitient. Il y a aussi, recoupant le tout ou s'interstratifiant, des mélabasites, roches micacées, schisteuses, facilement décomposables. La structure gneissique est souvent à peine indiquée dans les roches qui encaissent les gîtes, et l’on croirait voir, parfois, des syénites ou des granites homogènes. Mais, en grand, l'allure stra- tiforme n’est pas douteuse. Le pendage varie de 20 à 80 degrés ; il rarie même sur la même ligne de plus grande pente. Les bancs sont onduleux, dans tous les sens, avec de nombreux glissoirs, mais sans Crochons ni zigzags. Si Gellivare existait seul, et si Kiruna ne se trouvait pas à une si faible distance, je crois qu'aucun géologue n'éprouverait la moindre hésitation à attribuer aux amas de Gellivare une origine 1. P. Gewer. Loc. cit., p. 260. 2, A. G. HücGsou. The Gellivare iron mountain. Livret-quide du XI° Congrès géol. internal., n° 4, Stockholm, 1910. 1910 CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL HT magmatique profonde et une consolidation abyssique. Il n'y aurait même aucune difficulté, et toutes les particularités des gîtes sellivariens seraient en expliquées. Dans un magma EU le minerai phosphoreux s'isole sous forme de v astes paquets flot- tants, horizontaux, paquets dans lesquels, et surtout sur le bord desquels, il y a beaucoup de minéraux magnésiens. Au-dessus et au-dessous, et tout autour, le magma purifié et devenu syéni- tique en moyenne, cristallise ; mais cette cristallisation, au leu d'être dépourvue d'orientation, se fait par zones orientées, c'est- à-dire gneissiquement, parce qu'il y à déjà, dans le banc qui cristallise, trop d'éléments solides, trop de paquets et de schlieren et qu'alors la pression n'est plus la même dans tous les sens, mais bien maxima suivant la verticale. Puis Pensemble gneissique est disloqué, et dans les fractures cristallisent des résidus du bain liquide, tandis que, sur les bords disloqués et broyés des amas de magnétite, ces mêmes résidus alcalins et acides du magma apportent le ciment des brèches, le ciment du skarn. Mais il y à Kiruna ; il y a ce fait que les minerais, à Kiruna, à Gellivare, et dans plusieurs petits gites iutermédiaires, sont, sinon absolument identiques, au moins très analogues ; il y a cet autre fait que, de Gellivare à Kiruna, on marche sur le même sol syénitique ou granitique, gneissique ici, plus loin d'apparence massive, plus loin encore de nature lavique. Après avoir vu Kiruna, je crois que personne de nous n'a douté de l'identité d origine des gîtes de Kiruna et de Gellivare. En tout cas, Je suis, quant à moi, très convaincu de cette identité. Il faut donc abandonner la théorie précédente, et voici comment Je conçois la formation des amas de Gellivare. Chacun de ces amas résulte de l’épanchement au Jour d’une masse de magnétite phosphoreuse fondue, formée par différenciation pro- fonde dans un magma syénitique. Ces épanchements ferrugineux ont interrompu, ici comme à Kiruna, les éruptions trachytiques provenant de ce magma, etles éruptions, trachytiques où rhyo- litiques, ont recommencé après la consolidation des gâteaux de magnétite. Mais, tandis qu'à Kiruna les roches, restées près de la surface, gardaient leur apparence lavique, les roches de Gelli- vare, plus profondément enfoncées, et traversées par une colonne filtrante de vapeurs siliceuses et alcalines, ont été, à une époque inconnue, partiellement refondues et transformées en gneiss. Comme la refusion n'était que partielle, les paquets restés solides et en particulier les amas de magnétite se sont parfois brisés et disloqués, surtout sur leurs bords : et les cristallisations ulté- rieures de quartz et d'orthose, ou encore de plagioclase et de 716 P. TERMIER 21 Nov. biotite, ont bouché peu à peu ces cassures et recimenté ces débris. Longtemps après, quand tout était de nouveau redevenu solide, les mouvements orogéniques calédoniens ont redressé les assises. Telles sont les plus vivaces et les plus profondes des impres- sions géologiques que jai rapportées de notre voyage en Î Norrland. Je regrette dene pouvoir parler 1c1 des autres impressions que fai eues et qui, pour n'être pas géologiques, n’ont été, chez moi, ni moins intenses, ni moins durables. Le charme du pays, la beaute du ciel, la mélancolie des nuits claires, l'amabilité et la science de nos guides, l'extraordinaire cordialité qui n'a cessé de régner entre tous les membres de la caravane, bien d'autres choses encore, ont fait de ces trois semaines, pour chacun des membres de l'Excursion A,,une de ces phases particulièrement blanches de la vie, qui éclairent longtemps, derrière nous, le passé gris ou sombre. M. L. Carez présente les observations suivantes : Je n'ai pas pris part à l’excursion qui avait pour but spécial l'étude des phénomènes de recouvrement de la Suède, mais bien à celle du Spitzherg. Né éanmoins, à l'aller, nous nous sommes arrêtés au Torne- träsk et au retour à Âre, c'est-à-dire aux deux points principaux qui ont fait l'objet de la communication si claire et si intéressante de M. Termier. EL malgré le peu de temps que nous avons pu consacrer à l'étude de ces deux points, je n'hésite pas à dire que tout ce que J'ai vu milite en faveur de l'existence du recouvrement que vient de décrire M. Termier et que j'adhère absolument aux décisions de notre savant confrère Pour M. Bigot, la communication de M. Termier a résumé très exac- tement l'impression que les géologues de l’excursion A? ont rapportée sur les charriages de la chaîne scandinave. Cependant il ne parait pas démontré que l’ensemble des Xôli schists représente un faciès particulier du Silurien. Il y a en effet, dans cette série des Kôli schists, des lambeaux de Silurien fossilifère, mais ces lambeaux peuvent être seulement des coins pincés dans une série métamorphique plus ancienne. Dans ce cas, la nappe des Këüli schists n'aurait pas une structure aussi simple que celle qui a été admise. 1910 CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL 1171 M. Termier a fail très justement observer qu'il était impossible, dans la recherche des conditions de formation des grands gisements de fer de Laponie, de séparer Gellivare de Kirunavaara. A Gellivare, la présence de gneiss à amphibole, de gneiss à magné- lite, la disposition de l’apatite en lits qu'on observe parfois, font d'abord penser à un ensemble sédimentaire fortement métamorphique, d'autant plus que les recherches de M. Cayeux ont fait connaitre l’ori- gine incontestablement sédimentaire d'un minerai de fer analogue dans le Dévonien métamorphique de Flamanville. La relation du gite de Kiirunavaara-Luossavara avec des roches vacuolaires el des conglomérats rhyolithiques, qui a été rappelée par M. Termier, rend cette interprétalion tres discutable, et l'origine de ce mineral ne paraîl pas avoir reçu d'explication définitive. Séance du 5 décembre 1910 PRÉSIDENCE DE M. M. COSSMANN, VICE-PRÉSIDENT Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Les Secrétaires signalent les dons reçus pour la Bibliothèque. M. A. Guébhard dépose sur le bureau, et met à la disposition des membres de la Société, un certain nombre d'exemplaires du Projet de Loi relatif aux Fouilles intéressant l'Archéologie et la Paléontologie, présenté à la Chambre des Députés le 25 octobre 1910 et imprimé par les soins de la Société Préhistorique, afin que les intéressés en eussent connaissance. M. Guébhard donne lecture de ce texte et espère, d'après le mou- vement unanime d'émotion qu'il provoque, que la Sociélé qgéo-' logique n'hésitera pas, à l'exemple dela Sociélé Préhislorique fran- çcaise, de la Société d'Anthropologie de Paris, de la Société française des Fouilles Archéologiques, de la Société Polymathique du Mor- bihan, ete. à protester par un vœu contre la menace d'ingérences administratives qui frapperaient en ses œuvres vives la Géologie comme la Préhistoire, sous le prétexte de patriotiques sauvetages, que pourrait opérer tout aussi bien une très simple adjonction, visant les étrangers, à l’art. 14 de la loi existante sur les fouilles, du 30 mai 1887. M. Paul Combes fils offre au nom de M. Georges Negre et au sien une brochure intitulée : « Les courants telluriques et les couches géologiques (Essais sur le magnétisme terrestre). » Cette étude est l'exposé des premiers résultats que les auteurs ont obtenus en se servant du galvanomètre pour la recherche et l'étude des failles, des dislocations du sol ou des filons. Ces expériences leur ont permis de suivre d’une façon rigoureuse les filons quartzeux encaissés dans des schistes du Silurien inférieur de la région de La Fregeneda, frontière hispano-portugaise (quartz renfermant de la chalcopyrite). SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1910 779 Les auteurs pensent que l’action des courants telluriques sur le galva- nomètre est très accusée si les couches de terrains sont de même nature, de même continuité ; elles ont le même pouvoir conducteur pour l'électricité à basse tension. M. F. Canu offre un tira ge à part de l'ouvrage dont il est l’au- teur : « Bryozoaires des ne tertiaires des environs de Paris », paru dans les Annales de Paléontologie (tomes IT à V : 164 De 1 pl): M. Léon Bertrand offre, de la part de M. 0. Mengel, diverses brochures relatives à la géologie de la partie orientale des Pyré- nées, tant du versant français que de la région espagnole adja- cente, Intitulées : 1° « Feuille de Prades » (Bull. Carte géol. Fr., n° 122, T p.). —2° « Feuille de Prades (1. Sud de la feuille et région espagnole adjacente ; IT. Discussion sur l’âge des calcaires des Albères et du Canigou) » (/d., n° 126, 14 p.).— 3° « Sur l’âge des calcaires primaires des Pyrénées-Orientales » (CR. Ac. Se., 29 mars 1909). — %° « Sur la tectonique du revers méridional des Massifs du Canigouet du Puigmal» (id., 17 mai 1909), — 5° « Stra- tigraphie et tectonique de l'ilot primaire de la Guardia, entre le Sègre et la Noguera Pallaresa » (id., 7 nov. 1910). Dans cette dernière note, l’auteur énumère diverses anomalies de cet îlot primaire, qui s'expliquent assez facilement si l'on considère celui-ci comme un témoin d'une nappe ondulée, entraînée vers le Nord par une poussée venue du Sud, par-dessus du Trias morcelé par une faille transversale. Il a cru reconnaître deux témoins de la racine de cette nappe, au SW.et au SE., ainsi qu'un lambeau de la couver- ture secondaire des couches primaires charriées, formant charnière sur son bord septentrional. Dans deux autres notes du même auteur : 6°« Monographie des terratremols » de la Région catalane » { Bull. Soc. Ramond, 1° semestre 1909, 21 p.) et 7° « Du mode de répereussion en Rous- sillon du tremblement de terre de Provence du 11 juin 1909 » (Annuaire Soc. météorologique de France, juillet 1909), se trouvent d'importants renseignements sur la sismicité de l'extrémité orien- tale de la chaine pyrénéenne. La seconde de ces deux notes renferme une carte très instructive des relations des courbes isosistes et de l’ancien rivage du golfe plio- cène du Roussillon ; ces courbes présentent des indentations très mar- quées qui pénètrent profondément dans les vallées de la Têt et de l'Agly, où se montre une pénétration correspondante des alluvions pliocènes. 780 SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1910 M. Lauby offre l'ouvrage qu'il a publié comme thèse sous le titre de «Recherches paléophytologiques dans le Massif central ». L'auteur s'est appliqué dans ces recherches à établir avec soin la chronologie relative au dépôt fossilifère et pour cela il a fait avec détails la stratigraphie des vallées des massifs éruptifs du Mont Dore, du Cezallier, du Cantal et de l’Aubrac. Cette méthode de recherche lui a permis de découvrir un très grand nombre de gisements nouveaux; l'examen comparatif de leurflore tant phanérogamique que eryptogamique lui a permis de ramener ces gise- ments à un petit nombre de formations et de fixer d'accord avec la stra- tigraphie la chronologie de celles-ci. L'auteur à pu fixer ainsi l'âge des premières manifestations des vol- cans de l’Aubrac et de la Banne d'Ordanche au Mont Dore ; il a démon- tré en outre que diverses formations lacustres anciennes (argiles noires et brunes, argiles ligniteuses) d’origine jusqu'ici inexpliquée dans le Massif central étaient de véritables saprocolles analogues à ceux de la baie de Stettin. M. J. Cottreau offre au nom de l’auteur M. M. Filliozat deux notes sur « la Craie de Blois » (CR. Ac. Sc., 17 mai 1910, 2p.) et « Découverte en France du niveau à Uintacrinus » (AFAS, Toulouse, 1910). M. P. Lemoine offre les deux notes suivantes : « Sur les résul- tats d’un sondage profond à l'Hôtel des Grandes-Dalles (Seine- Inférieure) » et « Sur les fossiles de la vallée de lOued Azaouah (Soudan) envoyé par le colonel Laperrine » (B. Muséum H. N., 1910, n° 4, p. 225 et 231). M. Stuart-Menteath adresse une note : « Sur les gisements métallifères des Pyrénées occidentales (4° partie, Biarritz-Asso- ciation, 1910), ainsi que le portrait d’un de ses plus anciens membres. Le Secrétaire offre au nom de M. Charles Passerat un exem- plaire desa thèse pour le Doctorat ès lettres intitulée : « Les Plaines du Poitou », 238 p., 8° carré, Delagrave, 1910. M. Louis Gentil expose brièvement à la Société les principaux résultats de la mission qu'il vient d'effectuer au Maroc {été 1910). Il insiste plus particulièrement, dès cette séance, sur ses recherches dans la Basse Mlouya (Maroc oriental). Il désigne ainsi la partie inférieure du cours du fleuve qui, descendu des hautes crêtes du Haut-Atlaset du Moyen-Atlas se jette dans la Méditerranée non loin du cap de l'Eau dans la zone-frontière algéro-marocaine. SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1910 781 Après avoir quitté les plaines tertiaires de la moyenne Mlouva ce cours d'eau traverse la chaine continue des Beni Snassen et des Beni Bou Yahi pour se développer en méandres divagants dans les dépôts néogènes des plaines des Trifa et de Sebra entre le massif littoral algérien des Msirda et celui des Kebdana, sou- mis à l'influence espagnole. À ce sujet, l’auteur donne un aperçu de la disposition des chaînes dans le Maroc oriental. A la suite de ses récentes recherches 1l est conduit à admettre que le Moyen-Aflas ne prend pas naissance au Maroc ainsi que les cartes le laissaient supposer mais qu'il résulte d'une inflerion vers le Sud-Ouest, de la chaine plissée du Tell algérien. Il a, en effet, constaté la continuité des plis des Beni Snassen et des Beni Bou Yahi, ét la courbure vers le SSW. de l’axe de ces plis. Le massif des Kebdana sur la structure duquel il a récemment appelé l'attention! fait partie de cet ensemble et a la” même constitution, avec nappe de Lias charriée vers le Sud, que la chaîne littorale située à l'Est de la frontière. Si donc on essaie de se faire une idée d'ensemble sur les chaines nord-africaines on est amené à considérer, après la virgation des plis alpins de l'Atlas dans l’Est-constantinois, une chaîne fellienne ou litto- rale, très plissée, qui se poursuit au Maroc par le Moyen-Atlas el une chaîne saharienne à structure très simple qui se continue par l'Extrêéme-Sud oranais dans le Haut-Atlas marocain, qui don- nerail naissance plus loin, par une nouvelle virgation de ses plis, au djebel Siroua, à l'Anti-Atlas. La chaine tellienne et la chaîne saharienne sont séparées par une région labulaire du Jurassique dans les Hauts-Plateaux et les Hautes plaines du Sud-algérien et du Sud-oranais. Quant au Rif il ne ferait pas partie de l'Atlas. Ainsi que M. Gentil l’a fait pressentir dans ses publications antérieures, le cours de la Mlouya, dans les gorges qu'il traverse, correspond à une dépression synclinale de la chaîne : les calcaires et les marnes du Jurassique supérieur des Beni Snassen s’enfoncent pour se relever de l'autre côté du fleuve dans les Beni Bou Yahi. Cette disposition est très nette à Mechra el Mleh, à la sortie des gorges ; tandis que, du côté amont, la Mlouya pénètre dans la dépression synclinale du Jurassique à la faveur de failles qui ont préparé le creusement des gorges et ont ainsi imprimé au cours d'eau la direction actuelle. Il résulte de cette disposition que les eaux pluviales reçues 1. CR. Ac. Sc., 31 oct. 1910, CLIT, p. 781-785. SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1910 © —1 ww sur les deux flancs de la vallée par les calcaires et les grès jurassiques perméables, se réunissent en profondeur en plusieurs nappes situées sous le fleuve et que les gorges de la Mlouva doivent recouper les niveaux d’eau en plusieurs points ; si bien que, en déduisant les apports assez faibles de l’oued Kseb, seul cours d'eau reçu par le fleuve dans cette région montagneuse, la Mlouya doit offrir un débit beaucoup plus considérable à la sortie qu'à l’entrée de ses gorges. SUR DE NOUVEAUX AFFLEUREMENTS DU CARBONIFÈRE EN ATTIQUE Par Carl Renz. L'auteur a annoncé le premier l'existence du Carbonifère en Attique. Des gisements supracarbonifères se présentent sur la pente méridionale du mont Beletsi près de la chapelle Hagia Triada et s'étendent de ce point vers Hagios Merkurios et vers le flanc oriental du Beletsi. Des couches supracarbonifères ultérieures contournent la crête du Parnes sous forme d’une zone schisteuse surmontée par les calcaires triasiques à Diplopores de la cime. Des gisements analogues s’observent aussi sur les flanes du Parnes au-dessus de Tatoi et de Warybopi. ; Les récentes recherches de l'auteur signalent de nouveaux affleurements carbonifères : 1° Dans la zone schisteuse du mona- stère Hagia Triada ; 2° Près de Keramidi ; 3° Près de la chapelle Zoodochos Pigi: 4° Dans les environs de Kapandriti et Maz. Partout le Supracarbonifère se compose de schistes noirs et gris et de grauwackes vert-grisätre avee des lentilles de cal- cares noirs. Ce même calcaire contient souvent des tiges de Cri- noïdes, des Coraux et des Foraminifères, des Fusulines et Schiva- gerines (Schwagerina princeps Eur.). Des calcaires noirs à Fusulina et à Schwagerina se rencontrent ainsi à Gurisi, au Nord-Ouest de Kapandriti et à l'WSW. de Hagios Athanasios, à l'Ouest du monastère Hagia Triada (route Menidi-Kantalidi), dans la partie supérieure de la jatte de Kera- midi, entre la source Keramidi et la chapelle Zoodochos Pigi, ainsi qu à l'Ouest et à l'WNW. de cette dernière chapelle. Les schistes et les grauwackes avec leurs intercalations de calcaire à Fusulina, Schwagerina et Fusulinella forment le soubassement 1910 RECHERCHES GÉOLOGIQUES EN GRÈCE 183 d’un recouvrement puissant en discordance de calcaires triasiques blanc-grisâtre à Diplopores. Entre ces deux sédiments se montre en divers points aussi le Triasique inférieur. Le Dyas, que l’auteur a trouvé dans l’île d'Hydra sous forme de calcaires noirs à Lytltonia, est représenté vraisemblablement en Alttique par des calcaires noirs à Fusulinella, qui occupent un niveau un peu plus haut, que les lentilles à Fusulina. NOUVELLES RECHERCHES GÉOLOGIQUES EN GRÈCE Par Carl Renz. L'auteur vient de compléter ses recherches en Acarnanie. I a réussi à constater l’extension remarquable du Trias supérieur dans cette région. Le Trias supérieur se compose en Acarnanie (Xeromeros) de calcaires blancs à Gyroporelles, qui rappellent les calcaires cor- respondants des Alpes orientales (Dachsteinkalke). Le même faciès calcariière monte en Grèce Jusqu'au Lias moyen. En Acarnanie les cimes les plus hautes, Bumisto (1 581 m.) et Hypsih Koryphi (1590 m.), sont formées par des calcaires à Gyroporelles. Cette formation s'étend du Bumisto jusqu’au cap Turko Viglia. Au Sud du sommet Bumisto un pli synclinal est abaissé dans ce calcaire. Dans le noyau synelinal l'auteur à pu constater de nombreux affleurements fossilifères du Toarcien et du Dogger. Le Toarcien consiste en calcaires argileux de structure nodu- leuse et en marnes de couleur rouge ou jaunâtre. La faune d’Ammonites recueillie dans ces couches contient entre autres, d'après les déterminations de l’auteur les types très fréquents suivants : Hildoceras bifrons Bruc. ; Cæœloceras annulalum Sow.; Hildoceras Levisont Siurs. ; Coeloceras subarmatum Youxe el Hildoceras Mercati Haven ; Brno ; Hildoceras comense Bucs ; Coeloceras commune Sow. : Hildoceras erbaense HaAurr ; Coeloceras crassum Paris, : Hildoceras quadratum Have ; Coeloceras Desplacer »'Ors.; Hildoceras serpentinum Rex. ; Phylloceras Nilssont Héeerr ; Hildoceras Lilli Hauer ; Phylloceras Bornt Prixz ; Harpoceras discoides Z\xrex ; Phylloceras heterophyllumSow.: Harpoceras radians REN. ; Lyloceras cornucopiæ Youxc et Harpoceras subplanalum Orrxx ; Bi» ; Haugia vartabilis v'Ors. : Posidonia Bronni Vorrz. Hammaloceras insigne Sens. ; 784 CARL RENZ 5 Déc. Les calcaires noduleux rouges sont surmontés par des calcaires gris de même structure, également ammonitifères. [l s’agit de la faune des zones à Harpoceras opalinum et H. Murchisonæ déjà citée dans les communications antérieures de l’auteur. Sur ces couches reposent des calcaires lités de couleur grise et au-dessus des plaques de silex gris (relativement Jaunes) à Aplychus ou à Posidonies (Posidonia alpina Gras, Posidonia Juchi Roewer et Posidonia Parkinsont QUENSsr.). Ces gisements du Toarcien et du Dogger sont traversés par les routes suivantes : 1. Zavista-Komboti ; 2. Zavista-Katuna ; 3. Zavista-Aetos (deux routes différentes); #. Zavista-Vlizana ; 5. Zavista-Vasilopulon. Ces gisements contournent donc le village de Zavista. Sur les bords longitudinaux du pli synclinal déjà mentionné affleurent des calcaires plus anciens identiques à ceux du Bumisto. Au toit occidental de ces calcaires blanes, situés vers l'Ouest de ce ph synclinal,:se présentent de nouveau le Toarcien et le Dogger. Cette bande du Toareien et du Dogger commence au littoral situé vis-à-vis de la pointe nord de l'île de Kastos et peut être suivie à travers la selle au Sud de Kastriza (Kastri) jusqu'au Sud-Ouest de Zavista. On remarque la suite des mêmes gites sur le flanc sud-ouest du massif du Bumisto. La coupe au Sud de Kastriza comprend de bas en haut les termes suivants : 1° Des calcaires blancs-jaunâtres du Charmouthien ; 2° Des calcaires gris ou rouges finement stratifiés, par rapport aux schistes calcarifères rouges à Posidonia Bronni Vorrz; 3° Des calcaires argileux rouges ou gris de structure nodu- leuse et marno-calcaires rouges contenant la faune d'Ammonites toarciennes déjà indiquée plus haut ; 4° Des calcaires gris de même structure, mais en bancs plus minces alternant avec des calcaires gris en plaquettes, devenant plus épais vers le haut : 5° Un complexe de plaques de silex à Posidonies (Posidonia alpina et Posidonia Buchi). | 6° Des calcaires lités, blanes-grisâtres, alternant vers Île haut avec des assises de silex (Viglaeskalke). Sous le bord oriental de la zone de Flysch Astakos-Vlizana parait de nouveau toute la série des sédiments, décrite plus haut, jusqu'au Triasique supérieur. La cime du Hypsili Koryphi consiste également en calcares blancs à Gyroporelles. Le flane méridional de ce pli anticlinal est formé par des couches en superposition régulière. 1910 RECHERCIIES GÉOLOGIQUES EN GRÈCE 785 Au col situé au Sud du sommet et nommé Sella, les calcaires blanes sont surmontés en concordance par des calcaires lités et des schistes calcarifères de couleur gris-jaunâtre contenant des empreintes d’'Ammonites comme Amalteus spinatus BruG. Ces gites passent aux schistes Jaunes et aux silex noirs à Posidonia Bronnt Vourz. Vers le haut, des bancs de calcaire-intercalés sont prépondérants et séparent les assises à Posidonia Bronni des silex à Posidonia alpina et P. Buchi. Les derniers montrent l'aspect ordinaire des couches siliceuses du Dogger hellénique. Le Toareien présente donc ici le même développement que près du mont Kurkuli dans l’île de Corfou. Les silex à Posidonies du Dogger sont recouverts par un com- plexe de calcaires en plaquettes, alternant avec des silex (Viglaes- kalke). Ce développement prend la même position stratigraphique dans toute la Grèce occidentale (y compris les Iles ioniennes) et en Épire. Au-dessus viennent aussi au Sud du Hypsili Koryphi et de Sella, des calcaires à Rudistes, des calcaires à Nummulites et le Flysch. Le col entre Komboti et Varnakas est formé par le Flysch, affaissé vers les calcaires supratriasiques du Bumisto, qui recouvrent probablement aussi le KFlyseh. Les calcaires à Nummulites s'étendent au delà jusqu'à Achira et Vustri. Au Nord du massif du Hypsili Koryphi affleurent les formations mésozoïques plus Jeunes (Viglaeskalke et Rudistenkalke) du mont Bergandi, séparées par une faille des calcaires supratriasiques. Sur la crête aplatie du Bergandi se rencontrent des calcaires à Hippurites et autres Rudistes. Sur la pente escarpée occidentale de la erête du Bergandi apparaissent comme soubassement régulier des calcaires en pla- quettes et des silex en alternance, des plaques de silex à Posi- donies du Dogger et le Toarcien sous forme de calcaires rouges, noduleux, ammonitifères. [l'en est de même dans la région au Sud de Monastirakion, c'est-à-dire sur le flanc nord du Ber- gandi. A l'Est des hautes montagnes du Bergandi, du Hypsili Kory- phi et du Bumusto et à l'Est de la ligne Chrysowitza-Gardi se trouvent des sédiments plus jeunes de Néogène et des brèches et des décombres quaternaires, à travers lesquels pointent des roches plus anciennes. Les schistes et les silex à Posidonies du Lias et du Dogger ont été rencontrés par exemple près de Mixafendi, au Nord de 17 novembre 1911. Bull. Soc. géol. Fr. X, — 50. CARL RENZ 5 Déc. —t ( er] Vustri et au Sud-Est de ce village (route Vustri-Katuna). Un lambeau des mêmes couches a été constaté près de Hagios Persevos à l'Est de Komboti (route Komboti-Katuna). Des débris de silex à Posidonies s'observent de même près de Walta dans le bassin d'affaissement de Aetos, qui est entouré de calcaires supratriasiques (Dachsteimkalke). En déterminant les calcaires à Gyroporelles l'auteur a montré la présence du Triasique supérieur en Acarnanie occidentale (Xeromeros). L'auteur a signalé aussi les mêmes calcaires en Epire et dans les Iles ioniennes (Corfou, Leukas, Ithaque, Céphalonie, Atokos, Arkudi). Des calcaires semblables se trouvent en outre vers l'Est dans les hautes montagnes centrales, où M. Carl Renz a indiqué récemment des calcaires supratriasiques à Coraux et à Gyropo- relles dans le massif du Parnasse. L'auteur vient de constater la présence des calcaires identiques dans la région des mon- tagnes Katavothra et sur la crête et la cime Vardussia. Les calcaires supratriasiques sont placés ici dans le noyau du pli antichnal du Vardussia (Korax), dont les flancs inclinés très fortement comprennent des formations mésozoïques plus jeunes (entre autres des calcaires à Rudistes) et du Flysch. Des calcures gris à Mégalodontes sont aussi bien développés dans les monts Katavothra (route Mavrolithari-H. Triada). Les calcaires blanes à Gyroporelles se trouvent aussi dans le Péloponèse central et forment la base des « Tripolitzakalke » de Philippson, par exemple près de Alepochori et entre les Chan Kokkinorisa et Bakuri (route Tripolitza-Sparta). Ces cal- caires se présentent là accompagnant des dolomies. Le com- plexe très répandu des « calcaires de Tripolitza » appartient donc partiellement au Triasique. RECHERCHES SUR LA MÉTALLOGÉNIE DES BLENDES ET DES MINÉRAUX QUI EN DÉRIVENT PAR L. De Launay et G. Urbain. La méthode spectrographique décrite par l'un de nous permet de reconnaitre rapidement tous les métaux entrant, même à l’état de traces, dans la composition d’un minerai. Elle trouve donc son application toute naturelle en métallogénie pour cher- cher les lois qui ont pu présider aux groupements des métaux dans leurs gisements géologiques, soit que les sels de ces métaux aient cristallisé côte à côte, soit qu'ils se soient associés dans une même phase. Nous avons essavé cette étude dans le cas des blendes en examinant, non pas des échantillons particulièrement bien cristallisés et nets, ou même scrupuleusement triés tels que ceux envisagés par les minéralogistes, mais une centaine de blendes quelconques prises dans les conditions communes et industrielles de leurs gisements. Ces blendes, comme on va le voir, renferment toutes, en dehors du sulfure de zine plus ou moins fer- rifère ou cadmifère généralement décrit en minéralogie, des traces abondantes de très nombreux métaux. Ceux-ci, qui ont pu jouer un rôle dans la cristallisation comme dans les propriétés diverses des blendes, représentent, au même titre que les inclu- sions liquides ou oHdes des cristaux, le milieu originel dans lequel ces blendes se sont déposées à peuvent, dès es nous éclairer sur les conditions de ce dépôt, ainsi que sur les modifi- cations ultérieurement subies par les cristaux. Quand on cherche à reconstituer par ce moyen la métallogénie des blendes, on s'aperçoit aussitôt que plusieurs composantes distinctes ont dû intervenir simultanément ou successivement, et que l'elfet résultant, constaté par nos analvses, est, par conséquent, le. pro- duit de causes complexes. Ces influences diverses, qu'il y aura lieu de chercher à démêler, sont surtout les suivantes : 1° Il est évident que la composition primitive du milieu de cristallisation est le facteur fondamental. Suivant les points et suivant les gisements, tels ou tels métaux ont pu intervenir, en proportion elle-même variable. La présence de ces métaux doit être liée, tant à la composition locale du bain de fusion dont ils émanent qu'à la nature-et à la température des fumerolles par lesquelles ces métaux ont dà surtout acquérir leur mobilité. Sans 188 L. DE LAUNAYŸ ET G. URBAIN 5 Déc. insister sur bien d'autres questions qu'on pourrait se poser à ce propos, nous nous sommes demandé si la profondeur de cristal- lisation dans l'écorce terrestre, entrainant une proximité plus ou moins grande du magma igné primitif et sans doute une tempé- rature différente des fumerolles, ne se traduisait pas par la com- position des minerais propres à un ensemble de provinces métal- logéniques ayant dû correspondre à des profondeurs de eristalli- sation diverses. 20 Une solution de divers sels métalliques étant donnée, les conditions dans lesquelles s'est opérée la cristallisation ont dû avoir aussi leur influence : lenteur de formation et pureté des cristaux, ou cristallisation rapide et confuse ; rapprochement des parois ; cristallisation par zones régulièrement concrétionnées, ou cristallisation en masse, etc. 3° Les minerais, une fois formés, ne sont pas restés, depuis le moment de leur dépôt primitif, tels qu'ils s'étaient constitués. On peut d’abord envisager, au moins théoriquement, la possibilité de transformations autonomes, produites par une évolution chi- mique des métaux, analogue à celle que l’on constate pour les corps franchement radio-actifs et mise en évidence par les périodes de temps colossales dont nous nous trouvons observer l'effet. On constate d'autre part, sans aucune hypothèse, l'effet à) , capital de modifications ultérieures dues à l’action du milieu actions ayant atteint à toute époque géologique leur paroxysme dans le voisinage de ce qui était alors la superficie, au-dessus de ce qui était alors le niveau hydrostatique, mais ayant pu se pro- longer au-dessous de ce niveau par des actions plus lentes, plus profondes, d'un caractère différent parce que moins oxydantes, dont l'étude n'a guère été abordée jusqu'ici. Ces altérations peuvent se traduire, aussi bien par l'élimination de certains élé- ments devenus solubles et par leur concentration un peu plus loin, que par l'apport, l'introduction de substances nouvelles, emprun- tées aux terrains encaissants ou voisins. Nous allons passer successivement en revue ces divers points de notre programme pour voir quel enseignement peut résulter des analyses effectuées dans le cas spécial de blendes empruntées à des gisements différents. I. Composition du milieu primitif. Influence de la profondeur de cristallisation. — Un certain nombre d'échantillons ont été choisis comme appartenant à des gisements caractéristiques de Lypes métallogéniques différents, paraissant correspondre 1910 - MÉTALLOGÉNIE DES BLENDES 789 notamment à des profondeurs de cristallisations diverses, à des rapports plus ou moins intimes avec les roches ignées : a) Imprégnations sulfurées liées à la recristallisation par retour en profondeur qui à produit la « gneissification » ; filons-couches intercalés dans les terrains à aspect archéen, témoignant : 1° d'une cristallisation primitive particulièrement profonde, en r'aAp- port relativement direct avec des magmas granitisants et 2° {ce dont nous aurons à nous souvenir dans un autre paragraphe) particulièrement ancienne. Exemples : Ammeberg (Suède); Räfvala (Suède); Pitkäranta (Finlande); Sterzing (Tyrol); Saint-Christophe, près Breiten- brunn (Saxe); ce dernier plus discutable. b) Filons de la chaine hereynienne, d'âge probablement voisin du Carbonifère et correspondant à une profondeur de cristallisa- tion movenne. Exemples : Vieille-Montagne (Belgique); Andreasberg (Harz). 3° Filons tertiaires, à cristallisation récente et peu profonde: types divers d'Algérie, du Mexique, etc. Dans l’ordre d'idées qui nous occupe en ce moment, nous con- sidérons comme fort intéressante l'apparition presque constante de l’étain dans le premier groupe et dimercure dans le troisième : la réciproque n'étant vraie que très exceptionnellement. Pour Ammeberg, nous avons renouvelé l'expérience avec des blendes provenant de parties très différentes du gisement, ayant été recueil. lies dans des chantiers d'exploitation distincts à plusieurs années de distance. Sur les échantillons examinés, un seul à grain fin n'a pas montré d'étain. Notons aussi la présence simultanée du bismuth avec l’étain à Räfvala et l'apparition fréquente d'un peu de cuivre à Sterzing, Pitkäranta et Ammeberg. Le groupe- ment minéralogique de l’étain, du bismuth et du cuivre est très fréquent dans des gisements où l’un ou l’autre de ces métaux domine, sans qu'il soit question du zinc; il est eurieux de le voir apparaître 11 dans ces blendes de profondeur, qui, géologique- ment, semblent avoir cristallisé sous l'influence très proche des magmas granulitiques auxquels est due la gneissification. Les fumerolles stanno-cuprifères, liées à ces granulites, font ici leur apparition à titre subordonné. Certaines blendes pyrénéennes, que nous assimilons au second groupe malgré leur âge sans doute tertiaire, présentent égale- ment des traces d'étain. Je citerai le cas du Suelza, sur le ver- sant espagnol, où des filons très nettement concrétionnés, à frac- tures bien nettes, offrant un type déjà profond, analogue à celui des filons encaissés dans les massifs hercyniens, recoupent le 7190 L. DE LAUNAY ET G. URBAIN » Déc. granite et le Permien superposé. Ces filons contiennent surtout de la blende avee de la calcite et du quartz et peu de pyrite et de galène. Une blende de ce gisement examinée a montré des traces d'étain et de bismuth (trois raies de chacun), en même temps que du germanium en quantités relativement sensibles et un peu de œallium. Ces deux derniers corps, germanium et gallium, se retrouvent dans la blende pyrénéenne de Pierrefitte, où 11 y a association de magnétite. On sait également depuis longtemps que quelques blendes de Freiberg en Saxe renferment des micro- lithes de cassitérite. Dans l’un et l’autre cas, il semble que la relation d'origine des sulfures avec les roches mères dérivées des oranites ne soit pas très lointaine. À propos de l'association avec le groupe de l’étain qui vient d'être signalée, on peut examiner des blendes provenant de pro- vinces métallogéniques toutes différentes, caractérisées par le développement du groupe en question : étain, bismuth, cuivre, auxquels s'associent d'ordinaire le tungstène, le molybdène, l’ura- nium, etc. Tel est le cas du gisement tertiaire de Pulacayo,en Bolivie, dont l’un de nous à pu faire une étude particulièrement détaillée sur un très grand nombre d'échantillons. On sait ’que ce gisement d'âge tertiaire est caractérisé par la tétraédrite et la chalcopyrite argen- tifère avec blende, pyrite, galène, stibine et proportions notables d'étain et de bismuth. Ces deux derniers métaux dominent dans d'autres gisements de la même région et du même groupe métal- logénique. Or on voit très bien, dans nos analyses, l'étain entrai- ner le bismuth et Le cuivre le molybdène. La blende avec pyrite de Duc-Bo {Annam) fait également par- te d’un groupe métallogénique stannifère ; on trouve, dans cette blende même, l'étain très abondant associé avec le bismuth et le cuivre. Nous citerons cependant, comme une anomalie, la blende pro- venant de la West-Section mine au Cornwall et cristallisée dans un filon exploité pour étain et cuivre, qui renferme bien du cuivre mais pas d'étain. Avant d'abandonner les gisements de profondeur, nous y signa- lerons encore la présence presque constante de l’indium, notam- ment à Ammeberg. Par opposition, les blendes tertiaires d'Algérie ne renferment jamais d’étain ni de bismuth, sauf une seule raie d'étain à Ain Barbar et à Sakamody. On y trouve, au contraire, les seules traces de mercure constatées dans toute la série des analyses : à 1910 MÉTALLOGÉNIE DES BLENDES 191 _Gharbou, à Sakamody et à Guerroumat. L'antimoine, que nous n'avons pas rencontré une fois dans le groupe Ammeberg, est fréquent ici. L'examen des blendes seules confirme done ce que montrait déjà l'étude des provinces métallogéniques. De même que, dans la province algérienne, nous avons côte à côte et pas- sant de l’un à l’autre des filons de zinc, antimoine et mercure, ce même rapprochement se retrouve dans la cristallisation des filons individuels. La présence du mercure, que l’un de nous a souvent signalé comme le métal de dépôt superficiel par excel- lence, est particulièrement typique de ces filons, qualifiés en com- mençant de superficiels et de récents. Tous ces faits, dont il ne faudrait cependant pas exagérer la rigueur, nous confirment dans l’idée qu'il existe, pour les miné- ralisations effectuées à une époque déterminée dans une région déterminée, un certain milieu métallique profond, carac- téristique de cette région et de cette profondeur de cristallisa- tion : milieu dont les éléments ont pu, sous des influences diverses à examiner plus tard, se disperser entre divers filons ou diverses parties d’un même filon, mais qui se traduit, en chaque point, au moins par des traces de ces substances. Ainsi ces filons, que l’on a souvent voulu considérer indépendamment les uns des autres comme correspondant à des groupements minéralo- giques divers et à un métal exploitable différent, se montrent liés les uns aux autres par un rapport de constitution tout à fait intime, Nous signalerons encore, dans le groupe algérien, la présence de quelques minerais particulièrement riches en germanium, tels que Guerrouma et Sakamody, Ain Chaouch et le Djebel Reças. Les blendes tertiaires de Pierrefitte dans les Pyrénées-sont éga- lement riches en germanium comme en gallium. Le gallium se développe aux Picos de Europe et nous avons retrouvé une proportion sensible de germanium avec du gallium dans la blende tertiaire du Suelza (Pyrénées espagnoles). Dans le groupe ancien d'Ammeberg, ce germanium, sans faire absolument défaut, parait beaucoup plus rare. Il. /nfluence des conditions de cristallisation. — IX] résulte net- tement de nos observations que les cristallisations lentes et les cristallisations confuses se différencient par la nature des métaux secondaires entraînés. Le cadmium va dans les beaux cristaux de blende pure, l’indium dans les mélanges confus à grain fin 1. Le mercure, accompagné de gallium, a été antérieurement signalé dans les blendes tertiaires de Picos de Europe (Asturies). 792 LL. DE LAUNAY ET G. URBAIN 5 Déc. qui caractérisent les résidus de cristallisation. C'est peut-être la raison pour laquelle nous avons signalé plus haut l'abondance de l’indium dans le groupe Ammeberg qui correspond générale- ment à une cristallisation confuse dans des interstices minces, tandis que, dans la cristallisation con:rétionnée par larges zones ayant eu le temps de se séparer les unes des autres, comme cela se produit pour. les filons tertiaires relativement superficiels, — surtout quand ces filons ont pu être l’objet d'une remise en mouvement — l'indium a été généralement éliminé. Nous verrons plus loin que cet indium a pu partir avec les produits d’alté- ration. IT. Possibilité d'une évolution ultérieure. —Sinous envisageons des minerais cristallisés, lun à l’époque cambrienne, l'autre à l'époque carbonifère, le troisième à l’époque tertiaire, en suppo- sant que nous ayons pu atteindre des parties du gisement restées depuis leur cristallisation à l’abri des influences extérieures du milieu examinées plus loin, il est évident que ces trois blendes existent depuis un temps très différent, qu'elles ont été soumises à une évolution intérieure possible, pendant un nombre de siècles qu'il est impossible d'évaluer en chiffres, mais qui peut, par exemple, être représenté par les nombres proportionnels : 1, 10 et 100. Nous avons donc là une occasion d'examiner si cette évo- lution n'aurait pas eu pour effet de faire « naître » ou « mourir » certains métaux, non existants au début et développés ultérieu- rement. À cet égard, il faut bien dire qu'une forte présomption contrare est déjà fournie par l'examen des associations les plus typiques et de celles qui suggèrent le plus naturellement une idée semblable, telles que celle du plomb et de l'argent ou du zine et de l'argent. L'examen de nos analyses confirme cette constatation négative. Les différences qui ressortent de l'étude spectrographique des blendes sont seulement celles que nous avons indiquées dans le paragraphe { en les attribuant à une tout autre cause. La pré- sence de l'argent dans les blendes se manifeste, dans un groupe comme dans l’autre, toujours par les deux mêmes raies, les plus fortes et les plus caractéristiques de cet élément. La teneur en argent apparaît moyennement identique dans les blendes d’âges géologiques différents. IV. Alérations. Éliminations et apports. — Pendant les milliers d'années qui se sont écoulés depuis qu’une de nos blendes, même les plus récentes des filons tertiaires, à cristallisé, on peut admettre en principe qu'elle a été sans cesse en présence de l'eau. Car l’eau s’introduit dans les profondeurs de la terre partout où 1910 MÉTALLOGÉNIE DES BLENDES 193 il existe un vide et tous les mineurs savent que la présence des eaux est tout particulièrement abondante le long des filons qui constituent une sorte de plan de drainage. Mais on doit, au sujet de l’action que cette eau à pu exercer, établir une distinction capitale. Au voisinage de la superficie qui a pu exister à une époque quelconque de l'histoire géologique et qui, on ne doit pas l'oublier, a pu sans cesse se modifier dans de très fortes propor- tions par les plissements, fractures, soulèvements ou affaisse- ments, érosions, etc., l’eau mise en contact avec les minerais a toujours été ce que l’on peut appeier de l’eau active; elle était sans cesse remise en communication avec le Jour par une eircu- lation facile aboutissant aux sources et aux vallées. L'eau nou- velle, qui remplaçat par infiltration l’eau ainsi éliminée, appor- tait donc sans cesse une provision nouvelle d'oxygène, d’acide carbonique et des éléments salins contenus dans la plupart des eaux de surface, chlorures, nitrates, etc. ; elle était done suscep- üble d'exercer sur les minerais et les terrains voisins de ces minerais des dissolutions qui, pour la plupart, nécessitent, ou une oxydation, ou l'intervention de l'acide carbonique, ou celle de l'hydrogène sulfuré produit par réduction des sulfates au con- tact de matières organiques. C'est elle surtout dont nous cons- tatons à chaque pas l'influence dans les gisements métallifères : cette action atteignant son maximum d'intensité dans les parties voisines de la superficie actuelle. Au contraire, l'eau des zones très profondes peut être considérée, Jusqu'à un certain point, comme une eau « morte ». Elle a été dépouillée de ses éléments actifs par un premier effet de ceux-ci et elle ne les a pas renou- velés puisqu'elle n’a plus eu que des communications lentes et difficiles avec le jour ; on peut, dans une première approxima- tion, la considérer comme en équilibre définitif avec les phases qu'elle baigne et, de ce fait, chimiquement et physiquement inerte. Ajoutons aussitôt, pour n'y plus revenir, que c’est là seule- ment une manière approximative d'envisager les phénomènes. Aucune eau, si profonde qu'elle soit, ne doit être rigoureuse- ment immobile et inerte. Les seules influences calorifiques, indé- pendamment des mouvements de l'écorce, suffiraient pour y déterminer des mouvements lents qui entraînent le retour d'une certaine activité. Mais les phénomènes de ce genre doivent être d'un type tout spécial. IL est possible qu'il faille leur rapporter certaines cristalhisations de minerais, qui, tout en existant à l’état sulfuré, affectent un type « secondaire », peut-être avec certaines interventions à démêler, comme une réduction et une reprécipi- tation après oxydation très restreinte. Nos échantillons ne 79% L. DE LAUNAY ET G. URBAIN 5 Déc. donnent pas l’occasion d'étudier ce phénomène d'une façon nette, si ce n’est peut-être à l'occasion du manganèse, dont il sera ques- tion plus loin. Au contraire, nous avons de très nombreux exemples de mine- - rais altérés par l’action des eaux superficielles (le mot superficiel étant entendu dans le sens très large qui a été défini précédem- ment et signifiant que l’eau est apte aux réactions chimiques). Toutes les calamines, en particulier, sont le produit d’altérations semblables. Or on constate tout d’abord, dans certaines de ces calamines, une épuration, prévue sans doute, mais poussée encore plus loin qu'on n'aurait pu le penser. La calamine tout à fait blanche du Djebel Reças (Algérie) ne contient plus aucune trace d'un autre métal, si ce n'est un peu de plomb. Ailleurs, comme dans la calamine d'Ouarsenis,1l s’est produit la même épuration, mais sans déplacement dans une atmosphère peroxydante qui a provoqué la précipitation du fer avec le zinc, et, par suite, lexis- tence d’une calamine rouge, à opposer, comme on a tant d’occa- sions de le constater, aux calamines blanches. 3eaucoup d’autres calamines sont moins pures. On observe notamment, fréquemment, un accroissement de la teneur en imdium dans les produits altérés; cet indium, quand le fer a été éliminé, s'élimine avec Iui. La présence d’un peu de cuivre, de plomb, ou d'argent est toute naturelle dans les altérations de minerais sul- furés qui contiennent déjà ces métaux ; mais la présence du man- ganèse est plus intéressante à examiner. On sait, en effet, le pro- blème posé par tant de gisements sulfurés qui, dans la zone d’al- tération superficielle, se sont transformés en oxydes de fer man- ganésifères, ou même en oxydes de manganèse, tandis que, dans le magma sulfuré profond, origine de ces altérations superficielles, le manganèse est en quantité trop faible pour avoir attiré l’atten- tion des chimistes. Nos analyses font constater la fréquence du manganèse dans les calamines (Tarnovitz en Silésie; Malines dans le Gard, Welkenraedt en Belgique; smithsonite bleue de Camaresa au Laurion, Dong-Trieu au Tonkin; Reocin dans les Asturies). Par contre, les analyses de blendes ne décèlent la présence du manganèse que pour les blendes du terrain cristal- lophyllien où nous en avons toujours trouvé. Il n'en a été cons- taté dans aucune blende plus récente. On peut se demander s'il n’y aurait pas, dans cette concentra- tion superficielle du manganèse, un effet de ces eaux profondes et peu actives que nous signalions plus haut. On sait avec quelle facilité les sels de manganèse passent à des produits oxydés, dont la couleur noire attire immédiatement l'attention quand le phé- 1910 MÉTALLOGÉNIE DES BLENDES 195 nomène a lieu dans une roche où un terrain géologiques !. Le manganèse est le premier élément qui doit s’éliminer des parties internes, avant même le fer, pour se concentrer en dépôts super- ficiels et l’on assiste à une sorte d’'exsudation des sels mangané- sifères vers la périphérie. Peut-être les oxydes de manganèse des affleurements altérés ont-ils été ainsi empruntés, sur une grande hauteur, aux minerais profonds par des courants ascendants, qu'aurait accentués dans certains cas le contre-coup des mouve- ments orogéniques. Enfin, dans les altérations, 1l n'y a pas seulement élimination, mais aussi apport d'éléments empruntés aux terrains encaissants. Les plus caractéristiques de ces emprunts, comme le phosphore des affleurements plombifères, n'apparaissent pas avec la méthode d'investigation employée ; mais on constate, dans un cas typique, le développement du titane pris à l'argile dans la moresnetite de la Vieille Montagne, et, en même temps, celui du vanadium, que nous sommes habitués en métallogénie à voir apparaître avec le phosphore. Il est possible également qu'une partie du manga- nèse superficiel vienne de là. 1. L'un de nous a pu constater le fait d’une façon particulièrement nette sur des aplites rosées exploitées comme matériaux d'empierrement entre Eymoutiers et Peyrat-le-Château (Haute-Vienne). Les fragments rosés de ces aplites, après quelques semaines d'exposition à l'air dans les tas de cailloux, par conséquent sans apport extérieur possible du manganèse, se montrent entièrement couverts, sur toutes leurs faces artificielles, de dendrites de manganèse qui pénètrent dans la roche partout où il tend à s'y produire une fissure. Les conditions où le phéno- mène se produit rendent difficiles de lui donner l'explication ordinaire, à savoir l'introduction par le dehors de manganèse emprunté à d’autres terrains. Cepen- dant, quand on analyse la roche après avoir pris soin d'enlever l’enduit superfi- ciel, on y trouve seulement 0,3 p. 100 de manganèse. Ce serait donc cette faible teneur en manganèse qui, par concentration à la surface, aurait suffi à donner ces dendrites. Séance du 19 décembre 1910 PRÉSIDENCE DE M. M. COSSMANN, VICE-PRÉSIDENT Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Quatre présentations de nouveaux membres sont annoncées. Le Secrétaire donne lecture du vœu émis par le Conseil de la Société à propos du Projet de loi relatif aux FouiLrEs INTÉRES- SANT L'ARCHÉOLOGIE ET LA PALÉONTOLOGIE dont il a été question à la séance du 5 décembre. Ce vœu sera transmis aux Pouvoirs publics. « Le Conseil de la Société géologique de France, tout en rendant hommage à l'esprit du projet de loi, présenté par le Gouvernement pour assurer la conservation, en France, de précieuses découvertes archéologiques et paléontologiques ainsi que la pratique des fouilles, sur des bases réellement scientifiques, appelle l'attention des Pouvoirs publics sur les conséquences tout à fait fâcheuses que pourrait entrai- ner pour les géologues l'application stricte et littérale de certains passages du projet de loi. « Les géologues basent, en effet, en grande partie leurs, travaux sur la Paléontologie et ils s'attachent à récolter le plus de fossiles pos- sible, Ces fossiles sont, la plupart du temps, des débris, test et coquilles, d'animaux inférieurs, que les géologues dégagent, par leurs propres moyens, des roches qui les renferment. «Il paraît indispensable que le texte de la loi ne confonde pas cette recherche journalière el constante, des fossiles par les géologues, avec de véritables travaux de fouilles. Ceux-ci ne s'appliquent guère, en Paléontologie, qu’à la recherche des ossements de Vertébrés et il serait indispensable qu'il fût spécifié dans la loi que ces fouilles seules sont visées par elle. «Même dans ce cas, les paléontologistes et les archéologues devraient être simplement astreints à une déclaration de fouilles, Celles-ci pour- raient être entreprises aussitôt après la déclaration et sans attendre l'accusé de réception. Cette disposition suffirait à atteindre le but qu'on se propose. Les pouvoirs compétents seraient, en elfet, prévenus de cette façon que des découvertes les intéressant peuvent être faites sur les points déclarés. Cela les mettrait, le cas échéant, en mesure d'exercer leur droit de préemption au bénéfice de l'État et d'intervenir dans les fouilles au cas où celles-ci présenteraient un intérêt scientifique tout à fait exceptionnel ou ne seraient pas conduites avec la méthode et les précautions désirables. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1910 197 « Le Conseil de la Société géologique de France émet done le vœu que l'article premier soit modifié comme il suit : ARTICLE PREMIER. — 1. Tout établissement, toute association ou tout particulier, qui veut exécuter des fouilles archéologiques ou paléontologiques, soit sur un terrain lui appartenant, soit sur le terrain d'autrui, doit en faire la déclaration à la préfecture du département sur le territoire duquel ces fouilles seront ouvertes. 2. Le déclarant pourra commencer les {ravaur immédiatement. 3. Né sont pas considérés comme fouilles et, par suite, ne sont pas sujets à déclaration, les {travaux auxquels se livrent journel- lement les géoloques sur le lerrain pour la recherche des fossiles. (Cette rédaction entraîne la suppression du deuxième alinéa de l’article premier )». Les Secrétaires signalent les dons reçus pour la Bibliothèque et parmi eux le Livret-guide des excursions en Suède du XI° Congrès géologique international accompagné de la collection de toutes les publications distribuées aux membres du Congrès. Ces publications, que beaucoup de nos membres ont pu apprécier à Stockholm, nous sont très aimablement offertes par M. J.G. Andersson au nom du Con- gres. M. R. Zeiller fait hommage à la Société, au nom de M. Jean Brunhes, professeur aux Universités de Fribourg et de Lausanne, de l'ouvrage que celui-c vient de publier sous ee titre : « La Géo- graphie humaine !. » L'auteur y étudie les rapports de l'homme avec la géographie phy- sique el montre quels liens étroits il v a entre les établissements humains el les conditions géographiques, elles-mêmes dépendant des conditions géologiques: la géographie humaine apparaît ainsi comme un prolongement de la géographie physique et comme plongeant par elles ses racines dans la géologie. Il convient de mentionner en partli- culier, à titre d'exemples, les chapitres consacrés d'une part aux vil- lages et maisons, où apparait si nettement la double influence, sur leur mode de constitution, des conditions climatiques et de la plus ou moins grande aptitude du sous-sol à fournir des matériaux de construction; d'autre part aux industries extractives établies sur les gites de substances minérales utiles, sur les gisements houillers prin- cipalement, et aux groupements humains qui en sont résullés,. Tout l'ouvrage témoigne d'un souci constant d'observation rigou- reusement positive et d'une documentation personnelle approfondie, altestée notamment par les très nombreux et très intéressants clichés photographiques pris par l'auteur lui-même dans les régions du globe les plus variées et qui illustrent si heureusement son travail. 1. In-K,1v-843 pages avec 206 figures. Paris, Alcan, 1910. 198 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1940 M. M. Cossmann dépose, au nom de Dom Valette et au sien, deux notes — l'une stratigraphique, l'autre paléontologique — publiées dans le Bull. de la Soc. des Sc. hist. et nat. de l'Yonne (2e sem. 1909), et relatives à « l'Oolithe ferrugineuse du Bajo- cien dans l'Yonne et autour du Morvan ». La première est un manuscrit de notre regretté Président, M. Peron, remis en ordre et au point par Dom Valette. Après avoir suivi, pas à pas, les affleurements de l’Oolithe ferrugi- neuse, depuis Isenay et Vendenesse dans la Nièvre, à travers l'Yonne (Nuars et Sermizelles), jusqu’à Montbard dans la Côte-d'Or, l'auteur conclut que « cette couche oolithique a pour correspondant exacte- ment synchronique la couche de calcaire roux marneux à Æomomya gihbosa et les marnes à Ostrea acuminala de la Bourgogne », c'est-à- dire l'équivalent du Fuller's Earth qu'il faudrait alors considérer comme la partie tout à fait supérieure du Bajocien, et non comme la partie inférieure du Bathonien, à moins que l'on ne préfère couper la zone en deux, en laissant dans le Bajocien l'oolithe ferrugineuse, carac- térisée par Cosmoceras Garantir, Perisphinceles Marlinsi, etc., et en rattachant au Fuller’s Earth bathonien le niveau à Morphoceras poly= morphum, Oppelia fusca, etc. Ce que je puis affirmer, en ce qui me concerne, c'est que les quelques espèces décrites dans la seconde note ont bien le faciès bajocien ; elles proviennent du gisement de Nuars ou de Saint-Aubin-des-Chaumes et ont été recueillies par Dom Valette. W. Kilian. — Sur le genre Ammonitoceras. Il existe dans l'étage aptien du Languedoc, du Caucase et de diverses régions des Ammonitides déroulés dont le mode d’orne- mentation diffère de celui des Crioceras (s. str.) et des Ancylo- ceras (s. str.) par la présence de deux rangées seulement de tuber- cules latéraux (au lieu de trois), dont la plus externe est située vers le milieu des flancs, et assez loin de la ligne siphonale et par des côtes traversant sans interruption la face siphonale. Ces formes peuvent être considérées comme dérivant des Acan- {hoplites! (— Douvilleiceras p. parte) qui les accompagnent du reste dans l'Aptien. Em. Dumas a décrit l'une d'elles, en 1876, sous le nom d'Ammonitoceras Ucetiæ E. Dumas ; nous avons retrouvé cette forme dans l'Aptien inférieur. Il y à donc lieu de désigner ce type spécial d'Ammonitides déroulés sous le nom d'AwmonirocERAS E. Dumas et d’y faire rentrer outre l'Am. Ucetiæ Dumas, Ammonitoceras (Crioceras) 1. Acanthopliles Sivrzow comprend une partie des formes appelées Paraho- pliles par M. Jacob, ainsi que le groupe d’A. Bigoureti Seuxes, assimilé à tort à Douvilleiceras. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1910 799 transcaspicum SiNtzow du Gault inférieur de Mangyschlak, que nous avons également retrouvé dans l’Aptien pyriteux des Basses-Alpes (Coll. Deydier) et cité sous le nom de Crioc. Acker- manni Kir., figuré par M.Krenkel, de l’Aptien de Delagoa-Bay dans l'Afrique orientale. Les Asfiericeras du Gault, dont M. Ch. Jacob a montré la parenté avec Douvilleiceras, décrits par M. M. Parona et Bona- relh doivent sans aucun doute rentrer également dans le sous- genre Ammoniloceras, cette dénomination ayant la priorité sur celle des savants italiens. A. de Grossouvre.— Sur les environs de Luçon. Dans une course faite l'automne dernier, en compagnie de M. Chartron, dans la plaine calcaire des environs de Luçon, nous avons eu l'occasion de relever divers faits parmi lesquels deux nous paraissent mériter plus particulièrement d’être signalés. 1° Nous avons observé, disséminées çà et là, un certain nombre de poches remplies d’argiles plus où moins sableuses de carac- tères variables et de couleurs souvent bariolées : le sable est tan- tôt très grossier et même graveleux, tantôt très fin et, dans ce dernier cas, les argiles sont d'ordinaire assez plastiques pour être exploitées comme terres à briques. On a là évidemment les restes d’un ancien terrain qui a primitivement recouvert la région sur une vaste surface et a disparu plus tard enlevé par l'érosion ; seules ont été conservées les parties descendues dans des poches du terrain sous-jacent, poches produites par une dissolution locale du calcaire. Un phénomène du même genre s'observe sur le plateau de la Beauce : les sables et argiles de la Sologne qui, sur la rive droite de la Loire, forment encore immédiatement au Nord d'Orléans des dépôts continus assez étendus, disparaissent plus loin au Nord pour ne laisser que des lambeaux logés dans des poches du eal- care lacustre. Jusqu'à présent, du moins à notre connaissance, il n'a été trouvé aucun fossile permettant de dater la formation argilo- sableuse des environs de Luçon, on y rencontre seulement quelques fossiles ferrugineux calloviens qui y ont été englobés au moment du dépôt; débris restés à la surface et provenant des couches calloviennes enlevées par une érosion antérieure, dans la région située au Nord des affleurements actuels. Ce terrain argilo-sableux se présente aussi dans des conditions analogues, comme faciès et comme gisement aux poches d'argiles s00 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1910 sableuses, que l’on pourrait qualifier de sables granitiques, dont, jui signalé! l'existence sur le plateau des calcaires du Berry. Ces argiles sableuses, semblables à celles de la Sologne, ren- ferment à Rosières près St-Florent (Cher), une faune de Verté- brés qui, à certains égards, présente beaucoup d’alfinités avec celle de Chagny, mais que M. Stehlin croit cependant devoir classer dans le Quaternaire ancien : comme conséquence assez importante il en résulte que dans le Berry, les dépôts des pla- teaux qui avaient été classés tantôt dans le Pliocène, tantôt dans le Miocène, au titre de sables granitiques, sont en réalité quaternaires. Il est certainement très imprudent de synchroniser deux dépôts argileux analogues, même lorsqu'ils sont situés à proximité, et les nombreuses erreurs commises à cet égard doivent nous ser- vir de leçons. Toutefois je ne puis m'empêcher de considérer comme assez probable l'assimilation des dépôts argilo-sableux de la Vendée et du Berry, parce qu'il en résulterait cette donnée stratigraphique assez vraisemblable que vers la fin du Pliocène et les débuts du Quaternaire, se serait déposée au Nord et à l'Ouest du Plateau Central une vaste nappe argilo-sableuse, à laquelle se rattache- raient les gisements de Chagny, de St-Prest et de Rosières. 2° Dans les poches des environs de Luçon, on trouve parfois de gros blocs de grès à ciment lustré ; d’autres s'’observent à la surface de la plaine calcaire. Ces grès, tantôt grossiers, tantôt à erun fin, rappellent les grès ladères, et Je ne vois aucune autre formation gréseuse du voisinage à laquelle on puisse les assimi- ler. Je rappelle que l'an dernier j'ai signalé? l'existence de blocs analogues dans le bocage vendéen. Le terrain de grès et poudingues à ciment lustré se suit donc d'une manière presque continue de la Bourgogne jusqu'en Ven- dée, aux environs de Luçon. 1. Bull. Serv. Carte géol. Fr. n° 126. Comptes rendus pour la campagne de 1909, p. 45. 2. Sur l'extension des grès à Sabalites. B.S. G.F,, (4), IX, 1909, p. 298. TYPES NOUVEAUX DE POLYPIERS ÉOCÈNES Par Marius Filliozat. PLaxcue XIV. Parmi les Polypiers éocènes du bassin de Paris dont je pour- suis l'étude, j'ai constaté la présence de types si particulière- ment différents de ceux actuellement connus que je crois utile, dès à présent, d'en donner la description. ASTROCOŒNIA DOLLFUSI n. sp. PI. XIV, fig. 1-3. Le Polypier est discoide, plus ou moins convexe à la partie supérieure. Sa surface inférieure, généralement concave, est revê- tue d’une épithèque plissée concentriquement présentant quelques lignes rayonnantes et, au centre, une cicatrice d’adhérence. Les plus grands échantillons ne dépassent guère 30 mm. Les calices, assez régulièrement hexagonaux, ont une largeur de 3 mm Le nombre des septes est habituellement de 20,7 atteignant la columelle ; 10 sont plus ou moins rudimentaires. Les faces septales portent quelques petites granulations dispo- sées irrégulièrement. Le bord libre des septes, qui est denté, est presque toujours sinueux. La columelle est formée par une Jamelle sur les faces de laquelle on distingue quelques granula- tions. Cette lamelle est soudée à l’un des principaux septes (se pte « hétéromorphe » de Mme Ogilvie Gordon) dont elle semble former un grand lobe paliforme un peu épaissi. Une disposition à peu près similaire a été signalée par M. Frech ! et observée également par Mme Ogilvie Gordon * dans un certain nombre de spécimens d’Asfrocænia et même de Stephanocænia jurassiques. Chez ces derniers, M. Krech a reconnu que l’épine columellaire était parfaitement distincte des palis. Affinités. — Cette espèce rappelle un peu, tant par sa forme que par son épithèque concentrique, l'espèce type du genre, l’Asfrocænia numisma DErr., mais elle s’en éloigne considérable- 1. F. Frecu. Die Korallenfauna der Trias. Palaeontographica, vol. 37 p. 34. 2. Maria M. OrGivie. Microscopie and systematic study of Madreporian types of Corals. Philosoph. Trans., vol. 187 B, 1897, p. 308. , 1890. 17 novembre 1911. Bull, Soc, géol. Fr. X, — 51 802 MARIUS FILLIOZAT 19 Déc. ment par sa columelle fortement aplatie etaussi par ses dimen- SIOnNS beaucoup plus orandes. Localité. — Fresville (Manche). (TRAVIEROPSAMMIA CORNUCOPLEÆ n. D. n. Sp. PI. XIV, fig. 4-6. Le Polypier est allongé, subcylindro-conique, arqué et très rétréci à la base. Le calice est circulaire, à bords très minces. Son diamètre est ordinairement de 3 à # mm. Les septes sont peu nombreux (2 cycles seulement et 2 systèmes). De chaque côté des septes, à la périphérie, deux petites branches, se bifurquant, unissent ceux-ci à la muraille. L’arète interne des septes est très amincie. Celle des septes primaires forme, de distance en distance, des petites épines, qui, en se contournant, arrivent à toucher re ment celles des septes voisins de même ordre, laissant bre tou- telois l’espace axial. Les septes de deuxième ordre sont beau- coup plus petits que ceux du premier; leur bord interne est for- tement denté. On ne distingue aucune granulation sur les faces septales ; tout au plus quelques bourrelets, arrondis parallèle- ment aux bords libres des septes, indiquent les lignes d’accrois- sement. Il n'y a pas d’endothèque. Les côtes sont garnies de pointes très saillantes dirigées un peu vers le haut du calice et se suivant en lignées longitudinales. Ces côtes sont séparées par des sillons larges de 0 mm. 50, pré- sentant des ouvertures grandes et irrégulières, qui occupent généralement toute la largeur des sillons. Ces ouvertures sont en partie cachées par la muraille, qui, au-dessus d'elles, forme des espèces de voûtes ou de dents transversaux. Presque toujours une épithèque assez épaisse circonserit Je Polypier. La multiplication se fait par bourgeonnement basilaire. Localités. — Parnes (Les Boves), Chambors, Choussy (coll. de l'École des Mines), Fresville. Affinités. — La façon dont les septes s'unissent à la muraille est identique ici à celle qu'a observée de Lacaze-Duthiers parti- culièrement chez Astroides!. Les septes, aussi bien ceux de premier que ceux de second ordre, sont, comme nous venons de le voir, fourchus à leur-extré- 1.1. ne Lacaze-Durniens. Développement des Coralliaires. 2° mémoire. Acti- niaires à Polypiers. Arch. Zool. expér., vol. 2, 1873, p. 14, fig. 30 et 32. 1910 POLYPIERS ÉOCÈNES 803 mité externe. Les branches de bifurcation, semblables aux branches disjointes d'un Ÿ, s'unissent entre elles et à la muraille par de petites lamelles parallèles à cette dernière. Nous ne pou- vons mieux comparer ces lamelles interseptales unissant les septes à la muraille, qu'aux « synapticules muraux » qu'a décrits Mme Ogilvie Gordon dans Æupsammia !. Toutefois, ces formations, qui font partie intégrante de la muraille, semblent s'éloigner par là des synapticules vrais, qui, chez les Fungies, constituent des pièces absolument autonomes. La simplicité de l'appareil septal n’a pas lieu de nous sur- prendre. Il est dû au mode de croissance du Polypier, dont la forme cylindrique, très allongée, ne permet évidemment pas le développement d’un grand nombre de cycles. Dans le genre Trematotrochus Tenisox-Woops, nous retrou- vons non seulement cette simplicité de l'appareil septal, mais encore quelques-uns des caractères qui nous ont contraint à créer un genre spécial pour nos petits Polypiers du Bassin de Paris. La muraille, également très mince dans Trematotrochus, pré- sente aussi des ouvertures occupant toute la largeur des sillons intercostaux?. Comme dans nos échantillons encore, les septes sont imperforés, les primaires formant des lobes paliformes. I] n y à pas non plus de columelle. Par la structure de la muraille et aussi par la façon dont les septes s'unissent à celle-ci, notre nouveau genre constitue un type très primitif dans la famille des Æupsammide. Nous pouvons le définir ainsi : Polypier très allongé, subeylindro-conique, plus ou moins arqué, fixé par une base très atténuée. Calice circulaire. Muraille très mince. Septes peu nombreux, fourchus à leur extrémité externe : l'arête des septes primaires formant quelques épines contournées. Pas de columelle ni d'endothèque. 1. Maria M. OGrcvir, loc. cit., p. 153. 2. Duxcax (Revision, p. 20) pense que les perforalions de la muraille résultent simplement de l’état de conservation des échantillons et qu'à l'origine celle-ci n'était pas perforée. Il classe, en conséquence, Tremalotrochus parmi les Tur- binolidæ. Je ne crois pas pouvoir me ranger à cette opinion. Dans le cas de l'hy- pothèse de Duncan, il me paraît difficile d'admettre que, sur deux échantillons parfaitement conservés trouvés par Tenison-Woods, ilne soit pas resté un peu de la muraille dans une seule des nombreuses fossettes des sillons intercostaux. Du reste, Duncan avait parfaitement bien remarqué, en ce qui concerne la structure interne, que « the arrangement of the septa in Trematolrochus is dif- ferent from that of any species of Turbinolia ». Dans le genre Bothophoria, décritrécemment par M. Félix (Expédition suédoise du Pôle Sud), nous retrouvons à peu près la même disposition de fossettes inter- costales. Mais celles-ci, comme dans Turbinolia, netraversent pas la muraille. 804 MARIUS FILLIOZAT 19 Déc. Côtes épineuses, séparées par de larges sillons présentant des ouvertures grandes et irrégulières disposées en lignées longitu- dinales. Epithèque presque toujours présente. FELIXOPSAMMIA ARCUATA n. S., ND. SP. PI. XIV, fig. 7-11. Le Polypier est simple, libre, en forme de cône, arqué à la base, où l’on remarque un petit pédoncule présentant les traces d'une fixation ancienne. Le calice est subcirculaire. Son diamètre mesure de 23 à 25 mm. La hauteur du Polypier varie de 28 à 30 mm. Sa surface extérieure est entourée d'une épithèque plissée transversalement, s’arrêtant tout près du bord calicinal, où elle forme 2 ou 3 bourrelets assez saillants. Cette épithèque couvre partiellement des côtes dont les arêtes portent des granulations fines et pointues. Ces côtes, parfaitement visibles près du calice, correspondent aux différents septes, les plus grands sont en rap- port avec les septes les plus anciens. La disposition des septes est eupsammoïdale ; ceux du pre- mier ordre sont de même force et ceux du dernier cycle s'inflé- chissent vers ceux du cycle précédent. Les septes, très minces, sont rapprochés les uns des autres. On en compte 10 sur une longueur de 1 centimètre. Ils sont très fréquemment et très lar- gement perforés. Leurs faces latérales sont garnies de nom- breuses granulations proéminentes, disposées assez irrégulière- ment et se rejoignant parfois d'un septe à l’autre. L'arête interne des principaux septes forme des prolongements trabéculaires, qui, en se contournant dans tous les sens, consti- tuent une pseudo-columelle. Dans la région interseptale, les dissépiments sont très déve- | loppés. Ils consistent en des lames recourbées à direction oblique, différemment inclinées, qui, dans le fond du calice, forment un tissu vésiculeux. Localité. — Parnes (Les Boves). Affinités. — Ce genre présente d'étroites affinités avec TA - copsamimia PourTALÈs. Il en diffère pourtant par la présence de grandes traverses endothécales et aussi par de très larges et nombreuses perforations septales. | Ces mêmes caractères, attribués par M. Pratz au genre Hapla- 1910 POLYPIERS ÉOCÈNES 805 ræa MirascHewiTz!, le rapprocheraient davantage de ce dernier, si, comme l'a judicieusement fait remarquer M. Vaughan ?, les échantillons du Crétacé de St-Gilgen, étudiés par M. Pratz, pouvaient servir de définition au genre. La disposition eupsam- moïdale des septes le différencierait, en tout cas, très nettement du genre précédent. La diagnose de ce nouveau genre peut être ainsi établie : Polypier simple, pédicellé. Septes nombreux, minces, très perforés, à disposition eupsam- moiïdale. Dissépiments très développés. Columelle trabéculinaire, NOTE : PRÉLIMINAIRE SUR LES TERRASSES DES ENVIRONS DE VALENCE PAR LE GÉNÉRAL de Lamothe. Lorsqu’en 1901* j'ai entrepris de comparer le système des terrasses de l’Isser à celui des terrasses du Rhône à Valence, j'ai adopté la série établie par la Carte géologique en me bornant à éliminer la terrasse de Romans qui faisait double emploi avec celle de la ville de Valence, et à majorer d'une dizaine de mètres les altitudes relatives des diverses terrasses, pour tenir compte du relèvement du lit du Rhône à Valence par les apports de l'Isère. Les recherches que je poursuis depuis plusieurs années m'ont conduit à rejeter cette solution pour les raisons ci-après : 1° Les terrasses du Séminaire, de Foullouse-Léore, et probablement celle du Télégraphe de Châteauneuf, sont de fausses terrasses créées par le Rhône aux dépens des anciennes nappes alluviales de l'Isère ; les deux premières, et peut-être la troisième, doivent done être éliminées de la série des ferrasses régulières ; 2° il existe aux 1. E. Prarz. Ueber die verwandtschaftlichen Beziehungen einiger Korallengat- tungen mit hauptsächtlicher Berücksichtigung ihrer Septalstructur, Palaeonto- graphica, vol. 29, 1882, p. 102-103. 2, T. Wayzanp VaAuGHan. À critical review of the Literature on simple genera of the Madreporaria Fungida, with a tentative classification. Proc. Un. St. Nat. Mus., vol. XXVIII, 1905, p. 395. 3. pe Lamorue. Étude comparée des systèmes des terrasses des vallées de l'Isser, de la Moselle, du Rhin et du Rhône. B. S. G. F.,(4), I, 1901. 806 GÉNÉRAL DE LAMOTHE 19 Déc. environs de Valence une série presque complète de ces dernières, et en comblant les lacunes, d’ailleurs locales, que présente la série de Valence au moyen des indications fournies par les anciennes nappes alluviales de l'Isère, on peut établir que la sue- cession des anciens niveaux du Rhône à Valence concorde entiè- rement avec celle constatée dans les autres parties de la vallée’. Je résume brièvement les faits observés, me réservant d'y revenir plus longuement?. Niveau de 15-90 m. — Il est représenté par la terrasse de Portes (18-19 m.); elle se lie à celle de la ville de Valence (21 m.), et plus en amont à celle de Romans (33 m.) qui appartient à l'Isère. Niveau de $0-33 m. — Représenté par la terrasse des Lacs (33 m.). La nappe correspondante se liait en amont à celle de l'Isère (nappe du Séminaire), actuellement limitée par la falaise du Séminaire, Niveau de 55-00 m. — Ce niveau, dont il existe des traces nombreuses dans la vallée du Rhône, ‘n’est pas représenté à Valence même, mais comme la nappe de l'Isère (Foullouse-Léore) devait à son extrémité terminale, à la rencontre du Rhône, se trouver à une cote légèrement supérieure à 146, on arrive à cette conclusion que l'altitude relative du fleuve devait être à la même époque très voisine de 60 m. Niveau de 100 m.— l'est représenté par la terrasse de Jaulan au Nord de Charmes (103 m.), et par celle d'Étoiles (103 m.). Niveau de 140-150 m. — Au Nord-Ouest de Châteaubourg il y à une grande terrasse à 133 m. au-dessus du Rhône; en raison de sa situation contre les pentes rapides de la rive droite, elle devait correspondre à l'emplacement du thalweg et appartenir très probablement à un Rhône dont l'altitude était plus élevée d'une dizaine de mètres au moins. Niveau de 900 m. — Sur la rive droite au Nord-Ouest de Soyons, on trouve deux mamelons couverts d'’alluvions, débris d'une ancienne nappe; l'altitude relative du plus élevé est de 185 m.; mais il y a lieu de remarquer que la ligne de rivage du niveau de 200 m., devait pénétrer dans l’intérieur des terres Jus- quà Avignon au moins, et que par suite, l'altitude relative des terrasses de ce niveau a subi une diminution de 8-10 m., 1. De Lamorue. Les térrasses de la vallée du Rhône en aval de Lyon. CR. Ac. Sc., 14 mai 1906. 2. La plupart des terrasses citées sont portées sur la Carte géologique. La déter- mination des altitudes a été faite à l’aide des nivellements que j'ai eus à ma dis- position. 1910 TERRASSES DE VALENCE 807 abstraction faite de la dénudation et de l'influence du bombement du Rhône qui ont agi dans le même sens. Niveau de 300 m. — Alluvions du Sommet de Crussol. À chacun des niveaux du Rhône à partir de 200 m., correspond dans l'Isère, entre Valence et l'Écancière, une nappe alluviale presque toujours représentée par des terrasses très distinctes ; mais tandis que les terrasses du Rhône restent sensiblement parallèles entre elles et au fleuve actuel, l'altitude relative de celles de l'Isère croit, en général, d'une façon sensible vers l’amont. Nappe de Romans. — Correspondant à la nappe de 15-20 m., du Rhône (33 m. d'altitude à Romans et à Pizançon). Nappe du Séminaire. — Correspondant à la nappe de 30-33 m. du Rhône; coupée du côté de l'Isère par la falaise des Bayanins qui domine l'Isère de 5% m., elle peut être suivie jusqu'au château de la Jonchère. Nappe de Foullouse-Léore. — Correspondant à un Rhône de 60 m. environ plus élevé; au Nord d'Alixan elle est représentée sur la rive gauche par une série de terrasses remarquablement conservées que l’on peut suivre jusqu'à Matras. Nappe des Méanes! et du seuil de Chäâteauneuf.— Correspon- dant à un Rhône de 100 m. environ; elle comprend sur la rive gauche les cailloutis du Calvaire d'Alixan, de Chatuzange, ete. Nappe du Télégraphe de Chäteauneuf.— Elle domine le Rhône de 138 m. à son extrémité, mais elle a dû être beaucoup plus élevée; elle correspond aux cailloutis de Châteaubourg. En amont elle est représentée par les amas de quartzites du château de la Cizeranne, des Papelissiers, des Tiollets. Nappe de 200 m. environ. — Enfin il existe des traces d’une nappe plus élevée au signal 359 au Sud de la Jonchère, et sur le replat du contrefort 358. L'altitude au-dessus de l'Isère est de 214 m. Indépendamment des terrasses régulières auxquelles à donné lieu le creusement de ces nappes, on trouve dans le défilé de l'Isère, entre l'embouchure et le Pont d'Ouvey, des terrasses que l'on peut qualifier de secondaires et qui marquent les étapes suc- cessives du creusement. 1. Le hameau des Méanes est au Sud-Ouest du Signal de Châteauneuf. NOTE SUR QUELQUES ÉCHINIDES RECUEILLIS PAR M. DALLONI DANS LES PYRÉNÉES DE L'ARAGON par J. Lambert. PLANCHE XV. Il y a plus de vingt ans, en 1889, Cotteau publiait une fort intéressante étude sur les Echinides recueillis par M. Maurice Gourdon dans la province d'Aragon?. Les espèces crétacées décrites dans ce travail étaient peu nombreuses et s’élevaient seu- lement à six. Les récentes recherches poursuivies par M. Dalloni 0 re . il dans les ravins ou Barranco de la vallée du Ribagorzana per- mettent d'augmenter singulièrement ce nombre et démontrent la richesse en Echinides des couches traversées par ce torrent, qui S « AM PES © porte à la Segre et à l'Elbe les eaux du revers méridional de la Maladetta. Les récoltes de M. Dalloni ont été faites sur quelques points seulement d’affleurements cénomanien et sénonien et il ne m'a rien été communiqué des couches supérieures du Crétacé de Villacarli. ÏI. EcæiNiDEs DU CÉNOMANIEN DE SOPEIRA BALANOCIDARIS SORIGNETI DEsoRr (Cidaris). — Un seul radiole. HOLASTER NODULOSUS GoLprüss (Spatangus). — Un individu incomplet, mais dont la détermination ne saurait laisser aucun doute. HOLASTER SUBGLOBOSUS LEske (Spatanqus). — Un seul individu. HOLASTER TRECENSIS LEYMERIE. — Un individu très large, à sillon atténué, périprocte, d’après son empreinte, situé très bas et zones porifères faiblement inégales dans les ambulacres, présente bien les caractères essentiels de cette rare espèce. PuYSASTER VASSEURI DALLONI et LAMBERT n. sp. PI. XV, fig. 13. Cette espèce de taille moyenne mesure 22 mm. delongueur sur 21 de largeur et 18 de hauteur. Elle est globuleuse, avec apex excentrique en avant, sans trace de sillon antérieur, n1 de carène ; 1. Note présentée à la séance du 21 novembre 1910. 2, Corrsau. Échinides recueillis dans la province d'Aragon (Espagne) par M. Maurice Gourdon, Annales des Sc. nat., (7), VIIT, 1889, 60 p., 4 pl. 1910 ÉCHINIDES DE L'ARAGON 809 apex ethmophracte à quatre pores génitaux ; les postérieurs assez écartés ne semblent pas séparés par le madréporide. Face infé- rieure convexe à petit péristome arrondi, sans lèvre postérieure, ouvert à fleur du test. Périprocte peu élevé, arrondi, au sommet de la face postérieure. Les ambulacres simples, apétaloïdes, légè- rement déprimés vers l’apex, mais sans sillon correspondant, sont tous semblables, formés de hautes plaques, avec pores subellip- tiques ouverts à leur base; ils se continuent bien distincts au delà de la partie déprimée. Sutures des plaques du plastron indistinctes sur le type. Aucune trace de fasciole ni péripétale, ni sous-anal. Tubercules nettement scrobiculés en dessous, serrés sur le plas- tron, beaucoup plus petits en dessus, où ils se confondent dans une granulation fine et homogène. À première vue P. Vasseuri ressemble beaucoup à Coraster Margaritæ CotrEeau du Sénonien supérieur de Villacarli (Aragon). Il en diffère cependant bien nettement par l'absence de fasciole péripétale, qui le place dans un autre genre et aussi par la légère dépression de ses ambulacres près de l’apex. Il se distingue de P. inflatus D'OrBiGny (Holaster) du Sénégal, type du genre, par sa forme plus globuleuse, moins allongée en arrière, son apex un peu moins excentrique en avant, son péristome plus à fleur du test et enfin la légère dépression de ses ambulacres au voisinage de l’apex. La découverte d'un Physaster dans le Cénomanien de l’Aragon présente un intérêt de premier ordre et démontre que les Ovulaste- ridæ, avant de se multiplier avec des fascioles variés dans les couches supérieures du Sénonien, s'étaient montrés adètes dans le Cénomanien, obéissant ainsi à la grande loi du développe- ment des Échinides, d’après laquelle les fascioles, comme la dis- position ethmolyse de l’apex ou amphisterne du plastron sont des caractères de plus grande complexité et de relatif perfectionne- ment. A une époque où P. inflatus était seul connu, j'avais pu mettre en doute l’inexistence de son fasciole et le considérer avec tous les autres Ovulasteridæ comme caractéristique du Crétacé supé- rieur, La découverte par M. Dalloni d’un Physaster dans le Céno- manien ne permet plus d’être aussi affirmatif. Elle tend à établir que l'opinion de d'Orbigny, qui plaçait l'espèce sénégalaise au niveau de l’Ammonites inflatus pourrait bien être fondée et elle m'engage à rétracter une opinion que J'avais fait partager à mon regretté ami Peron f. AMP TS GER) ST EVE ED 11681005 810 J. LAMBERT 19 Déc. Par son aspect général et ses ambulacres Physaster Vasseuri rappelle un peu mon Wordenskjoldaster du Cénomanien du pôle antaretique, mais il s'en distingue par ses cinq ambulacres sem- blables et son péristome circulaire, presque subpentagonal, tandis que chez la forme polaire le péristome réniforme s'ouvre dans une dépression marquée de la face inférieure. EpPrasrÈr Roussezr Correau, 1889. — L'espèce a été établie sur un seul individu, un peu déformé en arrière, dans l'étude de Cotteau sur les « Échinides des petites Pyrénéeset des Corbières! ». Sans être d’une parfaite conservation les sept individus commu niqués par M. Dalloni permettent de reconnaître que l'espèce est moins large et moins arrondie en arrière que ne l'indique la des- cription de Cotteau. EprAsTeR DALLONIH LAMBERT n. sp. PV ee 420 Test de petite taille, mesurant 30 mm. de longueur sur 31 de largeur et 21 de hauteur, subcordiforme, large, arrondiet simple- ment sinueux en avant, où le sillon est très atténué, légèrement retréci, caréné et subtronqué en arrière. Face supérieure médio- crement renflée, ayant son sommet en arrière de l’apex ; ce der- nier subcentral, à quatre pores génitaux et petites ocellaires aux angles, madréporide séparant ou non les génitales postérieures. Face inférieure presque plane, à péristome réniforme avec labrum peu saillant et excentrique en avant, bien qu’encore loin du bord. Pétales hétérogènes peu déprimés, l'impair assez large, composé de petits pores ronds, séparés par un granule, les pairs droits, inégaux, les postérieurs sensiblement plus courts, tous composés de pores allongés, par paires que sépare une petite crête granu- leuse; zone interporifère lisse, un peu moins large que l'une des zones porifères. Périprocte ovale, au sommet de la face postérieure. Tubercules serobiculés très petits, peu saillants, épars dans une très fine granulation miliaire, un peu plus développés et plus serrés sur le plastron et au voisinage de l’apex, Par sa forme générale Æ. Dallonti rappelle un peu l’£. dis- tinctus AGassiz (Micraster) mais en diffère très nettement par la disposition de ses pores. L'allongement de ceux-ci dans les séries internes le rapproche de l’'£. Rousseli Corrsau et de certaines formes algériennes ou andalouses indéterminées. Celles-ei s'en distinguent d’ailleurs par des caractères importants qui les 1. B. S.G.F., (3), t. XV, p.644, pl. xvi, fig. 5, 6, 1887. 1910 ÉCHINIDES DE. L'ARAGON sil rejettent dans le genre Hypsaster. Quant à £. Rousseli il est plus grand, plus allongé, moins inéquipétale, et son sillon antérieur est moins atténué. On ne saurait davantage confondre notre espèce avec Æ. meridanensis CortEAU plus rétréci en arrière et parfois fasciolé. HEMIASTER ARAGONENSIS LAMBERT n. sp. PL XVI I fer co 7 Assez grande espèce, mesurant #3 mm. de longueur, sur 40 de largeur et 30 de hauteur, subpolygonale, à sillon antérieur très atté- nué et obliquement tronquée en arrière. Face supérieure renflée, déclive en avant et ayant sa plus grande hauteur au-dessus du périprocte. Face inférieure à contours arrondis, et péristome semilunaire, excentrique en avant, sans saillie du labrum. Face postérieure oblique, à périprocte ovale, très haut, apex excen- trique en avant, à quatre pores génitaux et madréporide ne séparant pas les génitales postérieures. Pétale impair étroit, composé de très petits pores ronds séparés par un granule et dis- posés par paires très espacées ; pétales pairs inégaux, les antérieurs flexueux, comprenant 30 paires de pores dont les périapicaux atrophiés dans la branche d'avant: pétales postérieurs plus courts et moins divergents, avec 21 paires de pores ; zones porifères assez larges, à pores allongés, égaux ; zones interporifères de même largeur, presque lisse, avec granules épars. Tubereules scrobicules épars, plus gros et plus serrés sur le plastron ; gra- nules intermédiaires très fins, assez espacés. Fasciole péripétale régulièrement ovale, non sinueux, assez large surtout aux extré- mités des pétales pairs. Cette espèce présente une vague analogie avec A. Toucasi D'OrBiexy, dont les pétales pairs sont plus développés (à taille égale 39 paires de pores au lieu de 30), dont les pores de l'ambu- lacre impair sont plus serrés, différemment disposés et qui est moins arrondi en arrière, en dessous plus plat, avec péristome plus rapproché du bord. Æ. Baroni FaLLor n’a mi les pétales, n1 le fasciole arrondi de notre espèce. La disposition de l’ambu- lacre impair du A. aragonensis, déjà visible chez H. bufo Brox- GNIART (Spatangus) se retrouve chez mon A. icaunensis, à apex subcentral, pétales plus étroits, à branches plus inégales, mais ne se rencontre chez aucune des nombreuses espèces algériennes figurées par Gauthier. Un individu de cette espèce provient de la localité de Inglada ; les autres sont de Sopeira. 812 J. LAMBERT 19 Déc. H£&MIASTER DALLONI LAMBERT n. sp. PI. XV, fig. 8-10. Espèce de moyenne taille, mesurant 25 mm. de longueur, une largeur égale et 18 mm. de hauteur, remarquable par son péristome subpentagonal, son apex faiblement excentrique en avant, sa forme assez renflée, à peine sinueuse antérieurement et ses larges pétales pairs, à zones porifères très développées, les antérieurs plus longs, droits, avec pores non atrophiés vers l’apex ; zone interporifère étroite, portant quelques granules épars. Les paires de pores sont bien espacées dans l'étroit ambulacre impair. Tubercules du plastron s'étendant jusqu'au péristome ; fasciole très distinct, subcirculaire, mais assez nettement coudé latéra- lement et en avant. Il ne me paraît pas possible de séparer du type des individus plus grands, mesurant 37 mm. de largeur sur 35 de largeur et 26 de hauteur et qui constituent seulement une variété major. Un individu de la forme typique du F4. Dallonü avait été rap- porté au A. Gabrielis PErox et GAUTHIER de l'Algérie, qui en diffère par ses pétales pairs plus longs, son fasciole plus angu- leux, situé plus bas et par son pétale impair beaucoup plus large. Un autre individu de la variété major avait été rapproché du #4. pseudofourneli PEeroN et GAUTHIER dont la face postérieure est cependant plus obliquement tronquée, dont les pétales pos- térieurs sont plus longs, l’impair moins étroit et dont le fasciole plus bas coupe moins nettement l'extrémité des pétales. Il m'a donc paru impossible de maintenir ces rapprochements. H. Dallonit diffère de l'4. bufo BroNGxiART (Spatangus) par sa forme plus acuminée en arrière, son apex plus central, ses pétales pairs plus droits, l’impair formé de pores plus serrés. H. Gaudryi Hésert et Munier-CHaLuas est beaucoup plus uné- quipétale. A. Gauthieri PERON plus acuminé et H. Lamberti SAvIN plus rétréci en arrière, ont leurs pétales moins développés, moins larges. Il en est de même du 77. Desori D’ARcHIAC, dont le fasciole anguleux passe en arrière, plus près du périprocte. H. aumalensis CoQuaxD serait peut-être plus voisin, mais ses pétales antérieurs sont plus longs et moins droits et son fasciole est plus sinueux. H. cadierensis CoQuanD, espèce non publiée du Cénomanien de Toulon, a une forme plus carrée, l'apex excentrique en arrière, des pétales pairs plus étroits et plus excavés. Une petite espèce andalouse également non publiée se distingue par les pores plus espacés de son ambulacre impair et son fasciole plus large, 1910 ÉCHINIDES DE L'ARAGON 813 diffus. Cette espèce très abondante à Sopeira y présente quelques variations non seulement dans la taille, mais dans la largeur du fasciole, la profondeur des pétales et la forme plus ou moins haute. Un mdividu est asymétrique, avec pétale impair coudé et pétale IT atrophié, contourné, n’aboutissant pas à l’apex. HEMIASTER INCRASSATUS LAMBERT n. sp. PI. XV, fig. 11-12. Petite espèce subcordiforme, mesurant 25 mm. de longueur sur 24 de largeur et 14 de hauteur. Face supérieure assez renflée, avec sommet un peu en arrière de l’apex, sur une carène peu saillante ; sillon antérieur bien net, s'évasant un peu à l’'ambitus et atteignant le péristome ; apex légèrement excentrique en avant. Face infé- rieure plane, avec péristome excentrique en avant et partie du plastron pourvue d’un encroûtement du test qui recouvre les tuber- cules. Ambulacre impair étroit, composé de pores microscopiques séparés par un granule, et disposés par paires assez rapprochées. Ambulacres pairs droits, larges, inégaux, les postérieurs plus courts et zone interporifère lisse. Apex étroit, dont le madréporide se prolonge jusqu'aux ocellaires postérieures. Fasciole péripétale circulaire, assez large et peu distinct. Tubercules très petits, épars dans une fine granulation miliaire, un peu plus gros en dessous et sur le plastron ; zones périplastronales lisses. Cette espèce est évidemment voisine du Æ. Dallonii, mais elle en diffère par son sillon plus profond à l'ambitus, ses tubercules plus petits, son apex moins excentrique, sa face inférieure plus plane, son péristome plus rapproché du bord, son fasciole moins distinct et surtout l'encroûtement de la partie antérieure de son plastron. Ce dernier caractère permet de distinguer facilement le 1. incrassatus de ses congénères. Un individu différent des espèces précédentes présente bien l'aspect général d'un Linthia du type du Z. Verneuili DrEsor (Hemiaster) mais son sillon est plus atténué à l'acubitus, ses pétales pairs sont moins longs et moins droits. Malheureusement l'état un peu usé du test ne permet pas de reconnaitre les fascioles et la position générique elle-même de cet Échinide reste douteuse. IT. EcniNipes pu SÉNONIEN pu TureoN. ECHINOCORYS sp. — Les seuls débris appartenant à ce genre qui m'aient été communiqués sont trop écrasés pour être correcte- ment déterminés ; ils proviennent de Llert, S14 J. LAMBERT 19 Déc. MICRASTER MATHRRONI DEsor. — Deux individus de taille nor- male (70 mm. de longueur) et bien typiques. Un autre mesurant seulement 52 mm. de longueur avait été rapproché du M. Heberti DE LAGVIVIER, qui s'en distingue cependant par son ambulacre impair pétaloïde comme les autres, son péristome marginal et sa face postérieure rentrante. Cet individu présente cependant bien les caractères du M. Matheroni, en raison de sa forme, de son ambulacre impair différent des autres, son périprocte assez élevé, etc. | MICRASTER CORBARICUS LamBErT, 1896. — Des individus parfaite- ment caractérisés de cette espèce proviennent du Barranco de Llert. Quelques individus plus petits, mesurant 24 et 31 mm. de longueur, ont été recueillis à Egea et à Las Villas Turbon. D'autres individus de ce dernier gisement et de Llert ont leurs ambulacres pairs plus excavés. Certains individus d'Egea ont au contraire leurs pétales presque superficiels ; l’un est d’ailleurs bien semblable à des variétés analogues que j'ai recueillies à Rennes-les-Bains: l’autre est en même temps remarquable par son apex plus excentrique en avant, sa forme plus allongée et rétré- cie en arrière, ses zones périplastronales portant de nombreux tubercules scrobiculés, son périprocte assez bas. Ces différences me paraissent toutefois insuffisantes pour séparer spécifiquement cette variété du type. Sous le nom de M. brevis CoTTEAU avait déjà signalé le M. corbaricus dans la région du Turbon. ISOMICRASTER DALLONIH LAMBERT n. sp. PI. XV, fig. 13-14. Grande espèce’ plus large que longue, mesurant 62 mm. de lon- sueur sur 65 de largeur et 42 de hauteur. Ambitus subcirculaire, arrondi et légèrement échancré en avant, à peine rétréci en arrière. Face supérieure haute, subconique, à flancs déclives, mais subcon- vexe vers l’apex; carène postérieure également déclive, presque nulle ; sillon apparaissant au milieu de la face supérieure et se creusant brusquement au-dessus de l’ambitus qu'il échancre pro- fondément, puis se continuant jusqu’au péristome. Face inférieure plane, avec une légère saillie de la partie antérieure du plastron, lequel se termineen arrière par deux petites protubérances nodu- leuses ; face postérieure nulle. Apex central, dontle madréporide ne sépare pas les ocellaires postérieures. Pétales ambulacraires longs, droits, superficiels, l’'impair composé comme les autres de pores inégaux, conjugués, au nombre de 34 paires assez rappro- 1910 ÉCHINIDES DE L'ARAGON 815 chées. Pétales pairs à peine un peu plus larges et plus longs que l'impair, les’antérieurs formés de #1 paires de pores, les postérieurs plus courts avec 33 paires de pores. Ces paires de pores sont sépa- rées par de petites crêtes granuleuses se terminant vers là zone interporifère par un plus fort granule; zone interporifère étroite, portant une rainure médiane et de chaque côté une rangée lon- gitudinale assez régulière de petits granules, avec rares verrues intermédiaires. Péristome labié, très excentrique en avant, recou- vert par un labrum saillant, à peine en retrait sur le fond du sillon antérieur. Petit périprocte, arrondi, situé très bas, margi- nal. Tubercules peu développés, scrobiculés en dessous et sur le plastron, perdus en dessus dans une granulation serrée et homo- gène. Zones périplastronales couvertes seulement de granules et de verrues anastomosées. Aucune trace de fasciole. Cette belle espèce ne saurait être confondue avec aucune autre. Sa face inférieure plane et son périprocte ouvert très bas la rap- prochent un peu de mon /. Stolleyi de l'Allemagne du Nord ; elle en diffère d’ailleurs nettement par sa grande taille, son péri- procte situé plus bas, son labrum plus saillant, ses zones péri- plastronales plus variqueuses et surtout la profonde échancrure - de sa partie antérieure. C’est évidemment cette espèce que Cotteau avait signalée sur le flanc ouest du Turbon comme Micraster n° 3. M. Dalloni l’a recueillie à la localité d'Egea. En dehors de ces espèces Cotteau avait encore eité à Llert le Micraster corcolumbarium que je n'ai pas retrouvé dans les indi- vidus communiqués par M. Dalloni. Trois autres espèces décrites par Cotteau n'appartenaient plus au même horizon, mais au Crétacé supérieur de Villacarli que M. Dalloni ne parait pas avoir exploré. ANALOGIES DES TERRAINS PRIMAIRES DU SUD DES VOosGEs ET DE CEUX DU MoRvAN PAR Albert Michel-Lévy. Après les études que J'ai poursuivies sur les Terrains primaires du Morvan et de la Loire et dont l'exposé des résultats a fait l'objet d'une thèse soutenue en fin de l’année 1908, j'ai été amené à collaborer avec M. Charles Vélain en 1909 et1910 pour la termi- naison de la Carte géologique à 1/80.000 de Lure, sur la partie de la feuille comprenant les formations désignées jusqu'alors sous les termes généraux de Terrain de transition carbonifère inférieur de la vallée de Saint-Amarin (carte de E. de Billy, 1848) ou de grauwacques, tufs, porphyres bruns et mélaphyres du Culm. Les résultats obtenus, brièvement consignés dans une récente note à l’Académie des Sciences !, rappellent si bien ceux auxquels J'avais été conduit dans le Morvan qu'il me paraît intéressant d'insister sur les analogies les plus frappantes de l’histoire des formations primaires dans les deux régions. Nos prédécesseurs ne voyaient dans les puissants amas de roches éruptives et métamorphiques et les sédiments s'étendant au Sud et à l'Est du granite des Ballons, qu’un seul niveau, sous-étage du Carbonifère marin, le Viséen, daté par les fossiles découverts par Jourdan à Plancher-les-Mines et par Bleicher et Mieg, Voltz et Al. Tornquist à Bourbach-le-Haut et dans la vallée de Saint-Amarin, et par les gisements de plantes de Thann. Tout cet ensemble d’arkoses, de schistes, de tufs, de brèches, de coulées et de dykes qui s'étend au Nord de Belfort et de Lure Jusqu'à la haute Moselle, au col de Bussang et à la vallée de Saint-Amarin, appartenait pour eux à ce seul sous-étage ; on le subdivisait d'ailleurs en trois niveaux, maintes fois pliés et repliés (A. Meyer ?,.Van Verweke®). Grâce au précieux appui que la pétrographie est venue prêter à la paléontologie, nous avons pu discerner une succession dans cet ensemble complexe où les fossiles sont rares, où les roches sont abondantes mais trop souvent décomposées et rendues diffi- 4. CR. Ac. Sc:,5 déc. 1910, CLI, p. 1080-1082. 2. À. Meyer. Beitrag zur Kenntniss der Culm in den Südlichen Vogesen. Abh. zur. geol. Sp. Karte von Els.-Lothringen, Bd. II, p. 73-102. 3. Van VERWEKE. Millheil. der Geol. Landesanstalt von Els.-Lolhr., Bd. IV, H. II, p. 79-80. C2 ee. =E 1910 PRIMAIRE DES VOSGES ET DÜ MORVAN ciles à déterminer par la superposition des phénomènes de méta- morphisme aux phénomènes purement éruptifs. La série débute par un ensemble de roches vertes pyroæeé- niques et amphiboliques qui comprend des diorites, diabases et gabbros, généralement au voisinage du granite à amphibole {dio- rite de Saint-Jean, Saint-Maurice, de la vallée du Beuletin à l'Est d'Esmoulière, diabase aux Breuchots, au vallon de Prelles, gabbro du Wüstkopf au NW. d'Oberbrück), et principalement des porphyrites augitiques, oligoclasiques, andésitiques ou labra- doriques, parfois ophitiques (porphyrite oligoclasique du ravin NW. de Mourrière, des bois E. d’'Etuffont-Haut, porphyrite andésitique du Fouillie et du Chiottet, porphyrite labradorique du Rossberg et de la scierie Kolb sur la route de Giromagny au Ballon d'Alsace). C’est en partie à des phénomènes d’endomorphisme et d'exo- morphisme granitiques qu'il faut rapporter la diversité des struc- tures et les différences de composition de ces roches qui peuvent provenir soit de la digestion de porphyrites pyroxéniques primi- tives, soit de la digestion de bancs calcaires (porphyrites secon- daires, analogues à celles de Cressy-sur-Somme dans le Morvan). Ces roches sont particulièrement abondantes dans une zone est-ouest, allant de la Tête des Neuf-Bois à la commune d’'Amont, prise en écharpe par le granite des Ballons qui s’est chargé d'amphibole par endomorphisme. Elles réapparaissent fréquemment en coulées et en dykes au milieu de schistes gris noirs dans la région de Belonchamp, de Mélisey, au Nord de Ronchamp et au cui d'Etuffont-Haut; elles se retrouvent dans le lambeau primaire de Chagey, à l'Ouest de Belfort, aux confins méridionaux de la feuille de Lure, sous les schistes et calcaires à fossiles dévoniens. Nous les considérons comme appartenant au Dévonien moyen et supérieur, principalement par suite de leur situation dans le lambeau de Chagey et aussi par suite de leur place à la base de la série étudiée. Elles rappellent de façon remarquable les por- phyrites amphiboliques et pyroxéniques en relation avec les cal- caires dévoniens de Diou et Gilly, dans le Morvan. Au-dessus de ces roches vertes, se rencontrent des or/hoalbi- tophyres qui les traversent et les recouvrent ; ces roches sont rouge brun foncé, parfois verdâtres: elles montrent au micros- cope deux temps, le premier avec phénocristaux d’orthose, de microcline et d’albite, le second avec microlithes plus ou moins fins d'orthose et d'albite, Des porphyrites oligoclasiques se lient 18 novembre 1911. Bull. Soc, géol. Fr. X. — 52 SLS ALBERT MICHEL-LÉVY 19 Déc. à ces albitophyres sans que l'on puisse les en séparer sur le ter- Lun. Des brèches, principalement composées de roches pyroxéniques, d'albitophyres et de porphyrites oligoclasiques, sont particulière- ment développées entre le Haut-du-Them et Servance ; le méta- morphisme granitique sy manifeste localement par une feldspa- thisation intense et l'apparition d’agrégats de grands cristaux de leldspaths. Leur antériorité au granite à amphibole des Ballons est confirmée par l'existence de véritables filons de ce granite dans leur sein. Les conglomérats avec diabases et gabbros décrits près d’Oderen par G. Linck! doivent leur être rattachés. C’est entre la commune d'Amont et Servance et entre Saint- Maurice, le Rouge-Gazon et la Tête des Neuf-Bois que les érup- tions de ces roches présentent la plus grande extension sans intercalations de schistes; vers l'Est et le Nord-Est, elles appa- raissent en coulées moins épaisses et plus rares, laissant place sur les crêtes du Rimbachkopf, dans la vallée de Saint-Amarin, vers Bussang et Oderen, à d’épaisses accumulations de schistes gris noir avec bancs arkosiens et à des tufs gris bleu, principale- ment albilophyriques, développés sur les hauteurs du Runsche- wald, du Schweiselwald, sur la rive gauche de la Thur.. Ces schistes et tufs contiennent des débris de plantes, parfois abon- dants (environs de Bussang et montée de Felleringen au Treh- kopf) ; ils sont fréquemment percés et métamorphisés par le gra- nite (schistes micacés de Bussang, sur le chemin de montée au Drumont et sur la route d'Urbis; schistes micacés et maclifères d'Oderen, tufs granitisés au Sud du Marksteinkopf). Les orthoalbitophyres, les porphyrites oligoclasiques, les tufs, schistes et arkoses, dont nous venons de parler, représentent un Famennien et un Tournaisien probables, impossibles à séparer avec précision l’un de l’autre; car nous n'avons pas trouvé ici comme dans le Morvan de fossiles caractéristiques, n1 de cordons de joudingues pour délimiter la base du Tournaisien. Leur attri- bution à ces niveaux reste donc hypothétique: elle est principa- lement fondée sur leur ressemblance avec les niveaux similaires: du Morvan et sur leur antériorité au Viséen, sans discordance notable; l'existence des coulées d’orthoalbitophyres, en particu- lier, rappelant les orthoalbitophyres des environs de Bourbon- Lancy dans le Morvan, ont été pour nous un trait de lumière. Au-dessus de ces formations, le régime change brusquement. 1. G. Lixck. Geogn. Beschr. des Thalhorn im oberen Amariner Thal. Mit(h.der Geol. Landesanslall von Elsass-Lolhringen.Bd. IV, IX. I, 71 p., 1892. 1910 PRIMAIRE DES VOSGES ET DU MORVAN 519 Le granite a cessé de monter; il n’a plus produit aucun méta- morphisme n1 dans les roches, ni dans les sédiments. Le granite à amplhibole des Ballons (syénite des anciens auteurs) est, à notre avis, de même âge que le granite gris poRteie si développé au Nord de la vallée de la Moselle; il y a passage progressif d'un type à l’autre (à l'Est de Fresse par exemple); le granite à amphibole résulte de la digestion endomorphe de roches pyroxé- niques et de calcaires dévoniens. Nous entrons dans le Viséen bien authentique ; il est en effet fossilifère; les gisements de fossiles marins, groupés autour de Bourbach-le-Haut et du Rossbere, ee par Bleicher et Mieg et par Voltz et bien étudiés par Tornquist, sont riches en grands Productus (Prod. giganteus Marr., Prod. corrugatus M. Cox) qui ne laissent aucun doute sur l’âge. J'ai eu l'occasion de revoir en détail les fossiles que Jourdan a recueillis en 1847 dans les tufs arkosiens de la sortie nord de Plancher-les-Mines et qui sont déposés au Muséum d'Histoire naturelle de Lyon; ils appartiennent bien à ce sous-étage et contiennent les mêmes Productus que ci-dessus. J'ai trouvé en outre, entre ces deux gisements anciennement connus, un nouveau gisement fossilifère qui fait trait d'union, dans des conglomérats orthophyriques avec lentilles calcaires, situé à la frontière même, sur le revers sud-est du Trémontkopf, entre les bornes Frontières 3478-79 et 82 ; à côté de débris variés de Brachiopodes, de Gastéropodes et de Lamellibranches, on y . rencontre une grande abondance de Foraminifères, accumulés dans des lentilles de calcaire oolithique gris blanc, fétide. Les Foraminifères occupent, en général, le centre des te Des plaques minces de ces calcaires ont montré des Endothyra, Nodosinella, Valvulina, Tetrataxis, Trochammina, Saccamina, identiques à ceux des calcaires viséens du Morvan, de la Loire et de la Creuse. Le Viséen débute par des poudingues et des arkoses blanc rosé, composés de débris des roches antérieures (roches pyroxéniques, orthoalbitophyres, porphrrites oligoclasiques, granite) ; ces dépôts de rivage, qui indiquent une première période de régres- sion de la mer, ne constituent pas un cordon continu, mais se retrouvent fréquemment à la base des tufs et des brèches érup- tives. Les poudingues sont bien visibles sur le sentier qui monte de Plancher-les-Mines à Bel-Fahy ; les arkoses à Cheves- tray et sur le chemin de Ternuay à Faucogney. Mais les formations qui dominent de beaucoup dans le Viséen des Vosges sont, comme dans celui du Morvan, des tufs érup- 820 ALBERT MICHEL=-LÉVY 19 Déc. tifs qu'il faut rattacher à des éruptions labradoriques et surtout orthophyriques. Alors que le Viséen du Morvan, ne comporte, en fait d’éruptions, que des orthophyres et des microgranulites, celui des Vosges débute par des coulées basiques, principalement bréchiformes, L roches vertes rappelant le porphyre vert antique, celles des labradorites de Bel-Fahy : le premier temps est carac- térisé par de grands cristaux de felspaths zonés allant du Labra- dor acide à la Bytownite (contenant de 50 à 70 p. 100 d’An) ; le deuxième temps par de fins microlithes de Labrador (HE des extinctions de la zone de symétrie perpendi- culaire à gg” — 22 à 25°) ; l’augite existe abondamment aux deux temps. Ces roches sont relativement peu répandues ; on les rencontre principalement à Bel-Fahy et à Bourbach-le-Haut. Les orthophyres forment de puissantes coulées prismées que l’on voit admirablement dans la vallée de l’Ognon, entre Ser- vance et Ternuay où elles s'étagent avec un nee de 45° vers le Sud-Ouest, à Planches lee Moce et sous le château de Rosemont. Ce sont des roches rouges, parfois grises quand elles sont très fraiches (Est de Rosemont) ;: de grands cristaux de sanidine du premier temps tranchent en blanc sur le fond rouge du deuxième temps, riche en microlithes cristallitiques d’orthose et d'oligoclase, contenant souvent du quartz pæcilitique et des globules à croix noires, à fibres positives ou négatives ; 1] y a pas- sage à la microgranulite. Souvent il reste un résidu vitreux flui- dal, présentant ou non des fissures perlitiques (orthophyres obsidienniques) ; dans quelques coulées, ce verre fluidal existe seul, avec quelques cristaux de sanidine et de très fins cristallites d'orthose, formant de vraies obsidiennes (au Nord de la Planche des Belles-Filles). Les tufs et les brèches qui ont accompagné ces éruptions abondent ; ce sont eux qui recouvrent les plus grandes surfaces ; ils sont parfois remaniés par les eaux et passent à des conglo- mérats et à des arkoses riches en plantes (les débris végétaux des arkoses de Champary, au Sud-Ouest de Servance, rappellent ceux de Thann étudiés par Koechlin-Schlumberger et Schimper). Ce sont des tufs peu remaniés qui contiennent les fossiles décou- verts par Jourdan à Plancher-les-Mines ; j'ai trouvé dans des tufs orthophyriques rouges, en apparence tout à fait éruptifs et intacts (sur le revers sud-ouest du Trémontkopf), des débris de tiges d'Encrines. Des schistes, parfois abondants, avec plantes (Ballon Guinon), s'intercalent au milieu des formations éruptives. Les fossiles marins de Bourbach-le-Haut et du Hunsrück se trouvent dans des schistes. 1910 PRIMAIRE DES VOSGES ET DU MORVAN 821 Des porphyres pétrosiliceux et à quartz globulaire apparaissent au-dessus des orthophyres (Rougemont-Bitchweiler). Les microgranulites ordinaires et augitiques (type Rochesson) sont postérieures aux roches précédentes. La série se termine par des orthophyres micacés, variolitiques dont nous n'avons trouvé que quelques filons (route de Bussang à Urbis et au SE. de Ternuay). L'étude chimique de ces différentes roches, fondée sur les analyses de M. Pisani (tableau A) et appuyée sur l'emploi de la classification américaine et des paramètres magmatiques de M. Michel-Lévy, confirme l'existence de deux séries distinctes : une série inférieure, se composant des roches antérieures à la mise en place du granite des Ballons (porphyrites augitiques variées et orthoalbitophyres), qui est sodique ; une série supérieure, 5e composant des roches postérieures à la mise en place du gra- nite (orthophyres, orthophyres obsidienniques, porphyres pétro- siliceux, microgranulites, orthophyres micacés), qui est potas- sique. Le tableau B, dans lequel les roches sont rangées dans leur ordre d'âge, montre bien ces deux groupements ; il permet également de se rendre compte des similitudes de noms et de paramètres des roches reconnues semblables par l'étude micro- scopique, quoique recueillies en des points très distants les uns des autres. C'est ainsi que les roches pyroxéniques dévoniennes se rap- prochent des hessoses et des andoses; types à fumerolle grani- todioritique, méga-mésosodique, à scorie magnésienne, mégacal- cique. Les orthoalbitophyres, au Nord (1) comme au Sud (IL) du mas- sif granitique des Ballons, sont des x près Kallerndose, roches à fumerolle granito-dioritique, méga-mésosodique, à scorie magné- sienne-ferrique, microcalcique. Il est remarquable que ces par- ticularités chimiques se reproduisent au Nord et au Sud derce massif granitique. Le granite à amphibole de la vallée des Charbonniers (VII adamellose), qui s'est chargé d'amphibole par digestion de roches pyroxéniques et de calcaires, a même fumerolle alcalino-grani- tique, méga-potassique, que le granite gris micacé, très pauvre en amphibole, du col du Page (VI éoscanose) et n'en diffère que par sa scorie plus magnésienne et plus calcique ; elle est magné- sienne, mégacaleique : la scorie du granite gris micacé est magné- sienne-ferrique, mésocalcique. La porphyrite labradorique de Bel-Fahy (XIV) et celle de la Montagne de Fresse (XIIT) sont identiques ; ce sont des sho- Tableau A. ; MOINS OMS bd ‘O9 ‘O ‘N ‘onbrrqdo ET EE © a NC ONRT © bd onbiseoo811o 97114qda04 SOLE Er SON OO ECS al Y © © 20 20 = ‘JON 2H910S ne 2 0m MS OR 4 - ce 9 À 1 Es 9JH10pe4aqe"T DONS NIQUE 00 RES METEO eNS = ‘U197S1080 À | NE EE EN EU = Dé ‘oJOpeAqu'I | ACROSS OOR SERRE OS ETE ANSE =: S © © 20 © el DE = 99014) 97 ‘onbrène RAIN PE) = D NE € ' n1e c (+) ., — (œn) < _ bé ‘onbrysopue ou qdaoq AMEN SERRE Ce = D) eo 20 © = è G > "AOSU9IN ‘7 OI OU nan RE < : É : : NOR ! 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Col du Persalane | 3,2| LV |Britannare 9,8| II |oscanase | 1 HOSen | 3,2/ IV lAlcalino-gra-| 1,5| v Méga - potas-| 1,7| II |Magnésien 1,6! II ee) A OT re nitique sique ferrique LE Dosalane Austrare IL Adamelluse Bose 3,1/ LV lAlcalino-gra-| 1,4/ V [Méga-potas-| 1,3] 1 [Magnésien 1,0! 1 ë nilique sique Il El ER | | | Dosalane | 42 | y |Germanare | 3,1] rt |Shoshonase ol Dose | 2,7 II |Syénitique 0,91! V [Méga - potas -| 1,51| 11 [Magnésien-|0,97| | | ès | sique pr | ferrique IV Dosalane |55,8| V |Germanare | 3,3/111 |Shoshonixe NC | 25 1TT|Syénitique 1,2] V [Méga-potas-| 3,5] IL |Ferro-magné-| 0,9! I A DRE PE | sique sien .| Onthophyre. Ser- Berealane anale 63 | 1 [Liparase [A se 2,7| III Syénilique 1,4] V [Méga-potas-| 1,4] 1 Magnésien 12/11 | vance, amont sique | scierie roches. 3 Ds. EE | a LL $ 2,9! 111 [Syénilique n| y Se = - Magn-ferrique TOrthophyre. Que : 112 | I [Liparase Syénilique 1,7| V [Méga- potas-| 3 IL |Magn-ferrique! 45 [III Ron Di Persalane | 3,1] 1V |Britannare |11 sique 111 | à ferro-ma- gnésien cher-les-Mines. y [Phégrase É 21! II Alcalino-syé-| 9 V [Méga - potas -| 2,5] II Magnésien 1,6| II ES 1,7 L |Persalane | 44,2] V |Canadare 27,1 14 2 9 nitique sique É ferrique Oxthophyre obsi- Dosalane Germanare |16,7| Il Monzonase | N 129 En D oreye- 1,3) V Méga - polas-| 3,1] 111 |lerro magné-| 1,7] II 1h diennique. Se- {II bulene sique sien N er neu4| Borsalane Sade 15,6 II Vulsinase 3,14 pu An gra -| 3,05} VI |Perpotassique| 1,1! I [Magnésien 1,1 LE x près 3 5 3A|1IV Alcalino-gra-| 3,7| VI |Perpotassique 0! I |Magnésic 1,3 ï 30,2} 11 |Dosalane Austrare 4,7] ll gagamase ÿ nil. È à SAROUAASIQUE | 409 DABCEP CE Ÿ l c+c: Méso-caleique Méso-calcique Méga-calcique Méga-caleique Méga-calciquel Méso-caleiquel Méso-calcique Micro -cal- cique Micro -cal- cique Méso-caleique Méga-méso: calcique Méga-calcique Méga-culcique Micro-cal- cique Micro -cal- cique Méso-calcique Méso-calciquel Méso-calcique Méso-calcique ins LE à 826 ALBERT MICHEL-LÉVY 19 Déc. shonoses, roches à fumerolle syénitique, mégapotassique, à sco- rie ferromagnésienne, mégacalcique. On remarquera combien ces roches qui, à première vue, ressemblent à certaines porphy- rites labradoriques inférieures et à toute lasérie des roches pyroxé- niques de la région, s’en distinguent nettement par l'analyse chimique et notamment par les quantités relatives de potasse et de soude; les porphyrites labradoriques antérieures au granite sont sodiques, les postérieures sont potassiques. Les orthophyres (III, V, IX) se rapprochent du type liparose, à fumerolle syénitique, mégapotassique, à scorie magnésienne- ferrique, microcalcique. L'orthophyre obsidiennique (VII) est une monzonose, à fumerolle identique, à scorie voisine (ferro- magnésienne, mésocalcique). On peut voir, par ce rapide aperçu, combien cette région pri- maire vosgienne présente d’analogies au point de vue stratigra- phique, paléontologique et pétrographique avec le Morvan. Un premier fait dominant, commun aux deux régions, est l’âge de la mise en place du granite, avant le début du Viséen, au sommet du Tournaisien. Comme préludant à cette mise en place, de puissantes érup- tions débutent au Dévonien moyen, avec une série de roches basiques, s'amplifiant au Dévonien supérieur et au Tournaisien, caractérisés par des albitophyres et des porphyrites oligocla- siques; ces éruptions proviennent d'un magma à fumerolle sodique ; alors que les éruptions, plus puissantes encore, qui suivent immédiatement la mise en place du granite, celle des porphyrites de Bel-Fahy, des orthophyres et des microgranu- lites, des porphyres pétrosiliceux et des lamprophyres, pro- viennent d'un magma potassique, analogue à celui du granite lui-même. La succession stratigraphique paraît avoir été sensiblement la même dans les deux régions, avec des dépôts analogues. La boue calcaire à Foraminifères caractérise également le Viséen des Vosges et celui du Morvan. Les grands plissements hercyniens datent également de la fin du Viséen ; le Stéphanien et le Permien sont discordants sur les terrains antérieurs ; ils sont relativement peu plissés et dénotent une moindre intensité des seconds plissements hercyniens de la fin du Permien. Mais, si les analogies entre les deux régions sont multiples, il y a cependant de légères dissemblances. D'abord dans la suite des éruptions : les orthophyres potas- siques ont apparu dans le Morvan dès la fin du Tournaisien, 33e # 1910 PRIMAIRE DES VOSGES ET DU MORVAN 827 étant contemporains de la mise en place du granite; dans les Vosges, les orthophyres paraissent un peu postérieurs ; 1ls sont viséens. Ils ont même succédé à des roches non représentées dans le Morvan, les porphyrites labradoriques de Bel-Fahy. Les Tufs viséens des Vosges sont principalement orthophy- riques et, quoique passant souvent à des types pétrosiliceux et microgranulitiques avec quartz libre, ils diffèrent cependant des tufs viséens du Morvan qui sont principalement microgranuli- tiques. 2 on. v NOV Va SE) L) > 3 À, évonien Craraite Viséen Jtephanien Permien TE rare a a, ee” I" Plissement hercynien 2®Plissement hercynien ++ +++ +++ + Ares syrchnaaz Les SYTU Echelle de cel* plsrement de ce 2“ phssement a ® Jondages ayant atteint le Stéphanten. F1G 1. — Carte structurale du Sup pes VosGes, Les microgranulites et les lamprophyres sont bien moins abon- dants dans le Sud des Vosges que dans le Morvan; l’activité éruptive a diminué plus tôt dans les Vosges, à la fin du Viséen ; mais, par contre, elle s’est prolongée pendantle Permien qui est riche en porphyres pétrosiliceux (val d’Ajol). Le métamorphisme granitique a une allure ‘un peu différente dans les Vosges: difficile à délimiter dans les masses éruptives 828 ALBERT MICHEL-LÉVY 19 Déc. qui entourent le granite des Ballons, il forme dans les schistes (vallée de Saint-Amarin) des auréoles plus réduites que dans le Morvan. Quoique ayant respecté, au Sud de Belfort, un lam- beau de formations plus profondes (Dévonien moyen de Chagny), il a plus complètement effacé les niveaux du Dévonien supérieur et du Tournaisien autour du massif des Ballons que dans le Mor- van. La plus grande intensité des premiers plissements hereyniens peut être également invoquée pour expliquer l'effacement de la limite entre Dévonien supérieur et Tournaisien et aussi l’absence de cordons littoraux à la base du Tournaisien. La première émer- sion franche paraît s'être ici produite à la base du Viséen, fort peu de temps avant l’émersion définitive, alors que, dans le Morvan, elle date du début du Tournaisien, l’émersion défini- tive s'étant produite au milieu du Viséen. Je terminerai en signalant l'allure imprévue des axes tecto- niques mis àu Jour par nos études dans le Sud des Vosges (fig. 1); nous avons distingué, en synthétisant, un synclinal viséen (Plancher-les-Mines), un synclinal tournaisien (Bussang), sépa- rés par un anticlinal à axe dévonien (Esmoulière à la Tête des Neuf-Bois), pris en écharpe par le granite des Ballons ; enfin un vaste anticlinal débutant aux environs de Mélisey, ayant son axe au Dévonien de Chagey. Le synclinal permo-houiller de Ronchamp a pris naissance au milieu de ce dernier anticlinal. La direction de ces différents axes n’est pas, comme onle croyait, uniformément varisque, NNE. ; elle paraît s'être modelée sur le massif granitique des Ballons, étant NNE. à l'Est de ce mas- sif, mais devenant EW., puis légèrement NNW., c'est-à-dire armoricaine à l'Ouest. Ilest évident que la torsion des plis hercyniens au droit du. Sud des Vosges peut en reporter la prolongation non vers le Morvan, mais plus au Nord. NOTE SUR LE PROLONGEMENT PROBABLE VERS LE SUD, DU CHENAL HOUILLER DE MAURIAC! par Georges Mouret. Le « Chenal houiller de Mauriac? » est ce long sillon rectiligne, occupé en partie par des grès houillers, qui traverse du NNE. au SSW. le Plateau Central depuis Souvigny au Nord, jusqu à Saint- Mamet, au Sud de la vallée de la Cère. L'existence de ce sillon aurait été signalée, la première fois, par les auteurs de la Carte géologique de France *. Ils en, ratta- chaient la formation aux forces qui ont présidé à l'édification des Vosges. Le chenal de Mauriac est l'accident caractéristique le plus apparent du Plateau Central. Aussi est-1l mentionné dans tous les travaux publiés sur ce Massif, mais il n’a encore fait l’objet d'aucune étude d'ensemble, et il n’a été, en général, que som- mairement décrit dans ses diverses parties. Son étude sera, au reste, assez délicate, en raison du métamorphisme des terrains qui constituent le substratum des sédiments houillers, et de l'absence de tout terrain stratifié non métamorphique autre que le Carbonifère. Sur l'allure même des couches cristallines, sur les conditions du dépôt des sédiments houillers, l'accord ne s'est pas encore établi. Les uns supposent que le terrain houiller aurait couvert jadis de vastes espaces, et que les dépôts actuels ne représentent qu'une partie des anciens dépôts et doivent leur conservation à un effondrement entre deux cassures parallèles : les autres, et c'est la majorité des auteurs contemporains, admettent que ces dépôts n'ont jamais rempli qu'une ancienne dépression, qui tire son origine des plissements comme des fractures du massif eris- tallin. Tout le monde, d'ailleurs, reconnait l'existence d’une zone rectiligne NNE.-SSW. de schistes anciens plissés et fracturés ‘. 2 = Note présentée à laséance du 5 décembre 1910. G. Mourer. Bassin houiller et permien de Brive, 1891, p. 24-25. 3. Durréxoy £r Eure pe Bratvmowr. Explication de la Carte géologique de France. Tome [, 1841, p. 105 et107. 4. Il est remarquable que cette zone de schistes persiste à la traversée des quatre grandes masses granitiques du Plateau Central : granite de Montluçon, gra- nite de Guéret, granite de Millevache et granite du Cantal. 830 G. MOURÉT 19 Déc. D'autre part, il paraît bien établi, par les coupes de divers bas- sins houillers !, que cette zone a subi, postérieurement à l'époque de la formation houllère, une forte compression, à la suite de laquelle les couches gréseuses et les nappes éruptives qui y sont associées sont restées plissées, et en certains points, au Sud, pincées et laminées dans la masse cristalline schisteuse ?. La lar- geur du bassin primitif a donc dû se trouver forcément diminuée ; en quelques endroits, celle des affleurements n’est plus que de quelques mètres. La question de l'extension en longueur de la zone fracturée et des dépôts houillers qui l’occupaient originairement n'a pas encore fait l'objet d'études précises, et n'a donné lieu qu'à de simples conjectures. | L'objet de cette note est de discuter l'opinion courante sur le prolongement de la zone vers le Sud, et d'en rechercher la direction probable, étant entendu que, faute de données suffi- santes, il. n’est actuellement possible que de faire des hypothèses, et d'en écarter les conjectures qui ne sont pas d'accord avec les faits. À première vue, el d’après les cartes d'ensemble, et notam- ment la carte au millionième, il semble que la zone de Mauriac, si elle se prolonge, doit enrprunter la direction de la grande faille de Villefranche (d’Asprières à la Guépie)quien a, à quelques degrés près, la direction générale. C'est effectivement ce qu'admettent les géologues qui ont eu l’occasion de mentionner le chenal de Mauriac dans leurs travaux. Marcel Bertrand, qui range ce chenal dans son groupe du réseau de plis perpendiculaires aux plis concentriques, le pro- longe, à en juger par la carte annexée à son mémoire, Jusque vers Foix, dans l’Ariège. M. Bergeron a admis autrefois, sans cependant mentionner explicitement le chenal de Mauriac, que la faille de Villefranche se prolonge jusque dans le Cantal‘ et la carte annexée à un mémoire postérieur du même auteur” figure une grande faille s'étendant de Moulins à Najac. 1. Voir notamment les travaux de MM. Boule el De Launay et les recherches de M. Coerchon {in Régions volcaniques du Puy-de-Dôme, par GraNGEAUn). 2. M. Bourse. Géologie des environs d'Aurillac el observations nouvelles sur le Cantal, 1900. Bull. Serv. Carle géol. France, n° 76, p. 10. 3. M. Berrranpb, Lignes directrices de la géologie de la France, CR. 4c.Se., 1891. 4. BeRGERoN. Étude géologique du massif ancien situé au sud du Plateau Cen- tral, 1889, p. 198. 5. BrrGErox. De l’extension possible des différents bassins houillers de la France, 1896. Mémoires de la Socièlé des Ing. civils de France, mai 1596. 1910 PROLONGEMENT DU HOUILLER DE MAURIAC 531 M. À. Thevenin prolonge également jusqu'à Najac le chenal de Mauriac qu'il considère comme une zone elfondrée, grâce à laquelle ont été conservés une partie des dépôts houillers autre- fois beaucoup plus étendus !. M. Boule a fait remarquer que la faille qui coïncide avec la limite du massif granitique de Peyrusse, au Sud d'Asprières, parait être sur le prolongement des grandes cassures limitant le chenal houiller de Mauriac ?. Enfin tout récemment, M. Glangeaud, qui considère le chenal de Mauriac comme une zone disloquée et fracturée, à allure syn- chinale, exprime aussi l'opinion que cette zone s'étend jusqu’à Asprières. Il suppose, d'autre part, qu'un chenal oligocène s’est superposé à l’ancien chenal houiller *. Les différents géologues qui se sont occupés, d'ailleurs inei- demment, de la question, sont donc d'accord pour admettre que cette longue dépression qui traverse le Plateau Central depuis Souvigny, se dirige, au Sud, sur Asprières en se prolongeant, soit par la grande faille de Villefranche, soit par la faille qu'on suppose former la limite occidentale du massif de granite de Pey- russe, et que j'appellerai provisoirement la faille d'Asprières, car elle traverse exactement l'extrémité orientale de ce village. Je ne crois pas que l'opinion commune soit bien fondée, Les faits géologiques que j'ai pu constater ne me permettent pas d'ad- mettre que la zone de Mauriac se prolonge par Asprieres. J'estime que si ce sillon se prolonge, il doit aboutir au sillon de Livinhac qui, au Nord, termine le bassin de Decazeville. J'exposerai les motifs de mon opinion, en examinant : 1° com- ment se comportent, vers le Nord, les deux failles de Ville- franche et d'Asprières; 2° comment se sont effectués les dépôts oligocènes ; 3° comment est dirigé le chenal de Mauriac dans sa partie méridionale ; 4° quelles sont ses relations de position et de direction avec la partie du bassin de Decazeville qui s'étend au Nord de la vallée du Lot, c’est-à-dire le bassin de Livinhac. 1° La carte annexée au mémoire de M. Thevenin sur la bordure sud-ouest du Massif Central, figure la faille de Villefranche avec un prolongement probable vers Maurs (Cantal), mais d’après la feuille géologique de Figeac, à 1/80 000, cette faille ne pourrait plus être observée au Nord de la route d'Asprières à Capdenac. 1. A. Taevexix. Études géologiques de la bordure sud-ouest du Plateau Cen- tral, 1903. Bull. Serv. Carte géol. France, n° 95, p. 22. 2, M. Bourse. Notice explicative de la feuille de Figeac, 1901. 3. GLaxGEAuD. Les régions volcaniques du Puy-de-Dôme, 1909, p. 129, 132, 133. 832 G. MOURET 19 Dée. Mes propres explorations m'ont permis de reconnaître qu'il n en est pas ainsi, et que la faille de Villefranche se prolonge au delà de la route, mais sans atteindre probablement la vallée du \\'oÀ HE ND ++ ( NAN \ + ++ PEAR \\ + in NA NAS +ou AAA + + Granite Granite normal à mica blane Granite à amphiboles ANS N NPA | & NN S D Schistes de l'Est == | 7 —4 M érolle 120 F 077 EMANS" gel. AAA AAA Schistes Terrain Terrain Terrains de houiller permien tertiaires l'Ouest F16. 1. — Carte géologique des environs pe Marrs (Cantal). — 1/425000 env. 1910 PROLONGEMENT DU HOUILLER DE MAURIAC 833 Lot. Elle sépare encore un lambeau de calcaire oligocène, lam- beau plus étendu que ne le figure la feuille géologique. Au delà, je n'ai plus observé d'indices de fracture ; il est donc possible que la faille s'arrête à l'extrémité nord du lambeau oligocène ; elle se raccorderait alors, en ce point, à une autre faille (faille passant par la station de Naussac), de telle sorte que le bassin effondré d’Asprières se terminerait par un coin très aigu, que forme la rencontre des failles de Villefranche et de Naussac!. Dans tous les cas, la faille de Villefranche n’atteint pas le massif compris entre les vallées du Lot et du Célé. Aucune des dislocations qu’on observe dans ce massif grâce à la présence des sables et calcaires oligocènes, ne peut être rattachée au pro- longement de la grande faille de Villefranche. Les unes sont dirigées NW.-SE., les autres NS. et toutes n'ont qu'une lon- gueur très limitée. Rien n’appuie, d’ailleurs, l'hypothèse que la faille de Ville- franche serait d’origine ancienne et qu'une de ses sections aurait rejoué dans les temps tertiaires ?. La faille de Viliefranche appar- tient au groupe des fractures qui se sont produites lors du der- nier mouvement général d’affaissement qui a déterminé la for- mation de la fosse tertiaire de l’Aquitaine ; ces fractures n'ont, d’ailleurs, guère pénétré à l'intérieur du Massif central. A cause de sa terminaison au Nord, et par son âge, la faille de Villefranche reste donc distincte des fractures que l'on suppose subordonnées à la zone de Mauriac. Malgré la communauté de direction générale, elle n’en peut être considérée comme le pro- longement. Reste la question de la faille d'Asprières. Boisse, cet excellent géologue, qui, le premier, paraît avoir reconnu l'existence de la faille de Villefranche, ne mentionne pas celle d’Asprières. Quoique sur la carte annexée à son mémoire‘, M. Bergeron ait confondu les deux failles de Villefranche et d’Asprières, dans son texte, cet auteur distingue bien deux fractures, car il fait remarquer que le massif granitique de Peyrusse est bordé par des mica-schistes à l'Ouest, et que le contact des deux terrains semble se faire par faille. 1. G. Mourer. Comptes rendus de la campagne 1901. Bull. Serv. Carte géol. France, n° 85, p.57. 2. G. Mourer. Comptes rendus de la campagne de 1903. Bul. Serv. Carte géol. France, n° 98, p. 63. 2, B. Boisse. Esquisse géologique du département de l'Aveyron, 1870, p. 159. 4. BerGenox. Étude géologique du massif ancien situé au Sud du Plateau Cen- tral, 1889, p. 259. 17 novembre #911. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 53. 834 G. MOURET 19 Déc. J'ai, en 1903, signalé la vraisemblance de cette supposition!, en appelant l’attention sur les caractères de la limite occidentale si nette, si régulière, et presque rectihigne du massif granitique homo- sène, auquel est accolée une zone très hétérogène de schistes plus ou moins métamorphisés. Cette limite est trop tranchée pour ne pas correspondre à une ligne de fracture peut-être antérieure à la for- mation du granite. Mais ce qui rend surtout l'existence d’une fracture probable c'est que la ligne en question se prolonge géométriquement, au Nord du massif granitique, par une faille évidente, que révèle une étroite zone de broyage qui sépare des terrains dont la dif- férence est accusée non seulement par le degré et la nature de leur métamorphisme, mais encore, autant qu'on peut en juger actuellement, par leur composition primitive. Cette faille a été figurée sur la feuille de Figeac, mais incom- plètement. Elle n'y est tracée, depuis Asprières, que jusqu'au village de Bouillac. En réalité, elle se prolonge bien au delà. A Bouillac, elle est très nette, et on peut la suivre plus au Nord presque vers la naissance du vallon, où son passage coïncide avec des filons de porphyrite. Sur le plateau elle est masquée par les dépôts sableux de l'Oligocène. Si, en deux ou trois points, à Guirande et autour du Mas-Roux, le substratum cristallin se trouve à découvert, le métamorphisme des schistes, leur altéra- tion et le peu d’étendue des affleurements visibles ne m'a pas permis, au cours d’une exploration, d’ailleurs assez sommaire, de reconnaître le passage exact de la faille. On peut cependant observer encore là une certaine différence de nature entre les schistes à l'Est, et les gneiss granitiques à l'Ouest, et il est d'autant plus probable que la faille se prolonge à travers le massif qui sépare la vallée du Célé de celle du Lot, que l’on retrouve la zone de broyage à la Darse, près du Triou- lou, sur la rive gauche du Célé et elle se poursuit avec les mêmes caractères sur la rive droite. Au passage de la vallée du Lot, la direction de la falle s'était infléchie vers le Nord ; au passage de la vallée du Célé se mani- feste une inflexion encore plus accentuée dans le même sens; la fille se dirige alors au NW. ainsi que le figurent les cartes annexées au Compte rendu de mes explorations de 1902?. Elle continue à séparer, mais plus nettement qu'au Sud, les schistes 1. G Mourer. Compte rendu de la Campagne de 1902. Bull. Serv. Carle géol. France, n° 91, p. 63. 2, G. Mocrer. Comptes rendus de la Campagne de 1902. Bull. Serv. Carle géol. France, n° 91, p. 63. 1910 PROLONGEMENT DU HOUILLER DE MAURIAC 835 sériciteux de composition très uniforme de la région orientale, des schistes micacés acides, avec intercalations basiques, de la région occidentale. Jalonnée plus loin par la serpentine de Para- melle, et par les filons de quartz de Terrou, elle se prolonge, au Nord-Ouest, sur la feuille de Mauriac, puis sur celles de Brive et de Tulle où je lui ai donné le nom de faille d'Argentat". Ainsi done la faille ancienne d'Asprières, pas plus que la faille récente de Villefranche, ne se prolonge dans la direction du chenal de Mauriac. En s’infléchissant, à partir des vallées du Lot et du Célé, dans la direction du Nord-Ouest, la faille d’Asprières épouse la direction des schistes anciens ; elle n’est que la suite du grand accident qui, depuis Eymoutiers et peut-être même Bourganeuf, sépare du massif granitique central, le plateau gneis- sique du Limousin. convient de noter que ni l’une ni l’autre des deux failles, j'insisterai sur ce point plus loin, ne se trouvent exactement dans le prolongement géométrique du chenal de Mauriac. Elles sont seulement parallèles à la direction générale de la zone, mais ce fait ne peut servir, à lui seul, à établir une connexion directe entre les deux accidents et la raison principale de penser que le chenal se prolonge vers Asprières, disparait. 2° Si les raisons tirées de la direction ne peuvent suffire, peut- être serait-on tenté d'invoquer l'hypothèse faite par M. Glan- geaud, qu'au chenal houiller de Mauriac se serait superposé un chenal oligocène qui, depuis le bassin de Pontaumur, s'étendrait jusqu'aux lacs de Mauriac et d'Aurillac?. Dans cet ordre d'idées, les bassins de Saint-Santin et d'Asprières devraient être rattachés à ce chenal oligocène, et par conséquent le chenal houiller lui- même se continuerait bien par Asprières. Mais comme l’a fait remarquer M. Boule * les'affleurements oligocènes, très restreints et souvent délimités par des failles, ne sont pas en rapport, quant à l'étendue, avec les bassins de sédi- mentation, lesquels ont dû couvrir de vastes espaces. Dans la région ici envisagée (feuille de Figeac), les dépôts en question s'étendent, au NW. jusqu'au Montet, à l'Est jusque Campuac, à l'Ouest sur toute l'étendue des Causses. On ne saurait donc là parler de chenal oligocène. IT est, d’ailleurs, à prévoir que les 1. Cette faille n'est figurée ni complètement, ni exactement sur la deuxième édition de la carte au millionième. Pour la partie au Nord du Célé, jusqu'à Trei- gnac, on en trouvera le tracé d'ensemble plus exact sur la carte annexée à mon mémoire sur la géologie de la partie sud-ouest du Plateau Central. 2. GLANGEAUD. Op. cit, p. 7 et 132. 3. M, Boure. Notice explicative de la feuille de Figeac. 836 G. MOURET 19 Déc. étroits bassins de sédimentation de la période stéphanienne, creusés dans un massif montagneux, ne peuvent avoir de rapports bien déterminés de position avec les bassins oligocènes, formés à la surface d'une sorte de plateau ou de pénéplaine. L'argument tiré de l'orientation du groupe des bassins oligo- cènes fait done défaut, et l’on ne saurait davantage invoquer la direction des fractures qui découpent le bassin de Maurs. Les unes sont dirigées du Nord-Ouest au Sud-Est, et d’autres, diri- gées, 1l est vrai, du Nord au Sud, sontsubordonnées aux premières et ne se rattachent pas à la faille de Villefranche. Toutes sont d'ailleurs d’étendue limitée, je l'ai déjà fait observer. En résumé, qu'on se place au point de vue de la continuité, qu'on veuille tenir compte dela direction, ou que l’on envisage les accidents de la période oligocène, on ne trouve aucune raison bien déterminante de chercher le‘prolongement du chenal de Mau- riac dans la direction d’Asprières ou de Najac. 3° J'ai déjà eu l’occasion, à diverses reprises !, d'indiquer que ce prolongement, s'il a existé, devait être orienté dans la direction du bassin de Decazeville. Il y a des motifs pour conjecturer cette direction, malgré l’absence, au Sud des dépôts de Saint-Mamet, d'autres dépôts houillers ou de toute trace apparente de frac- tures du massif cristallin. Les dépôts de Saint-Mamet, qui oceupent l'extrémité sud du grand chenal houiller, ont été décrits avec quelque détail par M. Boule ?. Composés de grès, de poudingues, et de nappes éruptives andésitiques ou trachytiques, ils sont laminés et pincés dans les schistes. Ceux-ci n'occupent qu'une étroite bande, comprise entre deux massifs de granite. Très resserrée vers Pers, cette bande s'élar- git graduellement au Sud, et les massifs de granite disparaissent avant d'atteindre Maurs et la vallée du Célé. Le dépôt houiller le plus méridional du groupe de Saint- Mamet est situé près du hameau de Messermon, sur le faîte qui sépare le bassin de la Cère de celui du Célé. Plus au Sud, M. Boule n'a observé aucune trace d'affleurements de grès houillers ou de nappes porphyriques. Cependant la direction du chenal reste apparente, et bien marquée par la limite orientale si régulière du massif granitique de Sant-Mamet, limite jalonnée par des filons de porphyrite. 1. G. Mourer. Bassin houiller et permien de Brive, 1891, p. 24, et pl. 1, fig. 4. — Remarques sur la géologie des terrains anciens du Plateau Central, 1898, op. cil., p. 602, 603. — Comptes rendus de la Campagne 1903. Bull. Serv. Carte géol. France, 1904, 110, p. 60. 2. M. Bourse. Géologie des environs d'Aurillac, 1900, p. 10. 1910 PROLONGEMENT DU HOUILLER DE MAURIAC 837 Elle est également marquée, du côté de l'Ouest, par une étroite traînée de granite, et de schistes granitisés, qui s'étend de Rouziers à Quézac, et qui peut être considérée comme une apophyse concentrique du massif granitique de Roumégoux. Cette direction, qui est d’ailleurs celle de la bande schisteuse sur laquelle reposent, au Nord, les dépôts houillers de Miécaze et de Messermon, est exactement nord-sud. Le chenal de Mauriac, qui jamais ne se sépare des schistes, se trouve done nettement orienté, vers le Sud, dans la direction du bassin de Decazeville, et non pas dans celle d’Asprières. 4° La direction générale du bassin de Decazeville est celle du NNW. au SSE., et M. Bergeron était, pour ce motif, primitivement disposé à prolonger ce bassin par celui de Saint- Perdoux ‘. De même sur la carte annexée à la note que Marcel Bertrand a publiée, en 1888, au sujet de l’âge et de la dispo- sition des bassins houillers du Plateau Central, le bassin de Decazeville est figuré avec une direction semblable, et rattaché, pour sa formation, aux plissements du bord sud-ouest du Pla- teau Central ?. Mais à la suite d’une étude plus approfondie*, M. Bergeron a été conduit à admettre que peut-être le « chéneau » dans lequel se sont déposés les sédiments houillers de Decazeville se pro- longe, au Nord, du côté du bassin de Saint-Sernin |Saint-Santin|. A l'examen de la carte géologique à 1/80 000, on constatera, en effet, que dans la partie située au Nord de la vallée du Lot, le bassin de Decazeville n'a plus qu'une très faible largeur, et tend à prendre une direction nord-sud, avec des caractères qui rappellent ceux du chenal de Mauriac. Non seulement la direc- tion est la même, mais si on la prolonge géométriquement, elle aboutit à la partie sud de ce chenal. De plus, la composition des dépôts est sensiblement la même dans la partie sud du chenal de Mauriac et dans la partie nord du bassin de Decazeville ou bassin de Livinhac : grès et schistes houillers associés à des tufs et à des nappes de roches éruptives. M. Boule rapproche les gisements « d'orthophyres » de Saint-Mamet des importants gisements porphyritiques de Decazeville *. 1. BerGerox. Étude géologique du massif ancien situé au sud du Plateau Cen- tral, 1889, p. 198. 2, J'avais exprimé primitivement lamême opinion. Comptes rendus de la Cam- pagne de 1898. Bull. Serv. Carte géol. France, n° 69, p. 56. 3. BERGEROX. Étude géologique du bassin houiller de Decazeville, 1900, Bull. Soc. géol. Fr., (3), t. XX VIII, 1900, p. 727. 4. M. Bouze. Comptes rendus de la Campagne de 1899. Bull. Serv. Carte géol. France, n° 73, p. 35. 838 G. MOURET - 149 Déc. Il y a donc des raisons très sérieuses de considérer le bassin de Livinhac comme le prolongement et l’aboutissant du chenal de Mauriac !, à supposer que le chenal en question ait eu un prolongement. Ce qui empêche de conclure avec certitude à un prolongement, c'est l'existence d'une lacune entre les deux bassins. Les affleu- rements houillers du bassin de Livinhac disparaissent, au Nord, à la ferme de Latapie, sous le manteau des sables et argiles oli- gocènes. J'ai bien observé, encore plus loin au Nord, dans le fond d'une petite dépression située sur le plateau, au Sud-Est de Saint-Santin, un affleurement très réduit de la coulée andésitique, qui occupe le bord oriental du Houiller de Livinhac, mais au delà et jusqu'à la vallée du Célé, les dépôts oligocènes masquent entièrement le substratum. Vers le Célé, les schistes reparaissent, mais on n'observe plus aucune trace du terrain houiller, et seulement des filons d'une roche déterminée par M. Boule comme porphyre à quartz glo- bulaire (d'origine secondaire) et des filons de porphyrite. Or les lilons de porphyre, sans doute d'âge houiller, ne se trouvent pas tous strictement cantonnés dans l’étendue des bassins houillers, et l’on ne peut conclure de leur présence à l'existence ancienne de sédiments houillers. La continuité des dépôts demeure donc douteuse. Il est remarquable qu'il existe aussi, dans la région, une lacune au Sud d'un autre chenal, celui des dépôts houillers qui accompagnent la faille d’'Argentat?. Ces dépôts, au Sud d’Argen- tal, pincés dans les schistes anciens, se présentent sensiblement avec la même allure que celle des dépôts de Saint-Mamet, mais sans être associés à des produits éruptifs. Les dépôts les plus méridionaux de cette série sobservent près de la ferme ou hameau de Lascépèdes * ; ils sont, là, accrochés aux flanes escarpés d'un affluent de la Bave. Or, ils se tiennent sur un parallèle bien voi- sin de celui de Saint-Mamet, et ce n’est que plus loin, au Sud, qu'est situé le bassin de Saint-Perdoux, aboutissant possible du chenal d'Argentat, ou partie élargie de ce chenal *. 1. M. Boule, dans une note déjà ancienne, paraissait partager cette manière de voir, en faisant mention de la dépression houillère « Decazeville-Commentry ». Comptes rendus de la Campagne de 1896, Bull. Serv. Carte géol. France, n°59, p. 56. 2. G. Mourer, Bassins houillers et permiens de Brive, 1891, p. 21. 3. G. Mourer. Comptes rendus de la campagne de 1898. Bull. Serv. Carte géol. France, n° 69, p. 36. 4. Le bassin de Saint-Perdoux paraît être un bassin intérieur, plutôt que lit- Loral ; il est douteux qu'il y ait eu, comme il y a eu, à Decazeville, à Cublac, ete., une communication avec les fosses comblées plus tard par les sédiments permiens, 1910 PROLONGEMENT DU HOUILLER DE MAURIAC 831 Ces lacunes observées dans les affleurements sont-elles sim- plement le résultat des érosions post-stéphaniennes, ou sont- elles primitives, et dues à l'existence d’un faîte qui aurait séparé les bassins littoraux des chenaux de l'intérieur du Plateau, c’est ce qu'il est impossible, pour le moment, de décider. Mais, silny a pas eu continuité de dépôts, s’il existait des seuils, cependant, en tant qu'accidents topographiques liés aux fractures et aux plissements du massif cristallin, les bassins en question devaient constituer l’aboutissant des chenaux. Je ferai remarquer, en terminant, que la faille d’Argentat- Asprières ne se soude pas à la zone des fractures de Mauriac, contrairement à ce que j'avais autrefois supposé ! ; les deux directions qui me semblaient converger vers un même point se rapprochent graduellement, mais sans se rencontrer. A la hauteur de Bagnac, leur écartement, qui est minimum, atteint encore quatre kilomètres. Au Sud de Bagnac, dans la traversée du massif schisteux qui sépare les vallées du Célé et du Lot, les deux directions sont paral- lèles. A partir de la vallée de Lot, je l'ai déjà fait remarquer, les schistes cristallins situés à l'Ouest de la faille d'Argentat changent de direction. Il en est de même des schistes situés à l'Est du prolongement de la zone de Mauriac, ainsi qu'il résulte des relevés de M. Boule. La petite carte annexée à cette note montre combien l'allure des terrains anciens est différente de part et d'autre des zones que j'envisage. A l'Ouest, la direction des plissements, d'abord NW.-SE. devient, quand on se dirige vers le Sud, NNE.-SSW., dessinant ainsi une courbe dont la convexité adoucie est tournée vers l'Est. A l'Est, la direction des plissements, d'abord NE., change assez brusquement et s’infléchit vers le SE. et l'Est, puis, dans l'Est du Plateau Central, elle prend franchement la direction varisque. La courbe que dessinent ces plissements présente donc un angle saillant presque aigu, du côté de l'Ouest. Le massif schisteux qui sépare la vallée du Lot de celle du Célé, sur le méridien de Maurs, est donc, en quelque sorte, écrasé entre deux chaines de plissements qui semblent s'opposer l’une à l'autre. 1. G. Mourer. Remarques sur la Géologie des terrains. anciens du Plateau Central de la France. B.S.G.F., (3), XXVI, p. 601. LEs BRYOZOAIRES FOSSILES DES TERRAINS DU SUD-OUEST DE LA FRANCE PAR F. Canu. Prancxes XVI-XIX. LUTÉTIEN !. M. Linder a envoyé à l'École des Mines les Bryozoaires récol- tés dans le sondage de Bruges (Gironde) à 163 m. de profondeur. Sur les trente-quatre espèces classées, il y en a dix-sept qui appartiennent au Bassin de Paris. Les quelques espèces nou- velles seront décrites plus tard. Onychocella angulosa Reuss. Heterocella polymorpha Caxv. Le fragilis DErRANCE. Smillipora fragilis D'OrBIGNY. Cribilina chelys Koscnnsky. T'ubucellaria mamillaris Maine Epwarps. Fedora dactylus »'OrBIGNY. Hippoporina subcharlacea D'ARCH. —_ porosa GoTrARpI. Porella reqularis Reuss. Peristomella alifera Reuss. Schizoporella geminipora Max- Retepora Beantana Kixc. Filisparsanummulitorum »'Onrsr- GNY. Filisparsa typica Rauss. Lichenopora grignonensis Mrixe- EpwaRps. — Defranciana Micue- LIN. _ turbinata DEFRANCE. = ereclta D'ORBIGNY. Idmonea milneana D'OrBIGNY Idmonea coronopus Mirxe-En- WARDS. Hornera hippolythus DEFRANCE. ZONI, 22 crispa DEFRANCE. VI. BARTONIEN. J'ai disposé de la collection Pratt conservée à l'École des Mines et des matériaux que M. Détroyat a bien voulu m'envoyer il y a quelques années. Ces matériaux proviennent des couches 7 (Lutécien supérieur) et 8 (Auversien) de Léon Bertrand. Cette dernière est de beaucoup la plus riche. Les spécimens de l'Ecole des Mines ont été récoltés : 1° au rocher de la Goureppe : Lutécien supérieur. 1. Voir: B.S.G.F., (4), VI, 1906: (4), VIII, 1908, p. 382 et suivantes; (4), IX, 1909, p. 442 et suivantes. 1910 BRYOZOAIRES DU SUD-OUEST DE LA FRANCE S41 20 à la côte des Basques : Bartonien inférieur de M. Henri Douvillé. 3° au phare de Biarritz : Bartonien supérieur de M. Henri Douvillé. Le terme d’Auversien tend de plus en plus à être adopté pour le Bartonien inférieur : Je l'ai admis aussi. Mais pour le Barto- nien supérieur, je conserve toujours le terme de Priabonien que jaiemployé dans toutes mes publications antérieures. Les couches à Bryozoaires du Vicentin sont d'une richesse inouïe : elles four- nissent done un excellent terme de comparaison. D'ailleurs dans le même étage se classent Latdorf en Allemagne, Koloswar en Transylvanie, Wola Luzanska en Galicie, Bude en Hongrie, Gaas sur notre propre territoire. La faune auversienne est à peine connue. J'ai cité quelques espèces dans mon Mémoire sur les environs de Paris et Reuss en a cité une dizaine d’Oberburg en Stvrie. Les riches couches de Biarritz à la côte des Basques nous révèlent done cette faune intéressante. [1 y a environ 60 espèces : nous en publions aujour- d'hui 25. BIBLIOGRAPHIE La bibliographie bartonienne est assez pauvre. Je la donne com- plète ici. Les indications bibliographiques du corps de l'ouvrage seront toujours données en abrégé pour éviter les répétitions inutiles. 1846. n'Arcarac. Description des fossiles recueillis par M. Thorent dans les couches nummulitiques des environs de Bayonne. Mémoires de la Société géologique de France, 2° série, vol. IF, p. 180. 1847. D'Arcaiac. Description des fossiles du groupe nummulitique recueil- lis par MM. Pratt et Delbos aux environs de Bayonne et Dax. Mém. de la Société géologique de France, ?® série, vol. IF, p. #13. 1847. A.-E. Reuss. Die fossilen Polyparien des Wiener Tertiärbeckens. Haidinger’s naturwissenschaftliche Abhandlungen, H, Wien, 410. 1862, F. Sroriczxa. Oligocane Bryozoen von Laldorf in Bernburg. Sifzungs- beritchte der R. Akademie der Wissenschaften, Wien, 8°. 1864. A.-E. Reuss. Die fossilen Foraminiferen, Anthozoen und Bryozoen von Oberburg in Steiermark. Denkschriften der k. Akademie der Wissenschaften, Wien, XXIII, 4°. 1869. A.-E. Reuss. Paläontologische Studien über die älteren Tertiärs- chichten der Alpen. Sifzungsberitchte der k. Akademie der Wis- senschaften, Wien, LVTIT. 4869. A.-E. Reuss. Zur fossilen Fauna der Oligocänschichten von Gaas. Sitzungsberitche der k. Akademie der Wissenschaften, Wien, LIX, ce 4887, En. PerGexs. Note préliminaire sur les Bryozoaires fossiles des environs de Kolosvar. Bullelin des séances de la Sociélé Royale Malacologique de Belgique, XXII, pp. 33-37, D 842 F. CANU 19 Déc. 1889. En. PerGens. Zur fossilen Bryozoenfauna von Wola Lu’zanska. Bulletin de la Société belge de Géologie, HT, Mémoires, pp. 59-72. 1891. A. W. Waters. North-ftalian Bryozoa, Quaterly Journal of the Geological Society, vol. XLVIT, vol. XLVIIT. 1896. En. PerGEens. Bryozoaires des environs de Buda. Bullelin de la Sociélé belge de Géologie, X, Mémoires, pp. 359-368, 1907-1910. F. Canu. Bryozoaires des terrains tertiaires des environs de Paris. Annales de Paléontologie, I, HT, IV, V, Paris, #10. MEMBRANIPORA QUADRIFASCIALIS n. sp. PL. XVI, fig. 1. Diagnose. — Zoarium libre, érigé, vincularioïde, bifurqué, pourvu de quatre faces monocellulaires opposées deux à deux. — Zoécies peu distinctes ; cadre mince arrondi; opésie antérieure, allongée, elliptique. ARE ( ho — 0,25-0,29. pesie | 10 — 0.125-0,145. Rameau : ! — 9,42-0,63. Affinités. — Ce n'est pas Biflustra macrostoma Reuss [Tert. Alp., p. 274, pl. 33, fig. 12, 13] qui a plus de quatre rangées zoéciales. Localité. — Auversien de Biarritz (coll. Canu). MEMBRANIPORA BIARRITZIANA N. Sp. PL. XVI, fig. 2. Diagnose.— Zoarium libre, érigé, formé de deu x lamelles cellu- laires adossées (Biflustra). — Zoëécies distinctes séparées par une carène peu visible, très allongées, elliptiques; cadre épais, rond, plongeant vers l'intérieur, opésie antérieure, enfoncée, elliptique, étroite. Deux avicellaires ectocystaux très saillants, circulaires ou ovales. EE L7:=210,50:0;55 FA ho — 0,25. zoge moe CHEN ee Localité. — Lutécien sup'rieur de La Goureppe. L'original est à l'Ecole des Mines dans la gangue de Pustulopora Labati. HETEROCELLA FRAGILIS DEFRANCE, 1829. 1820. Vincularia fragilis Derrance. Dict. Sc. nat.,t. LVIIT, p. 214, pl, 5 45, fig. 3. 1907. Heterocella fragilis. Canu. Paris, p. 14, pl. 2, fig, 4-10, 1910 BRYOZOAIRES DU SUD-OUEST DE LA FRANCE 843 Localité. — Auversien de Biarritz (coll. Canu). Lutécien de Bruges (Gironde) (Ecole des Mines). Distribution géologique. — Lutécien des environs de Paris et d'Orglandes. LUNULITES ANDROSACES MicueLotrr, 1838. Pr, VI fie. 115 19,13; 1838. Lunulites androsaces Micuezorri. Description des fossiles, des ter- rains miocènes de l'Italie septentrionale, 4°, p.53, pl.2, fig. 2. 1847. Lunulites androsaces. MicueLiN. Icon. Zooph., p. 75, pl. 15, fig. 6. 4855. Lunuliles androsaces. Reuss. Beiträge zur Charakteristik des Ter- tiärschichten des nürdlichen und mittleren Deutschands. Sitzungs- berichte der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften, Wien, 4°, XVIIL, p. 260, pl. 11, fig. 107. 1869. Lunulites androsaces. Manzonr. Briozoi fossili italiani, 1* contr. Sitzungsberichte der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften, Wien, 8°, LIX, p.12, pl..11, fig. 18. 1877. Lunulites androsaces. Maxzont I. Briozoi fossili del Miocene d’Aus- tria ed Ungheria, Il. Denkschriflen der math. nalur. Classe der k. Akademie der Wissenschaften, Wien, 4°, XXXVIT, p. 73, pl. 1, he 0 1: Quelques bonnes figures ontété publiées de cette espèce : notre détermination est rigoureuse. Je crois bien que Lunulites punc- lata LevueriE!, dont je n'ai pas encore eu de bons spécimens, est identique. Localité. — Le spécimen de l'École des Mines est simplement marqué : Biarritz. Il n’est pas indiqué de la collection Pratt. Son origine est inconnue mais, comme il est bon, J'ai cru devoir le figurer. Distribution géologique. — Tongrien d'Italie (Nev.). Stampien et Aquitanien d'Allemagne (Rss.). Helvétien d'Italie (Mz., Nev.). Tortonien d'Italie (Seg.), d'Autriche-Hongrie (Mz.). Plaisancien d'Italie (Mz.). Astien d'Italie (Ner.). LUNULITES URCEOLATA CuviER, 1822. PL. XVI, fig. 9, 10. 1846. Lunulites urceolata. D'Arcnrac Thorent. Mém. Soc. qg. F., (3), H, pe 600! £ 1907. Lunulites urceolata. Canu Paris, p. 26, pl. 4, fig. 4-8. D'Archiac avait des doutes sur sa détermination. Le spécimen que j'ai trouvé à l'Ecole des Mines n'est pas très bon, il est éti- 4, Voir 2° partie, p. 388, pl. 7, fig, 13, 14, 15. 84% F. CANU 49 Déc, queté de la main de d'Archiac et ne porte pas d'indication exacte sur le gisement. Notre figure indique que la détermination primitive était bonne, Distribution géologique. — Yprésien des environs de Paris (Canu). Lutécien des environs de Paris et de Belgique (Mich.). ONYCHOGELLA ANGULOSA Reuss, 1847. Fæ QO Æ> (en) Eschara subpyriformis. D’'Arcurac. Thorent, Mém. Soc. géol. F., (2), Ip 495%pl°0 net 1869. Membranipora angulosa Reuss. Gaas, p. 25. 1906. Onychocella angulosa. Canu. Les Bryozoaires fossiles des Terrains Sud-Ouest de la France, I, B. S: géol. F, 4e série, t. VI, p.543, pl 402 fors 1907. Onychocella angulosa. Canu. Paris, p. 21. Je n'ai pas retrouvé l'original de d’Archiac. Sa figure et sa description ne laissent aucun doute sur l'exactitude de la déter- mination. Les onychocellaires, notamment, sont pour lui « des cellules souvent déformées, fort petites et triangulaures. | Nous rappelons que la lèvre inférieure de l'ouverture (opésie) est sinueuse et irrégulièrementéchancrée latéralement. Ces échan- crures laissent passer les muscles rétracteurs de l’opercule chi- lineuse qui bouche l’opésie. Localités. — D'Archiac cite ce fossile du rocher de la Gou- reppe (Lutécien supérieur). Je l'ai aussi du même niveau. Dans notre bassin, il existe encore dans le Lutécien de Bruges(Gironde), dans le Priabonien de Gaas, dans l'Aquitanien de Sarcignan- Madeire. Distribution géologique. — Partout, depuis le Lutécien. Au même étage : Auversien d'Oberburg en Styrie (Rss.). Priabonien du Vicentin (Rss. Waters), de Wola Lu’zanska en Galicie(Perg.), et de Koloswar en Transylvanie (Perg.). Habitat: — Atlantique. Méditerranée. Zones chaudes. MicrOPORA IMPRESSA Mozz, 1803. PL. XVI, fig. 6. 1847. Eschara nobilis Micuerix. Iconog. Zooph., p. 329, pl. 79, fig. 1. 1847. Eschara nobilis v'Arcnrac. Collection Pratt. Mém. Soc. géol. Fr. (2°), vol. III, p. 410. 4847. Flustra glomerata »’Arcurac. B. S, g. Fr., (2°), vol. X, p. 1010. 1910 BRŸOZOAIÏIRES DÜ SUD-OUEST DE LA FRANCE 62] DS QE D'Archiac n'est pas très certain de sa détermination : la figure de Michelin n'indique pas, notamment, une frontale poreuse. Le spécimen de l'Ecole des Mines est Micropora impressa Mocr, cette espèce actuellement si commune dans la Méditer- ranée. Les synonymies données de cette espèce sont absolument fausses. Le niveau exact n'est pas indiqué par d'Archiac : il n'existe pas non plus sur le spécimen de la collection Pratt. MICROPORA CORIACEA KSpER. 1869. Membranipora gracilis Reuss. Tert. Alpen, p. 291, pl. 29, fig. 13. 1891. Micropora coriacea WVarers. North-Italian Bryozoa, p. 13, pl. 2, fig. 9. J'ai trouvé cette espèce à l'École des Mines sur l'original de Eschara ampulla qui ne porte pas d'indication spéciale de niveau. La gangue est blanche. J'ai relevé les mesures suivantes : Lz=—=:0:50: Loécie RU Ones h lz = 0,30. pes lo — 0,12. Elles s'accordent rigoureusement avec celles des spécimens actuels. Elles ne s'accordent pas avec l'espèce très voisine Micro- pora gracilis Reuss [partie I, pl. 12, fig. 10] qui est plus longue et moins large. Localité. — Biarritz. Distribution géologique. — Priabonien du Vicentin (Rss., Waters). Silicien d'Italie (Nev.). Quaternaire d'Italie (Nev.). Habitat. — Atlantique: Floride, Açores, Madeire, France. Angleterre. Océan antarctique. Méditerranée. MICROPORA ERECTA n. sp. Pi. XVI, fig: 4. Diagnose. — Zoarium libre, érigé vincularioïdes, bifurqué, pourvu de quatre faces monocellulaires opposées deux à deux. Zoëcies grandes, allongées, rectangulaires, arrondies en avant, séparées par un sillon; cadre rond lisse: cryptocyste ponctué, plan, peu enfoncé, opésie rétrécie latéralement par deux denticules la partageant en un anter et un poster subégaux. Opésiules petites, assez éloignéee de l’opésie, à la base de la partie ascendante du cryptocyste. 846 F. CANU 19 Déc. Cette espèce est bien caractérisée par son zoarium libre et branchu, ce qui est très rare dans les Microporidæ, et par la forme spéciale de son opésie. Les opésiules servent au passage de fibres spéciales qui s’at- tachent à l’ectocyste chitineux recouvrant la zoécie. Entre cet ectocyste et le cryptocyste calcifié se trouve une espèce de chambre ou hypostège qui est l'appareil hydrostatique de l’ani- mal. Localité. — Auversien de Biarritz (coll. Canu). BACTRIDIUM LABIATUM D. SP. PL. XVI, fig. 7.8. Diagnose.— Zoarium articulé formé de segments unilamellaures de huit zgécies. Zoécies distinctes, séparées par un cadre saillant et comniun, un peu allongées, élargies en avant, rétrécies en arrière ; cryptocyste un peu convexe, orné de quatre rangées longitudinales de gros pores, remontant vers l'orifice dont 1l forme la lèvre saillante ; apertura (?) terminale, irrégulière ayant un anter arrondi et uu poster convexe très saillant. Un petit vibracellaire constant est placé à l’angle supérieur et extérieur de chaque zoécie, au-dessus de l’orifice. Sur la dorsale les zoécies sont visibles et figurées par une surface poreuse entourée d'un cadre saillant et lisse. Le genre Bactridium est propre au Lutécien et au Bartonien (Auversien et Priabonien). Il paraît plus fréquent dans ce der- nier étage. Son organisation n'est pas connue car le vivant ne présente pas de genres analogues. Par sa petitesse et sa fragilité il échappe facilement aux recherches. Localité. — Auversien de Biarritz (coll. Canu. C'RIBRILINA BIARRITZENSIS N. SP. Pr. XVI, fig. 5. Diagnose. — Zoarium libre, bilamellaire, à lames adossées. Zoé- cies grandes, distinctes, séparées par des kenozoécies variables, allongées, fusiformes: costules assez larges, présentant une per- foration à leur base, séparées par des espaces linéaires sur les marges zoéciales et ponetuées vers l'axe longitudinal; opésie transverse, terminale, saillante, ayant un anter semilunaire et un poster droit ou convexe. Deux avicellaires saillants, tout près de l’opésie à droite et à gauche. rare Let—=:0; 68-089 Milk o==10;06 PS AE 0 000 Opésie À 9 — 0,12. 1910 BRYOZOAIRES DU SUD-OUEST DE LA FRANCE 847 Affinités. — Levinsen a appelé kénozoécies toutes les cellules irrégulières n'ayant ni polypide ni opercule. Elles sont de diffé- rentes natures. C'est ainsi que les petits espaces triangulaires ou linéaires qui séparent les zoécies de notre espèce sont des kenozoécies. Cribilina chelys Koscixsky, des couches du Vicentin (In Reuss. Tert. Alp., p. 292, pl. 30, fig. 9) est aussi pourvue de kénozoécies. Mais elles sont plus petites, plus irrégulières, remplacées souvent par des avicellaires. D'ailleurs cette espèce est rampante et ses dimensions micrométriques sont beaucoup plus petites. Localité. — Auversien de Biarritz (coll. Canu). PORINA (?) CONTORTA n. sp. PL. XVII, fig..2. Diagnose. — Zoarium libre, cylindrique, présentant des bour- relets concentriques. Zoëcies indistinctes à surface aréolée : aper- tura saillante, orbiculaire, quelquefois un ascopore placé entre deux orifices. Affinités. Escharella celleporacea Müxsrer! a le même aspect zoarial, mais les orifices sont beaucoup plus rapprochés et plus grands. Porina est un mauvais genre dans lequel nous rangeons les espèces pourvues d'un ascopore que nous ne pouvons pas ranger autre part. Levinsen a appelé ascopore ce que nous appelions jadis micro- pore. C'est l'ouverture de la compensatrice dans les espèces pourvues d'une péristomie plus ou moins grande. Localité. — Auversien de Biarritz (coll. Canu). P ORINA (?) MAMILLATA D'ArcHIAC, 1846. PL. XVIL, fig. 7,8, 9. 1846. Pustulopora mamillala n'Arcurac. Coll. Thorent. Mém. Soc, géol. Pre ARS) Al p494/"pl-55fig:09: Diagnose de d'Archiac. — Polypier rameux, déprimé ou sub- cylindrique, composé d'une double rangée de loges rayonnantes s'appuyant contre une cloison médiane. Les loges s’ouvrant à l'extérieur par un trou rond, saillant, placé au sommet d'un 1. In An, Rosuer. Die Polyparien des Norddeutschen Tertiar-Gebirges. Palæontographica, vol. IX, Cassel, 1863, p. 208 (10), pl. 1, fig. 19. 848 F. CANT 149 Déc. tubercule arrondi et mamelonné. Quelqueïfois ces trous sont géminés sur le même tubercule ; ces derniers sont irrégulièrement épars à la surface du Polypien, dont le test offre une structure ae et celluleuse très prononcée. Affinités. — Les trous géminés sont constitués par un péris- tomice et vraisemblablement un ascopore. Cependant je dois avouer que le nombre des spécimens que je possède est trop res- treint pour me permettre de faire des coupes et d’élucider la nature de ce dernier petit pore. Il ne faut pas confondre cette espèce avec Tubucellaria mamil- laris Mizxe-Enwarps dont le micropore est toujours très éloigné du péristomice. D'Archiac s'était totalement trompé sur la nature de ce fos- sile en le rangeant dans les Cyclostomes. Localités. — Lutécien supérieur de la Goureppe (d'Arch.). Auversien de Biarritz (coll. Canu). L'original n’existe plus à l'Ecole des Mines. TUBUCELLARIA MAMILLARIS Mixe-Epwarps, 1836. PL. XVII, fig. 1 1906. Tubucellaria mamillaris. CaAnu. Les Bryozoaires fossiles des Ter- rains Sud-Ouest de la France, I, B. S. G.F., (4), VI, p. 545, PlRIr, no 414 1907. Tubucellaria mamillaris. Canu, Paris, p. 74, pl. 1x, fig. 3-6. Affinités.— II ne faut pas confondre cette espèce avec Eschara varians Rss. La péristomiale de ce dernier est poreuse et non lisse, et les génésies n’en sont pas connues. Je crois en avoir quelques spécimens du Lutécien supérieur : : cependant ils nesont pas assez bien conservés pour que je puisse me montrer très affirmatif. Localités. — Auversien de Biarritz (coll. Canu). Aquitanien de Sarcignan-Madeire Distribution géologique. — Lutécien des environs de Paris et d'Orglandes (Canu). Auversien d'Oberburg (Rss). Priabonien de Latdorf (Roemer) et de Calbe (Rss.). PorICELLA LEYMERIANA Micuenin, 1845. 1845. Eschara Leymeriana. Micneuin Icon. Zooph., p. 278, pl. 63, fig. 17. 1907. Poricella Sutneri, Canu. Paris, p. #7, pl. 9, fig. 1. 1908. Poricella Sutneri. Caxu. Sud-Ouest, II, p. 388, pl. vi, fig. 7. re D 1910 BRYOZOAIRES DU SUD-OUEST DE LA FRANCE : Le grossissement de la figure de Michelin n’est pas suflisant pour établir les principaux caractères de l'espèce. Mais par l'aspect général et par l'allure du zoarium, 1l est incontestable que la figure de Michelin représente bien cette petite espèce si commune à la base du Lutécien aussi bien dans le Bassin de Paris que dans celui de Bordeaux. Michelin la cite de Biarritz : jen doute. \ SMITTIA AVICULIFERA D. Sp: PL XVIIIe 1202 #3; 9 1847. Eschara monilifera n'Arcurac. Coll. Pratt. Mém. Soc. géol. Fr., (2), III, p. 409. Diagnose. — Zoarium libre, branchu, bilamellaire. Zoécies grandes, distinctes séparées par un cadre commun très saillant, entourées d'une ligne particulière de gros pores; aperlura termi- nale, placée au fond d’une petite péristomie très irrégulière ; avicellaire ovale, allongé, droit, médian, placé juste au-dessous de l’apertura. Un certain nombre de zoécies portent sur leur frontale un énorme avicellaire transverse, très saillant, formé de deux grandes ouvertures suivant la coutume. Variations. — D'Archiac avait des doutes sur sa détermina- tion pensant que le spécimen était mal conservé. Or il ne l’est pas du tout et il est très suffisant pour la photographie. Ce n’est pas évidemment Æschara monilifera Miixe-Ebwarps: c'est une espèce bien distincte. D'abord l'irrégularité de l’orifice provient de ce que l’opercule ne s'appliquant pas sur sa partie extérieure, mais au fond de la péristomie, il constitue un péristomice. Pour vérifier la forme vraie de l’orifice, il faudrait le regarder par l’intérieur après usure d'une face, travail que je n'ai pu faire pour ne pas compromettre l'unique spécimen de l'Ecole des Mines. L'avicellaire oral est très variable de grandeur, sa partie anté- rieure parait très fragile, elle’ se brise facilement et les deux ouvertures se confondent en une seule. La caractéristique de cette espèce est donnée par les énormes avicellaires frontaux qui sont vraiment les géants du genre : jamais Je n’en ai observé d'aussi formidables. Ainsi armée cette bête devait être très vorace. Localité. — Biarritz (Ecole des Mines) sans indication spéciale de niveau. 18 janvier 1912 Bull. Soc. géol. Fr. X. — 51. S50 F. CANU 19 Déc. SMITTIA SEXTAPUNCTA nn? SP. Pr. XVII, fig. 5. Diagnose. — Zoarium encroûtant. Zoécies grandes, allongées, distinctes, séparées par un cadre commun saullant, entourées de six énormes pores: péristomice sallant subrond ; péristomie peu profonde portant quelquefois un avicellaire dans la partie infé- rieure, au-dessus du poster. — 0,64. i Pt Rp 0" — 0,94. Peristomice |} a Re Lz Loécie 1- Cette espèce se trouvait avec Eschara ampulla. SMITTIA EXCENTRICA D. SP: Pr. XIX, fig.6. Diagnose. — Zoarium encroûtant. Zoécies allongées, distinctes, séparées par un cadre commun et saillant; frontale poreuse ornée d'une vingtaine de gros pores: péristomice irrégulier subrond ; un avicellaire oral placé à droite ou à gauche de l’apertura et déformant la zoécie. Ls — 0,59-0,68. 15029: Lie $ hp nn 0,08. Peristomice Ip — 0,19? Loécie | Affinités. — L'avicellaire oral et le nombre plus considérable de pores frontaux différencient nettement cette espèce de la pré- cédente. Localité. — Biarritz (École des Mines). Je l'ai découverte sur l'original de Retopora Ferussaci. PORELLA CERVICORNIS PALLAS, 1766. Pu. XIX, fg.1, 2. 1847, [eteropora subconcinna Dp'Arcnrac. Collection Pratt. Mém. Soc. géol. Frs (2) MIT ip: 40% pl fe ve Égaré par de fausses apparences extérieures, d'Archiac s'est totalement trompé dans sa détermination. Son spécimen est Porella cervicornis Parcas 1766, dont voici la bibliographie pour le Bartonien. 10 Sa 1847. Eschara undutala Reuss. Wien. Tert. p. 68, pl. 8, fig. 1869. Eschara undulala Reuss. Tert. Alp. 2, p. 19, pl. 32, fig. 1887. Eschara cerviconis PERGENS. Koloswar. S 1910 BRYOZOAIRES DU SUD-OUEST DE LA FRANCE Sal 1889. Smillia cervicornis PeRGENS. Wola Lu’zanska, p. 71. 1889. Smillia cervicornis Jezzy. Synonyme Catalogue of the Recent Marine Bryozoa, London, 8°, p. 246 (Bibliographie générale). Localité. -— Biarritz (École des Mines). Burdigalien de Léo- gnan. Distribution géologique. — Cette espèce abonde dans les ter- rains miocènes et pliocènes qui bordent la Méditerranée. Habitat. — Golfe de Gascogne à 180 et à 40 mètres. Méditer- ranée : en France, en Italie, en Corse, en Algérie et dans l’Adria- tique ; elle vit surtout de 40 à 80 mètres. C'est une espèce des grands fonds. MONOPORA LABIATA D'ARCHIAC, 1846. PL. XVII, fig. 8, 4. 1846. Eschara labiata D’Arcurac. Coll. Thorent. Mém. Soc. géol. Fr., (2), HE De06 plivefs re Diagnose de d'Archiac. — « Polypier encroûtant, étendu, pré- sentant à sa surface des pores ronds, espacés, en quinconces, bordés sur les côtés et munis d'un bourrelet ou d’une sorte d’am- poule ; au-dessus, un bourrelet moins prononcé relève le bord inférieur en forme de lèvre. Ces pores (apertura) et les ampoules qui les accompagnent ne sont pas toujours simples, mais assez souvent géminés, et, dans ce cas presque toujours inégaux. Les sillons qui séparent les séries de pores sont profonds, mais peu réguliers à cause de la présence de quelques tubercules dissémi- nés entre les pores ». Variations. — L'original de d'Archiac n'existe plus : il devait être remarquablement bien conservé. Les spécimens que J'en ai retrouvé sont toujours plus ou moins altérés. L'ampoule infé- rieure est brisée la plupart du temps et remplacée par une cica- trice : elle contenait peut-être des glandes spéciales analogues à celles que Waters a souvent signalées dans le genre Porella. Les zoécies sont toujours entourées d’une ligne de pores. Localité. — Lutécien supérieur de la Goureppe (d'Archiac). Auversien de Biarritz (coll. Canu). MONOPORA AMPULLA b'ARCHIAC, 1847. PL. XVIII, fig. 4, 5, 6, 7. 1847, Eschara ampulla p'Arcurac. Coll. Pratt. Mém. Soc. géol, Fr., I, p. #11, pl. 9, fig. 3, 852 F. CANU 19 Déc. Diagnose de d'Archiac. — « Polypier branchu ou formant des expansions foliacées, couvertes de tubercules glanduleux ou d'ampoules sub-piriformes, disposées symétriquement en quin- conce, très serrées et percées d’un trou rond à une de leurs extré- mités. » Variations. — L'original de d'Archiac est toujours à l'École des Mines : il est superbe. Mais il s’en faut de beaucoup que tous les spécimens soient aussi bien conservés. Heureusement que l'espèce n’est pas rare et j'ai pu en débrouiller les principales variations. Le tubereule inférieur n'est pas du tout glanduleux : c’est un épaississement considérable de la frontale. Quand il est brisé ou usé il ne présente aucune cicatrice concave. De plus, il ne se produit pas régulièrement sur tous les zoaria. Certains de ces derniers en ut totalement dépourvus, c'est le cas de notre figure. “D Archiac ne parle pas des avicellaires représentés par des pores plus petits que les autres. Il y en a toujours un par zoé- cie et quand celle-ci s’épaissit, lui même s’épaissit d’une façon analogue. Localité. — Lutéecien supérieur de Biarritz (coll. Canu). Auver- sien de Biarritz (coll. Canu). HIPPOPORINA SUBCHARTACEA D'ARCHIAC, 1847. PL. XVII fig. 8, 0. 10. 1846. Eschara chartacea D'Arcarac. Coll. Thorent. Mém. Soc. géol. Fr., (2), [p2496 pl-5 913: Eschara Ponte D'ArcHiac. B. S. G.F., (2), IV, p. 1010. Eschara subchartacea. n'Ancurac. Coll. Pratt. Mém. Soc. géol. Fr 2) AE pr A0 pee 2 < 1847. Cellaria stenosticha. Reuss. Wien. Tert., p. 64, pl. 8, fig. 10... 1869. Eschara subchartäcea. Reuss. Tert. Alp., p. 57, pl. 32, fig. 4. 1869. Eschara stenosticha Reuss. Tert. Alp., p. 57, pl. 32, fig. 2. 1887, Eschara subchartacea. PEerGEexs. Koloswar. 1891. Eschara subchartacea. Warers. North-Ital. Bry., p. 17, pl. 2, fig. 12. Diagnose de d'Archiac. — « Polypier foliacé, étendu, composé de deux lames minces appliquées l’une contre l’autre, Cellules à la face interne en hexagones très allongés, s'ouvrant à l'extérieur par un pore en forme de point enfoncé et allongé. Quelquefois les pores sont disposés suivant des lignes et en quinconces; chaque série est alors séparée de celles qui l’avoisinent par une strie, mais le plus ordinairement les pores sont disséminés avec peu de régularité quoique assez rapprochés ». 4910 BRYOZOAIRES DU SUD-OUEST DE LA FRANCE 853 En 1847, il insiste sur l'encroûtement des vieilles cellules ce qui n'est d'aucune importance morphologique. Localités. — Lutécien moyen de Bruges (Gironde). Lutécien supérieur de la Goureppe {(d'Arch.)et du chemin de Villefranque (d'Arch.). Auversien de Biarritz (coll. Canu). Priabonien du phare de Biarritz (Rss.). Distribution géologique. — Priabonien du Vicentin (Rss. Waters) de Transylvanie et de Hongrie (Perg.). SCHIZOPORELLA HOoërNESI Reuss, 1869. PL. XVIL fig. 6. 1869. Eschara Hoernesi Reuss. Tert. Alp., p. 273, pl. 33, fig. 6, 7. 1891. Schizoporella Hoernesi Warers. N.-ltal. Bry., p. 27, pl. #, fig. 8. Localité. — Cette espèce est facile à distinguer par ses rameaux peu étalés et son gros avicellaire frontal. Je l'ai trouvé à l'Ecole des Mines sur l'original de Aefepora subcancellata. Distribution géologique. — Lutécien de Bavière (Kosch). Pria- bonien du Vicentin (Rss., Waters) de Transylvanie et de Hon- grie (Perg.). . FC SCHIZOPORELLA HOERNESI var, PROCUMBENS Pr, XX, fig: 0, Cette variété est peut-être bien une espèce distincte de la pré- cédente, mais elle en diffère si peu qu'il est prudent d’attendre la récolte de meilleurs spécimens. Les pores frontaux sont plus petits et plus nombreux. L'avicellaire est moins suillant et plus pointu. Le zoarium est unilamellaire, tubuleux, ramifié comme s'il avait encroûté des algues. La forme de l’apertura est la même et présente une petite échancrure inférieure au fond d’une petite péristomie. Localité. — J'ai trouvé deux spécimens à l'École des Mines. L'un est sur l'original de /dmonea Petri et provient du Lutécien supérieur de la Goureppe. L'autre provient de la collectfon Fer- raud acquise en 1849 et, d’après la gangue, doit provenir des couches auversiennes de la Côte des Basques. 854 F. CANU 19 Déc. FEDORA GLANDULOSA p'ARCHIAC, 1846. PL XIX fie.,342 1846. Lunuliles glandulosa p'Arcurac. Coll. Thorent. Mém, Soc. géol. Er (2)2Tlp:406 pl 9; Ge 14 Diagnose de d'Archiac. — « Polypier élevé en forme de dôme à base circulaire ou elliptique, composé de rangées de cellules égales saillantes, glanduleuses et divergentes. Ces rangées sont d'égale largeur dans toute leur étendue mais de longueur diffé- rente. Les plus grandes partent directement du sommet et abou- tissent à la base; les autres, de plus en plus courtes à mesure qu'elles prennent naissance plus loin du sommet pour finir aussi au pourtour inférieur, déterminent, par leur réunion aux précé- dentes sous des angles aigus, plusieurs séries de chevrons laté- raux. Les cellules ovoïdes et saillantes s'ouvrent au dehors par un pore médian de forme allongée et dans le même sens que la cellule. » Cette espèce appartient à la famille des Stichoporinæ dont l'abondance caractérise l'Éocène. Localités. — L'original de la figure de d’Archiac n'existe plus à l'École des Mines. Lutécien supérieur de la Goureppe (d'Arch.). Auversien des marnes à Pentacrines (H. Douvillé). Il existe aussi des spécimens au Muséum d'Histoire naturelle, collection d'Orbigny, n° 8972. PRATTIA GLANDULOSA D'ARCHIAC, 1847. PEN DXENe ISO 1847. Prattia glandulosa »'Arcurac. Coll. Pratt. Mém. Soc. géol. Fr., (2), III, p. 407, pl. 8, fig. 20. Diagnose de d’Archiac. — « Polypier (Zoarium), cylindrique, creux, formé de loges tubuleuses, contiguës, distinctes, super- posées horizontalement, renflées à leur extrémité inférieure. Ces loges s'ouvrent au dehors par un pore simple allongé ou arrondi, peu régulier, entouré d'un bourrelet ou par des pores géminés que réunit un second bourrelet plus saillant que le précédent, sub- trigone et squamiforme. Les loges sont disposées en quinconce ; mais les pores géminés aussi nombreux qne les pores simples, interrompent la régularité de cette disposition, en même temps qu'ils rendent la surface du Polypier papilleuse. La parot inté- 1910 BRYOZOAIRES DU SUD-OUEST DE LA FRANCE 85 rieure de celui-ci est unie où marquée de faibles ondulations obliques indiquant la séparation des rangées de cellules ». Les pores géminés de d'Archiac sont constitués par l’apertura et par un avicellaire très gros et saillant, Celui-ei se distingue facilement à sa forme triangulaire un peu plus petite et à la barre transversale qui le divise parfois en deux ouvertures secondaires. C'est un genre très remarquable dans la famille des Stichopo- rinæ . Localité. — L'original de la figure de d'Archiac est à l'École des Mines. Il paraît venir des couches auversiennes. Ce. VTT ae E RTE 1 es ADP 7 ÿ 5 re na Ta et a Tarte DES TIRÉS À PART | 925 ex. | 50 ex. | T5 ex. [100 ex.|150 ex.|200 ex.|250 ex. 16 pages 9,90! 7 »| 8,50110 » [13 » [16 » [19 » Brochage RES el note 5 »| 6,25] 7,50! 8,75110,25112,75115,25 4 Th [Te € mn compris Pure de re 270 5,50! 6,25) 7,75] 9,25110,75 ; PER 3 » | 3,501 # »| 4,50] 5,50! 6,50| 7,50 DRE 200 le ER S NOTES 4,25| 4,75 COUVERTURE Imprimée, titre spécial. ....[ # » | 4,50! 5 » | 5,50] 6,501 7,50| 8,50 _Passe-partoutavec titre dela NO En 3 »| 3,50) # » | 4,50] 5,50! 6,50! 7,50 Papier couleur sans impres- SIOME SA ee 0,50) 0,751 4» | 1,25] 1,75] 2,25] 2,75 Les auteurs doivent faire, sur le manuscrit, leur âemande de tirés à part en donnant des instructions très précises pour la couverture, aussi bien pour les tirés à part extraits du Bulletin que pour ceux extraits du CR. sommaire. TABLE DES MATIÈRES (TOME X, Fascicue 8) Séance supplémentaire du 27 juin 1910 (suite). Pages P. H. Fritel. — Observations sur la flore fossile des grès thanétiens de Vervins = (Aisne) et revision des espèces qui la composent (70 fig.: pl. XII el XIII)..... 705 Séance du ‘7 novembre 1910. Nécrologie. — MM. R. Basser-BoxxEroxs, F. Causessépés, E. DaniLorr, M, Mi- QUE EOlIRIZARS Ge ROLÉANDE Re nets ee ee en re 0e cela 710 ‘Proclamalion de nouveaux membres. — MM. R. Des ARY, \p. Roux. Prince pe Moxaco, Léon Berrrax», Robert Douvizzé, G. Douzkus, Henri Douvicré, Emm. pe MARTONxE, Arm. THEVENIN, A. Are — Présentations d’ou- MASSE eat re ee ete ie ane loin ne end ee ue tiele Due etre nens cieLe deiPne ce eee 710-713 Lucien et Jean Morellet. — Découverte d'une forme nouvelle de Dasyclada- cées dans les sables thanétiens de Chalons-sur-Vesle......................... 713 Léon Bertrand. — Sur deux points de la géologie pyrénéenne : le Pech- SamtSsauveuretlastenétre d'Arbas 2 Men en ree oeceecmeiuolee 714 ÉCAREZS ROSE VADONME ES ST nn dr Le be rene dc eee dela ie le 716 W. Kilian. — Récurrences glaciaires dans la gorge de Fort-de-l Écluse....... 716 W. Kilian. — Les terrains néocrétacés de Scanie............................. 717 W. Kilian. — Les études glaciologiques dans les Alpes....................... 718 J. Deprat. — Observations sur la géologie du Nord-Annam................... 7118 J. Deprat. — Résumé des résultats de la mission géologique du Yunnan. 1909- ROTO RSR ET AE ARS Dan M DR ee PE nn dede à een ou NI m Ne ln e delete noue sac clene te = ist celles 719 L:-Col. Azéma. — Note sur les grès à Sabalites de la Mayenne................ 721 A. Toucas.— Sur la classification des Hippurites.............. ............... 123 TABLE DES MATIÈRES (suite) Pages Marius Filliozat. — La craie de Blois et le niveau à Uintacrinus...........… LTD S Robert Douvillé. — Un Virgatites du Caucase occidental : origine méditerra- néenne de ce genre ; Ataxioceras, Pseudovirgatites et V° .. osphinctes {3 fig RADARS RP SR RTE ARR DRE RE a RER NE en 130 Edouard Harlé. — Porc-Épic quaternaire des environs de Montré‘eau (Haute Garonne) MONA NE CARS RSR A On Ne See RAR Ne 740 i douard Harlé. — Ossements découverts par MM. de Cerralbo, sise et Garballo en Espagne rene Rte RS A TE AE ART Re ee 746 Séance du 21 novembre 1910. Proclamation d’un nouveau membre. — M. Jean MORELLET.................:. 748 M. Lrnicus, L. Cayeu x, P. Lorx. O. Courron, Henri Douvizzé. — Présentations OU VPAR CSh A ASE RS MARS REP A EN RER RE ARE re re G. Ferronnière. — Excursions dans la région ouest de la feuille de Nantes.. 749 P. Lory.— Les phénomènes quaternaires étudiés par les excursions A? et A‘ du Gongresigéologique de Suède hope RAR etes 150 Pierre Termier. — L'excursion A? du 112 Congrès géologique international. 752 Care Bicors- Observations AO EE ee nr sens 776% Séance du 5 décembre 1910. A. Guésarp, P. Couges, G. Nicnre, EF. Canu, O. Mexeez, Lausy, M. Fivrrozat, P. LEeMoINE, SruarT-MENTEATH, C. PAassERAT. —— Présentations d'ouvrages.. 778-780 Louis Gentil. — Résultats de sa mission au Maroc (4910)..................... 780 Carl Renz. — Sur de nouveaux affleurements du Garbonifère en Attique...-.... 782? Carl Renz. — Nouvelles recherches géologiques en Grèce.................. 83 Z,. de Launay et G. Urbain. — Recherches -:1r la métallogénie des bonds ettdes-minéraux -qui en dérivent 450 eee Re 187 Séance du 19 décembre 1910. Vœu du Conseil de la Société à propos du projet de loi relatif aux fouilles inte- ressant l'Archeologie el la Paleontologque: ter ne 796 J. .G. ANpEersson, Jean Brunxés, M. Cossuaxx, Don ee — Présentalions CHOUVRAPES Mn TS NAN ANR DU SN ee ee et NO NE ee 197-708 W. Kilian. — Sur le genre Ammonitoceras.................. 1... 798 A. de Grossouvre. —Sur les environs de Luçon... ..... 799 Marius Filliozat. — Types nouveaux de Polypiers éocènes (planche XIV)... 801 G2! de Lamothe. — Note préliminaire sur les terrasses des environs de Valence. $S05 J. Lambert. — Note sur quelques Échinides recueillis par M. Dalloni dans les Pyrénées de, lAragon (planche XV) PES RER eee Re Re Re 808 _ Albert Michel-Lévy. — Analogies des terrains primaires du Sud des Vosges et.de ceux-du Moryan High en A er ee Re een 816 Georges. Moürêét: — Note sur le prolongement probable vers le Sud du chénal houiller de-Mauriac (fige) RS ee RRR ee 829 F. Canu.— Les Bryozoaires fossiles des terrains du Sud-Ouest de la France (planches AVE: NAS RAS NN A PR PA EPA RER SR 810 “fiurez cn: RER MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS Le gérant de la Soc. géologique : L. Ménix. Le S » ALES RES jen ss NE TR 4: Série, t. X. — 1910. — N° 9 et dernier BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE . ë : DE FRANCE à CETTE SOCIÉTÉ, FONDÉE LE 17 MARS 1830 < A ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE à PAR ORDONNANCE DU 3 AVRIL 1832 à ; z QUATRIÈME SÉRIE : TOME DIXIÈME e. .. FasciCuze Ÿ ET DERNIER E RÉUNION EXTRAORDINAIRE 724 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQOUE DE FRANCE à A Valence, Alais et Nimes Feuilles 55-63. — Planches XX-XXIV PARIS SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 28, rue Serpente, VI ; A | 1910 N@ PuBLICATION MENSUELLE OcTOBRE 1912 EXTRAITS DU RÈGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE ArT. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l'avancement de la Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la France, tant en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et l'agriculture. Arr. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Fran- cais ét les étrangers peuvent également en faire partie. Il n’existe aucune distinction entre les membres. ART. 4. — Pour faire partie de la Société, il faut s ‘être fait présenter dans une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation t et avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président. Arr. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre à Juillet. ART. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (le 1** et le 3€ lundi du mois). Arr, 42. — Pour assisler aux séances, les personnes élrangères à la Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres. Arr. #6. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun ouvrage déjà imprimé. Arr. #8. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent. Arr. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement déterminé. ART. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaque membre ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la Société qu'au prix de la cotisation annuelle. Arr. 58. — Les membres n'ont droit de recevoir que les volumes des années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les volumes correspondant aux années antérieures à leurentrée dans la So- ciété leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un tarif déterminé. Arr. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part. ART. 73. — Chaque membre paye: 1° un droit d'entrée ; ® une cotisation annuelle?. Le droit d'entrée est fixé à la somme de 20 francs. La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs. La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, élre remplacée par le versement en capital d'une somme fixée par la Société en assemblée générale (400 francs). ‘ Sont Membres à Perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle (minimum : 1000 francs). 1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne connaïi- traient aucun membre qui püt les présenter n'auront qu'à adresser une demande au Secrétariat, en exposant les titres qui justifient de leur admission. 2. Néanmoins sur la demande des parrains les nouveaux membres peuvent n'acquilter, la première année, que leur droit d'entrée, en versant la somme de 20 fr. Le Comple Rendu sommaire des séances de l'annee courante leur est envoyé gratuilement; mais ils ne recoivent le Bulletin que la deuxième année et doivent alors payer la colisalion de 30 francs. Ils jouissent d'ailleurs des autres droits el privilèges des membres de la Societé. SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE REUNION EXTRAORDINAIRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE à VALENCE, ALAIS et NIMES du 29 au 99 Septembre 1910. Les membres de la Société qui ont assisté à la Réunion extra- ordinare sont : MM. Acuera (Chanoine J.). MM. Jacquixer. Azéya (Colonel L.). Jonor (P.). BAMBERG (P.). JOLEAUD (L.). Biocne (A.). LANGLASSÉ (R.). Borizz y Poc (A.). ÉORCRE). CHATELET (C.). Pérreccere (P°)- CoTTREAU (J.). RicHe (A.). Depéret (C.). Roman (F.). Doré. ROUYER (C.). Doncreux (L.). SAYN (G.). EUCHÈNE /A.). STUER (A.). GENNEVAUX (M.). THEVENIN (A.). Gicnoux (M... \ Les personnes étrangères à la Société ayant pris part aux excursions Sont : MMhnes DE BANNE PuyGiron. MM. GaiLLarp. BiocHE. LiOTARD. MM. oe BANNE PUYGIRON. MaAURETTE. BOUCHARDOT. : MinGaUpD (G.). DE BRUN. Roux (Pierre). DECARY. VEDEL.. 5 octobre 1912 Buil. Soc. géol. Fr. X,,—55. 858 PROGRAMME DES EXCURSIONS DIRIGÉES PAR MM. SAYN ET ROMAN Étude comparative des terrains crétacés inférieurs de la vallée du Rhône el du bassin tertiaire lacustre d'Alais. Jeudi 22 Septembre. — Rendez-vous à Valence, hôtel de la Croix d'Or, à 10 heures du matin. Séance d'ouverture, élection du bureau ; exposé sommaire des excursions de la réunion. Départ à 11 heures en autobus pour Crussol. Déjeuner à Beau- regard. L'après-midi, coupe de la montagne de Crussol et retour à Valence en autobus (série du Trias au Portlandien). Dîner et coucher à Valence. Vendredi 23 septembre — Départ de Valence par le train de 6 h. 35 pour Pontaix-Ste-Croix. . À pied, base de la série crétacée (Valanginien inférieur très fossilifère). Déjeuner à Pontaix. Départ de Pontaix en chemin de fer pour Piégros-la-Clastre à (Ana En voitureet à pied, visite des gisements de l'Hauterivien et du Barrémien pyriteux des environs de la Clastre, et retour sur Crest par Aouste ; arrêt dans les gisements du Barrémien et de l'Hauterivien calcaire de ce dernier village. Dîner et coucher à Crest. Samedi 24 Septembre. — Départ en voiture à 7 heures du malin pour Cobonne, coupe de l'Hauterivien ef du Barrémien. Retour à Crest en voiture et déjeuner. L'après-midi, départ de Crest en voiture pour Livron. Coupe du Barrémien et de l'Hauterivien de Livron. Départ de Livron en chemin de fer pour Montélimar à 7 h. 30. Diner et coucher à Montélimar: Le soir séance. Dimanche 25 Septembre. — Dé arl en voiture à 9 heures du matin pour Châteauneuf-du-Rhône. Étude de la cluse bédoulienne de Donzère (faciès urgonien, type du Donzérien de Torcapel). Déjeuner à Viviers. : L'après-midi, éfude du Barrémien de Saint-Thomé, et retour à Montélimar par le Teil. Arrêt dans les carrières à chaux hydraulique de la Farge (Bédoulien. Diner et coucher à Montélimar. Lundi 26 Septembre. — Départ à 8 heures pour le Teil en autobus, on prendra le train de 9h. 1/2 pour Vogüé. PROGRAMME DÉS EXCURSIONS S59 En voiture, étude du Tithonique supérieur et de la base du Crétacé (Berriasien) des environs de Voqüé. Après l'arrêt, on ira directement en voiture à Ruoms où l’on déjeunera. L'après-midi, excursion en voiture aux gorges de l’Ardèche, cañon classique dans le Jurassique supérieur. Retour sur Ruoms et éfude de l'Hauterivien au confluent de l'Ardèche et du Chassezac. Dîner sommaire avant de partir pour Alais par le train de 6 h. 57. Arrivée à Alais à 8h. 50. Mardi 27 Septembre. — Départ d'Alais en voiture à 7 heures du matin pour Brouzet. Halte dans les conglomérats stampiens sur la route de Brouzet. À pied, coupe du Crétacé inférieur de Brouzet à Saint-Just (type du faciès lanquedocien). Barrémien supérieur de Brouzet (faciès urgonien), très fossilifère. Déjeuner à Saint-Just. L'après-midi, en voiture de Saint-Just à Seyne : éfude du Bar- rémien inférieur nérilique à Echinides abondants et Brachio- podes (Barutelien. Torcapel). Retour direct en voiture pour Alais. Diner et coucher à Alais. Mercredi 28 Septembre. — Départ d'Alaisen voiture. Coupe complète de l'Eocène et de l'Oligocène du Bassin d'Alais. Arrêt dans les calcaires à Cyrena Dumasi entre Méjannes et Monteils (Sannoisien); 2° dans les calcaires en plaquettes à Insectes ef Poissons de Saint-Hippolyte de Caton; 3 Visite au gisement de Vertébrés d'Euzet-les-Bains (qisement très riche du niveau de Gargas). Déjeuner à Euzet. L'après-midi en voiture d'Euzet à Saint-Cézaire de Gauzignan : arrêt dans les mmarnes à Melanoïdes albigensis du Sannoïsien moyen. En voiture, de Saint-Cézaire-de-Gauzignan à Ners où l’on pren- dra le train de 5 heures pour Nimes. Le soir séance de clôture. Diner et coucher à Nimes. Jeudi 29 Septembre. — Départ de Nîmes par le train de 7 h. 50 du matin pour Fons. En voiture dela station de Fons à Saint-Mamert, coupe del Eocène supérieur, du Bartonien, du Lutétien et de l'Eocène inférieur. Arrêt au gisement à Lophiodon lautricense de Robiac (Bartonien)". 1. Une petite fouille sera pratiquée dans les deux gisements de Vertébrés d'Eu- zet et de Saint-Mamert pour permettre aux membres de la Société de recueillir quelques dents. 860 PROGRAMME DES EXCURSIONS L “ajet en voiture de Saint-Mamert à Sommières,. Déjeuner à Sommières. gs Parcours effectués en Ch"de fer onu — — — Voitures ; S“Croix 7/0) ptobonne Pontaix DE: # & Ber 1) 4 6 More us Uk) ÿ Leu-kfit S{Thomë \ : K LE lhdlestineL, V/ "mers $ 4 f du he 7 S'MontPt ne É Oo V/ress Sul rois Châteaux o Bo/ene a pes S'Ambroix 7 Déioazee ae 7 VUS acouiere. les As SD: Mont lerrs 7 Euz Û À 12, Le de Coton : : EEE res O CARPENTRAS FéCézare de Gaurigno UZES no © J Dior É ci ren Slolnssof Se LS Ç ONNIETES i FiG. 1. — ITrINÉRAIRE SUIVI PAR LA SOCIÉTÉ GROLOGIQUE. ‘après-midi, re en voiture sur Nimesavec arrêt à Aujarque: L'après-midi, retour en voit N arrêt à Aujarques (Hauterivien inférieur). Etude, sur le parcours, de la série créta- cée inférieure des environs de Nîmes. 861 LISTE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS RELATIVES À EA RÉGION ÉTUDIÉE a) JURASSIQUE Er CRÉTACÉ 185%. — Réunion extraordinaire de la Société géologique de France à Malence. BS:G:2.;: (4), XT,\p: 148. 1860. — Cu. Lonv. Description géologique du Dauphiné. 1863. — EBnay. Sur la présence de l’élage Bathonien et de l'étage Bajo- cien à Crussol (Ardèche). 1565. —— OPPEeL. Geognostische Studien in Ardèche Deparlemert. Palæ- ontologische Miltheilungen, 1, (v), p. 305. 1874. — HuGuenix. Note sur la zone à Anmonites lenuilobalus de Crus- sob{fArdèche):B;S;G-F:, @); Il,.p:519° 1876. — Fonraxxes in Dumortier et Fontannes. Description des Ammo- niles de la zone à Ammoniles lenuilobatus de Crussol. 1878. — E. Dumas. Description géologique du département du Gard, 3 vol. avec planches. 1879. — Fonraxxes. Description des Ammonites des calcaires du château de Crussol. 1882. — Torcarez. Sur l'Urgonien du Languedoc. Rev. Se. nal. Mont- pellier, (3), XXXIITL, If. 1883. — Canrez. Sur l'Urgonien et le Néocomien de la vallée du Rhône. B.S.G-F., (3), XL, p. 435. 1884. — Toncapez. Étude sur les terrains traversés par la ligne de Nimes à Givors. Rev. Sc. Nat. Montpellier, (31, IN, p. 157. 1885. —— F. Leexnanor. Quelques observations au sujet des calcaires du Helletde Gruas. B.S:G.47., (35); XIV p.65. ISS86, — Lrexnanbr. Quelques observations au sujet des calcaires du Teil et:de Cruas.B,S.G.F., (3), XI, p. 64. 1888. — Toucas. Note sur le Jurassique supérieur et le Crétacé inférieur delarvallée-du Rhône: B.$S:G.F.,.(3), XVI,:p. 903: 1889. — Toucas. Nouvelles observations sur le Jurassique supérieur de Ardeche BSG-F7;(3), XVI; 1p:729;: 1889. — Toncarez. Nouvelles recherches sur l'Urgonien du Languedoc. Revue Sc. Nat. Montpellier (3). 1889. — Toncarez. Note sur la géologie de la ligne de Vogüé à Prades. 1889. KE. FazLor. Constitution du terrain crélacé aux environs de Crest B.S.G.F.,(3), XVIE p:-541. 1890. — G. Say. Note sur le Barrémien de Cobonne. B.S.G.F., (3), XVIII; p.:230. 1890. — Toucas. Etude sur la faune des couches tithoniques de l'Ardèche. B.S.G.F., (3), XVIII, p. 560. 1894. — Torcarer. Le plateau infracrélacé des environs de Nimes. Bull. Serv. Carte géol. de France, n° 39. 1896. — Kirran. Notice straligraphique sur les environs de Sisteron el contribution à la connaissance des terrains secondaires du Sud-Est de la France. BG), XXITF:p:659° 1900, — Munier-Cnazuas. Sur les accidentsstratigraphiques des Lerrains Secondaires, des environs deValence”:B'S;Gr#, 43) FXX VIII, Ep 07: 1900. — Paourer. Recherches séologiques sur le Diois elles Baronnies orientales (thèse). Q0 er) Lt BIBLIOGRAPHIE 1904.— PeuLar. L'Aptien des environs d'Uzès. B.S.G.F., (4), t. I, p. 428. 1903. Muxier-Cuazmas. Notice sur ses travaux scientifiques. 1903. — PezLar. Le Néocomien (Valanginien, Hauterivien et Barrémien) entre Mons et Brouzet. B.S.G.F., (4), II, p. 119. 190%. —— Sayx et Roman. Hauterivien et Barrémien de la rive droite du Rhône et du bas Languedoc. B.S.G.F., (4), IT, p. 604. 1907. — PeLLrar ét Cossmaxx. Le Barrémien supérieur à faciès urgonien de Brouzet-les-Alais. Mém. Soc. géol. Paléont., XV; n° 39. b) TERTIAIRE 1878. E. Dumas. Description géologique du département du Gard. 1884. — Fonranxes. Description sommaire de la faune malacologique des formations saumätres et d’eau douce du Groupe d’Aix dans le bas Langue- doc (7 pl. photographiques). 1885. — Fonrannes. Études stratigraphiques pour servir à l'histoire de la période tertiaire dans le Bassin du Rhône. — VIIT, Le groupe d'Aix dans le Dauphiné, la Provence et le Bas Languedoc. 1893. — Fagre. Note sur la feuille d'Alais. Compt. Rend. Collabor. Bull. Serv. Carte géol. France. 1894. — Drpérer. L'Éocène inférieur et moyen de la vallée du Rhône. B-S:G:F.5 (8) EXXIE 1895. — Fagre. Le bassin tertiaire d’Alais B.S.G.F., (3), XI, p. 8#. 1895. —— Peccar et AzLarp. Dépôts lacustres de la butte Touton entre Comps et Beaucaire. B.S.G.F., (3), t. XXIV, p. 434. 1896. -— Cazior. Étude sur le Tertiaire inférieur des environs de Nîmes BIS EU) LE XXNVE Sp: 32; 1899. — J,. Laurent. Flore des calcaires de Célas, thèse Marseille. 1901. — Depérer et CARRIÈRE, Sur un nouveau gisement de Mammifères de l'Éocène moyen de Robiac (Gard). CG. R. Ac. Se., 21 oct. 1901. 190%. — Roman. Contribution à l'étude des formations lacustres de l'Éocène et de l'Oligocène du Languedoc. B.S.G.F., (4), IV. p. 1905. — Roman. La géologie des environs de Nîmes. Bull. Soc. Et. Sc. nal., Nimes. CARTES GÉOLOGIQUES Duuas. Carte géologique du département du Gard (arrondissements de Nimes et d’Alais). Cartes GÉOLOGIQUES à 1/80 000 : Tervier, Munier-Cnazuas, Derérer, KiLiAN, Savn, Paquier, Feuille de Valence. Boue, HauG, Depérer, KiLrAN, PAQUIER, SAyN, Roman, Ch. Jacos, feuille de Privas. Fagre, Caveux, feuille d'A laïs. Fagre, feuille de Largentière. BerGErON, NickLès, TorcaPpez, Roman, feuille du Vigan. CARTES TOPOGRAPHIQUES Élat-major à 1/80 000 et 1/50 000 ; 187, Valence SE. ; 198, Privas NE. SE., SO. ; 197, Largentière SE. ; 209, Alais NE., SE. ; 221, Le Vigan NE. SE. ot 503 Séance du 22 Septembre 1910. PRÉSIDENCE DE M. BIOCHE, PUIS DE M. SAYN La séance est ouverte à 9 heures du matin dans une salle de l'hôtel de la Croix d'Or à Valence, point de rendez-vous de la Société. M. Biocue, ancien membre du bureau de la Société, déclare ouverte la Réunion extraordinaire de la Société. M. le colonel Aziéma présente les excuses de M. Lacroix, président de la Société empêché d'assister à la Réunion extraordinaire. On procède ensuite à l'élection du bureau de la Réunion extraordi- naire. Sont élus : Président, M. Say, Vice-présidents, MM. Rouax et Rice; Secrétaire, M. L. Joceaur; T'résoriers, MM. Gexxevaux el BoucrARpor. M. G.Sayn prend la parole pour remercier ses confrères d'être venus à la réunion : « Messieurs, — mes premiers mots seront pour vous remercier du très grand honneur que vous me faites en m appelant à prési- der la Réunion extraordinaire de la Société géologique de France à Valence. Ce n'est point cependant sans scrupules que je l’accepte, mon ami M. Roman a pris en effet une si grande part à la pré- paration qu'il eût été mieux que moi désigné pour la présidence, mais enfin j'ai sur lui la peu enviable supériorité de l'âge et c’est elle sans doute qui vous à dieté votre choix. « Comme vous le savez tous, la Société géologique s’est déjà réunie à Valence en 1856, comme nous allons le faire tout à l'heure : elle commença ses excursions en montant à Crussol. Puis elle étudia les terrains jurassiques de l'Ardèche. Par malheur la réunion dut être abrégée et la Société ne put, ainsi qu'elle en avait l'intention, s'occuper du Crétacé de la Drôme. Mais dans le Compte rendu, Charles Lory qui en avait été le secrétaire, fit paraître sa belle note sur le Crétacé inférieur de la Drôme; véritable prélude de cette magistrale description du Cré- tacé inférieur subalpin, que dix ans plus tard il devait publier dans la « Description géologique du Dauphiné ». « Nous allons, si vous le voulez bien, reprendre l’œuvre de nos prédécesseurs de 1856 au point même où ils l'ont laissée. Après avoir étudié aux environs de Crest le Crétacé inférieur de la fosse voconlienne, si bien connu maintenant grâce aux beaux travaux de MM. Kilian, P. Lory et Paquier, pour ne citer que les plus récents, nous étudierons le passage des différents termes de la série néocomienne de cette région aux faciès si différents qu'ils affectent dans là région cévenole. 864 RÉUNION EXTRAORDINAIRE « Enfin nous visiterons le bassin tertiaire d’Alais et ses beaux œisements de Mammifères fossiles, dont l’étude si bien commen- cée par Fontannes a été perfectionnée et pour ainsi dire rénovée par les travaux paléontologiques de M. Ch. Depéret. « En terminant, permettez-moi, Messieurs, de rappeler à votre souvenir deux géologues valentinois qui, tous deux, firent partie de notre Société: HUGuEnIN, d’abord, chercheur modeste et cons- ciencieux, pour lequel la montagne de Crussol n'avait point de secrets, et qui avait patiemment réuni les matériaux des belles monographies de Fontannes: puis Garnier dont je suis fier d’avoir reçu les leçons. Garnier, stratigraphe minutieux et paléontolo- giste de valeur, avait étudié les Basses-Alpes et à laissé sur le Jurassique et l'Éocène des notes précieuses auxquelles, après quarante ans, il n’y a que bien peu de choses à changer. « Tous deux, si la mort les avait épargnés plus longtemps, auraient été heureux de suivre nos excursions et de participer à nos {ravaux. » Un programme explicatif, comprenant une série de coupes et de tableaux, est distribué aux excursionnistes. L'après-midi, après un déjeuner au château de Beauregard au- dessus de Saint-Péray, a été consacré à l'étude de la montagne de Crussol en commençant par les niveaux supérieurs. Le Jurassique supérieur à été montré par M. Sayn et le Juras- sique inférieur par M. Riche qui donne des détails inédits sur la base de la série secondaire. Le soir les excursionnistes sont arrivés au ravin d'Enfer où des automobiles les attendaient pour les ramener à Valence. Séance du 25 Septembre 1910. PRÉSIDENCE DE M. SAYN, PRÉSIDENT DE LA RÉUNION Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Deux nouveaux membres sont présentés. MM. Raymond Decarry, à la Ferté-sous-Jouarre, présenté par MM. Sayn et Roman. P. Roux, à Lyon, présenté par MM. Sayn et Roman. M. A. Riche rend compte de l’excursion qu’il a dirigée avec g M. Sayn. Après lui M. Sayn rend compte de l’excursion du 23 sep- tembre. EXCURSION DU 22 SEPTEMBRE 1910 80: Excursion du 22 Septembre à la Montagne de Crussol. En quittant Valence la Société s’est dirigée sur Saint-Péray où devait commencer l'étude de la montagne de Crussol. Durant ce court trajet on put jeter un coup d'œil rapide sur le remar- quable abrupt de la partie septentrionale de la montagne, où, au- dessus des éboulis, les bancs du Jurassique supérieur sont telle- ment distincts qu'il est facile de les compter. Grâce à la diffé- rence de leur épaisseur relative, ces bancs forment quatre séries d'assises correspondant assez bien aux divisions stratigraphiques. L'assise supérieure, caractérisée par les bancs les plus épais (Portlandien et Virgulien), supporte les ruines de l'antique chà- teau de Crussol qui, de loin, se distingue à peine des bancs rui- niformes sur lesquels il fut établi. Au-dessous et successivement, les banes sont d’abord moins épais (Ptérocérien), puis davantage tout en restant moindres qu’au sommet (Astartien). Le minimum d'épaisseur est à la base (Rauracien), au-dessus des éboulis, où les alternances marneuses finissent par prédominer en descen- dant. Le chemin de Saint-Pérav au château de Beauregard présente à sa base un affleurement de granite à grands cristaux, au-dessus duquel la Société a constaté un lambeau de Trias de même type que celui dont l'observation lui sera plus facile à la fin de l’ex- cursion, en sortant du ravin d'Enfer. Ce Trias est séparé, par une légère interruption, de caleares compacts et fins, de couleur claire, semblant sur le prolongement de ceux qui seront étudiés bientôt dans l’ancienne carrière Mallet. Ce contact du Trias et du Jurassique supérieur jalonne la fille qui limite à l'Ouest la montagne de Crussol. Après un déjeuner au restaurant installé dans les restes du vieux château de Beauregard, la Société a commencé lascension de la montagne. En s'élevant par le chemin conduisant aux ruines de Crussol, on voit le plongement des bancs calcaires tourner de l'Ouest au Nord. Ce plongement nord des couches est manifeste dans la partie septentrionale de la montagne: il est l'indice de la terminaison périclinale de celle-ci. Un fort dépôt de læss a aussi attiré l'attention de la Société. [l fait partie de ce vaste manteau qui recouvre le pied du versant ouest de la montagne et continue, avec un développement plus erand encore, sur le plateau de Mérey, prolongement méridional de la montagne de Crussol, au delà du ravin d'Enfer. Ce dépôt où abondentles concrélions calcaires irrégulières, connues 866 RÉUNION EXTRAORDINAIRE sous le nom de « poupées du lœæss », parait semblable à la plu- part de ceux que l’on rencontre dans la vallée du Rhône, Il en renferme la faune habituelle. Du promontoire naturel formé par ce lœss, au-dessus de Beauregard, on aperçoit au ns É _ Nord, à un niveau inférieur, Es : un lambeau de terrasse rho- 2 T danienne reposant sur le 5 © prolongement septentrio- £ E nal abaissé de la montagne à de Crussol. Cette terrasse, £ F2 dont les éléments sont bien SL conservés et cimentés par- 8 © liellement en poudingue, & È est toute différente de celle 27= qui recouvre le mamelon on du château de Beauregard Mon et qui s'étend plus loin È S vers le Sud. Cette dernière ue est à l’état de cailloutis ar- ie sileux et ferrugineux, à 2 E ds quartzites dominants et É E ; cailloux granitiques effri- Fais tés : son âge est plus ancien Ë Fe s que celui de la précédente RENE La Société fait alors l'as- 25 cension de l'arête qui porte = © = les ruines du château de £ 3% Crussol. Ces ruines sont ÊZE assises sur les bancs épais 2-3 qui semblent correspondre # -- aux couches les plus ré- 5 22 centes du Jurassique de la = = £ célèbre montagne. Ces ne E couches plongent fortement sk … - vers le Nord et, grâce à ÿ 32 un ravinement transverse, me. © © sont comme suspendues. < Mais au Nord de ce ravin se montre leur prolongement, au delà duquel continuent à affleu- rer des banes calcaires qui pourraient bien, à un moment donné, appartenir à un niveau plus élevé, Quoi qu'il en soit, la partie EXCURSION DU 22 SEPTEMBRE 1910 867 supérieure des calcaires massifs et ruiniformes, sur lesquels sont plantés les restes de l'antique château de Crussol, en raison de certains fossiles qui y ont été recueillis par Huguenin et étudiés par Fontannes (1879) {Phylloceras ptychoïcum Quexsr. sp., Oppelia lithographica Ovr., Waagenia Beckeri NEuu. sp., Lissoceras carachtheis Zeuscu. sp., Lissoceras Staszycii Zruscn. sp., Pygope janttor Picr. sp., ete.), est attribuée aujourd'hui au Portlandien inférieur. Les membres de la Réunion, que la réputation fossilifère de l’ancienne carrière Mallet incitait à presser le pas, se contentèrent des explications données, sans s'arrêter à rechercher des fossiles dans les calcaires du Château, où, d’ailleurs, les bons échantil- lons sont plutôt rares. En continuant l'ascension de la montagne au delà des ruines, dans la direction du Sud, on a constaté que le plongement des couches vers le Nord diminue bientôt insensiblement et se main- tient désormais assez faible. Le relief extérieur accompagne à peu près le plongement et pendant plus d’un kilomètre, les mêmes bancs affleurant longuement, on ne descend que peu dans la série stratigraphique. On suit ainsi, jusqu'au sommet de la carrière Mallet, les bancs de la partie inférieure des caleaires massifs et ruiniformes de Crussol. Les espèces caractéristiques de ces bancs sont Aulacostephanus pseudomutabilis be Lor. sp., Aulac. Eudoxrus D'OR8. sp., Aspidoceras acanthicum Opr. sp., Perisphinctes Eumelus pb 'Or8. sp., etc. C'est le Kiméridgien supérieur où Virgulien. Durant ce trajet des ruines à la carrière Mallet, l'observation de l’arête de la montagne de Crussol et des actions érosives qui l'ont si profondément démantelée, est fort intéressante. L'allure des couches démontre que cette arête coïncide avec le sommet du jambage occidental d'un antichinal. La montagne de Crussol, en effet, est un phi-faille dont Le plan médian de rupture a déter- miné l’abrupt précité qui fait face à Valence. En cet endroit, le flanc oriental a été détruit par l'érosion; le flanc occidental sub- siste seul, mais a été puissamment érodé sur son versant. Au- dessus du village de Guilherand, grâce à un important ravine- ment du versant ouest, le sommet de l’arête a été fortement atta- qué et détermine un col bien marqué sur la carte de l'État- Major. L'ancienne et célèbre carrière Mallet, à laquelle plusieurs sen- tiers ou mauvais chemins permetllent d'accéder, fuit face au Sud, au-dessous du point culminant de la montagne (alt. #00 m. env.). Ce front de carrière, haut de 25 à 30 mètres, à été minutieuse- 868 RÉUNION EXTRAORDINAIRE ment étudié autrefois bane par banc, dans sa moitié inférieure, pur Huguenin (1874). Les fossiles en ont été décrits par Fontannes (1876) dans un magistral mémoire qui demeure encore, avec celui publié trois ans plus tard, la base de toute discussion relative au Jurassique supérieur de Crussol". Les membres de la Société manifestèrent le désir de rester un certain temps dans la carrière Mallet, pour exploiter cette mine inépuisable de fossiles que recèlent les blocs amoncelés au fond de la carrière, débris et témoins d’une exploitation de pierres de taille, autrefois siintense. Fontannes, dans son mémoire précité, évalue à plus de douze cents le nombre des Ammonites de ce niveau quil lui fut donné d'examiner. Il v reconnut cinquante- sept espèces, dont vingt-cinq nouvelles. Les espèces les plus fréquentes, dans la carrière Mallet, dépendent des genres MNeu- mayria el Perisphinctes. Parmi celles-ci, Neumayria pseudo- fleruosa FAVR. sp., paraît l'espèce la plus abondante. Fontannes affirme qu'elle constitue à elle seule plus de la moitié des indivi- dus de Ja faune ; ilen a étudié plusieurs centaines d'exemplaires. La faune des assises de la carrière Mallet est aussi typique qu'abondante. Elle caractérise le Kiméridgien inférieur ou Pté- rocérien. C'est la zone à Sfreblites {enuilobatus Opp. sp., espèce qui a été d'ailleurs trouvée à Crussol avec de nombreuses autres, parmi lesquelles on peut citer: Lissoceras Fialar OPp. sp., Simo- ceras Doublieri D'Or. sp., Perisphincles unicomptus Foxr., Perisph. crusoliensis Foxr., Aspidoceras microplum. Opp. sp. Tous les membres de la Réunion ont pu apprécier la richesse paléontologique de ce gisement et en emporter un souvenir durable. La plupart des échantillons, il est vrai, sont de petite taille; mais avec de la persévérance les plus gros viennent toujours récompenser le chercheur. A la base même de la carrière Mallet existent des bancs mar- neux, à délit rognonneux où grumeleux, qui ont été particulère- ment mis en évidence par une excavalion inférieure, où l'ex- ploitation de la pierre est intermittente. Dans ces bancs, les fos- siles sont faciles à dégager; mais ils sont de petite taille et souvent comme rongés partiellement. On y trouve des Spongiures de taille parfois assez grande et de forme étalée ouen corbeille. Les bancs de la carrière Mallet sont horizontaux. Cette dispo- sition, exclusivement considérée, pourrait faire regarder la mon- tagne comme un lambeau de plateau. Mais on a déjà vu qu'il 1. Les types décrits el figurés par Fontannes dans ces deux mémoires font tous partie de la collection Huguenin qui appartient aujourd'hui au Laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de Lyon. ÉXCURSION DU ?2 SEPTEMBRE 1910 S69 n'en est rien. En ce point, le sommet du jambage occidental de l'anticlinal de Crussol est plus élargi et commence par une allure horizontale. Sur le versant ouest les bancs restent suspendus, par suite des érosions : mais en les suivant vers le Sud, on les voit bientôt reprendre leur plongement normal vers Ouest. S'arrachant avec peine à un si riche gisement, la Société, pres- sée par le temps, dut continuer son exploration de la montagne et elfectuer sa descente. En quittant la carrière Mallet on reste encore quelque temps dans les mêmes assises, comme le montrent les fossiles que lon peut recueillir dans d'anciennes carrières peu importantes qui furent ouvertes le long du chemin descendant de cette grande carrière. A l'extrémité méridionale de la montagne, lorsque se dessine un versant vers le Sud, au-dessus du hameau de Mérey, le che- min passe devant une ancienne exploitation et, plus loin, après avoir tourné, continue à proximité d’une autre. On a affaire 1e1 à des assises bien différentes des précédentes. Le calcaire est en banes plus épais et les couches marneuses sont moins dévelop- pées. La faune n'est plus la même: elle est aussi moins abon- dante. Les espèces dominantes sont des Perisphinctes du groupe polyplocus, pour lesquels Fontannes proposa (1880) le nom géné- rique Afaxioceras (Perisphinctes polyplocoïdes Fonr., Per. lictor Fonr., Per. Lothari OPr. sp., etce.). C'est l'étage séquanien ou astartien, ou la zone à Perisph. Achilles. Ce gisement renferme aussi des Spongiaires. De cet endroit, où l'observation est avantageuse, M. Riche a montré à la Société Le plan de rupture axial du phi-faille de Crussol. Il passe au pied du front rocheux de la dernière exploitation préei- tée, se dirige N.N.E. en coupant très visiblement une avan- cée marno-caleaire assez élevée, chemine dans la partie supérieure des vignes marneuses qui s'étendent jusqu'à Guilherand et, rasant le front du remarquable abrupt précité de la montagne, se perd sous les alluvions de la plaine du Rhône. Au Sud de Guilherand, les deux flancs du pli sont conservés. La dénivel- lation axiale n’est pas forte, puisque, au Sud de la montagne, le Rauracien (E.) bute contre le Séquanien (0.) et qu'a Guilherand l’Argovien (E.) bute contre le Rauracien (0.); mais elle n’en est pas moins manifeste. Dans le jambage oriental du pli est profon- dément creusé le classique ravin d'Enfer, dont la Société dut effectuer un peu rapidement la descente. Le ravin d'Enfer offre une coupe complète qui s'étend du Trias, au fond du creux, jusqu'au Rauracien dont les marno-calcaires viennent buter, par faille, contre le dit front rocheux séquanien. 870 RÉUNION EXTRAORDINAIRE Le Rauracien est peu fossilifère et en grande partie recouvert par les vignes ; mais la collection Huguenin y affirme la présence de l’es- pèce caractéristique, Peltoceras hicristatum Rasp. sp. (= bimam- matum QUENST.), avec Ocheloceras semifalcatum ObPr. sp. et des Spongiaires. La série marneuse continue, au-dessous, par l’Argovien dont l'affleurement présente une surface très étendue, grâce à laquelle la récolte des fossiles est facile. Mais la limite des deux étages ne peut être marquée exactement. Les fossiles principaux de l’Argovien de Crussol, dans la partie supérieure, plus épaisse, sont: Duvalia Dumortieri Opp. sp., Sowerbyiceras tortisulca- tum D'Ors. sp., Oppelia arolica Orr. sp., Cardioceras alternans Bucn sp., Rhynchoteuthis cellensis Du. sp. La partie imfé- rieure de l’Argovien fournit Hibolites hastatus BraINv. sp., Sowerbyiceras tortisulcatum D'Ors. sp., Ocheloceras canalicula- tum Bucn sp., Neumayria callicera Opr. sp., Creniceras crena- tum Bru&. sp., Pelloceras transversarium Quexsr. sp., Ahyn- choteuthis cellensis Du. sp., ARhynchonella arolica Opr., Bala- nocrinus subteres GOLDF. sp., Spongiaires. Ces assises sont supportées par d'autres marnes et marno-cal- caires bien semblables, mais dans lesquelles la présence de Æibo- lites hastalus BLAINY. sp., Sowerbyiceras tortisulcatum D'Or8. sp., Cardioceras cordalum Sow. sp., Peltoceras Arduennense b'OR&. sp., avec de nombreuses Ammonites ferrugineuses, de petite taille et peu déterminables, dénote l'Oxfordien inférieur. Dans ces assises marneuses, l'arrêt de la Société ne put être bien long ; mais cependant les successions indiquées furent suivies et quelques-unes des espèces citées, recueillies. Au-dessous se présente une assise fort intéressante, épaisse de 40 em. sur laquelle M. Riche attire l'attention, à cause du caractère particulier qu'elle possède. C'est une marne, intercalée d'un mince banc marno-calcaire assez dur, tous deux de teinte gris- verdâtre, surtout le banc dur, ce qui permet de la retrouver facile- ment. Cette marne renferme des galets calcaires perforés souvent recouverts d'un enduit verdàtre, des fragments de moules d’Am- monites de couleur marron et de nature phosphatée, des frag- ments roulés et perforés d’Hibolites hastatus BLAINV. sp., de grande taille. Cette espèce fait son apparition, à Crussol, à ce niveau. Les perforations des galets et des Bélemnites ressemblent à celles que produisent certaines Annélides actuelles. Cette couche de charriage n'a été que vaguement entrevue par Oppel (1865) qui parut la regarder comme représentant la zone à Quens- ledticeras Lamberti. Ce savant a signalé l'absence à Crussol des CRE. De EXCURSION DU 22 SEPTEMBRE 1910 S71 zones à Peltoceras alhlela eLàx Reineckeia anceps. Klles sont peut- être représentées dans la couche de charriage. La dite couche de charriage repose sur des marnes, marno- calcaires et calcaires schistoïdes, caractérisés dans leur ensemble par la présence souvent abondante de Posidonomyes (Posidono- mya Dalmasi Duu., Pos. alpina Gras). La partie supérieure de cette assise, plus marneuse et plus pauvre en Posidonomyes, à fourni Wacrocephalites macrocephalus Scncorn. sp., Phylloceras Hommairei »'Ors. sp. On doit donc l’attribuer au Callovien inférieur. La partie movenne, plus calcaire et plus riche en Posi- donomyes, ne renferme pas de fossiles caractéristiques. La partie inférieure, analogue à la supérieure, a été rapportée au Bathonien supérieur par quelques auteurs qui y ont signalé la présence de certaines formes de Perisphinctes. L'assise à Posidonomnyes est supportée par une autre couche de charriage, connue depuis longtemps sous le nom de couche ocreuse et bien différente de l’autre. C’est une couche de marne (0,10 à 0,15) remplie de nodules marneux à enveloppe pyriteuse plus ou moins oxydée, de débris roulés divers, de fossiles plus ou moins usés. L'ensemble présente une couleur jaunâtre qui justifie l’appellation et fait de cette couche un repère précieux. Les fossiles qu'on y trouve la rattachent au Bathonien supérieur : Hecticoceras retrocostatum Gross. sp., Ekotraustes serrigerus Waaë. sp., Sphæroceras microstoma D'OR. sp., Stepheoceras linguiferum D'Or. sp. C'est le dernier niveau que, faute de temps, les membres de la Réunion ne purent observer. M. Riche se borne à exposer suc- cinctement les caractères généraux et les conditions spéciales de gisement, cependant fort curieuses que possèdent les forma- tions de la base de la série de Crussol. La couche ocreuse repose sur un calcaire rempli d'empreintes de Cancellophycus (Bathonien inférieur), assise dont l'extension est constante, mais l'épaisseur, très variable. Au-dessous, au Bajocien supérieur correspond un lambeau- caleaire, de faible étendue, accompagné d'une mince couche délitée remplie de Darkinsonia Parkinsoni Sow. sp., de petite taille. Ce lambeau surmonte un calcaire à Entroques et grains de quartz, renfermant de nombreuses Térébratules et Rhynchonelles et rarement Sphæroceras Brongniarti Sow. sp.; son extension est cons- tante et son épaisseur variable. Il supporte directement, le plus souvent, l'assise à Cancellophycus. Le Bajocien moyen est repré- senté par un petit lambeau d'un calcaire à Entroques avec rares Oloïtes Sauze? D'OrB. sp., montrant des taches et des revête- 872 ® RÉUNION EXTRAORDINAIRE ments verdâtres semblables à ceux connus en Normandie au même niveau. Le Bajocien inférieur (Aalénien) correspond aussi à des lambeaux dont le plus important appartient à la zone à Ludiwiqia concava Sow. sp. Cette espèce est associée à une abondante faune recueillie autrefois par Huguenin. La zone à Lioceras opalinum paraît aussi représentée, mais par des lam- beaux plus restreints. En résumé, le Bajocien de Crussol est fondamentalement carac- térisé par d'importantes lacunes dues à l'érosion par les courants littoraux. Il n'est même parfois représenté que par le caleaire à Entroques de son niveau supérieur. Ce régime plus ou moins intensif des lacunes bajociennes par érosion, n'est d’ailleurs pas exclusif à Crussol. Il se poursuit sur toute la bordure orientale du Plateau Central, dansles départements du Gard, de l'Ardèche et du Rhône: on le reconnaît aussi dans l'Isère, à Saint-Quentin- Fallavier. D'autre part, il est classique en Normandie et dans l'Angleterre méridionale. Le Lias, réduit au Toarcien, comprend un calcaire à Entroques et grains de quartz, avec couche de charriage à Hildoceras bifrons BRüG. sp., Harpoceras falciferum Sow. sp., Grammoceras stria- lulum Sow. sp., Dactylioceras commune Sow. sp., Cœloceras subarmatum Yoc. et B. sp., etc. Les bancs du Toarcien ont des épaisseurs et des dispositions très variées. L'étage même peut manquer. C’est encore le même régime lacunaire qui affecte ici le Lias. Entre le Lias et le Trias existe un grès spécial, d'épaisseur très variable, manquant rarement, ayant emprunté ses éléments à la partie supérieure du Trias. Le Trias de Crussol est composé d'arkoses fines ou grossières, d'argiles verdâtres gréseuses, de schistes noirâtres pyriteux, de calcaires dolomitiques souvent altérés en cargneules. On y trouve intercalée une couche d’un grès siliceux très fin où abonde Mry0- phoria Goldfussi Arr. sp., avec quelques autres espèces du Keuper. s La gorge du Rioulet, par laquelle on sort du ravin d'Enfer, est creusée dans le Trias coupé de failles peu importantes, mais assez curieuses. Dans la partie terminale de la gorge, par suite d'un relèvement brusque des couches vers le Sud, le granite finit par affleurer sur la rive droite du ruisseau. Ce relèvement des couches qui coïncide avec la position de la gorge du Rioulet, peut être considéré comme la cause première du creusement de cette gorge. En ce point, le granite supporte normalement le Trias, sans l'interposition d'aucune faille. EXCURSION DU 23 SEPTEMBRE 1910 813 Excursion du 23 Septembre à Pontaix, La Clastre et Aouste. PLance XX, fig. 2. Partis de Valence à 6 heures par le train pour Livron et Crest les excursionnistes débarquent à Pontaix-Sainte-Croix. La Société, après être sortie des terrains tertiures du bassin de Crest et de sa ceinture néocomienne et tithonique, traverse en chemin de fer le cirque oxfordien de Vercheny, magnifique exemple de ces aires anticlinales, ainsi que les à nommées M. Paquier, qui sont la caractéristique de la structure du Diois. Arrivée à la gare de Pontaix, la Société a pu étudier, immédia- tement en sortant de la gare, une bonne coupe des bancs inférieurs du Crétacé. Ce sont des bancs marno-calcaires compacts, de teinte claire, parfois mouchetés de rose, en assises assez com- pactes à leur partie inférieure, mais plus marneux vers le sommet. Ils appartiennent à la zone de l'Hoplites Boissieri. Ces calcaires, très constants dans tout le Diois, sont peu fossi- lifères ici, nous n'avons pu y recueillir que quelques débris peu déterminables de 77. Boissieri; par contre les bancs supérieurs ont fourni une petite faune dont voici la liste : Duvalia lala BLainv. Échantillons comprimés et intermédiaires entre D. lala et D. ensifer; ils ne se distinguent guère de cette dernière que par la position plus excentrique du sommet, Les deux espèces sont d’ail- leurs très voisines et seront probablement réunies : le principal caractère distinctif consiste dans la longueur moindre du sillon chez D, ensifer et qui n'est pas constant dans cette espèce. Duvalia conica BLainv. Un échantillon de petite taille, bien qu'adulte, se rapporle bien à la figure de Blainville. Belemnites Orbignyt. Hibolites aff. bicanaliculatus. Échantillon de très pelile taille rappelant ceux qui abondent dans l'Hauterivien (zone à D, Sayni). Hibolites sp. Leptoceras aff. S{uderi Oosrer. Un bon fragment qui montre bien que les côtes ne sont pas interrompues sur la région siphonale, Plaques de Cidaris. La place systématique de la zone à 1. Boissieri a donné lieu à de longues polémiques et son autonomie même a été discutée. D'accord avec M. Kilian, et, croyons-nous, avee tous ceux qui ont étudié la question dans la région subalpine, nous pensons que la zone à Aoplites Boissieri est bien distincte du Tithonique supé- rieur et forme la base du Valanginien. Au-dessus de la zone à Hop. Boissieri, et hée intimement avec 14 octobre 1912. Bull, Soc. géol, Fr. X. — 56 874 RÉUNION EXTRAORDINAÏIRE sa partie supérieure se développent des alternances de marnes et de calcaire marneux bien connus de tous ceux qui ont étudié le Néocomien du Sud-Est de la France, et que Lory avait désignés sous le nom de marnes à Belemnites latus. Ici, comme dans tout le Diois, la partie inférieure des marnes (zone à Hoplites Roubaudi) est seule fossilifère, la belle faune de la partie supérieure (zone à Saynoceras verrucosum et Duvalia Emerici) si bien développée dans les Basses-Alpes et le Bochaine n'a Jamais été signalée dans le Diois. On l’a pourtant retrouvée, très appauvrie 1l est vrai, plus au Nord, dans la chaîne de Raye, non loin de Valence. La faune de la zone à Hoplites (Kilianella) Roubaudi est très riche et les environs de la gare de Pontaix sont un des meilleurs gisements connus de ce niveau. La Société a pu faire une amplé moisson de fossiles, en particulier d'Hoplites pyriteux de grande taille et de la plupart des autres espèces caractéristiques; entre autres : Lyloceras quadrisulcatum »'Ors. Hopliles Roubaudi »'Ors. Phylloceras Telhys »'Onrs. — salientinus SAYX. 22 Calypso »'Ors. Aslieria drumensis SAYN. Nous profiterons de l'occasion de la visite des membres de la Société géologique aux marnes valanginiennes du Diois pour donner une liste des fossiles de ce niveau recueillis Jusqu'à ce jour dans les différents gisements de la Drôme, liste qui n'a jamais été donnée aussi complète. LISTE DES FOSSILES DES MARNES VALANGINIENNES DE LA DRÔME ! Lytoceras quadrisulcatum »'Or8. CC, partout. —- Juilleti b'Ors. C, partout. — aff. s{ephanense KiLrax. RR, Chamaloc. Phylloceras Thetys »'Or8. CC, partout. — serum OpPP. — —— var. perlobala SAYN. C, partout. — n. sp. Châtillon-en-Diois. RR. — Calypso »'Ors. sp. C, partout. _ semisulealum D'Or8. CC, partout. Garnieria heteropleura Neumayr et UuLiG, var. occidentalis SAYN. Chamaloc, col de Prémol, Pontaix. —— angulosa Say. RR, col de Prémol près Joncheres. — cardioceroïdes Say. RR, Pontaix. * Delphinites Ritteri Sayx. RR, Chelles (Isère). Neocomiles neocomiensis D'Or8. sp. CC, partout, 1. Les espèces marquées d'un astérique(*) n’ont pas encore été rencontrées dans le Diois. — C, commun ; CC, très commun: AC, assez commun: R, rare ; RR, très rare : AR. assez rare. EXCURSION DU 23 SEPTEMBRE 1910 815 Neocomiles ? lrezanensis Lorv, in Sayx, Prémol, Pontaix, Chamaloc. — ?eucyrtus SAYN. AR, Pontaix, Chamaloc. — ? Longi SAYN, R, Chamaloc, Prémol. —— ? Bedoti Sax. RR, Pontaix, Prémol. * Thurmania Boissieri Picrer, RR, La Faurie. — Thurmani P. el Camp. C, partout. — Gueymardi SAYx. RR, Eimery près Trezane (Isère). — pontetiana. RR, Sayx Pontaix. — pertransiens SAYN. AC, Pontaix. — salientina SAYN. AC, Pontaix, Chamaloc, Prémol. Kilianella Lucensis SAYN. CC, Pontaix, Chamaloc. — bochianensis SAYN. R, Chamaloc, Valdrôme, Prémol. — ischnotera SAYN. RR, Chamaloc, Prémol, Sainte-Croix, Pontaix, — Roubaudi »'Ors. C, partout. — cf. peæiplycha Unr. RR, Luc-en-Diois. —— Grossouvrei SAyNx. RR, Chamaloc, Pontaix. Berriasella chomeracensis Toucas. RR, Luc-en-Diois, Chamaloc. _ sp.ind. RR. Pontaix. Leopoldia œnigmatica SAYN. RR, Chamaloc. — subænigmatica SAYN. R, Chamaloc, Prémol. _ n. sp. aff. Leopoldi. RR, Chamaloc. Holcostephanus (Aslieria) drumensis SAYNX, Prémol, Pontaix, — perinflatus Maru. R, Pontaix. — Chaignoni SAyx. RR. Châtillon-en-Diois. — (Valanginites) n. sp. RR, Pontaix!. Spiticeras diense Say. RR, Prémol. Himalaïtes n. sp. RR, Châtillon-en-Diois, Bellegarde, Chamaloe, Pontaix, Holcostephanus sub Royeri Marcana. RR, Châtillon-en-Diois, Chamaloc. Oppelia folgariaca OPP. Châtillon-en-Diois, Pontaix. — cf. sonaria OPPp, Luc-en-Diois. Lissoceras Grasi D'Ox8. CC, partout, — n. sp. AC., partout. Leploceras. R, Pontaix. Bochianites neocomiensis D'Or8. CC, partout. Des hautes pentes calcaires qui dominent la gare de Pontaix la Société géologique a pu constater le formidable développement que prennent les divers termes de l'Hauterivien et du Valanginien au voisinage du Vercors et se rendre compte du contraste que la brusque disparition des masses rocheuses de l'Urgonien crée entre l'aspect des rives nord et sud de la Drôme (pl. XX, fig. 2). Après avoir déjeuné à l'auberge du Pont de Sainte-Croix, la Société a repris le train pour la halte de Piégros-la-Clastre. À Piégros-la-Clastre, la Société s’est engagée dans les marnes aptiennes qui remplissent le fond du synclinal de Piégros, con- tinuation directe de celui de Suze? (fig. 3). 1. Cette espèce a été signalée par M. Kilian, mais non figurée, sous le nom de Valanginiles Rebouli SAÿ*, in «Lethæa geognostica, Mesozoicum », 3° vol., % part. p. 196, note 3. 2. V. PaquiEr. Recherches géologiques dans le Diois, ete., p. 368. 876 RÉUNION EXTRAORDINAIRE C'est le seul pli du Vercors qui, après s'être dirigé N.S. dans la première partie de son parcours, se recourbe vers l'Est parallèlement au synclinal de la forêt de Saou. La partie du syn- clinal de Piégros qui a subi çe mouvement de torsion est forte- ment étirée, et il en résulte que les différentes zones de l’'Haute- rivien et du Barrémien viennent successivement en contact avec les marnes aptiennes. La Société aborde tout d'abord les marnes du Barrémien infé- rieur qui renferment notamment : Phylloceras serum Opr. Puzosia sp. — infundibulum »'Ors. Pulchellia Bertrandi Nick. —- cf. Milaschevitchi Kar. Pulchellia sp. Lytoceras cf. oblique strangulalum Iolcodiscus Sophonisba Coouaxr. Un. = Heeri Oosr. Saynella Grossouvrei NickL. — intermedius D'Or. var. Desmoceras difficile b'Ors. Hamulina sp. D. Sequenzæ CoouanNp. Leptoceras sp. Cette faunule est remarquable par la présence de plusieurs types du Barrémien algérien et espagnol qui jusqu'à ce jour n'avaient pas encore été rencontrés dans le S.E. de la France. Certaines espèces comme Pulch. Bertrandi, Hole. Sophonisba, Desm. Sequenzæ ainsi que les Leptloceras n'ont pas encore été trouvés dans le Barrémien calcaire des environs de Crest et paraissent localisés dans le faciès à fossiles pyriteux. Ces marnes sont directement recouvertes, comme c'est le cas cénéral dans la région d’Aouste, par le Gargasien. Le Barrémien supérieur el le Bedoulien manquent donc sur ce point !. En remontant vers l'Est, on observe au-dessous du Barrémien des calcaires plus compacts grisätres où l’on recueille Paraho- plites angulicostatus. Ce calcaire, peu développé en ce point, repose sur des marnes à fossiles pyriteux de la zone à Sfreblites Sayni qui renferment : Phylloceras semisulealum var. Lissoceras Grasi D'Or. sp. D'ORB. Sp. Strebliles Sayni PAo. sp. — infundibulum »'Or8.sp. Puzosia n.sp. : — cf. Milaschevilechi Karar. Aplychus angulicoslalus Coquan». La faune du Barrémien de Piégros est remarquable par la pré- sence d’un certain nombre d'espèces signalées seulement jusqu'ici dans le Barrémien d'Espagne et d'Algérie. Il est très singulier 1. La notation de la Carte géologique €; © est un peu trop compréhensive sur ce point. EXCURSION DU 23 SEPTEMBRE 1910 811 que ces formes ne se retrouvent qu'aux points où le Barrémien est à l’état de marnes à fossiles pyriteux, tandis que l’on n’en trouve aucune trace dans les faciès calcaires de la même région (si fossilifère à Aouste, à Cobonne). Les membres de la Société remontent en voiture pour étudier vers Aouste, à la colline des Aubes, la zone à Parahopl. anguli- coslatus, très développée et particulièrement fossilifère sur ce point: Parahopliles angulicostatus (forme déroulée); P. cf. crio- ceroïdes, Phylloceras cf. Milaschevitchi Kar., Lissoceras Grasi. Parmi les espèces caractéristiques du niveau, signalons Para- hoplites crioceroïdes TorcaPpeL, une des formes les plus constantes de cette zone depuis les environs de Grenoble Jusque dans le Gard. Les deux horizons dont nous venons de parler : zone à Stre- blites Sayni, et zone à Parahoplites angulicostalus, considérées par MM. Kilian, Lory, Paquier, comme la partie terminale de Pegros A F1G. 3. — Coure pu BARRÉMIEN PYRITEUX ET DE L'HAUTERIVIEN be Piécros. — Lon- gueurs env. 1/20000. [auteurs très exagérées. c'#, Albien; €, Marnes aptiennes; €i°-1, Barrémien: c,.*, Hauterivien supé- rieur ; @,”, Hauterivien inférieur. l'Hauterivien, ont été rangées dans le Barrémien inférieur par M. Haug. Il est bien certain que leur faune a les plus grandes affinités paléontologiques avec celle du Barrémien ; mais cette question d'accolade ne laisse pas que d'être délicate à trancher. Si le grand développement des Desmoceras et l'apparition du genre Hamulina ainsi que du groupe des Pulchellia tranche avec la faune hauterivienne, la persistance Jusque dans la zone à Par. anqulicostatus de Lissoceras Grasi et la présence de Crioceras Duvali ou de formes affines dans la zone à Sfreh. Sayni sont des arguments qui ne manquent pas de valeur pour rattacher cette zone à l'Hauterivien. Au point de vue du faciès lithologique il est incontestable que tout au moins la zone à 77. angulicostalus est difficile sur beau- coup de points à séparer du Barrémien (s. sér.). 51 rassien. ins et ju 1p es & de Grenoble et les facië iès mixte du Crétacé inférieur ° x Relations entre le fac N PTIE pe MIEN ’ BARRE HAUTERIVIEN VALANGINIEN Bédoulien = _ (] = = “v A en = =) n supérieur moyen inférieur ’ supérieur RÉUNION EXTRAORDINAIRE VALLÉE DE LA DRÔME. Calcaires jaunâtres à silex avec Orbilolines et Parahopliles conso- brinus de Cobonne. Calc. à Costlidiscus reclicoslalus, Heleroceras Aslieri et marnes à Heleroceras pyriteux de Cobonne. Marno-calcaire et couche glauco- nieuse de Cobonne, calcaire d'Aoste à Pulchellia compressis- sima, Holcodiscus Kiliant, Des- moceras difficile, Desm. cf. cassi- doïdes, etc. Calcaires à Parahopliles angulicos- lalus, Par. cf. crioceroïdes des environs d'Aouste. Marno-calcaires à Strebliles Sayni faciès pyriteux vers Saillans, cal-|Calcaires foncés à Strebliles Sayni et caire à Cobonne, Calcaires à Crioceras Duvali. | Calcaire de Rollandière près Mari- gnac avec grands Holcos{ephanus. Marnes sans fossiles. moyen inférieur Marnes à Hopliles Roubaudi. Calcaires à Hoplites Boissieri ct marno-calcaires à Belemniles de la gare de Pontaix. V'ALENTINOIS. ENVIRONS DE COMBOVIN ET DE BARCELONNE. s Calcaire jaunâtre à silex et Ostrea aquila du plateau de Raye. Calc. massifs à | Calcaires récifaux! Parahopl. aff. de Barcelonne Feraudi, Hetle- avec Heteroce- roceras, nom- ras aff. Astieri, breux Bivalves nombreux Gas et Gastropodes tropodes, Pa- du sommet def chytraga et Ca Raye. prininés. Marnes et calcaires marneux à Toxasi ler avec Pulchellia et Holcodiscus des environs de Combovin (faciès barutélien). Cale. à Parahopl. angulicostatus, Par! cf. crioceroïdes et Brunonia? n, sp. de Combovin et de Chateau: double. faune dite de Saint-Reymond. | | Marnes calcaires à Duvalia dilatalal Holc.hispanicus et Crioceras Duval] (Raye). EE À Marnes à Duvalia Emerici et Ammo: niles pyrileuses mal conservées € calcaires à Saynoceras verrucosun de la chaine de Raye. Calcaires inférieurs de Barcelonne a : p | Hoplites neocomiensis. Invisible. EXCURSION DU 23 SEPTEMBRE [910 | VALENTINOIS (suile). BARBIÈRE ET SaiNt- VINCENT, |alcaire à Os{rea aquila du plateau | d'Ambel. | | | | | | | 1 alcaire jaunàätre à Rhynchonella de Saint-Vincent. Tarnes à T'oxaster relusus et Ostrea | Couloni. Royans. Marno-calcaire à Toxaster Malheroni du roc de Touleaux. Calcaires dits urgoniens à T'oucasta carinala et Nerinea Arnaudr. Calcaires compacts du tunnel de Pionnier et de la grotte de Bru- dour à Lente avec nombreuses Panopæa, Rhynchonella et Hol- codiscus menglonensis. Marnes à Toxzaster relusus et Para- hopl. angulicosltalus de Combe- Laval près Saint-Jean en Royans. Calcaires foncés du Serre et de la Croix, près Bouvante, à S{reblites Sayni, Crioceras Duvali et faune dite de Saint-Reymond. Calcaires à Crioceras Duvali Couches glauconieuses à /olcoste- phanus hispanicus, Duvalia dila- tala, Cidaris punclalissima (Eche- vis). falcaires spathiques par place (faciès du Fontanil), nombreux Brachiopodes. Marnes à Duvalia conica, Hoplites neocomiensis pyritcux el nom- breux Brachiopodes. couches rognonneuses de Barbières et de Saint-Vincent avec Hopl. Boissieri et nombreux Brachio- podes, Plicalules, Huitres, etc. du Fontanil et zone à Alectryonia reclangulartis. Calcaires Marnes à Duvalia lala. Invisible, Colle- gnoi, Oslrea aquila, Ancyloceras VERCORS ET ENVIRONS DE GRENOBLE. Couches supérieures du Fa avec Malheronta Virginiæ, Toucasta carinala(var. comprimé) et Ancy- loceras aff. gigas. a Calcaires dits Urgoniens et couche à Orbilolines (premier niveau). Calcaires compacts avec Panopæa. Marnes à Toxasles relusus. Calcaires foncés de l’ermilage du Casque ‘ee Néron avec Streblites Sayni. Couche glauconieuse à Holcostepha- nus hispanicus et Cidaris puncta- lissima de Saint-Pierre de Che- renne. Calcaires du Fontanil à Hoplites Thurmant et Pyqurus rostralus. Calcaires jaunes à Alectryonia rec- langularis. Marnes à Duvalia lala. Couches à ciment de la Porte-de- France avec Hopliles Boissieri. alpins et jurassien. iès rieur de Grenoble et les fac fé éin étacé te du Cr 1X ions entre le faciès m 19 : s F2 i s Fr RÉUNION EXTRAORDINAIRE VaLENtiNons. NArLÉE DE LA Drôme. Environs px Consoyix ET DE BARCELONNE. © Calcaires jaunâlres à silex avec|Calcaire jaunâtre à si Orbitolines et Parahoplites conso-| aquila du plateau de brinus de Cobonne. ex ct { Raye, APTIEN Bédoulien es Heleroceras Aslieri eb marnes à Heteroceras pyriteux de Cobonne. ras af, Astier, nombreux Gas. tropodes, P. chylraga el (a. prininés, breux Bivalves et Gastropodes du sommet de Raye. ————— BARRÉMIEN Marno-calcaire et couche glauco-|Marnes et calcaires marneux à À ia) à l'oxas 5 nieuse de Cobonne, calcaire| (er avec Pulchellia et Holcodisot 2 d'Aoste à Pulchellia compressis-| des environs de Combovin (facik = sima, Holcodiscus Kiliani, Des-| barutélien). E moceras difficile, Desm. cf. cassi- doïdes, etc. lalus, Par. cf. crioceroïdes des| cf. crioceroïdes ct Brunonü? 1, environs d'Aouste. sp. de Combovin et de Chaleur), Marno-calcaires à Strebliles Sayni| double. \ ; faciès pyriteux vers Saillans, cal-|Calcaires foncés à Strebliles Sayniel caire à Cobonne. faune dite de Saint-Reymond, HAUTERIVIEN Calcaires à Crioceras Duvali. 3 Calcaire de Rollandière près Mari-|Marnes calcaires à Duvalia es A gnac avec grands Jolcosltephanus. Hole. hispanieus et Cnioceris (TUE È (Raye). | 5 || , i jei eb Amd Marnes à Duvalia Emerict su “| niles pyrileuses mal ces Ï calcaires à Saynoceras verrucostll| M de la chaîne de Raÿe: Marnes sans fossiles. supérieur A rcelonne à Calcaires inférieurs de ue Marines à Hoplites Roubaudi. Hoplites neoconuiensis: moyen VALANGINIEN Calcaires à Hoplites Boissieri ct marno-calcaires à Belemniles de “la gare de Pontaix. Invisible. inférieur Calcaires à Parahopliles angulicos-|Calc. à Parahopl. angulicostalus, Par| | EXCURSION DU 23 SEPTEMBRE 1910 519 VarenriNots (suile). a —— BanBiène £1 SAINt-VINCENT. d'Ambel. ——————— Royans. VERCORS ET ENVIRONS DE GRENOBLE, Calcaire à Ostrea aquila du plateau|Marno-calcaire à Toxasler Colle-[Couches supérieures du Fa avec gnoi, Ostrea aquila, Ancyloceras Matlheroni du roc de Touleaux. Malheronia Virginiæ, Toucasia carinala (var. comprimé) et Ancy: loceras aff. gigas. Cale. massifs à Calcaires récitau no aff. | de Barcelonn : re : Feraudi È | Calc. à Costidiseus reclicoslalus, » Hele avec Heleroce. roceras, nom- |Galcaires urgoniens à Rudistes. Calcaires dits urgoniens à T'oucasia carinala et Nerinea Arnaudi. Calcaires dits Urgoniens et couche à Orbilolines (premier niveau). de Saint-Vincent. Calcaire jaunâtre à Rhynchonella Pionnier et de la grotte de Bru dour à Lente avec codiscus menglonensis. Calcaires compacts du tunnel de nombreuses Panopæa, Rhynchonella el Hol- Calcaires compacts avec Panopæa. Couloni. Marnes à Toxzasler relusus et Ostrea hopl. angulicoslalus de Combe Laval près Saint-Jean en Royans dite de Saint-Reymond. Calcaires à Crioceras Duvali Marnes à Torasler relusus et Para- Calcaires foncés du Serre et de la Croix, près Bouvante, à S{rebliles Sayni, Crioceras Duvali et faune Marnes à T'oxastes relusus. Calcaires foncés de l'ermilage du Casque ‘'e Néron avec Streblites Sayni. Couches glauconieuses à Aolcosle- phanus hispanicus, Duvalia dila- lala, Cidaris punctalissima (Eche- vis). Couche glauconieuse à Holcostepha nus hispanicus et Cidaris puncla- lissima de Saint-Pierre de Che- renne, Calcaires spathiques par place (faciès du Fontanil), nombreux Brachiopodes. à Calcaires du Fontanil et zone Alectryonia rectanqularis. Calcaires du Fontanil à Hopliles Lhurmani et Pyqurus rostralus, Calcaires jaunes à Alectryonia necz tangularis. Mames à Duvalia conica, Hopliles NéocOmiensis pyritcux et nom- Dreux Brachiopodes. Couches *opnonneuses de Barbières et de Saint-Vincent avec Hopl. 9isSieni et nombreux Brachio- bodes, Plicatules, Iluitres, ete. Marnes à Duvalia lala. Marnes à Duvalia lulu. Invisible, Couches à ciment de la Porte-de- France avec Hopliles Boissieri. 880 RÉUNION EXTRAORDINAIRE Les membres de la Société sont ensuite rentrés à Crest pour y passer la nuit. M. L. Joleaud, à propos de l'analogie de faciès du Barrémien à Pul- chellia Bertrandi et Holcodiscus Sophonisba de la Clastre et du Dje- bel Ouach, rappelle que les Pulchellia, rarissimes en Crimée et en Tunisie, sont abondantes en Algérie, où prédominent les Lypes bicaré- nés, en Espagne où sont fréquentes les formes unicarénées ou à région siphonale arrondie, en Colombie où est particulièrement bien repré- senté le genre Hernzia. Il est vraisemblable que ces divers groupes d'espèces affectionnaient des milieux un peu différents les uns des autres. M. Sayn insiste sur les caractères stratigraphiques du Crétacé inférieur de Grenoble, dont le faciès mixte, où alternent les formations à Céphalopodes et les calcaires à Rudistes et Échi- nides, relie les faciès alpins au faciès jurassien. Le tableau des pages 878 et 879 donne une idée plus exacte de ces relations. Séance du 27 Septembre 1910 PRÉSIDENCE DE M. SAYN, PRÉSIDENT DE LA RÉUNION La séance est ouverte à 9 heures 1/2 à Alais. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Sayn rend compte des excursions faites par la Société les 24, 25 et 26 septembre. M. F. Roman rend compte de l’excursion du 27 septembre. Excursion du 24 Septembre à Cobonne et Livron. Le 2% au matin départ pour Cobonne en voiture. Le temps restreint dont disposait la Société ne lui à pas per- mis d'étudier la ceinture tertiaire si intéressante du bassin de Crest. On a néanmoins pu apercevoir la grande barre de cal- cures mollassiques du Burdigalien inférieur à Pecten subbhene- dictus et crestensis sur laquelle s’est bâtie la tour de Crest et qui limite l'horizon du côté de l'Ouest d’une façon si pittoresque. Cette barre calcaire, qui est assez fortement relevée, vient reposer sur les marnes du Néocomien. Les affleurements du Crétacé sont peu visibles auprès de la route jusqu'à Aouste, et ce n'est qu'au village de ce nom que les EXCURSION DU 24 SEPTEMBRE 1910 881 voitures ont pris une direction perpendiculaire à leur direction primitive et ont pénétré dans l’anticlinal néocomien d'Aouste. Au village même, affleurent des marnes entremèlées de bancs calcaires, dans lesquels on n'a pas trouvé de fossiles mais qui, par leur position stratigraphique, doivent cor- respondre à la base de l'Hauterivien, très marneux dans cette région. xagérées. T Haut. e Points fossilifères. Plus haut, en suivant le vieux chemin de Crest à Cobonne, la Société a pu voir un calcaire assez compact, riche en Crioceras Duvali, surmonté par des couches marneuses renfer- mant de très nombreux Sfreblites Sayni de grande taille. . 1/2G000. F, - Long. en Hauterivien : Ca YU L à SE à © La zone à Sfr. Saynin'a pas ici son faciès de marnes à fossiles pyriteux, observé la veille à Piégros. Elle affecte déjà le faciès plus calcaire, riche en moules d'Ammonites de grande tulle, qu'elle conserve jus- qu'aux environs de Grenoble, et qui est particulièrement fossilifère aux environs de Combovin (Drôme)!. A Cobonne même, on peut relever la succession suivante (fig. 4): Civs arrémien : L'HAUTERIVIEN DE CoBoNNE. - Cindt=Cc, D DE Cu, Bédoulien : 7 — C,; Tout à fait au sommet et = immédiatement sous les marnes ap- 4 tiennes, on observe 3 m. environ de à calcaires de teinte claire avec nombreux É silex noirs. Très pauvres en fossiles ces Fa DU Marnes aptiennes: calcaires ont cependant fourni quelques Orbilolines et un fragment de Para- hopliles du groupe de consobrinus »'Ors. Ces calcaires représentent le Bédoulien si développé plus à l'Est vers Beaufort. 6 — Cia. Marnes argileuses avec fossiles pyriteux de petite taille : Phyl- loceras infundibulum, Ph. Milasche- vultchi Kar., Coslidiscus strialisulcalus type et var. afra Say, Hete- roceras Giraudi Kirian, Het. cf. Astieri n'Ors., Desmoceras difficile l.-SavNe BU SG (4) IX;/1909 pe 2097. 582 RÉUNION EXTRAORDINAIRE D'Or8., Puzosia cirlensts SAxx, Desm. strelostoma Uur., Leploceras sp. ; moules de Gastropodes, et Bivalves, débris de Crinoïdes. 5 — Cp. Calcaires blanchâtres, de teinte un peu plus grise à la partie inférieure. Les bancs calcaires du sommet renferment de très nombreux Costidiscus recticostatus »'Or8. de grande laille accompa- gnés de grands fragments d'Æeteroceras Aslieri D'Or. 4 — Cuc. Calcaires compacts, gris clairs en bancs assez épais, séparés par des délits marneux minces assez pauvres en fossiles ren- fermant surtout Desmoceras cf. cassidoides Un. Ces bancs sont activement exploités pour alimenter une fabrique de billes installée sur place. Dans la carrière de la fabrique on a recueilli: Paraspiliceras Per- cevali Uur., Hamulina Silesiaca Uur. 3 — Cnd. Calcaires glauconieux de la base du Barrémien très fossilifère. Citons plus particulièrement de ce point : Saynella Suessi Sim, Pulchellia pulchella »'Ors., Holcodiscus Kiliant Paquier, etc. Gette zone est particulièrement développée sur la rive gauche de la Sye, le long du chemin de Suze et du sentier qui remonte le cours d’eau presque en face de la fabrique. Les couches calcaires qui alternent avec la glauconie contiennent beaucoup de Desm. cf. cassidoides Uur. et des fragments de grands Ancyloceras du groupe de gigas. 2 — Civa. Calcaires de la zone à Par. angqulicostalus. Gette zone est peu visible ici; un peu plus loin elle se confond pour ainsi dire avec la base du Barrémien; mais on peut retrouver en plusieurs points l'espèce caractéristique associé à Pulch. masylæa Coquax». Elle est loin d'avoir ici l'individualité et la faune spéciale qu’elle présente à Aouste à la colline des Aubes. | — Ch. Calcaires compacts de la zone à Desmoceras Sayni. Les deux dernières zones (5 et 6) représentent le niveau de Morteyron de la montagne de Lure (Barrémien supérieur) et les deux autres le niveau de Combe-Petite (Barrémien inférieur). Il est à remarquer que l'épaisseur du Barrémien est considérable- ment moindre que dans les Basses-Alpes : le Barrémien supérieur notamment est extrêmement réduit. Plus au Nord, dans la chaîne de Raye, le Barrémien supérieur prend d’abord un faciès subné- ritique avec /eleroceras, Desmoceras difficile, Parahoplites ef. Feraudi et de nombreux Pecten lisses, Huitres, Gastéropodes. Un peu plus loin, vers Barcelonne cette partie de l'étage n’est plus représentée que par des couches récifales qui renferment avec Het. Astieri de nombreux Polypiers et Rudistes et la faune de Gastéropodes de Brouzet. Nous n'avons eu malheureusement nulle part l’occasion de voir la partie inférieure de l'Hauterivien si bien représentée dans le EXCURSION DU 2% SEPTEMBRE 1910 883 Valentinois par les eouches à Crioceras Duvali, Holcostephanus hispanicus MaLLaDA et Duvalia dilatata de la chaine de Rave". On est ensuite rentré déjeuner à Crest directement. Après le repas les membres de la Société sont partis par la route de Livron. A Allex un petit arrêt a permis d'observer les marnes plaisan- ciennes à (Vassa semistriala Brocn. très fossilifères sur ce point. On sait que ces marnes occupent le fond d’un fjord latéral à la vallée du Rhône désigné par Fontannes sons le nom de wolfe d'Eurre. Elles sont très épaisses sur ce point et ont été traversées par un sondage sur une épaisseur de 200 mètres. Les argiles plaisanciennes sont activement exploitées par des tuileries, comme dans tout le reste de la vallée du Rhône. Elles sont franchement marines, à la base on y a recueilli en abondance ?: Balanus tintinabulum L. Arca diluvi L. Cerilhium vulgalum Bruc. Cardium cf. sulcalum Lank. Turrilella Rhodanica For. Venus islandicoïdes Lanx. — subanqgulala Br. — verrucosa L. Dentlalium delphinense Foxr. Corbula gibba Br. Ostlrea barriensis Foxr. Jouannelia semicaudala DEsu. Pecten scabrellus Lamxk. A leur partie moyenne les assises deviennent sableuses et ren- ferment des lits à végétaux, Poissons et Oursins (Clupea Fonta- nesi SAUVAGE, Clupeops insignis SAUV., Brissopsis alf. crescenticus Wrianr et même vers Château-Pergaud une intercalation mar- neuse à Congéries (Congeria aff. simpler, Cardium Partschi, Melanopsis, Nerilina micans). Arrivés à Pont-de-Livron on à gravi la colline qui supporte le cimetière et l’on peut suivre la succession suivante - À la base : {. Calcaires blanchâtres en bancs compacts renfermant des Toxraster et dans lesquels M. Kilian a trouvé autrefois Hop. campylotoxus Care. 2, Calcaires gris clairs, en bancs assez épais, dans lesquels on à recueilli de beaux exemplaires de Parahopliles cruasensis Torcarer. Ces bancs affleurent particulièrement bien vers le cimetière. 3. Calcaires en bancs plus minces renfermant en abondance Strebli- les Saynr. Ces couches affectent en ce point un faciès plus néritique que celui qu'on a pu observer à Cobonne. On y rencontre (. Coulonr, des Toxasler, des Serpules, etc 1. G. Saw. Néocomien de la chaine de Raye. Bull. Soc. stat. de l'Isère, 1892. 2. Voir la liste complèle in Fonranxes. Les lLerrains lertiaires du bassin de Crest Et WT, p.126: 884 RÉUNION EXTRAORDINAIRE Un peu plus loin une petite fiulle ramène les couches à Par. cruasensis el Desm. Saynt que surmontent des calcaires, peu fos- silifères en ce point, mais qui, plus près d’Allex, à Château- Pergaud, ont fourni Parahopl. angulicostatus. Ceux-ci sont à leur tour surmontés par des calcaires blanchàtres où nous avons recueilli Pulchellia compressissima D'Or8., et Holcodiscus Van den Heckei b'Or8. qui représentent la base du Barrémien. La Société a pu constater avec la plus grande netteté que sur ce point les calcaires à Par. cruasensis sont intercalés entre les calcaires hauteriviens inférieurs du Pont-de-Livron et les couches à Sfr. Sayni. Ils occupent done exactement la même situation que les calcaires à Crioceras Duvali observés à Cobonne et peuvent être considérés comme terminant l'Hauterivien moyen. Les membres de la Société ont ensuite pris le train pour Montélimar où l’on a diné et couché. Excursion du 25 Septembre à Donzère, Saint-Thomé et la Farge. Le départ de Montélimar a eu heu par un train du matin pour Donzère. De là des voitures nous ont transportés dans les car- rières de Saint-Montant sur la rive droite du Rhône. Sur le pont de Donzère, la Société s’est arrêtée un moment pour admirer le coup d'œil remarquable que présente le Rhône en ce point. Le fleuve dont le volume s’est considérablement aceru par suite des apports de l'Isère et de la Drôme, est iei resserré dans une cluse relativement étroite qui s'étend de Viviers à Sant- Montant sur la rive droite et de Châteauneuf-du-Rhône et Don- zère sur la rive gauche. Les hautes falaises urgoniennes, qui l’enserrent, laissent à peine passage à la route et à la voie ferrée sur la rive gauche. A droite, du côté de Viviers, un ancien bras du Rhône isolait le montieule surmonté par une chapelle. Cet ancien bras correspond à la fin du Quaternaire. Remarquons en outre, en passant, qu'à l’époque pliocène le Rhône coulat plus à l'Est et se trouvait reporté à gauche du massif de Malataverne et la cluse se trouvait au pied de la colline de Notre-Dame-de- Montchamp. ù La cluse actuelle du Rhône est connue dans le pays sous le nom pittoresque de Robinet de Donzère. Dans les carrières de Saint-Montant qui sont au nombre de trois, la Société a longuement étudié la constitution de l'Urgo- nien, elle à pu s'assurer qu'il existait en ce point un véritable récif avec nombreux Polypiers et Hydrozoaires. EXCURSION DU 25 SEPTEMBRE 1910 S85 Les couches relativement tendres ont fourni de très nombreux Rudistes aux recherches de V. Paquier, qui en a fait l'étude détaillée. Il cite notamment de cette localité : Requienta ammonia Mar. Præcaprina varians PAQUIER. Toucasia carinala Marn, Pachytraga paradoæa Picr.et Came. Offneria rhodanica Paouirr. — Lapparenti PAGutER, = intermedia PAOUIER. On y a aussi rencontré un certain nombre de Gastéropodes : Harpagodes Beaumonti, Nerinea. On a pu recueillir la plupart de ces fossiles. Quel est exactement l’âge des caleaires blancs à Rudistes? D'après les travaux de tte il faudrait les rapporter à l'en- semble des étages barrémien et bédoulien. Ce savant paléonto- logiste signale dans les derniers banes urgoniens l'abondance des Caprininés, de Pachytraga, Toucasia carinala MarH., Matheronia Munieri PaquiEr. Ces formes seraient caractéristiques de l'Aptien S Carrière Viviers N. : SR | FE Cothedrale Carrière \ | sm Are Urqonien PRE D ma LT Le. A à \ 2 ÉT Lt 2 a x RUE N : si ie ON lb. ie : +: FR > de ee ÿ 5 = D: ÿ 1 FAN VR © RE ES Calcaires Gare SET Pr asile x FiG. 5, — Couvre DES ENVIRONS be Viviers. — Echelle des longueurs : 1/10 000. inférieur ; il en résulterait que les calcaires de Saint-Montant seraient les équivalents récifaux des calcaires de la Bedoule et par conséquent des calcaires de La Farge, qui ne sont qu'à quelques kilomètres plus au Nord. Cette opinion est d'ailleurs partagée par M. Kilian qui l'a rappelée dans ses divers travaux. À vrai dire la position stratigraphique de ces couches est assez difficile à discerner aux environs de Viviers. Les assises sur lesquelles reposent les bancs à /iudistes ne sont malheureuse- ment pas fossilifères et le passage latéral de la partie supérieure aux calcaires bédouliens de La Farge est impossible à saisir. Quoi qu'il en soit, voici la succession qu'on peut relever aux environs immediats de Viviers (fig. 5). Les couches crétacées de cette localité affectent l'allure d'un antichnal dont l'axe est approximativement E.-W. et dont les flancs retombent par suite vers le Sud du côté de Saint-Montant et vers le côté du Teil. Les assises les plus anciennes visibles 886 RÉUNION EXTRAORDINAIRE dans une carrière située près de la gare de Viviers montrent la succession suivante : 1. A la base, marnes sèches bleues foncées auxquelles succèdent des couches plus minces et plus marneuses ayant l'aspect extérieur des marnes valanginiennes supérieures. 2. Calcaires marneux bleuâtres bien lités sans délits marneux, avec organismes problématiques (Nemausina). 3. Calcaires marneux compacts, jaunâtres par altération, bleus en profondeur en bancs assez épais. On y rencontre quelques débris de fossiles, mais rien de déterminable. 4. Calcaires compacts, en bancs plus minces, bien lités, renfermant de nombreux rognons de silex. Dans la carrière dont nous venons de parler, les bancs 1 et 2 sont exploités, le premier en profondeur, et au-dessous du niveau normal du sol: les calcaires 3 forment le toit de l'exploitation. Les assises 4 ne sont pas utilisées et se voient dans le chemin qui mène à la partie supérieure de la carrière. Les calcaires à silex peuvent se suivre sur une assez grande longueur vers le Sud en se dirigeant vers Saint-Montant, ils atteignent bientôt le niveau de la route. C'est seulement au- dessus de ces bancs que commencent les assises à Rudistes explo- rées par la Société. Par analogie avec ce que nous connaissons des régions voi- sines, il nous parait rationnel de considérer les termes les plus inférieurs de cette série (1 et 2) comme appartenant à la partie supérieure de l'Hauterivien moyen. Les calcaires 3 ont las- pect habituel de la zone à Par. angulicostatus et comme consé- quence nous rattacherons au Barrémien inférieur les bancs de calcaire à silex. La même succession peut s'observer sur le flanc est du mon- ticule qui s'étend entre la route de Saint-Montant et le Rhône ; mais ici on peut voir, en face de l'extrémité du pont de Viviers les calcaires récifaux succéder aux calcaires à silex. Une grande carrière ouverte dans ces assises montre que les bancs urgoniens sont très grossiers et forment un véritable Coral-rag. De nom- breux Rudistes un peu roulés y ont été recueillis. Nous citerons en particulier Offneria et Præcaprina vartans. La retombée nord de l’anticlinal se trouve située sous la ville même de Viviers et l'on peut encore observer la même succession bien qu'on soit gêné par les constructions et les murs des maï- sons et jardins. Sur le chemin montant à l’église se voient des calcaires mar- neux avec rares Toxaster, qui nous paraissent représenter les EXCURSION DU 25 SEPTEMBRE 1910 S81 calcaires 2 de la carrière de la gare. [ls appartiennent incon- testablement à l'Hauterivien. A ces calcaires succèdent, immédiatement sous l’église, des bancs bien lités, passant à leur partie supérieure à des calcaires à silex. Ces couches sont peu visibles de près mais peuvent s’ob- server de loin sur le chemin qui contourne la base du rocher sur lequel est bâtie la ville. Enfin vers l'extrémité nord du rocher et formant la pointe extrême de la ville viennent des couches de calcaire récifal, iden- tiques à ceux de la carrière du pont, bien qu'un peu plus com- pacts et moins fossilifères. Au delà les assises disparaissent sous les alluvions de l'Escoutaye. Les bancs à Rudistes, sûrement postérieurs à l'Hauterivien supérieur, nous semblent done aussi avoir leur limite inférieure assez bas dans le Barrémien, bien que la masse puissante des calcaires à silex puisse représenter une partie de ce dernier étage. Les assises qui surmontent immédiatement les masses urgo- niennes sont également fort difliciles à repérer par suite de dislo- cations locales. Le seul point où l'observation soit possible se trouve à l'Ouest de Viviers, dans les collines qui dominent l'Escoutaye près du village de Beyne. Là, l'Urgonien est surmonté par des bancs de calcaire compact à pâte plus fine que les bancs à Rudistes, mais comme eux de teinte claire et un peu cristalline. Ces bancs qui renferment en abondance O. aquila de grande taille sont directement recouverts par les grès à Discoïdea decorata (Aptien supérieur). Nous con- sidérons ces couches à O. aquila comme appartenant au Bédou- lien (Aptien inférieur) et les marnes gargasiennes manqueraient aussi sur ce point. Plus près de Viviers, à la bifurcation de la route de Saint- Thomé et de celle du Teil, se trouve une grande carrière exploi- tée pour l’'empierrement de la route où l’on trouve de nombreux Rudistes. Ces calcaires sont surmontés par des marnes noirâtres de l’Aptien. Malheureusement ici le contact est difficile à obser- ver. Mais on peut néanmoins affirmer avec certitude qu'il n'existe aucun banc calcaire superposé à l'Urgonien. Les couches mar- neuses correspondraient à la partie moyenne de l'Aptien et reposent sur l'Urgonien par un contact anormal. Des difficultés analogues s'opposent partout dans les environs de Viviers à l'observation directe des contacts supérieurs de la masse urgonienne et rendent la question à peu près insoluble dans l’état actuel de nos connaissances. s8S RÉUNION EXTRAORDINAIRE Plus au Sud, à partir de Viviers, dans l'Ardèche et dans le Gard, les calcaires urgoniens sont toujours surmontés par des calcaires marno-gréseux de teinte verdâtre renfermant de nom- breuses Ostrea aquila et Toxaster Collegnoi. Quelques Céphalo- podes de grande taille les accompagnent ordinairement tels que : Acanthoceras Albrechti-Austriæ, Douvilleiceras Hambrontü, ete. Ce faciès s'observe à Bourg-Saint-Andéol et à Laval-Saint- Roman dans l'Ardèche, aux environs de Goudargues et de Ser- viers dans le Gard. Partout où le contact est visible, ces dernières couches sont très facilement reconnaissables et presque toujours fossilifères. Bien que la faune de Céphalopodes ne soit pas absolument identique à celle de la Bedoule, nous inclinons assez volontiers à considérer ces couches comme l'équivalent néritique de la partie inférieure de l’Aptien, tandis que les calcaires de la Bedoule et de la Farge en représenteraient le faciès hathyal. Si l’on admet cette hypothèse, il faudrait en conclure, ainsi que nous l'avons déjà dit antérieurement, que la majeure partie de l'Urgonien du Gard et de l'Ardèche correspond au Barrémien supérieur, tandis que le Bédoulien ne concourrait que pour une très faible part à sa formation. Pendant l'après-midi du 25 septembre, les excursionnistes se sont rendus à Saint-Thomé. Grâce aux basses-eaux de la rivière de l'Escoutaye, nous avons pu observer l'extrême base du Barrémien qui, Jusqu'à ce jour, nous avait échappé. Nous avons retrouvé en ce point la couche glauconieuse signa- lée sur un autre point voisin par V. Paquier et qui renferme ici Parahoplites crioceroïdes et Par. angulicostatus. Elle ne saurait donc être parallélisée comme le voulait V. Paquier avec la couche glauconieuse de Cobonne qui contient Pulchellia pulchella, Cleoniceras Suessi, des Holcodiscus, ete., et qui appartient au 3arrémien inférieur le plus typique (niveau de Combe-Petite). Au-dessus, les calcaires marneux du Barrémien inférieur ont fourni de nombreux Holcodiscus fallar et Pulchellia compressis- sima. Quelques bancs marneux intercalés dans ces calcaires ont donné une faunule pyrileuse contenant : Palchellia Sauvageaui Coquaxr.:; Heinzia ef. Caicedi KARrsT. ; Holcodiscus Gastaldii, Hole. cf. metamorphicus COQuAN». Le Barrémien supérieur est composé de calcaires blancs très compacts qui ne renferment sur ce point que quelques débris d'Heteroceras Giraudi Kic. EXCURSION DU 25 SEPTEMBRE 1910 SU Les excarsionnistes sont ensuite rentrés à Montélimar par la route du Teil. Grâce à l'autorisation qu'ont bien voulu nous accorder MM. les Directeurs, les membres de la Société ont pu pénétrer dans les immenses carrières de li Farge qui fournissent les ciments et les chaux si estimés et exportés dans le monde entier sous le nom de chaux et ciments de la Farge ou du Teil. Ces carrières, qui entaillent les collines dominant le Rhône entre le Teil et Viviers sur une longueur de plusieurs kilomètres, sont formées d'un calcaire compact de teinte claire en gros banes bleus à l'intérieur, plus Jaunâtres en surface. On exploite les cal- caires par tranches verticales donnant par leur mélange la teneur d'argile et de silice convenable pour la préparation des diverses sortes de chaux et de ciments. Les fossiles sont peu abondants dans ces assises et ce n’est que grâce aux exploitations que l’on à pu recueillir un certain nombre de types caractéristiques. Les premières déterminations en ont été faites par M. Henri Douvillé qui a reconnu l'équivalence des calcaires de la Farge avec ceux de la base de l’Aptien, exploités aussi à la Bedoule pour la fabrication de la chaux. Nous avons pu reconnaitre parmi les échantillons conservés à l'usine les espèces suivantes : Nautilus Requieni très fréquent, Costidiscus recticostatus D'Or8., Ancyloceras Matheront, Ancy- loceras n.sp., Douvilleiceras aff. Stobiesckii. Cette faune, comme on le voit, est bien caractéristique du faciès bathyal de l'étage bédoulien. Nous répéterons une fois de plus ici que le contact n'est pas visible avec l'Urgonien et que les assises qui se superposent aux calcaires de la Farge sont les marnes bleues à fossiles gargasiens de la Violette, entre la Farge et le Teil. Le retour sur Montélimar s'est effectué en autobus à partir du Teil. Excursion du 26 Septembre à Vogüé et aux gorges de l'Ardèche. PLaxcHE XX, fig. 3. Les excursionnistes sont partis de Montélimar en autobus pour le Teil, d'où l’on a pris la ligne d’Alais pour Vogüé. A Vogüé on s'est immédiatement rendu au gisement tithonique. En sortant de la gare, après avoir traversé le pont sur l'Auxon, affluent de l'Ardèche, on s’est dirigé vers le N.E. par la route qui longe cette rivière. À environ un kilomètre à proximité d'un pont au-dessus de la voie du chemin de fer du Teil, sur la 7 octobre 1912, Bull Socgséol, FritxX:, —°557, ÿ90 RÉUNION EXTRAORDINAIÏRE gauche du chemin, affleure le Tithonique supérieur formé de cal- caires gris-clair très fins et très cassants avec quelques petites intercalations bréchoïdes dans lesquels on a recueilli de très beaux spécimens des espèces suivantes : Duvalia sp. Hopliles Oppeli Kirrax. Phylloceras semisulealum = {ply- — Boissieri Prcrer. choïcum). — Malbosi Prcr. P. Calypso »'Ors. (silesiacum). — privasensis Picr. Lytoceras municipale pr. (= Hono- mn SD: ralib' OR. Pygope janitor Picr. L. Liebigi Or. Placunopsis sp. L. sutile Or. Terebralula gralianopolitana. Lissoceras Grasi n'Ors. Rhynchonella Hoeneggeri Surss. Hopliles Calisto D'Or. Les échantillons se trouvent principalement dans les murs en pierre sèche qui avoisinent le chemin. Le Berriasien se voit avec son faciès ty pique de calcaires clairs, à peu de distance, en se dirigeant vers le passage à niveau du chemin de fer et dans le lit de la rivière. Il est ici peu fossilifère, on y à pourtant recueilli Spificeras cf. Negrelr. Les excursionnistes sont ensuite rentrés à Ruoms en voiture, en prenant la route qui passe par Saint-Maurice-d'Ardèche el Pradons. Cette route, qui ne quitte guère le Valanginien, domine le cours de l'Ardèche que l'on peut apercevoir de distance en dis- tance par des échappées montrant en même temps les masses calcaires ruiniformes encaissant la rivière et dont l'aspect déchi- queté et dénudé est si particulier aux gras de l'Ardèche. Quelques rares villages aux silhouettes pittoresques, à la colo- ration grise très uniforme, se confondent avec les masses cal- caires sur lesquelles ils sont bâtis. À Ruoms, après un excellent déjeuner, on à repris les voitures et on s'est rendu directement dans la gorge Jjurassique de l’Ar- dèche par la route d'Uzer. Après le pont la route s'engage dans un véritable canon de calcaires compacts, peu fossilifères à la base, mais qui, dans la partie moyenne, ont fourni quelques Oppelia pseudoflexuosa FAvre, Perisphinctes Eumelus D'Or8. Ils repré- sentent le Kimméridgien supérieur. Sur l’autre rive de l'Ardèche on distingue les bancs minces de la zone à Sfreblites lenuilo- hatus Ope. Au retour, les membres de la Société se sont arrêtés dans les banes durs du Tithonique inférieur, exploités dans plusieurs car- rières et qui n'ont donné que de rares fragments de Belemnites et d'Aptychus. EXCURSION DU 26 SEPTEMBRE On à ensuite pris la route de Vallon en repassant par le village de Ruoms jusqu'au confluent de l'Ardèche et du Chasserac. Ce point, d'où l’on a une très belle vue d'ensemble de la région (voir pl. XX, fig. 3) montre le contraste entre les plateaux faiblement inclinés vers Est formant la plaine de Berrias sur laquelle se trouvent les gisements classiques de la base du Valanginien et que le manque de temps ne nous à pas permis de visiter, et les massifs compacts de l'Hauterivien à faciès cévenol. Un peu plus à l'Est, vers Vallon commence le cañon urgonien de la basse vallée de l'Ardèche. C'est au début de ce cañon que se trouve le célèbre Pont d'Arc formé d'une arche de calcaire urgonien enjambant la rivière. L'Hauterivien s'étudie facilement sur les pentes qui dominent la route de Ruoms à Vallon. Il repose sur le Valan- ginien peu fossilifère dans cette région ; il est formé de marnes bleues devenant calcaires vers la partie supérieure de l'étage. Ces derniers bancs renferment de crands Crioceras. Au-dessus l'Hauterivien débute par des calcaires durs gris-foncé où l’on trouve en assez grande abondance Say- nella clypeiformis b'Ors8., espèce dont la constance à ce niveau est remarquable dans tout le Languedoc. Ces bancs sont peu épais et sont visibles un peu en arrière de la route. Plus haut vient une série de calcaires marneux en assises épaisses et bien litées, de teinte foncée et assez résis- tantes. Ces bancs renferment avec une certaine abondance au-dessus de la route et dans les ravins latéraux d’assez nom- breux fossiles généralement de grande taille et parmi lesquels nous avons pu reconnaitre : (Ha JSrgnal de Sampzon à ) S, ÆA = 2Y/22p1Y LOYER Pa1$ Canon jurassique de l Ardeche ee ch. Ê — COUPE DES ENVIRONS DE Ruous. 6. ac HTG: anciennes : 1/10 000 env. long, s9l Séquanien. ji, J', Kiméridgien : Valanginien: 7, Tithonique : Ce: Hauterivien : Ci Alluvions a!-?, SU? RÉUNION EXTRAORDINAIRE Naulilus sp. Puzosia ligala »'Ors. Hoplites Frantzi Kibrax. Crioceras cf. Duvali. — radiatus D'Ors. Holcostephanus Astieri D'Ors. heliacus b'Or8. Toxaster complanatus AG. Phylloceras infundibulum »'Ors. Ostrea Couloni »'Ors. Ces calcaires représentent donc la partie moyenne de l'Haute- rivien et sont les équivalents exacts des calcaires marneux qui, à Livron, supportent la zone à Parahoplites cruasensis. Cette dernière espèce abonde d'ailleurs non loin de là et exacte- ment dans la même position sur les collines qui entourent Vallon et surtout dans les environs de Villeneuve-de-Berg. Quant à la zone à Streblites Sayni elle n'est pas nettement caractérisée. Excursion du 27 Septembre à Brouzet et à Saint-Just. PLaxcxes XX, fig. 1 et XXI Le départ d'Alais en voiture a eu lieu, suivant le programme, à 7 heures du matin par la route de Brouzet. Après avoir quitté la vallée du Gardon et dépassé la ville d'Alais, la route traverse l'ensemble des grès et conglomérats qui terminent la série tertiaire en ce point et que l’on peut classer dans l'étage stampien. Cette formation torrentielle dans laquelle aulternent les bancs gréseux assez fins et les bancs de poudingues est très rarement fossilifère : on a néanmoins recueilli autrefois dans une carrière située montée de Silhol, aujourd’hui aban- donnée, quelques débris de végétaux. E. Dumas cite de cette localité Sa bal Hœæringiana UxG. (= Chamcærops Du masi’ Houeres- l'irmas). Cette partie de la route n'offrant pas d'intérêt les membres de la Société ont passé sans s'arrêter et ont fait halte seulement au pont d'Avène, point où la route recoupe un puis- sant relief formé de conglomérats à élément extrêmement volu- mineux (voir pl. XX, fig. À et 2). M. Roman fait constater que ce relief appartient bien à la série tertiaire, contrairement aux indications de la Carte géologique qui indique en ce point un affleurement urgonien. La grosseur des blocs qui composent ce conglomérat, dont la dimension atteint parfois le volume d’une maison, indique une sédimenta- tion torrentielle extrêmement rapide correspondant à la partie inférieure et moyenne de l'étage stampien. Les blocs sont pour la plupart empruntés aux massifs urgo- niens voisins, ce quiexplique aisément l'erreur d’Emilien Dumas et qui depuis à été reproduite sur la Carte à 1/80 000. EXCURSION DU 27 SEPTEMBRE Marcel Bertrand! a cherché à expliquer le développement de ces amas de blocs par l'existence d'une nappe charriée post- ohigocène « nappe d'Urgonien renversée ou non, lame de charriage où lambeau de poussée » étendue sur les cailloutis et les grès du bassin'oligocène. Cette nappe démantelée aurait laissé reparaitre les sédiments oligocènes dans les points où elle aurait été enlevée par l'érosion. Gette hypothèse ne peut se soutenir, lorsqu'on examine de près ces masses, et que l’on constate qu'elles passent en beaucoup de points à des conglomérats moins volumi- neux et que ces conglomérats alternent très fréquemment avec des couches gréseuses plus fines. Au pont d'Avène, en particulier, on peut très facilement constater ces superpositions. Il est aussi à remarquer que ces masses de conglo- mérats forment des alignements de collines orientées suivant la direction de la stratification du bassin tertiaire. L'âge des conglomérats de la partie ter- minale du bassin d'Alius est d’ailleurs indiqué par leur subordination à des banes calcaires renfermant des débris de Rhino- céros à Auzon, près des Fumades. Des fouilles exécutées par l'Université de Lyon en ce point ont mis à Jour un eràne en mauvais état, dont on a pu cependant conserver la dentition complète. Cette pièce se rapporte à l’Acerofherium minu- Lum CUVIER du Stampien supérieur ?. Pareille découverte à été faite au chà- teau d'Avène au Sud d'Aliaus, au même niveau; 1l est assez probable que c'est encore à la même espèce que l'on doit rapporter le Rhinocéros découvert à Salindres et cité à diverses reprises. 1910 = RUB exagcCrées. Haut. : 1/60 000 env. — Longueur Légende de la Carle géologique de la France. LA ROUTE D'ALAIS A BROUZET. . — CourE DE Î TG: 1. Marcel Berrraxp. Le bassin houiller du Gard. Annales des Mines 9°), XVIE,1900. 2. Cette pièce est décrite et figurée dans un travail récent : F. Roman. Les Rhinocridés de lOligocène d'Europe. Arch. Mus. d'Hist. nat. de Lyon, L. XI. p: 26, pl. vi, fis:3 c03a, 59% RÉUNION EXTRAORDINAIRE La Société est ensuite remontée en voiture et ne s'est arrêtée que dans la eluse de Brouzet, aux Augustines, où sont ouvertes des carrières dans les calcaires urgoniens. M. Sayn montre ensuite la coupe très complète de la partie inférieure du Crétacé entre les Augustines!' et Saint-Just (voir pl. XXI, fig. 1). Cette coupe comprend les termes suivants : Le Barrémien supérieur, affectant le faciès urgonien, forme une masse très uniforme de calcaires crayeux entremêlés de bancs plus durs, parfois un peu oolithiques, qui sont exploités activement. Ils renferment à la base d'assez nombreux échan- tillons de Nerinea gigantea et un peu plus haut une riche faune de Rudistes et de Gastéropodes. Le gisement de Brouzet offre de plus un intérêt paléontolo- gique de premier ordre, qui en fait l'équivalent, au point de vue de la richesse de la faune et de la magnifique conservation des spécimens, du classique gisement d'Orgon (Bouches-du-Rhône). Les Gastéropodes et une partie seulement des Lamellibranches, ont été Jusqu'ici étudiés en détail, et M. Cossmann à pu identifier 42 espèces dont 28 étaient nouvelles lors de l'apparition de son mémoire. Les Rudistes qui devaient faire l'objet d'une monographie de V. Paquier, n'ont pas été publiés, en sorte que la liste suivante présente certainement quelques lacunes dans ce dernier groupe. Je crois néanmoins utile, pour donner une idée un peu complète de cette faune si riche, d'énumérer tout ce qui est actuelle- ment connu. Tornatina Jaccardi Prcr.. et Came. Vanikoropsis ererla Cossu. Pseudonerinea gardonensis Coss- Nerilopsis spiralicrenala COSssx. MANN. Nerila Capduri Cossn. Campichia truncala Picr. et Came. — mamnuvformis RENAUX. Phaneroptyris Pellali Cossu. Nerilodomus dolichostoma Cossu. Nerinea gigantea D'HouBre-Frruas. Turbo heplagonialus Cossu. Vogtiana be MorriLLErT. Calliomphalus Pellali Cossu. - _ Coquandiana D'Or. Rothpletzella barremica Cossx. tenauriana D'OR8. Ataphrus graniformis Cossu. — micromorpha Cossu. Venus vendoperana Levy. Chenopus luberosus Cossu. Cyprina brouzelensis Cossx. Diatinostoma Pellali Cossu. Cardium brouzelense Cossu. Microrhiza Pellali Cossu. — microphlielis Cossu. Pseudomelania Capduri Cosss. Corbis Capduri Cossu. = Allardi Cossu. aæinæformis Cossu. Nummocalear ef. puslulosus Cossu. Cyclopellalia acrodonta Cossx. 1. Je maintiens ici ce nom des Auguslines que lon trouve sur la Carte d'Etat Major bien que cette orthographe soit erronée: le nom véritable serait les Angous- {rines, employé au Moyen-Age, correspondant au mot latin Anqusliæ, les défilés, EXCURSION DU Cardila Capduri Cossu. Parallelodon qgardonense Cossx. Mylilus Pellali Cossx. Perna Allardi Cossu. Peclen Deshayesianus MArHERoOx. = alavus RoëMER. SEPTEMBRE 1910 Lima cf, vigneulensis Cossu. 59 Ilinnites urgonensis Picr. el Caupr. Ostrea urgonensis D'ORs. Requientia ammonia MATH. Pellati PAOUIER Toucasia carinala MATH. Monopleura varians MATH, Chlamys urgonensis be Lortor. — cf. Lardyi Prcr. et Came. On trouve aussi quelques Polypiers, mais ils sont rares ; il ne parait donc pas y avoir eu en, ce point, de récit proprement dit. En descendant carrières on pénètre dans la gorge des Augustines et on ne tarde pas à observer le contact des calcaires à faciès urgonien avec leur substratum formé vers le hameau des des Augustines par des couches marno-cal- cures à Toraster relusus. Cette grises riches en Toraster et O. Couloni var. et qui renferment : assise surmonte des marnes Phylloceras Thetys D'Onrs. Pulchellia Saunieri TorcaPEr.. Holcodiscus Caillaudi v'Ors. — Perezi D'OR. — cf. rarecostatus Karak. Holcodiscus nodosus KARAK. zigzay KARak. — Niclhlesi Kar.(—diversecostalus Nick. non COOUAND), —_ aff. Van den Heckei Db'Ors. Ainsi que Tlerebralula sella el Lhynchonella lala. Ces marnes reposent sur des calcaires compacts entremèlés de bancs spa- thiques qui ont par place l'aspect des calcaires urgoniens. Près du Pont de Justice ils renferment de (rès grands Crioceras et Parahoplites cf. crioceroïdes TorcareLz, caractéristiques de lai zone à Par. angulicoslalus. En suivant la route on rencontre des marnes et calciures marneux à T'oraster SYUSC Serre du Bouquet Agria Blumenbachi SrubEr, Troubadours A°tdes de) les Augustine | Haut.exagérées. 1/60 000 env. / be Brouzer À Euzer. — Long. CoUrrE bA Fic. MOSS Ifauterivien c"-b, Hauterivien supérieur : férieur ; ’ arrémien in Gris , en supérieur : Ciuas Barrémi ocène : à 4 y cocenc E GES c,, Valanginien. inférieur : et mauvais Desmoceras qui paraissent représenter la zone à S/re- blites Saynr. SOG RÉUNION EXTRAORDINAIRE Au-dessous viennent des calcaires plus compacts qui renferment Hoplites cruasensis Torc. et 7. salevensis KiLiaw. L'Hauterivien moyen comprend des calcaires durs avee débris d'Aolcostephanus et à Hoplites castellanensis. Ces couches nous mènent jusqu'au village de Saint-Just où l'on s’est arrêté pour déjeuner. Pour compléter la série du Crétacé inférieur de cette région il faudrait se reporter un peu plus à l'Ouest dans la direction de Méjannes-Mons où l’on trouve un Valanginien bien typique. L'après-midi a été consacrée à l'étude des gisements fossili- fères à Échinides: des environs de Seyne, et principalement de celui du Mas de Valus. Les assises qui contiennent les Oursins sont le prolongement exact des marno-calcuires des Augustines, mais ne renferment que de rares Céphalopodes, suffisants toute- fois pour indiquer très nettement que ces couches appartiennent au Barrémien inférieur. On à recueilli en ce point : Nautilus. Phylloceras infundibulum D'Or. Desmoceras difficile D'Or. Ostrea Couloni var. de grande taille. — cf. Charrieri n'Ons. Nalica allaudiensis MATH. Holcodiscus cl. eleqgans Kar. Les Brachiopodes sont particulièrement abondants et l'on peut citer : lihynchonella lala D'Or. Terebratula lamarindus Sow. lerebralulacf.pseudo-jurensis LEY. —- prælonga Sow. La riche faune d'Oursins comprend les types suivants : Holeclypus macropyqus AG. (Discoi- Holaster prestensis Drson (Cardias- dea). ; ler). Pygaulus Desmoulinst AG. Toxasler Ricordeauti CorrEau. Astrolampas Romani LamBerr. Miotoxaster Collegnoi Sin. (Spala- Phyllobrissus neocomiensis Ac. (Ca- qus). lopyqus). L'heure avancée de l'après-midi a obligé les excursionnistes à rentrer directement à Alas où l'on a couché. M. Depéret insiste sur la différence profonde qui existe entre la faune de là partie des calcaires urgoniens du Sud-Est de la France attribuée jusqu'à ce jour à l'Aptien et celle de l'Aptien zoogène des Corbières et des Pyrénées. Il demande à M. Sayn de bien vouloir exposer à la Société les relations de faciès entre la vallée du Rhône et li région linguedocienne. EXCURSION DU 27 SEPTEMBRE 1910 891 M. Sayn répond que la question de l'âge des calcaires urgo- niens est des plus complexes, malgré les belles recherches de MM. Kilian et Paquier : elle ne lui semble pas encore complète- ment résolue. [l se bornera donc aux quelques observations sul- vantes : Au point de vue stratigraphique, il est incontestable que, sur de très nombreux points, les calcaires urgoniens sont recouverts par le Bédoulien le moins douteux. Il lui suflira de citer les environs de Bourg-Saint-Andéol, de Pont-Saint-Esprit et de Serviers dans le Gard, les Martigues et la Bedoule en Provence!, les environs de Saou et de Bourdeaux dans la Drôme. Dans Île midi de l'Ardèche et du Gard, le Bédoulien affecte, il est vrai, un faciès nérilique et contient en abondance O. aquila et Toxaster Collegnot associés à de grandes Ammonites : Parahoplites conso- brinus et Douvilleiceras Albrechti-Austriæ. À la Bedoule même les calcaires à Requienta ammonia, sont inférieurs non seulement aux couches à grands Ancyloceras du Bédoulien, mais encore à des couches plus compactes qui contiennent Costidiscus recti- costatus et s'intercalent entre les couches à Anc. Matheroni et l'Urgonien. Il en est de même dans les environs de Saou et de Bourdeaux où les calcaires à faciès bathyal qui surmontent les couches urgoniennes contiennent avec les Douvilleiceras caractéristiques de l'étage : Costidiscus reclicostatus et même Macroscaphites Yvan. Au point de vue paléontologique, V. Paquier avait pensé que les Caprininés étaient confinés dans les couches supérieures de l'Urgonien et les avait considérés comme bédouliens; mais d’une part les Caprininés ne sont pas exclusivement cantonnés dans la partie supérieure de la masse urgonienne puisque j'en ai recueilli à Barcelonne (Drôme)avec Heleroceras Astieri et d'autre part on n'a pas, à ma connaissance, recueilli dans ïes couches à Rudistes dites bédouliennes les espèces caractéristiques des couches à Rudistes de la Clappe : ces dernières sont incontesta- blement bédouliennes, comme l'a bien montré M. Doncieux *. Jamais jusqu'à ce jour on n'a rencontré ni Horiopleura Lamberti, 1. Ilggerr. Le Néocomien inférieur dans le Midi de la France. B.S,G.F., (2) XX VIII, 1871. Toucas. Note sur la succession des zones du terrain crélacé au Beausset. B. 4. GRR) KÉCASOT M. Berrranp. Compte rendu de lexcursion à la Ciotat et Bandol B.S.G.F. 3), XIX, 1891. 2. Doxcrex. Monographie géologique el paléontologique des Corbières orien- lales. Ann. Univ. de Lyon, 1903, 898 RÉUNION EXTRAORDINAIRE ni Polyconites Verneuili dans les gisements urgoniens du Gard ou de l'Ardèche, ou de la région delphino-provençale, qui sont cependant à peu de distance de la Clappe et des Corbières. Cependant V. Paquier à signalé dans les couches terminales de l'Urgonien du Fa (Isère) associée à des débris d'Ammonites à faciès bédoulien!, une grande variété comprimée de Toucasia carinala qui se trouve dans les couches à Horiopleura des envi- rons de Barcelone (Espagne). Cette absence dans la plus grande partie de la région delphino- provençale des Rudistes de la faune de la Clappe à Æoriopleura Lamberti est un fait important dont on n'a peut-être pas tenu suffisamment compte Jusqu'ici. La faune de l'Urgonien delphino-provençal est assez uniforme et dans l'état actuel il serait difficile, je crois, de distinguer paléon- tologiquement plusieurs niveaux dans l'Urgonien. Tout au plus pourrait-on dire que les Agria sont abondantes à la base et les Offneria au sommet de la formation. Je considère donc que, certaines régions mises à part (Ventoux, Montagne de Lure), l'Urgonien peut être considéré comme repré- sentant le Barrémien supérieur et parfois tout ou partie du Bar- rémien inférieur. Ce n'est que sur des points restreints que sa partie supérieure peut appartenir au Bédoulien *. M. P. Lory présente quelques observations sur le parallélisme entre les assises infracrétacées des régions rhodaniennes et subalpines. Il admet d’autant plus volontiers l’âge barrémien de la plus grande partie des calcaires urgoniens que ses observa- tions dans le Bochaine et le Dévoluy ont fourni les premiers arguments les plus probants en faveur de cet âge (B.S.G.F. (3), XX VI). Mais dans la région subalpine au moins aucun fait 1. PaQuiEn. Rech. géol. dans le Diois, etc., p. 218. 2. Dans la région que nous venons d'étudier on peut observer de la façon la plus nette le passage du Barrémien supérieur à l'Urgonien. Si l’on suit les couches du Barrémien supérieur de Cobonne (calcaires à Costi- discus reclicoslatus el marnes à Heleroceras) on les voil remplacées, à 15 km. envi- ron vers le Nord, sur les crêtes de la montagne de Raye, par des calcaires com- pacts de couleur claire entremêlés de couches de calcaires cristallins et contenant Parahopliles cf. Feraudi, Desmoceras difficile, Heteroceras Aslieri associés à de nombreux Bivalves et à des Toxaster. Un peu plus loin ces calcaires compacts sont remplacés par les couches purement récifales de Barcelonne où j'ai recueilli avec Heleroceras cf. Aslieri de nombreux Gastéropodes de Brouzet. Les calcaires à Par. cf. Feraudi de la crète de Raye sont immédiatement recouverts par Lou 2 m. d'un calcaire brunâtre, pétri d'Ostrea aquila, qui est le prolongement incontestable des calcaires de faciès identique de Cobonne (fig. 1, eu). EXCURSION DU 27 SEPTEMBRE 1910 899 straligraphique ne lui paraît contredire la conclusion de V. Paquier, que la partie supérieure de la formation est d’âge bédoulien. Quant à l'apparition du faciès, elle se place pendant le Barré- mien inférieur en Bochaine comme près d’Alais. Dans la Char- treuse et le Vercors l’âge des marno-calcaires à Toraster com- planatus sur lesquels repose l'Urgonien, est malheureusement encore un peu imprécis. Si l'on y a cité Parahopliles cruasensis, la présence de Desmoceras Sayni à l'Ermitage (Paquier et Lorv) implique qu'ils occupent iei le sommet seulement de l'Hauteri- vien; P. cruasensis, dont M. Sayn a nettement établi l'âge hauterivien, a probablement persisté jusqu’à la fin de l’étage dans le faciès à Spatangues subalpin. M. Lory est d'accord avec M. Savn pour considérer les Polv- piers comme ayant pris en quelques points (au Néron nord et au Col Vert comme à Saint-Montant) une part très importante à la formation du calcaire urgonien. M. L. Joleaud fait remarquer qu'au contraire, en Algérie, le Bédoulien à Céphalopodes ne semble pas exister au-dessus des calcaires à Rudistes,. Des calcaires à Polyconites Verneuili du Sidi Rheiss reposent sur les marnes qui lui ont récemment fourni Hoplites Deshayesi (Bédoulien) tandis qu'ils sont surmontés directement par d'autres marnes où M. Blayac a trouvé Oppelia nisus, Parahoplites qar- gasensis, elc. (Gargasien). Séance du 28 Septembre à Nîmes. La séance s’est ouverte à 9 heures dans le local de la Société d'Études des Sciences naturelles sous la présidence de M. Sayn. M. G. Sayn invite M. F. Mazauric, président de la Société des Sciences naturelles de Nîmes, M. G. Mingaud, secrétaire, et M. Mar- celin, bibliothécaire, à prendre place au bureau. Il exprime la recon- naissance de la Société pour l'hospitalité qu'ils ont bien voulu accor- der à la Réunion extraordinaire à l'occasion de sa séance de clôture. M. Mazauric souhaite la bienvenue aux membres éminents de la Société géologique de France et exprime tout le plaisir que la Société d'Etudes des Sciences naturelles éprouve à leur offrir l'hospitalité dans son modeste local. Il assure les congressistes que leurs travaux seront suivis avec la plus grande attention par tous membres de la société nimoise qui ne manqueront point d'y puiser un précieux encourage- ment pour l'avenir. 900 RÉUNION EXTRAORDINAIRE Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. \I. Roman, avant de commencer l’exposé des dernières excursions faites par la Société, remercie les naturalistes nimois de leur accueil. Il se fait l'interprète de tous ceux qui ont assisté à la Réunion en remerciant M. le Président de la Société des Sciences naturelles et en le priant de transmettre à ses collègues les sentiments de gratitude de la Société géologique. Puisque l’occasion s'en présente, M. Roman est heureux de rappe- ler le role important de la Société des Sciences naturelles de Nîmes dans tout le Bas-Languedoc. Si la Zoologie et la Botanique tiennent une grande place dans ses travaux, la Géologie n’est pas non plus oubliée, et c'est à ce titre que nous sommes heureux d’applaudir aux efforts faits pour donner à cette science une place considérable, et l'on peut dire hardiment qu'il n’est pas une des observations importantes faites dans le Gard qui nait eu son écho dans son Bulletin. A ce propos, il est intéressant de constater aussi les étroits rapports qui unissent la Société au Muséum des Sciences naturelles dont elle est en quelque sorte l'organe. Chaque année, un compte rendu des nouvelles acquisitions, publié dans ce Bulletin, permet de se faire une idée des matériaux que les savants peuvent rencontrer dans les vitrines du Muséum; cela est d'autant plus précieux que le Musée de Nîmes est avant tout un musée régional. Dire que l’on trouve représentée dans les collections d'un Muséum, une fidèle image des productions de la contrée, est, je crois, le plus bel éloge que l’on puisse adresser à un musée de province. Car, si les col- lections générales rendent les plus grands services el sont même indispensables dans de très grands centres, combien sont plus intéres- sants et plus utiles les musées locaux quand on veut se livrer à l'étude d'une région donnée. C’est ainsi que l’ont compris et réalisé M. Stanislas Clément, créa- teur-fondateur du Muséum de Nîmes, et M. Galien Mingaud, conser- vateur actuel, en accordant une place prépondérante à l'histoire natu- relle de leur pays. La région nimoise offre, d'ailleurs, de nombreuses ressources à qui sait en faire usage. Les collectionneurs et les chercheurs sont fré- quents, et cela dans toutes les branches des Sciences naturelles. M. Roman signale enfin les collections de Géologie qui intéressent plus directement la Société. Plusieurs d'entre elles font partie du Muséum de Nîmes, grâce à des dons généreux. Il cite en première ligne celle d'Euruex Dumas, le maitre incon- testé de la géologie du Gard, dont on connaît l'œuvre importante et sur laquelle il est imutile d'insister. Cette collection comprend, outre les matériaux qui ont servi à la « Description géologique du Gard » et à la « Carte du département », une partie générale importante, EXCURSION DU 2S SEPFEMBRE 1910 ou À côté de cette série de tout premier ordre, on lrouve encore au Musée de Nimes la collection recueillie autrefois aux environs d'Anduze par Mrrvin Roux, moins considérable, mais qui à néanmoins son intérêt. TorcareLz a donné de nombreux échantillons du Crétacé de la région, qui permettent de se faire une idée plus nette de plusieurs espèces spéciales décrites par ce géologue. Et nous faisons des vœux, à ce propos, pour que la collection Torcapel vienne rejoindre un jour, ainsi qu'il en a été question, la collection d'E. Dumas et compléter ainsi la géo- logie régionale du Gard. Il serait encore à désirer de voir la collection JEaxIEAN, de Saint- Hippolyte-du-Fort, qui renferme des matériaux de premier ordre pour l'étude de la bordure cévennique, se Joindre à toutes ces riches acqui- sitions. M. Roman s'aperçoit qu'en citant ces noms, il a indiqué presque en entier l'histoire géologique de la région, car il est à remarquer que le Languedoc à été presque uniquement étudié par des géologues locaux. Et actuellement encore, la Société géologique s'honore de compter parmi ses membres, à Nimes, M. G. Fasre, dont nous déplorons aujourd'hui l'absence, et dont les travaux sur les Cévennes et le Bas- sin tertiaire d'Alais sont présents à toutes les mémoires, et M. Car- RièRE dont le nom se lie à l’une des découvertes les plus sensation- nelles de la région. Mais le Languedoc compte aussi de nombreux géologues d'adoption : Foxranxes, à qui revient l'honneur de la description détaillée du com- plexe lacustre d'Emilien Dumas et M. le professeur Depérer, dont les magistrales études sont venues préciser les points douteux et permettre la synthèse de la région languedocienne. M. Roman rend ensuite compte de l’exeursion d’Alais à Euzet et retour par Saint-Césaire-de-Gauzignan puis ensuite de celle à Saint-Mamert et autour de Nîmes. Excursion du 28 Septembre dans le bassin d'Alaiïs. La Société quitte Alais en voiture à 7 heures du matin par la route d'Uzès. En sortant de la ville, on recoupe une série de orès et de conglomérats alternant avec des assises marneuses correspondant au Stampien. Ce complexe très ingrat n'a encore jamais donné de faune, en sorte que c'est seulement par sa posi- tion stratigraphique, sous les assises à Acerotherium minutum, que l'on peut en déterminer l’âge. C'est dans cet ensemble que se trouvent intercalés les puissants conglomérats étudiés la veille près du ruisseau d'Avène sur la route de Brouzel. Rappe- lons toutefois en passant, que c'est à ce niveau que se placent les grès de la montée de Silhol où d'Hombres-Firmas a recueilli 02 RÉUNION EXTRAORDINAIRE de grandes empreintes d'un Palmier décrit sous le nom de Cham œærops Dumasi et rapporté par E. Dumas au genre Sabal (Sabal Héæringiana UxG.). Cette partie supérieure du bassin d'Alais est très bien culti- vée, en sorte que les affleurements y sont rares et peu distincts. Ce n'est qu'à partir du ruisseau de Droude, près de Méjannes, que la Société a mis pied à terre pour étudier la succession inin- terrompue et partout fossilifère du bassin tertiaire d'Alais. La route suivie traverse tout le flanc ouest du synclinal, en atteint l'axe près de Monteils, puis recoupe le jambage est en descendant vers Euzet. On peut done ainsi observer la série com- plète du bassin d'Akus sans quitter la route et en commençant par la partie supérieure. Immédiatement au-dessous des conglomérats stampiens il existe une assise marno-calcaire en plaquettes, peu visibles en ce point, mais qui, dans le reste du bassin, renferment Sphærium Berterauæ FonT., Cyrena semistriala DEsn., Cyrena Johannisen- sis Foxr. Puis viennent quelques bancs de grès correspondant aux grès de Célas. Au-dessous commence une puissante série de calcaire blanc marneux en plaquettes assez épaisses, où les membres de là Société ont pu récolter en abondance dans les carrières du bord de la route : Cyrena aff. Dumasi be SERRES, Cyrena retracta Foxr., Cyrena strongila Font., ainsi que de nombreuses Jacquotia, Nerifina, Melanopsis, Limnea du groupe longiscata, ete. En remontant dans la direction de Méjannes, on aurait pu rencontrer des bancs légerement inférieurs renfermant Mela- noides albigensis Nour. Ce dernier horizon, très constant dans tout le bassin d'Alais, est presque partout fossilifère, mais dans la plupart des localités on ne rencontre que les moules internes des formes caractéris- tiques. On verra plus loin que quelques localités privilégiées dont la faune est décrite plus loin sont au contraire remarquables par l’état de conservation des fossiles. L'horizon à Melanoïdes albigensis est de plus, daté par une faune de Mammifères peu abondante, mais très typique, dont les principaux spécimens ont été rencontrés dans les lignites qui accompagnent cette formation à Célas. On a déjà donné plusieurs fois la liste de cette faune de Célas ! mais Je crois 1. Sreaun. Saugetiere Schweitzerischen Eocaen. Roman. Mammifères oligocènes du Château de Castelnau- Valence. Bull Soc. Et. Sc: nat. Nîmes, 1910. EXCURSION DU 2S SÉPTEMBBE 1910 903 utile de la reproduire 1e1 pour établir bien nettement l'âge des assises à Melanoïdes. Anoplotherium commune Ow. Célas, Vermeils près Ribaute, Saint- Jean-de-Marvejols, Avejan, Barjac, Castelnau, Valence. Palæotherium Mühlherqgi Sreuux. Célas, Saint-Jean-de-Marvejols, Barjac, Vermeils, Castelnau-Valence. Plagiolophus minor Cuv. Vermeils. Plagiolophus Fraasi H. v. Mrver, Célas. Plerodon dasyuroïdes Grrv. Barjac. Cette faune, ainsi que l’a bien établi M. Stehlin', correspond à celle des Marnes bleues et des Marnes blanches du bassin parisien et à celle de Frohnstetten en Suisse et revêt un caractère un peu plus récent que celle de Montmartre : elle est certaine- ment antérieure à la faune immigrée de l'Oligocène. En montant vers Monteils on atteint rapidement le prolonge- ment des grès de Célas, qui ne sont pas fossilifères en ce point. Mais, dans les tranchées du tunnel de Célas, ces assises ont donné une flore extrèmement riche, étudiée par M. Laurent, d'après les échantillons conservés au Musée de Marseille. Bien que la localité de Célas, qui se trouve à quelques kilo- mètres au Nord du point étudié par la Société, n'ait pas été visitée dans cette excursion, la flore en est trop importante, eta été étudiée avec trop de soins par M. Laurent, chef des travaux de Paléobotanique au Muséum de Marseille, pour qu'on puisse la passer sous silence. On trouvera ci-après un résumé de ses observations qu'il à bien voulu rédiger pour la Société géologique. Les grès de Célas sont bientôt abandonnés par la route et l’on atteint de nouveau les assises que l’on avait examinées au pied de la montée à Méjannes. Ce n'est qu'un peu après, au-delà du village de Monteils, que la Société a mis pied à terre pour reprendre la coupe au-dessous des calcaires de Méjannes. Sous le mas Barjac, on a observé les calcaires marneux en plaquettes, à Doliostrobus Sternbergi, dans lesquels il a été possible de recueillir, outre des fragments de ce Conifère, de nombreuses Hydrobies : 7, cf. pyramidalis DEsu., des Sphærium, etc. La descente dans la direction d’Euzet offre une série très con- tinue de calcaires blancs marneux, en plaquettes, renfermant très sensiblement la même faune. 1. Sreuzix. Mammifères éocènes et oligocènes du Bassin de Paris. #.S.G.F.. (4), IX, 1909, p. 501. 904 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A moitié distance de Monteils à Saint-Hippolyte-de-Caton, la Société à pu étudier une fouille exécu- tée dans le niveau dil à Insectes ef Pois- sons, par les soins de M. L. Maurette. On à pu observer ainsi de belles pla- quettes avec Afherina vardonis, dont les plus beaux spécimens ont été réservés pour divers établissements publics : le Muséum de Paris, l’Université de Lyon, celle de Grenoble et celle de Lille, Quel- ques Insectes, un Coléoptère du groupe des Carabides et un Diptère voisin des Tipules, ont été aussi recueillis dans les mêmes bancs. A quelque distance de là, M. L. Mau- rette avait préparé une autre excavation dans les marnes à Mammifères où se ren- contre la célèbre faune d'Euzet. Les couches marneuses et calcaires qui contiennent les Mammifères, sont nettement inférieures à un horizon qui sert de point de repère dans cette inter- minable série de calcaires, Je veux parler de l'horizon à Limnea longiscata et Pota- mides aporoschema. Sur le gisement de Mammifères, M. Depéret a donné quelques détails sur la faune dite d’Euzet et a signalé la fré- quence des Palæotheridés, associés à de nombreux Plagiolophus, Loplhiotherium et Hyænodon. Les couches à Vertébrés contiennent en outre Limnea longiscala et Strophos- toma globosum. En continuantleurchemin vers les Bara- ques d'Euzet, les membres de la Société ont pu étudier les grès à Zophiodon du Bartonien, qui ne sont pas fossilifères en o° . ce point, mais sur lesquels on peut aperce- voir, lorsque les dalles sont bien décou- ( vertes, des traces de pas laissés par les Lophiodon et moulées par le grès. Après le déjeuner aux bains d'Euzet, la Société a recoupé de SES Même légende. Haul. exagcrées. 50 000 env. n UZET EN SUIVANT LA ROUTE — Longueurs : F; pl BASSIN d'I 9, — CoüPE bt FiG Mas Largu er N.W. EXCURSION DU 2$S SEPTEMBRE 1910 905 nouveau, mais en sens inverse, toute la série de l'Éocène et de la base de lOligocène. On s’est arrêté quelque temps à Saint- Césaire-de-Gauzignan pour étudier un gisement remarquable de la zone à Melanoïdes albigensis, où les fossiles sont exception- nellement bien conservés. Cette faune insuffisamment décrite par Fontannes, mérite une étude spéciale, faite comparativement à celle de plusieurs autres localités du Gard, en particulier de celle des environs de Beaucaire. On trouvera ci-après les résultats principaux de cette étude. Les membres de la Société, après s'être attardés un peu sur le beau gisement de Saint-Césaire de Gauzignan n'ont pas pu s’arré- ter sur la route de Ners pour étudier les caleaires à Cyrena Dumasi et Jacquotia apirospira bien développée dans cette région. A Ners, on a repris le train pour Nîmes où l’on à passé la nuit. Excursion du 29 septembre à Saint-Mamert et aux environs de Nimes. Le départ à eu lieu de bonne heure, par le train de Fons où des voitures attendaient. On s’est immédiatement dirigé vers Saint-Mamert où l'on a commencé l'étude de la coupe. Les congressistes ônt tout d'abord rencontré des grès mollassoides, sans fossiles, alternant avec des bancs de conglomérats à éléments peu volumineux. Cet ensemble correspond aux grès mollassiques des environs de Sauzet dans lesquels on a trouvé Anoplotherium commune et un débris de Cainotherium: nous sommes done au niveau des lignites de Célas, dans le Sannoisien moyen. Ces grès sont par conséquent le prolongement latéral des calcaires à Melanoïdes albigensis du bassin d'Alais !. Au-dessous viennent des calcaires siliceux renfermant Limnea æqualis, près des Bergeries des Jasses. Immédiatement sous ces bancs, se rencontrent des calcaires un peu plus marneux avec nombreuses Limnea du groupe æqualis associées à de nombreux Potamides aporoschema Foxr. ligurés ci après (pl. XXIV, fig. 10, 104) Iiydrobia, Striatellasp., Planorbis (Segmentina) Rouxi Nocr. C'est le niveau qui avait été observé la veille immédiatement au-dessus des marnes à Mammifères d'Euzet,. 1. Voir la coupe de ce point in Rouax. Eoc. et Olig, du Languedoc. B.S.G.F, (4), LIT, 1904, fig. 5, p. 562. $ octobre 1912, Bull. Soc.,.géol. Fr. X, — 58, 906 RÉUNION EXTRAORDINAIRE Cette dernière assise est représentée dans la colline de Saint- Mamert par quelques banes à Limnea longiscata très fréquentes et bien typiques. Ces banes forment le sommet de la colline et n'atteignent qu’à peine le revers ouest. Au-dessous, on atteint le Bartonien, ici représenté par une série très complète d'assises dans lesquelles on peut reconnaître de haut en bas : 1° Banc crayeux sans fossiles ; 2 Calcaire blanc assez dur de 80 cm. d'épaisseur environ très fos- silifère. J'ai pu y reconnaitre : Planorbis mamerlensis RoMAx. Glandina costellala var. mamerlen- Planorbis Vasseuri Row. sis Rom. Planorbis (Segmentina) Rouxi Nour. Ischyrosloma formosum var. minula Limnea longiscala BRONGN. VASSEUR, Melanopsis sp. Helix sp. Dactylius robiacensis Row. Strophostoma præglobosum Ron. Ces bancs contiennent aussi quelques débris de Lophriodon. 3° Calcaires blancs crayeux sans fossiles (3 m.). 4° Marnes phosphatées (20 à 40 em.) à très nombreux débris de Mammifères. C’est le gisement dit de Robiac, du nom du hameau situé en face des fouilles. Une tentative d'exploitation industrielle des phosphates n’a donné aucun résultat, mais a permis de recueillir la magnifique faune, unique pour le Bartonien, dont on trouvera la nomenclature ci-après. M. Depéret, qui le premier a signalé le gisement sur les indi- cations de M. Carrière, donne sur place quelques détails sur la composition de cette faune, et insiste sur l'association en ce point des Lophiodontidés avec les premiers Paleotheridés. A l’occasion de la visite de la Société, M. L. Maurette, qui depuis de longues années s'est occupé d'exécuter des fouilles dans cette localité pour le compte de l'Université de Lyon, avait préparé une exeavation sur les meilleurs points fossilifères. Les excursionnistes ont pu se rendre compte par eux-mêmes de la richesse du gisement et emporter quelques dents de Lophiodon. Bien que les membres de la Société n'aient pas eu le temps de se rendre jusqu'au contact du Crétacé, je donnerai ici, néan- moins, la série complète de la base de la série tertiaire telle qu'on peut l’observer en se dirigeant vers Robiac : 5° Calcaire blanc marneux sans fossiles ; 6° Marnes argileuses de teinte rougeàtre ou jaunâtre formant à peu près la moitié de la colline de Saint-Mamert ; EXCURSION DU 29 SEPTEMBRE 1910 907 7% Marnes blanches sans fossiles, passant latéralement à des conglo- mérats Jaunâtres qui englobent parfois le niveau suivant, et par suite reposent directement par places sur le Crétacé ; 8° Calcaires marneux, formant barre saillante auprès du Mas Robiae, el renfermant la faune classique du Lutétien supérieur : Planorbris pseudo-ammontus Scur., Limnea longiscala Desn. Ces calcaires reposent sur l'Urgonien du bois de Lens. Au retour, qui s'est fait en voiture par la route de Sommières, on à pu apercevoir en passant, mais sans s'y arrêter, le lambeau de mollasse de la base du Burdigalien à P. Davidi de Montpezat. Puis on traverse la plaine de cailloutis sannoisiens de Souvi- onargues et l'on atteint enfin le synelinal miocène de Sommières. Il est facile de reconnaître de loin la composition de ce bassin, qu'il n’a pas été possible d’étudier faute de temps. La route recoupe d'abord les mollasses du Burdigalien, autrefois exploi- tées entre Souvignargues et Pondres. Puis on voit les assises marneuses de l'Helvétien former le substratum du plateau de Villevieille qui lui-même est constitué par les Mollasses torto- niennes. Après le déjeuner, les membres de la Société ont repris la route de Nimes. Arrivés à Aujargues, on s'est arrêté pour observer les calcaires de la base de l'Hauterivien qui sont très fossilifères en ce point. Leur âge est nettement indiqué, non seulement par leur faune, mais encore par leur superposition aux marnes valanginiennes de la Vaunage". La faune d'Aujargues est composée presque exclusivement par des moules internes de Céphalopodes de grande taille, parmi lesquels on peut reconnaitre les espèces suivantes : Lytoceras cf. subfimbriatum v'Or8., Hoplitides Leopoldi D'Orr., Leopoldia radiata BruG., Hoplites cf. castellanensis D'Or&. Ce niveau calcaire à grands Hoplifes est très fréquent dans la région et se prolonge très loin au delà d'Aujargues, vers Calvis- son, où 1l est tout aussi riche. Sur le plateau d'Aujargues, ces calcaires sont recouverts par des couches marneuses jaunâtres avec Toxaster complanatus. Dans les environs de Sommières, ces dernières couches sont à leur tour surmontées par des cal- 1. On donne le nom de Vaunadge à la dépression géographique comprise entre . Le] Le les villages de Calvisson, Saint-Dionisy, Clarensac et Caveirac bouchée de tous Le] ? côtés par les collines de l’'Hauterivien et du Barrémien. Le fond de la Vaunage est entièrement occupé par la partie supérieure des marnes valanginiennes, recouvertes localement par du Quaternaire. Toute cette dépression est cultivée en vignes. 908 RÉUNION EXTRAORDINAIRE euires marneux blanchâtres, qui renferment Hoplites angulicos- latus D'Or. et Hopl. crioceroïdes Torcarer. On à pu se convaincre ici de l'unité de faciès de cette partie inférieure de l'Hauterivien qui peut mériter le nom de faciès cévenol. C'est ce faciès que nous avons pu observer dans le cours de nos excursions à Ruoms et qui se prolonge sur la rive gauche du Rhône par les couches hauteriviennes à Hoplites radiatus des environs de Moustier et d'Escragnoles. Il est à remarquer que ces derniers points occupent par rapport au massif ancien des Maures la même position que l'Hauterivien du Languedoc, par rapport au Plateau central. Il y à done là très probablement une similitude de faciès due à des conditions bathymétriques ana- logues de la mer hauterivienne. Les excursionnistes sont ensuite rentrés directement à Nîmes par la route, en regrettant de ne point avoir assez de temps pour observer les changements de faciès de l'Hauterivien supé- rieur et du Barrémien si bien étudiés par Torcapel aux environs de Nîmes. Après le compte rendu de ces excursions, M. Sayn remercie ses confrères de l'attention qu'ils ont prêtée aux exposés strati- graphiques qui leur ont été faits par M. Roman et par lui-même pendant les excursions. M. Depéret prend la parole au nom des personnes qui ont assisté à cette intéressante réunion. Il remercie vivement MM. Sayn, Roman et Riche qui ont habilement dirigé les courses wéologiques. M. L. Joleaud, qui s'est occupé des procès-verbaux des séances et MM. Gennevaux et Bouchardot, qui ont assumé la gestion financière de la Réunion extraordinaire. Il rappelle brièvement les importants travaux de M. Sayn sur la stratigraphie et la paléontologie du Crétacé inférieur du Sud-Est de la France ; il le félicite tout spécialement des résultats auxquels ont abouti ses dernières recherches sur l'Hauterivien et le Barrémien du Languedoc faites en collaboration avec M. Roman. Il résume succintement les principaux résultats auxquels est arrivé M. Roman sur la succession des faciès et des faunes du Secon- daire et du Tertiare languedocien. M. L. Joleaud, au nom des géologues qui étudient les régions voisines de celles parcourues par la Société en 1910, exprime la reconnaissance que l’on doit à MM. Sayn et Roman, pour les EXCURSION DU 29 SEPTEMBRE 1910 909 remarquables progrès qu'ils ont fuit faire à la stratigraphie de la vallée du Rhône et des zones limitrophes. Il remercie M. le doyen Depéret des fouilles qu'il a bien voulu faire effectuer par M. Mau- rette, à Euzet et à Saint-Mamert, à l'intention des membres de la Société. MT. le chanoine Almera à élé très vivement intéressé par les courses si bien dirigées par MM. Sayn et Roman: il les remercie au nom des géologues étrangers. Le Le M. Jodot, vice-secrétaire de la Société géologique, remercie MM. Sayn et Roman au nom du bureau de la Société. M. Mazauric dit tout l'intérêt que les membres de la Société d'Etude des Sciences naturelles de Nîmes ont trouvé dans l’ex- posé résumé des observations faites par la Réunion extraordinaire aux environs de Nîmes. L'ordre du jour étant épuisé, le Président déclare elose la Réunion extraordinaire de 1910. ÉTUDE PHYTOLOGIQUE SUR LE BASSIN DE CÉLAS par I, Laurent Le bassin de Célas a été l’objet de descriptions très détaillées au point de vue géologique. Il suflira de citer Dumas, Fabre, Fontannes, MM. Depéret et Roman pour qu'il soit inutile d'y revenir ie. Nous nous proposons seulement de résumer succinc- tement nos études sur les végétaux fossiles abondamment répan- dus, soit dans les calcaires auxquels Fabre a donné le nom de Calcaires de Monteils!, soit dans les grès molassoïdes qui les surmontent et dans lesquels on rencontre surtout un grand nombre d'empreintes de Laurinées appartenant au genre Cinna- momum (C. Scheuchzeri H.). Nous avons déjà décrit cette flore dans une monographie détaillée?. Les conclusions générales auxquelles nous étions par- venu en comparant cette flore à d’autres niveaux à végétaux du Sud-Est de la France (Gargas, Saint-/acharie) ont été confir- mées par le travail de M. Roman. Les caractères de cette flore fossile, placée dans des conditions très favorables au pied des derniers contreforts des Cévennes, montrent que ses points de contact les plus remarquables sont avec les flores oligocènes. Nous ne trouvons que peu ou pas de types archaïques ; le seul Pandanus intermedius Laur. analogue à ceux que l’on rencontre dans les formations crétacées de Gosau n'est qu'un type isolé, sans signification bien précise, mais d’un autre côté beaucoup d'autres espèces ou formes que nous avons signalées montent jusqu'au Miocène et même au Pliocène. La flore fossile de Célas comprend trois groupes de végétaux qui s'enchevêtrent et se fondent les uns dans les autres. [ls sont très inégaux en ce qui concerne leur importance et leurs affini- tés avec les autres gisements similaires. Ce:sont : 1) Espèces très rares et espèces particulières au gisement et lui donnant sa physionomie : 1. Bull. Serv. Carle géologique de France, 1895,t. VI, n°38, p. 84. 2. L. Laurexr. Flore des Calcaires de Célas. Ann. Mus. d'Hist. nal. Marseille, (2), 122 1899: 3. Rouax. Étude des Bassins lacustres de l'Éocène et de l'Oligocene du Lan- œuedoc. B.S. G. F., (4), III, 1903, p. 567. BASSIN DE CÉLAS : g11 2) Espèces fondamentales établissant les rapports de la flore fossile de Célas avec les autres flores ; 3) Espèces ubiquistes où incomplètes ne pouvant être citées que pour mémoire dans la comparaison de flore à flore Le premier groupe, à cause de quelques espèces très rares el des nombreuses formes spéciales de Ficus s présente à Célas un grand intérêt, mais c'est certainement le deuxième qui est le plus important au point de vue qui nous occupe. 1) Font partie du premier groupe : Fieus Marioni Laur. Ficus irregularis LAUR. =. Gœppertt Err. — rolunda LAUR. —- fraterna Laur. — diffusa Laur. — ovalis Laur. — Heckeli Laur. — calophylla Laur, Arlocarpus latifolia Laur. — crenala Laur. PBanisteria Vasseuri LAur. — ambigua LAur. Ces formes présentent des différences appréciables et des caractères particuliers, mais il est certain qu'étant donné le poly- morphisme des Ficus dans la nature actuelle, on pourrait opérer une réduction parmi les formes fossiles. Le Ficus Marioni étant dans la flore de Célas l'espèce la mieux définie, c’est à elle que l'on devrait rattacher Ficus ambiqua. Ficus irreqularis et Ficus ovalis. Une des espèces qui contribue le plus à donner sa physiono- à la flore fossile de Célas estle Doliostrobus Sternberqgi Mario. (Sequoia Sternbergi HEER.). Marion reconnut la vraie nature de cette espèce dont les restes sont excessivement fréquents dans la couche à végétaux de Célas. Il appuya son opinion sur l'analyse des organes fructifi- cateurs très abondants et d’une merveilleuse conservation. Cette plante ne devait point s'éloigner du périmètre des anciennes eaux et vivait probablement à la manière des Taxodium actuels, le pied enfoncé dans la terre humide et presque marécageuse. Dans les eaux mêmes du lac on remarque une plante aqua- tique fort curieuse et extrêmement rare dans les formations géo- logiques. C'est le genre Vallisneria(Vallisneria Saportana LAUR.) représenté par un groupe de quatre fleurs femelles Enfin citons également dans le premier groupe le Parkinsonia recla LAUR., élégante Légumineuse dont le Parkinsonia aculeala L. des Indes orientales est l’homologue actuel. Le deuxième groupe nous fait connaitre des espèces végé- tales aussi intéressantes que variées, Ce sont elles qui fournissent 912 : L, LAURENT par leur diffusion dans les flores fossiles les termes de comparai- son qui permettent d'établir le rapprochement entre la flore de Célas et celle des autres bassins européens. = Nous en donnons l’'énumération en suivant l’ordre des familles botaniques : Lastræa Styriaca Hrer. Fraæinus grosse-dentata Laur, Chrysodium Lanzeanum Vis. Myrsine Marioni Laur. Pteris parschlugiana UNG. Andromeda neylecta Sar. Lygodium Gaudini HrEr. Viburnum oblongum Laur. Sabal major (Ung.) HEEr. Nymphæa Charpentieri HEEr. Chamærops celasensis LAur. Pterospermum incrassalum LaAur. Comptonia dryandræfolia Brocr. Sapindus falcifolius Az. Br. Myrica banksiæfolia UxG. Dodonœa Saportana Laur. Populus Gaudini Fisen-Osr. Zizyphus paradisiaca Herr. Cinnamomum Scheuchzeri Hren. Heterocalyæ Ungeri Sar. Ailantus prisca Sar. Dalberqia leplolobiana Sar, Myrtus eocenica Err. Acacia servacensis Laur. 3) Enfin dans le troisième groupe prennent place : a) un cer- ain nombre de formes incomplètes comme Myrica Saportana LAUR. ; b) les restes que nous avions attribués avec réserves aux Protéacées et qui doivent prendre place dans les Zncertæ sedis, sauf probablement le Grevillea dissecta LAUR., qui peut être rap- porté à quelque Quercus à feuilles fortement découpées ; c) d’autres espèces enfin qui ne sont ni assez bien caractérisées n1 en assez grand nombre pour qu'on puisse en faire état dans une étude comparative, entre flores fossiles. Cystopleris fumariacea WEss. el Anona incerla LAUR. WE8. Cocculus inlermedius Laur. Typha et Cyperites. Zisyphus propinquus Laur. Pandanus inltermedius Laur. Pyrus elongala LAur. Aralia antecedens Laur. Legquminosites sp. — rigida Laur. Phylliles sp. Vilis dubia LauRr. .. Tous les types vivants que l'on peut comparer aux espèces fossiles de Célas, à part quelques exceptions, sont relégués de nos Jours dans les régions chaudes du globe. C’est dans l’Insu- linde qu'il faut aller chercher les termes de comparaison quand il s'agit des paysages éocènes et oligocènes de l'Europe tempérée. En ce qui concerne les flores fossiles, c’est surtout avec celles de l’Oligocène inférieur, que les points de contact sont satisfai- sants. Nous trouvons en effet une vingtaine d'espèces communes ou similaires entre ces flores et celles de Célas. C’est une très forte proportion si on tient compte des formes douteuses ou incomplètes qui font partie du troisième groupe. PT TU NT BASSIN DE CÉLAS 913 Certainement, on trouve avec les localités miocènes et notam- ment avec la flore de la molasse suisse, un assez grand nombre de formes comparables {une quinzaine), mais il ne faut point oublier que, dans cette proportion, ce sont surtout des espèces aquatiques, des Cryptogames et des espèces ubiquistes qui entrent en ligne de compte. Non seulement c'est avec les flores de l'Oligocène inférieur (Sannoisien et Stampien), que le nombre des espèces semblables ou représentatives est le plus élevé, mais c'est surtout avec elles qu'on constate la plus grande similitude dans la composition de la flore. En effet la flore de Célas ne renferme pas de types archaïques. Aucune des espèces'de l'Eocène, si ce n'est quelques Filicinées peu probantes à ce point de vue, ne se rencontre dans cette flore. D'autre part, les espèces septentrionales ne se montrent que plus tard : telles sont les espèces appartenant aux genres A/nus, Betula, Carpinus, Ostrya, Fagus, Quercus, Salir, Ulmus, Celtis, Tilia. Si on ne peut affirmer positivement que ces types fussent absents de la région {car les couches fossilifères sont loin d'avoir livrétous leurs secrets), ilnous semble qu'ilsdevaient être extrème- ment subordonnés et qu’en tous cas les espèces qui les représen- taient appartenaient encore à des types méridionaux. Sans pou- voir préjuger de l'avenir et des découvertes futures, le nombre de types connus à Célas nous paraît très suffisant pour pouvoir nous donner une idée précise de la composition du tapis végétal arborescent. La flore de Célas appartient donc à cette partie des temps oli- socènes pendant laquelle les types archaïques étaient éliminés, mais qui n'avait pas encore été le témoin de l'extension des types septentrionaux qui devaient former le fond de la végéta- tion pendant le Tertiuire supérieur. LE GISEMENT DE MAMMIFÈRES D’'EUZET-LES- BAINS (LUDIEN INFÉRIEUR) par Charles Depéret. La présence de débris de Mammifères dans l’Éocène supérieur du bassin d'Alais a été signalée dès 1849 par P. Gervais (C.AR. Ac. Se. Paris, XXIX, p.568), d’après les découvertes faites simul- tanément à Fons par Émilien Dumas età Saint-Hippolyte-de-Caton par d'Hombre-Firmas. Dans la 2° édition de la Zoologie et Paleéon- lologie françaises, 1859, p. 333, le savant paléontologiste donne la courte liste suivante des espèces provenant de ces deux points: Anchitherium ? Dumast GERVAIS. Hyænodon Requient GERv. Lophiotherium cervulum GErv. Hyænodon minor GERY. Tylodon Hombresi GErv. Il cite en outre, au cours de cet ouvrage la présence de débris de Paléothéridés, parmi lesquels un Palæotherium voisin mais différent du medium et un Paloplotherium indéterminé. Pour Gervais, cette faune se range dans son étage proïcène, exactement au niveau de la faune des gvpses de Montmartre et de celle des lignites de Gargas (Vaucluse). Un peu plus tard, en 1876, £milien Dumas dans l'œuvre posthume intitulée « Sfalistique géologique du département du Gard » donne une liste plus importante des Mammifères fossiles de Saint-Hippolyte-de-Caton ; cette liste dont quelques détermi- nations ne sont pas très exactes est la suivante : Palæotherium curlum Cuv. liyopolamus crispus GERY. — medium Cuv. Iyænodon Requient GErv. — minus Cuv. — minor GERY. Lophiolherium cervulum Gerv. Plerodon Requient GER. Anchitherium Dumasi GErv. T'ylodon Hombresi GErv. Aucune indication locale précise n'est donnée par les auteurs précédents de sorte que le point exact des deux gisements de Fons et de Saint-Hippolyte-de-Caton réste toujours quelque peu indéterminé. Dans ses deux beaux mémoires sur le bassin d'Alais (Le : groupe d'Air, dans le Dauphiné, la Provence et le Bas-Lanquedoc 1885, p. 169 et Description sommaire de la Faune malacologique du groupe d'Air, 188%, tableau final), Fontannes reproduit sans MAMMIFÈRES D'EUZET-LES-BAINS 915 modification ! la liste d'E. Dumas; el précisant plus que ses devanciers la place stratigraphique et l'emplacement du gise- ment qu'il signale, 1l le décrit sous le nom nouveau de Gisemen! du Mas de la Roche, près Euzet (p. 169, fig. #3) ou encore des Baraques de Sainte-Croir. Cette station fossilifère importante lui avait été signalée par MM. Pouthier et Fabre, qui y avaient l'un et l’autre pratiqué quelques fouilles superficielles. J'ai repris depuis une dizaine d'années l'étude de cet impor- tant gisement et grâce à l’habile activité de mon préparateur, M. Maurette, j'ai pu y recueillir une grosse collection de pièces mer- veilleuses, qui font actuellement partie du laboratoire de l'Uni- versité de Lyon, et constitueront, je l'espère, bientôt, les matériaux d'une belle monographie. Je renverrai au travail de M. F. Roman pour les détails de la coupe stratigraphique passant par le gisement en question, que je désignerai dorénavant par le nom de gisement d'Euzet-les- Pains, à cause du voisinage de ce petit établissement thermal bien connu dans toute la région. J’indiquerai seulement que la station fossilifère se trouve sur le revers oriental d’une petite colline, dont les différentes couches plongent assez rapidement vers l'Ouest. La couche fossilifère peut se suivre sur une longueur de plus de 100 mètres : vers le Sud, c’est une marne tendre grise et un un peu ligniteuse, comprise entre des dalles grises, calcaires, dont les surfaces sont parfois couvertes de mâchoires, d'espèces les les plus variées. En se dirigeant vers le Nord, la marne disparait presque, ou, mieux, se transforme peu à peu en un calcaire marneux gris-blanchâtre où les ossements de teinte noire sont très bien conservés, mais d'une extraction plus difficile. C'est dans cette partie calcaire, qui constitue un petit mamelon broussail- leux que l'on trouve associés aux Mammifères, quelques rares Mollusques d'eau douce, tels que Sfrophostoma globosum, Glan- dina Vialat qui caractérisent l'Eocène supérieur du Languedoc. Bien que je n'ai puencore étudier d'une manière très complète les éléments de cette riche faune, je puis citer cependant dès aujourd'hui les espèces que J'y ai reconnues avec l'indication des pièces se rapportant à chacune d'elles. Un certain nombre de ces délerminations sont empruntées d'ailleurs aux travaux de mon savant confrère M. Stehlin ?. l. Fontannes signale toutefois, d'après Gaudry, que le Tylodon Hombresi doit disparaitre de Ja nomenclalure, étant composé d'un bout postérieur de mandibule d'{dapis associé à une partie antérieure de Carnassier créodonte. 2. Les « Mammifères du Sidérolithique suisse, Mémoires de la Sociélé paléonto- logique suisse, L. XX el suivants, 916 CHARLES DEPÉRET ÏJ. — (JNGULÉS IMPARIDIGITÉS |. — PALÆOTHERIUM CRASSUM CUVIER (mut. asc.) Le gisement d'Euzet n'a fourni Jusqu'ici qu'une seule espèce du senre Palæotherium (s. str.); c'est une forme de moyenne taille, un peu inférieure aux pièces attribuées par Cuvier et Blainville au P. crassum du gypse de Paris, et en particulier au crâne presque complet figuré par ces auteurs (Oss. foss., pl. 134-135). J'ai recueilli à Euzet un crâne en bon état, mum de sa mandibule, et beaucoup de pièces isolées des mâchoires et des membres. Le crâne montre les os du nez admirablement préservés : ces os nasaux, tres développés en longueur et en largeur, ont leurs bords externes sub- parallèles, et convergent brusquement en avant pour se terminer en une pointe triangulaire élargie. IIS concordent tout à fait avec le type d'os nasaux que l’on observe dans le crâne attribué par Cuvier au P. crassum et diffèrent au contraire du nez étroit et eflilé qui se montre dans les crânes que Cuvier a rapportés au P. medium !. Les pattes du Palæolherium d'Euzel, à en juger par les mélacar- piens et métalarsiens médians dont j'ai recueilli plusieurs spécimens entiers, sont du type court et large, qui à valu à l'espèce de Paris le nom de crassum et diffèrent beaucoup du type medium, aux mélacar- piens et métalarsiens bien plus grèles et plus allongés. Le petil tableau ci-dessous donne pour les deux espèces du gypse parisien et pour l'animal d'Euzet les proportions relatives de longueur et de largeur mesurées sur le métatarsien médian. P. medium P, crassum Pc erassum (Paris) (Paris) (Euzet) Longueur..... 115 mm. 98 mm. 91 mm. Largeur au milieu 14 — 20 — 15 — Largeur en haut: 22 — DA DÛ= Comme le gisement d'Euzet n'a fourni qu'une seule espèce de vrai Palæotherium, on ne saurait douter que le crâne aux nasaux larges, longs et obtus en avant ne corresponde bien aux pattes larges el courtes trouvées dans les mêmes couches, On voit done combien Cuvier avait eu raison de rapprocher sous le nom de P. crassum, les crânes aux os larges et longs et les pattes pourvues de métacarpiens et de métatar- siens relativement larges el trapus. Cette observation n'était pas inu- lile, étant donnés les doutes formulés sur ce rapprochement par MM. Lydekker et Stehlin. L'identité du Palæotherium d'Euzet avec le P. crassum de Paris n'est pas absolue. Il existe entre eux d’abord une petite différence de taille, un peu plus faible chez le premier : longueur de la 1. Cuviur. Oss. loss, Paleolh. crassum. pl 82, 98, 131. — Braixvirze. Osléogra- phie, g. Palæotherium (pl. 1 à v). \ | à MANMMIFERES D EUZET-LES-BAINS 917 série des 6 dernières molaires inférieures, 120 mill., dans le lype de Paris; 116 mill., dans la race d'Euzet. Il y a en outre une nuance dans le degré un peu moins avancé des prémolaires dans le type d'Euzet : le lobe postéro-interne est relativement plus petit dans Pi, P*et P*, d'où résulte pour le contour de là couronne une forme moins carrée, plus étendue en travers el même une tendance sub-trian- gulaire. Je dois ajouter que ce caractère d'évolution est assez variable dans les différentes séries d'Euzet que j'ai entre les mains ; certains sujets se rapprochent beaucoup du Lype de Paris. Ces légères différences sont évidemment en rapport avec lPâge géo- logique un peu plus ancien du gisement d'Euzet, qui est du Ludien inférieur, tandis que le P. crassum lype, provient de la masse supé- rieure du gypse parisien (Ludien supérieur). I s'agit donc là d'une véritable mulalion straligraphique qui pourrait à la rigueur être précisée par un nom. Je regarde en tous cas le Palæothertum d'Euzet comme l'ancêtre direct du P. crassum. 9 __ PLAGIOLOPHUS ANNECTANS OWEN C'est l'animal le plus commun dans le gisement d'Euzet, où jen a recueilli des pièces magnifiques, entre autres un crâne complet, en place dans la roche et faisant saillie de prolil. Ce Plagiolophus (Paloplotherium Owex) diffère du petit Plagtolo- phus du gypse de Paris (— Palicotherium minus Cuvier) par une taille sensiblement plus forte : longueur de la série des 6 dernières molaires supérieures, 80 mm., dans l'espèce d'Euzet ; 65 mm., dans le type de Paris. IL en diffère encore par un degré moins avancé de la molarisation des prémolaires d'en haut et d'en bas: les prémolaires supérieures du P, annectans, en particulier la quatrième, sont moins carrées, plus triangulaires, ce qui tient surtout au plus faible développement du denticule postéro-interne ; en outre le mésostyle est plus complète- ment développé. C’est done un type un peu plus hétérodonte ou si l'on préfère, plus primitif, caractère qui est parfaitement en rapport avec son âge géologique un peu plus ancien. Le P. annectans a été tout d'abord déerit par Owen des /leadon- beds d'Hordwell (Hampshire) dont la faune est remarquablement semblable à celle d'Euzet. M. Stehlin l’a signalé dans plusieurs localités du Sidérolithique suisse, à Eclépens, à Moutier et surtout au Mormont ; il existe aussi une forme très voisine dans le gisement de phosphorite de Lamandine. Dans le Sud-Est de la France, M. Stehlin l'indique à Souvignargues (Gard), dans un gisement du même âge que celui d'Euzet. Enfin P. Gervais et Pomelont décrit dans le Ludien supérieur de la Débruge un Plagiolophus de la taille de l'annectans, relié, 1lest vrai, au ?. minor du même gisement par des variations de taille inter- médiaires. Il est possible qu'il s'agisse là d’une mutation stratigraphique directe de l'espèce d'Hordwell et d'Euzet, ainsi que l'a supposé M. Stehlin. JiS CHARLES DÉPÉRET 3. — LOPHIOTHERIUM CERVULUM (GERVAIS C'est avec l'espèce précédente l'animal le plus abondant et le plus caractéristique du gisement d'Euzet. J'ai fait connaître dans un mémoire antérieur ! les caractères de ce petit Imparidigité qui représente en Europe le dernier terme de l’évolution de la famille des Hyraco- théridés ou Prééquidés. Le caractère générique essentiel est le degré très avancé d'homéodontie, c'est-à-dire de la transformation des prémo- laires en dents à deux collines internes, analogues aux arrière-molaires. Cette évolution est tout à fait achevée dans la dernière et l’avant-der- nière prémolaires, beaucoup moins dans la deuxième, mais J'ai signalé à cet égard un degré de variation individuelle assez remarquable. Le Lophiotherium cervulum est une forme caractéristique du Ludien inférieur et elle n’a été trouvée à ma connaissance, dans aucun gisement de l'horizon du gypse de Montmartre, c'est-à-dire du Ludien supérieur, Nous sommes conduits à admettre que le rameau des Hyra- cothéridés s’est éteint en Europe à la fin du Ludien inférieur, sans laisser aucun descendant, tandis que l’évolution du groupe s’est faite beaucoup plus longtemps dans l'Amérique du Nord. Par contre le Z. cervulum a été précédé dans le Bartonien de Robiac et du Castrais par des espèces assez voisines, où la molarisation des prémolaires est un peu moins avancée. D’autres formes de plus petite lille remontent jusque dans le Lutécien. Le gisement d'Euzet est le seul où le Lophiotherium a été trouvé en place dans des couches stratifiées d'âge géologique bien déterminé. Mais dans les dépôts sidérolithiques, M. Stehlin le signale à Laman- dine (Quercy), à Mormont-Eclépens et à Saint-Loup, gîtes dont l’âge ludien inférieur lui paraît établi. 4. — ANCHILOPHUS DUMASI GERVAIS Les Anchilophus représentent une petite famille voisine de Hyraco- théridés, mais distincte surtout par ses molaires supérieures dont la muraille externe est relativement très aplatie, pourvue de côtes mé- dianes peu saillantes et par la fusion presque complète des denticules intermédiaires et internes en une double arête transverse un peu sinueuse. En-outre, les prémolaires sont très évoluées et ont toutes, sauf la première, deux crêtes internes comme les arrière-molaires. LA. Dumast est une forte espèce, décrite par Gervais, de Saint-Hippo- lyte-de-Caton sous le nom générique inexact d'Anchitherium. Elle est caractérisée, outre sa forte taille, par la forme carrée de ses molaires supérieures, par les côtes médianes de leur muraille relativement saillantes, enfin par la hauteur notable de leur couronne. L'espèce est assez fréquente à Euzet où j'ai recueilli un crâne entier un peu déformé et de nombreuses séries dentaires. C'est le seul l. Ch. Drepérer. Revision des formes européennes de la famille des Hyracothé- ridés.B, S. G. F., (4), I, 1901. NMAMMIFÈRES D EUZET-LES-BAINS ÿ19 sisement stralilié et géologiquement daté que l’on en connaisse. M. Stehlin la cite des phosphorites de Lamandine, d'Escamps et de Caylux, ainsi que du Sidérolithique suisse au Mormont, tous gisements du Ludien inférieur. IT. — ONGULÉS PARIDIGITÉS D. — J)ACRYTHERIUM OVINUM OWEN Le groupe des Dacrytherium est, à la fois, voisin des Anoplothéridés et des Hyopotamidés. Il est représenté à Euzet par une forme d'assez grande taille, le 2). ovinum de l'horizon d'Hordwell dans l'ile de Wight. Le type d'Euzet, dont j'ai recueilli de belles séries dentaires des deux mâchoires, est de dimensions très légèrement supérieures à celles de la mandibule type de l'île de Wight figurée par Owen (longueur des 6 dernières molaires inférieures, 69 mm. au lieu de 66 mm.) mais cette différence rentre dans la limite des variations individuelles. En dehors des Headon-beds de l'ile de Wight et du gisement d'Euzet, le 1). ovinum n'est connu d'aucun autre gîte stratifié. M. Stehlin le cite des gites phosphatés de Lamandine (de Larnagol et de Bach) et rapporte à la même espèce une seule molaire supérieure isolée du gisement sidérolithique suisse de Moutier. C’est done un animal rare et qui semble tout à fail caractéristique de la faune du Ludien infé- rieur. 6. — ZLEPTOTRERIDIUM LUGEONI STEHLIN M. Stehlin a récemment créé ce genre pour de tout petits Ongulés, très voisins des Catodontherium pour la structure relativement assez bunodonte de leurs molaires et pour le remarquable allongement de leurs prémolaires antérieures, mais ayant leur mésostyle large et refoulé en dedans, comme chez les Dacrylherium. Je n'ai recueilli que des documents incomplets pour la dentition supérieure, en particulier un fragment de molaire avec les 3 M et la dernière P : mais j'ai obtenu plusieurs demi-mandibules plus ou moins UE montrant la forme étroite et allongée des prémolaires ; la 4° prémolaire porte un lobe postérieur bien développé et ressemble à une moitié d’arrière-molaire, Le genre Leplotheridium n'était encore connu d'aucun gisement stratifié. M. Stehlin a décrit d'Egerkingen le Z. traguloïdes et du Mormont une espèce un peu plus forte, le Z. Lugeont. La découverte de cette dernière espèce à Euzet confirme l'hypothèse émise par M. Stehlin de l’âge ludien inférieur de ce curieux petit animal. 7. — HAPLOBUNODON PICTETI Sp. LYDEKKER = H. LYDEKKERI STEHLIN). J'ai proposé en 1908 ce nom générique en prenant pour type un petit : Anthracothéridé des Headon-beds d'Hordwell (Hampshire) décrit par M. Lydekker successivement sous les noms de Anthracotherium 920 CHARLES DEPÉRET Gresslyr et A. Picleli. Le genre est caractérisé par une structure dentaire bunodonte voisine de celle des Anthracotherium vrais, mais qui s'en sépare aisément, non seulement par sa faible taille, mais par sa dernière prémolaire supérieure pourvue d'un lobe interne et par la présence d'une longue barre en avant de la deuxième prémolaire d'en haut et d'en bas. J'ai retrouvé à Euzet quelques débris de la dentition de cette forme rare : deux fragments de mandibule, une belle arrière-molaire supé- rieure isolée el un fragment de.mâchoire avec les deux premières dents de lait. La taille et les caractères sont les mêmes que ceux de l’espèce d'Hordwell qui appartient à l'horizon géologique d'Euzet, c’est-à-dire au Ludien inférieur, dont l'espèce est Jusqu'à ce jour tout à fait carac- téristique. 8. — XIPHODON cf. CASTRENSE KOWALEVSKY Le genre Xiphodon, si bien caractérisé par la forme nettement crescentoïde de ses cinq denticules aux molaires supérieures, et par leur mésostyle mince et presque tranchant, n'est représenté jusqu'ici à Euzet que par une seule M supérieure, probablement M°, indiquant une espèce de la taille, ou à peu près, du X. castrense des sables barto- niens du Castrais. Il est difficile de préciser, avec une dent isolée, les différences qui ont pu exister entre l'espèce bartonienne et la forme assurément très voisine du Ludien inférieur d'Euzet. M. Stehlin a signalé à Euzet, sous le nom de Xiphodon inlerme- dium une espèce plus forte que la précédente, d'après deux fragments de mandibules du musée de Marseille. Je n'ai pas eu l'occasion de voir ces intéressants débris. 9. = AAPLOMERYX l’ICTETI STENLIN Ce pelit Ongulé, du groupe des Dichodontidés, aux molaires supé- rieures pourvues de quatre denticules seulement par la disparition du denticule intermédiaire existant dans les genres précédents, est assez fréquent à Euzet où j'ai recueilli un fragment de mâchoire supérieure avec les 4 dernières molaires, diverses molaires supérieures isolées et surtout de nombreuses demi-mandibules plus ou moins complètes. Les dimensions de cet animal sont notablement supérieures à celles de l'A, Zilleli Scurosser, des phosphorites, espèce type du genre. M. Stehlin à établi l//. Picleti sur des pièces de sujets jeunes, encore pourvues de dents caduques provenant du Mormont. Il la signale également à Euzet sous le nom de Æaplomeryx cf. Picteli d’après quelques molaires supérieures isolées, probablement identiques aux nôtres, et ne présentant avec l'espèce du Mormont que des diffé- rences bien légères. Je suis d’ailleurs porté à attribuer également à l'/Z. Picteli le fragment de mandibule de la Faculté des Sciences de Lyon que ce savant a rapporté au genre Pseudamphimeryx sous le nom de MAMMIFÈRES D EUZET-LÉS-BAINS 9241 P. Renevieri Sreurux. Les dimensions et la structure de ces dents (M° P‘) sont très semblables, comme l'indique M. Stehlin, à celles de l'Haplomeryx Zilteli ; el comme jusqu'ici onn'a trouvé à Euzet aucune trace de molaires supérieures à cinq denticules du type si particulier des Amphimérycidés, Je penche pour la restitution de cette pièce au genre ÆHaplomeryx. O 10. — DICHODON CERVINUM OWEN Le genre Dichodon, si bien caractérisé par ses molaires supérieures à 4 denticules parfaitementsélénodontesavec muraille externe repoussée en dedans comme chez les acrylherium, el par ses prémolaires remarquablement allongées, est relativement fréquent à Euzet. Il y est représenté par une espèce d'assez forte Laille, moins forte loutefois que le tvpe du genre, le 1). cuspidatum Owex des couches d'Hordwell. Le type du À). cervinum est une branche gauche de mandibule de l'Éocène supérieur de Binsted (Ile de Wight) et M. Lydekker indique une molaire supérieure isolée des Headon-beds de la même île. M. Stehlin a signalé l'espèce dans le Sidérolithique de Mormont-Entre- roches, et probablement de Mormont-Eclépens et de Moutier ; elle est également fréquente dans les marnes ludiennes inférieures de Laman- dine. Le gisement d'Euzet a fourni deux palais à peu près entiers et de nombreuses demi-mandibules, pièces qui permettent l’étude de la série dentaire dans son ensemble. 11. — ChOEROPOTAMUS DEPERETI STENLIN J'ai recueilli à Euzet un certain nombre de portions de mâchoires et de mandibules, qui se rapportent incontestablement à un petit Suidé du genre Chœropolamus, caractérisé entre autres par ses molaires supérieures subcarrées à cinq denticules, dont trois au lobe antérieur, et par l'os de la mandibule relativement grêle et allongé. L'espèce d'Euzet, qui a déjà été désignée par M. Stehlin sous le nom de CA. Depereli a des dimensions intermédiures entre le petit Chæropolamus lautricensis Noursr des sables bartoniens du Castrais et les formes de plus grande taille du gypse de Paris (Ch. parisiensis, Cuvier) et de la Débruge (Ch. affinis Gervais). Il représente donc une véritable mu- lation straliqraphique intermédiaire entre ces deux groupes, mutation qui concorde fort bien avec l’âge ludien inférieur du gîte d'Euzet. En dehors d'Euzet, M. Stehlin a signalé l'espèce au Mormont-Eclé- pens, à Lamandine (Quercy) et il lui attribue aussi provisoirement un fragment de mandibule du gypse d'Argenteuil (Ecole des Mines) qui proviendrait des masses inférieures de l'étage ludien. Le Ch. Depereli est donc un animal caractéristique du Ludien inférieur. 11 octobre 1912, Bull. Soc. géol. Fr. X, — 59, 922 CHARLES DEPÉRET 12. —— CEZBOCHOŒERUS MINOR (GERVAIS Le nom donné à ce genre par P. Gervais impliquait une parenté avec les Singes, qui n'est point réelle. [l s'agit sans conteste d’un petit Suidé, caractérisé par son crâne au museau allongé, comme chez les Suidés, pourvu de deux goutlièresorbito-nasales, etde canines allongées, comprimées et pointues. J'ai recueilli à Euzet, entre autres pièces, un crâne entier, muni de sa mandibule qui permet une étude complète de cet animal. Voici un résumé succinct des plus importants caractères dentaires : M supérieures plus larges que longues, pourvues de 4 denticules et d'un rudiment de denticule intermédiaire placé tout près du bord antérieur de la dent ; M plus petite, rétrécie en arrière, sans talon. P' et P* triangulaires à deux pointes, P* un peu plus allongée; P° allon- gée munie d'un très petit lalon postéro-interne; P' triangulaire comprimée, séparée à la fois de P° et de la canine par une barre de 4 millimètres ; Canine aplatie en travers e{ sillonnée sur le côté, avec racine presque bifide. M inférieures un peu allongées, à 4 denticules, les internes reliés aux externes par deux arêtes divergentes : M plus forte, avec un talon bien développé : P' (riangulaire avec un sommet à 2 pointes peu déta- chées ; P* à un denticule avec un talon transverse: P? triangulaire tranchante. Pas de P!, par suite du contact presque immédiat entre P* et la canine : canine longue sillonnée sur le côté et à racine sub- fide. Longueur des 3 M supérieures, 21 mm.; longueur des 3 M infé- rieures, 26 mm. Le type de C. minor provient du Ludien inferieur de Lamandine qui à fourni de nombreux fragments de mâchoires. Il n'était connu encore d'aucun autre gisement. III. — CARNASSIERS CRÉODONTES GENRE HYÆNODON. Parmi les magnifiques débris de ce genre recueillis à Euzet, on doit distinguer au moins trois formes bien distinctes : un type de grande taille au museau raccourci, l'Ayænodon Requient; un type de taille un peu plus faible, au museau grêle et allongé, l'Ayænodon Heberti Firnor; enfin un type de plus petite taille, l'/yænodon minor Gervais. Ces trois espèces y ont été déjà bien distinguées et étudiées par M. Martin !. 13. — HYyæNODON REQUIENI GERVAIS J’ai recueilli de cette grande espèce deux crânes en partie écrasés, dont l'un avec la mandibule. La tête est robuste et épaisse, remarqua- 1. R. Marriw. Revision d. obereocænen und unteroligocænen Creodonten Europas. 1906 (Thèse de doctorat). MAMMIFÈRES D EUZET-LES-BAINS 923 blement obtuse, courte en avant ; les prémolaires sont épaisses el très serrées les unes contre les autres et contre la canine qui est énorme. Longueur de la série dentaire d'en haut : M2?-P', 105 mm.; de la série inférieure, 102 mm. Il existe dans le même gisement des sujets de structure brévirostre analogues, mais de dimensions plus petites, notamment une série den- taire supérieure et une mandibule avec ses deux branches. M. Martin considère ces individus comme une pelile race qui se rapprocherait de l'A. brachyrhyncus Braxv. du gypse de Montmartre. Peut-être convient-il plus simplement d'y voir la marque d’une variation sexuelle ou même individuelle. C’est une question à éclaircir. L'A. Requieni parait répandu dans toute la hauteur de l'étage ludien : en dehors du gisement d’Euzet (Ludien inférieur) il se trouve à Gargas (et peut-être à Paris) dans le Ludien supérieur. 14. — HyYzæxNoDoN HEBERTI FiznoL J'ai découvert à Euzet une mandibule avec ses deux branches, déjà étudiée par M. Martin et une partie antérieure de crâne non déformée qui s'adapte fort bien avec la mandibule. Cette espèce se reconnait aisément à ses formes plus fines dans son ensemble, à son museau plus allongé et plus grêle, à ses prémolaires moins épaisses el un peu plus espacées. Elle est de taille à peine plus petite que l'A. Requtent. Longueur dé la série dentaire supérieure : M?-P°, 95 mm.; de la série inférieure M°-P, 95 mm. Le type de l'A. Heberli provient des phosphorites du Quercy : elle n'est connue d'aucun autre gisement stratifié que celui d'Euzet et paraît donc caractériser le Ludien inférieur. 15. — HYÆNODON MINOR GERVAIS Cette petite forme, au museau raccourci et aux dents assez massives et serrées, est assez fréquente à Euzet (Saint-Hippolyte-de-Caton) d'où provient le type figuré par Gervais. L'Université de Lyon en possède deux moitiés antérieures de crâne avec toute la dentition et de nom- breuses mandibules. Longueur de la série des molaires supérieures M2-P! 65 mm. ; des molaires inférieures M?-P1 65 mm. Il existe dans les phosphorites une forme très voisine, qui, selon M. Martin, est un peu plus forte que le type d'Euzet el pourrait être le descendant de l//. minor dans l'Olhgocène inférieur. 16. — QUERCYTHERIUM TENEBROSUM FILHOL Ce rare et curieux Créodonte, si remarquable par la force et lépais- sissement hAyénoïde de ses prémolaires aux deux mâchoires a été décrit par Filhol d'après une mandibule des phosphorites du Quercy ; mais sa dentition supérieure restait inconnue. J'ai recueilli à Euzet un beau palais muni de toutes ses molaires, indiquant une forme de 924 CHARLES DEPÉRET museau courte el rapidement élargie en arrière. Les arrière-molaires supérieures sont d'un type primitif (rituberculaire et les prémolaires, surtout P*, épaisses el massives, avec une seule pointe conique forte- ment usée au sommet par un régime omnivore analogue sans doute à celui des Hyènes. La dentilion inférieure présente des particularités analogues. Le Quercytherium n'est connu d'aucun autre gisement stratifié que celui d'Euzet (Ludien inférieur), il a été rencontré dans plusieurs gise- ment des phosphorites. IV. —— CARNASSIERS PROPREMENT DITS 17. — CYNODICTIS LACUSTRIS (GERVAIS Ce petit Canidé n'est représenté jusqu'ici dans la faune d'Euzet que par de rares fragments : un morceau de mâchoire supérieure avec la carnassière et la première {uberculeuse et une autre carnassière supé- rieure isolée. Ces pièces ont exactement les dimensions des pièces tvpes de l'espèce décrite par Gervais du Ludien supérieur de Gargas (Vaucluse). Je dois faire remarquer toutefois que la première tubercu- leuse, par la forme relativement peu allongée de sa muraille externe ressemble beaucoup plus à la pièce figurée par Gervais dans la planche 175, figure 1 de la Zoologie et Paléontologie française, qu'à la pièce plus complète de la planche 26, figure 3, où la première tuberculeuse est plus élargie en dehors et plus triangulaire. Je ne serais point étonné que celte dernière pièce appartienne à une toute autre espèce que la première, qui est le vrai type du Cynodictis lacustris. Le Cyn. lacuslris se trouve donc à la fois dans le Ludien inférieur d'Euzet et dans le Ludien supérieur de Gargas. Il est aussi assez fréquent dans les phosphorites du Quercy. V. — Primates, LÉMURIENS 18. — ADAPIS MAGNUS FiLHoL Cette grande espèce, pour laquelle Gervais avait proposé le nom générique autonome de Zepladapis, en raison de l'absence de tuber- cule intermédiaire au lobe antérieur des M supérieures est représen- tée dans le gisement d'Euzet par une très belle série de pièces : un palais entier avec toute sa dentition, une mandibule complète et de très nombreux fragments de la dentition des deux mâchoires. L'Adapis magnus était connu seulement de la faune des phospho- rites (Raynal etc.). Sa présence à Euzet détermine l’âge ludien infé- rieur de cette espèce. 19. — NECROLEMLR EDWARDSI FiLHox Les espèces du genre Necrolemur signalées dans les faunes de l'Éocène supérieur ou de l'Oligocène imférieur sont au nombre de trois, MAMMIFÈRES D EUZET-LES-BAINS 925 bien distineles par leurs dimensions : la plus grande est le NW. Ædoar- dsi Finor (3 M inférieures — 10 mm. 3 dans le type de Filhol) ; une forme intermédiaire est le N. antiquus, type du genre (3 M inférieures 8 mm. 3): enfin une toute pelite espèce le N. Zitleli Scuros., dont les 3 M inférieures atteignent seulement 6 mill. C'est à la plus grande espèce, le N. £diwardsi que se rapportent les quelques pièces dentaires recueillies à Euzet : deux parties de maxil- laire, l’un avec les 3 M, l’autre avec les 3 M et la dernière P ; une demi- mandibule avec les 3 M et les deux dernières P, enfin des parties moins importantes de la mandibule. Les dimensions(3 M inférieures — 10 mm.:3 M supérieures 8 mm. 9) et les caractères concordent avec la pièce type de Filhol et avec un maxillaire supérieur des phosphorites que possède l'Université de Lyon. Les M supérieures ont 3 denticules disposés en triangle et un 4° denticule postéro-interne (hypocône) provenant de l’épaississement du bourrelet basilaire : la dernière M* à la même structure quadritu- berculaire, ce qui différencie les Necrolemur du genre Microchærus où la dernière M est triangulaire el très réduite sur son bord externe. Le N.Ædiwvardst n'était connu jusqu'ici que des phosphorites ; sa pré- sence dans le Ludien inférieur d’'Euzet détermine l’âge géologique de celte belle espèce. La faune d'Euzet-les-Bains, comprenant à l'heure actuelle 19 espèces de Mammifères, en laissant de côté les Vertébrés inférieurs, est une faune essentiellement éocène supérieure ou ludienne. Elle se sépare de toutes celles qui l’ont précédée dans l'Éocène moyen par la disparition définitive des Lophiodontidés {Lophiodon, Chasmotherium) ; par le degré avancé de lévolu- tion des prémolaires dans le sens homéodonte chez les Paléothé- ridés (Palæotherium, Plagiolophus) ; par les fortes dimensions qu'atteignent déjà les représentants de plusieurs rameaux phy- létiques : Anchilophus Dumasi, Dacrytherium ovinum, Haplobu- nodon Picteti, Dichodon cervinum, Chœropotamus Depereti, Ilyænodon Requient et Heberti, Adapis magnus, Necrolemur Edivardsi, si on les compare aux espèces ancestrales plus petites des faunes lutéciennes et bartoniennes. La faune d'Euzet se sépare toutefois très nettement des faunes classiques du Ludien supérieur de Montmartre et de Gargas par plusieurs caractères : parmi lesquels le plus saillant est la persis- tance du rameau des ÆHyracothéridés, représenté à Euzet par le tvpe le plus évolué et le plus homéodonte de la famille, le genre Lophiotherium, complètement éteint dans les gîtes du Ludien supérieur. On peut en outre séparer ces deux horizons fauniques par d'autres caractères : évolution moins avancée des prémolaires à Euzet chez les Palieolherium et les Plagiolophus ; taille moindre 926 CHARLES DEPÉRET des représentants de quelques rameaux: Aphodon,Chæropotamus, Cehochærus. Enfin un certain nombre d'espèces et même de genres sont plus particuliers à l'horizon d’'Euzet et ne se retrouvent pas plus haut : Anchilophus Dumasi, Dacrytherium ovinum, Lepto- theridium Lugeoni (genre et espèce), Æaplobunodon Picteti, Haplomeryx Picteti, Dichodon cervinum, Chœropotamus Depereti, Cebochærus minor, Hyænodon Heberti, Quercytherium tenebro- sum (genre et espèce), Adapis magnus, Necrolemur Edwardsi. Pour ces divers motifs, la faune d'Euzet mérite de devenir le gisement type d'un horizon faunique particulier, qui correspond à la partie inférieure de l'Eocène supérieur, c’est-à-dire au Ludien inférieur. Il n'existe en France aucun autre gisement de même âge dans les terrains stratifiés et datés géologiquement, si l’on excepte quelques rares débris de Paléothéridés recueillis dans les masses inférieures du gypse parisien (Argenteuil). Il n'en est pas de même en Angleterre où la faune d'Euzet se trouve bien représentée, avec des éléments presque identiques, mais moins riche en espèces, dans les Headon-beds d'Hordwell (Hampshire) et leurs équivalents dans l’île de Wight. À Hordwell ont été recueilli les espèces suivantes: Plagiolophus anneclans, Dacrylherium ovinum, Haplobunodon Picteti, très caractéristiques de l'horizon d'Euzet. En outre le genre Dicho- don y est représenté par une plus forte espèce, le D. cuspidatum. De même à Binsted (Ile de Wight) a été recueilli le Dichodon cervinum identique à la forme d'Euzet. En dehors des gisements stratitiés, la faune d'Euzet se trouve certainement représentée un peu partout dans le complexe de la faune des phosphorites du Quercy. X faut faire à cet égard une mention toute spéciale du gisement de Lamandine, où une poche de calcaires marneux, à faciès différent des gisements habituels des autres poches de phosphorites a fourni, selon M. Stehlin, les espèces les plus caractéristiques d'Euzet et d'Hordwell, telles que : Lophiotherium cervulum, Plagiolophus annectans, Anchilophus Dumasi, Chœropotamus Depereti, Cebochærus minor, Dacrythe- rium ovinum, Dichodon cervinum. On peut donc dire qu'il existe entre les gisements d'Euzet et de Lamandine une identité à peu près complète. PTE Me FAUNE SAUMATRE DU SANNOISIEN DU GARD PAR F. Roman PLancnes XXII à XXIV. Les très nombreux fossiles saumâtres et d'eau douce du bas- sin d'Alas sont encore très mal connus malgré le travail de Fon- tannes sur ce sujet. La description sommaire de la faune du groupe d'Aix de cet auteur est tout à fait insuffisante bien qu'accompagnée de planches photographiées. Les types d'espèces nouvelles sont pour la plupart des moules externes moulés gros- sièrement avec du mastic et souvent coloriés artificiellement. Ces spécimens qui se trouvent actuellement à Paris dans les Collections de l'Ecole des Mines ont été mis à ma disposition grâce à l'obligeance de M. Henri Douvillé qui a bien voulu m'autoriser à étudier les originaux des planches de Fontannes. Je tiens à lui en exprimer ici toute ma gratitude. Les matériaux qui ont servi à cette étude ont été recueillis par moi-même à Saint-Césaire-de-Gauzignan sur les points visités par la Société géologique et dans quelques autres localités de la même région. A ces échantillons j'ai joint l'étude de très nombreux spéci- mens provenant des environs de Beaucaire (Butte Touton, entre Beaucaire et Comps). Les calcaires oolithiques très fins de cette dernière localité ont été explorés pendant de longues années par Nicolas d'Avignon, par Pellat, par Allard de Tarascon, et par M. le Dr. Julian de Beaucaire. J'ai eu entre les mains la presque totalité des matériaux recueillis sur ce point, la collection Nicolas ayant été acquise par l’Université de Lyon, et les collections Allard et Julian m'ayant été communiquées avec la plus grande complaisance par leurs propriétaires. Je les prie d'accepter tous mes remer- ciements pour l'aide qu'ils ont apportée à mon travail. Seules ont été décrites dans cette étude les espèces représen- tées par des échantillons pourvus de leur test et dont les bouches sont entièrement préservées. Il y a donc une certaine quantité d'espèces dont la description a été omise faute de matériaux suffisants. J'espère pouvoir un jour combler cette lacune. 928 F. ROMAN INERITINA LAUTRICENSIS NOULET var. SAUVAGESI FONTANNES Pr. XXIT, fig: 10, 10a, 10h, 10c. 1870-1875. Nerilina lautricensis NouLer, in Sanp8erGer. Land. u. Süssw. Conch., p. 302, pl. xvrr, fig. 16, 16a. 188%. Nerilina lautricensis Nour. var. Sauvagesi Foxr. Malacologie du groupe d'AIX 2 Up.80, "pl, ce. 0410: Diagnose d'après les échantillons de la butte louton près Beaucaire. Coquille semi-globuleuse, à spire courte composée de trois tours, les premiers peu saillants, le dernier formant presque toute la hau- teur de la spire. Ce dernier est très globuleux, déprimé vers la suture, un peu déjeté à l'extrémité. Bouche semi-lunaire, à septum colu- mellaire plan, à bord non denté, recouvrant d’une callosité épaisse la région ombilhcale, et bien limité par un léger sillon. Labre un peu épais, légèrement déprimé en arrière, un peu plus convexe en avant, se raccordant à la callosité par une courbe continue. Orne- mentalion nulle, sauf quelques légers sillons d’accroissement dans le voisinage de la bouche. Rapports et différences. — L'espèce décrite ci-dessus diffère de la forme type du bassin de la Garonne par sa spire plus élevée, el à tours plus détachés et par sa callosité plus forte. Ces différences sont suflisantes pour maintenir le nom de variété Sauvagest, proposé par Fontannes pour des échantillons de Barjac et de Saint-Jean-de-Marué- Jols appartenant au même niveau. Les types de Fontannes (moules externes), sont de plus petite taille que ceux de Beaucaire et ont une spire encore plus détachée. Les échantillons de la butte Iouton n'ont pas conservé d’ornementalion colorée et sont assez fortement épaissis par le calcaire. L'absence de dents au septum columellaire rapproche cette espèce du groupe de Nerilina Laubrierei Cossu. du Thanétien de Chenay?. NERITINA CRYPTOSPIRODES FONTANNES. Ps. XXIL fig. 11, 1la. 185%. Nerilina cryplospirodes. FonrANNes. Descript. Mal. du groupe d'Aix, p. 35, pl. v, fig. 1-8. Diagnose d'après des échantillons de Saint-Césaire-de-Gauztqnan. —— Coquille de petite taille, pisiforme, globuleuse, à spire très dépri- mée. Tours au nombre de trois, séparés par des sutures bien marquées, les premiers sont aplatis ou légèrement convexes, le dernier très grand occupe à peu près Loute la hauteur de la coquille ; il est très globu- leux et déprimé vers la suture. — Ouverture semicireulaire, un peu 1. F.Foxranwes. Études pour servir à l'Histoire de la période lertiaire dans le Bassin du Rhône, Et. VIIT, 2° partie. 2. Coseuanx el Pissarro. Iconographie des coquilles fossiles de l'Éocène des environs de Paris, pl. v, fig. 39-3. G SANNOISIEN DU GARD 929 plus haute que large. Septum très déclive, bord columellaire non denté, légèrement concave. — Callosité peu développée se raccordant insensiblement avec le reste de la coquille. — Labre mince, peu convexe en arrière, à courbure plus accuséeen avant. — Ornementalion variable composée d'une série de petites lignes brunâtres, délimitant de petites taches ovalaires blanches irrégulières. Rapports et différences. — Cette espèce se distingue bien de là pré- cédente par sa spire très surbaissée, son labre beaucoup plus mince, sa callosité ombilicale moins épaisse se raccordant avec la coquille sans sillon intermédiaire. Les types de Fontannes sont des moulages de cavilés laissées par la coquille. Les tours de la spire sont tout à fait identiques comme forme et proportions à ceux des exemplaires de Saint-Césaire. Le dernier tour me parait néanmoins un peu plus élevé. Cette espèce signalée à Massargues, Issirac, Barjac, Orgnac et Laval-Saint-Roman par Fontannes, se trouve, en échantillons pourvus de leur test et dont la coloration est conservée, à Saint-Césaire-de- Gauzignan dans les marnes à Welanoïdes alhigensis. ASSIMINEA NICOLASI n. SD: Pr. XXII: fig. 6, 64: 6b, 6c: Diagnose d'après des exemplaires de la bulle Toulon, Collection Nicolas. Coquille conique turriculée, composée de cinq à six tours assez convexes que sépare une suture assez profonde. Dernier tour assez grand occupant un peu plus de la moitié de la longueur totale, arrondi et sans fente ombilicale. Ouverture ovalaire, lésèrement angu- leuse en arrière. bordée d'un péristome un peu épaissi et continu. Labre simple un peu évasé à l'extérieur et non sinueux. Dimensions. — Long., 4 mm.; diamètre, 2 mm. Rapports el différences. — Cette espèce est très fréquente à la butte Iouton (Coll. Nicolas et Allard) et se rapproche de l'Aydrobia crassilabris Desu. !, classée à juste titre par M. Cossmann dans le genre Assiminea. La forme de Beaucaire qui possède une bouche ovalaire à labre très légèrement déversé en dehors et qui n’a pas de fente ombilicale me parait aussi se rapporter à ce genre. L'A. crassilabris diffère de l'A. Nicolasi par la forme de son avant-dernier tour plus renflé et sa spire un peu plus courte. À. con- tracla Coss. du Bartonien de Mont-Saint-Martin ? un peu plus conique a une bouche un peu plus élargie que notre Lype, elle est aussi de tulle un peu plus forte. 1. DEsnayes. Anim.sans vert., p.191, pl. xxxv, fig. 40-42, — Cossuann et PissarRro, Iconogr., pl. xux, fig. 83-5. 2. Cossmanx et Pissarno. [con., pl. xunt, fig. 83-2, 930 F. ROMAN VIVIPARUS SORICINENSIS NOULET 1870-75. Paludina soricinensis NouLer, in SANDBERGER, Land, u. Süssw. Conch. p. 303. 1884. Vivipara soricinensis Nour. in Fonr. Groupe d'Aix, p. 38, pl. 1v, fig. 10-14. Cette espèce est assez rare dans les couches à Melanoïdes albigensis du Gard. Je n'en connais de bien typiques que de Saint-Césaire de Gauzignan, de taille plus forte que les types de Lautrec. Les tours bien arrondis s’accroissent assez rapidement; les sutures assez pro- fondes détachent bien les tours. Un autre exemplaire de celte espèce (moule externe) m'a été com- muniqué par M. le Dr. Julian et provient des bancs les plus supérieurs de la butte Iouton au contact de la mollasse burdigalienne. Ce spéci- men bien typique est de taille un peu plus faible que ceux de Saint- Césaire. Fontannes à signalé et figuré N. lautricensis de Barjac, de Saint-Jean-de-Marvéjols et de Célas. Je rapprocherai cette espèce de V. Hammeri Derr. du Lutétien de Bouxwiller, du Gard et de l'Hérault !, qui en diffère par sa spire plus allongée, mais dont les proportions relatives des tours sont assez sem- blables. On peut aussi lui comparer V. inlermedius du Bartonien d'Oulchy-le-Château ? qui s'en rapproche par le méplat au voisinage de la suture. HYDROBIA CELASENSIS FONTANNES Pr XXI fe""9,104: 1884. Iydrobia pyramidalis Desm. var, celasensis For. Mal. du d'Aix, p. 33, fig. 32-42. sie gr. Diagnose d'après des échantillons de la bulle Jouton. Coquille conoïde à spire élevée, aiguë. Tours au nombré de cinq à six s’ac- croissant lentement, un peu convexes, le dernier occupant un peu plus de la moitié de la longueur de la spire, séparés par des sutures peu obliques assez profondes. Dernier tour arrondi, à peu près aussi large que haut. Bouche ovalaire oblique, plus haute que large, anguleuse en arrière, péristome continu. Bord columellaire bien détaché du tour, concave, recouvrant une faible fente ombilicale. Labre mince, vertical, non réfléchi. Dimensions. — Long., 3-5 mm. ; largeur, 2 mm. Rapports el différences. — Bien que les types de Fontannes, qui sont des moulages assez grossiers de cavités laissées dans le calcaire par ces fossiles, soient à peu près inutilisables, je crois cependant préférable de conserver la dénomination de variété donnée par cet 1. SaxpsenGer, Land. u. Sûssw. Conch. PI. x11, fig. 6-6h. — Roman. Faune lac, de l'Éoc. moyen. Ann. Univ. de Lyon, p. 19, pl. rm, fig. 8-13. 2, Desnavyes. pl. xxxu1, fig. 10-12 et CossMANx. — Pissannro. Icon., IT, pl. x, fig. 85-4, SANNOISIEN DU GARD 931 auteur et de l'ériger en espèce plutôt que de compliquer encore IE nomenclature en créant un nom nouveau. La description de Fontannes ne concorde pas d’ailleurs absolument avec les types, c’est ainsi qu'on peut lire que le dernier tour est plus grand que le reste de la spire el non plus petit. Les différences sont sensibles avec l'A. pyramidalrs Desu. ! à laquelle Fontannes rapporte son espèce. La spire est plus allongée, le dernier tour est moins développé. On peut aussi comparer IL. celasensis à Hydr. sexlonus Lauk.? du Lutétien dont la bouche est moins haute et le dernier tour moins grand, tandis que l'allongement de la spire est très analogue dans les deux espèces. BITHINE LL A (LARTETIA) RHODANICA n. SP. Types de la bulle louton (Coll. Univ. Lyon). Coquille de petite taille, conique, allongée, composée de six tours à peine renflés, aplalis, à croissance très régulière, séparés par des sutures linéaires. — Dernier tour assez grand, peu renflé, occupant un peu plus de la moitié de la longueur de la coquille, pourvu d'une ouverture ovalaire un peu plus haute que large, légèrement anguleuse en arrière à péris- tome continu. Bord columellaire presque recti- ligne, labre à peine sinueux en arrière, pas de fente ombilicale. FiG. 1. — Bithinella : : à rhodantia n.sp. dela Dimensions. — Longueur, 3 mm. 5; largeur, Été loto nee Î mm. à. Rapports el différences. — Je rapporte à cette nouvelle espèce quelques échantillons de la collection Nicolas et de la collection Allard qui, par leurs proportions, rappellent Bithinella (Lartelia) cochlarella Des. * du Thanétien. Cette espèce diffère de la forme de lOligocène par sa bouche un peu plus élargie et moins anguleuse en arrière, le dernier tour est aussi proportionnellement moins élevé et un peu moins renflé. [l est probable aussi que l'on doit rapporter cette espèce à la section Larlelia, bien que le labre ne soit qu'à peine simueux près de la suture. BITHINE LLA (DIRRETOSTOMA) MERIDIONALIS n,. Sp. Types de la bulle Touton (Coll. Univ. Lyon). — Coquille de petite taille, conique, perforée, à spire assez courte, composée de quatre à cinq tours très convexes s'accroissant rapidement, séparés par des sutures profondes ; le dernier tour très renflé occupant près des 2/3 de la longueur de la spire ; bouche ovalaire à peine plus longue que 1. Voir Cossmanx el Pissarro. [con., pl. x1v, fig. 86-7. 2. Cossmaxx el Pissarro. Icon., pl. x1v, fig. 88-5. 3. Cossuanx et Pissarro. Icon., pl. xiv, fig. 88-10, 932 F. ROMAN large, bien détachée, se projelant un peu en avant ; péristome continu non anguleux en arrière, bord columellaire légèrement réfléchi en dehors, labre vertical. Dimensions. — Long., 3 mm.; largeur, 1 mm. 5. Rapports el différences. _—— La forme de la bouche très détachée du dernier tour m'engage à rapprocher celte espèce de la section des Bithinella créée par M. Cossmann sous le nom de Dierelostoma ! dont le type est Drerel. dissila du Lutétien de l'Orme. Cette espèce qui se rap- proche de celle du Languedoc par la forme de sa bouche presque ronde, ou tout au moins à peine plus haute que large*et dont le bord columellare Fi. 2. — Bithinella est un peu évasé, diffère par l'allongement de la meridionalis, n. sp. spire. Les tours bien renflés offrent cependant de la butte Touton. — cure une certaine analogie dans les deux espèces. Je ne connais de cette espèce que quatre échantillons de la collection Nicolas provenant des bancs à Hydro- bies de la butte louton près Comps. STALIOA ALLARDI D. sp. PLEIN NN 14,1); L'ype unique (Coll. Univ. . Butte Toulon. — Coquille de pelite taille, globuleuse, à spire extrèmement courte composée de trois à quatre A dont le dernier prend un énorme développement et forme la presque totalité de la hauteur de la coquille. Les premiers tours très réduits forment une petite spire à croissance rapide, tout à fait distincte du dernier qui s'élargit très brusquement. Sutures pro- londes. Bouche ovalaire un peu Bas haute que large, à péristome con- linu, épaissi et évasé au dehors. Le bord columellaire bien détaché de la base de la coquille est un peu tordu; le labre oblique et à peine sinueux est bordé au dehors par un bourrelet bien accusé. La fente ombilicale est réduite, quoique bien apparente. n Dimensions. — Long. 5 mm., diam. 4 mm. Rapports el différences. à celte espèce dans l'Oligocène et je n’en ai sous les yeux qu'un exem- plaire unique des environs de Comps communiqué par Allard à qui Je me fais un plaisir de la dédier On peut comparer S. Allardi à Euchilus pyrenaicus Nourer, figuré par Sandberger * du Miocène des Landes. Cette forme se dis- Uingue à première vue par sa spire plus haute et son dernier tour moins évasé. Cependant la forme du Gard possède une bouche ovalaire Je ne connais pas de forme comparable 1. Catal. illust. de l'EÉoc."des env: de Paris, p. 22 2Hcon AE pl ve e 88212: 3. SANDBERGER, Land.u, Süssw. Conch., pl. xxv, fig. 54. Si nets tunes ets tnt SANNOISIEN DU GARD 933 élargie à labre évasé en dehors bordé extérieurement par un bourre- let qui est presque identique à celle de PÆ. pyrenaicus. [Il me parait donc nécessaire de rattacher les deux espèces au même genre. Le genre Æuchilus SAxoserGer ! est synonyme de Sfalioa Bru- siNA antérieur de plusieurs années ?. C’est donc sous ce dernier nom que nous désignerons cette espèce, bien que la surface de la coquille soit lisse et non ornée de costules spirales comme la forme type du venre. STALIOA COMPSENSIS n. sp. PreRRTIV Er E25699 9 D: Type unique de la butte Touton (Coll. Nicolas, Univ. de Lyon). — Coquille de petite taille, conique, à spire allongée, à accroissement régulier, à spire composée de cinq à six tours, les premiers très légèrement imbriqués. Partie postérieure du tour presque plane, partie antérieure lrès légèrement carénée. Tours séparés par des sutures profondes dont l'obliquité augmente en se rapprochant de la bouche. Dernier tour occupant à peu près les 2/3 de la longueur de la coquille, subplan vers la partie antérieure, arrondi vers la base. 3ouche grande, ovalaire, un peu versante en avant, péristome continu, bord columellaire appliqué sur la base de la coquille, recouvrant com- plètement la fente ombilicale. Labre évasé en dehors, épaissi sur le bord, légèrement échancré à son extrémité postérieure. Dimensions. Long. 9 mm., diam. 4 mm. Rapports el différences. — La seule espèce qui rappelle de loin cette espèce estle Stalioa Deschienst Desu.* de l'Éocène moyen qui est de taille légèrement inférieure et qui en diffère par la forme de la spire dons les tours sont arrondis et non aplatis et subcarénés comme dans lPespèce du Gard. La bouche est aussi moins détachée du dernier tour et ne présente pas d’échancrure à la base du labre. La fente ombi- licale est très cachée dans notre espèce et la surface de la coquille entièrement lisse, tandis qu'elle est en général striée longitudinale- ment dans le genre Sfalioa. BITHINIA UGERNENSIS # n, sp. Pr-XXIIL, fig. 8: 82, 8h, 8c. ISS4? Bithinia Monthiersi Canez, var. elachyspira Foxr. Malac, du groupe d'Aix, p. 314, pl. 1v, fig. 15-16. 1. SANDBERGER. Type Æ. Desmareli, C. Prev. 2, Voir Fiscaer. Man. de Conch. p. 731 et Cossmaxx, derniers Suppléments et Iconographie. 3. DEsHaAYEs, T. IT, p. 83, fig. 18 et 21.— Cossuaxx et Pissarro. Icon. IL, pl. x1v, fig. 90-2, A 4. De Ugernum : Beaucaire. 934 F. ROMAN Types de Comps, bulle louton (Coll. Nicolas, Univ. de Lyon). — Coquille à spire courte, globuleuse, formée de cinq tours s’accroissant rapidement, le dernier formant plus des 2/3 de la longueur totale, séparés par des sutures profondes. Les premiers tours sont assez con- vexes et régulièrement arrondis. Le dernier très grand et bien détaché du reste de la spire, fente ombilicale bien marquée, profonde, obronde. — Bouche ovalaire grande, anguleuse en arrière, labre mince, légè- rement réfléchi, vertical. — Columelle subrectiligne, laissant à décou- vert la fente ombilicale. Dimensions. Long., 3 mm.; diam., 3 mm. Rapports el différences. — Cette espèce est très abondante dans le oisement de Comps (Coll. Allard, Nicolas); elle est de plus grande taille que Birth. Monthiersi Carez 1 à laquelle elle a souvent été assimilée Elle diffère ae cette espèce par sa spire plus courte, ses tours séparés par des sutures plus profondes, sa bouche plus anguleuse en arrière. Peut-être est-ce cette forme que Fontannes a eue en vue lorsqu'il a décrit sa variété elachyspira. Mais les échantillons types de cette variété sont très petits et les figurations qu'il en a données sont très insuflisantes. Peut-être les échantillons de Célas sont-ils des jeunes de l'espèce de Comps. Ce n’est qu'avec doute que je rapporte cette espèce au genre Brthi- nia ; il est plus probable, étant donné l’épaississement et la forme éva- sée de l'ouverture buccale, que cette espèce doit se rapprocher davan- tage du genre Sfalioa ; mais elle diffère de ce dernier par l'absence de bourrelet externe autour du péristome. DITHINIA OXISPIRIFORMIS n. SD. l Pr XXII Me 072, De Types de Saint-Césaire de Gauzignan (Coll. Univ. de Lyon). — Coquille de petite taille courte, conique, à spire composée de quatre tours un peu convexes, à croissance régulière, séparés par de profondes sutures canaliculées. Dernier tour très grand, occupant un peu plus des 3/4 de la longueur totale de la spire, à base convexe très légère- ment anguleuse, perforé au centre d’un ombilic profond et étroit. Bouche grande, ovalaire, plus haute que large, un peu anguleuse en arrière, à péristome mince, continu, labre droit mince, bord columel- laire mince et réfléchi sur l'ombilic qu'il recouvre en partie. Dimensions. — Long., 3 mm. ; diam., 2 mm. Hapports el différences. — Cette espèce me paraît être dans le San- noisien la forme représentative de B. oxispira Coss. du Bartonien du bassin parisien. Elle s'en rapproche beaucoup par sa forme générale. L'espèce du Bartonien est un peu plus obtuse, sa base est plus arron- die que celle de B. oxispiriformis. La suture bien qu'assez profonde 1, Carnez. B.S.G.F., (38), VIIL, p. 466, pl. x1v, fig. 19-20. SANNOISIEN DU GARD 935 el canaliculée, n'est pas bordée d'une petite rampe ainsi que lindique M. Cossmann dans sa description". Cette espèce se rattache au genre Bilhinia s. str. par son péristome mince et son labre aigu. Je rattacherai à cette espèce une série d'échantillons de très petite taille provenant de Saint-Maurice de Gourdan et qui me paraissent être les jeunes de cette espèce (pl. XXII, fig. 9, 9a, 9, Qc). JULIANIA n. gen. ?. Coquille imperforée, lisse, conique, à tours assez nombreux, spire allongée à croissance régulière, ouverture ovalaire oblique, bien déta- chée de la spire, à péristome continu un peu épais, mais non réfléchi, à labre non sinueux. Ce genre nouveau qui se place dans le voisinage des Sfenothyra en diffère par sa forme allongée et très conique, tandis que la plupart des formes de ce genre sont courtes et à tours peu nombreux. Il s'en rapproche par la forme de son ouverture bien détachée de la spire et à péristome continu à labre simple. On peut aussi rapprocher ce genre des Nematurella* dont la coquille est assez allongée et dont la bouche ressemble à celle des Sfenothyra, mais dont le labre est sinueux au lieu d’être droit. JULIANIA EXPANSA DEPÉRET in coll. PL. XXIIL fig. 3a, 3b, 8. Nematurella expansa Der. in Coll. Uniw., Lyon. Types : Coll. Nicolas, Univ. de Lyon. — Coquille de petite taille à spire allongée, non tronquée, composée de six tours peu convexes, s'accroissant régulièrement, le dernier occupant les 3/5 de la longueur totale, séparés par des sutures obliques, bien marquées. Ouverture ovale plus longue que large, oblique, légèrement anguleuse en arrière, bien détachée de la spire, pourvue d'un péristome continu un peu épaissi. Bord columellaire rectiligne, oblique, bien séparé de la base du tour, labre arrondi, non sinueux, oblique. Rapports et différences. — Cette petite forme que je choisis comme type du genre Juliania se distingue facilement par son ouverture con- tractée, bien détachée du dernier tour et dont le péristome est assez épais, quoique non réfléchi et non bordé. Les calcaires de la butte Iouton renferment une forme voisine, J. Nicolast n. sp., qui est plus rare, dont le mode d’allongement est à peu près le même, mais qui diffère par la forme de la bouche encore plus détachée de la spire, et de forme presque quadrangulaire, tandis qu'elle est ovalaire allongée dans J. expansa. > Cossmann, Catal: Éoc.t. LIL p: 228 pl virfis: 40et-pl. x1,. fig. 36: = Cossmaxx et Pissarro. Icon., pl. x1v, flg. 91-3. 2. Dédié au Dr. Julian, de Beaucaire. 3. Nemalurella SaxoBerGer 1874, type N.flexilabris. Land u. Süssw, Conch. Duo 70 pl xx ie 22 936 EF: ROMAN JULIANIA NicozAsi n. sp. PrNNHL notes Types de la butte louton (Coll. Univ. de Lyon). Coquille de petite taille à spire allongée, composée de cinq tours peu convexes à croissance régulière, le dernier occupant environ les 3/5 de la longueur totale séparés par des sutures obliques assez pro- londes. — Ouverture subquadrangulaire, très rétrécie, très détachée de la spire, entourée d’un péristome continu, à bord columellaire arrondi; labre très convexe, recourbé presque à angle droit vers la partie supérieure, non sinueux et vertical. liapports el différences. — Cette espèce dont je n’ai eu entre les mains que quatre exemplaires de la collection Nicolas est assez voisine de la précédente par la forme de la spire, elle est pourtant un peu moins eflilée, l'ouverture buccale est surtout très différente ; elle est encore plus rétrécie et plus détachée du tour: elle a une forme qua- drangulaire au lieu d'être ovalaire arrondie et sa partie postérieure n'est qu'à peine rétrécie au lieu d'être anguleuse comme dans J. eXpansa. NYSTIA PLICATA D ARCHIAC et VERNEUIL BL XXTII MS 41-014; 1855. Cyclostoma plicatum n’Arcu. et VERN. B. S. G. F.(2), I, p. 336. 1864. Bithinia plicala D'Arcn. et VERN. in DESHAYES. An. sans vert C0 p. #97, pl. xxxu, fig. 28-30. Diagnose d'après des échantillons de Saint-Césaire de Gauzignan. — Coquille ovale oblongue, à spire courte, tronquée, composée de quatre tours après la troncature, séparés par des sutures simples, linéaires, profondes. Tours convexes, bien étagés, à croissance rapide, le dernier occupant les 2/3 de la coquille, ornés de plis longitudinaux bien accusés, réguliers, équidistants, naissant à une certaine distance de la suture en laissant entre celle-ci et leur commencement une sur- face lisse ; les côtes atteignent leur maximum de saillie au milieu de la largeur du tour, puis s'abaissent jusqu'à la suture où ils disparaissent parfois complètement. Sur la base du dernier tour, ils s’évanouissent au voisinage de la columelle. Près de la bouche, dans le voisinage du labre, les côtes s'espacent et disparaissent complètement. Ouverture ovalaire oblique, péristome épaissi continu, subanguleux en arrière, bord columellaire recouvrant complètement la fente ombilicale. Labre bordé en arrière par un bourrelet assez épais. Dimensions. — Longueur, 6 mm.; diam., 3 mm. Rapports el différences. — Les échantillons des couches à Mela- noides albigensis de Saint-Césaire de Gauzignan sont absolument conformes aux spécimens d’ [D Lampes figurés par Deshayes. SANNOÏSIEN DU GARD 93° + N. plicala var. Daxrt Foxr.! diffère de la forme de Saint-Césaire par ses tours un peu plus renflés, ses sutures plus profondes et le méplat oblique s'étendant entre la partie terminale des côtes et la suture. La bouche est aussi plus ovalaire et plus large. Dans les échantillons types de Fontannes les tours sont plus arrondis et les côtes moins accusées. L'ensemble de la spire est aussi plus allongé. Cette espèce se retrouve dans les calcaires de la butte louton, mais les échantillons, bien que typiques, ne sont pas tronqués (Coll. Allard). N. plicala à été signalée dans les calcaires à Striatelles de la Limagne par M. Giraud, témoignant de l'extension considérable de cette espèce, depuis le bassin de Paris jusqu'en Languedoc. NYSTIA VARDONICA n. sp. Pr XXII EM 2N22%2D-120; Diagnose d'après des échantillons de Saint-Maurice-de-Gourdan (Coll. Univ. de Lyon). — Coquille ovale, oblongue, subcylindrique, à spire tronquée de trois tours à trois tours {/2 après la troncature, séparés par des sutures linéaires profondes, Premiers tours légèrement con- vexes, le dernier occupant environ les 2/3 de la longueur totale, plus grand que l’avant-dernier. Ouverture ovalaire évasée, oblique, suban- guleuse en arrière, péristome épaissi continu, bord columellaire recou- vrant la fente ombilicale, labre épais non échancré, droit, très évasé. Dimensions. — Longueur, 4 mm.; largeur, 2 mm. 5. Rapports et différences. — Cette espèce est le représentant dans le Sannoisien inférieur de /V. Duchasteli Nysr., dont une forme Nystia crassilabrum Maru.? est abondante dans les calcaires à Striatelles de la Provence et de Vaucluse. N. vardonica diffère de N. Duchasteli de Klein-Spawen par sa taille un peu plus faible, son dernier tour égal à l’avant-dernier et non renflé, sa spire plus cylindrique, sa bouche plus allongée et peut-être aussi moins déjetée en dehors. La forme crassilibra de Vaucluse est de taille un peu plus forte, les tours sont séparés par des sutures plus profondes, l'avant-dernier est comme dans N. Duchasteli plus grand que le dernier. Les échantillons de Fontannes à l'état de moulages de cavités, sont voisins de ceux de Saint-Césaire et me paraissent devoir être rat- tachés à la même espèce, mais différer de la forme de Matheron. Ces exemplaires sont un peu déformés et ont des tours moins renflés que ceux de Saimt-Césaire. Au point de vue stratigraphique on peut considérer ce groupe de formes comme représentant une série conlinue représentée dans le Lutétien du bassin parisien par N. microsloma Desn., dans le Barto- 1. Fonrannes. Malac. du gr. d'Aix, p. 32, pl. 1v, fig. 17-26. 2. Marnerox. Cat. Méthodique : Cycl. crassilabra pl. 35, fig. 18-21, p. 211, — Fow- TANNES., Mal. du gr. d'Aix : N. Duchasteli var. crassilabrum Mau. pl. 1v, fig. 27-31. 12 octobre 1912. Bull, Soc. géol. Fr: X., — 60, 938 F. ROMAN nien par NV. polila Enw. Les formes du Sannoisien seraient N. vardo- nica, auquel succède dans le Sannoisien supérieur N. crassilabrum et enfin dans le Stampien N. Duchastleli, très répandu dans le bassin parisien et la Belgique. Les formes du Sannoisien du Plateau Central (Limagne) se rappro- cheraient davantage selon M. Giraud! des formes du Midi de la France bien qu'elles soient un peu plus grandes. Les échantillons figurés proviennent de Saint-Maurice-de-Gourdan, où cette espèce est très abondante au-dessous du niveau des grès de Célas. Elle est accompagnée dans ce gisement de nombreux Melanop- sis romejacensis, Cyrena Carezt, etc. MELANIA (EuMBLANTA) JULrANI DEPÉRET in coll. PL XXII 7 T2 07 D CET A Melania Juliani Depérer in coll. Univ. de Lyon. Types de la butte Toulon. — Coquille turriculée à spire composée de six à sept tours légèrement convexes, plus déprimés vers la suture, surface du tour complètement lisse. Sutures profondes peu obliques. Le dernier tour occupe le 1/3 de la longueur totale de la spire, les autres sont un peu plus larges que haut. Ouverture ovale peu allongée, à peine versante en avant, à peine canaliculée en arrière ; labre sinueux, peu épais, un peu proéminent en avant, légèrement échancré en arrière. Bord columellaire bien défini ne laissant pas de trace de fente ombilicale, quelques légers sillons résultant des accrois- sements successifs de la coquille se voient près de la bouche. Rapports el différences. — Cette espèce qui est moins abondante que Melania barjacensis, est cependant assez fréquente aux environs de Beaucaire à la butte Touton d’où provient le type de l'espèce donné par le Dr. Julian de Beaucaire. La collection Nicolas (Univ. de Lyon) contient aussi de nombreux spécimens de cette espèce provenant de la même localité. Cette espèce diffère de toutes les autres espèces de ce niveau par l'absence complète de stries ou de tubercules. Je crois cependant devoir la rapporter au genre Æumelania Roversro ? dont le galbe est très voisin de celui de l'espèce du Gard. La bouche diffère neue par une échancrure du labre. MELANIA (EUMELANIA) VARDONICA FONTANNES à. Pr. XXII, fig. 6, 6a, 6b, 6c, 6d. 488%. Striatella vardinica FoNTANNESs. Faune malac. du gr. d’Aix, p. 22, pl. 1, fig. 41-43. 1. Ginaun. Description géol. de la Limagne. Bull. Carte géol. Fr., 1902, p. 95. 2, Roverero. /n Cossmann. Paléochonchol., 8° liv. p. 131. 3. Bien que Fontannes ait employé le nom de vardinica, il est préférable de lui substituer le nom de vardonica, de Vardo : le Gard SANNOISIEN DU GARD 939 Diagnose d'après un échantillon de Saint-Maurice de Gourdan (Coll. Univ. de Lyon). — Coquille turriculée, médiocrement allongée, à spire assez courte, composée de six à sept tours peu convexes, dispo- sés légèrement en gradins s'accroissant rapidement, le dernier arrondi en avant, égal au 1/3 environ de la longueur lotale. Suture assez pro- fonde, à peine oblique. Surface des tours ornée de forts plis longitu- dinaux larges, arrondis, subrectilignes, dirigés un peu obliquement, séparés par des intervalles à peu près égaux à eux-mêmes, visibles jusque sur les tours embryonnaires. Ces plis qui sont à peu près de même importance sur toute la largeur des premiers tours s’effacent très rapidement sur le dernier qui, par suite, devient presque lisse dans le voisinage du labre. Ouverture ovale à peine versante en avant, et très faiblement canaliculée en arrière. Labre mince, lisse, légèrement sinueux. Bord columellaire extrêmement mince, recouvrant complè- tement la région ombilicale. Rapports el différences. — Parmi les espèces voisines décrites par Fontannes, il convient de citer S{rialella pychnoplycha, qui lui ressemble beaucoup par la forme de la spire et qui en diffère surtout par ses côtes fines el serrées, tandis qu'elles sont plus arrondies et plus largement espacées dans Æ, vardinica. Dans le même groupe Str. ostrogallica Foxr., a des tours plus allongés, plus nombreux, et à orne- mentation plus serrée. Remarquons en passant que les types de ces diverses espèces de Fontannes sonttout à fait insuffisants et consistent en moulages assez grossiers de cavités laissées par les fossiles. On peut aussi comparer cette espèce à Melania Vidali Cossu. de l'Éocène moyen des Pyrénées catalanes! qui est à peu près de la même taille, mais elle est plus trapue, les tours de spire sont moins nombreux et l’érnementation comporte des cordons spiraux dans Melania vardonica. Je ne connais d'échantillons de celte espèce munis de leur test que de Saint-Maurice-de-Gourdan, sous les grès de Célas. MELANIA | TAREBIA) BARJACENSIS FONTANNES PL. XXII, fig. 1, 2, 3, 3a, 3b,3c, 4a, 4b, 46, 4d, 4e, 4f, Ag. 4884. Striatella barjacensis Fonrannes. Mal. du gr. d'Aix, p. 19, pl. 11, fie. 13-25. Diagnose d'après des lopolypes de Barjac. — Melanidé de taille moyenne, spire longue, turriculée, de huit à neuf tours convexes, sépa- rés par des sutures de plus en plus profondes. — Tours. embryonnaires arrondis et lisses, les autres disposés en gradins et ornementés de cor- dons longitudinaux et d’aspérités transverses donnant vers la suture une ou deux rangées de petits tubercules. Dernier tour occupant environ le 1/3 de la longueur totale. — Surface des tours ornée de cor- dons spiraux croisés par des plis longitudinaux légèrement sinueux se 1. Cossmanx. Moll. éoc. del Pireneo catalan, pl. vin, fig. 32-35 el pl. x, fig. 8-9. 940 F. KHOMAN renflant un peu Jusqu'au cordon postérieur au delà duquel ils s'atté- nuent de nouveau, les cordons sont au nombre de quatre sur les tours recouverts, le premier vers la suture antérieure lisse, les autres de plus en plus granuleux Jusqu'au dernier qui forme une rangée de tubercules bien accusés, un peu en avant de la suture postérieure; le dernier tour porte de plus quatre ou cinq cordons lisses diminuant progressi- vement d'importance. — Ouverture ovale allongée, peu versante en avant. Columelle lisse se raccordant sans échancrure avec le contour supérieur. Bord columellaire très mince, vernissé dans la région ombilicale qu'il recouvre à peu près complètement sauf une très légère gouttière à peine sensible. Variations. — Les très nombreux exemplaires pourvus de leur test, et entièrement dégagés, que j'ai pu recueillir dans la localité type permettent de distinguer un certain nombre de variations de cette espèce polymorphe dont la plupart ont été figurées par Fontannes. On peut distinguer les variétés suivantes : Variété A) Spire allongée plus ou moins grêle avec atténuation des tubercules, l’ornementation se réduit à des cordons spiraux lisses sauf le dernier qui est toujours tuberculeux. A cette forme se rat- tachent les exemplaires de Fontannes, fig. 24 et 25 (pl. XXII, fig. 4d). Variélé B) Les deux derniers cordons portent les tubercules les plus accusés (pl. XXIT, fig. 4e). Variété CG) Le premier et le troisième cordon sont des tubercules plus développés (pl. XXII, fig. 4/f). Variété D) L'ornementation longitudinale prédomine de beaucoup sur l’ornementalion spirale (pl. XXIT, fig. 3, 3a, 3h, 3c, 4q). Ces diverses formes passent d’ailleurs de l’une à l’autre et il est difficile, sinon impossible, de les différencier quand on possède un nombre suffisant d'échantillons des environs de Barjac. Cette espèce est aussi très abondante aux environs de Beaucaire à la butte Iouton. Ces échantillons ont tous pour caractère commun d'être de plus grande taille et à test plus épais que ceux de Barjac, mais leur ornementation assez variable peut aisément se rapporter aux types principaux que je viens d'indiquer. Parfois l'ornementation longitudinale prédomine et, dans ce cas, le profil du tour est plus arrondi ; ils passent ainsi progressivement à Melantia Juliant dont les tours sont complètement lisses. Rapports et différences. Au point de vue générique, je placerai cette espèce dans le genre T'arebia H. et A. Adams, ainsi que l’a fait M. Cossmann!, quidiffère surtout d'Zumelanta par son ornementation muriquée. Mel. barjacensis est très voisine de Melania muricala Woo», de la base de l'Olhigocène de l’île de Wight?. Elle en diffère surtout par sa spire plus élancée et ses tubercules moins accusés. Fontannes a ratta- 1. Cossmanx. Paleoconch. & liv., p. 124. 2. In SaxoBerGer. Land, u. Suss, Conch. pl. xv, fig. 5-5bet pl. xx, fig. 6-6a. SANNOISIEN DU GARD 941 ché à l'espèce d'Angleterre deux variélés, var. orgnacensis et var. echinocarena, qui sont représentées dans sa collection par des mou- lages de cavités. Ces deux formes me paraissent constituer des espèces distinctes, autant qu'on en peut juger d'après la mauvaise conserva- tion des types; je n'en ai d’ailleurs pas retrouvé pourvues de leur test. Mel. barjacensis est l'une des formes les plus constantes du San- noisien inférieur du Gard et accompagne Melanoïdes albigensis dans tous les gisements. MELANIA (JAcQuoTrA) APIROSPIRA FONTANNES PL. XXII, fig. 8, 8a. 188%. Melania (Jacquotia) apirospira Fonrannes. Mal. du gr. d'Aix, p. 25, pl. v, fig. 36-40. Diagnose d'après un échantillon, pourvu de son test, des Granges Richard, près de Vezenobre (Coll. Univ. Lyon). — Coquille turriculée extrèmement eflilée, à spire très longue, souvent {ronquée. Sur l'échantillon décrit, 8 tours (ce nombre peut atteindre 20 à 25 suivant Fontannes) séparés par des suiures linéaires très distinctes, peu pro- fondes sur les premiers tours, plus accusées sur les derniers. Tours s'accroissant très lentement, un peu plus larges que hauts, les premiers un peu aplatis à la circonférence, les derniers arrondis. Dernier tour peu prolongé en avant, à peine égal au 1/10 de la longueur totale. Surface des tours lisses avec quelques stries d’accroissement peu apparentes dans le voisinage de la bouche. Ouverture ovalaire, peu versante en avant el à peine canaliculée en arrière. Labre peu sinueux, columelle lisse se raccordant sans échancrure avec le contour supérieur. apports el différences. — Cette espèce n’a été représentée par Fontannes que d'après des moulages des creux laissés par la coquille dans les calcaires sannoisiens. C’est en effet à l’état de moules externes qu'on la rencontre ordinairement. En un seul point, aux Granges de Richard sur la route de Vezenobre à Saint-Césaire, j'ai rencontré des individus incomplets, mais munis de leur test. Un seul m'a donné une bouche entière, c'est l’exemplaire figuré. Il n'ya pas d'hésitation à assimiler ce spécimen à l'espèce de Fontannes qui se trouve dans la même région et au même niveau. La bouche de cette espèce la rattache sans aucun doute aux Méla- nidés, bien que le labre soit un peu sinueux. Par l'allongement tout à fait exceptionnel de la spire, cette espèce, comme le pensait Fon- tannes, mérite de devenir le type d’un sous-genre nouveau auquel il a attribué le nom de Jacquolia !. Cette espèce qui est signalée par Fontannes à Laval-Saint-Roman, Orgnac, Massargues accompagne ordinairement Cyrena Dumast el se 1, Voir la note au bas de la page 25 de Foxranxes, 942 F. ROMAN trouve à la base du Sannoisien. Elle existe aux environs de Beaucaire, à la butte [outon (Coll. Nicolas, Coll. Allard). MELANOIDES ALBIGENSIS NOULET, variété DUMASI FONTANNES Pi. XXII, fig. 9, 9a, 9b, 9c, 9d, 9%e 188%. Melanoïdes albigensis Nour. var. Dumasi Font. Mal. du gr. d'Aix, p.20" plur ie. 0614070 pl0233 fes Diagnose d'après des échantillons munis de leur test de Saint- Césaire de Gauzignan. — Coquille Lurriculée, allongée, à spire régu- lière, composée de quinze à dix-sept tours séparés par des sutures simples, premiers tours subaplatis, les derniers subanguleux avec une rampe un peu excavée au-dessous de la suture linéaire, le der- nier tour un peu moins haut que la moitié de la longueur totale de la spire. Surface des premiers tours ornée de côtes longitudinales équi- distantes, au nombre de 12-15 sur l’avant-dernier tour. Ces côtes sont légèrement arquées sur les tours jeunes et un peu obliques sur les sui- vants. Sur les derniers tours, ces costules sont remplacées par des ran- vées longitudinales de trois tubercules, les deux derniers reliés par des on spiraux. La rangée spirale, voisine de la suture porte des tuber- cules plus forts, légèrement épineux el allongés dans le sens longitu- dinal. Les cordons spiraux suivants portent des tubercules moins développés. Sur la base du dernier tour on peut compter de plus deux ou trois cordons spiraux faiblement tuberculés. Ouverture ovale, subcanaliculée en arrière, versante en avant ; labre sinueux vers l'angle postérieur qui est légèrement canaliculé, lisse à l'intérieur, portant un épaississement assez marqué à l'extérieur. Columelle excavée, lisse, calleuse. Bord columellaire appliqué sur la base, se raccordant sans échancrure avec le bord supérieur, couvrant complètement la fente ombilicale. Rapports el différences. — Je rapporte cette espèce aimsi que l’a fait M. Cossmann et bien d'autres avant lui, au genre Melanoïdes, bien que M. Dollfus ait démontré dans son récent travail sur Welania Escheri! que ce nom doit ètre abandonné. Suivant ce paléontologiste le nom Welanoïdes doit remplacer celui de Strriatella créé par Broten 1871 pour les espèces du groupe de Melanta luberculala; cette der- mère espèce élant déjà le type du Melanoïdes Orivrer 1807. ne résul- terail que les espèces du groupe de Melania aspirata ? n’ont plus de dénomination sous-générique. Il y aurait donc là un nom nouveau à créer. Mais je crois préfé- rable de conserver le nom de Melanoïdes très connu des Paléontolo- gistes ainsi que l’a fait M. Cossmann. Il me paraîtrait tout à fait regret- table aussi de substituer le nom de Melanoïdes à celui de Striatelal ce qui amènerait des confusions sans fin. Là encore M. Cossmann me Bull'ServaGart.géol-ÆFr., n°1241 XIX; p.107: . Génotype du genre Melbnotdes i in Caen, SANNOISIEN DU GARD 943 semble avoir pris le meilleur parti en remplaçant le nom Strialella par Eumelania. Quoi qu'il résulte de cette question de nomenclature, 1l est intéres- sant de comparer la forme du bassin d’Alais avec la forme type de l'Albigeois. Les échantillons typiques de Lautrec se distinguent de ceux de Barjac (variété Dumast Fonr.) par leur spire nettement sca- lariforme. Les types de Fontannes de la variété Dumast ont leurs tours un peu moins élagés, les côtes longitudinales sont un peu moins accusées surtout dans les premiers Lours, les tubercules sont par contre plus développés que dans le type de l'espèce qui ne porte qu'un seul tubercule au voismage de la suture. La première figure de Melanoïdes alhigensis !, d'après un échantillon de Lautrec, porte une ornementation spirale plus forte que la majorité des individus de cette même localité et se rapproche en cela des échantillons du bassin d’Alais. Mais la disposition scalariforme des tours est assez différente. M. occilanicus Foxr.? diffère de la forme Dumast par ses grandes épines et le nombre moindre des côtes transverses. Le nombre des côtes diminue encore dans £. eucircodes Foxr.* qui se trouve au même niveau dans le bassin d'Alais. Ces côtes sont au nombre de 5-7 par tour au lieu de 14 ou 15 et sont plus obliques. M. alhigensis est très étroitement apparenté, ainsi que l'a indiqué M. Dollfus, au A7. Laursæ * des environs de la Fontaine de Vaucluse et d'Apt qui occupe un niveau stratigraphique supérieur. Celte espèce se distingue bien par son angle spiral un peu plus ouvert dans les derniers tours qui sont un peu plus étagés . Dans les premiers tours, la spire est très analogue, mais son ornementation est assez distincte : dans Mel. Lauræ 11 y a trois cordons spiraux au-dessous de la rangée de tubercules voisins de la suture, tandis qu'il n'y en a que deux dans le M. albigensis var. Dumas. Ces cordons ne sont pas tuberculeux, Landis qu'ils sont (très nettement interrompus et tuberculés dans l'espèce du Gard. J’admets très volontiers la descendance proposée par M. Dollfus, faisant dériver M. Escheri de Mel. Lauræ et à son tour celle-ci de M. albigensis. Réparlilion géographique el straliqgraphique. — Cette espèce a été signalée par Fontannes à Célas, Monteils, Servas, Avejan, Saint- Jean de Marvejols, Massargues, Orgnac, Laval, Saint-Roman. Je l'ai recueillie à l’état de moules externes dans la plupart de ces localités où elle occupe un niveau très constant. À Célas, les bancs où elle se 1. SANDBERGER, Land. u. Süssw. Conch. p. 302, pl. xvur. fig. 12. 2. FonrTaANxEs, Mal. Gr. d’Aiïx, pl. 111, fig. 4-9. 3.. FONTANNES, pl. ui, fig. 10. 4. MATHERON. Catal. méthodique, p. 208, pl. xxxvi, fig, 22, 24 5. Voir les figures de Foxraxxss, pl. ui, fig. 11-13. 944 F. ROMAN rencontre renferment Anoplotherium commune Ow. et Paleotherium Mühlhergi Srenr. Ces bancs doivent done se placer à la partie supé- rieure de l'étage sannoisien. À ces localités 1l faut ajouter Saint-Césaire de Gauzignan, seul point où cette espèce soit munie de son lest, le mas de Puech d’Autel près de Nimes, la butte Ilouton près Beaucaire. Elle est partout asso- ciée à Melania barjacensis. MELANOIDES OCCITANICUS FONTANNES 1884. Melanoïdes occilanicus Fonranxes. Le groupe d'Aix, p. 27, pl. 1, fig. 4-9. Cette espèce qui se distingue facilement de JM. albigensis var. Dumast par sa spire plus courte, ses côtes longitudinales moins nombreuses et plus fortes et pourvues d’épines acérées, mérite d'être conservée. Je n'en connais que les moules externes de Barjae, de Laval Saint- Roman et des Fumades. Elle existe aussi dans la butte Iouton (Coll. Nicolas). ME£ELANOPSIS ROMEJACENSIS KONTANNES PL. XXIV, fig. 3, 3a, 3b, 4. Diagnose d'après des échantillons de Saint-Maurice de Gourdan. — Coquille de taille moyenne ovoïdo-conique à spire assez courte et légè- rement conique, composée de 4-5 tours séparés par des sutures simples, superficielles, la dernière un peu irrégulière et entièrement lisse, et à peine convexes. Le dernier tour égal aux 3/5 de la hauteur totale, déprimé en arrière, plus ovale vers la base qui est lisse, imper- forée et qui porte une fasciole peu accusée. Ouverture oblongue assez. large, labre mince, échancré en arrière, au point où il entre en contact avec la surface pariétale. Columelle excavée, bord columellaire por- tant une forte callosité vers l'angle postérieur, plus étroit mais assez saillant sur la base où il recouvre la fasciole, Échancrure basale assez large. Rapports el différences. — Dans la diagnose qui précède, faite à l'aide de nombreux exemplaires de Saint-Maurice de Gourdan et des Granges de Richard, près de Vezenobre, on remarquera que le der- nier tour a été considéré comme non caréné, contrairement à la dia- gnose et à la figure originale de Fontannes. Ce caractère ne me parail pas constant, en effet, et si certains échantillons portent une carène mousse très nette, 1: est facile de constaler que la majorité des échantillons ont au contraire un dernier tour très plan vers la suture, puis doucement arrondi jusque vers la base. Les autres caractères sont du reste si constants el si conformes à la description et à la figure de lontannes, que je crois volontiers que les types figurés étaient des SANNOISIEN DU GARD 945 formes un peu exceplionnelles. IT est nécessaire de maintenir le nom de variété donné par Fontannes à litre d'espèce, le Welanopsis subu- lala SANDBERGER ! non Sow., n'ayant aucun rapport avec la forme type de Sowerby?. La forme du Gard ressemble d'ailleurs beaucoup, ainsi quele pensait Fontannes, au type de Sandberger. Bien que cette espèce présente une assez forte échancrure à la par- ie postérieure du labre, je la maintiendrai dans les Melanopsis (s. str.) en la rapprochant des formes telles que Mel. buccinoides Desu. * représenté dans les couches d'Headon Hill par 1. suhfusiformis Morris. MELANOPSIS ([STYLOSPIRULA) ACROLEPTA FONTANNES PL XXIM,fe,0:92 5D; 50; 5d. Diagnose d'après des échantillons de Saint-Cézaire de Gauziqnan. — Coquille ovalaire allongée à spire longue, aiguë, à sommet styli- forme, puis extra-conique et ovoïdo-conique au dernier our, compo- sée de 8 à 10 tours étroits se recouvrant, séparés par des sutures plates superficielles, les dernières un peu irrégulières, s'accroissant lentement, plans ou légèrement sinueux, surface entièrement lisse. Dernier tour occupant un peu plus de la moitié de la longueur totale de la spire, un peu déprimée au-dessus de la suture, puis de galbe ova- laire jusqu'à la base unie et imperforée. La base se prolonge par un cou assez long portant une faible fasciole basale. Ouverture ovale oblongue assez étroite à labre mince assez profondément sinueux appliqué tangentiellement à lavant-dernier tour sur une longueur égale environ au 1/4 de la hauteur dela bouche. Columelle peu tordue, légèrement infléchie à droite ét se terminant en pointe contre l’échan- crure basale. Bord columellaire calleux, la callosité assez large en arrière au point de Jonction avec le labre se rétrécit peu à peu et se prolonge jusqu à l'extrémité de la columelle, recouvrant incomplète- ment la fasciole basale. Dimensions. — Longueur, 15 mm.; largeur, 5 mm. Rapports el différences. — L'espèce de Fontannes qui est assez fréquente dans le Sannoisien du Languedoc, appartient sans aucun doute au groupe des Sfylospirula caractérisé par leur spire très élan- cée el à profil concave. IT existe comme dans la forme type du genre, une dépression légère accusée surtout par les lignes d’accroissement dans la partie supérieure du dernier tour. Les exemplaires de Saint- Césaire sont en général plus petits que des types de Fontannes et sont un peu variables dans leur forme générale. Quelques exemplaires ont un dernier tour très ventru sans cesser d'avoir une spire très eflilée. D'autres sont au contraire beaucoup plus élancés que le type. Les échantillons de la butte Touton (Coll. Nicolas et Allard) sont un peu 1. SANDBERGER. Land. u. Suss. Conch. pl. 20-21. 2, SowerBy. Min. Conch. t. IV, pl. 332, fig. 8. 3. DEsmayes. in Cossuanx et Pissanro. Icon. pl. x1Ix, fig, 118-1, 946 F. ROMAN plus forts et à test plus épais comme toutes les espèces de ce gisement. La spire est aussi un peu moins eflilée, sans qu'il soit possible de les séparer spécifiquement. Cette espèce me parait être la forme représentative du Mel. pro- boscidea Desn. ! qui se distingue de A. acrolepla par sa taille un peu plus faible, sa spire un peu moins excavée et le développement un peu moindre de la callosité au voisinage du labre LIMNEA IOUTONENSIS n. Sp. PL. XXII, fig. 12, 12a, 12h, 12e, 124. Types de la butte outon (Coll. Nicolas, Univ. de Lyon). — Coquille à spire courte, à tours s’accroissant rapidement el très élagés, les premiers petits, de forme subquadrangulaire, aplatis dans le se nage de la suture, le dernier occupant les 4/5 de la longueur totale de la coquille. Ce dernier Lour porte un méplat vers la suture. Ouverture ovalaire élargie, subquadrangulaire vers son angle postérieur, labre mince, se raccordant avec la spire par un angle presque droit. Pl columellaire apparent, mais peu accusé. Dimensions. — Hauteur, 11 à 13 mm.; diam. du dernier tour, 7 à 9 mm. Bapports el différences. — Cette Limnée est assez fréquente à la butte [outon, seule localité d'où je la connaisse. J'ai eu sous les yeux une vingtaine d'échantillons d'âge divers provenant des collections qui mont été communiquées de ce point, et les caractères en sont très constants, montrant que l’on a bien à faire à une espèce distincte el non à des Lypes exceptionnels. On la reconnaît facilement à son galbe tout spécial résultant de la disposition scalariforme de ses ours qui portent un méplat presque horizontal au voisinage de la suture. Ce caractère joint à la forme élargie de la bouche qui est quadrangulaire en arrière et bien plus élargie qu'en avant permet de la distinguer de toutes les autres espèces de ce venre. Quelques exemplaires, de plus grande taille que ceux qui ont été figurés, montrent que ces caractères s'accentuaient encore avec l’âge et que le dernier tour tendait de plus en plus à prédominer, comme dans les espèces du groupe de Limnea pachyqaster, mais en conser- vant toujours le méplat supérieur. Ges échantillons ne sont malheu- reusement pas suffisants pour être figurés La seule forme qui puisse lui être comparée est Limnea oblusa Desu. non Brarb*, Le moule interne de cette espèce qui est figuré par Deshayes n'est pas conforme à celle de Brard* qui a les tours non 1. DESHAYES in Cossuaxx. Paitoconch., pl. 1v, fig. 16-17. 2. Branvn. Descript. des coquilles foss. des env. de Paris, II, p. 96, pl. x, fig. 16-17 3. Brarp. Second mémoire sur les Limnées fossiles. Annales du Museum, t. XV, 1810, p. 408, pl. 24, fig. 3-4. SANNOISIEN DU GARD 947 scalariformes, la spire plus longue et la bouche plus étroite en arrière Bien que les deux figures de rl el de Deshayes ne soient pas com- parables, puisque l’une d'elles (celle de Deshayes) représente le moule interne et l’autre un échantillon pourvu de son test; il me paraît impossible de les assimiler. L'espèce du Gard est assez conforme à celle de Montmorency figurée par Deshayes et appartient certaine- ment au même groupe. Limnea cylindrica Braro ! qui possède comme notre espèce des tours très étagés est cependant plus courte, les sutures en sont moins inclinées, la bouche est plus étroite et surtout moins élargie en arrière. LoINEA du groupe de L. PYRAMIDALIS et L. LONGISCATA. Les Limnées à spire allongée qui se rencontrent assez fréquemment dans les calcaires sannoisiens du Gard sont rarement bien conservés avec leur test. Le plus souvent ce sont des moules externes parfois un peu déformés par la compression des marnes ou des calcaires sur les- quellesil est difficile de reconnaitre les caractères. C'est en particulier le cas pour les formes décrites par Fontannes qui sont représentées par de mauvais moulages. Je me bornerai donc à signaler les formes suivantes dont les caractères paraissent un peu plus nets. LIMNEA PYRAMIDALIS BRARD Pr. XXIV, fig.6, 64. IS10. Limnea pyramidalis Brarb. Ann. du Museum, &. XV, pl. 24, . 1-2. 1824. : — — in Desnayes. Coquilles fossiles, pl. x “fe. À 4-15, Da605: 1864. — — BrarD in DEsnayes. Animaux sans vertèbres, Die J'admettrais pour cette espèce, avec M. Cossmann?, la figuration de Deshayes dans son premier ouvrage, bien qu'elle ne a pas d'accord avec celle de Brard. On retrouve de les spécimens de Saint-Césaire de Gauzignan le caractère commun des exemplaires de Brard et de Deshayes ; la suture est légèrement bordée. Ce caractère permet de distinguer cette espèce de Limnea longiscala qui appartient au même oroupe. La spire est aussi un peu plus conique et les tours un peu moins convexes. Les figures données par Edwards * sont bien conformes à celles de Deshaves. Les échantillons de Fontannes, très incomplets et très écra- sés sont plus coniques et à tours plus plats que ceux de Saint-Césaire. Ils me paraissent néanmoins appartenir au même Lype. Cette espèce paraît avoir précédé dans le Sannoisien L. æqualis ne Serrest abon- Branp. in Drsnaves. Coquilles foss. €. IT, p. 98, pl. x, fig. 18-19. Cat. pl. 1v, p. 333. £ocène Mollusea, pl. x, fig. 1-3. DE SERRES. Font. pl. vi, fig. 4-6 + © D — 948 F. ROMAN dante dansle Stampien des environs de Sommières, etse reconnait à ses tours plus renflés el à sa spire moins acuminée. Limnea pyramidalis est assez fréquente à Saint-Césaire de Gauzignan en exemplaires munis de leur test, difficiles à recueillir. Je lai observé à Castelnau-Valence dans les couches à Melanoïdes albigensis. Fon- tannes la signale de Barjac, de Saint-Jean de Maruéjols et de Servas au même niveau. LIMNEA FUSIFORMIS SOW. Je rapporte avec doute à cette espèce des échantillons de la butte louton représentés par leur moule externe, qui sont caractérisés par leur spire d’abord très effilée et à profil plan, qui se renflent ensuite au dernier tour comme le fait Z. fusiformis bien figuré par Edwards! et par Sandberger ?. Mais les types d'Headon sont tous plus obtus que ceux du Gard qui représenteraient une variété effilée de l'espèce. LININEA LONGISCATA var. OSTROGALLICA FoNTANNES Les espèces du groupe de Limnea longiscala Lrès abondantes dans les assises terminales de l'Éocène sont assez variables et difficiles à distinguer parce que les échantillons non écrasés munis de leur test sont extrêmement rares ; elles passent progressivement à mesure qu'on monte dans la série à des espèces à tours plus arrondis, à sutures plus profondes et dont le dernier tour se réduit peu à peu de hauteur. La forme ostrogallica de Fontannes est une forme un peu intermédiare de ce groupe qui est signalé dans la plupart des gisements du Gard: Barjac, Roméjac, Saint-Jean de Maruéjols, Servas et Beaucaire dans les calcaires à Melanoïdes et à Euzet dansles couches à Palæotherium. LIMNEA Sp. Pour compléter cette nomenclature on peut encore signaler l'exis- tence dans les calcaires de la butte Iouton de pelites Limnées se rap- prochant de Limnea elongala ne SERRES var. galesensis Foxr. Mais ces échantillons sont à l’état de moules internes et par suite indéter- minables. PLANORBIS ROUVILLEI FONTANNES Pr. XXIV fig. 7, 7a. 1884, Planorbis Rouvillei For. Mal. du groupe d'Aix, p. 47, pl. vi, fig, 28-30. 1. Ebwaups. Éoc. Moll. pl. xui, fig. 8. 2. SANDBERGER. Land u. Süssw. Conch. pl. xv, fig. 17. Cette figure porte comme légende Limneus pyramidalis, erreur corrigée par Sandberger dans le texte. 3. Fonr. Mal. du gr. d'Aix, p. 41, pl.:v, fig. 41 et 45: SANNOISIEN DU GARD 949 Je rattache avec quelque doute à cette espèce quelques échantillons appartenant au groupe du P{. solidus provenant de Saint-Césaire de Gauzignan. Ces exemplaires assez épais dont les tours sont un peu aplatis en dessous sont profondément ombiliqués et les sutures sont plus profondes en dessous qu'en dessus. Ces caractères sont bien d'accord avec la description de Fonlannes, mais l'épaisseur paraît être plus forte que ne l'indique ce paléontologiste. On trouve dans le Stampien de Sommières une espèce voisine figurée par Fontannes sous le nom douteux de Pl. cornu var. solida (pl. vr, fig. 31) qui diffère de la forme de Saint-Césaire par son ombilie moins profond, ses tours plus arrondis en dessus. Cette espèce qui est représentée au château de Pondres par de magnifiques spécimens mériterait d’être érigée en espèce distincte. Je rapporterais encore avec doute quelques exemplaires jeunes à l'état de moules internes communiqués par M. Allard de la butte Jouton. PLANORBIS cf. DECLIVIS BRAUN Je rapporte à cette espèce ou tout au moins au même groupe, un Planorbe de Saint-Césaire à tours plans sur sa face inférieure et lége- rement arrondis sur la face supérieure. Cet unique échantillon se rap- proche beaucoup de celui qui a été figuré de Kleinkarben par Sand- berger !. [l est assez voisin aussi de PT. hemistoma Sow. ? qui est plus petit et appartient au même groupe. La forme du département du Gard occupant une position stratigraphique intermédiaire entre Îles deux espèces qui viennent d’être citées montre la persistance de cette série de formes depuis l'Éocène supérieur jusque dans le Miocène. PLANORBIS STENOCYCLOTUS FONTANNES Pr. XXII, figw.:10, 104, 10b, 10c, 10d. IS84. Planorbis stenocyclotus FonranxEes. Malacologie du groupe d'Aix, p. #7, pl. vi, fig. 2 A4 le g. Diagnose d'après des échantillons de la butte louton (Coll. Nicolas, Univ. de Lyon). — Planorbe de petite taille, légèrement coneave en dessus, à ombilic assez creux en dessous, composé de 5 à 6 tours peu élevés, se recouvrant assez peu, à courbure peu accusée sur la face supérieure, plus convexe sur la face inférieure qui est subcarénée autour de l’ombilic dont le bord est presque vertical. Sutures de la face supérieure assez profondes. L’ombilic est assez ouvert et égal à un peu plus de la moitié de la largeur totale. Dimensions. — Diam., 4 mm.; épaisseur, 0,5 mm. Rapports el différences. — Cette petite espèce est assez fréquente dans les calcaires de la butte Iouton; elle est très constante dans ses 1. Saxogercer, Conch. der Mainzer Terliärbeck, p. 73, pl. vu, fig. 9, b, c. 2. Sowermy, in Enwarps. Éocène Mollusca, p. 106, pl. xv, fig. 11,a, b,c,d. 950 F. ROMAN dimensions et dans la proportion relative de ses tours. Il est actuel- lement impossible de se faire une idée bien nette du type de Fon- tannes qui est un moulage assez grossier et absolument inutilisable, je crois néanmoins utile de conserver le nom proposé par ce paléontolo- giste et de considérer les types décrits ici comme des pos{-ltypes. On reconnaîtra facilement cette espèce à sa forme déprimée en des- sus et surtout à [a forme de son ombilic dont les bords sont presque verticaux. Les tours sont assez peu élevés. H£LIX HOMBRESI FONTANNES Les Hélicidés sont très rares dans ces couches saumâtres, il est tou- tefois intéressant de signaler la présence de l’/7. Hombresi à la butte louton. représenté par quelques rares moules internes dans les col- lections Nicolas et Allard. Cette espèce se reconnaît bien à l’étrangle- ment qui se trouve en arrière de la bouche. Les exemplaires que j'ai eus entre les mains sont {rop imparfaits pour être figurés. CLAUSILIA $s De Je dois aux obligeantes communications de M. Sayn, un fragment de spire d'une Clausilie d'assez grande taille à striation longitudinale accusée qui n'est pas suffisante pour être déterminée. Elle suffit pour indiquer la présence de ce genre à Saint-Césaire de Gausignan dans les calcaires à Melanoïdes alhigensis. LAMELLIBRANCHES. Les Lamellibranches du groupe des Cyrenidés sout très abon- dants dans tous les dépôts sannoisiens du bassin d'Alais. Malheu- reusement ces Mollusques ne sont représentés que par des moules externes, souvent comprimés et déformés, apparaissant par milliers sur les surfaces des bancs calcaires. Fontannes dans sa deserip- tion malacologique du groupe d'Aix décrit huit espèces nouvelles et en signale une nouvelle déjà décrite par M. de Serres. Ces espèces sont réparties de la façon suivante dans les divers niveaux reconnus par Fontannes : LiGURIEN INFÉRIEUR : Cyrena Dumasi pe Serres. Cyrena Carezi Fonr. — platyplycha Foxr. 2 Jetracta PONT: LIGURIEN MOYEN : Cyrena physela For. — strongila For. LiGurieN suPÉRIEUR : Cyrena johannisensis For. — subhgebennica Foxr. TONGRIEN INFÉRIEUR : Cyrena alaisiensis FonT. SANNOISIEN DU GARD 951 Toutes ces espèces sont essentiellement variables et il est bien difficile de trouver des spécimens coincidant exactement avec les figures de Fontannes, Je ne les décrirai donc pas à nouveau, me bornant à donner la diagnose et la figuration de la seule forme dont j'ai pu me procurer des échantillons complets et possédant un test, Cyrena Carezi. Exception sera aussi faite pour Cyrena Dumasi pe SERRES, espèce facilement reconnaissable et très can- tonnée dans les assises à Melanoïdes albigensis et Jacquotia api- rospira. Je représente d'lleurs le type de cette espèce qui fait partie de la collection E. Dumas au Musée de Nîmes. CYRENA CAREZI FONTANNES Pr. XXIV, fig. 8, 8a, 8b, 8c. 1884. Cyrena Carezi FoNranNes. Malac. du gr. d'Aix, p. 52, pl. vi, fig. 20. Diagnose d'après des échantillons de Saint-Maurice de Gourdan (Coll. Univ. de Lyon). — Coquille trigone, médiocrement transverse, inéquilatérale, peu bombée. Côté antérieur arrondi un peu plus court que le postérieur qui est un peu tronqué. Crochets petits peu saillants placés environ au 2/5 de la longueur totale. Bord inférieur assez arqué, surface marquée de quelques plis d'accroissement peu saillants et de costules arrondies, très fines et très serrées, recouvrant toute la surface de la coquille. Charnière composée, à la valve droite, de trois dents cardinales régu- lièrement divergentes, la postérieure plus grande et très oblique, séparée du bord par un sillon étroit et profond. Dents latérales assez longues, non striées. Impressions musculaires et palléales non obser- vables sur les échantillons étudiés. Rapports el différences. — Cette espèce est très abondante en échan- üillons pourvus de leur test sur le bord de la route de Saint-Maurice de Gourdan à Saint-Césaire de Gauzignan, elle est accompagnée dans ce gisement par Melanopsis romejacensts. CYRENA DuMAsI M. pe SERRES PL. XXIV, fig. 9. 1876. Cyrena Dumasi M. ne Serres in E. Dumas. Slalistique géologique duiGard, pl arr, Ee..8. 1884. Cyrena Dumasi M. ne Serres in FoNraNxESs, Malac. du gr. d'Aix, p. 51, pl. vu, fig. 10-19. Diagnose d'après le type (Coll. E. Dumas Musée de Nimes, contre- empreinte du moule externe). — Coquille d'assez grande taille, trigone, assez allongée transversalement, très inéquilatérale, crochets placés environ au 1/3 antérieur de la longueur lotale. Côté antérieur arrondi, côté postérieur assez fortement tronqué. Bord inférieur peu arqué. 952 F. ROMAN Sur le côté postérieur, une carène mousse partant du sommet et se terminant immédiatement après la troncature, délimitant un corselet très long et étroit. La surface de toute la coquille est couverte de cos- tules arrondies un peu irrégulières, mais fines et serrées, ces costules sont aussi apparentes sur le corselet que sur le reste de la coquille. Rapports el différences. — Cette espèce qui est très abondante à la base des couches à Melanoïdes albigensis, est un peu variable dans son allongement, mais le sommet est toujours très porté en avant. L'épaisseur de la coquille est en général assez faible. La carène posté- rieure est toujours bien marquée. Parmi les espèces du même bassin on peut lui comparer Cyrena retracta FoxT. ! qui s’en distingue facilement par sa forme encore plus transverse et trigone et surtout par son ornementation qui présente de nombreux gradins d’accroissement remplaçant l'ornementation fine et serrée de Cyr. Dumast. Cette espèce couvre de ses moules externes les calcaires de la zone à Melanoïdes alhigensis à Barjac, à Massargues, Orgnac, Laval, Saint- Roman, Issirac, Bernas, Ners, Mejannes, etc. Elle existe aussi à Beaucaire mais elle y est assez rare (Coll. Allard). La faune qui précède comprend une trentaine d'espèces dont la moitié sont nouvelles ; elle est surtout bien représentée aux envi- rons de Beaucaire à la butte Iouton où se retrouvent presque toutes les formes. On peut ainsi constituer la liste suivante : Nerilina lautricensis Nour. Melanoïdes albigensis Nour. var, Sauvagesi FONT. var. Dumasi Foxr. Assiminea Nicolasi n. sp. Melanopsis (Stylospirula acrolepta) Viviparus soricinensis NouL. Font. Hydrobia celasensis Foxr. Limnea ioulonensis n. sp. Bithinella rhodanica n. sp. — cf. pyramidalis BRaRoD. — meridionalis n.Ss} — ostrogallica Fonr. Stalioa Allardi n. sp. — cf. fusiformis Sow. — compsensis N. SP. — sp. de petite taille. Bithinia ugernensis n. sp. Planorbis Rouvillei? Foxr. Juliana expansa n. sp. — slenocyeloltus Foxr. — Nicolasi n. sp. Segmentina cf. Rouxt, Nystia plicala D’Arcn. et VER. Helix Hombresi Fonr. Eumelania Juliani Der. Cyrena Dumasi DE SERRES. Tarebia barjacensis Fox. — subgebennica FonrT. Jacquolia apirospira Foxr. Sphærium Berlerauæ FoxnT. Suivant des observations inédites de M. Depéret, on peut dis- tinguer trois niveaux stratigraphiques distincts à la butte Jouton : 5) Un niveau supérieur au contact avec la mollasse burdi- galienne contenant : Vivipara soricinensis var. Sauvages, et 1, FonNTANxEsSs, pl. vis, fig 25. SANNOISIEN DU GARD 953 Nerilina lautricensis ; c'est l’assise n° 1 de la coupe donnée pau MM. . et Allard !. — 4) Au-dessous vient une zone de calcaires en pl iquettes où les ee sont représentés par leur moule externe renfermant : Melanoïdes albigensis, Jacquolia apirospira, Nystia plicata, Cyrena subgebennica (n° 2 et3 de la coupe Pellat). ) Ces calcaires reposent sur des assises où dominent les Cyrènes de grande taille : Cyrena Dumast et Cyr. subgebennica avec quelques Mélanies du groupe de WMelania fasciata et Mel. sulcatina DEsu ?. — 2) Ce n'est qu'au dessous que se rencontre le principal niveau . Mollusques de la butte Iouton, constitué par un calcaire blanc finement oolithique où les AL ont conservé leur test avec les caractères les plus délicats de leur ornementation. A ce niveau dominent les Bithinidés, les Melania barjacensis et Melanopsis acrolepta. On à pu reconnaître aussi dans ces couches des débris d'un Paleothéridé, malheureusement indéter- minable. — 1) Quelques mètres de calcaires compacts, très durs, à petites Cyrènes, Limnées et Striatelles, séparent ces bancs fossilifères des sables et argiles bigarrés de l'Éocène inférieur sur lesquelles ils reposent en transgression. Il est bien difficile de subdiviser cet ensemble qui correspond à l’ensemble de l'étage sannoisien, et que l’on ne peut classer que par comparaison avee le bassin d'Alais. Dans ce dernier bassin, le niveau le plus net est l'horizon à Melanoïdes albigensis, daté par sa faune de Mammifères (faune de Célas) qui le place au-dessus des masses supérieures de la formation gypseuse de Montmartre, c’est-à-dire au niveau des marnes bleues et blanches supragypseuses* £ntre Barjac et Célas cet horizon renferme : Nerilina lautricensis Nour. Melanoïdes alhbigensis var. Du- _- — var. Sauva- mas. gesi Foxr. Jacquotia apirospira Foxr. Nerilina cryptospirodes Foxr. Limnea pyramidalis Brar». Tarebia barjacensis Foxr. Limnea ostrogalliea Foxr. Melanoïdes occilanicus Foxr. PezLar el Arcarp. Sur les dépôts lacustres de la butte ITouton. B.S.G.F.. ), XX V, 1895, p. 434. So Dre AyYEs. Moules externes. assise 5, in Pellat. 3. Sreauix. Mam. Éoc. et Olig. du bassin de Paris. B.S.G. RE) TMS CE 14 novembre 1912. Bull. Soc. géol. Fr. X. — 61. 934 F. ROMAN C'est cette même faune que l’on retrouve à Saint-Césaire de Gauzignan en échantillons pourvus de leur test : 8 Nerilina cryplospirodes Foxr. Tarebia barjacensis For. Viviparus soricinensis Noux. Melanoïdes albigensis Nour. Bilhinia oæispiriformis n. sp. var. Dumasi Fonr. Nystia plicata D'ArcH. et VERN. Limnea aff. pyramidalis. — vardonica n, sp. Planorbis Rouvillei Fonr. Melanopsis acrolepta Foxr. — cf. declivis BRAUN. Comme on le voit, un certain nombre d'espèces sont communes, mais si Viv. soricinencis, Nyslia plicata et Mel. albigensis se trouvent à la butte Iouton dans le niveau le plus supérieur, elles sont ici associées à Tarebia barjacensis et Melanopsis acrolepta qui, à Beaucaire, sont dans des couches un peu inférieures. Sur la route de Saint-Césaire de Gauzignan on peut recueillir une faunule comportant les formes suivantes : Bithinia oxispiriformis n. sp. Melania vardonica Foxr. Melanopsis romejacensis Foxr. Cet ensemble de formes se retrouve aux environs immédiats de Nimes, au Puech d'Autel, ainsi que l’a mdiqué depuis longtemps M. Caziot '. Dans cette localité on ne rencontre que des moules externes mais que l’on peut néanmoins identifier grâce à la complète identité de cette faune avec celle de Beaucaire. Cette liste comprend : Limnea longiscata (1 s'agit très certainement des formes de ce \ œroupe que j'ai rapproché de pyramidalis où de ostrogallica.) Planorbis slenocyclotus Foxr. Melanopsis acrolepla Foxr. Melania Juliani Dep. Vivipara soricinensis NouLer. Melanoïdes albigensis Nour. var. Neritina lautricensis NouLer. Dumasi Fonr. Sphærium Berterauæ Foxr. Les termes de comparaison manquent avec les régions plus éloignées. Dans le Sud-Ouest les faunes de ce niveau décrites par Noulet n’ont jamais été figurées dans leur ensemble et le peu que l'on en connaît se trouve dans le grand ouvrage de Sandberger qui n'a certainement pas disposé de matériaux assez complets. Il est assez probable que les lagunes saumâtres allaient en se dessalant du côté de l'Ouest; les Mollusques saumâtres sont représentés dans le bassin de la Garonne par Melanoïdes albi- 1. Cazror. Sur le Tongrien inférieur des environs de Nîmes. B.S. G. E.,(3), XXIV, 1896, p. 32. SANNOISIEN DU GARD 055 gensis tandis que les petits Mélanidés du groupe des Striatelles manquent complètement. Il est à remarquer que par contre les Limnées, les Melanopsis et les Planorbes deviennent plus fré- quents et sont accompagnés de Mollusques terrestres tels que les Helix et un certain nombre de Cyclostomidés. M. Giraud, dans son étude sur la Limagne, constate les ressem- blances les plus étroites entre le Sannoisien des calcaires de Reï- gnat et celui de la vallée du Rhône et en conclut que si les lagunes étaient en libre communication vers le Sud avec la vallée du Rhône, elles devenaient de moins en moins saumâtres à mesure que l’on s’avançait vers le Nord. Les formes de Mélanidés sont différentes dans le Bassin de Paris, celui de Mavence et dans l'Ile de Wight de celles du Bassin du Rhône. L. Giraun. Étude sur la Limagne. B. Serv. C. G.F., n° 87,6. XIIT, 1902, p. 372. TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES Liste des Figures et des Cartes dans le texte et hors texte (Planches Pages Liste des anciens Présidents de la Société géologique de France.......... v Mistesdestlauréats au Pr VIQUeSnel OR ER PR ee ra ee VI Mstédestlauréats dut Pr POontannes 22200 CR ee ce cn vi Pistérdeés laureats du Prix Pres (Wiche RAR NE ER an VI Büreaureét@onseil delaSociel pour OL PE RER Re VII Composition des Commissions pomr 1910.,...4%...1,.n440 et... VIII NÉMOTES AMDELDÉbUIE EME AT ME ET IX NÉMPREAONALEULLI NS ER RUE nc ce dent IX Liste générale alphabétique des membres de la Société........,......... x Liste des membres de la Société distribués géographiquement............ XLU Membres tde laSocietéedecedesentOono PE rR ee 2 XLVI Etikéelihondations don S0CIC LC Re Re eco XLVII Séance du 10 ‘janvier 1910. Proclamation de nouveaux membres : MM. ReGnarb, R, Huueuy.......... I Élections des membres du Bureau et du Conseil pour 1910................ l G. Rauoxp. — Obs. au sujet du vote par correspondance.................. 1 Séance du 17 janvier 1910. AMPACROIx. — Allocution présidentielle..." Lit nee 2 Proclamation de nouveaux membres : MM. A. Pixarp, Dr. PoxriEr, GRaxp- D RNA ne rennes cbeheo re mue mue et EURO es cc LE ee CO n 0 4 A. Lacroix, G. Dupouy, HERMANN. — Présentations d'ouvrages........... 5 M. Bouzs offre le portrait et des notices sur Albert GAUDRY............... o M. Boure, M. Cossuanx, PEyror, P.-H. Frirez. — Présentations d'ouvrages. 5-7 M. Cossmaxx. — Obs. sur la faune néogénique de l'Aquitaine.............. 6 W. Kizrax. — Sur l’origine du groupe de l’'Am. Percevali Ur. du Bar- RéMTÉNA MS A en date de dE 2e dos ee lee moe ee de ANR nee 7 Jules WeErscn.— À propos de l’âge des grès à plantes de l’Anjou et de fossiles roulés en eénénal CE RER Re Pt une 7 RH Frirez. Observations... RÉ A LR FR Re S Marcel CHevarier. — Nouvelle note sur la cuencita de la Seo de Urgel.... 9 René Cauprau. — Le Carbonifère d'Oum el Asel et de Tazoult 'Sahara).... 11 Er MEN CarbontiienetedTerOULLe ere re e ne er i eo 11 2. Phillipsia (Griffithites) cf. sangamonensis MEEK et WoRTHEN. 15 Étienne Péroux. — Le puits artésien de Maisons-Laffitte (S.-et-0.)........ 18 Séance du 7 février 1910. Proclamation d'un nouveau membre : M. R. PITrAvAL.................,.... J. Boussac, E. HauG, Em. be MARTONNE, O. CouFrox. — Présentations d'ou- VLAS OS RAR 2 eo nt na ae RE re Re et eee 1ob None TA dpt 27-28 PervinQuiÈRe. — Sur la nature du plateau sous-marin de Rochebonne GR TN ) RS RE ANR ER te ee RE Re 1 SIA DU AE AL PA ER 28 de Couxar. — Sur un nouveau gisement de plantes fossiles en Égypte... 29 . Kizrax. — Sur la présence de Fagesia en Nouvelle-Calédonie.......... 29 en MexGaup. — Tertiaire de la province de Santander (Espagne:....... “ 30 HENTILDOUVILLE SE ODSERVALIONS ARR ARR Ut RAR TNT A 2 33 Édouard Harcé. — La Hyæna intermedia et les ossemens humatiles des Caverneside EUne NICE Re a EN eee ca 0e 34 Fig, 1-2, Hyæna inlermedia. Carnassière inférieure......... ne Eu 36 3-1 — sltriala. Deurième molaire...... Re APT EP UE 15 958 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES Henri Douvizzé. — La Craie et le Tertiaire des environs de Royan........ Fig. 1-4. Pseudorbitolina Marthæ H. Douvisre.....:.............. HACaNT Liste desiBryozoaresdelaGraelde Royan, EPA CRERTe Gaetano RO — Conclusions d'une étude sur l'Oligocène des Apennins Fi 4 . Carte schématique de l'extension de l’'Oligocène dans la Liqu- RrenoCCidentales==1)15 000 00 RS ne L. Canez. — Etudes géologiques sur la feuille de Mauléon (Basses-Pyrénées). PI. I-Il. — Coupes générales de la feuille de Mauléon (La partie primaire méridionale d'après M. Bresson). AMD CROIx.—- Lesroches alcalines de TaMtrE PETER PER EURE TUE Fier Carlertdelatvallée de Papenoot a Tahiti UE RER ERPNE [e] PI. III. — Fig. 1. Filon de syénite néphélinique à biotite dans un bloc de gabbro néphélinique. — 1/1. 2. Enclave de monzonile néphélinique dans la camp- lonile. — 1/1. PI. IV. — Brèche de monzonile néphélinique. — 1/3. Henri Douvizsé. — Sur la découverte du Trias marin à Madagascar. ...... Fis1-32Condillerites:cf.-anguiiatus Het SM: ARR LR TRES ( GloisontderKONUNCHIUES MERE RE NEA ER PRE EN 0-6 MeeLOCerA SA) AU RM CERN EE ELU NN LEE TES NGTOUPENTeRLECANUOS ee creer ee APR RENE Ce UT OUET EU LON ER AT RÉ RES D SIN RE En RE 0 Co BID 418 € TOO AISCLLES SR RUE TA Re AE ee dou dt dire er CR CUS 11. Carte indiquant l'emplacement du Trias marin à Madagas- CAT RL) T000DER EE ERA RSR A OMS Den nie Émile Hateses Observations: sen ele ne ee nee MN AU EEE Pierre Termier. — Sur la Tectonique deRTévdEIbeS re ee RER Fig. 1. Carte lectonique et coupe de l'Ile d'Elbe. — 1/300 000 env.......... 2. Deux coupes à travers le Monte Fabbrello.................... -3. Quatre coupes à {ravers la dépression du col de Reciso....... , 4. Trois coupes dans le versant occidental du Monte Castello... PI. V.— Coupe W.-E. à travers l'Ile d'Elbe. — 1/75000. — Coupe schématique à travers la Corse el l'Ile d'Elhe. — 1/750 000. MinilesHUG ObSenvaLIonS Er Co Enr contrat Séance du 21 février 1910. Proclamation de nuuveaux membres : MM. L. G. Nuuize, Dr. Pozo, L'UAMELIN EUSIGEORGENE -ICAELENS LOU PEAR RER Général Jouapx.— Présentation d'ouvrage: 41000027 JE er Louis GexriL. — Contribution à l'étude tectonique du Haut-Atlas maro- Édouard HarLé. — Restes d'Elephas primigenius sous le Sable des Landes. Jules BERGErON. — De l’action des poussées venant du Sud sur l'allure des assises paléozoïques du Nord-Ouest-de la: France... 4.042" rene He MEMCoOupeparilemutts Sainte Claire PRE PRET EEE RARRNERE 2. Coupe par le puits Sainte-Clotilde............. RE PRE 3. Coupe-par le puits Saint-Laurent................... EAN . Coupe desnines de LarChante re RTE ee 2 Ed. IuBeaux. — Les nappes aquifères de France. Essai d' Hydrogéologie. Conférence faite à la*Socgeol1derFreMler6/déc 1909 RP CR EEE Fig. 1. Drainages en terrains granitiques pour l’aliméntation des villestbretonnes SEE RER ER ENET LT E Oeil 2. Disposilion el coupe du Houiller inférieur, du Calcaire carbo- nifère et de la partie supérieure du Famennien dans le MASSIIDNLMAIREDELNE. er ee CE CCR tn nt 91 99 125 128$ 129 129 130 151 132 133 133 134 135 144 147 119 160 161 161 ETES oO © [=>] 1 SMS TEST TI 1 1 J © = © 180 FIGURES, CARTES ET PLANCHES 959 Pages 3. Coupe du Dévonien el du Carbonifère suivant la qalerie CapianteMArATT- lie Chapelle RER EEE ERA Re 184 Tableau des niveaux d'eau du Dévonien et du Carbonifère dans BATAGNN EN ME An Rs Sante D An A ER Ce AT ot Te 185 Fig. 4. Coupe du Crélacé inférieur aux environs de Wassy........ 187 5. Coupe du Jura-Trias de l'Est de la. France...:.:....1..... 188 6. Coupe du Grélacé supérieur el de l'Éocène en C hampagne M NTSS 7. Délails de la composilion du CGalcaire bajocien el de La formation ferrugineuse aux environs de Nancy........... 180 S. Coupe de la vallée de la Meurthe el du plateau de Malzé- DLLLES DNS AN ATNONES RE TO e uie de Lea 159 Tableau des niveaux d'eau du Secondaire dans VEst du Bassin de PARIS RUERS Le ER ne ei Te RAP A CE Re 190-191 Fig. 9, Plan el coupe de la région alimentant la source d'Arcier A DESATNCON. arr teens Dale drame dans ne se es 102 10. Coupes d'un vallon calcaire séquanien des env. de La ROGREUO RTE ee A ee ee de ie lee 0 195 MEsCanrterdesisourcestde lamVanner, CALME RE ue os 197 1 Cante des Sources du Loindget du LUNA 0 PE 201 13.1 Carte des Sources de l'Avrelet de la Vigne... 1... 04 203 j4 ACoupeside la dalle eMlAUTE PR RS eee 204 lo Coupesidelavallee dueRODeC, DRE ROUEN ENS TO EE 206 16. Les venues d'eau dans la craie aux environs de Lille........ 209 Tableau des niveaux d'eau du Néocomien el de l'Urqgonien aux CROLFONS TO NN INTESe nu ee SOS Man REA 211 Fig. 17. Coupe du bassin de la Fontaine de Vaucluse.............. 219 lSMGCupes de la Hontarne TeRNIMESS 2 Te eo 213 19. Diagramme des couches tertiaires el des nappes aqui- e fenessous PARIS RM Te te Se EN VAR ee 215 20. Sources de sables yprésiens sur l'Argile plastique DRES PONRT-SALNLE-MALENCE RE 216 Tableau des nappes aquifères sous Paris...........1.....,.:....,,.2). A 0 Fig. 21. Coupe des lerrains traversés par le Tunnel de Meudon... 218$ 22 Goupe du Tunnelde Meudon M ET Ron 219 28. Carte hydrogeologique du val d'Orléans:............1... 2924 2 ACOUPDEDAT ONLEANSIELENLETA ONE PEN EE RER PRE 225 2H Coupe de bouteLlle Meg RTE ETC ONE 225 26. Coupe du val de Loire el de la galerie de caplage pro- DOSCEL DOUTER AIS A eee nn D CU 395 27. Coupe d'une colline aux environs de Bruæelles............. 232 28. Relations d'un fleuve el de la nappe soulerraine............ 235 29 MCouperdetitle deNorderneryr RE RER EE 238 l'ableau des nappes aqutiferes de Hrance se NE 240-241 Fig. 30. Séparalion des eaux douces el des eaux salées sous le ÉCOT A UN DE lTERREREE PE LRROE l e ddes 242 31. Relations de l’eau douce souterraine el de l’eau de mer... 242 Table des imatiencs Re RE RM RE Re CE 244 Marcel Lissasous. — Couches à Ostrea acuminala et Fuller’s Earth....... 245 Tableau comparatif de la position stratigraphique de 0. acuminata en differentes l'éqions . Re OR lin taleene Vince nee eee ce 260 A. Guirzerp. — Contribution à létude des phénomènes de capture dans le Bassin DArISIene A a ne ne PO ne CE Te 261 Fig. 1. Région des sources de L’. \ubetin CUTErTAINODE) CAS AE DORE 264 Henri Douvizzé. — Fossiles de la Chaouïa (Maroc occidental) recueillis par MSP AU TO d'A ER ne te ne te D en ea Une cos e ea Le eee 261 J. Corrrsau et Paul LEMoIxE. — Sur la présence du Crétacé aux Iles Cana- POS ae Jde ete Un TU ie tenant den en ant DO CID PO DIDDICE DID ENS du 267 Fig... *Carte-schémalique des'Iles Canantes...........474. 40, 268 D MDISCOLTeRpUlUENAlA DES VUATR MNATOM Er rne ere 270 2 960 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES Pouis GENTIL OP SELVA LION SPP RE LME ie AMP OI Rene Eugène Maurx.— Note préliminaire sur la stratigraphie et la tectonique de laAGorserornientale eme re Free CouperduicolidePruno a#PoggtoidiOleltA te RENE AR ENE 2, Coupe de Saint-Florent à Pogqio d'Oletla............:..... 3 -ACGoupeldePiediqniqtoanlaNCINLeNPe TAN UE EEE Eee 4. Coupe de Castiqhione:à la cime Settonias tn ent 5. Coupe du col d'Ominanda au Monte Piano Maggiore........ 6. Coupe du Monte Cardo au Pont de Corsiglese............... 7. Ésquisse géologique de la Corse nord-orientale............. PiérresleAMTERS = IOBSCL NATIONS SAME EE RER RC RTE ne Séance du ‘7 mars 1910. © © © [oO] = 12 2 © o © © © 1 N9 «eo ©o Proclamation d'un nouveau membre : M.J. PourBaix.:................... 294 P. Lemoine, C. Rouyer, J. Boussac, A. Hem, P. TermiER, L. PERVINQUIERE, M. Lissasous. — Présentations L'OUVrARES re nee ee LIN 294-295 A. Rice. — Sur la position stratigraphique de Creniceras Renggeri OPr.. 295 Robert Douvizré. — Quelques none à propos du jeune des Ammoniles Proplanulites) mutlabilis Sowerex et Anm. Aulacostephanus) pseudo- DUT DELES DB RÉ ORIOL SN Leur er ile ten sr Me et tas le dl CO RE 296 Fig. 1. Aulacostephanus pseudomutabilis be Lorior, Proplanuliles Hector D'Orn.: P. mufabilis: SOw.22.. screen RU Lee 296 Arnold Her. — Observations sur le Nummulitique des Alpes Suisses:.® "192298 J:-Boussac:— Observations. :.....:...7...... Le it mn N ne ne le PR LEE 304 Louis GENTIL. — Principaux résultats d'une récente mission au Maroc (élé- AULOMNE LODEL uen core MERE CAD een ii 304 Dr. Lecexprx et Paul Lemoine. — Principaux résultats géologiques de la mission Lesendre au pays Lolo (Setchouan, Chine)... 27207 307 Pis 1% Carte elcoupes scheéematiques du pays Lolo ee en: 308 Séance du 21 mars 1910. Proclamalion de nouveaux membres: MM. Ch. Marquer, Jean de Car- DAUCLAG AL NE B EUGNO TES SR MONT RE ce a ee CT et le 310 LACAYENx IL JoLEAuD. Présentations d'OUVrABES. AMENER CEE 310 Ph. N£Gnis et Const. À. KrExas. — Sur l’âge triasique du calcaire de l'Acro- COLINÉNÉ RE Re eue M Pen nn le ee ne LE ERP NC ET 311 A. DE GRossouvRE. — Observations sur les Creniceras Renggeri et Cr. cre- TUBUUTNU salam 2er 200 E En Tele nee RO EE En te go ei et Ne OS OU 311 M. Bouxx. — Sur quelques Vertébrés fossiles du Sud de la Tunisie........ 313 NeBoure =Surle PermiendeMadasascar 106727 me CR Eee 314 AMIAGROIN NO bSeTVALIONS. PLEASE Tr MAR TERRA Ce 316 René \Gauneau: = Note-sur la géologie du Soudan... tee 332 Hier GR de TA NE e AT DEEE CR Te NES 320 2. Lachaine de Homborivue detRélia Meet EME RER ee 321 3. Coupe de Hombori à la carrière de marbre................. 322 EWLeNlateluiderbantiaqaras-2etrotee el cent On 323 o. Paline et grès ferrugineux près de Bandiagara............. 329 6. Esquisse de la région de Tombouctou. — 1/8 000 000........ 331 Séance générale du 31 mars 1910. Robert'Douvirré, JAGosseuer. Remerciements M 333 ANIÉACROIX. "Discours ditsages Rte ie UT NOR ER EEE 334 Louis GEnTiz. — Rapport sur l'attribution du prix Viquesnel.............. 342 Charles Barrois. — Rapport sur l'application du prix Danton............ 346 Armand THEVENIN. — Albert Gaupry : Notice nécrologique............... 350 Liste des publications d'Albert Gaudry. — 1850-1909............1... 364 Portrait d'Albert Gaudry (en frontispice). FIGURES, CARTES ET PLANCHES 961 Pages GR PDorLrCs.—-LéonNdANer Noticeinecrologiquenr #M N 375 Bibliographie des travaux de Léon Janel/12. 1.17... 379 J. LAMBERT. — Charles-Louis PERcEvAL DE Lortor LE FoRT................. 380 Liste des publications scientifiques de P. de Loriol................. 387 Séance du 4 avril 1910. J. Gossezer. — Création d'un prix pour les travaux de Géologie appliquée. 392 Proclamation d'un nouveau membre, — Ixsrirur Géor., de l'Université de RM ce ne MR ee UT CR 392 A. Lacroix, G. F. Dorrrus, Berkerey CoTTER. — Présentations d'ouvrages. 393 G. F. Dozrrus. — Sur un forage profond à Chézal-Benoît (Cher).......... 393 C. CnarTRON. — Sur le forage d'un puits pour l'alimentation en eau de la ville de Marans (Charente-Inférieure).....................:............ 395 George NEGRE. — Sur une couche dite « terre potassique » près « Saulces- Nonclinb LA Tte nes ARS PR TR NE 396 L. Cayeux. — Remarque sur la genèse des minerais de fer par décomposi- LOS APTE COLE A Le LA A NT RE 397 CréONSC NEGRES = ObSer VATONEN RAR an cn rer dns 397 G. Mourer, — Observations sur quelques points de la géologie des envi- DOS le la CApelle NARNAINUIEONN RSR PA NN SL 39K Séance du 18 avril 1910. Proclamation de nouveaux membres : MM. le Dr M. Sarorer, Em. DE GUIDES RC nee re Se M NS RE US 404 PÉNRERIMER. "Présentation d'ouvrage... MR. Re. RL 104 L. Cayeux. — Fouilles de Délos (Cyclades) etles applications de la géologie HAATGNÉDIOPICS Ltd A CIN EE RS 101 Marcellin Boure. — Les brèches osseuses à perforations de Lithodomes de NET OUI PRENCCMENS LEE M Te ES a a ce ne 106 Hé ConDedelt GTOUeIUNRRULCE RER Re CRT CE {10 2. Coupe détaillée prise 4 la Grotte du Prince......:..::::::... il L. Azkua. — Note sur les nappes de charriage de la région de Camaret MES letters are sure à LE RE NC at 412 Fis. 1:Carte de: la région de Camaret. :=1/60:000::::.:.7:,..1;.70.:%,%. 413 21 Counesdansilanneéqion de GCamanetni "M eee 415 5. Carte dela région de Dinan: 1/30 0002... 0.20. 0.0.4 AU 120 JL BERGERON ES DDSCVATIONS RE een entde e N n 421 Séance du 2 mai 1910. Nécrologie IN ROND VISAGURS Mrs eme mn 123 Proclamation d'un noüveau membre : M. MansarD....................... 423 Em. HauG, O. Courrox, E. FLEURY. — Présentations d'ouvrages.....… 123-424 M HivirozAir. Le Turonien duMaillédien. 27 PR ne. 426 OAtEz. = Résumenue laféolome les MEByrÉnCes M PAR E ne 495 Léon Berrranp, E. de MARTONKE, O. MExGEL. — Observations........ 425-497 L. De Lauxay.— Les filons d'oret les roches éruptives de la région d’An- davakoera ArNadasascAR a Te et eu RO AR REUE CRR 128 Fig. 1. Carle schématique de la région d’'Andavakoera. — 1/600 000. 430 Maurice Morix. — Sur le foisonnement de l’anhydrite et des gypses tria- siques au tunnel de Genevreuille (Hauté-Sa0n€). "7. 440 Fig. 1-2. Contournement des couches dans le tunnelde Genevreuille. 142 3. Profil du gypse dans le tunnel de Genevreuille............ 444 Maurice Morix. — Note préliminaire sur la faune et la flore du Calcaire de Brie en oelné-elr MAFILE de. : see due nee crime ee ee 445 Abbé BourGEear. — Sur les failles courbes de la lisière du Jura entre Salins ÉLEBESANICON, 2e TT et LU Cine CLR ARR RTS 190 962 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES Pages He CouperdeLaChapelloratlore y RAR EENER PERSO 452 2, Goupe de LalChapelle au Nord Id'IUreyr ER CERN 452 3. Coupe de Saint-Thiébaud à la vallée de la Furieuse.......... 452 Maurice Lericue.— Sur quelques Poissons du Crétacé du bassin de Paris. 454 His M M esodoniciengtasi ENGASSIZ MD en tee ARIANE 464 Tableau des Poissons du Crélacé inférieur du Bassin de Paris... 466-467 PI. VI. — Fig. 1. Asleracanthus cf. aculus L. AG. Epine. . Hybodus basanus EGrrrox. Epine. . Gestracion sp. Dent. . Nolidanus Muensteri L. AG. Dent. . Ischyodus Thurmanni Picrer et CamPicue. 6. Microdon Muenstleri Picrer et Campicne. 7. Elasmodus crassus Héserr. S. Cylindracanthus cretaceus Dixon. Gt à Où 19 Maurice Lerice. Note sur les Poissons néogènes de la Catalogne......... 471 Hi TonAcavenRnosUS PIC et NE ER ER en 472 PI. VI. — Fig. 9. l'etraodon sp. Demi-mächoire. O. MExGez. — Coupe du versant méridional des Pyrénées au Nord de la promincerde Barcelone PMR A Rte EN Re ne 479 Séance du 23 mai 1910. Proclamation de nouveaux membres : MM.E. Garprior, E. CHABANIER.... 479 Général Berraaur, Emm. de MarGeRis, L. Genis, DE LAUNAy. — Présen- tationséd'ouvrases MERS Re fe) M RU anna NNE ere Be te 479-180 PéonBERTRANDE— Observations APE MER N RUES EEE EEE an 480 G. FerRonnièrEe. — Polamides Basteroti à St-Jean-la-Poterie (Morbihan)... 4$1 Ph. GLanGEauD. — Les phénomènes volcaniques et les phénomènes gla- GlainesidansrlesimontsMdUMEOnEz TRE EU 481 L. MENGAUD. Sénonien supérieur des environs de Santander............... 482 L. Genis et J, BoussaAc. — Sur la présence du Priabonien dans le Nord du NÉE CR TM D SRE Fe ant ESC te DE 184 JBoussac.==:0bserva lions tie A ARR ARRETE Mr een 189 J. Boussac. — Observations sur l’âge des grès de Numidie et sur la faune UN CRÉMCNIRA SAME TRAME 1 PES RME ANSE LEA On SAIS 485 J. Boussac. — Sur la présence du Priabonien en Egypte.................. 489 L. Genris. — Sur la structure du Haut-Atlas marocain...:................ 486 G. Mourer. — Note sur les fractures de la Limargue entre St-Vincent et BOUSS a CAO) ER RER ER PE Ne NE Re EN 148$ Hs M ACGouperentre Mons etaLesPlatenn ee Re EE EURE ER 493 2. Carte des failles de la Limargue entre St- Vincent el Boussac. = 1250000 LES CS RAA SL ANS DE ARS ele ee Re RS 494 F. GRaNJean. — Le siphon des Ammonites et des Bélemniles.............. 496 Fig 4122 Orynoticenas\GutbhalianumaDORB ME en 501 SCPI OPA NTRAMREIN EC EEE AT ER LT :100502 4-5. Lytoceras jurense ZiETEN........ SR A PA MR Ie TU 503 GC IGOntatries MAS tertNV ENEREIDIN PRESTATAIRES ERREURS 505 DWAnieltiles KTTAONnMABEAC NAN NANTES PNR AAMEER EEE TNT 509 WAmaltheustmanganitatus D ORBI MEP REPORT EU 506 DSALudibiquatopalinadR Ets NES CR PIRE MÉEMRP ERP RR 507 10 Sphænoceras/Brongniar teSONE PAIN RER EEE RTE EE 507 MSSPArRÉINSONtANPARELNSONLS ON TON er Pc DC RL 208 LAN ES eCTionMedANReIdUISLDILON SRE PEER CRE PTE PEER 209 LS PP hylocerasMNUSSONEDIORE MARNE MERE EME PARCS 511-512 16. Goniatites Listeri W. M. et Hildoceras bifrons............. 513 l2%ESeudobelus pis lili onnisS BLRINV EE PRE RR EVE Eee o14 18-21. Belemnopsis hastata BLaiNv............ SD A END ETES 514 2201. SUCRE REA CAE AE EE D RE RE LE 519 FIGURES, CARTES ET PLANCHES 96: Pages Séance du 6 juin 1910. Proclamation de nouveaux membres: MM. Roux, HALDEMAN, Ch. CarpoOT, NC OT ANT ER EE RENE Re re RER RER ee RARE PE D 520 CuaurarD, L. Gent, TarzHaxnier, Ph. GzranGeaup, L. M. Vipa. — Présen- FATONS OUVLARES 2 dem Re em bien ace Ur ne rater et fe Cite 521 Ch. Dreréeer. — Sur l'existence de mouvements du sol récents dans la rérionortentale des PYTÉNERS "ie EUR Op ee Sr ns Re 522 L'CAYEux, — Présentations d'ouvrages..." "tes inter, rennes s0e 522 Pierre Bonner. — Sur la Transcaucasie .centrale.............. ........... 524 L. Gexnis. — Nouveaux itinéraires dans le Sud-Ouest marocain............ 525 V. Paourær et L. Mexeaup. — Note préliminaire sur le Crétacé de la pro- Vincerde Santander. ent eee ie RAR EE Re A Ur Cu 527 M. Finuiozar. — Sur la position exacte de la Craie de Chäteaudun......... 528 L. Caveux. — Les minerais de fer oolithique primaires de France......... 531 J. Corrreacv. — Les argiles de Baden (Autriche) et les marnes de Cabrières dAieuesV auCluse) ne eee CR RER ST sn ee nn A 541 Tableau des espèces communes aux gisements de Cabrières, Gain FAT VOS AU DAC ARE MPREÉEURECSE MAS re nERre 546-549 Tableau des Gastropodes el Pélécypodes communs aux gisements de Gainfarn, Vôslau, Baden, Cabriëres.......................... 551-596 Ch. Derérer. — Études sur la famille des Lophiontidés................... 598 PI. VII. — Fi. 1. Lophiaspis Maurellei Der. Dents. 2° — Baicherei Der. — 3: — occilanicus Sp. CUVIER — i. Lophiodon Thomasi Der. — 5° — lautricense NouLeTr, race franco- nicum WAGNER. J. BerGerox. — Observations sur la tectonique des Carpathes roumaines à propos d'un mémoire récent........:.-......-....sttese: e TTRIR un, -6 ee ÉRERPE TE Fe C$1 Massif de Lacoura S Frontière ; E .de Tardets 1 S4 LOC | PE — Éd a NU CCF T ETES EEE SP UE TE SE Ts LARALEBIENESESENETETETE cit Arbailles S. Le “ Echelle des Jongueurs et des hauteurs : Ph--55 Î ni ÎI 1 ER 80 000 Légende Lias supèr”et moyen: 1** Lias ifTet Infralias.Y HT A 3 SL AS TR ASS ID DES TOERS 222 A D O0000 RETIRE D ++ : 41: pa .ct [+++] Carbonifere { M EAEe h E.du P ee ee ur se Dévonter'eptmeyer as FETTER Vriferieuzr …… dst bp] = 0 /+ +10 ( ; AGORA NET MN MES EE AS CT == Goëllandien ….......…s 0 \ololo/e/+# /+ /+1+ ololox 1414 IV-VI es D rBejocien 3, Ê ODRLEE Re w mo ‘rales de la feuil| Bull. de la Soc.Geol.de France. Note de M.Léon CAREZ 1Séne; TX; PI, (oo ra 7910.) N 0. de Barcus Pic d'Arguibèle Frontière ss Le Veré de Barlanes E û riv. i 12 143 C, 1) Cod Sue 12 a’ _— SP Ô ES Q] cs au . = To[0 0 LA PT VEUT) se sh S Z RQ Ç ER, FH : : 0 S \o\o\0 7 a RADAR *, CPETET C7 £ er ET 2 0}+ o\° \9 \o\o PAC LA NAN EVIL ILES TEE" FANS ANA d +l+ 0 \o\o\o F2 2 HORS PT c5 cs al %, Massif de Lacoura e, s E.de Tardets E.d'Haux Bois d'Anthole Rivière de SE Engrace ; | g+ Frontière N ne No ul RE 375 FRS P PTE TEE TETE TETE ATENEIETENE EN ETETETE TETE 2e RE TETE, EEE +i+i# l£lhisis HER r he, T Ne 13 h}+ vu Forét des Arbailles … 0.de Larrau Montagne S'‘Joseph 9 O.de Musculdy ue 4 Ho I \ . én P Échelle des Jonqueurs et des hauteurs : A +, ©, l 105, (ue L N. CS Il ed U À Û £ ZT 80 Re : f Fry 4 È +]F Me Are LLLESZ ! : K + * EH lolo LG LE ET SZ i DES VET CT 2 ISIR SE EE Re CE MH lo LES, : RS TT LRNONQRQNRS $ x NES 2” pl+f+h4//#/ #74 D UNE ge ET NO PS SERA CLLS LE - ESS T7 7 ST XSNS $ DR RS & Jo, ET TAN DE 48 FRA r. NRA OZ Le d £ 2 IN XX x es, ui - egen € B ; D GR] & C, cit me Re QT I c?2 68 : ra Glactazrre . PSE Dias supenr ,3 Ê : £ o ne # : à per el moyen, …] Col d’Aphanicé E.du Pic Mendibel . et S Alaviors… # 1055 ï JF 4/*%/0/0 5 TT T2 LLLEL et cv Lias fTeë Infralias.1? és OV ACALPPP Ce Sérorien (pars)| YEN D 2 #fA#/OlON ISLE IT Séronée . RATES 4 la ASS AE) cr6 TRLAS ERP EE) CL et Turoriro asas 4 / 21 90660 . : : E 1? je J (7 JESTR yen r Cc 98 Cénomanien …..…cst CRERITLETD r fesses < . C5 0e - F7. TEA e 158 h#! 1 o on CAVD TEA Carbonifère Pr B its Lecumben"} Ë.du pic Ithurramburu Frontière S. de Dire En) Le = Eee e Bussumar | i d i 1112 N. E.d'Ainhioe ” E.de Bus | Sp eeTleEeRe L ; 7h ! 1 I Û 1 AD ÉLETL c, Dévorien À pet oser EE l l res "HAT. CE : LA ï ' 5-4 0 CLIS > = OT Wrferéeur….ds1 fre pi é \ ! of°]0) 2 1 C Pit” + 44 0 \5 0 S 0 : SE Le D 2 A O, CSS : =" IR 77 = p É DER o(0 1° yo PASSA LfOr ACT jt" == olllandien …......s ÈS A . Aeelslelelele e 2 — NISS PSS à V7 T SE PRE ts wi wy re 3 1? Coupes É'érales de la feuille de Mauléon (la partie primaire méridionale d'après M.Bresson) sn di 11 DA NO U RO — ni nn L Ÿ Lu: MU | \ RAIN CET NPA NT EEE UT DIE | 1 U % | à p * # AIMZ ‘, 7x AUVE + 4 | Ï | as, $ UF RE 5h EAST À î 4-24 = \ ; fe \ 8! “ 4, Fe 4 n J'OLE Ca EST ue Je Le - : ER : ve û EU De R 1 5 ; 2 n dé 2 À 4 A 2 CE: : ; 4 # om last. ETS Aiqer PAPER AUS Ets : FR SOUS rene PE à : "t Ÿ SE » i nl 11 | , 4 ane Ë t ÿ AN nr aa Es 3 e ‘ à ; % : LL its . à .. LOE TS 3 A é S L » : \ G 1 cire, à ‘ Pa" . CENT # # » ‘ PIVIT EEE CCR CET) CO TRE ETES Qi dia, : “ » TETE . ” =. È « . $ À k | ñ « « Ci “ o ‘ ii : }; 2: ï : 2 "me Are ! À : ei ke . É + LATE f ë £ : s è M ( e ge mi 5 x v | ce ; “1 n : È sk 1 é . : s “ Fi LA Cr L at £ * . à 4 tt LUN 1 VU ne : ee PL EEE EU ES RP LE OR 2 “ [HO “a “ : : \ * » La CET ' L À Lu es b : Ë x 4 À ; Fe ‘ ; CES à ! : A “ a 4 é 2 * or € EL ’ - i CES TR ET ; à Seine ect RE SEA et me Ne : Pate FATF RIANIE? u NEA à È ; N < : l ' NE 4 \r UT Ge Bull.de la Soc.Geéol.de France. N. Bois d'Heugacère Le Benor 0.de Buziet Gave d Ussau & ’: / { “ (y @ IX {/ eo {7 N SC CQ Le ES Sr I ï IIS N. Pic Mail Arrouy Penne d'Escot E.d'Evsus “ Bois:d'A 1250 # ; | FT. 1, Fh {5} 155 É A. TR SES VTT : \e TU ASS TT ADI! SA À fe 1) U/4 o #/ sn 4 L : : ; Je ol = Se Ë 1. /; IN : _— a ME . = ne GT | Fi6.8. | a TIE Pic de Pedeher Pic Bisarce Nio°E. Gave de Lourdios S.10°0, 680 791 LA Le À a FR IT A E.de L Fig.7. \ E.d'Issor O.du pic de Napayt N JL | 159 RSS \ 27 gi A Et “ ARS CI ACTE RES LE A TE NE #7 as (E 31 C; Je 153 jl 2 Coupes générales Note de M.Léie; T.X ; PLIT. (Sear2ce de 7 Février 1910.) Pic de Lauriol Légende 1606 one ZUCOrRS ue Mt 14 1H +14 FA MRC : NS MU ER trier el | | He (pars ) rortiert (pars l C 31 Turoncenr ù S © e HIFI +14 HIHI I+1+ x 7 DRRRRRRSRNIRE IPS LIN TERRE c ETUIS Ê NDS HE pat EC TION WOT' ALL 7° rête du signal de Sarrance Plateau d'Ourdinse ; 7. | 1566 rs ebBajocten ….],,, CRCCENNEECNCECECEE É ÉRRRE] Lioseresaerersrere] > “he UE 1° eË noyer ] | RE ATAMATLEX NENXESEASTÉS Bsssscel [osvecccel [sscscocel SSSR INC SN es inférieur 1 ÉD SS SNS : -.] EE AITE Se SEINE, a PEAR S € Infralias : EN KR Le 13 c, ca C, merssmnsnes menscsssescés Vi . 2000000 PET LAT À A I PAR RER TEE ER Tr 2200000 0000000 Me h#! CRRÉRÉREEER rbontifère Re +++ s hvr +++ Montagne de Layens ! : Les 64 [Te Teïel] fvonien \StPéréeur et Moyen, de [eje]ere) | Hiférieur dd’ EHsreretl ; | “dios ride ; ! 4 \ ! ad ET nt ji EF ts DATE HUE LL A ex x" 7 LCA cn x FE & helle des longueurs et des hauteurs : 1 ]10 1 80.000 : la feuille de Mauléon (la 60 GÈ 1.d le France. 54 cit Gave d Ossau dé Pi (PE Note de M.Léon CAREZ Bois d'Heugacère Poser, Las Pic de ÉHAOUES Hée Col d'Arrioutort Bois d'Isabe î 180. 1 ! 1838 | | 4 Le ARS | I D M : C : . TT TZ ! 121] û CII REA ; ATP) 1 L ; S CLMRIS RELUL y 7, ref]; // TT. C; RARE 0 ci C; dsi he . «TI Pic Bisarce . Montagne de Layens À Bois de Legna OHÉéscun ÿ E.de Lourdios à ee ÿ : 1 NM Re K Î 1» 1426 1450 i S D.du pie de Nepayt a | | | 1 ! o > 1 7 L LIN: 7 Ë TL139 CPR LL ÉUYGUI ST LU 1070 er: x 27 HAE AT AMAR SNS EAN PANNE TRS IENUTEA QE Cu huvvr cit 4Série; T.X ; PI.II. (Séance du 7 Février 1910.) Légende Claciaire ES gL Alluoions | ar2 Darnier eë Jénontern (pars) } Séronter (pars) eë Turonier …: FR Céromandten est Abies. Re eu [XEn PADITET Re C? Oxfordien Et Bathoncien etBajocier…,, ZLias supérieur eb moyen Lies inférieur et Infraltas PROTTA ED EEE r 4 41 REEF Carbonifère.…… à +++r++ h,v, +++ Dévornten Supérieur el Moyen d* Zérieur dt Gotllandier … OPRLEER EEE £Echelle des longueurs el des hauteurs : SEAL RES 80 000 EXPLICATION DE LA PLANCHE III 1. — Filon de syénile néphélinique à biotite (a) dans un bloc de gabbro néphé- linique (b). 2, — Enclave de monzonile néphélinique (c) dans la camplonile (b). Vallée de Papenoo. Photographies en grandeur naturelle. Buzz. Soc. GÉoz. ve Fe., (4), X, 1910. NorTE DE M. A. Lacroix PI. III (21 Juin 1909) L ER S. 4 Bul. Soc. Géol. de France Photocollogr. Tortellier Clichés Cintract EXPLICATION DE LA PLANCHE IV Brèche de monzsonite néphélinique (a) renfermant quelques fragments de roches noires microlitiques (e). Cette brèche esttraversée par une veinule de syénite néphélinique à struc- ture foyaïtique, à éléments fins sur ses bords (c) et à éléments plus gros dans sa partie axiale. [Ilen part une apophyse (d), à structure microlitique; çà et là, le magma syénitique a fusé dans la brèche, s'y consolidant sous une forme microlitique extrêmement fine (g). Vallée de Papenoo. Photographie agrandie d'un tiers environ. Buzz. Soc. Gkor. DE Fn., (4), X, 1910. _NoTe DE M. A. Lacroix Bul. Soc. Géol. de France S. 4; T. X; PI. IV (21 Juin 1909) Cliché Cintract Photocollogr. Tortellier Bull. de la Soc. Géol. de France. | Coupe Ouest-Est à tre Leg ende: G: granite lecrase tout à l'est) A g-rrcrogrenite ( Ge ES V. errucana EtTiL. /7as et fais) | | D Corse Corse cristalline Mer er [ll — me Fe. LI Se A Légende:7777 10—= Série Lou pays profond à . || 2 — «Il ou des schistes lu] OI 3 — «a. N erstalline dans /2) (l | "KZ", surfaces de charriä) Série. T.X; PLV. /7/evrier 1910) rs l'ile d'Elbe loye de et amine tout ses) EM efocène et 0! roche S S’/urien OIL : D A C c” Ne EE eLocène. mmferreur er —> —surfäces de chañriage 3 pot ——: PL TT D 5 Re 3 TU IN) 7 er /, CU L/02 7 CLIS \ Le ï D | oupe schematique a trav rent à 11e d Elbe et en Toscane, mars non e . Les hachures et /2 lettre P mndiquent le 478 e occidentale, sedimentarre et ophiohtique FBorremans del 171 Rue. S'{ Jacques - Paris. | mm on + ” DUeER TERME, 4° Série T. X,PI.V (7er 19/0) " M. Castello : 1e 3 S sr é Q 57} = oz PALEUEEEe DS nn ET se 22 Z mr En RUE, == 8 A ETLLLELTEE | Elbe (Coupe de WE Lotti un peu rectfiee et differemment nterpretee) __ Échelle : = 75060 st) EMe//ocère et 0! roches vertes de la serie | En ) schistes lustres BB 5 Spentne des schistes lustres S Sy/urren de focère mférieur et sup! de /a série W_ FRA J Jespes . MM 0 che vertes de /3 série CC surfaces de chañriage Ne Toscane E. Elbe ele RE — + à D DE — f TU CL C7 7 TD TI V0 7 7 , ratique atravers la Corse et lle d'Elbe Zchele: xs ie 5 O1 N.. 4 = É — Série le CA et Toscane, mais non en Corse « > Fr à 1 hrs Xp: Elie BI Un: ; : L : : ; : Z ee : chures et lale re P'viquent le granite alealin laminé ou écrase lprotoyinel. le noir opaque, Les schistes lustres ILcrsta/line, den NÉPEE Occidentale F - FBorremans del. 171 Rue. S'{Jacques - Pzris. YU A À Au Vrz) sw. see = EXPLICATION DE LA PLANCHE VI A. Poissons du Crétacé inférieur (Néocomien) du Bassin de Paris. Fig 4. — Asteracanthus cf. aculus L. AGassiz. Épine d'une nageoire dorsale, vue de profil ; 1 a, la même, vue par la face postérieure. Echelle : 1/1. 2. — Hybodus basanus EGertron. Épine d’une nageoire dorsale, vue de profil : 2 a, la même, vue du côté antérieur. Echelle : 1/1. 3. — Cestracion sp. Dent latérale, vue par la face orale. Échelle : 2/1. 4. — Nolidanus MuensteriL. Acassiz. Dent latérale de la mâchoire inférieure, A vue par la face externe ; 4 a, la même, vue par la face interne. Echelle: 1 EG 5. — Ischyodus Thurmanni Picrer et Camricne. Dent mandibulaire droite, vue par la face orale. Échelle : 1/1. a. e., triturateur antéro-externe ; m., triturateur médian; p. e., tri- turateur postéro-externe; s., triturateur symphysaire. 6.— Microdon Muensteri (L. AGassiz) Picrer et CampicHe. Splénial droit, vu par la face orale. Echelle : 1/1. B. Poissons du Crétacé supérieur du Bassin de Paris. _ 1. — Elasmodus crassus HéBerr. Dent mandibulaire gauche, vue par la face orale ; 7 a, la même, vue par la face inférieure. Echelle : 1/1, — Etage : Sénonien (Ass. à Belemnilella mucronala). 8. — Cylindracanthus cretaceus Dixox. Portion de rostre. Échelle : 1/1. — Etage : Cénomanien. C. Poisson néogène de la Catalogne. 9. — Telraodon sp. Demi-mâchoire, vue par la face externe ; 9 a, la mème, vue par la face interne. Echelle : 2/1. Burz. Soc. Géo. dE FR., (4), X, 1910 Nore pe M. M. Leriche Bul. Soc. Géol. de France SA MIX" Pl VIe (2 Mai1910) Photocollogr. Tortellier, Arcueil (Seine) FE 4 Fi À À + EXPLICATION DE LA PLANCHE VII FiG. 1. — Lophiaspis Maurettei Derérer. Moitié droite de palais, compre- nant les 3 Petles 3 M. Type du genre et de l'espèce. Localité : Palette près Aix en Provence. Fic. 2. — Lophiaspis Baicherei n. sp. Série comprenant p' et les 3 M, du côté gauche (un peu incomplète du côté externe). Localité : carrière de Touminet, près Bagnoles (Aude). F1G. 3. — Lophiaspis occitanicussp. Cuvier. Portion de palais du côté gauche, comprenant m'et m°. Localité : route de Saint-Gély du Fesc au Nord de Montpellier. FiG. 4. — Lophiodon Thomasi Derérer. Série comprenant p'. m! et m°du côté gauche. Type de l'espèce. Bartonien inférieur de Sergy (Aisne). F1G. 5. — Lophiodonlautricense Nourer, race franconicum Maacx. Sable bartoniens de Berville. Toutes ces pièces sont de grandeur naturelle, Buzz. Soc. akor pe Fn., (4), X, 1910. NorE DE M. Ch. Depéret PI. VII (6 Juin 1910) ? RE S. 4 501. de France eo Bul. Soc. G Nore DE M. G.-F. Dollfus Bul, Soc. Géol. de France S, 4; T. X; PI. VIII (6 Juin 1910) 1. — Carrière à Weinheim Clichés Dollfus. 2. — Carrière à Nieder-Ingelheim Mr ATEN | Noïrx DE M. G.-F, Dollfus Bul. Soc. Géol. de France Dares I DOCEN PA Clichés Dollfus. 4, — Carrière de Biebrich IX (6 Juin 1910) EXPLICATION DE LA PLANCHE X F16. 1. — Ostrea bellovacina Lawx., de Noailles, montrant que l'ornementa- tion du jeune ne se distingue pas de celle de l'O. submissa DEsx. F1G6. 2. — O. multicostata Desu. Bruxelles. Coll. Deshayes. FiG. 3. — O. multicostata, Zone des phosphates. Redeyef. F1G. 4-5. — O. multicostata, Même provenance, var. inæquicostata. FiG. 6-7. — ©. strictiplicata Rauznx et Dezsos, de la Montagne Noire. Fia. 8-9, — ©. strictiplicata des calcaires siliceux au-dessous des phosphates. Bücr. Soc. céoz. ne Fr., (4), X, 1910, Nore DE M. Henri Douvillé SN Pl 2 (20 Tuin 1910) Bul. Soc. Géol. de France gi) 1 on }; > LOVAN) PEL ) 1} Fe Yi AS res PAL AR ne Ho, 15 de RS : EXPLICATION DE LA PLANCHE XI FiG, 1-2. — Lopha Tissoti Tu. et P. var. falciforme, Dj. Bliji, Danien, FiG. 3--5. — Lopha Bursauxi n. sp. (4 — type) du sommet des marnes Q. Fi. 6, — — — Variété ovale. | F6: 7. — —— — Variété étroite de Redeyef. | FiG. 8-10. — Lopha Rouxi n. sp. de la même localité (9 =type). FiG. 11-44,16. — — —— Variétés passant aux Arclostrea. FiG. 15. — Lopha cristatula H.D. de St-Marcet (Haute-Garonne), Maës- trichtien. F1G. 17. — Ostreastrictiplicata var.. de Redeyef (Calcaire siliceux au-dessous des phosphates). Buzz. Soc. eror. ne Fr., (4), X, 1910, NorE DE M. Henri Douvillé PI. XI (20 Juin 1910) L EX , S. 4 Bul. Soc. Géol. de France le Le 4! Lu AA HSE EXPLICATION DE LA PLANCHE XII FiG. 1.— Fragment de fronde de Palmier. Échantillon type du Poacites obso- letus de WaATELET. 2. — Fragment de bois de Dicotylédone indéterminable, type du Bambu- sium Papilloni de WaTerrr. 3. — Myrica acuminata UnGer. Feuille mutilée à la base et au sommet. 4-5. — Comptonia Schrankii (Srerxe.) Berry. — Base et parlie médiane d'une feuille de taille moyenne. 6-7. — Dryophyllum laxinerve Sar. et Mar. — Parties inférieure et moyenne du limbe. $. — Sterculia Labrusea UxGrr. — Échantillon figuré par Watelet sous le nom de Slerculia verbinensis. 9.— Myrtophyllum Warderi Lrsox. — Échantillon figuré par Watelet sous le nom de Ficus degener UNGEr. 10. — Stachycarpus eocenica St. Meunren. — Épi fructifère des grès thanétiens de Beuvy (P.-de-C.). Les échantillons représentés par les figures 1 à 9 appartiennent au musée de Vervins, le n° 10 fait partie des collections géologiques du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. Toutes ces figures sont de grandeur naturelle. Buzz. Soc. GÉoL.ne Fr. (4), X, 1910. Nore ve M P.-H. Fritel de France S. 4: T. X: PI. XII (27 Juin: 1910) Clichés P.-H. Frite]l Photocollogr. Tortellier D 45 En ON DATE \ HUE Dr % £ res LAON Lie. ou pi PE D PME JR oi ne a HT ii EXPLICATION DE LA PLANCHE XIII Aralia (Oreopanax) Papilloni ( War.) Frirez. FiG. 1. — Empreinte ayant servi de type à Watelet pour son Platanus Papil- loni. 2. — Autre empreinte appartenant à la même espèce et sur laquelle la nervation est en partie conservée ; un lobe latéral externe a été détruit avant la fossilisation. Ces deux échantillons, réduits de 1/3, appartiennent au Musée de Vervins. Buzz. Soc. Géo. DE Fr. (4), X, 1910. Nore DE M. P.-H. Fritel Bul. Soc. Géol. de France SNA MTS PIECE TuinMoLo) sq tes GATE) EXPLICATION DE LA PLANCHE XIV F16. 1 à 3. — Astrocænia Dollfusi n. sp. (Fresville). 1. Partie de la face supérieure. Gr. 5 fois. 2, Face inférieure montrant l'épithèque. Gr. 2 fois. 3. Coupe verticale. Gr. 2 fois. Fia. 4 à 6. — Gravieropsammia cornucopiæ n.8., n. Sp. 4. Échantillon de Parnes montrant, à droite, les traces d'un bourgeon- nement basiliaire. Gr. 3 fois. 5. Échantillon de Chambors dont la base est brisée. Gr. 2? fois. 6. Calice. Gr. 2 fois. Fic. 7 à 11. — Felixopsammia arcuata n.8.,n. sp. (Parnes). 7. Calice. Gr. 5 fois. 8-9. Échantillons vus de profil. Gr, nat. 10-11. Coupe verticale montrant les larges perforations septales ainsi que l’endothèque très développée. Gr. nat. Buzz. Soc. Géo1. DE FR. (4), X, 1910. Nore DE M J. Lambert Bul. Soc. Géol. de France S, AT XM PI MXINL2 LUN: 010) Clichés et photocollogr. Tortellier, Arcueil (Seine). 4h nat, HN ! 4 \ H # L DES pen M 2 4 À û fu Le % Ven Kant Va Rent di EXPLICATION DE LA PLANCHE XV Fic. 1. — Physaster Vasseuri Darroni et LamBerr, du Cénomanien de Sopeira, vu en dessus. 2. — Le même vu en dessous. 3. — Le même vu de profil. 4. — Epiaster Dallonii LauserT, du Cénomanien de Sopeira, vu de profil. 5. — Le même vu en dessus. ; 6. — Hemiaster aragonensis Lauserr, du Cénomanien de Sopeira, vu en dessus. 7. — Le même vu de profil. 8. — Hemiaster Dallonii LamBerr, du Cénomanien de Sopeira, vu de profil. 9. — Le même vu en dessus. 10. — Le même vu en dessous, 11. — Hemiaster incrassatus Lamserr, du Cénomanien de Sopeira, vu de profil. 12. — Je même vu en dessous. 13. — Isomicraster Dallonii LamusBerTr du Sénonien d’Egea, vu en dessus. 14. — Le même vu par derrière. Buzz. Soc. GfoL. DE FK.(4), X, 1910. Nore DE M. M. Filliozat Bul!. Soc. Géol. de France S. 4; T. X;, Pl. XV (19 Déc. 1910) Clichés Cintract Photocollogr. Tortellier, Arcueil (Seine). oe ST à "A Get nus ONE EXPLICATION DE LA PLANCHE XVI Fig. 1. — Membranipora quadrifascialis Canu. Auversien de Biarritz. Coll. Canu. Page 842. 2, — Membranipora biarritziana Canu. Lutécien supérieur de la Gou- reppe. Ecole des Mines. Page 542. 3. — Membranipora sp. Biarritz. École des Mines. Dans son Mémoire de 1847, p. 412, d'Archiac ne sait pas si l'espèce ainsi figurée est un Relepora où un Membranipora. C'est peut-être une altération du Membra- nipora Savarli AUDOUIX. 4. — Micropora erecta Caxu. Auversien de Biarritz. Coll. Canu. Page 845. Auversien de Biarritz. Coll. Canu. 5. — Cribilina biarritzensis Canu. Page 846. 6. — Micropora impressa Morr Biarritz. École des Mines. Page 844. 7et 8. — Bactridium labiatum Canu. Auversien de Biarritz. (Coll. Canu. Page 816. 9 et 10. — Lunulites urceolata Cuvier. Biarritz. École des Mines. Page 843. 11, 12,13. — Lunulites androsaces Micuezorri. Biarritz. École des Mines. Page 843. 11, face supérieure; 12, face inférieure; 13, grandeur naturelle. Toutes les figures de cette planche sont grossies environ 23,5 fois. Buzz. Soc. GÉOL. bE Er. (4), X, 1910. Notre DE M. F. Canu Bul. Soc. Géol. de France OP NTRR SSD EP VAI (IOBDEC 41010) Photocollagr, Tortellier, Arcueil (Seine), . 4 ent RE ut ii ER OT ie ï fa $ à pa a » CARE Hi AS EXPLICATION DE LA PLANCHE XVII Fig. 1. — Tubucellaria mamillaris Mirxe-Enwanrps. Auversien de Biarritz. Coll. Canu. Page 848. LC] . — Porina {?) contorta Canu. Auversien de Biarritz. Coll. Canu. Page 847. 3 el 4. — Monopora labiata v'ArcHiaAc. Page 851. 3, d'après d'Archiac, Lutécien supérieur de la Goureppe. 4, Auversien de Biarritz (Coll. Canu). >. — Smittia sextapuncta Canu. Biarritz. École des Mines. Page 850. 6. — Schizoporella Hoernesi Revss. Biarritz. École des Mines, Page 853. , 8,9. — Porina (?) mamillata p'ArcHiac. Auversien de Biarritz. Coll. Canu. Page 847. 7 et 8 sont des colonies cylindriques: 9 est une moitié de colonie bilamellaire étalée. Toutes les figures de cette planche sont grossies 23,5 fois. Buzz. Soc. Géo. be FR. (4), X, 1910. NoTE DE M. F. Canu Bul. Soc. Géol. de France SANTE PI CVIIINIOIDÉéC 1910) Photocollogr. Tortellier, Arcueil (Seine). na | LS R OS L'ICAU Da “h Ta j NS LA SNGE ot ë À if EXPLICATION DE LA PLANCHE XVIII Fig. 1,2,3. —Smittiaaviculifera Canr. Biarritz. École des Mines. Page 849. 3, Zoarium grandeur naturelle. 4,5, 6,7. — Monopora ampulla »'ArcæiAc. Page 851. 4, lèvre brisée, Auversien de Biarritz, Coll. Canu: 5, grandeur naturelle, d'après d'Archfae, École des Mines: 6, lèvre globu- leuse, spécimen de d'Archiac à l'École des Mines; 7, lèvre non épaissie, Auversien de Biarritz, Coll. Canu. 8,9,10. — Hippoporina subchartacea D Arcnrac. Lutécien supérieur de Biarritz. École des Mines. Page 852. 8, ovicelles ; 9, le grand spécimen silicaté de l'Ecole des Mines 10, grossi 12 fois, Toutes les figures de cette planche sont grossies environ 23,5 fois, Buzz. Soc. GÉoL, be Fr. (4), X, 1910, Nore be M. F. Canu Bul. Soc. Géol. de France S. 4; T. X; PI. XVIII (19 Déc. 1910) Pholocollogr. Tortellier, Arcueil (Seine). " DUR EXPLICATION DE LA PLANCHE XIX Fig. 1, 2. — Porella cervicornis, PaLras. Biarritz. École des Mines. Page 850. 2, grandeur naturelle et un peu grossi, d’après d'Archiac. 3,4. — Fedora glandulosa n'ArcHrac. Auversien de Biarritz. Coll. Canu. Page 854. 4, grandeur naturelle, d'après d'Archiac. 5. — Schizoporella Hoernesi var. procumbens Caxu. Lutécien supé- rieur de la Goureppe. Ecole des Mines. Page 853. 6. — Smittia excentrica Can. Biarritz. École des Mines. Page S50. 7,8, 9. — Prattia glandulos à »'Arcarac. Auversien de Biarritz. École des Mines, Page 854. S, grossi 3 fois. Toutes les figures de cette planche sont grossies environ 23,5 fois. Buzz. Soc. GÉoL. De Fr. (4), X, 1910. Notre be M. F. Canu Bul. Soc. Géol. de France SAR P IX RE HODEÉC 21910) Photocollogr. Tortellier, Arcueil (Seine). ( UOIIEA 32 SWOnY eJque (ewugaq) xtequoq e EU98PAY,[ 8P 98[[8A E|[ 8P UCLAUOIMEH TT — ‘6 ‘SLA SOUUEIUISUBIEA SOUJEWN — ‘3 “Si ‘Xn91900( 1) “XN91200( ‘19 ‘UEWO ‘A 1) ‘eouriH 0P ‘1098 ‘20S [Ing ‘UÂRS ‘D ‘IN AA SHION _— ‘seul}SnSuy XNB ANEUSJUI USlW9IJES O[ ANS [BJI09J USlW9IIBE np uotyisoddedns — ‘3 ‘Si ‘UBUOY ‘A ‘(D (Cuxo “ungu) 1XX ‘Id ‘X ‘IL ‘7 'S ‘UÂES ‘1 ‘IN AA SION Le PAS CAT Run Wen Re É RIRE CEONTONES EXPLICATION DE LA PLANCHE XXII Fig. 1,2. — Melania (Tarebia) barjacensis Fonrannes. Forme typique de la butte Iouton (Coll. Nicolas, Univ. de Lyon). — x<3....... p. 939 ‘8, 3a, 3b, 3c. — Variété D à ornementation longitudinale prédominante de la butte Iouton (Coll. Nicolas, Univ. de Lyon). — x 3..... p. 939 ia, 4b, 4c. — Forme typique (fopotype) de Barjac (Coll. Univ. de Lyon). — SA A DE SD à RU AU ANS SUR AG LITE à ee S p- 939 4d. — Variété À de Barjac à spire allongée (Coll. Univ. de Lyon). — Re EN PE UOTE NE nUU A OT RE AR, 5: pr 4080 4e. — Variété B de Barjac (Coll. Univ. de Lyon). — x 3... ..... p- 939 4f.— Variété C de Barjac (Coll. Univ. de Lyon). — %X 3.......... p. 939 4g. — Variété D à ornementation longitudinale prédominante de Barjac (Coll Univ de Lyon) GR ER TERRE p- 939 6, 6a, 6b,6c,6d. — Melania (Eumelania) vardonica Fonrannes de Saint-Maurice de Gourdan (Coll. Univ. de Lyon). — X<6.... p. 938 7,7a,7b,7c,7d. — Melania (Eumelania) Juliani DEPÉRET. Types de la butte Touton ((Coll-Univ-de/Eyon) = < 2. p. 942 10, 10a, 10h, 10c. — Neritina lautricensis Nourer var. Sauvagesi Foxr., de la butte Iouton (Coll. Univ. de Lyon), — % 2... p. 928 11, 11a. — Neritina cryptospirodes Fonr. de Saint-Césaire de Gauzi- énan/ (Go AUNIT de yon) Eee Re RD 00e 12, 12a, 12h, 12c, 12d. — Limnea ioutonensis n. sp. de la butte Iouton (GollANicolas Univ-ide Lyon) Eee er ee p. 946 Buzz. Soc. GÉoz. DE FR. (4), X, 1910. Nore DE M. F. Roman. Bull. Soc. géol. de France. SARA NET PI RNA (REURMextre)e Clichés F. Roman. 1. NON MEN 1 Dos 1 0 1 num A ALT ANR Wan : MON TO RLNNrTN OU DT EXPLICATION DE LA PLANCHE XXIII Fig. 1, 1a. — Nystia plicata p'Arcnac et VErRNEUIL de Saint-Cézaire de GauzisnantGolAUnIv- de LYON) ANR RE p. 936 2, 2a, 2b, 2c. — Nystia vardonica n. sp. de Saint-Maurice de Gourdan (Coll: SUnivs/de Lyon) RER Re AAA Re p. 937 3, 3a, 3b, 3c. — Juliania expansa Drerérer de la bulte Iouton (Coll. UV de VON) TIRER NME PEU SA ER EEE p. 935 4, 4a. — Juliana Nicolasi n. sp. de la butte Iouton (Coll. Nicolas, Univ. de AE VON) RDS D Eee ON A EE A OR EU p. 936 5, 5a. — Hydrobia celasensis Fonranxes de la butte Iouton (Coll. Univ. dé y ON) An ET ee nr en En OO p. 930 6, 6a, 6b, 6c. — Assiminea Nicolasi n. sp. de la butte Iouton (Coll. Nicolas Univ edeiLyon) mere ARR PARU p. 929 7, 7, 7b. — Bithinia oxispiriformis n. sp. de Saint-Cézaire de Gauzi- Snan(Gol Univ ide Lyon) PERRET ERERRe p.934 8, 8a, 8b, 8c, — Bithinia ugernensis n. sp. de la butte Iouton (Coll. Nicolas Univ de Lyon) ere re ER RER RASE ee p. 933 9, 9a, 9b, 9c. — Bithinia oxispiriformis n. sp. Échantillons jeunes de Saint-Maurice-de-Gourdan (Coll. Univ. de Lyon)............ p. 935 10, 10a, 10h, 10c, 10d. — Planorbis stenocyclotus Fonranwes de la butte Touton (Goll'Nicolas Univ. de Lyon) ee 0e Pr RER p. 249 Tous les échantillons sont figurés grossis 6 fois. Buzz. Soc. GÉOL. DE FR. (4), X, 1910. Nore DE M. F. Roman. Bull. Soc. géol. de France. SAN EC PTE XX TNA ReUDe ex tr) | -Clichés F. Roman. EXPLICATION DE LA PLANCHE XXIV . 1,14, 1h. — Stalioa Allardi n. sp. de la butte [outon près Beaucaire (Coll. Univide LYON VERS PERRET PEUR SR ES Re p. 932 2, 2a, 2b.— Stalioa compsensis n. sp. p. Butte Iouton (Coll. Nicolas, Univ de Lyon) ES SE NL RE AMENER IR p. 933 3, 3a, 3b. — Melanopsis romejacensis Fonr. de Saint-Maurice de Gourdan (Col Univ de Lyon) ET Te p. 944 4. — Variété de la butte Iouton (Coll. Univ. de Lyon). — %X 2 5, 5a,5b, 5c,5d. — Melanopsis (Stylospirula) acrolepta Font. de Saint-Cézaire de Gauzignan (Coll. Univ. de Lyon). — x 2... p. 945 6,6a. — Limnea pyramidalis Bronx. de Saint-Cézaire de Gauzignan (Coll AUnivide Lyon) = EN EM Rene ee p. 947 7, 7a. — Planorbis Rouvillei Fonr. de Saint-Cézaire de Gauzignan (CollUmv dé Lyon) rene OR CA EURE p. 948 8, 8a, 8b,8c. —Cyrena Carezi Foxr. de Saint-Maurice de Gourdan (Coll. Univ:/de Lyon): x<2 RE Re ARR p. 951 9.— Cyrena Dumasi M.ve Serres. Type (Coll. Émilien Dumas. Musée deNimes) re 2 Er DURS Re PE Re RE ER ER PE p. 951 10, 10a. — Potamides aporoschema Foxr. de l'Éocène supérieur de Fons (Gard) (GolléUnivideLyon) QE reE ere p. 906 Buzz. Soc. GÉoL. pe Fr. (4), X, 1910. Notre pe M. F. Roman. Bull. Soc. géol. de France. Clichés F Roman. SNA NT EE D IERIVA RÉ UNEREX ENS) a ee Tarir DES TIRÉS À PART | 25ex. | 50 ex. | 75ex. |100 ex.|150 ex. |200 ex.|250 ex. 6.pages..... b,901:7 » | 8,50110, » 113 -» 116 » [19 » Brochage | : SE s » 0 ue es ne 15,25 compris | è ne eo Ce >, 90 6,25 120 9,2 10,75 DR Res 3 »| 3,90! 4.» 4,50) 5,50! 6,50] 7,50 LL RS eee re 2,002; 791 351103225163751042 05104870 COUVERTURE Imprimée, titre spécial.....1 # » 1 4,501 5 » | 5,501 6,50] 7,501 8,50 Passe-partoutaveclitre dela HORS 3 »] 3,80 4.» |: 4,50] 5,80] 6,50] 7,50 Papier couleur sans impres- SO ERA RE 0550) 074%) "1,95) 4701/9505) 9%5 MÉMOIRES-GÉOLOGIE Paraissant irrégulièrement depuis 1833, format in-4° raisin, Prix divers, (50 °/, pour les Membres de la Société). Extrait du Catalogue. Cossmanx eb Lauserr. Etude paléontologique et stratigraphique sur le terrain oli- gocène marin des environs d'Etampes. 88 p., 1 tabl., 6pl............:......,.... Ph. Taomas. Recherches stratigraphiques et paléontologiques sur quelques for- mations-d'eau douce de lAlSérie. 5%; Lab spl Rs ER Re ete Cossmann. Contribution à l'étude de la faune de l'étage bathonien en France (Gastropodes)2572,D. AO SRE PNA SRE ARR PR AR RS tre Terquex. Les Entomostracés Ostracodes du système oolithique de la zone à Am. Parkinson de Fontoy (Moselle) 76par"6 pl rene ARS Rare Terquem. Les Entomostracés Ostracodes du Fuller’s Earth des environs de Var- SOS NI ME A RE RER RE RS ee C. Graxn’Eurx. Formation des couches de houïille et du terrain houiller. 196 p., HORS DIE A SN ee A) RAR te qe AS tn er _ H. Frrnoz. Etudes sur les vertébrés fossiles d’Issel (Aude). 186 p., “oi pl RU - G. Correau. Echinides éocènes de la province d’Alicante. 107 p., 16 pl............ A. Dorror, P. Gopsizze et G. Ramon. Les grandes plitiières d'Argenteuil (Seine-et-Oise). Historique, genèse et distribution des formations gypseuses de 10 lafremionsparisienne.#S De 1 fLTe AMD Re Ne RAA AE RE Ne RSR NE P.-L. Prever. Aperçu géologique sur la colline de Turin. 48 p., 7 fig.,1 carte. G. Zi. Contribution à l’étude géologique du Haut-Tonkin. — H. LanTenors. Note sur la géologie del'Indo-Chine. — René de Lamorue. Note sur la géologie : du Cats et ‘du Bas-Laos. 80 p., 1 pl., 3 cartes en couleurs ........... Général de Leone Les anciennes lignes de rivage du Sahel d'Alger et d'une partie de la côte algérienne. 288 p., 8 pl.,1 carte en couleurs...........,....,... Léon Carez. Résumé de la Géologie des Pyrénées françaises. 132 p., 1 pl., 6 cartes CNACONL ETS PUS AN RAA RE Av OR ARS RE ADR CES EE a ge ee Ge Maurice LuGron. Etude géologique sur le projet de Barrage du Haut-Rhône franeasas Crénissidt(iprés de Bellegarde). -126pD 437% plie en See ar SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE . MÉMOIRES-PALÉONTOLOGIE … PAR SOUSCRIPTION PAYABLE AVANT L'APPARITION DU VOLUME ANNUEL : FRANCE, 2) FRANCS, FRANCO. — ÉTRANGER, 28 FRANCS :/ FRANCO Liste des Mémoires qui se vendent isolément : Une remise de 20 °/, est accordée sur ces prix aux Membres de la Société J. Seuxes. Contributions à l'étude des Céphalopodes du Crétacé supérieur de France: 6:pl 900 DES RSS ARR RAT SR EE an NN RE 10 Ch. Derérer. Les Animaux pliocènes du Roussillon. 47 pl., 188 p................ 60 G. ne Saporra. Recherches sur les végétaux du niveau aquitanien de Manosque, LOSDIES SSID SR SA A NE ED ee D ne CU) ce DS 35 M. COSSMANN. Contribution à la ee française des terrains jurassiques (en cours) ; Etudes sur les Gastropodes des terrains jurassiques : Opisthobran- ches, 6 pl, LÉO DÉS RR RS N RE D E R na 0 à 0 0 dite AL De Shen ocdou Etudes sur les terrains tertiaires de la Roumanie; Contribution à l'études des faunes sarmatique, pontique el levantine. {1 pl., 152 p LARGE 26 M. Cossmann. Contribution à la Paléontologie française des terrains jurassiques (en cours); Gastropodes : Nérinées, 13 pl. AUDE SR Er 35 V. Porovicr-Harzec. Contribution à l'étude de la faune du Crétacé supérieur de Roumanie ; Environs de Campulung et de Sinaïa, 2 pl., 29 p.......,........ 6 R.Zmi1er. Etude sur la flore fossile du bassin houiller d'Héraclée (Asie-Mineure), CE MCE CARS ER MSA dE RD ot En a du ne So ue Dock 15 P. Rarrary. Sur les Mollusques fossiles terrestres, fluviatiles et saumâtres de LATSÉTIC, DE OIOND ne. nee ann do nee retenue an Cat D IE 26 G. Sayx. Les Ammonites pyriteuses des marnes Ale G unes du Sud-Est de latErance (en-cours) 6 DE SC IED EE RER Re RP D J. LawBerT. Les Echinides fossiles de la prov ince de Barcelone. 9 pl., 128 p. 25 H.-E. Sauvace. Recherches surles Vertébrés du Kiméridgien supérieur de Fumel (Éot-et Garonne) DIE IDR TR Re 12 Ch. Dersrer et F. Romax. Monographie des Pectinidés néogènes de FE et des régions voisines (1° partie : genre Pecten), (en cours), 17 pl., 140 p......…. 40 G. Dorrrus et Ph. DavrzexserG. Conchyliogie du Miocëne moyen du Bassin de la Loire; Description des gisements fossilifères : : Pélécypodes{encours). 22pl.. 296p. 36 MarcellimBoure. Le Pachyæna de Vaugirard. 2 pl 46pe Re 5 V. Paquier. Les Rudistes urgoniens, 13 on. DOPPD ER RE R L r Oee 28 Ar. Toucas. Etudes sur la classification et l'évolution des Hippurites, /7pl., 128 p. 38 Albert Gaupry. Fossiles de Patagcnie : Dentition de quelques Mammifères. 28 p. 20 figidans le tenie RP NE ARR Ne ne REC RP 4 Paul Lexos et Robert DouvizLé. Sur le genre a cou Gümbel. 3 pl.,42p. 10 Ferdinand Canv. Les Bryozoaires du Palasoiens Echelle des Bryozoaires pour les Terrains-tertraines: 5/ple 30 D. PA RARE RE Re CR 11 Charles Easrmanx. Les types de Poissons fossiles du Monte Bolca au Muséum d'Histoire naturelle de Paris. 5 pl., 32 p...... D dr CR ee OT PE 11 V. Popovici-Harzec » Les Céphalopodes du jurassique moyen du Mont Strunga (massif de Puces Roumanie) 16) pli 26tp tent Men ere e 12 Ar. Toucas. Étiides sur la Loan et l’évolution des Radiolitidés.2/pl.,132 p.. 48 Edm. Peczar et M. Cossmanx. Barrémien supérieur à faciès urgonien de Brouzet- lezAlaise (Gard) 9 fig tente 6 ipl MS D Re RE Re 13 Charles JAacos. Etude sur quelques a aaies du Crétacé moyen.Z/7 fig., 9pl., 64p. 20 À. en Etude iconographique des Pleurotomes fossiles du Bassin de Paris. DEDUS SOPRANO PC ET 42 P.-H. haies. Etudes sur les végétaux fossiles de l'étage Sparnacien du Bassin de Paris. 3 pl. RTE POSE RD DR en ne ne ie ne dr DO D DE 00 à Die 10 Henri: Douvirré. Etudes sur les Rudistes. Rudistes de Sicile, d'Algérie, d'Egypte, du Efbancetide la Perse pl SSD NN RER ee 20 Léon Prervinquière. Sur quelques Ammonites du Crétacé algérien. 7 pl.86p.. 20 Robert Dowvirré. Céphalopodes argentins. 3pl., 24p.....:................: 7 Gustave F. Dorzrus. Les coquilles du Quaternaire marin du Sénégal. Introduc- tion géologique par A. Dereims. Z fig., 4 pl, 72p......................0.. 14 MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS Le gérant de la Soc. géologique : L. Mém. R) de JR h PABMEUE AA pat LN x fe Il paume eg et PARA CEE" WU 3 9088 01369 1969 Pre pirer eee Due et TE TETE) Il SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES St x gt sk et DETTE er re PO rares Pere eg pm hs î ARE ETES foret ra AM A a: PERRET CEE) est Te evene et a a Ut re pont FREE Dany pan pe 0 PCR ar ts à ren naar st AT STE) A 2 D maya PU AD ENCRES RARE TEE ago sr -4 pr 2 AAC D A AT eh ARR PEN pqes ag ot gba ue pire nee are tete re me Da relr A ar eat re 2 DEN EEE" EEE ETES CPE ANT Du ego h-0 cette d ÉPORTE EPA EU QE a dpt rite eg matt CRSCRNCE CRETE DETTES PROC ET RUE CRANTEETENES imp) Anna p art er [OT CNT TETE pa 20 8 EE A DETTE PRE TIENTEES Dear sp are a : PA Er Er . pt à dep astr mpee a 23 vite " epan ea te TC prise pires ue eme PARLE tn gd md : eue DR ONU Re EE ET agneau sos tt EPP NE ner ETT rer] rt age rent rte nr one RER NT PENEN ETE nn ce pri hPa PRES PR NEA RARE PARTNER PER Nr NT ee cape EME TA SNA puma tire ere à me AP CE dpt A a 8 ee y me mi 20 = TES EU FC EEE EURE DATE pndetr PR TRES re ape Boat TE APS RENE EP EE CE TE TETE) ant 0 rtons adem Lem 0A M pr EN ANT EME ETE cites “put PR Te AN PAMPETNT Cr ES EE des ares er OT etai rare TD PORTE ETS AR NP TT PETER CR Din hate tt ete tue L'anetrng es parer Dada 4 FETE RENE Or" +4 44 mg nas ess Up + act gr eV MEN Angel lb are a en ae (ESS MER NrEe PR En LT SERA TS AP TS EVE — . 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